Master 2 de Management des Organisations et des Manifestations
culturelles
Institut de Management Public et Gouvernance Territoriale
Université Paul Cézanne Aix-Marseille III
Tutorat d'Edina Soldo
LES ACTEURS DE L'ART CONTEMPORAIN
A MARSEILLE ET ISTANBUL
Fanny Roustan
2009
Mes remerciements à Platform Garanti et Garanti Galeri.
SOMMAIRE
Les acteurs de l'art contemporain à Marseille et
Istanbul.............................................5
Table des
matières.........................................................................................64
Annexes....................................................................................................65
Résumés....................................................................................................86
Rapport de
stage...........................................................................................87
Bibliographie...............................................................................................97
LES ACTEURS DE L'ART CONTEMPORAIN
A MARSEILLE ET ISTANBUL
Introduction :
Très sceptique envers l'art contemporain, et sans
savoir dans quel type de structure je mettais les pieds, c'est dans un total
flou artistique que j'ai commencé mon stage chez Platform Garanti,
centre d'art contemporain à Istanbul. Une fois plongée dans ce
nouvel environnement, je me suis intéressée aux conditions dans
lesquelles évoluait l'art contemporain à Istanbul, qui connait
depuis une dizaine d'année un véritable essor. Mon maître
de stage et commissaire d'exposition, Vasif Kortun, étant une figure
emblématique de l'art contemporain turc, je voulais profiter de
l'environnement dans lequel j'ai baigné pendant quelques mois. Dans une
période où l'adhésion de la Turquie à l'Union
européenne est sans cesse discutée, j'ai pensé qu'un
état des lieux des infrastructures culturelles ne pourrait être
qu'enrichissant. Par ailleurs, l'art contemporain n'ayant véritablement
pris du poids que dans la dernière décennie, on trouve peu de
documentation spécifique à la question, tandis qu'aucune archive
d'artistes d'art contemporain n'a été constituées avant
les années 20001(*).
J'ai ensuite souhaité me pencher sur la vie de l'art contemporain
à Marseille, une ville qui connait également un
développement rapide au niveau culturel et qui ne laisse prévoir
que des embellies. La ville de Marseille, notamment dans son projet de Capitale
européenne de la culture, affirme sa volonté de lier des
relations fortes avec le reste du bassin méditerranéen. Ce sont
ces rapprochements Europe-Turquie, Marseille-Méditerranée, en
plus de mon affection pour les villes d'Istanbul et de Marseille, qui m'ont
poussée à poser sur le même papier les deux villes. Mon but
ici n'est pas de comparer, tant les modes de fonctionnement sont
différents, mais de présenter les divers acteurs culturels et
leur approche de l'art contemporain. J'ai voulu dresser une sorte d'état
des lieux qui pourrait être consulté par l'artiste marseillais ou
stambouliote comme une sorte de guide pratique offrant un panorama de la
situation actuelle de l'art contemporain à Istanbul et à
Marseille comme des possibilités artistiques dans les deux villes.
Pour cela, j'ai recouru à différentes
méthodes. Je me suis d'abord documentée à Istanbul dans
les bibliothèques universitaires qui regroupent beaucoup de catalogues
d'art, et dans les archives de Platform, puis dans les bibliothèques
municipales de Marseille et les fonds documentaires des musées.
Concernant Marseille, j'ai également trouvé beaucoup
d'informations en ligne, tandis qu'à Istanbul il était plus
fructueux d'aller à la rencontre des acteurs culturels afin de leur
adresser directement mes questions. Interviews formels, discussions informelles
dans les couloirs ou lors de vernissages, suivi de l'actualité
artistique, visites des lieux m'ont aidée à comprendre
l'environnement artistique.
Quand je dis art contemporain, j'évoque des
« activités artistiques qui réalisent une
contemporanéisation »2(*), c'est-à-dire l'expression de quelque chose
ayant à voir avec l'époque dans laquelle l'artiste se trouve, et
non pas un ensemble d'artistes de la même période. Les artistes
contemporains ont souvent l'objectif de créer une oeuvre et non des
oeuvres, et s'appliquent en conséquence à l'expression d'une
idée plus qu'à la réalisation d'une performance technique.
L'art contemporain englobe plusieurs genres artistiques, des arts visuels
à l'art conceptuel en passant par le land art, le junk art, l'art
graphique etc. et s'exprime à travers toutes sortes de médium tel
que le dessin, la peinture, sculpture, photo, vidéo, les installations,
les nouveaux média... Par « acteur culturel », on
peut entendre producteurs (artistes), acheteurs (collectionneurs ou amateurs),
critiques, publicitaires, commissaires, conservateurs, institutions... Ici,
nous ne nous intéresserons qu'aux structures culturelles actives dans le
domaine de l'art contemporain et le type de fonds dont peut
bénéficier un créateur contemporain. C'est pourquoi
après un historique de l'art contemporain à Istanbul et à
Marseille, je traiterai des fonds issus du secteur public dont on profite bien
plus à Marseille qu'à Istanbul, puis des ressources
privées sur lesquelles compte essentiellement l'artiste stambouliote.
I Panorama historique
1. La scène artistique contemporaine en Turquie des
origines à nos jours
1.1. L'apparition de l'art contemporain en Turquie
(1960-1980)
On peut remonter au début des années 1960 pour
trouver en Turquie des oeuvres s'apparentant à ce qu'on appelle ici
l'art contemporain. A cette époque, l'art et la production artistique
pouvaient être qualifiés d'académique, dans le sens
où ils s'efforçaient de suivre des schémas et techniques
préexistants et ayant fait leurs preuves. Deux artistes
marquèrent cette période par leurs « tendances
conceptuelles »3(*) en rupture avec l'environnement artistique. D'abord
Altan Gürman qui afficha son propre style en s'éloignant de la voie
académique. Puis Sarkis, qui s'installa à Paris et devint l'un
des créateurs importants de ce nouveau mouvement qui se
développait en Europe. En 1969, Sarkis participa à
« When attitudes become form » exposition du commissaire
Harald Szeeman, l'une des premières expositions d'art conceptuel dans
l'histoire de l'art. Grâce à cet artiste aux racines turques, la
Turquie n'est donc pas complètement exclue des débuts de l'art
contemporain occidental.
Depuis le début du vingtième siècle,
l'Etat turc dispensait des bourses d'études aux artistes jugés
doués pour leur permettre d'aller étudier en Europe ou aux
Etats-Unis. Quelques générations d'artistes turcs ont donc
été baignées dans l'environnement artistique occidental.
On ne peut cependant pas considérer ces artistes comme
élément déterminant dans la formation de mouvements
artistiques du vingtième siècle sur le plan international. En
effet, ces artistes n'ont jamais osé prendre de risques innovateurs dans
leur travail ou rejoindre un mouvement émergent mais ont toujours
préféré se conformer aux standards artistiques.
Füsün Onur et Þükrü Aysan sont deux
autres artistes qui se sont démarqués du conformisme
académique de leur époque pour produire des oeuvres à
caractères expérimental et conceptuel. Elles ont toutes deux
suivi une formation artistique à l'étranger et sont
rentrées en Turquie dans les années 1970.
Ces artistes traduisent les premiers pas timides de la Turquie
dans le domaine conceptuel des arts mais jusqu'ici aucune structure ni
mouvement concret n'existe. Seul l'Etat, par le biais d'une université
seulement, l'Université des Beaux-arts Mimar Sinan d'Istanbul, fait
bénéficier quelques artistes privilégiés d'une
bourse pour étudier en Occident.
C'est en 1977 que l'on voit la première association
d'artistes portés sur ce mouvement conceptuel se mettre en place sous le
nom de STT (Sanat Tanýmý Topluluðu4(*)). Cette association
fondée par ükrü Aysan et cinq autres artistes5(*), a pour objectif de
réaliser des activités en rapport avec l'art conceptuel. D'autres
artistes étaient régulièrement invités à
participer à des projets, des publications d'art et des expositions. Ce
groupe d'artistes cessa ses activités en 1981. ükrü Aysan
reforma le groupe en 1987 et repris ses activités avec de nouveaux
participants.
A la même période, l'Université Mimar
Sinan, dans le cadre de son Festival d'Art d'Istanbul, lance des
compétitions artistiques sous forme d'expositions appelées les
expositions Nouvelles Tendances6(*) qui auront lieu tous les deux ans. Ces expositions ont
été le théâtre des premières rencontres entre
des oeuvres conceptuelles hors du champ des pratiques picturales et
sculpturales traditionnelles et un public plus large. Les Nouvelles
Tendances ont joué un rôle important dans la formation de
l'art contemporain à Istanbul dans la mesure où de nombreux
artistes qui font preuve d'une production artistique active aujourd'hui ont
participé et remporté ces compétitions à
l'époque.
1.2. Les années 1980
Bien qu'un groupe d'artistes ait participé aux
expositions innovatrices Nouvelles Tendances, c'est la peinture
néo-expressionniste qui domina la première moitié des
années 1980, en Turquie comme en Occident. Cependant, quelques artistes
turcs déjà fortement impliqués dans une tendance
conceptuelle et expérimentale continuèrent dans cette voie.
Après le coup d'état de l'armée turque le
12 septembre 1980, la Turquie subit de grands changements politiques et
économiques.
Cette année-là, l'Association des musées
de peinture et de sculpture7(*) organisa la première « Exposition des
artistes contemporains d'Istanbul »8(*), qui devint par la suite une plateforme importante,
pour les jeunes artistes surtout. Ces expositions fournirent tout comme les
Nouvelles Tendances de grandes opportunités aux jeunes artistes
stambouliotes de percer dans le monde de l'art contemporain. Cette plate-forme
d'expression artistique existe encore aujourd'hui même si elle est moins
active qu'avant. Son objectif est de favoriser les oeuvres en rupture avec le
monde académique et commercial.
Durant la première moitié des années
1980, toute la production artistique fut fortement conditionnée par les
nouvelles politiques économiques néolibérales du pays. Les
galeries d'art privées se multipliaient à Istanbul. Peu
après, les banques fondèrent tour à tour leurs propres
galeries d'art ou centres culturels, la première ayant initié ce
mouvement étant Yapý Kredi9(*). Le monde des affaires commença
également à investir dans l'art contemporain, et les deux
premières biennales d'Istanbul furent financées par deux hommes
d'affaires turcs10(*). Le
secteur privé, banques et particuliers, créa les premières
collections d'artistes contemporains turcs, et permit également par son
soutien financier, la réalisation d'expositions importantes et la
publication de leurs catalogues.
Dans La deuxième moitié des années 1980,
des artistes organisèrent des expositions eux-mêmes de A à
Z. Aucun commissaire d'exposition ne figurait encore dans le monde de l'art
contemporain à Istanbul à cette époque. Il y eut notamment
la série d'expositions « A cross section of Turkish
avant-garde » à partir de 1984 et « A, B, C,
D » entre 1989 et 1993. Ces séries avaient un caractère
très novateur, puisqu'elles n'incluaient que des oeuvres purement
conceptuelles.
Un événement marqua également
l'évolution de l'art contemporain dans cette période. Il s'agit
de « The Caylak street », installation de l'artiste Sarkis,
vivement critiquée principalement par des esprits conservateurs qui ont
accusé Sarkis d'être sympathisant des Arméniens. Ces
critiques menèrent l'affaire en justice et ceux qui les avaient
formulées furent punis. L'affaire suscita beaucoup de remous dans le
cercle artistique stambouliote.
Les années 1980 furent marquées par le lancement
de la première biennale d'Istanbul en 1987 dirigée par Beral
Madra. Ce rendez-vous biannuel donna aux artistes turcs l'opportunité de
s'exposer.
1.3. Le dynamisme intellectuel (les années 1990)
C'est dans les années 1990 qu'on a vu l'art
contemporain exploser en Turquie. Jusqu'ici, tous les artistes jouant un
rôle dans le monde de l'art contemporain étaient stambouliotes ou
du moins vivaient à Istanbul. Mais c'est alors qu'Istanbul
commença à s'ouvrir au reste de la Turquie et même à
sortir de ses frontières, notamment grâce au rôle qu'ont
joué les biennales d'Istanbul. D'autre part, tandis que les artistes
organisaient de plus en plus d'expositions à caractère toujours
plus novateur, les premiers commissaires d'exposition firent leur
apparition.
La première commissaire d'exposition de Turquie, Beral
Madra, critique d'art, commissaire et directrice artistique des deux
premières biennales d'Istanbul11(*) fonda le Centre d'art contemporain BM Suma
Contemporary art center en 1984. Dans ce centre se sont déroulées
beaucoup d'expositions qui ont marqué l'art contemporain en
Turquie12(*), et qui ont
accueillis pour la première fois des artistes non stambouliotes et
même étrangers. Beral Madra contribua de façon
déterminante à l'exportation de l'art contemporain turc dans des
expositions internationales. C'est grâce à elle que la Turquie,
bien qu'elle n'y ait pas eu son propre pavillon, fut représentée
à la Biennale de Venise en 1990 après trente ans d'absence.
Vasif Kortun est également un acteur important de la
diffusion de l'art contemporain turc, certes en Turquie mais essentiellement
à l'étranger. Après qu'il eut débuté sa
carrière de commissaire à New York, il rentra en Turquie
où ses premières expositions13(*) introduisirent le concept curatorial à
Istanbul. Commissaire de la troisième biennale d'Istanbul en
199314(*), il permit que
celle-ci, qui jusqu'ici se consacrait aux oeuvres d'artistes turcs,
ouvrît ses portes aux artistes étrangers et notamment aux artistes
des pays voisins (Balkans) anciennement sous domination soviétique. La
troisième biennale inscrit Istanbul dans la scène internationale
en tant que métropole active dans le domaine des arts contemporains.
La quatrième biennale d'Istanbul en 1995 fut sous la
direction artistique de René Block, commissaire et galeriste allemand de
Joseph Beuys. René Block apporta des changements dans la structure de la
biennale. Jusqu'ici, la biennale d'Istanbul fonctionnait comme celle de Venise.
Chaque pays représenté avait son propre curateur pour
sélectionner les artistes ou les oeuvres qui allaient participer.
René Block a transformé ce système de
représentation nationale en système de représentation
d'artistes sélectionnés par un même commissaire
d'exposition (ou groupe de commissaires) indépendamment de leur pays
d'origine. Pourquoi un événement international devrait-il
être sous la responsabilité de commissaires nationaux? La biennale
d'Istanbul fonctionne toujours de cette manière à ce jour. Il
transforma aussi la biennale en une sorte de musée ou d'institution, ce
qui a marqué durablement l'environnement artistique puisqu'aucun
musée d'art contemporain n'existait encore en Turquie.
René Block permit l'implication des artistes turcs sur
la scène internationale à une époque où l'art
contemporain turc se confinait encore aux frontières stambouliotes.
Grâce à lui, beaucoup d'artistes turcs furent invités
à participer à des expositions en Allemagne grâce à
une collaboration entre des commissaires turcs et allemands. L'exposition
« Iskele/Pier » en 1994, par Beral Madra et Sabine Vogel,
commissaires respectivement turque et allemande, fut l'une des premières
expositions d'art contemporain à laquelle participaient des artistes
turcs en-dehors de la Turquie. A ce jour, René Block continue ses
activités de commissaire en relation avec la Turquie.
Au-delà du monde artistique, l'intelligentsia
d'Istanbul s'est mise à porter de l'intérêt à l'art
contemporain.
Un comité consultatif composé
d'écrivains, de commissaires d'exposition, de critiques et d'artistes se
forma et organisa les expositions d' « Activités de
jeunesse15(*) »
entre 1995 et 1998 sous le toit de « l'Association internationale des
arts plastiques ». Ces événements proposaient aux
jeunes artistes une alternative à l'espace restreint qu'offraient les
galeries privés et aux compétitions artistiques des institutions
d'art. Les Activités de jeunesse rassemblaient jusqu'à
300 participants venant de toute la Turquie, de toutes les disciplines et de
toutes les classes sociales. Il s'agissait d'environ trois semaines de
séminaires, de projections et d'ateliers. D'une part, de nouvelles
approches esthétiques en rupture avec l'éducation artistique
qu'avaient reçue les artistes y étaient
expérimentées. D'autre part, grâce à l'engagement
des intellectuels, l'art contemporain prit une dimension politique et
théorique et les artistes commencèrent à exprimer leur
engagement en produisant des oeuvres à caractère social,
politique et provocateur. Du à cet esprit novateur, beaucoup des
artistes des Activités de jeunesse étaient invités
à participer à la biennale d'Istanbul. D'une certaine
façon, ces Activités ont donc ouvert la porte de la scène
internationale aux jeunes artistes turcs. Elles ont aussi permis la formation
d'autres associations d'artistes très actives telles que
DAGS-Interdisciplinary Young Artists Association fondée en 1996
composée d'artistes venant d'horizons variés : arts
plastiques, cinéma, musique, littérature, arts vivants...
A la fin des années 1990, émergea le souci de
garder trace de la production artistique contemporaine. C'est ainsi qu'une
équipe de jeunes auteurs16(*) s'impliqua dans l'archivage des écrits
relatifs à l'art contemporain en Turquie, et des catalogues
d'expositions.
Fut également ouvert le premier centre d'archives de
l'art contemporain par le commissaire d'exposition Vasif Kortun. L'ICAP,
Istanbul Contemporary Art Project, se définissait comme une
« plateforme de discussion, bibliothèque et
archives 17(*)».
Une série de séminaires très suivis sur l'art contemporain
s'y déroula entre 1998 et 2000. Les événements d'envergure
organisés par l'ICAP donnèrent l'impulsion à
l'organisation d'autres événements à plus petite
échelle et de nature expérimentale18(*) où le rôle du
commissaire prenait toujours plus de place. Beaucoup de projets virent le jour
grâce à l'ICAP où des groupes d'artistes se formaient.
1.4. Le dynamisme capitaliste (les années 2000)
Alors que les années 1990 furent témoins d'un
engagement de la part de l'élite intellectuelle qui permit la formation
de plusieurs structures injectant l'énergie nécessaire au
développement de l'art contemporain en Turquie et de la banalisation de
la présence d'artistes turcs sur la scène internationale,
l'esprit collectif de la précédente décennie laissa la
place à des formations plus individuelles dans les années 2000.
On assiste également au début de l'institutionnalisation de l'art
contemporain.
En 2000, le premier musée d'art contemporain, Proje4L
Istanbul Contemporary Art Museum, est fondé sous l'égide de Vasif
Kortun. Toujours grâce à Vasif Kortun, le Centre d'Art
contemporain de la Banque ottomane19(*) ouvre ses portes. Ce centre fut le premier à
réaliser des projets institutionnalisés où étaient
investis des capitaux privés. Après l'ouverture de cette
institution à but non lucratif, le même type de structure se
développa rapidement. Les espaces d'art contemporain Aksanat, Borusan et
Siemens ouvrent successivement. Ces organisations à but non lucratif
financées exclusivement par des capitaux privés sont
respectivement l'initiative d'une banque, d'un homme d'affaires et d'une
entreprise de matériel électronique. En rupture avec le dynamisme
d'ordre intellectuel vécu dans les années 1990, ces nouveaux
espaces sont le signe avant-coureur que l'art contemporain s'engage sur une
autre voie.
L'ouverture de musées prestigieux alimentés par
des fonds privés, Sabancý Museum en 2002, Istanbul Modern en 2004
et plus récemment Santral Istanbul en 2007, confirme le changement de
trajectoire.
Cependant, les espaces indépendants gérés
par des artistes continuent d'exister et contrastent avec ces lieux de prestige
aux standards internationaux.
Le début des années 2000 a également
été marqué par la facilitation de l'accès des
artistes non stambouliotes à l'art contemporain. Deux centres d'art
contemporain en-dehors de la périphérie d'Istanbul se sont
ouverts, le DSM (le Centre d'Art de Diyarbakýr) en 2002 à
Diyarbakir, et le Centre d'Art contemporain K2 en 2004 à Izmir
qui forment des pôles actifs de l'art contemporain en Turquie.
Le contact se lie également entre les artistes
d'origine turque qui vivent à l'étranger, principalement en
Europe et aux Etats-Unis, et la Turquie. Ces artistes aspirent à
établir un dialogue avec l'environnement artistique du pays dont ils
sont originaires20(*).
Cette ambition a donnée lieu à des expositions telles que
« Under the beach, the pavement » en 2002, « I am
too sad to kill you » en 2003 ou encore « Free
kick » en 2005.
2. Rapide historique de l'établissement de l'art
contemporain à Marseille
C'est au début des années 1960 que l'on
reconnait en France le début de la période artistique
contemporaine avec l'avènement de nouveaux groupes sur les scènes
nationale et internationale tels que le Nouveau réalisme dont faisaient
partie Martial Raysse et César, le Groupe de Recherche d'Art Visuel
(GRAV), Fluxus ou encore le groupe Panique.
Marseille est l'une des trois premières villes de
France (avec Grenoble et Saint-Etienne) à ouvrir un musée d'art
contemporain. Le Musée d'art Contemporain (MAC) de la ville de Marseille
est la conséquence du manque de place du musée Cantini pour
accueillir une collection d'art contemporain en plus de sa collection d'art
moderne.
Le musée Cantini, ouvert en 1936 connait un nouveau
souffle en 1957 grâce à Marielle Latour qui, conservatrice de ce
musée pour les vingt-six prochaines années, va en orienter peu
à peu les acquisitions vers l'art contemporain. Avant cette date, aucune
politique d'acquisition n'avait jamais été mise en place. Du fait
d'un maigre budget, elle privilégie alors les jeunes artistes locaux. A
cette époque, émergent les Nouveaux réalistes et le groupe
de peintres et sculpteurs Supports-Surface21(*), ainsi que d'autres artistes de talent. La collection
s'organise autour de quatre axes : la Nouvelle figuration, la Figuration
narrative, Supports-Surfaces et l'Ecole de Nice. Marielle Latour se montre
audacieuse dans un contexte ou l'innovation n'est pas toujours bien
reçue. Quelques années avant en effet, la galerie marseillaise
Garibaldi voit sa vitrine cassée par des jets de pierre alors qu'elle
proposait une exposition de Picasso.
Les années 1950 et 1960 sont donc marquées par
une politique d'achat novatrice dans la région qui consistait en
l'acquisition d'oeuvres au moment de leur création. Marseille est
pionnière dans cette volonté de collectionner l'art de son temps.
Suivent Saint-Etienne et Grenoble.
La fin des années 1960 constitue une période
faste pour l'évolution de l'art contemporain à Marseille
où une politique d'achats et de commandes est soutenue par Gaston
Deferre, alors maire de la ville. Le musée Cantini acquiert de plus en
plus d`oeuvres et l'Ecole nationale des beaux-arts de Marseille prend de
l'importance en accueillant des jeunes artistes de la nouvelle
génération française et parisienne. Marseille offre une
alternative à Paris de par ses propositions artistiques.
En 1977, le musée Cantini présente l'exposition
« Trois villes, Trois collections - l'avant-garde
1960-1977 » qui tiendra place à Marseille d'abord, puis
à Grenoble, Saint-Etienne et au centre Georges Pompidou à Paris.
