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Lutte contre l'excision au Burkina Faso: l'expérience du plan intégré de communication de radio Vénégré

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par Pagnidemsom Nestor BOULOU
Université de Ouagadougou - Maîtrise ès sciences de l'information et de la communication Option: Communication pour le développement 2007
  

Disponible en mode multipage

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MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE, BURKINA FASO

SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Unité Progrès Justice

----------------

UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU

----------------

UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE

EN LETTRES, ARTS ET COMMUNICATION

----------------

DEPARTEMENT COMMUNICATION ET Année académique

JOURNALISME 2005 - 2006

THEME

l'expérience du Plan Intégré de Communication de radio Vénégré

OPTION : COMMUNICATION POUR LE DEVELOPPEMENT

Présenté et soutenu par Sous la direction

BOULOU Pagnidemsom Nestor Pr. Serge Théophile BALIMA

Dr Nestorine SANGARE

Celui qui veut faire quelque chose se donne les moyens,

Celui qui ne veut rien faire trouve une

excuse

Proverbe arabe

DEDICACE

A Dieu Le Tout Puissant

A mon père et ma mère

A tous les étudiants du département communication et journalisme

REMERCIEMENTS

Ø Au Professeur Serge Théophile BALIMA, Directeur du CERAM, pour nous avoir fait prendre conscience de la nécessité d'avoir un diplôme à la fin de notre formation

Ø Au Dr Firmin GOUBA, Chef du département communication et journalisme, pour avoir toujours entretenu un climat de convivialité et de proximité avec ses étudiants

Ø Au Dr Nestorine SANGARE, Enseignante, pour avoir accepté de diriger cette étude

Ø Au Dr Victor SANOU, Expert en Information/Communication, pour son apport pédagogique et ses soutiens multiformes

Ø Au Dr Poussi SAWADOGO, Enseignant, pour nous avoir accompagné dans la réalisation de cette étude.

TABLES DES MATIERES

INTRODUCTION 8

PREMIERE PARTIE: PROBLEMATIQUE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE.................................................................................11

1.1 Problématique 12

1.1.1Question de départ 14

1.1.2 Objet de recherche 14

1.1.3 Hypothèses 16

1.1.4 Objectifs 17

1.1.5 Revue de littérature 17

1.2 Cadre théorique et conceptuel 27

1.2.1 Cadre théorique 27

1.2.2 Définition des concepts 31

CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 36

2.1 La collecte des informations 36

2.1.1 L'exploration documentaire 36

2.1.2 Les entretiens 36

2.1.3 L'observation directe 38

2.2 Echantillonnage 38

CHAPITRE III : LES DIFFICULTES RENCONTREES ET LES LIMITES DE L'ETUDE 39

3.1 Les difficultés rencontrées 39

3.1.1 Les difficultés liées à la collecte des informations 39

3.1.2 Les difficultés financières 40

3.2 Les limites de l'étude 41

DEUXIEME PARTIE: PRESENTATION DU CONTEXTE GENERAL DE LA RECHERCHE ET SITUATION DE L'EXCISION AU BURKINA FASO............... 42

CHAPITRE I : PRESENTATION DU CONTEXTE GENERAL DE LA RECHERCHE ET DE LA RADIO VENEGRE 43

1.1 De la province de l'Oubritenga 43

1.1.1 Localisation géographique 43

1.1.2 Découpage administratif 43

1.2 Contexte de création et évolution de la radio Vénégré 44

1.2.1 Contexte de création 44

1.2.2 L'équipement technique et matériel de la radio 45

1.3 Caractéristiques administratives de la radio 45

1.3.1 Le fonctionnement de la radio 45

1.3.2 Les clubs d'écoute 46

CHAPITRE II: LE PLAN INTEGRE DE COMMUNICATION DE RADIO VENEGRE 47

2.1 Définition 47

2.1.2 L'élaboration et la mise en oeuvre 47

2.1.3 L'évaluation et la pérennisation 48

2.2 Quelques activités menées dans le cadre du PIC 48

2.2.1 La mobilisation sociale 48

2.2.2 La sensibilisation et le plaidoyer 49

CHAPITRE III : EXPOSE SUR LA SITUATION DE L'EXCISION AU BURKINA FASO.............................................................................................51

3.1 L'excision et ses différentes formes 50

3.1.1 Les différentes formes d'excision 50

3.1.2 La pratique de l'excision 52

3.2 Causes et conséquences de l'excision 53

3.2.1 Les causes couramment évoquées 53

3.2.2 Conséquences de l'excision 55

3.3 Historique de la lutte contre l'excision au Burkina Faso 58

3.3.1 Les grandes dates 58

3.3.2 Les grandes orientations de l'Etat 60

TROISIEME PARTIE: ANALYSE DU PLAN INTEGRE DE COMMUNICATION DE RADIO VENEGRE....................................................................................63

CHAPITRE I: LE CONTENU DES MESSAGES............................................. 64

1.1 Langue locale de communication ........ Erreur ! Signet non défini.65

1.1.1 Langue locale et identité culturelle...................................................65

1.1.2 La langue utilisée dans le cadre du PIC 64

1.2 L'orientation sémantique de l'excision 65

1.2.1 L'excision : une pratique négative à bannir 66

1.2.2 La réticence sur la négativité de l'excision 67

1.2.3 L'argument de la répression : Source de conflits 70

CHAPITRE II : LES SUPPORTS ET TECHNIQUES DE COMMUNICATION UTILISES 71

2.1 La radio : un instrument intégré à la société africaine 71

2.2 Le théâtre forum : un outil qui donne la parole 72

CHAPITRE III : LES ACTEURS IMPLIQUES DANS LA MISE EN OEUVRE DU PIC 74

3.1 Rôle et place des leaders d'opinion dans les sociétés africaines 74

3.2 Les caractéristiques des acteurs impliqués dans le PIC 76

3.2.1 La représentation de l'UNICEF et du CNLPE dans le PIC 76

3.2.2 Le personnel de la radio Vénégré et les noyaux relais 80

3.2.3 « La crise des vélos » 78

3.3 Implication des femmes dans le PIC 79

3.4 De la méthode d'évaluation du PIC 80

Conclusion partielle 84

CONCLUSION GENERALE.........................................................................87

Bibliographie 91

ANNEXES 94

SIGLES ET ABBREVIATIONS

AMSOPT : Association Malienne pour le suivi et l'Orientation des Pratiques

Traditionnelles

CCC : Communication pour le Changement de Comportement

CNLPE : Comité National de Lutte contre la Pratique de l'Excision

IEC : Information-Education-Communication

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : Organisation Non Gouvrenementale

PIC : Plan Intégré de Communication

PNCD : Politique Nationale de Communication pour le Développement

UNICEF : United Nations of  International Children's Emergency Fund

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

INTRODUCTION

Toute société humaine évolue dans un contexte culturel marqué par un système de valeurs, des pratiques, des habitudes et des perceptions qui régentent son mode de vie. Selon la définition de l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO), la culture est « l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et croyances »1(*) .

Il existe dans toutes les cultures des pratiques célébrant les transitions qui accompagnent les cycles de la vie, perpétuant la cohésion de la communauté ou transmettant les valeurs culturelles aux futures générations. Ces traditions reflètent les normes de responsabilité et de comportement fondées sur l'âge, le sexe et le rang social. Alors que beaucoup de traditions font la promotion de l'unité sociale, d'autres, par contre, affectent la santé physique et psychologique de certains membres de la communauté ainsi que leur intégrité. C'est, par exemple, le cas de l'excision où ce sont les femmes et les filles qui sont particulièrement affectées.2(*)

Si les pratiques traditionnelles continuent à se manifester à cause des valeurs culturelles qu'elles transmettent, d'autres facteurs tels que l'accès limité à l'éducation, à l'information et à certains services permettent aux plus nuisibles de ces pratiques de persister. Les traditions néfastes existent sous différentes formes, cependant, leur impact sur les populations est le même partout. Si l'excision était une pratique reconnue positive pour la gente féminine autrefois, des études scientifiques ont permis aujourd'hui de découvrir son aspect destructeur et les préjudices divers qu'elle entraîne chez la femme en général. Cette évolution a suscité des actions en vue d'éradiquer cette pratique.

Au Burkina Faso, l'année 1990 marque la manifestation de la prise de conscience effective des méfaits de l'excision à travers la création du Comité National de Lutte contre la Pratique de l'Excision (CNLPE) et l'adoption en 1996 de trois articles du code pénal qui sanctionnent cette pratique.3(*) Plusieurs campagnes ont été menées dans le cadre de la lutte contre l'excision en passant de la sensibilisation à la répression4(*). Cependant, « les efforts pour changer ou éradiquer cette pratique sont souvent accueillies de façon suspicieuse ou parfois même hostile par les populations qui la vivent, particulièrement quand ces efforts sont planifiés en dehors de la communauté 5(*)».

La problématique de la lutte contre l'excision réside dans le fait qu'il s'agit d'une pratique empreinte de deux considérations. D'un côté, elle est positive du fait de son caractère culturel et de l'autre, elle est dangereuse du fait de ses implications sanitaires et biologiques. La résolution d'un tel problème passe nécessairement par un consensus sur la portée réelle de l'excision dans les différentes communautés. Dès lors, la communication participative apparaît comme le meilleur moyen qui puisse permettre de s'accorder sur la question de l'excision en raison de son caractère interactif.

Le document cadre de la politique nationale de communication pour le développement (PNCD) insiste sur le fait qu'il faut privilégier l'approche participative dans les programmes visant le bien-être socioéconomique des populations rurales marquées par de nombreuses pesanteurs socioculturelles et attachées aux valeurs traditionnelles. Plusieurs approches ont été élaborées et prenant en compte l'approche participative comme démarche de mise en oeuvre parmi lesquelles le Plan Intégré de Communication (PIC). En effet, ce plan consiste à utiliser des radios communautaires pour véhiculer des messages de sensibilisation sur l'excision et l'établissement d'actes de naissance. S'il est reconnu que l'approche participative permet aux bénéficiaires des messages de sensibilisation de se les approprier, il y a donc un intérêt à étudier cette dimension de la communication dans le cadre de la mise en oeuvre du PIC.

Il s'agit pour nous, dans cette étude, de faire l'analyse du plan intégré de communication de Radio Vénégré en identifiant ses forces et ses faiblesses.

Pour ce faire, nous avons scindé notre travail en trois parties. Dans un premier temps, nous allons présenter la problématique, définir le cadre théorique, conceptuel et exposer la méthodologie de travail. Cette première partie constitue l'orientation théorique de notre étude et permet d'en définir les grandes lignes. L'ensemble des données théoriques provenant essentiellement de la revue documentaire que nous étalons dans cette première articulation a pour objectif de faire le point et d'élucider les diverses implications de notre problématique.

Dans un second temps, nous allons présenter le cadre général de l'étude et faire le point de la situation de l'excision au Burkina Faso. Il s'agira, dans cette partie, d'exposer un éventail d'informations d'ordre géographique et technique relatives à la radio Vénégré, sa zone d'implantation et de décrire ses activités dans le cadre du PIC. Aussi, nous aborderons la question de l'excision en ce qui concerne ses manifestations avant de faire l'historique de la lutte au Burkina Faso. L'importance de la deuxième partie de notre travail réside dans le fait qu'elle vient aider à comprendre la thématique de notre mémoire.

La troisième partie sera consacrée à l'analyse du PIC. A partir d'indicateurs inspirés des principes de base de la communication pour le développement, nous apprécierons la mise en oeuvre du PIC à travers le processus d'élaboration, le contenu des messages, les supports et techniques de communication utilisés et les caractéristiques des acteurs impliqués dans la mise en oeuvre de cette stratégie. Ce sont, en effet, les facteurs clés du processus de réalisation d'une action de communication participative.

PREMIERE PARTIE

PROBLEMATIQUE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE

1.1 Problématique

Toutes les associations, ONG, institutions etc., oeuvrant pour l'épanouissement et le développement social et économique des populations, reconnaissent aujourd'hui la nécessité d'impliquer les communautés à la base aussi bien dans la conception, l'élaboration que dans la mise en oeuvre des projets de développement en général.

L'une des recommandations faites à l'endroit des institutions et ONG dans le cadre de la politique nationale de communication pour le développement est formulée en ces termes : « Les institutions et les ONG luttent toutes pour un développement durable, pour la promotion du monde rural. Il s'avère alors indispensable qu'elles instaurent entre elles d'une part, puis entre elles et leurs clients d'autre part des concertations périodiques en vue d'harmoniser le contenu des informations et d'échanger leurs expériences dans l'intérêt des populations ». 6(*)

Ce souci de participation a suscité la reformulation des approches communicationnelles de bon nombre d'institutions, ONG et associations intervenant pour un changement de comportement des populations rurales.

Si la prise de conscience de la nécessité d'adopter une approche participative dans les rapports entre les différents acteurs au développement est aujourd'hui manifeste, il demeure que sa mise en application n'est pas toujours en conformité avec les principes de base de cette approche. En effet, l'approche participative nécessite l'instauration d'une concertation interactive pour apprécier de façon consensuelle la problématique avant de concevoir l'action à entreprendre.

La communication pour le développement exige une réelle participation des populations rurales ou locales dans la mise en oeuvre des projets surtout dans les domaines touchant à la culture et aux mentalités des populations telle que la lutte contre la pratique l'excision. Cette réalité se justifie par le constat réel et vérifié selon lequel le développement et le changement de comportements se négocient avec les populations concernées au lieu de s'imposer. Dans ce contexte de communication participative, plusieurs médias sont utilisés pour la diffusion des informations et des messages. Cependant, leur pertinence et leur efficacité en tant que supports pouvant privilégier les échanges et la participation sont essentielles pour promouvoir l'esprit de partage et de dialogue permanent entre les acteurs impliqués dans tout processus de développement. Parmi ces médias utilisés dans le cadre de la communication pour le développement, la radio s'est révélée comme étant le plus populaire, le plus accessible et le plus proche des populations.

Boubacar SINE écrivait en 1975, « la radio a fait depuis relativement bien longtemps irruption dans la vie quotidienne de l'Africain : sans doute est-ce le médium le plus courant et le plus populaire du point de vue de son audience »7(*).

La radio a l'avantage de s'adapter au système traditionnel de communication de l'Afrique basé sur l'oralité, c'est-à-dire une communication vivante, un échange direct. C'est pourquoi André Jean TUDESQ a pu dire que « la radio, parmi les nouvelles technologies de l'information, est celle qui correspond le mieux à l'oralité »8(*). Au Burkina Faso, la radio a joué un rôle important en faveur du développement communautaire. Un mémoire soutenu par KOURA Bagassi sur la radio communautaire Munyu de Banfora a fait ressortir le rôle positif que cette radio a joué dans l'éveil social de la population9(*). Une autre étude de la Fédération des groupements Naam à Ouahigouya a abouti à la conclusion que le succès des activités de la fédération notamment dans le cadre de l'éducation du monde agricole de la province a été facilité par l'action de la radio « La voix du paysan ». C'est peut être au regard de ces facteurs que la radio est le canal principal de communication utilisé par l'UNICEF et le CNLPE dans le cadre du Plan Intégré de communication (PIC).

Néanmoins, nous pouvons nous interroger sur le degré d'implication des populations concernées dans l'élaboration des messages véhiculés à travers le Plan Intégré de Communication de Radio Vénégré.

1.1.1 Question de départ

Notre question de départ est formulée en ces termes :

Le contenu du plan intégré de communication de radio Vénégré a-t-il été élaboré avec la participation des populations ? Ce questionnement tire son fondement dans le fait que la participation ou l'implication des populations cibles dans l'élaboration et la mise en oeuvre d'une stratégie de communication est un facteur d'appropriation des messages clés par celle-ci. De manière plus spécifique, il s'agira pour nous d'axer notre étude sur les questions de recherche suivantes :


· La conception culturelle de l'excision est-elle prise en compte dans l'élaboration des messages de sensibilisation ?


· Les supports de communication utilisés sont-ils appropriés aux groupes cibles?

1.1.2 Objet de recherche

Notre étude vise à analyser les conditions d'élaboration et de mise en oeuvre du PIC.

Le PIC, en effet, est une initiative soutenue par l'UNICEF et le CNLPE dans 20 provinces du Burkina Faso, avant d'être une stratégie qui vise le recul de la pratique de l'excision à travers une approche multimédia. Il s'agit d'utiliser 17 radios communautaires pour véhiculer des messages de sensibilisation dans le cadre de la lutte contre la pratique de l'excision tout en suscitant la participation des cibles dans le processus. La radio communautaire KAKOADB YAM VENEGRE de Ziniaré est parmi les radios impliquées dans le PIC.

Issue de la grande fédération paysanne « Wend Yam », radio KAKOADB YAM VENEGRE (l'éveil des consciences paysannes) est une radio communautaire implantée dans la province de l'Oubritenga depuis 1998. Elle a commencé à émettre en janvier 1998 à Kulkinka, village situé à 17 Km de Ziniaré. Elle a déménagé à Ziniaré le 1er janvier 2000 pour des raisons financières et matérielles. Elle est administrée par un comité de gestion comprenant six membres de la fédération et un représentant des auditeurs.10(*)

Notre choix porté sur l'étude du plan intégré de communication de radio Vénégré de Ziniaré se justifie par les raisons suivantes :

- La lutte contre la pratique de l'excision est devenue l'un des défis majeurs inscrits dans les politiques de développement et d'épanouissement des populations au Burkina Faso.

- La province de l'Oubritenga est classée parmi les douze provinces les plus touchées par la pratique de l'excision11(*).

Notre intention d'étudier l'approche participative dans le cadre de la mise en oeuvre du plan intégré de communication de Radio Vénégré a été motivée par un constat.

Il est ressorti de nos lectures et entretiens exploratoires que la définition de l'excision varie selon que nous nous situons dans une perception culturelle et traditionnelle ou dans une perception moderne et scientifique de cette pratique.

D'une manière générale, les messages de sensibilisation diffusés sur les différents supports (dépliants, radio, théâtre forum, affiches, photos, etc.) se focalisent sur les aspects relatifs à l'idée de violence, de mutilation, voire de crime que recouvre l'excision.

Cette définition est, certes, juste d'un point de vue scientifique, médical et juridique. Cependant, elle est incomplète en ce sens qu'elle n'intègre pas la conception traditionnelle de l'excision qui, dans son contexte culturel est une épreuve de pureté, de propreté et qui consacre la féminité de la femme dans la société traditionnelle.

L'excision est une pratique qui laisse aussi de nombreuses conséquences dans les sociétés où elle est pratiquée. Cependant, toutes les actions de sensibilisation et de persuasion entreprises en ce sens n'auront pas toute leur efficacité si les points de vue de ceux qui la pratiquent ne sont pas pris en compte dans la conception des messages de sensibilisation. Il convient alors d'harmoniser et de s'accorder sur les contenus des informations diffusées. C'est en fait ce à quoi la mise en oeuvre de l'approche participative doit conduire.

1.1.3 Hypothèses

L'organisation d'une recherche autour d'hypothèses de travail constitue le meilleur moyen de la mener avec ordre et rigueur sans sacrifier pour autant l'esprit de découverte et de curiosité propre à tout effort intellectuel digne de ce nom. Bien plus, un travail ne peut être considéré comme une véritable recherche s'il ne se structure autour d'une ou de plusieurs hypothèses12(*).

C'est pourquoi nous avons formulé à cette étape de l'étude les hypothèses suivantes:

1.1.3.1 Hypothèse principale 

- La réticence des populations face à l'abandon de l'excision résulte de la méprise de leur conception de cette pratique dans l'élaboration des messages par les animateurs du PIC. En effet, la difficulté de la lutte contre l'excision réside dans le fait qu'elle oppose deux visions. D'un côté, l'excision est vue sous un angle culturel et rituel qui, de ce fait, est un fait social qui rime avec la tradition, et de l'autre, elle est appréciée sous un angle scientifique à travers ses implications dans la santé des personnes qui la subissent.

