REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE
DU CONGO
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET
UNIVERSITAIRE
INSTITUT FACULTAIRE DES SCIENCES DE L'INFORMATION
ET DE LA COMMUNICATION
« I.FA.S.I.C »
B.P. 14.988
KINSHASA GOMBE
DEPARTEMENT DE COMMUNICATION
OPTION : COMMUNICATION DES ORGANISATIONS
=======================================================
« COMMUNICATION POLITIQUE ET LOGIQUE
D'ACTUALISATION DANS LE CHAMP ELECTORAL. Approche constructiviste de la
campagne de l'Union pour la Nation en République Démocratique du
Congo »
MOLIMA AUTA MISO MAPUMBA DUA
Jacques Yves.
Mémoire présenté et
défendu en vue de
l'obtention de grade de Licencié en
science
de l'information et de la communication.
Option : Communication des Organisations
Directeur : Aimé KAYEMBE T.
MALU
Professeur.-
Lecteur : François ATUBOLO ELIKA
Chef des travaux.-
Septembre 2009
DEDICACE
A Mon Père Antoine Richard Molima Ngandola, dans
l'au-delà que l'âme du géniteur se réjouisse de son
génie ;
A Mon épouse, ma collaboratrice aux
combats ;
A Ma Mère Elise Ngombe ;
A Mes filles Myriam Molima Ngombe et Soleil Molima
Kwawe ;
Je dédie ce travail, fruit de leurs amours.
Jacques Yves Molima Auta.-
0. INTRODUCTION
1. POSITION DU PROBLEME
« La communication est indissociable de la
politique et (voire même) de la démocratie1(*) ». Cette
affirmation de Robert Larsonneur inspiré du présupposé de
l'école de Palo alto à savoir « on ne peut ne pas
communiquer » s'est avéré au fil du temps une
évidence qui a toute sa valeur dans le champ politique.
Il s'y dégage en effet, une valeur
prépondérante qu'on accorde à la communication dans
l'espace public. Cela devient beaucoup plus accrue lors des élections. A
cette occasion, l'homme politique est dans l'obligation de transmettre ses
idées, son opinion, sa vision politique à un plus grand nombre de
ses concitoyens. C'est aussi un moment où l'homme politique entre en
contact avec son électorat. Le temps pour lui de se faire une
idée sur le profil des électeurs, connaître leurs
aspirations, connaître leurs réactions face au programme qui leur
est présenté.
Par cette pratique, « La vie politique
théâtralise la vie sociale, en lui donnant les formes, les
structures et les logiques d'un ensemble de représentations, dans
lesquelles nous pouvons nous reconnaître dans les stratégies, dans
les discours et dans les mises en scène des acteurs de la
politique2(*) ».
En effet, notre étude s'intitule
« Communication politique et logique d'actualisation dans le champ
électoral. Approche constructiviste de la campagne de l'Union pour la
Nation en République Démocratique du Congo »
Ainsi, après près de quatre décennies
d'une vie politique marquée par une certaine organisation
d'élection présidentielle (2006), la République
Démocratique du Congo a franchi le pas au terme d'une transition
considérée comme fruit des négociations politiques3(*), en organisant des
élections qualifiées de démocratiques et
indépendantes. Cela s'est, quelque part, vérifié par
l'organisation d'un scrutin présidentiel qui s'est soldé par un
second tour, aucun des candidats n'ayant requis la majorité au premier
tour4(*).
Ce second tour de l'élection présidentielle a
mis au prise deux candidats, le président sortant Joseph Kabila et l'un
des quatre vice-présidents, Jean Pierre Bemba. Ce round n'a pas
seulement été un duel entre deux challengers sur le
« ring politique » mais un combat
idéologique de deux classes politiques, de plusieurs tendances et
plusieurs courants politiques, qui les uns et les autres s'alignant
derrière l'un ou l'autre candidat.
Ces jeux d'alliances à l'issue du premier tour
très disputé ont donné naissance à deux
plates-formes politiques. D'un côté, l'Alliance pour la
Majorité Présidentielle, l'AMP, soutenant le candidat
président sortant Joseph Kabila et de l'autre côté, l'Union
pour la Nation. Cette dernière s'est formée autour du candidat
président Jean Pierre Bemba avec pour mission : Tenter de barrer la
route à une reconnaissance, à une légitimation du pouvoir
de Joseph Kabila.
Et pour se faire l'Union pour la Nation devrait construire sa
communication pendant la période électorale sur une
idéologie qui mettrait en exergue un argumentaire qui au finish
permettrait à son candidat de maximiser ses atouts pour atteindre
l'objectif assigné.
Cependant, retenons que la communication politique en
démocratie « Est liée à l'aménagement d'un
espace public, celui-ci, pris ici comme un lieu de rencontre spéculaire
avec l'autre, fondatrice de toute conscience politique5(*) ». Il (l'espace
public) est caractérisé par l'existence d'un nombre important
d'électeur, de problèmes débattus, et également
par une forte présence médiatique à en croire
Mazinga6(*). Toutefois, le
déploiement de la communication politique ne se limite pas seulement
à la forte présence médiatique dans l'espace public, car
cet espace public est caractérisé par des sondages d'opinion,
l'institutionnalisation de tous les problèmes politiques et une
extension de la logique7(*) souligne Bernard Lamizet.
De ce qui précède, tout en sachant que l'Union
pour la Nation est une plate forme politique qui a été
instituée pour soutenir la candidature de Jean Pierre Bemba au second
tour de l'élection présidentielle, celle-ci fait également
parti du champ politique congolais aux mêmes réalités.
Il transparaît ainsi qu'il sera d'une importance
capitale de ressortir les aspects de la communication qui ont prévalu au
sein de l'Union pour la Nation lors de sa campagne électorale. Ce qui
revient à explorer les aspects tels que :
- L'aspect idéologique déterminant dans
l'élaboration et la construction de l'image de la plate forme ;
- L'aspect instrumental. Ce qui met en évidence le type
hégémonique qui a embrigadé la communication autour du
leader dans un genre de vedettariat aux conséquences multiples ;
- L'aspect technique qui est au fait la capacité
programmatique de la plate forme dans sa politique de lutte communicationnelle
d'avec le challenger en vue.
Au regard de cette exploration, Claude Buse relève
que : « sur une aire politique, il est nécessaire
d'être attentif aux signes, aux actions des autres et de savoir
réagir par rapport à son environnement social et
politique8(*). »
2. ETAT DE LA
LITTERATURE
La communication politique des partis politiques congolais en
guise de préparatif à l'échéance électorale
a auparavant fait l'objet des certaines recherches. Ainsi, par exemple,
Musiensu Mikiona s'était focalisé à étudier la
communication politique des partis politiques congolais pendant la transition
de 2003-2005. Cas du Palu.
Dans sa recherche il était question d'examiner les
stratégies de communication que le Palu a adopté et ou a
utilisé pendant cette période de transition pour préparer
les échéances électorales législatives et
présidentielles.
Au terme de sa recherche, Musiensu est arrivée à
la conclusion que le Palu utilisait les réunions, les communiqués
de presse, les notes circulaires, les conférences et/ou point de presse,
les meeting, la revue interne comme ses stratégies de communication.
D'où sa contribution était celle de faire voir
que la façon de communiquer emprunter par le Palu était
butée au problème de déficit communicationnel dans le
pays, de tel enseigne qu'il était difficile pour le Palu d'installer ses
représentations dans d'autres provinces du pays.
La seconde recherche qui a retenu notre attention est celle de
Tshiala Mutombo. Celle-ci a étudié la communication politique de
l'assemblée nationale pendant la période
préélectorale. Axant sa question de recherche sur la
communication politique de l'assemblée nationale, elle cherchait
à savoir comment cette institution communique t-elle avec la population
congolaise pendant la période préélectorale. Il s'agissait
pour lui de chercher à comprendre si l'assemblée disposait-elle
d'un plan de communication.
Au terme de son étude, Tshiala Mutombo est
tombée sur la conclusion que l'assemblée nationale n'assure pas
une communication intéressante, efficace, systématique,
coordonnée et objective du travail mené par elle. D'où sa
contribution celle d'inciter l'assemblée nationale d'établir un
plan pour atteindre toute la base afin de dissiper en elle les malentendus,
l'ignorance, le scepticisme face aux prochaines élections.
Eu égard aux travaux susmentionnés, notre
étude, elle se fonde sur l'importance qu'on accorde à la
communication politique dans le champ électoral. Il s'agira de ressortir
la valeur des constructions de l'identité des acteurs politiques, de
leurs actions et surtout du déploiement de leur communication politique
pendant la période électorale.
3. PROBLEMATIQUE
Conquérir le pouvoir dans un système
démocratique revient à s'arroger un nombre important
d'électeurs. Ainsi, « l'homme politique doit
définir des objets et des programmes et influencer le comportement des
citoyens et cela en vue d'une échéance électorale9(*) ». C'est alors
qu'intervient la démarche globale de la communication politique dans un
champ politique.
Cependant, le champ politique congolais possède
certaines caractéristiques qui lui confèrent un statut
particulier, il y a notamment le déficit de la socialisation politique.
A cet effet, il sied de signaler que la politique, à la suite de Julien
Freund10(*), répond
à une nécessité de la vie sociale. Il s'agit, au fait, de
la prise en charge du destin de la collectivité dans sa
globalité. Ainsi, la politique est une affaire qui concerne toute la
communauté, car elle participe non seulement à l'oeuvre commune
de construction sociale, mais aussi à l'épanouissement de la
liberté pour tous et de conquête de la paix.
On pourrait alors parler de la démocratisation de la
vie sociale qui apparaît à nos yeux comme un
phénomène général qui transforme toutes les
relations sociales en faisant accepter des divergences d'opinion et des
mécanismes pacifiques de résolution des conflits, notamment les
élections.
En République Démocratique du Congo, force est
de remarquer que les acteurs politiques, dans la plupart de leurs actions,
n'ont pas totalement tenu compte de la réalité qui voudrait
à ce que leurs activités politiques soient une réponse
à une nécessité de la vie sociale. Nous avons,
malheureusement, assisté à des scènes telles que les
interventions des hommes politiques dans la société se sont
limitées à des simples actions ponctuelles creusant
malheureusement un fossé entre, d'un côté, les acteurs
politiques et de l'autre côté, le peuple. Alors que la gestion de
la chose publique devrait en principe associer tout le monde. Ainsi, l'on
remarque que d'une part la population ne se définissant plus dans les
actes des politiques est devenue une sorte d'une bombe a retardement qui peut
exploser à tout moment et d'autre part, les hommes politiques ne voyant
plus que leurs intérêts profitent de la non ingérence de la
population pour se tirer certains gains en leur propre faveur.
Ainsi, certains partis politiques ne se souciant plus que de
la conquête du pouvoir ne tiennent plus compte du fait qu'un parti, comme
l'a attesté Michael Schlicht11(*), a besoin d'un programme pour que les
électeurs puissent l'identifier.
Le public doit connaître les principes et les raisons
générales des actions menées. Si un parti dispose d'un
leader crédible, cela peut faciliter l'identification du peuple avec ce
parti. En effet, le pays a besoin des leaders politiques qui n'ont pas
seulement pour ambition d'accéder au pouvoir, mais plutôt, ceux
qui ont le souci de s'occuper du bien-être du peuple.
Ce déficit de la socialisation politique en RDC s'est
accru de telle enseigne que les partis politiques ne sont plus
considérés à juste valeur. Pourtant, « un
parti politique doit être une organisation durable, capable de survivre
à ses fondateurs et qui professe les mêmes vues politiques en
s'efforçant de les faire prévaloir en y ralliant le plus grand
nombre possible des citoyens et dans le but de conquérir, d'exercer ou
de conserver le pouvoir12(*)»
Ce qui précède appui en effet l'autre
caractéristique du champ politique congolais à savoir le faible
ancrage des partis politiques comme force spéciale sociale et politique
fédéraliste des jeux politiques.
En effet, les partis politiques qui en principe devraient
être des organisations structurées qui aident le candidat, le cas
échéant, à conquérir le pouvoir, ces structures
politiques en RDC se sont, par moment, détournées de leurs
idéaux de tel enseigne qu'au lieu que ces partis façonnent les
hommes politiques en leur dotant des prérogatives nécessaires
répondant aux aspirations, et du parti, et du peuple pour lequel ils se
sont engagés dans les activités politiques, ces partis sont
plutôt tombés sous l'influence des individus. De ce fait, certains
partis sont devenus des propriétés privées de leurs
leaders. Conséquence, ces individus ont mieux construit leurs
identités politiques au détriment du parti. Ainsi, cette
faiblesse des partis politiques a donné lieu à
l'individualisation du jeu politique.
En effet, le jeu politique en RDC s'est pendant la
période préélectorale ainsi que pendant la période
électorale, construit sur des individualités des leaders des
partis politiques. Plusieurs partis au fait, ne s'identifiaient plus que par
leurs leaders. Ainsi, Antoine Gizenga était mieux connu que son PALU,
Nzanga Mobutu était plus visible que l'UDEMO, Jean Pierre Bemba
avait un poids politique qui faisait ombrage à son parti le MLC tandis
que Joseph Kabila passait par-dessus le PPRD jusqu'à se faire candidat
indépendant aux élections présidentielles, mais toujours
soutenu par le même parti.
Les partis politiques devenaient alors des accompagnateurs des
hommes politiques dont la survie dépendait du leader d'autant plus que
ces partis avaient du mal à transcender les individus pour exister en
tant que tel, imbu des idéaux capables de galvaniser les énergies
impersonnelles et ainsi résister à l'usure du temps.
Bref, le jeu politique en RDC devenait une sorte de champ
où s'émouvaient mieux les acteurs politiques que leurs partis.
Ceci a entraîné vraisemblablement la personnalisation du discours
politique.
En effet, pendant cette période, les hommes politiques
congolais ont axé leurs discours sur des principes qui ne sont pas
dictés par les idéaux du mouvement ou du parti politique mais sur
leurs visions personnelles. Nous avons entendu parler certains hommes
politiques lors des négociations politiques de Sun city en Afrique du
Sud en 2002. Quand il s'agissait de la question du pouvoir, le chef de la
délégation du MLC n'hésitait pas un seul instant de faire
prévaloir la volonté de son leader. Ainsi on peut lire cette
déclaration d'Olivier Kamitatu au Journal Le Soft international quelques
jours après la signature du protocole de Sun City « Le MLC
a signé cet accord un peu «par défaut» Jean-Pierre
Bemba n'avait aucune envie de devenir Premier ministre. Il briguait la
magistrature suprême et ne l'a jamais caché. Joseph Kabila ne
voulait pas de chef de gouvernement. Il n'en veut toujours pas d'ailleurs. Il
souhaite régenter, seul, les affaires du Congo. L'un et l'autre ont
dû se dépasser13(*) » Une déclaration qui
démontre quelque part le poids des hommes, le désir des leaders
politiques qui passe par dessus tout.
En personnalisant ainsi leurs discours, ces hommes politiques
affichaient une perméabilité par rapport aux significations
politiques extérieures. Quand bien même ces discours
s'inscrivaient dans la trajectoire national, ils étaient pour la plupart
de cas, confrontés à la donne internationale.
Il se dégage, en effet, que le champ politique
congolais étant consensuel pendant la transition avec la dialectique de
négociation, ce champ politique avec l'arrivée des
élections présidentielles et législatives en 2006, est
passé vers une dialectique de compétition électorale.
Ainsi, nous sommes passés du champ politique transactionnel consensuel
vers le champ politique transactionnel compétitif. C'est au fait un
contexte particulier qui nécessite d'autre stratégie
communicationnelle.
Ainsi dans cet environnement politique,
- Comment l'Union pour la Nation a-t-elle construit sa
communication politique où ses modalités communicationnelles pour
s'assurer de la victoire au sein du champ politique à l'issue des
élections ?
Cette question appelle d'autres questions subsidiaires
à savoir :
- Quels sont les éléments sociopolitiques
internes et externes qui ont imprimés à la stratégie
électorale de l'UN, ses contours en vue de maintenir en position
hégémonique la candidature de Jean Pierre Bemba ?
- Quelles sont les limites que cette stratégie a
présentées face à l'actualisation de la stratégie
des autres adversaires ?
4. HYPOTHESE
L'environnement politique préélectoral est un
environnement qui épouse les éléments
caractéristiques de la configuration du champ politique, lequel champ
est déterminé par une forte valorisation des individus par
rapport aux structures politiques et sociales existante. Dans cette optique, la
communication politique construit autour du leadership individualisé de
l'acteur considéré, dans le cas d'espèce, comme l'instance
de l'historicité politique au sein du champ.
Son propre discours devient un discours
fédérateur à l'égard de la structure qui porte sa
candidature. Le sens de la communication est donc subséquent au
leadership politique de l'acteur politique tel qu'il se déploie au sein
du champ politique. Les éléments du prestige personnel de
l'individu à l'instar du niveau intellectuel, des avoirs
économiques, le passé politique, l'identité politique et
sociale, ont imprimé à la communication politique de la
structure, ses marques, déterminé la portée
stratégique de la structure de sorte qu'on peut parler d'une homologie
structurelle.
5. CHOIX ET INTERET DU
TRAVAIL
Notre préoccupation se base sur l'organisation de la
communication politique au sein d'une plate forme politique pendant la
période électorale. Il s'agira pour nous de tenter de mettre en
lumière les faits, les gestes, les actions des acteurs politiques qui
ont imprimé les stratégies de communication de cette plate forme
dans le champ politique congolais lors du second tour de l'élection
présidentielle.
Nous tenterons en plus d'élucider la forte valorisation
des individus par rapport aux structures politiques et sociales d'une part et
d'autre part, par rapport à la personnalisation de la communication
politique qui a prévalu au sein de la plate forme politique Union pour
la Nation.
L'intérêt ici serait de mettre en exergue
l'importance de la communication dans le champ politique. Si la communication
politique a fait ses preuves dans les pays occidentaux, en Afrique, elle semble
n'est pas être pris à sa juste valeur. Plusieurs parmi les
dirigeants africains se contentent encore de la tradition africaine
basée sur la politique d'octroie de quelques subsides aux
électeurs ou encore sur le développement des déclarations
tribales, claniques et racistes. Peu parmi eux, cependant, pensent qu'il est
temps de formuler des programmes, des projets de société
exemptés de toute coloration tribale et clanique et basés sur
l'amélioration des conditions de vie de la population et visant le
développement intégral de la nation, ce qu'on qualifierait de la
socialisation politique.
Ainsi, pensons nous, mettre à la portée du
public notre contribution dans la pratique de la communication politique au
sein d'une société en voie à la démocratisation en
scrutant la campagne électorale de l'Union pour la Nation pendant le
second tour de l'élection présidentielle en RDC. Une
manière pour nous d'étaler certaines failles
détectées et tenter de les diagnostiquer
6. METHODES ET
TECHNIQUES
Pour scruter le construit communicationnel de l'Union pour la
Nation pendant sa campagne électorale, il nous sera plus plausible de
nous servir de la Méthode interprétative selon
l'herméneutique de Paul Ricoeur.
L'herméneutique tire son origine du grec
hermeneuein qui se traduit par expliquer. En théologie
chrétienne, l'herméneutique est une science de la critique et
de l'interprétation des textes bibliques. Mais en Philosophie, elle est
une théorie de l'interprétation des signes comme
éléments symboliques d'une culture14(*).
De son côté, Paul Ricoeur définie
l'herméneutique comme étant « une science ou tout
simplement une technique d'interprétation des textes. Et qui de
préciser qu'un texte peut bien être, autant un écrit qu'une
action, si ce n'est le cours même de l'histoire15(*)».
Retenons en effet que l'herméneutique postule certains
principes notamment :
· Le sens de la réalité sociale est
caché.
· Les faits sociaux sont le fait de l'interrelation entre
les membres d'une structure.
· La paradoxalité des fait sociaux évoluent
par le fait de contradiction.
De ce fait, il sera question de part cette méthode de
ressortir des faits significatifs et explicatifs susceptibles de fournir des
preuves et servir d'argument eu égard aux préoccupations qui sont
nôtre.
Ainsi, « Comprendre un texte, c'est suivre son
mouvement du sens vers la référence, de ce qu'il dit à ce
sur quoi il parle16(*) » Ce qui nous pousse à faire
appel à l'approche constructiviste. En effet, cette approche stipule que
le sens n'est pas un donné, le sens est une émergence par rapport
au contexte. Ainsi, Roland Barthes17(*) souligne que le sens d'un texte n'est pas un axiome,
il n'est pas donné mais se construit selon le locuteur.
A cet effet, dans le champ électoral les acteurs
politiques affûtent leurs déclarations afin qu'elles correspondent
aux attentes de la population. En faisant l'interprétation de leurs
actions, de leurs déclarations nous sommes dans l'obligation de tenir
à l'esprit que le sens que chaque acteur politique donne à ses
déclarations dépend du contexte dans lequel il construit ses
actions. A ce niveau, nous pouvons souligner le fait que la communication
au sein de l'organisation épouse la logique dominante du contexte,
de ce point de vue la communication devient le processus de construction du
sens existentiel sur base des logiques sociales qui déterminent
l'imprégnation sociale18(*)
Ce qui pourra très bien s'expliquer par la
communication politique car celle-ci impose la diversification de
déclarations par rapport aux cibles appropriées.
6.1. L'approche
Constructiviste
Cette approche souligne le fait que le sens n'est pas un
donné, mais il est, en rapport au contexte, une émergence. Le
sens d'un texte, par rapport à cette approche, se construit selon le
locuteur. Toutefois, il sied de souligner que le constructivisme met en
relation la production et la reproduction des pratiques sociales avec leur
caractère situé dans des contextes particuliers : culturel,
historique, politique, économique, géographique d'autant plus que
qu'il est né et s'est développé dans des disciplines
humaines dont essentiellement la sociologie, la philosophie et
l'anthropologie19(*).
Le constructivisme sous l'angle des sciences de l'information
et de la communication certifie l'évidence que le « fait
humain » s'apparente au « fait
social » des sociologues. En tant que tel, le fait humain est
l'élément d'une chaîne de faits sociaux concomitants, en
relation de causalité, extérieurs et imposés à
l'individu selon Durkheim (holisme). Ainsi, la compréhension d'un fait
social n'est que le résultat d'une reconstruction de sens par l'acteur.
En tant que « fait communicationnel » le
phénomène construit nous fait passer du champ sociologique au
champ des sciences de l'information et de la communication. Si le
phénomène construit caractérise alors la communication de
l'acteur social avec une machine et le message qui les lie, il sied de postuler
qu'il communique aussi avec tout environnement ayant une signification à
son égard.
6.2. Les axiomes de
l'approche constructiviste
Le constructivisme se penche sur la nature des acteurs (Etat,
groupe et individus, les formations sociales, en général) et sur
leurs relations aux environnements structurels plus larges. La philosophie est
celle d'une constitution mutuelle dans laquelle aucune unité d'analyse
en terme d'acteur-structure, n'est réduite à l'autre.
L'intérêt des acteurs émerge « de » et
est endogène « à » l'interaction avec la
structure au premier niveau, et d'autres acteurs au second niveau, sans
qu'aucun n'ait la primauté analytique sur l'autre. Tout se passe par le
biais de la pratique et des normes qui donnent sens à l'action. En
l'absence de ce cadre pratique, de cette structure normative, les actions
seraient dénuées de sens.
Ainsi, le premier axiome constructiviste stipule que les
acteurs agissent à l'égard d'objet aussi bien que d'autres
acteurs, sur base du sens que ces objets et acteurs ont pour eux. Tandis que le
deuxième axiome souligne que le système social est
inséré dans une société ayant un ensemble de
règles, de valeurs et d'institutions communément acceptés
et régulant la vie humaine.
Partant de ces axiomes, eu égard à notre
étude qui se penche sur l'approche constructiviste d'une campagne
électorale, nous pouvons souligner le fait qu'au sein du champ
électoral, les acteurs politiques conjuguent leurs efforts par rapport
au sens qu'ils accordent à leurs actions, tout en tenant compte des
normes et principes qui régissent le champ électoral.
7. DELIMITATION DU
SUJET :
Notre étude couvre la période de l'après
premier tour de l'élection présidentielle en RDC. Une
période qui part de la proclamation des résultats du premier tour
le 20 août 2006 et se clôture à l'élection des
gouverneurs et vice-gouverneurs du 27 Janvier 200720(*).
Ce choix est édicté par le fait que de la plate
forme politique Union pour la Nation est le fruit d'une entente de la mise en
ordre de bataille des plusieurs partis et leaders politiques pour soutenir le
candidat Jean Pierre Bemba au second tour de l'élection
présidentielle et tenter de constituer, au contraire, une contre force
au sein du parlement congolais en vue de briguer la primature.
8. STRUCTURATION DU TRAVAIL
Nulle étude scientifique ne s'achemine sans une
organisation rationnelle des différents contours qui constituent son
ossature. Ainsi, outre, naturellement, l'introduction et la conclusion, la
présente étude se subdivise en trois chapitres, notamment :
- La clarification conceptuelle et théorique.
- Le paysage politique congolais et l'émergence de
l'Union pour la Nation.
- La communication politique de l'Union pour la Nation :
Particularités et Pathologies.
