MEMOIRE DE RECHERCHE
REVERSE LOGISTICS ET DECHETS D'EQUIPEMENTS ELECTRIQUES
ET ELECTRONIQUES : IMPACTS D'UNE REGLEMENTATION SUR LA STRUCTURATION
D'UNE NOUVELLE FILIERE
Mastère Spécialisé/3è Cycle
Management des activités logistiques
Florie GREGOIRE Agnes LASSERRE Bruno LE DEVEHAT
Promotion 2006
ESC BRETAGNE BREST - 2, avenue de Provence - CS 23812 - 29238
Brest Cedex 3 - France
Tél : +33 (0)2 98 34 44 44 - Fax :+33 (0)2 98 34 44 69
www.esc-bretagne-brest.com
-
info@esc-bretagne-brest.com
REMERCIEMENTS
Nous tenons tout d'abord à remercier Mlle V. Fernandes,
notre tuteur, pour le suivi de notre travail et pour ses conseils.
De plus, nous remercions très sincèrement tous
les professionnels qui nous ont accordé les entretiens
nécessaires à ce travail : Mme P. Maestracci d'Envie
2E1 Rennes 35, Mrs. V. Cuvillier et M. Le Borgne de Canon
Bretagne2, Mr. A. Lestradic de la Scarmor3, Mr. D.
Kaczmarek indépendant, Mr. G. Baubau de la Meito4, Mr. P.
Lohezic de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Angers5, Mme A.
Boutet et Mr. F. Deltour de l'ENSTB6, Mr. R. Le Guen de
Tribord7 et Mr Y. Gaume d'Ecotri Fouesnant.
Nous remercions également les conférenciers pour
leur contribution : Mlle A. Mariani de Nantes Métropole8, Mr.
P. Vincent de l'ADEME9, R-B. Gallard de la Ville d'Angers et Veolia
Propreté10, Mme S. Denos du Cabinet Terra et Mr X. Mace
d'EBM. Toutes ces personnes nous ont aidés à comprendre la
filière des DEEE, ses enjeux, les stratégies employées,
les barrières actuelles, etc. Ils nous ont permis d'avoir une vue
globale et de nous faire notre propre point de vue sur l'état de cette
filière au premier trimestre 2006, 8 mois après la date de mise
en application en France du décret de loi sur les DEEE.
1
www.envie.com
2
www.canon-bretagne.fr
3
www.e-leclerc.com
4
www.meito.com
5
www.angers.cci.fr
6
www.enst-bretagne.fr
7
www.tribord-bretagne.com
8
www.nantesmetropole.fr
9
www.ademe.fr
10
www.veolia-proprete.fr
LEXIQUE
ADEME : Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de
l'Energie
AMF : Association des Maires de France
ASLOG : Association française pour la Logistique B to B :
Business to Business
B to C : Business to Consumer
CFC : Chlorofluorocarbones
DEEE : Déchet d'Equipement Electrique et Electronique
EDT : Echange de données Tnformatisé
EEE : Equipement Electrique et Electronique ESS : Economie
Sociale et Solidaire
GEM : Gros Electroménager
GTE : Groupement d'Tntérêt Economique LCD : Liquid
Crystal Display
LR : Logistique à rebours
MDD : Marque De Distributeur
MEEP : Matériel Electrique et Electronique
Professionnel
PAM : Petit Appareil en Mélange
PCB : Polychlorobiphényles
PEEFV : Produit Electrique et Electronique en Fin de Vie
PME : Petites et Moyennes Entreprises PSL : Prestataire de
Services Logistiques
RoHS : Restriction of the use of certain Hazardous Substances in
electrical and electronic equipment
SAV : Service Après Vente
SLT : Soutien Logistique Tntégré
VA : Valeur Ajoutée
VPC : Vente Par Correspondance
WEEE : Waste of Electrical and Electronic Equipment
RESUME
La reverse logistics (retour des produits du point de
consommation au point d'origine) occupe depuis quelques années une place
prépondérante dans nos entreprises. Une nouvelle facette de cette
discipline est le traitement des Equipements Electroniques et Electriques en
fin de vie, rendu obligatoire par une Directive européenne de 2002,
transcrite en droit français en juillet 2005. De nouveaux schémas
logistiques se mettent ainsi en place depuis 8 mois. Actuellement peu
structurée, la filière des DEEE se développe autour de
trois pôles : la collecte, la logistique et le traitement. Cette
organisation se basera sur les schémas logistiques décrits dans
les conclusions de ce mémoire. La capacité à faire entrer
les flux des DEEE dans la filière et l'optimisation des coûts
constitueront les principaux défis pour transformer cette
évolution réglementaire en véritable filière
industrielle, source de création de valeur.
ABSTRACT
Reverse logistics (return of goods from the point of
consumption to the point of origin) has taken a major place in our companies
since a few years. A new facet of this subject consists in the treatment of
end-of-life Electrical and Electronic Equipments, which is imposed by a new
European regulation written in 2002. This regulation has been translated for
France in July 2005. New logistic schemes are therefore implemented since 8
months. At the present time the WEEE's channel is poorly structured;
nevertheless it develops itself around three points: collection, logistics and
treatment. This organisation will be based on logistic plans described in the
conclusions of this thesis. The efficiency of gate keeping and costs
optimization are the major challenges faced by the participants in order to
create a proper industrial structure.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
METHODOLOGIE
PARTIE I : LA REVERSE LOGISTIQUE
|
1
4 8
|
1
|
INTRODUCTION
|
8
|
|
1.1
|
Historique de la Reverse Logistics
|
9
|
|
1.2
|
Un problème de vocabulaire
|
10
|
|
1.3
|
Importance de la rétrologistique
|
10
|
|
1.3.1
|
Enjeux des retours
|
11
|
|
1.3.2
|
Les raisons des inefficacités de la rétrologistique
|
12
|
2
|
LA REVERSE LOGISTIQUE
|
12
|
|
2.1
|
Vers une définition
|
12
|
|
2.2
|
Les bénéfices de la logistique à rebours
|
14
|
|
2.3
|
Les différentes activités de la
rétrologistique
|
15
|
|
2.4
|
Une typologie des réseaux à rebours
|
19
|
|
2.5
|
La reverse logistique : une nouvelle complexité
|
22
|
3
|
DIVERSES STRATEGIES POUR LA REVERSE LOGISTIQUE
|
23
|
|
3.1
|
Réduire les flux de reverse logistique
|
23
|
|
3.1.1
|
La gestion du cycle de vie des produits
|
24
|
|
3.1.2
|
Les technologies de filtrage d'accès aux flux à
rebours
|
24
|
|
3.1.3
|
L'échange de données informatisées
|
24
|
|
3.1.4
|
Conception adaptée à la reverse logistics
|
25
|
|
3.2
|
La gestion des flux logistiques retour
|
25
|
|
3.2.1
|
L'externalisation des retours
|
25
|
|
3.2.2
|
Les marchés secondaires
|
26
|
4 LA MISE EN OEUVRE OPERATIONNELLE DE LA REVERSE LOGISTIQUE 26
4.1 L'automobile 28
4.2 Les produits de consommation courante 28
4.3 Les produits électroniques 28
PARTIE II : LA REVERSE LOGISTIQUE ET LES DEEE 30
1 LA DIRECTIVE DEEE 30
1.1 Origine de la loi française 30
1.2 Les textes de référence : La Loi
française du 20 juillet 2005 et ses décrets
d'application parus 31
1.3 Les DEEE : Déchets d'Equipements Electriques
Electroniques 32
1.3.1 Définition des EEE - Equipements Electriques et
Electroniques 32
1.3.2 Définition des DEEE - Déchets Equipements
Electriques et Electroniques33
1.3.3 Volumétrie : Chiffres clés 34
1.3.4 Composition des DEEE 35
1.3.5 Les 5 flux principaux retenus pour classifier les DEEE
36
1.4 Synthèse : Que dit la Directive et en quoi cela
impacte-t-il l'organisation
logistique de la filière ? 36
1.4.1 Dispositions à la conception des EEE 36
1.4.2 Traçabilité des DEEE 37
1.4.3 Collecte sélective des DEEE 37
1.4.4 Stockage des DEEE 38
1.4.5 Immatriculation au Registre National des producteurs 39
1.4.6 Traitement, opérations de valorisation et
réutilisation 39
1.4.7 Objectifs donnés par la Directive. 41
2 LES ACTEURS CONCERNES 42
2.1 Les producteurs 42
2.2 Les distributeurs 43
2.3 Les professionnels du traitement des déchets 44
2.4 Les prestataires de services logistiques 45
2.5 Les Eco-organismes 45
2.6 L'Economie « Sociale et Solidaire » 46
2.7 Les municipalités et collectivités
territoriales 47
2.8 Le citoyen consommateur 47
3 L'ARTICULATION GENERALE DE LA FILIERE 48
3.1 Les flux financiers des DEEE ménagers 48
3.2 Les flux physiques DEEE ménagers 50
3.2.1 Le niveau collecte 50
3.2.2 Le niveau logistique 51
3.2.3 Le niveau traitement 51
3.3 Positionnement des acteurs 51
PARTIE III : STRATEGIES & ORGANISATIONS
LOGISTIQUES ACTUELLES 53
1 EXEMPLE DES COLLECTIVITES TERRITORIALES 53
1.1 L'étude INTIATIVE RECYCLAGE® à
Nantes 53
1.1.1 Présentation de l'étude 53
1.1.2 Intérêt de cette étude pour notre
travail 54
1.1.3 Analyse des résultats de l'étude sur Nantes
Métropole 54
1.1.4 La filière au niveau national : les enseignements
de l'expérience et les
recommandations 56
1.2 Quels enjeux pour les collectivités territoriales
57
2 LES SCHEMAS EXISTANTS DES DISTRIBUTEURS 58
2.1 L'exemple d'une Grande Surface Spécialisée :
DARTY 58
2.1.1 Présentation de DARTY 58
2.1.2 La reverse logistics mise en place 59
2.1.3 DARTY, un précurseur 61
2.2 L'exemple du mouvement E. LECLERC 61
2.2.1 Présentation de l'enseigne 61
2.2.2 Obligations des magasins E. Leclerc 62
2.2.3 Obligations des metteurs sur le marché du groupe E.
Leclerc 62
2.2.4 Choix stratégiques envisagés par le groupe
63
3.2 Principaux enseignements tirés de cette
opération 63
3.2.1 L'impossibilité d'anticiper les coûts de fin
de vie 64
3.2.2 Le rôle capital du détenteur final 64
3.2.3 L'implication nécessaire et complémentaire
du constructeur 64
3.2.4 Le positionnement des prestataires de maintenance 65
3.3 Une collecte différenciée pour les DEEE
professionnels 65
4 LES INDUSTRIELS « PRODUCTEURS » : LE CAS CANON
BRETAGNE 66
4.1 Présentation de CANON BRETAGNE 66
4.2 Organisation de la filière DEEE chez Canon 67
4.3 Opportunités et enjeux 69
5 LES PROFESSIONNELS DU TRAITEMENT ET DU RECYCLAGE 69
5.1 Le cas VEOLIA PROPRETE 69
5.1.1 Le projet de création d'un centre de tri de grande
capacité à Angers 69
5.1.2 Schéma logistique 70
5.1.3 Opportunités et enjeux 71
5.2 L'exemple d'ECOTRI FOUESNANT 73
5.2.1 Présentation d'Ecotri 73
5.2.2 Positionnement d'Ecotri sur la filière DEEE : 73
6 LES PRESTATAIRES DE SERVICES LOGISTIQUES : LE CAS GEODIS 74
6.1 Historique de GEODIS en reverse logistics 74
6.2 L'alliance GEODIS et SITA : VALOGISTIC 74
6.3 Naissance d'un pôle majeur 75
7 L'ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE : LA STRUCTURE ENVIE 2E 75
7.1 Présentation d'ENVIE 2E Rennes 35 75
7.2 Organisation de la filière Envie 2E 76
7.3 Opportunités et enjeux 78
8 SYNTHESE 79
8.1 Des initiatives pour l'instant individuelles 79
8.2 Présentation des coûts par appareil
traité 80
PARTIE IV : QUELLE(S) STRATEGIE(S) LOGISTIQUE(S) FUTURE(S) POUR
LA FILIERE ? 81
1 LA FILIERE DEEE : UN RESEAU DE REVERSE LOGISTICS 81
1.1 Caractérisation de la filière DEEE 81
1.2 Typologie et facteur de complexité logistique de la
filière DEEE 82
1.3 La chaîne de valeur 83
1.3.1 La recherche du point optimum en termes de coûts de
collecte et logistiques
85
1.3.2 La recherche de valeur ajoutée dans les prestations
de traitement 85
2 LES DEFIS LOGISTIQUES DE LA FUTURE FILIERE DEEE 86
2.1 La capacité des « gatekeeping » à
fournir un flux entrant critique de DEEE 87
2.2 L'optimisation des coûts logistiques de la
filière 87
2.2.1 La spécialisation des points de collecte en zone
urbaine 87
2.2.2 Le tri sur les points de collecte et l'acheminement direct
en centre de
traitement 88
2.2.3 La massification des DEEE sur un nombre limité de
plateformes 89
2.2.4 Schéma logistique reconfiguré 90
2.3 Le développement de capacité de traitement en
France 90
2.4 Quel partage de la chaîne de valeur dans la
filière ? 91
2.4.1 Une logique purement économique et industrielle
91
2.4.2 Une logique de valorisation du tissu économique
local et social 91
2.4.3 Des opportunités de partenariat 92
2.5 Le pilotage de la filière par un système
d'informations intégré 92
3 PROPOSITION D'UNE STRATEGIE LOGISTIQUE POUR LA FUTURE
FILIERE
DEEE AU PLAN NATIONAL
|
93
|
3.1
|
Méthodologie
|
93
|
3.2
|
Hypothèses
|
93
|
3.3
|
La filière logistique pour le flux GEM hors froid, PAM et
écrans
|
94
|
3.4
|
La filière logistique pour le flux GEM froid
|
95
|
3.5
|
Synthèse
|
96
|
CONCLUSION : TRANSFORMER UN ELDORADO ATTENDU EN UNE VERITABLE
FILIERE INDUSTRIELLE 97
INTRODUCTION
<< Ma vieille cafetière expresso ne marche
plus, je ne peux plus rien en faire, est-ce que je peux vous la rapporter si
j'en achète une neuve ? » Regard éberlué de la
vendeuse « Mais qu'est ce que vous voulez que j'en fasse ».
Cette scène réelle se situe dans une grande surface
spécialisée et cela pourrait s'intituler << Appareils
usagers, des accrocs dans la reprise »1. Et pourtant,
depuis le 13 août 2005, les magasins de la grande distribution sont tenus
de reprendre gratuitement l'ancien appareil contre l'achat d'un neuf si le
client le souhaite.
Pré requis
Les premières recherches et applications sur la reverse
logistics ont été publiées il y a déjà plus
de 20 ans aux Etats Unis. Si en premier lieu, la logistique des retours a
essentiellement répondu à des problématiques
environnementales, elle s'est progressivement imposée au coeur de
l'organisation des supply chains modernes et représente dans bien des
secteurs industriels un enjeu stratégique primordial, associé
à un impact économique significatif.
Le Council of Logistics Management a récemment
proposé une définition, communément admise par les
professionnels. Elle présente de manière générale
la rétrologistique comme un processus efficient de planification, de
mise en oeuvre et de contrôle des flux de MP, d'encours, de produits
finis, du point de consommation jusqu'au point d'origine et de l'information
relative aux flux. Elle inclut de ce fait de nombreuses activités
opérationnelles.
Son importance semble devenir grandissante avec notamment le
développement du commerce électronique. De plus, la transcription
en droit français d'une Directive européenne relative à la
gestion de déchets d'équipements électriques et
électroniques (DEEE) impose une réorganisation de la
filière, en termes technologiques, économiques et logistiques.
1 Elisabeth Chesnais (décembre 2005), <<
Appareils usagés - Des accros dans la reprise », Que Choisir
432.
En effet, ces appareils usagers, d'une grande
diversité, connaissent une forte croissance de leurs volumes,
liée à un taux d'équipement des professionnels et des
particuliers de plus en plus élevé et à l'obsolescence
très rapide des produits. Ce taux est également inhérent
aux progrès technologiques permanents.
Problématique
La logistique est devenue, depuis une dizaine d'années,
une fonction concurrentielle, pour laquelle les entreprises définissent
désormais des stratégies précises et longuement
réfléchies.
Une nouvelle facette de la logistique est mise en avant depuis
quelques années : la reverse logistics, ou rétrologistique,
logistique à rebours, logistique inversée, etc. La question que
nous soulevons aujourd'hui est la suivante :
- Comment s'est développée la reverse logistique ?
Quels sont aujourd'hui les schémas les plus courants utilisés par
les entreprises, les enjeux, les développements futurs ?
Une nouvelle loi impose, depuis le 13 Août 2005, la
collecte, le traitement et la valorisation de tous les produits en fin de vie
contenant des composants électroniques et/ou électriques. La
question posée ici est :
- Que sont les DEEE ? Quels acteurs sont concernés par
ce décret ? Quelles sont les organisations logistiques mises en place et
les stratégies employées? Quels sont les enjeux liés
à cette Directive ?
Cette nouvelle réglementation oblige les acteurs du
secteur à revoir entièrement leur supply chain :
- Quels sont désormais les défis logistiques pour
cette filière ? Quelle organisation logistique adoptera la future
filière ?
Objectifs
L'objectif principal de ce mémoire est de donner un
état des lieux de la filière des DEEE au premier quadrimestre de
l'année 2006, soit 8 mois après la date de mise en application du
Décret de loi française et de faire des recommandations pour la
future
organisation logistique. Cet état des lieux devra
être justifié par une observation précise et une
comparaison réaliste des éléments théoriques et
pratiques.
A travers cet objectif, nous voulons également que le
lecteur comprenne ce qu'est la reverse logistics et les stratégies
appliquées actuellement dans ce domaine, pour pouvoir ensuite
apprécier le développement des flux retours pour les produits
d'équipements électriques et électroniques.
Limites
Tout d'abord, ce travail de recherche se délimite à
l'observation de la filière DEEE en France uniquement.
Ensuite, concernant la partie sur les stratégies
employables en reverse logistics, nous nous sommes limités aux
stratégies pouvant ensuite porter à réflexion au niveau de
notre problématique (la filière DEEE). Ainsi, nous n'aborderons
pas les stratégies relatives aux retours de produits pour
réparations, modifications, mais seulement celles liées aux
retours des déchets.
De plus, nous avons globalement axé nos recherches sur la
filière des DEEE ménagers. Néanmoins, nous ferons parfois
référence aux DEEE professionnels.
Enfin, cette étude ne fait référence
qu'à une période précise : du 13 août 2005, date de
mise en application du décret sur les DEEE en France à fin avril
2006, date du rendu de ce mémoire. Il demeure à cette date
plusieurs problèmes :
- Tous les aspects législatifs n'ont pas encore
été publiés.
- Les différents acteurs expriment encore des
interrogations sur l'interprétation des textes de loi sortis à ce
jour.
METHODOLOGIE
PHASES DE NOTRE TRAVAIL
Nous avons distingué 6 phases dans notre travail de
recherche :
Phase de réflexion préalable conduisant au
choix d'un sujet précis
Cette phase consiste à passer progressivement d'un
thème assez général (ici, la reverse logistics) à
un véritable sujet menant à un projet, c'est-à-dire
à une perspective opérationnelle de recherche dans un domaine
délimité (la filière du traitement des DEEE).
Phase de formulation du problème de recherche et
logique de la démonstration
Le travail exploratoire de la phase 1 doit conduire à
l'une des étapes décisives de la recherche : le choix et la
définition d'un problème centrale de recherche dans le champ
préalablement délimité (les stratégies pouvant
être utilisées pour le traitement des DEEE).
Phase de documentation approfondie
Il s'agit, à partir de l'analyse
précédente, de procéder au travail de documentation en
profondeur. Nous devons multiplier les << explorations » de sources
possibles : bases de données informatiques, interviews d'entreprises,
organisations spécialisées, articles de journaux, revues de
presse, ouvrages, conférences... Toutes ces sources devront être
ordonnées. Il est essentiel de ne pas manquer les
références fondamentales sur notre sujet, celles qui font date et
fournissent un bilan de départ (ici : << Going Backwards : Reverse
Logistics Trends and Practices, Dale S. Rogers, Ronald S. Tibben-Lembke, 1998,
Reverse Logistics Executive Council pour la partie théorique sur la
reverse logistics, et le Décret français de loi du 23 juillet
2005 sur le traitement des DEEE pour la partie correspondante). Faire ensuite
périodiquement un bilan de ce que l'on a acquis comme information, et de
ce qui manque. Enfin, il faut savoir s'arrêter, en considérant le
mémoire comme l'étape d'une recherche qui pourra
éventuellement se poursuivre sous une autre forme (thèse
professionnelle, mission en entreprise, etc.).
Clarification des résultats par traitement des
données
Il s'agit de la phase critique de la recherche, celle de
l'utilisation des données rassemblées pour procéder
à la clarification des résultats. Elle implique un classement des
données, une hiérarchisation par ordre d'importance et une
analyse de résultat.
La démonstration permet-elle d'arriver à des
résultats convaincants ? Quelles sont les lacunes, mais aussi quels sont
les points forts ?
A ce stade, on a donc tous les éléments de la
démonstration. On peut en principe adopter un plan (quasi
définitif) qui sera utilisé pour la rédaction.
Application & mise en évidence des
implications du résultat
Dans notre mémoire, il apparaît que les
résultats sont convaincants, réalisables. Nous en avons donc
étudié les conséquences. Quelles sont nos positions ? A ce
moment, les phases de recherche peuvent être considérées
comme achevées.
Phase de synthèse du travail, de rédaction
et de mise au point
Nous avons consacré beaucoup de temps à cette
phase, car elle est toujours plus longue qu'on ne le pense, et tout à
fait fondamentale pour valoriser la recherche entreprise (songer à la
soutenance et à une future candidature professionnelle).
Calendrier de l'étude
|
Octobre
|
Novembre
|
Décembre
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
S1
|
S2
|
S3
|
S4
|
S5
|
S6
|
S7
|
S8
|
S9
|
S10
|
S11
|
S12
|
S13
|
S14
|
S15
|
S16
|
S17
|
S18
|
S19
|
S20
|
S21
|
S22
|
S23
|
S24
|
S25
|
S26
|
S27
|
Phase 1
|
|
|
|
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|
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|
|
|
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Phase 2
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Phase 3
|
|
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|
Phase 4
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Phase 5
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Phase 6
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Figure 1 : Calendrier de notre
étude
Perspectives philosophiques
D'après Gummesson, il existe quatre types de
perspectives philosophiques quant à la rédaction d'une
étude : le concept positiviste contre l'heuristique, et le concept
déductif contre l'inductif.
Le concept positiviste doit décrire
l'intégralité de l'étude de manière objective et
l'expliquer. Le concept heuristique au contraire doit comprendre et
interpréter les informations.
Le concept déductif part du général pour
aller vers le spécifique, à l'inverse du concept inductif qui se
base sur des observations spécifiques pour aller vers des
généralisations et des théories.
Le tableau suivant décrit clairement l'utilisation des
méthodes inductive et déductive lors d'un travail de
recherche.
Tableau 1 : Comparaison des
méthodes inductive et déductive
Nous utiliserons ici le concept positiviste, puisque notre but
est de décrire et d'expliquer ce qu'est la reverse logistics et plus
particulièrement celle utilisée dans la filière des DEEE.
Parallèlement à ce concept positiviste, nous évoluerons du
général au plus spécifique.
Le concept déductif à proprement dit sera peu
utilisé, mais nous essayerons de formuler des hypothèses dans la
dernière partie de ce mémoire, portant sur les
possibilités stratégiques que les acteurs de la filière
DEEE pourraient utiliser.
Etude qualitative ou quantitative ?
D'après M. Gay et M. Airasian, une étude
qualitative est une étude qui interprète des données que
l'on ne peut compter.
L'étude qualitative part du concept déductif,
l'étude quantitative part du concept inductif.
