COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE DE L'AFRIQUE
CENTRALE (CEMAC)
INSTITUT SOUS-REGIONAL DE STATISTIQUE ET D'ECONOMIE
APPLIQUEE
(ISSEA) Organisation Internationale
BP. 294 Yaoundé Tél. : (237) 222 01 34 Fax
: (237) 222 95 21 E-mail :issea@
cenadi.cm
(République du Cameroun)
STRATEGIES D'INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES
: LE CAS DE LA VILLE DE YAOUNDE
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
diplôme de Ingénieur d'Application de la
Statistique
Par Patrick Félicien MAMBOU
Soutenu publiquement le 12 juin 2006 devant le jury
composé de :
M. Robert NGONTHE
ISE, Directeur des études 3e cycle à
l'ISSEA Président
M. Symplice NGAH NGAH
Statisticien Economiste, Enseignant à l'ISSEA
Rapporteur
M. Samuel YEMENE
ISE, en charge du Centre d'Information et de
la
Documentation Economique à la Chambre de
Commerce, de l'Industrie, des mines et de l'artisanat
du Cameroun Examinateur
Juin 2006
DEDICACE
Ames parents Hélène et Jean
NINGOUO
Ama tante et à mon oncle Elise et Gaston
KAMDOUM
Amon oncle Emmanuel POUEME
REMERCIEMENTS
Qu'il nous soit permis d'exprimer notre profonde gratitude
à :
.. M. Augusto ROKU MESANI, Directeur
Général de l'Institut Sous-régional de Statistique et
d'Economie Appliquée (ISSEA) ;
+ Dr Dieudonné KINKIELELE, Directeur des
études du premier et du second cycle à l'ISSEA pour la rigueur et
le culte de l'excellence qu'il a toujours prônés ;
+ tout le corps administratif et professoral de l'ISSEA pour
l'encadrement et les enseignements reçus ;
+ M. Samuel YEMENE qui a accepté de
diriger ce travail, guidant par le fait nos pas dans l'univers de la recherche
;
+ M. Robert NGONTHE, M. Thomas
DEFO, M. OBAMA EMBOLO, Dr Brunot
BOGLA pour leur apport logistique et leur conseil multiforme ;
+ M. Violet Fotzeu MWAFFO pour les critiques et
suggestions qu'il a présentées ;
+ M. Edouard MBOUEMBOUE AYIWOUE et Mlle
Damaris HAGBE qui ont bien voulu relire ce travail.
+ tous nos camarades de promotion aux côtés desquels
les autres étudiants de l'ISSEA ;
+ nos amis en particulier Mlle Carine TCHIFFO,
Mlle Fernande TCHIFFO, M. Crépin
YOBA, M. Georges NOUPOUA et M. Modeste NANA
pour le réconfort dans les
moments difficiles ;
+ l'endroit de notre famille pour le soutien dont elle a fait
preuve ;
+ tous ceux qui, de près ou de loin, directement ou
indirectement ont contribué à la réalisation de ce
travail.
ii
TABLE DES MATIERES
TABLE DES MATIERES iii
AVANT-PROPOS vi
LISTE DES TABLEAUX ET DES GRAPHIQUES vii
ACRONYMES ix
RESUME x
ABSTRACT xi
INTRODUCTION GENERALE 1
Partie 1 : LE CADRE THEORIQUE ET INSTITUTIONNEL 4
CHAPITRE 1 : ASPECTS CONCEPTUELS 5
SECTION 1 : L'insertion professionnelle 5
1.1 Définition 5
1.2 La notion de trajectoire professionnelle 6
1.3 Le concept de capital humain 6
SECTION 2 : La notion de population active 7
2.1 Définition 7
2.2 La notion d'emploi 7
2.3 Le sous emploi 9
SECTION 3 : Le chômage 10
3.1 Définition 10
3.2 Les principales formes de chômage 11
CHAPITRE 2 : QUELQUES NOTIONS SUR LES THEORIES RELATIVES
A
L'INSERTION PROFESSIONNELLE 13
SECTION 1 : Les cadres théoriques pour analyser
l'entrée sur le marché du travail 13
1.1 La théorie du capital humain 13
1.2 La théorie du filtre 14
1.3 La théorie de la recherche d'emploi (Job Search) 14
SECTION 2 : Modèles de formation et insertion
professionnelle 15
2.1 Le modèle japonais 15
2.2 Le modèle allemand 16
2.3 Le modèle français 16
2.4 Le modèle américain 17
SECTION 3 : La structure du système éducatif
camerounais 17
iii
3.1 Organisation et fonctionnement 17
3.2 L'enseignement technique et professionnel 18
3.3 La formation professionnelle extra-scolaire 19
CHAPITRE 3 : LE CADRE INSTITUTIONNEL DU MARCHE DE
L'EMPLOI AU
CAMEROUN 20
SECTION 1 : Les institutions de promotion du marché de
l'emploi au Cameroun 20
1.1 Les institutions publiques 20
1.2 Les institutions privées locales 21
1.3 Les institutions internationales de coopération 23
SECTION 2 : Les programmes d'action en faveur de l'emploi 23
2.1 La politique nationale de l'emploi 23
2.2 Les mesures du FNE en faveur de l'insertion des jeunes 24
PARTIE 2 : LES STRATEGIES D'INSERTION DES JEUNES 25 CHAPITRE
4 : CARACTERISATION DES JEUNES ACTIFS DE LA VILLE DE
YAOUNDE ET MARCHE DU TRAVAIL DES JEUNES 26
SECTION 1 : L'Enquête sur la Dynamique d'Insertion
socioprofessionnelle des jeunes de
la ville de Yaoundé (EDIJ 2005) 26
1.1 Présentation générale de l'enquête
26
1.2 Description de la population cible étudiée
27
SECTION 2 : Caractéristiques socio-démographiques
des jeunes actifs 28
2.1 Environnement familial 28
2.2 Niveau d'instruction et profil de formation professionnelle
des jeunes 30
SECTION 3 : Le marché du travail des jeunes 32
3.1 La situation d'activité des jeunes 32
3.2 Conditions d'activités des jeunes 35
CHAPITRE 5 : ANALYSE DES STRATEGIES D'INSERTION DES
JEUNES ET LES
RECOMMANDATIONS 42
SECTION 1 : Stratégies d'insertion adoptées par les
jeunes 42
1.1 Les canaux d'insertion des jeunes 42
1.2 Les facteurs explicatifs de l'insertion professionnelle des
jeunes 44
SECTION 2 : Les recommandations 51
2.1 Les actions de l'Etat en faveur de l'insertion des jeunes
51
2.2 Les actions des jeunes en faveur de leur insertion 53
CONCLUSION GENERALE 54
BIBLIOGRAPHIE 56
iv
ANNEXES 59
ANNEXE 1 : Tableaux complémentaires 60
ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRES EDIJ 2005 66
v
AVANT-PROPOS
L'ISSEA est une école d'enseignement supérieur
qui a pour vocation la formation des cadres statisticiens de la CEMAC et
même des autres sous-régions d'Afrique. Elle est constituée
de trois cycles : le cycle des techniciens supérieurs de la statistique,
le cycle des Ingénieurs d'Application de la Statistique et celui des
Ingénieurs Statisticiens Economistes. La durée de la formation du
cycle des Ingénieurs d'Application de la Statistique est de quatre
années et le programme des enseignements prévoit au terme de ces
quatre ans, de présenter et soutenir publiquement un mémoire de
fin de scolarité. Ce mémoire est certes une exigence
académique mais aussi, il marque le début d'une initiation
à la recherche.
La fin de la scolarité à l'ISSEA ainsi que dans
les autres écoles professionnelles se trouve à la jonction entre
la fin d'une formation professionnelle et la recherche d'un emploi, c'est dire
qu'il nous faudra adopter une stratégie pour s'insérer dans le
monde professionnel. Qu'en est -il pour l'ensemble des jeunes sortis du
système éducatif ? C'est ainsi que nous avons opté pour un
sujet relevant des statistiques du travail et nous avons adopté pour
thème : « Stratégies d'insertion professionnelle des
jeunes : le cas de la ville de Yaoundé ». Il s'agit pour
nous de mettre à profit les divers enseignements reçus à
l'ISSEA afin d'apporter notre modeste contribution à cet épineux
problème qu'est l'insertion professionnelle des jeunes.
vi
LISTE DES TABLEAUX ET DES GRAPHIQUES
Liste des tableaux
Tableau 1 : Distribution des jeunes suivant la situation
d'activité, le sexe et lien de parenté avec le chef de
ménage 29 Tableau 2 : Répartition des jeunes suivant les
domaines de formations professionnelles reçues
32
Tableau 3 : Taux de non insertion selon le sexe et les classes
d'âges des jeunes (en %) 33
Tableau 4 : Répartition des jeunes non
insérés selon la durée d'attente et l'accès
à la formation
professionnelle 35
Tableau 5 : Répartition des jeunes insérés
selon le nombre d'heures de travail par semaine 40
Tableau 6 : Equation du revenu issu de l'emploi des jeunes avec
correction du biais de
sélection 46
Tableau 7 : Résultat du modèle
économétrique de l'accès à l'emploi des jeunes
48
Tableau 8 : Nombre moyen de personnes par ménage et
rapport de dépendance 60
Tableau 9 : Distribution des jeunes suivant le sexe et lien de
parenté avec le chef de ménage 60 Tableau 10 : Distribution
des jeunes suivant leur situation d'activité et le statut marital
60 Tableau 11 : Distribution des jeunes vivant dans des familles où
le chef de ménage travaille 61
Tableau 12 : Moyennes d'âges des jeunes mariés ou
vivant en union libre 61
suivant leur sexe et leur situation d'activité 61
Tableau 13 : Répartition des jeunes suivant leur statut
matrimonial et leur situation d'activité
61 Tableau : 14 : Répartition des jeunes suivant leur
niveau d'instruction et leur situation
d'activité (%) 61 Tableau 15 : Distribution des jeunes
non insérés suivant les raisons de recherche d'un emploi
et leur niveau d'instruction (%) 62
Tableau 16 : Distribution des jeunes insérés
suivant le sexe et le secteur d'activité (en %) 62
Tableau 17 : Distribution des jeunes insérés
exerçant dans l'informel suivant le diplôme le plus
élevé obtenu 62 Tableau 18 : Salaire moyen à l'embauche
des jeunes insérés par secteur d'activité (en milliers)
62
Tableau 19 : Salaire moyen à l'embauche des jeunes
insérés selon le sexe (en milliers) 63
vii
Tableau 20 : Revenu moyen des jeunes insérés selon
le sexe (en milliers) 63
Tableau 21 : Distribution des jeunes non insérés
selon les raisons de l'arrêt des études 63
Tableau 22 : Délai d'insertion moyen des jeunes selon le
secteur d'activité (en mois) 63
Tableau 23 : Répartition des jeunes non
insérés selon les raisons de venu à Yaoundé (en %)
64 Tableau 24 : Taux de pluri-activité selon le statut dans l'emploi
principal (en %) 64 Tableau 25 : Taux de pluri-activité selon le
secteur d'activité dans l'emploi principal (en %)64
Tableau 26 : Profil ligne des jeunes occupés selon leur
secteur d'activité et celui de 65
leur parent ou tuteur (en %) 65
Tableau 27 : Bilan des appuis du FNE en faveur des jeunes au 31
mars 2005 65
Liste des graphiques
Graphique 1 : Répartition des jeunes actifs de la ville de
Yaoundé suivant leur situation
d'activité 28
Graphique 2 : Structure des chefs de ménage selon leur
niveau d'instruction 29
Graphique 3 : Répartition des jeunes suivant le secteur
d'activité du chef de ménage dans lequel ils vivent
30 Graphique 4 : Distribution des jeunes suivant leur niveau d'instruction
et leur situation
d'activité 31
Graphique 5 : taux de non-insertion selon le diplôme le
plus élevé 31
Graphique 6 : Vulnérabilité des jeunes face
à l'emploi selon les classes d'âge 33
Graphique 7 : Répartition des primo demandeurs d'emploi
selon le niveau d'instruction 34
Graphique 8 : Répartition des jeunes par secteur
d'activité 36
Graphique 9 : Répartition des jeunes par branches
d'activité 37
Graphique 10 : Répartition des jeunes
insérés selon le statut dans l'emploi et le secteur
d'activité (%) 38
Graphique 11 : Répartition des jeunes
insérés selon la tranche de revenu 39
Graphique 12 : Répartition des primo-demandeurs et des
jeunes ayant perdu leur emploi
précédent suivant le canal de recherche du travail
43
Graphique 13 : Canaux d'insertion des jeunes
insérés 44
viii
ACRONYMES
BAC : Baccalauréat
BEPC : Brevet d'Etudes du Premier Cycle
BIT : Bureau International du Travail
BP : Brevet Professionnel
BT : Baccalauréat de Technicien
BTP : Bâtiments et Travaux Publics
CAP : Certificat d'Aptitude Professionnel
CEP : Certificat d'Etudes Primaires
CEREQ : Centre d'Etudes et de Recherches sur les
Qualifications
CIST : Conférence Internationale des
Statisticiens du Travail
DSRP : Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté
EDIJ : Enquête sur la Dynamique
d'Insertion socioprofessionnelle des Jeunes de la ville de Yaoundé
ECAM I : Première Enquête
Camerounaise Auprès des Ménages
ECAM II : Deuxième Enquête
Camerounaise Auprès des Ménages
FNE: Fonds National de l'Emploi
GCE-AL: General Certificate of Education
Advanced Level
GCE-OL: General Certificate of Education
Ordinary Level
INS : Institut National de la Statistique
ISSEA : Institut Sous-régional de
Statistique et d'Economie Appliquée
NEF : National Employment Fond
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economiques
OIT : Organisation Internationale du Travail
ONEFOP : Observatoire National de l'Emploi et de
la Formation Professionnelle
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PVD : Pays en Voie de Développement
SMIC : Salaire Minimum Interprofessionnel de
Croissance
ZD : Zone de Dénombrement
ix
RESUME
Avant la crise économique des années 80, les
secteurs public et parapublic étaient le principal pourvoyeur d'emplois.
Les concours et les recrutements de l'Etat étaient les principaux canaux
d'insertion utilisés et en plus, la poursuite des études
augmentait la probabilité de s'insérer dans un emploi stable.
Aujourd'hui, les limitations des recrutements dans le secteur
formel du fait de la crise économique ne favorisent plus l'insertion des
jeunes sur le marché de l'emploi. En effet, bien qu'il existe
très peu d'études sur l'emploi des jeunes au Cameroun en
général et dans la ville de Yaoundé en particulier, il
n'en demeure pas moins que les rares études qui comportent une rubrique
consacrée à l'emploi font état des difficultés que
rencontreraient les jeunes pour s'insérer dans la vie active. Il serait
donc fondamental pour les chercheurs d'accorder une importance à
l'insertion professionnelle des jeunes. D'où le choix d'une étude
basée sur les stratégies d'insertion des jeunes. Cette
étude se propose d'identifier les nouveaux moyens et voies que les
jeunes usent pour se réaliser professionnellement. Des analyses
effectuées, il ressort que le secteur informel est devenu l'expression
de nouvelles stratégies d'insertion professionnelle des jeunes, il
emploie 72% des jeunes occupés ; les relations amicales ou familiales
seraient les canaux d'insertion les plus utilisés (près de la
moitié des jeunes insérés affirment avoir utilisé
ce canal pour s'insérer) au détriment des agences de promotion de
l'emploi telles que le FNE (moins de 4% des jeunes déclarent avoir fait
leur quête par le canal du FNE). Les études
économétriques entreprises montrent que les variables relatives
à l'environnement familial sont très significatives dans la
décision de participation des jeunes dans le marché du travail.
Par contre, les prétentions salariales semblent ne pas être un
élément déterminant dans l'insertion des jeunes : ce qui
signifierait qu'à défaut de trouver un emploi correspondant
à leur profil, ces derniers n'ont plus d'autre alternative que de
choisir le premier emploi qui se présente à eux quelles que
soient la qualité et la nature de cet emploi. Cette adaptation passe par
l'occupation d'emplois précaires qui sont devenus pour la
majorité des jeunes de la ville de Yaoundé un véritable
passage pour s'insérer dans la vie professionnelle et apparaît de
ce fait comme une issue contre le chômage.
Mots clés : Jeunes,
stratégies d'insertion professionnelle, délai d'insertion,
emploi, précarité.
x
ABSTRACT
Before the economic crisis of the 80's, the public sector was
the main provider of employment. State entrance examinations and recruitments
were the principal canals used for integration and addition pursuit of studies
increased the probability of being integrated into a permanent job.
Nowadays, it is no more the case. The limitations of
recruitment in the formal sector as a result of the economic crisis no longer
favour the integration of youth on the job market. Indeed, although there
exists very little studies on the employment of youth in Cameroon in general
and in the town of Yaoundé in particular, some few studies with a four
on employment state difficulties encountered by the youth in integrating into
active life. Whence the choice of a study based on the strategies of youth
integration. This study proposes the identification of new ways and means used
for their professional fulfilments. From our analyses, it comes out again that
the informal sector will become an expression of new strategies of professional
integration of youths; it contains 72 % of youth's works; friendly or family
relations will be mostly used as canal of integration at the detriment of
employment promotion agencies such as the NEF. Elsewhere, econometric studies
carried out show that the variations relative to family environments are very
significant in the decision of participation of youths in the job market. On
the other hand, salary expectations seems not to be a determining element in
youth integration ; which signifies that in the defect of finding a job
corresponding to their profile , they have no other alternative than choosing
the first employment which comes their way no matter the quality and nature of
this job. This adaptation leads to the occupation of uncertainty jobs which has
become for semi-obligatory passage for the integration into professional life
and appears to be away out against unemployment.
Keywords: Youths, strategies for
professional integration, deadline for integration, employment, uncertainty
xi
.
INTRODUCTION GENERALE
Avant la crise économique des années 80, la
stratégie adoptée par les camerounais dans la recherche d'un
emploi était classique (auto-emploi, concours, recrutements et
prospection directe auprès des employeurs). Les voies d'insertion
utilisées étaient objectives. Mais, la situation de crise
économique que traverse le Cameroun depuis plus de deux décennies
a conduit le pays à recourir à des réformes
économiques qui se sont traduites par des compressions et des
licenciements de personnel. En outre, les fermetures d'entreprises, les
privatisations et les programmes d'ajustement structurel mis en oeuvre par le
gouvernement avec l'appui de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire
International ont aussi entraîné la réduction quantitative
du volume d'emplois et des recrutements.
Par ailleurs, la forte croissance démographique d'une
part et le retard d'adaptation du système de formation au marché
du travail d'autre part mettent chaque année plusieurs jeunes sortis du
système éducatif sur le marché du travail. Du fait du
contexte particulièrement morose que traverse l'économie
camerounaise, ces derniers rencontreraient de plus en plus des
difficultés pour s'insérer.