Il sera question, dans le premier chapitre, de circonscrire
les concepts de base de notre étude afin d'établir une
corrélation entre ces concepts et leur application dans la perspective
d'y déceler les vérités scientifiques partant des
théories pouvant servir de soubassement et de compréhension au
phénomène étudié.
Le second chapitre traitera de l'environnement politique
congolais et de l'émergence de l'UN. En effet, l'essentiel des
articulations dans ce chapitre tournera autour de la configuration du champ
politique congolais post Sun City. Cependant, tout partira de l'existence
même de la plate forme Union pour la Nation. Sa création, sa
mission, ses objectifs et son plan d'action dans le champ politique congolais
et dans le champ électoral.
Enfin, le troisième chapitre sera consacré
à l'analyse de la communication politique de l'Union pour la Nation.
Nous étayerons en premier lieu les particularités de la
communication de l'Union pour la Nation, ce qui revient à traiter
premièrement de la question identitaire qui a prévalue au sein de
l'UN, secondement de la rivalité technocratique qui a
caractérisé les deux candidats en course, troisièmement de
la question de projet de société de chaque partie, enfin de la
question de purification prônée par chaque candidat. Ceci nous
permettra ensuite de tenter de dresser une pathologie et de trouver des
explications sur le fonctionnement de la communication de l'UN partant de ses
acteurs politiques et de sa stratégie mise en place pendant la
période électorale.
CHAPITRE PREMIER :
CLARIFICATION CONCEPTUELLE ET THEORIQUE.
Notre étude se focalise sur la communication politique
pendant une campagne dans le champ électoral. Cela requiert bien
évidemment des concepts susceptibles d'être élucidé
et circonscrit par rapport à notre étude. Cela va de soi que soit
explicité certains concepts constituant l'ossature d'une étude
scientifique.
A cet effet, le présent chapitre traitera primo de la
communication politique, secundo du champ, tertio de l'alliance politique et
quarto de la campagne électorale. Par ailleurs, basée sur des
théories, la science acquiert sa lettre de noblesse dans la
circonscription des principes et des idées des auteurs et des chercheurs
sous-tendant l'argumentaire d'une étude, il en sera aussi question dans
ce chapitre.
I. CADRE CONCEPTUEL
I.1. COMMUNICATION
POLITIQUE
La communication politique est un terme composite qui met en
exergue d'un côté la communication et de l'autre la politique.
Ainsi, nous pouvons circonscrire la communication politique en faisant allusion
à l'échange de communication entre gouvernant et gouverné.
Nous serons d'avis avec Jacques Séguéla21(*) que gouverner c'est,
communiquer. Cela sous entend que l'une des dimensions essentielles de
l'activité politique est la communication. Ce qui s'explique par le fait
que l'homme politique doit écouter et comprendre les attentes des ses
compatriotes, et en retour transmettre et informer ces derniers sur les
orientations politiques lesquelles sous-tendent son action. C'est alors
qu'intervient la communication politique dans la société.
Comme nous l'avons susmentionné avec Jacques
Séguéla que gouverner c'est communiquer, cela traduit l'existence
d'un échange de communication entre gouvernant et gouverné. De
part cette réalité, Cotteret ajoute en précisant que la
communication politique est un « Echange d'information entre
gouvernants et gouvernés par des canaux de transmission
structurés ou informels22(*)» il s'agit au fait pour Cotteret de
démontrer la structuralisation et la formalisation de la transmission
des informations servant des jonctions entre ceux qui détiennent le
pouvoir d'organiser la cité et la population. Cela passe par des canaux
formels ou informels. Ce qui revient à considérer tous les moyens
possibles utilisés par le pouvoir en place pour communiquer dans le
champ politique.
Cependant, si Cotteret qualifie la communication politique,
comme étant la transmission d'information existant entre les gouvernants
et les gouvernés dans le champ politique, cela n'est en
réalité qu'une partie de ce qu'est la communication politique.
Car, le monopole de la communication politique ne revient pas seulement aux
gouvernants dans leurs échanges avec la base en passant par des canaux
formels ou informels d'autant plus qu'il faille considérer la
démarche politique comme une activité ouverte à tous les
acteurs politiques au pouvoir ou non.
Cela étant, Dominique Wolton considère alors la
communication politique comme « L'espace où
s'échangent les discours contradictoires des trois acteurs qui ont la
légitimité à s'exprimer publiquement sur la politique et
qui sont les hommes politiques, les journalistes et l'opinion publique à
travers des sondages23(*) » Ainsi, la communication politique
devient pour Wolton un champ où le pouvoir d'expression est
accordé à ceux qui possèdent la légitimité
à s'exprimer en public en matière de la politique. Cette
manière de considérer la communication politique par Wolton n'est
pourtant pas exhaustive, ce qui se trouve être compléter par
Jacques Gerstlé24(*) pour qui la communication politique serait alors
« L'ensemble des pratiques et techniques,
représentationnelles et discursives, par lesquelles s'instaurent un
échange et une interaction dans et entre les principales
catégories de la société, à savoir les acteurs
politique, les citoyens et les intermédiaires issus de l'univers
médiatique, des sondages d'opinion et des firmes chargées de
gérer l'image des hommes politiques »
Ainsi, si cette démarche concerne, d'une part les
hommes et acteurs politiques, ainsi que les journalistes et d'autre part
l'opinion publique et les firmes en charge des images des hommes politiques,
cela sous entend que la communication politique est intimement liée
à l'organisation et la transmission des informations par des moyens
adéquats dans l'espace politique.
Cependant, la communication politique requiert un
caractère beaucoup plus important pour l'homme politique en quête
du pouvoir. En d'autre terme, tout acteur politique qui aspire à des
hautes fonctions doit, non seulement, concevoir et maîtriser les
mécanismes de communication pouvant lui permettre de focaliser et
d'attirer sur lui l'estime des électeurs, mais aussi et surtout mettre
en place des stratégies visant à rationaliser sa démarche
politique face à ses potentiels électeurs.
Abondant dans le même sens, Thierry Saussez cité
par Frédéric Nicolas, assimile la communication politique
à un « ensemble de techniques permettant de créer ou
développer la notoriété et l'image d'un homme
politique en favorisant l'adéquation entre ses idées, son
programme, sa personnalité et le marché
électoral25(*)
». Et Wolton de renchérir ; la communication politique
suppose «La formulation des objectifs des forces politiques en rapport
avec les attentes des électeurs. Sa fonction généralement
reconnue est d'être constitutive de l'identité par la transmission
de pratiques symboliques dans lequel l'électeur se
reconnaît ».
De ce qui précède, il en découle
l'importance qu'on accorde à la communication dans le champ politique et
qui pis est dans le champ électoral. Ainsi dans cet espace politique
communiquer aura le sens d'un « Echange d'informations entre
acteurs politiques et ayant des conséquences directes ou indirectes,
médiates ou immédiates sur le système politique26(*) ».
Par ailleurs, si l'on prenait pour référence le
schéma de Jakobson, la spécificité de la communication
politique serait que « l'émetteur est un sujet politique
fait de réel, d'imaginaire et s'exprimant en utilisant une
symbolique27(*)»
Le réel ici est
« l'expérience telle qu'elle figure avant la
socialisation ». Il s'agit au fait de la dimension
singulière de l'homme politique avant son intégration dans le
champ politique pris dans son sens dirigiste de la société.
Tandis que l'imaginaire selon Jakobson est la mise en
mouvement du désir une fois que le sujet existe dans l'espace
public. C'est le fait que l'homme politique soit en mesure de promouvoir
sa pensée tout en cherchant à occuper une place dans l'espace
public.
Enfin, Roman Jakobson considère le symbolique comme
étant « l'ensemble des codes par lesquels le sujet va
exprimer sa filiation collective ». Et se faisant, Bernard
Lamizet pense que la communication politique constitue « Une
médiation de représentation symbolique du pouvoir d'une part et
d'autre part, elle entend exercer une influence symbolique par les formes et
les expressions qu'elle diffuse dans l'espace public28(*)». Il s'agit ici, non
seulement, de mettre à la disposition du public, de la population, par
des moyens de communication, tout ce qui représente le pouvoir, mais
aussi, exercer une influence symbolique sur cette population par des formes et
des expressions à travers des canaux spécifiques.
En d'autre terme, la communication politique
« donne la visibilité d'un système de formes et de
représentations symboliques aux acteurs qui exercent leurs pouvoirs et
mettent en pratique les choix et les orientations de la médiation
politique29(*)»
De ce qui précède, nous avons alors la
prétention de souligner que la communication politique vise à
canaliser les passions politiques au profit d'une idée, d'un homme, d'un
parti. Elle comprend une communication globale et une communication
électorale de plus en plus encadrée juridiquement et
financièrement.
Toutes les définitions de la communication politique,
telles que nous les avons précédemment explicité
soulignent un aspect particulier celui de l'espace public, de l'espace social
dans lequel cette communication s'exerce ou se déploie. Ce qui nous
instigue de chercher à comprendre, et cela en rapport avec notre
étude, ce qu'est le champ et plus particulièrement le champ
électoral.
I.2. CHAMP
Comme nous l'avons susmentionné, la communication ne
s'exerce que dans un espace social, celui-ci étant « un
espace de différence, dans lequel les classes existent en quelque sorte
à l'état virtuel, en pointillé, non comme un donné,
mais comme quelque chose qu'il s'agit de faire30(*)»
Ainsi, nous sommes d'accord avec Dietmar Braun que dans
« un espace social existent tout d'abord des positions
occupées par les individus. Et les rapports entre les individus sont
justement déterminés par l'écart différentiel entre
leurs différentes positions31(*) » En d'autre terme, l'espace social
se défini par les structures qu'incarne chaque individu en rapport, bien
évidemment, avec son positionnement dans la société.
Sachant alors que les individus dans une société
agissent et interagissent dans une sorte de concurrence au sein de l'espace
social, ce que Pierre Bourdieu explicite en disant que « La
concurrence est la caractéristique principale de l'interaction qui
caractérise l'ensemble des champs sociaux32(*) ».
Ainsi, on peut définir le champ avec Pierre Bourdieu
comme étant « un espace social ou des acteurs sont en
concurrence avec d'autres acteurs pour le contrôle des biens rares et ces
biens rares sont justement les différentes formes de capital33(*) ». Il s'agit au
fait de la persévérance de chaque actant dans sa démarche
afin de rentabiliser son capital, ce qui renforcera sa position dans le champ.
Cela nous parait plus évident dans la mesure où cet actant sache
harmoniser sa gestion communicationnelle au sein de la société.
Nous pouvons alors dire en passant que tout actant qui attend se saisir de
l'opportunité que lui offre un champ, doit en principe investir toutes
ses ressources psychiques, intellectuelles, physiques et même
matérielles pour obtenir ce que Bourdieu appelle
« capital34(*)» à savoir la clé du pouvoir
au sein du champ.
Somme toute, le champ apparaît comme un espace social
où cohabitent les acteurs en interdépendance, en connexion ou en
interaction. Et leurs positions « varient selon la valeur de leur
``jetons'' et leur habilité à utiliser leur pouvoir35(*) ».
Chaque champ est organisé selon une logique propre
déterminée par la spécificité des enjeux et des
atouts que l'on peut y faire valoir. A cet effet, Pierre Bourdieu
considère que « parler de champ pour désigner
l'univers au sein duquel se déploie l'activité politique, c'est
suggérer que les stratégies poursuivies par les acteurs
politiques, les types de biens symboliques qu'ils produisent, qu'ils
distribuent ou qu'ils convoitent, les comportements qu'ils adoptent, sont
spécifiques à ce champ, et n'y prennent sens que
relationnellement ».
Nous pouvons dire en d'autre terme que le champ politique est
l'arène de confrontation de l'élite politique. Et cette
confrontation s'accentue lors des élections. A ce stade, les hommes
politiques mettent en exergue tous ce qu'ils ont de meilleur dans l'art de
convaincre pour s'attirer la sympathie des potentiels électeurs.
Cette façon de faire ne peut que se déployer
dans un champ bien défini en rapport au scrutin en vue. Il s'agit au
fait du champ électoral. En effet, selon Patrick Mignard, le champ
électoral « est une espèce de vaste
``marché'' dans lequel il y a des ``offres'' et des ``demandes'', et
il est essentiellement abstrait36(*)».
Cette logique de l'offre et de la demande chère
à l'économie n'est qu'une figure qui se caractérise mieux
ici par le marketing politique. Ainsi, les ``demandeurs'' sont bien entendu les
potentiels électeurs avec leurs comportements spécifiques, leurs
besoins et leurs désirs et qu'ils souhaitent les voir satisfaits par
celui à qui ils confieront les rênes du pouvoir par la magie du
vote. Tandis que les ``offreurs'' ne sont que les candidats qui espèrent
être élu. Et pour se faire, ils doivent non seulement plaire mais
aussi faire des promesses, lesquelles promesses doivent être
respectées et réalisées une fois leurs arrivées au
pouvoir.
Tout compte fait, le champ électoral selon notre
entendement est la période qui s'étale entre l'annonce du
début de la campagne électorale jusqu'à l'investiture de
l'heureux élu. Cependant l'avant campagne électorale reste un
moment très déterminant dans le champ électoral dans la
mesure où elle contribue à l'amélioration de l'image des
différents candidats face aux électeurs qui trancheront par
l'acte de vote. C'est aussi toute activité de l'homme politique, son
parcours en guise de briguer un mandant politique.
I.3. CAMPAGNE
ELECTORALE
Le concept campagne dans le sens qui nous concerne dans cette
étude est l'ensemble concerté d'actions destinées
à exercer une influence sur l'opinion, sur certaines personnes37(*). Ce qui revient à
considérer la mise en commun de certaines stratégies de
communication qu'un parti, une structure devrait déployer dans le sens
de susciter une adhésion à ses idéologies.
Sachant par ailleurs qu'il peut exister des campagnes dans
plusieurs domaines nous pouvons alors, partant de cette affirmation, parler de
la campagne électorale. Pour toute définition simpliste, la
campagne électorale est la période précédant une
élection, durant laquelle les candidats et leurs partis font leur
promotion dans le but de récolter le plus grand nombre de voix
possible38(*).
A ce stade, les hommes politiques rédigent
généralement un programme électoral ou un programme
politique. C'est ce que Samba Kaputo considère comme un programme
d'action. Ce dernier doit en principe « déterminer la
stratégie générale de la réalisation des actions
projetées...le programme électoral rend son action
cohérente et son évolution harmonieuse39(*)».
Un programme électoral peut également
être défini comme « un exposé
général des intentions et des projets d'une personne, d'un groupe
ou d'un parti. C'est un corps de proposition relative au gouvernement d'un pays
qu'une personne ou un parti présente aux électeurs40(*)». Nous pouvons alors
dire qu'une campagne électorale est un effort consentis par une personne
désirant occuper un poste au gouvernement et qui passe par des actions
politiques cohérentes et structurées en vue de susciter
l'adhésion des électeurs. Dans des régimes
démocratiques, les campagnes électorales sont les voies
principales par lesquelles les candidats font connaître leurs opinions et
par lesquelles les électeurs sont informés des positions d'un
candidat ou d'un parti.
Dans plusieurs pays occidentaux, les campagnes
électorales politiques importantes sont strictement
réglementées au niveau du budget, de l'étendue et de la
période. Ainsi, en contre partie, les formations politiques peuvent
recevoir des financements publics pour mener leurs campagnes.
Lamizet considère la campagne électorale comme
une communication électorale, c'est-à-dire, un
« ensemble des activités symboliques engagées dans
le cadre de l'organisation du vote41(*) ». Elle présente à cet
effet deux caractéristiques, d'une part, elle est structurée
autour de relations à des personnes et d'autre part elle structure le
temps politique. D'où la communication électorale occupe l'espace
public de façon ininterrompue à cause du chevauchement de la
durée des mandats organisant des cycles qui ne se correspondent pas.
Ainsi, « l'activité électorale est une
activité pratiquement continue et de ce fait elle joue un rôle
important dans la communication politique d'autant plus qu'elle constitue
à la fois par la régularité de son retour et par la
personnalisation des ses enjeux, une médiation structurante de la
sociabilité politique42(*)», renchérit Lamizet.
I.4. ALLIANCE POLITIQUE
Une alliance est une union, un accord intervenant entre des
pays, des groupes, des personnes43(*). En science politique, une alliance est un accord
entre plusieurs partis politiques intervenant au niveau électoral ou au
niveau parlementaire pour former un gouvernement de coalition. Ainsi, une
alliance politique, le cas échéant, est une attente, une mise en
commun des idées, des idéologies, des visions politiques de
plusieurs partis politiques en vue de gagner le pouvoir au terme d'une
élection.
II. CADRE THEORIQUE
Etudier la communication politique d'une plate forme politique
en quête du pouvoir dans la logique d'actualisation dans le champ
électoral revient à scruter, d'une part, la plate forme Union
pour la Nation pris comme champ et d'autre part, la période pendant
laquelle est née et pour lequel, la plate forme s'investit, à
savoir le champ électoral. Ainsi, la théorie de champ44(*) cher à Pierre Bourdieu
constitue le fondement de notre étude. Par ailleurs, tout en sachant
qu'au sein du champ politique existent des acteurs, il sera aussi question de
soutenir cette même étude par la théorie de l'acteur
Réseau de Michel Crozier.
II.1. THEORIE DU CHAMP
II.1.1. Sa
portée
Le champ est un espace partiellement autonome, doté des
règles et d'enjeux propres conditionnant tous ses membres, et permettant
d'accéder théoriquement à la réalité du
social. Ceci veut dire qu'un champ est une sphère de la vie sociale qui
s'octroi une certaine souveraineté autour de la relation sociale.
C'est donc un espace social de position où les
participants ont à peu près tous les mêmes
intérêts mais où chacun a en plus, des propres
intérêts en fonction de sa position dans le champ. Chaque champ a
ses règles spécifiques mais on peut retrouver des règles
générales : Luttes entre les anciens et les nouveaux, tous
acceptent les enjeux du champ et tous souhaitent sa survie.
Il est vrai que le concept de champ tel que Bourdieu le
développe est fondamentalement une approche relationnelle qui fait
envisager les relations objectives entre acteurs sociaux et non les
interactions (relation intersubjectives).
Ainsi, Bourdieu développe une conception de la
participation des individus dans les champs qui va dans la direction d'un
« savoir agir sans réfléchir »,
d'une complicité entre les dispositions mentales des agents et la
structure du champ à travers un processus d'incorporation des structures
objectives dans les structures subjectives des individus ce qui donne un sens
dans le rôle que doit jouer la structure dans ce champ.
II.1.2. Ses
caractéristiques
Le cas échéant, le champ politique
présente certaines caractéristiques qui lui sont propres. Ainsi,
le champ présente l'histoire des luttes antérieures d'acteurs
ayant des positions dissemblables ; il s'agit en effet d'un
état du rapport des forces autour d'enjeux spécifiques.
Ceux-ci, d'un côté, sont d'ordre définitionnel par rapport
aux règles du jeu interne au champ, et de l'autre côté,
d'ordre delimitationnel de ses frontières d'avec les autres champs.
Bourdieu précise par ailleurs que dans un champ,
les agents et les institutions luttent, suivant les
régularités et les règles constitutives de cet espace de
jeu (et, dans certaines conjonctures, à propos de ces règles
mêmes), avec des degrés divers de force et, par là, des
possibilités diverses de succès, pour s'approprier les profits
spécifiques qui sont en jeu dans le jeu. Ceux qui dominent dans un
champ donné sont en position de le faire fonctionner à leur
avantage, mais ils doivent toujours compter avec la résistance, la
contestation, les revendications, les ambitions et les prétentions,
" politiques " ou non, des dominés.
Bref... La structure du champ manifeste l'histoire du
champ, celle d'une restructuration perpétuelle autour de luttes pour la
redistribution et la transformation du
« capital ». Cependant, la lutte ne
vise jamais la disparition du champ.
De ce fait, les propriétés du champ sont alors
définies en partie par les propriétés des agents
(notamment leur dotation en capital spécifique). Ainsi, l'accès
aux postes à responsabilité est-il conditionné par la
congruence des caractéristiques personnelles des candidats avec celle du
champ.
Cependant, Bourdieu affirme que chaque champ obéit
d'abord à son propre nomos (l'auto-nomos), par le jeu des relations
d'homologie existant entre trois types de structures:
- Les dispositions
- Les positions
- Les prises de position.
La transmission des dispositions permet de rendre compte de la
position sociale relative des individus, c'est-à-dire que la disposition
et la définition de l'intérêt de chaque acteur
dépendent du champ où il agit et de la position qu'il occupe
à l'intérieur de ce champ. Ces positions, se réfractent
à leur tour, à travers la structure du champ, en des prises des
positions (quelles qu'elles soient).
D'où, une analyse en terme de champ dans la logique de
l'actualisation dans le champ électoral implique trois moments
nécessaires et connectés entre eux. Premièrement, il faut
analyser la position du champ par rapport au champ du pouvoir.
Deuxièmement, chercher à établir la
structure objective des relations entre les positions occupées par les
agents ou les institutions qui sont en concurrence dans ce champ. Et,
troisièmement, analyser les habitus des agents, les différents
systèmes de dispositions qu'ils ont acquis à travers
l'intériorisation d'un type déterminé de conditions
sociales et économiques et qui trouvent dans une trajectoire
définie à l'intérieur du champ considéré,
une occasion plus ou moins favorable de s'actualiser. Question qu'une analyse
en terme de champ ne peut esquiver, puisque un champ ne peut fonctionner
que s'il trouve des individus socialement prédisposés à se
comporter en agents responsables, à risquer leur argent, leur temps,
parfois leur honneur ou leur vie, pour poursuivre les enjeux et obtenir les
profits qu'il propose.
D'où nous pouvons nous résumer en ce sens, eu
égard à l'objet de notre étude, la communication politique
dans le champ électoral est caractérisé par :
- La présence des structures
- La présence des institutions
- La présence des acteurs
- La présence des règles
- La présence des ressources
- La lutte pour le contrôle du pouvoir
- L'autonomisation du champ politique limité par le
verdict électoral
- Les intérêts des acteurs politiques
- Les discours politiques orientés.
Ainsi, circonscrire les théories sur la communication
politique revient à
cerner quelques contours y afférant. Il s'agira
notamment de ressortir ses objectifs dans le champ électoral, ses
fonctions et ses dimensions ainsi que quelques principes qui vont de paire avec
la communication politique dans un régime démocratique à
savoir le discours politique, ses techniques et ses argumentations.
Nous serons d'accord avec Mazinga45(*) lorsqu'il affirme que la
communication politique est une démarche globale de conception, de
rationalisation et d'accomplissement. Il s'agit, au fait, pour l'homme
politique de concevoir des idées, des programmes, de définir des
objectifs, scruter les électeurs pour connaître leurs aspirations,
les enjeux qui les intéressent, leurs humeurs. Aussi, savoir faire des
promesses à ses potentiels électeurs, canaliser ses aspirations
pour être au même diapason qu'eux, savoir exploiter le sentiment
d'appartenance et toujours centrer ses interventions en ciblant les leaders et
les relais d'opinion ainsi que les électeurs critiques.
De ce qui précède, la communication politique
requiert une circonspection quand à la démarche qu'il faut
entreprendre pour entrer en contact avec son public. L'objectif principal de la
communication politique serait alors de bien gérer les
déclarations d'un acteur politique dans le champ politique et le cas
échéant, le champ électoral. Il s'agira pour l'homme
politique de soigner son image, ses dires, ses réactions ainsi que ses
interventions publiques ou non, ses actes, son mode de vie, ses gestes, ses
pensées et sa vision politique.
Tout ceci peut se résumer, d'une part, dans ce que
Lamizet a qualifié de l'action politique et, d'autre part, dans la
communication politique. Pour lui, l'action politique est « Un
ensemble de stratégies, de gestes et d'actes qui visent à faire
évoluer une situation institutionnelle, des rapports de force et
l'organisation d'un état46(*)». Signalons tout de même que l'action
politique a des effets sur le réel. Il existe cependant dans ces
conditions une dimension symbolique de cette action. Et cette dimension
symbolique se trouve bien explicitée dans ce que l'on appelle la
communication politique.
En effet, il sied de souligner avec Lamizet que la
communication politique a deux raisons d'exister. D'une part, elle
constitue une médiation de représentation symbolique du pouvoir,
et d'autre part, elle entend exercer une influence symbolique, par les
formes et les expressions qu'elle diffuse dans l'espace public. Nous
pouvons ainsi dire que la communication politique donne une visibilité
d'un système de forme et de représentation symbolique aux acteurs
qui exercent leurs pouvoirs et mettent en pratique les choix et les
orientations de la médiation politique. Il s'agit, en effet, d'une mise
en scène et interprétée par des acteurs politiques,
caractérisée par leur pouvoir ou par leur relation au pouvoir.
II.1.3. Fonctions
Les acteurs politiques qui interprètent certains
rôles au sein d'un système politique, caractérisé
bien évidemment par l'exercice du pouvoir, laissent transparaître
la place qu'occupe la communication politique et les fonctions qu'elle exerce
dans ce système. Mulumbati Ngasha souligne que la communication
politique remplit plusieurs fonctions au sein d'un système politique,
notamment « assurer l'adéquation des vues sur le projet
social entre les gouvernés et les gouvernants47(*) ».
Or, cette adéquation ne peut se vérifier que
s'il y a connexion entre les actants du système de communication au sein
de la société. Il importe à cet effet que d'un
côté, ceux qui détiennent une certaine parcelle de
responsabilité puissent avoir une parfaite connaissance des desiderata
des différents publics auxquels sont destinés leurs messages.
Cette connaissance leur permettra de mieux construire le sens de leurs
déclarations politiques.
La communication politique sera alors dotée de sa
lettre de noblesse au fur et à mesure que l'homme politique comprendra
que aspirer à la gestion de la chose publique revient à se doter
d'une capacité, non seulement, de convaincre ses potentiels
électeurs en leurs faisant des promesses sur sa gestion future, mais
aussi et surtout d'être à même de saisir que la
communication politique se déploie ou s'exerce sur deux axes bipolaires,
à savoir « L'axe horizontal qui va de l'action à la
réception ainsi que l'axe vertical qui part des arènes vers les
territoires48(*) ». Il s'agira en effet, pour l'homme
politique de jauger ses actions par rapport aux réactions des
électeurs et user des arènes dans des segments bien
ciblés.
En effet, André Gosselin pense que la communication
politique se déploie d'abord dans ce que l'on peut nommer des
territoires. Territoire pris comme aires géographiques ou
localités, bref des espaces habités. Cependant, lorsqu'il s'agit
de la communication politique des partis politiques, « les
territoires de la communication politique seraient alors relatifs aux facteurs
organisationnels, structurels, contextuels et événementiels qui
définissent les frontières des contraintes et des
opportunités des acteurs de la communication politique, notamment au
niveau de l'agir téléologique». Par ailleurs,
« les arènes de la communication politique sont
constituées par l'ensemble des dispositifs, des formules, des cadres,
des règles et des stratégies qui définissent les
situations d'interaction où les discours des acteurs politiques peuvent
se confronter, se diffuser publiquement et s'évaluer ».
Substituons de ce qui précède que l'arène concerne les
formes spécifiques qui caractérisent les messages de
communication politique : signaux, règles et stratégies qui
définissent les situations d'interaction entre les acteurs politiques et
les médias. Ceci constitue en effet, l'axe vertical de la communication
politique.
Nous pouvons ainsi tirer une conclusion qu'un territoire
donné de la communication politique peut s'exprimer ou comporter
plusieurs arènes partant des simples conférences de presse, des
émissions politiques, en passant par des colloques, des congrès
des partis, des débats et toutes les formes médiatisées
des rencontres, jusqu'au débat parlementaire. Ainsi, les acteurs qui
organisent leurs actions de communication politique pour un territoire
donné ou dans un champ d'activités donné peuvent en effet,
rencontrer, dans un même arène, des acteurs actifs et
compétents sur d'autres territoires.
D'où, la communication politique aura pour
fonction : Canaliser les actions des gouvernants, des acteurs politiques
et de tous ceux qui aspirent à une fonction publique afin d'être
compris, entendu, aimé, soutenu et copter par les gouvernés ou
tout simplement par la population. La communication politique permet aux
gouvernants et autres leaders politique d'informer les gouvernés des
différents enjeux et événements politiques. Bref,... la
communication politique permet l'équilibre ou la stabilité du
système politique en maximisant ses chances d'être maintenu en
place par la logique d'actualisation de ses atouts dans le champ politique.
Par ailleurs, quand en ce qui concerne l'axe horizontal de la
communication qui part de l'action à la réception ou
à la réaction, Gosselin la définie comme l'axe des
agir de la communication. A ce stade, il se représente la
communication politique comme un champ où se définissent, se
croisent et se mettent en oeuvre six formes d'agir, à savoir :
- Agir téléologique
- Agir axiologique
- Agir du type affectuel
- Agir par Habitus
- Agir dramaturgique
- Agir communicationnel.
1. Agir
téléologique :
Pour Gosselin la communication politique procède par
intention, calcul, stratégie et anticipation, notamment du
côté des acteurs publics de la politique. Nous pouvons dire
que l'agir téléologique présuppose des relations entre un
acteur et un monde d'états de choses existants. Il est question pour
tout acteur politique de savoir saisir l'opportunité de tout
événement qui pourrait surgir dans le champ politique, être
à même de manipuler les temps et les circonstances pour toujours
être au bon endroit, au bon moment.
Etre capable de repérer les détours, les
contours de toutes les circonstances politiques et en tirer profit afin de
maximiser ses chances, c'est-à-dire que l'acteur politique doit
être à même de construire le sens de ses activités
politiques par rapport au champ dans lequel il se trouve.
Enfin, il s'agit surtout pour l'homme politique de mettre en
place des stratégies, que ce soit des stratégies de communication
ou des stratégies politiques capables de soutenir sa démarche
politique. Il s'agit enfin des intentions et stratégies visant un
objectif, à l'instar de vote, le cas échéant.
2. Agir axiologique
La communication politique consiste ici à vouloir
faire naître des nouvelles valeurs et règles dans le jeu de la
confrontation des idées ou des idéologies par le biais des
médias. En effet, certains acteurs politiques pensent ou
s'estiment guidés par des valeurs, des normes ou une quelconque
éthique de conviction dans leurs agissements politique. A ce sujet, les
idées des autres, des adverses dans un champ électoral par
exemple, peuvent servir de soubassement dans le changement de l'orientation
de nouvelles stratégies pour l'un.
3. Agir du type affectuel
Il s'agit d'un type d'agir qui est de plus en plus
présent chez ceux qui débattent de la politique afin de
mettre en relief et de saisir les rares « instants de
vérité » où le comportement de l'homme politique
est à son naturel, c'est-à-dire, lorsqu'il dévoile un peu
de sa personne, de ses attitudes profondes et de ses sentiments
véritables. A cet effet, la communication politique n'est plus
seulement une action qui vise à présenter un acteur modeler,
construit à l'image de ce qu'on voudrait qu'il soit dans un champ
précis, mais elle consistera également à faire ressortir
le fin fond de la personnalité de l'acteur politique, d'autant plus
qu'à un certain moment de la vie politique, l'homme politique n'a plus
de vie privée étant un homme public.
4. Agir par Habitus
Il s'agit de savoir et de comprendre que du bord de la
réception comme de celui de l'action politique, des conduites non
nécessairement irrationnelles s'installent sans que l'acteur puisse
fournir un effort réflexif permanent sur le déroulement, le sens
et les conséquences de son action. Nous savons que selon Bourdieu
« l'habitus n'est rien d'autre que cette correspondance entre
structure mentale et structure objective du champ49(*)». Et le cas
d'espèce, l'agir de la communication politique devient une seconde
nature pour tout acteur politique qui se veut comme tel.
5. Agir dramaturgique
Le concept de l'agir dramaturgique peut être
d'autant plus intéressant en communication politique qu'il décrit
l'action de ceux qui cherchent à se mettre en scène et à
faire naître auprès de leurs vis-à-vis une image qu'ils
espèrent contrôler de leur mieux, en sachant très bien que
le public, lui, désir un accès plus direct à leurs
intentions, leurs pensées et leurs sentiments véritables.
6. Agir communicationnel
La communication politique de part le concept de l'agir
communicationnel permet de nous rendre intelligible la conduite de celui
qui, dans une situation d'interaction et, surtout d'interdépendance,
cherche à coordonner consensuellement ses plans d'action avec ceux des
autres, en visant une sorte d'intercompréhension afin de négocier
avantageusement pour des définitions communes des situations qu'ils
partagent.
Retenons que dans le champ de la communication politique,
toutes ces différentes formes d'agir communicationnelle que nous venons
de caractériser ne sont pas l'apanage des seuls gouvernants ou acteurs
qui luttent pour l'exercice du pouvoir. Bien évidemment, en ce qui nous
concerne dans cette étude, il est d'une importance capitale d'insister
sur le fait que nous sommes dans le champ électoral, ce qui place les
acteurs politiques en bataille dans une situation de préséance
par rapport aux autres catégories de la société notamment
les acteurs politiques, les citoyens et les intermédiaires issus de
l'univers médiatique, des sondages d'opinion et des agence-conseil en
communication des hommes politiques.
Comme nous l'avons stipulé peu avant, l'axe horizontal
de la communication part de l'action à la réception ou
réaction et Gosselin défini cet axe comme celui des agir de la
communication. A cet effet, parlant de la réception on peut le concevoir
aussi comme un agir car il s'agit du réagir où sont
également représentées six grandes formes de
réaction à une action de communication.
Ainsi, Gosselin estime que « le
récepteur peut en effet s'ouvrir à une communication aussi bien
dans une intention téléologique que dans un rapport
dramaturgique, autant par volonté axiologique que par désir
affectuel, et aussi bien dans un comportement par habitus que par un
idéal communicationnel ».
Nous référant de la manière dont l'agir
téléologique a été définie par Gosselin et
faisant une relation avec la position de celui qui subit les actions de
l'acteur politique engagé dans le contexte électoral, nous
pouvons dire que l'individu dans son rôle d'électeur peut chercher
à mieux connaître la position de chacun des candidats ou de chacun
des partis sur les enjeux qui l'intéressent. Cela sera d'une importance
capitale dans le choix qu'il devra opérer et qui maximiserait les
chances de la mise en application de la politique qui lui incombe la mieux, il
s'agit là de la réaction téléologique.
Le comportement d'un électeur peut aussi basculer vers
des valeurs et des normes, il s'agit là d'une réaction
axiologique, et n'est possible que si et seulement si, l'électeur
adhère aux promesses non seulement du candidat mais aussi de son parti
avec le sentiment que le devoir s'impose à lui, sans se soucier outre
mesure de la cohérence des fins entre elles, sans plus d'égard
quant à l'adéquation des moyens proposés avec les fins
réclamées, et sans même tenir compte de certaines
conséquences qui, pourtant, avec un minimum de réflexion, sont
prévisibles.
La réaction deviendra affectuelle quand il s'agira par
exemple pour un électeur, malgré le fait qu'il soit hautement
qualifié, scolarisé et même bien informé, basera son
choix électoral, non seulement sur la bonne connaissance des
protagonistes et de leurs projets de société, mais, il estimera
qu'il pourra se permettre d'arrêter son choix sur quelques attributs des
acteurs politiques.
Par ailleurs, le choix électoral s'interprétera
comme une réaction par habitus si l'individu appartient à une
catégorie sociale caractérisée par une identité
partisane se transmettant de génération en
génération.
Retenons tout de même qu'un tel choix n'est
nécessairement exempté de toute rationalité, car compte
tenu des dispositions personnelles et sociales de l'individu, il lui
paraîtra normal et raisonnable de voter comme ses proches ou ses
ascendants.
Les campagnes électorales étant parfois des
moments très intenses d'attention et d'intérêt du public
pour les affaires politiques, le chercheur pourra y voir, du côté
des électeurs, un modèle dramaturgique de comportement :
l'électeur fera naître chez la classe politique une certaine
impression de lui-même, en dévoilant plus ou moins
intentionnellement sa subjectivité, son degré de satisfaction ou
d'insatisfaction pour un régime, un gouvernement ou un parti politique.
Il s'agit d'une théâtralisation de la vie et du candidat et
des électeurs dans le champ électoral.
Le modèle de la réaction communicationnelle
pourra inspirer la conduite des électeurs et de la classe politique
dans les rares moments où des deux côtés on tente
d'élucider les mécanismes d'une intercompréhension
langagière idéale afin de définir conjointement, suivant
les critères de la vérité, de la justesse et de la
véracité, les situations communément
partagées. Il est question ici pour le candidat de trouver une
bonne orientation dans l'organisation de sa campagne afin d'arriver à
correspondre ses idées aux ententes des électeurs.
II.2. THEORIE DE L'ACTEUR
RESEAU
Tout acteur est un réseau et inversement. L'action
d'une entité du réseau entraîne la modification de ce
dernier; toute action impliquant l'ensemble du réseau a une incidence
sur les composantes du réseau. Dès lors, l'action n'a pas de
source précise, elle engage toujours une série d'entités
et mobilise la force collective que celles-ci représentent. La
stabilité relative d'un acteur-réseau peut à tout moment
s'effondrer si certains actants sont retirés du réseau.
Il ressort de ces théories que l'acteur politique
planifie ses actions en l'actualisant eu égard à
l'évolution du système et du champ dans lequel il se trouve et en
rapport aux réactions des électeurs.
A cet effet, la rationalité des acteurs est plurielle
autant que la pluralité d'intérêts. D'où, le concept
d'acteur tel que développé par Michel Crozier50(*) comme modalité de
pilotage de l'organisation ainsi que le concept de territoire avec ses rituels
qui y sont associés dans l'oeuvre de Goffman, certifie à
suffisance que la communication est un jeu fait d'enjeux qui se contextualisent
dialectiquement.
Ainsi, la théorie de l'acteur avec Crozier part du
principe de rationalité avec deux postulats à savoir le formel et
le substantiel.
A. La rationalité
formelle : Stipule que l'acteur n'agit que par rapport aux
normes. Le cas échéant, les acteurs engagés dans la course
au pouvoir sont censés se conformer :
- Aux lois électorales
- Aux lois régissant les partis politique dans le
pays
- Aux règles déontologiques de la communication
Ces principes sont renforcés par la théorie des
parties prenantes. Ces dernières sont définies par leur
intérêt légitime dans l'organisation. Ceci implique selon
elles, que :
- Les parties prenantes sont des groupes et des personnes ayant
des intérêts légitimes. Ils sont connus et
identifiés ;
- Les intérêts de tous les groupes de parties
prenantes ont une valeur intrinsèque.
B. La rationalité
substantielle : Il s'agit de la capacité de ce qui est
normatif pour faire face aux enjeux.
L'enjeu principal ici est la communication politique dans le
champ électorale. Ceci nous pousse à souligner la théorie
sur la communication électorale.
II.3. LA COMMUNICATION
ELECTORALE
La communication politique sur l'axe horizontal nous renvoi
dans les agir communicationnels qui incluent, et l'homme politique, et les
électeurs dans une situation d'échange communicationnel dans le
champ électoral. On peut ainsi parler de la communication
électorale.
La communication électorale, signale Lamizet est
l'ensemble des stratégies et des modes de représentation par
lesquels le candidat se donne une identité symbolique qui lui permette
de faire l'objet du choix de l'électeur. Il s'agit, en effet, de
faire connaître le candidat aux électeurs, à leur donner un
portrait et une consistance symbolique qui le fasse pleinement exister. Le
chargé de la communication du candidat fera de son mieux pour inculquer
au candidat une figure électorale qui permettra aux électeurs de
s'identifier à lui. Une figure qui donnera à
réfléchir l'image que l'on se fait du futur pouvoir qui sera mise
en place.
Par ailleurs, la communication électorale ne
s'arrête pas seulement à la fabrication de l'identité du
candidat mais également à susciter « le geste
électoral » de la part des électeurs. C'est au fait un
travail en amont qui prend corps dès la période
préélectorale. A ce stade on tente de signifier à
l'électeur l'identité politique dont lui-même est porteur
en tant qu'électeur. En ce sens, la communication électorale
institue l'électeur, Conclut Lamizet.
Il faut tout de même retenir que la communication
électorale est une représentation symbolique de l'institution
concernée d'autant plus que pour participer à une
élection, il faut savoir le pourquoi de ce vote. Qui l'on va vote ?
Pourquoi le vote t-on ? De quel mandat est-il question, de quels pouvoirs
et de quelles responsabilités seront investit les acteurs politiques que
l'on entend élire.
Ainsi la communication électorale a aussi pour
rôle d'éclaircir toutes ces questions afin d'orienter tant soit
peu le choix des électeurs.
A cet effet, les organes qui ont la charge de mettre en place
des stratégies de communication doivent tenir compte de tous ces aspects
afin de mieux maximiser les chances de leurs candidats. L'homme politique dans
la course au pouvoir devrait en tout état de cause mettre en place une
stratégie de communication qui part de l'enrôlement des
électeurs jusqu'au scrutin proprement dit.
II.3.1. Dimension
symbolique du processus électoral
Le processus
électoral requiert un sens fondamental, celui de faire exister
l'électeur dans le champ politique. En effet, le choix d'électeur
est dicté par l'identité politique qui correspond le mieux
à ses aspirations. Ce processus donne à l'électeur le
sentiment de son identité politique et de surcroît lui octroi une
position d'arbitre entre les challengers en course au pouvoir. D'où,
le sens du geste électoral institue pleinement l'identité du
sujet symbolique en occurrence de l'électeur, dit Lamizet.
Ainsi, l'activité du voté est enrobée du
strict respect du secret. En effet, le sens du secret est, de prime abord, pour
éviter les pressions individuelles et les représailles
éventuelles contre un électeur appartenant à un courant
politique en course et qui n'aurait pas voté comme il aurait fallu. Le
secret des urnes garantit le caractère identique et semblable de vote,
et, par conséquent, le scrutin, l'activité électorale,
constitue l'expression démocratique de l'ensemble indistinct de la
population politique. En faisant disparaître l'identité
singulière de chacun des électeurs dans l'expression collective
d'un vote indistinct, Lamizet souligne alors que « le secret
électoral fonde la dimension symbolique de la citoyenneté : c'est
le secret qui, en empêchant l'identification de tel ou tel vote, fait de
la consultation électorale une médiation d'expression de la
population toute entière, ce qui, par ailleurs garantit la
légitimité politique des candidats élus et, par
conséquent, leur garantit la pleine légitimité de leur
pouvoir, et la plénitude de son exercice ».
Nous pouvons ainsi dire que tout pouvoir politique ne peut
exercer son emprise sur la population sans qu'au préalable il
bénéficie de la volonté ou du consentement de cette
population. Aucun pouvoir aussi dictatorial soit-il ne peut continuer à
se maintenir par la seule force de l'armée et des services de
sécurité ou d'intelligence. En effet, la volonté de la
population ne peut s'acquérir que par la force des urnes.
II.3.1. Communication
Politique et le discours politique
Si dans les pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis, la
communication politique a une certaine envergure avec un passé
historique important, il n'en est pas ainsi en Afrique et plus
particulièrement en République Démocratique du Congo.
D'autant plus que la communication politique dans sa forme moderne a connu une
naissance et un développement beaucoup plus particulier. Cela peut
s'expliquer par le simple fait que la République Démocratique du
Congo a évolué pendant longtemps dans un régime
autocratique et dictatorial où le peuple n'a pas eu la chance de se
choisir ses dirigeants dans une élection libre et démocratique.
Pendant ce temps, il s'est plus développé une emprise sur la
conscience populaire, embrigadée dans une sorte de communication
individualiste des partis politiques.
En effet, les hommes politiques usent de toutes les astuces
possibles pour se faire remarquer, surtout par leur capacité de
convaincre le public avec des mots et des paroles convaincants, bref... avec un
discours politique soigneusement concocter qui accompagne l'essentiel de leurs
actions. A cet effet, le discours politique reflète alors
l'état du champ politique au moment où il est produit ainsi que
la position occupée, dans ce champ, par celui qui parle51(*). Il s'agit en effet
pour l'homme politique de donner un sens à ses dires, d'autant plus
qu'il détient la paternité de ce qu'il avance dans cet
environnement. Ainsi, le disions dans notre premier chapitre, la
compréhension d'un fait social n'est que le résultat d'une
construction de sens par l'acteur.
Par ailleurs, pendant une campagne électorale, ce
discours est revêtu d'une dimension qui lui accorde tout son
caractère démocratique. En effet, le discours politique selon Uli
Windish52(*) est un
discours essentiellement conflictuel. En démocratie on peut
cependant constater que le discours politique se déploie dans une
articulation entre consensus et conflit. Et Paul Ricoeur de souligner que
la démocratie n'est pas un régime politique sans conflit mais
un régime dans lequel les conflits sont ouverts et
négociables53(*).
D'où, le discours politique est pris comme une arme servant
à communiquer avec le public. Il vise à persuader, dominer,
combattre, lutter, vaincre, convaincre, résister ou se révolter,
bref à donner un sens à sa vision des choses, d'autant plus que
l'Acteur politique a toujours en face de lui une présence concurrente
d'un adversaire potentiel dans le champ politique. C'est ainsi qu'il est
souvent avancé l'idée selon laquelle, le discours politique est
un contre-discours54(*).
On sous entend alors que l'élaboration d'un discours
politique répond pour la plupart de cas à une parole, un geste,
une action, un message de la partie adverse ou de son concurrent. Il s'agit
souvent d'une réponse de manière chirurgicale au concurrent dans
le champ politique. Cela est plus fréquent, soit pour
récupérer une situation où l'on estime être mal
barré par la partie adverse, soit pour rejeter les accusations
portées contre soi, la réfuter ou carrément pour la nier.
Nous pouvons à notre niveau parler alors de discours polémique.
Ce dernier possède trois objectifs essentiels à savoir :
· Placer ses idées dans l'opinion publique en vue
de les faire admettre.
· Lutter contre les idées et les pensées
des concurrents par des arguments solides.
· Faire triompher ses idées par des paroles
probantes.
De ce qui précède, le discours politique est
toujours destiné à un public cible. Ce dernier de par son
écoute valide ainsi la communication dans une sorte de mise en
scène entre l'orateur qui est un politique et la population dans un
espace public. C'est ce que Lamizet qualifie de rhétorique
politique. Pour lui, la rhétorique est la politique de
l'immédiat. C'est dans l'immédiateté de la rencontre entre
un orateur et ses auditeurs que la rhétorique politique est mise en
oeuvre. Cette rhétorique est donc celle de la parole. Lamizet a
alors pensé que la rhétorique fait de la parole une
matière et une modalité de l'exercice du pouvoir. Ainsi, le
simple fait de prendre parole en public constitue déjà, pour
l'orateur, une appropriation de l'espace qui lui confère, en
général, une certaine autorité ainsi qu'une
visibilité particulière. A cet effet, en situation de
communication politique, on peut alors se demander si la maîtrise de la
parole ne confère pas une position de pouvoir, et si l'orateur ne
dispose pas d'un certain pouvoir par le seul fait de sa parole.
C'est qu'en réalité, comme toujours en situation
de communication, il revient à l'interlocuteur de donner un sens
à l'échange communicationnel, c'est l'interlocuteur qui
reconnaît en l'occurrence de par son écoute ou de par sa seule
présence, l'autorité de l'orateur.
Somme toute, le discours politique est pour la plupart de cas
la transformation de ce que pense, ce que dit et ce que fait la partie adverse.
On peut y déceler, des contre-vérité, des non dits et
même des pièges. D'où chaque partie, de par son discours,
vise la victoire de ses arguments, des ses idées eu égard
à son idéologie. Et Windish de conclure que le discours
polémique attaque généralement l'identité et la
crédibilité de l'adversaire et cherche à ternir son
image. C'est l'essence même de la communication de l'UN avec son
candidat Jean Pierre Bemba pendant la campagne du second tour de
l'élection présidentielle en RDC ce que nous démontrerons
plutard.
II.3.2. Les
différentes techniques du discours conflictuel.
L'élaboration d'un discours politique, mentionnions
nous, vise pour la plupart de cas à rétorquer à une
parole, à un geste, à une action, à un message de la
partie adverse ou de son concurrent. S'opposant ainsi à un discours
antérieur de son concurrent, le discours politique ne peut être
qu'un rectificatif, un justificatif, une donnée explicative ou de
contestation. Windish souligne qu'il peut s'agir du masquage ou
démasquage, de concession, de l'ironie et de la simulation, enfin, de la
stratégie de la guerre invisible.
A. Masquage ou démasquage :
Selon Windish, un discours conflictuel dissimule toujours
quelque chose, un venin pour détruire l'adversaire ou un élixir
pour séduire. Tous ces éléments visent, à cacher,
à masquer les faiblesses du locuteur, et tentent de fournir une bonne
image de ce dernier. Quand en ce qui concerne le démasquage, le discours
conflictuel chercher à porter à la connaissance du grand public
les limites du discours de son adversaire politique. On démasque pour
tenter de rétablir la vérité lorsqu'on l'estime
tronquée.
B. La concession :
C'est une stratégie qui laisse une ouverture et
acquiesce certains arguments de l'adversaire sans pourtant tout assumer. Et
enfin, miser sur ces arguments dans une manipulation pour préparer sa
revanche et cela dans une sorte de montage progressif des
éléments à charge qu'on donnerait un sens positif pour
soi.
C. L'ironie et la simulation
L'ironie sert à humilier la personne et/ou la
personnalité de l'adversaire. On s'active à le peindre comme
stupide et ridicule, tout en se présentant soi-même ouvertement ou
non comme intelligent et capable de relever le défi de
l'intellectualisme. Par ailleurs, la simulation prend ici plusieurs aspects.
Elle consiste autant à user du contexte ou de la situation
extralinguistique dans laquelle se déroule le conflit pour tourner en
dérisoire l'adversaire.
D. La stratégie de la guerre
invisible
C'est le cas ici des discours qui se développent sans
qu'aucune marque discursive ne le laisse entrevoir. Ici, la cible
n'apparaît jamais explicitement. Parfois, ce genre de discours adopte la
forme d'un discours didactique, informatif. C'est un discours simulacre.
