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Communication politique et logique d'actualisation dans le champ électoral. Approche constructiviste de la campagne de l'union pour la nation en république démocratique du Congo

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par Jacques Yves MOLIMA AUTA MISO MAPUMBA DUA
Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication - Licence 2009
  

Disponible en mode multipage

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    REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

    MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

    INSTITUT FACULTAIRE DES SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

    « I.FA.S.I.C »

    B.P. 14.988

    KINSHASA GOMBE

    DEPARTEMENT DE COMMUNICATION

    OPTION : COMMUNICATION DES ORGANISATIONS

    =======================================================

    « COMMUNICATION POLITIQUE ET LOGIQUE D'ACTUALISATION DANS LE CHAMP ELECTORAL. Approche constructiviste de la campagne de l'Union pour la Nation en République Démocratique du Congo »

    MOLIMA AUTA MISO MAPUMBA DUA Jacques Yves.

    Mémoire présenté et défendu en vue de

    l'obtention de grade de Licencié en science

    de l'information et de la communication.

    Option : Communication des Organisations

    Directeur : Aimé KAYEMBE T. MALU

    Professeur.-

    Lecteur : François ATUBOLO ELIKA

    Chef des travaux.-

    Septembre 2009

    DEDICACE

    A Mon Père Antoine Richard Molima Ngandola, dans l'au-delà que l'âme du géniteur se réjouisse de son génie ;

    A Mon épouse, ma collaboratrice aux combats ;

    A Ma Mère Elise Ngombe ;

    A Mes filles Myriam Molima Ngombe et Soleil Molima Kwawe ;

    Je dédie ce travail, fruit de leurs amours.

    Jacques Yves Molima Auta.-

    0. INTRODUCTION

    1. POSITION DU PROBLEME

    « La communication est indissociable de la politique et (voire même) de la démocratie1(*) ». Cette affirmation de Robert Larsonneur inspiré du présupposé de l'école de Palo alto à savoir « on ne peut ne pas communiquer » s'est avéré au fil du temps une évidence qui a toute sa valeur dans le champ politique.

    Il s'y dégage en effet, une valeur prépondérante qu'on accorde à la communication dans l'espace public. Cela devient beaucoup plus accrue lors des élections. A cette occasion, l'homme politique est dans l'obligation de transmettre ses idées, son opinion, sa vision politique à un plus grand nombre de ses concitoyens. C'est aussi un moment où l'homme politique entre en contact avec son électorat. Le temps pour lui de se faire une idée sur le profil des électeurs, connaître leurs aspirations, connaître leurs réactions face au programme qui leur est présenté.

    Par cette pratique, « La vie politique théâtralise la vie sociale, en lui donnant les formes, les structures et les logiques d'un ensemble de représentations, dans lesquelles nous pouvons nous reconnaître dans les stratégies, dans les discours et dans les mises en scène des acteurs de la politique2(*) ».

    En effet, notre étude s'intitule « Communication politique et logique d'actualisation dans le champ électoral. Approche constructiviste de la campagne de l'Union pour la Nation en République Démocratique du Congo »

    Ainsi, après près de quatre décennies d'une vie politique marquée par une certaine organisation d'élection présidentielle (2006), la République Démocratique du Congo a franchi le pas au terme d'une transition considérée comme fruit des négociations politiques3(*), en organisant des élections qualifiées de démocratiques et indépendantes. Cela s'est, quelque part, vérifié par l'organisation d'un scrutin présidentiel qui s'est soldé par un second tour, aucun des candidats n'ayant requis la majorité au premier tour4(*).

    Ce second tour de l'élection présidentielle a mis au prise deux candidats, le président sortant Joseph Kabila et l'un des quatre vice-présidents, Jean Pierre Bemba. Ce round n'a pas seulement été un duel entre deux challengers sur le « ring politique » mais un combat idéologique de deux classes politiques, de plusieurs tendances et plusieurs courants politiques, qui les uns et les autres s'alignant derrière l'un ou l'autre candidat.

    Ces jeux d'alliances à l'issue du premier tour très disputé ont donné naissance à deux plates-formes politiques. D'un côté, l'Alliance pour la Majorité Présidentielle, l'AMP, soutenant le candidat président sortant Joseph Kabila et de l'autre côté, l'Union pour la Nation. Cette dernière s'est formée autour du candidat président Jean Pierre Bemba avec pour mission : Tenter de barrer la route à une reconnaissance, à une légitimation du pouvoir de Joseph Kabila.

    Et pour se faire l'Union pour la Nation devrait construire sa communication pendant la période électorale sur une idéologie qui mettrait en exergue un argumentaire qui au finish permettrait à son candidat de maximiser ses atouts pour atteindre l'objectif assigné.

    Cependant, retenons que la communication politique en démocratie « Est liée à l'aménagement d'un espace public, celui-ci, pris ici comme un lieu de rencontre spéculaire avec l'autre, fondatrice de toute conscience politique5(*) ». Il (l'espace public) est caractérisé par l'existence d'un nombre important d'électeur, de problèmes débattus, et également par une forte présence médiatique à en croire Mazinga6(*). Toutefois, le déploiement de la communication politique ne se limite pas seulement à la forte présence médiatique dans l'espace public, car cet espace public est caractérisé par des sondages d'opinion, l'institutionnalisation de tous les problèmes politiques et une extension de la logique7(*) souligne Bernard Lamizet.

    De ce qui précède, tout en sachant que l'Union pour la Nation est une plate forme politique qui a été instituée pour soutenir la candidature de Jean Pierre Bemba au second tour de l'élection présidentielle, celle-ci fait également parti du champ politique congolais aux mêmes réalités.

    Il transparaît ainsi qu'il sera d'une importance capitale de ressortir les aspects de la communication qui ont prévalu au sein de l'Union pour la Nation lors de sa campagne électorale. Ce qui revient à explorer  les aspects tels que :

    - L'aspect idéologique déterminant dans l'élaboration et la construction de l'image de la plate forme ;

    - L'aspect instrumental. Ce qui met en évidence le type hégémonique qui a embrigadé la communication autour du leader dans un genre de vedettariat aux conséquences multiples ;

    - L'aspect technique qui est au fait la capacité programmatique de la plate forme dans sa politique de lutte communicationnelle d'avec le challenger en vue.

    Au regard de cette exploration, Claude Buse relève que : « sur une aire politique, il est nécessaire d'être attentif aux signes, aux actions des autres et de savoir réagir par rapport à son environnement social et politique8(*). »

    2. ETAT DE LA LITTERATURE

     

    La communication politique des partis politiques congolais en guise de préparatif à l'échéance électorale a auparavant fait l'objet des certaines recherches. Ainsi, par exemple, Musiensu Mikiona s'était focalisé à étudier la communication politique des partis politiques congolais pendant la transition de 2003-2005. Cas du Palu.

    Dans sa recherche il était question d'examiner les stratégies de communication que le Palu a adopté et ou a utilisé pendant cette période de transition pour préparer les échéances électorales législatives et présidentielles.

    Au terme de sa recherche, Musiensu est arrivée à la conclusion que le Palu utilisait les réunions, les communiqués de presse, les notes circulaires, les conférences et/ou point de presse, les meeting, la revue interne comme ses stratégies de communication.

    D'où sa contribution était celle de faire voir que la façon de communiquer emprunter par le Palu était butée au problème de déficit communicationnel dans le pays, de tel enseigne qu'il était difficile pour le Palu d'installer ses représentations dans d'autres provinces du pays.

    La seconde recherche qui a retenu notre attention est celle de Tshiala Mutombo. Celle-ci a étudié la communication politique de l'assemblée nationale pendant la période préélectorale. Axant sa question de recherche sur la communication politique de l'assemblée nationale, elle cherchait à savoir comment cette institution communique t-elle avec la population congolaise pendant la période préélectorale. Il s'agissait pour lui de chercher à comprendre si l'assemblée disposait-elle d'un plan de communication.

    Au terme de son étude, Tshiala Mutombo est tombée sur la conclusion que l'assemblée nationale n'assure pas une communication intéressante, efficace, systématique, coordonnée et objective du travail mené par elle. D'où sa contribution celle d'inciter l'assemblée nationale d'établir un plan pour atteindre toute la base afin de dissiper en elle les malentendus, l'ignorance, le scepticisme face aux prochaines élections.

    Eu égard aux travaux susmentionnés, notre étude, elle se fonde sur l'importance qu'on accorde à la communication politique dans le champ électoral. Il s'agira de ressortir la valeur des constructions de l'identité des acteurs politiques, de leurs actions et surtout du déploiement de leur communication politique pendant la période électorale.

    3. PROBLEMATIQUE

    Conquérir le pouvoir dans un système démocratique revient à s'arroger un nombre important d'électeurs. Ainsi, « l'homme politique doit définir des objets et des programmes et influencer le comportement des citoyens et cela en vue d'une échéance électorale9(*) ». C'est alors qu'intervient la démarche globale de la communication politique dans un champ politique.

    Cependant, le champ politique congolais possède certaines caractéristiques qui lui confèrent un statut particulier, il y a notamment le déficit de la socialisation politique. A cet effet, il sied de signaler que la politique, à la suite de Julien Freund10(*), répond à une nécessité de la vie sociale. Il s'agit, au fait, de la prise en charge du destin de la collectivité dans sa globalité. Ainsi, la politique est une affaire qui concerne toute la communauté, car elle participe non seulement à l'oeuvre commune de construction sociale, mais aussi à l'épanouissement de la liberté pour tous et de conquête de la paix.

    On pourrait alors parler de la démocratisation de la vie sociale qui apparaît à nos yeux comme un phénomène général qui transforme toutes les relations sociales en faisant accepter des divergences d'opinion et des mécanismes pacifiques de résolution des conflits, notamment les élections.

    En République Démocratique du Congo, force est de remarquer que les acteurs politiques, dans la plupart de leurs actions, n'ont pas totalement tenu compte de la réalité qui voudrait à ce que leurs activités politiques soient une réponse à une nécessité de la vie sociale. Nous avons, malheureusement, assisté à des scènes telles que les interventions des hommes politiques dans la société se sont limitées à des simples actions ponctuelles creusant malheureusement un fossé entre, d'un côté, les acteurs politiques et de l'autre côté, le peuple. Alors que la gestion de la chose publique devrait en principe associer tout le monde. Ainsi, l'on remarque que d'une part la population ne se définissant plus dans les actes des politiques est devenue une sorte d'une bombe a retardement qui peut exploser à tout moment et d'autre part, les hommes politiques ne voyant plus que leurs intérêts profitent de la non ingérence de la population pour se tirer certains gains en leur propre faveur.

    Ainsi, certains partis politiques ne se souciant plus que de la conquête du pouvoir ne tiennent plus compte du fait qu'un parti, comme l'a attesté Michael Schlicht11(*), a besoin d'un programme pour que les électeurs puissent l'identifier.

    Le public doit connaître les principes et les raisons générales des actions menées. Si un parti dispose d'un leader crédible, cela peut faciliter l'identification du peuple avec ce parti. En effet, le pays a besoin des leaders politiques qui n'ont pas seulement pour ambition d'accéder au pouvoir, mais plutôt, ceux qui ont le souci de s'occuper du bien-être du peuple.

    Ce déficit de la socialisation politique en RDC s'est accru de telle enseigne que les partis politiques ne sont plus considérés à juste valeur. Pourtant, « un parti politique doit être une organisation durable, capable de survivre à ses fondateurs et qui professe les mêmes vues politiques en s'efforçant de les faire prévaloir en y ralliant le plus grand nombre possible des citoyens et dans le but de conquérir, d'exercer ou de conserver le pouvoir12(*)»

    Ce qui précède appui en effet l'autre caractéristique du champ politique congolais à savoir le faible ancrage des partis politiques comme force spéciale sociale et politique fédéraliste des jeux politiques.

    En effet, les partis politiques qui en principe devraient être des organisations structurées qui aident le candidat, le cas échéant, à conquérir le pouvoir, ces structures politiques en RDC se sont, par moment, détournées de leurs idéaux de tel enseigne qu'au lieu que ces partis façonnent les hommes politiques en leur dotant des prérogatives nécessaires répondant aux aspirations, et du parti, et du peuple pour lequel ils se sont engagés dans les activités politiques, ces partis sont plutôt tombés sous l'influence des individus. De ce fait, certains partis sont devenus des propriétés privées de leurs leaders. Conséquence, ces individus ont mieux construit leurs identités politiques au détriment du parti. Ainsi, cette faiblesse des partis politiques a donné lieu à l'individualisation du jeu politique.

    En effet, le jeu politique en RDC s'est pendant la période préélectorale ainsi que pendant la période électorale, construit sur des individualités des leaders des partis politiques. Plusieurs partis au fait, ne s'identifiaient plus que par leurs leaders. Ainsi, Antoine Gizenga était mieux connu que son PALU, Nzanga Mobutu était plus visible que l'UDEMO, Jean Pierre Bemba avait un poids politique qui faisait ombrage à son parti le MLC tandis que Joseph Kabila passait par-dessus le PPRD jusqu'à se faire candidat indépendant aux élections présidentielles, mais toujours soutenu par le même parti.

    Les partis politiques devenaient alors des accompagnateurs des hommes politiques dont la survie dépendait du leader d'autant plus que ces partis avaient du mal à transcender les individus pour exister en tant que tel, imbu des idéaux capables de galvaniser les énergies impersonnelles et ainsi résister à l'usure du temps.

    Bref, le jeu politique en RDC devenait une sorte de champ où s'émouvaient mieux les acteurs politiques que leurs partis. Ceci a entraîné vraisemblablement la personnalisation du discours politique.

    En effet, pendant cette période, les hommes politiques congolais ont axé leurs discours sur des principes qui ne sont pas dictés par les idéaux du mouvement ou du parti politique mais sur leurs visions personnelles. Nous avons entendu parler certains hommes politiques lors des négociations politiques de Sun city en Afrique du Sud en 2002. Quand il s'agissait de la question du pouvoir, le chef de la délégation du MLC n'hésitait pas un seul instant de faire prévaloir la volonté de son leader. Ainsi on peut lire cette déclaration d'Olivier Kamitatu au Journal Le Soft international quelques jours après la signature du protocole de Sun City « Le MLC a signé cet accord un peu «par défaut» Jean-Pierre Bemba n'avait aucune envie de devenir Premier ministre. Il briguait la magistrature suprême et ne l'a jamais caché. Joseph Kabila ne voulait pas de chef de gouvernement. Il n'en veut toujours pas d'ailleurs. Il souhaite régenter, seul, les affaires du Congo. L'un et l'autre ont dû se dépasser13(*) » Une déclaration qui démontre quelque part le poids des hommes, le désir des leaders politiques qui passe par dessus tout.

    En personnalisant ainsi leurs discours, ces hommes politiques affichaient une perméabilité par rapport aux significations politiques extérieures. Quand bien même ces discours s'inscrivaient dans la trajectoire national, ils étaient pour la plupart de cas, confrontés à la donne internationale.

    Il se dégage, en effet, que le champ politique congolais étant consensuel pendant la transition avec la dialectique de négociation, ce champ politique avec l'arrivée des élections présidentielles et législatives en 2006, est passé vers une dialectique de compétition électorale. Ainsi, nous sommes passés du champ politique transactionnel consensuel vers le champ politique transactionnel compétitif. C'est au fait un contexte particulier qui nécessite d'autre stratégie communicationnelle.

    Ainsi dans cet environnement politique,

    - Comment l'Union pour la Nation a-t-elle construit sa communication politique où ses modalités communicationnelles pour s'assurer de la victoire au sein du champ politique à l'issue des élections ?

    Cette question appelle d'autres questions subsidiaires à savoir :

    - Quels sont les éléments sociopolitiques internes et externes qui ont imprimés à la stratégie électorale de l'UN, ses contours en vue de maintenir en position hégémonique la candidature de Jean Pierre Bemba ?

    - Quelles sont les limites que cette stratégie a présentées face à l'actualisation de la stratégie des autres adversaires ?

    4. HYPOTHESE

    L'environnement politique préélectoral est un environnement qui épouse les éléments caractéristiques de la configuration du champ politique, lequel champ est déterminé par une forte valorisation des individus par rapport aux structures politiques et sociales existante. Dans cette optique, la communication politique construit autour du leadership individualisé de l'acteur considéré, dans le cas d'espèce, comme l'instance de l'historicité politique au sein du champ.

    Son propre discours devient un discours fédérateur à l'égard de la structure qui porte sa candidature. Le sens de la communication est donc subséquent au leadership politique de l'acteur politique tel qu'il se déploie au sein du champ politique. Les éléments du prestige personnel de l'individu à l'instar du niveau intellectuel, des avoirs économiques, le passé politique, l'identité politique et sociale, ont imprimé à la communication politique de la structure, ses marques, déterminé la portée stratégique de la structure de sorte qu'on peut parler d'une homologie structurelle.

    5. CHOIX ET INTERET DU TRAVAIL

    Notre préoccupation se base sur l'organisation de la communication politique au sein d'une plate forme politique pendant la période électorale. Il s'agira pour nous de tenter de mettre en lumière les faits, les gestes, les actions des acteurs politiques qui ont imprimé les stratégies de communication de cette plate forme dans le champ politique congolais lors du second tour de l'élection présidentielle.

    Nous tenterons en plus d'élucider la forte valorisation des individus par rapport aux structures politiques et sociales d'une part et d'autre part, par rapport à la personnalisation de la communication politique qui a prévalu au sein de la plate forme politique Union pour la Nation.

    L'intérêt ici serait de mettre en exergue l'importance de la communication dans le champ politique. Si la communication politique a fait ses preuves dans les pays occidentaux, en Afrique, elle semble n'est pas être pris à sa juste valeur. Plusieurs parmi les dirigeants africains se contentent encore de la tradition africaine basée sur la politique d'octroie de quelques subsides aux électeurs ou encore sur le développement des déclarations tribales, claniques et racistes. Peu parmi eux, cependant, pensent qu'il est temps de formuler des programmes, des projets de société exemptés de toute coloration tribale et clanique et basés sur l'amélioration des conditions de vie de la population et visant le développement intégral de la nation, ce qu'on qualifierait de la socialisation politique.

    Ainsi, pensons nous, mettre à la portée du public notre contribution dans la pratique de la communication politique au sein d'une société en voie à la démocratisation en scrutant la campagne électorale de l'Union pour la Nation pendant le second tour de l'élection présidentielle en RDC. Une manière pour nous d'étaler certaines failles détectées et tenter de les diagnostiquer

    6. METHODES ET TECHNIQUES

    Pour scruter le construit communicationnel de l'Union pour la Nation pendant sa campagne électorale, il nous sera plus plausible de nous servir de la Méthode interprétative selon l'herméneutique de Paul Ricoeur.

    L'herméneutique tire son origine du grec hermeneuein qui se traduit par expliquer. En théologie chrétienne, l'herméneutique est une science de la critique et de l'interprétation des textes bibliques. Mais en Philosophie, elle est une théorie de l'interprétation des signes comme éléments symboliques d'une culture14(*).

    De son côté, Paul Ricoeur définie l'herméneutique comme étant « une science ou tout simplement une technique d'interprétation des textes. Et qui de préciser qu'un texte peut bien être, autant un écrit qu'une action, si ce n'est le cours même de l'histoire15(*)».

    Retenons en effet que l'herméneutique postule certains principes notamment :

    · Le sens de la réalité sociale est caché.

    · Les faits sociaux sont le fait de l'interrelation entre les membres d'une structure.

    · La paradoxalité des fait sociaux évoluent par le fait de contradiction.

    De ce fait, il sera question de part cette méthode de ressortir des faits significatifs et explicatifs susceptibles de fournir des preuves et servir d'argument eu égard aux préoccupations qui sont nôtre.

    Ainsi, « Comprendre un texte, c'est suivre son mouvement du sens vers la référence, de ce qu'il dit à ce sur quoi il parle16(*) » Ce qui nous pousse à faire appel à l'approche constructiviste. En effet, cette approche stipule que le sens n'est pas un donné, le sens est une émergence par rapport au contexte. Ainsi, Roland Barthes17(*) souligne que le sens d'un texte n'est pas un axiome, il n'est pas donné mais se construit selon le locuteur.

    A cet effet, dans le champ électoral les acteurs politiques affûtent leurs déclarations afin qu'elles correspondent aux attentes de la population. En faisant l'interprétation de leurs actions, de leurs déclarations nous sommes dans l'obligation de tenir à l'esprit que le sens que chaque acteur politique donne à ses déclarations dépend du contexte dans lequel il construit ses actions. A ce niveau, nous pouvons souligner le fait que la communication au sein de l'organisation épouse la logique dominante du contexte, de ce point de vue la communication devient le processus de construction du sens existentiel sur base des logiques sociales qui déterminent l'imprégnation sociale18(*)

    Ce qui pourra très bien s'expliquer par la communication politique car celle-ci impose la diversification de déclarations par rapport aux cibles appropriées.

    6.1. L'approche Constructiviste

    Cette approche souligne le fait que le sens n'est pas un donné, mais il est, en rapport au contexte, une émergence. Le sens d'un texte, par rapport à cette approche, se construit selon le locuteur. Toutefois, il sied de souligner que le constructivisme met en relation la production et la reproduction des pratiques sociales avec leur caractère situé dans des contextes particuliers : culturel, historique, politique, économique, géographique d'autant plus que qu'il est né et s'est développé dans des disciplines humaines dont essentiellement la sociologie, la philosophie et l'anthropologie19(*).

    Le constructivisme sous l'angle des sciences de l'information et de la communication certifie l'évidence que le « fait humain » s'apparente au « fait social » des sociologues. En tant que tel, le fait humain est l'élément d'une chaîne de faits sociaux concomitants, en relation de causalité, extérieurs et imposés à l'individu selon Durkheim (holisme). Ainsi, la compréhension d'un fait social n'est que le résultat d'une reconstruction de sens par l'acteur. En tant que « fait communicationnel » le phénomène construit nous fait passer du champ sociologique au champ des sciences de l'information et de la communication. Si le phénomène construit caractérise alors la communication de l'acteur social avec une machine et le message qui les lie, il sied de postuler qu'il communique aussi avec tout environnement ayant une signification à son égard.

    6.2. Les axiomes de l'approche constructiviste

    Le constructivisme se penche sur la nature des acteurs (Etat, groupe et individus, les formations sociales, en général) et sur leurs relations aux environnements structurels plus larges. La philosophie est celle d'une constitution mutuelle dans laquelle aucune unité d'analyse en terme d'acteur-structure, n'est réduite à l'autre. L'intérêt des acteurs émerge « de » et est endogène « à » l'interaction avec la structure au premier niveau, et d'autres acteurs au second niveau, sans qu'aucun n'ait la primauté analytique sur l'autre. Tout se passe par le biais de la pratique et des normes qui donnent sens à l'action. En l'absence de ce cadre pratique, de cette structure normative, les actions seraient dénuées de sens.

    Ainsi, le premier axiome constructiviste stipule que les acteurs agissent à l'égard d'objet aussi bien que d'autres acteurs, sur base du sens que ces objets et acteurs ont pour eux. Tandis que le deuxième axiome souligne que le système social est inséré dans une société ayant un ensemble de règles, de valeurs et d'institutions communément acceptés et régulant la vie humaine.

    Partant de ces axiomes, eu égard à notre étude qui se penche sur l'approche constructiviste d'une campagne électorale, nous pouvons souligner le fait qu'au sein du champ électoral, les acteurs politiques conjuguent leurs efforts par rapport au sens qu'ils accordent à leurs actions, tout en tenant compte des normes et principes qui régissent le champ électoral.

    7. DELIMITATION DU SUJET :

    Notre étude couvre la période de l'après premier tour de l'élection présidentielle en RDC. Une période qui part de la proclamation des résultats du premier tour le 20 août 2006 et se clôture à l'élection des gouverneurs et vice-gouverneurs du 27 Janvier 200720(*).

    Ce choix est édicté par le fait que de la plate forme politique Union pour la Nation est le fruit d'une entente de la mise en ordre de bataille des plusieurs partis et leaders politiques pour soutenir le candidat Jean Pierre Bemba au second tour de l'élection présidentielle et tenter de constituer, au contraire, une contre force au sein du parlement congolais en vue de briguer la primature.

    8. STRUCTURATION DU TRAVAIL

    Nulle étude scientifique ne s'achemine sans une organisation rationnelle des différents contours qui constituent son ossature. Ainsi, outre, naturellement, l'introduction et la conclusion, la présente étude se subdivise en trois chapitres, notamment :

    - La clarification conceptuelle et théorique.

