Ministère de l'Economie, des Finances,
REPUBLIQUE GABONAISE
du Budget et de la Privatisation
Union - Travail- Justice
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Cabinet du Ministre d'Etat
Libreville, le 30/09/2008
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Note
A la Haute Attention de Monsieur le Ministre d'Etat,
Chargé de l'Economie, des Finances, du Budget et
de la Privatisation
Libreville
N° /MEFBP/CAB
Objet : Analyse de la soutenabilité de
la dette du Gabon
Monsieur le Ministre d'Etat,
Conformément à vos instructions relatives
à l'analyse de la soutenabilité de la dette du Gabon,
j'ai l'honneur de vous faire parvenir les résultats obtenus.
En effet, Monsieur le Ministre d'Etat, le Gabon, comme
beaucoup de pays en voie de développement, reste exposé à
de nombreux défis qui, s'ils ne sont pas correctement pris en compte,
pourraient compromettre gravement la viabilité de sa dette publique. Il
s'agit de l'étroitesse de la base de production et d'exportation (les
recettes d'exportation dépendent largement de la vente des produits de
base : pétrole, manganèse, bois...) et le niveau
considérable des besoins du Gabon en matière de
développement et de lutte contre la pauvreté. Ainsi,
l'application du modèle d'évaluation de la soutenabilité
de la dette utilisé par les Institutions de Bretton Woods nous a
permis, d'une part d'observer la dette publique et ses comportements horizon
post Accord Stand- By signé par le Gouvernement gabonais en mai 2004, et
d'autre part d'identifier les risques auxquels il est exposé. Sur la
base du ratio VAN Service de la dette/Exportations (ratio de liquidité),
la dette du Gabon n'est pas soutenable (48% en 2007). Il ressort que les
mécanismes actuels de traitement de la dette et la flambée des
cours du pétrole ne sont pas suffisants pour assurer la
soutenabilité à long terme de la dette du Gabon. L'examen de la
dynamique de la dette montre d'ailleurs que le pays présente des risques
de surendettement.
Pour faire face à cette situation, il serait
souhaitable de mettre en oeuvre une gestion dynamique et prudente des emprunts
et de la dette publique. Elle devrait être fondée sur :
- La diversification de la base productive et des
exportations ;
- La conduite des réformes décisives et des
politiques volontaristes en matière de performance économique, de
renforcement des capacités institutionnelles, de solidité des
marchés et du système financiers et de régulation
efficiente de l'Etat ;
- Le réexamen des dépenses publiques au profit
des dépenses porteuses de croissance. L'endettement de croissance doit
être privilégié au détriment d'un endettement de
crise ;
- L'adoption d'une politique de gestion stratégique et
prévisionnelle de la dette intérieure qui doit cesser
d'être une dette subie du fait du manque de liquidité, pour
être un instrument au service de la politique économique.
Telles sont, Monsieur le Ministre, sauf meilleur avis de votre
part les actions susceptibles de garantir la soutenabilité de la dette
publique du Gabon.
Le Conseiller Technique
Christian NDO
INTRODUCTION GENERALE
Le début de la décennie 80 a été
marqué par de nombreux déséquilibres
macroéconomiques notamment la chute des recettes publiques,
l'accroissement excessif de la dette extérieure des pays du Tiers Monde.
Ces déséquilibres ont rapidement entraîné les pays
dans une grave crise d'endettement.
Le Gabon, comme tous les pays en voie de développement
n'a pas échappé à cette crise. En effet, dans ses efforts
de développement juste après l'indépendances en 1960, le
pays a mis en place des projets d'infrastructures (routes, industries,
hôpitaux, centres de recherche...) pour se développer. La
concrétisation de ces projets de développement a
nécessité de gros moyens financiers pouvant provenir de trois
sources, à savoir:
- l'épargne domestique ou intérieure mais faible
et mal mobilisée;
- les Investissements Directs Etrangers (IDE): c'est le propre
des multinationales;
- l'aide internationale et particulièrement
l'endettement extérieur.
Cette troisième source est apparue comme la voie
obligatoire de financement du développement compte tenu de
l'insuffisance de l'épargne intérieure.
La question aujourd'hui ne concerne plus exclusivement le
fait de savoir si la dette est nécessaire ou pas pour un Etat, mais
plutôt celle du niveau de la dette nécessaire pour le financement
du développement ou encore du montant de la dette publique soutenable
par un pays dans son processus de développement.
D'après le FMI 1(*), la dette d'un pays est soutenable lorsqu'il peut financer
le solde de la balance des opérations courantes et assurer les
obligations du service de la dette sans faillir, sans solliciter le
rééchelonnement, sans accumuler les arriérés et
enfin sans compromettre la croissance pour arriver à cette fin, il faut
s'assurer que les ratios d'endettement ne vont pas connaître une
tendance explosive à long terme.
Autrement dit, la soutenabilité de la dette correspond
au fait que les finances publiques puissent rester solvables , c'est-
à- dire conserver un niveau de dette qui sera couvert à l'avenir
par des surplus budgétaires (hausse des prélèvements ou
baisse des dépenses) nécessaires.
D'après les critères des Institutions de
Bretton Woods (IBW), le Gabon est un pays à revenu intermédiaire
de la tranche supérieure. En conséquence, il n'est
éligible qu'aux mécanismes classiques de restructuration de la
dette extérieure. C'est pour cette raison que le pays a jusqu'alors
bénéficié de plusieurs rééchelonnements du
service de sa dette extérieure. Mais comme beaucoup de PVD, le pays
reste exposé à de nombreux défis qui, s'ils ne sont pas
correctement pris en compte, pourraient compromettre gravement la
viabilité de la dette publique. Il s'agit de l'étroitesse de la
base de production et d'exploitation (les recettes d'exportation
dépendent largement de la vente du pétrole bute) et le niveau
considérable des besoins du Gabon en matière de
développement et de lutte contre la pauvreté.
