Ngouyamsa valentin
99 89 95 80
Ng_valentin@yahoo.fr
Mémoire soutenu en 2006.
Directeur : Prof KAMDEM Emmanuel
Co-directeur : Dr NANA fabu
SOMMAIRE
SOMMAIRE........................................................................................................................
i
DEDICACE
.......................................................................................................................
ii
REMERCIEMENTS
..................................................................................................
. ....iii
LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS
............................................................. ....iv
LISTE DES ILLUSTRATIONS
........................................................................................
v
RESUME
......................................................................................................................
....vi
ABSTRACT
...............................................................................................................
.... vii
INTRODUCTION GENERALE
....................................................................................
1
Ire PARTIE : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIE DE L'ETUDE ... .... 7
CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE
..............................................................9
CHAPITRE II : CHAMPS THEORIQUES DE
L'ETUDE....................................20
CHAPITRE III : LA METHODOLOGIE DE LETUDE
................................................ .41
IIème PARTIE : PRESENTATION ET
ANALYSE DES RESULTATS ...............52
CHAPITRE IV : MOBILES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES
DANS LES SITES A RISQUE ET PERCEPTION DES RISQUES PAR LES POPULATIONS
...............................................................................................................
41
CHAPITRE V : CONDITIONS ET STRATEGIES DE VIE DES POPULATIONS
DES
SITES A
RISQUE............................................................................
... 83
CHAPITRE VI : DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES
A
RISQUE ET SES IMPLICATIONS SUR L'ENVIRONNEMENT
SOCIAL................................................................................................107
RECOMMANDATIONS...........................................................................
.132
CONCLUSION GENERALE
....................................................................................
.134
BIBLIOGRAPHIE
.....................................................................................................
..140
ANNEXES
..................................................................................................................
.. 147
TABLE DES MATIERES
............................................................................................159
DEDICACE
A mon grand père Lazare MEFIRE
REMERCIEMENTS
Au Pr. Emmanuel KAMDEM et Dr
Stella NANA-FABU respectivement superviseur et directeur de ce mémoire
pour leurs conseils qui nous ont permis de mieux comprendre et d'orienter cette
recherche.
A tous les enseignants du département de Sociologie et
Anthropologie pour leurs enseignements et conseils, en particulier les Pr.
Valentin NGA NDONGO, MBONJI EDJENGUELE, les docteurs Roger KEMAYOU, Camille
EKOMO ENGOLO.
Au chef de département de Sociologie et Anthropologie,
Pr. Marguérite NJIKAM pour l'intérêt porté à
notre formation.
A la population de Maképé Missoké et
Maképé Maturité pour l'hospitalité et l'accueil
pendant la collecte des données.
Aux chefs des quartiers de Maképé Missoké
et Maképé maturité pour leur disponibilité à
nous promener dans les sites d'enquête et à répondre
à nos préoccupations. En particulier M. Jacques MBELLA pour ses
conseils et pour certains documents qu'il nous a fournit.
A Thomas KAMDEM, Bruno NOEL, Yves YINGOU, Brunel ETIA, Moise
MATIP pour m'avoir aidé dans la collecte des données dans les
zones d'enquête.
A M. Cyrille Brice CHEUMENI qui, malgré ses
préoccupations, s'est sacrifié pour saisir ce mémoire.
A M. Adolphe DOUBA pour le secours matériel et
financier tout au long de cette recherche.
Au professeur Guy Bertin KAMDEM et à mes camarades de
classes François GUEBOU, Bruno BEKOLO, pour avoir lu ce mémoire
et dont les conseils et suggestions ont permis d'améliorer ce travail.
A la famille NDAM, MOUNLIOM et à ma maman Tapia YOUWA
pour leur soutien matériel et financier avant, pendant la
rédaction et la soutenance de ce mémoire.
A Mlle Aimée MADIA pour ses encouragements et ses
conseils pendant la collecte des données.
A tous ceux qui de près ou de loin ont contribué
à la réussite de ce mémoire.
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ASMA : Association pour la
Solidarité de Maképé Maturité
ASSIC : Association pour la solidarité et
l'Intégrité du Coin
BIT : Bureau International du Travail
CEP : Certificat d'Etude Primaire
CERED : Centre d'Etude et de Recherche en
Démographie
CUD : Communautés Urbaines de Douala
IFORD : Institut de Formation et de recherches
Démographiques
MINPAT : Ministère de l'Administration
Territoriale
NU : Nations Unies
OMS : Organisation Mondiale pour la Santé
ONG : Organisations Non Gouvernementales
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
SNEC : Société Nationale des Eaux du
Cameroun
VH : Variables des Hypothèses
WC : Water Closed
LISTE DES ILLUSTRATIONS
Schéma 1 :
Processus d'infiltration des impuretés dans les
puits.................................. .83
Tableau 1 : répartition de
la population enquêtée par
site.............................................. 44
Tableau 2 : répartition de la
population enquêtée par site et par
sexe............................. 45
Tableau 3 : évolution par
milliers de la population de Douala de 1968 à 2000.............. 53
Tableau 4 : problèmes
perçus comme étant graves au niveau des sites à
risque............ .67
Tableau 5 : acuité des
problèmes liés au cadre de vie
.....................................................68 Tableau 6
: découpage et restructuration des discours sur l'acuité
des problèmes
selon le sexe
...............................................................................................................
.....71
Tableau 7: découpage des discours
recueillis sur l'origine des maladies ................ .....74
Tableau 8 : découpage et
restructuration des discours sur les causes de
l'accumulation des ordures et des eaux usées
................................................................. 75
Tableau 9 : taille de ménage
selon le type de
ménage.................................................... 79
Tableau 10 : répartition des individus
selon le type d'habitat..........................................81
Tableau 11: répartition des
populations selon la source d'approvisionnement en eau.....84
Tableau 12 : répartition des individus
selon le type d'éclairage................................... ...85
Tableau 13 : répartition des
individus selon le type d'aisance........................................ 87
Tableau 14 : répartition des
individus enquêtés par sexe selon les activités
exercées...97
Tableau 15 : évolution des pertes
en vies humaines de suite des inondations
dans les zones enquêtées
.................................................................................................106
Tableau 16 : scolarisation des filles
selon les sites enquêtés ......................................
.109
Tableau 17 : scolarisation des
garçons selon les sites enquêtés
.................................. 110
RESUME
La recherche menée dans les
sites urbains de Maképé Missoké et Maképé
maturité est axée autour du thème :
« Dynamiques socio-économiques dans les sites à risque
de Douala et ses implications sur l'environnement social ».
L'objectif est de mettre en exergue le rapport entre les dynamiques
socio-économiques, l'environnement à risque et ses implications.
Dès lors l'étude s'évertue à comprendre les
motivations de ces dynamiques socio-économiques dans les sites à
risque, les conditions de vie de ces populations, la perception qu'elles ont de
leur environnement immédiat et les implications liées à
cet accroissement humain et économique. La méthodologie repose
sur une logique combinant deux approches explicative et compréhensive.
Les données quali-quantitatives sont contenues dans des sources
documentaires, des entretiens et des sondages réalisés
auprès de 51 et de 200 personnes. La théorie sociologique des
risques, la théorie de l'action sociale et la théorie de la
dynamique sociale ont constitué le cadre théorique. Les
résultats montrent que les dynamiques socio-économiques dans les
sites à risque relèvent de la crise de logement à Douala,
du faible revenu des populations qui cherchent un abri en vue de leur
intégration socio-économique dans le milieu urbain. Ces
populations qui vivent en toute insouciance dans un environnement insalubre
caractérisé par un habitat malsain, manquent d'eau potable et des
latrines. Les implications se traduisent par l'émergence des maladies
respiratoires et les maladies microbiennes. En conclusion, les sites à
risque présentent des avantages pour les acteurs. Ils sont souvent les
premiers points d'arrêt des migrants ruraux et offrent des
opportunités de logement et terrains à bas prix. Même s'ils
présentent des implications négatives, il n'en demeure pas moins
qu'ils peuvent aussi donner naissance à de nouveaux mouvements
culturels. En outre, renforcer la solidarité entre les tribus. Les
habitants des taudis et leurs activités constituant aussi autant des
forces motrices de la vie urbaine.
Mots clés : Dynamiques
socio-économiques - Environnement immédiat - Zone à risque
-- Implications socio-économiques.
ABSTRACT
Research carried in the urban
sites of Maképé Missoké and Maképé maturity
is centred on the theme: "Socioeconomic dynamics in the risk areas and its
implications" The objective is to analyse the report between socioeconomic
dynamics, the risk areas and its implications. The study then seeks to
understand the motivation of people to settle in these environmentally risky
areas, their living conditions, the perception that they have of their
immediate environment and the implications of that vulnerability. The
methodology used is both exploratory and comprehensive. The quali-quantitative
data are contained in documentary sources, the interviews and polls achieved by
51 and of 200 people. The sociological theory of risk, the theory of social
action and social dynamics theory, constituted the main theories used. The
results show that the socioeconomic dynamics in risk area are the consequences
insufficient housing in Douala, of the weak income of the populations that
looks for a shelter in view of their socioeconomic integration in the urban
environment. These populations who live in all lack of concern in an unsanitary
environment characterized by an unhealthy habitat, lack of drinking water and
latrines that sometimes flows saw. The implications result in the emergence of
the respiratory illnesses, the microbial illnesses as the malaria and the
cholera. In conclusion, this study reveals that the environmentally risky areas
do have some advantages for the actors. They are often the first points of stop
of the farming migrants and offer the opportunities of lodging and lands price
down. So, despite the negative implications associated with living in theses
areas, they can also lead to the creation of new cultural movements, as well as
reinforce tribal solidarity. Of course the inhabitants of these areas and its
activities play an important role in live in urban areas.
Key words: Socioeconomic dynamics- Immediate
environment- environmentally risky areas - Socioeconomic implications.
INTRODUCTION GENERALE
Nous avons choisi dans le cadre du présent
mémoire de DEA d'étudier la question de l'homme dans ses
activités et son environnement écologique. Les villes
camerounaises croissent avec sa population. Cette croissance
démographique s'accompagne généralement d'une dynamique
socio-économique. Cette dernière se traduit aussi par une
production et un rejet toujours plus grand des déchets. A Douala,
l'augmentation de la population conjuguée à une mauvaise
politique de gestion des déchets industriels génère des
problèmes d'insalubrité et de promiscuité,
entraînant l'habitation des zones à risque ; risques souvent
ignorés par les services publics car l'augmentation de la qualité
de l'effluent se traduit rarement par une intensification des mesures
antipollution. L'industrie, reflet direct du développement
économique qu'elle contribue elle même à promouvoir est une
source multiforme de pollution de l'environnement. Au nom de la
profitabilité, les entreprises ne se soucient guère de la gestion
des déchets toxiques pourtant des lignes budgétaires existent
à ce sujet. Les règlements concernant la pollution industrielle
et d'autres types de dégradation de l'environnement ont
été largement ignorés.
A Douala les systèmes de traitement des ordures
ménagères et les déchets industriels sont insuffisants et
inefficaces. Seuls certains quartiers sont inscrits dans le programme de
ramassage de ces ordures et des déchets. La situation qui prévaut
dans les zones de Maképé Missoké et Maképé
Maturité témoigne de la nature de ce fait. S'accumulent dans le
milieu naturel : détergent, métaux lourds, hydrocarbures,
matières organiques peu ou non dégradées ordures
ménagères et industrielles. Ces zones deviennent des milieux
à écologie peu fiable, sensible, attirant toutes sortes de
bêtes moins agréables pour l'existence humaine. Or c'est vers cet
environnement que les populations affluent, s'installent de plus en plus et
développent des activités socio-économiques diverses.
La ville de Douala est essentiellement marécageuse.
Mais certains sites sont aménagés et ne peuvent nullement
constituer un danger particulier pour la population. Par contre les zones
d'écoulement des déchets industriels et ménagers
constituent de véritables zones à risque. Après les
inondations de 2001 qui ont provoqué des dégâts
considérables, les pouvoirs publics ont pris l'engagement ferme de
résoudre définitivement les problèmes des zones
marécageuses. Des actions de déguerpissement ont
été menées à ce sujet. Plus de cinq ans
après, les lieux jadis déguerpis pour permettre
l'écoulement des eaux ont été de nouveaux investis par la
population. Or les zones marécageuses telles que
développées par K. FODOUOP (1992) constituent un réservoir
de maladie. En outre, ne peuvent être favorables au développement
économique. Pourtant ces sites ne cessent d'attirer la population
malgré la promiscuité et son caractère pollué. Les
sites de Maképé Missoké et Maképé
Maturité sont situés dans l'arrondissement de Douala
Ve, Département du Wouri. Ils sont issus de
l'éclatement du grand quartier Maképé depuis 1972.
Dès lors ces zones ont été rattachées au drain
Tongo- Bass (Confère Carte géographique Annexe 6). La zone de
Maképé Missoké couvre une superficie de 9km2 et
celle de Maképé Maturité 10km2. Ces zones
inondables et Marécageuses connaissent des dynamiques
socio-économiques intenses depuis 1972. Respectivement de 1000 et de
6000 habitants en 1972 (Recensement Général de la Population et
de l'Habitat : RGPH 1987), les populations de ces sites sont
passées à 7500 et 12000 en 1987. Au départ, ces zones
avaient été déclarées sites sensibles et ne
faisaient nullement l'objet de fréquentation intense. Mais le constat
aujourd'hui n'est plus le même : elles deviennent des lieux par
excellence de développement socio-économique de toute nature.
L'actuel petit marché situé entre les deux
zones n'était constitué que de quelques boutiques en 1990. Il
tend aujourd'hui à s'officialiser puisque devenu permanent et attire de
plus en plus de monde. Les activités socio-économiques se
manifestent jusqu'au plus profond des habitations où les populations
exercent en journée de petits commerces. Certaines ont même
transformé une partie de leur maison en boutiques, d'autres construisent
près de leurs cases des tentes qui servent d'abris pour vendre certains
produits comme les beignets, le haricot etc. D'autres encore installent devant
leurs cases des assiettes de cigarettes, des produits issus de la petite
agriculture du milieu. Cette dynamique socio-économique suscite des
interrogations sur les conditions de vie des populations et ses
implications; les sites à risque étant susceptibles de modifier
les comportements humains. Ce qui ne laisse pas insensible un chercheur en
sciences sociales ; car il faut comprendre les motivations des individus
à faire de plus en plus recours aux zones à risque en
dépit de toutes les interdictions et de toutes les campagnes de
sensibilisation. Aussi décrire et expliquer le mode de vie de cette
couche de la population et les risques susceptibles de modifier leurs
comportements.
La raison première dans le choix du sujet tient donc au
fait de cette observation des dynamiques socio-économiques dans les
sites à risque de Douala. Particulièrement dans les zones de
Maképé Missoké et Maképé Maturité
où des populations s'installent et exercent des activités
économiques à proximité de pollutions de toutes sortes.
Cette observation nous a poussé à une curiosité qui
était celle de connaître de cette tranche de la population :
pourquoi elle y est ? Comment vit-elle? Quel sens accorde t-elle à
ses actions, aux risques et à son environnement ? Le
déploiement des populations dans les zones géographiques et de
positionnement induit des effets de milieu tel que analysé par Y.
GRAFMEYER (1998). D'où une autre interrogation : n'y a t-il pas
d'incidences ? Cette curiosité qui était entachée
des jugements des valeurs relèvant ainsi de l'ordre subjectif s'est peu
à peu élargie et nous avons envisagé de réaliser
une recherche scientifique sur le phénomène. D'où le
thème suivant : « dynamiques
socio-économiques dans les sites à risque de Douala et ses
implications sur l'environnement social : cas des populations de
Maképé Missoké et Maképé Maturité
(arrondissement de douala ve)». Ce thème revêt un
caractère général et ne laisse pas apparaître
directement l'objet de la recherche. Mais cette formulation trouve sa
justification en ce sens que l'étude prend en compte tous les acteurs ou
les individus des sites à risque impliqués dans un ou plusieurs
activités socio-économiques.
La deuxième raison dans le choix de ce sujet tient au
fait de l'existence des littératures relatives au sujet de l'homme et
son environnement. Mais ces littératures sont inscrites de
manière globale dans la sociologie des risques. C'est le cas des
études menées par (C. GILBERT, 1999) qui identifient les risques
comme des constructions individuelles.
Les travaux sur le Phénomène
étudié sont rares au Cameroun. Ceux qui existent s'orientent plus
vers la description Physique de l'environnement à l'instar des
études engagées par K. FODOUOP (op. cit.) qui rendent compte des
problèmes liés à l'urbanisation en mettant l'accent sur
l'impact environnemental. La question relative à la croissance humaine
et économique dans les milieux à risque reste peu abordée
au Cameroun en général et à Douala en particulier. Le
retour en force du problème des conduites socio-économiques dans
les sites à risque reflète l'ampleur d'un drame social persistant
comme le montre les faits : la littérature et la multitude des
actions entreprises pour lutter contre l'occupation des sites à risque.
Ces études et actions donnent peu de clarifications et sont pour la
plupart la propriété des gouvernements et des ONG qui tentent de
mettre en place des stratégies permettant de répondre aux besoins
des populations dans les domaines de la santé, du logement etc. Les
universités africaines en général et camerounaises en
particulier se contentent de répondre aux différentes
sollicitations plus ou moins orientées pour un but précis. De
leurs différentes recherches, le phénomène n'est pas
appréhendé pour lui même, mais bien plutôt pour
répondre à d'autres besoins ou pour expliquer les situations
particulières. Or ce phénomène ne se répercute pas
seulement au niveau des idées. Il doit permettre à la classe
pensante d'analyser un mal qui ronge la société afin
d'élaborer des politiques adaptées, capables d'aider les acteurs
sociaux à l'appréhender avec plus de lucidité.
L'étude du phénomène s'ouvre alors d'un apport positif
pour la science car elle constituent l'un des champs le plus prolifique de la
sociologie (économique, des risques, de l'environnement) et revêt
le caractère d'un fait social total M. MAUSS (1968). Notre objectif
étant pour reprendre les propos de (R. T. TAGNE,
2006 :1) « de construire un corpus de connaissance
cohérent dans notre formation académique, lequel est susceptible
de déboucher à cours et à long terme à la mise sur
pieds d'un champ ou d'un pôle de recherche », lequel est
tourné vers une socio économie de l'environnement.
C'est-à-dire un phénomène imbrique qui englobe à la
fois les dimensions sociale, économique, environnemental etc. Il ne
s'agit pas de faire un étalage des questions liées à
l'environnement physique comme le font les spécialistes de
l'environnement. De cette étude, une considération est surtout
portée sur les facteurs explicatifs de la mobilité sociale et
économique dans les sites à risque, les conditions de vie de ces
populations, la perception que les individus ont de leur environnement
immédiat, et ses implications socio-économiques.
Notre volonté de contribuer à la recherche sur
les problèmes sociaux s'est trouvée renforcée par le
caractère actuel de la rénovation urbaine de Douala entreprise
depuis quelques années et dont le but principal n'est autre que
l'amélioration du paysage urbain et du cadre de vie de la population.
Notre recherche pourrait être d'un atout pour les pouvoirs publics. Elle
pourrait être utilisée non seulement dans le cadre des
stratégies de développement urbain, mais aussi dans celui de
l'amélioration des conditions de vie de la population urbaine. Car la
prise des décisions et des initiatives de développement doivent
tenir compte des réalités observées sur le terrain.
Le choix de la ville de Douala et plus
particulièrement les zones, Maképé Missoké et
Maképé Maturité s'explique par le fait que ces zones se
trouvent dans les quartiers où l'insalubrité est criarde. En
outre, elles regorgent chacune de nombreuses habitations et des structures
où les populations exercent des activités économiques au
milieu des eaux souillées, polluées des industries et au milieu
des ordures ménagères. Ces habitations et structures
économiques offrent la possibilité de trouver des personnes
cibles de notre étude, pouvant répondre à nos
préoccupations. Ainsi nous avons comme question de recherche :
Comment comprendre et expliquer les dynamiques
socio-économiques dans les sites à risque et ses incidences sur
l'environnement social ?
Comme questions subsidiaires :
Q1-comment comprendre et expliquer les dynamiques
socio-économiques dans les sites à risque de Douala en
dépit de toutes les interdictions ?
Q2- quelle perception les acteurs
impliqués ont-ils des risques ?
Q3- quelles sont les conditions de vie et
stratégies de survie de ces populations ?
Q4-Quelles sont les implications liées aux actions
des individus dans les sites à
risque ?
L'étude engagée vise donc à mettre en
exergue le rapport entre les dynamiques socio-économiques et les sites
à risque pour analyser les implications
De manière spécifique,
-Comprendre et expliquer les raisons qui poussent les
individus à s'installer et à exercer des activités
socio-économiques dans les zones à risque
-Décrire, évaluer les conditions de vie des
populations et les perceptions relatives à leur environnement
immédiat (sites à risque).
-Identifier, analyser et évaluer les implications qui
sont de deux ordres :
- implications sociales
- implications économiques.
L'étude s'articule autour de deux grandes
parties :
-la première est intitulée :
cadre théorique et méthodologique. Elle est
constituée de trois chapitres. Le premier dans un premier temps
présente les définitions des concepts clés de
l'étude, dans un deuxième temps fait les points des travaux sur
le phénomène étudié. Le deuxième circonscrit
le cadre théorique de l'étude. Le troisième chapitre
définit la méthodologie de l'étude et s'articule autour
des aspects comme, la formulation des hypothèses et la construction des
variables, les logiques de recherche, les techniques de collecte et les
méthodes d'analyse des données.
- la deuxième partie rend compte des résultats
obtenus sur les dynamiques socio-économiques dans les sites à
risque et ses incidences sur l'environnement social. Elle est constituée
également de trois chapitres. Le premier est intitulé mobiles
des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et
perception des risques par la population. Il s'agit ici de
présenter les facteurs explicatifs de la mobilité humaine et
économique dans les sites à risque. Ensuite la
représentation sociale des risques. Notamment la perception de
l'acuité des problèmes liés à leur cadre de vie, de
l'origine des problèmes sanitaires, des causes de l'accumulation des
ordures et de la pollution. Le deuxième est intitulé les
conditions et stratégies de vie des populations des sites à
risque. Dans ce chapitre, sont analysés deux principaux
points : les conditions de vie dans les ménages et les
stratégies de survie des acteurs. Le troisième présente
les résultats obtenus sur les implications liées à
l'habitation et à l'exercice des activités dans les sites
à risque. Il est intitulé dynamiques socio-économiques
dans les sites à risque et ses implications sur l'environnement social.
PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIE DE L'ETUDE
INTRODUCTION DE LA PREMIERE
PARTIE
La présente étude porte sur les dynamiques
socio- économiques dans les sites à risque. Elle cherche
conjointement à connaître les mobiles de du développement
humaine et économique dans ces sites, les perceptions que les acteurs
ont des risques, leurs conditions de vie et ses implications
socio-économiques. Toutefois ce phénomène n'est pas un
fait nouveau, il a fait l'objet des travaux antérieurs. Pour atteindre
les objectifs fixés et parvenir à des résultats
prolifiques, un chercheur en sciences sociales (dans le domaine de la
sociologie en particulier) passe par un certain nombre d'étapes qu'il
faut décrire afin de mieux situer le lecteur. Dans le cadre de cette
première partie intitulée CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE il
s'agit de faire les points des travaux ayant fait l'objet d'étude sur le
phénomène et ensuite définir la méthodologie de
l'étude. Cette partie comporte trois chapitres :
- le premier est intitulé revue de la
littérature. Ici, il est question de faire une revue critique de la
littérature sur le phénomène étudié. Il
commence par les définitions des concepts clés de l'étude,
ensuite la revue critique de la littérature proprement dite.
- le deuxième présente les différentes
perspectives théoriques de l'étude. Il est intitulé :
Champs théoriques de l'étude. L'étude prend pour appui la
théorie de la sociologie dynamiste et critique et la théorie de
l'action sociale
- le troisième chapitre quant à lui
définit l'ensemble des étapes par lesquelles nous sommes
passés pour aboutir aux résultats. Il est intitulé
méthodologie de l'étude. Les points
abordés sont la formulation des hypothèses et la construction des
variables,les logiques et méthodes de recherche , les techniques de
collecte des données, l'unité d'observation , le
déroulement de la collecte , la méthode d'analyse des
résultats et enfin les difficultés rencontrées .
CHAPITRE I
: REVUE DE LA
LITTERATURE, CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIE DE L'ETUDE " \f C \l "1"
Ce chapitre a un double objectif. D'abord la définition
des concepts ayant permis de comprendre le sujet et de sélectionner
des documents portant sur le phénomène étudié,
ensuite une revue critique des travaux sur le sujet.
I-1- DEFINITIONS DES CONCEPTS
I-1-1-DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES
Selon G. BALANDIER (1971) la
dynamique est un mouvement, un changement, une continuité, une mutation.
La dynamique sociale est appréhendée comme le mouvement de la
population, le changement des structures sociales. Dans le cadre de cette
étude l'expression dynamique sociale sera appréhendée
comme le développement, les mouvements des populations et la dynamique
économique comme le développement des activités
économiques. Les dynamiques socio-économiques sont donc
appréhendées comme le flux ou le développement humaine et
des activités économiques.
Ce mot est polysémique. En
milieu rural, il est d'abord l'espace de production agricole et / ou
pastorale, piscicole et de chasse. C'est ensuite un milieu intégrant
la famille, la communauté villageoise, les infrastructures sociaux et
culturelles (bois sacrés, tombes etc.). En milieu urbain, il
apparaît comme un espace de vie caractérisé par son cadre
de vie et sa qualité : la maison, le lieu du travail et les
services (santé, éducation). De toutes ces définitions,
il se dégage de l'environnement deux caractéristiques
principales : le cadre de vie et ce qui entoure ce cadre. Prise ainsi,
nous définirons dans la présente étude l'environnement
comme l'espace non seulement proche et quotidien de l'individu, dans lequel il
évolue, mais aussi comme tout ce qui entoure celui-ci dans ses
activités, il s'agit particulièrement de l'éducation, des
activités économiques, culturelles et sociales.
Les problèmes liés à l'environnement
immédiat désignent tous les problèmes touchant ou
sensés toucher les individus dans leur vie quotidienne. Dans le cadre de
cette étude, il s'agit des problèmes des marécages, de
l'insalubrité, de la pollution, bref des risques.
I-1-3-SITES A RISQUE
Tout comme l'expression
environnement, celle des zones à risque est polysémique. Sa
compréhension est fonction de son utilisation, car il est difficile
d'évaluer un lieu comme milieu à risque. Pour mieux
définir les zones à risque, il est important de savoir ce qu'un
risque.
L'étymologie même du mot risque n'est pas
clairement établie comme le dit REY (1992).C'est un concept multifacette
ayant une diversité de représentations. Certains mots pouvant
être à l'origine de ce terme prenaient divers
sens : danger lié à une entreprise, chance ou mal
chance d'un soldat en latin médiéval, ou encore solde
gagné par chance en grec byzantin (PICOCHE, 1979). De son coté,
(C. VELTCHEFF, 1996) identifie `'risque ou risquer'' et pense par la suite que
leur apparution en langue française remonte aux XIXè et
début XX siècle. Ensuite, l'auteur désigne le risque comme
les nuances allant du danger au simple inconvénient. Pour (C. PEREZ,
2003 :144) le risque
recèle aussi un sens d'éventualité
dans des expressions telles que se risquer, s'exposer,( à une chance
douteuse ), avec une connotation négative; A l'inverse, il peut prendre
un sens positif comme cela risque de marche
Dès le XVIIè siècle, le droit
s'est emparé du terme pour désigner l'éventualité
d'un événement futur qui causera un dommage. Il s'agissait
déjà d'évaluer le degré de responsabilité
des impliqués. Le constat est clair, la notion de probabilité est
associée clairement au terme risque : ce qui rend davantage
incompréhensible ce mot.
De toutes les définitions énoncées, il
ressort plusieurs caractéristiques du risque : le dommage,
inconvénients, conséquences. (A. BOURDIN, 2003 :7) assimile
le risque
aux dangers ou aux aléas ( c'est à
dire ce qui vient par hasard) et qui peuvent affecter les comportements
individuels et sociaux, qu'ils soient d'origine externes ou internes à
la sphère sociale
Le concept risque est loin d'être univoque. Très
largement usité dans le langage courant, par le sens commun et par la
communauté scientifique, il renvoie autant au caractère
dommageable et dangereux d'un événement qu'à son
caractère incertain.
Dans le cadre de cette étude, le terme `risque' sera
utilisé dans un premier temps pour désigner les dangers, les
aléas. Il s'agit dans le cas de la zone de l'étude des
marécages, des pollutions et des déchets ménagers et
industriels. Dans un deuxième temps pour designer les implications et
les dommages ; les zones à risque désigneront les milieux
de dépôt ou de résidence des risques. L'écoulement
des déchets industriels et ménagers, les zones
marécageuses se donnent d'abord en résidence. Ils ont un site ou
des sites ; ce que nous avons appelé `'zones à risque''. Il
s'agit donc des milieux susceptibles d'être un danger, d'avoir des
répercussions sur la population et ses activités.
I-2-REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
Le développement humaine et économique en
milieux à risque n'a pas encore fait l'objet de nombreuses études
sociologiques au Cameroun en général et à Douala en
particulier. Les travaux sur le Phénomène s'inscrivent
globalement dans la sociologie des risques et sont beaucoup plus menés
dans les pays et villes autres que le Cameroun et Douala. Cependant, ceux qui
existent se sont plus orientés vers la description physique du
phénomène. En essayant de mettre en rapport l'homme et son milieu
naturel, le but étant de montrer l'impact sur l'environnement physique
(dégradation de la nature etc.). La revue de la littérature prend
en compte trois dimensions : les points des travaux sur le processus de la
constitution des sites à risque, les points des travaux sur les mobiles
des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et les
points des travaux sur les conduites à risque.
I-2-1-PROCESSUS DE CONSTITUTION DES SITES RISQUE :
ANALYSE DESCRIPTIVE DE K. FODOUOP ET P. DUFOUR
La description que K. FODOUOP (1992) fait de la ville de
Douala présente la nature de certaines zones. Il analyse le milieu
social en deux étapes.
Premièrement, il établit la relation
entre l'homme et son cadre de vie, au mieux, la mise en valeur et
l'exploitation de l'environnement. Seulement, il se dégage la
dégradation du milieu écologique et une urgente
nécessité de maîtriser la croissance urbaine de la ville.
Dans un deuxième temps, une analyse du milieu socio-économique
présente des atouts tout en dénonçant les enjeux au bien
être et au plein épanouissement de la population comme l'habitat
spontané, insalubre du fait de la pollution multidimensionnelle.
L'auteur ensuite fait état de l'énigme des catastrophes
hydrauliques comme les inondations, la pénurie d'eau potable et la
hantise du risque hydrique expliquant la forte prévalence des maladies
liées à l'eau. L'auteur traite de l'émergence des risques
dans certains milieux comme une conséquence de la croissance de la
population urbaine. Cette dernière soumise à l'impitoyable
logique de vie dégrade considérablement son milieu de vie donnant
lieu à l'émergence des risques. L'auteur prend pour exemple
certaines zones inondables de Douala où les populations s'entassent, ne
laissant aucune possibilité à une bonne circulation de l'eau. Le
plan d'urbanisation n'est pas respecté, ce qui davantage produit des
implications sur la santé de la population. Les études
menées par le Ministère de l'Administration Territoriale (MINPAT)
dans le projet (PNUD-OPS, 1999) confirme cet état de fait. La croissance
démographique se révèle comme un facteur de
dégradation du milieu physique et l'homme étant au centre. Cette
étude est d'autant plus pertinente car la dégradation de
l'environnement rend certaines zones sensibles, ce qui conduit à la
détérioration de la condition humaine que le sociologue doit
étudier. Toutefois, la dégradation du milieu physique ne peut
mettre uniquement l'homme au centre. Nous voulons dire que même si
l'homme par ses activités rend son milieu sensible, il ne saurait
être le seul facteur dans l'émergence des risques. Si certaines
zones deviennent des sites à risque, ce n'est plus tout simplement
à cause des acteurs en présence dans les sites. D'autres facteurs
contribuent également au processus de la constitution des sites à
risque. La mise en exergue de certaines pollutions telles que
développées par C. DEJOUX (1988)
révèle que l'industrie est une forme de pollution
malgré le reflet direct du développement économique
qu'elle contribue elle-même à promouvoir. L'émergence des
risques ne serait donc absolument pas une conséquence de la croissance
démographique. Si certains aspects de cette pollution peuvent être
considérés comme mineurs (inestethisme, fréquence des
installations industrielles), ou d'une incidence très localisée
ou moins discrète, ont un impact des rejets atmosphériques et des
effluents à toxicité diverse. Outre la nature multiple des
polluants industriels, une même industrie est susceptible de
présenter de grandes variations quantitatives et qualitatives dans ses
rejets , ce qui fait que chaque unité de production industrielle peut
être à la limite un cas particulier , avec une incidence
spécifique. Si la situation camerounaise est encore loin de celle que
nous observons dans les pays dits développés,
Les risques des polluants d'origine industrielle et
ménagère présents n'en sont pas moins grands, car le
laxisme est souvent de règle dans l'application des normes
d'assainissement P.DUFOUR et al (1984 :54)
L'auteur met en exergue l'inapplicabilité de
la loi dans les pays africains en matière de pollution. Pour favoriser
la croissance économique ou inciter l'implantation d'industries
étrangères, de nombreux états africains assouplissent
quant elle existe la réglementation antipollution et les lois devenues
très flexibles ne sont que très rarement des contraintes. La
situation qui prévaut dans certaines zones de Douala est
caractéristique de cet état de fait. Dans son article sur
l'entreprenariat et sciences sociales en Afrique, E. KAMDEM pose même ce
problème des risques industriels et ménagers comme une
réalité dans les états africains. Les déchets
ménagers et industriels sont quasi abandonnés dans les rues et
les décharges publiques. Le ramassage et le traitement des ordures ne
connaissent une amélioration que pendant les périodes
marquées par des événements politiques importants
(fêtes nationales, rencontres internationales, visites
personnalités étrangères). Cette situation est d'autant
plus préoccupant que le sociologue appelle à une éthique
de l'environnement. Il affirme :
L'éthique de l'environnement est
appelée à devenir une préoccupation centrale pour les
décideurs politiques et économiques dans les
sociétés africaines. Les erreurs constatées dans les pays
industrialisés sont de sources d'inspiration inestimable pour
l'élaboration et la mise en oeuvre de nouvelles stratégies
industrielles, respectueuses de l'environnement et des citoyens
(E. KAMDEM 2001 :23)
C'est dire que les industries contribuent de manière
importante à la constitution des sites à risque. Il ne s'agit pus
tout simplement de considérer certains milieux à risque comme
dérivant de l'activité de l'homme dans ces milieux. Mais aussi
considérer l'industrie comme une source de pollution, une cause
fondamentale de l'émergence de certains sites à risque.
Si ces études ont eu pour mérite d'avoir décrit les
origines et la nature de certains milieux à risque, elles sont
restées limitées en ce sens qu'elles n'ont ni accordé la
priorité aux acteurs des milieux à risque, ni rendu compte de
manière spécifique de leurs conditions de vies. En outre les
répercutions environnementales sont analysées, mais celles
relevant de la population demeurent générales et limitées.
Ce qui a constitué le coeur de la demande en sociologie.
I-2-2-DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES
SITES A RISQUE : THESES STRUCTURALISTE DE M. J. BENDOW ET COMPREHENSIVE DE
M. SALL
Sociologues économistes, (M. J.BENDOW et al,
1993) ont mené une étude sur les causes
du phénomène. A travers une approche structuraliste,
ils analysent dans leur article la relation entre la population, son
environnement et l'économie. Les mutations socio-économiques dans
les sites à risque relèvent de la mauvaise structuration des
sociétés africaines. Les compétences n'étant pas
attribuées de manière autonome aux structures en charge des
questions sociales et environnementales. Si les individus s'activent dans
l'exercice des activités économiques en milieux à risque,
c'est à cause de l'absence de sensibilisation. Les gouvernements ne
disposent pas de moyens voulus, ni du personnel compétent pour disposer
à sa population urbaine en croissance rapide la terre. Les services et
les installations nécessaires à une bonne qualité de vie.
