Projet de taxinomie des
connecteurs du français
pour le traitement
automatique : l'exemple
des consécutifs
Sébastien Druon
Mémoire de maîtrise de Sciences du Langage sous
la direction de M. Busquets Université Michel de Montaigne --
Bordeaux III
Remerciements
Je tiens avant tout à remercier M. Busquets pour avoir
bien voulu diriger mon mémoire, ainsi que pour son aide, ses conseils
judicieux, et particulièrement sa grande disponibilité tout au
long de l'année.
Je remercie aussi M. Lambert pour avoir accepté de
co-diriger ce travail.
Enfin, je tiens de même à remercier Nathalie
Faure, Benoit Ladune, Jean-Luc Bergey et tout particulièrement mon
père d'avoir consacré une partie de leur temps à la
relecture mon mémoire.
Table des matières
Table des matières i
Table des figures v
Liste des tableaux vi
Introduction 1
Le traitement automatique du langage 1
L'analyse du discours 2
Aperçu du mémoire 2
1 Les connecteurs 4
1.1 Qu'est-ce qu'un connecteur? 4
1.1.1 Définition 4
1.1.2 Problèmes de terminologie 5
1.2 Les connecteurs dans la grammaire traditionnelle 6
1.2.1 Les connecteurs: une classe non uniforme 6
1.2.2 Les problèmes de l'approche de la grammaire
tradi-
tionnelle 10
1.3 Niveaux d'analyse des connecteurs 12
1.3.1 Analyse syntaxique 12
1.3.2 Analyse sémantique vériconditionnelle 14
1.3.3 Sémantique vs. pragmatique 17
1.4 Cadre de description 19
2 Un modèle de la cohérence textuelle : la
RST de Mann et Thompson 21
2.1 Qu'est-ce qu'un texte cohérent? 21
2.1.1 Définition de la cohérence 21
2.1.2 Cohérence, cohésion et connexité
22
2.1.3 Déterminer la cohérence d'un texte 23
2.2 L'objet de la RST 24
2.3 Cohérence du texte: les relations rhétoriques
25
2.3.1 Unité élémentaire: le segment de
discours 25
2.3.2 Les relations rhétoriques 26
2.3.3 Définition et distinction des relations 27
2.3.4 Le nombre de relations 28
2.4 La nucléarité 28
2.4.1 Noyau 29
2.4.2 Satellite 30
2.5 Représentation graphique: les arbres
rhétoriques 30
2.5.1 Les schémas 31
2.5.2 Relations mononucléaires 31
2.5.3 Relations multinucléaires 32
2.5.4 Un exemple d'analyse 32
2.6 Quelques propriétés formelles de la RST 35
2.6.1 L'application de schémas 35
2.6.2 Justification de la structure arborescente de l'analyse
35
Table des matières
|
iii
|
|
|
2.6.3 RST comme grammaire indépendante du contexte .
.
|
37
|
|
2.7
|
Discussion
|
37
|
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|
2.7.1 Le nombre de relations
|
38
|
|
|
2.7.2 Problème de la définition des relations
|
38
|
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|
2.7.3 Les niveaux d'analyse
|
39
|
|
|
2.7.4 La prise en compte des intentions
|
40
|
|
2.8
|
RST et connecteurs
|
40
|
|
|
2.8.1 Connecteurs et structure du discours
|
40
|
|
|
2.8.2 Connecteurs comme prédicats
|
41
|
|
|
2.8.3 Problèmes
|
41
|
3
|
Étude de quelques connecteurs de
conséquence
|
43
|
|
3.1
|
Méthodologie
|
43
|
|
|
3.1.1 L'analyse de corpus
|
43
|
|
|
3.1.2 Le corpus Linux-Howto
|
44
|
|
|
3.1.3 Construire une taxinomie
|
44
|
|
3.2
|
La conséquence
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49
|
|
|
3.2.1 La notion de conséquence
|
49
|
|
|
3.2.2 Les moyens d'exprimer la conséquence en
français . .
|
52
|
|
|
3.2.3 Les connecteurs de conséquence
|
53
|
|
3.3
|
Analyse de quelques connecteurs de conséquence
|
55
|
|
|
3.3.1 Conséquence et concomitance: donc
|
56
|
|
|
3.3.2 Conséquence et succession temporelle: alors
|
61
|
|
|
3.3.3 Conséquence pure : par conséquent
|
65
|
|
|
3.3.4 Conséquence factuelle: de sorte que
|
68
|
|
3.4
|
Proposition d'une taxinomie des connecteurs analysés. .
. .
|
71
|
3.4.1 Les traits motivés par l'analyse 72
3.4.2 Taxinomie des connecteurs consécutifs
étudiés . . . 74
3.5 Conclusions et problèmes 74
Conclusion 79
Bibliographie 82
A Statistiques 87
B Corpus de connecteurs du français 89
Table des figures
1.1
|
Tables de vérité des connecteurs logiques
|
15
|
2.1
|
un texte cohérent et un texte incohérent
|
22
|
2.2
|
définition de la relation de but
|
27
|
2.3
|
Relations mononucléaires
|
31
|
2.4
|
Relations multinucléaires
|
32
|
2.5
|
Exemple d'analyse
|
33
|
2.6
|
Conditions de l'application de schémas
|
35
|
3.1
|
Première approche de taxinomie des connecteurs
consécutifs
|
47
|
Liste des tableaux
3.1 Propriétés des connecteurs
étudiés 75
3.2 Distinction entre conséquence factuelle,
déduction et induc-
tion 78
Introduction
Le traitement automatique du langage
Notre travail se place dans le cadre du traitement automatique
du langage, et plus précisément dans le cadre de la
génération automatique de textes. Or pour générer
automatiquement un texte, il faut entre autres avoir une description la plus
précise qui soit des phénomènes qui y entrent en jeu. En
ce qui concerne notre mémoire, nous essaierons de faire une description
de quelques connecteurs du français dans ce cadre, description qui doit
être aussi fine que possible afin que l'ordinateur puisse choisir entre
les différents connecteurs selon le contexte qui l'entoure. Nous nous
focaliserons donc sur l'aspect et la fonction des connecteurs,
c'est-à-dire des unités lexicales explicites' : on ne
s'intéressera dans ce mémoire qu'à des moyens
lexicalisés de marquer une relation sémantique dans un texte,
mais on laissera de côté l'implicite.
Pour notre description, nous nous baserons sur l'écrit,
le but de cette description étant la génération de textes.
De plus, s'appuyer sur l'écrit permet une plus grande facilité
d'analyse, car les phénomènes à analyser sont plus
restreints qu'à l'oral, en nombre moins important. Les textes
'Mais rien n'empêche de se passer des connecteurs pour
exprimer une même idée comme on peut l'observer dans les exemples
suivants:
(1) Le cycliste a heurté la rambarde de
sécurité : il est tombé.
(2) Le cycliste a heurté la rambarde de
sécurité donc il est tombé.
écrits, surtout sous forme électronique,
permettent aussi de faire une recherche en leur sein de façon
très rapide avec des outils informatiques.
L'analyse du discours
Nous nous plaçons, outre dans le cadre de la
génération automatique de textes, aussi dans le cadre de
l'analyse du discours. En effet nous essaierons de faire une analyse aussi
complète que possible des connecteurs qui nous intéressent
à un niveau prenant en compte le plus de phénomènes
possibles.
Nous entendons d'ailleurs par « discours » la forme
linguistique de la communication locuteur-interlocuteur. Et comme nous nous
intéressons principalement à la forme écrite de cette
communication qu'est un « texte », nous emploierons
indifféremment tout au long de ce mémoire les termes de «
discours » (écrit) et de « texte ».
Aperçu du mémoire
Notre travail se présente en trois parties.
Le premier chapitre est consacré aux connecteurs en
général, et nous essaierons d'en donner une définition
tout en entrevoyant les défauts de la grammaire traditionnelle quand
à la description des connecteurs ainsi que la nécessité
d'une analyse plus poussée.
Dans le deuxième chapitre, nous nous
intéresserons à la cohérence textuelle et plus
particulièrement à une théorie de la structure du
discours, la RST (Rhetorical Structure Theory) de MANN et THOMPSON (1987), puis
nous verrons comment la RST est un cadre théorique adapté pour
l'analyse des connecteurs.
Enfin, dans le dernier chapitre, nous nous
intéresserons aux connecteurs consécutifs du français:
nous commencerons par exposer la méthodologie utilisée, puis sur
la notion de conséquence, et pour terminer nous ferons l'analyse de
quelques connecteurs de conséquence et proposerons un début de
taxinomie de ces connecteurs.
Chapitre 1
Les connecteurs
1.1 Qu'est-ce qu'un connecteur?
1.1.1 Définition
Un connecteur est un terme permettant de relier deux ou
plusieurs segments (phrase, énoncé, proposition...) d'un
discours, parmi lesquels on compte par exemple parce que,
donc, puis . . .1. De cette façon, un
connecteur contribue à constituer des unités plus complexes
à partir de ces unités simples que sont les segments en marquant
des relations structurales et sémantiques entre les différentes
entités du discours2.
Mais un problème se pose : celui de déterminer
la taille des unités que le connecteur relie ainsi que de leur donner un
nom. On sait que les connecteurs relient entre eux des parties d'un discours,
or la taille de ces parties n'est pas fixe. On définit donc une
unité de segmentation
1Pour une liste plus complète, bien que non
exhaustive, se référer au corpus de connecteurs du
français que nous avons constitué et qui se trouve en annexe
B.
2Nous pouvons remarquer en passant qu'un certain
nombre d'études psychologiques (en particulier dans le domaine de la
lecture) ont été menées sur les connecteurs (voir par
exemple EHRLICH (1994), p. 190-204), en français et d'autres langues,
mais aussi des études comparatives langue maternelle-langue seconde. Les
résultats de ces expériences tendent à montrer la grande
importance des connecteurs dans la compréhension du discours. En effet,
les connecteurs ne semblent pas indispensables à la bonne
compréhension du discours, mais y contribuent largement en
désambiguïsant les relations entre énoncés qui ne
sont pas marquées : le temps de lecture ne semble pas affecté,
mais la compréhension globale de la structure d'un texte est grandement
améliorée par la présence de connecteurs.
du discours, le segment de discours34 (SD), qui
correspond à l'ensemble des parties d'un discours pouvant être
reliées par un connecteur. Voyons quelques segments de discours de
différentes tailles:
(1.1) [Paul prend son vélo]s1 [parce
qu']conn[il est sportif]s2
(1.2) [Paul prend son vélo]s3. [En
effet,]conn[il est sportif]s4
(1.3) [Paul est rentré chez lui. Jacques dit qu'il est
fâché après Yves]s5.
[À cause de ça,]conn[Yves ne viendra pas
ce soir]s6.
Ici les SD peuvent être des propositions (s1, s2), des
phrases (s3, s4, s6) ou un ensemble de phrases (s 5).
1.1.2 Problèmes de terminologie
Dans la littérature consacrée aux connecteurs, un
grand nombre de termes a été utilisé pour
décrire ces entités. La première personne a
avoir étudié en profondeur les connecteurs du français,
GÜLICH (1970), parle de Gliederungssignale, « signaux
d'articulation ». ROULET et al. (1991) quant à eux emploient le
terme « marqueur de structure de la conver- sation », KNOTT (1996)
« syntagmes relationnels » (relational
phrases), SCHIFFRIN (1987) « marqueurs discursifs »
(discourse markers), d'autres encore « opérateurs
» ou particules de discours (discourse
particles).... Devant la diversité des mots
utilisés pour désigner un même objet, pour des raisons
la plupart du temps théoriques (ou personnelles), il nous faut faire
un choix. C'est pour cela que nous avons décidé d'utiliser le
3Nous avons choisi d'utiliser le terme «
segment de discours », qui nous semblait le plus transparent, parmi un
nombre assez élevé de termes désignant la même
entité: « segment de discours » (discourse segment)
est employé par GROSZ et SIDNER (1986), alors que MANN et THOMPSON
(1987) emploient « segment de texte » (text span), et
d'autres « unité de discours » (discourse unit) ou
encore « constituant discursif ».
4Voir à ce sujet la section 2.3.1.
terme « connecteur »5, le plus neutre et
le plus usité dans la tradition française (entre autres par
ROULET et al. (1991), JAYEZ et ROSSARI (1998) et DUCROT et al. (1980)).
1.2 Les connecteurs dans la grammaire tradi-
tionnelle
1.2.1 Les connecteurs : une classe non uniforme
La classe des connecteurs6 est un ensemble
syntaxiquement varié qui ne constitue pas une classe uniforme. En effet,
on compte parmi les connecteurs principalement des conjonctions (et des
locutions conjonctives) ainsi que des adverbes conjonctifs, mais aussi des
syntagmes prépositionnels et des phrases figées. Les seuls points
communs que la grammaire traditionnelle assigne aux connecteurs est leur
invariabilité (ce sont tous des mots invariables) et le fait qu'il
constituent un lien entre deux entités (ce lien n'est d'ailleurs pas de
même nature selon la catégorie grammaticale).
Les conjonctions de coordination
La conjonction de coordination est selon GREVISSE et GOOSSE
(1993) « un mot invariable chargé d'unir des éléments
de même statut : soit des phrases ou des sous-phrases, -- soit, à
l'intérieur d'une phrase, des éléments de même
fonction ».
5« connecteur » est ici employé dans le sens
de « connecteur pragmatique », et le sera tout au long de notre
travail. Mais nous discuterons plus tard (1.3) des différents niveaux
d'analyse des connecteurs.
6Nous incluons dans la classe des connecteurs les
parties du discours les plus communément et non controversiellement
acceptées comme connecteurs (KNOTT (1996), FRASER (1999), PIOT
(1993)).
Les conjonctions de coordination relient donc entre elles deux
propositions indépendantes, propositions pouvant se trouver dans la
même phrase (exemple (1.4)) ou dans deux phrases distinctes (exemple
(1.5)). Les conjonctions de coordination se placent toujours entre les
éléments qu'elles unissent et ne peuvent jamais se combiner entre
elles (on ne rencontre jamais *et ou, *et mais, *ou
mais, etc.), mais peuvent par contre se combiner avec d'autres
connecteurs (exemple (1.6)).
Exemples :
(1.4) Tu peux venir mais tu ne dois pas rester
longtemps.
(1.5) En général, je reste patient, ou
je m'énerve assez vite.
(1 .6) L'action X a perdu de la valeur, mais en effet
les cours de la
bourse ont augmenté.
On ne compte parmi les conjonctions de coordination qu'un
ensemble fermé: car, et, mais, ni,
or, et ou7, ainsi qu'un petit nombre d'expressions
répétées (ou... ou, soit... soit,
etc.).
Les conjonctions de subordination
GREVISSE et GOOSSE (1993) définissent la conjonction de
subordination comme « un mot invariable qui sert à unir deux
éléments de fonctions différentes, dont l'un est une
proposition (sujet ou complément) ». Pour WAGNER et PINCHON (1991),
les conjonctions de subordination « servent à construire des
propositions non parallèles en en mettant une sous la dépendance
de l'autre ».
7Le connecteur donc a un statut
controversé dans la grammaire traditionnelle : après avoir
longtemps compté parmi les conjonctions de coordination, l'usage est
actuellement de classer donc parmi les adverbes conjonctifs
(même chez GREVISSE et GOOSSE (1993)). En effet, il peut fort bien se
combiner avec les autres conjonctions de coordination, ce qui est interdit par
les propriétés des conjonctions de coordination.
Nous pouvons dire que les conjonctions de subordination
introduisent une proposition subordonnée et permettent de former des
phrases complexes avec les deux propositions qu'elles relient, l'une
dépendant grammaticalement de l'autre. On observe que la conjonction de
subordination se trouve toujours à gauche de la proposition
subordonnée, mais cette proposition subordonnée peut elle
être placée indifféremment par rapport à la
proposition principale.
(1.7) Nous allons quand même aller à la chasse
bien qu'il soit très
tard.
(1.8) Comme la RATP est en grève, j'irai
au travail à pied.
La classe des conjonctions de subordination (comme,
quoique, etc.) est très vaste si l'on y intègre
les locutions conjonctives, dont la grande majorité comporte la
conjonction que n'ayant plus actuellement valeur de conjonction de
subordination (bien que, ainsi que, parce que,
pourvu que, etc.).
