WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Ferdinand Léopold OYONO: le diplomate

( Télécharger le fichier original )
par Georges Patrice ETOA OYONO
Université de Yaoundé I - mémoire de maà®trise en histoire 2004
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

INTRODUCTION GENERALE

La politique étrangère du Cameroun à partir de l'an 1960, s'avère un thème délicat et complexe ; l'une des principales raisons de cette complexité, tient à la personnalité des acteurs en poste et à leurs styles qui peuvent parfois différer d'une personnalité à l'autre. Mais ces positions peuvent également refléter les orientations du Chef de l'Etat en matière de politique étrangère du Cameroun. Parmi ces hommes qui ont concouru à la bonne marche de la politique étrangère du Cameroun, plusieurs n'avaient pas de formation de diplomate; la plupart d'entre eux, fonctionnaires et cadres de première heure, sont devenus Ambassadeurs ; c'est le cas de Rostand MVIE, Benoît BINDZI, Christian Tobie KUOH, Mahmoudou HAMAN DICKO, Aimé Raymond NTHEPE, Joseph OWONO NKOUDOU, Philémon BEB A DON, Simon NKO'O ETOUNGOU, Luc AZOLA, Gabriel HAPI TINA, Paul NGOKO, Ferdinand Léopold OYONO, François SENGAH KUO, NGANDO BLACK. Pourtant, d'autres sont des diplomates de carrière formés dans une école spécialisée à l'exemple de Jacques Roger BOOH BOOH, Mairie Simone, Jean Baptiste BELEOKEN, BILOA TANG, François Xavier NGOUPEYOU, AHANDA etc. Dès lors, comment apprécier la politique étrangère du Cameroun de 1960 à nos jours sans définir le terme diplomate. Jean Salmon présente le diplomate comme une personne qui fait partie du service diplomatique d'un Etat déterminé, qu'elle soit en poste auprès d'une organisation internationale ou auprès d'un Etat étranger ou en service à l'administration centrale(1). Pradier FODERE, quant à lui, présente le diplomate comme celui qui est chargé d'une fonction diplomatique ou qui s'occupe de la diplomatie (2). C'est donc l'art de représenter le gouvernement et les intérêts de son pays auprès des gouvernements et dans les pays étrangers ; de veiller à ce que les droits, les intérêts,

la dignité de sa patrie ne soient pas méconnus au dehors ; d'administrer les affaires internationales et, soit de diriger, soit de suivre, conformément aux instructions reçues, les négociations politiques.(3) Ferdinand Léopold OYONO fait partie de ces jeunes camerounais formés qui ont eu la lourde tâche d'assurer, dès l'indépendance, la gestion diplomatique de leur pays.

Formé dans les Universités et grandes écoles françaises, il présente sans conteste un parcours exceptionnel.

En effet, c'est en 1956, alors qu'il n'était encore qu'un simple étudiant, que OYONO se révèle au public à travers ses deux romans, (4) Le vieux nègre et la médaille et Une vie de boy, dans lesquels il fustige les pratiques sociales coloniales.

A l'analyse, Ferdinand OYONO qui s'attaque au bon vieux contraste noir et blanc avec une vigueur sympathique et un humour désinvolte, joue les ambassadeurs de la culture camerounaise et même africaine.

En poste à l'étranger depuis les années soixante, ce diplomate chevronné a une longue histoire diplomatique qui se présente à nous aujourd'hui. Des Nations - Unies au Liberia, en passant par Bruxelles, Paris, Alger, Londres, il a fréquenté les arcanes diplomatiques. Et, plus tard il sera le 2e après Jean KEUTCHA, à détenir le record de longévité d'un dirigeant à la tête du Ministère des Relations Extérieures(5). Un tel parcours fait de Ferdinand Léopold OYONO un personnage dont l'action diplomatique mérite d'être étudiée.

L'objectif de ce travail est par conséquent de contribuer à la compréhension du rôle joué par Ferdinand Léopold OYONO dans le rayonnement, le déploiement et l'affirmation de la diplomatie Camerounaise.

Du point de vue chronologique, cette étude commence en 1960. En effet, cette année marque l'accession du Cameroun à l'indépendance, elle constitue également le début de la carrière diplomatique de Ferdinand OYONO, en sa qualité de délégué du Cameroun aux Nations Unies. Cette carrière est interrompue

officiellement en décembre 1997 avec son départ de la direction du département des « affaires du dehors » (6). Il est vrai que Ferdinand OYONO a continué à assurer les fonctions diplomatiques comme éminence grise (7) du chef de l'Etat Paul BIYA bien qu'étant ministre d'Etat en charge de la culture. Mais nous avons limité notre travail à la date de 1997.

Dès le 1er janvier 1960, le Cameroun est accepté comme Etat souverain par la communauté internationale. Soucieux d'améliorer le climat de trouble tant interne qu'externe dans lequel le Cameroun accède à l'indépendance, le Chef de l'Etat Ahmadou AHIDJO a mis sur pied une politique étrangère visant à légitimer le pouvoir de Yaoundé vis-à- vis des Organisations Internationales, et surtout des pays étrangers qui, pour la plupart, continuent de soutenir la rébellion menée par l'Union des Populations du Cameroun (UPC) (8)3 Pour y parvenir, il doit s'entourer d'un potentiel humain. Une question se pose par conséquent : quels ont été le rôle et la place de Ferdinand Léopold OYONO dans la constitution du « système diplomatique du Cameroun » ?

Derrière cette question centrale, il y a des questions secondaires :

Qui est Ferdinand Léopold OYONO ? Comment a-t-il été éduqué et formé ? Comment intègre-t-il la diplomatie camerounaise ?

Ses qualités d'écrivain sont-elles à l'origine de son parcours diplomatique ? Quel rôle et quelle place occupe-t-il dans la mise en place de la politique étrangère du Cameroun ? En somme, quel bilan peut-on établir de sa carrière diplomatique de 1960à 1997? Telle est la problématique de cette étude.

Pour réaliser ce travail, nous avons eu recours aux sources conventionnelles de la reconstruction historique : archives, ouvrages, rapports, revues, journaux et interviews. Nous avons collecté, analysé, confronté et critiqué les documents des diverses sources.

1-les sources écrites

Comme sources écrites, nous avons exploité les archives et des documents imprimés. Les sources d'archives ont fait l'objet d'un examen minutieux ; celles des Archives Nationales de Yaoundé nous ont fourni la grande partie de nos informations. Les documents imprimés ici comprenaient des ouvrages, des thèses, des mémoires et des rapports de stages. C'est l'occasion de mentionner la place de choix de certains ouvrages classiques dans la connaissance de la politique étrangère du Cameroun de 1960 aux années 1990.

- Pierre Flambeau NGAYAP, dans Cameroun : qui gouverne ? de AHIDJO à BIYA, l'héritage et l'enjeu, (9)1 parle de l'organisation administrative camerounaise au lendemain de l'indépendance. Il ressort en quelques pages (quatres) les relations diplomatiques établies par le Cameroun en Afrique et hors de l'Afrique.

- Le Cameroun dans les relations internationale (10)2 de Adamou NDAM

NJOYA, analyse l'activisme du Cameroun sur la scène internationale une

fois indépendant le 1er janvier 1960.

- Narcisse MOUELLE KOMBI, dans son ouvrage intitulé, La politique étrangère du Cameroun, (11)3) analyse la politique étrangère du Cameroun de 1960 à 1995. Il fait l'état de la « présidentialisation » de cette politique étrangère depuis 1960, analyse de façon comparative l'organisation du Ministère des affaires étrangères. Enfin, l'auteur jette un éclairage sur l'encadrement de la diplomatie de Yaoundé et sur ses manifestations.

- Jean François BAYART, auteur de L'Etat au Cameroun,(12) analyse la vie politique du Cameroun avant et après l'indépendance ; il analyse les modes d'exercice du pouvoir, tout en insistant sur la présidentialisation de celui-ci, en particulier dans le domaine de la politique étrangère du Cameroun. Dans cette recherche, nous ressortirons l'action de Ferdinand OYONO après l'indépendance tout en insistant sur le mode de gestion des grands dossiers.

-L'ouvrage Avec ou sans la France, la politique Africaine du Cameroun depuis 1960,(13) de Dieudonné OYONO présente la politique africaine du régime d'AHIDJO de 1960 à 1973.

Des études ont également été consultées sur la politique étrangère du Cameroun, ainsi que des travaux portant sur le personnage.

- Philippe ESSOMBA dans son article intitulé `'vingt ans de présence internationale `' in L'UNITE(14), fait un bilan des vingt années de règne du Président AHIDJO. Il présente les réalisations politiques économiques et socioculturelles du Président camerounais.

- Ahmadou AHIDJO, Dix ans au service de la Nation 1958-1968(15), ce document fait un état des dix années d'Ahmadou AHIDJO au service du Cameroun ; il souligne les différentes étapes difficiles et les progrès réalisés par M AHIDJO en matière de politique étrangère de 1958 à 1968.

- 1992-1997 Cinq ans de progrès avec Paul BIYA (16), secteur par secteur d'activité, cet ouvrage présente les réalisations faites par le Président Paul BIYA

- Jérôme OWONO MIMBOE, `'Ferdinand OYONO : L'homme et l'oeuvre `' (17), après avoir fait une présentation de l'écrivain, l'auteur analyse dans un style purement littéraire le genre de l'oeuvre de Ferdinand OYONO.

-Raphaël OWONA Etende, `' Les rapports entre le Cameroun et les pays d'Afrique Noire Francophone (1963-1973) `',(18) analyse la nature des relations entre le Cameroun et ses pairs francophones d'Afrique noire ; il montre comment les décisions de Yaoundé sont concertées au sein de ce groupe.

Comme nos prédécesseurs, nous avons été confronté à l'inaccessibilité de certains documents du ministère des Relations extérieures portant sur des accords, des rapports de travaux etc, lesquels auraient pu enrichir ce travail après un examen minutieux et une bonne analyse. Toutefois, nous avons pu avoir une idée du séjour

record de Ferdinand OYONO au service de la diplomatie camerounaise. En dehors des ces sources écrites, nous nous sommes aussi servis des sources orales.

2- les sources orales

La réalisation d'un tel travail ne pourrait se réduire aux informations tirées du personnage étudié, c'est pourquoi, tenant à le rendre objectif nous avons pris la peine de vérifier de temps à autre les informations contenues dans les documents écrits ou celles fournies par les informateurs. A cet effet, nous avons interrogé des personnes ressources telles : Ferdinand OYONO lui-même, des collaborateurs et témoins de son action comme MONTHE TOMMO, collaborateur aux Nations Unies de 1974 à 1982, S.G MINREX de 1992 à 1998, Ambroise BEHALAL, collaborateur au MINREX , Alexis BOUM, collaborateur à Londres 1981-1986 et Conseiller Technique n°1 au Minrex de 1991à 1994, Mme Cécile ETOUNGOU et M Vincent AFA'A, petite soeur et frère du diplomate OYONO ; son épouse Mme Cécile OYONO et Monseigneur Jérôme OWONO MIMBOE, un de ses cousins.

Quelques documents iconographiques nous ont été également d'une importance capitale.

3- les sources iconographiques

Ce sont pour la plupart des photos de Ferdinand OYONO que nous avons obtenu de son épouse ou des archives. Il s'agit des périodes au cours desquelles il était à Bruxelles lors d'un sommet CEE-EAMA tenu le 29 octobre 1966 ; aux côtés du ministre adjoint des affaires économiques et du plan M Victor ATEBA. Nous avons Ferdinand Léopold OYONO près du chef de l'Etat Paul BIYA lors du sommet de TOKYO le 30 septembre 2003. OYONO aux côtés des présidents Paul BIYA, OLUSEGUN OBASANJO, le secrétaire général des nations unies KOFI

ANNAN en photo de famille après le sommet de Genève tenu le samedi 31 janvier 2004,ou serrant la main du président nigérian.

Un tel travail ne pouvait être effectué sans difficultés. Ainsi nous avons fait face à des difficultés liées à la recherche proprement dite, ensuite à la rédaction de notre mémoire.

Produire un travail de recherche scientifique a toujours été une entreprise difficile. En dehors des problèmes de financement, sur le plan de la recherche, nous nous sommes heurté au problème de la documentation. Au cours de nos investigations, nous avons constaté l'existence de documents importants sur les relations internationales du Cameroun. Mais nous avons eu trop de peine à obtenir le peu d'informations utiles pour ce travail. Dans les bibliothèques de l'Université de Yaoundé I et de l'IRIC, les documents existant bel et bien sur le fichier n'ont pas été retrouvés dans les rayons.

Par ailleurs, le dossier personnel de Ferdinand OYONO au Minrex ne nous a pas été accessible ; selon les responsables des archives du MINREX le personnage est encore en vie. Certains collaborateurs d'OYONO ont manifesté une réserve de répondre à nos questions, préférant nous renvoyer chez le principal concerné.

Aux Archives Nationales de Yaoundé, la conservation laisse parfois à désirer: journaux poussiéreux, délabrés etc.

La difficulté énorme que nous avons eue au niveau des sources écrites, est celle de l'inaccessibilité aux papiers personnels du personnage, Ferdinand OYONO, pas toujours stable et peu disposé à les parcourir(19).

La deuxième difficulté à laquelle nous avons fait face, a été celle de l'établissement des contacts avec nos différents informateurs. Nous avons fait face à la réprobation de certains diplomates à l'instar de : M. Mvondo Ayolo pourtant proche collaborateur de Ferdinand OYONO durant sa gestion du MINREX.

Notons aussi l'inaccessibilité auprès des témoins des questions internationales depuis 1960 tels que M. William Aurélien ETEKI MBOUMOUA, Joseph OWONO NKOUDOU, HAMAN DICKO ou Rostand MVIE, tous collègues diplomates de Ferdinand OYONO.

Par ailleurs, certains informateurs se sont excusés pour des motifs quelconques; Jacques Roger BOOH BOOH, par exemple bien que nous ayant encouragé à la poursuite de notre travail, estime devoir du respect à son aîné (OYONO), et ne saurait parler de lui. D'autres ont dit avoir oublié certaines précisions, d'où l'absence de certaines dates dans notre travail. D'autres enfin, par réticence ou par peur d'être menacé d'avoir fait des déclarations sur la vie d'un proche collaborateur du chef de l'Etat, n'ont pas voulu répondre à notre questionnaire.

Cependant, toutes les informations obtenues à partir des différentes sources ont permis d'organiser ce travail en quatre chapitres.

Le premier chapitre analyse l'environnement sociologique dans lequel naît et évolue Ferdinand OYONO, d'Ebolowa, Yaoundé, Nkongsamba puis Paris de 1929 à 1960.

Le second porte sur le premier poste de travail d'OYONO à savoir New-York, siège des Nations Unies. En tant que représentant permanent, il y séjourne de 1960 à 1961, puis y revient treize ans après (1974 - 1982). Plusieurs questions vont se poser à l'ONU pendant le séjour de Ferdinand L. OYONO ; parmi les plus marquantes, il y a la question liée à l'indépendance du Congo restée longtemps la propriété de Léopold II. Dans une Afrique bipolarisée, il y a d'un côté la tendance progressiste(20) qui encourage le nationalisme au sein des pays Africains, et de l'autre la tendance modérée constituée par le groupe d'Etats qui prônent la négociation pour accéder à l'indépendance(21) et une coopération avec la métropole. Le Cameroun est membre de ce groupe des modérés ; la plupart des

décisions sont concertées entre ces Etats. C'est ce qui justifie la position du Cameroun, à travers OYONO qui, condamne les actes de Patrice LUMUMBA et fait de Joseph KASAVUBU le père de l'indépendance du Congo.

A l'ONU où il passe la plus longue carrière de sa vie en tant que diplomate, Ferdinand OYONO va jouer un rôle dans le dossier de la réunification avec le Cameroun anglophone. En effet, en 1961, le Président AHIDJO fait appel à lui pour une tournée visant à expliquer la position du Cameroun sur la situation du Cameroun du Nord (Northern Cameroon).

Bien que n'ayant pas été aux avant-postes de toutes les questions qui se posent ici, Ferdinand OYONO représente le Cameroun dans les structures de l'ONU, tel le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), le conseil de sécurité, des rencontres internationales, comme c'est le cas avec le sommet des non alignés qui se tient en 1976 à Lima au Perou etc.

Le chapitre troisième fait état de la carrière de Ferdinand OYONO en tant que chef de mission diplomatique du Cameroun. Nous essayons de ressortir son action à la tête des ambassades du Cameroun à Monrovia de 1963 à 1965, dans les pays du Benelux et auprès de la Communauté Economique Européenne (CEE) de 1965 à 1969, à Paris - Alger - Rabah et Tunis de 1969 à 1974, enfin à Alger 1982 -1984 et Londres de 1984 à 1985.

Ce chapitre montre l'implication de Ferdinand OYONO sur certains dossiers, notamment l'état de la coopération entre le Cameroun et ces pays, à l'instar de Bruxelles où sont négociés les accords fixant la convention de Yaoundé I, ou de Paris dans les relations franco-camerounaises de 1969 à 1974.

Le chapitre quatrième de ce travail présente Ferdinand OYONO, Chef de la diplomatie camerounaise de septembre 1992 à décembre 1997, et le Ministre d'Etat, Eminence grise pour les affaires diplomatiques du Président Paul BIYA. Son rôle dans le rayonnement de la politique étrangère du Cameroun de 1992 à

1997, tant sur la coopération bilatérale, multilatérale, que sur l'organisation de l'outil diplomatique camerounais est important. Après avoir montré son rôle sur les questions internationales à l'instar du conflit de Bakassi, les liens entre le Cameroun et ses partenaires, la tenue du tout premier sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en terre Camerounaise, nous présentons Ferdinand Léopold OYONO, comme ami et proche collaborateur du chef de l'Etat Paul BIYA. Il est presque de tous les voyages privés et officiels, participe aux conférences internationales, représente le chef de l'Etat dans certaines conférences malgré la présence d'un ministre des Relations extérieures.

Enfin, la conclusion tente d'établir un bilan de l'action diplomatique de Ferdinand OYONO jusqu'à ce jour.

Il est évident que ce travail contient des lacunes et insuffisances. Ne dit-on pas qu'il n'est pas bon de parler des contemporains ? Notre ambition n'était pas de tout dire sur l'homme qu'est F.L.OYONO. Nous avons voulu contribuer très modestement à la connaissance de l'action d'un homme, de son vivant, qui aura connu un parcours long et exceptionnel dans la diplomatie Camerounaise.

CHAPITRE I

FERDINAND LEOPOLD OYONO : ORIGINE FAMILIALE,

EDUCATION ET FORMATION PROFESSIONNELLE

Il serait difficile de réaliser un travail de recherche de type biographique, sans connaître le personnage ; dans l'optique d'aboutir à des conclusions satisfaisantes, nous avons examiné les origines et le contexte historique dans lequel naît et évolue le diplomate Ferdinand Léopold OYONO.

I- Origine familiale de Ferdinand L. OYONO

C'est presqu'une décennie après la fin de la première guerre mondiale que voit le jour Ferdinand OYONO, le 14 septembre 1929 à Ngoulemakong (22) dans la lignée Mvog Zang ; ses camarades et amis d'enfance l'ont pourtant cru Bene (23) . Une partie du pays vit depuis près de dix ans sous domination française, tandis que l'autre est sous le contrôle britannique.

Fils de Jean OYONO ETOA de la famille Mvog AKOA, son enfance passée à Ebolowa a fait croire qu'il était Bulu ; Ferdinand L. OYONO est un Fong de Ngoazip I, ce groupe avancé des Fong qui, plus pressé que d'autres dans la course vers la mer, s'est trouvé bloqué, isolé entre les Bulu et les Mvog Belinga, leurs compagnons d'échappée (24). Descendant d'une haute lignée dans sa famille Fong, son père était fils de Akam Ntse et neveu d'un homme illustre entre tous et dont le nom sert d'exclamation proverbiale chez tous les Fong : OYONO ETOA MEKONG (25). Le père de Ferdinand OYONO fut reçu le 22 juillet 1922 à l'examen du certificat d'études primaires Elémentaires, en même temps qu'un de ses frères Gabriel Meka OYONO ; le 1er janvier 1923 Jean OYONO ETOA est nommé écrivain interprète au cabinet du Gouverneur du Cameroun à Yaoundé.