Partant sur le concept déductif, nous utiliserons
très majoritairement le concept qualitatif pour réaliser cette
étude. La méthode quantitative sera donc très peu
utilisée, uniquement pour nous permettre de vérifier nos
résultats avec ceux trouvés précédemment par
d'autres chercheurs. Les informations qualitatives nous ont permis d'expliquer
notre sujet de manière plus détaillée et
spécifique. Les résultats sont uniquement qualitatifs.
Valeur, intérêt du mémoire
Avec ce travail, nous voulons mettre en évidence
l'état de la filière DEEE en Avril 2006, 8 mois après la
date de mise en application du décret sur le traitement des DEEE. Nous
montrerons ainsi les avancées des différents acteurs
concernés par la loi et les stratégies qu'ils tendent à
employer. Nous pensons que notre travail pourra intéresser certaines des
entreprises impliquées, puisqu'il se présente sous la forme d'une
synthèse à jour de l'état de la filière DEEE,
filière aux très nombreux enjeux et pour laquelle tous les
acteurs doivent mûrement réfléchir. Elle aura en effet des
conséquences essentielles sur les coûts supportés par
l'entreprise ainsi que sur son image auprès des consommateurs finaux
mais aussi auprès des professionnels.
PARTIE I : LA REVERSE LOGISTIQUE
Nous présenterons ici, dans un premier temps, la
reverse logistics : historique, définition, acteurs, enjeux...
Ensuite, nous détaillerons les différentes
stratégies de reverse logistics s'adaptant à notre
problématique.
Enfin, nous décrirons la mise en oeuvre
opérationnelle de la reverse logistics.
|
1 INTRODUCTION
Les pressions pour la récupération des
matières, la réduction de l'enfouissement comme mode de gestion
des déchets, la prise de conscience des consommateurs ainsi que les
économies potentielles provenant d'une réutilisation des
matières amènent les organisations à accorder une
attention accrue à la logistique des retours. Ce concept introduit une
nouvelle perspective dans la gestion de la chaîne d'approvisionnement,
car les schémas traditionnels décrivant la circulation des
matières sont généralement conçus dans une optique
unidirectionnelle : des fournisseurs vers les utilisateurs. En fait, la reverse
logistics souligne que la matière peut emprunter le chemin inverse et
remonter la chaîne d'approvisionnement.
Initialement, l'intérêt de la logistique à
rebours était associé à la problématique
environnementale (récupération, réutilisation et recyclage
des produits). Cependant, elle dépasse ce seul champ d'activité
pour inclure le retour des produits défectueux et non
désirés par les clients. Dans certains secteurs
d'activités, entre autres celui de la vente par catalogue, le retour de
produits peut être équivalent à 35% des ventes. La
maîtrise du flux inversé peut donc être un facteur de survie
pour ces secteurs. La logistique à rebours n'équivaut en moyenne
qu'à moins de 5% des coûts logistiques d'une entreprise bien que
son potentiel d'économies demeure appréciable (en 1997, aux
Etats-Unis, la reverse logistics représentait 862 milliards de
dollars1). Elle recèle un haut degré de
complexité ce qui expliquerait les difficultés associées
à son implantation.
1 Rapport B. Delauney «Ninth annual state of
logistics report»
1.1 Historique de la Reverse Logistics
La reverse logistics, devenue aujourd'hui un
thème majeur de la problématique logistique, est un concept
déjà ancien. Depuis son élaboration, le Soutien Logistique
Intégré (SLI), l'approche la plus complète du management
logistique, inclut dans un même processus l'ensemble des flux, allers et
retours, en suivant le cycle de vie du produit et de ses composantes.
Pour la logistique dite de flux, le concept de reverse
logistics est apparu au tout début des années 90, à
peu près simultanément en Amérique du Nord et en
Europe.
Aux USA, le Council of Logistics Management publiait
dès 1991 un document intitulé « Reverse Logistics »
suivi en 1993 du livre « Reuse and Recycling - Reverse Logistics
opportunities ».
En Europe, c'est en Allemagne que la préoccupation de
la défense de l'environnement favorisa le développement du
concept : au Congrès International de la Logistique de La Haye, en 1991,
R. Frerich-Sagurna proposait de dupliquer le schéma classique de la
chaîne logistique, en y incluant les flux retours et en imaginant une
consuming enterprise, miroir de l'entreprise productrice classique.
Figure 2 : Schéma de R.
Frerich-Sagurna1
1 Laurent Grégoire (1999), « Bienvenue
à la Reverse Logistics », Logistique & Management, vol.7
n°2, `Reverse Logistics', Publications Groupe Ecole Supérieure de
Commerce de Bordeaux.
En France, c'est l'ASLOG, Association française pour la
logistique, qui introduisit le concept en organisant en avril 1992 le <<
1er forum de la logistique et de l'environnement >>.
Logistique verte ou Eco-logistique firent ensuite l'objet de quelques
journées d'études, notamment au CERELOG de Metz.
Une dizaine d'années plus tard, le développement
de la Reverse Logistics reste encore limité. Un certain nombre
d'initiatives a été pris, la plus importante en flux
traités étant sans doute la récupération et le
recyclage des emballages, en particulier pour les produits grand public par
l'organisme Eco-Emballages. Mais la part de flux retours dans l'ensemble des
flux physiques reste faible, du moins en France. La mise en application de la
nouvelle Directive européenne sur les DEEE devrait
accélérer l'essor de la reverse logistics.
1.2 Un problème de vocabulaire
Si la logistique prend des formes significativement
différentes selon la nature des produits considérés, il en
est de même pour la Reverse logistics. Reverse
logistics est l'expression américaine pour désigner un flux
qui ne << descend >> pas la supply chain mais la << remonte
>> depuis le consommateur vers le producteur : produits invendus, envoi
en réparations, retours des produits promotionnels ou retours dus aux
défaillances des systèmes de pilotage de type push... En
effet, la prévision de la demande étant par nature soumise
à des erreurs, beaucoup de produits sont repris et <<
recyclés >> vers d'autres zones de consommation. Le pourcentage de
flux << recyclés >> pour cette raison atteindrait
près de 20% au niveau mondial. Mais l'expression recouvre aussi les
déchets dont on doit se débarrasser le plus écologiquement
possible sans qu'ils reviennent au producteur.
On ne sait donc trop comment traduire reverse
logistics en français : logistique des retours, logistique à
rebours, logistique inverse ou rétrologistique sont autant de termes
rencontrés pour désigner une même réalité :
comment organiser la gestion des retours.
1.3 Importance de la
rétrologistique
L'importance de la rétrologistique comme outil
stratégique ayant un impact sur la rentabilité à long
terme d'un secteur n'est pas encore totalement établie. En effet, si
initialement certaines fonctions de gestion telles que la finance et le
marketing ont connu leur
prééminence, les années 90 ont
placé les capacités logistiques au centre des
préoccupations des entreprises. Dans ce contexte, la majorité des
entreprises n'a pas encore décidé de donner une place
déterminante à la rétrologistique. Un nombre croissant de
secteurs a néanmoins compris que la gestion de la logistique du point de
consommation vers l'amont est plus complexe et demande d'autres arbitrages du
mix logistique (stockage, entreposage, transport, informatisation) pour un taux
de retour et de satisfaction clientèle donné.
1.3.1 Enjeux des retours
Dans un projet de recherche du Reverse Logistics Executive
Council qui interrogeait les entreprises pratiquant la
rétrologistique, différents rôles stratégiques ont
été mis en évidence, tel présenté dans le
Tableau 2.
Raisons invoquées
|
% de réponse
|
Pression concurrentielle
La libéralisation des procédures de retour en
vertu de laquelle si un article ne satisfait pas il peut être
retourné, défectueux ou non, exerce une pression concurrentielle
dans la recherche de la fidélisation/satisfaction des clients. Le
courant entreprise citoyenne oblige les entreprises qui acceptent les retours
à les traiter dans le respect de l'environnement et selon des pratiques
socialement responsables.
|
65
|
Supply chain propre
En acceptant de reprendre des articles, pièces ou
composants ; auprès de leurs clients, les fabricants peuvent à la
fois refabriquer et recapter la valeur des produits mais aussi permettre au
client d'acheter et de stocker de nouvelles marchandises. Ce
désengorgement des stockages associé à une extension des
lignes de crédit et une augmentation du taux de satisfaction
clientèle permet de faire d'une pierre deux coups : vendre le nouveau et
recycler l'ancien pour le revendre.
|
33
|
Réglementation
Elle force la reconfiguration des systèmes de
production et de distribution pour s'assurer de ce que sur le cycle de vie de
l'article à des phases différentes, l'ensemble de la supply chain
de retour soit géré effectivement.
|
25
|
Recapter la valeur et recouvrer les actifs
Les entreprises qui ont effectivement pris en charge des
programmes de recouvrement des actifs ont pu revaloriser et améliorer la
rentabilité à partir de matières qui sinon auraient
été éliminées ou gaspillées.
|
20
|
Protéger les marges d'exploitation
Les raisons invoquées ci-dessus permettent de mieux
protéger à long terme la rentabilité en créant de
nouvelles sources de revenus et de profits.
|
18
|
Tableau 2 : Rôle
stratégique des retours1
1 Alexandre Samii (2004), Stratégie
Logistique, Supply Chain Management, 3ème Edition, Dunod.
p359.
1.3.2 Les raisons des inefficacités de la
rétrologistique
Six symptômes d'une gestion inefficace des retours ont
été identifiés. Le fait qu'ils soient tellement
fréquents démontre l'importance de la gestion efficiente et
rapide de la rétrologistique.
- Les retours arrivent plus vite qu'il n'est possible de les
traiter (stocker, transformer..) ; le symptôme est un manque de
capacité face à la demande.
- De grandes quantités de stocks de retour qui restent
entreposés dans les entrepôts. - Des retours non autorisés
ou non identifiés.
- Lenteurs des cycles de traitement des retours.
- Méconnaissance du coût logistique total des
processus de retours.
- Manque de confiance du client dans le processus de
réparation.
Il découle de ses symptômes qu'il est essentiel
d'identifier les obstacles à une logistique correcte des retours. Si
leur classement par ordre d'importance devait être réalisé,
il se présenterait comme suit :
- la logistique de retour est sous-estimée car son
coût logistique total n'est pas évalué ; il peut s'agir
d'une politique délibérée de l'entreprise et/ou d'un
manque d'attention de sa haute direction.
- le manque d'investissement informatique, de ressources
financières et de personnel, engagés dans la gestion.
- l'analyse juridique des retours est déconnectée
de la gestion managériale.
- il est étonnant de constater que, contrairement
à ce que l'on pourrait croire, la
réglementation et la pression des agences
gouvernementales de protection de
l'environnement n'ont pas suscité une reconfiguration
active de la chaîne des retours.
2 LA REVERSE LOGISTIQUE
2.1 Vers une définition
Le Council of Logistics Management définit la
rétrologistique comme suit :
`Partant du point de consommation jusqu'au point
d'origine, la rétrologistique est un processus efficient de
planification, de mise en oeuvre et de contrôle des flux de
matières premières, d'encours, de produit finis, et de
l'information relative à ces flux, dont le but est de
recapter la valeur des matières en les remettant
à disposition dans une supply chain de retour.'
Il en découle que la rétrologistique inclut des
activités telles que la retransformation, le reconditionnement, la
réutilisation des contenants, composants et emballages, tout comme la
conception de produits et emballages destinés à réduire la
pression environnementale (énergie, transport..).
La rétrologistique traite aussi du retour de
marchandises dû à des méventes, des excès de stocks
saisonniers, des rappels pour défectuosités, aussi bien que des
programmes de recyclage d'équipements obsolètes et de
matériaux dangereux et/ou dérangeants. Son importance
économique fluctue selon les secteurs considérés. A titre
d'exemple, le Tableau 3 présente les taux de retour de quelques
secteurs.
Secteur
|
%
|
Journaux et magazines
|
20-30
|
Distributeurs de livres
|
10-20
|
Ventes par correspondance
|
18-35
|
Distributeurs de composants électroniques
|
10-12
|
Ordinateurs
|
10-20
|
Grande distribution
|
4-15
|
Pièces de rechange automobiles
|
4-6
|
Electronique grand public
|
4-5
|
Produits chimiques ménagers
|
2-3
|
Tableau 3 : Exemples de taux de
retour1
Pour Martin Beaulieu2, une définition de la
logistique à rebours (LR) doit tenir compte de 4 paramètres :
- La LR est associée autant à un produit
qu'à un déchet possédant une valeur de
récupération ou de réutilisation. Ainsi, les papiers
récupérés, les produits défectueux ou les retours
suite à un achat par catalogue peuvent être
considérés comme des intrants d'un réseau à
rebours.
1 Adapté de Rogers & Tibben-Lembke (1998),
Going backwards : Reverse Logistics Trends and Practices, University of
Nevada.
2 Martin Beaulieu (2000), Définir et
maîtriser la complexité des réseaux de logistique à
rebours. Groupe de recherche CHAINE, HEC Montréal.
- Le destinataire final de ces produits retournés ou de
ces déchets peut être le producteur initial, un intervenant
différent de la même industrie ou un intervenant d'un autre
secteur d'activités. Par exemple, un produit défectueux sera
réacheminé vers son producteur, le papier
récupéré sera retourné dans l'industrie
papetière alors que les pneus seront valorisés par des
producteurs de tapis en caoutchouc.
- La LR implique davantage que la seule décision du choix
du réseau de distribution. - Elle comprend également un ensemble
d'activités de gestion.
Par conséquent, il en formule la définition
suivante :
`La logistique à rebours est un ensemble
d'activités de gestion visant la réintroduction d'actifs
secondaires dans des filières à valeur ajoutée.'
Le terme <<actif» est le pivot de la
définition car il précise la nature de l'intrant qui se
déplace dans les réseaux de logistique à rebours. Le choix
de ce terme peut sembler surprenant mais il offre suffisamment de
neutralité pour englober tous les aspects de la logistique à
rebours.
Pour Davis1, la reverse logistics est la gestion
des actifs qui ne remplissent plus leur fonction première. La notion
d'actif désigne un bien appartenant en propre à une personne
ou à une personne morale (Sylvain2, 1986). Un
déchet ou un produit hors d'usage a un propriétaire même si
ce dernier est implicite. Par ailleurs, le terme <<actif» offre plus
de neutralité car celui-ci permet d'inclure également les
produits qui sont retournés ou rappelés par les entreprises. Le
qualificatif secondaire est ajouté au terme << actif » pour
préciser qu'il a déjà subi une dégradation (suite
à son utilisation ou à une défectuosité).
2.2 Les bénéfices de la logistique
à rebours
Si les bénéfices pour l'environnement sont
connus et tangibles, il faut aussi y associer de nombreux avantages financiers
et stratégiques. La logistique à rebours n'est pas une pratique
récente mais elle acquiert de plus en plus un caractère
stratégique. En effet, l'engouement des consommateurs pour des produits
faits de matières recyclées oblige en quelque sorte les
manufacturiers à concevoir de nouveaux produits et
procédés, mais surtout à mettre en place des
réseaux capables de récupérer cette nouvelle
matière première. La
1 Davis, Shear, Lawrence, Rector (1995), <<
Reverse Logistics Pipeline » in Annual Conference Proceedings, California,
Council of Logistics Management.
2 Sylvain (1986), << Dictionnaire de la
comptabilité et des disciplines connues », Montréal,
Institut Canadien des Comptables agréés.
nécessité de tels réseaux peut aussi
provenir d'obligations législatives, comme dans le cas de la nouvelle
Directive DEEE.
D'autre part, la concurrence de plus en plus intense
amène les entreprises à accroître leurs services à
la clientèle, dont le retour de produits endommagés ou
défectueux, ou encore pour reprendre les quantités non
écoulées après une vente saisonnière.
Rogers et Tibben-Lembke (1998) précisent que le retour
de produits représente en moyenne de 3 à 5% des ventes d'une
entreprise et qu'il génère de 5 à 6% des coûts
totaux logistiques. L'essor du commerce électronique participera
d'ailleurs à l'augmentation des volumes des flux retours. Les
entreprises qui développent un flux intégré de prise en
charge du produit utilisé et de son retour au consommateur,
bénéficient de délais plus courts.
A partir de ces faits, des économies substantielles
peuvent être réalisées par une gestion efficiente des
réseaux de logistique à rebours. Soulignons que les organisations
peuvent aussi retirer un avantage indirect d'une gestion des retours de
produits, en acquérant une meilleure connaissance du produit et des
causes de défectuosité. L'entreprise peut alors effectuer des
améliorations pour corriger ces problèmes.
2.3 Les différentes activités de la
rétrologistique
Tout comme les réseaux traditionnels de distribution,
les réseaux à rebours peuvent être composés de plus
ou moins d'intermédiaires. Mais quelle que soit la taille de ces
réseaux, les intermédiaires devront se partager un certain nombre
d'activités présentées dans le Tableau 4.
Tableau 4 : Les activités des
réseaux de logistique à rebours (M. Beaulieu, 2000)
La collecte
La collecte est une opération essentielle à la
performance d'un réseau de logistique à rebours. Le point
d'entrée dans le pipe-line de rétrologistique mérite une
attention accrue. Le gatekeeping (contrôle de l'accès des
flux retours) est stratégique ; ce filtrage permet de rendre les flux
retour gérables et rentables dans leur globalité. La forte
participation des utilisateurs assurera une masse critique d'actifs
récupérés, une condition sine qua non au succès de
réseau.
Cette situation met en lumière une première
action critique : l'instauration d'incitatifs pour que l'utilisateur modifie
ses comportements. Ces incitatifs peuvent être économiques ou
prendre la forme d'aménagements favorisant la participation des
utilisateurs.
Le triage
Le triage est l'étape opérationnelle la plus
importante. S'il est effectué à la source, il réduit la
complexité et le coût de l'activité. Mais ce n'est pas
toujours possible à cause, entre autres, de la complexité des
produits. En effet, certains produits ne sont pas conçus pour le
désassemblage ; des spécialistes sont requis pour effectuer cette
opération. Le triage permet également d'aiguillonner les actifs
vers les bonnes filières de revalorisation et de séparer les
produits qui peuvent être revendus, ceux qui doivent être
réparés, ceux dont certaines pièces peuvent être
réutilisées, ceux qui peuvent être donnés à
des organismes de charité et ceux qui seront finalement envoyés
sur des sites d'enfouissement.
L'entreposage
L'entreposage peut être nécessaire pour combler
l'écart entre l'offre et la demande. Par ailleurs, l'entreposage peut
être une activité critique pour certains intervenants des
réseaux de logistique à rebours. En effet, le processus de retour
de produits peut créer un dédoublement des stocks (produits
à vendre et produits retournés) à certains points du
réseau, par exemple chez le détaillant.
Le transport
Le transport est une activité qui peut constituer une
contrainte importante sur la performance du réseau de logistique
à rebours. Dans le cas du recyclage des produits, le transport accapare
25% des coûts logistiques. Lambert et Stock1 (1993) ont
même estimé que les coûts de déplacement d'un produit
du consommateur vers le producteur peuvent être neuf fois
supérieurs à ceux du flux traditionnel. Davis et al. (1995)
identifient trois causes qui empêchent d'optimiser les activités
de transport :
- Le produit est rarement retourné dans son emballage
original.
- Il peut y avoir une grande diversité de produits
retournés.
- L'expéditeur est incapable de déterminer le poids
du chargement.
Une seconde action critique consisterait à palettiser
les produits à retourner ce qui faciliterait l'évaluation des
quantités et des coûts de transport. Dans le cas des produits
recyclés, la compaction peut être un moyen de comprimer les
coûts de transport en réduisant le volume des ressources. D'une
façon plus globale, Shear2 recommande de lier le plus
possible les activités du réseau logistique à rebours avec
ceux du réseau traditionnel.
1 Lambert, Stock (1993), « Strategic Logistics
Management », Irwin Publishing Company, 3rd Edition.
2 Shear (1997), « Reverse Logistics: An issue of
Bottom-line performance », Chain Store Age, vol.73 n°1.
Précisons que les réseaux de logistique à
rebours détournent des actifs qui auraient terminé leur existence
dans les filières d'enfouissement ou d'incinération. Cependant,
le taux de récupération de ces réseaux n'est pas de 100%.
De plus, le taux de récupération peut être limité
par des contraintes technologiques qui restreignent la réutilisation de
certains actifs secondaires.
Si l'on compare le coût de rétrologistique au
coût logistique classique, il sera aussi la somme de plusieurs
coûts : + Coût d'entreposage
+ Coût de transport
+ Coût de traitement
+ Coût de gestion des processus de retour
+ Coût associé aux réseaux de
rétrologistique utilisés et au
niveau de service requis dans ce réseau.
= Coût de rétrologistique
Vu sous un autre angle, pour un niveau de service et une
configuration centralisée ou non des centres de traitement de la
chaîne de retour, le coût de rétrologistique est la somme
des coûts d'entreposage, de transport, et de traitement (triage et mise
à disposition).
La logistique inverse concerne donc des flux multiples qui ont
tous la caractéristique de ne pas être des flux massifs de
produits :
- emballages de toutes sortes : palettes, cartons, bouteilles,
containers...
- déchets de production, eaux usées, huiles
usées...
- invendus : journaux, livres, articles démodés,
restants de promotion, produits périmés ou en limite de
péremption...
- produits défectueux rappelés par le
producteur.
- produits refusés par le consommateur en VPC ou
e-commerce.
- produits en fin de vie, soit jetables, soit usés :
automobiles, toners d'imprimantes, microordinateurs, appareils ménagers,
literie... qu'ils soient repris ou non par le vendeur.
- produits à réparer.
Tous ces produits ne reviennent pas nécessairement vers
le producteur mais peuvent emprunter des voies très différentes
avec l'intervention de nombreuses « tierces parties » : en effet la
supply chain, bien plus qu'une chaîne, est un réseau souvent
très complexe.
2.4 Une typologie des réseaux à
rebours
Tout comme les réseaux traditionnels de distribution,
les réseaux à rebours peuvent être composés d'un
nombre plus ou moins grand d'intermédiaires. Ainsi, ces réseaux
peuvent prendre des formes multiples. Bien qu'il existe quelques typologies des
réseaux de logistique à rebours, la plupart des travaux traitant
cet aspect les a décrits selon le nombre d'intervenants potentiels, par
exemple, la présence ou non de recycleurs, de firmes de traitement, etc.
Cette première classification a l'inconvénient de décrire
a posteriori les réseaux de logistique à rebours,
c'est-à-dire une fois que les réseaux sont organisés et
que les acteurs se sont structurés. Pour les gestionnaires, cette
typologie est peu utile pour la mise sur pied d'un réseau de logistique
à rebours à moins de copier ceux déjà existants.
On peut également traiter les réseaux en deux
catégories : à boucle fermée ou à boucle ouverte.
Dans le premier cas, les actifs secondaires reviennent dans leur secteur
d'origine. Dans l'industrie automobile, on constate que les broyeurs retournent
les métaux chez les sidérurgistes et les affineurs ce qui
permettra de produire de nouvelles pièces pour les constructeurs
automobiles. D'autre part, les actifs peuvent être dirigés vers
d'autres industries et c'est ce qu'on appelle une boucle ouverte. Par exemple,
les «casseurs» envoient une partie des pièces automobiles dans
d'autres réseaux de récupération qui ne sont pas
apparentés à l'industrie automobile. Cette typologie peut encore
une fois être utile pour classifier la nature des réseaux à
rebours mais elle offre peu d'indications aux gestionnaires quant aux
implications d'un réseau à boucle fermée ou ouverte.
Rogers et Tibben-Lembke (1998) apportent une nuance
importante. Ils précisent que la variété des
activités du réseau de logistique à rebours est
influencée par deux grandes variables. D'abord, l'origine de l'actif
secondaire qui peut provenir de l'utilisateur final ou d'un autre membre du
réseau de distribution. Ensuite, la nature de l'actif qui peut
être un produit ou un emballage. Pour ces derniers, il existe quatre
grandes options (utilisateur final ou membre du réseau de distribution /
produit ou emballage) qui mettront en évidence certaines
activités de gestion et de traitement des actifs secondaires. Cette
typologie est intéressante car elle aide le gestionnaire à
identifier les activités prédominantes du réseau de
logistique à rebours. Cependant, Martin Beaulieu (2000) considère
la dichotomie produit ou emballage trop stricte. De plus, Rogers et
Tibben-Lembke (1998) indiquent que les produits
réintroduits dans le réseau à rebours
peuvent arriver ou non à la fin de leur vie utile. Cependant, leur
typologie exploite peu cette nuance.
