MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE,
BURKINA FASO
SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Unité Progrès Justice
----------------
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
----------------
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE
EN LETTRES, ARTS ET COMMUNICATION
----------------
DEPARTEMENT COMMUNICATION ET
Année académique
JOURNALISME
2005 - 2006
THEME
l'expérience du Plan Intégré de
Communication de radio Vénégré
|
OPTION : COMMUNICATION POUR LE
DEVELOPPEMENT
Présenté et soutenu par
Sous la direction
BOULOU Pagnidemsom Nestor
Pr. Serge Théophile BALIMA
Dr Nestorine SANGARE
Celui qui veut faire
quelque chose se donne les moyens,
Celui qui ne veut rien faire trouve une
excuse
|
Proverbe
arabe
DEDICACE
A Dieu Le Tout Puissant
A mon père et ma mère
A tous les étudiants du département
communication et journalisme
REMERCIEMENTS
Ø Au Professeur Serge Théophile BALIMA,
Directeur du CERAM, pour nous avoir fait prendre conscience de la
nécessité d'avoir un diplôme à la fin de notre
formation
Ø Au Dr Firmin GOUBA, Chef du département
communication et journalisme, pour avoir toujours entretenu un climat de
convivialité et de proximité avec ses étudiants
Ø Au Dr Nestorine SANGARE, Enseignante, pour avoir
accepté de diriger cette étude
Ø Au Dr Victor SANOU, Expert en
Information/Communication, pour son apport pédagogique et ses soutiens
multiformes
Ø Au Dr Poussi SAWADOGO, Enseignant, pour nous avoir
accompagné dans la réalisation de cette étude.
TABLES
DES MATIERES
INTRODUCTION 8
PREMIERE PARTIE: PROBLEMATIQUE ET APPROCHE
METHODOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE.................................................................................11
1.1 Problématique
12
1.1.1Question de départ
14
1.1.2 Objet de recherche
14
1.1.3 Hypothèses
16
1.1.4 Objectifs
17
1.1.5 Revue de littérature
17
1.2 Cadre théorique et
conceptuel
27
1.2.1 Cadre théorique
27
1.2.2 Définition des concepts
31
CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE
36
2.1 La collecte des informations
36
2.1.1 L'exploration documentaire
36
2.1.2 Les entretiens
36
2.1.3 L'observation directe
38
2.2 Echantillonnage
38
CHAPITRE III : LES DIFFICULTES
RENCONTREES ET LES LIMITES DE L'ETUDE
39
3.1 Les difficultés
rencontrées
39
3.1.1 Les difficultés liées
à la collecte des informations
39
3.1.2 Les difficultés
financières 40
3.2 Les limites de l'étude
41
DEUXIEME PARTIE: PRESENTATION DU CONTEXTE GENERAL DE
LA RECHERCHE ET SITUATION DE L'EXCISION AU BURKINA FASO...............
42
CHAPITRE I : PRESENTATION DU CONTEXTE
GENERAL DE LA RECHERCHE ET DE LA RADIO VENEGRE
43
1.1 De la province de l'Oubritenga
43
1.1.1 Localisation géographique
43
1.1.2 Découpage administratif
43
1.2 Contexte de création et
évolution de la radio Vénégré
44
1.2.1 Contexte de création
44
1.2.2 L'équipement technique et
matériel de la radio
45
1.3 Caractéristiques administratives
de la radio
45
1.3.1 Le fonctionnement de la radio
45
1.3.2 Les clubs d'écoute
46
CHAPITRE II: LE PLAN INTEGRE DE
COMMUNICATION DE RADIO VENEGRE
47
2.1 Définition
47
2.1.2 L'élaboration et la mise en
oeuvre
47
2.1.3 L'évaluation et la
pérennisation
48
2.2 Quelques activités menées
dans le cadre du PIC
48
2.2.1 La mobilisation sociale
48
2.2.2 La sensibilisation et le
plaidoyer
49
CHAPITRE III : EXPOSE SUR LA SITUATION DE
L'EXCISION AU BURKINA
FASO.............................................................................................51
3.1 L'excision et ses différentes
formes
50
3.1.1 Les différentes formes
d'excision
50
3.1.2 La pratique de l'excision
52
3.2 Causes et conséquences de
l'excision
53
3.2.1 Les causes couramment
évoquées
53
3.2.2 Conséquences de l'excision
55
3.3 Historique de la lutte contre
l'excision au Burkina Faso
58
3.3.1 Les grandes dates
58
3.3.2 Les grandes orientations de
l'Etat 60
TROISIEME PARTIE: ANALYSE DU PLAN INTEGRE DE
COMMUNICATION DE RADIO
VENEGRE....................................................................................63
CHAPITRE I: LE CONTENU DES
MESSAGES............................................. 64
1.1 Langue locale
de communication ........
Erreur ! Signet non
défini.65
1.1.1 Langue locale et identité
culturelle...................................................65
1.1.2 La langue
utilisée dans le cadre du PIC
64
1.2 L'orientation
sémantique de l'excision
65
1.2.1 L'excision : une pratique
négative à bannir
66
1.2.2 La réticence sur la
négativité de l'excision
67
1.2.3 L'argument de la
répression : Source de conflits
70
CHAPITRE II : LES SUPPORTS ET
TECHNIQUES DE COMMUNICATION UTILISES
71
2.1 La radio : un instrument
intégré à la société africaine
71
2.2 Le théâtre forum : un
outil qui donne la parole
72
CHAPITRE III : LES ACTEURS IMPLIQUES
DANS LA MISE EN OEUVRE DU PIC
74
3.1 Rôle et place des leaders
d'opinion dans les sociétés africaines
74
3.2 Les caractéristiques des acteurs
impliqués dans le PIC
76
3.2.1 La représentation de l'UNICEF
et du CNLPE dans le PIC
76
3.2.2 Le personnel de la radio
Vénégré et les noyaux relais 80
3.2.3 « La crise des
vélos »
78
3.3 Implication des femmes dans le PIC
79
3.4 De la méthode
d'évaluation du PIC
80
Conclusion partielle
84
CONCLUSION
GENERALE.........................................................................87
Bibliographie
91
ANNEXES
94
SIGLES ET ABBREVIATIONS
AMSOPT : Association Malienne pour le suivi
et l'Orientation des Pratiques
Traditionnelles
CCC : Communication pour le
Changement de Comportement
CNLPE : Comité National de Lutte
contre la Pratique de l'Excision
IEC :
Information-Education-Communication
OMS : Organisation
Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non
Gouvrenementale
PIC : Plan Intégré
de Communication
PNCD : Politique Nationale de
Communication pour le Développement
UNICEF : United Nations of
International Children's Emergency Fund
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture
INTRODUCTION
Toute
société humaine évolue dans un contexte culturel
marqué par un système de valeurs, des pratiques, des habitudes
et des perceptions qui régentent son mode de vie. Selon la
définition de l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la
Science et la Culture (UNESCO), la culture est « l'ensemble des
traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs
qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle
englobe outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits
fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les
traditions et croyances »1(*) .
Il
existe dans toutes les cultures des pratiques célébrant les
transitions qui accompagnent les cycles de la vie, perpétuant la
cohésion de la communauté ou transmettant les valeurs culturelles
aux futures générations. Ces traditions reflètent les
normes de responsabilité et de comportement fondées sur
l'âge, le sexe et le rang social. Alors que beaucoup de traditions font
la promotion de l'unité sociale, d'autres, par contre, affectent la
santé physique et psychologique de certains membres de la
communauté ainsi que leur intégrité. C'est, par exemple,
le cas de l'excision où ce sont les femmes et les filles qui sont
particulièrement affectées.2(*)
Si les
pratiques traditionnelles continuent à se manifester à cause des
valeurs culturelles qu'elles transmettent, d'autres facteurs tels que
l'accès limité à l'éducation, à
l'information et à certains services permettent aux plus nuisibles de
ces pratiques de persister. Les traditions néfastes existent sous
différentes formes, cependant, leur impact sur les populations est le
même partout. Si l'excision était une pratique reconnue positive
pour la gente féminine autrefois, des études scientifiques ont
permis aujourd'hui de découvrir son aspect destructeur et les
préjudices divers qu'elle entraîne chez la femme en
général. Cette évolution a suscité des actions en
vue d'éradiquer cette pratique.
Au
Burkina Faso, l'année 1990 marque la manifestation de la prise de
conscience effective des méfaits de l'excision à travers la
création du Comité National de Lutte contre la Pratique de
l'Excision (CNLPE) et l'adoption en 1996 de trois articles du code pénal
qui sanctionnent cette pratique.3(*) Plusieurs campagnes ont été
menées dans le cadre de la lutte contre l'excision en passant de la
sensibilisation à la répression4(*). Cependant, « les efforts pour changer
ou éradiquer cette pratique sont souvent accueillies de façon
suspicieuse ou parfois même hostile par les populations qui la vivent,
particulièrement quand ces efforts sont planifiés en dehors de la
communauté 5(*)».
La
problématique de la lutte contre l'excision réside dans le fait
qu'il s'agit d'une pratique empreinte de deux considérations. D'un
côté, elle est positive du fait de son caractère culturel
et de l'autre, elle est dangereuse du fait de ses implications sanitaires et
biologiques. La résolution d'un tel problème passe
nécessairement par un consensus sur la portée réelle de
l'excision dans les différentes communautés. Dès lors, la
communication participative apparaît comme le meilleur moyen qui puisse
permettre de s'accorder sur la question de l'excision en raison de son
caractère interactif.
Le document cadre de la politique
nationale de communication pour le développement (PNCD) insiste sur le
fait qu'il faut privilégier l'approche participative dans les programmes
visant le bien-être socioéconomique des populations rurales
marquées par de nombreuses pesanteurs socioculturelles et
attachées aux valeurs traditionnelles. Plusieurs approches ont
été élaborées et prenant en compte l'approche
participative comme démarche de mise en oeuvre parmi lesquelles le Plan
Intégré de Communication (PIC). En effet, ce plan consiste
à utiliser des radios communautaires pour véhiculer des messages
de sensibilisation sur l'excision et l'établissement d'actes de
naissance. S'il est reconnu que l'approche participative permet aux
bénéficiaires des messages de sensibilisation de se les
approprier, il y a donc un intérêt à étudier cette
dimension de la communication dans le cadre de la mise en oeuvre du PIC.
Il s'agit pour nous, dans cette
étude, de faire l'analyse du plan intégré de communication
de Radio Vénégré en identifiant ses forces et ses
faiblesses.
Pour ce faire, nous avons
scindé notre travail en trois parties. Dans un premier temps, nous
allons présenter la problématique, définir le cadre
théorique, conceptuel et exposer la méthodologie de travail.
Cette première partie constitue l'orientation théorique de notre
étude et permet d'en définir les grandes lignes. L'ensemble des
données théoriques provenant essentiellement de la revue
documentaire que nous étalons dans cette première articulation a
pour objectif de faire le point et d'élucider les diverses implications
de notre problématique.
Dans un second temps, nous allons présenter le cadre
général de l'étude et faire le point de la situation de
l'excision au Burkina Faso. Il s'agira, dans cette partie, d'exposer un
éventail d'informations d'ordre géographique et technique
relatives à la radio Vénégré, sa zone
d'implantation et de décrire ses activités dans le cadre du PIC.
Aussi, nous aborderons la question de l'excision en ce qui concerne ses
manifestations avant de faire l'historique de la lutte au Burkina Faso.
L'importance de la deuxième partie de notre travail réside dans
le fait qu'elle vient aider à comprendre la thématique de notre
mémoire.
La troisième partie sera consacrée à
l'analyse du PIC. A partir d'indicateurs inspirés des principes de base
de la communication pour le développement, nous apprécierons la
mise en oeuvre du PIC à travers le processus d'élaboration, le
contenu des messages, les supports et techniques de communication
utilisés et les caractéristiques des acteurs impliqués
dans la mise en oeuvre de cette stratégie. Ce sont, en effet, les
facteurs clés du processus de réalisation d'une action de
communication participative.
PREMIERE PARTIE
PROBLEMATIQUE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE
CHAPITRE I :
PROBLEMATIQUE, CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE
1.1 Problématique
Toutes les associations, ONG, institutions etc., oeuvrant pour
l'épanouissement et le développement social et économique
des populations, reconnaissent aujourd'hui la nécessité
d'impliquer les communautés à la base aussi bien dans la
conception, l'élaboration que dans la mise en oeuvre des projets de
développement en général.
L'une des recommandations faites à l'endroit des
institutions et ONG dans le cadre de la politique nationale de communication
pour le développement est formulée en ces termes :
« Les institutions et les ONG luttent toutes pour un
développement durable, pour la promotion du monde rural. Il
s'avère alors indispensable qu'elles instaurent entre elles d'une part,
puis entre elles et leurs clients d'autre part des concertations
périodiques en vue d'harmoniser le contenu des informations et
d'échanger leurs expériences dans l'intérêt des
populations ». 6(*)
Ce souci de participation a suscité la reformulation
des approches communicationnelles de bon nombre d'institutions, ONG et
associations intervenant pour un changement de comportement des populations
rurales.
Si la prise de conscience de la nécessité
d'adopter une approche participative dans les rapports entre les
différents acteurs au développement est aujourd'hui manifeste, il
demeure que sa mise en application n'est pas toujours en conformité avec
les principes de base de cette approche. En effet, l'approche participative
nécessite l'instauration d'une concertation interactive pour
apprécier de façon consensuelle la problématique avant de
concevoir l'action à entreprendre.
La communication pour le développement exige une
réelle participation des populations rurales ou locales dans la mise en
oeuvre des projets surtout dans les domaines touchant à la culture et
aux mentalités des populations telle que la lutte contre la pratique
l'excision. Cette réalité se justifie par le constat réel
et vérifié selon lequel le développement et le changement
de comportements se négocient avec les populations concernées au
lieu de s'imposer. Dans ce contexte de communication participative, plusieurs
médias sont utilisés pour la diffusion des informations et des
messages. Cependant, leur pertinence et leur efficacité en tant que
supports pouvant privilégier les échanges et la participation
sont essentielles pour promouvoir l'esprit de partage et de dialogue permanent
entre les acteurs impliqués dans tout processus de développement.
Parmi ces médias utilisés dans le cadre de la communication pour
le développement, la radio s'est révélée comme
étant le plus populaire, le plus accessible et le plus proche des
populations.
Boubacar SINE écrivait en 1975, « la
radio a fait depuis relativement bien longtemps irruption dans la vie
quotidienne de l'Africain : sans doute est-ce le médium le plus
courant et le plus populaire du point de vue de son
audience »7(*).
La radio a l'avantage de s'adapter au système
traditionnel de communication de l'Afrique basé sur l'oralité,
c'est-à-dire une communication vivante, un échange direct. C'est
pourquoi André Jean TUDESQ a pu dire que « la radio, parmi
les nouvelles technologies de l'information, est celle qui correspond le mieux
à l'oralité »8(*). Au Burkina Faso, la radio a joué un
rôle important en faveur du développement communautaire. Un
mémoire soutenu par KOURA Bagassi sur la radio communautaire Munyu de
Banfora a fait ressortir le rôle positif que cette radio a joué
dans l'éveil social de la population9(*). Une autre étude de la Fédération
des groupements Naam à Ouahigouya a abouti à la conclusion que le
succès des activités de la fédération notamment
dans le cadre de l'éducation du monde agricole de la province a
été facilité par l'action de la radio « La voix
du paysan ». C'est peut être au regard de ces facteurs que la
radio est le canal principal de communication utilisé par l'UNICEF et le
CNLPE dans le cadre du Plan Intégré de communication (PIC).
Néanmoins, nous pouvons nous interroger sur le
degré d'implication des populations concernées dans
l'élaboration des messages véhiculés à travers le
Plan Intégré de Communication de Radio
Vénégré.
1.1.1 Question de
départ
Notre question de départ est formulée en ces
termes :
Le contenu du plan intégré de communication de
radio Vénégré a-t-il été
élaboré avec la participation des populations ? Ce
questionnement tire son fondement dans le fait que la participation ou
l'implication des populations cibles dans l'élaboration et la mise en
oeuvre d'une stratégie de communication est un facteur d'appropriation
des messages clés par celle-ci. De manière plus
spécifique, il s'agira pour nous d'axer notre étude sur les
questions de recherche suivantes :
· La conception culturelle de l'excision est-elle
prise en compte dans l'élaboration des messages de
sensibilisation ?
· Les supports de communication utilisés
sont-ils appropriés aux groupes cibles?
1.1.2 Objet de
recherche
Notre étude vise à analyser les conditions
d'élaboration et de mise en oeuvre du PIC.
Le PIC, en effet, est une initiative soutenue par l'UNICEF et
le CNLPE dans 20 provinces du Burkina Faso, avant d'être une
stratégie qui vise le recul de la pratique de l'excision à
travers une approche multimédia. Il s'agit d'utiliser 17 radios
communautaires pour véhiculer des messages de sensibilisation dans le
cadre de la lutte contre la pratique de l'excision tout en suscitant la
participation des cibles dans le processus. La radio communautaire KAKOADB YAM
VENEGRE de Ziniaré est parmi les radios impliquées dans le
PIC.
Issue de la grande fédération paysanne
« Wend Yam », radio KAKOADB YAM VENEGRE (l'éveil des
consciences paysannes) est une radio communautaire implantée dans la
province de l'Oubritenga depuis 1998. Elle a commencé à
émettre en janvier 1998 à Kulkinka, village situé à
17 Km de Ziniaré. Elle a déménagé à
Ziniaré le 1er janvier 2000 pour des raisons
financières et matérielles. Elle est administrée par un
comité de gestion comprenant six membres de la fédération
et un représentant des auditeurs.10(*)
Notre choix porté sur l'étude du plan
intégré de communication de radio Vénégré de
Ziniaré se justifie par les raisons suivantes :
- La lutte contre la pratique de l'excision est devenue l'un
des défis majeurs inscrits dans les politiques de développement
et d'épanouissement des populations au Burkina Faso.
- La province de l'Oubritenga est classée parmi les
douze provinces les plus touchées par la pratique de l'excision11(*).
Notre intention d'étudier l'approche participative dans
le cadre de la mise en oeuvre du plan intégré de communication de
Radio Vénégré a été motivée par un
constat.
Il est ressorti de nos lectures et entretiens exploratoires
que la définition de l'excision varie selon que nous nous situons dans
une perception culturelle et traditionnelle ou dans une perception moderne et
scientifique de cette pratique.
D'une manière générale, les messages de
sensibilisation diffusés sur les différents supports
(dépliants, radio, théâtre forum, affiches, photos, etc.)
se focalisent sur les aspects relatifs à l'idée de violence, de
mutilation, voire de crime que recouvre l'excision.
Cette définition est, certes, juste d'un point de vue
scientifique, médical et juridique. Cependant, elle est
incomplète en ce sens qu'elle n'intègre pas la conception
traditionnelle de l'excision qui, dans son contexte culturel est une
épreuve de pureté, de propreté et qui consacre la
féminité de la femme dans la société
traditionnelle.
L'excision est une pratique qui laisse aussi de nombreuses
conséquences dans les sociétés où elle est
pratiquée. Cependant, toutes les actions de sensibilisation et de
persuasion entreprises en ce sens n'auront pas toute leur efficacité si
les points de vue de ceux qui la pratiquent ne sont pas pris en compte dans la
conception des messages de sensibilisation. Il convient alors d'harmoniser et
de s'accorder sur les contenus des informations diffusées. C'est en fait
ce à quoi la mise en oeuvre de l'approche participative doit conduire.
1.1.3
Hypothèses
L'organisation d'une recherche autour d'hypothèses de
travail constitue le meilleur moyen de la mener avec ordre et rigueur sans
sacrifier pour autant l'esprit de découverte et de curiosité
propre à tout effort intellectuel digne de ce nom. Bien plus, un travail
ne peut être considéré comme une véritable recherche
s'il ne se structure autour d'une ou de plusieurs hypothèses12(*).
C'est pourquoi nous avons formulé à cette
étape de l'étude les hypothèses suivantes:
1.1.3.1 Hypothèse principale
- La réticence des populations face à l'abandon
de l'excision résulte de la méprise de leur conception
de cette pratique dans l'élaboration des messages par les
animateurs du PIC. En effet, la difficulté de la lutte contre l'excision
réside dans le fait qu'elle oppose deux visions. D'un côté,
l'excision est vue sous un angle culturel et rituel qui, de ce fait, est un
fait social qui rime avec la tradition, et de l'autre, elle est
appréciée sous un angle scientifique à travers ses
implications dans la santé des personnes qui la subissent.
1.1.3.2 Hypothèses
secondaires :
- La conception des messages de sensibilisation ne prend pas
en compte les représentations sociales de l'excision.
- Les acteurs chargés de la mise oeuvre du PIC ne sont
pas suffisamment outillés pour mener une campagne de communication
participative.
1.1.4
Objectifs
1.1.4.1 Objectif
général
Notre étude vise
à analyser l'utilisation de l'approche participative dans le cadre du
Plan Intégré de Communication.
1.1.4.2 Objectifs
spécifiques
Il s'agira pour nous
de :
-Identifier les forces et les faiblesses du PIC.