Ce contexte nous conduit à la question principale
suivante: le traitement actuel et l'évolution favorable des cours du
pétrole peuvent -ils garantir la soutenabilité à long
terme de la dette publique du Gabon? Autrement dit, après la signature
de l'accord de confirmation avec le FMI de mai 2004 (Accord Stand By) et les
rééchelonnements du service de la dette, les conditions
sont-elles réunies pour régénérer une croissance
soutenue et durable du Gabon sans avoir les effets négatifs de sa dette
?
Ainsi, l'objectif principal de cette étude est de
montrer que les mécanismes actuels de traitement de la dette et la
flambée des cours du pétrole ne sont pas suffisants pour assurer
la soutenabilité à long terme de la dette du Gabon. De
manière spécifique et du point de vue méthodologique, il
s'agit de:
- montrer que la structure économique du Gabon
détériore les ratios permettant d'évaluer la
viabilité de sa dette;
- montrer que le traitement actuel de la dette améliore
les ratios de soutenabilité mais ne garantit pas un redressement de ces
ratios à moyen et long terme;
- montrer que le Gabon présente des risques de
surendettement;
- proposer des solutions pour le désendettement du
pays.
L'intérêt de cette étude est d'appliquer
le modèle d'évaluation de la soutenabilité de la dette
utilisé par les Institutions de Bretton Woods (IBW) au cas
spécifique du Gabon qui est un pays à revenu
intermédiaire. Ceci nous permettra d'observer la dette publique de ce
pays et ses comportements horizon post accord Stand- By dans le but
d'identifier les risques auxquels il est exposé. Nous formulerons des
recommandations cohérentes et efficientes de politique de gestion de la
dette et de promotion d'une croissance soutenue et durable pour le pays. En
outre, ce travail devra permettre d'apprécier la capacité des
mesures actuelles à rendre la dette du Gabon soutenable.
La présente étude, après avoir
examiné les caractéristiques de la dette publique du Gabon,
apprécie la soutenabilité de cette dette.
Première partie: CARACTERISTIQUES DE LA DETTE
PUBLIQUE
DU GABON
Pour mieux cerner les caractéristiques de la dette
publique du Gabon, nous allons dans un premier temps analyser les indicateurs
de stock et de flux de la dette, dans un deuxième temps la structure de
la dette et dans un troisième temps nous examinerons les
mécanismes actuels de traitement de la dette publique.
I- I-1- Évolution du stock de la dette publique
Tableau 1: Évolution de la
dette publique du Gabon (de 2003 à 2006 en milliards de FCFA)
En milliards de FCFA
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2006/2005
|
Dette extérieure
|
1906,1
|
1852,2
|
1770,1
|
1594,9
|
-9,9%
|
Stock d'arriérés
|
338,9
|
341,6
|
341,6
|
341,8
|
-
|
Dette intérieure
|
239,3
|
168,9
|
124,4
|
93,5
|
-24,8%
|
Total dette publique
|
2145,4
|
2021,1
|
1894,5
|
1688,4
|
-10,9%
|
Source: Ministère de l'Économie, des
Finances, du Budget et de la Privatisation
L'encours global de la dette gabonaise (Intérieure et
extérieure) est passé de 1894,5 milliards de francs CFA en 2005
à 1685,4 milliards de franc s CFA en 2006 soit une baisse de 10,9%. Le
stock de la dette publique est en net recul pour la troisième
année consécutive. Toutefois, cet effort de désendettement
ne laisse pas moins l'encours de la dette publique à un niveau encore
élevé (1688,4 milliards de FCFA).
Graphique1: Évolution de la
dette globale du Gabon (de 2003 à 2006 en milliards de Fcfa)
Le graphique1 montre que la dette gabonaise est principalement
d'origine extérieure. Le stock de la dette extérieure est de
1594,9 milliards en 2006 soit 94,5% de la dette globale. Le constat qui peut
être fait à ce stade d'analyse est que la structure globale du
financement public n'a pas changé, elle est restée dominée
par le financement extérieur.
Graphique2: Encours et
arriérés de la dette du Gabon (de 2003 à 2006 en milliards
de Fcfa)
On observe que le Gabon assure de façon
régulière le service de la dette. Depuis 2004, le niveau des
arriérés est resté stable (341,6 milliards). Cette
évolution est le résultat de la mise en oeuvre des
différents programmes édictés par les Institutions
Financières Internationales (IFI).
II- I-2- Structure de la dette.
Tableau 2 : Structure de
l'encours total de la dette extérieure du Gabon par catégorie de
créanciers de 2003 à 2006.
Catégories de créanciers
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Dette Multilatérale
|
193,6
|
213,9
|
199,0
|
174,7
|
Dette Bilatérale
|
1693,9
|
1620,3
|
1558,8
|
1403,6
|
Dette bancaire
|
18,6
|
18
|
12,3
|
6,6
|
Encours total
|
2145,4
|
2021,1
|
1894,5
|
1688,4
|
Source: BEAC-Pôle
dette.
