INTRODUCTION GENERALE
La politique étrangère du Cameroun à
partir de l'an 1960, s'avère un thème délicat et complexe
; l'une des principales raisons de cette complexité, tient à la
personnalité des acteurs en poste et à leurs styles qui peuvent
parfois différer d'une personnalité à l'autre. Mais ces
positions peuvent également refléter les orientations du Chef de
l'Etat en matière de politique étrangère du Cameroun.
Parmi ces hommes qui ont concouru à la bonne marche de la politique
étrangère du Cameroun, plusieurs n'avaient pas de formation de
diplomate; la plupart d'entre eux, fonctionnaires et cadres de première
heure, sont devenus Ambassadeurs ; c'est le cas de Rostand MVIE, Benoît
BINDZI, Christian Tobie KUOH, Mahmoudou HAMAN DICKO, Aimé Raymond
NTHEPE, Joseph OWONO NKOUDOU, Philémon BEB A DON, Simon NKO'O ETOUNGOU,
Luc AZOLA, Gabriel HAPI TINA, Paul NGOKO, Ferdinand Léopold OYONO,
François SENGAH KUO, NGANDO BLACK. Pourtant, d'autres sont des
diplomates de carrière formés dans une école
spécialisée à l'exemple de Jacques Roger BOOH BOOH, Mairie
Simone, Jean Baptiste BELEOKEN, BILOA TANG, François Xavier NGOUPEYOU,
AHANDA etc. Dès lors, comment apprécier la politique
étrangère du Cameroun de 1960 à nos jours sans
définir le terme diplomate. Jean Salmon présente le diplomate
comme une personne qui fait partie du service diplomatique d'un Etat
déterminé, qu'elle soit en poste auprès d'une organisation
internationale ou auprès d'un Etat étranger ou en service
à l'administration centrale(1). Pradier FODERE, quant
à lui, présente le diplomate comme celui qui est chargé
d'une fonction diplomatique ou qui s'occupe de la diplomatie (2).
C'est donc l'art de représenter le gouvernement et les
intérêts de son pays auprès des gouvernements et dans les
pays étrangers ; de veiller à ce que les droits, les
intérêts,
la dignité de sa patrie ne soient pas méconnus
au dehors ; d'administrer les affaires internationales et, soit de diriger,
soit de suivre, conformément aux instructions reçues, les
négociations politiques.(3) Ferdinand Léopold OYONO
fait partie de ces jeunes camerounais formés qui ont eu la lourde
tâche d'assurer, dès l'indépendance, la gestion
diplomatique de leur pays.
Formé dans les Universités et grandes
écoles françaises, il présente sans conteste un parcours
exceptionnel.
En effet, c'est en 1956, alors qu'il n'était encore
qu'un simple étudiant, que OYONO se révèle au public
à travers ses deux romans, (4) Le vieux nègre et
la médaille et Une vie de boy, dans lesquels il
fustige les pratiques sociales coloniales.
A l'analyse, Ferdinand OYONO qui s'attaque au bon vieux
contraste noir et blanc avec une vigueur sympathique et un humour
désinvolte, joue les ambassadeurs de la culture camerounaise et
même africaine.
En poste à l'étranger depuis les années
soixante, ce diplomate chevronné a une longue histoire diplomatique qui
se présente à nous aujourd'hui. Des Nations - Unies au Liberia,
en passant par Bruxelles, Paris, Alger, Londres, il a fréquenté
les arcanes diplomatiques. Et, plus tard il sera le 2e après
Jean KEUTCHA, à détenir le record de longévité d'un
dirigeant à la tête du Ministère des Relations
Extérieures(5). Un tel parcours fait de Ferdinand
Léopold OYONO un personnage dont l'action diplomatique mérite
d'être étudiée.
L'objectif de ce travail est par conséquent de
contribuer à la compréhension du rôle joué par
Ferdinand Léopold OYONO dans le rayonnement, le déploiement et
l'affirmation de la diplomatie Camerounaise.
Du point de vue chronologique, cette étude commence en
1960. En effet, cette année marque l'accession du Cameroun à
l'indépendance, elle constitue également le début de la
carrière diplomatique de Ferdinand OYONO, en sa qualité de
délégué du Cameroun aux Nations Unies. Cette
carrière est interrompue
officiellement en décembre 1997 avec son départ
de la direction du département des « affaires du dehors »
(6). Il est vrai que Ferdinand OYONO a continué à
assurer les fonctions diplomatiques comme éminence grise (7)
du chef de l'Etat Paul BIYA bien qu'étant ministre d'Etat en charge de
la culture. Mais nous avons limité notre travail à la date de
1997.
Dès le 1er janvier 1960, le Cameroun est
accepté comme Etat souverain par la communauté internationale.
Soucieux d'améliorer le climat de trouble tant interne qu'externe dans
lequel le Cameroun accède à l'indépendance, le Chef de
l'Etat Ahmadou AHIDJO a mis sur pied une politique étrangère
visant à légitimer le pouvoir de Yaoundé vis-à- vis
des Organisations Internationales, et surtout des pays étrangers qui,
pour la plupart, continuent de soutenir la rébellion menée par
l'Union des Populations du Cameroun (UPC) (8)3 Pour y
parvenir, il doit s'entourer d'un potentiel humain. Une question se pose par
conséquent : quels ont été le rôle et la place de
Ferdinand Léopold OYONO dans la constitution du « système
diplomatique du Cameroun » ?
Derrière cette question centrale, il y a des questions
secondaires :
Qui est Ferdinand Léopold OYONO ? Comment a-t-il
été éduqué et formé ? Comment
intègre-t-il la diplomatie camerounaise ?
Ses qualités d'écrivain sont-elles à
l'origine de son parcours diplomatique ? Quel rôle et quelle place
occupe-t-il dans la mise en place de la politique étrangère du
Cameroun ? En somme, quel bilan peut-on établir de sa carrière
diplomatique de 1960à 1997? Telle est la problématique de cette
étude.
Pour réaliser ce travail, nous avons eu recours aux
sources conventionnelles de la reconstruction historique : archives, ouvrages,
rapports, revues, journaux et interviews. Nous avons collecté,
analysé, confronté et critiqué les documents des diverses
sources.
1-les sources écrites
Comme sources écrites, nous avons exploité les
archives et des documents imprimés. Les sources d'archives ont fait
l'objet d'un examen minutieux ; celles des Archives Nationales de
Yaoundé nous ont fourni la grande partie de nos informations. Les
documents imprimés ici comprenaient des ouvrages, des thèses, des
mémoires et des rapports de stages. C'est l'occasion de mentionner la
place de choix de certains ouvrages classiques dans la connaissance de la
politique étrangère du Cameroun de 1960 aux années
1990.
- Pierre Flambeau NGAYAP, dans Cameroun : qui gouverne ?
de AHIDJO à BIYA, l'héritage et l'enjeu,
(9)1 parle de l'organisation administrative
camerounaise au lendemain de l'indépendance. Il ressort en quelques
pages (quatres) les relations diplomatiques établies par le Cameroun en
Afrique et hors de l'Afrique.
- Le Cameroun dans les relations internationale
(10)2 de Adamou NDAM
NJOYA, analyse l'activisme du Cameroun sur la scène
internationale une
fois indépendant le 1er janvier 1960.
- Narcisse MOUELLE KOMBI, dans son ouvrage intitulé,
La politique étrangère du Cameroun,
(11)3) analyse la politique étrangère du
Cameroun de 1960 à 1995. Il fait l'état de la «
présidentialisation » de cette politique étrangère
depuis 1960, analyse de façon comparative l'organisation du
Ministère des affaires étrangères. Enfin, l'auteur jette
un éclairage sur l'encadrement de la diplomatie de Yaoundé et sur
ses manifestations.
- Jean François BAYART, auteur de L'Etat au
Cameroun,(12) analyse la vie politique du Cameroun avant et
après l'indépendance ; il analyse les modes d'exercice du
pouvoir, tout en insistant sur la présidentialisation de celui-ci, en
particulier dans le domaine de la politique étrangère du
Cameroun. Dans cette recherche, nous ressortirons l'action de Ferdinand OYONO
après l'indépendance tout en insistant sur le mode de gestion des
grands dossiers.
-L'ouvrage Avec ou sans la France, la politique Africaine
du Cameroun depuis 1960,(13) de Dieudonné OYONO
présente la politique africaine du régime d'AHIDJO de 1960
à 1973.
Des études ont également été
consultées sur la politique étrangère du Cameroun, ainsi
que des travaux portant sur le personnage.
- Philippe ESSOMBA dans son article intitulé `'vingt
ans de présence internationale `' in L'UNITE(14),
fait un bilan des vingt années de règne du Président
AHIDJO. Il présente les réalisations politiques
économiques et socioculturelles du Président camerounais.
- Ahmadou AHIDJO, Dix ans au service de la Nation
1958-1968(15), ce document fait un état des dix
années d'Ahmadou AHIDJO au service du Cameroun ; il souligne les
différentes étapes difficiles et les progrès
réalisés par M AHIDJO en matière de politique
étrangère de 1958 à 1968.
- 1992-1997 Cinq ans de progrès avec Paul BIYA
(16), secteur par secteur d'activité, cet ouvrage
présente les réalisations faites par le Président Paul
BIYA
- Jérôme OWONO MIMBOE, `'Ferdinand OYONO :
L'homme et l'oeuvre `' (17), après avoir fait une
présentation de l'écrivain, l'auteur analyse dans un style
purement littéraire le genre de l'oeuvre de Ferdinand OYONO.
-Raphaël OWONA Etende, `' Les rapports entre le Cameroun
et les pays d'Afrique Noire Francophone (1963-1973) `',(18) analyse
la nature des relations entre le Cameroun et ses pairs francophones d'Afrique
noire ; il montre comment les décisions de Yaoundé sont
concertées au sein de ce groupe.
Comme nos prédécesseurs, nous avons
été confronté à l'inaccessibilité de
certains documents du ministère des Relations extérieures portant
sur des accords, des rapports de travaux etc, lesquels auraient pu enrichir ce
travail après un examen minutieux et une bonne analyse. Toutefois, nous
avons pu avoir une idée du séjour
record de Ferdinand OYONO au service de la diplomatie
camerounaise. En dehors des ces sources écrites, nous nous sommes aussi
servis des sources orales.
2- les sources orales
La réalisation d'un tel travail ne pourrait se
réduire aux informations tirées du personnage
étudié, c'est pourquoi, tenant à le rendre objectif nous
avons pris la peine de vérifier de temps à autre les informations
contenues dans les documents écrits ou celles fournies par les
informateurs. A cet effet, nous avons interrogé des personnes ressources
telles : Ferdinand OYONO lui-même, des collaborateurs et témoins
de son action comme MONTHE TOMMO, collaborateur aux Nations Unies de 1974
à 1982, S.G MINREX de 1992 à 1998, Ambroise BEHALAL,
collaborateur au MINREX , Alexis BOUM, collaborateur à Londres 1981-1986
et Conseiller Technique n°1 au Minrex de 1991à 1994, Mme
Cécile ETOUNGOU et M Vincent AFA'A, petite soeur et frère du
diplomate OYONO ; son épouse Mme Cécile OYONO et Monseigneur
Jérôme OWONO MIMBOE, un de ses cousins.
Quelques documents iconographiques nous ont été
également d'une importance capitale.
3- les sources iconographiques
Ce sont pour la plupart des photos de Ferdinand OYONO que nous
avons obtenu de son épouse ou des archives. Il s'agit des
périodes au cours desquelles il était à Bruxelles lors
d'un sommet CEE-EAMA tenu le 29 octobre 1966 ; aux côtés du
ministre adjoint des affaires économiques et du plan M Victor ATEBA.
Nous avons Ferdinand Léopold OYONO près du chef de l'Etat Paul
BIYA lors du sommet de TOKYO le 30 septembre 2003. OYONO aux côtés
des présidents Paul BIYA, OLUSEGUN OBASANJO, le secrétaire
général des nations unies KOFI
ANNAN en photo de famille après le sommet de
Genève tenu le samedi 31 janvier 2004,ou serrant la main du
président nigérian.
Un tel travail ne pouvait être effectué sans
difficultés. Ainsi nous avons fait face à des difficultés
liées à la recherche proprement dite, ensuite à la
rédaction de notre mémoire.
Produire un travail de recherche scientifique a toujours
été une entreprise difficile. En dehors des problèmes de
financement, sur le plan de la recherche, nous nous sommes heurté au
problème de la documentation. Au cours de nos investigations, nous avons
constaté l'existence de documents importants sur les relations
internationales du Cameroun. Mais nous avons eu trop de peine à obtenir
le peu d'informations utiles pour ce travail. Dans les bibliothèques de
l'Université de Yaoundé I et de l'IRIC, les documents existant
bel et bien sur le fichier n'ont pas été retrouvés dans
les rayons.
Par ailleurs, le dossier personnel de Ferdinand OYONO au
Minrex ne nous a pas été accessible ; selon les responsables des
archives du MINREX le personnage est encore en vie. Certains collaborateurs
d'OYONO ont manifesté une réserve de répondre à nos
questions, préférant nous renvoyer chez le principal
concerné.
Aux Archives Nationales de Yaoundé, la conservation
laisse parfois à désirer: journaux poussiéreux,
délabrés etc.
La difficulté énorme que nous avons eue au
niveau des sources écrites, est celle de l'inaccessibilité aux
papiers personnels du personnage, Ferdinand OYONO, pas toujours stable et peu
disposé à les parcourir(19).
La deuxième difficulté à laquelle nous
avons fait face, a été celle de l'établissement des
contacts avec nos différents informateurs. Nous avons fait face à
la réprobation de certains diplomates à l'instar de : M. Mvondo
Ayolo pourtant proche collaborateur de Ferdinand OYONO durant sa gestion du
MINREX.
Notons aussi l'inaccessibilité auprès des
témoins des questions internationales depuis 1960 tels que M. William
Aurélien ETEKI MBOUMOUA, Joseph OWONO NKOUDOU, HAMAN DICKO ou Rostand
MVIE, tous collègues diplomates de Ferdinand OYONO.
Par ailleurs, certains informateurs se sont excusés
pour des motifs quelconques; Jacques Roger BOOH BOOH, par exemple bien que nous
ayant encouragé à la poursuite de notre travail, estime devoir du
respect à son aîné (OYONO), et ne saurait parler de lui.
D'autres ont dit avoir oublié certaines précisions, d'où
l'absence de certaines dates dans notre travail. D'autres enfin, par
réticence ou par peur d'être menacé d'avoir fait des
déclarations sur la vie d'un proche collaborateur du chef de l'Etat,
n'ont pas voulu répondre à notre questionnaire.
Cependant, toutes les informations obtenues à partir
des différentes sources ont permis d'organiser ce travail en quatre
chapitres.
Le premier chapitre analyse l'environnement sociologique dans
lequel naît et évolue Ferdinand OYONO, d'Ebolowa, Yaoundé,
Nkongsamba puis Paris de 1929 à 1960.
Le second porte sur le premier poste de travail d'OYONO
à savoir New-York, siège des Nations Unies. En tant que
représentant permanent, il y séjourne de 1960 à 1961, puis
y revient treize ans après (1974 - 1982). Plusieurs questions vont se
poser à l'ONU pendant le séjour de Ferdinand L. OYONO ; parmi les
plus marquantes, il y a la question liée à l'indépendance
du Congo restée longtemps la propriété de Léopold
II. Dans une Afrique bipolarisée, il y a d'un côté la
tendance progressiste(20) qui encourage le nationalisme au sein des
pays Africains, et de l'autre la tendance modérée
constituée par le groupe d'Etats qui prônent la négociation
pour accéder à l'indépendance(21) et une
coopération avec la métropole. Le Cameroun est membre de ce
groupe des modérés ; la plupart des
décisions sont concertées entre ces Etats. C'est
ce qui justifie la position du Cameroun, à travers OYONO qui, condamne
les actes de Patrice LUMUMBA et fait de Joseph KASAVUBU le père de
l'indépendance du Congo.
A l'ONU où il passe la plus longue carrière de
sa vie en tant que diplomate, Ferdinand OYONO va jouer un rôle dans le
dossier de la réunification avec le Cameroun anglophone. En effet, en
1961, le Président AHIDJO fait appel à lui pour une
tournée visant à expliquer la position du Cameroun sur la
situation du Cameroun du Nord (Northern Cameroon).
Bien que n'ayant pas été aux avant-postes de
toutes les questions qui se posent ici, Ferdinand OYONO représente le
Cameroun dans les structures de l'ONU, tel le Fonds des Nations Unies pour
l'Enfance (UNICEF), le conseil de sécurité, des rencontres
internationales, comme c'est le cas avec le sommet des non alignés qui
se tient en 1976 à Lima au Perou etc.
Le chapitre troisième fait état de la
carrière de Ferdinand OYONO en tant que chef de mission diplomatique du
Cameroun. Nous essayons de ressortir son action à la tête des
ambassades du Cameroun à Monrovia de 1963 à 1965, dans les pays
du Benelux et auprès de la Communauté Economique
Européenne (CEE) de 1965 à 1969, à Paris - Alger - Rabah
et Tunis de 1969 à 1974, enfin à Alger 1982 -1984 et Londres de
1984 à 1985.
Ce chapitre montre l'implication de Ferdinand OYONO sur
certains dossiers, notamment l'état de la coopération entre le
Cameroun et ces pays, à l'instar de Bruxelles où sont
négociés les accords fixant la convention de Yaoundé I, ou
de Paris dans les relations franco-camerounaises de 1969 à 1974.
Le chapitre quatrième de ce travail présente
Ferdinand OYONO, Chef de la diplomatie camerounaise de septembre 1992 à
décembre 1997, et le Ministre d'Etat, Eminence grise pour les affaires
diplomatiques du Président Paul BIYA. Son rôle dans le rayonnement
de la politique étrangère du Cameroun de 1992 à
1997, tant sur la coopération bilatérale,
multilatérale, que sur l'organisation de l'outil diplomatique
camerounais est important. Après avoir montré son rôle sur
les questions internationales à l'instar du conflit de Bakassi, les
liens entre le Cameroun et ses partenaires, la tenue du tout premier sommet de
l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en terre Camerounaise, nous
présentons Ferdinand Léopold OYONO, comme ami et proche
collaborateur du chef de l'Etat Paul BIYA. Il est presque de tous les voyages
privés et officiels, participe aux conférences internationales,
représente le chef de l'Etat dans certaines conférences
malgré la présence d'un ministre des Relations
extérieures.
Enfin, la conclusion tente d'établir un bilan de
l'action diplomatique de Ferdinand OYONO jusqu'à ce jour.
Il est évident que ce travail contient des lacunes et
insuffisances. Ne dit-on pas qu'il n'est pas bon de parler des contemporains ?
Notre ambition n'était pas de tout dire sur l'homme qu'est F.L.OYONO.
Nous avons voulu contribuer très modestement à la connaissance de
l'action d'un homme, de son vivant, qui aura connu un parcours long et
exceptionnel dans la diplomatie Camerounaise.
CHAPITRE I
FERDINAND LEOPOLD OYONO : ORIGINE FAMILIALE,
EDUCATION ET FORMATION PROFESSIONNELLE
Il serait difficile de réaliser un travail de recherche
de type biographique, sans connaître le personnage ; dans l'optique
d'aboutir à des conclusions satisfaisantes, nous avons examiné
les origines et le contexte historique dans lequel naît et évolue
le diplomate Ferdinand Léopold OYONO.
I- Origine familiale de Ferdinand L. OYONO
C'est presqu'une décennie après la fin de la
première guerre mondiale que voit le jour Ferdinand OYONO, le 14
septembre 1929 à Ngoulemakong (22) dans la lignée Mvog
Zang ; ses camarades et amis d'enfance l'ont pourtant cru Bene (23)
. Une partie du pays vit depuis près de dix ans sous domination
française, tandis que l'autre est sous le contrôle britannique.
Fils de Jean OYONO ETOA de la famille Mvog AKOA, son enfance
passée à Ebolowa a fait croire qu'il était Bulu ;
Ferdinand L. OYONO est un Fong de Ngoazip I, ce groupe avancé des Fong
qui, plus pressé que d'autres dans la course vers la mer, s'est
trouvé bloqué, isolé entre les Bulu et les Mvog Belinga,
leurs compagnons d'échappée (24). Descendant d'une
haute lignée dans sa famille Fong, son père était fils de
Akam Ntse et neveu d'un homme illustre entre tous et dont le nom sert
d'exclamation proverbiale chez tous les Fong : OYONO ETOA MEKONG
(25). Le père de Ferdinand OYONO fut reçu le 22
juillet 1922 à l'examen du certificat d'études primaires
Elémentaires, en même temps qu'un de ses frères Gabriel
Meka OYONO ; le 1er janvier 1923 Jean OYONO ETOA est nommé
écrivain interprète au cabinet du Gouverneur du Cameroun à
Yaoundé.
