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La pollution des plans d'eau au Bénin

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par Edia Flavien DOVONOU
Université d'Abomey-calavi ( Bénin) - DEA en Environnement, Santé et Développement 2008
  

Disponible en mode multipage

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Sommaire

Résumé........................................................................................................  7

Abstract....................................................................................................... 8

Introduction .................................................................................................. 9

Chapitre I : Cadre du travail , méthodologie et revue de la littérature........................... 12

I- Cadre du travail...................................................................... .................... 12

II- Méthodologie..............................................................................................  15

III- Revue de la littérature ................................................................................... 21

Chapitre II : Résultats des analyses physico-chimiques, bactériologiques et discussion........ 23

I- Résultats des analyses physico-chimiques et bactériologiques des eaux du lac................... 23

II- Discussion................................................................ ........................................ 47

Conclusion et recommandations....................................................................... 56

Perspectives pour la thèse................................................................................ 58

Références bibliographiques............................................................................. 60

Annexes........................................................................................................ 63

Table des matières.......................................................................................... 67

Liste des figures

Figure 1 : Carte de localisation de la zone d'étude....................................................12

Figure 2 : Températures des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées...............24

Figure 3 : Salinités des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées.....................24

Figure 4 : Conductivités électriques des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées.25

Figure 5 : Potentiels d'hydrogène des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées...26

Figure 6 : Matières solides en suspension des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnée................................................................................................27

Figure 7 : Teneurs en oxygène dissous des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées......27

Figure 8 : Demande biochimique en oxygène des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées................................................................................................28

Figure 9 : Demande chimique en oxygène des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées................................................................................................29

Figure 10 : Teneur en ammonium des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées ....29

Figure 11 : Teneur en phosphate des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées......30

Figure 12 : Teneur en nitrate des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées...........31

Figure 13 : Teneur en nitrite des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées............31

Figure 14 : Teneur en coliformes fécaux des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées....................................................................................... .........35

Figure 15 : Teneur en coliformes totaux des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées................................................................................................36

Figure 16 : Teneur en streptocoques fécaux des eaux du lac Nokoué selon les stations

sélectionnées ...........................................................................................................36

Liste des tableaux

Tableau I : Grille multi usages des critères d'appréciation globale de la qualité de l'eau...........23

Tableau II : Résultats des analyses bactériologiques de l'eau des puits de Ahouansori Towéta 1...31

Tableau III : Nombre de ménages évacuant les ordures ménagères dans le lac Nokoué ou sur la berge.............................................................................................................37

Tableau IV : Principaux dépotoirs d'ordure autour du lac Nokoué......................................39

Tableau V: Nombre de ménages évacuant les eaux usées dans le lac Nokoué ou sur la berge.....40

Tableau VI : Nombre de ménages rejetant les matières fécales dans le lac Nokoué ou sur la berge............................................................................................................41

Tableau VII: Latrines installées en zones habitées du lac Nokoué.....................................42

Tableau VIII: Nombre d'éleveurs rejetant les cadavres d'animaux et les déjections animales

dans le lac ou sur la berge................................................................................ ...43

Tableau IX : Nombre d'éleveurs d'animaux domestiques..............................................44

Tableau X : Evolution du nombre des acadjas et leur superficie dans le lac Nokoué...............45

Tableau XI : Nombre de pécheurs ayant placé leurs acadjas dans le lac Nokoué...................45

Tableau XII : Nombre de pêcheurs ayant jeté ou conservé les filets usés.............................46

Tableau XIII: Nombre de transporteurs de produits pétroliers..........................................46 

Tableau XIV: Nombre de points de vente des produits pétroliers installés sur le lac................47

Tableau XV :Fréquence de vidange des moteurs des barques...........................................48

Tableau XVI :Nombre de personnes rejetant ou conservant l'huile de vidange.....................48

Tableau XVII : Types de déchets rejetés dans le lac Nokoué...........................................49

Tableau XVIII : Principaux débouchés des collecteurs d'eau à ciel ouvert et caniveaux

couverts dans le lac Nokoué....................................................................... ...........50

Liste des photos

Photo 1 : Dépotoir d'ordure situé sur la berge du lac Nokoué à Ahouansori.......................39

Photo 2 : Latrine publique installée sur le lac à Agbato et bidons d'essence plongés dans

l'eau du lac Nokoué.......................................................................................42

Photo 3 : Porcs en divagation sur la berge du lac Nokoué à Mènontin..............................43

Photo 4 : Stocks d'acadjas en attente d'être déversés dans le lac à Abomey-Calavi..............45

Photo 5 : Point de vente de produits pétroliers près du lac Nokoué à Abomey-Calavi............47

Photo 6 : Débouché de collecteur d'eau pluviale de Yénawa à Cotonou...........................50

Sigles et abréviations

CFA

:

Communauté Financière Africaine

CIFRED 

:

Centre Inter facultaire pour la Formation et la Recherche en Environnement et Développement.

DBO 

:

Demande Biochimique en Oxygène

DCO

:

Demande Chimique en Oxygène

DEA

:

Diplôme d'Etudes Approfondies

EDP 

:

Ecole Doctorale Pluridisciplinaire

EPAC 

:

Ecole Polytechnique d'Abomey-Calavi

FAST

:

Faculté des Sciences et Techniques

FLASH 

:

Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines

MES 

:

Matière solide En Suspension

MOT 

:

Matière Organique Totale

OMS 

:

Organisation Mondiale de la Santé

ONG

:

Organisation Non Gouvernementale

POP 

:

Polluant Organique Persistant

SONEB 

:

Société Nationale des Eaux du Bénin

UAC

:

Université d'Abomey-Calavi

Remerciements

Le présent travail a été conduit à terme grâce à la précieuse contribution scientifique, et morale de plusieurs personnes. Qu'il me soit permis de les remercier.

Je voudrais de prime abord exprimer ma profonde gratitude à M. Michel BOKO, Professeur Titulaire à l'Université d'Abomey-Calavi qui m'a accepté à l'Ecole Doctorale Pluridisciplinaire.

Mes remerciements s'adressent ensuite à M. Christophe HOUSSOU, chef du département de Géographie à la FLASH à l'UAC pour le soutien moral qu'il m'a apporté au cours de ce travail.

Remerciements et reconnaissances à l'endroit de M. Patrick EDORH, Docteur en Toxicologie de l'Environnement, Maître de conférences à la Faculté des Sciences et Techniques de l'UAC, qui, malgré ses multiples préoccupations, a accepté spontanément et librement de m'encadrer dans la rédaction de ce mémoire.

Profonde et sincère gratitude à l'endroit de M. Moussa BOUKARI, Professeur de Géologie à la Faculté des Sciences et Techniques de l'UAC qui m'a tout le temps soutenu et qui a accepté de suivre à terme ce travail malgré ses multiples occupations.

Remerciements à M. Mansour MOUDACHIROU, Professeur Titulaire à l'Université d'Abomey-Calavi pour ses conseils.

Je pense également à tous mes amis de l'EDP et du CIFRED, en particulier Landris TODJINOU à qui je dis un sincère merci.

Enfin, toute ma gratitude à mes parents Eugène et Agnès, à tous mes frères et soeurs, à Clémentine mon épouse et à mes enfants Merveille et Cédric qui m'ont encouragé et soutenu.

Résumé

La protection des écosystèmes aquatiques est indispensable à l'équilibre écologique des espèces halieutiques et à une saine alimentation des populations locales. Le lac Nokoué situé au Sud Bénin est sous l'influence de plusieurs formes de pollution qui résultent pour la plupart des activités anthropiques. Ce travail se propose d'apporter une contribution à la lutte contre les diverses formes de pollution que subit aujourd'hui ce lac, afin d'enrayer les risques écotoxicologiques. Pour atteindre cet objectif, des visites du terrain d'étude ont été effectuées, des entretiens avec des personnes ressources ont été organisés et des enquêtes de terrain ont été menées auprès des populations locales. Les résultats issus des analyses physico-chimiques et bactériologiques de l'eau du lac Nokoué ont permis de constater que les sources de ces divers types de polluants du lac Nokoué sont :

- les déversements de produits pétroliers dans le lac ;

- les déversements quotidiens de branchages d'acadja ;

- les décharges d'ordures ménagères et biomédicales en bordure du plan d'eau ;

- les rejets des collecteurs d'évacuation d'eaux pluviales et usées domestiques en provenance de la ville de Cotonou sans aucun traitement préalable ;

- les apports du fleuve Ouémé transportant des résidus de pesticides ;

- les rejets de matières fécales d'origines humaines et animales ;

- les rejets de déchets ménagers (ordures) dans le lac par les populations lacustres.

Les différents polluants retrouvés dans le lac influencent sensiblement la qualité de l'eau. Parmi les résultats obtenus, les valeurs limites sont dépassées pour certains paramètres. Ainsi, la teneur en oxygène dissous varie de 2,76 mg /L à 3,62 mg/L ; la DBO5 varie de 10 mg/L à 29 mg/L ; la DCO varie de 252 mg/L à 253 mg /L ; la teneur en ammonium est supérieure à 8 mg/L ; la teneur en nitrite avoisine 0,7 mg /L par endroit ; la teneur en coliformes totaux fluctue entre 4000 /100 mL et 6000/100 mL ; la teneur en streptocoques fécaux varie entre 500/100mL et 4000/100 mL.

Ces résultats montrent que le lac Nokoué est pollué. Des stratégies de dépollution du lac doivent être entreprises par les décideurs à tous les niveaux .Ce qui permettra d'éviter aux différentes populations des risques de maladies.

Mots-clés : Pollution, lac Nokoué, sud Bénin, risques écotoxicologiques.

Abstract

The protection of the underwater ecosystems is essential both for the equilibrium of water species and a healthy feeding of the local population. Lake Nokoué located in the south of Benin, is affected by several forms of pollution originated mostly by anthropic activities. This research work is aiming at making reliable contributions as regards fighting diverse forms of pollution on this lake today. In so doing, we'll find it easier to fight against all sorts of ecotoxicologic risks and dangers run by it. To reach this goal, we had to go through some research strategies including mostly field work, interviewing resource people and local population. The results from the physical chemical and bacteriological analyses of water from the lake have let us discover that the sources of the different noticeable polluting agents of Lake Nokoué are the following:

- petrol products poured in the lake;

- «acadja» branches daily abandoned in the lake;

- house and biomedical garbage poured down on the lake's banks;

- unclean rain water from Cotonou evacuating collectors without any former treatment;

- residues and pesticides carried by the Ouémé;

- refusals of human and animal faeces;

- the throwing out of house garbage in the lake by local populations.

The different polluting agents found in the lake really influence the quality of the lake water. Regarding the results of the research, some parameters critical values are out passed. As a result, the dissolved oxygen content vary from 2.76 mg/L to 3.62 mg/L, the DBO5 from 10 mg/L to 29 mg and the DCO from 252 mg/L to 253 mg/L. As far as the ammonium content, it goes beyond 8 mg/L whereas the nitrite content is about 0.7 mg/L in places. As regards the total coliforms content, it is between 4,000/100 ml and 6,000/100 ml; the faecal streptococcus content varies between 500/100ml and 4,000/100 ml. These data show that the lake is polluted. Depolluting strategies need carrying out by every authority in order to avoid ecohealth problems connected with water products from the lake.

Key words: Pollution, lake Nokoué, south of Bénin, écotoxicologic risks.

INTRODUCTION

1 - Contexte scientifique de l'étude

De jour en jour, les problèmes environnementaux prennent une place importante dans les différents débats qui concernent le développement durable.

Au départ, le terme " environnement " était considéré comme une nouvelle spéculation, mais avec la conférence de Stockholm en 1972 et celle de Rio de Janeiro en 1992, il est indéniable que la question se pose et ce, avec une importante acuité selon l'état de développement de chaque pays. De façon générale, les problèmes environnementaux font penser à la pollution de l'air, du sol, de l'eau, aux changements climatiques etc. La République du Bénin n'est pas épargnée par ces problèmes, notamment la pollution liée aux mauvaises pratiques de gestion des plans d'eau en général et du lac Nokoué en particulier.

2 - Position et justification du sujet

Les masses d'eau du Bénin occupent environ 10% (SENOUVO, 2002) de la superficie totale du pays évaluée à 114 763 km2. Le Sud Bénin est caractérisé par plusieurs plans d'eau dont principalement :

- le lac Nokoué : 150 km2

- le lac Ahémé : 78 km2

- la lagune de Porto-Novo : 35 km2

Parmi les lacs que comptent les eaux continentales du Sud Bénin, le lac Nokoué est le plus important. Il est non seulement exploité pour ses richesses en ressources halieutiques (poissons, crustacés et mollusques) mais aussi, il est utilisé à des fins touristiques et de transactions commerciales. Plusieurs cités lacustres se sont développées sur le lac Nokoué. La plus célèbre est Ganvié. Une grande partie de la berge sud de ce lac est occupée par la ville de Cotonou qui est la plus grande agglomération du Bénin où se développent d'importantes activités commerciales et industrielles. Le développement des cités sur le lac Nokoué et les activités commerciales halieutiques et touristiques qui se déroulent dans ces milieux constituent des sources potentielles de pression sur cet écosystème. L'augmentation de la population lacustre et l'urbanisation des villes riveraines du lac, surtout celle de Cotonou, ont plusieurs conséquences dont la production de déchets divers. Le lac Nokoué est également soumis à une dynamique hydrologique caractérisée par des apports en eau salée de l'océan Atlantique et des apports en eau douce du fleuve Ouémé et de la rivière Sô. Il en ressort une forte pollution du lac due aux déchets venant de divers horizons.