Les adverbes conjonctifs
WAGNER et PINCHON (1991) voient les adverbes conjonctifs comme
des éléments qui « servent à établir un lien
entre la proposition ou le terme de la proposition qu'ils déterminent et
une proposition précédente ».
Les adverbes conjonctifs, aussi appelés adverbes de
relation logique (chez GREVISSE et GOOSSE (1993) c'est une
sous-catégorie des adverbes anaphoriques), de liaison ou de phrase
établissent un lien entre deux phrases, «reprenant» pour ainsi
dire le contenu de la phrase précédente (ou des phrases
précédentes). Ils n'ont pas de place fixe comme les conjonc-
tions de coordination ou de subordination: ils peuvent
apparaître n'importe où dans la proposition qu'ils introduisent
(exemples (1.9) à (1.12)), bien qu'il y ait quelques contraintes de
placement.
(1.9) Il a pris la batte; ensuite il a
frappé la vieille dame.
(1.10) Mon vélo a déraillé: il me semblait
avoir tout vérifié, pourtant...
(1.11) Le juge a condamné le jeune homme à une
peine d'intérêt général. La peine sera par
ailleurs assortie d'une amende de 1000 francs.
(1.12) Paul a toujours perdu au poker.
Cependant, il reste toujours convaincu qu'il gagnera un
jour.
Les adverbes conjonctifs sont eux aussi très nombreux
et on y retrouve, outre des adverbes simples, des locutions adverbiales
(exemple (1.11)) ainsi que des syntagmes prépositionnels (exemple
(1.12))
Le problème des limites de la classe des
connecteurs
Comme nous l'avons vu, les connecteurs ne constituent pas une
classe uniforme (du point de vue de la grammaire traditionnelle) car plusieurs
parties du discours en font partie. Le problème est que tout le monde ne
s'entend pas exactement sur ce que l'on doit considérer comme
connecteur. On peut par exemple légitimement se poser la question de
savoir s'il faut inclure dans les connecteurs des prépositions, parce
qu'elles marquent souvent des relations analogues à certaines
conjonctions de subordination:
(1.13) Tu dois prendre ce médicament pour
aller mieux
(1.14) Tu dois prendre ce médicament pour que
tu ailles mieux
Dans ces exemples, l'emploi de la préposition pour
à la place de la conjonction pour que ne change pas le
sens de l'énoncé ni sa structure, mais selon nous, les
prépositions ne font pas partie de la classe des connecteurs car l'un
des segments de discours qu'elles relient est plus petit que la
proposition8 -- au sens grammatical du terme.
On retrouve aussi dans la littérature certains
éléments lexicaux considérés comme des connecteurs,
appelés « marqueurs de structure de la conversation » par
ROULET et al. (1991), comme franchement ou honnêtement,
et des particules de focus (eh bien, oh!, seulement. .
.), mais ces éléments ne participent pas à la
cohérence du discours. On ne doit donc pas les compter parmi les
connecteurs9.
En définitive, nous restreindrons l'ensemble des
éléments que nous regroupons sous l'étiquette de «
connecteur » à ce que la grammaire traditionnelle nomme
conjonctions de coordination, conjonctions de subordination et adverbes
conjonctifs (ainsi que les locutions ayant la même fonction
grammaticale).
1.2.2 Les problèmes de l'approche de la grammaire
traditionnelle
La grammaire traditionnelle ne voit entre les connecteurs
qu'un seul point commun, qui d'ailleurs ne les réunit même pas: ce
sont tous des mots invariables. Pourtant, comme nous l'avons vu (section
1.1.1), les
8Ce qui est la position la plus communément
acceptée (entre autres par MOESCHLER et REBOUL (1994), KNOTT (1996),
JAYEZ et ROSSARI (1999) et FRASER (1999).
9Ils sont pour nous d'autant plus exclus de la classe
des connecteurs que notre étude porte sur des textes monologaux
écrits.
connecteurs ont surtout en commun de relier deux
éléments d'un discours entre eux.
Un deuxième point sur lequel il semble important de
s'attarder concerne la faiblesse descriptive de la grammaire traditionnelle :
elle ne s'attarde en effet que sur les segments matériels que relient
les connecteurs, sans toutefois tenir compte du contenu sémantique
qu'ils véhiculent. Nous avons donc affaire là à une
linguistique de la phrase, ne s'intéressant qu'aux propositions
grammaticales, donc à la distribution syntaxique.
Selon la grammaire traditionnelle, la syntaxe est donc
première et devrait déterminer la sémantique, or justement
rien n'est dit à propos de la sémantique des connecteurs, mis
à part qu'un classement sémantique est construit à
l'intérieur des différentes étiquettes grammaticales que
sont les adverbes conjonctifs, les conjonctions de coordination et les
conjonctions de subordination. En effet, on retrouve dans les grammaires des
catégories comme « complément circonstanciel de
manière » ou « complément circonstanciel de but »
qui peuvent être introduits par les parties du discours que l'on vient de
citer. Or c'est bien ce mélange de la syntaxe et de la sémantique
qui est gênant : les propriétés sémantiques ne
sauraient être justifiées par la syntaxe, mais tout au plus
influencées10.
Par cette classification, la grammaire traditionnelle
écarte aussi la possibilité d'avoir des sens plus complexes, un
même connecteur pouvant avoir différents sens, et la grammaire
traditionnelle le classant dans une catégorie hermétique. De
plus, hormis des sens différents, un connecteur ayant un sens peut avoir
différents emplois, sa sémantique étant
alors déterminée par le contexte, et c'est
là qu'intervient la pragmatique, mais nous y reviendrons dans le
chapitre 3.
Ces remarques nous mènent à envisager une
analyse plus complète des connecteurs, c'est pourquoi nous nous
interrogerons sur les différents niveaux d'analyse que l'on peut faire,
ainsi que sur la pertinence du fait qu'il ne faut pas s'arrêter à
la syntaxe ni à la logique, mais aussi prendre en compte le contexte.
1.3 Niveaux d'analyse des connecteurs
1.3.1 Analyse syntaxique
La syntaxe ne permet d'analyser que les effets des connecteurs
sur la structure grammaticale de la phrase. Autant en analyse qu'en
génération, la syntaxe permettra de résoudre les
problèmes suivants:
- Les contraintes de placement (la distribution) : la syntaxe
peut nous renseigner sur la place que doivent occuper les différents
connecteurs, en particulier selon leur appartenance à une certaine
catégorie grammaticale. Par exemple, une conjonction de subordination ne
peut se placer qu'entre les propositions qu'elle relie, alors qu'un adverbe
pourra se placer librement.
- Les ambiguïtés syntaxiques (cas des homonymes) :
certains connecteurs ont une forme analogue à celle d'un
élément d'une autre catégorie grammaticale. Par exemple,
comme peut être un connecteur de cause ou bien un
élément de comparaison:
mer ma pipe.
(1.16) Il est grand, comme Pierre.
La syntaxe permet de résoudre en partie ces
ambiguïtés, les énoncés dans lesquels nous
rencontrons ces formes n'ayant pas la même construction (structure
d'arguments, ...) selon qu'on ait affaire à un connecteur ou à
une autre forme: dans notre exemple, comme en tant que connecteur
relie deux propositions alors qu'en tant qu'élément de
comparaison il relie des éléments à l'intérieur
d'une même proposition.
- La concordance des temps : certains connecteurs (les
conjonctions de subordination de la grammaire traditionnelle) exigent en
français l'emploi d'un certain mode, et c'est là encore la
syntaxe qui permettra l'emploi du mode correct avec tel connecteur. Par
exemple, avant que exigera d'être suivi du subjonctif alors que
après que demandera l'indicatif.
(1.17) Après que je suis parti,
ils ont commencé à déjeuner
(1.18) Avant que je sois parti, il
fallait prendre l'apéritif
La syntaxe peut résoudre une partie du problème
des ambiguïtés syntaxiques, ainsi que les contraintes de placement
ou la concordance des temps, mais elle ne nous renseigne absolument pas sur le
sens des connecteurs. C'est pourquoi nous allons voir une première
approche du sens des connecteurs: l'analyse vériconditionnelle.
1.3.2 Analyse sémantique
vériconditionnelle
Connecteur logique vs. connecteur non-logique Les
connecteurs logiques
Définition Un connecteur logique est
un prédicat binaire, une fonction, ayant pour arguments une paire
ordonnée de propositions et pour valeur une nouvelle proposition. Soit
par exemple conn un connecteur quelconque et P, Q et R des
propositions : conn(P,Q) a pour valeur une nouvelle proposition R.
Les connecteurs logiques obéissent à une
sémantique vériconditionnelle consistant à attribuer une
valeur de vérité (Vrai ou Faux) à la
proposition résultant de la connexion à partir des valeurs de
vérité des propositions de départ. Si l'on reprend notre
exemple, la proposition R aura une valeur de vérité qui est
fonction de la valeur de vérité des propositions PetQ.
Il existe dans la logique classique 5 connecteurs logiques'' : -
la conjonction (et) : A
- la disjonction (ou inclusif) : V
- la conditionnelle (si ... alors) : -*
- la biconditionnelle (si et seulement si) : ?
- la négation (non)'2: #172;
La sémantique des connecteurs logiques est définie
par les tables de vérité suivantes (0 pour faux et 1 pour
vrai):
11il existe en informatique un ou exclusif noté
XOR (correspond en fait à la négation de la biconditionnelle
-i-)
12La négation est un connecteur unaire, il ne
porte que sur une seule proposition.
a
|
b
|
aAb
|
00
|
|
0
|
01
|
|
0
|
|
100
|
|
|
11
|
1
|
Table de vérité de la conjonction
a
|
b
|
aVb
|
00
|
|
0
|
01
|
|
1
|
|
10
|
1
|
11
|
|
1
|
Table de vérité de la disjonction
a
|
b
|
a--*b
|
|
00
|
1
|
01
|
|
1
|
|
10
|
0
|
|
11
|
1
|
Table de vérité de la conditionnelle
a
|
#172;a
|
|
|
0
|
1
|
1
|
0
|
a
|
b
|
a-*b
|
|
00
|
1
|
01
|
|
0
|
|
10
|
0
|
|
11
|
1
|
Table de vérité de la
biconditionnelle Table de vérité de la
négation
FIG. 1.1 - Tables de vérité des connecteurs
logiques Les connecteurs logiques en langue
naturelle
Comme nous l'avons vu, les connecteurs logiques
obéissent à une sémantique vériconditionnelle
très simple : à partir des valeurs de vérité des
propositions qu'ils relient, on obtient la valeur de vérité d'une
nouvelle proposition, immédiatement et sans ambiguïté. Il
s'agit alors d'un simple calcul (c'est pour cela que les ordinateurs excellent
dans les tâches impliquant la logique formelle). Mais cela ne se passe
pas exactement aussi facilement en langage naturel: certains problèmes
commencent à se poser lorsqu'on essaie d'observer plus
précisément l'usage des connecteurs logiques en langue naturelle.
Nous allons prendre deux exemples (la conjonction et la disjonction) pour
illustrer ce décalage de sens, les connecteurs n'étant pas aussi
univoques en langue naturelle qu'en logique.
Le connecteur ou Le connecteur
ou n'a pas toujours la même valeur en logique et en langage
naturel: alors que son interprétation est uniquement inclusive en
logique, il se trouve qu'en langage naturel, ou a la plupart du temps une
interprétation exclusive.
(1.19) Tu veux de la confiture ou du miel sur ta
tartine?
En posant a = « confiture » et b =
« miel », l'interprétation logique de aV b laisse ouverte la
possibilité d'avoir à la fois a et b, alors
qu'en langage naturel, l'usage de ou ne va pas dans ce sens (on a
affaire à un choix: soit l'un, soit l'autre, mais pas les deux à
la fois).
Le connecteur et Le connecteur
et peut avoir en langage naturel plusieurs interprétations:
soit il ne fait qu'associer deux propositions comme en logique, soit on lui
donne une valeur séquentielle ou bien causative.
(1.20) Je mange du pain et du fromage
(1.21) Hugues l'a frappé au menton et
Fabrice est tombé à la renverse (1 .22) Je tape le code
et la porte s'ouvre
L'exemple (1.20) s'interprète de la même
façon que la conjonction logique. En revanche, on observe des valeurs
supplémentaires en langue naturelle pour les exemples qui suivent:
l'exemple (1.21) exprime une succession d'événements et l'exemple
(1 .22) exprime une relation de cause à conséquence.
Les limites de l'analyse
vériconditionnelle
L'analyse vériconditionnelle pose cependant un
problème : on ne peut
dehors de ceux qui existent déjà. En effet, les
propositions reliées par un connecteur logique ne pouvant recevoir que
deux valeurs de vérité (vrai ou faux), il n'est pas possible de
créer plus de 16 connecteurs logiques (2 = 16). Or il existe des
centaines de connecteurs en langage naturel (cf. annexe B), il n'est donc pas
possible de traiter tous les cas possibles avec la sémantique
vériconditionnelle. Le sens des connecteurs non-logiques serait alors
réduit à un noyau très réduit: il n'y aurait
à ce moment là aucun moyen de les distinguer les uns des
autres.
Prenons par exemple le cas de mais: avec une analyse
vériconditionnelle, on ne peut absolument pas distinguer mais
de aussi par exemple, qui auront tous deux la même
sémantique que et.
(1.23) Paul est un excellent employé, mais
il répond à son patron (1.24) Paul est un excellent
employé, aussi il répond à son patron
(1.25) Paul est un excellent employé, et il
répond à son patron
En posant P = « Paul est un excellent employé
» et Q = « il répond à son patron », nous voyons
bien que conn(P,Q) a la même sémantique que la
conjonction (voir la table de vérité de la conjonction,
et, en figure 1.1).
La sémantique vériconditionnelle n'est donc pas
une méthode suffisante pour étudier les connecteurs en langue
naturelle, il faut donc envisager un autre type d'analyse.
1.3.3 Sémantique vs. pragmatique
Un connecteur non-logique relie, nous l'avons vu à la
section 1.1.1,
de ces segments, et en cela ils se rapprochent des connecteurs
logiques. Mais c'est le seul point où ils se rapprochent: l'analyse
vériconditionnelle ne donnant pas de résultats satisfaisants,
l'analyse des connecteurs doit se faire à un autre niveau.
Au lieu d'essayer d'attribuer des valeurs de
vérité aux énoncés qu'ils connectent, ce qui ne
permet pas de distinguer entre eux la plupart des connecteurs, il faut
envisager les choses d'une autre manière, c'est-àdire essayer de
dégager les propriétés qui distinguent un connecteur d'un
autre13.
Une distinction importante semble toutefois importante
à marquer dès à présent: les connecteurs marquent
en langue naturelle des relations de deux types, des relations
sémantiques et des relations pragmatiques. Un « connecteur
sémantique » marque une relation entre deux
événements du monde, deux contenus propositionnels : il donne les
conditions pour qu'une proposition soit vraie. Par contre, un « connecteur
pragmatique » relie deux actes de langage ou marque une
inférence14. Le problème est que très souvent,
une relation sémantique et une relation pragmatique sont marquées
par une même forme:
(1.26) Le professeur était très
énervé, parce qu'il a giflé un
élève. (1.27) Jean est allé se coucher parce
qu'il était saoul.
On pourrait ici parler d'homonymie, mais le nombre d'exemples
est très grand en français, et le même
phénomène se retrouve dans un grand nombre de langues, comme
par exemple en espagnol -- mais on retrouve
13Ces proriétés peuvent par exemple
prendre la forme d'une structure de traits. Nous y reviendrons plus en
profondeur au chapitre 3.
14Pour plus de détails, voir la section
3.2.1.
aussi le cas en anglais, en allemand ou en suédois par
exemple:
(1.28) El profesor estaba disgustado porque
había pegado a un alumno. (1.29) Juan se fue a la cama
porque estaba borracho.
Il n'existerait donc pas de connecteurs homonymes, mais
peut-on pour autant parler de polysémie des connecteurs? D'après
FRASER (1999), dont nous rejoignons l'opinion, un connecteur aurait un sens de
base général, composé d'un ensemble de traits
sémantiques, et différents emplois où ils ont un sens
secondaire inféré du contexte qui vient s'ajouter. En effet, s'il
n'y avait pas ce sens de base, on aurait un sens pour chaque emploi du
connecteur, ce qui semble difficilement envisageable.