Du côté de sa mère, l'ascendance d'OYONO
Ferdinand n'est pas du tout la même. En effet la nommée MVODO
BELINGA Agnès était la fille de BELINGA EKODO, chef
supérieur Bene dont la chefferie, héréditaire se
perpétue encore à son siège, Ngoulemakong. C'est
principalement aux côtés de sa mère, couturière
qu'OYONO va passer son enfance au Cameroun, à cela il y a deux raisons ;
d'abord ici l'éducation des jeunes enfants est traditionnellement
à la charge des mères. De plus, son père ayant
épousé trois autres femmes durant son premier séjour
à Ebolowa comme fonctionnaire, n'est plus proche de la mère
d'OYONO et de sa fille Elisabeth MFOUMOU (26).
C'est au quartier Abang à Ebolowa non loin de l'Eglise
Sainte Anne que madame Mvodo Belinga Agnès va s'installer une fois son
mari affecté à Yaoundé. Ferdinand OYONO est à ce
jour l'aîné d'une famille de huit enfants dénommés
respectivement : Elisabeth MFOUMOU, Vincent AFA'A, Philomène OYONO,
Cécile OYONO, Salomé MFOUMOU, Bernadette OYONO, Eugène
OYONO (27). Il est marié et père de trois enfants.
C'est dans une ambiance catholique et de proximité de
la mission que Ferdinand OYONO va grandir avec les prêtres de la mission
d'Abang (28). Pour certains proches, le jeune Ferdinand fait montre
d'intelligence, de dynamisme et de sociabilité; à tel point qu'un
prêtre l'Abbé Pierre NGOTE (29) songea un moment
l'envoyer au séminaire d'Edéa si son père n'avait
été polygame ; tandis que pour d'autres c'est un garçon
turbulent, taquin et très moqueur.
A-la formation intellectuelle et professionnelle au Cameroun
et en France
1- La formation au Cameroun: Du Cours Primaire
Supérieure au Lycée de
Nkongsamba.
Très autoritaire, madame Agnès Mvodo BELINGA n'a
aucune peine à faire régner la discipline chez elle. Active et
habile couturière, elle parvient à subvenir aux besoins de
première nécessité de ses enfants. En 1934, Ferdinand
OYONO est inscrit à l'école officielle régionale
d'Ebolowa. Débordant d'activité, il s'inscrit également au
mouvement des éclaireurs (scout). Trop jeune et peut être mal
préparé à ces débuts à l'école,
Ferdinand OYONO va reprendre son cours préparatoire en 1935 sous la
conduite de M. Emile NKOLO (30). Nul n'imagine qu'à cette
période, le climat d'agitation qui règne entre les grandes
nations déclenchera une autre guerre mondiale qui causera
d'énormes pertes humaines et matérielles. La psychose dans
laquelle le monde entier est plongé, le milieu peu propice et surtout
les multiples activités (31) d'OYONO ne favorisent pas ses
progrès scolaires. Ce n'est qu'en 1944 qu'il se présente à
l'examen du Certificat d'Etudes Primaires Elémentaires, OYONO est
reçu 2e du centre d'Ebolowa tout comme deux de ses camarades
NTIMBAN et ONDOA.
Bien mieux, il passe aussi le concours d'entrée au
Cours de sélection d'Ebolowa et fait partie de la 3e
promotion de cette institution que dirige le
camerounais François SOUN sous la supervision de M.
CHABEUF(32). Ferdinand OYONO va passer moins d'un an au cours de
sélection d'Ebolowa de mars à décembre de l'année
1945, période au cours de laquelle Il est reçu à l'examen
d'entrée à l'Ecole Primaire Supérieure de Yaoundé
dont M. Antoine GALEAZZI assurait la direction (33) entre temps on
assiste à un règlement de la crise mondiale. En 1946,
après la naissance de l'Organisation des Nations Unies, et la
transformation du régime de mandat en régime de tutelle, sous
lequel était placée l'administration Française au
Cameroun, un autre champ d'expérience s'ouvre à Ferdinand OYONO
avec cette admission.
En effet, l'Ecole Primaire Supérieure de Yaoundé
étant le seul établissement public d'enseignement secondaire du
territoire ; l'admission en son sein était sélective. Cette
dernière, créée le 25 juillet 1921 par un
arrêté du gouvernement de la République Française,
précise dans l'article 2 du texte organique que l'institution comprend
cinq sections :
- la section enseignement ;
- la section administrative ;
- la section postale ;
- la section géomètre-topographe ;
- la section médecine (34)
La ville de Yaoundé est plus grande et plus importante
qu'Ebolowa, mais le jeune OYONO ne s'y perd pas après avoir opté
pour la section administration. Il passe par le meilleur moule de
fonctionnaires du Cameroun, en compagnie de la future élite
intellectuelle, administrative et politique du pays à l'instar de
Ferdinand KOUNGOU EDIMA, Bayart NNAZE, Fritz ONDOA, OKONO ABESSOLO, etc. OYONO
s'y montre bon élève malgré le train de réformes
observées après la deuxième guerre mondiale, qui va
entraîner une transformation rapide de ladite école. En effet, les
élèves de cette école des cadres administratifs sont
transférés au
Lycée de Nkongsamba qui vient d'ouvrir ses portes et
dont Ferdinand OYONO est de la deuxième promotion de ce Lycée. En
1949, cette promotion est présentée à l'examen du Brevet
Elémentaire auquel OYONO n'est pas reçu. Dépité,
son père s'impose le lourd sacrifice de l'envoyer continuer ses
études en France à ses frais(35); une
éventualité assez rare mais possible pour une certaine
catégorie de fonctionnaires.
Il y'a lieu de noter que c'est dans la langue française
que Ferdinand L. OYONO se distingue par rapport aux différentes
matières et vis-à-vis de ses camarades. Taquin et moqueur, il
n'épargne personne, élèves et enseignants. L'une de ses
victimes favorites, fut un adjudant retraité M. SOUA NDOUM qui aimait se
pavaner, la poitrine bardée de toutes ses médailles acquises dans
l'armée française. OYONO s'en prenait également à
tous les vieux qui ambitionnaient de se faire décorer par
l'administration coloniale. Toutes ces farces et railleries étaient sans
grande méchanceté ; mais elles présageaient
déjà les qualités artistiques du personnage. Entre temps,
Ferdinand OYONO prépare un roman dont lui-même n'imagine pas le
succès qu'il connaîtra. Dans l'ouvrage intitulé Le
Vieux nègre et la médaille,(36) qui fait allusion
à la colonisation, l'auteur apporte un démenti abondamment
illustré qui se présente comme un acte d'accusation, contre tous
ceux qui voient en elle une oeuvre de civilisation, de bienfaisance. Ferdinand
OYONO pense que pour juger la colonisation il faut y vivre; c'est pourquoi dans
son tout premier roman tout comme dans celui intitulé Une vie de
boy, il fait participer le lecteur à la vie coloniale. On
découvre que la politique coloniale est fondée sur le mensonge ou
la violence injuste, parfois sur l'égoïsme ou la jalousie mesquine;
ainsi mentionne-t-il: Gosier d'oiseau, ce Commissaire si célèbre,
n'est jamais aussi actif ni aussi efficace que quand il faut défendre
les intérêts des Blancs.
La société que décrit OYONO dans ses deux
premiers romans est bien celle de son enfance; de même que ses
héros en dénoncent l'atmosphère étouffante
et les injustices révoltantes, de même par son
oeuvre Ferdinand OYONO la dénonce, la condamne.(37) Ainsi, on
peut dire qu'avant de se rendre en France poursuivre ses études,
Ferdinand OYONO a précisément fait du monde colonial la
matière de ses romans en chantier; le combat qu'il a mené a
poussé Sainville à dire que : " Dans Une vie de boy,
OYONO Ferdinand est particulièrement amer, et ce roman est en soi un des
plus violents réquisitoires qui aient été prononcés
contre la colonisation Française "(38)
2- La formation en France
C'est en août 1950 que Ferdinand OYONO prend le chemin
de l'Europe. Il va s'inscrire dans un lycée de Provins, petite ville de
Seine et marne (France) en classe de seconde. Une nouvelle phase de sa
formation est entamée, semée d'aventures et d'incidents que tout
étudiant noir en France a connu surtout en cette période de la
colonisation. Ferdinand Léopold OYONO achève ce cycle secondaire
par l'obtention du Baccalauréat moderne de Philosophie
(39).
Ce succès au Baccalauréat en 1954 lui ouvre les
portes des études supérieures à la Faculté de Droit
et de Sciences Economiques de Paris Sorbonne. Paris et la Sorbonne
étaient outre des lieux d'études de droit, de sciences politiques
et économiques, ceux de nombreuses et enrichissantes rencontres et
fréquentations. Ferdinand OYONO a comme proches Camara LAYE, Alexandre
BIYIDI (Mongo Beti), François SENGAT KUO, William Aurélien ETEKI
MBOUMOUA, pour ne citer que ceux-là. L'une des principales
fréquentations d'OYONO est l'écrivain camerounais et camarade
Mongo Beti avec qui il s'entend beaucoup ; celui-ci se souvient de ces
années passées en France malgré la rupture de leur entente
(140) dès l'accession du Cameroun à
l'indépendance et déclare `'... OYONO et moi avons
été de grands amis... `'(41)
Entre temps, Ferdinand L. OYONO entreprend le Cycle
d'études sur l'économie du développement sous
l'égide du Professeur François Perroux. Au Collège de
France. Licencié en 1957, il se converti en qualité de chercheur
à l'Orsom de Paris. C'est le statut que présente OYONO avant la
date du 15 septembre 1959, juste avant la signature de l'arrêté
(42) du premier ministre Ahmadou Ahidjo, portant désignation
de trois camerounais(43) à effectuer un stage de formation
diplomatique de six mois, au ministère des affaires
étrangères du Gouvernement de la République
française à Paris et dans les missions diplomatiques
françaises à l'étranger. Ferdinand OYONO se rendra
respectivement au Quai d' Orsay, au consulat Général de France
à Gênes en Italie, enfin à l'Ambassade de France en Italie
(Palais Farnèse à Rome) pour ces stages. C'est l'occasion pour
lui de s'imprégner des réalités et surtout des canons qui
régissent la profession de diplomate. Le 19 juin de la même
année au Cameroun, on note un changement dans la situation
administrative et politique. En effet, la loi-cadre fait évoluer le
statut politique du Cameroun en accordant à ce pays la
possibilité de devenir un territoire autonome. Elle accorde aussi le
suffrage universel à tous les Camerounais adultes (44).
C'est un tournant important dans la formation intellectuelle
de Ferdinand OYONO que l'on va observer. Avant cette proposition du Premier
Ministre camerounais AHIDJO de faire de lui un futur Diplomate, l'ancien
élève taquin et moqueur du Cameroun est devenu discret et plus
conscient. Il se distingue par ses prises de position contre la colonisation.
Nul n'imagine cet étudiant discret et courageux être l'auteur de
deux livres en ce moment là. En effet, le monde entier découvre
un jeune romancier camerounais au grand talent : Ferdinand OYONO publie en
1956, en l'espace d'un mois, ses deux chefs d'oeuvre littéraires
apprêtés en partie au cours de son dernier séjour avant la
France : Une Vie de boy et Le Vieux nègre et la
médaille (45)4. Ces romans mettent en
scène des blancs en régime
colonial. Ferdinand OYONO décrit avec cet humour qui
lui est propre et dans un style sans complaisance certains abus de la
colonisation. Comme le dit Philippe Gaillard :
`' ...tableaux de la vie du colonisé, les romans
d'OYONO sont des réquisitoires contre la double oppression de
l'administration et des missions égayées par les astuces des
indigènes pour tromper le blanc...» (146).
Au cours de cette même année (1956), OYONO vit
dans un milieu artificiel et précaire ; celui de l'étudiant noir
en Europe aux côtés de son frère du Sud- Cameroun Alexandre
BIYIDI qui affirme :
`'
... OYONO habitait au quartier Latin, moi je n'habitais
pas au quartier Latin, j'habitais dans un quartier beaucoup plus
éloigné. Mais on se voyait souvent, on buvait beaucoup ensemble,
on allait au cinéma ... `' (47).
Cette époque est marquée en France par des
problèmes sociaux et politiques. La guerre d'Algérie vient
d'éclater, simple soulèvement d'ambitieux et de factieux rebelles
pense-t-on au pouvoir central, et qu'une opération de police ou de
gendarmerie suffira à réduire. Ce soulèvement va peser de
façon lourde et déterminante sur toute l'histoire de la France
pendant près d'une décennie . Ferdinand Léopold OYONO se
trouve au coeur du problème, occupé à ses études,
certes, mais mal à l'aise. Il est partagé entre la
communauté d'expériences et d'aspirations qui le lie aux
Algériens et le respect dû au pays qui l'accueille, la France.
Parallèlement, dans son pays d'origine, une
évolution décisive s'accomplit lentement et douloureusement au
cours des mêmes années ; la pression des
syndicats, la création des partis politiques et
l'affirmation de ces derniers à l'instar de l'Union des populations du
Cameroun (U.P.C) de UM NYOBE. Mieux structuré, ce parti
déclenchera à Douala, à Yaoundé et ailleurs au Sud
Cameroun en 1955 des troubles dont la répression sera sanglante à
Yaoundé et Douala notamment (48).
1956 marque les premières années de la
décolonisation, une période transitoire où F.L. OYONO,
bien qu'étant loin du Cameroun, suit les ténors du moment
échanger des arguments pour ou contre l'indépendance. OYONO
à cette époque ne trouve pas nécessaire de s'engager dans
la lutte politique comme son camarade et ami Mongo Beti qui déclare
à propos : « ...On ne parlait pas de politique OYONO et moi, on
était copains... »( 49).
CHAPITRE II
FERDINAND.L. OYONO LE DELEGUE ET LE
REPRESENTANT
PERMANENT DU CAMEROUN A L'ONU
(1960-1961) (1974-1982)
Après les stages passés au Ministère des
Affaires Etrangères de la France de 1958 à 1959, F.L. OYONO peut
se prévaloir de la formation de diplomate. Il assume ses
premières fonctions au Cameroun comme Chef de service des études
au ministère des affaires étrangères. Au cours de ces
fonctions il sera délégué aux Nations Unies de 1960
à 1961, avant d'être nommé plus tard en 1974, comme
Représentant Permanent du Cameroun.
A. Le Délégué permanent du Cameroun
aux Nations-Unies (1960 -1961) Après l'accession du Cameroun
à l'indépendance le 1er janvier 1960, Ahmadou AHIDJO
devient le premier Président de cette jeune République
quelques mois après. Cependant, le pays traverse
toujours un climat d'insécurité dans certaines grandes villes,
par exemple Douala, Bafoussam, Nkongsamba.... Cette situation délicate
ne prive pas le Président AHIDJO, courageux et dévoué
à affirmer, à légitimer et à rendre autonome son
pouvoir qui est contesté de l'intérieur comme de
l'extérieur (50).
Le 20 septembre 1960, le Cameroun est admis aux Nations-Unies
(51) oüles débats politiques et économiques se
tiennent régulièrement dans le souci de
solutionner ou d'améliorer le climat interne des Etats
ainsi que les tensions qui pourraient exister en leur sein. C'est donc aux
Nations-Unies le 22 novembre 1960 que Ferdinand OYONO, jeune diplomate est
nommé par décret présidentiel,
délégué permanent du Cameroun auprès de l'ONU. Sur
la table des Nations-Unies, Ferdinand OYONO a des dossiers brûlants, la
question Congo, la question du référendum du Cameroun anglophone,
et la question de l'Apartheid.
1-Le problème Congolais.
Le problème congolais peut se présenter comme
une des conséquences de la guerre froide en Afrique. Dans ce pays
d'Afrique au sous sol potentiellement riche, s'affrontent au travers des
nationalistes congolais, les puissances de l'Est et de l'Ouest. Après
moult turbulences, l'affaire est portée à l'O.N.U dès le
11juillet 1960. Dans cette crise on a d'un côté le chef du
gouvernement, Patrice Lumumba, soutenu par la tendance de l'Est ; de l'autre,
le bloc occidental et l'ONU qui reconnaissent le gouvernement de
Léopoldville. Le Cameroun qui sort peu à peu d'une
rébellion encouragée par les prolumumbistes, participe aux
travaux, et est représenté par le nouveau diplomate Ferdinand
Léopold OYONO. Conscient de la volonté des Africains de se
libérer de l'oppression et de s'affirmer sur le plan international,
Ferdinand OYONO va fustiger la politique du bloc de l'Est, menée par
l'URSS en Afrique.
En effet, au cours de la session ordinaire de
l'Assemblée Générale des Nations-Unies tenue le 12
décembre 1960, le délégué camerounais
s'élève contre la procédure invoquée par l'Union
soviétique et les démocraties populaires, qui tend à
rouvrir le débat sur le Congo alors que l'affaire a été
suspendue par l'Assemblée générale. Sa réflexion
est la suivante `' ... L'Union Soviétique ne comprendra jamais
que l'Afrique ne veut pas servir de terrain à la guerre froide
(152)... `'
OYONO va poursuivre son intervention au cours de ces travaux
en prenant le parti du Président Congolais; à la suite de la
déclaration soviétique porteuse de mépris à
l'endroit de ce dernier, il déclare que :
`' ... malgré l'estime que je porte au bloc
neutraliste, il est à craindre que celui-ci ne soit bientôt
neutralisé `' et que `'...le Président KASAVUBU est le
seul pionnier de l'indépendance du Congo, celui-ci ne saurait être
traité de laquais... le Congo n'a pas besoin de caution
étrangère pour exister ... `' (53).
Cette importante déclaration du
délégué camerounais aux Nations-Unies a permis en outre de
comprendre que les quelques semaines d'assistance soviétique au Congo
étaient favorables à Lumumba. M. OYONO décrit
également la tentative de sécession de la province orientale du
Congo, par les amis de M. Lumumba comme `'...un acte de désespoir des
ennemis de l'ordre public international... `' (54)2.
Le climat de stupeur et de violence constaté en
Afrique, et dû en partie aux affrontements Est-ouest, donne à
Ferdinand OYONO l'occasion d'exprimer une admiration à l'armée
Congolaise d'avoir capturé Patrice Lumumba. L'exploit,
dit-il `'...a privé d'un atout les ennemis de
l'Afrique...'' (55); Il poursuit sa prise de position sur cette
affaire en déclarant que :
`'... l'arrestation de M. LUMUMBA ne regarde
que le Congo et que les Nations-Unies n'interviennent pas
chaque fois qu'un gouvernement est renversé par un coup d'Etat comme
cela se produit dans de nombreux pays...''(56)
Il y a lieu de rappeler que au moment ou
Délégué Camerounais présente position camerounaise
à la communauté internationale, le Cameroun sort peu à peu
d'une rébellion menée par l'UPC principal parti d'opposition dont
le nationalisme est encouragé par les pays de l'Est; pour le
gouvernement Camerounais, il ne pouvait être question de soutenir toute
action nationaliste.
Au cour de la même session, le représentant du
Cameroun a rejeté (57) le projet de remplacement du
Secrétaire général de l'ONU par un triumvirat
proposé par l'Union soviétique :
`'... Nous n'acceptons pas non plus les coups de
chaussures sur la table, ni les injures du chef de la délégation
soviétique...'' (58).
Après avoir rappelé l'appui total de son
gouvernement aux mesures prises par le Secrétaire Général
des Nations-Unies au Congo, Ferdinand OYONO a terminé en mettant en
garde le Conseil de sécurité contre d'éventuelles
tentatives d'ingérence soviétique en Afrique : `'...dans
un an ou deux, ou dans un mois ou deux... `'(59). Entre temps en
Afrique, des conférences réunissant les pays d'expression
française se multiplient avec pour finalité d'asseoir un groupe
qui
permettrait de renforcer la coopération politique et
économique entre nations. Le 20 décembre 1960, le climat
d'instabilité politique et sociale qui règne au Congo ne laisse
pas les nations indifférentes. Aux Nations-Unies, les propositions
visant à solutionner le problème congolais ne manquent pas. A la
suite des interventions de M. Dato Nik Ahmed, Délégué de
la Malaisie, M. Dag Hammarskjöld, Secrétaire général
de l'ONU affirme le contraire :
`' ... L'ONU ne saurait recourir à la force pour
influencer des litiges politiques intérieurs du Congo et ne doit pas
dépasser son rôle consultatif... et ne pourrait en aucun cas
s'interposer entre les parties dans une guerre civile au Congo...