Réagissant à cette situation, le gouvernement a
pris et exécuté différentes mesures visant à
assurer la promotion et/ou la sauvegarde de l'emploi. Il s'agit de la
création du Fonds National de l'Emploi par le décret
n°90/805 du 27/04/90, de la mise en place de l'Observatoire National de
l'Emploi et de la Formation Professionnelle par l'arrêté
n°007/PM du 13 février 2002 et de toutes les instances
consultatives ou de coordination en matière d'emploi et de formation
professionnelle et l'organisation annuelle des états
généraux de l'emploi. Mais, selon les statistiques de la
Deuxième Enquête Camerounaise Auprès des Ménages
(ECAM II), 17 % de la population active est touchée par le
chômage.
Ce sont les jeunes qui constituent la frange de la population
active la plus affectée et la moins outillée pour lutter contre
le chômage car, 70 % de jeunes1 qui arrivent sur le
marché du travail camerounais n'ont aucune qualification en terme de
métier2. Ainsi, malgré les dispositifs d'aide à
l'insertion mis en place par l'Etat, le chômage des jeunes reste une
préoccupation. Il est soutenu par un certain nombre de facteurs dont les
principaux sont :
· l'exiguïté du tissu économique face
à une demande d'emploi sans cesse croissante ;
· l'exploitation insuffisante des opportunités
potentielles d'emploi au Cameroun ;
1 Il s'agit des jeunes de 15 à 24 ans
2 Source : Stratégies et mesures d'appui du
FNE en faveur des jeunes, FNE, Mars 2005.
1
· l'accentuation de l'intérêt des
entreprises pour une main-d'oeuvre directement opérationnelle, donc
présentant déjà une expérience professionnelle,
face à un système de formation non adapté aux exigences du
marché de l'emploi.
Les jeunes, pour leur part ne sont pas restés sans
stratégies dans leur insertion dans la vie professionnelle. Il serait
important de porter un intérêt quant au mode de recherche de
l'emploi par les jeunes une fois sortis du système éducatif. Le
présent mémoire s'inscrit dans cette perspective. Il a pour
thème : « Stratégies d'insertion professionnelle des
jeunes : le cas de la ville de Yaoundé »
L'objectif de la présente étude est
l'identification des stratégies d'insertion des jeunes dans la ville de
Yaoundé, qui peuvent être individuelles (mode de recherche du
jeune) ou institutionnelles (ensemble des dispositifs d'aide à
l'insertion professionnelle des jeunes). L'atteinte de cet objectif principal
passe par la réalisation des objectifs spécifiques
ci-après :
· caractériser la situation d'activité des
jeunes de la ville de Yaoundé,
· déterminer les délais d'insertion et les
principaux canaux de recherche d'emploi ;
· déterminer les domaines de formation les plus
ciblés et les moins précaires, afin de permettre aux jeunes de
voir comment s'insérer dans la société par un travail
rémunérateur dans le but de subvenir à leurs besoins et de
cerner les types d'expérience et de compétence que ces derniers
pourraient faire valoir pour favoriser leur insertion.
· analyser l'insertion professionnelle des jeunes en
fonction des variables
susceptibles d'expliquer la décision de participation au
marché du travail et par là
évaluer l'efficacité des stratégies
adoptées par l'Etat dans l'insertion des jeunes.
Cette étude sera repartie suivant deux cadres dont
chacun fera l'objet d'une partie : le cadre théorique et institutionnel,
le cadre empirique. Dans le cadre théorique et institutionnel, il
s'agira de procéder à la définition des principaux
concepts relatifs à l'emploi en général et l'emploi des
jeunes en particulier ; ce qui fera l'objet du chapitre 1. Par la suite, il
sera question de passer en revue les principales théories qui aident
à analyser l'insertion professionnelle. Ensuite, il s'agira de
présenter en plus du système de formation camerounais, quatre
modèles de transition de l'école à l'emploi
généralement mis en oeuvre dans le monde.
Le chapitre 3 présentera le cadre institutionnel du
marché du travail au Cameroun.
La partie empirique sera consacrée à l'analyse
de la situation d'activité des jeunes et de leurs stratégies
d'insertion sur le marché du travail. Le chapitre 4 présentera la
source de données utilisée pour les différentes analyses
menées dans l'étude et procèdera à une analyse
descriptive de la situation d'activité des jeunes en soulevant le
problème de non insertion et de précarité dans
2
l'emploi. Le chapitre 5 déterminera les
stratégies d'insertion adoptées par les jeunes et
procèdera à une évaluation de l'efficacité de ces
stratégies. En outre, il sera aussi question dans ce chapitre, de mettre
en évidence les facteurs explicatifs de l'insertion professionnelle des
jeunes et ceci au moyen d'une régression logistique.
L'interprétation des résultats sera logiquement suivie par des
recommandations en termes de stratégies à adopter par les
pouvoirs publics et les jeunes dans le but de favoriser l'entrée de ces
derniers dans la vie professionnelle.
3
Partie 1 :
LE CADRE THEORIQUE ET INSTITUTIONNEL
4
Mémoire de fin de scolarité rédigé et
soutenu par MAMBOU Patrick Félicien
CHAPITRE 1 : ASPECTS CONCEPTUELS
Les statistiques du travail sont nombreuses et complexes ; les
définitions qui seront présentées dans ce chapitre
s'apparentent à celles adoptées sur le plan international.
Certaines notions ont été adaptées pour mieux
appréhender les particularités de la situation d'activité
des jeunes dans la ville de Yaoundé telle que la non insertion qui sera
préférée au chômage au sens du BIT. La
première section présentera les notions relatives à
l'insertion professionnelle, puis la seconde section sera consacrée
à la définition de la population cible et enfin, la
troisième section précisera le concept de chômage et de
sous-emploi.
SECTION 1 : L'insertion professionnelle 1.1
Définition
L'insertion professionnelle est une notion relativement
récente apparue dans les années 70 (RABAH, 2002). La
genèse de l'insertion professionnelle impute à cette
dernière une situation de rétrécissement du marché
du travail, situation dans laquelle les jeunes sortant du système
éducatif rencontreraient de plus en plus des difficultés pour
décrocher un emploi.
J. Vincens3 souligne pour définir
l'insertion professionnelle qu'il existe deux approches à savoir
l'approche individuelle et le niveau macroéconomique. Selon la
première approche, l'insertion professionnelle d'un individu est
définie comme l'état dans lequel il occupe un emploi stable. La
seconde approche quant à elle étudie des cohortes définies
par rapport à leur date d'entrée dans la vie active. La
différence entre les deux approches réside dans le fait que pour
la première, l'individu est considéré comme
inséré quand il occupe un emploi stable ; la seconde approche
considère l'insertion comme un état dans lequel l'ensemble des
personnes qui la composent ont un emploi stable.
L'insertion est un processus complexe étant
donné ses aspects multiformes touchant aussi bien aux domaines de
l'éducation que des marchés du travail et des systèmes de
formation (Vernières, 1997). En plus, il ajoute que la population qui se
trouve en situation d'insertion à une période donnée est
le plus souvent jeune et vient de sortir du système scolaire.
Pour l'étude entreprise, un individu est
considéré comme inséré lorsqu'il occupe un emploi
stable ou non. A l'opposé, un individu est non inséré
lorsque, ne faisant plus partie du système
3 Jean Vincens, L'insertion professionnelle des
jeunes, quelques réflexions théoriques, formation-emploi,
n°61, CEREQ, France, 1998.
5
éducatif il ne possède pas un emploi. Ces
définitions découlent du contexte économique de la ville
de Yaoundé.
Le processus d'insertion de par son aspect multidimensionnel
implique plusieurs acteurs dont les stratégies et les trajectoires
individuelles pour l'insertion sont diverses.
1.2 La notion de trajectoire professionnelle
D'après Rabah Arrache, la trajectoire professionnelle
est un processus complexe qui retrace les différentes étapes du
début à la fin de l'insertion. Cette diversité est la
résultante de plusieurs facteurs dont la multiplicité des
états possibles (non insertion, indisponibilité, insertion dans
le secteur informel, insertion dans le secteur public ou privé formel),
la diversité des combinaisons de ces états et la durée de
chaque état.
Pour analyser la trajectoire professionnelle, J. Vincens
introduit la notion de régime d'insertion qui consiste à observer
l'évolution des variables durant le cheminement de la phase d'insertion.
Les différentes statistiques sur les variables ne seront obtenues que si
la population cible est bien définie.
La notion de trajectoire professionnelle est fortement
liée à celle du capital humain dans la mesure où la
longueur de cette trajectoire dépend des capacités productives et
intellectuelles de tout individu.
1.3 Le concept de capital humain
Le concept de capital humain a été
développé par les économistes David SCHULTZ et BECKER. Il
est défini comme l'ensemble des capacités productives d'un
individu ou d'un groupe d'individus incluant les aptitudes opératoires
(connaissances générales ou spécifiques ; savoir faire ;
expérience etc.).
Pour l'OCDE (1998), le capital humain est défini comme
les connaissances, les qualifications, les compétences et autres
qualités possédées par un individu et intéressant
l'activité économique. Cette définition semble plus
restrictive car elle se limite aux qualités qui procurent uniquement des
avantages par le biais de l'activité économique.
Le capital humain a deux caractéristiques essentielles.
D'une part, il est immatériel composé d'acquis mentaux et d'autre
part il est lié à la personne qui le possède. Il est
composé de trois éléments principaux à savoir :
- l'éducation et la formation qui comprennent
l'éducation formelle et la formation professionnelle, l'éducation
informelle acquise au sein de la famille et la formation sur le « tas
» ;
6
- la santé qui est un des éléments
clés du développement et du bien-être physique et mental
des individus. Elle joue un rôle capital dans le maintien
du capital humain ;
- tous les facteurs qui permettent de mettre concrètement
les individus en position de
produire tels que les externalités positives en termes de
connaissances, les migrations.
SECTION 2 : La notion de population active 2.1
Définition
La population active comprend toutes les personnes qui
fournissent durant une période de référence
spécifiée la main-d'oeuvre. Cette conception
générale de la population suscite bon nombre de commentaires, il
n'y a pas de limitation quant à ce qui concerne l'âge de
l'activité ; les analystes des statistiques du travail ont
envisagé certaines restrictions pour être réalistes.
L'adoption d'un âge minimum en dessous duquel une personne ne peut
être considérée comme active et un âge maximum
au-dessus duquel une personne ne peut plus être considérée
comme active. Les débats en rapport avec les limitations d'âges
sont en cours et se heurtent aux considérations de chaque pays en
fonction de la durée de scolarité au primaire et l'âge
d'entrée à la retraite.
Pour le BIT, l'âge d'entrée en activité est
fixé à 15 ans révolus et coïncide en
général avec la fin des études au cycle primaire. En plus,
le jeune est toute personne âgée d'au plus 24 ans.
Au Cameroun, la particularité du système
éducatif veut que ce soit après avoir dépassé
l'âge de la jeunesse (au-delà de 25 ans) telle que définit
par le BIT que les nouveaux demandeurs d'emploi diplômés font leur
première entrée sur le marché du travail. C'est fort de
cette remarque que la population cible de l'étude entreprise est
constituée de toute personne âgée de 15 à 34 ans
révolus. Le choix de cette tranche d'âge correspond aussi à
l'objectif de l'enquête sur la Dynamique d'Insertion socioprofessionnelle
des jeunes de la ville de Yaoundé (EDIJ) qui sera
présentée au troisième chapitre. Cette population cible
comprend les personnes qui sont soit occupées, soit à la
recherche d'un emploi.
2.2 La notion d'emploi
Dans la résolution adoptée par la
treizième Conférence Internationale des Statisticiens du Travail
à Genève en 1982, les personnes pourvues d'un emploi sont celles
qui, ayant dépassé un âge spécifié, se
trouvaient durant une brève période de référence
dans les catégories suivantes :
> Emploi salarié
On distingue les personnes au travail et les personnes qui ont un
emploi mais ne sont pas au travail.
7
Les personnes au travail sont des personnes qui durant la
période de référence de l'enquête, ont
effectué un travail moyennant un salaire ou un traitement en
espèce ou en nature. Les personnes qui ont un emploi mais ne sont pas au
travail sont celles qui, ayant déjà travaillé dans leur
emploi actuel ont un lien formel (contrat écrit ou oral) avec l'emploi.
Le lien formel avec l'emploi doit être déterminé à
la lumière des circonstances nationales par référence
à l'un ou plusieurs des critères tels que le service ininterrompu
du salaire et du traitement, une assurance de retour au travail à la fin
de la situation d'exception (situation du moment) ou un accord sur la date du
retour.
Font partie de la catégorie des travailleurs
salariés les personnes suivantes :
- les apprentis (des personnes qui apprennent un métier)
qui sont rétribués en espèces ou en nature ;
- les employeurs qui exploitent leurs propres entreprises et qui
emploient au moins un salarié rémunéré en
espèces ou en nature.
> Emploi non salarié
On distingue les personnes au travail qui, durant la
période de référence, ont effectué un travail en
vue d'un bénéfice en espèces ou en nature et les personnes
ayant une entreprise mais n'étant pas au travail pour des raisons
spécifiques.
Appartiennent à la catégorie des travailleurs non
salariés :
- les personnes travaillant pour leur propre compte qui, souvent
qualifiées de travailleurs
indépendants, sont des personnes qui exploitent leurs
propres entreprises et qui n'emploient aucun salarié ; tout au plus ils
peuvent utiliser des apprentis et aide-familiaux ;
- les travailleurs familiaux non rémunérés
qui sont des personnes occupant un emploi dans
une entreprise exploitée par un parent vivant
généralement dans le même ménage, mais qui ne
peuvent pas être considérés comme associés, car
ayant un degré d'engagement qui n'est pas comparable à celui du
dirigeant de l'unité ;
- les membres des coopératives de producteurs ;
- les personnes engagées dans la production des biens et
services pour leur consommation
propre si leur contribution à la consommation totale des
ménages est importante.
La notion de travail effectué au cours de la
période de référence peut être
interprétée comme étant un travail d'une durée
d'une heure au moins. En plus des notions liées à l'emploi, il
est aussi relevé des situations d'emploi inadéquat. Il s'agit des
situations du travail qui diminuent le bienêtre et les attitudes du
travailleur par rapport à un emploi. La seizième
Conférence internationale des statisticiens du travail (CIST) qui s'est
tenue à Genève du 6 au 15 octobre 1998 décrit trois types
de situations particulières :
8
- l'emploi inadéquat lié aux qualifications qui est
caractérisé par une utilisation insuffisante
ou inadéquate des qualifications professionnelles ;
- l'emploi inadéquat lié au revenu qui comprend des
personnes gagnant un revenu inférieur à
un seuil fixé par les circonstances nationales ;
- l'emploi inadéquat lié au volume de travail
très élevé qui se réfère à une
situation où une
personne désirerait ou chercherait à faire moins
d'heures de travail (sans aller en dessous d'un plancher fixé selon les
circonstances nationales) qu'elle n'en a faite pendant la période de
référence soit dans le même emploi, soit dans un autre
emploi avec une rémunération identique au revenu.
Par ailleurs, on distingue la notion d'emploi principal et
d'emploi secondaire ; ces notions n'ont pas une définition
internationale stricte. Le critère de décision est choisi en
fonction des préférences nationales parmi les suivantes :
- le temps de travail,
- le niveau de rémunération perçue,
- l'autodétermination par l'individu enquêté
pendant la période de référence et c'est le
critère
qui a été retenu dans le cadre de l'EDIJ.
> L'emploi dans le secteur informel
D'après la comptabilité nationale, les
unités de production du secteur informel font partie du secteur
institutionnel des ménages en tant que entreprises individuelles. Ces
unités de production opèrent à petite échelle avec
un faible niveau d'organisation.
L'emploi est basé sur les liens de parenté ou
des relations personnelles sans accord contractuel ou garantie formelle. Les
activités du secteur informel se distinguent de celles du secteur
formel. Elles ne sont pas enregistrées et/ou sont dépourvues de
comptabilité formelle écrite et ne donnent pas lieu aux avantages
tels que les allocations familiales, une pension retraite, et des congés
payés.
2.3 Le sous emploi
a) La durée du travail
Le nombre d'heures de travail est une composante essentielle de
l'offre de travail. En matière de statistiques du travail il comprend
:
- les heures effectivement travaillées et
consacrées à son activité ;
- les heures supplémentaires ;
- les heures passées au lieu de service et
consacrées à des activités diverses (maintenance,
préparation des outils de travail, préparation des rapports etc.)
;
9
- les heures passées au lieu de service mais non
travaillées pour cause de pannes, de machines, accident, etc. ;
- les heures consacrées aux courtes pauses (pauses
cafés, recréations, etc.).
Les congés payés, les jours fériés,
les congés maladie payés ne sont généralement pas
compris dans l'horaire de travail.
On distingue trois types d'horaires de travail :
- les horaires normaux qui sont le nombre d'heures de travail
fixé par la législation (elles sont de 35 heures par semaine au
Cameroun à l'exception de certains métiers tels que le transport
outillé) ;
- les horaires de travail habituel qui sont le nombre d'heures de
travail que l'individu consacre à son activité ;
- les horaires de travail du moment qui sont le nombre d'heures
de travail travaillées pendant la période de
référence de l'enquête.
b) le sous- emploi lié à la durée du
travail
On distingue le sous-emploi invisible et le sous-emploi
visible. Le sous-emploi invisible reflète une mauvaise
répartition des ressources en main d'oeuvre ou un
déséquilibre entre la main d'oeuvre et les autres facteurs de
production. Le sous-emploi visible correspond à un volume horaire de
travail inférieur à la durée de travail maximale
fixée par les circonstances nationales. Il est accompagné par une
insatisfaction des individus qui souhaiteraient effectuer plus d'heures de
travail.
SECTION 3 : Le chômage
3.1 Définition
Selon la définition du BIT dont la dernière
modification remonte à la treizième Conférence
internationale des statisticiens4 du travail en 1982, les
chômeurs comprennent toutes les personnes ayant l'âge de travailler
qui, durant la période de référence (sept derniers jours
précédent l'enquête) sont :
- sans travail, c'est-à-dire dépourvu d'un emploi
salarié ou non salarié ;
- disponibles pour travailler dans un emploi salarié ou
non salarié ;
- à la recherche d'un emploi, c'est -à -dire qu'ils
ont pris des dispositions spécifiques au
cours d'une période de référence
donnée. La recherche d'un travail est caractérisée par les
actions suivantes : l'inscription à un bureau de placement public, le
dépôt d'une candidature auprès des employeurs, les
réponses à des annonces spécialisées, les contacts
auprès des relations
4 LONGATTE Jean, VANHOVE Pascal, « Economie
générale », DUNOD, Paris p.245
10
personnelles et les démarches en vue de la
création d'une entreprise (recherche de terrain, d'immeubles,
d'équipements, de ressources financières, de licences, etc.).
L'analyse économique pure emmène à
définir le chômage comme une situation du marché du travail
où un déséquilibre apparaît entre l'offre et la
demande de travail. Ce déséquilibre se traduit par une offre de
travail supérieure à la demande de travail .En d'autres termes le
chômage se manifeste par un excédent de la main-d'oeuvre
disponible par rapport aux disponibilités d'emplois qu'offre le
système productif.