D'où l'expansion d'établissements humains illégaux, aux
installations insuffisantes et souvent rudimentaires, surpeuplées et
connaissant une forte incidence de maladies dues à un environnement
à risque. Les dynamiques socio-économiques dans les zones
à risque et ses implications seraient une conséquence des
limites de l'état. Car ne se souciant que de la diffusion de
problèmes liés à l'environnement au lieu de
résoudre ceux existant. Il y a là une défaillance
structurelle. La situation qui prévaut à Maképé
Missoké et Maképé Maturité est-elle
identique ? Or si le phénomène découle de
l'inefficacité structurelle telle qu'analysée par ces auteurs,
comment comprendre que malgré même l'ampleur de la
médiation actuelle de problèmes liés à
l'environnement, la population reste encore relativement peu informée
à ce sujet ? Là est la question que certains auteurs
à l'instar de M. SALL. (1996) n'ont
pas manqué de se poser pour remettre en cause la thèse
structuraliste
Dans une approche beaucoup plus
compréhensive à partir d'un certain nombre d'entretien
réalisé auprès de 40 individus dans la ville de
Yaoundé, l'auteur pense que le recours aux sites à risque est un
phénomène de grande envergure. Il
révèle deux sphères d'information ; la
première est celle qui, se voulant mondiale, fait de questions
d'environnement et de population de « nouveaux
fétiches » (J. M. ELA, 1993 :47). La seconde est celle
des personnes pour lesquelles les questions d'environnement n'ont pas plus de
sens que leur vie quotidienne. Ainsi,
Malgré le fait que les individus
côtoient chaque jour les ordures,
ils évoquent rarement ce problème (...),
malgré l'exercice de leurs
activités dans un décor insalubre, leur
perception est plus focali-
sée sur les problèmes économiques que
sur les problèmes
des ordures. M. SALL (op. cit. 89)
En fait, la crise économique dont ils sont victimes,
leur suggère des perceptions qui ne s'ajustent que par rapport à
l'économie. En d'autres termes, la gestion d'un quotidien de plus en
plus précaire relègue au second plan les problèmes autres
qu'économiques. Ainsi, il semblerait que les pauvres confrontés
à des problèmes de survie, se soucient peu de leur cadre de vie,
contrairement aux nantis qui peuvent se permettre de discourir sur une bonne
protection et une gestion de leur environnement immédiat (GAUD, PONTIE
1993). Les populations soumises à l'impitoyable logique des
impératifs à cours terme A. DURNING (1990), dégradent
considérablement leurs milieux, créant ainsi une sorte de
synergie et de « causalité cumulative » (T. A. SALAU,
1992) entre la pauvreté et milieu à risque. Il ne s'agit plus
dès lors de rapporter le phénomène uniquement comme une
défaillance de l'état, mais comme un choix des individus pour qui
les questions des risques ne font l'objet d'aucune préoccupation.
Certes les problèmes économiques qui sont des conséquences
de la défaillance structurelle sont des raisons dans le choix
délibéré des risques par les populations, mais l'auteur
pense que depuis longtemps les questions d'environnement n'ont pas toujours
fait objet de préoccupation pour le peuple camerounais. Il
préconise plutôt une étude profonde sur la perception que
les populations ont des risques, de leur environnement immédiat pour
mieux appréhender le phénomène. Cette thèse avait
déjà fait l'objet de débat par certains
spécialistes de la sociologie des risques tels que D. JODELET (1989) et
(C. GILBERT 1999).
II-2-3-POINT DES TRAVAUX SUR LES CONDUITES A RISQUE
Si la prise en compte des seules données objectives est
réductrice ne permet qu'un état des lieux des formes possibles de
prises de risque, à l'inverse, la seule prise en considération du
versant subjectif fait l'impasse sur la richesse du lien qui unit les conduites
et les représentations du risque. De la sorte, M. DOUGLAS et M. CALVEZ
(1990) étudient les opinions et les perceptions à l'égard
du risque du sida à partir de déterminants culturels, mais
n'établissent pas de relation avec des conduites de prévention ou
des conduites à risque en matière de sexualité. En
revanche, des études sur le risque inhérent à la conduite
automobile envisagent conjointement l'analyse de comportements
déclarés en matière de conduites dangereuses au volant et
celle des représentations des individus. Elles permettent la mise au
jour de corrélations entre les comportements du conducteur, la
perception de ses capacités de conduire, et son estimation du danger.
Ainsi le sentiment d'être moins vulnérable qu'autrui ou bien
meilleur conducteur que la moyenne comme une sorte d'« illusion de
contrôle », est souvent révélé comme un
facteur permissif de la prise de risque. Cette forme de
dénégation du danger est généralisable à
d'autres domaines de prise de risque comme les conduites économiques
dans les sites à risque, dans certaines pratiques sportives. S. LYNG
(1990) observe ce phénomène chez un groupe de parachutistes qui
attribuent les accidents mortels à des erreurs humaines dont
eux-mêmes se sentent personnellement à l'abri grâce à
un sentiment d'élitisme.
La mise en relation des comportements et des
subjectivités permet en outre de révéler l'existence
possible de décalages entre les risques objectifs et les risques
subjectifs que perçoit et se représente l'individu. Dans une
étude antérieure sur le risque dans la pratique de l'escalade, C.
MARTHA (2001) a pu identifier de tels décalages à travers des
entretiens menés auprès de 15 grimpeurs experts autour de leur
expérience vécue, et souligner de la sorte le caractère
re-construit de la réalité objective. En effet, les
thèmes employés pour évoquer la nature des risques
identifiés dans leur activité renvoient majoritairement à
des dangers perçus tels que la rupture du matériel (notamment la
corde) ou des erreurs d'assurage lourdes de conséquences voire
létales. Beaucoup moins cité mais néanmoins présent
dans les discours, on retrouve le risque de chutes de pierre. Or, de tous les
dangers évoqués dans ces récits, ce sont les chutes de
pierre qui sont les plus objectivables par les faits et se rencontrent
occasionnellement. Les autres types de dangers, notamment la rupture du
matériel, ont dans la réalité une très faible
probabilité d'occurrence. Cet exemple illustre la disproportion qui peut
exister entre l'expérience réelle et objective des dangers, et la
crainte qu'ils suscitent dans l'imaginaire.
De la même manière, J. D. STEVENS (1995) souligne
chez des baigneurs de Port-Alfred la phobie du requin, bien supérieure
à celle de noyade pourtant recensée bien plus
fréquemment : Les centaines de noyades ou de quasi-noyades,
qui se produisent chaque année ne provoquent ni panique ni fuite
généralisée. Lors des vacances de Noël 1983-1984,
à Port-Alfred, une seule personne fut mordue (sans grands dommages) par
un requin taureau. Au cours du même week-end, quatorze estivants se
noyèrent. C'est pourtant l'agression du squale qui retint toute
l'attention des médias.
II-2-3-1-LA PRISE EN COMPTE DU VERSANT MOTIVATIONNEL DANS LES
CONDUITES A RISQUE
C. MARTHA (2002) dans une perspective
psycho-socio-antropologique a mené un certain nombre sur les
différentes conduites à risque. L'étude du sens des
conduites à risque ne peut faire l'économie des facteurs qui les
motivent, c'est à dire les bénéfices escomptés.
Dans le domaine de la santé, elle modélise l'impact des motifs,
de ce qu'ils nomment les « jugements de
préférence », dans la détermination des
conduites à risque, en parallèle avec les représentations
du risque. Selon ce modèle, chacun d'entre nous calculerait plus ou
moins consciemment le rapport entre les bénéfices
escomptés à la prise de risque et la représentation des
risques encourus. Si ce rapport est positif, les bénéfices sont
privilégiés et l'individu choisit de prendre le risque. L'exemple
que l'auteur prend celui du choix d'un rapport sexuel non
protégé par un préservatif chez les jeunes. Pour certains,
le préservatif c'est vraiment trop glauque, ça ôte
tout le charme et ça diminue carrément le plaisir en plus ;
non, moi vraiment c'est hyper rare que j'en mette un. Pour d'autres à
l'inverse, même si le plaisir est au top, et que tu n'as qu'une chance
sur vingt d'avoir le sida, ben ce risque là il est trop fort ...Te
savoir condamné, tout ça parce que tu as décidé une
fois de faire l'amour sans capote, pour un truc qui dure que cinq à
quinze minutes, c'est trop con... cette conclusion a été
déjà tiré par MOATTI et al (1993)dans leurs travaux sur
les comportements face au VIH. Par la suite, MARTHA (op. cit.) élargit
l'étude des motivations à d'autres conduites à risque
afin de pouvoir en établir une typologie, sans prétendre à
l'exhaustivité, au moyen d'une analyse thématique des entretiens.
Il ressort des ses enquêtes que plusieurs facteurs déterminent les
conduites à risque :
Au niveau individuel, les motifs intrinsèques à
l'individu. La recherche de sensations fortes est un des motifs qui revient le
plus souvent dans ses entretiens. Elle a été longuement
décrite et étudiée par ZUCKERMAN (1971) comme le principal
facteur explicatif des conduites à risque notamment en sport, fonction
de la personnalité de l'individu qui détermine le niveau optimal
d'activation qui lui est propre. MARTHA identifie : Les motifs de
fierté personnelle. Les sujets sont nombreux à
évoquer le sentiment de fierté qu'ils éprouvent
après s'être engagés dans une action qu'ils avaient
perçue comme risquée. La fierté constitue une sorte de
récompense personnelle après l'action ; Les motifs
d'accomplissement. (LYNG, 1990) a longuement étudié le
sens des activités limites - edgework - chez un groupe de parachutistes
qui s'engagent volontairement dans des pratiques qui constituent une menace
potentielle à leur intégrité physique. Il les attribue
à une recherche d'expérience permettant la réalisation du
self. De la même manière, prendre un risque « c'est une
façon d'apprendre la vie ».
Au niveau interindividuel, les motifs sociaux. Le partage de
l'expérience vécue dans le risque peut être perçu
comme un moyen de renforcer la cohésion et les liens à
l'intérieur du groupe. Jubilation et bonheur peuvent naître
simplement du partage des
orcé par le caractère intense de ces émotions, issu de
l'engagement. La comparaison, l'intégration, et la valorisation sociale
constituent un motif à part entière de certaines conduites
à risque. Cependant, il est probable qu'ils confèrent au risque
vécu un caractère contraint, donc moins plaisant que le risque
pris pour des motifs intrinsèques à l'individu, ou pour le
partage de l'expérience.
Au niveau normatif, les motifs institutionnels. En fonction du
rapport à la loi des individus, le fait de transgresser un interdit peut
constituer une fin en soi dans certaines conduites à risque. Les
impératifs inhérents aux contraintes institutionnelles, aux
contraintes de temps, ou aux contraintes matérielles influencent
considérablement le fait de prendre un risque par
nécessité.
Au niveau idéologique, les idées
véhiculées au sein d'un groupe, ou plus largement par les
médias, sont susceptibles de valoriser la prise de risque. Il est
relativement commun de supposer l'influence de la médiatisation du
risque connoté positivement dans les images, les publicités, les
discours.... Comme le dit LE BRETON (1991), dans une société
crispée sur une volonté de sécurité, la prise de
risque est valorisée. Cependant, le reproche fait à MARTHA est
qu'elle ne cherche pas à établir les facteurs à l'origine
de la recherche de sensations, mais seulement à présenter
quelques-unes de ses manifestations qui comportent une part de prise de risque.
Si la question de la vulnérabilité humaine et
économique en milieux à risque entre dans l'espace des
discussions aujourd'hui, ce n'est plus simplement pour des raisons
environnementales, mais « Cette question se trouve aussi
poussée par la perception d'un ensemble de désavantages
commerciaux» (Y. RUMPALA, 1999). Autrement dit l'analyse des
conduites à risque implique aussi une lecture des différentes
incidences tant sur le plan économique que sur le plan social, car elles
sont susceptibles de participer à la modification des jeux
concurrentiels intra-communautaire, ce qui ne constitue plus seulement une
ménace économique, mais aussi sociale. Etudiant la vie des
habitants des taudis par exemple, (C.R. GUIMALET, 2007) souligne la forte
concentration des individus pauvres dans des habitations polluées. Leurs
conditions de vie accroissent les risques sanitaires ce qui à des
répercussions sur l'économie dans les ménages. Qu'en
est-il de la population de Maképé Missoké et
Maképé Maturité ?
Ce chapitre avait pour but donc de faire une lecture critique
des differents travaux sur le phénomène étudié.
Parvenu au terme, il faut relever que la plupart des travaux sur le sujet se
limitent dans les pays autres que le Cameroun. Si le phénomène
étudié a fait l'objet de quelques travaux sociologiques, il est
important de souligner que la problématique de notre recherche reste en
suspend. D'où la nécessité de cette étude qui
contribue à la recherche sur les causes des dynamiques
socio-économiques en milieux à risque, sur les conditions de vie
de ces populations, leurs perceptions des risques et les implications
socio-économiques. Mais quelles sont les perspectives théoriques
retenues pour cette étude?
Chapitre II
CHAMPS THEORIQUES DE L'ETUDE
La saisie de tout phénomène social passe par la
construction préalable du dit phénomène. M. GRAWITZ
(2001 :62) en exprime la nécessite lorsqu'elle affirme
que « la nécessité de l'expérience est
saisie par la théorie avant d'être découverte par
l'observation ». Compte tenu de cette nécessité,
l'étude engagée sur les dynamiques socio-économiques en
zone à risque et ses implications prend appui sur la théorie
sociologique des risques et la théorie de l'action sociale. Cependant la
théorie dynamique et critique est utilisée comme théorie
complémentaire.
II-1-LA THEORIE SOCIOLOGIQUE DES RISQUES
Les dynamiques socio-économiques dans les zones
à risque entrent dans ce que JODELET (1989) appelle
« conduites à risque », c'est-à-dire comme le
signifie M. CHOQUET (2000) une mise en danger du corps, une menace de
l'intégrité physique. L'engouement pour les pratiques à
risque a suscité dans divers champs de la psychologie et de la
sociologie des débats pour tenter de décrire et de comprendre ce
phénomène, éminemment complexe étant donné
la diversité de ses manifestations et la pluralité des
significations qui lui sont attachées. La théorie sociologique
des risques prend effet à partir des changements profonds des conditions
de vies liées à l'urbanisation et à l'industrialisation.
Le métier reliant les conceptions de la forme protestante au capitalisme
naissant. Se met alors en place une gestion statistique de la
société. Cette conjonction va déterminer les zones
sociales à risque où la réforme va pouvoir déployer
ses actions. L'Angleterre dès les 18è et
19è siècles s'oriente dès lors vers une
gestion des conflits P. GAY (1997) en y greffant les travaux scientifiques de
la biologie D. LECOURT (1998). La culture du duel chez les jeunes gens, les
conduites marginales de la jeunesse de Faubourgs, les réseaux de
prostitutions, les épidémies et les maladies liées
à l'insalubrité urbaine, la cruauté gratuite de certains
rites de passage sont quelques une de poche de gestation de mal. Plusieurs
secteurs de la société vont être investis fortement au
19è siècle dans cette optique gestionnaire:
l'éducation, les conditions de vie des ouvriers, le gouvernement des
hommes dans les colonies, les cures de santé. L'émergence de la
statistique et le déploiement des grandes enquêtes sociales vont
constituer des outils des mesures du risque dans la société. En
bref, la sociologie des risques est née à partir des grandes
peurs contemporaines, elle s'est développée à partir des
interrogations provoquées par les catastrophes industrielles , les
problèmes environnementaux , de grandes questions de santé
publique , la sécurité des personnes ou les comportements
à risque.
Dans son ouvrage intitulé le goût du
risque, J. SUSSE pense que les risques font partir
de l'existence quotidienne. Si dans la vie, on supprime les peines, il n'y a
plus de joie car l'existence est faite de contraste. IL écrit:
sans joie ni peine, il y a uniformité donc
ennui et la vie ne vaut plus la peine d'être vécue. Le risque est
le sel de la vie. Tout le monde n'a pas le goût du risque et c'est
heureux, car nous retomberions dans l'uniformité; mais quant vous
découvrez chez un jeune le goût du risque, ne cherchez pas
à le dégoûter des aventures, au contraire, montrez lui
quelles en sont les joies et ne lui en dissimulez pas les dangers , alors il
pourra juger en connaissance de cause et ne se lancera que s'il se sent assez
fort; Regardez tout autour de vous -tous ceux qui ont le goût du risque
vivent intensément; ils ont la meilleur part: déboire, les
accidents, les malheurs,les guettent, mais ils sont vite oubliés car les
joies de la lutte et du succès sont exaltantes J.
SUSSE(1941:1)
J. SUSSE valorise alors le risque comme un model de
construction humaine et social. Cette thèse a été soutenue
par A. QUETELET (1984) qui pense que la société est
conçue comme un système mécanique, dont le centre de
gravité est l'homme moyen. Ainsi, la déviance moyenne peut-elle
être définie comme un écart significatif à la
moyenne observée sur l'ensemble de la population. Ainsi pour les
individus à la recherche de construction identitaire, les conduites
à risque offrent l'occasion de marquer leur différence par
rapport à une société globale sur laquelle ils ont un
regard critique et qui leur inspire, soit de l'indifférence en tant que
modèle, soit un certain mépris. Plus tard, la sociologie des
risques s'est constituée un cadre d'interrogation qui porte sur la
construction du risque. C'est dans cet ordre que (C. GILBERT, 2003) à
ce propos pense que la désignation d'un risque comme problème
public doit être fait :
Ø Comme les résultats d'arbitrages
opérés par les autorités publiques
Ø Le résultat de confrontation entre
société civile et autorités publiques
Ø Les résultats de production liée
à des jeux d'acteurs multiples
Les conduites à risque comme celles des populations de
Maképé Missoké et Maképé Maturité
apparaîtraient comme des jeux d'acteurs. Elles apparaissent comme des
problèmes cruciaux de la société contemporaine et la
compréhension de l'émergence de ce phénomène comme
problèmes sociaux ne peut se faire qu'en mettant en tension le duo
risque subjectif et risque objectif. Ce qui correspond aux deux approches
déjà énoncées par le même auteur:
L'une considérant que les risques existent en
soi ou, ce qui
revient au même, que leur existence est mise
à jour par des efforts
de connaissances, notamment scientifiques ; l'autre
considérant
que les risques sont habituellement l'objet de
perceptions
déformant leur
réalité (C. GILBERT, 1999 :10)
Le risque objectif renverrait aux menaces, aux dommages
corporels, à tous les dangers répertoriables concrètement
par des discours, des chiffres ou des statistiques. Il est l'objet des
recherches de type descriptif telle que l'épidémiologie qui se
rattache à présenter les taux ou des fréquences
d'accident, de dommages, de mortalités récentes, et qui cherche
les facteurs objectifs (le mode de vie, le milieu ambiant ou social etc.)
pouvant contribuer à l'émergence du risque. Le risque subjectif
renverrait quant à lui à l'imaginaire, aux phobies, aux craintes,
de l'individu, et font du concept risque une notion non pas figée, mais
construite : Il est alors objet de représentation, qui est
« l'acte de pensée par lequel l'individu se rapporte
à un objet (et qui) comporte une part de re-construction,
d'interprétation de l'objet » D. JODELET
(1989 :37)
Reflet de la subjectivité de l'individu, la
représentation du risque devient alors un concept central pour aborder
les conduites à risque comme celles des dynamiques
socio-économiques dans les sites marécageux et pollués de
Maképé Missoké et Maképé Maturité.
Là où la seule prise en compte des facteurs relatifs à un
défaut d'information, à la méconnaissance du risque
encouru , ou à un défaut de raisonnement ne permet d'attribuer
qu'irrationalité et dérèglement aux conduites à
risque des individus. JODELET montre que la notion de représentation
redonne du sens et de la rationalité aux comportements. Quand un
individu se représente un risque, il ne se contente pas de le
prévoir, mais l'assimile à son schéma de pensées,
à ses croyances, à ses valeurs ou celles de son groupe social
afin de donner de la cohérence entre ses pensées et ses actes
passés ou à venir. Il ne s'agit plus seulement de faire un
état de lieux de différentes prises de risque à l'oeuvre
dans nos sociétés post modernes tel que prôné par A.
GIDDENS (1994), mais de tenter d'accéder au sens qu'elles revêtent
pour les individus. Les pratiques à risque sont inscrites dans les
schémas de pensées des individus. Nous partageons cette
thèse car les conduites à risque apparaissent comme des
problèmes sociaux dont l'homme est lui-même cause. Elles sont
inscrites dans son schéma de pensées.
Les dynamiques socio-économiques dans les sites
à risque relèveraient de la perte de maîtrise de l'homme.
Ce point de vue trouve ses limites en ce sens que le processus de construction
des problèmes apparaît souvent désordonné, et avec
même des éclipses. C. DOURLENS (2003). Il faut chercher à
savoir si les individus qui fabriquent les risques sont informés par
rapports à ses dégâts. S'ils s'interrogent sur leurs cadres
de vie, s'ils maîtrisent à priori les dangers, les risques, les
implications. Or la connaissance à priori des risques, de faits
présupposés apparaît comme un objectif impossible à
atteindre, tant pour des raisons cognitives qu'économiques. La
théorie sociologique des risques permet ainsi d'étudier les
conduites à risque.
II-2-LA THEORIE DE L'ACTION SOCIALE
La théorie de l'action sociale prend naissance à
partir du 19e siècle. On peut y associer les noms d'ALEXIS
DE TOCQUEVILLE, de MAX WEBER et GEORGES SIMMEL. Plus que le fait social, ces
auteurs placent au centre de leurs analyses l'action sociale. Trois principes
se dégagent :
Ø Comprendre les motivations des acteurs individuels
Ø Les situer par rapport aux relations qu'ils
entretiennent entre eux dans une situation donnée.
Ø Analyser les stratégies de ces acteurs et
leurs résultats.
C'est à la suite de ces auteurs que sont nés
plusieurs champs théoriques tels que l'individualisme
méthodologique avec R. BOUDON, l'analyse stratégique avec M.
CROZIER, etc.
II-2-1- APPROCHE COMPREHENSIVE DE MAX WEBER
Celui-ci est issu d'une famille de la bourgeoisie protestante
de Westphalie ; Max Weber est considéré comme le fondateur
de la sociologie compréhensive, c'est-à-dire d'une approche
sociologique qui fait du sens
subjectif des
conduites des acteurs le fondement de l'
action sociale.
« Nous appelons sociologie une science qui se propose de
comprendre par interprétation l'action sociale et par là
d'expliquer causalement son déroulement et ses effets. »
M. WEBER (1995 :28). []Telle est la définition de
la sociologie que Weber propose dans les premières pages. Par cette
définition, il fait de la
sociologie une science de
l'action sociale, en opposition à l'approche
holiste de
Durkheim, pour qui la
sociologie est
science des faits
sociaux.
Max WEBER ne définit pas les faits sociaux comme des
choses ou des mécanismes, mais comme des interactions entre des
comportements individuels obéissant à des motivations et des
intérêts qu'il s'agit de reconstituer. Le sociologue doit
s'attacher à comprendre les interactions sociales et leurs
résultats. Pour Weber, le monde social est ainsi constitué par
l'agrégation des actions produites par l'ensemble des agents qui le
compose. L'unité de base de la
sociologie est donc
l'action sociale d'un agent. Cette approche individualiste se fonde sur la
conviction que les
sciences sociales
(que Weber nomme « sciences de la culture »)
diffèrent des sciences de la nature, en ce que l'homme est un être
de
conscience, qui agit en
fonction de sa compréhension du monde, et des intentions qu'il a.
Analyser le social, c'est donc partir de ces
actions et
des intentions qui les constituent. D'où la définition que Weber
propose de l'action : « Nous entendrons par
« action » un comportement humain quand et pour autant que
l'agent lui communique un sens subjectif. » M.WEBER
(op.cit:29). Dans l'ensemble des comportements des hommes, la
sociologie ne
s'intéresse ainsi qu'à ceux qui sont le produit d'un sens
subjectif (et qui sont les
seuls à être qualifiables d'action). Weber ajoute une nouvelle
restriction : parmi ces actions construites par un sens, la
sociologie ne prend en
compte que les actions proprement sociales, c'est-à-dire les
actions
dont le sens est orienté vers autrui (vers d'autres acteurs sociaux,
quels qu'ils soient).
La sociologie doit donc être
compréhensive, en ce qu'elle doit rechercher le sens, les
motifs, des comportements humains, puisque ceux-ci sont constitutifs des
actions dont il s'agit de rendre compte. La seconde partie de la
définition de la sociologie par Weber est souvent mise de
côté. Elle est pourtant essentielle, et fait la
spécificité de la sociologie compréhensive webernienne.
Pour Weber (1992), la sociologie n'est pas qu'une science de la
compréhension, elle vise aussi à « expliquer le
déroulement et les effets » de l'action. Qu'est-ce que cela
signifie ? Premièrement, cela veut dire que pour Weber, il faut
vérifier, en faisant ressortir des régularités objectives,
que l'interprétation du sens d'une action que l'on propose est la bonne.
D'autre part, une fois le sens de l'action expliqué, il faut ensuite
mener une analyse causale des conséquences qu'a cette action. Or ces
conséquences sont, pour Weber, le plus souvent non voulues, non
conformes aux intentions de l'acteur. Ainsi, la croyance religieuse calviniste,
qui refuse la jouissance des biens matériels, a conduit à la
production massive de biens matériels au sein du système de
production capitaliste. (Ce dernier point a inspiré la théorie
des effets pervers de
Raymond Boudon).
Est donc action, selon la définition de WEBER
(ibid.), toute conduite à laquelle associe une signification.
Elle devient sociale quand le sens de l'action individuelle est rapporté
aux actions d'un ou plusieurs acteurs. L'action sociale motive son action en
anticipant celle des autres c'est-à-dire les probabilités
d'obtenir tel comportement dans telle situation Ce faisant, le sociologue
postule implicitement que dans toute action observée, il peut
déceler une certaine rationalité, tout au moins une
intelligibilité. Les résultats des actions individuelles ne sont
pas nécessairement conformes aux buts initiaux. D'une part, leur
agrégation pose de problèmes spécifiques ; d'autre
part, le sens des actions peut modifier au cours du temps
(nécessité de trouver des compromis, résultats qui
transforment les anticipations.
Trois critères sont établis pour
déterminer le caractère social de l'action. Tout d'abord, les
personnes doivent tenir compte du comportement des autres et également
de la présence ou de l'existence des autres : A ce niveau, le
caractère social de l'action est très limité ou
inexistant, parce que l'un des deux sujets ou les deux agissent sans tenir
compte de la présence ou de l'action de l'autre : le
deuxième critère attribué par WEBER à l'action
sociale est celui de la signification. Cela voudrait dire que l'action sociale
du sujet doit avoir sa valeur de signe ou de symbole pour les autres. Le
troisième critère indique que la conduite des personnes
engagées dans une action doit être influencée par la
perception qu'elles ont de la signification de l'action des autres et de leur
propre action. Ce troisième critère vient en quelque sorte le
complément extérieur de deux critères
précédents, ces derniers étant internes aux sujets
concernés. C'est en effet par la conduite observable de
l'extérieur qu'il est possible de juger les deux conditions subjectives
précédentes.
C'est donc dans les sujets, dans leur perception et leur
compréhension de la conduite des autres que WEBER situe les
caractères essentiels d'une action proprement sociale. Le comportement
objectivement observable sert d'indice pour apprécier cette perception
et cette compréhension : C'est en ce sens précis qu'il faut
entendre le caractère subjectif qu'on attribue à la
définition de WEBER. Ainsi la sociologie de l'action met l'accent sur la
compréhension des actions individuelles. Ce qui constitue un avantage
dans l'analyse des dynamiques socio-économiques dans les sites à
risque. Ce phénomène étant un acte social dont il faut
comprendre les mobiles dans les sujets individuels. Toutefois, il ne s'agit pas
pour autant de faire confiance aux discours des acteurs sur leurs pratiques. Le
sens individuel de l'action semble échapper à toute
généralisation, à fortiori à toute uniformatisation
et se perdre dans l'exposé de l'arbitraire des motivations. Pour
échapper à la relativité, il propose des outils
d'investigation : les types idéaux. Cette exigence des
méthodes différentes des règles énoncées par
DURKEIM (1947), lequel tente de définir un phénomène
social par ses caractères les plus généraux observables
dans tous les types de sociétés. Par contre, il cherche à
comprendre ce qui fait la singularité d'une situation, d'un
comportement, d'une période. Il le fait en dégageant, dans chaque
cas, un système de relation intangibles qui « fait
sens » pour l'acteur et pour l'observateur. Ainsi les dynamiques
socio-économiques dans les sites à risque ne peuvent être
assimilées seulement à des personnes collectives disposant d'une
volonté propre, ni même à des entités sociales, mais
à des models, des représentations qui flottent dans la tête
dont on peut dégager quelques principaux pour organiser ce qui
apparaît au premier regard comme confus et contradictoire. Cette
thèse développée par WEBER a été
prolongée par d'autres penseurs contemporains donnant naissance à
des courants théoriques comme la théorie de l'action
individuelle.
II-2-2-L'INDIVIDUALISME METHODOLOGIQUE OU ACTION
INDIVIDUELLE
La sociologie de l'action individuelle relève de
l'individualisme méthodologique différent de l'action collective
qui relève du holisme méthodologique. L'individualisme
méthodologique est une expression qui a été
prononcée en 1954 par le sociologue autrichien A. SCHUMPETER (1954).
Concept polysémique l'individualisme méthodologique, loin
d'être une doctrine, est un système de pensées qui
reconnaît l'individu comme référence fondamentale de la
société, dans sa structuration, son fonctionnement et son
changement. L'individualisme méthodologique est une règle de
méthode applicable en
sciences sociales,
selon laquelle les phénomènes collectifs doivent être
décrits et expliqués à partir des propriétés
et des actions des
individus et de leurs
interactions mutuelles (approche ascendante). Cette règle s'oppose au
holisme selon lequel les
propriétés des individus se déduisent des
propriétés de l'ensemble auquel ils appartiennent (approche
descendante). Au sens large, on peut caractériser l'individualisme
méthodologique par trois propositions qui postulent que :
1. seuls les
individus ont des buts et
des intérêts (principe de
Popper-
Agassi);
2. le système social, et ses changements,
résultent de l'action des individus ;
3. tous les phénomènes socio-économiques
sont explicables ultimement dans les termes de théories qui se
réfèrent seulement aux individus, à leurs dispositions,
croyances, ressources et relations.
La proposition trois est celle qui caractérise
l'individualisme méthodologique au sens strict, puisque les propositions
un et deux sont d'ordre
ontologique. Les
individus poursuivent des buts sur les fondements de « bonne
raison » mais se heurtent à des contraintes qui
résultent soit de leurs interactions soit du contexte social.
L'individualisme méthodologique est notamment au centre de l'analyse
stratégique en
sociologie
des organisations, approche développée notamment par
Michel Crozier et qui
vise à comprendre les stratégies réelles mises en place
par les acteurs au sein des organisations, au travers notamment de la formation
de relations et de jeux de pouvoirs. Outre BOUDON et CROZIER,
M. WEBER et J. COLEMAN ont
également développé une théorie sociologique sur la
base de l'individualisme méthodologique (quoique sous une forme
particulière chez Weber). Les
sciences sociales
ont alors pour objet de décrire les choix effectués sous
contraintes par les individus et leurs effets sociaux, en partant du principe
que les comportements individuels ne sont jamais la conséquence
exclusive de ces contraintes mais résultent toujours d'un choix entre
plusieurs actions possibles. Il faut pour cela reconstruire les motivations des
individus concernés par le phénomène en question et
d'appréhender ce phénomène comme le résultat de
l'agrégation de comportements individuels dictés par ces
motivations. Les phénomènes sociaux ne résultent donc pas
de déterminismes extérieurs mais sont des résultats non
attendus de cette agrégation d'actions individuelles. Refus de
« lois générales » des comportements sociaux
et préférence pour une modélisation statistique des
comportements. Approche qui est liée à une certaine idée
de la «
liberté »
de l'individu et de sa
rationalité.
L'individualisme méthodologique ne doit pas être confondu avec l'
individualisme en
tant que conception
morale et
politique.
Les travaux en affinité avec les principes de
l'individualisme méthodologique peuvent être regroupés en
trois principales tendances :
· Ceux qui considèrent les actions de l'individu
comme toujours motivées par une rationalité sans faille et
réduisent la réalité sociale à des transactions
guidées par le seul calcul des avantages et coûts. Les principaux
représentants de cette tendance sont C. GEORGE, C. HOMANS, O. MANCUR,
l'Ecole du Public Choice.
· Ceux qui assouplissent ces hypothèses en
reconnaissant à l'individu une rationalité non plus absolue mais
relative et limitée : Les principaux représentants de cette
tendance sont : A. HEBER et G.JAMES, O. ALBERT, C. CROZIER.
· Ceux qui proposent comme autre variante de la rupture
avec la rationalité parfaite en considérant que la
capacité limitée d'information, de décision et de
simulation de l'individu est liée à la position qu'il occupe vis
à vis des autres individus. On parle alors "d'individualisme
méthodologique contextualisé". Les principaux
représentants de cette tendance sont F. BOURRICAUD et R. BOUDON. Nous
nous attarderons dans le cadre de cette étude de l'approche de R.
BOUDON.
II-2-2-1-L'approche de R. Boudon
R. BOUDON est un sociologue français né le 27
janvier 1934 à Paris. En France, il s'affirme comme le chef de file de l'
individualisme
méthodologique, courant qu'il a introduit dans le paysage
sociologique français, et qu'il a ensuite largement promu. Se
réclamant de E. DURKHEIM, qu'il relit de manière critique ou de
Tocqueville,
il est surtout influencé par certains aspects de l'oeuvre de
M. WEBER, à partir
de laquelle il a construit sa théorie de l'individualisme
méthodologique. Identifier des phénomènes macroscopiques
à partir de phénomènes microscopiques, "retrouver des
structures générales à partir de l'analyse de
phénomènes particuliers" (BOUDON, 1979), appréhender les
phénomènes sociaux bien circonscrits à partir de la
logique des comportements individuels est au coeur de tous ses travaux.
Effets pervers et ordre social (1977), La Logique du social(1979), La place
du désordre(1984) montrent la fécondité d'une analyse
menée d'un point de vue méthodologiquement individualiste dans la
lignée de Weber, analyse à laquelle l'inégalité
des chances (1973), devenu un classique de sociologie, avait
déjà apporté une contribution.
Pour R. BOUDON (1979), l'individu est « l'atome
logique de l'analyse » car il constitue, à ses yeux,
l'élément premier de tout phénomène social.
Comprendre le social, c'est, dans cette perspective, analyser les
rationalités des individus, puis saisir leurs « effets de
composition », c'est-à-dire la façon dont l'ensemble
des actions individuelles s'agrègent pour créer un
phénomène social. Boudon a mis ainsi en évidence ce qu'il
nomme des « effet pervers », c'est-à-dire des
« phénomènes de composition » où
l'addition d'actions individuelles rationnelles produit des effets inattendus
et contraires aux intentions de chacun. Ainsi, les paniques boursières
constituent un exemple typique de tels effets pervers. Quand un grand nombre
d'individus, par crainte d'une baisse des cours, vendent leurs actifs, ils
provoquent ce qu'ils craignaient : une chute du prix des actions. Parti
d'une interprétation assez étroite de l'individualisme
méthodologique, proche de la théorie de l'acteur rationnel
standard, telle qu'elle existe en économie, BOUDON a depuis les
années 1990 élargi son analyse. A la place de cette
rationalité instrumentale, où l'acteur maximise son
utilité, BOUDON (1991) a ainsi insisté sur l'importance des
croyances dans l'action individuelle, développant le concept de
rationalité cognitive. Trois postulats fondamentaux se dégagent
donc de cette approche :
· L'individu, et non le groupe, est "l'atome logique" de
l'analyse sociologique,
· La rationalité de cet individu est
généralement de type complexe : on ne peut en rendre compte
à l'aide des seuls schémas des actions logiques au sens de
Pareto,
· Les individus sont inclus dans des systèmes
d'interaction dont la structure fixe certaines des contraintes à leurs
actions (d'autres contraintes étant par exemple
représentées par leurs ressources cognitives ou
économiques)
Cette démarche comporte une conséquence
importante. Elle indique que le sociologue se donne le droit de recourir
à une psychologie universaliste. L'applicabilité de la
méthode introspective suppose en effet que l'observateur puisse
légitimement se substituer à l'observé. La
particularité du contexte où est placé l'observé ne
peut affecter sa psychologie au point que son comportement devienne
inintelligible à l'observateur. Si le comportement de l'observé
apparaît comme difficilement compréhensible, ce n'est pas dû
au fait que leurs psychologies soient différentes mais, par exemple,
à ce que certains éléments du système d'interaction
auquel appartient l'observé échappent à l'observateur.
II-2-2-2-Altération par la théorie des
jeux
L'introduction de la
théorie des
jeux dans l'analyse économique et la naissance de la
nouvelle
microéconomie sont venues légèrement bouleverser la
situation : conformément aux principes de la théorie des
jeux, le raisonnement en terme d'individualisme méthodologique est
conservé, mais il est dorénavant conféré aux
individus une rationalité stratégique qui implique que chaque
individu se comporte en fonction des actions entreprises par les autres
individus. L'utilisation plus récente de la
théorie
des jeux évolutionnaires vient encore affaiblir la
rationalité des individus tout en conservant l'individualisme
méthodologique : les agents sont supposés être
« myopes » et disposer uniquement d'une rationalité
adaptative.