    - Le paysage politique congolais et l'émergence de l'Union pour la Nation.

    - La communication politique de l'Union pour la Nation : Particularités et Pathologies.

    Il sera question, dans le premier chapitre, de circonscrire les concepts de base de notre étude afin d'établir une corrélation entre ces concepts et leur application dans la perspective d'y déceler les vérités scientifiques partant des théories pouvant servir de soubassement et de compréhension au phénomène étudié.

    Le second chapitre traitera de l'environnement politique congolais et de l'émergence de l'UN. En effet, l'essentiel des articulations dans ce chapitre tournera autour de la configuration du champ politique congolais post Sun City. Cependant, tout partira de l'existence même de la plate forme Union pour la Nation. Sa création, sa mission, ses objectifs et son plan d'action dans le champ politique congolais et dans le champ électoral.

    Enfin, le troisième chapitre sera consacré à l'analyse de la communication politique de l'Union pour la Nation. Nous étayerons en premier lieu les particularités de la communication de l'Union pour la Nation, ce qui revient à traiter premièrement de la question identitaire qui a prévalue au sein de l'UN, secondement de la rivalité technocratique qui a caractérisé les deux candidats en course, troisièmement de la question de projet de société de chaque partie, enfin de la question de purification prônée par chaque candidat. Ceci nous permettra ensuite de tenter de dresser une pathologie et de trouver des explications sur le fonctionnement de la communication de l'UN partant de ses acteurs politiques et de sa stratégie mise en place pendant la période électorale.

    CHAPITRE PREMIER : CLARIFICATION CONCEPTUELLE ET THEORIQUE.

    Notre étude se focalise sur la communication politique pendant une campagne dans le champ électoral. Cela requiert bien évidemment des concepts susceptibles d'être élucidé et circonscrit par rapport à notre étude. Cela va de soi que soit explicité certains concepts constituant l'ossature d'une étude scientifique.

    A cet effet, le présent chapitre traitera primo de la communication politique, secundo du champ, tertio de l'alliance politique et quarto de la campagne électorale. Par ailleurs, basée sur des théories, la science acquiert sa lettre de noblesse dans la circonscription des principes et des idées des auteurs et des chercheurs sous-tendant l'argumentaire d'une étude, il en sera aussi question dans ce chapitre.

    I. CADRE CONCEPTUEL

    I.1. COMMUNICATION POLITIQUE

    La communication politique est un terme composite qui met en exergue d'un côté la communication et de l'autre la politique. Ainsi, nous pouvons circonscrire la communication politique en faisant allusion à l'échange de communication entre gouvernant et gouverné. Nous serons d'avis avec Jacques Séguéla21(*) que gouverner c'est, communiquer. Cela sous entend que l'une des dimensions essentielles de l'activité politique est la communication. Ce qui s'explique par le fait que l'homme politique doit écouter et comprendre les attentes des ses compatriotes, et en retour transmettre et informer ces derniers sur les orientations politiques lesquelles sous-tendent son action. C'est alors qu'intervient la communication politique dans la société.

    Comme nous l'avons susmentionné avec Jacques Séguéla que gouverner c'est communiquer, cela traduit l'existence d'un échange de communication entre gouvernant et gouverné. De part cette réalité, Cotteret ajoute en précisant que la communication politique est un « Echange d'information entre gouvernants et gouvernés par des canaux de transmission structurés ou informels22(*)» il s'agit au fait pour Cotteret de démontrer la structuralisation et la formalisation de la transmission des informations servant des jonctions entre ceux qui détiennent le pouvoir d'organiser la cité et la population. Cela passe par des canaux formels ou informels. Ce qui revient à considérer tous les moyens possibles utilisés par le pouvoir en place pour communiquer dans le champ politique.

    Cependant, si Cotteret qualifie la communication politique, comme étant la transmission d'information existant entre les gouvernants et les gouvernés dans le champ politique, cela n'est en réalité qu'une partie de ce qu'est la communication politique. Car, le monopole de la communication politique ne revient pas seulement aux gouvernants dans leurs échanges avec la base en passant par des canaux formels ou informels d'autant plus qu'il faille considérer la démarche politique comme une activité ouverte à tous les acteurs politiques au pouvoir ou non.

    Cela étant, Dominique Wolton considère alors la communication politique comme « L'espace où s'échangent les discours contradictoires des trois acteurs qui ont la légitimité à s'exprimer publiquement sur la politique et qui sont les hommes politiques, les journalistes et l'opinion publique à travers des sondages23(*) » Ainsi, la communication politique devient pour Wolton un champ où le pouvoir d'expression est accordé à ceux qui possèdent la légitimité à s'exprimer en public en matière de la politique. Cette manière de considérer la communication politique par Wolton n'est pourtant pas exhaustive, ce qui se trouve être compléter par Jacques Gerstlé24(*) pour qui la communication politique serait alors « L'ensemble des pratiques et techniques, représentationnelles et discursives, par lesquelles s'instaurent un échange et une interaction dans et entre les principales catégories de la société, à savoir les acteurs politique, les citoyens et les intermédiaires issus de l'univers médiatique, des sondages d'opinion et des firmes chargées de gérer l'image des hommes politiques »

    Ainsi, si cette démarche concerne, d'une part les hommes et acteurs politiques, ainsi que les journalistes et d'autre part l'opinion publique et les firmes en charge des images des hommes politiques, cela sous entend que la communication politique est intimement liée à l'organisation et la transmission des informations par des moyens adéquats dans l'espace politique.

    Cependant, la communication politique requiert un caractère beaucoup plus important pour l'homme politique en quête du pouvoir. En d'autre terme, tout acteur politique qui aspire à des hautes fonctions doit, non seulement, concevoir et maîtriser les mécanismes de communication pouvant lui permettre de focaliser et d'attirer sur lui l'estime des électeurs, mais aussi et surtout mettre en place des stratégies visant à rationaliser sa démarche politique face à ses potentiels électeurs.

    Abondant dans le même sens, Thierry Saussez cité par Frédéric Nicolas, assimile la communication politique à un « ensemble de techniques permettant de créer ou développer la notoriété et l'image d'un homme politique en favorisant l'adéquation entre ses idées, son programme, sa personnalité et le marché électoral25(*) ». Et Wolton de renchérir ; la communication politique suppose «La formulation des objectifs des forces politiques en rapport avec les attentes des électeurs. Sa fonction généralement reconnue est d'être constitutive de l'identité par la transmission de pratiques symboliques dans lequel l'électeur se reconnaît ». 

    De ce qui précède, il en découle l'importance qu'on accorde à la communication dans le champ politique et qui pis est dans le champ électoral. Ainsi dans cet espace politique communiquer aura le sens d'un « Echange d'informations entre acteurs politiques et ayant des conséquences directes ou indirectes, médiates ou immédiates sur le système politique26(*) ».

    Par ailleurs, si l'on prenait pour référence le schéma de Jakobson, la spécificité de la communication politique serait que « l'émetteur est un sujet politique fait de réel, d'imaginaire et s'exprimant en utilisant une symbolique27(*)»

    Le réel ici est « l'expérience telle qu'elle figure avant la socialisation ». Il s'agit au fait de la dimension singulière de l'homme politique avant son intégration dans le champ politique pris dans son sens dirigiste de la société.

    Tandis que l'imaginaire selon Jakobson est la mise en mouvement du désir une fois que le sujet existe dans l'espace public. C'est le fait que l'homme politique soit en mesure de promouvoir sa pensée tout en cherchant à occuper une place dans l'espace public.

    Enfin, Roman Jakobson considère le symbolique comme étant « l'ensemble des codes par lesquels le sujet va exprimer sa filiation collective ». Et se faisant, Bernard Lamizet pense que la communication politique constitue « Une médiation de représentation symbolique du pouvoir d'une part et d'autre part, elle entend exercer une influence symbolique par les formes et les expressions qu'elle diffuse dans l'espace public28(*)». Il s'agit ici, non seulement, de mettre à la disposition du public, de la population, par des moyens de communication, tout ce qui représente le pouvoir, mais aussi, exercer une influence symbolique sur cette population par des formes et des expressions à travers des canaux spécifiques.

    En d'autre terme, la communication politique « donne la visibilité d'un système de formes et de représentations symboliques aux acteurs qui exercent leurs pouvoirs et mettent en pratique les choix et les orientations de la médiation politique29(*)»

    De ce qui précède, nous avons alors la prétention de souligner que la communication politique vise à canaliser les passions politiques au profit d'une idée, d'un homme, d'un parti. Elle comprend une communication globale et une communication électorale de plus en plus encadrée juridiquement et financièrement.

    Toutes les définitions de la communication politique, telles que nous les avons précédemment explicité soulignent un aspect particulier celui de l'espace public, de l'espace social dans lequel cette communication s'exerce ou se déploie. Ce qui nous instigue de chercher à comprendre, et cela en rapport avec notre étude, ce qu'est le champ et plus particulièrement le champ électoral.

    I.2. CHAMP

    Comme nous l'avons susmentionné, la communication ne s'exerce que dans un espace social, celui-ci étant « un espace de différence, dans lequel les classes existent en quelque sorte à l'état virtuel, en pointillé, non comme un donné, mais comme quelque chose qu'il s'agit de faire30(*)»

    Ainsi, nous sommes d'accord avec Dietmar Braun que dans « un espace social existent tout d'abord des positions occupées par les individus. Et les rapports entre les individus sont justement déterminés par l'écart différentiel entre leurs différentes positions31(*) » En d'autre terme, l'espace social se défini par les structures qu'incarne chaque individu en rapport, bien évidemment, avec son positionnement dans la société.

    Sachant alors que les individus dans une société agissent et interagissent dans une sorte de concurrence au sein de l'espace social, ce que Pierre Bourdieu explicite en disant que « La concurrence est la caractéristique principale de l'interaction qui caractérise l'ensemble des champs sociaux32(*) ».

    Ainsi, on peut définir le champ avec Pierre Bourdieu comme étant « un espace social ou des acteurs sont en concurrence avec d'autres acteurs pour le contrôle des biens rares et ces biens rares sont justement les différentes formes de capital33(*) ». Il s'agit au fait de la persévérance de chaque actant dans sa démarche afin de rentabiliser son capital, ce qui renforcera sa position dans le champ. Cela nous parait plus évident dans la mesure où cet actant sache harmoniser sa gestion communicationnelle au sein de la société. Nous pouvons alors dire en passant que tout actant qui attend se saisir de l'opportunité que lui offre un champ, doit en principe investir toutes ses ressources psychiques, intellectuelles, physiques et même matérielles pour obtenir ce que Bourdieu appelle « capital34(*)» à savoir la clé du pouvoir au sein du champ.

    Somme toute, le champ apparaît comme un espace social où cohabitent les acteurs en interdépendance, en connexion ou en interaction. Et leurs positions « varient selon la valeur de leur ``jetons'' et leur habilité à utiliser leur pouvoir35(*) ».

    Chaque champ est organisé selon une logique propre déterminée par la spécificité des enjeux et des atouts que l'on peut y faire valoir. A cet effet, Pierre Bourdieu considère que « parler de champ pour désigner l'univers au sein duquel se déploie l'activité politique, c'est suggérer que les stratégies poursuivies par les acteurs politiques, les types de biens symboliques qu'ils produisent, qu'ils distribuent ou qu'ils convoitent, les comportements qu'ils adoptent, sont spécifiques à ce champ, et n'y prennent sens que relationnellement ».

    Nous pouvons dire en d'autre terme que le champ politique est l'arène de confrontation de l'élite politique. Et cette confrontation s'accentue lors des élections. A ce stade, les hommes politiques mettent en exergue tous ce qu'ils ont de meilleur dans l'art de convaincre pour s'attirer la sympathie des potentiels électeurs.

    Cette façon de faire ne peut que se déployer dans un champ bien défini en rapport au scrutin en vue. Il s'agit au fait du champ électoral. En effet, selon Patrick Mignard, le champ électoral « est une espèce de vaste ``marché'' dans lequel il y a des ``offres'' et des ``demandes'', et  il est essentiellement abstrait36(*)».

    Cette logique de l'offre et de la demande chère à l'économie n'est qu'une figure qui se caractérise mieux ici par le marketing politique. Ainsi, les ``demandeurs'' sont bien entendu les potentiels électeurs avec leurs comportements spécifiques, leurs besoins et leurs désirs et qu'ils souhaitent les voir satisfaits par celui à qui ils confieront les rênes du pouvoir par la magie du vote. Tandis que les ``offreurs'' ne sont que les candidats qui espèrent être élu. Et pour se faire, ils doivent non seulement plaire mais aussi faire des promesses, lesquelles promesses doivent être respectées et réalisées une fois leurs arrivées au pouvoir.

    Tout compte fait, le champ électoral selon notre entendement est la période qui s'étale entre l'annonce du début de la campagne électorale jusqu'à l'investiture de l'heureux élu. Cependant l'avant campagne électorale reste un moment très déterminant dans le champ électoral dans la mesure où elle contribue à l'amélioration de l'image des différents candidats face aux électeurs qui trancheront par l'acte de vote. C'est aussi toute activité de l'homme politique, son parcours en guise de briguer un mandant politique.

    I.3. CAMPAGNE ELECTORALE

    Le concept campagne dans le sens qui nous concerne dans cette étude est l'ensemble concerté d'actions destinées à exercer une influence sur l'opinion, sur certaines personnes37(*). Ce qui revient à considérer la mise en commun de certaines stratégies de communication qu'un parti, une structure devrait déployer dans le sens de susciter une adhésion à ses idéologies.

    Sachant par ailleurs qu'il peut exister des campagnes dans plusieurs domaines nous pouvons alors, partant de cette affirmation, parler de la campagne électorale. Pour toute définition simpliste, la campagne électorale est la période précédant une élection, durant laquelle les candidats et leurs partis font leur promotion dans le but de récolter le plus grand nombre de voix possible38(*).

    A ce stade, les hommes politiques rédigent généralement un programme électoral ou un programme politique. C'est ce que Samba Kaputo considère comme un programme d'action. Ce dernier doit en principe « déterminer la stratégie générale de la réalisation des actions projetées...le programme électoral rend son action cohérente et son évolution harmonieuse39(*)».

    Un programme électoral peut également être défini comme « un exposé général des intentions et des projets d'une personne, d'un groupe ou d'un parti. C'est un corps de proposition relative au gouvernement d'un pays qu'une personne ou un parti présente aux électeurs40(*)». Nous pouvons alors dire qu'une campagne électorale est un effort consentis par une personne désirant occuper un poste au gouvernement et qui passe par des actions politiques cohérentes et structurées en vue de susciter l'adhésion des électeurs. Dans des régimes démocratiques, les campagnes électorales sont les voies principales par lesquelles les candidats font connaître leurs opinions et par lesquelles les électeurs sont informés des positions d'un candidat ou d'un parti.

    Dans plusieurs pays occidentaux, les campagnes électorales politiques importantes sont strictement réglementées au niveau du budget, de l'étendue et de la période. Ainsi, en contre partie, les formations politiques peuvent recevoir des financements publics pour mener leurs campagnes.

    Lamizet considère la campagne électorale comme une communication électorale, c'est-à-dire, un « ensemble des activités symboliques engagées dans le cadre de l'organisation du vote41(*) ». Elle présente à cet effet deux caractéristiques, d'une part, elle est structurée autour de relations à des personnes et d'autre part elle structure le temps politique. D'où la communication électorale occupe l'espace public de façon ininterrompue à cause du chevauchement de la durée des mandats organisant des cycles qui ne se correspondent pas. Ainsi, « l'activité électorale est une activité pratiquement continue et de ce fait elle joue un rôle important dans la communication politique d'autant plus qu'elle constitue à la fois par la régularité de son retour et par la personnalisation des ses enjeux, une médiation structurante de la sociabilité politique42(*)», renchérit Lamizet.

    I.4. ALLIANCE POLITIQUE

    Une alliance est une union, un accord intervenant entre des pays, des groupes, des personnes43(*). En science politique, une alliance est un accord entre plusieurs partis politiques intervenant au niveau électoral ou au niveau parlementaire pour former un gouvernement de coalition. Ainsi, une alliance politique, le cas échéant, est une attente, une mise en commun des idées, des idéologies, des visions politiques de plusieurs partis politiques en vue de gagner le pouvoir au terme d'une élection.

    II. CADRE THEORIQUE

    Etudier la communication politique d'une plate forme politique en quête du pouvoir dans la logique d'actualisation dans le champ électoral revient à scruter, d'une part, la plate forme Union pour la Nation pris comme champ et d'autre part, la période pendant laquelle est née et pour lequel, la plate forme s'investit, à savoir le champ électoral. Ainsi, la théorie de champ44(*) cher à Pierre Bourdieu constitue le fondement de notre étude. Par ailleurs, tout en sachant qu'au sein du champ politique existent des acteurs, il sera aussi question de soutenir cette même étude par la théorie de l'acteur Réseau de Michel Crozier.

    II.1. THEORIE DU CHAMP

    II.1.1. Sa portée

    Le champ est un espace partiellement autonome, doté des règles et d'enjeux propres conditionnant tous ses membres, et permettant d'accéder théoriquement à la réalité du social. Ceci veut dire qu'un champ est une sphère de la vie sociale qui s'octroi une certaine souveraineté autour de la relation sociale.

    C'est donc un espace social de position où les participants ont à peu près tous les mêmes intérêts mais où chacun a en plus, des propres intérêts en fonction de sa position dans le champ. Chaque champ a ses règles spécifiques mais on peut retrouver des règles générales : Luttes entre les anciens et les nouveaux, tous acceptent les enjeux du champ et tous souhaitent sa survie.

    Il est vrai que le concept de champ tel que Bourdieu le développe est fondamentalement une approche relationnelle qui fait envisager les relations objectives entre acteurs sociaux et non les interactions (relation intersubjectives).

    Ainsi, Bourdieu développe une conception de la participation des individus dans les champs qui va dans la direction d'un « savoir agir sans réfléchir », d'une complicité entre les dispositions mentales des agents et la structure du champ à travers un processus d'incorporation des structures objectives dans les structures subjectives des individus ce qui donne un sens dans le rôle que doit jouer la structure dans ce champ.

    II.1.2. Ses caractéristiques

    Le cas échéant, le champ politique présente certaines caractéristiques qui lui sont propres. Ainsi, le champ présente l'histoire des luttes antérieures d'acteurs ayant des positions dissemblables ; il s'agit en effet d'un état du rapport des forces autour d'enjeux spécifiques. Ceux-ci, d'un côté, sont d'ordre définitionnel par rapport aux règles du jeu interne au champ, et de l'autre côté, d'ordre delimitationnel de ses frontières d'avec les autres champs.

    Bourdieu précise par ailleurs que dans un champ, les agents et les institutions luttent, suivant les régularités et les règles constitutives de cet espace de jeu (et, dans certaines conjonctures, à propos de ces règles mêmes), avec des degrés divers de force et, par là, des possibilités diverses de succès, pour s'approprier les profits spécifiques qui sont en jeu dans le jeu. Ceux qui dominent dans un champ donné sont en position de le faire fonctionner à leur avantage, mais ils doivent toujours compter avec la résistance, la contestation, les revendications, les ambitions et les prétentions, " politiques " ou non, des dominés.

    Bref... La structure du champ manifeste l'histoire du champ, celle d'une restructuration perpétuelle autour de luttes pour la redistribution et la transformation du « capital ». Cependant, la lutte ne vise jamais la disparition du champ.

    De ce fait, les propriétés du champ sont alors définies en partie par les propriétés des agents (notamment leur dotation en capital spécifique). Ainsi, l'accès aux postes à responsabilité est-il conditionné par la congruence des caractéristiques personnelles des candidats avec celle du champ.

    Cependant, Bourdieu affirme que chaque champ obéit d'abord à son propre nomos (l'auto-nomos), par le jeu des relations d'homologie existant entre trois types de structures:

    - Les dispositions

    - Les positions

    - Les prises de position.

    La transmission des dispositions permet de rendre compte de la position sociale relative des individus, c'est-à-dire que la disposition et la définition de l'intérêt de chaque acteur dépendent du champ où il agit et de la position qu'il occupe à l'intérieur de ce champ. Ces positions, se réfractent à leur tour, à travers la structure du champ, en des prises des positions (quelles qu'elles soient).

    D'où, une analyse en terme de champ dans la logique de l'actualisation dans le champ électoral implique trois moments nécessaires et connectés entre eux. Premièrement, il faut analyser la position du champ par rapport au champ du pouvoir.

    Deuxièmement, chercher à établir la structure objective des relations entre les positions occupées par les agents ou les institutions qui sont en concurrence dans ce champ. Et, troisièmement, analyser les habitus des agents, les différents systèmes de dispositions qu'ils ont acquis à travers l'intériorisation d'un type déterminé de conditions sociales et économiques et qui trouvent dans une trajectoire définie à l'intérieur du champ considéré, une occasion plus ou moins favorable de s'actualiser. Question qu'une analyse en terme de champ ne peut esquiver, puisque un champ ne peut fonctionner que s'il trouve des individus socialement prédisposés à se comporter en agents responsables, à risquer leur argent, leur temps, parfois leur honneur ou leur vie, pour poursuivre les enjeux et obtenir les profits qu'il propose.

    D'où nous pouvons nous résumer en ce sens, eu égard à l'objet de notre étude, la communication politique dans le champ électoral est caractérisé par :

    - La présence des structures

    - La présence des institutions

    - La présence des acteurs

    - La présence des règles

    - La présence des ressources

    - La lutte pour le contrôle du pouvoir

    - L'autonomisation du champ politique limité par le verdict électoral

    - Les intérêts des acteurs politiques

    - Les discours politiques orientés.

    Ainsi, circonscrire les théories sur la communication politique revient à

    cerner quelques contours y afférant. Il s'agira notamment de ressortir ses objectifs dans le champ électoral, ses fonctions et ses dimensions ainsi que quelques principes qui vont de paire avec la communication politique dans un régime démocratique à savoir le discours politique, ses techniques et ses argumentations.

    Nous serons d'accord avec Mazinga45(*) lorsqu'il affirme que la communication politique est une démarche globale de conception, de rationalisation et d'accomplissement. Il s'agit, au fait, pour l'homme politique de concevoir des idées, des programmes, de définir des objectifs, scruter les électeurs pour connaître leurs aspirations, les enjeux qui les intéressent, leurs humeurs. Aussi, savoir faire des promesses à ses potentiels électeurs, canaliser ses aspirations pour être au même diapason qu'eux, savoir exploiter le sentiment d'appartenance et toujours centrer ses interventions en ciblant les leaders et les relais d'opinion ainsi que les électeurs critiques.

    De ce qui précède, la communication politique requiert une circonspection quand à la démarche qu'il faut entreprendre pour entrer en contact avec son public. L'objectif principal de la communication politique serait alors de bien gérer les déclarations d'un acteur politique dans le champ politique et le cas échéant, le champ électoral. Il s'agira pour l'homme politique de soigner son image, ses dires, ses réactions ainsi que ses interventions publiques ou non, ses actes, son mode de vie, ses gestes, ses pensées et sa vision politique.

    Tout ceci peut se résumer, d'une part, dans ce que Lamizet a qualifié de l'action politique et, d'autre part, dans la communication politique. Pour lui, l'action politique est « Un ensemble de stratégies, de gestes et d'actes qui visent à faire évoluer une situation institutionnelle, des rapports de force et l'organisation d'un état46(*)». Signalons tout de même que l'action politique a des effets sur le réel. Il existe cependant dans ces conditions une dimension symbolique de cette action. Et cette dimension symbolique se trouve bien explicitée dans ce que l'on appelle la communication politique.

    En effet, il sied de souligner avec Lamizet que la communication politique a deux raisons d'exister. D'une part, elle constitue une médiation de représentation symbolique du pouvoir, et d'autre part, elle entend exercer une influence symbolique, par les formes et les expressions qu'elle diffuse dans l'espace public. Nous pouvons ainsi dire que la communication politique donne une visibilité d'un système de forme et de représentation symbolique aux acteurs qui exercent leurs pouvoirs et mettent en pratique les choix et les orientations de la médiation politique. Il s'agit, en effet, d'une mise en scène et interprétée par des acteurs politiques, caractérisée par leur pouvoir ou par leur relation au pouvoir.

    II.1.3. Fonctions

    Les acteurs politiques qui interprètent certains rôles au sein d'un système politique, caractérisé bien évidemment par l'exercice du pouvoir, laissent transparaître la place qu'occupe la communication politique et les fonctions qu'elle exerce dans ce système. Mulumbati Ngasha souligne que la communication politique remplit plusieurs fonctions au sein d'un système politique, notamment « assurer l'adéquation des vues sur le projet social entre les gouvernés et les gouvernants47(*) ».

    Or, cette adéquation ne peut se vérifier que s'il y a connexion entre les actants du système de communication au sein de la société. Il importe à cet effet que d'un côté, ceux qui détiennent une certaine parcelle de responsabilité puissent avoir une parfaite connaissance des desiderata des différents publics auxquels sont destinés leurs messages. Cette connaissance leur permettra de mieux construire le sens de leurs déclarations politiques.

    La communication politique sera alors dotée de sa lettre de noblesse au fur et à mesure que l'homme politique comprendra que aspirer à la gestion de la chose publique revient à se doter d'une capacité, non seulement, de convaincre ses potentiels électeurs en leurs faisant des promesses sur sa gestion future, mais aussi et surtout d'être à même de saisir que la communication politique se déploie ou s'exerce sur deux axes bipolaires, à savoir « L'axe horizontal qui va de l'action à la réception ainsi que l'axe vertical qui part des arènes vers les territoires48(*) ». Il s'agira en effet, pour l'homme politique de jauger ses actions par rapport aux réactions des électeurs et user des arènes dans des segments bien ciblés.

    En effet, André Gosselin pense que la communication politique se déploie d'abord dans ce que l'on peut nommer des territoires. Territoire pris comme aires géographiques ou localités, bref des espaces habités. Cependant, lorsqu'il s'agit de la communication politique des partis politiques, « les territoires de la communication politique seraient alors relatifs aux facteurs organisationnels, structurels, contextuels et événementiels qui définissent les frontières des contraintes et des opportunités des acteurs de la communication politique, notamment au niveau de l'agir téléologique». Par ailleurs, « les arènes de la communication politique sont constituées par l'ensemble des dispositifs, des formules, des cadres, des règles et des stratégies qui définissent les situations d'interaction où les discours des acteurs politiques peuvent se confronter, se diffuser publiquement et s'évaluer ». Substituons de ce qui précède que l'arène concerne les formes spécifiques qui caractérisent les messages de communication politique : signaux, règles et stratégies qui définissent les situations d'interaction entre les acteurs politiques et les médias. Ceci constitue en effet, l'axe vertical de la communication politique.

    Nous pouvons ainsi tirer une conclusion qu'un territoire donné de la communication politique peut s'exprimer ou comporter plusieurs arènes partant des simples conférences de presse, des émissions politiques, en passant par des colloques, des congrès des partis, des débats et toutes les formes médiatisées des rencontres, jusqu'au débat parlementaire. Ainsi, les acteurs qui organisent leurs actions de communication politique pour un territoire donné ou dans un champ d'activités donné peuvent en effet, rencontrer, dans un même arène, des acteurs actifs et compétents sur d'autres territoires.

    D'où, la communication politique aura pour fonction : Canaliser les actions des gouvernants, des acteurs politiques et de tous ceux qui aspirent à une fonction publique afin d'être compris, entendu, aimé, soutenu et copter par les gouvernés ou tout simplement par la population. La communication politique permet aux gouvernants et autres leaders politique d'informer les gouvernés des différents enjeux et événements politiques. Bref,... la communication politique permet l'équilibre ou la stabilité du système politique en maximisant ses chances d'être maintenu en place par la logique d'actualisation de ses atouts dans le champ politique.

    Par ailleurs, quand en ce qui concerne l'axe horizontal de la communication qui part de l'action à la réception ou à la réaction, Gosselin la définie comme l'axe des agir de la communication. A ce stade, il se représente la communication politique comme un champ où se définissent, se croisent et se mettent en oeuvre six formes d'agir, à savoir :

    - Agir téléologique

    - Agir axiologique

    - Agir du type affectuel

    - Agir par Habitus

    - Agir dramaturgique

    - Agir communicationnel.

    1. Agir téléologique :

    Pour Gosselin la communication politique procède par intention, calcul, stratégie et anticipation, notamment du côté des acteurs publics de la politique. Nous pouvons dire que l'agir téléologique présuppose des relations entre un acteur et un monde d'états de choses existants. Il est question pour tout acteur politique de savoir saisir l'opportunité de tout événement qui pourrait surgir dans le champ politique, être à même de manipuler les temps et les circonstances pour toujours être au bon endroit, au bon moment.

    Etre capable de repérer les détours, les contours de toutes les circonstances politiques et en tirer profit afin de maximiser ses chances, c'est-à-dire que l'acteur politique doit être à même de construire le sens de ses activités politiques par rapport au champ dans lequel il se trouve.

    Enfin, il s'agit surtout pour l'homme politique de mettre en place des stratégies, que ce soit des stratégies de communication ou des stratégies politiques capables de soutenir sa démarche politique. Il s'agit enfin des intentions et stratégies visant un objectif, à l'instar de vote, le cas échéant.

    2. Agir axiologique

    La communication politique consiste ici à vouloir faire naître des nouvelles valeurs et règles dans le jeu de la confrontation des idées ou des idéologies par le biais des médias. En effet, certains acteurs politiques pensent ou s'estiment guidés par des valeurs, des normes ou une quelconque éthique de conviction dans leurs agissements politique. A ce sujet, les idées des autres, des adverses dans un champ électoral par exemple, peuvent servir de soubassement dans le changement de l'orientation de nouvelles stratégies pour l'un.

    3. Agir du type affectuel

    Il s'agit d'un type d'agir qui est de plus en plus présent chez ceux qui débattent de la politique afin de mettre en relief et de saisir les rares « instants de vérité » où le comportement de l'homme politique est à son naturel, c'est-à-dire, lorsqu'il dévoile un peu de sa personne, de ses attitudes profondes et de ses sentiments véritables. A cet effet, la communication politique n'est plus seulement une action qui vise à présenter un acteur modeler, construit à l'image de ce qu'on voudrait qu'il soit dans un champ précis, mais elle consistera également à faire ressortir le fin fond de la personnalité de l'acteur politique, d'autant plus qu'à un certain moment de la vie politique, l'homme politique n'a plus de vie privée étant un homme public.

    4. Agir par Habitus

    Il s'agit de savoir et de comprendre que du bord de la réception comme de celui de l'action politique, des conduites non nécessairement irrationnelles s'installent sans que l'acteur puisse fournir un effort réflexif permanent sur le déroulement, le sens et les conséquences de son action. Nous savons que selon Bourdieu « l'habitus n'est rien d'autre que cette correspondance entre structure mentale et structure objective du champ49(*)». Et le cas d'espèce, l'agir de la communication politique devient une seconde nature pour tout acteur politique qui se veut comme tel.

    5. Agir dramaturgique

    Le concept de l'agir dramaturgique peut être d'autant plus intéressant en communication politique qu'il décrit l'action de ceux qui cherchent à se mettre en scène et à faire naître auprès de leurs vis-à-vis une image qu'ils espèrent contrôler de leur mieux, en sachant très bien que le public, lui, désir un accès plus direct à leurs intentions, leurs pensées et leurs sentiments véritables.

    6. Agir communicationnel

    La communication politique de part le concept de l'agir communicationnel permet de nous rendre intelligible la conduite de celui qui, dans une situation d'interaction et, surtout d'interdépendance, cherche à coordonner consensuellement ses plans d'action avec ceux des autres, en visant une sorte d'intercompréhension afin de négocier avantageusement pour des définitions communes des situations qu'ils partagent.

    Retenons que dans le champ de la communication politique, toutes ces différentes formes d'agir communicationnelle que nous venons de caractériser ne sont pas l'apanage des seuls gouvernants ou acteurs qui luttent pour l'exercice du pouvoir. Bien évidemment, en ce qui nous concerne dans cette étude, il est d'une importance capitale d'insister sur le fait que nous sommes dans le champ électoral, ce qui place les acteurs politiques en bataille dans une situation de préséance par rapport aux autres catégories de la société notamment les acteurs politiques, les citoyens et les intermédiaires issus de l'univers médiatique, des sondages d'opinion et des agence-conseil en communication des hommes politiques.

    Comme nous l'avons stipulé peu avant, l'axe horizontal de la communication part de l'action à la réception ou réaction et Gosselin défini cet axe comme celui des agir de la communication. A cet effet, parlant de la réception on peut le concevoir aussi comme un agir car il s'agit du réagir où sont également représentées six grandes formes de réaction à une action de communication.

    Ainsi, Gosselin estime que « le récepteur peut en effet s'ouvrir à une communication aussi bien dans une intention téléologique que dans un rapport dramaturgique, autant par volonté axiologique que par désir affectuel, et aussi bien dans un comportement par habitus que par un idéal communicationnel ».

    Nous référant de la manière dont l'agir téléologique a été définie par Gosselin et faisant une relation avec la position de celui qui subit les actions de l'acteur politique engagé dans le contexte électoral, nous pouvons dire que l'individu dans son rôle d'électeur peut chercher à mieux connaître la position de chacun des candidats ou de chacun des partis sur les enjeux qui l'intéressent. Cela sera d'une importance capitale dans le choix qu'il devra opérer et qui maximiserait les chances de la mise en application de la politique qui lui incombe la mieux, il s'agit là de la réaction téléologique.

    Le comportement d'un électeur peut aussi basculer vers des valeurs et des normes, il s'agit là d'une réaction axiologique, et n'est possible que si et seulement si, l'électeur adhère aux promesses non seulement du candidat mais aussi de son parti avec le sentiment que le devoir s'impose à lui, sans se soucier outre mesure de la cohérence des fins entre elles, sans plus d'égard quant à l'adéquation des moyens proposés avec les fins réclamées, et sans même tenir compte de certaines conséquences qui, pourtant, avec un minimum de réflexion, sont prévisibles.

    La réaction deviendra affectuelle quand il s'agira par exemple pour un électeur, malgré le fait qu'il soit hautement qualifié, scolarisé et même bien informé, basera son choix électoral, non seulement sur la bonne connaissance des protagonistes et de leurs projets de société, mais, il estimera qu'il pourra se permettre d'arrêter son choix sur quelques attributs des acteurs politiques.

    Par ailleurs, le choix électoral s'interprétera comme une réaction par habitus si l'individu appartient à une catégorie sociale caractérisée par une identité partisane se transmettant de génération en génération.

    Retenons tout de même qu'un tel choix n'est nécessairement exempté de toute rationalité, car compte tenu des dispositions personnelles et sociales de l'individu, il lui paraîtra normal et raisonnable de voter comme ses proches ou ses ascendants.

    Les campagnes électorales étant parfois des moments très intenses d'attention et d'intérêt du public pour les affaires politiques, le chercheur pourra y voir, du côté des électeurs, un modèle dramaturgique de comportement : l'électeur fera naître chez la classe politique une certaine impression de lui-même, en dévoilant plus ou moins intentionnellement sa subjectivité, son degré de satisfaction ou d'insatisfaction pour un régime, un gouvernement ou un parti politique. Il s'agit d'une théâtralisation de la vie et du candidat et des électeurs dans le champ électoral.

    Le modèle de la réaction communicationnelle pourra inspirer la conduite des électeurs et de la classe politique dans les rares moments où des deux côtés on tente d'élucider les mécanismes d'une intercompréhension langagière idéale afin de définir conjointement, suivant les critères de la vérité, de la justesse et de la véracité, les situations communément partagées. Il est question ici pour le candidat de trouver une bonne orientation dans l'organisation de sa campagne afin d'arriver à correspondre ses idées aux ententes des électeurs.

    II.2. THEORIE DE L'ACTEUR RESEAU

    Tout acteur est un réseau et inversement. L'action d'une entité du réseau entraîne la modification de ce dernier; toute action impliquant l'ensemble du réseau a une incidence sur les composantes du réseau. Dès lors, l'action n'a pas de source précise, elle engage toujours une série d'entités et mobilise la force collective que celles-ci représentent. La stabilité relative d'un acteur-réseau peut à tout moment s'effondrer si certains actants sont retirés du réseau.

    Il ressort de ces théories que l'acteur politique planifie ses actions en l'actualisant eu égard à l'évolution du système et du champ dans lequel il se trouve et en rapport aux réactions des électeurs.

    A cet effet, la rationalité des acteurs est plurielle autant que la pluralité d'intérêts. D'où, le concept d'acteur tel que développé par Michel Crozier50(*) comme modalité de pilotage de l'organisation ainsi que le concept de territoire avec ses rituels qui y sont associés dans l'oeuvre de Goffman, certifie à suffisance que la communication est un jeu fait d'enjeux qui se contextualisent dialectiquement.

    Ainsi, la théorie de l'acteur avec Crozier part du principe de rationalité avec deux postulats à savoir le formel et le substantiel.

    A. La rationalité formelle : Stipule que l'acteur n'agit que par rapport aux normes. Le cas échéant, les acteurs engagés dans la course au pouvoir sont censés se conformer :

    - Aux lois électorales

    - Aux lois régissant les partis politique dans le pays

    - Aux règles déontologiques de la communication

    Ces principes sont renforcés par la théorie des parties prenantes. Ces dernières sont définies par leur intérêt légitime dans l'organisation. Ceci implique selon elles, que :

    - Les parties prenantes sont des groupes et des personnes ayant des intérêts légitimes. Ils sont connus et identifiés ;

    - Les intérêts de tous les groupes de parties prenantes ont une valeur intrinsèque.

    B. La rationalité substantielle : Il s'agit de la capacité de ce qui est normatif pour faire face aux enjeux.

    L'enjeu principal ici est la communication politique dans le champ électorale. Ceci nous pousse à souligner la théorie sur la communication électorale.

    II.3. LA COMMUNICATION ELECTORALE

    La communication politique sur l'axe horizontal nous renvoi dans les agir communicationnels qui incluent, et l'homme politique, et les électeurs dans une situation d'échange communicationnel dans le champ électoral. On peut ainsi parler de la communication électorale.

    La communication électorale, signale Lamizet est l'ensemble des stratégies et des modes de représentation par lesquels le candidat se donne une identité symbolique qui lui permette de faire l'objet du choix de l'électeur. Il s'agit, en effet, de faire connaître le candidat aux électeurs, à leur donner un portrait et une consistance symbolique qui le fasse pleinement exister. Le chargé de la communication du candidat fera de son mieux pour inculquer au candidat une figure électorale qui permettra aux électeurs de s'identifier à lui. Une figure qui donnera à réfléchir l'image que l'on se fait du futur pouvoir qui sera mise en place.

    Par ailleurs, la communication électorale ne s'arrête pas seulement à la fabrication de l'identité du candidat mais également à susciter « le geste électoral » de la part des électeurs. C'est au fait un travail en amont qui prend corps dès la période préélectorale. A ce stade on tente de signifier à l'électeur l'identité politique dont lui-même est porteur en tant qu'électeur. En ce sens, la communication électorale institue l'électeur, Conclut Lamizet.

    Il faut tout de même retenir que la communication électorale est une représentation symbolique de l'institution concernée d'autant plus que pour participer à une élection, il faut savoir le pourquoi de ce vote. Qui l'on va vote ? Pourquoi le vote t-on ? De quel mandat est-il question, de quels pouvoirs et de quelles responsabilités seront investit les acteurs politiques que l'on entend élire.

    Ainsi la communication électorale a aussi pour rôle d'éclaircir toutes ces questions afin d'orienter tant soit peu le choix des électeurs.

    A cet effet, les organes qui ont la charge de mettre en place des stratégies de communication doivent tenir compte de tous ces aspects afin de mieux maximiser les chances de leurs candidats. L'homme politique dans la course au pouvoir devrait en tout état de cause mettre en place une stratégie de communication qui part de l'enrôlement des électeurs jusqu'au scrutin proprement dit.

    II.3.1. Dimension symbolique du processus électoral

          Le processus électoral requiert un sens fondamental, celui de faire exister l'électeur dans le champ politique. En effet, le choix d'électeur est dicté par l'identité politique qui correspond le mieux à ses aspirations. Ce processus donne à l'électeur le sentiment de son identité politique et de surcroît lui octroi une position d'arbitre entre les challengers en course au pouvoir. D'où, le sens du geste électoral institue pleinement l'identité du sujet symbolique en occurrence de l'électeur, dit Lamizet.

    Ainsi, l'activité du voté est enrobée du strict respect du secret. En effet, le sens du secret est, de prime abord, pour éviter les pressions individuelles et les représailles éventuelles contre un électeur appartenant à un courant politique en course et qui n'aurait pas voté comme il aurait fallu. Le secret des urnes garantit le caractère identique et semblable de vote, et, par conséquent, le scrutin, l'activité électorale, constitue l'expression démocratique de l'ensemble indistinct de la population politique. En faisant disparaître l'identité singulière de chacun des électeurs dans l'expression collective d'un vote indistinct, Lamizet souligne alors que « le secret électoral fonde la dimension symbolique de la citoyenneté : c'est le secret qui, en empêchant l'identification de tel ou tel vote, fait de la consultation électorale une médiation d'expression de la population toute entière, ce qui, par ailleurs garantit la légitimité politique des candidats élus et, par conséquent, leur garantit la pleine légitimité de leur pouvoir, et la plénitude de son exercice ».

    Nous pouvons ainsi dire que tout pouvoir politique ne peut exercer son emprise sur la population sans qu'au préalable il bénéficie de la volonté ou du consentement de cette population. Aucun pouvoir aussi dictatorial soit-il ne peut continuer à se maintenir par la seule force de l'armée et des services de sécurité ou d'intelligence. En effet, la volonté de la population ne peut s'acquérir que par la force des urnes.

    II.3.1. Communication Politique et le discours politique

    Si dans les pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis, la communication politique a une certaine envergure avec un passé historique important, il n'en est pas ainsi en Afrique et plus particulièrement en République Démocratique du Congo. D'autant plus que la communication politique dans sa forme moderne a connu une naissance et un développement beaucoup plus particulier. Cela peut s'expliquer par le simple fait que la République Démocratique du Congo a évolué pendant longtemps dans un régime autocratique et dictatorial où le peuple n'a pas eu la chance de se choisir ses dirigeants dans une élection libre et démocratique. Pendant ce temps, il s'est plus développé une emprise sur la conscience populaire, embrigadée dans une sorte de communication individualiste des partis politiques.

    En effet, les hommes politiques usent de toutes les astuces possibles pour se faire remarquer, surtout par leur capacité de convaincre le public avec des mots et des paroles convaincants, bref... avec un discours politique soigneusement concocter qui accompagne l'essentiel de leurs actions. A cet effet, le discours politique reflète alors l'état du champ politique au moment où il est produit ainsi que la position occupée, dans ce champ, par celui qui parle51(*). Il s'agit en effet pour l'homme politique de donner un sens à ses dires, d'autant plus qu'il détient la paternité de ce qu'il avance dans cet environnement. Ainsi, le disions dans notre premier chapitre, la compréhension d'un fait social n'est que le résultat d'une construction de sens par l'acteur.

    Par ailleurs, pendant une campagne électorale, ce discours est revêtu d'une dimension qui lui accorde tout son caractère démocratique. En effet, le discours politique selon Uli Windish52(*) est un discours essentiellement conflictuel. En démocratie on peut cependant constater que le discours politique se déploie dans une articulation entre consensus et conflit. Et Paul Ricoeur de souligner que la démocratie n'est pas un régime politique sans conflit mais un régime dans lequel les conflits sont ouverts et négociables53(*). D'où, le discours politique est pris comme une arme servant à communiquer avec le public. Il vise à persuader, dominer, combattre, lutter, vaincre, convaincre, résister ou se révolter, bref à donner un sens à sa vision des choses, d'autant plus que l'Acteur politique a toujours en face de lui une présence concurrente d'un adversaire potentiel dans le champ politique. C'est ainsi qu'il est souvent avancé l'idée selon laquelle, le discours politique est un contre-discours54(*).

    On sous entend alors que l'élaboration d'un discours politique répond pour la plupart de cas à une parole, un geste, une action, un message de la partie adverse ou de son concurrent. Il s'agit souvent d'une réponse de manière chirurgicale au concurrent dans le champ politique. Cela est plus fréquent, soit pour récupérer une situation où l'on estime être mal barré par la partie adverse, soit pour rejeter les accusations portées contre soi, la réfuter ou carrément pour la nier. Nous pouvons à notre niveau parler alors de discours polémique. Ce dernier possède trois objectifs essentiels à savoir :

    · Placer ses idées dans l'opinion publique en vue de les faire admettre.

    · Lutter contre les idées et les pensées des concurrents par des arguments solides.

    · Faire triompher ses idées par des paroles probantes.

    De ce qui précède, le discours politique est toujours destiné à un public cible. Ce dernier de par son écoute valide ainsi la communication dans une sorte de mise en scène entre l'orateur qui est un politique et la population dans un espace public. C'est ce que Lamizet qualifie de rhétorique politique. Pour lui, la rhétorique est la politique de l'immédiat. C'est dans l'immédiateté de la rencontre entre un orateur et ses auditeurs que la rhétorique politique est mise en oeuvre. Cette rhétorique est donc celle de la parole. Lamizet a alors pensé que la rhétorique fait de la parole une matière et une modalité de l'exercice du pouvoir. Ainsi, le simple fait de prendre parole en public constitue déjà, pour l'orateur, une appropriation de l'espace qui lui confère, en général, une certaine autorité ainsi qu'une visibilité particulière. A cet effet, en situation de communication politique, on peut alors se demander si la maîtrise de la parole ne confère pas une position de pouvoir, et si l'orateur ne dispose pas d'un certain pouvoir par le seul fait de sa parole.

    C'est qu'en réalité, comme toujours en situation de communication, il revient à l'interlocuteur de donner un sens à l'échange communicationnel, c'est l'interlocuteur qui reconnaît en l'occurrence de par son écoute ou de par sa seule présence, l'autorité de l'orateur.

    Somme toute, le discours politique est pour la plupart de cas la transformation de ce que pense, ce que dit et ce que fait la partie adverse. On peut y déceler, des contre-vérité, des non dits et même des pièges. D'où chaque partie, de par son discours, vise la victoire de ses arguments, des ses idées eu égard à son idéologie. Et Windish de conclure que le discours polémique attaque généralement l'identité et la crédibilité de l'adversaire et cherche à ternir son image. C'est l'essence même de la communication de l'UN avec son candidat Jean Pierre Bemba pendant la campagne du second tour de l'élection présidentielle en RDC ce que nous démontrerons plutard.

    II.3.2. Les différentes techniques du discours conflictuel.

    L'élaboration d'un discours politique, mentionnions nous, vise pour la plupart de cas à rétorquer à une parole, à un geste, à une action, à un message de la partie adverse ou de son concurrent. S'opposant ainsi à un discours antérieur de son concurrent, le discours politique ne peut être qu'un rectificatif, un justificatif, une donnée explicative ou de contestation. Windish souligne qu'il peut s'agir du masquage ou démasquage, de concession, de l'ironie et de la simulation, enfin, de la stratégie de la guerre invisible.

    A. Masquage ou démasquage :

    Selon Windish, un discours conflictuel dissimule toujours quelque chose, un venin pour détruire l'adversaire ou un élixir pour séduire. Tous ces éléments visent, à cacher, à masquer les faiblesses du locuteur, et tentent de fournir une bonne image de ce dernier. Quand en ce qui concerne le démasquage, le discours conflictuel chercher à porter à la connaissance du grand public les limites du discours de son adversaire politique. On démasque pour tenter de rétablir la vérité lorsqu'on l'estime tronquée.

    B. La concession :

    C'est une stratégie qui laisse une ouverture et acquiesce certains arguments de l'adversaire sans pourtant tout assumer. Et enfin, miser sur ces arguments dans une manipulation pour préparer sa revanche et cela dans une sorte de montage progressif des éléments à charge qu'on donnerait un sens positif pour soi.

    C. L'ironie et la simulation

    L'ironie sert à humilier la personne et/ou la personnalité de l'adversaire. On s'active à le peindre comme stupide et ridicule, tout en se présentant soi-même ouvertement ou non comme intelligent et capable de relever le défi de l'intellectualisme. Par ailleurs, la simulation prend ici plusieurs aspects. Elle consiste autant à user du contexte ou de la situation extralinguistique dans laquelle se déroule le conflit pour tourner en dérisoire l'adversaire.

    D. La stratégie de la guerre invisible

    C'est le cas ici des discours qui se développent sans qu'aucune marque discursive ne le laisse entrevoir. Ici, la cible n'apparaît jamais explicitement. Parfois, ce genre de discours adopte la forme d'un discours didactique, informatif. C'est un discours simulacre.

    II.3.3. Argumentation dans le discours politique

    L'élaboration d'un discours politique tient également compte de l'argumentation de l'orateur. Des éléments susceptibles de porter l'idéologie de l'homme politique. A ce sujet, P.Breton et S.Proulx55(*) distinguent quatre formes d'argumentation dans le discours politique. Il s'agit de :

    - L'argumentation coopérative.

    - L'argumentation orientée.

    - L'argumentation manipulée.

    - L'argumentation détournée.

    A. L'argumentation coopérative

    Elle vise à se faire comprendre. Elle est caractérisée par l'honnêteté, la fidélité et la rigueur. C'est une forme d'argumentation libre de toute contrainte qui pourrait peser soit sur le message (déformation) soit sur le sujet récepteur (en lui laissant la liberté d'adhérer). Ce modèle d'argumentation est l'idéal de la discussion démocratique où l'homme politique propose directement à un citoyen bien informé et capable de recevoir un message sans distorsion. Toutefois, signalons avec Breton et Proulx que l'argumentation coopérative reste une « ligne d'horizon idéale » à laquelle chacun doit se référer et viser.

    B. L'argumentation orientée.

    Cette dernière est caractérisée par des techniques d'amplification de

    certains aspects et en minimise d'autres. Il s'agit de mettre en valeur les qualités d'un message ou d'un candidat. C'est un travail de recadrage pour obtenir la rétention de l'information comme le souligne Watzlawick.

    C. L'argumentation manipulée

    Celle-ci se présente comme étant une technique retrouvée généralement

    dans la persuasion individuelle et dans la manipulation collective. A cet effet, le message est intentionnellement déformé en vue de parvenir à un objectif. Ce message est diffusé avec une intense contrainte psychologique ou physique. Le but étant d'enchaîner la volonté du récepteur et de le faire adhérer par force ou par suggestion.

    D. L'argumentation détournée.

    Cette dernière argumentation est plutôt menteuse et trompeuse. L'information est travestie. L'objectif y est de tromper le récepteur, lui faire adopter des comportements qui lui sont défavorables.

    II.3. OPERATIONNALISATION DES CONCEPTS DE L'HYPOTHESE

    Partant de notre hypothèse qui stipule que le sens de la communication de l'UN a été subséquent au leadership politique de l'acteur politique tel qu'il se déploie au sein du champ politique. Les éléments du prestige personnel de l'individu ont imprimé à la communication politique de la structure, ses marques, déterminé la portée stratégique de la structure politique. Ainsi, nous y soustrayons des concepts qui nous permettront de faire notre opérationnalisation, à savoir le champ, l'acteur, la communication et la stratégie.

    Parler de champ pour désigner l'univers au sein duquel se déploie l'activité politique, pour Christian Le Bart56(*), c'est « suggérer que les stratégies poursuivies par les acteurs politiques, les types de biens symboliques qu'ils produisent, qu'ils distribuent ou qu'ils convoitent, les comportements qu'ils adoptent, sont spécifiques à ce champ, et n'y prennent sens que relationnellement ». De ce fait, opérationnaliser le concept champ revient à intégrer des dimensions, des composantes et des indicateurs. Ainsi, le concept champ selon la théorie de Bourdieu tel que nous l'avons traité dans cette étude peut être appréhendé à partir des dimensions politiques, économiques et culturelles, lesquelles dimensions ont pour composantes internes et externes. Cela comporte alors comme indicateurs la présence d'acteur, de structure, d'institution, des règles et des ressources. Ainsi, pour toute définition opératoire, le champ est pris comme une dimension politique qui se déploie avec une présence d'acteur, de structure, d'institution et des règles, tant à l'interne qu'à l'externe.

    Ce qui précède se résume dans ce schéma d'opérationnalisation

    Schéma N°1. Opérationnalisation du concept Champ.

    CONCEPT

    DIMENSIONS

    COMPOSANTES

    INDICATEURS

    - Champ

    - Politique

    - Economique

    - Culturelle

    - Interne

    - Externe

    - Présence d'acteur

    - Présence de structure

    - Présence d'institution

    - Présence des règles

    - Présence des ressources

    Tel que nous l'avons spécifié précédemment, tout champ soit-il politique, économique ou culturelle a comme un des indicateurs la présence de l'acteur. Cependant, l'acteur considéré ici par Michel Crozier comme modalité de pilotage de l'organisation devient en soi un concept auquel faut associé des dimensions, des composantes et des indicateurs. Ainsi, l'acteur peut se mouvoir dans une visibilité ou invisibilité de façon hégémonique ou subalterne avec multiples capacités d'influence, de manipulation, de négociation et même de disponibilité de subordination. A cet effet, nous pouvons spécifier qu'un acteur est un agent qui opère dans une instance de façon visible ou invisible dans la possibilité finalisant ses actions. Une affirmation qui peu se résumer dans le schéma suivant.

    Schéma N°2. Opérationnalisation du concept Acteur

    CONCEPT

    DIMENSIONS

    COMPOSANTES

    INDICATEURS

    - Acteur

    - Visible

    - Invisible

    - Acteur Hégémonique

    - Acteur Subalterne

    - Capacité d'influence

    - Disponibilité de subordination

    - Capacité de négociation

    - Capacité de manipulation.

    Par ailleurs, comme nous l'avons suggéré, le comportement qu'adoptent les acteurs au sein d'un champ ne sont que spécifique à ce champ et n'y prennent sens que relationnellement. C'est-à-dire qu'il y a échange entre les acteurs de la communication ce qui nous pousse à opérationnaliser aussi le concept communication qui existe au sein de ce champ. Ainsi, eu égard à notre recherche, la communication se déploie ici dans un champ électoral où ses dimensions peuvent bien être verbale ou non verbale et cette communication peut se déployer à l'interne et à l'externe. De ce fait, la communication dans le champ électorale a comme indicateurs non seulement les déclarations politiques, les meetings, les conférences de presse mais aussi les gestes, la présentation physique, les affiches et les imprimés. Nous pouvons alors établir cette définition opératoire à savoir dans un champ électorale, la communication est soit verbale ou gestuelle et se déploie tant à l'interne qu'à l'externe de la structure avec des déclarations politiques, des meetings, des conférences où le gestuel occupe une place prépondérante.

    Ce qui précède nous permet d'établir le schéma ci-après :

    Schéma N°3. Opérationnalisation du concept Communication

    CONCEPT

    DIMENSIONS

    COMPOSANTES

    INDICATEURS

    Communication

    Communication verbale

    Communication non verbale

    - Interne

    - Externe

    - Les déclarations

    - Les réunions

    - Les meetings

    - Les conférences

    - Les gestes

    - La présentation

    - Les affiches

    - Les imprimés

    Le dernier concept de notre hypothèse est la stratégie. En effet, la stratégie est l'art de coordonner des actions, de manoeuvrer habilement pour atteindre un objectif.57(*) Pour Habermas la stratégie est l'ensemble des règles qui président au choix rationnel58(*). Ainsi, ce concept, en rapport avec notre étude, peut avoir plusieurs dimensions notamment la dimension politique, culturelle et économique. Partant de la dimension politique, la stratégie renvoie à une planification des ressources, à la disponibilisation de l'information, à l'identification des objectifs, au pilotage, au changement, à la sélection des acteurs et détermination temporelle qui sont pris ici comme des indicateurs. Cependant, le concept stratégie a des composantes tels téléologique, idéologique et opérationnelle celle-ci renvoie à l'actualisation des idées qui ont été conçues, ainsi que la composante prospective qui met en exergue la capacité de questionner. Elle permet à l'acteur de pouvoir anticiper en terme de gestion des incertitudes. Enfin la composante rétrospective, celle-ci renferme à la fois l'aspect de projet, car tout acteur politique en principe doit avoir une vision en amont.

    Ceci nous instigue d'établir le schéma ci-dessous.

    Schéma N°4. Opérationnalisation du concept Stratégie

    CONCEPT

    DIMENSIONS

    COMPOSANTES

    INDICATEURS

    -Stratégie

    - Politique

    - culturelle

    - Economique

    -Téléologique

    -Idéologique

    -Opérationnelle

    -Prospective

    -Rétrospective

    -Planification des ressources.

    - Disponibilisation de l'information

    - Identification des objectifs.

    -Pilotage

    -Changement

    -Sélection des acteurs

    - Détermination temporelle

    II.4. CONCLUSION PARTIELLE

    Ce premier chapitre nous a permis de circonscrire les concepts de base qui ont constitué l'ossature de notre étude et nous a également donné l'opportunité d'asseoir les bases des théories qui sous tendent notre étude. Ainsi, il s'est agit de prime abord de fournir des définitions des concepts Communication politique, Champ électoral, Alliance politique et Campagne électorale ensuite de déballer la théorie de champ et de l'acteur réseau. Ainsi, nous sommes arrivés à souligner que la communication politique vise à canaliser les passions politiques au profit d'une idée, d'un homme, d'un parti. Elle comprend une communication globale et une communication électorale de plus en plus encadrée juridiquement et financièrement et cela n'est valide que dans le champ électoral où les acteurs politiques se retrouvant dans une alliance engagent des activités symboliques dans le cadre de l'organisation d'un scrutin. Etant en présence des activités des acteurs politiques dans un champ électoral, c'est ce qui a justifié le choix de la théorie du champ selon Bourdieu et de l'acteur réseau selon Crozier pour mener cette étude. Ainsi, ces théories nous ont permis d'opérationnaliser les concepts de notre hypothèse. Laquelle opérationnalisation nous permettra de vérifier cette hypothèse dans notre troisième chapitre.

    CHAPITRE DEUXIEME : PAYSAGE POLITIQUE ET EMERGENCE DE L'UNION POUR LA NATION

    Au lendemain de son accession à l'indépendance, la République Démocratique du Congo est tombée dans une crise de légitimité du pouvoir. Cette crise de légitimité a reçu sa lettre de noblesse avec l'arrivée au pouvoir de Joseph Désiré Mobutu après son coup d'Etat militaire de 1965.

    Après 32 ans de règne du pouvoir dictatorial avec le Maréchal Mobutu, un autre pouvoir illégitime s'est installé en chassant celui de Mobutu le 17 mai 1997. C'est l'avènement de l'Afdl avec Laurent Désiré Kabila. Joseph Kabila, le fils du président assassiné le 16 Janvier 2001, succède a son père, la continuité de l'illégitimité du pouvoir est assurée.

    Ce cycle des pouvoirs illégitimes en RDC fut alors un des alibis majeurs de toutes les forces rebelles qui ont plongé le pays dans la crise depuis 1996.

    Ainsi, sous impulsion de la communauté internationale, un accord a été arraché entre les protagonistes en 1999, c'est l'accord de Lusaka. Celui-ci ouvrit le chemin vers le dialogue, rendu possible, par l'arrivée au pouvoir de Joseph Kabila en 2001. Les négociations qui se sont poursuivies pour aboutir à l'accord global et inclusif en décembre 2002 ont permis de mettre autour d'une table toutes les sensibilités politiques du pays dans le pays de Nelson Mandela.

    Sun city a été une étape décisive dans la normalisation de la situation en RDC, car l'accord qui y a découlé a permis une gestion consensuelle de la chose publique en RDC par les ennemis d'hier ; à savoir le gouvernement de Joseph Kabila, le MLC de Jean Pierre Bemba et le RCD/Goma avec toutes ses forces dissidentes à savoir le RCD/N de Roger Lumbala et RCD/KML de Mbusa Nyamwisi ainsi que la société civile et certaines entités notamment les maï maï.

    Comment a alors été le paysage politique congolais à l'issue de ces négociations ? Comment les formations politiques ont géré cette période préélectorale afin de préparer l'avènement de la troisième République ? C'est de cela que nous tenterons d'en parler dans le présent chapitre. Loin de nous la prétention de toucher tous les aspects de cette période, nous nous focaliserons à décrire en plus bref la configuration de champ politique congolais post Sun City. Ce qui nous permettra de trouver une explication quand à l'émergence de certaines formations politiques congolaises.

    II.1. CONFIGURATION DU CHAMP POLITIQUE CONGOLAIS POST SUN CITY

    Il aura fallu une dizaine d'année pour voir la RDC engagée, s'il faut le dire, sur le chemin de la paix. L'accord global et inclusif de Sun City en est le monteur principal. Il a permit la mise en place d'un gouvernement d'Union nationale avec un système hors du commun, le 1+4. Ce système devrait prendre fin à l'issue de l'organisation des élections présidentielles et législatives.

    A. Les missions et l'environnement politique de la Transition

    Mise en place pour une durée de deux ans avec la possibilité d'une double prolongation de six mois, le gouvernement d'union nationale mise en place en juin 2003 issue des négociations de Sun City s'était assigné comme objectifs, notamment :

    - La pacification du Pays

    - L'unification de l'armée nationale

    - L'organisation des élections démocratiques

    Ces objectifs cadraient bien évidemment avec la situation du pays d'autant plus que ce gouvernement était composé des chefs de guerre des milices responsables de la seconde guerre en RDC (Août 1998).

    Il fallait à tout prix arriver à une normalisation de la situation. De ces objectifs, l'organisation des élections passait par-dessus tout car, face aux enjeux de l'heure et de la configuration de la classe politique du pays, et surtout de la crise de la légitimité du pouvoir, la bonne tenue du processus électoral constituait donc un premier pas pour résoudre cette question de légitimité.

    En effet, l'avènement de la transition post Sun City libéralisait la scène politique de tel enseigne que les activités politiques connurent une expansion accrue. Avec plus de 250 partis politiques, la scène politique congolaise affichait une configuration d'une lutte de positionnement pour les uns et de repositionnement pour les autres.

    Comme nous l'avons mentionné ci-haut, la classe politique était divisée. D'un côté, les ex-belligérants qui se sont retrouvés aux commandes des affaires de la République et de l'autre côté ceux qui se considéraient comme une force d'alternative et un contre poids à savoir l'opposition non armée ainsi que la société civile.

    Toutes ces forces en présence ont contribué dans la mise en place du gouvernement d'Union Nationale qui donnait l'occasion à une gestion consensuelle entre les belligérants. Mais force est de constater que ce gouvernement avait du mal à atteindre les objectifs qu'il s'était assigné.

    Premièrement en ce qui concerne la pacification du pays, le gouvernement 1+4 n'a pas été en mesure de neutraliser toutes les milices qui ont ensanglanté le district de l'Ituri. Par ailleurs, une grande partie du Nord et Sud Kivu est restée sous la menace permanente des Forces Démocratique pour la Libération du Rwanda, le FDLR et les interamwe, sans parler de plusieurs autres forces maï maï qui ont conservé toutes leurs capacités de nuisance pendant cette période.

    Secondement en ce qui concerne l'unification de l'armée nationale, le système 1+4 et son gouvernement d'union nationale devrait en principe, au terme de trois ans de transition, mettre en place une armée intégrée et républicaine qui mettrait ensemble toutes les forces en présence. Ce qui n'a pas été fait a confirmé Jean Pierre Bemba lors de son entretien avec la presse le 14 octobre 2006. Il s'agissait notamment de mettre sous un même commandement militaire les éléments venus des forces armées du Congo (FAC) l'armée gouvernementale, les éléments de l'ALC, l'aile militaire du MLC et ceux de l'ANC les combattant du RCD-Goma. Il fallait également intégré dans cette armée républicaine, outre les ex-FAZ (l'armée de Mobutu), les éléments du RCD/KML de Mbusa Nyamwisi, ceux du RCD/N de Roger Lumbala ainsi que tous les groupes des combattants patriotes maï maï. Ce qui a eu du mal pour se concrétiser. Nous en prenons pour preuve des combats qui se sont déroulés dans la capitale le jour même de la promulgation des résultats du premier tour des élections présidentielle. Des combats qui ont eu lieu en pleine ville entre les gardes du président Joseph Kabila et ceux du vice président Jean Pierre Bemba. En effet, les deux hommes d'états ont pendant toute la période de transition jusqu'aux élections entretenu leurs hommes comme une milice refusant de les intégrés au sein de l'armée républicaine.

    Troisièmement en ce qui concerne l'organisation des élections, le gouvernement d'union nationale y est parvenue grâce au soutient de la communauté internationale à travers la structure mise en place au lendemain des accords de Sun City à savoir le CIAT, (comité international d'accompagnement de la transition.

    Ainsi donc, malgré le climat affiché d'une gestion consensuelle, la classe politique congolaise a été marqué par :

    - La méfiance entre les politiques

    - Le sentiment d'exclusion dans le chef de certaines sensibilités politiques

    - Le sentiment de trahison

    En effet, la réconciliation entre les parties a eu du mal a être totale, la

    méfiance était telle que chaque personnalité politique conservait à grande partie sa force militaire. Quand bien même, il y a eu certains éléments qui ont été envoyés dans les centres de brassage, plusieurs en effet n'avaient pas fait le déplacement de centre de brassage. En plus, il n'y jamais eu une cérémonie officielle de la mise en commun d'arsenal militaire de chaque faction.

    Ces sentiments étaient plus visibles entre Joseph Kabila et Jean Pierre Bemba. En effet, la tension ne semblait pas être au beau fixe depuis la difficile mise en application de l'accord cadre conclut entre le MLC et le gouvernement congolais au terme des travaux de Sun City. Accord qui accordait la primature à Jean Pierre Bemba sous la présidence de Kabila. Un accord qui pourtant a été rejeté par le RCD et certains partis de l'opposition. Ces derniers s'étaient organisés en Alliance pour la Sauvegarde du Dialogue intercongolais. A l'occasion on a vu Etienne Tshisekedi se rendre au Rwanda pour la mise en place de cette structure sous le parrainage des autorités Rwandaises. Ce que les congolais ont très mal digéré.

    Pour le MLC, quand bien même l'idéal était la magistrature suprême, le fait d'accepter la primature dans un gouvernement consensuel était une expression de bonne volonté pour une sortie heureuse du dialogue et par ricochet arriver à mettre fin au conflit armé en RDC. Toutefois, le MLC n'aura jamais pardonné au gouvernement Kabila la non application de cet accord.

    La méfiance entre les deux hommes s'était accrue avec l'arrivée des échéances électorale. Jean Pierre Bemba se présentant comme le challenger important et sérieux, n'était pas d'odeur de sainteté dans le chef de Joseph Kabila. Leur arrivée au second tour de l'élection présidentielle n'a fait que corroborer cette thèse. La méfiance entre les deux hommes était au paroxysme de tel enseigne que le débat décisif qui devrait avoir lieu le 26 octobre 2006 soit trois jours avant le scrutin ne s'est pas tenu.

    Le sentiment d'exclusion aurait gagné une partie de l'opposition non armée. En effet, le fait que Etienne Tshisekedi l'ancien opposant congolais s'est retrouvé en marge du processus électoral, une grande partie de ses partisans au sein de l'UDPS ont pensé à une machination du pouvoir pour mettre hors course leur leader.

    Il y a eu également des sentiments de trahison dans le chef de certains hommes politiques. Par exemple, Théodore Ngoy qui a participé aux négociations de Sun City sous le Label du gouvernement Kabila, s'est vite désillusionné à cause de ses prises de position contre la nouvelle dictature qui semblait s'installer au pays.

    II.2. EMERGENCE DE L'UN

    C'est dans ce climat politique de non atteinte de certains objectifs de la transition que la classe politique congolaise s'est retrouvée embarquée dans le processus électoral. En effet, la période électorale est souvent marquée par des intenses activités des partis politiques. Chaque parti attend conjugué ses efforts pour s'octroyer un nombre important d'électeur afin de briguer le pouvoir. C'est ainsi que le MLC avec son leader Jean Pierre Bemba se sont investi dans la lutte au pouvoir. Arrivée en seconde position au premier tour, Jean Pierre Bemba a été admis au second tour de l'élection présidentiel. A cet instant il devenait impérieux pour Jean Pierre Bemba de chercher du soutient auprès d'autre formation politique pour tenter d'arracher des voix. C'est ainsi que fut crée la plate forme Union pour la Nation.

    II.2.1 Création

    Samedi 23 septembre 2006 la plate forme politique Union pour la Nation faisait sa sortie officielle dans l'enceinte de la Foire Internationale de Kinshasa (Fikin). Il s'agissait au fait d'une grande coalition qui naissait des cendres du Regroupement des nationalistes congolais (Renaco) qui avait soutenu la candidature de Jean Pierre Bemba au premier tour de l'élection présidentielle de 2006.

    Cette structure qui venait de naître avait la particularité de drainer derrière Jean Pierre Bemba non seulement un nombre important de partis politiques mais surtout une dizaine des candidats malheureux au premier tour de l'élection présidentielle, parmi lesquels, Roger Lumbala du RCDN, Joseph Olenghankoy du Fonus, Pierre Anatole Matusila (indépendant), Christophe Mboso N'kodia Mpwanga (CRD) ; Kamanda wa Kamanda (FCN), Vincent de Paul Lunda Bululu du RSF, Raphaêl Alafuele Kalala Mbuyi (RNS), Osée Muhima (indépendant), Nzuzi wa Bombo (MPR/Fait privé), Justine Mpoyo Kasa-Vubu (MD) et Wivine N'Landu.

    L'Union pour la Nation a également bénéficié du soutient du fils aîné de l'opposition Congolaise l'UDPS, l'Union pour la démocratie et le progrès social d'Etienne Tshisekedi ainsi que de l'UREC le parti cher au candidat malheureux à la présidentielle, Oscar Kashala. Ces deux dernières formations politiques n'ont pourtant pas signé l'acte constitutif mais ils ont exprimé leur soutient au candidat Jean Pierre Bemba en appelant leurs militants à voter massivement pour ce qu'ils qualifiaient de changement.

    Jean Pierre Bemba lui-même, dans son discours, justifiait la constitution de cette grande coalition politique en ces termes : « Le défi qui nous est lancé aujourd'hui, à l'occasion de ce second tour de l'élection présidentielle est celui de savoir si les dirigeants congolais sont capables de redonner la dignité au peuple congolais, par un projet mobilisateur et rassembleur contre l'exclusion de toute sorte...l'Union pour la Nation se veut d'abord comme un espace d'ouverture sur l'ensemble du pays et que de ce fait elle est l'affirmation responsable de l'identité du congolais en tant que peuple libre et uni, refusant les germes de la division. L'ambition de l'UN est de sceller une véritable réconciliation nationale par un gouvernement d'union nationale rassemblant, aussi bien les forces politiques qui n'ont pas participé ni à la transition ni au processus électoral que ceux contre qui il a été dressé des obstacles pour participer au processus en cours 59(*) »

    II.2.2 Organisation

    De sa structure, la plate forme Union pour la Nation est composée d'un coordonnateur, d'un directeur de campagne et de deux adjoints dont l'un est en même temps le porte-parole de la coalition. Le porte-parole de son côté est secondé par trois adjoints. La plate forme compte également un secrétariat permanent composé d'un titulaire et d'un adjoint. On retrouve également au sein de l'Union pour la Nation, un rapporteur général et un adjoint.

    Comme nous l'avons mentionné un peu plus haut, la formation politique UN est une coalition des partis politiques et pour se faire les animateurs de cette coalition ont été désignés dans le sens de rassembler tous les courants et toutes les tendances au sein de l'équipe dirigeante. Ainsi, le secrétaire général du MLC François Mwamba Tshishimbi est le coordonnateur de l'Union pour la Nation. Joseph Olengankoy leader du Fonus a été désigné le directeur de la campagne, secondé par deux adjoints Fidèle Babala et Théodore Ngoy, ce dernier est également porte-parole de l'Union. Roger Lumbala du RCD/N et Justine Kasa vubu, ainsi que Eva Bazaiba de l'UDPS, sont désignés porte-parole adjoints. Le secrétariat permanent de l'Union est assuré par Wivine N'landu. Elle est secondée dans ses fonctions par Médard Mulangala Lwakabuanga. Delly Sesanga et Bofasa Djema sont respectivement rapporteur général et rapporteur général adjoint de l'Union pour la Nation.

    II.2.3. Objectifs

    De par sa conception, l'Union pour la Nation, s'était assignée comme objectif premier, porter au pouvoir Jean Pierre Bemba candidat du Mouvement de Libération du Congo, challenger au président sortant Joseph Kabila. Cela dans le but de mettre en place un pouvoir légitimé par le peuple, tout en scellant une réconciliation nationale avec toutes les tendances et tous les courants politiques du pays, cela par la mise en place d'un gouvernement d'union nationale.

    Il faut ajouter à cela d'autres objectifs qui se trouvent être consignés dans le projet de société du MLC, à savoir :

    - La conquête et de l'exercice du pouvoir en vue de la promotion des valeurs démocratiques;

    - L'instauration d'un Etat de droit, laïc et garantissant le respect des libertés fondamentales, l'intégrité du territoire, la souveraineté nationale et la concorde entre les Congolais de toutes les Régions, de toutes les races, de toutes les ethnies, de toutes les religions et de toutes les opinions;

    - La promotion par l'éducation, la formation et l'emploi de la ressource humaine nationale en général, de la femme et des jeunes en particulier;

    - La lutte contre la pauvreté et pour le développement du Congo en lui assurant une croissance forte et durable dont le moteur sera l'activité privée couplée à la bonne gouvernance de l'Etat ;

    - La coopération mutuellement avantageuse avec tous les pays frontaliers, sous régionaux, les autres pays africains et ceux du reste du monde épris de paix et de justice.

    Tous ces objectifs trouvent leurs fondements dans l'histoire même de la constitution de ce parti politique qui a commencé par être un mouvement politico-militaire. Dans l'historique du MLC on peut lire ce qui suit « Pour réussir son combat, le MLC s'appuie non seulement sur le rassemblement de toutes les forces vives désireuses de participer à la promotion du peuple congolais par la création d'un environnement stable,  des conditions de vie et de travail décentes, mais également sur l'émergence de nouveaux dirigeants qui doivent se distinguer par leur compétence, leur intégrité, leur probité et leur patriotisme60(*)».

    II.2.4. Stratégie de communication

    Comme nous l'avons précédemment mentionné, la stratégie est l'art de coordonner des actions, de manoeuvrer habilement pour atteindre un objectif, Pombo Ngunza pour sa part pense que la stratégie est « un ensemble cohérent de décision qu'on propose de prendre face aux diverses éventualités qu'on est conduit à envisager tant du fait des circonstances extérieures qu'en vertu d'hypothèse portant sur le comportement d'autres agents intéressés par des telles décisions61(*) ».

    Il transparaît de toutes ces définitions une idée de mise en commun de conception, d'idée et d'action en vue de l'obtention d'une satisfaction eu égard à ses objectifs. Employer alors ce schème dans le domaine de l'organisation, il désigne toute planification d'opération d'une certaine envergure à chaque niveau de commandement au sein de l'organisation. C'est alors qu'on peut parler de la stratégie de communication.

    Soulignons cependant que l'organisation d'une société est le fait de la communication qui circule dans ce système. C'est ce que Aimé Kayembe qualifie de théorie de l'organisation par la communication62(*). En effet, la bonne gestion de la communication au sein d'une société définie la structure qui y est développée. La communication permet la bonne marche de chaque structure au sein de la société. Elle régule les relations existantes entre les membres. Elle donne la possibilité à chaque membre d'émettre ses idées, ses ambitions, ses entendements, sa vision afin de contribuer à la bonne marche de l'organisation.

    La bonne gestion de la communication permet, par ailleurs, une bonne relation entre la base, c'est-à-dire les membres effectifs et la classe dirigeante. La circulation de la bonne information au sein d'une organisation oriente les actions des uns et des autres et coordonne les activités de l'organisation dans le souci majeur d'atteinte des objectifs assignés. Il s'agit au faite qu'à chaque niveau hiérarchique de l'organisation, l'information soit la même pour éviter certains malentendus qui peuvent conduire à la déstructuration de l'organisation. Chaque individu du groupe doit connaître, par les informations qu'il a, ce que l'organisation attend de lui. Quelle est sa part de responsabilité dans la conjugaison d'effort commun pour l'atteinte du but de l'organisation. Que doit-il faire ou ne pas faire ? De quelle nature doit être sa participation ? Ce qui revient à ce que nous baptisons ici «La gestion des ambitions des uns et des autres ».

    Cette étape est très cruciale pour toute organisation, d'autant plus qu'à chaque niveau de responsabilité si un individu ne saisi pas le pourquoi de sa présence, cela risquerait de compromettre ses actions. Le danger serait de voir les actions entreprises se tourner contre l'idéal de l'organisation et tendre vers la chute de celle-ci. D'où, il convient de retenir que gérer les actions, les ambitions, les desiderata des uns et des autres revient à jouer à l'homéostasie, c'est-à-dire, gérer les tendances de changement des uns et les tendances de maintien des autres dans le but évidemment de la pérennisation de l'organisation.

    Ainsi, en scrutant la documentation de l'UN nous nous sommes aperçus de prime abord que la plate forme a été mise sur pied par la force des choses avant la campagne du second tour de l'élection présidentielle de 2006. Ce faisant, tous les membres avaient pour mission de conjuguer des efforts afin de mobiliser la majorité de la population à voter pour le candidat de l'Union pour la Nation. La mission incombait donc à tout militant de tous les partis alliés de l'UN où qu'il se trouvait de sensibiliser ses compatriotes pour voter « utile ». Il était donc question de mettre en application l'agir téléologique qui voudrait à ce que l'homme politique repère les détours, les contours de toutes les circonstances politiques et cherche à en tirer profit afin de maximiser ses chances.

    Ainsi, la stratégie de communication politique de l'UN n'était pas toute faite. Cependant, c'est dans la construction du sens dans les actions menées par la plate forme que nous nous sommes rendus compte que pendant cette campagne la stratégie jugée la plus efficace pour l'UN était celle de responsabiliser chaque leader des partis membres afin de maximiser ses atouts dans son fief d'origine où il est censé occuper la place du leader d'opinion le mieux écouter.

    Il s'agissait donc de miser sur la notoriété de chaque leader dans sa province d'origine afin de donner un caractère national au candidat de l'UN.

    Ainsi, au-déla du fait que l'UN rassemblait au moins dix candidats malheureux au premier tour des présidentielles, ce qui était d'un poids non négligeable eu égard à leur représentativité sur l'échelle national, l'UN avait aussi largué sur le terrain des candidats députés provinciaux avec la même mission.

    C'est ce qui, quelque part, a justifié la nomination d'Olenga Nkoy au poste de directeur de Campagne de Jean Pierre Bemba. L'UN faisait foi à la force mobilisatrice du leader du Fonus dans la capitale.

    Par ailleurs, pour le katanga le leader du MLC a placé sa confiance sur le Pasteur Théodore Ngoy.

    Conscient du poids de son challenger au Katanga, le leader du MLC et candidat de l'UN Jean Pierre Bemba a adjoint au Pasteur Théodore Ngoy, une autre personnalité de taille, non seulement, par le fait qu'il soit l'un des challenger à la magistrature suprême au premier tour, mais surtout par sa notoriété sur le plan politique dans le pays. Il s'agit de l'ancien premier ministre Vincent de Paul Lunda Bululu.

    La bataille dans la partie Est du pays et plus particulièrement dans les deux kivu, se présageait rude pour l'UN. La stratégie consistait à utiliser un fils du terroir avec la possibilité d'entrer en contact avec les autochtones dans les coins et recoins de la province. Pour se faire, le candidat de l'UN avait confié cette lourde charge à l'ancien ministre de l'environnement pendant la transition Anselme Enerunga. Son choix s'étant justifié par son statut d'un des leaders de l'alliance des patriotes mai mai, un mouvement très présent dans les deux provinces.

    Au centre du pays, c'est-à-dire dans les deux Kasaï, les deux candidats au second tour des présidentielles devraient s'expliquer devant une population acquise, presque en majorité, à la cause de l'Udps d'Etienne Tshisekedi wa Mulumba pourtant écarté de la course. La situation se compliquait d'autant plus que pour la population kasaïenne, l'éviction de leur leader naturel était l'oeuvre de ceux qui venaient solliciter leur mandat. C'est ce qui a expliqué quelque part le vote sanction au profit d'Oscar Kashala au premier tour de l'élection présidentielle. D'où, pour le MLC et l'Union pour la Nation, la stratégie au second tour était de mettre au devant de la scène les lieutenants qui pouvaient avoir la possibilité de drainer la population au profit de son leader.

    Jean Pierre Bemba avec sa plate forme Union pour la Nation pouvait, d'une part, compter sur le soutient de l'Urec d'Oscar Kashala qui n'a pas adhéré à l'UN mais a lancé un mot d'ordre de vote à ses partisans au profit de Jean Pierre Bemba. Et aussi compter sur l'Udps qui ne s'étant pas prononcer officiellement, mais on a vu sa bannière flotter aux côtés des autres bannières de l'UN lors de la sortie officielle de la plate forme à la foire internationale de kinshasa. Toutefois, l'Union a aligné, dans sa stratégie aux Kasaï, au premier plan Roger Lumbala le patron du RCD/N et candidat malheureux au premier tour des présidentielles. Ayant perdus au premier tour, Roger Lumbala a pourtant été voté député national dans son fief, ce qui a prouvé a suffisance sa place auprès de ses frères du Kasaï. Ce dernier avait la charge de convaincre ses pairs que les temps ont changé et que le moment était venu pour confier la destinée du pays entre les mains de quelqu'un aux origines non douteuses.

    L'Union a part ailleurs misé sur la notoriété de son secrétaire général François Mwamba qui se trouve être en même temps le coordonnateur de la plate forme Union pour la Nation. François Mwamba constituait la force du MLC dans le Kasaï oriental.

    La stratégie de l'UN consistait également à ratisser au sein de l'opposition dite radicale du lider maximo Etienne Tshisekedi. Et pour se faire, la présence de Bomanza aux côtés de Jean Pierre Bemba en tant que conseiller était d'un atout majeur dans cette entreprise.

    Nous l'avons susmentionné, la stratégie de l'Union pour la Nation consistait à responsabiliser chaque leader pour mener la campagne au nom du candidat de la plate forme dans son fief.

    A cet effet, tout au long de sa campagne, l'Union pour la Nation a développé en son sein, une stratégie de communication laquelle tournait autour de la personne de son leader Jean Pierre Bemba. Il s'agissait d'enrober la personnalité du candidat au vu des membres de tel enseigne que tous intériorisent le fait que l'image de Jean Pierre Bemba ne peut souffrir d'aucune faille dans les esprits des uns et des autres. On faisait passer par-dessus tout, l'essentiel d'information en rapport avec la victoire recherchée de leur candidat. Ainsi donc, il s'agissait plus d'une valorisation de Jean Pierre Bemba au-delà même de la plate forme. Toute la communication était construite sur le leadership de Jean Pierre Bemba, de tel enseigne que son propre discours était considéré comme un discours fédérateur à l'égard de la plate forme Union pour la Nation. Les éléments du prestige personnel de Jean Pierre Bemba notamment son niveau intellectuel, ses avoirs économiques, son passé politique, son identité politique et sociale, sa vision du futur de la RDC, ses ambitions dans la gestion de la chose publique ont imprimé à la communication politique de la structure, ses marques, et déterminé la portée stratégique de l'Union pour la Nation. Ceci typifie en quelque sorte les stratégies de communication des partis politiques congolais pendant la période préélectorale et la période électorale, où presque toute la communication a été individualisée. C'est ce que nous déballerons dans notre troisième chapitre lorsque nous scruterons l'actualisation de la communication de l'UN pendant la campagne électorale.

    Toutefois, l'Union pour la Nation qui a misé sur la stratégie de mettre en évidence le poids politique de ses membres afin de soigner son image à l'extérieur pendant la campagne, devrait en principe mieux structurer son système de communication à l'intérieur du champ. Cela d'autant plus que, comme nous l'avons précédemment, évoqué un champ ne peut fonctionner que s'il trouve des individus socialement prédisposés à se comporter en agents responsables, à risquer leur argent, leur temps, parfois leur honneur ou leur vie, pour poursuivre les enjeux et obtenir les profits qu'il propose.

    Cependant, cela ne peut advenir que si les objectifs poursuivis sont clairement définis et compris par tous les membres et aussi, si les intérêts des uns et des autres sont pris en compte.

    Il s'est avéré qu'au sein de l'UN ce qui a primé c'est ce que nous avions évoqué. Ceux qui dominent dans un champ donné sont en position de le faire fonctionner à leur avantage. En effet, tout concourait au bien de Jean Pierre Bemba candidat à la présidence. Tous les membres avaient l'insigne honneur de faire la part du Lion au candidat président et par ricochet à son parti le MLC. Une logique qui a même prévalu pendant les élections des gouverneurs des provinces. On a vu que de trois provinces où l'UN avait la majorité aux assemblées provinciales elle a pourtant perdu deux provinces au profit de l'AMP. Ceci s'explique par le fait que ceux qui dominent doivent, en tout état de cause, toujours compter avec la résistance, la contestation, les revendications, les ambitions et les prétentions politiques ou non des dominés. Si Jean Pierre Bemba quand bien même vaincu au second tour, a su maximiser son score qui est passé de 20 à 42%, d'aucuns pensent qu'il le doit à la coalition. Ainsi, ce qui de droit devrait leur revenir en guise de récompense serait de voir une représentation substantielle des membres de l'UN dans les listes des candidats au gouvernorat. Cela n'a pas été le cas.

    Ainsi le disions nous, si un individu ne saisi pas le pourquoi de sa présence au sein d'un champ cela risquerait de compromettre ses actions. La suite n'a été plus que logique, les membres de l'UN qui n'ont plus retrouvé leurs intérêts ont carrément tourné le dos au MLC. Le cas le plus flagrant était celui de Kinshasa où l'UN détenait la majorité à l'assemblée provinciale. Le même scénario de la mauvaise gestion des ambitions s'est déroulé au Bas Congo et dans le Kasaï orientale.

    Ainsi, nous le rappelons, gérer les actions, les ambitions, les desiderata des uns et des autres revient à jouer à l'homéostasie, à l'équilibre, c'est-à-dire, gérer les tendances de changement des uns et les tendances de maintien des autres dans le but évidemment de la pérennisation de l'organisation.

    Ce qui précède prouve à suffisance que la gestion de la communication n'était pas à la hauteur des attentes. En effet, la bonne gestion de la communication au sein d'une société définie la structure qui y est développée, car comme nous le disions un peu plus haut, la bonne communication régule les relations existantes entre les membres, elle donne la possibilité à chaque membre d'émettre ses idées, ses ambitions, ses entendements et sa vision.

    II.3. CONCLUSION PARTIELLE

    Ce second chapitre s'est articulé autour de l'émergence de la plate forme Union pour la Nation dans l'environnement politique congolais post Sun City. Nous avons, non d'une manière exhaustive, scruter la scène politique congolaise ainsi que toute les étapes qui y ont caractérisé les partis politiques congolais. Dans le lot nous avons spécifié l'environnement dans lequel la plate forme Union pour la Nation a été créée et se faisant nous avons ressorti les stratégies de communication mise en place par la plate forme UN pendant la période électorale. Cela nous a permis de nous rendre compte que l'Union pour la Nation avec son candidat Jean Pierre Bemba ont battit leurs stratégies dans l'acteur en maximisant les atouts d'un chacun et en les responsabilisant dans la construction de l'image du candidat de la plate forme.

    CHAPITRE TROISIEME : COMMUNICATION POLITIQUE DE L'UN : Particularités et Pathologies.

    Il sera question dans le présent chapitre de faire l'interprétation et la vérification de notre hypothèse en scrutant la communication politique de l'UN pendant la période électorale, tout en nous servant de l'approche et de la méthode qui sous-tendent notre recherche à savoir le constructivisme et la méthode interprétative selon l'herméneutique de Paul Ricoeur.

    Le premier part du postulat selon lequel le sens n'est pas un donné mais un construit, une émergence par rapport au contexte, le second qui est au faite une science ou tout simplement une technique d'interprétation des textes. Le texte, ici, selon Paul Ricoeur, peut bien être, autant un écrit qu'une action, si ce n'est le cours même de l'histoire, le cas échéant, la période électorale.

    Partant de notre hypothèse qui stipulait que le sens de la communication de l'UN était subséquent au leadership politique de Jean Pierre Bemba tel qu'il se déploie au sein du champ politique, de tel enseigne que ses éléments du prestige personnel ont imprimé à la communication politique de la structure, ses marques, et ont déterminé la portée stratégique de la structure politique, nous tenterons de trouver des éléments explicatifs à cette hypothèse pour soit de l'affirmer ou de l'infirmer. Ensuite, nous tenterons de donner quelques pistes pour mieux conduire la communication politique pendant une campagne électorale tout en tenant compte et de la structure politique et de l'acteur politique.

    III.1. COMMUNICATION POLITIQUE DE L'UN : Particularités 

    Comme évoqué dans la partie introductive de cette étude, il s'avérait indispensable de ressortir de la communication politique de l'UN pendant cette campagne, les aspects qui y ont prévalu notamment l'aspect idéologique. Il s'agit ici de souligner les déterminants dans l'élaboration et la construction de l'image, et du candidat et de la plate forme qui le soutient. C'est ce qui nous permettra de parler de différentes images de Jean Pierre Bemba et de la manière dont sa plate forme a construit sa vision idéologique dans son projet de société. Il sera aussi question de voir le contexte dans lequel la communication a évolué au sein de la plate forme Union pour la Nation. Ceci nous permettra de déceler le type hégémonique qui a embrigadé la communication autour de la personne de Jean Pierre Bemba.

    Enfin, nous scruterons l'aspect technique qui est la capacité programmatique de la plate forme dans sa lutte communicationnelle d'avec le challenger en vue. Cependant, tout ceci s'explique dans les quatre dimensions de la construction du sens de la communication politique de l'UN pendant la campagne électorale au second tour à savoir :

    - L'aspect identitaire qui met en exergue l'opposition autochtonie et allogenie entre Jean Pierre Bemba et Joseph Kabila.

    - La rivalité technocratique qui met en évidence le niveau intellectuel des candidats.

    - L'originalité de projet de société, laquelle se fonde sur les idéologies de l'un et l'autre.

    - La purification des candidats. Celle-ci, en effet, a pour objectif de chercher à créer au sein de l'opinion publique un sentiment de compréhension à l'égard de ces deux candidats qui ne sont pas totalement saints.

    III.1.1. ASPECT IDENTITAIRE : Opposition Autochtonie et Allogenie

    Dans la logique d'actualisation de la communication politique pendant la campagne électorale, l'Union pour la Nation avec son leader Jean Pierre Bemba ont premièrement basée l'essentiel de leur adresse sur l'aspect identitaire. Cette question a eu des germes depuis l'après premier tour de l'élection présidentielle avec la configuration qui s'est dessinée pendant le vote. Joseph Kabila plébiscité à plus de 80% dans la partie Est, tandis que Jean Pierre Bemba a tenu le flambeau dans la partie Ouest du Pays.

    Ainsi, à l'Union pour la Nation, la présence de Jean Pierre Bemba au second tour de l'élection présidentielle n'était pas seulement une occasion pour mettre un terme à ce qu'ils qualifiaient de « pouvoir illégitime de Joseph Kabila », mais aussi une occasion propice pour la population congolaise de remettre sa destinée entre les mains d'un fils du Pays.

    Lors d'une rencontre avec les candidats provinciaux de l'Union pour la Nation samedi le 7 octobre 2006 dans la salle Cinépolis à Kinshasa, Joseph Olenga nkoy alors directeur de la campagne de Jean Pierre Bemba dans sa causerie dite de « réarmement moral » soulignait en disant que la présence de Jean Pierre Bemba au second tour était un sursaut d'orgueil national.

    Un sursaut d'orgueil national parce que, à l'Union pour la Nation, il fallait à tout prix vendre l'image d'un Jean Pierre Bemba fils du pays, d'autant plus que déjà la question sur l'origine de Joseph Kabila n'était pas tout à fait élucidée dans le milieu politique tant national qu'international. L'Union pour la Nation s'est saisi de la question pour y asseoir de prime abord l'essentiel de sa communication politique.

    Nous le disions précédemment avec Windish que le discours polémique attaque généralement l'identité et la crédibilité de l'adversaire et cherche à ternir son image. En effet, l'UN est parti d'un Slogan teinté de l'autochtonie à savoir « Mwana Mboka » traduisez « fils du pays » qu'il a collé à la personne de Jean Pierre Bemba donc à un autochtone de la RDC. Cela pour faire une différence d'avec le candidat Joseph Kabila que l'Union présente comme un non originaire, un nouveau venu, un allogène.

    Pour se faire, nous soulignons ici quelques faits qui ont émergés au sein de l'opinion publique et ont permis à l'UN de se baser sur la question de la nationalité de Joseph Kabila et ainsi construire sa stratégie communicationnelle sur le thème de la « Congolité ».

    Il y a premièrement la question des Banyamulenge, ces congolais d'expression Rwandaise présent dans le Nord et le Sud Kivu dont la visibilité sur le plan national et international s'est accrue avec l'arrivée au pouvoir de l'AFDL en 1997 avec Laurent Désiré Kabila soutenu par la coalition armée Rwando-Ougandaise. D'aucuns assimilaient carrément les Banyamulenge qui se sont retrouvés dans les rangs de l'AFDL aux militaires de l'APR, l'Armée patriotique Rwandaise. Cette question a été au coeur des débats politiques dans le pays de tel enseigne que certains politiciens présentaient les deux provinces du Kivu comme des provinces infiltrées par des non originaires.

    A la foulée, le mythe qui a entouré pendant un long moment les origines de Joseph Kabila a donné libre cours aux spéculations. Lesquelles spéculations ont été enrichies, par moment, par les déclarations des journalistes étrangers à l'instar du Belge Colette Braeckman qui avaient mis en doute ce qu'ils qualifiaient de la « congolité » de Joseph Kabila lors de son arrivée au pouvoir en 2001. En effet, on peut lire dans le journal en ligne lesoftonline.net du 30 janvier 2004 ce qui suit « Le 26 janvier 2001, Joseph Kabila succède à son père. Notre consoeur belge (Collette Braeckman) n'a pas hésité, six jours auparavant, de relayer l'humeur de l'opinion congolaise du moment en écrivant que le nouveau président était mal accepté du fait des origines tutsies de sa mère. Ce qui n'était pas faux. Le fils du président est à moitié tutsi, ce qui n'améliore pas sa popularité à Kinshasa, écrivait-elle dans «Le Soir» daté du 20 janvier 2001. Une semaine après, la journaliste change de version («Le Soir» du 26 janvier 2001) et soutient, sans transition, que la mère de Joseph «est bien Congolaise». Elle s'appelle Safi Mahanya, membre de la tribu bango-bango du Maniema.63(*)». Une déclaration qui jeta le pavé dans la mare d'autant plus que Collette Braeckman bénéficiait, à l'époque, d'un crédit plus élevé dans la société intellectuelle congolaise épris de la survie de la démocratie dans l'ex-zaïre.

    Le mystère autour de la personne de Joseph Kabila a été si grand qu'il a fallu attendre la généalogie64(*) tracée par Célestin Kabuya Lumuna Sando pour avoir une idée sur les origines du candidat président Joseph Kabila mais cette généalogie n'a pourtant pas élagué le problème.

    Ainsi, à l'Union pour la Nation, l'étiquette trouvée a été celle de « Mwana mboka » traduisez « Fils du pays » pour enterrer définitivement l'adversaire. Il s'agissait au faite pour l'UN d'insister premièrement sur le fait que son candidat est fils du terroir, c'est-à-dire un natif du pays, celui qui a laissé des traces par son parcours et qu'on pourrait les reconstitués sans trop de peine. Deuxièmement, de présenter son candidat comme candidat du pays ou tout simplement défenseur du pays face au candidat des étrangers. Et troisièmement, prouver au public que ce candidat est aussi Kinois, donc qui connaît les us et coutume de la capitale congolaise dans toutes ses formes et reformes.

    Donc, l'UN a mis en exergue les traces laissées par Jean Pierre Bemba dans le pays avec une biographie claire et précise, d'une originalité sans faille. Né à Bokada dans l'Equateur, il fit ses études secondaire au Collège Boboto à Kinshasa, donc Kinois avec la mentalité kinoise et s'exprimant aux kinois avec leur langue, le Lingala.