Il n'y aurait donc pas de polysémie des connecteurs :
à un connecteur est attaché une sémantique de base, et la
pragmatique permet de différencier entre ses différents
emplois.
1.4 Cadre de description
Les connecteurs ont été étudiés en
France dans des cadres différents, et dans la littérature
francophone sur le sujet, trois principaux courants d'analyse des connecteurs
se dessinent.
Anscombre et Ducrot ont commencé à
étudier les connecteurs dans les années 1970, et ils ont
été les premiers à ne pas vouloir réduire le sens
des connecteurs à une fonction sur des valeurs de vérité
(ANSCOMBRE et DUCROT (1978)) et à proposer une analyse pragmatique des
connecteurs. Ils se sont surtout penchés sur l'analyse des connecteurs
scalaires comme mais ou même.
Un plus grand nombre de connecteurs a été
analysé dans le cadre de la polyphonie, en particulier les
consécutifs par FORGET (1984).
L'école de Genève a étudié un
grand nombre de connecteurs (études rassemblées dans ROULET et
al. (199 1)), avec une approche discursive qui est plus proche de la
nôtre, mais ils se sont surtout basés sur les emplois oraux.
Jayez et Rossari (entre autres ROSSARI et JAYEZ (1999)) quant
à eux sont plus proches de la tradition anglo-saxonne et étudient
les connecteurs à l'aide d'une sémantique dynamique, dans un
cadre très formel.
D'autres travaux aussi se sont appuyés sur la
théorie d'Antoine Culioli, en particulier HYBERTIE (1993).
Quant à nous, nous nous intéressons surtout
à la cohérence du discours, à laquelle participent bien
évidemment les connecteurs, et il nous a fallu choisir un cadre
théorique permettant de rendre compte des relations sémantiques
qui existent dans un texte. C'est pourquoi nous avons opté pour la RST
de Mann et Thompson (MANN et THOMPSON (1986) et MANN et THOMPSON (1987)), qui
permet de bien rendre compte de la structure d'un texte, et dont nous
expliquerons les principes et l'adéquation pour la description
sémantique des connecteurs dans le chapitre suivant.
Chapitre 2
Un modèle de la cohérence
textuelle : la RST de Mann et
Thompson
2.1 Qu'est-ce qu'un texte cohérent?
2.1.1 Définition de la cohérence
La cohérence d'un discours est ce qui fait qu'il est
interprétable : c'est selon MOESCHLER et REBOUL (1994) la «
dimension interprétative du discours ». Un texte pour être
cohérent1 doit en effet avoir un sens, une unité, et
être bien formé: la cohérence est la caractéristique
fondamentale du texte: sans elle, il n'existe pas. On peut ainsi dire que la
cohérence est au discours ce que la grammaticalité est à
la syntaxe.
1Il existe, toujours selon MOESCHLER et REBOUL
(1994), deux types de cohérence : la cohérence temporelle et la
cohérence référentielle. C'est à cette
dernière que nous nous intéresserons plus particulièrement
dans notre étude des connecteurs consécutifs, la première
mettant aussi en jeu d'autres problèmes comme par exemple l'aspect
verbal qui ne concernent pas la cohérence
référentielle.
Un bien trop tendre cambrioleur (Marianne)
Le cambrioleur d'Erstein était un baluchonneur, il
raflait tout : argent, bijoux, jusqu'au chien de la maison, un yorkshire blanc.
Mais il «travaillait» avec sa propre voiture. Les voisins en ayant
relevé le numéro, les gendarmes n'ont eu aucune peine à
débarquer chez lui et à récupérer les objets
volés. Il n'y manquait que les bijoux et le chien. Les gendarmes lui ont
alors montré une photo du clébard avec sa maîtresse, une
fillette de 4 ans. Le cambrioleur a téléphoné à sa
mère, promettant de rapporter l'animal et les bijoux.
Les gendarmes lui ont alors montré une photo du
clébard avec sa maîtresse, une fillette de 4 ans. Il n'y manquait
que les bijoux et le chien. Les voisins en ayant relevé le
numéro, les gendarmes n'ont eu aucune peine à débarquer
chez lui et à récupérer les objets volés. Il
raflait tout : argent, bijoux, jusqu'au chien de la maison, un yorkshire blanc.
Le cambrioleur a téléphoné à sa mère,
promettant de rapporter l'animal et les bijoux. Mais il «travaillait»
avec sa propre voiture. Le cambrioleur d'Erstein était un
baluchonneur.
FIG. 2.1 - un texte cohérent et un texte
incohérent
2.1.2 Cohérence, cohésion et
connexité
Par cohérence, on entend
généralement « interprétabilité d'un texte
» : il existe entre les parties de ce texte des relations, pas
forcément explicitées, qui le rendent cohérent. On peut
donc dire que des relations pragmatiques font la cohérence d'un texte.
Il existe plusieurs sources de cohérence: l'anaphore, l'ellipse, les
implicatures... .
La cohésion, par contre, concerne la
continuité informationnelle du texte et ne met en jeu que des
éléments syntaxiques et sémantiques pour rendre compte par
exemple des relations temporelles, thématiques ou
référentielles. Les déictiques, la pronominalisation, les
substitutions lexicales entre autres font partie de ce qui rend un texte
cohésif.
Notre étude portant sur les connecteurs du
français, nous nous pencherons bien évidemment sur l'étude
d'un phénomène particulier de la cohérence textuelle : la
connexité. La connexité est en effet ce qui fait
qu'un texte est connecté par des marques linguistiques. On parle de
connexité pour des relations marquées linguistiquement, mais elle
n'est pas obligatoire dans un texte : elle ne fait que préciser un peu
plus les
conditions d'interprétation d'un discours et permet de
lever quelques ambiguïtés. Nous allons illustrer ce
phénomène à l'aide des exemples suivants:
(2.1) Pierre a insulté Jeanne. Jeanne lui a donné
une gifle.
(2.2) Pierre a insulté Jeanne, alors
Jeanne lui a donné une gifle.
Dans l'exemple 2.2, les 2 propositions sont connectées,
ce qui ne change pas fondamentalement le sens de l'énoncé, mais
le précise : en effet on peut imaginer pour l'exemple 2.1 une simple
succession de faits, alors que l'exemple 2.2 montre bien une relation de cause
à conséquence.
2.1.3 Déterminer la cohérence d'un texte
Quelques règles permettent de savoir si l'on a affaire
à un texte cohérent ou non, que CHAROLLES (1978) appelle «
méta-règles de cohérence »:
- répétition: il faut des
éléments à récurrence stricte qui rendent un texte
cohésif (des déictiques par exemple).
- progression: l'apport sémantique
doit être renouvelé dans le déroulement d'un texte afin de
lutter contre la redondance entre l'information nouvelle et l'information
déjà communiquée.
- non-contradiction: on ne doit pas introduire
au cours d'un texte
d'élément en contradiction avec ce qui a
déjà été dit ou présupposé. -
relation: les faits présentés par le texte
doivent présenter des liens
entre eux.
C'est à cette dernière règle que nous nous
intéresserons : la relation, car nous cherchons à
déterminer ce qui dans un texte cohérent marque
les liens entre les différents éléments
qui le composent. Pour cela, nous avons choisi de travailler dans un cadre
théorique permettant de bien rendre compte de la structure du texte: la
RST.
2.2 L'objet de la RST
La RST (Rhetorical Structure Theory -- théorie de la
structure rhétorique) a été développée par
William C. Mann et Sandra A. Thompson à l'ISI (Information Science
Institute). Son but était clairement dès le départ de
construire une théorie adaptée non seulement à la
description, mais surtout à la génération du discours,
dans l'optique du traitement automatique du langage, but dans lequel elle a
été conçue au début. La théorie a rapidement
été adoptée par toute une communauté de chercheurs
(Hovy, Scott et de Souza .. .). De plus, alors qu'elle avait été
créée par des informaticiens, cette théorie s'est
trouvée très utile aux linguistes s'intéressant aux
problèmes de structuration du texte.
Dans MANN et THOMPSON (1987), Mann et Thompson
définissent un cadre théorique qui permet de saisir la
cohérence d'un texte : avec la RST, il est aisé de
déterminer la structure hiérarchique d'un texte non limité
en taille, son but étant de décrire les relations qui existent
entre les différentes parties d'un texte. La RST est un outil
descriptif, analytique qui peut être utilisé pour un grand nombre
de types de textes, mais Mann et Thompson se limitent au départ à
l'analyse du discours narratif, le dialogue ne devant faire son entrée
dans la théorie qu'ultérieurement. En effet l'objet premier de la
RST est d'étudier des textes écrits, organisés
intentionnellement2.
2.3 Cohérence du texte : les relations
rhéto-
riques
Comme nous l'avons dit, la RST étudie les relations
entre différentes portions d'un texte, et cela à tous les niveaux
de sa structure. Afin de pouvoir subdiviser un texte et de déterminer
les relations qui relient ses parties, on doit définir pour ce texte une
unité de subdivision élémentaire ainsi que ce qui permet
de lier ces différentes subdivisions entre elles.
2.3.1 Unité élémentaire: le segment de
discours
Mann et Thompson définissent une unité de
subdivision du discours: le segment de discours, qu'ils
définissent comme « un intervalle linéaire de texte
ininterrompu », de taille non fixée (MANN et THOMPSON (1987), p.
4). Le segment de discours est un fragment de texte soudé de taille
quelconque qui peut être lui-même subdivisé en segments de
discours plus petits. Un segment de discours peut donc avoir une taille
supérieure à la phrase, ou bien beaucoup plus petite que la
phrase, mais doit garder une « intégrité fonctionnelle
indépendante », c'est-à-dire qu'il ne peut s'agir d'une
portion de phrase prise au hasard et n'ayant pas de sens prise seule.
2.3.2 Les relations rhétoriques
Les relations rhétoriques sont des
constructions abstraites qui relient deux segments de discours entre
eux3 -- ces deux segments ne devant pas se chevaucher -- et
déterminent les relations sémantiques et pragmatiques qui
tiennent entre eux. Les segments de discours pouvant être de taille
quelconque, une relation rhétorique pourra relier deux parties minimales
d'un texte (inférieures à la phrase) aussi bien qu'un ensemble de
phrases.
Cette propriété permet une analyse
récursive et descendante (ou ascendante) d'un texte, les mêmes
relations pouvant être utilisées à tous les niveaux de la
structure du texte.
Une propriété très importante des
relations rhétoriques est à noter (MANN et THOMPSON (1986)),
c'est qu'il n'existe pas de signe spécifique de leur existence. En
effet, les relations ne sont pas forcément signalées par un
indice linguistique contenu dans une des deux propositions; souvent aucun
signal explicite n'est présent. Les connecteurs sont un exemple d'indice
linguistique permettant de repérer une relation rhétorique
particulière (nous en reparlerons dans la section 2.8).
Considérons l'exemple suivant:
(2.3) Barbie est malheureuse parce que Ken n'est pas venu.
(2.4) Barbie est malheureuse: Ken n'est pas venu.
La relation de cause peut être marquée
linguistiquement comme dans l'exemple (2.3) ou non (exemple
(2.4))4.
3On peut définir les relations
rhétoriques comme une sorte de prédicat à 2 (ou plusieurs)
arguments qui prendrait comme premier argument le premier segment et comme
deuxième argument le deuxième segment de discours qu'elles
relient.
4Nous renvoyons ici à la notion de
connexité expliquée dans la section 2.1.2 : ici on a
2.3.3 Définition et distinction des relations
Chaque relation rhétorique doit respecter une
définition stricte afin de pouvoir être utilisée et
distinguée5 des autres relations, les relations ne devant pas
se recouper au niveau du sens.
Mann et Thompson utilisent quatre champs pour définir une
relation: - les contraintes sur le noyau
- les contraintes sur le satellite
- les contraintes sur la combinaison des deux
- l'effet
La figure 2.2 nous donne un exemple de définition d'une
relation (le but ici)6.
Relation but
Contraintes sur le noyau présente une
activité
Contraintes sur le satellite présente une
situation qui n'est pas réalisée
Contraintes sur la combinaison noyau-satellite
Le locuteur présente une situation qui doit être
réalisée grâce à l'activité dans le noyau
Effet L'interlocuteur reconnaît que
l'activité dans le noyau est initiée pour réaliser le
satellite
Lieu de l'effet noyau et satellite
|
FIG. 2.2 - définition de la relation de but
une même relation et le texte est cohérent, mais la
connexité est explicite ou implicite.
5Avec les définitions seules, il n'est pas
toujours aisé de se faire une idée de la façon dont ont
peut distinguer les relations. Nous en reparlerons dans la section 2.7.
6Cet exemple est tiré de MANN et THOMPSON
(1987), p. 63-64
2.3.4 Le nombre de relations
Mann et Thompson n'ont volontairement pas défini un
nombre fixe de relations, mais ils ont simplement proposé un ensemble de
relations de base7 qui permet selon eux d'analyser la plupart des
textes anglais (dans le domaine de la prose). Les définitions de ces
relations peuvent être modifiées et leur nombre peut varier selon
les personnes qui utilisent la théorie (certains réduisent ce
nombre au minimum, alors que d'autres au contraire utilisent jusqu'à
plus de 70 relations). On peut en effet rajouter ou modifier des relations pour
suivre les besoins d'une analyse: on peut imaginer le cas où aucune des
relations de base ne convient pour qualifier une relation particulière
rencontrée dans un texte.
Mann et Thompson laissent donc l'ensemble des relations
ouvert, et c'est cette extensibilité du nombre de relations qui permet
une analyse beaucoup plus fine d'un texte que si l'ensemble de base
était fermé. De cette façon on peut créer une
nouvelle relation rhétorique lorsqu'on trouve un lien sémantique
entre deux segments d'un texte auquel les relations existantes ne peuvent
s'appliquer.
2.4 La nucléarité
La grande majorité des relations rhétoriques
sont binaires8, c'est-àdire qu'elles joignent deux segments
de discours. La plupart du temps, cette relation binaire tient entre un segment
qui est plus indispensable à la compréhension du texte et un
segment plus secondaire.
7Dans MANN et THOMPSON (1987), ils proposent 26
relations de base.
8À l'exception des relations multinucléaires que
nous aborderons dans la section 2.5.1.
Mann et Thompson ont défini la notion de
nucléarité qui repose sur ce principe en désignant par
noyau le segment important et par satellite le segment
secondaire.
2.4.1 Noyau
Le noyau est celui des éléments que relie une
relation qui est le plus indispensable à la compréhension du
texte. Si on supprime le noyau, alors le texte devient incompréhensible.
Prenons une phrase complète -- comportant un noyau et un satellite -- et
privons-la de son noyau:
(2.5) [Le train va bientôt partir]N, [bien qu'il soit
déjà en retard]S
(2.6) [bien qu'il soit déjà en retard]S
Privé de son noyau, l'exemple ne veut plus rien dire,
ce qui montre bien l'importance du noyau pour la compréhension du
texte.
Par ailleurs, il est parfois difficile de décider du
statut de noyau, car il n'est pas toujours évident de savoir quelle
information est la plus importante dans deux segments de discours
reliés.
Notamment, la relation de conséquence
différencie peu ses deux arguments au niveau de leur importance pour la
compréhension du texte: en disant « la salle est fermée,
donc je ne pourrai pas travailler », l'information importante peut aussi
bien être « la salle est fermée » que « je ne
pourrai pas travailler ».
2.4.2 Satellite
Le satellite apporte une information supplémentaire, il
vient compléter le noyau. Il est donc suppressible, sa suppression
n'empêchant pas la compréhension du texte. En reprenant l'exemple
de la section précédente et en éliminant le satellite, on
s'aperçoit que la compréhension n'est pas bloquée, et on
voit bien que le satellite ne faisait qu'ajouter une information
supplémentaire au noyau.
(2.7) [Le train va bientôt partir]N
La plupart des relations rhétoriques sont binaires et
relient un noyau à un satellite : ce sont des relations
mononucléaires. En revanche, certaines relations, notamment la
séquence, sont dites multinucléaires : elles font l'union entre
plusieurs noyaux car aucun segment de discours ne paraît plus important
que l'autre.