L'individualisme méthodologique est pour ainsi dire et
comme le définit M. GRAWITZ (1984) une tendance à ne
considérer que les explications des phénomènes sociaux
reposant sur des hypothèses ou des faits en tenant compte des
individus. Cette theorie donne de meilleurs outils pour penser le changement;
L'individualisme méthodologique a le mérite d'insister sur le
rôle des acteurs dans la constitution de phénomènes
sociaux. Ce paradigme est fécond : il permet d'expliquer une grande
variété de phénomènes. Cependant deux grandes
séries de critiques peuvent lui être opposées :
· Celle d'une opposition simpliste entre
l'intérêt individuel et la détermination collective,
· Celle d'un déterminisme excessif.
Les individus ne sont pas motivés par la seule matrice
des gains individualisables. Ils obéissent aussi à un
système de valeurs. Les courants holistes font intervenir un
déterminisme collectif à travers les attentes sociales à
l'égard des individus (statuts et rôles) et à travers les
modèles culturels intériorisés par la socialisation. Les
auteurs conventionnalistes, comme André Orléan, contestent les
modèles individualistes cherchant à expliquer l'action collective
par un calcul optimisateur en situation de jeu. Ainsi le souci de maximisation
rend le dilemme du prisonnier sous optimal, la coopération étant
impossible faute de confiance. Or le plus souvent les individus ne se laissent
pas enfermer dans ces impasses. Ils parviennent à dépasser les
impossibilités prédites par la théorie des jeux car ils
décident de faire confiance et de coopérer.
Une critique plus radicale est celle qui considère
l'individualisme méthodologique comme une vision déterministe et
holiste, car, une fois définie la structure du système
d'interaction, les actions individuelles (à condition qu'elles soient
rationnelles) mènent inéluctablement à un résultat,
désiré ou non, qui semble écrit d'avance. Ainsi P. FAVRE
(1980 :1253-1254) écrit:
L'acteur rationnel de R. Boudon n'est pas
libre puisque son comportement est conditionné par la logique de la
situation... Quoique par des voies différentes, les sociologies de
Boudon ne le cèdent donc en rien à celle de Bourdieu quant au
déterminisme. Toutes les deux sont également holistes,
puisqu'elles tiennent pour assurer que la structure de l'ensemble qu'elles
considèrent a des propriétés qui ne résident pas
dans les éléments de l'ensemble pris un à
un.
En ce sens Bourdieu et Boudon pourraient être dits
structuralistes : tous deux pensent que l'agencement des
éléments d'un système a des effets déterminants et
que si un seul élément du système est modifié,
l'ensemble du système l'est de ce seul fait. Enfin les deux sociologies
sont constructivistes. Dans la mesure où elles s'imposent de construire
des systèmes de relations qui éclairent le fonctionnement du
réel social sans avoir la prétention d'en fournir une description
exhaustive. Cette dernière critique permet d'expliquer
l'émergence de courants qui, comme l'interactionnisme symbolique et
l'ethnométhodologie, ont tenté de dépasser à la
fois les limites du holisme et celles de l'individualisme.
II-2-3- PORTEE DE LA THEORIE SUR LE PHENOMENE ETUDIE
Les dynamiques socio-économiques dans les sites
à risque relèvent de l'action sociale. Laquelle a une
signification pour les acteurs engagés. Dès lors il faut
expliquer le phénomène non seulement dans une perspective
holiste, mais aussi comprendre les mobiles de ces actions dans des sujets pris
individuellement. Tenir compte de la perception que les acteurs ont de leurs
actes. Comme Weber l'a montré, l'analyse sociologique comporte toujours
un moment de compréhension. Le sociologue doit se mettre à la
place de l'agent qu'il étudie pour en comprendre les actions. Mais la
notion de compréhension n'implique pas celle de subjectivisme. D'une
part car il est facile, selon l'auteur, "d'obtenir un accord unanime sur
l'interprétation d'une action", d'autre part car il convient de
corroborer autant que possible son interprétation avec l'observation
directe de la réalité. A défaut le sociologue doit
s'efforcer de la confirmer en montrant qu'elle permet de rendre compte de tout
un ensemble de phénomènes.
Le phénomène est une action collective dont la
compréhension est perceptible dans les sujets individuels. Notre
étude s'adapte à cette théorie en ce sens que celle-ci
nous permet de comprendre les motivations réelles des individus à
faire recours aux zones à risque comme lieux du développement des
activités socio-économiques. Les configurations humaines dans les
sites à risque s'appréhendent comme des jeux d'acteurs qui se
traduisent par des actions collectives. Ces actions sont orientées vers
des buts de nature socio-économique, des interactions qui produisent des
effets d'incertitude objectivant et subjectivant que sont les risques et qu'il
faut chercher à comprendre non seulement dans le tas, mais dans les
sujets individuels. Le sociologue doit d'abord étudier les actions
individuelles qui constituent les éléments de base du social,
puis montrer comment ces actions ont inféré et donné
naissance à un phénomène social. Il faut comprendre les
raisons qu'ont les populations de Douala, plus particulièrement celles
des zones de Maképé Missoké et Maképé
Maturité à habiter les zones à risque et à y
développer les activités économiques diverses, de faire ce
qu'elles font ou de croire ce qu'elles croient.
II-3-THEORIE COMPLEMENTAIRE
II-3-1-LA THEORIE DE LA SOCIOLOGIE DYNAMISTE ET
CRITIQUE
La sociologie dynamiste et critique est issue de
l'école générative née pendant la période
des années soixante. L'école dynamiste et critique optait pour
objectif selon lequel tout chercheur est investi d'une attitude critique en
rupture avec les catégories de l'ordre social. Cette théorie fort
critique contre le structuralisme génétique met au centre de sa
réflexion l'étude des changements, des mutations, des mouvements
sociaux, du devenir des sociétés. Les promoteurs de cette
théorie sont : G. GURVITCH, A. TOURAINE, C.
RIVIERE, G. BALANDIER etc. Cependant la thèse développée
A. TOURAINE nous intéressent dans le cadre de cette étude.
II-3-2-LES FONDEMENTS DE LA SOCIOLOGIE DYNAMIQUE DE
BALANDIER
G. BALANDIER est né en 1920 à
Aillevillers-et-LYaumont. Il est la figure majeure de l'anthropologie
dynamique. C'est en 1955 que BALANDIER précise la démarche
scientifique dans son ouvrage intitulé l'anthropologie
appliquée aux problèmes des pays sous
développés. Il privilégie l'approche dynamiste des
structures et des systèmes sociaux africains et la
nécessité de tenir compte des résultats acquis par
d'autres sciences.
Il aborde la dynamique sociale dans une perspective
particulière : L'analyse des sociétés dites sous
développées caractérisées par des processus de
changements lents, base ses travaux sur les méthodes extrêmement
logiques. Il considère que chaque système social est instable et
laisse cohabiter l'ordre et le désordre et qu'en conséquence, il
faut interpréter les changements à travers les
révélateurs de désajustement à savoir les conflits,
les tensions, les crises. Une société parfaitement unie serait
une société fermée dans laquelle rien ne peut bouger, une
société morte. BALANDIER s'intéresse au
phénomène de production et de reproduction d'une
société. La société se produit continuellement,
chaque individu va jouer sur son environnement et contribuer au renouvellement
de la société. Ainsi les faits historiques prônent que
toutes les configurations sociales sont constamment en mouvements. Aucune
société n'est contrainte à vivre une longue permanence,
une longue période d'autarcie. BALANDIER (1971) peut remarquer que ce
dynamisme prône d'avantage l'aspect d'une oeuvre collective jamais
achevée et toujours à refaire. L'objet de la sociologie n'est pas
statique historique, mais présente des réalités,
« officielles et officieuses ».
Les études dynamiques ont pour but de corriger les
théories structuralistes génétiques et l'ethnologie qui
traitent certaines sociétés comme étant
perpétuellement fixes, établies dans un perpétuel
présent. Il s'agit de restituer à ces types de
sociétés une dynamique permanente. La société est
définie par le model des figures qui marquent une coupure par rapport
aux représentations classiques. Ce sont des agencements
vulnérables et problématiques des systèmes de relations
réjouissants l'activité collective, l'ordre et le désordre
y sont ensemble. Les orientations actuelles de la sociologie dynamiste sont
perçues dans le sens d'une analyse multilinéaire. Dans cette
conception, la notion de progrès est redéfinie. Il n'est plus
continu, ni nécessaire et répétitif. Il existe des
éléments dynamiques à l'intérieur de chaque
société. A ce titre, le développement ou la transformation
n'est que le travail des éléments dynamiques qui existent
à l'intérieur de la structure concernée, ce que BALANDIER
(1971) appelle « dynamique du dedans ».Toutefois, les
éléments qui viennent de l'extérieur peuvent modifier,
ralentir ou étouffer les énergies internes. C'est
la « dynamique du dehors ». Trois postulats sont
à considérer dans l'approche de Balandier :
-les sociétés inscrites dans la
dépendance sont affectées par leurs rapports avec les
sociétés qui leur sont externes et cela au niveau de leurs
structures sociales, politique, culturelles et économique.
-ces sociétés doivent par conséquent
être analysées après repérage du
« dynamisme du dedans » et leur « dynamisme du
dehors ».
-Doivent être également prises en compte les
interrelations de ces dynamiques.
La démarche de BALANDIER (2000) valorise les
potentialités de chaque société, de déceler tout ce
qu'une société recèle de peu visible, de latent et qui
permet de comprendre que les formes visibles ne sont jamais ce qu'elles
paraissent être ou ce qu'elles prétendent être. Elles
s'expriment à deux niveaux au moins, un superficiel présente les
structures officielles, l'autre profond assure l'accès aux rapports
réels les plus fondamentaux et aux pratiques révélatrices
de la dynamique du système sociale. La démarche de Balandier a
pour avantage de mettre en valeur les complexités très souvent
absentes dans une perspective unilatérale. C'est ainsi que les
dynamiques socio-économiques dans les sites à risque peuvent
être révélatrices de ces complexités.
Balandier va plus loin dans ses analyses des dynamiques
sociales, celle du dedans et celle du dehors et envisage une sociologie des
mutations. Si les sociétés de dépendance doivent
être analysées dans leurs dynamiques, celles ci devraient
être appréhendées du point de vue des mutations en tend que
séries de ruptures. Dès lors, la sociologie des mutations doit
être abordée en deux temps. D'abord le problème
d'identification ou de repérage, ensuite la dynamique de la mutation
sociale. La mutation est une rupture dans une continuité, une
conjonction et événement provoquant une transformation profonde
et assurant une continuité par d'autres moyens. Balandier
débouche plutôt à une phénoménologie des
mutations sociales qu'à leur explication.
Contrairement à Balandier, A. TOURAINE fonde ses
analyses sur les sociétés industrielles et post industrielles,
caractérisées par des processus de changements significatifs.
II-3-3-LES FONDEMENTS DE LA SOCIOLOGIE DYNAMISTE ET CRITIQUE
DE A. TOURAINE
A TOURAINE est né en France dans le calvados en 1925.
Il est l'auteur de plusieurs ouvrages tels l'évolution du travail
ouvrier aux usines Renaud, les conditions des ouvriers d'origine agricole
respectivement en 1955 et en 1961. Ces premiers travaux portent sur la
Sociologie du travail très influencée par les conséquences
de l'industrialisation. Tout comme Balandier, A. TOURAINE prend ses distances
avec le structuralisme et précise l'objet de la sociologie parmi les
autres sciences. Dès 1965, il entend construire l'objet de la sociologie
par opposition aux autres sociologies classiques notamment les thèses de
KARL MARX et de MAX WEBER.
Contre MARX, A. TOURAINE récuse l'approche qui
privilégie les analyses des conséquences sociales d'un facteur
dominant. Et contre WEBER, la critique selon laquelle l'objet de la sociologie
serait de restituer le sens visé par les acteurs. Il se propose de
redéfinir la sociologie comme l'étude de l'action, action d'un
sujet historique dont les orientations se définissent par rapport
à l'ensemble des conditions sociales. Le travail est le point de
départ du model d'analyse de
type « actionniste ». Le travail perçu comme
une activité collective. Ainsi A. TOURAINE rejette définitivement
le structuralisme et crée alors deux concepts :
L'historicité et rapport de classe. La sociologie d'A. TOURAINE est donc
une sociologie de l'action collective doublée d'une sociologie critique
du conflit social. Une sociologie de haute et de moyenne portée. Il
s'agit en effet pour emprunter la terminologie de TOURAINE,
d'une « propédeutique » qui a pour but de
baliser la démarche théorique conformément aux nouvelles
exigences de la sociologie. Se situant aux antipodes des théories
classiques qui considèrent la société «
comme une chose » DURKHEIM (1947), TOURAINE soutient que les
sociétés ne sont pas des entités stables, inertes et donc
immuables, mais plutôt comme des entités changeantes,
évanescentes et partant, marquées du double sceau de
l'historicité et du dynamisme. C'est non sans pertinence que l'auteur
soutient :
la sociologie n'existe qu'à partir du
moment ou les sociétés ne sont plus situées par rapport
à un ordre qui leur est extérieur, mais saisies dans leur
historicité, dans leur capacité à se reproduire. A.
TOURAINE(1981 :52).
II-3-3-PORTEE DE LA THEORIE SUR LE PHENOMENE ETUDIE.
Autant la thèse de Balandier, celle
développée par TOURAINE récuse les permanences
structurelles et formelles pour s'intéresser à
l'historicité ; laquelle est évocatrice de la vie intime des
sociétés. La théorie dynamiste et critique a donc
l'avantage de prendre l'objet de la sociologie non seulement comme statistique
historique, mais aussi comme un objet qui présente une
réalité bidimensionnelle (dimension officielle et dimension
officieuse).
C'est dire enfin de compte que, la sociologie dynamiste et
critique consiste à envisager les structures sociales dans leur histoire
ou devenir, dans leurs actions et réactions, et non plus sous la forme
de « structures et de systèmes
intemporels ».
La théorie de la dynamique sociale nous aidera
à comprendre les dynamiques socio-économiques dans les zones
à risque de Douala. Les bouleversements, les mouvements des populations
urbaines relèvent d'un dynamisme nouveau, lequel participe à une
construction du risque socio-économique. Les éléments
dynamiques dont regorgent toujours les populations de Douala sont toujours
disposés à transformer le monde socio-économique. Ces
éléments peuvent provenir de
l'intérieur « dynamique du dedans »ou de
l'extérieur « dynamique du dehors ». Les dynamiques
socio-économiques dans les sites à risque s'inscrivent donc dans
la théorie la dynamique sociale. Dans cette perspective, elles sont
perçues comme des mouvements sociaux, des faits sociaux toujours en
perpétuels mouvements. Lesquels ont un sens et une puissance qu'il faut
chercher à et à comprendre expliquer.
CHAPITRE III
LA METHODOLOGIE DE L'ETUDE
L'objet de ce chapitre est de
décrire la méthodologie ayant permis d'arriver aux
résultats de cette recherche. Il s'agit de l'ensemble des
méthodes d'approche des dynamiques socio-économiques dans les
sites à risque. La méthodologie s'articule autour de cinq
points : la formulation des hypothèses et la construction des
variables, la logique et la méthode de recherche, les techniques de
collecte des données, l'unité d'observation et la taille de
l'échantillon, le déroulement de la collecte des données,
méthodes d'analyse des résultats et difficultés
rencontrées .
III-1-FORMULATION DES HYPOTHESES ET CONSTRUCTION DES
VARIABLESII-1-FORMULATION DES HYPOTHESES ET
CONSTRUCTION DES VARIABLES
III-1-1- FORMULATION DES HYPOTHESES
De la problématique de
recherche, découle une hypothèse générale :
les populations se déploient de plus en plus dans les sites à
risque pour des buts de nature socio-économique, ouvrant ainsi des
potentialités au déploiement des crises sanitaires. Cette
hypothèse générale est opérationnalisée en
quatre hypothèses secondaires :
H1- En dépit des crises de logement à
Douala, et de la difficulté d'intégration
socio-économique des acteurs démunis dans une ville en pleine
expansion, ceux-ci font recours aux sites à risque comme lieux
d'habitation et d'expression économique.
H2- la perception que les acteurs ont de leur
environnement immédiat dépend de leur niveau d'instruction, de
leur durée de résidence dans le quartier, de leur sexe. Certains
ont une perception positive de leur milieu, d'autres perçoivent
négativement leur milieu mais minimisent les risques.
H3, les populations des sites à risque vivent
dans des conditions déplorables et survivent grâces aux
activités informelles.
H4- les dynamiques socio-économiques dans les
sites à risque produisent des effets négatifs sur la santé
des acteurs et sur la satisfaction des besoins des ménages.
III-1-2-CONSTRUCTION DES VARIABLES
-L'hypothèse principale met
en rapport deux variables : la variable dépendante et la variable
indépendante. La variable dépendante est : les populations
se déploient de plus en plus dans les sites à risque pour des
buts de nature socio-économique; la variable indépendante
est : ouvrant ainsi des potentialités au déploiement des
crises sectorielles.
VH1, VH2, VH3, VH4 correspondent respectivement aux variables
des hypothèses 1, 2, 3, 4
-VH1 : la variable dépendante est : le
recours aux sites à risques comme milieux d'habitation et d'expression
économique ; les variables indépendantes sont : les
crises de logement à Douala, la difficulté d'intégration
socio-économique des acteurs démunis. Les indicateurs sont la
croissance démographique et l'expansion urbaine, l'accroissement de
l'exode rurale et la difficulté d'intégration des migrants, les
logements urbains, le revenu des acteurs.
-VH2 : la variable dépendante est :
perception positive et négative de l'environnement
immédiat ; les variables indépendantes sont : le niveau
d'instruction, la durée de résidence dans le quartier, le sexe
des acteurs. Les indicateurs sont : la perception de l'acuité des
problèmes liés aux cadres de vies, la perception sur l'origine
des problèmes sanitaires, la perception des causes de l'accumulation des
ordures.
-VH3 : la variable dépendante est : les
populations des sites à risque, les variables indépendantes
sont : conditions de vies déplorables, activités de survies
informelles. Les indicateurs sont : taille de ménage et type
d'habitat, source d'approvisionnement en eau, en énergie, les types
d'aisance, et les types d'activités informelles
-VH4 : La variable dépendante est :
dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et la
variable indépendante est : effets négatifs sur la
santé des acteurs et sur la satisfaction des besoins des ménages.
Les indicateurs sont: la santé des acteurs, la scolarisation des
enfants, conditions alimentaires, l'intégrations des acteurs aux
activités associatives, la condition psychologique des acteurs.
III-2-LOGIQUE ET METHODE DE LA RECHERCHEII-2-LOGIQUE ET METHODE DE LA RECHERCHE
La question des dynamiques socio-économiques
dans les sites à risque est analysée à travers une double
approche compréhensible et explicative.
On parle de sociologie compréhensible pour
designer une
méthode de travail s'attachant à
déterminer les mobiles cons-
cients et inconscients des actions individuelles.
MONTOUSSE
et G. RENOUARD, (1997 :18).
L'approche compréhensible est fondée sur la
conception webernienne de la sociologie comme une étude des actions
sociales. La démarche compréhensive a permis de comprendre et
d'analyser le contenu des opinions des acteurs des sites à risque en vue
de découvrir le sens qu'ils donnent à leurs actions d'une part,
et la finalité qu'ils escomptent de cet acte d'autre part. La
méthode explicative s'inspire de la proposition durkheimienne selon
laquelle le sociologue doit expliquer le social par le social. Dans le cadre de
cette étude, cette approche a permis de d'identifier la relation de
dépendance qui existe entre les dynamiques socio-économiques dans
les sites à risque et ses implications socio-économiques.
III-3-TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEESII-3- TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES
L'étude est descriptive et analytique. Elle a eu
recours aux sources écrites et à la tradition orale. Un grand
travail de terrain a été aussi réalisé. Pour
collecter les informations, nous avons établit un protocole de recueil
des données documentaires pour l'observation documentaire, un guide
d'entretien et un questionnaire pour l'observation indirecte. Toutefois,
certaines données ont été collectées au moyen
d'observation directe.
III-3-1-LE RECUEIL DES DONNÉES DOCUMENTAIRES
L'observation documentaire a
permis dans le cadre de cette étude de faire une meilleure connaissance
du sujet à travers l'analyse des documents, de mieux circonscrire le
travail en s'appuyant sur les travaux antérieurs. Par la suite, enrichir
notre littérature et établir un cadre théorique à
la recherche. Un protocole de recueil des données a été
établi à partir du sujet et de certains indicateurs. Ce recueil a
permis de sélectionner des données pertinentes d'un certain
nombre de documents que nous avons exploités. Ainsi nous avons eu
recours à des ouvrages généraux, les ouvrages
spécifiques, des coupures de journaux, des mémoires et rapports.
Enfin, l'observation documentaire a été une orientation à
la recherche empirique.
Si l'analyse documentaire a occupé une place dans
l'étude de documents sur le sujet et l'élaboration du cadre
théorique, la compréhension du phénomène dans les
zones cibles de Douala ne pouvait se fonder sur la bibliographie existante.
Pour ce deuxième volet de l'étude, il a fallut réaliser un
travail de terrain, qui a consisté à aller auprès des
populations cibles et recueillir des informations aux moyens des instruments
comme le guide d'entretien et le questionnaire.
III-3-2-L'ENTRETIEN INDIVIDUEL
Selon M. GRAWITZ, (2001)
l'entretien est un procédé d'investigation qui utilise
un processus de communication verbale pour collecter des informations relatives
à un thème. L'entretien individuel a été
réalisé au moyen d'un guide d'entretien et le type
privilégié est semi-directif. Plusieurs raisons justifient
l'usage de cette technique : par sa nature, ce type d'entretien permet de
recueillir les données qui se prêtent à des comparaisons.
Ensuite, permet d'éviter le biais concentrique provenant du fait qu'on
oblige les personnes à répondre aux mêmes questions,
même si elles n'ont manifestement aucune réponse. Elle a aussi la
particularité d'avoir servi à établir une interaction
directe entre l'enquêteur et les enquêtés. Le but
étant de laisser ceux-ci faire part en toute liberté le sens
qu'ils accordent à leurs actions et leurs pratiques dans les sites
à risque, de leurs perceptions et interprétations des risques,
leurs conditions de vie et ses implications. Enfin cette technique a permis de
collecter des données des populations (les commerçants pour la
plupart) qui, lors des études exploratoires n'avaient manifestement pas
le temps à consacrer au remplissage du questionnaire. Les entretiens
semi directifs ont été associés à la
démarche compréhensive pour réaliser l'opération de
collecte des données qualitatives. L'approche
qualitative présente donc un intérêt certain. En effet,
cette approche est appropriée pour étudier tout ce qui est
qualitatif et la perception est essentiellement qualitative. Au niveau
individuel, cette approche nous a permis de mettre en évidence les
représentations mentales, d'approfondir l'étude et de faire une
comparaison des informations recueillies. En outre, elle nous a permis d'avoir
la détermination enracinée, c'est-à-dire l'ensemble des
éléments reflétant les opinions, les perceptions et les
comportements tels qu'ils apparaissent dans le champ d'observation. Aussi,
permet d'aller un peu plus loin dans la compréhension des pratiques
socio-économiques dans les zones à risque. Le guide d'entretien
est structuré de la manière suivante :
I - Identification du répondant
II- Guide thématique
III-3-3-L'ADMINISTRATION DU QUESTIONNAIRE
Le
procédé d'enquête par questionnaire a consisté
à poser aux populations des sites à risque
représentatives, une série de questions relatives à leurs
situations. Cette technique a rendu possible la confrontation des
données relatives aux conditions de vies dans les sites à risque
et ses implications socio-économiques, dans la mesure où elle a
favorisé la quantification des informations recueillies, (ce qui a
rendu aisée l'analyse des corrélations pouvant relier les
modalités de l'échantillon). Le questionnaire utilisé est
le type semi-ouvert. Il est constitué de 39 questions centrées
sur trois thèmes principaux : les motivations réelles de
l'installation des populations dans les zones à risque, les conditions
de vie dans les sites à risque et les implications liées à
ces conditions de vie. Cette technique est complémentaire à la
démarche explicative de notre recherche car elle a
préconisé l'identification et l'usage des
régularités statistiques comme outils d'explication et de
vérification des hypothèses théoriques formulées.
Toutefois, l'application des techniques de recherches sues citées exige
une sélection et une répartition préalable de
l'échantillon de la population à étudier.
III-4-UNITE D'OBSERVATION ET TAILLE DE L'ECHANTILLONII-4-UNITE D'OBSERVATION ET TAILLE DE
L'ECHANTILLON
La ville de Douala a été retenue comme champ
empirique pour plusieurs raisons. D'abord elle est non seulement une ville
essentiellement marécageuse (site à risque), mais elle est une
ville qui connaît une très forte concentration des individus
vivant dans ces sites. Le champ d'investigation est composé de deux
quartiers représentatifs de l'arrondissement de Douala 5
(Maképé Missoké et Maképé Maturité).
Ces quartiers ont été retenu sur la base de leur
caractère pollué et insalubre.
Les entretiens ont été menés
auprès de deux types de personnes : les personnes ressources et les
informateurs. Les personnes ressources sont les individus vivant dans les
milieux à risque, les populations concernées directement par
l'étude. Nous désirons comprendre ce qui les motive à
fréquenter ces milieux, comment elles vivent, la perception qu'elles
ont de leur environnement immédiat et ensuite les incidences
socio-économiques. L'entretien a porté sur un échantillon
de 40 personnes dont 19 à Maképé Missoké et 21
à Maképé Maturité. Quant aux informateurs, ce sont
des personnes administratives, des experts, des chercheurs dont
l'activité professionnelle est proche du public étudié.
Ceux-ci pouvant donner leurs points de vue sur le phénomène. Les
personnes témoins entrent dans ce groupe des informateurs. Ce sont des
gens vivant à proximité des personnes ressources et pouvant
confirmer ou non les affirmations des personnes ressources. Dans ce cadre ,
nous nous sommes entretenus avec 3 infirmiers, un médecin chef, 3
cadres administratifs à la Communauté Urbaine de Douala ( CUD) et
à la mairie de Douala Ve, 2 leaders des Organisations Non
Gouvernementales ( ONG) et les deux chefs des quartiers de la recherche.
Le questionnaire a été administré
seulement aux personnes ressources et compte tenu du caractère vaste de
la population mère, le tirage ne s'est pas fait sur les individus, mais
sur les aires géographiques, (l'échantillonnage
aérolaire). L'échantillon a été reparti de
façon égale entre les zones de l'enquête ceci afin
d'accorder la chance aux populations de chaque site d'y figurer. Ainsi la
taille de notre échantillon a été fixée à
200 individus dont 100 individus par site.
Tableau 1 : répartition de la population
enquêtée par site
Sites
|
Echantillon
|
Pourcentage
|
|
Prévu
|
Réalisé
|
|
Maképé Missoké
|
100
|
100
|
100
|
Maképé Maturité
|
100
|
100
|
100
|
Total
|
200
|
200
|
100
|
Source : notre enquête sur le terrain
Nos quotas ont été atteints dans les deux sites.
Tous les questionnaires nous ont été retournés. Mais
certaines questions ont été soit mal remplies, soit pas du tout
remplies.
Tableau 2 : répartition de la population
enquêtée par site et par sexe
Sites
|
Echantillon
|
Pourcentage de réalisation
|
|
hommes
|
femmes
|
|
Maképé Missoké
|
50
|
50
|
100
|
Maképé Maturité
|
50
|
50
|
100
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
Source : notre enquête sur le terrain
Du tableau ci-dessus, l'administration du questionnaire s'est
faite de manière égale entre le sexe et les sites. En tout, 100
femmes et 100 hommes ont été enquêtés, dont 50 par
site. Les quotas ont été atteints.
III-5-DEROULEMENT DE LA COLLECTE DES DONNEES, METHODE
D'ANALYSE DES RESULTATS ET DIFFICULTEES RENCONTREESII-5-DEROULEMENT DE LA COLLECTE DES DONNEES, METHODE
D'ANALYSE DES RESULTATS ET DIFFICULTEES RENCONTREES
III-5-1- DEROULEMENT DE LA COLLECTE DES DONNEES
Une
étude exploratoire a été menée dans les sites
d'enquête du 20 mai au 10 juin 2006. Le but était de nous
imprégner de la réalité des dynamiques
socio-économiques dans ces sites. En outre, il était question de
voir la réalité du terrain et de proposer des techniques qui
conviendraient dans la collecte des données. C'est après cette
phase que nous avons conçu un model de questionnaire et de guide
d'entretien. La deuxième descente était celle de test de nos
instruments. Elle s'est déroulée du 05 janvier au 09 janvier 2007
et a porté sur 04 personnes pour le guide d'entretien et sur 20
personnes pour le questionnaire dont 10 par site. Elle a porté
essentiellement sur les personnes ressources. A l'issu de cette phase,
certaines questions ont été supprimées ou modifiées
car ne répondant pas à nos objectifs. La dernière
descente a été celle de la collecte de données proprement
dite. Elle a eu lieu du 20 janvier au 30 février 2007.
Les entretiens se sont déroulés en
journée, dans les domiciles des enquêtés et dans les lieux
d'activité des individus du 20 janvier au 30 février. La
durée des entretiens était variable. Elle allait de 20 à
50 minutes selon l'humeur et la disponibilité de l'individu. Un
magnétophone a été adopté pour enregistrer les
entretiens.
L'administration du questionnaire a eu lieu du 10 au 22
février les soirs dans les domiciles des enquêtés et dans
certains coins de rencontres comme les restaurants. La stratégie
adoptée consistait à intercepter des répondants à
qui nous avons demandé d'en identifier d'autres. Nous avons eu recours
au service d'autres enquêteurs pour collecter nos informations. Certains
étaient nos camarades (2 au total) , d'autres des individus
rencontrés dans les sites pouvant nous aider à traduire certaines
questions aux enquêtés ne sachant ni lire , ni écrire le
français. Ils ont été au préalable formés (5
au total). Au cours de ce bref des enquêteurs, le questionnaire a
été lu et expliqué afin de leur donner sa philosophie et
de leur faire comprendre certaines notions qui paraissent complexes.
En ce qui concerne la collecte des données
documentaires, elle a commencé dès lors qu'est né le
désir de faire cette recherche et s'est achevée à la
rédaction finale du mémoire. Les documents exploités sont
de sources diverses (bibliothèque centrale de l'université de
Douala, bibliothèque du département de philosophie et sciences
sociales de l'université de Yaoundé, Archives et
bibliothèque de la CUD, de la mairie de douala 5e,
bibliothèque de l'IFORD Yaoundé, les services provinciaux, les
centres culturels, les sites internets etc.)
Le recours à l'observation directe a permis de cerner
de près les réalités et les informations que
l'enquête ne pouvait obtenir au moyen de l'observation indirecte. Ainsi
certaines données ont été collectées par
observation directe qui a consisté à entrer dans certains
milieux et enregistrer directement les informations.
III-5-2-TECHNIQUES D'ANALYSE DES RESULTATS
-Méthode d'analyse
des données qualitatives
L'analyse de contenu est la méthode utilisée
pour traiter les données qualitatives. Nous avons fait une analyse
propositionnelle des discours. Des tableaux ont été construits
contenant des modèles argumentaires en respectant les discours.
L'interprétation des modèles argumentaires et de leur
régularité a permis d'appréhender les jugements et les
perceptions des acteurs des sites à risque.
-Méthode d'analyse des données
quantitatives
Les données recueillies sur le terrain ont
été traitées et analysées sur micro-ordinateur
à l'aide du logiciel Excel 2003. L'analyse comporte un volley descriptif
et un volley explicatif. En effet, Les données collectées ont
été analysées dans de tableaux à travers des
statistiques inférentielles tels que le calcul de pourcentage et la
réalisation des textes statistiques. Ceci afin de comparer si les
données entre les zones et les populations étudiées sont
significatives ou non.
L'analyse documentaire s'est faite manuellement et le tri a
été réalisé à partir du protocole des
données documentaires.
Certaines variables ont été prises en compte
dans l'analyse des données : le sexe, l'age, la taille du
ménage, le niveau d'instruction, la durée de résidence
dans le quartier.
III-5-3-DIFFICULTES RENCONTREES
La réalisation de cette
recherche a été entachée de plusieurs difficultés.
La première est liée au refus. En effet certains
enquêtés ont été réticents à nos
enquêtes, ils ont refusé de nous fournir des informations, ce qui
a retardé quelque peu la collecte des données sur le terrain.
D'autres se sont réservés de fournir toutes les informations
relatives à leur personnalité. Pour les femmes « buy
and sellam »(1) par exemple, nous sommes les agents de
l'état et faisons de l'interview pour espionner leur évolution
économique et voir comment leur imposer des contraintes fiscales. La
plupart des enquêtés ont juste donné leurs prénoms
et ont refusé de nous donner leurs noms car croyant que nous pouvons les
vendre dans les sectes. Mais nous avons pu contourner ces difficultés
à travers l'établissement d'un climat de confiance entre les
populations et nous. Nous les avons rassurés du but scientifique et
académique de l'enquête, de l'anonymat des
déclarations pour ceux qui nous ont donné leurs noms. Le
dernier biais est celui relatif à l'accès dans les sites
d'enquête. Par deux fois nous avons reporté la descente sur le
terrain à cause des inondations dans les dits sites.
(1) expression couramment utilisée dans le
commerce pour désigner les femmes qui achètent des produits
vivriers et les revendent
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Au terme de cette première partie
intitulée : revue de la littérature et méthodologie
de l'étude, constatons que les études sociologiques sur le
phénomène étudié sont rares au Cameroun. Celles qui
ont fait l'objet de notre analyse ont été menées pour la
plupart dans les pays européens et s'inscrivent particulièrement
sur La sociologie des risques. La méthodologie repose sur une logique
combinant deux approches explicative et compréhensive. L'étude
traite à partir de l'analyse de contenu, l'analyse proportionnelle des
discours, des statistiques inférentielles, les données
quali-quantitatives. Lesquelles sont contenues dans des sources documentaires,
des entretiens et des sondages réalisés auprès de 51 et de
200 personnes. La dynamique sociale, et la théorie de l'action sociale
constituent les champs théoriques de cette étude.
DEUXIEME PARTIE
PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS
INTRODUCTION A LA DEUXIEME
PARTIE
Nous avons dans le cadre de la première partie fait une
revue critique de la littérature sur le sujet soumis à
l'étude. Ensuite la méthodologie d'étude a
été définie. Dans le cadre de cette partie, il est
question de présenter et analyser les résultats obtenus sur les
mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque,
la perception des risques par la population, leurs conditions et
stratégies de vie. Comme la première, cette seconde partie et
constituée de trois chapitres :
-le premier intitulé mobiles des dynamiques
socio-économiques dans les sites à risque et perception des
risques par la population. L'objectif de ce chapitre est de comprendre et
d'expliquer les raisons qui poussent les individus à s'installer et
à exercer des activités socio-économiques dans les sites
à risque. Analyser la perception que cette population a de leur
environnement immédiat (des risques)
-le second est intitulé conditions et stratégies
de vie des populations des sites à risque. Il correspond au second
objectif de l'étude tel qu'énoncé à
l'introduction. Deux points sont analysés ici : les conditions de
vie dans les ménages et les stratégies de survie des
populations.
-le troisième présente et analyse les incidences
socio-économiques du phénomène notamment sur la
santé de la population sur la vie dans les ménages. Il est
intitulé : dynamiques socio-économiques
dans les sites à risque et ses implications sur l'environnement
social
CHAPITRE IV
MOBILES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES
DANS LES SITES A RISQUE ET PERCEPTION DES RISQUES PAR
LES POPULATIONSCHAPITRE III:
Dans la ville de Douala, plus de 60% de la population vivent
dans les zones marécageuses non aménagées,
polluées, insalubres. Les sites de Maképé Missoké
et Maképé Maturité font partir de ces zones jugées
à risque. Cependant ils (ces sites) connaissent depuis 1972
(année de la création du grand quartier Maképé) une
mutation socio-économique profonde. L'un de nos objectifs fixé au
départ de cette étude était de comprendre et d'expliquer
les mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à
risque de Maképé Missoké et Maképé
Maturité. Ensuite évaluer la perception que les populations ont
des risques. Ce chapitre rend présente est analyse les résultas
obtenus. Trois points sont analysés : les mobiles des dynamiques
socio-économiques dans les sites à risque, les
caractéristiques des populations et les représentations sociales
des risques. Au plan théorique, il s'appuie sur la théorie de la
dynamique sociale et de l'individualisme méthodologique.