Ainsi, pour pallier aux lacunes identifiées dans les
modèles précédents, la typologie des réseaux
à rebours que Martin Beaulieu propose s'appuie sur deux
paramètres :
1° le choix de la filière à
valeur ajoutée où est dirigé l'actif secondaire.
2° le degré de traitement de l'actif
secondaire (traitement intermédiaire ou retraitement) avant sa
réintroduction dans la filière.
Ce dernier paramètre influencera le nombre
d'intervenants contenus dans le réseau. L'association de ces deux
variables permet de construire la figure 3. Par exemple, le retour de produits
(achats par catalogue, commerce électronique) constitue un exemple
d'actifs secondaires qui ne nécessitent aucune transformation et qui
retournent dans leur industrie d'origine puisqu'ils seront
réutilisés par les distributeurs et détaillants (figure 3,
coin supérieur gauche). Pour sa part, bien que retournant dans sa
filière d'origine, le papier récupéré doit subir un
retraitement important qui le ramènera sous forme d'une pâte qui
pourra être utilisée pour la production de nouveaux produits
(carton ou papier) (figure 3, coin inférieur gauche).
Figure 3 : Classification des
réseaux de logistique à rebours (Beaulieu, 1999)
Les produits ou les matières (actifs secondaires)
situés du côté droit de la matrice peuvent être plus
difficilement réintroduits dans leur filière d'origine. Cette
situation est explicable à deux niveaux : le retraitement de ces actifs
ne permet pas de retrouver les normes de qualité des matières
vierges ou encore l'actif secondaire n'a plus aucune valeur pour le
producteur initial. C'est le cas des pneus d'automobile dont
les activités de déchiquetage ne permettent pas d'obtenir une
matière qui serait réutilisable dans la production de nouveaux
pneus (figure 3, coin inférieur droit). Une autre situation est
vécue dans le secteur du commerce de détail. Malgré des
rabais, les détaillants peuvent se retrouver avec des vêtements
qui n'ont plus d'intérêt pour eux, car ceux-ci ne rencontrent plus
les critères de la mode. Ils sont donc offerts à des organismes
de charité. Il s'agit d'un exemple où l'article ne revient pas
dans la filière d'origine mais ne subit pas de traitement majeur (figure
3, coin supérieur gauche).
Cette typologie permet d'introduire une notion importante : la
complexité dans la gestion des réseaux logistiques. Un actif
secondaire qui revient dans sa filière d'origine sans subir de
traitement important (cadran supérieur gauche de la matrice) emprunte un
réseau de logistique peu complexe à gérer (facilité
de synchronisation des activités de livraison et de
récupération car on utilise la même infrastructure pour les
2 flux). Par exemple, la palette peut être réutilisée telle
quelle. Les bouteilles de bière devront être nettoyées,
mais son maillage avec le réseau logistique conventionnel est simple.
A l'opposé, plus l'actif secondaire tend à
être localisé dans le coin inférieur droit, plus le
réseau risque d'être complexe à gérer compte tenu,
entre autres, de l'incertitude technologique quant au retraitement, de
l'incertitude commerciale quant à l'existence d'un marché pour
cette matière, des difficultés de substitution de la
matière originale pour celle recyclée... Dans certains cas, ces
produits ne sont pas conçus afin de faciliter le désassemblage.
D'où l'importance du retraitement dans le cas des écrans
d'ordinateurs par exemple. Cette notion de complexité se situe à
2 niveaux dans la gestion des réseaux de logistique à rebours
:
- la difficulté à mettre en place le réseau
en question.
- la difficulté à gérer les
différentes interactions entre les acteurs de ce réseau.
Figure 4 : Complexité et
réseaux de logistique à rebours (Beaulieu et al.,
1999)
2.5 La reverse logistique : une nouvelle
complexité
La reverse logistics ajoute à la logistique
classique plusieurs facteurs de complexité :
- Elle n'est pas à proprement parler tirée mais
en général poussée : c'est la disponibilité d'un
produit ou d'un emballage à recycler qui déclenche le processus,
et non la demande d'un futur utilisateur de matières
recyclées.
- La reverse logistics génère en
général des flux entre des entreprises très
différentes et de secteurs économiques variés ; il y a
rarement des flux retours vers l'entreprise productrice à l'origine des
matières et produits traités. Toute optimisation nécessite
donc une prise en compte des intérêts et contraintes de plusieurs
entreprises : qui prendra en charge cette optimisation ? Qui sera à
même d'assurer une approche sérieuse du coût global, alors
que le seul coût logistique interne d'une entreprise est encore à
ce jour si mal appréhendé ?
- Cet accroissement et cette diversification des flux et des
partenaires renforcent encore le souci et la complexité de la
traçabilité des produits et des matières. Les
systèmes d'informations actuels des entreprises sont-ils adaptés
?
- La nécessaire prise en compte des opérations
de soutien, recyclage, récupération en fin de vie, dès la
conception du produit, suivant l'approche du SLI, rend indispensable la
présence de logisticiens dans toutes les phases du cycle de vie du
produit. La plupart des entreprises doivent encore en prendre conscience et
l'accepter ; il faut aussi que les logisticiens le comprennent et qu'ils en
aient la compétence.
3 DIVERSES STRATEGIES POUR LA REVERSE
LOGISTIQUE
Depuis quelques années, la reverse logistics occupe une
place de plus en plus importante au sein des services logistiques des
entreprises européennes, notamment dans les secteurs ou les flux de
retour sont les plus importants, tels que la vente par correspondance et le
commerce électronique, mais aussi l'électroménager et
l'électronique. Dans cette partie, nous décrirons de
manière synthétique les stratégies utilisées
actuellement afin d'améliorer les flux de retour de marchandises. Nous
ne parlerons que des éléments stratégiques associés
à la problématique du mémoire (les DEEE).
Pour certaines entreprises, les coûts liés aux
flux de retour peuvent réduire de manière considérable les
bénéfices réalisés, parfois jusqu'à rendre
la transaction initiale non rentable. Ces entreprises doivent désormais
comprendre l'importance et le rôle stratégique de la reverse
logistique. Les gestionnaires doivent s'atteler à la réduction de
ces coûts, en améliorant certains aspects de leur logistique des
retours :
- Rendre plus efficientes les technologies de filtrage, ou «
gatekeeping technologies ». - Accélérer les prises de
décisions quant à l'élimination des déchets.
- Accélérer les temps de cycle.
- Améliorer la gestion des données.
La manière la plus efficace de diminuer les coûts
liés aux retours de marchandises consiste tout simplement à
réduire le volume des produits à retourner. Pour ce faire,
l'entreprise doit empêcher les produits non qualifiés d'entrer
dans ces flux. De plus, une fois les bons produits intégrés dans
les flux, elle doit les lui faire traverser le plus vite possible.
3.1 Réduire les flux de reverse
logistique
De nouvelles techniques ont été
développées afin d'être certain que tous les produits qui
entrent dans les flux de reverse logistics remplissent les conditions requises
pour être dans le système. On en cite quelques unes :
- Les technologies de filtrage d'accès aux flux à
rebours.
- La gestion du cycle de vie des produits.
- Les systèmes d'information.
- Les échanges de données informatisées.
- Une conception adaptée à la reverse
logistique.
3.1.1 La gestion du cycle de vie des produits
La gestion du cycle de vie des produits implique pour
l'entreprise la mise en place de l'appui logistique et du marketing
approprié aux différents stades du cycle de vie du produit
(lancement, croissance, maturité, déclin). Selon le stade
où se trouve le produit, l'entreprise doit effectuer une gestion et un
appui différent. En fin de vie du produit notamment, les coûts de
détention de stocks associés vont très fortement
augmenter. Les coûts d'obsolescence et d'entreposage vont être
majoritairement responsables de la forte augmentation de ces coûts.
Les entreprises doivent donc anticiper la fin de vie de leurs
produits dès qu'il a dépassé le stade de croissance, afin
qu'un moindre volume devienne obsolescent et entre dans les flux à
rebours.
3.1.2 Les technologies de filtrage d'accès aux
flux à rebours
Le filtrage d'accès, ou « gatekeeping »,
correspond au processus de décision quant aux produits à admettre
ou non dans le système de retour. L'amélioration de ce filtrage
va permettre la réduction du volume de marchandises retournées
et, par là même, la diminution des coûts globaux liés
aux flux retours. Cette amélioration passera également par une
formation adéquate des employés concernés.
Une des techniques utilisée par exemple aujourd'hui
pour améliorer le filtrage d'accès consiste à la mise en
place d'un réseau internet ou intranet guidant l'employé dans la
procédure de retour de chaque produit.
3.1.3 L'échange de données
informatisées
Même si de très nombreuses entreprises utilisent
aujourd'hui l'échange de données informatisé (EDT), elles
ne considèrent pas toujours comme primordial un investissement pour
fonctionner également en EDT quant à la gestion des flux retours.
Pourtant, l'EDT peut être aussi utilisé pour automatiser le
traitement des retours.
3.1.4 Conception adaptée à la reverse
logistics
Les entreprises, aujourd'hui, adaptent souvent leurs produits
pour rendre certaines opérations plus faciles et donc moins
coûteuses. On parle ainsi de conception adaptée à la
fabrication (« Design For Manufacture ») ou encore de conception
adaptée à la gestion de la chaîne logistique (« Design
For Supply Chain Management »). Depuis peu, on commence à voir
apparaître la conception adaptée à la reverse logistics
(« Design For Reverse Logistics »).
Par exemple, l'entreprise adapte l'emballage du produit pour
faciliter son retour. Elle peut aussi encourager le consommateur à
rendre le produit avec son emballage d'origine ou à ramener un produit
en fin de vie lorsqu'il désire en acheter un neuf.
La conception adaptée à la reverse logistics
consiste donc à tenir compte des besoins en reverse logistics dans la
conception et l'emballage du produit, autrement dit à intégrer
besoins de reverse logistics et besoins de protection de l'environnement d'une
part, et produit et chaîne de reverse logistics d'autre part.
On voit s'accentuer très fortement depuis un an les
discussions dans les entreprises sur une telle conception, suite à
l'adoption de la loi sur les DEEE (Déchets d'Equipements Electriques et
Electroniques ; cf. Partie II) obligeant les entreprises à
intégrer dans un cycle de retour (valorisation, recyclage, etc.) tous
les produits concernés.
3.2 La gestion des flux logistiques
retour
Afin de gérer de manière efficace les flux
retours des produits, les entreprises doivent notamment diriger leurs
réflexions vers l'externalisation des retours et les marchés
secondaires.
3.2.1 L'externalisation des retours
L'externalisation de la gestion des retours reste avantageuse
pour les PME et pour les grandes entreprises n'ayant pas acquis les moyens, les
compétences et l'expérience requise pour effectuer une gestion
des retours aux meilleurs coûts. En effet pour ces entreprises, il est
moins cher de faire appel à des partenaires que de gérer
elles-mêmes leurs retours.
Les entreprises qui se sont intéressées aux
processus de reverse logistics ne décentralisent pas toujours
physiquement leurs centres de gestion des retours ; elles décentralisent
son contrôle.
3.2.2 Les marchés secondaires
On appelle marchés secondaires tous les
intermédiaires, distributeurs et détaillants
spécialisés dans les produits qui ont déjà
été vendus ou proposés à la vente au détail.
Dans le premier cas, les produits sont généralement
réparés, reconditionnés avant d'être revendus. Dans
le second cas, plutôt que de faire entrer ces produits dans le cycle
coûteux des retours, certains gestionnaires optent aujourd'hui pour leur
vente à l'une des nombreuses entreprises présentes sur le
marché secondaire. Cette opération est désignée
sous le terme de recouvrement d'investissement ou d'actifs. Pour ces
entreprises qui écoulent de manière organisée et efficace
leurs produits sur le marché secondaire, le recouvrement d'actifs est
devenu une source importante de ressources : il peut représenter
jusqu'à 20 à 25% des bénéfices nets.
En France, les consommateurs sont de moins à moins
réticents à réaliser des achats dans ces magasins
secondaires. L'augmentation de 13% en 2005 des parts de marché de ce
segment en témoigne clairement.
Enfin, une dernière solution consiste à proposer
ces produits sur des sites web de ventes aux enchères (le site phare
Ebay a d'ailleurs réalisé un CA de 5,8 milliards d'euros en
2005). Ces ventes sur internet présentent néanmoins deux
inconvénients majeurs : les clients sont exclusivement des
ménages d'une part et d'autre part l'image de l'entreprise peut se
trouver diminuée.
4 LA MISE EN OEUVRE OPERATIONNELLE DE LA REVERSE
LOGISTIQUE
Les solutions de reverse logistics mises en oeuvre par les
entreprises aujourd'hui sont souvent très
hétérogènes. On observe cependant plusieurs grandes
familles d'activités qui mettent en place des solutions
homogènes.
Activités et exemple de sociétés.
|
Coûts relatifs
|
Solutions de reverse logistique
|
R&D
|
Production
|
Logistique
|
Produit à forte VA et de haute
technologies (Canon, HP, Samsung)
|
Elevés
|
Faibles
|
Faibles
|
Recherche d'une diminution des coûts au niveau
des matières et composants. Réduction de la
génération de déchets.
|
Produits de haute technologie à obsolescence
très rapide (Macintosh, Dell, Sony)
|
Modérés
|
Elevés
|
Elevés
|
Réseaux de distribution organisés pour traiter
les retours
|
Distribution directe (VPC)
|
Quasi- inexistants
|
Quasi- inexistants
|
Très élevés
|
Système de traitement des retours dédies
|
Consommables à durée de vie
courte (fabricants de batteries)
|
Modères
|
Elevés
|
Modérés
|
Intégration du facteur reverse logistique des
la phase de conception du produit.
|
Industrie de la peinture
|
Faibles
|
Faibles
|
Faibles
|
Pas de prise en compte mais pression environnementale
|
Tableau 5 : Approche comparative des
logistiques de retours par familles de produits
On observe grâce à ce tableau que les organisations
mises en place pour traiter les flux retours peuvent être très
différentes d'une famille d'activités à l'autre ou d'un
produit à un autre.
Trois exemples de secteurs qui ont très vite
été obligés de mettre en place des solutions de reverse
logistique sont présentés par la suite.
1 Philippe-Pierre Dornier, Michel Fender (2001), La
Logistique Globale - Enjeux, Principes, Exemples, Edition
d'Organisation.
4.1 L'automobile
Depuis plusieurs années, l'industrie automobile s'est
attelée à mettre en place une organisation efficace des retours
pour tous ses produits. Lorsqu'une voiture est retirée du marché,
toute la chaîne logistique retour se met en marche :
déconstruction et désassemblage, tri, réparation, remise
dans le cycle direct, recyclage ou rejet des déchets ultimes.
Certains constructeurs automobiles ont d'ores et
déjà créé des centres uniques de démontage,
distribution et service de pièces et véhicules usagés.
C'est le cas de Mercedes-Benz à Obertürkheim, près de
Stuttgart en Allemagne.
4.2 Les produits de consommation
courante
La grande distribution et ses fournisseurs sont très
régulièrement confrontés aux problèmes des flux
retours : marchandises invendues, marchandises défectueuses, produits
d'emballage destinés au recyclage, etc. Ils ont donc créé
des centres logistiques en charge de la gestion de ces flux et des
procédures pour en diminuer le volume. La plus grande attention est
portée au traitement des emballages, car ils peuvent représenter
jusqu'à 1,5% du CA. Une entreprise suisse, Migros, est vue comme la
référence européenne de la réduction et de retour
des emballages : elle a remplacé en 1964 la grande majorité de
ses cartons par des bacs en plastique, ce qui lui fait économiser 60 000
tonnes de cartons par an. Rien de tel n'a encore été mis en place
en France, mais les initiatives se multiplient. Ecovalor par exemple, un GIE,
s'est doté d'une usine pour traiter les déchets de cartons et de
plastique de plus de 40 magasins de l'Ouest de la France. Cet investissement a
permis de diviser par 4 les coûts de retraitement. Les déchets
sont triés par les magasins et collectés plusieurs fois par mois.
Ils sont ensuite retriés à l'usine puis passent dans une presse.
Ecovalor peut ainsi produire 500 tonnes de cartons et 75 tonnes de plastique
par mois. Ces matières sont ensuite revendues à des
sociétés spécialisées.
4.3 Les produits électroniques
Depuis août 2005, les fabricants de produits
électroniques sont obligés par la loi sur les DEEE (cf. Partie
II) de mettre en place ou de financer des circuits de traitement des produits
électroniques en retour (récupération, revalorisation,
recyclage, etc.).
Certaines grandes entreprises du secteur n'avaient pas attendu
la loi pour s'organiser. Hewlett Packard, par exemple, a mis en place un grand
programme visant à réduire ses déchets et à limiter
les coûts induits par leur traitement. Ainsi, près de 2 000 tonnes
de matériels sont traités tous les mois dans les sites de
Grenoble en France et de Tübingen en Allemagne. Cela représente 99%
du poids de tous les produits retournés.
Dans les télécommunications, certaines
entreprises ont confié leur logistique à des prestataires
logistiques, qui s'occupent alors aussi des flux retours. C'est le cas de
France Telecom par exemple. Un entrepôt unique a été
créé pour stocker les retours et organiser un transport
adapté à ce flux. Cet entrepôt va permettre, depuis les
agences commerciales, de prendre en charge les terminaux destinés
à la réparation, au service après-vente ou à la
destruction. France Telecom traite ainsi jusqu'à 20 000 terminaux par
jour.
Pour un produit consommable tel que les cartouches d'encre,
les fabricants ont progressé non seulement sur l'impulsion des
contraintes écologiques et légales, mais aussi du fait de
l'intérêt financier présenté par le
reconditionnement des cartouches usagées. En effet, une cartouche
recyclée peut être revendue à hauteur de 50% de son prix
initial avec un coût de retraitement intermédiaire relativement
faible. Canon a été le premier fabricant de cartouches d'encre
à mettre en place un schéma logistique dédié au
retraitement de ses cartouches.
PARTIE II : LA REVERSE LOGISTIQUE ET LES DEEE
Nos objectifs dans cette partie II sont :
- de présenter les éléments
réglementaires de la Directive et des arrêtés
correspondants sur les DEEE.
- de préciser en quoi cette nouvelle
réglementation va impacter les stratégies et organisations
logistiques actuelles de cette filière.
- de définir les acteurs concernés
(distributeurs, industriels, prestataires de services logistiques,
institutionnels,...).
- Et enfin, de présenter l'articulation
générale de la filière en termes de flux financiers et de
flux physiques et de positionner les acteurs.
|
1 LA DIRECTIVE DEEE
Dans un premier temps, il est nécessaire de
préciser les textes législatifs de référence connus
à la date du mémoire, de définir le
périmètre des DEEE concernés (définitions,
volumétrie, champs et dates d'application), et de faire une lecture de
la Directive en relation avec nos problématiques logistiques
(obligations à la charge des acteurs, recensement des activités
de traitement, recyclage et logistique nécessaires, etc.).
1.1 Origine de la loi française
Après les emballages ménagers, les pneus, les
piles et les batteries, c'est aujourd'hui le tour des Produits Electroniques et
Electriques en Fin de Vie (PEEFV). D'une part, il est estimé que chaque
Français produit chaque année 13 kg de déchets de type
DEEE ménagers (réfrigérateurs, machines à laver,
téléviseurs, ordinateurs, grilles pain, perceuses...). Cette
quantité produite augmente de 4% chaque année, soit un rythme de
croissance beaucoup plus élevé que celui de l'ensemble des
déchets ménagers. D'autre part, les DEEE professionnels sont
estimés à un équivalent 13 kg/hab./an. Le potentiel total
de DEEE à traiter s'élève à 26 kg/hab./an.
Pourtant, les modes d'élimination actuels ne sont pas toujours
adaptés à ces déchets, dont beaucoup contiennent des
substances dangereuses. De ce fait, il devenait nécessaire de mettre en
place un système plus adéquat.
Le Décret français transpose deux Directives
européennes 2002/96/CE en date du 27 janvier 2003,
modifiée par la directive 2003/108/CE, et 2002/95/CE
(harmonisant les législations nationales des Etats Membres en
matière de limitation de l'utilisation de substances dangereuses), et
fixe le cadre de la mise en place de collectes sélectives et d'un
traitement adapté.
1.2 Les textes de référence : La Loi
française du 20 juillet 2005 et ses décrets d'application parus
Le décret relatif à la composition des
équipements électriques et électroniques et à
l'élimination des déchets issus de ces équipements, a
été publié au journal officiel du 22 Juillet 2005
(Décret n° 2005-829 du 20 juillet 2005 relatif à la
composition des équipements électriques et électroniques
et à l'élimination des déchets issus de ces
équipements). Le texte complet est présenté en Annexe
1.
Directive 2002-95 ROHS
Directive 2002-96 WEEE
Arrêté du 25/11/05 (substances)
Arrêté du 6/12/05 (agréments
ménagers)
Transposées par
Arrêté du 23/11/05 (agréments pro)
Arrêté du 23/11/05(modalités traitement)
Arrêté du 13/03/06 (registre)
|
|
Décret 2005-829 DEEE
|
|
Complété par
|
Art- L541-10-2 Code Envt (LRF 2005)
|
|
Avis du 26/10/05 (Annexe 2)
|
Décret 2005-1472 (Plans départementaux)
|
|
|
|
Figure 5 : Articulation des Directives et
Arrêtés (Source ADEME)
Les arrêtés accompagnants sont les suivants :
- Arrêté du 23 novembre 2005, relatif à
l'agrément prévu à l'article 19 du décret n°
2005-829 du 20 juillet 2005.
- Arrêté du 23 novembre 2005, relatif aux
modalités de traitement des déchets d'équipements
électriques et électroniques prévues à l'article 21
du décret n° 2005- 829 du 20 juillet 2005.
- Arrêté du 25 novembre 2005, fixant les cas et
conditions dans lesquels l'utilisation
dans les équipements électriques et
électroniques substances dangereuses est autorisée. -
Arrêté du 6 décembre 2005, relatif aux agréments et
approbations prévus aux articles
9, 10, 14 et 15 du décret n° 2005-829 du 20 juillet
2005.
- Arrêté du 13 mars 2006, relatif au registre des
producteurs.
En Annexe 3, sont précisé les liens Internet qui
font référence à l'intégralité des textes
législatifs.
1.3 Les DEEE : Déchets d'Equipements
Electriques Electroniques
1.3.1 Définition des EEE - Equipements Electriques
et Electroniques
On entend par équipements électriques et
électroniques, les équipements finis fonctionnant grâce
à des courants électriques ou à des champs
électromagnétiques, ainsi que les équipements de
production, de transfert et de mesure de ces courants et champs. Ces
équipements sont conçus pour être utilisés à
une tension ne dépassant pas 1000 volts en courant alternatif et 1500
volts en courant continu. Ils relèvent en outre des 10 catégories
mentionnées ci-dessous :
1. Gros appareils ménagers
2. Petits appareils ménagers
3. Équipements informatiques et de
télécommunications
4. Matériel grand public
5. Matériel d'éclairage (à l'exception des
appareils d'éclairage pour tubes fluorescents domestiques et des
ampoules à filament)
6. Outils électriques et électroniques (à
l'exception des gros outils industriels fixes)
7. Jouets, équipements de loisir et de sport
8. Dispositifs médicaux (à l'exception de tous les
produits implantés ou infectés)
9. Instruments de surveillance et de contrôle
10. Distributeurs automatiques
Une liste des produits EEE concernés par la Directive est
jointe en Annexe 2 (<< Avis et communications du 26 octobre 2005
»).