La structure de la dette extérieure du Gabon n'a pas
connu de modification au cours de la période 2003-2006. Les dettes
multilatérale, bilatérale et bancaire enregistrent une baisse
continue. C'est la conséquence logique de l'amélioration des
relations entre le Gabon et les Institutions de Bretton Woods au cours de la
période sus-évoquée.
Graphique 3 : Structure de l'encours total de la
dette extérieure du Gabon par catégorie de créanciers au
31 décembre 2006.
Au vu du graphique3, il apparaît clairement que les
orientations récentes de la politique du Gabon en matière de
mobilisation des ressources extérieures ont été
caractérisées par un certain nombre de facteurs. Il s'agit en
particulier de la mobilisation prioritaire des ressources bilatérales
qui représentent 89% de l'ensemble des ressources, suivie de la
mobilisation des ressources multilatérales (10%). Alors que la
proportion des financements bancaires est de 1% de l'encours total de la dette
extérieure.
III- I-3:
Mécanismes actuels de traitement de la dette publique.
Au cours de la période récente, le traitement
de la dette publique est essentiellement marqué par la signature de
l'accord de confirmation avec le FMI en mai 2004, la création du
« Club de Libreville » en février 2004 et le
lancement en juillet 2007 de l'opération de rachat de la dette
vis-à-vis du Club de Paris.
IV- I-3-1- Accord de confirmation
(Programme Stand- By)
Le 28 mai 2004, le Conseil d'Administration du FMI a
approuvé un Stand By Agreements (SBA) avec le Gabon pour un montant de
102 milliards de dollars mobilisables en cinq tranches trimestrielles jusqu'en
juin 2005.
Cet accord a été suivi d'un autre accord
relatif au rééchelonnement par les créanciers publics du
Gabon (Club de Paris) de 717 millions d'Euros. Cette somme correspond à
456 millions d'Euros d'arriérés et 261 millions
d'échéances dues entre le 1er mai 2004 et le 30 juin 2005. Ce
rééchelonnement réduit le service de la dette due au Club
de Paris sur la période de 953 à 270 millions d'Euros et
répond au besoin de financement du Gabon entre le 1er mai 2004 et le 30
juin 2005. Le rééchelonnement a été effectué
selon les termes classiques du Club de Paris: tous les crédits sont
rééchelonnés sur 14 ans dont 3 de grâce et
remboursé selon un profil progressif.
V- I-3-2- Création du Club de Libreville.
· Les raisons qui ont prévalu à la
naissance du Club de Libreville
Face à la pression que les Institutions de Bretton
Woods et les Bailleurs de Fonds du Club de Paris et de Londres exercent sur les
États pour les contraindre à assainir leurs finances publiques
notamment en remboursant leurs dettes, la plupart des pays privilégient
de plus en plus le traitement de la dette extérieure au détriment
de la dette intérieure dont les arriérés s'accumulent. Ce
choix fragilise la situation financière des opérateurs
économiques exerçant leurs activités au Gabon. Pour
pallier cette situation, la Confédération Patronale Gabonaise
(CPG) a proposé une démarche originale, notamment le regroupement
des créanciers privés intérieurs de l'Etat gabonais au
sein d'un Club dit de libreville. Ce Club est l'interlocuteur unique de l'Etat
gabonais pour le traitement de la dette intérieure.
· Fonctionnement du club
Cinq points doivent être soulignés ici :
- la rémunération du club est assurée par
pourcentage prélevé sur les versements effectués à
ses membres, qui est déterminé en fonction des besoins de
fonctionnement du club ;
- la gestion administrative et comptable du club est
confiée à un cabinet comptable de la place choisi sur appel
d'offre et régulièrement supervisé par l'instance
dirigeante du club ;
- les paiements de l'Etat sont effectués sur un compte
bancaire ouvert par le Club à cet effet ;
- les entreprises membres du Club ont la possibilité de
céder leurs créances à un ou plusieurs membres du club, le
créancier cédant restant toutefois membre du club ;
- enfin, les créances ne sont cessibles qu'entre membre
du club.
Engagements
Les membres s'engagent à ne pas transférer,
pendant au moins un an, les sommes reçues de l'Etat en règlement
de ses dettes. Pour les promoteurs du Club en effet, le paiement de dette
intérieure est une condition de relance de l'économie, et il leur
a paru tout à fait normal de prendre cet engagement. Les membres doivent
s'abstenir de toute démarche individuelle auprès du Trésor
public.
VI- I-4. Relations avec les
créanciers
Dans la gestion de sa dette, le Gabon entretient des relations
avec les créanciers publics du Club de Paris, les créanciers
publics non membres du Club de Paris et les créanciers commerciaux.
VII- I-4-1.
Créanciers du Club de Paris
En ce qui concerne les rééchelonnements, le
Gabon a entrepris depuis sa date butoir le 1er juillet 1986, huit
(8) accords de rééchelonnement de sa dette avec les
créanciers. Le premier a été signé le 21 janvier
1987 avec ses créanciers (Allemagne, Belgique, Brésil, Canada,
Espagne, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse) en
la présence des observateurs (Afrique du Sud, Finlande, Banque Mondiale
CNUCED, Commission Européenne, FMI, OCDE). Le montant traité
était de 330 millions de dollars américains.
Les rééchelonnements de la dette obtenus par le
Gabon auprès du Club de Paris ont accentué son endettement.
Celui-ci repose en grande partie sur les arriérés dont la valeur
est déterminée au taux d'intérêt du marché.
