Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
INTRODUCTION
La possession de ressources naturelles abondantes constitue en
principe un atout pour le développement économique. Les pays
favorisés à cet égard doivent pouvoir exploiter leur
capital naturel : climat, sols ; réserves forestières et
halieutiques ; gisements miniers ; pour générer des revenus dans
les premières phases de leur développement. En épargnant
une partie substantielle de ses revenus, un pays pourra transformer ses
richesses naturelles en un capital né de ses efforts, en des actifs
caractéristiques des pays avancés : population active
formée, routes ; réseaux d'électricité et de
télécommunication ; agriculture rentable ; industrie moderne ;
agglomération en expansion ; etc. (GILLIS et All, 1998).
La réalisation des ces actifs passe par une allocation
optimale des ressources naturelles. Cette efficience dans l'allocation,
même si elle a toujours été au centre des prises de
décision de politiques économiques ; elle a évolué
grâce au concept de développement durable développé
dans le rapport de la commission mondiale sur l'environnement et le
développement (CMED) en 1987, présidée par le premier
ministre norvégien Mme Brundtland. Selon cette commission, le
développement durable est vu comme : « un développement qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre
aux leurs. »(CMED, 1987).
Dans le souci de résoudre en effet les problèmes
d'emploi devenus chroniques au Bénin depuis 1985, et de satisfaire leurs
besoins vitaux, les populations béninoises s'adonnent à plusieurs
activités économiques. Ainsi les populations de la commune de
Dogbo pratiquent des activités économiques parmi lesquels nous
pouvons citer l'agriculture, l'élevage, le commerce, le transport,
l'artisanat et l'exploitation minière. En général,
l'agriculture est reconnue comme l'activité principale. Mais depuis les
années 1990, compte tenu de l'importance stratégique au regard de
son impact sur la vie, la grande majorité de la population active de
cette commune s'occupe plus de l'exploitation minière, notamment le
gravier.
Ce comportement adopté par les populations s'explique
par deux faits. Le premier est relatif à la crise économique qu'a
connue le Bénin vers la fin des années 80 et à la
croissance démographique des zones urbaines qui ont obligé les
populations à s'offrir de nouvelles alternatives de sources de revenu.
La libéralisation du secteur d'exploitation des carrières en
1990, retirant au Centre d'Exploitation des Carrières du Mono (CECAMO)
le monopole de la
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
vente du gravier dans l'ex département du Mono,
constitue le second fait qui a offert l'opportunité d'investissement
dans ce secteur.
Dès lors, l'exploitation du gravier qui a connu un
véritable essor. Même si cette exploitation des carrières
dans ces localités a contribué à la réduction de
certains phénomènes sociaux comme le vol, l'exode rural
juvénile ; l'insécurité ; le trafic des enfants ; etc., il
demeure important de noter d'une part que les effets sur les populations et
l'environnement sont significatifs (santé, dégradation du sol,
accident mortel, dégradation des voies). Aussi, , faut-il aussi noter
d'autre part que les renchérissements du prix de cession des graviers et
l'accroissement des travaux de construction dans les grandes villes comme
Cotonou et Porto-Novo, ont conduit à une surexploitation des
carrières. Cette surexploitation a entraîné sans nul doute,
la dégradation de l'environnement (Guidi, 2004).
C'est ainsi que des études de l'Office Béninoise
de Recherches Géologiques et Minières (OBRGM) et de la Direction
Générale des Mines (DG/Mines) ont montré que certains
sites (Sè, Comé, Oumako, Drè, etc.) sont pratiquement
épuisés, laissant ainsi des dommages environnementaux (terres
dégradées non restaurées, dégradation des voies,
etc.) et obligeant les exploitants à migrer vers les autres sites dont
les gisements de graviers sont encore exploitables. La commune de Dogbo
disposant de gisement de graviers exploitables fait partir de ces communes
où l'exploitation est active. Il est constaté que cette
exploitation à Dogbo, se fait dans les mêmes conditions que celles
des autres sites qui ont connu un épuisement rapide.
Au regard de toutes ces réalités, il
s'avère nécessaire de prendre conscience des conséquences
de la surexploitation des carrières dans le secteur de gravier à
travers les effets négatifs tant sur la population que sur
l'environnement. Ces effets mettent en péril l'avenir des
générations futures, et ne favorisent pas un développement
durable. Il urge donc de chercher à mesurer ces effets afin de pouvoir
proposer des mesures de politiques visant à rendre optimale cette
exploitation pour sa meilleure contribution au développement.
La présente étude, se portant sur cette vision,
cherche à se focaliser sur l'exploitation des graviers dans la commune
de Dogbo précisément dans l'arrondissement de Dévé
où l'exploitation est plus effective et les autres arrondissements
voisins qui ont des gisements non exploités. Elle vise surtout, à
une gestion durable de l'exploitation des graviers en vue de faire jouir
durablement de ses fruits aux populations. Ainsi le thème de cette
étude s'intitule:
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
« Politiques de gestion durable des ressources naturelles
non renouvelables au Bénin : cas de l'exploitation du gravier dans la
commune de Dogbo.».
Cette étude se veut aussi bien quantitative que
qualitative. Le travail se répartira en trois principaux chapitres. Il
s'agira dans une première partie, de présenter le cadre
théorique et méthodologique suivi ; dans une seconde partie
d'examiner l'activité d'extraction de graviers surtout par rapport
à son importance et ses effets dans la vie de la commune de Dogbo ;
enfin dans une troisième partie, de présenter et d'analyser les
résultats de notre étude sur la gestion durable de l'exploitation
du gravier dans la commune de Dogbo.
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE
L'ETUDE
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Ce chapitre permettra essentiellement de préciser la
problématique, les objectifs et les hypothèses de la recherche ;
de procéder à la revue de littérature et de décrire
la méthodologie suivie lors du travail.
1.1. Cadre théorique
1.1.1. Problématique de l'étude
1.1.1.1. Origine du projet et motifs du choix du
thème de la recherche.
Cette étude s'inscrit dans le cadre des recherches de
fin de formation de deuxième cycle à l'Université
d'Abomey-Calavi (UAC) au Bénin, plus précisément à
la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG), option
Economie.
Le présent thème est inspiré des
observations de notre vie quotidienne dans le milieu d'étude qu'est la
commune de Dogbo.
Le département du Couffo est très riche en gisement
de gravier, ressource naturelle, non renouvelable. Avec la
libéralisation du secteur de gravier ajouté à la forte
demande dans les grandes villes du Bénin, l'extraction minière
s'est accrue. Cette forte intensification de l'activité extractive du
fait du renchérissement du prix de cession du gravier sur les
marchés d'écoulement, témoignerait de la surexploitation
faite dans ce secteur. Ainsi, la population de ses milieux a mis en valeur
l'exploitation de ces graviers au point où aujourd'hui bon nombre de
communes de ces zones ont leur gisement presque terminé (OBRGM/DG Mines
2008).
Ces zones dont le gisement de graviers est presque
épuisé, connaissent un ralentissement des activités
d'exploitation de graviers. Ce ralentissement des activités autre fois
source de revenus des exploitants oblige ces derniers à migrer vers les
autres sites encore disponibles dans les autres communes dont la commune de
Dogbo.
C'est ainsi que actuellement c'est surtout les gisements des
arrondissements de la commune de Dogbo qui sont plus en activité, et
chaque trimestre en moyenne 21.834 m3 de graviers, sortent de ces
arrondissements en destination de diverses villes du Bénin (Guichet de
Gadomè).
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Il ressort des constats d'une part que les ressources
générées par l'exploitation du gravier, au lieu de
favoriser un développement harmonieux et équitable de la
localité, contribue plutôt à entretenir une bourgeoisie,
généralement extérieure à la commune puisque les
véritables bénéficiaires de cette exploitation sont
installés dans les grandes villes du pays. La mairie ne perçoit
qu'une taxe sur l'exportation du gravier. D'autre part, l'intensification de
l'activité extractive cause de graves dommages à l'environnement
et fait de nombreuses victimes sur les sites d'exploitation de même que
sur les routes. Il faut noter que les épineux problèmes
d'épuisement de cette ressource non renouvelable et de dommages
environnementaux causés par cette dernière préoccupent peu
ses acteurs. Leur souci majeur est le revenu immédiat à tirer
quels qu'en soient le coût social qu'entraîne l'activité
d'une part et le prix à payer par la génération future
d'autre part.
Au vue de tout ce qui se passe au niveau du secteur de
graviers dans la commune de Dogbo, cette exploitation des graviers se fait dans
les mêmes conditions que celle des autres sites épuisés.
Face à ces réalités, il est
nécessaire de chercher à améliorer l'exploitation de
graviers dans la commune de Dogbo en l'inscrivant dans une option de
développement durable. Pour ce faire, il faut se demander :
- comment se fait l'exploitation de graviers à Dogbo ?
- quels sont les effets que cette exploitation minière a
sur la vie des populations et l'environnement de la commune de Dogbo ?
- quel sera le devenir de ces arrondissements une fois ces
gisements épuisés ? - quelles politiques envisagées pour
améliorer cette exploitation ?
Pour éviter que les sites où l'exploitation de
graviers est intense ne subissent le même sort d'épuisement rapide
que les autres disparus, et pour essayer d'inscrire l'exploitation de ces sites
dans l'optique d'un développement durable, nous avons choisi de mener
des recherches dans la commune de Dogbo. Toutefois, il est à notifier
que le choix de la commune de Dogbo est motivé d'une part par le fait
que nous avions vécu longtemps dans la localité et d'autre part
par le fait que cette commune présente un niveau élevé de
l'Indice de Pauvreté Humaine par rapport au niveau national. (OCS,
2008).
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
1.1.1.2. Intérêt
Le premier intérêt de cette recherche consiste donc
à montrer l'enjeu que présente l'épuisement des ressources
naturelles non renouvelables dans le développement durable.
Le deuxième intérêt le plus porteur de
valeur ajoutée, est celui lié à la mesure du coût de
financement d'une politique d'amélioration des conditions
d'exploitations des carrières de graviers à travers une
évaluation contingente des externalités.
Par ailleurs, l'étude permettra, d'une part de mettre
en évidence les externalités négatives et positives que
cette exploitation a sur les populations et sur l'environnement. D'autre part
de rechercher des politiques de gestion durable de cette exploitation ainsi que
les conditions de mise en oeuvre de ces politiques.
1.1.2. Objectifs de recherche
L'objectif général de notre étude est de
proposer des mesures de politiques de gestion durable de l'exploitation du
gravier dans la commune de Dogbo.
Spécifiquement, il s'agira :
> d'analyser l'évolution du volume exploité de
graviers dans la commune de Dogbo ;
> de déterminer les facteurs qui expliquent cette
évolution ;
> d'analyser les externalités dues à cette
exploitation.
> de proposer une meilleure politique d'exploitation du
gravier dans la commune de Dogbo.
1.1.3. Hypothèses
Trois hypothèses serviront de base à cette
étude :
> le volume d'exploitation de graviers dans la commune de
Dogbo croît dans le temps ;
> le revenu et les contraintes d'exploitation expliquent
l'évolution du volume exploité de graviers dans la commune de
Dogbo ;
> l'exploitation du gravier dans la commune de Dogbo a des
externalités négatives sur les exploitants, sur
l'environnement et sur la population de la commune de Dogbo.
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
1.1.4. Revue de littérature
1.1.4.1. Définitions conceptuelles
1.1.4.1.1. Ressources naturelles non renouvelables
Une ressource naturelle est un bien, une substance mieux ; un
objet présent dans la nature, et exploité pour les besoins d'une
société humaine. Il s'agit donc d'une matière
première, minérale (ex: l'eau, les graviers) ou d'origine vivante
(ex: le poisson). Ce peut être de la matière organique fossile
comme le pétrole, le charbon, le gaz naturel ou la tourbe. Il peut
s'agir aussi d'une source d'énergie: énergie solaire
énergie éolienne.
Depuis les années 1970, cette notion évolue et
tend à s'élargir aux ressources utiles à tout
écosystème, et tous les secteurs socio-économiques. Ainsi,
les surfaces de sol disponibles ; la qualité de l'eau ou de l'air ;
l'aspect des paysages ; la biodiversité ; etc, constituent d'autres
aspects des ressources naturelles.
La fragilité et la limite de certaines ressources
caractérisent les ressources non renouvelables (ex: le pétrole,
le gravier), par opposition aux ressources renouvelables (ex: la biomasse) qui
ne sont pas pour autant inépuisable.
Les tenants de l'approche économique classique
considèrent qu'une matière première d'origine naturelle
sera considérée comme étant une ressource naturelle de
valeur à partir du moment où celle-ci aura acquis une valeur
économique et marchande.
Les ressources peuvent être classées comme
étant « pas, peu, difficilement, coûteusement ou lentement
renouvelables » ou selon un critère de type «
remplaçables / irremplaçables ». Plus simplement, les
ressources naturelles sont fréquemment classées en deux (02)
catégories : ressources renouvelables, ressources non renouvelables (ou
ressources fossiles).
Une ressource naturelle est qualifiée de non
renouvelable ou épuisable lorsque le temps nécessaire à sa
création dépasse largement le temps d'une vie humaine. Le
pétrole en est une bonne illustration. On parle de ressource
renouvelable lorsque leur production est possible sur un temps court
(production animale, végétale, etc.) ou lorsque la consommation
n'épuise pas la ressource (énergie marémotrice,
énergie éolienne, énergie solaire).
L'économie a redécouvert l'existence de ces
ressources en 1972, à la suite de la publication du rapport du Club de
Rome intitulé "Les limites de la croissance". Les pays
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
industrialisés ont en effet connu une forte
période de croissance économique et c'est la première
fois, depuis Malthus, que l'on parle d'un risque d'épuisement des
ressources naturelles. Le rapport évoque une situation dramatique, qui
ne se réalisa pas mais qui secoua les esprits.
Aujourd'hui, l'utilisation des ressources non renouvelables
préoccupe de plus en plus beaucoup de personnes. La durée
d'utilisation de ces ressources ne peut être allongée qu'en
réduisant leur consommation. La réduction de la consommation
passe notamment par une utilisation plus efficace de la ressource
(améliorations techniques et économiques) et par la
réutilisation, c'est-à-dire le recyclage. Le jeu du marché
peut aussi réguler la demande, la raréfaction d'une ressource
entraînant mécaniquement une hausse des prix qui elle-même
se traduit par une baisse de la demande et dans le même temps rend
compétitive d'autres solutions techniques.
Les autres solutions techniques utilisent notamment des
substituts. Le pétrole peut ainsi être remplacé par du
diester, carburant produit à partir de l'huile de colza. Lorsque
l'amélioration technique est une véritable mutation, le besoin
d'un substitut peut même disparaître. Par exemple en
téléphonie, les fils de cuivre (matière coûteuse)
sont remplacés par de la fibre de verre, puis par rien pour la
téléphonie mobile, qui fonctionne par onde radio.
Dans le cadre de notre étude, une ressource naturelle
est qualifiée de non renouvelable lorsque le temps nécessaire
à sa création dépasse largement le temps d'une vie
humaine. C'est le cas des graviers qui constituent l'élément sur
le quel porte notre étude.
1.1.4.1.2. Développement durable
Apparue dans les années 1980, l'expression
<<Développement Durable>> est aujourd'hui au coeur de
diverses stratégies de développement ; quelque soit le niveau
d'approche : local, national ; régional ou planétaire.
Grâce à une prise de conscience de plus en plus poussée des
problèmes résultants des liens inextricables entre population,
développement et environnement ; cette expression apparaît de nos
jours comme un phénomène de mode tant elle est commodément
utilisée par les responsables politiques, les bailleurs de fond et
d'autres théoriciens du développement.
Au cours des années 1980, l'avancée des
connaissances scientifiques ; couplée à la médiatisation
de phénomènes environnementaux tels que la
détérioration de la couche
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
d'ozone, la désertification ; les pluies acides ; la
catastrophe de Tchernobyl ; etc, ont mis en évidence l'urgence d'agir
pour la planète. L'Union Internationale pour la Conservation de la
Nature (UICN) fut la première à employer le terme
«Sustainables development » (UICN ,1980).
La conservation et le développement durable ne sont pas
ennemis ; ils sont inséparables (UICN, 1980). Depuis la
conférence de Stockholm, jamais autant d'attention ne s'était
portée sur les thèmes de l'environnement et du
développement.
Pour marquer la nécessité d'une approche
nouvelle, la commission Brundtland conforte donc le concept de
<<Développement Durable>> (Sustainables development )
définie comme : « un développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs.
»(CMED, 1987).
On trouve souvent dans le vocabulaire économique les
termes « développement soutenable », «
écodéveloppement », « développement viable
», mais sans être plus riche de sens. Le développement
durable, qui fait plus penser à l'aspect temps, a la faveur des
politiques et des organisations internationales, surtout depuis RIO 1992.
En tout état de cause, la compréhension courante
donnée au développement durable en fait une approche qui vise
à réconcilier développement économique,
bien-être de l'homme et protection de l'environnement.
L'expression Développement Durable qualifie plus
généralement un développement respectant
simultanément les trois critères de finalité sociale, de
prudence écologique et d'efficacité économique.
Les organisations internationales prennent depuis les
années 1990, les domaines d'actions ci après comme les cinq
piliers du développement durable : lutte contre la pauvreté,
création d'emploi et moyens d'existence durable, habilitation de la
femme, protection et régénération de l'environnement,
bonne gouvernance. L'action fondamentale est le premier pilier.
Cette étude considère un développement
durable comme un développement qui répond aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs.
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
1.1.4.1.2. Externalités
La notion d'externalité a son origine dans les travaux
de Marshall qui définit « économies internes » comme
organisation interne des firmes et « économies externes »
celles liées à l'environnement industriel. (Somakpo, 2004)
Pigou distingue effet positif ou économie externe de
l'effet négatif ou déséconomie externe. L'absence de
compensation monétaire rend compte du caractère non marchand de
l'effet (externe).
Elle est l'expression utilisée pour désigner
toute situation où les activités d'un (ou de plusieurs) agent(s)
économique(s) ont des conséquences sur le bien-être (au
sens large) d'autres agents, sans qu'il n'y ait des échanges ou des
transactions entre eux.(Guerrien et All, 2002).