3.2 Les principales formes de chômage
a) Le chômage de première
insertion
Ce sont des personnes qui respectent tous les critères
de la définition du chômage et qui n'ont jamais travaillé
dans un emploi considéré comme stable , d'une durée
supérieure à un seuil (généralement 3 mois) ou
ayant fait l'objet d'un contrat de travail écrit ou oral.
b) Le chômage volontaire
Cette forme de chômage est plus fréquente dans
les pays où les indemnités allouées aux chômeurs
sont suffisamment importantes pour compenser la perte de salaire et leur
permettre de choisir l'inactivité. Il provient aussi des individus dont
le rejet de l'emploi constitue un acte volontaire c'est-à-dire de libre
choix. Les chômeurs volontaires se trouvent en face d'un complexe de
possibilités d'emplois des différentes occupations, diverses
localités et à des taux de salaires variées, mais ils ne
préfèrent accepter aucune occupation.
Le chômage volontaire est expliqué par les
économistes classiques et néo-classiques. Pour ces derniers, le
travail est un bien qui s'échange sur un marché. La demande de
travail et le prix du travail c'est-à-dire le salaire réel, sont
corrélés négativement. Quant à l'offre de travail,
elle augmente en même temps que le prix du travail. Les individus
arbitrent entre leurs loisirs et le travail, vu comme une renonciation aux
loisirs.
Pour les classiques, le chômage sur le marché
n'existe pas puisque l'offre et la demande s'ajustent et déterminent un
prix, le salaire réel pour lequel les individus arbitrent leur temps en
faveur des loisirs. Le chômage est volontaire parce qu'il résulte
de travailleurs qui n'acceptent pas des salaires réels plus faibles
(LONGATTE et VANHOVE, 2001).
Mais s'il existe des individus prêts à travailler
pour un salaire inférieur à celui du marché du travail,
pour une qualification équivalente, et qui ne trouvent pas d'emploi, on
peut dire que le chômage involontaire existe.
11
c) Le chômage involontaire
Il se manifeste lorsque les individus acceptent de travailler
dans n'importe quelle occupation, n'importe quelle localité, à
n'importe quel taux de salaire différent de zéro.
Pour Keynes, les salaires nominaux sont rigides à la
baisse ; ils ne peuvent descendre en dessous d'un minimum du fait de la
présence des syndicats. La demande de travail des entreprises baisse (en
raison d'anticipations pessimistes sur l'évolution de la consommation,
de l'investissement et des exportations) du fait de la rigidité des
salaires, l'offre du travail se maintient et il résulte un
chômage. Le chômage dans la conception keynésienne n'est pas
volontaire mais peut être le signe d'un équilibre de
sous-emploi5 .
d) Le flou du chômage
Il s'agit de l'ensemble des personnes qui sont
éloignées ou s'éloignent du marché du travail.
Aussi appelé le `halo du chômage', le flou du chômage est un
ensemble qui est constitué de trois groupes majeurs suivants :
- les ultérieurs BIT qui comprennent les individus sans
travail, disponibles pour travailler mais qui ont trouvé un emploi qui
commence à une date ultérieure à la période de
référence (généralement les deux semaines ou le
mois suivant l'enquête).
- les personnes sans emploi, indisponibles pendant la
période de référence et qui cherchent un emploi qu'elles
vont commencer à une date ultérieure ;
- Les chômeurs découragés qui sont des
personnes sans emploi, disponibles pour travailler mais qui ne recherchent plus
de travail.
La notion de chômage ne permet pas d'appréhender
de façon significative la situation de l'emploi dans les pays
sous-développés en particulier au Cameroun du fait des
spécificités du marché de l'emploi au Cameroun. Pour
l'étude entreprise, la notion de non-insertion a été
préférée à celui de chômage car elle
intègre en plus des chômeurs au sens du BIT, les chômeurs
découragés.
5 LONGATTE Jean, VANHOVE Pascal, « Economie
générale », DUNOD, Paris p.257.
12
CHAPITRE 2 : QUELQUES NOTIONS SUR LES THEORIES RELATIVES
A L'INSERTION PROFESSIONNELLE
|
Pour analyser l'insertion des jeunes sur le marché du
travail, plusieurs théories relatives à la formation des
salaires, aux déterminants du chômage et au rôle
économique du diplôme sont utilisées. Parler de l'insertion
professionnelle des jeunes revient aussi à décrire les moyens
d'accès à l'emploi au sortir de la formation initiale. Le
présent chapitre présentera en plus du système de
formation camerounais, quatre modèles de transition de l'école
à l'emploi généralement mis en oeuvre dans le monde.
SECTION 1 : Les cadres théoriques pour analyser
l'entrée sur le marché du travail 1.1 La théorie du
capital humain
Cette théorie présente les revenus comme
étant une fonction de la qualification des individus
déterminée par le capital humain qu'ils accumulent.
Pour les partisans de cette théorie, les salaires ne
sont pas les résultats de la loi de l'offre et de la demande, mais du
rendement en aptitudes professionnelles6. Ces aptitudes peuvent
être innées ou acquises par la formation ou même par
d'autres comportements concourant à augmenter la productivité.
Pour Gary Becker (1993), la formation apparaît comme un
investissement qui améliore la productivité individuelle ; chaque
individu arbitre entre le coût et le rendement de l'investissement que
génère la formation ou l'éducation.
Selon Diane G. Tremblay (1997), les individus peuvent faire
d'autres types d'investissements en l'occurrence l'investissement de la
connaissance du marché du travail telles l'acquisition de l'information
sur l'emploi, l'acceptation d'un emploi moins rémunéré
mais pouvant offrir des possibilités de carrière et même la
mobilité géographique pour profiter des opportunités
d'emplois.
Certains auteurs tels J.C Eicher, J.Vincens ont cependant
émis des remarques concernant le capital humain. Pour J.C
Eicher7, la théorie du capital humain ne prouve pas que la
productivité est totalement liée au niveau de formation car
d'autres variables sont susceptibles d'expliquer le niveau de revenu
(l'âge, le sexe, la race, la région, la profession et la
durée du travail) ; pour
6 Diane Gabrielle Tremblay, << Travail Economie
et Gestion », Université du
Québec-Télé-Québec, 1997
7 J.C.Eicher, << Education et réussite
professionnelle-Economie de l'éducation », Economica, 1979
13
J.Vincens8, la théorie du capital humain a un
pouvoir explicatif dans un régime où les salaires sont flexibles
et /ou le chômage global est faible.
1.2 La théorie du filtre
Spence (1974) est le principal initiateur de cette
théorie qui postule que le niveau de formation joue un rôle de
filtre (le niveau de formation permet d'identifier les individus les plus
productifs). Les employeurs, ne connaissant pas les capacités des
candidats à l'embauche recherchent toutes les aptitudes qu'ils
possèdent. Spence affirme que ces aptitudes sont
révélées par un signal donné par le niveau de
formation.
Pour les tenants 9de l'école du filtre, la
population est hétérogène avant même d'entrer en
formation du fait des coûts de formation différents suivant les
individus. Les coûts de formation seraient plus bas chez les plus
doués, contrairement à ce que postule la théorie du
capital humain pour laquelle l'hétérogénéité
résulte du cumul du capital des individus qui avaient à l'origine
des aptitudes semblables.
Le niveau d'éducation apparaît alors comme un
outil utilisé par les demandeurs d'emploi et par les employeurs. Pour
les premiers, le niveau d'éducation joue un rôle de signal pouvant
révéler les aptitudes et pour les seconds, il agit comme un
filtre permettant d'identifier les individus les plus aptes à recruter
pour les emplois disponibles10.
1.3 La théorie de la recherche d'emploi (Job
Search)
La théorie du << job search >> est un
assouplissement de l'hypothèse de l'information parfaite sur les emplois
potentiels dans un marché du travail en concurrence pure et parfaite.
Pour les partisans de cette théorie, à l'instar
de G. Stigler, l'offreur de travail est un demandeur d'informations relatives
aux salaires, aux emplois, aux qualifications, aux conditions de travail, etc.
mais avec un coût d'obtention plus ou moins important. L'offreur de
travail arrêtera sa prospection lorsque le gain marginal attendu
égalisera le coût marginal de visite d'entreprise ou de recherche
d'emploi.
S. Lippman et J. Mac Call (1976) appellent salaire de
réserve ou d'acceptation le coût de recherche de l'emploi qui
égalise les gains marginaux attendus. Pour ces mêmes auteurs, le
salaire de réserve dépend de la distribution des salaires dans
l'économie, du degré de stabilité des emplois
proposés et de l'impatience de chaque demandeur d'emploi. Lorsque les
salaires proposés sont inférieurs au salaire d'acceptation, les
emplois offerts sont refusés, d'où un chômage
8 Jean Vincens, << L'insertion professionnelle
des jeunes, quelques réflexions théoriques, formation-emploi
>>, n°61, CEREQ, France, 1998.
9 Notamment Arrow (1973) et Spence (1974)
10 Philippe Lemistre, << Evolution de la valeur
des diplômes et endogénéité >>, LIHRE,
Toulouse, France, note n° 325, Septembre 2000
14
volontaire du chercheur d'emploi vu par ce dernier comme un
investissement pour accéder à un emploi décent. Mais ce
chômage perd son caractère d'investissement en période de
fort chômage pour devenir un facteur de déclassement.
La théorie de la recherche de l'emploi précise
que l'offreur de travail est un demandeur d'informations dont les informations
relatives aux qualifications, à la formation. Il serait important de
passer en revue les systèmes de formation mis en oeuvre dans le monde ;
ceci dans le but d'extraire les éléments utiles qui pourront
aider les jeunes à s'insérer.
SECTION 2 : Modèles de formation et insertion
professionnelle
L'insertion des jeunes est étroitement liée aux
différents moyens d'accès à l'emploi au sortir de la
formation initiale. On distingue parmi la panoplie des systèmes de
formation existants quatre principaux modèles de formation qui mettent
en exergue l'opposition classique entre la formation en milieu scolaire et la
formation en entreprise d'une part, puis la formation préalable à
l'emploi et la formation continue d'autre part. Selon l'importance que chaque
système de formation donne à l'acquisition de qualifications
professionnelles à l'école et/ou sur le lieu de travail, Jacques
Gaude dans une étude portant sur les modèles de formation
distingue par ordre de proximité dégressive des marchés du
travail, le modèle japonais, le modèle allemand, le modèle
français et le modèle américain.
2.1 Le modèle japonais
La flexibilité du marché du travail au Japon et
même plus généralement dans les grands dragons est
assurée par les grandes entreprises privées et publiques, les
petites et moyennes entreprises et les entreprises de sous-traitance.
Fonctionnant en marché interne, ces entreprises
recrutent des jeunes diplômés sans formation professionnelle
spécifique. Les jeunes ainsi recrutés passent par
différents postes de travail y recevant une formation sur le « tas
» et acquérant une vaste gamme de compétences,
générales et pratiques de même qu'une bonne connaissance de
l'entreprise. La relation formationemploi apparaît plus comme le fait des
méthodes de travail et des attitudes que des connaissances proprement
dites.
La formation débute au Japon une fois que
l'employé est recruté et fait partie d'un processus
inhérent au système de production. Les emplois d'ouvriers et de
techniciens sont fournis par les écoles secondaires et les
collèges universitaires qui peuvent, recevoir de façon
quasi-automatique en fonction de leur réputation les offres d'emploi des
entreprises. Ces entreprises ne disposent pas toujours des moyens, ni de
compétences pour former leur personnel.
15
Les besoins de formation sont ainsi satisfaits en partie par
les écoles professionnelles qui recrutent environ le quart des
élèves scolarisés dans le deuxième cycle du
secondaire ou par des écoles de niveau de formation post-secondaire qui
offrent une formation assez générale.
2.2 Le modèle allemand
Ce système comporte une formation
générale à l'école couplée sur un mode
interactif à une formation pratique en entreprise.
Selon Heinz et Nagel (1995), la transition professionnelle est
un système dit dual11 ou par alternance, basé sur des
formations professionnelles post-secondaires. Ce système est
fondé sur d'anciennes traditions d'apprentissage mises en pratique par
les entreprises. Il repose sur un processus en deux étapes. La
première étape est caractérisée par l'entrée
des jeunes dans les formations par alternance. La seconde quant à elle
est l'entrée des jeunes dans les emplois. L'organisation du
système allemand est la résultante d'une coopération entre
les entreprises, les partenaires sociaux et l'Etat. La force du système
résulte du fait qu'il concerne une proportion très
élevée (plus de 70% en 1994)12 des sortants du
système scolaire [Rauner, 1995] et que les abandons en cours de
formation sont rares. En dépit des défauts que le système
dual présente, il favorise l'insertion professionnelle des jeunes car
l'élève se mue progressivement et naturellement en employé
qualifié et permet aux jeunes de développer les relations
professionnelles avec les futurs employeurs.
2.3 Le modèle français
Dans ce système, l'école et le travail demeurent
institutionnellement séparés. Il privilégie les
études générales. Les élèves orientés
vers les études professionnelles sont le plus souvent les
laissés-pour -compte du système général qui
conditionne la réussite dans les filières professionnelles et
ceci d'autant plus que les jeunes sortent sans qualification du système
éducatif pour avoir échoué dans les matières
générales du Certificat d'Aptitude Professionnel (CAP) ou du
Brevet d'Etude Professionnel.
Pour Verdier (1993), le système de formation
professionnelle français est construit sur le principe formel d'une
correspondance entre niveaux hiérarchiques de l'emploi et niveaux de
formation censés répondre à ces besoins.
11 Le système dual est ainsi
désigné par le fait qu'il est co-financé par le
gouvernement et les employeurs d'une part et d'autre part par le fait que les
programmes de formation sont co-déterminés par les syndicats qui
optent pour une formation générale et les employeurs pour une
formation spécifique.
12 D'après une étude menée par
Rauner en 1995 sur la transition école - emploi.
16
2.4 Le modèle américain
Le système américain offre le même
parcours scolaire à l'ensemble des jeunes jusqu'à la fin du
secondaire. La formation professionnelle secondaire est
considérée comme un moyen pour maintenir les élèves
les plus défavorisés dans le système scolaire afin de
mieux les préparer à l'emploi.
Dans ce système, la transition vers la formation
professionnelle effectuée pour l'essentiel dans le cadre de
l'enseignement supérieur, est relativement longue et peu
régulée avec des files d'attente relativement longues pour les
jeunes avant d'accéder à un emploi stable.
Pour les groupes défavorisés, la participation
dans des programmes de formation liés à l'accès à
un emploi et permet de se former tout en recherchant un emploi. Le
système américain permet ainsi à ces groupes
d'acquérir une gamme plus large de qualifications utiles sur le
marché de l'emploi qui réclame sans cesse plus de faculté
d'adaptation.
Afin d'éviter des déficits de qualification,
différents programmes se focalisent sur les emplois à faibles
exigence de qualification au niveau des tâches opérationnelles
ainsi qu'à la formation sur le « tas ».
L'analyse de quelques systèmes de formation apporte ainsi
une explication quant à l'efficacité13
supérieure des modèles allemand ou japonais. Qu'en est-il du
modèle camerounais ?
SECTION 3 : La structure du système
éducatif camerounais
Hérité de la colonisation, le système
éducatif du Cameroun a subi l'influence de la Grande - Bretagne et de la
France.
3.1 Organisation et fonctionnement
De manière générale, l'éducation
au Cameroun est constituée de six niveaux d'enseignement : le
préscolaire, le primaire, le post primaire, le secondaire, le normal et
le supérieur et de deux sous-systèmes à savoir : le
sous-système anglophone et le sous-système francophone. Bien que
le sous-système anglophone soit principalement localisé dans les
provinces du Nord-Ouest et du Sud-ouest, il convient de noter la
présence des établissements qui suivent la formule anglophone
dans certaines localités du pays (notamment dans plusieurs
arrondissements). Le premier niveau d'enseignement est l'enseignement maternel
qui dure généralement 2 à 3 ans. Il prépare les
jeunes (de moins de 5 ans) à s'intégrer dans une vie scolaire
active au primaire.
13 L'efficacité selon Jacques Gaude est
mesurée suivant la proportion des jeunes sans emploi sortis du
système éducatif.
17
L'enseignement primaire a une durée de six ans,
sanctionné par le Certificat d'Etudes Primaires (CEP) et le concours
d'entrée en sixième ou en première année du premier
cycle de l'enseignement technique dans les sous système francophone.
Dans le sous-système anglophone, l'enseignement primaire a une
durée de 7 ans et est sanctionné par le First School Living
Certificate.
La durée de l'enseignement secondaire en
général est la même dans les deux sous-systèmes.
Elle s'étale sur sept ans et se décompose dans le
sous-système anglophone en deux cycles :
- le << First cycle >> qui comprend cinq classes
conduit à l'obtention du General Certificate of
Education Ordinary Level (GCE-OL) ;
- le << High school >> constitué de deux
classes qui mettent un terme à la formation secondaire. En fin de cycle,
les élèves présentent le General Certificate of Education
Advanced Level (GCE-AL), premier diplôme universitaire anglophone qui
leur donne accès à une formation supérieure.
Dans le sous-système francophone, l'enseignement
secondaire se compose de deux cycles : - le premier cycle qui comprend quatre
classes, est sanctionné par l'obtention du Brevet d'Etudes du Premier
Cycle (BEPC) ;
- le second cycle dure trois années à l'issue
desquelles les élèves méritants obtiennent le
Baccalauréat. Pour se présenter à cet examen, les
candidats doivent au préalable obtenir au terme des deux
premières années leur certificat de probation encore
appelé probatoire. L'enseignement supérieur est dispensé
dans six universités d'Etat ainsi que dans plusieurs institutions
privées.
3.2 L'enseignement technique et professionnel
Dans le paragraphe précédent, il n'a pas
été tenu compte de l'enseignement technique. Il s'effectue dans
les deux sous-systèmes en deux niveaux. Le premier prépare les
élèves au Certificat d'Aptitude Professionnel (CAP) qui donne au
titulaire le titre et les compétences d'ouvrier qualifié. Le
second niveau où l'accès est réservé aux
élèves titulaires d'un GCE-OL, BEPC ou CAP dure trois ans et
prépare soit au Baccalauréat de technicien (BT) , soit au Brevet
professionnel (BP) suivant l'option choisie. Les titulaires de ces
diplômes ont la qualité de technicien apte à exercer
immédiatement un métier ou à poursuivre des études
supérieures.
En 1993, l'enseignement supérieur a connu une
transformation profonde qui a donné lieu à la création de
nouvelles universités et à de nouveaux établissements
spécialisés. Concernant l'enseignement technique, il existe
déjà une pléthore d'établissements ; on peut citer
entre autres les établissements suivants :
- Ecole Nationale Supérieure des Travaux Publics ;
- Ecole Nationale Supérieure Polytechnique ;
18
- Ecole Nationale Supérieure des Industries
Agro-alimentaires ;
- Ecole Supérieure des Sciences Economiques et
Commerciales ;
- Les Instituts Universitaires de Technologie de
Ngaoundéré, Bandjoun, Douala ;
- Etc.
L'enseignement technique est soumis à de nombreux
problèmes relatifs aux enseignants, à la gestion
matérielle et à la conjoncture des relations avec les entreprises
qui entravent l'expansion et la qualité de cet enseignement.