Du côté de sa mère, l'ascendance d'OYONO Ferdinand n'est pas du tout la même. En effet la nommée MVODO BELINGA Agnès était la fille de BELINGA EKODO, chef supérieur Bene dont la chefferie, héréditaire se perpétue encore à son siège, Ngoulemakong. C'est principalement aux côtés de sa mère, couturière qu'OYONO va passer son enfance au Cameroun, à cela il y a deux raisons ; d'abord ici l'éducation des jeunes enfants est traditionnellement à la charge des mères. De plus, son père ayant épousé trois autres femmes durant son premier séjour à Ebolowa comme fonctionnaire, n'est plus proche de la mère d'OYONO et de sa fille Elisabeth MFOUMOU (26).

C'est au quartier Abang à Ebolowa non loin de l'Eglise Sainte Anne que madame Mvodo Belinga Agnès va s'installer une fois son mari affecté à Yaoundé. Ferdinand OYONO est à ce jour l'aîné d'une famille de huit enfants dénommés respectivement : Elisabeth MFOUMOU, Vincent AFA'A, Philomène OYONO, Cécile OYONO, Salomé MFOUMOU, Bernadette OYONO, Eugène OYONO (27). Il est marié et père de trois enfants.

C'est dans une ambiance catholique et de proximité de la mission que Ferdinand OYONO va grandir avec les prêtres de la mission d'Abang (28). Pour certains proches, le jeune Ferdinand fait montre d'intelligence, de dynamisme et de sociabilité; à tel point qu'un prêtre l'Abbé Pierre NGOTE (29) songea un moment l'envoyer au séminaire d'Edéa si son père n'avait été polygame ; tandis que pour d'autres c'est un garçon turbulent, taquin et très moqueur.

A-la formation intellectuelle et professionnelle au Cameroun et en France

1- La formation au Cameroun: Du Cours Primaire Supérieure au Lycée de

Nkongsamba.

Très autoritaire, madame Agnès Mvodo BELINGA n'a aucune peine à faire régner la discipline chez elle. Active et habile couturière, elle parvient à subvenir aux besoins de première nécessité de ses enfants. En 1934, Ferdinand OYONO est inscrit à l'école officielle régionale d'Ebolowa. Débordant d'activité, il s'inscrit également au mouvement des éclaireurs (scout). Trop jeune et peut être mal préparé à ces débuts à l'école, Ferdinand OYONO va reprendre son cours préparatoire en 1935 sous la conduite de M. Emile NKOLO (30). Nul n'imagine qu'à cette période, le climat d'agitation qui règne entre les grandes nations déclenchera une autre guerre mondiale qui causera d'énormes pertes humaines et matérielles. La psychose dans laquelle le monde entier est plongé, le milieu peu propice et surtout les multiples activités (31) d'OYONO ne favorisent pas ses progrès scolaires. Ce n'est qu'en 1944 qu'il se présente à l'examen du Certificat d'Etudes Primaires Elémentaires, OYONO est reçu 2e du centre d'Ebolowa tout comme deux de ses camarades NTIMBAN et ONDOA.

Bien mieux, il passe aussi le concours d'entrée au Cours de sélection d'Ebolowa et fait partie de la 3e promotion de cette institution que dirige le

camerounais François SOUN sous la supervision de M. CHABEUF(32). Ferdinand OYONO va passer moins d'un an au cours de sélection d'Ebolowa de mars à décembre de l'année 1945, période au cours de laquelle Il est reçu à l'examen d'entrée à l'Ecole Primaire Supérieure de Yaoundé dont M. Antoine GALEAZZI assurait la direction (33) entre temps on assiste à un règlement de la crise mondiale. En 1946, après la naissance de l'Organisation des Nations Unies, et la transformation du régime de mandat en régime de tutelle, sous lequel était placée l'administration Française au Cameroun, un autre champ d'expérience s'ouvre à Ferdinand OYONO avec cette admission.

En effet, l'Ecole Primaire Supérieure de Yaoundé étant le seul établissement public d'enseignement secondaire du territoire ; l'admission en son sein était sélective. Cette dernière, créée le 25 juillet 1921 par un arrêté du gouvernement de la République Française, précise dans l'article 2 du texte organique que l'institution comprend cinq sections :

- la section enseignement ;

- la section administrative ;

- la section postale ;

- la section géomètre-topographe ;

- la section médecine (34)

La ville de Yaoundé est plus grande et plus importante qu'Ebolowa, mais le jeune OYONO ne s'y perd pas après avoir opté pour la section administration. Il passe par le meilleur moule de fonctionnaires du Cameroun, en compagnie de la future élite intellectuelle, administrative et politique du pays à l'instar de Ferdinand KOUNGOU EDIMA, Bayart NNAZE, Fritz ONDOA, OKONO ABESSOLO, etc. OYONO s'y montre bon élève malgré le train de réformes observées après la deuxième guerre mondiale, qui va entraîner une transformation rapide de ladite école. En effet, les élèves de cette école des cadres administratifs sont transférés au

Lycée de Nkongsamba qui vient d'ouvrir ses portes et dont Ferdinand OYONO est de la deuxième promotion de ce Lycée. En 1949, cette promotion est présentée à l'examen du Brevet Elémentaire auquel OYONO n'est pas reçu. Dépité, son père s'impose le lourd sacrifice de l'envoyer continuer ses études en France à ses frais(35); une éventualité assez rare mais possible pour une certaine catégorie de fonctionnaires.

Il y'a lieu de noter que c'est dans la langue française que Ferdinand L. OYONO se distingue par rapport aux différentes matières et vis-à-vis de ses camarades. Taquin et moqueur, il n'épargne personne, élèves et enseignants. L'une de ses victimes favorites, fut un adjudant retraité M. SOUA NDOUM qui aimait se pavaner, la poitrine bardée de toutes ses médailles acquises dans l'armée française. OYONO s'en prenait également à tous les vieux qui ambitionnaient de se faire décorer par l'administration coloniale. Toutes ces farces et railleries étaient sans grande méchanceté ; mais elles présageaient déjà les qualités artistiques du personnage. Entre temps, Ferdinand OYONO prépare un roman dont lui-même n'imagine pas le succès qu'il connaîtra. Dans l'ouvrage intitulé Le Vieux nègre et la médaille,(36) qui fait allusion à la colonisation, l'auteur apporte un démenti abondamment illustré qui se présente comme un acte d'accusation, contre tous ceux qui voient en elle une oeuvre de civilisation, de bienfaisance. Ferdinand OYONO pense que pour juger la colonisation il faut y vivre; c'est pourquoi dans son tout premier roman tout comme dans celui intitulé Une vie de boy, il fait participer le lecteur à la vie coloniale. On découvre que la politique coloniale est fondée sur le mensonge ou la violence injuste, parfois sur l'égoïsme ou la jalousie mesquine; ainsi mentionne-t-il: Gosier d'oiseau, ce Commissaire si célèbre, n'est jamais aussi actif ni aussi efficace que quand il faut défendre les intérêts des Blancs.

La société que décrit OYONO dans ses deux premiers romans est bien celle de son enfance; de même que ses héros en dénoncent l'atmosphère étouffante

et les injustices révoltantes, de même par son oeuvre Ferdinand OYONO la dénonce, la condamne.(37) Ainsi, on peut dire qu'avant de se rendre en France poursuivre ses études, Ferdinand OYONO a précisément fait du monde colonial la matière de ses romans en chantier; le combat qu'il a mené a poussé Sainville à dire que : " Dans Une vie de boy, OYONO Ferdinand est particulièrement amer, et ce roman est en soi un des plus violents réquisitoires qui aient été prononcés contre la colonisation Française "(38)

2- La formation en France

C'est en août 1950 que Ferdinand OYONO prend le chemin de l'Europe. Il va s'inscrire dans un lycée de Provins, petite ville de Seine et marne (France) en classe de seconde. Une nouvelle phase de sa formation est entamée, semée d'aventures et d'incidents que tout étudiant noir en France a connu surtout en cette période de la colonisation. Ferdinand Léopold OYONO achève ce cycle secondaire par l'obtention du Baccalauréat moderne de Philosophie (39).

Ce succès au Baccalauréat en 1954 lui ouvre les portes des études supérieures à la Faculté de Droit et de Sciences Economiques de Paris Sorbonne. Paris et la Sorbonne étaient outre des lieux d'études de droit, de sciences politiques et économiques, ceux de nombreuses et enrichissantes rencontres et fréquentations. Ferdinand OYONO a comme proches Camara LAYE, Alexandre BIYIDI (Mongo Beti), François SENGAT KUO, William Aurélien ETEKI MBOUMOUA, pour ne citer que ceux-là. L'une des principales fréquentations d'OYONO est l'écrivain camerounais et camarade Mongo Beti avec qui il s'entend beaucoup ; celui-ci se souvient de ces années passées en France malgré la rupture de leur entente (140) dès l'accession du Cameroun à l'indépendance et déclare `'... OYONO et moi avons été de grands amis... `'(41)

Entre temps, Ferdinand L. OYONO entreprend le Cycle d'études sur l'économie du développement sous l'égide du Professeur François Perroux. Au Collège de France. Licencié en 1957, il se converti en qualité de chercheur à l'Orsom de Paris. C'est le statut que présente OYONO avant la date du 15 septembre 1959, juste avant la signature de l'arrêté (42) du premier ministre Ahmadou Ahidjo, portant désignation de trois camerounais(43) à effectuer un stage de formation diplomatique de six mois, au ministère des affaires étrangères du Gouvernement de la République française à Paris et dans les missions diplomatiques françaises à l'étranger. Ferdinand OYONO se rendra respectivement au Quai d' Orsay, au consulat Général de France à Gênes en Italie, enfin à l'Ambassade de France en Italie (Palais Farnèse à Rome) pour ces stages. C'est l'occasion pour lui de s'imprégner des réalités et surtout des canons qui régissent la profession de diplomate. Le 19 juin de la même année au Cameroun, on note un changement dans la situation administrative et politique. En effet, la loi-cadre fait évoluer le statut politique du Cameroun en accordant à ce pays la possibilité de devenir un territoire autonome. Elle accorde aussi le suffrage universel à tous les Camerounais adultes (44).

C'est un tournant important dans la formation intellectuelle de Ferdinand OYONO que l'on va observer. Avant cette proposition du Premier Ministre camerounais AHIDJO de faire de lui un futur Diplomate, l'ancien élève taquin et moqueur du Cameroun est devenu discret et plus conscient. Il se distingue par ses prises de position contre la colonisation. Nul n'imagine cet étudiant discret et courageux être l'auteur de deux livres en ce moment là. En effet, le monde entier découvre un jeune romancier camerounais au grand talent : Ferdinand OYONO publie en 1956, en l'espace d'un mois, ses deux chefs d'oeuvre littéraires apprêtés en partie au cours de son dernier séjour avant la France : Une Vie de boy et Le Vieux nègre et la médaille (45)4. Ces romans mettent en scène des blancs en régime

colonial. Ferdinand OYONO décrit avec cet humour qui lui est propre et dans un style sans complaisance certains abus de la colonisation. Comme le dit Philippe Gaillard :

`' ...tableaux de la vie du colonisé, les romans d'OYONO sont des réquisitoires contre la double oppression de l'administration et des missions égayées par les astuces des indigènes pour tromper le blanc...» (146).

Au cours de cette même année (1956), OYONO vit dans un milieu artificiel et précaire ; celui de l'étudiant noir en Europe aux côtés de son frère du Sud- Cameroun Alexandre BIYIDI qui affirme :

`'

... OYONO habitait au quartier Latin, moi je n'habitais pas au quartier Latin, j'habitais dans un quartier beaucoup plus éloigné. Mais on se voyait souvent, on buvait beaucoup ensemble, on allait au cinéma ... `' (47).

Cette époque est marquée en France par des problèmes sociaux et politiques. La guerre d'Algérie vient d'éclater, simple soulèvement d'ambitieux et de factieux rebelles pense-t-on au pouvoir central, et qu'une opération de police ou de gendarmerie suffira à réduire. Ce soulèvement va peser de façon lourde et déterminante sur toute l'histoire de la France pendant près d'une décennie . Ferdinand Léopold OYONO se trouve au coeur du problème, occupé à ses études, certes, mais mal à l'aise. Il est partagé entre la communauté d'expériences et d'aspirations qui le lie aux Algériens et le respect dû au pays qui l'accueille, la France.

Parallèlement, dans son pays d'origine, une évolution décisive s'accomplit lentement et douloureusement au cours des mêmes années ; la pression des

syndicats, la création des partis politiques et l'affirmation de ces derniers à l'instar de l'Union des populations du Cameroun (U.P.C) de UM NYOBE. Mieux structuré, ce parti déclenchera à Douala, à Yaoundé et ailleurs au Sud Cameroun en 1955 des troubles dont la répression sera sanglante à Yaoundé et Douala notamment (48).

1956 marque les premières années de la décolonisation, une période transitoire où F.L. OYONO, bien qu'étant loin du Cameroun, suit les ténors du moment échanger des arguments pour ou contre l'indépendance. OYONO à cette époque ne trouve pas nécessaire de s'engager dans la lutte politique comme son camarade et ami Mongo Beti qui déclare à propos : « ...On ne parlait pas de politique OYONO et moi, on était copains... »( 49).

CHAPITRE II

FERDINAND.L. OYONO LE DELEGUE ET
LE REPRESENTANT

PERMANENT DU CAMEROUN A L'ONU

(1960-1961) (1974-1982)

Après les stages passés au Ministère des Affaires Etrangères de la France de 1958 à 1959, F.L. OYONO peut se prévaloir de la formation de diplomate. Il assume ses premières fonctions au Cameroun comme Chef de service des études au ministère des affaires étrangères. Au cours de ces fonctions il sera délégué aux Nations Unies de 1960 à 1961, avant d'être nommé plus tard en 1974, comme Représentant Permanent du Cameroun.

A. Le Délégué permanent du Cameroun aux Nations-Unies (1960 -1961) Après l'accession du Cameroun à l'indépendance le 1er janvier 1960, Ahmadou AHIDJO devient le premier Président de cette jeune République

quelques mois après. Cependant, le pays traverse toujours un climat d'insécurité dans certaines grandes villes, par exemple Douala, Bafoussam, Nkongsamba.... Cette situation délicate ne prive pas le Président AHIDJO, courageux et dévoué à affirmer, à légitimer et à rendre autonome son pouvoir qui est contesté de l'intérieur comme de l'extérieur (50).

Le 20 septembre 1960, le Cameroun est admis aux Nations-Unies (51) les débats politiques et économiques se tiennent régulièrement dans le souci de

solutionner ou d'améliorer le climat interne des Etats ainsi que les tensions qui pourraient exister en leur sein. C'est donc aux Nations-Unies le 22 novembre 1960 que Ferdinand OYONO, jeune diplomate est nommé par décret présidentiel, délégué permanent du Cameroun auprès de l'ONU. Sur la table des Nations-Unies, Ferdinand OYONO a des dossiers brûlants, la question Congo, la question du référendum du Cameroun anglophone, et la question de l'Apartheid.

1-Le problème Congolais.

Le problème congolais peut se présenter comme une des conséquences de la guerre froide en Afrique. Dans ce pays d'Afrique au sous sol potentiellement riche, s'affrontent au travers des nationalistes congolais, les puissances de l'Est et de l'Ouest. Après moult turbulences, l'affaire est portée à l'O.N.U dès le 11juillet 1960. Dans cette crise on a d'un côté le chef du gouvernement, Patrice Lumumba, soutenu par la tendance de l'Est ; de l'autre, le bloc occidental et l'ONU qui reconnaissent le gouvernement de Léopoldville. Le Cameroun qui sort peu à peu d'une rébellion encouragée par les prolumumbistes, participe aux travaux, et est représenté par le nouveau diplomate Ferdinand Léopold OYONO. Conscient de la volonté des Africains de se libérer de l'oppression et de s'affirmer sur le plan international, Ferdinand OYONO va fustiger la politique du bloc de l'Est, menée par l'URSS en Afrique.

En effet, au cours de la session ordinaire de l'Assemblée Générale des Nations-Unies tenue le 12 décembre 1960, le délégué camerounais s'élève contre la procédure invoquée par l'Union soviétique et les démocraties populaires, qui tend à rouvrir le débat sur le Congo alors que l'affaire a été suspendue par l'Assemblée générale. Sa réflexion est la suivante `' ... L'Union Soviétique ne comprendra jamais que l'Afrique ne veut pas servir de terrain à la guerre froide (152)... `'

OYONO va poursuivre son intervention au cours de ces travaux en prenant le parti du Président Congolais; à la suite de la déclaration soviétique porteuse de mépris à l'endroit de ce dernier, il déclare que :

`' ... malgré l'estime que je porte au bloc neutraliste, il est à craindre que celui-ci ne soit bientôt neutralisé `' et que `'...le Président KASAVUBU est le seul pionnier de l'indépendance du Congo, celui-ci ne saurait être traité de laquais... le Congo n'a pas besoin de caution étrangère pour exister ... `' (53).

Cette importante déclaration du délégué camerounais aux Nations-Unies a permis en outre de comprendre que les quelques semaines d'assistance soviétique au Congo étaient favorables à Lumumba. M. OYONO décrit également la tentative de sécession de la province orientale du Congo, par les amis de M. Lumumba comme `'...un acte de désespoir des ennemis de l'ordre public international... `' (54)2.

Le climat de stupeur et de violence constaté en Afrique, et dû en partie aux affrontements Est-ouest, donne à Ferdinand OYONO l'occasion d'exprimer une admiration à l'armée Congolaise d'avoir capturé Patrice Lumumba. L'exploit,

dit-il `'...a privé d'un atout les ennemis de l'Afrique...'' (55); Il poursuit sa prise de position sur cette affaire en déclarant que :

`'... l'arrestation de M. LUMUMBA ne regarde

que le Congo et que les Nations-Unies n'interviennent pas chaque fois qu'un gouvernement est renversé par un coup d'Etat comme cela se produit dans de nombreux pays...''(56)

Il y a lieu de rappeler que au moment ou Délégué Camerounais présente position camerounaise à la communauté internationale, le Cameroun sort peu à peu d'une rébellion menée par l'UPC principal parti d'opposition dont le nationalisme est encouragé par les pays de l'Est; pour le gouvernement Camerounais, il ne pouvait être question de soutenir toute action nationaliste.

Au cour de la même session, le représentant du Cameroun a rejeté (57) le projet de remplacement du Secrétaire général de l'ONU par un triumvirat proposé par l'Union soviétique :

`'... Nous n'acceptons pas non plus les coups de chaussures sur la table, ni les injures du chef de la délégation soviétique...'' (58).