1.1.3.2 Hypothèses secondaires :

- La conception des messages de sensibilisation ne prend pas en compte les représentations sociales de l'excision.

- Les acteurs chargés de la mise oeuvre du PIC ne sont pas suffisamment outillés pour mener une campagne de communication participative.

1.1.4 Objectifs

1.1.4.1 Objectif général

Notre étude vise à analyser l'utilisation de l'approche participative dans le cadre du Plan Intégré de Communication.

1.1.4.2 Objectifs spécifiques

Il s'agira pour nous de :

-Identifier les forces et les faiblesses du PIC.

-Recueillir les représentations sociales que les populations ont de l'excision.

1.1.5 Revue de littérature

Bien que le thème de la communication participative soit d'un intérêt récent, de nombreux chercheurs s'accordent pour reconnaître que son histoire débute vers le milieu du 20ème siècle, depuis les premiers pas de Radio Sutatenza dans une communauté isolée de Colombie en 194713(*).

En Afrique, la chute des régimes autoritaires au cours des vingt dernières années y a favorisé l'éclosion de nouvelles expériences de communication pour le développement. La diversité des expériences de communication a été toujours perçue comme un signe de bonne santé de la communication participative. Cependant, son articulation avec des projets de développement ayant pour but la génération de changements économiques et sociaux n'a pas toujours été couronnée de succès.

Pour Alfonso G. DAGRON, les communautés à la base ont, certes, ressenti le besoin profond de communication, mais au niveau de la conception et de la mise en oeuvre des projets contrôlés par les bailleurs de fonds et les gouvernements, la prise de conscience n'a pas été suffisante14(*). Il y a donc eu un tel déphasage entre les préoccupations des acteurs dans les processus de développement que, d'une manière générale, la communication a longtemps été en marge des projets de développement. Le déficit d'implication des communautés à la base qui fait que les projets soient généralement aux mains d'économistes et de techniciens empêche la compréhension des thèmes culturels et sociaux indispensables dans l'élaboration d'une stratégie de communication.

Alfonso G. DAGRON reconnaît qu' "il n y a pas de modèle idéal pour la communication participative, cependant il y a des caractéristiques communes de la communication participative"15(*).

La définition de la communication participative implique la prise en compte des conséquences politiques de la participation communicative dans le processus de développement. Il s'agit en fait d'un problème de pouvoir car les approches participatives contribuent à placer la prise de décision entre les mains des populations concernées.

De plus, cela consolide la capacité des communautés de confronter leurs idées sur le développement avec le personnel technique et les planificateurs afin de susciter l'émergence d'un consensus autour des différentes questions.

Pour Alfonso G. DAGRON, il s'agit également d'un problème d'identité, car la communication participative favorise le renforcement de l'estime de soi et la fierté de sa culture en particulier dans les communautés qui ont été marginalisées, réprimées ou simplement négligées pendant des années. Elle permet, entre autres, de resserrer le tissu social en renforçant les organisations communautaires et de protéger la tradition et les valeurs culturelles. En somme, l'axe dans lequel s'inscrit la communication participative est horizontal en ce sens que les bénéficiaires en tant qu'acteurs participent au processus du changement social.

Pour Paul LACHANCE16(*), il y a nécessairement cinq phases importantes dans toute approche participative.

Ø la phase d'apprentissage sociale où les communautés sont concertées pour l'appréciation de la problématique ;

Ø la phase d'invention sociale où il faut concevoir l'action ;

Ø la phase de contractualisation où chacun se détermine et s'engage sur les responsabilités à assumer ;

Ø la phase de mise en oeuvre ou de réalisation de l'action ;

Ø et enfin la phase d'évaluation où les leçons et enseignements sont tirés et capitalisés.

En outre, l'auteur Alfonso G. DAGRON mène dans son livre une critique sur l'évaluation participative qui est un maillon essentiel du processus participatif. Il reconnaît que des progrès ont été réalisés bien qu'insuffisants dans l'implication progressive des bénéficiaires dans les étapes de planification et de mise en oeuvre des projets. Cependant, relève t-il, l'étape d'évaluation reste, en général, un exercice réservé aux agences de coopération. L'évaluation est donc de ce point de vue verticale et étrangère aux bénéficiaires. Le fait que les bailleurs ou les agences d'exécution évaluent eux-mêmes leurs projets influence la qualité des résultats. Le degré d'objectivité des auditeurs risque d'être affecté d'autant plus qu'ils dépendent de futurs contrats avec ces mêmes organisations ou d'autres semblables.

Pour Alfonso G. DAGRON, "dans ce type d'évaluation, les objectifs répondent généralement à des impératifs institutionnels"17(*), car il est généralement réalisé par des experts étrangers qui ignorent le contexte culturel, politique et social du milieu et parfois méconnaissent même la langue locale.

Un autre aspect de la communication participative est sa mise en oeuvre qui nécessite l'utilisation de plusieurs supports de communication traditionnels ou modernes parmi lesquels la radio apparaît comme étant le plus populaire en Afrique. En effet, la radio est un média de masse et de proximité qui a évolué rapidement en Afrique et qui a été très vite approprié par les Africains depuis des décennies, comme l'indique Boubacar SINE plus haut.

Devenue populaire et familière aux Africains, la radio peut être un canal favorable à la diffusion d'informations et de messages de développement dans tous les domaines et dans toutes les langues locales permettant ainsi de surmonter toutes sortes de contraintes liées à l'analphabétisme. L'intégration réussie ou l'appropriation de la radio par les Africains tire ses raisons dans l'adéquation de ce médium avec un système de communication traditionnel marqué par l'oralité, comme le soutient André Jean TUDESQ.

La capacité d'adaptation de la radio dans un contexte traditionnel où le processus communicationnel est assez complexe lui a valu de remplacer peu à peu les moyens traditionnels de diffusion d'information d'antan que sont les tambours, les sifflets etc.

A ce propos, Francis BEBEY notait ceci : «  A l'heure qu'il est, la radio est train de s'installer en Afrique, ... elle remplace le message tambouriné », en plus ajoutait-il, «  la voix de la radio entre peu à peu dans le domaine de toutes ces choses invisibles, mystérieuses, surnaturels même... ».18(*)

Le principe de la participation répond à l'idée d'une radio communautaire rurale de  développer sans abîmer et de faire participer les bénéficiaires en prenant comme point de départ ce qu'ils savent, ce qu'ils sont, ce qu'ils vivent, ce qu'ils savent faire et ce qu'ils veulent.19(*) Ce principe implique plusieurs paramètres en termes de communication et de fonctions de la radio.

D'abord, la radio se doit d'être un instrument d'échange d'expériences entre les villageois, ceux qui ont une éducation formelle et ceux qui ont une expérience de la vie. Une expérience implique une méthodologie de vérification. Même si le paysan n'a pas été à l'école formelle, il a néanmoins ses méthodes pour formuler une théorie, l'expérimenter et tirer ses conclusions20(*). La radio doit donc de ce point de vue « transmettre des points de vue, véhiculer des arguments, mais laisser les conclusions à son auditoire ».21(*)

Toutefois, la crédibilité d'une radio communautaire et son impact sur le public dépendent fortement des personnes qui y émettent des messages. Des recherches ont été menées et qui mettent en question le principe mécaniste lasswellien22(*) de l'effet direct et indifférencié des médias sur le public. Il existe deux études phares qui scandent l'émergence de cette nouvelle théorie sur les intermédiaires.

La première, The people's choice a été publiée en 1944. En effet, Paul LAZARSFELD et ses collègues Bernard BERELSON et Hazel GAUDET ont cherché à mesurer l'influence des médias sur 600 électeurs de Erie Country dans l'Ohio lors de la campagne présidentielle de 1940. La seconde, Personal influence: the part played by people in the flow of mass communication, cosigné par Paul LAZARSFELD et Elihu KATZ parait en 1955, mais exploite des enquêtes effectuées dix ans auparavant.23(*)

En étudiant les processus de décision individuels d'une population féminine de 800 personnes dans une ville de 60 000 habitants, ils redécouvrent comme dans la précédente étude l'importance du groupe primaire. Ils appréhendent alors le flux de la communication comme un processus à deux étages où le rôle des leaders d'opinions se révèle décisif. C'est la théorie du two - step - flow selon laquelle la communication se présente comme un flux à deux temps. « Son influence est indirecte plutôt que directe, médiate ou médiatisée et non immédiate ».24(*)

Au premier palier de cette communication à deux étages, il y a les personnes relativement bien informées parce qu'exposées directement aux médias. Au second palier, il y a celles qui fréquentent moins les médias et qui dépendent des autres pour obtenir l'information.25(*) Dans le contexte traditionnel africain, on peut tirer deux conclusions de cette théorie. D'abord, il est important de chercher des individus, des personnes relais ou des couches sociales qui puissent servir d'éléments dynamiques dans la communauté.

Ensuite, il s'avère, au regard de cette théorie, que si les interventions médiatiques n'arrivent pas à capter ce groupe primaire, la communication n'aura pas d'impact sur le comportement des populations. Il faut donc d'abord toucher les personnes clefs.26(*)

L'avantage de la radio dans une telle situation est qu'elle permet d'amener le leader d'opinion de la communauté au micro pour parler directement à tous ceux qui le connaissent et l'estiment. Cet aspect met en relief le caractère oral et direct de la radio.

Pour Jean CAUVIN, la tradition orale désigne le fait qu'un groupe humain, même s'il connaît l'écriture fonde la plus grande partie de ses échanges de messages sur la parole.27(*) Les textes de tradition orale requièrent certaines conditions pour leur prolifération. D'abord, il faut la présence de l'émetteur certes, mais aussi celle du récepteur pour qu'il soit en quelque sorte témoin de la parole proférée. Cette présence du récepteur est importante d'autant plus que dans la tradition orale, « on ne dit pas un proverbe pour soi même, de même on ne dit pas un conte sans auditoire ».28(*)

Une autre condition est l'interactivité. Au-delà du fait que le récepteur entretient la communication, sa présence peut modifier le message en ce sens que l'émetteur tient compte de la pensée et des sentiments de son interlocuteur. Jean CAUVIN confirme cette réalité en soutenant que « celui qui chante les louanges d'un chef sera porté à enjoliver ou à écourter sa prestation selon l'attitude qu'il perçoit chez le chef »29(*).

Des conditions socioculturelles sont également requises pour la prolifération d'informations dans la tradition orale. Elles varient pour chaque genre de la tradition orale. Ainsi, les contes et les devinettes ne sont dits qu'à la veillée. Tel texte religieux n'est proféré qu'une fois par an selon le calendrier liturgique. La culture d'une communauté apporte obligatoirement une connotation particulière au type de développement dont a besoin celle-ci. Il existe, de ce fait, une relation très importante entre la culture et le développement30(*).

Pour Malinowski, la culture est la forme d'organisation que chaque société invente pour satisfaire ses besoins élémentaires. Il estime que les besoins culturels sont évolutifs et qu'ils correspondent à trois domaines différents de la réalité sociale à savoir les impératifs instrumentaux, issus d'activités de nature économique, normative, pédagogique et politique ; les impératifs intégrants comme le savoir, la religion et la magie ; les activités artistiques et récréatives. Il conclut que l'évolution de ces besoins sur le plan de la forme et de la quantité démontre les liens directs entre la culture et le développement, puisque ce dernier doit normalement satisfaire les besoins à une étape donnée de l'évolution historique de telle ou telle société. 31(*)

J.C SANCHEZ ARNAU, après ses analyses, aboutit à la conclusion que la prise en considération de la culture des éventuels bénéficiaires d'un projet revient tout simplement à tenir compte des besoins qu'eux-mêmes ressentent, et non pas de ceux que les planificateurs leur attribuent comme c'est très souvent le cas. Il précise que cela ne suppose pas la prise en compte d'un ensemble de « coûts » considérés comme immatériels dans la mesure où ils ont trait essentiellement à des aspects qualitatifs et subjectifs mais aussi importants, sinon plus, que les aspects matériels ou quantitatifs.

J.C SANCHEZ ARNAU suggère enfin que tous les organismes donnent la priorité, dans leurs projets de développement et programmes de travail, à l'étude de la dimension culturelle du développement afin de promouvoir l'identification des besoins réels des peuples du Tiers Monde et de leur potentiel d'autosuffisance et de s'assurer que ces peuples participent à la définition de leurs propres objectifs économiques et sociaux et à la sauvegarde de leurs valeurs culturelles.32(*)Cela est valable, par exemple, dans la lutte contre l'excision dont la pratique est avant tout un rituel culturel même s'il n'est pas question de la préserver.

L'historique de cette pratique permet de comprendre que, contrairement à ce que l'on pourrait penser aujourd'hui, l'excision a existé dans certains pays occidentaux. Selon certains chercheurs telle que Marie Claire GIAGOMETTI, l'excision aurait même connu ses débuts en Grèce. En effet, la mythologie grecque évoque un mariage entre la terre et le ciel. Mais ce mariage n'a jamais connu de bonheur du fait de sa stérilité. Cette stérilité serait due au fait qu'une colline s'est interposée entre les deux partenaires. Dans cette mythologie grecque, la colline équivaut au clitoris. Ainsi, la nécessité de raser cette colline s'impose afin que le couple Terre-Ciel puisse procréer. Toujours en Occident, jusqu'au 20ème siècle, des médecins estimaient que par la clitoridectomie, certaines maladies comme la nymphomanie et l'épilepsie pouvaient être vaincues33(*).

D'autres chercheurs attribuent, par ailleurs, l'origine des mutilations sexuelles féminines à l'Egypte car elle est considérée comme le berceau de la circoncision. Ces pratiques auraient été instituées par des pharaons. Les activités des hommes à cette époque34(*) les auraient obligés à prendre des « mesures de sécurité » vis-à-vis de leur « bien » ; la femme. Ainsi, les femmes étaient infibulées à l'épine pendant que leurs maris guerroyaient pour la conquête de nouveaux territoires ou pour sauvegarder ceux déjà conquis35(*).

Certaines sources font croire que l'excision provient originellement du Coran. Une croyance populaire allant en faveur de cette thèse se fonde sur l'histoire d'Ibrahim (Abraham) et de Sarata (Sarah). Sarata est censée avoir fait exciser Hadiara (Hagar), l'autre femme de son mari quand les rapports se sont détériorés entre elles. Et depuis cet instant, l'excision s'est étendue chez les musulmans36(*). Il convient à présent de lever le doute de cette version du problème en s'attachant à ce que disent les religions.

Dans la religion musulmane, les différents devoirs et obligations se classent par ordre d'importance décroissant :

- les « farilas » : obligations, devoirs catégoriques relevant du Saint Coran ;

- les « sunnas » : recommandations découlant des règles de vie et habitudes du Prophète Mahomet et consignées dans les hadiths37(*) ;

- Les « mustahabs » : règles musulmanes de bonne conduite conseillées par certains hadiths.

Si la circoncision masculine est une « sunna », donc une obligation vivement recommandée pour le musulman pour raison d'hygiène mais aussi pratiquée depuis le Patriarche Abraham38(*) et tous les autres prophètes, l'excision n'est qu'officieusement et très partiellement tolérée. Elle n'est même pas une « sunna » a fortiori une farila. Elle est tout au plus tolérée comme une « mustahab » chez une très infime minorité musulmane39(*).

Du temps du Prophète Mahomet, l'excision était une pratique courante. Il ne l'avait pas interdite, mais il n'en conseilla pas non plus sa pratique. D'où l'ambiguïté de sa formule, seule trace ayant trait à l'excision, que l'on retrouve dans les hadiths et que Benoît GROULT rappelle dans son livre Ainsi soit-elle : « N'intervient pas de façon radicale, c'est préférable pour la femme ».40(*)

Quant à la religion chrétienne, nulle part dans la bible, il n'est fait allusion à l'excision des femmes. L'Ecriture Sainte n'ignore pas la circoncision des garçons. Elle fait mention de cela pour la première fois dans l'histoire d'Abraham à propos de l'alliance conclue entre Dieu et le Patriarche, Père des croyants. La circoncision des garçons consiste en l'ablation du prépuce, cette sorte de capuchon qui couvre le gland de l'homme sans rien toucher de la verge ni du gland lui-même. Si la circoncision demandée par Dieu à Abraham était un signe matériel à l'alliance, elle était aussi un signe préventif, une aide à la santé de tous les mâles issus d'Abraham.

De toutes les façons, Dieu ne mentionne aucunement une quelconque opération pour les femmes. Pour l'église catholique, Dieu a créé l'homme et la femme à son image. Tout ce qu'il fit en eux était bon et nul n'a le droit d'y toucher pour parfaire ou corriger. De plus, l'église reconnaît que le clitoris de la femme est une zone érogène.

En somme, les deux religions citées ont en commun la pratique de la circoncision, mais nulle part, il est écrit que l'excision féminine est une pratique obligatoire ou recommandée.

Cependant, il faut noter qu'au delà du fait que l'excision soit un rituel culturel, elle est aussi et surtout un ensemble d'expressions de facteurs sociaux. Pratique ancestrale répandue dans les sociétés africaines, l'excision fait partie intégrante des rites d'initiation marquant la puberté sociale. A. Van GENNEP, dans son livre Les rites de passage, détaille la signification de ces rites (maturité de la femme, féminité, propreté, puberté sociale, beauté, harmonie, etc.).

De nos jours, aucune étude n'a permis apparemment de préciser l'origine exacte de l'excision. Cependant, pour le cas du Burkina Faso, il semblerait que l'excision se soit implantée plus précisément chez les Moosé par le canal de l'Islam dans les années 1784 à 179140(*).

1.2 Cadre théorique et conceptuel

1.2.1 Cadre théorique

La communication pour le développement est une approche communicationnelle qui est apparue à la fin de la deuxième guerre mondiale. C'est à partir de ce moment que des universitaires américains vont s'intéresser au rôle de la communication dans les processus de développement. Ainsi, les milieux académiques vont commencer à élaborer des théories de communication en faveur du développement. Cette approche de la communication a suivi une évolution basée sur plusieurs principes. En effet, la communication pour le développement est le résultat de l'évolution de plusieurs théories antérieures.

L'une des toutes premières est le paradigme de la modernisation et dans cette théorie, il faut relever l'idéologie selon laquelle on ne peut se développer que si on se modernise41(*). Cette conception du développement rime bien avec celle de Walt Rostow dans sa fameuse théorie du décollage42(*). Dans cette optique, les pays développés seront donc présentés comme des modèles parce qu'en dehors d'eux, il n'y a pas de développement possible. Les pays du Sud doivent donc adopter les technologies du Nord s'ils aspirent à la modernisation qui, dans cette théorie, est l'expression du développement. En conséquence, les cultures traditionnelles des pays du Sud sont considérées comme étant les causes de leur sous-développement. Pour y remédier, il faut alors abandonner ces cultures traditionnelles et adopter les comportements du Nord. Le paradigme de la modernisation aboutit à une conséquence qui va constituer une autre théorie de la communication pour le développement : Informer pour persuader43(*).

En fait, les conclusions qui découlent du paradigme de la modernisation seront, en effet, vulgarisées par l'information et la communication. Le sous-développement sera imputé à la sous information44(*). Ainsi, l'accent doit alors être mis sur les médias pour engendrer le développement. Les médias vont jouer un rôle de premier plan comme outil de transfert des modèles. Ce type de communication obéit à un processus linéaire dans lequel l'émetteur bénéficie d'un pouvoir considérable sur le récepteur. Ce modèle de communication est aussi l'étude de la persuasion et les effets attendus sur le récepteur sont considérés comme s'appliquant automatiquement45(*).

Dans cette conception de la communication, il y aura une relation hiérarchique entre l'émetteur et le récepteur. La communication sous cet angle est définie comme un processus par lequel une idée est transférée d'une source à un récepteur avec l'intention d'influer sur son comportement. De façon générale, la source veut altérer la connaissance qu'a le récepteur d'une certaine idée ou le persuader d'adopter cette idée en tant que partie de son confort de tous les jours (Rogers, 1963)46(*).