`'(160)
Aux côtés également de M. Koça
Popovic, Ministre des Affaires étrangères de Yougoslavie, le
délégué du Cameroun, M. Ferdinand OYONO reproche au
représentant de l'Inde, M. Khrishma Menon, d'avoir dans un texte de
trente deux pages, traité du problème du Congo à la
légère. Il demande si `'... tout ce que les Congolais posent
comme actes est entaché d'irrégularités... `'
Dans le style(61) qu'on lui reconnaît,
Ferdinand OYONO s'éleva contre les insultes proférées
à l'endroit du Président Kasavubu et estima que
l'Assemblée générale devait clore le débat sur le
Congo sans adopter de résolution car, dit-il :
`'... Les Nations-Unies n'ont rien à faire dans les
affaires intérieures du Congo... `'(62).
Le diplomate camerounais a fait valoir que certains pays
voudraient faire du Congo une sorte de colonie de l'ONU. Suite à
l'intervention de M. Valerian
Zorine, Chef de la délégation Soviétique,
qui s'est livré à une vive attaque contre les occidentaux
qualifiés d'hypocrites et de la manipulation des Etats-Unis, M. OYONO
propose que :
`'.. L'on permette au Congo de panser les plaies que lui a
causées son indépendance...» (63).
S'il est vrai que l'attitude et les prises de positions de
Ferdinand OYONO fustigent le système en place à l'ONU ainsi que
la politique du gouvernement soviétique, il faut dire qu'il ne s'agit
pas d'une initiative personnelle mais celle du gouvernement Camerounais. En
effet, au cours des années soixante le Cameroun fait partie du groupe
des modérés; composé pour la plus part d'anciens membres
du groupe de Brazzaville dont les prises de position sont concertées
d'avance et appréciées en grande partie par le « parrain
» dudit groupe qu'est la France. Ce groupe prône l'accès
à l'indépendance tout en maintenant une coopération avec
la métropole. Cette politique n'est pas appréciée par
Patrice LUMUMBA qui, après l'accession du Congo à
l'indépendance veut rompre tout lien avec la métropole.
C'est ainsi, par exemple que trois mois avant les
déclarations de M. OYONO aux Nations Unies en décembre 1960,
l'ambassadeur de France au Congo, M. Charpentier remit aux ministres congolais
un don de cinquante tonnes de manioc, vingt cinq tonnes de riz et trois tonnes
de lait. Côté Camerounais, on procéda une semaine
après le geste de la France, à l'établissement d'un pont
aérien avec le Congo auquel était destiné une cinquantaine
de tonnes de riz et de viande frigorifiée. Le geste d'assistance permet
au gouvernement camerounais déléguer à Léopoldville
M. Jean Ekwabi, ministre de l'Education nationale, pour organiser l'aide au
Congo et rencontrer le Président Joseph Kasavubu (64).
Plus tard, à la veille de la réunion du conseil
de sécurité sur le Congo, le Président du Libéria
S.E. William Tubman va déclarer que :
`' ... si M. LUMUMBA se trouvait en désaccord avec
M. Hammarskjöld, il aurait dû le faire connaître par voie
diplomatique ; nous devrions faire face au Premier Ministre LUMUMBA qu'il nous
est difficile d'appuyer ses attaques contre le Secrétaire
général des Nations-Unies dans la forme où elles ont
été lancées... `'(165)
Ce débat sur le Congo s'est achevé sans
qu'aucune résolution ait été adoptée comme le
proposait le délégué du Cameroun, excepté un projet
autrichien suggérant que le problème figure à l'ordre du
jour de la session de mars 1961.
L'année 1961 correspond au retour de Ferdinand OYONO au
Cameroun oüil est nommé chef du Service des
études au Ministère des Affaires étrangères ;
mais aussi à la naissance de l'organisation africaine
et malgache de coopération économique entre pays
modérés (OAMCE).
L'expérience acquise à New York par Ferdinand
OYONO ne va pas laisser le chef de l'Etat camerounais indifférent. Il
fait de nouveau appel à lui dans la gestion d'un autre dossier en voie
de ternir l'image de marque du Cameroun sur la scène internationale : la
question de la réunification du Cameroun anglophone.
2- Le dossier de la réunification du Cameroun
anglophone
Au cours de la session de l'Assemblée
générale des Nations Unies qui se tient en mars 1959, des
réflexions sont menées dans le but de restaurer l'unité
dans la partie du Cameroun sous tutelle Britannique, qui est divisée en
deux : le Cameroun septentrional (Northern Cameroons) et le Cameroun
méridional
(Southern Cameroons). Bien que le Northern Cameroons soit
rattaché au Nigeria et administré comme une partie
intégrante de cette fédération, les populations de ces
deux régions vivent séparées du reste du Cameroun. Ainsi
pour connaître le désir des populations sur leur avenir, le
Commissaire aux plébiscites et le conseil de tutelle recommandent
l'Assemblée générale des Nations Unies à voter la
résolution 1473 (XIV) le 12 décembre 1959(166).
Celle-ci recommande l'organisation d'un plébiscite au Cameroun
septentrional entre le 30 septembre 1960 et le 30 mars 1961 sur la base de deux
questions :
`' Désirez-vous accéder à
l'indépendance en vous unissant à la République
camerounaise indépendante ? `'
ou
`' Désirez-vous accéder à
l'indépendance en vous unissant à la Fédération
nigériane indépendante ? `'
Il en est de même au Cameroun méridional
où la résolution 1352 (XIV)du 16 octobre 1959 de
l'Assemblée Générale de l'ONU fixe la date du
plébiscite entre le 30 septembre 1960 et le 30 mars 1961.
L'organisation de ces plébiscites était de
savoir si les populations désiraient réintégrer le
Cameroun ou se rattacher au Nigeria. Ces plébiscites eurent lieu les 11
et 12 février 1961 avec les résultats suivants : Cameroun
méridional 70,49% des votants choisirent le rattachement du territoire
au Cameroun francophone indépendant et 29,50% pour le rattachement
à la Fédération nigériane. Tandis que dans la
partie septentrionale 40,03% choisirent le rattachement à la
République camerounaise et 59,97% la solution de l'union à la
Fédération nigériane (67)
La contribution de Ferdinand Léopold OYONO compte
également sur cette .question de la réunification du
Cameroun anglophone. En effet, le 18 mars 1961, aux côtés du Dr
Marcel Bebey EYIDI, Député du Parti Travailliste, le
fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères se rend
en mission auprès des Chefs d'Etat du
Ghana, de la Guinée, du Mali et du
Maroc(168). Le problème du référendum au
Northern Cameroons est préoccupant pour le Président AHIDJO. Il
était donc opportun pour le Président AHIDJO de choisir des
émissaires en vue d'expliquer le point de vue du gouvernement
camerounais à certains Chefs d'Etat africains qui n'avaient pas assez de
contacts directs avec le Cameroun F.L. OYONO donne les raisons de ces
différentes rencontres :
`' ... on devait leur faire comprendre qu'il s'agissait
d'une prise de position sur laquelle s'est réalisée
l'unanimité des Camerounais...» (69)
Avant de se rendre à New York en passant par Paris pour
clore cette mission, Marcel Bebey EYIDI et Ferdinand OYONO devaient se rassurer
d'un soutien de certains de leurs proches d'Afrique, en rencontrant des Chefs
d'Etats qui devaient donner des instructions à leurs
représentants aux Nations Unies, où, à la fin du mois de
mars, le débat sur la question du référendum au Cameroun
du Nord devait se tenir.
Les plébiscites dans les deux parties du Cameroun
septentrional et méridional eurent lieu les 11 et 12 février
1961, donnant les résultats suivants :
Au Cameroun méridional, 70,49% de votants choisirent le
rattachement du territoire au Cameroun francophone. Tandis qu'au Cameroun
septentrional, une bonne partie soit 59,97% choisit la solution de l'union
à la fédération nigériane. La journée du 12
février fut déclarée journée de deuil national.
(70)
Malgré les multiples démarches du gouvernement
Camerounais auprès des chefs d'Etats étrangers ou de la C.I.J,
pour dénoncer la mauvaise organisation dudit plébiscite, rien n'y
fit.(71)
Le diplomate camerounais, au cours de ce premier passage
à l'ONU, n'a pas été aux avant-postes de toutes les
questions qui se sont posées ici; Il faut se souvenir d'un autre dossier
qui a vu l'implication de son pays: la question de l'apartheid.
3- La question de l'Apartheid
C'est au cours de l'an 1969 que le Cameroun définit
clairement sa position vis-à-vis du régime raciste d'Afrique du
sud ; Ferdinand OYONO est alors nouvellement accrédité
auprès du gouvernement Parisien.
La majorité de la population constituée de
Noirs, est victime de ségrégation raciale de la part des Blancs.
Bien que n'ayant pas été aux avant-gardes de ce problème,
Ferdinand OYONO a néanmoins contribué à faire
connaître que la position du Cameroun était en conformité
avec les principes fondamentaux définis par le Manifeste de Lusaka. En
effet, en 1969 au Caire, le Cameroun signait ce document relatif à
l'Afrique Australe et, en sa qualité de Président en exercice de
l'OUA, S.E. Ahmadou AHIDJO devait présenter ce texte au cours de la
Vingt quatrième session de l'Assemblée générale des
Nations Unies le 8 octobre 1969.
Selon l'esprit du manifeste de Lusaka, aucun dialogue
n'était possible entre l'Afrique indépendante et le régime
raciste de Pretoria. Cette position devait demeurer inchangée tant que
les droits de la majorité noire vivant dans ce pays continuaient
à être bafoués par la minorité blanche qui
poursuivait sa domination. En revanche, le manifeste de Lusaka accordait une
primauté aux dialogues entre Blancs et Noirs de chaque territoire
d'Afrique Australe.
Comparée à la démarche de la Côte
d'Ivoire et de quelques pays francophones engagés vis-à-vis de
l'Afrique du sud dans une politique de dialogue, la position du Cameroun est
indiscutablement plus ferme. Ce qui permet de comprendre le rôle
important des diplomates(72) camerounais dans la prise des
décisions du président Ahidjo, prise de
décision ayant déterminé souvent celle de l'ensemble
composé de pays appartenant à la mouvance française.
B- Le Représentant permanent à l'ONU treize
ans après (1974-1982)
Treize ans après avoir servi à l'ONU, les
nécessités de service ramènent Ferdinand Léopold
OYONO cette fois comme représentant permanent du Cameroun auprès
de cette institution. Durant ce séjour, la tâche de Ferdinand
OYONO est tout à fait particulière. Il est interpellé par
la question namibienne et doit également s'impliquer dans certaines
structures onusiennes à l'instar du Fonds des Nations Unies pour
l'Enfance (UNICEF) etc.
1- La question namibienne
Depuis l'accession à l'indépendance de plusieurs
pays africains en 1960 et leur admission à l'ONU, cette organisation n'a
cessé de répéter que l'occupation de la région
Walbis Bay était illégale et que l'Afrique du sud devait se
retirer(173)
Lors de la tenue du Conseil de sécurité en 1976,
il est exigé que l'Afrique du sud accepte la tenue des élections
au sein du territoire sous le contrôle des Nations Unies. Des
débats de l'Assemblée générale, il ressort que les
pourparlers relatifs à l'indépendance doivent inclure la
participation de la South West Africa People's Organization (S.W.A.P.O)
reconnue par elle comme le seul représentant du peuple namibien
(74).
Il faut rappeler que la question namibienne remonte dès
le début du XXe siècle très longtemps, et que
presque tous les pays membres de l'ONU ont manifesté leur regret
à propos de cette occupation illégale de la région de
Walbis Bay. Ainsi, lorsque les autorités de Pretoria décident le
1er septembre 1977 de placer cette enclave sous leur autorité
en l'intégrant à la province du Cap `' C'est
presque toute la communauté internationale qui
réagit vivement contre ce projet qu'elle qualifia d'annexion
illégale... `'(75)
A propos de cette question namibienne, on note la
présence de deux têtes de proues : d'un côté, le bloc
conduit par les Etats Unis qui s'oppose à toute annexion, et de l'autre
les néocolonialistes amenés par la France. La position du
Cameroun sera celle du groupe d'Etats francophones qui avaient cessé
d'être influencé par la France, dont ils avaient compris, à
leur demande de révision des accords de coopération, qu'elle
était une puissance néo-coloniale (76). Toutefois,
cette position camerounaise qui, au départ, soutenait l'initiative
américaine militant contre l'occupation de la Namibie tout en
prônant la négociation, va changer au profit cette fois d'un
groupe officieux dans le cadre du conseil de sécurité : le groupe
de contact (77).
Le président du conseil de sécurité se
prononça sur ce problème de la manière la plus explicite
et la plus solennelle dans la résolution 432 / 78 du 27 juillet 1978
adoptée à l'unanimité en réintégration
(78).
`' ... en attendant la réalisation de cet objectif,
l'Afrique du Sud ne doit utiliser Walbis Bay d'aucune manière qui soit
préjudiciable à l'indépendance de la Namibie ou à
la viabilité de son économie... `'( 79)
Lors de la visite du Président de la République
française au Cameroun Valérie Giscard D'Estaing le 8
février 1979, le Président Ahidjo s'est félicité
des efforts du groupe de contact en déclarant :
`' ... en Namibie malgré les efforts
méritoires des cinq puissances occidentales et les condamnations
répétées de
l'ONU, le régime de Pretoria n'a cessé de
montrer son vrai visage, celui de l'injustice et de
l'irréalisme...''(80)
Cette question fut traitée principalement par les
Nations Unies dont le Conseil de sécurité entérina les
recommandations du Secrétaire général pour
l'exécution de la proposition de nommer un représentant
spécial pour la Namibie et de créer le groupe d'assistance des
Nations Unies pour la période de transition (GANUPT)(81).
Malgré la volonté de certains Etats membres de L'ONU de condamner
cette annexion, malgré les décisions prises par le conseil de
sécurité, ce n'est que dix ans plus tard que ce plan trouvera
commença à être exécuté.
A l'ONU où il représente le Cameroun, Ferdinand
OYONO sur cette question Namibienne, comme sur d'autres questions d'ordre
politique, est resté très réservé,
conséquence, nul doute de la politique de la politique très
prudente adoptée par gouvernement en matière de politique
étrangère. Il serait fastidieux de ne pas relever l'intervention
du diplomate camerounais suite au conflit des Malouines opposant la
Grande-Bretagne à l'Argentine en 1975. Au cour du sommet des
nonalignés qui se tient en Amérique Latine, dont le but
était de trouver les voies et moyens permettant de solutionner ce
conflit, Ferdinand OYONO va voter contre l'Argentine. En guise de
reconnaissance, l'Angleterre enverra une mission à Yaoundé
remercier les autorités Camerounaises pour ce soutien.
Toujours à l'ONU où il représente le
Cameroun, un soutien similaire est accordé au Maroc au détriment
de l'Algérie au sujet de la zone du Sahara occidental en 1975.
En dehors des questions d'ordre politiques, le diplomate
Camerounais a déployé une importante activité sur les
questions sociales et de développement.
2- Ferdinand OYONO et l'UNICEF.
Bien qu'organe des Nations Unies, le Fonds des Nations Unies
pour l'Enfance (UNICEF) diffère des autres organisations mondiales pour
plusieurs raisons : il n'est pas financé par le budget de l'ONU, pas de
conférence générale ni de programme annuel à
réaliser ; c'est ce qu'on appelait encore un Fonds de Secours à
l'Enfance (FISE).
Créé le 11 décembre 1946 par
l'Assemblée Générale de l'ONU, l'UNICEF a pour mission
d'assister les trois quarts des enfants du monde qui vivent dans les Pays en
Voie de Développement dans l'ignorance, la pauvreté et la
maladie. L'action de l'UNICEF rayonne ainsi sur quatre grands secteurs :
santé, nutrition, éducation et formation professionnelle,
bien-être de la famille et de l'enfant. Cette organisation faut-il le
rappeler ne réalise pas de programmes qui lui sont propres ; elle aide
les pays à mettre sur pied des initiatives qui répondent aux
besoins spécifiques de l'enfance et de la jeunesse (82).
C'est donc en faveur de la cause humanitaire et au sein de ce
Fonds que le diplomate camerounais F.L. OYONO va déployer ses
énergies.
En effet, le 03 novembre 1977, le représentant
permanent du Cameroun aux Nations Unies est élu par acclamations
Président de la conférence pour les annonces de contributions au
Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF). Conscient des efforts à
fournir par les dirigeants des pays pauvres pour sortir de leur situation, un
accent est mis sur les ressources humaines par le tout nouveau Président
Ferdinand OYONO, qui déclare à cet effet :
`' Il est de plus en plus admis que les être humains
sont à la fois le moyen et la fin du développement ; par
conséquent il faut faire comprendre combien il est important d'assurer
des
services corrects aux enfants à l'âge de la
formation, période vitale pour eux... `'(83)
On se souvient que Ferdinand OYONO alors étudiant et
écrivain avait déjà pris position pour la cause
humanitaire dans un de ses romans intitulés Une vie de boy paru
en 1956. Le représentant permanent du Cameroun à l'ONU,
Président de la conférence pour les annonces de contributions
à l'UNICEF, milite ainsi pour un monde juste et propice à
épanouissement des enfants.
Cette élection de Ferdinand OYONO à la
tête de cette cellule de l'UNICEF va contribuer à renforcer les
liens de coopération entre son pays et ladite structure internationale.
C'est ainsi que le 6 juillet 1978, un accord de coopération est
signé entre le gouvernement de la République Unie du Cameroun et
l'UNICEF. Dans cet accord, la partie camerounaise a manifesté le
désir de recevoir l'assistance de l'UNICEF ; il est stipulé
qu'elle sera chargée d'assurer à ses frais la réception,
le déchargement, l'entreposage, l'assurance, le transport et la
distribution des articles et du matériel fournis par l'UNICEF une fois
qu'ils seront arrivés au pays. (84)
L'UNICEF quant à elle bénéficie de la
possibilité d'établir un bureau sousrégional au Cameroun
et de la mise à sa disposition des facilités et services
postaux.
En dehors des services rendus à l'UNICEF, Ferdinand
OYONO va assumer d'autres responsabilités durant son séjour
onusien.
3 - Une tâche immense.
En effet, durant ce dernier, Ferdinand OYONO préside le
conseil de sécurité qui est l'organe de l'ONU auquel incombe la
responsabilité principale du maintien de la paix et de la
sécurité. Les Etats membres sont dans l'obligation d'accepter et
d'appliquer ses décisions ; même s'il est vrai que les
recommandations d'autres organes qui reflètent l'opinion de la
communauté internationale peuvent influencer
certaines situations. Après avoir présidé
ce conseil un mois durant, le Cameroun à travers OYONO est élu en
1980 vice-président de l'Assemblée Générale des
Nations Unies. L'expérience et les qualités du diplomate
camerounais lui vaudront de nombreux autres postes tels que : Président
de la conférence des non alignés qui se tient en 1976 à
LIMA au Pérou ; ou encore Président de la première
commission des Nations Unies dénommée Paix et
Sécurité Internationale.
Après avoir présenté l'implication de
Ferdinand OYONO (85) sur certaines questions posées à
l'ONU au cours de ses deux passages, il est important de mentionner que le
diplomate OYONO a eu une autre mission tout aussi délicate, celle
d'être chef de mission diplomatique.
CHAPITRE III
FERDINAND OYONO LE CHEF DE MISSION DIPLOMATIQUE DU
CAMEROUN
Dans la diplomatie camerounaise depuis 1960, le chef de
mission diplomatique est couramment appelé ambassadeur. Il a pour
tâche précise d'assurer la protection des ressortissants et des
intérêts des camerounais à l'étranger
(86).
1
Ferdinand OYONO occupe les fonctions de Chef du service des
études au Ministère de Affaires Etrangères depuis le mois
d' avril 1961, jusqu'à sa nomination au titre d'Ambassadeur,
envoyé extraordinaire et plénipotentiaire le 10 décembre
1962. Sans interruption, il réside dans cinq capitales
différentes. Ferdinand OYONO a en même temps assuré cette
qualité sans y résider dans plus d'une dizaine de capitales
étrangères. C'est dire qu'il est l'un des plus titrés
sinon, le plus titré des diplomates camerounais depuis l'accession de ce
pays à la souveraineté internationale.
86
A- L'Ambassadeur du Cameroun à Monrovia
(1963-1965)
Monrovia représente le premier poste diplomatique
africain auprès duquel Ferdinand OYONO est nommé ambassadeur
extraordinaire et plénipotentiaire de la République
Fédérale du Cameroun, le 10 décembre 1962. La
coopération entre les deux pays voit le jour dès l'accession du
Cameroun à l'indépendance. Considérant le rôle
important joué par le Libéria sur la scène internationale
dans les années cinquante et soixante et du fait que c'est le premier
pays indépendant d'Afrique noire en dehors de l'Afrique du Sud
dominée par les racistes blancs, Monrovia a constitué un phare
pour le continent africain. Il était par conséquent de bon ton
que le Cameroun y dispose d'une représentation diplomatique.