Après avoir rappelé l'appui total de son gouvernement aux mesures prises par le Secrétaire Général des Nations-Unies au Congo, Ferdinand OYONO a terminé en mettant en garde le Conseil de sécurité contre d'éventuelles tentatives d'ingérence soviétique en Afrique : `'...dans un an ou deux, ou dans un mois ou deux... `'(59). Entre temps en Afrique, des conférences réunissant les pays d'expression française se multiplient avec pour finalité d'asseoir un groupe qui

permettrait de renforcer la coopération politique et économique entre nations. Le 20 décembre 1960, le climat d'instabilité politique et sociale qui règne au Congo ne laisse pas les nations indifférentes. Aux Nations-Unies, les propositions visant à solutionner le problème congolais ne manquent pas. A la suite des interventions de M. Dato Nik Ahmed, Délégué de la Malaisie, M. Dag Hammarskjöld, Secrétaire général de l'ONU affirme le contraire :

`' ... L'ONU ne saurait recourir à la force pour influencer des litiges politiques intérieurs du Congo et ne doit pas dépasser son rôle consultatif... et ne pourrait en aucun cas s'interposer entre les parties dans une guerre civile au Congo... `'(160)

Aux côtés également de M. Koça Popovic, Ministre des Affaires étrangères de Yougoslavie, le délégué du Cameroun, M. Ferdinand OYONO reproche au représentant de l'Inde, M. Khrishma Menon, d'avoir dans un texte de trente deux pages, traité du problème du Congo à la légère. Il demande si `'... tout ce que les Congolais posent comme actes est entaché d'irrégularités... `'

Dans le style(61) qu'on lui reconnaît, Ferdinand OYONO s'éleva contre les insultes proférées à l'endroit du Président Kasavubu et estima que l'Assemblée générale devait clore le débat sur le Congo sans adopter de résolution car, dit-il :

`'... Les Nations-Unies n'ont rien à faire dans les affaires intérieures du Congo... `'(62).

Le diplomate camerounais a fait valoir que certains pays voudraient faire du Congo une sorte de colonie de l'ONU. Suite à l'intervention de M. Valerian

Zorine, Chef de la délégation Soviétique, qui s'est livré à une vive attaque contre les occidentaux qualifiés d'hypocrites et de la manipulation des Etats-Unis, M. OYONO propose que :

`'.. L'on permette au Congo de panser les plaies que lui a causées son indépendance...» (63).

S'il est vrai que l'attitude et les prises de positions de Ferdinand OYONO fustigent le système en place à l'ONU ainsi que la politique du gouvernement soviétique, il faut dire qu'il ne s'agit pas d'une initiative personnelle mais celle du gouvernement Camerounais. En effet, au cours des années soixante le Cameroun fait partie du groupe des modérés; composé pour la plus part d'anciens membres du groupe de Brazzaville dont les prises de position sont concertées d'avance et appréciées en grande partie par le « parrain » dudit groupe qu'est la France. Ce groupe prône l'accès à l'indépendance tout en maintenant une coopération avec la métropole. Cette politique n'est pas appréciée par Patrice LUMUMBA qui, après l'accession du Congo à l'indépendance veut rompre tout lien avec la métropole.

C'est ainsi, par exemple que trois mois avant les déclarations de M. OYONO aux Nations Unies en décembre 1960, l'ambassadeur de France au Congo, M. Charpentier remit aux ministres congolais un don de cinquante tonnes de manioc, vingt cinq tonnes de riz et trois tonnes de lait. Côté Camerounais, on procéda une semaine après le geste de la France, à l'établissement d'un pont aérien avec le Congo auquel était destiné une cinquantaine de tonnes de riz et de viande frigorifiée. Le geste d'assistance permet au gouvernement camerounais déléguer à Léopoldville M. Jean Ekwabi, ministre de l'Education nationale, pour organiser l'aide au Congo et rencontrer le Président Joseph Kasavubu (64).

Plus tard, à la veille de la réunion du conseil de sécurité sur le Congo, le Président du Libéria S.E. William Tubman va déclarer que :

`' ... si M. LUMUMBA se trouvait en désaccord avec M. Hammarskjöld, il aurait dû le faire connaître par voie diplomatique ; nous devrions faire face au Premier Ministre LUMUMBA qu'il nous est difficile d'appuyer ses attaques contre le Secrétaire général des Nations-Unies dans la forme où elles ont été lancées... `'(165)

Ce débat sur le Congo s'est achevé sans qu'aucune résolution ait été adoptée comme le proposait le délégué du Cameroun, excepté un projet autrichien suggérant que le problème figure à l'ordre du jour de la session de mars 1961.

L'année 1961 correspond au retour de Ferdinand OYONO au Cameroun il est nommé chef du Service des études au Ministère des Affaires étrangères ;

mais aussi à la naissance de l'organisation africaine et malgache de coopération économique entre pays modérés (OAMCE).

L'expérience acquise à New York par Ferdinand OYONO ne va pas laisser le chef de l'Etat camerounais indifférent. Il fait de nouveau appel à lui dans la gestion d'un autre dossier en voie de ternir l'image de marque du Cameroun sur la scène internationale : la question de la réunification du Cameroun anglophone.

2- Le dossier de la réunification du Cameroun anglophone

Au cours de la session de l'Assemblée générale des Nations Unies qui se tient en mars 1959, des réflexions sont menées dans le but de restaurer l'unité dans la partie du Cameroun sous tutelle Britannique, qui est divisée en deux : le Cameroun septentrional (Northern Cameroons) et le Cameroun méridional

(Southern Cameroons). Bien que le Northern Cameroons soit rattaché au Nigeria et administré comme une partie intégrante de cette fédération, les populations de ces deux régions vivent séparées du reste du Cameroun. Ainsi pour connaître le désir des populations sur leur avenir, le Commissaire aux plébiscites et le conseil de tutelle recommandent l'Assemblée générale des Nations Unies à voter la résolution 1473 (XIV) le 12 décembre 1959(166). Celle-ci recommande l'organisation d'un plébiscite au Cameroun septentrional entre le 30 septembre 1960 et le 30 mars 1961 sur la base de deux questions :

`' Désirez-vous accéder à l'indépendance en vous unissant à la République camerounaise indépendante ? `'

ou

`' Désirez-vous accéder à l'indépendance en vous unissant à la Fédération nigériane indépendante ? `'

Il en est de même au Cameroun méridional où la résolution 1352 (XIV)du 16 octobre 1959 de l'Assemblée Générale de l'ONU fixe la date du plébiscite entre le 30 septembre 1960 et le 30 mars 1961.

L'organisation de ces plébiscites était de savoir si les populations désiraient réintégrer le Cameroun ou se rattacher au Nigeria. Ces plébiscites eurent lieu les 11 et 12 février 1961 avec les résultats suivants : Cameroun méridional 70,49% des votants choisirent le rattachement du territoire au Cameroun francophone indépendant et 29,50% pour le rattachement à la Fédération nigériane. Tandis que dans la partie septentrionale 40,03% choisirent le rattachement à la République camerounaise et 59,97% la solution de l'union à la Fédération nigériane (67)

La contribution de Ferdinand Léopold OYONO compte également sur cette .question de la réunification du Cameroun anglophone. En effet, le 18 mars 1961, aux côtés du Dr Marcel Bebey EYIDI, Député du Parti Travailliste, le fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères se rend en mission auprès des Chefs d'Etat du

Ghana, de la Guinée, du Mali et du Maroc(168). Le problème du référendum au Northern Cameroons est préoccupant pour le Président AHIDJO. Il était donc opportun pour le Président AHIDJO de choisir des émissaires en vue d'expliquer le point de vue du gouvernement camerounais à certains Chefs d'Etat africains qui n'avaient pas assez de contacts directs avec le Cameroun F.L. OYONO donne les raisons de ces différentes rencontres :

`' ... on devait leur faire comprendre qu'il s'agissait d'une prise de position sur laquelle s'est réalisée l'unanimité des Camerounais...» (69)

Avant de se rendre à New York en passant par Paris pour clore cette mission, Marcel Bebey EYIDI et Ferdinand OYONO devaient se rassurer d'un soutien de certains de leurs proches d'Afrique, en rencontrant des Chefs d'Etats qui devaient donner des instructions à leurs représentants aux Nations Unies, où, à la fin du mois de mars, le débat sur la question du référendum au Cameroun du Nord devait se tenir.

Les plébiscites dans les deux parties du Cameroun septentrional et méridional eurent lieu les 11 et 12 février 1961, donnant les résultats suivants :

Au Cameroun méridional, 70,49% de votants choisirent le rattachement du territoire au Cameroun francophone. Tandis qu'au Cameroun septentrional, une bonne partie soit 59,97% choisit la solution de l'union à la fédération nigériane. La journée du 12 février fut déclarée journée de deuil national. (70)

Malgré les multiples démarches du gouvernement Camerounais auprès des chefs d'Etats étrangers ou de la C.I.J, pour dénoncer la mauvaise organisation dudit plébiscite, rien n'y fit.(71)

Le diplomate camerounais, au cours de ce premier passage à l'ONU, n'a pas été aux avant-postes de toutes les questions qui se sont posées ici; Il faut se souvenir d'un autre dossier qui a vu l'implication de son pays: la question de l'apartheid.

3- La question de l'Apartheid

C'est au cours de l'an 1969 que le Cameroun définit clairement sa position vis-à-vis du régime raciste d'Afrique du sud ; Ferdinand OYONO est alors nouvellement accrédité auprès du gouvernement Parisien.

La majorité de la population constituée de Noirs, est victime de ségrégation raciale de la part des Blancs. Bien que n'ayant pas été aux avant-gardes de ce problème, Ferdinand OYONO a néanmoins contribué à faire connaître que la position du Cameroun était en conformité avec les principes fondamentaux définis par le Manifeste de Lusaka. En effet, en 1969 au Caire, le Cameroun signait ce document relatif à l'Afrique Australe et, en sa qualité de Président en exercice de l'OUA, S.E. Ahmadou AHIDJO devait présenter ce texte au cours de la Vingt quatrième session de l'Assemblée générale des Nations Unies le 8 octobre 1969.

Selon l'esprit du manifeste de Lusaka, aucun dialogue n'était possible entre l'Afrique indépendante et le régime raciste de Pretoria. Cette position devait demeurer inchangée tant que les droits de la majorité noire vivant dans ce pays continuaient à être bafoués par la minorité blanche qui poursuivait sa domination. En revanche, le manifeste de Lusaka accordait une primauté aux dialogues entre Blancs et Noirs de chaque territoire d'Afrique Australe.

Comparée à la démarche de la Côte d'Ivoire et de quelques pays francophones engagés vis-à-vis de l'Afrique du sud dans une politique de dialogue, la position du Cameroun est indiscutablement plus ferme. Ce qui permet de comprendre le rôle important des diplomates(72) camerounais dans la prise des

décisions du président Ahidjo, prise de décision ayant déterminé souvent celle de l'ensemble composé de pays appartenant à la mouvance française.

B- Le Représentant permanent à l'ONU treize ans après (1974-1982)

Treize ans après avoir servi à l'ONU, les nécessités de service ramènent Ferdinand Léopold OYONO cette fois comme représentant permanent du Cameroun auprès de cette institution. Durant ce séjour, la tâche de Ferdinand OYONO est tout à fait particulière. Il est interpellé par la question namibienne et doit également s'impliquer dans certaines structures onusiennes à l'instar du Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) etc.

1- La question namibienne

Depuis l'accession à l'indépendance de plusieurs pays africains en 1960 et leur admission à l'ONU, cette organisation n'a cessé de répéter que l'occupation de la région Walbis Bay était illégale et que l'Afrique du sud devait se retirer(173)

Lors de la tenue du Conseil de sécurité en 1976, il est exigé que l'Afrique du sud accepte la tenue des élections au sein du territoire sous le contrôle des Nations Unies. Des débats de l'Assemblée générale, il ressort que les pourparlers relatifs à l'indépendance doivent inclure la participation de la South West Africa People's Organization (S.W.A.P.O) reconnue par elle comme le seul représentant du peuple namibien (74).

Il faut rappeler que la question namibienne remonte dès le début du XXe siècle très longtemps, et que presque tous les pays membres de l'ONU ont manifesté leur regret à propos de cette occupation illégale de la région de Walbis Bay. Ainsi, lorsque les autorités de Pretoria décident le 1er septembre 1977 de placer cette enclave sous leur autorité en l'intégrant à la province du Cap `' C'est

presque toute la communauté internationale qui réagit vivement contre ce projet qu'elle qualifia d'annexion illégale... `'(75)

A propos de cette question namibienne, on note la présence de deux têtes de proues : d'un côté, le bloc conduit par les Etats Unis qui s'oppose à toute annexion, et de l'autre les néocolonialistes amenés par la France. La position du Cameroun sera celle du groupe d'Etats francophones qui avaient cessé d'être influencé par la France, dont ils avaient compris, à leur demande de révision des accords de coopération, qu'elle était une puissance néo-coloniale (76). Toutefois, cette position camerounaise qui, au départ, soutenait l'initiative américaine militant contre l'occupation de la Namibie tout en prônant la négociation, va changer au profit cette fois d'un groupe officieux dans le cadre du conseil de sécurité : le groupe de contact (77).

Le président du conseil de sécurité se prononça sur ce problème de la manière la plus explicite et la plus solennelle dans la résolution 432 / 78 du 27 juillet 1978 adoptée à l'unanimité en réintégration (78).

`' ... en attendant la réalisation de cet objectif, l'Afrique du Sud ne doit utiliser Walbis Bay d'aucune manière qui soit préjudiciable à l'indépendance de la Namibie ou à la viabilité de son économie... `'( 79)

Lors de la visite du Président de la République française au Cameroun Valérie Giscard D'Estaing le 8 février 1979, le Président Ahidjo s'est félicité des efforts du groupe de contact en déclarant :

`' ... en Namibie malgré les efforts méritoires des cinq puissances occidentales et les condamnations répétées de

l'ONU, le régime de Pretoria n'a cessé de montrer son vrai visage, celui de l'injustice et de l'irréalisme...''(80)

Cette question fut traitée principalement par les Nations Unies dont le Conseil de sécurité entérina les recommandations du Secrétaire général pour l'exécution de la proposition de nommer un représentant spécial pour la Namibie et de créer le groupe d'assistance des Nations Unies pour la période de transition (GANUPT)(81). Malgré la volonté de certains Etats membres de L'ONU de condamner cette annexion, malgré les décisions prises par le conseil de sécurité, ce n'est que dix ans plus tard que ce plan trouvera commença à être exécuté.

A l'ONU où il représente le Cameroun, Ferdinand OYONO sur cette question Namibienne, comme sur d'autres questions d'ordre politique, est resté très réservé, conséquence, nul doute de la politique de la politique très prudente adoptée par gouvernement en matière de politique étrangère. Il serait fastidieux de ne pas relever l'intervention du diplomate camerounais suite au conflit des Malouines opposant la Grande-Bretagne à l'Argentine en 1975. Au cour du sommet des nonalignés qui se tient en Amérique Latine, dont le but était de trouver les voies et moyens permettant de solutionner ce conflit, Ferdinand OYONO va voter contre l'Argentine. En guise de reconnaissance, l'Angleterre enverra une mission à Yaoundé remercier les autorités Camerounaises pour ce soutien.

Toujours à l'ONU où il représente le Cameroun, un soutien similaire est accordé au Maroc au détriment de l'Algérie au sujet de la zone du Sahara occidental en 1975.

En dehors des questions d'ordre politiques, le diplomate Camerounais a déployé une importante activité sur les questions sociales et de développement.

2- Ferdinand OYONO et l'UNICEF.

Bien qu'organe des Nations Unies, le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) diffère des autres organisations mondiales pour plusieurs raisons : il n'est pas financé par le budget de l'ONU, pas de conférence générale ni de programme annuel à réaliser ; c'est ce qu'on appelait encore un Fonds de Secours à l'Enfance (FISE).

Créé le 11 décembre 1946 par l'Assemblée Générale de l'ONU, l'UNICEF a pour mission d'assister les trois quarts des enfants du monde qui vivent dans les Pays en Voie de Développement dans l'ignorance, la pauvreté et la maladie. L'action de l'UNICEF rayonne ainsi sur quatre grands secteurs : santé, nutrition, éducation et formation professionnelle, bien-être de la famille et de l'enfant. Cette organisation faut-il le rappeler ne réalise pas de programmes qui lui sont propres ; elle aide les pays à mettre sur pied des initiatives qui répondent aux besoins spécifiques de l'enfance et de la jeunesse (82).

C'est donc en faveur de la cause humanitaire et au sein de ce Fonds que le diplomate camerounais F.L. OYONO va déployer ses énergies.

En effet, le 03 novembre 1977, le représentant permanent du Cameroun aux Nations Unies est élu par acclamations Président de la conférence pour les annonces de contributions au Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF). Conscient des efforts à fournir par les dirigeants des pays pauvres pour sortir de leur situation, un accent est mis sur les ressources humaines par le tout nouveau Président Ferdinand OYONO, qui déclare à cet effet :

`' Il est de plus en plus admis que les être humains sont à la fois le moyen et la fin du développement ; par conséquent il faut faire comprendre combien il est important d'assurer des

services corrects aux enfants à l'âge de la formation, période vitale pour eux... `'(83)

On se souvient que Ferdinand OYONO alors étudiant et écrivain avait déjà pris position pour la cause humanitaire dans un de ses romans intitulés Une vie de boy paru en 1956. Le représentant permanent du Cameroun à l'ONU, Président de la conférence pour les annonces de contributions à l'UNICEF, milite ainsi pour un monde juste et propice à épanouissement des enfants.

Cette élection de Ferdinand OYONO à la tête de cette cellule de l'UNICEF va contribuer à renforcer les liens de coopération entre son pays et ladite structure internationale. C'est ainsi que le 6 juillet 1978, un accord de coopération est signé entre le gouvernement de la République Unie du Cameroun et l'UNICEF. Dans cet accord, la partie camerounaise a manifesté le désir de recevoir l'assistance de l'UNICEF ; il est stipulé qu'elle sera chargée d'assurer à ses frais la réception, le déchargement, l'entreposage, l'assurance, le transport et la distribution des articles et du matériel fournis par l'UNICEF une fois qu'ils seront arrivés au pays. (84)

L'UNICEF quant à elle bénéficie de la possibilité d'établir un bureau sousrégional au Cameroun et de la mise à sa disposition des facilités et services postaux.

En dehors des services rendus à l'UNICEF, Ferdinand OYONO va assumer d'autres responsabilités durant son séjour onusien.

3 - Une tâche immense.

En effet, durant ce dernier, Ferdinand OYONO préside le conseil de sécurité qui est l'organe de l'ONU auquel incombe la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité. Les Etats membres sont dans l'obligation d'accepter et d'appliquer ses décisions ; même s'il est vrai que les recommandations d'autres organes qui reflètent l'opinion de la communauté internationale peuvent influencer

certaines situations. Après avoir présidé ce conseil un mois durant, le Cameroun à travers OYONO est élu en 1980 vice-président de l'Assemblée Générale des Nations Unies. L'expérience et les qualités du diplomate camerounais lui vaudront de nombreux autres postes tels que : Président de la conférence des non alignés qui se tient en 1976 à LIMA au Pérou ; ou encore Président de la première commission des Nations Unies dénommée Paix et Sécurité Internationale.

Après avoir présenté l'implication de Ferdinand OYONO (85) sur certaines questions posées à l'ONU au cours de ses deux passages, il est important de mentionner que le diplomate OYONO a eu une autre mission tout aussi délicate, celle d'être chef de mission diplomatique.

CHAPITRE III

FERDINAND OYONO LE CHEF DE MISSION DIPLOMATIQUE DU CAMEROUN

Dans la diplomatie camerounaise depuis 1960, le chef de mission diplomatique est couramment appelé ambassadeur. Il a pour tâche précise d'assurer la protection des ressortissants et des intérêts des camerounais à l'étranger (86).

1

Ferdinand OYONO occupe les fonctions de Chef du service des études au Ministère de Affaires Etrangères depuis le mois d' avril 1961, jusqu'à sa nomination au titre d'Ambassadeur, envoyé extraordinaire et plénipotentiaire le 10 décembre 1962. Sans interruption, il réside dans cinq capitales différentes. Ferdinand OYONO a en même temps assuré cette qualité sans y résider dans plus d'une dizaine de capitales étrangères. C'est dire qu'il est l'un des plus titrés sinon, le plus titré des diplomates camerounais depuis l'accession de ce pays à la souveraineté internationale.

86

A- L'Ambassadeur du Cameroun à Monrovia (1963-1965)

Monrovia représente le premier poste diplomatique africain auprès duquel Ferdinand OYONO est nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Fédérale du Cameroun, le 10 décembre 1962. La coopération entre les deux pays voit le jour dès l'accession du Cameroun à l'indépendance. Considérant le rôle important joué par le Libéria sur la scène internationale dans les années cinquante et soixante et du fait que c'est le premier pays indépendant d'Afrique noire en dehors de l'Afrique du Sud dominée par les racistes blancs, Monrovia a constitué un phare pour le continent africain. Il était par conséquent de bon ton que le Cameroun y dispose d'une représentation diplomatique.

Par ailleurs, à cette période précédant les indépendances africaines, le gouvernement de Monrovia etait l'un des rares pays en Afrique à dire non à l'anarchie et à la violence que l'on observait dans certains pays, et à prôner la négociation (87). Du 8 au 12 mai 1961en effet, dans la capitale Monrovia , les Etats membres du groupe de Brazzaville, favorables à la politique du Président William TUBMAN vont se retrouver dans la capitale du Libéria et constituer le groupe des modérés ou de Monrovia. Le Président Ahmadou AHIDJO à la suite de l'initiative et de l'engagement du président William TUBMAN, ouvrira une représentation Diplomatique à Monrovia.

Cette ouverture peut également se justifier par le soutien que le président libérien avait apporté au président AHIDJO lors de la contestation de la réalité de l'indépendance du Cameroun par l'Union des populations du Cameroun (UPC) soutenue alors par certains pays tels le Ghana, la Guinée etc. C'est dans ce sens que Alexis BOUM précise que :

87

`' Lorsque les nationalistes Upécistes se rendaient aux Nations-Unies pour demander que cette indépendance qu'ils appelaient factice ne soit pas reconnue, il n'y avait pas beaucoup d'Etats africains comme le Libéria pour apporter leur soutien au Cameroun. Ce n'était pas du tout évident compte tenu de l'opposition et de la résistance qui était faite... `' (288).

En effet, à travers un communiqué publié en 1961 le gouvernement de Monrovia a manifesté sa sympathie au peuple Camerounais (89).

De 1963 à 1965, la mission de Ferdinand OYONO au Libéria va consister à maintenir le climat de fraternité et de coopération étroite entre les deux pays. Ferdinand OYONO se souvient de cette nomination :

`' C'est avec beaucoup de joie et de courage que j'ai accueilli ma nomination ; je ne pensais pas être nommé si tôt pour défendre les intérêts de mon pays. Le Président Ahidjo m'a fait confiance et je n'eu pas grande peine au cours de ma mission à Monrovia `' (290)

Au cours de cette période (1963-1965) en effet, des liens de coopération bilatérale en matière d'agriculture et d'éducation se sont renforcés. Le Liberia a ouvert ses portes aux Camerounais désireux de se former sur les techniques agricoles modernes. En retour, il envoyait certains de ses étudiants se former au Cameroun (91). Le climat de confiance réciproque entre les deux pays s'est

89 90 91

poursuivit jusqu'à nos jours malgré les troubles politiques incessantes qu'a connu le pays depuis l'avènement du Sergent Samuel Doe en 1980. Ferdinand OYONO deuxième Ambassadeur du Cameroun au Liberia après Joseph OWONO NKOUDOU, peut être crédité d'avoir contribué au renforcement durable des rapports entre les deux pays. Cette coopération n'a connu aucun incident lorsqu'il quitte ce pays pour Bruxelles.

B- Au centre des liens entre Yaoundé -les pays du Benelux et la C.E.E

(1965-1969)

Le 03 novembre 1965, Ferdinand Léopold OYONO est nommé à la suite de deux décrets du chef de l'Etat Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Cameroun au royaume de Belgique ; et cumulativement, Ambassadeur de la République Fédérale du Cameroun au Luxembourg et aux Pays Bas avec résidence à Bruxelles. Entre Yaoundé et Bruxelles, siège de la Communauté Economique Européenne (C.E.E), s'ouvre ainsi une grande ère de coopération visant à amener les pays de la C.E.E a s'intéresser au développement économique du Cameroun. C'est la mission qui est assignée au nouvel Ambassadeur ; mais très vite étant donné l'existence du marché commun qui organise la coopération économique entre les six pays européens (92) et qui vise à harmoniser et a organiser les relations économiques avec les nouveaux Etats Africains et Malgaches (E.A.M.A), l'action de Ferdinand OYONO va vite s'intégrer dans cette coopération.

En effet dès le 20 juillet 1963, le Cameroun avec les dix-sept (93) des E.A.M.A signait à Yaoundé une convention d'association avec les pays de la C.E.E dite convention de Yaoundé I. Elle entra en vigueur le 1er juillet 1964 pour une durée de cinq ans et fut remplacée le 29 juillet 1969 par la convention de Yaoundé II, signée également pour une durée de cinq ans(94). C'est le lieu de mentionner

92 93 94

PHOTO N°2

PHOTO N°3

qu'en prélude à ces multiples négociations, Ferdinand OYONO en tant qu'ambassadeur auprès de la C.E.E , a pris part à toute les réunions préparatoires qui vont se tenir à Bruxelles en 1966. Ainsi, avec la première convention de Yaoundé fut mise en place le deuxième Fonds européen de développement (F.E.D) d'un montant global d'environ 198 milliards de F CFA courants(95). II y a lieu de mentionner qu'en prélude à ce F.E.D signé à Bruxelles, c'est à Paris que les ambassadeurs des pays africains d'expression française se réunissaient pour débattre des questions économiques concernant leurs Etats respectifs et la situation de la communauté (E.A.M.A) en particulier. C'est ainsi que petit à petit la coopération Nord-Sud sera mise en place. C'est également au cours de cette période où OYONO est ambassadeur du Cameroun à Bruxelles qu'il est élaboré la manière d'intéresser les autres pays européens à un développement de l'Afrique et plus tard des Caraïbes.

Le 11 novembre 1966, les ministres des « Six » Etats européens et les « dix-huit » ministres des EAMA se retrouvent à Bruxelles pour la session extraordinaire du conseil d'association CEE-EAMA. Conduite par Victor ATEBA Ministre adjoint des affaires économiques et du plan et de Ferdinand Léopold OYONO, ambassadeur du Cameroun auprès de la CEE, la délégation camerounaise assiste à ces travaux dont l'objectif est de définir la notion de « produits originaires ». Il y a lieu de souligner qu'entre Yaoundé et Bruxelles les liens sont basés sur le commerce, les échanges et la coopération Nord-Sud.. A cet effet, le Cameroun va jouer un rôle important au sein des EAMA car son potentiel économique et humain était considérable en Afrique francophone. Suite à la nécessité de rechercher et de mettre en oeuvre en commun des solutions visant l'accroissement des échanges au sein de l'association et l'élimination des obstacles à l'écoulement des produits africains sur les marchés de la CEE, les Etats Africains

95

et Malgaches demandent aux six d'étudier les mesures susceptibles d'aboutir à la réduction de certaines taxes intérieures de consommation (96).

Enfin, dans le domaine des relations extérieures, la résolution des parlementaires de Bruxelles préconise une position coordonnée des 24 pays européens et africains associés, lors de la conférence mondiale sur le commerce et le développement. Tenant compte des facteurs qui retardent l'action du F.E.D dans le développement de certains pays, la résolution propose que des mesures particulières soient prises pour promouvoir un développement harmonieux et équilibré de l'ensemble de Etats associés (97)

Dans le cadre des EAMA et des travaux des « Six Dix-huit » il faut dire que ce sont des réunions qui se tenaient autour des Ministres chargés en Afrique des questions de développement ; ces réunions étaient précédées et préparées par celles du comité des Ambassadeurs à Bruxelles. Ainsi, au cours de cette première décennie des indépendances, période de tous les projets, de toutes les ambitions, Ferdinand OYONO aura eu l'insigne honneur de prendre part et de représenter son pays aux importantes négociations Economiques Eurafricaines.

C- L'Ambassadeur du Cameroun à Paris (1969-1974)

La nomination de Ferdinand OYONO comme chef de la mission diplomatique du Cameroun en France en novembre 1969 intervient après la grande crise socio -politique qui a secoué la France à savoir la révolte de mai 1968 (98). Ferdinand OYONO depuis Paris a compétence également sur l'Espagne, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie.. La France entretient une vielle amitié de coopération depuis des lustres.

1
97 98

Au début des années 1970, la politique étrangère du Cameroun est caractérisée par une volonté de se débarrasser de la pesanteur des liens avec la France. Le rôle de l'Ambassadeur du Cameroun à Paris est donc à la fois de renforcer ces liens et de rassurer les autorités françaises pour obtenir d'elles plus de compréhension sur la volonté camerounaise, et à mener une politique étrangère indépendante.

Dans ce pays où il a acquis sa formation intellectuelle et professionnelle, Ferdinand OYONO a la délicate mission de représenter son pays malgré l'état des liens quelque peu tendus avec la France. En effet, après l'accession des pays d'expression française à l'indépendance, la France a manifesté sa volonté de redéfinir sa politique de coopération vis à vis des dites nations. L'orientation nouvelle que veut donner Paris à cette coopération n'est pas bien accueillie par le gouvernement camerounais. Aussi, une politique de distanciation de ce dernier est elle observée vis à vis des responsables de la France question de témoigner d'une rupture symbolique par rapport au passé.

`'La conférence franco-africaine de Paris

apparaît sans intérêt réel pour notre pays, mais encore contraire aux exigences de l'affirmation dans le monde de notre personnalité nationale (99)''

De janvier 1970 à février 1974 en effet, il règne un climat de méfiance du Cameroun vis à vis de Paris ; on note le départ du Cameroun de Air Afrique, le refus du gouvernement camerounais de participer à la conférence franco-africaine organisée à Paris après la crise de l'organisation commune africaine et malgache (OCAM), ainsi qu'à tous les sommets franco-africains. Tout ceci va jeter un peu de trouble dans les relations franco-camerounaises ; à travers la dénonciation par le

1

gouvernement de Yaoundé des accords de coopération franco-camerounais conclu en 1960 et la réorientation, la redéfinition de la philosophie de base de la coopération entre les deux pays(100).

Dans un tel climat de méfiance et surtout de revendication du gouvernement de Yaoundé vis-à-vis de la France, le nouvel ambassadeur à Paris est resté presque inactif. Toutefois, à son actif, on peut relever le souci permanent de préserver les intérêts du Cameroun en France. En effet, suite à la publication de l'ouvrage Main Basse sur le Cameroun en 1972, par Mongo BETI et sur instruction des autorités de Yaoundé, Ferdinand OYONO déploya tous les efforts nécessaires pour que soit censuré ce chef d'oeuvre anticolonialiste par les autorités françaises.

Son auteur Mongo Beti se souvient de cet acte en ces termes:

`' J'ai été poursuivi en France, mes livres ont été saisis [....] c'est Ferdinand OYONO qui a rédigé la demande qui devait aboutir à la saisie et à l'interdiction de mon livre `'( 101)

Mongo Beti était pourtant un camarade et ami de Ferdinand OYONO. Mais cela n'empêcha pas ce dernier de faire exécuter scrupuleusement les instructions reçues de Yaoundé.

Aucun acte d'éclat n'est à relever dans les relations franco-camerounaises jusqu'à la date du 21 février 1974 date à laquelle seront signés de nouveaux accords de coopération entre le gouvernement de la République Unie du Cameroun et le gouvernement de la République française, notamment :

- un accord général de coopération technique en matière de personnel ; - un accord de coopération culturelle ;

- un accord de coopération en matière de justice (102).

100
2wx101
102

Par ailleurs, sur les plans économiques, militaires et culturels on assiste à des réaménagements :

- Sur le plan économique, les échanges commerciaux entre la France et le Cameroun devaient s'effectuer comme par le passé, selon le régime défini en la matière par l'association liant le Cameroun et la CEE.

- Dans le domaine militaire, les clauses de l'accord confirmaient le rôle de la coopération française qui allait s'exercer comme par le passé et selon les possibilités de la France par :

· l'assistance du personnel militaire français ;

· la fourniture de matériel et d'équipement militaires ;

· la formation et le perfectionnement des cadres Camerounais. - Sur le plan culturel, un accent est mis sur le bilinguisme franco-anglais, l'africanisation des programmes de même que la validité des diplômes etc.

Comme nous l'avons vu plus haut, la compétence territoriale de

l'Ambassadeur Ferdinand OYONO s'étendait aussi à d'autres pays tels que : l'Espagne, le Maroc et l'Algérie. Les liens entre le gouvernement camerounais et ces pays étaient peu avancés. Mais, le diplomate camerounais entretenait la flamme entre le Cameroun et ces pays.

Au cours d'un dîner offert par le roi Hassan II, à l'occasion de la célébration de la fête nationale du Maroc en 1972, le diplomate OYONO échappe à un attentat. Ce coup d'état militaire appelé soulèvement de Skirhat, va coûter une grave blessure du doigt au Camerounais.

Après Paris, Ferdinand OYONO est accrédité aux Nations Unies (103) avant de se voir confier la direction de l'Ambassade du Cameroun à Alger.

103

D- A Alger (1982-1984) et Londres (1984-1985)

Il serait difficile d'apprécier l'action de Ferdinand OYONO dans la politique étrangère du Cameroun sans mentionner le rôle joué à la tête de la représentation diplomatique d'Alger ou à l'Ambassade du Cameroun à Londres dont il eut déjà la charge en 1982-1984 et 1984-1985 respectivement.

Alger (1982-1984)

L'action de Ferdinand OYONO à la tête de l'ambassade d'Alger peut se résumer dans le maintien de la coopération bilatérale. Avant l'arrivée d' OYONO à Alger le 22 octobre 1982, le Cameroun entretenait de bons rapports avec l'Algérie.

En effet, les accords signés entre les deux pays dans la période 1970-1980 avaient pour la plus part été appliqués. Ces derniers portaient sur l'hydraulique, l'agriculture, l'enseignement, les transports etc. En dépit du climat difficile qui va affecter les aspects économiques que politique jusqu'en 1982, le pays va maintenir certains liens de coopération.

Ainsi à l'actif de Ferdinand OYONO à l'ambassade d'Alger, on peut noter la poursuite du respect des accords de coopération de 1970-1980. Un accent est mis sur l'enseignement supérieur. En pétrochimie par exemple, 300 à 600 camerounais ont été formés en Algérie. L'octroi des bourses de coopération ne fut pas en reste, pour les filières médecine, science et technologie dans les Universités Ouari Boumediene ou à la Faculté de médecine d'Alger (104).

Malgré le manque de contacts poussés sur le plan économique et politique avec la Tunisie, on note des progrès dans la coopération économique qui lie le Cameroun à ce pays. Le 16 février 1984, Ferdinand OYONO, cumulativement à ses

104

fonctions d'ambassadeurs plénipotentiaire de Tunisie avec résidence à Alger conduira la mission camerounaise décidée par le chef de l'Etat Paul BIYA en vue de se rendre en Tunisie préparer les assises de la troisième session de la commission mixte qui devait se tenir à Yaoundé à une date déterminée d'accord parties.

LONDRES (1984-1985)

C'est le dernier poste diplomatique auprès duquel Ferdinand Léopold OYONO est accrédité en 1984; son séjour dans la capitale Britannique revêt une importance particulière.

En effet, arrivé à Londres suite au décret en date du 26 juillet 1984, Ferdinand Léopold OYONO, précédemment ambassadeur du Cameroun en République Démocratique et Populaire d'Algérie, a passé le plus court (105) séjour de sa carrière en tant que chef de mission diplomatique. Durant ce bref séjour Londonien, l'état des rapports entre les deux pays pouvait difficilement changer de façon notable. En effet, au cour de la période séparant l'année 1960 des années 1980, les relations entre le Cameroun et la Grande Bretagne sont quelques peu timides. Le souvenir du plébiscite de 1961 est encore présent dans les esprits des deux camps. L'ambassadeur OYONO va tenter de les redynamiser. C'est ainsi que du 13 au 16 mai 1985, le Président Paul BIYA effectue une visite officielle à Londres. Ce qui pour un Ambassadeur est souvent considéré comme une réussite dans son rôle de rapprochement entre les deux pays.

Cette visite devait ainsi inaugurer une nouvelle période de la coopération Camerouno-Britannique. Il était important pour les nouvelles autorités de Yaoundé de renforcer la coopération entre les deux pays. C'est ainsi qu'une convention

105

portant sur la protection des investissements entre les deux pays sera signée le 4 juin 1982 (106).

Parti de la Grande Bretagne quelques mois après la visite Président camerounais, Ferdinand OYONO, n'aura pas pu faire éclore lui-même les fruits promis par cette visite. Néanmoins, il faut relever que la Grande Bretagne ne figure pas parmi les principaux pourvoyeurs de fonds du Cameroun pour ce qui est de la coopération bilatérale (107).

106 107

CHAPITRE IV

FERDINAND OYONO LE CHEF DE LA

DIPLOMATIE CAMEROUNAISE (1992 - 1997) ET LE MINISTRE EMINENCE GRISE POUR LES AFFAIRES DIPLOMATIQUES.

Lorsqu'on fait une analyse de la gestion de la politique étrangère du Cameroun depuis 1960, on a tendance à penser que c'est le ministre qui se trouve à la tête du département des affaires étrangères qui conçoit cette politique. Il n' en est pas le cas ;car, dans le système camerounais, le chef de la diplomatie est le chef de l'Etat, et c'est en dernier ressort lui qui formule des objectifs de la politique étrangère du Cameroun que s'emploie à mettre en oeuvre le Ministère des Relations Extérieures(108). Autrement dit, le ministre en charge des Affaires étrangères n'est qu'un « exécutant », il ne participe pas à l'élaboration de la politique dont il a la charge d'exécuter, c'est le domaine réservé du chef de l'Etat . Après avoir servi dans la diplomatie camerounaise pendant plus de trente ans, Ferdinand Léopold

108

OYONO, n'était pas arrivé au bout de son action. Il a de 1992 à 1997 la plus lourde tâche de sa carrière à savoir coordonner les affaires diplomatiques : la coopération bilatérale, multilatérale, la charge de l'organisation de l'outil diplomatique camerounais, et plus tard un rôle d'éminence grise du chef de l'Etat Paul BIYA pour les affaires diplomatiques.

A- La coopération bilatérale.

On peut définir la coopération bilatérale comme la collaboration entre deux pays souverains tant au niveau économique, diplomatique, social, culturel, scientifique, etc. Ce type de coopération trouve son fondement dans le souci qu'ont deux pays de défendre en commun leurs intérêts, de réaliser en commun des projets, de s'entraider mutuellement. C'est une coopération qui procède par la signature d'accords. Ainsi, au cours de cinq années passées à la tête du MINREX, Ferdinand OYONO aura signé plusieurs accords liés à des questions diverses.

1- L'affaire Bakassi.

Alors que les relations avec les autres partenaires bilatéraux ont connu un dynamisme sans cesse renouvelé dans l'intérêt mutuel, les liens traditionnellement pacifiques avec le Nigeria sont entrés dans une phase de grandes turbulences depuis l'occupation de la péninsule camerounaise de Bakassi par les forces armées de ce pays. En sa qualité de ministre des relations extérieures, Ferdinand OYONO, a été en première ligne dans cette crise frontalière déclenchée au mois de décembre 1993(109). Ferdinand OYONO explique comment le Nigeria a occupé le territoire camerounais en ces termes :

109

`' En décembre 1993 l'armée nigériane, au mépris de la charte des Nations unies et de la charte de l'OUA, a franchi la frontière naturelle et internationalement reconnue marquée par le fleuve Akwayafé. Pour s'installer au Cameroun ! Et de là par des attaques successives, n'a de cesse de progresser à l'intérieur de la presqu'île de Bakassi. Et ces troupes se trouvent sur une pénétrante d'environ 30 kilomètres chez nous ! Et au mépris des recommandations, tant du conseil de sécurité des Nations unies que de la cour internationale de justice... `'( 110)

Face à cette situation entre des voisins liés par l'histoire et la géographie(111), le Cameroun a développé une politique étrangère d'isolement de son agresseur sur le plan international et de stabilisation du front militaire en attendant la décision de la cour internationale de justice sur le différend frontalier qui oppose les deux pays.