Cette exposition est une étape importante dans l'évolution du
concept de collection contemporaine et montre comme des musées de
« province », peuvent faire preuve de plus d'innovation que
d'autres musées plus établis de la capitale. Le Fonds
régional d'acquisition des musées, Fram, créé en
1982 dans le cadre de la politique globale de décentralisation, permet
l'acquisition d'oeuvres fondamentales pour la collection Cantini22(*). Des oeuvres attribuées
par les fonds national et régional d'art contemporain viennent
également enrichir la collection. L'art contemporain est le premier
courant artistique du vingtième siècle qui suscite un
intérêt particulier de la part des institutions publiques du Midi
qui n'avaient pas effectué d'achats d'oeuvres fauves et cubistes par
exemple. Elles s'intéressent désormais aux avant-gardes
artistiques mais aussi au Surréalisme.
En 1988, à l'occasion de l'exposition « L'art
moderne à Marseille. La collection Cantini », le directeur des
musées de Marseille, Germain Viatte, signale le besoin urgent d'espace
pour la collection. Bien qu'il soit dommage de séparer la collection
marseillaise du vingtième siècle en son milieu, la collection
d'art contemporain du Musée Cantini, c'est-à-dire d'une
manière générale les oeuvres datant d'après 1960,
est alors transférée dans les locaux du futur MAC, alors
appelé les Galeries contemporaines des musées de Marseille et ce
jusqu'en 1994, date officielle de l'ouverture du MAC.
A cette époque, dans les années 1980, et sous
l'impulsion du ministère de la culture de Jack Lang, la culture cesse
d'être une matière secondaire, et la France se couvre de centres
culturels. Les moyens de la ville de Marseille et de l'Etat augmentent. Entre
1980 et 1990, le budget de la culture passe de 0,38% à 0,86%, et celui
des arts plastiques augmente de 130%. En 1982, le Fiacre23(*), le Fram, les Drac24(*) et les Frac25(*) sont créés. Le
budget d'acquisition du Fonds national d'art contemporain, est multiplié
par trois en trois ans, puis ne cesse d'augmenter. La photographie devient une
discipline à part entière dans la collection du Fnac.
Dans la préface du catalogue paru à l'occasion
de l'exposition « Cantini 80 », Gaston Deferre gratifie de
ses remerciements les directeurs des Musées de France, et les diverses
personnalités qui ont accordé des subventions aux Galeries
contemporaines et donne ainsi une légitimité politique à
l'art contemporain. A la fin des années 1980, Deferre alloue un budget
annuel d'achats pour les musées de Marseille de cinq millions de francs
au directeur des Musées de Marseille26(*), du jamais vu à l'époque. La collection
en profite pour devenir internationale en acquérant des ensembles
allemands, italiens, espagnols et japonais27(*). Dans la première moitié des
années 1990, la collection s'applique à combler ses lacunes par
l'achat de grandes oeuvres, comme celui d'un Basquiat, de différents
courants artistiques en se tournant notamment vers l'Arte povera28(*). On commence aussi un projet
d'archives à partir du fond de documentation donné par Ernst
Goldschmidt, artiste danois (1879-1959). A la même époque, une
nouvelle mouvance entraine la création de galeries associatives actives
sur le plan artistique, telles que la galerie Athanor. Quelques galeristes
comme Roger Pailhas et Jean-Pierre Alis, deviennent des acteurs essentiels pour
la diffusion de l'art contemporain et la révélation d'artistes
à Marseille.
En 1990 a lieu la première et dernière
édition de la Biennale internationale de Marseille photographie-arts
plastiques. A l'instar des principaux musées de France, les
musées marseillais ont la volonté de développer un fonds
photographique. En 1987, le musée Cantini met d'ailleurs en place un
département photographique. La première et dernière
édition de cette biennale, intitulée « D'un art,
l'autre » s'attachait à établir une relation entre la
photographie et les autres productions plastiques contemporaines. Cependant, le
MAC continuera à travailler sur cette relation, en présentant
notamment l'exposition « Walker Evans/Dan Graham » en 1992,
et en établira d'autres au mépris des catégories
esthétiques conventionnelles29(*). Les premières expositions du MAC en tant que
tel attirent l'attention de la population marseillaise. En 1994,
« Ils collectionnent » rend hommage aux collectionneurs
marseillais et « L'art au corps » en 1996 retrace
l'évolution de l'art du vingtième siècle à partir
de Marcel Duchamps.
En 1993, Marseille a accueilli dans les anciens abattoirs de
la ville la biennale internationale d'art de groupe, qui se déroulait en
trois volets : à Berlin, Barcelone et Marseille. Les manifestations
artistiques de cette biennale à travers oeuvres plastiques,
théâtre de rue, musiques et performances, s'inspiraient du
contexte social de son époque.
Le milieu des années 1990 voit éclore des
espaces indépendants d'artistes, lieux d'expositions,
gérés par eux-mêmes. Ce type d'espace présente
à ces groupes d'artistes, qui bien souvent se rencontrent lors de leurs
études d'art, une alternative pour s'exposer en dehors des circuits
commerciaux des galeries, qui par ailleurs n'ouvrent leurs portes qu'à
des artistes confirmés ou trop expérimentés pour la
nouvelle génération. Cependant, ce mouvement de création
d'espaces indépendants s'est nettement ralenti au fil des ans,
peut-être du fait que la jeune génération en question a
maintenant accès aux galeries, et en profite pour ralentir ses
activités associatives qui demandent beaucoup d'énergie.
Pourtant, il n'est pas rare à présent de voir des lieux
autogérés par des duos d'artistes. La fin des années 1990
témoigne de la tendance des collectionneurs à ouvrir leur propre
fondation d'art, telle que la Collection Lambert à Avignon.
Alors que dans les années 2000, les galeries d'art
continuent à se multiplier à Paris, cette tendance est difficile
à suivre dans les autres villes de France. Il reste tout de même
plus facile d'être galeriste à Paris qu'à Marseille.
Malgré une volonté de rééquilibrage et de fortes
actions pour décentraliser, le commerce de l'art est moins florissant en
dehors de Paris, sans doute parce que les acheteurs continuent de
privilégier les galeries parisiennes de prestige et les foires d'art
contemporain.
II Le rôle des institutions publiques dans l'art
contemporain
1. Ressources nationales
Les villes d'Istanbul et de Marseille répondent
à des systèmes totalement différents quant à la
gestion de la vie culturelle et artistique. Tandis que l'art contemporain
à Istanbul repose quasi intégralement sur des fonds
privés, ce sont les institutions publiques qui l'alimentent à
Marseille. Au delà d'une différence de moyens importante et du
manque d'intérêt des autorités publiques turques pour l'art
contemporain, cela peut aussi s'expliquer par le découpage administratif
très différent des deux pays.
La Turquie est un pays centralisé qui se découpe
géographiquement en sept régions et administrativement en quatre
vingt une provinces, subdivisées en districts, et respectivement
administrés par des préfets et sous-préfets, nommés
par l'Etat. Les maires des villes et de leurs différents quartiers sont
eux élus au suffrage universel.
Les fonds publics destinés à la culture sont
attribués par le Ministère de la Culture et du Tourisme, le
Ministère des affaires étrangères, et les villes. Mais en
conséquence du dynamisme et des opportunités que la ville
d'Istanbul propose, l'activité artistique contemporaine de Turquie s'y
concentre essentiellement. Les autorités publiques turques
n'investissant pas dans l'art contemporain et ne se préoccupant
guère d'assurer un certain équilibre des activités
artistiques dans tout le pays, il revient aux acteurs culturels
d'établir cet équilibre entre Istanbul et les autres villes. Ces
derniers manquants, l'art contemporain reste confiné à Istanbul
malgré quelques initiatives telles que K2 à Izmir30(*), troisième ville du
pays, la biennale de Sinop31(*), une petite ville portuaire sur la mer noire, ou sous
la tutelle de l'association Anadolu Kültür, le DSM à
Diyarbakir32(*), ville
principale du sud-est du pays à grande majorité kurde.
En France, ce rééquilibrage des structures et
activités artistiques est orchestré par les institutions
publiques locales qui sont le fruit d'une politique désormais
décentralisatrice qui date des années 1980. Les
collectivités territoriales se subdivisent géographiquement et
administrativement en régions, départements, communes et parfois
établissements intercommunaux. Il s'agit d'entités autonomes qui
définissent elles-mêmes leurs priorités et désignent
leurs représentants. Par ailleurs, l'Etat assure un service public
culturel local par le biais des Directions régionales des affaires
culturelles, un service déconcentré qui agit pour le compte de
l'Etat. Leur budget dépend du ministère et leur
représentant désigné par lui. Ce sont donc les
collectivités territoriales qui se doivent d'assurer le service culturel
public local mais en pratique, les Ministères de la culture et de la
communication et des affaires étrangères agissent aussi au niveau
local notamment par le biais des Drac. C'est quasiment toujours vers les
entités publiques que l'on se tourne pour rechercher des fonds.
1.1 Les ministères
1.1.1 Les ministères de la culture
Jusque dans les années 1970, on pouvait trouver un
certain soutien financier de la part des institutions publiques à l'art
en Turquie. Ces subventions ont disparu presque complètement
après le coup d'état du 12 septembre 1980 qui
dérégula l'économie pour laisser place à un fort
courant de néolibéralisme et donc d'individualisme. Le coup
d'état influença donc le milieu artistique et les artistes et
après cette époque, c'est l'individu qui était à
l'origine des tendances et courants de l'art turc.
En matière culturelle, la priorité de
l'état turc concerne la conservation des antiquités et de
l'héritage historique, et la promotion de la Turquie au niveau
touristique. Il n'apporte donc quasiment pas son soutien à l'art
contemporain ou du moins pas directement. La dénomination du
ministère de la culture turc, Ministère de la culture et du
tourisme révèle une confusion significative entre culture et
tourisme. Bien que beaucoup d'artistes contemporains essaient de sortir des
clichés Occident/Orient, le gouvernement turc considère la
culture comme un facteur de promotion du tourisme plutôt que comme un
droit acquis dont il faudrait faciliter l'accès à la population
turque, et brouille les frontières entre l'art contemporain et
« l'art touristique ».
L'infrastructure publique destinée à favoriser
le développement de la culture est restreinte et n'a pas
évoluée avec l'augmentation du niveau de vie, la diversification
des styles de vie ni, surtout, l'accroissement rapide de la population que
subit Istanbul. Par ailleurs, même lorsque le Ministère de la
culture et du tourisme verse des subventions à des lieux culturels qui
ne relèvent pas du patrimoine mais qui excluent dans tous les cas l'art
contemporain, comme à des compagnies de théâtre (des
bourses allant de 4 500 à 45 000 €33(*)), il le fait en l'absence d'objectifs, de
critères clairs et de transparence.
Le Ministère de la culture et de la communication
français a été créé en 1959 et fête
donc ses cinquante ans cette année. Contrairement à son homologue
turc, il ne fait pas l'amalgame entre culture et tourisme. Une
délégation du ministère se consacre intégralement
au secteur de l'art contemporain. Il s'agit de la Délégation aux
arts plastiques, la DAP. L'objectif de la DAP est de favoriser la
création contemporaine et sa diffusion. Elle assure la
réglementation relative à l'enseignement spécialisé
des arts plastiques dans les écoles agréées par l'Etat,
à la commande publique et au 1% artistique34(*) et contribue à
l'enrichissement et à la conservation du patrimoine d'art contemporain
des établissements publics qui sont sous sa tutelle. Au niveau
régional, elle doit suivre les procédures qui concernent les
Fonds régionaux d'art contemporain, gérés par les Drac.
Le soutien à la création contemporaine du
Ministère de la culture se manifeste notamment par le Fonds national
d'art contemporain dont la création remonte à 1875. La
volonté de décentralisation des années 1980 mènera
à la création des Fonds régionaux d'art
contemporain35(*). Son
rôle aujourd'hui, alors qu'il existe d'autres structures d'acquisition
comme les Frac, est d'enrichir le patrimoine artistique public, en
acquérant des oeuvres contemporaines pour le compte de l'Etat, et de
contribuer à la diffusion des oeuvres d'artistes représentant les
tendances artistiques contemporaines. Guy Amsellem,
délégué aux arts plastiques de 1998 à 2000,
décrit le rôle du Fnac en ces termes :
La vocation du Fnac n'est pas de thésauriser ses
collections, elle est de les diffuser par une action soutenue de prêts
pour des expositions temporaires dans le monde entier et de dépôts
de plus longue durée dans les musées en France et bientôt
à l'étranger. Conforter les collections des collectivités
territoriales et les collections nationales, notamment celles du Musée
national d'art moderne-Centre Georges Pompidou, susciter l'engagement propre
des musées, permettre au public de découvrir des oeuvres majeures
plus aisément acquises par l'Etat que par des institutions aux moyens
financiers limités, tels sont les objectifs du Fnac qui, dans le
même temps, se doit d'accompagner les créateurs et de soutenir le
marché de l'art36(*).
Depuis 1981, le Fnac a acquis plus de vingt mille
pièces, et réunit maintenant environ quatre-vingt dix mille
oeuvres d'art plastique, de photographie et de design. Il s'agit de la
collection d'art contemporain la plus importante de France. Chaque
année, l'Etat enrichit les collections publiques du Fnac de six cents
à sept cents oeuvres. Les acquisitions sont effectuées en suivant
trois objectifs: « soutenir la jeune création, en écho
à l'actualité artistique en France, pour constituer le patrimoine
de demain », « constituer des ensembles d'oeuvres
cohérents autour d'un artiste afin de mettre en évidence son
parcours, autour d'un mouvement artistique», « être
attentif à la création internationale »37(*). Le budget annuel est de plus
de trois millions d'euros, répartis approximativement ainsi :
2 450 000 € pour les arts plastiques, 330 000 € pour
la photographie et 230 000 € pour les arts décoratifs, le
design et la création industrielle. En 2008, il a acquis trente-quatre
nouvelles oeuvres auprès de vingt-trois galeries pour un budget de
400 000 euros38(*)
à l'occasion de la Foire internationale d'art contemporain, la
Fiac39(*), qui se tient
à Paris chaque année. En 2008, sur quarante-six galeries
françaises participant à l'événement, seules deux
n'étaient pas parisiennes40(*). Aucune galerie marseillaise n'a été
représentée à la Fiac depuis la galerie Pailhas en
2005.
Les oeuvres composant le Fnac sont gardées,
gérées et diffusées pour le compte de l'Etat par le Centre
national d'arts plastiques, le Cnap41(*), créé en 1982. Le Cnap soutient la
création contemporaine, gère le Fnac, met en oeuvre les commandes
publiques, organise des expositions et mène une action
éditoriale.
C'est la Commission nationale consultative des arts plastiques
du Cnap qui se charge des achats aux galeries ou des commandes publiques
effectuées auprès des artistes en faveur du Fnac. Les commandes
publiques peuvent résulter de la volonté du ministre de la
culture et de la communication, du délégué aux arts
plastiques ou du directeur du Cnap et peuvent être classées dans
quatre catégories : les commandes qui élargissent le champ
d'intervention habituel de la commande publique (nouveaux média,
graphisme, textiles...) ; les commandes effectuées dans le but de
relancer les savoir-faire traditionnels comme les estampes ; les commandes
pour un établissement public ; et les commandes spécifiques
à des manifestations particulières telles que les biennales,
Manifesta ou l'année de la France à l'étranger (au
Brésil en cette année 2009).
Depuis 2002, le Cnap a par ailleurs pour mission de diffuser
le fonds en France comme à l'étranger en prêtant les
oeuvres du Fnac lors d'expositions temporaires ou en répondant aux
demandes de dépôt des musées et autres institutions
publiques. Ainsi, le Fnac n'est pas seulement présent à Paris, et
singulièrement, on trouve des pièces de ses collections notamment
au Musée d'art contemporain de Marseille. Le Cnap met en place
également sa propre programmation et organise des expositions partout en
France et à l'étranger dans le respect de son objectif de
diffusion du Fnac. Ces expositions sont réalisées en France en
partenariat avec les acteurs de l'art contemporain concernés au niveau
régional.
Le Cnap attribue aussi des fonds, bourses de recherche ou
aides financières, aux acteurs de l'art contemporain (artistes,
théoriciens de l'art, restaurateurs, critiques, éditeurs,
galeries...). Il existe différents types de bourses comme
Image/Mouvement qui se définit comme « un dispositif de
soutien aux projets d'expérimentation et de recherche
cinématographique dans le champ des arts plastiques : aide à
l'écriture et à la maquette (aide individuelle) ; aide au
développement et à la post-production (aide aux structures de
production) »42(*). En cette année 2009, la
GalerieOfMarseille43(*) va
ainsi bénéficier des « Aides à la
première exposition » et « Aides au premier
catalogue » attribuées par le Cnap pour l'exposition
« Further replica - Les Métamorphoses » de
Hervé Paraponaris et la publication de son catalogue.
Hervé Paraponaris Ruins of mercy
/ euro version Bouteilles de verre, pièces de
monnaie, 2007 Dimensions variables, Vue de l'exposition "Marseille
associés", MAC Marseille, 200744(*).
Enfin, le Cnap publie plusieurs ouvrages, notamment
« Les Cahiers de la création
contemporaine »45(*), qui sont l'expression de l'actualité
du Cnap (expositions, acquisitions, projets soutenus, commandes publiques
etc.). Il publie aussi des catalogues d'expositions, des guides pratiques
à l'intention des professionnels de l'art contemporain, et des ouvrages
en partenariat avec des éditeurs privés destinés à
valoriser les collections françaises en France et à
l'étranger.
D'autre part, le Ministère de la culture et de la
communication s'implique dans le développement de l'éducation
artistique et culturelle. Il existe d'ailleurs un portail
interministériel en ligne commun aux ministères de la culture et
de l'éducation nationale qui informe sur toutes les possibilités
d'actions éducatives artistiques en France46(*). Le ministère de la
culture a sous sa tutelle quelques cinquante-huit écoles
supérieures d'art qui dépendent aussi des Drac et sur lesquelles
il exerce un contrôle pédagogique. Les programmes d'enseignement
sont homologués par la Délégation aux arts plastiques du
Ministère de la culture qui est par surcroit chargé de
l'inspection de l'enseignement artistique dans ces écoles. Les
diplômes qui y sont délivrés sont nationaux.
Depuis 1977, date de création des Drac, l'Etat est
présent dans les régions à travers elles. La loi du 6
février 1992 qui organise l'administration territoriale en France a fait
des Drac un service déconcentré de l'Etat. Les Drac sont
chapeautées par le préfet de la région, qui peut par
exemple vérifier la légalité des décisions prises
par elles. Elles ont pour mission de poursuivre les objectifs définis
par l'Etat au niveau régional dans tous les domaines culturels, et
peuvent éventuellement intervenir en tant qu'intermédiaire entre
l'Etat et les collectivités territoriales. Elles permettent donc
à l'Etat d'agir directement dans les régions à travers
elles. Elles doivent aussi assurer un service de conseil aux partenaires
culturels territoriaux. L'activité des Drac tourne essentiellement
autour de trois missions. Elles doivent brasser un public le plus large
possible sur tout le territoire dans lequel elles sont compétentes et,
pour cela, établissent des partenariats avec les acteurs territoriaux
par le biais de contrats de plan Etat-région, de contrats de villes et
de conventions de développement culturel. Les Drac s'impliquent dans
l'éducation artistique et culturelle dans les régions. Elles
distribuent des fonds aux écoles agréées par l'Etat comme
à l'Esbam à Marseille, et mettent en place, en collaboration avec
le rectorat, des programmes d'intervention dans les écoles et
universités visant à sensibiliser la jeunesse aux arts ou au
patrimoine culturel. Enfin, les Drac jouent un rôle important dans le
développement de l'économie culturelle régionale en
proposant information, conseils et formations aux professionnels de la culture
(artistes, acteurs culturels locaux, collectivités territoriales) et en
favorisant une politique de développement du mécénat
culturel. Elles assurent par ailleurs le secrétariat des Fram, fonds
régionaux pour les acquisitions des musées, alimentés
à parité par l'Etat et la Région. Ce fonds est
destiné à aider les musées à acquérir des
oeuvres en fournissant au musée un pourcentage du prix de l'oeuvre sous
forme de subvention.
Les Drac interviennent dans plusieurs domaines, qui sont ceux
du patrimoine, du spectacle vivant (théâtre, musique et danse), du
livre, du cinéma et de l'audio-visuel, des musées et de l'art
plastique. C'est le Service des arts plastiques des Drac,
représenté par le conseiller arts plastiques qui, en relation
avec la Délégation aux arts plastiques du Ministère de la
culture, intervient dans le secteur de l'art contemporain. Il remplit les
mêmes fonctions de soutien à la création contemporaine que
les autres services, à savoir une fonction de conseil. Il répond
également aux demandes de subventions des collectivités, autres
acteurs culturels, et artistes, et contrôle l'emploi des subventions
allouées. Deux bourses sont réservées aux artistes
plasticiens : « Les aides individuelles à la
création » et « Les allocations d'installation
d'atelier ». Par ailleurs, le conseiller aux arts plastiques examine
les propositions qui lui sont soumises et les projets artistiques
réalisés sur l'espace public relatifs aux commandes publiques et
au 1% artistique. Le « 1% » est l'obligation
s'étendant à l'ensemble du territoire, de décoration pour
les constructions publiques. 1% du coût de construction doit être
réservé à l'achat d'une oeuvre issu de tout médium
artistique pour le bâtiment en question. Cette obligation d'acquisition
d'une oeuvre se traduit par un appel à candidatures auprès des
artistes.
Le « 1% » s'est ouvert à l'ensemble
des formes d'expression dans le domaine des arts visuels, des disciplines les
plus traditionnelles, comme la peinture ou la sculpture, aux
nouveaux-média, la vidéo, le design, le graphisme, la
création sonore, la création paysagère, etc47(*).
Toupies réalisée dans le cadre
du 1% artistique par Marine Peyre / cooked in marseille design studio à
l'école Château Gombert de Marseille, 2006.48(*)
La Direction générale des affaires culturelles
compétente à Marseille est celle de la région
Provence-Alpes-Côte d'Azur, dite Drac PACA49(*), basée à
Aix-en-Provence.
La Drac PACA soutient l'éducation artistique et
culturelle. Les conseillers éducation artistique et culturelle et la
Délégation académique à l'action culturelle (DACC)
représentent la liaison entre la Drac et l'académie. Plusieurs
conventions de partenariat ont été signées entre la Drac
PACA et l'académie Aix-Marseille concernant l'éducation
artistique et culturelle dans les établissements scolaires publics
(écoles, collèges et lycées) de l'ensemble de
l'académie. Ensemble, elles coordonnent et suivent toutes actions ou
animations culturelles relatives à l'éducation, organisent des
formations pour les enseignants ou autres professionnels de la culture et
travaillent au développement d'un partenariat culture-éducation
nationale.
L'action de la Drac PACA pour l'éducation artistique
contemporaine se manifeste plus particulièrement à travers six
écoles d'art50(*)
situées dans la région agréées par le
Ministère de la culture. Ces écoles sous tutelle
pédagogique du ministère obéissent aux mêmes
règles et proposent toutes un premier cycle de trois ans
délivrant un Diplôme national d'arts plastiques (DNAP) puis un
deuxième cycle de deux ans sanctionné par un Diplôme
national supérieur d'expression plastique (DNSEP). Le Service des arts
plastiques des Drac est chargé de la procédure d'allocation des
bourses aux étudiants, et de l'établissement des
différents diplômes DNAP, DNSEP et DNAT. Le conseiller arts
plastiques est à l'écoute de ces écoles et des
collectivités dans lesquelles elles sont implantées.
