2. Mises en scènes comparables.
2.1 Les situations.
Comme nous l'avions souligné
précédemment, la pin-up se présente et est
présentée de manière générale, dans une
scène de la vie quotidienne. Le cadre peut être urbain ou
campagnard. La différence avec la représentation d'une femme
ordinaire dans son quotidien réside dans le fait que, à
l'intérieur de ce décor narratif, un élément ou la
situation en général peu probable permet aux dessinateurs de
découvrir, dévoiler les jambes, les bas, la jarretière ou
le porte-jarretelle, la poitrine, le soutien-gorge (pour les images datant des
années cinquante) de cette femme. La mise en scène est
instrumentalisée de sorte que l'on puisse voir, apprécier,
observer une zone érotique du corps féminin selon un regard
masculin. La pin-up est alors une représentation d'une femme qui nous
semble maladroite, un peu gauche mais gracieuse, puisque à chaque fois
qu'elle entreprend une activité, elle ne réussit qu'à
coincer sa jupe, tacher ses vêtements, casser sa bretelle, faire glisser
sa culotte. Ce qui renforce le côté « petite
fille ». Elle subit sans cesse des incidents, elle est victime. Une
certaine ambiguïté mêlant maladresse et désir,
érotisme et gaucherie semble se dégager de ces
représentations. Souvent seule, on peut noter parfois la présence
d'un homme ou plusieurs mais en arrière plan, profitant de la situation.
Cette remarque s'applique aussi à certaines mises en
scène de la photographie érotique du début du XXe
siècle. Une photographie anonyme de 1930 montre une femme perchée
sur un escabeau. Une partie de son visage est caché par sa jupe
remontée, qui nous dévoile ainsi sa culotte. Seuls ses yeux sont
visibles et nous font signe en direction de celle-ci. Grâce à cet
artifice, l'accent est donné sur le dispositif érotique :
bas, talon, culotte, porte-jarretelles. On retrouve ce même dispositif
dans une photographie de 1920 : une femme dont le visage est caché
à sa jupe soulevée. L'oeil est de suite attiré par les bas
noirs et la toison pubienne dévoilés de cette inconnue (Ill.
34). Une autre photographie de 1930 par exemple, nous offre une femme de
dos en train de se relever d'une balançoire. Sa jupe semble
coincée nous permettant ainsi d'observer sa culotte, ses bas, son
porte-jarretelles et ses talons. Dans une série de photographies de
1927, un homme apprend à une femme à faire de la
bicyclette : il la tient par la taille, retenant (volontairement ou par
inadvertance ?) un pan de la jupe, nous dévoilant ainsi bas et
porte-jarretelles (Ill. 35). Ce geste masculin qui dévoile le
corps féminin se retrouve dans une autre photographie anonyme de
1930 : une femme assise sur une roue de voiture se penche pour embrasser
l'homme, qui dans son geste pour lui caresser la joue relève
légèrement la jupe de la jeune fille (Ill. 36).
Une autre photographie de la même année montre
une femme en train de ramer, un pan de la jupe pris dans la rame. Dans la
photographie L'art de grimper aux arbres, de Giffey, de 1930, une
femme a un volant de sa jupe retenu par une branche. L'homme qui l'accompagne,
resté au pied de l'arbre, semble ravi à la vue des bas, de la
culotte, et du porte-jarretelles dévoilés par hasard... La phrase
qui légende cette image, souligne le côté cocasse de la
scène : « grimper aux arbres, c'est bon pour la
santé et pour la vue donc ! » La même mise en
scène est présente dans une photographie de 1937 La parfaite
secrétaire : une secrétaire, les pieds posées
sur son bureau, attrape par inadvertance un pan de sa jupe en décrochant
le téléphone, nous offrant une vue imprenable sur ses bas et son
porte-jarretelles. L'art de dévoiler les parties du corps
érotisées par la présence d'accessoires trouve son
apogée avec la photographie anonyme intitulée : L'art de
croiser les jambes en société pour mieux montrer ses
dessous, datée de 1930.
Nous avions souligné que souvent les pin-up nous
apparaissaient comme surprise dans une situation cocasse. Le côté
ridicule, maladroit est renforcé dans des mises en scène
présentant des femmes dans une activité réputée
comme non féminines : dans une photographie de 1925, une femme de
dos, se penche pour réparer sa roue de voiture, sa jupe est
relevée sur sa culotte et ses bas (Ill. 37). Une autre
signée Beiderer de 1930, montre une femme est en train de lire le
journal. Elle est assise en équilibre sur le dossier de la chaise de
telle manière à ce que ses bas et son porte-jarretelles soient
visibles (Ill. 15). On retrouve ceci aussi dans des photographies
signées Vasta Images-books de 1930, où une femme de dos, à
la jupe soulevée, accent mis sur le dispositif
culotte-bas-talons-jarretelles, se retourne, bouche ouverte comme surprise.
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