Du point de vue de la classification commerciale, les
équipements électriques et électroniques sont
classés en 3 catégories :
- l'électroménager (ou produits
blancs) comprend les appareils de lavage et de cuisson, les
réfrigérateurs, les appareils de chauffage ainsi que les
aspirateurs, machines à coudre, fers à repasser. Les appareils
électroménagers constituent la part majoritaire des
équipements électriques et électroniques.
- le matériel audiovisuel (ou produits
bruns) recouvre les postes de radio et de télévision,
les caméscopes et magnétoscopes, les chaînes hi-fi, les
instruments de musique.
- l'équipement bureautique et informatique (ou
produits gris) désigne les ordinateurs, les imprimantes, les
scanners, les photocopieuses, les téléphones,
répondeurs...
1.3.2 Définition des DEEE - Déchets
Equipements Electriques et Electroniques
Selon l'article 2 du Décret, les DEEE sont
définis comme << des équipements électriques et
électroniques constituant des déchets au sens de l'article
1er, point A de la directive 75/422/CEE, y compris tous les
composants, sous-ensembles et produits consommables faisant partie
intégrante du produit au moment de la mise en rebut ».
La Directive précise aussi de manière distincte
l'origine des DEEE, ménagers et professionnels :
o Sont considérés comme DEEE
ménagers, les déchets issus d'équipements
électriques et électroniques provenant des ménages ainsi
que ceux d'origine commerciale, industrielle, agricole, institutionnelle ou
autre, et qui, en raison de leur nature et de leur quantité, sont
similaires à ceux des ménages.
o A contrario, sont considérés comme DEEE
professionnels, ceux qui ne répondent pas à la
définition de DEEE ménagers.
Enfin, les DEEE sont qualifiés d'« historiques
», lorsqu'ils proviennent d'un équipement mis sur le marché
avant le 13 août 2005.
Les DEEE ci-dessous sont exclus du champ d'application du
décret :
- les EEE faisant partie d'un autre type d'équipement qui,
lui, n'est pas un EEE au sens du décret.
- les EEE liés à la protection des
intérêts essentiels de sécurité de l'Etat (les
armes, les munitions et le matériel de guerre).
- Les dispositifs médicaux implantés et/ou
infectés.
- Les gros outils industriels fixes.
- Les appareils d'éclairage domestiques et les ampoules
à filament...
On inclut également dans les DEEE les consommables
d'encre, représentés par environ 80 marques, chaque marque ayant
plusieurs dizaines de références. On distingue :
- les consommables d'encre sèche (toner) : cartouches
complexes ou simples de télécopieurs, copieurs, imprimantes et
tambours photorécepteurs.
- les consommables d'encre liquide : cartouches simples, bidons
et bouteilles pour imprimantes, tables traçantes.
On sortira de notre étude ce champ particulier de DEEE,
puisque des organisations opérationnelles existent déjà
(se reporter au groupement CONIBI porté par des grands industriels
Xerox, Canon, etc.).
1.3.3 Volumétrie : Chiffres
dlés
En 2000, les Français ont jeté environ 1,5
million de tonnes de produits électriques et électroniques. Le
phénomène de stockage de ce type d'équipements et leur
durée de vie très variable rendent la comptabilisation de ces
déchets complexe. On estime néanmoins que le tonnage pourrait
croître de 3 à 5 % par an.
Plus de 50 % de ces déchets sont issus des ménages,
ce qui représente 13 kg/hab./an.
Gisement national de DEEE en
2000 Estimation en tonnes
|
Gros électroménager blanc
|
405 000
|
27%
|
Equipements électriques professionnels
|
345 000
|
23%
|
Câbles, batteries au plomb et autres...
|
300 000
|
20%
|
Equipements électroniques grand public, informatique
|
270 000
|
12%
|
Petit électroménager, téléphonie,
luminaire
|
180 000
|
12%
|
Total
|
1 500 000
|
100%
|
Tableau 6 : Estimation du gisement
national des DEEE en 2000
Le GIFAM (Groupement Interprofessionnel des Fabricants
d'équipements d'Appareils Ménagers....) estime quant à lui
que le parc existant (avant août 2005) est constitué de 145
millions de produits blancs et 280 millions de petits appareils
ménagers.
1.3.4 Composition des DEEE
La composition des DEEE et les obligations de retraitement et
de recyclage imposées par la Directive sont importantes pour la bonne
compréhension du fonctionnement de la filière. En effet, la
multiplicité des composants nécessite des opérations de
pré tri et de tri diverses et variées, ainsi que des
procédés de retraitement nombreux et complexes. Le niveau
d'intégration verticale de ces activités au sein même de la
filière aura un impact primordial sur la logistique (nombre de ruptures
de charge et opportunités de massification de flux).
Figure 6 : Composition des DEEE
(Source ADEME)
1.3.5 Les 5 flux principaux retenus pour classifier les
DEEE
L'ensemble des acteurs professionnels du traitement et du
recyclage semble d'accord pour segmenter les DEEE en cinq flux principaux
correspondants à leur process de démantèlement et de
traitement spécifique :
- le GEM Froid (gros
électroménager froid), armoire congélation,
réfrigérateur, ... tout équipement contenant un dispositif
produisant des frigories.
- Les GEM hors froid (machine à laver,
sèche linge, four, etc.), gros électroménager ne contenant
pas de dispositif froid.
- Les écrans contenant des tubes
cathodiques.
- Le PAM, petit appareil en mélange
(unité centrale, sèche-cheveux, outillage électroportatif,
friteuse, grille pain, radio, magnétoscope, etc.).
- Les Lampes.
Nous retiendrons pour la suite de ce mémoire cette
classification des DEEE.
1.4 Synthèse : Que dit la Directive et en quoi
cela impacte-t-il l'organisation logistique de la filière ?
1.4.1 Dispositions à la conception des
EEE
La Directive précise que les EEE doivent être
conçus et fabriqués de façon à faciliter leur
démantèlement et leur valorisation. La réutilisation et le
recyclage de ces équipements et de leurs composants et matériaux
ne doivent pas être empêchés si ce n'est pour des motifs
justifiés de sécurité ou d'environnement. D'ailleurs la
valorisation, et plus particulièrement la réutilisation des DEEE,
seront toujours préférées à leur destruction.
D'énormes progrès ont d'ores et
déjà été réalisés par les
industriels. L'enjeu pour ces derniers est aujourd'hui de concevoir et
développer les produits EEE de manière à ce que leur taux
de valorisation en fin de vie se rapproche de 100% (réutilisation,
valorisation matière et énergétique) à un
coût économiquement acceptable.
C'est un impact important puisqu'il permet de mieux
réutiliser les actifs secondaires contenus dans les produits
(intérêt pour les acteurs de se positionner sur ces
activités) et de tenter de simplifier l'organisation logistique des DEEE
(minimiser les opérations à non valeur ajoutée).
1.4.2 Traçabilité des DEEE
|
Chaque EEE mis sur le marché après le 13
août 2005 est revêtu du pictogramme de la « poubelle
barrée » accompagné de la date ou d'un rectangle noir,
permettant d'identifier son producteur et de déterminer que
l'équipement a été mis sur le marché après
le 13 août 2005.
|
Tous les DEEE (ménagers et professionnels) feront
l'objet d'une traçabilité, mise en place par les acteurs,
permettant de mesurer les tonnages de DEEE entrés dans la filière
et ceux des matières valorisées et des déchets ultimes.
Cela permettra notamment aux organismes de contrôle de déterminer
les flux transitant dans la filière et de répondre aux objectifs
de valorisation précisés par la Directive.
1.4.3 Collecte sélective des DEEE
Le Décret du 20 juillet 2005 reprend les
éléments de la Directive européenne en précisant
certains points laissés à l'appréciation des Etats
Membres. Concernant les DEEE des ménages, la collecte doit s'effectuer
essentiellement au travers :
- de la distribution, avec la reprise « un pour
un ». Le distributeur a pour obligation, pour un produit EEE
acheté par le consommateur, de reprendre un produit en fin de vie de
même nature.
- des collectivités locales, qui
disposent déjà de structures de collecte importantes au titre de
leur obligation de collecte auprès des ménages. Lorsqu'elles
mettront en place une collecte sélective des DEEE, ces dernières
bénéficieront d'une compensation de coûts afférents
à cette collecte, au travers d'un organisme coordonnateur.
Les producteurs pourront remplir ces obligations soit
collectivement, en créant ou en adhérant à un
Eco-organisme agréé par les pouvoirs publics, soit
individuellement, en mettant en place un système individuel
approuvé dans les mêmes conditions.
Pour les DEEE professionnels, le Décret français
octroie aux producteurs une plus grande souplesse, compte tenu des
durées de vie très variables des appareils et de leurs
spécificités. Le principe de responsabilité du producteur
s'applique pour la gestion de la fin de vie de tous les appareils mis sur le
marché à partir du 13 août 2005. Les producteurs doivent
donc en assurer l'organisation et le financement, en adhérant à
un organisme agréé, en mettant en place un dispositif individuel
(ne nécessitant cependant pas d'approbation), ou par toute autre
modalité prévue dans le contrat de vente.
Pour les déchets considérés comme
historiques c'est à dire des produits mis sur le marché avant le
13 août 2005 la responsabilité en incombe aux utilisateurs sauf
s'ils en ont convenu autrement avec les producteurs.
Enfin, la collecte des DEEE doit être compatible avec le
mode de traitement et de valorisation. Sans collecte sélective, la
valorisation matière devient plus difficile. D'ailleurs, la collecte
sélective en vrac ne permet pas le réemploi des appareils entiers
ou de certains de leurs composants. Il parait donc indispensable d'organiser la
collecte en fonction du type de traitement qui sera opéré sur les
produits (et notamment dans le cas de réutilisation).
1.4.4 Stockage des DEEE
Les DEEE collectés sélectivement devront être
repris et entreposés dans des conditions propres à assurer leur
tri, leur traitement sélectif et leur valorisation.
Si l'on admet que la collecte sélective est primordiale
pour l'efficience globale de la filière, l'organisation des stockages
des DEEE est un point essentiel à traiter en termes de :
- points de collecte, organisation du ramassage et centres de
regroupement.
- choix des contenants de stockage des DEEE en relation avec la
nature des produits
(rapport poids/volume, protection contre la casse, contre les
intempéries et lien avec
les matières dangereuses éventuellement contenues
dans ces produits).
1.4.5 Immatriculation au Registre National des
producteurs
Un registre national des producteurs d'EEE est établi. Il
recueille notamment les informations relatives sur :
- leur identification (raison sociale, SIRET, etc.).
- les EEE mis sur le marché, qu'ils soient
fabriqués et/ou vendus sous leur marque propre ou qu'ils soient
importés.
- le nom de l'Eco-organisme agréé auquel ils ont
adhéré ou s'ils ont mis en place un système individuel.
- La déclaration des tonnages de DEEE ménagers
suivant les 4 catégories principales et celle des DEEE professionnels
suivant les 10 catégories de la Directive.
L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de
l'Energie (ADEME) est chargée de la mise en place, de la tenue et de
l'exploitation de ce registre à des fins d'observation et de rapport. Le
registre sera ouvert à compté du 1er septembre 2006 et
les producteurs ont jusqu'au 1er décembre 2006 pour s'y
déclarer.
1.4.6 Traitement, opérations de valorisation et
réutilisation
1.4.6.1 Définitions
Le traitement selon l'article 3 de la
Directive 2002/96 est défini comme « toute opération
suivant l'arrivée des DEEE dans des installations de dépollution,
de démontage, de broyage, de valorisation ou de préparation
à l'élimination, ainsi que toute autre opération
effectuée en vue de la valorisation et/ou de l'élimination des
DEEE ».
Selon l'article 21 du Décret, les
opérations de valorisation des composants,
matières et substances sont « leur réutilisation, leur
recyclage, ou leur utilisation comme source d'énergie primaire dans
l'installation ».
Enfin, la réutilisation est
définie dans l'article 3 de la Directive comme « toute
opération par laquelle des DEEE, ou leurs composants, sont
utilisés pour le même usage que celui pour lequel ils ont
été conçus, y compris la poursuite de l'utilisation des
équipements ou des composants déposés aux points de
collecte, chez les distributeurs, chez les recycleurs ou chez
les fabricants ». Les produits, qui ne sont plus
alors des DEEE, sont remis dans des canaux de distribution spécifiques
et s'adressent principalement à des marchés de seconde main.
1.4.6.2 Nature des traitements
Après regroupement sur plateforme et tri en cinq familles
(GEM froid, GEM, PAM, tubes, Lampes), les DEEE vont subir deux types de
traitements principaux :
- La dépollution phase 1, regroupant
les opérations de retrait des câbles électriques
extérieurs, des huiles de compresseur, des piles et accumulateurs, des
lampes, des cartes circuits imprimés (>10 cm2), des tubes
cathodiques et écrans à cristaux liquides (>100
cm2), des mercures (interrupteurs, lampes), des condensateurs au PCB
et ceux contenant des substances dangereuses (25mm x 25mm), de l'amiante, des
plastiques bromés, des CFC et ses dérivés, des composants
contenants des fibres céramiques réfractaires (FCR) ou des
produits radioactifs.
- La dépollution phase 2 :
valorisation des éléments spécifiques en filières
spécialisées (cartes électroniques, tubes, mousses
isolantes et toutes substances dangereuses au sens de la Directive), et
démantèlement final des DEEE manuel ou par
broyage et tri mécanisé permettant de valoriser quatre
principales familles de matières premières (les métaux,
les métaux non ferreux, les plastiques, et les verres).
La configuration de la filière sera aussi fonction de la
chaîne de valeur créée et dépendra : - de la
valeur des prestations de traitement (de faible à fort) et de
la valorisation des
matières retirées (présence ou pas de
matières précieuses conférant à ces produits une
valeur marchande en fin de vie).
- du positionnement volontariste des acteurs sur tout ou
partie des cinq flux de DEEE considérés.
Ces quelques exemples non exhaustifs nous montrent la
diversité des traitements, des modes de valorisation et de destruction
des DEEE collectés sélectivement. Ceci va sous-tendre des
organisations logistiques internes et externes complexes, suivant le niveau
d'intégration des activités de la filière. De plus, ces
activités doivent être effectuées dans des installations
classées, répondant à des exigences
techniques rigoureuses, et respectant les dispositions du titre 1er du Livre V
du Code de l'Environnement.
Ces opérations peuvent également être
effectuées dans toute autre installation autorisée à cet
effet dans un autre Etat Membre de l'Union Européenne, ou dans un autre
Etat dès lors que le transfert transfrontalier de ces déchets est
conforme aux dispositions du règlement du 1er février 1993. Les
opérations de traitement sélectif, de valorisation et de
destruction sont effectuées conformément aux dispositions du
Décret en question.
1.4.7 Objectifs donnés par la
Directive.
Au plus tard le 31 décembre 2006, les producteurs d'EEE
devront atteindre les objectifs de valorisation et de
recyclage/réutilisation suivants :
- Un taux moyen de collecte de DEEE ménagers de 4
kg/habian ; pour les professionnels ni seuil ni limite.
- Le taux de valorisation est fixé à 80%
au moins en poids moyen par appareil pour les DEEE relevant des
catégories 1 et 10, à 75% pour ceux relevant des
catégories 3 et 4, et à 70% pour ceux relevant des
catégories 2, 5, 6, 7 et 9.
- Le taux de recyclage/réutilisation des
composants, des matières et des substances est fixé à 75%
au moins en poids moyen par appareil pour les DEEE relevant des
catégories 1 et 10, à 65% pour ceux relevant des
catégories 3 et 4, et à 50% pour ceux relevant des
catégories 2, 5, 6, 7 et 9.
- Pour les lampes à décharge, le taux de
recyclage/réutilisation des composants, des matières et des
substances est fixé à 80% au moins en poids des
lampes.
Tableau 7 : Objectifs fixés par la
Directive en termes de recyclage et de valorisation
Enfin, pour chaque type de nouvel EEE mis sur le marché
après le 13 août 2005, les producteurs tiennent à la
disposition des exploitants les informations dont ils ont besoin pour la
réalisation des opérations de traitement et de valorisation.
2 LES ACTEURS CONCERNES
Il nous parait maintenant important de définir l'ensemble
des acteurs intervenants ou amenés à intervenir sur ce
marché en devenir, et provenant d'origines diverses :
- les spécialistes du traitement des
déchets (Veolia Propreté, Sita Suez, centres de tri
locaux,...).
- les prestataires de services logistiques
(Geodis, TNT Logistics,...) en charge des opérations de collecte,
regroupement ou transport.
- les industriels (au sens « producteurs
d'EEE »).
- les consommateurs en tant qu'«
Eco-citoyens ».
- les distributeurs (grande distribution
spécialisée ou pas).
- les municipalités et collectivités
territoriales.
- l' « économie sociale et solidaire
».
- les Eco-organismes comme acteurs de
coordination, pilotage et financement.
- les acteurs institutionnels nationaux (ADEME,
JESSICA) ou régionaux (comme la Meito sur l'Ouest de la
France).
- les syndicats et fédérations
professionnelles (AFEEIT, FCD, GIFAM, FEDEREC) pour les rôles
d'animation, de communication voire de facilitateur.
2.1 Les producteurs
Le terme producteur (quelle que soit la technique de vente
utilisée, y compris par communication à distance) comprend, selon
l'article 3 du Décret français, « toute personne qui
fabrique, importe ou introduit sur le marché national à titre
professionnel des EEE sauf si ces équipements sont vendus sous la seule
marque d'un revendeur. Dans ce cas, le revendeur est considéré
comme producteur ».
Darty, par exemple, lorsqu'il commercialise des EEE de grandes
marques telles que Sony, Philips ou LG, est considéré comme un
distributeur (se reporter au point suivant pour la définition). Mais
lorsqu'il commercialise des produits EEE sous sa marque de distributeur MDD,
Darty est alors considéré comme un producteur.
Cette Directive, introduisant le principe de
responsabilité du producteur, leur impose donc :
- pour les DEEE ménagers, au moins le
financement de la collecte, du traitement, de la valorisation et de
l'élimination des DEEE à compter du 13 août 2005.
- pour les DEEE professionnels, le
financement de la collecte, du traitement, de la valorisation et de
l'élimination non polluante des DEEE issus d'équipements mis sur
le marché après le 13 août 2005.
L'intérêt des producteurs, à l'instar des
filières de traitement de déchets existantes (piles, pneus,
emballages, etc.) est de confier l'ensemble des activités à une
filière spécialisée, dans le cadre réglementaire
qui est établit par la Directive et ses documents liés. En clair,
tout producteur a la possibilité de remplir les obligations qui lui
incombent, en adhérant à un Ecoorganisme.
2.2 Les distributeurs
Au sens de l'article 3 du Décret, les distributeurs
sont définis comme « toute personne qui, quelle que soit la
technique de distribution utilisée, y compris par communication à
distance, fournit à titre commercial des EEE à celui qui va les
utiliser ». Il est à noter que la Directive ne définit
pas explicitement les grossistes et les installateurs, et donc leurs
obligations réglementaires respectives.
Les distributeurs sont majoritairement définis par les
GM (Grands Magasins), les GSA (Grandes surfaces alimentaires :
supermarchés à partir de 400m2, hypermarchés au
delà de 2500 m2), les GRS (Grossistes), les GSB (Grandes
surfaces de Bricolage), les GSS (Grandes surfaces spécialisées),
les PSS (Petites surfaces spécialisées) et la VPC (vente par
correspondance par tous canaux, y compris électronique).
Avec la règle du << un pour un >>, les
distributeurs sont un acteur majeur puisqu'ils vont contrôler près
de 50 % du flux d'entrée à la filière DEEE1, en
autorisant ou pas les DEEE à entrer dans la filière et en
réalisant un premier réseau de points de collecte
sélective.
Ils sont, ou vont être confrontés à de
nombreuses problématiques liées :
- à la volumétrie produite par chaque point de
vente (de faible à élevée)
- à la diversité des DEEE collectés (GEM
hors froid, GEM froid, PAM, écrans et lampes) et leurs
caractéristiques (rapport poids/volume).
- à la nécessité d'un entreposage de DEEE
pour conserver leur intégrité pour un éventuel
réemploi futur et pour limiter les risques de fuites de substances
dangereuses (mise à disposition de surface dans le magasin).
- à la mise en oeuvre de divers contenants
adaptés.
2.3 Les professionnels du traitement des
déchets
Ces professionnels sont de deux ordres : les grands
groupes internationaux et les acteurs à vocation locale
et régionale.
- les grands groupes internationaux : Veolia
propreté ou Sita Suez. Cette typologie d'acteurs aura un rôle
structurel en termes de mise en place de nouvelles capacités
industrielles au plan national pour répondre à la demande de
traitement de DEEE en volume et en nature de traitement non disponible en
France. L'un des enjeux pour ces derniers sera de s'appuyer sur un
réseau logistique optimal, pour acheminer à moindre coût,
après collecte, les flux entrants de DEEE.
- les acteurs locaux et régionaux du traitement
des déchets, qui bien souvent dans un rôle de
proximité, auront leur positionnement à défendre dans la
chaîne de valeur de la filière future.
1 Initiative Recyclage® Rapport final,
Septembre 2004, Société SCRELEC
http://www.screlec.fr
<< Etude pour une filière de recyclage des
déchets d'équipements électriques et électroniques
sur le territoire national >> Laetitia Flahaut, Bertrand Reygner, Vanessa
Montagne, Eric Legrand, Sylvain Riffe.
2.4 Les prestataires de services
logistiques
Deux typologies d'acteurs sont ici aussi présentes, les
PSL internationaux et les transporteurs. Dans le premier cas, on va trouver des
acteurs comme Geodis, DHL, Exel, Kuehne&Nagel qui ont déjà
des activités propres en reverse logistics sur d'autres filières
et créent pour la plupart des cellules propres aux DEEE. Ils vont se
positionner :
- sur des activités purement logistiques : la
collecte, le transport et le regroupement sur des plateformes en y
ajoutant parfois du tri (et entrent de ce fait en concurrence avec les
professionnels du traitement des déchets).
- N'étant pas (encore) compétents pour
réaliser l'ensemble de la chaîne, ils doivent travailler
en partenariat avec des sociétés qui assurent le tri, le
recyclage ou la valorisation (objet de la joint-venture Valogistic
entre Sita et Geodis).
- comme intégrateur et pilote de l'ensemble des
activités d'une filière de reverse logistics de DEEE,
maîtrisant les flux physiques, d'informations et financiers sur un
périmètre d'activités et/ou géographique qui leur
aura été confié, en utilisant leurs ressources internes et
des acteurs externes. Comme le souligne P. Andrieu, « c'est un peu
comme du 4PL a l'envers ».
Les logisticiens et transporteurs en propre, ou
intégrés à des structures déjà existantes,
auront un rôle de service « de proximité », par la mise
en place de circuits de collecte avec des moyens adaptés à la
zone de chalandise en termes de tonnage et de fréquence
d'enlèvement. Ils seront aussi utilisés en moyens
complémentaires pour des collectes ponctuelles, et seront
éventuellement sollicités comme variable d'ajustement pendant les
phases de montée en charge de la filière (surface de stockage,
plateforme, autres prestations logistiques).
2.5 Les Eco-organismes
Bien souvent créés à l'initiative des
industriels, ils prendront en charge pour le compte des producteurs qui y
adhèrent, l'enlèvement et le traitement des DEEE collectés
sélectivement. Quand la concertation avec les différentes parties
prenantes (collectivités locales, producteurs, représentants de
l'économie sociale et solidaire) sera achevée, les pouvoirs
publics pourront agréer les organismes concernés et le
système deviendra alors opérationnel. L'agrément des
Eco-organismes est délivré pour une durée maximale de 6
ans renouvelable.
Cinq Eco-organismes sont candidats à l'agrément des
pouvoirs publics concernant les DEEE ménagers :
- ECOLOGIC (Brother, Fujifilm, Kodak, Sagem,
FICIME Conseil), tous DEEE hors lampes.
- ECO-SYSTEMES1 (FDC, GIFAM,
SIMAVELEC), tous DEEE hors lampes et GEM. - EUROPEAN RECYCLING
PLATEFORM ERP2 (Brau-Gillette, Electrolux, HP, Sony), tous
DEEE hors lampes et GEM.
