VI.2.4. Connaissance des textes réglementant la
gestion des ressources naturelles
Les limites du parc sont visibles par endroit grâce
à l'implantation de bornes. Les populations riveraines (100%) savent que
le fleuve Mouhoun constitue une limite naturelle. Mais ils n'ont jamais
participé à la délimitation de l'aire
protégée car ils n'ont pas été associés.
Pour la gestion des ressources naturelles, les populations ont
déjà entendu parler de textes et lois réglementant
l'accès dans les aires protégées. Pour preuve, elles sont
autorisées à payer un permis pour couper le bois, la paille entre
autre. Certains y pénètrent frauduleusement pour la collecte de
produits forestiers non ligneux, la chasse, la pêche ou le
pâturage.
En cas d'infraction constatée par l'agent forestier, la
personne incriminée paie une transaction définie dans le code
forestier.
Pour les personnes interrogées 83,50% disent avoir
entendu parler des textes réglementant la gestion des ressources
naturelles dans les aires protégées mais n'arrivent pas à
citer les
30 0
Serigne Modou SARR, mémoire de fin d'études/
Master spécialisé en Gestion des Aires
Protégées
différents codes existants. Elles sont informées
les plus souvent par les forestiers lors du paiement d'une transaction. Seules
16,50% disent ne pas connaître l'existence de ces textes.
Figure 6 : connaissance des textes et lois
VI.3. Les différentes pressions
VI. 3.1. Exploitation ilégale des ressources
biotiques du parc VI.3.1.1. Le braconnage
Les entretiens tenus avec des chefs de ménages et des
chasseurs nous ont permis de cerner l'origine et les causes du braconnage. Le
développement du braconnage dans la zone est dû à: - un
accès facile aux armes à feu ;
- une grande demande pour la viande de brousse et au
développement de nombreuses filières pour la commercialisation
des produits de la chasse (la viande de brousse, des sous-produits de la faune
sauvage) ;
- un bas revenu et peu d'opportunités pour les populations
périphériques.
Un personnel pour la surveillance composé de gardiens,
de pisteurs et de porteurs, devait être recruté par l'ONG APRES
FASO pour lutter efficacement contre le braconnage et mis à la
disposition de la DPECV de Boromo. Mais l'ONG n'était pas en mesure de
respecter ses engagements par manque de moyens financiers. Pour les
activités de contrôle sur une zone de plus de 80 000 ha, les
moyens humains (six agents des Eaux et Forêts) sont très
limités. Les moyens matériels sont également insuffisants
: 5 motos pour les 5 agents relevant de la province des Balé, dont 2
sont en panne ; 4 vélos acquis en 1992 (projet éléphant)
pour les 4 gardiens de forêt ; un land rover en panne depuis 1997,
acquise en 1989 ; un radio émetteur récepteur avec 3 Talkie
Walkie en panne depuis 1997. Ces conditions de travail difficiles, ont rendu la
surveillance presque impossible.
Malgré la persistance du braconnage dans la zone, seuls
deux individus ont été appréhendés entre 2006 et
2008 par la DPECV (voir tableau n°3 ci-dessous) pour des motifs
différents. Ces résultats montrent que le parc n'était pas
du tout surveillé.
Tableau 3: Braconniers
arrêtés entre 2006 à 2008
N°
|
Braconniers
|
Village d'origine
|
Nature de l'infraction
|
Peine infligée
|
01
|
01
|
Koti
|
Chasse en zone protégée
|
10.000F CFA
|
02
|
01
|
Boromo
|
Chasse illicite
|
30.000F CFA
|
Total
|
02
|
|
40.000F CFA
|
Source DPECV/Boromo 2009
L'insuffisance considérable du personnel de
surveillance et de moyens a entraîné des intrusions
irrégulières des populations à l'intérieur du parc,
occasionnant un braconnage intensif. L'implication des populations
environnantes dans l'aménagement et la gestion des
écosystèmes garantiraient la viabilité de l'aire
protégée.
En 2008/2009 pour la réhabilitation du PNDB, l'UG de
Boromo a procédé à un recrutement de pisteurs dans la
même localité pour former une brigade LAB (voir tableau n°4
ci-dessous). L'effectif des agents de la LAB est très faible pour
surveiller 80 600ha. Ils ne disposent pas de moyens adéquats pour la
LAB. Pour le moment, ils sont motivés par leurs statuts de pisteurs qui
leur procurent non seulement un salaire mensuel mais aussi un rang social dans
leurs villages. Il urge de revoir le statut des pisteurs pour leur permettre de
faire correctement la répression. Ils doivent avoir l'autorisation de
port d'arme entre autre. Il faut les doter suffisamment de minutions, d'armes
et d'équipement de terrain.
Tableau 4: Moyens humains et matériels pour la
LAB
Effectif
|
Type arme utilisé
|
Moyens de déplacement
|
Equipement des agents
|
07 Pisteurs 01chauffeur
|
02 Kalachnikov 02 HK 33
03 Calibres 12
|
07 vélos 01 véhicule pick-up
|
Lits de camps Tenue avec des chaussures et bas Boite
à pharmacie
|
Source UG/ PNDB-2009
La Brigade a effectué vingt sorties entre les mois
d'avril et mai 2009. Les résultats obtenus sont très
significatifs comparés à ceux de la DPECV. Une centaine de
personnes sont
32 2
Serigne Modou SARR, mémoire de fin d'études/
Master spécialisé en Gestion des Aires
Protégées
interpellées dont cinq braconniers en possession de
fusils de chasse calibre 12 pour chacun, et deux autres sont en fuites
(OUEDRAGO, 2009a). Au niveau de la mare de Soumbou, nous avons observé
deux huttes construites par les braconniers pour guetter les animaux au niveau
de ce point d'eau. Les traces de vélos, de charrettes équines et
les empreintes d'être humains sont visibles partout dans le parc. Cette
situation confirme les résultats du survol aériens
réalisé par l'UICN en 2009 qui avait fait une estimation de 450
personnes présentes dans le parc.
Toutes les espèces animales sont menacées
d'extinction par le braconnage. Il faut une gestion rapprochée par la
mise en place de postes de garde dans des lieux stratégiques pour
appuyer la brigade mobile.
Pour éradiquer le braconnage :
- l'implication de la population périphérique
dans la surveillance du parc apparaît de plus en plus comme une
nécessité. Il est souhaitable d'intégrer peu à peu
les responsables locaux en périphérie à la gestion globale
du parc, en les responsabilisant dans la prise de certaines décisions
pour le respect de l'intégrité de l'aire
protégée.
- La possibilité de séjour et de circulation des
agents du parc, en tout temps et tous lieux, est une condition essentielle de
la réussite de leur mission, à l'intérieur comme à
l'extérieur du parc. En fonction du travail de réorganisation du
parc, il faudra établir des postes de surveillance fonctionnels dans les
zones reconnues prioritaires.
- Afin de permettre une mobilité optimale des agents
dans le cadre de leurs fonctions, un équipement complémentaire en
matériel léger et l'attribution de certains moyens rapides de
locomotion sont indispensables. La circulation des informations au sein du
parc, mais également entre les postes et l'Unité de Gestion, est
un élément clef de la réussite des opérations
menées.
- l'acquisition de moyens financiers et matériels
adéquats par la valorisation de la faune en développement des
activités génératrices de revenus tel que
l'écotourisme.
- Le niveau et les compétences du personnel en place au
sein du parc sont déterminants pour la réussite de la
conservation. Pour améliorer ces aspects, il faut promouvoir la
formation continue des pisteurs recrutés. Un recrutement de pisteurs
pour compléter les effectifs s'avèrent indispensable car pour
chaque sortie les pisteurs doivent contribuer au suivi écologique ;
- La mise en place projet d'élevage de faune (pintade,
aleucode...) dans les villages riverains va permettre aux populations d'avoir
de la viande et des revenus considérables.
|