Chasse, pouvoir et société aux abords nord du bassin du Congo(XVIIe-XXe siècle)( Télécharger le fichier original )par Joseph Jules SINANG université de Dschang, cameroun - DEA 2007 |
UNIVERSITE DE DSCHANG UNIVERSITY OF DSCHANG
FACULTE DES LETTRES DEPARTEMENT D'HISTOIRE ET SCIENCES HUMAINES HISTORY DEPARTMENT FACULTY OF LETTERS AND SOCIAL SCIENCES
CHASSE, POUVOIR ET SOCIETE AUX ABORDS NORD DU BASSIN DU
CONGO Projet de thèse pour le Doctorat /Ph.D Présenté et soutenu en vue de
l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (D.E.A.) en Histoire
Par
Titulaire d'une Maîtrise en Histoire Sous la direction de : Dr. Albert François DIKOUME et Dr Jean KOUFAN MENKENE Chargé de cours Chargé de cours
Année académique 2007-2008.
AVANT-PROPOS Les problèmes relatifs à la protection de la biodiversité et au développement durable constituent l'une des préoccupations majeures de l'humanité en ce début de troisième millénaire où, les menaces de plusieurs natures mettent en péril la vie de millions d'habitants de notre planète. Réchauffement de la terre, changements climatiques, pollution industrielle, appauvrissement de la faune et de la flore en raison d'un développement «naturophage» sont autant de dangers qui aujourd'hui, interpellent la conscience universelle1(*). D'où l'urgence pour l'humanité de se mobiliser en vue de circonscrire le drame. L'Université s'en trouve ainsi interpellée au premier chef. La recherche scientifique constitue à cet effet, l'un des domaines par lesquels elle entend jouer son rôle. L'apport des sciences humaines dans ce débat, longtemps considéré comme la seule affaire des spécialistes des sciences de la nature et des écologistes, reste déterminant si tant est que la question de l'environnement est d'abord un phénomène anthropique. L'homme étant à la fois acteur et victime de ce processus. Nous nous proposons ainsi d'y apporter notre modeste contribution. C'est dans ce sens que nous choisissons comme sujet de thèse, le thème dont l'intitulé suit : Chasse, Pouvoir et Société aux abords nord du
bassin du Congo Il vise à cerner les rapports entre l'Homme et la faune sauvage dans le bassin du Congo. Comme il est de rigueur pour le DEA en Histoire dans notre institution, le présent mémoire est un projet de thèse qui comprend deux parties : La première partie, consacrée à la présentation du projet de recherche, s'articule autour des rubriques suivantes : Pertinence du sujet, cadre conceptuel et théorique, délimitation du cadre spatio-temporel, revue critique de la littérature, problématique, méthodologie et présentation des sources, plan provisoire, chronogramme des activités , sources et références bibliographiques déjà recensées . La deuxième partie consiste à la rédaction intégrale d'un chapitre contenu dans le plan. Le choix a été ainsi porté sur le chapitre VI intitulé : La chasse dans la vie quotidienne des populations du Sud-Est cameroun. Il met en exergue le rôle social, économique, culturel, et politique de la chasse dans les sociétés du Sud-Est Cameroun. Première partie : Présentation du projet de Thèse I - PERTINENCE DE L'ETUDE L'activité cynégétique est liée au destin de l'homme sur la terre2(*). Sur tous les continents et par delà les époques, la chasse apparaît comme l'une des activités accompagnatrices de l'homme dans son histoire, à telle enseigne qu'il n'existe point de peuple pour qui elle n'ait suscité un quelconque intérêt. Apparue dès les premières lueurs de la vie sur notre planète, la chasse a subi de profondes mutations, en synergie avec la trajectoire évolutive de l'homme. Aussi, du matériel élémentaire utilisé dès ses origines, est-on passé aux armes de chasse plus performantes, avec pour principal point de rupture, l'émergence de la technologie du fer. Les techniques de chasse elles mêmes se sont diversifiées au gré des civilisations au point où, de nos jours, il en existe un éventail assez considérable variant en fonction du type de gibier. La chasse s'inscrit ainsi en même temps, dans le champ culturel, économique, politique, social et technologique. L'on peut à cet effet comprendre l'intérêt que les chercheurs en sciences sociales lui ont accordé au fil du temps, malgré le lourd préjugé qui fait d'elle une simple activité de subsistance, et même une économie des peuples primitifs. Or dans de nombreuses sociétés humaines, la chasse est une activité valorisante ayant généré un corps de métier, celui de chasseur. A la fin du XVè siècle, la chasse est au coeur des préoccupations écologiques de régulation et de gestion rationnelle des espèces animales dans les régions fortement anthropisées. D'où l'adoption d'une législation de plus en plus rigide qui réglemente l'activité cynégétique. C'est ici qu'apparaît la dialectique entre nécessité nutritionnelle, support des mentalités collectives, enjeux économiques d'une part, et impératif de protection de l'environnement, d'autre part. Cette dialectique s'inscrit dans le cadre d'un problème de grande ampleur, celui de la véritable place de l'homme dans la préservation du patrimoine naturel. Cette préoccupation a été à l'origine de l'émergence du concept de développement durable qui, d'après la commission mondiale sur l'environnement et le développement, est « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs»3(*). Il est ainsi question de savoir que l'on a le droit d'utiliser les ressources de la terre, mais aussi le devoir d'en assurer la pérennité pour les générations à venir. Autrement dit, il s'agit d'assurer un développement économique et social respectueux de l'environnement. Ceci passe par la prise en compte des trois aspects que les experts appellent, « les piliers du développement durable »4(*) ; notamment l'économie, le social et l'écologie, auxquels s'ajoute de plus en plus, la gouvernance, qui suppose la promotion de la démocratie et le respect de l'Etat de droit. Toutefois, cette démarche ne tient pas compte de l'identité culturelle des populations des régions concernées : Tout porte à croire que le milieu passe avant l'homme. Cependant, peut-on raisonnablement dissocier le patrimoine culturel du patrimoine naturel ? Telle est l'interrogation majeure qui sous-tend la présente réflexion et qui remet au goût du jour l'épineux débat entre la nature et la culture. Toutefois, il ne se pose pas ici en terme d'opposition ou d'antériorité de l'un par rapport à l'autre, mais dans la perspective d'une interpénétration entre les deux notions, tant il est vrai que la culture est enracinée dans son milieu naturel, et son infrastructure en dépend. Sur cette base, l'on peut se demander si le véritable développement durable ne trouve pas son fondement dans la vie culturelle d'un peuple en symbiose avec son milieu naturel. Autrement dit, un développement durable « viable » n'est-il pas lié au relativisme culturel5(*) ? Il s'agit là d'un point de vue crucial que nous entendons mettre en exergue dans cette thèse, dans l'esprit de l'UNESCO pour qui : Le patrimoine culturel (immatériel), transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et les groupes, en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et leur histoire et leur procure un sentiment d'identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine6(*). Un débat intéressant s'engage dès lors au sujet de la stratégie de protection de l'environnement. Celui de l'intégration de la culture dans tout processus de développement durable. De ce fait, l'apport des sciences sociales et humaines est déterminant. L'Histoire, axe majeur des dites sciences, y a un rôle fondamental à jouer. Science de l'Homme dans le temps et dans l'espace, elle est susceptible de saisir la fluctuation et l'évolution de tout ce qui est en rapport avec l'Homme. Elle est capable dans une certaine mesure de rendre compte de la manière dont les sociétés du passé ont géré leurs milieux, et en même temps, comment ces milieux ont agi sur celles-ci. Il est question de révéler la perception et la sensibilité des sociétés passées sur leur environnement7(*). Karl Marx déjà en son temps, l'avait fort bien compris : L'histoire elle même, écrivait-il, est une partie réelle de l'histoire de la nature, de la transformation de la nature en Homme. Les sciences de la nature comprendront plus tard aussi bien que la science de l'homme, que la science de l'homme englobera les sciences de la nature : Il y aura une seule histoire8(*) Un siècle plus tard, Théophile Obenga lui emboîtait le pas en lançant le concept d'histoire écologique dont les contours sont ainsi précisés : ...la nouvelle Histoire, dans sa profondeur réelle et sa nouveauté vraie, peut être également appelée : Histoire Ecologique de l'Homme. Les répertoires, les sols et niveaux archéologiques, les foyers, les ensembles intégrés et analysables, sont justement ceux là même où sont accumulés par strates et équilibres fondamentaux, les traditions humaines, depuis l'origine des temps. En d'autres mots, voulus plus nets l'histoire humaine doit impérativement rendre compte de l'histoire de la nature : Ces deux histoires ne constituent qu'une histoire, celle-ci produisant celle- là, génétiquement, dialectiquement. Cette histoire unique, faite de boue et de raison ensemble, est l'ordre impérieux qui est rétabli, avec une force enseignante nouvelle, la Nouvelle histoire9(*). Cette entreprise revêt une importance cruciale au moment où l'on parle de renouvellement des problématiques dans l'historiographie africaine. Un continent où les problèmes environnementaux se posent avec acuité10(*). Toutefois, l'engagement des Historiens africains n'est pas encore à la dimension de l'ampleur du problème. S'agissant tout particulièrement de l'aspect végétal, Monique Chastanat fait ce triste constat : L'histoire des plantes et des paysages d'Afrique est encore largement à défricher, qu'il s'agisse de l'histoire de certaines formations végétales ou des périodes et voies de diffusion des plantes nouvelles. Malgré l'existence des travaux novateurs dans ce domaine, des nombreuses questions restent posées ou en discussion. Cette histoire des plantes et des paysages ne peut se concevoir indépendamment de celle des sociétés qui les utilisent, les cultivent ou les construisent11(*). En outre il serait nécessaire, compte tenu des lacunes relevées, de s'intéresser davantage aux activités cynégétiques dans une perspective de l'anthropologie historique. Ceci étant, cette recherche s'inscrit dans une dynamique se préoccupant à la fois du passé, du présent, mais aussi de l'avenir. Il s'agit donc d'une approche retro-prospective de l'Histoire qui pourrait mieux assurer le défi de l'utilité et l'objectivité de la science historique en Afrique12(*). II - CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE Pour cerner l'orientation de l'étude envisagée, il importe d'en définir les termes clés. Dépassant leur acception étymologique, ces définitions permettront compte tenu de la complexité des phénomènes sociaux étudiés, de baliser et d'orienter rigoureusement le champ d'investigation. La Chasse La chasse est la variable active et dynamique de notre activité de recherche. L'encyclopédie en ligne Wikipédia la définit comme ``la traque des animaux sauvages dans le but de les capturer ou de les abattre.''13(*) Quand la chasse est soumise à une réglementation, sa pratique en dehors de son cadre légal est appelée braconnage. Le chasseur quant à lui, se définit comme celui qui participe à l'abattage du gibier et/ou à la saignée, à l'éviscération et à l'habillage partiel sur le terrain des animaux abattus14(*). La cynégétique quant à elle, est l'art de la chasse. A l'origine, la chasse assurait à l'homme son alimentation carnée. Elle permettait aussi de se procurer des ressources diverses telles les peaux, les os, la fourrure, les cornes, les dents, pour ne citer que quelques unes. Elle a également rempli une fonction régulatrice, celle de protéger la communauté humaine des prédateurs dangereux. De surcroît, la chasse a revêtu une fonction rituelle et initiatique. Avec la révolution du néolithique, elle s'est trouvée en compétition avec l'agriculture et l'élevage15(*). Elle a même perdu de son importance dans certaines régions ; en Europe, elle fut transformée en activité de loisir, souvent réservée à la classe dominante, avant de retrouver sa fonction originelle dans les périodes de disettes. Le pouvoir Le pouvoir est une réalité abstraite qui brille par une pluralité de sens. De façon courante, ce vocable désigne les hommes qui incarnent diverses sortes d'autorités ; en tant que verbe, il signifie avoir la possibilité de... Substantif, il renvoie à l'action, à la capacité d'agir, à la faculté conforme ou courante de faire quelque chose16(*). A cet effet, le pouvoir renferme une double considération : le pouvoir comme essence et le pouvoir comme relation. Comme essence, le pouvoir à travers les époques et les cultures est diversement apprécié. Tantôt il est encensé par ceux qui en tirent profit, tantôt déprécié et présenté comme un instrument de domination. Dans cette perspective, le pouvoir n'est pas un concept désincarné. Il est ce que les hommes pensent qu'il est. Le pouvoir peut être abstrait. Dans ce cas, sa nature est métaphysique ou idéaliste. Il peut aussi être une entité c'est-à-dire, une énergie localisée dans la personne du gouvernant et qui l'utiliserait pour le bien-être du groupe. On parle alors d'une éthique du pouvoir17(*). D'après Georges Burdeau : Le pouvoir est une force au service d'une idée. Une force née de la conscience sociale, destinée à conduire le groupe dans la recherche du bien commun et capable, le cas échéant, d'imposer aux membres l'attitude qu'elle commande18(*). Pour Maurice Hauriou et Talcott, ce qui est l'essence du pouvoir, ce n'est pas surtout la faculté d'imposer une volonté, mais l'aptitude à mobiliser toutes les ressources de la société en vue d'une action sociale19(*). Dès lors, il apparaît que le pouvoir est lié à la recherche du bien commun. La société : Objet privilégié des sciences sociales, le terme société se rapporte à ``l'ensemble des moeurs et coutumes partagées par une population, au choix d'organisation des valeurs, et des normes sociales.''20(*) Plus complexe dans la pensée de Joseph Fichter, ``la société est un ensemble des modèles d'organisation et d'interrelations, des individus et des groupes, des associations, des organisations et des institutions qui concourent à la satisfaction concertée des besoins de la collectivité.''21(*) Ainsi, une société n'est pas figée. Elle est sujette à plusieurs