La Présence d'externalités se traduit
généralement par l'apparition d'inefficience (au sens du
critère de Pareto), car il n'existe pas à priori de «
récompense» (ou de gain) pour ceux qui sont à l'origine
d'externalités positives ni de sanctions pour ceux qui engendrent des
externalités négatives.(Guerrien et All, 2002).
Les facteurs externes(coûts) non supportés par
les producteurs individuels, mais par la population dans son ensemble, ou
avantages qui bénéficient à la société, mais
échappent aux producteurs, constituent dans ce domaine, un
élément essentiel. Or les principaux effets induits sont ceux que
causent l'épuisement ou la dégradation des ressources naturelles
et, notamment, du cadre naturel. (Gillis, 1995).
La définition de Guerrien semble être plus
adaptée à notre étude. Cette définition de
l'externalité est relative à l'expression utilisée pour
désigner toute situation où les activités d'un (ou de
plusieurs) agent(s) économique(s) ont des conséquences sur le
bien-être (au sens large) d'autres agents, sans qu'il n'y ait des
échanges ou des transactions entre eux.
1.1.4.2. Approche d'analyse théorique.
1.1.4.2.1. Exploitation de graviers.
Pendant longtemps, de nombreuses recherches ont été
menées sur l'activité d'exploitation des carrières de
gravier.
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Déjà en 1962 Maurice SLANSKY1,
s'intéressant aux ressources minières dans le sud du Bénin
(ex Dahomey), a révélé la présence d'importants
gisements de graviers dans certaines régions dont celle de Dogbo
où les dépôts étaient particulièrement bien
développés.
Dans son ouvrage intitulé Contribution à
l'étude géologique du bassin sédimentaire côtier du
Dahomey et du Togo, et dans lequel il a étudié la
stratigraphie de la région de Dogbo, il signale que le gravier est tout
proche de la surface de la terre à Dogbo (une profondeur comprise entre
deux (02) et trois (03) mètres de la surface du sol.
Les conclusions de cette étude de SLANSKY, justifient
l'existence d'un gisement de graviers dans la commune de Dogbo.
En 1974, A. HOUESSOU avait fait la description de l'existence
de plusieurs bancs de graviers dans la région de Comé, autre zone
d'exploitation que la commune de Dogbo.
En cette même année, C.MIGAN avait mis en
évidence d'importantes couches de gravier au cours d'une campagne de
recherche de calcaire et de phosphate dans la région de
Gbédji.
Cette révélation a poussé l'OBEMINES
(Office Béninoise des Mines) à mener une
campagne de recherche de gravier à proximité de ce même
village, campagne dont les résultats ont servi plus tard d'indice pour
le projet minier des Nations Unies BE N/81/008 en Juin 1983.
Ce n'est qu'en 1983, que A. AGBANTHOUNDO, B.
IHETA, A.HOUESSOU, MI KIROV et N. SCHIPPER, ont effectué des travaux de
recherches géologiques sur le gravier dans la zone du ex Mono, secteur
Sê, dans le cadre du projet : recherches minières au
Bénin. Ils ont procédé par des forages de puits dans
ledit secteur aux fins de faire l'évaluation des substances utiles dans
le bassin sédimentaire côtier2.
Ces travaux de recherches ont permis de mettre en
évidence plusieurs sortes de gisements dont le gravier. C'est un
gisement exploitable de grande importance. Ils ont révélé
au total cinq sites de carrières de graviers dans le secteur et ont
remarqué une similitude entre le gravier retrouvé sur place et
ceux de Lokossa et de Dogbo.
1 Maurice SLANSKY, Bureau de Recherches
Géologiques et Minières n°11
2 Rapport sur les recherches géologiques du
gravier dans la zone du ex Mono secteur Sê en 1983 p.4
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Selon leur rapport, les résultats de cette campagne qui
a eu lieu à Sê, doivent permettre d'évaluer les
réserves existantes de graviers et d'établir des
paramètres qui assureront une exploitation rationnelle du gravier du ex
Mono3.
Mais jusque là, aucune évaluation proprement
dite des réserves de gravier existantes n'est faite. Ce qui pose un
problème de projection du niveau des réserves de graviers face
à une intense exploitation.
Fayçal YACHIR, dans son ouvrage intitulé
Enjeux miniers en Afrique, met un accent particulier sur la motivation
de l'impérialisme occidental en Afrique dans le domaine des ressources
minières. Cette motivation est basée sur le contrôle et
l'exploitation des ressources minières du continent. De ce fait, le
poids de l'Afrique dans l'approvisionnement du monde développé en
métaux de base, est clairement mis en évidence de même que
la spécialisation croissante du continent dans la fourniture de minerais
à l'Europe et au Japon. C'est en effet une réalité trop
souvent occultée. L'ouvrage comporte beaucoup d'enseignements du point
de vue de l'agressivité nouvelle que manifeste l'impérialisme au
cours de la phase actuelle. Sur les principaux aspects que sont le
contrôle des gisements, la rente tirée de leur exploitation ou de
leur transformation locale, l'histoire récente des pays miniers du
continent révèle beaucoup plus d'échecs que de
succès. Ainsi, la nationalisation des gisements en Afrique est purement
formelle et leur transformation locale très peu
développée. Aucun pays minier n'a ni réussi, ni même
sérieusement tenté, d'accroître ses revenus par une
politique appropriée.
Cette description historique du secteur des mines, montre le
caractère non rationnel et agressif de l'exploitation minière en
Afrique qui demeure la ruse de l'impérialisme occidental en Afrique. Il
est donc temps, que l'Afrique notamment le Bénin cherche à
adopter une approche qui pourrait permettre d'accroître ses revenus par
des politiques de gestion durable appropriées.
Le document dénommé Profil de la zone
côtière du Bénin a été
élaboré en collaboration avec le Ministère de
l'Environnement ; le Grand Ecosystème Marin de l'Habitat et de
l'Urbanisme du Golfe de Guinée et le Centre pour l'environnement et le
développement en Afrique (Ceda).
Le profil de la zone côtière du Bénin est
un document qui fait le diagnostic de l'état de l'environnement par
l'analyse des principaux problèmes environnementaux côtiers :
l'érosion
3 Rapport sur les recherches géologiques du
gravier dans la zone du ex Mono secteur Sê en 1983 p.4
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
des sols, la pollution de l'air, des eaux marines et
lagunaires, l'érosion côtière, les déchets urbains,
l'occupation du sol (mauvaise maîtrise du foncier), l'exploitation des
forêts et des écosystèmes fragiles, la pêche, etc.
Ce travail d'analyse des problèmes environnementaux de
la zone côtière du Bénin a été
réalisé dans une première étape par une
équipe de chercheurs chevronnés sous la coordination de Marcel
A. Baglo, Directeur Général de l'Agence
Béninoise pour l'Environnement, et Théophile Ch. Worou de la
Direction de l'Environnement. Le rapport réalisé a servi de
document de base à l'ensemble des représentants de toutes les
structures nationales impliquées dans la gestion de la zone
côtière qui l'ont amendé puis adopté. Ce forum qui a
rassemblé diverses compétences a permis non seulement d'analyser
les problèmes environnementaux côtiers dans toutes leurs
dimensions, mais également de jeter les bases d'un Plan National de
Gestion Intégrée de la zone côtière du
Bénin.
Selon le profil de la zone côtière au
Bénin, le secteur minier béninois est très peu
développé. En effet, selon les estimations de 1992, la part du
secteur minier dans la formation du Produit Intérieur Brut (PIB) ne
représente que 0,6%. Dans la zone côtière du Bénin,
il existe des gisements de pétrole, de gaz naturel, de tourbe, de sable
marin, de graviers et d'argile, ainsi que d'importantes ressources en eau. La
volonté politique des différents gouvernements de faire des
matières premières minérales un des moteurs du
décollage de l'économie béninoise s'est traduite sur le
terrain par l'amorce d'un développement de la recherche
géologique et de l'activité minière.
A ce jour, les gisements les plus importants découverts
dans la zone côtière sont les ressources minières en
gisements de calcaire, d'argile, de sable et de graviers. Quant aux gisements
de gravier, ils sont situés dans le Sud du Mono, leurs réserves
exploitées avaient été évaluées à
plus de 13 millions de tonnes.
Ce secteur n'est pas sans connaître des
difficultés. Ces différents gisements sont mis en valeur de
façon artisanale ou industrielle. Ils constituent d'importantes sources
de revenus pour les populations riveraines. Toutefois, l'exploitation desdits
gisements se fait en l'absence de toute gestion rationnelle et au mépris
de toute réglementation, générant ainsi des nuisances
à l'environnement (érosion côtière, carrières
désaffectées, etc.).
Par ailleurs on note dans ce document de profil sur la zone
côtière que les gisements existants sont assez bien connus.
Cependant, les recherches devront se poursuivre pour
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
identifier l'ensemble des richesses minières de cette
région, ce qui nécessite d'importants moyens financiers.
La cartographie de la localisation des gisements et de leurs
zones sensibles et la mise en place d'une base de données sur lesdites
ressources restent à faire.
Néanmoins au niveau du Plan Stratégique pour la
Relance du Secteur Minier en République du Bénin, se trouvent
deux (02) cartes dont l'une synthétisant les formations
géologiques du Bénin et l'autre mentionnant les
potentialités minières au Bénin. (DG/mines)
En 2004 C. GUIDI avait fait des recherches sur le thème
: Problématique de la gestion des carrières de graviers dans
la commune de Lokossa. Il ressort de cette étude que la gestion de
l'exploitation de la ressource minière de Lokossa pose un grand
problème. Ce problème engendré par la gestion de
l'activité résulte non seulement de l'analphabétisme des
exploitants mais aussi et surtout de leur ignorance des notions de gestion. Des
recommandations ont été faites pour une amélioration de la
contribution des graviers dans le développement harmonieux de la commune
de Lokossa. Parmi ces recommandations on peut citer entre autres :
l'intervention de l'Etat dans le secteur de gravier à travers les
collectivités locales en tant que gardien du patrimoine national ; la
réorganisation de l'activité d'exploitation des carrières
de gravier ; le développement chez les exploitants un esprit
d'équipe et de coopérative ; etc.
Cette étude montre qu'il y a une surexploitation des
graviers avec des conséquences néfastes sur les populations
(santé, risque d'accident, perturbation de sommeil ; etc.) et sur
l'environnement (dégradation du sol, dégradation des voies,
etc.).
1.1.4.2.1. Externalités
Le concept économique de référence en
matière de problème d'environnement est celui d'effet externe et
plus précisément de déséconomie externe ou
d'externalité négative. On dit qu'il existe un effet externe
lorsque l'activité d'un agent économique affecte l'utilité
(le bien-être ou le profit) d'autres agents, sans qu'il y ait de
transaction sur le marché.
En matière d'environnement, les procédures
d'estimation peuvent être appliquées aussi bien à la mesure
des avantages, pour la collectivité, d'une amélioration de la
qualité de l'environnement, qu'à l'évaluation des dommages
liés à une dégradation de l'environnement.
14
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Si l'on reprend la formulation de Maurice Allais, la valeur
sociale d'un objet est mesurée par son prix. Cette valeur dérive
essentiellement du phénomène collectif de l'échange et
elle ne saurait exister en dehors de lui. L'ensemble des prix constitue en fait
"l'échelle des valeurs sociales", qui caractérise toute
économie de marché. Le marché transmet, par
l'intermédiaire des prix, des signaux quant à la rareté
des ressources, et alloue ces ressources aux utilisations où elles sont
les plus précieuses. Or, dans le cas des biens environnementaux, il
n'existe pas de marché donc pas de système de prix. Pourtant
l'inexistence d'un système de prix ne signifie pas pour autant que les
actifs environnementaux n'ont pas de valeur.
Dans le cadre de l'analyse utilitariste, les valeurs
attribuées aux actifs environnementaux sont construites sur la base des
préférences des agents. Cependant, ce choix suppose qu'on exclut
de fait la possibilité d'existence d'une valeur intrinsèque,
c'est à dire une valeur construite selon un principe biocentré
donc indépendante de toute évaluation par les hommes.
L'approche économique s'inscrit donc dans un courant de
pensée anthropocentré où l'évaluation des actifs
environnementaux se fonde sur les bénéfices ou les dommages
affectant le bien-être des individus.
La théorie économique a développé
différentes méthodes d'évaluation des
préférences des agents lorsqu'il y a absence de marché.
Ces méthodes peuvent être groupées en deux
catégories: celle reliée à l'observation des comportements
et des décisions (préférences
révélées) et celle issue de réponses à des
situations hypothétiques (évaluation contingente et jeux
d'enchères). La première catégorie inclue des
méthodes basées sur l'analyse de la demande, des fonctions de
coût, des prix de marché et des choix et comportements
observés.
Dans la seconde catégorie, on questionne directement
les individus sur leur consentement à payer (CAP) pour une modification
donnée (hypothétique) de leur environnement. On peut aussi les
interroger sur la façon dont leur comportement changerait si la
modification était mise en oeuvre, ou enfin sur la façon dont ils
classent certaines situations alternatives (combinaisons différentes de
revenus, santé et autres biens).
Les types d'avantages les plus facilement identifiables sont
ceux obtenus par usage direct ou indirect des ressources naturelles: on parle
alors de valeurs d'usage directes ou indirectes.
15
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
L'utilisation peut aussi être envisagée dans une
optique à plus long terme. Les ressources pourront, dans le futur,
être l'objet d'un usage. Le bien n'a donc pas de valeur d'usage mais son
utilisation potentielle dans le futur détermine une valeur d'option.
Cependant, les individus peuvent attribuer une valeur à un bien
même s'ils n'en ont pas l'usage dans le présent et n'envisagent
pas de l'utiliser dans le futur. Une valeur peut être définie sur
la base du pur plaisir qui découle de son existence sans que cela puisse
être mis en relation avec un usage présent ou futur. On
définit alors un autre type de valeurs, les valeurs d'existence et
patrimoniale. La valeur de patrimoine a cela de particulier qu'elle provient du
désir de transmettre un environnement non détérioré
aux générations futures.
Dans l'analyse globale d'un écosystème, il est
probablement raisonnable de partir du principe selon lequel les individus
n'auraient pas une connaissance suffisante du monde pour évaluer
l'environnement. On peut alors envisager une nouvelle valeur attribuable aux
composantes environnementales, la valeur systémique. Chaque composante
serait donc évaluée en fonction du rôle qu'elle joue dans
l'écosystème.
Il convient de noter qu'il est possible, sur la base de cette
conception de la valeur, d'envisager des valeurs systémiques
présentes et futures (quel rôle pourra jouer une composante
environnementale dans le futur).
Cette notion est intimement liée à l'état
des connaissances scientifiques et donc au problème de l'incertitude.
Elle reste toutefois intéressante car elle permet d'intégrer dans
l'évaluation d'un actif naturel les phénomènes
d'interdépendance des services liés à ce bien ainsi que
les problèmes d'irréversibilité.
Les approches utilisées donc pour évaluer les
effets négatifs supportés par les individus sont de deux types :
évaluations directes et évaluations indirectes.
· Les évaluations directes visent à
attribuer une valeur monétaire en terme de gains ou de pertes aux actifs
naturels. La méthode des coûts de transport, la méthode des
prix hédonistes, l'évaluation contingente constituent des
exemples.
· Les évaluations indirectes visent à
établir à partir de la recherche, le lien de cause à
effet, des relations de doses-réponses. La méthode du coût
économique de la maladie et la méthode des
bénéfices de protection de santé, constituent des
exemples. (Somakpo, 2004)
16
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Les solutions politiques par lesquelles les pouvoirs publics
doivent intervenir pour remédier aux facteurs externes et assurer le jeu
rationnel des forces du marché sont : Droits de propriété,
réglementation publique, fiscalité et les permis
commercialisables.
Selon La Revue `'Finances et
développement»(Décembre 2007), il ressort de l'explication
des relations complexes qui sont à la base de la sustainomics(à
partir de « sustainable economics », «économie durable
») qu'il n'existe pas de mesures reconnues de développement durable
comparables aux mesures du développement économique.
L'idéal de base est la nécessité d'internaliser les
coûts environnementaux et sociaux, d'éliminer les
dysfonctionnement du marché qui entraînent les dégradations
et d'intégrer toutes les externalités pour calculer le prix des
ressources naturelles. Enfin, un appel est fait aux valeurs, aux idées
et à la religion afin qu'elles inventent de meilleures incitations
à protéger l'environnement pour les générations
futures et mettent un terme au matérialisme actuel qui ne pourra pas
durer. (Mohan, 2007).
Dans le cadre de cette étude, les instruments
d'évaluations directes semblent être mieux adaptés compte
tenu du fait qu'il sera plus facile d'attribuer une valeur monétaire en
terme de gains ou de pertes dus à l'exploitation de graviers.
1.1.4.2.2. La nature du potentiel de Développement
Durable.
Si un gouvernement voulait étudier le succès de
son pays dans le maintien d'une croissance durable, quels sont les concepts,
les instruments de mesure qu'il pourrait utiliser ?
Il apparaît souhaitable d'inclure également les
ressources naturelles dans les modèles de croissance économique
et dans la mesure de la production nationale. Pour inclure les ressources
naturelles dans la réflexion sur la croissance économique, les
économistes ont élaboré le concept de capital naturel
d'où la première mesure. La deuxième est liée au
concept de potentiel de développement durable qui est la capacité
à maintenir la consommation, pendant une période
indéfinie, à un niveau constant. Il existe d'autres
méthodes qui tiennent compte des ressources et du revenu national.
1.1.4.2.3. La pratique de la Méthode
d'Evaluation Contingente (MEC).
La méthode d'évaluation contingente a
été appliquée pour la première fois par R. Devis en
1963, pour la valorisation des actifs naturels. Cette méthode est depuis
très utilisée par les économistes du fait de sa relative
simplicité.
17
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
La théorie économique connaît plusieurs
méthodes d'évaluation des dommages liés à la
dégradation de l'environnement.
La méthode des marchés hypothétiques,
encore appelée méthode d'évaluation contingente, ne repose
pas sur une référence à des marchés existants, mais
procède à une évaluation directe du consentement à
payer au moyen d'enquêtes et de questionnaires.