L'une de ces écoles se situe à Marseille, il
s'agit de l'Ecole Supérieure des Beaux-arts de Marseille (Esbam),
fondée en 1752. En plus des diplômes communs à toutes les
écoles d'art de la région agréées par l'Etat,
l'école de Marseille, ainsi que celle de Toulon, propose un cycle court
de trois ans sanctionné par un Diplôme national d'art et technique
(DNAT).
L'Esbam participe activement à l'enrichissement de
l'actualité de l'art contemporain à Marseille. Elle propose des
ateliers ouverts au public, organise des expositions tout au long de
l'année, et met en place ou prend part à de nombreux
événements ponctuels à Marseille ou hors les murs de la
ville et parfois à l'étranger51(*). L'école organise notamment beaucoup de
conférences auxquelles elle invite bon nombre d'intervenants, et
accueille chaque année des artistes en résidence. L'Esbam
organise beaucoup d`expositions dans les galeries de l'école : la
Galerie de l'Esbam en centre ville et Luminy-les galeries sur son campus. Mais
elle travaille aussi conjointement avec les lieux artistiques de la ville. Elle
a récemment organisé Archipélique, promotion art et
design 2008, au Musée d'art contemporain fin 2008, Corpus
Mobile à la galerie de la Friche de la Belle de Mai et
Pinède Légende à la Compagnie en 2007.
Paul Baquié, Distributeur d'idées
dans Pinède Légende à la Compagnie.
Sous l'autorité des Drac, on trouve les Centres d'art
contemporain. Ce sont des centres qui ont en général le statut
d'association conventionnée. Bien que la plupart des fonds qui
subventionnent les Centres d'art contemporain provienne des
collectivités territoriales, la participation de l'Etat via les Drac
peut aller jusqu'à 50% de son financement. Ils datent des années
1970 mais leur rôle s'est renforcé et leur nombre multiplié
depuis les mesures prises en faveur de la décentralisation. Ils sont
maintenant une trentaine, dont six dans la région PACA52(*). On en compte un à
Marseille, le Centre international de recherche sur le verre et les arts
plastiques, ou le Cirva. Le Cirva fut établi en 1983 à
Aix-en-Provence et déménagea à Marseille en 1986. Chaque
année, le Cirva accueille une quinzaine d'artistes, designers ou
architectes qui veulent travailler avec le matériau verre. Il leur offre
le savoir-faire de son équipe technique, et met à leur
disposition le matériel nécessaire. Le centre n'est pas ouvert au
public, mais les oeuvres réalisées là-bas sont accessibles
au public à travers les expositions auxquelles elles participent. Le
Cirva a constitué au fil du temps sa propre collection. Il publie par
ailleurs ses « Carnets de bord ».53(*) Considéré comme
unique au niveau international, le Cirva reçoit le soutien financier de
l'Etat du Ministère de la culture via la Délégation aux
arts plastiques, de la Drac PACA, de la ville de Marseille, du Conseil
général des Bouches-du-Rhône et du Conseil régional
PACA.
Le loukoum rose d'Aziyadé de Paul
Arman Gette, réalisé au Cirva en 2006.
Par ailleurs, la Drac PACA a apporté son soutien en
1999 à la création de l'association Documents d'artistes,
installée à la Friche de La Belle de Mai. Son objectif est la
constitution d'un fonds documentaire virtuel54(*) sur les artistes contemporains résidents de la
région PACA. Ce fonds documentaire concourt à la circulation du
travail des artistes de PACA aux niveaux national et international et constitue
une interface enrichissante pour les amateurs. Il s'efforce de valoriser la
création contemporaine régionale et pour cela travaille
étroitement avec le Fonds régional d'art contemporain.
1.1.2 Les ministères des affaires
étrangères
Il arrive que le Ministère des affaires
étrangères turc finance en partie la représentation turque
dans des expositions d'art contemporain comme il le fit en 1991 à Krakow
en Pologne « Europe Unknown »55(*), ou encore la biennale de
Venise, mais à la condition que des activités promouvant la
Turquie par le biais de l'artisanat et du folklore soient organisées
parallèlement. Ce n'est donc pas la promotion de l'art contemporain qui
le préoccupe, et, d'ailleurs, ces subventions sont mineures quand on les
compare aux ressources publiques des pays occidentaux. Toutefois, la
différence de budget entre la Turquie et les pays occidentaux ne saute
pas forcément aux yeux car les artistes font beaucoup d'efforts quand il
s'agit de représenter leur pays et investissent même parfois leurs
propres ressources.
Récemment, des institutions à l'étranger
(le Palais des Beaux-arts à Bruxelles pour l'exposition
« Mères, déesses et sultanes », la Royal
Academy of Arts de Londres pour « Turks », ou le
Smithsonian Museum à Washington) ont accueilli et financé des
expositions présentant l'héritage culturel de la Turquie.
Même en ce qui concerne le patrimoine culturel du pays, le gouvernement
turc n'est donc pas toujours disposé à verser des subventions.
Quelques subventions du Ministère des affaires étrangères
et du Fonds de promotion du cabinet du premier ministre ont été
débloquées pour l'organisation de l'exposition
« Þimdi ! / Now ! » à Berlin en
2004. Ces expositions ne trouvant qu'un soutien infime de la part de
l'état, elles dépendent donc en quasi-totalité de fonds
privés.
Le Ministère des affaires étrangères et
européennes français56(*) a une vraie politique artistique qu'il
développe en collaboration avec le Ministère de la culture et de
la communication. Ses objectifs sont d'une part de faire connaitre les oeuvres
d'artistes français à l'étranger et d'autre part
d'accueillir les cultures étrangères en France. L'ambition
première étant de donner une image prestigieuse de la France dans
le monde.
Pour répondre à ses objectifs, la Direction
générale de la coopération internationale et du
développement (DgCID) du Ministère des affaires
étrangères s'appuie principalement sur deux instruments. Le
premier est son réseau à l'étranger : les services de
coopération artistique et culturelle des ambassades, les alliances
françaises et les instituts culturels français à
l'étranger, dont fait bien sur partie l'Institut culturel
français d'Istanbul, présent sur la scène artistique
contemporaine stambouliote. Le second est Culturesfrance57(*), délégation
commune aux ministères des affaires étrangères et de la
culture.
La France a commencé à développer son
réseau culturel à l'étranger il y a plus d'un
siècle et compte aujourd'hui environ cent quarante-cinq instituts
culturels dans quatre-vingt douze pays, et mille soixante-quinze alliances dans
cent trente-quatre pays. Le budget global s'élève à
environ cent quarante millions d'euros sachant que le réseau
s'autofinance en moyenne à 50%.
Le ministère a une politique de diffusion de la
création contemporaine française essentiellement dans les pays
européens et industrialisés, ce qui se traduit pour l'art
contemporain par la promotion des oeuvres des artistes français à
l'étranger. Des programmes commencent à être
développés à l'échelle européenne tels que
des compétitions auxquelles tous les artistes européens sont
libres de participer58(*).
Ces programmes sont mis en oeuvre par l'Eunic, European Union of National
Institutions for Cultures, agence internationale fruit du partenariat des
institutions culturelles nationales de vingt-cinq des pays membres de l'Union
européenne. La représentation française est assurée
par l'Alliance française de Paris59(*).
Il existe à Marseille une Alliance
française60(*) mais
elle se consacre uniquement à l'enseignement du français. Les
artistes marseillais désireux de prendre part à des
événements subventionnés par le Ministère des
affaires étrangères devront se tourner vers l'Eunic au niveau
européen ou vers Culturesfrance.
Toujours dans la volonté de tisser un réseau
artistique dense en Europe, la DgCID a initié le programme 25++
coordonné par l'Afaa, Association française d'action artistique.
L'Afaa a pour mission de mettre en réseau les différents acteurs
culturels indépendants européens et des pays voisins. Le
programme « Structures indépendantes et rendez-vous
d'artistes » en 2006-2007 s'est en partie déroulé dans
les Balkans et en Turquie. Son objectif était d'élargir le
réseau culturel européen aux pays du Sud-Est.
La DgCID, Culturesfrance et le Ministère de la culture
ont organisé au printemps 2008 une série d'ateliers rassemblant
des professionnels de la culture dans le but de lancer une réflexion
« pour améliorer la participation de la France au dialogue
artistique international dans le domaine des arts visuels ». Il en
est ressorti trente-trois propositions suivant trois axes :
« montrer : mieux montrer en France les artistes
français ; échanger : mieux se préparer aux
échanges et mieux les pratiquer ; exporter : mieux accompagner
la présence des artistes français à
l'étranger »61(*).
L'un des objectifs de Culturesfrance est d'exporter à
l'étranger la création contemporaine française dans toutes
ses acceptions, y compris les arts visuels. Le budget alloué aux arts
visuels était de 32,6 millions d'euros, soit une baisse de 15% par
rapport à 2007 et il continue de diminuer.
L'artiste marseillais au même compte que tout artiste
français peut participer à la programmation ou la créer en
répondant à leurs appels d'offres et appels à projets.
Le Bureau des saisons de Culturesfrance est par ailleurs
chargé d'accueillir les Saisons culturelles sur le sol français,
et est en conséquence l'organisatrice de la saison culturelle turque de
juillet 2009 à mars 2010, en partenariat avec la Fondation d'Istanbul
pour la Culture et les Arts (IKSV62(*)) d'Istanbul qui travaille également sous
l'égide des ministères turcs de la culture et des affaires
étrangères. Les Saisons culturelles sont prévues jusqu'en
2011 et les pays mis à l'honneur montrent le désir
d'échanger avec les pays d'une Europe élargie.
C'est le département des Echanges et coopération
artistique de Culturesfrance qui gère la programmation relative à
l'art contemporain. Il lance des appels à projets deux fois par an sur
le site Internet, tout artiste, partenaire étranger ou institution
française basée à l'étranger pouvant ainsi
soumettre par dossier ses propres idées. La responsabilité la
plus importante du département au niveau des arts visuels et de
l'architecture est d'assurer la gestion du Pavillon français aux
biennales d'art contemporain de Venise.
Le département Développement et Stratégie
se charge des partenariats que Culturesfrance entretient avec les Drac et les
collectivités territoriales en France et autres structures à
l'étranger. Ces partenariats permettent une meilleure visibilité
de l'action de Culturesfrance dans les régions et d'intégrer des
acteurs culturels locaux dans sa programmation, mais aussi de coordonner les
saisons culturelles avec les partenaires étrangers. Culturesfrance est
lié avec la Drac PACA, le Conseil régional PACA et la ville de
Marseille par des conventions triennales dans le but de faire connaitre les
artistes confirmés locaux à l'étranger et d'accueillir des
artistes étrangers dans la région. Parmi les objectifs de ces
conventions, Culturesfrance, la ville et la région s'engagent à
favoriser les échanges avec certaines zones géographiques
prioritaires dont celle d'Izmir et de Phocée en Turquie et d'accueillir
la Saison culturelle turque.
Le département Développement et Stratégie
propose plusieurs programmes de résidence d'artistes accueillis en
France dans des lieux privés ou des lieux gérés par une
collectivité territoriale ou à l'étranger. L'art
contemporain est concerné par quelques-uns de ces programmes. Le
programme « Hors les murs » prend place dans le pays du
choix de l'artiste et lui offre une bourse de dix mille euros pour des
séjours de trois à six mois. Le programme « Triangle
Studio » met à la disposition de l'artiste un atelier à
New York pendant une période de douze mois. Le programme
« Villa Kujoyama » à Kyoto permet que les artistes
soient logés dans une villa pendant quatre à douze mois et
reçoivent une bourse de quatre mille six cents euros.
Tous les créateurs en arts visuels professionnels
français ou résidant sur le sol français depuis plus de
cinq ans sont éligibles aux programmes de résidence et aux appels
à projets.
Le Ministère des Affaires étrangères,
à travers la DgCID, Culturesfrance et son réseau à
l'étranger est donc actif sur tout le territoire français comme
en dehors.
1.2. Les institutions publiques locales
Elles sont très représentatives du
découpage administratif français qui réunit au niveau
local les efforts des collectivités territoriales résultant de la
politique de décentralisation, et des Drac qui sont un service
déconcentré de l'Etat.
1.2.1. La ville
La municipalité d'Istanbul a créé
Kültür A..63(*)qui se définit soi-même comme une
société commerciale offrant des services touristiques,
artistiques et culturels. Kültür A.. est responsable de la
gestion des lieux culturels appartenant à la ville64(*). Aucun de ces lieux ne propose
de programmation relative à l'art contemporain. Il arrive toutefois que
la municipalité d'Istanbul subventionne des projets ponctuels relatifs,
en partie du moins, à l'art contemporain. Certains districts d'Istanbul
entretiennent un centre culturel local qui, une fois de plus, propose la
plupart du temps, des programmes pour enfants, du folklore, et quelques
concerts et pièces de théâtre, et elle est
particulièrement active pendant les fêtes traditionnelles comme le
Ramadan. La programmation des activités culturelles publiques n'est en
aucun cas conduite par des considérations artistiques.
Istanbul manque clairement d'une politique culturelle nette.
Il est difficile de cerner qui reçoit des subventions publiques et selon
quels critères. L'attribution de subventions à tel ou tel lieu,
compagnie ou organisation artistique résulte souvent du lobbying des
acteurs culturels. On peut dire que les couleurs politiques des
différents districts d'Istanbul influencent également le choix
des activités à subventionner.
De manière générale, les artistes et
lieux artistiques turcs n'ont aucune attente des institutions culturelles
gouvernementales. Il ne viendrait pas à l'esprit d'une association de
déposer une demande de subvention à la municipalité. On ne
retrouve d'ailleurs pas en Turquie la coutume européenne d'inviter
l'élu local aux vernissages.
Il en est tout autrement à Marseille, où la
culture et la coutume française en matière culturelle font que la
population compte énormément sur les institutions publiques. Ces
dernières se doivent d'offrir un service public efficace sous peine
d'insatisfaction générale pouvant mener très loin. Les
artistes français se tournent donc en premier lieu
systématiquement vers les institutions publiques pour faire des demandes
de subventions. Les municipalités jouent un rôle important et
c'est la Direction générale des affaires culturelles de la ville
de Marseille qui est responsable de ce processus. Cette direction gère
en totalité douze musées situés à
Marseille65(*), dont le
MAC, le Musée d'Art Contemporain.
Le MAC, initialement nommé Galeries contemporaines des
musées de Marseille, est géré par la ville de Marseille.
Jusqu'en 1994, année où le MAC a ouvert ses portes, les oeuvres
d'art contemporain du MAC étaient exposées au Musée
Cantini. Le MAC, avant que se pose la question de la ligne de partage entre les
oeuvres modernes et contemporaines des collections, était alors la
galerie d'art contemporain du musée Cantini. Le Musée Cantini,
également musée municipal, propose une collection d'art moderne
couvrant la première moitié du vingtième siècle.
Le fonds permanent du MAC abrite des oeuvres d'art contemporain datant des
années 1960 jusqu'à nos jours et réunit différents
courants tels que le groupe Support-Surface, les Nouveaux réalistes et
Affichistes. Même si la majorité des artistes est
régionale, la collection va au-delà des
frontières66(*). Il
possède des oeuvres qui ont été acquises par le
musée lui-même ou proviennent de dons d'artistes, du Fonds
national d'art contemporain, du Fonds régional d'art contemporain, de la
région Provence-Alpes-Côte d'Azur et de la Caisse des
dépôts et consignations, mais aussi de collectionneurs
particuliers et de galeries privées. Ainsi, deux mille cinq cents
mètres carrés sont consacrés aux expositions permanentes
et temporaires. Le MAC abrite encore un espace de recherche, le centre de
documentation Ernst Goldshmidt qui recueille plus de vingt-cinq mille ouvrages
sur l'art contemporain. Ce centre édite une publication appelée
« Catalogus » qui répertorie les nouvelles
publications acquis par le centre de documentation. Le MAC porte le label de
« Musée de France67(*) » depuis 2003. Par cette appellation, il
est reconnu comme musée français remplissant la fonction de
« grand service public muséal » et se soumet au
Contrôle scientifique et technique de l'Etat exercé par la
Direction des musées de France.
L'Office de la Culture de Marseille (OCM), anciennement Office
Municipal de Culture Marseillaise (OMCL) initié en 1976 par la ville de
Marseille, s'est transformé en l'Espace culture en 2002. L'Espace
culture est décrit par la ville68(*) comme étant :
un lieu de rencontres, d'échanges, d'information,
d'exposition et de diffusion. Il collabore avec les différents acteurs
économiques par son Bureau du mécénat et contribue
à la promotion des jeunes artistes marseillais.
L'Espace culture a le statut d'association au service du
public et des professionnels de la culture. Ses relations avec la ville de
Marseille sont régies par une convention triennale. Il est
subventionné par la région PACA et le département des
Bouches-du-Rhône. Au sein de ses locaux sont organisées des
expositions et des conférences.
Marseille, contrairement à Istanbul, n'a pas de
biennale. Cependant, la ville, par le biais de l'Espace culture est membre de
l'Association Internationale pour la Biennale des Jeunes Créateurs
d'Europe et de Méditerranée. Il s'agit d'une biennale
itinérante69(*)
dont la première édition se déroula en 1985 à
Barcelone, qui se donne pour tâche principale de promouvoir la jeune
création en dynamisant
leur production culturelle et expressive, et de rendre plus
accessible l'accès au circuit international au travers de la
création de rencontres, d'échanges, de réflexions et de
formations sur la réalité de l'art contemporain70(*).
Marseille a accueilli la BJCEM en 1990, et il se pourrait
qu'elle l'accueillît à nouveau en 2013 à l'occasion de son
mandat de capitale européenne de la culture. L'Université
Sabancý d'Istanbul est membre de l'association.
L'Espace culture de Marseille organise également
Interstices, une exposition dans l'espace public de la ville. Les
oeuvres réalisées en utilisant notamment les média du
dessin, de la peinture et de la photographie, sont exposées dans les
espaces publicitaires de la ville, abribus et autres panneaux Mupi.
Interstices en est à sa deuxième édition, cette
année sur le thème de la relation entre l'espace intime et
public, et l'art dans la publicité.
En plus de son site Internet, l'Espace culture informe le
public des événements à venir à travers
« In Situ », un guide mensuel sur l'actualité
culturelle de Marseille, qu'il distribue gratuitement.
Depuis 2002, la ville de Marseille entend encourager le
mécénat envers les activités culturelles avec la
création d'un « bureau du mécénat » au
sein de l'espace culture.
La ville de Marseille entretient un Fonds communal d'art
contemporain (FCAC) depuis 1946 qui comprend uniquement des oeuvres ayant un
lien avec Marseille. Les oeuvres composant le FCAC font l'objet de prêts
aux écoles dans le cadre d'ateliers pédagogiques, et aux lieux
artistiques de Marseille à l'occasion d'expositions. Le FCAC
soutient la création contemporaine exclusivement à Marseille,
favorise son intégration aux lieux publics, et s'efforce de constituer
les archives des artistes actuels de la ville. La commission d'achat en place
depuis 1996 continue d'alimenter le Fonds en acquérant des oeuvres
auprès d'artistes vivants locaux. Le FCAC réunit actuellement
plus de mille oeuvres. Il se situe sur le site de la Friche.
1.2.2. Le département
Le département est une collectivité territoriale
représentée par le Conseil général. Après
les lois décentralisatrices de 1983, les conseils généraux
ont gagné de l'importance dans le domaine culturel en se voyant
notamment transférer la responsabilité des bibliothèques
centrales de prêt et des archives départementales.
Le rôle du Conseil général du
département des Bouches du Rhône71(*) dans l'actualité de l'art contemporain de
Marseille est moins important que celui de la ville ou de la région,
même s'il apporte son soutien financier à de nombreuses
associations locales. Bien que Saison 13, responsable des activités
culturelles sous la coupe du Conseil général, contribue à
la vie culturelle du département, il est en général
initiateur d'une programmation plus accessible et classique que peut sembler
l'être l'art contemporain. Il développe une politique de
démocratisation de la culture et s'efforce d'insuffler une dynamique
culturelle essentiellement dans les petites communes du département, et
propose une programmation généralement axée sur le
spectacle vivant. Le Conseil général a la charge du Château
d'Avignon, du musée Arlaten, du musée départemental -
Arles antique, et de la Galerie d'Art d'Aix-en-Provence. Dans cette
dernière ont régulièrement lieu des expositions mettant en
scène la création contemporaine72(*). Des rencontres et conférences autour des
expositions sont organisées.
Le département s'investit par ailleurs beaucoup pour
Marseille, Capitale européenne de la culture 2013, et soutient
financièrement quelques structures d'art contemporain.
1.2.3. La région
La région est une collectivité territoriale
incarnée par le conseil régional. Marseille dépend
naturellement du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur. La
région et l'Etat coopèrent. La région PACA est liée
à l'Etat par un Plan Patrimoine Antique et un Contrat de projets
Etat-région 2007-2013 dont les objectifs en matière culturelle
sont de « garantir l'égalité des citoyens devant la
culture », « valoriser l'expression de la culture en
région et la mémoire collective », et
« assurer un développement harmonieux du
territoire »73(*). Le Contrat de plan Etat-région PACA actuel
prévoit aussi la relocalisation du Frac en 2011 à la Joliette
sous la gestion de la région dans un nouvel espace plus grand
doté de deux salles d'expositions74(*).
Par ailleurs, le conseil régional PACA se fixe plusieurs
objectifs :
· L'aide à la création
et à l'innovation.
· La création de pôles régionaux de
développement culturel.
· Un meilleur accès des jeunes à la
culture.
· La valorisation du patrimoine.
· Une ouverture culturelle sur le monde.
· Renforcer l'accès au livre.75(*)
Les créateurs d'art contemporain peuvent donc
bénéficier de subventions de la région, le soutien
à la création et à l'innovation et l'accompagnement des
artistes professionnels étant des points importants de sa politique
culturelle. En PACA, il existe un conseil spécifique aux arts visuels,
le Conseil artistique à la création et à l'édition
en arts visuels, composé de personnalités du monde artistique et
culturel. Les dossiers déposés sont examinés une fois par
an par le CAC en arts visuels qui émet des avis de nature artistique et
technique sur les projets qui font l'objet d'une demande de subvention. Les
projets sont ensuite soumis aux avis de la Commission culture et nouvelles
technologies de l'information et de la communication, puis au vote de la
Commission permanente du Conseil régional. Le montant de l'aide
financière peut s'élever jusqu'à mille euros.
Le Fonds régional d'art contemporain de la
région PACA76(*) a
été créé en 1982 à la suite des lois de
décentralisation, sous l'impulsion du Ministère de la culture et
de la communication et des conseils régionaux. Il s'agit en fait d'une
association de la loi de 1901 financée en grande partie par la
région puis en second lieu par l'Etat, c'est-à-dire le
Ministère de la culture et la Drac PACA. Ses membres fondateurs sont des
élus régionaux et des représentants de l'Etat.
Alors qu'ils ont initialement été conçus
pour constituer des fonds d'acquisitions, les Frac sont maintenant devenus des
moteurs de diffusion de l'art contemporain.
Soutenant la création innovante sans exclusion, dans une
perspective de décloisonnement international, les Frac ont
dépassé tout critère restrictif, en particulier celui des
limites de la création régionale, pour devenir des institutions
en région incarnant la création contemporaine77(*) .