transformations. Les sociologues parlent de changement social différent de l'événement social qui, lui, est ponctuel et sans modification de la structure. D'après Guy Rocher, Le changement social est toute transformation observable dans le temps, qui affecte, d'une manière qui ne soit pas que provisoire ou éphémère, la structure ou le fonctionnement de l'organisation sociale d'une collectivité donnée et modifie le cours de son histoire.22(*) Le changement social est durable. C'est un phénomène collectif. Il est conditionné par plusieurs facteurs tels la démographie, le progrès technique, les valeurs culturelles, les conflits... Lorsque le changement social se situe dans le long terme, on parle d'évolution sociale qui elle, est conditionnée par l'action historique23(*). Ces définitions, loin d'être exhaustives, suggèrent toute la pertinence de la problématique de notre sujet. C'est en même temps une orientation susceptible de déterminer la relation dialectique, les champs d'interférences qui lient la chasse, le pouvoir et la société. Il suffira alors à l'aide d'exemples, de montrer dans le cadre de notre zone d'étude que la chasse est un phénomène de société qui, au fil du temps est consubstantiel au pouvoir. Une étude scientifique ne pouvant être faite à la seule guise du chercheur, elle doit être construite, établie, constatée grâce à une analyse théorique. L'avènement de l'Ecole des Annales, sous l'impulsion de Marc Bloch, de Lucien Febvre et de Fernand Braudel, marque une rupture épistémologique majeure dans l'historiographie. L'histoire, dépassant la dimension événementielle qui l'avait caractérisée jusqu'alors, devint totale. Sa perspective fut élargie avec l'introduction de la notion du temps long. Avec la nouvelle histoire24(*), l'histoire n'est plus seulement celle des nations ni des grands hommes, mais de tout ce qui est humain. Dès lors, cette discipline ouvre à une pluralité de perspectives, nécessitant l'intervention des méthodes issues des autres sciences sociales. En nous inscrivant dans cette approche, notre analyse pourra à cet effet s'appuyer sur le structuro-fonctionnalisme qui, résulte d'une combinaison entre le structuralisme et le fonctionnalisme. L'analyse structuraliste trouve son fondement dans la notion bien complexe de la structure. D'après Radcliffe-Brown, ``La structure est un arrangement de personnes ayant entre elles des relations institutionnellement contrôlées ou définies telles que les relations du roi et de son sujet ou celles du mari et de la femme.''25(*) La structure est alors ce qui existe concrètement dans la société, ce qui est stable, permanent, institutionnalisé. Une telle définition de la structure sociale est peut être éclairante mais surtout facile. Or, pour Lévi-Strauss, la structure de la réalité sociale n'est pas le seul donné concret et observable. Elle est aussi et surtout son expression latente. Celle qui est cachée dans la réalité sociale et demande à être découverte.26(*) Nous envisageons de ce fait, de combiner ces deux approches de la notion de structure : la structure apparente et la structure latente : c'est ce que l'on appelle la dialectique de l'émergé et de l'immergé.27(*) Mais il ne suffit pas de savoir comment la société est structurée et organisée. Encore faut-il savoir comment elle fonctionne. D'où le recours au fonctionnalisme. Cette notion souffre elle aussi d'une ambiguïté. Elle implique à la fois la notion de responsabilité de celui qui exerce une profession, mais aussi la réglementation qui organise celle-ci. Toutefois, le sens biologique est celui qui sied le mieux à l'analyse sociale car, il met exergue le rôle que joue un élément dans le maintien de vie d'un organisme. Pour Guy Rocher, la fonction est la " contribution qu'apporte un élément à l'organisation ou à l'action de l'ensemble dont il fait partie. "28(*) La société formant un tout, Robert King Merton dans son fonctionnalisme relativisé distingue les notions de fonction manifeste et de fonctions latentes29(*). Les premières sont voulues par les participants du système alors que les secondes ne sont ni voulues ni comprises mais existantes tout de même. Les fonctions latentes sont jouées par exemple par des rites qui ne sont connues que des initiés. L'analyse structuro-fonctionnaliste nous permet ainsi d'analyser l'activité cynégétique telle qu'elle est organisée et structurée et comment elle fonctionne dans le Sud-est Cameroun. De ce fait, elle apparaît ici comme une première étape de l'approche systémique ; le système étant constitué de l'écosystème forestier du Sud-est et des différents acteurs. Elle est l'expression du dialogue entre la nature et la culture. Toutefois, la préservation de la dimension historique nous oblige à appréhender le phénomène dans une approche holistique et dans la longue durée. III - CADRE SPATIO-TEMPOREL Tout problème humain demande à être cerné dans le temps et l'espace, le libellé de notre sujet porte en lui-même ses propres repères. Le cadre géographique est le Sud-est Cameroun. Il est situé aux confins des frontières du Cameroun, de la RCA, du Congo et du Gabon. C'est une zone de basse altitude qui se distingue par une uniformité et une continuité des éléments naturels. Il s'agit d'un vaste espace de forêt dense humide à climat équatorial guinéen. Cette forêt sert de cadre de vie à une faune abondante et variée. Elle joue également un rôle pluriel dans la vie des populations locales aussi bien dans les domaines de la pharmacopée, de l'alimentation, de l'habitat, de la cosmogonie que du ravitaillement en matières premières destinées à l'élaboration des cultures matérielles. En outre, elle a constitué pour les populations riveraines, un refuge par excellence en périodes de guerres. Du point de vue hydrographique, la région est drainée par un ensemble de cours d'eaux dont la Ngoko, le Dja, la Boumba et la Sangha sont les plus importants. Ces fleuves ont une incidence certaine sur la vie des populations en tant que sources d'approvisionnement en produits halieutiques destinés à des usages divers. Dans la géopolitique de la région, ils sont apparus à la fois comme voie de communication et obstacles naturels. Quant au climat, il est propice à la pratique des activités agricoles ; On y cultive le cacao, la banane plantain, et les tubercules diverses. Son extrême richesse en ressources naturelles a fait de cette région à la fois une zone pilote de l'exploitation forestière et très active de chasse. Ici, ont essaimé diverses populations que l'on peut classer en deux principaux groupes, en fonction de leurs caractères anthropomorphiques et culturels. Il s'agit des Pygmées Baka, qualifiés de chasseurs-collecteurs, et des Bantou, présentés comme des agro-chasseurs. Ces adjectifs illustrent fort bien la place capitale qu'occupe l'activité cynégétique dans la vie de ces populations. Bien que la plupart de nos investigations portent sur le Cameroun, notre champ de recherche déborde les frontières nationales, eu égard au continuum ethno-culturel et à l'unité géographique que cet espace présente. Ce qui place la question au coeur de la problématique de l'intégration sous-régionale. S'agissant de la dimension chronologique, l'étude se situe dans la longue durée. La perspective dynamique envisagée permet de préconiser une périodisation qui garantirait mieux l'historicité du présent travail. Sur la base des séries longues, l'on pourra non seulement évaluer les ruptures et les continuités, mais aussi cerner les permanences de l'activité cynégétique. L'analyse va ainsi se dérouler d'après une dynamique interne et sous l'effet des forces exogènes. L'étude couvre en grande partie, la période précoloniale, nous plongeant d'abord dans les sources vives du passé africain. C'est l'occasion de s'intéresser à l'encrage de l'activité cynégétique dans les sociétés étudiées. Elle nous introduit ensuite, dans l'époque coloniale riche en expériences diverses .C' est le moment du choc culturel entre l'Occident et l'Afrique traditionnelle. Enfin, on pourra examiner la situation actuelle issue de ce double impact, à savoir la dynamique du dedans et la dynamique du dehors, et baignant dans le contexte ambiant. IV - LA REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE Les questions relatives à l'histoire de l'environnement ont depuis longtemps acquis un droit de cité dans l'historiographie. En France, l'idée a germé depuis les années 1950. Il en est résulté la création de l'histoire de l'environnement dont la vigueur s'exprime à travers diverses publications et rencontres entre spécialistes. Au delà de l'aspect heuristique, les débats portent sur des orientations épistémologiques dans le but de susciter l'intérêt des autres chercheurs qui, pendant longtemps, l'ont tenue à distance.30(*) L'Afrique dans cette mouvance, n'est pas du tout en reste. Elle y fait ses petits pas dans le domaine. L'intérêt de la question environnementale est manifeste dans l'historiographie camerounaise. Elle est surtout l'oeuvre des Africanistes dont les travaux ont plutôt privilégié l'aspect végétal. Les travaux de Elide Mircea sont à cet effet assez édifiants dans la perception des arbres. Dans son ouvrage, Traité d'histoire des religions31(*), la végétation prend un aspect symbolique et revêt une dimension métaphysique32(*). Elle est souvent confondue avec les divinités. Différents thèmes en relation tant avec le pouvoir, le bien, le mal, la magie, la femme que la religion, y sont développés. De même les travaux de René Letouzey en ethno-botanique, sont d'un réel intérêt dans le domaine de l'étude des plantes au Cameroun. Cet auteur tente même une explication de la formation du couvert végétal et présente avec beaucoup de bonheur, sa répartition géographique. Toutefois, ces deux ouvrages n'abordent pas les différentes relations entre l'homme et le règne végétal. Jean Maley quant à lui, donne une gamme d'informations intéressantes sur les variations climatiques et l'évolution régressive du couvert végétal à l'holocène dans le bassin du lac Tchad32(*). Grâce aux analyses polliniques, il reconstitue sur plusieurs millénaires le climat et partant, la végétation de l'Extrême-nord du Cameroun. Il tient ainsi le vent et l'eau pour responsables de l'apport du pollen dont la présence a été décisive dans la formation des types de végétation que l'on retrouve ici. Le mérite de Jean Maley est de mettre en perspective le rôle qu'auraient joué les populations locales dans ce processus. Tout aussi remarquable est, la contribution de Jean Boutrais. L'ouvrage collectif dont il est le Directeur, fait une étude régionale de l'écosystème du Nord Cameroun33(*). Il met en exergue l'effet de l'action humaine sur la végétation. En outre, il pose le problème de l'érosion dans l'extrême Nord. Ce qui permet d'apprécier l'impact de l'homme dans la destruction de l'environnement. Un ouvrage particulièrement édifiant dans la compréhension de l'action anthropique sur la nature est celui produit sous la direction de Jean Pierre Chrétien34(*). Les auteurs de cette oeuvre collective, dans leurs différentes contributions, ouvrent des pistes de recherche en ethnobotanique. L'idée générale qui s'en dégage est qu'à travers le degré d'exploitation du milieu végétal, il est possible d'appréhender les aspects culturels et sociaux d'une population donnée et d'en apprécier le niveau d'adaptation à son environnement naturel. La thèse de Beauvilain occupe une place de choix dans cette thématique35(*). Avec beaucoup de pertinence, il relève les différentes violences faites au milieu naturel par l'homme, avec pour corollaire, les famines et les disettes. Bienvenu Denis Nizezeté démontre dans sa thèse, comment les populations des grassfields ont organisé le choix de leur bois de manière à disposer en permanence des essences adaptées et appropriées à des activités précises36(*). Il préconise un système de protection et de conservation permettant de juguler cette crise du bois. Monique Chastanet, dans le document dont elle est l'éditrice scientifique, s'intéresse aux relations existant entre l'homme et son environnement végétal37(*). Il y est développé différents rapports entre l'homme et son cadre écologique. En effet, les différentes contributions des auteurs permettent d'explorer divers aspects de l'histoire écologique. On y évoque la diffusion des plantes américaines en Afrique Centrale et les nombreuses perceptions que développent les hommes par rapport aux plantes cultivées38(*). Ce document permet de mettre en exergue l'apport de la pluridisciplinarité à l'éclairage de l'histoire écologique. L'aspect de la faune quant à lui, a été abordé par plusieurs autres recherches dans une perspective ethnographique, à travers quelques ouvrages généraux et thèses. Ainsi, Thierno Bah établit le rapport entre la chasse et la guerre39(*). D'après cet auteur, le chasseur et le guerrier partagent les mêmes sites d'action, les mêmes matériaux et ainsi que les mêmes pratiques magico-religieuses40(*). Il démontre que les activités cynégétiques sont susceptibles d'être à l'origine des conflits armés41(*). S'inscrivant dans une perspective technologique, Joseph Marie Essomba présente dans sa thèse de Doctorat consacrée à la civilisation du fer au Cameroun méridional , une gamme complète d' objets fabriqués à partir du fer, et dont l'usage s'étend aux activités de chasse42(*). De façon exhaustive, il explique le processus même de leur fabrication. On découvre alors, des couteaux, des machettes, des flèches, des lances...qui accentuent et systématisent l'exploitation du milieu naturel. Christophe Mbida s'est intéressé au mode de vie des premières communautés sédentarisées du massif forestier du Cameroun43(*). La riche documentation archéologique qu'il a recueillie dans le site de Nditan permet d'affirmer que la chasse et la cueillette constituaient les premières formes de survie de ces populations. Dans la même perspective, Martin Elouga a abordé l'alimentation carnée des occupants du site d'Elig-Nkono lors des temps anciens44(*). Tout aussi précieux, est l'ouvrage de Georges Vennetier sur la géographie du Congo.45(*) Ce chef d'oeuvre rend compte des différentes formes de chasse pratiquées dans cet espace. De même, les deux tomes de l'ouvrage collectif, consacré à l'alimentation en milieu tropical, publiés sous la direction de Hladick, relèvent l'importance des produits de ramassage dans l'alimentation des populations des forêts tropicales pendant la période précoloniale46(*). Les auteurs révèlent que la viande sauvage issue des