Au niveau africain, en marge de la saisine de l'organe central du mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, une activité diplomatique intense a été déployée auprès des Etats membres de l'organisation panafricaine sur la justesse de la cause défendue par le Cameroun(112).

Le 13 janvier 1994, Ferdinand OYONO est dépêché à Abuja par le Président Paul BIYA porteur d'un message de paix et de conciliation au Général ABACHA en vue d'un règlement pacifique du différend. Un mois plus tard, c'est au tour du ministre délégué auprès du Ministre des Relations Extérieures de se

110 111 112

rendre auprès de son homologue nigérian en vue de lui faire entendre raison. Tous ces efforts se sont avérés vains.

Le 20 mars 1994, Ferdinand OYONO conduit une délégation de huit membres (113) à Addis-abeba pour prendre part aux travaux de la deuxième réunion de l'organe central du mécanisme de prévention, de gestion, et de règlement des conflits de l'OUA. Cette délégation a pour mission de défendre la camerounité de Bakassi et de demander le retrait immédiat et sans condition des troupes nigérianes de ce territoire. Cette délégation devait également obtenir de l'organisation panafricaine que les deux pays soumettent leur différend devant la Cour Internationale de Justice (C.I.J) de la Haye, mais aussi le rétablissement d'un climat durable de paix et de bon voisinage dans le golfe de Guinée(114).

Abordant le dossier de Bakassi avec beaucoup de tact et de dialogue, Ferdinand OYONO n'a pas désespéré. Pour lui, l'agression n'était pas consommée ; optimiste, le chef de la diplomatie camerounaise au cour d'un entretien accordé à la presse1 (115) a déclaré que :

`' ... Nous avons introduit notre requête au mois de mars 1994 donc, cela signifie que les troupes nigérianes doivent retourner chez elles... `'

Devant l'échec avéré des efforts de règlement de la crise par voie de négociation suite à la saisine de l'organe central du mécanisme de l'OUA du règlement des différends, le Cameroun a porté l'affaire devant la C.I.J. de la Haye, et par delà la question de Bakassi il a également demandé une solution par voie judiciaire de tous les problèmes pendants sur ses frontières terrestres lacustres et maritimes avec le Nigeria (116).

Sans préjudice de la procédure judiciaire pendante devant la C.I.J., d'intenses activités diplomatiques se sont déployées pour freiner les ardeurs du

Nigeria et stabiliser le front militaire. Sous les auspices du Président Gnassingbe Eyadema du Togo, le Ministre des Relations Extérieures Ferdinand OYONO et son homologue du Nigeria Chief Tom IKIMI, se sont rencontrés pendant deux jours à Kara (Nord du Togo) au sujet du différend frontalier et territorial opposant les deux pays. Cette tentative de médiation initiée par le Président Eyadema est restée la plus significative (117) de toutes celles qui ont concouru à la résolution du différend. On se souvient de la première qui se tint à Tunis le 13 juin 1994. Et au cours de la même année les ministres des affaires étrangères du Cameroun et du Nigeria s'étaient concertés à Kara du 4 au 6 juillet. Les deux ministres avaient arrêté conjointement une série de mesures visant à maintenir la paix dans la presqu' île de Bakassi, en attendant le verdict de la C I J.

Les 16 et 17 février 1996, à l'invitation du Général Eyadema, Ferdinand Léopold OYONO rencontre à Kara au Togo son homologue nigérian, Chief Tom IKIMI qui avait remplacé Babagana KINGIBE au courant de l'année 1995. Au terme de cette deuxième réunion des ministres des affaires étrangères, les ministres camerounais et nigérian reconnurent que l'affaire était pendante devant la C.I.J. et se mirent d'accord sur l'arrêt de toutes les hostilités à Bakassi (118).

`' ...J'y étais, tout comme le précédent Ministre des Affaires étrangères du Nigeria. Nous sommes tombées d'accord pour gérer la paix, en attendant des décisions de la C.I.J. ... `'(119).

Cette médiation du président togolais aboutit au processus de Kara du 17 juillet 1994. Les autorités de Yaoundé poursuivront la recherche d'un climat de paix. A cet effet, le lundi 5 février 1996, l'ambassadeur du Nigeria à Yaoundé Georges BELLO fut convoqué au ministère des Relations extérieures par Ferdinand

113

OYONO qui lui traduisait la très vive préoccupation de Yaoundé au sujet des manoeuvres de provocation de nature à susciter une escalade de violence(120).

Dans un communiqué du 22 février 1996, le ministre camerounais des Relations extérieures dénonce les termes de l'accord du 17 février et révéla qu'en violation flagrante des engagements pris à Kara, le Nigeria poursuit les hostilités militaires à Bakassi. Ce même jour, le Cameroun décida de saisir de nouveau le Conseil de Sécurité des Nations-Unies (121).

Les initiatives de l'OUA à travers son organe de règlement des conflits, ainsi que celles du conseil de sécurité et du Secrétariat général des Nations Unies ont conduit au déploiement d'une mission de bons offices alternativement au Cameroun, au Nigeria et dans la région de Bakassi.

Certains diplomates (122) admettent à présent que c'est sous la conduite de Ferdinand OYONO que le dossier de Bakassi a connu plus tard un aboutissement heureux. Monthe TOMMO à cet effet déclare :

`' ...il aura été un grand débutant dans la gestion de ce dossier, lorsque tout espoir semblait perdu; l'ayant successivement engagé auprès du conseil de sécurité des Nations-Unis, de la C.I.J., du mécanisme de prévention de gestion et des règlements de l'OUA... `'(2123).

C'est avec beaucoup de tact, de rigueur et de dialogue que OYONO a su mener ce dossier avant de passer le témoin au ministre de la Justice qui se chargea par la suite de le gérer. Mais, il faut dire que c'est à Ferdinand Léopold OYONO en partie qu'on doit cette solution (124).

114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124

On ne saurait parler de l'action de Ferdinand Léopold OYONO sans mentionner le courage dont le diplomate camerounais a fait montre dans la gestion de ce dossier. En effet, dix huit mois après le scrutin Présidentiel d'octobre 1992, Ferdinand OYONO reconnaissait au cours d'une conférence donnée que les relations entre Yaoundé et Washington avaient connu une relative détérioration du fait que son ambassadeur madame Frances Cook se montrait favorable à l'opposition. Saisissant au cours de la même occasion l'opportunité de faire le point sur l'affaire de Bakassi, Ferdinand Léopold OYONO réaffirma à l'intention des américains le libre choix des orientations des dirigeants camerounais en ces propos :

`' ... parce que le problème de nos pays est que certains estiment les connaître tout de go et pensent de ce fait, pouvoir nous dire ce qui est bon pour nous et nous demandent de faire comme ils veulent... `'(1125)

Toutefois, il faut dire que ce différend frontalier n'a pas frustré le chef de la diplomatie camerounaise dans son action. Ainsi, sous la supervision du Chef de l'Etat qui définit la politique étrangère du Cameroun, le MINREX a pu relancer les travaux des commissions mixtes.

2- La tenue des commissions mixtes.

Les commissions mixtes sont l'expression de la volonté des partenaires de conférer une dynamique nouvelle ou renouvelée à leurs relations bilatérales. Jusqu'à l'arrivée de Ferdinand OYONO à la tête du MINREX, celles-ci se sont tenues pour la dernière fois en 1988 entre le Cameroun et ses partenaires (2126). L'apparition des commissions mixtes comme une nouvelle pratique diplomatique a

été rendue nécessaire par l'évolution des relations bilatérales. Se situant au-delà des relations diplomatiques traditionnelles, ces travaux sont apparus comme un cadre auquel les Etats ont recours lorsqu'ils désirent consolider leurs interactions.

Le rôle des commissions mixtes qui se tiennent à intervalles réguliers est d'examiner l'état des relations, de dresser le bilan de la coopération entre deux pays et de suggérer les voies de maintenir et de développer ces relations (127)

Ainsi, il est important de savoir que l'existence d'une commission mixte entre deux Etats n'est pas automatiquement synonyme de consolidation des relations entre ces Etats. La relation qui existe entre la commission mixte et l'approfondissement des relations bilatérales ne peut s'établir que si la commission mixte existe et fonctionne régulièrement. ( 128)

De 1992 à 1996, le MINREX a organisé près de dix rencontres bilatérales avec d'autres pays. C'est le cas des grandes commissions mixtes qui se sont tenus à Yaoundé du 29-30 août 1995 avec l'Egypte et à Libreville du 18-20 juillet 1997 avec pour ambition de renforcer les liens de coopération avec ces pays.

a) La 4e commission mixte Cameroun-Egypte

Les relations entre le Cameroun et l'Egypte remontent aux années cinquante. C'est au cours de ces années là que l'Egypte abrite les nationalistes camerounais. Les liens diplomatiques entre les deux pays s'établissent avec la reconnaissance du gouvernement de Yaoundé par celui du Caire en 1960. C'est à cet effet que le chef de l'Etat égyptien déclare :

`'Une fois l'indépendance acquise il n'y a plus de raison de continuer à aider l'opposition dont la raison d'être était de lutter contre les colons français `' (129).

125 126 127 128 129

Une ambassade est ouverte la même année dont le représentant est M. BEHLE. Trente cinq années après, cette coopération a fonctionnée tant bien que mal jusqu'en 1995. A partir de cette année, elle a connu un coup d'accélérateur avec la tenue de la IVe session de la grande commission mixte EgyptoCamerounaise.

En effet, sur une invitation de Ferdinand OYONO, ministre des Relations extérieures du Cameroun, Amre MOUSSA, ministre des Affaires étrangères de la République Arabe d'Egypte est venu en visite officielle au Cameroun du 29 au 30 août 1995 dans le cadre des travaux de la IVe session de la grande commission mixte égypto-camerounaise présidés conjointement par les deux ministres.

A la suite des travaux, Amre Moussa a eu une série d'entretiens avec Ferdinand OYONO, entretiens au cours desquels les perspectives des relations bilatérales entre les deux pays ont été évoquées. Les deux ministres ont recommandé le lancement des négociations devant aboutir à la signature des accords dans les domaines des transports aériens et maritimes avec la nécessité selon la partie égyptienne de l'ouverture d'une ligne directe Douala-Alexandrie ainsi que la mise en circuit d'un bateau qui devait desservir la côte Ouest africaine. Ils se sont par ailleurs félicités de la signature de l'accord de coopération entre le fonds égyptien pour la coopération technique en Afrique et au Cameroun, ainsi que de la signature du protocole de coopération culturelle entre le Cameroun et l'Egypte pour les années 1996-1998(130). En outre, ces entretiens empreints d'un climat d'amitié, de fraternité et d'entente mutuelle, ont permis aux deux ministres de passer en revue les questions africaines et internationales d'intérêt commun: notamment la situation au Burundi, Rwanda, Libéria, ainsi que la situation au Moyen orient.

130

Ferdinand OYONO et son homologue se sont félicités de la volonté de leur gouvernement de déployer tous les efforts nécessaires en vue de consolider les liens d'amitié et de diversifier la coopération bilatérale dans tous les domaines (131). Enfin, le rôle-clé du secteur privé dans la consolidation de la coopération économique entre Yaoundé et le Caire notamment par l'accroissement du volume des échanges commerciaux a été débattu.

Jusqu'à la tenue de cette IVe session, l'on déplorait la timidité de la coopération commerciale. Les échanges entre les deux pays étaient en deçà de leurs potentialités réelles. A cet effet, Ferdinand OYONO et son homologue égyptien ont lancé un appel pressant aux opérateurs économiques des deux pays afin qu'ils exploitent judicieusement l'environnement juridique et politique favorable, créé par les deux gouvernements et qu'ils entretiennent un courant d'échanges commerciaux et économiques entre les deux pays (1132).

L'action du MINREX Ferdinand Léopold OYONO est loin d'être achevée après cet appel à l'endroit des opérateurs économiques égyptiens ; en effet dans le souci de renforcer davantage les liens bilatéraux entre le Cameroun et ses partenaires, des travaux en commissions mixtes vont se multiplier à l'instar de ceux de Libreville.

b)- La 12e commission mixte avec le Gabon

Le vendredi 18 juillet 1997 se sont tenus les travaux de la 12e commission mixte entre le Cameroun et le Gabon à Libreville. A la tête d'une forte délégation de hauts fonctionnaires et d'une quarantaine de femmes et d'hommes d'affaires camerounais, Ferdinand OYONO a rencontré de hautes personnalités gabonaises(133). La géographie, l'histoire et des liens séculaires (134) de voisinage ont toujours constitué des mobiles d'incitation à vouloir coopérer plus et s'entendre

131 132 133 134

mieux. Durant cinq jours le ministre camerounais est reçu en audience par sept ministres ainsi que par le président du Sénat Georges RAWIRI. Les deux parties font état de leur volonté réciproque de coopérer.

Des opérateurs économiques de la trempe de Françoise FONING, James ONOBIONO et Pierre TCHANQUE etc, ont pris part, aux côtés de leurs homologues gabonais conduits par CASIMIR OYE MBA, ministre des Affaires étrangères aux travaux de cette 12e commission. C'était une première dans le cadre des relations bilatérales entre le Gabon et le Cameroun.

Cette volonté s'est concrétisée par la mise sur pied d'un comité de suivi qui devrait veiller à ce que les résolutions prises ne restent pas lettre morte (135). Les deux parties ont relevé dans le communiqué final leur désir de :

- de renforcer et d'élargir le cadre juridique des relations entre le

Cameroun et le Gabon par la signature de nouveaux accords ;

- de dynamiser la coopération dans le domaine universitaire ainsi que

dans les secteurs de la culture et des arts, de la communication et des affaires sociales, de la condition féminine et de la formation professionnelle, des sports et des télécommunications ;

- de clarifier les questions frontalières ;

- de densifier et de renforcer la coopération entre les autorités des deux

pays chargées des questions consulaires notamment celle de la circulation des personnes et des biens ;

- de mettre en place un partenariat plus poussé et mutuellement

bénéfique entre les opérateurs privés camerounais et gabonais conformément à la volonté des Présidents Paul BIYA du Cameroun et Omar BONGO du Gabon(136)

135 136

c) Les autres commissions mixtes

En plus des deux cas relevés plus haut, beaucoup d'autres commissions mixtes entre le Cameroun et ses partenaire ont eu lieu sous l'impulsion du ministre Ferdinand Léopold OYONO, comme l'indique le tableau numéro un ci après.

Tableau n° 1 :

Les rencontres des commissions mixtes entre le Cameroun et ses partenaires
(1993-1997)

Partenaires (Pays)

Lieu

Année

La République Populaire de Chine

Beijing

1993 et 1995

La Corée du Nord

Pyongyang

1993

Le Nigeria

Abuja

1993

La Belgique

Bruxelles

1994

Le Tchad

Maroua

1994

La Tunisie

Tunis

1995

L'Egypte

Yaoundé

1995

L'Allemagne

Yaoundé

1994 et 1996

Le Gabon

Libreville

1997

Source : Archives du Ministère des Relations Extérieures

La particularité des commissions mixtes tenues avec ces différents pays réside dans l'amélioration des liens bilatéraux et surtout dans l'assistance économique des pays développés (Chine, Allemagne) ayant abrité deux fois ces commissions. Pour ce qui est de l'Egypte, la Tunisie et le Gabon, les gouvernements se sont engagés à ouvrir le secteur privé aux hommes d'affaires des

pays concernés ainsi que ceux du Cameroun. Ces pays faut-il souligner offrent des opportunités réelles de partenariat et de complémentarité avec le Cameroun.

On peut également mettre à l'actif des commissions mixtes en raison de leur importance, des événements tels que : le séminaire atelier Cameroun-Nigéria sur la coopération transfrontalière (Yola mai 1992), la réunion des experts camerounais et nigérians sur les questions de frontières (Yaoundé, août 1993) qui a notamment abouti à la reconnaissance, par la partie nigériane de la validité de la déclaration de Maroua de 1975 portant délimitation de la frontière maritime entre les deux pays (137).

3- L'état des liens entre le Cameroun et ses partenaires.

Entre novembre 1992 et décembre 1997 période au cours de laquelle FerdinandOYONO coordonne les « affaires de dehors », le Cameroun a noué des relations diplomatiques avec une douzaine de pays. C'est le cas avec la République Sud-Africaine, le Guatemala, le Paraguay, la Jamaïque, Singapour, l'Indonésie, le Pakistan, l'Ukraine, l'Irlande, la Slovaquie et la Tchéquie. En outre, des consulats honoraires ont été créés dans plusieurs pays : en Italie (Gêne, Messine, Turin, Naples), au Costa Rica, en Afrique du Sud (Johannesburg) et au Liban (Beyrouth) ( 138).

Parallèlement, le Cameroun a vu ses liens renforcés avec les autres Nations en raison du climat de paix et de stabilité qui y régnait. C'est ainsi que de nombreux pays ont accrédité de nouveaux ambassadeurs au Cameroun en remplacement de ceux arrivés en fin de séjour. C'est notamment le cas du Canada, des Etats-Unis, de la Belgique, des Pays-Bas, de la France, du Royaume Uni, de la Suède, du Tchad, de la Norvège, du Gabon, de la Pologne, d'Israël, de la Turquie,

137 138

de l'Iran, de l'Union Européenne, de la Grès, de l'Indonésie et du Saint Siège(139). Le Cameroun de son côté a accrédité des représentants diplomatiques en Espagne, Grande Bretagne, Danemark, Suède, Norvège, Grèce, France, Gabon, Ethiopie, Russie et aux Etats-Unis(140). Par ailleurs, on ne saurait oublier l'ouverture d'une ambassade à Prétoria le 2 juin 1997.

a) Avec la Chine

Dans le cadre des liens bilatéraux, l'un des tout premiers voyages officiels qu'effectue Ferdinand OYONO en tant que MINREX est en Chine, le 11 janvier 1993. Yaoundé et Beijing entretiennent depuis près de deux décennies, des relations fructueuses et cordiales. C'est ainsi que moins de deux mois après sa nomination comme ministre des Affaires étrangères, Ferdinand OYONO qu'assistent madame YAOU Aïssatou, ministre des Affaires sociales et de la Condition féminine et Francis NKWAIN, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères reçoit son homologue Chinois QIAN QUICHEM. Au cours de cette visite, il est procédé à la signature d'une lettre de confirmation d'un don de 100 000 000 (Cent millions) de francs CFA du gouvernement chinois au gouvernement camerounais destiné à la construction d'un atelier de couture pour handicapés de sexe féminin. A l'issue des entretiens, Ferdinand OYONO et QIAN QUICHEM ont relevé le caractère symbolique de ce don qui s'inscrivait dans le cadre de coopération fructueuse qui liait les deux pays (141).

On ne saurait parler de la coopération Sino-Camerounaise entre 1992-1997 sans mentionner l'accord portant sur le jumelage des provinces du Sud-Cameroun et de Hubei ; encore moins de l'accord de prêt sans intérêt de trois milliards de Fcfa accordé à Yaoundé par Beijing. L'enveloppe initiale de ce prêt a bénéficié d'une rallonge de deux milliards de Fcfa, suite à un protocole additionnel signé

139

140 141

dans la capitale camerounaise le 13 août 1996(142). Il y' a lieu de souligner que la plus part des projets de coopération sino-camerounais sont déjà été réalisés ou en cours de réalisation ; à l'instar du don d'engins de forage au Centre National d'Etudes et Expérimentation du Machinisme Agricole (CENEEMA) déjà réalisé, le projet de construction d'une usine de fabrication de glaces, la construction des routes etc.

b) Avec la France

Avec la France, les relations sont restées cordiales. Relations d'échanges et beaucoup plus d'assistance à l'endroit du Cameroun, malgré l'ambitieux projet manqué du chef de la diplomatie camerounaise le 28 avril 1994.

En effet, le ministre Ferdinand OYONO, est au centre du projet de transformation de l'Institut National de la Jeunesse et des sports (I.N.J.S) en Institut international de la Jeunesse et des sports (I.I.J.S) réunissant le MINREX, le MINJES et les services de la primature. Ce projet multilatéral ne sera jamais réalisé et pour cause la France principal partenaire de l'ancienne structure (I.N.J.S) n'ayant jamais été informé dudit projet. Les fonds nécessaires au financement soit 700 millions de francs CFA apprêtés à cet effet n'ont pas été versés (143). Incompréhension ? Malentendu entre parties ? Ou mauvaises intentions des promoteurs ? On ne saurait répondre par l'affirmative à ces interrogations.

Toutefois, des négociations entre le gouvernement camerounais représenté par Augustin F. KODOCK, ministre du plan et le gouvernement français représenté par Pierre Jacquenot, chef de Mission française de coopération et d'action culturelle au Cameroun aboutirent le 19 juillet 1994 à la signature d'une convention de financement de 700 000 000 f CFA pour l'exécution du « complexe d'entraînement du sport d'élite à fonction régionale » (144).

142 143 144

Ces relations d'amitié, d'échanges et de fraternité entre le Cameroun et ses partenaires lui ont permis dans une certaine mesure, de pouvoir s'affirmer sur la scène internationale.

B-la coopération multilatérale

En dehors des relations bilatérales, le Cameroun a noué d'autres liens avec des institutions internationales spécialisées à partir desquelles il a reçu des aides en espèces et en nature ainsi que des experts pour la réalisation des projets de développement. A cet effet on peut relever la présence et le rôle de Ferdinand OYONO en tant que MINREX durant certaines Conférences internationales, lors du sommet de l'OUA à Yaoundé en 1996, et surtout dans la signature d'accords multilatéraux.

1- La participation du MINREX aux Conférences internationales

Le triptyque de la diplomatie camerounaise, durant le passage de Ferdinand Léopold OYONO à la tête du MINREX, est le rayonnement, la présence et la participation. C'est ainsi qu'on a pu voir le ministre des Relations Extérieures aux côtés du Président Paul Biya lors de diverses conférences internationales telles que présentées par le tableau n°2 ci-après.

Participation du Cameroun aux conférences internationales.

Sommet

Lieu

Année

OUA

Dakar

1992

Francophonie

Maurice

1993

OUA

Tunis

1994

France-Afrique

Biarritz

1994

Francophonie

Cotonou

1995

50 ans OUA

New-york

1995

Commonwealth

Auckland

1995

OUA

Addis Abéba

1995

Conf. Mondiale sur le développement Social

Copenhague

1995

51e Assemblée générale de l'ONU

 
 

Alimentation

New-York

1996

OUA

Rome

1996

 

Lomé

1997

Tableau dressé à partir des données du MINREX

Il ressort de ce tableau que le Cameroun a été présent sur la scène internationale de 1992 à 1997 où il a pu renforcer ses liens avec d'autres Etats dans le cadre multilatéral.

Par ailleurs, on note la participation du ministre des Relations extérieures à toutes les Assemblées générales de l'ONU de la 47e à la 51e session. Le MINREX a également assisté à tous les conseils de ministres de l'OUA de 1992 à 1997. Ferdinand OYONO, en tant que MINREX, a représenté le chef de l'Etat à plusieurs conférences également. C'est le cas du sommet des chefs d'Etat et de gouvernements du Commonwealth à Limassol (Chypre) en 1993, du sommet des chefs d'Etat et de gouvernements des pays des grands lacs (Arusha 1 et 2, Nairobi 1 et 2) portant sur la crise dans les grands lacs ainsi que la première réunion du comité international de médiation sur la crise congolaise qui s'est tenue à Libreville

en 1997(145). Dans ces travaux auxquels prennent part les présidents du Gabon, Tchad, Bénin, Mali, Sénégal, Togo, RCA, Guinée-Équatoriale, Ferdinand Léopold OYONO a représenté le Cameroun en lieu et place du Chef de l'Etat Paul BIYA. Les travaux visaient à trouver un accord de cessez -le- feu à propos de la crise qui opposait le Président Pascal LISSOUBA, le Chef du gouvernement Bernard KOLELAS et le Général d'armée Denis SASSOU NGUESSO, leader des Forces Démocratiques Unies (FDU).

Au terme de cette réunion, les parties se sont engagées à régler la crise par la poursuite des négociations politiques sous l'égide du Comité international de médiation présidé par le Chef de l'Etat gabonais OMAR BONGO.

Le ministre des Relations Extérieures Ferdinand OYONO a participé à tous les sommets France Afrique depuis 1994, de la Francophonie organisés depuis 1992, ainsi qu'à diverses conférences internationales; on peut relever par exemple sa participation:

- aux conférences des Ministres des Affaires Etrangères et au septième sommet de l'O.C.I de Casablanca en 1994,

- au Comité des cinq sur l'embargo imposé à la Libye qui s'est rendu

successivement à Tripoli et à New York, enfin au sommets du mouvement

des non-Alignés qui se sont tenu en Indonésie en 1992 et en Colombie en

1995(146).

Parallèlement à sa participation à ces conférences internationales à l'extérieur, le Cameroun a également été l'hôte de quelques rencontres internationales ou a accueilli les dirigeants de ces organisations (Cf. tableau n°3).Ce fut le cas des conférences des ministres des Finances de la Zone franc en 1992, de la cinquième conférence mondiale de l'ONUDI en 1993, du congrès mondial sur le Sida et du sommet des chefs d'Etats de l'UDEAC en 1994.

145 146

Visites des dirigeants des organisations internationales au Cameroun de

1992 à 1997

NOM

Statut

Année de la visite

HAMID ALGABID

Ancien SG de l'OCI

1992, 1993, 1995

AHMED MOHAMAD ALI

Président Banque Islamique du

Développement

1993

ENAM AHMED

Vice-Président Banque Islamique du

Développement

1993

ANTHONY GOODENOUGH

Secrétaire d'Etat Adjoint de la Grande Bretagne chargé des affaires étrangères et du Commonwealth

1993

BOUTROS BOUTROS

Secrétaire Général de l'ONU

1993

Chief EMEKA ANYAOKOU

Secrétaire Général du Commonwealth

1993

Jean Louis ROY

Secrétaire Général de l'ACCT

1993

Délégation conduite par

KAMAK HOSSEN

Du secrétariat général du Commonwealth

1993

Jacques DIOUF

Directeur Général du FAO

1995

NICK HARE

Secrétaire Général Adjoint du

Commonwealth

1996

Anatole TIENDREBEOGO

Secrétaire Général Adjoint de l'OUA

1996

SALIM AHMED SALIM

Secrétaire Général de l'OUA

1996

Mission spéciale de l'ONU

Sur l'affaire BAKASSI

1996

IBRAHIMA FALL

Sous-Secrétaire Général des Nations

Unies chargé des questions politiques

1997

Source : tableau dressé à partir des données tirées du livre intitulé Cinq ans de
progrès avec Paul BIYA

De ce qui précède, il résulte que la diplomatie camerounaise sous Ferdinand OYONO a été dynamique et imaginative, ce qui lui a permis de relever nombre de défis tout en assurant le rayonnement du pays dans le monde.

2- Le sommet de l'OUA à Yaoundé

C'est au cours du trentième (30e ) sommet de l'OUA tenu en Tunisie en juin 1994 que le Cameroun est désigné pour abriter la conférence des chefs d'Etat de l'Organisation panafricaine deux ans plus tard. En 1995, Ferdinand OYONO rentrant d'Addis-Abeba ne se fait plus de souci dans la mesure où son pays vient d'apurer ses arriérés de cotisation s'élevant à 500 millions de F CFA (147) auprès de l'OUA.

Membre fondateur de l'organisation, le Cameroun n'avait jamais abrité un sommet de l'OUA. Pourtant le diplomate OYONO faisait partie de la délégation(148) qui s'était rendue à Addis-Abeba à la suite du Président Ahidjo le 25 mai 1963 pour participer à la création de cette Organisation. Il donne les raisons de la tenue du sommet de l'OUA à Yaoundé en ces termes :

`' ... le Cameroun en tant que membre fondateur entendait ainsi apporter une fois de plus sa contribution au progrès de l'Afrique, au progrès de l'OUA. Ceci fait partie des responsabilités normales attachées à la qualité de membre d'une organisation internationale ... `' (149).

Au cours de la réunion préparatoire dudit sommet, le comité d'experts de l'organisation africaine a retenu trente cinq thèmes relevant des domaines divers :

147 148 149

politique, économique, social, financier de la coopération multilatérale et politique extra continentale de l'OUA, etc. (150)

Ainsi pas moins de 31 chefs d'Etat, de chefs de gouvernement, de ministres et de chefs de délégations venues de tout le continent africain auront répondu au rendez-vous de la capitale camerounaise. Pour la réussite d'une telle entreprise, c'est au ministre des Relations extérieures qu'incombe une des plus lourdes tâche des préparatifs, à savoir s'assurer et veiller à la bonne tenue et à la participation effective des différentes délégations, en vue d'un établissement ou d'un renforcement des liens de coopération.

Le sommet de l'OUA de Yaoundé, de l'avis de certains observateurs afro pessimistes, ne devait pas se tenir compte tenu de l'absentéisme notoire du Président BIYA à presque tous les sommets de 1983 à 1991 d'une part, du climat sociopolitique qui régnait en Afrique dans les années 1990 caractérisé par les conflits ethniques, les guerres frontalières d'autre part. A tous ceux là, Ferdinand Léopold OYONO, Vice- Président du comité national d'organisation dudit sommet et l'un des principaux artisans de sa tenue avait répondu au cours d'une interview en prélude au sommet de Yaoundé en ces termes :

`' ...Nous déplorons comme vous ces conflits qui déchirent le continent. Ils constituent, hélas un obstacle réel au développement économique et social des pays concernés ; mais en aucun cas ils ne sauraient être la preuve de l'échec de la dynamique unitaire inspirée par l'OUA. L'OUA est un organe de concertation et de décision par excellence, les rencontres périodiques des chefs d'Etat et de gouvernement

150

voire les différents conseils des ministres ne sont que la partie visible de l'iceberg... `'(1151)

Sur le plan politique et social, l'actualité africaine était marquée par la psychose qui régnait au Burundi. Toutefois, les participants ont pu débattre également des conflits (152) du Rwanda, Libéria et de Somalie. Une résolution portant sur le maintien de la paix et de la sécurité fut prise.

Hormis ces problèmes de paix qui affectaient le continent africain, la rencontre de Yaoundé a permis de débattre des questions économiques régionales mais également de la promotion d'un développement durable etc....(3153)

Parlant du rôle de l'OUA sur la situation économique des pays d'Afrique, le chef de la diplomatie camerounaise déclare :

`' ... Les problèmes liés à la décolonisation du continent, à l'Apartheid étant déjà réglés, il était important pour l'organisation de s'attaquer aux questions essentielles de la survie et du bien- être des peuples. Une partie des discussions aura porté sur la mise sur les rails du traité d'Abuja instituant la Communauté économique africaine entrée en vigueur en mai 1994... `'(4154)

Le sommet de Yaoundé, a permis aux différents participants de débattre sur les questions de dette extérieure, de la situation socio-économique de l'Afrique, de la coopération et de l'intégration économique régionale. La promotion d'un développement durable, le maintien de la paix et de la sécurité, tout comme la gestion de l'environnement et la promotion de la culture et des industries africaines n'ont pas été en reste (155).

151 152 153 154 155

Au total, le sommet de l'OUA de 1996 a été pour le chef de la diplomatie camerounaise,

`'... le rendez-vous d'une Afrique qui, consciente des enjeux de l'heure devait se préparer pour le troisième millénaire ; débarrassé de ses tabous. Ce fut bien évidemment un succès pour notre diplomatie... `'(156)

S'il est vrai que le rôle de Ferdinand OYONO dans les préparatifs du 32e sommet de l'OUA a été très important, il n'en demeure par moins que le chef de la diplomatie camerounaise aura parfois outrepassé son domaine de compétence. Ce fut le cas du problème qui se pose au sujet d'une structure de l'OUA basée à Dschang, le Centre africain de recherche et de formation phytosanitaire (CARFOP).

En effet, le CARFOP était une institution de formation de cadres africains de conception dans le domaine de la protection des végétaux et des récoltes. Les membres directeurs du CARFOP étaient nommés par le Secrétaire général de l'OUA. En mars 1994, le directeur général du CARFOP, Jacob FOKO, se trouve en démêlés avec Ferdinand OYONO, MINREX, pour « refus d'exécution » (157).

Le ministre camerounais des Relations extérieures est entré en discorde avec le Secrétaire Général de l'OUA pour avoir voulu imposer un directeur autre que celui nommé par Salim Ahmed Salim alors que les textes de l'OUA ne lui donnait aucun droit de poser un tel acte. La Présidence de la République du Cameroun informé par les protestations du Secrétaire Général de l'OUA va réagir par la voix de son Secrétaire général Titus EDZOA demandant à OYONO de surseoir au limogeage de Jacob FOKO ou de le rétablir dans ses fonctions.

156 157

Mais Ferdinand Léopold OYONO n'a pas cru devoir obéir aux instructions de sa hiérarchie. Ce bras de fer entre OYONO et Salim Ahmed Salim mit près d'un mois jusqu'à ce qu'ordre soit donné au Recteur de l'Université de Dschang de procéder, avec au besoin le secours de la police, à la réinstallation de Jacob FOKO ( 158)

Abus de pouvoir ? Rancune ou malentendu entre les parties concernées? Addis- Abeba en particulier ? Il est difficile de donner un jugement. Toutefois, on sait qu'avant le déclenchement de ce différend en 1994, le Cameroun faisait partie des Etats africains considérés comme des mauvais payeurs à l'OUA accusant plus de deux milliards d'arriérés de cotisation(159).

La nature des liens entre Yaoundé et Addis -Abeba à propos de ce différend est resté fort heureusement, sans effet sur la coopération multilatérale.

3- La signature d'accords multilatéraux.

Entre 1992 et 1997, le Cameroun a procédé à la signature de plusieurs accords qui ont contribué au développement du pays. Ainsi, sur les aspects sociaux, économiques et politiques, on peut citer entre autres, les accords de coopération Cameroun - UNESCO du 20 janvier 1993, relatif au programme international pour le développement de la commutation, (P.I.D.C) ou encore l'accord de siège Cameroun - Secrétariat ONU relatif au centre d'information des nations Unies à Yaoundé en 1994(1160).

Le 16 Août 1995, Ferdinand OYONO a reçu le Dr Hamid Algabid, Secrétaire général de l'organisation de la conférence Islamique (O.C.I). Excepté l'entretien portant sur les préparatifs de la conférence des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'OCI prévue en Guinée en décembre 1995, les deux personnalités ont parlé de la coopération entre l'O.C.I et le Cameroun, malgré le statut du Cameroun comme Etat membre à part entière de cette organisation, il

158 159 160

sera procédé à la signature d'un accord de financement pour la construction des lieux de Kousseri, le barrage de Song - loulou d'un montant de (23 milliards de FCFA) et la Cellucam (4,8 milliards de F.CFA). F. L. OYONO qualifiera de bonne la coopération entre son pays et l'O.C.I et surtout réaffirmera la détermination du Cameroun à participer aux prochaines assises de l'O.C.I (161).

La date du 16 août 1995 va cadrer également avec l'admission du Cameroun comme 52e pays membre du Commonwealth, il faudrait attendre quatre mois environ pour voir le Cameroun signer de nouveau accord. En effet, le 19 décembre 1995, le ministre des Relations extérieures Ferdinand OYONO et Danielle Benjamin représentant du bureau national du Fonds des nations unies pour l'Enfance (UNICEF) ont procédé à la signature d'un accord de base qui fixe les conditions dans lesquelles l'UNICEF, dans la limite de son mandat et dans le cadre des opérations des Nations unies, va coopérer avec le Cameroun. Le ministre camerounais dans son allocution a dit que:

`' ... cet instrument cadre balise les conditions d'articulation du dialogue fructueux que le gouvernement ne cesse de poursuivre avec les nations unies en général et l'UNICEF en particulier, afin de permettre à celui-ci et à ses partenaires opérations, d'établir des stratégies isectorielles qui sauvegardent et la mission du fonds qui est d'assurer la survie, la protection et le développement de l'enfant... `'(162).

Cette assistance de l'UNICEF, ne constitue pas la fin de la série d'accords multilatéraux que le Cameroun, par l'intermédiaire de son ministre des Relations

161 162

extérieures, a signé au cours de son passage au MINREX cinq années durant. Il y eut d'autres parmi lesquels:

-L'accord de siège Cameroun - Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (O.H.A.DA) ; signé par OYONO et le Secrétaire permanent de l'O.H.A.D.A .

Ce traité relatif à L'O.H.A.D.A. avait été signé par quatorze Etats africains portés à 16 à Port Louis (Ile Maurice) le 17 octobre 1993 ; il a pour objet l'harmonisation du droit des affaires dans les Etats parties grâce à l'adoption de règles communes simples, modernes en oeuvre de procédures judiciaires appropriées, et par l'encouragement au recours à l'arbitrage pour le règlement des différends contractuels (163).

- En matière de sport, l'accord de siège signé entre le gouvernement camerounais représenté par Ferdinand OYONO, le ministre de la jeunesse et des sports Samuel MAKON, et la Confédération Africaine de Football (CAF) que représentait son Président Issa Hayatou. C'est au cours de la 22e Assemblée générale de ladite organisation, tenue à Johannesburg en janvier 1996 qu'il avait été décidé de la prise de toutes les mesures nécessaires pour l'ouverture d'une structure de la CAF à Yaoundé (164). Ou encore l'accord de siège Cameroun -Organisation du Sport Militaire en Afrique signé à Yaoundé en 1996.

C- L'Organisation de l'Outil diplomatique Camerounais.

Il s'agit de montrer dans cette partie l'action de Ferdinand OYONO, dans l'organisation, l'amélioration des structures du département ministériel dont il a la charge.

163 164

1-le statut et la vie des diplomates Camerounais

En période de crise économique dans les années 1990, bien avant l'arrivée de Ferdinand OYONO à la tête du MINREX, le manque de moyens contraignit l'Etat Camerounais à revoir à la baisse le nombre d'agents dans ses représentations diplomatiques. Le diplomate OYONO, proche collaborateur et ami du chef de l'Etat Camerounais, ne parvint pas à maintenir un important nombre de diplomates à l'étranger. Un diplomate (165) se souvient de ce qui fut dès lors considéré comme une psychose et déclare à cet effet :

`' On se disait que Monsieur OYONO proche du président, réussirait à plaider notre cause sur cette réduction salariale, malheureusement ce fut une déception. Il a fallu attendre deux ou trois ans pour qu'on réhabilite les salaires ... `'.

Entre temps on a assisté à des manoeuvres de diverses natures de ces derniers. Des diplomates qui faisaient la manche, des diplomates affamés, le personnel féminin pratiquant le plus vieux métier du monde pour survivre etc. On a observé cette situation à Ottawa, à Berne, la Haye, Djeddah et Ndjamena.

Un rapport de la représentation diplomatique d'Ottawa vient éclairer cette réduction salariale ; celui-ci fait état d'une baisse de Septembre à Octobre 1993, de non perception pour les mois de novembre et décembre 1993, le changement du taux préférentiel qui est passé de 185, 20 F.CFA pour un dollar Canadien à 417 F.CFA (166). Cette situation de crise économique qui se manifeste au Cameroun par la baisse des salaires ne va pas être propice à la bonne gestion du ministère des

165 166

Relations extérieures. Ainsi, dans les services extérieurs dudit département ministériel des abus de presque toute nature sont observés : trafic, vol, mendicité....