Une autre conséquence du paradigme de la modernisation est la communication pour le changement de comportement (CCC). Cette approche consacre une fois de plus le rôle dominant de l'émetteur sur le destinataire. Le principe de base de la communication pour le changement de comportement est la diffusion des innovations, cela devant se faire par le canal des médias dans le but de convaincre les populations dont on souhaite le changement d'habitudes. L'audience est envisagée ici comme une cible amorphe qui obéit aveuglément au schéma stimulus-réponse. Le média est supposé agir selon le modèle de « l'aiguille hypodermique »47(*). Cette forme de communication s'explique par le fait que les cultures traditionnelles, les mentalités, les pratiques sociales des populations sont considérées comme étant les principales causes de leur sous-développement.

Parallèlement à la communication pour le changement de comportement, il y a eu l'émergence d'une autre approche : l'IEC (information, éducation, communication).

Il s'est avéré que les médias n'étaient pas seuls capables d'influer sur le comportement des individus. En effet, les relations interpersonnelles, les amis et les leaders locaux sont aussi source d'influence de l'individu48(*). La théorie de la diffusion des innovations devait être relativisée car les médias n'étaient plus les seuls d'agir sur les individus. Néanmoins, avec l'IEC, le volet informationnel allait demeurer prépondérant consacrant toujours le rôle dominant de l'émetteur. Cependant, plusieurs critiques ont été formulées par rapport à ces théories quant à leur pertinence et leur adéquation avec le besoin de participation et de liberté de l'homme en général.

Certes, les approches de la communication pour le changement de comportement ont fait leurs preuves dans un bon nombre de domaines en partie dans celui de la santé. En outre, dans les situations où les comportements à changer n'ont pas besoin d'être répétés ou maintenus pendant longtemps, ces approches sont considérées comme efficaces. Elles sont également indiquées dans les cas où l'urgence nécessite une réponse immédiate et un changement de comportement à court terme.

Cependant, il est établi que la communication pour le changement de comportement entraîne rarement un changement de comportement à long terme. Les études ont démontré que le nouveau comportement tend à s'estomper lorsque l'intervention de la communication se termine. La principale raison avancée pour expliquer cette situation est que le changement est induit de l'extérieur (rôle dominant de l'émetteur), ce qui veut dire qu'il y a conséquemment un manque d'appropriation du changement par les populations elles-mêmes49(*). En effet, l'appropriation n'est possible que lorsque les populations participent pleinement au processus et ce, dès ses toutes premières étapes.

La communication pour le changement de comportement se limite à la consultation des populations ce qui n'est pas suffisant pour susciter l'appropriation et la responsabilisation. Par ailleurs, rares sont les comportements qui sont déterminés uniquement par la volonté propre de l'individu. Les facteurs politiques, sociaux, économiques et culturels entrent également en ligne de compte. Le fait de ne pas tenir compte de ces facteurs en misant uniquement sur l'individu est l'une des principales critiques formulées à l'endroit de la communication pour le changement de comportement. Dans cet ordre d'idées, on peut dire que le mode de penser qui place l'individu au centre des choix et des décisions n'est pas très représentatif des sociétés traditionnelles africaines par exemple, celles-ci étant davantage axées sur la communauté et l'action collective. Les promoteurs de la communication pour le changement de comportement reconnaissent aujourd'hui les limites inhérentes à cette approche.

La communication pour le développement est une approche qui se veut participative. Il s'agit désormais d'utiliser la communication de manière systématique et organisée pour assurer le développement. La communication pour le développement va privilégier la participation de tous les acteurs au développement, aussi bien des agents techniques que des populations bénéficiaires des programmes de développement. L'objectif de la communication pour le développement est donc de mobiliser la population en résolvant les malentendus, en créant un consensus autour des projets de développement pour éviter les difficultés de leur application. Les populations, qui étaient considérées, dans les précédentes théories, comme ignorantes et dépourvues de savoirs et savoir-faire, seront dorénavant impliquées dans le processus de développement pour qu'elles déterminent elles-mêmes leur priorité.

La communication basée sur l'approche participative favorise le dialogue entre les différents acteurs, ce qui permet d'enrayer l'esprit de « travailler en vase clos » et de résoudre les malentendus. La communication pour le développement a une dimension pédagogique et de formation. Elle considère que là où il y a des hommes, il y a des savoirs à valoriser. C'est pourquoi cette approche tend à privilégier l'échange d'informations et non l'apport d'informations50(*). Cela renferme bien sûr la vertu de l'humilité de la part des acteurs ce qui va déterminer le respect de la population et la prise en compte de ses priorités. Le thème de notre étude « Lutte contre l'excision au Burkina Faso: l'expérience du Plan Intégré de Communication de Radio Vénégré» s'inscrit dans la théorie de la communication participative.

1.2.2 Définition des concepts

Pour une meilleure appréhension des différents contours de notre étude, il importe que nous définissions les concepts qui y seront évoqués.

1.2.2.1 Radio communautaire

Il existe des caractéristiques communes et propres aux radios communautaires à travers lesquelles elles sont généralement définies. En effet, la radio communautaire diffère des autres types de radios de par son but, ses missions, son statut et sa particularité organisationnelle51(*).

La première responsabilité d'une radio communautaire est de servir la communauté et non de poursuivre des objectifs publicitaires. Elle est plus investie d'une mission de service social que d'une ambition de recherche de profit. Les programmes et le contenu des messages au sein d'une radio communautaire sont faits en fonction ses besoins et des priorités en terme d'informations de la communauté ce qui permet à cette dernière de s'identifier à elle. Elle favorise donc la participation communautaire, toute chose indispensable et fondamentale dans le processus de création et de partage de nouvelles, d'informations.

La radio communautaire se reconnaît également à son statut. Au Burkina Faso, le Conseil Supérieur de la Communication (C.S.C.), classe les radios privées en radios privées commerciales et en radios privées non commerciales. Les premières sont régies par la loi en matière commerciale et sont constituées soit sous forme de société anonyme (S.A.), soit sous forme de société anonyme à responsabilité limitée (S.A.R.L.). Les secondes sont régies par les lois sur les associations et mènent des activités non lucratives et évoluent hors du champ de la publicité. Il s'agit des radios confessionnelles et des radios privées associatives ou communautaires.

Mais le fait qu'une radio soit considérée comme non commerciale n'exclut pas qu'elle puisse fonctionner selon les règles d'une entreprise ni qu'elle puisse générer des revenus ou produire un revenu supérieur à ses frais de fonctionnement. Cela veut dire que tout revenu excédentaire doit être reversé à la communauté ou investi pour le développement de la radio.

La radio communautaire se définit également par ses missions et ses objectifs qui doivent être conformes à ceux de la communauté qui l'a créée.

Elle sert la communauté en défendant les intérêts de celle-ci et en favorisant la participation des citoyens au développement local. Elle s'oppose donc à la radiodiffusion publique trop globalisante, incapable de prendre en compte les différentes spécificités locales au niveau national et généralement très politisée en Afrique. Comme il a été déjà souligné, elle est également différente de la radio commerciale qui n'opère qu'en pensant profits, pouvoir, propagande, politique, privilèges52(*).

1.2.2.2 Approche participative

Pendant longtemps s'est imposée l'idée selon laquelle le changement de comportement, le développement et le bien être des communautés pouvaient se réaliser par des schémas et leur mise en oeuvre unilatérale. Plusieurs années d'investissement de tous ordres se sont soldées par des échecs multiformes subséquents aux importants déphasages qu'il y avait entre ces schémas et les attentes des bénéficiaires.

L'approche participative qui est encouragée aujourd'hui est une attitude qui consiste à reconnaître d'abord que tout être humain est pourvu de savoirs et savoir-faire à ne pas méprendre et que ses besoins sont classés par ordre de priorité. Toute action en faveur du développement d'une communauté doit nécessairement être en phase avec ce principe d'où l'exigence de la collaboration et de l'implication.

Le déroulement de la mise en oeuvre de l'approche participative obéit à un processus marqué par des étapes séparées mais complémentaires, précises et importantes les unes que les autres. Selon la conception du "projet appui au programme national de foresterie rurale du Sénégal"53(*), toute entreprise dans ce sens passe d'abord par un diagnostic à travers lequel se dégage une appréciation exacte des besoins de la population concernée et une mesure de la situation d'ensemble. Cette étape permet l'identification du problème qui amène à la recherche de solutions par les populations ou avec elles. La troisième étape est relative à la programmation des actions à réaliser et elle nécessite une formation préalable des acteurs impliqués dans la mise en oeuvre pratique de la stratégie. Enfin intervient la phase de l'évaluation qui doit se faire en deux étapes. Il s'agit d'abord d'une auto évaluation par les populations elles-mêmes pour apprécier et analyser la qualité des activités menées, et ensuite, d'un suivi évaluation des démarches utilisées par les populations et les agents techniques54(*).

1.2.2.3 Le théâtre forum : un outil qui donne la parole

Le théâtre forum est une technique mise au point dans les années 1960 par l'homme de théâtre brésilien, Augusto Boal, dans les favelas de Sao Paulo. Le principe en est que les comédiens improvisent puis fixent une fable de 15 à 20 minutes sur des thèmes illustrant des situations d'oppression ou des sujets problématiques de la réalité sociale, économique, sanitaire d'une communauté. Ils vont ensuite la jouer sur les lieux de vie de la communauté à qui est destiné le message. À la fin de la scène dont la conclusion est en général catastrophique, le meneur de jeu propose de rejouer le tout et convie les membres du public à intervenir à des moments clé où il pense pouvoir dire ou faire quelque chose qui infléchirait le cours des événements.

Il s'agit d'une technique de théâtre participative qui vise à conscientiser et à informer des populations confrontées à un problème de société, de développement ou encore de santé55(*). Pour Anne DHUQUOIS, responsable de la Maison des Associations du 18ème arrondissement de Paris, « La formule, inventée par le Brésilien Augusto Boal, consiste à utiliser le théâtre comme un outil de transformation sociale : une scène, en général, inspirée par des faits réels et à la conclusion souvent négative, relate une situation qui pourra être "transformée" par les spectateurs. Ceux-ci, après avoir vu la scène une première fois, peuvent lors de la reprise, interrompre l'action et prendre la place de l'un des personnages. Objectif : influer sur le cours de l'histoire, proposer des alternatives... ».

Le théâtre forum s'utilise ainsi beaucoup auprès des populations non alphabétisées dans les projets de développement dans les pays du Sud, mais est aussi en usage dans les pays développés pour soulever des problèmes de société56(*).

1.2.2.4 Les variables contextuelles

Pour mener notre critique, nous avons défini quelques variables contextuelles qui sont des variables généralement dépendantes de l'objectif de l'étude et qui répondent aux exigences d'une analyse spécifique. Pour le choix de nos variables, nous nous sommes inspirés du cours de « Définition de l'objet de mesure » qui nous a été dispensé dans le cadre de notre formation en communication pour le développement. Ainsi, nous avons retenu les variables contextuelles suivantes :


· La pertinence  des messages


· L'implication des bénéficiaires


· L'efficacité des supports et techniques de communication


· Le processus d'élaboration du PIC.

La pertinence est une variable importante car nous estimons que l'un des objectifs essentiels d'une stratégie de communication est de formuler des messages efficaces, clairs et cohérents capables d'attirer l'attention et de convaincre.

En outre, l'implication des bénéficiaires est une étape indispensable dans une démarche de communication participative en ce sens qu'elle permet à ceux-ci de s'exprimer, de faire connaître leurs points de vue, toute chose qui favorise l'adoption de propositions consensuelles et adaptées. A ce propos, Danielle BOUGAIRE affirme que "la crédibilité de l'outil de communication dépendra entre autres, de l'implication des populations dans sa conception et aussi de la prise en considération de leurs valeurs culturelles"57(*).

L'efficacité des messages diffusés dans le cadre d'une stratégie de communication pour le développement est fonction des supports de communication utilisés. Ils doivent répondre aux conditions de proximité, d'accessibilité et favoriser l'interactivité.

Enfin, il s'agit de vérifier si le processus d'élaboration du PIC obéit aux principes de base de la communication pour le développement à savoir la compréhension du contexte socioculturel à travers un diagnostic participatif, la prise en compte des facteurs identifiés et la responsabilisation des bénéficiaires.

CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

Nous voulons à travers cette étude faire l'analyse critique de l'approche communicationnelle du plan intégré de communication d'une radio à vocation communautaire. Pour ce faire, nous avons, dans un premier temps, basé notre travail de recherche sur la recherche d'informations documentaires dans les bibliothèques du département communication et journalisme de l'université, de l'UNICEF, du CNLPE.

2.1 La collecte des informations

Cette étape de l'étude s'est déroulée en trois phases importantes en raison de la nature des informations que nous recherchions. Pour la partie théorique de l'étude, nous nous sommes adonnés à une exploration documentaire, la partie empirique, quant à elle, ayant requis des entretiens et des observations.

2.1.1 L'exploration documentaire

Nous avons mené notre recherche documentaire dans la bibliothèque du département communication et journalisme de l'université de Ouagadougou et dans des centres de documentation d'institutions telles que l'UNICEF et le CNLPE. Cette recherche s'est poursuivie au sein de la radio Vénégré à Ziniaré où nous avons obtenus des rapports de campagnes de sensibilisation et des informations sur la mise en oeuvre du PIC. En plus de ces sources documentaires, nous avons eu recours à l'Internet pour approfondir la recherche. Les informations obtenues à travers cette recherche nous ont permis de mieux circonscrire notre sujet et de nous imprégner davantage des questions liées à l'excision.

2.1.2 Les entretiens

Pour la collecte des informations sur le terrain, nous avons privilégié l'approche qualitative à travers des entretiens directs avec des personnes ressources impliquées dans le PIC et des personnes dont les avis sur l'excision et la mise en oeuvre du PIC pouvaient nous aider dans notre analyse. Ces entretiens nous ont permis de recueillir des opinions et des sentiments sur la pratique de l'excision et de recueillir les représentations sociales de l'excision dans le milieu concerné. Même si les représentations sociales ne sont pas toujours conformes à la réalité, elles constituent une variable importante dans la communication pour le changement de comportement car elles régentent la conception des messages. C'est pourquoi, en abordant cette question, Pierre MANNONI souligne qu'  « une représentation, parce qu'elle est représentation est nécessairement « fausse » puisqu'elle ne dit jamais de l'objet exactement ce qu'il est, et en même temps, elle est « vraie » en ce qu'elle constitue pour l'objet un type de connaissance valide duquel il peut tirer le principe de ses actes ».58(*)

Notre choix d'opter pour l'approche qualitative s'est justifié par le fait que dans une question sensible comme l'excision, ce sont moins les chiffres qui comptent que le sentiment, les avis, les perceptions. Il existe des principes directeurs de conduite d'une stratégie de communication pour le développement à savoir qu'il faut impliquer les personnes concernées afin de mieux comprendre le ou les problèmes auxquels elles sont confrontées, élaborer la stratégie en tenant obligatoirement compte de leurs attentes, leurs valeurs sociales, leurs religions. Pour la mise en oeuvre d'une stratégie de communication pour le développement, la formation des acteurs est un élément capital tout comme l'évaluation qualitative et participative qui permet de redimensionner la stratégie en corrigeant les imperfections. En outre, les cours que nous avons reçus au cours de notre cursus universitaire sont à même de nous guider dans notre analyse du PIC. Il y a aussi le fait que nous avons exploité des données quantitatives découlant d'enquêtes antérieures et récentes sur l'excision et ses implications. Nous avons donc procédé à des entretiens semi directifs sur la base de guides d'entretien que nous avons élaborés à l'intention de la direction de la radio, des noyaux relais et de certains membres de la population rurale. A côté de ces entretiens semi directifs, nous avons eu des échanges ponctuels et informels avec quelques animateurs de la radio.

La rencontre avec les noyaux relais au nombre de treize (13) s'est organisée à la suite d'une réunion de bilan tenue à Ziniaré à laquelle nous avons participé. Ces cadres d'échanges nous ont permis de collecter de nombreuses informations sans avoir eu besoin d'interroger chaque personne ce qui aurait demandé du temps et des moyens plus importants.

2.1.3 L'observation directe

Nous avons surtout appliqué cette technique de collecte d'informations lors des réunions pendant lesquelles il y a eu des échanges, des révélations, des règlements de litiges liés au partage de vélos.

2.2 Echantillonnage

La technique de l'échantillonnage repose sur la généralisation d'un résultat à partir des données recueillies auprès d'un nombre restreint de personnes.

Les zones géographiques qui ont été ciblées pour la mise en oeuvre du PIC sont composées de la ville de Ziniaré elle-même et de deux (2) villages environnants parmi les douze qui ont bénéficié des activités de la radio dans le cadre du PIC. Il s'agit du village de Watinoma et de Wavussé. Nous distinguons alors deux catégories de bénéficiaires du PIC à savoir une population urbaine et une population rurale. Notre échantillon a donc été composé de personnes dans la ville de Ziniaré que compose le personnel de la radio avec à sa tête le directeur de la radio monsieur Jean Baptiste SAWADOGO et quelques animateurs au nombre de quatre (4) à travers des entretiens individuels, et de personnes en zones rurales composées de membres des clubs d'écoute et de villageois au nombre de treize (13) à travers un entretien de groupe. A Ouagadougou, nous nous sommes entretenus avec des personnes ressources au sein des structures partenaires chargées de suivre la mise en oeuvre du PIC au plan national. Il s'agit notamment des responsables du PIC au sein du CNLPE et de l'UNICEF au nombre de deux (02).

CHAPITRE III : LES DIFFICULTES RENCONTREES ET LES LIMITES DE L'ETUDE

Il nous paraît important, dans cette partie, de revenir sur les difficultés que nous avons rencontrées au cours de notre étude et de dégager les limites de celle-ci.

3.1 Les difficultés rencontrées

Comme toute recherche, notre étude a été confrontée à des difficultés que nous pouvons classer en deux catégories à savoir celles liées à la collecte des informations et les difficultés financières.

3.1.1 Les difficultés liées à la collecte des informations

Dans notre échantillonnage, nous devrions rencontrer des personnes ressources au niveau de Ouagadougou et au niveau de notre champ d'étude. Au CNLPE et à l'UNICEF où nous nous sommes rendu, il nous a été difficile de rencontrer les personnes indiquées. Plusieurs rendez-vous ont été pris, mais reportés à chaque fois. Il nous a quasiment été impossible d'avoir un entretien direct avec les personnes ressources identifiées au sein de ces deux structures. A l'UNICEF, notre interlocuteur nous a demandé notre guide d'entretien afin de préparer une rencontre, mais quelques jours après, il nous a notifié que les informations que nous recherchions étaient disponibles à la documentation et qu'en raison de son manque de temps, il nous suggérait de nous en tenir aux informations documentaires pour ne pas accuser un retard dans notre travail.

Au CNLPE, notre interlocuteur nous a tout simplement clarifié qu'il ne pouvait nous entretenir de quoi que ce soit sans une autorisation préalable de la secrétaire permanente que nous ne pouvions pas rencontrer pour raison d'absence. Il nous a, cependant, confié au documentaliste qui a bien voulu nous remettre toute la littérature disponible relative aux questions d'excision au Burkina Faso.

Certes, ces informations étaient importantes pour nous en ce sens que nous avions déjà prévu l'étape de l'exploration documentaire. Mais, en plus, nous avions besoin de l'opinion de certaines personnes responsables du PIC sur la mise en oeuvre de ce programme et de ses implications car, en réalité, il n'existe pas un document élaboré, détaillé et planifié qui explique de manière exhaustive le PIC.

Face à cette situation, nous avons improvisé une nouvelle technique de collecte d'information qui consistait à discuter de manière informelle avec le documentaliste qui s'est avéré infructueuse car il ne savait pas grand-chose sur le PIC selon ses dires : « à vrai dire, je ne sais pas grand-chose sur le PIC et comme vous préparez un mémoire, c'est mieux pour vous que je ne vous donne pas des informations erronées. Il y a un responsable chargé de la question »59(*).