activités de chasse se consommait avec les ignames ; denrée qui abonde dans la région. De plus, ils mettent en relief, le rôle joué par les animaux dans la fertilisation et la régénération des forêts. L'ouvrage ouvre donc une brèche sur le déséquilibre de l'écosystème qui résulte de leur massacre. L'aspect magico-religeux est également pris en compte. Il apparaît sous la plume du Révérend Père François Gastine. Dans son ouvrage consacré à la culture Bantou47(*), cet auteur lève le voile sur le «nagualisme» qui est la mise sous la protection des hommes, des espèces animales susceptibles de protéger le chasseur au cours d'une partie de chasse ou en cas de danger. Cette pratique qui persiste de nos jours chez bien des peuples de la région, participe de la protection de la biodiversité48(*). Serges Bahuchet, est sans doute l'auteur qui s'est le plus investit dans l'étude du mode de vie des populations de la région. Il a, entre autres, commis un ouvrage intéressant dans le domaine de l'anthropologie alimentaire des régions de forêt.49(*) La typologie des pièges et l'évocation des différentes formes de chasse qu'il fait, constituent pour nous, une matière précieuse. Henri Koch lui emboîte le pas dans son oeuvre traitant de la chasse dans la forêt camerounaise.50(*) Il relève, recense et décrit des différents rites et préparatifs de chasse. Grâce à cet ouvrage, la relation entre la formation du chasseur et celle du guerrier est établie. L'auteur précise les noms scientifiques des plantes et des animaux. Cependant, l'absence du lien entre la structure sociale et la chasse reste la principale lacune de cet ouvrage. Guy Phillipart Defoy dans une étude consacrée aux pygmées d'Afrique centrale, reprend les thèses de Koch sur les techniques de chasse.51(*) Il met l'accent sur le rôle joué par les pygmées dans le troc et qualifie ces derniers de peuple essentiellement chasseur. Il atteste qu'ils ont servi de guides aux « grands noirs » pendant leurs migrations ; c'est au cours de ce processus qu'il y aurait eu échange des techniques de chasse. Cependant, il omet de souligner que les peuples africains de la forêt, dans leur passé lointain, avaient un mode de vie identique. Philippe Laburthe Tolra s'est également intéressé aux techniques de chasse chez les Beti du sud Cameroun52(*). Il affirme que celles-ci sont identiques dans toutes les régions de forêt. Il montre les similitudes entre les pièges que Koch a décrits à Messangmena et ceux que l'on trouve au début du XXe siècle dans les environs de Yaoundé. Il ajoute que d'après la conception des peuples des ces régions, la forêt est un milieu mystique. Elle serait habitée par l'esprit des ancêtres, d'où le devoir pour les hommes d'observer certains interdits pendant les parties de chasse. Aussi pertinente qu'elle puisse être, cette étude est limitée dans l'espace. Elle prête malheureusement le flanc à une généralisation hâtive. La seconde moitié du 19è siècle en Afrique, est marquée par l'avènement d'un nouvel ordre socio-politique et économique, suite à l'intrusion des puissances européennes. De nouvelles activités apparaissent. La chasse s'en trouve ainsi affectée. Toute une législation en rapport avec l'activité cynégétique voit le jour. Samuel Martin Rondet rend compte de la politique coloniale française en matière de cynégétique.53(*) Il aborde le problème de la protection des animaux et de la catégorisation des permis de chasse dans les colonies françaises et au Cameroun. A ce sujet, il ressort que les armes étaient interdites aux indigènes qui, néanmoins pouvaient utiliser les pièges. Il mentionne également que les permis de chasse variaient en fonction des espèces animales à abattre. Dans la même perspective, Samson Ango Mengue, traite de l'économie coloniale 54(*). Son analyse révèle que les caravanes chargées de pointes d'ivoire venaient des forêts de Yokadouma. Le portage qui, à cette époque, constituait un fléau social, se faisait sous la contrainte des administrateurs allemands. Il n'a malheureusement pas signalé que les produits de chasse tout comme la plus- part des produits de traite, étaient évacués par le Moyen Congo, via la ville de Ouesso, zone de transit de grande envergure à cette époque. Toute cette littérature constitue une base fondamentale et une source d'inspiration féconde de recherche. De celle-ci, il ressort que seuls les travaux de Koch et de Samuel Martin Rondet sont consacrés à l'activité cynégétique mais restent limités dans le temps. De plus, la région du sud-est Cameroun n' a pas fait l'objet d'une investigation systématique. Autant de perspectives qui guident ainsi notre recherche eu égard à la complexité du problème et à son évolution dans le temps. V - ORIENTATION DE LA PROBLEMATIQUE La chasse et l'agriculture itinérante sont à la base de l'économie domestique des populations de la zone forestière. Tandis que l'agriculture leur fournit les féculents, source par excellence de calories, la chasse, un peu plus que la pêche et le ramassage, leur apporte les protéines, les lipides et une partie des vitamines55(*). En outre, ces deux activités constituent une source importante de revenu monétaire pour ces populations. Cette pratique est une réalité millénaire dans le bassin du Congo, l'un des plus riches écosystèmes du monde dont les forêts abritent plus de la moitié de la faune sauvage du continent56(*). Il existe ainsi une relation intime entre les populations de cet espace et leur environnement. Les pygmées qui en sont les habitants les plus anciens57(*), reconnaissent d'ailleurs qu'ils en dépendent en tout point de vue. Le vieux Mboti de l'actuelle République Démocratique du Congo, affirmait à cet effet à Colin Turnbull que : " Nous sommes le peuple de la forêt. Si la forêt disparaît, nous sommes finis "58(*). C'est dire l'importance de la forêt dans leur vie. Seulement, cette abondante faune qui constitue une ressource essentielle pour ces populations est victime d'une surexploitation qui fait peser sur elle de sérieuses menaces de disparition du fait du développement intensif et anarchique du commerce de la viande de brousse, et de la recherche effrénée des trophées à l'exemple de l'ivoire. Quelques chiffres éloquents témoignent de l'ampleur du drame. Les experts au cours d'un séminaire anti-braconnage organisé à Yaoundé en 1998 affirment que : Cinq cents tonnes de gibier sont annuellement reçus dans les marchés de Libreville. Quatre cents tonnes de viandes de brousse sont annuellement vendues à Bukavu (RDC). De 1990 à 1998, 1700 kg d'ivoires ont été saisi dans la ville de Douala au Cameroun. Deux cents éléphants ont été abattus dans les régions de la Sangha (Cameroun-Congo). Entre 1991 et 1993, trente un mille cent trente tonnes représentant 1568 espèces d'oiseaux ont été saisis au Gabon.59(*) En réaction à cette situation pour le moins alarmante, les Chefs d'Etats de la région ont initié un projet pilote de chasse durable dans le but d'assurer une conservation de la biodiversité dans cet espace60(*). Une écozone a ainsi été constituée dans le cadre d'un complexe transfrontalier de conservation et de gestion durable des ressources naturelles en Afrique centrale. Il s'agit d'un ensemble d'aires protégées et de zones de gestion durable à usages multiples. On distingue ainsi la tri nationale de Djah, d'Odzala et de Minkebe en abrégé TRIDOM61(*) qui relie sept aires protégés du Cameroun, du Congo Brazzaville et du Gabon, et ensuite, la tri nationale de la Sangha qui est l'une des aires de conservation les plus importantes de la sous région. Elle couvre 21000 km². la principale zone de protection de la tri nationale de la Sangha est constituée des aires protégées de Lobeke au cameroun, de Ndzanga Ndoki en RCA, et de Nouabalé Ndoki en République du Congo. La zone périphérique comprend les forêts de production (UFA), des concessions de chasse sportive (ZIC), des zones de chasse communautaire (ZICGC), des aires d'agro foresterie, ou de toute autre activité compatible.62(*) Un plan de zonage qui restreint les activités des populations locales bouleversant ainsi leur existence. D'où, un regain de replis identitaires développés par celles-ci. La gestion durable de la chasse dans cet espace devient ainsi une question complexe nécessitant une analyse minutieuse tant il est vrai que les enjeux sont multiples. Sur cette base les questions ci- après engagent la réflexion de l'historien : Quelle est la dynamique de l'ancrage de la chasse dans la vie des populations du Sud-Est Cameroun ? La chasse telle que pratiquée depuis les millénaires ne peut-elle pas être considérée comme un facteur, au moins indirect de conservation de la biodiversité ? Ne peut-on pas puiser dans la longue pratique de cette activité cynégétique, les modèles de comportement favorables pour une gestion durable de l'écosystème forestier ? Une tentative de réponse à ces préoccupations s'appuie sur les trois hypothèses suivantes : 1. En Afrique Noire, la chasse n'est pas une simple activité de subsistance. Elle est au coeur des relations sociopolitiques et, est d'une grande portée économique. 2. Les populations africaines ont toujours eu à coeur le souci de protéger leur environnement par une exploitation rationnelle des ressources naturelles à travers les pratiques traditionnelles appropriées. La destruction de la faune à grande échelle de nos jours tient plus à des facteurs exogènes. 3. Les initiatives de conservation de la nature et de protection de la biodiversité ne pourront avoir un impact positif que si les projets y relatifs tiennent compte des mentalités collectives de la population des régions concernées. En articulant nos recherches autour du triptyque chasse, pouvoir et société, il s'agit d'enrichir la perspective d'approche de l'activité cynégétique en dépassant résolument les stades descriptifs et narratifs, pour aboutir à une synthèse intelligible de cette pratique dans la région du bassin du congo. Pour se faire les aspects suivants seront examinés :
Ces pistes de recherche et les interrogations majeures formulées, sont d'un réel intérêt historique. Elles permettent de circonscrire la problématique qui tend à montrer les interrelations complexes qui existent entre la chasse, le pouvoir et la société. Telle est notre contribution à l'effort de la communauté scientifique d'appréhender, de maîtriser et d'analyser les phénomènes environnementaux dans une perspective historique globale où le passé et le présent s'éclairent mutuellement. VI - METHODOLOGIE ET PRESENTATION DES SOURCES Notre méthodologie est celle universellement utilisée par les Historiens de métier. Collecte des données - critique interne et externe - analyse - interprétation - élaboration d'une synthèse obéissant aux exigences de rigueur et d'objectivité. Ceci nécessite de recourir à des sources variées. a) Les sources orales Pour notre thème de recherche, et dans le cadre chronologique retenu, les sources orales sont de loin les plus importantes. De par sa permanence, la chasse a toujours marqué la conscience historique des peuples. Pour mieux la décrypter tous les genres sont mis à contribution : récits, chants, épopées, adages et proverbes. Les enquêtes sont menées dans les villages et campements Baka ainsi que dans les structures de gestion de l'environnement et d'encadrement des populations. Elles se veulent à la fois extensives et intensives afin de ratisser large. Les interviews sont pratiquées de façon individuelle et collective. Les sources orales étant plus narratives que descriptives, leur limite est réelle. En ce qui concerne l'aspect technologique de la chasse, l'apport de l'archéologie sera indispensable. b) l'archéologie La formation reçue dans cette discipline proche de l'histoire, dans le cadre de l'enseignement optionnel, nous est d'une grande utilité. Aussi, nous procéderons à la reconnaissance, à l'analyse et à la classification du matériel de chasse. Des fouilles seront effectuées dans les fosses repérées lors des investigations préliminaires64(*). La datation de l'éventuelle documentation recueillie, donnera une idée sur l'implantation humaine. Il s'agira à cet effet d'une contribution à la problématique des migrations et du peuplement en Afrique. L'enjeu est d'autant important pour cette région que les traditions orales présentent comme un couloir migratoire. c) Les sources écrites Elles constituent un matériel de base. Les ouvrages généraux traitant de l'environnement seront d'un précieux apport. Aussi, les documents écrits par les explorateurs et les hommes d'église qui ont parcouru l'Afrique au moment où les structures traditionnelles étaient encore vivaces, de même que les archives coloniales, seront-ils exploités avec minutie. Cependant, cette catégorie de sources devra être traitée avec précaution compte tenu de l'idéologie européo- centriste et des préjugés qu'elle charrie. Durant la dernière décennie, une littérature relativement abondante a été consacrée à l'exploitation du gibier dans le bassin du Congo. Il s'agit surtout des rapports d'études et d'activités des structures intervenant dans la protection de la nature (WWF, WCS, GTZ, UICN...). Leur caractère inédit, en fait des sources primaires. Ceux-ci nous seront d'un intérêt capital. d) Les sources virtuelles Le moteur de recherche Google permettra d'entrer en contact avec plusieurs liens et ainsi d'élargir nos banques de données bibliographiques et statistiques. Par une approche comparatiste, il sera possible de confronter nos recherches avec les efforts déployés ailleurs, de manière à élargir la perspective d'analyse. La complexité du thème de recherche conduira nécessairement à faire intervenir d'autres démarches relevant de la sociologie, de la géographie, de la psychologie et surtout de l'anthropologie politique et culturelle. Les sciences de la vie et de la nature aideront entre autres à préciser notre terminologie. Le souci constant étant d'établir un soubassement solide en rassemblant le maximum de matériaux possibles susceptibles de fournir des éclairages sur l'activité cynégétique. Dans un souci de rigueur scientifique, on s'efforcera de produire sur la base d'une démarche inducto-déductive, une réflexion théorique visant à conceptualiser la gestion du patrimoine faunique naturel, dans un contexte où protection de la nature et impératif de développement s'entrechoquent au lieu de se concilier. VII - PLAN PROVISOIRE INTRODUCTION GENERALE : De la nécessité d'un débat épistémologique autour de la question de la protection de l'environnement. Problème des sources et méthodologie. PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE CHAPITRE I - DONNEES ECOLOGIQUES INTRODUCTION I - LE MILIEU NATUREL 1- Situation de la zone 2- Relief et structure 3- Le Climat et l'hydrographie 4- La végétation et la faune II - RAPPORT ENTRE LA CHASSE ET LE MILIEU NATUREL 1 - La flore 2 - La faune CONCLUSION CHAPITRE II - DONNEES HUMAINES INTRODUCTION I - LES BANTOU A- Les Mpo'oh 1 - Qui sont les Mpo'oh ? 