II.3.3. Argumentation dans
le discours politique
L'élaboration d'un discours politique tient
également compte de l'argumentation de l'orateur. Des
éléments susceptibles de porter l'idéologie de l'homme
politique. A ce sujet, P.Breton et S.Proulx55(*) distinguent quatre formes d'argumentation dans
le discours politique. Il s'agit de :
- L'argumentation coopérative.
- L'argumentation orientée.
- L'argumentation manipulée.
- L'argumentation détournée.
A. L'argumentation coopérative
Elle vise à se faire comprendre. Elle est
caractérisée par l'honnêteté, la
fidélité et la rigueur. C'est une forme d'argumentation libre de
toute contrainte qui pourrait peser soit sur le message (déformation)
soit sur le sujet récepteur (en lui laissant la liberté
d'adhérer). Ce modèle d'argumentation est l'idéal de la
discussion démocratique où l'homme politique propose directement
à un citoyen bien informé et capable de recevoir un message sans
distorsion. Toutefois, signalons avec Breton et Proulx que l'argumentation
coopérative reste une « ligne d'horizon
idéale » à laquelle chacun doit se
référer et viser.
B. L'argumentation orientée.
Cette dernière est caractérisée par des
techniques d'amplification de
certains aspects et en minimise d'autres. Il s'agit de mettre
en valeur les qualités d'un message ou d'un candidat. C'est un
travail de recadrage pour obtenir la rétention de l'information
comme le souligne Watzlawick.
C. L'argumentation manipulée
Celle-ci se présente comme étant une technique
retrouvée généralement
dans la persuasion individuelle et dans la manipulation
collective. A cet effet, le message est intentionnellement
déformé en vue de parvenir à un objectif. Ce message est
diffusé avec une intense contrainte psychologique ou physique. Le but
étant d'enchaîner la volonté du récepteur et de le
faire adhérer par force ou par suggestion.
D. L'argumentation
détournée.
Cette dernière argumentation est plutôt menteuse
et trompeuse. L'information est travestie. L'objectif y est de tromper le
récepteur, lui faire adopter des comportements qui lui sont
défavorables.
II.3. OPERATIONNALISATION
DES CONCEPTS DE L'HYPOTHESE
Partant de notre hypothèse qui stipule que le sens de
la communication de l'UN a été subséquent au leadership
politique de l'acteur politique tel qu'il se déploie au sein du champ
politique. Les éléments du prestige personnel de l'individu ont
imprimé à la communication politique de la structure, ses
marques, déterminé la portée stratégique de la
structure politique. Ainsi, nous y soustrayons des concepts qui nous
permettront de faire notre opérationnalisation, à savoir le
champ, l'acteur, la communication et la stratégie.
Parler de champ pour désigner l'univers au sein duquel
se déploie l'activité politique, pour Christian Le Bart56(*), c'est
« suggérer que les stratégies poursuivies par les
acteurs politiques, les types de biens symboliques qu'ils produisent, qu'ils
distribuent ou qu'ils convoitent, les comportements qu'ils adoptent, sont
spécifiques à ce champ, et n'y prennent sens que
relationnellement ». De ce fait,
opérationnaliser le concept champ revient à intégrer des
dimensions, des composantes et des indicateurs. Ainsi, le concept champ selon
la théorie de Bourdieu tel que nous l'avons traité dans cette
étude peut être appréhendé à partir des
dimensions politiques, économiques et culturelles, lesquelles dimensions
ont pour composantes internes et externes. Cela comporte alors comme
indicateurs la présence d'acteur, de structure, d'institution, des
règles et des ressources. Ainsi, pour toute définition
opératoire, le champ est pris comme une dimension politique qui se
déploie avec une présence d'acteur, de structure, d'institution
et des règles, tant à l'interne qu'à l'externe.
Ce qui précède se résume dans ce
schéma d'opérationnalisation
Schéma N°1. Opérationnalisation du
concept Champ.
CONCEPT
|
DIMENSIONS
|
COMPOSANTES
|
INDICATEURS
|
- Champ
|
- Politique
- Economique
- Culturelle
|
- Interne
- Externe
|
- Présence d'acteur
- Présence de structure
- Présence d'institution
- Présence des règles
- Présence des ressources
|
Tel que nous l'avons spécifié
précédemment, tout champ soit-il politique, économique ou
culturelle a comme un des indicateurs la présence de l'acteur.
Cependant, l'acteur considéré ici par Michel Crozier comme
modalité de pilotage de l'organisation devient en soi un concept auquel
faut associé des dimensions, des composantes et des indicateurs. Ainsi,
l'acteur peut se mouvoir dans une visibilité ou invisibilité de
façon hégémonique ou subalterne avec multiples
capacités d'influence, de manipulation, de négociation et
même de disponibilité de subordination. A cet effet, nous pouvons
spécifier qu'un acteur est un agent qui opère dans une instance
de façon visible ou invisible dans la possibilité finalisant ses
actions. Une affirmation qui peu se résumer dans le schéma
suivant.
Schéma N°2. Opérationnalisation du
concept Acteur
CONCEPT
|
DIMENSIONS
|
COMPOSANTES
|
INDICATEURS
|
- Acteur
|
- Visible
- Invisible
|
- Acteur Hégémonique
- Acteur Subalterne
|
- Capacité d'influence
- Disponibilité de subordination
- Capacité de négociation
- Capacité de manipulation.
|
Par ailleurs, comme nous l'avons suggéré, le
comportement qu'adoptent les acteurs au sein d'un champ ne sont que
spécifique à ce champ et n'y prennent sens que relationnellement.
C'est-à-dire qu'il y a échange entre les acteurs de la
communication ce qui nous pousse à opérationnaliser aussi le
concept communication qui existe au sein de ce champ. Ainsi, eu égard
à notre recherche, la communication se déploie ici dans un champ
électoral où ses dimensions peuvent bien être verbale ou
non verbale et cette communication peut se déployer à l'interne
et à l'externe. De ce fait, la communication dans le champ
électorale a comme indicateurs non seulement les déclarations
politiques, les meetings, les conférences de presse mais aussi les
gestes, la présentation physique, les affiches et les imprimés.
Nous pouvons alors établir cette définition opératoire
à savoir dans un champ électorale, la communication est soit
verbale ou gestuelle et se déploie tant à l'interne qu'à
l'externe de la structure avec des déclarations politiques, des
meetings, des conférences où le gestuel occupe une place
prépondérante.
Ce qui précède nous permet d'établir le
schéma ci-après :
Schéma N°3. Opérationnalisation du
concept Communication
CONCEPT
|
DIMENSIONS
|
COMPOSANTES
|
INDICATEURS
|
Communication
|
Communication verbale
Communication non verbale
|
- Interne
- Externe
|
- Les déclarations
- Les réunions
- Les meetings
- Les conférences
- Les gestes
- La présentation
- Les affiches
- Les imprimés
|
Le dernier concept de notre hypothèse est la
stratégie. En effet, la stratégie est l'art de coordonner des
actions, de manoeuvrer habilement pour atteindre un objectif.57(*) Pour Habermas la
stratégie est l'ensemble des règles qui président au choix
rationnel58(*). Ainsi, ce
concept, en rapport avec notre étude, peut avoir plusieurs dimensions
notamment la dimension politique, culturelle et économique. Partant de
la dimension politique, la stratégie renvoie à une planification
des ressources, à la disponibilisation de l'information, à
l'identification des objectifs, au pilotage, au changement, à la
sélection des acteurs et détermination temporelle qui sont pris
ici comme des indicateurs. Cependant, le concept stratégie a des
composantes tels téléologique, idéologique et
opérationnelle celle-ci renvoie à l'actualisation des
idées qui ont été conçues, ainsi que la composante
prospective qui met en exergue la capacité de questionner. Elle permet
à l'acteur de pouvoir anticiper en terme de gestion des incertitudes.
Enfin la composante rétrospective, celle-ci renferme à la fois
l'aspect de projet, car tout acteur politique en principe doit avoir une vision
en amont.
Ceci nous instigue d'établir le schéma
ci-dessous.
Schéma N°4. Opérationnalisation du
concept Stratégie
CONCEPT
|
DIMENSIONS
|
COMPOSANTES
|
INDICATEURS
|
-Stratégie
|
- Politique
- culturelle
- Economique
|
-Téléologique
-Idéologique
-Opérationnelle
-Prospective
-Rétrospective
|
-Planification des ressources.
- Disponibilisation de l'information
- Identification des objectifs.
-Pilotage
-Changement
-Sélection des acteurs
- Détermination temporelle
|
II.4. CONCLUSION
PARTIELLE
Ce premier chapitre nous a permis de circonscrire les concepts
de base qui ont constitué l'ossature de notre étude et nous a
également donné l'opportunité d'asseoir les bases des
théories qui sous tendent notre étude. Ainsi, il s'est agit de
prime abord de fournir des définitions des concepts Communication
politique, Champ électoral, Alliance politique et Campagne
électorale ensuite de déballer la théorie de champ et de
l'acteur réseau. Ainsi, nous sommes arrivés à souligner
que la communication politique vise à canaliser les passions politiques
au profit d'une idée, d'un homme, d'un parti. Elle comprend une
communication globale et une communication électorale de plus en plus
encadrée juridiquement et financièrement et cela n'est valide que
dans le champ électoral où les acteurs politiques se retrouvant
dans une alliance engagent des activités symboliques dans le cadre de
l'organisation d'un scrutin. Etant en présence des activités des
acteurs politiques dans un champ électoral, c'est ce qui a
justifié le choix de la théorie du champ selon Bourdieu et de
l'acteur réseau selon Crozier pour mener cette étude. Ainsi, ces
théories nous ont permis d'opérationnaliser les concepts de notre
hypothèse. Laquelle opérationnalisation nous permettra de
vérifier cette hypothèse dans notre troisième chapitre.
CHAPITRE DEUXIEME :
PAYSAGE POLITIQUE ET EMERGENCE DE L'UNION POUR LA NATION
Au lendemain de son accession à l'indépendance,
la République Démocratique du Congo est tombée dans une
crise de légitimité du pouvoir. Cette crise de
légitimité a reçu sa lettre de noblesse avec
l'arrivée au pouvoir de Joseph Désiré Mobutu après
son coup d'Etat militaire de 1965.
Après 32 ans de règne du pouvoir dictatorial
avec le Maréchal Mobutu, un autre pouvoir illégitime s'est
installé en chassant celui de Mobutu le 17 mai 1997. C'est
l'avènement de l'Afdl avec Laurent Désiré Kabila. Joseph
Kabila, le fils du président assassiné le 16 Janvier 2001,
succède a son père, la continuité de
l'illégitimité du pouvoir est assurée.
Ce cycle des pouvoirs illégitimes en RDC fut alors un
des alibis majeurs de toutes les forces rebelles qui ont plongé le pays
dans la crise depuis 1996.
Ainsi, sous impulsion de la communauté internationale,
un accord a été arraché entre les protagonistes en 1999,
c'est l'accord de Lusaka. Celui-ci ouvrit le chemin vers le dialogue, rendu
possible, par l'arrivée au pouvoir de Joseph Kabila en 2001. Les
négociations qui se sont poursuivies pour aboutir à l'accord
global et inclusif en décembre 2002 ont permis de mettre autour d'une
table toutes les sensibilités politiques du pays dans le pays de Nelson
Mandela.
Sun city a été une étape décisive
dans la normalisation de la situation en RDC, car l'accord qui y a
découlé a permis une gestion consensuelle de la chose publique en
RDC par les ennemis d'hier ; à savoir le gouvernement de Joseph
Kabila, le MLC de Jean Pierre Bemba et le RCD/Goma avec toutes ses forces
dissidentes à savoir le RCD/N de Roger Lumbala et RCD/KML de Mbusa
Nyamwisi ainsi que la société civile et certaines entités
notamment les maï maï.
Comment a alors été le paysage politique
congolais à l'issue de ces négociations ? Comment les
formations politiques ont géré cette période
préélectorale afin de préparer l'avènement de la
troisième République ? C'est de cela que nous tenterons d'en
parler dans le présent chapitre. Loin de nous la prétention de
toucher tous les aspects de cette période, nous nous focaliserons
à décrire en plus bref la configuration de champ politique
congolais post Sun City. Ce qui nous permettra de trouver une explication quand
à l'émergence de certaines formations politiques congolaises.
II.1. CONFIGURATION DU
CHAMP POLITIQUE CONGOLAIS POST SUN CITY
Il aura fallu une dizaine d'année pour voir la RDC
engagée, s'il faut le dire, sur le chemin de la paix. L'accord global et
inclusif de Sun City en est le monteur principal. Il a permit la mise en place
d'un gouvernement d'Union nationale avec un système hors du commun, le
1+4. Ce système devrait prendre fin à l'issue de l'organisation
des élections présidentielles et législatives.
A. Les missions et l'environnement politique de la
Transition
Mise en place pour une durée de deux ans avec la
possibilité d'une double prolongation de six mois, le gouvernement
d'union nationale mise en place en juin 2003 issue des négociations de
Sun City s'était assigné comme objectifs, notamment :
- La pacification du Pays
- L'unification de l'armée nationale
- L'organisation des élections démocratiques
Ces objectifs cadraient bien évidemment avec la
situation du pays d'autant plus que ce gouvernement était composé
des chefs de guerre des milices responsables de la seconde guerre en RDC
(Août 1998).
Il fallait à tout prix arriver à une
normalisation de la situation. De ces objectifs, l'organisation des
élections passait par-dessus tout car, face aux enjeux de l'heure et de
la configuration de la classe politique du pays, et surtout de la crise de la
légitimité du pouvoir, la bonne tenue du processus
électoral constituait donc un premier pas pour résoudre cette
question de légitimité.
En effet, l'avènement de la transition post Sun City
libéralisait la scène politique de tel enseigne que les
activités politiques connurent une expansion accrue. Avec plus de 250
partis politiques, la scène politique congolaise affichait une
configuration d'une lutte de positionnement pour les uns et de repositionnement
pour les autres.
Comme nous l'avons mentionné ci-haut, la classe
politique était divisée. D'un côté, les
ex-belligérants qui se sont retrouvés aux commandes des affaires
de la République et de l'autre côté ceux qui se
considéraient comme une force d'alternative et un contre poids à
savoir l'opposition non armée ainsi que la société civile.
Toutes ces forces en présence ont contribué dans
la mise en place du gouvernement d'Union Nationale qui donnait l'occasion
à une gestion consensuelle entre les belligérants. Mais force est
de constater que ce gouvernement avait du mal à atteindre les objectifs
qu'il s'était assigné.
Premièrement en ce qui concerne la pacification du
pays, le gouvernement 1+4 n'a pas été en mesure de neutraliser
toutes les milices qui ont ensanglanté le district de l'Ituri. Par
ailleurs, une grande partie du Nord et Sud Kivu est restée sous la
menace permanente des Forces Démocratique pour la Libération du
Rwanda, le FDLR et les interamwe, sans parler de plusieurs autres forces
maï maï qui ont conservé toutes leurs capacités de
nuisance pendant cette période.
Secondement en ce qui concerne l'unification de l'armée
nationale, le système 1+4 et son gouvernement d'union nationale devrait
en principe, au terme de trois ans de transition, mettre en place une
armée intégrée et républicaine qui mettrait
ensemble toutes les forces en présence. Ce qui n'a pas été
fait a confirmé Jean Pierre Bemba lors de son entretien avec la presse
le 14 octobre 2006. Il s'agissait notamment de mettre sous un même
commandement militaire les éléments venus des forces
armées du Congo (FAC) l'armée gouvernementale, les
éléments de l'ALC, l'aile militaire du MLC et ceux de l'ANC les
combattant du RCD-Goma. Il fallait également intégré dans
cette armée républicaine, outre les ex-FAZ (l'armée de
Mobutu), les éléments du RCD/KML de Mbusa Nyamwisi, ceux du RCD/N
de Roger Lumbala ainsi que tous les groupes des combattants patriotes maï
maï. Ce qui a eu du mal pour se concrétiser. Nous en prenons pour
preuve des combats qui se sont déroulés dans la capitale le jour
même de la promulgation des résultats du premier tour des
élections présidentielle. Des combats qui ont eu lieu en pleine
ville entre les gardes du président Joseph Kabila et ceux du vice
président Jean Pierre Bemba. En effet, les deux hommes d'états
ont pendant toute la période de transition jusqu'aux élections
entretenu leurs hommes comme une milice refusant de les intégrés
au sein de l'armée républicaine.
Troisièmement en ce qui concerne l'organisation des
élections, le gouvernement d'union nationale y est parvenue grâce
au soutient de la communauté internationale à travers la
structure mise en place au lendemain des accords de Sun City à savoir le
CIAT, (comité international d'accompagnement de la transition.
Ainsi donc, malgré le climat affiché d'une
gestion consensuelle, la classe politique congolaise a été
marqué par :
- La méfiance entre les politiques
- Le sentiment d'exclusion dans le chef de certaines
sensibilités politiques
- Le sentiment de trahison
En effet, la réconciliation entre les parties a eu du
mal a être totale, la
méfiance était telle que chaque
personnalité politique conservait à grande partie sa force
militaire. Quand bien même, il y a eu certains éléments qui
ont été envoyés dans les centres de brassage, plusieurs en
effet n'avaient pas fait le déplacement de centre de brassage. En plus,
il n'y jamais eu une cérémonie officielle de la mise en commun
d'arsenal militaire de chaque faction.
Ces sentiments étaient plus visibles entre Joseph
Kabila et Jean Pierre Bemba. En effet, la tension ne semblait pas être au
beau fixe depuis la difficile mise en application de l'accord cadre conclut
entre le MLC et le gouvernement congolais au terme des travaux de Sun City.
Accord qui accordait la primature à Jean Pierre Bemba sous la
présidence de Kabila. Un accord qui pourtant a été
rejeté par le RCD et certains partis de l'opposition. Ces derniers
s'étaient organisés en Alliance pour la Sauvegarde du Dialogue
intercongolais. A l'occasion on a vu Etienne Tshisekedi se rendre au Rwanda
pour la mise en place de cette structure sous le parrainage des
autorités Rwandaises. Ce que les congolais ont très mal
digéré.
Pour le MLC, quand bien même l'idéal était
la magistrature suprême, le fait d'accepter la primature dans un
gouvernement consensuel était une expression de bonne volonté
pour une sortie heureuse du dialogue et par ricochet arriver à mettre
fin au conflit armé en RDC. Toutefois, le MLC n'aura jamais
pardonné au gouvernement Kabila la non application de cet accord.
La méfiance entre les deux hommes s'était accrue
avec l'arrivée des échéances électorale. Jean
Pierre Bemba se présentant comme le challenger important et
sérieux, n'était pas d'odeur de sainteté dans le chef de
Joseph Kabila. Leur arrivée au second tour de l'élection
présidentielle n'a fait que corroborer cette thèse. La
méfiance entre les deux hommes était au paroxysme de tel enseigne
que le débat décisif qui devrait avoir lieu le 26 octobre 2006
soit trois jours avant le scrutin ne s'est pas tenu.
Le sentiment d'exclusion aurait gagné une partie de
l'opposition non armée. En effet, le fait que Etienne Tshisekedi
l'ancien opposant congolais s'est retrouvé en marge du processus
électoral, une grande partie de ses partisans au sein de l'UDPS ont
pensé à une machination du pouvoir pour mettre hors course leur
leader.
Il y a eu également des sentiments de trahison dans le
chef de certains hommes politiques. Par exemple, Théodore Ngoy qui a
participé aux négociations de Sun City sous le Label du
gouvernement Kabila, s'est vite désillusionné à cause de
ses prises de position contre la nouvelle dictature qui semblait s'installer au
pays.
II.2. EMERGENCE DE L'UN
C'est dans ce climat politique de non atteinte de certains
objectifs de la transition que la classe politique congolaise s'est
retrouvée embarquée dans le processus électoral. En effet,
la période électorale est souvent marquée par des intenses
activités des partis politiques. Chaque parti attend conjugué ses
efforts pour s'octroyer un nombre important d'électeur afin de briguer
le pouvoir. C'est ainsi que le MLC avec son leader Jean Pierre Bemba se sont
investi dans la lutte au pouvoir. Arrivée en seconde position au premier
tour, Jean Pierre Bemba a été admis au second tour de
l'élection présidentiel. A cet instant il devenait
impérieux pour Jean Pierre Bemba de chercher du soutient auprès
d'autre formation politique pour tenter d'arracher des voix. C'est ainsi que
fut crée la plate forme Union pour la Nation.
II.2.1 Création
Samedi 23 septembre 2006 la plate forme politique Union pour
la Nation faisait sa sortie officielle dans l'enceinte de la Foire
Internationale de Kinshasa (Fikin). Il s'agissait au fait d'une grande
coalition qui naissait des cendres du Regroupement des nationalistes congolais
(Renaco) qui avait soutenu la candidature de Jean Pierre Bemba au premier tour
de l'élection présidentielle de 2006.
Cette structure qui venait de naître avait la
particularité de drainer derrière Jean Pierre Bemba non seulement
un nombre important de partis politiques mais surtout une dizaine des candidats
malheureux au premier tour de l'élection présidentielle, parmi
lesquels, Roger Lumbala du RCDN, Joseph Olenghankoy du Fonus, Pierre Anatole
Matusila (indépendant), Christophe Mboso N'kodia Mpwanga (CRD) ;
Kamanda wa Kamanda (FCN), Vincent de Paul Lunda Bululu du RSF, Raphaêl
Alafuele Kalala Mbuyi (RNS), Osée Muhima (indépendant), Nzuzi wa
Bombo (MPR/Fait privé), Justine Mpoyo Kasa-Vubu (MD) et Wivine N'Landu.
L'Union pour la Nation a également
bénéficié du soutient du fils aîné de
l'opposition Congolaise l'UDPS, l'Union pour la démocratie et le
progrès social d'Etienne Tshisekedi ainsi que de l'UREC le parti cher au
candidat malheureux à la présidentielle, Oscar Kashala. Ces deux
dernières formations politiques n'ont pourtant pas signé l'acte
constitutif mais ils ont exprimé leur soutient au candidat Jean Pierre
Bemba en appelant leurs militants à voter massivement pour ce qu'ils
qualifiaient de changement.
Jean Pierre Bemba lui-même, dans son discours,
justifiait la constitution de cette grande coalition politique en ces
termes : « Le défi qui nous est lancé
aujourd'hui, à l'occasion de ce second tour de l'élection
présidentielle est celui de savoir si les dirigeants congolais sont
capables de redonner la dignité au peuple congolais, par un projet
mobilisateur et rassembleur contre l'exclusion de toute sorte...l'Union pour la
Nation se veut d'abord comme un espace d'ouverture sur l'ensemble du pays et
que de ce fait elle est l'affirmation responsable de l'identité du
congolais en tant que peuple libre et uni, refusant les germes de la division.
L'ambition de l'UN est de sceller une véritable réconciliation
nationale par un gouvernement d'union nationale rassemblant, aussi bien les
forces politiques qui n'ont pas participé ni à la transition ni
au processus électoral que ceux contre qui il a été
dressé des obstacles pour participer au processus en cours 59(*) »
II.2.2 Organisation
De sa structure, la plate forme Union pour la Nation est
composée d'un coordonnateur, d'un directeur de campagne et de deux
adjoints dont l'un est en même temps le porte-parole de la coalition. Le
porte-parole de son côté est secondé par trois adjoints. La
plate forme compte également un secrétariat permanent
composé d'un titulaire et d'un adjoint. On retrouve également au
sein de l'Union pour la Nation, un rapporteur général et un
adjoint.
Comme nous l'avons mentionné un peu plus haut, la
formation politique UN est une coalition des partis politiques et pour se faire
les animateurs de cette coalition ont été désignés
dans le sens de rassembler tous les courants et toutes les tendances au sein de
l'équipe dirigeante. Ainsi, le secrétaire général
du MLC François Mwamba Tshishimbi est le coordonnateur de l'Union pour
la Nation. Joseph Olengankoy leader du Fonus a été
désigné le directeur de la campagne, secondé par deux
adjoints Fidèle Babala et Théodore Ngoy, ce dernier est
également porte-parole de l'Union. Roger Lumbala du RCD/N et Justine
Kasa vubu, ainsi que Eva Bazaiba de l'UDPS, sont désignés
porte-parole adjoints. Le secrétariat permanent de l'Union est
assuré par Wivine N'landu. Elle est secondée dans ses fonctions
par Médard Mulangala Lwakabuanga. Delly Sesanga et Bofasa Djema sont
respectivement rapporteur général et rapporteur
général adjoint de l'Union pour la Nation.
II.2.3. Objectifs
De par sa conception, l'Union pour la Nation, s'était
assignée comme objectif premier, porter au pouvoir Jean Pierre Bemba
candidat du Mouvement de Libération du Congo, challenger au
président sortant Joseph Kabila. Cela dans le but de mettre en place un
pouvoir légitimé par le peuple, tout en scellant une
réconciliation nationale avec toutes les tendances et tous les courants
politiques du pays, cela par la mise en place d'un gouvernement d'union
nationale.