Il urge donc de rechercher les voies et moyens pour prévenir les risques écotoxicologiques liés aux apports de divers polluants dans ce lac qui est le plus grand réservoir halieutique continental du Sud Bénin.

3 - Problématique de l'étude

L'eau est indispensable à toute forme de vie ; elle est nécessaire à la santé, l'agriculture, l'industrie, le tourisme, les loisirs, la navigation, etc. L'eau du lac Nokoué a des rôles alimentaires et socio-économiques très importants :

- elle sert de lieu d'habitation pour les Toffins et de baignade pour les populations des localités qui bordent le lac ;

- elle alimente la nappe phréatique qui fournit l'eau des puits situés dans son voisinage ;

- elle renferme des poissons et des crustacés importants pour l'alimentation des populations de la région de Cotonou ;

- elle sert de voie de transport des personnes et des biens ;

- elle est utilisée pour l'arrosage des cultures maraîchères.

Ce rôle considérable que joue le lac Nokoué explique la forte concentration des populations autour et dans ce plan d'eau.

En effet, selon l'INSAE (2003), la population des villages riverains du lac Nokoué croit continuellement et est évaluée à 76315 habitants en Février 2003.

L'une des caractéristiques de ce lac est l'abondance des activités liées surtout à la pêche. Avec l'augmentation de la population lacustre, le genre de vie des Hommes, les aléas climatiques, les techniques de pêche (acadja), les pratiques agricoles, il se pose des problèmes environnementaux dont la pollution est l'un des plus importants.( AGONKPAHOU E, 2006 ). Il est devenu ainsi un bassin récepteur de déchets solides, liquides et d'autres produits sans aucun traitement préalable. Ces déchets et produits sont rejetés quotidiennement dans le lac ou sur la berge. De plus, dans le cadre des activités halieutiques, d'importantes quantités de branchages servant à la construction d'acadjas y sont quotidiennement déversés par les pêcheurs.

Dans certaines zones proches des villages lacustres et dans les périphéries du lac, on ressent très souvent un dégagement d'odeurs nauséabondes. Dans le cadre de la mise en exécution des décisions 91/493/CEE et 95/408/CEE sur l'harmonisation européenne des normes sanitaires sur les crevettes (ELISE, 2004), une surveillance des normes sanitaires se fait actuellement sur les berges de la lagune de Cotonou.

Le trafic frauduleux des hydrocarbures polycycliques aromatiques (pétrole, essence, gasoil, huile à moteur) sur le lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo constitue une source potentielle de pollution chimique du lac. Devant ces situations on est en droit de se demander les impacts de ces polluants sur cet écosystème aquatique et les risques écotoxicologiques qui y sont liés.

4 - Objectifs, Hypothèses et Plan du travail

Objectif Général : Le principal objectif de ce travail est de rechercher les formes de pollution du lac Nokoué afin d'éviter les risques écotoxicologiques.

Objectifs spécifiques : De façon spécifique, il s'agit de :

- étudier les diverses sources de pollution du lac Nokoué ;

- déterminer les causes de ces pollutions ;

- caractériser la pollution du lac en évaluant les paramètres physico-chimiques et bactériologiques qui sont des indicateurs de pollution ;

- rechercher les approches de solutions pour atténuer la forte pression de dégradation du lac Nokoué.

- évaluer les risques écotoxicologiques liés à la pollution du lac Nokoué.

Hypothèses : Les modes de gestion des plans d'eau du Sud Bénin seraient les principaux facteurs de risques écotoxicologiques. Les risques écotoxicologiques varieraient d'une localité à une autre sur le lac et dans les localités riveraines.

Plan de travail : Le présent travail de recherche est organisé en deux chapitres. Le premier présente le cadre de l'étude, la méthodologie et la revue de littérature et le deuxième chapitre comporte les résultats, et la discussion.

CHAPITRE I : CADRE DU TRAVAIL, METHODOLOGIE ET REVUE DE LITTERATURE

I - CADRE DU TRAVAIL

1. Situation géographique du lac Nokoué

CENATEL, 2007

Figure 1 : Carte de localisation de la zone d'étude

Le lac Nokoué, le plus grand lac du Bénin, couvre une superficie de 150 km2 à l'étiage. Situé au Sud-Est du pays, il est compris entre les parallèles 6°20' et 6°30' Nord et les méridiens 2°20' et 2°35' Est. S'étendant sur les départements de l'Ouémé, de l'Atlantique et du Littoral, il est limité à l'ouest par le plateau d'Abomey-Calavi, à l'est par la lagune de Porto-Novo, au nord par la plaine d'inondation du fleuve Ouémé et de la rivière Sô puis au sud par la ville de Cotonou. Le chenal de Cotonou et le canal de Totchè relient respectivement le lac à l'océan Atlantique et à la lagune de Porto-Novo.

Le lac Nokoué a une longueur moyenne de 20 km dans sa direction Est-Ouest et une largeur de

11 km dans sa direction Nord-Sud.

2. Climat et dynamique hydrologique

En raison de sa situation géographique, le lac Nokoué est soumis à un climat subéquatorial caractérisé par une alternance de deux saisons des pluies et deux saisons sèches de durées inégales. L'humidité est forte et varie entre 72 et 95% (FOSCOLO, 1995).

Les eaux issues des précipitations enregistrées sur le bassin supérieur (Nord) et moyennes (Centre) du Bénin, sont immédiatement évacuées vers le Sud. Ceci explique les crues rapides du fleuve Ouémé et de la rivière Sô qui forment avec le lac Nokoué et la région deltaïque une superficie de 450 km2, soit trois fois la superficie habituelle du lac (PETREQUIN, 1984).

Le lac Nokoué est en réalité caractérisé par des interactions continentales et marines dues à des apports saisonniers d'eau salée de l'océan Atlantique et d'eau douce du fleuve Ouémé et de la rivière Sô. La majeure partie de ces rives est marécageuse.

3. Flore et Faune

. Flore

Selon TEXIER (1980), la flore du lac Nokoué est classée en deux groupes : les espèces des zones périodiquement inondées et les espèces des zones non inondées. Les espèces des zones périodiquement inondées sont classées en deux sous-groupes :

- espèces des zones périodiquement inondées sous l'influence prédominante des eaux polytypiques du lac. Les plus importantes observées sont : Paspalum vaginatum, Phragmites australis.

- espèces liées à des apports d'eau douce : Eichornia crassipes, Crotalaria retusa, Penisetum polystachion, Pistia stratiotes.

Parmi ces végétaux, le cas de la jacinthe d'eau (Eichornia crassipes) est le plus préoccupant du fait de sa vitesse de croissance et de son invasion rapide en période de crue. Dans des conditions favorables, 10 plantes peuvent se multiplier jusqu'à atteindre 600 000 plantes en huit mois et couvrir 4 000 m2 (KHAN et THYAGARAJAN, 1988).

. Faune

Dans les villages lacustres, la faune domestique est composée surtout de bovins, porcins, ovins et de volailles.

La macro faune du complexe lagunaire lac Nokoué-lagune de Porto-Novo est surtout caractérisée par les poissons qui constituent la faune ichtyologique, les mollusques et les crustacés.

La faune aquatique comprend : les mollusques (huîtres, tarets), les crustacés (crabes, crevettes, etc.) et les poissons qui constituent la faune ichtyologique.

La faune ichtyologique est extrêmement abondante et variée. En effet, les résultats d'inventaire réalisé au niveau du lac entre 2000 et 2001 révèlent la présence de 51 espèces de poissons réparties en trois grands groupes : espèces marines, espèces d'eau douce et espèces lagunaires (NIYONKURU, 2001). Trois groupes de poissons dominent l'ensemble de la faune ichtyologique tout au long de l'année (WELCOMME, 1971 ; LALEYE, 1995 et NIYONKURU, 2001). Il s'agit des :

- Tilapias  : Sarotheron melanotheron, Tilapia guineensis;

- Claroteidae : Chrysichthys nigrodigitatus, C. auratus ;

- Clupeidae  : Ethmalosa fimbriato et Pellonula leonensis.

Les mollusques gastéropodes sont représentés par Tympanotomus furcatus var. radula Linné et Tympanotomus furcatus Linné, Pachimelania aurit Müller et Neritna glabrata Sowerby (NIYONKURU, 2001). Les lamellibranches les plus représentés dans le complexe sont : Corbuna tigona Hinds, Congeria africana Van Beneden, Tellina nymphalis Lamark et Tegelus angulatus Sowerby (lac Nokoué) et la forme Aloïdis trigona dans certains faciès sableux de la lagune de Porto-Novo (LALEYE, 1995).

L'épifaune des acadjas est variée et composée de :

- Mollusques : Gryphaea, Bankia bagidaensis (qui prolifère à une salinité supérieure à 16 g/L), Taredo petiti (qui se développe à une salinité comprise entre 3 et 11 g/L)

( NIYONKURU, 2001) et Ostrea tulipa (WELCOMME, 1971) ;

- Crustacés : Balanus tintinnabulus, Mercierella enigmatia (WELCOMME, 1971) et Trigona africana ;

- Anthrozoaires : Actinia equina (NIYONKURU, 2001).

4. Bathymétrie et lithofaciès du lac Nokoué

La profondeur du lac est inférieure à 3 m (COLLEUIL, 1984). En effet, elle est comprise entre 2 et 2,8 m sur une superficie de 28,5 km2 puis entre 1 et 2 m sur 104 km2 et enfin, elle est inférieure à 1m sur 30 km2.

Les lithofaciès observés sont de deux types (TEXIER 1980) : les sables occupant 20% de la superficie du lac sont concentrés à certains débouchés de la rivière Sô, du fleuve Ouémé, du canal de Totchè et le long de la bordure méridionale du lac ; quant à la vase, elle couvre 14% du lac dans la partie Sud-Ouest alors que la superficie restante (66%) est constituée d'un faciès intermédiaire de sable vaseux.

5. Données humaines

Les cités lacustres du Sud-Est du Bénin sont constituées par une constellation de villages lacustres et semi lacustres disséminés sur une superficie d'environ 260.000 ha.

Le peuplement du pays lacustre s'est fait par étapes et par vagues migratoires à partir de 1650. Il faut retenir essentiellement trois grandes migrations : la première est celle des Adja-Tadonou et les deux autres au 18ème siècle (PETREQUIN, 1984), sont celles des Ouémènou et des Adja-Aïzo fuyant respectivement les pressions du royaume Yoruba d'Oyo et des guerriers du royaume d'Abomey.

Avec la forme des habitations (habitations sur pilotis) et le genre de vie propre aux lacustres, il s'est développé une civilisation de l'eau où tout se passe pratiquement sur l'eau (commerce, loisir, artisanat, élevage, etc.).

La pêche constitue l'activité principale des habitants des cités lacustres. Quant à l'agriculture de décrue, elle est pratiquée par les semi lacustres. La population lacustre s'adonne à l'élevage de porcins, ovins, caprins et à la volaille.

De nombreuses activités commerciales sont également menées sur le lac : trafic de produits pétroliers, commercialisation des ressources halieutiques et autres produits de pêche, etc. Dans la commune de Sô-Ava par exemple, des marchés flottants (marchés sur l'eau) s'animent régulièrement.

II - METHODOLOGIE

L'approche méthodologique utilisée est transversale .La démarche méthodologique se présente comme suit : les visites du cadre d'étude, les entretiens avec des personnes ressources, les enquêtes, l'étude physico-chimique et bactériologique de l'eau du lac.

1. Les visites du site d'étude

Il s'agit de séjours dans différentes localités du lac. Ces visites nous ont permis de cibler les lieux d'enquêtes de terrain et de toucher du doigt les véritables problèmes écologiques du lac. Elles nous ont également donné l'occasion de répertorier les sites de décharge d'ordure présente sur la berge du lac.

2. Les entretiens

Il s'agit d'échanges de paroles, grâce à des fiches de questionnaires, avec les personnes ressources des villages lacustres :

- les notables pour connaître l'histoire des villages ;

- les spécialistes de la protection de l'environnement pour connaître les solutions techniques possibles et réalisables pour éradiquer les différentes formes de pollutions enregistrées sur le lac ;

- les chefs villages pour connaître les limites géographiques des localités, l'effectif des populations et les ethnies présentes ;

- les chefs des centres de santé pour avoir les données sur les maladies courantes dont souffrent les habitants sur la période allant de janvier 2007 à septembre 2007.

3. Les enquêtes

Les enquêtes sont des recherches méthodiques reposant notamment sur des questions et des témoignages. Elles ont été réalisées à l'endroit des femmes, des pêcheurs, des conducteurs de barque motorisée. Les libellés des questionnaires de l'enquête se trouvent en annexe du mémoire.

4. Etude physico-chimique de l'eau du lac Nokoué 

4.1- Les échantillonnages d'eau.

Ils ont été réalisés sur le lac et les puits du voisinage pour voir s'ils sont pollués par les excrétas rejetés proche de la berge.

Choix des sites d'échantillonnages

Les échantillonnages d'eau sur le lac et les puits du voisinage ont été réalisés sur les sites suivants :Abomey-Calavi , Ganvié , Rivière Sõ , Aguégué , Kétonou , Ahouansori, quelques puits situés respectivement à 28 m, 50 m, 300 m, 400 m et 500 m de la berge plus précisément à Ahouansori Towéta 1.