2 - La migration du groupe Mpo'oh 3 - Les différentes branches Mpo'oh B - Les apparentés 1 - Les Mpyemo et les Bidjouki 2 - Les Bekwel et les Essel C - Les Ngombe 1 - L'origine des Bangando 2 - La migration des Bangando 3 - Implantation dans la région de Moloundou II - LES PYGMEES BAKA A - Le mythe pygmée B - Ethnonyme et Antonyme Pygmée Baka C - L'ancienneté des Pygmées Baka D - Caractères anthropomorphiques des Pygmées Baka CONCLUSION CHAPITRE III - ELEMENTS D'ETHNOGRAPHIE INTRODUCTION I - IDENTITE CULTURELLE DES PYGMEES BAKA A - La société baka 1 - Le cadre de vie 2 - Jeux, danses et musique 3- Le campement 4 - La place de la femme 5 - Cosmogonie et mythologie 6 - Rites et thérapies 7 - Le temps et l'espace B - LA VIE ECONOMIQUE 1 - La production 2 - Echange des biens et des services II - DE LA CULTURE CHEZ LES BANTOU A - La parente linguistique B - L'organisation sociopolitique C - Le système de défense D - Organisation économique CONCLUSION DEUXIEME PARTIE : LE DEVELOPPEMENT DE LA CHASSE AU SUD-EST CAMEROUN CHAPITRE III - FORMATION ET EDUCATION DES CHASSEURS INTRODUCTION I - JEUX ET RITES D'INITIATION 1) Le tir à l'arc 2) La balle à la sagaie 3) Le jeu à l'éléphant II - RELATION ENTRE CHASSE ET MAGIE 1) Chez les Bangando 2) Chez les Pygmées 3) Chez les Mpo'oh et apparentés III- LES RITES DE CHANCE, LES INTERDITS ET LES PERIODES DE CHASSE 1) Les rites de chance 2) Les interdits 3) Les périodes de chasse 4) Structure sociale de la chasse CONCLUSION CHAPITRE IV - LES TECHNIQUES DE CHASSE INTRODUCTION I - LES TECHNIQUES DE CAPTURE A LA MAIN ET A L'ARME BLANCHE PROLONGEANT LA MAIN A- Les techniques de capture à la main 1) La chasse au daman et aux oiseaux 2) La capture du pangolin et du varan B- Les techniques de chasse à l'arme blanche prolongeant la main 1) La chasse au gorille et à éléphant 2) La chasse à la courue et au filet II - LES TECHNIQUES DE CAPTURE A DISTANCE ET A L'AIDE DE PROJECTILES A - La chasse à l'arc B - La chasse à l'arbalète III - LE PIEGEAGE A - Les pièges a déclencheur horizontal 1) La fosse 2) Le piège à assommoir ou écraseur 3) Le piège à collet B - Les pièges à déclencheur contre lequel l'animal butte 1) Le piège à assommoir aérien et à épieu 2) Le piège à barrière 3) Le piège aérien classique C - Les pièges à déclencheur que l'animal coupe 1) Le piège à rat palmiste 2) Le piège aérien en forme de cône IV - EVALUATION DE L'EFFICACITE DES TECHNIQUES CONCLUSION CHAPITRE V : LA CHASSE DANS LA VIE QUOTIDIENNE
DES INTRODUCTION I - DIMENSION SOCIO - CULTURELLE DE LA CHASSE A - L'alimentation B - La médecine C - L'esthétique II - CHASSE ET POLITIQUE A- Le pouvoir du chef 1) Les attributs du Chef 2) La justice B - Les relations diplomatiques 1) L'amitié 2) Le conflit III- LA CHASSE DANS LE SYSTEME ECONOMIQUE A - Les échanges 1- Le commerce précolonial 2- Les échanges matrimoniaux B- La coopération baka / bantou CONCLUSION. CHAPITRE VI : LA CHASSE PENDANT LA COLONISATION
INTRODUCTION I - LA POLITIQUE COLONIALE AU SUD-EST CAMEROUN A - La création des unités administratives B - La configuration des villages C - Les travaux d'utilité publique D - L'économie coloniale II - INFLUENCE COLONIALE SUR LES ACTIVITES DE CHASSE A- Les nouvelles méthodes de chasse 1) L'introduction du fusil 2) Le câble B - Les facteurs de mutation de la chasse 1) Le portage 2) La récolte caoutchouc 3) Les religions chrétiennes III- NOUVELLE FINALITE DES PRODUITS DE CHASSE CONCLUSION. CHAPITRE VII : LA CHASSE APRES LES INDEPENDANCES INTRODUCTION I - LA CHASSE ET LES EXPLOITATIONS FORESTIERES A - Les pistes forestières et la naissance des campements des braconniers B - Les marchés et l'accroissement de la demande des produits de chasse II - LES TECHNIQUES PLUS PERFORMANTES ET DESTRUCTIVE A- Le « cenadefor » B - Le « caribou » C - La chasse sportive III- LE PHENOMENE DU BRACONNAGE. A- Les causes du braconnage 1- La croissance démographique 2- La chute des cours des produits de rente 3- La débrouillardise 4- L'ignorance des textes B - Les manifestations du braconnage 1- Les acteurs du braconnage 2- Les types de braconnage 3- Les circuits d'évacuation des produits du braconnage. C- Braconnage et circulation des armes de guerre. 1-les armes saisies 2-les quantités saisies 3-les modes d'approvisionnement D- Les conséquences du braconnage 1- Les conséquences économiques 2- Les conséquences écologiques 3- Les conséquences sociales CONCLUSION. TROISIEME PARTIE : CHASSE ET PROTECTION DE LA
CHAPITRE VIII : LES PROBLEMES DE LA CHASSE AU
SUD-EST INTRODUCTION I - LES PROBLEMES ECOLOGIQUES II - LES PROBLEMES SOCIAUX III- LA GESTION DES RESSOURCES FAUNIQUES. CONCLUSION. CHAPITRE IX : LA PROTECTION ET LA VALORISATION DE
INTRODUCTION I - PROTECTION TRADITIONNELLE A- La taxinomie et le symbolisme baka B- Le totémisme et les interdits alimentaires. C- La gestion rationnelle des ressources naturelles. II - PROTECTION COLONIALE A- Le classement des espèces B- La réglementation de la chasse III- LA REGLEMENTATION POST-COLONIALE A- La création des aires protégées 1- les parcs nationaux 2- les réserves forestières 3- les sanctuaires 4- les salines B- La chasse durable 1- le zonage 2- les COVAREF C- La lutte contre le Braconnage 1- La sensibilisation 2- La répression 3- Les mesures alternatives IV - LES ACTEURS NON ETATIQUES ET LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE CONCLUSION. CHAPITRE X : CHASSE ET INTEGRATION SOUS - REGIONALE INTRODUCTION I - LES PROBLEMES COMMUNS : NECESSITE D'UNE SYNERGIE D'ACTION. II- LA CREATION DES STRUCTURES TRANSFRONTALIERES III- LA DIPLOMATIE LOCALE CONCLUSION. CONCLUSION GENERALE : Plaidoyer pour un développement durable solidaire. VIII - CHRONOGRAMME La réalisation de ce projet de recherche va s'étaler sur une période de trois ans selon le calendrier suivant :
ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE I - ARCHIVES NATIONALES DE YAOUNDE
II - OUVRAGES GENERAUX Abega S.C., (1998), Pygmées Baka, le droit à la différence, Yaoundé, UCAC /INADES. __________, (2000), Les choses de la forêt, Yaoundé, UCAC. Anta Diop (Cheikh), (1979), Nation nègre et culture, 3ème édition, Paris, Présence Africaine. Bahuchet S., (1985), Les pygmées AKA et la forêt Centrafricaine : Se nourrir en forêt équatoriale, France anthropologie alimentaire des populations des régions forestières d'Afrique, Paris, Selaf. Bahuchet S. et al. (2001), Des forêts et Hommes, un regard sur les Peuples des forêts tropicales, Bruxelles, Université de Bruxelles. Barral H., et Franqueville A., (1970), Atlas régional du Sud Est Cameroun, Yaoundé, ORSTOM. Barbier J. C , (1978.), Les pygmées de la plaine Tikar au Cameroun, Yaoundé, ISH. Brisson R., (1980), Contes des Pygmées Baka du Sud Cameroun, tome 1, Douala, Libermann. Bwele G. et al. (1981), Encyclopédie de la République unie du Cameroun, tome 2, Yaoundé. 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Accord de coopération entre les gouvernements de : - La République du Cameroun. - La République Centrafricaine. - La République du Congo. Relative à la mise en place du tri national de la sangha. Arrêté N° 0648/MINFOF du 18 Décembre 2006 fixant la liste des animaux des classes de protection A B C Deuxième partie : Chapitre développé
CHAPITRE III : LA CHASSE DANS LA VIE QUOTIDIENNE DES POPULATIONS DU SUD-EST CAMEROUN La forêt est la mamelle nourricière des populations riveraines à travers la chasse, l'agriculture sur brûlis et le ramassage. La chasse, particulièrement, leur est d'une grande importance de par l'utilité de ses produits qui recouvrent des domaines multiples et variés. Le présent chapitre se propose d'en faire une analyse exhaustive des aspects socioculturels, économiques et politiques. I- DIMENSION SOCIO-CULTURELLE DE LA CHASSE La chasse dans le Sud-est Cameroun, reste profondément ancrée dans les moeurs. Sa production est de tout temps est utilisée à des fins alimentaire, esthétique et médicinale. A -Utilité alimentaire des produits de chasse. Les traditions orales des peuples de la région forestière du Cameroun affirment de façon unanime que le but premier de chaque expédition de chasse était de fournir la nourriture carnée à la famille.65(*) La viande constituait la principale source des protéines animales étant donné que la pratique de la pêche, l'autre source d'approvisionnement est saisonnière. La prolifération du gibier et la maîtrise de l'art cynégétique par les populations, permettaient à chaque ménage d'assurer sa ration journalière. Les expéditions étaient organisées en fonction du type d'animal que l'on désirait consommer. Les stratégies et les combinaisons alimentaires variant d'une ethnie à une autre. Les Mpyemo affectionnaient les viandes graisseuses telles que le sanglier (Singularis porcus), le pangolin ( Manis pentadactyla), le singe (Saimiri sciureus) ou la civette (Civettictis civetta).66(*) Les sauces se dégustaient de préférence avec le couscous de maïs. Les pygmées Baka préferaient les espèces telles le bongo (Stragelafgus euryceros), l'éléphant ( Loxodonta africana), ou le gorille (Gorilla gorilla). Leur viande se consommait avec des ignames sauvages, un rhizome qui prolifère dans la forêt.67(*) De même, la viande sauvage était également fort prisée chez les Bangando qui, la savouraient avec des plantains pilés ou tapés.68(*) Les sauces étaient généralement préparées à base de noyau de mangue sauvage (Irvingia gaboensis), dont l'amande oléagineuse constitue un ingrédient très apprécié par les populations des régions forestières. La viande pouvait aussi être cuite avec des feuilles de légumes. Le plus prisé était les feuilles de lianes (Gnetum africanum)69(*) appelé « koko »en langues locales. Aucune tradition ne mentionne les ventes de gibier. Lorsque la chasse était fructueuse pendant la saison de pluies, le surplus était distribué dans le village selon les règles du communautarisme en vigueur. Chez les Baka, les produits de chasse étaient distribués entre les différents ménages du campement et le reste remis à son épouse pour la cuisson.70(*) En effet, le Baka ne thésaurise pas. Il vit dans l'abondance avec l'espoir de se ravitailler le lendemain dans la forêt qui constitue sa claie71(*). Tous les biens produits sont distribués au sein de la société où le communautarisme a eu raison de l'individualisme. Le système roulait tellement bien que même sans avoir chassé, chacun était sûr de manger de la viande. Mais, comme on ne pouvait rester dans l'attente passive de la générosité d'un membre de la communauté, chacun faisait l'effort d'aller chasser72(*). La chasse revêtait deux formes selon le type de gibier convoité. La chasse individuelle était la plus courante et la chasse collective occasionnelle. Chez les Baka la chasse collective se déroulait sous la conduite du maître de chasse.73(*) Une séance de bénédiction des chasseurs par les femmes et les anciens précédait l'expédition.74(*) Le produit était partagé entre les différents ménages. Le chasseur qui avait réussi à abattre un éléphant était porté en triomphe. Il était exempt du partage de ce gibier. En retour, les autres membres de la communauté lui offraient en guise de récompense, un sanglier ou un gorille qu'il devait tout seul consommer.75(*) C'était une grande fierté et un honneur personnel de participer à cette vie. Il s'agit là d'une manifestation patente de la légendaire solidarité africaine.76(*) La chasse permettait à cet effet de raffermir les liens familiaux et de maintenir la cohésion sociale. Un vieillard Mpomhpo'h se souvenant encore de la vie communautaire d'antan, fait le témoignage suivant : Lorsque j'avais fait une partie de chasse fructueuse, je distribuais la viande aux différents membres de notre clan. Je privilégiais d'abord la génération des parents, ensuite mes congénères de telle sorte que chaque ménage puisse recevoir ne fusse qu'un morceau du produit de ma chasse.77(*) Des tels propos assez édifiants, se rencontrent dans plusieurs cantons. Ils montrent à quel point, la chasse était à la base de l'entente. Les produits de chasse aidaient également à recevoir les visiteurs. Certaines espèces d'animaux étaient destinées aux personnes estimées telles, ses beaux-parents, tout autre membre de la belle famille, un chef ou un notable d'un village voisin. Les Mpompo'h honoraient leurs hôtes avec les gibiers tels la tortue, la vipère heurtante (Bitis arietaus), le varan (Varanus niloticus) ou le phacochère ( Phacochoerus actiopicus). Les Mpyemo quant à eux, leur servaient de la volaille domestique le premier jour, et les espèces évoquées ci-dessus leur étaient proposées les jours suivants. Les paquets soigneusement confectionnés, constitués des échantillons de ce qu'ils avaient consommé durant leur séjour étaient offerts en cadeaux au moment de la séparation. Ils pouvaient ainsi les présenter à leur famille, en guise de témoignage du bon accueil qu'ils avaient reçu.78(*) Les choix alimentaires variaient en fonction du statut social dans la communauté. Ainsi, chez les Bangando, la viande des animaux comme la panthère (Panthera pardus), la vipère à cornes ( Pseudocerastes persicus) ou le bongo (Stragelafgus euryceros) était interdite aux jeunes gens et aux femmes.79(*) Quiconque transgressait ces interdits s'exposait à des pathologies particulières. La tradition leur promettait des affections terribles à l'époque. Il pouvait souffrir des abcès ou de la varicelle80(*). Dans le cas où la transgression était le fait d'une femme enceinte, l'enfant qu'elle mettrait au monde n'avait aucune chance de survivre à sa naissance. De même, l'enfant de la femme enceinte qui consommait la civette, dégageait une fois venu au monde, de mauvaises odeurs corporelles.81(*) Chez les Mpyemo, l'interdit concernait plutôt les bêtes féroces à l'instar du lion ( Panthera léo) ou de la panthère (Panthera pardus). D'après la tradition, les contrevenants étaient frappés de stérilité ou de nanisme lorsqu'il s'agissait des enfants.82(*) La logique de ces interdits reste un mystère en raison de la loi du silence que les initiés sont tenus de respecter. Toutefois, il était possible de remédier aux conséquences néfastes découlant de la transgression de