Les Frac ont donc pour mission de promouvoir la jeune
création, d'explorer des formes artistiques nouvelles, de collectionner
l'art actuel, encore trop largement méconnu, pour mieux le diffuser
auprès du public78(*).
Les achats sont effectués par le Comité
technique du Frac qui se compose du conseiller arts plastique de la Drac, du
chargé de mission des arts visuels de la région, de
personnalités du monde de l'art, et est présidé par le
directeur du Frac. Nommés pour trois ans par le conseil
d'administration, ils déterminent ensemble la politique d'acquisition du
Frac. Une fois l'orientation artistique des futures acquisitions du Frac
définie, elle est soumise au conseil d'administration qui statue. La
politique d'acquisition actuelle privilégie les jeunes artistes, les
achats d'oeuvres par thématique et le développement d'une
collection d'oeuvres d'artistes du bassin méditerranéen. Le
Comité technique du Frac se réunit deux fois par an. Une
première fois pour visiter les ateliers ou collections de la
région, et une seconde pour examiner les dossiers reçus. La
collection du Frac PACA comprend environ huit cents oeuvres de quatre cents
artistes dont deux turcs originaires d'Istanbul79(*). Bien que le Frac ne pose pas formellement de limites
géographiques, la plupart de ces artistes sont originaires de la
région. Le Frac effectue également des commandes publiques
d'oeuvres d'art pour ses futurs locaux. Le budget d'acquisition des oeuvres
était de trois cent quarante-trois mille euros en 200880(*).
Le Frac PACA est contractuellement liée avec le CICRP,
le Centre interrégional de conservation et de restauration du
patrimoine, qui apporte son savoir technique au Frac et suit et
développe un programme de restauration prévention sur les
oeuvres.
Le Frac accomplit une mission de diffusion des oeuvres de la
création contemporaine. Tout comme le Fonds national d'art contemporain,
le Frac effectue des dépôts à moyen et à long terme
et prête ses oeuvres à des structures culturelles ou lieux divers
(universités, hôpitaux, centres sociaux, espace public...) en
France et à l'étranger qui doivent respecter le Protocole de
diffusion du Frac. En 2008, dix-sept oeuvres ont fait l'objet de
dépôts et quatre cent soixante-huit oeuvres ont été
prêtées, soit 55% de la collection, réparties dans cent six
lieux différents81(*). Des expositions sont organisées aussi bien
dans ses locaux situés dans le quartier du Panier à Marseille
(trois à quatre par an), qu'hors les murs en France et à
l'étranger (vingt-sept en 200882(*)). Il élabore une programmation accessible de
visites adaptées à chaque public, de rencontres avec des
artistes, de conférences ou encore de formations.
Le Frac remplit donc une fonction éducative, et chaque
exposition fait l'objet d'une visite préalable réservée
aux enseignants de la région auxquels sont fournis des outils
pédagogiques à l'usage des élèves lors de leur
visite sur les lieux. Le Frac PACA intervient parfois directement dans les
établissements scolaires de l'académie d'Aix-Marseille avec
certains desquels il est en partenariat (seize écoles, cinq
collèges et six lycées), en organisant des rencontres autour
d'une ou plusieurs oeuvres introduites en classe. Les formations
organisées par le Service des Publics du Frac s'adressent à tous
les acteurs régionaux culturels, sociaux ou éducatifs et tournent
autour du thème de la création contemporaine, ou de la
programmation du Frac.
Le Frac PACA abrite un centre de documentation comprenant
environ cinq mille ouvrages portant exclusivement sur l'art contemporain. Ce
centre se changera en le nouveau Centre de ressources régional en 2011
dans les futurs locaux. Le Frac édite également
différentes publications (catalogues, monographies, livres
d'artistes...)
Depuis fin 2005, vingt des vingt-deux Frac dont celui de la
région PACA, sont membres de l'association Platform83(*) qui a pour objet de
réaliser des actions communes aux Frac, notamment des expositions
communes en France ou à l'étranger.
Le futur bâtiment du Frac PACA, projet architectural
de Kengo Kuma & Associates.
La région PACA dispose d'autre part d'une agence
régionale des arts du spectacle, l'Arcade84(*), basée à
Aix-en-Provence. L'Arcade, dont la mission, est le développement des
arts du spectacle dans la région, met à disposition une base de
données, le « réseau culture », qui permet la
mise en réseau des différents opérateurs culturels de la
région.
Il est évidemment fréquent que les ressources
d'une structure culturelle publique ne proviennent pas d'un seul fonds mais de
plusieurs d'entre eux voire de tous. Par exemple, l'Atelier de visu85(*), Astérides86(*), les ateliers RLBQ87(*) qui proposent un programme de
résidence, sont portés par la ville de Marseille, le Conseil
général des Bouches-du-Rhône, le Conseil régional
PACA, la Drac PACA et Culturesfrance. Des fonds privés de
mécènes ou sponsors s'ajoutent parfois aux subventions
publiques.
Le type de structure que l'on retrouve le plus parmi les lieux
d'art contemporain bénéficiant de subventions publiques est celui
de l'association loi 1901. En France, bien que plusieurs lieux artistiques
adoptent le nom de « galerie », elles ont en fait un statut
d'association et ne sont pas à but lucratif.
A Marseille, une vingtaine de galeries d'art contemporain se
sont organisées en réseau et ont fondé l'association
« Marseille expos 88(*)» en 2007. L'objet de l'association est la
promotion de l'art contemporain à Marseille par la mise en commun des
moyens de toutes les galeries membres89(*). Marseille expos a organisé cette année
la première édition du « Printemps de l'art
contemporain » sur trois jours, un parcours d'expositions à
travers les galeries participantes.
Chaque septembre se tient à la Friche
« Art-O-Rama90(*) », un salon d'art contemporain dont la
vocation est d'offrir à plusieurs galeries internationales
l'opportunité de défendre leurs plus jeunes artistes. Chaque
galerie a un espace modulable à sa disposition, dans lequel l'artiste
doit proposer le projet pour lequel il a été
sélectionné. L'identité culturelle de chaque
édition est confiée à un artiste de la région, qui
doit également réaliser un projet in situ. La
particularité d'Art-O-Rama est qu'il ne montre que des oeuvres
inédites, préparées à l'avance mais
réalisées in situ. Par ailleurs, le salon dispose d'un
« show-room » où quelques artistes
sélectionnés par les galeries exposent leurs oeuvres. Art-O-Rama
est aussi l'occasion de rencontres entre artistes locaux et internationaux et
entre professionnels de l'art.
Tous les ans depuis trois ans, la Galerie Ho91(*) lance un appel à
projets aux artistes et architectes pour un concours, « Labo
Ho » basé sur la réalisation d'une oeuvre in situ dans
les locaux de la librairie « Histoire de l'oeil 92(*)». Les artistes ont un
budget de production de deux mille euros et sont défrayés par la
galerie.
2. Ressources internationales
2.1. Centres culturels étrangers
Les centres culturels étrangers contribuent à
l'animation de la vie culturelle d'Istanbul et de Marseille. Bien qu'à
l'origine ils aient été créés dans l'objectif de
promouvoir leur propre culture et langue nationales, les centres culturels
étrangers tendent à présent à développer une
coopération et un dialogue interculturels. A Marseille, leur mission
reste toutefois très axée sur l'apprentissage des langues. En
revanche, à Istanbul, ils prennent de plus en plus de place sur la
scène artistique.
Il est donc possible de trouver des ressources
financières d'origine publique qui soutiennent l'art contemporain
à Istanbul mais elles ne proviennent pas des institutions turques mais
des centres culturels étrangers basés à Istanbul, ou
encore d'institutions occidentales. Les structures européennes ou
nord-américaines subventionnent notamment les expositions ou les
programmes de résidence accueillant des artistes originaires de leur
pays. Les recours à ce type de subvention tendent à se
développer d'une part parce que de plus en plus d'artistes occidentaux
s'installent à Istanbul et d'autre part du fait qu'il y a un
intérêt grandissant pour une union des cultures
méditerranéennes. On peut constater cette volonté de
rapprochement par l'ouverture du Musée des civilisations de l'Europe et
de la Méditerranée à Marseille93(*). L'absence de subvention de
l'état turc observée face au versement de subventions
d'institutions publiques occidentales peut orienter les choix des artistes des
commissaires d'exposition turcs. Beral Madra témoigne des restrictions
budgétaires pour son travail de commissaire de la première
biennale d'Istanbul en 198794(*) qui l'ont poussée à porter ses choix
sur des artistes occidentaux afin de bénéficier du soutien des
centres culturels étrangers95(*). L'Institut culturel français d'Istanbul l'a
d'ailleurs beaucoup aidée et a pu ainsi placer dans la biennale
l'exposition qu'ils préparaient « L'art français dans
les années 1980 ».
L'institut français96(*), l'institut Goethe97(*), le centre culturel italien98(*), l'institut
Cervantès99(*) les
autres centres culturels étrangers occupent tous une position
géographique stratégique, pour la plupart basés à
Beyoðlu, le coeur de la vie artistique d'Istanbul. L'Institut culturel
français, depuis peu sous la direction d'Anne Potié,
s'intéresse à la danse ou à l'art contemporain et aux
performances de nature expérimentale. L'Institut culturel
français peut faire une demande de prêt d'oeuvres du Fonds
national d'art contemporain au Centre national d'art plastique s'il le
souhaite.
2.2 Les fonds communautaires
2.1.1. Le programme Culture
Dans le cadre de sa politique culturelle, l'Union
européenne développe le programme Culture100(*) qui se déroule sur
des périodes de sept ans. Nous sommes actuellement dans le programme
2007-2013 qui bénéficie d'un budget de quatre cents millions
d'euros. Les grands objectifs de Culture 2007-2013 sont de :
« favoriser la mobilité transfrontalière des personnes
travaillant dans le domaine de la culture ; encourager la circulation
transnationale des productions culturelles et artistiques et promouvoir le
dialogue interculturel ». Le programme Culture essaie d'y parvenir en
apportant son soutien aux actions et organismes culturels, et aux
activités d'analyse et de diffusion permettant l'évolution de son
action. Chaque pays profitant du programme Culture a dû créer un
« point de contact culture national » afin de promouvoir le
programme et d'accompagner les acteurs culturels dans leur démarche.
Le programme Culture finance donc les projets répondant
à ses ambitions. Dans le domaine des arts visuels, il a récemment
financé à Marseille le projet «Sensibilisation et
création contemporaine dans le milieu hospitalier » sous la
coupe d'Art dans la Cité101(*) qui organise actuellement le « Festival
européen des arts visuels à l'hôpital », ou
« EU women, projet de création artistique pour jeunes
photographes » qui incluait la Turquie.
A Istanbul, cette nouvelle opportunité qui est de
pouvoir avoir accès aux fonds communautaires est une véritable
aubaine pour les petits espaces indépendants, et ce recours devient de
plus en plus populaire. Parallèlement à la rapide
institutionnalisation que connaît la Turquie depuis le début du
vingt et unième siècle, les initiatives d'artistes et les espaces
indépendants gérés par des artistes et des commissaires
d'exposition et alimentés de capitaux indépendants ou de fonds
communautaires montrent que l'art contemporain peut survivre en Turquie sans
ressource financière importante. Cependant, l'espérance de vie de
ces structures à petite échelle est souvent courte. Beaucoup se
créent, mais leur existence étant basée sur une subvention
relative à un projet, elles ont tendance à disparaître
aussi rapidement qu'elles sont apparues.
L'idée de réaliser des initiatives artistiques
indépendantes émergea pour la première fois dans les
années 1970 pendant la période des expositions
« Nouvelles tendances ». Des artistes
organisèrent des expositions sans le soutien d'aucune institution.
Depuis le début des années 2000, ce type d'espace
indépendant se développe. Les artistes commencent rarement leur
activité artistique par la création de leur propre
espace. Ceux qui n'ont pas eu l'opportunité de prendre part
à des expositions à l'échelle internationale et donc de
rentrer dans le circuit international continuent de produire des oeuvres dans
le contexte des ressources locales limitées. La meilleure solution pour
s'en sortir est donc de s'unir et de former des groupes, une tendance qui se
développe de plus en plus.
Comme pour les autres organisations à but non lucratif,
les espaces indépendants ne collaborent que très rarement et
ponctuellement, que ce soit entre eux ou avec les institutions publiques. Il
arrive que les petits espaces se prêtent du matériel ou
s'associent pour une exposition102(*). Toutefois, cela tend à changer quelque peu,
du moins dans l'optique d'Istanbul 2010, capitale européenne de la
culture, qui provoque la coopération sur le long-terme de plusieurs
structures artistiques.
La plupart de ces espaces indépendants souffrent
d'instabilité financière à cause de l'absence de fonds
publics et du manque d'expérience en matière de recherche de
fonds et de connaissance du réseau des institutions internationales
attribuant des subventions, comme la Commission européenne et son
programme Culture. Il est hors des mentalités de s'adresser à des
institutions publiques pour faire une demande de subventions, et la plupart des
initiatives d'artistes n'essaient même pas. En conséquence, les
quelques fonds publics prévus pour le soutien de la vie culturelle vont
automatiquement aux institutions culturelles les plus connues. Cette
fragilité économique menace plusieurs d'entre eux. Le projet Oda
qui eut un impact sur l'environnement artistique au début des
années 1990 a dû fermer les portes de son espace à cause du
phénomène d'embourgeoisement que subit son quartier. Toutefois,
bien qu'il ne soit plus aussi actif, le projet Oda gère toujours une
radio.
L'espace KargART, situé au dernier étage d'un
bar de trois étages, à Kadýköy, rive asiatique
d'Istanbul.
Kargart, le seul et unique espace d'art contemporain
situé sur la rive asiatique d'Istanbul a conscience que son point faible
est de n'avoir personne qui s'occupe de la collecte des fonds. Dans cet espace
qui a investi le grenier d'un bar de trois étages, il n'y a que deux
employés, l'un qui gère la publication de Kargart, un magazine
mensuel, et l'autre, tout le reste. Ils ne savent pas vraiment comment
procéder pour bénéficier des fonds communautaires et
songent à employer une troisième personne qui se chargerait de la
recherche des fonds. Ils restent par ailleurs hésitants car ils ont
conscience que de vivre exclusivement grâce aux bénéfices
du bar qu'ils occupent leur permet de préserver une totale
indépendance dans leurs choix artistiques103(*).
D'autres s'efforcent de se réorganiser dans le but
d'être éligible aux subventions communautaires. C'est le cas du
projet Apartman qui a récemment acquis le statut d'association, mais qui
avant cela fonctionnait sans réelle structure juridique104(*), comme bon nombre d'autres
espaces indépendants.
C'est en 2000 que la Turquie fut pour la première fois
incluse dans la politique culturelle européenne à travers le
programme Culture 2000 de la Commission européenne. Après son
accession au programme Culture, la Turquie a également établi un
point de contact national. Ce relais que les autorités turques ont
créé avec beaucoup de retard a pour mission de guider les acteurs
culturels et artistiques, et d'assumer la fonction d'intermédiaire du
programme Culture avec les autres structures culturelles nationales. En 2003,
l'Association culturelle européenne105(*) fut créée en Turquie dans l'objectif
de sensibiliser la population à la culture. L'association organise des
débats sur les politiques culturelles et des formations en management
culturel. Alors que la réaction politique et l'organisation du
Ministère de la Culture et du Tourisme a fait preuve de lenteur et
d'inefficacité pour tirer profit du programme Culture, des centaines
d'artistes s'impliquent dans des coopérations internationales d'ordre
culturel par le biais de leurs propres réseaux, grâce à
leur investissement personnel et à leurs sponsors ponctuels. De
même, la Fondation d'Istanbul pour la Culture et les Arts (IKSV) a
immédiatement répondu à cette opportunité en
prenant l'initiative d'organiser des programmes d'envergure à
l'étranger mettant en scène la culture contemporaine turque, tels
que imdi ! Now ! à Berlin et Stuttgart en 2004 et
2005, et Turkey Now ! à Amsterdam et Rotterdam en 2007.
Ces événements ont pu voir le jour grâce à des
sponsors européens et turcs, des subventions et bourses d'institutions
publiques européennes, et accessoirement grâce au soutien du
Ministère des affaires étrangères.
Le programme Culture lance régulièrement des
appels à proposition ou des appels d'offres ouverts adressés
à l'ensemble de la population européenne. Ces appels sont parfois
ouverts à la Turquie. Un artiste qui voudra prétendre à
des subventions communautaires devra s'adresser à son point de contact
national, soit le Relais Culture Europe106(*) en France, et le Kültürel irtibat
noktasý107(*) en
Turquie.
C'est le programme Culture qui finance les un million et demi
d'euros accordés à chaque Capitale européenne de la
culture.
2.1.2. Capitales européennes de la culture
Les fonds communautaires pour la culture se
matérialisent par l'attribution d'un prix pour les villes
européennes d'une Europe géographiquement élargie, qui
porteront le titre de Capitale européenne de la culture. C'est le cas
des villes d'Istanbul et de Marseille, respectivement en 2010 et 2013. Le prix
d'un million et demi euros est attribué à la future capitale
européenne trois mois avant sa « mandature » sous
réserve que toutes les conditions requises aient été
remplies pendant la phase de préparation.
Le complément du financement pour Istanbul 2010
provient des autorités nationales turques, et de nombreux sponsors. Un
décret a d'ailleurs été publié par le
Ministère des finances en janvier 2008 pour faire
bénéficier de réductions d'impôts tous les frais
engagés par des mécènes ou sponsors pour Istanbul 2010. La
directrice des arts visuels d'Istanbul 2010 est Beral Madra, commissaire
d'exposition renommée. Après avoir dressé le constat que
c'était les arts visuels contemporains qui souffraient le plus de la
mauvaise diffusion artistique existante en Turquie, elle a orienté
l'action d'Istanbul 2010 dans ce domaine selon les objectifs suivants:
· Faciliter la création d'oeuvres d'art selon
l'esthétique et les styles actuellement en vigueur sur la scène
artistique internationale
· Préparer un atelier et des lieux de travail
nécessaires à cela
· Consolider la collaboration avec les écoles d'art
et les points de convergence culturelle internationale
· Soutenir dans le cadre d'Istanbul 2010 des projets
interactifs et viables pour transmettre au grand public des connaissances sur
l'art contemporain.108(*)
Sept projets majeurs seront porteurs des
événements relatifs à l'art contemporain. Ces projets sont
pensés de façon viable et aboutiront notamment à la
formation d'un réseau international et d'une plateforme d'échange
et de création liant art et technologie109(*), au développement de
relations privilégiées entre certains quartiers d'Istanbul et
d'autres quartiers de villes étrangères110(*), ou entre les artistes
locaux et les artistes européens qui travailleront sur le thème
d'Istanbul111(*). Le
projet Lives and Works in Istanbul invite dix artistes de l'Union
européenne à venir travailler à Istanbul en collaboration
avec cent artistes locaux. Il est possible que ce projet se déroule en
partenariat avec l'Institut culturel français d'Istanbul. Certains
projets vont investir les quartiers, Portable art va introduire l'art
et exposer dans trente-neuf quartiers d'Istanbul et Visibility
envahira le quartier de Galata et travaillera sur le thème de la
visibilité de l'art. The Anatolian enlightment of Art
étudiera l'influence de l'art anatolien sur l'art contemporain
turc, tout en le promouvant à Istanbul d'abord, puis dans le monde.
L'opinion publique à propos d'Istanbul 2010 reste
mitigée. De manière générale, le scepticisme
règne quant à la programmation et à l'impact d'Istanbul
2010 sur la ville. La population stambouliote et les acteurs culturels locaux
ne nourrissent pas d'espérance particulière et attendent de voir
avant de se prononcer. Beaucoup d'employés de l'équipe initiale
d'Istanbul 2010 ont quitté l'agence parce qu'ils auraient
été mécontents de l'orientation que prenait Istanbul 2010
de la présence étouffante des autorités publiques, et du
manque de communication au sein même de l'agence.
Cependant, Istanbul 2010 aura forcément au moins pour
conséquence de renforcer les liens culturels de la capitale
économique turque avec le reste de l'Europe. Le pilotage de la
candidature d'Istanbul dans les années 2000-2007 pour le titre de
Capitale européenne de la culture a permis à IKSV de se
rapprocher des institutions culturelles européennes et de tisser des
liens qui laissent entrevoir des échanges culturels accrus à
l'avenir. C'est d'ailleurs IKSV qui est responsable des relations
franco-turques à l'occasion de la saison culturelle turque en France.
L'erreur à ne pas commettre serait de concentrer les
activités culturelles dans les zones touristiques d'Istanbul
(Beyoðlu, Sultanahmet et Kadýköy), qui monopolisent
déjà l'actualité artistique, et de privilégier
ainsi le tourisme au détriment de la population locale des autres
quartiers où il ne se passe rien.
Le projet de Marseille Provence 2013112(*) se développe à
partir de l'élaboration d' « Ateliers de
l'Euroméditerranée ». Le projet consiste en la
création d'environ deux cent cinquante ateliers culturels et artistiques
dans toute la zone de Marseille - Provence, soit tout le Pays d'Aix, dont les
plus professionnels intégreront les Ateliers de
l'Euroméditerranée. La programmation se déroulera
autour de deux axes : Le partage des midis et La cité
radieuse. Marseille 13 veut promouvoir l'art contemporain de la
région méditerranéenne et faciliter la circulation des
oeuvres, afin de casser le cliché d'une Provence patrimoniale. En ce qui
concerne les arts visuels, entre autres projets sont prévus: des
commandes effectuées aux artistes locaux et européens pour
intégrer l'art dans l'espace urbain ; un partenariat avec la
Slovaquie, autre capitale européenne de la culture 2013; les nouvelles
technologies dont l'holographie seront mises à l'honneur ; des
projections d'oeuvres numériques seront 24h/24h sur le rempart du fort
Saint Nicolas ; une « fête foraine
contemporaine » sous forme de parcours sensoriel réunissant
une quinzaine de commandes ; une exposition sur la femme; une exposition
rétrospective de la Cirva des oeuvres produites dans ses locaux depuis
1986 ; le Frac en partenariat avec Art'ccessible mettra en place une
galerie ambulante dans un camion qui ira jusqu'en Italie développer un
projet curatorial réunissant des commissaires d'exposition
français et italiens.
Les appels à projet et les commandes sont lancés
dès à présent et disponibles sur le site Internet de
Marseille Provence 2013.
Istanbul 2010 et Marseille 2013 ont également des
intentions communes. Des projets sont engagés via la Friche de la Belle
de Mai, Santral Istanbul, IKSV et Garaj Istanbul dans différents
domaines: les musiques actuelles, la gastronomie, le football,
l'éducation artistique dans les lycées mais aussi celui de
l'échange d'artistes en résidence.
III Les ressources d'origine privée
Istanbul est une métropole qui se développe
rapidement et dont l'infrastructure culturelle est inadéquate pour ses
16 millions d'habitants. Istanbul possède une classe sociale
aisée assez importante et abrite nombre de millionnaires et
milliardaires. La haute société et le monde des affaires
fournissent des mécènes à la vie artistique. Pour
compenser l'engagement public quasi inexistant, le mécénat est la
source financière la plus courante pour les structures d'art
contemporain à Istanbul. Il remplit également la fonction de
service culturel auprès de la population que l'état n'assure pas.