4.2 -Conditions des prélèvements.

Les échantillons d'eau pour l'analyse physico-chimique ont été réalisés dans des flacons en plastique de 1,5 litre .Les prélèvements sont faits entre 07h00mn et 08h00mn. Les flacons destinés au prélèvement en profondeur sont lestés et attachés à une ficelle de longueur suffisante pour atteindre la profondeur requise. Une fois remplis au 2/3, ils sont hermétiquement fermés dans l'eau pour empêcher l'oxygène d'y pénétrer. Ils sont ensuite nettoyés, étiquetés. Les étiquettes portent les mentions suivantes : date, lieu et heure du prélèvement. Ils sont ensuite acheminés au laboratoire pour y subir les analyses.

4.3- Mesure des paramètres physico-chimiques

Matériels de mesure

Les mesures de la température ont été faites avec le pH mètre RS 232 CYBER CAN 200. Le même instrument a servi aux mesures du pH.

La conductivité électrique a été mesurée à l'aide de l'appareil multiparamétrique CONSORT C 532.

Paramètres étudiés

a)-La température

La température est le facteur cinétique le plus important de toutes les réactions chimiques et biologiques dans les milieux aquatiques ; une température supérieure à 15°C favorise le développement des microorganismes, intensifie la biodégradation et les mauvaises odeurs.

b)- Le potentiel d'hydrogène (pH)

Le pH ou potentiel d'hydrogène mesure l'acidité ou la basicité d'une solution ; il intervient dans les équilibres acido-basiques et la libération de certains composés toxiques chélatés.

c)- La conductivité

La conductivité est la capacité d'une solution à conduire le courant électrique. La mesure de celle de l'eau permet :

- d'évaluer rapidement mais très approximativement la minéralisation globale de cette eau ;

- de détecter les variations de composition liées à l'infiltration d'eaux polluées.

d)-Les nitrites

Ils sont formés sous l'action des bactéries nitreuses du genre Nitrosomonas par oxydation de l'ammonium ou par réduction des nitrates. Ils peuvent également être d'origine industrielle. Ils constituent le plus souvent la preuve de la présence d'impuretés d'origine fécale. Ils ne se maintiennent que lorsque le milieu n'est pas suffisamment oxydant et leur présence indique un état critique de pollution organique car cela indique un manque d'oxygène pour l'autoépuration.

e)-Les nitrates

Les nitrates sont issus de l'oxydation des nitrites (nitration) grâce aux bactéries du genre Nitrobacter. Dans les eaux de surface, les taux de nitrates sont très variables selon les saisons et l'origine des eaux. Ils peuvent aussi varier selon que le milieu est oxydant ou réducteur et leurs valeurs peuvent être élevées en cas de pollution azotée. Les nitrates n'ont pas d'effets toxiques directs à faibles doses ; mais le fait qu'ils puissent conduire aux nitrites dans les conditions peu oxydantes leur confère une toxicité indirecte.

f)-Les phosphates

Les phosphates se rencontrent dans les eaux naturelles, dans les eaux usées domestiques et agricoles. Ils se forment par suite de la décomposition de la matière organique. Ils jouent un rôle important dans la croissance des organismes et représentent un facteur limitant dans la productivité primaire des eaux : un milieu pauvre en phosphate est peu productif et est dit oligotrophe tandis qu'un excès de phosphate le rend eutrophe.

Les sels dissous mesurés sont : l'ammonium, les nitrites, les nitrates, les phosphates. Leur présence dans l'eau du lac au-delà d'un certain seuil peut avoir un impact négatif sur les organismes aquatiques. Les mesures de ces éléments ont été effectuées à l'aide du spectrophotomètre DR / 200 HACH.

g)-L'ammonium

La présence de l'azote ammoniacal dans les eaux traduit habituellement un processus de dégradation incomplète de la matière organique. L'ammonium résulte de la première étape de la dégradation de la matière organique azotée par les bactéries ammonifiantes : on parle d'ammonisation. En dehors de la pollution organique (matières végétales, matières organiques animales ou humaines), l'ammoniac peut provenir des rejets industriels, des engrais, des eaux souterraines, des eaux de pluies. Une forte concentration d'ion ammonium dans l'eau avec un pH faible n'est pas dangereuse pour la flore et la faune aquatique ; par contre, une quantité faible d'ions ammonium avec un pH élevé se révèle toxique ; il se transforme assez rapidement en ammoniac qui est nuisible aux poissons quand il pénètre dans leurs branchies.

h)-La Demande Biochimique en Oxygène (DBO)

La mesure de la DBO permet d'évaluer le contenu d'une eau en matières organiques biodégradables et donc, dans une certaine mesure, sa qualité et son degré de pollution organique.

La biodégradation de la matière organique nécessite du dioxygène et dure plusieurs jours ; la DBO5 mesurée ici représente la quantité d'oxygène nécessaire à la biodégradation en cinq jours.

La mesure se fait de la manière suivante : dans un DBO mètre, l'échantillon d'eau est enfermé dans un flacon avec un certain volume de dioxygène qui assure la réoxygénation. La consommation de dioxygène est suivie grâce à un manomètre par la chute de pression.

i)-La Matière Organique Totale (MOT)

Elle permet de connaître la quantité de matière organique dans l'eau. Pour mesurer la MOT, on met 10 millilitres d'eau dans un bécher sec ; la masse Mo du bécher contenant l'eau est prise. Il est introduit dans un four à 100°C pour l'évaporation de l'eau ; on mesure la masse Mf du bécher après l'évaporation totale de l'eau ; la différence entre Mo et Mf correspond à la matière organique totale.

5. Etude bactériologique de l'eau du lac Nokoué

Les échantillons d'eaux destinées à l'analyse bactériologique ont été pris dans des bouteilles en verre de 250 ml. Le mode opératoire consiste à filtrer 10 à 100 ml de l'échantillon d'eau préalablement dilué à travers une membrane cellulosique filtrante. Toutes les bactéries présentes dans l'échantillon sont retenues à la surface de la membrane ; celle-ci est ensuite mise sur des milieux de cultures gélosés favorable à la nutrition des bactéries. Les lectures sont faites 48 heures après une incubation à 37 °C. Les milieux solides utilisés sont :

- Eosine Bleu de Méthylène pour la détermination de Escherichia coli dont les colonies sur ce milieu ont un diamètre de 2 à 3 mm et sont de couleur violette très foncée avec un reflet métallique lorsqu'on les examine à la lumière réfléchie.

- Trypcase-Sulfit-Neomycin permet de déterminer les Clostridium perfringens qui y prennent une coloration noire.

- la gélose de Slanetz qui permet d'isoler les streptocoques qui y apparaissent entourés d'une auréole jaune.

Il s'agit surtout d'étudier les paramètres indicateurs de pollution fécale dans des échantillons d'eau de puit prélevé non loin de la berge du lac Nokoué à Ahouansori Towéta 1. Seront étudiées les teneurs de ces eaux en :

- coliformes totaux ;

- coliformes fécaux ;

- Escherichia coli qui est un indicateur des pollutions fécales récentes ;

- Clostridium perfringens, indicateur des pollutions fécales anciennes ;

- streptocoques fécaux pour calculer le rapport Escheria coli / streptocoques fécaux.

Si ce rapport est supérieur à 4, la contamination fécale est d'origine humaine ; s'il est inférieur à 1, la contamination fécale est d'origine animale (BABA-MOUSSA, 1994).

- quelques germes pathogènes comme les staphylocoques et shigella seront recherchés

dans ces eaux.

III -REVUE DE LA LITTERATURE

Beaucoup de chercheurs se sont intéressés aux problèmes du lac Nokoué. En effet, la problématique de notre sujet d'étude relève d'une préoccupation plus globale à savoir : environnement, santé publique et développement durable. Des études antérieures ont déjà mis en évidence les relations souvent très étroites d'une part, entre l'environnement et l'eau dans ce milieu et d'autre part, l'eau et la santé des populations lacustres et riveraines. Il est notamment démontré que les excrétas rejetés dans le lac constituent la plus importante source de pollution bactériologique et que les dépôts de branchages d'acadja sont la principale source de celle organique (KOUCHADE ,2002).

Dans le village de Ganvié, sur le lac, les déjections animales et humaines constituent les principales sources de pollution (FOLAL ,2001)

L'interaction entre l'écosystème lacustre et celui lagunaire littoral a été bien montré par TEXIER et COLLEUIL (1979). Il en est de même entre cet écosystème et la nappe phréatique de Cotonou. Or des études ont révélé que les eaux des puits de la ville de Cotonou sont polluées par des germes bactériologiques, notamment celles de BOSSOU (2001) d'où l'intérêt de la présente étude.

La possibilité de mise en valeurs des écosystèmes aquatiques du Sud Bénin dans une perspective de développement durable, existe (BAGLO, 1980). Il s'agit en fait d'un milieu lacustre très dynamique BOKONON-GANTA (1989) où les populations sont très exposées aux maladies hydriques CLEDJO (1999).

L'impact du trafic des produits pétroliers sur le lac Nokoué et la lagune de Cotonou a occasionné la très forte pollution chimique occasionnée par le déversement des hydrocarbures aromatiques polycycliques dans le lac (TOSSOU 2000). Les métaux lourds (plomb, cuivre et zinc) au niveau de la zone urbaine du lac Nokoué et du chenal de Cotonou ont un impact négatif sur les huîtres

(SENOUVO 2002)

L'état des lieux des plans d'eau du Sud Bénin (ROCHE INTERNATIONAL 2000) a révélé dans le lac Nokoué, la présence de polluants chimiques, microbiologiques et des matières organiques.

L'élaboration de la politique d'assainissement des eaux usées domestiques par la SONEB au Bénin : cas de la ville de Cotonou a révélé que les eaux usées domestiques de la ville de Cotonou polluent la nappe phréatique (DOVONOU 2004).

Le système qualité de la pollution du lac Nokoué est pollué par des agents chimiques et bactériologiques (TODJINOU, 2004).

La gestion des zones humides dans la plaine côtière de Bénin : cas de Cotonou ouest est à la base de la fragilité des écosystèmes aquatiques continentaux (TODJINOU, 2004)

La gestion des excréta humains dans une localité située sur la berge du lac Nokoué : cas de Ahouansori Towéta 1 est très mauvaise car les excrétas des habitants de ce quartier provoquent la pollution bactériologique du lac et de la nappe phréatique (LIMA et PADONOU, 2006)

L'évaluation de la pollution des eaux continentales par les métaux toxiques dans la rivière Okpara et le lac Nokoué a aboutit au résultat selon lequel les métaux lourds se retrouvent dans l'eau du lac Nokoué, dans les sédiments du lac et dans l'organisme des poissons de ce lac à des concentrations supérieures à la normale (AGONKPAHOUN 2006).

La plupart des auteurs ci dessus cités ont montré que le lac Nokoué est soumis à diverses formes de pollution. Nous avons choisi le thème intitulé « Pollution des plans d'eau du Sud Bénin  et risques écotoxicologiques : cas du lac Nokoué » pour attirer l'attention des différents acteurs impliqués dans la gestion des eaux de surface au Bénin sur l'urgence de revoir le mode de gestion de lac Nokoué et les impacts que les divers polluants rejetés dans cet écosystème pourraient avoir sur la diversité biologique du lac et même sur les populations riveraines et lacustres qui s'alimentent en produits halieutiques provenant de ce lac. Tel que le lac est géré actuellement, il risque de disparaître de lui-même et pourrait engendrer plus tard des problèmes d'écosanté.

CHAPITRE II : RESULTATS DES ANALYSES PHYSICO-CHIMIQUES, BACTERIOLOGIQUES ET DISCUSSION

I - RESULTATS DES ANALYSES PHYSICO-CHIMIQUES ET BACTÉRIOLOGIQUES

A - Paramètres physico-chimiques étudiés

Il s'agit pour l'essentiel de paramètres indicateurs de pollution. Ils ont été mesurés sur le terrain et analysés dans les laboratoires de la Direction de l'Hygiène et de l'Assainissement de Base. La grille du Tableau I permet d'apprécier ces paramètres que sont : la température, la conductivité, le potentiel d'hydrogène, la teneur en dioxygène dissous, les matières solides en suspension, la demande biochimique en oxygène pour cinq jours, la demande chimique en oxygène, la teneur en nitrate, la teneur en nitrite et enfin la teneur en ammonium.

Tableau I : Grille multi usages des critères d'appréciation globale de la qualité de l'eau

Qualité décroissante

Excellente

Bonne

Passable

Médiocre

Pollution

Classe de qualité

1A

1B

2

3

4

Température (°C)

< 20

de 20 à 22

de 22 à 25

de 25 à 30

> 30

Conductivité (us/cm)

< 400

400 à 750

750 à 1500

1500 à 3000

-

pH

6,5-8,5

6,5-8,5

6,5-8,5

5,5-9,5

<5,5 ou > 9,5

O2 dissous (mg/L)

> 7

5 à7

3 à 5

< 3

-

Matière en Suspension (mg/L)

0

< 30

-

30 à 70

< 70

DBO 5 (mg/L)

< 3

3 à 5

5 à 10

10 à 25

25

DCO (mg/L)

< 20

20 à 25

25 à 40

40 à 80

> 80

Nitrates (mg/L)

0

< 44

-

44 à 100

> 100

Ammonium (mg/L)

< 0,1

de 0,1 à 0,5

de 0,5 à 2

de 2 à 8

> 8

Source : BEAUX, 1998.

1. La température

La température influe sur la plupart des processus chimiques et biologiques ayant lieu dans l'eau.

Sur l'ensemble des sites, les températures varient en juin de 22,4°C à 28°C, avec une moyenne de 25,2°C et entre 26,8°C et 28,5°C, en septembre avec une moyenne de 27,6°C (Figure 2).

Figure 2 : Températures des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées. (2007)

2. La salinité

Les résultats obtenus révèlent que la salinité varie considérablement d'une saison à une autre et d'un lieu à un autre tel que illustré par la Figure 3.Elle présente des teneurs très basses en Septembre alors qu'en Juin ces valeurs sont élevées.

Figure 3 : Salinités des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées. (2007)

Les mesures sont faites en Juin car cette période correspond à la grande saison des pluies au sud Bénin. Les mêmes mesures sont reprises en Septembre pour évaluer l'apport des eaux en provenance de l'intérieur du pays.

3. La conductivité électrique

Les mesures de la conductivité électrique sont récapitulées sur la Figure 4.

Figure 4 : Conductivités électriques des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées (2007).

Les valeurs moyennes de la conductivité électrique sur l'ensemble des sites en juin et septembre (respectivement 1025 et 1073,3 ìs/Cm) sont largement supérieures à la norme de qualité admise de 400 ìs/Cm.

4. Le potentiel d'hydrogène (pH)

Les valeurs de pH obtenues en juin sont comprises entre 6,05 à 7,80. En septembre elles varient de 6,25 à 7,80. Pour l'ensemble des sites, les valeurs moyennes du pH sont de 6,92 et 7,0 en juin et septembre.

Les valeurs de pH mesurées sur les différents sites sont récapitulées sur la Figure 5.

Figure 5 : Potentiels d'hydrogène des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées

(2007).

5. Les matières solides en suspension (MES)

L'analyse des matières solides en suspension permet de connaître la quantité de matières non dissoutes présente dans un échantillon.

Les MES biodégradables contribuent de façon significative à la demande en oxygène et occasionnent la diminution de la concentration en oxygène dissous dans le milieu aquatique (ROCHE INTERNATIONAL, 2000).

Les résultats obtenus se présentent comme suit sur la Figure 6.

Figure 6 : Matières solides en suspension des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées

(2007).

6. La teneur en oxygène dissous

Les valeurs mesurées sur les sites sont sur la Figure 7.

Figure 7 : Teneurs en oxygène dissous des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées

(2007).

7. La Demande Biochimique en Oxygène (DBO5)

Les résultats enregistrés sont récapitulés sur la Figure 8.

Figure 8 : Demande biochimique en oxygène des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées

(2007)

8. La Demande Chimique en Oxygène. (DCO)

Les mesures de DCO effectuées révèlent que sa valeur varie d'un endroit à un autre. Sur l'ensemble des sites, les concentrations moyennes de DCO obtenues en juin et septembre sont respectivement de 253,2 et 252,2 mg/L. Les résultats enregistrés sont sur la Figure 9.

Figure 9 : Demande chimique en oxygène des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées

(2007).

9. L'ammonium

L'évaluation de la teneur en ammonium permet de constater que les concentrations les plus élevées sont observées à Abomey-Calavi, et Aguégué tant en juin qu'en septembre comme indiqué sur la Figure 10.

Figure 10 : Teneur en ammonium des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées (2007).

10. Le phosphate

Les résultats issus du dosage du phosphate dans les eaux des différents sites sont enregistrés

sur la Figure 11.

Figure 11 : Teneur en phosphate des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées (2007).

11. Le nitrate

Les nitrates sont des composés azotés qui subissent un véritable cycle de formation dit cycle d'azote .Les teneurs mesurées sont portées sur la Figure 12.

Figure 12 : Teneur en nitrate des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées (2007).

Les résultats obtenus montrent qu'en juin et septembre les concentrations de nitrates sont très variables. Ceci est dû surtout à l'apport de grandes quantités de nitrate par les eaux venues de l'intérieur du pays.

12. Le nitrite

Les nitrites proviennent de la réduction des nitrates sous l'influence des bactéries. Leur présence indique un état de pollution critique de l'eau. La figure 13 récapitule les résultats enregistrés.

Figure 13 : Teneur en nitrites des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées (2007).

B - Paramètres bactériologiques étudiés

1. Les coliformes fécaux

Les résultas révèlent d'une part des teneurs de coliformes fécaux variant de 2000 à 6000/100 ml en juin (saison des pluies) et d'autre part des quantités fluctuant entre 1000 et 11200/100 ml en septembre (fin de la petite saison sèche) alors que la norme admise pour une eau saine est de 100 / 100ml.

En septembre, la plus forte teneur est constatée à Ahouansori (11200/100 ml).

Sur la plupart des sites, les teneurs en coliformes fécaux obtenus sont largement supérieures à la norme de qualité admise au Bénin pour l'eau potable qui est de 0/100 ml. La figure 14 présente ces résultats.

Figure 14 : Teneur en coliformes fécaux des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées

(2007).

2. Les coliformes totaux

La plupart des sites étudiés ont montré que le nombre de coliformes totaux fluctue de 4000 à 6000/100 ml en juin et varie entre 2000 et 14000/100 ml en septembre tel que porté sur la Figure15.

Figure 15 : Teneur en coliformes totaux des eaux du lac Nokoué selon les stations

Sélectionnées (2007.)

3. Les streptocoques fécaux

Les teneurs de streptocoques fécaux varient de 500 à 4.000/100 ml en juin sur l'ensemble des sites ; en septembre, elles fluctuent entre 110 et 1500/100 ml. La Figure 16 présente les résultats obtenus.

Figure 16 : Teneur en streptocoques fécaux des eaux du lac Nokoué selon les stations sélectionnées

(2007).

4. Résultat des analyses bactériologiques de l'eau des puits de Ahouansori Towéta 1

Ces résultats sont portés dans le Tableau II.

Tableau II : Résultats des analyses bactériologiques de l'eau de certains puits de Ahouansori

Towéta 1

Paramètres

Sites

Germes totaux

(1 ml)

Escherichia

Coli (100 ml)

(1)

Streptocoques

Fécaux (100 ml)

(2)

1/2

Clostridium perfringens (100 ml)

Staphylocoques

(100 ml)

Salmonella

et Shigella

(100ml)

Puits 1

700

1100

120

9

1500

8000

450

Puits 2

200

1600

280

6

1400

7000

400

Puits 3

350

1500

250

6

1800

7500

250

Puits 4

300

1900

200

9

1600

6000

300

Puits 5

600

2200

300

7

2000

8000

500

Ce tableau montre que les eaux prélevées dans tous les puits 1 à 5 sont sujettes à une pollution bactériologique d'origine fécale.

C- Sources de pollution du lac Nokoué

1 - Les déchets solides

Plusieurs types de déchets sont recensés dans cette catégorie.

Ils proviennent non seulement des ménages des villages situés sur le lac mais aussi des villages ou quartiers périphériques. Ces ordures ménagères sont déversées directement dans le lac ou sur la berge.

 

Rejet de déchets solides ménagers

Localités

Dans le lac

Sur la berge du lac

Cotonou

43

56

Sèmè-Podji

0

100

Ganvié

100

0

Tableau III: Nombre de ménages (en % des enquêtés) évacuant les ordures ménagères dans le

lac Nokoué ou sur la berge

Les résultats de ce tableau révèlent qu'en général, une forte proportion de population lacustre rejette les ordures dans le lac Nokoué. En effet, 66% des personnes interrogées déversent les déchets dans le lac alors que 35% les jettent sur la berge. A Cotonou, 43% des ménages se débarrassent des déchets solides en les rejetant dans le lac ; les 57% restants les évacuent sur la berge. Par contre à Ganvié, tous les déversent dans le lac.

Des observations directes effectuées sur le terrain ont permis de constater le long du lac d'une part, des dépotoirs d'ordures dans 4% des villages ou quartiers lacustres puis d'autre part dans le lac, des déchets flottants et des ruines d'habitation au niveau de tous les villages visités.

Les rejets anarchiques d'ordures par les ménages sont dus à l'inexistence d'un système de collecte dans le milieu lacustre.

A Cotonou, les nombreux rejets sur la berge expliquent la présence de plusieurs dépotoirs d'ordures. Le plus grand est localisé à Ahouansori (Photo 1).

Quelques structures privées de pré collecte d'ordures dans certains quartiers de Cotonou viennent également déverser les déchets (ménagers et biomédicaux) sur la berge du lac Nokoué à Ahouansori, Agbato, Gankpodo, Ladji et Minontchou.

Au niveau des parties non marécageuses de la berge, certains habitants mettent feu aux dépotoirs lorsque leur taille devient importante.

Au total, tous les grands dépotoirs recensés autour du lac Nokoué se trouvent dans la ville de Cotonou. En période de crue et de pluie abondante, ces décharges sont envahies par les eaux et, une partie importante des déchets est charriée vers le lac. Il faut noter qu'à Sèmè-Podji, bien que toutes les personnes interrogées affirment rejeter les ordures sur la berge, aucun dépotoir n'a été observé. En effet, les ordures produites en faible quantité dans cette commune sont soit éparpillées dans des marécages, soit brûlées.

Les déchets solides jetés dans le lac ou sur la berge sont constitués en partie de matières putrescibles ; ils contribuent surtout à la contamination bactériologique du lac et à la pollution par les matières organiques. Les matières organiques sont définies comme étant des matières oxydables qui nécessitent pour leur décomposition une certaine quantité d'oxygène. Elles sont considérées comme des matières polluantes car elles appauvrissent le milieu en oxygène.

Une partie de ces ordures est composée des éléments tels que : les amas de ferrailles, les piles et batteries usées, les appareils électroménagers hors d'usage, les déchets biomédicaux provenant des cliniques ou cabinets médicaux privés et retrouvés dans les ordures ménagères (pansements, mercure des thermomètres cassés, seringues et aiguilles hypodermiques ). Ces déchets favorisent la présence des polluants chimiques dans le lac. Le Tableau IV récapitule les principaux dépotoirs situés sur la berge du lac Nokoué.

Tableau IV : Principaux dépotoirs d'ordures autour du lac Nokoué

Sites

Hauteur des décharges (m)

Coordonnées géographiques en degré

Longitude E

Latitude N

1

Ladji

0,70

002°26'01,4

06°23'22,9

2

1,19

002°25'48,7

06°23'34,4

3

Ahouansori

0,85

002°25' 15,0

06°23'18,5

4

2,00

002°25'16,7

06°23'18,5

5

0,90

002°25'19,0

06°23'18,5

6

Minontchou

1,20

002°27'05,8

06°23'37,2

7

1,15

002°27'02,7

06°23'38,1

8

Gankpodo

1,05

002°27'0,7

06°23'35,8

9

0,95

002°26'54,8

06°23'39,6

10

0,98

002°26'51,4

06°23'41,8

11

Agbato

1,18

002°26'15,7

06°23'18,4

12

1,55

002°26'15,8

06°23'18,2

13

1,45

002°26'16,0

06°23'11,7

Photo 1 : Dépotoir d'ordure situé sur la berge du lac Nokoué à Ahouansori (haut de 2 m)

2 - Les déchets liquides

a) Les eaux usées

Les eaux usées domestiques sont classées dans la catégorie des déchets liquides. Elles regroupent les eaux de vaisselle, de lessive, de bain et de cuisine.

Dans ce cas également, l'inexistence d'un système de collecte des eaux usées contraint la population lacustre à rejeter ces déchets dans le lac ou sur la berge. Le Tableau V présente la statistique de l'évacuation des eaux usées.

Tableau V : Nombre de ménages (en % des enquêtés) évacuant les eaux usées dans le lac

Nokoué ou sur la berge

Localités

Evacuation des eaux usées

Dans le lac

Sur la berge

Cotonou

53 %

47%

Sème-Podji

0%

100%

Ganvié

100%

0%

Au total, la majorité des ménages interrogés, plus précisément les 69% déversent les eaux usées dans le lac tandis que les 31% restants en jettent sur la berge. Par exemple, à Cotonou et Ganvié les

proportions de ménages qui rejettent les eaux usées dans le lac sont respectivement de 53%, et 100%. A Sèmè-Podji par contre, le rejet se fait sur la berge.

Les eaux usées jetées dans le lac par les ménages contribuent non seulement à la pollution chimique du lac par des apports en phosphates, ammonium, nitrates et nitrites, mais aussi à la pollution organique car ces eaux usées domestiques contiennent aussi des matières organiques biodégradables.

b) Les excréta.

Les excréta constituent aussi un type de déchet liquide, ils sont produits en abondance dans tout lieu de regroupement humain. Ils proviennent des Hommes et des animaux.

c) Les déjections humaines

Dans les milieux lacustres les déjections humaines ont pour destination le lac ou la berge. (Tableau VI).

Tableau VI : Nombre de ménages (en %) rejetant les matières fécales dans le lac Nokoué ou

sur la berge

Localités

Latrines publiques sans fosse

Latrines privées sans fosse

A partir de pirogue

A partir de la case

Cotonou

23

17

43

0

17

Sèmè-Podji

0

0

30

0

70

Ganvié

0

0

57

43

0

Les résultats présentés dans ce tableau révèlent que seulement 9% des personnes interrogées disposent d'une latrine sans fosse installée sur le lac, le reste (91%) rejettent les matières fécales soit sur la berge, dans une latrine publique construite sur le lac, soit à partir d'une pirogue ou de leur case sur pilotis.

Au total, une forte proportion de personnes (87%) rejettent les matières fécales dans le lac contre une faible proportion de personnes (13%) qui les mettent sur la berge. A Ganvié, toutes les personnes

interrogées rejettent les matières fécales dans le lac. Par contre 83% et 30% des interrogés en rejettent dans le lac respectivement à Cotonou et Sème-Podji. Les 17% et 70% restants respectifs en rejettent sur la berge.

En zone urbaine du lac Nokoué, particulièrement à Cotonou, 44 latrines sans fosse dont 25 publiques et 19 privées sont installées sur le lac. La particularité des latrines publiques est que l'accès est subordonné au paiement d'une somme de 25 FCFA. La latrine publique la plus fréquentée se trouve à Agbato (Photo 2). Elle accueille en moyenne 95 personnes par jour ; parmi celles-ci, on compte un grand nombre de conducteurs de taxi moto (65%). A Ahouansori et Agbodjèdo, les latrines les plus fréquentées accueillent respectivement 38 et 25 personnes en moyenne par jour. Le Tableau VII présente la répartition des latrines en zones urbaines et sur le lac Nokoué.

Tableau VII : Latrines installées en zones urbaines du lac Nokoué

Villages ou quartiers

Nature de latrine

Total

Latrines publiques

sans fosse

Latrines privées

sans fosse

Agbato

09

06

15

Agbodjèdo

00

07

07

Ahouansori

03

03

06

Gankpodo

01

02

03

Ladji

02

01

03

Minontchou

02

04

06

Vossa

02

00

02

Yenawa

00

02

02

Total

19

25

44

Agbato possède le plus grand nombre de latrines sans fosse ; viennent ensuite Agbodjèdo avec 7 latrines sans fosse puis enfin, Ahouansori et Minontchou avec chacun 6 latrines sans fosse.

En période de crue, les déjections déposées sur la berge sont envahies par l'eau et ramenées dans le lac.

Photo 2 : Latrines publiques installées sur le lac Nokoué à Agbato et bidons d'essence plongés

dans l'eau .

d) Les déjections animales

Le cheptel animal des quartiers ou villages lacustres est surtout composé de bovins, ovins, caprins, porcins et volaille. Soixante huit pour cent des ménages interrogés élèvent des animaux domestiques. Parmi ces éleveurs, on compte 66% d'éleveurs de porcs, 32% de moutons chèvres, 75% de volaille et 6% de boeufs ; ces pourcentages se justifient par le fait que certains habitants élèvent à la fois plusieurs catégories d'animaux (Tableau VIII ). A certains endroits, les animaux sont dans des enclos, mais dans d'autres, ils errent sur la berge et dans l'eau (Photo 3).Ces enclos sont des lieux de production d'importante quantité de lisier (urines et matières fécales). Le fumier produit est rejeté dans le lac lors du nettoyage des parcs par les propriétaires.

Photo 3 : Porcs en divagation sur la berge du lac à Mènontin

Tableau VIII : Nombre d'éleveurs (en % des enquêtés) rejetant les cadavres d'animaux et les

déjections animales dans le lac ou sur la berge

Localités

Eleveurs de porcs

Eleveurs de volaille

Eleveurs de moutons et chèvres

Eleveurs de boeufs

Cotonou

72

78

44

0

Sèmè-Podji

83

67

1

0

Ganvié

62

72

24

7

Les résultats obtenus sur le comportement sanitaire des éleveurs vis-à-vis des animaux se présentent dans le Tableau IX.

Tableau IX : Nombre d'éleveurs (en % des enquêtés) qui jettent d'animaux domestiques dans

le lac

Localités

Cadavres d'animaux

Déjections animales

Rejet dans le lac

Rejet sur la berge

Enterrés

Rejet dans le lac

Rejet sur la berge

Cotonou

38

33

27

33

66

Sèmè-Podji

0

33

66

0

100

Ganvié

100

0

0

93

6

Les cadavres d'animaux sont rejetés dans le lac, sur la berge ou enterrés.

En effet, 67% des ménages jettent les animaux morts dans le lac, 12% les abandonnent sur la berge alors que 19% les enterrent.

Les déjections animales sont en majeure partie dans le lac. En réalité, 62% des ménages se débarrassent de ces déchets en les déversant dans le lac alors que 37% les abandonnent sur la berge. Trente trois pour cent, et 93% des ménages rejettent ces déjections dans le lac respectivement à Cotonou, et Ganvié.

Les éleveurs producteurs de lisiers (urine et matières fécales) sont des sources majeures de pollution azotée : un porc de 100 kg élimine environ 1 m3 de lisier par an, soit 5,5 kg d'azote. (BEAUX, 1998).

Les matières fécales en général contribuent surtout à la présence dans le lac des polluants inorganiques azotés (ammonium, nitrates et nitrites), phosphorés (phosphates) et des micro-organismes (bactéries par exemple).

3 - Les polluants résultant de certaines activités humaines

a) Les déchets issus des activités de pêche

Ces déchets sont constitués de branchages d'acadja abandonnés dans le lac après leur utilisation et des filets usés.

b) Les branchages utilisés pour réaliser les acadjas

Les acadjas représentent des systèmes traditionnels d'élevage et de capture de poissons. Leur réalisation nécessite l'utilisation d'une quantité importante de branchages.

Tableau X : Evolution du nombre des acadjas et leur superficie dans le lac Nokoué

Année

Nombre d'acadjas

Superficie totale en ha

1959

31.056

235

1970

5.389

148

1981

589

311,8

1988

-

4.000

1996

9078

5.931,1

Source : GBAGUIDI (1997).

Photo 4 : Stock d'acadjas en attente d'être déversé dans le lac à Calavi

Ces branchages sont en partie à la base de la pollution organique de l'eau du lac et les risques écotoxicologiques sont liés aux réactions chimiques produites lors de leur décomposition.

La densité moyenne de branchages utilisés dans le lac Nokoué est de 2468 fagots/ha par an (AGLINGLO, 1998). Le nombre d'acadjas qui est de 589 en 1981 sur une superficie totale de 311,8 ha passe à 9078 en 1996 pour une superficie de 5931,1 ha. Ces chiffres sont actuellement largement au dessus de ces valeurs.

Tableau XI : Nombre de pêcheurs ayant placé des acadjas dans le lac Nokoué

Localités

Nombre en %

Cotonou

56

Sèmè-Podji

67

Ganvié

62

Vêkky

67

Soixante un pour cent des pêcheurs interrogés ont placé des acadjas dans le lac. Tous ceux-ci y abandonnent les branchages ayant servi à construire ces acadjas jusqu'à leur décomposition totale. A Sèmè-Podji, 66% des pêcheurs rencontrés ont placé des acadjas dans le lac alors que 55% et 61% y ont respectivement placé à Cotonou et Ganvié.

Les tarets (Taredos petiti et Bankia badidaensis) d'origine marine contribuent activement à la dégradation des branchages en se fixant sur ces dernières.

La décomposition des branchages d'acadjas permet d'affirmer que ces dernières contribuent surtout à la pollution du lac Nokoué par les matières organiques.

c) Les filets usés

Les filets usés quant à eux, sont jetés dans le lac, sur la berge ou bien conservés. La majeure partie des pêcheurs rejette ces filets dans le lac.

Tableau XII : Nombre de pêcheurs (en % des enquêtés) ayant jeté ou conservé les filets usés

Localités

Rejet dans le lac

Rejet sur la berge

Conservation

Cotonou

33

39

28

Sèmè-Podji

0

67

33

Ganvié

86

0

14

d) Les produits pétroliers

Les produits pétroliers (essence, huile à moteur, et gas-oil) sont déversés dans le lac volontairement ou accidentellement lors des transports, de la commercialisation et au moment des vidanges des moteurs.

Tableaux XIII : Nombre de transporteurs de produits pétroliers

Localités

Nombre de transporteurs en %

Cotonou

33

Sèmè-Podji

33

Ganvié

38

Parmi les conducteurs de barque motorisée rencontrés, environ 37% transportent des produits pétroliers. Lors des transports, des déversements volontaires se font pour équilibrer les barques surchargées afin d'éviter les naufrages ou bien pour diminuer la charge dans le but d'échapper aux poursuites douanières. Quant aux déversements accidentels, ils sont dus aux éclatements de bidons usagers et au chavirement des barques surtout lors des orages ou des forces de courants non maîtrisables par les conducteurs. Cinquante cinq pour cent des transporteurs interrogés ont déjà subi des accidents au cours des trafics.

Les destinations habituelles de ces produits pétroliers sont : Yénawa, Agbato, Ladji, Ahouansori, Abomey-Calavi (Photo 5), Zogbo, Godomey, Sô Tchanhoué, Sô Zounko, Aguégué, Kétonou, Ganvié, Tchonvi et Davatin.

Un total de 28 points de commercialisation de produits pétroliers installés sur le lac Nokoué ont été recensés. Les résultats se présentent comme suit :

Tableau XIV : Nombre de points de vente de produits pétroliers installés sur le lac

Localités

Ladji

Ahouansori

Abomey-

Calavi

Ganvié

Sô Tchanhoué

Sô Zounko

Total

Nombre

03

05

01

09

06

04

28

Ganvié présente le nombre de points de commercialisation le plus élevée (09) ; Sô Tchanhoué le suit avec 6 points. A chacun de ces lieux de vente, des produits se déversent (lors des ventes ou des chutes de bouteilles remplies de produits) dans le lac (Photo 2).

Photo 5: Point de vente de produits pétroliers près le lac Nokoué à Abomey-Calavi.

Les conducteurs de barques motorisées effectuent 1 à 2 fois par mois la vidange de leur moteur. Ainsi, 72% et 28% de ces conducteurs interrogés font respectivement la vidange 1 fois par mois et 2 fois par mois à Cotonou comme l'indique le Tableau XV.

Tableau XV : Fréquence de vidanges des moteurs

Localités

Nombre de personnes en %

1 fois /mois

2 fois /mois

Cotonou

72

33

Sèmè-Podji

28

16

Ganvié

76

24

Une quantité d'au moins 0,25 litre d'huile à moteur est retirée à chaque vidange ; cette huile est jetée dans le lac, sur la berge ou conservée. Une grande partie des conducteurs se débarrassent de l'huile de vidange en la jetant dans le lac.

Tableau XVI : Nombre de personnes (en % des enquêtés) rejetant ou conservant l'huile de

vidange

Localités

Rejet dans le lac

Rejet sur la berge

Conservation

Cotonou

72

16

11

Sèmè-Podji

33

66

0

Ganvié

71

0

28

Au total, 65% de ces conducteurs déversent l'huile de vidange dans le lac ; 15% les rejettent sur la berge alors que 20% en conservent pour un usage personnel.

Tableau XVII : Types de déchets rejetés dans le lac

Déchets solides

Déchets liquides

Autres

Sachets en plastique

Eau de lessive

Huile de vidange

Chaussures

Eau de vaisselle

Essence

Pneus

Eau de bain

Pétrole

Vieux filets

Eau de cuisine

Gaz oil

Boîtes de conserves

Déjections animales

 

Ustensiles métalliques

Déjections humaines

 

Produits d'emballage (papiers, cartons)

 
 

Vêtements usés

 
 

Restes d'aliments

 
 

Détritus des produits de pêche (coquilles de mollusque, carapaces de crustacées, écailles et viscères de poissons)

 
 

Charbon de bois

 
 

Feuilles sèches ou vertes

 
 

Branchages

 
 

Fragment de bois provenant des pirogues ou des ruines d'habitation

 
 

Cadavres d'animaux

 
 

Piles usées

 
 

e) Les rejets des collecteurs d'eau dans le lac Nokoué

Les caniveaux couverts et les collecteurs à ciel ouvert qui rejettent des eaux pluviales et usées directement dans le lac se trouvent en zone urbaine du lac Nokoué et plus précisément à Cotonou.

Le projet d'assainissement des villes de Cotonou et de Porto-Novo avait prévu en 1998 la construction de 70 km de collecteurs d'eau à Cotonou. Ce système devrait drainer une superficie de 2837 ha et un volume annuel des eaux de ruissellement évalué à 14,3 millions de mètres cubes dont 10,5 millions de mètres cubes seront déversés dans le lac Nokoué par l'intermédiaire de 6 exutoires.

Le Tableau XVIII montre qu'actuellement, les eaux urbaines parviennent directement au lac Nokoué par l'intermédiaire de 6 exutoires.

Tableau XVIII : Principaux débouchés des collecteurs d'eau à ciel ouvert et caniveaux

couverts dans le lac

Sites

Coordonnées géographiques en degré

Longitude E

Latitude N

1

Rejets urbains du collecteur d'eau de Yénawa

002°27'44,6

06°23'32,7

2

Rejets urbains du caniveau couvert de Gankpodo

002°26'49,6

06°23'42,6

3

Rejets urbains du caniveau couvert de Gankpodo

002°26'48,9

06°23'42,7

4

Rejets urbains du collecteur d'eau d'Agbato

002°26'15,5

06°23'19,0

5

Rejets urbains du collecteur d'eau d'Ahouansori

002°25'15,6

06°23'18,3

6

Rejets urbains du caniveau couvert de Vossa

002°24'51,4

06°23'14,7

En somme, trois collecteurs d'eau à ciel ouvert et trois caniveaux couverts ont été  localisés à Cotonou.

Photo 6 : Débouché du collecteur d'eaux pluviales de Yénawa à Cotonou.

En se référant d'une part aux prévisions du projet d'assainissement des villes de Cotonou et de Porto-Novo et d'autre part au système actuel de collecte des eaux, système formé par l'ensemble des 6 canaux d'évacuation d'eau, il ne sera pas exagéré d'évaluer à environ 10,5 millions de mètres cubes par an la quantité d'eau de ruissellement rejeté dans le lac Nokoué et contenant d'énorme quantité de polluants.

Dans ces canaux, la population riveraine jette quotidiennement toutes sortes de déchets liquides (eau de cuisine, de lessive, de vaisselle et des matières fécales) et des ordures.

Les eaux pluviales déversées dans le lac par l'intermédiaire des 6 exutoires sont donc contaminées par les déchets ménagers (solides et liquides). Ainsi, les collecteurs à ciel ouvert et les caniveaux couverts contribuent par leurs rejets, à la pollution chimique, organique et micro biologique du lac Nokoué.

f) Les apports d'autres plans d'eau

Les apports mis ici sont ceux du fleuve Ouémé, du chenal de Cotonou et de la mer.

- Les apports du fleuve Ouémé

La rivière Sô et le fleuve Ouémé alimentent le lac Nokoué en eau douce. Le débit de crue moyen de l'Ouémé est de l'ordre de 800 m3/s. Quant au volume d'eau douce de ces deux cours qui alimentent le lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo, il est de 6353 millions de mètres cubes par an (SNC-LAVALIN, 1998).

Des résidus de pesticides organochlorés, comme le lindane, le chlordane et le DDT (Dichloro-Diphenyl-Trichloroétane) ont été signalés au niveau du fleuve Ouémé par ROCHE INTERNATIONAL en 2000. Ces pesticides proviendraient des insecticides, des herbicides utilisés dans le bassin versant de ce fleuve. Par ailleurs, les engrais chimiques et les pesticides utilisés dans les départements du nord et du centre surtout pour l'agriculture, seraient aussi lessivés et transportés par le fleuve Ouémé.

Le contact permanent entre le lac Nokoué et le fleuve Ouémé favoriserait donc la présence des pesticides qui sont constatés dans le lac Nokoué et qui sans doute se retrouveraient dans l'organisme des poissons.

- L'influence de l'eau marine sur le lac Nokoué

Le volume d'eau salée qui provient de la mer est de 1570 millions de mètres cubes par an (SNC-LAVALIN, 1998). L'intrusion massive d'eau salée en période d'étiage entraîne une prolifération des tarets (Taredos petit et Bankia bagidaensis) qui contribuent à la destruction rapide des branchages d'acadja. Par ailleurs, pendant cette période d'étiage, les algues et plantes aquatiques (jacinthe d'eau par exemple) qui ont envahi le lac pendant la crue, meurent et se décomposent en consommant de l'oxygène.

Tous ces phénomènes qui se produisent contribuent surtout à la pollution organique du lac Nokoué.

- Les apports du chenal de Cotonou

D'une longueur de 4,5 km et d'une largeur moyenne de 300 m, le chenal de Cotonou est un couloir profond de 5 à 10 m ; il est connecté au lac Nokoué par un entonnoir.

Dans le chenal de Cotonou et le long de celui-ci, sont déversés quotidiennement des déchets solides provenant des ménages et surtout du marché Dantokpa. Les décharges d'ordures qui jonchent la bordure du chenal sont composées de matières putrescibles, de déchets biomédicaux, d'appareils usagers, de batteries, des amas de ferraille, etc. Des rejets de teinturiers artisans de tissus dits sénégalais ou maliens sont à signaler le long de ce chenal. En outre, d'autres rejets urbains et industriels dans le chenal sont observés :

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales d'Akpakpa-centre;

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales du nouveau pont ;

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales de Midombo

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales de Hlacomey ;

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales de Jéricho ;

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales du marché Dantokpa ;

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales du Collège d'Enseignement Général de Dantokpa ;

§ rejets d'eaux usées de la maternité Lagune de Cotonou.

Grâce au contact entre le chenal de Cotonou et le lac Nokoué, les nombreux déchets déversés dans ce chenal sont entraînés vers le lac surtout en période d'étiage. Les eaux du chenal, polluées par les déchets solides et liquides contribuent donc à la pollution chimique, organique et microbiologique du lac Nokoué.

Les rejets domestiques (solides et liquides) et les eaux des collecteurs sont fortement chargés de matières organiques qui s'oxydent en consommant de l'oxygène. Les divers rejets associés surtout aux apports du chenal de Cotonou et du fleuve Ouémé contribuent d'une part à la présence dans le lac Nokoué des matières organiques, des contaminants microbiologiques (coliformes fécaux, coliformes totaux, streptocoques, etc.) et d'autre part à la présence des polluants chimiques (phosphates, nitrates, nitrites, ammoniums, métaux lourds etc.) dans cet écosystème.

L'excès de la teneur en phosphates et nitrates induit une croissance exagérée des végétaux aquatiques notamment la jacinthe d'eau. Après leur mort, ces plantes surabondantes sédimentent dans les eaux profondes, les bactéries qui les décomposent consomment l'oxygène, le milieu s'appauvrit ainsi en oxygène et il se forme de l'ammoniac. Ce phénomène qui vient d'être décrit est appelé eutrophisation, il représente donc un indice de pollution du lac. Il est à retenir que 1 kg de phosphore dans un lac permet la production d'une tonne d'algues qui nécessitera 140 tonnes d'oxygène pour se décomposer dans les profondeurs (SERVETTAZ, 2001).

Par ailleurs, les produits pétroliers déversés dans le lac y contribuent à la présence des métaux lourds (plomb). Des pesticides sont également observés grâce aux apports des plans d'eau qui sont en liaison avec le lac Nokoué.

II - DISCUSSION : Risques écotoxicologiques liés à la pollution du lac Nokoué

Les résultats des analyses physico-chimiques et bactériologiques des eaux du lac Nokoué sont comparés aux normes de qualité des eaux. Au début du mois de septembre, on observe un apport hydrique de la rivière Sô et du fleuve Ouémé. On enregistre une augmentation de la température sur tous les sites lorsqu'on se réfère aux normes fixées dans le Tableau I. La température étant un facteur très important pour le fonctionnement des écosystèmes, sa variation entre 24 °C et 29 °C agira sans doute sur les réactions métaboliques qui se produisent dans l'eau du lac.

La diminution totale du taux de salinité enregistrée en septembre s'explique par les apports en eau douce de la rivière Sô et du fleuve Ouémé qui diluent l'eau du lac. La baisse de la salinité favorise la prolifération des espèces aquatiques plus précisément les jacinthes d'eau qui en se développant empêchent la pénétration des rayons solaires dans l'eau et contribuent à la raréfaction de l'aération de l'eau ce qui est une menace pour les poissons.

Les valeurs moyennes de la conductivité électrique en juin et septembre (respectivement 1025 et 1073,3 ìs/Cm) sont largement supérieures à la norme de qualité admise de 400 ìs/Cm. Cette valeur moyenne indique que le milieu est pollué. L'eau du lac serait inapte à la plupart des usagers et pourrait constituer une menace pour la santé publique et l'environnement.

L'examen des valeurs de pH obtenues montre que l'eau du lac Nokoué passe d'une nature acide (pH<7) en juin à une nature basique (pH>7) en septembre. Ces valeurs sont comprises dans l'intervalle de la norme de qualité admise (6,5 - 8,5) et seraient favorables au développement des espèces aquatiques.Pendant le mois de septembre, en dehors de Ganvié et de la rivière Sô, les teneurs des matières solides en suspension de tous les autres sites sont inférieures à celles mesurées en juin. La norme de qualité étant de 30 mg/L, on constate que à Abomey-Calavi par exemple, la teneur en MES mesurée en septembre dépasse celle de la norme. Ceci témoigne d'une pollution à cet endroit du lac par les activités anthropiques.

Les moyennes des teneurs en oxygène dissous observées sur l'ensemble des sites en juin et septembre sont respectivement de 3,62 et 2,71 mg/L alors que la norme de qualité admise est de 7 mg/L. Cela montre une pénurie d'oxygène dans ces milieux. Lorsque nous savons que l'oxygène est indispensable à la vie, on doit se poser beaucoup de questions sur le devenir de ce plan d'eau. Ceci est en harmonie avec la DCO. En effet, la norme de qualité admise est de 20 mg /L. Or dans le lac Nokoué, la DCO est largement supérieure à 80 mg /L. Cette valeur élevée de la DCO correspond à une forte teneur de matière organique présente dans le lac liée aux dépôts de branchages d'acadja.

Une comparaison des différentes concentrations de l'ammonium avec les normes de qualité permet de constater que les valeurs obtenues sont largement supérieures à 8 mg/L sur tous les sites sauf à Ahouansori où une teneur de 7,9 mg/L est enregistrée en septembre.

Les concentrations de phosphates obtenues sont supérieures à la limite admissible de 0,5 mg / L (GAUJOUS, 1995). Ceci peut provoquer plus tard des problèmes d'eutrophisation pour le lac. En effet Les algues diffèrent de la vie animale microscopique de nos plans d'eau à cause leur mode de respiration : elles libèrent plus d'oxygène durant la journée qu'elles en utilisent, et absorbent plus de dioxyde de carbone qu'elles n'en relâchent, alors que les animaux et les organismes photosynthétiques libèrent le dioxyde de carbone et absorbent l'oxygène de leur environnement. Les algues réagissent habituellement d'une façon opposée pendant la nuit, lorsqu'elles agissent comme des matières organiques mortes augmentant ainsi la DBO. Il est important de réfléchir soigneusement sur les actions d'élimination des algues des plans d'eau : l'oxygène fourni par les algues lors de leur photosynthèse est bénéfique à la plupart des formes de vie. Ainsi, leur élimination se fera souvent plus au détriment de ces formes de vie qu'à leur bénéfice.

Au total, les principaux effets causés par l'eutrophisation peuvent être résumés comme suit :

- la baisse de la diversité des espèces ;

- l'augmentation de la biomasse végétale et animale ;

- l'augmentation de la turbidité ;

- l'augmentation du taux de sédiments dans le lac ;

- le développement des conditions anoxiques.

Les indications d'état tropique appartiennent soit au biotope (facteur physico-chimique), soit à la biocénose (facteur biologique).

Les principaux indicateurs biotrophiques sont :  

- le bilan d'oxygène : le déficit en oxygène est une fonction croissance des concentrations en phosphates. Malheureusement, il ne peut être utilisé que pour des lacs dont l'hypolimnion est bien différencié.

- la transparence: bien qu'étant étroitement liée à l'abondance du phytoplancton, elle n'est qu'un médiocre indicateur dans la mesure où d'autres éléments peuvent interférer (couleur, matières en suspension etc.)

- les index morphométriques : ils peuvent être utilisés pour étudier l'évolution physique d'un lac, pour expliquer l'état trophique d'un lac mais pas pour le définir.

- les nutriments et ions associés : le phosphore est un bon indicateur même si sa vitesse de recyclage est difficile à évaluer. En revanche, l'azote n'est guère utilisable car il est difficile d'en évaluer les diverses transformations. Les ions, associés aux activités humaines (sulfates, chlorure, sodium etc.) présentent de bonnes corrélations avec d'autres indicateurs plus directement liés à l'état tropique.

- les indicateurs biocénotiques : la présence ou l'absence d'espèces indicatrices est très utilisée. Ces espèces appartiennent au phytoplancton, au zooplancton, au benthos ou aux poissons. La sensibilité de l'éducation est fonction de la réponse de la physiologie et de son comportement mais aussi des interactions interspécifiques, il va de soi que l'utilisation des espèces indicatrices n'est intéressante que lorsqu'on connaît les réponses et les interactions en fonction de l'état trophique du milieu.

- la productivité : on utilise des indices basés sur l'élaboration de la matière organique. On utilise par exemple le déséquilibre entre production et consommation qu'entraîne l'augmentation du flux des nutriments, c'est-à-dire le rapport autotrophie / hétérotrophie. On étudie également l'activité des consommateurs se répercutant sur la biomasse phytoplanctonique et la chlorophylle.

- la diversité : les critères qui utilisent l'abondance relative des espèces sont plus importants que leur simple présence. Le plus simple de ces indicateurs de diversité est le rapport (nombre d'espèces) / (nombre d'individus). Dans les milieux aux conditions difficiles ou extrêmes (sources chaudes, lacs salés etc.), le nombre d'espèces est limité et la diversité réduite. Il en est de même dans les milieux très eutrophes.

Les conséquences de l'eutrophisation : les lacs et réservoirs oligotrophes sont généralement caractérisés par une faible concentration en nutriments, une grande diversité des communautés biologiques (végétales ou animales) mais aussi une productivité primaire (phytoplancton) faible, une biomasse peu importante et des eaux de bonne qualité convenant à la plupart des usages.

Au contraire, les eaux eutrophes sont caractérisées par une productivité et une biomasse élevée à tous les niveaux trophiques, des pullulations fréquentes d'algues.

La diversité des plantes et d'animaux est souvent réduite ; on observe également une croissance accrue des plantes aquatiques de la zone littorale. Les eaux de la couche profonde ou hypolimnion sont déficientes en oxygène et leur qualité est insuffisante pour de nombreuses utilisations.

Conséquences écologiques : l'eutrophisation peut avoir des effets nuisibles sur la stabilité biologique de l'écosystème lacustre : presque toutes les populations vivantes et leurs interactions en seront affectées.

De plus, nous avons vu que certains indicateurs biologiques sont caractéristiques d'une eau oligotrophe ou d'une eau eutrophe.

On va observer dans les eaux eutrophes l'absence d'espèces dites "nobles".On va en revanche rencontrer en abondance des poissons de surface et d'eaux tièdes comme les carpes.

La recherche d'une productivité accrue pour la pisciculture ou d'autres formes d'aquaculture est un des rares cas où l'eutrophisation n'est pas perçue négativement : en effet, la production totale de poissons est également plus élevée dans les eaux eutrophes car elle augmente avec l'apport de nutriments, mais elle n'offre qu'une variété d'espèces limitée.

L'eutrophisation des lacs a surtout des conséquences écologiques, sanitaires, sociales sur la population.

Conséquences sanitaires et économiques : il peut y avoir des conséquences sur le tourisme, dues à des aspects désagréables, les eaux ont une couleur verdâtre, sont peu transparentes, et les rejets de SH2 et NH3 créent des odeurs putrides. Les paysages aquatiques sont altérés.

Les baigneurs peuvent également être gênés à cause des algues. De plus, la pêche peut être limitée à cause de la disparition de certaines espèces prisées.

Qualité de l'eau : la qualification de l'eau dépend de l'utilisation que l'on veut en faire.

- Utilisation agricole : l'eau est souvent utilisée non traitée pour l'arrosage et l'irrigation ; or les cultures et le bétail ont sensibles à la qualité de l'eau, ce qui peut donc entraîner des conséquences sanitaires si elle n'est pas très bonne. C'est pourquoi, étant donné les coûts et les impacts dans les écosystèmes de l'eutrophisation, il est important de prendre des mesures pour limiter ce phénomène.

Les moyens de lutte contre l'eutrophisation : il existe de très nombreuses méthodes pour lutter contre l'eutrophisation : elles varient en fonction du degré de dégradation des lacs, mais la plupart sont extrêmement coûteuses.

La première question est de savoir s'il faut traiter les causes ou les symptômes.

Il est généralement plus judicieux de traiter les causes sous-jacentes, les plus facilement maîtrisables, plutôt que de se contenter de réduire les symptômes. Le traitement exige généralement la réduction ou l'élimination des apports excessifs de nutriments qui sont la première cause de la prolifération des plantes aquatiques.

Réduction des apports ponctuels de nutriments (urbains et industriels) : En règle générale, le phosphore est le principal facteur de maîtrise de l'eutrophisation en eau douce.

Il s'agit avant tout de diminuer les apports de phosphates car ils sont directement assimilables par les végétaux.

Il est possible de réduire le phosphore directement à la source, en l'éliminant par précipitation chimique (avec les sels de fer et d'aluminium, ou de la chaux) au cours du traitement d'épuration des eaux usées.

Bien sûr, il ne faut pas remplacer les phosphores par des substituts qui engendreraient de nouveaux problèmes environnementaux.

Quand l'apport externe en phosphore est réduit de façon énergique et rapide, le plan d'eau se restaure de lui-même.

Réduction des apports diffus de nutriment (rejets agricoles) : les activités agricoles constituent la principale source de pollution diffuse par le nitrate. Avec le développement de la culture du coton dans les régions du septentrion, le nitrate après lessivage des sols se retrouve dans les eaux de surface.

Protection des zones humides : les zones humides sont des plans d'eaux de très faible profondeur (étangs, mares, marais, marécages, tourbières etc.).

Une autre possibilité de contrôle de l'eutrophisation est donc de développer la protection des zones humides pour favoriser l'épuration naturelle. En effet, ces zones ont un rôle d'assainissement. Elles éliminent rapidement la matière organique.

La décision de ne traiter que les symptômes de l'eutrophisation s'explique lorsque le coût du traitement des causes premières est trop élevé, ou si le traitement des symptômes est de toute façon nécessaire.

Dragage des sédiments : les sédiments ont une grande importance dans le phénomène d'eutrophisation ; en effet, même si on arrête les apports externes de phosphore et d'azote, le phénomène d'eutrophisation continue pendant un certain temps car l'azote et le phosphore sont stockés dans les sédiments qui relarguent les phosphates lorsque le milieu est réducteur. La réhabilitation du milieu n'est donc pas immédiate. Le dragage est la méthode de contrôle des sédiments nutritifs la plus efficace.

Oxygénation de l'hypolimnion : si les sédiments enrichis ne peuvent pas être extraits, on peut réduire le processus de relargage en créant un environnement oxydant aux sédiments ; le moyen le plus simple d'obtenir ces conditions dans un lac profond consiste à oxygéner l'hypolimnion . L'aération hypolimnique crée un environnement aquatique oxygéné qui favorise l'élimination des rapports nutritifs externes et s'étend graduellement vers les eaux hypolimniques profondes et les sédiments.

Faucardage et récolte des plantes aquatiques : cette méthode consiste à couper et retirer les macrophytes et les algues fixés du plan d'eau, ce qui permet d'éliminer les conditions qui nuisent aux loisirs aquatiques. Les inconvénients sont le coût, la nécessité de répéter souvent l'opération et surtout les problèmes d'évacuation  des végétaux.

Biomanipulation : il s'agit d'utiliser des organismes spécifiques pour contrôler la croissance des algues ou d'autres composantes du réseau tropique. Par exemple, l'utilisation de poissons pour contrôler les macrophytes.

Il faut toutefois être extrêmement prudent avant d'introduire une espèce étrangère ou exotique dans un plan d'eau, car elle pourrait sévèrement perturber l'équilibre écologique du milieu.

Un autre paramètre dont la teneur dans l'eau du lac est inquiétante est le nitrite. Il provient de la réduction du nitrate sous l'influence des bactéries. Au mois de juin, à l'exception des sites de Kétonou et du bras Ouest de la rivière Sô, toutes les autres stations présentent une concentration de nitrite supérieure à la limite admissible de 0,06 mg/L correspondant au seuil inférieur de la gamme de toxicité aiguë (DJIBRIL, 2001).

En septembre, les concentrations de nitrites obtenues sur tous les autres sites sont supérieures à

0,06 mg/L. La contaminations des puits par le nitrate constitue un grand problème de santé publique car dans certains quartiers périphériques de Cotonou, l'eau de puit continue d'être consommée sans traitement préalable. L'effet le plus grave et le plus anciennement connu des nitrates est la méthémoglobinémie. En fait, dans l'organisme, c'est l'hémoglobine (les globules rouges du sang) qui transporte l'oxygène. La "méthémoglobinémie" est une déformation de l'hémoglobine, ce qui ne lui permet plus de remplir cette fonction vitale de transport de l'oxygène. Chez un individu normal, environ 0,8% de l'hémoglobine se trouve sous forme de méthémoglobine.

La méthémoglobinémie correspond précisément à une accumulation anormale de méthémoglobine dans l'hémoglobine : lorsqu'elle est trop importante, le transport de l'oxygène dans les cellules devient défaillant, avec des conséquences plus ou moins graves.

Les symptômes de la méthémoglobinémie apparaissent lorsque le taux de méthémoglobine dans les globules rouges atteint 10%, avec de premiers signes de cyanose (coloration mauve ou bleue de la peau, les vaisseaux transportant du sang mal oxygéné). Lorsque la méthémoglobinémie dépasse 20%, des signes plus sérieux se font jour, comme des maux de tête, vertiges, tachycardie, asthénie etc. Des troubles de conscience et des signes neurologiques surviennent au delà de 60% et, à partir de 70%, l'intoxication peut être mortelle (www .ird.fr) 2007.

Les nitrates, en tant que tels, ne peuvent être directement responsables de l'apparition de la méthémoglobinémie. C'est leur transformation en nitrites, dans certaines conditions biologiques, qui peut la provoquer.

Les nitrites sont, en effet, des agents favorisant la formation de méthémoglobine. Si l'Homme adulte est, a priori, peu menacé par la méthémoglobinémie, le nourrisson de moins de six mois est, par contre, sensiblement plus vulnérable à cette pathologie, et ce pour plusieurs raisons.

Pendant les trois premiers mois de la vie environ 70% de l'hémoglobine est d'origine foetale. Cette hémoglobine est beaucoup plus facilement "oxydable" que celle de l'adulte et peut donc, de ce fait, se transformer beaucoup plus facilement en méthémoglobine (www .ird.fr) 2007.

Le pH de l'estomac des nourrissons est proche de la neutralité, contrairement aux adultes, pour lesquels l'estomac est un milieu acide. Or, c'est justement à pH presque neutre que les nitrates se transforment le plus aisément en nitrites.

Les nourrissons sont donc la population la plus directement concernée par les risques de méthémoglobinémie. C'est pourquoi la norme "nitrate" de l'eau potable (50 mg/L) a été établie en fonction de leur sensibilité à ce phénomène, afin de protéger la population la plus vulnérable. C'est également pourquoi, en cas de dépassement, même temporaire, de la norme, la consommation d'eau est proscrite pour les nourrissons ainsi que pour les femmes enceintes ou allaitantes. Les populations concernées par un éventuel dépassement de norme doivent alors être prévenues par les autorités responsables (www .ird.fr) 2007.

Les nitrosamines et le cancer : les nitrosamines sont le produit de réactions entre des dérivés des nitrites et certains acides animés.

Le caractère cancérogène des nitrosamines de synthèse a été établi chez l'animal. Chez l'Homme, ce caractère cancérogène est suspecté, par extrapolation (www .ird.fr) 2007.

Encore une fois, ce sont donc les nitrites, impliqués dans la formation de nitrosamines, qui peuvent être suspectés d'un effet nocif pour la santé. Aucun effet cancérogène direct des nitrates n'a en revanche, été constaté sur l'Homme. La limitation de leur concentration dans l'eau est donc à ce niveau conforme au principe de précaution maximale, qui vise à garantir la santé des personnes contre tout risque à court ou long terme, que ce risque soit avéré, probable ou même, comme ici, simplement supposé car il vaut mieux prévenir que guérir.

La pollution bactériologique du lac a des conséquences graves sur la santé des populations lacustres. Les courbes de coliformes totaux, de coliformes fécaux et de streptocoques fécaux présentent presque la même allure tant en juin qu'en septembre. Ces indicateurs de pollution bactériologique varient pratiquement de la même façon d'un site à un autre.

Les résultats des analyses bactériologiques montrent la présence de streptocoques fécaux et de Clostridium dans les eaux de puits de certaines localités proches de la berge. Les rapports Escherichia coli / Streptocoques fécaux étant partout supérieurs à 4, alors la contamination fécale est d'origine humaine et provient du rejet des excréta dans le lac et sur la berge. La présence de microbes pathogènes comme les staphylocoques, Salmonella et Shigelle confirme la prévalence élevée de maladies diarrhéiques et de dermatoses signalée par les agents de santé des localités lacustres.

L'évaluation de la contamination du lac Nokoué par les métaux toxiques a révélé que les concentrations de ces métaux sont largement au dessus de la norme. Ainsi dans les échantillons d'eau du lac Nokoué, les teneurs en plomb, aluminium et cadmium dépassent le seuil (AGONKPAHOUN, 2006). Dans les sédiments du même lac, l'aluminium, le cadmium et le zinc sont présents à des concentrations non négligeables. Des poissons prélevés dans le lac Nokoué contiennent dans leur chair du cuivre à une concentration élevée (AGONKPAHOUN, 2006). Les poissons faisant partie de la chaîne alimentaire de l'Homme, ces métaux toxiques pourraient facilement se retrouver dans notre organisme.

Les métaux lourds dans l'organisme humain :

- remplacent ou substituent les minéraux essentiels ;

- ont un effet antibiotique, ce qui augmente la résistance des bactéries,

- changent notre code génétique ;

- produisent des radicaux libres ;

- neutralisent les acides aminés utilisés pour la détoxication ;

- causent des allergies ;

-endommagent les cellules nerveuses. ( www.up.univ-mrs.fr/ufrsm/filières/lic Plurid/pollution 2006).

Compte tenu de tout ce qui précède, le risque écotoxicologique lié à la pollution du lac Nokoué est très grand car il y a risque de toxicité pour la faune aquatique à cause de l'ion ammonium provenant de la décomposition des excréta qui passe sous la forme de gaz ammoniac à la faveur d'une élévation du pH (par exemple grâce à l'absorption du CO2 par la photosynthèse). Le gaz ammoniac est toxique et peut entraîner la mort des poissons, des crevettes et d'autres organismes. Les concentrations de nitrate sont au dessus de la norme à cause du rejet des excréta dans le lac.

Ces nitrates peuvent se transformer en nitrite si les conditions deviennent réductrices dans le lac ; cela entraînera une augmentation de la toxicité due aux nitrites.

En conclusion, nous pouvons dire que les risques de prolifération de plantes aquatiques par eutrophisation sont élevés dans le lac Nokoué. En effet, les ions ammonium, nitrate et phosphate en concentration très élevées dans la zone méridionale du lac peuvent induire un développement exagéré des végétaux aquatiques tels que la jacinthe d'eau qui entraînera  des difficultés de navigation réduisant les activités économiques .

Les risques d'asphyxie pour la faune et la flore benthiques sont liés au manque d'oxygène dissous provoqué par la forte demande en oxygène pour l'oxydation de cette grande quantité de matière organique que sont les végétaux pourris au fond du lac, les excréta jetés dans le lac, car à ce rythme, l'auto épuration du lac finira par disparaître.

C

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Tout écosystème aquatique présente des caractéristiques physiques et chimiques déterminées. Le plus grand lac du Sud-Bénin est pollué par des éléments chimiques, des matières organiques et autres déchets. De façon générale, les teneurs des polluants retrouvés dans le lac Nokoué sont supérieures aux nomes de qualités admises. Les causes de sa pollution sont diverses et peuvent être résumées comme suit :

- des déversements de produits pétroliers dans le lac ;

- les branches d'acadja qui sont quotidiennement déversées dans le lac ;

- les décharges d'ordures en bordure du lac ;

- les rejets des collecteurs d'évacuation d'eau pluviale en provenance de la ville de Cotonou ;

- les apports du fleuve Ouémé ;

- les matières fécales d'origines humaines et animales ;

- les déchets ménagers (ordures et eaux usées) dans le lac par les populations lacustres.

Tant que la charge polluante n'est pas trop élevée, le lac Nokoué sera capable de s'auto épurer grâce aux microorganismes présents dans l'eau. En revanche si l'on n'y prend garde, le lac Nokoué risque d'être le siège d'une forte eutrophisation liée à un développement excessif des algues.

Le plus grand risque écotoxicologique lié à la pollution du lac Nokoué est celui lié à la possibilité d'accumulation de certains polluants dans l'organisme des poissons et des huîtres vivants dans cet écosystème. En effet, l'ion ammonium provenant de la décomposition des excréta passe sous la forme de gaz, à la faveur d'une élévation de pH. Le gaz ammoniac est toxique et peut entraîner la mort des poissons, des crevettes et d'autres organismes.

Les teneurs en nitrites élevées par rapport à la norme qui est de 0,06 mg / L (OMS) constituent un frein au développement de la faune aquatique à cause de la toxicité (ANDRE 1995). Les nitrites agissent directement sur l'hémoglobine en oxydant l'ion ferreux, il se forme de la méthémoglobine qui est incapable de transporter les gaz respiratoires.

A cause du rejet des excréta dans le lac, les concentrations de nitrite sont par endroit au dessus de la norme.

Les ions ammonium, nitrate et phosphate, en concentration très élevés à cause des excréta, peuvent induire un développement exagéré des végétaux aquatiques tels que la jacinthe d'eau qui entraîne des difficultés de navigation, réduisant ainsi les activités économiques. Ce phénomène entraîne en outre un appauvrissement du lac en produits halieutiques (poissons, et crevettes notamment) qui constituent les principales sources d'alimentation en protéines et de revenus pour les populations lacustres et riveraines.

En vue de contribuer à la réduction de la pollution du lac Nokoué, nous avons fait sept recommandations que voici à l'endroit des autorités politico administratives chargées de la gestion des ressources en eau au Bénin :

1) sensibiliser les pêcheurs sur l'intérêt d'utiliser, des espèces végétales qui ne se décomposent pas rapidement, à défaut de pouvoir supprimer cette technique de pêche ;

2) détruire tous les dépotoirs d'ordures installés autour du lac Nokoué et interdire aux populations lacustres et riveraines de jeter dans le lac leurs déchets solides ;

3) doter les élus locaux de moyens efficaces afin de faire respecter les dispositions réglementaires dans le cadre de la protection des eaux superficielles ; il s'agira de veiller à l'interdiction du transport et de la commercialisation des produits pétroliers sur le lac, ses berges et le long des caniveaux et autres collecteurs d'eaux pluviales couvert ou à ciel ouvert. Il faut en faire de même des rejets d'huile de vidange dans le lac ;

4) développer l'agriculture biologique afin d'éviter à moyen et long terme l'usage des pesticides et des engrais chimiques et de diminuer ainsi la charge polluante de l'eau du lac en pesticides en provenance des eaux de surface de l'intérieur du pays ;

5) minimiser la pollution du lac par les matières fécales, en encourageant la promotion et la vulgarisation des latrines écologiques ;

6) procéder à la dépollution du lac pour permettre la prolifération des espèces animales aquatiques telles que les poissons, les crevettes, les huîtres ;

7) développer les réseaux d'adduction d'eau potable dans tous les villages situés sur le lac et autour du lac.

PERSPECTIVES POUR LA THESE

Thème : Problématique de l'urbanisation et protection des ressources en eau souterraine au Bénin : cas du champ de captage de la SONEB à Godomey

1 - Problématique et justification

Le développement d'un pays passe par la mise en place d'une bonne politique de gestion de ses ressources naturelles. L'eau est une ressource vitale indispensable à toute vie. Elle représente l'une des ressources naturelles les plus sensibles et les plus fragiles. Elle est un facteur de développement économique et social qui n'a pas de substitut. Sa contribution au choix des établissements humains a été prouvée à travers des siècles.

Le Bénin dispose d'importantes ressources en eau. Dans cette situation d'abondance relative, l'accent a été jusqu'ici mis sur l'exploitation de la ressource au détriment de sa préservation. C'est notamment le cas en ce qui concerne le champ de captage de la SONEB situé au Nord-Ouest de Godomey qui permet d'alimenter Cotonou, la plus grande ville du Bénin en eau potable et qui fait actuellement l'objet d'une urbanisation sauvage.

Face à cette déplorable situation, nous avons choisi d'entreprendre notre thèse de doctorat sur le thème : Problématique de l'urbanisation et protection des ressources en eau souterraine au Bénin : cas du champ de captage de la SONEB à Godomey car il urge de se poser des questions sur les conséquences qu'ont les activités anthropiques développées dans la localité sur la ressource. Ce travail de recherche va nous permettre d'apporter notre contribution à la lutte pour la préservation de la qualité des eaux souterraines sur ce site en particulier et dans tout le Bénin en général.

2 - Hypothèses

- Le non respect des mesures de protection adéquates dans un environnement soumis à une urbanisation sauvage des champs de forage serait une source de menace pour la qualité des ressources en eau souterraine.

- L'absence de coordination entre les différents acteurs de la gestion des ressources en eau serait un handicape pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) au Bénin.

3 - Objectifs

L'objectif général de ce travail est de limiter les risques de contamination des nappes aquifères au niveau du champ de captage de la SONEB à Godomey permettant ainsi leur utilisation durable.

4 - Méthodologie

Basée sur une approche transversale, la méthodologie adoptée comporte deux étapes essentielles à savoir : la collecte des données puis leur traitement et analyse.

La première étape consistera à réaliser des enquêtes, des analyses physico-chimiques et bactériologiques de l'eau des puits domestiques situés aux alentours des forages, des interviews et des entretiens en collaboration avec les responsables de la Direction de la Planification et des Etudes de la SONEB d'une part et le laboratoire d'hydrogéologie de l'Université d'Abomey-Calavi d'autre part.

La deuxième étape sera fonction de la nature des données et portera surtout sur les risques environnementaux de l'urbanisation sauvage du champ de captage et son impact sur les aquifères.

5 - Brève bibliographie analytique 

- SOGREAH ingénierie / SCET Tunisie, mai 1997 : Etude de la Stratégie Nationale de Gestion des Ressources en Eau du Bénin (volet B, Définition de la stratégie). Version finale.

- MMEH -Bénin, Février 1998 : Actes du séminaire d'internalisation des conclusions de l'Etude de la Stratégie Nationale de Gestion des Ressources en Eau du bénin.

- MEDD, Août 2006 : Guide méthodologique pour la recherche de l'origine de pollution(s) dans les eaux souterraines. Paris, France.

6 - Planning provisoire

Année universitaire 2008-2009: Revue de la littérature, méthodologie de travail, enquête, stage à la SONEB et au laboratoire d'Hydrogéologie de l'UAC.

Année universitaire 2009-2010 : Traitement des résultats des enquêtes, début de la rédaction du mémoire.

Année universitaire 2010-2011 : Fin de la rédaction du mémoire et soutenance.

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WELCOME R. 1971 : Evolution de la pêche intérieure, son état actuel et ses potentialités. FAO. Rome, 97 P.

SITES INTERNET CONSULTES

37 - www.ramsar.com

38 - www.ird.fr

39 - www.up.univ-mrs.fr/ufrsm/filières/lic Plurid/pollution

40 - wwwterrevivante.org/sources /gestioneau.asp

41 - www.unesco.org/water/w.wap

Annexe 1

I - Questionnaires à l'endroit des femmes

Identification

- Numéro ......................................................................................

- Quartier ou village lacustre.................................................................

- Commune / Arrondissement ...............................................................

1) Disposez-vous de WC à la maison ?

OUI NON

Si oui comment fonctionne votre WC ?

...............................................................................................................

Si non où faites vous vos besoins ?

...............................................................................................................

2) Jetez vous les déchets solides dans le Lac ?

OUI NON

3) Où jetez vous les eaux usées ?

Dans le lac Sur la berge du lac

4) Elevez vous des animaux domestiques ?

OUI NON

5) Si oui, les matières fécales de ces animaux sont :

Rejetées dans le lac Abandonnées sur la plage

6) Existe-t-il dans votre localité des ONG pour ramasser les ordures ?

OUI NON

7) Les animaux domestiques morts sont :

Jetés dans le lac jetés sur la berge du lac enterrés

8) Selon vous, l'eau du lac est-elle polluée ?

OUI NON

Annexe 2

II - Questionnaires à l'endroit des Pêcheurs

Identification

Numéro ......................................................................................

Quartier ou village lacustre ...............................................................

Commune / Arrondissement ..............................................................

1) Utilisez vous les produits chimiques pour la pêche ?

OUI NON

Si oui les quels ?

2) IL vous arrive de pêcher des poissons morts dans le lac ?

OUI NON

Si oui qu'est ce qui en est la cause ?

3) comment gérez vous vos filets usés ?

Rejetés dans le lac Rejetés hors du lac

4) les branchages d'acadjas sont abandonnés rejeté sur la berge

Dans le lac après utilisation

Annexe 3

III - Questionnaire à l'endroit des conducteurs de barque motorisée

Identification

Numéro......................................................................................................

Quartier ou village lacustre................................................................................

Commune / arrondissement...............................................................................

1) Quel est la périodicité de la vidange de vos engins ?.................................................

2) Où jetez vous l'huile de vidange ?.............................................................................................

3) Quelle quantité d'huile jeter-vous lors d'une vidange ?............................................................

4) Transportez vous des produits pétrolier sur le lac ?

OUI NON

5) Si oui, des accidents se produisent-t-ils lors des transports ?

OUI NON

Table des matières

Sommaire...................................................................................................... 1

Liste des figures.............................................................................................. 2

Liste des tableaux............................................................................................. 3

Liste des photos............................................................................................... 4

Sigles et abréviations.......................................................................................... 5

Remerciements..................................................................................... ........... 6

Résumé.......................................................................................................... 7

Abstract................................................................................................ ........ 8

Introduction ..................................................................................................... 9

Chapitre I : Cadre du travail , méthodologie et revue de la littérature........................... 12

I - Cadre du travail...................................................................... ..................... 12

1- Situation géographique du lac Nokoué................................................................. 12

2- Climat et dynamique hydrologique...................................................................... 13

3- Flore et faune.............................................................................................. 13

4- bathymétrie et lithofaciès du lac Nokoué.............................................................. 14

5- Données humaines ........................................................................................ 15

II - Méthodologie............................................................................................ 15

1- Les visites du site d'étude............................................................................... 15

2- Les entretiens............................................................................................. 16

3- Les enquêtes.............................................................................. ................ 16

4- Etude physico-chimique de l'eau du lac Nokoué..................................................... 16

4.1- Les échantillonnages d'eau ................................................................................ 16

4.2 -Conditions des prélèvements..................................................................... 16

4.3-Mesure des paramètres physico-chimiques.................................................... 16

5- Etude bactériologique de l'eau du lac Nokoué...................................................... 19

III- Revue de la littérature ................................................................................... 21

Chapitre II : Résultats des analyses physico-chimiques, bactériologiques et discussion........ 23

I- Résultats des analyses physico-chimiques et bactériologiques des eaux du lac................... 23

A - Paramètres physico-chimiques étudiés............................................................... 23

1. La température ........................................................................................... 23

2. La salinité................................................................................................ 24

3. La conductivité électrique .............................................................................. 25

4. Potentiel d'hydrogène (pH) ............................................................................ 25

5. Les matières solides en suspension (MES).......................................................... 26

6. La teneur en oxygène dissous.......................................................................... 26

7. La Demande Biochimique en Oxygène (DBO5).................................................... 27

8. La Demande Chimique en Oxygène. (DCO) ........................................................ 27

9. L'ammonium............................................................................................. 27

10. Le phosphate............................................................................................. 28

11. Le nitrate.................................................................................................. 28

12. Le nitrite.................................................................................................. 29

B - Paramètres bactériologiques étudiés.................................................................. 29

1. Les coliformes fécaux.................................................................................... 29

2. Les coliformes totaux .................................................................................... 30

3. Les streptocoques fécaux................................................................................. 30

4. Résultat des analyses bactériologiques des eaux des puits de Ahouansori Towéta 1............. 31

C- Sources de pollution du lac Nokoué .................................................................. 31

1- Les déchets solides...................................................................................... 31

2 - Les déchets liquides.................................................................................... 34

3 - Les polluants résultant de certaines activités humaines............................................. 39

II - Discussion : Risques écotoxicologiques liés à la pollution du lac Nokoué...................... 47

Conclusion et recommandations......................................................................... 56

Perspectives pour la thèse................................................................................. 58

Références bibliographiques.......................................................... .................. 60

Annexes....................................................................................................... 63

Table des matières.......................................................................................... 67






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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein