Mémoire de Baccalauréat Universitaire
en Gestion d'Entreprise
Enjeux de la Grande Distribution
Helvétique
« Analyse socio-économique et
stratégique de l'évolution des acteurs de la grande distribution
alimentaire en Suisse »
Nicolas Mueller & Dominique Tinguely
Direction : Professeur Yves Flückiger
(*)
INTRODUCTION DU MARCHÉ SUISSE
4
ENTRÉE ET SORTIE D'ACTEURS SUR LE MARCHÉ
SUISSE
DE LA DISTRIBUTION ALIMENTAIRE
6
REWE SUISSE
6
CARREFOUR
8
RÉTROSPECTIVE DES CONCENTRATIONS
10
GLOBUS
10
JUMBO
10
WARO ET RAST HOLDING
10
EPA, UNIPRIX
12
LES VALAISANS, PAM, MAGRO ET USEGO
13
PICK-PAY
14
DENNER
14
LA DÉFERLANTE ALLEMANDE : AUBAINE OU
MENACE ?
16
IMPORTANCE DU RÉSEAU
17
TAILLE ET OFFRE DES MAGASINS
19
COMPORTEMENT DES CONSOMMATEURS ET NOTORIÉTÉ DE
MARQUE
21
LA STRATÉGIE ANGLAISE DE MIGROS ET DE COOP
23
TROUVER DES EMPLACEMENTS
24
MAUVAIS MOMENT ?
26
CONCLUSION
27
LA RÉACTION STRATÉGIQUE DES ENTREPRISES
29
LES STRATÉGIES DE CROISSANCES
29
STRATÉGIES D'ASSORTIMENT
31
AUTRES POLITIQUES EMPLOYÉES PAR LES DISTRIBUTEURS
33
SEGMENTATION DES CLIENTS ET SOCIÉTÉ
MULTIOPTIONNELLE
37
PREMIER PRIX
37
PRIX BAS
38
PRIX MOYEN
39
PRIX PREMIUM
39
NIVEAU DE CENTRALISATION ET STRUCTURE DE DISTRIBUTION
41
T'ES MIGROS OU T'ES COOP ?
43
COOP
44
MIGROS
44
DENNER
45
« LA COOPÉRATIVE » : UNE
SPÉCIALITÉ SUISSE
46
AU-DELÀ DE NOS MONTAGNES, UNE AUTRE
CONFIGURATION ?
48
LE BENELUX
48
LES PAYS SCANDINAVES
49
LE ROYAUME-UNI
50
EN CONCLUSION : UTILITÉ DE LA COMPARAISON
51
LA VALAISANNE HOLDING , UNE HISTOIRE À LA
« VALAISANNE »
53
LÀ, OÙ L'HOMO OECONOMICUS DEVIENT
SENTIMENTAL
56
LES CONDITIONS DE TRAVAIL
56
LE CADRE DE L'ACHAT
57
LE MANQUE DE CHOIX
58
L'ÉTHIQUE
59
COMPARAISON DES RAPPORTS DE GESTION ENTRE MIGROS ET COOP
62
RELEVÉS DE PRIX
63
LA GRANDE DISTRIBUTION HELVÉTIQUE À TRAVERS
LA BOULE DE CRISTAL
64
UNE SOCIÉTÉ MIGROS - COOP
66
UNE NOUVEAUTÉ DE L'ÉTRANGER ?
68
STRUCTURES, PERFORMANCES ET CONCLUSION
70
LES STRUCTURES DU SECTEUR DE LA GRANDE DISTRIBUTION EN
SUISSE
70
L'atomicité
70
Indice d'Herfindhal-Hirschmann (HHI)
70
L'homogénéité
73
La transparence
73
La libre entrée/libre sortie
74
ANALYSE DE LA PERFORMANCE
75
LE PROFIT ET LE TAUX DE RENDEMENT
75
L'intensité d'innovation
76
La diversité des produits
76
LISTE DES CONTACTS
77
ENTRETIENS PERSONNELS
77
CONTACTS PAR VOIE ÉLECTRONIQUE
77
BIBLIOGRAPHIE
78
Introduction du marché suisse
Waro, EPA / UNIP, ABM, Pick-Pay, Primo, Vis-à-Vis,
Magro, Jumbo, Grand-Passage / Innovation / Jelmoli, bientôt
Carrefour : Toutes ces enseignes suisses de grande distribution
alimentaire nous les connaissions, nous les fréquentions, elles font
partie du paysage des magasins alimentaires suisses. Plus exactement elles
faisaient partie du paysage car elles ont toutes disparu ou ont annoncé
leur intention de disparaître de notre pays si particulier en termes de
grande distribution.
Ces quinze dernières années, nous avons
assisté à de très nombreuses fusions et absorptions, une
concentration et disparition d'acteurs de la grande distribution qui
inquiètent les consommateurs et qui sont le résultat d'une suite
stratégique et politique qu'il aurait fallu limiter ou
réglementer trente ans plus tôt.
Le marché suisse de la grande distribution alimentaire,
soit l'ensemble des magasins qui vendent des produits alimentaires de
catégories multiples (viande, biscuits, pâtes), des produits
manufacturés (boîtes de conserves, barquettes) mais
également des produits d'utilisation courante comme des produits
d'hygiène ou d'entretien, est très particulier en termes de
comparaison internationale. En effet, nulle part ailleurs dans les pays
industrialisés, deux groupes détiennent à eux seuls
près de 90% du marché. Ces deux groupes sont devenus tellement
présents dans la vie des consommateurs suisses que la
société les a affublé d'un déterminant ou de divers
surnoms : la Migros, connue également sous le nom de
« géant orange » et Coop sous celui de
« la Coop » ou la « Coopé ».
Notons que ces deux entreprises sont hautement
appréciées des citoyens suisses et qu'elles jouissent d'une
très bonne image en termes de sérieux, environnement,
avant-gardisme, service, qualité des produits, prix attrayants. Il
semble impossible d'imaginer une Suisse sans Coop et Migros.
Ces deux entreprises de forme coopérative rythment
presque chaque jour un peu plus la vie des citoyens suisses. Elles ont une
forte influence politique et possèdent en plus de leurs magasins
homonymes une multitude d'autres acteurs du commerce de détail suisse.
Il est impossible de vivre en Suisse sans consommer Migros ou Coop !
Régulièrement ces deux coopératives investissent de
nouveaux marchés, se livrant officiellement une rude bataille
concurrentielle dans des domaines de plus en plus larges, en
l'occurrence : Électronique, Hi-Fi vidéo,
Électroménager, Grande distribution alimentaire,
Téléphonie, Assurances, Banques, Bricolage, Ameublement,
Jardinage, Luminaires, Parcs de loisirs, Stations d'essence, Grands
Magasins citadins, Cartes de crédit, Culture et Spectacles,
Dépannage routier, Librairies, etc...
En tant que coopératives, Migros et Coop
possèdent également des entreprises de production ou de
transformation de denrées alimentaires très diverses qui couvrent
pratiquement toute la gamme possible de l'alimentaire transformé. Ces
deux entreprises, de par leur implantation dans la vie économique suisse
et les très nombreux emplois qu'elles génèrent, ont un
poids économique et surtout politique dont les médias ne parlent
que peu ou pas.
Ces géants suisses sont inquiétés par la
venue annoncée de deux acteurs allemands, Lidl et Aldi, des magasins de
maxidiscompte (Hard discount), qui suivent une politique agressive de prix
bas.
Ces deux groupes allemands ont une force financière
éminemment plus importante que Migros et Coop et bien que ces deux
entreprises n'aient pas à craindre une faillite, il se pourrait que
leurs importantes parts de marché dans le secteur alimentaire, diminuent
quelque peu.
La seule annonce de la venue d'Aldi et Lidl a suffi à
réveiller ou accentuer la concurrence entre les deux géants
suisses. Existe-t-il un duopole ou une entente cartelaire sur les prix, la
concurrence est-elle efficace dans le secteur de la grande distribution
alimentaire, qu'en est-il pour le consommateur en termes de prix mais aussi de
qualité des produits, de choix, d'innovation, de goût, et qu'en
est-il pour les producteurs indépendants des grands groupes
internationaux ou de nos deux coopératives ?
Entrée et sortie d'acteurs sur le marché suisse de la distribution
alimentaire
Pendant très longtemps, le marché suisse,
protégé et difficile d'accès pour les entreprises
étrangères (normes particulières, frais de douanes, etc.),
à été exclusivement en mains suisses. Cependant certains
acteurs étrangers, tous beaucoup plus importants que Migros et Coop, ont
tenté une intrusion en Suisse :
Rewe Suisse
Rewe, groupe allemand, a racheté le 11 juin 2003
le troisième groupe suisse du moment soit « Bon Appétit
Group » qui venait de revendre son magasin en ligne
« LeShop » à Migros car il avait de la peine
à démarrer. Bon Appétit Groupe possédait les
enseignes « Pick-Pay » et
« Magro » ; cette dernière étant surtout
présente en Valais, ainsi que le groupe de distribution de
proximité Usego avec ses enseignes « Primo » et
« Vis-à-Vis ».
Rewe s'est vite rendu compte qu'aucun développement
n'était possible à terme avec Bon Appétit Group.
Les enseignes Pick-Pay étant principalement
situées dans des bâtiments Migros avec des baux Migros, Pick-Pay
agissait comme complément à Migros qui ne vend pas d'alcool ni de
cigarettes et ne vend pratiquement que des marques distributeur. Pick-Pay
vendait quelques marques « Phares », du vin, de l'alcool et
des cigarettes.
De son côté, les magasins
« Magro » sont à mi-chemin entre un
dépôt de gros pour professionnels (même modèle que le
groupe « Aligro » à Genève) et les magasins
grand public. Magro avait 10 magasins sous son enseigne et était
présent surtout en Valais et dans quelques cantons romands. Sans grande
évolution depuis 1996, Bon Appétit Groupe à acquis Magro
en 2000 et ouvert 3 magasins.
Rewe a tenté de transformer les Pick-Pay en
mini-discompte avec des produits d'appel premier prix de marque et la ligne
« Clever ». Le projet de lancer l'enseigne
« Penny Market » (Maxi-discompte de Rewe) en transformant
les Pick-Pay a également été étudié.
Le groupe Rewe s'est résolu à vendre sa branche
suisse en cédant les principaux Pick-Pay à Denner (Rast Holding,
Phillipe Gaeydoul), avec la bénédiction de la Migros, et les
Pick-Pay franchisés ou les Pick-Fresh à « La Valaisanne
Holding » (LVH) propriétaire des magasins valaisans : PAM
(Produits Alimentaires Martigny).
Rewe à également revendu son pôle Usego de
Suisse romande à LVH avec les enseignes « Promo » et
« Vis-à-Vis » de Suisse romande qui ont
été intégrées au réseau PAM.
Le pôle suisse alémanique de Usego ainsi que les
enseignes « Primo » » et
« Vis-à-Vis » de Suisse alémanique ont
été cédées aux magasins
« Volg », qui appartiennent à une troisième
importante coopérative suisse, la FENACO, Société
Coopérative des agriculteurs suisses. Elle possède entre autres
les magasins « Landi ». les stations services
« Agrola » et Unidrink SA qui lui, détient entre
autres les jus « Ramseier » et
« Granador », les eaux « Elmer » et la
licence suisse pour « Pepsi » et
« Sinalco ».
En novembre 2004, les magasins « Magro »
ont été cédés à un investisseur
français, Monsieur Paul-Louis Chailleux possédant plus de trente
ans d'expérience dans la grande distribution et propriétaire en
France de plusieurs supermarchés sous enseigne franchisée
« Casino » (5ème groupe en France, derrière
Leclerc, Carrefour, Auchan et ITM-InterMarché). « Peu
après, la direction valaisanne du groupe avait démissionné
en bloc, en désaccord avec la stratégie du nouveau
patron. »1(*)
En décembre 2004, les produits Casino et Premier Prix
Casino arrivent en rayons et au cours du printemps 2005, l'ensemble des
enseignes « Magro » deviennent
« Casino » (en franchise).
-- Pick-Pay Denner
-- Pick-Pay Partenaire, Pick-Fresh - PAM/LVH
-- Usego Suisse romande Primo, Vis-à-Vis - PAM/LVH
-- Usego Suisse alémanique Primo, Vis-à-Vis -
Volg
-- MAGRO - Vendu à Paul-Louis Chailleux sous franchise
« Casino »
Carrefour
Au début des années 1990, le groupe
français Carrefour (Hypermarché Carrefour) a tenté une
entrée en Suisse avec deux hypermarchés en Suisse romande, un
à Lausanne et un à Bienne. En 1991, Carrefour s'est
retiré et a revendu ses deux hypermarchés à Migros.
A noter qu'à l'époque, les années 90,
Carrefour n'avait pas fusionné avec le français
« Promodès » (Hypermarché Continent,
Supermarché Champion) et était le numéro 6 mondial. C'est
par la suite, en 1998, que Carrefour a racheté les « Comptoirs
modernes » (Supermarché : Stoc) et est ainsi passé
du numéro 6 au numéro 4 mondial devant Metro et Sears. En 1999,
Carrefour a fusionné avec son principal concurrent
« Promodès » pour éviter une
éventuelle OPA de Wal-Mart sur les deux leaders français, et
devient numéro 2 mondial et numéro 1 européen. Suite
à la fusion, les enseignes « Continent » et
« Stoc » ont été abandonnées.
Le 2 octobre 2000, Carrefour alors numéro 2 mondial
derrière Wal-Mart et numéro 1 européen, signe une
participation conjointe avec le groupe Maus Frères
(« Jumbo », « Manor »,
« Athleticum », « Lacoste ») dans
Distributis, propriétaire des hypermarchés
« Jumbo ».
Carrefour prend 40 %, puis plus tard 50% de Distributis. Le
1er janvier 2001, les 11 hypermarchés « Jumbo »
passent sous l'enseigne « Carrefour ». La majorité
des produits est confectionnée spécialement pour Distributis et a
été reprise des magasins Jumbo. Carrefour a amené sa
stratégie de marketing, certains produits à bas prix et
mène une politique de promotion à la semaine avec un journal
distribué en tout ménage, sur le modèle de ce que fait
pratiquement chaque enseigne.
Le 21 août 2007, Carrefour et son associé Maus
Frères ont annoncé la cession des 12 hypermarchés
Carrefour de Suisse au groupe Coop pour 470 millions de francs suisses. 2200
collaborateurs sont concernés. En 2006, Carrefour Suisse
représentait 1,1 % du marché en volume pour un chiffre d'affaires
de 950 millions de francs. Cette cession à Coop doit encore recevoir
l'aval de la Commission suisse de la Concurrence.
Carrefour international à décidé de
quitter le pays car il n'est pas numéro 1 ni numéro 2, ceci en
accord avec sa nouvelle politique stratégique. A son arrivée, le
groupe français avait annoncé la construction d'un
hypermarché par an. Or, en 7 ans, un seul hypermarché a
été ouvert. La difficulté de construire et les
spécificités suisses en termes de normes techniques ont fortement
empêché le développement de Carrefour en Suisse.
Rétrospective des concentrations
Globus
Migros reprend le groupe Globus en 1997 et par-là
l'enseigne « ABM, Au Bon Marché ». Sur le même
segment que l'EPA/Unip, « Grand Bazar » bon marché.
Les bénéfices d'ABM s'érodent régulièrement
pour atteindre un chiffre négatif en 2001. Après analyse il
ressort qu'un fort investissement serait nécessaire pour relancer les
ventes de cette chaîne et que son principal concurrent EPA est mieux
placé sur le secteur des Grands Magasins à bon prix qu'ABM. Le
Groupe Globus/Migros décide alors en 2001 de repositionner les magasins
ABM avec d'autres concepts : en magasins de mode Oviesse, drogueries
Estorel, Coffee-Shops Nannini, ou transformé en Globus. En 2003,
constatant l'échec du repositionnement des magasins ABM, Globus/Migros
se séparent des surfaces de ventes.
Jumbo
Le 2 octobre 2000, Carrefour reprend les marchés
« Jumbo » en participation conjointe dans Distributis avec
« Maus Frères », propriétaire de
« Manor ».
Waro et Rast Holding
Le 1 janvier 2003, les 10 Hypermarchés, 15
Supermarchés, 3 marchés, 13 stations services, 15 restaurants et
les actifs immobiliers de « Waro », de couleur Verte et
Jaune (un bâtiment aux couleurs « Waro » est
présent le long de l'autoroute Genève Lausanne au niveau de
Gland), ont été vendus à Coop.
Waro faisait partie de Rast Holding S.A . (100% Famille
Gaeydoul) qui possédait à l'époque les discomptes
(discount) « Denner » et les magasins de jouets
« Franz Carl Weber » vendus en 2006 au
français « Ludendo ».
Cette opération a permis à Coop de mettre la
main sur 22 magasins en Suisse alémanique et 6 en Suisse romande et
surtout, de rattraper son retard dans les surfaces de 1500 à 5000
m² et ainsi d'abandonner plusieurs projets de construction. (Consulter les
graphiques de la répartition des magasins Coop en annexe).
Coop a déclaré à l'époque que les
emplacements pour grandes surfaces étaient rares en Suisse et souvent
déjà construits. De plus les procédures d'autorisation de
construction sont longues2(*).
À la suite de cette vente, Rast Holding S.A. sous la
conduite de son célèbre patron Phillipe Gaeydoul, a fortement
investi dans la rénovation et l'amélioration de Denner,
transformant ses magasins plus proches à l'époque d'un
maxidiscompte de marque, on parlait alors de 600 références, en
magasin discompte possédant plus de références
(1'400 références) et en réintroduisant fortement des
marques à hauteur de 75%3(*).
Des produits laitiers et du pain frais ont fait leur
apparition et par la suite des fruits et des légumes sur la base,
semble-t-il, d'un modèle développé en France par le groupe
Carrefour avec ses magasins de discompte « ED,
l'épicier » et les produits « Dia % ».
Denner à créé sa marque de distributeur (MDD)
« Denner » vendant ainsi ses produits premier prix a
côté de produits de marques. Par exemple, les yaourts Denner et
les yaourts Hirtz de Nestlé, du café soluble Denner à
côté du café de marque.
De par cette revalorisation de ses enseignes et un
repositionnement stratégique bien en phase avec ce qui se faisait
à l'étranger, Denner a enregistré ces dernières
années une hausse de son chiffre d'affaires/parts de marché bien
plus importante que la moyenne et atteignant parfois les 2 chiffres. (+11.8 %
en 2004)4(*)
EPA, Uniprix
EPA, mais également Grands Magasins S.A., Uniprix,
l'Unip, une enseigne aux noms multiples selon les époques et la
région linguistique. « On trouve tout à
l'Unip » « l'EPA c'est l'Unip » sorte de magasin
« Grand Bazard » sur le modèle de la
« Samaritaine » ou du BHV (Bazard de l'hôtel de
Ville) à Paris.
Les magasins EPA étaient implantés dans les
centres-villes et étaient réputés pour leurs prix bas sur
la quincaillerie, les parfums, les cosmétiques, les jeans et les habits,
etc.
Les magasins EPA entrent dans le cadre de cette étude
car comme tout Grand Magasin ils faisaient également marché
alimentaire. Bien que la vocation première des Uniprix n'était
pas l'alimentaire, cette dernière fait partie d'une obligation qui veut
que l'on puisse faire ses courses en même temps que ses achats.
EPA a été fondé dans les années
1930 et était détenu par Oscar Weber Holding (OWH) du nom du
fondateur d'EPA. OWH est la propriété de trois familles. En 2002
OWH est démantelé, les activités immobilières sont
transférées à Swissville (groupe Rentenanstalt), les
magasins EPA sont repris à 100% par la famille Buhofer. Les 90 magasins
franchisés « EPA/Superdiscount » sont remis à
Bon Appétit Groupe et passent sous enseigne Pick-Pay.
En avril 2002, la famille propriétaire d'EPA S.A. et
Coop signent un partenariat. Coop prend 40 % de EPA S.A. et une option sur la
majorité du capital à utiliser entre 2004 et 2009. Coop
gèrera les achats et la vente « nourriture » des 39
magasins EPA et de ses 22 restaurants. Cette prise de participation est
annoncée comme un rapprochement stratégique dans le but de
renforcer la position des deux enseignes et de devenir numéro 2 dans le
domaine des « Grands Magasins » derrière
« Manor ». Il est annoncé dans le communiqué
de presse que « EPA reste EPA ». Les enseignes EPA sont
conservées.
Il est annoncé le 30 novembre 2002 qu'à compter
du 1er janvier 2003, les magasins EPA seront progressivement
transformés en un nouveau concept de Grands Magasins et porteront le nom
de la marque de tutelle « Coop City » tout en conservant
leur autonomie. La nouvelle direction des magasins EPA reste dans une large
mesure entre les mains de responsables EPA. 3 magasins seront
fermés : EPA Sion le 30 juin 2004 ; EPA Wetzikon le 1 janvier
2005 et le Coop City Märthof de Bâle le 30 septembre 2003.
Cette décision semble motivée par le constat que
le segment des petits prix ciblés par EPA n'est plus rentable et n'offre
que peu ou prou de perspectives d'avenir. Il faut repositionner les Grands
Magasins EPA. Le concept des Coop City, Grands Magasins à la sauce Coop
est alors développé.
Le 1er janvier 2004, Coop prend 100% du capital
d'EPA et le 22 juin 2004, Coop annonce la fermeture de 9 ex magasins EPA
entre janvier et décembre 2005: EPA Regensdorf, EPA Volketswil, EPA
Brugg, EPA Granges, EPA Lausanne Métropole, EPA Sierre, EPA La
Chaux-de-Fonds, EPA Kreuzlingen et EPA Vevey. Le 30 novembre 2004, Coop annonce
l'ouverture pour septembre 2005 d'un Interdiscount XXL à la place de
l'ex EPA de la Croix-d'Or à Genève.
Les Valaisans, PAM, Magro et Usego
A l'automne 2004, les magasins PAM sont repris par LVH, une
société fondée peu de temps avant et inconnue
jusqu'à présent, qui fait son entrée dans le secteur de la
grande distribution Helvétique.
En novembre 2004, Magro (Bon Appétit Groupe/Rewe) passe
en mains d'un privé français puis, au printemps 2005, sous
franchise Casino.
Le 10 février 2005, Usego (Bon
Appétit Groupe/Rewe) : les 77 Primo et les 161 Vis-à-vis de
Suisse romande passent sous enseigne « PAM » ou
« Proxi » via LVH en Suisse romande et le 14
décembre 2004, les 218 Primo et 394 Vis-à- vis de Suisse
alémanique sous enseigne « Volg » via la
Coopérative agricole FENACO.
« Bon appétit justifie ces
désengagements par le fait que le commerce de détail en petite
surface n'est plus rentable pour lui depuis plusieurs années. Le nombre
de points de vente livrés a reculé de 35 % depuis 1995. Le
chiffre d'affaires d'Usego généré dans le commerce
alimentaire de gros est passé de 700 millions de francs en 1999 à
400 millions aujourd'hui. »
Pick-Pay
Le 1er novembre 2005, les 75 détaillants
franchisés Pick-Fresh et Pick-Pay partenaires sont cédés
par Bon Appétit Groupe/Rewe à LVH. Ils passeront sous enseigne
PAM et Proxi.
Le 5 septembre 2005, Denner reprend les 146 magasins Pick-Pay
a Bon Appétit Groupe/Rewe portant ainsi le nombre de magasins Denner
à plus de 700. « C'est la plus grande acquisition dans
l'histoire de Denner», a déclaré son directeur Philippe
Gaydoul. Les magasins Pick-Pay, toujours situés à
proximité des Migros pour y vendre des produits complémentaires
à l'offre de Migros (vins, alcool, cigarettes, produits phares/stars de
marques suisses ou internationales), passeront sous l'enseigne Denner.
Cette acquisition permet à Denner de devenir le
3ème distributeur suisse après le
démantèlement et la liquidation des activités de Bon
Appétit Groupe par son propriétaire, l'allemand Rewe.5(*)
Denner
Le 12 janvier 2007, Migros et Denner annoncent sous le slogan
« Denner reste Denner » leur intention de passer Denner
sous le giron de Migros. « Migros rachète 70% du capital du
discounter Denner. Le patron de ce dernier, Philippe Gaydoul, garde les parts
restantes et en conserve la direction pendant au moins trois ans. Le prix de la
transaction n'a pas été dévoilé. Denner restera une
entreprise indépendante et les 3500 emplois sont
garantis. »6(*)
Le 3 septembre 2007, « La Comco, tout en donnant son
aval, a énoncé cinq conditions, dont la plupart sont valables
sept ans, du moins tant que les hard discounters allemands Aldi et Lidl
n'auront pas ouvert ensemble au moins 250 magasins. La première consiste
à maintenir l'indépendance de Denner, notamment du point de vue
de l'identité visuelle. Migros doit s'engager à ne racheter aucun
autre détaillant dans le secteur alimentaire en Suisse. «Nous
n'achèterons donc ni Coop ni Aldi», a ironisé Herbert
Bolliger. Les administrateurs de Denner devront être majoritairement
autonomes à l'égard du géant orange. De plus, Migros n'est
pas autorisé au cours des trois prochaines années à ouvrir
des magasins M-Budget, ce qui reviendrait à créer une nouvelle
chaîne de discounts. Enfin, des restrictions sont posées au niveau
de l'approvisionnement, en vue notamment de ne pas pénaliser les petits
et moyens fournisseurs suisses. »7(*)
La déferlante allemande : aubaine ou
menace ?
Depuis quelques années déjà, on parle
beaucoup de l'entrée, et pour les nommer tout de suite : Aldi et
Lidl, des Hard Discounters allemands sur le marché suisse. La presse et
les médias en ont parlé abondamment et en ont fait ainsi un sujet
de discussion important, qui a constitué de ce fait une bonne
publicité pour les deux distributeurs tudesques, publicité de
surcroît gratuite8(*).
Certains voient dans cette entrée une aubaine pour toute l'économie
suisse, au travers de la baisse des prix dont bénéficieraient les
consommateurs9(*) ;
d'autres, en revanche, appréhendent l'arrivée des Allemands, soit
parce qu'ils craignent pour la qualité de l'alimentation10(*), soit parce qu'ils ont peur
pour la condition sociale des employés.11(*)
Actuellement (été 2007), il y a 34 succursales
Aldi12(*) mais aucune
succursale Lidl13(*) en
Suisse. Ceci n'est pas encore beaucoup, mais correspond bien aux
stratégies que les deux hard discounters ont déjà
appliquées dans d'autres pays. Aldi entre sur un nouveau marché
par étapes successives alors que Lidl ouvre généralement
d'un coup un grand nombre de filiales. C'est ainsi qu'on peut s'attendre
à une cinquantaine de succursales Lidl d'ici à la fin 2008. 170
filiales d'Aldi et Lidl ensemble, sont à cette date déjà
planifiées, et vu que chacun des huit centres de distribution (4 pour
Lidl et 4 pour Aldi) peut approvisionner jusqu'à 60 filiales, on
pourrait se retrouver avec 480 filiales dans quelques années. Il semble
donc que le petit pays peuplé « d'irréductibles
Helvètes » ne résistera plus pour longtemps à
l'envahisseur (en citant librement René Goscinny), d'autant plus qu'il
est déjà entouré par des pays qui sont
« occupés » par Aldi (Allemagne, Autriche, France)
et Lidl (Allemagne, Autriche, France, Italie). Et il y a de bonnes chances
qu'Aldi ne quitte pas de sitôt la Suisse, étant donné qu'il
n'a encore jamais quitté un pays où il s'était
installé, quitte à accepter des pertes opérationnelles
durant les premières années. Lidl a toutefois déjà
abandonné des marchés quand la situation est devenue trop
difficile. Ce fut notamment le cas des pays baltes et de la
Norvège.14(*)
Dans ce chapitre, nous allons faire une projection sur les
parts de marchés attendues de Lidl et Aldi dans les années qui
viennent, en exposant simultanément les enjeux, le risque et
l'utilité de l'arrivée des hard discounters en Suisse.
Importance du réseau
Plusieurs indices nous amènent à croire que les
deux détaillants allemands à prix cassés ne vont pas
réellement bouleverser le marché suisse. Le premier indice est
l'importance du réseau, toute relative comparée au réseau
des magasins Coop et Migros. Nous avons vu qu'Aldi et Lidl ensemble auraient au
maximum 480 filiales, en tenant compte des centres de distribution actuellement
prévus. En comparant cela au nombre de magasins détenus par
Migros (530)15(*) et Coop
(802)16(*), nous voyons
qu'il faut relativiser l'importance du réseau des hard discounters
allemands. Denner, le concurrent sans doute le plus direct d'Aldi et Lidl qui
désormais appartient à Migros, détient quant à lui
727 magasins17(*) (y
compris les Denner Satellite). De ce fait, tout en n'étant pas en nombre
ridicule, la quantité des magasins Aldi et Lidl est plutôt
restreinte par rapport aux grands acteurs de la distribution suisse.
Si on compte 7 523 934 habitants pour la Suisse18(*) et qu'on envisage 480 filiales
Aldi et Lidl, ceci donne 6.38 magasins pour 100'000 habitants. En tenant compte
seulement du nombre de 170 filiales prévues à ce jour, le chiffre
se réduit à 2.26 magasins pour 100'000 habitants. En comparant
avec l'Allemagne, le pays d'origine du hard discount, on trouve19(*) 7.85 magasins Aldi et Lidl
pour 100'000 habitants. Et par comparaison avec la France, on constate qu'il y
a 1951 magasins Lidl et Aldi, ce qui donne 3.2 magasins Aldi et Lidl pour
100'000 habitants20(*).
Il faut bien relativiser ces chiffres concernant l'Allemagne
et la France : dans ces deux pays, Aldi et Lidl font bien partie des hard
discounters les plus importants sur le marché (et même les deux
plus grands en ce qui concerne l'Allemagne), mais ils ne sont pas les seuls
dans cette catégorie. En France, il y a, entre autres, les chaînes
Ed, LeaderPrice, Netto et le Mutant et en Allemagne, nous pouvons citer Netto
et Norma parmi les plus grands. En comptant tous les magasins hard discount,
leur nombre, toutes chaînes confondues, est donc encore nettement plus
élevé.
Ces chiffres nous montrent que le réseau d'Aldi et Lidl
est extrêmement dense en Allemagne, ce qui s'explique par le fait que les
deux distributeurs sont d'origine allemande et que le hard discount est, de
manière générale, très prisé en Allemagne.
En France, le réseau est nettement moins grand, même en tenant
compte des autres distributeurs hard discount. Que pouvons-nous déduire
de ces chiffres pour la Suisse ? En comparaison avec l'Allemagne, le
réseau des Aldi et Lidl sera bien entendu moins grand. Par rapport
à la France, le futur réseau hard discount helvétique ne
sera pas négligeable, bien qu'il faille relativiser les chiffres pour la
France, car celle-ci compte encore d'autres hard discounters sur le
marché, tandis qu'Aldi et Lidl seront les seuls pour la Suisse (vu que
Denner fait partie des soft discounters).
Nous pouvons néanmoins affirmer que si Aldi et Lidl
concrétisaient l'ouverture de plus de 400 magasins, ils disposeraient
d'un nombre de filiales largement suffisant pour faire partie des grands dans
les le commerce de détail suisse, sans bien sûr atteindre les
chiffres de Coop et Migros. Nous constatons donc qu'ils mènent une
attaque relativement sérieuse en Suisse, ce qui leur permettra
d'atteindre assez rapidement une position importante sur le marché, par
la taille de leurs réseaux respectifs.
Pour conclure ce paragraphe, nous pouvons donc dire qu'Aldi et
Lidl auront un réseau suffisamment dense et suffisamment bien
réparti sur le territoire national pour être proche des clients
potentiels, sous condition que les emplacements soient stratégiquement
bien choisis. Mais ils ne pourront néanmoins pas concurrencer Coop et
Migros qui restent largement supérieurs au niveau du réseau et
qui ont ainsi une position plus forte sur le marché.
Taille et offre des magasins
Un magasin Aldi a une surface moyenne de 900
m2,21(*) tandis
qu'un Lidl aura une superficie entre 500m2 et 1500
m2.22(*) Notons
que l'uniformisation extrême des magasins fait partie de la
stratégie de ces deux discounters pour minimiser les coûts. De ce
point de vue, ils ne peuvent donc pas concurrencer les grands distributeurs
suisses, car aussi bien Migros que Coop sont des généralistes qui
couvrent le marché entier grâce à un ensemble de filiales
allant du petit magasin de quartier jusqu'à l'hypermarché et
disposant d'un assortiment adéquat pour chaque commerce, ce qui fait
défaut chez Aldi et Lidl.
En effet, le nombre de références plutôt
restreint (700 références chez Aldi Suisse23(*)), fait partie de la
stratégie des « prix cassés » des hard
discounters. Si l'on compare au nombre minimum d'au moins 2300
références dans les plus petites succursales de Coop24(*) ou encore au nombre moyen de
références dans un magasin PAM (300025(*)), par exemple, l'assortiment
d'Aldi paraît très maigre. L'offre d'Aldi et Lidl pourra donc au
mieux compléter les achats chez Migros, Coop et compagnie mais pas les
remplacer. On pourra peut-être observer un phénomène
semblable à la réaction provoquée par les produits
M-Budget et Coop PrixGarantie. Car les dernières études du panier
de la ménagère montrent que le consommateur moyen ne se cantonne
pas à l'achat exclusif de produits « bon
marché » ou de produits « de luxe ».
Le consommateur choisit en même temps la ligne premier prix du magasin
pour les produits de base, mais ne se prive pas de mettre aussi quelques
produits de luxe dans son panier26(*). Reste à voir si les consommateurs continuent
d'acheter les produits de base dans la ligne entrée de gamme chez Migros
et Coop ou s'ils vont acheter ceux-ci chez Aldi ou Lidl. Le comportement des
consommateurs sera par conséquent décisif ainsi que
l'opportunité pour Aldi et Lidl de s'installer à proximité
des centres commerciaux existants. Nous reviendrons sur ce point
ultérieurement.
Par contre, Aldi et Lidl seront des concurrents sérieux
surtout pour Denner, même s'il est vrai que Denner propose sur une petite
surface un plus grand nombre de références que les Allemands
ainsi que des produits de marque. Bien qu'ayant un assortiment différent
de celui de Lidl et Aldi, Denner se rapproche tout de même de ses deux
concurrents allemands sur certains points : Denner mise aussi
prioritairement sur les prix bas et possède des magasins de petite
taille avec une offre restreinte (p.ex. peu ou pas de produits
frais/légumes) qui ne peut couvrir l'ensemble de la demande alimentaire
des consommateurs. Point positif pour Denner : ses magasins sont
souvent situés près d'un centre commercial Migros et constituent
donc une offre complémentaire par excellence. Ceci s'est
avéré d'autant plus évident après le rachat de la
chaîne Pick-Pay par Denner. Denner serait donc à priori plus
fortement menacé par les discounters allemands, d'autant plus que
ceux-ci ont financièrement les épaules assez larges. Bien
qu'après le rachat de Denner par Migros la situation ait changé,
Denner ayant désormais ses arrières assurés.
Un autre obstacle dans la conquête du marché
suisse par Aldi et Lidl pourrait être le manque de produits Bio et de
produits éthiques. Le consommateur suisse a été depuis
longtemps habitué par Coop et Migros à ce type de produits, les
deux leaders ne laissant, dans certains cas, même pas le choix aux
clients, puisque certains produits ne sont disponibles que sous forme de
produits équitables27(*). Or, les discounters allemands ne disposent pas ou
très peu de ce type de produits dans leur assortiment, cela ne faisant
pas partie de leur stratégie de ne proposer par référence
qu'un seul produit au prix le plus bas. Reste à savoir si le
consommateur acceptera le manque de produits équitables et biologiques.
A noter qu'Aldi vend, en Allemagne uniquement, des produits Bio depuis peu. Sur
ce point, notons que leur principal concurrent Denner n'est pas non plus riche
en produits de ce type, mais qu'il a malgré tout défendu sa place
sur le marché.
Comportement des consommateurs et notoriété de
marque
Le succès ou la non-réussite de Lidl et Aldi
dépendront grandement du comportement des consommateurs. En effet, la
réussite du hard discount dans d'autres pays est souvent due au fait que
les distributeurs ont su répondre aux besoins des consommateurs. Or, la
clientèle suisse est différente de celle des pays voisins. Les
hard discounters devront donc répondre à l'intérêt
des consommateurs pour les bas prix tout en s'adaptant aux
particularités locales. L'intérêt pour les bas prix
étant déjà démontré par le succès des
lignes entrée de gamme créées par Migros et Coop. Ils ont
su ainsi précéder Aldi et Lidl sur leur propre terrain en leur
« coupant l'herbe sous les pieds » ce que confirme leur
succès considérable avec ces gammes de produits28(*), que le consommateur
apprécie et qu'il trouvera à l'avenir aussi chez Aldi et Lidl. Le
succès que rencontrent ces produits est tel, qu'ils sont non seulement
acceptés et achetés quotidiennement par les consommateurs, mais
sont même devenus « culte », en tout cas en ce qui
concerne la gamme M-Budget. Il est intéressant de constater que la
marque Aldi est devenue « culte » il y a quelques
années déjà en Allemagne, « culte »
assez proche de celui généré par Migros pour les produits
M-Budget29(*). Il ressort
de ce que nous venons d'expliquer qu'il n'est plus nécessaire pour Aldi
et Lidl de créer le besoin pour des produits entrée de gamme,
Migros et Coop s'en étant déjà chargés.
Cependant, ce succès de Migros et Coop est à
double tranchant : d'un côté ils ont su imposer leurs lignes
à bas prix, qui bénéficient d'une bonne acceptation
auprès des consommateurs, ce qui n'est pas encore le cas pour les
produits Lidl et Aldi ; d'un autre côté, les consommateurs
habitués à ce genre de produits, ne se gêneront pas
d'acheter les mêmes chez Aldi et Lidl. L'avenir montrera si Aldi et Lidl
seront assez forts en Suisse pour transférer l'intérêt des
clients pour les produits d'entrée de gamme Migros et Coop sur leurs
propres produits. A priori, Aldi et Lidl ont de bonnes chances d'y parvenir,
pour diverses raisons : d'abord la comparaison avec l'étranger
montre qu'Aldi et Lidl savent attirer les clients chez eux, grâce
notamment à des offres attractives, deux fois par semaine, telles que
des ordinateurs, des vélos ou des portables (dont le stock est
d'ailleurs très vite épuisé30(*)) et qui servent surtout
à capter la clientèle.
Ensuite, il faut savoir qu'Aldi et Lidl misent beaucoup sur la
qualité de leurs produits. Cela peut surprendre à première
vue, mais en Allemagne ces produits sont souvent très bien placés
dans les tests de qualité des organismes de consommateurs tels que la
Stiftung Warentest. Il leur arrive même assez fréquemment de
surpasser les produits de marque31(*). Ceci constitue par ailleurs une des raisons pour
lesquelles Aldi et Lidl ont su aussi bien s'imposer en Allemagne. Les clients
suisses, friands de produits de bonne qualité, y trouveront donc leur
compte. De plus, Aldi et Lidl ne sont pas vraiment inconnus pour les Suisses.
La Suisse étant un petit pays entouré d'autres pays où
Aldi et Lidl sont déjà bien implantés. Bon nombre de
Suisses domiciliés près de la frontière, font
déjà leurs achats chez Aldi et Lidl32(*). Comme nous le voyons, Aldi et
Lidl jouissent déjà d'une bonne notoriété en
Suisse, ce qui constitue un autre avantage pour les deux discounters.
Néanmoins, il reste encore une inconnue pour Aldi et
Lidl, le consommateur suisse étant assez différent des
consommateurs allemands et français. Comme nous l'avons
déjà mentionné dans le paragraphe précédent,
les dernières études montrent que le consommateur suisse n'est
pas à ranger dans une seule catégorie : il achète
aussi bien des produits d'entrée de gamme que des produits de luxe, il
est convaincu également par les produits régionaux, Bio et
éthiques33(*). Nous
avons vu que Coop et Migros disposent de l'assortiment idéal pour ce
type de consommateur, car ils offrent toutes ces possibilités. Par
contre, les chaînes Aldi et Lidl disposent surtout de produits premier
prix, ce qui est un moins par rapport aux distributeurs suisses. Mais ces deux
chaînes pourraient s'adapter en proposant également des produits
« de luxe », qui pour l'instant font défaut dans
leurs magasins34(*). Ils
pourraient ainsi s'approcher du consommateur suisse.
La stratégie anglaise de Migros et de Coop
Comme nous venons de l'expliquer, Migros et Coop ont su
anticiper l'arrivée des hard discounters en créant leur propre
ligne de bas prix permanents. Migros a de plus réussi un grand coup en
rachetant le seul discounter suisse existant, Denner. Avec sa ligne M-Budget et
ses succursales Denner, Migros a de beaux atouts à jouer pour lutter
contre l'arrivée des discounters allemands. En effet, rien
n'empêche Migros de « hard-discountiser » les
succursales Denner d'après les conditions requises par la Comco35(*). En faisant ainsi passer
Denner du soft-discount au hard-discount, ils auraient un concurrent direct
d'Aldi et Lidl, de plus bien positionné, car bon nombre de Denner sont
actuellement situés dans ou à proximité de centres
commerciaux Migros, tandis que les emplacements acquis par Aldi et Lidl seront
la plupart du temps nettement moins favorables.
Cette stratégie d'anticipation n'a d'ailleurs pas
été inventée par Migros ou par Coop. Les deux
distributeurs ne font en fait que suivre le modèle anglais. Car le
marché anglais est le marché européen qui a le mieux
résisté à l'arrivée de Lidl et d'Aldi. Et ce,
justement en créant des lignes bas prix avant l'arrivée des deux
allemands et en lançant leurs propres chaînes hard discount. Cette
stratégie a été couronnée de succès, car
Aldi et Lidl ont bien pu s'implanter sur le marché anglais, mais ils
n'ont cependant pas plus de 5% de part de marché36(*). Migros et Coop essayent donc
d'adapter cette stratégie à la Suisse, une stratégie qui
pourrait bien porter ses fruits.
Trouver des emplacements
Il faut aussi prendre en compte le fait qu'il existe un autre
obstacle à franchir pour les discounters allemands : il s'agit de
la difficulté pour trouver un emplacement en Suisse.
Il s'avère en effet que la recherche d'emplacements
pose quelques problèmes à Aldi et Lidl. Les plans ambitieux
qu'Aldi affichait en 2005 encore37(*) n'ont pas pu être tenus. L'entrée s'est
bien faite, mais nettement plus lente qu'espérée. De son
côté, Lidl a fermé il y a peu son bureau d'expansion de
Lausanne ; ceci semble être un signe négatif quant à
l'implantation rapide de Lidl en Suisse Romande. Aldi n'est pas le seul
détaillant étranger à avoir été surpris par
les spécificités helvétiques. Carrefour, qui pensait
également s'installer et se développer facilement sur le
territoire suisse a vu ses espoirs déçus et constaté qu'il
devait abandonner ses plans initiaux. La faute revient donc à une grande
difficulté pour trouver des emplacements. Ces difficultés
résultent de plusieurs facteurs :
Les premiers facteurs sont les nombreuses possibilités
juridiques pour empêcher ou du moins ralentir la construction de
supermarchés38(*).
La construction prévue d'un centre Ikea à Meyrin39(*) dans la banlieue genevoise
montre à quel point l'opposition de la part de la population (ou du
moins d'une certaine frange de la population) peut retarder une construction.
Allant presque jusqu'à dissuader l'entreprise de s'installer et la faire
opter plutôt pour la construction facilitée de l'autre coté
de la frontière en France. Est-ce que Lidl aura les nerfs assez solides
pour supporter ces contraintes ?
Car aux ralentissements juridiques s'ajoute un manque
évident de volonté politique dans certaines communes dans
lesquelles Lidl et Aldi désireraient s'installer. Ainsi l'installation
sur leur sol des hard discounters allemands semble avant tout poser des
problèmes aux communes gouvernées par un conseil administratif
à majorité de gauche, comme le montre l'exemple de la commune
bernoise de Bolligen. L'accusation des syndicats allemands, portée
contre Lidl, lui reprochant d'exercer une « pression
impitoyable » sur ses employés est parvenue aux oreilles des
élus municipaux de gauche et en a refroidi d'aucuns40(*). D'autres communes craignent
une augmentation trop forte du trafic routier et exigent une diminution du
nombre de parkings de la part des hard discounters pour éviter d'attirer
trop d'automobilistes, à l'image de la commune de Pfäffikon
ZH41(*). Enfin, il
paraît, que la pression qui serait éventuellement exercée
par les deux hard discounters sur le commerce de détail local ne les
rend pas attractifs aux yeux de certaines municipalités42(*).
En outre, il faut aussi tenir compte du fait que les nouveaux
arrivés doivent faire face à un réseau déjà
bien établi et très dense de supermarchés qui est en
grande partie dans la main des deux grands que sont Migros et Coop. Il sera
très difficile pour Aldi et Lidl de trouver des bons emplacements. Or,
le choix de l'emplacement est bien entendu primordial dans la grande
distribution, le supermarché devant être facilement atteignable
par les clients. Migros et Coop sont remarquablement bien positionnés en
matière de réseau, d'abord parce qu'ils ont un réseau
historiquement construit et après parce qu'ils ont pu
considérablement l'enrichir grâce aux rachats de ces
dernières années. Les deux leaders ont donc par conséquent
déjà occupé tous les bons emplacements. Si l'on observe
d'ailleurs les emplacements des filiales Aldi déjà existantes en
Suisse allemande, il n'y en a qu'une seule qui soit située au centre
ville, il s'agit de celle de Bâle. En ce qui concerne les autres grandes
villes suisses, les magasins Aldi se sont établis en banlieue et sont
par conséquent avant tout accessibles en voiture. Cela montre bien la
difficulté pour Aldi et Lidl de trouver des emplacements au centre ville
où tout est déjà occupé par Migros, Coop et Denner.
De plus, les exigences en terme d'uniformisation de la taille des magasins, est
en autre obstacle important pour trouver des emplacements en ville43(*). Il faut tout de même un
peu nuancer cela, car la tâche sera relativement plus facile pour les
succursales se situant dans les petites villes du pays, où les
emplacements sont plus près du centre, les distances moins grandes et
où les gens acceptent plus facilement de se déplacer en voiture
pour effectuer leurs achats. L'exemple type d'une telle succursale est celle
d'Aldi à Viège en Valais.
Ce problème de localisation auquel sont
confrontés les discounters allemands laisse planer un doute sur leur
capacité à attirer les gens, du moins en ce qui concerne les
grands centres urbains. Les distributeurs qui entrent sur un nouveau
marché doivent en effet faire face à une certaine culture
d'achats propre à chaque pays. Cette culture d'achats requiert en Suisse
la proximité des magasins par rapport aux habitations, car les
consommateurs ont une forte propension à faire leurs achats à
pied ou par le moyen des transports publics (ceci surtout en Suisse
alémanique)44(*).
L'enjeu pour Aldi et Lidl sera par conséquent de convaincre les clients
potentiels de prendre leur voiture pour faire leurs achats dans leurs
succursales qui seront situées en banlieue. Avec leurs grands et vastes
parkings, les discounters allemands offrent, il est vrai, une approche assez
facile pour les voitures ; cependant, il reste incertain si cela suffira
à faire changer les habitudes des habitants des villes. Toutefois, le
fait que Denner ait déjà testé le concept, originalement
créé par Aldi et Lidl, de magasins « sur le
pré », avec l'ouverture de quelques succursales,
démontre que les distributeurs suisses ont prévu une possible
acceptation de ce type d'emplacement de la part de la clientèle45(*).
46(*)
Mauvais moment ?
Le moment qu'ont choisi Aldi et Lidl pour entrer sur le
marché helvétique ne va pas nécessairement favoriser un
succès rapide de ces deux nouveaux concurrents. Leur réussite en
Allemagne, par exemple, a été grandement favorisée par un
changement de mentalité auprès de la population qui rendait
soudainement populaire la recherche des plus petits prix. C'est l'apparition du
consommateur malin qui recherche la meilleure qualité possible mais au
prix le plus bas. Or, il est évident qu'une situation conjoncturelle
plutôt mauvaise comme l'a connue l'Allemagne dans les années 1990
incitera davantage les acheteurs à se muer en « consommateurs
intelligents »47(*). La Suisse étant actuellement en phase de
haute conjoncture48(*),
cela ne va pas favoriser le changement de mentalité. Les gens auront
tendance à dépenser plus facilement et garderont donc leurs
vieilles habitudes d'achats. La haute conjoncture ne va en tout cas pas inciter
les gens à rechercher à tout prix des petits prix. Notons
toutefois qu'il y a toujours un certain pourcentage de la population en
situation précaire qui est bien obligé de chercher les produits
bas prix.
Aldi et Lidl ne trouvent donc pas les conditions
conjoncturelles idéales pour l'entrée sur le marché
suisse. Cela ne va sans doute pas empêcher leur expansion sur le
marché, mais pourrait du moins la retarder.
Conclusion
En résumé, il y a un bon nombre de points qui
favoriseront l'installation d'Aldi et Lidl en Suisse. Il faut remarquer que les
deux entreprises sont de véritables machines de guerres49(*) avec beaucoup d'argent, une
volonté de fer et des « reins solides », Aldi
n'étant encore jamais sorti d'un marché. Le nombre de centres de
distribution planifié montre la volonté des deux discounters
d'entrer massivement sur le marché helvétique. Ils seront donc
concurrentiels à moyen terme, de par le nombre de magasins. En plus, le
consommateur est déjà habitué aux produits premier prix,
grâce à l'assortiment de Migros et Coop et à la
présence des discounters près des frontières suisses.
Certains points d'interrogation demeurent cependant concernant
le succès d'Aldi et Lidl. Il y aura de nombreux obstacles que les deux
discounters devront franchir avant de vraiment pouvoir prétendre devenir
une véritable force concurrentielle sur le marché de la grande
distribution en Suisse. Énumérons ces points : d'abord, ils
manquent de références par rapport aux concurrents suisses ;
ensuite, ils ne disposent pas ou peu de produits Bio ou du commerce
équitable. De plus, ils rencontrent des difficultés dans le choix
des emplacements de leurs commerces. À cela s'ajoutent
l'imprévisibilité du comportement des consommateurs, car le
consommateur suisse se révèle être plutôt
« difficile », et une réaction anticipée
assez importante de la part de Migros et Coop. Dernier point : le
moment relativement mal choisi pour entrer sur le marché vu la haute
conjoncture régnante.
Notre enquête sur les différences de prix entre
les distributeurs du pays a par ailleurs démontré qu'Aldi
était certes bon marché, mais que les différences qui
existent dans le « panier de la ménagère »
entre les divers magasins, n'étaient finalement pas très
élevées. Globalement, les premiers prix entre Aldi, Denner et
Migros se valent. (Consultez à ce propos nos relevés et analyses
dans les annexes) Notons, qu'une étude faite en 2005 par
l'Université de St-Gall mentionne un avantage de 7% sur les prix pour
Aldi50(*).
L'arrivée d'Aldi et Lidl est donc loin de créer une
révolution des prix sur le marché suisse. Ceci étant
dû de fait à la baisse progressive des prix chez les grands
distributeurs établis, du fait de la création de gammes premier
prix, et d'autre fait au protectionnisme agraire suisse par le truchement de
taxes à l'importation élevées51(*).
Concernant l'estimation des parts de marché pour Aldi
et Lidl, différentes études tablent toutes sur une part de
marché de 3%52(*),
4%53(*) au maximum
6%54(*), ce qui
correspondrait assez bien au 5% de part de marché obtenue par Lidl et
Aldi en Angleterre où ils ont dû faire face à une forte
réaction de la part des entreprises établies sur la place.
Au final, nous pouvons estimer que Lidl et Aldi
réussiront bien à moyen terme à s'installer durablement
sur le marché suisse, mais que leur tâche sera tout de même
plus ardue que prévue et que leur part de marché ne suffira pas
à en faire un véritable contrepoids à Migros et Coop. Mais
ils pourront quand même les titiller légèrement dans le
secteur des petits prix.
La réaction stratégique des entreprises
Dans ce chapitre, nous voulons résumer et analyser les
stratégies suivies par les principaux acteurs du commerce de
détail en Suisse. Il est important d'étudier ces
stratégies en vue d'une analyse complète du marché
helvétique, car elles nous informent du positionnement des
différentes entreprises sur le marché et des éventuels
changements qui pourraient intervenir sur le marché dans les
années à venir.
Les stratégies de croissance
Sur le marché suisse, les deux leaders Migros et Coop
dominent nettement le marché. Cela dit, la Migros, par sa part de
marché, reste pour le moment le numéro un devant Coop. Le but de
Migros étant donc de rester en tête, alors que le but de Coop est
de dépasser la Migros55(*), ceci étant corroboré par une
déclaration du patron de Coop, Hansueli Loosli, qui affirme vouloir
dépasser la Migros en chiffre d'affaires d'ici 201556(*). Coop suit une
stratégie d'agrandissement aux moyens de rachats, appelée aussi
« Hunterstrategy », une stratégie qui comporte aussi
certains risques57(*).
Cela se confirme en regardant toutes les acquisitions faites par Coop ces
dernières années, surtout celles qui ne concernent pas le
marché alimentaire. Si l'on considère plus en détail
certaines de ces acquisitions telles que le rachat de Lumimart, TopTip ou
encore Fust, on s'aperçoit qu'elles ont souvent été faites
à la hâte, sans doute sans analyse approfondie de la
viabilité économique et financière de ces rachats et pour
un prix quelquefois excessif selon les dires de certains experts58(*). D'ailleurs la marge de
manoeuvre financière de Coop a certainement diminué due à
ces rachats, si bien qu'elle a vendu un grand nombre d'actifs immobiliers dans
le but d'améliorer son bilan59(*). (Consultez à cet effet nos relevés et
analyses des bilans de 1975 à 2006 de Migros et Coop, en annexe)
Nous pouvons donc observer chez Coop une stratégie de
croissance externe importante. Bien entendu, comme il est difficile, sur un
marché aussi saturé que le marché de détail suisse,
de trouver une autre solution que de racheter pour s'agrandir60(*), la Migros compte aussi
beaucoup sur sa croissance externe pour affirmer son statut de leader sur le
marché. Mais tandis que la Coop favorise, dans de nombreux cas, la
croissance patrimoniale sous forme d'absorption complète de l'entreprise
reprise, à l'image du rachat de l'EPA où les filiales ont
été complètement transformées en magasins Coop
City, la Migros semble préférer une stratégie de
croissance externe financière. En effet, chez Migros, les entreprises
acquises restent souvent des entités distinctes, se gérant
elles-mêmes, au sein du groupe Migros, à l'image de Globus et de
Denner pour l'avenir. Car, bien avant la condition imposée par la Comco
demandant à Migros de ne pas intégrer les filiales Denner dans le
M orange, Migros avait déjà affirmé vouloir garder Denner
en tant qu'entité distincte. « Denner reste
Denner ».
Du point de vue du nombre de magasins, Coop a beaucoup plus de
succursales que Migros, en ne comptant ici que les succursales avec le M
orange, les filiales Denner fraîchement acquises ne faisant pas partie
des magasins Migros. Coop est surtout bien lotie en magasins de petite taille,
du genre magasins de quartier. Ceci lui permet d'ailleurs d'être
finalement assez proche des clients. Par contre, Coop a de sérieuses
lacunes en ce qui concerne les grands supermarchés et les
hypermarchés. La Migros ayant dans ce domaine un avantage sur Coop,
celle-ci essaye donc tout naturellement d'investir dans ce domaine en rachetant
les magasins Carrefour en Suisse, sous condition de l'autorisation de la part
de la Comco bien évidemment. Avec l'intégration des anciens
magasins Carrefour dans ses actifs, Coop serait désormais
concurrentielle face à Migros, dans chaque catégorie de magasins,
notamment en ce qui concerne le nombre de magasins ; même avec un
certain avantage concernant le nombre de petites surfaces, Coop y étant
nettement mieux représentée. Mais comme nous pouvons le
constater, le nombre total de magasins, nettement supérieur chez Coop,
ne lui permet quand même pas de dépasser Migros en termes de
ventes61(*). (Consultez
à cet effet nos relevés et analyses des bilans de 1975 à
2006 de Migros et Coop, en annexe)
Les autres concurrents sur le marché de la grande
distribution ont un réseau beaucoup moins bien fourni que les deux
leaders, et surtout, ils ne sont pas présents dans tous les cantons. La
Valaisanne Holding (LVH) est désormais présente dans certains
cantons suisses allemands avec ses magasins PAM, après la reprise des
magasins PickFresh de Rewe. Volg et Spar ne sont présents qu'en Suisse
allemande sur le secteur des petites surfaces. Toutefois, le groupe Spar
Suisse, avec ses 6 magasins Eurospar, détient aussi des surfaces plus
importantes (plus de 1500 m2). Le groupe Magro/Casino est le seul
concurrent de Coop et Migros sur le segment des hypermarchés, mais ceci
uniquement en Suisse romande. Par faute de moyens financiers, mais aussi par
faute d'opportunités, étant donné que Migros et Coop
dominent le marché et ne laissent que peu de place à leurs
adversaires, des groupes comme Magro et LVH ont peu de marge de manouvres.
Notons que Magro à ouvert en avril 2007 un Hyper Casino, soit sont
16ème magasin et 6ème sur le canton de
Vaud, à Lausanne dans le quartier du Flon. La chaîne Manor,
propriété du groupe genevois Maus Frères, est en outre en
train de construire plusieurs nouveaux centres commerciaux dans
différents coins du pays62(*), y incluant aussi des supermarchés
alimentaires, et qui suit donc, par là, une véritable
stratégie de croissance interne, puisqu'il ne s'agit pas de racheter des
magasins existants. Avec ces nouveaux magasins, qui vont s'ajouter aux 31
supermarchés actuels, Manor ne fait toutefois pas le poids
comparé à Migros et Coop.
Stratégies d'assortiment
Concernant l'assortiment des distributeurs en Suisse, on
constate que les gammes des différents produits offerts sont presque
toujours très larges. Concrètement, cela signifie que l'on trouve
pour le même produit élémentaire divers labels à des
prix de niveaux différents. Et il est intéressant de remarquer
qu'il s'agit d'un phénomène qui a pris beaucoup d'ampleur ces
dernières années et que pratiquement tous les distributeurs
actuellement présents sur le marché helvétique s'y sont
mis, mis à part bien entendu Aldi, qui a une stratégie de prix et
produit unique. Notre enquête dans les différents
supermarchés du pays63(*) a démontré que les deux leaders Migros
et Coop ont le mieux réussi l'exercice de la diversification de leurs
gammes. En effet, le choix possible pour chaque produit
élémentaire est très large, à commencer avec les
produits à bas prix (M-Budget, Coop Prix Garantie) en passant par les
produits à calories réduites (Léger, Weight
Watchers) pour aboutir dans les produits de luxe (Migros Sélection et
Coop Fine Food) ; sans oublier le grand choix de produits Bio et
éthiques, prioritairement dans l'assortiment de Migros et Coop. Les
autres acteurs ne sont pas en reste, car ils offrent tous au minimum une gamme
à bas prix. Les distributeurs offrant des produits de type unique ne
sont finalement qu'au nombre de deux : Globus qui s'est
spécialisé dans les produits de luxe et Aldi, plus tard Lidl, qui
n'offrent pour l'instant, en Suisse, que des produits premier prix.
Cette diversification dans l'offre a pour but, en
théorie, de répondre aux différents besoins de la part de
la clientèle. Il faut être présent sur le segment des bas
prix du type M-Budget pour les personnes qui n'ont pas des grands revenus ainsi
que sur le segment des produits de luxe pour attirer les hauts revenus. En
pratique cependant, le comportement du consommateur est plus complexe que cela.
En effet, comme les dernières enquêtes l'ont
démontré64(*), le panier moyen de la ménagère suisse
se compose aussi bien de produits à bas prix que de produits de luxe, le
client moyen ne va donc pas se cantonner à un seul segment de prix.
Celui-ci va, par exemple, acheter des produits de base à bas prix pour
économiser de l'argent, des produits diététiques pour la
santé, des produits issus du commerce équitable par un besoin de
justice ainsi que des produits de luxe pour se faire plaisir. En cela, son
comportement est loin d'être rationnel au sens d'un homo oeconomicus. Les
grands distributeurs suisses ont bien compris ce comportement en adaptant leur
assortiment en conséquence. Ils répondent exactement aux
désirs des clients en leur offrant cette multiplicité de
produits.
Comme nous l'avons vu dans le chapitre sur l'arrivée
d'Aldi et Lidl en Suisse, les deux discounters allemands pourraient rencontrer
des difficultés à s'imposer sur le marché suisse,
difficultés dues à un faible choix de produits et à
l'inexistence actuelle de produits Bio et éthiques, jouissant d'une
forte demande sur le marché Suisse. Les consommateurs seront par
conséquent obligés de continuer à faire leurs courses chez
Migros et Coop pour obtenir ces produits-là. Pour profiter de cet
avantage stratégique, les distributeurs établis en Suisse ont
lancé et renforcé leur gamme à bas prix, à l'image
des produits M-Budget et Coop Prix Garantie. Ainsi ils offrent pratiquement le
même nombre de produits premier prix que les hard discounters nouveaux
venus, tout en offrant un choix autrement plus important dans les autres types
de produits.
Migros et Coop ont vite compris qu'il fallait offrir des
produits premier prix pour concurrencer efficacement les hard
discounters. Toutefois, dès qu'ils ont remarqué que Lidl et
Aldi n'étaient finalement pas si menaçants que cela, ils ont tout
aussi rapidement arrêté l'extension de leur gamme à bas
prix65(*). D'ailleurs, si
l'on a souvent l'impression que la guerre des prix est lancée en Suisse,
elle ne l'est en fait que sur le segment des prix entrée de gamme. En
effet, une récente étude pour l'émission Kassensturz sur
la télévision suisse alémanique a démontré
qu'il n'y avait pratiquement aucune différence de prix sur les produits
« de marque » plus chers66(*).
Remarquons toutefois que les discounters savent aussi
s'adapter à la demande des clients à l'exemple d'Aldi en
Allemagne qui offre désormais un assortiment relativement large de
produits Bio. Il est très probable qu'Aldi lance une gamme de produits
Bio en Suisse à moyen terme. À noter que cette stratégie
qui consiste à couvrir le plus de besoins possible, y compris les
besoins en produits à bas prix, n'a pas été
inventée en Suisse, mais était déjà
pratiquée depuis plus d'une décennie en Grande-Bretagne et aux
Pays-Bas (voir les comparaisons avec différents pays).
Autres politiques employées par les distributeurs
Une mode actuelle veut que les distributeurs
s'éloignent de plus en plus de leur activité de base pour aller
chercher des clients dans des domaines souvent très
éloignés de la vente des aliments. Ainsi les deux leaders suisses
offrent désormais des services financiers, des abonnements de
téléphones portables et même une assistance
routière ; sans parler des nombreux
« services » complémentaires comme la vente par
Internet, les cartes de crédit et les cartes fidélité. Ces
services sont par ailleurs aussi utilisés par les entreprises pour
obtenir des informations sur le comportement de la clientèle. Il est
d'ailleurs intéressant de voir que même les hard discounters tels
que Lidl et Aldi n'ont pas pu résister à la tentation d'offrir
des services supplémentaires non liés à la vente
d'aliments, alors même que leur concept de base est justement de
réduire au minimum tous les coûts annexes pour pouvoir vendre les
produits alimentaires le meilleur marché possible. Comme exemple de
cette nouvelle tendance, qui touche même les hard discounters, on peut
citer qu'Aldi Suisse offre déjà des voyages, et qu'en Allemagne,
aussi bien Aldi que Lidl proposent des cartes prépayées pour
téléphones portables ainsi que des abonnements ADSL.
Une des raisons de cette offre abondante en biens et services
additionnels est la poursuite d'une stratégie financière de
diversification. Les grandes entreprises cherchant au travers de celle-ci une
diminution de leurs risques financiers, il s'agit d'un côté
d'augmenter leurs revenus en cas de succès, et de l'autre
côté, de réduire les risques qui pourraient être
liés à une trop grande dépendance à la seule vente
de détail. Ceci est d'autant plus important que les chiffres de
croissance du secteur de la grande distribution sont certes encore relativement
élevés en Suisse, mais que les prévisions tablent
plutôt sur une baisse de la croissance à moyen terme causée
par une saturation du marché67(*).
L'autre raison de ces biens et services supplémentaires
est que la diversification de leurs activités permet aux distributeurs
de fidéliser la clientèle. La carte de fidélité en
est bien sûr l'exemple le plus flagrant, mais une offre d'assurance, par
exemple, peut aussi fidéliser un consommateur. En effet, cette
présence dans différents secteurs permet premièrement, de
faire connaître l'entreprise et de pénétrer durablement
dans l'esprit des gens ; deuxièmement, ceci permet de lier le
client à l'entreprise, car si celui-ci possède un compte bancaire
à la Banque Migros par exemple, il aura tendance à favoriser la
Migros pour y faire ses courses car il est même possible de retirer de
l'argent aux caisses des magasins Migros. À l'extrême, il devient
même possible aujourd'hui, d'acheter pratiquement tous les biens et
services dont on a besoin dans la vie courante chez Migros, respectivement chez
Coop. Les deux leaders suisses proposent en effet des meubles, des assurances,
des services financiers, des produits électroniques, de la musique
à télécharger sur Internet et des voyages. En ce qui
concerne la Migros, elle offre au travers de son Ecole-Club Migros un
très grand choix de cours à des prix intéressants. On peut
donc clairement entrevoir la stratégie des deux géants de la
grande distribution qui consiste à être présents dans tous
les domaines de la vie courante pour
« imprégner » ainsi le consommateur.
Au final, ces stratégies peuvent se résumer en
une phrase : créer des barrières endogènes à
l'entrée, c'est-à-dire des barrières constituées
par les stratégies dont nous venons de parler, érigées par
les acteurs présents sur le marché. Barrières auxquelles
vont s'ajouter des barrières exogènes au travers des
difficultés juridiques, fiscales et douanières pour s'installer
en Suisse. Le cumul de ces barrières exogènes et
endogènes, crées efficacement par Migros et Coop, ont comme
résultat qu'il devient vite décourageant pour un concurrent
étranger potentiel, de s'installer en Suisse68(*). On peut facilement observer
l'efficacité de ces barrières à travers ces deux
exemples : l'échec de Rewe et de Carrefour pour s'établir
durablement en Suisse et la relative lenteur que prend l'installation de Lidl
et d'Aldi.
Il faut bien entendu surveiller de près la
stratégie des deux leaders suisses, qui consiste à être
omniprésents dans l'économie suisse. Leur poids
économique, de toute façon très important dans la grande
distribution, devient de plus en plus grand dans d'autres domaines aussi. C'est
là, où cette puissance envahissante pourrait devenir vraiment
inquiétante d'un point de vue économique. Car, le duopole
déjà présent dans le commerce de détail risquerait
de s'étendre dans d'autres segments de la vie courante de tout un
chacun, ce qui pourrait créer une trop grande dépendance du
consommateur face aux deux géants, Migros et Coop. Une dépendance
qui pourrait entraver finalement la concurrence, pourtant indispensable au bon
fonctionnement d'une économie de marché.
Les autres concurrents sur le marché de la grande
distribution suisse essayent aussi de suivre cette tendance vers une offre plus
large visant la fidélisation des clients. Ainsi, le groupe Magro/Casino
offre une carte clients à l'image de Migros et Coop. Mais
malheureusement les efforts de ces concurrents en la matière sont
fortement freinés par le manque de ressources financières, avant
tout dû à leur petite taille comparée à celle des
deux géants.
Cependant, on remarque, dans d'autres secteurs industriels,
qu'il existe actuellement une tendance inverse qui se concentre sur le produit
central, à l'image de ce que proposent de nombreuses compagnies
d'aviation low cost, tels qu'EasyJet ou RyanAir. Autre exemple, dans le secteur
des télécommunications, où certains prestataires de
services de téléphonie mobile se concentrent sur l'essentiel,
c'est-à-dire la téléphonie et l'envoi de SMS, sans offrir
une multitude de tarifs et de services différents, à l'image de
Yallo, par exemple. Il est toutefois intéressant de constater qu'Aldi
fait finalement partie des initiateurs de cette concentration sur le produit
central. Dans les années 1980, c'est bien Aldi Allemagne qui a pour la
première fois « osé » présenter les
aliments dans un cadre d'achat le plus simple possible, en se concentrant sur
le produit central, en laissant volontairement de côté tout ce qui
n'en faisait pas partie. Or, comme nous l'avons déjà dit
ci-dessus, Aldi et Lidl, sont en train d'abandonner cette stratégie en
faveur d'une stratégie du style Migros où il s'agit d'offrir de
nombreux services et produits complémentaires dans le but d'attacher les
clients et de diversifier leurs activités. Reste à voir si la
multiplication des « stratégies du produit central »
dans d'autres secteurs va pousser les hard discounters vers un retour aux
sources ou s'ils vont continuer leur politique de diversification de
l'offre.
Segmentation des clients et société
multioptionnelle
Migros et Coop ont ces derniers temps segmenté leurs
produits en gammes différentes. On peut ainsi identifier quatre gammes
de produits, à savoir une gamme de produits « Premier
Prix », une gamme de produits « Prix Bas », une
gamme de produits « Prix Moyen » et une gamme de produits
« Premium ».
Cette volonté de segmenter le marché
répond à une constatation d'évolution de la
société. Le 15 mars 2005, Coop déclare en
conférence sur son bilan 2004 : « Dans cette
société multioptionnelle faite de consommateurs multioptionnels,
Coop mise à fond, en bonne logique, sur un assortiment multioptionnel
ou, si vous préférez, sur la diversité des offres, selon
le principe: « La liberté de choisir est garantie par le choix
».
De ce constat découle le
lancement par Coop, puis par Migros de produits multioptionnels.
Premier Prix
Tout a commencé en août 1996, Migros lance la
gamme M-Budget avec 70 produits, des produits simples et bon marché, un
emballage unique et simplifié, des quantités plus
élevées. Dix ans plus tard, en 2006, la gamme compte 380
produits.
Le lancement de M-Budget répond à la rumeur
persistante de l'arrivée de maxi-discomptes étrangers sur le sol
suisse et du lancement par Denner de produits « Premier
Prix ». Migros se calque sur ce qui se fait à
l'étranger depuis dix ans (lancement en France de la chaîne Leader
Price en 1989 et ED en 1978).
La nouveauté ici est d'oser mélanger les
différentes gammes dans un même magasin. De tout temps les
distributeurs ont craint un phénomène de cannibalisation.
En janvier 2005 Coop lance, semble t'il dans la
précipitation, la gamme « Prix Garantie » en
réponse au succès croissant de
« M-Budget ».
Ici la Migros fait encore une fois très fort en termes
d'image et de sympathie sociale. La Marque M-Budget est qualifiée de
marque « culte », cela fait cool, responsable et astucieux
d'acheter M-Budget.
Des produits ostensiblement M-Budget comme des serviettes de
bain, des surfs et même des sous-vêtements ont été
lancés. A des prix plus élevés toutefois, on voit ici
l'exploitation du segment « Prix Premium » au sein de la
gamme M-Budget. En Suisse alémanique, il est tendance, surtout chez les
jeunes, de porter des habits ou des accessoires M-Budget.
Cette « dépénalisation » de
l'achat « Premier Prix » correspond à ce que l'on a
pu observer dans les pays étrangers. Au lancement des Aldi ou des
magasins « Tati » en France, on se cachait pour aller y
faire ses achats, c'était mal vu socialement. Par la suite, les produits
premier prix sont également devenus « in ». La
société à changé et est devenue
multioptionnelle.
M-Budget s'est étendu à d'autres secteurs
toujours avec un succès phénoménal :
Téléphonie, cartes de crédit, concerts, etc...
Coop est clairement suiveuse sur ce concept, c'est Migros qui
apporte les innovations et Coop qui suit. Les produits premier prix se limitent
aux produits de base. C'est ainsi qu'il à été
annoncé en 2007 que Migros ne comptait plus lancer de nouveaux produits
M-Budget dans les années à venir. La gamme, en 2007, compte 500
articles.
Prix Bas
Ce sont les produits historiques des coopératives, les
produits en marque propre ou MDD (marque de distributeur). Produits par les
industries de Coop et Migros, ils offrent des alternatives aux marques
internationales ou suisses avec un prix moyen inférieur de 20 %.
La gamme est complète et très large, elle
s'étend à tous les produits d'usage courant et même
davantage. Les MDD sont plus présentes chez Migros, qui historiquement a
commencé avec seulement des MDD. Coop mise plus sur les marques, mais
reste une coopérative avec ses propres industries. Les produits MDD sont
des « valeurs sûres », il est plus rare de trouver
une innovation en MDD que chez une marque.
Prix Moyen
Le segment « Prix Moyen » est pratiquement
inexistant chez Migros où seules quelques marques
« Phares » sont présentes, Nutelle, Kellogs, Pepsi,
etc.. Ces dernières années, de nouveaux articles Prix Moyen sont
apparus chez Migros mais Coop est leader dans ce segment délaissé
par Migros.
Coop exploite ce segment en proposant dans tous ses magasins
un large choix de marques qui satisfont tous les besoins. Coop
bénéficie des campagnes de publicité et de promotion,
menée aussi bien sur le plan des marques internationales que nationales
car les consommateurs retrouvent ces marques à l'étranger
également.
Les innovations sont régulièrement
présentes sur ce segment et régulièrement de
nouveaux produits sont proposés dans la gamme Prix Moyen par les
marques.
Prix Premium
En 2005, Migros et Coop ont lancé leur gamme respective
« Sélection » et « Fine Food ».
Ce segment est occupé de longue date par des produits où les
principes écologiques et éthiques sont importants : par
exemple, produits biologiques respectueux de l'environnement, production de
montagne, production suisse, promotion des droits sociaux dans des pays en
développement, ligne basses calories, etc..
Avec Sélection et Fine Food, c'est, cette fois-ci, le
côté « luxe » qui est visé avec des
emballages très soignés, des quantités plus faibles de
produit et un prix plus élevé. On remarquera ici l'exacte
opposition aux produits « Premier Prix » : M-budget et
Prix-Garantie.
Avec ce découpage vertical en gammes de prix, des
premiers prix jusqu'au prix premium, on remarque également une dimension
horizontale où l'écologie, l'éthique, la relation avec les
producteurs suisses sont présentes. La dimension horizontale est pour
l'instant surtout présente dans les prix premium, mais l'annonce
récente par Coop de vouloir indiquer clairement sur chaque produit, la
provenance, le mode de production, le mode de transport et la quantité
de CO2 dépensé pour son arrivée en rayon, montre que les
dimensions horizontales font leur apparition dans les gammes de prix
inférieurs également.
Gamme MIGROS : (D'après lettre aux coopérateurs,
votations mai 2007)
M-Budget : 500
Standard : 30'000
Sélection : 100
Niveau de centralisation et structure de distribution
En observant les structures d'organisation chez les
différents grands distributeurs présents sur le marché
suisse, on peut voir des différences assez significatives.
La Migros est une coopérative qui a gardé ses
diverses coopératives régionales. Ainsi, elles sont au nombre de
dix aujourd'hui69(*).
Cette structure permet à Migros d'être plus présente sur le
plan local bien entendu. Ceci peut d'un côté faciliter les
rapports avec les agriculteurs locaux et d'un autre côté, permet
aussi d'être dans certains cas mieux acceptée par les clients, car
le client a le sentiment que les décisions sont prises dans sa
région et que le magasin est donc mieux adapté aux goûts
locaux, ce que l'on peut d'ailleurs observer au large choix de fruits et
légumes régionaux offerts par Migros. Cependant, en pratique,
Migros est souvent obligée d'être gouvernée comme le sont
les sociétés anonymes pour faire face justement à la
concurrence de celles-ci. Cette façon de gérer exige aussi une
centralisation des décisions stratégiques, si bien qu'il ne reste
aux coopératives régionales, bien souvent, que les
décisions opérationnelles.
Coop, quant à elle, est organisée depuis
quelques années de manière complètement
centralisée, celle-ci ayant supprimé toutes les
coopératives régionales encore existantes il y a de cela quelques
années. Ce type de structure permettant bien sûr de réduire
certains coûts de gestion, peut en fait constituer un certain
désavantage par rapport à la structure régionale de
Migros. Il est en effet plus difficile d'être à l'écoute
des clients et des fournisseurs locaux si l'on est basé à
quelques centaines de kilomètres de ceux-ci. D'autant plus que la Suisse
est un pays avec des différences culturelles sensibles et il peut
s'avérer difficile pour un manager de Coop installé à
Bâle de comprendre les attentes des consommateurs du Valais.
Les autres concurrents suisses des deux leaders, avant tout
Volg, Spar, Magro/Casino et Pam, connaissent moins ces problèmes
d'adaptation régionale, car ils sont présents uniquement en
Suisse alémanique en ce qui concerne Volg et Spar, et uniquement en
Suisse romande pour ce qui est de Magro/Casino. Pam, détenu par la
société valaisanne LVH, ayant été, il y a peu de
temps encore, une chaîne strictement valaisanne, est désormais
obligée de revoir sa façon de
gérer son organisation, puisqu'elle est passée
du stade de distributeur local à celui de
distributeur national en reprenant les franchises Primo et
Vis-à-Vis de Suisse Romande et en rachetant en 2002 les magasins
PickFresh. Le français Carrefour avait quant à lui plus de
facilités à s'intégrer dans le paysage de la grande
distribution romande, vu la proximité géographique et culturelle
de la France, où les magasins Carrefour sont déjà bien
connus. Leur acceptation par les clients suisses allemands a pris un peu plus
de temps70(*). Cela dit,
on ne peut plus considérer à l'heure actuelle Carrefour comme
véritable concurrent de Migros et Coop, car le groupe a la ferme
volonté de quitter le marché à travers la vente de ses
magasins, détenus jusqu'à présent par une participation
conjointe entre Carrefour et Maus Frères, cette dernière
société possédant la chaîne Manor. La vente des
magasins à Coop doit néanmoins encore recevoir l'accord de la
Comco. Manor est d'ailleurs un des rares distributeurs, à
côté de Pam, à être présent à
l'échelle nationale. À noter que dans ce travail, nous ne nous
intéresserons pas aux structures de Denner en tant qu'acteur
indépendant à cause de son appartenance au groupe Migros.
Toutefois, en continuant à être géré de façon
indépendante, et n'étant par conséquent pas soumis aux
coopératives régionales, Denner continuera au moins pendant les 7
ans qui viennent à être géré de façon
centralisée sur le plan national.
Les deux hard discounters allemands fraîchement
arrivés sur le marché suisse ont de leur côté une
structure volontairement très centralisée qui se traduit par une
forte uniformisation de la gestion des différents magasins et de
l'assortiment. Comme nous l'avons vu ci-dessus, le consommateur est par contre
habitué dans de nombreux cas à une gestion plus locale des
supermarchés dans lesquelles il va faire ses courses. L'avenir montrera
si Aldi et Lidl seront en mesure de s'affirmer sur le marché
helvétique malgré un certain désavantage concernant la
gestion centrale et non régionale de leurs magasins et une forte
uniformisation comme concept de départ.
T'es Migros ou t'es Coop ?
Afin de prendre du recul par rapport à la
déferlante annoncée par les médias sur l'arrivée
d'Aldi et Lidl, nous avons décidé d'essayer de sonder les raisons
qui poussent les consommateurs à se rendre à telle ou telle
enseigne. L'hypothèse de base étant que le prix est un facteur
déterminant, mais qu'il est accompagné d'autres facteurs tout
aussi importants.
Nous avons voulu ici nous éloigner du modèle
purement économique du consommateur « rationnel » et
étudier les aspects « non rationnels » qui entrent
en jeu dans la société mais qui ne sont pas pris en compte dans
une étude purement économique.
Il est de réputation que les consommateurs suisses sont
des consommateurs particuliers, exigeants en termes de qualité et
possédant un pouvoir d'achat élevé et moins sensibles aux
prix. La société change, ce constat peut découler d'un
certain formatage des consommateurs par Migros et Coop. Le consommateur
caricatural suisse, préférera la qualité d'un produit
suisse ou éthique quitte à payer légèrement plus
cher. Il préférera faire ses achats à côté de
chez lui et se retrouvera chez lui, choyé dans ses magasins, dans un
environnement connu.
Nous avons interrogé quelques personnes pour
connaître leurs habitudes d'achats alimentaires. Nous n'avons pas pu,
pour des raisons de temps et de disponibilité, organiser un sondage
très approfondi avec des données répertoriées.
Cependant, il nous est possible de dégager une certaine tendance et une
classification, qui est peut être subjective, mais nous sommes
persuadés de la présence d'un grand fond de vérité
dans cette lecture de la société des consommateurs suisses.
Nous constatons que nos deux géants ont
segmentarisé le marché. Bien que les produits proposés
soient totalement substituables, l'élasticité de choix entre la
Migros et la Coop est de loin influencée par divers facteurs :
Entre Migros et Coop, lequel
choisissez-vous ?
Coop
Voici les principales raisons souvent avancées par ceux
qui effectuent leurs achats chez Coop : la diversité des produits,
le choix, les nouveautés et une qualité offerte par les marques
supérieures aux produits de Migros. Le cadre et la présentation
des produits ainsi qu'un grand choix de produits biologiques ou de label de
qualité ou d'environnement. Coop se positionne plus en termes de
qualité « élargie » des produits. Le fait
d'avoir la Supercard est également mentionné dans les
avantages.
Les critiques à l'égard de Coop mentionnent des
prix légèrement plus élevés et moins de leadership
par rapport à Migros qui investit régulièrement de
nouveaux marchés. Coop est vue comme suiveuse et non comme leader. Le
fait que Coop ait démantelé les magasins bon marché EPA ou
la reprise de Waro et la transformation de ces enseignes en Coop avec des prix
Coop plus élevés, ont chagriné certains clients. Coop est
vue comme une entreprise prédatrice, absorbante.
Migros
L'habitude des produits Migros et la connaissance de leur
emballage sont souvent avancées pour le choix de cette enseigne.
Considérée comme une sorte de tradition familiale, « Ma
mère allait à la Migros, je vais à la Migros, je connais
les produits, je sais où ils se trouvent ». Une certaine
éthique dans l'esprit Migros, le fait de ne vendre ni cigarettes ni
alcool et l'aide apportée à la culture parlent en faveur de
Migros. Migros est vue comme une entreprise bienfaisante en Suisse. L'argument
prix est régulièrement avancé : « La Migros
est moins chère que la Coop », aussi à travers les
produits M-Budget. Le fait de « vivre » Migros
également dans plusieurs domaines : « je suis à la
Banque Migros, je vais à l'école Club Migros », en
somme Migros comme philosophie de vie. Le fait d'avoir conservé
l'indépendance entre Migros et le groupe Globus et le fait qu'il ne soit
pas affiché Migros dans les magasins de ce groupe jouent
également pour Migros : les gens ne se sentent pas envahis. Si
Migros renommait toutes ses entreprises en « Migros » les
consommateurs seraient sûrement affectés dans leur attachement
envers ces enseignes. Le fait d'avoir la carte Cumulus est également un
argument avancé.
Les raisons qui sont en défaveur de Migros, sont
l'absence de cigarettes, d'alcool et de vin, le manque de marques et de choix
des produits, ainsi que le manque d'originalité de ceux-ci et enfin, la
suprématie de Migros sur le commerce de détail.
Denner
La raison principale de la fréquentation de Denner est
l'achat d'alcool et de cigarettes car les prix sont bas et l'achat de
certaines marques à bon prix également. Rares sont les gens
à se fournir exclusivement chez Denner, Denner étant largement vu
comme un complément aux deux géants.
Les raisons avancées contre Denner sont l'absence de
produits frais, le manque de qualité et de choix dans ses produits, la
présentation des plus simples, l'accueil laissant à
désirer, le cadre d'achat peu attirant et la classe sociale qui
fréquente les Denner pour s'y fournir en alcool et cigarettes.
Concernant la question « que pensez-vous du rachat
de Denner par la Migros » les consommateurs sont partagés.
Beaucoup ne se sentent pas affectés car ils ne fréquentent pas
Denner et de toute façon, Migros est déjà leader et Denner
un tout petit à côté de Migros. Ils préfèrent
également que Denner reste suisse et que l'enseigne ne disparaisse
pas.
Il ressort de ces questionnaires que les points importants
pour le choix d'un magasin sont :
1. Proximité
2. Accessibilité
3. Diversité des produits et des prix
4. Qualité des produits, ambiance du magasin
« La coopérative » : une
spécialité suisse
En vue d'une analyse complète du marché de la
grande distribution suisse, il ne faut pas oublier de mentionner le fait que
les deux plus grands acteurs, Migros et Coop, sont tous deux des
coopératives. Cette situation est d'ailleurs unique dans le domaine de
la grande distribution en Europe. Chez Migros avant tout, ce statut de
coopérative est entre autres lié à une longue histoire
d'engagement social et culturel basée sur la volonté de son
fondateur Gottlieb Duttweiler. Migros compte actuellement 1'993'543
coopérateurs71(*)
et Coop 2'461'462 coopérateurs72(*). Il faut toutefois remarquer que les deux
coopératives sont aujourd'hui, par obligation, gouvernées comme
des sociétés anonymes, justement pour faire face à la
concurrence de celles-ci73(*). Mentionnons aussi une autre coopérative en
Suisse, la coopérative de paysans Fenaco, qui possède les
magasins d'alimentation Volg, présents uniquement en Suisse allemande.
Cependant, avec ses 640 succursales, qui sont pour la plupart des petits
commerces villageois, les magasins Volg sont nettement moins importants que les
deux grands leaders.
Remarquons que le statut de coopérative comporte
certains avantages stratégiques pour Migros et Coop, qu'ils utilisent
dans le but d'affirmer et de renforcer leur position sur le marché.
D'abord, parce que la direction d'aussi grandes coopératives est,
paradoxalement, moins contrôlée que celle d'une
société anonyme, ceci étant dû à la
difficulté de mobiliser 2 millions de coopérateurs dans le but de
changer éventuellement des modes de gestion, coopérateurs qui, la
plupart du temps, ne se sentent pas tellement concernés. Alors que, dans
une société anonyme, les actionnaires sont logiquement plus
impliqués dans la gestion de l'entreprise, car c'est leur argent qui est
en jeu. La gestion d'une coopérative peut donc s'avérer plus
commode pour les gestionnaires que la gestion d'une société
anonyme, car ils ont les coudées plus franches pour l'élaboration
et la poursuite de leurs stratégies. De plus, il est pratiquement
impossible, pour une autre entreprise, de racheter d'aussi grandes
coopératives que Migros ou Coop74(*). Ce fait est particulièrement
intéressant, car cela signifie que Migros et Coop peuvent racheter des
entreprises sans toutefois risquer de subir le même sort. Si bien que les
deux distributeurs ne subissent pas de pression de ce point de vue-là.
De plus, cela empêche de grands groupes étrangers d'entrer sur le
marché suisse en rachetant éventuellement une des grandes
chaînes locales, comme l'Américain Wal-Mart l'a fait au
Royaume-Uni en rachetant le distributeur Asda75(*).
Au-delà de nos montagnes, une autre
configuration ?
Le Benelux
Il est intéressant de comparer la situation de la
grande distribution en Belgique et aux Pays-Bas avec celle de la Suisse, car
les deux pays ont vécu une transformation du marché de
détail similaire à celle que vivra la Suisse avec
l'arrivée des hard discounters. De plus, les deux pays font partie tout
comme la Suisse des petits pays européens et sont donc plus facilement
comparables.
En observant en premier le cas des Pays-Bas, nous remarquons
qu'il y existe une guerre des prix très intense depuis quelques
années, celle-ci étant largement due à l'arrivée
des hard discounters allemands Aldi et Lidl. À ce sujet, il est
intéressant de voir la réaction de l'entreprise
néerlandaise Laurus pour contrer l'attaque des hard discounters
allemands. Elle a en effet choisi de transformer certaines succursales de sa
chaîne de supermarché Edah en softs discounters. Une comparaison
avec la Suisse s'impose puisque Migros a opté pour une stratégie
similaire en rachetant le soft discounter Denner.
Le marché belge, quant à lui, est
structurellement plus proche du marché français vu l'importance
de la catégorie des hypermarchés. Le consommateur belge a lui
aussi profité d'une guerre des prix dans la grande distribution. Ceci
non seulement à cause de l'arrivée des hard discounters mais
aussi comme réaction à une croissance relativement faible du PIB
ces dernières années et à un taux de chômage assez
élevé. Ces deux conditions favorisaient tout naturellement la
recherche de bas prix du côté des clients. On a pu
également observer l'apparition et le renforcement des marques propres
à bas prix chez les distributeurs établis76(*). Cette réaction de leur
part face à l'arrivée des discounters allemands est semblable
à celle de Migros et Coop en Suisse avec le lancement de leurs lignes
bas prix M-Budget et Prix Garantie.
Les pays scandinaves
Le cas de la Scandinavie est lui aussi spécialement
intéressant à mettre en parallèle à celui de la
Suisse, car on y trouve un marché de la grande distribution assez
semblable à celui de la Suisse. Deux pays scandinaves sont
particulièrement intéressants pour cette comparaison : le
Danemark et la Finlande. Ces deux pays sont proches de la Suisse parce que deux
distributeurs y dominent le marché. Au Danemark, il y a deux groupes qui
ressortent, le groupe « Dansk Supermarked A/S » et le
groupe « Coop Norden Sverige AB », ce dernier étant,
comme son nom l'indique, un groupe d'origine suédoise. D'autres groupes
plus petits se partagent le reste du marché.
Le marché finlandais possède la même
structure que le marché danois, mais il est encore plus
concentré. Les deux premiers distributeurs du pays, le
« S-Group » et le groupe « Kesko »,
détiennent à eux seuls plus de 70% du marché77(*). C'est donc à priori
une structure assez proche de celle que l'on peut observer en Suisse. Cependant
les troisième et quatrième distributeurs du marché
(« Tradeka » et « Spar-Group ») y ont
tout de même une part de marché non négligeable de
respectivement 10,8% et 6,2% (chiffres de 2005). Cela ressemble donc un peu
à la situation en Suisse avant le rachat de Denner par Migros.
Mais il apparaît clairement que la petite taille des
marchés scandinaves combinée à une forte concentration
dans le secteur, fait que ce marché n'est finalement pas très
intéressant pour des concurrents étrangers78(*). En tout cas ils ne se
pressent pas pour y entrer, à l'instar du marché suisse.
Pourtant, il y a une grande différence avec la Suisse : en
Finlande, Lidl est entré sur le marché en 2002 déjà
et a pu s'établir avec un succès certain, car sa part de
marché est évaluée à 5% aujourd'hui. En effet, en
2006 Lidl possédait déjà 110 succursales, ce qui est
relativement beaucoup pour un pays de 5 millions d'habitants. Cette belle
réussite a été largement favorisée par la mauvaise
préparation des distributeurs établis. Quand Lidl a
débarqué sur le marché finlandais en 2002, il a pu ainsi
offrir des prix 20% à 30% meilleur marché que les concurrents. Ce
n'est qu'après coup que les détaillants établis ont
commencé à réagir. En observant la stratégie
utilisée par Lidl pour se frayer un chemin sur le marché
finlandais, on remarque qu'ils ont su s'adapter aux coutumes locales en
proposant peu à peu des produits du pays, y compris certaines marques
« premium ». De plus, Lidl se fait livrer par des
fournisseurs finlandais pour certaines marques propres, que Lidl estampille
d'un drapeau finlandais. Cette stratégie s'est
révélée décisive pour la réussite sur le
marché finlandais vu la grande demande des habitants pour des produits
Bio et éthiques. En ce sens, le comportement du consommateur finlandais
se rapproche de celui du consommateur suisse. La stratégie
adoptée par Lidl Finlande pourrait par conséquent être
bientôt appliquée par Lidl et Aldi en Suisse aussi.
Le Royaume-Uni
Le Royaume-Uni fait aussi partie des marchés à
forte concentration sur le plan européen, même si ce n'est de loin
pas comparable à la Suisse ou à la Finlande. Il y a quatre
distributeurs qui dominent le marché : Asda, Tesco, Sainsbury's et
Morrisons79(*). Le cas du
Royaume-Uni est intéressant par comparaison à la Suisse, car il
est un des seuls marchés européens qui a pu résister avec
succès à l'arrivée des hard discounters. Cette comparaison
est d'autant plus intéressante vu l'arrivée d'Aldi et Lidl en
Suisse. Et il semble bien que Migros et Coop, en suivant l'exemple des
distributeurs anglais, sont sur la bonne voie pour lutter efficacement contre
l'attaque des hard discounters allemands. Pour relativiser, les hard
discounters sont tout de même parvenus à s'installer sur le
marché du Royaume-Uni. Toutefois, en comparaison avec d'autres pays
européens tels que la France et l'Allemagne, leur part de marché
reste plutôt faible. En effet, il y a trois discounters étrangers
qui sont entrés sur le marché anglais ; il s'agit du danois
Netto et des allemands Aldi et Lidl. À eux trois, ils comptabilisent une
part de marché d'environ 5% qui n'a pas évolué bien qu'ils
soient présents depuis plus de dix ans en Grande-Bretagne80(*).
Les distributeurs britanniques ont réussi cet exploit
en réorganisant leurs magasins et leur assortiment de façon
à ce que le consommateur ne ressente pas la nécessité
d'aller faire ses courses chez les discounters. Pour cela les
détaillants britanniques ont proposé des lignes de bas prix
permanents pouvant concurrencer les prix offerts par les discounters. De plus,
ils ont rénové leurs magasins de façon à offrir un
cadre d'achat plus accueillant aux clients, comparé à celui
offert par les discounters danois et allemands81(*). Les distributeurs britanniques ont de plus
lancé tout un programme visant à augmenter la
fidélité des clients. Le groupe Tesco a par exemple crée,
en 1995 déjà, une carte fidélité lui permettant
simultanément de renforcer l'attachement des clients et de
récolter des données les concernant. À cela s'ajoute une
diversification dans les biens et services financiers et non alimentaires
visant également la fidélisation des clients82(*). Ces stratégies
correspondent exactement à celles adoptées par Migros et Coop en
Suisse et pourront par conséquent certainement être
couronnées de succès.
En conclusion : utilité de la comparaison
Comparer la situation actuelle en Suisse avec la situation sur
d'autres marchés européens devient très intéressant
dans le but de faire une prévision sur l'avenir de la grande
distribution en Suisse. La Suisse est de fait un peu en retard par rapport aux
autres pays de l'Europe de l'Ouest qui ont pour la plupart déjà
vécu l'arrivée des hard discounters. Aussi remarquons-nous que
les stratégies utilisées par Migros et Coop pour
développer leur position sur le marché ressemblent souvent
fortement à des stratégies précédemment mises en
place par d'autres acteurs européens sur leur marché domestique.
Nous pouvons donc en conclure que la Suisse vit avec un léger
décalage les événements qui ont marqué les
marchés de la grande distribution des pays voisins. L'avantage
étant pour les deux grand distributeurs suisses établis de
pouvoir choisir des stratégies déjà testées sur
d'autres marchés en espérant que celles-ci soient aussi valables
en Suisse.
La présentation de ces quelques marchés
comparables nous permet de retenir certains points importants. Tout d'abord,
nous voyons que le cas de la Suisse avec son duopole Migros-Coop est certes
très spécial mais pas unique. Il existe des structures assez
proches au Danemark et surtout en Finlande, même s'il faut avouer que le
duopole helvétique est tout de même plus prononcé.
Ensuite, nous pouvons remarquer que les petits pays de
l'Europe de l'Ouest tels que les pays scandinaves ainsi que la Suisse
n'attirent pas autant les grand groupes internationaux à cause de
l'étroitesse du marché et d'une forte saturation
prévisible83(*).
L'exception étant les hard discounters, avant tout Lidl et Aldi qui,
forts de leur puissance financière semblent vouloir conquérir
petit à petit tous les marchés européens et même
ceux d'autres continents.
Finalement nous pouvons conclure, après cette
comparaison sur le plan européen, qu'il est tout à fait possible
pour les distributeurs nationaux de lutter efficacement contre l'ensemble de
l'arsenal des hard discounters. La condition étant une réaction
suffisamment rapide et vigoureuse de la part des détaillants en place,
à l'image de ce qui s'est passé aux Pays-Bas et au
Royaume-Uni.
La Valaisanne Holding , une histoire à la
« Valaisanne »
Fondée le 15 septembre 2004, cette holding est
très discrète et secrète. On ne connaît pas ses
actionnaires, le registre du commerce nous indique que le capital action,
entièrement libéré était de 35'000'000.- à
la création et a été augmenté successivement
à 47'000'000.- le 27 décembre 2004 puis finalement à
84'000'000.- le 5 septembre 2005. Le conseil de direction est assuré
à la fondation par Jean-Claude Gonnet, citoyen français, Maurice
de Preux et Michel Zen Ruffinen. Le 7 septembre 2007, Jean-Claude Gonnet est
administrateur unique de LVH.
Maurice de Preux est membre du conseil de direction de la BCVs
et un prêt de 40'000'000.- à été accordé
à LVH par la BCVs. Michel Zen Ruffinen, homme d'affaires valaisan, est
l'ancien vice-président de la FIFA. Jean-Claude Gonnet, ce
Français de 55 ans a été frappé en septembre 2005
d'une interdiction de gestion dans l'Hexagone pour 10 ans, prononcée par
le tribunal de commerce de Saintes. (Capital.fr du 25.05.07). Une histoire
qui serait liée à un trafic d'armes avec le Zaïre
(actuellement République démocratique du Congo).
La famille Baud, fondatrice des magasins Franprix et Leader
Price en France est en conflit ouvert avec le groupe Casino84(*).
La famille Baud, qui ne détient plus que 5 % de
Franprix mais possède encore 25 % de la chaîne de
supérettes Leader Price (enseignes désormais
contrôlées par Casino), est en effet soupçonnée de
posséder, sans l'avoir déclaré, 900 points de vente
alimentaire en Suisse, contrevenant ainsi aux accords de non-concurrence
passés avec Casino85(*).
La famille Baud a vendu 95% de ses participations de Franprix
et 75% de Leader Price à Casino. Mais elle est restée à la
tête du conseil d'administration. Elle possède une option de vente
de ses participations restantes à Casino en 2008 indexée sur les
bénéfices réalisés au cours des deux
dernières années. Or, Casino aurait violé le pacte
d'actionnariat en excluant la famille Baud de la direction de Leader Price, en
l'accusant de ne rien faire contre la baisse du chiffre d'affaires et en
voulant à tout prix gonfler les bénéfices. La famille Baud
refuserait de raboter sa marge comme l'ont fait l'ensemble des distributeurs
français suit à l'appel du gouvernement86(*).
Après avoir repris la direction, Casino a
découvert plusieurs dossiers noirs et accuse la famille Baud d'abus de
bien sociaux, de menaces et de mise en danger de la vie d'autrui. La famille
Baud serait revenue en force chercher des documents dans leurs anciens bureaux
et aurait manqué de tuer un garde de la sécurité avec leur
4x4 en prenant la fuite. Casino accuse également la famille Baud d'avoir
versé 300'000 euros à Genesis 22 pour des droits d'images de
Ronaldinho alors que Casino les détenait déjà87(*).
Or, Monsieur Jean-Claude Gonnet est également
l'administrateur de Genesis 22 Holding, une entreprise qui détient les
droits d'images de Ronaldinho.
« LVH exploite en Suisse la marque Leader Price,
dont la licence (non exclusive) lui a été cédée par
la société suisse Chaillet SA, filiale de Geimex, une autre
société, dirigée par la famille Baud (qui la
détient à 50/50 avec Casino) et qui est responsable des licences
Leader Price sur le plan international. Or, le groupe de distribution Magro qui
exploite sous licence les magasins Casino en Suisse, affirme n'avoir jamais
obtenu de Chaillet l'autorisation de distribuer localement les produits Leader
Price. Comme si les Baud ne tenaient pas à faire concurrence au groupe
LVH. »
Robert et Bernard Baud, installés en Suisse depuis
février 2006, ont pour domicile officiel la Villa des Tourelles à
Saxon, dans le canton du Valais, qui est aussi l'adresse du président de
LVH et de Genesis 22, Jean-Claude Gonnet88(*). La famille Baud pèse entre 2 et 3
milliards89(*).
LVH a racheté en Suisse les magasins valaisans PAM et
les Primo, Vis-à-Vis, et les Pick-Pay partenaires, passés sous
enseigne PAM. Or la charte graphique de PAM reprend exactement le logo des
magasins Franprix de la famille Baud à Paris. Dans les prospectus de
présentation des concepts PAM et Proxi pour les détaillants
privés, le logo Franprix sans l'adjonction « Pam »
est clairement visible en filigrane. Lors de nos questions à
LVH/Valrhône il nous à été répondu qu'il n'y
avait aucune relation avec les magasins Franprix et Casino
français90(*).
Franprix, Paris Produit Alimentaire Martigny PAM, Suisse
Beaucoup d'indices semblent montrer que la famille Baud est
derrière LVH, que va-t-il advenir de la famille Baud, car de lourds
soupçons pèsent sur elle et elle est poursuivie en France
à la suite de plusieurs plaintes graves émises par Casino.
Là, où l'homo oeconomicus devient
sentimental
Il y a différents aspects qui manquent souvent dans une
analyse d'un secteur économique, dans notre cas l'analyse du secteur de
la grande distribution, car ils ne sont pas forcément chiffrables,
quelques fois subjectifs et parfois même pas perceptibles à
première vue.
Les conditions de travail
Nous allons tout d'abord parler des aspects sociaux qui
caractérisent le marché de la grande distribution en Suisse. A ce
propos, il faut d'abord penser à l'environnement et aux conditions de
travail que l'on peut observer dans les supermarchés du pays. Il faut
dire que les employés du commerce de détail en Suisse sont
généralement plutôt bien lotis en ce qui concerne les
conditions de travail et les avantages sociaux. Ceci est grandement dû
à l'importance donnée au social chez les deux grands leaders
Migros et Coop. Cette importance trouve ses origines dans leur histoire en tant
que coopératives et pour ce qui est de Migros aussi dans la
volonté de son fondateur Gottlieb Duttweiler de garder un esprit social,
raison pour laquelle il a d'ailleurs transformé Migros en
coopérative.
Ceci se traduit en pratique par un cadre de travail
relativement agréable, des salaires plutôt généreux
pour le secteur, avec surtout des possibilités d'avancement, divers
avantages sociaux et des vacances assez généreuses. À ce
cadre de travail plutôt agréable s'ajoute une convention
collective nationale de travail entre Migros, Coop et les syndicats. Le cadre
de travail offert par Migros et Coop a d'ailleurs été loué
dans une récente étude91(*).
Cette récente étude a toutefois aussi
démontré que les conditions de travail sont nettement moins
avantageuses chez les autres concurrents de Migros et Coop. La preuve en est
que les syndicats étaient plutôt contents de l'éventuelle
reprise de Carrefour par Coop, puisque Coop leur offre une CCT, qui n'existait
pas avec Carrefour. Dans cette même étude, Aldi a
été vivement critiqué, entre autres pour son manque de
transparence dans les chiffres. En effet, Aldi et Lidl ont toujours
été des entreprises très secrètes quant à
leur fonctionnement. En Allemagne déjà, les deux hard discounters
sont souvent stigmatisés par les syndicats et l'opinion publique pour
les mauvaises conditions de travail offertes à leurs employés.
Le syndicat Syna92(*) est en bisbille avec Aldi quant aux contrats de
travail de ses employés. Le 50% est généralisé, il
y a interdiction de parler aux médias, une activité
bénévole doit être approuvée préalablement
par Aldi, etc. « Il s'agit d'une ingérence dans la vie
privée», selon Robert Schwarz, responsable du commerce de
détail pour Unia. «À part en ce qui concerne nos
concurrents, un second emploi est toléré. Nous voulons simplement
être informés. Par exemple, en cas d'accident dans un magasin,
nous voulons savoir s'il résulte de la fatigue.(....) Concernant enfin
l'ingérence dans la vie privée, cela fait partie du passé.
Nos contrats ont été modifiés», conclut le
porte-parole d'Aldi Sven Bradke93(*).
Le cadre de l'achat
Le cadre de l'achat et l'ambiance véhiculée par
les magasins est un facteur non négligeable dans une analyse de la
grande distribution. De ce côté-là, nous avons
été plutôt gâtés en Suisse ces
dernières années.
Coop, avant tout, a entamé ces dernières
années d'importantes rénovations dans ses magasins en vue de les
rendre plus attrayants et d'offrir aux clients une ambiance assez
feutrée pour faire leurs achats. Elle suit ainsi l'exemple de Manor qui
a su, dès les années 1980 déjà, offrir à ses
clients une ambiance très chic, tout en mettant l'accent sur l'aspect
« marché » de ses magasins94(*). La Migros est quelque peu en
retard concernant l'aménagement intérieur. Il lui manque en fait
une politique globale dans le domaine de l'équipement intérieur.
Ainsi, il peut y avoir des différences significatives entre les
différentes succursales. Denner, la nouvelle possession de Migros,
avait, il y a de cela quelques années aussi, investi fortement dans la
rénovation de ses magasins. Toutefois, les magasins Denner restent, pour
la plupart du temps, peu accueillants (avis personnel des auteurs) et souvent
très étroits, ne poussant ainsi pas le consommateur à
rester longtemps dans le magasin, contrairement aux magasins Coop, Manor et
Migros où le cadre d'achats se montre souvent des plus
agréables.
Le cadre d'achat est bien entendu radicalement
différent chez les nouveaux arrivés sur le marché du hard
discount Aldi et Lidl. Tout d'abord, l'uniformisation et la simplification y
sont poussées à l'extrême, aussi bien dans l'architecture
extérieure qu'intérieure. Pour le client, les achats chez Aldi et
Lidl se révèlent faciles, grâce à de larges
couloirs, peu de temps d'attente aux caisses et de vastes parkings, mais en
même temps peu agréables du point de vue ambiance d'achat. En
effet, les couloirs sont peu engageants, l'arrangement des produits dans les
cartons n'est pas vraiment attrayant et les légumes manquaient nettement
de fraîcheur lors de l'enquête que nous avons menée.
À cela s'ajoute un personnel souvent mis sous pression, qui n'a pas le
droit d'adresser la parole aux clients et qui est tenu de faire la transaction
à la caisse le plus rapidement possible ce qui nuit très
nettement à la convivialité95(*). Le contraste est surtout flagrant avec Migros
où les employés sont tenus d'être spécialement polis
avec le client et d'accompagner celui-ci jusqu'au produit recherché.
Le manque de choix
Le phénomène de concentration que l'on peut
observer ces dernières années sur le marché suisse a aussi
des effets sur la diversité des produits proposés. La
quantité élevée d'achat effectuée au-delà
des nos frontières en est une preuve. Car les gens ne vont pas seulement
y faire leurs achats pour des raisons de prix, mais aussi pour des raisons de
choix. En effet, on trouve un tout autre choix autrement plus vaste dans un
hypermarché en France que dans les magasins suisses96(*) (notamment un choix
énorme pour les poissons et viandes).
En rachetant un par un leurs concurrents, Migros et Coop
améliorent bien sûr leur position sur le marché mais
diminuent à chaque fois aussi les possibilités de choix des
consommateurs. Un des exemples dans le domaine des biens non alimentaires est
certainement le rachat de l'EPA par Coop. Les magasins EPA proposaient aux
consommateurs tout un éventail de produits divers allant des appareils
ménagers jusqu'à l'habillement dans un cadre, certes pas
très luxueux, mais à des prix très raisonnables. En
transformant les anciens magasins EPA en Coop City ou InterDiscount XXL, la
Coop a supprimé tout un segment d'offre qui avait tout de même ses
adeptes. La même chose est valable dans le cas de Carrefour. Dans le cas
d'un oui de la Comco au rachat des magasins Carrefour par la Coop, celle-ci a
déjà annoncé qu'elle allait transformer les magasins en
succursales Coop. Or, Carrefour était l'unique représentant dans
le secteur des hypermarchés « à la
française » en Suisse avec des prix souvent assez
intéressants. Donc de nouveau tout un segment d'offre qui pourrait
disparaître. La Migros est en cela moins radicale que la Coop, car elle
maintient la plupart du temps les entreprises rachetées en tant
qu'entité distincte au sein du groupe Migros. L'exemple le plus
réussi étant certainement le rachat de Globus, qui continue
à se gérer lui-même en choisissant plus ou moins librement
ses fournisseurs. Ainsi, Migros maintient tout de même un certain niveau
de diversité. En espérant bien entendu que la Migros ne change
pas tout à coup de stratégie.
Un autre point important concernant le manque de choix est la
présence importante des marques de distributeurs dans les rayons des
magasins en Suisse97(*).
Le concept de Migros est, bien entendu, traditionnellement orienté vers
ce type de produits. Mais il y a une tendance chez d'autres distributeurs
aussi, d'augmenter la proportion de produits estampillés à leur
nom dans leurs rayons, ceci particulièrement chez Coop. Les
récents rachats de la part de Coop et Migros combinés à la
volonté d'accroître la part des marques propres, semblent en tout
cas inquiéter les producteurs d'articles de marque98(*) ; ils risquent de trouver
de moins en moins de repreneurs pour leurs articles, d'où
résultent aussi des limitations pour les consommateurs souhaitant
acquérir des produits de marque.
L'éthique
L'éthique d'entreprise et le respect envers la
société et l'environnement ne doivent pas seulement rester de
vains mots dans notre vie d'aujourd'hui. Plus que jamais, il est important que
les entreprises fassent preuve de respect sur le plan éthique. Ceci est
même primordial dans le secteur de la grande distribution, secteur que
tout un chacun est obligé de côtoyer au moins une fois par
semaine, voire quotidiennement pour acheter sa nourriture de tous les jours. Un
secteur qui est par conséquent vital pour nous. Il est d'autant plus
important pour les entreprises présentes sur ce marché
d'être perçues par le client comme étant des entreprises
respectueuses de l'environnement et soucieuses de la qualité des
produits.
La qualité est d'ailleurs un des mots les plus
abondamment utilisés dans ce domaine. Il est intéressant
d'observer que même les hard discounters inscrivent la qualité
comme argument numéro un sur leur bannière, alors même que
leur concept de base est surtout axé sur les prix et la réduction
des coûts. Il suffit pour s'en convaincre de se rendre sur le site
Internet d'un hard discounter. Le mot « qualité » y
apparaît excessivement souvent, comme s'il s'agissait de convaincre les
consommateurs que l'on n'a pas économisé sur la qualité.
Du reste, Aldi et Lidl sont toujours très fiers de pouvoir arborer sur
leurs produits les bons résultats qu'ont obtenus leurs produits lors des
tests de qualité de la Stiftung Warentest (important organisme de
protection des consommateurs en Allemagne).
Nous voyons donc que la qualité est un fort argument de
vente. Mais il n'y a pas uniquement la qualité pure et simple qui
compte. Aujourd'hui plus que jamais, le consommateur est sensible à une
valeur parfois assez abstraite et difficile à définir qu'est le
respect de l'environnement, aussi bien dans le sens écologique que dans
le sens social du terme. L'enjeu pour les entreprises étant par
conséquent de convaincre le client de leur souci d'équité
dans leur activité. Les deux plus importants protagonistes suisses,
Migros et Coop, sont maîtres en la matière. Ils proposent tous
deux une pléthore de produits labellisés éthiques et Bio
et leur assortiment dans ce genre de produits ne cesse d'augmenter. À
tel point qu'il devient pour certains produits à la limite impossible de
trouver un spécimen qui ne soit pas labellisé Bio99(*). Les autres entreprises du
secteur ne sont d'ailleurs pas en reste, avant tout Manor, qui a su très
bien rendre visible la fraîcheur et la qualité de ses produits
à travers une présentation adéquate dans ses
supermarchés.
Même s'il s'agit là bien sûr de
stratégies de marketing de la part des distributeurs, visant à
répondre aux besoins des clients, voire à créer ces
besoins chez ceux-ci, cette omniprésence de produits éthiques et
Bio a toutefois le mérite de montrer la préoccupation aussi bien
des distributeurs que des consommateurs quant aux enjeux environnementaux et
sociaux et de proposer des solutions aux problèmes que nous pose notre
monde d'aujourd'hui. Et ce n'est pas pour rien que les Suisses sont
actuellement champions du monde de la consommation de produits
« éthiques » et Bio100(*).
Comparaison des rapports de Gestion entre Migros et Coop
Nous avons compilé certaines informations des rapports
d'exercice de Migros et de Coop de 1975 à nos jours. Pour ce faire, nous
nous sommes rendus au siège de Migros Genève ; et pour Coop,
nous avons demandé des fichiers informatiques.
Nous avons relevé l'ensemble des chiffres et en avons
tiré des graphiques que vous pouvez consulter en annexe. Ces graphiques
renseignent sur l'évolution de certains indices sans toutefois
être très pertinents. Nous constatons une progression
régulière dans tous les indices relevés. A noter que les
rapports de Coop ont subis plusieurs modifications dans la comptabilisation des
informations au cours des années, il en résulte quelques
« sauts » dans les graphiques.
Relevés de Prix
Le 11 juillet 2007, les auteurs ont effectué un
relevé de prix d'un panier type dans plusieurs magasins présents
en Valais. Les enseignes suivantes ont été visitées :
Pam à Martigny, Aldi à Viège, Manor à Monthey, Coop
à Collombey, Migros à Monthey, Casino à Collombey, Denner
à Martigny et à Monthey. Nous nous sommes focalisé sur
des denrées de base. Nous avons par la suite
pondéré nos achats avec des quantités
standardisées. Vous trouverez les résultats
détaillés en annexe. Il convient de noter qu'une petite
différence de prix a rapidement des influences sur le classement. Aldi a
été fortement handicapé par le prix de l'huile d'olive et
du vinaigre balsamique. Nous remarquons que les enseignes qui ne disposent pas
de produits premier prix pour un produit sont aussi rapidement
pénalisées. Nous avons retiré du comparatif les boites de
conserves car nous avions des soucis avec le poids ou les quantités, la
Vodka non présente chez Migros et le gruyère mi-salé non
présent chez Denner. Le classement obtenu nous semble toutefois assez
objectif. Vous trouverez en annexe tous les détails par produits.
Il est intéressant de noter que tout ce joue dans un
mouchoir de poche et que Denner est moins cher qu'Aldi, principalement à
cause du vinaigre balsamique et de l'huile d'olive, non présent en
premier prix chez Aldi. Le panier « Omniscient »
sélectionne systématiquement, pour chaque produit, le prix le
moins cher trouvé lors de notre enquête.
|
Omniscient
|
Denner
|
Aldi
|
Casino
|
Migros
|
Coop
|
Manor
|
Pam
|
Total panier CHF
|
50.99
|
60.50
|
62.76
|
64.39
|
64.61
|
67.23
|
72.67
|
77.19
|
%
|
-15.73
|
0.00
|
3.74
|
6.43
|
6.79
|
11.12
|
20.11
|
27.59
|
La Grande Distribution Helvétique à travers la
boule de cristal
Il est pratiquement impossible de prédire ce que sera
le paysage de la grande distribution dans 15 ou 20 ans mais certaines grandes
lignes se dessinent néanmoins. Dans l'hypothèse d'une
stabilité économique et politique, Coop et Migros seront toujours
présentes dans les années à venir et sûrement pour
les 30 et 40 ans à venir. Le statut de coopérative confère
une sécurité à Migros et Coop face à certains
effets économiques comme un rachat, une OPA ou une pression
actionnariale tournée vers la rentabilité au mépris de
l'investissement pour l'avenir.
De par leur héritage social, ces deux entreprises
devraient continuer à investir pour la collectivité en
prônant l'agriculture biologique ou en soutenant la culture. Il est fort
probable que ces deux entreprises occuperont une place encore plus importante
dans la politique et la gestion du pays de par leur pouvoir économique,
les canaux de communication et le capital de sympathie qu'elles ont.
Que vont faire Migros et Coop des bénéfices
réalisés chaque année ? Elles peuvent difficilement
investir à l'étranger car leur statut les enferme en Suisse. Il
serait difficile de faire passer à la population que Migros
rachète une entreprise étrangère, en effet à qui
iraient les bénéfices, le but de la coopérative
étant de servir les coopérateurs. On peut imaginer élargir
la base des coopérateurs vers l'étranger...
De plus, Migros a eu une expérience malheureuse en
Autriche avec les magasins Familia et a perdu au passage pas mal d'argent. Le
développement à l'étranger est depuis très
limité, la Coopérative genevoise gère depuis 1993, deux
supermarchés en France voisine, via Migros France S.A.. Migros France
est en train de construire à Neydens (F), à côté de
Genève, un super centre de loisirs, de détente et de commerce,
sur le modèle du centre Säntis-Park en Suisse alémanique,
dont l'ouverture est prévue en 2008.
La coopérative bâloise de Migros est
également présente en Allemagne sous une Sarl, avec 3
supermarchés en zone frontière, ouverts en 1995, 2001 et 2002. Le
but principal étant de récupérer une partie du tourisme
commercial. Sur le site de Migros Allemagne, ouvert depuis mai 2007, il est
indiqué que Migros est à la recherche de surfaces de vente dans
des centres-villes de plus de 50'000 personnes dans toute la Bavière et
le Baden-Würtemberg. Il semblerait que Migros ait décidé de
se relancer à la conquête de L'Allemagne.
Coop et Migros sont tous deux des géants en Suisse,
mais des « minus » et même des
« ovnis » sur le plan européen et mondial. La
croissance la plus plausible est donc interne, en Suisse.
Coop a, ces derniers temps, adopté une attitude de
chasseur et rachète un peu tout ce qui est à vendre, un peu comme
Swissair. Souhaitons un avenir plus radieux à Monsieur Loosli que celui
de Monsieur Brugisser.
C'est ainsi que dernièrement, Coop a racheté
Waro, EPA, Interdiscount, Radio/TV Steiner, Lumimart, Fust, et souhaite
reprendre les hypermarchés de Carrefour/ex Jumbo.
Coop rachète et absorbe ces entreprises sous une
direction commune et bien souvent, elle remplace les concepts et les enseignes
en magasin Coop. Elle ne segmente pas le marché en marques
différentes comme c'est le cas en France par exemple, où chaque
type et taille de marché a sa marque. Un groupe comme Casino
possède près de 10 enseignes différentes.
De son côté. Migros a racheté le groupe
Globus par exemple, mais la gestion est restée séparée,
elle en est propriétaire mais la vision stratégique est
séparée de celle des magasins Migros. Il en va de même avec
le rachat de Denner, la volonté affichée étant de
conserver une direction séparée « Denner reste
Denner », la Comco ayant transformé cette volonté en
obligation.
Coop va-t-elle racheter les magasins de LVH et créer un
pôle de petits commerces de proximité avec ses nombreux magasins
de village ? LVH va-t-il racheter les petites Coop comme
« Volg » qui a intégré 17 petites Coop en
2002 dans ses magasins ?
Il semblerait que LVH soit arrivé au bout de ses
liquidités, de plus les magasins que LVH exploite ne sont pas faciles et
ne dégagent pas d'énormes chiffres d'affaires comparés
à Migros et Coop. Bien que la famille française Baud,
milliardaire et fondatrice des magasins Franprix/LeaderPrice, semble
derrière LVH, cette dernière est pour le moment une
« minus » en Suisse avec 81 millions de capital action
entièrement libéré. Elle pourrait hypothétiquement
avoir quelques soucis en relation avec le conflit entre Casino et la famille
Baud en France.
Magro S.A . semble bien se développer ces dernier
temps en construisant de nouveaux supermarchés. Là encore,
Monsieur Paul-Louis Chailleux reste un privé et n'a sûrement pas
une puissance commerciale énorme.
Le rachat à 470 millions des 12 hypermarchés
Carrefour est de loin inaccessible à LVH ou à Magro S.A.
Une société Migros - Coop
Il est en revanche plausible que l'on assiste à une
omniprésence de Migros et Coop dans tous les domaines de la vie
quotidienne des suisses. Chaque marché est doucement investi par ces
deux acteurs : téléphonie mobile, cartes de crédit,
banques, assurances, dépannage routier, ameublement, papeterie,
concerts, billets d'avion ou de train, etc. Avec souvent au final, des prix
plus bas pour les consommateurs. Migros a là aussi une petite longueur
d'avance sur Coop qui suit plutôt son concurrent qu'elle ne s'attaque
à de nouveaux marchés.
Par le passé, Coop a revendu le 20 décembre 1999
sa banque Coop à la banque cantonale bâloise ; en 2000,
l'assurance Coop fusionne avec la Fribourgeoise et est ensuite reprise par la
Nationale. De son côté, Migros possède sa propre banque et
a des partenariats avec l'assurance Generali et, pour le dépannage
routier, avec Elvia.
Spar Suisse est une entreprise familiale sous franchise de
Spar International (Pays-Bas) qui possède 149 magasins et approvisionne
177 détaillants indépendants sous le concept Maxi. (92
Primo/Vis-à-Vis ont été repris en 2005 à Rewe).
Cette entreprise reste familiale.
Nous pouvons distinguer 4 segments de marché : les
magasins de proximité, les supermarchés urbains, les
hypermarchés, les magasins de maxi-discompte.
Pour le segment des magasins de proximité, quatre
groupes sont en train de reprendre la totalité du marché :
PAM en Suisse romande, Volg et Spar en Suisse alémanique. Ces trois
enseignes devraient rester stables, voire diminuer, car ce sont des petits
magasins et des épiceries de quartier. On peut imaginer un rachat de
petites Coop par ces groupes. Volg étant une coopérative, elle
reste à l'abri d'un rachat. Qu'en sera-t-il avec LVH et Spar ?
Du côté des supermarchés urbains, le
terrain est occupé par Migros, Coop et Magro. Manor restant un Grand
Magasin et non un supermarché.
Quel avenir est réservé aux marchés
Casino/Magro en Suisse ? L'entreprise en mains d'un homme d'affaires
français est très active depuis son rachat en novembre 2004 et a
ouvert récemment un nouveau magasin à Lausanne. Mais elle reste
minuscule par rapport à Migros et Coop. On peut imaginer que cette
entreprise est à l'abri d'un rachat par nos deux géants par
l'arbitrage de la Commission de la concurrence (Comco). Les expériences
passées nous ont montré qu'il est peu probable que la Commission
de la concurrence s'oppose à un rachat de Magro, sa part de
marché étant marginale. Que Magro soit indépendant ou pas,
le marché ne devrait pas être influencé par ce rachat.
Les hypermarchés devraient être occupés
par Migros, Coop et Casino avec 8 hypermarchés. Carrefour ayant
annoncé la cessation de ses activités en Suisse, Coop est sur les
rangs pour reprendre les 12 hypermarchés Carrefour. Migros étant
en avance sur Coop dans le segment des hypermarchés.
La décision de la Comco est attendue sous peu, sans
trop d'illusions une autorisation soumise à conditions envers les
fournisseurs devrait être délivrée.
En effet, une interdiction pour Coop exclurait Migros
également et qui d'autre resterait en ligne ? Maus Frères,
partenaire avec Carrefour dans Distributis, propriétaire des 12
hypermarchés, ne reviendrait sûrement pas à la situation de
2000 en ressortant de ses cartons
l'enseigne Jumbo. Magro n'ayant pas la capacité
financière de reprendre la totalité des hypermarchés ou
seulement certains d'entre eux, nous pouvons imaginer, si Magro est
intéressé, que certains Carrefour passent à Magro et que
les autres soient repris par Coop.
Du côté des maxi-discomptes, Denner repris par
Migros devra rester Denner et conserver son indépendance. Migros est
habitué à ce genre de gestion, elle fait de même avec le
groupe Globus. Denner est une enseigne historique de Suisse et occupe
déjà de bons emplacements.
Une nouveauté de l'étranger ?
Sous la protection de Migros, Denner n'a plus de soucis
à se faire face à Aldi et Lidl. Aldi est arrivé en Suisse
le 27 octobre 2007 et devrait être suivi par Lidl. L'avenir nous dira si
la déferlante des « Hard discounters » allemands
annoncée par les médias aura lieu ou pas.
Lidl a récemment fermé son bureau d'expansion de
Lausanne, mais conserve pour le moment ses bureaux de Berne, Bâle et
Frauenfeld. L'ouverture des premiers magasins est attendue pour 2008. Aldi et
Lidl pourraient avoir chacun dans les 170 magasins. Ils ont planifié
chacun 4 centres de distribution en Suisse, qui peuvent alimenter 60
succursales101(*).
Les premiers Aldi en Suisse romande devraient ouvrir à
Collombey et à Bulle avant la fin de l'année 2007. Les travaux
ont d'ailleurs commencé.
D'autres acteurs étrangers vont-ils venir en
Suisse ? Il est très peu probable qu'un Français se frotte
au marché suisse, Carrefour étant à son deuxième
retrait de Suisse et, tout comme le groupe Casino, en phase de
désendettement et de recentrage stratégique.
Les supermarchés et hypermarchés étant
très fortement dominés par Migros et Coop, les épiceries
de quartier étant rarement une mine d'or, il ne reste que le secteur du
maxi-discompte.
Or, celui-ci est occupé par Denner et Aldi. Et Lidl est
attendu bientôt. Dans les autres pays, les chaînes de discomptes
ont été lancées par des acteurs déjà
implantés pour contrer Aldi et Lidl, citons le cas de ED, Netto, Leader
Price en France. Le but est avant tout de conserver les clients dans son
groupe ; aller à Carrefour, Champion ou ED c'est bon pour le groupe
Carrefour.
102(*)
L'allemand Rewe ayant également jeté
l'éponge, on imagine vraiment mal un acteur étranger se frotter
au marché suisse.
Structures, Performances et Conclusion
Nous voulons conclure ce travail par une analyse
économique du secteur, pour montrer où l'on se situe sur
l'échelle allant de la concurrence imparfaite à la concurrence
parfaite. Il existe, entre autres, deux façons d'analyser la situation
concurrentielle dans un secteur économique : l'approche
structurelle du secteur et l'analyse de la performance des entreprises
présentes dans ce secteur. Étant donné que ces analyses
requièrent des informations parfois traitées
précédemment dans d'autres chapitres de ce travail, ce
chapitre-ci peut être perçu comme un résumé de
l'ensemble du travail.
Les structures du secteur de la grande distribution en
Suisse
En vue d'analyser les structures d'un marché, il
convient d'observer certains points importants qui nous indiquent si l'on est
en présence d'une concurrence parfaite où d'une concurrence
imparfaite.
L'atomicité
L'atomicité est acquise s'il y a suffisamment
d'entreprises sur le marché pour que le prix ne puisse pas être
influencé par celles-ci. Le prix est donc une donnée
exogène qui ne peut être influencée ni par les
consommateurs, ni par les entreprises. Pour étudier l'atomicité
d'un marché, il s'agit d'observer le nombre d'acteurs présents
sur le marché et les parts de marché que détiennent les
entreprises. De ce point de vue, le calcul de l'indice d'Herfindahl-Hirschmann
est une méthode intéressante.
Indice
d'Herfindhal-Hirschmann (HHI)
L'indice HHI est un indice de concentration, qui permet de
vérifier une condition sine qua non de la concurrence parfaite,
l'atomicité. Il constitue un indicateur du pouvoir de marché et
de la concurrence qui s'exerce entre entreprises. Avant tout utilisé par
les autorités de la concurrence aux Etats-Unis d'Amérique, il est
cependant de plus en plus employé en Europe aussi. Les autorités
de la concurrence peuvent l'utiliser pour voir si une fusion ou absorption pose
problème du point de vue de la concentration du marché ou pas.
Bien entendu, il faut préciser qu'il ne s'agit là que d'un
indice, et comme son nom l'indique, il n'a pas valeur
d'autorité infaillible en la matière.
Nous avons voulu calculer l'indice HHI pour connaître la
concentration sur le marché de la grande distribution et pour savoir
qu'elle sera l'incidence, sur la concentration du marché, de la
dernière fusion Migros-Denner et de la reprise des magasins Carrefour
envisagée par Coop.
La formule utilisée par l'indice HHI est la
suivante :
, avec Pi, la part de marché de l'entreprise i,
et n, le nombre d'entreprise présentes sur le marché.
Pour calculer l'indice nécessite il convient tout
d'abord de connaître les parts de marché des acteurs
présents sur place. Nous avons choisi les huit plus grands distributeurs
du pays : Migros, Coop, Denner, Volg, Spar, Manor, Aldi et Carrefour. Il s'est
avéré difficile, voire impossible de connaître la
véritable part de marché que détient chacun d'eux. Les
parts de marché calculées par les entreprises elles-mêmes,
et publiées dans les rapports de gestion de Migros et Coop, nous
semblent éminemment trop basses pour être véridiques. Il
fallait donc les comparer avec les parts de marché calculées par
d'autres études. Nous avons pour cela choisi les chiffres publiés
par l'institut IHA-GfK103(*) et l'Institut Nielsen. Les premiers ayant d'ailleurs
été utilisés par la Comco pour la décision
concernant l'étude du cas CoopForte, faite en 2005. Par la suite, nous
avons calculé nos propres chiffres en nous basant sur le chiffre
d'affaires des entreprises et les avons confrontés à ceux des
deux instituts. Au final, nous avons retenu les parts de marché
suivantes pour le calcul de l'indice :
Migros
|
41.4%
|
Carrefour
|
2.8%
|
Coop
|
35.0%
|
Volg
|
2.7%
|
Manor
|
7.9%
|
Spar
|
1.2%
|
Denner
|
7.8%
|
Aldi
|
1.2%
|
Le calcul de l'indice HHI avant les fusions donne alors le
résultat suivant :
Si l'on calcule l'indice HHI après la fusion de Migros
et Denner, qui a été autorisée par la Comco :
Finalement nous avons encore calculé l'indice HHI dans
le cas d'une approbation par la Comco du rachat des magasins Carrefour par
Coop :
HHI
HHI
avant fusion
OK
OK
OK
OK
OK
OK
50
100
1'000
1'800
Danger potentiel
4'000
3'000
200
400
C
M
Comme nous pouvons le voir, HHI est largement au-dessus de
1800, et ceci même avant les fusions. 1800 étant le HHI à
partir duquel on parle d'un secteur très concentré. À cela
s'ajoute dans les deux cas un delta supérieur à 100, ce qui
signifie que la fusion serait à haut risque pour une saine concurrence
sur le marché dans les deux cas. Selon l'indice HHI, les deux fusions
sont très périlleuses pour la situation concurrentielle, car
elles augmentent dangereusement la concentration dans un secteur
déjà très concentré à la base.
L'homogénéité
L'homogénéité signifie que les biens sur
le marché analysé peuvent être échangés en
tout temps et sans frais par d'autres unités, ceci sans que le
consommateur ressente une modification de son bien-être.
A priori, l'homogénéité est
présente sur le marché de la grande distribution alimentaire. En
effet, comme le consommateur retrouve à peu près les mêmes
produits chez les divers détaillants du pays, il peut facilement changer
en passant de Coop à Migros par exemple. En y regardant de plus
près, on remarque tout de même des différences assez
significatives. Il apparaît que l'homogénéité est en
fait uniquement donnée sur le segment des produits premiers prix. En
effet, tous les distributeurs présents sur le marché suisse
offrent une gamme bas prix. Sur les autres segments par contre,
l'homogénéité est moins certaine. C'est ainsi que certains
types de produits ne se trouvent que chez quelques distributeurs. Si l'on
cherche par exemple des produits Bio, le choix se limite le plus souvent
à Migros, Coop ou encore Manor, les autres n'en offrant pas suffisamment
ou pas du tout. De fait, les deux seuls distributeurs à offrir toutes
les gammes de produits possibles, allant du bas prix au luxe, sont Migros et
Coop. Bien entendu, on ne peut pas parler d'homogénéité
entre un Aldi qui propose seulement 700 articles et une Coop qui offre au
minimum 2300 références.
En résumé, nous pouvons dire que
l'homogénéité n'est pas entièrement donnée
sur le marché de la grande distribution, vu les différences qui
existent entre les divers acteurs de la place.
La
transparence
La condition de transparence signifie que l'information
circule librement et gratuitement sur le marché et qu'elle est
accessible à tous les acteurs. Il n'est pas nécessaire de
s'attarder trop longtemps sur ce point. Dans le secteur de la grande
distribution, l'information, notamment celle sur les prix, circule ouvertement
et est facilement accessible à tout un chacun.
La
libre entrée/libre sortie
La libre entrée et la libre sortie pour les
entreprises, exige l'absence de barrières qui empêcheraient de
nouveaux concurrents d'entrer sur le marché. C'est ici que le bât
blesse dans la grande distribution.
De nombreuses barrières empêchent en effet, de
nouveaux entrants sur le marché de la grande distribution suisse. La
première est naturelle et impossible à changer : c'est
l'étroitesse du marché. La comparaison avec d'autres pays de
taille similaire avait démontré que les marchés des petits
pays européens n'intéressent que très peu les grands
groupes internationaux, exception faite par Aldi et Lidl qui semblent avoir la
volonté d'entrer sur pratiquement tous les marchés. La Suisse est
aussi un des pays les plus protectionnistes en Europe. Il en résulte
qu'il existe de nombreux droits de douane qui empêchent les distributeurs
d'importer librement leurs produits. Cela empêche par exemple Aldi et
Lidl de se fournir, pour certains produits, auprès de leurs centrales en
Allemagne. Ils sont donc contraints de choisir des fournisseurs suisses et cela
se ressent sur les prix. À cela s'ajoutent de nombreuses
barrières juridiques qui rendent difficile la construction de nouvelles
succursales. En outre, nous avons vu dans les chapitres
précédents que de nombreuses barrières endogènes,
donc créées par les entreprises elles-mêmes, ont
été efficacement érigées par Migros et Coop ces
dernières années. Il ne faut pas non plus oublier que Migros et
Coop sont toutes deux des coopératives, leur rachat étant par
conséquent irréalisable. Il est donc impossible qu'un grand
groupe étranger puisse s'installer en Suisse au travers de l'acquisition
de l'une d'elles.
Au final, de nombreuses barrières exogènes et
endogènes empêchent, ou du moins limitent, l'installation de
nouveaux concurrents sur le marché suisse. La libre entrée n'est
donc pas donnée.
Pour résumer cette approche structurelle du secteur,
nous pouvons donc affirmer que nous sommes loin d'une concurrence parfaite. La
transparence est bien établie, mais aussi bien l'atomicité que la
libre entrée font défaut. Il ne faut toutefois pas oublier que la
transparence peut également favoriser une surveillance mutuelle, et de
là entraver la libre concurrence. Quant à
l'homogénéité, elle manque partiellement au tableau. La
concurrence est donc fortement restreinte du point de vue de la structure du
marché.
Analyse de la performance
La performance des entreprises du marché
considéré, peut aussi donner un indice sur la situation
concurrentielle de l'ensemble du secteur. Pour cela, il faut analyser trois
aspects :
Le profit et le taux de rendement
Connaître le profit et le taux de rendement réels
des entreprises de la grande distribution est considérablement
difficile. Le profit publié est très facilement manipulable et ne
peut par conséquent être considéré comme
étant un indice fiable. La même chose est valable pour la plupart
des autres chiffres financiers. De plus, certaines entreprises ne publient pas
leurs chiffres, par exemple Lidl, qui est une entreprise privée. Il
existe toutefois une étude de l'Université de Berne, datant de
2006, qui tente de comparer les résultats des deux leaders suisses,
Migros et Coop, à ceux des grands concurrents internationaux, tels que
Carrefour et Metro. Le résultat est plus qu'étonnant, car
contrairement aux attentes, la rotation des actifs (Asset Turnover) des deux
Suisses est nettement plus faible que celle de leurs concurrents, sans pour
autant être compensée par la marge de profit (NOPAT/Sales), alors
qu'habituellement, l'une est censée équilibrer l'autre. La
rentabilité de Migros et Coop est donc assez faible comparée
à leurs principaux concurrents étrangers. Il ne faut pas pour
autant se faire de souci pour la durabilité de Migros et Coop. Bien au
contraire, car leur stratégie est non pas de maximiser les gains, mais
de maximiser les parts de marché. Ainsi les deux géants suisses
investissent des sommes considérables dans la création de
barrières endogènes sous forme d'une importante
fidélisation des clients104(*).
L'intensité d'innovation
L'intensité d'innovation est assez
élevée dans ce secteur. Normalement, cela va de pair avec une
concurrence efficace. Mais, dans notre cas, c'est paradoxalement le contraire
qui est vrai, l'innovation étant le moyen pour Migros et Coop
d'éviter justement une trop grande concurrence, et ce par la mise en
place de barrières endogènes. Il ne se passe pratiquement aucune
semaine sans que Migros ou Coop lancent un nouveau produit, une nouvelle gamme
ou un nouveau service. L'innovation ne manque donc pas, mais elle n'est pas
issue d'une concurrence saine mais de la volonté d'empêcher
celle-ci.
La
diversité des produits
À première vue, la diversité des produits
est plutôt élevée en Suisse, en tout cas si l'on prend en
considération les nombreuses gammes offertes par les grands
distributeurs. Toutefois, si l'on compare la diversité des produits en
Suisse avec celle d'autres pays, la France notamment, la situation se
révèle nettement moins favorable en Suisse. Cette situation est
aussi due aux nombreux rachats par absorption. Ces rachats effectués ces
dernières années par les distributeurs, ont eu chaque fois comme
résultat de diminuer le choix à disposition du consommateur.
En conclusion, nous voyons que l'analyse de la performance
donne un résultat assez similaire à l'analyse de la structure.
Même si à première vue, il semble que pas mal de choses se
passent sur le marché, sa prétendue dynamique va plutôt
dans le sens d'une limitation de la concurrence et de l'ancrage du duopole
existant. Nous sommes bel et bien en présence d'un marché
caractérisé par un manque de concurrence et fermé à
de nouveaux entrants. L'unique possibilité de trouver une niche
sur le marché de la grande distribution helvétique semble
être dans le segment des bas prix, comme le démontre
l'entrée d'Aldi et de Lidl105(*). Tout semble en tout cas indiquer que
« Migros restera Migros » et « Coop restera
Coop ».
* * *
Liste des contacts
Entretiens personnels
FEDERATION ROMANDE DES CONSOMMATEURS (FRC)
Nadia Thiongane
Economiste à la FRC
L'entretien personnel a eu lieu le 13 septembre 2007 dans les
locaux de la FRC à Lausanne
MAUS FRERES
Jean-Bernard Rondeau
Secrétaire général du groupe Maus
Frères
L'entretien personnel a eu lieu le 15 août 2007 au
siège du groupe Maus Frères à Genève
Contacts par voie
électronique
COOP
Stefan Scherrer
IRD / Leiter Zentralarchiv
Contact par e-mail le 15 mai 2007, pour consultation des
rapports de gestion
GROUPE MAGRO SA
Mikis Reversé
Directeur Administratif et Financier
Contact par e-mail le 25 avril 2007
MIGROS GENEVE
Isabelle Vidon
Responsable des Relations publiques Migros Genève
Contact par e-mail le 30 avril 2007, avec consultation
subséquente des rapports de gestion au siège de Migros
Genève
VALRHONE-PAM
Sandrine Bujard
Responsable Marketing & Communication
Contact par e-mail le 29 juin 2007
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Migros
Coop
Migros
Coop
Migros
Coop
Coop
Migros
Migros
Coop
Migros
Coop
Migros
Coop
Migros
Coop
Migros
Coop
Migros
Coop
Coop
Coop
Migros
Coop
Migros
Coop
Migros
Migros
|
Aldi
|
Casino
|
Denner
|
Coop
|
Manor
|
Migros
|
Pam
|
Qui ?
|
Eau gazeuse
|
CHF 0.29
|
CHF 0.50
|
CHF 0.80
|
CHF 0.35
|
CHF 0.35
|
CHF 0.35
|
CHF 0.50
|
CHF 0.29
|
Chocolat au lait
|
CHF 0.45
|
CHF 0.45
|
CHF 0.45
|
CHF 0.45
|
CHF 0.50
|
CHF 0.45
|
CHF 0.70
|
CHF 0.45
|
Moutarde
|
CHF 0.69
|
CHF 0.64
|
CHF 1.50
|
CHF 0.87
|
CHF 0.85
|
CHF 0.87
|
CHF 0.51
|
CHF 0.51
|
Thon à l'huile
|
CHF 0.84
|
CHF 1.45
|
CHF 2.13
|
CHF 1.81
|
CHF 0.56
|
CHF 1.40
|
CHF 1.00
|
CHF 0.56
|
Coca
|
CHF 1.04
|
CHF 0.85
|
CHF 0.75
|
CHF 1.20
|
CHF 2.10
|
CHF 0.75
|
CHF 0.95
|
CHF 0.75
|
Pêches au sirop
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Spaghetti
|
CHF 0.95
|
CHF 1.25
|
CHF 1.15
|
CHF 1.15
|
CHF 1.40
|
CHF 1.15
|
CHF 2.10
|
CHF 0.95
|
Petits poids-carottes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Lait
|
CHF 1.05
|
CHF 1.20
|
CHF 1.25
|
CHF 1.40
|
CHF 1.40
|
CHF 1.35
|
CHF 1.45
|
CHF 1.05
|
Salade de fruits
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Aldi
|
Casino
|
Denner
|
Coop
|
Manor
|
Migros
|
Pam
|
Qui ?
|
Farine standard
|
CHF 1.09
|
CHF 1.10
|
CHF 1.10
|
CHF 1.10
|
CHF 1.10
|
CHF 1.10
|
CHF 1.20
|
CHF 1.09
|
Bocal de cornichons fins
|
CHF 1.11
|
CHF 2.33
|
CHF 1.28
|
CHF 2.92
|
CHF 4.43
|
CHF 2.90
|
CHF 1.54
|
CHF 1.11
|
Toasts blancs
|
CHF 1.19
|
CHF 1.70
|
CHF 1.25
|
CHF 1.25
|
CHF 1.40
|
CHF 1.25
|
CHF 2.95
|
CHF 1.19
|
Sucre
|
CHF 1.35
|
CHF 1.40
|
CHF 1.25
|
CHF 1.40
|
CHF 1.50
|
CHF 1.40
|
CHF 1.30
|
CHF 1.25
|
Crème demi
|
CHF 1.49
|
CHF 1.70
|
CHF 1.55
|
CHF 1.25
|
CHF 1.75
|
CHF 1.25
|
CHF 1.66
|
CHF 1.25
|
Chocolat noir
|
CHF 2.54
|
CHF 1.40
|
CHF 1.87
|
CHF 2.20
|
CHF 1.85
|
CHF 2.20
|
CHF 3.60
|
CHF 1.40
|
Zwieback
|
CHF 2.26
|
CHF 1.63
|
CHF 2.96
|
CHF 2.96
|
CHF 3.03
|
CHF 2.96
|
CHF 1.73
|
CHF 1.63
|
Nutella
|
CHF 1.69
|
CHF 1.95
|
CHF 1.85
|
CHF 3.20
|
CHF 2.50
|
CHF 3.20
|
CHF 2.95
|
CHF 1.69
|
Petits beurres au chocolat
|
CHF 1.84
|
CHF 1.70
|
CHF 3.18
|
CHF 1.96
|
CHF 3.20
|
CHF 1.96
|
CHF 2.10
|
CHF 1.70
|
Vinaigre « balsamique »
|
CHF 4.99
|
CHF 3.40
|
CHF 1.97
|
CHF 3.67
|
CHF 4.50
|
CHF 1.95
|
CHF 3.50
|
CHF 1.95
|
|
Aldi
|
Casino
|
Denner
|
Coop
|
Manor
|
Migros
|
Pam
|
Qui ?
|
Pizza margherita
|
CHF 2.35
|
CHF 4.18
|
CHF 2.81
|
CHF 4.64
|
CHF 4.60
|
CHF 3.69
|
CHF 3.75
|
CHF 2.35
|
Pizza proscuito
|
CHF 2.35
|
CHF 4.59
|
CHF 2.81
|
CHF 4.64
|
CHF 4.64
|
CHF 3.23
|
CHF 4.24
|
CHF 2.35
|
Beurre
|
CHF 2.59
|
CHF 2.59
|
CHF 2.65
|
CHF 2.50
|
CHF 2.60
|
CHF 2.90
|
CHF 2.70
|
CHF 2.50
|
Chips nature
|
CHF 3.44
|
CHF 4.95
|
CHF 3.45
|
CHF 3.75
|
CHF 4.70
|
CHF 3.75
|
CHF 4.40
|
CHF 3.44
|
Gruyère doux
|
CHF 5.25
|
CHF 5.78
|
CHF 5.20
|
CHF 4.73
|
CHF 5.60
|
CHF 5.60
|
CHF 5.95
|
CHF 4.73
|
Café soluble
|
CHF 4.95
|
CHF 5.80
|
CHF 4.95
|
CHF 4.94
|
CHF 4.95
|
CHF 4.95
|
CHF 7.95
|
CHF 4.94
|
Café en grains
|
CHF 4.99
|
CHF 4.95
|
CHF 5.40
|
CHF 5.40
|
CHF 5.65
|
CHF 6.50
|
CHF 9.50
|
CHF 4.95
|
Gruyère mi-salé
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Huile d'olive
|
CHF 11.99
|
CHF 6.90
|
CHF 6.95
|
CHF 7.50
|
CHF 7.50
|
CHF 7.50
|
CHF 8.95
|
CHF 6.90
|
Bouteille de Vodka
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Omniscient
|
Denner
|
Aldi
|
Casino
|
Migros
|
Coop
|
Manor
|
Pam
|
Total panier
|
CHF 50.99
|
CHF 60.50
|
CHF 62.76
|
CHF 64.39
|
CHF 64.61
|
CHF 67.23
|
CHF 72.67
|
CHF 77.19
|
%
|
-15.73
|
0.00
|
3.74
|
6.43
|
6.79
|
11.12
|
20.11
|
27.59
|
* Tribune de Genève du 13 janvier
2007
* 1 TSR-INFO. (24 février
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Coop
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Fuhrer & Holz AG - IHA-GfK
* 104 SCHILLER, U. et WALKER,
B. (juillet 2006). « Marktzutrittsbarrieren, Preistreiberei oder
Kostendruck ? » Travail de l'Université de Berne
* 105 Ce chapitre est
basé sur le cours « Organisation Industrielle »
donné par le Professeur Flückiger à l'Université de
Genève
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