3.3 La formation professionnelle extra-scolaire
La formation extra-scolaire a pour principal objectif la
réduction sensible de l'inadéquation formation-emploi. De
nombreuses écoles de formation professionnelle sont placées sous
la tutelle de plusieurs départements ministériels14.
La formation peut être initiale et /ou continue et fait acquérir
le savoir-faire nécessaire pour les postes d'ouvriers qualifiés
et d'agents de maîtrise. Les différentes filières de
formation offertes sont la mécanique, l'informatique, l'enseignement,
l'industrie d'habillement, les techniques médicales et
para-médicales, la gestion, la carrosserie, la chaudronnerie,
l'agriculture, etc.
19
14 Il s'agit des départements
ministériels qui seront présentés au chapitre 4.
CHAPITRE 3 : LE CADRE INSTITUTIONNEL DU MARCHE
DE L'EMPLOI AU CAMEROUN
Il existe au Cameroun des structures qui s'occupent des
questions de main-d'oeuvre et d'emploi. L'Etat, à travers ses
différentes institutions spécialisées, contrôle et
essaie de restaurer les règles de jeu sur le marché du travail.
En plus, des institutions publiques et des ONG, il existe des acteurs
privés du marché du travail qui disposent d'une marge de
manoeuvre. Dans ce chapitre, il sera fait état des lieux des dispositifs
d'aide à l'insertion des jeunes, ceci dans le but d'appréhender
les stratégies nationales d'insertion.
SECTION 1 : Les institutions de promotion du
marché de l'emploi au Cameroun 1.1 Les institutions
publiques
Les institutions publiques sont constituées des
structures nationales exerçant dans le cadre de la politique
générale de l'Etat en matière de travail.
Au Cameroun, la promotion de l'emploi relève de la
compétence du Ministère de l'Emploi et de la Formation
professionnelle15. Il a la charge d'élaborer et de mettre en
oeuvre la politique nationale en matière d'emploi, de formation et
d'insertion professionnelle. Il assure la tutelle des institutions comme :
> le Fonds National de l'Emploi dont les principales
missions sont entre autres l'accroissement des possibilités d'emploi ;
l'appui à la création de microentreprises ; la conception, le
financement et le suivi des programmes de formations formelles et sur le tas
;la diffusion des informations sur le marché de l'emploi ;
> l'Observatoire National de l'Emploi et de la Formation
Professionnelle ;
> les instances consultatives ou de coordination en
matière d'emploi et de formation professionnelle.
On note aussi l'intervention de plusieurs ministères
issus du gouvernement du 8 décembre 2004 et dont les fonctions et les
missions sont en partie inhérentes à l'éducation, la
formation et l'emploi.
15 Extrait de l'article 4 du décret
N°2004/320 du 8 décembre 2004 portant sur l'organisation du
gouvernement camerounais
20
Ces ministères sont :
- Le Ministère de l'éducation de base qui est
chargé de la préparation, de la mise en oeuvre et de
l'évaluation de la politique de l'Etat en matière
d'éducation de base.
- Le Ministère des Enseignements Secondaires qui est
chargé de la préparation, de la mise en oeuvre et de
l'évaluation de la politique de l'Etat en matière d'enseignements
secondaire, général, technique et normal.
- Le Ministère de l'Enseignement Supérieur qui
est chargé de l'élaboration, de la mise en oeuvre de la politique
du gouvernement en matière d'enseignements supérieure et de
l'organisation du fonctionnement et du contrôle pédagogique de
l'enseignement supérieur. Il a pour vocation l'étude des voies et
moyens visant l'adéquation de l'enseignement supérieur aux
réalités économiques et sociales nationales.
- Le Ministère de la Jeunesse a en sa charge
l'élaboration et la mise en oeuvre des stratégies pour faciliter
la contribution de la jeunesse au développement du pays.
- Le Ministère de la Promotion de la Femme et de la
Famille qui est chargé d'élaborer et de mettre en oeuvre des
mesures visant au respect des droits de la femme camerounaise dans la
société et de la politique nationale en matière de
famille.
1.2 Les institutions privées locales
Ce sont essentiellement les syndicats qui oeuvrent en faveur de
la défense des intérêts des travailleurs et des employeurs
et les bureaux privés de placement.
a) Les syndicats professionnels
Ils sont crées en vue de l'étude, la
défense, le développement et la protection des
intérêts de leurs membres notamment en matière
économique, industrielle, commerciale et agricole, ainsi que le
progrès social, économique, culturel et moral de leurs
membres16 ». On distingue le syndicat des travailleurs et le
syndicat des employeurs. Ainsi, le syndicat des travailleurs les protège
contre l'abus de certains employeurs. Le contraire est peu habituel surtout
dans les PVD en général et au Cameroun en particulier où
les patrons ont l'habitude d'abuser de la pauvreté de leurs
employés assez dociles et craintifs pour leur emploi.
b) Les unions de syndicats
L'union des syndicats est créée pour les
mêmes raisons que le syndicat, par les syndicats «
régulièrement constitués ». A part, la
diversité des syndicats qu'elle peut comprendre
16 Extrait de l'article 3 du Code du Travail
Camerounais de 1992
21
et le volume de ressources humaines qui lui cf. davantage de
pouvoirs, l'union des syndicats ne diffère pas sensiblement du
syndicat17.
c) Les cabinets de recrutements
Les cabinets de recrutement jouent un rôle
essentiellement informationnel. Ils informent grâce à leur base de
données, les offreurs et les demandeurs d'emploi qu'une offre ou une
demande correspond au profil recherché. Ils contribuent ainsi à
pallier le manque d'information qui sévit sur le marché du
travail camerounais.
Encadré 1 : Les institutions du marché
du travail au Cameroun Les services provinciaux de
l'emploi
Placées sous l'autorité du ministère de
l'Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale, ces structures sont
chargées au niveau local, de la mise en oeuvre de la politique
gouvernementale en matière d'emploi. Elles assurent dans leur province
respective, la promotion de l'emploi dans les secteurs formel et informel.
L'impact des activités de ces services n'est pas mesuré du fait
de la non publication des rapports d'activité. Cependant, l'une des
principales difficultés évoquées lors des rencontres,
séminaires et colloques, est le manque de moyens d'action pour la
réalisation de certaines activités.
Le Fonds National de l'Emploi (FNE)
Créé par décret n° 90/805 du
27/04/90, le FNE est l'instrument gouvernemental chargé de la mise en
oeuvre de la politique nationale de l'emploi. Il a pour mission la promotion de
l'emploi sur l'ensemble du territoire camerounais. Le FNE permet aujourd'hui
d'assurer la transparence et l'intermédiation sur le marché de
l'emploi, de donner aux chômeurs des formations qualifiantes d'adaptation
ou « sur le tas » pouvant leur permettre de s'insérer sur le
marché de l'emploi et d'appuyer toutes les initiatives de
création de microprojets individuels.
Au dernier bilan du FNE couvrant la période 1991 au 31
Mars 2004, 173 438 candidats ont été accueillis et
orientés vers des emplois salariés ou indépendants et 100
331 personnes ont été effectivement insérées par le
biais du FNE. 41 881 personnes ont bénéficié de
formations, dont 8342 en formation formelle et 33539 en formation sur le tas.
22036 projets ont été financés, ce qui a
généré 34063 emplois aussi bien en milieu rural qu'en
milieu urbain.
L'observatoire national de l'emploi et de la formation
professionnelle
Afin d'améliorer la connaissance du marché de
l'emploi au Cameroun, le Gouvernement a mis en place tout récemment un
Observatoire National de l'Emploi et de la Formation Professionnelle
(ONEFOP) par arrêté n°007/PM du 13 février 2002.
l'ONEFOP est un organe d'expertise et d'aide à la décision dans
le cadre de la stratégie de lutte contre le chômage. A ce titre,
il assiste le Ministre chargé des questions de l'emploi et de la
formation professionnelle dans la mise en oeuvre des politiques relevant de ces
domaines :
- le suivi périodique de la conjoncture du marché
de l'emploi ainsi que la connaissance de l'offre et de la demande de formation
par l'élaboration des états des lieux relatifs ;
- l'identification des blocages et des potentialités en
matière d'emploi et de formation professionnelle en vue de l'orientation
des programmes d'appui concernant ces domaines, de manière à
permettre une meilleure correspondance entre les besoins des utilisateurs
actuels ou potentiels et les typologies des formations initiales ou permanentes
à impulser.
Les bureaux ou offices privés de placement
agréés
Autorisés par le nouveau code du travail, leur mission est
de rapprocher les offres et les demandes de travail, d'aider les chômeurs
à trouver un emploi susceptible de leur convenir, de faciliter aux
employeurs leur recrutement par rapport
17 Extrait de l'article 22 alinéa 4 du Code du
Travail Camerounais 1992
22
à des profils adaptés aux besoins de l'entreprise.
Le Ministère de l'Emploi, du Travail et
de la Prévoyance sociale a agréé à ce
jour, un peu plus de 56 offices ou bureaux de placements des travailleurs et
160 entreprises exerçant des activités de travail temporaire.
Plusieurs bureaux privés de placement fonctionnent
encore en marge de la légalité, malgré la
simplification des procédures administratives y afférentes. Les
statistiques sur les activités de ces bureaux de placement ne sont pas
disponibles.
Source : Njiké Njikam Gilles Bertrand,
Lontchi Tchoffo Marc Roland et Mwaffo Fotzeu Violet «
Caractéristiques et déterminants de l'emploi des jeunes au
Cameroun x. ; Bureau international du Travail- Genève, Edition 2005
1.3 Les institutions internationales de
coopération
Dans le cadre de coopérations bilatérales ou de
traités internationaux, les institutions étrangères
appuient et/ou contrôlent les interventions des politiques sur le
marché du travail. Au Cameroun, il existe :
- le Bureau International du Travail
- la Coopération Française dans le cadre du projet
COMETES.
SECTION 2 : Les programmes d'action en faveur de
l'emploi2.1 La politique nationale de l'emploiLa mise en oeuvre
d'actions visant à favoriser la promotion de l'emploi et de la
formation
se heurte à un obstacle majeur à savoir l'absence
d'une politique globale dans ce domaine18.
La politique de promotion de l'emploi ne saurait se limiter
uniquement à un ensemble de recommandations pouvant permettre de lutter
contre le chômage. Elle devrait avoir une approche à la fois
sociale et économique à savoir :
· avoir des objectifs de solidarité qui stimulent
l'insertion des moins favorisés via les activités
créatrices de revenus pour sortir de la pauvreté ;
· avoir des objectifs qui prônent la
compétitivité et l'efficacité afin de faire de l'emploi
une variable active de la croissance et du bien-être de la population
;
D'après le BIT, trois axes apparaissent prioritaires
dans le contexte du Cameroun à savoir :
· rendre l'environnement favorable à la
création et à la promotion des emplois ;
· améliorer le système d'information sur
l'emploi et la formation pour en faire des outils efficaces d'aide à la
décision ;
· définir les éléments d'une politique
active de l'emploi.
En particulier pour la promotion de l'emploi des jeunes, le
DSRP (Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté)
cherche à accroître la participation du secteur privé
à l'élaboration et la mise en oeuvre d'un programme de formation
pour les jeunes visant à remédier aux insuffisances des
ressources humaines, notamment dans le secteur productif.
18 Njiké Njikam Gilles Bertrand, Lontchi Tchoffo Marc
Roland et Mwaffo Fotzeu Violet « Caractéristiques et
déterminants de l'emploi des jeunes au Cameroun x. ; Bureau
international du Travail- Genève, Edition 2005.
23
Le programme 19prévoit :
· la création d'établissements de formation
personnelle accélérée ;
· la mise en oeuvre de programmes de recherche
appliquée dans les secteurs ciblés de l'économie ;
· le financement de grands programmes visant à
développer l'esprit de l'entreprise dans l'enseignement supérieur
et tertiaire.
2.2 Les mesures du FNE en faveur de l'insertion des
jeunes
Ces mesures se proposent de donner aux futurs candidats
à la recherche d'un emploi des informations nécessaires pour une
bonne lisibilité du marché de l'emploi. Ceci dans le but d'aider
les jeunes chercheurs d'emploi à opérer le meilleur choix d'un
métier en fonction de l'évolution des besoins du marché et
des technologies. Les mesures que se donne le FNE visent à créer
une passerelle entre le système éducatif et de formation, et le
milieu professionnel.
Les différentes mesures que préconisent le FNE sont
les suivantes :
- Les Orientations Professionnelles en milieu Scolaire (OPS)
ou Universitaire (OPU) avec le Stage d'Imprégnation à la vie
d'Entreprise (SIVE) spécifiquement pour les élèves du
secondaire. Ces programmes visent entre autres : la création d'un espace
métier au sein des établissements, des
conférences-débats sur le marché du travail et des stages
d'imprégnation au sein des entreprises ;
- L'Orientation Professionnelle en Milieu Public (OPP) qui est
axée sur la recherche d'emploi mis à la disposition du public
à travers des espaces d'affichage ;
- Le Programme d'Appui à l'Insertion des
Diplômés de l'Enseignement Supérieur qui vise à
appuyer l'insertion professionnelle des diplômés de l'enseignement
supérieur à travers plusieurs actions d'information et de
formation ;
- La Semaine pour l'Emploi des Jeunes qui est organisée
par le FNE chaque année à l'occasion de la fête de la
jeunesse et qui dure quatre jours. Cette semaine est destinée à
améliorer l'information des jeunes sur les filières de formation,
l'évolution des métiers et des qualifications ainsi que sur la
démarche et les possibilités d'insertion.
Ainsi, plusieurs mesures sont mises en oeuvre par l'Etat
camerounais à travers les institutions en charge de l'emploi pour
favoriser l'insertion des jeunes. Il s'agit maintenant d'examiner la
portée de ces mesures et d'identifier les canaux de prédilection
des jeunes pour accéder à un emploi.
19 André Rosanvallon ; Cadrage
stratégique de la politique de l'emploi au Cameroun ; Organisation
Internationale du Travail-Bureau Sous-Régional pour l'Afrique Centrale ;
Yaoundé, Décembre 2002
24
PARTIE 2 : LES STRATEGIES D'INSERTION DES
JEUNES
25
Mémoire de fin de scolarité rédigé et
soutenu par MAMBOU Patrick Félicien
CHAPITRE 4 : CARACTERISATION DES JEUNES ACTIFS DE LA
VILLE DE YAOUNDE ET MARCHE DU TRAVAIL DES JEUNES
|
Ce chapitre a pour but d'étudier la participation des
jeunes au marché du travail. Il s'agit de présenter les
caractéristiques de la population active jeune, d'identifier des
problèmes et des contraintes que rencontrent les jeunes en
matière d'emploi, et de présenter quelques variables pertinentes
relatives à leur environnement familial, leur niveau d'instruction et
à leur profil de formation. Avant de procéder aux
différentes analyses, il est important de présenter la source de
données utilisée.
SECTION 1 : L'Enquête sur la Dynamique d'Insertion
socioprofessionnelle des jeunes de la ville de Yaoundé (EDIJ
2005)
La principale source de données utilisée dans
cette étude est celle qui provient de l'Enquête sur la Dynamique
d'Insertion socio-professionnelle des Jeunes de la ville de Yaoundé
(EDIJ 2005).
1.1 Présentation générale de
l'enquête
L'objectif principal de l'EDIJ est la mise en oeuvre d'un
système à périodicité annuelle de suivi et
d'analyse de la situation d'insertion socioprofessionnelle des jeunes de la
ville de Yaoundé.
L'EDIJ est une étude dynamique qui pourra aussi
permettre la mise en place d'un cadre national, voire international
d'échange des données d'expérience en matière de
mesure de la dynamique d'insertion des jeunes ; notamment au niveau de la
pratique de la collecte des données, des définitions de concepts
et méthodes d'enquêtes utilisées ainsi que des dispositions
visant à améliorer la qualité et à assurer la
comparabilité des indicateurs relatifs à cette
problématique.
Plus précisément, l'étude poursuit les
objectifs suivants :
> la caractérisation de la situation d'activité
et d'insertion des jeunes ainsi que la recherche de facteurs explicatifs
d'ordre social, éducatif ou autre ;
> la détermination des délais d'insertion ou de
la durée du chômage des jeunes suivant leurs
caractéristiques démographiques et le profil
socio-éducatif ;
> l'identification des stratégies d'insertion
professionnelle des jeunes qui peuvent être individuelles ou familiales
;
> l'analyse de l'efficacité des stratégies
observées ;
> la mesure et l'examen de la mobilité professionnelle
et spatiale des jeunes c'est-àdire de la dynamique d'insertion.
26
1.2 Description de la population cible
étudiée
1.2.1 Nature et composition de l'échantillon de
l'EDIJ
Le champ géographique de l'enquête est la ville
de Yaoundé. La population cible de l'enquête est constituée
des individus de 15 à 34 ans des deux sexes. L'unité
d'observation est toute personne d'un ménage20
échantillonné âgée de 15 à 34 ans
révolus.
Le choix de la tranche d'âge 15 à 34 ans se
justifie par le fait qu'au Cameroun, la particularité du système
éducatif veut que ce soit après avoir dépassé
l'âge de la jeunesse au sens du BIT21 que les nouveaux
demandeurs d'emploi diplômés du supérieur font leur
première entrée sur le marché du travail. Ainsi, il est de
plus en plus recommandé par les acteurs du marché du travail
d'étendre la définition de jeunes aux personnes
âgées de 15 à 34 ans22.
L'échantillon de l'enquête EDIJ est
stratifié suivant l'arrondissement, et le tirage s'est fait à
deux degrés. Au premier degré, on procède au tirage des ZD
qui sont des portions du territoire limitées par des détails
visibles (cours d'eaux, routes, chemin de fer, etc.) et renfermant en pratique
140 à 220 ménages en moyenne, soit 700 à 1100 habitants.
Au second degré, on tire le ménage et tous les jeunes
éligibles de ce ménage sont systématiquement
enquêtés.
Compte tenu des facteurs d'ordre financier et logistique d'une
part, de la précision attendue et des spécificités de la
population de la ville de Yaoundé qui est un milieu urbain d'autre part,
l'échantillon enquêté renferme 1160 ménages
comportant au total 2803 individus.
La répartition de l'échantillon par strate
adoptée est l'allocation proportionnelle qui consiste à attribuer
le même taux de sondage à chaque strate : le
résultat23 est que l'échantillon stratifié peut
se dépouiller comme un recensement, sans qu'il soit nécessaire de
donner des pondérations différentes aux diverses observations
individuelles. Une moyenne relative à la population totale sera
estimée par la moyenne correspondante calculée sur
l'échantillon, une proportion par la fréquence correspondante
observée sur l'échantillon.
1.2.2 Taille et composition de l'échantillon
étudié
Dans le cadre de notre travail, la population cible est
constituée de toute personne âgée de 15 à 34 ans
révolus, sortie du système éducatif ayant ou non un
emploi.
20 Le mot ménage est compris au sens de la
définition de l'Observatoire Economique et Statistique d'Afrique
Subsaharienne (AFRISTAT) selon laquelle un ménage est un ensemble
composé d'une ou de plusieurs personnes ayant un lien de sang, de
mariage ou non, vivant dans un ou plusieurs logements de la même
concession (cet ensemble de logement constituant une unité
d'habitation).