IV-1-MOBILES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES
DANS LES SITES A RISQUE
Cette section rend compte des motivations des acteurs
à fréquenter les sites à risque. L'analyse procède
par une approche dynamiste en mettant en exergue la croissance
démographique et l'expansion urbaine, l'accroissement de l'exode rurale
et la difficulté d'intégration des migrants. Ensuite une approche
individuelle, dont la méthodologie procède par une
présentation des discours des acteurs (dix individus au total) lesquels
ont fait par la suite l'objet d'une analyse approfondie à partir de
certains indicateurs pertinents.
IV-1-1-CONTEXTE GENERAL DES MOBILES DES DYNAMIQUES
SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE
IV-1-1-1-Croissance
démographique et expansion urbaine
Tous les pays du monde sont
aujourd'hui confrontés à l'expansion
accélérée des grandes métropoles urbaines. Entre
les années 50 et 80, l'Afrique s'est distinguée par un boom
démographique inversement proportionnel à la croissance
économique. Avec un revenu per capita inférieur à 1000
dollars, ces pays n'ont pas moins franchi le cap de 24% de la croissance
démographique par an. Preuve s'il en était que pauvreté et
forte natalité font bon ménage. Au cours de la même
période, la population urbaine s'élevait au rythme de 6% par an
alors que l'accroissement des emplois offerts dans le secteur moderne ne
représentait que 2%. Très vite, la demande d'emplois est apparue
supérieure à l'offre. Douala avec plus de trois millions
d'habitants dans une décennie n'échappe pas à la
règle. Cette croissance ne s'accompagne généralement pas
des actions visant à améliorer les équipements et les
quartiers urbains. La rupture des équilibres multiséculaires
entre les taux de natalité et de mortalité a provoqué un
triplement de la population dans les zones insensibles, zones
marécageuses dites à risque comme celles de Maképé
Missoké et Maképé Maturité. Il y a dès lors
une extension urbaine qui exerce à son tour comme le déclare G.
CAVALLIER, (1998 : 107) « des puissants effets
d'entraînement sur le développement ».
Les effets d'un rassemblement humain sans précédent
qui s'accomplit en dehors de tout appel économique.
La pression démographique est beaucoup plus forte, les
capacités institutionnelles et financières bien plus faibles, et
les possibilités d'expansion à l'étranger très
limitées. Dès lors la croissance urbaine s'accompagne d'un
recours aux sites de résidences et d'expression économique sans
control par les acteurs pauvres et dont les conditions de vie sont
intolérables. Partout dans le monde, les agglomérations urbaines
continuent à se développer en tache d'huile. G. DUPUY et P.
SAJOUS (1998). Elles envahissent leurs périphéries,
proliférant de manière anarchique, ignorant les sites et
consommant de vastes territoires sans logique apparente. La forte variation des
prix fonciers selon la situation des terrains à bâtir par rapport
au centre ville, la tendance lourde à une consommation accrue d'espace
par habitant en sont les principales causes de ce dynamisme ou mutation
sociale. Ces éléments favorisent la diversification du corps
social. Une coupure de plus en plus nette sépare les quartiers centraux
qui participent à l'économie moderne et les quartiers de
peuplement informel, où sévit la pauvreté et où se
développe une économie de subsistance et de survie.
A Douala, la croissance démographique a favorisé
la diversification du corps social. Les différenciations se multiplient,
la gamme des inégalités s'élargit et la
variété des relations s'amplifie. Fruit de
l'inégalité, le recours progressif des populations aux sites non
aménagés. L'enfermement sur eux-mêmes des quartiers pauvres
comme Maképé Missoké et Maképé
Maturité et des quartiers riches comme par exemple Bonapriso,
Bonamoussadi fait peser sur les populations un risque majeur de
sécession urbaine et sociale. Dès lors, naissent des quartiers
cumulant les handicaps, mis hors circuit qui se transforment en
« ghettos des pauvres ».
Tableau 3 : évolution par milliers de la
population de Douala de 1968 à 2000
Année
|
Population
|
1968
|
250
|
1970
|
250
|
1976
|
400
|
1978
|
483
|
1980
|
600
|
2000
|
2000
|
Source : MINEF, 1987 démo, 1987, population de
Douala
Du tableau ci-dessus, la population de douala connaît
une irruption depuis 1970. De 250 habitants par milliers, elle est
passée à 2000 habitants par milliers en 2000. Les projections
faites par les spécialistes de la démographie ont annoncé
le triplement de cette population en 2005. Les données du dernier
recensement ne sont malheureusement pas encore disponibles.
IV-1-1-2-LA CROISSANCE DE L'EXODE RURALE ET LA DIFFICULTE
D'INTEGRATION DES MIGRANTS.
La croissance de l'exode rurale est une des causes de
l'expansion urbaine. Il se produit un transfert net de pauvreté entre
zones rurales et urbaines car les nombreux migrants (notamment les jeunes)
cherchent à travailler, à améliorer leur niveau de vie. Or
le gouvernement ne dispose ni de moyens voulus, ni du personnel
compétent pour disposer à cette population les services et les
installations nécessaires à une bonne qualité de vie.
D'où l'expansion d'établissements humains illégaux, aux
installations insuffisantes et souvent rudimentaires, surpeuplées et
connaissant une forte incidence des maladies dues à un environnement
insalubre comme Maképé Missoké et Maképé
Maturité. Il y a un surpeuplement des populations sous-employées
dans les secteurs et tout le tissu de l'économie urbaine ; Un
transfert de pauvreté en ce sens que ce ne sont pas les ruraux
productifs, mais les ruraux pauvres qui se transforment, du moins
temporairement en citadins inactifs, démunis et habitants des taudis.
Rester sous employé ou chômeur en ville pendant un certain temps
quelque soient les lieux revenant moins cher qu'à la campagne. La ville
attire ainsi des populations non qualifiées mais offre alors peu
d'opportunité. J. FORRESTIER (1979 :147) dit
qu'« elle fait tomber les sous employés dans une basse
condition économique d'où peu
s'échappe ».
Au niveau macrosociologique les dynamiques
socio-économiques dans les sites à risque sont perçus
comme une conséquence de l'expansion urbaine due à une explosion
de la population urbaine. Les inégalités qui naissent de cette
explosion urbaine poussent les individus pauvres à rechercher les sites
d'abris qui sont des sites dépourvus de toutes infrastructures sociales,
des sites à écologie peu fiable, ceci dans le but de survivre. En
outre, l'installation de la population migrante dans les sites à risque
est une conséquence de la difficulté qu'elle rencontre quant
à leur intégration dans le territoire et l'économie
urbains. Toutefois, pris individuellement, comment comprendre les mobiles
d'habitations des sites à risque ?
IV-1-2-APPROCHE INDIVIDUELLE SUR LES MOBILES DES DYNAMIQUES
SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE.
IV-1-2-1-discours
recueillis sur les mobiles des dynamiques socio-économiques dans les
sites à risque
Profil 1
« Je suis ALINE. Cela fait 25 ans que je suis dans
cette zone. Au départ je venais juste en congé ici, mais avec le
temps, je me suis familiarisée à la zone au point où je
m'y suis ensuite installée avec toute ma famille. C'est
grâce à mes cousins que j'ai trouvé cette surface, ils
sont juste à mes cotés. C'est eux qui m'hébergeaient
lorsque je venais ici. C'est vrai qu'au départ, je ne voulais pas
habiter ici, mais ce n'était pas aussi facile de vivre loin des
miens. Nous constituons une véritable famille ici et il est difficile
pour moi de les abandonner. Je suis de l'Ouest. La vie est certes dure ici,
mais je me débrouille autant que je peux pour nourrir mes enfants, je
m'exerce dans le petit commerce et mon mari est moto taximan. »
(ALINE, Maképé Missoké)
Profil 2
« Moi c'est GISELE, la vie dans cette zone
n'est pas du tout facile à cause de multiples pollutions qui s'y
dégagent. Cela fait seulement cinq ans que je me suis installée
ici parce que mes parents avaient décidé eux aussi de s'y
installer. Je suis attachée tellement à mes parents au point
où il n'est pas facile pour moi de vivre loin d'eux. Encore que je
dépends entièrement d'eux. Je leur avais demandé un jour
pourquoi ils ont voulu ou préféré s'installer ici, la
première raison avancée était que ce milieu leur est d'un
atout économique. Ils mettaient en exergue le coût moyen de
logement et même l'exercice de petits commerces loin des regards des
collecteurs d'impôts etc. Ensuite, la deuxième était parce
qu'ils sont en groupes, en famille, ce qui leur fait du bien. Lorsqu'on
retrouve dans un milieu, des ressortissants d'un même village, cela fait
du bien. A présent je suis avec eux. Nous sommes au nombre de dix dans
le ménage et partageons une chambre salon. Par moment j'aide mon
père à creuser et à vendre du sable. »
(Gisèle, Maképé Maturité)
Profil 3
« Je suis une femme et vous savez que c'est la
femme qui suit son mari. Je me suis mariée il y a de cela dix ans. J'ai
été au village à l'Ouest avec mon mari. Mais avec les
difficultés du village, mon mari a décidé de partir en
ville à la recherche du mieux être. Je suis restée seule au
village. Mais avec le temps il a économisé un peu d'argent
grâce à son activité de moto taxi et a construit cette case
que vous voyez. C'est donc après cette construction qu'il a
décidé de me faire venir en ville. Donc je suis ici parce que mon
mari est aussi là. Le jour où il décidera de partir, moi
aussi, je partirai avec lui. Nous vivons avec nos petits frères et
neveux, nous partageons juste une chambre avec eux. Certains d'entre eux sont
déjà en âge de se marier, ils se battent pour se trouver
aussi un logement même si cela n'est pas aussi facile. »
(MONIQUE, Maképé Missoké)
Profil 4
« Moi je suis Madame MACHE. Nous résidions
d'abord à Bali. Mon mari travaillait à MAERSK. Après son
licenciement, il n'était plus possible pour nous de pouvoir au prix de
logement qui s'élevait à 60 000 Frs. Avec le peu qu'il avait
encore en banque il a décidé de s'acheter un terrain pour
construire un petit truc pouvant nous abriter. C'est ici qu'il a donc
trouvé cette parcelle. Un jour il nous a rassemblés et nous a dit
qu'il serait possible de déménager dans les jours à venir
pour notre propre maison. Donc voilà pourquoi je suis ici. Nous sommes
des bamilékés. Au départ nous étions six dans notre
ménage, mais à présent nous sommes au nombre de douze
partageant deux chambres et un salon. Je m'exerce dans le commerce. Mon mari a
ouvert un bar à coté et c'est moi qui le gère puisque
lui-même il est occupé au petit marché avec notre seconde
boutique. Nos enfants nous aident souvent à survivre grâce
à leurs petites activités comme l'artisanat, le commerce, etc.
Bientôt cela fera vingt ans que nous sommes ici. » (MACHE,
Maképé Maturité)
Profil 5
« Moi je suis CEZAIRE. Cela fait vingt ans que je
suis dans cette zone. Au départ, j'avais de la peine à y habiter,
mais aujourd'hui, je comprends que c'est bien d'y être. Vous savez, le
problème de logement à Douala n'est pas facile. Si j'avais un
revenu qui me permettait d'habiter dans des quartiers chics comme Bonanjo,
Bali, etc., je le ferai. Mais mon revenu est très faible. A peine j'ai
20 000 Frs par mois. Je loue ici à 6000 frs. Or il n'est pas facile
de trouver un logement à ce coût dans d'autres quartiers. Le jour
où le Seigneur me donnera les moyens, je pourrai vivre mieux que
ça. Pour l'instant, ce milieu correspond à mon revenu et je n'ai
pas de choix. » (CEZAIRE, Maképé Maturité)
Profil 6
« Moi je suis Serges. Je suis débrouillard.
Je m'exerce dans le sable et parfois même dans le petit commerce. J'ai
trente ans et je vis avec mes frères. Nous sommes dix dans le
ménage. Vivre ici c'est comme vivre à Bonamoussadi ou à
Denver. La seule différence ici, c'est que le milieu est pollué.
Mais il est d'un atout économique pour ceux comme moi qui ont un faible
revenu. Il est rare que je rassemble trente mille francs par mois. Or s'il
fallait aller ailleurs, croyez-vous que j'allais survivre ? A peine j'ai
25 000Frs. Mais ici, cette somme me permet non seulement de pourvoir
à mes cotisations, mais aussi et surtout d'envoyer quelque chose
à ma femme que j'ai laissée à Pouma, puisque je suis
Bassa. Donc ce qui m'a motivé, c'est d'abord le fait que ce milieu est
économique ; le terrain est moins cher, le prix de location moins
élevé. Ce milieu me permet de survivre » (SERGE,
Maképé Missoké)
Profil 7
« Moi je suis d'abord venu ici comme
étudiant à l'ESSEC. Après mes études, je n'ai pas
trouvé un travail qui permette de mieux me loger. J'ai exploité
mes connaissances pour vivre. Je voyage, j'achète les produits
alimentaires que je livre aux femmes by and sellam. Je fais cette
activité depuis quinze ans maintenant. C'est grâce à cette
activité que je me suis acheté ce terrain et j'y ai construit ma
petite case. J'étais déjà familier au milieu. J'ai 35 ans
aujourd'hui. J'ai une licence en droit. Jusqu'à présent,
j'espère trouver du travail et même si je trouve, je resterai
toujours ici parce que c'est plus économique. J'exerce mes
activités loin de toutes contraintes fiscales etc. Je suis anglophone et
je m'appelle DEJOLIE » (DEJOLI, Maképé
maturité)
Profil 8
« Moi je suis PASCAL, c'est le commerce qui m'a
amené ici. Je suis arrivé à Douala il y a de cela 15 ans.
Je résidais à Bépanda Double Balle. J'ai d'abord
commencé à vendre au marché central, mais les impôts
nous dérangeaient beaucoup. J'ai voulu m'y acheter une boutique, mais le
prix ne m'était pas accessible. Mon ami m'a conseillé cette zone.
J'ai donc commencé à venir ici en journée pour mes
commerces, puisque ici, il n'y a pas encore tellement de contraintes. Avec le
temps j'ai trouvé un logement ici à moindre coût par
rapport à Bépanda et j'ai donc décidé de
m'installer ici. A Bépanda je louais à 20 000. Or ici je
loue une maison de 10 000 frs. Certes cette maison est en carabotte
comparativement à celle de Bépanda, mais c'est plus
économique. Cela correspond à mon revenu qui
s'élève à 30 000 Frs par mois. J'ai onze bouches à
nourrir. Je suis anglophone et ma femme est Bassa. » (PASCAL,
Maképé Missoké)
Profil 9
« Moi je m'appelle Aicha. J'ai quarante ans et je
réside ici depuis 25 ans. Ce milieu est bien. Nous luttons pour la
survie mon frère. Je suis pauvre, je n'ai rien. Il n'y avait que ce
milieu pour me maintenir en ville. Lorsque je suis arrivée ici, j'ai eu
toutes les difficultés à trouver un logement. Même
jusqu'à présent, je partage une maison avec mon frère qui
lui aussi est avec sa femme et ses enfants. Je n'arrive même pas à
manger chaque jour. S'il arrive même souvent de manger, c'est une fois.
C'est difficile. Donc je suis ici parce que je suis pauvre, je n'ai pas
d'argent pour aller ailleurs. Je lutte pour ma survie. Et ce milieu me plait
puisqu'il correspond à mon niveau de vie. Je suis Bassa. »
(AICHA, Maképé Missoké)
Profil 10
« Moi je suis anglophone. J'ai épousé
une Bassa ici même il y a de cela quinze ans aujourd'hui. Nous nous
débrouillons dans les petits métiers. Moi je suis artisan et ma
femme fait le petit commerce devant notre case. Nous sommes ici parce que nous
ne savons pas où aller. Notre revenu ne nous permet pas d'aller quelque
part. Nous avons trouvé en ce milieu un bon endroit d'autant plus qu'il
est favorable aux activités économiques car loin de toutes
contraintes. En plus ici c'est comme chez nous au village, je peux facilement
élever mes porcs, mes chèvres, etc., sans perturbation aucune.
Avec toutes ces activités, je gagne 45 000 frs par mois et ne
dépense que 10 000 pour mon logement. Vous voyez que ce milieu
m'est favorable. » (PAUL, Maképé Maturité)
IV-1-3-ANALYSE DES DISCOURS RECUEILLIS SUR LES MOBILES DES
DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE
L'analyse des mobiles des dynamiques socio-économiques
dans les sites à risque s'appréhende et se perçoit
à trois niveaux d'analyse selon les indicateurs suivants :
Les groupes de référence, les revenus moyens des acteurs
et les difficultés de logement, la recherche de l'intégration
économique par les acteurs et les contraintes matrimoniales.
IV-1-3-1-Les groupes de
référence
Un groupe de
référence est défini comme toute agrégation
interagissant de personnes qui influencent les attitudes ou le comportement
d'un individu. Dans sa vie quotidienne, un individu est influencé par de
nombreux groupes primaires (famille, voisins, amis, collègues, de
travail) et secondaires (associations, clubs) auxquels il appartient par la
proposition des modèles de comportements et de mode de vie, par
l'influence de l'image qu'il se fait de lui-même, enfin par la
génération des pressions en faveur d'une certaine
conformité de comportement.
L'influence du groupe ou des individus joue un rôle
important dans l'analyse des motivations des activités
socio-économiques dans les sites à risque. Les individus
arrivent dans les sites de Maképé Missoké et de
Maképé Maturité sous l'influence d'un membre de la famille
ou d'une connaissance. Ils sont influencés par les conseils de ceux-ci,
considérés comme des anciens du site. Ils viennent des quartiers
diverses de la ville de Douala, pour être près de leurs amis,
leurs parents, ou encore pour être plus proche d'une association ou d'une
activité génératrice. Le désir d'être dans
une même zone qu'un proche pousse à demeurer dans la zone qui
constitue dans un premier temps un site de passage. Mais plus tard ils y
développent des relations psycho-affectives qui les maintiennent
longtemps dans le site. Sur 200 personnes enquêtées par sondage
sur les mobiles du choix des sites à risque comme lieux d'habitation,
près de 15% affirment avoir été motivé par un
membre de la famille d'un collègue ou d'un ami. Les conduites à
risque se vivent souvent à plusieurs et ne seraient sans doute pas
adoptées de manière solitaire, ce qui suppose l'influence de la
présence des autres sur la manière dont le risque est
représenté. Le fait d'être en groupe permet de se sentir
à l'abri de certains maux sociaux et de certains besoins.
IV-1-3-2- les revenus moyens des acteurs et les
difficultés de logement.
La principale raison qui explique les dynamiques
socio-économiques dans les zones à risque telle que
révélée dans les discours est le caractère
démunis et pauvre de la population. Les habitants des sites à
risque sont des individus démunis, pauvres. Le revenu moyen d'un
ménage s'élève à 30 000 FCFA (trente mille)
par mois avec parfois plus de dix bouches à nourrir auxquelles il faut
ajouter d'autres contraintes sociales (les associations, les voyages, etc.). La
ville de Douala comme toutes les villes du Cameroun se caractérise par
un manque criard de logements. Et quand bien même ceux-ci existent, ils
coûtent très chers et ne sont pas favorables aux couches sociales
à faible revenu. Les sites à risque du fait qu'ils regorgent des
logements à bas prix deviennent des zones d'attraction pour cette
catégorie de la population. Un logement dans le site de
Maképé Missoké (deux chambres, salon, cuisine externe)
coûte en moyenne 15 000 FCFA (quinze mille francs CFA). Un
appartement de même capacité dans les zones environnantes comme
Bépanda et Bonamoussadi coûte entre 60 000 (soixante) et
70 000 FCFA (soixante dix mille francs). De même, un mettre
carré de terrain dans les sites à risque coûte 4000 FCFA
comparativement à Bépanda et Bonamoussadi où les prix
varient entre 10000 et 20000 FCFA le mettre carré. Ces sites offrent
ainsi des terrains à faibles coûts, ce qui est d'un atout pour une
couche sociale à faibles revenus.
Le faible revenu des ménages et la difficulté de
logement ont été avancés par plus de 50% d'individus
enquêtés par sondage pour justifier leur présence dans les
sites à risque. La pauvreté qui les caractérise les
contraint à une habitation insalubre, polluée, présentant
des implications subjectives qu'il faut chercher à définir. Cette
pauvreté est une conséquence de l'inactivité de certains
acteurs. D'autres quand bien même ils exercent une activité,
celle-ci ne peut générer un gros revenu. La cause de
l'inactivité telle qu'enquêtée est de trois ordres :
ceux qui ont été licenciés de leur travail et se
retrouvent au chômage (15%), ceux qui arrivent en ville sans
qualification ce qui les contraint aux activités à faible revenu
(25%), enfin ceux qui ont fini leurs études mais n'ont pas trouvé
du travail, ce qui les pousse à rechercher les sites pouvant les abriter
à moindre coût en attendant trouver un travail qui les aidera plus
tard à sortir de ces milieux (10%).
IV-1-3-3- la recherche de l'intégration
économique par les acteurs
Le milieu économique au
Cameroun est fait des contraintes qui ne favorisent pas l'intégration
des couches démunies. Ces contraintes sont de deux ordres : la
qualité et les locations des sites pour l'exercice d'une
activité. La difficulté
d'intégration des acteurs enquêtés (20%)
dans le circuit du développement des activités formelles, et le
poids de la fiscalité dans les grands marchés de la ville comme
ceux de Mboppi, marché central etc., expliquent l'accroissement des
activités socio-économiques dans les sites à risque. A
cela ces sites offrent des opportunités de mener ses activités
loin de tout control comme les impôts, la fiscalité. Ces derniers
ne pouvant permettre de réaliser des bénéfices
escomptés pour la survie dans les ménages. Ainsi se
développent dans ces sites des activités comme l'élevage,
l'agriculture citadine, les petits commerces, les associations etc. Ils mettent
aussi en exergue le coût élevé de location des sites
d'activités dans les marchés sus cités. S'ils sont venus
dans les sites à risque, c'est pour leur intégration
économique. Ces sites présentent des avantages en ce sens qu'ils
sont favorables à leurs activités, loin de toutes contraintes
fiscales qui se posent dans d'autres zones. Et même lorsque ces
contraintes existent, les coûts sont moins élevés.
Outre `l'absence' de ces contraintes fiscales, les locations des sites
sont à leur portée. Le désir d'intégration
économique a donc poussé certains individus à s'installer
définitivement dans les sites à risque au point d'ignorer
même ces risques.
IV-1-3-4- les contraintes
matrimoniales
Les liens matrimoniaux sont des facteurs qui
exercent une influence sur les dynamiques sociales dans les sites à
risque. Certaines femmes enquêtées se sont retrouvées dans
les milieux de Maképé Missoké et Maképé
Maturité à cause du lien de mariage (10%). Le mari y
étant, la femme se trouve obligée de le rejoindre. Plusieurs
d'entre elles ont été d'abord dans les milieux ruraux. Mais sous
l'instigation de leurs maris, elles sont arrivées en ville avant de
découvrir les lieux d'habitation. Le constat fait ici est que ces femmes
ont une perception positive de leur environnement immédiat car pour
elles, le milieu n'est pas différent de celui du village d'origine.
Voilà pourquoi, elles y développent des activités jadis
exercées dans les villages comme l'agriculture citadine, transportant
comme déclare J. M. ELA (1983) la mentalité
villageoise à la ville.
Certains hommes arrivent dans les sites à risque
à la poursuite d'une femme ou d'une épouse. Leurs
présences répétées dans le milieu les y
maintiennent finalement après obtention de la femme. Il arrive parfois
même que la femme donne pour condition avant le mariage de ne pas quitter
la zone où se trouvent ses parents. Alors, l'homme dans tous ses
états amoureux est obligé de s'y implanter. Plus de 5% de la
population enquêtée sont arrivées dans la zone à
cause d'une femme. Le lien matrimonial est ainsi un facteur important dans
l'explication des dynamiques socio-économiques en milieu à
risque.
De manière générale, les sites à
risque sont des lieux de refuge pour les couches sociales démunies.
Lesquelles vivent en toute insouciance dans les zones dangereuses parce
qu'elles ne peuvent pas faire autrement dans un environnement où le
coût de la vie est de plus en plus élevé et où
l'accès au minimum vital est devenu un luxe pour la masse laborieuse J.
M. ELA (1983). Quelles sont les caractéristiques de ces
populations ?
IV-2- CARACTERISTIQUES DES POPULATIONS DES SITES A
RISQUE
IV-2-1- ORIGINE DE LA POPULATION
ET ORGANISATION SOCIALE
D'après les
résultats du recensement de la population 1987, les zones de
Maképé Missoké et Maképé Maturité
comptent respectivement 7500 et 12000 habitants repartis dans plusieurs groupes
ethniques, dont les grands sont constitués des Bassas qui viennent de
la Sanaga maritime, de la haute Sanaga, du Haut Nkam ; aussi des
Bamilékés majoritaires qui viennent de l'Ouest Cameroun ;
enfin des anglophones originaires du Sud-Ouest (plus particulièrement
des zones de Kumba et Mutenguené), du Nord-Ouest (Ndop et kumbo). Ces
groupes se massent et présentent une forme d'organisation
particulière. L'organisation sociale désigne la manière
dont les populations à risque s'organisent dans leur environnement,
autour de leurs activités ; Bref la disposition des populations
à risque pour mettre en valeur leurs ressources, gérer les
conflits et les risques environnementaux.
Dans le cas pratique des zones enquêtées, chaque
ethnie ou tribu constitue un bloc. La zone de Maképé
Maturité compte plus de neuf blocs. Le nombre élevé de
blocs est tributaire aux subdivisions qui existent dans les groupes ethniques.
Dans le groupe des bamilékés par exemple, on retrouve les
individus provenant de la Menoua, du Bamboutos, etc. Chaque tribu forme un
bloc. Il est difficile de retrouver un Bassa dans le bloc des anglophones et
vice versa. Par contre il sera plus facile de rencontrer dans un bloc, soit
uniquement des bassa, soit uniquement des anglophones ou des
bamilékés selon les villages d'origine. Nous n'avons pas eu des
statistiques sur les nombres d'habitants selon les groupes ethniques du fait
qu'elles sont inexistantes. Mais parmi les populations enquêtées,
près de 50% d'individus sont des bamilékés, 25% des
bassas, 15% des anglophones et 20% d'autres groupes ethniques comme les
bamouns, les bétis etc. Chaque bloc a à sa tête un chef de
qui représente son groupe ethnique. Les chefs de bloc sont
coiffés par un chef de quartier. Les chefferies de Maképé
Missoké et Maképé Maturité sont des chefferies de
troisième degré. Le chef de quartier est le garant de la paix et
stabilité dans les différents blocs. Il est aussi garant de la
sécurité du quartier. C'est lui qui planifie en collaboration
avec ses chefs de blocs les programmes de gestion de risque dans la zone. C'est
encore lui qui rend compte de l'évolution sociale et environnementale du
quartier aux pouvoirs publics. Il a le pouvoir de faire détruire un
logement par la CUD ou par la mairie de Douala 5e aussitôt
qu'il devient un danger pour ceux qui y habitent. Il veille à
l'exécution des programmes d'hygiène et d'insalubrité dans
la zone. Les chefs de blocs quant à eux sont les membres issus de
groupes ethniques auxquels ils appartiennent. Ils veillent à
l'application des décisions de la haute sphère par ses membres.
Ils contrôlent les constructions dans les blocs respectifs, participent
à la sensibilisation de leurs membres contre les risques du milieu,
rendent compte au chef des travaux à réaliser dans leurs blocs.
Si sur le plan social, la population s'organise de manière
hiérarchique, il n'en est pas de même sur le plan
économique.
IV-2-2- ORGANISATION ÉCONOMIQUE
Il n'existe pas une
véritable organisation des activités économiques dans les
zones de Maképé Missoké et Maképé
Maturité. Tout se déroule de manière anarchique. Ici
intervient un véritable brassage. Dans le cas de l'élevage, les
acteurs (les bamilékés et les anglophones en particulier)
construisent près de leurs latrines des tentes pour les porcs et les
chèvres. Ceux qui font le petit commerce, étalent leurs produits
devant leurs cases et les passants peuvent s'en procurer au besoin. Certains
ont même transformé une partie de leurs maisons en alimentations
et d'autres en boutiques. Dans le cas du petit marché de Makepé
Maturité, il n'existe pas une organisation spécifique, tout est
anarchie. Les vendeurs de piments sont dans les tas de vendeurs de tomates. Les
fripiers dans le même secteur que les vendeurs de banane, etc. Le constat
fait dans cette anarchie économique est qu'elle renforce la
cohésion sociale. Il n'existe pas de segmentation ethnique dans le
marché, ni dans la vente des produits. Sur un même secteur, on
retrouve un Bassa, une Bamiléké, etc. exerçant une
même activité, vendant un même produit. JEANNE
affirme :
Je suis Bamiléké. Je voyage souvent
jusqu'à l'Ouest avec ma voisine Bassa pour chercher les pommes et les
tomates lorsque c'est la saison. De même, nous partons souvent à
Pouma à la recherche des huîtres quand nous ne sommes plus
en mesure d'aller à l'Ouest ou quand nous voulons changer
d'activité. Ici au marché, il n'y a pas de `je suis de l'Ouest ou
du Centre'. Nous nous disputons par moment, mais nous sommes plus que jamais
soudées. Je connais sa famille de Pouma et elle aussi maîtrise la
mienne. Nous militons ensemble dans une association que nous avons
constituée ici même au marché.
(JEANNE, Maképé Maturité)
IV-2-3-NIVEAU D'INSTRUCTION
Le niveau d'instruction
des populations des sites à risque telles qu'enquêtées est
très bas. Ce sont des individus issus pour la plupart de l'exode rural
venant à la recherche du travail en ville. Ils n'ont au préalable
pas eu une éducation scolaire ou académique avancée.
Toutefois, du fait du brassage qui les caractérise, beaucoup ont appris
à parler et à lire le français. Plus de 90% de la
population enquêtée parlent bien le français ou l'anglais.
La plus grande difficulté est celle de la lecture et de
l'écriture. Sur 96% des populations enquêtées qui savent
parler français ou anglais, 50% ne connaissent ni lire, ni
écrire l'une ou l'autre de ces langues. Cependant, 40% ont
été à l'école, raison pour laquelle ils savent
écrire, lire et parler le français et/ou l'anglais. Mais sur ces
40% qui ont été à l'école, 15% d'entre eux ont
suivi l'enseignement primaire sans Certificat d'Etudes Primaires (CEP), 17% ont
obtenu le CEP. Seuls 10% atteint le niveau secondaire et 8% ont fait
l'université.
La conclusion qui résulte ici est que les
populations des sites à risque n'ont pas une éducation
approfondie. Ce sont des individus dont le niveau d'instruction est bas.
L'explication qui découle de cet état est liée à
l'origine de ces populations. Elles viennent des zones rurales où
l'accent n'est généralement pas mis sur l'école. En outre,
la pauvreté financière et matérielle qui les
caractérise explique cet état de fait. Les revenus dans les
ménages ne permettent pas une bonne scolarisation des enfants. Raison
pour laquelle ceux-ci grandissent sans éducation, ni qualification. Ceux
des individus qui atteignent le niveau secondaire (baccalauréat ou
universitaire) sont ceux qui ont bénéficié du secours de
l'extérieur (d'un parent ou d'un ami) ou encore ceux qui ont
associé une activité génératrice à leur
évolution scolaire.
Mon fils que vous voyez a atteint
l'université de lui-même. C'est lui qui paie jusqu'à
présent sa scolarité. Il a passé deux ans au quartier
après son Bac à la recherche des moyens afin de pouvoir payer sa
scolarité à l'université. Il n'était plus possible
pour moi de lui donner quoi que ce soit après son BEPC. Mais comme il
était intelligent, il a bénéficié de l'appui d'un
de ses amis qui lui a offert 50 000 FCFA (cinquante mille francs). C'est
avec cet argent qu'il a débuté un petit commerce qu'il exerce
chaque soir après l'école. (AMOS, Maképé
Maturité)
Cette affirmation d'un parent interviewé
témoigne de la difficulté qu'éprouvent les populations des
sites à risque à s'éduquer et à s'instruire.
IV-2-4-NIVEAU D'AGE DES ACTEURS ET RELIGIONS
PRATIQUÉES
Les populations de Maképé Missoké et
Maképé Maturité sont en majorité des jeunes. Parmi
200 individus enquêtés, 126 sont dans le groupe d'âge
compris entre 26-35 ans représentant un taux de 63% de la population
enquêtée. 56 entre 36-62 ans (28%) et 15 entre 62 et plus (9%).
Une analyse comparative permet aussi de comprendre que les individus en
âges avancés (36-62 ans et 62 ans et plus) se recrutent plus dans
la zone de Maképé Missoké (10 individus) contre 08
à Maképé Maturité.
En effet, la zone de Maképé Maturité a
été interdite d'habitation en 1983 (déclaration du chef de
quartier M. BELLA) du fait qu'elle était une zone
pétrolière. Ce qui a retardé quelque peu les mutations
sociales dans la zone comparativement à Maképé
Missoké qui est habité depuis 1972, date de création du
grand quartier Maképé. Ceux des individus adultes sont des
personnes qui se sont installés dans la zone pendant leur jeunesse. Ils
ont duré dans le site, s'y sont familiarisés au point d'y
développer une estime leur donnant une perception positive des risques
comme les inondations, l'insalubrité, etc.
Sur le plan religieux, ce sont des individus
d'obédience chrétienne, musulmane etc. Toutefois, ces
populations sont accueillantes, mais méfiantes quant à la
livraison d'une information les concernant. L'une des difficultés
rencontrées lors des enquêtes était celle de refus.
Certaines ont gardé leurs habitudes rurales et cela se manifeste par
l'agriculture urbaine qui se répand dans les sites.
Toutefois si les individus arrivent dans les zones pour l'une
ou l'autre raison évoquée, quelle perception ont-ils de leur
milieu ? Quels sens donnent-ils aux risques ? A leur environnement
immédiat ? Les dynamiques socio-économiques dans les sites
à risque ne seraient-elles pas liées aux perceptions que les
acteurs ont des risques ?
IV-3-REPRESENTATIONS SOCIALES SUR L'ENVIRONNEMENT
IMMEDIATCHAPITRE V: REPRESENTATIONS SOCIALES SUR
L'ENVIRONNEMENT IMMEDIAT
Il est question dans le cadre de cette section de
présenter les résultats obtenus sur les représentations
sociales des risques, les pratiques des habitants des zones
étudiées envers les risques, leurs croyances. Comment ils se
comportent à leur égard, individuellement et collectivement.
Leurs enjeux réels dans ce domaine. Ceci dans une approche
essentiellement qualitative.
La notion de représentation sociale trouve
une partie de sa
pertinence dans cette expérience
d'approfondissement dans les
liens existants entre les opinions. On peut la comprendre
comme
un système de savoirs pratiques (opinions,
images, attitudes,
préjugés, stéréotypes,
croyances), générés en partie dans les
contextes d'interactions individuelles ou/et inter
groupaux. J.M.
SECA (2001 :11)
Il s'agit ici de définir la perception que les
habitants des zones à risque ont de leur environnement immédiat,
de leurs actions. La perception elle aussi étant un concept renvoyant
à la représentation mentale d'un ou plusieurs
phénomènes, déterminante dans l'adoption de comportements
spécifiques. L'analyse qualitative de la perception des risques par les
populations enquêtées prend en compte trois indicateurs qui
sont : la perception de l'acuité des problèmes liés
au cadre de vie, la perception sur l'origine des problèmes sanitaires,
la perception des causes de l'accumulation des ordures.
IV-3-1-PERCEPTION DE L'ACUITE DES PROBLÈMES LIÉS
AU CADRE DE VIE
De manière
générale, il apparaît que peu de personnes sont
informées au sujet des problèmes que peuvent causer les
marécages sur leur santé et leurs activités
économiques. La perception de l'acuité des problèmes
liés au cadre de vie a été saisie à l'aide de la
question suivante : selon vous, quels sont les dangers de votre milieu
naturel ?
Tableau 4 : Problèmes perçus comme
étant graves au niveau des sites à risque
Problèmes sanitaires
Crise économique
Problèmes environnementaux
Problèmes
Source : Notre enquête sur le terrain
De ce tableau, il ressort que la population
enquêtée accorde une faible importance aux problèmes
liés à leur cadre de vie. Ce qu'elle considère comme
grave, c'est la crise économique. La crise économique qui a pour
corollaire la pauvreté, la dévaluation et l'inflation. Cette
dernière figure au premier rang des problèmes cités. Les
problèmes d'insalubrité sont comme mineurs. Les problèmes
sanitaires sont cités en troisième lieu car pour la population,
les risques ne font pas l'objet d'un problème préoccupant, le
degré de familiarisation avec ces risques est une conséquence de
l'expérience ou de l'habitude. L'apparition et la recrudescence de
certaines maladies comme problème ne sont pas seulement le propre de
leur milieu, mais sont des problèmes à la fois mondiaux et
nationaux tel qu'affirme M. ELIAS (commerçant à
Maképé Missoké) « Croyez-vous que c'est seulement
dans cette zone qu'il y a problèmes de santé ? Allez aussi
voir à Bonapriso ou même à Paris, il n'y a pas risque de
santé »
. Les problèmes sanitaires ne sont plus
considérés ici comme préoccupant car n'étant pas
spécifiques à leur milieu.
IV-3-1-1- Perception de l'acuité des
problèmes liés au cadre de vie selon le niveau
d'instruction
Danger
Pas de danger
Danger grave
Primaire
Secondaire
Universitaire
Tableau 5: acuité des problèmes liés
au cadre de vie selon le niveau d'instruction
Source : Note enquête sur le terrain
Les personnes non instruites ne perçoivent pas
l'acuité des problèmes d'insalubrité comme danger. Pour
eux, en dehors de la crise économique qui est un danger, il y a aussi le
Sida qui est partout. Mais pour les personnes instruites, (personnes ayant un
niveau secondaire au moins) les problèmes sanitaires apparaissent comme
un danger permanent dans leur milieu. Ils mettent en exergue l'émergence
régulière des maladies tels que le paludisme, le cholera.
Nous faisons face tous les jours ici à des
véritables problèmes sanitaires. Ce milieu est vraiment un milieu
à risque. Nous sommes parfois victimes du cholera à cause du
caractère impropre de l'eau que nous consommons. Nous n'avons pas d'eau
potable. On se contente parfois des eaux du puits non traité. Aussi nous
faisons chaque jour face aux ordures qui attirent des moustiques, des eaux
usées qui forment le marécage. La conséquence, c'est
parfois le paludisme et certaines crises. (JEAN MICHEL,
étudiant, Maképé Maturité)
En effet, l'effet de l'instruction sur la perception de
l'acuité des problèmes liés à l'environnement
immédiat peut s'expliquer par le fait que l'appréhension d'un de
ces quelconques problèmes ou la compréhension de leurs processus
exige un minimum d'instruction. Dès qu'on accède au
2nd cycle de l'enseignement secondaire, on acquiert les
éléments de connaissance fondamentale en ce qui concerne
l'environnement. Cette connaissance leur donne le minimum sur l'hygiène
et la salubrité. Ce qui ne constitue pas le cas chez ceux qui n'ont pas
été à l'école.
IV-3-1-2- Perception de l'acuité des
problèmes lies au cadre de vie selon le sexe
Les diverses
personnes interviewées hiérarchisent différemment les
risques (BARJONET, CAUZARD 1987) parce qu'ils hiérarchisent
différemment les valeurs (GAILLARD 1995) et donc les normes.
Selon le sexe, les hommes reconnaissent les dangers
liés à l'habitation des sites marécageux. Ils
conçoivent leur environnement comme un danger car souvent victimes des
inondations et des destructions en saison pluvieuse.
Je suis gérant d'une boutique et j'habite
là tout prêt. Je sais qu'il y a
un danger dans cette zone. Pendant la saison pluvieuse,
les pluies et les courants d'eau remplissent même nos maisons. Il n'y a
pas de canalisation des eaux dans mon quartier. En plus, il n y a chaque fois
des maladies qui apparaissent. Pour ne pas accroître ces risques, je fais
tout pour être à l'aise. J'ai fait creuser le W.C. de
manière profonde chez moi. Pour les eaux usées et les ordures, je
les jette n'importe où. Je suis obligé, l'africain n'a pas
d'hygiène, il est toujours exposé au risque quoi qu'il
fasse. (M. ALBERT, Maképé Maturité)
L'analyse permet de comprendre que les hommes quoi que
conscients du danger de leur milieu pensent que ce danger est commun à
tous les africains. C'est pourquoi ils continuent dans la fabrique des risques
par le rejet des eaux souillées, des ordures « n'importe
où ». Chez les femmes, surtout les « buy and
sellam » rencontrées dans les marchés, malgré le
fait qu'elles côtoient chaque jour les ordures et les eaux
souillées, ne sont pas conscientes du danger qu'elles courent. Si elles
s'offusquent de la proximité des marécages, c'est plutôt
parce qu'ils gênent les « assos » (clients) et non
parce qu'ils sont des sources de maladies ou d'inconfort pour elles.
Ce qui me préoccupe plus, c'est le fait que
ces eaux souillées et ces ordures gênent mes assos. Les dangers,
il n y en a pas, je jette mes ordures et les déchets de mes marchandises
dans n'importe quel coin noir. C'est la mairie qui ne fait pas son travail.
Elle ne doit pas toujours attendre qu'on lui signale qu'il y a un danger ici.
Donc, je fais comme je veux. Ce n'est pas ma faute. (JEANNE,
Maképé Maturité).
Je suis vendeuse de condiment, il n'y a pas de
risque ici. Depuis je vends dans cet endroit quoiqu'il est marécageux.
Je n'ai jamais été malade. Même si je le suis, ce n'est pas
parce que je suis en contact avec les ordures. Tout homme tombe malade. Ce qui
me gêne le plus ici, c'est que quand il pleut, je vend moins à
cause du fait que ces eaux et ordures empêchent mes clients de circuler.
C'est tout. (COLLETTE, Maképé Maturité)
Les femmes buy and sellam ne reconnaissent pas les dangers de
leur milieu que par rapport au manque dont elles sont souvent victimes. Elles
ne se préoccupent pas des dangers sanitaires qui pour elles n'existent
même pas. Ce résultat peut s'expliquer par une certaine
méfiance de ces femmes. Car pour certaines, le but de cette
enquête serait de provoquer le contrôle du marché par la
mairie. Il apparaît clair que même si ces femmes ont des
problèmes de santé, déclarer est difficile de peur de
« se vendre moins cher. » tel que
déclaré par GISELE (Maképé Missoké)
Vous voulez qu'on vous dise qu'il y a danger ici
pour que vous partez dire à l'Etat de venir nous déguerpir n'est
ce pas ? Il n'y a donc pas de danger ici.
(2) Clients. Nom qu'utilisent les femmes by and sellam
pour désigner leurs clients
Aussi, la différence de perception de l'acuité
des problèmes liés au cadre de vie selon le sexe peut s'expliquer
par un accès différentiel à l'information au sujet des
problèmes liés à l'environnement immédiat,
tributaire de l'accès inégal des hommes et des femmes à
l'instruction. La proportion des femmes qui ont un niveau secondaire ou
supérieur est faible par rapport à celle des hommes (15% de
femmes instruites contre 29,5%des hommes)
Tableau 6 : découpage et restructuration
des discours sur l'acuité des problèmes selon le sexe
Zones
|
Noms
|
Fonctions
|
Sexes
|
Propositions
|
Maképé
Maturité
|
JEANNE
|
Commerçante
|
F
|
Notre milieu est sans
danger
|
MAMADOU
|
Moto taximan
|
M
|
Le risque ici est mineur
|
DEJOLIE
|
Commerçant
|
M
|
Il y a quand même un
risque à vivre ici
|
MONIQUE
|
Vendeuse
de beignets
|
F
|
Nous nous sentons bien
|
Maképé
Missoké
|
SERGES
|
Creuseur
de sable
|
M
|
Comme dans toutes les
zones marécageuses,
il y a des maladies à tout
moment
|
CHRISTELLE
|
Infirmière
|
F
|
C'est un milieu
dangereux par moment
|
BENEDICTE
|
Commerçante
|
F
|
Il n y a rien de mauvais
ici
|
AMOS
|
Menuisier
|
M
|
Il y a urgence à
aménager cet endroit.
|
Source : Notre enquête sur le terrain
Les discours recueillis permettent de comprendre que les
individus perçoivent différemment leur milieu selon le sexe. Les
femmes ne voient à priori pas d'inconvénients dans leur milieu
quelque soit la fonction, contrairement aux hommes qui quoique conscients des
dangers minimisent ceux-ci. Les représentations des risques sont donc
construites différemment selon le sexe et selon les différents
niveaux d'influence. Les schémas de pensées orienteraient alors
les conduites, ou les justifieraient.
IV-3-1-3-Perception de l'acuité des
problèmes lies au cadre de vie selon la durée de résidence
dans le quartier.
Les personnes ayant résidé plus de 10 ans dans
les zones marécageuses hiérarchisent les risques. Les risques
n'ont pas le même poids pour les personnes interviewées. Pour
certaines, il n'y a même pas de risque dans leur milieu.
Il n y a pas de risque ici, je suis
dans ce quartier depuis 25 ans, je vends les maniocs et je n'ai jamais eu
d'infection, ni de maladie. Mon quartier est bien. Cette
déclaration de M. ALAIN a été renforcée par celle
de AÏCHA
Allez vous adresser à ceux
qui pensent qu'il y a des dangers ici. Vous voulez faire détruire le
quartier pour rien. Je suis née ici et voici j'ai 30 ans, je ne suis pas
morte. Je nage même souvent avec mes enfants dans les cours d'eau que
vous voyez. C'est mon quartier. Il n y a rien
Si certaines personnes interviewées pensent qu'il n y a
pas de danger dans leur milieu, d'autres par contre pensent que ces risques
quand bien même il « en existerait restent
mineurs. » et ne peuvent en aucun cas avoir un effet
négatif énorme sur la santé, ni sur les marchandises
vendues. Cela se traduit par cette déclaration de COLLETTE
Le fait que vous me voyez encore bien portant prouve
qu'il n'y a pas de danger dans ce milieu. Les risques que vous évoquez
sont tellement mineurs ici. Il n'y a pas de risque majeur. Avez-vous
déjà vu un noir mourir de la saleté ? Même s'il
y a un danger, est-ce le propre de ce milieu ? Mes toilettes sont
là tout proche de ma cuisine et je vends juste là à
coté depuis 20 ans. Rien de grave ne m'est arrivé.
Les personnes ayant donc résidé plus de dix ans
dans le quartier perçoivent leur milieu comme
« bien ». Cela peut être dû à deux
facteurs : de façon générale, plus on réside
dans un quartier, plus on se familiarise avec les problèmes
spécifiques de ce quartier ; l'autre élément
d'explication est le phénomène dit d'appropriation. Plus les
individus séjournent dans un milieu, plus ils ont des relations
psychoaffectives poussées avec ce milieu. Ce genre de relations les rend
plus sensibles aux problèmes de ce milieu qu'ils considèrent
comme étant le leur et dans lequel ils se projettent.
Il apparaît clairement que sans être totalement
absents, l'acuité des problèmes liés au cadre de vie ne
constitue pas encore un sujet de vive préoccupation pour les populations
enquêtées. Ce résultat peut traduire l'ignorance et le
manque d'information et d'intérêt au sujet des risques liés
à l'habitation des sites à risques. Les ménagères
ont tendance à avoir plutôt une perception économique de
l'environnement immédiat. Ce résultat éclaire un peu plus
le débat déjà soulevé dans la revue de la
littérature autour de l'intérêt accordé par les
populations aux problèmes liés à l'habitation des zones
à risque. Est-ce que les populations dynamiques sont au courant des
risques ? La construction et la fabrique des risques relèveraient
du manque d'information, d'instruction et surtout de la crise
économique. La prépondérance des problèmes
économiques dans les réponses des personnes interrogées
conforte davantage le point de vue de A. YOUMBI (1992) qui pense que les
revendications pour un ordre démocratique interne et la lutte pour la
survie restent les préoccupations prioritaires des Camerounais.
IV-3-2-PERCEPTION DE L'ORIGINE DES PROBLEMES SANITAIRES ET
CAUSES DE L'ACCUMULATION DES ORDURES
Le désir de comprendre la
perception de l'origine des problèmes sanitaires a été
motivé par le fait qu'une catégorie de la population a
soulevé dans la perception de l'acuité des problèmes de
leur cadre de vie un danger sanitaire. Nous désirons savoir d'où
viennent ces dangers sanitaires. Les populations enquêtées (les
hommes et les personnes instruites surtout) évoquent le caractère
nuisible des ordures, la stagnation des eaux usées et la pollution
atmosphérique.
Tableau 7 : Découpage des discours
recueillis sur l'origine des maladies
Source : Notre enquête sur le terrain
Nous notons que de façon générale, dans
l'esprit des personnes interrogées, les déchets constituent les
éléments les plus nuisibles. Le second problème est celui
des eaux usées. Cependant les problèmes tels que la pollution
atmosphérique sont peu désignés.
L'importance inégale des problèmes
mentionnés tient probablement à 2 choses. Elle tient d'abord
à une acuité différentielle des problèmes
désignés. Les dangers et les problèmes varient suivant les
zones et les manifestations.
Ensuite, ce classement traduit la perceptibilité
différentielle des problèmes. Les ordures et les eaux
usées sont immédiatement perceptibles, ce qui n'est pas le cas de
la pollution atmosphérique qui exige tel qu'énoncé par (J.
MARCUS, 1989 :24) « la teneur en plomb de l'air » ou
la connaissance de litho météores nocifs en suspension dans
l'air. Compte tenu de la généralisation dans les zones de
Maképé des déchets au moment de la préparation de
cette enquête, nous avons jugé utile de demander aux personnes
enquêtées de donner les causes de l'accumulation des ordures et
des eaux souillées. Les réponses à cette question sont
diverses et leur importance varie aussi.
IV-3-2-1-Découpage et restructuration des
discours sur les causes de l'accumulation des ordures et des eaux
usées
Tableau 8 :
Découpage et restructuration des discours sur les causes de
l'accumulation des ordures et des eaux usées.
Locuteur
|
Zones
|
Propositions
|
Noyau référent
|
ARMAND
|
Maturité
|
Le gouvernement doit assurer
le strict minimum à la population
|
Gouvernement (Etat)
|
ALBERT
|
Maturité
|
La mairie de Douala 5e ne fait bien
son travail
|
Mairie (Etat)
|
GISELE
|
Missoké
|
AICHA
|
Missoké
|
TEZA
|
Missoké
|
Nous les Africains, nous manquons
de civisme. Nous sommes ignorants
|
Nous
(Incivisme)
|
JOSUE
|
Missoké
|
L'Africain est toujours exposé
aux risques. Nous n'avons pas le
choix. C'est notre façon de faire
|
Nous
(Ignorance)
|
COLLETE
|
Maturité
|
INOUSS
|
Missoké
|
PAUL
|
Maturité
|
La communauté urbaine de Douala
est seule responsable.
|
Communautés
Urbaines de
Douala (CUD)
Etat
|
BENEDICTE
|
Missoké
|
MONTE
|
Maturité
|
C'est la faute des pouvoirs publics.
Ils ne connaissent pas l'hygiène et la
salubrité
|
Pouvoirs publics
(Etat)
|
ELAN
|
Missoké
|
Source : Notre enquête sur le terrain.
IV-3-2-2-Analyse et interprétation des discours
recueillis sur les causes de l'accumulation des ordures.
Du tableau ci-dessus, il ressort que les individus
perçoivent les causes de l'accumulation des ordures dans leur zone comme
une défaillance de l'Etat. Ensuite dans une moindre mesure comme un
manque de civisme de la par des populations et enfin comme une
conséquence de la pauvreté.
IV-3-2-2-1-Part de l'état
En effet, les individus que ce
soit ceux de Maképé Maturité ou ceux de
Maképé Missoké tiennent pour principal responsable de
l'accumulation des ordures et des eaux souillées l'Etat qu'ils
qualifient « d'irresponsable » pour reprendre un
commerçant interviewé à Maképé
Missoké, Les pouvoirs publics sont indifférents au sort des
populations. La régularité des modèles argumentaires
(mairies, gouvernement, pouvoirs publics), ayant une polarité
négative atteste ce fait. L'insalubrité du cadre de vie est
perçue comme une défaillance des pouvoirs publics vis à
vis de leurs devoirs, comme une « défaillance de tout
système » pour reprendre les mots d'un commerçant
interviewé à Maképé maturité.
Toutefois il apparaît à l'inverse une faible
responsabilité des populations dans cette situation. Cette
responsabilité est multiforme.
IV-3-2-2-2- Manque de civisme
Certains pensent que les habitants
n'ont pas assez de civisme ou qu'ils n'assument pas leur responsabilité
dans la gestion de leur cadre de vie. D'autres par contre estiment que
l'accumulation des ordures tient à une ignorance des dangers liés
à cette pratique. Enfin, d'aucuns estiment que le dégradation du
cadre de vie découle d'un état de pauvreté des
populations. Bien que peu défendue, cette dernière thèse
est celle qui fait aujourd'hui école car certains spécialistes de
la sociologie des risques qui estiment qu'il existe une corrélation et
une synergie entre pauvreté et fabrique des risques par des populations.
(C. GILBERT, op. cit.)
Au terme de ce chapitre, il convient de relever que plusieurs
facteurs expliquent les dynamiques socio-économiques dans les sites
à risque de Douala. Les approches dynamiste et individuelle ont permis
de mettre en exergue la croissance démographique et l'expansion urbaine,
la croissance de l'exode rural et la difficulté d'intégration des
migrants comme causes ou mobiles des dynamiques socio-économiques dans
les sites à risque. La croissance démographique a pour corollaire
l`extension urbaine, la diversité des populations et l'apparition des
inégalités sociales. Ces inégalités
entraînent une occupation irrationnelle du terrain urbain par les couches
faibles et pauvres. Les quartiers non urbains illustrent cette occupation
spatiale désordonnée (habitat spontané, zones
marécageuses et inondables, zone polluée). Les difficultés
d'intégration des migrants dans l'espace urbain a pour
conséquence de véritables réceptacles ethno claniques. Les
populations font de plus en plus recours aux espaces dépourvus de tout
contrôle ou elles constituent « une civilisation rurale
dans l'enceinte même du périmètre urbain. »
(C. R. NGUIMALET, 2007 :4). La pauvreté des enquêtés,
leurs faibles revenus et la difficulté de logement sont des facteurs qui
les contraignent à lutter pour s'affirmer, dominer. Ils sont à
la quête du mieux être et d'une intégration
économique. Quelles que soient leurs caractéristiques, les
difficultés économiques qu'ils éprouvent, la
nécessité matérielle leur confèrent une perception
mineure des risques. Même si certains individus (en particulier les
instruits) sont conscients du danger, ceux-ci minimisent ce danger. Pour les
femmes buy and sellam, les marécages, les ordures et les pollutions sont
plutôt des handicaps pour leurs commerces, car gênant leurs
« assos ». Cette perception positive du milieu donne
à la population de ne pas se soucier de leurs cadres de vie.
Toutefois, dans quelles conditions vivent ces populations et
quelles stratégies développent-elles pour la survie
quotidienne ?
Individus
CHAPITRE V
CONDITIONS ET STRATEGIES DE VIE DES
POPULATIONS
DES SITES A RISQUE
Les conditions de vie des populations de zones à
risque présentent de situations particulières. Après avoir
traité des motivations à faire recours à ces zones, il est
important dans le cadre de ce chapitre d'évaluer et de décrire
leurs conditions de vie dans ces sphères. Les indicateurs sont les
suivants : la taille des ménages et le type de l'habitat, les
sources d'approvisionnement en eau et en énergie, le type d'aisance et
les conditions d'administration des soins. Aussi nous avons
évalué les conditions de vie des populations en mettant l'accent
sur les stratégies de suivi dans les ménages. L'analyse a pris en
compte à la fois les données qualitatives et les données
quantitatives.
V -1- CONDITIONS DE VIE DANS LES MENAGESIV -1- CONDITIONS DE VIE DANS LES MENAGES
Pour mieux définir les conditions de vie des
populations enquêtées, nous avons pris en compte la taille de
ménage et le type d'habitat, les sources d'approvisionnement en eau, en
énergie et type d'aisance, les conditions d'administrations des
soins.
V -1-1- CONCEPT DE MÉNAGE
Selon F. BARTIAUX
(1986 :53),
Un ménage peut être un ensemble de
personnes qui vivent et prennent
ensemble leurs repas en tant qu'unité
domestique, ou une personne
qui vit seule et prend ses repas
séparément.
Le ménage s'identifie ici comme une unité de
production et de consommation.
Plus tard, (F. BEGEOT, 1998) le définit comme la
manière dont les personnes pourvoient à leurs repas et aux autres
besoins vitaux. Cependant les Nations Unies (NU) acceptent aussi que le
ménage soit définit selon le simple critère de
résidence. Ainsi, l'ensemble des personnes qui occupent une même
unité d`habitation forme le ménage. Le ménage
apparaît ainsi comme un concept pluridimensionnel, c'est-à-dire
qui rend difficile l'établissement d'une définition admise par
tous. De toutes ces définitions, le ménage s'identifie comme une
unité de production, une unité de consommation et une
unité d'habitation.
Nous avons pris le ménage ici comme la manière
dont les gens pourvoient en groupe ou individuellement à leurs besoins
(alimentaires, vitaux, etc.). Ensuite nous l'avons adopté comme un
groupe de personnes, vivant habituellement sous un même toit, contribuant
chacun aux dépenses et partageant l'essentiel de leurs repas.
V-1-2- TAILLES DES MÉNAGES ENQUÊTÉS ET
TYPES D'HABITAT DES POPULATIONS DES SITES A RISQUE
Les conditions de vie des
populations des sites à risque sont adéquates. Ceci se
révèle à travers l'enquête réalisée au
sein des ménages. Ces derniers sont de grandes tailles (plus de dix
personnes dans certains ménages). Plusieurs personnes partagent un
logement parfois insalubre, dormant dans des conditions rudimentaires.
Interrogées sur le pourquoi de ces co-habitations, certaines personnes
affirment être animées par le désir de vivre ensemble pour
renforcer les liens culturels. D'autres par contre mettent en exergue les
difficultés liées au logement, conséquence de la
pauvreté. La plupart des ménages sont constitués des
individus issus du même village, d'autres issus des liens
d'amitiés et d'autres encore de la famille restreinte (père,
mère, enfants). La taille des ménages est assez
élevée et varie selon le type de ménage.
Tableau 9: taille de ménage selon le type
de ménage.
Type Ménage
Taille Ménage
|
0-6 personnes
|
7-10 personnes
|
10personnes & plus
|
Effectifs
|
Parental
|
10
|
5
|
5
|
20
|
Monoparental
|
0
|
02
|
08
|
10
|
Total
|
10
|
7
|
13
|
30
|
Pourcentages
|
33,3
|
23,3
|
43,3
|
100
|
Source : notre enquête sur le terrain
Deux types de ménages ont été
identifiés et enquêtés. Les ménages parentaux sont
des ménages dirigés par un homme, une femme. Les ménages
monoparentaux sont ceux dont les membres sont constitués des personnes
dirigées par un seul parent ; soit un homme, soit une femme. Sur
trente ménages enquêtés dans les deux sites, vingt sont des
ménages parentaux et dix sont des ménages monoparentaux. Sur
vingt ménages parentaux, cinq sont constitués de plus de dix
personnes et cinq de moins. Dans les ménages monoparentaux (dix au
total), huit sont constitués de plus de dix personnes et deux de moins
de dix personnes. L'analyse montre une grande proportion des ménages
constitués de plus de dix personnes (43,3%) et une faible proportion des
ménages constitués de sept à dix personnes (23,3%). Le
taux élevé des personnes dans les ménages traduit la
difficulté liée au logement dans les sites enquêtés.
Ces sites quand bien même ils offrent de logements à faibles
coûts, certains individus ne peuvent s'en procurer un individuellement,
faute de moyen financier. Plus les individus ont des difficultés de
logement individuel, plus le désir de partager une même habitation
est élevé. M. MONIQUE rencontrée sur le site de
Maképé Missoké déclare :
Si je vis avec mes frères, ce n'est pas tellement
parce que je veux être en communauté, mais parce que je n'ai pas
encore les moyens d'avoir un logement. Lorsque je serai en mesure de m'en
procurer un, je pourrai sortir et être indépendant.
De cette déclaration, la crise de logement liée
aux difficultés financières des populations
enquêtées est ainsi une cause du taux élevé des
tailles des ménages. La cohabitation a un but économique. En ce
sens, elle permet aux acteurs dans un premier temps de faire des
économies et dans un deuxième temps d'investir au village. Ces
populations outre leur nombre élevé dans les ménages,
habitent des maisons peu confortables.
La plupart des logements sont construits en matériaux
provisoires. Le bois est le principal matériau de construction. Les bois
utilisés sont rarement traités et leur mise en oeuvre en terre
expose à l'attaque par l'eau et par les termites. C'est ainsi
qu'à la longue, les maisons ont tendance à s'incliner et dans
certains cas à se renverser. En raison de la mauvaise adhérence
entre le bois et la terre, des fissures et des fendillements sont souvent
observés et les pluies renforcent les risques de pourrissement du bois.
La faible hauteur de ces maisons leur confère un aspect peu confortable.
C. PETTANG (1996).
Cependant, d'autres construisent en briques de terre et en
parpaings. En fait, pour fabriquer des briques en terre, les populations
creusent des terres sous les pentes du site. Cette technique à
l'avantage qu'elle ne nécessite pas de lourds investissements, ni trop
de dépenses comparativement aux maisons en parpaings, qui
nécessitent un investissement financier dans l'achat du ciment et autre
matériel. Ces maisons sont réalisées très souvent
rapidement et occupées avant la fin des travaux qui aussi se
réalisent de façon évolutive sans que cela ne constitue un
problème important car s'adaptant aux conditions économiques des
populations. Les techniques qu'elles utilisent sont simples et ne
nécessitent pas une main d'oeuvre particulièrement
qualifiée. Ce qui n'est pas sans conséquence comme l'atteste
cette affirmation d'une dame interrogée à Maképé
Maturité :
En quinze ans, mon mari a déjà
construit au moins trois fois cette maison. Après chaque cinq ans au
moins, elle commence à s'affaisser et on est obligé de relever
à nouveau les murs . (Mme MACHE, Maképé
Maturité)
En fait cette conséquence vient du fait que ces maisons
dans les terres marécageuses sont construites sans fondations
appropriées. Lorsqu'il y a pluies et inondations, les maisons
s'affaissent et sombrent petit à petit. Voici le tableau qui
présente la répartition des populations enquêtées
selon le type d'habitation.
Tableau 10: répartition des individus
selon le type d'habitat
Type d'habitat
Zone
|
Maisons en carabottes
|
Maisons en briques
|
Maisons n parpaings
|
Effectifs
|
Maképé Missoké
|
70
|
10
|
20
|
100
|
Maképé Maturité
|
60
|
11
|
29
|
100
|
Total
|
130
|
21
|
49
|
200
|
Pourcentage
|
65
|
10,5
|
24,5
|
100
|
Source : notre enquête sur le terrain
De ce tableau, sur 200 personnes enquêtées, 130
affirment vivre dans les maisons en carabottes (65%), 21 affirment
résider dans des maisons en briques de terre (10,5%) et 49 dans des
maisons en parpaings (24,5%). L'analyse révèle à partir du
tableau une forte proportion des individus habitant des maisons en carabottes.
La conclusion qui résulte de ce tableau est que les habitants des sites
à risque habitent des maisons construites en carabottes. La raison
première de la sollicitation de ce type d'habitat vient non seulement de
son caractère économique, mais aussi du fait de l'état
psychologique des populations qui ont peur d'être détruites
à tout moment. Elles ont peur de construire en matériel
définitif pour être détruites plus tard.
M. INOUSS affirme :
Chaque fois, nous sommes menacés de
destruction. Si nous nous mettons à construire en matériel
définitif, ce n'est pas seulement parce que nous n'avons pas de moyens,
mais parce que nous avons peur d'investir et nous faire détruire
après. (INOUSS, Maképé Missoké)
Dans la plupart des cas, ce sont des maisons sans chambres.
Uniquement des salons où se retrouvent des lits, des équipements
prêts à être déplacés en cas de destruction ou
d'inondation.
V-1-3- SOURCE D'APPROVISIONNEMENT EN EAU, ÉNERGIE ET
TYPE D'AISANCE
Que ce soit dans la zone de
Maképé Missoké ou celle de Maképé
Maturité, l'accès à l'eau potable est difficile pour les
populations enquêtées. Dans la zone de Maképé
Maturité, il existe une borne fontaine payante relevant d'une initiative
privée, deux forages construits par une Organisation Non Gouvernementale
(ONG) canadienne. Une couche minoritaire de la population a accès
à ces deux sources d'approvisionnement. D'autres par contre, n'ayant pas
de revenus leur permettant d'acheter l'eau de la fontaine et celle des forages
se ravitaillent dans de nombreux puits creusés par eux-mêmes. Ces
puits sont non aménagés et contiennent des impuretés dues
aux infiltrations souterraines tels que le démontre le schéma
ci-dessous.
Schéma 1 : Processus d'infiltration des
impuretés dans les puits
Source : (G. R. MATCHAN, 2005)
Le schéma ci-dessus montre le processus d'infiltration
(latérale et verticale) des impuretés. Lesquelles proviennent des
rivières polluées de la Ngoné. Plusieurs individus se
ravitaillent par ce moyen qui consiste à attacher un fil sur un sceau
qu'on introduit dans le puits et au bout de quelques secondes, on le ressort
plein d'eau. Cependant d'autres encore se ravitaillent dans la rivière.
Le processus consiste à puiser de l'eau de rivière, la laisser au
repos pendant quelques temps et ensuite l'utiliser. Cette eau est
généralement utilisée pour la cuisson des aliments et pour
certaines lessives.
Tableau 11 : Répartition des populations
selon la source d'approvisionnement en eau
Source
d'approvisionne-
ment
Population
SNEC
|
Puits
|
Borne fontaine,Forage
|
Rivière
|
Effectifs
|
|
Maképé Missoké
|
20
|
30
|
25
|
25
|
100
|
Maképé maturité
|
12
|
33
|
35
|
20
|
100
|
Total
|
32
|
63
|
60
|
45
|
200
|
Pourcentages
|
16
|
31,5
|
30
|
22 ,5
|
100
|
Source : notre enquête sur le terrain
De ce tableau, sur 200 personnes enquêtées, 60
affirment avoir accès à l'eau de la fontaine et du forage (soit
30%), 32 l'eau provenant de la Société Nationale des Eaux du
Cameroun (SNEC) soit 16%, 63 se ravitaillent dans les puits (31,5%) et 45 ont
pour source d'approvisionnement en eau la rivière Ngoné (22,5%).
L'analyse révèle une forte proportion des individus qui se
ravitaillent dans les puits (31,5%). En conclusion, la plupart des individus
n'ont pas accès à l'eau potable. Ils se ravitaillent dans des
sources douteuses (près de 54% de la population enquêtés).
Ceci est une conséquence de la pauvreté ambiante qui
caractérise cette population comme le déclare F. TEZA
Si nous nous ravitaillons dans les puits, c'est
parce que nos moyens sont limités pour aller au forage et à la
fontaine. Les puits que vous voyez ont été creusés par
nous-mêmes et parfois les inondations les remplissent et nous les
creusons à nouveau. (F. TEZA, Maképé
Missoké)
Le recours à ce type de ravitaillement est donc
lié tel que dit plus haut à un manque de moyens de la part de la
population. Mais certaines personnes interviewées expliquent le recours
aux eaux d'origine douteuse comme celles des rivières en mettant en
exergue la proximité. C'est le sens de la déclaration de cette
personne enquêtée à Maképé
Maturité :
Ma maison est juste à coté de la
rivière. Je ne trouve pas important de parcourir encore une longue
distance pour aller chercher de l'eau alors qu'elle est à mes
côtés. D'ailleurs je n'ai pas les moyens pour acheter de
l'eau. (PAUL, Maképé Maturité)
L'eau de la rivière étant proche et gratuite,
les individus s'y déploient pour se ravitailler. Une analyse du tableau
précédent permet de comprendre que le pourcentage de personnes
ayant recours aux eaux de rivière est plus élevé dans la
zone de Maképé Missoké (25% %) comparativement à
celui de Maképé Maturité (20%). Il s'établit une
différence de niveau de vie dans les deux sites. Les populations de
Maképé Maturité s'organisent régulièrement
en associations dans le but d'initier des projets. Les forages creusés
dans la zone sont le fruit de cette initiative locale.
En ce qui concerne l'énergie, les ménages
manquent d'éclairage moderne. La plupart des populations
enquêtées affirment avoir pour principale source de ravitaillement
en énergie la lampe traditionnelle et dans une moindre mesure des
bougies. Dans le cadre de la cuisson des aliments, elles utilisent les feux de
bois ou les charbons. D'autres par contre ramassent des débris issus des
plantes sciées quelles pilent dans les fours pour y mettre ensuite le
feu.
Tableau 12 : répartition des individus
selon le type d'éclairage.
Population
Type d'éclairage
|
Eclairage moderne
|
Lampe à pétrole
|
Bougie
|
Effectifs
|
Maképé Missoké
|
30
|
55
|
15
|
100
|
Maképé Maturité
|
50
|
40
|
10
|
100
|
Total
|
80
|
95
|
25
|
200
|
Pourcentages
|
40
|
47,5
|
12,5
|
100
|
Source : Notre enquête sur le terrain
Sur 200 personnes interviewées, 95 affirment avoir pour
source d'énergie en matière d'éclairage des lampes
à pétrole représentant un taux de 47,5%. 25 utilisent des
bougies et 80 des ampoules modernes. Soit respectivement 12,5% et 40% %. De
manière générale, les populations n'ont pas accès
au système d'éclairage moderne. La plupart utilise des lampes
à pétrole et des bougies, ce qui est souvent à l'origine
des feux, des pertes humaines et matérielles telles que
développées dans le chapitre six. Une analyse comparative permet
de comprendre que dans la zone de Maképé Maturité, le
pourcentage des personnes ayant accès à l'énergie moderne
est élevé (50%) par rapport à la zone de
Maképé Missoké (30%). Par contre le nombre d'individus
utilisant les lampes à pétrole et les bougies est plus
élevé à Maképé Missoké (70%)
qu'à Maképé Maturité (60%). La conclusion qui
résulte de cette analyse est que l'accès dans la zone de
Maképé Maturité est plus facile pour la
Société Nationale d'Electricité (SONEL, principale et
unique distributrice de l'énergie électrique moderne au Cameroun)
que l'accès à la zone de Maképé Missoké. En
outre, la présence massive des étudiants dans la zone de
Maképé Maturité peut expliquer cet état. Car la
plupart des étudiants sont en location et les bailleurs des minis
cités présentes déploient beaucoup de moyens pour les
alimenter en électricité. Ce qui profite aussi à
certaines maisons comme le témoigne (G. CEZAIR Maképé
Maturité) « C'est parce que le courant est venu tout
proche de moi que j'ai résolu d'alimenter ma maison. Ce sont des
étudiants ici à coté qui poussent parfois les pouvoirs
publics à réagir en notre faveur ». La
présence massive des étudiants dans la zone de
Maképé maturité est d'un atout particulier pour la
population, ceux-ci sont toujours prêts à initier des
jaillissements de voix attirant ainsi la réaction des pouvoirs publics,
ce qui représente un avantage pour les habitants de la zone.
En ce qui concerne le type d'aisance, les conditions de
logement imposent aux individus un partage de toilette. Parfois jusqu'à
cinq ménages pour une toilette. La difficulté qu'il y a pour
cette population d'avoir accès à l'eau leur impose aussi un
équipement sanitaire inadéquat. Les populations utilisent
massivement des WC traditionnels (sans chasse eau). Leur entretien n'est pas
généralement pris en compte. Ces WC sont des trous d'au trop deux
à trois mètres de profondeur, creusés à
proximité des cuisines et qui coulent parfois à vue d'oeil.
Pendant les saisons de pluies, elles s'inondent et les déchets sont
évacués.
Les services d'hygiène et de salubrité de douala
5e passent de temps en temps pulvériser les douches et
toilettes. Mais selon le chef de quartier de Maképé
Maturité, M. BELLA, cette fréquence « rare »
de passage ne connaît point de succès puisqu' après
pulvérisation, « la population reprend avec les
mêmes conditions ».
D'autres personnes par contre qui ne disposent pas d'un espace
propice pour creuser un WC, se contentent des sachets (plastiques) dans
lesquels elles déposent leurs excréments qu'elles achemineront
dans les eaux de la rivière ou dans les toilettes les plus proches. Le
tableau ci-dessous présente la répartition des individus
enquêtés selon le type d'aisance.
Tableau 13: répartition des individus
selon le type d'aisance
Population
Type d'éclairage
|
WC moderne
(avec chasse)
|
WC tradit.
(sans chasse)
|
Autres
|
Effectifs
|
Maképé Missoké
|
30
|
50
|
20
|
100
|
Maképé Maturité
|
25
|
50
|
25
|
100
|
Total
|
55
|
100
|
45
|
200
|
Pourcentage
|
27,5
|
50
|
22,5
|
100
|
Source : Notre enquête sur le terrain.