ces interdits alimentaires. C'est ici qu'apparaît le côté dialectique de la culture africaine où tout mal possède son antidote. Autrement dit, chaque danger a son contre. Chez les Mpompo'h, le traitement revêtait la forme d'un rite de purification. Le même animal était tué, préparé et assaisonné d'herbes ayant des vertus mystérieuses. Le fautif, avant de le consommer récitait les formules de repentance. Il s'agissait de l'aveu et de la sollicitation du pardon. Après ce rituel, il était conduit dans un ruisseau. Un barrage improvisé, d'un mélange de boue et de troncs d'arbres secs, permettait de constituer une retenue d'eau dans laquelle étaient jetées les potions et macérations apprêtées par le guérisseur et connues de lui seul ou d'une poignée d'initiés. Le repentant y était immergé plusieurs fois, puis le barrage était démoli. Toute la souillure s'en allait, emportée par le courant des eaux.83(*) Ceci ressemble au rite familial de la réconciliation84(*) pratiqué chez les Baveuk du Cameroun Central (Haute Sanaga et Mbam et Kim). Seulement, chez les Baveuk l'expiation se fait sur la base de la farine de manioc dont la couleur blanche symbolise la pureté ; une sorte de renaissance du fautif. Chez les Mpomam, le bain de purification durait six jours.85(*) Dans la tradition Mpyemo, le traitement était l'oeuvre des spécialistes. De l'avis de plusieurs informateurs, il s'agissait des anciennes victimes de cette mystérieuse sentence qui constituaient désormais une caste.86(*) D'autres sources par contre parlent d'un corps de prêtre dont l'initiation se faisait de père en fils. Toujours est-il que les uns les autres étaient plus initiés. Ici, le bain de purification se déroulait à l'aube naissante. Un coq était jeté en guise d'offrande au centre de la mare en même temps que l'incriminé. En dispersant l'eau du battement de ses ailles, le coq était sensé dissiper l'implacable malédiction. Celle-ci était libérée après la rupture du barrage, emportée par les flots. Le fautif, une fois la guérison retrouvée, était immunisé. Il pouvait continuer à en manger s'il le désirait. Il arrivait aussi qu'il en fasse un interdit à vie en commémoration de l'épreuve qu'il avait endurée.87(*) En plus de son aspect thérapeutique, cette cérémonie était aussi un rite de passage. L'occasion était indiquée pour autoriser la consommation de ces aliments aux adolescents devenus adultes.88(*) Les aspirants étaient associés au repas, mais ne subissaient pas le bain de purification. On leur mettait le premier morceau de viande dans la bouche, ils le recrachaient en communion avec les ancêtres. Le deuxième morceau était avalé effectivement. Il pouvait dès lors continuer à manger cette espèce sans danger.89(*) B- Valeur thérapeutique des produits de la chasse Les produits de la chasse avaient également des vertus thérapeutiques. Nombreuses sont à cet égard, les espèces qui étaient chassées pour leurs propriétés médicinales supposées. La peau de certains animaux constituait un matériel de base dans le domaine de la voyance. Les guérisseurs s'en servaient pour les pratiques divinatoires. C'est le cas du chat tigre (Leopardus wiedii) chez les Bangando dont la peau séchée, servait à localiser les parties malades du corps ou celles qui recèleraient les sortilèges lancés par les forces maléfiques.90(*) De même, la peau du singe magistrat (Folium isatidis), outre sa valeur décorative, était recherchée pour des fins médicinales. Taillée en lamelles, celles-ci servaient à ligaturer des entorses ou des factures. Brûlée et séchée, sa partie frontale mélangée aux feuilles de raphia enfumées, permettait d'obtenir une poudre noire efficace dans le traitement des céphalées.91(*) Appliquées sur des incisions pratiquées sur le front du patient, la poudre avait semble t-il, un effet bienfaisant immédiat.92(*) Le rat de Gambie (Gambianus) était utilisé pour le blindage. D'après la croyance locale, la rencontre d'un rat en pleine journée augurait d'un malheur. Une perspective terrifiante contre laquelle une solution fut trouvée. Ainsi, les os et la chair de cet animal moulus et mélangés à des potions spéciales devaient être consommés. Dès ce moment, l'on pouvait rencontrer le rat sans plus s'inquiéter.93(*) Les accessoires de certains animaux aidaient les tradi-praticiens pour guérir certaines maladies. Le crâne du singe sock était utilisé comme boîte pour conserver et inoculer les remèdes destinés aux soins du kwashiorkor. Ses os servaient de pompe à purge pour les enfants tandis que sa peau attachée au bras de ces derniers, les prémunissait contre cette maladie. La graisse du serpent boa ( Conscrictor) était un puissant baume utilisé dans le traitement des douleurs musculaires telle que le mal de dos. Le sexe du chat tigre quant à lui, atténuait les mauvaises odeurs corporelles.94(*) L'utilité des animaux s'étendait également à la médecine de guerre. Vers la fin du XIXè siècle, la géopolitique de la région est marquée par la recrudescence des conflits inter-ethniques. Les peuples en mouvements, se bousculaient à la recherche d'espace vital. Tout était donc prétexte pour attaquer le voisin. La guerre étant devenue endémique, nombreux étaient des guerriers qui mourraient de leurs blessures au front. Il s'était développé une médecine de guerre qui s'occupait des victimes des combats. Cette médecine consistait à guérir les blessures de façon instantanée quelque soit leur gravité. Certaines espèces animales jouaient un rôle important à ce sujet. La tradition orale des Bangando rapporte qu'un guerrier blessé dans leurs rangs était immédiatement mis à la disposition du guérisseur.95(*) Par pratique mystérieuse, ce dernier faisait appel à la couleuvre jaune (Conuber flavienta) ou Tougo'o et à loutre à joues blanches (Lutrat miculucollis) appelé en langue locale Fima.96(*) La couleuvre léchait la blessure pour rétrécir l'ouverture, tandis que loutre soufflait.97(*) Au bout de quelques minutes, la plaie était complètement cicatrisée et le malade pouvait reprendre le combat quelques jours après. Cependant, aucune femme ne devait regarder la blessure au risque de rendre le traitement inefficace.98(*) Les experts, grâce aux substances extraites des parties de ces deux animaux auraient mis au point des potions destinées à guérir les blessures. S'agissant toujours de l'activité guerrière, les produits de chasse servaient aussi à la fabrication des poisons destinés aux armes de combat. L'oryctérope (Orytoropus afer) était particulièrement recherché pour ses vertus toxiques99(*). Il s'agit d'un animal terrier dont l'habitat peut se situer à des dizaines de mètres dans les profondeurs du sol. Son site d'occupation est divisé en plusieurs compartiments. Son abattage nécessite beaucoup de tact. A l'approche du danger, il change de couloir et bloque l'accès derrière lui tout en libérant un gaz toxique qui asphyxie le chasseur. Ses excréments et ses griffes sont un poison dangereux. Ses intestins n'entrent pas dans les habitudes alimentaires. Son dépeçage se fait avec une extrême prudence. Les méchants usent de ses parties réputées dangereuses pour fabriquer des poisons mortels. Aussi, le chasseur qui parvenait à abattre ou capturer cet animal, devait-il présenter toutes ses parties dangereuses à la communauté. Elles étaient comptabilisées et les notables en toute discrétion, à défaut de les enterrer dans un endroit secret les jetaient dans les profondeurs d'un fleuve.100(*) Celui qui ne se soumettait pas à cette procédure, courrait le risque de devenir paria au moment où il attirait sur lui les soupçons de la communauté. Il était traduit devant l'assemblée du peuple. Au cas où il n'arrivait pas à justifier ce qui était advenu de ces parties, il se voyait publiquement tenu pour responsable de toute mort suspecte qui allait survenir dans le village. Tout le monde l'évitait en raison de la sinistre réputation qu'il traînerait désormais. Personne n'osait plus partager son repas ou son pot de vin, de peur d'être empoisonné.101(*) En réalité, la totalité des parties que les notables emportaient n'était pas détruite. Officiellement, elles étaient enterrées dans la discrétion de peur que des personnes animées de mauvaises intentions ne les déterrent plus tard pour une utilisation non contrôlée. Mais à la vérité, suivant une loi du silence absolu, les notables les confiaient aux ``experts'' qui en fabriquaient des substances toxiques destinées à empoisonner les armes de guerre102(*). Les griffes du daman (hyrax siranus) jouaient le même rôle. Très souvent, on s'en servait pour éliminer les anciens ou les chefs de clan qui avaient trahi la cause de leur peuple.103(*) Dès que le conseil restreint avait décidé de leur mise à mort, le bourreau en toute discrétion, grattait le siège du condamné avec la dent du daman ou la griffe de l'oryctérope104(*). Une fois en contact avec la substance toxique, la mort ne se faisait pas attendre. On peut donc comprendre entre autres, pourquoi les fauteuils des anciens étaient complètement prohibés aux enfants. 105(*) C - Utilité pratique des produits de chasse. Les produits de chasse jouaient à la fois un rôle artistique et pratique. S'agissant de l'aspect pratique, les accessoires issus des produits de la chasse ont permis la réalisation de plusieurs objets usuels. Ils constituaient entre autres, la matière première pour la réalisation de plusieurs objets artistiques. Les peaux d'animaux aidaient entre autres à la confection des sacs, des dossiers des fauteuils, ou des tambours106(*). La qualité du son dépendait de l'état et de la nature de la peau utilisée. La peau des céphalophes spécialement permettait d'avoir un bon son. Elle pouvait être remplacée par celle du gorille ou du chimpanzé. On s'en servait aussi pour la confection des carquois destinés à recevoir les flèches empoisonnées de l'arbalète107(*). Les peaux de certains animaux tels le boa, la vipère permettaient d'orner les sacs. Les carapaces de tortue, la tête de gorille, du chimpanzé, les cornes de cerfs servaient à orner les murs des cases construites avec les écorces d'arbres108(*). Dans les cases, les peaux des grands animaux comme les céphalophes, le zèbre ou le bongo servaient de natte à coucher. Elles étaient tout aussi utilisées comme matelas sur des lits en terre battue.109(*) Ces objets servaient en même temps de trophées. Ils symbolisaient les exploits du chasseur. Les gens pouvaient venir contempler ces animaux, lorsqu'ils ne les avaient pas encore vus.110(*) Les produits de chasse étaient également utilisés pour se vêtir. L'avènement du tissu dans nos sociétés n'étant que récent à la faveur du commerce transsaharien d'abord et transatlantique plus tard, les populations se sont vêtues pendant longtemps de cache-sexe fait d'écorces d'arbres ou de peaux d'animaux. Les peaux de panthères étaient recherchées par les pères de famille et les grands patriarches pour la confection des tenues d'apparat qu'ils arboraient pendant les grandes cérémonies. A ceci s'ajoutait une coiffure de toque, surmontée de plumes d'aigle et de perroquet, symbole de noblesse et de puissance. Chez les Bangando, la peau du chat-tigre ( tolo) servait à habiller la jeune mariée. Elle la portait sous forme de cache-sexe. On pouvait tout aussi en faire un foulard. Les Mpyemo l'utilisaient comme crèche pour les nouveaux nés.111(*) Lors des cérémonies de circoncision à l'instar du Beka, elle était un signe de distinction pour les initiés. Ceux qui en étaient dépourvus s'exposaient aux amendes.112(*) Les produits de la chasse aidaient à confectionner des objets usuels. Leur utilité était manifeste lors des campagnes guerrières et dans les taches domestiques. La peau de panthère servait de parure, un bon bouclier contre les flèches tandis que les cornes du buffle quant à elles, servaient de sifflet. Elles jouaient le rôle d'instrument de communication et de mobilisation des troupes. La queue d'éléphant tenait lieu des chasse-mouches. Au niveau de l'art culinaire, la rutile de l'éléphant remplissait le rôle de meule. Elle servait à écraser les céréales tels les arachides ou le concombre. Ses côtés jouaient le rôle de couteau ; ils permettaient d'éplucher les plantains à la cuisine. Les femmes s'en servaient aussi pour faire des coiffures. II- CHASSE ET POLITIQUEFaute d'une structure étatique hiérarchisée, une certaine ethnographie tendancieuse empreinte de l'idéologie colonialiste, a caractérisé d'acéphales et apolitique, les sociétés forestières d'Afrique. Or le pouvoir politique est ici une réalité. Il incombe à un chef dont les prérogatives ont un lien évident avec l'activité cynégétique. A- Les attributs du Chef La structure socio-politique des Bantous et des Baka du Sud-est Cameroun, reste conforme au modèle des sociétés lignagères. Le lignage constitue à cet effet l'unité résidentielle, le cadre de référence de la vie sociale. La succession est patrilinéaire. Les individus s'identifient à leur clan d'origine dont ils portent le nom de l'ancêtre fondateur. Certains clans sont formés au cours des situations troubles comme les migrations et les guerres où les hommes, pour se tirer d'affaire, scellent des alliances avec des animaux ou des plantes qui deviennent ainsi leurs totems et leurs emblèmes. Ces animaux constituent par conséquent leurs interdits alimentaires. Ils ne peuvent en aucun cas être chassés. Les clans ainsi formés prennent leurs noms. A la tête de chaque clan se trouve un chef assisté des anciens qui font office de notables. Il appartient à la dernière génération des parents. L'âge et l'expérience fondent son autorité. Chez les Baka, sa désignation tient compte de ses exploits à la chasse. En communion avec les ancêtres et les esprits de la forêt, il veille au bien-être de la communauté et à la cohésion sociale, sur la base du respect de la coutume qui définit le code de conduite. Chez les Bangando, le chef était un homme vénéré. Il arborait un costume digne de son statut. Il portait la fibre de raphia (Bolele) sous une forme bouffante appelée Poto. Sur ce Poto était accrochée une cravate en peau de servaline. Un bonnet en peau de singe appelé Koi surmonté d'un panache de plume d'aigle (Nguili) était posé sur la tête en signe de puissance113(*). Son visage était maquillé de poudre de Padouk (Mongouele). Une peau de panthère lui servait de veste. Son trône (Kondji) reposait sur les pointes d'ivoire (Matanga). Tous ces objets de valeur montraient à quel point le chef occupait une place prépondérante en société. Il entretenait diverses relations avec d'autres contrées.