A Paris par exemple, malgré les menaces d'expulsion dont les diplomates sont l'objet, on signale l'arrêt de deux trafiquants des faux timbres fiscaux. Phostin Djoutsop et Robert Moundoubou, tous agents chargés de la préparation des visas, mettent au point entre août et décembre 1994, une parade de substitution de timbres fiscaux (167), remis par les usagers. Cette pratique permit à nos deux agents d'encaisser un pactole de 11 874000 F CFA (168).

L'acte posé par nos deux diplomates ne pouvait que traduire la situation de misère dans laquelle nos diplomates se trouvaient dans leurs représentations diplomatiques. Par ailleurs du côté de Moscou, les arriérés de paiement en instance peuvent être évalués à près de trente trois millions de francs CFA.

Face à ce constat, Ferdinand OYONO n'est pas resté amorphe ; dans les correspondances du 27 juin et 1er juillet 1994 qu'il adresse au Secrétariat Général de la Présidence de la République du Cameroun, il reconnut vertement la situation dramatique de ses fonctionnaires en ces termes :

`' Le gouvernement belge menace d'expulser de manière irrévocable monsieur Tamwo et Ngollo Ngama diplomates camerounais en poste à Bruxelles si règlement dettes intéressées n'est pas effectué avant le 30 juin 1994 `'

Et de préciser dans une autre lettre

167 168

`' L'ambassade du Cameroun à Bangui connaît pratiquement un arrêt d'activités depuis octobre 1992, date du dernier mouvement de fonds d'un montant de 30 millions de FCFA»

(169)

Le chef de la diplomatie camerounaise Ferdinand OYONO, conscient de ce que peut éprouver un fonctionnaire loin de son pays, a tenté de revoir le statut des diplomates. Malheureusement, la signature de cet important texte qui prévoyait l'amélioration de la condition du diplomate n'eut pas lieu avant le départ de Ferdinand OYONO à la tête du MINREX. C'est un dossier qui est resté en suspend à la présidence de la République, nous attendons toujours avec espoir déclare un diplomate (170) en fonction.

L'année 1996 sera pleine de modifications dans le fonctionnement de l'appareil diplomatique camerounais.

2- Dans la restructuration de l'appareil diplomatique et consulaire Camerounais

Dès le 26 septembre 1996, sous la supervision du chef de l'Etat, l'on va assister à la restructuration de l'appareil diplomatique et consulaire du Cameroun. Cette restructuration porte sur les points suivants : la réduction des effectifs du MINREX, l'entretien des immeubles diplomatiques et l'extension des locaux des services centraux du MINREX.

a) La réduction des effectifs

En dépit de l'importance des services rendus pour le bon fonctionnement de la diplomatie camerounaise, le MINREX va devoir réduire son effectif ; ainsi sur 494 personnes en service hors du Cameroun, le chef de l'Etat prescrit le rappel de

169 170

243 personnes soit une réduction de 49,19% des effectifs en poste à l'étranger (171). Dans cette optique, le nombre d'agents recrutés sur place beaucoup mois coûteux va sensiblement augmenter pour compenser le vide crée par le rappel des agents administratifs et domestiques.

Un diplomate se souvient de cette décision revoyant les effectifs à la baisse :

`' Ce fut une décision très difficile à comprendre ; car ce n'est pas au moment où on avait besoin d'agents dans nos ambassades qu'il fallait plutôt les ramener au pays la preuve en est que nous sommes sous représentés chiffre à l'appui `' ( 172)

b) L'entretien des immeubles diplomatiques et l'extension des locaux des services centraux du MINREX

S'il est vrai que l'on peut placer à l'actif de Ferdinand OYONO le projet d'extension des locaux pour des raisons de logistique et d'organisation dont une dotation financière fut prévue dans le budget d'investissement public de 1992, on ne saurait oublier son action dans l'entretien des locaux diplomatiques camerounais.

Malgré la crise économique qui rend difficile l'entretien des édifices, le paiement des factures d'eau, d'électricité, de téléphone, ou de loyer, un effort financier supplémentaire sera fait pour la réfection de certains immeubles ; c'est le cas des représentations diplomatiques de Londres et d'Ottawa, où des crédits de 220 millions de FCFA et de 20 millions FCFA seront alloués respectivement (173).

171

PHOTO N°4

172

Après avoir dirigé les activités du MINREX cinq années durant, Ferdinand OYONO est remplacé à la suite du remaniement ministériel du 7 décembre 1997 par Augustin KONTCHOU. Le « vieux nègre » (174) bien qu'ayant été muté pour le ministère de la culture, ne quitte pas pour autant la scène diplomatique camerounaise ; il devient l'Eminence grise du chef de l'Etat Paul BIYA.

D - Le Ministre d'Etat : Eminence grise pour les affaires diplomatiques.

Bien qu'ayant quitté le poste de ministre des Relations extérieures Ferdinand OYONO a continué à jouer un rôle actif dans la définition, l'orientation

et l'application des décisions dans le domaine diplomatique du Cameroun. C'est ainsi qu'on remarque sa présence dans les rencontres diplomatiques telles que les visites officielles à l'extérieure, aux côtés du chef de l'Etat, dans les conférences internationales, les grandes négociations etc. Cette présence implique-t- elle sa participation continue dans les négociations diplomatiques du Cameroun ? On essaiera de trouver des éléments de réponses dans les cas suivants : la présence de Ferdinand OYONO dans les conférences internationales, son omniprésence aux côtés du chef de l'Etat.

1 - La présence de Ferdinand OYONO aux conférences internationales

Comment expliquer qu'après le départ de Ferdinand OYONO du Ministère des Relations Extérieures, celui-ci continue à s'immiscer dans les affaires diplomatiques ?

173 174

Ce fut le cas du sommet de la Francophonie en janvier 2001, où, en lieu et place du responsable de tutelle Augustin Kontchou Kouemegni, c'est Ferdinand Léopold Oyono qui fut chargé de prononcer le communiqué final de cette importante rencontre internationale.

Dans d'autres cas, il accompagne le chef de l'Etat lors de ses déplacements à l'étranger à l'occasion de certaines réunions importantes, ce fut le cas de Genève en 2002 sur la question de Bakassi, ou de Tokyo en 2003 sur le développement pour ne citer que les plus récents.

Pourrait-on dire que c'est l'expérience diplomatique ou la marque d'attachement au style diplomatique de Ferdinand Léopold OYONO qui pousse le chef de l'Etat à lui faire confiance ? Question un peu difficile à répondre par l'affirmative car, pourquoi ne l'avoir pas maintenu au poste de MINREX si ce style et cette admiration étaient des arguments justificatifs de l'acte Présidentiel.

Nous pouvons tout de même penser que l'acte du chef de l'Etat répond au principe de responsabilité, de compétence et de confiance: confier à OYONO certains dossiers parce qu'il est expérimenté et compétent cela ne souffre d'aucun doute. Mais il est aussi un ami de longue date (175) du chef de l'Etat.

175

PHOTO N°5

2 - Une présence permanente aux côtés du chef de L'état

Ferdinand Léopold OYONO après plus de trente cinq années au service de la diplomatie camerounaise est un diplomate chevronné, un proche collaborateur et conseiller du chef de l'Etat camerounais. On peut l'expliquer à travers sa présence dans presque tous les voyages du chef de l'Etat Paul BIYA, bien qu'étant Ministre d'Etat en charge de la culture. En Afrique comme en Occident, Ferdinand Léopold OYONO est peu absent aux déplacements officiels que privés du Président camerounais.

Au cours des conférences internationales, à l'instar du sommet de l'ONU tenu à New-york en 1999 on peut voir Ferdinand OYONO installé immédiatement à la droite du Président de la République du Cameroun ; alors que le MINREX, Augustin KONTCHOU, était assis un peu plus loin. Il apparaît dès lors comme le premier collaborateur diplomatique du Président BIYA.

Récemment encore, lors du voyage effectué à Genève le 15 novembre 2002, par le Président BIYA pour rencontrer son homologue Nigérian dans le cadre de l'application du verdict de la C.I.J établissant la Camerounité de la péninsule de Bakassi, en présence du Secrétaire général des Nations Unies, Ferdinand OYONO faisait partie de la délégation. De même, lors de la visite officielle du chef de l'Etat à Londres le 12 mars 2004, il est le premier de la suite présidentielle à être présenté au responsable des Affaires Etrangères anglais Valérie AMOS, par le président Paul BIYA suivant l'ordre protocolaire. En outre lorsque le Président BIYA se rend aux Etats Unis le 20 mars 2003, sur invitation du Président George BUSH ou en France rencontrer son homologue Jacques CHIRAC, Ferdinand. OYONO occupe les devants protocolaires de la suite présidentielle. Il en est de même des voyages en Asie, comme celui du 27 septembre 2003 au Japon pour les travaux de la troisième conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique.

Cet aspect de chose nous permet de comprendre le rôle de l'écrivain diplomate Ferdinand Léopold OYONO après son départ du Ministère des Relations Extérieures en décembre 1997, dans une diplomatie qualifiée par le chef de l'Etat Paul BIYA « de diplomatie de présence, de participation active et du rayonnement » (176) Il est toujours proche du chef de l'Etat ; ce qui nous laisse croire qu'il apparaît comme étant son premier conseiller diplomatique au vu de sa carrière, de son expérience et surtout des liens amicaux qui unissent les deux hommes.

176

CONCLUSION GENERALE

Au terme de cet essai biographique sur le diplomate Ferdinand OYONO, une tentative de synthèse est plausible. S'il est vrai, qu'il n'est pas aisé de cerner de façon précise la personnalité Ferdinand Léopold OYONO, en raison de sa vie multidimensionnelle, et partant complexe, il n'en demeure pas moins que beaucoup s'accordent à lui reconnaître un esprit tantôt humoristique, pas ostentatoire ; tantôt sérieux, pédagogue, cultivé, discret mais toujours émaillé de finesse. Ce sont là des qualités d'un diplomate. Le style diplomatique de Ferdinand OYONO semble voguer en fonction des circonstances et des interlocuteurs.

Chef de mission diplomatique pendant environ un quart de siècle, Ferdinand Léopold OYONO a été l'homme de plusieurs situations en matière de politique extérieure. C'est ainsi qu'il fait partie de la délégation conduite par le Président Ahmadou Ahidjo en vue de mettre sur pied l'OUA en 1963. Il participe en outre à la même période aux négociations de Paris et de Bruxelles qui aboutissent à la signature de la convention de Yaoundé I. Par ailleurs il représente son pays au sein de divers organes de l'ONU.

Pendant qu'il préside aux destinées du ministère des Relations extérieures, le Cameroun accueille pour la toute première fois un sommet de l'OUA. C'est lui qui entame des négociations et plus tard des poursuites judiciaires à propos de l'épineux dossier Cameroun-Nigéria sur la question de la presqu'île de Bakassi. Ce dossier abouti en 2002 en faveur du Cameroun. En matière de politique intérieure malgré un contexte économique difficile, Ferdinand OYONO, apporte quelques touches personnelles dans l'organisation du département dont il a la charge : l'extension des locaux du MINREX, à travers l'agrandissement des bâtiments ; il initie un projet sur le statut du diplomate, un projet de relance de la conférence des

ambassadeurs; projets dont l'approbation revient au chef de l'Etat, qui sont restés en suspend jusqu'à son départ. Ces initiatives selon des diplomates (177) seraient les bienvenues.

Même s'il est vrai que l'action diplomatique de Ferdinand OYONO a porté des fruits, il n'en demeure pas moins qu'elle a parfois fait l'objet d'incompréhensions et de critiques aussi bien au sein du corps diplomatique Camerounais que celui accrédité à Yaoundé. Ferdinand OYONO, ami et proche collaborateur du chef de l'Etat, Paul BIYA, occupe trop d'espace sur la scène diplomatique camerounaise au point d'enfreindre les règles protocolaires les plus élémentaires. Par ailleurs certains diplomates estiment que OYONO n'a pas su exploiter son amitié avec le chef de l'Etat au profit de la carrière des diplomates, ce qui aurait pourtant permis d'éviter des situations regrettables qu'on connaît ou qu'on a connu auprès de nos missions diplomatiques.

Dans une diplomatie qualifiée par le président Paul BIYA de participation et de rayonnement, Ferdinand Léopold OYONO, écrivain et diplomate, a assisté le chef de l'Etat dans presque tous ses voyages tant officiels que privés, c'est ce qui a toujours donné à l'opinion publique l'impression que c'est un intime du Président de la République qui en a fait, malgré son départ du MINREX, son éminence grise en matière diplomatique.

177

SOURCES ET REFERENCES

BIBLIOGRAPHIQUES

LISTE DES PHOTOGRAPHIES ET DES TABLEAUX

Photos : Pages

Photo N°1 : Portrait de Ferdinand Léopold OYONO x

Photo N°2 : S.E. Ferdinand OYONO au cour du sommet des « Six-Dix-huit » des

EAMA tenu à Bruxelles ... 44

Photo N°3 : S.E. Ferdinand OYONO consulté par le Président Paul BIYA

au cour d'un sommet international 83

Photo N°4 : S.E. Ferdinand OYONO proche des Présidents Paul BIYA,

Olusegun OBASANJO, et du SG de l'ONU Kofi ANNAN après

la rencontre de Genève 83

Photo N°5 : S.E. Ferdinand OYONO serrant la main au Président

Nigérian après la rencontre de Genève ...85

Tableaux :

Tableau n°1 : Les rencontres des commissions mixtes entre le

Cameroun et ses partenaires 1993 - 1997 ...63

Tableau n°2 : Participation du Cameroun aux conférences internationales....67

Tableau n°3 : Visites des dirigeants des organisations internationales

de 1992 - 1997 au Cameroun .70

I - SOURCES ORALES : INFORMATEURS

93

Noms des
Informateurs

 

Profession

Age

Dates de l'entretien

Lieu de
l'entretien

1- M AFA'A

Petit-frère

 
 

Ngoazip 1

Vincent

d'Oyono

55ans

3/12/2003

 
 

Diplomate retraité

 
 

Yaoundé

2-BEHALAL
Ambroise

collaborateur d'OYONO

 

11/12/2003

 
 

Diplomate retraité

collaborateur de F.

 
 
 
 

Oyono à Londres,

 

3/12/2003

Yaoundé

3- M. BOUM

Conseiller

 

26/12/2003

 

Alexis

Technique N°1 au
minrex de 1991-

 
 
 
 

1994.

 
 
 

4- Mme

Petite soeur

 
 
 

ETOUNGOU

d'Oyono

54ans

8/08/2002

Yaoundé

Cécile

 
 
 
 
 

Diplomate,
Collaborateur

 
 
 

5- M

d'Oyono à New

 

23/12/2003

Yaoundé

 

MONTHE Tommo

york, SG au
minrex sous

 

13/12/2003

 
 

Oyono.

 
 
 

6-Mgr

 
 
 

Yaoundé

OWONO

Évêque d'Obala

 

11/10/2003

Obala

MIMBOE

 
 

2/04/2004

 

Jérôme

 
 
 
 
 
 
 

14/12/2003

 
 

Ministre d'Etat en

75ans

04/12/2003

Yaoundé

7-M.OYONO

charge de la culture

 

02/01/2004

Ebolowa

Ferdinand

 
 

16/01/2004

 
 

Attaché culturel

 
 
 

8- M
O-BECHIR

ambassade
d'Algérie

 

23/02/2004

Yaoundé

 

Premier Secrétaire

 
 
 

9- M TOBY

d'Ambassade du

41ans

5/03/2004

Yaoundé

S DAN

Libéria

 
 
 

II - BIBLIOGRAPHIE

A - Ouvrages

1. EFOUA MBOZO'O Samuel, l'Assemblée Nationale à la croisée des chemins, Hérodote

2. GAILLARD Philippe, Le Cameroun, tome I, Paris, l'Harmattan, 1989

3. KOM Ambroise, Mongo Beti Parle, Bayreuth University, 2002,197p

4. LEVINE Victor T, Le Cameroun du mandat à l'indépendance, tome 2, Paris, 1964

5. NGNIMAN Zacharie, Nigeria Cameroun la guerre permanente ? Éditions CLE, Yaoundé, 1996

6. BAKOTO Salomon, Un certain itinéraire, éditions des écrivains, Paris, 2001

7. BAYART J.F, L'Etat au Cameroun, Presses de la fondation des sciences politiques, Paris, mars 1985.

8. KEUTCHA Jean, Un Pays, des Hommes, un Continent, Paris, Presses du Management, 1991.

9. MOUELLE KOMBI Narcisse, La politique étrangère du Cameroun, Paris, l'Harmattan, 1996

10. NDAM NJOYA Adamou, Le Cameroun dans les relations internationales, Paris, LGDJ, 1976

11. NGAYAP Pierre Flambeau: Le Cameroun qui gouverne ? de AHIDJO à BIYA, l'héritage et l'enjeux, Paris, L'Harmattan 1983.

12. OYONO Dieudonné, Avec ou sans la France, la politique Africaine du Cameroun depuis 1960, Paris, L'Harmattan, 1990

B - Thèses et Mémoires

Thèses

1- Alphonse Marie TONYE, « les commissions mixtes dans la diplomatie camerounaise, contribution à la connaissance de la diplomatie et de la politique étrangère du Cameroun », Thèse de Doctorat, IRIC, 1989

2- Raymond A EBALE, « L'Europe et l'Afrique: la décolonisation à la coopération pour le « développement ». L'exemple des relations économiques entre la C.E.E et le Cameroun 1960-1990 », thèse de Doctorat 3e cycle, Université de Paris VII, juin 1996, Tome 2.

Mémoires

1- ABARRY ABOU, « l'Organisation de l'Unité Africaine et la libération de l'Afrique : le cas de la Namibie », Rapport de stage diplomatique, IRIC, juin 1981.

2- ABONA OMOKOMO Suzanne Pulchérie, « Aimé Raymond N'THEPE Aristocrate et Diplomate Douala », mémoire de Maîtrise, UYI, 2002.

3- BATENGUENE Raphaël, « les Obstacles au partenariat politique Cameroun France et leur incidence sur le développement du Cameroun », mémoire de maîtrise en Histoire, UYI, 2002.

4- OWONA Etende Raphaël, « Les rapports entre le Cameroun et les pays d'Afrique Noire Francophone (1963-1973) » IRIC, 1985

5- OWONO MIMBOE Jérôme, « OYONO Ferdinand : L'homme et l'oeuvre » mémoire D.E.S Littérature négro-africaine, Université Fédérale du Cameroun, 1975. 156 P

6- CHOUALA Yves A, « Le Monde selon Yaoundé, lecture géopolitique de la distribution des services extérieurs du Ministère des Relations Extérieures », Rapport de stage diplomatique, IRIC, 1999.

7- MESSIA MESSIA Serges, « Les Conventions de Yaoundé, et leur impact sur le développement socio-économique du Cameroun de 1963 à 1975 », mémoire de DEA en Histoire, Université de Yaoundé I, 2001-2002.

E -Publications diverses et Journaux

Publications diverses

1- Les Cahiers de mutations, n°007

2- ABC des Nations Unies, New -York, octobre 2001

3- Philippe ESSOMBA « vingt ans de présence internationale », in L'UNITE ed. Spéciale xxe anniversaire de l'accession au Pouvoir d'Ahmadou AHIDJO, février 1978, Lamaro

4- 1992-1997 Cinq ans de progrès avec Paul BIYA, une publication du cabinet civil de la présidence de la République du Cameroun, 1998,227p.