21 D'après le BIT, le jeune est toute personne
âgée de 15 à 24 ans.
- 22Njiké Njikam Gilles Bertrand, Lontchi
Tchoffo Marc Roland et Mwaffo Fotzeu Violet « Caractéristiques
et déterminants de l'emploi des jeunes au Cameroun » ; Bureau
international du Travail- Genève, Edition 2005 ; p.34.
23 Pour les démonstrations, voir GRAIS Bernard
; Méthodes Statistiques, P.322.
27
Ainsi, le graphique 1 présente la composition de
l'échantillon étudié dans le cadre du mémoire. Cet
échantillon révèle un taux de non-insertion relativement
élevé (56,3%) soit 656 jeunes non insérés. Ce qui
pourrait laisser présager des problèmes d'insertion auxquels font
face les jeunes.
Graphique 1 : Répartition des jeunes actifs
de la ville de Yaoundé suivant leur situation
d'activité
insérés 43,7%
non insérés 56,3%
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Afin de mieux comprendre le problème de l'emploi des
jeunes et d'analyser par là les différentes stratégies
adoptées pour les résoudre, il conviendrait d'accorder une
attention particulière à quelques variables susceptibles
d'expliquer leur situation d'activité.
SECTION 2 : Caractéristiques
socio-démographiques des jeunes actifs 2.1 Environnement
familial
L'environnement familial et les caractéristiques du
chef de ménage peuvent stimuler de façon positive ou
négative la participation d'un individu au marché du travail. En
plus, le comportement du chef de ménage, son niveau d'instruction, et
son activité peuvent influencer la participation du jeune de son
ménage au marché du travail. Les jeunes de la ville de
Yaoundé vivent dans des familles nombreuses ; on compte en moyenne 6
personnes par ménage. Le rapport de dépendance moyen
défini comme le rapport de la taille des ménages sur le nombre
total d'actifs occupés des ménages vaut 4,1. (cf. tableau 8 en
annexe 1). Cet indicateur, bien qu'il soit calculé sous
l'hypothèse selon laquelle toute personne sans emploi dans le
ménage est forcément à la charge du ménage d'une
part et d'autre part en considérant qu'une personne sans revenu n'est
prise en charge que par le membre du ménage qui a un revenu, permet
d'appréhender les conditions de vie des ménages. Sous
réserve des limites que présente le rapport de dépendance
moyen, les jeunes vivent dans des ménages où près de 4
personnes en moyenne seraient à la charge d'un actif occupé. Ce
qui laisse présager des conditions de vie difficiles.
28
Près de 77 % des chefs de ménage ont un niveau
d'instruction au moins égal à celui du secondaire.
Graphique 2 : Structure des chefs de
ménage selon leur niveau d'instruction
Supérieur 29%
Sans instruction 4%
Primaire 19%
Secondaire 48%
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Globalement, 23,2 % des jeunes sont chefs de ménage.
Ils sont en majorité (29,4%) fils ou filles de ces derniers (cf. tableau
9 en annexe 1). Les jeunes chefs de ménage sont en majorité les
célibataires (53,1%) et des mariés monogames (26%) (cf. tableau
10 en annexe 1).
Tableau 1 : Distribution des jeunes suivant la
situation d'activité, le sexe et lien de parenté avec le chef
de ménage
Lien de parenté avec le chef de
ménage
|
Insérés
|
Non insérés
|
Sexe de lindividu
|
|
Sexe de lindividu
|
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble (%)
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble (%)
|
Chef de ménage
|
136
|
25
|
35,4
|
56
|
41
|
14,8
|
conjoint
|
4
|
60
|
14
|
4
|
100
|
15,9
|
Fils/Fille
|
55
|
52
|
23,5
|
101
|
119
|
33,5
|
Neveux/Nièce
|
20
|
5
|
5,5
|
39
|
25
|
9,8
|
Frère/Soeur/cousin(e)
|
41
|
23
|
14,1
|
55
|
36
|
13,9
|
Petit fils/fille
|
2
|
3
|
1,1
|
-
|
8
|
2,7
|
Domestique
|
2
|
2
|
0,9
|
-
|
1
|
0,1
|
Autre
|
11
|
14
|
5,5
|
26
|
35
|
9,3
|
Total
|
271
|
184
|
100
|
291
|
365
|
100
|
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Cette vue globale masque les situations diverses qui peuvent
surgir. Plus précisément, alors que les jeunes non
insérés sont fortement dépendants (plus de 85%) des chefs
des ménages dans lesquels ils vivent, les jeunes insérés
quant à eux sont pour la plupart des chefs de ménages (35,4%) qui
subviennent aux multiples besoins de leurs ménages (tableau 1) .
Plus de la moitié (57,5%) des jeunes dépendent des
chefs de ménages qui ont un emploi. Ces chefs de ménages
travaillent beaucoup plus dans le secteur public (40%).
29
Graphique 3 : Répartition des jeunes
suivant le secteur d'activité du chef de ménage dans lequel ils
vivent
Privé formel Parapublic
26% 5%
Informel 29%
Public 40%
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Les difficultés auxquelles pourraient faire face les
jeunes les contraignent à rester plus longtemps dans le domicile
familial (surtout chez les jeunes non insérés) ou à se
marier de plus en plus tardivement. Ainsi, ils sont majoritairement
célibataires (plus de 76% pour les jeunes non insérés et
60,8 % pour les jeunes insérés) et se marient en moyenne à
partir de 30 ans chez les hommes et 28 ans chez les femmes (cf. tableaux 12 et
13 en annexe 1).
Après avoir présenté l'environnement
familial dans lequel les jeunes vivent, il est aussiimportant
d'examiner leur profil de formation. Le paragraphe suivant analyse leur niveau
d'instruction et leur profil de formation.
2.2 Niveau d'instruction et profil de formation
professionnelle des jeunes
La formation des jeunes est vue sous deux angles ; une formation
purement académique et une formation professionnelle.
L'examen du Graphique 4 permet d'affirmer que d'une
manière générale, les jeunes insérés et non
insérés ont presque le même bagage scolaire (les tests de
proportions présentés au tableau 14 en annexe 1 permettent de le
confirmer). Plus de 80 % des jeunes ont un niveau d'instruction au moins
égal au secondaire (cf. tableau 15 en annexe 1).
30
Graphique 4 : Distribution des jeunes suivant
leur niveau d'instruction et leur situation d'activité
40,0
60,0
50,0
30,0
20,0
10,0
0,0
Primaire Secondaire Secondaire
général technique
Supérieur
Insérés
Non insérés
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Plus de 93 % des jeunes auraient au moins un diplôme
équivalent au CEP et près de 24 %, un diplôme
supérieur ou égal au baccalauréat. Ainsi, les jeunes
possèdent des signaux qui devraient d'après la théorie du
filtre24 faciliter leur insertion professionnelle. Cependant, le
Graphique 5 montre que pour des niveaux d'instruction supérieurs au
secondaire second cycle, le taux de non-insertion25 croît avec
le diplôme. Ainsi, la non insertion toucherait beaucoup plus ceux qui ont
un niveau d'instruction élevé.
Graphique 5 : taux de non-insertion selon le
diplôme le plus élevé
Taux de non insertion (en °A, )
70,00
60,00
50,00
40,00
30,00
20,00
10,00
0,00
Source : EDIJ 2005, ISSEA
En plus de la formation de base ou académique,
seulement 48,4% des jeunes interrogés déclarent avoir suivi une
formation professionnelle. Parmi les jeunes non encore insérés,
seulement 45,3 % d'entre eux déclarent avoir suivi au moins une
formation professionnelle. Par
24 La théorie du filtre a été
présentée dans la première partie au chapitre 2
25 Le taux de non insertion est l'effectif des jeunes
non insérés rapporté à l'effectif des jeunes
faisant partie de la population active (ensemble insérés et non
insérés)
31
ailleurs, les jeunes non insérés qui ont suivi
exactement une formation professionnelle sont majoritaires (86,6%). Ce qui
montre que les jeunes, malgré leur potentiel intellectuel
élevé, semblent être moins polyvalents car ils suivent peu
de formations professionnelles.
Au regard des résultats du tableau 2, les domaines de
formation les plus ciblés par les jeunes de façon globale sont
l'informatique (25,8%), la coiffure (14,7%) et l'habillement (11 ,9%). Les
domaines de formation de prédilection des filles sont l'informatique
(29,3%), la coiffure (24,4%) et l'habillement (17,8%) tandis que les hommes
préfèrent se former en mécanique (23,5%), informatique
(21,2%) et électricité (11,2%).
Tableau 2 : Répartition des jeunes suivant
les domaines de formations professionnelles reçues
Domaine de formation
|
Sexe de l'individu
|
Ensemble (%)
|
Masculin
|
Féminin
|
Informatique (bureautique)
|
36
|
66
|
25,8
|
Habillement
|
7
|
40
|
11,9
|
Coiffure/esthétique
|
3
|
55
|
14,7
|
Enseignement
|
10
|
10
|
5,1
|
Electricité
|
19
|
5
|
6,1
|
Mécanique
|
40
|
1
|
10,4
|
Maçonnerie
|
15
|
0
|
3,8
|
Menuiserie
|
13
|
1
|
3,5
|
Restauration/hôtellerie
|
10
|
20
|
7,6
|
Technique quantitative de gestion
|
12
|
9
|
5,3
|
Médecine/santé
|
5
|
18
|
5,8
|
Total
|
170
|
225
|
100
|
Source : EDIJ 2005, ISSEA
SECTION 3 : Le marché du travail des jeunes
Les enquêtes ECAMI et ECAMII ont
révélé qu'au fil des années, la population active
des jeunes ne cesse d'être en perpétuelle croissance26
malgré la stagnation de la demande de travail27.
D'après le BIT, cette croissance serait le fait de la pression
démographique et de l'arrivée sur le marché du travail des
personnes précédemment découragées par la crise
économique. Ces dernières seraient encouragées par les
signes de la reprise de la croissance économique.
3.1 La situation d'activité des jeunes 3.1.1 La
non-insertion des jeunes
Les jeunes non insérés constituent plus de la
moitié (56,3%) de la population active jeune. La non insertion
toucherait davantage les jeunes femmes (64,7%) que les jeunes hommes
(48,5%).
26 Entre 1996 et 2001, près de 1 409 000
camerounais se sont ajoutés à la population active
âgée de 15 ans et plus, faisait passer le taux d'activité
de 68,3% à 71,3% (Source : OIT « Les statistiques sur l'emploi et
le marché du travail au Cameroun » ; Edition décembre 2004
p.11).
27 BIT « Caractéristiques et
déterminants de l'emploi des jeunes au Cameroun » ; Edition 2005 P.
28.
32
Tableau 3 : Taux de non insertion selon le sexe
et les classes d'âges des jeunes (en %)
Classes d'âge
|
Sexe de lindividu
|
Ensemble
|
Masculin
|
Féminin
|
15-19 ans
|
68,8
|
57,3
|
72,2
|
20-24 ans
|
26,8
|
28,5
|
61,3
|
24 - 29 ans
|
30,6
|
35,5
|
52,8
|
30 - 35 ans
|
41,4
|
47,0
|
42,0
|
Total
|
48,5
|
64,7
|
56,3
|
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Par rapport à l'âge, l'examen du tableau 3 permet
d'affirmer que le taux de non insertion serait une fonction décroissante
de l'âge. Ainsi, plus l'on est jeune moins on a les chances de
s'insérer. Ce qui est révélateur de la
vulnérabilité sur le marché du travail qui affecte de plus
en plus les jeunes. (cf. Graphique 6).
Graphique 6 : Vulnérabilité des
jeunes face à l'emploi selon les classes d'âge
Pourcentage(en %)
81,5
80,5
79,5
78,5
77,5
82
81
80
79
78
77
15- 19 ans 20-24 ans 25-29 ans 30-35 ans
Classes d'âge
Source : EDIJ 2005, ISSEA
La vulnérabilité est un indicateur qui permet de
mesurer le risque pour un jeune d'être non inséré. C'est le
rapport du nombre de personnes non insérées depuis moins d'un an
à la population active occupée28 , en d'autres termes,
c'est le pourcentage des jeunes devenus non insérés parmi les
actifs qui travaillaient un an plus tôt . Par ailleurs, cette
vulnérabilité pourrait être le fait du manque
d'expérience professionnelle dont seraient victimes les jeunes une fois
insérés.
Ces jeunes seraient sortis du système scolaire,
principalement par manque de moyens (Près de 60 %) (cf. tableau 20 en
annexe 1).
28 Cette définition est celle des auteurs
LONGATTE J., VANHOVE P. in Economie générale page 251.
33
Dans la ville de Yaoundé, la non insertion toucherait
davantage les primo demandeurs29 d'emploi qui
représenteraient 79,7% des jeunes non insérés contre 20,3%
des personnes ayant perdu précédemment leur emploi (cf. tableau
15 en annexe 1). L'âge moyen des jeunes en première insertion (26
ans) est supérieur à 24 ans. Leur formation s'est faite en
majorité dans les cycles d'enseignement général. La
moitié de ces jeunes auraient le niveau du secondaire
général, et 17 % le niveau de l'enseignement supérieur
général (contre seulement 4 % des jeunes ayant reçu une
formation supérieure technique) (cf. Graphique 7).
Graphique 7 : Répartition des primo
demandeurs d'emploi selon le niveau d'instruction
4%
17%
14%
15%
50%
Primaire
Secondaire général Secondaire technique
Supérieur général Supérieur technique
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Ces individus qui sont sortis du système scolaire sont
en majorité des jeunes de niveau secondaire et supérieur de
l'enseignement général et par conséquent, ils ne seraient
pas compétitifs sur le marché du travail du fait de leur manque
de formation professionnelle. Ce qui semble être similaire à la
situation des jeunes au Burkina Faso. L'étude menée par
Lachaud30 révèle qu'une partie importante des jeunes
demandeurs d'emplois du Burkina Faso en particulier et de l'Afrique
sub-saharienne seraient de plus en plus des diplômés du secondaire
et du supérieur général. Par contre, les
diplômés ayant reçu des formations techniques et
professionnelles du supérieur et du secondaire ont de plus en plus de
chances de s'insérer sur le marché du travail et à une
meilleure situation d'emploi [ECAM II- Rapport sur l'emploi].
Une fois sortis du système éducatif, les jeunes
s'inscrivent dans une longue file d'attente. La durée moyenne
d'attente31 pendant la période de référence
serait de 32 mois, soit environ 3 ans (2 ans et 8 mois plus
exactement)32. Elle est même supérieure à 5 ans
pour plus de 23 % des
29 Les primo demandeurs d'emploi sont les jeunes non
insérés qui ont effectué pour la première fois une
recherche active de l'emploi.
30 Il s'agit de l'étude sur la pauvreté,
la vulnérabilité et le marché du travail au Burkina Faso
menées en 1996.
31 La durée d'attente est la durée entre
la date de début de recherche d'un emploi et la date de
l'enquête.
32 Calculée sur la base des données
d'EDIJ présentées dans la première section
34
jeunes non insérés (cf. tableau 4). La
durée d'attente relativement longue pousserait d'autres jeunes encore
dans le système éducatif à prolonger la durée de
leurs études, ceci dans le but d'obtenir des diplômes plus
élevés, susceptibles de faciliter leur insertion
socioprofessionnelle.
Tableau 4 : Répartition des jeunes non
insérés selon la durée d'attente et l'accès
à la formation professionnelle
Durée
d'attente
|
Avoir reçu une ou plusieurs
formations professionnelles
|
Ensemble (en %)
|
oui
|
non
|
Momns d'un an
|
20
|
29
|
11,9
|
1 à 2 ans
|
22
|
89
|
26,9
|
2 à 3 ans
|
20
|
65
|
20,6
|
3 à 4 ans
|
12
|
27
|
9,5
|
4 à 5 ans
|
10
|
21
|
7,5
|
5 à 6 ans
|
9
|
27
|
8,7
|
6 à 7 ans
|
3
|
10
|
3,2
|
7 à 8 ans
|
5
|
10
|
3,6
|
8 à 9 ans
|
6
|
8
|
3,4
|
9 à 10 ans
|
1
|
3
|
1,0
|
10 à 11 ans
|
3
|
4
|
1,7
|
11 ans et plus
|
4
|
4
|
1,9
|
Total
|
115
|
297
|
100
|
Lecture : la différence entre les durées moyennes
des jeunes ayant suivi au moins une formation et ceux n'ayant suivi aucune
formation est significative (la significativité au seuil de 5% est de
0.000)
Source : EDIJ 2005, ISSEA
L'attente relativement longue des jeunes sans emploi pourrait
être imputée au faible développement de l'investissement
productif qui permettrait la création d'emplois décents
[Njiké Njikam Gilles Bertrand, Lontchi Tchoffo Marc Roland et Mwaffo
Fotzeu Violet, 2005 ; p.35].
Les jeunes occupant un emploi s'inscriraient dans de longues
files d'attente avant de s'insérer. En général, ils
resteraient entre 18 et 26 mois en attente avant de s'insérer. Les
délais d'insertion semblent relativement plus courts pour les jeunes qui
exercent dans le secteur public et parapublic (en moyenne 13 mois) (cf. tableau
22 en annexe 1). Ceci pourrait être dû aux conditions de
recrutement très sélectives imposées par la fonction
publique camerounaise. Ainsi, seuls les jeunes méritants auraient
accès à ce segment d'emploi.
Une fois insérés, ces jeunes occupent divers
statuts dans leurs emplois et sont sujets à diverses conditions
d'activités.
3.2 Conditions d'activités des jeunes
Plusieurs variables permettent d'appréhender les
conditions de travail des jeunes insérés : leurs revenus mensuels
issus de leurs activités, la satisfaction ou l'inadéquation de
leur emploi, le temps de travail, le statut dans les emplois qu'ils occupent,
et le secteur d'activité dans lequel ils exercent.
35
3.2.1 Secteur et branches d'activité des jeunes A)
Le secteur d'activité
Le secteur d'activité des jeunes est
caractérisé par deux secteurs inégalement repartis : le
secteur formel et le secteur informel.
a) Le secteur formel
Dans le secteur formel, on distingue le secteur public et
parapublic (administrations, entreprises publiques et parapubliques) et le
privé formel (entreprises privées). L'administration et les
entreprises publiques et parapubliques offrent des avantages relatifs aux
allocations familiales, aux congés payés et aux pensions
retraites. Mais du fait de la crise économique et les programmes
d'ajustement structurel, l'on a assisté à une réduction
des recrutements du personnel.
Comme le montre le graphique 8, seulement 19 % de jeunes
travaillent dans le secteur privé formel et 9 % dans le secteur public
et parapublic dont 8 % dans le public et 1 % dans le parapublic.
Graphique 8 : Répartition des jeunes par
secteur d'activité
Public 8%
Parapublic
1%
Privé formel 19%
Privé informel 72%
Source : EDIJ 2005, ISSEA
b) Le secteur privé informel
C'est le secteur informel qui est le principal secteur
d'emploi des jeunes. L'enquête EDIJ 2005 estime à 72,6 % le
pourcentage des jeunes travaillant dans des structures informelles. Les
structures du secteur informel sont caractérisées par la non
tenue d'une comptabilité détaillée.