(2.8) Le cambrioleur a fracturé la serrure, s'est
introduit dans la mai-
son et s'est emparé de son butin.
2.5 Représentation graphique : les arbres
rhé-
toriques
La structure rhétorique d'un texte se présente
toujours sous la forme d'un arbre, les segments de discours
élémentaires apparaissant au niveau de ses feuilles et les
segments plus importants au niveau de ses noeuds. Les schémas sont
l'unité de base permettant de construire un arbre rhétorique, et
nous allons les étudier dans cette section.
2.5.1 Les schémas
Les schémas sont des structures abstraites
composées de: - un petit nombre de segments de discours.
- une relation qui lie entre eux ces segments.
- la relation qu'entretient le noyau avec les autres segments.
Ils permettent de représenter graphiquement une
relation qui lie deux ou plusieurs segments, et pour ce faire, on trouve dans
un schéma les éléments graphiques suivants:
- les lignes horizontales représentent les
segments de discours.
- une ligne verticale (ou en diagonale) permet de
repérer le noyau (un segment sans ligne verticale étant un
satellite).
- les arcs qui joignent deux lignes horizontales sont
les relations qui tiennent entre deux segments, la flèche indiquant le
sens de la relation.
Il existe 5 types de schémas, chacun correspondant
à une configuration particulière entre segments de discours que
l'on peut classer en deux classes9 : les relations
mononucléaires (de loin les plus courantes) et les relation
multinucléaires.
2.5.2 Relations mononucléaires
(2.10)
(2.9)
FIG. 2.3 - Relations mononucléaires
9Comme nous l'avons déjà
précisé à la section 2.4.
Dans la figure 2.3, le schéma 2.9 représente une
relation rhétorique binaire reliant un satellite à un noyau (un
segment de discours vient en compléter un autre). Ce schéma est
de loin le plus courant : on peut analyser un texte sans jamais en rencontrer
un autre type.
Le schéma 2.10 est plus rare: deux -- ou plusieurs --
satellites viennent compléter un seul noyau.
2.5.3 Relations multinucléaires
(2.12)
(2.11)
(2.13)
FIG. 2.4 - Relations multinucléaires
La figure 2.4 montre les trois types de relations
multinucléaires, n'ayant chacun qu'un seul représentant:
- Le schéma 2.11 correspond à la relation jonction
(joint en anglais) - Le schéma 2.12 correspond à la
relation de contraste
- Le schéma 2.13 correspond à la relation de
séquence.
2.5.4 Un exemple d'analyse
Pour illustrer la façon dont se présente un
arbre rhétorique, nous avons fait l'analyse du texte de la figure 2.1,
que nous présentons dans la figure 2.5.
Le cambrioleur d'Erstein était un baluchonneur,
il raflait tout : argent, bijoux, jusqu'au chien de la maison, un
yorkshire blanc.
et à récupérer les objets volés.
les gendarmes n'ont eu aucune peine à débarquer
chez lui
contraste
élaboration
élaboration
Mais il « travaillait » avec sa propre voiture.
Les voisins en ayant
relevé le numéro,
Les gendarmes lui ont alors montré une photo du
clébard
avec sa maîtresse,
une fillette de 4 ans.
Le cambrioleur a téléphoné à sa
mère, promettant de rapporter l'animal et les bijoux.
* Nous n'avons pas trouvé chez Mann et Thompson de
relation qui convenait ici, nous en avons donc créé une
nouvelle.
constatation *
Il n'y manquait que les bijoux et le chien.
jonction
cause
cause volitive
résultat volitif
Nous allons expliquer rapidement comment se fait l'analyse en
reprenant le texte de la figure 2.1 ci-dessous:
[Le cambrioleur d'Erstein était un baluchonneur, il
raflait tout: argent, bijoux, jusqu'au chien de la maison, un yorkshire blanc.
]s1 [[Mais il «travaillait» avec sa propre voiture.
]s2a [Les voisins en ayant relevé le numéro, les
gendarmes n'ont eu aucune peine à débarquer chez lui et à
récupérer les objets volés. Il n'y manquait que les bijoux
et le chien. Les gendarmes lui ont alors montré une photo du
clébard avec sa maîtresse, une fillette de 4 ans. Le cambrioleur a
téléphoné à sa mère, promettant de rapporter
l'animal et les bijoux. ]s2b ]s2
L'analyse avec la RST est descendante, comme nous l'avons
déjà précisé. Nous prenons donc le texte dans son
entier et nous essayons de le séparer en deux parties, s1 et
s2. La relation entre s1 et s2 est explicitement
marquée dans le texte: on a affaire à un contraste, marqué
par le connecteur mais, entre ces deux segments, et c'est pourquoi la
relation est représentée graphiquement par deux traits verticaux
marquant une relation entre deux noyaux (la relation de contraste est
multinucléaire). Ensuite, à l'intérieur même de ces
deux segments, et comme l'analyse est récursive, on essaie à
nouveau de trouver deux segments plus petits: par exemple, nous avons
séparé le segment s2 en deux segments plus petits,
s2a et s2b, s1 « élaborant » --
c'est-à-dire apportant des informations supplémentaires --
s2. La relation entre s2a et s2b est
représentée graphiquement par une flèche allant de s2b
à s2a car s2b est un satellite de s2a
qui est le noyau (l'information la plus importante). On continue de la
même façon jusqu'à ce qu'on n'ait plus que des segments
élémentaires, ne pouvant plus être
décomposés.
2.6 Quelques propriétés formelles de la
RST
2.6.1 L'application de schémas
Selon Mann et Thompson, « l'analyse structurelle d'un
texte est une série d'applications de schémas » devant
respecter les 4 conditions exposées dans la figure ci-dessous.
1. complétude : une application de
schéma (la racine) englobe la totalité du texte.
2. connectivité : tout segment (sauf la
racine) doit être:
- soit une unité minimale
- soit un constituant d'un autre application de
schéma.
3. unicité: pour chaque application de
schéma, un nouvel ensemble de segments doit être
utilisé.
4. adjacence : l'ensemble des segments d'un
schéma constitue un segment plus grand.
|
FIG. 2.6 - Conditions de l'application de
schémas (d'après MANN et THOMPSON (1987))
2.6.2 Justi~cation de la structure arborescente de
l'analyse
Ces conditions ne font en fait que justifier la structure
arborescente de l'analyse structurelle, chaque condition correspondant à
une propriété
a b
formelle d'un arbre'0 :
1. La complétude correspond à la
condition de la racine unique, un arbre n'admettant qu'une seule racine''.
2. La connectivité permet de justifier la
récursivité'2. En effet on considère un segment
de discours:
- soit comme une unité minimale insécable
(vocabulaire terminal) pouvant être décomposée en un
nouveau sous-ensemble de segments de discours.
- soit comme une unité découpable (vocabulaire
non-terminal)'3.
3. L'unicité (et l'adjacence qui dit
la même chose), elle, fait appel à la condition
d'exclusivité'4 : l'utilisation d'un nouvel ensemble de
schémas interdit d'avoir à la fois des relations de dominance et
de précédence entre les noyaux et les satellites.
10Il s'agit en fait d'un arbre ordonné; nous
utiliserons tout au long de notre travail le terme « arbre ».
11Condition de la racine unique :
« dans chaque arbre de structure de constituants bien
formé ily a exactement un noeud qui domine chaque noeud ». PARTEE
et al. (1993) 12Tout arbre peut être construit
récursivement.
13
Soit : VT = {si, nj}: ensemble des unités
insécable
VN = {S, N}: ensemble des unités découpables /
étiquette
14Condition d'exclusivité:
« Dans un arbre de structure de constituant bien formé
quelconque, étant donné deux noeuds x et y,
x et y ont une relation de précédence
P, c'est-à-dire que soit (x, y) E P, soit (y, x) E P si et
seulement si x et y n'ont pas une relation de dominance
D, c'est-à-dire que ni (x, y) E D, ni (y, x) E D ». PARTEE
et al. (1993)
2.6.3 RST comme grammaire indépendante du
contexte
On peut considérer la RST comme une grammaire de
Chomsky de type 2 ou grammaire indépendante du contexte. En effet on
remarque que la plupart du temps, on ne rencontre que des relations impliquant
un noyau seul et un satellite seul15. Dans ce cas la structure du
discours a la forme d'un arbre binaire (car les relations ne tiennent qu'entre
deux éléments), très simple à mettre en oeuvre en
informatique. Cependant, l'arbre doit obéir à un certain nombre
de contraintes:
- la présence d'un noyau est obligatoire et il ne peut
apparaître seul - une suite de noyaux dans un segment de discours ne peut
être accompagnée de satellites
- si on a un noyau accompagné de satellites, on ne peut
avoir de noyau supplémentaire
- on peut donc avoir soit une suite de noyaux, soit un noyau
accompagné de satellites
2.7 Discussion
La RST est une théorie créée pour la
linguistique informatique, et elle a été rapidement
adoptée par toute une communauté de chercheurs de
différents horizons, même pour des analyses purement
linguistiques. Cependant, malgré sa grande popularité, la RST
compte quand même quelques limitations.
15Ce qui montre bien que l'on a affaire à
une grammaire indépendante du contexte: on peut décomposer des
segments de discours complexes (vocabulaire non-terminal) en un ensemble de
segments de discours plus petits, soit élémentaires (vocabulaire
terminal, soit non-élémentaires (vocabulaire non-terminal).
2.7.1 Le nombre de relations
Mann et Thompson proposent un certain nombre de relations
rhétoriques de base qu'ils estiment être suffisant pour
décrire la plupart des textes écrits en anglais. Pourtant, ils
laissent le nombre de ces relations ouvert afin de pouvoir en ajouter ou en
enlever selon les besoins.
Certains chercheurs essaient de réduire ce nombre de
relations au minimum, alors que d'autres en comptent un nombre impressionnant
(Certains arrivent à une liste de pas moins de 70 relations). Mais le
problème est le suivant: une théorie comptant un petit nombre de
relations aura une granularité faible, un faible pouvoir descriptif,
mais sera par contre très simple à manipuler. Au contraire, une
théorie comptant un grand nombre de relations sera beaucoup plus
complexe à manipuler, mais permettra des descriptions d'une beaucoup
plus grande finesse.
Il faut donc faire des choix théoriques, et c'est
pourquoi certains chercheurs (KNOTT et DALE (1994), KNOTT (1996)) se sont
attachés à clore le nombre de relations «utiles» en
travaillant sur des bases linguistiques solides16, des indices
linguistiques fiables permettant de repérer les relations
rhétoriques (les connecteurs).
2.7.2 Problème de la définition des
relations
Comme nous l'avons vu, Mann et Thompson donnent une
définition pour chacune des relations rhétoriques de base. Mais
quelques problèmes se posent à ce niveau:
16Remarquons que KNOTT et DALE (1994) se sont
écartés de tout cadre théorique. De cette façon,
leurs résultats sont adaptables à toute théorie faisant
intervenir des relations sémantiques entre segments de discours, et non
à la RST seule.
- on peut avoir des ambiguïtés dans les
définitions.
- on est confronté à des problèmes de
subjectivité, le jugement sur la relation étant différent
selon les personnes.
- il n'est pas toujours facile de savoir quelle relation
convient le mieux. Ces quelques problèmes peuvent devenir gênants
dans le cas d'un traitement par ordinateur. En effet, il faut fournir à
la machine une description précise, non ambiguë et sans
équivoque pour qu'elle puisse s'y retrouver: les définitions
doivent être très strictes et détaillées.
2.7.3 Les niveaux d'analyse
La RST ne fait pas de différence entre les niveaux
d'analyse: on peut rencontrer entre deux segments de discours deux niveaux de
relations. Par exemple, on peut avoir une relation sémantique et une
relation pragmatique entre deux segments, l'une allant dans le sens inverse de
l'autre. Prenons un exemple17:
(2.14) Jeanine est désagréable, donc
elle doit avoir ses règles. (2.15) Jeanine a ses règles,
donc elle est désagréable.
Dans les deux exemples, on a une relation pragmatique de cause
à conséquence (étapes d'un raisonnement). Cependant, en
2.14, on a une relation sémantique (entre les faits) de cause à
conséquence alors qu'en 2.15 on a une relation de conséquence
à cause. Le problème est que la RST ne permet de marquer qu'une
relation à la fois.
2.7.4 La prise en compte des intentions
Un reproche qu'on a par ailleurs souvent fait à la RST
(MOORE et POLLACK (1992), MARCU (1999)) est qu'elle ne tient pas compte des
intentions du locuteur, et que de cette façon, elle ne permet pas de
donner assez d'éléments pour pouvoir générer une
réponse dans un dialogue. Mais comme nous nous intéressons
surtout au discours monologal écrit, et non au dialogue, cette critique
semble ne pas s'appliquer avec autant d'ampleur en ce qui concerne les besoins
que nous avons pour notre analyse.
2.8 RST et connecteurs
2.8.1 Connecteurs et structure du discours
Nous avons vu précédemment que les connecteurs
participaient à la cohérence du discours en reliant entre eux
différents segments du discours (voir sections 1.1.1 et 2.1.2). Or les
connecteurs sont des indices linguistiques lexicaux qui permettent, en
participant à la connexité du discours, d'en retrouver la
structure assez facilement. C'est pourquoi ils sont très utiles pour
faire une analyse textuelle avec la RST: quand un connecteur est
présent, il devient beaucoup plus aisé de trouver quelle relation
rhétorique tient entre les deux segments de discours qu'il relie que
s'il n'était pas présent. En effet, un connecteur a rarement la
possibilité de signaler plus d'une relation rhétorique alors que
quand on n'a pas de connecteurs entre deux propositions, les
interprétations sont plus nombreuses (voir l'exemple 2.1).
Les connecteurs sont donc des indices linguistiques de la
présence d'une relation rhétorique, et en cela ils sont utiles
pour retrouver la structure d'un texte.
2.8.2 Connecteurs comme prédicats
Les connecteurs fonctionnent comme des prédicats ayant
pour arguments deux segments de discours. Nous avons également fait
cette remarque en ce qui concerne les relations rhétoriques (note 3 page
26).
Les connecteurs, se présentant comme des
prédicats, fonctionnent donc comme les relations rhétoriques, et
cette superposition de fonctionnement permet d'avoir une vue assez
fidèle de la structure rhétorique du discours18.
2.8.3 Problèmes
Bien que les connecteurs permettent facilement de construire
un arbre rhétorique (partiel), la RST en revanche est assez mal
adaptée pour faire la différence entre les emplois de connecteurs
relevant d'une même relation. Il semble en effet que la RST -- du moins
si l'on n'utilise que l'ensemble de relations de base que proposent MANN et
THOMPSON (1987) -- ne fasse pas une description assez fine pour l'utiliser dans
un système de génération devant gérer l'emploi de
connecteurs d'une même famille. Mais, comme nous l'avons
déjà vu (section 2.7.1), si on veut augmenter la
18À partir du moment où ils sont assez nombreux
dans le texte : par exemple dans le style journalistique, l'usage des
connecteurs est peu fréquent. Les connecteurs ne doivent donc pas
être considérés comme les marques
privilégiées de la structure textuelle -- comme ils le sont dans
les textes démonstratifs comme les textes juridiques ou les manuels
techniques.
capacité descriptive de la RST, il faut augmenter le
nombre de relations, or cette augmentation du nombre de relations complexifie
grandement la théorie. C'est pourquoi il faut aller plus loin que la
simple relation rhétorique en utilisant par exemple une structure de
traits venant compléter la relation et permettant ainsi de distinguer
entre eux les différents connecteurs d'une même famille. C'est ce
que nous allons essayer de faire dans le chapitre 3, où nous essaierons
de dégager une structure de traits pour différencier les
connecteurs consécutifs.
Chapitre 3
Étude de quelques connecteurs de
conséquence
3.1 Méthodologie
3.1.1 L'analyse de corpus
Nous avons décidé de choisir un corpus pour
faire l'analyse des connecteurs consécutifs que nous voulons
étudier. Ce choix a été fait pour plusieurs raisons : un
corpus (a fortiori un corpus électronique) permet de faire des
recherches rapides et ainsi de vérifier comment un connecteur est
employé dans son contexte. Le corpus permet d'éviter d'avoir
recours à sa propre intuition, car en inventant des exemples
soi-même, on ne cerne pas tous les cas : le corpus nous donne des emplois
plus variés, auxquels nous n'aurions pas pensé.