Les sponsors sont encore très nombreux pour couvrir les
événements ponctuels dans ce domaine. L'investissement de la part
du mécénat se matérialise le plus souvent par la fondation
d'organisations à but non lucratif, ou de musées privés.
Les nombreuses galeries, les quelques musées et universités
privés participent aussi activement à la vie de l'art
contemporain à Istanbul.
Dans les contextes politiques tendus qu'a pu connaître
la Turquie, le financement privé, bien qu'il soit la source banale du
financement de l'art contemporain, et bien qu'il soit maintenant
installé dans ce rôle depuis trois décennies, exige
toujours des positions politiques modérées. Cela impose
tacitement des restrictions aux artistes et engendre un contexte artistique
plutôt neutre politiquement parlant113(*).
Le mécénat est incarné par des familles
riches, des entreprises prestigieuses et des banques. S'intéresser
à l'art contemporain leur donne d'une part une image positive
d'entreprise contemporaine, socialement responsable, ouverte à la
création et au changement. D'autre part114(*), investir dans la culture
leur permet de bénéficier d'une réduction d'impôt
depuis la loi sur le mécénat en faveur des entreprises
mécènes investissant dans le secteur culturel115(*). En France, une loi
similaire a été votée au cours du deuxième mandat
de Monsieur Chirac en 2003116(*). Une telle loi semblait nécessaire pour
encourager le mécénat culturel en France. En Turquie, elle semble
plus accessoire puisque le financement de lieux culturels par des
mécènes a toujours existé, et ne surprend donc pas les
mentalités. Le concept de la responsabilité sociale des
entreprises par le biais du sponsorat et du mécénat a
été introduit pour la première fois dans le milieu
culturel et artistique par la Fondation d'Istanbul pour la Culture et les Arts
(IKSV117(*)) dans les
années 1980.
Alors qu'à Istanbul, chaque acteur culturel doit
rechercher mécènes et sponsors par ses propres moyens et souvent
en l'absence d'un collecteur de fonds professionnel, les structures culturelles
françaises ont souvent un département ou un responsable de la
recherche de nouveaux partenaires, et une politique de mécénat
est mise en place par le gouvernement et les collectivités
territoriales.
A l'échelon national, le Ministère de la culture
et de la communication dispose d'une Délégation au
développement et aux affaires internationales « Mission
Mécénat »118(*), qui s'efforce à agrandir le cercle des
mécènes. Il lance des appels à mécènes pour
des projets précis telle que la restauration d'une oeuvre ou
l'enrichissement d'une collection, et récompense les
mécènes d'une médaille. Les porteurs de projet et les
mécènes se rencontrent lors des « jeudis du
mécénat », des « ateliers du
mécénat » et autres colloques. Au niveau
régional, la Mission mécénat a développé un
réseau de correspondants mécénat dans les Drac. Le
chargé de mission pour les affaires européennes et politiques
ministériels, correspondant mécénat de la Drac PACA est
donc chargé de faciliter les relations entre les acteurs culturels de la
région et les entreprises.
La ville de Marseille dispose d'un Bureau du
mécénat119(*) qui sensibilise les entreprises au
mécénat et informe les porteurs de projet. Le Bureau du
mécénat a récemment signé une charte de
coopération avec la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille
Provence pour développer le mécénat culturel en
Provence.
Beaucoup d'autres associations ou services publics se sont
engagés dans la promotion du mécénat culturel au niveau
national comme l'Association pour le Développement du
Mécénat Industriel et Commercial (l'ADMICAL)120(*), l'Association
française des fundraisers121(*), l'Institut de France122(*), le Centre français
des fondations123(*), la
Fondation de France124(*), l'European Foundation center AISBL125(*), France
Générosités126(*), ou localement Mécènes du
Sud127(*), la Direction
des Services Fiscaux de Marseille et le correspondant mécénat de
la Chambre de Commerce et d'Industrie Marseille Provence... On assiste à
une volonté grandissante de se tourner vers le mécénat,
comme en témoigne la première édition de
« Base'art », le festival du mécénat et de
l'art contemporain « la rencontre de l'art et de
l'entreprise » à Fréjus début juin 2009.
1. Organisations à but non lucratif128(*)
Les organisations à but non lucratif désignent
les associations et les fondations. En France, même s'il en
existe129(*), il est
difficile de trouver des organisations artistiques à but non lucratif
privées. Mises à part les galeries commerciales, les structures
artistiques bénéficiant de ressources financières
privées font souvent l'objet d'une combinaison de fonds
publics-privés, les fonds publics étant
généralement plus importants.
A Istanbul, c'est en revanche commun. Dans les années
1990, les banques les plus riches ont fondé tour à tour des
centres ou galeries d'art. Ces galeries et centres d'art contemporain sont
toutes à but non lucratif. Cinq grandes banques ont fondé leur
propre lieu artistique130(*).
La société civile foisonne d'initiatives ces
dernières années par la multiplication des ONG et autres
organisations à but non lucratif.
Le lieu où j'ai effectué mon stage,
Platform131(*), a
été créé en 2001 par la banque Garanti sous
l'administration de Vasif Kortun. C'était le premier projet
institutionnel relatif à l'art contemporain dans lequel des capitaux
privés étaient investis. Il s'agit d'une interface
considérée par beaucoup comme la plus importante entre les
scènes d'art contemporain turque et internationale. Selon Vasif Kortun,
le lien entre la banque et le centre artistique est uniquement d'ordre
financier, et elle n'a aucune influence sur les programmes de
Platform132(*). D'autres
disent cependant que les mécènes ne respectent pas toujours
l'autonomie artistique des fondations privées ou qu'ils choisissent de
financer une organisation qui saura flatter leur image. Platform Garanti a un
budget annuel d'environ cent mille dollars. La banque Garanti ne finance que
les activités propres à Platform telles que les expositions et
conférences. Pour le reste, comme pour le programme de résidence,
Platform recherche des fonds supplémentaires, qu'elle trouve en
général dans le soutien d'institutions publiques nationales ou
régionales de pays le plus souvent européens comme les Pays-Bas,
la Suisse, la France, la Finlande, la Grèce, la Norvège, ou
l'Espagne.
Fuck a work of art de Tunç Ali Cam
réalisé en 2000. Artiste en résidence chez Garanti
Platform en 2008.
De grandes entreprises sont également à
l'origine de centres artistiques. C'est le cas de la compagnie de haute
technologie Siemens qui a ouvert un centre d'art contemporain133(*) en 2003 dans le cadre de sa
responsabilité sociale d'entreprise. De même, la compagnie
métallurgique Borusan qui possédait avant une galerie d'art, a
initié un programme de résidence en 2008 appelé Art
center/Istanbul gérée par son organisation de tutelle Borusan
Culture and Art134(*).
Le management interne des structures privées à
but non lucratif est en général confus voire inexistant. Elles ne
disposent pas de stratégies concrètes sur le long terme mais vont
plutôt de projet en projet, d'aucun plan de communication non plus. Les
rôles de chacun des employés ne sont pas toujours clairement
déterminés, et beaucoup d'entre eux occupent des fonctions
polyvalentes. Par ailleurs, il est difficile d'obtenir le plan
budgétaire ou un bilan financier annuel de ces institutions même
s'il vous est promis qu'on vous l'enverra par courriel. Cette confusion dans
l'organisation permet néanmoins de la flexibilité dans la gestion
des événements, et la capacité d'improviser face à
des situations inattendues.
Ces institutions à but non lucratif n'attendent
apparemment rien de la part des autorités publiques. Elles ont
conscience de dépendre totalement de leur fondateur, mais ne s'efforcent
pas moins consciencieusement de préserver leur indépendance
artistique et créative.
IKSV est l'organisation culturelle non gouvernementale
à but non lucratif la plus importante à Istanbul. Elle organise
plusieurs festivals, les Festivals internationaux d'Istanbul du film, du
théâtre, du jazz, et de la musique, et la biennale internationale
d'Istanbul. IKSV a été fondée par dix-sept hommes
d'affaires135(*) en
1973. 80% des ressources financières d'IKSV proviennent d'entreprises,
20% d'institutions publiques. Ce n'est qu'après avoir gagné une
grande considération nationale qu'IKSV reçut des subventions
publiques.
IKSV est à l'origine de la création de la
biennale d'Istanbul dont elle gère l'organisation aujourd'hui encore.
Elle fournit aussi une partie du budget, le reste étant financé
par les institutions étrangères. Le budget de la biennale n'est
pas très élevé, il est passé de quatre cent mille
dollars en 1993 pour la troisième biennale à environ six cent
mille dollars aujourd'hui, soit seize ans après. Cette situation ne
laisse pas d'alternative autre que de collaborer avec les autres pays en raison
de la dépendance financière de la biennale envers eux. Il peut
être gênant de dépendre financièrement des pays
invités à la biennale. Le problème est le même
lorsque la Turquie est invitée à participer à un
événement artistique à l'étranger. A titre
d'exemple, le gouvernement turc ne couvre que 14% du budget de la
représentation turc à la biennale de Venise. Le reste provient de
soutiens locaux et internationaux.
Le sponsor officiel de la biennale d'Istanbul est la
société de portefeuille Koç. Depuis 1995, les
commissaires de la biennale d'Istanbul ne sont plus nationaux mais
étrangers. La onzième biennale d'Istanbul du 12 septembre au 8
novembre prochain est commissionnée par le collectif croatien
« What, How and for Whom » (WHW). Son thème tourne
autour d'une question posée par Brecht « What keeps mankind
alive ? ». IKSV entreprend par ailleurs de nombreux
événements à l'étranger et a reçu des prix
prestigieux pour son action : le prix pour la Promotion des arts en 1992
décerné par l'UNESCO, le Grand Prix de la Présidence
turque en 1998, le Prix du Ministère de la culture de la Turquie en
1999 et le prix du Forum CulturEurope en 2003.
La biennale d'Istanbul a progressivement donné une
reconnaissance internationale aux artistes turcs. Dans le contexte d'Istanbul
où il n'existait que des petites institutions et où peu
d'initiatives étaient prises il y a encore trois ans, la biennale
représente un moteur important. En plus de l'exposition majeure qu'elle
représente, la biennale, et surtout toute l'année qui la
précède, donne de l'énergie à la scène
artistique et engendre beaucoup d'autres événements en
écho à l'événement: rencontres, projections,
expositions, projets, publications. Pour Vasif Kortun, l'intérêt
de la biennale est « spreading out the
exhibition »136(*).
L'accueil de la biennale par le public local est plutôt
positif. La réponse du public est proportionnée à
l'importance de l'événement ; on peut considérer la
biennale d'Istanbul comme le seul événement culturel contemporain
d'importance historique en Turquie qui joue un rôle économique et
politique déterminant pour l'image de l'art turc sur la scène
mondiale. Elle est la plus grande exposition d'art contemporain de Turquie.
2. Les galeries commerciales
La multiplication des galeries d'art à Istanbul qui a
débuté dans les années 1980 a permis un marché
artistique vivant.
Tous les ans, les galeries nationales et internationales
organisent un salon d'art contemporain à Istanbul pendant quelques
jours. Les galeries participantes sont sélectionnées par le jury
d'« Istanbul contemporain », composé d'un
comité consultatif. Le premier salon de l'art contemporain137(*) fut inauguré en 2006
et a quelque peu permis à l'art contemporain turc d'entrer sur le
marché mondial. Pourtant, malgré cet événement, le
marché international ne s'est pas beaucoup plus intéressé
aux artistes turcs. Certains disent que les galeries d'art d'Istanbul qui
organisent ce salon, n'ont pas su tirer avantage de
l'événement138(*). Seulement quelques artistes ont pu placer leurs
oeuvres à l'international mais par le biais de galeries
étrangères. Il existe cependant une galerie à Istanbul qui
a participé à de nombreuses foires d'art contemporain comme
celles de Basel, New York, Paris ou récemment Shanghai139(*). Il s'agit de
Galerist140(*) dont le
directeur était trop occupé pour accepter de me recevoir et
répondre à mes questions sur leurs stratégies pour
intégrer le marché international. L'Association des
propriétaires de galeries d'art d'Istanbul a initié Art
Bosphorus141(*), dont la
première édition a eu lieu en 2007. Art Bosphorus est
également une foire d'art contemporain qui a pour objectif, mis à
part l'attrait financier que la foire représente, de faire
connaître à l'étranger, les artistes turcs et de faire
venir à Istanbul les artistes étrangers.
On compte quelques galeries commerciales d'art contemporain
à Marseille mais elles semblent moins nombreuses qu'à Istanbul.
Le parc Chanot accueille chaque année depuis 2000 le Salon international
de l'art contemporain142(*) mais il s'agit d'une vente directe des artistes aux
acheteurs. Le SIAC a lieu en partenariat avec des entités publiques
autant que privées.
En partenariat avec la ville d'Aix-en-Provence et la
Communauté du pays d'Aix, le salon Sm'art, Salon
méditerranéen d'art contemporain et d'art abstrait, est
organisé à Aix depuis quatre ans. Cette année, la galerie
Art'Spodie de Marseille y participe.
3. Les musées privés
C'est une notion que l'on ne trouve pas à Marseille.
Même s'il y existe des collections privées, elles sont
exposées dans des musées publics. C'est en revanche un concept
qui se développe à Istanbul.
Le fait que la plus grande partie des ressources
financières y soit d'origine privée engendre une grande
concurrence dans le milieu artistique, ce qui est peu compatible avec
l'idée que l'on se fait de l'environnement culturel. D'après
Vasif Kortun143(*), ce
contexte compétitif a pour conséquence un manque de collaboration
entre les différents acteurs de l'art contemporain, qu'il s'agisse des
institutions, des galeries, des collectionneurs, des critiques, des
commissaires d'exposition, des medias ou des artistes. La situation va en
empirant puisque la nouvelle tendance des mécènes est de fonder
leur propre musée plutôt que de financer des lieux artistiques qui
ne leur appartiennent pas. Des musées privées font donc leur
apparition depuis les années 2000, Sabancý Museum en
2002, Istanbul Modern en 2004, Pera Museum en 2005 et
récemment Santral Istanbul en 2007. Ces musées se
mettent en concurrence en organisant des expositions les plus prestigieuses
possibles. On assiste donc à une spectacularisation de la scène
artistique144(*), qui
débouche sur une image élitiste de collections de chefs
d'oeuvres. Ces institutions privées émergentes ne
s'intéressent pas réellement à l'art mais veulent
répondre au besoin de la masse touristique d'Istanbul et dorer leur
image.
Seuls deux de ces musées exposent de l'art
contemporain, Istanbul Modern et Santral Istanbul.
Istanbul Modern a été fondé par
Dr. Nejat Ferit Eczacýbaþý, fondateur d'IKSV. Il s'agit
d'un ancien complexe industriel sur le port de Karaköy qui comprend
maintenant une collection permanente d'art moderne constituée d'oeuvres
pour la plupart données par des collectionneurs turcs ou offertes par
des artistes turcs et étrangers, une bibliothèque et un espace
d'exposition temporaire où l'art contemporain a sa place.
Le premier musée d'art contemporain fut
Proje4L145(*) ou
Musée d'art contemporain d'Istanbul. Fondé en 2001 par Sevda et
Can Elgiz en 2001 sous l'administration de Vasif Kortun, il a exposé
pendant trois ans des artistes émergents. Le but de cette institution
est de favoriser le développement de l'art contemporain turc. La
collection est donc ouverte gratuitement au public. Maintenant renommé
Musée d'art contemporain Elgiz, le musée présente la
collection privée de Can Elgiz d'oeuvres d'artistes turcs et
étrangers émergents ou établis dans les murs du
musée ou en-dehors. Le musée abrite également un
« Artvarium » pour accueillir des expositions
temporaires. De manière générale, le musée est
sponsorisé par des entreprises et des particuliers mais il trouve
également certains de ses financements dans les institutions
étrangères146(*).
Proje4L, Musée d'art contemporain dans ses nouveaux
locaux à Maslak, Istanbul.
4. Universités
Les universités complètent l'infrastructure
culturelle et artistique d'Istanbul. Déjà dans les années
1980, des événements importants pour le développement de
l'art contemporain avaient été lancées par
l'université publique Mimar Sinan, comme les compétitions
Nouvelles Tendances. De nos jours, de telles initiatives sont plutôt
prises par les universités privées qui se multiplient à
Istanbul.
Sur vingt universités à Istanbul, treize sont
privés147(*).
Quinze des vingt universités ont un département artistique,
beaux-arts ou design. La ville d'Istanbul propose donc une réelle
possibilité d'éducation artistique et il n'est pas rare que les
universités privés s'impliquent profondément dans le
milieu culturel et soient à l'origine de la création de lieux ou
d'événements. C'est le cas notamment de l'université
Bilgi, qui, étendue sur trois campus, a entrepris la rénovation
de la première centrale électrique de l'empire ottoman pour
ouvrir en septembre 2007 Santral Istanbul 148(*) avec la contribution
d'institutions publiques et privées, et d'ONG. Le site de Santral
Istanbul, situé sur l'un des campus de l'université Bilgi,
comprend le Musée de l'énergie, un espace dédié
à des expositions temporaires d'oeuvres contemporaines, et des locaux
réservés à des ateliers éducatifs pour enfants et
adolescents.
L'Université Sabancý, de la holding
« Sakip Sabancý » qui était l'homme le plus
riche d'Istanbul, a ouvert la galerie d'art contemporain Kasa en 1999149(*).
Les universités Bilgi et Sabancý, situées
loin du centre, et pour les campus de Bilgi, dans des quartiers
défavorisés, mettent à disposition des navettes qui font
constamment la liaison entre les différents campus et Taksim, centre de
l'Istanbul moderne sur la rive européenne, pour y aller chercher leur
public. En revanche, l'entrée dans les universités publiques est
plus difficile et fait l'objet de contrôles.
En plus des formations artistiques, certains cursus de
management culturel voient le jour dans certaines universités
d'Istanbul, et uniquement à Istanbul. Le premier programme de management
artistique fut ouvert en 1999 dans l'université publique de
Yýldýz Teknik. L'université privée de Yeditepe a
ouvert le cursus de Management artistique et celle de Bilgi les cursus de
Management des arts vivants et Management culturel. On peut s'attendre à
ce que ce type de parcours universitaire émergent donne dans un futur
proche des résultats quant à l'amélioration de
l'organisation interne des institutions culturelles et artistiques.
En France, la majorité des établissements
d'enseignement est publique, et le concept d'université privée
n'existe pas encore vraiment. A Marseille, deux associations ont pris
l'initiative intéressante d'installer leur centre d'art contemporain au
sein d'un lycée, afin de favoriser la relation du jeune public et de
l'art contemporain. Il s'agit de l'Artothèque du lycée Antoine
Artaud et du Passage de l'art au Lycée général et
technologique du rempart.
Jusqu'ici, le secteur culturel privé n'a pas
sponsorisé d'événements internationaux ayant lieu
en-dehors d'Istanbul. Cependant à Istanbul, ce sont les acteurs
principaux de la scène artistique contemporaine.
Conclusion :
Les coutumes administratives et politiques de la France et de
la Turquie ont pour conséquence une gestion culturelle peu semblable
dans les deux pays, notamment de par les sources de financement. Les acteurs
culturels de l'art contemporain à Istanbul, métropole dynamique
empreinte d'un fort libéralisme, ne jouent en aucun cas le rôle de
service public. Certains d'entre eux doivent leur existence au souci de
responsabilité sociale d'une entreprise attachée à l'image
qu'elle transmet. D'autres, une flopée de galeries, sont nés
d'une vocation commerciale. D'autres encore, qui se multiplient, les espaces
indépendants ou initiatives d'artistes, vivent petitement sur des
capitaux propres ou se tournent vers les possibilités de fonds
communautaires.
L'Etat, pour qui culture est synonyme de tourisme, se
désintéresse de ce qui a trait à l'art. En France, les
orientations artistiques font partie de l'agenda politique et du budget de
l'Etat. Les acteurs marseillais de l'art contemporain peuvent
bénéficier de fonds publics, qu'il s'agisse de subventions
locales ou nationales. L'Etat est une sorte d'interface entre le projet d'un
artiste et les fonds qui seront nécessaire à sa
réalisation. Il assure son rôle de service public et s'implique
dans l'éducation artistique de la population. Le degré de
motivation n'est pourtant pas le même dans les milieux artistiques
stambouliote et marseillais. Travailler dans le secteur de l'art contemporain
à Istanbul est un choix et requiert une grande volonté pour se
constituer, survivre et s'imposer. En découle un dynamisme
énergisant dans le milieu. Il arrive en revanche de se retrouver en
France face à un employé de la fonction publique affecté
à un poste relatif au domaine de l'art, qui ne semble représenter
aucune espèce d'intérêt pour lui.
Les opérateurs artistiques marseillais ont le
mérite de s'organiser en réseau, tel que le collectif
d'association Marseille expos, et de faire preuve de coopération, ce qui
manque cruellement à Istanbul. La collaboration entre les diverses
structures d'art contemporain stambouliotes se manifeste au maximum au
prêt de matériel à l'occasion d'un événement.
Qu'il s'agisse de partenariats public-privé, professionnels-amateurs,
avec des lieux dévoués à d'autres disciplines artistiques,
ou universités, les relations sont quasiment inexistantes. On ressent
une sorte de mise en concurrence involontaire des diverses structures, pour une
même audience, pour des mêmes partenaires étrangers, pour
les mêmes maigres ressources.
L'ambition à Istanbul n'est pas de brasser un public
large, telle qu'elle peut l'être à Marseille comme on l'observe
à travers les moyens de communication utilisés et de
l'utilisation de subventions publiques dans la plupart des projets artistiques,
impliquant le devoir d'une diffusion la plus large possible. Les supports de
communication se réduisent à l'envoi de courriels à une
liste de contacts, un public averti. Les médias ajoutent au
cloisonnement de l'art contemporain en s'y désintéressant
complètement. Le public marseillais, lui, ne se sent pas exclu devant un
art qui lui est étranger, et qui pourrait apparaître au visiteur
turc comme marginal ou élitiste.
Les institutions d'art contemporain à Istanbul
gagneraient à s'engager dans des partenariats horizontaux, surtout en ce
qui concerne les petites structures, vitales d'un point de vue créatif,
afin de profiter d'une mise en commun de leurs moyens, réseau,
expérience et initiatives. Il ne semble pas indispensable
d'établir un dialogue avec les institutions publiques, qui, même
si elles se résolvaient à prendre en considération l'art
contemporain par le biais de subventions, ne manqueraient pas d'apporter toutes
sortes de restrictions. L'art contemporain à Istanbul est libre dans la
mesure où il est détaché de l'Etat. Le manque de
ressources pour les petites structures comme les initiatives d'artistes
permettent de ne pas prendre de risques. Que leur projet,
événement, ou exposition soit un échec ou un
succès, cela ne comportera pas de conséquences économiques
pouvant affecter la vie du lieu. En revanche, une amputation du budget des
institutions plus importantes peut mener à l'annulation de leur
programmation compte tenu de l'interdépendance de l'un envers l'autre.