- ECOPLANETS 3, tous DEEE hors
lampes.
- RECYLUM4 (GE, OSRAM, Philips
Lighting, Sylvania), toutes lampes et luminaires.
Certains d'entre eux, notamment ECO-SYSTEMES, ECOLOGIC et ERP,
ont lancé leurs appels d'offres pour retenir les différents
prestataires.
Trois Eco-organismes se positionnent, semble-t-il aujourd'hui,
plus particulièrement sur les DEEE professionnels : CONIBI 5
(cartouches d'encre), SCRELEC6 (piles et batterie) et
RESYSTEMPRO7.
Enfin, un unique organisme coordonnateur sera nommé.
D'origine vraisemblablement publique ou parapublique, il aura pour objectif
:
- de collecter les informations fournies par les
différents Eco-organismes, d'agréger les données, de les
comparer aux objectifs de collecte et traitement fixés dans la Directive
et de les transmettre aux instances européennes.
- de jouer un rôle de coordination entre les
différents acteurs de la filière (organisation de la
filière, suivi des négociations, répartition des flux
financiers, plans d'actions à l'échelon national, suivi de
montée en charge de la filière,...).
2.6 L'Economie « Sociale et Solidaire
»
1
http://www.eco-systemes.fr
2
http://www.erp-recycling.org
3
http://www.ecoplanets.fr
4
http://www.recylum.com
5
http://www.conibi.fr
6
http://www.screlec.fr
7
http://www.recystempro.com
Sous l'appellation Economie Sociale et Solidaire se regroupent
les entreprises qui tentent collectivement de concilier efficacité
économique et solidarité. Les entreprises se caractérisent
par :
- des objectifs : travailler autrement dans
le cadre d'une démarche volontaire et collective, redonner à
l'économie sa finalité première, la satisfaction des
besoins des hommes, ne pas gaspiller les ressources naturelles, ne laisser
personne sur le bord de la route, inscrire les actions dans une
préoccupation à la fois locale et planétaire.
- des principes de fonctionnement spécifiques
(le capital détenu est considéré comme une
propriété collective, les objectifs de rentabilité sont
limités, etc.) et des statuts juridiques de type
coopératif, mutuel ou associatif.
2.7 Les municipalités et collectivités
territoriales
Même si la Directive ne précise pas de
caractère obligatoire à la collecte des DEEE en
déchetterie, les municipalités et les collectivités
territoriales sont (seront) au premier plan en termes de collecte des DEEE
ménagers, et ceci pour plusieurs raisons :
- elles ont déjà des compétences fortes
sur la collecte des déchets ménagers en général et
représentent pour le consommateur un point de dépôt naturel
des DEEE en complément des autres déchets ménagers.
- le maillage du territoire est réalisé en
termes de déchetteries même si aujourd'hui les surfaces
spécifiques pour les DEEE et les conditions de stockage des DEEE en
déchetterie ne sont pas encore satisfaisantes.
- L'étude Initiative recyclage1
à Nantes a montré que près de la moitié des flux de
DEEE ménagers est collecté en déchetterie.
2.8 Le citoyen consommateur
Le consommateur, par son geste citoyen, sera de manière
indirecte un artisan du bon fonctionnement de la filière. En effet, il
pourra soit remettre sans frais aux distributeurs un équipement
usagé lors de l'achat d'un équipement neuf du même type,
soit le déposer aux points d'apport en déchetterie.
1 Initiative Recyclage®
L'Initiative Recyclage à Nantes a ainsi permis
d'atteindre le taux de 4,7 kg/hab/an sur les 12 derniers mois de l'étude
(après 12 mois de période de montée en charge). La mise en
oeuvre de moyens spécifiques a été un des facteurs
clés du succès de cette expérience (définition et
signalisation d'une zone DEEE en déchetterie, une campagne
d'informations, notamment sur la réglementation et les circuits de
reprise et de collecte, et de communications ciblées auprès du
grand public).
3 L'ARTICULATION GENERALE DE LA FILIERE
Après avoir présenté de manière
générale l'ensemble des acteurs, nous proposons de décrire
l'organisation globale de la filière en termes de flux financiers et de
flux physiques, telle qu'elle devrait être mise en place dans
l'application actuelle des textes réglementaires.
Les schémas prennent en compte le flux DEEE
ménagers dans la mesure où la Directive DEEE précise le
plus d'éléments factuels permettant de décrire la future
filière.
Concernant les DEEE professionnels, et bien que les
obligations de collecte et de traitement à la charge des producteurs
soient les mêmes, la Directive laisse beaucoup plus de latitude dans
l'organisation de la collecte (sans approbation des systèmes de collecte
mis en place par les pouvoirs publics) et les moyens à mettre en oeuvre
pour le traitement et la valorisation. Les volumes importants de DEEE
collectés et triés à la source seront dans la plupart des
cas acheminés directement sur les mêmes centres de traitement.
3.1 Les flux financiers des DEEE
ménagers
Pour illustrer cet enjeu, le GIFAM estime que deux questions
essentielles sont au coeur de cette problématique : Combien cela va-t-il
coûter ? Comment seront-ils financés ? En l'état actuel de
l'interprétation des textes et au regard des modèles proches
d'élimination des déchets (notamment de la filière
Eco-Emballages), le modèle économique de la filière DEEE
devrait être proche de celui exposé ci-après.
Nous pouvons faire les commentaires suivants :
- La contribution visible pour les historiques (qui fait
débat entre les acteurs) sera vraisemblablement temporaire. A terme, les
coûts de traitement des DEEE devraient être directement
intégrés au coût du produit et à la charge des
producteurs.
- Les producteurs, à terme, paieront une contribution
directement aux Ecoorganismes s'ils y adhèrent, en fonction probablement
des volumes mis sur le marché et déclarés annuellement au
registre des producteurs.
- La dîme récoltée permettra de financer
la collecte en déchetterie (aucun modèle à notre
connaissance décrit aujourd'hui). Elle financera également les
deux principaux opérateurs logistiques d'une part et de traitement
d'autre part, pour les prestations réalisées.
Ménages
Achat EEE / paie la contribution visible (pour
les historiques)
Distributeurs
Remontent contribution visible à
l'identique
Compense les coûts de collecte
sélective
Organisme coordonnateur
Eco-organismes
Sélectionnent (appels d'offres)
Paient pour les prestations
réalisées (enlèvement/regroupement/traitement)
Collectivités locales
Producteurs
Versent
cotisation
Contribuent
Opérateurs logistiques
Opérateurs traitement
Figure 7 : Organisation des flux
financiers dans la future filière (Source ADEME)
3.2 Les flux physiques DEEE
ménagers
De manière générale, le schéma des
flux physiques proposé ci-dessous comprend trois niveaux : la collecte,
la logistique et le traitement.
Niveau collecte
Ménages
Déchèterie Fixe/mobile
Collectivités locales
Distributeurs
Collecte de proximité
Réutilisation / dépollution / recyclage /
valorisation
Enlèvement
Retour magasin
/ regroupement/transport
Démantèlement?
Reprise livraison
Association
Système propre producteur
Niveau logistique
Niveau traitement
Figure 8 : Schéma des flux
physiques de la future filière (Source ADEME)
3.2.1 Le niveau collecte
Les collectivités territoriales et les distributeurs
seront vraisemblablement les deux principaux points d'entrée des DEEE
dans la filière. Pour les seconds, il s'agit du principe du « un
pour un » qui devrait monter en régime dès lors que des
actions d'informations et de formation seront entreprises auprès des
vendeurs de ces réseaux spécialisés. N'oublions pas
qu'à l'achat d'un EEE, le vendeur aura l'obligation de proposer de
reprendre le matériel précédent.
Les collectivités territoriales semblent dans
l'ensemble prêtes à jouer leur rôle en termes de collecte
primaire. Mais elles ne le feront pas à n'importe quel prix. C'est
d'ailleurs un des enjeux primordial des discussions à venir entre les
différents acteurs de la filière.
Concernant les associations et les acteurs de l'ESS, ils sont
aujourd'hui localement très actifs (depuis près de 5 ans pour
Envie 2E 35 à Rennes par exemple). Ils ont notamment installé des
filières de réemploi des matériels EEE quand cela est
possible, en assurant la remise en état et la vente en seconde main,
souvent à travers leur réseau propre.
Le dernier mode de collecte des DEEE ménagers (des
systèmes propres aux producteurs) paraît peu probable. En effet,
quel système mettre en place (et faire valider par les pouvoirs publics)
pour assurer la traçabilité des produits depuis le client final ?
De plus, à moins de maîtriser complètement le circuit
retour de ces produits, le coût de collecte va devenir très
rapidement prohibitif. Et enfin, que faire des DEEE si le producteur est
amené à disparaître ?
3.2.2 Le niveau logistique
L'enlèvement concerne le ramassage de DEEE au centre de
collecte et leur transport vers les centres de regroupement. Le regroupement
comprend les opérations de tri par flux, le conditionnement et le
transport vers les centres de traitement. Il s'agit d'activités
logistiques généralement bien maîtrisées par les
prestataires de services logistiques.
3.2.3 Le niveau traitement
Ce niveau regroupe les opérations de dépollution,
de démantèlement, de valorisation matière et
énergétique, et enfin de réutilisation.
3.3 Positionnement des acteurs
En synthèse, le tableau suivant présente les
différents intervenants de la filière positionnés sur les
différents niveaux potentiels de collecte, logistique et de
traitement.
|
Eco- organismes
|
Distributeurs
|
Collec- tivités locales
|
PSL nationaux
|
Transp. locaux
|
Prof. du recyclage national
|
Centres de tri locaux
|
Economie sociale et solidaire
|
PILOTAGE DE LA FILIERE
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
COLLECTE
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
X
|
LOGISTIQUE Enlèvement Transport
|
|
|
|
X X
|
X X
|
X X
|
|
X X
|
TRAITEMENT
|
|
|
|
|
X1
|
X X X
|
X X
|
X X
|
Dépollution 1 Dépollution 2 Valorisation
Réutilisation
|
INTEGRATEUR2
|
|
|
X
|
|
X
|
|
|
Tableau 8 : Positionnement prestations /
acteurs
1 Prise en charge partielle
2 Se reporter à la définition paragraphe
2.4
PARTIE III : STRATEGIES &
ORGANISATIONS LOGISTIQUES ACTUELLES
Nous proposons maintenant :
- de décrire les schémas logistiques
existants, mis en place par les distributeurs, les producteurs, les
industriels, les prestataires de services logistiques... en nous appuyant
principalement sur une enquête terrain où nous avons
rencontré un certain nombre d'acteurs de la filière.
- de préciser quels sont, pour chacun des acteurs, les
problématiques et les enjeux majeurs liés à la mise
à la place de la Directive.
|
1 EXEMPLE DES COLLECTIVITES TERRITORIALES 1.1
L'étude INTIATIVE RECYCLAGE® à
Nantes
1.1.1 Présentation de l'étude
Initiative Recyclage® est l'étude pratique
de la collecte et du recyclage des DEEE ménagers nantais qui s'est
déroulée entre juillet 2002 et juin 2004.
Nantes Métropole a été retenue pour
plusieurs raisons :
- la taille du territoire et la population (à la fois
dense et dispersée) d'environ 550 000 hab. - la présence de
presque toutes les grandes enseignes de la distribution nationale.
- la très bonne implantation des déchetteries :
100% de la population couverte.
- l'existence d'initiatives en terme de collecte et recyclage de
DEEE (exemple de la collecte
du GEM organisée par Envie 44).
- le dynamisme d'une jeune communauté de communes.
Le principal objectif de cette étude unique dans ce
domaine, est de donner une vision de la future filière de collecte et de
recyclage des DEEE en France, tant en termes de volumes que de moyens
logistiques et de traitement à mettre en oeuvre à court terme.
Ceci devra répondre à un souci de performances économiques
et environnementales. Le montant global de cette étude s'est
élevé à environ 2 380 000 € couvrant les
dépenses opérationnelles et les frais d'études (52% /
40,5% et 7,5% de communication).
1.1.2 Intérêt de cette étude pour
notre travail
Cette étude présente un grand
intérêt dans notre travail car, tout d'abord, il s'agit d'un
premier cas concret d'organisation qui a permis de réunir tous les
acteurs de la future filière : les producteurs, les distributeurs, les
collectivités locales, les professionnels du recyclage et de la
logistique, les associations de consommateurs ainsi que les pouvoirs publics.
D'autre part, un premier schéma d'organisation logistique et un certain
nombre de préconisations sont avancés. Il s'agit donc d'une bonne
introduction pour saisir de manière globale les enjeux induits par la
nouvelle Directive. Enfin, il est à noter que les objectifs de
valorisation et de collecte fixés par la Directive ont été
atteints et même dépassés. Il s'agit donc d'une
première expérience réussie sur la base de schémas
logistiques existants.
1.1.3 Analyse des résultats de l'étude sur
Nantes Métropole
1.1.3.1 En terme de collecte
Origine des DEEE collectés
La moitié des tonnages des DEEE collectés
provient des distributeurs, suivie de très près par les flux de
déchetteries ; notons que le poids moyen des appareils collectés
chez les distributeurs est plus élevé que celui collecté
en déchetterie. Le flux provenant des autres apports (associations,
Emmaüs...) est non négligeable, avec quasiment 8% de l'ensemble des
flux.
La performance et la segmentation des points de collecte
Sur les 133 points de collecte participant à
l'initiative, 91 ont mis à disposition au moins une fois des DEEE
collectés par leur activité. Les 32% de points inactifs sont tous
issus de la distribution, vendant peu de EEE. Ci-après le Pareto des
tonnages récupérés par points de collecte. On remarque
qu'un classement de type ABC peut être réalisé.
Figure 9 : Performance des points de
collecte, base Nantes, 12 mois stabilisés
L'équipe projet a donc segmenté les points de
collecte en 4 catégories, auxquelles il faudra adjoindre un mode de
gestion particulier :
- Production de plus de 120 t/an de DEEE (fort potentiel)
- Production de 45 à 120 t/an de DEEE (potentiel moyen)
- Production de 6 à 45 t/an de DEEE (potentiel moyen)
- Production de moins de 6 t/an de DEEE (faible potentiel)
La segmentation des différents EEE utilisée est
celle, unanimement admise, des 4 catégories (hors lampes)
présentée dans la partie II.
1.1.3.2 En terme d'organisation logistique
Le schéma logistique est basé essentiellement sur
les structures de collecte existantes. Il met ainsi en évidence les
limites suivantes :
· Quantités par enlèvement insuffisantes
· Durée de stockage sur centre de regroupement trop
élevée
· Quantités par expédition
insuffisantes
· Complexité de pilotage
· Temps d'immobilisation des conditionnements trop
important
· Regroupement et tri systématique
Un schéma logistique optimal réaliste a donc
ensuite été construit. D'une manière
générale, le nombre des intervenants a été
limité afin de massifier plus efficacement les flux et de mieux
rentabiliser les équipements industriels. Sur le schéma
optimisé présenté en Annexe 4, on ne retrouve donc plus
qu'un prestataire pour la collecte, un autre pour le regroupement et enfin un
acteur clé par type de traitement.
1.1.4 La filière au niveau national : les
enseignements de l'expérience et les recommandations
Une extrapolation au niveau national des résultats de
l'étude du bassin nantais a permis de faire un certain nombre de
recommandations ayant pour objet de répondre aux attentes
réglementaires d'une part, et à celles des metteurs sur le
marché d'autre part. Pour ces derniers, il s'agit de répondre
à la réglementation au meilleur coût et conformément
aux échéances.
Quelques enseignements tirés de l'étude :
Tout d'abord, une forte concentration des DEEE sur
quelques points de collecte (20% des points de collecte assurent 80%
des volumes) a été observée, le coût
à la tonne étant conditionné par le
volume de DEEE produit par point de collecte (optimisation logistique
possible avec le volume). Un seuil économique minimum
d'enlèvement a donc été défini soit
2t de DEEE/an.
Ensuite, l'importance de la massification des
enlèvements, de la réduction du nombre de kilomètres
parcourus et du nombre global d'heures de main d'oeuvre, amène à
la segmentation des points de collecte en fonction de leur production de DEEE
et de leur capacité d'accumulation. On adaptera le mode de
fonctionnement du point de collecte à cette segmentation.
Les recommandations plus précises d'organisation des
flux par types de point de collecte, production de DEEE et capacité
d'accumulation sur le point de collecte sont également
présentées en Annexe 5.
1.2 Quels enjeux pour les collectivités
territoriales
Les collectivités locales ont aujourd'hui la
compétence exclusive de la gestion des déchets ménagers
sur leurs territoires. Cette gestion coûte très cher en termes de
collecte sélective primaire et de traitement. Les réglementions
de plus en plus contraignantes en la matière nécessitent des
investissements de plus en plus lourds, soit en propre, soit en
délégation auprès d'industriels du recyclage.
Elles se voient donc invitées aujourd'hui à
prendre en charge la collecte primaire sélective des DEEE, pour laquelle
la Directive précise qu'elles devront être financées en
conséquence. Dans la pratique, nous avons rencontré des
interlocuteurs pour le moins attentistes.
Un certain nombre de problématiques est avancé :
- Les surfaces de déchetterie sont pour la plupart
limitées à 2500 m2. En effet, au-dessous de ce seuil,
les déchetteries, installations classées, ne sont soumises
qu'à une déclaration auprès de la Préfecture. Au
delà, une autorisation d'exploiter est nécessaire auprès
de la Préfecture et bien plus contraignante à obtenir et à
maintenir. Sur les 2500 m2, il parait difficile de dégager
des surfaces dédiées aux DEEE, dans la mesure où les
collectes de déchets verts et de gravats, consommatrices de surfaces,
sont déjà en augmentation.
- La surface estimée pour les points d'accueil de forts
tonnages de DEEE en déchetterie est de l'ordre de 50 à 100
m2. Cela correspond à la mise en place de 3 à 4
contenants spécifiques à chaque flux1.
- Le financement et la gestion des contenants et d'abris
éventuels fermés.
- La mise en place de nouvelles tournées
spécifiques aux DEEE.
A l'instar des autres filières de traitement de
déchets ménagers, les élus et responsables
concernés vont donc rester très vigilants sur le mode de
financement des coûts de collecte primaire, qui devra être
déterminé courant 2006. Une première étude de ces
coûts
1 Source Initiative Recyclage
a été réalisée par le cabinet
Terra pour le compte de l'ADEME1. Elle a pour objectif, à
partir de différents scénarios logistiques et modèles de
calcul, de présenter des éléments de coûts relatifs
aux frais techniques d'exploitation.
Le sujet est donc sensible et interviennent ici les facteurs
politiques et lobbyistes. Comme nous l'ont précisé quelques
interlocuteurs, l'AMF, de par son maillage territorial de déchetteries
et sa capacité à collecter près de 50% des flux de DEEE
ménagers, aura un poids non négligeable dans les discussions avec
son interlocuteur privilégié que sera probablement le futur
organisme coordonnateur.
Au-delà des discussions de fond sur la prise en charge
de ces coûts de collecte primaire, l'AMF peut-elle avoir une influence
sur la structuration de la filière ? Elle pourra choisir de
privilégier par exemple des capacités existantes de traitement
(souvent de proximité) par rapport à de grandes structures, dans
le but de maintenir l'emploi local et les structures à vocation
sociale.
2 LES SCHEMAS EXISTANTS DES DISTRIBUTEURS
2.1 L'exemple d'une Grande Surface
Spécialisée : DARTY2
2.1.1 Présentation de DARTY
Darty est le leader français de la distribution
spécialisée de produits électroniques grand public. Avec
un effectif d'environ 11 000 collaborateurs et 205 magasins entre la France et
le Luxembourg, Darty a réalisé un chiffre d'affaires de 2,1
milliards d'euros en 2004.
Si la nouvelle réglementation sur le recyclage des DEEE
provoque une grande agitation dans le monde de la distribution, Darty aborde
avec sérénité cette période : son centre de
recyclage des déchets de Mitry-Mory (Seine-et-Marne, 77) est
opérationnel depuis 1996. Un exemple unique dans son secteur.
1 http://www.ademe.fr/ ; rubrique DEEE
/bibliographie
2 Thierry Courtois (mars 2005), « Darty
centralise le recyclage des déchets », Logistiques Magazine
n°195.
2.1.2 La reverse logistics mise en place
Dans le cadre du « Contrat de Confiance », Darty
offre à ses clients pour tout achat d'un produit neuf la reprise de
l'ancien lors de la livraison. C'est ainsi que Darty, avec 60 magasins en
Ile-de-France, livre environ 600 000 clients par an et récupère
du même coup 13 000 t de déchets électroménagers (11
000 t de produits en fin de vie et 2 000 t d'emballages). Tous ces
déchets sont dirigés vers un point unique, le Centre Darty du
Traitement des Déchets, à Mitry-Mory.
Ce site dédié et autonome dispose de 11
personnes pour assurer une première phase de traitement consistant
à trier les matériaux qui arrivent en permanence. En fait, le
centre distingue 2 filières : les emballages (compressés sur
place et dirigés ensuite vers les filières de recyclage) et les
produits en fin de vie. Ces derniers se divisent en 2 catégories : les
appareils hors d'usage et voués à la destruction, et les
appareils (de type machines à laver ou réfrigérateurs)
ayant plus de 5 ans d'âge et encore en bon état. Ces appareils,
qui représentent 3% du gisement, sont révisés,
contrôlés, et revendus d'occasion par la fédération
des associations Envie, dont Darty est partenaire. Au total, le centre traite
annuellement près de 200 000 appareils en fin de vie. Il n'assure pas
pour l'instant le démantèlement des écrans cathodiques,
recédés à la tonne à des recycleurs
agréés. Seuls les déchets ultimes partiront pour
être enfouis.
Globalement, aucune évolution majeure n'est
prévue pour le centre, exceptés des tris plus fins et bien
sûr des volumes plus importants. Il restera une plate-forme de collecte,
de tri et d'expédition vers d'autres centres de traitements
spécialisés.
CLIENTS
LIVRAISON NEUF REPRISE ANCIEN (Tournées Darty)
84% PFV
16% Emballages
TRI
TRAIIT. PH1 REGROUPEMENT
Centre Darty du Traitement des Déchets (11 personnes)
- collecte
- tri
- 1ère phase de traitement
- expédition
Entrepôt DARTY
Magasin ENVIE
3%
200 000 PFV
Déchets ultimes
(Tournées sous-traitées)
REEMPLOI
VALORISATION
Recycleurs spécialisés
Enfouissement
Figure 10 : Schéma de
l'organisation Darty ( Prestations prises en charge par Darty)
Au niveau de la logistique et du transport, la collecte des
produits et emballages est assurée par Darty lors de la livraison. Ceci
a une incidence sur les tournées car les livreurs reviennent sur
l'entrepôt contigu au centre de traitement. Ainsi, il n'y a pas de
tournée uniquement dédiée à la collecte.
En amont, les départs du centre vers les broyeurs sont
toujours effectués grâce à des contrats de sous-traitance.
Le travail de compression des déchets (cartons, plastiques, bois..) est
très important car il permet de réduire au maximum les volumes
à transporter et donc de diminuer les coûts. Pour la gestion
globale des traitements, aucun outil informatique n'intervient : le centre se
contente de gérer les factures transporteurs et les recettes des
déchets revendus. En pratique, c'est le destinataire qui pèse le
chargement et renvoie un ticket pour la
facturation (le prix à la tonne étant fixé
par des barèmes selon la nature du composant). Seul le bois n'est pas
revendu et Darty doit payer les opérations de broyage.
2.1.3 DARTY, un précurseur
« Cette activité n'est pas à but
lucratif, car, dès le début notre objectif était de
débarrasser le client d'un appareil encombrant. Nous avons donc
pensé à un système de traitement de ces anciens appareils
qui soit à la fois respectueux de l'environnement et
économiquement viable » explique Christian Sallé,
directeur logistique Darty Ile-de-France. Darty a donc anticipé les
obligations légales au travers de sa démarche marketing, en
proposant un nouveau service à ses clients. Véritable aide
à la vente dans un premier temps, cette stratégie devrait
sûrement continuer à révéler ses atouts quant
à la mise en application de la nouvelle réglementation sur les
DEEE.