Mais cependant, un corpus est limité par le genre
auquel il appartient, et ne rend pas lui non plus compte de tous les emplois.
Il faut alors utiliser un corpus plus large et de styles différents pour
avoir une vue aussi complète que possible sur la question que l'on
étudie'.
'Nous reparlerons de la nécessité d'avoir un corpus
varié dans la conclusion.
3.1.2 Le corpus Linux-Howto
Pour étudier les connecteurs de conséquence,
nous avons utilisé un corpus de textes d'un genre bien particulier,
puisqu'il s'agit de manuels d'utilisation pour Linux (appelé les «
Howto », utiles pour savoir comment faire telle ou telle opération
sous ce système d'exploitation), trouvables à l'URL suivante:
ftp.lip6.fr/pub/linux/french/docs/HOWTO/
.
Nous avons choisi ce type de document pour deux raisons: la
première est qu'il sont facilement accessibles sous forme
électronique, ce qui facilite grandement la recherche (en termes de gain
de temps). La seconde est que les manuels techniques comptent un nombre
important de connecteurs (en comparaison avec les textes journalistiques par
exemple), en particulier de connecteurs de conséquence; en effet, ils
ont un but didactique, ce qui oblige à l'emploi de termes indiquant un
raisonnement, dont font partie les connecteurs consécutifs. Il se trouve
de plus que les documents que nous avons choisis sont assez riches en
connecteurs et qu'ils sont assez variés, ce qui n'est pas toujours le
cas des manuels techniques (les auteurs emploient en général
rarement autre chose que « donc »).
Pour étudier ce corpus, nous avons
récupéré les différents fichiers « Howto
» au format texte et nous les avons réunis en un grand fichier dans
lequel il est plus facile de faire des recherches.
3.1.3 Construire une taxinomie
Nous nous sommes donné comme but de construire une
taxinomie
delà d'un travail de mémoire de maîtrise.
Nous avons donc décidé de nous limiter à un sous-ensemble
des connecteurs consécutifs, à partir duquel nous essaierons de
dresser une taxinomie. Afin de la construire, il faut tout d'abord poser des
bases méthodologiques sur lesquelles nous nous appuierons. Mais il nous
faut donner une structure à cette taxinomie, et pour cela, nous
emprunterons à KNOTT (1996) son test de substituabilité, et nous
essaierons ensuite de trouver une structure de traits permettant de
décrire le plus précisément possible les
caractéristiques des connecteurs consécutifs que nous aurons
étudiés.
Hyperonymie, hyponymie et héritage : le test de
substituabilité de Knott
Hyperonymie, hyponymie, synonymie
Knott propose dans sa thèse (KNOTT (1996)) un test de
substituabilité très simple, basé sur les notions
d'hyponymie et d'hyperonymie, permettant de construire rapidement une
taxinomie. La démarche à adopter est la suivante: on
sélectionne le connecteur que l'on désire analyser
accompagné de son contexte et on le remplace par d'autres connecteurs de
la même catégorie dans le même contexte. On doit ensuite
voir si la substitution est possible, c'est-à-dire qu'il ne doit pas y
avoir de changement de sens notable si les connecteurs choisis partagent la
même classe.
A partir de ce test de substituabilité, on pourra
déduire quelques propriétés sur les paires de connecteurs
envisagées:
- deux connecteurs sont synonymes s'ils sont
interchangeables dans tous les contextes.
- deux connecteurs sont exclusifs s'ils ne sont
jamais permutables.
- deux connecteurs sont partiellement synonymes
(contingently sub-
tituable) s'ils sont synonymes dans certains contextes,
mais pas
dans d'autres.
- un connecteur est hyperonyme d'un autre
connecteur s'il peut le remplacer dans tous les contextes, mais pas le
contraire. Dans ce cas on dit que le deuxième est l'hyponyme
du premier.
L'héritage
Une autre notion très importante pour notre taxinomie
est la notion d'héritage. On dira en effet qu'un
élément de la taxinomie hérite des
propriétés des éléments supérieurs dans la
hiérarchie. Cette notion d'héritage est d'ailleurs très
intimement liée à celles hyponymie et d'hyperonymie, un hyponyme
héritant des propriétés de son hyperonyme.
Prenons par exemple le cas d'une taxinomie (très)
partielle de quelques mammifères : « chat », « matou
», « félin » et « tigre ». « Félin
» est dans notre exemple l'hyperonyme de « chat », « matou
», et « tigre » (qui sont ses hyponymes). L'héritage
d'hyperonyme à hyponyme est ici bien clair: le chat et le tigre ont en
effet les propriétés d'un félin, comme par exemple le fait
d'avoir des griffes ou des moustaches. « Chat » et « matou
» sont quant à eux synonymes.
Présentation graphique de la
taxinomie
D'après les substitutions que nous avons faites à
l'aide du corpus
une première approche d'une taxinomie des connecteurs
consécutifs du français, qui est pour l'instant très
partielle (elle ne tient compte que des quatre connecteurs que nous
étudierons), et qui devra évidemment être
améliorée, enrichie, et probablement, dans une certaine mesure,
modifiée par la suite.
donc
alors par conséquent
de sorte que
FIG. 3.1 - Première approche de taxinomie des connecteurs
consécutifs
Construction de tests de substituabilité
pour les connecteurs étudiés
Pour pouvoir faire les tests de substituabilité sur les
connecteurs que nous envisageons d'étudier, il faut extraire du corpus
un ensemble de phrases qui contiennent ces connecteurs. Pour ce faire, nous
avons extrait aléatoirement à l'aide d'un programme Perl dix
occurrences de chaque connecteur -- accompagné de son contexte -- en
début de phrase et vingt en milieu ou fin de phrase dans le corpus
Linux-Howto. Ce petit sous-corpus nous permet ensuite de faire simplement les
tests de substituabilité entre les connecteurs que nous voulons
étudier.
Problèmes
Cependant, quelques problèmes se posent quand à
ce test de substituabilité, problèmes soulignés par
ASLANIDES (1995). En premier lieu, ce test est grandement soumis aux intuitions
de l'analyste -- il faudrait
peut-être donc soumettre les substitutions à un
grand nombre de personnes afin d'avoir un point de vue le plus complet possible
sur la question.
De plus, la taxinomie obtenue à l'aide des notions
d'hyponymie et d'hyperonymie ne peut constituer qu'un début. En effet,
elle ne permet que d'avoir une idée de la façon dont les
connecteurs peuvent être employés dans un contexte donné
(tel connecteur peut par exemple toujours être employé à la
place de tel autre dans ce contexte) sans pour autant donner une quelconque
information sur les conditions d'emploi ni sur le sens des connecteurs.
Utilité des tests de
substituabilité
Les tests de substituabilité, bien qu'ils ne donnent
qu'une idée très vague de l'emploi des connecteurs, permettent
néanmoins de voir quand un connecteur peut en remplacer un autre. Dans
un contexte donné, on peut alors observer ce qui permet ou bloque
l'emploi d'un connecteur. Il est donc à partir de ce moment possible
d'essayer de voir les traits distinctifs de deux connecteurs selon le rapport
qu'ils entretiennent (hyponymie, exclusivité, synonymie .. .).
Pour cela, on aura donc recours à un autre type de
données afin de différencier les connecteurs les uns des autres:
on fera appel à une structure de traits caractérisant chaque
connecteur.
Obtenir une structure de traits
Afin d'avoir une description suffisamment précise des
différents connecteurs que nous avons choisi d'analyser et de les
distinguer les uns des autres, nous avons décidé d'utiliser une
structure de traits. Ces traits décrivent des propriétés
des connecteurs de différentes natures (syntaxique, sémantique,
pragmatique), mais ces différents niveaux sont indispensables pour
rendre compte assez finement du sens des connecteurs dans leurs
différents emplois. Nous déterminerons quels sont les traits dont
nous avons besoin dans la section 3.4, après avoir analysé de
plus près les différents connecteurs de conséquence
choisis. Mais nous allons d'abord nous pencher sur la notion de
conséquence et les notions auxquelles elle est liée.
3.2 La conséquence
3.2.1 La notion de conséquence
Qu'est-ce que la conséquence?
Selon le Petit Robert (REY et REY-DEBOVE (1993)), la
conséquence est la « suite qu'une action, un fait entraîne
», et plus généralement « ce qui découle d'un
principe », soit une relation de cause à effet.
On peut distinguer d'après cette définition entre
deux types de conséquence: la conséquence factuelle et
l'inférence.
La conséquence factuelle
La conséquence factuelle est une relation qui relie
entre eux deux faits, deux contenus propositionnels, comme on peut l'observer
dans l'exemple suivant:
(3.1) On a coulé un bielle, donc la voiture ne roule
plus.
L'inférence
L'inférence consiste à tirer à partir de
prémisses, soit en fait des propositions données (vraies ou
fausses), une conclusion constituée d'une ou plusieurs propositions
nouvelles (elles aussi vraies ou fausses). Elle permet donc de poser
l'existence d'un fait non-donné à partir d'un autre fait
donné dans l'expérience du sujet. L'inférence peut
revêtir plusieurs formes, dont les plus importantes sont la
déduction et l'induction.
La déduction
La déduction est une forme d'inférence par
laquelle il résulte nécessairement de principes
généraux un nouveau principe. La déduction est à
rapprocher du syllogisme, qui en est un cas particulier. La conséquence
est un raisonnement direct, qui consiste à « conclure quelque chose
à partir d'un fait connu et d'un fait introduit comme nouveau »
(selon KOZLOWSKA-HEUCHIN (1996b)), soit conclure des propositions prises comme
prémisses à une proposition qui en résulte.
La déduction est en quelque sorte un raisonnement
descendant, allant du général au particulier.
(3.2) Frère Bernard est moine, c'est donc un
célibataire.
Dans cet exemple, on déduit d'une
généralité, le fait que les moines sont (normalement)
célibataires, une propriété particulière, que
Frère Bernard, un moine, est célibataire.
L'induction
L'induction est le contraire de la déduction, elle
consiste à retrouver à
partir d'un cas particulier une
généralité2, ou comme le dit KOZLOWSKA-HEUCHIN
(1 à « remonter des faits à la loi »:
(3.3) Mon voisin est autoritaire: c'est sûrement un
Allemand.
Dans cet exemple, le voisin étant autoritaire, et les
Allemands ayant la réputation d'être autoritaires, on peut en
induire qu'il est probablement Allemand.
On voit bien ici que l'induction, contrairement à la
déduction, est un mode de raisonnement qui ne peut être que
probable : on ne peut rien affirmer avec certitude sur les conclusions que l'on
tire.
La conséquence en langage naturel
L'expression de la conséquence en langage naturel ne
tient pas seulement du raisonnement logique, et il existe des moyens
variés pour l'exprimer, quel que soit son type, la conséquence
factuelle ou l'inférence.
2L'induction est très utilisée dans les
sciences expérimentales: à partir de l'observation de faits, on
peut poser des hypothèses de lois explicatives.
3.2.2 Les moyens d'exprimer la conséquence en
français
Il existe en français de nombreux moyens pour exprimer
la conséquence -- moyens qui ne sont pas spécifiques à la
conséquence, mais peuvent de temps en temps servir à l'exprimer.
Nous allons les présenter brièvement dans cette section, ceux-ci
n'étant pas l'objet de notre travail, au travers de quelques
exemples:
Parataxe
(3.4) Le chat miaule: il a faim3.
Conjonction (« et »)
(3.5) Eudes chuta, et sa jambe se brisa.
Préposition
(3.6) Les supporters ont crié à s'en
déchirer les cordes vocales.
Participe présent
(3.7) La pluie tomba toute la nuit, rendant le terrain
impraticable.
Relative
(3.8) Le cheval heurta la barre, qui tomba au sol.
3Notons que cet exemple a deux
interprétations: on a soit un relation conséquentielle (le chat
miaule donc il a faim : il s'agit d'une inférence), soit une relation
causale (le chat miaule parce qu'il a faim : il s'agit d'un constat).
Il existe cependant un autre moyen de marquer la
conséquence, lui par contre plus spécifique à la
conséquence : les connecteurs, que nous allons présenter dans la
section suivante.
3.2.3 Les connecteurs de conséquence
Les connecteurs de conséquence sont des
éléments lexicaux spécialisés dans l'expression de
la conséquence4, parmi lesquels on compte « donc »,
« alors » ou « par conséquent » par exemple. La
relation de conséquence peut être divisée en deux
sous-ensembles : elle peut établir une relation entre deux faits, ou
bien marquer la conclusion d'un raisonnement. Il semble donc dès
à présent adéquat de distinguer entre connecteurs marquant
un rapport factuel de cause à conséquence et
connecteurs marquant une inférence, cette distinction
ayant des conséquences dans l'ordre de la relation (cause -*
conséquence ou conséquence -* cause).
Si nous avons réunis sous l'étiquette «
connecteurs consécutifs »5 un certain nombre de
connecteurs, c'est qu'ils ont une valeur commune, celle de marquer une relation
de cause à conséquence, que ce soit entre faits ou entre actes de
langage. Nous ferons par conséquent la distinction entre sens et emplois
d'un connecteur, le sens donnant les instructions de base indiquées par
le connecteur, ce connecteur pouvant ensuite avoir plusieurs emplois. Les
connecteurs consécutifs ont donc un sens primaire, et peuvent
connaître plusieurs emplois, parmi lesquels ils peuvent
4Comme nous le verrons par la suite, les connecteurs
de conséquence n'ont pas forcément uniquement une valeur
consécutive.
5Nous employons indifféremment «
connecteur consécutif » et « connecteur de conséquence
».
marquer la consécution factuelle ou l'inférence.
Consécution factuelle
Les connecteurs consécutifs du français peuvent
tous marquer une conséquence factuelle (c'est-à-dire une relation
de cause à conséquence entre deux faits ou entre le contenu
propositionnel de deux propositions).
Dans un cas de consécution factuelle, l'ordre des
propositions est fixe et va toujours de la cause factuelle à la
conséquence factuelle.
(3.9) Le disque dur a lâché, si bien que
l'ordinateur ne fonctionne plus
Ici la conséquence, marquée par « si bien que
», est factuelle, et l'ordre des propositions est contraint, sous peine de
ne plus comprendre l'énoncé.
Inférence
Certains connecteurs de conséquence peuvent aussi
marquer l'inférence. L'inférence, comme nous l'avons
expliqué à la section 3.2.1, consiste en un raisonnement
permettant de parvenir à une conclusion. L'inférence relie deux
moments d'un raisonnement et non uniquement des faits, et l'ordre des
propositions n'est pas fixé en ce qui la concerne : la relation peut
aller de la cause factuelle (exemple 3.10) à la conséquence
factuelle -- il s'agit d'une opération de déduction
--, ou l'inverse (exemple 3.11) -- alors on a une opération
d'induction. Mais l'ordre de la relation inférentielle
va toujours de la cause à la conséquence:
(3.10) Il fait beau, donc Pierre se
promène (3.11) Pierre se promène, donc il
fait beau
L'exemple 3.10 peut être paraphrasé comme «
Quand il fait beau, Pierre a l'habitude de se promener. Il fait beau, donc
Pierre se promène » : on a bien affaire à une
déduction.
L'exemple 3.11 présente, lui, une induction : sachant
que Pierre a l'habitude de se promener quand il fait beau et que Pierre se
promène actuellement, on en infère qu'il fait sûrement
beau.
En définitive, un connecteur marquant
l'inférence n'imposant pas d'ordre précis à ses arguments,
la seule contrainte reste qu'un fait ou un événement doit
obligatoirement être présent comme premier argument du connecteur,
et son deuxième argument doit être l'événement ou le
fait dont on infère l'existence.
3.3 Analyse de quelques connecteurs de consé-
quence
Dans ce paragraphe, nous essaierons d'étudier un peu
plus en détail une classe particulière de connecteurs du
français : les connecteurs consécutifs, par les différents
aspects qui les caractérisent dans le discours.