Les petites structures d'art contemporain à Istanbul, insensibles aux
fluctuations du marché et aux tendances gouvernementales, me semblent
donc être les plus adaptées à l'environnement stambouliote,
pourvu qu'à l'avenir, elles fassent preuve de plus de solidarité,
d'une meilleure organisation en interne, planifient une mise en réseau
sur le long terme, et se développent. Ceci est acquis pour les lieux
d'art contemporain à Marseille. Il leur manque par ailleurs une
alternative aux fonds publics, qui peuvent diminuer selon les priorités
politiques ou ont tendance à délaisser les petites initiatives
pour les projets prestigieux. Le mécénat existe mais n'est pas
inscrit profondément dans les mentalités, il serait judicieux
d'en populariser l'idée.
Le manque de moyens n'est par ailleurs pas un obstacle
à la créativité, je dirais même que moins de moyens
pousse à plus de créativité.
TABLE DES MATIERES
Introduction.................................................................................................6
I Panorama historique
1. La scène artistique contemporaine en Turquie des
origines à nos jours........................8
1.1. L'apparition de l'art contemporain en Turquie
(1960-1980)...............................8
1.2. Les années
1980......................................................................................9
1.3. Le dynamisme intellectuel (les années
1990)...............................................11
1.4. Le dynamisme capitaliste (les années
2000)................................................13
2. A
Marseille............................................................................................15
II Le rôle des institutions publiques dans l'art
contemporain
1. Ressources
nationales...........................................................................18
1.1. Les ministères
..............................................................................20
1.1.1. Les ministères de la culture
....................................................20
1.1.2. Les ministères des affaires
étrangères.........................................30
1.2. Les collectivités
territoriales..............................................................33
1.2.1. La
ville.............................................................................33
1.2.2. Le
département...................................................................37
1.2.3. La
région...........................................................................38
2. Ressources
internationales........................................................................43
2.1. Centres culturels
étrangers................................................................43
2.2. Les fonds
communautaires................................................................44
2.2.1. Le programme
Culture.........................................................44
2.2.2. Capitales européennes de la
culture............................................48
III Les ressources d'origine
privée.....................................................................51
1. Organisations à but non
lucratif...............................................................53
2. Les galeries
commerciales.....................................................................56
3. Les musées
privés................................................................................58
4.
Universités........................................................................................60
Conclusion................................................................................................62
ANNEXES
Interview
Platform.......................................................................................65
Interview Apartman
project.............................................................................71
Interview
Kargart.........................................................................................78
Interview Kasa
Galeri....................................................................................81
Interview Contemporary
Istanbul......................................................................84
Öyku Özsoy
Platform's coordinator
By Michela Dawe and Fanny Roustan.
Michela Dawe: First of all, I would like to start from the
meaning of the expression "Artist in Residence". Can you give me a definition
of this expression?
Öyku Özsoy: I think we discussed about this before,
it depends on the object of the institution, how they create this programme and
what is their aim...I mean I can start from Platform's point of view, our main
aim, way and when we initiated our artist residence programme. When you think
about the contemporary art history in Turkey from 1980s it started after the
military dictatorship, it started with the private banks galleries and the only
support of contemporary art started to come from private organizations, banks
etc. Also Platform was founded by the Garanti bank under the social
responsibility programme. From the 1980s and on, especially with private
galleries, Galeri Nev, Maçka Sanat, Galeri Appel, supported lots of
young Turkish artist and then it shifted to the bank gallery, and some art
institutions were again supported from the companies ...of course each of them
has a different vision or different opinion about how art institution reflects
the situation in its own location. For Platform, when we initiated the
residency programme, the main aim with the artist archive was to create a kind
of research centre, open to the international and also local researchers and
curators and with the residence programme give a chance to local artists to
communicate with the international artists that came to stay in Istanbul. And
also while hosting the residence's artists in Istanbul, to give them an
opportunity to be inspired from the city and to communicate with the local art
scene and the city itself, and also to benefit from this time period being in a
different environment, in a different geography, and produce new works.
Because of this, we usually don't accept established artists.
Instead we are more into having young or artists in the middle of their
carrier. So this is the main aim of the residency programme, it was initiated
in 2003, after that in 2005 and on, we initiated an additional component into
the residency programme that is the residency exchange. This time it works with
jury. The artists from turkey go to different organizations, in different
residency programmes, mainly in Europe unfortunately. Because it's important to
create a movement in the region but it depends on the funding. The artist from
the host institution are coming to Istanbul and coming to stay in Platform.
MD: Platform Garanti Residence Program was born in 2003. How
and with which criteria the artists are selected? Along the time has the way to
manage the programme changed?
ÖÖ: First of all we have a kind of flexible
structure, which means that with different institution, we have different
contract and different agreement. Because we are not straight about the rules
of the residency...we don't have a kind of rules but more flexible but we can
say we have two-three different selection process. With some of the
institutions, they are selecting the artist and then send him to Platform, we
are not doing nothing about that...the other one, collaborating art
institution, they make the open call and then make a short list, send the
portfolio...and we compose a jury, including people representing Platform but
also art critics, curators, artists, or sometimes people from different
disciplines. And we are making the final selection. And sometimes, we are just
telling to the institution which artist we would like to have here for a
specific project. These are the three selection process. But of course we
initiated this programme in 2003; it's been the sixth year now, so we've learnt
a lot. With the new building we are going to change the residency programme
structure. Right now, we have nine studios. In the new institution, we will
have fewer studios, maybe four or five studios. At the moment, the residents
are staying between three or six months but with the new institution, the
artists will stay longer and they will be selected or invited for specific
project and work for this project. We are going to negotiate with the
institution that we have collaborated so far and if they agree, we are going to
invite the artists directly for the project.
MD: Which relationship is established between the artists and
the workers in Platform Garanti during the residency? What are the benefits for
both the parts? The outcomes?
ÖÖ: First of all, we are talking about contemporary
art in Istanbul and in Turkey. We can't ignore Platform. You can't think about
the contemporary art scene without Platform because it is the most important
institution. How we are supporting the artists and how it's work. I am always
saying that we are flexible and we are kind of saying yes to almost everything.
And so for the artists that come to Istanbul, first of all we have a huge
resource centre archive and they can reach all the information not only about
the local artists but also on the international publication. Secondly, we have
a good contact with the local art scene plus the international art scene, so
depending on their interests and research, we initiate a kind of communication
between the artist and the people who might be interested in his or her
project. We are creating this meeting point or connecting point for them. And
also we are supporting them for their project. We are giving the artist studio,
accommodation, for their project sometimes assistance, technical support. But
the most important thing is... we are not a production residency, we are not
forcing the artist to do something at the end of the residency. It depends on
their motivation and depends on their rhythm. When they come to Istanbul, for
most of them, it is the first time. So we are giving them some maps, some
orientation, then they are totally free to discover the city. After a while,
after one month, one month and half, we are asking them if they would like to
meet us and then we just talk about if they have any ideas in their mind,
starting a project or continue a project they are already working on.
So we are kind of invisible figure around the artist, not all
the time there, but if they need us we are there to help them.
For the local art scene, Istanbul is a hot spot for the last
few years for the contemporary art scene. People interested in contemporary art
are still a small group. If you go to the exhibitions' openings or to the
talks, you can see the same faces all the time. It is really small and close
inside. A big problematic is that all the art institutions are around Istiklal
street that is only three kilometres... If you go in the Asian side, no artist
institution! For example, when I was in Italy we just moved to all the cities
and you can find something everywhere, artist studios, art institutions,
artist-run spaces, but here everything is just concentrated on Istanbul, and it
is close unfortunately. Usually, people who are in the local art scene are just
involved in their small problems, having same agreement between each other but
not in the global or worldwide problems or questions. So maybe by having this
artists' talks, and conferences or open studio also give the chance to the
local art scene to communicate with the people who are coming from different
geographies, different cultures, and also experienced from other art practice
and also reaching each other art practice in a way...
MD: What about the general audience?
The general audience is mainly made of young people following
the contemporary art exhibition and talks, from the academies and private
university. But I think that still in their mind when they think about art they
are still thinking about sculpture thing and some conservative art... I mean
when they go to the art exhibition they want to see that they can recognise and
they can understand it. In contemporary art, all disciplines are just melting
into each other; it's a kind of process of experience. It is scary for them, so
when you are scary from something you want just to run away. It's hard for
people to get into the art institutions. Like when we were in the other
Platform building and making exhibition we were lucky because one million
people, especially in the weekend, were passing by, in front Platform's doors
and if there is something interesting they were coming in, some time staying
one minute sometimes two hours, depending on their interest. But I agree that
we don't have that kind of mission, teaching people contemporary art. No, only
bringing some programme. If they are interested in, they can come and
experience it, and we can try to explain if they have questions.
MD: Do you think there is a lack of communication, in using
different media to reach people?
ÖÖ: Let's think about what will be the way of
expressing yourself. There are some tools. For example media like newspapers,
magazines, advertisements, etc. First of all, when you think about the local
media in Turkey, again their interests are totally different from Platform's
interests, you can hardly get information about exhibitions or talks or
conferences of Platform in the local newspapers or magazines. More than local
media we are better known in international media in fact. Because there is not
high qualified art critics in Turkey, there are some, very few. I don't know if
you had the chance to check out the art section of our newspapers, in the most
read one the art section is half a page and mainly about who is dating with who
in the art scene, this kind of paparazzi news, but not critical and serious
articles. The other one, the other most popular one between the art crew is
Radikal. They have two pages, but again they have a different situation so it
is hard to reach this people who are writing about art, their interests are
totally different from ours. The second thing we are using is the mailing list,
and between international and local in total we have ten thousand people in our
mailing list. With Garanti Galeri, we combine these two lists, and usually,
when we make general announcement, we reach around twenty thousand of people...
But you see our crowd it is like maybe the maximum are 60 or 80 people coming.
On Thursday, we are going to have a meeting with our PR department and we are
going to talk about these problems. Once, we were thinking to create a kind of
friendship between the university's students and Platform, like having some
stand in the university, creating a kind of club in the university and just
organizing some events for the students, some exhibitions, some workshops,
something specific for them. However we are under staff, at the moment there is
me, Vasif, Pelin and Meriç only four and some interns. I mean we need
one person or two people who will be interested and work on PR strategies for
the institution, and we are working on it, but we know about the lack of
communication between Platform and the public. And also again we can't force
anybody to come to Platform, we need to create a kind of philosophy about the
programme. Of course some of our exhibition and programme were quite
interesting like «open library» for three month, it was quite
interesting, and it was really successful. But some of the exhibitions were not
that good enough for us as well, or some of the workshops, but we are trying to
develop new strategies for that period.
Fanny Roustan: For the selection process you said you go
always through institutions, did it happen that an artist come directly to you
with his file?
ÖÖ: No it happens sorry, thank you to remind me.
Also the residency programme is open to the independent applicants. The whole
residency programme works with international funding. None of the support comes
from the Garanti bank, we are raising the funding to support the residency
programme. So, because of that, the independent applicants have to raise his or
her money for the accommodation, for living expenses, for the studio fees, for
the production expenses, we are helping them only for to meet the local
artists, introducing them to the art scene, but not with financial support.
Sometimes, we have the chance to support totally an artist. For example, once
an artist from Lebanon and she lived for three month in Platform and we covered
all her expenses. Also for the exchange programme, again sometimes, we create
our funding by ourselves for supporting Turkish artists. But mainly independent
applicants have to find the funding.
FR: Do the bank that found art institutions get any economical
benefits like tax reduction? or is it only to benefit from a good brand
image?
ÖÖ: Yes they have tax reduction. If they support
art, they have tax reduction. Most of the companies were supporting the
Istanbul Biennial before, but after the 2000-2001 they started to open their
museums, like for example Pera Museums, Istanbul Modern, Sabancý Museum.
All these big companies and private organizations open their own art intuitions
and get tax reduction. Besides, instead of supporting other projects they
prefer to create or open their own programme under their name...I mean they are
using it for their advertisement.
FR: Are you fundraising from other companies?
ÖÖ: For our programmes, not only for the exhibition,
also for the residency and other programmes of Platform, we can't fundraise
through other Turkish companies. We can only fundraise from Garanti Bank. But
for the international fundraising, we don't have that sort of restriction, we
can apply to all the international funding organizations, art organization,
state organizations, or from the cultural department of the consulates, we can
apply to all the international bodies, but not from Turkish ones.
Serra Özhan
Apartman Project's coordinator/curator
Fanny Roustan: What do you think about the contemporary art
situation in Istanbul?
Serra Özhan: For the last few months let's say half a year,
there is a lot of small things going on. People are not organizing themselves
... Like two people come together and open a space, that's quiet new for
Istanbul. I kind of follow what's going on but I think we need much more than
this because we are all going on quite separately from each other. For example,
two weeks ago we had an exhibition at Imç 5533 and we were all the
artist-run places. It was more like a kind of documentary. Except Mental Klinik
and Ura, all the artist-run places were there, and we started to discuss with
each other and we realized that two or three of the spaces may close down if
they don't find funds or become an association, or a foundation or anything
else... Most of them don't own a place although they look like owning one, they
are just like active groups or artists. For example Hafriyat is in big
trouble.
FR : Do you think that there is a lack of cooperation
between all the cultural institutions in Istanbul ?
SÖ : There is no exchange. We have found out that we
can be all together. Normally we don't gather all together, even for the
openings. Although it is a very small community, we don't find a support for
what's going on in the openings. Most of them don't show up.
FR : Do you think there is a competition among you ?
SÖ : Kind of. When you look at the spaces opened by
very popular artists in the early 90', there was already an existing
competition between them. But now, when I think about Apartment project,
created by Selda Asal, she rapidly understood that she had to give up the place
to young people, and to become a kind of supervisor.
FR : What about the new kind of structures like Santral,
Modern Istanbul ? They are kind of competing each other.
SÖ : It's been a while that I've lost my interest in
them. I used to work for Modern Istanbul during 1.5 year, and it was during the
9th Istanbul biennale. At this time, the biennale curator was Roza Martinez, it
was her second time like a curator in Istanbul but there was more action like
Pompidou or for example MOMA, like more in change or really good programmes in
Santral.
FR : So you don't have any contact with them at all...
SÖ : I'm not even trying to follow ! It was giving
a hope of having a really really good residency programme that they organised
at first and they turned back. It was a really good motivation for the place
and the others as well. That's it I mean I guess they will get half of the
money for 2010, the cultural capitale thing.
FR : Where you here at the starting point of Apartman
project ?
SÖ : No, I'm the one who turned it into an association.
I arrived like 1.5 year ago like how to say, a kind of
« employee », but I've known Seda for 2 years quite
closely. She mentioned some potential collaboration with the EU, and that we
can all apply for a fund, the European culture fund. And she started to develop
some contacts with others, not only art institutions, but with other more
established institutions, for example one in Slovenia, one in Berlin. They made
some meetings and they all came to Istanbul to the meeting and they figured out
at that time that Apartman project was the only one who wasn't in collaboration
with the EU. So after that, we started to build all the bureaucratie of all
this. We didn't know this before, and Seda didn't know at all that she needed
to give up the independent place, and having a place running itself on its own.
The problem was that we had to found an association; otherwise the EU wouldn't
support us. Because it is an obligatory thing, so we had to find out how to do
that.
FR : What are they expecting from you ?
SÖ : A lot of things ! In fact, we sign a contract
but you write it on your own, it is a 3 years agreement that we did. Every
year, you have to give them a report plus an accounting report. But for a year,
they don't control to whom to where you send the money. Actually, when you look
at the contract that you wrote yourself, what we promised to them, to our
partners: the basic stuff. We always provide a place to stay if an artist
comes, we give him a room from the residency programme that we provide, and a
free space for them to use. But normally we never provide them any other
support like for example buying drinks etc. This is always bought by the artist
itself. We also share our PR network. So what is expected is that every year,
we have to invite two or three artists from our partner institutions. We are
eight partners from different countries. Not only them, we also invite others
but we have to invite them as well. And as I told you, we provide them the
accommodation and stuff. Besides, we cannot give the money to our own internal
project, like the one we are doing now, because we didn't include it in the
contract. We hadn't plan this project when we made the contract, but it would
have been good now to have included it...
FR : So the funds for the Apartment project comes from the
EU, and the funds for the other projects, where do you find it ?
SÖ : For example, for our next project, we applied to
open society and to Istanbul 2010. We are still waiting from Istanbul 2010 like
anybody else... So yes we have to figure it out. It doesn't need much budget
but we need to cover the travel expenses, we travel by low-cost, the
accommodation won't be expensive, the production cost won't be much because
there won't be any installation or anything like that, and we all know how to
make a budget as small as possible (laughs).
FR : Do you have some private funding ?
SÖ : Sometimes, depending on the artist. For example,
sometimes we ask some sponsors to lend the technological equipment, like Becko
is sometimes our sponsor. And sometimes, for the drinks for the openings, we
ask an alcohol company. But that's not all the time.
FR : What is the internal organization of Apartman
project ?
SÖ : So there is me, and Seda. And sometimes, some
temporary volunteers, and always some stuff like that. But now, with all the
association bureaucratie, we have to have a structure, so at least an
accountant, and someone dealing with all the stuff, and a kind of coordinator.
For now, I'm doing everything...
FR : You are the only official employee...
SÖ : I'm the only one who takes money from the EU
funds (laughs)!
FR : What about the residency programme ?
SÖ : We publish an open call on our website, one year
before for the next year. It is a call for applications. First, we thought that
everybody would fill the application very clearly, with purposes, and images;
that's what I expected normally but euh... they were very unbelievable
actually! They were writing in their application « Oh I'd like to go
to Istanbul, it would be great » ...
FR : So how did you select them ?
SÖ : We have a small team, but underground team you
know, it is not officially a board because it changes sometimes. So we ask what
they want to do in Apartman project, if they have already done something in the
Apartman project because it is also working at the network level, and I kind of
feel like it is a gang, some have their own crew in a way. So I collect all
these datas in a folder of course by knowing that some of them will be chosen.
So a maximum of three of them will be selected from the applicants of the open
call because apart of that, we always have some things going on on the
networking level. So we cannot say no to the people that we meet by our network
who we know will make a good project, so we give the priority to these people.
And then the empty spaces are for the open call applicants.
FR : For the applicants of the open call, what are your
criteria of selection ?
SÖ : It goes through sessions, I mean I never say yes
after just one proposal. We always explain what is the dynamic of this place
and we ask whether or not they are aware of what is the dare aware of what is
the dynamic of this place and whether or not they want to be related with the
trip or with the place itself. We really want to know whether or not they are
aware of the dynamic of the place. I don't know what's going on with the other
open calls but I find it a bit particular let's say, that's why I expect them
to know exactly what we are doing in a way.
FR : But you don't have an expectation from them, like doing
something during their stay.
SÖ : If they come and stay in our residency for free,
we hope that they won't make only a couple of research but make an artwork, or
a seminar, or an event, or an exhibition or whatever. Otherwise, we just rent
the flat for a certain amount of money. For example, sometimes, people come
from Platform and stay here and pay the rent.
FR : Do you also provide the artists with a
studio ?
SÖ : It is a flat with 4 rooms and a living-room. 2
rooms are bigger than the two other ones. We have basic things like wireless
connection; it is not like real studios, especially for painters it is a bit
small for them to paint in it.
FR : How do you inform people about what you are
doing ? What are your means of communication? Is it all through your
website?
SÖ : For openings and such events, we inform by emails,
we have a mailing list. I used to believe in the idea of Facebook but then I
stopped following what is going on so I thought maybe we have to come back to
our old means of communication! (laughs) We never send invitations, we don't
produce invitation cards on our own, but the artist can , and if he produces
some flyers then we distribute around the area.
FR : OK, because I noticed it rarely goes outside the
network, it is always the same people, at the openings you always see the same
faces... I wonder if something is done to get the public in.
SÖ : After the general connection, you get the public
or not. If the artist is making a project, or if he partially involves a
university let's say, it is a different crowd, there are more students, not
necessarily artist students but also students from different fields as well.
But apart from that, we cannot make any effort to reach the public.
FR : Can you tell me the weak point and strong point of your
project ?
SÖ : The weak point is that we need to develop further
to make it better and to build an active team, a young team. They don't have to
be like real employees, but they have to have a good motivation to be part of
apartment project. That's the main thing that we have to deal with. But there
has to be a motivation. Because it is unbelievable to invite for example
students for volunteering in a place that doesn't have a system in itself. So
there has to be something going on regularly, and so you can say things like ok
two days you come three days we come and so on. But imagine, we don't have an
office! So the place can be closed for a while. The artists are responsible to
open the space so it is like there is no need for a volunteer to open the space
and to inform the visitors. This is the kind of things that I would like to
develop. In the artist place, there is a free room, so we are going to make an
office. The other thing to do is an archive, like documentary place about the
artists that we have, from the media works to the printed documents. That can
be a good archive, and not only for the artists, but something open. Something
like Platform archive would be good. That's a good archive about the Turkish
artists and what's going on in Turkey. If we can archive our international
artists, this can be good archive as well. For some, we've done it, but it is
not very much yet.
FR : What about your strong point ?
SÖ : mmmh... well it is way better from other groups
(laughs). I found it better than in many other art initiatives. I'm really in
good contact with few of them so I know how they work and do the selections and
most of them have a worse structure. And the place! It is a very good location.
But at the same time it can be a weak point, sometimes i'm thinking maybe we
can let the place open late in the night. Now we open after 4:30 (pm), but it
could be later. So yes the place. And also it is the first artist-run space,
I've been lucky for that. It isn't something new so we don't have to deal with
the public, PR and stuff. People already know it.
FR : Do you have any plans for Istanbul 2010 ?
SÖ : Yes we applied for that. I work in a very good
connection with the artists. We were talking about the archive, we are in
contact with the artists to collect many of their works, we try to collect as
much as possible to make the archive. It is something that will bring to
Istanbul other networks from other close regions.
FR : What do you think about the ambitions of Istanbul
2010 ?
SÖ : Well, I've never seen something concrete yet. The
funds are not given yet. They need to reply the applications, they are really
late now, because they are also involved in some projects for 2009 that are
related with the projects that are gonna happen next year. But for 2009, we are
in the third month and still haven't got any funds. It is all about supporting,
so where is the support? And all the gossips and the news say that there are
some people quitting their job because of the lack of communication among them.
Like the board doesn't talk with them but just give them orders.
FR : What is your next project here ?
SÖ : It is a lightning, it is gonna open on 24th of
March.
FR : Is it possible to have a annual balance paper or a
budget of your project ?
SÖ: As I told there was no official things going on before
we became an association, nothing written on the paper apart from the
calculation that Seda would be bring at home (laughs). But I can explain you.
For the space, the only thing we pay is the electricity. There is no rent
because it is owned by the artist, and there is no rent for the residency it is
owned again by the artist, and the rest is almost all paid by the artist
itself. There has been no budget going on. But maybe after the association, we
will get paper or something.
FR : What kind of relation do you establish with the
artist ? Do you let them live their life and then show their work at the
end, or do you provide a full assistance?
SÖ : If they need help, especially when it is a
foreigner, we help them. Now since I have been coordinating the place for nine
months, I am going to see what's going on, if everything is all right, but like
if they need everything, any further help, then i try to help them. But I
remember that sometimes Seda was going for some programmes abroad, imagine, the
artist had to do the opening on its own (laughs). But they have their own key;
we keep the copy keys.
FR : How long are the residencies ?
SÖ : Usually we say that you can stay as you want but
then if the programme is very full, we say you can stay for the preparation
let's say 1.5 month, let's say from one to three if there is no further
production for the artist.