Elle consiste à amener les personnes soumises aux
enquêtes à révéler leur préférence en
ce qui concerne la demande d'un bien environnemental (qualité de
l'environnement comme le sol, les voies ; etc.) par le truchement, soit du
consentement à payer (CAP) pour bénéficier d'une
amélioration de la qualité de l'environnement, soit du
consentement à recevoir (CAR) comme compensation si le dommage dû
à la dégradation de l'environnement est inévitable.
Il s'agit d'une méthode qui permet, par interrogation
directe des individus de générer une estimation des mesures
compensées de variation du bien-être. C'est un ensemble de
procédures utilisées pour estimer la variation d'utilité
ex-ante de l'impact d'une politique à l'aide de questionnaires directs,
de jeux d'enchères ou de référendum.
On décrit aux agents interrogés un marché
contingent dans lequel on leur fait faire un choix. C'est à dire qu'on
décrit à travers un scénario, par exemple sur la base
d'une politique visant à l'amélioration d'un actif
environnemental, pour ce qui nous concerne, l'amélioration de
l'exploitation de graviers ; et on demande ensuite dans le questionnaire quel
est le consentement à payer de la personne enquêtée pour
cette amélioration ainsi qu'un certain nombre d'autres questions.
Puisqu'il s'agit d'une méthode alternative de
valorisation des actifs naturels, plus souvent utilisée car plus
flexible, il conviendra de s'interroger sur son degré de
validité. Il importe donc de maîtriser les principes de la
Méthode d'Evaluation Contingente (MEC).
Il faut noter qu'il y a 4 mesures du surplus, mais le choix
dépend de l'état de référence ainsi que de
l'état de droit des individus sur l'offre des actifs naturels. La MEC
est employée chaque fois que le marché ne permet pas d'utiliser
les méthodes indirectes de révélation des
préférences, ou lorsque l'intervention publique ne peut s'appuyer
sur aucune donnée disponible.
18
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Pour comprendre les possibilités, mais aussi les
limites dans l'exercice d'évaluation contingente, il convient de
s'arrêter sur les obstacles auxquels se heurte une
révélation parfaite des préférences.
La MEC s'expose donc à des difficultés d'analyse
importantes. Ces difficultés découlent non seulement de limites
opératoires (Exemple : lourdeur du dispositif d'enquête) mais
aussi de multiples biais qu'elle peut impliquer (BONNIEUX, 1998; CARSON, 1999).
Il s'agit notamment du caractère fictif de l'échange
proposé qui impose de s'interroger sur la solidité des
consentements à payer déclarés ex ante. C'est le biais
hypothétique. Il s'agit aussi de la méconnaissance des
conséquences de l'amélioration avancée dans le
scénario qui implique une sensibilité parfois extrême des
réponses au contenu du scénario, au protocole d'enquête et
aux informations véhiculées par d'autres questions. C'est le
biais informationnel (WILLINGER, 1996).
Du fait au moins de ces deux biais, nous savons, depuis les
recherches réalisées par TVERSKY et KAHNEMAN, que cette
méthode présente le risque de construire les réponses
qu'elle vise à recueillir.
Aussi, une littérature foisonnante aborde cette
problématique des biais. Elle traite cette question le plus souvent sous
l'angle de la résolution économétrique du biais induit par
les questions servant aux enquêtés pour déclarer leur
intention de payer : question ouverte ou fermée, nombre des montants ou
intervalles proposés ; etc.
Cet exercice de choix exige donc la résolution par
l'agent de deux problèmes: un problème de formulation de la
valeur (choix sous contrainte budgétaire) et un problème de
révélation de cette valeur (opportunité et comportement
stratégique).
Dans leur ouvrage (Desaigues et Point, 1993) sur les
méthodes d'évaluation, ces deux économistes de
l'environnement proposent la prise en compte de six points pour faire une
évaluation correcte et éviter un certain nombre de biais.
Le mécanisme de l'évaluation contingente
nécessite donc six (6) points à savoir : la population
interrogée, la définition de l'actif naturel, le support de
paiement, la question de révélation des valeurs (le
système d'enchères montantes ou descendantes, la question
ouverte, la question fermée), les caractéristiques
socio-économiques et enfin l'élaboration du questionnaire.
19
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
L'analyse des réponses et le calcul du Consentement
à Payer maximal (CAP) moyen se fait à base de différents
modèles dépendant des types de question (ouverte ou
fermée), et des réponses données par les individus. Il y a
le modèle Logit et le modèle Probit. Ces deux modèles sont
utilisés dans le cadre de l'analyse des questions fermées
simples. Lorsque la loi des termes aléatoires est logistique, on utilise
le modèle Logit. Le modèle Probit s'utilise dans le cas d'une loi
normale.
La résolution du biais d'auto-sélection et la
prise en compte des variables censurées se fait grâce au
modèle Tobit et la méthode d'Heckman, méthode de Greene.
Ces modèles sont utilisés dans le cadre de l'analyse des
réponses à la question ouverte.
Le traitement du biais hypothétique se fait dans le cas
des surévaluations du CAP.
Parmi les études sur les évaluations directes
des actifs naturels, l'évaluation contingente est la méthode la
plus utilisée.
Une étude sur l'application de la méthode
d'évaluation contingente aux récifs coralliens dans la
Caraïbe a été faite dans la zone de pigeon de la Guadeloupe
par J. RABOTEUR et M. RODES, en avril 2006.
Cette étude porte sur les récifs coralliens. Ces
récifs sont présents dans plus de cent (100) pays. C'est l'un des
écosystèmes les plus variés de notre planète. Il
convient donc, dans ces régions et plus particulièrement en
Guadeloupe, d'avoir conscience de l'impact des activités humaines sur
l'environnement.
Dans cette optique, une évaluation économique du
patrimoine environnemental s'est avérée indispensable pour une
gestion durable des actifs naturels. L'objectif de cette étude
exploratoire est d'estimer la valeur économique globale de la zone de
Pigeon en Guadeloupe.
Cet article utilise la méthode de l'évaluation
contingente pour une évaluation du bénéfice
économique et social de l'actif naturel que représentent les
récifs frangeants des îlets Pigeon.
R. Kast et S. Luchini dans leur article intitulé "
Calcul économique et incertitude socio-politique : une procédure
d'évaluation des projets publics " ont accordé une place
importante à l'évaluation contingente des biens publics.
20
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Cette étude montre que les processus de décision
publique possèdent une double dimension.
Ils doivent à la fois tenir compte d'aspects
économiques et du contexte socio-politique dans lequel ils
s'inscrivent.
Cet article construit une procédure d'évaluation
expérimentale en deux étapes, fondée sur deux
théories économiques, qui permet d'évaluer les
bénéfices d'un projet public donné en tenant compte des
aspects socio-politiques.
L'évaluation contingente est utilisée pour
savoir combien les individus sont prêts à payer ex-ante
pour une modification donnée (quantitative ou qualitative) d'un bien
public.
G. Geniaux et S. L. GREQAM font une description dans
leur article relatif à l'évaluation économique des
ressources non échangées, de l'évaluation contingente.
Dans leur exposé, les méthodes indirectes telles
que la méthode des coûts de protection, la méthode
hédonistique et la méthode des coûts de transport n'ont pas
été abordées. Seule est présentée la
méthode d'évaluation contingente. Cette méthode permet
théoriquement de mesurer l'ensemble des valeurs que la théorie
économique a mis à jour.
L'objectif de cette étude est de contribuer à
fournir des informations susceptibles d'éclairer les décisions
des pouvoirs publics dans la mise en oeuvre de l'Assurance Maladie Universelle
en Côte d'Ivoire. De façon spécifique, il s'agit d'estimer
les dispositions des ménages à cotiser pour l'Assurance Maladie
Universelle et d'identifier les facteurs explicatifs de ces cotisations. Pour y
arriver, une enquête basée sur la méthode de
l'évaluation contingente et portant sur 367 chefs de ménages
agricoles a été réalisée dans le département
d'Aboisso, département agricole situé à l'Est d'Abidjan,
à la frontière ivoiro-ghanéenne. Les données de
cette enquête ont été analysées en utilisant une
approche descriptive et en ayant recours à un modèle
économétrique : le modèle tobit censuré.
R. E GBINLO dans son étude sur « Évaluation
du coût social de la pollution de l'air par les taxis moto à
Cotonou, Bénin » a utilisé la MEC pour évaluer le
coût social de la pollution de l'air par les taxis moto à
Cotonou.
Cette étude débouche sur la première
estimation du CAP des Cotonois pour améliorer la qualité de l'air
et la détermination du coût social lié à
l'activité de taxis moto.
21
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
De cette étude, il ressort que le CAP est une fonction
croissante du revenu, des dépenses de santé, les personnes
âgées annonçant, toutes choses étant égales
par ailleurs, une valeur plus faible que les autres. Les femmes ont un CAP plus
élevé que les hommes. Ce coût social qui caractérise
la perte du bien-être causée par la détérioration de
la qualité de l'air pour l'ensemble de la population exposée est
déterminé par la méthode d'évaluation contingente.
Il s'élève à 429.481.264 FCFA et constitue un
véritable outil d'aide à la décision pour les pouvoirs
publics en matière de politique de transport et d'amélioration de
la qualité de l'air.
Toutefois, aux vues de tout ce qui précède en
comparant les avantages et les limites de toutes les méthodes de
monétarisation, et en fonction du temps et des ressources dont nous
disposons, nous avons opté dans le cadre de cette recherche, une
démarche basée sur l'étude des externalités
grâce à la méthode d'évaluation contingente, une
méthode qui est donc adaptée à l'évaluation des
impacts de l'exploitation des carrières de graviers sur l'environnement.
Cette méthode permet par interrogation directe des individus, de
générer une estimation des mesures compensées de variation
du bien-être. Son apparente simplicité, jointe à un
approfondissement récent des procédures à respecter pour
lui conserver une certaine fiabilité (Mitchell et Carson, 1989),
explique son succès parmi les économistes : c'est certainement la
méthode de valorisation des actifs naturels la plus utilisée ces
dernières années car elle permet de mesurer les
bénéfices d'usage et de non-usage.
1.2. Méthodologie de la recherche
L'étude se portera sur une démarche descriptive,
quantitative, et analytique. Afin de pouvoir évaluer les
externalités et proposer des alternatives en matière de
développement durable, la population à étudier est
constituée de toute personne exerçant l'activité
d'exploitation de gravier dans la commune de Dogbo, des habitants de
l'arrondissement de Dévé et de toute autre personne
n'exerçant pas cette activité d'extraction de graviers mais ayant
connaissance du domaine et pouvant fournir des informations susceptibles de
nous aider à mieux cerner le phénomène.
1.2.1. Choix du cadre de travail 1.2.1.1. Justification
du choix du cadre
L'étude porte sur l'exploitation des graviers dans la
commune de Dogbo précisément dans l'arrondissement de
Dévé où l'exploitation est plus effective et les autres
arrondissements voisins qui ont des gisements non exploités. C'est pour
éviter que les sites de la commune de Dogbo où l'exploitation de
graviers est intense ne subissent le même sort
22
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
d'épuisement rapide que les autres disparus, et pour
essayer d'inscrire l'exploitation de ces sites dans l'optique d'un
développement durable, que nous avons choisi de mener des recherches
dans la commune de Dogbo.
De plus, dans une présentation sur « les
opportunités d'investissement au Bénin » au Congrès
Africain - BPW - Cotonou 9 - 11 août 2007, la commune de Dogbo est la
seule localité à avoir l'activité de graviers comme
activités porteuses de développement. C'est d'ailleurs la
première activité en plus du palmier à huile. Il est
à noter que nous avons une parfaite connaissance du cadre pour y avoir
vécu longtemps. La zone d'étude est limitée à la
seule commune de Dogbo compte tenu de nos contraintes financières.
Néanmoins le constat reste à quelques exceptions près, le
même dans les communes voisines du département.
Il va s'en dire que les résultats pourront inspirer
d'autres recherches portant sur le gravier dans d'autres localités.
1.2.1.2. Présentation de la commune de Dogbo
La Commune de Dogbo est située au sud-ouest de la
République du Bénin, et plus précisément au sud du
département du Couffo. Elle est limitée au sud par les Communes
de Lokossa et de Bopa, au nord par les Communes de Lalo, Toviklin et
Djakotomey, à l'est par les Communes de Lalo et Bopa et à l'ouest
par la République du Togo. Elle s'étend sur 375 km2 et
fait partie de la zone géographiquement homogène
dénommée : "plateau Adja" avec une altitude moyenne de 80
mètres.
La Commune de Dogbo comprend cinquante-deux (52) villages
répartis entre sept (07) Arrondissements, à savoir : Ayomi,
Dévé, Honton, Lokogohoué, Madjrè, Tota et
Totchangni. La ville de Dogbo-Tota ou Tota est le Chef-lieu de la Commune.
La Commune de Dogbo jouit d'un climat du type
subéquatorial caractérisé par de faibles écarts de
température, avec une moyenne de 27° C sur l'année. Les
précipitations annuelles fluctuent autour de 1100 mm, avec quatre
saisons, à savoir:
-une grande saison pluvieuse de mars à juillet, -une
petite saison sèche d'août à septembre,
-une petite saison des pluies de septembre à novembre,
-une grande saison sèche de décembre à mars.
23
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
On note de plus en plus des perturbations climatiques qui se
traduisent par une irrégularité et un retard dans l'installation
des pluies de la grande saison et une réduction de la petite saison.
La Commune de Dogbo dispose d'une variété de sols.
Les sols dominants sont:
-les sols ferralitiques faiblement dessaturés sur
matériaux argilo-sableux remaniés et de grès sur
sédiment crétacé,
-les sols ferralitiques faiblement dessaturés sur
sédiment meuble argilo-sableux du continental terminal,
-les sols hydromorphes.
La végétation, autrefois faite de savanes
arbustives ou arborées, est de nos jours essentiellement dominée
par le palmier à huile, les graminées et quelques reliques de
forêts dont la plus importante est la forêt classée de Dogbo
Ahomey, s'étendant sur une superficie ne dépassant que quelques
hectares.
La population de la commune de Dogbo est de 76.947
habitants4 contre 63.722 en 1992, soit un taux d'accroissement
annuel moyen de 1,90%. Ce taux d'accroissement qui se situe largement en
dessous de la moyenne nationale (3,23%) s'explique par le fait que Dogbo est
une commune d'émigration.
De plus la commune de Dogbo, dans une certaine mesure est
d'une importance non négligeable dans le département du Couffo
avec un poids démographique représentant 14,67% de la population
totale du département qui est de 524.586 habitants (RGPH 2002).
Selon le Service de l'état civil de la Mairie de Dogbo,
la population en 2008 (janvier 2008) est estimée à environ 91.879
habitants.
La densité de peuplement est de 161,6 habitants/km,
faisant ainsi de Dogbo une commune très peuplée avec une forte
pression sur le foncier.
Les femmes représentent 52,5% de la population et les
hommes 47,5%; d'où un taux de masculinité de 90,5%. Ce taux est
le plus élevé de tout le Couffo qui est un département de
forte émigration féminine.
4 INSAE 2003
24
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Cette population est majoritairement constituée d'Adja
(plus de 93% de la population). On rencontre aussi quelques ethnies
minoritaires tels que les Sahouè, les Kotafon, les Fon et les Mina.
L'économie de la Commune de Dogbo est assez dynamique
avec un taux d'activité de la population estimée à 70,67%.
Bien que l'agriculture soit la principale source de richesse, elle n'emploie
que 33,03% de la population active qui se trouve plus concentrée dans le
commerce (36,40%). L'agriculture est du type traditionnel essentiellement,
spécialisée dans la production vivrière pour laquelle le
maïs reste la culture principale. La houe et la machette constituent les
principaux outils de travail du sol.
En dehors de l'agriculture, l'économie de la Commune de
Dogbo est dominée par le commerce et l'artisanat. Le transport et
l'exploitation des carrières occupent également une partie de la
population active et procurent de revenus à quelques ménages.
Dans les différentes branches, les acteurs
opèrent presque tous dans le secteur informel ; ainsi, on ne
dénombre dans toute la commune que sept (7) entreprises
immatriculées au registre du commerce dont six (6) du secteur tertiaire.
Cette situation hypothèque gravement la santé financière
de la commune dont le budget est, de ce fait, réduit pour l'essentiel
aux droits de place et à la rente provenant de l'exploitation des
carrières de graviers.
De façon générale, l'importance des
activités non agricoles est difficilement quantifiable faute de
données statistiques.
Au niveau des indicateurs qui mesurent le niveau de la
pauvreté, la commune de Dogbo présente une Incidence de
pauvreté (P0 en %) de 39,5 ; l'Indice de profondeur (P1) est de 0,084 ;
l'Indice de sévérité (P2) est de 0,027 et P1/P0
(en % du seuil de pauvreté) est de 21,2. (OCS, Rapport
Départemental sur les OMD au Bénin, 2007)
La commune de Dogbo a le déficit de dépense des
pauvres la plus faible (21,2%) mais une incidence qui avoisine les 40% (INSAE,
EMICOV, 2006).
Les indices de pauvreté humaine (IPH) de la commune de
Dogbo en 2006 se caractérisent par : une probabilité de mourir
avant 40 ans (en %) de 34.7 ; un taux d'analphabétisme des adultes (15
ans et plus) de 50.9; un pourcentage de population n'ayant pas accès
à l'eau potable de 8,1 ; une insuffisance pondérale de 14,4 ; un
indice du niveau de
25
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
vie décent de 11.3 et un IPH (en %) de 38.8. (OCS, Rapport
Départemental sur les OMD au Bénin, 2007)
1.2.2. Modélisation.
1.2.2.1. Echantillonnage, méthode de collecte et
types de données.
Dans le cadre de l'enquête relative à
l'explication de l'évolution du volume d'exploitation, nous avons choisi
comme unité statistique de la population "un individu
propriétaire exerçant l'activité d'exploitation de
graviers dans la commune de Dogbo". Un individu vivant à DEVE
représente l'unité de la population relative à
l'évaluation d'externalités. En outre, afin de mieux comprendre
le secteur de graviers pour une meilleure analyse, nous avons mené une
série d'entretien au niveau des exploitants de toutes catégories
et au niveau de toutes autres personnes ayant connaissance du domaine
d'exploitation de graviers.