Par ailleurs, à cette période
précédant les indépendances africaines, le gouvernement de
Monrovia etait l'un des rares pays en Afrique à dire non à
l'anarchie et à la violence que l'on observait dans certains pays, et
à prôner la négociation (87). Du 8 au 12 mai
1961en effet, dans la capitale Monrovia , les Etats membres du groupe de
Brazzaville, favorables à la politique du Président William
TUBMAN vont se retrouver dans la capitale du Libéria et constituer le
groupe des modérés ou de Monrovia. Le Président Ahmadou
AHIDJO à la suite de l'initiative et de l'engagement du président
William TUBMAN, ouvrira une représentation Diplomatique à
Monrovia.
Cette ouverture peut également se justifier par le
soutien que le président libérien avait apporté au
président AHIDJO lors de la contestation de la réalité de
l'indépendance du Cameroun par l'Union des populations du Cameroun (UPC)
soutenue alors par certains pays tels le Ghana, la Guinée etc. C'est
dans ce sens que Alexis BOUM précise que :
87
`' Lorsque les nationalistes Upécistes se rendaient
aux Nations-Unies pour demander que cette indépendance qu'ils appelaient
factice ne soit pas reconnue, il n'y avait pas beaucoup d'Etats africains comme
le Libéria pour apporter leur soutien au Cameroun. Ce n'était pas
du tout évident compte tenu de l'opposition et de la résistance
qui était faite... `' (288).
En effet, à travers un communiqué publié
en 1961 le gouvernement de Monrovia a manifesté sa sympathie au peuple
Camerounais (89).
De 1963 à 1965, la mission de Ferdinand OYONO au
Libéria va consister à maintenir le climat de fraternité
et de coopération étroite entre les deux pays. Ferdinand OYONO se
souvient de cette nomination :
`' C'est avec beaucoup de joie et de courage que j'ai
accueilli ma nomination ; je ne pensais pas être nommé si
tôt pour défendre les intérêts de mon pays. Le
Président Ahidjo m'a fait confiance et je n'eu pas grande peine au cours
de ma mission à Monrovia `' (290)
Au cours de cette période (1963-1965) en effet, des
liens de coopération bilatérale en matière d'agriculture
et d'éducation se sont renforcés. Le Liberia a ouvert ses portes
aux Camerounais désireux de se former sur les techniques agricoles
modernes. En retour, il envoyait certains de ses étudiants se former au
Cameroun (91). Le climat de confiance réciproque entre les
deux pays s'est
89 90 91
poursuivit jusqu'à nos jours malgré les troubles
politiques incessantes qu'a connu le pays depuis l'avènement du Sergent
Samuel Doe en 1980. Ferdinand OYONO deuxième Ambassadeur du Cameroun au
Liberia après Joseph OWONO NKOUDOU, peut être
crédité d'avoir contribué au renforcement durable des
rapports entre les deux pays. Cette coopération n'a connu aucun incident
lorsqu'il quitte ce pays pour Bruxelles.
B- Au centre des liens entre Yaoundé -les pays du
Benelux et la C.E.E
(1965-1969)
Le 03 novembre 1965, Ferdinand Léopold OYONO est
nommé à la suite de deux décrets du chef de l'Etat
Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Cameroun au royaume de
Belgique ; et cumulativement, Ambassadeur de la République
Fédérale du Cameroun au Luxembourg et aux Pays Bas avec
résidence à Bruxelles. Entre Yaoundé et Bruxelles,
siège de la Communauté Economique Européenne (C.E.E),
s'ouvre ainsi une grande ère de coopération visant à
amener les pays de la C.E.E a s'intéresser au développement
économique du Cameroun. C'est la mission qui est assignée au
nouvel Ambassadeur ; mais très vite étant donné
l'existence du marché commun qui organise la coopération
économique entre les six pays européens (92) et qui
vise à harmoniser et a organiser les relations économiques avec
les nouveaux Etats Africains et Malgaches (E.A.M.A), l'action de Ferdinand
OYONO va vite s'intégrer dans cette coopération.
En effet dès le 20 juillet 1963, le Cameroun avec les
dix-sept (93) des E.A.M.A signait à Yaoundé une
convention d'association avec les pays de la C.E.E dite convention de
Yaoundé I. Elle entra en vigueur le 1er juillet 1964 pour une
durée de cinq ans et fut remplacée le 29 juillet 1969 par la
convention de Yaoundé II, signée également pour une
durée de cinq ans(94). C'est le lieu de mentionner
92 93 94
PHOTO N°2
PHOTO N°3
qu'en prélude à ces multiples
négociations, Ferdinand OYONO en tant qu'ambassadeur auprès de la
C.E.E , a pris part à toute les réunions préparatoires qui
vont se tenir à Bruxelles en 1966. Ainsi, avec la première
convention de Yaoundé fut mise en place le deuxième Fonds
européen de développement (F.E.D) d'un montant global d'environ
198 milliards de F CFA courants(95). II y a lieu de mentionner qu'en
prélude à ce F.E.D signé à Bruxelles, c'est
à Paris que les ambassadeurs des pays africains d'expression
française se réunissaient pour débattre des questions
économiques concernant leurs Etats respectifs et la situation de la
communauté (E.A.M.A) en particulier. C'est ainsi que petit à
petit la coopération Nord-Sud sera mise en place. C'est également
au cours de cette période où OYONO est ambassadeur du Cameroun
à Bruxelles qu'il est élaboré la manière
d'intéresser les autres pays européens à un
développement de l'Afrique et plus tard des Caraïbes.
Le 11 novembre 1966, les ministres des « Six » Etats
européens et les « dix-huit » ministres des EAMA se retrouvent
à Bruxelles pour la session extraordinaire du conseil d'association
CEE-EAMA. Conduite par Victor ATEBA Ministre adjoint des affaires
économiques et du plan et de Ferdinand Léopold OYONO, ambassadeur
du Cameroun auprès de la CEE, la délégation camerounaise
assiste à ces travaux dont l'objectif est de définir la notion de
« produits originaires ». Il y a lieu de souligner qu'entre
Yaoundé et Bruxelles les liens sont basés sur le commerce, les
échanges et la coopération Nord-Sud.. A cet effet, le Cameroun va
jouer un rôle important au sein des EAMA car son potentiel
économique et humain était considérable en Afrique
francophone. Suite à la nécessité de rechercher et de
mettre en oeuvre en commun des solutions visant l'accroissement des
échanges au sein de l'association et l'élimination des obstacles
à l'écoulement des produits africains sur les marchés de
la CEE, les Etats Africains
95
et Malgaches demandent aux six d'étudier les mesures
susceptibles d'aboutir à la réduction de certaines taxes
intérieures de consommation (96).
Enfin, dans le domaine des relations extérieures, la
résolution des parlementaires de Bruxelles préconise une
position coordonnée des 24 pays européens et africains
associés, lors de la conférence mondiale sur le commerce et le
développement. Tenant compte des facteurs qui retardent l'action du
F.E.D dans le développement de certains pays, la résolution
propose que des mesures particulières soient prises pour promouvoir
un développement harmonieux et équilibré de l'ensemble de
Etats associés (97)
Dans le cadre des EAMA et des travaux des « Six Dix-huit
» il faut dire que ce sont des réunions qui se tenaient autour des
Ministres chargés en Afrique des questions de développement ; ces
réunions étaient précédées et
préparées par celles du comité des Ambassadeurs à
Bruxelles. Ainsi, au cours de cette première décennie des
indépendances, période de tous les projets, de toutes les
ambitions, Ferdinand OYONO aura eu l'insigne honneur de prendre part et de
représenter son pays aux importantes négociations Economiques
Eurafricaines.
C- L'Ambassadeur du Cameroun à Paris (1969-1974)
La nomination de Ferdinand OYONO comme chef de la mission
diplomatique du Cameroun en France en novembre 1969 intervient après la
grande crise socio -politique qui a secoué la France à savoir la
révolte de mai 1968 (98). Ferdinand OYONO depuis Paris a
compétence également sur l'Espagne, le Maroc, l'Algérie et
la Tunisie.. La France entretient une vielle amitié de
coopération depuis des lustres.
1 97 98
Au début des années 1970, la politique
étrangère du Cameroun est caractérisée par une
volonté de se débarrasser de la pesanteur des liens avec la
France. Le rôle de l'Ambassadeur du Cameroun à Paris est donc
à la fois de renforcer ces liens et de rassurer les autorités
françaises pour obtenir d'elles plus de compréhension sur la
volonté camerounaise, et à mener une politique
étrangère indépendante.
Dans ce pays où il a acquis sa formation intellectuelle
et professionnelle, Ferdinand OYONO a la délicate mission de
représenter son pays malgré l'état des liens quelque peu
tendus avec la France. En effet, après l'accession des pays d'expression
française à l'indépendance, la France a manifesté
sa volonté de redéfinir sa politique de coopération vis
à vis des dites nations. L'orientation nouvelle que veut donner Paris
à cette coopération n'est pas bien accueillie par le gouvernement
camerounais. Aussi, une politique de distanciation de ce dernier est elle
observée vis à vis des responsables de la France question de
témoigner d'une rupture symbolique par rapport au passé.
`'La conférence franco-africaine de Paris
apparaît sans intérêt réel pour
notre pays, mais encore contraire aux exigences de l'affirmation dans le monde
de notre personnalité nationale (99)''
De janvier 1970 à février 1974 en effet, il
règne un climat de méfiance du Cameroun vis à vis de Paris
; on note le départ du Cameroun de Air Afrique, le refus du gouvernement
camerounais de participer à la conférence franco-africaine
organisée à Paris après la crise de l'organisation commune
africaine et malgache (OCAM), ainsi qu'à tous les sommets
franco-africains. Tout ceci va jeter un peu de trouble dans les relations
franco-camerounaises ; à travers la dénonciation par le
1
gouvernement de Yaoundé des accords de
coopération franco-camerounais conclu en 1960 et la
réorientation, la redéfinition de la philosophie de base de la
coopération entre les deux pays(100).
Dans un tel climat de méfiance et surtout de
revendication du gouvernement de Yaoundé vis-à-vis de la France,
le nouvel ambassadeur à Paris est resté presque inactif.
Toutefois, à son actif, on peut relever le souci permanent de
préserver les intérêts du Cameroun en France. En effet,
suite à la publication de l'ouvrage Main Basse sur le Cameroun
en 1972, par Mongo BETI et sur instruction des autorités de
Yaoundé, Ferdinand OYONO déploya tous les efforts
nécessaires pour que soit censuré ce chef d'oeuvre
anticolonialiste par les autorités françaises.
Son auteur Mongo Beti se souvient de cet acte en ces termes:
`' J'ai été poursuivi en France, mes livres
ont été saisis [....] c'est Ferdinand OYONO qui a
rédigé la demande qui devait aboutir à la saisie et
à l'interdiction de mon livre `'( 101)
Mongo Beti était pourtant un camarade et ami de
Ferdinand OYONO. Mais cela n'empêcha pas ce dernier de faire
exécuter scrupuleusement les instructions reçues de
Yaoundé.
Aucun acte d'éclat n'est à relever dans les
relations franco-camerounaises jusqu'à la date du 21 février 1974
date à laquelle seront signés de nouveaux accords de
coopération entre le gouvernement de la République Unie du
Cameroun et le gouvernement de la République française, notamment
:
- un accord général de coopération technique
en matière de personnel ; - un accord de coopération culturelle
;
- un accord de coopération en matière de justice
(102).
100 2wx101 102
Par ailleurs, sur les plans économiques, militaires et
culturels on assiste à des réaménagements :
- Sur le plan économique, les échanges
commerciaux entre la France et le Cameroun devaient s'effectuer comme par le
passé, selon le régime défini en la matière par
l'association liant le Cameroun et la CEE.
- Dans le domaine militaire, les clauses de l'accord
confirmaient le rôle de la coopération française qui allait
s'exercer comme par le passé et selon les possibilités de la
France par :
· l'assistance du personnel militaire français ;
· la fourniture de matériel et d'équipement
militaires ;
· la formation et le perfectionnement des cadres
Camerounais. - Sur le plan culturel, un accent est mis sur le bilinguisme
franco-anglais, l'africanisation des programmes de même que la
validité des diplômes etc.
Comme nous l'avons vu plus haut, la compétence
territoriale de
l'Ambassadeur Ferdinand OYONO s'étendait aussi à
d'autres pays tels que : l'Espagne, le Maroc et l'Algérie. Les liens
entre le gouvernement camerounais et ces pays étaient peu
avancés. Mais, le diplomate camerounais entretenait la flamme entre le
Cameroun et ces pays.
Au cours d'un dîner offert par le roi Hassan II,
à l'occasion de la célébration de la fête nationale
du Maroc en 1972, le diplomate OYONO échappe à un attentat. Ce
coup d'état militaire appelé soulèvement de Skirhat, va
coûter une grave blessure du doigt au Camerounais.
Après Paris, Ferdinand OYONO est accrédité
aux Nations Unies (103) avant de se voir confier la direction de
l'Ambassade du Cameroun à Alger.
103
D- A Alger (1982-1984) et Londres (1984-1985)
Il serait difficile d'apprécier l'action de Ferdinand
OYONO dans la politique étrangère du Cameroun sans mentionner le
rôle joué à la tête de la représentation
diplomatique d'Alger ou à l'Ambassade du Cameroun à Londres dont
il eut déjà la charge en 1982-1984 et 1984-1985
respectivement.
Alger (1982-1984)
L'action de Ferdinand OYONO à la tête de
l'ambassade d'Alger peut se résumer dans le maintien de la
coopération bilatérale. Avant l'arrivée d' OYONO à
Alger le 22 octobre 1982, le Cameroun entretenait de bons rapports avec
l'Algérie.
En effet, les accords signés entre les deux pays dans
la période 1970-1980 avaient pour la plus part été
appliqués. Ces derniers portaient sur l'hydraulique, l'agriculture,
l'enseignement, les transports etc. En dépit du climat difficile qui va
affecter les aspects économiques que politique jusqu'en 1982, le pays va
maintenir certains liens de coopération.
Ainsi à l'actif de Ferdinand OYONO à l'ambassade
d'Alger, on peut noter la poursuite du respect des accords de
coopération de 1970-1980. Un accent est mis sur l'enseignement
supérieur. En pétrochimie par exemple, 300 à 600
camerounais ont été formés en Algérie. L'octroi des
bourses de coopération ne fut pas en reste, pour les filières
médecine, science et technologie dans les Universités Ouari
Boumediene ou à la Faculté de médecine d'Alger
(104).
Malgré le manque de contacts poussés sur le plan
économique et politique avec la Tunisie, on note des progrès dans
la coopération économique qui lie le Cameroun à ce pays.
Le 16 février 1984, Ferdinand OYONO, cumulativement à ses
104
fonctions d'ambassadeurs plénipotentiaire de Tunisie
avec résidence à Alger conduira la mission camerounaise
décidée par le chef de l'Etat Paul BIYA en vue de se rendre en
Tunisie préparer les assises de la troisième session de la
commission mixte qui devait se tenir à Yaoundé à une date
déterminée d'accord parties.
LONDRES (1984-1985)
C'est le dernier poste diplomatique auprès duquel
Ferdinand Léopold OYONO est accrédité en 1984; son
séjour dans la capitale Britannique revêt une importance
particulière.
En effet, arrivé à Londres suite au
décret en date du 26 juillet 1984, Ferdinand Léopold OYONO,
précédemment ambassadeur du Cameroun en République
Démocratique et Populaire d'Algérie, a passé le plus court
(105) séjour de sa carrière en tant que chef de
mission diplomatique. Durant ce bref séjour Londonien, l'état des
rapports entre les deux pays pouvait difficilement changer de façon
notable. En effet, au cour de la période séparant l'année
1960 des années 1980, les relations entre le Cameroun et la Grande
Bretagne sont quelques peu timides. Le souvenir du plébiscite de 1961
est encore présent dans les esprits des deux camps. L'ambassadeur OYONO
va tenter de les redynamiser. C'est ainsi que du 13 au 16 mai 1985, le
Président Paul BIYA effectue une visite officielle à Londres. Ce
qui pour un Ambassadeur est souvent considéré comme une
réussite dans son rôle de rapprochement entre les deux pays.
Cette visite devait ainsi inaugurer une nouvelle
période de la coopération Camerouno-Britannique. Il était
important pour les nouvelles autorités de Yaoundé de renforcer la
coopération entre les deux pays. C'est ainsi qu'une convention
105
portant sur la protection des investissements entre les deux
pays sera signée le 4 juin 1982 (106).
Parti de la Grande Bretagne quelques mois après la
visite Président camerounais, Ferdinand OYONO, n'aura pas pu faire
éclore lui-même les fruits promis par cette visite.
Néanmoins, il faut relever que la Grande Bretagne ne figure pas parmi
les principaux pourvoyeurs de fonds du Cameroun pour ce qui est de la
coopération bilatérale (107).
106 107
CHAPITRE IV
FERDINAND OYONO LE CHEF DE LA
DIPLOMATIE CAMEROUNAISE (1992 - 1997) ET LE MINISTRE
EMINENCE GRISE POUR LES AFFAIRES DIPLOMATIQUES.
Lorsqu'on fait une analyse de la gestion de la politique
étrangère du Cameroun depuis 1960, on a tendance à penser
que c'est le ministre qui se trouve à la tête du
département des affaires étrangères qui conçoit
cette politique. Il n' en est pas le cas ;car, dans le système
camerounais, le chef de la diplomatie est le chef de l'Etat, et c'est en
dernier ressort lui qui formule des objectifs de la politique
étrangère du Cameroun que s'emploie à mettre en oeuvre le
Ministère des Relations Extérieures(108).
Autrement dit, le ministre en charge des Affaires étrangères
n'est qu'un « exécutant », il ne participe pas à
l'élaboration de la politique dont il a la charge d'exécuter,
c'est le domaine réservé du chef de l'Etat . Après avoir
servi dans la diplomatie camerounaise pendant plus de trente ans, Ferdinand
Léopold
108
OYONO, n'était pas arrivé au bout de son action.
Il a de 1992 à 1997 la plus lourde tâche de sa carrière
à savoir coordonner les affaires diplomatiques : la coopération
bilatérale, multilatérale, la charge de l'organisation de l'outil
diplomatique camerounais, et plus tard un rôle d'éminence grise du
chef de l'Etat Paul BIYA pour les affaires diplomatiques.
A- La coopération bilatérale.
On peut définir la coopération bilatérale
comme la collaboration entre deux pays souverains tant au niveau
économique, diplomatique, social, culturel, scientifique, etc. Ce type
de coopération trouve son fondement dans le souci qu'ont deux pays de
défendre en commun leurs intérêts, de réaliser en
commun des projets, de s'entraider mutuellement. C'est une coopération
qui procède par la signature d'accords. Ainsi, au cours de cinq
années passées à la tête du MINREX, Ferdinand OYONO
aura signé plusieurs accords liés à des questions
diverses.
1- L'affaire Bakassi.
Alors que les relations avec les autres partenaires
bilatéraux ont connu un dynamisme sans cesse renouvelé dans
l'intérêt mutuel, les liens traditionnellement pacifiques avec le
Nigeria sont entrés dans une phase de grandes turbulences depuis
l'occupation de la péninsule camerounaise de Bakassi par les forces
armées de ce pays. En sa qualité de ministre des relations
extérieures, Ferdinand OYONO, a été en première
ligne dans cette crise frontalière déclenchée au mois de
décembre 1993(109). Ferdinand OYONO explique comment le
Nigeria a occupé le territoire camerounais en ces termes :
109
`' En décembre 1993 l'armée
nigériane, au mépris de la charte des Nations unies et de la
charte de l'OUA, a franchi la frontière naturelle et internationalement
reconnue marquée par le fleuve Akwayafé. Pour s'installer au
Cameroun ! Et de là par des attaques successives, n'a de cesse de
progresser à l'intérieur de la presqu'île de Bakassi. Et
ces troupes se trouvent sur une pénétrante d'environ 30
kilomètres chez nous ! Et au mépris des recommandations, tant du
conseil de sécurité des Nations unies que de la cour
internationale de justice... `'( 110)
Face à cette situation entre des voisins liés
par l'histoire et la géographie(111), le Cameroun a
développé une politique étrangère d'isolement de
son agresseur sur le plan international et de stabilisation du front militaire
en attendant la décision de la cour internationale de justice sur le
différend frontalier qui oppose les deux pays.