36
B) Les branches d'activité
Les branches d'activité dans lesquelles les jeunes
insérés de la ville de Yaoundé sont le plus
représentés sont respectivement le commerce (45,6 %),
l'hôtellerie et la restauration (10,3 %), le transport (9,7 %) et
l'élevage, la pêche et la chasse (9,3 %), comme le montre le
graphique 9.
Le commerce, notamment le petit commerce se fait surtout dans le
secteur informel.
Graphique 9 : Répartition des jeunes par
branches d'activité
Proportion des jeunes inseres (en %)
45
40
25
20
50
35
30
15
10
5
0
45,6
10,3 7,4 9,7 9,3
8,5 5,8 2,1
1,2
Source : EDIJ 2005, ISSEA
3.2.2 Statut dans l'activité des jeunes
Les emplois à haute qualification de main-d'oeuvre sont
très peu confiés aux jeunes dans le secteur formel, seulement 6,8
% des jeunes qui exercent dans le secteur formel sont cadres supérieurs.
D'après le BIT, la principale raison avancée par les employeurs
est le manque d'expérience et le faible niveau de formation des jeunes.
Par ailleurs, les jeunes s'installent à leur propre compte, se livrant
ainsi aux activités précaires du secteur informel ; tandis que
d'autres deviennent des aides familiaux (cf. graphique 10).
37
Graphique 10 : Répartition des jeunes
insérés selon le statut dans l'emploi et le secteur
d'activité (%)
Manoeuvre
Apprenti
Aide familial
Compte propre
Employeur/Patnon
Cadre moyen/agent de mild se
Employe/ouvrier
Cadre
superieur/Ingenieur
60,0
50,0
40,0
30,0
20,0
10,0
0,0
Public et parapublic Privé formel Privé informel
Source : EDIJ 2005, ISSEA
En outre, il se pose chez les jeunes un problème de
sécurité sociale. Cette dernière se pose en terme
d'emplois protégés et non protégés33.
Mis à part le secteur public et parapublic, les droits aux allocations
familiales des jeunes sont partout ailleurs bafoués. Dans le secteur
privé formel, seulement 20 % des jeunes qui y exercent ont
déclaré percevoir des allocations familiales. Dans le secteur
informel, la presque totalité (plus de 93 %) de jeunes ont
déclaré ne pas avoir droit aux allocations familiales.
Concernant le salaire à l'embauche, il varie entre 41
290 francs CFA et 50 810 francs CFA. Il n'y a pas de discrimination de salaire
à l'embauche liée au sexe (cf. tableau 19 en annexe 1). A
diplôme ou qualification équivalent, le salaire moyen des hommes
à l'embauche (48.240 francs CFA) n'est pas significativement
différent de celui des femmes (42.450 francs CFA) (au seuil de 5%). A
l'embauche, 50 % des jeunes insérés ont un salaire
inférieur ou égal à 30 000 francs CFA. Ces salaires sont
très inégalement distribués. Plus de 68 % des jeunes
insérés ont un salaire à l'embauche inférieur ou
égal à la moyenne (46.050 francs CFA environ), ce qui
témoigne d'une forte concentration des salaires à l'embauche. Ces
salaires sont fortement liés au secteur d'activité. Ils sont
fortement élevés dans le secteur public et plus encore dans le
parapublic (cf. tableau 18 en annexe 1).
3.2.3 Revenu et sous-emploi des jeunes
D'après les estimations de l'Enquête sur la
Dynamique d'Insertion socioprofessionnelle des jeunes de la ville de
Yaoundé (EDIJ 2005), 23,6 % des jeunes en activité et
salariés auraient un
33 D'après la deuxième Enquête
Camerounaise Auprès des Ménages (ECAMII), Les employés
protégés sont des employés salariés qui ont droit
aux allocations familiales ; les employés non protégés
sont des employés salariés qui ne disposent pas d'allocations
familiales.
38
revenu mensuel inférieur à 23 514 francs
CFA34. Plus de la moitié des jeunes auraient un revenu
mensuel inférieur à 50 000 francs CFA (cf. graphique 11). Les
jeunes femmes bien qu'ayant au départ quasiment le même salaire
que les jeunes hommes (salaire à l'embauche), seraient sujettes à
une discrimination dans les revenus, toutes choses égales. Le revenu
moyen chez les jeunes hommes est de 98 570 francs CFA contre 50 060 francs CFA
(cf. tableau 20 en annexe 1).
Graphique 11 : Répartition des jeunes
insérés selon la tranche de revenu
40,0
35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
Proportion des jeunes inseres (%)
Momns de De 23500
|
De 50000
|
De
|
De
|
400000
|
23500 a 49999
|
a 99999
|
100000 a
|
200000 a
|
et plus
|
|
|
199999
|
399999
|
|
Tranche de revenu (en Fcfa)
23,6
33,7
22,9
15,7
2,4 1,7
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Les jeunes actifs occupés du secteur public et
parapublic sont les mieux rémunérés, car près de 33
% de ses emplois jeunes seraient rémunérés à plus
de 150 000 francs CFA , contre 11,3 % dans le secteur privé formel et
6,6 % dans le secteur informel. Ainsi, il apparaît que les secteurs
public et parapublic seraient ceux qui offriraient des salaires à
l'embauche les plus élevés et qui rémunéreraient le
mieux les jeunes. D'autre part, ils constituent une meilleure garantie en
termes de sécurité sociale35. Le secteur informel
confirme sa place de secteur le moins rémunérateur, plus de 75 %
des jeunes du secteur informel auraient un revenu inférieur à 60
000 francs CFA.
Par rapport à l'évolution des revenus,
près de 45 % de jeunes déclarent inchangés leurs revenus
au cours de l'année précédant l'enquête (2004-2005),
33,8 % affirment qu'ils ont augmenté, et pour 21,7 %, ils sont en
baisse.
En plus, 52,7 % de jeunes se déclarent insatisfaits de
leur emploi (principal) ; et avancent comme principale raison la faiblesse des
revenus (près de 60 % des cas) et les conditions de travail (10,4 % des
cas). En plus, 56,5 % de jeunes jugent leur qualification en déphasage
avec leur emploi. Cette situation peut paraître moins surprenante dans la
mesure où il apparaît que plus de 54 % des structures seraient
informelles puisque ne tenant pas de comptabilité
détaillée (55,5%) et n'ayant pas de numéro de contribuable
(52 %).
34 Cette valeur représente le SMIC (Salaire
Minimum Interprofessionnel de Croissance) au Cameroun
35 D'après le BIT, la notion de «
sécurité sociale » est définie comme la protection
que la société accorde à ses membres, grâce à
une série de mesures publiques en raison de la survenance d'un risque
dit social.
Exemple : les allocations familiales.
39
D'après l'Enquête ECAMII, le taux36 de
sous-emploi des jeunes au Cameroun est estimé à 52,8%.Cependant,
elle précise que le sous-emploi en milieu urbain est plus faible qu'en
milieu rural. Cet état de fait pourrait s'expliquer par le fait que la
plupart des jeunes exercent dans le secteur informel où les horaires de
travail ne sont pas réglementés37. Des estimations de
l'enquête EDIJ 2005, il ressort que le nombre moyen de jours
consacrés par semaine par les jeunes actifs occupés à
l'emploi principal serait de 5,36 jours ; ces jeunes y consacrent aussi plus
d'heures en moyenne par semaine (42,26 heures) qu'ils ne devraient (35
heures)38, 61,4% des jeunes occupés déclarent avoir
plus de 35 heures de travail par semaine comme le montre le tableau 5.
Tableau 5 : Répartition des jeunes
insérés selon le nombre d'heures de travail par
semaine
Nombre d'heures de travail hebdomadaire
|
Pourcentage (%)
|
Momns de 20 heures
|
25,8
|
De 20 heures à 24 heures
|
5,4
|
De 25 heures à 29 heures
|
2,5
|
De 30 heures à 34 heures
|
5,0
|
De 35 heures à 39 heures
|
29,3
|
Plus de 40 heures
|
32
|
Total
|
100
|
N= 483
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Bien qu'insérés, 21,5 % de ces jeunes cherchent
encore un emploi, principalement (dans 78 % cas) pour améliorer leurs
conditions de vie, ou pour une nouvelle insertion.
Par ailleurs, le taux de pluri-activité
s'élève à 15 %. La pluri-activité est souvent
considérée comme une stratégie des individus pour
accroître leur revenu et compenser leur chute en période de
récession [STATECO N°99 2005 P. 52]. Selon le statut dans l'emploi,
9,1 % de jeunes pluriactifs sont des cadres moyens ou supérieurs, 13 %
des patrons ou employeurs, et 18,2 % des personnes travaillant à leur
propre compte (cf. tableau 24 en annexe 1). En plus, près de 3 sur 4
jeunes pluri-actifs travaillent dans le secteur informel (72,6 %).
L'étude descriptive de la situation d'activité a
permis de relever que les jeunes sortis du système éducatif
éprouvent d'énormes difficultés pour s'insérer.
Ceux qui réussissent à décrocher un emploi, sont
vulnérables et s'insèrent en majorité (72%) dans le
secteur informel où leurs volumes horaires de travail dépassent
les volumes normaux de travail (35 heures). Malgré la file d'attente
relativement longue (environ 3 ans) que font les jeunes pour s'insérer,
quelles sont les
36 D'après le manuel de conception et de
définition de l'enquête ECAMII, le taux de sous emploi est
définie comme le rapport du nombre de personnes travaillant
involontairement moins de 35 heures de travail par semaine sur le nombre de
personnes actives occupées.
37 La législation n'a pas encore prévu
une réglementation pour la plupart des activités du secteur
informel.
38 La législation a fixé le nombre
d'heures hebdomadaires de travail à 35 heures
40
stratégies adoptées par ces derniers pour faciliter
leur insertion ? Usent-ils encore des voies objectives pour s'insérer ?
Telles sont les préoccupations qui feront l'objet du chapitre
suivant.
41
CHAPITRE 5 : ANALYSE DES STRATEGIES D'INSERTION
DES JEUNES ET LES RECOMMANDATIONS
Le chapitre 4 a permis de faire remarquer que la situation
d'activité des jeunes est fortement caractérisée par
l'inégale répartition de ces derniers dans les secteurs public,
parapublic, privé formel et informel. Le secteur informel serait devenu
actuellement l'expression de nouvelles stratégies d'insertion
professionnelle des jeunes dans la ville de Yaoundé. Il importe à
présent d'appréhender les différents canaux les plus
usités par les jeunes pour s'insérer et de mesurer l'effet de
l'emploi des différentes voies utilisées dans la quête de
l'emploi dans le secteur formel.
SECTION 1 : Stratégies d'insertion adoptées
par les jeunes 1.1 Les canaux d'insertion des jeunes
Autrefois, la stratégie d'insertion
adoptée par les jeunes était classique. Ces derniers faisaient
initialement leur quête par voie de concours officiel ou directement
auprès des employeurs39 . Sur le plan national, ce mode
d'insertion semble encore d'actualité d'après les
résultats de la deuxième Enquête Camerounaise Auprès
des Ménages effectuée en 2001. D'après cette source de
données, plus de la moitié (53,5 %) des jeunes chômeurs
cherchent du travail directement auprès des employeurs.
a) Les jeunes non insérés
Pour le cas spécifique de la ville de Yaoundé,
les procédures officielles seraient contournées par les jeunes
non insérés. La mobilisation des réseaux de
solidarité familiale semble être l'option
privilégiée des jeunes non insérés dans leur
recherche d'emploi (cf. Graphique 12), la prospection directe auprès des
employeurs concerne seulement moins d'un tiers de la population des jeunes non
insérés.
42
39 Source : INS, « ECAM II : Emploi et lutte
contre la pauvreté au Cameroun », Yaoundé, 2003
Graphique 12 : Répartition des
primo-demandeurs et des jeunes ayant perdu leur emploi précédent
suivant le canal de recherche du travail
Directement aupres des employeurs
|
Parents/relations
|
FNE
|
Bureau de la main d'oeuvre
|
Agence de placement prive
|
Concours/selection
|
Auto-emploi
|
Recrutement de l'Etat
|
A u tre
|
Perte du précédent Première insertion
Ensemble
Proportion(en %)
40,0
60,0
50,0
30,0
20,0
10,0
0,0
Source : EDIJ 2005, ISSEA
L'utilisation massive des relations amicales ou familiales
serait la principale conséquence de l'asymétrie de l'information
présente sur le marché du travail camerounais car les jeunes
jugent que c'est en passant par les parents et les connaissances que l'on est
plus sûr d'avoir la bonne information. Cet aléa moral
s'expliquerait par la méconnaissance des agences de placement d'une part
et d'un manque de confiance envers les agences de promotion de l'emploi d'autre
part. On remarque la faible fréquentation des agences de promotion de
l'emploi. Seulement 3,4 % des jeunes non insérés
interrogés déclarent avoir fait leur quête par le canal du
FNE qui est la principale agence publique de promotion de l'emploi. Enfin, on
note que la proportion des jeunes non insérés qui
fréquentent les agences de promotion de l'emploi est presque la
même (3,6 % pour le Bureau de la main d'oeuvre et 3,3 % pour l'agence de
placement privée).
b) Les jeunes insérés
Le Graphique 13 illustre en proportion, l'importance des
différents canaux d'insertion des jeunes. Pour obtenir leurs emplois, le
canal le plus utilisé reste celui des parents et relations : 47,6 % des
jeunes insérés l'ont utilisé ; suit ensuite l'auto-emploi
(à hauteur de 20,3 %) et le recrutement direct auprès des
employeurs (15,7 %). On remarque que les possibilités offertes par
43
les structures formelles sont insuffisantes ; elles sont
reparties ainsi qu'il suit : concours (10 %), recrutements d'Etat (2,8 %),
bureaux de main d'oeuvre (0,5 %). Cependant, près de 30 % des jeunes
seulement connaissent les stratégies nationales d'insertion, parmi
lesquels 61 % les trouvent inefficaces.
Graphique 13 : Canaux d'insertion des jeunes
insérés
47,6
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
20,3
|
15,7
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
10,0
|
|
|
|
0,5
|
3,1
|
|
|
2,8
|
|
|
|
|
|
|
50,0
45,0
40,0
35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
Proportion (en %)
5,0
0,0
Concours/selection
Directement aupres des employeurs
Auto-emploi
Parents/relations
Agence de placement prive
Recrutement de l'Etat
Bureau de la main d'oeuvre
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Ainsi, avec le gel des recrutements et les conditions
sélectives des divers concours, la planche de salut résiderait
dans l'auto-emploi. Par ce canal, le secteur informel est alors devenu le
secteur d'activité qui emploierait le plus de jeunes (72%). En outre,
les voies subjectives d'insertion sont de plus en plus utilisées ; ce
qui pourrait favoriser la corruption, le tribalisme et le favoritisme dont la
lutte est d'actualité.
Après avoir exploré les voies usitées par
les jeunes dans leur quête de l'emploi, il serait intéressant
d'examiner les éléments qui pourraient influencer leur
décision de participation au marché du travail.
1.2 Les facteurs explicatifs de l'insertion professionnelle
des jeunes
Il s'agit dans ce paragraphe de mettre en évidence les
facteurs explicatifs de l'insertion des jeunes. Ces facteurs seront
appréhendés par le modèle Logit dont la formulation est
présentée dans l'encadré 2. Pour ce faire, l'estimation du
modèle nécessite le choix des variables d'analyse.
44
a) Les variables utilisées
Les analyses précédentes faites à partir
des méthodes simples de tabulation peuvent contribuer à mieux
identifier les variables qui pourraient avoir une influence sur l'accès
à l'emploi des jeunes. La décision de participation au
marché du travail tient aux considérations tant individuelles
qu'environnementales. Les variables retenues pour expliquer l'insertion des
jeunes dans le marché du travail découlent des théories
présentées au chapitre 2. Elles sont de plusieurs
catégories et tiennent à la fois aux considérations tant
individuelles qu'environnementales à savoir :
9 le genre qui s'est révélé être un
élément discriminant dans l'insertion des jeunes ;
9 l'âge et l'âge au carré qui sont des
variables généralement utilisées pour appréhender
le potentiel lié à l'expérience de
l'individu40;
9 le niveau d'instruction et les qualifications professionnelles
de l'individu ;
9 la taille du ménage car l'environnement de l'individu
est un facteur qui peut stimuler la participation de l'individu au
marché du travail ;
9 les variables relatives aux caractéristiques du chef
de ménage car le comportement du chef de ménage et son secteur
d'activité (secteur public, secteur privé formel et le secteur
informel) sont susceptibles d'influer l'insertion socioprofessionnelle des
jeunes ;
9 le coût d'opportunité qui, d'après la
théorie de la recherche de l'emploi41 est
considéré comme le salaire de réserve ou le coût du
chômage.
b) Détermination du coût
d'opportunité
Le salaire de réserve ou le coût du chômage
dépend de la distribution des salaires dans l'économie, du
degré de stabilité des emplois proposés et de l'impatience
de chaque demandeur d'emploi et de plusieurs facteurs inhérents au
chercheur d'emploi. Les données qui ont été
exploitées n'ont pas permis de capter de façon directe le montant
auquel les chercheurs d'emploi seraient prêts à accepter un emploi
qu'il soit du secteur formel ou informel. Ainsi, pour contourner ce fait, il a
été fait l'hypothèse selon laquelle les revenus issus de
l'activité principale des jeunes occupés sont les revenus que les
demandeurs d'emploi escomptent afin de décider de leur participation au
marché de l'emploi. Pour ce faire, il serait nécessaire de
procéder à l'identification des éléments qui ont un
impact significatif sur le revenu des jeunes. Ainsi, les études
similaires faites par le BIT dans le cadre de l'analyse des
caractéristiques et des déterminants de l'emploi des jeunes au
Cameroun et les analyses descriptives précédemment
40 Source : LACHAUD, J-P, « Salaire d'efficience,
vulnérabilité du travail et chômage urbain au Burkina-Faso
», Centre d'Economie du Développement (Université
Montesquieu Bordeaux IV), 1997.
41 La théorie de la recherche de l'emploi est
présentée au chapitre 2
45
effectuées ont permis de relever les
éléments qui pourraient avoir un impact sur le revenu des jeunes.
Ces variables sont relatives au capital humain (formation professionnelle,
âge au carré) à la démographie (sexe et âge de
l'individu) et à l'environnement familial de l'individu.