B - Les relations intercommunautaires Les produits de chasse jouaient un rôle non négligeable dans les relations entre les peuples. Ils mesuraient le degré d'entente entre les tribus, auguraient de la dégradation des rapports pacifiques.
1) L'amitié Une certaine littérature hagiographique chantant les gloires de la colonisation a envisagé les sociétés africaines dans une perspective guerrière que seule l'arrivée du colonisateur aurait stabilisé et pacifié.114(*) Sans nier que l'existence en Afrique hier comme aujourd'hui est marquée par des chocs, il convient de relever avec Eboussi Boulaga, que parmi les constantes de la pensée négro africaine, figure la recherche de la vie dans la paix. 115(*) La civilisation africaine est une civilisation de paix et d'harmonie. Elle est pensée en termes de coexistence pacifique. Des rapports pacifiques qui étaient entretenus par des échanges. Les produits de chasse y jouant un rôle non négligeable. Les souverains échangeaient des colis de viande. Il pouvait s'agir des paquets dont la façon d'attacher le colis recelait des messages codés. Par exemple, les morceaux de viande attachés avec des fibres végétales appelées Pembeka chez les Bangando, expédiés par un chef du Sud-est à son homologue d'une autre ethnie signifiaient que le destinataire devait en retour envoyer à l'expéditeur un autre article.116(*) Les produits de haute valeur tels que l'ivoire, les plumes de perroquet échangés entre les chefs de tribus étaient un signe de respect et d'estime réciproques. Il arrivait que les villages organisent des parties de chasses communes sous forme de jeux. Les trophées revenant au village du chasseur qui aurait abattu des espèces prestigieuses comme l'éléphant, le Bongo ou le Gorille. L'utilisation des produits de la chasse était aussi significative pendant les conflits. 2) Le conflit La collaboration entre les entités politiques du Sud-est à l'époque précoloniale s'exprimait par l'envoi des présents et des visites entre souverains. Le contenu d'un paquet était un message. Ainsi, un colis contenant les parties génitales d'un animal, était un signe annonciateur de la dégradation des rapports entre les peuples. Il ne s'agissait point d'une déclaration de guerre mais plutôt d'une invite à la négociation117(*). La suite des événements devait dépendre du contenu du colis renvoyé. Un paquet contenant l'animal totem du clan signifiait automatiquement une déclaration de guerre. L'on pouvait aussi envoyer des armes tels le couteau, les lances pour signifier que l'on avait opté pour l'affrontement armé. Dans le cas contraire la volaille qui était expédiée. La chasse pouvait être une source de conflits entre contrées. En effet, chaque village disposait de ses propres territoires de chasse. La limite pouvait se situer au bord d'une rivière, d'un arbre ou d'une montagne. On s'y introduisait avec la permission d'un beau fils ou d'un ami. Quiconque s'aventurait dans ces espaces en dehors de ce cadre réglementaire, était considéré comme clandestin. Il s'exposait aux conséquences très graves. A défaut d'être dévoré par une bête féroce représentant un esprit du clan, l'infortuné pouvait se faire tabasser par les jeunes du village en question au cas où il avait été surpris en flagrant délit. En retour, les siens étaient à mesure de riposter et l'incident dégénérait en affrontement armé. Tel était le rôle ambivalent de la chasse dans les relations inter-communautaires. Elle pouvait assainir ou envenimer les relations entre les peuples. Malgré tout, son rôle était plus déterminant dans le domaine des échanges. III- LA CHASSE DANS LE SYSTEME ECONOMIQUEL'importance des produits de la chasse intervient dans le commerce précolonial et les échanges matrimoniaux. A - Les produits de chasse dans le commerce précolonial. La région du Sud-est, à l'image de tout le Cameroun méridional forestier, a connu le développement des échanges, malgré l'absence de marchés formels, des routes commerciales, d'une classe de marchands et surtout de la monnaie2(*)9. Le troc suppléait à la monnaie dont le rôle est de déterminer la valeur marchande des biens. Les populations procédaient aux échanges en soupesant les objets et les biens. Leur valeur était estimée à vue d'oeil. Les opérations se déroulaient à travers les nombreux réseaux d'amitié existant entre les peuples ; les intermédiaires facilitaient les transactions dans le cadre du commerce à longue distance, devenu intensif avec l'ouverture aux commerces transatlantique et transsaharien. Du lieu de provenance ou de destination, dépendait la nature des produits échangés. De l'intérieur revenaient le caoutchouc, l'huile de palme, les peaux et dents de panthère, l'ivoire et les captifs. De la côte provenaient, des fusils, du sel, de la poudre et de la pacotille. Du Nord, partaient les chevaux et les cotonnades qui étaient échangés contre la kola et les captifs3(*)0. Le Sud-est constituait un pôle commercial important en raison de ses nombreuses richesses naturelles, de sa position stratégique dans le bassin conventionnel du Congo, et de son ouverture sur la côte atlantique où Français, Allemands, Portugais et Belges avaient ouvert des factoreries. De par la richesse de sa faune, les produits de chasse étaient particulièrement prisés. Les échanges se déroulaient à travers une chaîne commerciale organisée entre les Baka, les Bantou et les Européens. C'est par l'intermédiaire des Bantou que les Européens entraient en possession des produits dont les Baka étaient la source à savoir : les peaux et dents de panthère, et l'ivoire. En effet, les Bantou envoyaient les Baka, chasser pour leur compte. Désormais, il s'établissait une prééminence du Bantou sur son associé. Les objets issus de cette transaction devaient impérativement transiter par lui avant de parvenir au Baka. Il avait la latitude de choisir quel objet lui donner. B - Le rôle des produits de chasse dans les échanges matrimoniaux. Avant la pénétration occidentale dans la région à la fin du XIXè siècle, la dot chez les Bantou comportait l'offre des objets métalliques tels que les barres de fer et les pointes d'ivoire. Ces objets étaient rares, mais indispensables. Ils entraient dans la fabrication des outils agricoles comme l'enclume, la hache, la machette, la houe et les lances destinées à la chasse. L'on pouvait en plus de cela, demander des animaux tels la tortue, la vipère, le boa où d'une bête féroce qui avait dévoré un membre de la famille118(*). Avant le rituel, il arrivait que l'on exige du gendre la capture ou l'abattage d'un mammifère carnivore. Le réaliser était la preuve non seulement de son courage, mais aussi surtout l'assurance que son épouse allait être bien nourrie. Le prétendant mobilisait alors les siens qui organisaient les parties de chasse à cet effet. Le mariage ne pouvait avoir lieu tant que cette exigence n'avait pas été satisfaite. Il arrivait aussi qu'un jeune homme réputé grand chasseur, reçoivent les propositions de mariages de la part de plusieurs famille en rapport avec ses talents.119(*) Chez les pygmées, la compensation matrimoniale représentait trois années de chasse pour le compte de la belle famille. Le prétendant séjournait pendant cette période dans le campement de sa femme. Il ne regagnait le sien accompagné de son épouse qu'après avoir accompli ce temps.120(*) C- La chasse comme fondement de la coopération Baka - Bantou Les traditions des peuples Bantou du Sud-est Cameroun présentent les Baka comme un peuple pacifique dont les rapports avec leurs voisins Bantou ont généralement été harmonieux. En effet, l'ancienneté des ces relations pacifiques entre les deux communautés est attestée par Bahuchet et David pour ne citer que ces deux auteurs. Bahuchet écrit que : ``les Pygmées sont en contact avec les populations d'agriculteurs depuis au moins cinq cents ans»121(*). David quant à lui remonte plus loin dans le temps et nous apprend que cette coopération date de 2400-500 avant J-C, et qu'elle a un fondement économique122(*). 1. L'interdépendance économique En raison de leurs modes de vie respectifs, Baka et Bantou ont été qualifiés, les uns d'agro-chasseurs et les autres de chasseurs-collecteurs. Ce qui suppose d'énormes lacunes et le besoin de complémentarité dans leurs différents systèmes de production. Aussi, la demande en ressources naturelles était-elle élevée chez le Bantou dont la structure sociale est très large. Sa production en viande ne pouvant rivaliser celle du Baka, véritable maître de la forêt.123(*) A cet effet, ses espoirs ne reposaient principalement que sur l'agriculture, qui, bien que fournissant des denrées limitées, a l'avantage de permettre la constitution des stocks des réserves toute l'année durant. Le Baka quant à lui se trouve dans une position d'infériorité technologique. Il ne travaille en effet ni argile ni fer dont les produits sont pourtant nécessaires pour sa vie quotidienne. Le recours aux échanges s'avérait impérieux pour chacun dans le but de combler ses manques. Il s'était ainsi installé entre les deux communautés, une symbiose qui se traduisait par le principe du «troc équilibré . A ce propos, Séverin Cécile Abega indique que : Ces rapports étaient empreints de spontanéité, et les deux partenaires engagés dans le cycle de prestation et de contre prestation savaient ce qui était bon pour l'autre, n'hésitant pas à le lui offrir même si le besoin n'avait pas été exprimé124(*). Aussi le Baka troquait-il le produit de sa venaison composée d'excédents de chasse, d'amande de mangue sauvage, de miel et de plusieurs variétés de feuilles comestibles contre des féculents, des céréales, du sel, du tabac, des noix de kola, des ustensiles en argile, ainsi que des objets en fer125(*). Les biens ainsi échangés parvenaient au coeur de chaque société par l'intermédiaire des nombreux réseaux d'amitié établis entre les membres des deux communautés. Des amitiés qui, pour se consolider davantage ont eu recours à la sacralité126(*)6(*). 2. Alliances et pactes sociaux Le déroulement des échanges entre les deux communautés était entouré de mystère en raison des préjugés que les uns avaient des autres127(*). Les traditions orales rapportent que le Baka venait déposer dans le sous bois situé non loin de la concession de son partenaire les produits qu'il lui proposait, en l'invitant par les signes à les découvrir. Plus tard, il venait au même endroit pour récupérer ce qui lui était destiné car, chacun connaissait les besoins de l'autre. La transaction étant devenue spontanée, il s'était établi une amitié (lotis) qui s'étendait aux membres de leurs familles respectives. Le Baka avait choisi par la suite de s'installer derrière la concession du Bantou. Cette décision était motivée à la fois par un souci commercial et la recherche de la sécurité. En effet, le Baka, en se rapprochant de son associé, était mu par la fuite du Limassa128(*), une sorte de croque mitaine qui sévissait dans la forêt129(*) ; d'où sa propension à se cacher dans le sous bois, au moindre contact avec un étranger. Il n'avait non plus choisi de s'installer au village car redoutant le Kaka, un autre personnage avec qui il avait eu maille à partir dès le premier contact. Tout étranger pour le Baka est un Kaka envers qui il éprouve la peur et la méfiance130(*). Dans le souci de garantir l'inviolabilité de ces liens, des pactes de sang (Mponi) furent scellés entre eux131(*). Les parentés artificielles s'établissaient entre les membres des deux communautés. A Mbangoye I, village situé à dix-sept kilomètres de Moloundou, les traditions orales rapportent que Sakanda est l'ancêtre Bangando qui aurait établi le pacte avec les Pygmées qui s'y trouvent de nos jours1(*)0. Ainsi, des Baka étaient liés à des familles bantoues. Un certain Massa du village Mbatéké par Moloundou abrite encore dans sa concession des Pygmées dont le pacte d'amitié avait été scellé entre les grand-parents1(*)1. Ces pactes ont servi de levier à une certaine fraternité entre les deux communautés allant jusqu'à la participation commune aux activités religieuses de chaque société. A cet effet, les Baka ont été les premiers à admettre les Bantou au sein du jengui, rite au cours duquel Komba, le créateur, manifeste sa bonté1(*)2. Dans un premier temps, les Bantou y assistaient par simple curiosité. Abasourdis par des miracles réalisés au cours de cette cérémonie dont les retombées s'appliquaient en même temps aux communautés Baka et Bantou, ils avaient décidé de l'intégrer véritablement1(*)3. Ces derniers voyaient leur récolte augmenter et les parties de chasse devenaient fructueuses1(*)4. Jengui indiquait aussi de nouvelles plantes médicinales dont les bienfaits s'étendaient aux deux communautés1(*)5. Enfin, les initiés étaient désormais placés sous la