Au niveau africain, en marge de la saisine de l'organe central
du mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le
règlement des conflits, une activité diplomatique intense a
été déployée auprès des Etats membres de
l'organisation panafricaine sur la justesse de la cause défendue par le
Cameroun(112).
Le 13 janvier 1994, Ferdinand OYONO est
dépêché à Abuja par le Président Paul BIYA
porteur d'un message de paix et de conciliation au Général ABACHA
en vue d'un règlement pacifique du différend. Un mois plus tard,
c'est au tour du ministre délégué auprès du
Ministre des Relations Extérieures de se
110 111 112
rendre auprès de son homologue nigérian en vue
de lui faire entendre raison. Tous ces efforts se sont avérés
vains.
Le 20 mars 1994, Ferdinand OYONO conduit une
délégation de huit membres (113) à Addis-abeba
pour prendre part aux travaux de la deuxième réunion de l'organe
central du mécanisme de prévention, de gestion, et de
règlement des conflits de l'OUA. Cette délégation a pour
mission de défendre la camerounité de Bakassi et de demander le
retrait immédiat et sans condition des troupes nigérianes de ce
territoire. Cette délégation devait également obtenir de
l'organisation panafricaine que les deux pays soumettent leur différend
devant la Cour Internationale de Justice (C.I.J) de la Haye, mais aussi le
rétablissement d'un climat durable de paix et de bon voisinage dans le
golfe de Guinée(114).
Abordant le dossier de Bakassi avec beaucoup de tact et de
dialogue, Ferdinand OYONO n'a pas désespéré. Pour lui,
l'agression n'était pas consommée ; optimiste, le chef de la
diplomatie camerounaise au cour d'un entretien accordé à la
presse1 (115) a déclaré que :
`' ... Nous avons introduit notre requête au mois de
mars 1994 donc, cela signifie que les troupes nigérianes doivent
retourner chez elles... `'
Devant l'échec avéré des efforts de
règlement de la crise par voie de négociation suite à la
saisine de l'organe central du mécanisme de l'OUA du règlement
des différends, le Cameroun a porté l'affaire devant la C.I.J. de
la Haye, et par delà la question de Bakassi il a également
demandé une solution par voie judiciaire de tous les problèmes
pendants sur ses frontières terrestres lacustres et maritimes avec le
Nigeria (116).
Sans préjudice de la procédure judiciaire
pendante devant la C.I.J., d'intenses activités diplomatiques se sont
déployées pour freiner les ardeurs du
Nigeria et stabiliser le front militaire. Sous les auspices du
Président Gnassingbe Eyadema du Togo, le Ministre des Relations
Extérieures Ferdinand OYONO et son homologue du Nigeria Chief Tom IKIMI,
se sont rencontrés pendant deux jours à Kara (Nord du Togo) au
sujet du différend frontalier et territorial opposant les deux pays.
Cette tentative de médiation initiée par le Président
Eyadema est restée la plus significative (117) de toutes
celles qui ont concouru à la résolution du différend. On
se souvient de la première qui se tint à Tunis le 13 juin 1994.
Et au cours de la même année les ministres des affaires
étrangères du Cameroun et du Nigeria s'étaient
concertés à Kara du 4 au 6 juillet. Les deux ministres avaient
arrêté conjointement une série de mesures visant à
maintenir la paix dans la presqu' île de Bakassi, en attendant le verdict
de la C I J.
Les 16 et 17 février 1996, à l'invitation du
Général Eyadema, Ferdinand Léopold OYONO rencontre
à Kara au Togo son homologue nigérian, Chief Tom IKIMI qui avait
remplacé Babagana KINGIBE au courant de l'année 1995. Au terme de
cette deuxième réunion des ministres des affaires
étrangères, les ministres camerounais et nigérian
reconnurent que l'affaire était pendante devant la C.I.J. et se mirent
d'accord sur l'arrêt de toutes les hostilités à Bakassi
(118).
`' ...J'y étais, tout comme le
précédent Ministre des Affaires étrangères du
Nigeria. Nous sommes tombées d'accord pour gérer la paix, en
attendant des décisions de la C.I.J. ... `'(119).
Cette médiation du président togolais aboutit au
processus de Kara du 17 juillet 1994. Les autorités de Yaoundé
poursuivront la recherche d'un climat de paix. A cet effet, le lundi 5
février 1996, l'ambassadeur du Nigeria à Yaoundé Georges
BELLO fut convoqué au ministère des Relations extérieures
par Ferdinand
113
OYONO qui lui traduisait la très vive
préoccupation de Yaoundé au sujet des manoeuvres de provocation
de nature à susciter une escalade de violence(120).
Dans un communiqué du 22 février 1996, le
ministre camerounais des Relations extérieures dénonce les termes
de l'accord du 17 février et révéla qu'en violation
flagrante des engagements pris à Kara, le Nigeria poursuit les
hostilités militaires à Bakassi. Ce même jour, le Cameroun
décida de saisir de nouveau le Conseil de Sécurité des
Nations-Unies (121).
Les initiatives de l'OUA à travers son organe de
règlement des conflits, ainsi que celles du conseil de
sécurité et du Secrétariat général des
Nations Unies ont conduit au déploiement d'une mission de bons offices
alternativement au Cameroun, au Nigeria et dans la région de Bakassi.
Certains diplomates (122) admettent à
présent que c'est sous la conduite de Ferdinand OYONO que le dossier de
Bakassi a connu plus tard un aboutissement heureux. Monthe TOMMO à cet
effet déclare :
`' ...il aura été un grand débutant
dans la gestion de ce dossier, lorsque tout espoir semblait perdu; l'ayant
successivement engagé auprès du conseil de sécurité
des Nations-Unis, de la C.I.J., du mécanisme de prévention de
gestion et des règlements de l'OUA... `'(2123).
C'est avec beaucoup de tact, de rigueur et de dialogue que
OYONO a su mener ce dossier avant de passer le témoin au ministre de la
Justice qui se chargea par la suite de le gérer. Mais, il faut dire que
c'est à Ferdinand Léopold OYONO en partie qu'on doit cette
solution (124).
114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124
On ne saurait parler de l'action de Ferdinand Léopold
OYONO sans mentionner le courage dont le diplomate camerounais a fait montre
dans la gestion de ce dossier. En effet, dix huit mois après le scrutin
Présidentiel d'octobre 1992, Ferdinand OYONO reconnaissait au cours
d'une conférence donnée que les relations entre Yaoundé et
Washington avaient connu une relative détérioration du fait que
son ambassadeur madame Frances Cook se montrait favorable à
l'opposition. Saisissant au cours de la même occasion
l'opportunité de faire le point sur l'affaire de Bakassi, Ferdinand
Léopold OYONO réaffirma à l'intention des
américains le libre choix des orientations des dirigeants camerounais en
ces propos :
`' ... parce que le problème de nos pays est que
certains estiment les connaître tout de go et pensent de ce fait, pouvoir
nous dire ce qui est bon pour nous et nous demandent de faire comme ils
veulent... `'(1125)
Toutefois, il faut dire que ce différend frontalier n'a
pas frustré le chef de la diplomatie camerounaise dans son action.
Ainsi, sous la supervision du Chef de l'Etat qui définit la politique
étrangère du Cameroun, le MINREX a pu relancer les travaux des
commissions mixtes.
2- La tenue des commissions mixtes.
Les commissions mixtes sont l'expression de la volonté
des partenaires de conférer une dynamique nouvelle ou renouvelée
à leurs relations bilatérales. Jusqu'à l'arrivée de
Ferdinand OYONO à la tête du MINREX, celles-ci se sont tenues pour
la dernière fois en 1988 entre le Cameroun et ses partenaires
(2126). L'apparition des commissions mixtes comme une nouvelle
pratique diplomatique a
été rendue nécessaire par
l'évolution des relations bilatérales. Se situant au-delà
des relations diplomatiques traditionnelles, ces travaux sont apparus comme un
cadre auquel les Etats ont recours lorsqu'ils désirent consolider leurs
interactions.
Le rôle des commissions mixtes qui se tiennent à
intervalles réguliers est d'examiner l'état des relations, de
dresser le bilan de la coopération entre deux pays et de suggérer
les voies de maintenir et de développer ces relations
(127)
Ainsi, il est important de savoir que l'existence d'une
commission mixte entre deux Etats n'est pas automatiquement synonyme de
consolidation des relations entre ces Etats. La relation qui existe entre la
commission mixte et l'approfondissement des relations bilatérales ne
peut s'établir que si la commission mixte existe et fonctionne
régulièrement. ( 128)
De 1992 à 1996, le MINREX a organisé près
de dix rencontres bilatérales avec d'autres pays. C'est le cas des
grandes commissions mixtes qui se sont tenus à Yaoundé du 29-30
août 1995 avec l'Egypte et à Libreville du 18-20 juillet 1997 avec
pour ambition de renforcer les liens de coopération avec ces pays.
a) La 4e commission mixte
Cameroun-Egypte
Les relations entre le Cameroun et l'Egypte remontent aux
années cinquante. C'est au cours de ces années là que
l'Egypte abrite les nationalistes camerounais. Les liens diplomatiques entre
les deux pays s'établissent avec la reconnaissance du gouvernement de
Yaoundé par celui du Caire en 1960. C'est à cet effet que le chef
de l'Etat égyptien déclare :
`'Une fois l'indépendance acquise il n'y a plus de
raison de continuer à aider l'opposition dont la raison d'être
était de lutter contre les colons français `'
(129).
125 126 127 128 129
Une ambassade est ouverte la même année dont le
représentant est M. BEHLE. Trente cinq années après, cette
coopération a fonctionnée tant bien que mal jusqu'en 1995. A
partir de cette année, elle a connu un coup d'accélérateur
avec la tenue de la IVe session de la grande commission mixte
EgyptoCamerounaise.
En effet, sur une invitation de Ferdinand OYONO, ministre des
Relations extérieures du Cameroun, Amre MOUSSA, ministre des Affaires
étrangères de la République Arabe d'Egypte est venu en
visite officielle au Cameroun du 29 au 30 août 1995 dans le cadre des
travaux de la IVe session de la grande commission mixte
égypto-camerounaise présidés conjointement par les deux
ministres.
A la suite des travaux, Amre Moussa a eu une série
d'entretiens avec Ferdinand OYONO, entretiens au cours desquels les
perspectives des relations bilatérales entre les deux pays ont
été évoquées. Les deux ministres ont
recommandé le lancement des négociations devant aboutir à
la signature des accords dans les domaines des transports aériens et
maritimes avec la nécessité selon la partie égyptienne de
l'ouverture d'une ligne directe Douala-Alexandrie ainsi que la mise en circuit
d'un bateau qui devait desservir la côte Ouest africaine. Ils se sont par
ailleurs félicités de la signature de l'accord de
coopération entre le fonds égyptien pour la coopération
technique en Afrique et au Cameroun, ainsi que de la signature du protocole de
coopération culturelle entre le Cameroun et l'Egypte pour les
années 1996-1998(130). En outre, ces entretiens empreints
d'un climat d'amitié, de fraternité et d'entente mutuelle, ont
permis aux deux ministres de passer en revue les questions africaines et
internationales d'intérêt commun: notamment la situation au
Burundi, Rwanda, Libéria, ainsi que la situation au Moyen orient.
130
Ferdinand OYONO et son homologue se sont
félicités de la volonté de leur gouvernement de
déployer tous les efforts nécessaires en vue de consolider les
liens d'amitié et de diversifier la coopération bilatérale
dans tous les domaines (131). Enfin, le rôle-clé du
secteur privé dans la consolidation de la coopération
économique entre Yaoundé et le Caire notamment par
l'accroissement du volume des échanges commerciaux a été
débattu.
Jusqu'à la tenue de cette IVe session, l'on
déplorait la timidité de la coopération commerciale. Les
échanges entre les deux pays étaient en deçà de
leurs potentialités réelles. A cet effet, Ferdinand OYONO et son
homologue égyptien ont lancé un appel pressant aux
opérateurs économiques des deux pays afin qu'ils exploitent
judicieusement l'environnement juridique et politique favorable,
créé par les deux gouvernements et qu'ils entretiennent un
courant d'échanges commerciaux et économiques entre les deux pays
(1132).
L'action du MINREX Ferdinand Léopold OYONO est loin
d'être achevée après cet appel à l'endroit des
opérateurs économiques égyptiens ; en effet dans le souci
de renforcer davantage les liens bilatéraux entre le Cameroun et ses
partenaires, des travaux en commissions mixtes vont se multiplier à
l'instar de ceux de Libreville.
b)- La 12e commission mixte avec le
Gabon
Le vendredi 18 juillet 1997 se sont tenus les travaux de la
12e commission mixte entre le Cameroun et le Gabon à
Libreville. A la tête d'une forte délégation de hauts
fonctionnaires et d'une quarantaine de femmes et d'hommes d'affaires
camerounais, Ferdinand OYONO a rencontré de hautes personnalités
gabonaises(133). La géographie, l'histoire et des liens
séculaires (134) de voisinage ont toujours constitué
des mobiles d'incitation à vouloir coopérer plus et s'entendre
131 132 133 134
mieux. Durant cinq jours le ministre camerounais est
reçu en audience par sept ministres ainsi que par le président du
Sénat Georges RAWIRI. Les deux parties font état de leur
volonté réciproque de coopérer.
Des opérateurs économiques de la trempe de
Françoise FONING, James ONOBIONO et Pierre TCHANQUE etc, ont pris part,
aux côtés de leurs homologues gabonais conduits par CASIMIR OYE
MBA, ministre des Affaires étrangères aux travaux de cette
12e commission. C'était une première dans le cadre des
relations bilatérales entre le Gabon et le Cameroun.
Cette volonté s'est concrétisée par la
mise sur pied d'un comité de suivi qui devrait veiller à ce que
les résolutions prises ne restent pas lettre morte (135). Les
deux parties ont relevé dans le communiqué final leur
désir de :
- de renforcer et d'élargir le cadre juridique des
relations entre le
Cameroun et le Gabon par la signature de nouveaux accords ;
- de dynamiser la coopération dans le domaine
universitaire ainsi que
dans les secteurs de la culture et des arts, de la
communication et des affaires sociales, de la condition féminine et de
la formation professionnelle, des sports et des
télécommunications ;
- de clarifier les questions frontalières ;
- de densifier et de renforcer la coopération entre les
autorités des deux
pays chargées des questions consulaires notamment celle de
la circulation des personnes et des biens ;
- de mettre en place un partenariat plus poussé et
mutuellement
bénéfique entre les opérateurs
privés camerounais et gabonais conformément à la
volonté des Présidents Paul BIYA du Cameroun et Omar BONGO du
Gabon(136)
135 136
c) Les autres commissions mixtes
En plus des deux cas relevés plus haut, beaucoup
d'autres commissions mixtes entre le Cameroun et ses partenaire ont eu lieu
sous l'impulsion du ministre Ferdinand Léopold OYONO, comme l'indique le
tableau numéro un ci après.
Tableau n° 1 :
Les rencontres des commissions mixtes entre le
Cameroun et ses partenaires (1993-1997)
Partenaires (Pays)
|
Lieu
|
Année
|
La République Populaire de Chine
|
Beijing
|
1993 et 1995
|
La Corée du Nord
|
Pyongyang
|
1993
|
Le Nigeria
|
Abuja
|
1993
|
La Belgique
|
Bruxelles
|
1994
|
Le Tchad
|
Maroua
|
1994
|
La Tunisie
|
Tunis
|
1995
|
L'Egypte
|
Yaoundé
|
1995
|
L'Allemagne
|
Yaoundé
|
1994 et 1996
|
Le Gabon
|
Libreville
|
1997
|
Source : Archives du
Ministère des Relations Extérieures
La particularité des commissions mixtes tenues avec ces
différents pays réside dans l'amélioration des liens
bilatéraux et surtout dans l'assistance économique des pays
développés (Chine, Allemagne) ayant abrité deux fois ces
commissions. Pour ce qui est de l'Egypte, la Tunisie et le Gabon, les
gouvernements se sont engagés à ouvrir le secteur privé
aux hommes d'affaires des
pays concernés ainsi que ceux du Cameroun. Ces pays
faut-il souligner offrent des opportunités réelles de partenariat
et de complémentarité avec le Cameroun.
On peut également mettre à l'actif des
commissions mixtes en raison de leur importance, des événements
tels que : le séminaire atelier Cameroun-Nigéria sur la
coopération transfrontalière (Yola mai 1992), la réunion
des experts camerounais et nigérians sur les questions de
frontières (Yaoundé, août 1993) qui a notamment abouti
à la reconnaissance, par la partie nigériane de la
validité de la déclaration de Maroua de 1975 portant
délimitation de la frontière maritime entre les deux pays
(137).
3- L'état des liens entre le Cameroun et ses
partenaires.
Entre novembre 1992 et décembre 1997 période au
cours de laquelle FerdinandOYONO coordonne les « affaires de dehors
», le Cameroun a noué des relations diplomatiques avec une douzaine
de pays. C'est le cas avec la République Sud-Africaine, le Guatemala, le
Paraguay, la Jamaïque, Singapour, l'Indonésie, le Pakistan,
l'Ukraine, l'Irlande, la Slovaquie et la Tchéquie. En outre, des
consulats honoraires ont été créés dans plusieurs
pays : en Italie (Gêne, Messine, Turin, Naples), au Costa Rica, en
Afrique du Sud (Johannesburg) et au Liban (Beyrouth) ( 138).
Parallèlement, le Cameroun a vu ses liens
renforcés avec les autres Nations en raison du climat de paix et de
stabilité qui y régnait. C'est ainsi que de nombreux pays ont
accrédité de nouveaux ambassadeurs au Cameroun en remplacement de
ceux arrivés en fin de séjour. C'est notamment le cas du Canada,
des Etats-Unis, de la Belgique, des Pays-Bas, de la France, du Royaume Uni, de
la Suède, du Tchad, de la Norvège, du Gabon, de la Pologne,
d'Israël, de la Turquie,
137 138
de l'Iran, de l'Union Européenne, de la Grès, de
l'Indonésie et du Saint Siège(139). Le Cameroun de son
côté a accrédité des représentants
diplomatiques en Espagne, Grande Bretagne, Danemark, Suède,
Norvège, Grèce, France, Gabon, Ethiopie, Russie et aux
Etats-Unis(140). Par ailleurs, on ne saurait oublier l'ouverture
d'une ambassade à Prétoria le 2 juin 1997.
a) Avec la Chine
Dans le cadre des liens bilatéraux, l'un des tout
premiers voyages officiels qu'effectue Ferdinand OYONO en tant que MINREX est
en Chine, le 11 janvier 1993. Yaoundé et Beijing entretiennent depuis
près de deux décennies, des relations fructueuses et cordiales.
C'est ainsi que moins de deux mois après sa nomination comme ministre
des Affaires étrangères, Ferdinand OYONO qu'assistent madame YAOU
Aïssatou, ministre des Affaires sociales et de la Condition
féminine et Francis NKWAIN, ministre délégué
auprès du ministre des Affaires étrangères reçoit
son homologue Chinois QIAN QUICHEM. Au cours de cette visite, il est
procédé à la signature d'une lettre de confirmation d'un
don de 100 000 000 (Cent millions) de francs CFA du gouvernement chinois au
gouvernement camerounais destiné à la construction d'un atelier
de couture pour handicapés de sexe féminin. A l'issue des
entretiens, Ferdinand OYONO et QIAN QUICHEM ont relevé le
caractère symbolique de ce don qui s'inscrivait dans le cadre de
coopération fructueuse qui liait les deux pays (141).
On ne saurait parler de la coopération
Sino-Camerounaise entre 1992-1997 sans mentionner l'accord portant sur le
jumelage des provinces du Sud-Cameroun et de Hubei ; encore moins de l'accord
de prêt sans intérêt de trois milliards de Fcfa
accordé à Yaoundé par Beijing. L'enveloppe initiale de ce
prêt a bénéficié d'une rallonge de deux milliards de
Fcfa, suite à un protocole additionnel signé
139
140 141
dans la capitale camerounaise le 13 août
1996(142). Il y' a lieu de souligner que la plus part des projets de
coopération sino-camerounais sont déjà été
réalisés ou en cours de réalisation ; à l'instar du
don d'engins de forage au Centre National d'Etudes et Expérimentation du
Machinisme Agricole (CENEEMA) déjà réalisé, le
projet de construction d'une usine de fabrication de glaces, la construction
des routes etc.
b) Avec la France
Avec la France, les relations sont restées cordiales.
Relations d'échanges et beaucoup plus d'assistance à l'endroit du
Cameroun, malgré l'ambitieux projet manqué du chef de la
diplomatie camerounaise le 28 avril 1994.