FR : So how many artists do you have in a year ?
SÖ : This year, three Turkish artists are scheduled one
after the other, that's why we do not provide any residency for them. Then,
there is one from Berlin, making a screening. By the way, we just started to
collaborate with Babylon150(*), Babylon provides us the space for performances or
screening. For the first time, we did it in the Lounge Babylon, and we did the
publication of this, but we sold tickets. The income of the evening was split
between Babylon and us. But at the time, there has been a kind of correlation,
i've been quite surprised. We are the first two venues that opened on that
street, Babylon and Apartment project. They were the initiator of the
gentrification so they could have collaborate more, but this time it happened
and it was really good. We will have a selection of screening of short movies,
and we'll show the screening in Babylon Lounge, but a kind of preview will be
in Apartment project. This is at the end of April. And then in summer we'll
have some artists in residency from our partners. Now the flat is full, three
people are staying, one art student from Holland, one Croatian photographer who
came for a research for ten days, and the other is a writer for a art magazine
and he will stay for four months making research.
Oya Yalçýn
Kargart coordinator
Fanny Roustan : On the Asian side I just found you working
about contemporary art or visual art! I think you are kind of unique here.
Oya Yalçýn: Yes that's right! Actually, we are two
people here. We are doing every kind of work, but my colleague is mainly
working as the editor of the Kargart magazine, and I try to mange all the other
stuff. I am working alone and it is a lot of work.
FR: How do you explain that you are the only place making
contemporary art on the Asian side? Why everything is concentrated in
Beyoglu?
OY: Maybe it is about the culture of the Asian part. People
always ask that but there are also places here but not for contemporary art. I
mean Karga Bar is giving us a big support, that's why we can still be
independent and support independent artists and many students. Nazim Hikmet art
center supports some artists but... I think it is about Karga bar. Karga bar
has been here for 12 years and it is a very well-known place, that's why we
have also a music approach through them. People like here very much, they
associate Kargart with Karga Bar.
FR: How do you reach the public? Is it mainly through the bar?
OY: We have 3500 people in our mailing list, and I'm always
mailing them. That's the main thing I think, and also our website
www.kargart.org . There and in the
mailing list, we make the open calls. But they can also reach us. They come
here and read the folders, leave their CV. We also have a kind of artist mail
list. That's the way it works.
FR: Are you working with other institutions?
OY: Yes. I arrived two years ago so I can talk about the last two
years. For example, we work with the Istanbul Independent Film Festival, we are
screening their short films here; or we collaborate with university cinema
clubs, they come here and make some screenings. It changes, it depends on the
time. Sometimes, we also work with Amnesty International; it is a project-based
partnership. We can work also with some other independent art initiatives like
video initiatives. It depends, they come here, they look at the project and we
see if we can work together or not. We are always open to all independent art
initiatives.
FR: What kind of people is coming here? Are they mostly students
or artists?
OY: Yes, mostly students who are studying in any art discipline,
but also artists.
FR: On the international level, do you have any relations with
other institutions?
OY: Yes. We can also invite them. It doesn't have to be an
institution; it can be also a person. But of course, it is about money... If we
have money, we can collaborate on other projects from any foreign country. We
did an international exhibition last year. There were some students from Italy,
England, and Slovakia. It was done thanks to the curator of the exhibition who
was student in Austria and found the other students. It works like this
sometimes.
FR: What about money? Where does your budget come from? Is it
again connected with the bar?
OY: Yes but we have also some kind of events where we can sell
tickets, like stands-up, concerts or workshops. The budget comes mainly from
that. Karga Bar also supports us. We don't have someone working for fundraising
right now, but we need someone for this, because I don't know how to get money
from the institutions! We definitely need a person for this! Sometimes you can
have some project-based partnerships with let's say the British council that
can support you, but I haven't had this opportunity yet. Or Goethe institute
as well. They can give you some money; it all depends on the project.
FR: What about the local institutions, like Kadikoy municipality?
Somehow do they subsidy you?
OY: It can be. We are in contact with the municipality. They can
lend you some material. They give money to big projects, I guess. But you know
it always depends on the elections, and political stuff...
FR: Is it possible to have your balance sheet or your budget?
OY: I will ask to my colleague, because he is the one working
about it.
FR: what would you say about your weak and strong points?
OY: Like I said, we need a person to follow the sponsorship. But
I think it isn't such a weak point because that way, we can still remain
independent. We can do whatever we want; in that sense it isn't a weakness. But
yes sometimes we want to invite someone who agrees to come, but we can't find
money. Like in the video festival I had invited a very important lecturer but
we couldn't find the money so he couldn't come. It can be a big deal sometimes
and the power of here at the same time.
FR: What is your opinion about the contemporary art scene in
Istanbul?
OY: With that Istanbul 2010 project, everything goes crazy! But
it is improving I think. Istanbul is a very interesting city and all the
international relations are getting stronger; at this point, it is getting
better.
FR: Do you have any project for Istanbul 2010?
OY: No we don't have a project. I haven't had time for this. We
are waiting now; I don't know what is going on their side. You know all the
projects are remaining without answers, I know some people who gave projects to
Istanbul 2010 and they are still waiting.
FR: How do you think it's going to be?
OY: I really don't know... We will see. There are just 9 months
left, it is very soon!
Aslý Çetinkaya
Kasa Gallery's administrative affairs responsible
Fanny Roustan: Could you tell me about the creation of Kasa
Galeri and why Sabancý University decided to found a gallery?
Aslý Çetinkaya: Actually it started with
the story of the building itself. Sabancý University was established in
1998. In 1999, they started their first campus in this building. This building
is one hundred years old, it is quite old, it used to be a bank, you can see
all the counters. They started working here before moving to the huge campus
they have now on the other side of Istanbul. Actually, we were part of the
programme of the university, opening an art center for social sciences and
having a faculty for visual art and a communication and design programme. And
some well-known artists, who have been also the main instructors at the
university, thought that it would make an interesting space for works of art
and shared their opinion with the board of the university. So it took shape at
the very beginning of the university. It is basically an extension of the
faculty. It is very different from Sabancý museum. It is quite
independent, it belongs to the university but it is a little bit different. It
started as a small gallery with a small budget within the faculty. So actually,
at the beginning it was the motivation of a couple of professors.
FR: Now what is your relation with the university? Is it only
financial?
AÇ: What we are trying to do is to keep this space as a
gallery, at least to keep the image of a gallery, independent of the university
because we do not for example make exhibition for the graduate students of the
university. This a gallery independent from the university but on the other
hand connected to it through the budget. In the exhibitions programme of the
coming year, we still work with these two artists-professors. On the other
hand, we put some rules or let's say principles, not to make the audience
confused. It is a university gallery not in the expected sense. There is
another gallery on the campus, but it is totally for the students' works. It'd
been ten years now and there hasn't been any student exhibition here. It can
happen that one of the ex-student of the university is part of an exhibition,
but it is always after he or she is graduated and worked some time.
FR: Is it something common in Istanbul that universities have
their own gallery?
AÇ: It happens. For example Bilgi University has Santral
Istanbul, but I don't know their attitude towards this. It is more than a
gallery; it is a museum, a big space. And they had a nice gallery, it was
called Bilgi 111, it was a big one on the Asian side. They were showing quite
interesting works there but it closed. It was also something in a sense really
risky because when you give up after a year or so, it is very disappointing
especially in a city like Istanbul. It disappoints people, but it often goes
like that, it is really disappointing for the artists and the audience. There
was also the Marmara triennial. It was a student organization from Marmara
University. It was an international event, first in the corridors of the
university, and then they used the Pera museum. It started as a small event and
became bigger.
FR: In general, what do you think about the contemporary art
situation in Istanbul?
AÇ: I think it didn't evolve in a similar way as it did in
the West. Somehow, it feels like it is imitating, taking over some results from
there but you know the story is completely different. For example, this
Istanbul modern museum was founded by a rich person, and the collection belongs
to private people. The driving forces are different here. Now I feel it should
be more popular. Being a contemporary art collector is becoming tricky, and it
has no strong story or background. I feel this trend will slow down. A couple
of years ago, artists were initiating some places. There are still places like
this. Those things got very hype and trendy during a period. But it is
difficult. In Istanbul, if you survive ten years, then maybe you can have a
grant. Now, it's again the turn of galleries and collectors. The galleries try
to convince the people to be collectors. I think that's the main point. Now
there are more galleries again, like in Tophane...
FR: the usual places...
AÇ: I think that after Istanbul Modern opened in 2005, it
got a little bit wider than Istiklal Street, just a little bit but I guess this
type of event helped to see other places in Istanbul.
FR: Do you think that the international art market is interested
in Turkish artists?
AÇ: No, I don't think so. Mostly, it is up to the foreign
and Turkish curators. How much they can present there, how much they can
comment about artists here... There are some kind of options and other
financial stuff, and I still haven't got the idea behind actually. But some are
interested into the Middle Eastern art production. The biennale is an
opportunity, there are a lot of professionals from the art world who visit the
biennale, and they may see some good stuff. And at this period, a lot of things
is happening in Istanbul. It's a kind of big meeting, and a chance to present
something.
FR: Is it one of your objectives to bring abroad Turkish
works?
AÇ: No. We don't make much effort for this. But, with the
university, we are member of an international organization, the BJCEM151(*), which gathers young
European on Mediterranean artists under thirty-five. It's a big organization,
which organizes a biennale in many disciplines of art. Each member country
presents participants. There is a ten days festival. The last one was in
Puglia, in Italy, and the next one is going to be in Skopje, Macedonia. As a
member, we make a call and then a selection among the applications, and then
bring their works there. This is the most crucial thing we do to present
Turkish artists to an international public. Besides, from time to time, we try
to invite artists from abroad. But being internationally active is not one of
our «missions». According to the proposals or invitations, we try to
do it as much as our budget allows it.
FR: What is your opinion about Istanbul 2010?
AÇ: (laughs) It's going to be a huge event. Everyone is
active for it. So it is not easy to control it, and to defend everything. If I
was working there, I would be very strangely helpless because it is such an
event and such a budget, and many proposals, and many people involved. You
can't say it's easy. We may see some very nice things and other not very well
organized. It is a very difficult thing to put a general adjective about it. It
is too big; it is not possible to present it as a package.
FR: Do you think it will have an impact on the artistic
environment?
AÇ: Most probably. I don't have any plans about it but I'm
curious to see how it' going to be. For our gallery, the best would be to
invite some isolated artist from abroad, or institution who experienced this
kind of culture capital thing, they could share their experience. If we had
applied for a grant, maybe we can offer a flight to a major artist, who would
be normally out of our budget. In this time of crisis, we'll have a cut in the
budget. But we will still be able to do our five or six exhibitions a year. But
I wonder how they will do in big places like Sabancý museum, where they
exhibit Picasso, Dali... It will be difficult to produce such events. You know,
time of crisis is more dangerous for big institutions and galleries than spaces
like here. When you make a two million euro budget exhibition and your budget
is cut by 10%, you cannot do the exhibition anymore. The spaces with a smaller
budget are more flexible. So I think that Istanbul 2010 is a good thing but I
don't want to give a formal opinion.
Özlem Ünsal
Contemporary Istanbul art manager assistant
Fanny Roustan: What role plays Contemporary Istanbul on the
contemporary art scene in istanbul ?
Özlem Ünsal: Contemporary Istanbul, stanbul
Bienali'nin gibi Türkiye'nin, stanbul'un sanat ortamýnýn
dýþa açýlan yüzüdür. Sanat
fuarlarýnýn ortak özelliði, galerilerin
satýþ yapmalarý gibi gözükse de aslýnda
fuarlar bir meeting pointtir. CI'da bu özelliði
taþýmaktadýr. 2008'de 48.000 kiþinin gezdiði CI,
yabancý ziyaretçilerine Türk ve çevre ülkelerin
çaðdaþ sanatýný tanýtmayý
dolaysýyla Türk sanatçýlarýn , bu
bölgenin sanatýnýn bir Avrupalý'nýn
evinde/müzesinde asýlmasýný, galerilere bu
networkingi sunmayý amaçlamaktadýr. Öte yandan
kurumumuzun adýnda da anlaþýlacaðý gibi
stanbul'un marka deðerini yükseltemekte ve
tanýtýmýný yapmaktadýr.
FR: Is it easy to sell abroad Turkish works ? Why the
international market isn't so interested in Turkish works ?
ÖÜ: nternational marketin Türk sanatýyla
ilgilenmediði söylenemez. Türk sanat tarihine
baktýðýnýzda Oryantalizm'den beri
Batý'nýn ilgisi olduðu çok
açýktýr. Türk çaðdaþ Sanatý
ise yurt dýþýnda yeteri kadar
tanýnmadýðý için bugün bir Çin
çaðdaþ sanatý noktasýnda deðidir. Fakat
Sotheby'sin düzenlediði müzayede oldukça ilgi
çekici olmuþ ve iyi bir ciro yapmýþtýr. Son
yýllarda Batýlý kolleksiyonerlerin Türk
çaðdaþ sanatý gibi emerging marketlera
yöneldiði görülmektedir ve bunda ekonomik kriz kadar,
kolleksiyonerlerin Batý sanatýný tüketmeleri ve yeni
eser arayýþlarý önemli bir pay teþkil
etmektedir. CI'ýn sloganý olan « the new art
destination » da bu duurmun bir göstergesidir. Yýllar
öncesinde sanat sadece Batý'nýn yapabileceði bir
þey gibi gösteriliyordu, sanat sadece Paris'te, NYC'da yada
Londra'da öðretilebilirdi, globalleþme ile birlikte bu durum
tamamen deðiþmiþtir, artýk sanatýn tek bir
merkezi olamayacaðýný Batý da kabullenmiþtir ve
bu anlayýþla kolleksiyoneler Türk sanatý, Hint
sanatý, ran sanatýna yatýrým yapmaktadýrlar.
FR: How do you select the participating galleries ?
ÖÜ: Bununla görevli bir seçici kurulumuz
var, CI'ýn en önemli kýstasý ;
katýlýmcý galerinin çaðdaþ sanat
eserlerini/sanatçýlarýný temsil etmesi.
FR: What is the intellectual content of the fair ? Is
there any theme ?
ÖÜ: CI her yýl bir konsept belirliyor ve
mümkün olduðunca buna göre bir çalýþma
stratejisi geliþtiriyor. CI'08 in temasý, istanbul'un
aslýnda kent kültüründen gelen bir sanatsal
tavrýnýn olmasýydý, buna baðlý olarak,
raklam çalýþmalarýmýzý bu temada
planladýk ve iStanbul sokaklarýndaki rastlantýsal
geliþmiþ ama bir heykel/ enstalasyonmuþ gibi duran objelerin
fotoðraflarýný kullandýk.. CI'08 den en çok
akýlda kalan sanatçý Burhan Doðançay'dý
mesela, çünkü bir oto lastikçi dýþ
duvarýný resmine taþýmýþtý..
CI'09'un temasý da cosmopolitlik.. bu temanýn
iþleneceði konferanslar yapmayý planlýyoruz..
FR: Do you think you managed to attract the public to the
fair ? How do you proceed for it ?
ÖÜ: Ulusal ve yabancý basýndan ciddi
bir destek görüyoruz, TR'nin ençok okunan gazete/dergileri ve
tvleri bizim basýn sponsorumuz.. Yabancý dergilerle de barter
çalýþmalarý yapýyoruz. Ayrýca
güçlü bir PR ajansýmýz var. Facebook da
yarattýðýmýz CI sayfasý da halka ulaþmak
için iyi bir araç oldu bize.. ayrýca her ay
yayýnladýðýmýz Contempo'yu da (newsletter)
elimizdeki kapsamlý datayla paylaþýyoruz.
FR: What is the internal organisation of Contemporary
istanbul ? Is it possible to have an organigramme ?
ÖÜ: Türkiye'de « sanat
fuarý » yeni bir kavram, doðal olarak bu konunun
eðitimini almýþ insan sayýsý da az.. bizim
genç ve sanat eðitimi almýþ bir ekibimiz var.
Direktörümüz Emin Mahir Balcýoðlu, Aða Han
Vakfýnda uzun yýllar çalýþmýþ ve
bir çok müzenin kuruculuðunu yapmýþ birisi..
CI'ýn organizasyon þemasý temel olarak, galeri (yerli -
yabancý) iliþkileri, PR& marketing
çalýþmalarý ve lojistik üzerine kurulu..
FR: Who finances Contemporary Istanbul ? Is it possible
to have the budget or the annual balance sheet ?
ÖÜ: Sanat Organizasyonu yapmak ve bunu dünya
standartlarýnda yapmak maliyetli bir iþ ve CI'ýn tek geliri
galeri stand ücreti, buna karþýn gideri çok fazla.. bu
baðlamda sponsorluklara ihtiyaç duyuyoruz. Sponsorluk
þemamýz, ana sponsorluk, sponsorluk, basýn sponsorluðu
ve ayni sponsorluklardan olu°uyor. Akbank PB ana sponsorumuz.
Résumé : Les villes de Marseille et
d'Istanbul répondent à deux systèmes totalement
différents quant à la gestion de l'art contemporain, et cela
notamment par l'origine des ressources dont bénéficie les acteurs
de l'art contemporain.
A Marseille, même si l'on peut trouver des galeries
privées et des lieux artistiques vivant de financements mixtes, la
plupart des financements proviennent de fonds publics. Ce sont vers les
institutions publiques que se tournent les artistes, galeries associatives,
centres culturels ou autres initiatives. On assiste à la collaboration
des institutions publiques avec la société civile.
A Istanbul, les institutions publiques s'intéressent
uniquement aux événements artistiques qui ont pour
conséquence la promotion de leur pays d'un point de vue touristique. De
grands mécènes et entreprises assurent la survie de l'art
contemporain dans les lieux renommés, et pallient ainsi l'inertie de
l'Etat en matière artistique contemporaine. Pour le reste, les artistes
s'organisent entre eux et ouvre leur propre espace indépendant, se
dirigeant de plus en plus vers les possibilités de soutien financier
dont dispose l'Union européenne.
Ces différences proposent deux visions bien distinctes
d'un système de l'art dans deux villes méditerranéennes en
pleine expansion culturelle, toutes deux prochainement capitales
européennes de la culture.
Summary : The cities of Marseille and Istanbul
present two systems totally different concerning contemporary art, in
particular because of the types of funding from which the actors of
contemporary art benefit.
In Marseille, even if we find private galleries and artistic
places living from mixed funding, most of the funding is issued by the public
sector. Artists, associations, cultural centers and other spaces turn toward
the public associations to get grants. Thus, public institutions and civil
society collaborate.
In Istanbul, only artistic events generating the promotion of
Turkey from a touristic point of view catch the eye of the public institutions.
Rich patrons and firms insure contemporary art subsistence in famous places and
thus compensate for the absence of the State in regard to contemporary art.
Besides, the artists are establishing their network and opening up artists-run
spaces, step by step heading towards the opportunities of funding offered by
the European Union.
These differences offer two visions of the art system in two,
artistically speaking, flourishing Mediterranean cities, both of them soon
European capital of culture.
RAPPORT DE STAGE
Rapport de stage
1. Le lieu
J'ai effectué mon stage en Turquie à Istanbul, dans
une institution culturelle privée à but non lucratif
impliquée dans l'art contemporain. En Turquie, une grande partie des
financements liés à la culture sont d'origine privée,
surtout en ce qui concerne l'art contemporain, peu considéré par
l'institution publique. De manière générale, chaque grande
banque fonde sa galerie d'art ou son centre culturel. Garanti Bank est l'une
des plus importantes banques de Turquie et a par conséquent fondé
son propre centre d'art contemporain, Garanti Platform, et sa galerie, Garanti
Galeri. Ces deux institutions distinctes à l'origine prévoient de
fusionner l'année prochaine et d'intégrer des locaux spacieux
plus appropriés à leur activité. Officiellement, j'ai
effectué mon stage chez Platform mais ai en fait travaillé pour
Platform et Galeri.
Platform et Galeri se décrivent comme des lieux
favorisant la pratique de l'art contemporain mais aussi la recherche. Les
locaux possèdent une bibliothèque, connue comme étant la
plus importante bibliothèque de publications artistiques à
Istanbul, essentiellement tournée vers l'art contemporain, le design et
l'architecture et des archives d'artistes. Le centre propose également
un programme de résidence pouvant accueillir jusqu'à huit
artistes en majorité étrangers152(*), et de préférence non-établis,
et constitue ainsi un lieu de rencontre et d'échanges pour artistes
d'art contemporain, commissaires et critiques. Platform organise des
expositions, des conférences, des ateliers et rencontres qui ciblent
avant tout une audience jeune La langue d'échange et de travail est donc
l'anglais. Divers fonds de différents pays dont la France financent ce
programme de résidence.
Platform153(*) a été fondée en 2001 par la
banque Garanti et sous l'administration de Vasif Kortun. Il s'agit d'une
interface considérée par beaucoup comme la plus importante entre
les scènes d'art contemporain turque et internationale. Selon Vasif
Kortun, le lien entre la banque et le centre artistique est uniquement d'ordre
financier, et n'a aucune influence sur les programmes de Platform154(*). D'autres disent cependant
que les mécènes ne respectent pas toujours l'autonomie artistique
des fondations privées ou qu'ils choisissent de financer une
organisation qui saura refléter leur image. Platform Garanti a un budget
annuel d'environ 100 000 dollars. La banque Garanti ne finance que les
activités propres à Platform telles que les expositions et
conférences. Pour le reste, comme pour le programme de résidence,
Platform recherche des fonds supplémentaires, qu'elle trouve en
général dans le soutien d'institutions publiques nationales ou
régionales de pays le plus souvent européens comme les Pays-Bas,
la Suisse, la France, la Finlande, la Grèce, la Norvège, ou
l'Espagne. Platform souhaiterait accueillir davantage d'artistes balkaniques ou
du Moyen-Orient mais trouve difficilement le soutien financier
nécessaire dans ces pays-là. Platform s'est aussi donné
pour mission de créer la première bibliothèque sur l'art
contemporain turc, l'architecture et l'urbanisme (en collaboration avec Garanti
Galerie), et les premières archives complètes de plus de cent
quarante artistes turcs. L'administration est officiellement composée de
seulement trois employés, le directeur Vasif Kortun, la vice-directrice
Öykü Özsöy, et la responsable de la bibliothèque et
des archives, Sezin Romi. D'autres travaillent sur des projets
spécifiques, et les stagiaires sont volontiers accueillis. Platform a su
réunir une grande audience, même si cela n'est fait pas partie de
ses objectifs, et certaines institutions plus classiques prennent maintenant
exemple sur son modèle.
2. La mission « Design against crime »
Pour être dans des bureaux temporaires ne disposant que
d'un espace restreint pour organiser des événements, Platform et
Galeri ont du ralentir leur activité locale actuelle, mais pense
déjà les projets qui auront lieu dans les futurs locaux. Une de
leurs intentions est d'impliquer la population avoisinante, et donc du district
dans lequel le centre se situe, Beyoðlu.
Dans un premier temps, j'ai principalement été
chargé de faire des recherches sur le quartier, son histoire, ses
particularités architecturales, et d'étudier le
phénomène de son évolution dans l'objectif d'une future
exposition. Beyoðlu, le quartier concerné, possède une
très riche histoire. Anciennement le lieu de résidence et de
commerce des riches Grecs et Arméniens, il constitue maintenant ce qu'on
appelle l' « Istanbul moderne ». Dans ce district se
regroupent autour de l'axe principal, l'avenue Istiklal155(*), quasiment toutes les
institutions culturelles et galeries d'art de la ville, ainsi qu'environ 300
bars, cafés et restaurants.