protection de jengui et pouvaient par conséquent chasser dans la forêt sans se faire dévorer par une bête sauvage représentant un esprit malveillant1(*)6. Par cet acte, les Baka avaient ouvert la porte de leur culture aux Bantou. Mieux encore, ils les introduisaient dans les profondeurs de la forêt dont ils maîtrisent les secrets132(*). Les enfants des deux communautés, tout en grandissant ensemble, étaient soumis aux mêmes rites d'initiation1(*)8. C'est le cas du Beka qui est une circoncision publique d'origine Essel, un peuple bantou. Cérémonie de grande envergure, elle mobilise l'ensemble de la communauté et nécessite un gros investissement de la part des aspirants. C'est à un Bantou qu'il revient d'exécuter l'opération. Les petits Baka et Bantou initiés au même moment deviennent des frères de sang et de classe d'âge. Ils partageront à jamais ce souvenir commun. Un brassage linguistique s'était établi entre les deux communautés. Cependant, le Baka était plus prompt à parler la langue du Bantou, nécessaire dans les échanges. Chaque Baka se trouvait ainsi annexé à une famille Bantou dont il devenait le membre sans pour autant devenir Bantou d'autant qu'«un morceau de bois, à force de séjourner longtemps dans l'eau, ne se sera jamais caïman». Les distances observées entre les deux communautés donnaient toute la mesure de cet adage. Jamais elles ne partageaient en commun leur repas. Pire encore, les interdits sexuels étaient formels entre les deux groupes qui tenaient chacun à sa pureté. Un Baka n'osait même pas regarder une femme bantoue avec convoitise ; et même s'il lui arrivait de le faire, sa demande n'aurait pas été agréée, en raison du complexe de supériorité qui animait les femmes bantoues. En revanche, le Bantou qui venait à transgresser cet interdit était déclaré impur et dénoncé tout de suite. Cela se révélait lors de la réduction du fer où la présence de celui qui avait touché à une femme Baka faisait échouer l'opération jusqu'à ce qu'il passe aux aveux et se purifie1(*)9. Cette distance n'était nullement une ségrégation entre les deux peuples plutôt une mesure visant à préserver la paix et l'harmonie entre les membres des deux sociétés qui vivaient dans la cordialité, les uns se mettant à l'école des autres. 3. La transmission des techniques Du fait de son ignorance de la technologie du fer, le Baka se trouvait dans une position de faiblesse vis à vis du Bantou. En effet, cette technologie produit une gamme d'objets qui sont d'une grande utilité dans la vie courante : sagaies, haches, couteaux... qui accentuent et systématisent l'exploitation des ressources naturelles. Guillaume explique à cet effet que «c'est l'acquisition d'objets forgés qui constitue la base matérielle du rapport d'association et lui donne son caractère contraignant»2(*)0. Cette lacune ne constitue nullement un handicap dans sa relation avec le Bantou. Bien au contraire, le Baka est crédité d'une grande science dont il mettait les applications et les savoirs à la disposition du Bantou. A cet effet, on assistait à un véritable «rendez-vous du donner et du recevoir». On est même tenté de se demander si ce n'est pas le Baka qui donnait plus qu'il ne recevait étant entendu qu'il ne recevait de son associé que des objets usuels alors qu'en retour, il lui apprenait des techniques et des savoirs à perpétuer un peu dans l'esprit de cet adage chinois qui dit qu'il vaut mieux apprendre à quelqu'un à pêcher que de lui donner du poisson. Tout d'abord, le Baka enseignait au Bantou les techniques de chasse nouvelles. Une meilleure exploitation des richesses naturelles, exige-t-elle de remarquables capacités d'observation et d'analyse de l'environnement. Elle fait appel à une grande acuité visuelle et auditive. Le Baka, maître absolu de la forêt, trouve du gibier là où les autres trouvent inutile de chasser. Il prévoit même l'arrivée des animaux qu'il peut appeler2(*)1. A partir de cette haute éthologie, le Baka conditionnait l'accès du Bantou dans l'univers forestier en vue d'une exploitation optimale des ressources. Il lui apprenait à repérer les traces des animaux, à tuer les singes à l'aide des flèches empoisonnées et lui indiquait le procédé même de fabrication de cette substance dont les effets nocifs n'ont aucune répercussion sur le consommateur2(*)2. En outre, le Baka indiquait au Bantou comment soigner les morsures des serpents et de scorpions, nombreux en forêt. Henri Koch à fort bien montrer la présence des techniques de chasse des Baka dans l'univers des Bantou, marqué par la présence des campements de chasse dont l'architecture n'est pas moins un trait de la culture pygmée. Alphonse Moussa, un patriarche Mpouomam fait un témoignage élogieux de cette pédagogie quand il confie que «c'est grâce à eux que nous avons appris à chasser l'éléphant»2(*)3. L'éléphant est un pachyderme qui fait partie des animaux redoutés de la forêt. Sa masse de chair estimée à plus de sept tonnes2(*)4, peut nourrir des villages entiers pendant plusieurs jours. Son ivoire a été de tout temps l'objet d'un commerce florissant entre les Bantou et les Européens. Aussi était-il vivement recherché. Cependant, les Bantou redoutaient cet animal car l'épreuve de sa chasse présente des risques. Pour avoir l'ivoire, il fallait faire recours aux Baka doués en la matière ; ils ont appris aux Bantou qu'ils pouvaient détecter sa présence, par le bourdonnement des mouches ; ainsi que la façon de l'aborder sans être perçu, et comment se défendre en cas d'attaque2(*)5. Toutes ces épreuves nécessitaient beaucoup de subtilité, d'où cette invite à la prudence contenue dans cet autre proverbe Baka qui dit : Mo olo a la ya a c'est-à-dire «on ne grimpe pas en face de l'éléphant». C'est pour cette raison que le chasseur d'éléphant était un homme adulé. C'était l'échelon le plus élevé de la cynégétique. Il était suivi par le chasseur du gorille, car ces deux animaux réputés dangereux sont difficiles à abattre2(*)6; y parvenir relevait de l'exploit célébré par toute la communauté. Le chasseur était porté en triomphe. Les Baka, en permettant aux Bantou d'accéder à cette gloire, s'étaient ouverts sans réserve à leurs voisins. En dehors de la chasse, les Baka initiaient également les Bantou à connaître les noms des plantes, ainsi qu'à maîtriser leurs vertus. Ces plantes servaient aussi bien dans le domaine médicinal que dans l'alimentation. C'est le cas de l'ayous (Triptochiton Scleroylon) dont la chair pilée permettait d'obtenir du sel indispensable à la cuisson des repas. Ils leur enseignaient aussi des thérapies à base d'écorce d'arbres. Ils leur ont appris, par exemple, l'utilisation d'écorces de sapelli (Cutandrophoama) pour soigner les blessures. De même que les hémorroïdes pouvaient se traiter à l'aide d'une décoction faite avec l'écorce d'acajou, ou encore, et les céphalées aiguës grâce à une poudre obtenue de la crémation de la peau du singe magistrat2(*)7entre autres. C'est sur cette base des rapports diversifiés et d'échanges de connaissances, des techniques et des capacités différentes de mise en valeur du milieu naturel que les Baka et les Bantou se sont associés, chaque partie bénéficiant des potentialités originelles de l'autre. Conclusion Cette présentation non exhaustive des multiples utilisations des produits de chasse par les populations du Sud-est Cameroun à l'époque précoloniale, permet d'évaluer l'encrage de l'activité cynégétique dans la vie quotidienne des Baka et des Bantou. Elle rend compte à merveille de la gamme de services que cette activité procure à ces populations. Aussi, le lien est-il très profond entre les hommes et la chasse qui, dès lors apparaît comme une activité vitale et un facteur structurant des rapports inter individuels d'une part, et entre l'homme et la nature d'autre part. La chasse fournit aux ménages leur nourriture quotidienne. Elle est un cadre idoine de manifestation du communautarisme dont le pendant reste la solidarité africaine. Elément de base dans les échanges, elle constitue un élément d'appréciation du degré d'estime que l'on porte à un étranger. Ses produits ont des vertus médicinales certaines. Celles-ci vont de la guérison des maladies courantes au rôle de fétiche133(*). Source de matières premières dans le domaine de l'esthétique, baromètre éprouvé des relations inter communautaires, enjeu important dans le mariage, la chasse occupe une place cardinale dans la vie des populations du Sud-est Cameroun. Bon nombres d'aspects qui restent encore pratiqués dans cette région de nos jours. Face à l'urgence de la sauvegarde de la faune sauvage, il convient de relever que toute tentative d'abandon de l'activité cynégétique par ces populations participe d'une déstructuration sociale de ces peuples. Par ailleurs les mesures alternatives préconisées dans le cadre de la lutte anti braconnage, devront prendre en compte cette dimension multifonctionnelle de la chasse pour ces populations. Il y a donc lieu de les impliquer de façon active dans le processus de protection de la biodiversité, dans le cadre d'un dialogue de cultures entre les peuples. 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Annexes ANNEXE IDONNEES SUR LA DIVERSITE BIOLOGIQUE EN AFRIQUE EN CENTRALE ET AU CAMEROUN I - AFRIQUE CENTRALE - Superficie totale 423.341.000 ha - Population : 100.500.000habitants. - Superficie des forêts du Bassin du Congo : 210 Millions d'ha 2ème plus grand massif forestier d'un seul tenant du monde après l'Amazonie 26% des forêts humides du monde 70% du couvert forestier africain Un des plus importants foyers de méga diversité biologique du monde. Plusieurs centres d'endémisme refuge interglaciaire du Bassin du Congo central, massif montagneux surélevé du Congo oriental, montagnes du Cameroun, refuse interglaciaire du Gabon, mangroves des côtes de l'Atlantique, écosystèmes dulçaquicoles du fleuve Congo avec ses lacs et ses affluents. Gamme très variée de biomes, d'écosystèmes et d'habitants comprenant des forêts inondées, des forêts afro montagneuses, des mangroves, des bois. Plus de 50% d'espèces animales et Végétales du Contient ; 1er rang des régions africaines pour plusieurs groupes taxonomiques, avec notamment Ø 852 espèces de mammifères Ø 1086 espèces d'oiseaux Ø 216 espèces d'amphibies Ø 280 espèces de reptiles Ø 48 espèces de papillons Ø 10.000 espèces de plantes vasculaires II - CAMEROUN 5ème rang africain au niveau de la diversité biologique , après la RDC , Madagascar, Tanzanie et Afrique du Sud Ø Superficie : 475.000 km2 (1,6% de la superficie globale du continent africain) Ø 406 espèces de mammifères (48% du continent) dont 23 sont endémiques Ø 846 espèces d'oiseaux (54%) dont 21 sont endémiques Ø 190 espèces d'amphibiens (50ù) dont 21 sont endémiques Ø 183 espèces de reptiles (30 - 75%) Ø 39 espèces de papillons (25 - 50%) 10.000 espèces de plantes vasculaires Ø Source : MINEF, rapport du séminaire national d'élaboration des stratégies de lutte contre le braconnage Yaoundé 10-11- août 1999, p.58. * 1 Depuis 1968, date de la création du club de Rome prenant en compte la question de l'environnement, plusieurs sommets y relatifs se sont tenus. les plus significatifs sont le sommet de la terre de Rio de Janeiro en 1992 et le sommet sur le développement durable de Johannesburg en 2002. On peut aussi ajouter à cette liste, le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre entré en vigueur en 2005. * 2 La chasse est clairement attestée dans les gisements archéologiques liés à l'Homme de Neandertal. * 3 G. H. Brundtland, `` Notre avenir à tous'', Rapport de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement, 1987. * 4 Ibid. * 5 Le relativisme culturel est une doctrine philosophique qui s'oppose à une morale absolue et préconise que tout varie en fonction de son milieu d'émergence. * 6 UNESCO, ''Convention sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel '', octobre 2000. * 7 C. Beck, Intervention à l'atelier sur l'histoire de l'environnement, Université de Nantes, 2002, in http://wikipedia.org/histoire_environnement. * 8 K. Marx, Manuscrits de 1884, Editions Sociales, p.96 * 9 T.Obenga, Pour une nouvelle histoire, Paris, Présence africaine, 1980, p.9. * 10 La désertification due à l'avancée du Sahara et la sauvegarde des massifs forestiers de l'Afrique centrale sont entre autres certains des ces problèmes. * 11 M. Chastanat, Plantes et paysages d'Afrique. Une histoire à explorer .Paris, Karthala,/CRA, 1998, p.21. * 12 Le CODESRIA a organisé un atelier à Ndjamena en 1989 sur le thème : Quelle Histoire pour l'Afrique de demain ? * 13 http://wilpekédia.org_chasse * 14 Ibid. * 15 Les modes sociaux des chasseurs-cueilleurs se heurtent violemment depuis l'invention de l'agriculture, il y a 10000ans aux sociétés pastorales