-Recueillir les représentations sociales que les
populations ont de l'excision.
1.1.5
Revue de littérature
Bien que le thème de la communication participative
soit d'un intérêt récent, de nombreux chercheurs
s'accordent pour reconnaître que son histoire débute vers le
milieu du 20ème siècle, depuis les premiers pas de
Radio Sutatenza dans une communauté isolée de Colombie en
194713(*).
En Afrique, la chute des régimes autoritaires au cours
des vingt dernières années y a favorisé l'éclosion
de nouvelles expériences de communication pour le développement.
La diversité des expériences de communication a été
toujours perçue comme un signe de bonne santé de la communication
participative. Cependant, son articulation avec des projets de
développement ayant pour but la génération de changements
économiques et sociaux n'a pas toujours été
couronnée de succès.
Pour Alfonso G. DAGRON, les communautés à la
base ont, certes, ressenti le besoin profond de communication, mais au niveau
de la conception et de la mise en oeuvre des projets contrôlés par
les bailleurs de fonds et les gouvernements, la prise de conscience n'a pas
été suffisante14(*). Il y a donc eu un tel déphasage entre les
préoccupations des acteurs dans les processus de développement
que, d'une manière générale, la communication a longtemps
été en marge des projets de développement. Le
déficit d'implication des communautés à la base qui fait
que les projets soient généralement aux mains
d'économistes et de techniciens empêche la compréhension
des thèmes culturels et sociaux indispensables dans l'élaboration
d'une stratégie de communication.
Alfonso G. DAGRON reconnaît qu' "il n y a pas de
modèle idéal pour la communication participative, cependant il y
a des caractéristiques communes de la communication
participative"15(*).
La définition de la communication participative
implique la prise en compte des conséquences politiques de la
participation communicative dans le processus de développement. Il
s'agit en fait d'un problème de pouvoir car les approches participatives
contribuent à placer la prise de décision entre les mains des
populations concernées.
De plus, cela consolide la capacité des
communautés de confronter leurs idées sur le développement
avec le personnel technique et les planificateurs afin de susciter
l'émergence d'un consensus autour des différentes questions.
Pour Alfonso G. DAGRON, il s'agit également d'un
problème d'identité, car la communication participative favorise
le renforcement de l'estime de soi et la fierté de sa culture en
particulier dans les communautés qui ont été
marginalisées, réprimées ou simplement
négligées pendant des années. Elle permet, entre autres,
de resserrer le tissu social en renforçant les organisations
communautaires et de protéger la tradition et les valeurs culturelles.
En somme, l'axe dans lequel s'inscrit la communication participative est
horizontal en ce sens que les bénéficiaires en tant qu'acteurs
participent au processus du changement social.
Pour Paul LACHANCE16(*), il y a nécessairement cinq phases importantes
dans toute approche participative.
Ø la phase d'apprentissage sociale où les
communautés sont concertées pour l'appréciation de la
problématique ;
Ø la phase d'invention sociale où il faut
concevoir l'action ;
Ø la phase de contractualisation où chacun se
détermine et s'engage sur les responsabilités à
assumer ;
Ø la phase de mise en oeuvre ou de réalisation
de l'action ;
Ø et enfin la phase d'évaluation où les
leçons et enseignements sont tirés et capitalisés.
En outre, l'auteur Alfonso G. DAGRON mène dans son
livre une critique sur l'évaluation participative qui est un maillon
essentiel du processus participatif. Il reconnaît que des progrès
ont été réalisés bien qu'insuffisants dans
l'implication progressive des bénéficiaires dans les
étapes de planification et de mise en oeuvre des projets. Cependant,
relève t-il, l'étape d'évaluation reste, en
général, un exercice réservé aux agences de
coopération. L'évaluation est donc de ce point de vue verticale
et étrangère aux bénéficiaires. Le fait que les
bailleurs ou les agences d'exécution évaluent eux-mêmes
leurs projets influence la qualité des résultats. Le degré
d'objectivité des auditeurs risque d'être affecté d'autant
plus qu'ils dépendent de futurs contrats avec ces mêmes
organisations ou d'autres semblables.
Pour Alfonso G. DAGRON, "dans ce type d'évaluation,
les objectifs répondent généralement à des
impératifs institutionnels"17(*), car il est généralement
réalisé par des experts étrangers qui ignorent le contexte
culturel, politique et social du milieu et parfois méconnaissent
même la langue locale.
Un autre aspect de la communication participative est sa mise
en oeuvre qui nécessite l'utilisation de plusieurs supports de
communication traditionnels ou modernes parmi lesquels la radio apparaît
comme étant le plus populaire en Afrique. En effet, la radio est un
média de masse et de proximité qui a évolué
rapidement en Afrique et qui a été très vite
approprié par les Africains depuis des décennies, comme l'indique
Boubacar SINE plus haut.
Devenue populaire et familière aux Africains, la radio
peut être un canal favorable à la diffusion d'informations et de
messages de développement dans tous les domaines et dans toutes les
langues locales permettant ainsi de surmonter toutes sortes de contraintes
liées à l'analphabétisme. L'intégration
réussie ou l'appropriation de la radio par les Africains tire ses
raisons dans l'adéquation de ce médium avec un système de
communication traditionnel marqué par l'oralité, comme le
soutient André Jean TUDESQ.
La capacité d'adaptation de la radio dans un contexte
traditionnel où le processus communicationnel est assez complexe lui a
valu de remplacer peu à peu les moyens traditionnels de diffusion
d'information d'antan que sont les tambours, les sifflets etc.
A ce propos, Francis BEBEY notait ceci : «
A l'heure qu'il est, la radio est train de s'installer en Afrique, ... elle
remplace le message tambouriné », en plus
ajoutait-il, « la voix de la radio entre peu à peu dans
le domaine de toutes ces choses invisibles, mystérieuses, surnaturels
même... ».18(*)
Le principe de la participation répond à
l'idée d'une radio communautaire rurale de développer sans
abîmer et de faire participer les bénéficiaires en prenant
comme point de départ ce qu'ils savent, ce qu'ils sont, ce qu'ils
vivent, ce qu'ils savent faire et ce qu'ils veulent.19(*) Ce principe implique plusieurs
paramètres en termes de communication et de fonctions de la radio.
D'abord, la radio se doit d'être un instrument
d'échange d'expériences entre les villageois, ceux qui ont une
éducation formelle et ceux qui ont une expérience de la vie. Une
expérience implique une méthodologie de vérification.
Même si le paysan n'a pas été à l'école
formelle, il a néanmoins ses méthodes pour formuler une
théorie, l'expérimenter et tirer ses conclusions20(*). La radio doit donc de ce
point de vue « transmettre des points de vue, véhiculer
des arguments, mais laisser les conclusions à son
auditoire ».21(*)
Toutefois, la crédibilité d'une radio
communautaire et son impact sur le public dépendent fortement des
personnes qui y émettent des messages. Des recherches ont
été menées et qui mettent en question le principe
mécaniste lasswellien22(*) de l'effet direct et indifférencié des
médias sur le public. Il existe deux études phares qui
scandent l'émergence de cette nouvelle théorie sur les
intermédiaires.
La première, The people's choice a
été publiée en 1944. En effet, Paul LAZARSFELD et ses
collègues Bernard BERELSON et Hazel GAUDET ont cherché à
mesurer l'influence des médias sur 600 électeurs de Erie Country
dans l'Ohio lors de la campagne présidentielle de 1940. La seconde,
Personal influence: the part played by people in the flow of mass
communication, cosigné par Paul LAZARSFELD et Elihu KATZ parait en
1955, mais exploite des enquêtes effectuées dix ans
auparavant.23(*)
En étudiant les processus de décision
individuels d'une population féminine de 800 personnes dans une ville de
60 000 habitants, ils redécouvrent comme dans la
précédente étude l'importance du groupe primaire. Ils
appréhendent alors le flux de la communication comme un processus
à deux étages où le rôle des leaders d'opinions se
révèle décisif. C'est la théorie du two - step -
flow selon laquelle la communication se présente comme un flux
à deux temps. « Son influence est indirecte plutôt
que directe, médiate ou médiatisée et non
immédiate ».24(*)
Au premier palier de cette communication à deux
étages, il y a les personnes relativement bien informées parce
qu'exposées directement aux médias. Au second palier, il y a
celles qui fréquentent moins les médias et qui dépendent
des autres pour obtenir l'information.25(*) Dans le contexte traditionnel africain, on peut tirer
deux conclusions de cette théorie. D'abord, il est important de chercher
des individus, des personnes relais ou des couches sociales qui puissent servir
d'éléments dynamiques dans la communauté.
Ensuite, il s'avère, au regard de cette théorie,
que si les interventions médiatiques n'arrivent pas à capter ce
groupe primaire, la communication n'aura pas d'impact sur le comportement des
populations. Il faut donc d'abord toucher les personnes clefs.26(*)
L'avantage de la radio dans une telle situation est qu'elle
permet d'amener le leader d'opinion de la communauté au micro pour
parler directement à tous ceux qui le connaissent et l'estiment. Cet
aspect met en relief le caractère oral et direct de la radio.
Pour Jean CAUVIN, la tradition orale désigne le fait
qu'un groupe humain, même s'il connaît l'écriture fonde la
plus grande partie de ses échanges de messages sur la parole.27(*) Les textes de tradition orale
requièrent certaines conditions pour leur prolifération. D'abord,
il faut la présence de l'émetteur certes, mais aussi celle du
récepteur pour qu'il soit en quelque sorte témoin de la parole
proférée. Cette présence du récepteur est
importante d'autant plus que dans la tradition orale, « on ne dit
pas un proverbe pour soi même, de même on ne dit pas un conte sans
auditoire ».28(*)
Une autre condition est l'interactivité. Au-delà
du fait que le récepteur entretient la communication, sa présence
peut modifier le message en ce sens que l'émetteur tient compte de la
pensée et des sentiments de son interlocuteur. Jean CAUVIN confirme
cette réalité en soutenant que « celui qui chante
les louanges d'un chef sera porté à enjoliver ou à
écourter sa prestation selon l'attitude qu'il perçoit chez le
chef »29(*).
Des conditions socioculturelles sont également requises
pour la prolifération d'informations dans la tradition orale. Elles
varient pour chaque genre de la tradition orale. Ainsi, les contes et les
devinettes ne sont dits qu'à la veillée. Tel texte religieux
n'est proféré qu'une fois par an selon le calendrier liturgique.
La culture d'une communauté apporte obligatoirement une connotation
particulière au type de développement dont a besoin celle-ci. Il
existe, de ce fait, une relation très importante entre la culture et le
développement30(*).
Pour Malinowski, la culture est la forme d'organisation que
chaque société invente pour satisfaire ses besoins
élémentaires. Il estime que les besoins culturels sont
évolutifs et qu'ils correspondent à trois domaines
différents de la réalité sociale à savoir les
impératifs instrumentaux, issus d'activités de nature
économique, normative, pédagogique et politique ; les
impératifs intégrants comme le savoir, la religion et la
magie ; les activités artistiques et récréatives. Il
conclut que l'évolution de ces besoins sur le plan de la forme et de la
quantité démontre les liens directs entre la culture et le
développement, puisque ce dernier doit normalement satisfaire les
besoins à une étape donnée de l'évolution
historique de telle ou telle société. 31(*)
J.C SANCHEZ ARNAU, après ses analyses, aboutit à
la conclusion que la prise en considération de la culture des
éventuels bénéficiaires d'un projet revient tout
simplement à tenir compte des besoins qu'eux-mêmes ressentent, et
non pas de ceux que les planificateurs leur attribuent comme c'est très
souvent le cas. Il précise que cela ne suppose pas la prise en compte
d'un ensemble de « coûts » considérés
comme immatériels dans la mesure où ils ont trait
essentiellement à des aspects qualitatifs et subjectifs mais aussi
importants, sinon plus, que les aspects matériels ou quantitatifs.
J.C SANCHEZ ARNAU suggère enfin que tous les organismes
donnent la priorité, dans leurs projets de développement et
programmes de travail, à l'étude de la dimension culturelle du
développement afin de promouvoir l'identification des besoins
réels des peuples du Tiers Monde et de leur potentiel d'autosuffisance
et de s'assurer que ces peuples participent à la définition de
leurs propres objectifs économiques et sociaux et à la sauvegarde
de leurs valeurs culturelles.32(*)Cela est valable, par exemple, dans la lutte contre
l'excision dont la pratique est avant tout un rituel culturel même s'il
n'est pas question de la préserver.
L'historique de cette pratique permet de comprendre que,
contrairement à ce que l'on pourrait penser aujourd'hui, l'excision a
existé dans certains pays occidentaux. Selon certains chercheurs telle
que Marie Claire GIAGOMETTI, l'excision aurait même connu ses
débuts en Grèce. En effet, la mythologie grecque évoque un
mariage entre la terre et le ciel. Mais ce mariage n'a jamais connu de bonheur
du fait de sa stérilité. Cette stérilité serait due
au fait qu'une colline s'est interposée entre les deux partenaires. Dans
cette mythologie grecque, la colline équivaut au clitoris. Ainsi, la
nécessité de raser cette colline s'impose afin que le couple
Terre-Ciel puisse procréer. Toujours en Occident, jusqu'au
20ème siècle, des médecins estimaient que par
la clitoridectomie, certaines maladies comme la nymphomanie et
l'épilepsie pouvaient être vaincues33(*).
D'autres chercheurs attribuent, par ailleurs, l'origine des
mutilations sexuelles féminines à l'Egypte car elle est
considérée comme le berceau de la circoncision. Ces pratiques
auraient été instituées par des pharaons. Les
activités des hommes à cette époque34(*) les auraient obligés
à prendre des « mesures de
sécurité » vis-à-vis de leur
« bien » ; la femme. Ainsi, les femmes étaient
infibulées à l'épine pendant que leurs maris guerroyaient
pour la conquête de nouveaux territoires ou pour sauvegarder ceux
déjà conquis35(*).
Certaines sources font croire que l'excision provient
originellement du Coran. Une croyance populaire allant en faveur de cette
thèse se fonde sur l'histoire d'Ibrahim (Abraham) et de Sarata (Sarah).
Sarata est censée avoir fait exciser Hadiara (Hagar), l'autre femme de
son mari quand les rapports se sont détériorés entre
elles. Et depuis cet instant, l'excision s'est étendue chez les
musulmans36(*). Il
convient à présent de lever le doute de cette version du
problème en s'attachant à ce que disent les religions.
Dans la religion musulmane, les différents devoirs et
obligations se classent par ordre d'importance décroissant :
- les « farilas » : obligations,
devoirs catégoriques relevant du Saint Coran ;
- les « sunnas » : recommandations
découlant des règles de vie et habitudes du Prophète
Mahomet et consignées dans les hadiths37(*) ;
- Les « mustahabs » : règles
musulmanes de bonne conduite conseillées par certains hadiths.
Si la circoncision masculine est une
« sunna », donc une obligation vivement recommandée
pour le musulman pour raison d'hygiène mais aussi pratiquée
depuis le Patriarche Abraham38(*) et tous les autres prophètes, l'excision n'est
qu'officieusement et très partiellement tolérée. Elle
n'est même pas une « sunna » a fortiori une farila.
Elle est tout au plus tolérée comme une
« mustahab » chez une très infime minorité
musulmane39(*).
Du temps du Prophète Mahomet, l'excision était
une pratique courante. Il ne l'avait pas interdite, mais il n'en conseilla pas
non plus sa pratique. D'où l'ambiguïté de sa formule, seule
trace ayant trait à l'excision, que l'on retrouve dans les hadiths et
que Benoît GROULT rappelle dans son livre Ainsi
soit-elle : « N'intervient pas de façon
radicale, c'est préférable pour la
femme ».40(*)
Quant à la religion chrétienne, nulle part dans
la bible, il n'est fait allusion à l'excision des femmes. L'Ecriture
Sainte n'ignore pas la circoncision des garçons. Elle fait mention de
cela pour la première fois dans l'histoire d'Abraham à propos de
l'alliance conclue entre Dieu et le Patriarche, Père des croyants. La
circoncision des garçons consiste en l'ablation du prépuce, cette
sorte de capuchon qui couvre le gland de l'homme sans rien toucher de la verge
ni du gland lui-même. Si la circoncision demandée par Dieu
à Abraham était un signe matériel à l'alliance,
elle était aussi un signe préventif, une aide à la
santé de tous les mâles issus d'Abraham.
De toutes les façons, Dieu ne mentionne aucunement une
quelconque opération pour les femmes. Pour l'église catholique,
Dieu a créé l'homme et la femme à son image. Tout ce qu'il
fit en eux était bon et nul n'a le droit d'y toucher pour parfaire ou
corriger. De plus, l'église reconnaît que le clitoris de la femme
est une zone érogène.
En somme, les deux religions citées ont en commun la
pratique de la circoncision, mais nulle part, il est écrit que
l'excision féminine est une pratique obligatoire ou
recommandée.
Cependant, il faut noter qu'au delà du fait que
l'excision soit un rituel culturel, elle est aussi et surtout un ensemble
d'expressions de facteurs sociaux. Pratique ancestrale répandue dans les
sociétés africaines, l'excision fait partie intégrante des
rites d'initiation marquant la puberté sociale. A. Van GENNEP, dans son
livre Les rites de passage, détaille la
signification de ces rites (maturité de la femme,
féminité, propreté, puberté sociale, beauté,
harmonie, etc.).
De nos jours, aucune étude n'a permis apparemment de
préciser l'origine exacte de l'excision. Cependant, pour le cas du
Burkina Faso, il semblerait que l'excision se soit implantée plus
précisément chez les Moosé par le canal de l'Islam dans
les années 1784 à 179140(*).
1.2
Cadre théorique et conceptuel
1.2.1 Cadre
théorique
La communication pour le développement est une approche
communicationnelle qui est apparue à la fin de la deuxième guerre
mondiale. C'est à partir de ce moment que des universitaires
américains vont s'intéresser au rôle de la communication
dans les processus de développement. Ainsi, les milieux
académiques vont commencer à élaborer des théories
de communication en faveur du développement. Cette approche de la
communication a suivi une évolution basée sur plusieurs
principes. En effet, la communication pour le développement est le
résultat de l'évolution de plusieurs théories
antérieures.
L'une des toutes premières est le paradigme de la
modernisation et dans cette théorie, il faut relever l'idéologie
selon laquelle on ne peut se développer que si on se modernise41(*). Cette conception du
développement rime bien avec celle de Walt Rostow dans sa fameuse
théorie du décollage42(*). Dans cette optique, les pays
développés seront donc présentés comme des
modèles parce qu'en dehors d'eux, il n'y a pas de développement
possible. Les pays du Sud doivent donc adopter les technologies du Nord s'ils
aspirent à la modernisation qui, dans cette théorie, est
l'expression du développement. En conséquence, les cultures
traditionnelles des pays du Sud sont considérées comme
étant les causes de leur sous-développement. Pour y
remédier, il faut alors abandonner ces cultures traditionnelles et
adopter les comportements du Nord. Le paradigme de la modernisation aboutit
à une conséquence qui va constituer une autre théorie de
la communication pour le développement : Informer
pour persuader43(*).
En fait, les conclusions qui découlent
du paradigme de la modernisation seront, en effet, vulgarisées par
l'information et la communication. Le sous-développement sera
imputé à la sous information44(*). Ainsi, l'accent doit alors être mis sur les
médias pour engendrer le développement. Les médias vont
jouer un rôle de premier plan comme outil de transfert des
modèles. Ce type de communication obéit à un processus
linéaire dans lequel l'émetteur bénéficie d'un
pouvoir considérable sur le récepteur. Ce modèle de
communication est aussi l'étude de la persuasion et les effets attendus
sur le récepteur sont considérés comme s'appliquant
automatiquement45(*).
Dans cette conception de la communication, il y aura une
relation hiérarchique entre l'émetteur et le récepteur. La
communication sous cet angle est définie comme un processus par lequel
une idée est transférée d'une source à un
récepteur avec l'intention d'influer sur son comportement. De
façon générale, la source veut altérer la
connaissance qu'a le récepteur d'une certaine idée ou le
persuader d'adopter cette idée en tant que partie de son confort de tous
les jours (Rogers, 1963)46(*).
Une autre conséquence du paradigme de la modernisation
est la communication pour le changement de comportement (CCC).
Cette approche consacre une fois de plus le rôle dominant de
l'émetteur sur le destinataire. Le principe de base de la communication
pour le changement de comportement est la diffusion des innovations, cela
devant se faire par le canal des médias dans le but de convaincre les
populations dont on souhaite le changement d'habitudes. L'audience est
envisagée ici comme une cible amorphe qui obéit
aveuglément au schéma stimulus-réponse. Le média
est supposé agir selon le modèle de « l'aiguille
hypodermique »47(*). Cette forme de communication s'explique par le fait
que les cultures traditionnelles, les mentalités, les pratiques sociales
des populations sont considérées comme étant les
principales causes de leur sous-développement.
Parallèlement à la communication pour le
changement de comportement, il y a eu l'émergence d'une autre
approche : l'IEC (information, éducation, communication).
Il s'est avéré que les médias
n'étaient pas seuls capables d'influer sur le comportement des
individus. En effet, les relations interpersonnelles, les amis et les leaders
locaux sont aussi source d'influence de l'individu48(*). La théorie de la
diffusion des innovations devait être relativisée car les
médias n'étaient plus les seuls d'agir sur les individus.
Néanmoins, avec l'IEC, le volet informationnel allait demeurer
prépondérant consacrant toujours le rôle dominant de
l'émetteur. Cependant, plusieurs critiques ont été
formulées par rapport à ces théories quant à leur
pertinence et leur adéquation avec le besoin de participation et de
liberté de l'homme en général.
Certes, les approches de la communication pour le changement
de comportement ont fait leurs preuves dans un bon nombre de domaines en partie
dans celui de la santé. En outre, dans les situations où les
comportements à changer n'ont pas besoin d'être
répétés ou maintenus pendant longtemps, ces approches sont
considérées comme efficaces. Elles sont également
indiquées dans les cas où l'urgence nécessite une
réponse immédiate et un changement de comportement à court
terme.
Cependant, il est établi que la communication pour le
changement de comportement entraîne rarement un changement de
comportement à long terme. Les études ont démontré
que le nouveau comportement tend à s'estomper lorsque l'intervention de
la communication se termine. La principale raison avancée pour expliquer
cette situation est que le changement est induit de l'extérieur
(rôle dominant de l'émetteur), ce qui veut dire qu'il y a
conséquemment un manque d'appropriation du changement par les
populations elles-mêmes49(*). En effet, l'appropriation n'est possible que lorsque
les populations participent pleinement au processus et ce, dès ses
toutes premières étapes.
La communication pour le changement de comportement se limite
à la consultation des populations ce qui n'est pas suffisant pour
susciter l'appropriation et la responsabilisation. Par ailleurs, rares sont
les comportements qui sont déterminés uniquement par la
volonté propre de l'individu. Les facteurs politiques, sociaux,
économiques et culturels entrent également en ligne de compte. Le
fait de ne pas tenir compte de ces facteurs en misant uniquement sur l'individu
est l'une des principales critiques formulées à l'endroit de la
communication pour le changement de comportement. Dans cet ordre
d'idées, on peut dire que le mode de penser qui place l'individu au
centre des choix et des décisions n'est pas très
représentatif des sociétés traditionnelles africaines par
exemple, celles-ci étant davantage axées sur la communauté
et l'action collective. Les promoteurs de la communication pour le changement
de comportement reconnaissent aujourd'hui les limites inhérentes
à cette approche.
La communication pour le développement est une approche
qui se veut participative. Il s'agit désormais d'utiliser la
communication de manière systématique et organisée pour
assurer le développement. La communication pour le développement
va privilégier la participation de tous les acteurs au
développement, aussi bien des agents techniques que des populations
bénéficiaires des programmes de développement. L'objectif
de la communication pour le développement est donc de mobiliser la
population en résolvant les malentendus, en créant un consensus
autour des projets de développement pour éviter les
difficultés de leur application. Les populations, qui étaient
considérées, dans les précédentes théories,
comme ignorantes et dépourvues de savoirs et savoir-faire, seront
dorénavant impliquées dans le processus de développement
pour qu'elles déterminent elles-mêmes leur priorité.
La communication basée sur l'approche participative
favorise le dialogue entre les différents acteurs, ce qui permet
d'enrayer l'esprit de « travailler en vase clos » et de
résoudre les malentendus. La communication pour le développement
a une dimension pédagogique et de formation. Elle considère que
là où il y a des hommes, il y a des savoirs à valoriser.
C'est pourquoi cette approche tend à privilégier l'échange
d'informations et non l'apport d'informations50(*). Cela renferme bien sûr la
vertu de l'humilité de la part des acteurs ce qui va déterminer
le respect de la population et la prise en compte de ses priorités. Le
thème de notre étude « Lutte contre l'excision au
Burkina Faso: l'expérience du Plan Intégré de
Communication de Radio Vénégré» s'inscrit dans
la théorie de la communication participative.
1.2.2 Définition des
concepts
Pour une meilleure appréhension des différents
contours de notre étude, il importe que nous définissions les
concepts qui y seront évoqués.
1.2.2.1 Radio communautaire
Il existe des caractéristiques communes et propres aux
radios communautaires à travers lesquelles elles sont
généralement définies. En effet, la radio communautaire
diffère des autres types de radios de par son but, ses missions, son
statut et sa particularité organisationnelle51(*).
La première responsabilité d'une radio
communautaire est de servir la communauté et non de poursuivre des
objectifs publicitaires. Elle est plus investie d'une mission de service social
que d'une ambition de recherche de profit. Les programmes et le contenu des
messages au sein d'une radio communautaire sont faits en fonction ses besoins
et des priorités en terme d'informations de la communauté ce qui
permet à cette dernière de s'identifier à elle. Elle
favorise donc la participation communautaire, toute chose indispensable et
fondamentale dans le processus de création et de partage de nouvelles,
d'informations.
La radio communautaire se reconnaît également
à son statut. Au Burkina Faso, le Conseil Supérieur de la
Communication (C.S.C.), classe les radios privées en radios
privées commerciales et en radios privées non commerciales. Les
premières sont régies par la loi en matière commerciale et
sont constituées soit sous forme de société anonyme
(S.A.), soit sous forme de société anonyme à
responsabilité limitée (S.A.R.L.). Les secondes sont
régies par les lois sur les associations et mènent des
activités non lucratives et évoluent hors du champ de la
publicité. Il s'agit des radios confessionnelles et des radios
privées associatives ou communautaires.
Mais le fait qu'une radio soit considérée comme
non commerciale n'exclut pas qu'elle puisse fonctionner selon les règles
d'une entreprise ni qu'elle puisse générer des revenus ou
produire un revenu supérieur à ses frais de fonctionnement. Cela
veut dire que tout revenu excédentaire doit être reversé
à la communauté ou investi pour le développement de la
radio.
La radio communautaire se définit également par
ses missions et ses objectifs qui doivent être conformes à ceux de
la communauté qui l'a créée.
Elle sert la communauté en défendant les
intérêts de celle-ci et en favorisant la participation des
citoyens au développement local. Elle s'oppose donc à la
radiodiffusion publique trop globalisante, incapable de prendre en compte les
différentes spécificités locales au niveau national et
généralement très politisée en Afrique. Comme il a
été déjà souligné, elle est également
différente de la radio commerciale qui n'opère qu'en pensant
profits, pouvoir, propagande, politique, privilèges52(*).
1.2.2.2 Approche participative
Pendant longtemps s'est imposée
l'idée selon laquelle le changement de comportement, le
développement et le bien être des communautés pouvaient se
réaliser par des schémas et leur mise en oeuvre
unilatérale. Plusieurs années d'investissement de tous ordres se
sont soldées par des échecs multiformes subséquents aux
importants déphasages qu'il y avait entre ces schémas et les
attentes des bénéficiaires.
L'approche participative qui est encouragée aujourd'hui
est une attitude qui consiste à reconnaître d'abord que tout
être humain est pourvu de savoirs et savoir-faire à ne pas
méprendre et que ses besoins sont classés par ordre de
priorité. Toute action en faveur du développement d'une
communauté doit nécessairement être en phase avec ce
principe d'où l'exigence de la collaboration et de l'implication.
Le déroulement de la mise en oeuvre de l'approche
participative obéit à un processus marqué par des
étapes séparées mais complémentaires,
précises et importantes les unes que les autres. Selon la conception du
"projet appui au programme national de foresterie rurale du
Sénégal"53(*), toute entreprise dans ce sens passe d'abord par
un diagnostic à travers lequel se dégage une appréciation
exacte des besoins de la population concernée et une mesure de la
situation d'ensemble. Cette étape permet l'identification du
problème qui amène à la recherche de solutions par les
populations ou avec elles. La troisième étape est relative
à la programmation des actions à réaliser et elle
nécessite une formation préalable des acteurs impliqués
dans la mise en oeuvre pratique de la stratégie. Enfin intervient la
phase de l'évaluation qui doit se faire en deux étapes. Il s'agit
d'abord d'une auto évaluation par les populations elles-mêmes pour
apprécier et analyser la qualité des activités
menées, et ensuite, d'un suivi évaluation des démarches
utilisées par les populations et les agents techniques54(*).
1.2.2.3 Le théâtre forum : un outil qui
donne la parole
Le théâtre forum est une technique mise au point
dans les années 1960 par l'homme de théâtre
brésilien, Augusto Boal, dans les favelas de Sao Paulo. Le principe en
est que les comédiens improvisent puis fixent une fable de 15 à
20 minutes sur des thèmes illustrant des situations d'oppression ou des
sujets problématiques de la réalité sociale,
économique, sanitaire d'une communauté. Ils vont ensuite la jouer
sur les lieux de vie de la communauté à qui est destiné le
message. À la fin de la scène dont la conclusion est en
général catastrophique, le meneur de jeu propose de rejouer le
tout et convie les membres du public à intervenir à des moments
clé où il pense pouvoir dire ou faire quelque chose qui
infléchirait le cours des événements.
Il s'agit d'une technique de théâtre
participative qui vise à conscientiser et à informer des
populations confrontées à un problème de
société, de développement ou encore de
santé55(*). Pour
Anne DHUQUOIS, responsable de la Maison des Associations du
18ème arrondissement de Paris, « La formule,
inventée par le Brésilien Augusto Boal, consiste à
utiliser le théâtre comme un outil de transformation
sociale : une scène, en général, inspirée par
des faits réels et à la conclusion souvent négative,
relate une situation qui pourra être "transformée" par les
spectateurs. Ceux-ci, après avoir vu la scène une première
fois, peuvent lors de la reprise, interrompre l'action et prendre la place de
l'un des personnages. Objectif : influer sur le cours de l'histoire,
proposer des alternatives... ».
Le théâtre forum s'utilise ainsi beaucoup
auprès des populations non alphabétisées dans les projets
de développement dans les pays du Sud, mais est aussi en usage dans les
pays développés pour soulever des problèmes de
société56(*).
1.2.2.4 Les variables contextuelles
Pour mener notre critique, nous avons défini quelques
variables contextuelles qui sont des variables généralement
dépendantes de l'objectif de l'étude et qui répondent aux
exigences d'une analyse spécifique. Pour le choix de nos variables, nous
nous sommes inspirés du cours de « Définition de
l'objet de mesure » qui nous a été dispensé
dans le cadre de notre formation en communication pour le développement.
Ainsi, nous avons retenu les variables contextuelles suivantes :
· La pertinence des messages
· L'implication des bénéficiaires
· L'efficacité des supports et techniques de
communication
· Le processus d'élaboration du PIC.
La pertinence est une variable importante car nous estimons
que l'un des objectifs essentiels d'une stratégie de communication est
de formuler des messages efficaces, clairs et cohérents capables
d'attirer l'attention et de convaincre.
En outre, l'implication des bénéficiaires est
une étape indispensable dans une démarche de communication
participative en ce sens qu'elle permet à ceux-ci de s'exprimer, de
faire connaître leurs points de vue, toute chose qui favorise l'adoption
de propositions consensuelles et adaptées. A ce propos, Danielle
BOUGAIRE affirme que "la crédibilité de l'outil de
communication dépendra entre autres, de l'implication des populations
dans sa conception et aussi de la prise en considération de leurs
valeurs culturelles"57(*).
L'efficacité des messages diffusés dans le cadre
d'une stratégie de communication pour le développement est
fonction des supports de communication utilisés. Ils doivent
répondre aux conditions de proximité, d'accessibilité et
favoriser l'interactivité.
Enfin, il s'agit de vérifier si le processus
d'élaboration du PIC obéit aux principes de base de la
communication pour le développement à savoir la
compréhension du contexte socioculturel à travers un diagnostic
participatif, la prise en compte des facteurs identifiés et la
responsabilisation des bénéficiaires.
CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Nous voulons à travers cette étude faire
l'analyse critique de l'approche communicationnelle du plan
intégré de communication d'une radio à vocation
communautaire. Pour ce faire, nous avons, dans un premier temps, basé
notre travail de recherche sur la recherche d'informations documentaires dans
les bibliothèques du département communication et journalisme de
l'université, de l'UNICEF, du CNLPE.
2.1 La collecte des
informations
Cette étape de l'étude s'est
déroulée en trois phases importantes en raison de la nature des
informations que nous recherchions. Pour la partie théorique de
l'étude, nous nous sommes adonnés à une exploration
documentaire, la partie empirique, quant à elle, ayant requis des
entretiens et des observations.
2.1.1 L'exploration
documentaire
Nous avons mené notre recherche documentaire dans la
bibliothèque du département communication et journalisme de
l'université de Ouagadougou et dans des centres de documentation
d'institutions telles que l'UNICEF et le CNLPE. Cette recherche s'est
poursuivie au sein de la radio Vénégré à
Ziniaré où nous avons obtenus des rapports de campagnes de
sensibilisation et des informations sur la mise en oeuvre du PIC. En plus de
ces sources documentaires, nous avons eu recours à l'Internet pour
approfondir la recherche. Les informations obtenues à travers cette
recherche nous ont permis de mieux circonscrire notre sujet et de nous
imprégner davantage des questions liées à l'excision.
2.1.2 Les entretiens
Pour la collecte des informations sur le terrain, nous avons
privilégié l'approche qualitative à travers des entretiens
directs avec des personnes ressources impliquées dans le PIC et des
personnes dont les avis sur l'excision et la mise en oeuvre du PIC pouvaient
nous aider dans notre analyse. Ces entretiens nous ont permis de recueillir des
opinions et des sentiments sur la pratique de l'excision et de recueillir les
représentations sociales de l'excision dans le milieu concerné.
Même si les représentations sociales ne sont pas toujours
conformes à la réalité, elles constituent une variable
importante dans la communication pour le changement de comportement car elles
régentent la conception des messages. C'est pourquoi, en abordant cette
question, Pierre MANNONI souligne qu' « une
représentation, parce qu'elle est représentation est
nécessairement « fausse » puisqu'elle ne dit jamais
de l'objet exactement ce qu'il est, et en même temps, elle est
« vraie » en ce qu'elle constitue pour l'objet un type de
connaissance valide duquel il peut tirer le principe de ses
actes ».58(*)
Notre choix d'opter pour l'approche qualitative s'est
justifié par le fait que dans une question sensible comme l'excision, ce
sont moins les chiffres qui comptent que le sentiment, les avis, les
perceptions. Il existe des principes directeurs de conduite d'une
stratégie de communication pour le développement à savoir
qu'il faut impliquer les personnes concernées afin de mieux comprendre
le ou les problèmes auxquels elles sont confrontées,
élaborer la stratégie en tenant obligatoirement compte de leurs
attentes, leurs valeurs sociales, leurs religions. Pour la mise en oeuvre d'une
stratégie de communication pour le développement, la formation
des acteurs est un élément capital tout comme l'évaluation
qualitative et participative qui permet de redimensionner la stratégie
en corrigeant les imperfections. En outre, les cours que nous avons
reçus au cours de notre cursus universitaire sont à même de
nous guider dans notre analyse du PIC. Il y a aussi le fait que nous avons
exploité des données quantitatives découlant
d'enquêtes antérieures et récentes sur l'excision et ses
implications. Nous avons donc procédé à des entretiens
semi directifs sur la base de guides d'entretien que nous avons
élaborés à l'intention de la direction de la radio, des
noyaux relais et de certains membres de la population rurale. A
côté de ces entretiens semi directifs, nous avons eu des
échanges ponctuels et informels avec quelques animateurs de la radio.
La rencontre avec les noyaux relais au nombre de treize (13)
s'est organisée à la suite d'une réunion de bilan tenue
à Ziniaré à laquelle nous avons participé. Ces
cadres d'échanges nous ont permis de collecter de nombreuses
informations sans avoir eu besoin d'interroger chaque personne ce qui aurait
demandé du temps et des moyens plus importants.
2.1.3 L'observation directe
Nous avons surtout appliqué cette technique de collecte
d'informations lors des réunions pendant lesquelles il y a eu des
échanges, des révélations, des règlements de
litiges liés au partage de vélos.
2.2
Echantillonnage
La technique de l'échantillonnage repose sur la
généralisation d'un résultat à partir des
données recueillies auprès d'un nombre restreint de personnes.
Les zones géographiques qui ont été
ciblées pour la mise en oeuvre du PIC sont composées de la ville
de Ziniaré elle-même et de deux (2) villages environnants parmi
les douze qui ont bénéficié des activités de la
radio dans le cadre du PIC. Il s'agit du village de Watinoma et de
Wavussé. Nous distinguons alors deux catégories de
bénéficiaires du PIC à savoir une population urbaine et
une population rurale. Notre échantillon a donc été
composé de personnes dans la ville de Ziniaré que compose le
personnel de la radio avec à sa tête le directeur de la radio
monsieur Jean Baptiste SAWADOGO et quelques animateurs au nombre de quatre (4)
à travers des entretiens individuels, et de personnes en zones rurales
composées de membres des clubs d'écoute et de villageois au
nombre de treize (13) à travers un entretien de groupe. A Ouagadougou,
nous nous sommes entretenus avec des personnes ressources au sein des
structures partenaires chargées de suivre la mise en oeuvre du PIC au
plan national. Il s'agit notamment des responsables du PIC au sein du CNLPE et
de l'UNICEF au nombre de deux (02).
CHAPITRE III : LES
DIFFICULTES RENCONTREES ET LES LIMITES DE L'ETUDE
Il nous paraît important, dans cette partie, de revenir
sur les difficultés que nous avons rencontrées au cours de notre
étude et de dégager les limites de celle-ci.
3.1 Les difficultés
rencontrées
Comme toute recherche, notre étude a été
confrontée à des difficultés que nous pouvons classer en
deux catégories à savoir celles liées à la collecte
des informations et les difficultés financières.
3.1.1 Les difficultés
liées à la collecte des informations
Dans notre échantillonnage, nous devrions rencontrer
des personnes ressources au niveau de Ouagadougou et au niveau de notre champ
d'étude. Au CNLPE et à l'UNICEF où nous nous sommes rendu,
il nous a été difficile de rencontrer les personnes
indiquées. Plusieurs rendez-vous ont été pris, mais
reportés à chaque fois. Il nous a quasiment été
impossible d'avoir un entretien direct avec les personnes ressources
identifiées au sein de ces deux structures. A l'UNICEF, notre
interlocuteur nous a demandé notre guide d'entretien afin de
préparer une rencontre, mais quelques jours après, il nous a
notifié que les informations que nous recherchions étaient
disponibles à la documentation et qu'en raison de son manque de temps,
il nous suggérait de nous en tenir aux informations documentaires pour
ne pas accuser un retard dans notre travail.
Au CNLPE, notre interlocuteur nous a tout simplement
clarifié qu'il ne pouvait nous entretenir de quoi que ce soit sans une
autorisation préalable de la secrétaire permanente que nous ne
pouvions pas rencontrer pour raison d'absence. Il nous a, cependant,
confié au documentaliste qui a bien voulu nous remettre toute la
littérature disponible relative aux questions d'excision au Burkina
Faso.
Certes, ces informations étaient importantes pour nous
en ce sens que nous avions déjà prévu l'étape de
l'exploration documentaire. Mais, en plus, nous avions besoin de l'opinion de
certaines personnes responsables du PIC sur la mise en oeuvre de ce programme
et de ses implications car, en réalité, il n'existe pas un
document élaboré, détaillé et planifié qui
explique de manière exhaustive le PIC.
Face à cette situation, nous avons improvisé une
nouvelle technique de collecte d'information qui consistait à discuter
de manière informelle avec le documentaliste qui s'est
avéré infructueuse car il ne savait pas grand-chose sur le PIC
selon ses dires : « à vrai dire, je ne sais pas
grand-chose sur le PIC et comme vous préparez un mémoire, c'est
mieux pour vous que je ne vous donne pas des informations erronées. Il y
a un responsable chargé de la question »59(*).
Concernant nos échanges en province, ils ont
relativement été facilités par le Directeur de la Radio
Vénégré, car ils se sont réalisés
généralement à la suite de rencontres qui
réunissaient un grand nombre de personnes venues de plusieurs villages
impliqués dans le PIC. Cela nous a permis de réduire le nombre de
déplacements que nous devions éventuellement effectuer.
Cependant, à Wavussé, les choses n'ont pas été
très faciles en ce sens qu'il y a un incident à la suite duquel
le chef du village a été en prison d'où la méfiance
des uns et des autres quant aux questions liées à
l'excision60(*).
Pour le reste, il a suffit que nous soyons
présenté par le Directeur de la radio aux différentes
personnes comme des étudiants en fin de cycle pour que ceux-ci acceptent
d'échanger avec nous.
Nous avons également été confronté
à des difficultés financières lors de l'étude qui,
à certains moments, ont ralenti notre rythme de travail.
3.1.2 Les difficultés
financières
De la collecte des informations, leur exploitation à la
rédaction finale du présent document, nous avons
été quelques fois confronté à des
difficultés financières généralement
inhérentes à la conduite de tout projet de recherche. Notre
thème d'étude a nécessité des déplacements
à Ziniaré et dans les deux villages ciblés et même
à l'intérieur de Ouagadougou. Ces déplacements donnaient
lieu à des dépenses que nous n'étions pas souvent en
mesure d'honorer de sorte que certains rendez-vous ont été
reportés ; ce qui n'est pas sans préjudice quant à la
disponibilité des uns et des autres.
Les différentes saisies et impressions
nécessitaient des ressources financières même s'il convient
de reconnaître que nous avons souvent bénéficié de
l'aide de personnes dans certaines structures.
3.2 Les limites de
l'étude
Notre étude présente quelques limites quant
à la nature des informations concernant la zone de notre recherche. En
effet, l'étude ne donne pas d'informations précises sur la
situation de l'excision particulièrement dans la province de
l'Oubritenga. Pendant les recherches documentaires, nous n'avons pas
rencontré de document qui fasse ressortir la situation de l'excision
spécifiquement dans la province de l'Oubritenga encore moins dans la
ville de Ziniaré. Des informations exactes, précises et
récentes sur l'évolution de la pratique de l'excision dans notre
champ d'étude nous auraient permis de mieux cadrer notre analyse.
DEUXIEME
PARTIE
PRESENTATION DU CONTEXTE GENERAL DE LA
RECHERCHE ET SITUATION DE L'EXCISION AU BURKINA FASO
Dans cette partie, nous allons donner des informations
générales relatives aux principaux éléments de
notre thème de recherche à savoir la radio
Vénégré, le PIC et l'excision. L'étalage de ces
informations nous permettra de mieux cerner les implications diverses qui se
manifestent dans ce sujet.
CHAPITRE I : PRESENTATION DU CONTEXTE GENERAL DE LA
RECHERCHE ET DE LA RADIO VENEGRE
Dans cette partie, nous allons procéder à la
localisation de la zone de l'étude et la description de la radio
Vénégré.
1.1
De la province de l'Oubritenga
1.1.1 Localisation
géographique
La province de l'Oubritenga est localisée sur le
plateau central du Burkina Faso. Suite au découpage du pays en 45
provinces, elle est limitée au nord-ouest par la province du
Passoré, au nord-est par le Sanmatenga, au sud par le Kadiogo, à
l'est par le Ganzourgou et à l'ouest par le Kourwéogo. Elle a une
superficie de 2.774,583 Km2 (IGB) dont le chef lieu de province est la ville de
Ziniaré.
1.1.2 Découpage
administratif
La Province d'Oubritenga a été
créée par l'Ordonnance n° 84-055/CNR/PRES du 15 Août
1984, portant découpage du territoire national en trente (30) provinces
et deux cent cinquante (250) départements. La loi n° 010/96/ADP du
24 Avril 1996, portant modification de limites de Provinces fixe le cadre
administratif actuel de la Province d'Oubritenga. Elle compte sept (7)
départements (Absouya, Dapélogo, Loumbila, Nagréongo,
Ourgou-Manéga, Ziniaré et Zitenga) renfermant 204 villages
administratifs dont une commune urbaine (Ziniaré) et six communes
rurales chefs-lieux des départements. La radio
Vénégré qui fait l'objet de notre étude est
implantée dans la ville de Ziniaré. Dans la partie qui suit,
nous allons rappeler l'historique de la création de la radio
Vénégré, ses caractéristiques administratives et
techniques.
2.1
Contexte de création et évolution de la radio
Vénégré
Nous allons d'abord aborder le contexte de création de
la radio et de son évolution.
2.1.1 Contexte de création
Issue de la grande Fédération paysanne
« Wend Yam », radio Kakoadb Yam
Vénégré (l'éveil des consciences paysannes) est une
radio communautaire implantée dans la province de l'Oubritenga depuis
1998. Elle a commencé à émettre en janvier 1998 à
Kulkinka, village situé à 17 Km de Ziniaré et berceau de
la fédération paysanne Wend Yam.
En réalité, l'idée de créer la
radio « Kakoadb yam Vénégré » est
née en 1996 lors d'une assemblée générale de la
Fédération paysanne Wend Yam. En effet, aux conclusions des
travaux de cette assemblée générale, il ressortit que
parmi les activités de la Fédération, un défi au
niveau de la communication restait à relever. « Les
animateurs de la Fédération n'avaient pas toujours accès
aux villages et les informations destinées aux membres leurs parvenaient
en retard. Il était donc difficile de communiquer avec tous les membres
qui devenaient de plus en plus nombreux. C'est ainsi que l'assemblée a
opté pour la mise en place d'une radio communautaire qui allait servir
d'instrument de communication entre la Fédération et ses membres
d'une part et entre la Fédération et la population en
général d'autre part »61(*).
Initialement implantée à Kulkinka, les
installations de la radio vont déménager à partir du
1er janvier 2000 à Ziniaré, chef-lieu de la province
d'Oubritenga, pour deux raisons principales. D'abord, au plan financier, vu les
difficultés que la radio rencontrait pour son bon fonctionnement, il est
apparu nécessaire de trouver un espace où l'activité
radiophonique pourrait susciter des recettes même si la radio est
à vocation communautaire.
Ensuite, au plan matériel, il y avait des insuffisances
car la radio fonctionnait à Kulkinka avec un groupe
électrogène qui était récuremment exposé
à de fréquentes pannes. Il fallait donc rejoindre un lieu
où il y avait de l'électricité pour faciliter davantage
son fonctionnement. Ce sont les raisons principales qui ont
nécessité le déménagement de la radio en zone
urbaine.
2.1.2 L'équipement
technique et matériel de la radio
La radio « Kakoadb yam
Vénégré » est équipée d'un
émetteur d'une puissance de 2000 watts et d'un émetteur secours
de 300 watts. Elle dispose de deux studios dont l'un sert à
émettre les émissions et l'autre servant de studio de production.
L'antenne de la radio a une hauteur de 60 mètres. Avec cet
équipement, la radio Kakoadb yam Vénégré
émet sur un rayon de 120 Km. Elle couvre ainsi les provinces de
l'Oubritenga, du Ganzourgou, du Kourwéogo, du Kadiogo, du Bam, du
Sanematenga, du Bazèga, du Boulkiemdé et du Kouritenga. La radio
émet sur la bande FM 107.7 MHz.62(*)
2.2 Caractéristiques
administratives de la radio
Dans cette partie, nous allons, à travers deux sous
parties, faire une description du personnel et du mode de gestion de la radio.
2.2.1 Le fonctionnement de la
radio
La radio Kakoadb yam Vénégré émet
de 6h00mn à 10h00mn dans la matinée, de 12h00mn à 15h00mn
l'après midi et de 18h00mn à 22h00mn dans la soirée, soit
11 heures d'émissions radio par jour. Les thèmes des
émissions sont relatifs à l'agriculture, l'élevage,
l'environnement, la santé, l'éducation, la culture et aux
activités de la fédération Wend Yam. La radio dispose de
clubs de fidèles auditeurs qui se réunissent tous les trois mois
pour faire le point sur les émissions diffusées. Ils font des
critiques, des suggestions et proposent des thèmes à traiter.
« La quasi-totalité du budget de la radio
est supportée par la Fédération Wend Yam. Les recettes de
la radio proviennent essentiellement des communiqués, de la vente de
tickets de concert et des cartes des fidèles auditeurs, des contrats de
service et de la subvention de l'Etat et des projets. »63(*)
2.2.2 Les clubs
d'écoute
La radio Vénégré compte plus d'une
cinquantaine de clubs de fidèles auditeurs repartis dans cinq provinces
à savoir le Sanmatenga, le Kourwéogo, le Ganzourgou, l'Oubritenga
et le Bazèga.64(*)Ces clubs sont des regroupements d'auditeurs de la
radio dans des villages donnés, et qui sont constitués de bureaux
de sept membres. Chaque club possède, en son sein, un animateur relais
qui est chargé d'organiser, en collaboration avec le bureau du
club, les rencontres mensuelles prévues et de rédiger les comptes
rendus ; de produire des émissions en collaboration avec les
animateurs permanents de la radio et enfin de rédiger les
communiqués et de recueillir les concerts et de les acheminer à
la radio.
« En d'autres termes il est le
représentant de la radio dans sa zone ».65(*)
Un bureau exécutif est mis en place pour coordonner les
activités. L'ensemble des clubs se réunit trimestriellement en
assemblée générale où chaque club présente
les critiques des programmes de la radio et des propositions de thèmes
pour de prochaines émissions. L'objectif premier de ces clubs est de
contribuer à la production d'émissions de qualités et de
jouer le rôle de courroie de transmission entre la radio et les auditeurs
et vice versa. Pour être membre d'un club, il faut s'acquitter des frais
d'adhésion qui est de 250 francs CFA et 100 francs CFA pour les
cotisations mensuelles. L'achat de la carte de fidélité à
500 francs CFA est obligatoire pour tout membre de club.
CHAPITRE II: LE PLAN
INTEGRE DE COMMUNICATION DE RADIO VENEGRE
La
radio KAKOADB YAM VENEGRE a bénéficié d'un appui du
Comité National de Lutte contre la Pratique de l'excision (CNLPE) pour
la mise en oeuvre des activités du Plan Intégré de
Communication de lutte contre la pratique de l'excision. Dans ce chapitre, nous allons donner une définition de
PIC qui est basée sur les critères de son élaboration et
de sa mise en oeuvre avant de décrire quelques activités
menées
2.1 Définition
La
définition du PIC est basée sur les critères de son
élaboration et de sa mise en oeuvre.
2.1.1 L'objectif de
transformation sociale
Le Plan Intégré de Communication (PIC) est une
nouvelle approche développée dans les années 90 et promue
au Burkina Faso par l'UNICEF. « Le PIC est un processus de
recherche visant la transformation sociale qui s'opère à travers
trois principales stratégies que sont le plaidoyer, la mobilisation
sociale et la communication pour le changement de
comportement »66(*).
Le PIC comporte quatre grandes étapes.
2.1.2 L'élaboration et la
mise en oeuvre
L'élaboration du PIC intègre le choix des
thèmes, la définition des objectifs, le choix du lieu
d'exécution, la détermination des canaux de communication,
l'adaptation de la méthode ou démarche et la détermination
des ressources à mettre en oeuvre. La mise en oeuvre du PIC comporte
deux phases.
Il y a d'abord la phase d'animation de terrain qui est
axée sur les préparations de terrain à savoir les missions
de repérage, la mise en place d'une cellule locale avec comme point
focal la radio, les actions concrètes (campagnes radiophoniques), la
réalisation des émissions, magazine et micro programmes, les
représentations théâtrales, les projections de film et la
réalisation de jeux radiophoniques.
Ensuite vient la phase de diffusion et de rediffusion des
émissions réalisées et produites sur le terrain.
2.1.3 L'évaluation et la
pérennisation
L'évaluation est menée à partir de quatre
points essentiels que sont la détermination de la période
d'évaluation (à partir de combien de temps de sensibilisation
peut-on évaluer ?), le choix des mécanismes
d'évaluation (enquêtes, sondages, focus groupe, observation),
l'exploitation des données (analyse, interprétation, enseignement
et conclusion), et enfin la mesure de l'impact.
La pérennisation des activités du PIC se fait
à partir de la mise en place des noyaux relais appelés
comités villageois de communication pour le changement de comportement
qui continuent les activités de sensibilisation. Ces noyaux relais qui
regroupent cinq (5) personnes par noyau et par village se composent comme
suit :
- un représentant des religieux ;
- une accoucheuse villageoise ou agent de santé
communautaire ;
- un représentant des jeunes ;
- Quelques leaders locaux (autorités administratives et
politiques, chefs coutumiers et délégués administratifs
villageois).
Il importe de nous interroger sur la nature des
activités menées dans le cadre de ce plan.
2.2 Quelques activités
menées dans le cadre du PIC
2.2.1
La mobilisation sociale
La mobilisation sociale consiste en un processus par lequel
les membres d'une communauté prennent conscience de l'existence d'en un
processus par lequel les membres d'une communauté prennent conscience de
l'existence d'un problème, en viennent à considérer la
résolution de ce problème comme une priorité pour la
communauté, et décident des actions à entreprendre pour
résoudre le problème. Elle se fonde sur une approche globale
planifiée qui met l'accent sur la constitution de vastes coalitions
politiques et sur l'action de l'échelon communautaire67(*).
Les activités de mobilisation sociale dans le cadre du
PIC ont eu pour objectif d'impliquer, de susciter l'adhésion de
plusieurs acteurs dans la lutte contre l'excision. Il s'agit notamment des
groupements villageois, les clubs d'écoute et certaines associations.
Ces activités ont donc permis de mobiliser 20 groupements villageois
masculins et 13 groupements féminins. Chaque groupe compte en moyenne 50
membres. 45 clubs d'écoute de la radio ont également
été mobilisés avec un nombre total des membres qui
s'élève à 2 925 personnes68(*).
2.2.2 La sensibilisation et le
plaidoyer
Les activités de sensibilisation sont
généralement menées à travers les canaux tels que
le théâtre forum, les projections vidéo, le ciné
débat, les émissions radiophoniques et les jeux publics. Elles
abordent des thèmes relatifs aux conséquences de l'excision, aux
séquelles de celle-ci et à la loi par rapport à cette
pratique. Il y a, par exemple la diffusion du film "Ma fille ne sera pas
excisée" et des campagnes de sensibilisation sur le thème
"Sauvons la vie de nos filles; donnons leur la chance de s'épanouir
dans leur foyer en bannissant à jamais l'excision".
Quant au plaidoyer, il vise à influencer les
décideurs au niveau local, régional, national ou même
international, dans le cadre des processus décisionnels officiels ou non
officiels. En ce sens, il s'agit d'actions de communication entreprises par des
individus, des groupes ou des communautés dans le but d'avoir une
incidence sur les décisions qui influencent leur vie69(*).
Le plaidoyer de la radio Vénégré a
été formulé pour susciter l'adhésion et
l'engagement des autorités administratives de la province dans la lutte
contre cette pratique et d'impliquer les chefs coutumiers et religieux dans la
mise en oeuvre des activités sur le terrain.
Le tableau suivant donne les genres et le nombre des
activités qui ont été réalisées sur le
terrain et des publics cibles touchés.
Genres d'activités
|
Nombre d'activités
réalisées
|
Nombre de personnes touchées
|
Total
|
Femmes
|
Hommes
|
Enfants
|
Projection vidéo
|
12
|
780
|
756
|
804
|
2340
|
Théâtre forum
|
12
|
1020
|
950
|
970
|
2940
|
Jeux radiophoniques
|
12
|
780
|
650
|
853
|
2283
|
Total
|
|
2580
|
2356
|
2627
|
7563
|
CHAPITRE III : EXPOSE SUR LA SITUATION DE L'EXCISION
AU BURKINA FASO
Dans ce chapitre, nous entendons aborder la notion de
l'excision à travers ses différentes formes, ses causes et
conséquences.
3.1
L'excision et ses différentes formes
Avant tout propos concernant les formes de l'excision, il
convient que nous donnions une approche définitionnelle de cette
pratique.
En effet, l'excision, selon le dictionnaire « Le
petit Larousse » est l'ablation rituelle du clitoris et parfois des
petites lèvres de la vulve), pratiquée chez certains peuples.
L'excision, circoncision féminine70(*) ou clitoridectomie consiste donc en l'ablation
partielle ou totale du clitoris.
3.1.1 Les différentes
formes d'excision
Avant de décrire les différentes formes
d'excision, nous allons d'abord faire un bref rappel de l'anatomie
physiologique du sexe de la femme.
En effet, le clitoris est situé au dessus de
l'entrée du vagin, au dessus du méat urinaire. Comme le gland du
pénis chez l'homme, il est protégé par un prépuce,
le capuchon du clitoris. Il constitue avec le pubis, les grandes et les petites
lèvres et le vestibule vaginal, les organes génitaux externes de
la femme. Il fait partie, avec le corps caverneux et le bulbe vestibulaire, des
organes érectiles présentant une grande sensibilité
érogène grâce à sa très riche vascularisation
et innervation.
La connaissance des réactions sexuelles chez la femme a
été élucidée grâce aux travaux de MASTERS et
JOHNSON71(*) : c'est
l'ensemble des manifestations anatomophysiologiques qui conduisent à
l'orgasme. Cette réaction se déroule en quatre phases que
sont la phase d'excitation, la phase de plateau, la phase d'orgasme et la phase
de résolution.72(*)
On distingue en général deux formes
d'excision.
? Première forme avec trois
types : (classification de R. COOK, 1977 adoptée par
l'OMS73(*)).
Cette première forme comporte trois types d'excision
à savoir :
- type I : Excision à minima ou
« circoncision sunna » : c'est une excision circulaire
du prépuce clitoridien, analogue à la circoncision masculine. Le
gland et le corps du clitoris ne sont pas touchés.
- Type II : Excision complète avec ablation du
clitoris, de ses annexes et des petites lèvres. Elle est plus
répandue. Au Burkina Faso, ce type est le plus couramment
rencontré.
- Type III : Infibulation ou « circoncision
pharaonique » : Il consiste en l'ablation du clitoris, des
petites et des grandes lèvres. Les bords de la vulve sont recousus
ensemble à l'aide d'un fil ou d'épines. Le vagin est aussi
obturé en laissant une toute petite ouverture pour l'écoulement
des urines et des menstrues.
Par ailleurs, l'Association Malienne pour le Suivi et
l'Orientation des Pratiques Traditionnelles (AMSOPT) a mené une analyse
socioculturelle des objectifs de chaque type selon laquelle l'excision à
minima répond à un souci de pureté. La femme est ici
considérée comme un sujet et le but de l'opération est de
la dégager de toute « saleté ».
Le type II ou excision complète avec ablation du
clitoris repose sur l'idée d'empêcher la femme de jouir. Elle est
donc considérée comme un objet et le but de l'opération
est de réduire la sensualité sexuelle de celle-ci. Enfin, le type
III ou infibulation voit la femme comme une esclave dont le domaine sexuel et
génétique doit être totalement
contrôlé74(*).
? Deuxième forme
Peu répandue, elle consiste à frotter des
plantes recouvertes de poils (genre d'ortie) sur le clitoris, le rendant
flasque et insensible de façon définitive.
3.1.2 La pratique de
l'excision
La pratique de l'excision recouvre plusieurs facteurs à
savoir les moyens utilisés, l'âge de l'excision, le statut de
l'exciseuse et le caractère culturel de l'acte.
? Les moyens
utilisés
En général, l'exciseuse utilise un couteau
traditionnel en forme de faucille ou un rasoir. Les vieilles du village
assistent l'exciseuse en écartant et retenant les jambes de la petite
fille. Bien souvent, celle-ci ignore ce qui l'attend, ce qui crée des
réflexes de défenses compréhensibles, mais
préjudiciables dans les conséquences de l'acte.
? L'âge de
l'excision
L'âge de l'excision varie d'une communauté
à une autre. Il est généralement associé à
des évènements significatifs de la vie des femmes :
naissance, adolescence, premières menstrues, mariage... Depuis quelques
années, l'âge de l'excision diminue chez toutes les
communautés et de plus en plus, on tente d'exciser l'enfant dès
les premières années de vie et de préférence avant
l'âge scolaire.
? Le métier
d'exciseuse
Le rôle d'exciseuse est un véritable
métier qui se transmet de mère en fille au sein d'une même
famille. L'exciseuse est une vieille femme soit accoucheuse villageoise,
matrone, sorcière ou de la famille des forgerons. Dans certaines
communautés, elle devra être nécessairement
ménopausée, dans d'autres, extérieure au village.
En tant que métier, l'excision devient
nécessairement une source de revenus indéniable.
?
Cérémonies et rituels
La pratique de l'excision revêt un caractère
culturel dans toutes les sociétés où elle se manifeste et
elle fait généralement l'objet de cérémonies et de
rituels. Les cérémonies varient d'une communauté à
une autre, mais toujours est-il qu'avant, cela était une
véritable fête où diverses incantations ou sacrifices
étaient effectués. Les vieilles exécutaient des chants,
danses, claquements de mains pour masquer les cris de la jeune
excisée.
Mais les cérémonies de l'excision subissent une
mutation profonde de nos jours. En effet, devenant de plus en plus clandestine,
elle se pratique sans cérémonie. Soit on se rend chez
l'exciseuse, soit celle-ci se déplace de village en village.
Déphasée par rapport aux coutumes ancestrales, l'excision perd
peu à peu son rôle d'initiation et d'apprentissage social pour
n'être désormais qu'une mutilation coupée graduellement de
sa symbolique originale.
3.2
Causes et conséquences de l'excision
La pratique de l'excision est sous tendue par des causes
économiques, culturelles, religieuses et morales.
3.2.1 Les causes couramment
évoquées
D'une manière générale, les causes
évoquées pour pratiquer l'excision sont relatives
à:
Des raisons d'ordre anatomique et
esthétique
Selon certaines tendances, les organes sexuels d'une jeune
fille non excisée sont « d'une difformité
honteuse » et fait ressembler à l'homme (selon un
médecin grec).
Les Africains, eux, croient que tout individu possède
les deux sexes à la naissance. Chaque personne est censée
être dotée d'une âme masculine et d'une âme
féminine, ce qui se répercute sur les organes génitaux.
Ainsi, selon les Bambaras et les Dogons du Mali, l'âme féminine de
l'homme se situe dans le prépuce, et l'âme masculine de la femme
se situe dans le clitoris.
L'excision, qu'elle soit pratiquée chez l'homme ou la
femme, était donc considérée comme sacrée et aurait
comme but principal de différencier de façon définitive le
sexe de celui qui doit la subir.
Des raisons d'ordre moral
Pendant longtemps, il a été admis dans les
esprits que la résection du clitoris supprime la sensibilité
sexuelle de la jeune fille. Ainsi, elle lui permet de conserver sa
virginité jusqu'au mariage. Au Burkina Faso, comme dans beaucoup
d'autres pays, l'excision est pratiquée pour assurer la
virginité, augmenter la fertilité et la fécondité
et pour favoriser la propreté.
Les Moosé du Burkina Faso par exemple estiment qu'une
femme non excisée se trouve dans l'impossibilité d'avoir des
enfants ; le clitoris étant, selon eux, un organe dangereux, qui
tue l'enfant à la naissance en le touchant75(*). Les Bambaras pensent qu'un
homme qui coucherait avec une fille non excisée risquerait la mort, car
le clitoris contiendrait des vers pouvant rendre stérile76(*).
La nécessité d'une intégration
sociale de la jeune fille
Une jeune fille non excisée est encore
marginalisée, souvent même considérée comme impure,
de nos jours, dans certaines communautés. Ainsi, on entend dire que
celle-ci ne peut alors ni se marier, ni même être autorisée
à préparer les repas pour une famille si elle n'est pas
libérée de ce poids que lui impose la société.
L'excision constitue un test d'endurance ou un rite de passage
de l'enfance au monde adulte. Dans les pays musulmans, on a parfois recours
à des arguments religieux pour convaincre et faire céder les
familles réticentes, en affirmant que ces pratiques sont prescrites par
l'Islam, ce qui n'a jamais été démontré.
Des raisons d'ordre lucratif
L'excision constitue pour celles qui la pratiquent une source
de revenus non négligeable que celles-ci ne souhaitent pas perdre. En
effet, une excision peut rapporter des récompenses en espèces ou
en nature tels que des boules de savons, des pagnes et nous pouvons dire avec
Kadidia SIDIBE77(*) que
"... c'est aujourd'hui un problème économique. L'exciseuse
dans le village est une femme reconnue qui reçoit des dons des
villageois. La fin de l'excision mettrait fin à cet avantage
économique non négligeable".
Nous allons à présent aborder les
conséquences liées à la pratique de l'excision.
3.2.2 Conséquences de
l'excision
Les conséquences dépendent de l'importance de la
mutilation, des conditions d'hygiène et des instruments utilisés,
de l'expérience, l'habileté et la vue de l'opératrice
ainsi que de la résistance opposée à cette dernière
par l'enfant victime de l'acte d'excision. Il convient de préciser qu'il
n'y a jamais d'anesthésie pour éviter la douleur durant
l'opération. Toutes les formes d'excision citées plus haut,
mêmes faites dans des conditions acceptables, créent des
complications pour la santé de la jeune fille ou de la femme.
Les conséquences de cette pratique qui contribue
à l'augmentation de la mortalité et de la morbidité sont
nombreuses et de graves complications mettent la fillette ou la femme dans un
état d'aliénation. Ces complications peuvent survenir
immédiatement, pendant, peu après ou longtemps après ces
opérations. Elles sont d'ordre physique, psychologique, social.
3.2.2.1 Complications immédiates
? Les
hémorragies et le choc
Du fait que la région clitoridienne est très
vascularisée, toute atteinte à l'organe entraîne la rupture
de ces vaisseaux et l'hémorragie peut être si importante qu'elle
provoque un choc chez l'excisée pouvant conduire à la mort.
Le choc peut être dû à la douleur
très vivement ressentie ou faire suite à l'hémorragie
foudroyante (pas d'anesthésie, instruments grossiers et non
stérilisés).
? Les
infections
L'ouverture des vaisseaux constitue une porte d'entrée
à l'infection. Les mauvaises conditions de cette pratique comme
l'utilisation d'instruments non stérilisés, l'application de
plantes, d'excréments d'animaux, de terre entre autres. sont des
facteurs favorisant ou aggravant l'infection.
Le tétanos survenant dans les deux semaines, conduit
inévitablement à la mort surtout dans les régions
où l'immunisation est insuffisante. Les septicémies, les
mauvaises conditions d'hygiène pour les soins sont autant de risques
supplémentaires. En outre, il faut ajouter que le risque de transmission
du SIDA n'est pas négligeable lorsque les excisions se pratiquent sur
plusieurs en même temps alors que les instruments ne subissent aucune
décontamination et ne sont pas à usage unique.
? La rétention d'urine
L'une des conséquences immédiates, la
rétention d'urine, est due soit à la douleur provoquée par
le contact des urines sur la plaie, soit à un
rétrécissement du méat urinaire. Cette rétention
entraîne également des infections des voies urinaires. On peut
encore observer des dommages et des traumatismes des zones du clitoris :
atteinte de l'urètre, atteinte de l'anus, atteinte des parois vaginales,
des glandes de Bartholin entraînant des infections (cystites...), des
fistules vésico vaginales ou des fistules recto vaginales.
La pratique de l'excision provoque aussi des complications
à long terme.
3.2.2.2 Les complications à long terme
Les complications à long terme peuvent se regrouper en
deux grands volets à savoir des problèmes
gynécologiques et des problèmes urinaires. Ces problèmes
résultent de l'hypertrophie des cicatrices de la vulve et de la
fermeture de l'ouverture vaginale et de l'urètre après
l'infibulation.
? Problèmes
gynécologiques
Parmi les problèmes gynécologiques, il y a ceux
relatifs à la formation d'une cicatrice dure et fibreuse dans laquelle
peuvent se développer des chéloïdes et des kystes
dermoïdes. Les chéloïdes sont courantes lorsqu'il y a eu une
infection après l'opération. Les kystes peuvent s'infecter et
former des abcès, incrustation de la peau entre les bords de la vulve
qui ont été collés.
Il y a aussi d'autres problèmes gynécologiques
dus à la haute incidence des infections pelviennes aiguës ou
chroniques qui est imputable à l'infibulation : cystites,
vaginites, cervicites, qui se développent en une infection pelvienne
chronique qui plus tard peut entraîner un avortement. Si les trompent de
Fallope se bloquent à cause de l'infection et de l'inflammation, la
femme devient stérile.
La dysménorrhée qui, elle aussi, fait partie des
problèmes gynécologiques et qui résulte de l'infection
pelvienne chronique est due à la congestion pelvienne :
accumulation du sang au niveau de l'utérus due à la
l'étroitesse de l'ouverture vaginale laissée par
l'infibulation.
En plus de ces problèmes, on peut citer d'autres tels
que :
- L'hématocolpos qui est la rétention des
menstrues à cause de l'étroitesse de l'ouverture vaginale,
entraîne une accumulation du sang dans l'utérus et le vagin
causant une inflammation chronique du pelvis pouvant conduire à la
stérilité. Ce problème se rencontre surtout en cas
d'infibulation.
- La dyspareunie est relative à l'absence d'orgasme au
niveau de la zone érogène amputée pouvant entraîner
de fortes douleurs et des difficultés diverses.
- Les malformations et les cicatrices de la vulve rendent
difficiles l'examen gynécologique et la visualisation directe du col et
du vagin surtout dans les cas d'infection vaginale, grossesse douteuse ou
fausse couche.
- On assiste également à des traumatisme
psychologiques chez l'excisée qui peut avoir peur des rapports sexuels,
ce qui peut entraîner une frigidité définitive.
3.3
Historique de la lutte contre l'excision au Burkina Faso
Le début du XXème siècle marque le
démarrage de la lutte avec l'arrivée des Pères Blancs
(introduction de la religion chrétienne). Ceux-ci menaçaient
d'excommunier les fidèles pratiquant l'excision. Mais cette action fut
limitée au moment du mariage, car les filles non excisées
devaient se faire exciser pour trouver un mari. C'est à partir des
indépendances que des actions véritables seront prises dans le
cadre de la lutte contre cette pratique78(*).
3.3.1 Les grandes dates
? 1960, le gouvernement de la première
République après les indépendances entreprit des actions
de sensibilisation auprès de la population, mais son action a
été aussitôt limitée par des pressions sociales.
? 1975, avec l'année internationale de
la femme, les actions ponctuelles ont constitué les débuts
d'initiation de la lutte dans notre pays. La pratique de l'excision fut
dénoncée par les ONG, les associations féminines et les
médias à travers des émissions radiophoniques.
? Mars 1985, lors de la semaine nationale de
la femme, des voix féminines se sont mobilisées pour lancer un
appel aux autorités, demandant la prise de textes interdisant
l'excision.
? Mai 1988, il y a eu l'organisation d'un
séminaire national regroupant 300 représentants de toutes les
couches sociales autour de la question.
? Octobre 1988, un comité provisoire a
été créé suite aux recommandations du
séminaire national de mai 1988.
? 18 mai 1990, la
volonté politique du Burkina Faso se traduisait par la mise en
place d'un comité national de lutte contre la pratique de l'excision
(CNLPE).
? Novembre 1996 marque la prise en compte de
la répression des mutilations génitales féminines dans le
code pénal.
? Mai 1997 a vu la création du
Secrétariat Permanent du Comité National de lutte contre la
pratique de l'excision.
? Mai 2000 symbolise l'institutionnalisation
d'une journée nationale de lutte contre la pratique de l'excision (18
mai de chaque année)79(*).
En plus de cette évolution, il est à noter
l'engagement personnel de l'épouse du Chef de l'Etat à soutenir
la lutte contre les mutilations génitales faites aux femmes à
travers son slogan « tolérance zéro ».
3.3.2 Les grandes orientations de
l'Etat
Pour les personnes qui luttent, il ne fait pas de doute que le
problème de l'excision dure maintenant depuis trop longtemps pour que
l'on reste à une phase de sensibilisation. Considérant comme
inadmissible que des exciseuses, pourtant sensibilisées,
récidivent dans la pratique, désormais les comités sont
rentrés dans une phase de répression. Pour cela, un texte
législatif existe depuis 1996.
Ainsi, le Code Pénal du Burkina Faso, dans un chapitre
concernant les crimes et délits contre la famille et les bonnes moeurs,
réserve une section de trois articles sur les mutilations
génitales féminines stipulés ainsi qu'il suit:
- Article 380 : Est puni d'un
emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 150 000
à 900 000 francs ou de l'une de ces deux peines seulement,
quiconque porte ou tente de porter atteinte à l'intégrité
de l'organe génital de la femme par ablation totale, par excision, par
infibulation, par insensibilisation ou par tout autre moyen. Si la mort en est
résultée, la peine est un emprisonnement de cinq à dix
ans.
- Article 381 : Les peines sont
portées au maximum si le coupable est du corps médical ou
paramédical. La juridiction saisie peut en outre prononcer contre lui
l'interdiction d'exercer sa profession pour une durée qui ne peut
excéder cinq ans.
- Article 382 : Est punie d'une amende
de 50 000 à 100 000 francs, toute personne qui ayant
connaissance des faits prévus à l'article 380, n'en avertit pas
les autorités compétentes80(*).
Au niveau sous régional, un plan d'action avait
été élaboré en 1996 en Guinée Bissau lors de
la première rencontre sous régionale des
délégués nationaux en charge de la lutte contre les
pratiques traditionnelles néfastes à la santé de la
mère et de l'enfant. Ce plan qui avait défini les objectifs, les
activités et stratégies, les lieux, moments, partenaires et
moyens de sa mise en oeuvre, est joint en annexe.
Après cette exploration des questions liées
à la pratique de l'excision, nous pouvons, à présent, nous
interroger sur la pertinence et l'adéquation des moyens de lutte contre
cette pratique néfaste sans doute dangereuse pour la santé de la
femme.
S'il est indéniable que la tradition est un pilier dans
les sociétés qui la pratiquent parce qu'elle contribue à
en assurer l'unité et l'harmonie, il n'en demeure pas moins que
l'évolution sociale nécessite une réévaluation de
certaines habitudes et coutumes, dans le but de renforcer et d'encourager
celles qui sont positives tout en essayant de trouver des moyens idoines
d'abolir celles qui sont nuisibles.
L'excision est, depuis quelques années, au centre des
débats nationaux et internationaux. Cependant, nous pouvons dire que les
actions de lutte menées jusqu'à présent au Burkina Faso
n'ont pas véritablement abouti aux résultats escomptés.
C'est donc ce constat qui sous tend cette étude dans un cas
précis.
TROISIEME PARTIE
ANALYSE CRITIQUE DU PLAN INTEGRE DE
COMMUNICATION (PIC) DE RADIO VENEGRE
Notre analyse va concerner trois
aspects du PIC à savoir le contenu des messages, les supports de
communication utilisés et le processus de communication.
CHAPITRE I : LE
CONTENU DES MESSAGES
La notion de message fait ressortir deux principaux aspects
à savoir la langue et le sens. De ces deux aspects dépendent
fortement la compréhension ou non du message et son appropriation ou non
par le destinataire. Dans tout processus de communication, la
compréhension mutuelle dépend de ce qu'il existe ou non un
référent entre les deux pôles émetteur et
récepteur. Nous allons dans un premier temps faire ressortir la force
de la langue locale dans un système de communication circonscrit
à une communauté donnée avant d'analyser l'orientation
sémantique des messages véhiculés dans le cadre du PIC.
La langue de communication
1.1.1 Langue locale et identité culturelle
L'identité culturelle est un concept anthropologique
qui désigne une période historique pendant laquelle une
communauté, un peuple se reconnaît par des valeurs précises
dans ses pratiques, ses concepts, ses pensées, ses croyances, son art,
etc. Ainsi l'identité culturelle se définit dans le temps
et dans l'espace car les valeurs qui la déterminent ont un
caractère dynamique, évolutif.
La langue est l'ensemble des unités du langage
parlé ou écrit propre à une communauté ; le
langage étant cette faculté que nous avons de communiquer entre
nous et d'exprimer nos pensées. Définie de cette façon,
l'Afrique compte plus de 1000 langues. Ainsi l'Afrique serait le continent qui
compte plus de langues avec une forte densité en Afrique Subsaharienne.
Toutes les langues font référence à des formes
littéraires, des symbolismes et des techniques de production de biens et
services.
La langue fonde l'identité culturelle. Ainsi, la langue
est le pilier de la culture. A ce sujet, un éminent spécialiste
de la culture africaine, le Malien Seydou Badian KOUYATE disait « ...
Par la langue, nous avons ce que le passé nous a laissé comme
message et ce que le présent compose pour nous. C'est la langue qui nous
lie, et c'est elle qui fonde notre identité. Elle est un
élément essentiel et sans la langue il n'y a pas de culture. La
langue nous aide à tout interpréter » et il
continue « .... Nous étions des dominés, des
colonisés et la langue a été pour nous un facteur de
libération»81(*).
Au cours de la période de colonisation (même
après) l'école était la seule référence dans
l'éducation et la formation des enfants. L'éducation familiale
était reléguée au dernier plan, les parents étant
considérés comme des sauvages. Tous les enfants qui avaient la
chance d'aller à l'école ne réfléchissaient plus
que par l'école. Ils étaient séparés ainsi et
progressivement de leur racine culturelle.
Les programmes enseignés à cette époque
(hélas même actuellement encore dans bien de cas) ne pouvaient
prendre en compte les facteurs culturels du milieu parce que calqués sur
des modèles étrangers véhiculant une culture
étrangère aux réalités locales. Les seules
références historiques et culturelles étaient les
étrangers, les Africains n'étant que des sanguinaires et des
sauvages dit-on. Iba N'Diaye du Centre Amadou Hampaté BA (CAHBA) de
Bamako disait « ...nous pratiquons à longueur de
journées, un déni de reconnaissance de la riche et complexe
contribution de nos ancêtres en matière de cultures, de langues et
même d'écritures»82(*).
L'étude et la promotion (à travers leur
utilisation) des langues africaines sont d'autant plus importantes que leur
négligence soit l'une des principales sources de la misère
économique de nos populations. « Les élites ayant
la charge de concevoir les modèles de développement et les
projets de société, puis de mobiliser les populations
illettrées et les ressources intérieures et
extérieures autour de ces modèles et projets ne savent
même pas comment présenter valablement leurs idées,
approches, méthodes de travail, de gestion et d'évaluation
à nos communautés. C'est pour cela que nos pères
avaient raison de dire que c'est la façon de poser un problème
qui en facilite la résolution et c'est la façon de le poser qui
en complique la résolution ; alors que dire de celui qui n'a pas
une façon de poser son problème ? »83(*).».
Ainsi, les intellectuels africains (les instruits) ont pendant
longtemps constitué un obstacle majeur à l'évolution de
nos langues locales avec l'argument qu'elles ne permettent pas d'exprimer une
pensée scientifique.
1.1.2 La langue utilisée dans le cadre du PIC
La langue utilisée pour véhiculer les messages
de sensibilisation dans le cadre du PIC est essentiellement le mooré.
Cette langue est la plus parlée au niveau national que local.
L'utilisation des langues locales est, en effet, essentielle dans le
succès des radios communautaires africaines car elle constitue un
facteur d'appropriation des messages de développement ou de
sensibilisation qu'elles diffusent.
Dans un processus de mise en oeuvre d'une campagne de
sensibilisation ou d'un projet de développement, l'utilisation de la
langue du milieu permet à la population ciblée de décoder
et de cerner facilement le message à elle destiné. Les supports
de communication généralement utilisés pour la diffusion
des messages sont étrangers à l'univers culturel des populations
rurales africaines. La langue peut, dans ce sens, devenir un facteur conciliant
entre ces supports et les populations pour qui elles sont
étrangères.
Allant dans ce sens, Moustapha Samb souligne que l'usage d'une
langue africaine est une réconciliation avec les population africaines
en ce sens que le fait que le Moaaga ou le Fulbé ou encore le Wolof
écoute sa propre langue à la télévision ou à
la radio crée un rapport de transparence. Cette communication lui
apporte confiance non seulement dans l'outil qui cesse d'être distant,
mais dans sa propre langue84(*). En fait l'usage des langues locales permet
de donner une force au discours auprès des populations qui sont
d'ailleurs toujours fières d'entendre leurs langues à la
radio.
En somme, l'utilisation des langues nationales
combinées aux mass médias constitue un facteur de mobilisation,
donc de participation des populations. Et dans un contexte où la grande
majorité de la population est analphabète en français, il
faut reconnaître que l'utilisation des langues locales est
évidemment nécessaire. « C'est d'ailleurs la seule
possibilité de rendre la parole aux populations et d'aboutir,
rapidement, à une véritable démocratisation de
l'expression populaire »85(*).
S'il est vrai que l'utilisation de la langue du milieu
crée un rapport de confiance et de reconnaissance vis-à-vis de la
population, il convient cependant d'ajouter que ce qui est dit dans cette
langue, notamment dans le cadre des communications pour le changement de
comportements, doit avoir un lien avec les réalités
socioculturelles, religieuses et conceptuelles du milieu.
L'orientation sémantique de l'excision
Les entretiens que nous avons eus avec les populations et
certains membres des clubs d'écoute ont mis à nu les divergences
de points de vue sur l'aspect négatif ou positif de l'excision. La
définition que les personnes rencontrées se font de l'excision
est fonction de leur attachement aux valeurs traditionnelles ou non.
Dans cet exercice, nous avons confronté les points de
vue de deux publics à savoir les populations bénéficiaires
du PIC et les personnes chargées de sensibiliser les populations sur les
effets néfastes de l'excision. Ainsi, il se dégage deux tendances
qui abordent soit l'aspect négatif de la pratique de l'excision, soit
son aspect positif conformément à sa connotation culturelle et
traditionnelle.
1.2.1 L'excision : une
pratique négative à bannir
Les noyaux relais, chargés de pérenniser la
diffusion des messages de sensibilisation pour le compte du PIC au niveau des
villages que nous avons rencontrés sont unanimes pour dire que
l'excision est une pratique aux effets néfastes qu'il faut à tout
prix bannir. « Nous avons suivi au départ une formation
avec les gens du comité de lutte contre l'excision qui nous ont appris
que l'excision est une pratique qui présente de nombreux risques pour la
femme et c'est ce que nous disons à nos parents 86(*)».
Selon les fiches de sortie jointes en annexes, l'essentiel des
messages tourne autour de la mauvaise cicatrisation des blessures qui cause de
graves difficultés lors des accouchements, des cas où le bout de
l'urètre est coupé et les urines coulent sans arrêt, du
traumatisme subi par la femme du fait de l'endommagement de son sexe et des
risques de contagion du SIDA dus au matériel utilisé pour
l'opération.
Pour renforcer l'effet recherché par ce genre de
discours, les noyaux relais ont tendance à brandir la menace de la loi
sur les mutilations génitales féminines. Ils semblent
persuadés que la menace de la répression peut amener les
populations qui pratiquent l'excision à abandonner cette pratique.
« Nous savons que nos parents ont peur de la prison, donc pour
les effrayer davantage et les amener à abandonner cette mauvaise
pratique, nous leur apprenons que la loi condamne toute personne qui fait
exciser sa fille 87(*)». Cette tournure est la résultante d'un
constat ou plus d'une conviction : « nous connaissons nos
parents, nous savons qu'ils ne croient pas en ce que nous leur disons. C'est
pourquoi nous sommes obligés de les menacer88(*) ».
Un des slogans des campagnes de sensibilisation est
intitulé ainsi qu'il suit : «Sauvons la vie de nos
filles ; donnons leur la chance de s'épanouir dans leur foyer en
bannissant à jamais l'excision ». En d'autres termes,
l'excision rime avec la mort, le désenchantement, le malheur. Une telle
vision de l'excision est forcément contraire à celle que
défendent les populations à la base ce qui exprime la
méprise de la représentation que ces populations se font de
l'excision. Il y a par conséquent une sorte de réticence
vis-à-vis des messages véhiculés.
Il n'est, certes pas question de dire aux populations que
l'excision est une bonne chose. Cependant, il faut éviter de leur donner
l'impression qu'elles ont toujours été des criminels depuis
qu'elles pratiquent l'excision. La démarche n'est pas participative en
ce sens que l'orientation sémantique de l'excision dans le cadre du PIC
est définie de manière unilatérale sans aucune prise en
compte de la conception culturelle et traditionnelle de celle-ci. C'est l'une
des raisons qui justifient la réticence des populations quant à
l'abandon de cette pratique. Il convient, au préalable, de se poser la
question de savoir qu'est ce que l'excision pour les populations
concernées.
1.2.2 La réticence sur
la négativité de l'excision
D'une manière apparente, les populations
sensibilisées sur les effets néfastes de l'excision semblent
quelques fois réticentes quant à l'appropriation des messages
véhiculés par les organisations qui luttent contre cette
pratique. L'illustration de cette réticence réside dans le fait
que dans toutes les provinces du Burkina Faso, elle prévaut toujours
même si elle est pratiquée en cachette. Cette situation s'explique
par le fait qu'il y a un déphasage entre elles et ces organisations sur
la réalité conceptuelle de l'excision dû au manque d'une
approche participative imputable aux organisations de lutte.
En effet, loin d'être considérée comme une
pratique néfaste, l'excision est plutôt perçue comme un
symbole de la maturité de la femme. Elle exprime la propreté, la
féminité de la femme dans les sociétés où
elle est pratiquée. « Chez nous, on ne considère
pas l'excision comme quelque chose de mauvais. Une femme non excisée est
considérée comme sale, immature et incapable de tenir un foyer et
c'est pourquoi, à notre époque, cette femme ne pouvait avoir un
mari 89(*)». Cela est d'autant vrai que dans certaines
sociétés, la femme non excisée est l'objet de la
risée publique.
La réticence vient aussi du fait que la pratique de
l'excision est d'une origine multi séculaire et qui a
résisté au temps. « Nous sommes nés quand
l'excision se pratiquait déjà, nous l'avons vécu à
notre tour et jamais nous avons eu des difficultés pour accoucher
à part les douleurs normales du travail. Moi qui vous parle, j'ai onze
enfants 90(*)». L'argument de la mort brandi par les
organisations de lutte contre la pratique de l'excision ne convainc pas ceux
qui la pratiquent car pour eux, la mort est liée à la
volonté de Dieu d'où l'expression populaire « c'est
Dieu qui a donné, c'est Dieu qui a repris ».
Il est difficile de faire comprendre aux populations que
l'excision a effectivement des effets néfastes si leur vision de cette
pratique n'est pas prise en compte dans la conception des messages de
sensibilisation à travers une démarche participative.
« Tout le monde est unanime pour reconnaître aujourd'hui
que le développement ne saurait se réaliser sans une prise de
conscience vigoureuse de ceux qu'il concerne et sans leur participation en vue
d'un développement endogène, c'est-à-dire conçu de
l'intérieur91(*) ». Cette exigence de la communication
pour le développement est capitale dans l'atteinte des objectifs d'un
programme de développement ou d'une campagne de sensibilisation.
« Sauvons la vie de nos filles ; donnons
leur la chance de s'épanouir dans leur foyer en bannissant à
jamais l'excision », tel est le slogan de l'une des campagnes
que nous avons déjà évoqué plus haut. C'est un
slogan conçu pour la forme, de l'extérieur sans aucune
consultation ou considération des concernés. « Nous
concevons les slogans et messages que nous proposons aux agents techniques de
l'UNICEF et du CNLPE chargés de suivre la mise oeuvre du
PIC » témoigne monsieur SAWADOGO Jean Baptiste, directeur
de la radio Vénégré. La relation pédagogique est,
dans ce cas, distante et elle ne favorise pas une relation cohérente en
ce sens que la partie émettrice s'enferme sur son thème, son
message92(*). Elle est
dans une sorte de monologue car son cadre de référence est
différent de celui du groupe cible93(*).
Pourtant, la participation active des populations est
désormais reconnue comme une condition essentielle au processus de
développement. Aujourd'hui, l'humain est au centre du
développement qui n'est donc plus dirigé vers les
bénéficiaires mais résulte plutôt de leur engagement
et de leur effort.94(*)
Pour une bonne prise de conscience des populations, il aurait
fallu que le message ait un lien avec leurs réalités afin
qu'elles s'y retrouvent. Dès lors, la question n'est plus de concevoir
et de diffuser des messages, mais bien plus de veiller à
l'adéquation de leurs conditions de réceptivité, soutient
Monsieur Yao AHADE95(*).
Il s'agit, par exemple, de chercher à savoir au préalable,
surtout du côté des femmes, si elles n'ont jamais rencontré
une difficulté liée à l'excision soit pendant
l'opération, soit après avoir été excisée.
La réponse à cette question peut s'obtenir auprès des
exciseuses, auprès des mères qui assistent les femmes pendant
l'accouchement au village ou au niveau des femmes excisées tout
simplement.
Si la démarche est menée avec diplomatie, il est
possible qu'elles acceptent de témoigner qu'elles ont déjà
été confrontées à un problème lié
à l'excision. En ce moment, la conception du message de sensibilisation
peut partir de là et l'avantage ici, c'est que ceux à qui le
messages est destiné sont mis devant les faits car ils auraient
eux-mêmes vécu un problème lié à l'excision.
Certes, ce n'est pas parce qu'il y a eu déjà un
problème lié à l'excision d'une personne que ceux qui la
pratiquent vont tout de suite conclure que cette pratique est dangereuse pour
la femme. Cependant, la prise en compte de leurs expériences en plus de
l'exposition d'autres faits vécus ailleurs peut augmenter le
degré de conviction que porte le message. C'est pourquoi, formulant des
recommandations pour la campagne contre l'excision en Guinée, les
auteurs d'une enquête sont arrivés à la conclusion
suivante : « Pour mieux comprendre comment intervenir, nous
devrions faire une étude qui comprend des observations de l'excision et
des rapports d'évènements malheureux qui viennent de se passer.
De telles informations pourront nous aider à savoir comment nous
adresser aux populations 96(*)».
1.2.3 L'argument de la
répression : Source de conflits
« Dans le village de Wavussé, le chef du
village et vingt autres personnes ont été emprisonnés
pendant un mois à la maison d'arrêt et de correction de
Ouagadougou pour avoir fait exciser leurs filles. Ils ont été
dénoncés par les noyaux relais qui sont eux-mêmes
originaires du village. Cette arrestation à susciter le
mécontentement de la population qui s'est plus tard opposé
à l'arrivée des acteurs du PIC dans le village pour une autre
campagne de sensibilisation. L'argument brandi était que le chef a
été humilié par cette arrestation et que désormais,
ils n'accepteraient plus que des gens viennent leur parler de
l'excision » témoigne monsieur SAWADOGO Jean Baptiste,
directeur de la radio Vénégré.
Cette expérience de Wavussé qui s'est
répandue dans les villages environnants a développé chez
les populations une certaine méfiance vis-à-vis des personnes
militant dans des organisations de lutte contre l'excision.
« Nous faisons l'objet de menace au sein de nos villages
respectifs et les villageois ont tendance à nous écarter de la
vie du village parce que nous sommes des noyaux relais du PIC »
témoigne le président des noyaux relais de la radio, monsieur
SINARE Boukari. La répression est porteuse d'humiliation dans un
environnement où la dignité et l'honneur sont des valeurs
cardinales et dont la non considération peut être source de rejet
de toute communication ou information.
CHAPITRE II : LES SUPPORTS ET TECHNIQUES DE COMMUNICATION
UTILISES
Toute stratégie de communication pour le
développement a besoin d'utiliser des supports et techniques de
communication pour appuyer la stratégie dans le sens de l'atteinte des
objectifs poursuivis. Le choix de ces supports et techniques de communication
est essentiel en ce sens qu'il peut, en raison de sa pertinence, influencer le
réception du message véhiculé. Ils doivent être
fonction de leur degré d'accessibilité et des
caractéristiques socioculturelles du public cible.
Dans le cadre du PIC, les principaux supports et techniques de
communication utilisés sont la radio, le théâtre forum et
les projections vidéo. Dans ce chapitre, il sera question pour nous
d'apprécier la pertinence ou non de instruments de communication par
rapport aux caractéristiques socioculturelles de la population cible.
2.1
La radio : un instrument intégré à la
société africaine
Comme nous l'avons déjà signifié dans
notre revue de littérature, la radio est un média de masse et de
proximité qui a évolué rapidement en Afrique et qui a
été très vite approprié par les africains depuis
des décennies.
Devenue populaire et familière aux Africains, la radio
peut être un canal favorable à la diffusion d'informations et de
messages de développement dans tous les domaines et dans toutes les
langues locales permettant ainsi de surmonter toutes sortes de contraintes
liées à l'analphabétisme.
L'intégration réussie ou l'appropriation de la
radio par les Africains tire ses raisons dans l'adéquation de ce
médium avec un système de communication traditionnel
marqué par l'oralité.
La capacité d'adaptation de la radio dans un contexte
traditionnel où le processus communicationnel est assez complexe lui a
valu de remplacer peu à peu les moyens traditionnels de diffusion
d'information d'antan que sont les tambours, les sifflets etc.
En somme, la radio est un instrument qui présente
beaucoup d'atouts d'abord à cause de sa force de mobilisation et de sa
capacité à amplifier le message, ensuite à cause de sa
capacité à s'adapter à la langue du milieu, à
l'oralité comme système de communication et enfin à cause
de sa proximité. L'absence de données quantitatives ne nous
permet pas d'affirmer que la radio Vénégré répond
à ces avantages généralement reconnus à la radio,
cependant, plusieurs chercheurs, dans leurs études, convergent sur la
pertinence de la radio en tant qu'instrument de mobilisation qui favorise la
participation.
2.2 Le théâtre
forum
Dans le cadre du PIC, le théâtre forum est
utilisé et le processus de sensibilisation se fait en trois
étapes. Dans un premier temps, les comédiens présentent
une scène au public qui aborde à la fois trois sujets qui
s'inscrivent dans la logique de l'acte de l'excision, les conséquences
immédiates ou postérieures et la menace de la loi ou la
répression. Ensuite, les spectateurs sont invités à imiter
la scène et à proposer leurs propres solutions et enfin, le
processus se termine par des échanges d'éclaircissements. Leur
démarche a l'avantage de faire participer les spectateurs et permet de
savoir leur position quant à la résolution du problème
posé.
Dans la forme, l'exemple du PIC est conforme à la
démarche du théâtre forum.
Cependant, il importe de se poser la question de savoir si la
cible a été bien déterminée. Ceux qui se mobilisent
pour le théâtre forum sont, pour la majorité, des jeunes
à qui il n'incombe pas la décision de faire exciser ou non une
fille. «On a souvent l'impression que l'humour prend le dessus sur la
thématique. Ce sont les enfants qui généralement se
mobilisent autour du théâtre forum alors que l'excision est une
affaire d'abord de vieilles personnes 97(*)». Cette situation nous
amène à nous interroger sur la relation entre le public et le
théâtre forum comme outils de communication et d'information.
En effet, les populations ne voient pas la
spécificité du théâtre forum par rapport au
théâtre humoristique traditionnellement présenté
lors des journées culturelles villageoises. Elles sont
généralement plus intéressées par les gestes et
paroles comiques au détriment de la thématique abordée par
le scénario. Cet attachement aux talents des comédiens est
dû au fait que ce sont ceux qui ont l'habitude de jouer dans les villages
pour le théâtre ordinaire qui jouent aussi lors des
théâtres forum. « Les acteurs qui présentent
les scènes sont ceux qui ont l'habitude de jouer dans leur
localité et qui sont reconnus comme étant de grands
comédiens, c'est-à-dire qu'ils savent amuser les gens»
témoigne Jean Baptiste SAWADOGO. En réalité, le
théâtre forum tel qu'il a été défini,
même s'il contient une dose d'humour, doit réveiller une certaine
émotion chez le spectateur, et c'est d'ailleurs pourquoi il est
inspiré de faits réels dont le dénouement est dramatique,
voire pathétique.
« La fonction principale du
théâtre forum est de toucher la sensibilité du
spectateur » soutient Anne DHUQUOIS. Les acteurs doivent, au
préalable suivre une formation afin de mieux s'imprégner de la
thématique et être suffisamment conscients du l'objectif
poursuivi.
En outre, si le théâtre forum se déroule
en trois étapes (présentation de la scène, mimique par les
spectateurs et échanges d'éclaircissement), c'est bien pour que
le message soit bien compris. Autrement dit, ces trois étapes sont
complémentaires dans le sens de produire effectivement l'effet
recherché.
Il convient, entre autres, de relever le manque de formation
préalable des comédiens dont les attitudes, souvent, sont en
contradiction avec le message qui en principe devrait être
véhiculé. Par exemple, une séquence où il y a mort
d'homme ne doit pas être présentée avec de l'humour.
CHAPITRE III : LES ACTEURS IMPLIQUES DANS LA MISE EN
OEUVRE DU PIC
Il est aujourd'hui indéniable, au regard de
l'organisation socioculturelle des sociétés rurales africaines,
qu'il existe un système de circuits authentiques et performants de
communication où l'homme et la relation interpersonnelle qu'il
établit avec son semblable jouent un rôle important. On note, en
effet que les flux d'information d'une efficacité éprouvée
transitent obligatoirement par des hommes et des femmes investis d'une
considération particulière par leurs concitoyens.
Le choix des personnes impliquées dans un processus de
communication est important tant les caractéristique de ces personnes
ont une grande influence sur les conditions de réceptivité des
messages qui sont véhiculés. Il sera question pour nous, dans
cette partie, de passer en revue les caractéristiques des acteurs
impliqués dans la mise en oeuvre du PIC. Mais avant, nous allons aborder
le rôle et la place des leaders d'opinions dans les
sociétés traditionnelles africaines.
3.1
Rôle et place des leaders d'opinion dans les sociétés
africaines
Un leader d'opinion est une personne qui, au regard d'une
certaine crédibilité et exemplarité,
bénéficie de la confiance de ses concitoyens. Ainsi, sa parole
est crédible et il possède une force persuasive. Dans les
sociétés traditionnelles africaines, le règlement de
litiges, la sensibilisation, les initiations et cérémonies
rituelles sont exercés par des personnes particulières. Ils
représentent les principaux conseillers du village et sont une
référence pour les questions touchant aux us et coutumes.
La prise de parole dans les sociétés
traditionnelles africaines se fait en fonction de plusieurs paramètres
à savoir l'âge, le sexe, la fonction sociale. Les leaders
d'opinion sont incontournables dans les projets de sensibilisation en milieu
rural car ils sont ceux là même qui donnent une force à la
parole. Des chercheurs ont travaillé sur les caractéristiques de
ces personnes dans les sociétés africaines à partir de
l'exemple de la préfecture de Yoto au Togo où ils ont
étudié le concept de « Du N'ku »98(*).
La recherche a fait découvrir que « Du
N'ku » a des ramifications dans plusieurs cultures africaines. En
effet, à partir du préfixe « Du », on
retrouve une affiliation dans les mots qui désignent les animateurs
sociaux du village dans plusieurs sociétés. Ainsi on a
« Du Bkpi » qui signifie le père en peuhl,
« Dugu KARFE juru » qui signifie l'homme qui tient le mors
du village en Bambara, « Dugu Karato » qui signifie celui
qui est le téméraire du village en Bambara,
« Dugulin » en Bambara et « Dugu maa
korobaw » qui veut dire les personnes âgées, les sages
du village en Bambara99(*). Dans tous les cas, « il (Du
N'ku) doit être celui-là qui connaît son milieu, nourri
de la sève du terroir. L'histoire, la culture, les croyances, les modes
de dévotion du pouvoir séculier lui sont familiers. Lorsqu'il les
raconte, tous ces locutés doivent se reconnaître en lui, sur un
schéma de vérité absolue 100(*)».
Par ailleurs, les résultats de l'étude ont
révélé cinq qualités pour être
« l'oeil du peuple » à savoir qu'il
doit être l'émanation du corps social et y vivre tous les
jours, en partageant le même vécu commun, posséder un
savoir approfondi du milieu de vie, avoir la crédibilité de la
parole (acte conforme au dit), faire preuve d'une conduite socio morale
d'exemple (conforme à l'axiologie en vigueur), témoigner d'une
excellente aptitude pédagogique (enseigner par l'exemple, par la
clarté et par la fidélité au texte oral).
Dans chaque société traditionnelle, chaque
thème social est abordé par une personne habilité à
en parler et elle est connue par les habitants du village de sorte que
lorsque l'administration confie le message d'ordre social, politique,
culturel, économique, éducatif... à quelqu'un qui n'est
pas, aux yeux de sa communauté, la personne indiquée pour en
parler, les villageois se moquent du choix fait : « dites
donc ! C'est celui-là qui vient dire ceci ! Non ! Il n'en
a pas la qualité 101(*)».
En somme, le choix des personnes relais dans la mise en oeuvre
d'un programme de sensibilisation doit obligatoirement être porté
sur des leaders d'opinion dont la force de la parole est indéniable.
3.2
Les profils des acteurs impliqués dans le PIC
La mise en oeuvre du PIC a nécessité
l'implication de plusieurs acteurs tant au niveau urbain que rural. Dans cette
partie, nous nous proposons d'analyser la qualité de chaque acteur
à jouer pleinement son rôle de communicateur pour une plus grande
efficacité de la campagne.
3.2.1 La représentation
de l'UNICEF et du CNLPE dans le PIC
Comme cela a été mentionné
antérieurement, le PIC est une initiative de L'UNICEF en collaboration
avec le CNLPE. Il s'agit d'une approche communicationnelle multimédia
pour montrer les effets néfastes de l'excision aux populations qui la
pratiquent. Le rôle de chaque structure est bien défini dans
l'exécution du PIC.
Si l'UNICEF apporte un soutien matériel et financier
dans la mise en oeuvre du PIC notamment par la dotation de vélos, de
supports didactiques, de véhicules, le CNLPE est, quant à lui,
chargé d'apporter un appui technique notamment par la formation, les
conseils et l'encadrement de ceux qui sont chargés d'animer le PIC sur
le terrain. Leur rôle est d'autant plus important car il s'agit avant
tout de donner les rudiments nécessaires aux acteurs sur le terrain afin
que ceux-ci soient à même d'approcher les populations avec
délicatesse pour que les objectifs de la campagne soient atteints.
Cependant, cet élément essentiel de la
pédagogie de la communication pour le développement est absent
dans le processus à part quelques formations ponctuelles et
éphémères qui ne permettent pas une bonne
imprégnation des principes de la communication participative par les
acteurs sur le terrain. La conséquence directe de cette insuffisance
réside dans le fait qu'une fois retournés dans leur milieu, les
acteurs formés n'ont pas la compétence nécessaire pour,
à leur tour, former leurs collègues.
3.2.2 Le personnel de la radio
Vénégré et les noyaux relais
L'absence de la formation en communication pour
développement comme préalable à la mise en oeuvre du PIC
est beaucoup plus perceptible au niveau du personnel de la radio, premier
responsable du PIC sur le terrain. « Le personnel de la radio n'a
reçu jusque là aucune formation en communication pour le
développement. Je suis le seul à avoir participé à
un séminaire de formation sur la communication pour le
développement animé par le professeur Serge Théophile
BALIMA de l'université de Ouagadougou ce qui me permet d'avoir quelques
notions » témoigne monsieur Jean Baptiste SAWADOGO,
directeur de la radio.
Si le principe de la formation était de permettre aux
participants d'inculquer à leur tour ce qu'ils ont appris lors du
séminaire à leurs collègues, la courte durée de
celle-ci n'a cependant pas permis aux participants de maîtriser les
différents concepts afin de mieux jouer leur rôle de relais dans
leurs milieux respectifs. En outre, « nous n'avons pas eu de
séance de recyclage et je peux vous affirmer qu'aujourd'hui, il y a
beaucoup de choses qui m'échappent » renchérit
monsieur Jean Baptiste SAWADOGO.
