Nous distinguons les crédit spécifiques aux
opérations d'importation et les crédits accordées à
toute personne (physique ou morale) compte tenu de son secteur
d'activité et de sa situation financière.
3.1.1 Crédits spécifiques aux
opérations d'importation
Il s'agit essentiellement des crédits acheteurs et le
crédit de préfinancement en devise appelé encore le
financement en devises importation.
3.1.1.1 Le Crédit acheteur
Le crédit acheteur repose sur deux contrats autonomes: le
contrat commercial et le contrat de crédit26.
Le contrat commercial est conclu entre l'exportateur
étranger et l'importateur tunisien; il a pour but de définir les
obligations respectives des deux parties.
Le contrat de crédit est signé entre la banque
du fournisseur qui prête et l'importateur qui emprunte. La banque
s'engage à payer le fournisseur étranger tandis que l'importateur
accepte de rembourser les sommes réglées au fournisseur selon des
modalités précisées dans le contrat (période de
remboursement, taux, durée, garanties...).
3.1.1.2 Le Financement en devises
importation
Ce crédit est octroyé
généralement pour le financement des importations. Il s'agit d'un
prêt en devises qui sert à régler une importation au
comptant. Il est aussi un prêt à court terme remboursable au plus
tard à 360 jours.
Le déblocage de ce crédit doit se faire
directement en faveur du fournisseur étranger. Pour pouvoir
bénéficier de ce prêt, le client doit présenter des
documents justificatifs de l'importation en question avec indication de la
banque domiciliataire.
3.1.2 Les crédits non spécifiques aux
opérations d'importation
Ils sont, généralement, les crédits
accordées à toute personne (physique ou morale) compte tenu de
son secteur d'activité et de sa situation financière.
3.1.2.1 La facilité de caisse
Elle est octroyée pour des besoins de
trésorerie bien déterminés à l'avance par le
client. Ces besoins sont nés des décalages entre les flux de
recettes et de dépenses liés à l'exploitation. La
facilité de caisse est octroyée pour une durée maximum
d'une année renouvelable à la demande du
bénéficiaire.
26 Legrand (G.),Martini (H.), Management des
opérations de commerce international - DUNOD - 6ème
édition page 150
En principe, le montant de la facilité de caisse se
situe en général et respectivement pour les activités
commerciales et les activités industrielles entre 15 jours et un mois du
chiffre d'affaires annuel à confier par le client.
3.1.2.2 Le découvert
Il est octroyé par la banque pour des besoins
immédiats formulés par son client, dans le but de faire face
à un déficit conjoncturel de sa trésorerie.
En principe, le montant du découvert se situe en
général et respectivement pour les activités commerciales
et les activités industrielles entre 15 jours et un mois du chiffre
d'affaires annuel à confier par le client.
3.1.2.3 L'escompte commercial sur la Tunisie
Ce concours est destiné à mobiliser les ventes
à crédit de produits devant être vendus en l'état ou
après transformation.
Le montant de ce concours est déterminé en
fonction du chiffre d'affaires à crédit et du délai de
règlement consenti par le client de la banque à ses clients sans
que l'usance des tirages n'excède 3 mois.
3.1.2.4 L'escompte de document ou de créances
nées sur l'étranger.
L'opération d'escompte effectuée en Dinars
Tunisiens, concerne les valeurs suivantes :
· l'escompte facture d'exportation ;
· l'escompte remise document d'export ;
· l'escompte effets ;
· l'escompte chèques.
L'escompte de document ou de créances sur
l'étranger est une forme de crédit à court terme par
laquelle la banque met à la disposition du client le montant d'une
créance escomptable tirée sur un commerçant ou industriel
étranger avant son échéance ou son recouvrement.
Les créances nées sur l'étranger sont
présentées par un client de la banque, opérant dans des
activités d'exportations justifiées par des documents.
Peuvent bénéficier d'une cote d'escompte, toutes
les entreprises résidentes opérant sur le territoire tunisien.
L'opération d'escompte en devises, ne doit pas
dépasser la partie cessible du montant de d'exportation si le client
formule expressément le besoin d'alimentation de son compte
professionnel en devises (40% au maximum des recettes d'exportation.).
Le montant de ce crédit est déterminé en
fonction du chiffre d'affaires à l'exportation et du délai de
règlement consenti par le client de la banque à ses clients
étrangers sans que l'usance des tirages ne sorte du cadre de la
réglementation du commerce extérieur en vigueur.
3.1.2.5 Le crédit de cultures
saisonnières
Ce crédit est accordé aux exploitants du secteur
agricole et de la pêche pour la couverture d'une partie des
dépenses à engager au cours d'une campagne.
Le montant du crédit est égal au nombre
d'unités à exploiter (ha, pied, tête, embarcation...)
multiplié par la quotité unitaire de financement.
La quotité unitaire de financement ainsi que
l'échéance du crédit sont fixées pour chaque
spéculation par le barème des crédits de cultures
fixé à la Circulaire aux Banques N°87-47.
3.1.2.6 Le crédit de campagne
Ce crédit est destiné à financier les
achats de produits agricoles et de pêche en vue de leur transformation,
de leur conditionnement ou de leur écoulement en l'état.
Le montant du crédit est égal à :
· 50% des prévisions d'achat pour l'alfa ;
· 80% des dépenses culturales pour la production de
plants ;
· un mois des prévisions d'achat pour tous les
autres produits27.
Ces crédits échoient à l'achèvement
des campagnes dont les durées sont fixées à la Circulaire
B.C.T N°87-47.
27 Circulaire aux Banques N°87-47 relative aux
conditions de banque
3.1.2.7 Le crédit de financement de stocks
:
Cette forme de crédit est destinée au
financement d'un stock de matières premières, de matières
consommables et éventuellement, de produits semi-finis constitués
par les entreprises industrielles.
Le montant du crédit devra se situer aux environs de
trois mois de besoins consommés et devra tenir compte des autres sources
de financement, en particulier, des crédits fournisseurs.
Ce crédit peut également être consenti
à tout bénéficiaire d'une lettre d'agrément pour la
détention de stock de sécurité. Le montant du
crédit sera dans ce cas égal au montant porté sur la
lettre d'agrément.
Le bénéficiaire du crédit a la
faculté, à tout moment, de continuer à utiliser le
crédit dans la limite de la cote autorisée qui prend fin à
l'achèvement de la période précisée dans la
décision.
Le crédit de financement de stock est,
généralement, trimestriellement renouvelable et annuellement
révisable après accord et accomplissement des formalités
de garanties.
3.1.2.8 Le crédit de préfinancement des
exportations :
Ce crédit est destiné à couvrir les besoins
occasionnés par la préparation d'un stock marchand destiné
à l'exportation ou l'exécution de services à
l'étranger.
Le montant du crédit s'élève, au maximum,
à :
· 30% des exportations prévisionnelles de
l'année concernée, cette quotité pourra être
toutefois, dépassée chaque fois qu'il s'agit d'opérations
ponctuelles nécessitant des besoins supplémentaires,
· 100% du stock report pour les huiles d'olives,
· 100% du stock report engagé à
l'exportation pour les vins,
· 80% des quantités engagées à
l'exportation pour les dattes,
· 60 jours d'exportation prévisionnelle pour les
agrumes.
Les prévisions doivent être justifiées par
les réalisations antérieures et/ou les contrats
obtenus. Par
ailleurs le calcul des montants des crédits de préfinancement
des
exportations des produits agricoles et agroalimentaires se fait
sur la base des prix de référence fixés à la
Circulaire B.C.T N° 87-47.
3.1.2.9 Les avances sur créances
administratives
Ce crédit est destiné à financer les
créances nées sur l'administration.
L'entreprise de travaux publics titulaire d'un marché
conclu avec l'administration peut renflouer sa trésorerie en sollicitant
de sa banque une avance sur chaque décompte, ou factures
représentant des travaux reconnus exécutés et dont le
règlement n'est pas encore ordonnancé ou en cours
d'ordonnancement.
Le montant du crédit ne doit pas excéder 80% du
montant de la créance dûment constatée. Elle est
mobilisée par un billet à ordre renouvelable le cas
échéant.
Le marché objet de la créance à mobiliser
doit être nanti.
3.1.2.10 Le préfinancement de marchés
publics
Cette forme de crédit est destinée à faire
face aux dépenses occasionnées par les travaux de
démarrage des marchés conclu avec l'administration.
Le montant du crédit alloué ne doit pas
excéder 10% du montant des nouveaux marchés, déduction
faite des avances de l'administration.
Le remboursement de ce crédit s'effectuera par un
prélèvement d'au moins 10% sur le règlement de chaque
décompte de services faits.
3.1.2.11 L'avance sur factures :
L'entreprise privée, titulaire d'un marché
conclu avec l'administration peut renflouer sa trésorerie en sollicitant
de sa banque une avance sur chaque facture, représentant des travaux
reconnus exécutés et dont le règlement n'est pas encore
ordonnancé ou en cours d'ordonnancement.
L'avance porte sur 80% du montant des factures approuvées
par le maître de l'ouvrage et présentées après
nantissement du marché public.
3.1.2.12 Le financement en devises exportation
:
Il s'agit d'une avance en devises d'une exportation payable
à terme (peut aller jusqu'à 180 jours). A
l'échéance, on distingue deux types d'opération de
financement :
Le financement des créances avec recours
: C'est la possibilité de se faire rembourser à
l'échéance par le débit du compte du client en cas de
non-paiement par l'importateur étranger. Les opérations
financées sont généralement payables par virement bancaire
ou traite acceptée. Deux situations peuvent se présenter :
· l'opération est dénouée à
temps : le produit de l'encaissement sera affecté au remboursement de
l'emprunt et la différence revient à la banque;
· cas de retard de paiement : le coût de rachat de
devises et les frais de retard seront imputés à la charge du
client remettant.
Le financement des créances sans recours
: C'est l'achat de la créance par la banque sans pouvoir
recourir au client en cas de défaillance de la banque garante. Les
opérations financées sont obligatoirement couvertes par un
engagement bancaire. Cette créance présente deux situations
possibles :
· l'opération est dénouée à
l'échéance : le produit de l'encaissement servira au
remboursement de l'emprunt et toute différence sera imputée sur
le compte de la banque;
· l'opération n'est pas dénouée
à son échéance : il y a lieu de racheter les devises pour
rembourser l'emprunt et engager les démarches pour le recouvrement
auprès des tirés.