Du tableau ci-dessus, sur 200 personnes
enquêtées, 55 soit 27,5% affirment utiliser les WC avec chasse,
100 personnes soit 50% utilisent des WC traditionnels (sans chasse) et 45
personnes soit 22,5% n'ont pas de douches, ni de WC. Nous pouvons conclure que
les populations des sites à risque enquêtés n'ont pas des
types d'aisance sains (près de 73% de la population). Cette situation
s'explique tel que révélé plus haut par non seulement
l'accès difficile à l'eau, mais aussi par l'impossibilité
pour certains ménages à s'acquérir des surfaces pouvant
abriter les douches, toilettes faute de moyens matériel et financier.
L'analyse comparée dans les deux sites de recherche
permet de comprendre qu'à Maképé Maturité, la
fréquence des individus utilisant les WC et toilettes inadéquates
est plus élevée que celle de Maképé Missoké.
Ceci peut s'expliquer démographiquement, car la population de
Maképé Maturité est plus élevée que celle de
Maképé Missoké. Le taux élevé de la
population accroît le nombre de ménages et une demande de plus en
plus croissante en type d'aisance, car selon le sociologue R. RANGEZ
(1995 :66),
La fréquence élevée d'une
population pauvre dans une zone
augmente la tendance à construire des toilettes
sans mesures
sanitaires afin de satisfaire les désirs pressants
et immédiats .
V-1-4- CONDITIONS D'ADMINISTRATION DES SOINS
Dans les sites enquêtés, nous avons
observé l'existence de plusieurs centres de santé et infirmeries
relevant en majorité des initiatives privées. La zone de
Maképé Maturité regorge plus de dix centres de soins de
santé et une infirmerie. Quant à celle de Maképé
Missoké, cinq centres y sont présents. Parmi les centres que
regorgent les deux sites (seize au total), onze sont d'initiatives
privées et cinq des pouvoirs publics. Ces structures sont l'oeuvre des
étudiants en médecine ou ceux ayant reçu une formation
dans le domaine médical. Elles sont au service de la population et leur
offrent des opportunités diverses comme des consultations,
hospitalisations, accouchement, pédiatrie, petite chirurgie. Centres de
santé primaire, ils administrent des traitements au travers des
personnes peu qualifiées. En outre, l'origine des médicaments
vendus n'est pas souvent révélée.
Malgré la présence de ces structures primaires,
les populations accèdent rarement aux soins modernes. Elles optent pour
la médecine traditionnelle qu'elles qualifient de « moins
chère ». L'affirmation ci-dessous de R. GASTON en est une
illustration :
Les soins de santé moderne ne sont pas à la
portée de tous. Pour une population démunie comme la notre, avoir
les moyens nécessaires pour s'administrer ces soins est difficile.
(R. GASTON, Maképé Maturité)
Cette affirmation est confirmée par celle de K. GISELE,
infirmière dans le centre de santé La Grâce à
Maképé Maturité
Rares sont les personnes qui viennent
ici. C'est quand la situation devient critique q'elles peuvent au centre de
soins. Elles préfèrent les soins naturels. (K.
Gisèle, Maképé Maturité).
Ces propos témoignent de la difficulté qu'on les
populations enquêtées à se soigner de manière
moderne car comme le déclare G. IYENDA (2002), pour les populations
démunies, se soigner est un casse-tête, une préoccupation
mineure. Sur 200 personnes enquêtées par sondage, 15%
fréquentent les centres de santé au moins deux fois par an, et
plus de 50% ne le font pas. Le taux des individus n'ayant pas
régulièrement accès aux soins de santé moderne est
très élevé (70%) et confirme davantage les
déclarations faites sur les difficultés pour les individus
à s'acquérir des moyens pour les soins modernes. Cependant, si la
médecine traditionnelle est valorisée, les populations
l'expliquent en mettant aussi en exergue le désir de valoriser les
plantes africaines comme le témoigne cette déclaration :
Votre médecine des blancs là est
inefficace et ne s'adapte même pas à nos attentes. Nous devons
valoriser nos arbres, nous devons valoriser nos écorces. C'est pour cela
que je préfère la médecine traditionnelle. (P.
TEZA, Maképé Missoké)
Les manques de moyens financiers ne constituent plus l'unique
raison de la préférence de soins traditionnels. Mais les
populations sont aussi animées par le désir de faire valoir leur
culture, leurs feuilles, leurs écorces.
Face aux difficultés qu'elles rencontrent pour la
satisfaction des besoins quotidiens de consommation, de santé,
d'éducation, les populations adoptent des stratégies
socio-économiques de survie diverses. Ces stratégies modifient
les plus souvent leurs habitudes alimentaires, leurs pratiques quotidiennes et
leur solidarité sociale.
V-2- Stratégies socio-économiques de survie
des populations des sites à risqueIV-2-
Stratégies socio-économiques de survie des populations des sites
à risques
Les stratégies de survie que développent les
populations des sites à risque se caractérisent par une
dispersion des savoirs, se manifestant de façons multiples et
variées en fonction des besoins ressentis. L'une des plus remarquables
est la pratique des activités informelles.
V-2-1- CONCEPT DES ACTIVITÉS INFORMELLES
V-2-1-1-
Définition
La définition des
activités informelles ne fait pas l'unanimité des chercheurs.
Elle varie selon les chercheurs et selon le point de vue
considéré. Sur le plan étymologique, le terme vient de
l'anglais `informal' qui signifie ce qui est officieux, non officiel, ce qui
est en dehors des règles ou des statuts. Par la suite, le
français l'a emprunté et l'a utilisé dans
différents secteurs concernés. Pour G. VERHAEGEN cité par
O. EKANZA (1995), l'informel est toute activité spontanée,
échappant en grande partie au contrôle de l'administration. En
marge des obligations légales, non recensés dans les statistiques
officielles, bénéficiant rarement des activités
professionnelles de l'état.
G. DE VILLERS (1992 :4) pour sa part définit les
activités informelles comme suit :
Les activités informelles seraient donc des
activités pratiquées
généralement par des pauvres,
exercées plus ou moins en marge
des lois et des institutions officielles et
relevant des normes
spécifiques par rapport à celles de la
modernité .
Les activités apparaissent ici non seulement comme des
activités officieuses, mais aussi et surtout des activités des
pauvres. Mais de toutes les définitions proposées, le concept se
saisi de par son caractère spontané, officieux. Les
activités informelles sont donc des activités spontanées
et non officielles exercées généralement par une couche
démunie. Elles ont des caractéristiques particulières.
V-2-1-2- Caractéristiques du secteur
informel
Après une étude
réalisée sur les activités informelles au Kenya en 1972,
le Bureau International du Travail (BIT) en donne les caractéristiques
susceptibles d'appartenir à l'ensemble de celles-ci. Ceci étant,
ces caractéristiques peuvent être résumées de la
manière suivante :
La facilité d'accès aux métiers
Le recours aux ressources locales
La propriété familiale de l'entreprise
L'échelle restreinte d'opérations
L'utilisation des techniques à forte intensité
de main d'oeuvre et d'adaptation au milieu
L'acquisition des qualifications en dehors du système
scolaire officiel
La facilité d'opérer sur les marchés non
réglementés, mais ouverts et compétitifs.
V-2-1-3- Emergence du concept
G. DE VILLIERS (op. cit.) souligne
que le rapport du BIT (1992) a donné officiellement naissance au concept
informel et a permit son imposition sur le terrain scientifique. Implicite dans
les années 1970, le secteur informel a pris de l'ampleur dans les pays
du tiers-monde au point de concurrencer, à son avantage le secteur
formel. Entre les années 50 et 80, l'Afrique s'est distingué par
un boom démographique inversement proportionnel à la croissance
économique. Au cours de cette même période, la population
urbaine s'élevait au rythme de 6% par an et celle des villes
périphériques de 10%. Alors que l'accroissement des emplois
offerts dans le secteur formel ou secteur moderne ne représentait que
2%. Très vite, la demande d'emplois est apparue supérieure
à l'offre. Le développement du chômage urbain,
conséquence logique de la crise économique, s'est
accompagné de l'émergence et de l'essor du secteur informel.
C'est une question de survie de ces populations refusées par le secteur
formel. La baisse sans cesse croissante des pouvoirs des salariés
exerçant dans le secteur moderne, incite les ménages à
rechercher les revenus complémentaires dans le secteur informel pour
joindre les deux bouts du mois. L'adoption et la mise en oeuvre des politiques
d'ajustement structurel avec ses effets pervers (réduction des salaires,
diminution des effectifs de la fonction publique, privatisations des
entreprises d'état) ont contribué à la
dévalorisation du secteur public et donc au gonflement du secteur formel
au secteur informel. L'incapacité de l'état de répondre
aux besoins fondamentaux de la population dans les domaines de l'emploi, de la
santé, du logement et de l'éducation est à l'origine de
l'émergence du secteur informel en Afrique. Ce qui fait dire G. IYENDA
(2002 :18) que :
L'Etat, principal garant du bien être
de la population, a
démissionné devant ses
responsabilités, laissant régner une
pauvreté indéfinissable alors que le
développement, comme
processus d'amélioration du bien être
intégral de l'homme exige
la définition du contenu de ce bien être sous
la forme d'objectifs
étatiques.
Au Cameroun, l'émergence des activités
informelles est liée
à l'arrêt des recrutements dans
certains secteurs de la fonction
publique, le dépôt de bilan de plusieurs
entreprises. Les effets
d'entraînements furent les licenciements,
l'accentuation du
chômage et le développement des
logiques de suivie par les
couches sociales atteintes. D'où, l'accentuation
du chômage et le
développement des logiques de survie par les
couches sociales
atteintes, d'où l'accroissement et
expansion de l'économie
parallèle (T.T. ROBERT
2005 :44).
Aujourd'hui, les activités informelles ont
émergé dans le domaine de la production au Cameroun et se
révèlent comme des activités des pauvres. Les petits
métiers tels que relevés par (K. FODOUOP, 2002) ont pris de
l'ampleur et représentent de nos jours un grand pourcentage de
l'économie du pays. Le secteur informel est passé de 38,1% en
1980 à 85,2% en 1996. Les populations de Maképé
Maturité, Maképé Missoké évoluent dans ce
sillage des activités informelles. Plus de 97% de la population
enquêtée tirent leurs revenus des activités informelles qui
leur permettent de faire face aux multiples besoins. Les principales
activités sont : les tontines et associations, la mise au
travail des enfants, les transports par moto taxi, la vente du sable et du
gravier, le commerce.
V-2-2- POPULATIONS DES SITES À RISQUE ET ACTIVITÉS
INFORMELLES
V-2-2-1- Pratique des
tontines et associations
L'une des activités
qu'adoptent les populations comme stratégie de survie est la pratique
des tontines et associations. Ces dernières sont de diverses
natures : les tontines et association des collègues, des
ressortissants des mêmes villages, du même sexe, etc.
Selon les groupes de collègues, les individus
exerçant un métier se regroupent et forment un tout qui les
ressemble régulièrement. Selon les groupes ethniques, il s'agit
des individus d'une même région, d'une même province ou d'un
même quartier du village. Et selon le sexe, il s'agit des associations
où on retrouve exclusivement soit les individus de sexe masculin, soit
ceux de sexe féminin. Les populations s'associent en clan, en famille,
en profession pour mettre en commun des biens ou des services au
bénéfice de tout un chacun, et cela à tour de rôle.
Les participants versent régulièrement des cotisations de montant
fixe à un fonds commun qui est distribué tour à tour
à chacun des membres. Quand chaque membre a reçu le fonds une
fois, le cycle doit recommencer.
Ces tontines et associations ont avant tout une vocation
sociale pour la population enquêtée, car elle est une sorte de
prévoyance à laquelle chaque membre adhère en
prévision des difficultés qui peuvent subvenir par exemple au
plan familial. M. ZEBAZE, dans la zone de Maképé
maturité, interviewé sur les raisons des pratiques des
activités associatives affirme :
Si je ne faisais pas les tontines, je serai
déjà peut-être morte. J'ai été longtemps
malade et c'est ma cotisation qui a permit l'achat des médicaments. Je
continue dans ces tontines pour prévoir ce genre de chose. En plus,
j'envisage construire une cabane pour moi et pour mes enfants avec l'argent que
je cotise. (M. ZEBAZE, Maképé Maturité)
Cette affirmation confirme davantage la vocation sociale des
tontines et associations. Toutefois elles ont aussi une vocation
économique car elles permettent l'épargne. Les fonds
épargnés seront utilisés pour un investissement, pour un
événement prévu ou imprévisible. Tous les individus
enquêtés affirment faire partir d'une association au moins. Ils
sont motivés par nécessité matérielle et une
aspiration à une reconnaissance sociale car se considérant
souvent comme des « oubliés de la
société » comme affirme JOSUE,
creuseur de sable à Maképé Missoké. Ces
associations sont diverses. Entre autres nous avons : Association des
femmes Buy and sellam (AFBSE), Association pour le développent du
quartier Maképé Missoké (ADQM), Association pour la
solidarité Anglophone (ASA), Amicales des vendeurs de sable) (AVSA),
Amis et développement de Maképé Maturité (ADM)
Selon le sexe, les hommes sont plus enclins dans les
activités associatives que les femmes. Rares sont les femmes qui se
retrouvent dans des associations mixtes. Sur 100 femmes interviewées 25
font partir des associations mixtes, alors que tous les hommes y sont. Ceci
s'explique par le fait que selon les hommes, les associations ne sont pas
obligatoires pour les femmes. Ils sont méfiants quant à la
participation de leurs femmes aux milieux qu'ils jugent
« douteux ». Celles qui s'y retrouvent sont en
majorité des femmes célibataires ou veuves. Cependant les femmes
mariées présentes sont celles qui ont longtemps
négocié auprès de leurs maris qui leur donnent la
permission à chaque sortie. Le recours aux activités associatives
comme stratégie sociale de survie est primordial comme l'atteste le chef
de quartier de Maképé Maturité, M. MBELLA. Les populations
s'inquiètent plus du devenir de leur progéniture et recherchent
les tontines et associations dites de secours, où chacune cotise
à une caisse commune qui permet de dégager des fonds en cas
d'accident ou de maladie. Ces associations ne représentent plus
seulement des secours matériels « Mais surtout un
environnement sécurisant, parce que réglementé et
valorisant » (TICHIT 1996 :12)
V-2-2-2 La mise au travail des enfants comme
stratégie de survie des populations à risque.
L'une des stratégies
qu'utilisent les populations des zones à risque pour subvenir aux
besoins du ménage est la mise au travail des enfants. Les enfants
deviennent des principaux pourvoyeurs dans les ménages, ce qui modifie
quelque peu leurs rôles dans les structures familiales et crée en
eux une émotivité. Les données recueillies auprès
des ménages montrent que près du tiers des ménages vit
essentiellement du revenu du travail des enfants. La prise en compte de
l'occupation des enfants dans les différents secteurs a enrichi notre
analyse ; ainsi dans le domaine du commerce, les données de notre
enquête laissent entrevoir une division très marquée des
occupations selon le sexe des enfants. En effet trois filles sur quatre
travaillent dans le secteur du petit commerce d'alimentation (vente de fruits,
légumes, beignets, arachides, tomates, condiments). Comparativement, un
garçon sur cinq exerce dans le petit commerce général
comme la menuiserie. Cette mise au travail des enfants vise la multiplication
des sources de revenu au sein des ménages.
Pour joindre les bouts, nous sommes parfois
obligés de faire travailler nos enfants. C'est aussi une manière
pour nous de les responsabiliser, de leur apprendre à travailler et
à s'orienter. Chez moi, j'ai six enfants. Chaque soir, je les envoie au
marché pour vendre les légumes. Leurs revenus me permettent de
faire face à certaines obligations comme payer leur école pour
ceux qui fréquentent encore, pourvoir à mes cotisations (T.
MICHEL, Maképé Maturité)
De cette affirmation de T. MICHEL interviewé dans le
site de Maképé Maturité, la mise au travail des enfants se
révèle être aussi une initiation à la
responsabilité précoce de ceux-ci. L'âge des enfants mis au
travail varie entre cinq et quinze ans (5-15 ans). Sur 220 enfants
enquêtés au hasard, 200 sont régulièrement
utilisés dans le commerce soit (90%). La taille du ménage est un
facteur de l'accroissement de la mise au travail des enfants. Plus la taille
d'un ménage est élevée, plus les besoins se font pressants
et plus le travail des enfants devient impératif. Le revenu moyen du
travail d'un enfant par jour s'élève de 500 à 1000 FCFA.
Il arrive même parfois que les parents les envoient fouiller dans les
poubelles environnantes dans la recherche des vêtements et certains
aliments pour la nutrition des porcs et autres bétails.
V-2-2-3- Le transport par moto « Ben
skin » comme stratégie de survie
Cette activité est
essentiellement exercée par les hommes. En général les
populations de la ville de Douala se lancent dans les métiers de
conducteur de motos taxi par nécessité matérielle pour
certain et par manque de travail pour d'autres tel qu'analysé par (T.T.
ROBERT 2005). Cette émergence trouve son explication dans la crise
économique depuis 1985. Les crises de transport dans la ville de Douala
conséquence du désengagement de l'Etat dans le secteur du
transport. Dans le cas spécifique des populations de
Maképé Maturité et Maképé Missoké,
celles-ci se lancent dans cette activité pour plusieurs raisons :
d'abord pour une insertion sociale car n'ayant pas de qualification pour un
travail bien renuméré, ensuite la formation dans ce métier
n'exige aucune éducation préalable ni un fond important de
démarrage. L'apprentissage se fait sur place. Enfin la facilité
dans l'acquisition d'une moto. Certaines commencent l'activité en
travaillant pour quelqu'un, mais plus tard s'achètent leurs propres
motos. Les axes qu'elles privilégient sont le carrefour Boulangerie de
la Paix, le petit Marché de Maképé, carrefour ESSEC,
CAMPUS B, DOGBONG, etc. Cependant certains hommes se dirigent vers d'autres
zones loin de Douala 5e ceci pour multiplier les revenus car comme
l'atteste ADAMOU (un moto taximan interviewé à
DOGBONG), il arrive que leurs secteurs privilégiés soient
« secs ». Alors il faut aller chercher plus loin. C'est le
sens de cette affirmation.
Il arrive que nos secteurs soient secs,
c'est-à-dire des moments où il n'y a pas de clients. En plus la
plupart des habitants de la localité ne sortent pas, ils travaillent sur
place. Les rares personnes que nous transportons sont soient des
élèves, soient des personnes qui viennent faire le marché.
Nous sommes obligés d'aller le plus souvent dans d'autres secteurs hors
de notre pour ne pas rouler à perte (DEJOLIE,
Maképé Missoké)
Le revenu d'un moto taximan est fonction de l'intensité
du travail exercé. Les heures de travail varient en fonction de la
présence des clients. Selon THOMAS (zone de Makepé
Maturité)
Le matin, le travail est intense puisque les gens
vont au travail et les élèves à l'école. Mais
à partir de 09 heures, il n'y a plus rien. Il faut attendre midi (12h)
pour transporter ceux qui partent pour la pause. Apres 12 heures, il faut
encore attendre 15h30 pour repartir transporter de nouveau les
élèves et les travailleurs de retour. L'activité peut se
prolonger parfois jusqu'à 22 heures. Il arrive que je rentre chez moi
avec 3 à 4000 Frs de bénéfice quand le travail a bien
tourné. Il y a aussi des jours où j'ai juste 500 Frs de
bénéfice peut être à cause des pannes, etc.
Le revenu d'un moto taximan varie donc en fonction du travail
accompli et les heures du travail en fonction de la mobilité sociale.
Cette activité nécessite beaucoup d'énergie et la plupart
des hommes qui la pratiquent sont des jeunes (20-40 ans) n'ayant pas acquis des
notions sur le code de la route. Beaucoup ont appris à conduire depuis
les zones rurales avant d'arriver en ville.
V-2-2-4-Vente du sable, du gravier et la pratique du
commerce comme stratégie de survie
A coté de l'activité
de moto taxi, les populations de sites à risque survivent grâce
aux activités de vente du sable et du gravier, du petit commerce. Le
sable et le gravier sont creusés au bas de l'escarpement du bassin de la
rivière Ngoné. Les individus se regroupent pour creuser le sable
dont le prix du camion s'élève à 20 000 FCFA (vingt
mille francs CFA) pour le sable et 30 à 40 mille francs CFA pour le
gravier. Mais cette activité est moins rentable car affirme
FRANÇOIS,
Il faut souvent attendre des jours, voir même
des mois pour espérer trouver du sable. Il y a des périodes
où nous profitons beaucoup. Surtout en saison sèche. Mais, les
autres fois, il nous est difficile de rassembler chaque 1000 Frs par jour. Mais
quand l'activité est intense, j'ai au moins 1500 Frs par
jours.
Cette activité nécessite un gros effort physique
puisqu'il faut utiliser tous les jours ses forces pour creuser. Elle est
essentiellement masculine. Les femmes quant à elles affluent dans le
commerce. Les produits vendus sont soit récoltés en bordure des
rivières, soit proviennent des zones périphériques de
Douala. D'autres femmes s'exercent dans la vente des `beignets, bouillie,
haricot' (BBH) chaque matin et chaque soir. D'autres encore étalent
devant leurs maisons des plateaux de cigarettes, des arachides. Aussi
l'élevage traditionnel est pratiqué (porcs, chèvres,
poules etc.)
Tableau 14 : répartition des individus
enquêtés par sexe selon les activités
exercées
Population
Activités
|
Transport
|
Vente
de sable
|
Commerce
|
Autres
|
Effectifs
|
Hommes
|
30
|
40
|
20
|
10
|
100
|
Femmes
|
0
|
03
|
80
|
17
|
100
|
Total
|
30
|
43
|
100
|
27
|
200
|
Pourcentage
|
15
|
21,5
|
50
|
13,5
|
100
|
Source : notre enquête sur le terrain
De ce tableau il ressort que les stratégies de survie
tels que le transport, la vente de sable sont essentiellement adoptés
par les hommes (30) soient (15%) contre (0%) des femmes. Par contre les femmes
sont plus enclines dans le petit commerce (80%). Ceci s'explique par le fait
que le transport par moto et la vente de sable et gravier nécessitent
beaucoup d'efforts physiques. Ce que les femmes, selon le chef de quartier de
Maképé Maturité, ne peuvent faire. Le petit commerce peut
être pratiqué même par les petits enfants. Il apparaît
dès lors que les individus des sites à risque vivent
essentiellement de petits commerces (50%)
Au terme de ce chapitre qui avait pour objectif de rendre
compte des conditions de vie des populations des sites à risque, les
résultats obtenus sont les suivants : les populations des sites
à risque vivent dans des taudis, utilisent des eaux polluées des
puits traditionnels. Les latrines utilisées par les acteurs sont des
fosses creusées à ciel ouvert ; les populations vivent dans
une promiscuité ambiante. L'usage combiné de l'eau de robinet et
l'eau de la rivière ou celle du puits pour combler les besoins insinue
une question de gestion de la qualité de l'eau et engendre des risques
sanitaires dans ces quartiers. Dans le cadre de survie et de la satisfaction
des besoins des ménages, les populations des sites à risque
développent des activités et des stratégies qui se
traduisent par les petits commerces, les métiers de transport, la vente
de sable, la pratique associative.
TROISIEME
PARTIE :
CHAPITREVI
DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE ET
SES IMPLICATIONS SUR L'ENVIRONNEMENT SOCIAL
Il existe une étroite
relation les conditions de vie des populations des sites à risque et ses
implications socio-économiques. Le phénomène ne peut plus
aujourd'hui être étudié du seul point de vue du
« rapport entre les objectifs stratégiques et les
résultats sur le théâtre des opérations. Son
analyse requiert d'évaluer l'ensemble des incidences qu'il peut
produire dans le temps et dans l'espace. » (R. BAUDOUI, 2003).
Pour évaluer et décrire les implications liées aux
conditions de vie des populations des sites à risque, nous nous sommes
appuyés sur les données secondaires et ensuite sur les
données empiriques. Les crises sanitaires font partie des premiers
risques encourus par la population. Ensuite, nous avons évalué
les implications sur la satisfaction des besoins de la famille notamment la
scolarisation des enfants, sur l'alimentation et sur la participation aux
activités associatives. Enfin les implications psychologiques ont
été évaluées. Toutes fois il est important de
montrer comment se construisent et se fabriquent les risques dans les sites
enquêtés.
VI-1-ORIGIINE ET NATURE DES RISQUESV-2-ORIGIINE ET NATURE DES RISQUES
VI-1-1- RISQUES NATURELS
P. TRONCHON (1991 :30)
déclarait que « le milieu naturel impose des contraintes
à l'aménagement du fait qu'un site présente
toujours des caractéristiques dépendants. »
Il identifie :
- La topographie et le relief (pourcentage des pentes,
existence des falaises ou ravins)
- L'évolution du paysage soit par des mouvements lents
de terrains (érosion) ou rapides (glissements, éboulements), soit
par dissolution (cavités karstiques)
- L'eau sous ses différentes aspects : eaux de
surfaces (zones inondables)
- La topographie des terrains qu'ils soient meubles ou
compacts, argileux ou calcaires.
- L'existence éventuelle du risque sismique ou
volcanique.
Les quartiers Maképé Missoké et
Maképé Maturité, comme tant d'autres quartiers de la ville
de Douala sont des sites à risque de part la potentialité, voir
l'éventualité des catastrophes naturels qui s'y produisent :
les pertes en vies humaines de suite de glissements de terrains et des
multiples inondations. Les phénomènes naturels parfois
difficilement prévisibles, peuvent avoir des conséquences
catastrophiques. Mais il faut ajouter les risques aggravés par
l'activité humaine.
VI-1-2- AGGRAVATION OU FABRICATION HUMAINE DES RISQUES
Par ses activités et
très souvent sans se rendre compte des conséquences, les
populations de Maképé Missoké et Maturité sont
à l'origine et même de transformation du milieu naturel. Si les
phénomènes naturels, même aggravés par
l'intervention de l'homme, ne sont pas toujours prévisibles,
l'activité humaine comporte de plus en plus d'agressions envers la
nature ainsi que les dangers véritables pour l'individu.
L'aggravation des risques par les populations se traduit
par :
- Les rejets d'eaux usées d'origine animale
(élevage de porcs) ou humaines (eaux domestiques)
déversées sur le site.
- Les rejets de matière non dégradable
favorisé par la présence des marchés non
contrôlés.
- Les rejets d'eau liquide ou résiduelle industrielle
traitée ou non (polluants minéraux ou organiques des
sociétés CICAM et GUINNESS à l'amont de la rivière
Ngoné.
- Les eaux de ruissellement entraînant les polluants
d'origines chimiques (détergeant).
En effet, les populations déversent dans la nature
(leur environnement) des déchets ordinaires provenant de la
préparation des aliments et du nettoiement normal des habitations :
débris de verre ou de vaisselle, cendres éteintes, feuilles,
chiffons, balayures et résidus divers. En outre, nous avons
observé certains déchets provenant des établissements
artisanaux, petits commerces, les encombrants de toute nature, les montres, les
châssis et autres ferrailles de vielles voitures, pneus usés. Les
maisons sont construites de façon chaotique.
Dans les marchés, les commerçants ne disposent
d'aucun endroit pour jeter les aliments invendus ou pourris. Les égouts
et l'évacuation des ordures ménagères sont très
insuffisants. Le plus souvent, ces commerçants versent les eaux
usées dans la rue et entassent les ordures devant les maisons, non par
négligence, mais parce que les services de base ne sont pas
assurés tel qu' affirme M. ALBERT, commerçant de vivre frais
rencontré dans le petit marché Maképé
Maturité.
Il n'y a pas de considération pour notre zone. Ce
qui fait que les populations ne se soucient pas aussi de leur environnement.
Nous avons la volonté de maintenir nos alentours propre et sains. Mais
que faire de ces déchets qui ne dépendent pas de nous
(déchets provenant des industries). En plus il arrive que les ordures
entassées fassent des mois et des mois ici sans que personne ne s'en
soucie. Alors vous voulez qu'on fasse quoi ?
La construction et l'aggravation des risques par la population
seraient donc une conséquence de la non prise en considération de
leur zone par les pouvoirs publics. Les populations vivent ainsi dans le milieu
naturel et le modifient pour satisfaire certains besoins essentiels. Cette
pratique accroît les dangers sur le plan social, économique et
psychologique.
VI-2- INCIDENCES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES
SITES A RISQUE
VI-2-1-IMPLICATIONS SANITAIRES
Les médecins perçoivent
bien en quoi l'afflux massif des populations démunies dans les
territoires exigus d'un camp accroît les risques de pollution et des
épidémies tels que le paludisme et le choléra.
VI-2-1-1- Les effets de la pollution
Les effets de la pollution de
l'air sur la santé sont mieux connus grâce aux études
menées essentiellement dans les pays développés
d'Amérique du Nord et d'Europe. Un certain nombre d'études ont
aussi été réalisé dans les grandes
métropoles et à Mexico. Par contre, les études
scientifiques réalisées dans les villes africaines sont
relativement rares et fragmentaires.
Dans les villes américaines, européennes et
asiatiques étudiées, les problèmes de santé
spécifiquement liés à la pollution de l'air par les rejets
des déchets toxiques d'origine naturelle et humaine sont faciles
à individualiser. La pollution industrielle interfère sur les
résultats des échantillonnages d'air ambiant. Mais ces ratios
sont peu applicables aux villes africaines comme Douala où la pollution
de l'air par des sources industrielles est très limitée. Quoique
la pollution industrielle soit présente, celle provenant des
activités domestiques (déchets, ordure, etc.) est dominante. Elle
constitue une source de maladie pour la population. L'impact des
marécages avec ces nuisances sur la santé des individus se
détermine par une augmentation de l'incidence d'un vaste spectre de
maladies allant des maladies respiratoires aux maladies de peau en passant par
l'aggravation des maladies cardio-vasculaires et les maladies allergiques. Les
marécages lâchent des gaz toxiques. C'est le cas du cours d'eau
qui traverse le long du quartier Maképé. Les eaux noirâtres
coulent péniblement sous le pont. Des odeurs nauséabondes
couvrent toute la zone. « Les populations y jettent toutes sortes
de particules et c'est aussi ici qu'on y déverse toutes les huiles
usagées recueillies dans les moteurs par les
mécaniciens. », explique M. BELLA. Il ajoute :
« Parfois, il est totalement impossible pour nous qui habitons le
coin de rester à l'extérieur de la maison tant l'air est
vicié et irrespirable. ». La double
pollution atmosphérique et de l'eau asphyxie les populations par temps
de pluie comme pendant la saison sèche. Selon l'Organisation Mondiale de
la santé (OMS) trois millions de personnes meurent chaque année
sous l'effet de la pollution atmosphérique, soit 5% des 55 millions de
décès annuels dans le monde.
Dans la zone de Maképé les risques de pollution
sont souvent visibles. Nous nous sommes entretenu avec M.CLOVIS infirmier
breveté d'Etat. Dans le centre qu'il dirige, il reçoit environ 50
malades par semaine dont 3% souffrent généralement de maladies
respiratoires tels que des pathologies aigues qui se manifestent par les
bronchites et beaucoup plus de cas d'asthme. On le remarque surtout chez les
enfants qui sont les plus sensibles. Pour le Dr ETOUNDI MBALLA,
« Il y a des pathologies des manifestations au niveau des yeux,
les conjonctivites, les irritations cutanées, des maladies digestives,
les diarrhées ». Ce sont des pathologies
fréquentes dans les sites polluées et qui apparaissent un, deux
ou trois jours après qu'on ait été en contact avec les
substances polluantes. Il note aussi le risque des pathologies chroniques comme
le cancer de poumon, du sang, digestifs ou de la peau, la toux.
VI-2-1-2- Montée du paludisme et
cholera
A Maképé, la
proximité ambiante et surtout les ordures ménagères et
eaux souillées qui côtoient les habitations expliquent la raison
pour laquelle les habitants sont régulièrement victimes du
paludisme. Nous avons interviewé Mme MACAIRE,
infirmière dans un centre de santé à
Maképé Maturité sur l'origine et la fréquence des
malades dans la zone. Selon celle-ci
Il arrive des moments où la majorité des
malades qui arrivent dans le centre de santé sont victimes du paludisme.
Surtout en saison sèche, nous croyons souvent à tort que la
défense de notre santé et notre environnement n'est pas de notre
ressort. Pourtant, les ordures qui nous entourent sont sources de nombreuses
maladies à l'instar du paludisme .
Elle ajoute :
Vous savez, le moustique n'aime pas le froid.
Pendant la saison sèche, au moins cinq des dix lits de notre petit
centre sont occupés par jour par les patients paludéens. Ce
sont généralement des enfants dont l'âge varie de 6 mois
à 17 ans.
Cette affirmation de Mme MACAIRE a été
confirmée par notre observation. Les enfants de moins de 05 ans sont
plus exposés au paludisme que les adultes à cause des
mécanismes de défense qui sont encore immatures et
particulièrement fragiles. Le paludisme devient comme un risque
permanent qui affecte les familles. Dans un ménage enquêté
au hasard et dont le chef de famille est (M. ELAN), même ci celui-ci
ignore l'origine du paludisme affirme cependant que
régulièrement, ses enfants attrapent des crises de paludisme et
ce de façon répétitive. « Par an, j'ai au
moins 3 enfants qui tombent malades. Mais je ne peux pas vous donner
l'origine. »
Le risque de paludisme est d'autant plus préoccupant
que selon le rapport de l'OMS 2006, un enfant meurt toutes les 30 secondes de
cette maladie. La zone de Maképé a été
identifiée selon le rapport de recherche sur le cholera à Douala
comme zone à risque, zone de développement de la maladie. Les
dynamiques économiques en zone insalubre constituent un risque pour la
population active et pour les consommateurs. Les risques ne sont pas simplement
perceptibles au niveau des acteurs économiques, mais aussi et surtout au
niveau des acteurs consommateurs (les clients qui viennent se ravitailler).
Les aliments vendus sont mal lavés et ce dans des eaux
souillées, exposés en même le sol. Cette pratique augmente
même le risque de contamination. Plusieurs cas de cholera ont
été signalé dans la zone de Maképé et les
causes sont les manques d'hygiène, la consommation des produits mal ou
non lavés. Selon les statistiques fournies par les centres
visités, sur 100 cas de choléra dans la ville de Douala, 10% de
cas proviennent de la zone de Maképé. Ce taux est d'autant plus
élevé lorsqu'on se rend compte que les sites de
Maképé Missoké et Maképé Maturité ne
sont pas les seules Zones à risque de Douala. La ville renferme de
nombreuses zones à risque (Mabanda, New Bell, Cité CICAM etc.)
les aliments vendus ne font l'objet d'aucun contrôle. Les acteurs
économiques ignorent les conséquences de leurs activités
non seulement sur eux-mêmes, mais aussi sur les populations qui
consomment leurs produits. Compte tenu de la difficulté à
« joindre les deux bouts » les commerçants ne
prennent pas en compte le danger qu'ils courent. Une commerçante,
(GISELE, Maképé Maturité), déclare :
Nous n'avons même pas de l'eau potable dans
notre zone. C'est Dieu qui protège le nègre. Donc, souffrez que
je vende mes produits à même le sol. Lorsque le client
achète, il les lave chez lui.
Il apparaît ici non seulement l'ignorance, mais aussi un
manque de responsabilité les commerçants jugent normales leurs
pratiquent dans un environnement pollué. L'Etat garant de la
sécurité alimentaire devrait prendre des dispositions pour un
environnement sain. Cette thèse confirme davantage la perception que les
individus ont de leur milieu telle que démontrée dans le chapitre
précédent. La tendance à décliner la
responsabilité du peuple actif a été soutenue par le chef
de quartier de Maképé maturité, M. BELLA, lorsqu'il
affirme : « Rien n'est fait par l'Etat pour
contrôler la qualité des aliments vendus ici. Nous avons
même déjà fait des appels pour les adductions d'eau, mais
jusqu'ici les actions sont moindres et nous continuons à
subir ». Cependant, il se révèle un paradoxe, si
l'Etat qui est le gouvernement selon la population intervient dans le
contrôle des marchés et des aliments, il y aura certainement une
exigence. Ce que les populations contestent car si elles ont choisi ces zones,
c'est pour fuir les exigences du gouvernement tels que les impôts, etc.
Serez-vous prêts à accepter une réglementation avec ses
exigences de vos activités ? Telle est la question posée
à un groupe de femmes buy and sellam. Même si elles
répondent par la négativité, elles pensent
néanmoins que le pouvoir public doit assurer sa fonction sans toutefois
leur nuire (Ne rien leur demander).