Nous essaierons de voir ce qui les rapproche et ce qui les
différencie au niveau de leurs propriétés
sémantiques et pragmatiques (et aussi, dans une certaine mesure,
syntaxiques), mais nous nous limiterons pour l'instant à leurs emplois
strictement consécutifs. En effet, la plupart des connecteurs de
conséquence ont d'autres emplois dans le discours, sur lesquels nous ne
nous attarderons pas, car étudier tous ces emplois irait bien
au-delà de notre modeste travail de maîtrise.
Devant l'étendue du domaine, nous ferons porter notre
étude sur un sous-ensemble des consécutifs. Tout d'abord, nous
étudierons le connecteur sur le marqueur privilégié de
l'inférence, donc, car il se trouve dans la position la plus
haute de la taxinomie; nous nous attarderons ensuite sur alors qui
comporte une nuance de succession temporelle; puis nous nous pencherons sur le
connecteur par conséquent qui quant à lui ne peut
exprimer que la conséquence, et pour terminer, sur un connecteur ne
pouvant marquant qu'une relation factuelle: de sorte que.
3.3.1 Conséquence et concomitance : donc
Donc, comme nous l'avons déjà
précisé, se situe tout en haut de la taxinomie des connecteurs
consécutifs du français : cela montre qu'il peut être
employé dans un plus grand nombre de contextes que les autres
consécutifs et que ses propriétés seront par
conséquent moins restreintes. De plus, ce connecteur est le connecteur
de conséquence le plus fréquent dans la langue française
(ce que corroborent les résultats de notre analyse statistique -- cf.
annexe A).
Distribution
Pour ce qui est de la syntaxe, donc n'a pas de
contrainte particulière sur son placement. Il peut en effet se placer
librement dans l'énoncé qui le contient. Regardons quelques
exemples tirés du corpus Linux-Howto:
(3.12) Vous avez des fichiers de mot de passe
séparés, donc vous pou-
anonyme6.
(3.13) Il est courant de construire la table des
matières d'un document en «LATEXant» le document
deux fois. Donc, refaites la commande. Les autres
avertissements peuvent être ignorés sans danger.
(3.14) Quand vous voudrez créer un fichier avec le
même nom, vous obtiendrez un message d'erreur vous disant que ce fichier
existe déjà. Plus de confusion que de réels
problèmes, donc.
(3.15) Les trous représentent les morceaux
d'information (en quelque sorte) et sont si petits que des milliards d'entre
eux tiennent sur le disque. Un CD est donc un support de
stockage de masse.
Cependant, il semblerait que la position canonique,
privilégiée de donc soit en milieu de phrase : nos
intuitions on été appuyées par l'analyse statistique.
Sens consécutif
Donc est un marqueur privilégié du
raisonnement, de l'inférence qui a pour fonction première de
marquer la concomitance . En effet, quand on utilise donc on
considère que les éléments qu'il relie sont des
états ou des propriétés qui entretiennent un rapport de
simultanéité -- un phénomène en accompagnant
nécessairement un autre:
(3.16) Il roule à 230 à l'heure, il risque
donc un accident. (3.17) Il est gendarme, donc
intègre.
6Les exemples que nous donnons dans ce chapitre
sont soit extraits du corpus LinuxHowto -- ils sont alors facilement
reconnaissables grâce au sujet qu'ils abordent -- , soit de notre propre
cru.
En imposant une valeur de concomitance à ses arguments,
donc a pour effet de donner une valeur de « vérité
absolue » à la conclusion qu'il introduit: il marque une sorte de
syllogisme qui à partir de prémisses donne une conclusion qui
doit être ressentie comme vraie indépendamment des opinions du
locuteur7. La consécution qu'il introduit est donc
présentée comme existant hors du discours, ne découlant
pas d'un raisonnement du locuteur, et, selon HYBERTIE (1996) « relevant
d'une consensualité élargie »:
(3.18) Jean-Marie a une queue de cheval, c'est donc
un rebelle.
On distingue deux emplois consécutifs principaux de
donc : un emploi factuel et un emploi inférentiel.
Emploi factuel
En premier lieu, donc peut avoir un emploi factuel,
reliant deux états de choses, deux contenus propositionnels, ressentis
comme intimement liés.
Dans son emploi factuel, donc impose un sens à
la relation de consécution, c'est-à-dire que l'ordre de ses
arguments va toujours de la cause factuelle à la conséquence
factuelle.
(3.19) Ce chauffard m'a fait une queue de poisson, donc
j'étais très énervé.
Si on inverse les propositions connectées par donc
dans son emploi fac- tuel, le résultat n'est plus
cohérent (bien qu'on puisse toujours imaginer
7Cette valeur de « vérité
absolue » n'apparaît pas avec par conséquent qui
donne la conclusion d'un raisonnement effectué par le locuteur. Nous y
reviendrons à la section 3.3.3.
un contexte ou il l'est) :
(3.20) ? J'étais très énervé,
donc ce chauffard m'a fait une queue de poisson.
Emploi inférentiel
Outre son emploi factuel, donc est très souvent
utilisé pour marquer la conclusion d'un raisonnement. On parle alors
d'emploi inférentiel.
Contrairement à l'emploi factuel, quand on change
l'ordre des propositions, le sens de la relation n'est pas inversé, on
observe simplement un renversement dans le raisonnement:
(3.21) Michel est corse, donc il est
fainéant. (3.22) Michel est fainéant, donc il
est corse.
Dans notre exemple, l'inversement de l'ordre des propositions
fait passer d'un raisonnement de type déductif (exemple 3.21) à
un raisonnement de type inductif (exemple 3.22). Comme nous l'avons vu à
la section 3.2.3 sur l'inférence, l'ordre des contenus propositionnels
est inversé (on passe d'une relation cause factuelle -*
conséquence factuelle à l'inverse), mais l'ordre de la relation
reste toujours cause -* conséquence (ou plus précisément
prémisse -* conclusion) au niveau du raisonnement.
Relation entre actes de langage
Donc peut avoir comme arguments des actes de langage
autres que l'assertion : il n'est pas obligé de relier des assertions
entre elles, mais peut au contraire compter parmi ses arguments d'autres actes
de langage, comme le conseil, l'ordre ou l'interrogation.
(3.23) La pagination de la mémoire virtuelle peut aussi
provoquer des erreurs, donc mettez le plus de mémoire
physique possible.
(3.24) On parle de Linux, non? On devrait donc
faire abstraction des benchmarks produits sous d'autres
systèmes d'exploitation.
En 3.23, donc relie une assertion et un conseil, et en
3.24, il relie une interrogation et une assertion.
Autres sens
En dehors du fait qu'il puisse introduire la conclusion d'un
raisonnement, donc présente un certain nombre d'autres emplois,
qui, bien que découlant de la notion de conséquence, ne sont pas
purement consécutifs. Ces emplois sont en revanche très courants
et importants dans la structuration du discours8.
Donc peut marquer un recentrage dans un discours, en
effet, après avoir dit un certain nombre de choses sur un sujet, et
éventuellement s'en être éloigné quelque peu, on
peut à l'aide de donc revenir au sujet lui-même:
(3.25) Je ne savais absolument rien au sujet de SGML ou de
LATEX mais, après avoir lu divers commentaires a propos de SGML-Tools,
j'étais tenté d'utiliser un paquetage de génération
de documentation automatique. Cependant l'insertion manuelle de directives de
formattage me rappelait l'époque ou j'assemblais à la main un
moniteur 512 octets pour un processeur 8 bits aujourd'hui disparu. J'ai
donc fini par récupérer les sources de LYX, les
compiler
etje m'en suis servi dans son mode LinuxDoc.
Donc peut aussi avoir comme effet de marquer une
focalisation sur un élément d'un énoncé. Dans ce
cas, il se place toujours entre le sujet et le verbe:
(3.26) [. . .] Pierre donc a trouvé la
solution.
3.3.2 Conséquence et succession temporelle :
alors
Alors a un statut particulier parce qu'il marque une
succession temporelle dans la plupart des cas. Cependant, dans un certain
nombre de cas, cette succession temporelle est doublée d'un sens
consécutif.
Distribution
Alors quand il introduit une conséquence
semble ne pouvoir se placer qu'entre les deux segments qu'il relie, au
début de la proposition qu'il introduit9. Considérons
les exemples suivants:
(3.27) Robert a eu une grosse déception amoureuse,
alors il est parti avec un garçon.
(3.28) Robert a eu une grosse déception amoureuse, il est
alors parti avec un garçon.
(3.29) ? Robert a eu une grosse déception amoureuse, il
est parti avec un garçon, alors.
L'exemple 3.27 montre bien une nuance consécutive,
alors étant placé de- vant la proposition qu'il
introduit. Dans l'exemple 3.28 par contre, on ne
peut interpréter alors que comme introduisant
une succession temporelle sans valeur de conséquence. L'exemple 3.29
quant à lui paraît bizarre: il semblerait que alors ne
puisse pas se placer après la proposition qu'il introduit.
Alors montre de plus dans son sens consécutif
une moins grande souplesse de placement que donc, qui peut se placer
à n'importe quelle position:
(3.30) Robert a eu une grosse déception amoureuse,
donc il est parti avec un garçon.
(3.31) Robert a eu une grosse déception amoureuse, il
est donc parti avec un garçon.
(3.32) Robert a eu une grosse déception amoureuse, il
est parti avec un garçon, donc.
Notons d'ailleurs que le sens de cet exemple avec donc
est différent d'avec alors: en employant donc, on
dit en quelque sorte qu'il est normal, habituel de partir avec un garçon
quand un homme a une déception amoureuse10.
Sens temporel
Alors est un connecteur dont le sens premier est la
succession temporelle, l'un des deux éléments qu'il relie
étant considéré comme prenant la suite de l'autre, comme
on peut le voir dans cet exemple:
(3.33) Je me suis levé, alors j'ai
déjeuné etje suis allé travailler.
'°De plus, la liberté de placement de
donc n'est qu'apparente: dans ces trois exemples, on a affaire
à un même sens consécutif général de
donc, mais l'interprétation est quelque peu différente
selon sa position.
Sens consécutif
Pourtant, alors a aussi un sens consécutif
dérivé, mais il garde cependant une nuance de succession
temporelle dans les relations qu'il marque, contrairement à donc
-- qui, comme nous l'avons dit à la section
précédente, a une valeur de concomitance:
(3.34) Pierre est tombé de sa trottinette, alors
il s'est cassé la jambe.
On voit bien que le fait que Pierre se soit cassé la
jambe est une conséquence de sa chute, mais qu'il lui succède
dans le temps par la même occasion.
En fait, le sens consécutif de alors
découle de son sens de succession temporelle: deux
éléments reliés par alors sont ressentis comme se
succédant, mais si un des éléments est susceptible
d'être la conséquence de l'autre, alors prend à ce
moment-là une valeur consécutive.
Emploi factuel
Alors dans son emploi factuel présente la
proposition qu'il introduit comme un état de choses nouveau, qui
découle d'un fait déjà posé et qui lui
succède dans le temps. On peut remarquer cela dans cet exemple:
(3.35) Ben a revendu du shit, alors il s'est
fait piquer par les flics.
Comme c'était le cas pour donc, il n'est pas
possible d'inverser l'ordre des propositions sans que le sens ne paraisse
bizarre11 :
(3.36) Ben s'est fait piquer par les flics, alors
il a revendu du shit.
Emploi inférentiel
Comme c'était le cas pour donc, alors
a lui aussi un emploi inférentiel. Alors présente
à ce moment-là la proposition à laquelle il appartient
comme une situation nouvelle inférée de la première
proposition.
(3.37) Les Szabó sont partis alors les
volets sont fermés.
Il s'agit ici d'une déduction, mais alors est
tout comme donc susceptible de convoquer un raisonnement de type
inductif, et c'est ce qui se passe quand on inverse l'ordre des propositions de
l'exemple:
(3.38) Les volets sont fermés, alors les
Szabó sont partis.
Relation entre actes de langage
Alors peut lui aussi relier deux actes de langage
autres que l'assertion, cas dans lequel il garde toujours sa nuance de
succession dans un raisonnement (ici, relation entre une assertion et un
conseil) :
(3.39) Ily a de nombreuses autres façons pour
lesquelles ces problèmes peuvent arriver, alors soyez-y
préparé.
Autres sens
Comme nous l'avons déjà vu, alors n'a
pas comme sens premier de marquer la consécution. De plus, alors
peut avoir d'autres sens dans le discours comme par exemple de marquer le
déroulement d'un discours. En effet, alors peut marquer les
différentes étapes d'un discours, comme par exemple dans un
récit:
(3.40) Pierre voulait préparer un bon repas, alors
il est allé au marché, alors il a
acheté des carottes, alors...
3.3.3 Conséquence pure : par conséquent
Distribution de par
conséquent
Par conséquent a un placement très
libre dans la proposition qu'il introduit, il peut se trouver aussi bien au
début, au milieu ou à la fin de cette proposition:
(3.4 1) Contrairement au DOS, Linux est pourvu d'origine de
mécanismes de sécurité. Des droits d'accès sont
associés aux fichiers et aux répertoires; par
conséquent, l'utilisateur normal ne peut accéder
à certains d'entre eux.
(3.42) Majuscules et minuscules dans les noms de fichier ou
les commandes sont différenciées. Par
conséquent, NOMFIC.tar.gz et nomfic.tar.gz sont deux fichiers
différents.
(3.43) Le source original est réalisé en SGML et
formaté par le système Linux-doc-SGML mis au point par Matt Welsh
pour la documentation du système Linux. Vous disposerez par
conséquent de ce texte dans différents formats.
Par conséquent peut aussi se retrouver en
position finale, mais nous n'avons pas trouvé d'occurrence de ce fait
dans le corpus.
Sens consécutif
Contrairement à donc et alors,
par conséquent n'a pas d'autre fonction que de marquer la
consécution entre deux éléments. Cela explique sa fonction
privilégiée en tant que marqueur d'un raisonnement. Toujours en
opposition à donc et à alors, il ne marque ni
la concomitance
(comme donc), ni la succession temporelle (comme
alors) : il marque une consécution stricte et univoque.
Le raisonnement marqué par par conséquent
est ressenti comme un raisonnement émanant d'une réflexion
personnelle du locuteur qui ne doit pas être pris comme une
vérité absolue (comme cela se passe avec donc):
(3.44) L'appareil était établi pour fonctionner
pour des dénivellations supérieures à 8 cm, par
conséquent il pouvait fonctionner par tous les temps.
En revanche, à l'instar des deux connecteurs que nous
avons étudié précédemment, il peut marquer soit une
relation de consécution factuelle, soit une relation
inférentielle.
Emploi factuel
Par conséquent peut marquer une relation
factuelle, montrant qu'un fait en découle d'un autre, mais sans
précision supplémentaire:
(3.45) Sous Linux, malheureusement, la manipulation de
l'écran est faite différemment de MS-DOS, et ceci doit
par conséquent être un peu modifié.
Emploi inférentiel
Quand il marque une relation inférentielle, et comme il
n'a pas les valeurs de concomitance et de succession temporelle de donc
et de alors, on ressent son emploi comme plus neutre, indiquant
simplement les étapes du raisonnement du locuteur:
(3.46) Les ventes ont chuté, par conséquent
les bénéfices seront moindres.
On a ici un emploi déductif, or l'emploi inductif semble
poser problème, chose que nous allons voir maintenant.
L'induction avec par conséquent
semble impossible
Nous pensons que par conséquent ne peut
convoquer qu'un raisonnement déductif, et non inductif. Nous pouvons
illustrer ce constat par les exemples suivants:
(3.47) Les bénéfices ont chuté,
par conséquent l'entreprise va fermer. (3.48) ?
L'entreprise a fermé, par conséquent les
bénéfices ont chuté. (3.49) Michel est corse, par
conséquent il est fainéant.
(3.50) ? Michel est fainéant, par
conséquent il est corse.12 (3.5 1) Les
bénéfices ont chuté, donc l'entreprise va
fermer. (3.52) L'entreprise a fermé, donc les
bénéfices ont chuté.
(3.53) L'entreprise a fermé, par
conséquent les bénéfices ont dû
chuter.
Les exemples 3.47 et 3.49 présentent une
déduction, tout à fait possible avec par
conséquent. En revanche, les exemples 3.48 et 3.50 paraissent
difficilement acceptables et la relation est ici inductive. Par contre, autant
l'induction que la déduction sont possibles quand on fait la
substitution avec donc (exemples 3.51 et 3.52). De plus, on peut
rétablir la possibilité d'une induction avec un verbe modal
épistémique comme devoir (exemple 3.53).
