C / Conjoncture économique depuis 2006
1. Évolution du cadre macroéconomique
En cette fin d'année 2007, il est l'heure de faire
un premier bilan de l'année écoulée et d'exprimer les
premières résolutions pour l'année courante.
L'année 2006 a été difficile pour l'économie
sénégalaise. Le taux de croissance s'est éloigné de
sa tendance historique de 5-6% pour certainement tomber aux alentours de 3%
avec une détérioration des soldes budgétaires et
extérieurs.
- La croissance économique
devrait se situer à 3,3% contre 5,5% en 2005 (tableau 1.3),
essentiellement portée par le secteur des
télécommunications et celui de la construction tirés par
les investissements publics en matière d'infrastructures. Les
performances des autres secteurs ont été étouffées
par le niveau relativement élevé du prix du pétrole et ses
répercussions sur la qualité de la fourniture d'énergie
électrique, le secteur de la chimie traversant une crise profonde.
- Le déficit budgétaire se
creuserait en passant de 3,0% en 2005 à près de 5,7% du PIB en
2006 (tableau 1.3), reflétant en partie les subventions accordées
au secteur énergétique (2,1% du PIB à la SENELEC et
à la SAR). La hausse des prix du pétrole s'est traduite par une
augmentation des tensions de trésorerie qui engendreraient un
écart de financement de l'ordre de 1,2% du PIB, nonobstant la mise en
oeuvre de l'Initiative d'Allègement de la Dette Multilatérale
(IADM).
- Le déficit extérieur
courant (dons compris) est attendu à près de 12% du PIB,
contre 8,1% en 2005 (tableau 1.3), du fait de la baisse des exportations de
produits halieutiques et chimiques et de la forte augmentation de la facture
pétrolière accentuée par l'arrêt de
l'activité de production de la SAR.
- La situation monétaire
resterait caractérisée par une hausse limitée de
la masse monétaire (7,8%) et une forte augmentation du crédit au
sein de l'économie (12,8%).
2. Résolutions pour l'année 2007
Les performances enregistrées au plan
macroéconomique contrastent avec celles observées au plan social.
En effet, la situation sociale reste marquée par une forte incidence de
la pauvreté (57,1% lors de la dernière enquête
auprès des ménages, 2002) et une amélioration
limitée de l'accès aux services sociaux.
Ce manque d'efficacité de l'économie dans
la lutte contre la pauvreté appelle à des réformes
indispensables visant à accélérer la croissance, à
améliorer l'efficacité de l'action publique et à atteindre
effectivement les populations les plus pauvres. Ainsi, au cours des douze mois
de l'année 2007, le Sénégal se doit de faire des
avancées significatives dans les domaines ci-après :
- L'accroissement de la productivité et
l'amélioration de la compétitivité pour une relance des
investissements (y compris l'investissement direct étranger (IDE)) et
des exportations ; relance indispensable au relèvement de la croissance
à moyen terme par une amélioration significative de
l'environnement des affaires. Celui-ci reste peu attractif et
caractérisé par des lourdeurs administratives persistantes, des
coûts des facteurs de production élevés et des
possibilités de financement limitées.
- L'amélioration de l'efficacité de la
dépense publique en comblant les déficits en matière de
gouvernance, de planification et d'allocation des ressources, de transparence
dans l'attribution des marchés publics et de contrôle externe. En
dépit de l'augmentation globale de la part de l'éducation, de la
santé et des infrastructures dans les dépenses totales, les
dépenses effectuées dans les régions, en milieu rural et
au profit des groupes vulnérables (principalement les plus pauvres)
demeurent faibles.
- Le renforcement de la coordination de l'appui
extérieur par une augmentation de l'aide extérieure sous forme
d'appui budgétaire qui reste faible, malgré les initiatives des
Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) et de l'IADM, et/ou une
meilleure adaptation des projets aux priorités nationales.
- L'amélioration de l'accès des Petites et
Moyennes Entreprises (PME) et des plus pauvres au crédit par un
développement de moyens de financement adapté.
Toutefois, l'équilibre des grands agrégats
macroéconomiques reste maintenu. En effet, l'inflation a
été modérée malgré la persistance de la
hausse du cours du baril de pétrole, et la dette extérieure
demeure soutenable (le taux d'endettement extérieur baisserait pour
passer de 43% en 2005 à 17,1% en 2006 avec la mise en oeuvre de l'IADM).
(tableau 1.3)
Tableau 1.3 : Indicateurs
macroéconomiques clés
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Croissance PIB en %
|
6,7
|
5,6
|
5,5
|
2
|
5,6
|
Solde budgétaire (% du PIB)
|
-1,3
|
-3,1
|
-3,0
|
-5,7
|
-4,3
|
Inflation (variation annelle %)
|
0,0
|
0,5
|
1,7
|
2,2
|
1,8
|
Solde extérieur courant (% du PIB)
|
-6,2
|
-6,1
|
-8,1
|
-12,0
|
-10,7
|
Taux endettement public (% du PIB)
|
46,3
|
44,4
|
43,0
|
17,1
|
18,4
|
Réserves officielles brutes (en mois
d'importations)
|
4,5
|
4,8
|
4,2
|
2,7
|
2,4
|
Sources : FMI et
autorités
L'économie devrait retrouver son niveau de
croissance tendanciel en 2007 si la crise des Industries Chimiques du
Sénégal (ICS) qui représente plus de 10% des exportations
est résolue et si les finances publiques se tiennent mieux.
Les perspectives pour 2007 prévoient une
croissance économique de plus de 5,6% avec un taux d'inflation moyen de
1,8% ainsi que des déficits budgétaire et extérieur
courant de 4,3% et 10,7% du PIB, respectivement, le taux d'endettement
étant maintenu dans les limites de la soutenabilité.
Dans tous ces domaines, des perspectives favorables se
dessinent, notamment avec l'engagement pris par les plus hautes
autorités dans le Document stratégique de réduction de la
pauvreté (DSRP II), la Stratégie de croissance
accélérée (SCA) et le Conseil présidentiel de
l'investissement (CPI).
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