Tableau 6 : Equation du revenu issu de l'emploi
des jeunes avec correction du biais de sélection
Variable dépendante
|
Logrevenu
|
Variables explicatives
|
|
Coefficient
|
t
|
Significativité
|
Constante
|
2,35046588
|
6,89647277
|
0,00***
|
Capital humain
|
|
A reçu une formation professionnelle ou non
|
0,15910609
|
2,57970653
|
0,01***
|
Age au carré
|
0,0049823
|
1,81855986
|
0,07*
|
Environnement familial
|
|
Vie en union42
|
-0,16445193
|
-2,4749479
|
0,01**
|
Taille du ménage
|
0,02584952
|
2,23101367
|
0,03**
|
Démographie
|
|
Age de l'individu
|
-0,0548112
|
-3,29528952
|
0,001***
|
Sexe de l'individu43
|
0,20752836
|
2,43069695
|
0,02**
|
Inverse du ratio de Mill
|
-0,7435785
|
-3,05236437
|
0,01***
|
R2
|
0,240
|
R2- ajusté
|
0,195
|
F
|
12,445***
|
N
|
400
|
Durbin-Watson
|
2,045
|
t représente la statistique de student
* indique la significativité au seuil de 10% ** indique la
significativité au seuil de 5% *** indique la significativité au
seuil de 1%
Source : Nos calculs à partir des
données de l'EDIJ 2005, ISSEA.
Malgré le faible pouvoir explicatif du modèle de
l'équation des revenus (24%), il est cependant globalement très
significatif (au seuil de 1%). Cette faiblesse du pouvoir explicatif des
modèles de détermination des revenus contrairement à celle
des pays développés est caractéristique des pays de
l'Afrique sub-saharienne [Lachaud ,1996].
Le fait d'avoir reçu une formation professionnelle
augmenterait le logarithme du revenu des jeunes de 15,91% toutes choses
égales par ailleurs. En plus, l'expérience sur le marché
du travail appréhendée par l'âge au carré bien
qu'étant significative à 10 % contribuerait à augmenter le
revenu des jeunes.
Bien plus, les variables liées à l'environnement
familial ont une influence significative sur la détermination des
revenus. La vie en union des jeunes aurait un impact négatif sur
l'évolution de leur revenu. Ceci peut être dû au fait que
nombre de femmes sont parfois amenées à
42 La variable << Vie en union » est une
variable muette qui prend la valeur 1 lorsque l'individu est marié et 0
sinon
43 La variable << sexe de l'individu »
(resp. << A reçu une formation professionnelle ou non ») est
une variable muette qui prend la valeur 1 si l'individu est un homme et 0 sinon
(resp. 1 si l'individu possède une formation professionnelle et 0
sinon)
46
abandonner leurs activités une fois mariées pour
des raisons de maternité. Bien qu'il soit aussi plausible de penser que
l'augmentation de la taille du ménage serait une conséquence de
l'accroissement des revenus, la taille du ménage a une influence
positive sur le revenu. En effet, dans le contexte particulier des pays en voie
de développement, les ménages de taille élevée sont
généralement des ménages pauvres. Ainsi, les jeunes de ces
ménages seraient amenés à exercer des activités
rémunératrices afin d'augmenter leurs revenus. Le sexe est un
élément discriminant du revenu des jeunes. La différence
de revenus des jeunes hommes et des jeunes femmes est significative ce qui
confirme ce qu'ont révélé les analyses descriptives
précédemment effectuées.
c) Les résultats du modèle
Après avoir déterminé l'équation
de détermination du revenu des jeunes dans l'objectif d'estimer le
coût d'opportunité de l'emploi ou le coût du chômage,
il s'agit actuellement de mettre en évidence les éléments
qui influent sur l'accès à l'emploi des jeunes.
Le modèle obtenu est globalement significatif (le
Khi-deux de valeur 120,1185 est significatif au seuil de 1%) et le pourcentage
correct (71,6%) signifie que le modèle est vrai dans 71,6 % des cas. En
d'autres termes, si un jeune présente les caractéristiques
énumérées dans le modèle, il fera partie du groupe
des insérés dans 71,6% des cas.
47
Tableau 7 : Résultat du modèle
économétrique44 de l'accès
à l'emploi des jeunes
Variables
|
Coefficient
|
E.S
|
ddl
|
Significativité
|
Effet marginal
|
Constante
|
-7,3991432
|
2,70952485
|
1
|
0,006***
|
|
Environnement familial
Existence d'enfants de moins de 14 ans
|
Oui
|
0,55119767
|
0,24087134
|
1
|
0,022**
|
1,73533012
|
Non
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
Etre chef de ménage
|
Oui
|
-0,60477275
|
0,27355603
|
1
|
0,027**
|
1,54619854
|
Non
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
Etre fils ou fille du chef de ménage
|
Oui
|
-0,41375368
|
0,24528662
|
1
|
0,09*
|
0,66116379
|
Non
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
Nombre d'actifs occupés dans le
ménage
|
0,48304697
|
0,09025223
|
1
|
0.000***
|
1,62100605
|
Capital humain
Niveaux d'instruction 5
|
Supérieur
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
Primaire
|
0,15131492
|
0,38373737
|
1
|
0,693
|
1,16336297
|
Secondaire général 1er cycle
|
0,49246865
|
0,35848803
|
1
|
0,169
|
1,63635082
|
Secondaire général 2e cycle
|
-0,28541113
|
0,36963997
|
1
|
0,44
|
0,75170514
|
Secondaire technique 1er cycle
|
0,52025049
|
0,40966261
|
1
|
0,204
|
1,68244903
|
Secondaire technique 2e cycle
|
0,59126181
|
0,45765238
|
1
|
0,196
|
1,80626614
|
Age au carré
|
-0,00720458
|
0,00413823
|
1
|
0,082*
|
0,99282132
|
Qualification technique ou professionnelle
|
|
|
|
|
|
Oui
|
0,47154879
|
0,22547223
|
1
|
0,003***
|
1,69873221
|
Non
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
Démographie
Sexe de l'individu
|
Femme
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
Homme
|
1,02779534
|
0,20011848
|
1
|
0,000***
|
2,79489723
|
Age de l'individu
|
0,41594565 0,2093744 1 0,047** 1,51580348
liées au chef de ménage ou du
parent
3
|
Caractéristiques
Secteur d'activité
|
Informel
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
m.r
|
Public
|
0,59711625
|
0,23881976
|
1
|
0,012**
|
0,55039655
|
Parapublic
|
0,95487652
|
0,44131791
|
1
|
0,030**
|
0,38485967
|
Privé formel
|
0,87725161
|
0,25806889
|
1
|
0,000***
|
0,41592446
|
|
Coût d'opportunité de l'emploi
|
0,22275325
|
0,17064766
|
1
|
0,192
|
1,24951222
|
Khi-deux = 120,1185***
Cas bien classés= 71,6 %
N=1085
m.r : modalité de référence, E.S : Erreur
Standard, ddl : nombre de degré de liberté.
*indique la significativité au seuil de 10 % ** indique
la significativité au seuil de 5% *** indique la significativité
au seuil de 1% Source : Nos calculs à partir des
données de l'EDIJ 2005, ISSEA.
44 Il s'agit d'un modèle dichotomique
(Inséré ou non inséré)
48
Il ressort de l'estimation du modèle que les variables
relatives au niveau d'instruction ne sont pas significatives. Ainsi, ces
variables ne seraient pas les principaux déterminants de l'insertion
chez les jeunes. Ce constat pourrait s'expliquer par le fait que les jeunes
ayant eu une instruction sont en général sans expérience
sur le marché du travail ce qui rendrait difficile leur accès
à un emploi décent. Par contre, les variables liées
à l'environnement familial, à la démographie et aux
secteurs d'activité du chef de ménage sont fortement
significatives dans l'explication de l'accès à l'emploi des
jeunes.
Les jeunes qui vivent dans des ménages qui contiennent
des enfants de moins de 14 ans (78,4 %) ont une probabilité de
participer au marché du travail 1,73 fois plus importante que ceux qui
vivent dans des ménages qui n'en contiennent pas.
Environ 23,2 % des jeunes sont des chefs de ménage. Ils
ont, toutes choses égales par ailleurs 1,55 fois plus de chances de
participer au marché du travail que ceux qui n'ont pas de charges
familiales.
Par ailleurs, la variable « être fils ou fille du
chef de ménage » a un coefficient négatif. Ceux-ci vivent de
plus en plus longtemps dans la sphère familiale, et
bénéficient de ce fait du soutien financier des parents pour
subvenir à leurs besoins.
Le nombre d'actifs occupés présents dans le
ménage est significatif au seuil de 1% avec un coefficient positif.
Ainsi, les actifs occupés exercent une influence psychologique sur les
actifs non occupés notamment à travers une certaine
capacité à acquérir des biens. Le jeune qui cohabite avec
au moins un actif occupé a 1,62 fois plus de chances d'être
inséré que celui qui vit dans des ménages qui ne disposent
pas d'actifs occupés toutes choses égales par ailleurs. Ces
personnes occupées exercent dans la plupart des cas dans le secteur
informel et ils développent des activités qui sont tenues par
leurs proches.
Comme il a été signalé dans l'analyse
descriptive, le sexe est un élément discriminateur dans
l'explication de l'insertion des jeunes. Les jeunes hommes ont 2,79 fois plus
de chances de s'insérer que les jeunes femmes.
La variable âge est significative au seuil de 5 % avec
un coefficient positif. Ainsi, plus l'on est jeune moins l'on a les chances de
s'insérer. Ce qui poserait la problématique de l'insertion des
jeunes. En outre, le signe négatif de l'âge au carré
indique que l'impact négatif de l'ancienneté diminue
graduellement avec l'âge des jeunes. Ainsi, les jeunes devraient en
principe avoir une longue expérience sur le marché du travail
avant d'accéder à un emploi.
L'accès des jeunes à l'emploi est fortement
influencé par le secteur d'activité du chef de ménage. De
manière générale, les jeunes qui vivent dans les
ménages où le chef travaille ont beaucoup plus de chances de
participer au marché du travail. L'examen du tableau 7 montre que les
variables relatives au secteur d'activité du chef de ménage sont
toutes significatives et
49
positives. Les jeunes dont le chef de ménage travaille
dans le secteur formel (public et privé) ont moins de chances de
s'insérer que ceux dont le chef de ménage travaille dans
l'informel. En effet, cette affirmation peut être relativisée.
Contrairement aux jeunes issus des familles dont le chef est un travailleur du
secteur formel qui ont une forte propension à exercer dans les segments
protégés de l'emploi, les jeunes qui vivent dans des
ménages dont le chef est un travailleur du secteur informel se dirigent
dans l'informel. En plus, près de 91% des jeunes qui exercent dans le
secteur public sont issus des ménages dont le chef travaille dans le
secteur public ou privé formels (cf. tableau 26 en annexe 1). Les
stratégies d'insertion ont montré que les jeunes s'appuieraient
prioritairement sur les relations familiales pour s'insérer. Ce qui
aurait pour conséquence de conférer un avantage aux jeunes issus
des ménages dans lesquels le chef travaille dans le secteur formel.
Une des raisons que l'on peut avancer pour expliquer
l'insertion des jeunes sur le marché du travail concerne les
prétentions salariales. Le choix de cette variable est guidé par
la théorie de la recherche de l'emploi selon laquelle les chercheurs
d'emploi décident de leur participation au marché du travail
suivant leurs prétentions salariales. Le modèle estimé
montre que la variable relative au coût d'opportunité n'est pas
significative. Tout se passe comme si à défaut de trouver un
emploi correspondant à leur profil, et à leur niveau de
formation, les jeunes de la ville de Yaoundé n'ont plus d'autre
alternative que de choisir le premier emploi qui se présente à
eux quelle que soit la qualité et la nature de cet emploi. Les jeunes
sont de moins en moins regardants quant à la qualité des emplois
qu'ils exercent. D'où l'entrée massive des jeunes dans les
segments d'emplois précaires.
Somme toute, les chances pour les jeunes d'entrer dans la vie
professionnelle dans la ville de Yaoundé sont liées aux
caractéristiques démographiques et socio-économiques du
jeune et à la conjoncture économique traversée.
Résoudre le problème de l'emploi des jeunes passerait par
l'amélioration des actions ciblées sur ces variables.
Encadré 2 : Le modèle dichotomique de
participation au marché du travail.
La formulation du modèle de participation au
marché du travail se fait selon la structure à choix discret
où l'individu i choisit de participer au marché du travail (Yi =
1) ou non (Yi = 0). Le modèle se présente sous la forme
générale d'un modèle Logit : Yi = â0 + â1 *Xi
+ â2 * Fi + åi ou encore P (Yi=1) = F (âiWi) Où :
- Xi est un vecteur de caractéristiques individuelles
comprenant les variables visant à capturer le potentiel de
productivité ;
|
50
- Fi est un vecteur de caractéristiques familiales
influençant les décisions de participation,
- â k, k= 0, 1,2 est un vecteur de paramètres
à estimer,
- å i est le terme d'erreur qui suit la loi normale,
- P (Yi=1) est la probabilité d'un jeune actif à
s'insérer dans le monde du travail,
- F est la fonction de répartition de la loi logistique (
F x
( ) =
|
1 1 exp( )
+ - x
|
),
|
- Wi est le vecteur de caractéristiques liées
à l'environnement familial, au capital humain et à la
conjoncture
économique influençant la décision de
participation au marché du travail.
Les valeurs numériques des estimations n'ont pas
d'interprétation économique directe, en raison du problème
de la normalisation de la variance résiduelle. Ainsi, la seule
information directe réellement utilisable est le signe des
paramètres indiquant si la variable associée influence à
la hausse ou à la baisse la probabilité de
l'évènement considéré. Toutefois, on peut en effet
calculer les effets marginaux : les effets marginaux mesurent la
sensibilité de la probabilité de l'évènement Yi = 1
par rapport à des variations dans les variables explicatives.
Le salaire de réserve qui, selon la théorie du
Job search est une variable qui influe sur la décision de participation
du marché du travail n'a pas été appréhendé
pour les individus non insérés. Afin de l'inclure dans le
modèle de participation au marché du travail, l'estimation de
l'équation de revenu s'est avérée nécessaire. Les
coefficients de cette équation peuvent être biaisés car les
individus insérés sur lesquels la régression s'est
effectuée ne constituent pas un échantillon aléatoire. La
correction du biais de sélection s'est réalisée en
introduisant dans l'équation du revenu une variable explicative
supplémentaire appelée l'inverse du ratio de Mill. Si l'on
désigne par ë
l'inverse du ratio de Mill, alors, il s'exprime par la relation :
( )
ö â X
ë = . Où Ö(.) est la fonction de
répartition de
Ö ( X)
â
la loi normale centrée et réduite et
ö(.) sa fonction de densité de probabilité. On
obtient alors l'équation du revenu qui peut s'écrire : Ln
( Ri) = â ' Xi +øiëi
+ åi où E (åi Vi = 0 ) = 0
et Ln ( Ri) correspond au logarithme des
revenus provenant de l'emploi principal, Xi est un vecteur de
variables susceptibles d'influencer les revenus issus de l'emploi principal et
åi qui suit une loi normale N(0,ó ).
Source : C. Hurlain ; Polycopié de cours
d'Econométrie des variables Qualitatives ; Janvier 2003.
SECTION 2 : Les recommandations
2.1 Les actions de l'Etat en faveur de l'insertion des
jeunes
Afin de trouver une solution aux problèmes d'insertion
socio-professionnelle en général et ceux des jeunes en
particulier, nombre d'actions sont menées par le gouvernement
camerounais. Ces actions concernent la création d'un département
ministériel et de quelques institutions de promotion de l'emploi (FNE,
l'Observatoire National de l'Emploi et de la Formation Professionnelle), la
mise en place des premières organisations des états
généraux de l'emploi et de la formation professionnelle par le
ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle.
51
> L'Etat a procédé ces dernières
années à des recrutements dans les armées,
l'éducation de base, les enseignements secondaires, sans oublier la
ressource nécessaire donnée aux structures de promotion de
l'emploi comme le FNE.
> Le FNE45 a pour sa part mis un dispositif qui
consiste à accueillir les jeunes, à les orienter suivant leur
bilan professionnel, à leur apporter des mesures dans le but de mieux
les aider à s'insérer dans la vie professionnelle. Ces mesures
visent à créer une passerelle entre le système de
formation et le milieu professionnel.
Malgré les initiatives du gouvernement camerounais en
faveur de l'insertion des jeunes, il ressort des résultats des analyses
précédemment effectuées que le canal du FNE est encore
très peu usité par les jeunes. Il en est de même pour les
autres agences de promotion de l'emploi. Ainsi, un effort de sensibilisation
devrait être fait. Les relations amicales ou familiales sont devenues le
canal le plus utilisé par les jeunes chercheurs d'emploi. Cette voie
subjective de recherche d'emploi peut être source de nombreux maux tels
que l'asymétrie des chances des jeunes dans leur prospection, le
découragement de ceux qui n'ont pas de relations pouvant les aider
à s'insérer, le tribalisme, et dans une certaine mesure la
corruption.
L'estimation économétrique sur la
décision de participation des jeunes sur le marché de l'emploi a
montré que l'environnement familial a une influence significative sur
l'insertion des jeunes. Améliorer les conditions de vie des
ménages par le fruit de la reprise économique que connaît
le Cameroun depuis 1997 serait un atout.
Il se pose aussi chez le jeune un problème de
précarité dans l'emploi. Le secteur informel est devenu
l'expression de nouvelles stratégies d'insertion des jeunes dans la
ville de Yaoundé. Cet état de fait serait dû pour partie
à l'inadéquation entre les structures de formation et les
structures de production. Sur ce, le secteur informel devrait être
formalisé par la mise en place d'un contrat avec l'Etat camerounais dans
l'objectif de prôner la concertation, la transparence et
l'efficacité [STATECO, N°99, 2005].
En outre, il existe très peu d'opérations
d'enquête portant sur l'emploi en général et des jeunes en
particulier. Des études en matière d'emploi devraient se
multiplier afin de permettre aux jeunes de dénicher les secteurs
à exploiter.
Les programmes scolaires et professionnels accordent plus de
place à la formation théorique au détriment de la
formation pratique. Ces programmes devraient préparer les jeunes
à envisager l'éventualité de se mettre à leur
propre compte, en orientant un peu plus le cursus vers la formation
professionnelle. En plus, le système dual favorise par nature
l'insertion professionnelle des jeunes car il permet à
l'élève de se muer progressivement et naturellement en
employé
45 Le bilan des appuis en faveur des jeunes par le FNE
est présenté en annexe
52
qualifié. Le jeune aura aussi l'avantage de
développer les relations avec ses futurs employeurs. Par ailleurs, c'est
le système dual qui explique en partie le faible taux de chômage
des jeunes [Jacques Gaude, 1997]. Ainsi, la promotion de la formation par
alternance (école-entreprise) permettra d'accroître
l'expérience des jeunes exigée des employeurs, ce qui permettra
aux jeunes de s'insérer dans de meilleures conditions. D'où la
nécessité d'encourager les investissements. Enfin, aider les
jeunes à s'insérer passerait aussi par une coopération
entre les entreprises, les partenaires sociaux et l'Etat. L'Etat camerounais
doit inciter les entreprises à employer plus de jeunes par des
dispositions fiscales. Il devra faire de la création des emplois une
condition de sélection des projets.