En effet, le ministre Ferdinand OYONO, est au centre du projet
de transformation de l'Institut National de la Jeunesse et des sports (I.N.J.S)
en Institut international de la Jeunesse et des sports (I.I.J.S)
réunissant le MINREX, le MINJES et les services de la primature. Ce
projet multilatéral ne sera jamais réalisé et pour cause
la France principal partenaire de l'ancienne structure (I.N.J.S) n'ayant jamais
été informé dudit projet. Les fonds nécessaires au
financement soit 700 millions de francs CFA apprêtés à cet
effet n'ont pas été versés (143).
Incompréhension ? Malentendu entre parties ? Ou mauvaises intentions des
promoteurs ? On ne saurait répondre par l'affirmative à ces
interrogations.
Toutefois, des négociations entre le gouvernement
camerounais représenté par Augustin F. KODOCK, ministre du plan
et le gouvernement français représenté par Pierre
Jacquenot, chef de Mission française de coopération et d'action
culturelle au Cameroun aboutirent le 19 juillet 1994 à la signature
d'une convention de financement de 700 000 000 f CFA pour l'exécution du
« complexe d'entraînement du sport d'élite à fonction
régionale » (144).
142 143 144
Ces relations d'amitié, d'échanges et de
fraternité entre le Cameroun et ses partenaires lui ont permis dans une
certaine mesure, de pouvoir s'affirmer sur la scène internationale.
B-la coopération multilatérale
En dehors des relations bilatérales, le Cameroun a
noué d'autres liens avec des institutions internationales
spécialisées à partir desquelles il a reçu des
aides en espèces et en nature ainsi que des experts pour la
réalisation des projets de développement. A cet effet on peut
relever la présence et le rôle de Ferdinand OYONO en tant que
MINREX durant certaines Conférences internationales, lors du sommet de
l'OUA à Yaoundé en 1996, et surtout dans la signature d'accords
multilatéraux.
1- La participation du MINREX aux Conférences
internationales
Le triptyque de la diplomatie camerounaise, durant le passage
de Ferdinand Léopold OYONO à la tête du MINREX, est le
rayonnement, la présence et la participation. C'est ainsi qu'on a pu
voir le ministre des Relations Extérieures aux côtés du
Président Paul Biya lors de diverses conférences internationales
telles que présentées par le tableau n°2 ci-après.
Participation du Cameroun aux conférences
internationales.
Sommet
|
Lieu
|
Année
|
OUA
|
Dakar
|
1992
|
Francophonie
|
Maurice
|
1993
|
OUA
|
Tunis
|
1994
|
France-Afrique
|
Biarritz
|
1994
|
Francophonie
|
Cotonou
|
1995
|
50 ans OUA
|
New-york
|
1995
|
Commonwealth
|
Auckland
|
1995
|
OUA
|
Addis Abéba
|
1995
|
Conf. Mondiale sur le développement Social
|
Copenhague
|
1995
|
51e Assemblée générale de
l'ONU
|
|
|
Alimentation
|
New-York
|
1996
|
OUA
|
Rome
|
1996
|
|
Lomé
|
1997
|
Tableau dressé à partir des données du
MINREX
Il ressort de ce tableau que le Cameroun a été
présent sur la scène internationale de 1992 à 1997
où il a pu renforcer ses liens avec d'autres Etats dans le cadre
multilatéral.
Par ailleurs, on note la participation du ministre des
Relations extérieures à toutes les Assemblées
générales de l'ONU de la 47e à la
51e session. Le MINREX a également assisté à
tous les conseils de ministres de l'OUA de 1992 à 1997. Ferdinand OYONO,
en tant que MINREX, a représenté le chef de l'Etat à
plusieurs conférences également. C'est le cas du sommet des chefs
d'Etat et de gouvernements du Commonwealth à Limassol (Chypre) en 1993,
du sommet des chefs d'Etat et de gouvernements des pays des grands lacs (Arusha
1 et 2, Nairobi 1 et 2) portant sur la crise dans les grands lacs ainsi que la
première réunion du comité international de
médiation sur la crise congolaise qui s'est tenue à Libreville
en 1997(145). Dans ces travaux auxquels prennent
part les présidents du Gabon, Tchad, Bénin, Mali,
Sénégal, Togo, RCA, Guinée-Équatoriale, Ferdinand
Léopold OYONO a représenté le Cameroun en lieu et place du
Chef de l'Etat Paul BIYA. Les travaux visaient à trouver un accord de
cessez -le- feu à propos de la crise qui opposait le Président
Pascal LISSOUBA, le Chef du gouvernement Bernard KOLELAS et le
Général d'armée Denis SASSOU NGUESSO, leader des Forces
Démocratiques Unies (FDU).
Au terme de cette réunion, les parties se sont
engagées à régler la crise par la poursuite des
négociations politiques sous l'égide du Comité
international de médiation présidé par le Chef de l'Etat
gabonais OMAR BONGO.
Le ministre des Relations Extérieures Ferdinand OYONO a
participé à tous les sommets France Afrique depuis 1994, de la
Francophonie organisés depuis 1992, ainsi qu'à diverses
conférences internationales; on peut relever par exemple sa
participation:
- aux conférences des Ministres des Affaires
Etrangères et au septième sommet de l'O.C.I de Casablanca en
1994,
- au Comité des cinq sur l'embargo imposé à
la Libye qui s'est rendu
successivement à Tripoli et à New York, enfin au
sommets du mouvement
des non-Alignés qui se sont tenu en Indonésie en
1992 et en Colombie en
1995(146).
Parallèlement à sa participation à ces
conférences internationales à l'extérieur, le Cameroun a
également été l'hôte de quelques rencontres
internationales ou a accueilli les dirigeants de ces organisations (Cf. tableau
n°3).Ce fut le cas des conférences des ministres des Finances de la
Zone franc en 1992, de la cinquième conférence mondiale de
l'ONUDI en 1993, du congrès mondial sur le Sida et du sommet des chefs
d'Etats de l'UDEAC en 1994.
145 146
Visites des dirigeants des organisations
internationales au Cameroun de
1992 à 1997
NOM
|
Statut
|
Année de la visite
|
HAMID ALGABID
|
Ancien SG de l'OCI
|
1992, 1993, 1995
|
AHMED MOHAMAD ALI
|
Président Banque Islamique du
Développement
|
1993
|
ENAM AHMED
|
Vice-Président Banque Islamique du
Développement
|
1993
|
ANTHONY GOODENOUGH
|
Secrétaire d'Etat Adjoint de la Grande Bretagne
chargé des affaires étrangères et du Commonwealth
|
1993
|
BOUTROS BOUTROS
|
Secrétaire Général de l'ONU
|
1993
|
Chief EMEKA ANYAOKOU
|
Secrétaire Général du Commonwealth
|
1993
|
Jean Louis ROY
|
Secrétaire Général de l'ACCT
|
1993
|
Délégation conduite par
KAMAK HOSSEN
|
Du secrétariat général du Commonwealth
|
1993
|
Jacques DIOUF
|
Directeur Général du FAO
|
1995
|
NICK HARE
|
Secrétaire Général Adjoint du
Commonwealth
|
1996
|
Anatole TIENDREBEOGO
|
Secrétaire Général Adjoint de l'OUA
|
1996
|
SALIM AHMED SALIM
|
Secrétaire Général de l'OUA
|
1996
|
Mission spéciale de l'ONU
|
Sur l'affaire BAKASSI
|
1996
|
IBRAHIMA FALL
|
Sous-Secrétaire Général des Nations
Unies chargé des questions politiques
|
1997
|
Source : tableau dressé
à partir des données tirées du livre intitulé
Cinq ans de progrès avec Paul BIYA
De ce qui précède, il résulte que la
diplomatie camerounaise sous Ferdinand OYONO a été dynamique et
imaginative, ce qui lui a permis de relever nombre de défis tout en
assurant le rayonnement du pays dans le monde.
2- Le sommet de l'OUA à Yaoundé
C'est au cours du trentième (30e ) sommet de
l'OUA tenu en Tunisie en juin 1994 que le Cameroun est désigné
pour abriter la conférence des chefs d'Etat de l'Organisation
panafricaine deux ans plus tard. En 1995, Ferdinand OYONO rentrant
d'Addis-Abeba ne se fait plus de souci dans la mesure où son pays vient
d'apurer ses arriérés de cotisation s'élevant à 500
millions de F CFA (147) auprès de l'OUA.
Membre fondateur de l'organisation, le Cameroun n'avait jamais
abrité un sommet de l'OUA. Pourtant le diplomate OYONO faisait partie de
la délégation(148) qui s'était rendue à
Addis-Abeba à la suite du Président Ahidjo le 25 mai 1963 pour
participer à la création de cette Organisation. Il donne les
raisons de la tenue du sommet de l'OUA à Yaoundé en ces termes
:
`' ... le Cameroun en tant que membre fondateur entendait
ainsi apporter une fois de plus sa contribution au progrès de l'Afrique,
au progrès de l'OUA. Ceci fait partie des responsabilités
normales attachées à la qualité de membre d'une
organisation internationale ... `' (149).
Au cours de la réunion préparatoire dudit sommet,
le comité d'experts de l'organisation africaine a retenu trente cinq
thèmes relevant des domaines divers :
147 148 149
politique, économique, social, financier de la
coopération multilatérale et politique extra continentale de
l'OUA, etc. (150)
Ainsi pas moins de 31 chefs d'Etat, de chefs de gouvernement,
de ministres et de chefs de délégations venues de tout le
continent africain auront répondu au rendez-vous de la capitale
camerounaise. Pour la réussite d'une telle entreprise, c'est au ministre
des Relations extérieures qu'incombe une des plus lourdes tâche
des préparatifs, à savoir s'assurer et veiller à la bonne
tenue et à la participation effective des différentes
délégations, en vue d'un établissement ou d'un
renforcement des liens de coopération.
Le sommet de l'OUA de Yaoundé, de l'avis de certains
observateurs afro pessimistes, ne devait pas se tenir compte tenu de
l'absentéisme notoire du Président BIYA à presque tous les
sommets de 1983 à 1991 d'une part, du climat sociopolitique qui
régnait en Afrique dans les années 1990 caractérisé
par les conflits ethniques, les guerres frontalières d'autre part. A
tous ceux là, Ferdinand Léopold OYONO, Vice- Président du
comité national d'organisation dudit sommet et l'un des principaux
artisans de sa tenue avait répondu au cours d'une interview en
prélude au sommet de Yaoundé en ces termes :
`' ...Nous déplorons comme vous ces conflits qui
déchirent le continent. Ils constituent, hélas un obstacle
réel au développement économique et social des pays
concernés ; mais en aucun cas ils ne sauraient être la preuve de
l'échec de la dynamique unitaire inspirée par l'OUA. L'OUA est un
organe de concertation et de décision par excellence, les rencontres
périodiques des chefs d'Etat et de gouvernement
150
voire les différents conseils des ministres ne sont
que la partie visible de l'iceberg... `'(1151)
Sur le plan politique et social, l'actualité africaine
était marquée par la psychose qui régnait au Burundi.
Toutefois, les participants ont pu débattre également des
conflits (152) du Rwanda, Libéria et de Somalie. Une
résolution portant sur le maintien de la paix et de la
sécurité fut prise.
Hormis ces problèmes de paix qui affectaient le
continent africain, la rencontre de Yaoundé a permis de débattre
des questions économiques régionales mais également de la
promotion d'un développement durable etc....(3153)
Parlant du rôle de l'OUA sur la situation
économique des pays d'Afrique, le chef de la diplomatie camerounaise
déclare :
`' ... Les problèmes liés à la
décolonisation du continent, à l'Apartheid étant
déjà réglés, il était important pour
l'organisation de s'attaquer aux questions essentielles de la survie et du
bien- être des peuples. Une partie des discussions aura porté sur
la mise sur les rails du traité d'Abuja instituant la Communauté
économique africaine entrée en vigueur en mai 1994...
`'(4154)
Le sommet de Yaoundé, a permis aux différents
participants de débattre sur les questions de dette extérieure,
de la situation socio-économique de l'Afrique, de la coopération
et de l'intégration économique régionale. La promotion
d'un développement durable, le maintien de la paix et de la
sécurité, tout comme la gestion de l'environnement et la
promotion de la culture et des industries africaines n'ont pas
été en reste (155).
151 152 153 154 155
Au total, le sommet de l'OUA de 1996 a été pour le
chef de la diplomatie camerounaise,
`'... le rendez-vous d'une Afrique qui, consciente des
enjeux de l'heure devait se préparer pour le troisième
millénaire ; débarrassé de ses tabous. Ce fut bien
évidemment un succès pour notre diplomatie...
`'(156)
S'il est vrai que le rôle de Ferdinand OYONO dans les
préparatifs du 32e sommet de l'OUA a été
très important, il n'en demeure par moins que le chef de la diplomatie
camerounaise aura parfois outrepassé son domaine de compétence.
Ce fut le cas du problème qui se pose au sujet d'une structure de l'OUA
basée à Dschang, le Centre africain de recherche et de formation
phytosanitaire (CARFOP).
En effet, le CARFOP était une institution de formation
de cadres africains de conception dans le domaine de la protection des
végétaux et des récoltes. Les membres directeurs du CARFOP
étaient nommés par le Secrétaire général de
l'OUA. En mars 1994, le directeur général du CARFOP, Jacob FOKO,
se trouve en démêlés avec Ferdinand OYONO, MINREX, pour
« refus d'exécution » (157).
Le ministre camerounais des Relations extérieures est
entré en discorde avec le Secrétaire Général de
l'OUA pour avoir voulu imposer un directeur autre que celui nommé par
Salim Ahmed Salim alors que les textes de l'OUA ne lui donnait aucun droit de
poser un tel acte. La Présidence de la République du Cameroun
informé par les protestations du Secrétaire Général
de l'OUA va réagir par la voix de son Secrétaire
général Titus EDZOA demandant à OYONO de surseoir au
limogeage de Jacob FOKO ou de le rétablir dans ses fonctions.
156 157
Mais Ferdinand Léopold OYONO n'a pas cru devoir
obéir aux instructions de sa hiérarchie. Ce bras de fer entre
OYONO et Salim Ahmed Salim mit près d'un mois jusqu'à ce qu'ordre
soit donné au Recteur de l'Université de Dschang de
procéder, avec au besoin le secours de la police, à la
réinstallation de Jacob FOKO ( 158)
Abus de pouvoir ? Rancune ou malentendu entre les parties
concernées? Addis- Abeba en particulier ? Il est difficile de donner un
jugement. Toutefois, on sait qu'avant le déclenchement de ce
différend en 1994, le Cameroun faisait partie des Etats africains
considérés comme des mauvais payeurs à l'OUA accusant plus
de deux milliards d'arriérés de cotisation(159).
La nature des liens entre Yaoundé et Addis -Abeba
à propos de ce différend est resté fort heureusement, sans
effet sur la coopération multilatérale.
3- La signature d'accords
multilatéraux.
Entre 1992 et 1997, le Cameroun a procédé
à la signature de plusieurs accords qui ont contribué au
développement du pays. Ainsi, sur les aspects sociaux,
économiques et politiques, on peut citer entre autres, les accords de
coopération Cameroun - UNESCO du 20 janvier 1993, relatif au programme
international pour le développement de la commutation, (P.I.D.C) ou
encore l'accord de siège Cameroun - Secrétariat ONU relatif au
centre d'information des nations Unies à Yaoundé en
1994(1160).
Le 16 Août 1995, Ferdinand OYONO a reçu le Dr
Hamid Algabid, Secrétaire général de l'organisation de la
conférence Islamique (O.C.I). Excepté l'entretien portant sur les
préparatifs de la conférence des ministres des Affaires
étrangères des pays membres de l'OCI prévue en
Guinée en décembre 1995, les deux personnalités ont
parlé de la coopération entre l'O.C.I et le Cameroun,
malgré le statut du Cameroun comme Etat membre à part
entière de cette organisation, il
158 159 160
sera procédé à la signature d'un accord
de financement pour la construction des lieux de Kousseri, le barrage de Song -
loulou d'un montant de (23 milliards de FCFA) et la Cellucam (4,8 milliards de
F.CFA). F. L. OYONO qualifiera de bonne la coopération entre son pays et
l'O.C.I et surtout réaffirmera la détermination du Cameroun
à participer aux prochaines assises de l'O.C.I (161).
La date du 16 août 1995 va cadrer également avec
l'admission du Cameroun comme 52e pays membre du Commonwealth, il
faudrait attendre quatre mois environ pour voir le Cameroun signer de nouveau
accord. En effet, le 19 décembre 1995, le ministre des Relations
extérieures Ferdinand OYONO et Danielle Benjamin représentant du
bureau national du Fonds des nations unies pour l'Enfance (UNICEF) ont
procédé à la signature d'un accord de base qui fixe les
conditions dans lesquelles l'UNICEF, dans la limite de son mandat et dans le
cadre des opérations des Nations unies, va coopérer avec le
Cameroun. Le ministre camerounais dans son allocution a dit que:
`' ... cet instrument cadre balise les conditions
d'articulation du dialogue fructueux que le gouvernement ne cesse de poursuivre
avec les nations unies en général et l'UNICEF en particulier,
afin de permettre à celui-ci et à ses partenaires
opérations, d'établir des stratégies
isectorielles qui sauvegardent et la mission du fonds qui est
d'assurer la survie, la protection et le développement de
l'enfant... `'(162).
Cette assistance de l'UNICEF, ne constitue pas la fin de la
série d'accords multilatéraux que le Cameroun, par
l'intermédiaire de son ministre des Relations
161 162
extérieures, a signé au cours de son passage au
MINREX cinq années durant. Il y eut d'autres parmi lesquels:
-L'accord de siège Cameroun - Organisation pour
l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (O.H.A.DA) ; signé par
OYONO et le Secrétaire permanent de l'O.H.A.D.A .
Ce traité relatif à L'O.H.A.D.A. avait
été signé par quatorze Etats africains portés
à 16 à Port Louis (Ile Maurice) le 17 octobre 1993 ; il a pour
objet l'harmonisation du droit des affaires dans les Etats parties grâce
à l'adoption de règles communes simples, modernes en oeuvre de
procédures judiciaires appropriées, et par l'encouragement au
recours à l'arbitrage pour le règlement des différends
contractuels (163).
- En matière de sport, l'accord de siège
signé entre le gouvernement camerounais représenté par
Ferdinand OYONO, le ministre de la jeunesse et des sports Samuel MAKON, et la
Confédération Africaine de Football (CAF) que représentait
son Président Issa Hayatou. C'est au cours de la 22e
Assemblée générale de ladite organisation, tenue à
Johannesburg en janvier 1996 qu'il avait été décidé
de la prise de toutes les mesures nécessaires pour l'ouverture d'une
structure de la CAF à Yaoundé (164). Ou encore
l'accord de siège Cameroun -Organisation du Sport Militaire en Afrique
signé à Yaoundé en 1996.
C- L'Organisation de l'Outil diplomatique Camerounais.
Il s'agit de montrer dans cette partie l'action de Ferdinand
OYONO, dans l'organisation, l'amélioration des structures du
département ministériel dont il a la charge.
163 164
1-le statut et la vie des diplomates
Camerounais
En période de crise économique dans les
années 1990, bien avant l'arrivée de Ferdinand OYONO à la
tête du MINREX, le manque de moyens contraignit l'Etat Camerounais
à revoir à la baisse le nombre d'agents dans ses
représentations diplomatiques. Le diplomate OYONO, proche collaborateur
et ami du chef de l'Etat Camerounais, ne parvint pas à maintenir un
important nombre de diplomates à l'étranger. Un diplomate
(165) se souvient de ce qui fut dès lors
considéré comme une psychose et déclare à cet effet
:
`' On se disait que Monsieur OYONO proche du
président, réussirait à plaider notre cause sur cette
réduction salariale, malheureusement ce fut une déception. Il a
fallu attendre deux ou trois ans pour qu'on réhabilite les salaires ...
`'.
Entre temps on a assisté à des manoeuvres de
diverses natures de ces derniers. Des diplomates qui faisaient la manche, des
diplomates affamés, le personnel féminin pratiquant le plus vieux
métier du monde pour survivre etc. On a observé cette situation
à Ottawa, à Berne, la Haye, Djeddah et Ndjamena.
Un rapport de la représentation diplomatique d'Ottawa
vient éclairer cette réduction salariale ; celui-ci fait
état d'une baisse de Septembre à Octobre 1993, de non perception
pour les mois de novembre et décembre 1993, le changement du taux
préférentiel qui est passé de 185, 20 F.CFA pour un dollar
Canadien à 417 F.CFA (166). Cette situation de crise
économique qui se manifeste au Cameroun par la baisse des salaires ne va
pas être propice à la bonne gestion du ministère des
165 166
Relations extérieures. Ainsi, dans les services
extérieurs dudit département ministériel des abus de
presque toute nature sont observés : trafic, vol,
mendicité....