Il faut ajouter à cela d'autres objectifs qui se
trouvent être consignés dans le projet de société du
MLC, à savoir :
- La conquête et de l'exercice du pouvoir en vue de
la promotion des valeurs démocratiques;
- L'instauration d'un Etat de droit, laïc et
garantissant le respect des libertés fondamentales,
l'intégrité du territoire, la souveraineté nationale et la
concorde entre les Congolais de toutes les Régions, de toutes les races,
de toutes les ethnies, de toutes les religions et de toutes les opinions;
- La promotion par l'éducation, la formation et
l'emploi de la ressource humaine nationale en général, de la
femme et des jeunes en particulier;
- La lutte contre la pauvreté et pour le
développement du Congo en lui assurant une croissance forte et durable
dont le moteur sera l'activité privée couplée à la
bonne gouvernance de l'Etat ;
- La coopération mutuellement avantageuse avec tous
les pays frontaliers, sous régionaux, les autres pays africains et ceux
du reste du monde épris de paix et de justice.
Tous ces objectifs trouvent leurs fondements dans l'histoire
même de la constitution de ce parti politique qui a commencé par
être un mouvement politico-militaire. Dans l'historique du MLC on peut
lire ce qui suit « Pour réussir son combat, le MLC
s'appuie non seulement sur le rassemblement de toutes les forces vives
désireuses de participer à la promotion du peuple congolais par
la création d'un environnement stable, des conditions de vie et de
travail décentes, mais également sur l'émergence de
nouveaux dirigeants qui doivent se distinguer par leur compétence, leur
intégrité, leur probité et leur patriotisme60(*)».
II.2.4. Stratégie de
communication
Comme nous l'avons précédemment
mentionné, la stratégie est l'art de coordonner des actions,
de manoeuvrer habilement pour atteindre un objectif, Pombo Ngunza pour sa
part pense que la stratégie est « un ensemble
cohérent de décision qu'on propose de prendre face aux diverses
éventualités qu'on est conduit à envisager tant du fait
des circonstances extérieures qu'en vertu d'hypothèse portant sur
le comportement d'autres agents intéressés par des telles
décisions61(*) ».
Il transparaît de toutes ces définitions une
idée de mise en commun de conception, d'idée et d'action en vue
de l'obtention d'une satisfaction eu égard à ses objectifs.
Employer alors ce schème dans le domaine de l'organisation, il
désigne toute planification d'opération d'une certaine envergure
à chaque niveau de commandement au sein de l'organisation. C'est alors
qu'on peut parler de la stratégie de communication.
Soulignons cependant que l'organisation d'une
société est le fait de la communication qui circule dans ce
système. C'est ce que Aimé Kayembe qualifie de
théorie de l'organisation par la communication62(*). En effet, la bonne
gestion de la communication au sein d'une société définie
la structure qui y est développée. La communication permet la
bonne marche de chaque structure au sein de la société. Elle
régule les relations existantes entre les membres. Elle donne la
possibilité à chaque membre d'émettre ses idées,
ses ambitions, ses entendements, sa vision afin de contribuer à la bonne
marche de l'organisation.
La bonne gestion de la communication permet, par ailleurs, une
bonne relation entre la base, c'est-à-dire les membres effectifs et la
classe dirigeante. La circulation de la bonne information au sein d'une
organisation oriente les actions des uns et des autres et coordonne les
activités de l'organisation dans le souci majeur d'atteinte des
objectifs assignés. Il s'agit au faite qu'à chaque niveau
hiérarchique de l'organisation, l'information soit la même pour
éviter certains malentendus qui peuvent conduire à la
déstructuration de l'organisation. Chaque individu du groupe doit
connaître, par les informations qu'il a, ce que l'organisation attend de
lui. Quelle est sa part de responsabilité dans la conjugaison d'effort
commun pour l'atteinte du but de l'organisation. Que doit-il faire ou ne pas
faire ? De quelle nature doit être sa participation ? Ce qui
revient à ce que nous baptisons ici «La gestion des
ambitions des uns et des autres ».
Cette étape est très cruciale pour toute
organisation, d'autant plus qu'à chaque niveau de responsabilité
si un individu ne saisi pas le pourquoi de sa présence, cela risquerait
de compromettre ses actions. Le danger serait de voir les actions entreprises
se tourner contre l'idéal de l'organisation et tendre vers la chute de
celle-ci. D'où, il convient de retenir que gérer les actions, les
ambitions, les desiderata des uns et des autres revient à jouer à
l'homéostasie, c'est-à-dire, gérer les tendances de
changement des uns et les tendances de maintien des autres dans le but
évidemment de la pérennisation de l'organisation.
Ainsi, en scrutant la documentation de l'UN nous nous sommes
aperçus de prime abord que la plate forme a été mise sur
pied par la force des choses avant la campagne du second tour de
l'élection présidentielle de 2006. Ce faisant, tous les membres
avaient pour mission de conjuguer des efforts afin de mobiliser la
majorité de la population à voter pour le candidat de l'Union
pour la Nation. La mission incombait donc à tout militant de tous les
partis alliés de l'UN où qu'il se trouvait de sensibiliser ses
compatriotes pour voter « utile ». Il était
donc question de mettre en application l'agir téléologique qui
voudrait à ce que l'homme politique repère les détours,
les contours de toutes les circonstances politiques et cherche à en
tirer profit afin de maximiser ses chances.
Ainsi, la stratégie de communication politique de l'UN
n'était pas toute faite. Cependant, c'est dans la construction du sens
dans les actions menées par la plate forme que nous nous sommes rendus
compte que pendant cette campagne la stratégie jugée la plus
efficace pour l'UN était celle de responsabiliser chaque leader des
partis membres afin de maximiser ses atouts dans son fief d'origine où
il est censé occuper la place du leader d'opinion le mieux
écouter.
Il s'agissait donc de miser sur la notoriété de
chaque leader dans sa province d'origine afin de donner un caractère
national au candidat de l'UN.
Ainsi, au-déla du fait que l'UN rassemblait au moins
dix candidats malheureux au premier tour des présidentielles, ce qui
était d'un poids non négligeable eu égard à leur
représentativité sur l'échelle national, l'UN avait aussi
largué sur le terrain des candidats députés provinciaux
avec la même mission.
C'est ce qui, quelque part, a justifié la nomination
d'Olenga Nkoy au poste de directeur de Campagne de Jean Pierre Bemba. L'UN
faisait foi à la force mobilisatrice du leader du Fonus dans la
capitale.
Par ailleurs, pour le katanga le leader du MLC a placé
sa confiance sur le Pasteur Théodore Ngoy.
Conscient du poids de son challenger au Katanga, le leader du
MLC et candidat de l'UN Jean Pierre Bemba a adjoint au Pasteur Théodore
Ngoy, une autre personnalité de taille, non seulement, par le fait qu'il
soit l'un des challenger à la magistrature suprême au premier
tour, mais surtout par sa notoriété sur le plan politique dans le
pays. Il s'agit de l'ancien premier ministre Vincent de Paul Lunda Bululu.
La bataille dans la partie Est du pays et plus
particulièrement dans les deux kivu, se présageait rude pour
l'UN. La stratégie consistait à utiliser un fils du terroir avec
la possibilité d'entrer en contact avec les autochtones dans les coins
et recoins de la province. Pour se faire, le candidat de l'UN avait
confié cette lourde charge à l'ancien ministre de l'environnement
pendant la transition Anselme Enerunga. Son choix s'étant
justifié par son statut d'un des leaders de l'alliance des patriotes mai
mai, un mouvement très présent dans les deux provinces.
Au centre du pays, c'est-à-dire dans les deux
Kasaï, les deux candidats au second tour des présidentielles
devraient s'expliquer devant une population acquise, presque en
majorité, à la cause de l'Udps d'Etienne Tshisekedi wa Mulumba
pourtant écarté de la course. La situation se compliquait
d'autant plus que pour la population kasaïenne, l'éviction de leur
leader naturel était l'oeuvre de ceux qui venaient solliciter leur
mandat. C'est ce qui a expliqué quelque part le vote sanction au profit
d'Oscar Kashala au premier tour de l'élection présidentielle.
D'où, pour le MLC et l'Union pour la Nation, la stratégie au
second tour était de mettre au devant de la scène les lieutenants
qui pouvaient avoir la possibilité de drainer la population au profit de
son leader.
Jean Pierre Bemba avec sa plate forme Union pour la Nation
pouvait, d'une part, compter sur le soutient de l'Urec d'Oscar Kashala qui n'a
pas adhéré à l'UN mais a lancé un mot d'ordre de
vote à ses partisans au profit de Jean Pierre Bemba. Et aussi compter
sur l'Udps qui ne s'étant pas prononcer officiellement, mais on a vu sa
bannière flotter aux côtés des autres bannières de
l'UN lors de la sortie officielle de la plate forme à la foire
internationale de kinshasa. Toutefois, l'Union a aligné, dans sa
stratégie aux Kasaï, au premier plan Roger Lumbala le patron du
RCD/N et candidat malheureux au premier tour des présidentielles. Ayant
perdus au premier tour, Roger Lumbala a pourtant été voté
député national dans son fief, ce qui a prouvé a
suffisance sa place auprès de ses frères du Kasaï. Ce
dernier avait la charge de convaincre ses pairs que les temps ont changé
et que le moment était venu pour confier la destinée du pays
entre les mains de quelqu'un aux origines non douteuses.
L'Union a part ailleurs misé sur la
notoriété de son secrétaire général
François Mwamba qui se trouve être en même temps le
coordonnateur de la plate forme Union pour la Nation. François Mwamba
constituait la force du MLC dans le Kasaï oriental.
La stratégie de l'UN consistait également
à ratisser au sein de l'opposition dite radicale du lider maximo Etienne
Tshisekedi. Et pour se faire, la présence de Bomanza aux
côtés de Jean Pierre Bemba en tant que conseiller était
d'un atout majeur dans cette entreprise.
Nous l'avons susmentionné, la stratégie de
l'Union pour la Nation consistait à responsabiliser chaque leader pour
mener la campagne au nom du candidat de la plate forme dans son fief.
A cet effet, tout au long de sa campagne, l'Union pour la
Nation a développé en son sein, une stratégie de
communication laquelle tournait autour de la personne de son leader Jean Pierre
Bemba. Il s'agissait d'enrober la personnalité du candidat au vu des
membres de tel enseigne que tous intériorisent le fait que l'image de
Jean Pierre Bemba ne peut souffrir d'aucune faille dans les esprits des uns et
des autres. On faisait passer par-dessus tout, l'essentiel d'information en
rapport avec la victoire recherchée de leur candidat. Ainsi donc, il
s'agissait plus d'une valorisation de Jean Pierre Bemba au-delà
même de la plate forme. Toute la communication était construite
sur le leadership de Jean Pierre Bemba, de tel enseigne que son propre discours
était considéré comme un discours fédérateur
à l'égard de la plate forme Union pour la Nation. Les
éléments du prestige personnel de Jean Pierre Bemba notamment son
niveau intellectuel, ses avoirs économiques, son passé politique,
son identité politique et sociale, sa vision du futur de la RDC, ses
ambitions dans la gestion de la chose publique ont imprimé à la
communication politique de la structure, ses marques, et
déterminé la portée stratégique de l'Union pour la
Nation. Ceci typifie en quelque sorte les stratégies de communication
des partis politiques congolais pendant la période
préélectorale et la période électorale, où
presque toute la communication a été individualisée. C'est
ce que nous déballerons dans notre troisième chapitre lorsque
nous scruterons l'actualisation de la communication de l'UN pendant la campagne
électorale.
Toutefois, l'Union pour la Nation qui a misé sur la
stratégie de mettre en évidence le poids politique de ses membres
afin de soigner son image à l'extérieur pendant la campagne,
devrait en principe mieux structurer son système de communication
à l'intérieur du champ. Cela d'autant plus que, comme nous
l'avons précédemment, évoqué un champ ne peut
fonctionner que s'il trouve des individus socialement prédisposés
à se comporter en agents responsables, à risquer leur argent,
leur temps, parfois leur honneur ou leur vie, pour poursuivre les enjeux et
obtenir les profits qu'il propose.
Cependant, cela ne peut advenir que si les objectifs
poursuivis sont clairement définis et compris par tous les membres et
aussi, si les intérêts des uns et des autres sont pris en compte.
Il s'est avéré qu'au sein de l'UN ce qui a
primé c'est ce que nous avions évoqué. Ceux qui dominent
dans un champ donné sont en position de le faire fonctionner à
leur avantage. En effet, tout concourait au bien de Jean Pierre Bemba candidat
à la présidence. Tous les membres avaient l'insigne honneur de
faire la part du Lion au candidat président et par ricochet à son
parti le MLC. Une logique qui a même prévalu pendant les
élections des gouverneurs des provinces. On a vu que de trois provinces
où l'UN avait la majorité aux assemblées provinciales elle
a pourtant perdu deux provinces au profit de l'AMP. Ceci s'explique par le fait
que ceux qui dominent doivent, en tout état de cause, toujours compter
avec la résistance, la contestation, les revendications, les ambitions
et les prétentions politiques ou non des dominés. Si Jean Pierre
Bemba quand bien même vaincu au second tour, a su maximiser son score qui
est passé de 20 à 42%, d'aucuns pensent qu'il le doit à la
coalition. Ainsi, ce qui de droit devrait leur revenir en guise de
récompense serait de voir une représentation substantielle des
membres de l'UN dans les listes des candidats au gouvernorat. Cela n'a pas
été le cas.
Ainsi le disions nous, si un individu ne saisi pas le pourquoi
de sa présence au sein d'un champ cela risquerait de compromettre ses
actions. La suite n'a été plus que logique, les membres de l'UN
qui n'ont plus retrouvé leurs intérêts ont carrément
tourné le dos au MLC. Le cas le plus flagrant était celui de
Kinshasa où l'UN détenait la majorité à
l'assemblée provinciale. Le même scénario de la mauvaise
gestion des ambitions s'est déroulé au Bas Congo et dans le
Kasaï orientale.
Ainsi, nous le rappelons, gérer les actions, les
ambitions, les desiderata des uns et des autres revient à jouer à
l'homéostasie, à l'équilibre, c'est-à-dire,
gérer les tendances de changement des uns et les tendances de maintien
des autres dans le but évidemment de la pérennisation de
l'organisation.
Ce qui précède prouve à suffisance que la
gestion de la communication n'était pas à la hauteur des
attentes. En effet, la bonne gestion de la communication au sein d'une
société définie la structure qui y est
développée, car comme nous le disions un peu plus haut, la bonne
communication régule les relations existantes entre les membres, elle
donne la possibilité à chaque membre d'émettre ses
idées, ses ambitions, ses entendements et sa vision.
II.3. CONCLUSION
PARTIELLE
Ce second chapitre s'est articulé autour de
l'émergence de la plate forme Union pour la Nation dans l'environnement
politique congolais post Sun City. Nous avons, non d'une manière
exhaustive, scruter la scène politique congolaise ainsi que toute les
étapes qui y ont caractérisé les partis politiques
congolais. Dans le lot nous avons spécifié l'environnement dans
lequel la plate forme Union pour la Nation a été
créée et se faisant nous avons ressorti les stratégies de
communication mise en place par la plate forme UN pendant la période
électorale. Cela nous a permis de nous rendre compte que l'Union pour la
Nation avec son candidat Jean Pierre Bemba ont battit leurs stratégies
dans l'acteur en maximisant les atouts d'un chacun et en les responsabilisant
dans la construction de l'image du candidat de la plate forme.
CHAPITRE TROISIEME :
COMMUNICATION POLITIQUE DE L'UN : Particularités et Pathologies.
Il sera question dans le présent chapitre de faire
l'interprétation et la vérification de notre hypothèse en
scrutant la communication politique de l'UN pendant la période
électorale, tout en nous servant de l'approche et de la méthode
qui sous-tendent notre recherche à savoir le constructivisme et la
méthode interprétative selon l'herméneutique de Paul
Ricoeur.
Le premier part du postulat selon lequel le sens n'est pas un
donné mais un construit, une émergence par rapport au contexte,
le second qui est au faite une science ou tout simplement une technique
d'interprétation des textes. Le texte, ici, selon Paul
Ricoeur, peut bien être, autant un écrit qu'une action, si ce
n'est le cours même de l'histoire, le cas échéant, la
période électorale.
Partant de notre hypothèse qui stipulait que le sens de
la communication de l'UN était subséquent au leadership politique
de Jean Pierre Bemba tel qu'il se déploie au sein du champ politique, de
tel enseigne que ses éléments du prestige personnel ont
imprimé à la communication politique de la structure, ses
marques, et ont déterminé la portée stratégique de
la structure politique, nous tenterons de trouver des éléments
explicatifs à cette hypothèse pour soit de l'affirmer ou de
l'infirmer. Ensuite, nous tenterons de donner quelques pistes pour mieux
conduire la communication politique pendant une campagne électorale tout
en tenant compte et de la structure politique et de l'acteur politique.
III.1. COMMUNICATION
POLITIQUE DE L'UN : Particularités
Comme évoqué dans la partie
introductive de cette étude, il s'avérait indispensable de
ressortir de la communication politique de l'UN pendant cette campagne, les
aspects qui y ont prévalu notamment l'aspect idéologique. Il
s'agit ici de souligner les déterminants dans l'élaboration et la
construction de l'image, et du candidat et de la plate forme qui le soutient.
C'est ce qui nous permettra de parler de différentes images de Jean
Pierre Bemba et de la manière dont sa plate forme a construit sa vision
idéologique dans son projet de société. Il sera aussi
question de voir le contexte dans lequel la communication a
évolué au sein de la plate forme Union pour la Nation. Ceci nous
permettra de déceler le type hégémonique qui a
embrigadé la communication autour de la personne de Jean Pierre Bemba.
Enfin, nous scruterons l'aspect technique qui est la
capacité programmatique de la plate forme dans sa lutte
communicationnelle d'avec le challenger en vue. Cependant, tout ceci
s'explique dans les quatre dimensions de la construction du sens de la
communication politique de l'UN pendant la campagne électorale au second
tour à savoir :
- L'aspect identitaire qui met en exergue l'opposition
autochtonie et allogenie entre Jean Pierre Bemba et Joseph Kabila.
- La rivalité technocratique qui met en évidence
le niveau intellectuel des candidats.
- L'originalité de projet de société,
laquelle se fonde sur les idéologies de l'un et l'autre.
- La purification des candidats. Celle-ci, en effet, a pour
objectif de chercher à créer au sein de l'opinion publique un
sentiment de compréhension à l'égard de ces deux
candidats qui ne sont pas totalement saints.
III.1.1. ASPECT
IDENTITAIRE : Opposition Autochtonie et Allogenie
Dans la logique d'actualisation de la communication politique
pendant la campagne électorale, l'Union pour la Nation avec son leader
Jean Pierre Bemba ont premièrement basée l'essentiel de leur
adresse sur l'aspect identitaire. Cette question a eu des germes depuis
l'après premier tour de l'élection présidentielle avec la
configuration qui s'est dessinée pendant le vote. Joseph Kabila
plébiscité à plus de 80% dans la partie Est, tandis que
Jean Pierre Bemba a tenu le flambeau dans la partie Ouest du Pays.
Ainsi, à l'Union pour la Nation, la présence
de Jean Pierre Bemba au second tour de l'élection présidentielle
n'était pas seulement une occasion pour mettre un terme à ce
qu'ils qualifiaient de « pouvoir illégitime de Joseph
Kabila », mais aussi une occasion propice pour la population
congolaise de remettre sa destinée entre les mains d'un fils du Pays.
Lors d'une rencontre avec les candidats provinciaux de l'Union
pour la Nation samedi le 7 octobre 2006 dans la salle Cinépolis à
Kinshasa, Joseph Olenga nkoy alors directeur de la campagne de Jean Pierre
Bemba dans sa causerie dite de « réarmement
moral » soulignait en disant que la présence de Jean
Pierre Bemba au second tour était un sursaut d'orgueil national.
Un sursaut d'orgueil national parce que, à l'Union
pour la Nation, il fallait à tout prix vendre l'image d'un Jean Pierre
Bemba fils du pays, d'autant plus que déjà la question sur
l'origine de Joseph Kabila n'était pas tout à fait
élucidée dans le milieu politique tant national qu'international.
L'Union pour la Nation s'est saisi de la question pour y asseoir de prime abord
l'essentiel de sa communication politique.
Nous le disions précédemment avec Windish que
le discours polémique attaque généralement
l'identité et la crédibilité de l'adversaire et cherche
à ternir son image. En effet, l'UN est parti d'un Slogan
teinté de l'autochtonie à savoir « Mwana
Mboka » traduisez « fils du pays »
qu'il a collé à la personne de Jean Pierre Bemba donc à un
autochtone de la RDC. Cela pour faire une différence d'avec le candidat
Joseph Kabila que l'Union présente comme un non originaire, un nouveau
venu, un allogène.
Pour se faire, nous soulignons ici quelques faits qui ont
émergés au sein de l'opinion publique et ont permis à l'UN
de se baser sur la question de la nationalité de Joseph Kabila et ainsi
construire sa stratégie communicationnelle sur le thème de la
« Congolité ».
Il y a premièrement la question des Banyamulenge, ces
congolais d'expression Rwandaise présent dans le Nord et le Sud Kivu
dont la visibilité sur le plan national et international s'est accrue
avec l'arrivée au pouvoir de l'AFDL en 1997 avec Laurent
Désiré Kabila soutenu par la coalition armée
Rwando-Ougandaise. D'aucuns assimilaient carrément les Banyamulenge qui
se sont retrouvés dans les rangs de l'AFDL aux militaires de l'APR,
l'Armée patriotique Rwandaise. Cette question a été au
coeur des débats politiques dans le pays de tel enseigne que certains
politiciens présentaient les deux provinces du Kivu comme des provinces
infiltrées par des non originaires.
A la foulée, le mythe qui a entouré pendant un
long moment les origines de Joseph Kabila a donné libre cours aux
spéculations. Lesquelles spéculations ont été
enrichies, par moment, par les déclarations des journalistes
étrangers à l'instar du Belge Colette Braeckman qui avaient mis
en doute ce qu'ils qualifiaient de la
« congolité » de Joseph Kabila lors de son
arrivée au pouvoir en 2001. En effet, on peut lire dans le journal en
ligne lesoftonline.net du 30 janvier 2004 ce qui suit « Le 26
janvier 2001, Joseph Kabila succède à son père. Notre
consoeur belge (Collette Braeckman) n'a pas hésité, six jours
auparavant, de relayer l'humeur de l'opinion congolaise du moment en
écrivant que le nouveau président était mal accepté
du fait des origines tutsies de sa mère. Ce qui n'était pas
faux. Le fils du président est à moitié tutsi, ce
qui n'améliore pas sa popularité à Kinshasa,
écrivait-elle dans «Le Soir» daté du 20 janvier 2001.
Une semaine après, la journaliste change de version («Le Soir»
du 26 janvier 2001) et soutient, sans transition, que la mère de Joseph
«est bien Congolaise». Elle s'appelle Safi Mahanya, membre de la
tribu bango-bango du Maniema.63(*)». Une déclaration qui jeta le
pavé dans la mare d'autant plus que Collette Braeckman
bénéficiait, à l'époque, d'un crédit plus
élevé dans la société intellectuelle congolaise
épris de la survie de la démocratie dans l'ex-zaïre.
Le mystère autour de la personne de Joseph Kabila a
été si grand qu'il a fallu attendre la
généalogie64(*) tracée par Célestin Kabuya Lumuna Sando
pour avoir une idée sur les origines du candidat président Joseph
Kabila mais cette généalogie n'a pourtant pas
élagué le problème.
Ainsi, à l'Union pour la Nation, l'étiquette
trouvée a été celle de « Mwana
mboka » traduisez « Fils du pays »
pour enterrer définitivement l'adversaire. Il s'agissait au faite
pour l'UN d'insister premièrement sur le fait que son candidat est fils
du terroir, c'est-à-dire un natif du pays, celui qui a laissé des
traces par son parcours et qu'on pourrait les reconstitués sans trop de
peine. Deuxièmement, de présenter son candidat comme candidat du
pays ou tout simplement défenseur du pays face au candidat des
étrangers. Et troisièmement, prouver au public que ce candidat
est aussi Kinois, donc qui connaît les us et coutume de la capitale
congolaise dans toutes ses formes et reformes.
Donc, l'UN a mis en exergue les traces laissées par
Jean Pierre Bemba dans le pays avec une biographie claire et précise,
d'une originalité sans faille. Né à Bokada dans
l'Equateur, il fit ses études secondaire au Collège Boboto
à Kinshasa, donc Kinois avec la mentalité kinoise et s'exprimant
aux kinois avec leur langue, le Lingala.
Signalons enfin que le concept « Mwana
mboka » est souvent opposé à celui de
« Mowuta ». L'UN a usé de presque toutes les voies
de communication avec son discours monté sur la question identitaire
pour inculquer dans l'opinion publique la non-originalité congolaise de
Joseph Kabila. En se servant par exemple des médias de masse pour la
vulgarisation de ce thème de campagne basé sur l'identité
des candidats. L'UN a même sponsorisé une chanson qui passait en
boucle pendant la campagne sur les antennes des radios du MLC à travers
le pays. L'essentiel du message dans cette chanson reprenait le thème de
Mwana mboka. Par exemple cet extrait : « ...Miba e
e Miba, basili bateka, mabele ma Katanga basili bateka, ba oyo baya koya
balinga koteka, botikela nsomi ya mboka asimba ekolo akamba aaa... ».
Le MLC avec l'Union pour la Nation ont même mis en place
une sorte de « vade mecum » qui devrait dicter le choix des
électeurs congolais. On pouvait lire sur ce document en ce qui concerne
la question identitaire ce qui suit :
Aux élections présidentielles, Moi
Congolais, je choisirai :
- Entre quelqu'un qui a une nationalité douteuse et
un vrai Congolais, je voterai mon Compatriote.
- Entre quelqu'un qui présente des parents douteux
et celui qui a des parents officiellement déclarés, je voterai le
second.
- Entre celui qui ne maîtrise pas l'histoire
politique du Congo et celui qui en parle à son aise, je voterai le
second.
- Entre celui qui vit en RDC depuis moins de 10 ans et
celui qui y est né, qui y a grandi et qui y a toujours vécu, je
voterai le second.
- Entre celui qui parle une langue nationale avec un
accent étranger et le Congolais qui n'a pas d'accent, je voterai le
second65(*).
L'Union pour la Nation étant une plate forme politique
ayant regroupé en son sein un nombre important des leaders politiques,
elle a également épousé certaines idéologies de ses
membres dans sa lutte pour la magistrature suprême. Ainsi, par exemple,
le vocable de « grand Nsoso » traduisez
« Grosse Poule » opposer au
« Ndeke » traduisez
« L'oiseau » a trouvé toute sa raison
d'être à ce second tour de l'élection
présidentielle. Pour l'UN la destinée du pays ne pouvait
être confié à celui qu'on considère comme un oiseau.
Toute la philosophie ici réside dans la perception
qu'on se fait de « Nsoso » et de
« Ndeke » de la construction de sens que l'on
fait. Selon Olenga Nkoy directeur de campagne de Jean Pierre Bemba, sa
philosophie rimait à ce qu'il qualifié de la
« vente du pays entre les mains des ceux qui peuvent se
volatiliser dans la nature à tout moment ». L'Union pour
la Nation avait ainsi l'insigne honneur de militer pour que soit accordé
à Jean Pierre Bemba beaucoup trop de crédit en tant que fils du
terroir capable de relever le défi de la protection de
l'intégrité territorial et de ce fait s'opposer à ceux qui
en veule à l'unité du pays.
Ainsi, dans notre introduction nous faisions allusion aux
aspects de communication qui ont prévalu au sein de l'UN lors de la
campagne électorale en soulignant premièrement l'aspect
idéologique. Ceci revient, comme nous l'évoquions, à
déterminer l'idéologie qui a prévalue dans la mise en
place de la plate forme politique en soi. En scrutant cette formation politique
eu égard au système de communication emprunter pour sa
communication politique, comme nous l'étalons dans ce chapitre, nous
nous sommes rendu compte de prime abord que toute l'idéologie
était basée sur la personne de Jean Pierre Bemba.
A cet effet, Jean Pierre Bemba conscient du poids politique et
de la personnalité qu'il incarnait, tentait à tout prix de
répondre de par son image à la personnalité lui construite
par l'Union pour la Nation. Pourtant interrogé par Philippe
Perdrix66(*) de Jeune
Afrique sur le fait que certains observateurs relevaient le thème
xénophobe de la « Congolité » qui
caractérisait l'essentiel de la campagne de l'UN, Jean Pierre Bemba nia
catégoriquement en disant : « C'est faux, nous
n'exploitons pas ce thème » cependant après lui
avoir fait remarqué que si ce n'est pas directement lui qui le fait
c'est certainement son entourage. Jean Pierre Bemba déclina la
responsabilité tout en soulignant que « À la
limite, je ne suis pas responsable de ce que disent mes
proches » et de contre attaquer « Je
déplore beaucoup de choses, la manipulation et les campagnes de
diabolisation dont je suis victime. Je déplore les accusations
portées contre moi qui sont entretenues par le président Joseph
Kabila » Ceci prouve à quelques égards que Jean
Pierre Bemba usait ici de l'argumentation manipulée où le message
est intentionnellement déformé en vue de parvenir à un
objectif. Il fallait à tout prix renvoyé sur l'adversaire ce dont
on lui collait pour s'attirer la sympathie des électeurs, d'autant plus
que le discours politique sert également pour contre attaquer les
avances des adversaires.
III.1.2. RIVALITE
TECHNOCRATIQUE
Les techniques de discours conflictuel nous renseignent que
l'ironie sert à humilier la personne et/ou la personnalité de
l'adversaire. On s'active à le peindre comme stupide et ridicule, tout
en se présentant soi-même ouvertement ou non comme intelligent et
capable de relever le défi de l'intellectualisme.
En effet, outre la question identitaire, la communication de
l'Union pour la Nation pendant la campagne électorale au second tour de
l'élection présidentielle, s'est enrobée du niveau
intellectuel de son candidat Jean Pierre Bemba.
Détenteur d'une licence en science commerciale et
consulaire de l'ICHEC, Institut catholique des hautes études
commerciales de Belgique, doublé d'un brevet de pilote de Boeing et
d'une expérience d'homme d'affaire à la tête de la
société de télécommunication Comcell ainsi
qu'à la tête des affaires familiale à savoir
Scibe-Zaïre, Jean Pierre Bemba a fortement misé, lors de cette
campagne, sur son niveau intellectuel tout en présentant son adversaire
comme de loin inférieur à lui.
Certaines de ces activités pendant cette campagne ont
témoigné de sa volonté manifeste d'étaler à
la place publique l'incapacité intellectuelle de Joseph Kabila. Nous le
disions tantôt que les politiques usent de l'ironie pour tourner au
ridicule son adversaire en s'affichant soi même comme la personne la plus
intelligente et capable de faire mieux.
Et pour soutenir cette thèse focaliser sur le niveau
intellectuel des candidat, nous reprenons ce que nous avons qualifié un
peu plus avant de « vade mecum » de l'UN destiné
à la population où il est écrit :
Aux élections présidentielles, Moi
Congolais, je choisirai :
- Entre celui qui n'a jamais achevé ses
études et celui qui a obtenu son diplôme, je voterai le
second.
Ainsi, toute la force communicationnelle de l'UN sur ce point
s'était focalisée sur le débat décisif qui devrait
avoir lieu entre les deux candidats le 26 octobre 2006 soit, 3 jours avant
l'élection. Déjà en prélude, Jean Pierre Bemba
avait organisé un entretien le 14 octobre 2006 soit deux semaines avant
le scrutin avec la presse67(*). L'équipe de la campagne du leader de l'UN a
soigneusement fait une sélection de la presse, ainsi trois journalistes
ont été choisis pour cet entretien à savoir Willy Kalengay
d'Antenne A, une chaîne de télévision indépendante
de Kinshasa, Serge Mulumba de la chaîne kabiliste RTGA, appartenant
à Pius Muabilu, député Pprd à la nouvelle
assemblée nationale, et Jérôme Sekana de l'agence Galaxy.
Ce choix a été stratégique afin de prouver à
l'opinion publique qu'il ne s'agissait pas d'un montage, ni d'une manipulation
encore moins d'un scénario monté de toute pièce pour se
faire accréditer.
Lors de cet entretien Jean Pierre Bemba a usé de
« l'ante occupatio » comme disent les Latinistes.
Il s'agissait pour lui d'anticiper sur les éventuelles questions sur
lesquelles pourrait tourné le débat et déjà
déblayer le terrain. Une manière pour lui de prouver à
l'opinion qu'il a une maîtrise suffisante des problèmes qui se
posent à la nation. Il était également question pour le
leader du MLC d'étaler ses capacités intellectuelles, sa
maîtrise des chiffres, ainsi que ses capacités de trouver des
solutions aux problèmes de paix dans la partie Est du pays, aux
problèmes d'eau et d'électricité à donner à
la population. Par des calculs simples, Jean Pierre Bemba a fait une petite
démonstration en matière de l'électrification de presque
toutes les villes et tous les territoires du pays. On pouvait l'écouter
dire en peu de mot «On pourra, dans un bref délai, assurer
l'électrification rapide de notre pays. En attendant, j'ai
proposé à la population ce qui est faisable : mettre en
place dans tous les territoires qui n'ont pas de courant des groupes
électrogènes de 500 Kwa immédiatement. Ca ne coûte
pas plus de 80.000 dollars... ». Et quand on lui pose la
question sur la fourniture du carburant qui pourrait à la longue se
poser avec acuité, Jean Pierre Bemba rétorque avec un petit
calcul pratique « ...80.000 dollars pour le groupe
électrogène multipliés par plus ou moins 150 territoires
qui ne bénéficient pas du courant électrique, on a
9.000.000 de dollars. C'est à la portée de l'Etat.
Deuxièmement, ces groupes-là consomment en moyenne 20 litres
à l'heure lorsqu'ils sont en surcharge. Si dans un premier temps, vous
décidez de donner le courant pendant 8 heures par jour, par groupe
électrogène, on a un fût par jour. 150 fûts par jour
multipliés par 200 dollars le fût, on a un total de 30.000 dollars
par jour multipliés par 30. Ça fait 900.000 dollars. Est-ce que
vous savez ce que coûtent les frais de mission dans ce pays par
mois ? On peut couper ces frais de mission pour répondre aux
besoins de la population. C'est encore une fois de plus une question de
volonté politique. » Au vu de la classe pensante de
l'Union pour la Nation, son leader devrait entrer dans des moindres
détailles, ce qui en principe pourrait faire mouche dans le camps
adverse d'autant plus qu'on ne reconnaissait pas cette capacité dans le
chef de son adversaire.
En effet, certains acteurs politiques pensent ou s'estiment
guidés par des valeurs, des normes ou une quelconque éthique de
conviction dans leurs agissements politiques. Nous l'évoquions
précédemment lorsque nous parlions des agir communicationnels.
Cette façon de faire c'est ce qu'on a appelé agir axiologique. Il
en est question dans cette adresse de Jean Pierre Bemba. Estimer ses atouts,
son bagage intellectuel tout en sous-estimant son adversaire. Le but
étant d'influencer l'électeur qui au finish pourrait orienter sa
réaction en tenant compte des valeurs et des normes étaler par le
candidat qui a fait montre d'une dextérité intellectuelle sans
faille pendant la campagne. Cela n'est possible, nous l'avons dit, que dans le
cas où l'électeur adhère aux promesses, non seulement, du
candidat, mais aussi, de son parti avec le sentiment que le devoir s'impose
à lui, le devoir de voir le pays être dirigé par quelqu'un
qui incarne les valeurs intellectuelles, sans se soucier outre mesure de la
cohérence des fins entre elles, sans plus d'égard quant à
l'adéquation des moyens proposés avec les fins
réclamées.
Dans cette rivalité technocratique, l'équipe de
la campagne du leader de l'Union pour la Nation a mis en place une série
de descente dans certaines institutions d'enseignement supérieur et
universitaire de Kinshasa. Le but étant d'entrer en contact avec
l'électorat intellectuel. Ainsi, Jean Pierre Bemba a eu un face à
face avec les étudiants de l'Université de Kinshasa, Unikin, et
ceux de l'Université protestante au Congo, l'UPC. Ces deux rencontres
d'avec les étudiants consistaient pour le leader de l'UN de placer
très haut la barre face à son adversaire. Une manière
d'insister sur le fait qu'il possède les Us et coutumes universitaires.
C'était aussi une méthode pour lui de se synchroniser avec le
public intellectuel. Une entreprise qui selon l'UN ne serait pas aisée
pour l'adversaire Joseph Kabila.
Ce qui précède, nous plonge en effet, dans ce
que nous pouvons ici qualifier de l'aspect instrumental qui a
caractérisé la communication politique de l'Union pour la Nation
pendant cette campagne. Il s'agit au fait de la capacité programmatique
de la plate forme dans sa politique de lutte communicationnelle avec le
challenger en vue. Ainsi, la préparation psychologique de l'opinion
publique par, d'une part, la descente du candidat parmi la jeunesse
intellectuelle, notamment dans deux Universités de la capitale et
d'autre part, par le face à face avec la presse que l'équipe de
la campagne qualifie d'indépendante, laisse entrevoir la cible que
privilégie la plate forme en guise de la préparation du
débat décisif annoncé.
L'Union pour la Nation avait compris que tout se jouerait au
niveau de l'intellectualisme et il fallait à tout prix chercher à
casser certaines barrières qui pourraient encore exister dans le chef de
la classe qui en principe est censé suivre dans son fond et dans sa
forme le débat entre les candidats au second tour de l'élection
présidentielle.
Pour Jean Pierre Bemba et sa plate forme le débat
décisif était l'occasion unique à ne pas négliger.
Et enfin mettre un terme à ce que le secrétaire
général adjoint du MLC Thomas Luhaka a toujours appelé en
langue lingala « Chance eloko pamba » ce qui
signifie pour lui que Joseph Kabila sans suivre un cursus normal s'est
retrouvé à la tête du pays pas la magie du hasard.
D'où, il fallait désormais que le peuple sache quelle est la
capacité intellectuelle de celui à qui on voudrait confier la
destinée du pays, quel est son niveau d'étude et quelles sont ses
aptitudes dans la réflexion pour trouver des solutions aux
problèmes de la nation. Et non plus avoir affaire à quelqu'un
dont l'appréciation de certaines situations du pays laisse à
désirer. C'est ce que nous avions qualifié avec André
Gosselin de l'agir téléologique. En effet, l'homme politique doit
en toute circonstance savoir saisir l'opportunité afin de mettre en
place des stratégies de communication ou des stratégies
politiques capable de soutenir sa démarche en politique. Il s'agit enfin
de savoir agencer des paroles de promesse pleine de crédibilité
aux yeux de l'instance citoyenne.
III.1.3. ORIGINALITE DE
PROJET DE SOCIETE
La communication politique nous renseigne qu'il est important
que l'homme politique se synchronise avec son public. Il s'agit là d'une
manière la plus puissante pour la construction de son image. Se
synchroniser avec ses potentiels électeurs permet à l'homme
politique de créer un sentiment de proximité avec le public. Cela
fait de lui, l'homme qui connaît mieux les problèmes de la
population, ses attentes et ses aspirations. Ce que Robert Larsonneur
spécifie en ce terme se synchroniser c'est mettre en avant ce qui
nous ressemble et dans le cadre de la psychologie humaine ce qui nous
rassemble. Au fait, que les gens se le disent : Il est proche des gens,...
il est abordable,... il me comprend, ...nous partageons la même vision
des choses68(*).
Selon Larsonneur, il s'agit donc de la synchronisation sur la manière
dont les gens vivent et se représentent ce qui les entoure. C'est
l'affaire de programmes, ce qui préoccupe la population. C'est ce qu'on
qualifié de projet de société.
En effet, toute formation politique engagée dans la
course au pouvoir doit, en tout état de cause, présenter un
projet de société. Lequel programme devrait être
présenté à la population. Ce qui les instiguera, soit
à adhérer à ce projet et par conséquent voter pour
le candidat qui une fois élu les mettra en pratique, soit à les
rejeter et par conséquent ne pas voter pour le candidat avec des
idées qui ne répondent pas aux aspirations et attentes de la
population.
Ainsi donc, l'Union pour la Nation a également
basé sa communication politique sur l'originalité de son projet
de société. Loin de nous la prétention d'analyser ici tout
le projet du MLC et par ricochet de l'UN mais faire un parallélisme
entre son projet et celui de l'AMP afin de ressortir ce qui en a
constitué l'originalité sur laquelle s'est focalisée la
communication de l'Union pour la Nation pendant cette campagne.
Il faut tout d'abord retenir que les hommes politiques usent
de l'agir téléologique lorsqu'il s'agit pour eux de
repérer les détours, les contours de toutes les circonstances
politiques afin d'en tirer profit et tenter de maximiser ses chances. Ainsi
donc, en présentant un projet de société, tout acteur
politique tente de passer en revue tous les contours de la vie courante en
proposant des solutions à travers un programme bien établi et
souvent avec un chronogramme bien défini.
A cet effet, signalons de prime abord que l'idéologie
du MLC selon son projet de société repose sur la
Démocratie au plan politique, le Libéralisme au plan
économique, la Solidarité au plan social et L'humanisme au plan
philosophique69(*).
Selon ce document, le MLC et par ricochet Jean Pierre Bemba et la plate
forme qui le soutient, dans le domaine de la politique attend garantir le
respect des libertés fondamentales, l'intégrité du
territoire, la souveraineté nationale et la concorde entre tous les
congolais. Par ailleurs, le MLC est favorable à la double
nationalité. Toutefois, il exige que la nationalité soit une et
exclusive pour ceux qui sont appelés à assurer la magistrature
suprême. Ceci soutient en effet, l'idée de la question
identitaire. Il saute aux yeux que le MLC fait de la position d'autochtonie de
Jean Pierre Bemba une question majeure qui devrait en tout état de cause
booster le choix des électeurs. Toujours dans le domaine politique, le
MLC opte pour un régime semi-présidentiel et pour le
bicaméralisme afin de consolider l'unité et la cohésion
nationale.
Cependant du côté PPRD avec son candidat Joseph
Kabila, toute l'idéologie est construite sur la sociale
démocratie dans un Etat unitaire fortement décentralisé
où le régime est présidentiel. Nul part le PPRD fait
allusion à la question identitaire comme c'est le cas côté
MLC.
De ce qui précède, les deux parties ont
construit leur communication politique dans une rivalité qui trouve
comme pour fondement les projets de société. Le MLC qui a
toujours cru que son projet de société a même
été à la base du DSRP, ce document stratégique pour
la réduction de la pauvreté en RDC qui prône le
libéralisme économique et politique. A cet effet, le MLC
considère le PPRD comme un parti populiste qui n'a pas de contenu
opératoire réel. C'est donc, un parti qui ne peut pas être
à même de résoudre le problème de la population et
répondre aux attentes des électeurs. Pour le MLC, la sociale
démocratie prôner par le PPRD est une manière polie de
ramener la population en réalité dans un type dirigiste. Il
s'agit au fait d'une variable du populisme qui ne valorise pas la
liberté et qui exploite l'ignorance de la masse et en fait un fond
politique qui menace ceux qui possèdent.
Mais de son côté, le PPRD considère le MLC
avec son libéralisme économico-politique comme un parti du type
bourgeois. Un parti qui ne prend pas en compte les populations démunies
et qui accorde la part du Lion aux opérateurs économiques
privés. Pour le PPRD, la masse populaire ne peut accorder des
crédits à un parti, à une plate forme, à un
candidat qui ne pense qu'aux riches. Avec l'état actuel des choses, le
PPRD craint que les privatisations telles que soutenues par le MLC enrichissent
des particuliers et par ricochet affaiblissent l'Etat en lui privant des moyens
financiers qui lui permettraient d'assurer les services publics dont le peuple
a grandement besoin : notamment la défense, la justice,
l'éducation et la santé.
De ce qui précède, nous pouvons tout simplement
dire que c'est un faux débat qui ne répond qu'au positionnement
idéologique des candidats mais qui sont dépourvus de contenu
opératoire réel. Les deux parties en course au pouvoir se sont
en effet caractérisées par le manque du réalisme dans leur
discours, par l'absence d'une spécificité thématique
claire. Elles ont brillé par le manque d'anticipation opératoire
entre le substrat idéologique et les réalités
existentielles. Ainsi par exemple, nul part les deux parties dans leur projet
de société explicitent les moyens qui leurs permettront de mettre
en pratique leurs projets.
III.1.4. PURIFICATION DES
ACTEURS POLITIQUES
La situation République Démocratique du Congo
au seuil des élections présidentielles était telle que la
majorité de ceux qui étaient au pouvoir y étaient par la
force des armes. Et plus précisément, les deux candidats admis au
second tour de la présidentielle sont tous arrivés au pouvoir par
la lutte armée. Le premier, Joseph Kabila venu dans la gibecière
de l'AFDL qui a détrôné le Maréchal Mobutu du
pouvoir avec une expédition de près de 7 mois avec le soutient de
la coalition des armées Rwando-Ougandaises. Le second, Jean Pierre Bemba
lui qui a bénéficié de l'appui de l'armée
Ougandaise s'est hissé au sommet de l'Etat par la magie du dialogue
intercongolais de Sun City en Afrique du Sud en décembre 2002 à
la suite de sa guerre menée avec le MLC.
De ce qui précède, dans leur communication
politique chaque partie a souligné la part de responsabilité de
son candidat dans ce qu'est devenu le pays. Elles ont usé de la
concession dans leur discours tel que nous l'avons précédemment
souligné. Il s'agissait donc pour chaque partie d'user de certains
montages des éléments qu'on tenterait de donner un sens positif.
Ce qui revient à dire que chaque acteur est conscient de sa situation et
veut à tout prix faire une table rase sur tout ce qui s'est passé
avant, tout en justifiant ses actions et en leurs donnant un caractère
important dans l'aboutissement du processus de normalisation de la situation
politique de la RDC.
A mainte reprise on a entendu Jean Pierre Bemba justifier sa
lutte armée par ce qu'il qualifiait de retour de la dictature avec le
pouvoir de l'AFDL.
Bref..., pour chaque partie, l'importance devrait être
accordée à l'avenir car le temps de la guerre était enfin
révolu. D'autant plus que chacun de son côté à
donner de son apport par sa guerre pour que soit banni à jamais la
dictature en RDC. Il va de soi que l'aboutissement de ce long processus qui se
caractérise ici par le déroulement des élections
présidentielles soit un succès.
III.2. COMMUNICATION
POLITIQUE DE L'UN : Pathologies
Il s'agit dans les lignes qui suivent de revoir les acteurs
qui ont versé dans la communication de l'UN. Il s'agira de mettre en
évidence leurs images, leurs profils dans l'environnement politique
congolais et leur apport dans la communication de la plate forme pendant la
période électorale en faisant une analyse du terrain. En nous
servant de la théorie de l'acteur appuyée par celle des parties
prenantes nous nous rendons compte que ces dernières sont des groupes et
des personnes ayant des intérêts légitimes et que ces
intérêts ont une valeur intrinsèque.
Ainsi, comme nous l'évoquions
précédemment, faire l'analyse du terrain c'est aussi savoir
quelle est l'image qu'on voudrait produire et enfin quel est le thème de
sa campagne. A cet effet, en ce qui concerne l'image qu'on voudrait produire. A
ce stade nous nous focaliserons plus dans la pratique de la communication
politique sur le terrain. En effet, il existe des étapes dans la
démarche de la communication politique qu'il ne faut jamais perdre de
vue.
Selon Mazinga70(*) toute démarche de la communication politique
exige un diagnostic et une mise en place d'une stratégie dans sa
communication. Il s'agit d'abord de procéder par l'analyse de
l'existant, ensuite définir l'axe général de communication
d'où découleront plusieurs thèmes selon la
multiplicité de cible à atteindre et enfin de choisir les moyens
à utiliser dans sa communication. Tout ceci peut se résumer en ce
que nous pouvons ici dénommer les principales étapes de la
démarche de marketing politique.
Les étapes de la démarche marketing sont de
deux ordres à savoir :
- La détermination des axes de la campagne.
- La détermination ou la fixation de la
stratégie
Ainsi Jean Pierre Bemba et l'UN avaient pris comme axe la
campagne
Electorale d'autant plus qu'il s'agissait du second tour de
l'élection présidentiel où les choses sont plus
précises.
Il va de soi qu'un candidat à ce niveau ne jure plus
que par la victoire finale. Ce qui était le cas pour Jean Pierre Bemba,
ainsi dans presque toutes ses interventions, à toutes ses
déclarations il ne cessait de répéter
« accordez-moi 5 ans pour qu'on mette toutes ses promesses en
oeuvre ». C'est ce qui explique toute la démarche de la
communication politique de l'UN pendant cette campagne. Il fallait tout mettre
en oeuvre pour, d'une part, se crédibiliser auprès de l'opinion
publique et d'autre part, barrer la route à son challenger.
La détermination de l'axe de campagne requiert
également l'analyse du terrain. Il s'agit ici pour le candidat de
déterminer les cibles et le thème de campagne. Retenons que la
recherche de la cible se situe à deux niveaux, d'abord on tient compte
des cibles privilégiées que Mazinga qualifie de
minorité d'influence71(*). Il est donc important pour le candidat de
savoir s'adresser à des groupes déterminés des
destinataires, à des segments de la population. D'où,
l'équipe de campagne du candidat aura la charge en amont de
procéder à la segmentation de la population.
Ainsi, Jean Pierre Bemba avec son équipe de campagne a
par moment usé de l'utilisation d'une minorité d'influence
à savoir les étudiants de l'Unikin et de l'UPC en organisant une
conférence débat devant les deux auditoires. L'objectif
était de préparer psychologiquement l'électorat
intellectuel et donner une idée sur ce que sera le débat
décisif entre les deux candidats. Ce choix des étudiants
était donc dicté par le souci de la segmentation de la population
en procédant par des cibles privilégiées.