    Signalons enfin que le concept « Mwana mboka » est souvent opposé à celui de « Mowuta ». L'UN a usé de presque toutes les voies de communication avec son discours monté sur la question identitaire pour inculquer dans l'opinion publique la non-originalité congolaise de Joseph Kabila. En se servant par exemple des médias de masse pour la vulgarisation de ce thème de campagne basé sur l'identité des candidats. L'UN a même sponsorisé une chanson qui passait en boucle pendant la campagne sur les antennes des radios du MLC à travers le pays. L'essentiel du message dans cette chanson reprenait le thème de Mwana mboka. Par exemple cet extrait : « ...Miba e e Miba, basili bateka, mabele ma Katanga basili bateka, ba oyo baya koya balinga koteka, botikela nsomi ya mboka asimba ekolo akamba aaa... ».

    Le MLC avec l'Union pour la Nation ont même mis en place une sorte de « vade mecum » qui devrait dicter le choix des électeurs congolais. On pouvait lire sur ce document en ce qui concerne la question identitaire ce qui suit :

    Aux élections présidentielles, Moi Congolais, je choisirai :

    - Entre quelqu'un qui a une nationalité douteuse et un vrai Congolais, je voterai mon Compatriote.

    - Entre quelqu'un qui présente des parents douteux et celui qui a des parents officiellement déclarés, je voterai le second.

    - Entre celui qui ne maîtrise pas l'histoire politique du Congo et celui qui en parle à son aise, je voterai le second.

    - Entre celui qui vit en RDC depuis moins de 10 ans et celui qui y est né, qui y a grandi et qui y a toujours vécu, je voterai le second.

    - Entre celui qui parle une langue nationale avec un accent étranger et le Congolais qui n'a pas d'accent, je voterai le second65(*).

    L'Union pour la Nation étant une plate forme politique ayant regroupé en son sein un nombre important des leaders politiques, elle a également épousé certaines idéologies de ses membres dans sa lutte pour la magistrature suprême. Ainsi, par exemple, le vocable de « grand Nsoso » traduisez « Grosse Poule » opposer au « Ndeke » traduisez « L'oiseau » a trouvé toute sa raison d'être à ce second tour de l'élection présidentielle. Pour l'UN la destinée du pays ne pouvait être confié à celui qu'on considère comme un oiseau.

    Toute la philosophie ici réside dans la perception qu'on se fait de « Nsoso » et de « Ndeke » de la construction de sens que l'on fait. Selon Olenga Nkoy directeur de campagne de Jean Pierre Bemba, sa philosophie rimait à ce qu'il qualifié de la « vente du pays entre les mains des ceux qui peuvent se volatiliser dans la nature à tout moment ». L'Union pour la Nation avait ainsi l'insigne honneur de militer pour que soit accordé à Jean Pierre Bemba beaucoup trop de crédit en tant que fils du terroir capable de relever le défi de la protection de l'intégrité territorial et de ce fait s'opposer à ceux qui en veule à l'unité du pays.

    Ainsi, dans notre introduction nous faisions allusion aux aspects de communication qui ont prévalu au sein de l'UN lors de la campagne électorale en soulignant premièrement l'aspect idéologique. Ceci revient, comme nous l'évoquions, à déterminer l'idéologie qui a prévalue dans la mise en place de la plate forme politique en soi. En scrutant cette formation politique eu égard au système de communication emprunter pour sa communication politique, comme nous l'étalons dans ce chapitre, nous nous sommes rendu compte de prime abord que toute l'idéologie était basée sur la personne de Jean Pierre Bemba.

    A cet effet, Jean Pierre Bemba conscient du poids politique et de la personnalité qu'il incarnait, tentait à tout prix de répondre de par son image à la personnalité lui construite par l'Union pour la Nation. Pourtant interrogé par Philippe Perdrix66(*) de Jeune Afrique sur le fait que certains observateurs relevaient le thème xénophobe de la « Congolité » qui caractérisait l'essentiel de la campagne de l'UN, Jean Pierre Bemba nia catégoriquement en disant : «  C'est faux, nous n'exploitons pas ce thème » cependant après lui avoir fait remarqué que si ce n'est pas directement lui qui le fait c'est certainement son entourage. Jean Pierre Bemba déclina la responsabilité tout en soulignant que «  À la limite, je ne suis pas responsable de ce que disent mes proches » et de contre attaquer « Je déplore beaucoup de choses, la manipulation et les campagnes de diabolisation dont je suis victime. Je déplore les accusations portées contre moi qui sont entretenues par le président Joseph Kabila » Ceci prouve à quelques égards que Jean Pierre Bemba usait ici de l'argumentation manipulée où le message est intentionnellement déformé en vue de parvenir à un objectif. Il fallait à tout prix renvoyé sur l'adversaire ce dont on lui collait pour s'attirer la sympathie des électeurs, d'autant plus que le discours politique sert également pour contre attaquer les avances des adversaires.

    III.1.2. RIVALITE TECHNOCRATIQUE

    Les techniques de discours conflictuel nous renseignent que l'ironie sert à humilier la personne et/ou la personnalité de l'adversaire. On s'active à le peindre comme stupide et ridicule, tout en se présentant soi-même ouvertement ou non comme intelligent et capable de relever le défi de l'intellectualisme.

    En effet, outre la question identitaire, la communication de l'Union pour la Nation pendant la campagne électorale au second tour de l'élection présidentielle, s'est enrobée du niveau intellectuel de son candidat Jean Pierre Bemba.

    Détenteur d'une licence en science commerciale et consulaire de l'ICHEC, Institut catholique des hautes études commerciales de Belgique, doublé d'un brevet de pilote de Boeing et d'une expérience d'homme d'affaire à la tête de la société de télécommunication Comcell ainsi qu'à la tête des affaires familiale à savoir Scibe-Zaïre, Jean Pierre Bemba a fortement misé, lors de cette campagne, sur son niveau intellectuel tout en présentant son adversaire comme de loin inférieur à lui.

    Certaines de ces activités pendant cette campagne ont témoigné de sa volonté manifeste d'étaler à la place publique l'incapacité intellectuelle de Joseph Kabila. Nous le disions tantôt que les politiques usent de l'ironie pour tourner au ridicule son adversaire en s'affichant soi même comme la personne la plus intelligente et capable de faire mieux.

    Et pour soutenir cette thèse focaliser sur le niveau intellectuel des candidat, nous reprenons ce que nous avons qualifié un peu plus avant de « vade mecum » de l'UN destiné à la population où il est écrit :

    Aux élections présidentielles, Moi Congolais, je choisirai :

    - Entre celui qui n'a jamais achevé ses études et celui qui a obtenu son diplôme, je voterai le second.

    Ainsi, toute la force communicationnelle de l'UN sur ce point s'était focalisée sur le débat décisif qui devrait avoir lieu entre les deux candidats le 26 octobre 2006 soit, 3 jours avant l'élection. Déjà en prélude, Jean Pierre Bemba avait organisé un entretien le 14 octobre 2006 soit deux semaines avant le scrutin avec la presse67(*). L'équipe de la campagne du leader de l'UN a soigneusement fait une sélection de la presse, ainsi trois journalistes ont été choisis pour cet entretien à savoir Willy Kalengay d'Antenne A, une chaîne de télévision indépendante de Kinshasa, Serge Mulumba de la chaîne kabiliste RTGA, appartenant à Pius Muabilu, député Pprd à la nouvelle assemblée nationale, et Jérôme Sekana de l'agence Galaxy. Ce choix a été stratégique afin de prouver à l'opinion publique qu'il ne s'agissait pas d'un montage, ni d'une manipulation encore moins d'un scénario monté de toute pièce pour se faire accréditer.

    Lors de cet entretien Jean Pierre Bemba a usé de « l'ante occupatio » comme disent les Latinistes. Il s'agissait pour lui d'anticiper sur les éventuelles questions sur lesquelles pourrait tourné le débat et déjà déblayer le terrain. Une manière pour lui de prouver à l'opinion qu'il a une maîtrise suffisante des problèmes qui se posent à la nation. Il était également question pour le leader du MLC d'étaler ses capacités intellectuelles, sa maîtrise des chiffres, ainsi que ses capacités de trouver des solutions aux problèmes de paix dans la partie Est du pays, aux problèmes d'eau et d'électricité à donner à la population. Par des calculs simples, Jean Pierre Bemba a fait une petite démonstration en matière de l'électrification de presque toutes les villes et tous les territoires du pays. On pouvait l'écouter dire en peu de mot «On pourra, dans un bref délai, assurer l'électrification rapide de notre pays. En attendant, j'ai proposé à la population ce qui est faisable : mettre en place dans tous les territoires qui n'ont pas de courant des groupes électrogènes de 500 Kwa immédiatement. Ca ne coûte pas plus de 80.000 dollars... ». Et quand on lui pose la question sur la fourniture du carburant qui pourrait à la longue se poser avec acuité, Jean Pierre Bemba rétorque avec un petit calcul pratique « ...80.000 dollars pour le groupe électrogène multipliés par plus ou moins 150 territoires qui ne bénéficient pas du courant électrique, on a 9.000.000 de dollars. C'est à la portée de l'Etat. Deuxièmement, ces groupes-là consomment en moyenne 20 litres à l'heure lorsqu'ils sont en surcharge. Si dans un premier temps, vous décidez de donner le courant pendant 8 heures par jour, par groupe électrogène, on a un fût par jour. 150 fûts par jour multipliés par 200 dollars le fût, on a un total de 30.000 dollars par jour multipliés par 30. Ça fait 900.000 dollars. Est-ce que vous savez ce que coûtent les frais de mission dans ce pays par mois ? On peut couper ces frais de mission pour répondre aux besoins de la population. C'est encore une fois de plus une question de volonté politique. » Au vu de la classe pensante de l'Union pour la Nation, son leader devrait entrer dans des moindres détailles, ce qui en principe pourrait faire mouche dans le camps adverse d'autant plus qu'on ne reconnaissait pas cette capacité dans le chef de son adversaire.

    En effet, certains acteurs politiques pensent ou s'estiment guidés par des valeurs, des normes ou une quelconque éthique de conviction dans leurs agissements politiques. Nous l'évoquions précédemment lorsque nous parlions des agir communicationnels. Cette façon de faire c'est ce qu'on a appelé agir axiologique. Il en est question dans cette adresse de Jean Pierre Bemba. Estimer ses atouts, son bagage intellectuel tout en sous-estimant son adversaire. Le but étant d'influencer l'électeur qui au finish pourrait orienter sa réaction en tenant compte des valeurs et des normes étaler par le candidat qui a fait montre d'une dextérité intellectuelle sans faille pendant la campagne. Cela n'est possible, nous l'avons dit, que dans le cas où l'électeur adhère aux promesses, non seulement, du candidat, mais aussi, de son parti avec le sentiment que le devoir s'impose à lui, le devoir de voir le pays être dirigé par quelqu'un qui incarne les valeurs intellectuelles, sans se soucier outre mesure de la cohérence des fins entre elles, sans plus d'égard quant à l'adéquation des moyens proposés avec les fins réclamées.

    Dans cette rivalité technocratique, l'équipe de la campagne du leader de l'Union pour la Nation a mis en place une série de descente dans certaines institutions d'enseignement supérieur et universitaire de Kinshasa. Le but étant d'entrer en contact avec l'électorat intellectuel. Ainsi, Jean Pierre Bemba a eu un face à face avec les étudiants de l'Université de Kinshasa, Unikin, et ceux de l'Université protestante au Congo, l'UPC. Ces deux rencontres d'avec les étudiants consistaient pour le leader de l'UN de placer très haut la barre face à son adversaire. Une manière d'insister sur le fait qu'il possède les Us et coutumes universitaires. C'était aussi une méthode pour lui de se synchroniser avec le public intellectuel. Une entreprise qui selon l'UN ne serait pas aisée pour l'adversaire Joseph Kabila.

    Ce qui précède, nous plonge en effet, dans ce que nous pouvons ici qualifier de l'aspect instrumental qui a caractérisé la communication politique de l'Union pour la Nation pendant cette campagne. Il s'agit au fait de la capacité programmatique de la plate forme dans sa politique de lutte communicationnelle avec le challenger en vue. Ainsi, la préparation psychologique de l'opinion publique par, d'une part, la descente du candidat parmi la jeunesse intellectuelle, notamment dans deux Universités de la capitale et d'autre part, par le face à face avec la presse que l'équipe de la campagne qualifie d'indépendante, laisse entrevoir la cible que privilégie la plate forme en guise de la préparation du débat décisif annoncé.

    L'Union pour la Nation avait compris que tout se jouerait au niveau de l'intellectualisme et il fallait à tout prix chercher à casser certaines barrières qui pourraient encore exister dans le chef de la classe qui en principe est censé suivre dans son fond et dans sa forme le débat entre les candidats au second tour de l'élection présidentielle.

    Pour Jean Pierre Bemba et sa plate forme le débat décisif était l'occasion unique à ne pas négliger. Et enfin mettre un terme à ce que le secrétaire général adjoint du MLC Thomas Luhaka a toujours appelé en langue lingala « Chance eloko pamba » ce qui signifie pour lui que Joseph Kabila sans suivre un cursus normal s'est retrouvé à la tête du pays pas la magie du hasard. D'où, il fallait désormais que le peuple sache quelle est la capacité intellectuelle de celui à qui on voudrait confier la destinée du pays, quel est son niveau d'étude et quelles sont ses aptitudes dans la réflexion pour trouver des solutions aux problèmes de la nation. Et non plus avoir affaire à quelqu'un dont l'appréciation de certaines situations du pays laisse à désirer. C'est ce que nous avions qualifié avec André Gosselin de l'agir téléologique. En effet, l'homme politique doit en toute circonstance savoir saisir l'opportunité afin de mettre en place des stratégies de communication ou des stratégies politiques capable de soutenir sa démarche en politique. Il s'agit enfin de savoir agencer des paroles de promesse pleine de crédibilité aux yeux de l'instance citoyenne.

    III.1.3. ORIGINALITE DE PROJET DE SOCIETE

    La communication politique nous renseigne qu'il est important que l'homme politique se synchronise avec son public. Il s'agit là d'une manière la plus puissante pour la construction de son image. Se synchroniser avec ses potentiels électeurs permet à l'homme politique de créer un sentiment de proximité avec le public. Cela fait de lui, l'homme qui connaît mieux les problèmes de la population, ses attentes et ses aspirations. Ce que Robert Larsonneur spécifie en ce terme se synchroniser c'est mettre en avant ce qui nous ressemble et dans le cadre de la psychologie humaine ce qui nous rassemble. Au fait, que les gens se le disent : Il est proche des gens,... il est abordable,... il me comprend, ...nous partageons la même vision des choses68(*). Selon Larsonneur, il s'agit donc de la synchronisation sur la manière dont les gens vivent et se représentent ce qui les entoure. C'est l'affaire de programmes, ce qui préoccupe la population. C'est ce qu'on qualifié de projet de société.

    En effet, toute formation politique engagée dans la course au pouvoir doit, en tout état de cause, présenter un projet de société. Lequel programme devrait être présenté à la population. Ce qui les instiguera, soit à adhérer à ce projet et par conséquent voter pour le candidat qui une fois élu les mettra en pratique, soit à les rejeter et par conséquent ne pas voter pour le candidat avec des idées qui ne répondent pas aux aspirations et attentes de la population.

    Ainsi donc, l'Union pour la Nation a également basé sa communication politique sur l'originalité de son projet de société. Loin de nous la prétention d'analyser ici tout le projet du MLC et par ricochet de l'UN mais faire un parallélisme entre son projet et celui de l'AMP afin de ressortir ce qui en a constitué l'originalité sur laquelle s'est focalisée la communication de l'Union pour la Nation pendant cette campagne.

    Il faut tout d'abord retenir que les hommes politiques usent de l'agir téléologique lorsqu'il s'agit pour eux de repérer les détours, les contours de toutes les circonstances politiques afin d'en tirer profit et tenter de maximiser ses chances. Ainsi donc, en présentant un projet de société, tout acteur politique tente de passer en revue tous les contours de la vie courante en proposant des solutions à travers un programme bien établi et souvent avec un chronogramme bien défini.

    A cet effet, signalons de prime abord que l'idéologie du MLC selon son projet de société repose sur la Démocratie au plan politique, le Libéralisme au plan économique, la Solidarité au plan social et L'humanisme au plan philosophique69(*). Selon ce document, le MLC et par ricochet Jean Pierre Bemba et la plate forme qui le soutient, dans le domaine de la politique attend garantir le respect des libertés fondamentales, l'intégrité du territoire, la souveraineté nationale et la concorde entre tous les congolais. Par ailleurs, le MLC est favorable à la double nationalité. Toutefois, il exige que la nationalité soit une et exclusive pour ceux qui sont appelés à assurer la magistrature suprême. Ceci soutient en effet, l'idée de la question identitaire. Il saute aux yeux que le MLC fait de la position d'autochtonie de Jean Pierre Bemba une question majeure qui devrait en tout état de cause booster le choix des électeurs. Toujours dans le domaine politique, le MLC opte pour un régime semi-présidentiel et pour le bicaméralisme afin de consolider l'unité et la cohésion nationale.

    Cependant du côté PPRD avec son candidat Joseph Kabila, toute l'idéologie est construite sur la sociale démocratie dans un Etat unitaire fortement décentralisé où le régime est présidentiel. Nul part le PPRD fait allusion à la question identitaire comme c'est le cas côté MLC.

    De ce qui précède, les deux parties ont construit leur communication politique dans une rivalité qui trouve comme pour fondement les projets de société. Le MLC qui a toujours cru que son projet de société a même été à la base du DSRP, ce document stratégique pour la réduction de la pauvreté en RDC qui prône le libéralisme économique et politique. A cet effet, le MLC considère le PPRD comme un parti populiste qui n'a pas de contenu opératoire réel. C'est donc, un parti qui ne peut pas être à même de résoudre le problème de la population et répondre aux attentes des électeurs. Pour le MLC, la sociale démocratie prôner par le PPRD est une manière polie de ramener la population en réalité dans un type dirigiste. Il s'agit au fait d'une variable du populisme qui ne valorise pas la liberté et qui exploite l'ignorance de la masse et en fait un fond politique qui menace ceux qui possèdent.

    Mais de son côté, le PPRD considère le MLC avec son libéralisme économico-politique comme un parti du type bourgeois. Un parti qui ne prend pas en compte les populations démunies et qui accorde la part du Lion aux opérateurs économiques privés. Pour le PPRD, la masse populaire ne peut accorder des crédits à un parti, à une plate forme, à un candidat qui ne pense qu'aux riches. Avec l'état actuel des choses, le PPRD craint que les privatisations telles que soutenues par le MLC enrichissent des particuliers et par ricochet affaiblissent l'Etat en lui privant des moyens financiers qui lui permettraient d'assurer les services publics dont le peuple a grandement besoin : notamment la défense, la justice, l'éducation et la santé.

    De ce qui précède, nous pouvons tout simplement dire que c'est un faux débat qui ne répond qu'au positionnement idéologique des candidats mais qui sont dépourvus de contenu opératoire réel. Les deux parties en course au pouvoir se sont en effet caractérisées par le manque du réalisme dans leur discours, par l'absence d'une spécificité thématique claire. Elles ont brillé par le manque d'anticipation opératoire entre le substrat idéologique et les réalités existentielles. Ainsi par exemple, nul part les deux parties dans leur projet de société explicitent les moyens qui leurs permettront de mettre en pratique leurs projets.

    III.1.4. PURIFICATION DES ACTEURS POLITIQUES

    La situation République Démocratique du Congo au seuil des élections présidentielles était telle que la majorité de ceux qui étaient au pouvoir y étaient par la force des armes. Et plus précisément, les deux candidats admis au second tour de la présidentielle sont tous arrivés au pouvoir par la lutte armée. Le premier, Joseph Kabila venu dans la gibecière de l'AFDL qui a détrôné le Maréchal Mobutu du pouvoir avec une expédition de près de 7 mois avec le soutient de la coalition des armées Rwando-Ougandaises. Le second, Jean Pierre Bemba lui qui a bénéficié de l'appui de l'armée Ougandaise s'est hissé au sommet de l'Etat par la magie du dialogue intercongolais de Sun City en Afrique du Sud en décembre 2002 à la suite de sa guerre menée avec le MLC.

    De ce qui précède, dans leur communication politique chaque partie a souligné la part de responsabilité de son candidat dans ce qu'est devenu le pays. Elles ont usé de la concession dans leur discours tel que nous l'avons précédemment souligné. Il s'agissait donc pour chaque partie d'user de certains montages des éléments qu'on tenterait de donner un sens positif. Ce qui revient à dire que chaque acteur est conscient de sa situation et veut à tout prix faire une table rase sur tout ce qui s'est passé avant, tout en justifiant ses actions et en leurs donnant un caractère important dans l'aboutissement du processus de normalisation de la situation politique de la RDC.

    A mainte reprise on a entendu Jean Pierre Bemba justifier sa lutte armée par ce qu'il qualifiait de retour de la dictature avec le pouvoir de l'AFDL.

    Bref..., pour chaque partie, l'importance devrait être accordée à l'avenir car le temps de la guerre était enfin révolu. D'autant plus que chacun de son côté à donner de son apport par sa guerre pour que soit banni à jamais la dictature en RDC. Il va de soi que l'aboutissement de ce long processus qui se caractérise ici par le déroulement des élections présidentielles soit un succès.

    III.2. COMMUNICATION POLITIQUE DE L'UN : Pathologies 

    Il s'agit dans les lignes qui suivent de revoir les acteurs qui ont versé dans la communication de l'UN. Il s'agira de mettre en évidence leurs images, leurs profils dans l'environnement politique congolais et leur apport dans la communication de la plate forme pendant la période électorale en faisant une analyse du terrain. En nous servant de la théorie de l'acteur appuyée par celle des parties prenantes nous nous rendons compte que ces dernières sont des groupes et des personnes ayant des intérêts légitimes et que ces intérêts ont une valeur intrinsèque.

    Ainsi, comme nous l'évoquions précédemment, faire l'analyse du terrain c'est aussi savoir quelle est l'image qu'on voudrait produire et enfin quel est le thème de sa campagne. A cet effet, en ce qui concerne l'image qu'on voudrait produire. A ce stade nous nous focaliserons plus dans la pratique de la communication politique sur le terrain. En effet, il existe des étapes dans la démarche de la communication politique qu'il ne faut jamais perdre de vue.

    Selon Mazinga70(*) toute démarche de la communication politique exige un diagnostic et une mise en place d'une stratégie dans sa communication. Il s'agit d'abord de procéder par l'analyse de l'existant, ensuite définir l'axe général de communication d'où découleront plusieurs thèmes selon la multiplicité de cible à atteindre et enfin de choisir les moyens à utiliser dans sa communication. Tout ceci peut se résumer en ce que nous pouvons ici dénommer les principales étapes de la démarche de marketing politique.

    Les étapes de la démarche marketing sont de deux ordres à savoir :

    - La détermination des axes de la campagne.

    - La détermination ou la fixation de la stratégie

    Ainsi Jean Pierre Bemba et l'UN avaient pris comme axe la campagne

    Electorale d'autant plus qu'il s'agissait du second tour de l'élection présidentiel où les choses sont plus précises.

    Il va de soi qu'un candidat à ce niveau ne jure plus que par la victoire finale. Ce qui était le cas pour Jean Pierre Bemba, ainsi dans presque toutes ses interventions, à toutes ses déclarations il ne cessait de répéter « accordez-moi 5 ans pour qu'on mette toutes ses promesses en oeuvre ». C'est ce qui explique toute la démarche de la communication politique de l'UN pendant cette campagne. Il fallait tout mettre en oeuvre pour, d'une part, se crédibiliser auprès de l'opinion publique et d'autre part, barrer la route à son challenger.

    La détermination de l'axe de campagne requiert également l'analyse du terrain. Il s'agit ici pour le candidat de déterminer les cibles et le thème de campagne. Retenons que la recherche de la cible se situe à deux niveaux, d'abord on tient compte des cibles privilégiées que Mazinga qualifie de minorité d'influence71(*). Il est donc important pour le candidat de savoir s'adresser à des groupes déterminés des destinataires, à des segments de la population. D'où, l'équipe de campagne du candidat aura la charge en amont de procéder à la segmentation de la population.

    Ainsi, Jean Pierre Bemba avec son équipe de campagne a par moment usé de l'utilisation d'une minorité d'influence à savoir les étudiants de l'Unikin et de l'UPC en organisant une conférence débat devant les deux auditoires. L'objectif était de préparer psychologiquement l'électorat intellectuel et donner une idée sur ce que sera le débat décisif entre les deux candidats. Ce choix des étudiants était donc dicté par le souci de la segmentation de la population en procédant par des cibles privilégiées.

