I.3.2.2. Mécanisme de création des aires
protégées en Afrique
Des nombreuses aires protégées ont
été désignées comme telles sur la base des
critères non liés à leur importance pour la
diversité biologique, mais plutôt en vertu de leur
intérêt touristique, récréatif, historique ou
culturel ou simplement pour que les terres qui les composent ne
présentent guère d'intérêt pour d'autres
utilisations. En outre, la taille, la forme et l'emplacement des nombreuses
aires protégées n'offrent pas les conditions les plus
adaptées à la conservation. Celles qui existent ne sont souvent
pas assez vastes pour fournir un habitat adéquat à certaines
espèces des plantes ou d'animaux. Du fait de leur forme ou de leur
emplacement, des nombreuses aires sont également vulnérables
à des influences négatives telles que la population, les bruits,
la chasse illicite et les empiétements de l'agriculture.
Les premières aires protégées
créées en Afrique présentaient des multiples carences. En
effet, la création de ces zones a souvent conduit à
l'expropriation des populations vivants sur ces territoires. Cette situation a
provoquée beaucoup d'incompréhension de récolte et de
comportements prédateurs liés à un très fort
sentiment de confiscation de la ressource. Les espaces protégés
ont ainsi faits l'objet de multiples convoitises de la part des braconniers,
des défricheurs, voire des mouvements rebelles et des forces
armées. (SOURNIA, 1990). En Afrique francophone, durant la
sécheresse du début des années soixante-dix, les aires
classées étaient aux yeux des villageois les seules bonnes
terres, telles qu'ils avaient connus autre fois, et sur les quelles ils se
souvenaient avoir des droits. Ils réclamaient ouvertement qu'on leur
donne ces terres, la seule solution à leurs besoins fonciers. Cette
demande leur paraissait raisonnable face à un Etat passif, les
abandonnant presque sans surveillance et pour des motivations qui leur
étaient totalement étrangères. Les habitants des espaces
naturels à protéger ont ainsi fait les frais da pratiques de
conservation de l'environnement car ils ont souvent été
considérés comme des prédateurs assoiffés de gibier
et des terres vierges à défricher alors que ces peuples ne
cherchent qu'à survivre par la satisfaction de leurs besoins quotidiens.
(NTIAMO-BAIDU et al.2000).
En général, les classements ne tiennent pas du
tout compte du partage rationnel entre espace à protéger et
l'espace cultivable nécessaire pour une population en expansion.
Pourtant les politiques de conservation sont censées être non
seulement des actions de protection physique du territoire mais devraient aussi
tendre à améliorer les conditions naturelles favorables à
la survie des populations locales. Malheureusement, la mise en place des aires
protégées n'est pas précédée ou suivie
d'actions d'accompagnement telles que l'amélioration des terres
culturales, l'évaluation des besoins des populations,
l'évaluation de leurs modes alimentaires....qui devraient permettre aux
aires protégées de jouer pleinement leur rôle, qui est
à la fois écologique, économique et social. On constate
plutôt que les arrêtés de classement mettent l'accent sur la
protection des régions qui sont rurales) plus de 90%, les aires
protégées sont devenues, comme le dit SOURNIA, (1990) «des
garde-manger entourés par la faim».
Quand elles ne sont pas exclus des zones classées, les
populations sont confrontées à des multiples autres
problèmes liés à l'augmentation des troupeaux d'animaux
dans ces réserves, troupeaux qui ne sont pas contrôlés par
les administrations locales. Ce genre de situations montrent à
suffisance les défaillances et le manque de planification pour un suivi
à long terme des espaces protéges. (EMERTOR, 1999). En principe,
lorsque l'administration en charge de ces zones protégées
constate qu'il y a une surpopulation des animaux,elle devrait organiser des
battues administratives afin de réguler les populations animales.
Lorsqu'elles se sentent vraiment menacées, les populations organisent de
façon clandestine des battues dans le but de s'approvisionner en
protéine animale et réduire l'impact des animaux sur leurs
plantations. Ce genre de destruction délibérée par les
villageois des ressources naturelles au sein des aires protégées
illustre qu'il existe dans le pays africains un conflit entre les programmes de
conservation initiés par les Etats et les besoins de la population
locale. (MENGUE-MEDOU, C ; 2002).
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