Relation entre actes de langage
Comme pour les connecteurs que nous venons d'étudier, on
peut relier deux actes de langage à l'aide de par
conséquent:
(3.54) Tous les scripts configure ne tiendront pas compte des
variables, et par conséquent vérifiez
après avoir lancé configure et éditez les makefiles
à la main si nécessaire.
On a ici une relation entre une assertion et un conseil.
3.3.4 Conséquence factuelle : de sorte que
Distribution
De sorte que se place toujours entre les deux
propositions qu'il connecte. On le rencontre soit après une pause
brève (virgule), soit sans pause du tout, et uniquement dans ces deux
cas-là.
(3.55) Finalement, le bus ISA aura disparu et le bus PCI
à la mode PnP prévaudra de sorte que nous aurons
alors un PnP facile à implanter.
(3.56) chroot change le répertoire / (le
répertoire root) vers un nouveau point, de sorte que
tout ce qui est au dessus de ce répertoire devienne
inaccessible pour le programme.
Sens consécutif
Au contraire des autres connecteurs que nous avons
étudiés, le seul emploi que de sorte que peut avoir est
un un emploi factuel: il n'a pas la possibilité de marquer
l'inférence ni de relier deux actes de langage.
Mais nous verrons comment il est possible, à l'aide de
moyens lexicaux, de rétablir cette possibilité.
Seul emploi : emploi factuel
De sorte que comporte une composante anaphorique,
« de sorte », qui impose à la relation de conséquence
qu'il introduit non seulement d'avoir comme arguments des faits, des
événements, mais aussi que la conséquence introduite (P2)
est une conséquence qui découle naturellement de P1 (en prenant
« P1 de sorte que P2 »):
(3.57) Il est possible d'avoir deux partitions étendues
dans un de ces secteurs de table des partitions, de sorte que
la chaîne de la table de partitions se divise.
Comment marquer l'inférence avec de sorte
que
Employé seul, de sorte que ne peut pas marquer
l'inférence, ce que nous allons illustrer à l'aide de l'exemple
suivant:
(3.58) Il pleut, de sorte que Paul est
mouillé. (3.59) * Paul est mouillé, de sorte
qu'il pleut. (3.60) Paul est mouillé, donc il
pleut.
Le fait que Paul soit mouillé est bien une
conséquence factuelle du fait qu'il pleuve, et l'emploi de de sorte
que est ici tout à fait acceptable. Par contre, l'exemple 3.59 dans
lequel une opération d'induction (donc une inférence) est
nécessaire, il n'est pas possible d'employer de sorte que --
cette opération est évidemment possible avec donc comme
nous l'avons déjà vu (exemple 3.60).
Bien que de sorte que ne puisse marquer qu'une
relation factuelle, on peut tout de même exprimer une inférence en
utilisant un « modalisateur épistémique »13
comme devoir ou pouvoir.
(3.6 1) Paul est mouillé, de sorte que
je pense qu'il pleut.
Cet exemple, bien que maladroit, montre bien la
possibilité d'exprimer une inférence avec de sorte
que.
Impossibilité d'une relation entre actes de
langage
Contrairement aux autres connecteurs étudiés,
de sorte que n'a pas la possibilité de relier autre chose que
deux assertions. Reprenons les exemples cités pour donc
(exemples 3.23 et 3.24) :
(3.62) ? La pagination de la mémoire virtuelle peut
aussi provoquer des erreurs, de sorte que mettez le plus de
mémoire physique possible.
(3.63) ? On parle de Linux, non? De sorte
qu'on devrait faire abstraction des benchmarks produits sous d'autres
systèmes d'exploitation.
On voit bien qu'ici de sorte que n'est pas
substituable à donc et qu'il ne peut relier une assertion
à une interrogation ou un conseil. Par contre, quand l'acte de langage
est explicitement marqué, on peut à nouveau utiliser de sorte
que:
(3.64) La pagination de la mémoire virtuelle peut aussi
provoquer des erreurs, de sorte que je vous conseille
de mettre le plus de mémoire physique possible.
13Terme emprunté à HYBERTIE (1996).
Autre sens de de sorte que: sens
final
De sorte que, en dehors de la consécution,
peut aussi avoir un emploi où il a un sens final : ce connecteur exprime
alors une relation de but, mais à ce moment-là, l'emploi du
subjonctif dans la proposition qu'il introduit est obligatoire.
(3.65) Le scout a laissé derrière lui un indice,
de sorte que ses camarades puissent le retrouver.
(3.66) Le scout a laissé derrière lui un indice,
de sorte que ses camarades peuvent le retrouver.
On voit bien dans cet exemple que le mode employé avec
de sorte que change fondamentalement le sens de la relation: en 3.65,
où le subjonctif est employé, on signifie que le scout a
laissé un indice intentionnellement, dans le but de se faire retrouver
par ses camarades: on a alors une relation de but. En revanche, en 3.66,
où de sorte que est accompagné de l'indicatif, le fait
qu'il ait laissé un indice entraîne que ses camarades peuvent le
retrouver : la relation est une relation de conséquence (factuelle).
Nous signalons juste ce phénomène sans pour autant
l'approfondir et essayer d'expliquer pourquoi il en est ainsi.
3.4 Proposition d'une taxinomie des connec-
teurs analysés
Nous allons maintenant proposer une taxinomie des connecteurs
con-
pensons pertinents pour leur description. Pour commencer, nous
essaierons de définir ces traits, puis nous proposerons un début
de taxinomie des connecteurs consécutifs du français tenant
compte de ces traits.
3.4.1 Les traits motivés par l'analyse
À la lumière de l'analyse des quelques
connecteurs consécutifs que nous avons faite à la section
précédente, nous allons proposer une liste de traits qui
permettent de distinguer ces connecteurs les uns des autres.
Relation rhétorique
Ce trait rend compte de la relation rhétorique qui est
déclenchée par le connecteur. Comme nous n'étudions pour
l'instant que les connecteurs de conséquence, ce trait sera toujours
dans notre taxinomie « conséquence ».
Place du connecteur dans le segment de
discours
On rend compte par ce trait de la place que peut prendre le
connecteur dans le segment de discours auquel il appartient: soit au
début (D), au milieu (M), ou à la fin (F) -- les connecteurs
peuvent d'ailleurs apparaître à plusieurs endroits. De sorte
que ne peut se trouver qu'au début d'un segment de discours, on
notera donc « D » dans le trait « place dans le SD
Relation factuelle
On notera ici si le connecteur peut introduire une relation
factuelle ou non.
Déduction
Comme pour la relation factuelle, on notera si le connecteur est
susceptible d'entraîner une relation inférentielle ou non.
Induction
On marque ici si le connecteur peut convoquer une induction ou
non.
Concomitance
Ce trait concerne la possibilité d'avoir une concomitance
entre les deux éléments reliés.
Succession temporelle
On décrit par ce trait si on peut avoir une succession
temporelle ou non avec un connecteur donné.
Subjonctif
Ici on se demande si le subjonctif est employé ou non dans
le segment de discours introduit par le connecteur.
3.4.2 Taxinomie des connecteurs consécutifs
étudiés
Dans le tableau 3.1 (page 75), nous présentons la
taxinomie des connecteurs consécutifs que nous avons construite à
l'aide des éléments d'analyse donnés dans la section 3.3.
Ce tableau récapitule tous les traits distinguant les connecteurs
étudiés les uns par rapport aux autres et donne ainsi un
aperçu de leurs propriétés.
Commentaire
Un commentaire doit être fait quant à certains
choix que nous avons faits concernant l'organisation du tableau. En effet, le
trait subjonctif indique que le subjonctif ne peut être utilisé
avec les quatre connecteurs, mais ceci pour des raisons différentes :
les trois premiers (donc, alors et par
conséquent) ne s'emploient jamais avec le subjonctif, alors que le
dernier (de sorte que) a un autre sens s'il est employé avec le
subjonctif. Reprenons l'exemple 3.65:
(3.67) Le scout a laissé derrière lui un indice,
|
?
???
???
|
( de sorte que
# donc # alors # par conséquent
|
?
???
?? ?
|
ses camarades puissent le retrouver
|
3.5 Conclusions et problèmes
Dans ce chapitre, nous avons essayé de voir ce qui
pouvait différencier quatre connecteurs consécutifs du
français, mais nous nous sommes heurté à quelques
problèmes. Tout d'abord nous nous sommes aperçu que distinguer la
conséquence factuelle de la déduction n'était pas chose
aisée. Un autre problème semble intéressant à
souligner, celui de l'im-
|
donc
|
alors
|
par conséquent
|
de sorte que
|
relation rhétorique
|
conséquence
|
conséquence
|
conséquence
|
conséquence
|
place dans le SD
|
D, M, F
|
D
|
D, M
|
D
|
relation factuelle
|
+
|
+
|
+
|
+
|
déduction
|
+
|
+
|
+
|
-
|
induction
|
+
|
+
|
-
|
-
|
actes de langage
|
+
|
+
|
+
|
-
|
concomitance
|
+
|
-
|
-
|
-
|
succession temporelle
|
-
|
+
|
-
|
-
|
subjonctif
|
-
|
-
|
-
|
-
|
possibilité selon nous pour un connecteur
consécutif de marquer une induction portant sur des états.
Nous nous sommes effectivement rendu compte qu'il était
souvent difficile de faire la différence entre une conséquence
factuelle et une déduction14, comme on le constate dans
l'exemple suivant:
(3.68) Ily a eu une explosion dans le hall, donc
tout le monde a paniqué.
Hors contexte, on peut interpréter donc dans
cet exemple autant comme introduisant une conséquence factuelle
qu'une déduction. On s'est alors demandé ce qui pouvait
distinguer la conséquence factuelle de l'inférence.
Pour NØLKE (2000), des connecteurs comme donc,
alors et par conséquent relient des actes de langage,
alors que des connecteurs comme de sorte que ou de ce fait
relient des faits, et c'est ce qui les différencie. Mais cette
distinction nous paraît un peu grossière : il n'existerait alors
plus de relation de conséquence factuelle marquée par exemple par
donc, donc ne reliant que des actes de langage (des
assertions dans ce cas). Alors comment expliquer le fait que de sorte que
puisse être substitué à donc dans l'exemple
3.69 alors qu'il ne le peut pas dans l'exemple 3.70?
{ donc }
(3.69) Yves est tombé il s'est fait mal.
de sorte que
{ donc }
(3.70) Jean se promène, il fait beau.
# de sorte que
On a alors besoin d'une description plus précise et
d'entrevoir des sub- divisions supplémentaires, que nous avons
présentées dans la section
3.2.3. De plus, on pourrait tout à fait dire que de
sorte que relie des actes de langage, qui ne pourraient en l'occurrence
être que des assertions.
Il n'existerait donc pas d'après NØLKE (2000) de
distinction entre conséquence factuelle et déduction. Or, selon
nos intuitions, il semblerait que ce qui distingue une déduction d'une
conséquence factuelle est la connaissance qu'a le locuteur du fait
présenté en deuxième argument du connecteur de
conséquence. Si le locuteur a connaissance de ce fait, il s'agit alors
d'une conséquence factuelle : on peut interpréter l'exemple 3.68
comme présentant une relation factuelle entre deux faits
antérieurs au discours, et connus tous deux du locuteur. En revanche, si
le locuteur n'a pas accès au deuxième fait, il peut choisir parmi
une liste d'inférences possibles une inférence qui lui convient,
et il s'agit ainsi d'une déduction: l'exemple 3.68 sera alors
interprété comme une déduction, donc reliant un
fait antérieur au discours à un fait qui n'est pas connu du
locuteur, mais qu'il déduit du premier fait.
Il semble cependant qu'il existe un moyen assez simple pour
reconnaître l'emploi factuel en faisant la substitution avec un
connecteur uniquement factuel (comme de sorte que, de ce
fait, si bien que. . .). Si la substitution est possible, alors
on a affaire à un emploi factuel, sinon à une
déduction.
Nous présentons dans le tableau suivant ce qui
pourrait, selon nos intuitions, différencier entre eux
conséquence factuelle, déduction et induction:
La seconde chose que nous ayons relevée, et qui n'a pas
encore été traitée, est que la déduction est
possible avec des états ou des événe-
|
Argument 1
|
Argument 2
|
Ordre des faits
|
conséquence factuelle
|
fait antérieur au discours
|
fait antérieur au discours
|
Cause -+ Conséquence
|
déduction
|
fait antérieur au discours
|
fait inconnu
|
Cause -+ Conséquence
|
induction
|
fait antérieur au discours
|
fait inconnu
|
Conséquence -+ Cause
|
TAB. 3.2 - Distinction entre conséquence factuelle,
déduction et induction
ments, mais que l'induction n'est pas possible.
Reprenons les exemples 3.49 et 3.50:
(3.7 1) Michel est corse, par conséquent
il est fainéant.
(3.72) ? Michel est fainéant, par
conséquent il est corse.
Il semblerait aussi par ailleurs que la seule
interprétation possible soit la déduction lorsqu'un connecteur
relie deux états. En effet, un état peut difficilement être
la cause d'un autre: le fait que Michel est corse n'est pas la cause
(factuelle) du fait qu'il soit fainéant, mais en est une explication.
Cela dit, on peut aussi remarquer que la deuxième proposition
représente une propriété communément admise (qui
peut tout aussi bien être un cliché ou une image) en rapport avec
la première, ce que NØLKE (2000) appelle topos. Par
exemple, on ne pourrait pas dire:
(3.73) Michel est corse, par conséquent
il est footballeur.
En effet, il n'existe aucun topos associant le fait
d'être corse avec celui d'être footballeur.
Conclusion
Nous avons proposé dans ce mémoire une
description de quatre connecteurs consécutifs du français :
donc, alors, par conséquent, et de sorte
que, et ce dans un cadre théorique bien particulier, la RST,
permettant de bien représenter la structure du texte marquée par
les connecteurs. Nous avons fait cette première approche dans le but
d'obtenir au terme d'une recherche plus poussée une taxinomie
complète des connecteurs consécutifs du français. Cette
taxinomie peut avoir comme applications entre autres le résumé
automatique de textes, un logiciel pouvant se baser sur la présence de
connecteurs pour retrouver la structure du texte et ainsi pouvoir le
résumer (MARCU (1997)). Une autre application pourrait être, comme
l'entrevoit ASLANIDES (1995), la traduction automatique: un connecteur qui est
acceptable dans un contexte, dans une langue donnée, peut tout à
fait avoir dans la langue cible des conditions d'emploi différentes, et
on pourrait grâce à la taxinomie le remplacer facilement par un
hyperonyme.
Dans notre analyse, nous nous somme heurté à un
certain nombre de problèmes. Tout d'abord, notre corpus ne correspondait
pas entièrement à nos attentes: nous n'avons retrouvé
quasiment que des emplois factuels des connecteurs que nous avons
étudiés. Il serait alors opportun de chercher un corpus plus
large (par exemple un corpus littéraire
ou oral) afin de pouvoir étudier plus
précisément un plus grand nombre d'emplois.
Il serait aussi intéressant d'approfondir les cas que
nous avons soulevés dans la section 3.5 et d'aller explorer quelques
voies de recherche qui nous semblent importantes:
- Tout d'abord nous devrons élargir le corpus et
l'ensemble des connecteurs à étudier (élargir le corpus
aux connecteurs ainsi, aussi, si bien que, de ce
fait et aux anaphoriques comme de telle sorte que ou de telle
manière que par exemple). De plus, la description des connecteurs
mériterait d'être encore plus fine.
- Il faudrait voir plus en profondeur ce qui distingue la
conséquence factuelle de l'induction.
- Nous avons remarqué que la déduction est
possible avec des états ou des événements, mais que
l'induction n'est possible qu'avec des événements. Il serait en
effet judicieux de traiter ce cas plus en détail et de voir quelle
relation s'établit quand les arguments d'un connecteur sont des
états ou des événements. Analyser les contraintes
sémantiques sur la sélection des arguments serait donc
nécessaire.
- Certains connecteurs peuvent se combiner entre eux, et une
voie de recherche dans l'avenir serait de voir ce qui caractérise ces
combinaisons. Par exemple, il serait intéressant de voir ce qui
différencie « par conséquent » de « et par
conséquent » et de rendre compte des raisons pour lesquelles ce
dernier seulement peut se substituer à « donc » dans certains
contextes. On pourrait aussi se demander jusqu'à quel point la
combinaison entre connecteurs peut jouer un rôle,
comme par exemple la combinaison « alors donc ».
- On pourrait aussi envisager plus en détail ce qui
permet une inférence implicite, l'inférence explicitement
marquée (par un modal épistémique par exemple)
étant possible avec n'importe quel connecteur de conséquence.
- Une dernière voie importante serait l'étude de
l'interaction entre la syntaxe et les emplois d'un connecteur.
Bibliographie
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grammaire argumentative de la concession ». Revue Internationale de
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Statistiques
Cette annexe présente les statistiques
effectuées sur un sous-corpus de connecteurs, les consécutifs,
apparaissant dans le corpus Linux-Howto. Chaque connecteur de la
première colonne est accompagné dans la deuxième de sa
fréquence.
Connecteur
|
Fréquence
|
à telle enseigne que
|
0
|
ainsi
|
119
|
alors
|
186
|
aussi
|
41
|
cela fait que
|
1
|
conséquemment
|
0
|
d'où
|
29
|
decefait
|
17
|
de façon que
|
11
|
de façon à ce que
|
13
|
de manière que
|
2
|
de manière à ce que
|
10
|
de sorte que
|
11
|
de telle façon que
|
1
|
de telle manière que
|
8
|
de telle sorte que
|
15
|
donc
|
846
|
du coup
|
7
|
en conséquence
|
10
|
en sorte que
|
12
|
il en résulte que
|
4
|
il s'ensuit que
|
1
|
par conséquent
|
74
|
par voie de conséquence
|
0
|
par voie de résultat
|
0
|
partant
|
0
|
si bien que
|
5
|
tant et si bien que
|
0
|
tellement... que
|
5
|
Corpus de connecteurs du français
Nous avons constitué un petit corpus de connecteurs du
français à partir du Petit Robert (REY et REY-DEBOVE (1993)) et
du Robert des synonymes (ROBERT DES SYNONYMES (1994)). Cette liste ne
prétend pas être exhaustive, mais donne un aperçu de la
diversité des connecteurs, autant du point de vue des catégories
grammaticales que du point de vue de leur sens.
Nous avons présenté notre corpus dans un tableau
à deux colonnes: - la première contient les connecteurs
- la seconde contient leurs catégories grammaticales
(selon la grammaire traditionnelle):
- conj. coord. : conjonction de coordination.
- conj. sub. : conjonction de subordination.
- adv. : adverbe conjonctif.
- loc. : locution.
Connecteur
|
Gramm. Trad.
|
à cause que
|
loc. conj. sub.
|
à cela près que
|
loc. conj. sub.
|
à chaque fois que
|
loc. conj. sub.
|
à condition que
|
loc. conj. sub.
|
a contrario
|
loc. adv.
|
à côté de ça
|
loc. adv.
|
à défaut de quoi
|
loc. adv.
|
à dire vrai
|
loc. adv.
|
a fortiori
|
loc. adv.
|
à la vérité
|
loc. adv.
|
à mesure que
|
loc. conj. sub.
|
à moins que
|
loc. conj. sub.
|
à part que
|
loc. conj. sub.
|
à peine... que
|
loc. conj. sub.
|
à plus forte raison
|
loc. adv.
|
a posteriori
|
loc. adv.
|
a priori
|
loc. adv.
|
à proportion que
|
loc. conj. sub.
|
à propos
|
loc. adv.
|
à proprement parler
|
loc. adv.
|
à savoir
|
loc. adv.
|
à savoir que
|
loc. conj. sub.
|
à supposer que
|
loc. conj. sub.
|
à telle chose près que
|
loc. conj. sub.
|
à vrai dire
|
loc. adv.
|
afin que
|
loc. conj. sub.
|
ainsi
|
adv.
|
ainsi que
|
loc. conj. sub.
|
alors
|
adv.
|
alors même que
|
loc. conj. sub.
|
alors que
|
loc. conj. sub.
|
après
|
adv.
|
après coup
|
loc. adv.
|
après que
|
loc. conj. sub.
|
après quoi
|
loc. adv.
|
après tout
|
loc. adv.
|
assez... pour que
|
loc. conj. sub.
|
assurément
|
adv.
|
attendu que
|
loc. conj. sub.
|
au cas où
|
loc. conj. sub.
|
au cas que
|
loc. conj. sub.
|
au contraire
|
loc. adv.
|
au demeurant
|
loc. adv.
|
au fait
|
loc. adv.
|
au fond
|
loc. adv.
|
au fur et à mesure que
|
loc. conj. sub.
|
au lieu de ça
|
loc. adv.
|
au lieu que
|
loc. conj. sub.
|
au moins
|
loc. adv.
|
au moment où
|
loc. conj. sub.
|
au moment que
|
loc. conj. sub.
|
au point que
|
loc. conj. sub.
|
au préalable
|
loc. adv.
|
au reste
|
loc. adv.
|
au surplus
|
loc. adv.
|
au total
|
loc. adv.
|
auparavant
|
adv.
|
aussi
|
adv.
|
aussi bien
|
loc. adv.
|
aussi bien que
|
loc. conj. sub.
|
aussi longtemps que
|
loc. conj. sub.
|
aussitôt que
|
loc. conj. sub.
|
autant . .. autant
|
adv.
|
autant que
|
loc. conj. sub.
|
autrement
|
adv.
|
autrement dit
|
loc. adv.
|
avant
|
adv.
|
avant que
|
loc. conj. sub.
|
avant tout
|
loc. adv.
|
avec cette réserve que
|
loc. conj. sub.
|
avec tout ça
|
loc. adv.
|
bien (=certes)
|
adv.
|
bien entendu
|
loc. adv.
|
bien entendu que
|
loc. conj. sub.
|
bien plus
|
loc. adv.
|
bien que
|
loc. conj. sub.
|
bien sûr
|
loc. adv.
|
bien sûr que
|
loc. conj. sub.
|
bientôt
|
adv.
|
bref
|
adv.
|
c'est pourquoi
|
loc. adv.
|
c'est que (= c'est pourquoi)
|
loc. conj. sub.
|
c'est-à-dire
|
loc. adv.
|
c'est-à-dire que
|
loc. conj. sub.
|
car
|
conj.
|
cependant
|
adv.
|
cependant que
|
loc. conj. sub.
|
certainement
|
adv.
|
certes
|
adv.
|
chaque fois que
|
loc. conj. sub.
|
comme
|
conj. sub.
|
comme ça
|
loc. adv.
|
comme si
|
loc. conj. sub.
|
compte tenu de ça
|
loc. adv.
|
compte tenu que
|
loc. conj. sub.
|
crainte que
|
loc. conj. sub.
|
d'abord
|
loc. adv.
|
d'ailleurs
|
loc. adv.
|
d'autant mieux que
|
loc. conj. sub.
|
d'autant moins que
|
loc. conj. sub.
|
d'autant plus que
|
loc. conj. sub.
|
d'autant que
|
loc. conj. sub.
|
d'où
|
loc. adv.
|
d'un côté
|
loc. adv.
|
d'un côté... de l'autre
|
loc. adv.
|
d'une part... d'autre part
|
loc. adv.
|
dans ces conditions
|
loc. adv.
|
dans l'ensemble
|
loc. adv.
|
dans l'intervalle
|
loc. adv.
|
dans la mesure où
|
loc. conj. sub.
|
dans le cas où
|
loc. conj. sub.
|
dans tous les cas
|
loc. adv.
|
dans un premier temps
|
loc. adv.
|
de ce fait
|
loc. adv.
|
de ce que
|
loc. conj. sub.
|
de cette façon
|
loc. adv.
|
de cette manière
|
loc. adv.
|
de crainte que
|
loc. conj. sub.
|
de façon à ce que
|
loc. conj. sub.
|
de façon que
|
loc. conj. sub.
|
de l'autre côte
|
loc. adv.
|
de la sorte
|
loc. adv.
|
de manière à ce que
|
loc. conj. sub.
|
de manière que
|
loc. conj. sub.
|
de même façon que
|
loc. conj. sub.
|
de même manière que
|
loc. conj. sub.
|
de même que
|
loc. conj. sub.
|
de peur que
|
loc. conj. sub.
|
de plus
|
loc. adv.
|
de sorte que
|
loc. conj. sub.
|
de telle manière que
|
loc. conj. sub.
|
de toute façon
|
loc. adv.
|
depuis
|
adv.
|
depuis que
|
loc. conj. sub.
|
dès à présent
|
loc. adv.
|
dès l'instant où
|
loc. conj. sub.
|
dès lors que
|
loc. conj. sub.
|
dès que
|
loc. conj. sub.
|
donc
|
adv.
|
du coup
|
loc. adv.
|
du fait que
|
loc. conj. sub.
|
du moins
|
loc. adv.
|
du reste
|
loc. adv.
|
durant que
|
loc. conj. sub.
|
également
|
loc. adv.
|
en admettant que
|
loc. conj. sub.
|
en attendant que
|
loc. conj. sub.
|
en aucun cas
|
loc. adv.
|
en cas que
|
loc. conj. sub.
|
en ce cas
|
loc. adv.
|
en ce sens que
|
loc. conj. sub.
|
en compensation
|
loc. adv.
|
en conclusion
|
loc. adv.
|
en conséquence
|
loc. adv.
|
en définitive
|
loc. adv.
|
en dépit de ça
|
loc. adv.
|
en dépit que
|
loc. conj. sub.
|
en dernier lieu
|
loc. adv.
|
en effet
|
loc. adv.
|
en fait
|
loc. adv.
|
en fin de compte
|
loc. adv.
|
en outre
|
loc. adv.
|
en particulier
|
loc. adv.
|
en plus
|
loc. adv.
|
en premier lieu
|
loc. adv.
|
en réalité
|
loc. adv.
|
en résumé
|
loc. adv.
|
en revanche
|
loc. adv.
|
en somme
|
loc. adv.
|
en sorte que
|
loc. conj. sub.
|
en tout cas
|
loc. adv.
|
en toute hypothèse
|
loc. adv.
|
en un mot
|
loc. adv.
|
en vérité
|
loc. adv.
|
en vrai
|
loc. adv.
|
encore
|
adv.
|
encore que
|
loc. conj. sub.
|
encore si
|
loc. conj. sub.
|
enfin
|
adv.
|
ensuite
|
adv.
|
et
|
conj. coord.
|
et... et
|
conj. coord
|
et alors
|
loc. adv.
|
et encore
|
loc. adv.
|
et puis
|
loc. adv.
|
étant donné que
|
loc. conj. sub.
|
évidemment
|
adv.
|
excepté que
|
loc. conj. sub.
|
faute de quoi
|
loc. adv.
|
finalement
|
adv.
|
hormis
|
adv.
|
hormis que
|
loc. conj. sub.
|
hors que
|
loc. conj. sub.
|
jusqu'à ce que
|
loc. conj. sub.
|
l'un dans l'autre
|
loc. adv.
|
loin que
|
loc. conj. sub.
|
lors même que
|
loc. conj. sub.
|
lorsque
|
loc. conj. sub.
|
maintenant que
|
loc. conj. sub.
|
mais
|
conj. coord.
|
malgré ça
|
loc. adv.
|
malgré le fait que
|
loc. conj. sub.
|
malgré que
|
loc. conj. sub.
|
malgré tout
|
loc. adv.
|
même
|
adv.
|
même que
|
loc. conj. sub.
|
même si
|
loc. conj. sub.
|
moyennant que
|
loc. conj. sub.
|
n'empêche que
|
loc. conj. sub.
|
ne serait-ce que
|
loc. conj. sub.
|
néanmoins
|
adv.
|
ni
|
conj. coord.
|
ni ... ni
|
conj. coord.
|
non compris que
|
loc. conj. sub.
|
nonobstant
|
adv.
|
notamment
|
adv.
|
or
|
conj. coord.
|
ou
|
conj. coord.
|
ou bien
|
loc. adv.
|
ou bien... ou bien
|
loc. adv.
|
ou plutôt
|
loc. adv.
|
outre ça
|
loc. adv.
|
outre que
|
loc. conj. sub.
|
par ailleurs
|
loc. adv.
|
par conséquent
|
loc. adv.
|
par contre
|
loc. adv.
|
par dessus le marché
|
loc. adv.
|
par la raison que
|
loc. conj. sub.
|
par la suite
|
loc. adv.
|
par suite
|
loc. adv.
|
par suite de ça
|
loc. adv.
|
parce que
|
loc. conj. sub.
|
partant
|
adv.
|
pendant ce temps
|
loc. adv.
|
pendant que
|
loc. conj. sub.
|
plus que (= plutôt que)
|
loc. conj. sub.
|
plus tard
|
loc. adv.
|
plus tôt
|
loc. adv.
|
plutôt
|
adv.
|
plutôt que
|
loc. conj. sub.
|
posé que
|
loc. conj. sub.
|
pour... que
|
loc. conj. sub.
|
pour autant
|
loc. adv.
|
pour cette raison
|
loc. adv.
|
pour conclure
|
loc. adv.
|
pour en finir
|
loc. adv.
|
pour finir
|
loc. adv.
|
pour la raison que
|
loc. conj. sub.
|
pour que
|
loc. conj. sub.
|
pour résumer
|
loc. adv.
|
pour tout dire
|
loc. adv.
|
pourtant
|
adv.
|
pourvu que
|
loc. conj. sub.
|
préalablement
|
adv.
|
premièrement, ...
|
adv.
|
primo, ...
|
adv.
|
puis
|
adv.
|
puisque
|
loc. conj. sub.
|
quand
|
conj. sub.
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quand bien même
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loc. conj. sub.
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quand même
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loc. conj. sub.
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qui plus est
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loc. adv.
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quoi qu'il arrive
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loc. adv.
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quoi qu'il en soit
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loc. adv.
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quoique
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conj. sub.
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raison de plus
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loc. adv.
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réciproquement
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adv.
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résultat (= si bien que)
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adv.
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s'il arrivait que
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loc. conj. sub.
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s'il en est ainsi
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loc. adv.
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s'il survenait que
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loc. conj. sub.
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s'il venait que
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loc. conj. sub.
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sans aucun doute
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loc. adv.
|
sans doute
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loc. conj. sub.
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sans que
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loc. conj. sub.
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sans quoi
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loc. adv.
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sans retour
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loc. adv.
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sauf que
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loc. conj. sub.
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sauf si
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loc. conj. sub.
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savoir
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loc. adv.
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selon que
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loc. conj. sub.
|
seulement
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adv.
|
si
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conj. sub.
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si ... que
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loc. conj. sub.
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si bien que
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loc. conj. sub.
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si c'est le cas
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loc. adv.
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si ce n'est que
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loc. conj. sub.
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si peu que
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loc. conj. sub.
|
si seulement
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loc. conj. sub.
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si tant est que
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loc. conj. sub.
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simultanément
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adv.
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sinon
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adv.
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sinon que
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loc. conj. sub.
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sitôt que
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loc. conj. sub.
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soit
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adv.
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soit... ou
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adv.
|
soit... soit
|
adv.
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soit que
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loc. conj. sub.
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somme toute
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loc. adv.
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sous prétexte que
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loc. conj. sub.
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suffisamment... pour que
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loc. conj. sub.
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suivant que
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loc. conj. sub.
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supposé que
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loc. conj. sub.
|
tandis que
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loc. conj. sub.
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tant et si bien que
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loc. conj. sub.
|
tant que
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loc. conj. sub.
|
tantôt... tantôt
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adv.
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tel ... que
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loc. conj. sub.
|
tel que
|
loc. conj. sub.
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total (= résultat)
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adv.
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toujours est il
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loc. adv.
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toujours est il que
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loc. conj. sub.
|
tout... que
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loc. conj. sub.
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tout bien considéré
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loc. adv.
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tout compte fait
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loc. adv.
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tout d'abord
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loc. adv.
|
toutefois
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adv.
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toutes les fois que
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loc. conj. sub.
|
vu que
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loc. conj. sub.
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