Compte tenu du temps et des moyens matériels et
financiers dont nous disposons pour mener cette recherche, nous nous sommes
limités à une taille d'échantillon de 203 individus pour
toute l'enquête, dont 105 pour la MEC, 48 pour les exploitants
propriétaires et 50 pour les entretiens. Les données relatives
à l'évolution du volume d'exploitation sont celles concernant les
volumes trimestriels de graviers sortis de Dévé de la
période allant du premier trimestre de l'an 2001 au troisième
trimestre de l'an 2008.
Parmi les 105 individus de la MEC, 66 sont proches des voies
dégradées et sont habitués aux milieux d'exploitation
tandis que 39 sont dans des maisons qui y sont peu éloignées.
L'exploitation se fait sur trois zones, ce qui a amené
à interroger 16 exploitants propriétaires par zone pour les 48
exploitants propriétaires interrogés. Les personnes avec qui on a
eu d'entretien sont les autorités de la Mairie de Dogbo, de
l'arrondissement de Dévé, des responsables du collectif des
artisans miniers, des cadres de DG/Mines, de OBRGM, des entrepreneurs, les
commerçants de graviers à Cotonou et à Porto-Novo.
Les différentes enquêtes ont été
effectuées par administration directe de questionnaire, d'une
durée de 30 minutes par personne sur le site. Toute fois, il faut noter
que l'observation directe a servi à expliquer un certain nombre de
comportements adoptés par la population, ainsi que les dommages.
26
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Au niveau de la MEC, la plupart des enquêtés
connaissent bien le degré de dégradation des sites
d'exploitations, des voies et des risques d'accident de l'exploitation du
gravier dans l'arrondissement de Dévé, ce qui a facilité
l'exercice d'évaluation contingente.
De plus, toute une série d'illustrations de l'impact de
cette exploitation sur la santé des exploitants, des populations
riveraines, sur les voies et le sol, ont aidé les individus
interrogés à émettre et à valoriser leurs
préférences.
La question posée était la suivante: «Quel
montant maximum consentirez-vous à payer par an dans la mise en oeuvre
de la politique visant à améliorer l'exploitation des
carrières de graviers à Dévé?» Si la
réponse est nulle, on demande quelles sont les raisons du refus de
paiement (manque d'information, indifférence, refus du principe de
paiement, crainte de payer pour l'autre, etc.).
Cette étude part des données relatives à
l'activité d'exploitation des ressources naturelles non renouvelables,
notamment les graviers de la commune de Dogbo pour montrer qu'il y a une
mauvaise exploitation afin de proposer une politique de gestion efficiente du
secteur.
Pour ce faire, on a étudié de façon
sommaire la manière dont l'exploitation de gravier est faite à
Dogbo à travers l'analyse du volume d'exploitation et de ses
déterminants, pour identifier les facteurs qui expliquent cette mauvaise
exploitation.
La mesure des externalités est faite par la
méthode d'évaluation contingente (MEC) afin de pouvoir proposer
aux autorités, des outils de prise de décisions politiques en
terme d'arbitrage en matière de tarification pouvant permettre la
diminution de l'éventail des dommages causés par
l'activité. Toute chose étant égal par ailleurs, ceci
permettra un assainissement du secteur qui passe nécessairement par la
discipline de ses acteurs.
Par ailleurs des variables socio-économiques ont
été prises en compte en vue de mesurer leur influence sur le
CAP.
1.2.1.2. Description de la MEC
Ce paragraphe décrit, le déroulement de
l'étude par la MEC.
27
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
1.2.1.2.1. Identification du changement de qualité
environnementale que l'on cherche à valoriser
Du point de vue de la théorie économique, le
changement de qualité environnementale que l'on étudie se traduit
par une variation du niveau de bien-être des personnes concernées
par le changement. Cette étude cherche à estimer la valeur
accordée par la société à une mesure visant
à corriger les dommages environnementaux dus à l'exploitation de
graviers dans la commune de Dogbo.
La variation de bien-être liée à la mise
en oeuvre de la mesure se classe dans l'un des trois cas suivants :
-Augmentation du niveau de bien-être si la personne
interrogée estime que cette mesure est « bonne » pour elle et
est favorable à sa mise en oeuvre. Une personne qui voit son
utilité augmenter est parfois qualifiée de « gagnante
».
-Diminution du niveau de bien-être si la personne
interrogée juge qu'elle sera dans une « moins bonne situation
» en raison de la mise en oeuvre de la mesure (car cette mesure
amoindrirait le profit qu'elle tire de l'exploitation du gravier). Une personne
qui voit son utilité diminuer est parfois qualifiée de «
perdante ».
-Aucune variation de bien-être si la personne
interrogée est indifférente en ce qui concerne la mise en oeuvre
de la mesure.
L'objectif de la méthode d'évaluation
contingente est de traduire ces variations de bien-être en une mesure
monétaire. Le premier cas (variation positive du niveau de
bien-être) signifie que la personne est prête à payer pour
bénéficier de la mesure qui augmente son bienêtre. Le
consentement à payer est défini précisément comme
la somme d'argent qui laisse la personne indifférente entre le statu quo
(avec un revenu inchangé) et le nouveau niveau de qualité
(supérieur au précédent) avec un revenu réduit de
cette somme. Ce consentement à payer est la mesure monétaire de
la variation de bien-être engendrée par le changement de
qualité environnementale.
Il est à noter, que le consentement à payer est
l'une des manières d'estimer la valeur d'un bien ou d'un service
environnemental. C'est la mesure appropriée lorsque l'évaluation
contingente propose aux personnes interrogées d'acheter un bien (par
exemple, une amélioration de la qualité de l'environnement).
Par contre, le consentement à recevoir est le concept
théorique approprié quand l'évaluation contingente demande
aux personnes interrogées de renoncer au bien étudié.
Il
28
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
peut correspondre par exemple à un dédommagement
pour compenser la présence d'une usine d'incinération d'ordures
ménagères à proximité du lieu de résidence
des personnes interrogées.
Dans la plupart des études, c'est le consentement
à payer qui est utilisé. En effet, il est
généralement très difficile d'obtenir des valeurs fiables
avec des questions portant sur le consentement à recevoir, en raison
notamment de comportements stratégiques de la part des personnes
interrogées.
1.2.1.2.2. Détermination de la population
concernée
Une fois que le changement de qualité environnementale que
l'on étudie a été déterminé, il est
nécessaire de définir la population concernée par ce
changement. Cette information est indispensable pour constituer la base de
sondage, c'est-à-dire la liste des personnes susceptibles d'être
interrogées au cours de l'enquête.
C'est dans l'objectif d'obtenir un échantillon
représentatif de la population qui est plus concernée par les
effets négatifs de l'exploitation des graviers, que nous avons choisis
l'arrondissement de Dévé. Ce choix se justifie selon nos constats
par le fait que, d'une part, ce soit dans cet arrondissement que l'exploitation
est effective dans la commune. D'autre part, dans cette commune, ce sont les
habitants de Dévé qui souffrent le plus des nuisances
causées par l'exploitation de graviers.
La population choisie à ce niveau est l'ensemble des
individus vivant à Dévé dans la mesure où chaque
individu vit les nuisances individuellement. Compte tenu des contraintes
financières et de temps, la taille de l'échantillon retenue pour
cette étude est de 105 individus dont 66 sont proches des voies
dégradées et sont habitués aux milieux d'exploitation
tandis que 39 sont dans des maisons qui y sont peu éloignées. Les
individus enquêtés ont été
sélectionnés de façon aléatoire.
1.2.1.2.3. Rédaction du scénario
d'évaluation contingente
Le scénario se retrouve en annexe1 au niveau du
questionnaire B (MEC).
Il faut noter que les différents modes choisis ainsi que
les informations fournies dans le scénario ont pour objectif entre
autres :
- de rendre neutre la description du scénario ;
- de faire une description suffisante pour assurer la bonne
compréhension ;
29
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
- de permettre aux personnes interrogées de
révéler la valeur qu'elles accordent au changement de
qualité environnementale.
1.2.1.2.4. La question de valorisation
Il existe quatre (04) différents modes de
révélation de la valeur à savoir : la question ouverte, la
question fermée, le système d'enchères et la carte de
paiement.
La présente étude, a adopté la question
ouverte. Ce choix est issu de la comparaison des différents modes.
En effet, la question ouverte fournit le plus d'information
sur le consentement à payer de la personne interrogée. Cela
signifie que, pour une même taille d'échantillon, la
question ouverte fournit l'estimation la plus précise
de la valeur accordée au bien, en supposant que toutes les personnes
répondent honnêtement. Néanmoins, cette hypothèse
est peut être forte dans la mesure où les personnes qui souhaitent
une amélioration de la qualité du milieu peuvent indiquer une
valeur plus élevée que leur consentement à payer
réel afin d'influencer la décision de mettre en oeuvre une mesure
permettant l'amélioration du milieu.
De plus, elle a une facilité de mise en oeuvre,
exigeant un faible échantillon, et n'ayant aucun risque d'ancrage.
Mais néanmoins, elle présente quelques limites
dont : la faible incitation à la révélation, un effort
cognitif élevé, la présence souvent d'un nombre
élevé de valeurs nulles ainsi que de non-réponses.
En résumé, la question ouverte permet d'obtenir
une même précision qu'une question fermée à partir
d'un échantillon de plus faible taille. Les informations sur le
consentement à payer sont obtenues directement. Le consentement à
payer moyen peut ainsi être calculé directement par une simple
moyenne empirique.
En revanche, la question ouverte n'incite pas les personnes
interrogées à révéler honnêtement la valeur
qu'elles accordent au bien environnemental étudié. Par ailleurs,
elle favorise la non-réponse à la question sur le consentement
à payer dans la mesure où il est plus difficile de
répondre à cette question qu'à une simple question «
oui/non ».
Dans notre étude, nous avons privilégié,
la simplicité de mise en oeuvre et de traitement statistique et une
faible taille d'échantillon. Ceci nous a amené à adopter
la question ouverte.
30
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
1.2.1.2.5. Les autres questions
Il est important de prévoir l'inclusion de questions
socio-économiques dans le questionnaire. En particulier, les variables
suivantes se sont souvent révélées être des bons
prédicteurs de l'acceptation de payer et du niveau du consentement a
payer : le niveau de revenu, l'age, la profession, et le nombre de personnes en
charge. De plus d'autres variables pertinentes et spécifiques a
l'étude sont prises en compte : genre, niveau d'instruction, situation
matrimoniale, sensibilité, nombre d'accident ou de risque d'accident et
la notion de développement durable.
Dans le calcul du consentement à payer au maximum moyen
par individu et par an, il sera question de considérer des CAP
strictement positifs et les vrais zéros (sans les faux zéros).
Pour identifier ces vrais et faux zéros, un ensemble de
choix est proposé dans la réponse à la question de suivi.
(Voir annexe1)
Les raisons 2, 3, 6, 9 et 10 correspondent à des vrais
zéros, les autres à des faux zéros.
1.2.3. Spécification du modèle
Il s'agit d'utiliser l'approche statistique, ou l'approche
économétrique de régression multiple d'une
hypothèse à une autre.
1.2.3.1. Evolution de l'exploitation du
gravier
Pour analyser l'évolution de l'exploitation du gravier
dans le temps, nous avons considéré l'équation
linéaire suivante : Z= aT + b avec Z le volume trimestriel de graviers
sorti de Dévé, et T le temps exprimé en trimestre, a le
coefficient de régression et b la constante.
Pour estimer le paramètre de ce modèle, un
ajustement par la méthode des moindres carré ordinaire (MCO) est
fait. La pente de la droite d'ajustement qui traduit la relation entre le
volume d'exploitation et le temps, sera analysée.
1.2.3.2. Analyse des déterminants de
l'exploitation
Pour analyser les déterminants de l'exploitation, il est
question d'un modèle de régression linéaire. Ce
modèle est de la forme : (1) Y = XA+U,
31
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Y est le volume mensuel exploité de graviers, X est un
vecteur de variables susceptibles d'affecter l'exploitation du gravier, A le
vecteurs des coefficients et U le terme d'erreur.
Pr ix de cession
ancienneté
X nombre de personnes en charges
Bénéfices
Exigeances de normes
Coûts d ' exploitation
La forme fonctionnelle retenue pour l'équation (1) est
donc la suivante :
VOLEXPLOIT = c(1) + c(2)* PRIX + c(3)*ANCIEN + c(4)* NOMBRE +
c(5)*REVENU + c(6)* EXIGE + c(7)*DEPENSE.
VOLEXPLOIT : c'est le volume mensuel exploité de
graviers.
PRIX : C'est le prix de cession du m3 de gravier dans
le mois.
ANCIEN : C'est l'ancienneté dans le domaine de
l'exploitation de graviers.
NOMBRE : c'est le nombre de personnes en charge.
REVENU : c'est le bénéfice mensuel tiré de
l'exploitation de graviers.
EXIGE : c'est l'exigence de normes. C'est une variable dummy
introduite pour voir si les normes ou formalités administratives sont
trop contraignantes ou non. EXIGE = 1 signifie que les contraintes sont
élevées et 0 si non.
DEPENSE : C'est l'ensemble des dépenses mensuelles
effectuées par le propriétaire au cours de l'exploitation.
1.2.3.3. Modélisation du CAP
Considérons le programme primal d'une personne
enquêtée qui maximise sa fonction d'utilité U pour un
vecteur de prix P et un niveau de revenu Yo donnés. Son programme
s'écrit de la façon suivante:
Max U (x,Qo, m)
x > o Px <Yo
x est le vecteur des biens privés et m
décrit ses caractéristiques (âge, genre, revenu,
niveau d'instruction...); Qo désigne la politique
environnementale (réparation des dommages du à l'exploitation
des carrières de graviers causés à l'environnement ) en
vigueur. Ce programme admet une solution qui est la fonction
d'utilité indirecte Vo = V (P,Yo, Qo, m). Elle donne le niveau
maximum d'utilité qui peut être atteint compte tenu des prix et
des revenus de la personne interrogée. Ses caractéristiques et
la politique environnementale en vigueur 32
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la
commune de DOGBO.
interviennent en tant que paramètres de cette fonction.
L'amélioration de la qualité ou d'une nouvelle politique
environnementale se traduit, toutes choses étant égales par
ailleurs, par une augmentation du niveau d'utilité qui atteint V1 tel
que: V1= V (P,Yo, Q1, m), V1 Vo Où Q1 désigne la
nouvelle politique de l'amélioration de la qualité de
l'environnement. Si la situation initiale désigne la situation de
référence, le Surplus Compensateur (SC) fournit un
équivalent monétaire de cet accroissement. Il est défini
par:
Vo = V (P,Yo - SC, Q1, m) Le Consentement A Payer (CAP) est
égal au Surplus Compensateur, c'est-à-dire la diminution de
revenu qui permet de conserver le niveau initial d'utilité lorsque la
nouvelle politique est mise en place. Il dépend donc des prix, du
revenu, de la politique environnementale et des caractéristiques
socioéconomiques.
En introduisant une variable aléatoire & nous
spécifions le modèle économétrique de la
façon suivante:
CAP* = f( P,Yo,Qo, Q1, m ) + å
Au cours de l'enquête, les personnes interrogées
annoncent une valeur positive ou nulle du CAP. Pour certaines, la valeur
zéro traduit effectivement une valeur nulle de l'exploitation de
graviers tandis que pour d'autres, il peut s'agir d'un rejet de la question
posée et correspond à un faux zéro.
L'information obtenue ne permet pas de classer les
réponses en catégories plus homogènes; ainsi, on a fait
l'hypothèse que les réponses strictement positives
révélaient le CAP, ce qui conduit à retenir un
modèle Tobit avec CAP* comme variable latente.
Cette variable peut être positive ou négative alors
que le CAP est positif ou nul CAP = CAP* si CAP* > 0 et CAP = 0 si non
Le CAP désigne la valeur monétaire qu'accordent
les personnes interrogées à la qualité de l'exploitation
de graviers. Le modèle est estimé par la méthode du
maximum de vraisemblance (Maddala, 1983).
Les variables explicatives du CAP sont les suivantes : Age,
Nombre, Genre, Niveau, Revenu, Durable.
CAP = Consentement A Payer maximal
Durable = Connaissance ou non de la notion du
développement durable. C'est une variable Dummy = 1 si le degré
de connaissance est élevé ou très élevé, 0
sinon (peu ou pas du tout) ; Genre = Exprime le sexe. Le Genre est une variable
binaire, les hommes sont représentés par 0 et les femmes par 1.
Les hommes étant les plus actifs dans le domaine d'exploitation et plus
responsables vis-à-vis des dommages environnementaux, ils devraient par
conséquent être plus prêts à payer pour
l'amélioration de la qualité de l'environnement. Le signe attendu
est le signe positif ;
33
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Revenu = C'est le revenu mensuel de l'enquêté ; un
signe positif est attendu ;
Niveau = C'est le niveau d'instruction considéré
comme la variable la plus fondamentale dans la prise de conscience à
l'égard des problèmes environnementaux, voire leur demande de
protection. C'est une variable dummy qui prend 0 pour les non-instruits, 1 pour
le niveau primaire, 2 pour le niveau secondaire et 3 pour le supérieur
;
Nombre = Nombre de personnes en charge ;
Age = Exprime l'âge de l'enquêté au moment
de l'interview. L'âge de l'enquêté est un indicateur
pertinent dans l'appréciation du comportement des individus à
appréhender les dommages causés par l'exploitation de
carrière de graviers. Le signe attendu pour cette variable est le signe
positif car les plus âgés devraient être plus
informés de l'impact négatif de l'exploitation sur les
populations et sur l'environnement; il est divisé en 5 classes
d'âge par ordre croissant.
1.2.3.4. Source des données
Les données nécessaires de cette étude
sont les informations primaires recueillies grâce à trois
enquêtes : une enquête auprès des exploitants
(propriétaires et ouvriers), une autre auprès des administrations
locales et auprès des structures gouvernementales comme MMEH, DG/Mines,
OBRGM ; et une troisième plus approfondie auprès de la population
de Dévé, pour s'enquérir des effets réels.
Pour l'enquête auprès des exploitants, nous avons
fait recours à une méthode d'échantillonnage basée
sur des critères tels que : la zone d'exploitation, l'ancienneté
dans le domaine d'exploitation (3 années selon le collectif),
l'importance du volume de gravier exploité ou de l'espace
d'exploitation, etc.
Pour l'enquête auprès des populations, nous avons
collecté des données sur les effets sentis en considérant
la proximité des lieux plus exposés aux nuisances. Les entretiens
auprès des autorités locales et structures gouvernementales sont
faits pour s'informer plus des formalités administratives et politiques
adoptées par les pouvoirs public et local pour la gestion optimale de
l'exploitation du gravier.
L'enquête sur les populations et sur les exploitants est en
coupe transversale. 1.2.3.5. Méthode d'analyse
Pour l'analyse de l'évolution de l'exploitation du gravier
dans le temps, la croissance sera traduite par la forme d'une pente
positive.
34
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Quant au modèle de régression linéaire
multiple, les estimations seront faites sur EVIEWS 5.0. L'analyse de la
significativité et le test d'hypothèse lié aux biais
seront faits afin de mieux proposer une politique efficace pour
améliorer l'exploitation du gravier dans la commune de Dogbo.
35
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
CHAPITRE H : L'EXPLOITATION DU GRAVIER AU
BENIN
|
2.1. Aperçu général sur
l'exploitation du gravier 2.1.1. Evaluation des réserves
Les travaux de recherche ont permis d'identifier des gisements
de graviers dans les départements du ex-Mono, de l'Atlantique et de
l'Ouémé. Les gisements les plus développés se
trouvent dans la partie occidentale et méridionale du plateau de Bopa,
plus précisément dans la région de Sè
(localités de Gbéji-Sohoumè, Hozo, Haindé, Ouando
et Drè), en bordure de la vallée du Mono où une
évaluation sur une superficie de 6km2 a donné une
réserve de 13081000 m3 (MMEH, 1992).
Il en existe également dans la région de Lokossa
puis au Sud-Ouest d'Aplahoué où les dépôts sont plus
étendus, mais non encore évalués.
Les extensions de graviers et galets sous la terre de barre
seraient très importantes dans toute la région de
Sè-Comè où toutefois l'exploitabilité se limiterait
aux zones topographiques basses là où seulement la couverture de
la terre de barre demeure la plus faible. Ainsi, les zones
d'intérêt seraient le front méridional du plateau
d'âge pliocène-pléoistocène ou Continental Terminal
des anciens géologues, et tous les secteurs topographiquement bas. A
Sè les graviers se présentent surtout comme des lentrilles de
types fluvio-lagunaires dont les extensions apparaissent limitées.
(AFFOUDA, 2004)
Dans le département de l'Atlantique les gisements du
secteur Zinvié (Zinvié-Sèdji) identifiés sont de
petites tailles et peu intéressant pour une exploitation
économiquement rentable (A. AGUIDI et al, 1984). Les teneurs de graviers
sont très faibles (teneur 25 %) dans une matrice sablo-argileuse par
endroit indurée.
D'autres indices et gisement de graviers ont été
signalés (SLANSKY, 1962 ; IRB, 1987) à Abomey-Calavi,
Godomè dans l'Atlantique, Sakété et Onigbolo dans le
département du plateau, Porto-Novo dans l'Ouémé,
Covè et Zagnanado dans le Zou.
Faut-Il noter que c'est dans le département du
Mono-Couffo, qu'il existe les plus importants gisements de graviers (Sè,
Gbédji, Sohoumè, Hozo, Haindé, Oumako, Lokossa,
Djakotomey, Dogbo, Drè).
36
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Leur exploitation anarchique engendre des effets néfastes
sur l'environnement. Il faudra donc contrôler cette exploitation de
graviers.
2.1.2. Description de l'exploitation du
gravier.
L'exploitation de gravier dans les régions de
Comè, Sè et alentours est artisanale : elle se fait à la
pelle, à la pioche et au tamis. La production varie entre 6 et 20
mètre-cube par jour et par exploitant et est fonction des moyens mis en
oeuvre (DG/Mines, 1999).
L'exploitation comporte quatre phases à savoir le
décapage, l'extraction, le tri et le lavage à l'aide
respectivement de bulldozer et de moto-pompe. De façon
générale, les conditions de travail sont pénibles,
notamment pour l'exploitation artisanale. La plupart des opérations se
déroulent sans assistance technique. On assiste souvent à un
écumage des gisements ou à l'enfouissement de niveau plus riches
mais plus profonds. Une rationalisation des exploitations s'impose, pour un
développement durable de la filière. C'est dans ce cadre que des
actions d'organisation et de formation sont entreprises par l'administration
minière.
2.1.3. Les politiques de restauration.
Les zones d'exploitation artisanale de graviers présentent
des effets sur l'environnement :
Parmi ces effets, on peut citer :
- la présence de petits monticules de rebus dont
l'érosion par les eaux de ruissellement stérilise par
recouvrement les terres agricoles et provoque aussi l'ensablement des plans et
cours d'eau ;
- la présence des trous d'excavation parfois couverts
d'herbes constitue des risques de dangers permanents aux populations et aux
animaux. Les terres agricoles s'amenuisent à cause des espaces
occupés par les carrières mais également par la
dégradation des surfaces cultivables du fait de l'érosion des
rebus.
Pour résoudre ces problèmes, l'Etat a
procédé à travers le projet de restauration des sites
d'exploitation de graviers dans les départements du Mono et du Couffo,
la restauration de 14 hectares. Cet projet de type public (DG/Mines)
financé par le budget national est mise en oeuvre courant la
période 2003-2006.
Des arbres sont plantés sur les terres
restaurées et mis à la disposition des communautés.
37
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
2.1.4. L'Importance du gravier 2.1.4.1.
Utilisation
L'utilisation principale des graviers est la construction et
dépend de la taille des éléments constitutifs. Ainsi, on
peut distinguer :
- le tout venant (mélange de gravier et de sable) qui peut
être utilisé dans la construction des routes (terrassement,
remblais et bitumage) ;
- Le grain de farine (diamètre allant de 0.5mm à
2mm) pour les travaux d'hydrauliques et la construction des dalles ;
- le grain de riz (diamètre allant de 2mm à 4mm
surtout employé dans la construction de dalles très
résistantes et non fissurées ;
- le gravier 1/15 (diamètre compris entre 4mm et 10mm)
pour le béton armé (poteaux et chaînages) ;
- le gravier 15/25 (diamètre compris entre 10mm et 20mm)
indiqué pour les fondations des maisons ;
- le gravier 25/40 (diamètre variant entre 20mm et au
dessous de 45mm) conseillé pour les fondations dans les marécages
pour le pavage des parterres et également dans la lutte contre
l'érosion.
De plus, il est à noter que le commerce de graviers
assèche les bas-fonds de Cotonou. C'est le cas de la zone de Godomey
où s'installent la plus part des commerçants de graviers de
Cotonou. A ces lieux, ils possèdent aux lavages des graviers.
La technique consiste à creuser un trou sur la partie
nord de ces terrains inondés pour y faire venir l'eau. Les camions
déchargent au bord les graviers sales que des manoeuvres étalent
ensuite sur de grands grillages posés sur des trépieds. Tandis
que l'eau aspirée par une pompe arrose et lave les cailloux, le sable et
la boue se déposent sur le sol comblant progressivement le bas-fond. Ces
déchets représentent en moyenne 20 % de la quantité de
graviers lavés.
Lors de nos entretiens, certains commerçants ont
affirmé que la production hebdomadaire moyenne est de 25 m3
de sable et de boue, soit l'équivalent de quatre camions de terre
jaune.
C'est donc un système très simple qui comporte
beaucoup d'avantages, aussi bien pour les propriétaires des terrains que
pour les exploitants de graviers.
38
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Mais il est fondamentalement important de se demander
où est ce que ces commerçants trouveront de l'eau pour laver
leurs graviers, quand les bas-fonds vont s'assécher.
2.1.4.2. Revenu procuré
Le revenu procuré par l'exploitation de graviers se situe
à trois (03) niveaux à savoir :
-au niveau des exploitants sous forme de salaire ;
-au niveau du collectif des artisans miniers sous forme de
prélèvement dans le but de réparer les dommages
causés à l'environnement et de contribuer au développement
local ; -au niveau de la commune sous forme de taxe sur transport (Comptes
administratifs de la commune 2003-2007).
2.1.4.3. Poids social
Selon la situation d'emploi du secteur minier au bénin,
contenue dans le document intitulé : "orientations et plan d'actions
stratégiques de développement du secteur minier en
république du Bénin" l'ensemble des unités
artisanales de production de graviers utilisent un personnel permanent effectif
moyen estimé à 600, une moyenne annuelle de la main d'oeuvre
occasionnelle de 1400. Le total de l'ensemble des personnes employées
s'estime à 2000. (Plan Stratégique minier, 2008)
Ceci montre l'importance du secteur de graviers dans la lutte
contre la pauvreté à travers la réduction du
chômage.
Par ailleurs l'activité d'exploitation de graviers
permet la réduction de plusieurs fléaux sociaux notamment l'exode
rurale juvénile, l'insécurité, le vol, le trafic des
enfants. Elle permet également à la population de se procurer de
revenu afin de pouvoir satisfaire les besoins vitaux. Il est à noter
qu'en dehors des exploitants, l'exploitation des carrières permet aux
transporteurs propriétaires de camions et aux conducteurs de se procurer
aussi de revenus importants. A ceux-ci s'ajoute, le groupe des
intermédiaires entre l'exploitant et les conducteurs ou les
entrepreneurs communément appelés « démarcheurs
».
2.2. L'exploitation de graviers dans la commune de
Dogbo et ses difficultés
La gestion des carrières de gravier est vue de
l'extérieur comme une activité qui devait permettre à la
commune décentralisé de Dogbo de s'affirmer et s'auto-suffir, du
moins en ce qui concerne ses dépenses de souveraineté. Mais au vu
des réalités et des performances
39
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
sur le terrain, on remarque que plusieurs difficultés
continuent de gangrener le système. Elles sont liées aussi bien
à des facteurs internes, qu'externes.
2.2.1. Facteurs internes.
Les facteurs internes sont tous les éléments
liés à l'organisation et aux instances qui, quotidiennement,
s'occupent de l'activité. Il s'agit ente autre, des groupements
d'exploitants ou d'ouvriers et de l'autorité communale.
Il est question essentiellement des contraintes qui s'imposent
à toute personne désireuse d'exercer l'activité
d'exploitation du gravier à Dogbo. Elles proviennent de la
réglementation en vigueur et constituent une difficulté
réelle. Trois conditions peuvent ainsi être distinguées
à savoir :
-l'acquisition de terre ;
-l'appartenance à un groupement et l'enregistrement au
collectif des Artisans miniers ; -les actions de l'Autorité communale
;
-les difficultés propres à l'exploitation ;
2.2.1.1. L'acquisition de terre
La terre est le premier facteur de production nécessaire
pour l'exploitation du gravier. Pour s'acquérir d'une terre il existe
généralement trois modes : Héritage, Location et Achat.
2.2.1.1.1. L'héritage
Il consiste à exploiter le gravier sur une terre
appartenant à un parent et dont on est légitimement
propriétaire. C'est le mode le moins courant actuellement.
2.2.1.1.2. L'achat
L'achat consiste à acquérir la terre au
près de tierces personnes qui en sont propriétaire afin
d'exploiter le gisement qui s'y trouve. Le coût d'acquisition varie mais
le montant moyen au cantin (environ 20m sur 20m) depuis quelques années
est de 160.000 FCFA. Ce prix varie de 60.000 à 70.000 FCFA en 2001 et de
140.000 à 200.000 FCFA en 2008. C'est le mode le plus utilisé
dans un passé récent.
2.2.1.1.3. La location
Cette dernière consiste à laisser temporairement
une superficie donnée de terre à une autre personne contre une
somme d'argent. Le locataire est ainsi autorisé à exploiter le
gravier
40
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
contenu dans le sol et à effectuer le remblai au terme
de l'exploitation afin de restituer au propriétaire qui peut l'utiliser
pour faire de l'agriculture. Il est à noter ici que le contrat n'est pas
de durée déterminée, et ceci peut amener l'exploitant
à exploiter cette terre autant d'années qu'il voudra. De plus, le
remblai n'est souvent pas effectif et ceci est source de dégradation qui
pourra être fatal une fois que la zone se transformera en brousse.
Le mode d'acquisition le plus courant est donc la location. Il
n'attache pas la personne qui exploite le terrain car dès qu'il finirait
de tirer sa substance du sol, il pourrait aller sur un autre terrain. Ce
phénomène engendre une exploitation abusive des sols.
2.2.1.2. L'appartenance à un groupement et
l'enregistrement au collectif des Artisans Miniers.
Certains exploitants, pour rentabiliser leurs
activités, se sont associés en groupements. Ces groupements sont
constitués des exploitants au niveau de chaque quartier. Ainsi on a : le
Groupement des Artisans Miniers de Gbakehoue (GAM-G), le Groupement des
Artisans Miniers de Zohoudji (GAM-Z) et le Groupement des Artisans Miniers de
Hadlouhoue (GAM-H). Ces groupements sont réunis au niveau de
l'arrondissement pour former le Collectif des Artisans Miniers de
l'arrondissement de Deve (CAM-Dévé).
Ces exploitants paient comme taxes par m3 : 1000
FCFA à la Mairie de Dogbo, 250 FCFA pour le collectif dont 150 au
groupement et 100 au collectif.
2.2.1.2.1. L'appartenance à un
groupement
Elle n'est pas pour autant une condition obligatoire mais
s'impose tout simplement parce qu'il y a un nombre d'individus qui aspirent
à exploiter du gravier et qui ne disposent pas suffisamment de moyens.
En se réunissant, ils deviennent alors plus forts pour faire face au
coût d'obtention du permis d'exploitation. Cette pratique se faisait
entre temps.
Mais actuellement, la DG/Mines a interdit, ce regroupement
collectif pour avoir le permis d'exploitation au profit d'un permis
individuel.
Par ailleurs, l'exploitation au sein d'un groupement
confère aussi bien des droits et des devoirs à l'exploitant.
L'exploitant est en effet tenu de payer une somme de 20.000 comme droit
d'adhésion. Dans les taxes que paie l'exploitant, 150 FCFA revient au
groupement auquel il appartient dont 125 FCFA de redevances annuelles et 25
FCFA, de frais de fonctionnement.
41
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Par ailleurs, depuis que les agents de DG/Mines ne viennent
plus superviser l'activité d'exploitation des carrières de
graviers à Dévé, chaque groupement s'est donné pour
mission de surveiller les membres dans la manière dont l'activité
se déroule.
2.2.1.2.2. L'enregistrement au Collectif des Artisans
Miniers.
Le Collectif des Artisans Miniers est une organisation qui
existe au niveau de l'arrondissement de dévé et qui coordonne les
activités de tous les exploitants, qu'ils soient en groupements ou
individuels. C'est le Collectif des Artisans Miniers de l'arrondissement de
Deve (CAM-Dévé).
L'enregistrement à ce collectif devient alors une
obligation à tout exploitant, puisqu'il lui confère la
légitimité. Il faut ajouter que, tout comme au niveau des
groupements, le collectif perçoit une somme de 100 F sur chaque
mètre cube vendu.
Ces taxes ainsi payées constituent l'essentiel des
fonds qui permettent au collectif d'assurer son fonctionnement, de contribuer
à la réparation des dommages causés à
l'environnement, et de contribuer au développement de
l'arrondissement.
Malheureusement à ce sujet, des problèmes
surgissent. Soit les membres ne s'acquittent pas de leurs taxes, soit les fonds
cotisés sont détournés par le bureau directeur et des
fois, le peu qui est versé pour les dommages causés à
l'environnement est utilisé par l'autorité pour des fins non
élucidées.
Néanmoins, depuis près de deux ans, cette
situation connaît une amélioration grâce à une prise
de conscience tant au niveau des exploitants, qu'au niveau des instances de
décision.
2.2.1.3. Les actions de l'Autorité
communale.
A ce niveau, selon les informations reçues sur le
terrain, l'on pourrait dire que les autorités communales ne
s'intéressent guère à l'organisation de l'activité
d'exploitation de graviers à Dévé. Mais elles se
contentent de prendre une taxe de 1000 FCFA par m3, qu'elles
justifient comme étant une "taxe sur transport" du gravier. Il faut
noter donc qu'aucune mesure n'est encore prise au plan local pour
réorganiser ce secteur qui d'une part, contribue
énormément (plus de 30%) au budget de la commune de Dogbo.
(Comptes administratifs de la commune 2003-2007). D'autre part, ce secteur est
le premier pôle d'activités porteuses de développement dans
la commune de Dogbo. (Congrès Africain, 2007)
42
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
2.2.1.4. Les difficultés propres à
l'exploitation.
Les difficultés d'exploitation sont liées aux
différentes étapes d'exploitation des carrières, allant de
l'extraction jusqu'à la commercialisation.
L'activité d'extraction comporte trois étapes :
- La première étape est celle qui consiste
à utiliser la pioche pour enlever les graviers du sous-sol. Ici, il est
à noter que cette étape exige de la force et est destinée
aux hommes. Le produit qui y sort passe par un premier tamis pour sortir le
« gravier tout venant »
- La deuxième étape concerne le deuxième
niveau de tamis pour sortir les graviers de
types 5/15 et de types « grains de riz ».
- La dernière concerne le lavage puis finalement la
vente. A ce niveau, c'est surtout, la non uniformisation des prix et la faible
demande qui sont les principales difficultés rencontrées par les
exploitants. Ceux-ci sont obligés parfois de céder les graviers
à bas prix en se donnant aux jeux de la concurrence, ou en subissant la
force du vendeur car n'ayant pas une capacité de stockage. Il est
à noter que certains vendent des graviers à crédit, et
c'est difficilement qu'ils arrivent à rentrer en possession de leur
sou.
En général, l'exploitation est un travail de
force et ceci rend malade surtout les ouvriers qui sont obligés de
prendre des médicaments de sources douteuses et qui pourront agir plus
tard sur leur santé. De plus ils risquent souvent les maladies comme :
paludisme, fatigue général, hernie, etc.
Aussi ces ouvriers risquent-ils souvent des accidents mortels
tant au niveau de l'extraction, qu'au niveau du chargement et
déchargement de graviers du camion.
