La compréhension du contexte économique des
PME camerounaises ne peut se faire sans une définition de celle-ci,
définition qui permettra de cerner leurs caractéristiques dans
leur milieu d'évolution.
I - 1 LA DEFINITION DE LA PME
La définition de la PME se fera en trois temps :
dans un premier temps, nous présenterons la PME telle qu'elle est
définie par la littérature, ensuite les différentes
définitions des organismes camerounais et enfin l'approche retenue.
I - I - 1 LA PME SELON LA LITTERATURE
Du point de vue de l'économie industrielle,
l'existence des PME sera observée dès lors que les atouts
liés à une grande taille n'existe pas : dans un secteur
d'activité donné, lorsque les effets d'échelle technique
ne jouent pas, lorsque les coûts de coordination internes deviennent trop
élevée, l'avantage est à la petite ou moyenne taille. On
pourrait rejoindre Witerwulgme (1998) qui fait la distinction entre les
critères quantitatifs et qualitatifs.
I - 1 - 1 - 1 Critères qualitatifs de
définitions de la PME :
Pour définir la PME , aucun critère ne saurait
avoir une valeur absolue . en fait, la PME paraît se caractériser
davantage par des critères qualitatifs. Les critères de fonds
peuvent selon nous être ramené à trois. La
responsabilité, la propriété de la recherche d'un objectif
de richesse particulier.
a) La responsabilité :
Il s'agit de la responsabilité directe, personnelle et
finale du patron qui apparaît en définitif bien souvent comme le
seul décideur. C'est ainsi que la confédération
générale des PME fournie dans l'article 2 de ses statuts la
définition suivante : « Les petites et moyennes
entreprises sont celles dans lesquelles les chefs d'entreprise assument
personnellement et directement les responsabilités financières,
techniques, sociales et morales de l'entreprise, quelque soit la forme
juridique de celle-ci.
La propriété du patrimoine sociale est le fait
d'un homme ou de sa famille quelque soit la forme juridique adoptée, ce
qui se traduit le plus souvent par une confusion de patrimoine .
Précisément il ressort d'une enquête récente que
d'une part, trois fois sur quatre , le dirigeant d'une entreprise moyenne
possède la majorité des capitaux et que d'autre part , la
majeure partie des entreprises moyennes ont le statut juridique de la
société anonyme (G. Hirigoyen, 1981). On n'a donc affaire
à des entreprises personnelles ou familiales trop souvent
camouflés en fausses sociétés de capitaux .
b) L'existence d'un objectif particulier de
richesse :
Il nous apparaît que l'objectif de rentabilité
ne représente pas la même chose au niveau d'une PME et au niveau
d'une grande entreprise. D'une part, parce que dans ces entreprises de
rémunération personnelle joue un rôle important par rapport
aux grandes entreprises. D'autre part parce qu'à l'échelle de la
grande entreprise, on raisonne en terme de rentabilité à long
terme alors que dans les PME le problème dans la plupart des cas est un
problème de recherche de la rentabilité à court terme.
c) Une structure centralisée :
Le système décisionnel de la MPE est fortement
centralisé, même si l'organigramme peut donner l'apparence d'une
relative délégation d'autorité. Il est vrai que la
distinction propriétaire- dirigeant n'existe pratiquement pas. Dans plus
de 80% de cas, l'autorité réelle est détenu par le ou les
propriétaires, phénomène qui tient à l'origine
familiale, et bien souvent récente dans la société (C.
Martin, 1981).
La centralisation observée à propos de la
décision se retrouve dans le système financier qui joue quant
à lui un rôle qui accentue encore l'idée de se pouvoir
responsable de la définition des besoins, de la collecte et de la
gestion des ressources, le système financier reçoit relativement
peu de l'extérieur et se trouve par conséquent dépendant
de la capacité financière personnelle du ou des dirigeants. Deux
conséquences en résultent d'une part une relative autonomie vis
à vis de l'environnement, d'autre part illégitimité de la
structure financière tenant au fait que les actions, en
général n'ont cotées en Bourse, reste, selon l'expression
d'O. Gélinier, « piégés dans le ghetto
familial ».
On peut en dénombrer plusieurs parmi
lesquels :
- Le rôle prépondérant joué par le
dirigeant (MARCHESNAY et Julien, 1998),
- Le fait que l'entreprise soit dirigée par ses
propriétaires de manière personnalisée et qu'elle soit
indépendante de tout groupe industriel ou financier,
- L'incertitude à laquelle fait face la PME à
travers ses capacités d'évolution et d'innovation.