C'est dire que, si les modalités sont respectées le dernier
remboursement de cette dette s'étale jusqu'au 31 janvier 2019. En
réalité, depuis 2004, le traitement de la dette du Gabon se fait
de façon différente selon que les créanciers sont membres
du Club de Paris ou pas.
En effet, s'agissant de la dette bilatérale des
créanciers du Club de Paris, le Gabon a obtenu le traitement de sa dette
selon les termes assimilables à ceux de Houston. Conformément aux
conditions de Houston, le pays n'a pas pu bénéficier d'une
annulation partielle de sa dette.
La dette éligible au traitement du Club de Paris a
porté sur les arriérés au 30 avril 2004 ainsi que les
échéances du 1er mai 2004 au 30 juin 2005 au titre de la dette
pré date butoir. Elle a été
réaménagée comme suit :
-rééchelonnement de la dette non concessionnelle
(non APD) et de la dette concessionnelle (APD) selon les mêmes
conditions, c'est-à-dire sur 14ans dont 3 ans de diffère ;
-paiement des arrières sur la dette non éligible
avant le 31decembre 2004.
La dette traitée a été estimée
à USD 858 millions représentant 29 % de la dette totale due par
le Gabon aux créanciers membres du Club de Paris au moment du
traitement.
De plus, le Gouvernement gabonais s'est engagé en
juillet 2007 dans une opération de rachat de sa dette vis-à-vis
du Club de Paris. La dette extérieure est concernée par
l'opération à hauteur de 86%, avec une décote de 15% (et
de 20% pour la France).
Le principal intérêt de cette opération
est de permettre le reprofilage du service de la dette sur la période
2008-2012. Celui-ci devrait se traduire par un allègement substantiel du
poids du service de la dette.
Le remboursement par anticipation s'est
déroulé entre le 2 décembre 2007 et le 30 janvier 2008. Il
a porté sur un montant de 1,5 milliard de dollars USA
financé par:
des ressources propres de 300 millions USD ;
un emprunt obligataire CEMAC (Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale) de 200 millions USD;
et un emprunt obligataire sur les marchés financiers
internationaux de 1 milliard USD.
VIII- I-4-2. Créanciers publics non membres du Club de
Paris
Pour ce qui est de la dette bilatérale des
créanciers non membres du Club de Paris, le Gabon a toujours
cherché à obtenir un traitement comparable a celui du Club de
Paris de la part de ces créanciers qui détiennent des
créances similaires.
Quant aux programmes d'ajustements structurels
préconisés par le Fonds Monétaire International (FMI) et
la Banque Mondiale, on recense principalement quatre réponses à
la dette publique du Gabon. Ces programmes constituent un ensemble de mesures
permettant de pallier les déséquilibres économiques. Ils
ont eu un impact sur la dette publique du Gabon. Le premier programme fit
l'objet d'un accord le 22 décembre 1986 pour une période de deux
ans, et un montant de 98,7 millions de DTS fut alloué au Gabon.
L'évolution de la dette publique durant cette
période montre que la dette n'a pas fléchi. Elle s'est accrue de
plus en plus et la mise en place du deuxième PAS avec l'assistance du
FMI a été décidée sur la base des résultats
non satisfaisants du premier. Ce deuxième fut approuvé en
septembre 1989 par le FMI, le Gabon a obtenu 85 milliards Fcfa.
Enfin, le quatrième programme a été
approuvé le 28 mai 2004 par le FMI pour un montant de 69,44 DTS (environ
102 millions de dollars), il doit répondre au besoin de financement du
Gabon.
IX- I-4-3. Créanciers
commerciaux
S'agissant de la dette contractée auprès du Club
de Londres, celle-ci est complètement épongée par les
autorités gabonaises depuis novembre 2007.
En ce qui concerne les relations avec les créanciers
intérieurs, le Gouvernement et le Club de Libreville ont signé
en mars 2004, à Libreville, une convention par laquelle l'Etat s'engage
à payer, via le Trésor Public, les dettes dues à ses
principaux créanciers intérieurs membres du Club. Autrement dit,
le Club de Libreville est un moyen pour l'Etat gabonais de régulariser
sa situation auprès des opérateurs économiques, et de
rassurer les institutions bancaires désireuses d'accompagner lesdits
opérateurs dans leur activité. La première étape
concerne le traitement des créances ayant fait l'objet d'une attestation
de reconnaissance délivrée par le Trésor public et
clôturée le 12 mars 2004. Ces créances représentent
les sommes dues au 31 décembre 2002 et portant intérêt aux
taux de 7 % l'an et de 31,957 milliards de francs CFA en 2003, soit un total de
38,934 milliards de francs CFA payables en dix-huit mensualités à
compter du 30 mars 2004. Les créanciers sont informés de
l'ouverture de la seconde phase du club (Club de Libreville II) qui, en accord
avec le Ministre de Finances du Gabon, prenait effet à compter d'avril
2004. Cette phase concerne les instances au Trésor Public non prises en
compte dans la première étape. A l'issue de celle-ci, des
discussions sont ouvertes sur les engagements pris par les différents
administrateurs de crédits et non pris en compte par la chaîne
budgétaire.
En fin 2005, les règlements de la dette
intérieure se chiffrent à 193,1 milliards pour une dotation
budgétaire de 276,3 milliards de FCFA, soit un taux d'exécution
de 70%. Les arriérés constatés à fin
décembre 2004 ont été totalement apurés de
même que la plupart des échéances courantes 2005.
Deuxième partie : EVALUATION DE LA
SOUTENABILITE DE LA DETTE PUBLIQUE DU GABON
Dans cette deuxième partie, nous nous attèlerons
à évaluer à l'aide du modèle DSA2(*) (Debt Sustainability Assesment), la
soutenabilité de la dette publique du Gabon. Ceci nous permettra de
faire l'analyse de la dynamique de la dette et d'identifier les risques de
surendettement.
II-1. Résultats de l'approche DSA (Debt
Sustainability Assesment)
Dans le cadre de l'IPPTE, les IBW utilisent le modèle
de la DSA qui est basé sur deux critères principaux Stock de la
dette (VAN)/ exportations et stock de la dette (VAN)/Recettes
budgétaires et un sous critère budgétaire Service de la
dette (VAN)/Exportations.
La dette est réputée insoutenable lorsque l'un
des critères principaux est supérieur au seuil fixé. Le
sous critère budgétaire permet juste d'approfondir les analyses
en étudiant la capacité du pays à mobiliser les
ressources (devises) par ses exportations pour rembourser sa dette
extérieure. Le tableau 3 présente l'évolution des ratios
de soutenabilité de la dette du Gabon.
Tableau 3 : Evolution des ratios
de soutenabilité de la dette du Gabon.
Ratios (%)
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Stock de la dette (VAN)/Exportations
|
97,1
|
79,4
|
51,9
|
42
|
30
|
Stock de la dette (VAN)/Recettes Budgétaires
|
180,8
|
159,4
|
108,1
|
85,1
|
56
|
Service de la dette (VAN)/Exportations
|
15,6
|
17,4
|
23
|
31,4
|
48
|
Source : BEAC- Pôle dette
et nos calculs
Sur la base du ratio VAN dette/Exportations (Ratio de
solvabilité) fixé à 150%, la dette du Gabon est soutenable
de 2003 à 2007. Ce ratio est en baisse sur toute la période
d'étude.
Au regard du ratio VAN dette/recettes budgétaires dont
le seuil est fixé à 250%, on peut dire que la dette du Gabon
reste toujours soutenable.
Sur la base du ratio VAN Service de la dette/Exportations
(ratio de liquidité) dont le seuil est fixé à 15%, la
dette du Gabon n'est pas soutenable. En effet, le Gabon a
bénéficié d'un rééchelonnement de sa dette
au lendemain de la signature de l'accord de confirmation avec le FMI. En 2007,
la dette est soutenable au regard du ratio VAN dette/exportations (30%) et du
ratio VAN dette/recettes budgétaires (56%). Il ressort du tableau 3 que
l'accord Stand-By signé par le Gabon avec le FMI a
amélioré les ratios d'endettement à l'exception du ratio
de liquidité VAN service de la dette/exportations.
Un autre enseignement que nous en tirons est que la
soutenabilité de la dette du Gabon ne dépend pas seulement de ses
performances économiques, mais aussi et surtout du portefeuille de sa
dette. En effet, avant la signature de l'Accord de Confirmation avec le FMI, le
pays avait une dette très importante vis-à-vis de la France et
des membres du Club de Paris. La signature de cet accord a permis au Gabon
d'obtenir des appuis budgétaires supplémentaires importants de la
BAD et de l'UE, ainsi qu'un rééchelonnement en Club de Paris
d'une partie des échéances de sa dette tombant entre mi 2004 et
mi 2005.
En outre, la détérioration du ratio service de
la dette/exportations, même après la signature de l'Accord,
provient de la faible croissance des exportations. Elle s'explique par le fait
que l'économie est très peu diversifiée et les principaux
produits exportés sont des produits de base (Pétrole,
manganèse et bois). Les cours de ces produits fluctuent
régulièrement sur le marché mondial.
II-2. Analyse de la dynamique de la dette publique du
Gabon
L'analyse de la viabilité de la dette publique vise
essentiellement à mettre en relief les éléments qui
affectent le profil de soutenabilité à long terme et permet
d'identifier les facteurs sur lesquels pourraient se concentrer une
stratégie de désendettement. Nous allons d'abord présenter
le cadre d'analyse et ensuite, examiner la dynamique d'endettement du Gabon.
II.2.1- Spécification du cadre d'analyse de la
dynamique de la dette
La dynamique de la dette publique correspond à la
variation entre deux périodes (année en général) du
taux d'endettement public. Pour l'analyse de la dynamique de la dette publique
du Gabon, nous partons de l'identité :
(1) avec :
: Stock de la dette publique à la fin de l'année
t
: Stock de la dette publique à la fin de l'année
t-1
: Intérêts dus sur la dette publique au cours de
l'année t
: Déficit budgétaire primaire de l'année t
(déficit global hormis les intérêts sur la dette publique,
mais dons compris)
: Allègement de la dette et autres flux non
créateurs de dette publique de l'année t (passifs conditionnels
notamment : dette publiquement garantie)
Nous savons également que (2) avec le taux d'intérêt nominal moyen de l'année.
En remplaçant (2) dans (1), nous avons : (3)
En divisant (3) par et en intégrant les relations et avec
: Le taux de croissance réelle de l'année t
: Taux d'inflation à l'année t
: Taux d'intérêt réel moyen de l'année
t
On obtient : (4) avec
: Ratio de l'endettement public de l'année t en pourcentage
du PIB
: Ratio de l'endettement public de l'année t-1 en
pourcentage du PIB
: Déficit budgétaire primaire de l'année t en
pourcentage du PIB
: Autres flux nets non créateurs de dette en pourcentage du
PIB
La dynamique de la dette est alors donnée par :
(5)
L'équation (5) permet de comprendre les facteurs
déterminants de la dynamique de la dette publique dans un pays. Elle
laisse apparaître deux composantes. La première est
dépendante du niveau du stock de la dette de la période
précédente que l'on pourrait qualifier de dynamique
endogène. Elle traduit les effets du taux de croissance
économique réelle, des taux d'intérêts réel
de la dette intérieure et de la dette extérieure sur
l'évolution de la dette. La deuxième composante est
fondamentalement liée à la politique budgétaire de l'Etat
et d'autres flux non créateurs de dette publique (dynamiques
autonomes).
Il ressort alors de cette analyse que la dynamique de la dette
d'un pays est plus favorable lorsque :
(i) le taux de croissance économique réelle est
supérieur au taux d'intérêt réel (surtout au cas
où le ratio initial de l'endettement est important) ;
(ii) le besoin de financement issu de la politique
budgétaire est faible, voir négatif (cas d'un surplus
budgétaire primaire) ;
(iii) le pays mobilise les financements exceptionnels
importants sous forme de dons.
Dans le cas contraire, la dynamique de la dette est
défavorable.
II.2.2- Évolution de la dynamique de la dette du
Gabon
L'observation de la dynamique de la dette publique du Gabon
est faite sur la base des graphiques 4.3.17 et 4.3.18 (voir
annexe).
L'analyse de la dynamique de la dette publique du Gabon en
1989 permet de tirer les enseignements suivants :
- la dynamique de la dette est négative depuis 1998.
- le poids de la dynamique endogène est
prépondérant dans la réduction du taux d'endettement
public du Gabon. Le poids de la dynamique autonome (avec les soldes primaires
positifs) a aussi contribué à cette réduction du taux
d'endettement public.
- le taux d'endettement initial est déterminant dans la
dynamique de l'endettement. Plus ce taux est élevé plus l'effet
endogène est fort.
- les mécanismes de traitement de la dette (Accord de
confirmation, rééchelonnements, rachat) ont contribué
à la réduction du stock de la dette entraînant ainsi une
réduction du taux d'endettement public et par ricochet une
amélioration de la dynamique d'endettement du Gabon.
- la dynamique de l'endettement public dépend de deux
facteurs principaux : les performances économiques (taux de
croissance réelle de l'économie) et la maîtrise de la
politique budgétaire (en générant les surplus
budgétaires par la maîtrise des recettes et des dépenses de
l'État). Mais le Gabon pour poursuivre les efforts de
désendettement, doit plus compter sur la dynamique autonome en
renforçant la qualité de sa politique et de ses institutions et
en trouvant les moyens de mieux protéger l'économie
vis-à-vis des chocs exogènes.
II-3. Evaluation du risque de
surendettement du Gabon
L'évaluation du risque de surendettement du Gabon est
nécessaire pour apprécier l'effet du traitement actuel de la
dette et orienter les politiques d'endettement du pays. Nous allons d'abord
présenter le cadre d'analyse et ensuite, évaluer son risque de
surendettement.
II-3.1. Présentation du cadre d'analyse
Les études empiriques réalisées par la
Banque Mondiale et le FMI ont montré que la qualité des
politiques et des institutions des pays à faible revenu a un impact
considérable sur la probabilité qu'ils soient confrontés
à une crise de surendettement. Ainsi, les pays qui opèrent dans
un contexte caractérisé par des politiques et des institutions
faibles risquent de basculer dans le surendettement (même avec des ratios
d'endettement nettement plus faibles que d'autres) du fait qu'ils sont plus
susceptibles de mal utiliser les financements qu'ils mobilisent et sont moins
capables d'utiliser leurs ressources de manière productive. A l'inverse,
les pays qui suivent des politiques judicieuses peuvent supporter un ratio
d'endettement plus élevé. Ces études établissent un
lien entre le risque de surendettement et la qualité des politiques et
des institutions des pays, telle que mesurée par l'indice EPIN
(Évaluation de la Politique et des Institutions Nationales) ou, en
anglais, CPIA (Country Policy and Institutionnal
Assessment).
Les conclusions de ces études ont permis de retenir des
seuils de viabilité de dette suivants, cohérents avec le niveau
des indices CPIA. Les seuils indicatifs de viabilité de la dette pour
les différents niveaux de CPIA sont recensés dans le tableau
4.
Tableau 4 : Seuils indicatifs de la
viabilité de la dette et performances des politiques et des
institutions (en %)
Indicateur de viabilité de la dette
|
Évaluation de la solidité des institutions et de
la qualité des politiques
|
Faible (CPIA<3,25)
|
Moyenne 3,25<CPIA<3,75)
|
Forte (CPIA>3,75)
|
Service de la dette/Exportations
|
15
|
20
|
25
|
Service de la dette/Recettes budgétaires
|
25
|
30
|
35
|
VAN dette/PIB
|
30
|
40
|
50
|
VAN dette/Exportations
|
100
|
150
|
200
|
VAN dette/Recettes budgétaires
|
200
|
250
|
300
|
Source : Banque Mondiale/FMI
Dans ce cadre, le risque de surendettement ne dépend
pas seulement du niveau de l'indice CPIA ou des seuils de viabilité de
la dette extérieure mais plutôt de la probabilité de sa
survenance qui est liée au fait que les indicateurs de viabilité
de la dette se situent à plus de 10 % des seuils indicatifs. Ainsi, si
l'écart entre les ratios et les seuils indicatifs de viabilité de
la dette est au dessus de 10 %, alors le risque est élevé. Le
risque est moyen si cet écart est entre 10 % au dessus et 10 % en
dessous et faible si cet écart est à plus de 10 % en dessous du
seuil.
II.3.2. Détermination du risque et
interprétation des résultats
Les IBW en se basant sur le cadre d'analyse du risque de
surendettement défini dans le paragraphe précédent ont
estimé le risque de surendettement des pays à faible revenu de la
Zone Franc. Le résultat est récapitulé dans le tableau
5.
Tableau 5 : Évaluation du
risque de surendettement des pays à faible revenu (fin 2006)
Pays
|
VAN dette extérieure/Exportations
|
VAN dette extérieure/PIB
|
Service de la dette/Exportations
|
Risque
|
Bénin
|
38
|
11
|
2,4
|
Faible
|
Burkina Faso
|
130
|
17
|
5,0
|
Modéré
|
Cameroun
|
90
|
10,4
|
5,1
|
Faible
|
Gabon
|
42
|
32
|
13
|
Modéré
|
Mali
|
50
|
27
|
4,4
|
Faible
|
Niger
|
86
|
34
|
4,6
|
Modéré
|
Sénégal
|
99
|
26,1
|
5,2
|
Faible
|
Source : BEAC-Pôle-Dette et
nos calculs
Il ressort alors que le Gabon présente un risque de
surendettement modéré. Toutefois, cette évaluation du
risque de surendettement ne prend pas en compte la dette intérieure qui
n'est pas aussi négligeable dans la dette du pays.
En effet, le poids de la dette intérieure par rapport
à la dette publique est de 5,5% mais le paiement des
intérêts dus à la dette intérieure représente
29,3 % de l'ensemble des paiements d'intérêts dus à la
dette publique. Ces constats révèlent le degré des effets
que la dette intérieure pourrait avoir sur la politique
budgétaire et par ricochet sur l'endettement public et sur le
développement. La prise en compte de la dette intérieure dans
l'analyse du risque de surendettement aggrave le risque de surendettement du
Gabon.
II-4- Principes de gestion de la dette.
Jusqu' à la fin de l'année 1995, la fonction de
la gestion de la dette était assumée par la caisse Autonome
d'Amortissement (CAA) du Gabon. Depuis Janvier 1996, suite à la
dissolution de la CAA, la gestion de la dette a été
confiée à la Direction de la Dette nouvellement
créée comme un département de la Direction
Générale de la Comptabilité Publique (DGCP) du
Ministère de l'Economie et des Finances instituée par
décret n° 0001536/PR du 26 décembre 1996. La Direction de la
dette intervient dans la prospection, la négociation et la mobilisation
des prêts liés aux différents programmes d'ajustement du
Pays. Elle assure également l'enregistrement et la gestion de la dette
publique en même temps qu'elle assure le règlement du service de
la dette due aux différents créanciers de l'Etat.
La gestion de la dette publique rentre désormais dans
le cadre de référence de la politique d'endettement public et de
gestion de la dette publique dans la CEMAC défini par le
règlement N° 12/07-UEAC-186-CM-15 du 19 mars 2007. Ce cadre de
référence permet l'adaptation des standards internationaux en
matière de gestion de la dette au contexte spécifique des pays
de la Zone Franc et plus précisément à celui du Gabon.
Il s'agit principalement :
Pour le cadre juridique et institutionnel de la gestion de la
dette, de (i) l'adoption d'une loi portant organisation de la mobilisation des
financements ; (ii) la rédaction ou la mise à jour des
manuels de procédures et des règlements intérieurs et leur
bonne application à l'intérieur de la chaîne de la
dette ;
Pour la coordination de la dette avec les politiques
macro-économiques, de : (i) la réalisation d'un consensus
sur l'objectif de la gestion de la dette publique entre tous les gestionnaires
de la dette et les départements dépensiers de
l'administration ; (ii) l'unification de la politique d'endettement en
faisant en sorte que ses orientations soient définies par la même
autorité (Ministre des Finances), même si sa mise en oeuvre est
assurée par plusieurs administrations ; (iii) la formalisation de
la coordination de la gestion de la dette avec les politiques
macro-économiques par la création au sein du Comité
Interministériel de supervision du programme d'ajustement structurel,
d'un sous-comité national de la dette publique3(*) ; (iv) la programmation des émissions de titres
publics à souscription libre et l'initiation d'une réflexion sur
la formulation de la stratégie de la gestion de la dette
intérieure ;
Pour la mise en oeuvre de la politique d'endettement au Gabon
aussi bien en ce qui concerne les volets gestion stratégique et
opérationnel que l'organisation fonctionnelle de la gestion de la dette,
de l'élaboration d'un programme de renforcement des capacités
pour combler l'écart existant entre les standards internationaux en
matière de gestion de la dette et la pratique actuelle de ladite
gestion.
RECOMMANDATIONS
Pour assurer la soutenabilité à long terme de la
dette publique du Gabon, nous formulons les recommandations suivantes :
Ø le Gabon doit renforcer la contribution des
politiques budgétaires à la réduction ou à la
stabilisation de la dette;
Ø il doit diversifier la base productive et des
exportations;
Ø il doit promouvoir la croissance;
Ø il doit élaborer des stratégies
d'emprunt en privilégiant les prêts concessionnels et les dons.
Pour cela, il faut créer de véritables structures de gestion de
la dette avec une centralisation de la gestion de la dette publique;
Ø il doit promouvoir la bonne gouvernance et bien
utiliser les ressources disponibles;
Ø il faut développer le marché de titres
publics à souscription libre ;
Ø il faut prendre en compte la dette intérieure
dans l'analyse de la viabilité de la dette et du risque
d'endettement ;
Ø la communauté financière internationale
doit redéfinir sa stratégie de prêts en ouvrant les
guichets concessionnels pour les projets non productifs et d'autres guichets
(peut-être même aux taux du marché) pour les projets
productifs. Un pays ne peut pas se développer seulement avec des
prêts concessionnels.
CONCLUSION GENERALE
Au vu des espoirs fondés sur les mécanismes de
traitement de la dette publique du Gabon après la signature de l'Accord
de confirmation et dans un contexte favorable de la hausse des prix du
pétrole, nous nous sommes donné pour objectif de montrer que les
mesures actuelles de réduction de la dette publique ne sont pas
suffisantes pour assurer à long terme la viabilité de la dette
publique du Gabon.
L'examen des caractéristiques de l'économie
gabonaise montre que les exportations sont portées par une
poignée de produits de base dont les prix fluctuent
régulièrement sur le marché mondial. Par ailleurs, le
financement de la réalisation des OMD risque d'aggraver cette situation.
L'analyse de la mise en oeuvre des mécanismes de
réduction de la dette publique (Accord de confirmation,
rééchelonnements, rachat de la dette et création du Club
de Libreville) montre que l'encours de la dette publique a baissé.
L'analyse du ratio dette extérieure/exportations montre
que malgré les efforts de réduction de la dette publique du
Gabon, la faible diversification de l'économie affecte
négativement la viabilité de sa dette par le canal de la relative
croissance des exportations et de la vulnérabilité de son
économie. Ainsi, l'étroitesse de la base productive et la forte
polarisation de l'activité économique continuent d'amplifier les
effets des chocs exogènes, d'accentuer l'instabilité des
performances économiques et financières. Elles constituent
d'ailleurs une source importante de vulnérabilité de la dette au
risque de surendettement d'autant plus que le pays doit faire face à des
besoins financiers importants en vue de promouvoir la croissance et atteindre
les OMD.
L'étude montre que les mesures d'allègement de
la dette du Gabon dépendent étroitement de la structure du
portefeuille de la dette.
L'examen de la dynamique d'endettement public permet de
constater que la dynamique endogène a joué un très grand
rôle dans la réduction de la dette et que la contribution de la
maîtrise de la politique budgétaire (en générant les
surplus budgétaires par la maîtrise des recettes et des
dépenses de l'État) est encore faible dans le pays. Mais le Gabon
pour poursuivre les efforts de désendettement, doit plus compter sur la
dynamique autonome en renforçant la qualité de ses politiques et
de ses institutions et en trouvant les moyens de mieux protéger
l'économie vis-à-vis des chocs exogènes.
En outre, le Gabon présente des risques de
surendettement plus ou moins élevés surtout si on prend en compte
la dette intérieure dans l'analyse.
En somme, le Gabon a mis en oeuvre des mécanismes de
réduction de la dette. Ces mesures contribueront significativement
à améliorer la soutenabilité (viabilité) de la
dette publique. Il paraît cependant incontestable qu'elles ne pourront
pas résoudre tous les problèmes relatifs à l'endettement
du pays. Tout d'abord parce qu'elles ne traitent pas véritablement de la
viabilité de la dette intérieure de manière
institutionnelle , et ensuite parce que le maintien de la viabilité
à moyen et long terme de la dette extérieure dépendra
principalement des performances en matière de croissance
économique, de lutte contre la pauvreté et de maîtrise des
déséquilibres financiers ainsi que de leur capacité
à mobiliser de nouvelles ressources concessionnelles ou des ressources
non génératrices de dette (investissement productif).
|
|
BIBLIOGRAPHIE
· Anne Joseph, 1999 « endettement et
contre-choc pétrolier : le cas du Cameroun » In
dette et pauvreté, sous la direction de jean Yves Moisseron et Marc
Raffinot, Economique 1999, pp. 165-188.
· Biao B. et al 1999, Endettement extérieur
et développement humain au Cameroun, Service oecuménique la
paix, Presses de l'UCAC, Collection « Economie et Conflit »
chapitre 18.
· Bourguinat (H), 1997 Finance internationale, Paris PUF,
Thémis, troisième édition, chapitre 18
· Gannagé E., 1994, Economie de l'endettement
international, Théories et politiques, presses Universitaires de France,
2335 pages 1964.
· SEMEDO G., Economie des finances publiques.
· Revue camerounaise de Management, Centre Universitaire
de Douala, Deuxième trimestre, 1986
· Cahier de l'Université Catholique d'Afrique
Centrale N° 5, la dette des pays du Sud.
· Pôle-Dette (BEAC) : - Bulletin
d'information, d'études et de liaison,
numéros 2 ;11 ;14 et 15
-Rapport d'activité 2005 et 2006
* 1 La Banque Mondiale et le FMI
ont mis en place à partir de 2003 un nouveau cadre opérationnel
d'évaluation de la viabilité de la dette des pays a faible
revenu.
* 2 DSA : Debt
Sustainability Assesment, est le modèle utilisé par les
Institutions de Bretton Woods dans le cadre de l'IPPTE
* 3 Ce Sous-Comité aura
pour mission de donner son avis sur tout projet d'emprunt. Il sera en outre
chargé d'éclairer le Gouvernement sur la situation de
l'endettement national, et de faire des propositions sur la stratégie
d'endettement, le plafond d'endettement annuel aussi bien en ce qui concerne
les engagements directs de l'Etat que les avals.
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