2.2.2. Les facteurs externes
Ils concernent la réglementation en vigueur et
retracent la procédure juridique en matière d'exploitation des
carrières de graviers au Bénin. Il sera essentiellement question
de faire une lecture réfléchie de la loi 83-003 du 17 Mai 1983
portant code Minier de la République Populaire du Bénin.
Selon la loi ci-dessus citée, il existe quatre
étapes à franchir pour exercer l'activité d'exploitation
des carrières de gravier à savoir :
-Autorisation de prospection ;
-Permis de recherches de substances de carrières ;
43
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
-Permis d'exploitation des carrières ; -Concession des
substances de carrières.
2.2.2.1. Autorisation de prospection
La prospection consiste à sonder, à visiter les
champs et les zones censés contenir du gravier de qualité ou les
endroits où le gravier a été précédemment
exploité. Une fois la zone choisie, les ouvriers sarclent les mauvaises
herbes et font la fouille. Après avoir dégagé tout ce
qu'il y a au-dessus du sable mélangé aux cailloux, la phase de la
prospection peut prendre fin. Si la profondeur est très importante et la
qualité de gravier signifiante, l'exploitant conclut que cette zone est
stérile et change alors de site si le propriétaire le lui
permet.
Ainsi, l'autorisation de prospection constitue une
étape importante dans les phases préparatoires à
l'activité d'exploitation des carrières de gravier. Elle est
consacrée par les articles 37 et 38 de la loi 83-003 du 17 Mai 1983 et
représente la première étape à franchir pour mener
cette activité.
Cette autorisation qui constitue une étape importante
de la gestion des carrières, n'est malheureusement pas respectée
par tous les exploitants qui prospectent d'abord les domaines avant d'en
demander autorisation.
Il revient à l'autorité de mettre en place des
compétences en vue de juger de l'opportunité de l'exploitation
d'un site ou d'un autre, suivant des normes tant sur le plan économique
qu'environnemental.
2.2.2.2. Permis de recherche de substances de
carrières.
C'est le deuxième acte requis dans la chaîne des
pièces à obtenir pour exploiter les carrières de gravier.
Aux termes de l'article 39 de la loi 83-003 du 17 Mai 1983 « le permis de
recherche de substance de carrière confère à son titulaire
dans les limites de périmètre et indéfiniment en
profondeur, le droit exclusif de prospection et de recherche de substance de
carrières pour lesquelles il est délivré.». Ainsi,
« le titulaire d'un permis de recherche de substance de carrière
est autorisé sous contrôle du directeur chargé des mines,
à disposer des échantillons provenant des travaux en vu de
procéder à toutes les études et essais industriels
nécessaire.
44
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Toutefois, tous travaux de recherche qui
dégénéreraient en travaux d'exploitation sont
interdits.». Sa durée de validité varie entre 12 mois et 4
ans. Il peut être renouvelable deux fois pour deux ans à chaque
fois.
Le délai de validité de ce permis ne favorise
déjà pas un meilleur suivi. En effet, l'exploitant profite de la
largesse de ce document pour en faire une exploitation et avant même que
l'attention de l'autorité ne soit attirée sur le fait, il aurait
déjà eu l'occasion de tirer le maximum de profit et abandonne les
lieux. Il importe donc de prendre des mesures en vu d'une plus grande rigueur
dans cette étape de la chaîne.
2.2.2.3. Permis d'exploitation des
carrières.
D'une durée de validité de trois ans
renouvelables, « les permis d'exploitation des carrières
constituent des droits mobiliers, indivisibles, non susceptibles
d'hypothèques ». En général les préoccupations
liées aux permis d'exploitation des carrières sont
élucidées dans les articles 50 à 55 de la loi 83-003 du 17
Mai 1983.
Si l'autorité a prévu un délai de trois
ans pour renouveler le permis d'exploitation, c'est en tenant compte d'un
niveau d'exploitation limitant les dommages que pourrait causer une
exploitation abusive du sol. Mais malheureusement des permis d'exploitation ne
sont pas souvent actualisés créant ainsi des problèmes
écologiques dont les conséquences économiques et/ou
environnementales sont énormes à long terme.
2.2.2.4. Concession de substances de
carrières.
« La concession est le contrat par lequel
l'administration autorise une personne privée moyennant une redevance
à réaliser un ouvrage publique ou à occuper de
manière privative un domaine public ». Or, selon l'article 5 de la
loi 83-003 du 17 Mai 1983, les carrières constituent un domaine public
particulier dont la gestion est régie par cette loi. De ce fait, elles
ne peuvent être exploitées que par l'Etat à travers ses
structures. C'est donc conscient de son droit en cette matière, que
l'Etat a prévu la possibilité de concession de substances de
carrières à des personnes physiques ou morales de droit
privé à travers les articles 56 et 57 de la loi 83-003 du 17 Mai
1983. Sa durée de validité est de 30 ans renouvelables deux fois
pour une période de 20 ans à chaque fois.
45
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS
|
3.1. Analyse de l'évolution du volume
d'exploitation du gravier dans le temps.
Les résultats de l'estimation de l'équation de
régression du volume d'exploitation dans le temps sont
présentés dans le tableau 1.
Tableau1 : Résultat de
l'estimation de l'équation de régression du volume
exploité sur toute la période.
Dependent Variable: LVOLUME Method: Least Squares
Date: 10/30/08 Time: 10:43
Sample: 2001:1 2008:3
Included observations: 31
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
4.187923
|
0.184996 22.63787
|
0.0000
|
LTEMPS
|
1.773781
|
0.069672 25.45907
|
0.0000
|
R-squared
|
0.957174
|
Mean dependent var
|
8.656262
|
Adjusted R-squared
|
0.955698
|
S.D. dependent var
|
1.546890
|
S.E. of regression
|
0.325591
|
Akaike info criterion
|
0.655994
|
Sum squared resid
|
3.074282
|
Schwarz criterion
|
0.748509
|
Log likelihood
|
-8.167901
|
F-statistic
|
648.1644
|
Durbin-Watson stat
|
0.914688
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
Ces résultats montrent que le temps est une variable
significative au seuil de 1%. Le coefficient de la variable temps est positif.
Ce qui pourrait s'expliquer par une croissance du volume exploité au fur
et à mesure qu'on passe d'un trimestre à un autre. De plus le
modèle est globalement significatif au seuil de 5%, car
Prob(F-statistic) = 0.000000, une probabilité inférieure à
5%. 95,72 % des fluctuations du volume exploité de graviers sont
expliquées par le nombre de trimestre (R2=0,957174).
Toute chose étant égale par ailleurs, le volume
exploité de graviers dans la commune de Dogbo augmente de 1,77%, si le
nombre de trimestre augmente de 1%. Ce qui montre que l'effet marginal de cette
variable temps est considérable.
Nous constatons donc, que le volume exploité de
graviers dans la commune de Dogbo évolue de façon croissante dans
le temps.
Ce résultat confirme l'Hypothèse No1
de notre recherche qui stipule que le volume exploité de graviers dans
la commune de Dogbo croît dans le temps.
46
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Ce résultat peut être expliqué par
l'importance d'une part que les habitants de la commune accordent à
cette ressource naturelle grâce au caractère commercial qu'elle
revêt, et d'autre part, par l'accroissement des grands travaux.
Les habitants de la commune de Dogbo trouvent dans
l'exploitation de cette ressource, un moyen de se procurer de revenu pour
subvenir à leurs besoins quotidiens. C'est ce qui montre d'ailleurs, le
fait que selon nos constats, cette zone a connu une diminution des petits vols,
de la délinquance et de l'exode rural juvénile, ainsi que
l'amélioration des conditions de subsistances des populations.
De plus, l'accroissement des grands travaux dans les diverses
villes du pays se traduit par une demande de plus en plus croissante. Les
commerçants et les entrepreneurs, quant à eux, trouvent dans
cette exploitation, une source de profit du fait de la croissance de la demande
de graviers.
Une observation de l'allure de la courbe présentée
dans le graphique No1, nous amène à soupçonner
une instabilité de la croissance sur toute la période.
Graphique No1 : Evolution du
volume exploité de graviers dans la commune de Dogbo dans le temps.
30000 25000 20000 15000 10000 5000 0
|
|
|
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29 30 31
En effet, la courbe montre une allure ascendante sur toute la
période. Mais on constate que cette croissance n'est pas
régulière. On note, que la période allant du
1er au 23e trimestre s'achève par une importante
chute. De plus, la période allant du 24e au 31e
trimestre a connu une reprise très remarquable. En effet, du
21e au 23e trimestre, le volume trimestriel
exploité de graviers chute de 34,34% et grimpe de 72,11% du
23e au 25e trimestre. Ce résultat amène
à présager une instabilité de la croissance sur les 31
trimestres.
Pour tester cette instabilité, nous avons fait recours au
test de stabilité de Chow.
47
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la
commune de DOGBO.
De tout ce qui précède, nous avons
considérées deux sous-périodes : une première
allant du 1er au 23e trimestre, une deuxième
allant du 24e au 31e trimestre.
Le test de Chow permet de tester la stabilité de
l'évolution dans le temps et l'homogéinité d'un
phénomène sur un échantillon défini. Dans la
présente étude, il est question de tester la stabilité de
la croissance sur toute la période des 31 trimestres retenus dans notre
échantillon.
Ainsi, il s'agit de tester :
HO : SCR= SCR1 +
SCR2
H1 : SCR ? SCR1
+ SCR2
On calcule donc, la statistique F* = [ (
SCR SCR SCR k
- + /
) ]
1 2 avec SCR la somme
( SCR1 + SCR2) / ( n
- 2k)
des carrés des résidus sur toute la
période n= 31, SCR1 la somme des carrés des résidus sur la
première période n1 =23, SCR2 la somme des carrés des
résidus sur la deuxième période n2 = 8 et k = 2 le nombre
total de variables. F*~F(k, n-2k).
Règle de décision :
On rejette Ho si F* > Flu
Les résulats des régressions sur les deux
sous-périodes sont présentés respectivement dans le
tableau2 et le tableau3.
Tableau2 : Résultat de
l'estimation de l'équation de régression du volume
exploité du 1er au 23e trimestre.
Dependent Variable: LVOLUME Method: Least Squares
Date: 10/30/08 Time: 14:02
Sample: 2001:1 2006:3
Included observations: 23
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
3.987751
|
0.201864 19.75463
|
0.0000
|
LTEMPS
|
1.896601
|
0.084642 22.40730
|
0.0000
|
R-squared
|
0.959854
|
Mean dependent var
|
8.243284
|
Adjusted R-squared
|
0.957942
|
S.D. dependent var
|
1.599883
|
S.E. of regression
|
0.328105
|
Akaike info criterion
|
0.691974
|
Sum squared resid
|
2.260708
|
Schwarz criterion
|
0.790713
|
Log likelihood
|
-5.957701
|
F-statistic
|
502.0871
|
Durbin-Watson stat
|
1.094826
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
48
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la
commune de DOGBO.
Tableau3 : Résultat de
l'estimation de l'équation de régression du volume
exploité du 24e au 31e trimestre.
Dependent Variable: LVOLUME Method: Least Squares
Date: 10/30/08 Time: 14:00 Sample: 2006Q4 2008Q3
Included observations: 8
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
3.681127
|
1.611787 2.283880
|
0.0625
|
LTEMPS
|
1.861376
|
0.486687 3.824585
|
0.0087
|
R-squared
|
0.709125
|
Mean dependent var
|
9.843572
|
Adjusted R-squared
|
0.660646
|
S.D. dependent var
|
0.197828
|
S.E. of regression
|
0.115243
|
Akaike info criterion
|
-1.271235
|
Sum squared resid
|
0.079685
|
Schwarz criterion
|
-1.251375
|
Log likelihood
|
7.084942
|
F-statistic
|
14.62745
|
Durbin-Watson stat
|
2.197281
|
Prob(F-statistic)
|
0.008714
|
Calcul de F*
F* = [ 3, 074282 - ( 2, 260708 + 0, 079685)]/ 2
( 2, 260708 + 0, 079685) /( 3 1 - 2 * 2)
= 4,2333.
Avec la Table de Fisher, au seuil de 5%, on trouve
Flu(2,27) = 3,35.
On constate que F* > Flu, on rejette l'hypothèse de
stabilité Ho et on accepte l'hypothèse H1.
On conclut que le coefficient de régression n'est pas
stable sur les 31 trimestres. Par suite, on déduit que la croissance du
volume exploité de graviers n'est pas stable dans le temps.
La chute du volume exploité de graviers dans la commune
de Dogbo à la fin de la période allant du 1er
trimestre au 23e trimestre pourrait s'expliquer pas un
ralentissement des travaux publics et des travaux de constructions. Ce
ralentissement se justifie par la baisse du niveau des activités
économiques et de celles de construction dans le pays. La reprise
observée à partir du dernier trimestre de l'année 2006,
pourrait s'expliquer par la relance des travaux de construction, notamment les
grands chantiers de l'Etat.
En effet, selon le document de suivi des indicateurs du
Document de Stratégie de la Croissance pour la Réduction de la
Pauvreté (DSCRP), de 2006 à 2007, les niveaux de
49
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
l'activité économique et des infrastructures ont
connus une amélioration (OCS, 2008). Ainsi donc, au niveau de l'Axe 1
concernant l'accélération de la croissance, le taux réel
de croissance économique passe de 3,8% en 2006 à 4,6 en 2007.
Cette évolution traduit l'amélioration du niveau de
l'activité économique. Au niveau de l'Axe 2 concernant le
développement des infrastructures, le linéaire de routes
bitumées passe de 9km en 2006 à 37,3km en 2007. Le
linéaire de pistes rurales aménagées ou
réhabilitées passe de 249,4 km en 2006 à 397km en 2007. De
plus, le nombre d'ouvrages réalisés avec les matériaux
locaux de construction et le nombre de carrières et mines en
exploitation passe respectivement de 30 et 3 en 2006 à 40 et 15 en 2007.
Ceci montre que les transports et les travaux publics ainsi que les
infrastructures minières ont connu une évolution.
3.2. Analyse des déterminants de
l'évolution du volume exploité de graviers dans la commune de
Dogbo.
Les résultats du modèle relatif aux
déterminants de l'évolution du volume exploité de graviers
se trouvent dans le tableau 4-a.
Tableau4-a : Résultat de
l'estimation de l'équation de régression du volume
exploité avec les déterminants.
Dependent Variable: VOLEXPLOIT Method: Least Squares
Date: 11/11/08 Time: 09:46
Sample: 1 48
Included observations: 48
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
105.6288
|
78.70103 1.342152
|
0.1869
|
REVENU
|
0.030133
|
0.012555 2.400170
|
0.0210
|
PRIX
|
-0.037242
|
0.021735 -1.713437
|
0.0942
|
NOMBRE
|
2.772635
|
1.349328 2.054826
|
0.0463
|
EXIGE
|
11.24985
|
10.52311 1.069061
|
0.2913
|
DEPENSE
|
0.000383
|
3.78E-05 10.12030
|
0.0000
|
ANCIEN
|
-0.717332
|
1.124918 -0.637675
|
0.5272
|
R-squared
|
0.766145
|
Mean dependent var
|
67.37500
|
Adjusted R-squared
|
0.731923
|
S.D. dependent var
|
63.79109
|
S.E. of regression
|
33.02859
|
Akaike info criterion
|
9.966662
|
Sum squared resid
|
44726.39
|
Schwarz criterion
|
10.23955
|
Log likelihood
|
-232.1999
|
F-statistic
|
22.38710
|
Durbin-Watson stat
|
1.820107
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
Les résultats du modèle montrent que les
variables explicatives les plus significatives au seuil de 5%, sont les
variables REVENU, NOMBRE et DEPENSE. La variable PRIX est significative
à 10%. Les variables EXIGE et ANCIEN ne sont significatives ni au seuil
de 5%, ni au seuil 10%. Procédons à quelques tests de
validité du modèle.
50
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la
commune de DOGBO.
3.2.1. Significativité Globale
Nous nous intéressons à la
significativité globale du modèle de régression,
c'est-à-dire si l'ensemble des variables explicatives a une influence
sur la variable à expliquer VOLEXPLOIT. Soit le test :
HO : c(2) = c(3) =
c(4) = c(5) = c(6) = c(7 )
0
) ?0
H1 au moins un c i
: (
Nous utilisons la statistique :
R 2
F*n- k = 2
k -1 1-R
* ; F*~F(k, n-2k).
On rejette Ho au risque de 5% si F* > Flu.
Avec Eviews, il suffira de comparer la Prob(F-statistic) au seuil
de 5%. On rejette Ho au risque de 5% si Prob(F-statistic) est inférieur
à 5%.
Des résultats du tableau 4-a, Prob(F-statistic) = 0.000000
donc inférieur à 5%. Alors on rejette Ho et on conclut que le
modèle est globalement significatif.
De plus il est à noter que R2 est de
0,766145, ce qui montre que 76,62% des fluctuations du volume exploité
de graviers sont expliquées par le revenu tiré de l'exploitation,
le prix du m3, le nombre de personnes en charge, le niveau
d'exigence des normes, les coûts d'exploitations et l'ancienneté
dans le secteur du gravier.
Nous allons ensuite procéder, au relâchement
d'hypothèses pour faire quelques tests de détection avant de
procéder à l'analyse des résultats.
3.2.2. Test de détection d'auto-corrélation
des erreurs.
Pour détecter une éventuelle
auto-corrélation des erreurs, nous allons procéder par examen
visuel des résidus.
A partir de la série des résidus issus de
l'estimation, on fait une représentation graphique. Plus il y a
régularité au niveau du signe des erreurs, plus la
présomption d'autocorrélation est élevée. La
visualisation des résidus sur Eviews donne le tableau 4-b.