Vous croyez que l'Etat doit toujours investir pour
récolter ? Il n'a pas toujours besoin de demander quoi que ce soit
à la population. Nous sommes de petits commerçants. Si l'Etat ne
peut nous aider et prétendre une contrepartie, nous nous opposons.
(MICHEL, Maképé Maturité)
Sur le plan sanitaire, les zones marécageuses
constituent des risques pour les populations. Ces risques sont perceptibles
à travers différentes maladies dont sont
régulièrement victimes les habitants de Maképé
Missoké et de Maképé Maturité. Même si les
individus ignorent ces risques, ils reconnaissent néanmoins qu'ils en
sont de temps en temps victimes, constituant ainsi un lourd fardeau
économique. Dans le cas du paludisme, l'analyse des risques ne prend pas
simplement en compte le coût de traitement, mais aussi la perte
résultante de l'invalidité du malade. De prime abord, le
praticien indique que le traitement dépend des moyens. En principe,
soutient-il,
Le traitement du paludisme coûte cher pour les
populations démunies. Son coût dépend des modalités
de traitement. Les soins avec hospitalisations s'évaluent à
25 000 francs. Il faut noter que ce taux varie en fonction des structures
sanitaires. Sans hospitalisations, le coût de traitement s'évalue
entre 5 à 10 000 francs selon les cas.
Les conséquences du paludisme peuvent
générer des coûts économiques beaucoup plus
importants que ceux liés aux maladies cardio-vasculaires et les maladies
allergiques. La plupart des individus faute de pouvoir se soigner par les
moyens modernes se réfèrent à la médecine
traditionnelle. Les maladies liées à la pollution ont aussi un
coût, qui se décline des soins de santé, en
médicaments, en congés de maladies, en baisse de
productivité, en invalidité. Ce coût est souvent
supérieur au coût de la prévention.
VI-2-1-3- Populations et risque des
sinistres
C. COLLIN (1995) dit de la ville
qu'elle entraîne depuis toujours un cortège de
vulnérabilité. Lesquelles sont liées à la
difficulté de trouver une organisation cohérente entre le besoin
qu'ont éprouvé les hommes de se rassembler et les risques
constitués par l'entassement des populations dans des conditions
propices au développement des sinistres et des désordres. L'un
des risques dans les sites enquêtés est lié à la
construction traditionnelle en bois qui favorise les grands feux dans les
zones. Interviewé sur les problèmes quotidiens liés
à leurs conditions de vie, (NARCISSE, zone de Maképé
Missoké) affirme :
Il est difficile dans notre zone de passer un mois sans
sinistre. Notamment les feux des maisons. Au mois de décembre 2006, dans
notre petite zone, nous avons enregistré trois cas de feu dans le
quartier.
Les feux tirent leurs origines de l'utilisation des bougies
par les populations comme moyen d'éclairage. Plusieurs viennent à
oublier allumée les bougies pendant le sommeil. En outre l'utilisation
de feu de bois et certains branchements électriques expliquent ces feux.
Outre les feux qui se multiplient et prennent de plus en plus de l'ampleur, les
pertes en vies humaines sont enregistrées de suite de glissement de
terrain et des inondations. Les glissements de terrains sont dus non seulement
de la sensibilité de la zone, mais aussi du fait que les populations
creusent des pentes pour des constructions. Ce qui provoque
l'écoulement de certaines maisons. Les causes des inondations sont
diverses : de prime à bord, la ville de Douala est une zones
inondable car située en bordure de la mer. Dans le cas spécifique
des zones enquêtées, les populations participent à la
construction des risques en bouchant les canalisations d'eau par des
débris ménagers, etc. Les constructions anarchiques ne favorisent
pas la circulation des eaux de toitures. Ces inondations s'accompagnent des
grandes pertes matérielle et humaine. « J'ai vu
partir mes effets et toutes ma maison en 2005 sur les torrents
d'eau » (M. ALBERT, Maképé
Maturité). Le tableau ci-dessous présente les pertes humaines
enregistrées de 1998 à 2004.
Tableau 15 : évolution des pertes en vie
humaines de suite des inondations dans les zones
enquêtées
Sites
Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
total
|
Maképé
Missoké
|
4
|
6
|
2
|
0
|
4
|
2
|
2
|
20
|
Maképé Maturité
|
4
|
9
|
1
|
2
|
0
|
1
|
0
|
17
|
Total
|
8
|
15
|
3
|
2
|
4
|
3
|
2
|
37
|
Source : Document de travail communauté
urbaine de Douala (CUD)
De ce tableau il apparaît que de 1998 à 2004, il
a été enregistré dans la zone de Maképé
Missoké une vingtaine de décès de suite des inondations.
Dans la zone de Maképé Maturité, 17 cas de ces ont
été enregistrés. Au total 38 cas de décès de
1998 à 2004. La plupart des victimes sont des enfants. Une remarque est
faite à partir de ce tableau. Celle du nombre élevé de
décès enregistrés en 1999. Cette année
été marquée par de grandes pluies torrentielles. C'est
à partir de ces sinistres que le gouvernement a accentué le
processus de déguerpissement des populations à risque. Nous
n'avons pas eu des statistiques sur les implications des inondations de 2004
à 2006. La vie dans les sites à risque presente ainsi des
situations particulières. Les implications observées et
évaluées sur le plan sanitaire ont été aussi
observées sur la satisfaction des besoins de la famille.
VI-2-2- IMPLICATIONS SUR LA SATISFACTION DES BESOINS DE LA
FAMILLE
VI-2-2- 1- Les fonctions de
la famille
La famille exerce un certain
nombre de fonctions. Elle est le lieu par excellence des solidarités
entre producteurs et improductifs. Les anciens sont amenés à
trouver auprès des générations suivantes le soutien
nécessaire lorsqu'ils deviennent trop âgés pour travailler.
Cette solidarité se traduit par l'hébergement des parents
âgés, l'affectation des jeunes au ménage d'un ancien ou
l'envoi de subsistances. Elle constitue un lieu de refuge non seulement pour
les parents, mais aussi pour les enfants. La famille pour les populations des
sites à risque est un lieu où l'enfant s'épanouit jusqu'au
moment où à l'âge adulte, il fonde lui même un foyer.
Même étant mariés, certains enfants préfèrent
demeurer chez leurs parents avec leurs épouses et enfants. La famille
représente un abri sur où l'on exprime ses sentiments avec la
certitude d'être soutenu. La famille participe à la socialisation
des enfants, un soutien économique, un agent de protection et
d'assistance. La famille est ainsi un lieu incontournable dans la vie de chaque
individu. Elle est aussi organisée avec des rôles
spécifiques attribués à chaque membre comme la
société elle-même. Les familles telles qu'observées
dans les sites à risque ont des besoins dont la satisfaction
dépend de leurs conditions de vie.
VI-2-2-2- Besoins de la famille
Les besoins sont immenses dans les
familles rencontrées dans les sites à risque. Ces besoins vont de
la scolarisation des enfants à la satisfaction des besoins alimentaires
et communautaires. Pour des personnes interviewées sur leurs besoins
dans la famille, certaines ont fait part du besoin de scolarisation des
enfants. MICHELLE est une de ces personnes interviewées dans la zone de
Maképé Maturité et elle affirme :« Nos
enfants ont besoin d'aller à l'école. J'ai toute la
volonté d'envoyer les miens à l'école. Pour cela, il faut
que je me batte ardemment. »
La scolarisation des enfants est ainsi un besoin et un devoir
pour les parents qui doivent se battre pour offrir à leurs
progénitures une éducation adéquate. Une éducation
qu'ils n'ont pas eue. D'autres personnes rencontrées et
interviewées évoquent en plus de besoins de scolariser les
enfants, la satisfaction des besoins alimentaire, vestimentaire et
communautaire.
« Il faut que les enfants mangent, c'est notre
rôle de les nourrir en tant que parents. Il faut que nous parents, nous
mangeons aussi. C'est ce que nous avons besoin et nous nous battons tous les
ours pour cela. » (JULIEN, Maképé
Maturité)
« L'homme ne peut pas vivre sans manger, boire
et s'habiller. Nous éprouvons le besoin de nous vêtir même
si nous sommes démunis. Ce n'est pas facile, mais nous nous battons et
c'est tout. » (PASCAL, Maképé Missoké)
Que voulez-vous que je vous dise. Pour moi, seules
mes cotisations comptent. Si je pouvais avoir les moyens financiers importants,
je serai dans presque toutes les tontines. J'ai un souci de regroupement et de
participation aux activités communautaires. (FRANCIS,
Maképé Missoké)
De ces trois discours recueillis, il ressort que les besoins
des familles des sites à risque varient en fonction des familles et des
individus. Pour certains, ce qui compte c'est le besoin alimentaire car ce
besoin « est vital ». D'autres mettent plus
l'accent sur les vêtements pour ne pas « souvent laisser
trop voir leur souffrance. » Comme affirme Michelle, d'autres
encore sont animés par le désir de participer aux
activités communautaires et la scolarisation de leurs
progénitures. Leurs conditions et de vie et leurs activités
telles que révélées dans le chapitre deux, leur
permettent-elles de satisfaite ces besoins ?
VI-2-2-3- Conditions de vie des populations des sites
à risque et implications sur la scolarisation des enfants
L'école ne connaît
pas un meilleur sort dans les structures familiales. Faute de pouvoir
scolariser correctement leurs progénitures, les populations
révisent leur choix d'investissement. Cela se traduit par une baisse de
la fréquentation des écoles et particulièrement, une sous
scolarisation des filles. L'analyse des implications sur la scolarisation des
enfants à été motivée par le fait que les individus
ont affirmé que leurs activités leurs permettaient de
répondre aux besoins des enfants. Nous désirons comprendre ce
degré de scolarisation dans les ménages.
VI-2-2-3-1- Scolarisation des filles
Pour les populations
enquêtées, les filles sont reconduites vers le petit commerce au
détriment de l'école. Elles doivent déjà comme
affirme M. ZEBAZE « apprendre à être responsable
puisque l'école ne pourra leur servir à quelque
chose. ». Les conditions de vie des populations leur donnent une
autre vision de l'école et surtout celle des filles. En effet,
l'école pour les filles ne pourra servir à quelque chose d'autant
plus que celles-ci sont appelées à se marier plus tard. Alors il
faut leur apprendre à se débrouiller et à faire face
à certaines difficultés qu'elles pourront rencontrer plus tard
dans les ménages, surtout si leurs maris sont invalides. La
priorité de l'instruction scolaire est accordée au genre masculin
même si celui-ci ne connaît pas aussi un succès. Le tableau
ci-dessous présente le taux de scolarisation des filles dans les
ménages à Maképé Missoké tel que
observé et enquêté.
Tableau 16 : scolarisation des filles selon le
site
Zone
Scolarisation
des filles
|
Effectif des filles
|
Filles en ages es scolaires
|
Filles scolarisées
|
Maképé Missoké
|
45
|
42
|
08
|
Maképé Maturité
|
55
|
38
|
17
|
Total
|
100
|
80
|
25
|
Pourcentage
|
100
|
80
|
31,25
|
Source : Notre enquête sur le terrain
Sur 100 filles recensées dans les ménages des
deux sites enquêtés, 80% sont en âges scolaires (entre 7-14
ans), seules 31,25% vont à l'école. Les filles qui vont à
l'école ont été recensées plus dans les
ménages où les parents ont un niveau d'instruction
élevé. L'instruction est donc une caractéristique qui a
servi dans la compréhension de cette sous scolarisation des filles dans
les sites à risque.
Sur 25 filles scolarisées, 20 sont issues des
ménages dont les parents ont au moins un niveau secondaire et 5 filles
issues des ménages dont les parents ont un niveau primaire. Nous pouvons
donc conclure que la pauvreté n'est pas la seule raison qui justifie la
baisse des effectifs des effectifs des filles scolarisées dans les
ménages. Cette baisse s'explique aussi par le niveau d'instruction des
parents dans les ménages. La plupart des parents enquêtés
sont analphabètes et cet analphabétisme leur donne une perception
négative de l'école, surtout celle des filles. Les parents qui
ont fréquenté scolarisent mieux leurs filles. Mais ceux qui n'ont
pas fréquenté pensent que la fille doit être
éduquée dans le sens du mariage. C'est le sens de cette
affirmation de (M. HENRI Maképé Missoké)
La fille va où avec l'école. Le
mariage l'attend plus tard. Il faut l'initier des maintenant car elle doit
apprendre à être responsable. C'est même ici en ville que je
vois les jeunes filles aller plus loin avec l'école. Au village, on ne
fréquente pas beaucoup. J'ai une fille de 16ans chez moi. Apres son CEP
(Certificat d'Etude Primaire), j'ai tenu à ce qu'elle apprenne à
faire le commerce comme sa maman. C'est elle qui nourrira son mari et sa
progéniture.
Les filles ici pour les personnes non instruites doivent
être conduites dans le sens du mariage. Qu'en est-il de la scolarisation
des garçons ?
VI-2-2-3-1- Scolarisation des garçons
Dans les ménages
enquêtés, les garçons ont le privilège d'une longue
carrière scolaire. Mais les conditions démunies des populations
telles que observées ne leur permettent pas de satisfaire ce
désir. L'éducation des garçons prend de plus en plus de
recul dans les ménages malgré la priorité qu'on leur
accorde au détriment des filles. Les populations affirment avoir de
sérieux problèmes, des difficultés financières pour
pouvoir scolariser effectivement leurs enfants.
Tableau 17 : scolarisation des garçons
selon les sites enquêtés
Scolarisation des
garçons
Zone
|
Effectif des garçons
|
garçons en
âges scolaires
|
garçons scolarisés
|
Maképé Missoké
|
62
|
46
|
12
|
Maképé Maturité
|
58
|
54
|
33
|
Total
|
120
|
100
|
45
|
Pourcentage
|
100
|
83,3
|
45
|
Source : Notre enquête sur le terrain
De ce tableau, il ressort que sur 120 garçons
recensés dans les deux sites de recherche, 100 soit (83,3%) ont l'age
d'aller à l'école. 45 soit (45%) sont effectivement
scolarisés. La plupart des garçons sont dirigés vers les
formations pratiques comme la menuiserie, la mécanique automobile.
D'autres encore sont dirigés vers le transport par moto malgré
parfois leurs adolescences M. ARMAND commerçant dans la zone de
Maképé Maturité affirme :
C'est vrai que les garçons sont les futurs
leaders dans les ménages, et c'est même eux qui prendront la
relève dans les familles. Nous voulons bien leur donner une meilleure
éducation. Mais que voulez-vous qu'on fasse. Nous n'avons pas de revenu
suffisant pour leur école. Le peu que nous avons ne nous permet
même pas déjà de faire face aux multiples besoins qui sont
les nôtres. Nous sommes obligés de les conduire vers les centres
de formations pratiques pour que très vite, ils puissent contribuer aux
revenus du ménage.
Les conditions de vie des populations ainsi modifient les
rôles des enfants dans les ménages. Les enfants sont
utilisés en vue de la multiplication des revenus. Ce qui modifie aussi
leur vie scolaire. Mais comme chez les filles, plus les parents sont instruits,
plus les garçons ont de la chance de faire de longues études. Les
conditions de vie des populations ont donc des incidences sur la scolarisation
des enfants. Cette incidence est aussi observée dans l'alimentation au
sein des ménages.
VI-2-3-CONDITIONS DE VIE DES POPULATIONS DES SITES A RISQUE ET
IMPLICATIONS ALIMENTAIRES
S`il est une dimension
économique que les conditions de vie des populations des sites à
risque modifient, c'est celle de l'alimentation. Outre l'augmentation de la
fraction budgétaire qui est consacrée à l'alimentation, on
assiste à un repli sur le minimum vital se traduisant par une
réduction à la fois qualitative et quantitative du nombre de
repas par jour. Lorsqu'il était demandé aux populations combien
de repas elles prennent par jour, près de 90% ont répondu une
fois par jour. Les ménages ont réduit le nombre de repas. Tous
ont ajusté leur part alimentaire. La pluriactivité, la mise au
travail quasiment de tout la famille, et le recours à des
activités de tâcherons semblent devenus le point commun de toute
la population des sites à risque. Pour maximiser ses revenus, elle est
contrainte d'avoir plusieurs occupations, ce qui se traduit par une aggravation
de leurs conditions de vie et de santé.
Les raisons d'ajustement du nombre de repas journaliers ne
relèvent plus alors seulement de la pauvreté. En effet les
membres des ménages sortent chaque matin et ne reviennent que le soir.
La mise au travail des membres de la structure fait que tout le monde laisse la
maison très tôt le matin. Personne ne peut assurer la cuisine. Les
enfants se débrouillent tant bien que mal pour se nourrir. Les moyens
les plus récurrents pour y parvenir sont comme l'affirme M.
BELLA : « les visites inopinées dans
d'autres maisons où ils quémandent à manger et
à boire. » Le seul repas a lieu le soir après le
retour des activités. La réduction du nombre de repas journalier
dépend de la taille des ménages. Les modifications qui
interviennent sur la qualité et la quantité du repas touchent
plus les ménages de grande taille. Certains parents viennent parfois
à se priver de nourriture pour nourrir en priorité les enfants.
Parfois les enfants fouillent dans les poubelles pour manger.
VI-2-4- IMPLICATIONS DES CONDITIONS DE VIE DES POPULATIONS DES
ZONES A RISQUE SUR LEUR INTEGRATION AUX ACTIVITES ASSOCIATIVES
Les implications sur
l'intégration des populations aux activités ont été
saisies en demandant aux interviewés si leurs conditions de vie leur
permettent de participer de manière régulière aux tontines
et associations ?
De manière générale et après
analyse, les personnes interviewées ne sont pas régulières
dans leurs cotisations. Il est difficile affirme Mme MONTE (Responsable d'une
association à Maképé Maturité) que tous les
individus cotisent chaque fois. Elle ajoute :
Les membres de nos tontines ont de sérieuses
difficultés dans leurs ménages. Raisons pour laquelle
ils ne peuvent toujours avoir de l'argent pour cotiser. Certaines personnes
sont animées dès le départ pour cotiser, mais avec le
temps, ils se rendent comptent qu'ils sont limités.
Ce manque de régularité dans la cotisation
amène certains groupes à se dissoudre. De nombreux conflits
naissent, les individus se dispersent, la gestion devient difficile.
« Parfois même, nous commençons une
association ou une tontine avec des meilleures idées. Mais il est rare
qu'elle s'achève c'est-à-dire qu'elle aille jusqu'au bout. Ceci
parce tel ou tel n'a pas pu cotiser. Alors, on arrête. Ce qui
créer un conflit d'autant plus que tout le monde n'aurait pas encore
ramassé. » (ARMAND, Maképé
Maturité)
La participation au contribution et cotisation du groupe n'est
pas effective de la part des populations des sites à risque. Cependant
leur état dans leur milieu crée en eux une charge
psychologique.
VI-2-5- CONDITIONS DE VIE DES POPULATIONS DES
SITES À RISQUE ET IMPLICATIONS PSYCHOLOGIQUES
Dans la revue des livres et
chroniques, (R. WARAH, 2003) dans son article
étudiant sur les populations des bidonvilles pense que ces
dernières ne risquent pas seulement d'être victimes des maladies
d'origine hydrique. Elle évoque aussi la vie dans les bidonvilles comme
un énorme fardeau social et psychologique sur les résidents. Ce
fardeau engendre souvent l'éclatement des familles et l'exclusion
sociale, des violences intrafamiliales dus à soit l'inactivité de
l'homme ou celle de la femme. Laquelle activité doit
générer des finances pour la survie des ménages, pour
répondre aux besoins social et économique dans les
ménages. Bien que l'on pense communément que les bidonvilles sont
un terreau de la délinquance, le rapport montre que les habitants des
taudis sont plus souvent victimes qu'auteurs d'infractions.
Dans le cas des populations des sites de notre enquête,
les individus font face tous les jours aux menaces d'expulsion et de
déguerpissement. La plupart des habitants sont victimes de nombreuses
escroqueries de la part des personnes qui leurs vendent des terres ne leur
appartenant pas. En outre, le pouvoir public par moment est animé par le
désir de doter la zone d'infrastructures routières, ce qui ne va
pas sans conséquence pour ces populations qui construisent de
manière anarchique. Sans plan d'urbanisation, sans permis de
bâtir, etc. En 1990, l'Etat avait même déclaré la
zone de Maképé Maturité un site pétrolier. Mais en
fait l'Etat voulait juste « faire partir la population qui de
plus en plus devenait nombreuse dans cette zone jugée zone à
risque. » AMOS (dans la zone de
Maképé Maturité depuis une trentaine d'année)
Il ajoute :
Mais les populations ont résisté,
certaines sont néanmoins parties. Depuis ce temps jusqu'à
présent, il est difficile de voir quelqu'un investir dans cette zone car
psychologiquement, personne n'est à l'aise. On a toujours peur qu'un
jour, l'Etat viendra et nous demandera de partir comme cela se passe dans
d'autres quartiers de Douala ou même de Yaoundé. (AMOS,
Maképé Maturité)
Quoique les sites à risque présentent des
avantages pour les habitants, ils demeurent néanmoins un lourd fardeau
social, économique et psychologique. Ils présentent des
situations particulières. Même si ces environnements insalubres et
surpeuplés peuvent donner naissance à de nouveau mouvements
culturels et renforcer la solidarité entre les classes pauvres et
moyennes, il n'en demeure pas moins qu'ils présentent des risques
énormes pour ses habitants. Les activités exercées par les
populations quoi que aident à survivre ne leur permettent pas de mieux
scolariser leur progéniture. La plupart des dépenses sont
orientées vers les réparations, des dommages causés par
des inondations et des sinistres de toute nature. Toutefois pour
« contrarier » les risques, des actions sont souvent
initiées par les populations. Ces actions sont d'ordre individuel et
collectif.
VI-5-STRATEGIES DE GESTION DES RISQUES PAR LES
POPULATIONS
Dans le but de
réduire le risque, les populations définissent des
stratégies qui vont de l'action individuelle à l'action
collective
VI-5-1- ACTIONS NDIVIDUELLES
Sur le plan individuel, la gestion
des risques dépend de la perception que l'individu a de ces risques. Les
individus qui n'ont pas une grande considération du danger lié
à leur environnement ne sont pas motivés par le désir de
réduire le risque. Pour eux, le risque est mineur et il n'est pas
important « de faire quoi que ce soit ». Ainsi,
pour cette catégorie de personnes, balayer la cour, la maison est
insuffisant. Une femme rencontrée dans un ménage à
Maképé maturité (Mme MONIQUE, vendeuse de
beignet Maképé Maturité) affirme :
Il n y a pas de risque ici et vous voulez que je
dise quoi ? S'il y avait un risque, je trouverai un moyen de le
gérer selon les ressources que j'ai. Pour l'instant, je m'occupe de la
propreté de ma maison et des alentours que je balaye et que j'entretien
chaque fois comme dans toute maison
.
De cette affirmation, la gestion des risques consiste donc
à balayer la cour et la maison chaque jour car c'est une pratique
commune à tous les ménages ; même où le risque
n'existe même pas.
Par contre, ceux qui perçoivent leur site comme
à risque, (particulièrement ceux qui ont une bonne instruction)
individuellement mettent tout en jeux pour minimiser les risques. Pendant la
saison pluvieuse, et étant donné les inondations dans les
maisons, les lits sont suspendus sur la toiture. Après la fin de la
pluie et après évacuation des eaux, ils les redescendent. Pour
minimiser les risques de pollution, chaque individu creuse autour de sa maison
des rigoles qui laissent traverser les déchets. Mais ces rigoles
généralement se remplissent dès la première pluie
ou même juste quelques jours après. Ceci parce qu'elles ne sont
pas faites de façon à faciliter l'évacuation. Pour
contrarier les risques sanitaires, les moustiquaires sont utilisées par
certaines personnes. Mais le risque reste puisqu'en journée, les
moustiques sont présents. L'action individuelle trouve ainsi ses limites
comme affirme le chef de quartier de Maképé Maturité, M.
BELLA :
Les mesures que prennent mes populations
individuellement pour gérer les dangers sont insuffisants et même
inefficaces. Elles n'ont ni moyens matériels, ni moyens financiers, ni
moyens intellectuels. Elles se contentent des mesures traditionnelles qui
produisent elles-mêmes des risques plus qu'elles ne
gèrent.
Les actions individuelles dans la gestion des risques trouvent
leurs limites par le manque de moyens matériel et financier. Les risques
sont grands, mais les moyens disponibles pour les gérer sont
insuffisants. Pour pallier à cette situation, la population a
engendré des actions collectives qui vont de la formation en association
et des ONG de lutte contre la pollution et l'insalubrité.
VI-5-2- ACTIONS COLLECTIVES
Compte tenu de l'ignorance, de
l'incivisme et du non respect des lois et réglementations des
populations en matière de construction et de propriété,
les individus se constituent en police de l'environnement. Police de
l'environnement de proximité qui se changera entre autres de l'aspect
organisation et juridique des espaces habités conformément aux
textes et lois en vigueur. En outres, diverses associations et ONG sont
crées dans les sites enquêtées dont le but principal est la
gestion des risques. Les plus en vue sont l'ASMA à Maképé
Maturité et l'ASSIC à Maképé Missoké. Ces
associations obéissent à une structure bien
déterminée :
Un président qui est un conseiller municipal
Un conseiller des travaux qui est le chef de quartier
Un directeur des travaux qui est un membre influent de la
zone
Les contrôleurs des travaux et les membres simples
Dans chaque bloc, le comité installe un autre
comité de suivi d'hygiène et de salubrité. Ce
comité est chargé de contrôler et surveiller la
propreté dans chaque bloc. En outre, il recense les points d'ombre qui
nécessitent des travaux particuliers et les soumettent au comité
exécutif.
Ces associations ont aussi un but éducatif. Elles
apprennent aux populations à creuser les latrines loin des puits et de
les couvrir. Des séances de formation et de sensibilisation sont souvent
organisées à ce sujet. Pour pallier au risque de cholera, ces
associations et ONG formulent des projets qu'ils soumettent soit aux pouvoirs
publics, soit aux bailleurs de fond pour une réalisation. Les deux
forages et une borne fontaine présente dans la zone de
Maképé Maturité témoignent du dynamisme de ces
associations.
Un autre aspect de l'action collective est l'effet des membres
des associations à diriger les eaux stagnantes entre les habitations
vers la rivière Ngoné par des canalisations et des drainages.
Avec le concours de la population, ils remplissent des sacs de sable qu'ils
mettent dans le bas fonds des rivières et certains coins sensibles pour
éviter le risque d'érosion. Ils créent aussi des pistes
entre les maisons, aménageant les abords des rivières. L'action
collective s'avère ainsi être efficace au vu du
« succès » qu'elle connaît. Mais beaucoup de
problèmes se posent qui constituent des freins à cette action.
L'on a souvent affirmé et avec raison que tout médaille a son
revers. En d'autres termes, toute chose quelque soit sa positivité
possède un certain nombre d'éléments susceptibles
d'entraver cette positivité. Pour connaître les difficultés
qui freinent les actions menées par les associations, nous avons
rencontré les membres dans un entretien libre, entretien au cours duquel
ils nous ont fait part de leurs difficultés. Entre autres, ils ont mis
un accent particulier sur ceux d'ordre matériel.
- Ils ne disposent d'aucun moyen financier de base et d'aucune
structure d'encadrement, de sensibilisation. Les membres de l'équipe
sont tous des volontaires qui puisent parfois des fonds personnels pour mener
à bien les travaux qu'ils se sont assignés.
- L'accès dans certains coins est difficile à
cause des constructions anarchiques
- Le matériel utilisé pour creuser les rigoles,
défricher les abords des rivières est d'une vétusté
sans pareille et même insuffisant. Ce matériel est à 90% de
cas inadapté. HENRI (membre de l'ASMA) affirme :
Nous sommes parfois obligés d'arrêter
les travaux à cause de l'absence du matériel. Avant lorsque la
mairie s'occupait un peu de nous, nous menions nos actions au moins deux fois
par mois parce que nous étions motivés. Mais aujourd'hui, nous
n'avons presque plus de matériel de travail. Le peu que nous
détenons ne permet pas à tous les membres de travailler si bien
qu'il est difficile pour nous de mener nos actions ne serait-ce qu'une fois par
mois. (HENRI, Maképé Missoké)
Le manque de matériel entraîne une lenteur dans
la gestion des risques par la population. Les conditions dictées par les
moyens matériels ont un impact sur le moral des populations. Parlant
justement des populations, celles-ci constituent aussi un frein à
l'action collective. Toute association s'adresse d'abord à un groupe
d'hommes. Ces hommes sont les supports dynamiques et dynamisants de l'action
à entreprendre. A chaque type de groupe correspondra une certaine
réponse aux sollicitations. La réponse peut être positive
ou négative. Malgré la « positivité »
de ces associations, il apparaît toujours au sein du groupe un certain
nombre de réactions incompatibles avec les buts visés. On ne peut
pas cependant parler de rejet radical.
Dans le cas des populations des zones enquêtées,
les hommes n'adhèrent pas massivement à ces associations. C'est
le refus, un rejet de leur part. Certaines personnes nous ont fait
connaître qu'ils ne comprennent pas la raison d'être de ces
associations de gestion des risques. Ils expliquent leurs positions en mettant
en exergue le fait que malgré leurs actions, rien ne change dans leur
milieu. En outre, ils ont peur de voir détruire un de leurs biens sous
prétexte de l'hygiène et salubrité. C'est le sens de cette
affirmation d'un habitant de Maképé Maturé, M.
ALBERT : « Ces associations là ne sont pas du tout
bien. L'année dernière, elles ont détruits ma cuisine et
une partie de ma maison sous prétexte qu'elles empêchent le
passage d'eau. Il en est de même de plusieurs autres habitations. Et vous
voulez que j'adhère à cette folie ? ».
L'action collective dans la gestion des risques en tant que folie
éprouve des difficultés qui limitent ses actions. Les membres qui
s'activent dans ces initiatives sont ceux qui ont longtemps été
sensibilisés ou ceux qui ont un niveau d'instruction
élevé.
Au terme de ce chapitre, les dynamiques
socio-économiques en milieu à risque produisent des effets
incertains. Des effets qui se traduisent par la montée des maladies
microbiennes, des pathologies aiguës, des sinistres et des crises
psychologiques. Ces risques ont des effets sur la scolarisation des enfants sur
la qualité et la quantité, le nombre de repas journalier. Les
stratégies de gestion des risques trouvent toutes leurs limites face
à une population analphabète et sans éducation en
matière d'insalubrité.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Trois chapitres ont constitué cette partie : le
premier traitant d'abord des mobiles des dynamiques socio-économiques en
milieu à risque. Les acteurs dynamiques des sites de
Maképé Missoké et maturité expliquent leur
présence dans ces zones comme résultant des liens qui se nouent
dans les mariages obligeant certains à rejoindre soit leurs femmes, soit
leurs maris. En outre la fréquentation des zones à risque est
surtout la conséquence de la pauvreté des enquêtés,
de leurs faibles revenus et la difficulté de logement. Les individus
luttent pour s'affirmer, dominer. Ils sont à la quête du mieux
être et d'une intégration économique. Ensuite analyser les
représentations sociales des risques. Il apparaît d'une
manière générale que les populations ont une perception
positive de leur milieu. Elles n'assimilent pas leur milieu à un danger.
Mais certaines variables ont permis de comprendre de manière
spécifique la différence dans la perception sur l'environnement
immédiat. L'instruction est le principal déterminant de la
perception négative de l'environnement immédiat. Les individus
instruits assimilent leur milieu à un danger. Ceci s'explique par le
fait qu'une perception des dangers dans un milieu dépend largement de la
compréhension de leur processus, laquelle est redevable d'un minimum
d'instruction. Les individus qui ont mis long dans les sites ne
perçoivent pas à priori les risques comme un danger. Plus les
individus expérimentent un cadre de vie insalubre, mieux ils s'y
habituent et ignorent les dangers. Sous l'effet de la crise économique,
les individus ravalent la prétendue urgence des problèmes
liés à l'environnement immédiat au rang de l'accessoire.
La désappropriation du cadre de vie par les populations au profit du
pouvoir apparaît à la fois comme une transaction mentale et une
stratégie en ce temps de crise.
Le second chapitre a traité des conditions de vie de
ces populations et les stratégies de survie. Il apparaît que les
populations vivent dans des conditions déplorables. Certains
ménages sont partagés par plus de dix personnes, les maisons sont
pour la plupart en carabottes et les bois utilisés ne sont pas au
préalable traités, les puits non traités sont les
principales sources de ravitaillement en eau. Pour survivre, ces populations
développent des stratégies diverses qui se traduisent par la
pratique associative, le métier de motos taxi, la vente de sable, le
petit commerce et l'élevage.
Le troisième chapitre quand à lui a permis
d'analyser l'émergence des risques comme provenant à la fois
de la nature et de la fabrication humaine. En outre les dynamiques
socio-économiques dans les sites à risques produisent des effets
négatifs tant sur le plan social économique que psychologique.
Pour « contrarier » les risques, des actions sont souvent
initiées par les populations. Ces actions sont d'ordre individuel et
collectif, mais trouvent toutes leurs limites face à une population
analphabète et sans éducation en matière
d'insalubrité, ce qui renforce davantage les incidences dans les
ménages.
RECOMMANDATIONS
La désappropriation du cadre de vie par les populations
au profit du pouvoir a un impact doublement négatif sur la
viabilité de celui-ci. D'une part, les populations en percevant les
pouvoirs publics comme les responsables de la protection de ce cadre de vie
s'émancipent des attitudes et des comportements qui étaient
jusque-là garants d'une salubrité du cadre de vie. D'autre part,
les pouvoirs publics, pris dans l'étau des difficultés
économiques et partisans d'un moins d'état, ne peuvent pas
matériellement prendre en charge la gestion du cadre de vie. Il en
résulte un vide dans la gestion du cadre de vie. Un vide qui non
seulement génère les problèmes humains, mais aussi urbains
maximisant les risques au sein de cet espace urbain. La solution aux
problèmes de recours aux sites à risque est probablement dans une
réappropriation du cadre de vie par la population. Mais pour donner
à cette réappropriation toutes chances de succès, les
pouvoirs publics sont triplement interpellés. Ils doivent d'abord
améliorer les conditions de vie des populations pour que celles-ci ne
soient pas prises dans l'impitoyable logique des impératifs à
court terme. L'amélioration des habitations et des services
associés, l'amélioration et l'éradication des sites
à risque ne peuvent résoudre le problème. Ces solutions ne
tiennent pas compte des causes fondamentales dont l'une des principales est la
pauvreté matérielle et financière. Il est important
d'examiner la question des moyens d'existence des habitants des taudis et des
pauvres en général et d'aller au-delà des approches
traditionnelles qui ont tendance à se concentrer sur
l'amélioration des habitations, de l'infrastructure et des conditions de
l'environnement physique. Cela signifie donc soutenir le développement
des activités informelles urbaines, liant la construction des logements
sociaux à la génération des revenus. Assurer un
accès facile aux emplois en mettant des moyens à la disposition
des pauvres et des politiques pour les sites des établissements des
groupes à faible revenu. Comme deuxième interpellation, les
pouvoirs publics doivent initier des campagnes de sensibilisation et
d'éducation des populations sur la salubrité du cadre de vie et
bien-être de la population. Enfin, ils doivent participer à une
co-gestion du cadre de vie, il faut une éthique de l'environnement
dès lors veiller à l'application des règlements en
matière de traitement des déchets industriels et d'implantation
des industries. Une volonté politique est donc à la base de toute
gestion du cadre de vie. Toutefois, les habitants eux-mêmes doivent
être des acteurs majeurs de ces initiatives et actions à travers
une approche participative.
Au niveau des zones rurales, l'état doit
développer des stratégies de développement, notamment les
réalisations des projets capables de retenir les migrations urbaines.
Renforcer les initiatives paysannes par des subventions dans les domaines
agricoles, de la pêche, de la chasse etc.
CONCLUSION GENERALE
La recherche effectuée sur
les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de
Maképé Missoké et Maképé Maturité est
née d'un constat général. Malgré la
sensibilité, l'insalubrité et des interdictions des zones
marécageuses, les individus s'y déploient massivement et y
exercent des activités diverses. Ce qui a des implications sur
l'environnement social. L'objectif de cette recherche a été
dès le départ de mettre en exergue le rapport entre les
dynamiques socio-économiques, les sites à risque pour analyser
ses implications. De manière plus spécifique comprendre et
expliquer les mobiles des dynamiques socio- économiques dans les sites
à risque, décrire et évaluer les conditions de vie de ces
populations, les perceptions qu'elles ont de leur environnement immédiat
et enfin analyser les implications liées aux dynamiques
socio-économiques dans les sites à risque. La question centrale
qui a soutenu l'étude a été : comment comprendre et
expliquer les dynamiques socio-économiques dans les sites à
risque et ses incidences sur l'environnement social ? Le désir de
répondre à cette question a poussé à la formulation
de l'hypothèse suivante : les populations se déploient de
plus en plus dans les sites à risque pour des buts de nature
socio-économique, ouvrant ainsi des potentialités au
déploiement des crises sanitaires.