Concernant nos échanges en province, ils ont relativement été facilités par le Directeur de la Radio Vénégré, car ils se sont réalisés généralement à la suite de rencontres qui réunissaient un grand nombre de personnes venues de plusieurs villages impliqués dans le PIC. Cela nous a permis de réduire le nombre de déplacements que nous devions éventuellement effectuer. Cependant, à Wavussé, les choses n'ont pas été très faciles en ce sens qu'il y a un incident à la suite duquel le chef du village a été en prison d'où la méfiance des uns et des autres quant aux questions liées à l'excision60(*).

Pour le reste, il a suffit que nous soyons présenté par le Directeur de la radio aux différentes personnes comme des étudiants en fin de cycle pour que ceux-ci acceptent d'échanger avec nous.

Nous avons également été confronté à des difficultés financières lors de l'étude qui, à certains moments, ont ralenti notre rythme de travail.

3.1.2 Les difficultés financières

De la collecte des informations, leur exploitation à la rédaction finale du présent document, nous avons été quelques fois confronté à des difficultés financières généralement inhérentes à la conduite de tout projet de recherche. Notre thème d'étude a nécessité des déplacements à Ziniaré et dans les deux villages ciblés et même à l'intérieur de Ouagadougou. Ces déplacements donnaient lieu à des dépenses que nous n'étions pas souvent en mesure d'honorer de sorte que certains rendez-vous ont été reportés ; ce qui n'est pas sans préjudice quant à la disponibilité des uns et des autres.

Les différentes saisies et impressions nécessitaient des ressources financières même s'il convient de reconnaître que nous avons souvent bénéficié de l'aide de personnes dans certaines structures.

3.2 Les limites de l'étude

Notre étude présente quelques limites quant à la nature des informations concernant la zone de notre recherche. En effet, l'étude ne donne pas d'informations précises sur la situation de l'excision particulièrement dans la province de l'Oubritenga. Pendant les recherches documentaires, nous n'avons pas rencontré de document qui fasse ressortir la situation de l'excision spécifiquement dans la province de l'Oubritenga encore moins dans la ville de Ziniaré. Des informations exactes, précises et récentes sur l'évolution de la pratique de l'excision dans notre champ d'étude nous auraient permis de mieux cadrer notre analyse.

DEUXIEME PARTIE

PRESENTATION DU CONTEXTE GENERAL DE LA RECHERCHE ET SITUATION DE L'EXCISION AU BURKINA FASO

Dans cette partie, nous allons donner des informations générales relatives aux principaux éléments de notre thème de recherche à savoir la radio Vénégré, le PIC et l'excision. L'étalage de ces informations nous permettra de mieux cerner les implications diverses qui se manifestent dans ce sujet.

CHAPITRE I : PRESENTATION DU CONTEXTE GENERAL DE LA RECHERCHE ET DE LA RADIO VENEGRE

Dans cette partie, nous allons procéder à la localisation de la zone de l'étude et la description de la radio Vénégré.

1.1 De la province de l'Oubritenga

 

1.1.1 Localisation géographique

La province de l'Oubritenga est localisée sur le plateau central du Burkina Faso. Suite au découpage du pays en 45 provinces, elle est limitée au nord-ouest par la province du Passoré, au nord-est par le Sanmatenga, au sud par le Kadiogo, à l'est par le Ganzourgou et à l'ouest par le Kourwéogo. Elle a une superficie de 2.774,583 Km2 (IGB) dont le chef lieu de province est la ville de Ziniaré.

1.1.2 Découpage administratif

La Province d'Oubritenga a été créée par l'Ordonnance n° 84-055/CNR/PRES du 15 Août 1984, portant découpage du territoire national en trente (30) provinces et deux cent cinquante (250) départements. La loi n° 010/96/ADP du 24 Avril 1996, portant modification de limites de Provinces fixe le cadre administratif actuel de la Province d'Oubritenga. Elle compte sept (7) départements (Absouya, Dapélogo, Loumbila, Nagréongo, Ourgou-Manéga, Ziniaré et Zitenga) renfermant 204 villages administratifs dont une commune urbaine (Ziniaré) et six communes rurales chefs-lieux des départements. La radio Vénégré qui fait l'objet de notre étude est implantée dans la ville de Ziniaré. Dans la partie qui suit, nous allons rappeler l'historique de la création de la radio Vénégré, ses caractéristiques administratives et techniques.

2.1 Contexte de création et évolution de la radio Vénégré

Nous allons d'abord aborder le contexte de création de la radio et de son évolution.

2.1.1 Contexte de création

Issue de la grande Fédération paysanne « Wend Yam », radio Kakoadb Yam Vénégré (l'éveil des consciences paysannes) est une radio communautaire implantée dans la province de l'Oubritenga depuis 1998. Elle a commencé à émettre en janvier 1998 à Kulkinka, village situé à 17 Km de Ziniaré et berceau de la fédération paysanne Wend Yam.

En réalité, l'idée de créer la radio « Kakoadb yam Vénégré » est née en 1996 lors d'une assemblée générale de la Fédération paysanne Wend Yam. En effet, aux conclusions des travaux de cette assemblée générale, il ressortit que parmi les activités de la Fédération, un défi au niveau de la communication restait à relever. « Les animateurs de la Fédération n'avaient pas toujours accès aux villages et les informations destinées aux membres leurs parvenaient en retard. Il était donc difficile de communiquer avec tous les membres qui devenaient de plus en plus nombreux. C'est ainsi que l'assemblée a opté pour la mise en place d'une radio communautaire qui allait servir d'instrument de communication entre la Fédération et ses membres d'une part et entre la Fédération et la population en général d'autre part »61(*).

Initialement implantée à Kulkinka, les installations de la radio vont déménager à partir du 1er janvier 2000 à Ziniaré, chef-lieu de la province d'Oubritenga, pour deux raisons principales. D'abord, au plan financier, vu les difficultés que la radio rencontrait pour son bon fonctionnement, il est apparu nécessaire de trouver un espace où l'activité radiophonique pourrait susciter des recettes même si la radio est à vocation communautaire.

Ensuite, au plan matériel, il y avait des insuffisances car la radio fonctionnait à Kulkinka avec un groupe électrogène qui était récuremment exposé à de fréquentes pannes. Il fallait donc rejoindre un lieu où il y avait de l'électricité pour faciliter davantage son fonctionnement. Ce sont les raisons principales qui ont nécessité le déménagement de la radio en zone urbaine.

2.1.2 L'équipement technique et matériel de la radio

La radio « Kakoadb yam Vénégré » est équipée d'un émetteur d'une puissance de 2000 watts et d'un émetteur secours de 300 watts. Elle dispose de deux studios dont l'un sert à émettre les émissions et l'autre servant de studio de production. L'antenne de la radio a une hauteur de 60 mètres. Avec cet équipement, la radio Kakoadb yam Vénégré émet sur un rayon de 120 Km. Elle couvre ainsi les provinces de l'Oubritenga, du Ganzourgou, du Kourwéogo, du Kadiogo, du Bam, du Sanematenga, du Bazèga, du Boulkiemdé et du Kouritenga. La radio émet sur la bande FM 107.7 MHz.62(*)

2.2 Caractéristiques administratives de la radio

Dans cette partie, nous allons, à travers deux sous parties, faire une description du personnel et du mode de gestion de la radio.

2.2.1 Le fonctionnement de la radio

La radio Kakoadb yam Vénégré émet de 6h00mn à 10h00mn dans la matinée, de 12h00mn à 15h00mn l'après midi et de 18h00mn à 22h00mn dans la soirée, soit 11 heures d'émissions radio par jour. Les thèmes des émissions sont relatifs à l'agriculture, l'élevage, l'environnement, la santé, l'éducation, la culture et aux activités de la fédération Wend Yam. La radio dispose de clubs de fidèles auditeurs qui se réunissent tous les trois mois pour faire le point sur les émissions diffusées. Ils font des critiques, des suggestions et proposent des thèmes à traiter.

« La quasi-totalité du budget de la radio est supportée par la Fédération Wend Yam. Les recettes de la radio proviennent essentiellement des communiqués, de la vente de tickets de concert et des cartes des fidèles auditeurs, des contrats de service et de la subvention de l'Etat et des projets. »63(*)

2.2.2 Les clubs d'écoute

La radio Vénégré compte plus d'une cinquantaine de clubs de fidèles auditeurs repartis dans cinq provinces à savoir le Sanmatenga, le Kourwéogo, le Ganzourgou, l'Oubritenga et le Bazèga.64(*)Ces clubs sont des regroupements d'auditeurs de la radio dans des villages donnés, et qui sont constitués de bureaux de sept membres. Chaque club possède, en son sein, un animateur relais qui est chargé  d'organiser, en collaboration avec le bureau du club, les rencontres mensuelles prévues et de rédiger les comptes rendus ; de produire des émissions en collaboration avec les animateurs permanents de la radio et enfin de rédiger les communiqués et de recueillir les concerts et de les acheminer à la radio.

« En d'autres termes il est le représentant de la radio dans sa zone ».65(*)

Un bureau exécutif est mis en place pour coordonner les activités. L'ensemble des clubs se réunit trimestriellement en assemblée générale où chaque club présente les critiques des programmes de la radio et des propositions de thèmes pour de prochaines émissions. L'objectif premier de ces clubs est de contribuer à la production d'émissions de qualités et de jouer le rôle de courroie de transmission entre la radio et les auditeurs et vice versa. Pour être membre d'un club, il faut s'acquitter des frais d'adhésion qui est de 250 francs CFA et 100 francs CFA pour les cotisations mensuelles. L'achat de la carte de fidélité à 500 francs CFA est obligatoire pour tout membre de club.

CHAPITRE II: LE PLAN INTEGRE DE COMMUNICATION DE RADIO VENEGRE

La radio KAKOADB YAM VENEGRE a bénéficié d'un appui du Comité National de Lutte contre la Pratique de l'excision (CNLPE) pour la mise en oeuvre des activités du Plan Intégré de Communication de lutte contre la pratique de l'excision. Dans ce chapitre, nous allons donner une définition de PIC qui est basée sur les critères de son élaboration et de sa mise en oeuvre avant de décrire quelques activités menées

2.1 Définition

La définition du PIC est basée sur les critères de son élaboration et de sa mise en oeuvre.

2.1.1 L'objectif de transformation sociale

Le Plan Intégré de Communication (PIC) est une nouvelle approche développée dans les années 90 et promue au Burkina Faso par l'UNICEF. « Le PIC est un processus de recherche visant la transformation sociale qui s'opère à travers trois principales stratégies que sont le plaidoyer, la mobilisation sociale et la communication pour le changement de comportement »66(*).

Le PIC comporte quatre grandes étapes.

2.1.2 L'élaboration et la mise en oeuvre

L'élaboration du PIC intègre le choix des thèmes, la définition des objectifs, le choix du lieu d'exécution, la détermination des canaux de communication, l'adaptation de la méthode ou démarche et la détermination des ressources à mettre en oeuvre. La mise en oeuvre du PIC comporte deux phases.

Il y a d'abord la phase d'animation de terrain qui est axée sur les préparations de terrain à savoir les missions de repérage, la mise en place d'une cellule locale avec comme point focal la radio, les actions concrètes (campagnes radiophoniques), la réalisation des émissions, magazine et micro programmes, les représentations théâtrales, les projections de film et la réalisation de jeux radiophoniques. 

Ensuite vient la phase de diffusion et de rediffusion des émissions réalisées et produites sur le terrain.

2.1.3 L'évaluation et la pérennisation

L'évaluation est menée à partir de quatre points essentiels que sont la détermination de la période d'évaluation (à partir de combien de temps de sensibilisation peut-on évaluer ?), le choix des mécanismes d'évaluation (enquêtes, sondages, focus groupe, observation), l'exploitation des données (analyse, interprétation, enseignement et conclusion), et enfin la mesure de l'impact.

La pérennisation des activités du PIC se fait à partir de la mise en place des noyaux relais appelés comités villageois de communication pour le changement de comportement qui continuent les activités de sensibilisation. Ces noyaux relais qui regroupent cinq (5) personnes par noyau et par village se composent comme suit :

- un représentant des religieux ;

- une accoucheuse villageoise ou agent de santé communautaire ;

- un représentant des jeunes ;

- Quelques leaders locaux (autorités administratives et politiques, chefs coutumiers et délégués administratifs villageois).

Il importe de nous interroger sur la nature des activités menées dans le cadre de ce plan.

2.2 Quelques activités menées dans le cadre du PIC

2.2.1 La mobilisation sociale

La mobilisation sociale consiste en un processus par lequel les membres d'une communauté prennent conscience de l'existence d'en un processus par lequel les membres d'une communauté prennent conscience de l'existence d'un problème, en viennent à considérer la résolution de ce problème comme une priorité pour la communauté, et décident des actions à entreprendre pour résoudre le problème. Elle se fonde sur une approche globale planifiée qui met l'accent sur la constitution de vastes coalitions politiques et sur l'action de l'échelon communautaire67(*).

Les activités de mobilisation sociale dans le cadre du PIC ont eu pour objectif d'impliquer, de susciter l'adhésion de plusieurs acteurs dans la lutte contre l'excision. Il s'agit notamment des groupements villageois, les clubs d'écoute et certaines associations. Ces activités ont donc permis de mobiliser 20 groupements villageois masculins et 13 groupements féminins. Chaque groupe compte en moyenne 50 membres. 45 clubs d'écoute de la radio ont également été mobilisés avec un nombre total des membres qui s'élève à 2 925 personnes68(*).

2.2.2 La sensibilisation et le plaidoyer

Les activités de sensibilisation sont généralement menées à travers les canaux tels que le théâtre forum, les projections vidéo, le ciné débat, les émissions radiophoniques et les jeux publics. Elles abordent des thèmes relatifs aux conséquences de l'excision, aux séquelles de celle-ci et à la loi par rapport à cette pratique. Il y a, par exemple la diffusion du film "Ma fille ne sera pas excisée" et des campagnes de sensibilisation sur le thème "Sauvons la vie de nos filles; donnons leur la chance de s'épanouir dans leur foyer en bannissant à jamais l'excision".

Quant au plaidoyer, il vise à influencer les décideurs au niveau local, régional, national ou même international, dans le cadre des processus décisionnels officiels ou non officiels. En ce sens, il s'agit d'actions de communication entreprises par des individus, des groupes ou des communautés dans le but d'avoir une incidence sur les décisions qui influencent leur vie69(*).

Le plaidoyer de la radio Vénégré a été formulé pour susciter l'adhésion et l'engagement des autorités administratives de la province dans la lutte contre cette pratique et d'impliquer les chefs coutumiers et religieux dans la mise en oeuvre des activités sur le terrain.

Le tableau suivant donne les genres et le nombre des activités qui ont été réalisées sur le terrain et des publics cibles touchés.

Genres d'activités

Nombre d'activités réalisées

Nombre de personnes touchées

Total

Femmes

Hommes

Enfants

Projection vidéo

12

780

756

804

2340

Théâtre forum

12

1020

950

970

2940

Jeux radiophoniques

12

780

650

853

2283

Total

 

2580

2356

2627

7563

CHAPITRE III : EXPOSE SUR LA SITUATION DE L'EXCISION AU BURKINA FASO

Dans ce chapitre, nous entendons aborder la notion de l'excision à travers ses différentes formes, ses causes et conséquences.

3.1 L'excision et ses différentes formes

Avant tout propos concernant les formes de l'excision, il convient que nous donnions une approche définitionnelle de cette pratique.

En effet, l'excision, selon le dictionnaire « Le petit Larousse » est l'ablation rituelle du clitoris et parfois des petites lèvres de la vulve), pratiquée chez certains peuples. L'excision, circoncision féminine70(*) ou clitoridectomie consiste donc en l'ablation partielle ou totale du clitoris.

3.1.1 Les différentes formes d'excision

Avant de décrire les différentes formes d'excision, nous allons d'abord faire un bref rappel de l'anatomie physiologique du sexe de la femme.

En effet, le clitoris est situé au dessus de l'entrée du vagin, au dessus du méat urinaire. Comme le gland du pénis chez l'homme, il est protégé par un prépuce, le capuchon du clitoris. Il constitue avec le pubis, les grandes et les petites lèvres et le vestibule vaginal, les organes génitaux externes de la femme. Il fait partie, avec le corps caverneux et le bulbe vestibulaire, des organes érectiles présentant une grande sensibilité érogène grâce à sa très riche vascularisation et innervation.

La connaissance des réactions sexuelles chez la femme a été élucidée grâce aux travaux de MASTERS et JOHNSON71(*) : c'est l'ensemble des manifestations anatomophysiologiques qui conduisent à l'orgasme. Cette réaction se déroule en quatre phases que sont la phase d'excitation, la phase de plateau, la phase d'orgasme et la phase de résolution.72(*)

On distingue en général deux formes d'excision.

? Première forme avec trois types : (classification de R. COOK, 1977 adoptée par l'OMS73(*)).

Cette première forme comporte trois types d'excision à savoir :

- type I : Excision à minima ou « circoncision sunna » : c'est une excision circulaire du prépuce clitoridien, analogue à la circoncision masculine. Le gland et le corps du clitoris ne sont pas touchés.

- Type II : Excision complète avec ablation du clitoris, de ses annexes et des petites lèvres. Elle est plus répandue. Au Burkina Faso, ce type est le plus couramment rencontré.

- Type III : Infibulation ou « circoncision pharaonique » : Il consiste en l'ablation du clitoris, des petites et des grandes lèvres. Les bords de la vulve sont recousus ensemble à l'aide d'un fil ou d'épines. Le vagin est aussi obturé en laissant une toute petite ouverture pour l'écoulement des urines et des menstrues.

Par ailleurs, l'Association Malienne pour le Suivi et l'Orientation des Pratiques Traditionnelles (AMSOPT) a mené une analyse socioculturelle des objectifs de chaque type selon laquelle l'excision à minima répond à un souci de pureté. La femme est ici considérée comme un sujet et le but de l'opération est de la dégager de toute « saleté ».

Le type II ou excision complète avec ablation du clitoris repose sur l'idée d'empêcher la femme de jouir. Elle est donc considérée comme un objet et le but de l'opération est de réduire la sensualité sexuelle de celle-ci. Enfin, le type III ou infibulation voit la femme comme une esclave dont le domaine sexuel et génétique doit être totalement contrôlé74(*).

? Deuxième forme

Peu répandue, elle consiste à frotter des plantes recouvertes de poils (genre d'ortie) sur le clitoris, le rendant flasque et insensible de façon définitive.

3.1.2 La pratique de l'excision

La pratique de l'excision recouvre plusieurs facteurs à savoir les moyens utilisés, l'âge de l'excision, le statut de l'exciseuse et le caractère culturel de l'acte.

? Les moyens utilisés

En général, l'exciseuse utilise un couteau traditionnel en forme de faucille ou un rasoir. Les vieilles du village assistent l'exciseuse en écartant et retenant les jambes de la petite fille. Bien souvent, celle-ci ignore ce qui l'attend, ce qui crée des réflexes de défenses compréhensibles, mais préjudiciables dans les conséquences de l'acte.

? L'âge de l'excision

L'âge de l'excision varie d'une communauté à une autre. Il est généralement associé à des évènements significatifs de la vie des femmes : naissance, adolescence, premières menstrues, mariage... Depuis quelques années, l'âge de l'excision diminue chez toutes les communautés et de plus en plus, on tente d'exciser l'enfant dès les premières années de vie et de préférence avant l'âge scolaire.

? Le métier d'exciseuse

Le rôle d'exciseuse est un véritable métier qui se transmet de mère en fille au sein d'une même famille. L'exciseuse est une vieille femme soit accoucheuse villageoise, matrone, sorcière ou de la famille des forgerons. Dans certaines communautés, elle devra être nécessairement ménopausée, dans d'autres, extérieure au village.

En tant que métier, l'excision devient nécessairement une source de revenus indéniable.

? Cérémonies et rituels

La pratique de l'excision revêt un caractère culturel dans toutes les sociétés où elle se manifeste et elle fait généralement l'objet de cérémonies et de rituels. Les cérémonies varient d'une communauté à une autre, mais toujours est-il qu'avant, cela était une véritable fête où diverses incantations ou sacrifices étaient effectués. Les vieilles exécutaient des chants, danses, claquements de mains pour masquer les cris de la jeune excisée.

Mais les cérémonies de l'excision subissent une mutation profonde de nos jours. En effet, devenant de plus en plus clandestine, elle se pratique sans cérémonie. Soit on se rend chez l'exciseuse, soit celle-ci se déplace de village en village. Déphasée par rapport aux coutumes ancestrales, l'excision perd peu à peu son rôle d'initiation et d'apprentissage social pour n'être désormais qu'une mutilation coupée graduellement de sa symbolique originale.

3.2 Causes et conséquences de l'excision

La pratique de l'excision est sous tendue par des causes économiques, culturelles, religieuses et morales.

3.2.1 Les causes couramment évoquées

D'une manière générale, les causes évoquées pour pratiquer l'excision sont relatives à:

Des raisons d'ordre anatomique et esthétique

Selon certaines tendances, les organes sexuels d'une jeune fille non excisée sont « d'une difformité honteuse » et fait ressembler à l'homme (selon un médecin grec).

Les Africains, eux, croient que tout individu possède les deux sexes à la naissance. Chaque personne est censée être dotée d'une âme masculine et d'une âme féminine, ce qui se répercute sur les organes génitaux. Ainsi, selon les Bambaras et les Dogons du Mali, l'âme féminine de l'homme se situe dans le prépuce, et l'âme masculine de la femme se situe dans le clitoris.

L'excision, qu'elle soit pratiquée chez l'homme ou la femme, était donc considérée comme sacrée et aurait comme but principal de différencier de façon définitive le sexe de celui qui doit la subir.

Des raisons d'ordre moral

Pendant longtemps, il a été admis dans les esprits que la résection du clitoris supprime la sensibilité sexuelle de la jeune fille. Ainsi, elle lui permet de conserver sa virginité jusqu'au mariage. Au Burkina Faso, comme dans beaucoup d'autres pays, l'excision est pratiquée pour assurer la virginité, augmenter la fertilité et la fécondité et pour favoriser la propreté.

Les Moosé du Burkina Faso par exemple estiment qu'une femme non excisée se trouve dans l'impossibilité d'avoir des enfants ; le clitoris étant, selon eux, un organe dangereux, qui tue l'enfant à la naissance en le touchant75(*). Les Bambaras pensent qu'un homme qui coucherait avec une fille non excisée risquerait la mort, car le clitoris contiendrait des vers pouvant rendre stérile76(*).

La nécessité d'une intégration sociale de la jeune fille

Une jeune fille non excisée est encore marginalisée, souvent même considérée comme impure, de nos jours, dans certaines communautés. Ainsi, on entend dire que celle-ci ne peut alors ni se marier, ni même être autorisée à préparer les repas pour une famille si elle n'est pas libérée de ce poids que lui impose la société.

L'excision constitue un test d'endurance ou un rite de passage de l'enfance au monde adulte. Dans les pays musulmans, on a parfois recours à des arguments religieux pour convaincre et faire céder les familles réticentes, en affirmant que ces pratiques sont prescrites par l'Islam, ce qui n'a jamais été démontré.

Des raisons d'ordre lucratif

L'excision constitue pour celles qui la pratiquent une source de revenus non négligeable que celles-ci ne souhaitent pas perdre. En effet, une excision peut rapporter des récompenses en espèces ou en nature tels que des boules de savons, des pagnes et nous pouvons dire avec Kadidia SIDIBE77(*) que "... c'est aujourd'hui un problème économique. L'exciseuse dans le village est une femme reconnue qui reçoit des dons des villageois. La fin de l'excision mettrait fin à cet avantage économique non négligeable".

Nous allons à présent aborder les conséquences liées à la pratique de l'excision.

3.2.2 Conséquences de l'excision

Les conséquences dépendent de l'importance de la mutilation, des conditions d'hygiène et des instruments utilisés, de l'expérience, l'habileté et la vue de l'opératrice ainsi que de la résistance opposée à cette dernière par l'enfant victime de l'acte d'excision. Il convient de préciser qu'il n'y a jamais d'anesthésie pour éviter la douleur durant l'opération. Toutes les formes d'excision citées plus haut, mêmes faites dans des conditions acceptables, créent des complications pour la santé de la jeune fille ou de la femme.

Les conséquences de cette pratique qui contribue à l'augmentation de la mortalité et de la morbidité sont nombreuses et de graves complications mettent la fillette ou la femme dans un état d'aliénation. Ces complications peuvent survenir immédiatement, pendant, peu après ou longtemps après ces opérations. Elles sont d'ordre physique, psychologique, social.

3.2.2.1 Complications immédiates

? Les hémorragies et le choc

Du fait que la région clitoridienne est très vascularisée, toute atteinte à l'organe entraîne la rupture de ces vaisseaux et l'hémorragie peut être si importante qu'elle provoque un choc chez l'excisée pouvant conduire à la mort.

Le choc peut être dû à la douleur très vivement ressentie ou faire suite à l'hémorragie foudroyante (pas d'anesthésie, instruments grossiers et non stérilisés).

? Les infections

L'ouverture des vaisseaux constitue une porte d'entrée à l'infection. Les mauvaises conditions de cette pratique comme l'utilisation d'instruments non stérilisés, l'application de plantes, d'excréments d'animaux, de terre entre autres. sont des facteurs favorisant ou aggravant l'infection.

Le tétanos survenant dans les deux semaines, conduit inévitablement à la mort surtout dans les régions où l'immunisation est insuffisante. Les septicémies, les mauvaises conditions d'hygiène pour les soins sont autant de risques supplémentaires. En outre, il faut ajouter que le risque de transmission du SIDA n'est pas négligeable lorsque les excisions se pratiquent sur plusieurs en même temps alors que les instruments ne subissent aucune décontamination et ne sont pas à usage unique.

? La rétention d'urine

L'une des conséquences immédiates, la rétention d'urine, est due soit à la douleur provoquée par le contact des urines sur la plaie, soit à un rétrécissement du méat urinaire. Cette rétention entraîne également des infections des voies urinaires. On peut encore observer des dommages et des traumatismes des zones du clitoris : atteinte de l'urètre, atteinte de l'anus, atteinte des parois vaginales, des glandes de Bartholin entraînant des infections (cystites...), des fistules vésico vaginales ou des fistules recto vaginales.

La pratique de l'excision provoque aussi des complications à long terme.

3.2.2.2 Les complications à long terme

Les complications à long terme peuvent se regrouper en deux grands volets à savoir des problèmes gynécologiques et des problèmes urinaires. Ces problèmes résultent de l'hypertrophie des cicatrices de la vulve et de la fermeture de l'ouverture vaginale et de l'urètre après l'infibulation.

? Problèmes gynécologiques

Parmi les problèmes gynécologiques, il y a ceux relatifs à la formation d'une cicatrice dure et fibreuse dans laquelle peuvent se développer des chéloïdes et des kystes dermoïdes. Les chéloïdes sont courantes lorsqu'il y a eu une infection après l'opération. Les kystes peuvent s'infecter et former des abcès, incrustation de la peau entre les bords de la vulve qui ont été collés.

Il y a aussi d'autres problèmes gynécologiques dus à la haute incidence des infections pelviennes aiguës ou chroniques qui est imputable à l'infibulation : cystites, vaginites, cervicites, qui se développent en une infection pelvienne chronique qui plus tard peut entraîner un avortement. Si les trompent de Fallope se bloquent à cause de l'infection et de l'inflammation, la femme devient stérile.

La dysménorrhée qui, elle aussi, fait partie des problèmes gynécologiques et qui résulte de l'infection pelvienne chronique est due à la congestion pelvienne : accumulation du sang au niveau de l'utérus due à la l'étroitesse de l'ouverture vaginale laissée par l'infibulation.

En plus de ces problèmes, on peut citer d'autres tels que :

- L'hématocolpos qui est la rétention des menstrues à cause de l'étroitesse de l'ouverture vaginale, entraîne une accumulation du sang dans l'utérus et le vagin causant une inflammation chronique du pelvis pouvant conduire à la stérilité. Ce problème se rencontre surtout en cas d'infibulation.

- La dyspareunie est relative à l'absence d'orgasme au niveau de la zone érogène amputée pouvant entraîner de fortes douleurs et des difficultés diverses.

- Les malformations et les cicatrices de la vulve rendent difficiles l'examen gynécologique et la visualisation directe du col et du vagin surtout dans les cas d'infection vaginale, grossesse douteuse ou fausse couche.

- On assiste également à des traumatisme psychologiques chez l'excisée qui peut avoir peur des rapports sexuels, ce qui peut entraîner une frigidité définitive.

3.3 Historique de la lutte contre l'excision au Burkina Faso

Le début du XXème siècle marque le démarrage de la lutte avec l'arrivée des Pères Blancs (introduction de la religion chrétienne). Ceux-ci menaçaient d'excommunier les fidèles pratiquant l'excision. Mais cette action fut limitée au moment du mariage, car les filles non excisées devaient se faire exciser pour trouver un mari. C'est à partir des indépendances que des actions véritables seront prises dans le cadre de la lutte contre cette pratique78(*).

3.3.1 Les grandes dates

? 1960, le gouvernement de la première République après les indépendances entreprit des actions de sensibilisation auprès de la population, mais son action a été aussitôt limitée par des pressions sociales.

? 1975, avec l'année internationale de la femme, les actions ponctuelles ont constitué les débuts d'initiation de la lutte dans notre pays. La pratique de l'excision fut dénoncée par les ONG, les associations féminines et les médias à travers des émissions radiophoniques.

? Mars 1985, lors de la semaine nationale de la femme, des voix féminines se sont mobilisées pour lancer un appel aux autorités, demandant la prise de textes interdisant l'excision.

? Mai 1988, il y a eu l'organisation d'un séminaire national regroupant 300 représentants de toutes les couches sociales autour de la question.

? Octobre 1988, un comité provisoire a été créé suite aux recommandations du séminaire national de mai 1988.

? 18 mai 1990, la volonté politique du Burkina Faso se traduisait par la mise en place d'un comité national de lutte contre la pratique de l'excision (CNLPE).

? Novembre 1996 marque la prise en compte de la répression des mutilations génitales féminines dans le code pénal.

? Mai 1997 a vu la création du Secrétariat Permanent du Comité National de lutte contre la pratique de l'excision.

? Mai 2000 symbolise l'institutionnalisation d'une journée nationale de lutte contre la pratique de l'excision (18 mai de chaque année)79(*).

En plus de cette évolution, il est à noter l'engagement personnel de l'épouse du Chef de l'Etat à soutenir la lutte contre les mutilations génitales faites aux femmes à travers son slogan « tolérance zéro ».

3.3.2 Les grandes orientations de l'Etat

Pour les personnes qui luttent, il ne fait pas de doute que le problème de l'excision dure maintenant depuis trop longtemps pour que l'on reste à une phase de sensibilisation. Considérant comme inadmissible que des exciseuses, pourtant sensibilisées, récidivent dans la pratique, désormais les comités sont rentrés dans une phase de répression. Pour cela, un texte législatif existe depuis 1996.

Ainsi, le Code Pénal du Burkina Faso, dans un chapitre concernant les crimes et délits contre la famille et les bonnes moeurs, réserve une section de trois articles sur les mutilations génitales féminines stipulés ainsi qu'il suit:

- Article 380 : Est puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 150 000 à 900 000 francs ou de l'une de ces deux peines seulement, quiconque porte ou tente de porter atteinte à l'intégrité de l'organe génital de la femme par ablation totale, par excision, par infibulation, par insensibilisation ou par tout autre moyen. Si la mort en est résultée, la peine est un emprisonnement de cinq à dix ans.

- Article 381 : Les peines sont portées au maximum si le coupable est du corps médical ou paramédical. La juridiction saisie peut en outre prononcer contre lui l'interdiction d'exercer sa profession pour une durée qui ne peut excéder cinq ans.

- Article 382 : Est punie d'une amende de 50 000 à 100 000 francs, toute personne qui ayant connaissance des faits prévus à l'article 380, n'en avertit pas les autorités compétentes80(*).

Au niveau sous régional, un plan d'action avait été élaboré en 1996 en Guinée Bissau lors de la première rencontre sous régionale des délégués nationaux en charge de la lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes à la santé de la mère et de l'enfant. Ce plan qui avait défini les objectifs, les activités et stratégies, les lieux, moments, partenaires et moyens de sa mise en oeuvre, est joint en annexe.

Après cette exploration des questions liées à la pratique de l'excision, nous pouvons, à présent, nous interroger sur la pertinence et l'adéquation des moyens de lutte contre cette pratique néfaste sans doute dangereuse pour la santé de la femme.

S'il est indéniable que la tradition est un pilier dans les sociétés qui la pratiquent parce qu'elle contribue à en assurer l'unité et l'harmonie, il n'en demeure pas moins que l'évolution sociale nécessite une réévaluation de certaines habitudes et coutumes, dans le but de renforcer et d'encourager celles qui sont positives tout en essayant de trouver des moyens idoines d'abolir celles qui sont nuisibles.

L'excision est, depuis quelques années, au centre des débats nationaux et internationaux. Cependant, nous pouvons dire que les actions de lutte menées jusqu'à présent au Burkina Faso n'ont pas véritablement abouti aux résultats escomptés. C'est donc ce constat qui sous tend cette étude dans un cas précis.

TROISIEME PARTIE

ANALYSE CRITIQUE DU PLAN INTEGRE DE COMMUNICATION (PIC) DE RADIO VENEGRE

Notre analyse va concerner trois aspects du PIC à savoir le contenu des messages, les supports de communication utilisés et le processus de communication.

CHAPITRE I : LE CONTENU DES MESSAGES

La notion de message fait ressortir deux principaux aspects à savoir la langue et le sens. De ces deux aspects dépendent fortement la compréhension ou non du message et son appropriation ou non par le destinataire. Dans tout processus de communication, la compréhension mutuelle dépend de ce qu'il existe ou non un référent entre les deux pôles émetteur et récepteur. Nous allons dans un premier temps faire ressortir la force de la langue locale dans un système de communication circonscrit à une communauté donnée avant d'analyser l'orientation sémantique des messages véhiculés dans le cadre du PIC.

La langue de communication

1.1.1 Langue locale et identité culturelle

L'identité culturelle est un concept anthropologique qui désigne une période historique pendant laquelle une communauté, un peuple se reconnaît par des valeurs précises dans ses pratiques, ses concepts, ses pensées, ses croyances, son art, etc.  Ainsi l'identité culturelle se définit dans le temps et dans l'espace car les valeurs qui la déterminent ont un caractère dynamique, évolutif.

La langue est l'ensemble des unités du langage parlé ou écrit propre à une communauté ; le langage étant cette faculté que nous avons de communiquer entre nous et d'exprimer nos pensées. Définie de cette façon, l'Afrique compte plus de 1000 langues. Ainsi l'Afrique serait le continent qui compte plus de langues avec une forte densité en Afrique Subsaharienne. Toutes les langues font référence à des formes littéraires, des symbolismes et des techniques de production de biens et services.

La langue fonde l'identité culturelle. Ainsi, la langue est le pilier de la culture. A ce sujet, un éminent spécialiste de la culture africaine, le Malien Seydou Badian KOUYATE disait « ... Par la langue, nous avons ce que le passé nous a laissé comme message et ce que le présent compose pour nous. C'est la langue qui nous lie, et c'est elle qui fonde notre identité. Elle est un élément essentiel et sans la langue il n'y a pas de culture. La langue nous aide à tout interpréter » et il continue « .... Nous étions des dominés, des colonisés et la langue a été pour nous un facteur de libération»81(*).

Au cours de la période de colonisation (même après) l'école était la seule référence dans l'éducation et la formation des enfants. L'éducation familiale était reléguée au dernier plan, les parents étant considérés comme des sauvages. Tous les enfants qui avaient la chance d'aller à l'école ne réfléchissaient plus que par l'école. Ils étaient séparés ainsi et progressivement de leur racine culturelle.

Les programmes enseignés à cette époque (hélas même actuellement encore dans bien de cas) ne pouvaient prendre en compte les facteurs culturels du milieu parce que calqués sur des modèles étrangers véhiculant une culture étrangère aux réalités locales. Les seules références historiques et culturelles étaient les étrangers, les Africains n'étant que des sanguinaires et des sauvages dit-on. Iba N'Diaye du Centre Amadou Hampaté BA (CAHBA) de Bamako disait « ...nous pratiquons à longueur de journées, un déni de reconnaissance de la riche et complexe contribution de nos ancêtres en matière de cultures, de langues et même d'écritures»82(*).

L'étude et la promotion (à travers leur utilisation) des langues africaines sont d'autant plus importantes que leur négligence soit l'une des principales sources de la misère économique de nos populations. « Les élites ayant la charge de concevoir les modèles de développement et les projets de société, puis de mobiliser les populations illettrées et les ressources intérieures et extérieures  autour de ces modèles et projets ne savent même pas comment présenter valablement leurs idées, approches, méthodes de travail, de gestion et d'évaluation à nos communautés. C'est pour cela que nos pères avaient raison de dire que c'est la façon de poser un problème qui en facilite la résolution et c'est la façon de le poser qui en complique la résolution ; alors que dire de celui qui n'a pas une façon de poser son problème ? »83(*).».

Ainsi, les intellectuels africains (les instruits) ont pendant longtemps constitué un obstacle majeur à l'évolution de nos langues locales avec l'argument qu'elles ne permettent pas d'exprimer une pensée scientifique.

1.1.2 La langue utilisée dans le cadre du PIC

La langue utilisée pour véhiculer les messages de sensibilisation dans le cadre du PIC est essentiellement le mooré. Cette langue est la plus parlée au niveau national que local. L'utilisation des langues locales est, en effet, essentielle dans le succès des radios communautaires africaines car elle constitue un facteur d'appropriation des messages de développement ou de sensibilisation qu'elles diffusent.

Dans un processus de mise en oeuvre d'une campagne de sensibilisation ou d'un projet de développement, l'utilisation de la langue du milieu permet à la population ciblée de décoder et de cerner facilement le message à elle destiné. Les supports de communication généralement utilisés pour la diffusion des messages sont étrangers à l'univers culturel des populations rurales africaines. La langue peut, dans ce sens, devenir un facteur conciliant entre ces supports et les populations pour qui elles sont étrangères.

Allant dans ce sens, Moustapha Samb souligne que l'usage d'une langue africaine est une réconciliation avec les population africaines en ce sens que le fait que le Moaaga ou le Fulbé ou encore le Wolof écoute sa propre langue à la télévision ou à la radio crée un rapport de transparence. Cette communication lui apporte confiance non seulement dans l'outil qui cesse d'être distant, mais dans sa propre langue84(*). En fait l'usage des langues locales permet de donner une force au discours auprès des populations qui sont d'ailleurs toujours fières d'entendre leurs langues à la radio.

En somme, l'utilisation des langues nationales combinées aux mass médias constitue un facteur de mobilisation, donc de participation des populations. Et dans un contexte où la grande majorité de la population est analphabète en français, il faut reconnaître que l'utilisation des langues locales est évidemment nécessaire. « C'est d'ailleurs la seule possibilité de rendre la parole aux populations et d'aboutir, rapidement, à une véritable démocratisation de l'expression populaire »85(*).

S'il est vrai que l'utilisation de la langue du milieu crée un rapport de confiance et de reconnaissance vis-à-vis de la population, il convient cependant d'ajouter que ce qui est dit dans cette langue, notamment dans le cadre des communications pour le changement de comportements, doit avoir un lien avec les réalités socioculturelles, religieuses et conceptuelles du milieu.

L'orientation sémantique de l'excision

Les entretiens que nous avons eus avec les populations et certains membres des clubs d'écoute ont mis à nu les divergences de points de vue sur l'aspect négatif ou positif de l'excision. La définition que les personnes rencontrées se font de l'excision est fonction de leur attachement aux valeurs traditionnelles ou non.

Dans cet exercice, nous avons confronté les points de vue de deux publics à savoir les populations bénéficiaires du PIC et les personnes chargées de sensibiliser les populations sur les effets néfastes de l'excision. Ainsi, il se dégage deux tendances qui abordent soit l'aspect négatif de la pratique de l'excision, soit son aspect positif conformément à sa connotation culturelle et traditionnelle.

1.2.1 L'excision : une pratique négative à bannir

Les noyaux relais, chargés de pérenniser la diffusion des messages de sensibilisation pour le compte du PIC au niveau des villages que nous avons rencontrés sont unanimes pour dire que l'excision est une pratique aux effets néfastes qu'il faut à tout prix bannir. « Nous avons suivi au départ une formation avec les gens du comité de lutte contre l'excision qui nous ont appris que l'excision est une pratique qui présente de nombreux risques pour la femme et c'est ce que nous disons à nos parents 86(*)».

Selon les fiches de sortie jointes en annexes, l'essentiel des messages tourne autour de la mauvaise cicatrisation des blessures qui cause de graves difficultés lors des accouchements, des cas où le bout de l'urètre est coupé et les urines coulent sans arrêt, du traumatisme subi par la femme du fait de l'endommagement de son sexe et des risques de contagion du SIDA dus au matériel utilisé pour l'opération.

Pour renforcer l'effet recherché par ce genre de discours, les noyaux relais ont tendance à brandir la menace de la loi sur les mutilations génitales féminines. Ils semblent persuadés que la menace de la répression peut amener les populations qui pratiquent l'excision à abandonner cette pratique. « Nous savons que nos parents ont peur de la prison, donc pour les effrayer davantage et les amener à abandonner cette mauvaise pratique, nous leur apprenons que la loi condamne toute personne qui fait exciser sa fille 87(*)». Cette tournure est la résultante d'un constat ou plus d'une conviction : « nous connaissons nos parents, nous savons qu'ils ne croient pas en ce que nous leur disons. C'est pourquoi nous sommes obligés de les menacer88(*) ».

Un des slogans des campagnes de sensibilisation est intitulé ainsi qu'il suit : «Sauvons la vie de nos filles ; donnons leur la chance de s'épanouir dans leur foyer en bannissant à jamais l'excision ». En d'autres termes, l'excision rime avec la mort, le désenchantement, le malheur. Une telle vision de l'excision est forcément contraire à celle que défendent les populations à la base ce qui exprime la méprise de la représentation que ces populations se font de l'excision. Il y a par conséquent une sorte de réticence vis-à-vis des messages véhiculés.

Il n'est, certes pas question de dire aux populations que l'excision est une bonne chose. Cependant, il faut éviter de leur donner l'impression qu'elles ont toujours été des criminels depuis qu'elles pratiquent l'excision. La démarche n'est pas participative en ce sens que l'orientation sémantique de l'excision dans le cadre du PIC est définie de manière unilatérale sans aucune prise en compte de la conception culturelle et traditionnelle de celle-ci. C'est l'une des raisons qui justifient la réticence des populations quant à l'abandon de cette pratique. Il convient, au préalable, de se poser la question de savoir qu'est ce que l'excision pour les populations concernées.

1.2.2 La réticence sur la négativité de l'excision

D'une manière apparente, les populations sensibilisées sur les effets néfastes de l'excision semblent quelques fois réticentes quant à l'appropriation des messages véhiculés par les organisations qui luttent contre cette pratique. L'illustration de cette réticence réside dans le fait que dans toutes les provinces du Burkina Faso, elle prévaut toujours même si elle est pratiquée en cachette. Cette situation s'explique par le fait qu'il y a un déphasage entre elles et ces organisations sur la réalité conceptuelle de l'excision dû au manque d'une approche participative imputable aux organisations de lutte.

En effet, loin d'être considérée comme une pratique néfaste, l'excision est plutôt perçue comme un symbole de la maturité de la femme. Elle exprime la propreté, la féminité de la femme dans les sociétés où elle est pratiquée. « Chez nous, on ne considère pas l'excision comme quelque chose de mauvais. Une femme non excisée est considérée comme sale, immature et incapable de tenir un foyer et c'est pourquoi, à notre époque, cette femme ne pouvait avoir un mari 89(*)». Cela est d'autant vrai que dans certaines sociétés, la femme non excisée est l'objet de la risée publique.

La réticence vient aussi du fait que la pratique de l'excision est d'une origine multi séculaire et qui a résisté au temps. « Nous sommes nés quand l'excision se pratiquait déjà, nous l'avons vécu à notre tour et jamais nous avons eu des difficultés pour accoucher à part les douleurs normales du travail. Moi qui vous parle, j'ai onze enfants 90(*)». L'argument de la mort brandi par les organisations de lutte contre la pratique de l'excision ne convainc pas ceux qui la pratiquent car pour eux, la mort est liée à la volonté de Dieu d'où l'expression populaire « c'est Dieu qui a donné, c'est Dieu qui a repris ».

Il est difficile de faire comprendre aux populations que l'excision a effectivement des effets néfastes si leur vision de cette pratique n'est pas prise en compte dans la conception des messages de sensibilisation à travers une démarche participative. « Tout le monde est unanime pour reconnaître aujourd'hui que le développement ne saurait se réaliser sans une prise de conscience vigoureuse de ceux qu'il concerne et sans leur participation en vue d'un développement endogène, c'est-à-dire conçu de l'intérieur91(*) ». Cette exigence de la communication pour le développement est capitale dans l'atteinte des objectifs d'un programme de développement ou d'une campagne de sensibilisation.

« Sauvons la vie de nos filles ; donnons leur la chance de s'épanouir dans leur foyer en bannissant à jamais l'excision », tel est le slogan de l'une des campagnes que nous avons déjà évoqué plus haut. C'est un slogan conçu pour la forme, de l'extérieur sans aucune consultation ou considération des concernés. « Nous concevons les slogans et messages que nous proposons aux agents techniques de l'UNICEF et du CNLPE chargés de suivre la mise oeuvre du PIC » témoigne monsieur SAWADOGO Jean Baptiste, directeur de la radio Vénégré. La relation pédagogique est, dans ce cas, distante et elle ne favorise pas une relation cohérente en ce sens que la partie émettrice s'enferme sur son thème, son message92(*). Elle est dans une sorte de monologue car son cadre de référence est différent de celui du groupe cible93(*).

Pourtant, la participation active des populations est désormais reconnue comme une condition essentielle au processus de développement.  Aujourd'hui, l'humain est au centre du développement qui n'est donc plus dirigé vers les bénéficiaires mais résulte plutôt de leur engagement et de leur effort.94(*)

Pour une bonne prise de conscience des populations, il aurait fallu que le message ait un lien avec leurs réalités afin qu'elles s'y retrouvent. Dès lors, la question n'est plus de concevoir et de diffuser des messages, mais bien plus de veiller à l'adéquation de leurs conditions de réceptivité, soutient Monsieur Yao AHADE95(*). Il s'agit, par exemple, de chercher à savoir au préalable, surtout du côté des femmes, si elles n'ont jamais rencontré une difficulté liée à l'excision soit pendant l'opération, soit après avoir été excisée. La réponse à cette question peut s'obtenir auprès des exciseuses, auprès des mères qui assistent les femmes pendant l'accouchement au village ou au niveau des femmes excisées tout simplement.

Si la démarche est menée avec diplomatie, il est possible qu'elles acceptent de témoigner qu'elles ont déjà été confrontées à un problème lié à l'excision. En ce moment, la conception du message de sensibilisation peut partir de là et l'avantage ici, c'est que ceux à qui le messages est destiné sont mis devant les faits car ils auraient eux-mêmes vécu un problème lié à l'excision.

Certes, ce n'est pas parce qu'il y a eu déjà un problème lié à l'excision d'une personne que ceux qui la pratiquent vont tout de suite conclure que cette pratique est dangereuse pour la femme. Cependant, la prise en compte de leurs expériences en plus de l'exposition d'autres faits vécus ailleurs peut augmenter le degré de conviction que porte le message. C'est pourquoi, formulant des recommandations pour la campagne contre l'excision en Guinée, les auteurs d'une enquête sont arrivés à la conclusion suivante : « Pour mieux comprendre comment intervenir, nous devrions faire une étude qui comprend des observations de l'excision et des rapports d'évènements malheureux qui viennent de se passer. De telles informations pourront nous aider à savoir comment nous adresser aux populations 96(*)».

1.2.3 L'argument de la répression : Source de conflits

« Dans le village de Wavussé, le chef du village et vingt autres personnes ont été emprisonnés pendant un mois à la maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou pour avoir fait exciser leurs filles. Ils ont été dénoncés par les noyaux relais qui sont eux-mêmes originaires du village. Cette arrestation à susciter le mécontentement de la population qui s'est plus tard opposé à l'arrivée des acteurs du PIC dans le village pour une autre campagne de sensibilisation. L'argument brandi était que le chef a été humilié par cette arrestation et que désormais, ils n'accepteraient plus que des gens viennent leur parler de l'excision » témoigne monsieur SAWADOGO Jean Baptiste, directeur de la radio Vénégré.

Cette expérience de Wavussé qui s'est répandue dans les villages environnants a développé chez les populations une certaine méfiance vis-à-vis des personnes militant dans des organisations de lutte contre l'excision. « Nous faisons l'objet de menace au sein de nos villages respectifs et les villageois ont tendance à nous écarter de la vie du village parce que nous sommes des noyaux relais du PIC » témoigne le président des noyaux relais de la radio, monsieur SINARE Boukari. La répression est porteuse d'humiliation dans un environnement où la dignité et l'honneur sont des valeurs cardinales et dont la non considération peut être source de rejet de toute communication ou information.

CHAPITRE II : LES SUPPORTS ET TECHNIQUES DE COMMUNICATION UTILISES

Toute stratégie de communication pour le développement a besoin d'utiliser des supports et techniques de communication pour appuyer la stratégie dans le sens de l'atteinte des objectifs poursuivis. Le choix de ces supports et techniques de communication est essentiel en ce sens qu'il peut, en raison de sa pertinence, influencer le réception du message véhiculé. Ils doivent être fonction de leur degré d'accessibilité et des caractéristiques socioculturelles du public cible.

Dans le cadre du PIC, les principaux supports et techniques de communication utilisés sont la radio, le théâtre forum et les projections vidéo. Dans ce chapitre, il sera question pour nous d'apprécier la pertinence ou non de instruments de communication par rapport aux caractéristiques socioculturelles de la population cible.

2.1 La radio : un instrument intégré à la société africaine

Comme nous l'avons déjà signifié dans notre revue de littérature, la radio est un média de masse et de proximité qui a évolué rapidement en Afrique et qui a été très vite approprié par les africains depuis des décennies.

Devenue populaire et familière aux Africains, la radio peut être un canal favorable à la diffusion d'informations et de messages de développement dans tous les domaines et dans toutes les langues locales permettant ainsi de surmonter toutes sortes de contraintes liées à l'analphabétisme.

L'intégration réussie ou l'appropriation de la radio par les Africains tire ses raisons dans l'adéquation de ce médium avec un système de communication traditionnel marqué par l'oralité.

La capacité d'adaptation de la radio dans un contexte traditionnel où le processus communicationnel est assez complexe lui a valu de remplacer peu à peu les moyens traditionnels de diffusion d'information d'antan que sont les tambours, les sifflets etc.

En somme, la radio est un instrument qui présente beaucoup d'atouts d'abord à cause de sa force de mobilisation et de sa capacité à amplifier le message, ensuite à cause de sa capacité à s'adapter à la langue du milieu, à l'oralité comme système de communication et enfin à cause de sa proximité. L'absence de données quantitatives ne nous permet pas d'affirmer que la radio Vénégré répond à ces avantages généralement reconnus à la radio, cependant, plusieurs chercheurs, dans leurs études, convergent sur la pertinence de la radio en tant qu'instrument de mobilisation qui favorise la participation.

2.2 Le théâtre forum 

Dans le cadre du PIC, le théâtre forum est utilisé et le processus de sensibilisation se fait en trois étapes. Dans un premier temps, les comédiens présentent une scène au public qui aborde à la fois trois sujets qui s'inscrivent dans la logique de l'acte de l'excision, les conséquences immédiates ou postérieures et la menace de la loi ou la répression. Ensuite, les spectateurs sont invités à imiter la scène et à proposer leurs propres solutions et enfin, le processus se termine par des échanges d'éclaircissements. Leur démarche a l'avantage de faire participer les spectateurs et permet de savoir leur position quant à la résolution du problème posé.

Dans la forme, l'exemple du PIC est conforme à la démarche du théâtre forum.

Cependant, il importe de se poser la question de savoir si la cible a été bien déterminée. Ceux qui se mobilisent pour le théâtre forum sont, pour la majorité, des jeunes à qui il n'incombe pas la décision de faire exciser ou non une fille. «On a souvent l'impression que l'humour prend le dessus sur la thématique. Ce sont les enfants qui généralement se mobilisent autour du théâtre forum alors que l'excision est une affaire d'abord de vieilles personnes 97(*)». Cette situation nous amène à nous interroger sur la relation entre le public et le théâtre forum comme outils de communication et d'information.

En effet, les populations ne voient pas la spécificité du théâtre forum par rapport au théâtre humoristique traditionnellement présenté lors des journées culturelles villageoises. Elles sont généralement plus intéressées par les gestes et paroles comiques au détriment de la thématique abordée par le scénario. Cet attachement aux talents des comédiens est dû au fait que ce sont ceux qui ont l'habitude de jouer dans les villages pour le théâtre ordinaire qui jouent aussi lors des théâtres forum. « Les acteurs qui présentent les scènes sont ceux qui ont l'habitude de jouer dans leur localité et qui sont reconnus comme étant de grands comédiens, c'est-à-dire qu'ils savent amuser les gens» témoigne Jean Baptiste SAWADOGO. En réalité, le théâtre forum tel qu'il a été défini, même s'il contient une dose d'humour, doit réveiller une certaine émotion chez le spectateur, et c'est d'ailleurs pourquoi il est inspiré de faits réels dont le dénouement est dramatique, voire pathétique.

« La fonction principale du théâtre forum est de toucher la sensibilité du spectateur » soutient Anne DHUQUOIS. Les acteurs doivent, au préalable suivre une formation afin de mieux s'imprégner de la thématique et être suffisamment conscients du l'objectif poursuivi.

En outre, si le théâtre forum se déroule en trois étapes (présentation de la scène, mimique par les spectateurs et échanges d'éclaircissement), c'est bien pour que le message soit bien compris. Autrement dit, ces trois étapes sont complémentaires dans le sens de produire effectivement l'effet recherché.

Il convient, entre autres, de relever le manque de formation préalable des comédiens dont les attitudes, souvent, sont en contradiction avec le message qui en principe devrait être véhiculé. Par exemple, une séquence où il y a mort d'homme ne doit pas être présentée avec de l'humour.

CHAPITRE III : LES ACTEURS IMPLIQUES DANS LA MISE EN OEUVRE DU PIC

Il est aujourd'hui indéniable, au regard de l'organisation socioculturelle des sociétés rurales africaines, qu'il existe un système de circuits authentiques et performants de communication où l'homme et la relation interpersonnelle qu'il établit avec son semblable jouent un rôle important. On note, en effet que les flux d'information d'une efficacité éprouvée transitent obligatoirement par des hommes et des femmes investis d'une considération particulière par leurs concitoyens.

Le choix des personnes impliquées dans un processus de communication est important tant les caractéristique de ces personnes ont une grande influence sur les conditions de réceptivité des messages qui sont véhiculés. Il sera question pour nous, dans cette partie, de passer en revue les caractéristiques des acteurs impliqués dans la mise en oeuvre du PIC. Mais avant, nous allons aborder le rôle et la place des leaders d'opinions dans les sociétés traditionnelles africaines.

3.1 Rôle et place des leaders d'opinion dans les sociétés africaines

Un leader d'opinion est une personne qui, au regard d'une certaine crédibilité et exemplarité, bénéficie de la confiance de ses concitoyens. Ainsi, sa parole est crédible et il possède une force persuasive. Dans les sociétés traditionnelles africaines, le règlement de litiges, la sensibilisation, les initiations et cérémonies rituelles sont exercés par des personnes particulières. Ils représentent les principaux conseillers du village et sont une référence pour les questions touchant aux us et coutumes.

La prise de parole dans les sociétés traditionnelles africaines se fait en fonction de plusieurs paramètres à savoir l'âge, le sexe, la fonction sociale. Les leaders d'opinion sont incontournables dans les projets de sensibilisation en milieu rural car ils sont ceux là même qui donnent une force à la parole. Des chercheurs ont travaillé sur les caractéristiques de ces personnes dans les sociétés africaines à partir de l'exemple de la préfecture de Yoto au Togo où ils ont étudié le concept de « Du N'ku »98(*).

La recherche a fait découvrir que « Du N'ku » a des ramifications dans plusieurs cultures africaines. En effet, à partir du préfixe « Du », on retrouve une affiliation dans les mots qui désignent les animateurs sociaux du village dans plusieurs sociétés. Ainsi on a « Du Bkpi » qui signifie le père en peuhl, « Dugu KARFE juru » qui signifie l'homme qui tient le mors du village en Bambara, « Dugu Karato » qui signifie celui qui est le téméraire du village en Bambara, « Dugulin » en Bambara et « Dugu maa  korobaw » qui veut dire les personnes âgées, les sages du village en Bambara99(*). Dans tous les cas, « il (Du N'ku) doit être celui-là qui connaît son milieu, nourri de la sève du terroir. L'histoire, la culture, les croyances, les modes de dévotion du pouvoir séculier lui sont familiers. Lorsqu'il les raconte, tous ces locutés doivent se reconnaître en lui, sur un schéma de vérité absolue 100(*)».

Par ailleurs, les résultats de l'étude ont révélé cinq qualités pour être « l'oeil du peuple » à savoir qu'il doit être l'émanation du corps social et y vivre tous les jours, en partageant le même vécu commun, posséder un savoir approfondi du milieu de vie, avoir la crédibilité de la parole (acte conforme au dit), faire preuve d'une conduite socio morale d'exemple (conforme à l'axiologie en vigueur), témoigner d'une excellente aptitude pédagogique (enseigner par l'exemple, par la clarté et par la fidélité au texte oral).

Dans chaque société traditionnelle, chaque thème social est abordé par une personne habilité à en parler et elle est connue par les habitants du village de sorte que  lorsque l'administration confie le message d'ordre social, politique, culturel, économique, éducatif... à quelqu'un qui n'est pas, aux yeux de sa communauté, la personne indiquée pour en parler, les villageois se moquent du choix fait : « dites donc ! C'est celui-là qui vient dire ceci ! Non ! Il n'en a pas la qualité 101(*)».

En somme, le choix des personnes relais dans la mise en oeuvre d'un programme de sensibilisation doit obligatoirement être porté sur des leaders d'opinion dont la force de la parole est indéniable.

3.2 Les profils des acteurs impliqués dans le PIC

La mise en oeuvre du PIC a nécessité l'implication de plusieurs acteurs tant au niveau urbain que rural. Dans cette partie, nous nous proposons d'analyser la qualité de chaque acteur à jouer pleinement son rôle de communicateur pour une plus grande efficacité de la campagne.

3.2.1 La représentation de l'UNICEF et du CNLPE dans le PIC

Comme cela a été mentionné antérieurement, le PIC est une initiative de L'UNICEF en collaboration avec le CNLPE. Il s'agit d'une approche communicationnelle multimédia pour montrer les effets néfastes de l'excision aux populations qui la pratiquent. Le rôle de chaque structure est bien défini dans l'exécution du PIC.

Si l'UNICEF apporte un soutien matériel et financier dans la mise en oeuvre du PIC notamment par la dotation de vélos, de supports didactiques, de véhicules, le CNLPE est, quant à lui, chargé d'apporter un appui technique notamment par la formation, les conseils et l'encadrement de ceux qui sont chargés d'animer le PIC sur le terrain. Leur rôle est d'autant plus important car il s'agit avant tout de donner les rudiments nécessaires aux acteurs sur le terrain afin que ceux-ci soient à même d'approcher les populations avec délicatesse pour que les objectifs de la campagne soient atteints.

Cependant, cet élément essentiel de la pédagogie de la communication pour le développement est absent dans le processus  à part quelques formations ponctuelles et éphémères qui ne permettent pas une bonne imprégnation des principes de la communication participative par les acteurs sur le terrain. La conséquence directe de cette insuffisance réside dans le fait qu'une fois retournés dans leur milieu, les acteurs formés n'ont pas la compétence nécessaire pour, à leur tour, former leurs collègues.

3.2.2 Le personnel de la radio Vénégré et les noyaux relais

L'absence de la formation en communication pour développement comme préalable à la mise en oeuvre du PIC est beaucoup plus perceptible au niveau du personnel de la radio, premier responsable du PIC sur le terrain. « Le personnel de la radio n'a reçu jusque là aucune formation en communication pour le développement. Je suis le seul à avoir participé à un séminaire de formation sur la communication pour le développement animé par le professeur Serge Théophile BALIMA de l'université de Ouagadougou ce qui me permet d'avoir quelques notions » témoigne monsieur Jean Baptiste SAWADOGO, directeur de la radio.

Si le principe de la formation était de permettre aux participants d'inculquer à leur tour ce qu'ils ont appris lors du séminaire à leurs collègues, la courte durée de celle-ci n'a cependant pas permis aux participants de maîtriser les différents concepts afin de mieux jouer leur rôle de relais dans leurs milieux respectifs. En outre, « nous n'avons pas eu de séance de recyclage et je peux vous affirmer qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de choses qui m'échappent » renchérit monsieur Jean Baptiste SAWADOGO.

Le processus d'élaboration d'une stratégie de communication pour le développement102(*) montre bien dans le volet opérationnel que la formation et le renforcement des capacités constituent une étape charnière de toute stratégie de communication pour le développement. En effet, « la formation permet de doter les acteurs impliqués dans l'exécution de la stratégie de connaissances, attitudes et compétences nécessaires à l'accomplissement efficace de leur rôle pour la réussite de la stratégie103(*) ».

D'une manière générale, les noyaux relais sont eux aussi confrontés au problème de formation. Les connaissances qu'ils possèdent sont exclusivement relatives aux conséquences négatives de l'excision, à la législation en la matière. Cependant, ils n'ont aucune formation de base en communication pour le développement ce qui pose le problème de l'efficacité de la transmission des messages de sensibilisation. Il est, certes, important de savoir de quoi on parle, mais il est encore mieux de savoir comment en parler.

La communication participative doit être placée au centre de la problématique de la lutte contre la pratique de l'excision en ce sens que c'est la manière dont un problème est posé qui peut amener les acteurs à s'engager résolument dans la voie de la résolution du problème ou à accepter véritablement le message de sensibilisation véhiculé.

3.2.3 « La crise des vélos »

Un autre problème réside dans le fait que, souvent, certains membres des noyaux relais ont des attitudes contraires à ce qu'ils enseignent et cela, nous en avons eu la preuve le 08 décembre 2005 à Ziniaré lors d'une réunion de préparation d'une cérémonie de remise de vélos qui devait se tenir le 23 décembre 2005 dans la même ville.

En effet, la parole avait été donnée à l'assemblée pour qu'elle s'exprime sur les difficultés qu'elle rencontre dans les campagnes de sensibilisation. Etaient présents à cette rencontre des membres de noyaux relais et de comités villageois de lutte contre l'excision de plusieurs villages ainsi que le directeur de la radio Vénégré qui dirigeait la réunion. C'est ainsi que Boukari SINARE, par ailleurs président de la fédération des noyaux relais a pris la parole en mooré pour fustiger des membres qui n'ont pas d'attitudes exemplaires. « Nous savons qu'il y a des personnes assises parmi nous qui se sont engagées à lutter contre l'excision en adhérant à la fédération des noyaux relais qui, pourtant, viennent de faire exciser leurs filles récemment. Je préfère taire les noms, mais cela discrédite à la fois tous ceux qui sensibilisent leurs parents et amis sur les effets néfastes de l'excision ».

Lorsque nous avons approché Boukari SINARE après la réunion pour en savoir plus, il nous a ouvertement confié que les gens s'engagent dans la lutte contre l'excision à cause des vélos qui leur sont offerts pour leur déplacement. « Au début, les gens refusaient de s'engager parce que, selon eux, il n'y a rien dedans. Quand l'UNICEF a commencé à offrir des vélos à ceux qui s'étaient engagés pour leur permettre de se déplacer, les autres ont commencé à vouloir intégrer les noyaux relais et les comités villageois sans forcément être convaincu de leur engagement »104(*). Cette situation traduit le fait que la démarche de communication n'a pas permis aux populations de s'approprier réellement les enjeux de la lutte contre l'excision.

En somme, les noyaux relais, sous peine de déchéance, doivent être irréprochables sur bien de plans. Ils doivent inspirer la confiance des autres membres de la communauté à travers leur exemplarité et des qualités intrinsèques reconnues par tous, tout en se gardant de les décevoir. « C'est à ce prix qu'ils pourront jouer, en permanence, les multiples rôles pour lesquels ils sont constamment sollicités 105(*)».

3.3 Implication des femmes dans le PIC

Pendant longtemps s'est imposée une perception androcentrique des structures sociales. En effet, les concepts élaborés pour rendre compte de l'ensemble de la vie sociale laissaient dans l'ombre la part féminine, ignorée, ou implicitement considérée comme subordonnée, marginale. Les modèles utilisés par les spécialistes du développement ont longtemps implicitement reposé sur l'idée que la différence des sexes fonde une division naturelle du travail. La subordination de la femme persiste encore dans les sociétés africaines où elle est plus perceptible.

Pourtant, la question de l'excision est, malgré tout, une affaire d'hommes et de femmes de sorte qu'il faut obligatoirement tenir compte de l'approche genre dans les stratégies de lutte. Aujourd'hui on reconnaît que la prise en compte du genre est une condition d'efficacité et d'équité des stratégies de développement économique et social. Une enquête réalisée en 2001 sur la prévalence de l'excision au Burkina Faso indiquait que la décision d'exciser est prise par la grand-mère dans 57,1% des cas, par la mère dans 17,5% des cas, par les tantes dans 13,6% des cas et enfin par le père dans seulement 8% des cas106(*).

Ces chiffres font ressortir la responsabilité de la femme dans la pratique de sorte qu'elle doit fortement être impliquée dans la lutte contre cette pratique.

En effet, les femmes occupent une place importante dans l'architecture sociale de toute société. Elles représentent à l'heure actuelle plus de 52% de la population au Burkina Faso. Mais en dépit de leur rôle socio-économique de premier plan, elles restent sous représentées, parfois, totalement exclues des instances et des lieux de décision. D'ailleurs, la conclusion générale qui se dégage d'une centaine d'études réalisées par les Nations Unies et les organisations internationales est qu'aucun Etat au monde ne traite ses femmes comme ses hommes107(*).

Au regard donc des pesanteurs psychologiques et socioculturelles qui font que la femme en Afrique n'a pas toujours une liberté d'expression surtout en présence des hommes, il importe qu'elle fasse l'objet d'une stratégie spécifique. Cela répond au principe de la segmentation de la cible en tenant compte des caractéristiques de chaque partie prenante.

3.4 De la méthode d'évaluation du PIC

L'évaluation est l'une des étapes importantes de la mise en oeuvre d'une stratégie de communication. Cependant, il ne suffit pas d'évaluer pour remplir une simple formalité, mais de rechercher, par le biais de cet exercice les moyens d'améliorer la mise en oeuvre de la stratégie. Pour cela, il faut que l'évaluation soit participative afin de pouvoir déceler les réelles insuffisances de la stratégie pour son amélioration véritable.

Généralement, il est donné d'observer que les évaluations réalisées dans le cadre de bon nombre de projets répondent à des impératifs institutionnels comme l'a souligné Alfonso G. DAGRON. En effet, cet auteur mène, dans son livre intitulé  Ondes de choc,  une critique sur l'évaluation participative qui est un maillon essentiel du processus participatif de la communication pour le développement.

Même si les bénéficiaires sont progressivement mais insuffisamment impliqués dans les étapes de planification et de mise en oeuvre des projets, il demeure cependant que l'étape d'évaluation reste, en général, un exercice réservé aux agences de coopérations108(*). L'évaluation est donc de ce point de vue vertical et étranger aux bénéficiaires.

Le fait que les bailleurs ou les agences d'exécution évaluent eux-mêmes leurs projets influence la qualité des résultats. Le degré d'objectivité des auditeurs risque d'être affecté d'autant plus qu'ils dépendent de futurs contrats avec ces mêmes organisations ou d'autres semblables.

Dans le cadre du PIC, aucune évaluation véritable n'a encore été réalisée depuis sa mise en oeuvre ni par ceux qui sont chargés de sa réalisation sur le terrain, ni par les structures qui assurent sa tutelle. « Nous n'avons pas encore procédé à une évaluation en tant que telle. Mais le Comité National de Lutte nous a informé de son projet de faire une évaluation du PIC au plan national dans le courant de 2006 109(*)».

Cette insuffisance est une entrave à toute tentative d'amélioration du plan car il n'y a pas d'indicateurs de performance ou non. La déduction logique qu'une telle situation peut engendrer est que chaque année, il y a une nouvelle programmation du PIC et les actions se suivent et se ressemblent avec les mêmes insuffisances. L'étape d'évaluation est un maillon essentiel dans le processus de la communication pour le développement car elle permet de réajuster la stratégie pour une nouvelle mise en oeuvre.

En outre, il est ressorti de nos entretiens que le responsable du PIC au niveau local n'a pas une idée claire de la notion d'évaluation. « Cependant, nous avons des informations qui nous parviennent et qui nous permettent d'évaluer sur place la mise en oeuvre du PIC110(*) ». En fait, il s'agit de rapports des campagnes de sensibilisation ponctuelles appelés fiche de sortie que les noyaux relais font parvenir à la radio pour justifier la tenue et décrire l'activité réalisée.

Nous proposons deux exemples de fiche de sortie jointes en annexe. Nous proposons de nommer dans l'ordre la première fiche « fiche 1 » et la deuxième « fiche 2 ».

Nous pouvons remarquer que d'une manière générale, les deux fiches donnent des informations sur le déroulement d'une activité, relatives à l'intitulé de l'activité, au nombre de personnes ayant participé à cette dernière, l'appréciation de la participation de la population, aux préoccupations de la populations, aux difficultés rencontrées lors de la réalisation de l'activité et enfin, le sentiment des organisateurs de l'activités. A première vue, nous pouvons constater qu'il y a, par moment, des confusions sur la nature des informations.

Concernant, par exemple, l'intitulé de l'activité, il ressort que les rapporteurs n'ont pas toujours une bonne compréhension de ce qui est demandé. « L'activité a été bonne, les chrétiens, les musulmans etc. ont bien écouté et compris que l'activité s'est bien déroulée et bien terminée 111(*)». Ici, le rapporteur se presse de donner son appréciation marquée par une satisfaction subjective car, en réalité, rien ne lui permet d'affirmer que la population a été attentive et surtout qu'elle a compris le message qui lui a été transmis.

En outre, le rapporteur se contredit lors de son commentaire où il témoigne que « Au moment qu'ils étaient venus, les gens ont voulu repartir chez eux, mais par la grâce de Dieu, ça n'a pas été le cas, donc ça s'est bien passé112(*) ». Même si l'expression est confuse, il ressort au niveau du sens qu'il y a une résistance à assister à l'activité ou un doute. Il est impossible de dire, dans ce cas, qu'il n'y a pas eu de difficultés et que tout s'est bien passé. Une approche participative voudrait que les commanditaires de l'activité cherchent la raison de la résistance afin de trouver des moyens pour éviter de tels incidents pour les activités futures.

La crédibilité et la sincérité des informations données sur les fiches de sortie ne sont pas évidentes d'autant plus que sur la deuxième fiche aussi, il y a une grande contradiction dans les faits. Dans son commentaire, le rapporteur de la fiche 2 égrène une kyrielle de doléances pour l'amélioration de leurs conditions de travail alors que, paradoxalement, il soutient qu'au niveau des difficultés, il n' y a rien à signaler113(*).

Nous pensons que ces confusions sont dues au fait que les meneurs des activités ne sont pas formés à l'usage des fiches ou qu'ils cherchent à travers ces informations à se donner de bonnes notes quant à la qualité de l'activité. Cela est d'autant vrai que presque tous les rapporteurs ont tendance à être satisfaits et font ressortir que la campagne a été bonne.

Il convient de rappeler que la qualité d'une évaluation participative n'est pas de dire qu'il y a eu un grand nombre de participants ou que les échanges se sont bien déroulés. En tous les cas, de telles informations ne révèlent pas les insuffisances et les contraintes rencontrées de sorte qu'il est quasiment impossible d'améliorer la stratégie. Les informations que donnent les fiches de sortie ne sont pas fiables à telle enseigne que les responsables du PIC ne devraient pas seulement les considérer pour tirer des conclusions satisfaisantes sur le déroulement des activités.

Nous estimons qu'après avoir mis en oeuvre le PIC quatre fois, il est nécessaire de vérifier la pertinence de la stratégie. Il n'est pas tout à fait sûr que la mise en oeuvre du PIC donne déjà des résultats sur le terrain car il s'agit, avant d'un problème touchant aux mentalités et dont la transformation est latente. N'empêche, cependant, qu'une évaluation sur la démarche soit menée pour dégager des éventuelles insuffisances à corriger.

Conclusion partielle

Au terme de la réflexion que nous avons menée dans cette partie, les conclusions qui peuvent être tirées se situent principalement à trois niveaux que sont les supports et techniques de communication utilisés, le contenu des messages véhiculés et la démarche d'élaboration et de mise en oeuvre du PIC. Les études sur la radio et le théâtre forum tendent à montrer que ces instruments de communication sont des médias de masse qui exercent un réel pouvoir de transformation sociale. Ils présentent l'avantage d'être plus facilement accessibles et de s'adapter aux réalités linguistiques et culturelles du milieu tout en favorisant la participation des populations locales. La radio Vénégré et le théâtre forum, en d'autres termes, la communication de masse dans le cadre du PIC ne saurait faire l'exception. . Cependant, il est important d'ajuster ce qu'il faut dire à la radio ou dans une pièce de théâtre, en d'autres termes, dans une communication de masse car l'intérêt des populations pour les sujets débattus en dépend. Joseph T. Klapper affirmait dans ce sens que : « D'ordinaire, la communication de masse n'est pas une cause nécessaire et suffisante pour produire un effet sur le public ; elle fonctionne plutôt parmi et à travers une connexion de facteurs et influences médiateurs114(*) ».

L'excision présentée comme une violence faite à la femme est en contradiction avec la conception culturelle généralement admise dans les sociétés qui la pratiquent. S'il est nécessaire, dans ce cas, d'ajuster le message pour éviter qu'il soit rejeté, il convient de préciser que cela n'est qualitativement possible qu'à travers une démarche communicationnelle suffisamment participative qui permette de comprendre et de considérer les représentations sociales de celle-ci.

CONCLUSION GENERALE

La pratique de l'excision est un phénomène qui fait, aujourd'hui l'objet d'une campagne de lutte en vue de son éradication au plan national qu'international. Au Burkina Faso, la volonté de lutter contre cette pratique s'est manifestée par plusieurs actes dont les principaux sont relatifs à la création du Comité National de Lutte contre la Pratique de l'Excision (CNLPE) en 1990 et à l'adoption dans le code pénal de trois articles sanctionnant cette pratique en 1996.La lutte contre l'excision au Burkina Faso est donc caractérisée par deux aspects à savoir la sensibilisation et la répression.

Les médias se sont avérés au fil des temps être des moyens à travers lesquels la lutte contre l'excision peut se mener efficacement. C'est dans ce sens que des approches de communications ont été élaborées pour accompagner les campagnes de sensibilisation parmi lesquelles le Plan Intégré de Communication (PIC) est la plus récente au Burkina Faso. Il s'agit en effet d'utiliser des radios locales à vocation communautaire ou associative pour véhiculer des messages de sensibilisation sur l'excision. Le PIC est une initiative soutenue par l'UNICEF et dont la mise en oeuvre incombe au CNLPE.

Si la communication est désormais reconnue comme étant l'élément essentiel de la lutte contre l'excision, il demeure cependant que son efficacité dépend de la qualité de sa mise en oeuvre. De nos jours, il est assez notoire que l'approche participative doit sous tendre toute stratégie de communication pour le changement de comportement en ce sens qu'elle conditionne positivement la réceptivité des messages émis.

En essayant de travail sur le thème « Lutte contre l'excision au Burkina Faso: l'expérience du Plan Intégré de Communication de Radio Vénégré», nous voulions faire ressortir les forces et les faiblesses de la mise en oeuvre de cette nouvelle approche communicationnelle. Nous sommes parti de l'hypothèse selon laquelle le PIC de Radio Vénégré n'est pas assez participatif aussi bien dans son processus d'élaboration que dans sa mise oeuvre pratique.

Au terme de notre analyse, nous pouvons tirer quelques conclusions principales relatives au contenu des messages de sensibilisation, aux supports de communication, aux acteurs impliqués dans le PIC et au processus d'élaboration du PIC.

Du contenu des messages

Si nous admettons que la sensibilisation doit être menée avec des messages qui sont le résultat d'une négociation régulière et sincère où les points de vue sont discutés et comparés, il apparaît que les messages de sensibilisation dans le cadre du PIC ne s'inscrivent pas dans cette perspective. En effet, les campagnes d'information ont tendance à se focaliser plus sur les aspects négatifs et les risques de répression pour ceux qui pratiquent l'excision. L'aspect négatif de l'excision est une réalité qui n'est pas partagée par ceux qui la pratiquent d'où la nécessité de négocier l'abandon de cette pratique. La répression ne peut intervenir dans une situation où tout le monde est convaincu que l'acte est préjudiciable à la santé et aux droits élémentaires de la femme. Pourtant, ce n'est pas encore le cas d'où l'exclamation de cette dame en ces termes « comment on peut emprisonner des gens tout simplement parce qu'elles respectent leurs traditions »115(*). Le véritable problème est de voir comment amener les personnes concernées à abandonner l'excision sans créer une situation de conflit avec elles. Pourtant, brandir la menace de la loi dans les campagnes de sensibilisation ne fait que créer une atmosphère de méfiance et de discrétion car « l'excision se fait de plus en plus dans la clandestinité. D'autres préfèrent migrer vers d'autres horizons pour leur sale besogne »116(*).

Par ailleurs, il convient de noter que les questions liées à l'excision sont délicates en ce sens qu'elles concernent le sexe, sujet encore tabou dans nos sociétés. Les messages véhiculés ou les images présentées aux populations dans le cadre de la lutte contre l'excision méprisent généralement le caractère tabou du sexe117(*).

De la crédibilité des noyaux relais

Un autre aspect important dans le PIC concerne les acteurs impliqués dans la mise en oeuvre du plan. En effet, en plus de la radio, du théâtre forum et des projections vidéo, la stratégie consiste à constituer des noyaux relais qui bénéficient de séances d'information sur l'excision afin que ceux-ci, à leur tour, puissent sensibiliser leurs concitoyens. Cependant, il est ressorti de nos entretiens que ces noyaux relais ne sont pas suffisamment outillés en communication pour le développement. En réalité, il ne s'agit pas seulement de savoir ce que l'excision peut provoquer chez une fille mais plutôt comment le dire pour que cela soit compris et accepté par ceux qui la pratiquent.