2.2 L'exemple du mouvement E. LECLERC
2.2.1 Présentation de l'enseigne
Groupement d'indépendants, l'enseigne E. Leclerc est
cogérée via des structures communes originales :
- L'ACDlec, l'Association des Centres Distributeurs E. Leclerc.
Créée en 1964, c'est l'organe stratégique du mouvement.
- Le GALEC, le Groupement d'Achat des centres E. Leclerc.
Créé en 1970, le GALEC est l'outil commercial des centres
E.Leclerc. Subdivisé par secteurs d'activités, le GALEC
négocie fournisseur par fournisseur les conditions commerciales pour
l'ensemble des magasins.
- Les SCA, les centrales d'achat régionales. Au nombre
de 16, ces coopératives prennent le relais du Galec en négociant
les achats au niveau régional. Elles assurent aussi, entre autre, le
stockage, la répartition et le transport des marchandises dans les
magasins.
- Les concepts spécialisés et les
sociétés coopératives d'approvisionnement.
- Les adhérents (magasins) E. Leclerc, qui sont des
indépendants ; ils sont donc libres
de se fournir où ils le souhaitent. Les centrales sont
une fonction support, une structure
émanant des magasins qui mutualisent ainsi leurs
achats.
GALEC
|
|
SCARMOR
|
|
|
SCAOUEST
|
|
|
14 autres SCA
|
|
|
|
|
|
|
|
Magasin Gouesnou
Magasin Quimper
36 autres magasins
Fournisseurs Indépendants
Figure 11 : Structuration des
différentes entités du mouvement Leclerc
2.2.2 Obligations des magasins E. Leclerc
Les centres E. Leclerc sont considérés comme
distributeurs de produits EEE. Ils sont donc soumis depuis le 13 août
2005 à un certain nombre d'obligations dans le cadre de la loi sur le
traitement des DEEE :
- La règle du « un pour un ».
- Un entreposage adapté des DEEE.
Ce dernier point sous-tend la mise à disposition d'une
surface dédiée aux déchets, pouvant venir en
déduction des surfaces de ventes. Cette réflexion est d'ailleurs
la même pour tous les acteurs de la distribution. Une autre solution
évoquée est l'externalisation du stockage, entraînant alors
une manutention supplémentaire.
2.2.3 Obligations des metteurs sur le marché du
groupe E. Leclerc
Les SCA s'approvisionnent en EEE notamment auprès
à la SIPLEC (Société d'Importation des Produits Leclerc),
qui est alors considérée comme le metteur sur le marché
(importateur des produits EEE en France). La SIPLEC est donc soumise, depuis le
13 août 2005, à ses obligations de producteur dans le cadre de la
loi sur le traitement des DEEE.
2.2.4 Choix stratégiques envisagés par le
groupe
Au sein du mouvement E. Leclerc, les orientations nationales
sont définies par le GALEC. Les différentes SCA et les magasins
E. Leclerc sont ensuite libres de suivre ces orientations. Concernant la
SCARMOR, elle s'oriente vers l'adhésion à un Eco-organisme. Le
choix final de l'Eco-organisme sera annoncé en mai 2006.
3 UNE INITIATIVE POUR LES DECHETS
PROFESSIONNELS
3.1 Présentation de l'association ELEN et du
projet pilote
Créée en septembre 2000 à l'initiative de
professionnels de la filière électrique et avec le soutien de
l'ADEME Rhône-Alpes et du Conseil Régional Rhône-Alpes, ELEN
est une association loi 1901, parrainée par le GIMELEC (Groupement des
industries de l'équipement électrique, du contrôle commande
et des services associés), la FGMEE (Fédération des
Grossistes de Matériel Electrique et Electronique), la SERCE (Syndicat
des entreprises de génie électrique) et le syndicat de
l'éclairage. Elle a pour but de favoriser le développement de
bonnes pratiques de gestion des DEEE.
L'opération pilote sur la gestion des matériels
électriques et électroniques professionnels installés en
fin de vie a été menée en région Rhône-Alpes
sur une période de 24 mois à compter du 1er novembre
2000. ELEN y a alors suivi dans le détail un ensemble
d'opérations d'élimination d'installations de matériels
électriques d'usage professionnel. Son rôle était
d'accompagner et d'assister les détenteurs de DEEE dans leur
démarche d'élimination.
3.2 Principaux enseignements tirés de cette
opération
L'opération pilote menée par ELEN a permis de
dégager les principaux enseignements suivants.
3.2.1 L'impossibilité d'anticiper les coûts
de fin de vie
La durée de vie des MEEP installés et leur
évolution constante dans le cadre de leur maintenance font que
l'installation en fin de vie est généralement très
différente de celle qui a été installée
jusqu'à 30 ans auparavant. Ces multiples transformations rendent
quasiment impossible l'évaluation des coûts relatifs à la
fin de vie de l'installation. De plus, l'opération ELEN a
confirmé la diversité des situations de dépose et
d'enlèvement des installations ou sous-ensembles. Chaque chantier ayant
une configuration différente (tant en termes logistique que quantitatif,
contractuel ou encore organisationnel) du fait des caractéristiques du
détenteur utilisateur et de son activité, le coût
d'élimination des MEEP installés en fin de vie ne peutêtre
évalué qu'au cas par cas.
Enfin, ELEN a également montré que la
dépose et la logistique de collecte représentent une part
largement majoritaire (au moins 70%) du coût total de la fin de vie. (Cf
Annexe 6). Dans la pratique, ces différentes caractéristiques
empêchent le chiffrage des coûts d'élimination et de
valorisation de chacun des MEEP qui constitue l'installation au moment de sa
mise sur le marché.
3.2.2 Le rôle capital du détenteur
final
Le détenteur final est aujourd'hui encore trop peu
sensibilisé sur l'opportunité d'une véritable gestion de
l'élimination de ses MEEP installés. Il joue pourtant un
rôle capital puisqu'il est le seul témoin et décideur de
l'évolution de l'installation et, à ce titre, peut mettre ou
faire mettre en oeuvre la traçabilité de la composition d'une
installation au cours de sa durée d'exploitation. Il a en particulier le
pouvoir de décision et de prescription sur l'orientation de ses DEEE,
sur le choix du prestataire, sur le cahier des charges d'élimination
(clauses de traçabilité, extraction déchets industriels
spéciaux, éventuel choix des filières, etc.) et sur
l'allocation des ressources budgétaires nécessaires.
3.2.3 L'implication nécessaire et
complémentaire du constructeur
Le constructeur joue un rôle primordial pour informer
les utilisateurs (et/ou les autres clients) sur les substances
réglementées que contiennent les produits qu'il commercialise.
Même si, au cours de la durée de vie de l'installation, les
réglementations sont amenées à
évoluer, le fabricant de l'équipement reste
néanmoins le mieux positionné pour fournir la composition de ses
équipements. Le cas échéant, il peut assurer en permanence
le suivi et l'actualisation des correspondances « qualifications produits
/ caractéristiques filières d'élimination » (en
termes de logistique, d'acteurs, de coûts ou de technologies).
3.2.4 Le positionnement des prestataires de
maintenance
Les installateurs, maintenanciers spécialistes ou
généralistes recueillent le plus souvent les sous-ensembles
déposés et apparaissent donc comme une interface
privilégiée du détenteur final. Au moment de la fin de vie
des MEEP, ils en assurent la désinstallation partielle ou totale. Il
semble, d'ailleurs, que cette catégorie d'acteurs réglementaires
ne soit pas précisément définie dans la directive..
3.3 Une collecte différenciée pour les
DEEE professionnels
Les DEEE professionnels seront issus pour la majeure partie :
- du démantèlement d'installations industrielles
avec des DEEE de nature et taille extrêmement variées. La
Directive précise néanmoins que les gros équipements
industriels fixes ne sont pas pris en compte.
- du renouvellement du parc d'EEE (informatique,
téléphonie, télécommunication..) - de consommables
à usage professionnel (cartouches, lampes, etc.)
La collecte des DEEE professionnels sera donc
vraisemblablement distincte de celle des ménagers. En effet, que ce soit
le démantèlement d'installations industrielles de grande taille
ou le renouvellement de parcs complets de matériels informatiques ou
téléphoniques chez des grands comptes, les flux
générés seront de fait plus importants. Ceci permet,
à l'origine, de les trier et de les massifier pour en faire des
unités logistiques complètes (palettes et camions). Ils
rejoindront ensuite directement les mêmes filières de traitement
et de valorisation que celles des DEEE ménagers.
4 LES INDUSTRIELS « PRODUCTEURS » : LE CAS
CANON BRETAGNE
4.1 Présentation de CANON
BRETAGNE
Canon Bretagne a été créé en 1983
à Liffré et s'est positionné sur la fabrication de petits
photocopieurs. Il s'est ensuite rapidement diversifié vers la production
de cartouches pour imprimantes et photocopieurs et vers l'assemblage de cartes
électroniques pour différents industriels de cette
filière. Ce site, employant 600 personnes, est la seule usine de
fabrication de Canon en France.
Canon est producteur et metteur sur le marché de produits
EEE à travers deux entités commerciales et donc pleinement
concerné par la nouvelle Directive sur les DEEE :
- C.C.I. (Canon Consumer Imaging), qui distribue des
matériels à destination des
marchés grand public (imprimantes, scanners, appareils
photographiques et
caméras...).
- C.B.S (Canon Business Solution), qui propose aux
marchés professionnels des solutions de copies, des contrats de
maintenance et d'intervention à distance associés.
La logique de développement durable, un des axes
fondateurs de sa stratégie, a amené Canon
à spécialiser le site de Liffré dans le
recyclage des consommables depuis 10 ans et des
matériels électroniques depuis 2 ans. Les domaines
d'activités du site sont aujourd'hui :
- le recyclage des cartouches toner. En
effet, depuis 1997, Canon a mis en place avec d'autres acteurs une collecte
européenne de cartouches toner et regroupe à Liffré
l'ensemble des activités de recyclage liées. Ces cartouches sont
collectées en containers (placés dans les grandes entreprises et
administrations) ou par le réseau Conibi par enveloppes T (pour les
particuliers et petites structures), réceptionnées sur une unique
plateforme en France avant d'être acheminées à
Liffré.
- la fabrication de cartouche toner. Canon
favorise la réutilisation de pièces et réintroduit un
maximum de composants présents dans les cartouches reçues sur le
site dans la fabrication de cartouches toner neuves.
- des activités de prestations diverses,
regroupées dans le centre de profit « new business ».
- des prestations de hot-line / SAV /
réparations de produits Canon Grand Public pour le compte de
Canon Consumer Imaging, provenant de la Grande Distribution et du réseau
d'agents Canon agréés. Les produits sont soit
réparés sur devis, soit retirés du marché et
traités sur le site.
- le recyclage de produits EEE Canon en fin de vie,
en assurant le démantèlement, la dépollution, le
recyclage matière et la valorisation énergétique.
Aujourd'hui, le taux de valorisation atteint 100% puisque aucun
déchet ultime n'est produit et ne génère donc pas de mise
en décharge (enfouissement).
4.2 Organisation de la filière DEEE chez
Canon
Les flux entrants sont de 2 natures :
- Lors de l'installation d'une nouvelle solution
professionnelle, la succursale du réseau commercial Canon France (ou un
logisticien local) enlève le matériel présent (Canon et
autres marques) et l'achemine vers les plateformes des Canon Business Centers.
Les coûts d'enlèvement vers le centre de regroupement sont ainsi
optimisés. Lorsque le volume nécessaire pour compléter un
camion est suffisant, un affrètement achemine les DEEE vers Canon
Liffré (pour les 2/3 des flux de la partie Ouest de la France, y compris
région parisienne) ou vers un autre site situé dans l'Est de la
France. Les flux retours concernant le réseau indirect sont mal
maîtrisés. Aujourd'hui, le réseau indirect devrait payer un
prix pour le traitement des DEEE, alors que les « brokers » leur
achètent les DEEE, sans précision quant à l'utilisation
future de ces produits.
- Les DEEE Grand Public sont enlevés par un prestataire
à la demande de Canon Consumer Imaging et acheminés sur Canon
Liffré ou récupérés à travers le
réseau d'agents Canon agréés.
La capacité de traitement du site est actuellement de 5
000 tonnes/an. En aval, après démantèlement, tri,
réutilisation, dépollution, et valorisation, les matières
et composants sont évacués vers des filières
spécialisées (plastiques, métaux, métaux non
ferreux, piles, cartes électroniques, incinération
spécialisée). Exceptée la filière des métaux
non ferreux (aluminium, cuivre, métaux précieux : enlevés
sur site par les mieux disants), les autres
filières sont proches géographiquement, du fait de
la part relativement importante des coûts de transport dans le coût
total.
DEEE professionnels (C.B.S)
Réseau Commercial Direct CANON <<
Echange matériel >>
Réseau Commercial
Indirect << Echange matériel >>
DEEE Ménagers (C.C.I)
COLLECTE
TRI
TRAIT.PH1 REGROUPEMENT
TRAITEMENT (Démantèlement)
REEMPLOI
Grande Distribution (Collecté par
un Eco-organisme)
Centre de regroupement (prestataire Eco- organisme)
20 plateformes de regroupement en France
Réseau de << brokers >>
Réseau commercial CANON
Usine de CANON Liffré :
- tri
- reconditionnement et réemploi (pièces et produits
EEE pour
Magasin
seconde utilisation) IE - démantèlement,
dépollution, valorisation
SAV CANON Liffré
VALORISATION
|
Cartes Electro.
|
|
Métaux ferreux
|
|
Métaux non ferreux
|
|
Plastiques
|
|
Energétique
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Figure 12 : Schéma de
l'organisation logistique de la filière DEEE chez Canon ( Prestations
prises en charge par Darty)
En parallèle, un flux d'information remonte la
filière pour assurer la mise à jour des informations
auprès des différents acteurs et la traçabilité des
DEEE du point de départ aux différents points de valorisation.
4.3 Opportunités et enjeux
Canon a mis aujourd'hui en place une filière de
collecte, traitement et recyclage des produits EEE professionnels qu'il remet
ensuite sur le marché. Les produits en fin de vie sont collectés
par échange des matériels sur site, regroupés sur 20
plateformes logistiques en conservant l'intégrité des produits
pour des réemplois éventuels futurs, et acheminés par
camions entiers sur les 2 sites de traitement, optimisant ainsi les coûts
logistiques.
Concernant les solutions professionnelles distribuées
à travers un canal de commercialisation indirect, le financement est
aujourd'hui un obstacle majeur pour réintroduire ces produits dans la
filière des DEEE professionnels Canon. Les obligations
réglementaires des grossistes en la matière restent d'ailleurs
floues. Quant aux produits grand public Canon, la solution envisagée est
l'adhésion à un Eco-organisme pour la prise en charge de la
collecte, du traitement et la valorisation de ces produits.
Le site de Liffré pourrait-il aujourd'hui se
positionner comme prestataire de traitement de DEEE ? La réponse
apportée par les responsables est pour le moment négative. La
position pourra cependant être révisée en fonction de
nouvelles opportunités.
5 LES PROFESSIONNELS DU TRAITEMENT ET DU
RECYCLAGE
5.1 Le cas VEOLIA PROPRETE
5.1.1 Le projet de création d'un centre de tri de
grande capacité à Angers
Veolia Propreté a annoncé fin 2005 la
création à Angers « du Centre Grand Ouest » pour la
valorisation des DEEE de cette région. Ce centre, d'une capacité
de traitement de 26 000 tonnes/an (soit un équivalent de 2 kg/an/hab.),
offrira des solutions de traitement pour 27 départements et 14 millions
d'habitants.
Ce projet est monté avec l'appui d'Angers Loire
Métropole (foncier), d'industriels producteurs locaux (Thomson,
partenaire fondateur du projet, Anovo, NEC, Bull pour lesquels l'unité
d'Angers sera amenée à traiter des flux DEEE), d'acteurs de
l'économie
sociale et solidaire (Arceau Anjou, entité de tri et de
démantèlement déjà présente à Angers)
et le réseau Envie pour la collecte et le regroupement.
5.1.2 Schéma logistique
L'organisation logistique de la filière est
présentée page suivante (figure 13). Le site ne sera
opérationnel qu'au 2ème semestre 2007.
Sur cette base, nous pensons qu'il y aura deux types de flux de
DEEE entrants :
- Les flux DEEE ménagers : positionnée au
barycentre d'agglomérations urbaines de taille moyenne et importante
(Angers, Nantes, Rennes, Le Mans, Poitiers), cette unité devrait capter
et traiter une partie importante du flux des DEEE ménagers des villes
précitées.
- Les flux DEEE professionnels, qui pour une part non
négligeable auront notamment pour origine les partenaires industriels du
projet. En effet, la plupart ont déjà des stratégies
affichées concernant le développement durable et le traitement de
leurs DEEE, voire déjà une organisation permettant le
démantèlement de leurs propres produits.
DEEE Ménagers
DEEE professionnels
Grande Distribution (Enlèvement par
prestataire logistique)
Réseau Envie ouest et EMMAUS
COLLECTE
Enlèvement des DEEE par des
partenaires logistiques sur contrat
TRI
TRAIT. PH1 REGROUPEMENT
Centres de regroupement Tri par famille, traitement phase 1
éventuel Transport direct au centre de traitement si unité
logistique complète
TRAITEMENT (Démantèlement)
REEMPLOI
VALORISATION (AFFINAGE)
Traitement flux GEM hors froid par acteurs
locaux existants
Dépollution phase 1 et 2, démantèlement
et
Maga
valorisation pour les flux
ENVIE
GEM froid, PAM t écran
Rennes
Remise en état et vente par le réseau de
magasins ENVIE
Métaux ferreux
Métaux non ferreux
Métaux ferreux
Energie
Broyage des plastiques
VENTE DIRECTE
|
Vente directe de « plasturgistes »
|
DE MATIERES PREMIERES
|
Figure 13 : Schéma de la
filière DEEE du site d'Angers ( Prestations prises en charge par
l'unité de Veolia)
5.1.3 Opportunités et enjeux
Le projet d'installation de cette unité à Angers
relève d'une véritable approche industrielle. Mais au delà
de la volonté de tous les acteurs de répondre à des
problématiques à la fois de développement durable et
d'économie sociale, il nous apparaît important de comprendre les
stratégies économiques et logistiques mises en oeuvre pour ce
projet de grande capacité.
Avec quel modèle économique ? Clairement, le projet
de Veolia se positionne sur les prestations à haute valeur
ajoutée. Trois réflexions vont dans ce sens :
- Cette unité sera une des premières en France
à pouvoir traiter la dépollution phase 2 sur le GEM froid,
opération qui demande des investissements lourds. Au regard de la zone
traitée (14 millions de personnes), du coût élevé de
ce type de prestations, il ne devrait y avoir à moyen terme que quelques
unités en France, judicieusement implantées, capables de traiter
cette phase de traitement spécifique. Cela étend la zone de
chalandise de ce flux de DEEE jusqu'à 250 Kms en restant
économiquement acceptable en termes de coûts logistiques.
- A contrario, le flux GEM hors froid ne présentant que
peu de valeur ajoutée en termes de prestations de traitement, il ne sera
pas traité dans cette unité (coûts logistiques devenant
alors prépondérants). En effet, Veolia souhaite que ce flux passe
directement chez des acteurs locaux (« ferrailleurs »),
déjà équipés de broyeurs et de systèmes de
tris mécanisés.
- Enfin, ce site sera vraisemblablement équipé
d'un broyeur de déchets plastiques permettant de générer
plus de valeur ajoutée (spécifications de broyage suivant la
demande des industriels) et de les revendre directement conditionnés aux
plasturgistes. Cette étape est généralement assurée
par les recycleurs de plastiques.
Avec quelle organisation logistique ? Cette implantation de la
future unité de traitement à Angers offre une localisation
optimale pour ce projet de taille interrégionale. Ce projet fait aussi
apparaître la nécessité de partenariats, notamment
logistiques, avec l'aide du réseau Envie Ouest qui possède
déjà une partie du maillage du territoire en assurant la
collecte, le tri et le regroupement des DEEE. En effet, acheminer de
manière optimale (DEEE triés par flux) et à moindre
coût (par camion complet) est un enjeu majeur pour alimenter cette usine
de traitement de grande capacité.
5.2 L'exemple d'ECOTRI FOUESNANT
5.2.1 Présentation
d'Ecotri1
Fondée en 1992, Ecotri est une des 3 entreprises qui
composent les Ateliers Fouesnantais (association, loi 1901, à but non
lucratif). Embauchant 142 salariés en CDI (80% de travailleurs
handicapés), ses activités sont le tri et le recyclage, et ses
clients, les collectivités locales majoritairement (25
communautés de communes et 2 communautés d'agglomération,
232 communes au total, 660 000 habitants). Ecotri fait également partie
du comité SCRELEC et peut traiter 33 000 tonnes de déchets par an
(130 tonnes par jour), réparties sur 4 centres de tri en Bretagne, tous
certifiés ISO 9001.
Création
|
Lieu
|
Nbr de salariés en CDI
|
Volume / an 2004
|
Mode de fonctionnement
|
1er
|
Fouesnant (29)
|
55
|
12 000 T
|
Propriété de l'association
|
2ème
|
Pouldreuzic (29)
|
22
|
5 000 T
|
Propriété de l'association
|
3ème
|
Glomel (22)
|
20
|
3 500 T
|
En exploitation
|
4ème
|
Lorient (56)
|
45
|
12 000 T
|
En exploitation
|
Tableau 9 : Les centres ECOTRI en
Bretagne (Brochure d'ECOTRI)
Un cinquième centre de tri est actuellement en projet de
construction à Troyala (près de Fouesnant). Il sera
dédié aux DEEE.
5.2.2 Positionnement d'Ecotri sur la filière DEEE
:
Les clients DEEE d'Ecotri sont pour 50% des industriels et 50%
des collectivités locales. Elle se positionne exclusivement sur le
démantèlement et le traitement des DEEE (l'entreprise ne traite
par exemple pas la collecte des déchets). Pour ces opérations,
elle dispose actuellement d'une unité expérimentale à
Fouesnant, capable de traiter 3 tonnes par jour.
1 Brochures Ecotri 2005 et Ateliers Fouesnantais
2005.
Le futur centre de tri des DEEE sera capable de traiter 55
tonnes par jour, soit 13 000 à 15 000 tonnes par an. Il pourra traiter
tous les DEEE, à l'exception de la dépollution phase 2 du
traitement des frigorigènes.
Ecotri est capable d'effectuer la traçabilité
des DEEE, cette traçabilité étant imposée par un
des ses plus gros clients : France Telecom, mais également par les Eco
organismes. A ce jour, Ecotri a d'ores et déjà répondu aux
appels d'offres d'Eco-systèmes et de ERP.
Le traitement final des DEEE est confié à des
entreprises spécialisées, car Ecotri ne peut supporter les
investissements nécessaires à ces opérations.
6 LES PRESTATAIRES DE SERVICES LOGISTIQUES : LE CAS
GEODIS1
6.1 Historique de GEODIS en reverse
logistics
Geodis est un opérateur logistique majeur à
l'international (3,37 Md€, 22 700 collaborateurs, présent dans plus
de 120 pays). Son positionnement actuel sur les DEEE est une suite logique de
son activité entamée en 1994 avec Xerox, poursuivie en 1998 avec
IBM au niveau européen en assurant la récupération des
parcs d'ordinateurs en fin de leasing.
En 1999, la société Valenda intègre le
groupe Geodis. Cette filiale assure la collecte et la valorisation des
déchets issus de l'entretien et de la réparation automobile. Elle
apporte au groupe des compétences de pilotage de l'ensemble des
activités d'une filière de reverse logistics, compétences
qui seront utilisées dans le cadre des DEEE. Cet apprentissage a
amené Geodis à créer un pôle environnement et
reverse logistics en 2002 et à signer en 2004 un contrat avec
l'Eco-organisme ERP pour la France, le Portugal, le Royaume-Uni et l'Irlande,
bien qu'en France les Eco-organismes n'aient pas encore leur
agrément.
6.2 L'alliance GEODIS et SITA :
VALOGISTIC
Valogistic, tel est le nom de la joint-venture
créée début 2005 entre Geodis et Sita, autre acteur
international des secteurs de la propreté, des déchets et de
l'eau. Ses ambitions sont claires : proposer en B. to B. une prestation globale
de la collecte à la valorisation, et en B. to C. se positionner sur les
appels d'offres des Eco-organismes.
1 Olivier Cognasse (janvier, février 2006),
« Reverse logistics, un nouvel eldorado ? », Stratégie
Logistique n°83.
« Valogistic va utiliser les compétences des
deux sociétés et s'engage à trouver la meilleure solution
au meilleur prix », selon les mots de son actuel Directeur
Général, J-L Demeulenaere. Le message commercial va d'ailleurs en
ce sens : « le premier réseau européen, intégrateur
de solutions pour les produits en fin de vie ».
Plus que la collecte, le transport, le traitement et la
valorisation, quatre métiers maîtrisés par les deux
partenaires, Valogistic a mis en place une structure centralisée
à vocation européenne, qui propose des prestations qui en font un
réel intégrateur. En effet, cette structure assure
l'identification, l'audit, la sélection et le pilotage des
différents prestataires, la coordination des équipes au niveau
national, la garantie d'une parfaite conformité législative, des
prestations de conseil et une traçabilité de l'ensemble des
processus.
6.3 Naissance d'un pôle majeur
La constitution de pôles majeurs comme Valogistic est donc
inévitable dans la filière et apporte un certain nombre
d'avantages :
- Un grand pôle possède déjà un
maillage du territoire national en sites de traitement et
en moyens logistiques. Il dispose en outre d'un potentiel
important d'investissements.
- Il diminue les coûts d'apprentissage et augmente les
économies d'échelle de la filière
par sa présence dans d'autres pays européens,
mettant en oeuvre la même Directive. - La constitution d'un pôle
est facteur de concentration et de stabilité des prix de
prestations dans le temps.
- Les Eco-organismes n'ont pas intérêt à
multiplier les intervenants. Ils chercheront des interlocuteurs ayant la
capacité de piloter les autres prestataires.
7 L'ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE : LA STRUCTURE ENVIE
2E
7.1 Présentation d'ENVIE 2E Rennes
35
Le réseau d'Envie (Entreprise Nouvelle vers l'Insertion
Economique) est national et composé de 40 entreprises. L'entreprise est
spécialisée dans la récupération et la remise en
état d'appareils électroménagers en fin de vie et la
revente d'appareils rénovés garantis. Le réseau Envie
développe également une activité de valorisation et de
mise en filière pour le
recyclage d'appareils électriques et
électroniques. En termes de références, Envie a la
confiance de fabricants (Elco, Brandt, Whirlpool...), de distributeurs (Darty,
La Camif, Auchan, Ikéa, Carrefour...) et de collectivités
(Strasbourg, Rennes, Nantes...).
Envie est susceptible de proposer tout une gamme de
prestations : la collecte des DEEE, le tri entre les différentes
fractions et leur orientation vers les filières de traitement ou de
valorisation (réemploi ou recyclage), la dépollution et le
démantèlement des appareils pour l'extraction des polluants et la
valorisation des matières.
Créée en 1997, Envie 2E a été
l'une des premières entreprises de la région Bretagne à
consacrer son activité à la collecte et au traitement des DEEE.
Elle collecte sur la moitié Est de la Bretagne, avec ses propres moyens
(2 camions de 3,5t) et loue des camions d'une plus grande capacité en
fonction des besoins.
Envie 2E dispose d'un site de regroupement et de
prétraitement industriel (démantèlement et
dépollution des froids phase 1) de 5 000 m2, classé
ICPE, à Rennes.
Les prestations proposées, en termes de collecte et de
traitement, sont adaptées à la demande des donneurs d'ordres,
collectivités, distributeurs, administrations et entreprises. Elles
respectent la réglementation et les normes environnementales. La
traçabilité de tous les appareils collectés est
garantie.
7.2 Organisation de la filière Envie
2E
Les appareils collectés auprès des grands
distributeurs français et des collectivités sont
entièrement démontés puis réparés et
testés dans les ateliers d'Envie par des salariés en
insertion.
DEEE Ménagers
|
DEEE professionnels
|
|
|
|
TRI
TRAIT.PH1 REGROUPEMENT
REEMPLOI
COLLECTE
TRAITEMENT PH 2
Grande Distribution
Centre de regroupement du
distributeur
Tubes cathodique
Cartes Electro.
Plateforme de regroupement et de tri ENVIE Rennes
Déchetteries (Collectivités territoriales)
Autres composants
Industriels Marchés Publics
Magasin ENVIE Rennes
|
|
|
|
|
Plastiques
|
|
Energétique
|
VALORISATION
|
Métaux ferreux
|
|
Métaux non ferreux
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Figure 14 : Schéma de
l'organisation d'ENVIE Rennes ( Prestations prises en charge par
l'unité de Veolia)
Les flux DEEE entrants sont de deux natures :
- Ceux concernant essentiellement les DEEE ménagers ;
ces prestations font bien souvent l'objet de contrats avec les
collectivités territoriales (en déchetterie) et la grande
distribution (règle du « un pour un » en magasin) pour
lesquelles un ramassage est organisé suivant la demande du client
(jusqu'à une navette quotidienne de leur camion 3,5t). Ils ne mettent
pas de contenants à disposition et demandent notamment à la
grande distribution de conserver les DEEE sous couvert. Certains ramassages
sont parfois réalisés sur les plateformes logistiques des
distributeurs.
- Les enlèvements par transport propre ou
affrété, ou livré en direct sur leur plateforme de
regroupement. Majoritairement, ces flux entrant dans la catégorie des
DEEE professionnels sont réalisés pour les industriels (contrats
ponctuels), administrations (sur marchés publics), dont les coûts
logistiques sont supportés, directement ou indirectement, par Envie.
Une partie des matériels récupérés
(provenant essentiellement de la grande distribution) est remis en état
et réintroduit dans le réseau de magasins Envie (situé sur
la plateforme de tri de Rennes). Les composants et matières issus du
démantèlement et du traitement phase 1 (notamment pour les GEM
froid) sont envoyés après massification vers les filières
de traitement et de valorisation adéquates.
7.3 Opportunités et enjeux
La force du réseau Envie est de proposer un service de
proximité, doté de capacités de tri, de traitement et de
logistique spécifiques. Ainsi, la flotte logistique est dotée de
camions de petits tonnages, adaptés pour des ramassages de petits et
moyens volumes et des fréquences variables sur une zone de chalandise
urbaine, périurbaine ou au maximum départementale. Envie a
recours à l'affrètement pour les tonnages plus importants.
De part le positionnement actuel du réseau Envie sur le
marché des DEEE et son maillage national, la nouvelle Directive
représente pour eux une possibilité importante de
développement sur un marché émergent estimé
important. Ainsi, pour répondre aux appels d'offres des Eco-organismes,
l'association Ouest Envie Plus a été créée et
regroupe plusieurs entités de l'Ouest.
Elle souhaite se positionner :
- Directement en réponse aux appels d'offres des
Eco-organismes sur les 3 volets (collecte, tri/regroupement, traitement).
- En partenariat avec d'autres acteurs (de grande
capacité), où son maillage géographique (en partie
déjà constitué) servirait de base pour la collecte, le tri
et l'acheminement des flux DEEE vers des centres de traitements
spécialisés ou de grosse capacité.
L'enjeu pour Envie est de deux ordres :
- Réaliser des opérations de tri pour d'une part
<< retirer >> les produits pouvant être remis en état
et revendus à travers le réseau Envie, d'autre part massifier les
flux de DEEE après tri pour l'envoi vers les centres de traitement.
- Réaliser des opérations de
démantèlement et dépollution de phase 1, pour
générer des revenus supplémentaires.
8 SYNTHESE
8.1 Des initiatives pour l'instant
individuelles
La filière des DEEE est aujourd'hui peu
structurée et en phase de découverte. Des acteurs sont
déjà positionnés sur des activités
spécifiques qu'ils maîtrisent bien, d'autres cherchent à se
positionner sur ce marché promoteur. Mais très peu sont
aujourd'hui capables de prendre en charge l'ensemble des activités de
collecte, logistiques et de traitement.
Sans attendre la réglementation, des initiatives
individuelles existent et des stratégies logistiques originales ont
été mises en place. L'une, Canon, intègre en partie son
réseau de distribution jusqu'à l'utilisateur final. Il peut ainsi
retourner à moindre coût ses produits professionnels en fin de vie
vers 2 sites spécialisés de traitement en France. L'autre, Darty,
par reprise chez le client final, acheminent ses DEEE vers des intervenants
classiques du recyclage. Pour l'instant, ce service est assuré pour la
région parisienne, zone urbaine de forte densité permettant de
traiter des volumes minimums.
Néanmoins, ces deux stratégies ne pourront
prétendre à traiter la problématique à
l'échelle du territoire national. En effet, par définition, les
DEEE sont collectés << en mélange >> (toutes familles
et toutes marques). De plus, les densités de population très
diverses sur le territoire ne permettront pas de garantir un volume de collecte
de DEEE uniforme.
A l'instar des autres filières de déchets
ménagers, le recours aux Eco-organismes, à l'origine desquels on
retrouve d'ailleurs de nombreux producteurs et distributeurs, s'impose. Ils
permettront la structuration de solutions collectives, notamment pour la
collecte primaire sélective, qui s'appuiera sur le réseau
existant de déchetteries des collectivités territoriales.
Enfin, des stratégies de partenariat entre les acteurs
principaux émergent. Elles ont pour objet de proposer aux Eco-organismes
une offre globale de prestations avec une couverture nationale. Ces acteurs
majeurs de la filière seront alors capables de prendre en charge des
marchés importants, devenant ainsi des 4PL de reverse logisitics.
8.2 Présentation des coûts par appareil
traité
Les coûts suivants présentés par l'ADEME
concernent les coûts métiers (logistique et traitement). Ils
n'intègrent pas les coûts liés aux garanties
éventuelles de fonctionnement de la filière et de participation
à la collecte primaire des DEEE ménagers.
Figure 15 : Coûts du traitement
par appareil (Source Initiative Recyclage)
PARTIE IV : QUELLE(S) STRATEGIE(S)
LOGISTIQUE(S) FUTURE(S) POUR LA FILIERE ?
Dans un premier temps, au regard des travaux
académiques synthétisés en partie I, nous nous proposons
de caractériser la filière DEEE (définition des
activités, complexité de la filière, chaîne de
valeur) et de préciser les défis auxquels la future
filière sera vraisemblablement confrontée.
Puis, après avoir posé un certain nombre
d'hypothèses, nous présenterons un scénario d'organisation
logistique que nous pensons probable à court et moyen terme. Nous
prendrons essentiellement en compte le schéma des DEEE ménagers
pour lequel des objectifs quantitatifs et qualitatifs ont été
précisés dans la Directive et oil la chaîne logistique
globale est encore embryonnaire.
1 LA FILIERE DEEE : UN RESEAU DE REVERSE
LOGISTICS
1.1 Caractérisation de la filière
DEEE
Si pour Martin Beaulieu, « la logistique à
rebours est un ensemble d'activités de gestion visant la
réintroduction d'actifs secondaires dans des filières à
valeur ajoutée », la filière DEEE qui sera mise en
place dans le cadre de la Directive, répond à ces deux
principales caractéristiques :
- « la réintroduction d'actifs secondaires
» : les actifs secondaires sont les EEE en fin de vie (pouvant
être réparés et réintroduits dans des réseaux
secondaires) et les DEEE (l'état du produit lui confère une
nature de déchet).
- « une filière à valeur
ajoutée » : la valeur ajoutée de la filière
est de deux ordres : d'un côté celle retirée des
opérations de traitement et de la valeur marchande des matières
recyclées, d'un autre côté la vente des produits dans les
réseaux de vente secondaire.
Toujours d'après Martin Beaulieu, un réseau de
logistique à rebours doit aussi tenir compte de 4 paramètres :
- la logistique est associée autant à un
produit qu'à un déchet, respectivement un EEE en fin de
vie et un DEEE dans notre cas.
- Le destinataire final des produits retournés
ou des déchets n'est que rarement le producteur initial.
Excepté le cas particulier de traitement de DEEE professionnels
où le produit en fin de vie peut revenir à son industrie
d'origine, ce modèle peut difficilement être appliqué aux
DEEE ménagers. En effet, les filières de valorisation sont les
réseaux de vente secondaire pour le réemploi de produits EEE, les
recycleurs de matières, les affineurs ou directement les industriels
consommateurs de matières recyclées.
- La logistique à rebours implique davantage que
la seule décision du choix du
réseau de distribution, effectivement
puisqu'il s'agit ici d'une réglementation.
- Enfin, elle comprend également un ensemble
d'activités de gestion, notamment la traçabilité
des DEEE transitant dans la filière, le pilotage et la
répartition des flux financiers.
Deux derniers critères permettent de finir de
caractériser la filière DEEE :
- Ce réseau est en boucle ouverte. En
effet, la plupart des EEE en fin de vie et les DEEE vont emprunter des chemins
différents à travers un réseau complexe de multiples
acteurs pour être dirigés vers d'autres industries. Les
activités de ce réseau ne sont donc pas liées avec celles
du réseau de distribution des produits neufs correspondants
(caractéristique d'une boucle fermée selon Shear (1997)).
- Enfin, un réseau de rétrologistique a
pour spécificité de ne pas avoir de flux massifs de produits
entrants. Ainsi, les cinq flux de DEEE ménagers
concernés seront, dans la majorité des cas, réintroduits
dans la filière à l'unité (en provenance de l'utilisateur
final).
1.2 Typologie et facteur de complexité
logistique de la filière DEEE
Une autre façon de caractériser un réseau
de rétrologistique est la classification proposée par Martin
Beaulieu qui s'appuie sur 2 paramètres : le choix de la filière
à VA où est dirigé l'actif secondaire et le degré
de traitement (nombre et complexité) avant sa réintroduction dans
la filière (voir figure 16). Cette typologie permet d'introduire une
notion
importante : la complexité dans les réseaux
logistiques. Dans notre cas, l'actif secondaire est localisé dans le
coin en bas à droite. En effet, on peut considérer que les actifs
secondaires vont subir des traitements faibles (réparation et
réutilisation des produits) à importants (dépollution et
démantèlement du flux de GEM Froid). Les matières
valorisées seront employées dans des filières autres que
celles d'origines.
Gestion peu complexe
DEEE
Gestion complexe
Figure 16 : Classification et
complexité et réseaux de logistique à
rebours (Beaulieu et al., 1999)
Le réseau logistique correspondant risque alors
d'être complexe à gérer, compte tenu notamment de
l'incertitude technologique et capacitaire quant au traitement des mousses GEM
froid par exemple, de l'incertitude commerciale des marchés de reprise
des matières (prix de marché ou spéculatif selon les
matières) ou des difficultés de substitution de la matière
originale par la matière recyclée. Cette notion de
complexité se situe donc à deux niveaux : dans la
difficulté à mettre en place le réseau en question d'une
part et à gérer les différentes interactions entre les
acteurs de ce réseau d'autre part.
1.3 La chaîne de valeur
Quelque soit le niveau de service et la configuration
centralisée ou non de la chaîne de retour, le coût de
rétrologistique sera la somme de plusieurs coûts : entreposage,
transport, traitement, gestion des processus de retour et coûts
associés au réseau de rétrologistique utilisé et au
niveau de service requis dans ce réseau. La chaîne de valeur de la
filière DEEE
sera donc composée d'activités que devront se
partager un nombre plus ou moins grand d'intermédiaires. Elle est
présentée dans le tableau ci-dessous.
Activité Collecte
|
Définition Générale Reverse logistics
Démarche visant à détourner les
actifs secondaires et à les diriger vers un réseau à
valeur ajoutée.
|
Activité de la filière DEEE «
Gatekeeping », visant à faire entrer dans la
filière les EEE en fin de vie et les DEEE. Pour les DEEE
ménagers, les déchetteries et le réseau de
distribution seront les principaux pourvoyeurs des flux entrants.
|
Triage
|
Séparation des différentes matières
qui auraient été récupérées en vrac
ou démontage des produits complexes.
|
Séparation des flux DEEE
principaux GEM Hors froid, GEM froid, PAM, tubes et lampes et
des produits réparables.
|
Entreposage
|
Constitution d'un volume suffisant pour permettre un
transport de façon économique.
|
Regroupement par flux, massification et
conditionnement.
|
Transport
|
Déplacement des actifs secondaires vers les
activités de traitement intermédiaire ou de retraitement.
|
Transport vers unités de traitement.
|
Traitement intermédiaire
|
Série d'activités en vue de préparer
les actifs secondaires pour les activités de retraitement.
|
Dépollution phase 1 (retrait
câbles, batterie, écran LCD, cartes électroniques,
huiles...). Réparation des EEE.
|
Transport (éventuel)
|
|
Déplacement des composants spécifiques
vers des filières certifiées (exemple : traitement
carte électronique, batterie, huiles, etc.).
|
Retraitement
|
Activités permettant à l'actif secondaire de
retrouver un état lui permettant d'être réutilisé
(réparation, reconditionnement ou recyclage d'actifs).
|
Dépollution phase 2
(démantèlement final, retrait de substances
dangereuses), et valorisation matière ou
énergétique. Réutilisation de EEE dans des
réseaux de vente secondaire.
|
Transport
|
|
Transport des matières recyclées
pour affinage (exemple : sidérurgiste,
déchets ultimes ou réemploi direct :
industriels plasturgistes).
|
Tableau 10 : Chaîne de valeur de la
filière DEEE
Si l'enjeu du développement durable est souvent
à l'origine de la définition et de la mise en place des
filières de traitement de déchets, la pérennité de
celles-ci est bien liée à leurs capacités à trouver
un modèle économique viable. Ainsi, les coûts liés
aux flux de retour doivent rendre la transaction initiale (l'acte de vente)
rentable et donc commercialement admissible par le consommateur. Les
gestionnaires vont donc s'atteler à la réduction des
coûts
en configurant la chaîne de valeur de la filière
DEEE, en fonction de deux paramètres principaux développés
ci-dessous.
1.3.1 La recherche du point optimum en termes de
coûts de collecte et logistiques
Initiative Recyclage à Nantes a montré que les
coûts logistiques représentaient en moyenne 66% des coûts
métiers, décomposés en coûts de collecte primaire,
de tri, de regroupement et de transport en unité logistique
complète. Les trois derniers sont globalement bien
maîtrisés par les professionnels de la logistique. Les coûts
de collecte primaire sont aujourd'hui quant à eux mal
maîtrisés car peu connus. C'est pourquoi l'étude sur les
coûts de collecte primaire1 apporte un éclairage utile.
On constate d'abord la forte disparité des coûts de collecte
(facteur 1 à 10) en fonction du contexte urbain ou rural, et des options
techniques de collecte retenues. Le rapport précise en conclusion,
« qu'en milieu urbain, les coûts seront moins
élevés qu'en milieu semi urbain ou rural, car plus les
quantités sont importantes, plus les frais fixes d'équipements
à la tonne diminuent ». Enfin, un autre enseignement important
est à retirer de cette étude : si l'on double les volumes de
collecte dans un même contexte, passant de 2,5 à 5 kg/hab/an, le
coût à la tonne collectée évolue de 146,4 à
108,6 €/t (soit une baisse de 26%). Autrement dit, le potentiel de
collecte estimé à 26 kg/an/hab devra régulièrement
pousser les intervenants de la filière à se reconfigurer pour
optimiser les coûts de collecte primaire.
1.3.2 La recherche de valeur ajoutée dans les
prestations de traitement
Les activités de traitement seront les principales
sources de création de valeur dans la filière. Les Eco-organismes
seront amenés, à partir des réponses aux appels d'offres,
à déterminer un barème de coûts de prestations, sur
la base duquel seront rémunérés les acteurs «
productifs ». Ainsi, le positionnement de certains acteurs importants des
métiers des déchets sera guidé par la valeur
ajoutée qu'ils vont pouvoir capter dans la nouvelle chaîne de
valeur (positionnement sur un couple prestations / nature de flux). Par
exemple, la mise en place de la filière peut être une
opportunité pour les centres de massification de générer
des revenus supplémentaires. Ainsi, la phase de dépollution phase
1 sur le flux GEM hors froid est maintenant rendue obligatoire par la Directive
et concerne le retrait des matériaux et
1 Etude réalisée par le Cabinet TERRA
pour le compte l'ADEME. Synthèse en Annexe 7.
substances répertoriés. Cette phase pourrait
être prise en charge directement en centre de tri / massification avant
l'envoi sur des installations existantes équipées de broyeurs
mécanisés de grande capacité. L'arrivée de nouveaux
entrants et la création de nouvelles prestations dans la filière
vont donc amener une redistribution de la valeur ajoutée entre les
acteurs.
2 LES DEFIS LOGISTIQUES DE LA FUTURE FILIERE
DEEE
Que se passe-t-il donc aujourd'hui ? Les différents
interlocuteurs que nous avons rencontrés et les conférences
auxquelles nous avons participées nous montrent une phase de
préparation intense :
- les producteurs décryptent la réglementation
et essayent de déterminer l'étendue de leur
responsabilité.
- les distributeurs se voient imposer la règle du
« un pour un ». Si les directions « développement durable
groupe » se disent prêtes à jouer le jeu, en pratique en
magasins, tout le monde n'est semble-t-il pas encore au courant1.
- Les Eco-organismes candidats ne sont pas encore
certifiés. Certains ont pourtant déjà retenus des
prestataires.
- Les professionnels du déchet voient dans cette
filière des opportunités de développement important et se
positionnent auprès des Eco-organismes (réponses aux appels
d'offres).
- Les institutionnels légifèrent (et doivent
encore définir l'organisme coordonnateur), les
fédérations, l'ADEME et les autres structures régionales
informent, communiquent et expliquent.
- Les collectivités territoriales en charge des
déchetteries tentent de négocier et de financer leurs points de
collecte DEEE.
- Le citoyen est pas ou peu informé.
Nous voyons ainsi que les problématiques d'organisation
logistique ne sont pas aujourd'hui les préoccupations immédiates
des acteurs. Elles sont néanmoins sous-jacentes et représenteront
rapidement des défis importants pour la filière. En voici
quelques-uns.
1 Que Choisir 432- 2005
2.1 La capacité des «
gatekeeping1 » à fournir un flux entrant critique de
DEEE
Les réseaux à rebours sont confrontés au
défi de générer une quantité suffisante d'actifs
à faire transiter, sans quoi l'optimisation globale de la filière
ne pourra se faire. La forte participation des utilisateurs finaux sera donc
nécessaire pour assurer une masse critique d'actifs
récupérés, condition sine qua none au succès. Elle
met en lumière une première action critique : informer et
expliquer afin que le consommateur modifie son comportement pour alimenter de
manière quasi « naturelle » les points d'accueil en
déchetterie et en magasin. Des actions de conservation et de tri
préalables aux points de collecte seront aussi nécessaires pour
garantir encore une meilleure efficacité de la filière en aval.
Enfin, certains articles devront être entreposés dans des
conditions propres à conserver leur intégrité pour leur
futur réemploi.
2.2 L'optimisation des coûts logistiques de la
filière
Une des raisons invoquée de l'inefficacité de la
rétrologistique est la méconnaissance du coût logistique
total des processus retours.
Les niveaux de collecte et de logistique recèlent,
à notre avis, des meilleurs gisements d'optimisation à court
terme, en agissant sur trois leviers principaux : la spécialisation des
points de collecte en zone urbaine, le tri à la source et acheminement
direct en centre de traitement et enfin la massification des flux DEEE sur
plateforme.
Un autre moyen utilisé pour optimiser les coûts
logistiques est le compactage (emballages cartons, plastiques). Dans notre cas,
les règles de dépollution phase 1 ne permettent pas de compacter
le GEM pour diminuer le poids spécifique (rapport poids/volume).