2.2 Les actions des jeunes en faveur de leur insertion
L'équation de l'accès à l'emploi des
jeunes a montré que ces derniers ont un manque d'expérience
professionnelle. Ce qui handicape leur insertion professionnelle surtout dans
les emplois protégés des secteurs public et privé. Les
analyses descriptives ont montré que plus de la moitié des jeunes
non insérés ont déclaré qu'ils n'avaient pas de
formation professionnelle. Par ailleurs, une forte proportion (82 %) des
primo-demandeurs d'emploi a une formation initiale de l'enseignement secondaire
et supérieur général d'où leur manque de
compétences professionnelles. Ce qui contribue à les rendre moins
compétitifs sur le marché de l'emploi et les conduit vers les
emplois précaires du secteur informel.
De ce fait, les jeunes favoriseraient leur insertion dans la vie
professionnelle en ayant une formation initiale de l'enseignement technique et
/ou une formation professionnelle.
En plus, après les relations familiales, l'auto-emploi
est le canal d'insertion le plus utilisé. Ce qui devrait être
encouragé par l'octroi des crédits plus souples aux jeunes et par
la baisse de la pression fiscale. En matière d'auto-emploi dans la ville
de Yaoundé, les filières techniques sont les plus
indiquées et concernent les technologies de l'information et de la
communication, l'habillement, la coiffure, la mécanique. Ainsi, les
jeunes gagneraient à oeuvrer dans ces secteurs. Ces derniers devraient
cultiver la polyvalence, l'esprit d'entreprise et d'entreprenariat ; il s'agit
pour eux de voir comment s'insérer dans la société par un
travail rémunérateur qui ne les fasse pas dépendre
absolument d'un patron.
Enfin, ils doivent faire un effort dans leur prospection en se
rapprochant des agences de promotion de l'emploi qui ont pour vocation de
favoriser l'insertion des jeunes, afin de mieux exposer leur profil, leurs
difficultés et leurs besoins.
53
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, il ressort que le secteur
informel apparaît pour les jeunes de la ville de Yaoundé comme
l'expression de nouvelles stratégies d'insertion professionnelle des
jeunes d'une part, et la mobilisation des réseaux de solidarité
familiale et des relations est l'option privilégiée dans leur
recherche d'emploi d'autre part. Cette étude s'est attelée
à décrire les stratégies d'insertion des jeunes de la
ville de Yaoundé. Elle porte dans une telle perspective sur l'analyse
des modifications de la chance d'entrée dans la vie professionnelle dans
la ville de Yaoundé, liées aux variables démographiques et
socio-économiques du parcours de la vie et de la conjoncture
économique traversée.
Le cadre théorique a permis d'avoir des
définitions rigoureuses des concepts liés à la notion
d'insertion et de dégager les variables pouvant influer sur la
décision de participation des jeunes sur le marché du travail.
Ces variables sont relatives à l'environnement familial, au capital
humain, à la démographie et aux caractéristiques des chefs
de ménages. Les principales théories sur lesquelles
l'étude s'est appuyée sont relatives au capital humain, à
la recherche de l'emploi et du travail.
Des analyses descriptives effectuées, il est apparu que
malgré l'embellie économique caractérisée par la
croissance économique qu'observe le Cameroun depuis 1997, les jeunes ont
de plus en plus de difficultés pour se réaliser
professionnellement. Une fois sortis du système éducatif, ils
s'inscrivent dans une longue file d'attente les rendant fortement
dépendants de leur famille pendant toute cette période. Les
résultats du modèle économétrique ont montré
que les jeunes sont vulnérables sur le marché du travail car
ils ne disposent pas en général de
l'expérience professionnelle requise pour accéder à un
emploi. Dans l'ensemble, les variables relatives au capital humain
expliquent très faiblement l'accès des jeunes dans le
marché du travail et le revenu tiré de l'emploi principal. On
note que l'environnement familial influe beaucoup sur
l'insertion professionnelle des jeunes et même sur les segments du
marché dans lesquels s'orientent les jeunes. Les chefs de
ménage ont une influence considérable sur l'insertion des jeunes
qu'ils ont à leur charge de par leur secteur d'activité. De
manière générale, les jeunes qui vivent dans
les ménages où le chef travaille ont beaucoup plus de chances
de participer au marché du travail. Le chef de ménage qui
exerce dans le secteur informel verra plus les enfants qu'il encadre
s'orienter vers le secteur informel à cause de l'initiation du jeune
à ce secteur. Bien plus, l'une des raisons que l'on peut avancer pour
expliquer l'insertion des jeunes sur le marché du travail concerne
les prétentions salariales. Cette assertion émane de la
théorie de la recherche de l'emploi selon laquelle les chercheurs
d'emploi décident de leur participation au marché du travail
suivant leurs prétentions salariales qui sont
considérées comme le salaire de réserve de ces derniers.
Le modèle 54
estimé a montré que la variable relative au
salaire de réserve n'est pas significative. Ainsi, les jeunes semblent
ne pas tenir compte de cette variable pour décider de leur entrée
sur le marché du travail. Ces derniers choisissent alors le premier
emploi qui se présente à eux quelle que soit la nature et la
qualité de cet emploi. Les jeunes sont de moins en moins regardants
quant à la qualité des emplois qu'ils exercent. D'où
l'entrée massive des jeunes dans les segments d'emplois précaires
(72% des jeunes insérés exercent dans le secteur informel). En
plus, Le canal d'insertion qui s'est avéré être le plus
efficace est celui des parents ou des relations. L'usage massif de cette voie
subjective de recherche d'emploi peut être source de nombreux maux tels
que l'asymétrie des chances des jeunes dans leur prospection, le
découragement de ceux des jeunes qui n'ont pas de relations pouvant les
aider à s'insérer, le tribalisme, et dans une certaine mesure
elle peut favoriser la corruption. L'étude a aussi
révélé la faible fréquentation des institutions de
promotion de l'emploi qui serait due à une sensibilisation insuffisante
des jeunes d'une part et d'autre part au manque de confiance des jeunes
dominés par l'opinion selon laquelle les meilleurs postes sont
réservés aux connaissances.
Au vu de toutes les contraintes auxquelles les jeunes font face
quant à leur insertion, la présente étude suggère
qu'un grand intérêt soit accordé à :
· l'emploi en général et à l'emploi
des jeunes en particulier. La problématique de l'emploi doit être
placée au coeur de la question du développement ;
· adapter les programmes de formation aux besoins de
l'entreprise ;
· les institutions de promotion de l'emploi devraient
faire un effort de sensibilisation et mener régulièrement des
études de prospection afin d'aider les jeunes à dénicher
les secteurs à exploiter et le type de compétence qu'ils doivent
faire valoir pour un type d'emploi donné.
La présente étude a eu pour unités
d'observation les jeunes de la ville de Yaoundé ce qui paraît
réducteur si l'on veut préparer des éléments d'aide
à la décision pour l'ensemble des jeunes du Cameroun. Ainsi, une
étude similaire menée dans les autres localités du
Cameroun serait pleine d'intérêt. Elle permettra d'effectuer des
comparaisons et contribuera à améliorer les dispositifs d'aide
à l'insertion professionnelle des jeunes au Cameroun.
55
BIBLIOGRAPHIE
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jeunes, quelques réflexions théoriques, formation-emploi,
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58
59
Mémoire de fin de scolarité rédigé et
soutenu par MAMBOU Patrick Félicien
ANNEXE 1 : Tableaux complémentaires
Tableau 8 : Nombre moyen de personnes par
ménage et rapport de dépendance
|
Insérés
|
Non insérés
|
Ensemble
|
Nombre moyen de personnes par ménage
|
6,0
|
6,7
|
6,4
|
Rapport de dépendance
|
3,2
|
4,9
|
4,1
|
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Tableau 9 : Distribution des jeunes suivant le
sexe et lien de parenté avec le chef de ménage
|
Sexe de lindividu
|
Ensemble (%)
|
Lien de parenté avec le chef de
ménage
|
Masculin
|
Féminin
|
Chef de ménage
|
192
|
66
|
23,2
|
conjoint
|
8
|
160
|
15,1
|
Fils/Fille
|
156
|
171
|
29,4
|
Neveux/Nièce
|
59
|
30
|
8,0
|
Frère/Soeur/cousin(e)
|
96
|
59
|
14,0
|
Petit fils/fille
|
2
|
11
|
1,2
|
Domestique
|
2
|
3
|
0,5
|
Autre
|
37
|
49
|
7,7
|
Total
|
562
|
549
|
100,0
|
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Tableau 10 : Distribution des jeunes suivant leur
situation d'activité et le statut marital
Statut marital
|
Insérés
|
Non insérés
|
Ensemble
|
Célibataire
|
42,6
|
72,2
|
53,1
|
Marié(e) monogame
|
30,1
|
18,6
|
26,0
|
Marié(e) polygame
|
0,6
|
0,0
|
0,4
|
Union libre
|
24,4
|
6,2
|
17,9
|
Divorcé(e)
|
0,6
|
0,0
|
0,4
|
Veuf (ve)
|
1,7
|
3,1
|
2,2
|
Total
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Source : EDIJ 2005, ISSEA
60
61
Tableau 11 : Distribution des jeunes vivant dans
des familles où le chef de ménage travaille
Secteur d'activité
|
|
Fréquence (%)
|
|
Non insérés
|
insérés
|
Ensemble
|
Public
|
|
43
|
36
|
|
40
|
Parapublic
|
|
5
|
5
|
|
5
|
Privé formel
|
|
29
|
23
|
|
26
|
Informel
|
|
23
|
36
|
|
29
|
Total
|
|
100
|
100
|
|
100
|
|
N=392
|
|
N=280
|
N=672
|
|
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Tableau 12 : Moyennes d'âges des jeunes
mariés ou vivant en union libre
suivant leur sexe et leur situation
d'activité
|
insérés
|
Non insérés
|
|
Ensemble
|
Hommes
|
29,7
|
|
30,8
|
30
|
Femmes
|
28,6
|
|
27
|
28
|
Ensemble
|
29,0
|
|
27,7
|
29,0
|
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Tableau 13 : Répartition des jeunes suivant
leur statut matrimonial et leur situation d'activité
Veuf (ve)
Total
Statut marital
Célibataire
Marié(e) monogame
Marié(e) polygame
Union libre
Divorcé(e)
Insérés
|
Fréquence
(%)
Non insérés
|
60,8
|
76,6
|
20,8
|
12,7
|
1,4
|
0,9
|
16,1
|
9,0
|
0,6
|
0,2
|
0,4
|
0,6
|
100,0
|
100,0
|
N=510
|
N=653
|
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Tableau : 14 : Répartition des jeunes
suivant leur niveau d'instruction et leur situation d'activité
(%)
|
Insérés
|
Non insérés
|
t de student
|
Primaire
|
17,8
|
18,2
|
0,18
|
Secondaire général
|
48,2
|
44,0
|
1,43
|
Secondaire technique
|
14,6
|
17,6
|
1,38
|
Supérieur
|
19,4
|
20,2
|
0,34
|
Total
|
100
|
100
|
|
|
N=511
|
N=656
|
Lecture : Au seuil de significativité de 5%, toutes les
statistiques
de student ne sont pas significatives (elles sont toutes
inférieures à 1,96). Source : EDIJ 2005,
ISSEA
Tableau 15 : Distribution des jeunes non
insérés suivant les raisons de recherche d'un emploi et leur
niveau d'instruction (%)
|
Niveau dinstruction
|
Ensemble
|
Primaire
|
Secondaire général
|
Secondaire technique
|
Supérieur général
|
Supérieur technique
|
Perte du précédent
|
2,8
|
9,8
|
3,8
|
2,8
|
1,1
|
20,3
|
Première insertion
|
11,9
|
40,2
|
11,5
|
13,3
|
2,8
|
79,7
|
Total
|
14,7
|
50,0
|
15,3
|
16,1
|
3,9
|
100
|
N=656
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Tableau 16 : Distribution des jeunes
insérés suivant le sexe et le secteur d'activité (en
%)
Secteur d'activité
|
Sexe de lindividu
|
Ensemble
|
Masculin
|
Féminin
|
Public
|
5,1
|
2,7
|
7,8
|
Parapublic
|
0,6
|
0,6
|
1,2
|
Privée formel
|
12,5
|
6,8
|
19,4
|
Privée informel
|
43,1
|
28,6
|
71,6
|
Total
|
61,3
|
38,7
|
100,0
|
N= 511 Source : EDIJ 2005, ISSEA
Tableau 17 : Distribution des jeunes
insérés exerçant dans l'informel suivant le diplôme
le plus élevé obtenu
Diplôme le plus élevé
|
Pourcentage
|
obtenu
|
(%)
|
Primaire
|
21,4
|
Secondaire général
|
46,6
|
Secondaire technique
|
15,9
|
Supérieur général
|
14
|
Supérieur technique
|
2,2
|
Total
|
100
|
N=365 Source : EDIJ 2005, ISSEA
Tableau 18 : Salaire moyen à l'embauche
des jeunes insérés par secteur d'activité (en
milliers)
Secteur d'activité
|
Salaire moyen
|
Intervalle de confiance à 95%
|
Public
|
75,97
|
60,45
|
91,48
|
Parapublic
|
106,20
|
4,97
|
207,43
|
Privée formel
|
52,38
|
43,47
|
61,28
|
Privée informel
|
40,01
|
34,35
|
45,68
|
Total
|
46,05
|
41,29
|
50,81
|
Lecture : Globalement, les différences des salaires
moyens à l'embauche sont significatives au seuil de signification
de 5%. Source : EDIJ 2005, ISSEA
62
Tableau 19 : Salaire moyen à l'embauche
des jeunes insérés selon le sexe (en milliers)
Sexe de lindividu
|
Salaire moyen
|
Intervalle de confiance à 95%
|
Masculin
|
48,24
|
42,86
|
53,62
|
Féminin
|
42,45
|
33,43
|
51,46
|
Total
|
46,05
|
41,29
|
50,81
|
Lecture : Globalement, la différences des salaires
moyens à l'embauche n'est pas significative au seuil de
signification de 5%(la significativité au test ANOVA à un
facteur est de 0.246). Source : EDIJ 2005, ISSEA
Tableau 20 : Revenu moyen des jeunes
insérés selon le sexe (en milliers)
Sexe de lindividu
|
Revenu moyen
|
Intervalle de confiance à 95%
|
Masculin
|
98,57
|
54,97
|
142,16
|
Féminin
|
50,06
|
40,95
|
59,17
|
Total
|
80,33
|
52,89
|
107,78
|
Lecture : Globalement, la différence des salaires moyens
à l'embauche est significative au seuil de signification de 10%(la
significativité au test ANOVA à un facteur est de 0.092).
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Tableau 21 : Distribution des jeunes non
insérés selon les raisons de l'arrêt des
études
Raison d'arrêt des études
|
Pourcentage (%)
|
Manque de moyens financiers
|
56,9
|
pour travailler
|
4,7
|
Manque de motivation
|
12,4
|
Maternité
|
6,9
|
Mariage
|
3,3
|
Difficulté à trouver un établissement
scolaire
|
0,7
|
Inconscience due à la jeunesse
|
2,2
|
Formation ou apprentissage
|
4,7
|
niveau satisfaisant
|
8,2
|
Total
|
100
|
N= 456
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Tableau 22 : Délai d'insertion moyen des
jeunes selon le secteur d'activité (en mois)
Secteur d'activité
|
Délai moyen dinsertion
|
Intervalle de confiance à 95% pour la
moyenne
|
Borne inférieure
|
Borne supérieure
|
Public
|
13,17
|
7,50
|
18,84
|
Parapublic
|
15,20
|
0,45
|
29,95
|
Privé formel
|
19,62
|
10,33
|
28,91
|
Privé informel
|
25,09
|
19,18
|
31,00
|
Total
|
22,46
|
18,04
|
26,88
|
Lecture : Globalement la différence entre les
délais moyens par secteur d'activité n'est pas significative au
seuil de signification de 5% (la significativité au test ANOVA à
un facteur est de 0,359).
Source : EDIJ 2005, ISSEA.
63
Tableau 23 : Répartition des jeunes non
insérés selon les raisons de venu à Yaoundé (en
%)
Raison de venu à Yaoundé
|
Pourcentage (en %)
|
Pour rejoindre/suivre la famille
|
16,8
|
Pour des études, formations ou apprentissage
|
22,3
|
Pour chercher du travail
|
10,4
|
pour continuer mon activité
|
0,8
|
Affectation
|
3,4
|
Problème de santé
|
0,8
|
Problème de logement
|
0,2
|
Autre
|
8,8
|
Natifs
|
36,7
|
Total
|
100,0
|
N=656
Source : EDIJ 2005, ISSEA.
Tableau 24 : Taux de pluri-activité selon
le statut dans l'emploi principal (en %)
Statut dans l'emploi principal
|
Pourcentage (en%)
|
Cadre supérieur/Ingénieur
|
5,2
|
Cadre moyen/agent de maîtrise
|
3,9
|
Employé/ouvrier
|
37,7
|
Manoeuvre
|
2,6
|
Apprenti
|
5,2
|
Employeur/Patron
|
13,0
|
Compte propre
|
18,2
|
Aide familial
|
1,3
|
Retraité/invalide
|
10,4
|
Autre
|
2,6
|
Total
|
100,0
|
N=77
Source : EDIJ 2005, ISSEA.
Tableau 25 : Taux de pluri-activité selon
le secteur d'activité dans l'emploi principal (en %)
Secteur d'activité
|
Pourcentage (en %)
|
Public
|
11,9
|
Privé formel
|
15,5
|
Privé informel
|
72,6
|
Total
|
100,0
|
N= 84
64
Source : EDIJ 2005, ISSEA.
65
Tableau 26 : Profil ligne des jeunes
occupés selon leur secteur d'activité et celui de leur parent
ou tuteur (en %)
Secteur d'activité du jeune
|
Secteur d'emploi du parent ou tuteur
|
Total
|
Public
|
Parapublic
|
Privé formel
|
Informel
|
Public
|
66,67
|
9,52
|
14,29
|
9,52
|
100,00
|
Privé formel
|
38,46
|
3,85
|
28,85
|
28,85
|
100,00
|
Privé informel
|
22,71
|
4,35
|
22,22
|
50,72
|
100,00
|
Source : EDIJ 2005, ISSEA.
Tableau 27 : Bilan des appuis du FNE en faveur des
jeunes au 31 mars 2005
Domaines d'appui
|
Nombres de bénéficiaires
|
|
Accueil et Orientation
|
92
|
887
|
Techniques de recherche d'Emploi (TRE)
|
4
|
171
|
Orientation en Milieu Scolaire ou Universitaire
(OPS/OPU)
|
91
|
500
|
Stage d'Initiative à la Vie d'Entreprise
(SIVE)
|
1
|
880
|
Formations professionnelles
|
27
|
991
|
Semaine pour l'emploi des jeunes
|
Environ 20
|
000
|
Programme Emploi Diplômé (PED)
|
2
|
080
|
Appui à la création d'auto-emplois
ou
de micro-entreprises au profit des jeunes
|
15
|
005
|
Emplois générés par la
création des entreprises au profit des jeunes
|
22
|
753
|
Programme d'Appui au Développement des Emplois
Ruraux (PADER)
|
12
|
712
|
Emplois générés par le PADER au
profit des jeunes
|
19
|
856
|
Source : FNE
ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRES EDIJ 2005
66
67
Mémoire de fin de scolarité rédigé et
soutenu par MAMBOU Patrick Félicien
|