Le processus d'élaboration d'une stratégie de
communication pour le développement102(*) montre bien dans le volet opérationnel que la
formation et le renforcement des capacités constituent une étape
charnière de toute stratégie de communication pour le
développement. En effet, « la formation permet de doter
les acteurs impliqués dans l'exécution de la stratégie de
connaissances, attitudes et compétences nécessaires à
l'accomplissement efficace de leur rôle pour la réussite de la
stratégie103(*) ».
D'une manière générale, les noyaux relais
sont eux aussi confrontés au problème de formation. Les
connaissances qu'ils possèdent sont exclusivement relatives aux
conséquences négatives de l'excision, à la
législation en la matière. Cependant, ils n'ont aucune formation
de base en communication pour le développement ce qui pose le
problème de l'efficacité de la transmission des messages de
sensibilisation. Il est, certes, important de savoir de quoi on parle, mais il
est encore mieux de savoir comment en parler.
La communication participative doit être placée
au centre de la problématique de la lutte contre la pratique de
l'excision en ce sens que c'est la manière dont un problème est
posé qui peut amener les acteurs à s'engager résolument
dans la voie de la résolution du problème ou à accepter
véritablement le message de sensibilisation véhiculé.
3.2.3 « La crise des
vélos »
Un autre problème réside dans le fait que,
souvent, certains membres des noyaux relais ont des attitudes contraires
à ce qu'ils enseignent et cela, nous en avons eu la preuve le 08
décembre 2005 à Ziniaré lors d'une réunion de
préparation d'une cérémonie de remise de vélos qui
devait se tenir le 23 décembre 2005 dans la même ville.
En effet, la parole avait été donnée
à l'assemblée pour qu'elle s'exprime sur les difficultés
qu'elle rencontre dans les campagnes de sensibilisation. Etaient
présents à cette rencontre des membres de noyaux relais et de
comités villageois de lutte contre l'excision de plusieurs villages
ainsi que le directeur de la radio Vénégré qui dirigeait
la réunion. C'est ainsi que Boukari SINARE, par ailleurs
président de la fédération des noyaux relais a pris la
parole en mooré pour fustiger des membres qui n'ont pas d'attitudes
exemplaires. « Nous savons qu'il y a des personnes assises parmi
nous qui se sont engagées à lutter contre l'excision en
adhérant à la fédération des noyaux relais qui,
pourtant, viennent de faire exciser leurs filles récemment. Je
préfère taire les noms, mais cela discrédite à la
fois tous ceux qui sensibilisent leurs parents et amis sur les effets
néfastes de l'excision ».
Lorsque nous avons approché Boukari SINARE après
la réunion pour en savoir plus, il nous a ouvertement confié que
les gens s'engagent dans la lutte contre l'excision à cause des
vélos qui leur sont offerts pour leur déplacement.
« Au début, les gens refusaient de s'engager parce que,
selon eux, il n'y a rien dedans. Quand l'UNICEF a commencé à
offrir des vélos à ceux qui s'étaient engagés pour
leur permettre de se déplacer, les autres ont commencé à
vouloir intégrer les noyaux relais et les comités villageois sans
forcément être convaincu de leur
engagement »104(*). Cette situation traduit le fait que la
démarche de communication n'a pas permis aux populations de s'approprier
réellement les enjeux de la lutte contre l'excision.
En somme, les noyaux relais, sous peine de
déchéance, doivent être irréprochables sur bien de
plans. Ils doivent inspirer la confiance des autres membres de la
communauté à travers leur exemplarité et des
qualités intrinsèques reconnues par tous, tout en se gardant de
les décevoir. « C'est à ce prix qu'ils pourront
jouer, en permanence, les multiples rôles pour lesquels ils sont
constamment sollicités 105(*)».
3.3
Implication des femmes dans le PIC
Pendant longtemps s'est imposée une perception
androcentrique des structures sociales. En effet, les concepts
élaborés pour rendre compte de l'ensemble de la vie sociale
laissaient dans l'ombre la part féminine, ignorée, ou
implicitement considérée comme subordonnée, marginale. Les
modèles utilisés par les spécialistes du
développement ont longtemps implicitement reposé sur
l'idée que la différence des sexes fonde une division naturelle
du travail. La subordination de la femme persiste encore dans les
sociétés africaines où elle est plus perceptible.
Pourtant, la question de l'excision est, malgré tout,
une affaire d'hommes et de femmes de sorte qu'il faut obligatoirement tenir
compte de l'approche genre dans les stratégies de lutte. Aujourd'hui on
reconnaît que la prise en compte du genre est une condition
d'efficacité et d'équité des stratégies de
développement économique et social. Une enquête
réalisée en 2001 sur la prévalence de l'excision au
Burkina Faso indiquait que la décision d'exciser est prise par la
grand-mère dans 57,1% des cas, par la mère dans 17,5% des cas,
par les tantes dans 13,6% des cas et enfin par le père dans seulement 8%
des cas106(*).
Ces chiffres font ressortir la responsabilité de la
femme dans la pratique de sorte qu'elle doit fortement être
impliquée dans la lutte contre cette pratique.
En effet, les femmes occupent une place importante dans
l'architecture sociale de toute société. Elles
représentent à l'heure actuelle plus de 52% de la population au
Burkina Faso. Mais en dépit de leur rôle socio-économique
de premier plan, elles restent sous représentées, parfois,
totalement exclues des instances et des lieux de décision. D'ailleurs,
la conclusion générale qui se dégage d'une centaine
d'études réalisées par les Nations Unies et les
organisations internationales est qu'aucun Etat au monde ne traite ses femmes
comme ses hommes107(*).
Au regard donc des pesanteurs psychologiques et
socioculturelles qui font que la femme en Afrique n'a pas toujours une
liberté d'expression surtout en présence des hommes, il importe
qu'elle fasse l'objet d'une stratégie spécifique. Cela
répond au principe de la segmentation de la cible en tenant compte des
caractéristiques de chaque partie prenante.
3.4
De la méthode d'évaluation du PIC
L'évaluation est l'une des étapes importantes de
la mise en oeuvre d'une stratégie de communication. Cependant, il ne
suffit pas d'évaluer pour remplir une simple formalité, mais de
rechercher, par le biais de cet exercice les moyens d'améliorer la mise
en oeuvre de la stratégie. Pour cela, il faut que l'évaluation
soit participative afin de pouvoir déceler les réelles
insuffisances de la stratégie pour son amélioration
véritable.
Généralement, il est donné d'observer que
les évaluations réalisées dans le cadre de bon nombre de
projets répondent à des impératifs institutionnels comme
l'a souligné Alfonso G. DAGRON. En effet, cet auteur mène, dans
son livre intitulé Ondes de choc, une
critique sur l'évaluation participative qui est un maillon essentiel du
processus participatif de la communication pour le développement.
Même si les bénéficiaires sont
progressivement mais insuffisamment impliqués dans les étapes de
planification et de mise en oeuvre des projets, il demeure cependant que
l'étape d'évaluation reste, en général, un exercice
réservé aux agences de coopérations108(*). L'évaluation est
donc de ce point de vue vertical et étranger aux
bénéficiaires.
Le fait que les bailleurs ou les agences d'exécution
évaluent eux-mêmes leurs projets influence la qualité des
résultats. Le degré d'objectivité des auditeurs risque
d'être affecté d'autant plus qu'ils dépendent de futurs
contrats avec ces mêmes organisations ou d'autres semblables.
Dans le cadre du PIC, aucune évaluation
véritable n'a encore été réalisée depuis sa
mise en oeuvre ni par ceux qui sont chargés de sa réalisation sur
le terrain, ni par les structures qui assurent sa tutelle. « Nous
n'avons pas encore procédé à une évaluation en tant
que telle. Mais le Comité National de Lutte nous a informé de son
projet de faire une évaluation du PIC au plan national dans le courant
de 2006 109(*)».
Cette insuffisance est une entrave à toute tentative
d'amélioration du plan car il n'y a pas d'indicateurs de performance ou
non. La déduction logique qu'une telle situation peut engendrer est que
chaque année, il y a une nouvelle programmation du PIC et les actions se
suivent et se ressemblent avec les mêmes insuffisances. L'étape
d'évaluation est un maillon essentiel dans le processus de la
communication pour le développement car elle permet de réajuster
la stratégie pour une nouvelle mise en oeuvre.
En outre, il est ressorti de nos entretiens que le responsable
du PIC au niveau local n'a pas une idée claire de la notion
d'évaluation. « Cependant, nous avons des informations qui
nous parviennent et qui nous permettent d'évaluer sur place la mise en
oeuvre du PIC110(*) ». En fait, il s'agit de rapports des
campagnes de sensibilisation ponctuelles appelés fiche de sortie que les
noyaux relais font parvenir à la radio pour justifier la tenue et
décrire l'activité réalisée.
Nous proposons deux exemples de fiche de sortie jointes en
annexe. Nous proposons de nommer dans l'ordre la première fiche
« fiche 1 » et la deuxième « fiche
2 ».
Nous
pouvons remarquer que d'une manière générale, les deux
fiches donnent des informations sur le déroulement d'une
activité, relatives à l'intitulé de l'activité, au
nombre de personnes ayant participé à cette dernière,
l'appréciation de la participation de la population, aux
préoccupations de la populations, aux difficultés
rencontrées lors de la réalisation de l'activité et enfin,
le sentiment des organisateurs de l'activités. A première vue,
nous pouvons constater qu'il y a, par moment, des confusions sur la nature des
informations.
Concernant, par exemple, l'intitulé de
l'activité, il ressort que les rapporteurs n'ont pas toujours une bonne
compréhension de ce qui est demandé.
« L'activité a été bonne, les
chrétiens, les musulmans etc. ont bien écouté et compris
que l'activité s'est bien déroulée et bien
terminée 111(*)». Ici, le rapporteur se presse de donner son
appréciation marquée par une satisfaction subjective car, en
réalité, rien ne lui permet d'affirmer que la population a
été attentive et surtout qu'elle a compris le message qui lui a
été transmis.
En outre, le rapporteur se contredit lors de son commentaire
où il témoigne que « Au moment qu'ils
étaient venus, les gens ont voulu repartir chez eux, mais par la
grâce de Dieu, ça n'a pas été le cas, donc ça
s'est bien passé112(*) ». Même si l'expression est
confuse, il ressort au niveau du sens qu'il y a une résistance à
assister à l'activité ou un doute. Il est impossible de dire,
dans ce cas, qu'il n'y a pas eu de difficultés et que tout s'est bien
passé. Une approche participative voudrait que les commanditaires de
l'activité cherchent la raison de la résistance afin de trouver
des moyens pour éviter de tels incidents pour les activités
futures.
La crédibilité et la sincérité des
informations données sur les fiches de sortie ne sont pas
évidentes d'autant plus que sur la deuxième fiche aussi, il y a
une grande contradiction dans les faits. Dans son commentaire, le rapporteur de
la fiche 2 égrène une kyrielle de doléances pour
l'amélioration de leurs conditions de travail alors que, paradoxalement,
il soutient qu'au niveau des difficultés, il n' y a rien à
signaler113(*).
Nous pensons que ces confusions sont dues au fait que les
meneurs des activités ne sont pas formés à l'usage des
fiches ou qu'ils cherchent à travers ces informations à se donner
de bonnes notes quant à la qualité de l'activité. Cela est
d'autant vrai que presque tous les rapporteurs ont tendance à être
satisfaits et font ressortir que la campagne a été bonne.
Il convient de rappeler que la qualité d'une
évaluation participative n'est pas de dire qu'il y a eu un grand nombre
de participants ou que les échanges se sont bien déroulés.
En tous les cas, de telles informations ne révèlent pas les
insuffisances et les contraintes rencontrées de sorte qu'il est
quasiment impossible d'améliorer la stratégie. Les informations
que donnent les fiches de sortie ne sont pas fiables à telle enseigne
que les responsables du PIC ne devraient pas seulement les considérer
pour tirer des conclusions satisfaisantes sur le déroulement des
activités.
Nous estimons qu'après avoir mis en oeuvre le PIC
quatre fois, il est nécessaire de vérifier la pertinence de la
stratégie. Il n'est pas tout à fait sûr que la mise en
oeuvre du PIC donne déjà des résultats sur le terrain car
il s'agit, avant d'un problème touchant aux mentalités et dont la
transformation est latente. N'empêche, cependant, qu'une
évaluation sur la démarche soit menée pour dégager
des éventuelles insuffisances à corriger.
Conclusion partielle
Au terme de la réflexion que nous avons menée
dans cette partie, les conclusions qui peuvent être tirées se
situent principalement à trois niveaux que sont les supports et
techniques de communication utilisés, le contenu des messages
véhiculés et la démarche d'élaboration et de mise
en oeuvre du PIC. Les études sur la radio et le théâtre
forum tendent à montrer que ces instruments de communication sont des
médias de masse qui exercent un réel pouvoir de transformation
sociale. Ils présentent l'avantage d'être plus facilement
accessibles et de s'adapter aux réalités linguistiques et
culturelles du milieu tout en favorisant la participation des populations
locales. La radio Vénégré et le théâtre
forum, en d'autres termes, la communication de masse dans le cadre du PIC ne
saurait faire l'exception. . Cependant, il est important d'ajuster ce qu'il
faut dire à la radio ou dans une pièce de théâtre,
en d'autres termes, dans une communication de masse car l'intérêt
des populations pour les sujets débattus en dépend. Joseph T.
Klapper affirmait dans ce sens que : « D'ordinaire, la
communication de masse n'est pas une cause nécessaire et suffisante pour
produire un effet sur le public ; elle fonctionne plutôt parmi et
à travers une connexion de facteurs et influences
médiateurs114(*) ».
L'excision présentée comme une violence faite
à la femme est en contradiction avec la conception culturelle
généralement admise dans les sociétés qui la
pratiquent. S'il est nécessaire, dans ce cas, d'ajuster le message pour
éviter qu'il soit rejeté, il convient de préciser que cela
n'est qualitativement possible qu'à travers une démarche
communicationnelle suffisamment participative qui permette de comprendre et de
considérer les représentations sociales de celle-ci.
CONCLUSION GENERALE
La pratique de l'excision est un phénomène qui
fait, aujourd'hui l'objet d'une campagne de lutte en vue de son
éradication au plan national qu'international. Au Burkina Faso, la
volonté de lutter contre cette pratique s'est manifestée par
plusieurs actes dont les principaux sont relatifs à la création
du Comité National de Lutte contre la Pratique de l'Excision (CNLPE) en
1990 et à l'adoption dans le code pénal de trois articles
sanctionnant cette pratique en 1996.La lutte contre l'excision au Burkina Faso
est donc caractérisée par deux aspects à savoir la
sensibilisation et la répression.
Les médias se sont avérés au fil des
temps être des moyens à travers lesquels la lutte contre
l'excision peut se mener efficacement. C'est dans ce sens que des approches de
communications ont été élaborées pour accompagner
les campagnes de sensibilisation parmi lesquelles le Plan Intégré
de Communication (PIC) est la plus récente au Burkina Faso. Il s'agit en
effet d'utiliser des radios locales à vocation communautaire ou
associative pour véhiculer des messages de sensibilisation sur
l'excision. Le PIC est une initiative soutenue par l'UNICEF et dont la mise en
oeuvre incombe au CNLPE.
Si la communication est désormais reconnue comme
étant l'élément essentiel de la lutte contre l'excision,
il demeure cependant que son efficacité dépend de la
qualité de sa mise en oeuvre. De nos jours, il est assez notoire que
l'approche participative doit sous tendre toute stratégie de
communication pour le changement de comportement en ce sens qu'elle conditionne
positivement la réceptivité des messages émis.
En essayant de travail sur le thème
« Lutte contre l'excision au Burkina Faso: l'expérience du
Plan Intégré de Communication de Radio
Vénégré», nous voulions faire ressortir les
forces et les faiblesses de la mise en oeuvre de cette nouvelle approche
communicationnelle. Nous sommes parti de l'hypothèse selon laquelle le
PIC de Radio Vénégré n'est pas assez participatif aussi
bien dans son processus d'élaboration que dans sa mise oeuvre
pratique.
Au terme de notre analyse, nous pouvons tirer quelques
conclusions principales relatives au contenu des messages de sensibilisation,
aux supports de communication, aux acteurs impliqués dans le PIC et au
processus d'élaboration du PIC.
Du contenu des messages
Si nous admettons que la sensibilisation doit être
menée avec des messages qui sont le résultat d'une
négociation régulière et sincère où les
points de vue sont discutés et comparés, il apparaît que
les messages de sensibilisation dans le cadre du PIC ne s'inscrivent pas dans
cette perspective. En effet, les campagnes d'information ont tendance à
se focaliser plus sur les aspects négatifs et les risques de
répression pour ceux qui pratiquent l'excision. L'aspect négatif
de l'excision est une réalité qui n'est pas partagée par
ceux qui la pratiquent d'où la nécessité de
négocier l'abandon de cette pratique. La répression ne peut
intervenir dans une situation où tout le monde est convaincu que l'acte
est préjudiciable à la santé et aux droits
élémentaires de la femme. Pourtant, ce n'est pas encore le cas
d'où l'exclamation de cette dame en ces termes « comment
on peut emprisonner des gens tout simplement parce qu'elles respectent leurs
traditions »115(*). Le véritable problème est de voir
comment amener les personnes concernées à abandonner l'excision
sans créer une situation de conflit avec elles. Pourtant, brandir la
menace de la loi dans les campagnes de sensibilisation ne fait que créer
une atmosphère de méfiance et de discrétion car
« l'excision se fait de plus en plus dans la
clandestinité. D'autres préfèrent migrer vers d'autres
horizons pour leur sale besogne »116(*).
Par ailleurs, il convient de noter que les questions
liées à l'excision sont délicates en ce sens qu'elles
concernent le sexe, sujet encore tabou dans nos sociétés. Les
messages véhiculés ou les images présentées aux
populations dans le cadre de la lutte contre l'excision méprisent
généralement le caractère tabou du sexe117(*).
De la crédibilité des noyaux
relais
Un autre aspect important dans le PIC concerne les acteurs
impliqués dans la mise en oeuvre du plan. En effet, en plus de la radio,
du théâtre forum et des projections vidéo, la
stratégie consiste à constituer des noyaux relais qui
bénéficient de séances d'information sur l'excision afin
que ceux-ci, à leur tour, puissent sensibiliser leurs concitoyens.
Cependant, il est ressorti de nos entretiens que ces noyaux relais ne sont
pas suffisamment outillés en communication pour le développement.
En réalité, il ne s'agit pas seulement de savoir ce que
l'excision peut provoquer chez une fille mais plutôt comment le dire pour
que cela soit compris et accepté par ceux qui la pratiquent.
En outre, la plupart des noyaux relais sont des jeunes dont la
force de parole n'est pas évidente. Dans les sociétés
traditionnelles africaines, les questions liées aux coutumes et
traditions sont traitées par des personnes généralement
âgées et qui jouissent d'une certaine reconnaissance sociale tels
que les leaders d'opinion toute chose que Pascaline TAMINI, Ministre de
l'Action Sociale et de la Solidarité nationale du Burkina Faso a reconnu
en ces termes : « Pour nous, le meilleur moyen de mobiliser
ces communautés est de passer par ceux là mêmes qui sont en
contact permanent avec elles et qui peuvent par leur compétence, sagesse
et respect à leur égard influencer les comportements et les
préjugés desdites communautés »118(*). C'est pourquoi lors de la
commémoration de la 7ème journée nationale de
lutte contre l'excision tenue à Yako le 23 mai 2006, les
réflexions ont porté sur le thème :
« Rôle et place des leaders d'opinion dans la mise en
oeuvre du plan d'action tolérance zéro à la mutilation
génitale féminine d'ici 2010 ».
Du processus d'élaboration du
PIC
Pour ce qui concerne la conformité du PIC avec les
principes d'élaboration d'une stratégie de communication pour le
changement de comportements, notre analyse y a décelé des
faiblesses. Il n'existe pas de document définissant le PIC à
travers ses objectifs, ses cibles, sa démarche et ses modalités
de mise en oeuvre. Dans toute stratégie de communication pour le
changement de comportement, il existe trois étapes charnières qui
permettent de constituer une « feuille de route » dans la
résolution du problème. Dans un premier temps, le processus
débute avec l'analyse de la situation où les
considérations socioculturelles sont prises identifiées et prises
en compte. Cette étape permet également
« d'identifier les forces et les faiblesses, les atouts et les
opportunités d'une part, et les obstacles et contraintes d'autre part
dont il faudra tenir compte lors de la planification puis de l'exécution
de la stratégie ainsi que les risques et les postulats sur lesquels
cette stratégie est fondée »119(*).
Cette première étape permet d'aboutir à
l'élaboration de la stratégie qui dégage tous les moyens
nécessaires à la mise en oeuvre efficace de celle-ci. En effet,
grâce à des messages appropriés, véhiculés
vers les cibles concernées par des canaux adéquats, la
communication peut favoriser les changements nécessaires à la
résolution du problème de départ. Dans le volet
opérationnel de la stratégie, la formation des ressources
humaines et le renforcement des capacités sont déterminants pour
l'efficacité de la mise en oeuvre de la stratégie.
La dernière et importante étape du processus est
que l'évaluation doit être participative afin de soulever de
manière objective les difficultés à prendre en compte dans
la perspective d'amélioration de la stratégie. Dans le cadre du
PIC, les fiches de rapport dont se servent les acteurs pour apprécier la
mise en oeuvre des actions de sensibilisation ne contiennent pas en
réalité des informations qui permettent de mesurer les vrais
problèmes de la stratégie.
En somme, il faut reconnaître que, même si la
prise de conscience de lutter contre l'excision à travers des approches
communicationnelles intégrantes est à saluer, le PIC comporte des
insuffisances qu'il convient de corriger afin de lui conférer tous les
atouts nécessaires à l'atteinte des grands objectifs de la lutte
contre cette pratique.
Bibliographie
Ouvrages et publications
? AMSOPT, L'excision au Mali :
aspects socio-anthropologiques, 1996
? BALIMA Serge Théophile, FRERE Marie
Soleil, Médias et communications sociales au Burkina
Faso : Approche socio-économique de la circulation de
l'information, éd L'Harmattan, Paris, 2003, 341p
? BALLE Francis, Médias et
sociétés, 11ème édition
Montchrestien, Paris, 2003, 835p
? CAUVIN Jean, Comprendre la parole
traditionnelle, éd Saint-Paul, Paris, 1980, 87p
? CNLPE, Etude de base sur la pratique
de l'excision dans 16 provinces du Burkina Faso, 2002
? CNLPE, OMS, Etude sur la
prévalence de l'excision au Burkina Faso, 2001
? DAGRON Alfonso Gumucio, Ondes de
choc : histoire de communication participative pour le changement
social, Fondation Rockefeller, New York, Etats-Unis, 2001, 356p.
? ESCARPIT Robert, L'écrit et
la communication, PUF, Paris, 1993, 126p
? EVERETT Rogers, Diffusion of
innovations, New York, Free press, 1963.
? GIAGOMETTI Marie Claire, Sera-t-elle
la prochaine victime ?, 1998, p21
? KABORE Idrissa, Enquête
démographique et de santé, 2003
? La fédération des Unions de groupements Naam,
« La voie du paysan » (études et dossier de projet),
Copenhague, 1994, 82p
? Laboratoire de santé communautaire du Bazèga,
Etude participative pour l'identification des stratégies communautaires
de lutte contre la pratique de l'excision dans le Bazèga, rapport final,
1998
? Lazarsfeld P., Katz E., Personnal
influence, 1955
? MANNONI Pierre, Les
représentations sociales, PUF, Paris, 1998, p119
? MATTERLART Armand et Michèle,
Histoire des théories de la communication, éd La
Découverte, Paris, 1995, 125p
? Programme de communication des Nations Unies au Burkina Faso
2001-2005, juin 2001, 68p
? QUIVY Raymond, CAMPENHOUDT Luc Van,
Manuel de recherche en sciences sociales,
2ème édition DUNOD, Paris, 1995, 276p
? Rapport du séminaire sur le renforcement des
capacités dans la recherche opérationnelle sur les mutilations
génitales féminines et d'autres pratiques traditionnelles
néfastes, Addis Abéba, 1996
? SAMB Moustapha, 2003, Médias,
décentralisation et langues locales : les voix d'une nouvelle
citoyenneté,
média@ctions
n°33, janvier-mars 2003
? SANCHEZ ARNAU Juan Carlos et DESJEUX
Dominique, La culture clé du
développement, éd L'Harmattan, Paris, 1994, 195p
? SFEZ Lucien, La
communication, 4ème édition, Col Que
sais-je ?, PUF, Paris, 1993, 125p
? SINE Boubacar, Impérialisme
et théories sociologiques du développement, 1975,
p186.
? TUDESQ André Jean, La radio
en Afrique Noire, éd Pédone, Paris, 1983
? TUDESQ André Jean, Les
médias en Afrique, Paris, ellipses/éd. Marketing S.A.,
Paris, 1999
? Wiener N., Cybernétique et
société, Union générales
d'éditions, Paris, 1962
Thèses et mémoires
? BATIONO Ernest, Les mutilations
génitales sexuelles au Burkina Faso, description et stratégies de
lutte : le cas de l'excision, ENAM, 1989 - 1991
? BELEM Brahima, Lutte contre la
pratique de l'excision au Burkina Faso : la contribution de
l'école, ENAM, 2002
? BOUGAIRE Danielle, L'approche
communicative des campagnes de sensibilisation en santé publique au
Burkina Faso, le cas de la planification familiale, le SIDA et
l'excision, 2005
? KONATE Alimata, Les mutilations
sexuelles féminines au Burkina Faso : le cas de la pratique de
l'excision dans la société Bwa de Houndé, FLASHS,
1993
? SANON Victor, Thèse de
doctorat sur "La liberté de presse dans les nouvelles démocraties
d'Afrique de l'ouest sahélienne: enjeux et limites (Burkina Faso, Mali,
Niger), 2000, p296
? TARBAGDO Sita,
Lutte contre la pratique de l'excision au Burkina Faso : La
contribution de la Radio Rurale, URTNA, 1996
? TOUGRY Lagdebyoba Patricia Ester,
Excision -Tradition et Modernité : Causes et
conséquences de la persistance de la pratique de l'excision en milieu
Moaga - cas de Wavugué et de Sabtenga Département de
Pabré, FLASHS, 1997-1998
ANNEXES
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES CONCEPTEURS DU
PIC
I- De la conception des messages et de leur
diffusion
· Quelle est votre définition
de l'excision ?
· Que représente, selon vous, l'excision pour
une femme ?
? Qui sont les principaux concepteurs des
messages de sensibilisation diffusés sur votre station ?
? Quel est le processus de conception de vos messages ?
Est-il participatif ? Si oui, dites en quoi.
? Associez vous d'autres personnes à la planification
de vos activités ? Si oui, quelle catégorie de
personnes ?
? Pensez vous que la population est suffisamment
impliquée dans la planification de vos activités
? Quelle est brièvement la teneur des messages que vous
diffusez ?
? Quel est le public cible de ces émissions et
campagnes? Pourquoi ?
? Quel but recherchez vous dans la diffusion de ces
messages ?
? Sont-ils atteints ?
? Quels types de difficultés rencontrez vous durant
tout le processus ?
? Que pensez vous de la pertinence et de l'efficacité
de ces émissions et campagnes de sensibilisation?
? Que pensez vous de l'accessibilité de vos messages
vis-à-vis du public cible ?
? Est-il possible d'avoir une répartition temporelle de
la diffusion des messages ? (Moment de diffusion au cours de
l'année, du mois, Moment de diffusion au cours de la journée,
nombre de diffusion au cours de l'année, du mois ou de la semaine).
? Diffusez vous en ce moment les mêmes
émissions ? Si non, Pourquoi ?
? Utilisez vous d'autres supports de communication en plus de
la radio pour la diffusion de vos messages ? Si oui, lesquels ?
? Quel est le rôle exact des comités villageois
de communication de changement de comportement ?
? Quelle est votre appréciation de leur action en
faveur de la lutte contre la pratique de l'excision ?
III- La réaction de la population cible et les
difficultés
? Quelles sont les difficultés que vous rencontrez
durant la campagne ?
? Avez-vous un feeb back de la part de la population ?
? Si oui, comment le jugez-vous ?
? Si non, quel commentaire en faites vous ?
IV- Du rôle des clubs
d'écoute
? Quel est le profil des membres des clubs
d'écoute ? (Âge, niveau d'instruction, religion).
? Quel est votre rôle de façon global ?
? Quelle sont vos principales fonctions dans le cadre du
PIC ?
? Comment appréciez vous votre action dans la lutte
contre l'excision dans le cadre du PIC ?
? Quelle est la nature de vos rapports avec la radio
Vénégré ? Quelles sont les difficultés que
rencontrez dans votre partenariat avec la radio ?
? Comment jugez la qualité et la pertinence des
émissions de lutte contre l'excision dans le cadre du PIC ?
? Croyez vous que ce genre de campagnes de sensibilisation
pourra contribuer à éradiquer la pratique de l'excision ?
Le processus de planification d'une stratégie
de communication pour le développement120(*)
ANALYSE DE LA SITUATION
·Problème (s) de
développement
·Contexte de l'intervention et programme
existant
·Parties prenantes
·Ressources en matières de
communication
PROBLEMES DE COMMUNICATION ??
NON
ELABORATION DE LA STRATEGIE
I. CADRE STRATEGIQUE
·Objectifs de communication
·Groupes cibles
·Types d'approches
·Messages clés
·Canaux et supports de
communication
II. VOLET OPERATIONNEL DE LA STRATEGIE
·Cadre institutionnel
·Plans connexes : productions,
formations et renforcement des capacités
·Planning des
activités
·Plan de suivi
évaluation
·Budgétisation
VALIDATION DE LA STRATEGIE
|
* 1 RECUEIL DES LOIS ET
REGLEMENTS, 1ère édition. Niamey, Secrétariat
Général du Gouvernement (SGG), 1990, p81
MINISTERE DES SPORTS, DE L A CULTURE ET DES JEUX DE LA
FRANCOPHONIE, Etats Généraux de la Culture, Document introductif,
2004, p26
* 2 OMS, La mutilation
génitale des Femmes : Un rapport conjoint de OMS/UNICEF/FNUAP,
1996
* 3 www.sp-cnlpe.org
* 4 La pratique de l'excision
est punie depuis 1996 par le code pénal du Burkina faso.
* 5 OMS, Op cit
* 6 Ministère de
l'Information, Politique nationale de communication pour le
développement, TOME I,
* 7 Boubacar SINE,
Impérialisme et théories sociologiques du
développement, 1975, p186.
* 8 André Jean TUDESQ,
La radio en Afrique Noire, éd. Pedone, 1983, p7
* 9 Bagassi KOURA, Radio
communautaire et développement local : le cas de radio Munyu
Banfora
* 10 Serge Théophile
BALIMA, Marie Soleil FRERE, Médias et communications sociales au
Burkina Faso : Approche socio-économique de la circulation
de l'information, éd L'Harmattan, Paris, 2003, pp 81-82
* 11 www.sp-cnlpe.gov.bf
* 12 Raymond QUIVY, Luc
CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales,
2ème édition DUNOD, Paris, 1995, p 117
* 13 Alfonso Gumucio DAGRON,
Ondes de choc, éd, 2001
* 14 Alfonso Gumucio DAGRON, op
cit
* 15 Alfonso Gumucio DAGRON, op
cit, p 37
* 16 Cité dans un
article de Bernard ZONGO, paru dans Le Pays n° 3388 du vendredi
03 juin 2005, intitulé : Approche participative: mode
ou réalité?
* 17 Alfonso Gumucio DAGRON, op
cit
* 18 Francis BEBEY cité
par André Jean TUDESQ dans son livre La radio en Afrique
Noire, éd. Pedone, paris, 1983
* 19 La
fédération des unions de groupement Naam, La voix du
paysan, (études et dossier de projet), Copenhague, 1994, 82p
* 20 La
fédération des unions de groupement Naam, idem
* 21 La
fédération des unions de groupement Naam, op cit
* 22 Selon Lasswell, l'audience
est envisagée comme une cible amorphe qui obéit aveuglement au
schéma stimulus-réponse. Le média est supposé agir
selon le modèle de « l'aiguille hypodermique ».
* 23 Armand et Michèle
MATTERLART, Histoire des théories de la communication,
éd La Découverte, Paris, 1995, 125p
* 24 Francis BALLE,
Médias et sociétés,
11ème édition Montchrestien, Paris, 2003, p639
* 25 Armand et Michèle
MATTERLART, op. cit. p27
* 26 La
fédération des unions de groupement Naam, op cit
* 27 Jean CAUVIN,
Comprendre la parole traditionnelle, éd Saint-paul,
1980, p6
* 28 Idem, p8
* 29 Idem, p9
* 30 Idem, p9
* 31 MALINOWSKI cité par
J.C SANCHEZ ARNAU et D. DESJEUX, La culture clé du
développement, éd L'Hamarttan, Paris, 1994, p23
* 32 Juan Carlos SANCHEZ-ARNAU
et Dominique. DESJEUX, La culture clé du développement,
éd L'Hamarttan, Paris, 1994, p194
* 33 Marie Claire GIAGOMETTI,
Sera-t-elle la prochaine victime ?, 1998, p21
* 34 Constamment et
régulièrement partis pour la guerre
* 35 Giagometti Marie Claire,
Sera-t-elle la prochaine victime ?, 1998, p22
* 36 Idem
* 37 Recueil des actes et des
paroles du Prophète Mahomet et de ses compagnons à propos de
commentaires du Coran ou de règles de conduite- définition du
Petit Larousse.
* 38 Selon la Bible, la
circoncision masculine est le signe de l'alliance de Dieu avec les hommes.
* 39 Marie Claire GIAGOMETTI,
op cit, p25
* 40 Giagometti Marie Claire,
Sera-t-elle la prochaine victime ?, 1998, p23
* 41 Extrait du cours de CPD
dispensé par le Professeur S.T. BALIMA de l'Université de
Ouagadougou, Année académique 2004-2005
* 42 Rostow W., La
théorie du décollage, 1961
* 43 Extrait du cours de CPD
dispensé par le Professeur Serge Théophile BALIMA de
l'Université de Ouagadougou, Année académique 2004-2005
* 44 Idem
* 45 Wiener N.,
Cybernétique et société, Union
générales d'éditions, Paris, 1962
* 46 Rogers EVERETT,
Diffusion of innovations, New York, Free press, 1963.
* 47 Armand et Michèle
MATTELART, op. cit
* 48 Paul LAZARSFELD, Katz E
LIHU, Personnal influence, 1955
* 49 Extrait du cours de CPD
dispensé par le Professeur S.T. BALIMA de l'Université de
Ouagadougou, Année académique 2004-2005
* 50 Extrait du cours de CPD
dispensé par le Professeur S.T. BALIMA de l'Université de
Ouagadougou, Année académique 2004-2005
* 51 Qu'est-ce que la radio
communautaire? Un guide pratique, AMARC Afrique et Panos Afrique Australe.
1998
* 52 www.amarc.org
* 53 Voir schéma en
annexe
* 54 FAO, Projet appui au
programme national de reforestation rurale du Sénégal
* 55 Encyclopédie libre
WIKIPEDIA (www.google.com)
* 56 Encyclopédie libre
WIKIPEDIA
* 57 Danielle BOUGAIRE,
thèse de doctorat sur "L'approche communicative des campagnes de
sensibilisation en santé publique au Burkina Faso" p117
* 58 MANNONI Pierre, Les
représentations sociales, PUF, Paris, 1998, p119
* 59 Entretien
réalisé au CNLPE avec le documentaliste, avril 2005
* 60 Cet incident est
expliqué en détail dans la troisième partie.
* 61 Propos recueillis lors de
l'entretien réalisé avec le Directeur des programmes et chef de
station de la radio Vénégré à Ziniaré le 26
mai 2005.
* 62 cf Présentation de
radio Kakoadb yam Vénégré, 2002, p12
* 63 Propos recueillis lors de
l'entretien réalisé avec le Directeur des programmes et chef de
station de la radio Vénégré à Ziniaré le 26
mai 2005
* 64 cf. Présentation de
radio Kakoadb yam Vénégré, 2002, p14
* 65 Propos recueillis lors de
l'entretien réalisé avec le Directeur des programmes et chef de
station de la radio Vénégré à Ziniaré le 26
mai 2005
* 66 Entretien
réalisé avec le responsable du PIC à l'UNICEF Monsieur
Tarpiligua Jean, Ouagadougou le 2 juin 2005
* 67 Extrait du cours de CPD de
2ème année dispensé par le professeur Serge
Théophile BALIMA
* 68 Rapport de synthèse
du PIC pour la lutte contre l'excision dans 12 villages de la province
d'Oubritenga, p2
* 69 Extrait du cours de CPD de
2ème année dispensé par le professeur Serge
Théophile BALIMA
* 70 La circoncision
féminine est le terme couramment employé, toujours en vigueur
à l'ONU (mais médicalement incorrect).
* 71 Marie Claire GIAGOMETTI,
Sera-t-elle la prochaine victime ? , 1998, p24
* 72 Giagometti Marie Claire,
Sera-t-elle la prochaine victime ?, 1998, p24
* 73 Organisation Mondiale de
la Santé
* 74 AMSOPT, L'excision au
Mali : aspects socio-anthropologiques, p8
* 75 Giagometti Marie Claire,
Sera-t-elle la prochaine victime ?, 1998, p27
* 76 Ibid, p27
* 77 Kadidia SIDIBE est la
responsable de l'Association malienne pour le suivi et l'orientation des
pratiques traditionnelles (AMSOPT) créée en 1984
* 78
http://www.sp-cnlpe.gov.bf
* 79
http://www.sp-cnlpe.gov.bf
* 80 cf : Code
Pénal du Burkina Faso
* 81 Cité par Pr
Mahamadou Sangaré lors du Colloque International d'Alger en
mi-avril 2002 sur le thème : « LANGUES, CULTURE ET
TRADITION » organisé par la Faculté des Lettres et des
Langues.
* 82 Pr Mahamadou
Sangaré, op cit
* 83 Pr Mahamadou
Sangaré, op cit
* 84 Moustapha Samb cité
par Bagassi Koura dans son mémoire de maîtrise
intitulé : Radio communautaire et développement
local : le cas de radio Munyu à Banfora.
* 85 Bagassi Koura,
mémoire de maîtrise sur le thème Radio communautaire et
développement local : le cas de radio Munyu à
Banfora.
* 86 Entretien
réalisé le 27 septembre 2005 avec un noyau relais du village de
Watinoma, Zoungrana Casimir.
* 87 Entretien
réalisé le 22 septembre 2005 avec un noyau relais du village de
Wavussé, Lankoandé Moussa
* 88 Entretien
réalisé le 22 septembre 2005 avec un noyau relais du village de
Wavussé, Lankoandé Moussa
* 89 Entretien
réalisé le 19 Août 2005 avec le chef de village de
Wavussé
* 90 Entretien
réalisé 19 août 2005 avec une vieille dame à
Wavussé
* 91 SAMB Moustapha, 2003,
Médias, décentralisation et langues locales : les
voix d'une nouvelle citoyenneté,
média@ctions n°33,
janvier-mars 2003, -p10 à 17
* 92 Extrait du cours de CPD de
2ème année dispensé par le professeur Serge
Théophile BALIMA
* 93 Idem
* 94- Programme d'Appui aux
Communications Sociales, la communication pour le
développement, brochure, Ouagadougou, 2000.
* 95 Yao AHADE, Concept de
persuadeur de village ou Du N'ku, informateur, éducateur clé en
Afrique, 1988
* 96 P. Stanley YODER, Ousmane
CAMARA, Baba SOUMAORO, L'excision et la socialisation des adolescents en
Guinée, 1999, p38
* 97 Entretien
réalisé le 19 Août 2005 avec SAWADOGO Jean Baptiste,
directeur de la radio Vénégré
* 98 Signifie OEil du peuple en
langue Ouatchi (Togo)
* 99 Yao AHADE, Concept de
persuadeur de village ou Du N'ku, informateur, éducateur clé en
Afrique, 1988, p14
* 100 Yao AHADE, op cit, p8
* 101 Yao AHADE, op cit, p8
* 102 Joint en annexe
* 103 FAO, Processus
d'élaboration d'une stratégie de communication
multimédia,
www.fao.org, p14
* 104 Entretien
réalisé à Ziniaré avec monsieur Boukari SINARE le
08 décembre 2005.
* 105 Yao AHADE, op cit,
p16
* 106 CNLPE, OMS, Etude
sur la prévalence de l'excision au Burkina Faso, 2001, p32
* 107 SANON Victor,
Thèse de doctorat sur "La liberté de presse dans les nouvelles
démocraties d'Afrique de l'ouest sahélienne: enjeux et limites
(Burkina Faso, Mali, Niger), 2000, p296
* 108 Alfonso Gumucio DAGRON,
op cit, p38
* 109 Entretien
réalisé avec monsieur Jean Baptiste SAWADOGO, directeur de radio
Vénégré, le 10 novembre 2005
* 110 Entretien
réalisé avec monsieur Jean Baptiste SAWADOGO, directeur de radio
Vénégré, le 10 novembre 2005
* 111 Cf. fiche 1
* 112 Cf. fiche 1
* 113 Cf. fiche 2
* 114 Joseph T. Klapper
cité par Bagassi KOURA dans son mémoire de maîtrise,
Radio communautaire et développement local : le cas de radio
Munyu Banfora, p97
* 115 Entretien
réalisé 19 août 2005 avec une vieille dame à
Wavussé
* 116 Article paru dans
L'indépendant n° 664 du 30 mai 2006
* 117 Danielle BOUGAIRE,
thèse de doctorat sur "L'approche communicative des campagnes de
sensibilisation en santé publique au Burkina Faso" p118
* 118 Article paru dans
L'indépendant n° 664 du 30 mai 2006
* 119 FAO, Processus
d'élaboration d'une stratégie de communication
multimédia,
www.fao.org, p10
* 120 FAO, Processus
d'élaboration d'une stratégie de communication multimédia,
www.fao.org, p9
|