2.2.1 La spécialisation des points de collecte en
zone urbaine
L'étude Initiative Recyclage sur la
métropole nantaise a montré que la loi de Pareto s'applique
à la collecte des déchets, 22 % des points de collecte
générant 78 % du tonnage collecté. Ce constat a
amené les intervenants à distinguer de facto les points de
collecte à faibles, moyens et forts potentiels. Si l'on admet que la
proximité des points de collecte et des citoyens en possession de DEEE
contribuera à l'augmentation des volumes collectés, ne doit-
1 Contrôle de l'accès des flux retours.
Cf Partie I.
on pas envisager, en zone urbaine dense, la spécialisation
de points de collecte DEEE ? Elle permettrait :
- une concentration des flux DEEE sur quelques
déchetteries avec une mise à disposition de surfaces
spécifiques de l'ordre de 50 à 100m2.
- un tri des principaux flux directement par le
dépositaire du DEEE dans des contenants dédiés et
adaptés aux produits.
- des coûts de ramassage limités pour les points de
collecte à potentiel moyen voire inexistants pour ceux à faible
potentiel.
La problématique est identique pour les points de
collecte de la grande distribution. Au-delà de la reprise du « un
pour un », on ne sait pas très bien aujourd'hui quelles seront les
dispositions prises par les grands magasins en général. Mais,
peut-on simplement envisager un instant ces acteurs organiser et trier les flux
de DEEE sans contrepartie quand la collecte primaire en déchetterie sera
vraisemblablement financée ?
2.2.2 Le tri sur les points de collecte et l'acheminement
direct en centre de traitement
Une autre inefficacité constatée de la
rétrologistique concerne les retours non autorisés et non
identifiés. Dans notre cas, l'identification des produits est
essentielle et permettra le tri des DEEE par grandes familles.
Lors de l'étude Initiative Recyclage, les DEEE ont
été essentiellement collectés en mélange et
stockés en benne (PAM et écrans) ou à l'unité (GEM
majoritairement). En déchetterie non urbaine, les DEEE et les
encombrants sont généralement stockés à part, sans
conditionnement particulier. Les auteurs de l'étude recommandent ainsi
le tri des DEEE aux points de collecte, selon les cinq grandes
catégories prédéfinies. Il s'agit, précisent-ils,
d'un facteur d'amélioration globale d'efficacité de la
filière. Cela permet de limiter notamment les coûts de main
d'oeuvre liés à l'opération de tri réalisée
sur les plateformes de regroupement, et de livrer les centres de traitement en
direct à partir des gros points de collecte. Il reste donc une
réflexion globale à mener sur l'adaptation, la standardisation et
l'emploi de contenants préalables à un stockage
différencié des produits aux points de collecte.
Enfin, 8% en moyenne des flux GEM1 sont
collectés directement par des structures de type Envie et Emmaüs et
réutilisés après remise en état. La rationalisation
à venir du processus de collecte devra aussi prendre en compte la
réutilisation de ces produits, en les triant directement sur les points
de collecte à fort potentiel ou sur la plateforme de regroupement.
2.2.3 La massification des DEEE sur un nombre
limité de plateformes
L'ensemble des points de collecte en zone rurale ou urbaine de
faible densité ne livrant pas en direct les centres de traitement,
passera nécessairement par des plateformes de massification avec deux
objectifs principaux :
- pour les flux acheminés en vrac, le regroupement des
DEEE par nature de flux.
- le conditionnement en palettes ou contenants adaptés, et
la constitution de lot critique pour le transport vers les centres de
traitement.
D'autre part, l'Initiative Recyclage a montré qu'un
nombre trop important de points de regroupement ne favorise pas la
concentration des flux. Cela engendre soit une durée d'entreposage
longue (incidences sur la fluidité), soit un coût de ramasse non
optimisé (coût à la tonne plus élevé). Ainsi,
les centres de regroupement devront être judicieusement
positionnés à l'échelle d'un territoire. L'ensemble de nos
rencontres nous permet de conclure qu'un centre de regroupement par
département semble pertinent dans un premier temps.
1 Etude Initiative Recyclage
2.2.4 Schéma logistique
reconfiguré
Figure 17 : La « reverse supply
chain » des DEEE ménagers
2.3 Le développement de capacité de
traitement en France
L'étude nantaise précise enfin qu'il existe
globalement en France des capacités suffisantes de
démantèlement et de traitement pour atteindre les premiers
objectifs de valorisation fixés par la Directive. Ce constat est
cependant à nuancer par nature de flux. Ainsi, il n'existe pas à
ce jour d'unité opérationnelle pour le traitement des mousses
isolantes (dépollution phase 2). C'est l'un des objets de la
création de la future entité Veolia à Angers.
Il est aussi à noter qu'il n'existe pas aujourd'hui de
broyeur spécifique PAM en France. Ces produits sont aujourd'hui
incinérés ou détruits dans des broyeurs de grande
capacité peu adaptés aux déchets de petite taille. Pour
améliorer le taux de valorisation matière de ces déchets,
on estime à terme, avec le développement de nouveaux
procédés, pouvoir regrouper ce flux avec celui des écrans
et des tubes sur des centres de tri multi-spécialisés PAM et
Ecrans. De manière générale, la baisse des
coûts de traitement sera réellement effective avec des
avancées liées à la R&D.
Enfin, certains pays de l'Union Européenne1
en avance dans la mise en oeuvre de leurs réglementations ont
structuré leur filière et utilisent des techniques de traitement
adaptées. Les acteurs majeurs tels Veolia ou Suez présents dans
ces pays, exploitent ces technologies. Ils ont donc un avantage concurrentiel
significatif et pourront être à même d'installer en France
des unités de traitement de nouvelle génération.
2.4 Quel partage de la chaîne de valeur dans la
filière ?
2.4.1 Une logique purement économique et
industrielle
Les activités de collecte, logistiques et de traitement
sont nombreuses et n'auront donc pas le même attrait2.
Certaines prestations à valeur ajoutée forte ne seront d'ailleurs
accessibles que pour un volume critique afin d'amortir des coûts
d'investissement importants, et vraisemblablement prises en charge par des
acteurs majeurs sur des zones de chalandise élargies (exemple de
l'unité de Veolia). Cette logique économique et industrielle est
donc liée à deux caractéristiques :
- la massification des flux pour diminuer les coûts
d'approche logistique.
- un fonctionnement continu et une saturation des
équipements industriels pour optimiser les coûts de traitement
à la tonne.
2.4.2 Une logique de valorisation du tissu
économique local et social
D'autres activités, moins rémunératrices,
seront plus dépendantes des coûts logistiques et seront
traitées par des acteurs locaux plus diffus. Ainsi, le
démantèlement des flux GEM hors froid ayant une valeur
potentielle de recyclage moindre est déjà réalisé
localement sur des installations existantes.
Enfin, l'ESS, telles les organisations Envie et Emmaüs,
s'est déjà spécialisée sur ces
activités, parfois avec un maillage national. Bien que non soumises
à l'impératif de rentabilité, elles
1 Belgique, Danemark, Pays Bas, Finlande en 2004
2 Se reporter à la description de la
chaîne de valeur
devront défendre leur position dans la nouvelle
chaîne de valeur de la filière pour faire perdurer leur
modèle économique.
2.4.3 Des opportunités de partenariat
La spécialisation de la filière autour de deux
grands coeurs de métiers, la logistique et le traitement, permet
d'envisager des alliances entre les acteurs. Elles peuvent être de deux
natures :
- partenariat stratégique à l'échelle
nationale qui concourre à la structuration de la filière
(exemple de Sita Suez et Geodis).
- partenariat à une échelle locale ou
régionale.
Le projet d'implantation du site Veolia par exemple s'appuiera
probablement sur le maillage logistique existant du réseau Envie Ouest
pour l'acheminement d'une partie du flux de DEEE sur le site d'Angers.
2.5 Le pilotage de la filière par un
système d'informations intégré
L'optimisation d'un réseau logistique global passe
inévitablement par un flux d'information structuré remontant tout
ou partie des activités de la filière. Dans les supply chains
performantes, le partage des systèmes d'informations entre les acteurs
est bien souvent un pré requis pour piloter les flux physiques
transitant dans la filière. Un système d'informations
intégré et partagé par l'ensemble des acteurs devient
alors un facteur supplémentaire de performance de la filière.
La mise en oeuvre d'un système d'informations et de
communication partagé par une même communauté d'acteurs est
un vrai défi. Il est pourtant recommandé pour le pilotage global
de la filière qui nécessitera :
- de gérer les flux transitant aux différentes
étapes de la filière.
- d'assurer la traçabilité des DEEE.
- d'agréger les données et de simplifier la gestion
des Eco-organismes.
- d'assurer une veille réglementaire.
- à moyen terme, de connaître les capacités
et disponibilités des différents acteurs.
Un premier exemple de cette stratégie de mutualisation
de systèmes d'informations est la mise en oeuvre prochaine par l'ADEME
du service de déclaration au registre des producteurs1.
3 PROPOSITION D'UNE STRATEGIE LOGISTIQUE POUR LA FUTURE
FILIERE DEEE AU PLAN NATIONAL
3.1 Méthodologie
S'il existe des méthodologies précises
d'implantations de plateformes utilisées par la grande distribution pour
positionner leurs entrepôts de massification des flux, elles pourront
difficilement s'appliquer à la filière DEEE. En effet, cela
nécessite la maîtrise d'un certain nombre de
caractéristiques, notamment un mix produit connu et stable et une vision
stratégique à long terme, paramètres aujourd'hui mal
maîtrisés pour cette filière en construction. Notre
proposition d'organisation logistique s'appuie donc sur une approche
pragmatique, basée sur l'enquête terrain, les conclusions
retirées de nos analyses et confrontées avec quelques acteurs de
la filière.
3.2 Hypothèses
Nous formulons les hypothèses suivantes :
- Le périmètre est limité à la prise
en charge des DEEE ménagers sur les flux GEM froid, GEM hors froid, PAM
et enfin tubes et écrans.
- La nature de l'actif secondaire et des traitements à
réaliser sont des variables prépondérantes dans le
degré de complexité de la filière des DEEE.
- Les recommandations logistiques de l'étude Initiative
Recyclage et les données
confrontées et admises par les acteurs de la
filière sont intégrées dans ce scénario.
- Des centres de traitement spécialisés (GEM
Froid) devront être créés. Les capacités
existantes seront utilisées pour d'autres flux.
- Un seul acteur « productif » est
privilégié par zone géographique et par nature de flux.
1 Paragraphe 1.4.5 Partie II, page 39.
3.3 La filière logistique pour le flux GEM hors
froid, PAM et écrans
Le schéma préconisé (et
présenté ci-après) vise la massification des flux
après la collecte primaire, la réduction des kilomètres
parcourus jusqu'aux centres de traitement existants. Concernant les flux GEM
hors froid et PAM et écrans, les broyeurs de grande capacité
pourront être utilisés, lorsque la problématique de
dépollution phase 1 sera gérée. Enfin, nous nous appuyons
aussi sur les recommandations de l'étude Initiative Recyclage pour le
schéma logistique de collecte :
- Un prestataire de ramassage par zone urbaine pour la
quasi-totalité des flux.
- Les points de collecte de grande capacité (>120
tonnes/an) achemineront les DEEE
directement vers les centres de traitement, positionnés
majoritairement aux abords des
métropoles dans le cas de la région Pays de la
Loire.
- Les points de collecte de faible capacité passeront
par un seul centre de regroupement avec une capacité d'accumulation pour
composer rapidement des lots d'expédition et ainsi augmenter la rotation
des contenants adaptés sur la plateforme.
Suite au point IV.2.2.3, la couverture en centres de tri
unique par département sur les Pays de la Loire est
présentée Carte 2. Un cercle correspond à une zone de
collecte dédiée à ce centre de regroupement. Ces derniers
seront dimensionnés au regard du potentiel de collecte sur leur
territoire (hors flux de DEEE acheminés directement sur les centres de
traitement).
Démantèlement Informatique Traitement consommables
Traitement piles et accus
Autre traitement DEEE
60 Kms
Carte 1 : Cartographie des points de
Carte 2 : Cartographie des centres de
collecte (Source ADEME) regroupement (Source ADEME)
94
L'extrapolation de ce schéma au plan national est
soumise à certaines considérations locales (densité de
population, positionnement des zones urbaines et des centres de traitement
existants). Pour les intervenants rencontrés, ce découpage des
zones de collecte par département paraît le plus
réaliste.
3.4 La filière logistique pour le flux GEM
froid
Des unités de traitement spécifiques aux flux
GEM froid devront être installées sur le territoire
français. Nous estimons la zone de chalandise pour ces unités
à environ 250 Kms (cohérent avec l'approche de Veolia et
confirmé par d'autres sources). Cela nous donne le schéma
suivant.
250 Kms
Carte 1 : Unités de traitement
spécifiques aux flux GEM froid
Nous constatons que l'installation, dans un premier temps, de
cinq unités spécialisées pertinemment positionnées,
permettrait de réaliser un premier maillage du territoire national. Ces
centres de traitement seraient approvisionnés en DEEE depuis les
plateformes de regroupement définies précédemment, ou en
direct à partir de points de collecte importants.
3.5 Synthèse
Le premier schéma présenté ci-dessus est
basé sur des considérations pragmatiques et deux principes
directeurs :
- un acteur privilégié pour le niveau de
collecte et logistique. Les flux de déchets non partagés
arrivent plus rapidement à des tailles de lots critiques, premier
facteur d'optimisation en logistique. Le maillage des Pays de La Loire fait
ainsi apparaître la proximité des unités de traitement
existantes et des centres de regroupement proposés, diminuant les
coûts logistiques d'approche.
- l'utilisation de capacités existantes de
traitement, permettant d'atteindre rapidement les objectifs de
valorisation de la Directive, même si à terme le
développement de nouveaux procédés adaptés aux
déchets sera nécessaire pour faire baisser significativement les
coûts de traitement à la tonne.
Enfin, notre scénario basé exclusivement sur le
transport routier ne prend pas en compte les modes de transport alternatifs. Si
l'on admet que le seuil de rentabilité du fer est de l'ordre de 500 Kms
et que le fluvial est plus adapté aux pondéreux, une logique
multimodale ne paraît pas adaptée aujourd'hui à cette
filière.
CONCLUSION : TRANSFORMER UN ELDORADO ATTENDU EN UNE
VERITABLE FILIERE INDUSTRIELLE
<< Reverse logistics, un nouvel eldorado ?
»1. En effet, la plupart des grands logisticiens en quête
de diversification y cherche aujourd'hui de nouvelles opportunités de
développement. Si la logistique à rebours concerne les retours
d'invendus, le service après vente et le retour des produits en fin de
vie, c'est bien cette dernière activité, sous l'impulsion de
nouvelles réglementations, qui offre les perspectives les plus
intéressantes. Effectivement, c'est dans un premier temps, un potentiel
de traitement de quelques 250 000 tonnes de DEEE par an qui attend l'ensemble
des acteurs de la filière, représentant 4 kg/hab./an
(1er objectif fixé par la Directive), soit environ un
sixième du potentiel total estimé de DEEE ménagers et
professionnels.
8 mois après la date d'application de la
Directive, où en est-on ? Le Décret 2005- 829 du 20
juillet 2005 oblige les producteurs à assurer le retour et le traitement
des DEEE, selon le principe du pollueur payeur. A ce jour, quelques industriels
précurseurs ont pris en charge le retour de leurs produits en fin de
vie, dans une logique commerciale ou de développement durable. A
l'instar d'autres filières de déchets (Eco-Emballages), la
logique d'<< Eco-organismes » va donc s'imposer pour la gestion des
DEEE ménagers. D'une part, l'organisation d'une nouvelle filière
et la mutualisation de moyens à l'échelle nationale sont facteur
de réduction de coûts. D'autre part, les métiers
concernés par la filière sont spécifiques et souvent loin
des coeurs de compétences des producteurs. La grande majorité des
producteurs s'oriente donc vers une adhésion à un des
Eco-organismes qui est actuellement en charge de sélectionner les
prestataires et d'organiser la filière.
Présentes localement, les filières de traitement
ou de déconstruction existantes ainsi que les structures de
l'économie sociale et solidaire ont basé leur modèle
économique sur la valorisation énergétique, la vente de
matières recyclées ou de matériels réparés.
Aucune n'a de vision globale de la filière et peu ont les moyens de se
développer seules à grande échelle.
1 Olivier Cognasse (Janv./Fèv. 2006), Titre du
dossier, Stratégie Logistique.
Et pourtant, sous l'évolution de la
réglementation, la chaîne de valeur se reconfigure aujourd'hui
autour de 3 métiers principaux : la collecte primaire (le ramassage de
DEEE à des points de collecte diffus sur un territoire), la logistique
(tri et massification) et enfin le traitement et la valorisation. De nouveaux
entrants, acteurs internationaux des métiers de la logistique et de
traitement des déchets, y voient une opportunité de se
diversifier et de capter de nouveaux gisements de valeur. Ils constitueront
seul ou en partenariat les premiers pôles majeurs, facteurs de
structuration d'une filière en construction.
Que se passera-t-il d'ici le 31/12/2006 ? Il
reste avant tout à finaliser les aspects réglementaires et
à valider un modèle économique pour la filière
(répartition des flux financiers à définir). Il sera aussi
nécessaire de convaincre les collectivités locales de jouer le
rôle principal de collecteur de flux de DEEE entrants avec la grande
distribution. Car le premier défi logistique sera la capacité du
« gatekeeping » à fournir un flux de DEEE critique, sans
lequel toute optimisation des activités de la filière devient
difficile. Reste enfin à « éduquer » le consommateur
final pour l'amener à déposer ses appareils usagers aux points de
collecte.
C'est le principal enjeu de la phase de montée en
régime de la filière sur les 6 à 12 prochains mois. En
aval, l'utilisation de capacités logistiques et de traitement existantes
devrait permettre d'atteindre les objectifs chiffrés de collecte et de
valorisation au mieux au 31/12/2006 et plus probablement au cours de
l'année 2007. L'ensemble des acteurs pourra alors s'articuler autour des
schémas logistiques que nous proposons. D'ici deux à trois ans,
le démarrage d'unités de traitement aujourd'hui inexistantes et
la mise au point de procédés nouveaux feront enfin
réellement entrer la filière dans une ère industrielle.
BIBLIOGRAPHIE
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Practises >> (1998), Dale S. Rogers, Ronald S. Tibben -Lembke, 1998,
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(Janvier Février 2006), Olivier Cognasse, Stratégie
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complexité des réseaux de logistique à rebours >>,
Martin Beaulieu, Groupe de recherche CHAINE, HEC Montréal, RIRL 2000,
Les Troisièmes Rencontres Internationales de la Recherche en
Logistique.
- << La reverse logistique au sein des canaux de
distribution inversée : les formes adéquates de
coopération pour la chaîne logistique de valorisation des produits
en fin de vie >>, Bernd Philipp, Centre de recherche sur le transport et
la logistique, Université de la Méditerranée, RIRL 2000,
Les Troisièmes Rencontres Internationales de la Recherche en
Logistique.
- << Logistique à rebours : synthèse de la
littérature et typologie >> (Avril 1999), Martin Beaulieu, Richard
Martin, Sylvain Landry, Cahier de recherche n° 99-01, Ecole des Hautes
Etudes Commerciales de Montréal.
- << Logistique inverse : revue de littérature
>> (Octobre 2003), Serge Lambert, Diane Riopel, Les Cahiers du GERAD,
Ecole Polytechnique de Montréal.
- << Reverse Logistique >>, Aurélia Kawaishi,
sous la direction de Christopher Townley.
- << Etude Initiative Recyclage, étude pour une
filière de recyclage des déchets
d'équipements électriques sur le territoire
national >> (Septembre 2004), étude réalisée
par la SCRELEC.
- << Etude des coûts de collecte primaire des DEEE
supportés par les collectivités locales >> (3 mars 2006),
étude réalisée par le cabinet TERRA pour le compte de
l'ADEME.
- << Opération pilote de gestion des
matériels électriques électroniques professionnels
installés en fin de vie en région >> (Mars 2003),
étude réalisée par l'association ELEN.
Sites Internet :
-
www.ademe.fr
-
www.dechetcom.com
-
www.prorecyclage.com
-
www.journaldelenvironnement.fr
-
www.federec.org
-
www.rlec.org (Reverse Logistics
Executive Council : définitions, glossaire, projets...)
-
www.fbk.eur.nl/OZ/REVLOG/
(groupe de travail européen sur la reverse logistique : thèmes
actuels de travail, études de cas dans de nombreux secteurs et dans de
nombreuses entreprises (VW, Dell, IBM, BASF, Philips, Unilever, Alcatel, Philip
Morris, etc.), liste des publications, actualités, etc.)
-
www.logistique.com,
www.logistique.com/reverse_logistics.htm
(définitions, infos diverses, etc.)
-
www.insead.edu,
www.insead.edu/CHER/research/ops/revlog.htm
(«REVLOG: an European network on reverse logistics - a short overview of
its results», «Matching demand and supply to maximise profits from
remanufacturing», etc.)
-
www.genco.com,
www.servex.com (/revlogistics.htm)
(exemple de gestion de la reverse logistique au sein d'entreprises).
-
www.equinox.scs.unr.edu/homepage/rtl/reverse/glossary.html
(glossaire de la reverse logistique, en langue anglaise.)
-
www.polygistique.polymtl.ca/projets.asp?n=28
(plan d'une thèse effectuée sur la reverse logistique).
ANNEXES
Annexe 1 : Décret n°2005-829 du 20
juillet 2005 Annexe 2 : Liens internet des
arrêtés
Annexe 3 : Avis du 26/10/2005 concernant la
liste des EEE par catégorie
Annexe 4 : Schéma logistique mis en place
et schéma optimisé réaliste de l'étude Initiative
Recyclage
Annexe 5 : Recommandations d'organisation des
flux par types de point de collecte, production de DEEE et capacité
d'accumulation sur le point de collecte d'Initiative Recyclage
Annexe 6 : Analyse des coûts de l'opération
pilote menée par ELEN
Annexe 7 : Synthèse de l'étude
réalisée par le Cabinet TERRA en 2005/2006, pour le compte de
l'ADEME
Annexe 1 : Décret n°2005-829 du 20 juillet
2005
Annexe 2 : Liens internet des arrêtés
- Arrêté du 23 novembre 2005 relatif à
l'agrément prévu à l'article 19 du décret n°
2005-829 du 20 juillet 2005
http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/arreteAgrementProfess_JO041205.pdf
- Arrêté du 23 novembre 2005 relatif aux
modalités de traitement des déchets d'équipements
électriques et électroniques prévues à l'article 21
du décret n° 2005- 829 du 20 juillet 2005
http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/arreteTraitement_JO41205.pdf
- Arrêté du 25 novembre 2005 fixant les cas et
conditions dans lesquels l'utilisation dans les équipements
électriques et électroniques de plomb, de mercure, de cadmium, de
chrome hexavalent, de polybromobiphényles ou de
polybromodiphényléthers est autorisée
http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/Arrete_subst_DEEE.pdf
- Arrêté du 6 décembre 2005 relatif aux
agréments et approbations prévus aux articles 9, 10, 14 et 15 du
décret n° 2005-829 du 20 juillet 2005
http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/arrete_AgrementArt9101415_20051206.pdf
- Arrêté du 13 mars 2006 relatif au registre des
producteurs
http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/arrete_registre_20060313.pdf
Annexe 3 : Avis du 26/10/2005
concernant la liste des EEE par catégorie
Annexe 4 : Schéma logistique mis
en place et schéma optimisé réaliste de l'étude
Initiative Recyclage
Schéma logistique mis en place
Schéma logistique optimal réaliste
Annexe 5 : Recommandations
d'organisation des flux par types de point de collecte, production de DEEE
et capacité d'accumulation sur le point de collecte d'Initiative
Recyclage.
Annexe 6 : Analyse des coûts de
l'opération pilote menée par ELEN.
Annexe 7 : Synthèse de
l'étude réalisée par le Cabinet TERRA en 2005/2006,
pour le compte de l'ADEME.
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