I - 1 - 1 - 2 LES CRITERES QUANTITATIFS DE
DEFINITIONS PME
Ils reposent sur les principaux éléments
suivants :
- Le nombre d'employés qui conduit par exemple à
considérer en Union Européenne : la TPE ou micro entreprise
dont l'effectif est au plus ou égal à 10 employés.
La PE dont l'effectif est compris entre 10 et 100
employés et la ME (moyenne entreprise) comprenant au plus 250
employés.
- Le CAF qui dans le cas précédent
doit être inférieur à 40 millions
d'euros,
- Le total du bilan qui selon la même base doit
être inférieure à 27 millions d'euros,
- La détention des droits de vote et du nombre d'action
par les groupes industriels ou financiers qui dans la même zone ne doit
pas excéder 25%.
I - 1 - 1 - 3 LES
DEFINITIONS CAMEROUNAISES
Il existe au Cameroun plusieurs définitions de la PME
selon les organismes qui interviennent dans leur domaine. On note les
définitions des organismes suivants :
· Le MINDIC à travers le code des investissements
identifie les PME à partir des caractéristiques suivantes :
- La création d'emploie permanent pour les Camerounais
à concurrence d'un emploi par tranche inférieur à 5
millions de FCFA d'Investissements programmés par l'entreprise,
- Le niveau d'Investissement qui doit être
inférieur à 1 milliard de FCFA,
- La détention du capital à la hauteur de 65%
pour les personnes morales ou physiques de droit camerounais.
· Le Conseil Economique et Social : il fait la
distinction : il fait la distinction entre la petite et la moyenne
entreprise. Ainsi :
- La PE est une entreprise aux capitaux et dirigeants
camerounais disposant de moyens économiques réduits, employant
au plus de 10 personnes et les investissements sont inférieurs à
20 millions de FCFA,
- La moyenne entreprise dont le nombre de salariés est
supérieur à 10 et ne dépasse pas 100, le chiffre d'affaire
est inférieur ou égale à 1 milliard et demi de FCFA.
· Le FOGAPE qui définissait la PME comme
étant tout entreprise présentant les différentes
caractéristiques suivantes :
- La détention du capital à hauteur de 51% par
les nationaux,
- La nationalité camerounaise de ses dirigeants,
- Le chiffre d'affaire n'excède pas le milliard
CFA,
- Le montant des investissements cumulés
inférieur à 500millions de FCFA,
- Les montants des encaissements de crédit à CT
par caisse qui est inférieur à 200 millions de FCFA.
· La BEAC qui retient les critères
ci-après :
- La détention du capital à la hauteur de 51%
par les nationaux et dirigeants,
- Le chiffre d'affaire est inférieur à 500
millions,
- Les fonds propres n'excédant pas 100millions de
FCFA,
- Les encours de crédit par caisse inférieur
à 100 millions de FCFA
I - I - 1 - 4 VERS UNE APPROCHE DE DEFINITION DE LA
PME
Les définitions quantitatives étant
biaisées, il faudrait recourir soit à une approche qualitative,
soit à une combinaison de deux. Nous referons à cet effet
à deux auteurs :
· P.A Julien pour lequel la PME présente les
caractéristiques suivantes :
- La petite taille
- La personnalisation ou centralisation de la gestion,
- La faible spécialisation du travail,
- Le système d'information externe simple du fait du
marché proche,
- Le système d'information interne peu complexe et peu
organisé,
- Une stratégie intuitive et peu formalisée.
· O. TORRES qui définit la PME à partir de
la notion de proximité :
La proximité spatiale qui est le reflet de sa petite
taille, celui-ci ne pouvant généralement qu'occuper un
marché local, régional ou national presque pas international,
- La proximité hiérarchique qui résulte
de la centralisation de sa gestion : la faiblesse de la ligne
hiérarchique dans la PME renforce le concept de proximité,
- La proximité fonctionnelle et la coordination de
proximité qui traduisent la faible spécialisation : la
faiblesse de la ligne hiérarchique traduit une difficulté de
différenciation des tâches, une polyvalence des différents
membres dans l'exécution des tâches,
- Les systèmes d'information de proximité qui
traduisent : au plan interne les médias internes via les
informations verbales, le dialogue et le contact direct ; et sur le plan
externe par les noeuds de relation entre le dirigeant et les acteurs de
l'univers de la PME,
- La proximité temporelle qui caractérise la
nature intuitive et peu formalisée de la stratégie de la PME.
En somme la PME apparaît dont comme une entreprise dans
laquelle peut se manifester l'un de ces traits de proximité quelle que
soit sa taille. Le comportement prime donc les critères quantitatifs
(taille, chiffre d'affaire, total bilan).
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