    Signalons en effet que l'analyse du terrain ne se limite pas seulement au ciblage d'une minorité influente mais tient compte de toutes les couches sociales et va jusqu'à la mise en place d'une segmentation des aires géographiques dans le champ électoral qui permettra au candidat d'adapter son message à la cible prise en priorité. Cela d'autant plus qu'on ne peut pas s'adresser de la même façon à tout le monde. L'idéal voudrait à ce que l'équipe de campagne use de deux sortes de segmentation de la cible, soit, c'est une segmentation structurale, soit, une segmentation qualitative.

    III.2.1. Segmentation structurale

    Ici, on détermine, en effet, un certain nombre de cible privilégié de la communication par exemple les relais d'opinion, en espérant qu'ils influenceront d'autres destinataires qui sont leurs clients habituels de la communication. De ce fait nous pouvons faire allusions aux médias dans la mesure où comme l'a dit autrefois Felix Lazarsfeld cité par Jean Chrétien Ekambo, que les médias atteignent d'abord un groupe restreint de leaders d'opinion et ensuite ces derniers répandent le message dans le réseau de leurs contacts sociaux72(*), Il en est de même avec la communication politique.

    Ainsi donc, l'Union pour la Nation dans sa communication politique

    comme nous l'avions mentionné a usé de presque tous les instruments, de tous les supports médiatiques dans ses adresses. Lesquels supports nous ont, d'ailleurs, permis de mener cette étude d'autant plus que nous nous sommes basés sur la méthode interprétative selon l'herméneutique de Paul Ricoeur. Se faisant, les actions menées par les membres de l'UN pendant cette campagne du second tour de l'élection présidentielle ont, soit, été les rassemblements populaires, les réunions, les meetings, soit les affichages, des imprimés, soit encore l'utilisation des médias de masse.

    En effet, l'UN avec Jean Pierre Bemba s'est plus focalisée sur les médias pendant le second tour d'autant plus que la descente sur le terrain n'était plus facile pour le candidat lui-même. Malheureusement, cette façon de faire n'a pas permis à l'UN d'atteindre tous les territoires d'autant plus que l'accès au média est faible en RDC. Si dans la province de l'Equateur le MLC détient un réseau important de Radio à l'instar de la « Radio Liberté » installée dans plusieurs grandes agglomérations de la province, notamment à Basankusu, Boende, Bumba, Gemena, Libenge, Lisala, Mbandaka, Yakoma, et Zongo. On peut ainsi remarquer une présence médiatique accrue dans la province de l'Equateur. Cependant, il n'en était pas le cas dans les autres provinces. Si du moins dans la province orientale on pouvait retrouver la Radio Liberté à Aketi, Buta et Kisangani, elle a été cependant moins présente dans la province du Bandundu avec la seule présence à Idiofa, tandis que dans les provinces du centre et de l'Est du pays cette Radio a été simplement inexistante. Le seul palliatif était la chaîne de télévision CCTV du MLC basée à Kinshasa et qui est sur satellite qu'on pouvait capter partout dans le monde, mais malheureusement qui n'est pas à la disposition de tous.

    Ainsi, nous pouvons conclure en disant que l'utilisation des médias dans la communication politique ne donne pas la chance au candidat d'améliorer sa communication. En effet, les médias audiovisuels sont loin d'être facile d'emploi pour le marketing politique, ils présentent un certain nombre de difficulté notamment la lenteur dans leurs effets et la difficulté de contrôle de message73(*). Donc, il fut difficile pour Jean Pierre Bemba de jauger sa percée au sein de la population cela par manque de feedback car ces moyens de communication de masse sont unidirectionnelle, difficile donc de mesurer le niveau de sa popularité, de sa crédibilité au sein de la population.

    Toutefois, ce fut un atout à Kinshasa pour Jean Pierre Bemba grâce à la multitude de média et au niveau élevé de la population ce qui justifie d'ailleurs le taux le plus élevé du score qu'il a réalisé à kinshasa.

    III.2.2. Segmentation qualitative

    En ce qui concerne par ailleurs la segmentation qualitative, il s'agit en effet de modifier certains aspects de la communication en fonction de segment relativement précis. Ceci permet au candidat et à son équipe de campagne de souligner qu'il ne faut jamais dire la même chose partout. Les attentes de tel segment de la population, d'une telle couche sociale, ne sont pas les mêmes avec telle autre couche sociale ou tel autre segment de la population. Le cas échéant, si la préoccupation première de la population de l'Est de la RDC est la paix et sécurité, la préoccupation de celle de Kinshasa n'est cependant pas la même.

    Ainsi, Joseph Olenga Nkoy en réarmant les candidats députés provinciaux de l'UN, surtout ceux de l'Est, a plus insisté sur le fait qu'il faut donner la bonne information à la population de l'Est, estimant que l'adresse de Joseph Kabila avec sa plate forme l'AMP ne disait pas toute la vérité au peuple. D'où, il fallait à tout prix insister sur le fait que le retour de la paix dans cette partie du pays ne relève pas de la compétence du challenger qui ne dit pas comment il procédera mais de celui qui avec des propositions concrètes sait par où commencer pour mettre un terme à l'insécurité.

    L'autre étape c'est la fixation de la stratégie. Celle-ci suit deux étapes, la mise en place des fondations et l'analyse du terrain. Ainsi, Jean Pierre Bemba s'est focalisé à faire confiance à certains leaders des partis alliés en confiant à ces derniers la charge de galvaniser les électeurs autour de la candidature de Jean Pierre Bemba. Ainsi, l'UN tentait par là de susciter la réaction par habitus des électeurs. Ce qui nous pousse ici à scruter certains profils des acteurs politique qui ont versé dans la communication politique de l'UN.

    III.2.1 LE PROFIL DES ACTEURS DE L'UNION POUR LA NATION

    Il importe ici de chercher à comprendre l'apport des acteurs de l'UN pendant la campagne électorale ; d'autant plus que chacun devrait en principe conjuguer ses efforts pour soigner l'image du candidat. En effet, la stratégie de communication politique de l'UN jugée la plus efficace était celle de responsabiliser chaque leader dans son fief où il est censé être le leader d'opinion. Quels sont en effet, leurs profils, quelles sont leurs interrelations sociales avec la communication politique de l'UN.

    III.2.1.1. JEAN PIERRE BEMBA

    Nous ne pouvons pas parler de l'image d'un homme politique si nous ne partons pas de la conception de l'image en soi par le marketing. Ainsi, Jean Marc Decaudin, cité par Jean Marie Vianney Longonya74(*), souligne que « l'image en marketing est l'ensemble de représentation rationnelle et affectives associées par une personne ou un groupe de personne à une entreprise, à une marque ou à un produit. » Partant de cette affirmation, prenant Jean Pierre Bemba comme produit dans le champ politique, nous nous posons la question de savoir quelle a été sa représentation. Ceci nous pousse à considérer le découpage de l'image en trois dimensions à savoir, l'image voulue, l'image transmise et l'image perçue.

    A. L'image voulue :

    Le marketing commercial nous renseigne que « l'image voulue c'est ce que l'entreprise souhaite transmettre à ces différentes cibles grâce aux techniques de communication. Il s'agit ici du positionnement souhaité par l'entreprise75(*). » En faisant une adaptation de cette affirmation dans le marketing politique, ceci sous entend l'image de marque que l'homme politique veut transmettre au public, à son environnement, à son électorat en vue de susciter leur adhésion.

    Ainsi, il s'est dégagé de l'homme politique Jean Pierre Bemba, depuis son accession au sein des instances dirigeantes du Pays en tant que vice président, l'image d'un potentiel challenger au Président Joseph Kabila. Dès son arrivée dans la capitale, cet ancien chef rebelle s'est voulue être l'alternatif principal du pouvoir en place. Il a par moment orienté toutes ses actions politiques vers la recherche de l'incarnation d'un leadership susceptible de répondre aux ententes de la population sur plusieurs plans. Jean Pierre Bemba a toujours cherché à laisser entrevoir, de par ses actes, qu'il est l'homme de la situation, l'homme sur qui l'on devait compter, en matière de l'intégrité territoriale nationale et de la sécurité tant à l'intérieur du pays qu'à la frontière avec les Pays voisin. On se rappelle qu'en juin 2004 lorsque le colonel Jules Mutebusi s'est rebellé au Sud Kivu et qu'il a reçu le soutient du Général Laurent Nkunda au Nord Kivu, Jean Pierre Bemba vice président de la République avait émis le voeux et avait même demandé au Président de la République de lui permettre de laisser tomber sa veste pour endosser la tenue militaire et descendre sur le terrain pour remettre de l'ordre dans l'Est du pays.

    Une manière pour lui de laisser transparaître son image de protecteur de la nation face aux envahisseurs. Ainsi, il ne cessera de multiplier des déclarations orientées vers des questions sécuritaires. Par ailleurs, Jean Pierre Bemba a toujours été plébiscité par ses partisans comme un fils du Pays. Lors du premier congrès du MLC avant les élections générales un slogan scandé en chanson par les partisans reprenait la chanson d'un musicien congolais en la transformant à savoir « Aza mwana Congo, Aza mwana Congo, ee yaya Bemba ee, aza mwana Congo ooo... » Alors que la campagne électorale n'avait pas encore commencé, le MLC donnait là la couleur de sa campagne avec un soubassement identitaire, nous en avions longuement parlé lorsque nous avions parlé de l'aspect identitaire dans la communication politique de l'Union pour la Nation.

    B. L'image transmise :

    Nous référant une fois de plus au marketing commercial, l'image transmise est « la traduction, la transmission de l'image voulue, par la technique de communication à sa cible76(*). » Tel qu'il a toujours voulu, nous l'avons déjà mentionné, Jean Pierre Bemba se prenait déjà pour un potentiel élément alternatif dans l'exercice du pouvoir en RDC. Il s'est penché, pendant tout au long de sa vice-présidence, à faire ressortir l'échec de la partie adverse, tout en proposant de par son caractère une nouvelle vision, oubliant par ailleurs qu'il faisait partie de la machine au pouvoir.

    Nous l'avons remarqué lors du partage des portefeuilles pendant la transition, Jean Pierre Bemba, en plus de la vice présidence en charge des questions économiques, il a pesé de tout son poids pour rafler le ministère clef du budget et il y a placé l'un de ses hommes de confiance à savoir François Mwamba. Plus d'une fois, au travers les médias nous avons entendu François Mwamba alors ministre du Budget étaler au grand jour l'incapacité du gouvernement d'honorer certaines dépenses. Nous en prenons pour preuve sa réponse à la demande des enseignants pour la mise en application du premier pallier de Mbudi. François Mwamba a déclaré tout haut que cet arrangement était utopique et d'aucune façon le gouvernement (1+4) était en mesure de le mettre en application.

    Quand bien même dans ses dires il y avait une partie de vérité, cela n'exclus néanmoins pas la volonté manifeste de sa clique pour marteler l'incapacité du gouvernement dirigé par Joseph Kabila de développer le pays et de répondre aux desiderata de la population par sa gestion économique.

    Ainsi, alternativement, Jean Pierre Bemba n'avait jamais cessé de démontrer sa maîtrise des chiffres, faisant transparaître une certaine dextérité dans le champ économique avec un programme chiffré, transparent et un chronogramme qu'il pourra mettre en marche pour sortir le pays du marasme économique dans lequel il patauge depuis quelques années. Mwana mboka Jean Pierre Bemba ainsi que l'Union pour la Nation ont milité dans la construction de l'image d'un fils du pays qui de par ses ressources propres, ses richesses du sol et du sous sol, avec un leadership à la hauteur de mieux manipuler les chiffres, peut conduire le pays vers un avenir meilleure.

    C. L'image perçue 

    Il s'agit ici de « l'image que les cibles se font du produit après avoir

    reçu les techniques de communication utilisées par l'entreprise77(*). » Il est certes vrai que Jean Pierre Bemba s'est servi de tous les moyens de communication susceptibles pour vendre son image, d'une part, en mettant en place un dispositif important de communication de masse à savoir deux chaînes de télévision et une chaîne de Radio dans la capitale Kinshasa. Il s'est, par ailleurs, octroyé une place importante dans plusieurs chaînes de télévision de la capitale et dans certains journaux (presse écrite).

    Cependant, de la perception de la population, si à Kinshasa, Jean Pierre Bemba a été pendant longtemps plébiscité comme un homme politique incarnant un leadership pouvant relever le défi tout en répondant, quelque part, aux aspirations des kinois qui voyaient en lui un homme du changement tant attendu, qui s'identifiait en eux, c'est dire, quelqu'un connaissant à fond les problèmes des kinois pour y avoir habité. Cela n'est pas du tout le même dans les autres parties du pays, Kinshasa n'étant pas le reste du Congo, dit-on.

    Dans la partie Ouest du pays notamment dans la province de l'Equateur où Jean Pierre Bemba avec son MLC s'était installé pendant la période de la guerre, l'image qu'on lui accordait était celle d'un libérateur, d'autant plus que dans cette partie du pays le pouvoir mis en place par la révolution de 1997 avec l'AFDL n'était pas d'odeur de sainteté. Jean Pierre Bemba était perçue comme celui qui ramenait le pouvoir perdu par Mobutu. Il s'agissait en quelque sorte d'un fils prodige qui revient pour redorer le blason terni par la présence des étrangers. Ainsi, lors de sa campagne dans la province de l'Equateur, Jean Pierre Bemba a plus mis l'accent sur cette situation dégradante imposée aux équatoriens par les militaires de l'AFDL.

    En effet, malgré l'ascension de Laurent Désiré Kabila à la tête du Pays comme alors président de tous les congolais, quelques uns parmi ces militaires continuaient à considérer l'Equateur comme une terre conquise où ils avaient affaires aux esclaves ou aux prisonniers de guerre. Une situation que Jean Pierre Bemba exploitera tout au long de sa campagne dans les grandes agglomérations de cette province.

    Cependant, dans la partie Est du pays, Jean Pierre Bemba n'incarnait pas la même image qu'à l'Ouest. La mauvaise presse faite sur lui dans l'affaire du cannibalisme en Ituri et son alliance avec l'Ouganda ne lui a pas facilité la tâche dans la partie Est du pays. Cette situation a quelque peu émoussé l'image qu'il avait auprès des « Ituriens » quand à un moment, il a été considéré comme faiseur de paix en réussissant à réconcilier les Hema et les Lendu en Ituri et aussi en ramenant la paix dans le grand Nord avec sa participation active au symposium sur la paix à Beni en 200078(*).

    Dans les Kivu notamment, Jean Pierre Bemba, n'a pas été perçu comme il a été le cas à l'Equateur, à Kinshasa et dans l'Ituri. Certes, les kivusiens voyaient en Jean Pierre Bemba un homme de caractère pouvant mettre un terme au cycle d'escalade de violence dans la partie Est du Pays, mais ils ne se doutaient pas un seul instant qu'ils ne pouvaient pas prêter totalement foi à celui qui se faisait passé pour « Mwana mboka » un terme qui ne cadrait pas avec le swahili la langue du milieu qui laissait entrevoir une exclusion dans le chef des habitants en rapport avec son challenger.

    Le discours du MLC et partant de l'Union pour la Nation pendant cette campagne creusait le fossé entre, d'un côté, ceux qui se considéraient comme des autochtones et de l'autre côté les allogènes, nous en avons largement parlé lorsque nous avions évoqué aspect identitaire de la communication politique de l'UN. Toutefois, faisons remarquer que les deux provinces du Kivu ont par moment été secouées par des conflits ethnique. Ainsi, menée une campagne sur base identitaire n'était pas de bonne augure dans cette partie du pays.

    Au centre et au sud du pays, notamment dans les deux Kasaï et

    au Katanga l'image de Jean Pierre Bemba n'était pas la même. Si au Kasaï Jean Pierre Bemba paraissait comme le moindre mal qu'on pouvait choisir pour compenser l'absence du « lider maximo » de l'opposition Etienne Tshisekedi, au Katanga il était un inconnu à une population qui a une autre vision de la politique congolaise. Jean Pierre Bemba dans cette partie du pays a dû plutôt se frayer un chemin dans le roc pour arriver à rafler quelques voix.

    Somme toute, pendant cette période de campagne électorale, l'Union pour la Nation avec Jean Pierre Bemba ont beaucoup trop investie, le disions nous, dans la question identitaire, d'autant plus que pour eux, la situation que traversait le Pays demandait un leadership autochtone qui aurait une vision nette de la question du pays. Un autochtone qui sera en principe accepté par la population.

    III.2.1.2. OLENGA NKOY79(*)

    Le choix de Joseph Olenga Nkoy comme directeur de la campagne de Jean Pierre Bemba était dicté par sa position d'un des leaders politiques congolais le mieux connu. En effet, Olenga nkoy est un homme qui a marqué l'histoire politique de l'opposition en RDC. Son parcours politique fait de lui un homme qui a participé à toutes les négociations que la RDC a connues depuis la démocratisation du pays en 1990. De sa carrière professionnel, Olenga Nkoy a été successivement co-fondateur de l'Union sacrée de l'opposition radicale (USOR) en début de la transition et membre de son bureau permanent. Il est également fondateur des Forces Novatrices pour l'Union et la Solidarité, le FONUS. Son parti a fondé sa doctrine sur le solidarisme intégral des droits de l'homme pour la mise en place d'un nouvel ordre social, politique, économique et culturel an Congo.

    Il a longtemps été dans presque toutes les délégations de l'opposition congolaise dans presque toutes les rencontres. Ainsi, il a été chef de la toute première délégation politique pour des négociations avec le pouvoir en place en 1991. Il fut également membre de la délégation de l'opposition politique aux négociations politiques du palais de marbre I et II sous la médiation de l'actuel président Sénégalais Abdoulaye Wade. Président du groupe parlementaire de l'opposition après le départ de Kibasa Maliba jusqu'à la prise du pouvoir de l'Afdl en 1997.

    Olenga Nkoy a été pendant un moment président de l'opposition congolaise et porte étendard de la nouvelle génération politique avant d'être membre du comité de suivi du pacte républicain de Gaborone. Haut représentant de la composante opposition politique à la commission de suivi de l'accord global et inclusif de Sun City, Olenga Nkoy est très remarquable pour son courage politique. Il a marqué le pays par ses interventions musclées pour enterrer la dictature et instaurer un Etat de droit. Il a été ministre au sein du gouvernement d'Union nationale issue des accords de Sun City. Olenga Nkoy a été arrêté 46 fois par les régimes qui se sont succédés en RDC pour ses prises de position politique sévères.

    Signalons enfin que Olenga nkoy est originaire du Sankuru dans le kasaï oriental. Très versé dans l'opposition dans la deuxième république, Olenga nkoy était à cet effet, très éloigné du pouvoir mobutiste. Cependant le MLC avec Jean Pierre Bemba a repris un nombre important des mobutiste dans ses rangs. On peut citer Alexis Tambwe Mwamba, José Endundo, Lunda Bululu, Omer Egwake...

    Le choix d'Olenga Nkoy comme directeur de la campagne de Jean Pierre Bemba était certes dicté par sa position politique dans le pays eu égard à son passé quasi omni présent dans toutes les négociations politiques que le pays ait connu dans le chemin de sa démocratisation. L'UN aurait également fait confiance au leader du Fonus pour son dynamisme dans le rassemblement de la masse. Olenga Nkoy apparaissait ainsi comme un homme politique capable de faire adhérer un nombre important d'électeur à la cause de Jean Pierre Bemba.
    Son choix était également dicté par la stratégie de monter un contre poids important face à la partie adverse qui avait également misé sur un nombre important des leaders de sa tribu.

    En effet, le Kasaï était un terrain qui apparaissait neutre dans la lutte entre Joseph kabila et Jean Pierre Bemba d'autan plus que les deux candidats cherchaient à gagner des voix sur une terre vouée à la cause du leader de l'opposition Etienne Tshisekedi, dont le refus de participer au processus rendait l'espace très convoité. Il fallait ainsi chercher à diviser le terrain dans une sorte de segmentation tribale. Ainsi, Olenga Nkoy était un contre poids majeur face aux autres leaders du Sankuru plébiscité par l'adversaire à savoir, Lutundula, She Okitundu, Omatuku, Charles Okoto, Lambert Mende tous de l'AMP. L'enjeu était tel que réussir à gagner la majorité des voix dans le Sankuru donnerait un avantage considérable au candidat. Et Jean Pierre Bemba était convaincus que l'électorat Ntetela était important dans le kasaï et qu'il y avait des poids lourds originaires du coin qui était à la solde de son adversaire.

    Pourtant, le choix de Joseph Olenga Nkoy n'était pas totalement gagné. Il a un style langagier quasi belliqueux alors que la période électoral se veut être une période de « drague » où le candidat doit en principe user des astuces pour s'attirer des voix. On serait tenté de soutenir que son style « parler » en contradiction avec une certaine vision puriste de la langue française. Du point de vue transactionnel, son style de communication reproduisant son « moi personnel de nature narcissique » l'amène souvent à communiquer de façon « hégémonique » et peu consensuel.

    En plus son récent passage au gouvernement d'Union Nationale dont il l'a quitté d'une manière peu honorable ne militait pas en faveur de sa bonne image.

    III.2.3. ANSELME ENERUNGA80(*)

    L'UN s'était assignée comme objectif pendant la campagne au second tour de l'élection présidentielle de se focaliser sur la partie Est du pays notamment en cherchant à persuader l'électorat, que ce soit du Nord et sud kivu et du katanga à voter pour Jean Pierre Bemba.

    Ainsi, la charge, comme nous l'avions mentionné, était confiée à Anselme Enerunga pour les Kivu et Théodore Ngoy ainsi que Lunda Bululu pour le katanga.

    En ce qui concerne précisément Anselme Enerunga. Ce dernier fut ministre de l'environnement, conservation de la nature, eaux et forêts au sein du gouvernement d'Union nationale issue des Négociation de Sun City. Anselme Enerunga s'est retrouvé dans ces négociations en tant que délégué des entités maï maï.

    Avec un passé presque vierge dans la scène politique Anselme Enerunga a pourtant été actif dans la profession dans son fief de Bunyakiri au Sud Kivu. En effet, dans sa carrière professionnelle, il a été enseignant à Bunyakiri avant de devenir animateur vulgarisateur agricole au bureau diocésain de développement, bureau de suivi et planification à Bukavu. Anselme s'est retrouvé en élève officier en formation à Mangaa avant de rejoindre les patriotes Maï maï pour la sauvegarde de l'intégrité nationale dans le kivu.

    Son choix semble être dicté par sa maîtrise du terrain, pour avoir longtemps presté comme animateur agricole dans le coin. En plus, sur le plan politique et idéologique, le MLC partage presque la même idéologie pendant cette période électorale avec les patriotes Maï maï eu égard à la question identitaire. Il fallait avoir un fils du terroir originaire pour convaincre ses pairs.

    Toutefois, la stratégie sur l'échiquier nationale présentait certaine faille. Anselme Enerunga n'était pas très connu sur le plan national et avait un passé presque vierge en ce qui concerne la politique du pays. D'autant plus qu'il devait faire face à Vital Kamerhe du camp adverse.

    Si la stratégie pouvait être payant, sa portée malheureusement n'était pas à la hauteur de l'événement.

    III.2.4. THEODORE NGOY81(*)

    Pasteur de l'église de la Gombe à Kinshasa est détenteur d'un diplôme de spécialiste en communication chrétienne, Théodore Ngoy a été délégué du gouvernement congolais au dialogue intercongolais à Sun City. Très actif dans la sous-commission II paix et réconciliation il a soutenu la thèse de l'agression de la RDC pour des raisons des terres et du pillage des ressources. Thèse confirmée par le rapport final du panel de l'ONU. Théodore Ngoy a à mainte reprise dénoncé la dictature et les maux qui aujourd'hui rongent la société congolaise. Ce qui lui a valu la prison a plusieurs reprises par le régime en place.

    Son choix en tant que porte parole de l'UN était certes dicté par la stratégie d'opposer à l'adversaire politique au katanga un fils du terroir. En effet, l'entreprise n'était pas aisée pour l'UN dans le Katanga où l'électorat était presque acquis à la cause du candidat de l'AMP.

    La stratégie était d'abord de mettre en exergue l'agilité langagière de Théodore Ngoy.

