SECTION 3 : Le chômage
3.1 Définition
Selon la définition du BIT dont la dernière
modification remonte à la treizième Conférence
internationale des statisticiens4 du travail en 1982, les
chômeurs comprennent toutes les personnes ayant l'âge de travailler
qui, durant la période de référence (sept derniers jours
précédent l'enquête) sont :
- sans travail, c'est-à-dire dépourvu d'un emploi
salarié ou non salarié ;
- disponibles pour travailler dans un emploi salarié ou
non salarié ;
- à la recherche d'un emploi, c'est -à -dire qu'ils
ont pris des dispositions spécifiques au
cours d'une période de référence
donnée. La recherche d'un travail est caractérisée par les
actions suivantes : l'inscription à un bureau de placement public, le
dépôt d'une candidature auprès des employeurs, les
réponses à des annonces spécialisées, les contacts
auprès des relations
4 LONGATTE Jean, VANHOVE Pascal, « Economie
générale », DUNOD, Paris p.245
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personnelles et les démarches en vue de la
création d'une entreprise (recherche de terrain, d'immeubles,
d'équipements, de ressources financières, de licences, etc.).
L'analyse économique pure emmène à
définir le chômage comme une situation du marché du travail
où un déséquilibre apparaît entre l'offre et la
demande de travail. Ce déséquilibre se traduit par une offre de
travail supérieure à la demande de travail .En d'autres termes le
chômage se manifeste par un excédent de la main-d'oeuvre
disponible par rapport aux disponibilités d'emplois qu'offre le
système productif.
3.2 Les principales formes de chômage
a) Le chômage de première
insertion
Ce sont des personnes qui respectent tous les critères
de la définition du chômage et qui n'ont jamais travaillé
dans un emploi considéré comme stable , d'une durée
supérieure à un seuil (généralement 3 mois) ou
ayant fait l'objet d'un contrat de travail écrit ou oral.
b) Le chômage volontaire
Cette forme de chômage est plus fréquente dans
les pays où les indemnités allouées aux chômeurs
sont suffisamment importantes pour compenser la perte de salaire et leur
permettre de choisir l'inactivité. Il provient aussi des individus dont
le rejet de l'emploi constitue un acte volontaire c'est-à-dire de libre
choix. Les chômeurs volontaires se trouvent en face d'un complexe de
possibilités d'emplois des différentes occupations, diverses
localités et à des taux de salaires variées, mais ils ne
préfèrent accepter aucune occupation.
Le chômage volontaire est expliqué par les
économistes classiques et néo-classiques. Pour ces derniers, le
travail est un bien qui s'échange sur un marché. La demande de
travail et le prix du travail c'est-à-dire le salaire réel, sont
corrélés négativement. Quant à l'offre de travail,
elle augmente en même temps que le prix du travail. Les individus
arbitrent entre leurs loisirs et le travail, vu comme une renonciation aux
loisirs.
Pour les classiques, le chômage sur le marché
n'existe pas puisque l'offre et la demande s'ajustent et déterminent un
prix, le salaire réel pour lequel les individus arbitrent leur temps en
faveur des loisirs. Le chômage est volontaire parce qu'il résulte
de travailleurs qui n'acceptent pas des salaires réels plus faibles
(LONGATTE et VANHOVE, 2001).
Mais s'il existe des individus prêts à travailler
pour un salaire inférieur à celui du marché du travail,
pour une qualification équivalente, et qui ne trouvent pas d'emploi, on
peut dire que le chômage involontaire existe.
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c) Le chômage involontaire
Il se manifeste lorsque les individus acceptent de travailler
dans n'importe quelle occupation, n'importe quelle localité, à
n'importe quel taux de salaire différent de zéro.
Pour Keynes, les salaires nominaux sont rigides à la
baisse ; ils ne peuvent descendre en dessous d'un minimum du fait de la
présence des syndicats. La demande de travail des entreprises baisse (en
raison d'anticipations pessimistes sur l'évolution de la consommation,
de l'investissement et des exportations) du fait de la rigidité des
salaires, l'offre du travail se maintient et il résulte un
chômage. Le chômage dans la conception keynésienne n'est pas
volontaire mais peut être le signe d'un équilibre de
sous-emploi5 .
d) Le flou du chômage
Il s'agit de l'ensemble des personnes qui sont
éloignées ou s'éloignent du marché du travail.
Aussi appelé le `halo du chômage', le flou du chômage est un
ensemble qui est constitué de trois groupes majeurs suivants :
- les ultérieurs BIT qui comprennent les individus sans
travail, disponibles pour travailler mais qui ont trouvé un emploi qui
commence à une date ultérieure à la période de
référence (généralement les deux semaines ou le
mois suivant l'enquête).
- les personnes sans emploi, indisponibles pendant la
période de référence et qui cherchent un emploi qu'elles
vont commencer à une date ultérieure ;
- Les chômeurs découragés qui sont des
personnes sans emploi, disponibles pour travailler mais qui ne recherchent plus
de travail.
La notion de chômage ne permet pas d'appréhender
de façon significative la situation de l'emploi dans les pays
sous-développés en particulier au Cameroun du fait des
spécificités du marché de l'emploi au Cameroun. Pour
l'étude entreprise, la notion de non-insertion a été
préférée à celui de chômage car elle
intègre en plus des chômeurs au sens du BIT, les chômeurs
découragés.
5 LONGATTE Jean, VANHOVE Pascal, « Economie
générale », DUNOD, Paris p.257.
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CHAPITRE 2 : QUELQUES NOTIONS SUR LES THEORIES RELATIVES
A L'INSERTION PROFESSIONNELLE
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Pour analyser l'insertion des jeunes sur le marché du
travail, plusieurs théories relatives à la formation des
salaires, aux déterminants du chômage et au rôle
économique du diplôme sont utilisées. Parler de l'insertion
professionnelle des jeunes revient aussi à décrire les moyens
d'accès à l'emploi au sortir de la formation initiale. Le
présent chapitre présentera en plus du système de
formation camerounais, quatre modèles de transition de l'école
à l'emploi généralement mis en oeuvre dans le monde.
SECTION 1 : Les cadres théoriques pour analyser
l'entrée sur le marché du travail 1.1 La théorie du
capital humain
Cette théorie présente les revenus comme
étant une fonction de la qualification des individus
déterminée par le capital humain qu'ils accumulent.
Pour les partisans de cette théorie, les salaires ne
sont pas les résultats de la loi de l'offre et de la demande, mais du
rendement en aptitudes professionnelles6. Ces aptitudes peuvent
être innées ou acquises par la formation ou même par
d'autres comportements concourant à augmenter la productivité.
Pour Gary Becker (1993), la formation apparaît comme un
investissement qui améliore la productivité individuelle ; chaque
individu arbitre entre le coût et le rendement de l'investissement que
génère la formation ou l'éducation.
Selon Diane G. Tremblay (1997), les individus peuvent faire
d'autres types d'investissements en l'occurrence l'investissement de la
connaissance du marché du travail telles l'acquisition de l'information
sur l'emploi, l'acceptation d'un emploi moins rémunéré
mais pouvant offrir des possibilités de carrière et même la
mobilité géographique pour profiter des opportunités
d'emplois.
Certains auteurs tels J.C Eicher, J.Vincens ont cependant
émis des remarques concernant le capital humain. Pour J.C
Eicher7, la théorie du capital humain ne prouve pas que la
productivité est totalement liée au niveau de formation car
d'autres variables sont susceptibles d'expliquer le niveau de revenu
(l'âge, le sexe, la race, la région, la profession et la
durée du travail) ; pour
6 Diane Gabrielle Tremblay, << Travail Economie
et Gestion », Université du
Québec-Télé-Québec, 1997
7 J.C.Eicher, << Education et réussite
professionnelle-Economie de l'éducation », Economica, 1979
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J.Vincens8, la théorie du capital humain a un
pouvoir explicatif dans un régime où les salaires sont flexibles
et /ou le chômage global est faible.
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