Maisons d'hôte, naissance et développement( Télécharger le fichier original )par Salma BELHAJ SOULAMI Ecole supérieure de technologie de Fès - Diplôme Universitaire Technologique 2008 |
3. Maisons d'hôte : réglementation de plus en plus rigoureuseLa transformation des Riads en maisons d'hôtes s'est effectuée de façon anarchique, en dehors d'un cadre juridique régissant cette profession. L'initiative a été prise par ces « nouveaux hôteliers » qui ont été obligés de fixer eux-mêmes des normes de classement propres à eux (palmiers, lanternes...), et ce, selon les prestations fournies, la dimension, la capacité, la qualité de la décoration, la proximité au centre-ville, l'accessibilité par voiture... L'ampleur qu'a pris ce phénomène a incité le ministère du tourisme à élaborer un projet de loi pour le classement de ce type d'hébergement. Ainsi, le projet de décret du 1er juillet 1999 modifiant et complétant le décret n° 2.81.471 du 16 février 1982 instituant un classement des établissements touristiques, consacre un chapitre important aux maisons d'hôtes.17(*) Des commissions locales ont procédé à l'inspection de ces entités touristiques pour les classer en catégories, à l'instar des étoiles pour les hôtels. Il serait question de 2 catégories, en plus d'une de luxe pour les maisons de charme. Cette nouvelle forme d'hébergement permet quelques limites : à part les Riads maisons d'hôtes gérés par les agences et donc contrôlés par elles, les autres unités échappent complètement à tout type de contrôle car il n'existe pas de lois qui donnent aux inspecteurs de la délégation de la culture ou du tourisme le droit d'accéder à ces demeures et les contrôler, ce qui engendre une situation d'ambiguïté concernant les activités de ces maisons d'hôtes. C'est pour cette raison que le Maroc, bien qu'il soit l'un des participants dans la charte internationale de l'éthique touristique, qui, à travers ses différentes clauses, insiste sur le respect absolu du milieu culturel et spirituel des habitants du pays d'accueil.
La lecture du projet de normes tel qu'il a été élaboré laisse apparaître que ce dernier est inadapté dans certains de ses aspects à ce nouveau mode d'hébergement, et ce pour les raisons suivantes :
A cet égard, nous notons qu'à l'exception de quelques rares unités, les autres établissements comptent moins de 7 chambres chacun. Imposer un minimum de 7 ou 5 chambres équivaudrait donc à exclure 61% de ces unités. De ce fait, il serait plus opportun de reconsidérer la limite inférieure des chambres en la fixant à 4 ou 5 chambres tout en dissociant qualité et capacité.
En conclusion à ce qui a été dit, il faut préciser que ce projet de loi, qui prévoit le classement des maisons d'hôtes, a été calqué sur les prestations hôtelières classiques. Le produit maison d'hôte est totalement indépendant et différent de l'hôtellerie classique. Les autorités, par ce projet, encouragent l' « hôtellisation» des Riads et des maisons d'hôtes et s'éloignent largement du concept maison d'hôte original.18(*) Afin de pallier aux lacunes du projet de loi cité précédemment, et en vue de donner aux maisons d'hôtes un caractère légal et formel, les professionnels ont ressenti le besoin de se constituer en association professionnelle et fédérer les maisons en activité, aider, accompagner et encadrer ceux qui souhaitent s'établir dans ce domaine. Le statut du Riad dépasse de loin une simple habitation pour revêtir celui d'une oeuvre d'art. L'origine des Riads remonte bien aux temps très lointains, le Riad serait un legs de la tradition gréco-romaine qui fut introduit ensuite sur les rives méditerranéennes. Le plus ancien Riad du Maroc était le palais de Ali Ben Youssef à Marrakech, dont la construction remonte à l'an 1126.
Depuis son introduction à Marrakech, le Riad n'a cessé de jouer un grand rôle dans l'enrichissement de l'héritage architectural et culturel que chaque dynastie laisse derrière elle comme témoin de son existence et sa puissance. Le Riad connut un destin tumultueux. De demeure de notables, bourgeois et puissantes personnalités politiques de la ville, il devint le centre d'attraction de la jet-set internationale pour enfin faire l'objet de convoitise de milliers d'étrangers. C'est ainsi que le phénomène des maisons d'hôtes a vu le jour donnant naissance à un produit nouveau, adapté aux exigences des touristes, dont les goûts sont en constante mutation. C'est un produit de luxe, qui permet de répondre aux besoins des touristes en matière de différence, de tradition, d'exotisme et d'authenticité. * 17 Voire annexes : projet d'arrêté du ministère du tourisme fixant les normes de classement des établissements touristiques * 18 www.bladi.net/n-776 |
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