Cette hypothèse générale a
été opérationnalisée en quatre hypothèses
secondaires à savoir :
H1- En dépit des crises de logement à
Douala, et de la difficulté d'intégration
socio-économique des acteurs démunis dans une ville en pleine
expansion, ceux-ci font recours aux sites à risque comme lieux
d'habitation et d'expression économique.
H2- la perception que les acteurs ont de leur
environnement immédiat dépend de leur niveau d'instruction, de
leur durée de résidence dans le quartier, de leur sexe. Certains
ont une perception positive de leur milieu, d'autres perçoivent
négativement leur milieu mais minimisent les risques.
H3, les populations des sites à risque vivent
dans des conditions déplorables et survivent grâces aux
activités informelles.
H4- les dynamiques socio-économiques dans les
sites à risque produisent des effets négatifs sur la santé
des acteurs et sur la satisfaction des besoins des ménages.
Pour vérifier ces hypothèses, l'observation
documentaire et les investigations ont été retenues. Dans
l'observation documentaire, il s'est agi de faire une connaissance sur le sujet
et préparer les enquêtes de terrain. Pour parvenir aux
résultats, les techniques d'entretien (guide d'entretien semi directif)
et de sondage (questionnaire semi-ouvert) ont été retenues.
L'étude s'est appuyée sur les théories des risques,, de
l'action sociale et de la dynamique sociale.
Les résultats obtenus après l'analyse montrent
la fiabilité et la pertinence des hypothèses car collant à
la réalité du terrain. La première hypothèse a
été vérifiée à la deuxième partie,
plus particulièrement au chapitre quatre. En effet les dynamiques
socio-économiques dans les sites à risque d'une part s'expliquent
par la crise de logement à Douala, d'autre part du caractère
inégal des populations urbaines dont les plus pauvres et démunies
recherchent des sites d'abri correspondant à leurs revenus. La crise de
logement est due à une forte croissance de la population de la ville de
Douala. Laquelle ne s'accompagne généralement pas
d'infrastructures adéquates. La pression démographique est
beaucoup plus forte et les capacités d'accueil des couches
démunies bien plus faibles. La forte variation des prix fonciers selon
la situation des terrains à bâtir par rapport au centre ville, la
tendance lourde à une consommation accrue d'espace par habitant provoque
des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque. Ici les
logements sont favorables aux couches démunies. L'installation de la
population migrante dans ces sites est une conséquence de la
difficulté qu'elle rencontre quant à leur intégration dans
le territoire et l'économie urbains. Si certains sont arrivés
sous l'influence d'un proche ou d'un ami, il demeure que le recours aux sites
à risque trouve en général son explication dans le
caractère pauvre de la population. Les revenus faibles ne leur offrent
aucune possibilité de s`installer ailleurs que dans ces zones. Ces
derniers sont des lieux de refuge pour des couches sociales démunies,
lesquelles vivent en toute insouciance dans ces milieux parce que ne pouvant
pas faire autrement dans un environnement où le coût de la vie est
de plus en plus élevé. En outre, un environnement où
l'accès au minimum vital est devenu un luxe pour la masse laborieuse.
Les caractéristiques montrent que ces populations sont
constituées en majorité des jeunes (25-35 ans), venant
essentiellement des zones rurales à la recherche d'un mieux être.
En outre, ce sont des individus dont le niveau d'éducation est bas
(23,5% des illettrés, 48% des personnes ayant fréquenté
sans atteindre le niveau secondaire). Ces acteurs sont issus des couches
sociales démunies et pauvres et dont le revenu moyen par mois et par
ménage s'élève à 20 000 FCFA.
La deuxième hypothèse a été
confirmée toujours au chapitre quatre. De manière
générale, les populations ont une perception positive de leur
milieu. Elles n'assimilent pas leur milieu à un danger. Mais certaines
variables ont permis de comprendre de manière spécifique la
différence dans la perception sur l'environnement immédiat.
L'instruction est le principal déterminant de la perception
négative de l'environnement immédiat. Les individus instruits
assimilent leur milieu à un danger. Ceci s'explique par le fait qu'une
perception des dangers dans un milieu dépend largement de la
compréhension de leur processus, laquelle est redevable d'un minimum
d'instruction. Les individus qui ont mis long dans les sites ne
perçoivent pas à priori les risques comme un danger. Plus les
individus expérimentent un cadre de vie insalubre, mieux ils s'y
habituent et ignorent les dangers. Sous l'effet de la crise économique,
les individus ravalent la prétendue urgence des problèmes
liés à l'environnement immédiat au rang de l'accessoire.
On assiste à l'émergence des perceptions qui ne s'ajuste que par
rapport à l'économique. La désappropriation du cadre de
vie par les populations au profit du pouvoir apparaît à la fois
comme une transaction mentale et une stratégie en ce temps de crise.
L'illustration en a été donnée par les types d'analyses
appliqués. En effet, dans l'esprit des personnes interrogées, la
protection du cadre de vie incombe au pouvoir public. Cette
désappropriation qui se lit à travers la gestion de ce même
cadre de vie.
La troisième hypothèse a été
vérifiée au chapitre cinq où il apparaît que les
populations des sites à risque vivent dans des conditions
inadéquates. Elles survivent grâce aux activités
informelles basées essentiellement sur les commerces. En effet,
l'analyse révèle une forte proportion des individus vivant dans
des taudis, des maisons en carabottes construites sans traitement de bois au
préalable (près de 65% de la population enquêtée).
Les ménages connaissent une forte concentration d'individus. Parfois
plus de dix personnes qui partagent une maison d'une chambre un salon. Pour
pallier aux difficultés de ravitaillement en eau, les populations
consomment l'eau des puits dont la profondeur ne dépasse
généralement pas cinq mètres. Ces puits connaissent des
infiltrations souterraines (verticale et horizontale). Plus de 31% de la
population enquêtée ont pour source de ravitaillement les eaux des
puits non traités. Les latrines qu'utilisent les acteurs sont des fosses
creusées à ciel ouvert et qui coulent parfois à vue. Ceux
des individus n'ayant pas d'espace pour s'offrir un W.C. utilisent des
écailles pour se mettre à l'aise. Ensuite ces écailles
sont acheminées dans les eaux des rivières. Pour pallier aux
besoins quotidiens de survie, les populations des sites à risque
développent des activités multiples. Les tontines et associations
représentent non seulement un secours matériel, mais aussi et
surtout un environnement sécurisant car ces populations ont une
aspiration à une reconnaissance sociale. Les fonds
épargnés sont utilisés pour des investissements soit dans
les sites, soit au village. Les fonds permettent de prévoir un
événement. La mise au travail des enfants génère
des revenus dans les ménages. Plus de 60% des ménages vivent du
travail des enfants. Le transport par moto parce que ne nécessitant pas
une éducation préalable, ni un fond important pour la formation
est adopté par les hommes pour générer des revenus dans
les ménages (15% de la population masculine). La pratique des
élevages traditionnelles, les petits commerces et la vente de sables
creusés au bas fond de la rivière Ngoné sont aussi
adoptés par la population comme activité de survie, le but
étant de générer de finances qui leur permettent de
satisfaire les besoins pressants des ménages.
La quatrième hypothèse, a été
vérifiée au chapitre six. Les pollutions de toutes sortes,
l'usage combiné de l'eau de robinet et l'eau de la rivière ou
celle des puits pour pallier aux besoins insinuent une problématique de
gestion du site et de la qualité de l'eau. Ce qui engendre des risques
sanitaires dans ces sites. L'analyse révèle que les populations
sont régulièrement victimes des maladies respiratoires et des
épidémies. La pollution des eaux de la Ngoné par la
GUINESS, par les rejets des résidus alimentaires se manifeste par des
pathologies aigues comme des bronchites et l'asthme. Sur 50 cas de maladies
qu'enregistre le centre de santé la grâce par semaine, 3 %
souffrent des maladies respiratoires dues à la pollution du site. De
même les familles sont régulièrement victimes du paludisme
et du cholera et les plus vulnérables sont les enfants de moins de 16
ans. Ces maladies constituent un lourd fardeau économique pour la
population car prend en compte non seulement le coût de traitement mais
aussi la perte résultante de l'invalidité du malade. La
sensibilité du site, les constructions anarchiques, l'utilisation des
bougies comme moyens d'éclairage accroissent les risques de sinistres.
Les inondations et les feux se traduisent par des pertes matérielles et
humaines. La satisfaction des besoins des ménages ne connaît pas
un succès. Les conditions de vie des populations à risque ont une
incidence sur l'alimentation dans les ménages se traduisant par une
réduction quali-quantitative du nombre de repas journaliers (une fois
par jour). Aussi une baisse ou une sous scolarisation des enfants. Chez les
filles, sur un échantillon de 80 filles en âges scolaires, seules
25 sont effectivement scolarisés (31,25%). De même chez les
garçons, 100 sont en âges scolaires et 45 seulement sont
scolarisés (45%). Sur le plan psychologique, la vie dans les milieux
à risque constitue un lourd fardeau psychologique. Les individus font
face aux menaces d'expulsion et de déguerpissement tous les jours, ce
qui freine des actions dans la gestion de leurs cadres de vie. Dans la gestion
des risques, les populations se constituent en associations dont le but est de
créer un climat favorable dans le milieu à travers des
investissements (création des pistes, canalisation des eaux, destruction
des maisons encombrants, initiation des projets),
Les sites à risque présentent des avantages pour
les acteurs. Ils sont souvent les premiers points d'arrêt des migrants
ruraux et offrent des opportunités de logement et terrains à bas
prix. Aussi favorisent le développement des activités
informelles. Même s'ils présentent des implications
négatives, il n'en demeure pas moins qu'ils peuvent aussi donner
naissance à de nouveaux mouvements culturels. En outre, renforcer la
solidarité entre les tribus. Les habitants des taudis et leurs
activités constituant aussi autant des forces motrices de la vie
urbaine.
Les conclusions de cette recherche peuvent être
généralisées à l'échelon urbain, national et
international. A l'échelon urbain car la ville de Douala est
constituée d'une multitude de quartiers à risque où les
populations s'activent de manière anarchiques dans des multiples
activités socio-économiques, même s'ils ne
présentent pas tous une particularité commune. C'est le cas de
Mabanda, Bepanda Safari, Cité CICAM, etc. A l'échelon national et
international, car les villes camerounaises et africaines présentent des
situations similaires où les populations urbaines vivent en
majorité dans des taudis.
Les résultats auxquels nous sommes parvenus n'ont
été qu'introductifs. Un examen minutieux et particulier de chaque
hypothèse ouvrirait de nouvelles pistes de recherche. Rédiger
trois chapitres pour vérifier nos hypothèses n'a fait
qu'effleurer la question de départ, et ne peut certainement apporter des
réponses à de nombreux questionnements, ceci dû au fait que
la recherche n'y était pas centrée. Plusieurs pistes de recherche
seraient envisageables. Notamment des pistes qui mettent l'accent sur les
vulnérabilités humaines et économiques dans les sites
à risque et les conditions alimentaires. La construction et la gestion
des risques par la population des sites à risque. La
responsabilité sociale de l'entreprise dans la construction des
risques.
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OUVRAGES
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LISTE DES ANNEXES
ANNEXE
1 : guide d'entretien semi- structuré
pour personnes ressources.
ANNEXE 2 : guide d'entretien pour personnes
témoins.
ANNEXE 3 : questionnaires pour
personnes ressources.
ANNEXE 4 : protocole de
recueil des données documentaires.
ANNEXE 5 : liste des personnes
interviewées.
ANNEXE 6 : carte géographique du Drain
Tongo-Bassa
ANNEXE 1
GUIDE D'ENTRETIEN SEMI-STRUCTURE POUR PERSONNES
RESSOURCES
I-IDENDIFICATION DU REPONDANT
I-1- Sexe I-2- Age
I-3- Fonction I-4- Résidence
I-5- Niveau d'instruction I-6-
Religion
II-GUIDE THEMATIQUE
II-1-Mobiles des dynamiques socio-économiques et
conditions de vie en milieu à risque
II-1-1-Je voudrais savoir pourquoi choisir ce lieu pour
exercez vos activités ?
II-1-2-selon vous la pauvreté financière et
matériel est elle cause de l'habitation des sites à
risque ?
II-1-3-A votre avis, les conditions de vie dans les sites
à risque sont elles adéquates ?
II-2-perception des risques et implications
socio-économiques
II-2-4-selon vous qu'est-ce qu'un risque ?
II-2-5- A votre avis votre milieu est il un danger ?
II-2-6-A votre avis ce milieu est-il propice pour la
rentabilité économique ?
II-2-7-Vous arrive-t-il souvent d'être confronté
aux problèmes ou difficultés dans l'exercice de vos
activités dans ce milieu ?
II-2-8-Selon vous, le milieu marécageux peut-il
être un danger pour la population qui y habite ?
II-2-9-Selon vous qu'est ce qui peut être un danger pour
une population des zones marécageuses ?
II-2-10-Selon vous que et qui doit faire quoi pour
protéger votre cadre ?
ANNEXE 2
GUIDE D'ENTRETIEN POUR PERSONNES TEMOINS
I - IDENTIFICATION DU REPONDANT
I-1- Sexe I-2- Age
I-3- Fonction I-4- Résidence
II - GUIDE THEMATIQUE
II - 1- Connaissance sur la population, les mobiles des
dynamiques socio-économiques dans les sites marécageuses
II-1-1- Pouvez-vous nous parler de votre site,
c'est-à-dire sa population, ses activités et son organisation,
ses origines ?
II-1-2- Selon vous cette population a-t-elle
évolué ou diminué ?
II-1-3 Pouvez-vous nous parler de l'histoire de votre
quartier ?
II-2-4-Selon vous qu'est-ce qui explique les dynamiques
socio-économiques dans les zones marécageuses ?
II-2-5 Selon vous, peut-il y avoir un lien entre la
croissance démographique et le recours aux sites à
risque ?
II-2-Connaissance sur les conditions de vie de la
population
II-2-6- Selon vous dans quelles conditions vivent les
populations des sites à risques ?
II-2-6 Que pensez-vous des conditions de vie dans les sites
à risque, c'est-à-dire, la taille du ménage, le type
d'habitat, les toilettes, etc.
II-2-7- Que pensez-vous de leurs stratégies de
survie ?
II - 3 Connaissance sur la perception des risques et les
implications des dynamiques socio-économiques dans les sites à
risques.
II-3-8-Que pensez-vous des risques ?
II-3-9- Que pensez-vous des zones
marécageuses ?
II-3-10-Selon vous les zones marécageuses sont elles
des zones dangereuses pour une population ?
II-3-11- selon vous, comment les populations à risque
perçoivent-elles les risques ?
II-4-12-Pensez-vous que l'habitation et l'exercice des
activités puissent avoir des effets sur l'environnement
socio-économique ?
II-4-13- Pouvez-vous nous parler des incidences liées
aux activités socio-économiques dans les sites à
risque ?
II-4-14- Que pensez-vous des solutions entreprises pour le
déguerpissement des sites à risques ?
ANNEXE 3
QUESTIONNAIRE PERSONNES RESSOURCES
THEME : dynamiques socio-économiques dans les sites
a risque de Douala : cas des populations de Maképé
Missoké et Maképé Maturité
I- IDENTIFICATION DES REPONDANT
I.0- Zone
I.1- Age :
10-20 ans
21-40 ans
40 ans et +
I.2- Statut matrimonial
· · Monogame
· Célibataire
· Polygynie
· Divorcé
· Veuf
· Féminin
I.3- Sexe : Masculin
Féminin
I.4- Niveau d'instruction
· · Sans niveau
· Niveau primaire
· Niveau secondaire
· Niveau supérieur
I.5- Occupation
· · Sans emploi
· Ménagère
· Fonctionnaire
· Travailleur secteur privé
· Commerçants
· Etudiants / élève
· agriculteur
I.6- Religion
· · Chrétien
· Animiste
· Musulman
· Autre religion
· Sans religion
I.7- Ethnie
II- MOTIVATION A L'INSTALLATION DANS LES ZONES A
RISQUE
1- Etes-vous natif de cette zone ?
Oui Non
2- Combien de temps avez-vous déjà
passé ici ?
· Moins d'1 an
· Entre 1 et 4 ans
· Plus de 4 ans (à
préciser)................................
3- Qu'et ce qui vous a poussé à vivre dans
ce quartier ?
· · Je suis né ici
· Parce que c'est l'endroit propice pour moi
· Parce que c'est plus économique d'habiter ici
Autre .....................................................................................................................................
4- Quel genre d'activité exercez-vous
ici ?
· Elevage
· Agriculture
· Commerce
· Rien
Autres.....................................................................................................................................
5- Ces activités rapportent-elles ?
Oui Non
Si oui comment ? si non
pourquoi....................................................
6- Avez-vous avant votre installation ici un membre de
votre famille ?
Oui Non
7- Si oui, cette présence n'a-t-elle pas
influencé votre installation ?
Oui Non Peut-être
Autres...............................................................................................................................
8-avez-vous le désir de vivre en
communauté ?
Oui Non
Pourquoi..........................................................................................................................
9- Selon vous, le désir de vivre en
communauté peut-elle influencer le regroupement des individus par
zone ?
Oui Non
Autres..............................................................................................................................
10- Combien gagnez-vous par mois dans votre
activité ?
5000 à 10 000
10000 à 20000
20000 et plus
11- Votre activité dans cette zone vous permet-elle
de satisfaire vos besoins
Oui
(comment ?)...................................................................................................
Non(pourquoi ?).................................................................................................
12- Avez-vous le sentiment de quitter cette
zone ?
Oui Non
Si oui à quel
moment ?......................................................................................
Si non
pourquoi ?................................................................................................
13- Seriez-vous prêts à quitter cette zone si
l'on vous proposait une maison dans les quartiers chics de
Douala ?
Oui Non Autre
Pourquoi ?................................................................................................................
III-CONDITIONS DE VIE
14- Quelle est la taille de votre
ménage ?
· 2 à 3 personnes
· 3 à 10 personnes
· 10 et plus
· 23- Type de maison
· En dur
· Semi dur
· En terre, chaume, planche
15- Où vous ravitaillez-vous en eau ?
· · Robinet intérieur ?
· Robinet extérieur à la concession
· Robinet extérieur hors de la concession
· Borne fontaine
· Source ou puits aménagé
· Source ou puits non aménagés
· Rivière / ruisseau
· Autres ............................................
16- Vivez-vous un ou des problèmes particuliers
dans votre quartier ?
Oui Non
Autres (à
Préciser)................................................................................
17- Quelle est selon vous la principale cause des
caractéristiques de votre milieu ?
· · L'Etat
· La population
· Ne sais pas
·
Pourquoi.............................................................................................................
18- Où jetez-vous vos ordures
· · Dans un bac à ordures public
· Dans la rue
· N'importe où
· Dans un cours d'eau
Autres.........................................................................................................................
19- Jugez-vous cette attitude normale ?
Oui Non
Pourquoi ?.............................................................................................................
20- Avez-vous le sentiment de rendre propre on saine votre
milieu ?
21- quelle stratégie mettez-vous en oeuvre pour
vivre dans votre quartier ?
22- Appartenez-vous à une organisation qui s'occupe
de la propreté de votre milieu.
23- Etes-vous souvent malade ?
Non oui De temps en temps
24- Allez-vous souvent à l'hôpital lorsque
vous êtes malades
Oui non
Pourquoi ?...................................................................................................
IV-PERCEPTION DES ZONES A RISQUE
25- Selon vous qu'est-ce que le risque ?
· Un danger
· Une incidence
· Ce qui est bien
Autres
26- Avez-vous déjà entendu parler du
risque ?
Oui Non Si oui préciser le
lieu......................................................
27- selon vous l'habitation des zones d'écoulement
des ordures et déchets industriels est-elle une menace pour les
populations ?
Oui Non Pourquoi
...................................................
28-qu'est ce qui peut être considéré
comme un danger ?
29- Selon vous à qui appartient le cadre d vie dans
lequel vous viviez ?
· · A l'Etat
· Personne
· Ne sais pas
· A nous tous
· A Dieu
30- Selon vous, à quel moment pouvez-vous qualifier
un milieu comme risquant ?
· · Lorsqu'il y a les ordures
· Stagnation des eaux usées
· Lorsqu'il y a présence des gaz, de bruit
· Autres .........................................31-
Pourquoi.
· · Parce qu'il y a risque de maladie
· Parce que ce n'est pas beau à voir
· Parce qu'on ne peut travailler dans un tel milieu
· Parce que ça sent mauvais
· Ne sais pas
Autres
32- Que pensez-vous de votre milieu ?
· · Bien
· Très risquant
· Ne sais quoi dire
· Autres ............................................
V-IMPLICATIONS DES DYNAMIQUS SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES
SITES A RISQUE
33- Pensez-vous que les zones à risques peuvent
influencer la santé des populations ?
Oui non Comment et
pourquoi ?......................................
34- Quelles peuvent être selon vous les
répercussions ou les implications des milieux à risque sur les
populations.
· Engendrent les maladies
· Ne sont pas propice au développement
économique
· Je ne sais pas
· Autres à
préciser...........................................................................................
35-votre milieu et vos activités vous permettent-
ils de satisfaire vos besoins familiales ?
36- Pouvez-vous citer quatre grands problèmes
liés à l'habitation des zones à risque ?
37- Citez quatre grands problèmes auxquels vous
êtes confrontés dans votre quartier actuellement
38- pensez vous qu'il peut avoir une solution pour
l'assainissement de votre milieu ?
-Si oui
laquelle ?...........................................................................................................
-Si non
pourquoi ?........................................................................................................
39-Quelles solutions préconisez-vous pour vos
activités dans ce milieu ?
ANNEXE 4
PROTOCOLE DE RECUEIL DES DONNEES
DOCUMENTAIRES
DOCUMENTS A EXPLOITER
- Les ouvrages méthodologiques
- Les ouvrages spécifiques
- Les articles, et les coupures de journaux
- Les rapports sur l'environnement et la démographie
- Les rapports des municipalités et des centres
médicaux
Les indicateurs pour l'exploitation des documents
I- L'émergence et la construction des risques
- Les risques naturels
- La fabrique humaine des risques
II- Les mobiles des dynamiques économiques dans les
sites à risque
- Facteurs explicatifs
- Contexte d'émergence
- Manifestation
III - Les conditions de vie des populations à
risques
- Conditions de vie des ménages
- Stratégies de survie des ménages
IV - Implications socio-économiques
- Les effets sanitaires et effets économiques
- Les effets psychologiques
ANNEXE 5
LISTES DES PERSONNES INTERVIWEES
LISTE DES PERSONNES INTERVIEWEES
|
|
Noms et prénoms
|
Site
|
Sexe
|
Période d'entretien
|
1
|
M. MBELLA
|
Maképé Maturité
|
M
|
20,21-01-2007
|
2
|
MACAIRE
|
Maképé Maturité
|
M
|
21-01-2007
|
3
|
M. ELAN
|
Maképé Missoké
|
M
|
22-01-2007
|
4
|
GISELE
|
Maképé Maturité
|
F
|
22-01-2007
|
5
|
NARCISSE
|
Maképé Missoké
|
M
|
20-01-2007
|
6
|
MICHELE
|
Maképé Maturité
|
F
|
23-01-2007
|
7
|
JULIEN
|
Maképé Maturité
|
M
|
23-01-2007
|
8
|
PASCAL
|
Maképé Missoké
|
M
|
24-01-2007
|
9
|
FRANCIS
|
Maképé Missoké
|
M
|
26-01-2007
|
10
|
ZEBAZE
|
Maképé Maturité
|
M
|
23-01-2007
|
11
|
HENRI
|
Maképé Missoké
|
M
|
26-01-2007
|
12
|
ARMAND
|
Maképé Maturité
|
M
|
23-01-2007
|
13
|
MONTE
|
Maképé Maturité
|
F
|
23-01-2007
|
14
|
AMOS
|
Maképé Maturité
|
M
|
28-01-2007
|
15
|
M. ALBERT
|
Maképé Maturité
|
M
|
28-01-2007
|
16
|
M. ELIAS
|
Maképé Maturité
|
M
|
26-01-2007
|
17
|
J. MICHEL
|
Maképé Maturité
|
M
|
28-01-2007
|
18
|
JEANNE
|
Maképé Maturité
|
F
|
30-01-2007
|
19
|
GISELE
|
Maképé Missoké
|
F
|
02-02-2007
|
20
|
MAMADOU
|
Maképé Maturité
|
M
|
30-01-2007
|
21
|
DEJOLIE
|
Maképé Maturité
|
F
|
30-01-2007
|
22
|
MONIQUE
|
Maképé Maturité
|
F
|
30-01-2007
|
23
|
SERGES
|
Maképé Missoké
|
M
|
09-02-2007
|
24
|
CHRISTELLE
|
Maképé Missoké
|
F
|
09-02-2007
|
25
|
BENEDICTE
|
Maképé Missoké
|
F
|
09-02-2007
|
26
|
AMOS
|
Maképé Missoké
|
M
|
09-02-2007
|
27
|
FRANCOIS
|
Maképé Missoké
|
M
|
25-02-2007
|
28
|
THOMAS
|
Maképé Maturité
|
M
|
08-02-2007
|
29
|
AMADOU
|
Maképé Missoké
|
M
|
25-02-2007
|
30
|
T. MICHEL
|
Maképé Maturité
|
M
|
08-02-2007
|
31
|
P. TEZA
|
Maképé Missoké
|
M
|
25-02-2007
|
32
|
JOSUE
|
Maképé Missoké
|
M
|
27-02-2007
|
33
|
ALAIN
|
Maképé Missoké
|
M
|
27-02-2007
|
34
|
COLLECTE
|
Maképé Maturité
|
F
|
26-02-2007
|
35
|
AICHA
|
Maképé Missoké
|
F
|
08-02-2007
|
36
|
MONIQUE
|
Maképé Missoké
|
F
|
08-02-2007
|
37
|
MACHE
|
Maképé Maturité
|
F
|
26-02-2007
|
38
|
INOUSS
|
Maképé Missoké
|
M
|
26-02-2007
|
39
|
M. ACHILLE
|
Maképé Missoké
|
M
|
14-02-2007
|
40
|
CEZAIR G.
|
Maképé Maturité
|
M
|
14-02-2007
|
41
|
R. GASTON
|
Maképé Maturité
|
M
|
20-02-2007
|
42
|
K. GISELE
|
Maképé Maturité
|
F
|
20-02-2007
|
43
|
Dr ETOUNDI
|
Ho. Laquintinie
|
M
|
25-02-2007
|
44
|
SAGAH
|
ONG
|
M
|
24-02-2007
|
45
|
AUGUSTINE
|
ONG
|
F
|
25-02-2007
|
46
|
ANANIAS
|
CUD
|
M
|
29-02-2007
|
47
|
G. CORINE
|
CUD
|
F
|
28-02-2007
|
48
|
M. EVARISTE
|
CUD
|
M
|
29-02-2007
|
49
|
DORKAS
|
Mairie Dla Ve
|
M
|
15-02-2007
|
50
|
ABDOURAMAN
|
Mairie DLA Ve
|
M
|
10-02-2007
|
51
|
MONARKE
|
HYSACAM
|
M
|
29-02-2007
|
ANNEXE 6 : CARTE GEOGRAPHIQUE DRAIN
TONGO-BASSA
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE...................................................................................................................
i
DEDICACE
...................................................................................................................
ii
REMERCIEMENTS
.............................................................................................
. ....iii
LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS
........................................................ ....iv
LISTE DES ILLUSTRATIONS
....................................................................................
v
RESUME
.................................................................................................................
....vi
ABSTRACT
..........................................................................................................
.... vii
INTRODUCTION GENERALE
...............................................................................
1
Ire PARTIE : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIE DE L'ETUDE...7
NTRODUCTION DE LA PREMIERE
PARTIE...........................8
CHAPITRE I : REVUE DE LA
LITTERATURE.........................................9 CHAPITRE
I :
I-1- DEFINITIONS DES
CONCEPTS...............................................9
I-1-1-dynamiques
socio-économiques................................................9
I-1-2-environnement.......................................................................9
I-1-3-sites à
risque.......................................................... ............10
I-2-REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
...............................11
I-2-1-processus de constitution des sites risque :
approche écologique
de K. FODOUOP et P.
DUFOUR..................................................12
I-2-2-dynamiques socio-économiques dans les sites à
risque : thèses structuraliste de M. J. BENDOW et
compréhensive de M. SALL.............14
II-2-3-point des travaux sur les conduites à
risque....................................16
II-2-3-1-la prise en compte du versant motivationnel
dans les conduites à
risque...........................................................17
Chapitre II : CHAMPS THEORIQUES DE
L'ETUDE......................20
II-1-LA THEORIE SOCIOLOGIQUE DES
RISQUES.........................21
II-2-LA THEORIE DE L'ACTION SOCIALE
....................................24
II-2-1- approche compréhensive de MAX WEBER
.............................25
II-2-2-l'individualisme méthodologique ou action
individuelle..................28
II-2-2-1-l'approche de R.
BOUDON...............................................30
II-2-2-2-alteration par la théorie des
jeux..........................................31
II-2-3- portée de la théorie sur le
phénomène étudié.............................33
II-3-THEORIE
COMPLEMENTAIRE............................................34
II-3-1-Theorie de la sociologie dynamique et
critique...........................34
II-3-2-Les fondements de la sociologie dynamique de
Balandier................34
II-3-3-Les fondements de la sociologie dynamiste et
critique de A.
TOURAINE..........................................................36
II-3-4-Portée de la théorie sur le
phénomène étudie..............................37
CHAPITRE III : LA METHODOLOGIE DE
L'ETUDE................39
III-1-FORMULATION DES HYPOTHESES ET CONSTRUCTION DES
VARIABLES...........................................................................39
III-1-1- formulation des
hypothèses.................................................39
III-1-2-construction des
variables...................................................40
III-2-logique et méthode de la
recherche............................................41
III-3-techniques de collecte des
données...........................................41
III-3-1-le recueil des données
documentaires.....................................41
III-3-2-l'entretien
individuel.........................................................42
III-3-3-l'administration du
questionnaire..........................................43
III-4-UNITE D'OBSERVATION ET TAILLE DE L'ECHANTILLON.....43
III-5-DEROULEMENT DE LA COLLECTE DES DONNEES, METHODE D'ANALYSE
DES RESULTATS ET DIFFICULTEES RENCONTREES..45
III-5-1- déroulement de la collecte des
données..................................45
III-5-2-techniques d'analyse des
résultats.........................................46
III-5-3-difficultes
rencontrées........................................................47
CONCLUSION DE LA PREMIERE
PARTIE.............................48
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS..........................................................................................49
INTRODUCTION A LA DEUXIEME
PARTIE.................................................50
CHAPITRE IV : MOBILES DES DYNAMIQUES
SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE ET PERCEPTION DES RISQUES PAR LES
POPULATIONS.....................................51
IV-1-MOBILES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES
A RISQUE..............................................................51
IV-1-1-contexte général des mobiles des
dynamiques
socio-économiques dans les sites à
risque.........................................52
IV-1-1-1-croissance démographique et expansion
urbaine......................52
IV-1-1-2-la croissance de l'exode rurale et la difficulté
d'intégration des
migrants................................................................................54
IV-1-2-approche individuelle sur les mobiles des dynamiques
socio-économiques dans les sites à
risque.................................................55
IV-1-2-1-discours recueillis sur les mobiles des
dynamiques socio-économiques dans les sites à
risque..........................55
IV-1-3-analyse des discours recueillis sur les mobiles des
dynamiques socio-économiques dans les sites à
risque..........................59
IV-1-3-1-les groupes de
référence.................................................59
IV-1-3-2- les revenus moyens des acteurs et les
difficultés
de logement
...........................................................................60
IV-1-3-3- la recherche de l'intégration
économique par
les acteurs
..............................................................................61
IV-1-3-4- les contraintes
matrimoniaux............................................61
IV-2- CARACTERISTIQUES DES POPULATIONS
DES SITES A
RISQUE...............................................................62
IV-2-1- origine de la population et organisation
sociale..........................62
IV-2-2- organisation
économique...................................................63
IV-2-3-niveau
d'instruction..........................................................64
IV-2-4-niveau d'âge des acteurs et religions
pratiquées.........................65
IV -3-REPRESENTATIONS SOCIALES SUR L'ENVIRONNEMENT
IMMEDIAT............................................................................66CHAPITRE
V:
IV-3-1-perception de l'acuité des problèmes
liés au cadre de vie...............67
IV-3-1-1- perception de l'acuité des problèmes
liés au
cadre de vie selon le niveau
d'instruction...........................................68
IV-3-1-2- perception de l'acuité des problèmes
liés
au cadre de vie selon le
sexe........................................................69
IV-3-1-3-perception de l'acuité des problèmes
liés
au cadre de vie selon la durée de résidence
dans le quartier....................72
IV-3-2-perception de l'origine des problèmes
sanitaires et causes de l'accumulation des
ordures...............................73
IV-3-2-1-découpage et restructuration des discours sur
les
causes de l'accumulation des ordures et des eaux
usées.........................75
IV-3-2-2-analyse et interprétation des discours
recueillis
sur les causes de l'accumulation des
ordures......................................75
IV-3-2-2-1-part de
l'état..............................................................75
IV-3-2-2-2- manque de
civisme.....................................................76
Individus
CHAPITRE V : CONDITIONS ET STRATEGIES DE VIE
DES POPULATIONS DES SITES A RISQUE..................................78CHAPITRE
IV:
V -1- CONDITIONS DE VIE DANS LES
MENAGES........................78
V -1-1- concept de
ménage.........................................................78
V-1-2- tailles des ménages enquêtés et
types d'habitat
de populations des sites à
risque.....................................................79
V-1-3- source d'approvisionnement en eau, énergie et type
d'aisance.......82
V-1-4- conditions d'administration des
soins......................................88
V-2- STRATÉGIES SOCIO-ÉCONOMIQUES DE SURVIE DES
POPULATIONS DES SITES À
RISQUE.........................................89
V-2-1- concept des activités
informelles...........................................89
V-2-1-1-
définition....................................................................89
V-2-1-2- caractéristiques du secteur
informel......................................90
V-2-1-3- émergence du
concept.....................................................91
V-2-2- populations des sites à risque et activités
informelles...................92
V-2-2-1- pratique des tontines et
associations......................................92
V-2-2-2- la mise au travail des enfants comme
stratégie de survie des populations à
risque.......................................94
V-2-2-3- le transport par moto « ben skin »
comme stratégie de survie......95
V-2-2-4-vente du sable, du gravier et la pratique du
commerce comme stratégie de
survie.............................................96
CHAPITRE VI : DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS
LES SITES A RISQUE ET SES IMPLICATIONS SUR L'ENVIRONNEMENT
SOCIAL.................................................................................98
VI-1-ORIGIINE ET NATURE DES
RISQUES.................................98
VI-1-1- risques
naturels............................................................98
VI-1-2- aggravation ou fabrication humaine des
risques......................99
VI-2- INCIDENCES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES
DANS LES SITES A RISQUE
...................................................100
VI-2-1-implications
sanitaires......................................................100
VI-2-1-1- les effets de la
pollution................................................100
VI-2-1-2- montée du paludisme et
choléra........................................102
VI-2-1-3- populations et risque des
sinistres...................................105
VI-2-2- implications sur la satisfaction des besoins de la
famille...............106
VI-2-2- 1- les fonctions de la
famille..............................................106
VI-2-2-2- besoins de la
famille.....................................................107
VI-2-2-3- conditions de vie des populations des sites à
risque et implications sur la scolarisation des
enfants..........................108
VI-2-2-3-1- scolarisation des
filles................................................108
VI-2-2-3-1- scolarisation des
garçons............................................110
VI-2-3-conditions de vie des populations des sites à
risque et implications
alimentaires................................................111
VI-2-4- implications des conditions de vie des populations des
zones
à risque sur leur intégration aux activités
associatives..........................112
VI-2-5- conditions de vie des populations des sites
à
risque et implications
psychologiques..........................................112
VI-5-STRATEGIES DE GESTION DES RISQUES
PAR LES
POPULATIONS.........................................................114
VI-5-1- actions
individuelles......................................................114
VI-5-2- actions
collectives.........................................................115
CONCLUSION DE LA DEUXIEME
PARTIE................................118
RECOMMANDATIONS............................................................120
CONCLUSION
GENERALE................................................122
BIBLIOGRAPHIE........................................................127
LISTE DES
ANNEXES.............................................................133
TABLE DES
MATIERES..........................................................145
|