    De part sa maîtrise de la communication, Théodore Ngoy avait le vent en poupe en tant que porte parole de la plate forme, de tailler sur mesure la communication de sa structure avec le public externe.

    Toutefois, ses atouts affichaient certaines limites, notamment ses démêlés avec le pouvoir en place n'ont pas milité en sa faveur.

    III.3. CONCLUSION PARTIELLE

    Le troisième chapitre nous a permis d'un côté de ressortir les bases constructives de la communication politique de l'UN et de l'autre côté les images de certains acteurs politiques qui ont joué un rôle déterminant dans la construction de cette communication. Il s'est ainsi avéré que l'UN a misé sur des éléments intrinsèques à la personne de Jean Pierre Bemba. De tel enseigne que l'essentiel du déploiement de l'UN a été centrée sur les aspects tels que la question identitaire, la rivalité technocratique, l'originalité de projet de société et la purification des leaders. Ainsi, le choix de ceux qui ont été largué sur le terrain a été motivé d'une part par l'aspect identitaire, tel a été le cas avec la descente d'Anselme Enerunga dans son fief de Bunyakiri au Sud Kivu, d'autre part, par la rivalité technocratique en se servant de l'expertise de certains acteurs.

    III. 4. CONCLUSION GENERALE

    La construction de la communication politique de l'Union pour la Nation pendant la campagne électorale mettant en exergue les éléments sociopolitiques internes et externes qui ont imprimés à la stratégie électorale de la plate forme, ses contours en vue de maintenir en position hégémonique la candidature de Jean Pierre Bemba ainsi que les limites que cette stratégie a présentées face à l'actualisation de la stratégie de l'adversaire ont milité dans cette étude intitulée « Communication politique et logique d'actualisation dans le champ électoral. Approche constructiviste de la campagne de l'Union pour la Nation en République Démocratique du Congo »

    En effet, le champ politique congolais post Sun City possédant certaines caractéristiques particulières s'est avéré pendant la transition un champ politique transactionnel consensuel d'autant plus que regroupant des belligérants d'hier qui ont accepté de composer ensemble dans un gouvernement d'union nationale. Avec l'arrivée des élections ce champ politique consensuel est devenu un champ politique transactionnel compétitif. Ainsi dans cet environnement, nous nous sommes posés la question savoir :

    Comment l'Union pour la Nation a-t-elle construit sa communication politique où ses modalités communicationnelles pour s'assurer de la victoire au sein du champ politique à l'issue des élections ?

    Ce qui nous a permis de poser d'autres questions subsidiaires à savoir :

    - Quels sont les éléments sociopolitiques internes et externes qui ont imprimés à la stratégie électorale de l'UN, ses contours en vue de maintenir en position hégémonique la candidature de Jean Pierre Bemba ?

    - Quelles sont les limites que cette stratégie a présentées face à l'actualisation de la stratégie des autres adversaires.

    Ainsi notre hypothèse stipulait que le champ politique pendant la période électorale était déterminé par une forte valorisation des individus par rapport aux structures politiques et sociales existante. Dans cette optique, le sens de la communication de l'Union pour la Nation était subséquent au leadership politique de Jean Pierre Bemba tel qu'il se déploie au sein du champ politique. De tel enseigne que ses éléments du prestige personnel ont imprimé à la communication politique de la structure, ses marques, et ont déterminé la portée stratégique de la structure politique.

    Pour arriver à vérifier notre hypothèse nous nous sommes servi de la méthode interprétative selon l'herméneutique de Paul Ricoeur, ainsi que de l'approche constructiviste.

    Nous avons tenu à souligner que pour Paul Ricoeur l'herméneutique est une science ou tout simplement une technique d'interprétation des textes. Et qui de préciser qu'un texte peut bien être, autant un écrit qu'une action, si ce n'est le cours même de l'histoire. Tandis qu'en ce qui concerne l'approche constructiviste nous avons spécifié que cette approche stipule que le sens n'est pas un donné, le sens est une émergence par rapport au contexte. Puisque nous parlons de texte nous avons alors précisé que le sens d'un texte n'est pas un axiome, il n'est pas donné mais se construit selon le locuteur.

    Par ailleurs, pour soutenir théoriquement cette étude nous avons recouru à la théorie de champ selon Bourdieu pour tenter de cerner tous les contours y afférant d'autant plus que nous sommes dans un champ politique et électoral. Toutefois, sachant qu'il est plus question des acteurs dans ces champs nous avons également fait appel à la théorie de l'acteur réseau de Michel Crozier.

    Partant de tous ce qui précède nous avons ainsi structuré notre travail en commençant premièrement par circonscrire les concepts clefs de cette étude avant de poser les théories qui nous ont permis de vérifier notre hypothèse. Ensuite nous avons navigué dans l'environnement politique congolais pour tenter de déceler des éléments sociopolitiques internes et externes qui ont imprimés à la stratégie électorale de l'Union pour la Nation, objet de notre étude. Pour enfin pénétrer dans les entrailles de l'UN pour tenter de comprendre les particularités de la communication politique de la plate forme politique qui étaient basées non seulement sur la question identitaire, la rivalité technocratique, la question de l'originalité de projet de société de chaque partie et la question de purification des belligérants qui ont caractérisé les deux candidats en course, mais aussi sur le fonctionnement de la communication de l'UN partant de ses acteurs politiques et de sa stratégie mise en place pendant la période électorale.

    Partant des éléments qui ont émergé dans cette étude, il s'est avéré que la grande partie de la communication politique de l'UN a été imprimé des individualités de son leader et que la stratégie d'utilisation des acteurs sur le terrain a milité pour la mise en place d'une communication ciblée laissant cependant la place aux contre attaques adverse ce qui n'a pas été salutaire pour la plate forme compte tenu de l'image et du poids politique de ces acteurs déployés sur le terrain. Toutefois, le déploiement des acteurs et l'actualisation de la communication politique de l'Union pour la Nation pendant cette période électorale n'ont pas totalement été imprimés des marques et des éléments subséquents au leadership de Jean Pierre Bemba.

    BIBLIOGRAPHIE

    OUVRAGES

    1. Bourdieu, P., Réponses, Ed. Seuil, Paris, 1992.

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    3. Cotteret, J.M. Gouvernants et gouvernés, PUF. Paris, 1973

    4. Freund, J., Qu'est ce que la politique, Coll. Points (politique), Sirey, Paris 1965.

    5. Gerstlé, J., La communication politique, Ed. Arman Colin, Paris 2004.

    6. Kayembe, A., Théories systémiques de la communication, kratos, Kinshasa 2008.

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    11. Ricoeur, P., Postface au Temps de la responsabilité, Lectures 1, Autour du politique. Seuil, Paris Essais, 1991.

    12. Windish, U., K-O.-verbal, communication conflictuelle, Paris, Ed. L'âge d'homme, collection pratiques des sciences de l'homme.

    NOTES DE COURS

    1. Ekambo, J C. Théories de communication, cours inédit, troisième graduat, à l'institut facultaire des sciences et de l'information et de la communication, Ifasic. 2007.

    2. Kanga, J. Psychologie de la communication, cours inédit, première licence en communication des organisations, à l'institut facultaire des sciences et de l'information et de la communication, Ifasic. 2008.

    3. Longonya;JMV. Cours inédit de création d'image, dispensé en première licence de communication des organisations, Institut facultaire des sciences de l'information et de communication. 2008.

    4. Mazinga, A. Marketing politique, cours inédit, deuxième licence en communication des organisations. IFASIC, 2008.

    5. Okomba, P. méthode de recherche en communication, Cours inédit première licence en communication des organisations. Ifasic.2007.

    6. Pombo Ngunza, Stratégies de communication des organisations, cours inédit, deuxième licence en communication des organisations. IFASIC. 2008.

    7. Tambwe, E. Les théories systémiques de la communication, cours inédit en deuxième licence en communication des organisations à l'institut facultaire des sciences et de l'information, Ifasic. 2009.

    MEMOIRE ET TFC

    1. Buse, C., De la décroissance de l'Union sacrée de l'opposition : Critique de la communication d'une structure de conquête du pouvoir politique au Zaïre. Mémoire. Institut supérieur de technique de l'information. 1996.

    2. Elika, F., Culture congolaise, communication et management des organisations : une relecture actualisée de la réserve langagière chez les Luba du Kasaï. Mémoire DES, Ifasic 2009.

    3. Kusema, G., La télévision congolaise et ses choix technologiques, Mémoire, Ifasic, septembre 2003.

    DOCUMENTS ET ARTICLES DIVERS

    1. Agbumana, D., Dictionnaire Biographique des cadres. De l'Etat indépendant du Congo, Congo-Belge, Congo indépendant. Edition 2008.

    2. Epee Ngabwa, Le parti et le pouvoir politique. Article.

    3. Le petit Larousse illustré.

    4. Samba Kaputu, le programme politique comme guide de l'action quotidienne d'un parti politique. Article.

    5. Grand dictionnaire encyclopédique Larousse.

    6. Journal le soft le 28 juillet 2002

    WEBOGRAPHIE

    1. Aubert-Lotarski , A. Agir en situation complexe - L'approche systémique, in http://www.umh.ac.be/inas.

    2. Baret, C et Maciel, A., Apport et limites de la mesure du capital social en recherche en gestion des ressources humaines. Tome 1,

    3. Bernys, M. Communiquez efficacement in http://www.portaildesenergies.fr/communication.html.

    4. Braun, D., Cours de concepts de base de Pierre Bourdieu. Faculté des sciences sociales et politique de l'Université de Lausanne en Suisse. 1999-2000. In http://www-ssp.unil.ch/~IEPI/CBSP2000/Bourdieu/CoursBourdieu.

    5. Cotteret, J.M. Gouvernants et gouvernés, PUF. 1973, in www.communicationpolitique.com.

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    7. http://www.lesoftonline.net/phil.php?id=129.

    8. Lamizet, B. Communication politique cours inédit à l'institut d'études politiques de Lyon.2002-2003 in http://doc-iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Documents/Enseignements/Cours/ComPolitique/.

    9. Larsonneur, R., Communication et politique, in www.jecommunique.com/ 2009.

    10. Le Bart, C., L'analyse du discours politique : de la théorie des champs à la sociologie de la grandeur, Mots. Les langages du politique in http://mots.revues.org/.

    11. Mignard, P. La conscience en miettes, articlé publié à paris en France le 14 mai 2007 avant les élections présidentielles In http://divergences.be/spip.php?article413.

    12. Nicolas, F. Cours de communication politique suivi à l'IEP de Toulouse au 1er semestre du Master 2 Sociologie politique des représentations (2007-2008). in http://fred-partage.fr/cours.aspx.

    13. Séguéla, J. Publicitaire, vice-président de Havas Advertising en France. in http://forums.nouvelobs.com/societe/forum_avec_jacques_seguela,20081210163657736.html.

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    17. http:// www.mlc-rdc.net

    18. http:// www.wikipedia.org

    TABLES DES MATIERES

    DEDICACE I

    REMERCIEMENT II

    ABREVIATION III

    0. INTRODUCTION 1

    1. POSITION DU PROBLEME 1

    2. ETAT DE LA LITTERATURE 4

    3. PROBLEMATIQUE 5

    4. HYPOTHESE 9

    5. CHOIX ET INTERET DU TRAVAIL 10

    6. METHODES ET TECHNIQUES 11

    6.1. L'approche Constructiviste 12

    6.2. Les axiomes de l'approche constructiviste 13

    7. DELIMITATION DU SUJET : 14

    8. STRUCTURATION DU TRAVAIL 15

    CHAPITRE PREMIER : CLARIFICATION CONCEPTUELLE ET THEORIQUE. 17

    I. CADRE CONCEPTUEL 17

    I.1. COMMUNICATION POLITIQUE 17

    I.2. CHAMP 21

    I.3. CAMPAGNE ELECTORALE 24

    I.4. ALLIANCE POLITIQUE 26

    II. CADRE THEORIQUE 26

    II.1. THEORIE DU CHAMP 27

    II.1.1. Sa portée 27

    II.1.2. Ses caractéristiques 28

    II.1.3. Fonctions 31

    II.2. THEORIE DE L'ACTEUR RESEAU 39

    A. La rationalité formelle 39

    B. La rationalité substantielle 40

    II.3. LA COMMUNICATION ELECTORALE 40

    II.3.1. Dimension symbolique du processus électoral 41

    II.3.1. Communication Politique et le discours politique 42

    II.3.2. Les différentes techniques du discours conflictuel. 45

    II.3.3. Argumentation dans le discours politique 47

    II.3. OPERATIONNALISATION DES CONCEPTS DE L'HYPOTHESE 49

    II.4. CONCLUSION PARTIELLE 53

    CHAPITRE DEUXIEME : PAYSAGE POLITIQUE ET EMERGENCE DE L'UNION POUR LA NATION 55

    II.1. CONFIGURATION DU CHAMP POLITIQUE CONGOLAIS POST SUN CITY 56

    II.2. EMERGENCE DE L'UN 60

    II.2.1 Création 60

    II.2.2 Organisation 62

    II.2.3. Objectifs 63

    II.2.4. Stratégie de communication 64

    II.3. CONCLUSION PARTIELLE 70

    CHAPITRE TROISIEME : COMMUNICATION POLITIQUE DE L'UN : PARTICULARITÉS ET PATHOLOGIES. 72

    III.1. COMMUNICATION POLITIQUE DE L'UN : PARTICULARITÉS 73

    III.1.1. ASPECT IDENTITAIRE : OPPOSITION AUTOCHTONIE ET ALLOGENIE 74

    III.1.2. RIVALITE TECHNOCRATIQUE 79

    III.1.3. ORIGINALITE DE PROJET DE SOCIETE 84

    III.1.4. PURIFICATION DES ACTEURS POLITIQUES 87

    III.2. COMMUNICATION POLITIQUE DE L'UN : PATHOLOGIES 88

    III.2.1. Segmentation structurale 90

    III.2.2. Segmentation qualitative 92

    III.2.1 LE PROFIL DES ACTEURS DE L'UNION POUR LA NATION 93

    III.2.1.1. JEAN PIERRE BEMBA 93

    A. L'image voulue : 94

    B. L'image transmise : 95

    C. L'image perçue 96

    III.2.1.2. OLENGA NKOY 99

    III.2.1.3. ANSELME ENERUNGA 101

    III.2.1.4. THEODORE NGOY 103

    III.3. CONCLUSION PARTIELLE 103

    III. 4. CONCLUSION GENERALE 105

    BIBLIOGRAPHIE 108

    OUVRAGES 108

    NOTES DE COURS 109

    MEMOIRE ET TFC 109

    DOCUMENTS ET ARTICLES DIVERS 110

    WEBOGRAPHIE 110

    TABLES DES MATIERES 113

    * 1 Larsonneur, R., Communication et politique, in www.jecommunique.com/ 2009.

    * 2Lamizet, B., Cours de Communication politique, institut d'étude politique de Lyon, 2002-2003. http://doc-iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Documents/Enseignements/Cours/ComPolitique/

    * 3 Nous faisons ici référence au Dialogue intercongolais tenu à Sun City en Afrique du Sud du 25 février au 17 décembre 2002. Ces assises ont accouché d'une transition politique incluant toutes les parties au conflit. Ce qui mettra en place une gestion commune de la chose publique avec le schéma de 1+4.

    * 4 Il s'agit de Joseph Kabila et de Jean Pierre Bemba

    * 5 Lamizet, B. Op. cit.

    * 6 Mazinga, A. Marketing politique, cours inédit, deuxième licence en communication des organisations. IFASIC, 2008.

    * 7 Lamizet, B. Op. cit.

    * 8 Buse, C. De la décroissance de l'Union sacrée de l'opposition : Critique de la communication d'une structure de conquête du pouvoir politique au Zaïre. Mémoire. Institut supérieur de technique de l'information. ISTI. 1996. p5

    * 9 Mazinga, A. Op. Cit.

    * 10 Freund, J., Qu'est ce que la politique, Coll.Points (politique), Sirey, Paris 1965.

    * 11 Michael Schlicht est représentant de la fondation Konrad Adenauer en Afrique Orientale et Centrale. Il a prononcé cette phrase dans son mot de circonstance à l'ouverture du séminaire organisé du 17 au 19 mars 1997 à Kinshasa. In Ngoma Binda, (dir)Marketing et stratégies d'action d'un parti politique, Ifep, Kinshasa, 1997.

    * 12 Epee Ngabwa, Le parti et le pouvoir politique in Ngoma Binda, pp15-16.

    * 13 Extrait de l'interview accordée au journal le soft le 28 juillet 2002, in http://www.lesoftonline.net/phil.php?id=129

    * 14 Le petit Larousse illustré

    * 15 Buse, C. Op. Cit. p5

    * 16 Sanfourche JP., L'illusion des méthodes et les pratiques d'interprétation des textes éléments de réflexion pour une didactique de l'interprétation, étude inédite, publication de l'IUFM, in http://www.revue-texto.net/Reperes/Themes/Sanfourche_Illusion.html

    * 17 Barthes, R., cité par Ekambo, JC., Nouveaux paradigmes en communication, cours inédit de deuxième licence en communication des organisations, Ifasic, 2009.

    * 18 Elika, F., Culture congolaise, communication et management des organisations : une relecture actualisée de la réserve langagière chez les Luba du Kasaï. Mémoire DES, Ifasic 2009. p46.

    * 19 Elika, F., Op. Cit. p46

    * 20 Ces renseignements ont été tirés du site Internet de la commission électorale indépendante. http://www.cei-rdc.cd/

    * 21 Séguéla, J. publicitaire, vice-président de Havas Advertising en France. In http://forums.nouvelobs.com/societe/forum_avec_jacques_seguela,20081210163657736.html

    * 22Cotteret, J.M. Gouvernants et gouvernés, PUF. 1973. in www.communicationpolitique.com

    * 23Wolton, D., Communication politique in http://www.wolton.cnrs.fr/FR/dwcompil/glossaire/commpol.html

    * 24 Gerstlé, J., La communication politique, Ed. Arman Colin, Paris 2004.

    * 25Nicolas, F. Cours de communication politique suivi à l'IEP de Toulouse au 1er semestre du Master 2 Sociologie politique des représentations (2007-2008). in http://fred-partage.fr/cours.aspx

    * 26 Mulumbati Ngasha, sociologie politique, Ed Africa, Lubumbashi, 1988, p45.

    * 27 Géoris, V. Communication politique, Etopia, centre d'animation et en écologie politique. Décembre 2005. in http://www.etopia.be/IMG/pdf/la_communication_politique.pdf

    * 28 Lamizet, B. communication politique cours inédit à l'institut d'études politiques de Lyon.2002-2003 in http://doc-iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Documents/Enseignements/Cours/ComPolitique/

    * 29 Lamizet, B., Op. Cit.

    * 30 Braun, D., Cours de Concepts de base en science politique, Faculté des sciences sociales et politiques de l'Université de Lausanne, Suisse. 1999-2000,

    in http://www-ssp.unil.ch/~IEPI/CBSP2000/Bourdieu/CoursBourdieu

    * 31Dietmar Braun, Op. Cit.

    * 32 Bourdieu, P., Réponses, Ed. Seuil, 1992, pp78-80

    * 33 idem.

    * 34 Ibidem.

    * 35 Dietmar Braun, op. cit.

    * 36 Mignard, P. La conscience en miettes, articlé publié à paris en France le 14 mai 2007 avant les élections présidentielles. In http://divergences.be/spip.php?article413

    * 37 Le petit Larousse illustré.

    * 38 Définition tirée de l'encyclopédie en ligne www.wikipedia.org

    * 39 Samba Kaputu, Le programme politique comme guide de l'action quotidienne d'un parti politique. in Ngoma Binda (dir) Marketing et stratégie d'action d'un parti politique, Kinshasa, Ifep, p35.

    * 40 Mutamba Makombo, Programme électoral, in Ngoma Binda (dir), Marketing et stratégie d'action d'un parti politique, Kinshasa, Ifep, p.37.

    * 41 Lamizet,B. Op. Cit.

    * 42 Idem.

    * 43 Grand dictionnaire encyclopédique Larousse

    * 44 Bourdieu, P., Op. Cit.

    * 45 Mazinga, A. Op. Cit.

    * 46 Lamizet, B. Op cit.

    * 47 Mulumbati Ngasha, Op. Cit. p.140.

    * 48 Notre réflexion parlant des axes horizontaux et verticaux s'est basée sur les travaux d'André Gosselin intitulés : La communication politique : cartographie d'un champ de recherche et d'activités. Toutes les citations en italique s'y rapportent.

    * 49 Bourdieu, P. Op. Cit.

    * 50 Elika, F., Op. cit p93.

    * 51 Le Bart, C., Op. Cit.

    * 52 Windish, U., K-O.-verbal, communication conflictuelle, Paris, Ed. L'âge d'homme, collections pratiques des sciences de l'homme. p45.

    * 53 Ricoeur, P., Postface au Temps de la responsabilité, Lectures 1, Autour du politique. Seuil, Paris Essais, 1991, p38

    * 54 Windish, U. Op. cit

    * 55 Breton, P., et Proulx, S., L'explosion de la communication, (nouvelle édition), coll. Sciences et société, la découverte/B-oréal, Paris, Montréal, 1993, p 233.

    * 56 Le Bart, C., L'analyse du discours politique : de la théorie des champs à la sociologie de la grandeur,

    Mots. Les langages du politique. In http://mots.revues.org/

    * 57 Le petit Larousse illustré, 2001.

    * 58 Habermas, J. Théorie et pratique 2. Collection du politique, Paris. Payol, 1975 p 116. in Kusema, K., La télévision congolaise et ses choix technologiques, Mémoire, Ifasic, septembre 2003. p50.

    * 59 Extrait du discours de Jean Pierre Bemba président du MLC et de l'Union pour la Nation, candidat au second tour de l'élection présidentielle du 2006, à l'occasion de la sortie officielle de la plate forme Union pour la Nation à la Foire Internationale de Kinshasa, le 23 septembre 2006.

    * 60 Extrait de projet de société de mouvement du Mouvement de Libération du Congo

    * 61 Pombo Ngunza, Stratégies de communication des organisations, cours inédit, deuxième licence en communication des organisations. Ifasic. 2008.

    * 62 Kayembe, A., Théories systémiques de la communication, kratos, Kinshasa 2008, pp5-6.

    * 63 http://www.lesoftonline.net/phil.php?id=457

    * 64 Une généalogie qui est disponible dans le site officiel de la présidence de la République.

    * 65 Ces informations sont tirées du site Internet du MLC en France http://www.mlc-france.org/article.php3?id_article=235

    * 66 Philippe Perdrix est journaliste à Jeune Afrique il a eu ànterviewé Jean Pierre Bemba quelques jours avant le premier tour de l'élection présidentielle. Ces extraits de l'interview sont tirés du site Internet officiel du MLC www.mlc-congo.net

    * 67 En préparation au débat décisive qui devrait avoir lieu entre les deux candidates au second tour de l'élection présidentielle, Jean Pierre Bemba a organisé le 14 octobre,m soit deux semaines avant le scrutin un entretien avec la presse. Ces informations sont tirées du site officiel du MLC www.mlc-congo.net

    * 68 Larsonneur, R., Op cit

    * 69 Extrait tiré du projet de société du MLC. Un document qui est aussi disponible sur le site Internet officiel du MLC. www.mlc-rdc.net

    * 70 Mazinga, A., Op. Cit.

    * 71 Mazinga, A., Op. Cit.

    * 72 Ekambo, JC., Cours inédit des théories de communication, troisième graduat à l'institut facultaire des sciences de l'information et de la communication, Ifasic 2006-2007.

    * 73 Mazinga, A., Op. Cit.

    * 74 Longonya;JMV. Cours inédit de création d'image, dispensé en première licence de communication des organisations, Institut facultaire des sciences de l'information et de communication. 2007-2008.

    * 75 Longonya;JMV. Op. Cit.

    * 76Longonya, J., Op cit.

    * 77 Longonya, JMV., Op cit.

    * 78 Ces informations nous sont familière pour avoir relayer en tant que journaliste à la radio liberté depuis sa chaîne mère de Gbadolite toutes les étapes qui ont émaillés ce symposium de Beni en 2000.

    * 79 Agbumana Motingia, D., Dictionnaire Biographique des cadres. De l'Etat indépendant du Congo, Congo-Belge, Congo indépendant. Edition 2008. pp 672-673.

    * 80 Agbumana Motingia, D., Op. Cit p195

    * 81 Agbumana Motingia, D., Op. Cit p639






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