A Paris par exemple, malgré les menaces d'expulsion
dont les diplomates sont l'objet, on signale l'arrêt de deux trafiquants
des faux timbres fiscaux. Phostin Djoutsop et Robert Moundoubou, tous agents
chargés de la préparation des visas, mettent au point entre
août et décembre 1994, une parade de substitution de timbres
fiscaux (167), remis par les usagers. Cette pratique permit à
nos deux agents d'encaisser un pactole de 11 874000 F CFA (168).
L'acte posé par nos deux diplomates ne pouvait que
traduire la situation de misère dans laquelle nos diplomates se
trouvaient dans leurs représentations diplomatiques. Par ailleurs du
côté de Moscou, les arriérés de paiement en instance
peuvent être évalués à près de trente trois
millions de francs CFA.
Face à ce constat, Ferdinand OYONO n'est pas
resté amorphe ; dans les correspondances du 27 juin et 1er
juillet 1994 qu'il adresse au Secrétariat Général de la
Présidence de la République du Cameroun, il reconnut vertement la
situation dramatique de ses fonctionnaires en ces termes :
`' Le gouvernement belge menace d'expulser de
manière irrévocable monsieur Tamwo et Ngollo Ngama diplomates
camerounais en poste à Bruxelles si règlement dettes
intéressées n'est pas effectué avant le 30 juin 1994
`'
Et de préciser dans une autre lettre
167 168
`' L'ambassade du Cameroun à Bangui connaît
pratiquement un arrêt d'activités depuis octobre 1992, date du
dernier mouvement de fonds d'un montant de 30 millions de FCFA»
(169)
Le chef de la diplomatie camerounaise Ferdinand OYONO,
conscient de ce que peut éprouver un fonctionnaire loin de son pays, a
tenté de revoir le statut des diplomates. Malheureusement, la signature
de cet important texte qui prévoyait l'amélioration de la
condition du diplomate n'eut pas lieu avant le départ de Ferdinand OYONO
à la tête du MINREX. C'est un dossier qui est resté en
suspend à la présidence de la République, nous attendons
toujours avec espoir déclare un diplomate (170) en
fonction.
L'année 1996 sera pleine de modifications dans le
fonctionnement de l'appareil diplomatique camerounais.
2- Dans la restructuration de l'appareil diplomatique et
consulaire Camerounais
Dès le 26 septembre 1996, sous la supervision du chef
de l'Etat, l'on va assister à la restructuration de l'appareil
diplomatique et consulaire du Cameroun. Cette restructuration porte sur les
points suivants : la réduction des effectifs du MINREX, l'entretien des
immeubles diplomatiques et l'extension des locaux des services centraux du
MINREX.
a) La réduction des effectifs
En dépit de l'importance des services rendus pour le
bon fonctionnement de la diplomatie camerounaise, le MINREX va devoir
réduire son effectif ; ainsi sur 494 personnes en service hors du
Cameroun, le chef de l'Etat prescrit le rappel de
169 170
243 personnes soit une réduction de 49,19% des
effectifs en poste à l'étranger (171). Dans cette
optique, le nombre d'agents recrutés sur place beaucoup mois
coûteux va sensiblement augmenter pour compenser le vide crée par
le rappel des agents administratifs et domestiques.
Un diplomate se souvient de cette décision revoyant les
effectifs à la baisse :
`' Ce fut une décision très difficile
à comprendre ; car ce n'est pas au moment où on avait besoin
d'agents dans nos ambassades qu'il fallait plutôt les ramener au pays la
preuve en est que nous sommes sous représentés chiffre à
l'appui `' ( 172)
b) L'entretien des immeubles diplomatiques et l'extension
des locaux des services centraux du MINREX
S'il est vrai que l'on peut placer à l'actif de
Ferdinand OYONO le projet d'extension des locaux pour des raisons de logistique
et d'organisation dont une dotation financière fut prévue dans le
budget d'investissement public de 1992, on ne saurait oublier son action dans
l'entretien des locaux diplomatiques camerounais.
Malgré la crise économique qui rend difficile
l'entretien des édifices, le paiement des factures d'eau,
d'électricité, de téléphone, ou de loyer, un effort
financier supplémentaire sera fait pour la réfection de certains
immeubles ; c'est le cas des représentations diplomatiques de Londres et
d'Ottawa, où des crédits de 220 millions de FCFA et de 20
millions FCFA seront alloués respectivement (173).
171
PHOTO N°4
172
Après avoir dirigé les activités du
MINREX cinq années durant, Ferdinand OYONO est remplacé à
la suite du remaniement ministériel du 7 décembre 1997 par
Augustin KONTCHOU. Le « vieux nègre » (174) bien
qu'ayant été muté pour le ministère de la culture,
ne quitte pas pour autant la scène diplomatique camerounaise ; il
devient l'Eminence grise du chef de l'Etat Paul BIYA.
D - Le Ministre d'Etat : Eminence grise pour les affaires
diplomatiques.
Bien qu'ayant quitté le poste de ministre des Relations
extérieures oüFerdinand OYONO a continué à
jouer un rôle actif dans la définition, l'orientation
et l'application des décisions dans le domaine
diplomatique du Cameroun. C'est ainsi qu'on remarque sa présence dans
les rencontres diplomatiques telles que les visites officielles à
l'extérieure, aux côtés du chef de l'Etat, dans les
conférences internationales, les grandes négociations etc. Cette
présence implique-t- elle sa participation continue dans les
négociations diplomatiques du Cameroun ? On essaiera de trouver des
éléments de réponses dans les cas suivants : la
présence de Ferdinand OYONO dans les conférences internationales,
son omniprésence aux côtés du chef de l'Etat.
1 - La présence de Ferdinand OYONO aux
conférences internationales
Comment expliquer qu'après le départ de
Ferdinand OYONO du Ministère des Relations Extérieures, celui-ci
continue à s'immiscer dans les affaires diplomatiques ?
173 174
Ce fut le cas du sommet de la Francophonie en janvier 2001,
où, en lieu et place du responsable de tutelle Augustin Kontchou
Kouemegni, c'est Ferdinand Léopold Oyono qui fut chargé de
prononcer le communiqué final de cette importante rencontre
internationale.
Dans d'autres cas, il accompagne le chef de l'Etat lors de ses
déplacements à l'étranger à l'occasion de certaines
réunions importantes, ce fut le cas de Genève en 2002 sur la
question de Bakassi, ou de Tokyo en 2003 sur le développement pour ne
citer que les plus récents.
Pourrait-on dire que c'est l'expérience diplomatique ou
la marque d'attachement au style diplomatique de Ferdinand Léopold OYONO
qui pousse le chef de l'Etat à lui faire confiance ? Question un peu
difficile à répondre par l'affirmative car, pourquoi ne l'avoir
pas maintenu au poste de MINREX si ce style et cette admiration étaient
des arguments justificatifs de l'acte Présidentiel.
Nous pouvons tout de même penser que l'acte du chef de
l'Etat répond au principe de responsabilité, de compétence
et de confiance: confier à OYONO certains dossiers parce qu'il est
expérimenté et compétent cela ne souffre d'aucun doute.
Mais il est aussi un ami de longue date (175) du chef de l'Etat.
175
PHOTO N°5
2 - Une présence permanente aux côtés
du chef de L'état
Ferdinand Léopold OYONO après plus de trente
cinq années au service de la diplomatie camerounaise est un diplomate
chevronné, un proche collaborateur et conseiller du chef de l'Etat
camerounais. On peut l'expliquer à travers sa présence dans
presque tous les voyages du chef de l'Etat Paul BIYA, bien qu'étant
Ministre d'Etat en charge de la culture. En Afrique comme en Occident,
Ferdinand Léopold OYONO est peu absent aux déplacements officiels
que privés du Président camerounais.
Au cours des conférences internationales, à
l'instar du sommet de l'ONU tenu à New-york en 1999 on peut voir
Ferdinand OYONO installé immédiatement à la droite du
Président de la République du Cameroun ; alors que le MINREX,
Augustin KONTCHOU, était assis un peu plus loin. Il apparaît
dès lors comme le premier collaborateur diplomatique du Président
BIYA.
Récemment encore, lors du voyage effectué
à Genève le 15 novembre 2002, par le Président BIYA pour
rencontrer son homologue Nigérian dans le cadre de l'application du
verdict de la C.I.J établissant la Camerounité de la
péninsule de Bakassi, en présence du Secrétaire
général des Nations Unies, Ferdinand OYONO faisait partie de la
délégation. De même, lors de la visite officielle du chef
de l'Etat à Londres le 12 mars 2004, il est le premier de la suite
présidentielle à être présenté au responsable
des Affaires Etrangères anglais Valérie AMOS, par le
président Paul BIYA suivant l'ordre protocolaire. En outre lorsque le
Président BIYA se rend aux Etats Unis le 20 mars 2003, sur invitation du
Président George BUSH ou en France rencontrer son homologue Jacques
CHIRAC, Ferdinand. OYONO occupe les devants protocolaires de la suite
présidentielle. Il en est de même des voyages en Asie, comme celui
du 27 septembre 2003 au Japon pour les travaux de la troisième
conférence internationale de Tokyo sur le développement de
l'Afrique.
Cet aspect de chose nous permet de comprendre le rôle de
l'écrivain diplomate Ferdinand Léopold OYONO après son
départ du Ministère des Relations Extérieures en
décembre 1997, dans une diplomatie qualifiée par le chef de
l'Etat Paul BIYA « de diplomatie de présence, de participation
active et du rayonnement » (176) Il est toujours proche du chef
de l'Etat ; ce qui nous laisse croire qu'il apparaît comme étant
son premier conseiller diplomatique au vu de sa carrière, de son
expérience et surtout des liens amicaux qui unissent les deux hommes.
176
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cet essai biographique sur le diplomate Ferdinand
OYONO, une tentative de synthèse est plausible. S'il est vrai, qu'il
n'est pas aisé de cerner de façon précise la
personnalité Ferdinand Léopold OYONO, en raison de sa vie
multidimensionnelle, et partant complexe, il n'en demeure pas moins que
beaucoup s'accordent à lui reconnaître un esprit tantôt
humoristique, pas ostentatoire ; tantôt sérieux, pédagogue,
cultivé, discret mais toujours émaillé de finesse. Ce sont
là des qualités d'un diplomate. Le style diplomatique de
Ferdinand OYONO semble voguer en fonction des circonstances et des
interlocuteurs.
Chef de mission diplomatique pendant environ un quart de
siècle, Ferdinand Léopold OYONO a été l'homme de
plusieurs situations en matière de politique extérieure. C'est
ainsi qu'il fait partie de la délégation conduite par le
Président Ahmadou Ahidjo en vue de mettre sur pied l'OUA en 1963. Il
participe en outre à la même période aux
négociations de Paris et de Bruxelles qui aboutissent à la
signature de la convention de Yaoundé I. Par ailleurs il
représente son pays au sein de divers organes de l'ONU.
Pendant qu'il préside aux destinées du
ministère des Relations extérieures, le Cameroun accueille pour
la toute première fois un sommet de l'OUA. C'est lui qui entame des
négociations et plus tard des poursuites judiciaires à propos de
l'épineux dossier Cameroun-Nigéria sur la question de la
presqu'île de Bakassi. Ce dossier abouti en 2002 en faveur du Cameroun.
En matière de politique intérieure malgré un contexte
économique difficile, Ferdinand OYONO, apporte quelques touches
personnelles dans l'organisation du département dont il a la charge :
l'extension des locaux du MINREX, à travers l'agrandissement des
bâtiments ; il initie un projet sur le statut du diplomate, un projet de
relance de la conférence des
ambassadeurs; projets dont l'approbation revient au chef de
l'Etat, qui sont restés en suspend jusqu'à son départ. Ces
initiatives selon des diplomates (177) seraient les bienvenues.
Même s'il est vrai que l'action diplomatique de
Ferdinand OYONO a porté des fruits, il n'en demeure pas moins qu'elle a
parfois fait l'objet d'incompréhensions et de critiques aussi bien au
sein du corps diplomatique Camerounais que celui accrédité
à Yaoundé. Ferdinand OYONO, ami et proche collaborateur du chef
de l'Etat, Paul BIYA, occupe trop d'espace sur la scène diplomatique
camerounaise au point d'enfreindre les règles protocolaires les plus
élémentaires. Par ailleurs certains diplomates estiment que OYONO
n'a pas su exploiter son amitié avec le chef de l'Etat au profit de la
carrière des diplomates, ce qui aurait pourtant permis d'éviter
des situations regrettables qu'on connaît ou qu'on a connu auprès
de nos missions diplomatiques.
Dans une diplomatie qualifiée par le président
Paul BIYA de participation et de rayonnement, Ferdinand Léopold OYONO,
écrivain et diplomate, a assisté le chef de l'Etat dans presque
tous ses voyages tant officiels que privés, c'est ce qui a toujours
donné à l'opinion publique l'impression que c'est un intime du
Président de la République qui en a fait, malgré son
départ du MINREX, son éminence grise en matière
diplomatique.
177
SOURCES ET REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
|
LISTE DES PHOTOGRAPHIES ET DES TABLEAUX
Photos : Pages
Photo N°1 : Portrait de Ferdinand
Léopold OYONO x
Photo N°2 : S.E. Ferdinand OYONO au cour du
sommet des « Six-Dix-huit » des
EAMA tenu à Bruxelles ... 44
Photo N°3 : S.E. Ferdinand OYONO
consulté par le Président Paul BIYA
au cour d'un sommet international 83
Photo N°4 : S.E. Ferdinand OYONO proche des
Présidents Paul BIYA,
Olusegun OBASANJO, et du SG de l'ONU Kofi ANNAN après
la rencontre de Genève 83
Photo N°5 : S.E. Ferdinand OYONO serrant la
main au Président
Nigérian après la rencontre de Genève
...85
Tableaux :
Tableau n°1 : Les rencontres des
commissions mixtes entre le
Cameroun et ses partenaires 1993 - 1997 ...63
Tableau n°2 : Participation du Cameroun
aux conférences internationales....67
Tableau n°3 : Visites des dirigeants des
organisations internationales
de 1992 - 1997 au Cameroun .70
I - SOURCES ORALES : INFORMATEURS
93
Noms des Informateurs
|
Profession
|
Age
|
Dates de l'entretien
|
Lieu de l'entretien
|
1- M AFA'A
|
Petit-frère
|
|
|
Ngoazip 1
|
Vincent
|
d'Oyono
|
55ans
|
3/12/2003
|
|
|
Diplomate retraité
|
|
|
Yaoundé
|
2-BEHALAL Ambroise
|
collaborateur d'OYONO
|
|
11/12/2003
|
|
|
Diplomate retraité
collaborateur de F.
|
|
|
|
|
Oyono à Londres,
|
|
3/12/2003
|
Yaoundé
|
3- M. BOUM
|
Conseiller
|
|
26/12/2003
|
|
Alexis
|
Technique N°1 au minrex de 1991-
|
|
|
|
|
1994.
|
|
|
|
4- Mme
|
Petite soeur
|
|
|
|
ETOUNGOU
|
d'Oyono
|
54ans
|
8/08/2002
|
Yaoundé
|
Cécile
|
|
|
|
|
|
Diplomate, Collaborateur
|
|
|
|
5- M
|
d'Oyono à New
|
|
23/12/2003
|
Yaoundé
|
|
MONTHE Tommo
|
york, SG au minrex sous
|
|
13/12/2003
|
|
|
Oyono.
|
|
|
|
6-Mgr
|
|
|
|
Yaoundé
|
OWONO
|
Évêque d'Obala
|
|
11/10/2003
|
Obala
|
MIMBOE
|
|
|
2/04/2004
|
|
Jérôme
|
|
|
|
|
|
|
|
14/12/2003
|
|
|
Ministre d'Etat en
|
75ans
|
04/12/2003
|
Yaoundé
|
7-M.OYONO
|
charge de la culture
|
|
02/01/2004
|
Ebolowa
|
Ferdinand
|
|
|
16/01/2004
|
|
|
Attaché culturel
|
|
|
|
8- M O-BECHIR
|
ambassade d'Algérie
|
|
23/02/2004
|
Yaoundé
|
|
Premier Secrétaire
|
|
|
|
9- M TOBY
|
d'Ambassade du
|
41ans
|
5/03/2004
|
Yaoundé
|
S DAN
|
Libéria
|
|
|
|
II - BIBLIOGRAPHIE
A - Ouvrages
1. EFOUA MBOZO'O Samuel, l'Assemblée Nationale
à la croisée des chemins, Hérodote
2. GAILLARD Philippe, Le Cameroun, tome I, Paris,
l'Harmattan, 1989
3. KOM Ambroise, Mongo Beti Parle, Bayreuth University,
2002,197p
4. LEVINE Victor T, Le Cameroun du mandat à
l'indépendance, tome 2, Paris, 1964
5. NGNIMAN Zacharie, Nigeria Cameroun la guerre permanente ?
Éditions CLE, Yaoundé, 1996
6. BAKOTO Salomon, Un certain itinéraire,
éditions des écrivains, Paris, 2001
7. BAYART J.F, L'Etat au Cameroun, Presses de la
fondation des sciences politiques, Paris, mars 1985.
8. KEUTCHA Jean, Un Pays, des Hommes, un Continent,
Paris, Presses du Management, 1991.
9. MOUELLE KOMBI Narcisse, La politique
étrangère du Cameroun, Paris, l'Harmattan, 1996
10. NDAM NJOYA Adamou, Le Cameroun dans les relations
internationales, Paris, LGDJ, 1976
11. NGAYAP Pierre Flambeau: Le Cameroun qui gouverne ? de
AHIDJO à BIYA, l'héritage et l'enjeux, Paris, L'Harmattan
1983.
12. OYONO Dieudonné, Avec ou sans la France, la
politique Africaine du Cameroun depuis 1960, Paris, L'Harmattan,
1990
B - Thèses et Mémoires
Thèses
1- Alphonse Marie TONYE, « les commissions mixtes dans
la diplomatie camerounaise, contribution à la connaissance de la
diplomatie et de la politique étrangère du Cameroun »,
Thèse de Doctorat, IRIC, 1989
2- Raymond A EBALE, « L'Europe et l'Afrique: la
décolonisation à la coopération pour le «
développement ». L'exemple des relations économiques entre
la C.E.E et le Cameroun 1960-1990 », thèse de Doctorat 3e cycle,
Université de Paris VII, juin 1996, Tome 2.
Mémoires
1- ABARRY ABOU, « l'Organisation de l'Unité
Africaine et la libération de l'Afrique : le cas de la Namibie »,
Rapport de stage diplomatique, IRIC, juin 1981.
2- ABONA OMOKOMO Suzanne Pulchérie, « Aimé
Raymond N'THEPE Aristocrate et Diplomate Douala », mémoire de
Maîtrise, UYI, 2002.
3- BATENGUENE Raphaël, « les Obstacles au
partenariat politique Cameroun France et leur incidence sur le
développement du Cameroun », mémoire de maîtrise en
Histoire, UYI, 2002.
4- OWONA Etende Raphaël, « Les rapports entre le
Cameroun et les pays d'Afrique Noire Francophone (1963-1973) » IRIC,
1985
5- OWONO MIMBOE Jérôme, « OYONO Ferdinand :
L'homme et l'oeuvre » mémoire D.E.S Littérature
négro-africaine, Université Fédérale du Cameroun,
1975. 156 P
6- CHOUALA Yves A, « Le Monde selon Yaoundé,
lecture géopolitique de la distribution des services extérieurs
du Ministère des Relations Extérieures », Rapport de stage
diplomatique, IRIC, 1999.
7- MESSIA MESSIA Serges, « Les Conventions de
Yaoundé, et leur impact sur le développement
socio-économique du Cameroun de 1963 à 1975 »,
mémoire de DEA en Histoire, Université de Yaoundé I,
2001-2002.
E -Publications diverses et Journaux
Publications diverses
1- Les Cahiers de mutations, n°007
2- ABC des Nations Unies, New -York, octobre 2001
3- Philippe ESSOMBA « vingt ans de présence
internationale », in L'UNITE ed. Spéciale xxe
anniversaire de l'accession au Pouvoir d'Ahmadou AHIDJO, février 1978,
Lamaro
4- 1992-1997 Cinq ans de progrès avec Paul BIYA,
une publication du cabinet civil de la présidence de la
République du Cameroun, 1998,227p.