Signalons en effet que l'analyse du terrain ne se limite pas
seulement au ciblage d'une minorité influente mais tient compte de
toutes les couches sociales et va jusqu'à la mise en place d'une
segmentation des aires géographiques dans le champ électoral qui
permettra au candidat d'adapter son message à la cible prise en
priorité. Cela d'autant plus qu'on ne peut pas s'adresser de la
même façon à tout le monde. L'idéal voudrait
à ce que l'équipe de campagne use de deux sortes de segmentation
de la cible, soit, c'est une segmentation structurale, soit, une segmentation
qualitative.
III.2.1. Segmentation
structurale
Ici, on détermine, en effet, un certain nombre de cible
privilégié de la communication par exemple les relais
d'opinion, en espérant qu'ils influenceront
d'autres destinataires qui sont leurs clients habituels de la communication. De
ce fait nous pouvons faire allusions aux médias dans la mesure où
comme l'a dit autrefois Felix Lazarsfeld cité par Jean Chrétien
Ekambo, que les médias atteignent d'abord un groupe restreint de
leaders d'opinion et ensuite ces derniers répandent le message dans le
réseau de leurs contacts sociaux72(*), Il en est de même avec la communication
politique.
Ainsi donc, l'Union pour la Nation dans sa communication
politique
comme nous l'avions mentionné a usé de presque
tous les instruments, de tous les supports médiatiques dans ses
adresses. Lesquels supports nous ont, d'ailleurs, permis de mener cette
étude d'autant plus que nous nous sommes basés sur la
méthode interprétative selon l'herméneutique de Paul
Ricoeur. Se faisant, les actions menées par les membres de l'UN pendant
cette campagne du second tour de l'élection présidentielle ont,
soit, été les rassemblements populaires, les réunions, les
meetings, soit les affichages, des imprimés, soit encore l'utilisation
des médias de masse.
En effet, l'UN avec Jean Pierre Bemba s'est plus
focalisée sur les médias pendant le second tour d'autant plus que
la descente sur le terrain n'était plus facile pour le candidat
lui-même. Malheureusement, cette façon de faire n'a pas permis
à l'UN d'atteindre tous les territoires d'autant plus que l'accès
au média est faible en RDC. Si dans la province de l'Equateur le MLC
détient un réseau important de Radio à l'instar de la
« Radio Liberté » installée dans plusieurs
grandes agglomérations de la province, notamment à Basankusu,
Boende, Bumba, Gemena, Libenge, Lisala, Mbandaka, Yakoma, et Zongo. On peut
ainsi remarquer une présence médiatique accrue dans la province
de l'Equateur. Cependant, il n'en était pas le cas dans les autres
provinces. Si du moins dans la province orientale on pouvait retrouver la Radio
Liberté à Aketi, Buta et Kisangani, elle a été
cependant moins présente dans la province du Bandundu avec la seule
présence à Idiofa, tandis que dans les provinces du centre et de
l'Est du pays cette Radio a été simplement inexistante. Le seul
palliatif était la chaîne de télévision CCTV du MLC
basée à Kinshasa et qui est sur satellite qu'on pouvait capter
partout dans le monde, mais malheureusement qui n'est pas à la
disposition de tous.
Ainsi, nous pouvons conclure en disant que l'utilisation des
médias dans la communication politique ne donne pas la chance au
candidat d'améliorer sa communication. En effet, les médias
audiovisuels sont loin d'être facile d'emploi pour le marketing
politique, ils présentent un certain nombre de difficulté
notamment la lenteur dans leurs effets et la difficulté de
contrôle de message73(*). Donc, il fut difficile pour Jean Pierre Bemba
de jauger sa percée au sein de la population cela par manque de feedback
car ces moyens de communication de masse sont unidirectionnelle, difficile donc
de mesurer le niveau de sa popularité, de sa crédibilité
au sein de la population.
Toutefois, ce fut un atout à Kinshasa pour Jean Pierre
Bemba grâce à la multitude de média et au niveau
élevé de la population ce qui justifie d'ailleurs le taux le plus
élevé du score qu'il a réalisé à
kinshasa.
III.2.2. Segmentation
qualitative
En ce qui concerne par ailleurs la segmentation qualitative,
il s'agit en effet de modifier certains aspects de la communication en fonction
de segment relativement précis. Ceci permet au candidat et à son
équipe de campagne de souligner qu'il ne faut jamais dire la même
chose partout. Les attentes de tel segment de la population, d'une telle couche
sociale, ne sont pas les mêmes avec telle autre couche sociale ou tel
autre segment de la population. Le cas échéant, si la
préoccupation première de la population de l'Est de la RDC est la
paix et sécurité, la préoccupation de celle de Kinshasa
n'est cependant pas la même.
Ainsi, Joseph Olenga Nkoy en réarmant les candidats
députés provinciaux de l'UN, surtout ceux de l'Est, a plus
insisté sur le fait qu'il faut donner la bonne information à la
population de l'Est, estimant que l'adresse de Joseph Kabila avec sa plate
forme l'AMP ne disait pas toute la vérité au peuple. D'où,
il fallait à tout prix insister sur le fait que le retour de la paix
dans cette partie du pays ne relève pas de la compétence du
challenger qui ne dit pas comment il procédera mais de celui qui avec
des propositions concrètes sait par où commencer pour mettre un
terme à l'insécurité.
L'autre étape c'est la fixation de la stratégie.
Celle-ci suit deux étapes, la mise en place des fondations et l'analyse
du terrain. Ainsi, Jean Pierre Bemba s'est focalisé à faire
confiance à certains leaders des partis alliés en confiant
à ces derniers la charge de galvaniser les électeurs autour de la
candidature de Jean Pierre Bemba. Ainsi, l'UN tentait par là de susciter
la réaction par habitus des électeurs. Ce qui nous pousse ici
à scruter certains profils des acteurs politique qui ont versé
dans la communication politique de l'UN.
III.2.1 LE PROFIL DES
ACTEURS DE L'UNION POUR LA NATION
Il importe ici de chercher à comprendre l'apport des
acteurs de l'UN pendant la campagne électorale ; d'autant plus que
chacun devrait en principe conjuguer ses efforts pour soigner l'image du
candidat. En effet, la stratégie de communication politique de l'UN
jugée la plus efficace était celle de responsabiliser chaque
leader dans son fief où il est censé être le leader
d'opinion. Quels sont en effet, leurs profils, quelles sont leurs
interrelations sociales avec la communication politique de l'UN.
III.2.1.1. JEAN PIERRE
BEMBA
Nous ne pouvons pas parler de l'image d'un homme politique si
nous ne partons pas de la conception de l'image en soi par le marketing. Ainsi,
Jean Marc Decaudin, cité par Jean Marie Vianney Longonya74(*), souligne que
« l'image en marketing est l'ensemble de représentation
rationnelle et affectives associées par une personne ou un groupe de
personne à une entreprise, à une marque ou à un
produit. » Partant de cette affirmation, prenant Jean Pierre
Bemba comme produit dans le champ politique, nous nous posons la question de
savoir quelle a été sa représentation. Ceci nous pousse
à considérer le découpage de l'image en trois dimensions
à savoir, l'image voulue, l'image transmise et l'image perçue.
A. L'image voulue :
Le marketing commercial nous renseigne que
« l'image voulue c'est ce que l'entreprise souhaite transmettre
à ces différentes cibles grâce aux techniques de
communication. Il s'agit ici du positionnement souhaité par
l'entreprise75(*). » En faisant une adaptation de cette
affirmation dans le marketing politique, ceci sous entend l'image de marque que
l'homme politique veut transmettre au public, à son environnement,
à son électorat en vue de susciter leur adhésion.
Ainsi, il s'est dégagé de l'homme politique
Jean Pierre Bemba, depuis son accession au sein des instances dirigeantes du
Pays en tant que vice président, l'image d'un potentiel challenger au
Président Joseph Kabila. Dès son arrivée dans la capitale,
cet ancien chef rebelle s'est voulue être l'alternatif principal du
pouvoir en place. Il a par moment orienté toutes ses actions politiques
vers la recherche de l'incarnation d'un leadership susceptible de
répondre aux ententes de la population sur plusieurs plans. Jean Pierre
Bemba a toujours cherché à laisser entrevoir, de par ses actes,
qu'il est l'homme de la situation, l'homme sur qui l'on devait compter, en
matière de l'intégrité territoriale nationale et de la
sécurité tant à l'intérieur du pays qu'à la
frontière avec les Pays voisin. On se rappelle qu'en juin 2004 lorsque
le colonel Jules Mutebusi s'est rebellé au Sud Kivu et qu'il a
reçu le soutient du Général Laurent Nkunda au Nord Kivu,
Jean Pierre Bemba vice président de la République avait
émis le voeux et avait même demandé au Président de
la République de lui permettre de laisser tomber sa veste pour endosser
la tenue militaire et descendre sur le terrain pour remettre de l'ordre dans
l'Est du pays.
Une manière pour lui de laisser transparaître son
image de protecteur de la nation face aux envahisseurs. Ainsi, il ne cessera de
multiplier des déclarations orientées vers des questions
sécuritaires. Par ailleurs, Jean Pierre Bemba a toujours
été plébiscité par ses partisans comme un fils du
Pays. Lors du premier congrès du MLC avant les élections
générales un slogan scandé en chanson par les partisans
reprenait la chanson d'un musicien congolais en la transformant à savoir
« Aza mwana Congo, Aza mwana Congo, ee yaya Bemba ee, aza mwana
Congo ooo... » Alors que la campagne électorale n'avait
pas encore commencé, le MLC donnait là la couleur de sa campagne
avec un soubassement identitaire, nous en avions longuement parlé
lorsque nous avions parlé de l'aspect identitaire dans la communication
politique de l'Union pour la Nation.
B. L'image transmise :
Nous référant une fois de plus au marketing
commercial, l'image transmise est « la traduction, la
transmission de l'image voulue, par la technique de communication à sa
cible76(*). » Tel qu'il a toujours voulu, nous
l'avons déjà mentionné, Jean Pierre Bemba se prenait
déjà pour un potentiel élément alternatif dans
l'exercice du pouvoir en RDC. Il s'est penché, pendant tout au long de
sa vice-présidence, à faire ressortir l'échec de la partie
adverse, tout en proposant de par son caractère une nouvelle vision,
oubliant par ailleurs qu'il faisait partie de la machine au pouvoir.
Nous l'avons remarqué lors du partage des portefeuilles
pendant la transition, Jean Pierre Bemba, en plus de la vice présidence
en charge des questions économiques, il a pesé de tout son poids
pour rafler le ministère clef du budget et il y a placé l'un de
ses hommes de confiance à savoir François Mwamba. Plus d'une
fois, au travers les médias nous avons entendu François Mwamba
alors ministre du Budget étaler au grand jour l'incapacité du
gouvernement d'honorer certaines dépenses. Nous en prenons pour preuve
sa réponse à la demande des enseignants pour la mise en
application du premier pallier de Mbudi. François Mwamba a
déclaré tout haut que cet arrangement était utopique et
d'aucune façon le gouvernement (1+4) était en mesure de le mettre
en application.
Quand bien même dans ses dires il y avait une partie de
vérité, cela n'exclus néanmoins pas la volonté
manifeste de sa clique pour marteler l'incapacité du gouvernement
dirigé par Joseph Kabila de développer le pays et de
répondre aux desiderata de la population par sa gestion
économique.
Ainsi, alternativement, Jean Pierre Bemba n'avait jamais
cessé de démontrer sa maîtrise des chiffres, faisant
transparaître une certaine dextérité dans le champ
économique avec un programme chiffré, transparent et un
chronogramme qu'il pourra mettre en marche pour sortir le pays du marasme
économique dans lequel il patauge depuis quelques années. Mwana
mboka Jean Pierre Bemba ainsi que l'Union pour la Nation ont milité dans
la construction de l'image d'un fils du pays qui de par ses ressources propres,
ses richesses du sol et du sous sol, avec un leadership à la hauteur de
mieux manipuler les chiffres, peut conduire le pays vers un avenir meilleure.
C. L'image
perçue
Il s'agit ici de « l'image que les cibles se
font du produit après avoir
reçu les techniques de communication
utilisées par l'entreprise77(*). » Il est certes vrai que Jean Pierre
Bemba s'est servi de tous les moyens de communication susceptibles pour vendre
son image, d'une part, en mettant en place un dispositif important de
communication de masse à savoir deux chaînes de
télévision et une chaîne de Radio dans la capitale
Kinshasa. Il s'est, par ailleurs, octroyé une place importante dans
plusieurs chaînes de télévision de la capitale et dans
certains journaux (presse écrite).
Cependant, de la perception de la population, si à
Kinshasa, Jean Pierre Bemba a été pendant longtemps
plébiscité comme un homme politique incarnant un leadership
pouvant relever le défi tout en répondant, quelque part, aux
aspirations des kinois qui voyaient en lui un homme du changement tant attendu,
qui s'identifiait en eux, c'est dire, quelqu'un connaissant à fond les
problèmes des kinois pour y avoir habité. Cela n'est pas du tout
le même dans les autres parties du pays, Kinshasa n'étant pas le
reste du Congo, dit-on.
Dans la partie Ouest du pays notamment dans la province de
l'Equateur où Jean Pierre Bemba avec son MLC s'était
installé pendant la période de la guerre, l'image qu'on lui
accordait était celle d'un libérateur, d'autant plus que dans
cette partie du pays le pouvoir mis en place par la révolution de 1997
avec l'AFDL n'était pas d'odeur de sainteté. Jean Pierre Bemba
était perçue comme celui qui ramenait le pouvoir perdu par
Mobutu. Il s'agissait en quelque sorte d'un fils prodige qui revient pour
redorer le blason terni par la présence des étrangers. Ainsi,
lors de sa campagne dans la province de l'Equateur, Jean Pierre Bemba a plus
mis l'accent sur cette situation dégradante imposée aux
équatoriens par les militaires de l'AFDL.
En effet, malgré l'ascension de Laurent
Désiré Kabila à la tête du Pays comme alors
président de tous les congolais, quelques uns parmi ces militaires
continuaient à considérer l'Equateur comme une terre conquise
où ils avaient affaires aux esclaves ou aux prisonniers de guerre. Une
situation que Jean Pierre Bemba exploitera tout au long de sa campagne dans les
grandes agglomérations de cette province.
Cependant, dans la partie Est du pays, Jean Pierre Bemba
n'incarnait pas la même image qu'à l'Ouest. La mauvaise presse
faite sur lui dans l'affaire du cannibalisme en Ituri et son alliance avec
l'Ouganda ne lui a pas facilité la tâche dans la partie Est du
pays. Cette situation a quelque peu émoussé l'image qu'il avait
auprès des « Ituriens » quand à un
moment, il a été considéré comme faiseur de paix en
réussissant à réconcilier les Hema et les Lendu en Ituri
et aussi en ramenant la paix dans le grand Nord avec sa participation active au
symposium sur la paix à Beni en 200078(*).
Dans les Kivu notamment, Jean Pierre Bemba, n'a pas
été perçu comme il a été le cas à
l'Equateur, à Kinshasa et dans l'Ituri. Certes, les kivusiens voyaient
en Jean Pierre Bemba un homme de caractère pouvant mettre un terme au
cycle d'escalade de violence dans la partie Est du Pays, mais ils ne se
doutaient pas un seul instant qu'ils ne pouvaient pas prêter totalement
foi à celui qui se faisait passé pour « Mwana
mboka » un terme qui ne cadrait pas avec le swahili la langue du
milieu qui laissait entrevoir une exclusion dans le chef des habitants en
rapport avec son challenger.
Le discours du MLC et partant de l'Union pour la Nation
pendant cette campagne creusait le fossé entre, d'un côté,
ceux qui se considéraient comme des autochtones et de l'autre
côté les allogènes, nous en avons largement parlé
lorsque nous avions évoqué aspect identitaire de la communication
politique de l'UN. Toutefois, faisons remarquer que les deux provinces du Kivu
ont par moment été secouées par des conflits ethnique.
Ainsi, menée une campagne sur base identitaire n'était pas de
bonne augure dans cette partie du pays.
Au centre et au sud du pays, notamment dans les deux
Kasaï et
au Katanga l'image de Jean Pierre Bemba n'était pas la
même. Si au Kasaï Jean Pierre Bemba paraissait comme le moindre mal
qu'on pouvait choisir pour compenser l'absence du « lider
maximo » de l'opposition Etienne Tshisekedi, au Katanga il
était un inconnu à une population qui a une autre vision de la
politique congolaise. Jean Pierre Bemba dans cette partie du pays a dû
plutôt se frayer un chemin dans le roc pour arriver à rafler
quelques voix.
Somme toute, pendant cette période de campagne
électorale, l'Union pour la Nation avec Jean Pierre Bemba ont beaucoup
trop investie, le disions nous, dans la question identitaire, d'autant plus que
pour eux, la situation que traversait le Pays demandait un leadership
autochtone qui aurait une vision nette de la question du pays. Un autochtone
qui sera en principe accepté par la population.
III.2.1.2. OLENGA NKOY79(*)
Le choix de Joseph Olenga Nkoy comme directeur de la campagne
de Jean Pierre Bemba était dicté par sa position d'un des leaders
politiques congolais le mieux connu. En effet, Olenga nkoy est un homme qui a
marqué l'histoire politique de l'opposition en RDC. Son parcours
politique fait de lui un homme qui a participé à toutes les
négociations que la RDC a connues depuis la démocratisation du
pays en 1990. De sa carrière professionnel, Olenga Nkoy a
été successivement co-fondateur de l'Union sacrée de
l'opposition radicale (USOR) en début de la transition et membre de son
bureau permanent. Il est également fondateur des Forces Novatrices pour
l'Union et la Solidarité, le FONUS. Son parti a fondé sa doctrine
sur le solidarisme intégral des droits de l'homme pour la mise en place
d'un nouvel ordre social, politique, économique et culturel an Congo.
Il a longtemps été dans presque toutes les
délégations de l'opposition congolaise dans presque toutes les
rencontres. Ainsi, il a été chef de la toute première
délégation politique pour des négociations avec le pouvoir
en place en 1991. Il fut également membre de la délégation
de l'opposition politique aux négociations politiques du palais de
marbre I et II sous la médiation de l'actuel président
Sénégalais Abdoulaye Wade. Président du groupe
parlementaire de l'opposition après le départ de Kibasa Maliba
jusqu'à la prise du pouvoir de l'Afdl en 1997.
Olenga Nkoy a été pendant un moment
président de l'opposition congolaise et porte étendard de la
nouvelle génération politique avant d'être membre du
comité de suivi du pacte républicain de Gaborone. Haut
représentant de la composante opposition politique à la
commission de suivi de l'accord global et inclusif de Sun City, Olenga Nkoy est
très remarquable pour son courage politique. Il a marqué le pays
par ses interventions musclées pour enterrer la dictature et instaurer
un Etat de droit. Il a été ministre au sein du gouvernement
d'Union nationale issue des accords de Sun City. Olenga Nkoy a
été arrêté 46 fois par les régimes qui se
sont succédés en RDC pour ses prises de position politique
sévères.
Signalons enfin que Olenga nkoy est originaire du Sankuru dans
le kasaï oriental. Très versé dans l'opposition dans la
deuxième république, Olenga nkoy était à cet effet,
très éloigné du pouvoir mobutiste. Cependant le MLC avec
Jean Pierre Bemba a repris un nombre important des mobutiste dans ses rangs. On
peut citer Alexis Tambwe Mwamba, José Endundo, Lunda Bululu, Omer
Egwake...
Le choix d'Olenga Nkoy comme directeur de la campagne de Jean
Pierre Bemba était certes dicté par sa position politique dans le
pays eu égard à son passé quasi omni présent dans
toutes les négociations politiques que le pays ait connu dans le chemin
de sa démocratisation. L'UN aurait également fait confiance au
leader du Fonus pour son dynamisme dans le rassemblement de la masse. Olenga
Nkoy apparaissait ainsi comme un homme politique capable de faire
adhérer un nombre important d'électeur à la cause de Jean
Pierre Bemba.
Son choix était également dicté par
la stratégie de monter un contre poids important face à la partie
adverse qui avait également misé sur un nombre important des
leaders de sa tribu.
En effet, le Kasaï était un terrain qui
apparaissait neutre dans la lutte entre Joseph kabila et Jean Pierre Bemba
d'autan plus que les deux candidats cherchaient à gagner des voix sur
une terre vouée à la cause du leader de l'opposition Etienne
Tshisekedi, dont le refus de participer au processus rendait l'espace
très convoité. Il fallait ainsi chercher à diviser le
terrain dans une sorte de segmentation tribale. Ainsi, Olenga Nkoy était
un contre poids majeur face aux autres leaders du Sankuru
plébiscité par l'adversaire à savoir, Lutundula, She
Okitundu, Omatuku, Charles Okoto, Lambert Mende tous de l'AMP. L'enjeu
était tel que réussir à gagner la majorité des voix
dans le Sankuru donnerait un avantage considérable au candidat. Et Jean
Pierre Bemba était convaincus que l'électorat Ntetela
était important dans le kasaï et qu'il y avait des poids lourds
originaires du coin qui était à la solde de son adversaire.
Pourtant, le choix de Joseph Olenga Nkoy n'était pas
totalement gagné. Il a un style langagier quasi belliqueux alors que la
période électoral se veut être une période de
« drague » où le candidat doit en principe user des
astuces pour s'attirer des voix. On serait tenté de soutenir que son
style « parler » en contradiction avec une certaine
vision puriste de la langue française. Du point de vue transactionnel,
son style de communication reproduisant son « moi personnel de nature
narcissique » l'amène souvent à communiquer de
façon « hégémonique » et peu
consensuel.
En plus son récent passage au gouvernement d'Union
Nationale dont il l'a quitté d'une manière peu honorable ne
militait pas en faveur de sa bonne image.
III.2.3. ANSELME
ENERUNGA80(*)
L'UN s'était assignée comme objectif pendant la
campagne au second tour de l'élection présidentielle de se
focaliser sur la partie Est du pays notamment en cherchant à persuader
l'électorat, que ce soit du Nord et sud kivu et du katanga à
voter pour Jean Pierre Bemba.
Ainsi, la charge, comme nous l'avions mentionné,
était confiée à Anselme Enerunga pour les Kivu et
Théodore Ngoy ainsi que Lunda Bululu pour le katanga.
En ce qui concerne précisément Anselme Enerunga.
Ce dernier fut ministre de l'environnement, conservation de la nature, eaux et
forêts au sein du gouvernement d'Union nationale issue des
Négociation de Sun City. Anselme Enerunga s'est retrouvé dans ces
négociations en tant que délégué des entités
maï maï.
Avec un passé presque vierge dans la scène
politique Anselme Enerunga a pourtant été actif dans la
profession dans son fief de Bunyakiri au Sud Kivu. En effet, dans sa
carrière professionnelle, il a été enseignant à
Bunyakiri avant de devenir animateur vulgarisateur agricole au bureau
diocésain de développement, bureau de suivi et planification
à Bukavu. Anselme s'est retrouvé en élève officier
en formation à Mangaa avant de rejoindre les patriotes Maï maï
pour la sauvegarde de l'intégrité nationale dans le kivu.
Son choix semble être dicté par sa maîtrise
du terrain, pour avoir longtemps presté comme animateur agricole dans le
coin. En plus, sur le plan politique et idéologique, le MLC partage
presque la même idéologie pendant cette période
électorale avec les patriotes Maï maï eu égard à
la question identitaire. Il fallait avoir un fils du terroir originaire pour
convaincre ses pairs.
Toutefois, la stratégie sur l'échiquier
nationale présentait certaine faille. Anselme Enerunga n'était
pas très connu sur le plan national et avait un passé presque
vierge en ce qui concerne la politique du pays. D'autant plus qu'il devait
faire face à Vital Kamerhe du camp adverse.
Si la stratégie pouvait être payant, sa
portée malheureusement n'était pas à la hauteur de
l'événement.
III.2.4. THEODORE NGOY81(*)
Pasteur de l'église de la Gombe à Kinshasa est
détenteur d'un diplôme de spécialiste en communication
chrétienne, Théodore Ngoy a été
délégué du gouvernement congolais au dialogue
intercongolais à Sun City. Très actif dans la sous-commission II
paix et réconciliation il a soutenu la thèse de l'agression de la
RDC pour des raisons des terres et du pillage des ressources. Thèse
confirmée par le rapport final du panel de l'ONU. Théodore Ngoy a
à mainte reprise dénoncé la dictature et les maux qui
aujourd'hui rongent la société congolaise. Ce qui lui a valu la
prison a plusieurs reprises par le régime en place.
Son choix en tant que porte parole de l'UN était certes
dicté par la stratégie d'opposer à l'adversaire politique
au katanga un fils du terroir. En effet, l'entreprise n'était pas
aisée pour l'UN dans le Katanga où l'électorat
était presque acquis à la cause du candidat de l'AMP.
La stratégie était d'abord de mettre en exergue
l'agilité langagière de Théodore Ngoy.
De part sa maîtrise de la communication, Théodore
Ngoy avait le vent en poupe en tant que porte parole de la plate forme, de
tailler sur mesure la communication de sa structure avec le public externe.
Toutefois, ses atouts affichaient certaines limites, notamment
ses démêlés avec le pouvoir en place n'ont pas
milité en sa faveur.
III.3. CONCLUSION
PARTIELLE
Le troisième chapitre nous a permis d'un
côté de ressortir les bases constructives de la communication
politique de l'UN et de l'autre côté les images de certains
acteurs politiques qui ont joué un rôle déterminant dans la
construction de cette communication. Il s'est ainsi avéré que
l'UN a misé sur des éléments intrinsèques à
la personne de Jean Pierre Bemba. De tel enseigne que l'essentiel du
déploiement de l'UN a été centrée sur les aspects
tels que la question identitaire, la rivalité technocratique,
l'originalité de projet de société et la purification des
leaders. Ainsi, le choix de ceux qui ont été largué sur le
terrain a été motivé d'une part par l'aspect identitaire,
tel a été le cas avec la descente d'Anselme Enerunga dans son
fief de Bunyakiri au Sud Kivu, d'autre part, par la rivalité
technocratique en se servant de l'expertise de certains acteurs.
III. 4. CONCLUSION GENERALE
La construction de la communication politique de l'Union pour
la Nation pendant la campagne électorale mettant en exergue les
éléments sociopolitiques internes et externes qui ont
imprimés à la stratégie électorale de la plate
forme, ses contours en vue de maintenir en position hégémonique
la candidature de Jean Pierre Bemba ainsi que les limites que cette
stratégie a présentées face à l'actualisation de la
stratégie de l'adversaire ont milité dans cette étude
intitulée « Communication politique et logique
d'actualisation dans le champ électoral. Approche constructiviste de la
campagne de l'Union pour la Nation en République Démocratique du
Congo »
En effet, le champ politique congolais post Sun City
possédant certaines caractéristiques particulières s'est
avéré pendant la transition un champ politique transactionnel
consensuel d'autant plus que regroupant des belligérants d'hier qui ont
accepté de composer ensemble dans un gouvernement d'union nationale.
Avec l'arrivée des élections ce champ politique consensuel est
devenu un champ politique transactionnel compétitif. Ainsi dans cet
environnement, nous nous sommes posés la question savoir :
Comment l'Union pour la Nation a-t-elle construit sa
communication politique où ses modalités communicationnelles pour
s'assurer de la victoire au sein du champ politique à l'issue des
élections ?
Ce qui nous a permis de poser d'autres questions subsidiaires
à savoir :
- Quels sont les éléments sociopolitiques
internes et externes qui ont imprimés à la stratégie
électorale de l'UN, ses contours en vue de maintenir en position
hégémonique la candidature de Jean Pierre Bemba ?
- Quelles sont les limites que cette stratégie a
présentées face à l'actualisation de la stratégie
des autres adversaires.
Ainsi notre hypothèse stipulait que le champ politique
pendant la période électorale était
déterminé par une forte valorisation des individus par rapport
aux structures politiques et sociales existante. Dans cette optique, le sens de
la communication de l'Union pour la Nation était subséquent au
leadership politique de Jean Pierre Bemba tel qu'il se déploie au sein
du champ politique. De tel enseigne que ses éléments du prestige
personnel ont imprimé à la communication politique de la
structure, ses marques, et ont déterminé la portée
stratégique de la structure politique.
Pour arriver à vérifier notre hypothèse
nous nous sommes servi de la méthode interprétative selon
l'herméneutique de Paul Ricoeur, ainsi que de l'approche
constructiviste.
Nous avons tenu à souligner que pour Paul Ricoeur
l'herméneutique est une science ou tout simplement une
technique d'interprétation des textes. Et qui de préciser qu'un
texte peut bien être, autant un écrit qu'une action, si ce n'est
le cours même de l'histoire. Tandis qu'en ce qui concerne l'approche
constructiviste nous avons spécifié que cette approche stipule
que le sens n'est pas un donné, le sens est une émergence par
rapport au contexte. Puisque nous parlons de texte nous avons alors
précisé que le sens d'un texte n'est pas un axiome, il n'est pas
donné mais se construit selon le locuteur.
Par ailleurs, pour soutenir théoriquement cette
étude nous avons recouru à la théorie de champ selon
Bourdieu pour tenter de cerner tous les contours y afférant d'autant
plus que nous sommes dans un champ politique et électoral. Toutefois,
sachant qu'il est plus question des acteurs dans ces champs nous avons
également fait appel à la théorie de l'acteur
réseau de Michel Crozier.
Partant de tous ce qui précède nous avons ainsi
structuré notre travail en commençant premièrement par
circonscrire les concepts clefs de cette étude avant de poser les
théories qui nous ont permis de vérifier notre hypothèse.
Ensuite nous avons navigué dans l'environnement politique congolais pour
tenter de déceler des éléments sociopolitiques internes et
externes qui ont imprimés à la stratégie électorale
de l'Union pour la Nation, objet de notre étude. Pour enfin
pénétrer dans les entrailles de l'UN pour tenter de comprendre
les particularités de la communication politique de la plate forme
politique qui étaient basées non seulement sur la question
identitaire, la rivalité technocratique, la question de
l'originalité de projet de société de chaque partie et la
question de purification des belligérants qui ont
caractérisé les deux candidats en course, mais aussi sur le
fonctionnement de la communication de l'UN partant de ses acteurs politiques et
de sa stratégie mise en place pendant la période
électorale.
Partant des éléments qui ont
émergé dans cette étude, il s'est avéré que
la grande partie de la communication politique de l'UN a été
imprimé des individualités de son leader et que la
stratégie d'utilisation des acteurs sur le terrain a milité pour
la mise en place d'une communication ciblée laissant cependant la place
aux contre attaques adverse ce qui n'a pas été salutaire pour la
plate forme compte tenu de l'image et du poids politique de ces acteurs
déployés sur le terrain. Toutefois, le déploiement des
acteurs et l'actualisation de la communication politique de l'Union pour la
Nation pendant cette période électorale n'ont pas totalement
été imprimés des marques et des éléments
subséquents au leadership de Jean Pierre Bemba.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
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Seuil, Paris, 1992.
2. Breton, P., et Proulx, S., L'explosion
de la communication, (nouvelle édition), coll. Sciences et
société, la découverte/B-oréal, Paris,
Montréal, 1993.
3. Cotteret, J.M. Gouvernants et
gouvernés, PUF. Paris, 1973
4. Freund, J., Qu'est ce que la politique,
Coll. Points (politique), Sirey, Paris 1965.
5. Gerstlé, J., La communication
politique, Ed. Arman Colin, Paris 2004.
6. Kayembe, A., Théories
systémiques de la communication, kratos, Kinshasa 2008.
7. Lukunku, V., Analyse du langage, mediaspaul,
Kinshasa. 2008
8. Maarek, P., Communication et marketing de
l'homme politique, Ed. Litel, Paris 2001.
9. Mulumbati Ngasha, sociologie politique,
Ed Africa, Lubumbashi, 1988.
10. Ngoma Binda (dir) Marketing et
stratégie d'action d'un parti politique, Kinshasa, Ifep. 1997.
11. Ricoeur, P., Postface au Temps de la
responsabilité, Lectures 1, Autour du politique. Seuil, Paris
Essais, 1991.
12. Windish, U., K-O.-verbal, communication
conflictuelle, Paris, Ed. L'âge d'homme, collection pratiques des
sciences de l'homme.
NOTES DE COURS
1. Ekambo, J C. Théories de
communication, cours inédit, troisième graduat,
à l'institut facultaire des sciences et de l'information et de la
communication, Ifasic. 2007.
2. Kanga, J. Psychologie de la
communication, cours inédit, première licence en
communication des organisations, à l'institut facultaire des sciences et
de l'information et de la communication, Ifasic. 2008.
3. Longonya;JMV. Cours inédit de
création d'image, dispensé en première licence de
communication des organisations, Institut facultaire des sciences de
l'information et de communication. 2008.
4. Mazinga, A. Marketing politique,
cours inédit, deuxième licence en communication des
organisations. IFASIC, 2008.
5. Okomba, P. méthode de recherche
en communication, Cours inédit première licence en
communication des organisations. Ifasic.2007.
6. Pombo Ngunza, Stratégies de
communication des organisations, cours inédit, deuxième licence
en communication des organisations. IFASIC. 2008.
7. Tambwe, E. Les théories
systémiques de la communication, cours inédit en
deuxième licence en communication des organisations à l'institut
facultaire des sciences et de l'information, Ifasic. 2009.
MEMOIRE ET TFC
1. Buse, C., De la décroissance de
l'Union sacrée de l'opposition : Critique de la communication d'une
structure de conquête du pouvoir politique au Zaïre.
Mémoire. Institut supérieur de technique de l'information. 1996.
2. Elika, F., Culture congolaise,
communication et management des organisations : une relecture
actualisée de la réserve langagière chez les Luba du
Kasaï. Mémoire DES, Ifasic 2009.
3. Kusema, G., La
télévision congolaise et ses choix technologiques,
Mémoire, Ifasic, septembre 2003.
DOCUMENTS ET ARTICLES
DIVERS
1. Agbumana, D., Dictionnaire Biographique des
cadres. De l'Etat indépendant du Congo, Congo-Belge, Congo
indépendant. Edition 2008.
2. Epee Ngabwa, Le parti et le pouvoir
politique. Article.
3. Le petit Larousse illustré.
4. Samba Kaputu, le programme politique
comme guide de l'action quotidienne d'un parti politique. Article.
5. Grand dictionnaire encyclopédique Larousse.
6. Journal le soft le 28 juillet 2002
WEBOGRAPHIE
1. Aubert-Lotarski , A. Agir en situation
complexe - L'approche systémique, in
http://www.umh.ac.be/inas.
2. Baret, C et Maciel, A.,
Apport et limites de la mesure du capital social en recherche en gestion
des ressources humaines. Tome 1,
3. Bernys, M. Communiquez
efficacement in
http://www.portaildesenergies.fr/communication.html.
4. Braun, D., Cours de concepts de
base de Pierre Bourdieu. Faculté des sciences sociales et politique
de l'Université de Lausanne en Suisse. 1999-2000. In
http://www-ssp.unil.ch/~IEPI/CBSP2000/Bourdieu/CoursBourdieu.
5. Cotteret, J.M. Gouvernants et
gouvernés, PUF. 1973, in
www.communicationpolitique.com.
6. Géoris, V. Communication
politique, Etopia, centre d'animation et en écologie politique.
Décembre 2005, in
http://www.etopia.be/IMG/pdf/la_communication_politique.pdf.
7.
http://www.lesoftonline.net/phil.php?id=129.
8. Lamizet, B. Communication
politique cours inédit à l'institut d'études
politiques de Lyon.2002-2003 in
http://doc-iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Documents/Enseignements/Cours/ComPolitique/.
9. Larsonneur, R., Communication et
politique, in
www.jecommunique.com/
2009.
10. Le Bart, C., L'analyse du discours
politique : de la théorie des champs à la sociologie de la
grandeur, Mots. Les langages du politique in
http://mots.revues.org/.
11. Mignard, P. La conscience en
miettes, articlé publié à paris en France le 14 mai
2007 avant les élections présidentielles In
http://divergences.be/spip.php?article413.
12. Nicolas, F. Cours de communication
politique suivi à l'IEP de Toulouse au 1er semestre du Master
2 Sociologie politique des représentations (2007-2008). in
http://fred-partage.fr/cours.aspx.
13. Séguéla, J.
Publicitaire, vice-président de Havas Advertising en
France. in
http://forums.nouvelobs.com/societe/forum_avec_jacques_seguela,20081210163657736.html.
14. Wolton, D., Communication politique
in
http://www.wolton.cnrs.fr/FR/dwcompil/glossaire/commpol.html.
15. http://www.cei-rdc.cd/
16. http://www.mlc-france.org
17. http://
www.mlc-rdc.net
18. http://
www.wikipedia.org
TABLES DES MATIERES
DEDICACE I
REMERCIEMENT II
ABREVIATION III
0. INTRODUCTION
1
1. POSITION DU PROBLEME
1
2. ETAT DE LA LITTERATURE
4
3. PROBLEMATIQUE
5
4. HYPOTHESE
9
5. CHOIX ET INTERET DU TRAVAIL
10
6. METHODES ET TECHNIQUES
11
6.1. L'approche Constructiviste
12
6.2. Les axiomes de l'approche
constructiviste
13
7. DELIMITATION DU SUJET :
14
8. STRUCTURATION DU TRAVAIL
15
CHAPITRE PREMIER : CLARIFICATION
CONCEPTUELLE ET THEORIQUE.
17
I. CADRE CONCEPTUEL
17
I.1. COMMUNICATION POLITIQUE
17
I.2. CHAMP
21
I.3. CAMPAGNE ELECTORALE
24
I.4. ALLIANCE POLITIQUE
26
II. CADRE THEORIQUE
26
II.1. THEORIE DU CHAMP
27
II.1.1. Sa portée
27
II.1.2. Ses caractéristiques
28
II.1.3. Fonctions
31
II.2. THEORIE DE L'ACTEUR RESEAU
39
A. La rationalité formelle
39
B. La rationalité substantielle
40
II.3. LA COMMUNICATION ELECTORALE
40
II.3.1. Dimension symbolique du processus
électoral
41
II.3.1. Communication Politique et le
discours politique
42
II.3.2. Les différentes techniques
du discours conflictuel.
45
II.3.3. Argumentation dans le discours
politique
47
II.3. OPERATIONNALISATION DES CONCEPTS DE
L'HYPOTHESE
49
II.4. CONCLUSION PARTIELLE
53
CHAPITRE DEUXIEME : PAYSAGE POLITIQUE
ET EMERGENCE DE L'UNION POUR LA NATION
55
II.1. CONFIGURATION DU CHAMP POLITIQUE
CONGOLAIS POST SUN CITY
56
II.2. EMERGENCE DE L'UN
60
II.2.1 Création
60
II.2.2 Organisation
62
II.2.3. Objectifs
63
II.2.4. Stratégie de
communication
64
II.3. CONCLUSION PARTIELLE
70
CHAPITRE TROISIEME : COMMUNICATION
POLITIQUE DE L'UN : PARTICULARITÉS ET PATHOLOGIES.
72
III.1. COMMUNICATION POLITIQUE DE
L'UN : PARTICULARITÉS
73
III.1.1. ASPECT IDENTITAIRE :
OPPOSITION AUTOCHTONIE ET ALLOGENIE
74
III.1.2. RIVALITE TECHNOCRATIQUE
79
III.1.3. ORIGINALITE DE PROJET DE
SOCIETE
84
III.1.4. PURIFICATION DES ACTEURS
POLITIQUES
87
III.2. COMMUNICATION POLITIQUE DE
L'UN : PATHOLOGIES
88
III.2.1. Segmentation structurale
90
III.2.2. Segmentation qualitative
92
III.2.1 LE PROFIL DES ACTEURS DE L'UNION
POUR LA NATION
93
III.2.1.1. JEAN PIERRE BEMBA
93
A. L'image voulue :
94
B. L'image transmise :
95
C. L'image perçue
96
III.2.1.2. OLENGA NKOY
99
III.2.1.3. ANSELME ENERUNGA
101
III.2.1.4. THEODORE NGOY
103
III.3. CONCLUSION PARTIELLE
103
III. 4. CONCLUSION GENERALE
105
BIBLIOGRAPHIE
108
OUVRAGES
108
NOTES DE COURS
109
MEMOIRE ET TFC
109
DOCUMENTS ET ARTICLES DIVERS
110
WEBOGRAPHIE
110
TABLES DES MATIERES
113
* 1 Larsonneur,
R., Communication et politique, in
www.jecommunique.com/
2009.
* 2Lamizet,
B., Cours de Communication politique, institut
d'étude politique de Lyon, 2002-2003.
http://doc-iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Documents/Enseignements/Cours/ComPolitique/
* 3 Nous faisons ici
référence au Dialogue intercongolais tenu à Sun City en
Afrique du Sud du 25 février au 17 décembre 2002. Ces assises ont
accouché d'une transition politique incluant toutes les parties au
conflit. Ce qui mettra en place une gestion commune de la chose publique avec
le schéma de 1+4.
* 4 Il s'agit de Joseph Kabila
et de Jean Pierre Bemba
* 5 Lamizet,
B. Op. cit.
* 6 Mazinga, A.
Marketing politique, cours inédit, deuxième licence en
communication des organisations. IFASIC, 2008.
* 7 Lamizet,
B. Op. cit.
* 8 Buse,
C. De la décroissance de l'Union sacrée de
l'opposition : Critique de la communication d'une structure de
conquête du pouvoir politique au Zaïre. Mémoire.
Institut supérieur de technique de l'information. ISTI. 1996. p5
* 9 Mazinga, A.
Op. Cit.
* 10 Freund,
J., Qu'est ce que la politique, Coll.Points (politique),
Sirey, Paris 1965.
* 11 Michael
Schlicht est représentant de la fondation Konrad Adenauer en
Afrique Orientale et Centrale. Il a prononcé cette phrase dans son mot
de circonstance à l'ouverture du séminaire organisé du 17
au 19 mars 1997 à Kinshasa. In Ngoma Binda, (dir)Marketing et
stratégies d'action d'un parti politique, Ifep, Kinshasa, 1997.
* 12 Epee
Ngabwa, Le parti et le pouvoir politique in Ngoma
Binda, pp15-16.
* 13 Extrait de l'interview
accordée au journal le soft le 28 juillet 2002, in
http://www.lesoftonline.net/phil.php?id=129
* 14 Le petit Larousse
illustré
* 15 Buse, C. Op.
Cit. p5
* 16 Sanfourche JP.,
L'illusion des méthodes et les pratiques
d'interprétation des textes éléments de réflexion
pour une didactique de l'interprétation, étude
inédite, publication de l'IUFM, in
http://www.revue-texto.net/Reperes/Themes/Sanfourche_Illusion.html
* 17 Barthes,
R., cité par Ekambo, JC., Nouveaux
paradigmes en communication, cours inédit de deuxième
licence en communication des organisations, Ifasic, 2009.
* 18 Elika, F.,
Culture congolaise, communication et management des
organisations : une relecture actualisée de la réserve
langagière chez les Luba du Kasaï. Mémoire DES, Ifasic
2009. p46.
* 19 Elika, F., Op.
Cit. p46
* 20 Ces renseignements ont
été tirés du site Internet de la commission
électorale indépendante.
http://www.cei-rdc.cd/
* 21
Séguéla, J. publicitaire, vice-président
de Havas Advertising en France. In
http://forums.nouvelobs.com/societe/forum_avec_jacques_seguela,20081210163657736.html
* 22Cotteret, J.M.
Gouvernants et gouvernés, PUF. 1973. in
www.communicationpolitique.com
* 23Wolton,
D., Communication politique in
http://www.wolton.cnrs.fr/FR/dwcompil/glossaire/commpol.html
* 24 Gerstlé,
J., La communication politique, Ed. Arman Colin, Paris
2004.
* 25Nicolas,
F. Cours de communication politique suivi à l'IEP de
Toulouse au 1er semestre du Master 2 Sociologie politique des
représentations (2007-2008). in
http://fred-partage.fr/cours.aspx
* 26 Mulumbati
Ngasha, sociologie politique, Ed Africa, Lubumbashi, 1988,
p45.
* 27 Géoris,
V. Communication politique, Etopia, centre d'animation et en
écologie politique. Décembre 2005. in
http://www.etopia.be/IMG/pdf/la_communication_politique.pdf
* 28 Lamizet, B.
communication politique cours inédit à l'institut
d'études politiques de Lyon.2002-2003 in
http://doc-iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Documents/Enseignements/Cours/ComPolitique/
* 29 Lamizet, B., Op.
Cit.
* 30 Braun, D.,
Cours de Concepts de base en science politique,
Faculté des sciences sociales et politiques de l'Université de
Lausanne, Suisse. 1999-2000,
in
http://www-ssp.unil.ch/~IEPI/CBSP2000/Bourdieu/CoursBourdieu
* 31Dietmar Braun, Op.
Cit.
* 32 Bourdieu,
P., Réponses, Ed. Seuil, 1992, pp78-80
* 33 idem.
* 34
Ibidem.
* 35 Dietmar Braun, op.
cit.
* 36 Mignard, P.
La conscience en miettes, articlé publié
à paris en France le 14 mai 2007 avant les élections
présidentielles. In
http://divergences.be/spip.php?article413
* 37 Le petit Larousse
illustré.
* 38 Définition
tirée de l'encyclopédie en ligne
www.wikipedia.org
* 39 Samba Kaputu,
Le programme politique comme guide de l'action quotidienne d'un
parti politique. in Ngoma Binda (dir) Marketing et
stratégie d'action d'un parti politique, Kinshasa, Ifep, p35.
* 40 Mutamba
Makombo, Programme électoral, in Ngoma
Binda (dir), Marketing et stratégie d'action d'un parti
politique, Kinshasa, Ifep, p.37.
* 41 Lamizet,B. Op.
Cit.
* 42
Idem.
* 43 Grand dictionnaire
encyclopédique Larousse
* 44 Bourdieu,
P., Op. Cit.
* 45 Mazinga,
A. Op. Cit.
* 46 Lamizet, B. Op
cit.
* 47 Mulumbati
Ngasha, Op. Cit. p.140.
* 48 Notre réflexion
parlant des axes horizontaux et verticaux s'est basée sur les travaux
d'André Gosselin intitulés :
La communication politique : cartographie d'un champ de recherche
et d'activités. Toutes les citations en italique s'y rapportent.
* 49 Bourdieu, P. Op.
Cit.
* 50 Elika, F., Op. cit
p93.
* 51
Le Bart, C., Op. Cit.
* 52
Windish, U., K-O.-verbal, communication conflictuelle, Paris,
Ed. L'âge d'homme, collections pratiques des sciences de l'homme. p45.
* 53
Ricoeur, P., Postface au Temps de la responsabilité,
Lectures 1, Autour du politique. Seuil, Paris Essais, 1991, p38
* 54
Windish, U. Op. cit
*
55 Breton, P., et Proulx, S.,
L'explosion de la communication, (nouvelle édition), coll. Sciences
et société, la découverte/B-oréal, Paris,
Montréal, 1993, p 233.
* 56 Le Bart,
C., L'analyse du discours politique : de la théorie des
champs à la sociologie de la grandeur,
Mots. Les langages du politique. In
http://mots.revues.org/
* 57 Le petit Larousse
illustré, 2001.
* 58 Habermas,
J. Théorie et pratique 2. Collection du politique,
Paris. Payol, 1975 p 116. in Kusema, K., La
télévision congolaise et ses choix technologiques,
Mémoire, Ifasic, septembre 2003. p50.
* 59 Extrait du discours de
Jean Pierre Bemba président du MLC et de l'Union pour la Nation,
candidat au second tour de l'élection présidentielle du 2006,
à l'occasion de la sortie officielle de la plate forme Union pour la
Nation à la Foire Internationale de Kinshasa, le 23 septembre 2006.
* 60 Extrait de projet de
société de mouvement du Mouvement de Libération du Congo
* 61 Pombo
Ngunza, Stratégies de communication des organisations, cours
inédit, deuxième licence en communication des organisations.
Ifasic. 2008.
* 62 Kayembe, A., Théories
systémiques de la communication, kratos, Kinshasa 2008, pp5-6.
* 63
http://www.lesoftonline.net/phil.php?id=457
* 64 Une
généalogie qui est disponible dans le site officiel de la
présidence de la République.
* 65 Ces informations sont
tirées du site Internet du MLC en France
http://www.mlc-france.org/article.php3?id_article=235
* 66 Philippe
Perdrix est journaliste à Jeune Afrique il a eu
ànterviewé Jean Pierre Bemba quelques jours avant le premier tour
de l'élection présidentielle. Ces extraits de l'interview sont
tirés du site Internet officiel du MLC
www.mlc-congo.net
* 67 En préparation au
débat décisive qui devrait avoir lieu entre les deux candidates
au second tour de l'élection présidentielle, Jean Pierre Bemba a
organisé le 14 octobre,m soit deux semaines avant le scrutin un
entretien avec la presse. Ces informations sont tirées du site officiel
du MLC
www.mlc-congo.net
* 68 Larsonneur, R., Op
cit
* 69 Extrait tiré du
projet de société du MLC. Un document qui est aussi disponible
sur le site Internet officiel du MLC.
www.mlc-rdc.net
* 70 Mazinga, A., Op.
Cit.
* 71
Mazinga, A., Op. Cit.
* 72 Ekambo,
JC., Cours inédit des théories de communication,
troisième graduat à l'institut facultaire des sciences de
l'information et de la communication, Ifasic 2006-2007.
* 73
Mazinga, A., Op. Cit.
* 74 Longonya;JMV.
Cours inédit de création d'image, dispensé en
première licence de communication des organisations, Institut facultaire
des sciences de l'information et de communication. 2007-2008.
* 75 Longonya;JMV. Op.
Cit.
* 76Longonya, J., Op
cit.
* 77
Longonya, JMV., Op cit.
* 78 Ces informations nous sont
familière pour avoir relayer en tant que journaliste à la radio
liberté depuis sa chaîne mère de Gbadolite toutes les
étapes qui ont émaillés ce symposium de Beni en 2000.
* 79 Agbumana Motingia,
D., Dictionnaire Biographique des cadres. De l'Etat indépendant
du Congo, Congo-Belge, Congo indépendant. Edition 2008. pp 672-673.
* 80 Agbumana Motingia,
D., Op. Cit p195
* 81 Agbumana Motingia,
D., Op. Cit p639