Le quartier voisin s'est vu isolé dans les années
1980 par un grand boulevard qui a favorisé le déclin
économique où vit une population très
hétérogène. Les principaux habitants sont des
immigrés de l'Est de la Turquie, ou plus récemment d'Afghanistan,
d'Irak et d'Afrique ou encore font partie de la communauté transsexuelle
d'Istanbul. Nous étions intéressés par le constat de
la criminalité croissante dans ce quartier. Mes recherches m'ont
amené à étudier le phénomène de «
désorganisation sociale » qui attribue la fréquence de
délits dans un quartier à l'absence d'institutions communes (la
famille, l'école, la religion...) et de relations entre les gens due
à leurs origines variées. De là, nous nous sommes
intéressés à savoir en quoi l'architecture et le design
d'un lieu pouvait inciter au crime ou au contraire le défavoriser. J'ai
donc mené des recherches exhaustives sur le thème
« Design against crime » et ai notamment
étudié le concept de « Crime Prevention Through
Environmental Design » ou CPTED.
J'ai même pensé à choisir ce sujet pour mon
mémoire : l'utilité de l'exploitation du design contre la
criminalité par le secteur public. Je voulais montrer comment
l'aménagement du cadre de vie des populations
défavorisées par le design l'urbanisme et l'architecture
pouvait donner accès à la culture. Il s'agit d'une culture
instaurée dans le quotidien sans impact direct, contraire aux
manifestations élitistes telles que des expositions par lesquelles les
quartiers défavorisées ne sentent pas concernés, mais qui
peut revaloriser un quartier et ses habitants, comme par exemple l'implantation
de lieux culturels.
Nous étions trois stagiaires étrangers à
travailler sur le design. L'étudiant allemand sur le design dans les
jeux vidéo, l'étudiante italienne sur le design environnemental,
et moi sur le design contre la criminalité. En plus de l'étude de
ces concepts et d'une compilation de documentation, nous dressions grâce
à ces recherches un état des lieux de ce qui se faisait dans le
monde artistiquement parlant autour de ces sujets. Nous nous sommes finalement
tous rassemblés autour des thèmes du design contre la
criminalité et de la peur du crime pour proposer un projet commun au
département de design interactif et communication de l'université
publique de Yýldýz Teknik. Après avoir assisté aux
examens oraux pour faire connaissance avec les étudiants de cette
section et avoir une idée de leur capacité, nous avons
développé plusieurs idées de projets à leur
soumettre156(*). Nous
avons ainsi commencé avec l'université un travail commun en
suivant le travail des étudiants. Parallèlement, nous avons
invité le philosophe hollandais Gijs Van Oenen à donner une
conférence sur le thème de l'architecture, de la
sécurité et de « l'interpassiveté » un
terme qui lui est propre.
3. Les autres missions
A la mission principale s'ajoutaient d'autres travaux
temporaires.
J'ai effectué des traductions pour différents
projets. Pour le compte de Garanti Galeri, j'ai participé à la
préparation de la version française et réduite de
« Mapping Istanbul ». Il s'agit de soixante-dix cartes du
monde ou d'Istanbul, qui faisaient à l'origine partie de l'exposition
« Becoming Istanbul » tenue pour la première fois en
2008 au DAM157(*) à
Francfort. Cette exposition est une base de données interactive sur
l'Istanbul contemporaine. « Mapping Istanbul »,
exposée au Palais des Beaux-arts de Lille jusqu'en juillet 2009 dans le
cadre de «Europe XXL: East is the new West is the new East...»
gérée par Lille 3000158(*).
J'ai également été chargée de la
traduction française des cartels de présentation des oeuvres
d'Hüseyin Alptekin, artiste contemporain turc décédé
l'année dernière, à qui Lille 3000 réservait une
exposition rétrospective de son oeuvre à la Maison Folie Wazemmes
de Lille. J'ai d'ailleurs rejoint Vasif Kortun et mon collègue Boysan
Yakar plus tard à Lille pour aider au montage de l'exposition en
question, « Global Mockery », et préparer le
vernissage.
D'autres travaux moindres étaient attribués
ponctuellement aux stagiaires, tels que l'accueil du public lors des
conférences, rencontres ou journées portes ouvertes dans les
studios des artistes résidents, où nous nous devions donc de
recevoir le public et d'être en mesure de le renseigner ; des
rapports brefs sur des sujets précis ; la rédaction de
biographies d'artistes ; la correction syntaxique de rapports
rédigés en anglais ; des travaux d'archivage, de tri ou de
reclassement du fonds documentaire...
De façon générale, j'ai
apprécié de faire ce stage. Même si je ne pense pas qu'il
m'ait apporté beaucoup sur le plan managérial, il m'a permit une
approche privilégiée du réseau fermé de l'art
contemporain à Istanbul, un art pour lequel j'émettais beaucoup
de réserves. L'accueil réservé aux stagiaires est
motivant.
Synopsis de projets:
1. Broken Windows
Ø Idea:
The idea is to verify the theory of the «Broken
Windows» expressed by James Q. Wilson and George L. Kelling in 1982. The
theory is that if one window is broken in a house, soon all the windows of this
house will be broken as well. Being a sign of neglect, a broken window attracts
vandalism. The presence of decay and disorder in a neighborhood also inspires
fear to the inhabitants. In other words, the maintenance of a place helps to
keep away vandals and prevents fear of crime in the neighborhood.
Ø Aim:
The aim will be to bear out if the "Broken Window" theory
formulated in the 1982 still has its place in the present context of Istanbul.
If the theory is verified, then the work shall show the necessity to look after
its neighborhood to prevent the expansion of vandalism, and fear of crime.
Ø Process:
The students, by little groups, will find a place in Istanbul
and follow its evolution during 3 months by the mean of pictures, short
walking-films, sketches... It is up to the students to find the way to
illustrate the evolution. The place shouldn't be well upkept, so that a
possible deterioration can be observed along the months. The students will
create an online screen of the observed place and may combine their findings of
the appearance of the place according to different dates.
Ø Final product:
The final product will be an exhibition in the university. The
works will be also put on an online interface that will present the different
places that have been observed and the different stages of their evolution.
This project itself isn't so difficult to realize so the students will have to
pay greater attention to the technical and aesthetic sides of the way they will
present it, and should make it understandable to the public.
Problem: If the place isn't subjected to any deterioration,
that is to say if the Broken windows theory cannot be verified, the project
loses its relevance. Let's just hope that a car gets burnt!
2. Interpassivity in gated communities
Ø Idea:
Gated communities in Istanbul have a security system
diametrically opposed to the natural surveillance method proposed by Crime
Prevention Through Environmental Design (CPTED), such as territoriality,
natural surveillance, sense of ownership, natural access control, image and
maintenance, lighting... They also illustrate the phenomenon of interpassivity
observed by the philosopher Gijs Van Oenen who describes the contemporean
public space as an «interpassive securityscape» where the people deny
their «public responsibility» regarding security matters and delegate
it to public authorities or private security systems.
Ø Aim:
The aim would be to denounce this phenomenon of passivity by
showing that people can be responsible of their own security, and don't need to
rely exclusively on others.
Ø Process:
The students will pick up a gated community of Istanbul and
virtually redesign it in a way that the inhabitants become responsible for
their neighbourhood. This means removing all the unnatural surveillance such as
cameras or security guards and reorganize the place according to the CPTED
strategies.
Ø Final product:
The existing gated community and the redesigned one will be
available to consultation online. The work will be a tool to compare two ways
of dealing with security. Gijs Van Oenen could be invited for a
«Transdisciplines» lecture in the department.
3. Fear of crime
Ø Idea:
Istanbul is the European capital with he lowest rate of crime.
However, the rate of fear of crime is the highest after Athens. Fear of crime
may induce crime. Fear of crime fosters the withdrawal of people and reduce
their sense of community. And a neighbourhood where the inhabitants aren't
involved in the local life offers more opportunities for crime. What provokes
fear is not necessarily crime, disorder can be enough. Consequently, the
methods to reduce fear of crime and the actual crime wouldn't be the same.
Ø Aim:
The aim of the work is to show the discrepancy between fear of
crime and actual crime. The final work will underline the resulting designs
adapted to two different perspectives: one to respond to the need of people to
feel safe and the other to the need to prevent crime.
Ø Process:
The students would be separate in two teams.
Both team will be provided some literature about the CPTED
strategies and some data about what provokes fear of crime.
Both team will be given the same list of items to create a
neighbourhood: a defined number of houses, streetlights, shops, playgrounds
etc. The neighbourhood can be an existing one to redesign or a virtual one to
create.
The first team will design or redesign a neighbourhood with
the utopian objective of a 0% crime rate, complying with the CPTED
strategies.
The second one will design a neighbourhood in a way that the
inhabitants would feel very safe.
Ø Final product:
The two resulting works will be put online. The people can
interact with the 3D neighbourhood by clicking one or combinative option to
change the virtual neighbourhood. For every part of the neighbourhood you can
choose to see the «no fear» design or the « no crime»
design. That way, you can surf in the neighbourhood.
4. Mapping the City
Ø Description:
The main idea of this project is to work with real urban
situation in Istanbul. According to the survey of Nilgun Ergun, Cengiz
Gýrýtlýoglu and Funda Yýrmýbesoglu the crime
rate in Turkey and especially in Istanbul are very low compared to other
metropolitan cities in Europe. Nevertheless there are still some districts and
areas in Istanbul with high crime ratio. Ergun explains the existence of the
crime with the failure of integration of migrated groups in the old areas of
Istanbul. Another survey points out that despite the low crime rate in Istanbul
there exists a high fear of crime. According to these facts, the main issue of
this project is the perspective of analyzing the current situation in certain
districts of Istanbul, revealing the problems (where the crime is happening and
why) and trying to develop alternatives or giving recommendation how the
current situation can be improved.
The enhancement of the living conditions and the feeling of
safety could be reached by adopting the ideas of «Design against
Crime» and «Crime Prevention Design.» The main idea of these
fields is to recreate existing areas towards a «natural» security.
This means that the security should not be achieved by increasing the number of
technical devices (CCTV) or amplifying the presence of the police or military
forces. Instead it can be reached by simple changes of given factors (for
example the danger of dark places can be decreased by installing
street-lamps).
Furthermore, the re-designing of «unsafe» places
leads not only to the reduction of crime, but also creates an atmosphere, where
people can feel safe and are not afraid of becoming a victim
Ø Questionnaire
Where are the «problem» areas of Istanbul?
Which changes can improve the «natural» security?
How the idea of safety can reach the inhabitants of
Istanbul?
How the project can decrease the fear of crime?
Ø Process
In the first step students should be informed about the idea
of «Design against Crime» and «Crime Prevention Design.»
The surveys on crime could give an overview about the crime situation in
Istanbul. The students can work with the real data and find out which area of
Istanbul is suitable for the project. From this point the students could make
field study by visiting the chosen district and mapping the area (documenting
the given situation by taking pictures, making videos, description etc.)
(Goggle Maps could be useful for the mapping the «unsafe» places.)
The next step could be to think of how the situation in these
critical places could be improved (virtually or factually) and how this
information can be presented to the public. One of way could be an online
presentation in the form of a homepage. The map of the area serves as a
starting point (the range of the realization can reach from a simple 2D map
(Goggle Maps) up to complicated 3D plans). The collected data about the
problematic places should be made visible for the visitor of the Internet site.
By clicking on the location there should be information about what is
problematic and why; and proposals of improvement should be given (text or in
3D).
The students could visualize «unsafe» places and
think about the possibilities of change. They should re-design these areas in
order to make it safer.
The visitor of the site will be able to have an overview over
the district and the critical zones. By clicking on the enlightened locations
he can get more information about the place. The map should compare the
situation before and after the «re-designing». Students should
describe the changes, so the visitor of the page can retrace the reason and the
goal of the modifications.
Ø Final product:
As an outcome we have an existing Internet site, which on the
one hand documents the work of the students and on the other give the visitors
of the site an opportunity to get information about the crime situation in
Istanbul in general and due to the case study in particular.
The aim of the project is to inform the inhabitants about the
specific of certain locations and to evoke an awareness of the problem.
Problems: When the project remains just virtually based, just
a small group of people can be reached. But the main question is whether this
project has the ability to activate the feeling of safety and reduce the fear
of crime.
Maybe the range of the project is too wide (theory, field
study, online presentation) and cannot be realized within a period of three
month.
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on dealing with art insitutions in contemporary curatorial practice Wyspa
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48-51.
* 1 Platform possède
le premier fonds de documentation sur l'art contemporain et les
premières archives d'artistes constitués en Turquie. En ce qui
concerne les années 80-90, on ne retrouve que des catalogues
d'exposition.
* 2 Définition
d'Erdað Aksel, Dokuz Eylül University, Faculté des Beaux-arts,
donnée dans « Contemporary Plastic Arts in Turkey and
USA » p.110.
* 3 Halil Altindere dans
« Contemporary Art in Turkey 1986-2006 » p.3.
* 4 Communauté
artistique.
* 5 Serhat Kiraz,
Özgül Ozkutan, Ismail Saray, Ahmet Ogtem et Alparslan Baloðlu.
* 6 Yeni Eðimler.
* 7 « Resim ve
Heykel Müzeleri Derneði ».
* 8 Aujourd'hui sous
l'administration de Leyla Bilgi.
* 9 Yapri Kredi
Kültür Merkezi,
www.ykykultur.com.tr
* 10 Halil Bezmen et Asil
Nadir.
* 11 1987 et 1989.
* 12 A titre d'exemples,
« Xample » en 1995 et
« Diyaloglar/Dialogues » en 1996.
* 13
« Memory/Recollection-1 » en 1993 et « Number 50
Memory/Recollection-2 » en 1993.
* 14 Et plus tard, de la
biennale en 2005 en collaboration avec Charles Esche.
* 15 « Genç
Etkinlink sergileri ».
* 16 Composée d'Erden
Kosova, Süreyya Evren, Þener Özmen, Ahu Antmeri,
Ayþegül Sönmez, Aslý Aliçavuþoðlu,
Avrim Atluð et Ferhat Özgür.
* 17
« Contemporary Art in Turkey 1986-2006 » p9.
* 18 Les deux
premières étant « Özel bir gün / A special
day » et « Karma sergi / Mixed exhibition » en
1999 et 2000.
* 19 Aujourd'hui Garanti
Platform Contemporary Art Center (fondé en 2001).
* 20 Par exemple, la
série d'expositions « Round Trip Istanbul » à
la galerie Borusan.
* 21 Marcel Alocco,
André-Pierre Arnal, Vincent Bouliès, Louis Cane, Marc Devade,
Daniel Dezeuze, Noël Dolla, Toni Grand, Bernard Pagès, Jean-Pierre
Pincemin, Patrick Saytour, André Valensi, et Claude Viallat.
* 22 André Derain
« Pinède, Cassis » 1907, Max Ernst
« Monuments aux oiseaux » 1927, Alberto Magnelli
« Pierres n°2 » 1932, Jean Hélion
« Composition verticale » 1936, André Masson
« Antille» 1943, Jean Arp « Genèse »,
1944.
* 23 Fonds d'incitation
à la création.
* 24 Direction
régionale des affaires culturelles.
* 25 Fonds régional
d'art contemporain.
* 26 Germain Viatte de 1986
à 1989.
* 27 Ensemble d'oeuvres du
groupe japonais Gutaï.
* 28 Parmiggiani, Pistoletto
et Penone.
* 29 « Danses
tracées » 1992 ; « Poésure et
Peintrie » 1993 ;
« Verbi-voco-visuelle » ; « Gordon
Mattaclark » 2005.
* 30 www.k2org.com
* 31 www.sinopale.com
* 32
www.diyarbakirsanat.org
* 33 Dragan Klaic,
« Istanbul's Cultural Constellation and Its European
Prospects ».
* 34 Voir p.28
* 35 Voir p.39
* 36 Guy Amsellem,
« Art contemporain, un choix de 200 oeuvres du Fonds national d'art
contemporain (1985-1999) », Editions du Chêne - Hachette livre,
2001.
* 37 www.cnap.fr
* 38 Voir communiqué
du Ministère de la Culture et de la Communication « 34 oeuvres
d'art contemporain de 30 artistes acquises à 23 galeries par
l'État pour les collections publiques à l'occasion de la 35e
édition de la FIAC », www.culture.gouv.tr.
* 39 www.fiac.com
* 40 Art Attitude
Hervé Bize de Nancy et Cortex Athletico de Bordeaux.
* 41 Le Cnap est né
de la Division des beaux-arts des sciences et des spectacles, elle-même
née de la Surintendance royale créée en 1791.
* 42
www.cnap.culture.gouv.fr
* 43
www.galerieofmarseille.com
* 44 Image et légende
prises sur www.galerieofmarseille.com
* 45 Anciennement
intitulés Les Cahiers du Fonds national d'art contemporain.
* 46
www.education.arts.culture.fr
* 47 www.culture.gouv.fr
* 48 Image prise sur le site
du Ministère de la culture et de la communication.
* 49
www.paca.culture.gouv.fr
* 50 L'école
supérieure d'art d'Aix-en-Provence, l'Ecole d'art d'Avignon, l'Ecole
d'art de Toulon, l'Ecole supérieure des Beaux-arts de Marseille
(écoles municipales), l'Ecole nationale supérieure de la
photographie d'Arles et la Villa Arson à Nice (écoles
nationales).
* 51 Sa récente
participation à la Conferência de Design au Portugal le 24 mars
2009 en témoigne.
* 52 Le Centre d'Art
Informel de Recherches sur la Nature à Digne, l'Espace de l'Art concret
à Mouans-Sartoux, la Villa Arson à Nice, la Collection Lambert en
Avignon, la Villa Noailles à Hyères et le Cirva à
Marseille.
* 53 Pour en savoir plus,
« Cirva » Françoise Guichon, Mona Thomas,
éditions Xavier Barral, 2007.
* 54
www.doucmentsdartistes.org
* 55 Vingt ans après
cette exposition « Europe unknown », destinée
à représenter l'art de la jeunesse de l'Europe élargie
après la chute du mur de Berlin et donc de barrières
géopolitiques qui divisaient le continent, a lieu « Europe
XXL » à Lille du 14 mars au 12 juillet 2009. Vingt
après donc, cette volonté de rassembler les différentes
cultures d'une grande Europe est toujours là.
* 56
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/
* 57
www.culturesfrance.com
* 58 Alterego
(www.alterego-europe.fr) premier projet de ce type retenu par la Commission
européenne.
* 59 www.alliancefr.org
*
60www.alliancefrmarseille.org
* 61 Le rapport de
Jobbé-Duval est téléchargeable à cette
adresse :
http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/communiq/albanel/33propos.pdf
* 62 Istanbul
Kültür Sanat Vakfý.
* 63 www.kultursanat.org
* 64 Soit le musée
Miniaturk, la Citerne Basilique, la salle de concert Cemal Re°it Rey et ses
bureaux, la Librairie d'Istanbul qui rassemble toutes les ressources
bibliographiques sur Istanbul, et les centres culturels de Mecidiyeköy, de
Tarýk Zafer Tunaya, et d'dris Güllüce.
* 65 Le préau des
Accoules, le Musée des Beaux-Arts, le Musée Cantini, le
Musée Grobet-Labadié, le Musée d'Histoire de Marseille, le
Musée d'Arts africain, océanien et amérindien, le
Musée d'Art Contemporain, le Mémorial des camps de la mort, le
Musée de la Mode, le Musée de la Moto, le Musée
d'Archéologie méditerranéenne, le Musée de la
Faïence, le Musée des Docks romains et le Musée du
Vieux-Marseille.
* 66 Les artistes les plus
représentés sont Errò, César, Raymond Hains, Claude
Viallat, Daniel Dezeuze, Toni Grand, Chris Burden, Gina Pane, François
Morrelet, Michelangelo Pistoletto, Suzanne Lafont et Michèle
Sylvander.
* 67 Introduit par la loi du
4 janvier 2002 relative aux musées de France.
* 68 Sur son site
Internet www.marseille.fr
* 69 Cette année a
lieu la 14ième édition de la BJCEM à Skopje en
Macédoine.
* 70 www.bjcem.org
* 71 www.cg13.fr
* 72 Jusqu'au 28 juin,
Identités de femmes, exposition photographique de Florence
Chevallier et Aurore Valade.
* 73
www.régionpaca.fr
* 74 Le projet retenu pour
la réalisation du bâtiment est celui du japonais Kengo Kuma.
* 75
www.régionpaca.fr
* 76 www.fracpaca.org
* 77 Guy Amsellem,
délégué aux arts plastiques en 1999 « Collection
1989/1999 , Frac Provence-Alpes-Côte d'Azur », Actes Sud/
Frac PACA, 2000.
* 78 Christian Martin,
président du Frac Paca en 1999 « Collection 1989/1999 ,
Frac Provence-Alpes-Côte d'Azur », Actes Sud/ Frac PACA,
2000.
* 79 Renée
Lévi et Mario Prassinos.
* 80 Rapport
d'activités 2008, Frac PACA, 2009.
* 81 Idem
* 82 Idem
* 83
www.frac-platform.com
* 84 www.arcade-paca.com
* 85 www.atelierdevisu.fr
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* 87 www.rlbq.com
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* 89 Atelier de visu,
Buy-Sellf Art Club, Château de Servières, la Compagnie, FRAC
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Bonneau-Samanes, Astérides, Sextant et plus, Triangle, Art-Cade, galerie
Dukan&Hourdequin, galerie HO, galerie porte avion, SMP, galerie Territoires
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* 91 www.galerieho.com
* 92
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93www.musee-europemediterranee.org
* 94 «Post-peripheral
flux, a decade of contemporary art in Istanbul», 1996, p.20, Beral
Madra.
* 95 Les centres culturels
étrangers d'Autriche, du Canada, de France, de Pologne et de Yougoslavie
ont financé des expositions de la première biennale
d'Istanbul.
* 96 www.infist.org
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* 101
www.artdanslacite.asso.fr
* 102 Récemment,
l'Imç 5533 a réunit dans ses locaux la plupart des lieux
indépendants d'Istanbul pour une exposition qui présentait ces
différents espaces.
* 103 Voir interview en annexe
p.78
* 104 Voir interview en annexe
p.71
* 105 Avrupa
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* 144 Idem
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de Venise, la Fondation des Musei civici veneziani et l'Institut culturel
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Abdurrahman Öztoprak » exposé à Venise en 2008.
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* 149 Voir interview en
annexe p.81
* 150 La salle de concert
située dans la même rue.
* 151 Biennale des Jeunes
Créateurs d'Europe et de la Méditerranée.
* 152 Seules quatre
programmes de résidences d'art contemporain existent à Istanbul,
celui de BM Contemporary Art Centre (qui n'accueille que des artistes de
Berlin), Apartman Projesi, Garanti Platform et Borusan Art Center/IStanbul.
* 153
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* 154 Istanbul's cultural
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* 155 Istiklal =
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* 156 Voir synopsis
à la fin du rapport de stage.
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Architekturmuseum/DAM, Frankfurt-sur-le-Main.
* 158 www.lille3000.com
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