Journal officiel
- n°1351 du 3 février 1960
- 3 e année n°1 du 10 décembre
1962
- 5 e année n°23 du 1er
décembre 1965
- 6 e année n°3 du 1er
février 1966
- 9 e année n°24du 23 décembre 1969
- 23e année, n°1 du 5 janvier 1983
- 24 e année n°15 du 15 août 1984
Jeune Afrique Economie
- N° 218, du 20 mai 1996
- Cap sur l'an 2000, hors série
La presse du Cameroun
- N° 3195, du 31 décembre 1960 - N° 3312, du
22 décembre 1960 - N° 3274, du 21 mars 1961
- N° du 11 novembre 1966
ACAP
- N° 249, du 13 décembre 1960 - N° 5921 du
1er septembre 1995 - N° 2429, du 15 juillet 1996
- N° 2289 du 21 décembre 1995 - N° 6402 du 31
juillet 1997
- N° 2683 du 21 juillet 1997 - N° 5299 du 12 janvier
1993
- N° 6419 du 17 août 1995 - N° 6115 du 10 juin
1996
Le messager
- N° 393 du 22 août 1994
- N° 395 du 31 octobre 1994 - N° 413 du 30 janvier
1995
La nouvelle Expression
- N° 241 du 21 - 24 mars 1995
NOTES EXPLICATIVES ET DE REFERENCES
1- Jean Salmon, Dictionnaire de droit international
public, Bruxelles, Bruylant, 2001, p 407
2- Pradier FODERE, Cours de droit diplomatique, tome1,
p 2.
3- Pradier FODERE, op cit. P.2
4- Ferdinand OYONO écrira un troisième
intitulé Chemin d'Europe, Paris, Julliard, 1964
05-Excepté Simon NKO'O ETOUNGOU qui est passé deux fois
à la tête du Minrex, F.OYONO
,après Jean KEUTCHA, est le seul à avoir
passé cinq années sans être remplacé, de
septembre
1992 à Décembre 1997.
6- L'expression est de Narcisse Mouelle Kombi pour signifier le
champ d'action du Ministère des Affaires étrangères.
7- De façon officielle ce n'est pas F L OYONO le
MINREX, mais sa proximité, les tâches lui confiées par le
chef de l'Etat, sa participation aux conférences internationales, font
de lui le ministre qui agit dans l'ombre. (Voir le titre D du quatrième
chapitre.)
8- Ngo Bikai bi Bikai, Benoît BALLA ministre des affaires
étrangères, mémoire DIPES II, ENS, 1999, p27.
9- P. Flambeau NGAYAP : Cameroun qui gouverne ? De AHIDJO
à BIYA, l'héritage et l'enjeu, Paris, L'Harmattan, 1983.
10- A. NDAM NJOYA, Le Cameroun dans les relations
internationales, Paris, LGDJ, 1976
11- N. MOUELLE KOMBI, La politique étrangère
du Cameroun, Paris, l'Harmattan, 1996.
12- J.F. BAYART, L'Etat au Cameroun, Presses de la
fondation des Sciences Politiques, Paris, 1985.
13- D. OYONO, Avec ou sans la France, la politique Africaine
du Cameroun depuis 1960, Paris, L'Harmattan, 1990.
14- P. ESSOMBA « vingt ans de présence
internationale », in L'UNITE ed. Spéciale xxe
anniversaire de l'accession au Pouvoir d'Ahmadou AHIDJO, février 1978,
Lamaro
15- Ahmadou AHIDJO Dix ans au service de la Nation
1958-1968, une publication du Cabinet civil de la présidence de la
République Unie du Cameroun, 1969,147p
16-1992-1997 Cinq ans de progrès avec
Paul BIYA, une publication de la présidence de la République
du Cameroun, 1998,227p
17- J. OWONO MIMBOE, `' OYONO Ferdinand : L'homme et l'oeuvre `'
mémoire D.E.S en Littérature négro-africaine,
Université Fédérale du Cameroun, 1975. 156 P
18- R. OWONA Etende, `' Les rapports entre le Cameroun et les
pays d'Afrique Noire Francophone (1963-1973)», Rapport de Stage
diplomatique, IRIC, 1985
19- Ami personnel et proche collaborateur du chef de l'Etat,
OYONO est peu présent à Yaoundé, il passe la plus part de
son temps aux côtés du président Paul BIYA.
20- Il s'agit du groupe de Casablanca avec pour membre l'Egypte,
la Chine, le Ghana, la Guinée, l'URSS....
21- C'est le groupe de Brazzaville qui plus tard devient le
groupe de Monrovia ou groupe des modérés.
22- Ngoulemakong est un arrondissement de la Province du Sud,
département de la Mvila peuplé des Bene et des Fong.
23- J. OWONO MIMBOE, entretien du 11 octobre 2003, à
Obala.
24- J. OWONO MIMBOE. «Ferdinand OYONO
25- Nom d'un des Rois de la tribu Fong, doté de pouvoirs
mystiques dont la seule évocation du nom apporte du réconfort.
26- Petite soeur de Ferdinand Léopold OYONO
27- Cécile OYONO épse ETOUNGOU, entretien du 17
novembre 2003 à Yaoundé.
28- Mission catholique d'un quartier d'Ebolowa situé vers
la sortie de la ville.
29- V. AFAA, entretien du 8/08/02 à Ngoazip I.
30- J .Owono Mimboe, op Cit., P. 44.
31- OYONO fait partie du mouvement Scout de son
établissement, s'intéresse en outre au théâtre, il
est taquin, brouillant
32- J .Owono Mimboe, ibid.
33- F. L. OYONO, entretien du 4 décembre 2003 à
Yaoundé.
34- S.P. ABONA OMOKOMO, « Aimé Raymond N'THEPE
Aristocrate et Diplomate douala », mémoire de Maîtrise, UYI,
2002.
35- J .Owono Mimboe, op. Cit. P. 47.
36-- Le vieux nègre et la
médaille, et Une vie de boy sont édités
à Paris par Julliard, la même année (1956).
37- J .Owono Mimboe, op cit, p 148.
38- Sainville L., Anthologie de la littérature
négro-africaine, p279, cité par Jérôme Owono
Mimboe, op cit, p148.
39- Culture Infos, `'Ferdinand Léopold OYONO,
Biographie officielle» , Publication du Ministère de la Culture,
n°3, 2004. à Yaoundé.
40- En effet Mongo Béti s'indigne de voir Ferdinand
OYONO étudiant discret et apolitique, défendre les
intérêts du régime d'AHIDJO en 1960 et dont la politique
était contestée par presque toute l'intelligentsia
camerounaise.
41- A. KOM, Mongo Beti parle, Bayreuth University,
2002, p. 78.
42- Arrêté n°3178 du 15 septembre 1959 portant
désignation des stagiaires des services diplomatiques, in Journal
Officiel de L'Etat du Cameroun du 30septembre 1959, p.1331
43- Il s'agit de MM. Oyono Ferdinand, Sengat-Kuo François
et Ngando Black.
44- P. GAILLARD, Le Cameroun, tome 1, Paris,
L'Harmattan, 1989, p. 210.
45- Les cahiers de mutation, n°007, novembre 2002,
p.7
46- P. GAILLARD, op. Cit. p.210.
47- A. KOM, op. Cit. p. 78
48 V. T Le Vine, Le Cameroun du Mandat
à l'indépendance, tome 2, Paris, 1964, P. 37
49- A. KOM, op cit, p. 79.
50- Il s'agit des pays à tendance Communiste notamment
l'URSS, la Chine, le Ghana, la Guinée ...
51- P. GAILLARD, op. Cit. p.223.
52- La presse du Cameroun n°3195, du 13
décembre 1960.
53- La presse du Cameroun, ibid.
54- Agence Camerounaise de Presse (ACAP) n° 249,13
décembre 1960.
55- La presse du Cameroun, ibid.
56- ACAP, n° 249, 13 décembre 1960.
57- Ce refus se justifie par le fait que l'URSS et les pays
d'obédience communistes apportaient du soutien aux Mouvements
nationalistes en Afrique, ce qui déstabilisait l'ordre dans ces
colonies
58- ACAP, op cit.
59- Ibid.
60- La presse du Cameroun, n° 3212, du jeudi,
22 décembre 1960.
61- C'est un style diplomatique tantôt humoristique, mais
ferme, plein de finesse et doté d'une absence de complexe.
62- La presse du Cameroun, ibid.
63- La Presse du Cameroun, op. cit
64- ACAP, n° 136, 28 juillet 1960, ANY
65- ACAP , n° 156, 22 août 1960, ANY
66 Nations Unies. Document officiel de
l'Assemblée Générale, cité par Samuel EFOUA
MBOZO'O, l'Assemblée Générale du Cameroun à la
croisée des chemins, Hérodote, 1994, p.
22-23.-
67-. Ibid
64
68- - La Presse du Cameroun, n°
3274, du 21 mars 1961.
69- F.L. OYONO entretien du 24 décembre 2003 à
Yaoundé.
70- Nations Unies, Documents officiels de l'Assemblée
Générale 15e session add. Au point 13 de l'ordre du
jour 1960-1961.Rapport du Commissaire aux plébiscites pour le Cameroun
sous administration Royaume -Uni, paragraphe 297,soit 233 571 suffrages pour la
seconde solution, et 97 741 pour la première(doc a/4727).Cité par
Samuel Efoua Mbozo'o, op cit,p.23
71- La position de la République du Cameroun à
la suite du plébiscite des 11 et 12 février 1961dans la partie
septentrionale du territoire du Cameroun sous administration du royaume unie de
grande Bretagne et Irlande du nord.Ed.par le ministère des affaires
étrangères et le secrétaire d'Etat en information de la
République du Cameroun (1961).Cite par Samuel Efoua Mbozo'o, op Cit
p23.
72- Ceux-ci étaient des consultants pour le chef de
l'Etat, à propos des questions internationales ; exemple lors de la
création de l'OUA en 1963, six diplomates font partie de la
délégation des douze qui se rend à Addis-abeba, donc F.
Oyono.
73- ABARRY ABOU, l'Organisation de l'Unité Africaine
et la libération de l'Afrique : le cas de la Namibie, Rapport de
stage diplomatique, IRIC, juin 1981 p. 43
74- A.B.C. des Nations Unies, New York, octobre 2001,
page 323.
75- F.L. OYONO, entretien du 27 décembre 2003 à
Yaoundé.
76- Y. A. CHOUALA, Le Monde selon Yaoundé, lecture
géopolitique d e la distribution des services extérieurs du
Ministère des Relations Extérieures, Rapport de stage
diplomatique, IRIC, 1999, P. 141.
77- Le groupe de contact est composé des pays occidentaux
: la France, le Canada, la République Fédérale Allemagne,
les Etats Unis, et l'Angleterre.
78- M. Kamto, J.E. PONDI, L. Zang, l'OUA
rétrospectives et perspectives africaine, cité par ABARRY
ABDOU op. Cit. p. 44
79- Abarry Abdou, op cit, p. 44
80- Ahmadou AHIDJO, Anthologie des discours.
81- A.B.C. des Nations Unies, op. Cit. p. 323.
82- Archives bureau de l'information de l'ONU à
Yaoundé.
83- ACAP, n°92, du 05 novembre1977, ANY.
84- Journal officiel de la République Unie du Cameroun,
1er juin 1979 page 230.
85- Nous n'avons pas pu obtenir plus d'informations sur ce
séjour onusien, le concerné prépare actuellement ses
mémoires ; raison pour laquelle il s'est parfois
réservé.
86- Décret N° 60-9 du 19 janvier 1960 art. 2 in
Journal officiel 45e année, N° 1351 du 3 février
1960.
87- TOBY S-DAN, Premier Secrétaire d'Ambassade du
Libéria entretien du 05/03/2004.
88- Alexis BOUM, diplomate retraité collaborateur de M.
F. L. OYONO à Londres, Conseiller technique n°1au MINREX de
1991-1994, entretien du 26/12/03 à Yaoundé
89- A.NDAM NJOYA, le Cameroun dans les relations
internationales, Paris, LGDJ, 1972,p. 10
90- F.L. OYONO, entretien du 27 décembre 2003 à
Yaoundé.
91- Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC),
Université Fédérale du Cameroun.
92- Il s'agit de : la France, l'Allemagne, l'Italie, les Pays
Bas, la Belgique, le Luxembourg.
93- Parmi les 18 des EAMA on a : le Cameroun, le Togo,
Somalie, Burundi, RCA ,Congo Kinshasa,Rwanda,Haute Volta(actuel Burkina
Faso),Niger, Tchad, Côte d'Ivoire, Gabon, Mali, Mauritanie, Congo
Brazzaville, Madagascar, Sénégal, Dahomey (actuel Benin).
94- S.MESSIA MESSIA, `' Les Conventions de Yaoundé, et
leur impact sur le développement socio-économique du Cameroun de
1963 à 1975 `', mémoire de DEA en Histoire, Université de
Yaoundé I, 2001-2002, P. 12.
95- R.EBALE, `' L'Europe et l'Afrique: la
décolonisation à la coopération pour le «
développement ». L'exemple des relations économiques entre
la C.E.E et le Cameroun 1960-1990 `', thèse de Doctorat Nouveau
Régime, Université de Paris VII, juin 1996, T2, P112
96- ACAP, n° 1010 du 16/12/1966 ANY
97- Ibid.
98- Mai 1968 est parti d'une révolte estudiantine en
une crise syndicale qui affecta les milieux socio-économiques voire
politique de la France et même d'Afrique ; avec les fermetures de la
Sorbonne et de l'Université de Dakar.
99- Ahmadou AHIDJO Anthologie des discours,
p.128.
100- R. BATENGUENE, `' les Obstacles au partenariat politique
Cameroun-France et leur incidence sur le développement du Cameroun `',
mémoire de maîtrise en Histoire, UYI, 2002, p.30
101- A. KOM op cit p. 182.
102- Loi n° 74-7 du 16 juillet 1974.
103- De 1974 à 1982 OYONO est le Représentant
permanent du Cameroun à New-York.-
104- O-BECHIR, attaché culturel ambassade
d'Algérie à Yaoundé, entretien du 23 février 2004
à Yaoundé.
105- Arrivé en septembre 1984, il repart le 16 avril1985
suite à sa nomination comme Secrétaire Général de
la Présidence de la République du Cameroun.
106- Alexis BOUM, entretien avec le 26 décembre 2003.
107- Alexis BOUM, entretien avec le 26 décembre 2003.
108- Monthe Tommo, ancien collaborateur à l'ONU de
1974-1981 et au MINREX entretien du 23 / 12 / 2003 à Yaoundé.
109- Le Nigeria partage avec le Cameroun une frontière de
près de 1720 kilomètres.
110- Jeune Afrique Economie, n° 218, 20 mai 1996,
p.8.
111- Ibid.
112- Jeune Afrique Economie, n° 218, 20 mai 1996,
p.8
113- Ahmadou Ali Secrétaire d'Etat à la
Défense, le Général Tataw James, L'ambassadeur du Cameroun
au Nigeria M.Samuel Libock Mbey, M. Lazare Balla, M. Ekaney Nkwelle, M.
Messobot Sep, M. Jaques Alfred Ndoumbé E.
114- Cameroon Tribune, n° 5559, 23 mars
1994.
115- Jeune Afrique Economie, op.cit, P. 9
116-1992-1997 Cinq ans de progrès
avec Paul BIYA, op. cit, p. 130
117- Au cour de la deuxième rencontre de Kara, le
Président EYADEMA parvient à apaiser le différend en
amenant les deux parties à signer un accord de cessation.
118- Z. NGNIMAN, Nigeria Cameroun la guerre permanente ?
Éditions CLE, Yaoundé, 1996, p. 31
119- Jeune Afrique Economie, op.cit, P. 11
120- Z. NGNIMAN, Ibid, p 35.
121- Ibid.
122- Mrs A. BOUM, Monthe TOMMO, A. BEHALAL etc.
123- Monthé Tommo entretien du 13 décembre 2003
à Yaoundé.
124- Entretien avec Alexis Boum, le 3 décembre 2003
à Yaoundé
125- Z. NGNIMAN, op cit, p. 94.
126-1992-1997 Cinq ans de progrès
avec Paul BIYA, op. cit, p. 126
127- A. M. TONYE, « les commissions mixtes dans la
diplomatie camerounaise, contribution à la connaissance de la diplomatie
et de la politique étrangère du Cameroun », Thèse de
Doctorat, IRIC, 1989, p142.
128- Tommo MONTHE, entretien du 23/12/ 2003 à
Yaoundé
129- Ndam NJOYA A., op cit P. 163.
130- Cameroon Tribune, n°5921, du
1er septembre 1995.p.4
131- Cameroon Tribune, n°5921, ibid, p 4.
132- Cameroon Tribune, op cit.
133- Cameroon Tribune, n° 2683, ibid, p. 5.
134- Le Cameroun est limitrophe au Sud par le Gabon.
135- Cameroon Tribune, op cit.
136- Archives Minrex
137- A. M. TONYE, op cit, p. 127
138- 1992-1997 Cinq ans...p.125
139- Archives Minrex (Direction Affaires Europe)
140- Ibid
141- Cameroon Tribune, n° 5299, 12 janvier
1993
142-1992-1997 Cinq ans..., p.127.
143- Le Messager, n° 383, 22 août 1994.
144- Ibid
145- Archives Minrex (Direction Affaires africaines)
146- Ibid
147- Jeune Afrique Economie « Cameroun Cap sur
l'an 2000 », Hors série P. 22
148-Ce groupe comptait 12
personnalités: S.E. Ahmadou Ahidjo, Jean Faustin Betayéné,
Joseph Owono, Yadji Abdoulaye, Ferdinand OYONO, Sissoko Cheik, Nko'o Etoungou,
F. X. Tchoungui, Ngando Black, Bernard Fonlon, Djihoulou Maha
149- F.L. OYONO, entretien du 16 janvier 2004
à Yaoundé.
150- Cameroon Tribune, n° 2429, lundi 15 juillet
1996 ; P. 5 .
151- Interview accordée à Cameroun
Tribune n° 6115 du 10 juin 1996
152- D'importantes pertes en vie humaines n'épargnant pas
les enfants encore moins les femmes sont la résultante de ces
conflits.
153- Jeune Afrique Economie, « Cameroun Cap sur
l'an 2000 », Hors série, p. 48.
154- F.L.OYONO, entretien du 13 janvier 2004 à
Yaoundé.
155- Jeune Afrique Economie « Cameroun Cap sur
l'an 2000 », op.cit, P. 48.
156- F.L.OYONO entretien du 16 janvier 2004 à
Yaoundé.
157- M. Jacob FOKO refuse la déclaration
d'indemnités du nouveau comptable du CARFOP M. Kanna passant de 300 000
F CFA lorsqu'il était inspecteur des finances au Ministère des
finances à 600.000 F CFA une fois au CARFOP; pourtant il était
convenu que le salaire propre du comptable devait continuer à être
versé par le gouvernement.
158- Le messager, n° 395, du 31 oct. 1994, p.
6
159- Op. cit.
160- Archives Minrex (Direction ONU)
161- Cameroon Tribune, n° 2289, du 21
décembre 1995, p.13
162- Cameroon Tribune, n° 6417, du 17
Août 1995, p.11
163- Cameroon Tribune, n° 6402, du 31juillet
1997, p.16
164- Cameroon Tribune, n° 6419, du 16 janvier
1995, p.15
165- Informateur ayant requis à l'anonymat
166- le messager, n°413, 30 janvier 1995,
p.6
167- Ces timbres une fois divisés étaient
apposés sur le passeport de façon entière et
réglementaire ce qui ne faisait pas douter l'usager.
168- la Nouvelle Expression, n°241, du 21 au 24
mars 1995, p.6
169- La Nouvelle Expression, ibid.
170- Informateur ayant requis à l'anonymat
171- 1992-1997 Cinq ans de progrès avec Paul
BIYA, Op. cit.p.136.
172- Informateur ayant requis à l'anonymat
173- La Nouvelle Expression, n°241, op.cit p.6
174- C'est le pseudonyme donné à Ferdinand OYONO
par les Camerounais ; suite à son roman célèbre
intitulé le vieux nègre et la
médaile.
175- C'est en 1958 que Paul BIYA fait la connaissance d'OYONO
en France ; le premier est nouvel étudiant le second vient d'achever son
cycle de Licence en Droit à l'Université de Paris. Les deux se
retrouvent à Bruxelles au cours du sommet CEE-EAMA où Paul BIYA
est stagiaire envoyé par son Ecole de formation, OYONO lui Ambassadeur
à Bruxelles.
176- Cameroon Tribune, n° 7968, du 6 novembre
2003, p.12
177- AlexisBoum, Tommo Monthe, Ambroise Behalal
6 7
9
9
10
42
43
46
47
48 49 52 53
53 54 55 56 57 58
61
62 63 64
66
67 68
69
73
74 75 76
79 82 82 83 84 85
|