51
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Tableau4-b Résultats de visualisation de
résidu sur Eviews
Date: 11/11/08 Time: 10:20
Sample: 1 48
Included observations: 48
|
|
|
|
|
|
|
Autocorrelation
|
Partial Correlation
|
|
AC
|
PAC
|
Q-Stat
|
Prob
|
. |*.
|
|
|
. |*.
|
|
|
1
|
0.089
|
0.089
|
0.4038
|
0.525
|
.*| .
|
|
|
.*| .
|
|
|
2
|
-0.177
|
-0.187
|
2.0473
|
0.359
|
. |*.
|
|
|
. |*.
|
|
|
3
|
0.099
|
0.140
|
2.5695
|
0.463
|
. | .
|
|
|
.*| .
|
|
|
4
|
-0.011
|
-0.077
|
2.5760
|
0.631
|
.*| .
|
|
|
.*| .
|
|
|
5
|
-0.129
|
-0.077
|
3.5019
|
0.623
|
.*| .
|
|
|
.*| .
|
|
|
6
|
-0.150
|
-0.165
|
4.7944
|
0.570
|
. | .
|
|
|
. | .
|
|
|
7
|
-0.006
|
0.001
|
4.7968
|
0.685
|
. |**
|
|
|
. |**
|
|
|
8
|
0.275
|
0.264
|
9.3202
|
0.316
|
. | .
|
|
|
.*| .
|
|
|
9
|
-0.028
|
-0.079
|
9.3671
|
0.404
|
.*| .
|
|
|
. | .
|
|
|
10
|
-0.116
|
-0.035
|
10.218
|
0.422
|
.*| .
|
|
|
**| .
|
|
|
11
|
-0.127
|
-0.270
|
11.270
|
0.421
|
**| .
|
|
|
**| .
|
|
|
12
|
-0.191
|
-0.196
|
13.696
|
0.321
|
. | .
|
|
|
. | .
|
|
|
13
|
-0.053
|
0.002
|
13.889
|
0.382
|
.*| .
|
|
|
. | .
|
|
|
14
|
-0.084
|
-0.043
|
14.384
|
0.421
|
.*| .
|
|
|
.*| .
|
|
|
15
|
-0.120
|
-0.106
|
15.434
|
0.421
|
. |*.
|
|
|
. | .
|
|
|
16
|
0.149
|
-0.014
|
17.098
|
0.379
|
. |*.
|
|
|
. | .
|
|
|
17
|
0.094
|
-0.034
|
17.780
|
0.403
|
. | .
|
|
|
. | .
|
|
|
18
|
-0.048
|
-0.043
|
17.961
|
0.458
|
.*| .
|
|
|
. | .
|
|
|
19
|
-0.062
|
-0.038
|
18.278
|
0.504
|
.*| .
|
|
|
.*| .
|
|
|
20
|
-0.092
|
-0.108
|
19.006
|
0.521
|
L'analyse de cette visualisation montre qu'il n'y a pas une
régularité du signe des résidus. Ceci fait penser qu'il y
a une absence d'auto-corrélation des erreurs.
3.2.3. Test de détection
d'homoscédasticité.
Pour détecter une présence
d'homoscédasticité, nous allons utiliser le test de White.
Soit à tester : HO :
Homoscédasticidé H1 :
Hétéroscédasticité
Ce test consiste à régresser
2esur les Xki et les 2
Xki .
On effectue alors le test de student classique sur chacun des
coefficients de ce nouveau modèle. Si au moins un coefficient est
significatif, alors on rejette Ho il y a
hétéroscédasticité.
Avec Eviews, il suffira de comparer la Probabilité des
coefficients au seuil de 5%. On rejette Ho au risque de 5% si au moins une
Probabilité est inférieure à 5%.
Les résultats de ce test sont présentés dans
le tableau 4-c.
52
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Tableau 4-c : Résultats du test de
White
White Heteroskedasticity Test:
F-statistic 1.325233 Probability 0.250905
Obs*R-squared 13.83465 Probability 0.242278
Test Equation:
Dependent Variable: RESID^2 Method: Least Squares
Date: 11/12/08 Time: 10:18 Sample: 1 48
Included observations: 48
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C -3138.622 54268.86 -0.057835 0.9542
REVENU 1.449285 4.351796 0.333031 0.7410
REVENU^2 -0.000193 0.001680 -0.114642 0.9094
PRIX 2.479098 24.21884 0.102362 0.9190
PRIX^2 -0.000444 0.002633 -0.168478 0.8672
NOMBRE -146.9417 375.9445 -0.390860 0.6982
NOMBRE^2 11.21724 20.53646 0.546211 0.5883
EXIGE 1215.510 1000.146 1.215333 0.2321
DEPENSE -0.005775 0.010654 -0.542060 0.5911
DEPENSE^2 2.78E-08 1.88E-08 1.481008 0.1473
ANCIEN -111.5778 271.7536 -0.410584 0.6838
ANCIEN^2 2.883370 11.99303 0.240420 0.8114
R-squared 0.288222 Mean dependent var 931.7998
Adjusted R-squared 0.070734 S.D. dependent var 2993.163
S.E. of regression 2885.363 Akaike info criterion 18.98501
Sum squared resid 3.00E+08 Schwarz criterion 19.45281
Log likelihood -443.6402 F-statistic 1.325233
Durbin-Watson stat 2.438964 Prob(F-statistic) 0.250905
De l'analyse des résultats du Tableau 4-c, il ressort
qu'aucune probabilité n'est inférieure à 5%. On conclut
que nous sommes en présence d'une homoscédasticité des
erreurs.
3.2.4. Test de détection de
colinéarité des variables explicatives.
Ce test permet de détecter d'éventuelles variables
responsables de la multicolinéarité. Tableau 4-d :
Résultat de détection de colinéarité sur Statat
Variable | VIF 1/VIF
+
prix | 1.63 0.613519
nombre | 1.38 0.722536
revenu | 1.34 0.747273
depense | 1.25 0.800978
ancien | 1.22 0.820035
exige | 1.14 0.875667
+
Mean VIF | 1.33
53
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la
commune de DOGBO.
V=
j1-R
1
2 j
Où 2
Rj désigne le coefficient de
détermination de la régression de la variable Xj sur
les autres variables ; Rj est alors un coefficient de
corrélation multiple, c'est le cosinus de l'angle dans IRn
entre Xj et le sous-espace vectoriel engendré par les
variables{ X 1 ,..., X j- 1 , X
j+1 ,..., X p} . Plus Xj
est "linéairement" proche de ces variables et plus
Rj est proche de 1 et donc plus la variance de l'estimateur
de âj est élevée ; Vj est appelé
facteur d'inflation de la variance
(VIF). Evidemment, cette variance est minimum lorsque
Xj est orthogonal au sous-espace engendré par les autres
variables.
Le simple examen de la matrice R permet de relever des
corrélations dangereuses de variables deux à deux mais est
insuffisant pour détecter des corrélations plus complexes ou
multicolinéarité. C'est donc l'inverse de cette matrice qu'il
faut considérer en calculant les Vj ou
encore les valeurs ( 2 )
1 - Rj qui sont appelées les
tolérances.
VIF=Variance Inflation Factor=Facteur d'Inflation de la
Variance
Si pour une variable, le VIF est inférieur à 10 (ce
qui est équivalent à 1/VIF>0,10) alors aucune « relation
linéaire » n'existe entre cette variable et les autres variables
explicatives. Par contre si le VIF est supérieur à 10, cette
variable est à l'origine de la multicolinéarité.
Dans le présent cas, tous les VIF sont < à 10.
Par conséquent il n'y a aucun risque de colinéarité entre
les variables explicatives.
3.2.5. Test de normalité
Il est question au niveau de ce test de voir si
l'hypothèse de distribution normale du terme d'erreur de
l'équation de régression est vérifiée. Nous allons
utiliser le test de JarqueBera.
Ce test consiste à tester :
H e suit une loi normale N m
O i
: ( , )
ó
H
: ( , )
e ne suit pas une loi normale N m ó
1 i
La statistique de Jarque-Bera est définie par JB = (
)
2 2
S K - 3
n +
6 24
|
où S est le
|
coefficient de normalité de dissymétrie (Skewness)
et K le coefficient d'aplatissement (Kurtosis).
JB suit sous l'hypothèse de normalité une loi de
Khi-Deux à deux degrés de liberté.
54
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la
commune de DOGBO.
La règle de décision est :
- on accepte au seuil de 5%, l'hypothèse de
normalité si JB < 5,99 ou de manière équivalente si
Probabilité > 0,05.
- on rejette au seuil de 5%, l'hypothèse de
normalité si JB = 5,99 ou de manière équivalente si
Probabilité = 0,05.
Avec Eviews, nous avons les résultats du test de
Jarque-Bera qui se présentent dans le tableau 4-e.
Tableau 4-e : Résultats du test de
Jarque-Bera
|
RESID
|
Mean
|
-3.40E-15
|
Median
|
-5.613020
|
Maximum
|
143.2491
|
Minimum
|
-41.07197
|
Std. Dev.
|
30.84843
|
Skewness
|
2.390443
|
Kurtosis
|
11.10351
|
|
|
Jarque-Bera
|
177.0474
|
Probability
|
0.000000
|
|
|
Observations
|
48
|
L'analyse de ce résultat, nous permet de dire que les
erreurs ne suivent pas une distribution normale (Probabilité = 0,05).
De tous les tests qui précèdent, nous pouvons
dire que toutes les hypothèses de base des MCO sont
vérifiées à part celle de la normalité des erreurs
qui n'entachent pas de doute les interprétations issues des
résultats de régression.
Le revenu, le nombre de personnes en charges et les
dépenses d'exploitations déterminent significativement le volume
exploité de graviers. Ceci s'explique par le fait que c'est le revenu
qui attire la plupart des exploitants dans le secteur et ces exploitations sont
conditionnées par les dépenses d'exploitations. Ces deux
variables ont un coefficient positif ce qui explique mieux leur liaison avec le
volume exploité. C'est ainsi que, quand le revenu augmente de 100%, le
volume exploité augmente de 3,01%, et quand les dépenses
augmentent de 100%, le volume exploité augmente de 0,038%. Ceci montre
que le revenu contribue plus à la croissance du volume exploité
de graviers que les dépenses. Le volume évolue dans le même
sens que le nombre de personnes en charge, dans la mesure où d'une part,
plus un exploitant a de personnes à nourrir, plus il voudra avoir de
revenu et plus il produira. D'autre part, les exploitants prennent des
personnes qui sont à leurs charges pour les
55
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
aider dans les activités d'extraction de graviers. Ces
personnes leur permettent donc, d'avoir un volume élevé de
production.
Sur le terrain, le prix est presque uniforme et cela n'agit pas
trop sur le volume. Mais néanmoins, il est à noter que certains
exploitants se donnent à des jeux de concurrence. Ces exploitants jouent
sur le prix du m3 en le diminuant dans la marge de 250 à 500
FCFA. Ce comportement peut être à l'origine du signe
négatif du coefficient associé au prix. De plus, il faut
remarquer que la plupart des exploitants n'ont pas un mécanisme de
stockage. Ils sont donc obligés de céder au prix proposé
par certains clients.
L'ancienneté dans le secteur d'exploitation et le niveau
des normes d'exigence ne sont pas significatifs du fait du niveau
d'organisation du secteur. Ce secteur n'étant pas bien organisé,
les plus anciens ne sont pas forcément ceux qui connaissent les
meilleures pratiques et qui ont assez de bons clients. De plus, aucun respect
des normes n'a été constaté sur le terrain. Ces
exploitants ne produisent pas dans les normes requises et n'ont aucune
autorisation. A l'évidence, tout ceci explique la non
significativité de ces variables.
Au vu de tout ce qui précède, nous pouvons dire que
l'hypothèse 3 qui dit que l'exploitation du gravier dans la commune de
Dogbo a des externalités négatives sur les exploitants, sur
l'environnement et sur la population de la commune de Dogbo, est
vérifiée.
3.3. Analyse des externalités dues à
l'exploitation de graviers dans la commune de Dogbo.
Cette analyse est faite en deux phases. Une première
phase descriptive se consacre au calcul empirique du CAP moyen et une
deuxième phase explicative se consacrant à l'utilisation de
modèles économétriques.
3.3.1. Phase descriptive
Compte tenu de la robustesse des résultats, la
théorie économique recommande de déduire le coût
social de la dégradation de la qualité de l'environnement pour la
population exposée à partir des consentements à payer
maximums déclarés lors de l'enquête. Dans cette
perspective, il convient, en premier lieu, de calculer le consentement à
payer moyen pour l'ensemble de la zone d'investigation, tel que
recommandé par la littérature; ces moyennes tiennent compte des
déclarations positives sauf les « faux zéro » (CARSON,
1999).
Le consentement à payer moyen représente ce qu'un
individu est disposé à payer pour éviter les dommages ou
les risques imputés à l'exploitation des carrières de
graviers.
56
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Selon les résultats du Tableau 5, le consentement à
payer moyen est de 10.883,17FCFA en 2008, par individu par an.
Une fois ce consentement à payer moyen calculé,
nous allons déterminer le coût social.
CSD = CAPM *Pop, avec CSD désignant le coût social
de la dégradation, CAPM, le consentement à payer moyen et Pop, la
population exposée.
Détermination du coût
social
L'évaluation du coût social de la
dégradation de la qualité de l'environnement dans
l'arrondissement de Dévé consistera à faire le produit du
consentement à payer moyen et le nombre de personnes exposées.
Ce produit est encore appelé consentement à payer
total (CAPT) ou coût social de la dégradation (CSD).
CSD = CAPM * Pop = 10.883,17* 9.440
= 102.737.125 FCFA par an.
Cette valeur du coût de la dégradation
représente l'évaluation monétaire des dommages qu'impose
l'exploitation des carrières de graviers à la population. Il
désigne le coût social de l'activité d'extraction de
graviers.
Ce coût social constitue un outil d'aide à la
décision pour les décideurs en matière de politique de
gestion durable de l'exploitation des carrières de graviers.
De plus le tableau 5 montre que le CAP maximum est d'une
valeur de 200.000 FCFA, et celui minimum de 0 FCFA avec une médiane de
2000 FCFA. Ainsi, 50% des personnes interrogées ont
déclaré un CAP supérieur à 2000 FCFA et 50% des
personnes interrogées ont déclaré un CAP inférieur
à 2000 FCFA.
TABLEAU5: DESCRIPTION STATISTIQUE DU
CAP
|
CAP
|
Mean
|
10883.17
|
Median
|
2000.000
|
Maximum
|
200000.0
|
Minimum
|
0.000000
|
Std. Dev.
|
28115.52
|
Skewness
|
4.388231
|
Kurtosis
|
24.86236
|
|
|
Jarque-Bera
|
2335.579
|
Probability
|
0.000000
|
|
|
Observations
|
101
|
57
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la
commune de DOGBO.
Mais cette valeur du CAP moyen, cache beaucoup de
disparités par rapport aux variables socio-économiques.
C'est ainsi que les résultats des tableaux 5, 6 et 7, nous
renseignent respectivement sur les disparités au niveau de l'âge,
du sexe et de la profession.
Tableau6 : calcul du CAP moyen par classe
d'âge
Classe d'âge
|
[0-20[
|
[20-40[
|
[40-60[
|
[60-80[
|
[80- 100[
|
ÓCAP
|
59000
|
740700
|
583500
|
2000
|
0
|
Effectif
|
6
|
67
|
26
|
1
|
1
|
CAP moyen
|
9833,33
|
11055,22
|
22422,31
|
2000
|
0
|
Tableau7 : calcul du CAP moyen par
profession. Tableau8 : calcul du CAP moyen par sexe.
profession
|
Non exploitant
|
exploitant
|
ÓCAP
|
469500
|
629700
|
effectif
|
66
|
35
|
CAP moyen
|
7112,64
|
17991,43
|
genre
|
masculin
|
Féminin
|
ÓCAP
|
910500
|
190700
|
effectif
|
52
|
49
|
CAP moyen
|
17509,62
|
3891,84
|
L'observation de ces tableaux montre que le CAP moyen par
classe d'âge augmente au fur et à mesure qu'on passe d'une classe
à une autre jusqu'à la troisième classe d'âge ([40-
60[) avant de diminuer pour enfin s'annuler à la dernière classe
([80- 100[). Les individus de la classe d'âge [40-60[ont
déclaré un CAP moyen le plus élevé. Ceci peut
s'expliquer par le fait que les personnes adultes se retrouvant dans cette
classe d'âge sont d'une part plus conscientes des effets de ces dommages
et d'autre part des personnes ayant généralement des revenus
relativement élevés, comparé à ceux des autres
classes. En effet, ces personnes adultes sont conscientes que si quelque chose
pourrait être faite pour maintenir et sauvegarder le secteur, ils
consentent, du moins théoriquement à s'impliquer.
Le CAP moyen déclaré par les individus
exploitants est nettement supérieur à celui des non exploitants.
Ceci pourrait se justifier, d'une part par le fait que les exploitants sont
plus exposés aux effets des dommages causés par leur
activité d'extraction de graviers. D'autre part, par le fait que les non
exploitants estiment que les exploitants sont plus responsables des effets
causés par l'exploitation des carrières. De ce point de vue, les
exploitants comprennent mieux la pertinence des actions qui seraient engager
pour éviter ces effets néfastes.
58
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Enfin, les individus de sexe féminin ont
déclaré un CAP moyen nettement inférieur à celui
des individus de sexe masculin. Cela pourrait s'interpréter à
trois niveaux.
On constate sur le terrain qu'il n'y a pas assez de femmes qui
soient exploitants propriétaires. Ce qui faire penser aux femmes que
c'est une activité masculine, donc toute question liée à
l'amélioration du secteur incombe les hommes. De plus, dans le milieu
les femmes ont généralement un revenu plus faible que les hommes.
Enfin, culturellement les femmes ont cette mentalité de réserver
les sujets de grande responsabilité aux hommes, par conséquent,
toute initiative de financement d'une structure publique est du ressort des
hommes. Toute fois, il est à noter que nombreuses sont les femmes qui
interviennent dans l'activité d'extraction de graviers entant
qu'employé.
3.3.2. Phase explicative
Afin de pouvoir mieux comprendre les déterminants des
réponses (CAP) des personnes interrogées et en particulier,
contrôler la validité des résultats obtenus, nous avons,
comme le recommande la théorie économique, adopté un
modèle économétrique dont les résultats de la
régression se retrouvent dans le Tableau 8.
Tableau9 : Résultats d'estimation
par le modèle tobit du CAP.
Dependent Variable: CAP
Method: ML - Censored Normal (TOBIT)
Date: 10/31/08 Time: 16:02
Sample(adjusted): 1 101
Included observations: 101 after adjusting endpoints Left
censoring (value) at zero
Convergence achieved after 9 iterations
Covariance matrix computed using second derivatives
|
Coefficient
|
Std. Error z-Statistic
|
Prob.
|
C
|
22918.57
|
14700.64 1.559018
|
0.1190
|
DURABLE
|
-23940.20
|
8888.341 -2.693438
|
0.0071
|
GENRE
|
13536.89
|
5884.992 2.300240
|
0.0214
|
REVENU
|
0.265972
|
0.093974 2.830263
|
0.0047
|
NIV
|
-5608.562
|
3256.113 -1.722472
|
0.0850
|
NOMBRE
|
-358.7220
|
1213.834 -0.295528
|
0.7676
|
AGE
|
-418.8948
|
5567.001 -0.075246
|
0.9400
|
|
Error Distribution
|
|
SCALE:C(8)
|
26017.04
|
1894.223 13.73494
|
0.0000
|
R-squared
|
0.159194
|
Mean dependent var
|
10883.17
|
Adjusted R-squared
|
0.095908
|
S.D. dependent var
|
28115.52
|
S.E. of regression
|
26733.30
|
Akaike info criterion
|
22.04559
|
Sum squared resid
|
6.65E+10
|
Schwarz criterion
|
22.25273
|
Log likelihood
|
-1105.302
|
Hannan-Quinn criter.
|
22.12944
|
Avg. log likelihood
|
-10.94359
|
|
|
Left censored obs
|
6
|
Right censored obs
|
0
|
Uncensored obs
|
95
|
Total obs
|
101
|
59
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Les résultats du modèle montrent que les
variables explicatives les plus significatives au seuil de 5%, sont le genre
(les hommes donnent plus volontiers un consentement à payer positif), le
revenu (les individus ayant un revenu élevé déclare un CAP
élevé), la notion du développement durable.
La probabilité de payer augmente avec le revenu, et est
plus élevée au niveau des hommes.
Cela s'explique bien car d'une part, les hommes se sentent
plus responsables pour assumer la responsabilité de participer aux
financements d'une initiative de réparation de dommages causés
par l'activité sur l'environnement. D'autre part, plus les individus
disposent de moyens financiers, plus ils sont aptes à
révéler un CAP élevé. De plus, la relation
négative liant le CAP et la notion du développement durable
pourrait s'expliquer par le fait que dans le milieu, ceux qui ont une certaine
notion du développement sont généralement des individus
à faible revenu. Ce qui ne leur permet pas de déclarer un CAP
élevé en fonction de leur maîtrise de la notion du
développement durable.
Les variables explicatives NIV, NOMBRE, AGE ne sont pas
significatives au seuil de 5%. Ce qui veut dire que le niveau d'instruction, le
nombre de personnes en charge et l'âge, n'influencent pas
significativement la déclaration d'un consentement à payer. Mais
néanmoins, la variable NIV est significative au seuil de 10%.
La variable niveau d'instruction n'est pas significative car
elle manque certainement de nuance. Elle a été construite
à partir du nombre d'années de scolarisation, ce qui explique son
caractère limité en matière de l'éducation
environnementale.
Quant aux variables nombre de personnes en charge, et
âge, cela peut s'expliquer par le fait que les dommages causés
à l'environnement sont sentis presque de la même manière
par les individus, quelque soit leur âge et quelque soit le nombre de
personnes supportées.
De tout ce qui précède, l'on pourra dire que
l'hypothèse 3 qui dit que l'exploitation du gravier dans la commune de
Dogbo a des externalités négatives sur les exploitants et sur la
population de la commune de Dogbo est vérifiée. Cette
externalité est mesurée par un CAP moyen d'une valeur de
10.883,17 FCFA par an et par individu, donc différent de zéro. Ce
CAP moyen rapporté à la population totale de Dévé,
permet de déduire un coût social d'une valeur de 102.737.125 FCFA
par an.
60
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
3.4. Limites et suggestions de l'étude 3.4.1.
Limites et critiques de l'Etude
L'objectif général de cette étude est de
proposer une politique de gestion durable de l'exploitation du gravier dans la
commune de Dogbo. Pour ce faire, nous avons supposé des
hypothèses.
La première difficulté de cette étude est
liée à l'absence de données et à l'accès
difficile des informations sur le secteur. En effet, l'exploitation de graviers
à Dogbo, se fait de façon informelle. Ce qui fait qu'il n'a pas
été mise en place, une base de données. Il est à
noter que certaines données liées aux volumes exploités
par exploitant devraient se situer auprès des responsables du Collectif
des artisans miniers ou à défaut auprès des
autorités communales. Mais force est de constater que ces responsables
des artisans miniers, la plupart analphabètes, ne tiennent pas
régulièrement ces registres et ceux disponibles ne sont pas
gardés pour une éventuelle exploitation. De plus, certaines
données enregistrées au niveau de la mairie de Dogbo comme les
recettes mensuelles du gravier sont demeurées presque inaccessibles.
Les déterminants choisis dans cette étude sont
limités par des considérations personnelles des exploitants comme
: recherche de puissance dans le secteur (donc produire plus), de prestige,
d'admiration, etc. Ces considérations peuvent influencer leur
décision et leur manière de produire.
Les comportements constatés au niveau de l'individu
peuvent être temporaires, passagers et donner lieu à une situation
bien pire dans le futur.
L'observation des déterminants de l'évolution du
gravier et l'évaluation du CAP, doit donc se faire sur une longue
période. Or, la présente étude faite donc sur des
données en coupe transversale, n'a pas fait ressortir l'évolution
dans le temps de ces différentes variables.
Toutefois, ces limites ne font que renforcer la
validité de cette étude qui a d'abord analysé
l'évolution du volume de graviers exploité dans le temps, ainsi
que ses déterminants. Elle a ensuite montré que cette
exploitation a des externalités négatives sur l'environnent et
sur les populations à travers la mesure du CAP.
61
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
3.4.2. Implications et suggestions de
l'étude.
La présente étude a montré dans un
premier temps dans, que le volume de graviers exploité croît dans
le temps. Cette croissance n'est pas stable sur toute la période. C'est
ainsi que l'étude a montré que la croissance est devenue plus
remarquable au niveau du dernier trimestre de l'an 2006 du fait du lancement
des grands travaux de l'Etat. A ce niveau, il faut donc remarquer que les
grands travaux d'infrastructures ont un impact positif sur le volume
exploité de graviers, dans la mesure où, le gravier fait partir
de ces matériaux locaux utilisés.
Il faudrait donc que l'Etat, dans sa politique puisse d'une
part, accorder une place aux infrastructures mais d'autre part, imposer aux
entrepreneurs d'utiliser de façon importante des matériaux locaux
comme le gravier. Cette utilisation pourrait accroître le niveau du
volume exploité de graviers et contribuer ainsi à l'augmentation
des ressources financières de la commune et par conséquent
à l'amélioration des conditions de vie des populations.
L'analyse des résultats des déterminants de
l'évolution du volume de gravier exploité révèle
que les variables les plus significatives du volume exploité de graviers
sont les dépenses, le revenu tiré de l'exploitation, le nombre de
personnes en charge ainsi que le prix du m3 de gravier. Les
variables niveau d'exigence et ancienneté n'influencent pas
significativement l'évolution du volume parce que le secteur n'est pas
bien organisé.
Pour pourvoir améliorer ce secteur de gravier à
Dogbo, il faudrait une réorganisation totale du secteur, avec la mise en
place de structure durable de gestion.
De façon spécifique, il s'agira :
Au niveau de l'Etat :
- d'intervenir d'avantages dans ce secteur comme gardien du
patrimoine national ;
- de chercher un mécanisme d'uniformisation du prix du
m3 de graviers en imposant un guichet unique comme c'est le cas dans
le secteur des concassés. L'instauration d'un guichet unique pourrait
faciliter l'uniformisation du prix, ce qui pourrait faire éviter aux
exploitants le jeu de concurrence, un jeu qui ne fait que diminuer leur marge
bénéficiaire déjà dérisoire.
- de revoir le code minier béninois et l'adapter aux
réalités du terrain ; principalement l'obtention du permis
d'exploitation doit être revue à travers la simplification des
formalités et des conditions d'obtention d'autorisation d'exploiter. Il
serait préférable que les permis s'obtiennent par groupement
comme cela se faisait dans le passé, du
62
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
fait que le travail est manuel et le prix de vente est faible.
Les exploitants ne disposent pas assez de moyens pour faire face à ces
coûts jugés élevés. Ceci pourrait faciliter la
formalisation du secteur ainsi que le contrôle de l'Etat.
- d'organiser des contrôles réguliers au niveau des
sites d'exploitation ;
- de refaire un programme de formation et d'échanges de
tous les acteurs du secteur de graviers ;
- de procéder à une industrialisation de ce
secteur en accordant des licences d'exploitation à des industriels qui
vont y investir et faire l'exploitation avec les moyens modernes. Les
exploitations pourraient se faire dans les règles de l'art en
privilégiant entre autres : la restauration des terres par les
exploitants, l'interdiction de dépasser une certaine profondeur lors de
l'extraction. L'installation de ces industriels dans la localité
pourrait contribuer au développement de celle-ci par les actions
sociales et humanitaires de ces industriels à l'endroit des
populations.
- de mettre en application la politique de restauration des
terres en plantant assez d'arbres sur des sites déjà
exploités ;
- de mettre en place une base fiable de données pour
d'éventuelles études ;
- de former des comités ad hoc au niveau de la commune
pour mieux appréhender les réels problèmes de ce secteur
;
- d'organiser des séances de sensibilisation tant au
niveau des exploitants qu'au niveau des populations sur les dangers
liés à l'exploitation abusive des carrières de graviers
;
Au niveau de la Mairie :
- de donner plus de place au secteur de graviers dans
l'élaboration et dans la mise en oeuvre de ses politiques. La Mairie
devrait faire du gravier un pôle privilégié
d'investissement du fait que l'activité de graviers est vue comme la
première activité porteuse de développement de la commune.
La Mairie devrait adopter des mesures incitatives de politiques qui visent
à faciliter l'installation des industriels dans le secteur, à
améliorer les conditions de travail des exploitants et à
renforcer le contrôle. Elle pourrait par exemple, réduire les
frais d'installation des industries dans la localité, mettre en place
des infrastructures routières et électrifier la
localité.
- de participer à l'organisation de ce secteur en aidant
les exploitants par une amélioration de leurs conditions de travail ;
- d'attirer des investisseurs dans ce secteur afin qu'il soit
industrialisé et qu'il apporte plus de ressources à la mairie
;
63
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
- de mettre en place au sein de la mairie, une base fiable de
données liée à l'exploitation de graviers afin de
formaliser les activités de ce secteur pour faciliter le
contrôle;
- de créer avec les autres communes où se fait
encore l'exploitation de graviers, un réseau intercommunal qui aura pour
mission d'acheter et stocker les graviers pour ensuite les revendre dans un
marché commun afin d'éviter le bradage de cette ressource
naturelle ;
Au niveau des exploitants :
- de prendre conscience de la mauvaise organisation qui
prévaut au niveau de ce secteur de graviers afin de chercher des
solutions appropriées pour son amélioration. Ils pourront sur le
plan sanitaire prendre plus conscience des effets négatifs que
l'exploitation a sur leur santé et sur l'environnement, respecter les
normes d'exploitation (profondeur limite d'exploitation, manière de
creuser, etc.) afin d'éviter les pertes en vies humaines et les
dégâts corporels. Si ces exploitants sont convaincus de
l'amélioration, il serait beaucoup plus facile de mettre en place des
politiques de gestion durable du gravier sans que ces exploitants ne sentent
leurs activités menacées. De plus, il faudrait qu'ils soient
animés d'un esprit de solidarité tant sur le terrain, au sein des
groupements qu'au sein du collectif, et ne plus se laisser à un jeu de
concurrence. L'adoption de ces comportements pourrait renforcer les liens qui
existent entre eux et favoriser la prise de décisions collectives.
Ensuite, chaque exploitant devrait être conscient de l'importance du
gravier dans la commune de Dogbo. A cet effet, il faudrait qu'ils participent
beaucoup plus et de façon remarquable au développement de la
commune en générale, de l'arrondissement de Dévé en
particulier.
A l'endroit des responsables de groupement et du collectif :
- de garantir de débouchés aux exploitants,
introduire et développer l'alphabétisation au niveau des
groupements des artisans miniers ;
- de lutter pour une augmentation des prix et une
amélioration de leurs conditions de travail ;
- de mettre à jour la liste complète de tous les
exploitants afin de faciliter leur gestion.
La mesure du CAP moyen renseigne sur la valeur qu'accordent
les populations de DEVE à une amélioration de l'exploitation de
graviers. L'observation de la disparité au niveau de ce CAP,
nécessite des critères importants à prendre en compte dans
l'élaboration de la mise en place d'un fond pouvant permettre
d'atteindre cet objectif d'amélioration de l'exploitation.
64
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
Ainsi, il faudrait :
- plus compter sur les personnes adultes actives que sur des
jeunes et des vieux ; - plus compter sur les hommes que sur des femmes ;
- plus compter sur les exploitants que sur les non exploitants
;
- plus compter sur ceux qui ont de revenus importants.
A ce niveau, une sensibilisation doit être faite au
niveau de toutes les couches sociales de la population afin que chaque acteur
se sente vraiment concerné par la préservation de cette ressource
naturelle non renouvelable, source d'importantes richesses pour la commune.
65
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
CONCLUSION
La présente étude s'est fixée comme
objectif de proposer une politique de gestion durable des ressources naturelles
non renouvelables, notamment le gravier de la commune de Dogbo. Elle a permis
de faire ressortir des mesures de politiques de gestion responsable de
l'exploitation du gravier dans la commune de Dogbo. Ainsi nous nous sommes
basés sur les hypothèses suivantes :
H1 : le volume d'exploitation de graviers dans
la commune de Dogbo croît dans le temps ;
H2 : le revenu et les contraintes d'exploitation
expliquent l'évolution du volume exploité de graviers dans la
commune de Dogbo ;
H3 : l'exploitation du gravier dans la commune
de Dogbo a des externalités négatives sur les exploitants, sur
l'environnement et sur la population de la commune de Dogbo.
Pour tester l'hypothèse H1, nous avons
analysé l'évolution dans le temps du volume exploité de
graviers dans la commune de Dogbo de la période allant du premier
trimestre 2001 au troisième trimestre 2008. A ce niveau le
résultat montre que le volume exploité de graviers croît
considérablement dans le temps. Mais, il est à noter, que cette
croissance n'est pas stable sur toute la période. Elle a connu une
croissance remarquable dans le dernier trimestre de l'an 2006, année de
lancement des grands chantiers de l'Etat béninois.
En ce qui concerne la deuxième hypothèse, nous
avons procédé à une analyse des déterminants de
l'évolution du volume exploité de graviers. Les résultats
montrent que les variables telles que : le revenu tiré de
l'exploitation, le nombre de personnes en charge ainsi que le prix du
m3 de gravier sont significatives. Cette analyse permet de se rendre
compte que certaines variables comme le niveau d'exigence des normes qui ne
sont pas significatives, sont des indicateurs d'une mauvaise organisation de ce
secteur.
En fin quant à la troisième hypothèse,
nous avons procédé à une évaluation des
externalités négatives que cette exploitation de carrières
de graviers a sur la population et l'environnement par la méthode
d'évaluation contingente. Notons à ce niveau que nous avons
effectué une enquête qui a permis d'interroger face à face
105 personnes qui peuvent être classées en deux groupes
différents:
- un premier groupe sensible à l'état
d'exploitation des carrières de graviers déclare un CAP qui
correspond à la valeur qu'il accorde à cet état ;
66
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
- un deuxième groupe, sensible également
à l'état d'exploitation des carrières de graviers,
préfère adopter un comportement de passager clandestin et faire
payer le coût de l'amélioration de cet état par les
autres.
On est bien en présence d'un clivage connu: une partie
de la population, sensible aux problèmes d'environnement, est
prête à contribuer annuellement pour une somme non
négligeable. Cette partie de la population représente la
majorité de l'échantillon. L'autre partie de la population
sensible aux problèmes d'environnement mais qui n'est pas encore
prête à payer.
L'évaluation contingente a permis de mesurer un CAP
moyen d'une valeur de 10.883,17 FCFA par an, donc différent de
zéro. Ce CAP moyen rapporté à la population totale de
DEVE, permet de déduire le coût social. Ce coût social qui
caractérise la perte du bien-être causée par la mauvaise
exploitation des carrières de graviers pour l'ensemble de la population
exposée s'élève à 102.737.125 FCFA par an, et
constitue un véritable outil d'aide à la décision pour les
pouvoirs publics en matière de politique de gestion durable de
l'exploitation des carrières.
De plus, la probabilité de payer augmente avec le revenu,
et est plus élevée au niveau des hommes. Cette probabilité
diminue avec la notion de développement durable.
Il urge donc, que chacun des acteurs du secteur de graviers
prenne conscience de l'importance que revêt le gravier en tant ressource
naturelle non renouvelable et source d'importantes richesses. L'Etat, les
autorités communales et les exploitants doivent collaborer et jouer
chacun à son niveau leur partition afin que le secteur de gravier
contribue véritablement au développement du Bénin en
général, et de la commune de Dogbo en particulier.
Cependant, il convient de rester prudent par rapport aux
résultats issus de cette analyse car ces résultats comportent
certaines insuffisances. Nous les formulons ici de manière à ce
qu'elles soient prises en compte dans les études ultérieures : il
s'agit entre autre :
- d'évaluer entièrement la réserve de
gravier dans le département du Couffo en général
et celle de la commune de Dogbo en particulier.
- d'estimer ou de faire ressortir le temps probable que cette
réserve mettra pour s'épuiser complètement. Ceci permettra
de prendre si possible des mesures de contingentement de l'exploitation dans ce
secteur.
- De procéder à un calcul d'optimisation en vue de
rendre optimale cette activité d'extraction de graviers.
Les limites proviennent également de
l'indisponibilité de certaines données sur
certaines périodes et de la diversité des sources. Il convient
de souligner que les insuffisances ci-
67
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
dessus relevées ne constituent nullement d'handicape
à la portée théorique et économétrique des
résultats et suggestions de cette étude, mais plutôt une de
ses forces car elles traceront de pistes à d'autres recherches.
68
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
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