En outre, la plupart des noyaux relais sont des jeunes dont la force de parole n'est pas évidente. Dans les sociétés traditionnelles africaines, les questions liées aux coutumes et traditions sont traitées par des personnes généralement âgées et qui jouissent d'une certaine reconnaissance sociale tels que les leaders d'opinion toute chose que Pascaline TAMINI, Ministre de l'Action Sociale et de la Solidarité nationale du Burkina Faso a reconnu en ces termes : « Pour nous, le meilleur moyen de mobiliser ces communautés est de passer par ceux là mêmes qui sont en contact permanent avec elles et qui peuvent par leur compétence, sagesse et respect à leur égard influencer les comportements et les préjugés desdites communautés »118(*). C'est pourquoi lors de la commémoration de la 7ème journée nationale de lutte contre l'excision tenue à Yako le 23 mai 2006, les réflexions ont porté sur le thème : « Rôle et place des leaders d'opinion dans la mise en oeuvre du plan d'action tolérance zéro à la mutilation génitale féminine d'ici 2010 ».

Du processus d'élaboration du PIC

Pour ce qui concerne la conformité du PIC avec les principes d'élaboration d'une stratégie de communication pour le changement de comportements, notre analyse y a décelé des faiblesses. Il n'existe pas de document définissant le PIC à travers ses objectifs, ses cibles, sa démarche et ses modalités de mise en oeuvre. Dans toute stratégie de communication pour le changement de comportement, il existe trois étapes charnières qui permettent de constituer une « feuille de route » dans la résolution du problème. Dans un premier temps, le processus débute avec l'analyse de la situation où les considérations socioculturelles sont prises identifiées et prises en compte. Cette étape permet également « d'identifier les forces et les faiblesses, les atouts et les opportunités d'une part, et les obstacles et contraintes d'autre part dont il faudra tenir compte lors de la planification puis de l'exécution de la stratégie ainsi que les risques et les postulats sur lesquels cette stratégie est fondée »119(*).

Cette première étape permet d'aboutir à l'élaboration de la stratégie qui dégage tous les moyens nécessaires à la mise en oeuvre efficace de celle-ci. En effet, grâce à des messages appropriés, véhiculés vers les cibles concernées par des canaux adéquats, la communication peut favoriser les changements nécessaires à la résolution du problème de départ. Dans le volet opérationnel de la stratégie, la formation des ressources humaines et le renforcement des capacités sont déterminants pour l'efficacité de la mise en oeuvre de la stratégie.

La dernière et importante étape du processus est que l'évaluation doit être participative afin de soulever de manière objective les difficultés à prendre en compte dans la perspective d'amélioration de la stratégie. Dans le cadre du PIC, les fiches de rapport dont se servent les acteurs pour apprécier la mise en oeuvre des actions de sensibilisation ne contiennent pas en réalité des informations qui permettent de mesurer les vrais problèmes de la stratégie.

En somme, il faut reconnaître que, même si la prise de conscience de lutter contre l'excision à travers des approches communicationnelles intégrantes est à saluer, le PIC comporte des insuffisances qu'il convient de corriger afin de lui conférer tous les atouts nécessaires à l'atteinte des grands objectifs de la lutte contre cette pratique.

Bibliographie

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Thèses et mémoires

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? BELEM Brahima, Lutte contre la pratique de l'excision au Burkina Faso : la contribution de l'école, ENAM, 2002

? BOUGAIRE Danielle, L'approche communicative des campagnes de sensibilisation en santé publique au Burkina Faso, le cas de la planification familiale, le SIDA et l'excision, 2005

? KONATE Alimata, Les mutilations sexuelles féminines au Burkina Faso : le cas de la pratique de l'excision dans la société Bwa de Houndé, FLASHS, 1993

? SANON Victor, Thèse de doctorat sur "La liberté de presse dans les nouvelles démocraties d'Afrique de l'ouest sahélienne: enjeux et limites (Burkina Faso, Mali, Niger), 2000, p296

? TARBAGDO Sita, Lutte contre la pratique de l'excision au Burkina Faso : La contribution de la Radio Rurale, URTNA, 1996

? TOUGRY Lagdebyoba Patricia Ester, Excision -Tradition et Modernité : Causes et conséquences de la persistance de la pratique de l'excision en milieu Moaga - cas de Wavugué et de Sabtenga Département de Pabré, FLASHS, 1997-1998

ANNEXES

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES CONCEPTEURS DU PIC

I- De la conception des messages et de leur diffusion


·
Quelle est votre définition de l'excision ?


· Que représente, selon vous, l'excision pour une femme ?

? Qui sont les principaux concepteurs des messages de sensibilisation diffusés sur votre station ?

? Quel est le processus de conception de vos messages ? Est-il participatif ? Si oui, dites en quoi.

? Associez vous d'autres personnes à la planification de vos activités ? Si oui, quelle catégorie de personnes ?

? Pensez vous que la population est suffisamment impliquée dans la planification de vos activités

? Quelle est brièvement la teneur des messages que vous diffusez ?

? Quel est le public cible de ces émissions et campagnes? Pourquoi ?

? Quel but recherchez vous dans la diffusion de ces messages ?

? Sont-ils atteints ?

? Quels types de difficultés rencontrez vous durant tout le processus ?

? Que pensez vous de la pertinence et de l'efficacité de ces émissions et campagnes de sensibilisation?

? Que pensez vous de l'accessibilité de vos messages vis-à-vis du public cible ?

? Est-il possible d'avoir une répartition temporelle de la diffusion des messages ? (Moment de diffusion au cours de l'année, du mois, Moment de diffusion au cours de la journée, nombre de diffusion au cours de l'année, du mois ou de la semaine).

? Diffusez vous en ce moment les mêmes émissions ? Si non, Pourquoi ?

? Utilisez vous d'autres supports de communication en plus de la radio pour la diffusion de vos messages ? Si oui, lesquels ?

? Quel est le rôle exact des comités villageois de communication de changement de comportement ?

? Quelle est votre appréciation de leur action en faveur de la lutte contre la pratique de l'excision ?

III- La réaction de la population cible et les difficultés

? Quelles sont les difficultés que vous rencontrez durant la campagne ?

? Avez-vous un feeb back de la part de la population ?

? Si oui, comment le jugez-vous ?

? Si non, quel commentaire en faites vous ?

IV- Du rôle des clubs d'écoute

? Quel est le profil des membres des clubs d'écoute ? (Âge, niveau d'instruction, religion).

? Quel est votre rôle de façon global ?

? Quelle sont vos principales fonctions dans le cadre du PIC ?

? Comment appréciez vous votre action dans la lutte contre l'excision dans le cadre du PIC ?

? Quelle est la nature de vos rapports avec la radio Vénégré ? Quelles sont les difficultés que rencontrez dans votre partenariat avec la radio ?

? Comment jugez la qualité et la pertinence des émissions de lutte contre l'excision dans le cadre du PIC ?

? Croyez vous que ce genre de campagnes de sensibilisation pourra contribuer à éradiquer la pratique de l'excision ?

Le processus de planification d'une stratégie de communication pour le développement120(*)

ANALYSE DE LA SITUATION


·Problème (s) de développement


·Contexte de l'intervention et programme existant


·Parties prenantes


·Ressources en matières de communication

PROBLEMES DE COMMUNICATION ??

OUI

NON

ELABORATION DE LA STRATEGIE

I. CADRE STRATEGIQUE


·Objectifs de communication


·Groupes cibles


·Types d'approches


·Messages clés


·Canaux et supports de communication

II. VOLET OPERATIONNEL DE LA STRATEGIE


·Cadre institutionnel


·Plans connexes : productions, formations et renforcement des capacités


·Planning des activités


·Plan de suivi évaluation


·Budgétisation

VALIDATION DE LA STRATEGIE

* 1 RECUEIL DES LOIS ET REGLEMENTS, 1ère édition. Niamey, Secrétariat Général du Gouvernement (SGG), 1990, p81

MINISTERE DES SPORTS, DE L A CULTURE ET DES JEUX DE LA FRANCOPHONIE, Etats Généraux de la Culture, Document introductif, 2004, p26

* 2 OMS, La mutilation génitale des Femmes : Un rapport conjoint de OMS/UNICEF/FNUAP, 1996

* 3 www.sp-cnlpe.org

* 4 La pratique de l'excision est punie depuis 1996 par le code pénal du Burkina faso.

* 5 OMS, Op cit

* 6 Ministère de l'Information, Politique nationale de communication pour le développement, TOME I,

* 7 Boubacar SINE, Impérialisme et théories sociologiques du développement, 1975, p186.

* 8 André Jean TUDESQ, La radio en Afrique Noire, éd. Pedone, 1983, p7

* 9 Bagassi KOURA, Radio communautaire et développement local : le cas de radio Munyu Banfora

* 10 Serge Théophile BALIMA, Marie Soleil FRERE, Médias et communications sociales au Burkina Faso : Approche socio-économique de la circulation de l'information, éd L'Harmattan, Paris, 2003, pp 81-82

* 11 www.sp-cnlpe.gov.bf

* 12 Raymond QUIVY, Luc CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, 2ème édition DUNOD, Paris, 1995, p 117

* 13 Alfonso Gumucio DAGRON, Ondes de choc, éd, 2001

* 14 Alfonso Gumucio DAGRON, op cit

* 15 Alfonso Gumucio DAGRON, op cit, p 37

* 16 Cité dans un article de Bernard ZONGO, paru dans Le Pays n° 3388 du vendredi 03 juin 2005, intitulé : Approche participative: mode ou réalité?

* 17 Alfonso Gumucio DAGRON, op cit

* 18 Francis BEBEY cité par André Jean TUDESQ dans son livre La radio en Afrique Noire, éd. Pedone, paris, 1983

* 19 La fédération des unions de groupement Naam, La voix du paysan, (études et dossier de projet), Copenhague, 1994, 82p

* 20 La fédération des unions de groupement Naam, idem

* 21 La fédération des unions de groupement Naam, op cit

* 22 Selon Lasswell, l'audience est envisagée comme une cible amorphe qui obéit aveuglement au schéma stimulus-réponse. Le média est supposé agir selon le modèle de « l'aiguille hypodermique ».

* 23 Armand et Michèle MATTERLART, Histoire des théories de la communication, éd La Découverte, Paris, 1995, 125p

* 24 Francis BALLE, Médias et sociétés, 11ème édition Montchrestien, Paris, 2003, p639

* 25 Armand et Michèle MATTERLART, op. cit. p27

* 26 La fédération des unions de groupement Naam, op cit

* 27 Jean CAUVIN, Comprendre la parole traditionnelle, éd Saint-paul, 1980, p6

* 28 Idem, p8

* 29 Idem, p9

* 30 Idem, p9

* 31 MALINOWSKI cité par J.C SANCHEZ ARNAU et D. DESJEUX, La culture clé du développement, éd L'Hamarttan, Paris, 1994, p23

* 32 Juan Carlos SANCHEZ-ARNAU et Dominique. DESJEUX, La culture clé du développement, éd L'Hamarttan, Paris, 1994, p194

* 33 Marie Claire GIAGOMETTI, Sera-t-elle la prochaine victime ?, 1998, p21

* 34 Constamment et régulièrement partis pour la guerre

* 35 Giagometti Marie Claire, Sera-t-elle la prochaine victime ?, 1998, p22

* 36 Idem

* 37 Recueil des actes et des paroles du Prophète Mahomet et de ses compagnons à propos de commentaires du Coran ou de règles de conduite- définition du Petit Larousse.

* 38 Selon la Bible, la circoncision masculine est le signe de l'alliance de Dieu avec les hommes.

* 39 Marie Claire GIAGOMETTI, op cit, p25

* 40 Giagometti Marie Claire, Sera-t-elle la prochaine victime ?, 1998, p23

* 41 Extrait du cours de CPD dispensé par le Professeur S.T. BALIMA de l'Université de Ouagadougou, Année académique 2004-2005

* 42 Rostow W., La théorie du décollage, 1961

* 43 Extrait du cours de CPD dispensé par le Professeur Serge Théophile BALIMA de l'Université de Ouagadougou, Année académique 2004-2005

* 44 Idem

* 45 Wiener N., Cybernétique et société, Union générales d'éditions, Paris, 1962

* 46 Rogers EVERETT, Diffusion of innovations, New York, Free press, 1963.

* 47 Armand et Michèle MATTELART, op. cit

* 48 Paul LAZARSFELD, Katz E LIHU, Personnal influence, 1955

* 49 Extrait du cours de CPD dispensé par le Professeur S.T. BALIMA de l'Université de Ouagadougou, Année académique 2004-2005

* 50 Extrait du cours de CPD dispensé par le Professeur S.T. BALIMA de l'Université de Ouagadougou, Année académique 2004-2005

* 51 Qu'est-ce que la radio communautaire? Un guide pratique, AMARC Afrique et Panos Afrique Australe. 1998

* 52 www.amarc.org

* 53 Voir schéma en annexe

* 54 FAO, Projet appui au programme national de reforestation rurale du Sénégal

* 55 Encyclopédie libre WIKIPEDIA (www.google.com)

* 56 Encyclopédie libre WIKIPEDIA

* 57 Danielle BOUGAIRE, thèse de doctorat sur "L'approche communicative des campagnes de sensibilisation en santé publique au Burkina Faso" p117

* 58 MANNONI Pierre, Les représentations sociales, PUF, Paris, 1998, p119

* 59 Entretien réalisé au CNLPE avec le documentaliste, avril 2005

* 60 Cet incident est expliqué en détail dans la troisième partie.

* 61 Propos recueillis lors de l'entretien réalisé avec le Directeur des programmes et chef de station de la radio Vénégré à Ziniaré le 26 mai 2005.

* 62 cf Présentation de radio Kakoadb yam Vénégré, 2002, p12

* 63 Propos recueillis lors de l'entretien réalisé avec le Directeur des programmes et chef de station de la radio Vénégré à Ziniaré le 26 mai 2005

* 64 cf. Présentation de radio Kakoadb yam Vénégré, 2002, p14

* 65 Propos recueillis lors de l'entretien réalisé avec le Directeur des programmes et chef de station de la radio Vénégré à Ziniaré le 26 mai 2005

* 66 Entretien réalisé avec le responsable du PIC à l'UNICEF Monsieur Tarpiligua Jean, Ouagadougou le 2 juin 2005

* 67 Extrait du cours de CPD de 2ème année dispensé par le professeur Serge Théophile BALIMA

* 68 Rapport de synthèse du PIC pour la lutte contre l'excision dans 12 villages de la province d'Oubritenga, p2

* 69 Extrait du cours de CPD de 2ème année dispensé par le professeur Serge Théophile BALIMA

* 70 La circoncision féminine est le terme couramment employé, toujours en vigueur à l'ONU (mais médicalement incorrect).

* 71 Marie Claire GIAGOMETTI, Sera-t-elle la prochaine victime ? , 1998, p24

* 72 Giagometti Marie Claire, Sera-t-elle la prochaine victime ?, 1998, p24

* 73 Organisation Mondiale de la Santé

* 74 AMSOPT, L'excision au Mali : aspects socio-anthropologiques, p8

* 75 Giagometti Marie Claire, Sera-t-elle la prochaine victime ?, 1998, p27

* 76 Ibid, p27

* 77 Kadidia SIDIBE est la responsable de l'Association malienne pour le suivi et l'orientation des pratiques traditionnelles (AMSOPT) créée en 1984

* 78 http://www.sp-cnlpe.gov.bf

* 79 http://www.sp-cnlpe.gov.bf

* 80 cf : Code Pénal du Burkina Faso

* 81 Cité par Pr Mahamadou Sangaré lors du Colloque International d'Alger en mi-avril 2002 sur le thème : « LANGUES, CULTURE ET TRADITION » organisé par la Faculté des Lettres et des Langues.

* 82 Pr Mahamadou Sangaré, op cit

* 83 Pr Mahamadou Sangaré, op cit

* 84 Moustapha Samb cité par Bagassi Koura dans son mémoire de maîtrise intitulé : Radio communautaire et développement local : le cas de radio Munyu à Banfora.

* 85 Bagassi Koura, mémoire de maîtrise sur le thème Radio communautaire et développement local : le cas de radio Munyu à Banfora.

* 86 Entretien réalisé le 27 septembre 2005 avec un noyau relais du village de Watinoma, Zoungrana Casimir.

* 87 Entretien réalisé le 22 septembre 2005 avec un noyau relais du village de Wavussé, Lankoandé Moussa

* 88 Entretien réalisé le 22 septembre 2005 avec un noyau relais du village de Wavussé, Lankoandé Moussa

* 89 Entretien réalisé le 19 Août 2005 avec le chef de village de Wavussé

* 90 Entretien réalisé 19 août 2005 avec une vieille dame à Wavussé

* 91 SAMB Moustapha, 2003, Médias, décentralisation et langues locales : les voix d'une nouvelle citoyenneté, média@ctions n°33, janvier-mars 2003, -p10 à 17

* 92 Extrait du cours de CPD de 2ème année dispensé par le professeur Serge Théophile BALIMA

* 93 Idem

* 94- Programme d'Appui aux Communications Sociales, la communication pour le développement, brochure, Ouagadougou, 2000.

* 95 Yao AHADE, Concept de persuadeur de village ou Du N'ku, informateur, éducateur clé en Afrique, 1988

* 96 P. Stanley YODER, Ousmane CAMARA, Baba SOUMAORO, L'excision et la socialisation des adolescents en Guinée, 1999, p38

* 97 Entretien réalisé le 19 Août 2005 avec SAWADOGO Jean Baptiste, directeur de la radio Vénégré

* 98 Signifie OEil du peuple en langue Ouatchi (Togo)

* 99 Yao AHADE, Concept de persuadeur de village ou Du N'ku, informateur, éducateur clé en Afrique, 1988, p14

* 100 Yao AHADE, op cit, p8

* 101 Yao AHADE, op cit, p8

* 102 Joint en annexe

* 103 FAO, Processus d'élaboration d'une stratégie de communication multimédia, www.fao.org, p14

* 104 Entretien réalisé à Ziniaré avec monsieur Boukari SINARE le 08 décembre 2005.

* 105 Yao AHADE, op cit, p16

* 106 CNLPE, OMS, Etude sur la prévalence de l'excision au Burkina Faso, 2001, p32

* 107 SANON Victor, Thèse de doctorat sur "La liberté de presse dans les nouvelles démocraties d'Afrique de l'ouest sahélienne: enjeux et limites (Burkina Faso, Mali, Niger), 2000, p296

* 108 Alfonso Gumucio DAGRON, op cit, p38

* 109 Entretien réalisé avec monsieur Jean Baptiste SAWADOGO, directeur de radio Vénégré, le 10 novembre 2005

* 110 Entretien réalisé avec monsieur Jean Baptiste SAWADOGO, directeur de radio Vénégré, le 10 novembre 2005

* 111 Cf. fiche 1

* 112 Cf. fiche 1

* 113 Cf. fiche 2

* 114 Joseph T. Klapper cité par Bagassi KOURA dans son mémoire de maîtrise, Radio communautaire et développement local : le cas de radio Munyu Banfora, p97

* 115 Entretien réalisé 19 août 2005 avec une vieille dame à Wavussé

* 116 Article paru dans L'indépendant n° 664 du 30 mai 2006

* 117 Danielle BOUGAIRE, thèse de doctorat sur "L'approche communicative des campagnes de sensibilisation en santé publique au Burkina Faso" p118

* 118 Article paru dans L'indépendant n° 664 du 30 mai 2006

* 119 FAO, Processus d'élaboration d'une stratégie de communication multimédia, www.fao.org, p10

* 120 FAO, Processus d'élaboration d'une stratégie de communication multimédia, www.fao.org, p9






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