ou agricoles. * 16 P.Bgombe Logo, ``Le phénomène du pouvoir politique chez les pygmées Baka de l'Est- Cameroun'', Mémoire de Maîtrise en Sciences Politiques, Université de Yaoundé 1990, p.7. * 17 Ibid. * 18 G. Burdeau, Traité des sciences politiques, Paris LGDJ 1980, p.2. * 19 Ibid. * 20 http:// wikipedia.org_societé * 21 Ibid. * 22 G. Rocher, L'action sociale..., p.65. * 23 G. Rocher, Introduction à la sociologie générale, tome 2, HMH, 1964, p.130. * 24 Tendance de l'école historique des annales, la nouvelle histoire est lancée au cours des années 1970 par Pierre Nora et Jacques Le Goff. * 25 Radcliffe-Brouwn, Structure et fonction dans la société primitive, Londres, 1952, p.11. * 26C. Levi-Strauss Anthropologie structurale, Paris, 1974, p.141. * 27 P.Bgombe, ``Le phénomène du pouvoir politique...'', p.32. * 28 G. Rocher, Introduction générale à la sociologie, p.165. * 29 Robert King Merton, cité par P.Bgombe, ``Le phénomène du pouvoir politique...'', p.32. * 30 Au départ, l'histoire de l'environnement est suspectée être de l'idéologie et fait face à des ombreuses lacunes méthodologiques. * 31 Elide Mircea, Traité d'histoire des religions, Paris, Payot, 1949. * 32 J.Maley, La sédimentation pollinique dans l'actuel bassin du lac Tchad, Paris, pollens et spore, 1972 * 33 J.Boutrais et al, Le Nord Cameroun : Bilan de dix ans de recherche, Yaoundé, ISH, ORSTOM, 1979. * 34J.P. Chrétien, Histoire rurale de l'Afrique des Grands Lacs, Paris, Karthala/CRA, 1983. * 35 A., Beauvilain, ``Nord Cameroun : Crises et peuplement'', thèse de Doctorat, Lettres et sciences Humaines , Université de Rouen, 2 tomes. * 36 B., D., Nizezeté, ``Les hommes et le bois dans les hauts plateaux de l'ouest -Cameroun. Des éléments pour une la technologie du bois dans les grassfields'', Thèse de Doctorat nouveau régime, université de Paris I panthéon, Sorbonne * 37 M .Chastanet, Plantes et paysages d'Afrique. Une histoire à explorer .Paris, Karthala, /CRA, 1998. * 38 Le cas de la R.C.A et du Tchad y est explicitement évoqué. * 39 T.M. Bah., «Guerre, pouvoir et société dans l'Afrique précoloniale entre le lac Tchad et la côte du Cameroun», thèse de Doctorat d'Etat es lettres, Paris I Panthéon-Sorbone, vol.1, 1985. * 40 On peut évoquer les cas des abris sous roche. * 41 Un bon chasseur devait automatiquement être un bon guerrier. * 42 J. M., Essomba, Le fer au Cameroun méridionale, thèse de Doctorat d'Etat es lettres, Paris I Panthéon-Sorbone, vol.1 * 43 C.Mbida, L'émergence des premières communautés villageoises, Thèse de Doctorat Ph.D, Université libre de Bruxelles. * 44 M. Elouga, Archéologie des sites au Sud de la boucle de la Sanaga, thèse de Doctorat Ph.D en Archéologie, Université de Yaoundé I, 2001. * 45 G.Venetier, Géographie du Congo, Ganthier vieillards, Paris 1966 * 46 C.M .Hladick et al : Alimentation en forêt tropicale, ORSTOM. * 47 F Gastine, Etude sur la Culture Bantou, Collège Libermann, Douala 1972. * 48 Cet aspect sera développé de façon exhaustive au chapitre sept. * 49S. Bahuchet, Les pygmées AKA et la forêt Centrafricaine. Selaf Paris 1985 638 pages : Se nourrir en forêt équatoriale. France anthropologie alimentaire des populations des régions forestières d'Afrique 96 pages * 50H. Koch, Magie et chasse dans la forêt camerounaise, Paris, Berger-Levrault, 1968 * 51 G de Foh Phillipart. , Les Pygmées d'Afrique Centrale, Parenthèses, 1984 * 52P. Laburthe Tolra., Les Seigneurs de la forêt : Essai sur le passé historique, l'organisation sociale et normes ethniques des anciens Betis du Cameroun, Paris, Sorbonne, 1981. * 53 S.M. Rondet, Organisation des colonies françaises du point de vue cynégétique. * 54 S. Ango Mengue., «L'Est camerounais : une géographie du sous-peuplement et de la marginalité», thèse de Doctorat 3e cycle, université de Bordeaux III, 1982. * 55 Y.C Madzou, « Pygmées et Bantou dans le bassin du Congo. Les terroirs de Bomassa-Bon coin et Makao-Lngaga, riverains du Parc National de Nouabale-Ndoko, Nord Congo », Mémoire de DEA, Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3, 2002.p. 4. * 56Les études réalisées par le WWF ont permis d'identifier plus de cinquante larges mammifères qui sont pour la plus part des espèces menacées de disparition dont les éléphants, les gorilles , les chimpanzés, ainsi que trois cents espèces d'oiseaux endémiques, cent vingt un espèces de poissons, deux cents quinze espèces de pavillons, deux cent onze essences de bois appartenant à quarante sept familles. * 57 Les traditions orales des peuples de la foret présentent les pygmées comme une population préétablie, accueillant les envahisseurs. * 58 C. Turnbull, The forest people, London, Paladin, 1984, p.35. * 59 MINEF, rapport du séminaire national d'élaboration des stratégies de lutte contre le braconnage, Yaoundé, 10-11 août 1999, p. 37. * 60 En mars 1999, six chefs d'Etats de l'Afrique centrale ont tenu un sommet à Yaoundé au Cameroun sur la gestion des forets de la sous région. Des décisions prises ont permis d'élaborer une plate forme commune de protection de la biodiversité * 61 Les sept aires protégés sont les suivantes : les parcs de Boumba Beuk et Nki et la réserve du djah pour le Cameroun, du Congo Brazzaville, et les parcs nationaux de Minkebe, Mwagne, d'Ivindo,et d'odzala koukoua pour le Gabon. * 62 Ce plan de zonage a été adopté au Cameroun à partir de la loi 94 /portant sur le régime des forêts. * 63 L'ancien Maire de la commune rurale de Yokadouma est en ce moment écroué à la maison d'arrêt de Yokadouma pour sa gestion jugée peu orthodoxe à la tête de l'exécutif communal. Quant à l'actuel Maire, il fait l'objet d'une instruction judiciaire pour des mêmes raisons. Selon la presse nationale, celui de Moloundou aurait été convoqué au contrôle supérieur de l'Etat pour rendre compte de sa gestion. * 64 Trois sites ont été découverts dans le village Mbateka. * 65 Synthèse des enquêtes de terrain effectuées par nous dans les différents cantons. * 66 Résultats des enquêtes effectuées dans les villages Mparo, Mans, Bompello et Djalabekoe au mois d'avril 2008. * 67 La recherche des ignames sauvages fait partie des activités de prédilection des Baka. Elle est surtout l'oeuvre des femmes et nécessite une dépense de temps et d'énergie considérables. * 68 Synthèse des enquêtes orales effectuées dans les villages Mbangoye1et 2, Nguilili1et 2, Mbateka, Makoka, et Mbangoye en août 2008 dans le cadre du projet LLS /TNS. * 69 C.M .Hladick et al : Alimentation en forêt tropicale, ORSTOM, p.23 * 70 S.C.Abega, Les pygmées Baka, le droit à la différence, Yaoundé, INADES /FORMATION, 1998, p.50. * 71 Dellemmmes, Le père des Pygmées..., p.54. * 72 F. Angoula, 46 ans, entretien du 26 mars 2008 à Yokadouma. * 73 Il s'agit de l'une des quatre personnalités qui assurent l'harmonie et la concorde au sein de la société Baka. Les trois autres étant le Kobo (sage), le Ngangan (guérisseur) et la Ngangue Wose (Doyenne des femmes). * 74 La danse du Yeli était l'occasion où les femmes appliquaient des potions sur le front des chasseurs , afin d'attirer vers eux des animaux. * 75 S.C. Abega, Pygmées Baka, ...p.36. * 76 L'Afrique est souvent présentée comme une terre de partage. * 77 Zouya, 76 ans, entretien du 23 mars 2008 à Mole XII. * 78 Il n'est pas surprenant d'entendre quelqu'un de nos jours dire à un voyageur de lui garder comme provision de son voyage, tel gibier qu'on lui servira. * 79J.C. Gnangue, «Evolution des techniques de chasse chez les Bangando du sud-est Cameroun des origines à 1994», mémoire de DIPESII, ENS, Yaoundé, 1998, p.53. * 80 Ibid. * 81 P.Kebikiile, 85 ans, guérisseuse traditionnelle, interrogée le 26 octobre 1987 à Dioula par J.C Gnangue. * 82 F .Angoula, entretien du 26 mars 2008. * 83 B.Mekoulagna, entretien du 26 mars 2007 à Mbol XII. * 84 I.B.Kavala, "Essai d'analyse historique du rite familial de la réconciliation chez les Baveuk du cours supérieur de la Sanaga", Mémoire de Maîtrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2005. * 85 J. Mindjoss, entretien du 13 juin 2008 à Massiang. * 86 M. Assue, entretien du 13 mai 2008 à Mboy I. * 87 E. Mboloko, entretien du 10 juin 2008 à Yokadouma. * 88 M. Liankom, entretien du 13 juin 2008 à Ngolla 20. * 89 J.Essomo, 62 ans, guérisseuse traditionnelle, entretien du août 2008 à Mbol XII. * 90P. Kebikibele, 85 ans, entretien du 26 octobre 2007 à Dioula . * 91 J.C.Ngangue, «évolution des techniques ...», p.54. * 92 Cette pratique est encore usitée de nos jours dans toute la région. * 93 J.D.Diro, 48 ans environ, entretien du 12 juin 2008 à Yokadouma. * 94 Synthèse des enquêtes de terrain dans les différents villages. * 95 Ibid. * 96 Ces deux espèces sont protégées chez les Bangando. * 97 J.C.Gnangue, «évolution des techniques ...», p.56. * 98 Synthèse des informations recueillies dans le cadre du projet LLS/TNS. * 99 F.Angoula, entretien du 1er juin 2008 à Yokadouma. * 100 Ibid. * 101A. Medika, entretien du 12 mars 2008 à Banana. * 102 E .R.Mossadikou, entretient du 10 mars 2008 à Moloundou. * 103 B.Mossus, entretien du 5 février 2008 à Ngato. * 104 E.R.Mossadikou, entretien du 14 avril 2008 à Moloundou. * 105 La société africaine est accusée de conservatrice et de gérontocratique. Les jeunes ne peuvent avoir accès à certains lieux et n'ont pas droit à certaines pratiques. * 106 Zouya .... * 107 Il fallait éviter tout contact entre cette substance nocive et l'utilisateur. * 108 L'habitat des Baka était fait de branches et de feuilles tandis que chez les Bamtous, les murs de terre en écorce d'arbre. * 109 F. Ambassa, « Etude ethno historique de Bangando du Sud- Est des origines à 1960 » , mémoire de maîtrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2008, p.73. * 110 Ibid. * 111 P.Lessié, entretien du 11 avril 2008 à Nguilili * 112 J. Alembo, entretien du 10 juin 2008 à Mparo. * 113 Entretien avec Massa Ernest, 66 ans, notable, 25 juin 2008 à Mabtéka. * 114 T.M.Bah, «Les mécanismes traditionnels de prévention, et de résolution des conflits en Afrique Noir», UNESCO, 1999, p.1. * 115 F. Eboussi Boulaga, les conférences nationales en Afrique, une affaire à suivre, Paris, Karthala, 1993. * 116 P.Ambatta, entretien du 10 avril 2008 à Dioula. * 117 Il s'agit d'une pratique dissuasive qui laissait une chance de compromis aux deux parties en présence. * 29 M. Mveng Ayi, «Echanges commerciaux au Cameroun méridional«, Contribution de la recherche..., p.47. * 30 Ibid. * 118 J. Médika, entretien du 11 avril 2008 à Banana. * 119 E. R Mossadikou, entretien du 10 avril 2008 à Moloundou. * 120 R. Moampi, entretien du 08 mars 2008 à Mbangoye 1 * 121 S. Bahuchet, «Les Pygmées aujourd'hui en Afrique centrale», Africa, Londres, 1996, p.98. * 122 H. Guillaume et al., Encyclopédie des Pygmées Aka, techniques, langues et société des chasseurs-cueilleurs de la forêt centrafricaine, 1991, p.176. * 123 Dellemmmes, Le père des Pygmées..., p.62. * 124 S.C. Abega, Pygmées Baka..., p.58. * 125 Moussa Moagound Alphonse, entretien du 26 février 2005 à Mbol XII. * 126 Mbita Léon, entretien du 13 mars 2008 à Nguilili. * 127 Ambata Philippe, entretien du 13 avril 2008 à Dioula. * 128 L'évocation de ce nom continue à provoquer des frissons au sein de la communauté Baka. * 129 Moampi Romain, Baka, entretien du 19 novembre 2005 à Madoungué. * 130 Aujourd'hui encore, son attitude trahit cette peur. Au moindre contact avec un inconnu, il penche sa tête, détourne son regard, à la manière d'une bête traquée qui cherche à s'enfuir. Dans ces conditions, il n'avait confiance qu'en son partenaire devenu son ami. * 131 Mambé Eugène, entretien du 13 mars 2005 à Mbangoye. * 10 Mambé Eugène, entretien du 13 mars 2005 à Mbangoye. * 11 Massa Ernest, entretien du 12 mars 2005 à Mbatéka. * 12 Mgbeni Bénoît, entretien du 5 février 2005 à Massiang. * 13 Mambé Eugène, entretien du 13 mars 2005 à Mbangoye. * 14 Ibid. * 15 Massa Ernest, entretien du 12 mars 2005 à Mbatéka. * 16 Infra, p.72. * 132H. Guillaume et al., Encyclopédie des Pygmées Aka...p180. * 18 Mbita Léon, entretien du 13 mars 2005 à Nguilili. * 19 Jema Jean, entretien du 14 mars 2005 à Mbangoye. * 20 H. Guillaume et al., Encyclopédie des Pygmées Aka...p184. * 21 Dellemmmes, Le père des Pygmées..., p.64. * 22 Djiasso Timothée, entretien du 10 avril 2005 à Mbatéka. * 23 Moussa Mouagound Alphonse, entretien du 27 janvier 2005 à Mbol XII. * 24 Dellemmes, Le père des Pygmées..., p.79. * 25 Djiasso Timothée, entretien du 10 avril 2005 à Mbatéka. * 26 Un vieux Baka, Alamba, cloué par la maladie sur son lit pour magnifier ses exploits me disait «je fus un homme, j'ai eu à tuer le gorille et non l'éléphant». * 27 Ngbeni Benoît, entretien du 24 novembre 2004 à Massiang. * 133 Ce sont des objets doués d'un pouvoir surnaturel. |
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