Journal officiel

- n°1351 du 3 février 1960

- 3 e année n°1 du 10 décembre 1962

- 5 e année n°23 du 1er décembre 1965

- 6 e année n°3 du 1er février 1966

- 9 e année n°24du 23 décembre 1969 - 23e année, n°1 du 5 janvier 1983

- 24 e année n°15 du 15 août 1984

Jeune Afrique Economie

- N° 218, du 20 mai 1996

- Cap sur l'an 2000, hors série

La presse du Cameroun

- N° 3195, du 31 décembre 1960 - N° 3312, du 22 décembre 1960 - N° 3274, du 21 mars 1961

- N° du 11 novembre 1966

ACAP

- N° 249, du 13 décembre 1960 - N° 5921 du 1er septembre 1995 - N° 2429, du 15 juillet 1996

- N° 2289 du 21 décembre 1995 - N° 6402 du 31 juillet 1997

- N° 2683 du 21 juillet 1997 - N° 5299 du 12 janvier 1993

- N° 6419 du 17 août 1995 - N° 6115 du 10 juin 1996

Le messager

- N° 393 du 22 août 1994

- N° 395 du 31 octobre 1994 - N° 413 du 30 janvier 1995

La nouvelle Expression

- N° 241 du 21 - 24 mars 1995

NOTES EXPLICATIVES ET DE REFERENCES

1- Jean Salmon, Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant, 2001, p 407

2- Pradier FODERE, Cours de droit diplomatique, tome1, p 2.

3- Pradier FODERE, op cit. P.2

4- Ferdinand OYONO écrira un troisième intitulé Chemin d'Europe, Paris, Julliard, 1964 05-Excepté Simon NKO'O ETOUNGOU qui est passé deux fois à la tête du Minrex, F.OYONO

,après Jean KEUTCHA, est le seul à avoir passé cinq années sans être remplacé, de septembre

1992 à Décembre 1997.

6- L'expression est de Narcisse Mouelle Kombi pour signifier le champ d'action du Ministère des Affaires étrangères.

7- De façon officielle ce n'est pas F L OYONO le MINREX, mais sa proximité, les tâches lui confiées par le chef de l'Etat, sa participation aux conférences internationales, font de lui le ministre qui agit dans l'ombre. (Voir le titre D du quatrième chapitre.)

8- Ngo Bikai bi Bikai, Benoît BALLA ministre des affaires étrangères, mémoire DIPES II, ENS, 1999, p27.

9- P. Flambeau NGAYAP : Cameroun qui gouverne ? De AHIDJO à BIYA, l'héritage et l'enjeu, Paris, L'Harmattan, 1983.

10- A. NDAM NJOYA, Le Cameroun dans les relations internationales, Paris, LGDJ, 1976

11- N. MOUELLE KOMBI, La politique étrangère du Cameroun, Paris, l'Harmattan, 1996.

12- J.F. BAYART, L'Etat au Cameroun, Presses de la fondation des Sciences Politiques, Paris, 1985.

13- D. OYONO, Avec ou sans la France, la politique Africaine du Cameroun depuis 1960, Paris, L'Harmattan, 1990.

14- P. ESSOMBA « vingt ans de présence internationale », in L'UNITE ed. Spéciale xxe anniversaire de l'accession au Pouvoir d'Ahmadou AHIDJO, février 1978, Lamaro

15- Ahmadou AHIDJO Dix ans au service de la Nation 1958-1968, une publication du Cabinet civil de la présidence de la République Unie du Cameroun, 1969,147p

16-1992-1997 Cinq ans de progrès avec Paul BIYA, une publication de la présidence de la République du Cameroun, 1998,227p

17- J. OWONO MIMBOE, `' OYONO Ferdinand : L'homme et l'oeuvre `' mémoire D.E.S en Littérature négro-africaine, Université Fédérale du Cameroun, 1975. 156 P

18- R. OWONA Etende, `' Les rapports entre le Cameroun et les pays d'Afrique Noire Francophone (1963-1973)», Rapport de Stage diplomatique, IRIC, 1985

19- Ami personnel et proche collaborateur du chef de l'Etat, OYONO est peu présent à Yaoundé, il passe la plus part de son temps aux côtés du président Paul BIYA.

20- Il s'agit du groupe de Casablanca avec pour membre l'Egypte, la Chine, le Ghana, la Guinée, l'URSS....

21- C'est le groupe de Brazzaville qui plus tard devient le groupe de Monrovia ou groupe des modérés.

22- Ngoulemakong est un arrondissement de la Province du Sud, département de la Mvila peuplé des Bene et des Fong.

23- J. OWONO MIMBOE, entretien du 11 octobre 2003, à Obala.

24- J. OWONO MIMBOE. «Ferdinand OYONO

25- Nom d'un des Rois de la tribu Fong, doté de pouvoirs mystiques dont la seule évocation du nom apporte du réconfort.

26- Petite soeur de Ferdinand Léopold OYONO

27- Cécile OYONO épse ETOUNGOU, entretien du 17 novembre 2003 à Yaoundé.

28- Mission catholique d'un quartier d'Ebolowa situé vers la sortie de la ville.

29- V. AFAA, entretien du 8/08/02 à Ngoazip I.

30- J .Owono Mimboe, op Cit., P. 44.

31- OYONO fait partie du mouvement Scout de son établissement, s'intéresse en outre au théâtre, il est taquin, brouillant

32- J .Owono Mimboe, ibid.

33- F. L. OYONO, entretien du 4 décembre 2003 à Yaoundé.

34- S.P. ABONA OMOKOMO, « Aimé Raymond N'THEPE Aristocrate et Diplomate douala », mémoire de Maîtrise, UYI, 2002.

35- J .Owono Mimboe, op. Cit. P. 47.

36-- Le vieux nègre et la médaille, et Une vie de boy sont édités à Paris par Julliard, la même année (1956).

37- J .Owono Mimboe, op cit, p 148.

38- Sainville L., Anthologie de la littérature négro-africaine, p279, cité par Jérôme Owono Mimboe, op cit, p148.

39- Culture Infos, `'Ferdinand Léopold OYONO, Biographie officielle» , Publication du Ministère de la Culture, n°3, 2004. à Yaoundé.

40- En effet Mongo Béti s'indigne de voir Ferdinand OYONO étudiant discret et apolitique, défendre les intérêts du régime d'AHIDJO en 1960 et dont la politique était contestée par presque toute l'intelligentsia camerounaise.

41- A. KOM, Mongo Beti parle, Bayreuth University, 2002, p. 78.

42- Arrêté n°3178 du 15 septembre 1959 portant désignation des stagiaires des services diplomatiques, in Journal Officiel de L'Etat du Cameroun du 30septembre 1959, p.1331

43- Il s'agit de MM. Oyono Ferdinand, Sengat-Kuo François et Ngando Black.

44- P. GAILLARD, Le Cameroun, tome 1, Paris, L'Harmattan, 1989, p. 210.

45- Les cahiers de mutation, n°007, novembre 2002, p.7

46- P. GAILLARD, op. Cit. p.210.

47- A. KOM, op. Cit. p. 78

48 V. T Le Vine, Le Cameroun du Mandat à l'indépendance, tome 2, Paris, 1964, P. 37

49- A. KOM, op cit, p. 79.

50- Il s'agit des pays à tendance Communiste notamment l'URSS, la Chine, le Ghana, la Guinée ...

51- P. GAILLARD, op. Cit. p.223.

52- La presse du Cameroun n°3195, du 13 décembre 1960.

53- La presse du Cameroun, ibid.

54- Agence Camerounaise de Presse (ACAP) n° 249,13 décembre 1960.

55- La presse du Cameroun, ibid.

56- ACAP, n° 249, 13 décembre 1960.

57- Ce refus se justifie par le fait que l'URSS et les pays d'obédience communistes apportaient du soutien aux Mouvements nationalistes en Afrique, ce qui déstabilisait l'ordre dans ces colonies

58- ACAP, op cit.

59- Ibid.

60- La presse du Cameroun, n° 3212, du jeudi, 22 décembre 1960.

61- C'est un style diplomatique tantôt humoristique, mais ferme, plein de finesse et doté d'une absence de complexe.

62- La presse du Cameroun, ibid.

63- La Presse du Cameroun, op. cit

64- ACAP, n° 136, 28 juillet 1960, ANY

65- ACAP , n° 156, 22 août 1960, ANY

66 Nations Unies. Document officiel de l'Assemblée Générale, cité par Samuel EFOUA MBOZO'O, l'Assemblée Générale du Cameroun à la croisée des chemins, Hérodote, 1994, p. 22-23.-

67-. Ibid

64

68- - La Presse du Cameroun, n° 3274, du 21 mars 1961.

69- F.L. OYONO entretien du 24 décembre 2003 à Yaoundé.

70- Nations Unies, Documents officiels de l'Assemblée Générale 15e session add. Au point 13 de l'ordre du jour 1960-1961.Rapport du Commissaire aux plébiscites pour le Cameroun sous administration Royaume -Uni, paragraphe 297,soit 233 571 suffrages pour la seconde solution, et 97 741 pour la première(doc a/4727).Cité par Samuel Efoua Mbozo'o, op cit,p.23

71- La position de la République du Cameroun à la suite du plébiscite des 11 et 12 février 1961dans la partie septentrionale du territoire du Cameroun sous administration du royaume unie de grande Bretagne et Irlande du nord.Ed.par le ministère des affaires étrangères et le secrétaire d'Etat en information de la République du Cameroun (1961).Cite par Samuel Efoua Mbozo'o, op Cit p23.

72- Ceux-ci étaient des consultants pour le chef de l'Etat, à propos des questions internationales ; exemple lors de la création de l'OUA en 1963, six diplomates font partie de la délégation des douze qui se rend à Addis-abeba, donc F. Oyono.

73- ABARRY ABOU, l'Organisation de l'Unité Africaine et la libération de l'Afrique : le cas de la Namibie, Rapport de stage diplomatique, IRIC, juin 1981 p. 43

74- A.B.C. des Nations Unies, New York, octobre 2001, page 323.

75- F.L. OYONO, entretien du 27 décembre 2003 à Yaoundé.

76- Y. A. CHOUALA, Le Monde selon Yaoundé, lecture géopolitique d e la distribution des services extérieurs du Ministère des Relations Extérieures, Rapport de stage diplomatique, IRIC, 1999, P. 141.

77- Le groupe de contact est composé des pays occidentaux : la France, le Canada, la République Fédérale Allemagne, les Etats Unis, et l'Angleterre.

78- M. Kamto, J.E. PONDI, L. Zang, l'OUA rétrospectives et perspectives africaine, cité par ABARRY ABDOU op. Cit. p. 44

79- Abarry Abdou, op cit, p. 44

80- Ahmadou AHIDJO, Anthologie des discours.

81- A.B.C. des Nations Unies, op. Cit. p. 323.

82- Archives bureau de l'information de l'ONU à Yaoundé.

83- ACAP, n°92, du 05 novembre1977, ANY.

84- Journal officiel de la République Unie du Cameroun, 1er juin 1979 page 230.

85- Nous n'avons pas pu obtenir plus d'informations sur ce séjour onusien, le concerné prépare actuellement ses mémoires ; raison pour laquelle il s'est parfois réservé.

86- Décret N° 60-9 du 19 janvier 1960 art. 2 in Journal officiel 45e année, N° 1351 du 3 février 1960.

87- TOBY S-DAN, Premier Secrétaire d'Ambassade du Libéria entretien du 05/03/2004.

88- Alexis BOUM, diplomate retraité collaborateur de M. F. L. OYONO à Londres, Conseiller technique n°1au MINREX de 1991-1994, entretien du 26/12/03 à Yaoundé

89- A.NDAM NJOYA, le Cameroun dans les relations internationales, Paris, LGDJ, 1972,p. 10

90- F.L. OYONO, entretien du 27 décembre 2003 à Yaoundé.

91- Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), Université Fédérale du Cameroun.

92- Il s'agit de : la France, l'Allemagne, l'Italie, les Pays Bas, la Belgique, le Luxembourg.

93- Parmi les 18 des EAMA on a : le Cameroun, le Togo, Somalie, Burundi, RCA ,Congo Kinshasa,Rwanda,Haute Volta(actuel Burkina Faso),Niger, Tchad, Côte d'Ivoire, Gabon, Mali, Mauritanie, Congo Brazzaville, Madagascar, Sénégal, Dahomey (actuel Benin).

94- S.MESSIA MESSIA, `' Les Conventions de Yaoundé, et leur impact sur le développement socio-économique du Cameroun de 1963 à 1975 `', mémoire de DEA en Histoire, Université de Yaoundé I, 2001-2002, P. 12.

95- R.EBALE, `' L'Europe et l'Afrique: la décolonisation à la coopération pour le « développement ». L'exemple des relations économiques entre la C.E.E et le Cameroun 1960-1990 `', thèse de Doctorat Nouveau Régime, Université de Paris VII, juin 1996, T2, P112

96- ACAP, n° 1010 du 16/12/1966 ANY

97- Ibid.

98- Mai 1968 est parti d'une révolte estudiantine en une crise syndicale qui affecta les milieux socio-économiques voire politique de la France et même d'Afrique ; avec les fermetures de la Sorbonne et de l'Université de Dakar.

99- Ahmadou AHIDJO Anthologie des discours, p.128.

100- R. BATENGUENE, `' les Obstacles au partenariat politique Cameroun-France et leur incidence sur le développement du Cameroun `', mémoire de maîtrise en Histoire, UYI, 2002, p.30

101- A. KOM op cit p. 182.

102- Loi n° 74-7 du 16 juillet 1974.

103- De 1974 à 1982 OYONO est le Représentant permanent du Cameroun à New-York.-

104- O-BECHIR, attaché culturel ambassade d'Algérie à Yaoundé, entretien du 23 février 2004 à Yaoundé.

105- Arrivé en septembre 1984, il repart le 16 avril1985 suite à sa nomination comme Secrétaire Général de la Présidence de la République du Cameroun.

106- Alexis BOUM, entretien avec le 26 décembre 2003.

107- Alexis BOUM, entretien avec le 26 décembre 2003.

108- Monthe Tommo, ancien collaborateur à l'ONU de 1974-1981 et au MINREX entretien du 23 / 12 / 2003 à Yaoundé.

109- Le Nigeria partage avec le Cameroun une frontière de près de 1720 kilomètres.

110- Jeune Afrique Economie, n° 218, 20 mai 1996, p.8.

111- Ibid.

112- Jeune Afrique Economie, n° 218, 20 mai 1996, p.8

113- Ahmadou Ali Secrétaire d'Etat à la Défense, le Général Tataw James, L'ambassadeur du Cameroun au Nigeria M.Samuel Libock Mbey, M. Lazare Balla, M. Ekaney Nkwelle, M. Messobot Sep, M. Jaques Alfred Ndoumbé E.

114- Cameroon Tribune, n° 5559, 23 mars 1994.

115- Jeune Afrique Economie, op.cit, P. 9

116-1992-1997 Cinq ans de progrès avec Paul BIYA, op. cit, p. 130

117- Au cour de la deuxième rencontre de Kara, le Président EYADEMA parvient à apaiser le différend en amenant les deux parties à signer un accord de cessation.

118- Z. NGNIMAN, Nigeria Cameroun la guerre permanente ? Éditions CLE, Yaoundé, 1996, p. 31

119- Jeune Afrique Economie, op.cit, P. 11

120- Z. NGNIMAN, Ibid, p 35.

121- Ibid.

122- Mrs A. BOUM, Monthe TOMMO, A. BEHALAL etc.

123- Monthé Tommo entretien du 13 décembre 2003 à Yaoundé.

124- Entretien avec Alexis Boum, le 3 décembre 2003 à Yaoundé

125- Z. NGNIMAN, op cit, p. 94.

126-1992-1997 Cinq ans de progrès avec Paul BIYA, op. cit, p. 126

127- A. M. TONYE, « les commissions mixtes dans la diplomatie camerounaise, contribution à la connaissance de la diplomatie et de la politique étrangère du Cameroun », Thèse de Doctorat, IRIC, 1989, p142.

128- Tommo MONTHE, entretien du 23/12/ 2003 à Yaoundé

129- Ndam NJOYA A., op cit P. 163.

130- Cameroon Tribune, n°5921, du 1er septembre 1995.p.4

131- Cameroon Tribune, n°5921, ibid, p 4.

132- Cameroon Tribune, op cit.

133- Cameroon Tribune, n° 2683, ibid, p. 5.

134- Le Cameroun est limitrophe au Sud par le Gabon.

135- Cameroon Tribune, op cit.

136- Archives Minrex

137- A. M. TONYE, op cit, p. 127

138- 1992-1997 Cinq ans...p.125

139- Archives Minrex (Direction Affaires Europe)

140- Ibid

141- Cameroon Tribune, n° 5299, 12 janvier 1993

142-1992-1997 Cinq ans..., p.127.

143- Le Messager, n° 383, 22 août 1994.

144- Ibid

145- Archives Minrex (Direction Affaires africaines)

146- Ibid

147- Jeune Afrique Economie « Cameroun Cap sur l'an 2000 », Hors série P. 22

148-Ce groupe comptait 12 personnalités: S.E. Ahmadou Ahidjo, Jean Faustin Betayéné, Joseph Owono, Yadji Abdoulaye, Ferdinand OYONO, Sissoko Cheik, Nko'o Etoungou, F. X. Tchoungui, Ngando Black, Bernard Fonlon, Djihoulou Maha

149- F.L. OYONO, entretien du 16 janvier 2004 à Yaoundé.

150- Cameroon Tribune, n° 2429, lundi 15 juillet 1996 ; P. 5 .

151- Interview accordée à Cameroun Tribune n° 6115 du 10 juin 1996

152- D'importantes pertes en vie humaines n'épargnant pas les enfants encore moins les femmes sont la résultante de ces conflits.

153- Jeune Afrique Economie, « Cameroun Cap sur l'an 2000 », Hors série, p. 48.

154- F.L.OYONO, entretien du 13 janvier 2004 à Yaoundé.

155- Jeune Afrique Economie « Cameroun Cap sur l'an 2000 », op.cit, P. 48.

156- F.L.OYONO entretien du 16 janvier 2004 à Yaoundé.

157- M. Jacob FOKO refuse la déclaration d'indemnités du nouveau comptable du CARFOP M. Kanna passant de 300 000 F CFA lorsqu'il était inspecteur des finances au Ministère des finances à 600.000 F CFA une fois au CARFOP; pourtant il était convenu que le salaire propre du comptable devait continuer à être versé par le gouvernement.

158- Le messager, n° 395, du 31 oct. 1994, p. 6

159- Op. cit.

160- Archives Minrex (Direction ONU)

161- Cameroon Tribune, n° 2289, du 21 décembre 1995, p.13

162- Cameroon Tribune, n° 6417, du 17 Août 1995, p.11

163- Cameroon Tribune, n° 6402, du 31juillet 1997, p.16

164- Cameroon Tribune, n° 6419, du 16 janvier 1995, p.15

165- Informateur ayant requis à l'anonymat

166- le messager, n°413, 30 janvier 1995, p.6

167- Ces timbres une fois divisés étaient apposés sur le passeport de façon entière et réglementaire ce qui ne faisait pas douter l'usager.

168- la Nouvelle Expression, n°241, du 21 au 24 mars 1995, p.6

169- La Nouvelle Expression, ibid.

170- Informateur ayant requis à l'anonymat

171- 1992-1997 Cinq ans de progrès avec Paul BIYA, Op. cit.p.136.

172- Informateur ayant requis à l'anonymat

173- La Nouvelle Expression, n°241, op.cit p.6

174- C'est le pseudonyme donné à Ferdinand OYONO par les Camerounais ; suite à son roman célèbre intitulé le vieux nègre et la médaile.

175- C'est en 1958 que Paul BIYA fait la connaissance d'OYONO en France ; le premier est nouvel étudiant le second vient d'achever son cycle de Licence en Droit à l'Université de Paris. Les deux se retrouvent à Bruxelles au cours du sommet CEE-EAMA où Paul BIYA est stagiaire envoyé par son Ecole de formation, OYONO lui Ambassadeur à Bruxelles.

176- Cameroon Tribune, n° 7968, du 6 novembre 2003, p.12

177- AlexisBoum, Tommo Monthe, Ambroise Behalal

6 7

9

9

10

42

43

46

47

48 49 52 53

53 54 55
56 57 58

61

62 63 64

66

67 68

69

73

74 75 76

79
82 82 83 84 85






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle