IV.3.4. Le statut de la femme
Du point de vue de la mortalité différentielle
des enfants selon le sexe, le statut de la femme permet à la
lumière de ces résultats de différencier les femmes de
statut moyen avec celles de statuts faible et élevé. La
distinction entre les deux groupes se situe au niveau de la nature des
inégalités observées. Le premier groupe se
caractérise par une surmortalité féminine alors que le
second groupe se caractérise par une surmortalité masculine. Dans
les deux cas, l'exception est faite au niveau de la mortalité
juvénile où se manifeste une surmortalité masculine pour
les femmes de statut moyen et une surmortalité féminine pour les
femmes de faible statut.
Tableau 4.13: Rapportys de masculinité des
quotients selon le statut de la femme
Statut de la femme
|
Quotients et rapports
|
Faible
|
Moyen
|
Elevé
|
MNN
|
MNNG
|
49,6
|
28,8
|
47,1
|
MNNF
|
44
|
41
|
28,3
|
RMQ
|
112,8
|
70,3
|
166,6
|
MPNN
|
MPNNG
|
38,7
|
39,6
|
77,9
|
MPNNF
|
18,8
|
44,7
|
56
|
RMQ
|
205,5
|
88,5
|
139
|
1q0
|
1q0G
|
86,4
|
67,3
|
121,3
|
1q0F
|
62
|
84
|
82,7
|
RMQ
|
139,4
|
80,2
|
146,7
|
4q1
|
4q1G
|
38,2
|
41,2
|
50,9
|
4q1F
|
42,6
|
34,6
|
42,2
|
RMQ
|
89,6
|
119,1
|
120,6
|
5q0
|
5q0G
|
123,2
|
117
|
175,5
|
5q0F
|
106
|
117,5
|
125,7
|
RMQ
|
116
|
99,5
|
139,7
|
Ces résultats sont très surprenants dans la
mesure où les inégalités sexuelles sont plus
prononcées chez les femmes de statut élevé que chez les
femmes de faible statut et ce à toutes les étapes de la vie de
l'enfant, sauf au cours de l'étape post néonatale. On peut
observer cela à travers le graphique ci-dessous. Le croisement entre le
statut de la femme et le rapport de masculinité des quotients conduit
à un résultat mitigé. La relation entre les variables
n'est ni négative, ni positive. Néanmoins, on retiendra que le
fait pour une femme d'avoir un statut élevé n'améliore en
rien les inégalités sexuelles de mortalité des enfants.
Graphique 4.13: Variation du niveau de
surmortalité selon le statut de la mère
IV.3.5. Le niveau de vie du ménage
L'analyse des inégalités sexuelles de
mortalité des enfants selon le niveau de vie du ménage aboutit
aux résultats très fluctuants. On n'observe pas une variation
cohérente des rapports de masculinité. Notamment, en
considérant chaque niveau de vie pour voir l'évolution selon
l'âge de l'enfant (lecture verticale) et en considérant un
âge donné pour comparer la distribution des rapports de
masculinité des quotients par rapport à chaque niveau de vie du
ménage (lecture horizontale). Aux extrêmes (pauvre et riche), les
inégalités sexuelles de mortalité sont prononcées
tandis qu'entre les deux extrêmes (moyen), celles-ci ont tendance
à se résorber avec l'âge des enfants. Les ménages de
niveau moyen connaissent une surmortalité féminine à
l'âge post néonatale.
Tableau 4.14: Rapports de masculinité des
quotients selon l'âge le niveau de vie du ménage
Niveau de vie
|
Quotients et rapports
|
Pauvre
|
Moyen
|
Riche
|
MNN
|
MNNG
|
34,3
|
41,2
|
46,1
|
MNNF
|
28,6
|
34,3
|
40,1
|
RMQ
|
120
|
120,1
|
115,1
|
MPNN
|
MPNNG
|
62,8
|
53,2
|
54,2
|
MPNNF
|
42,1
|
54,3
|
31,8
|
RMQ
|
149,1
|
98
|
170,3
|
1q0
|
1q0G
|
94,9
|
90,2
|
95,9
|
1q0F
|
69,5
|
86,7
|
72,5
|
RMQ
|
136,6
|
104
|
132,3
|
4q1
|
4q1
|
51,3
|
38,8
|
51
|
4q1
|
44
|
37,5
|
20,6
|
RMQ
|
116,8
|
103,4
|
248
|
5q0
|
5q0
|
151,5
|
135,3
|
149,4
|
5q0
|
110,4
|
131
|
91,6
|
RMQ
|
137,2
|
103,2
|
163,1
|
Comparés aux ménages de niveaux de vie faible,
les femmes qui vivent dans les ménages de niveau élevé
connaissent une surmortalité masculine plus forte. Comme on peut le
constater, la relation entre le niveau de vie du ménage et les
inégalités sexuelles de mortalité des enfants est
ambiguë dans ce sens que les résultats ne reflètent pas ce
qui est théoriquement admis ou connu sur la mortalité des
enfants. Contre toute attente, ces résultats montrent que les
inégalités sexuelles de mortalité ne dépendent pas
du niveau de vie du ménage. Car, si c'était le cas les rapports
de mortalité allaient croître ou baisser avec
l'élévation du niveau de vie du ménage ou vis vers
ça. Or aucune de ces deux situations n'est observée dans cette
élude.
Graphique 4.13: Variation du niveau de
surmortalité selon le niveau de vie du ménage
La surmortalité masculine est visible à tous les
niveaux mais à des proportions beaucoup plus importantes dans les
ménages riches que dans les ménages pauvres. Ce qui est quand
même aberrant.
On peut affirmer avec conviction qu'il existe bel et bien des
inégalités sexuelles de mortalité des enfants au Congo
Brazzaville. De façon globale, on observe une surmortalité
masculine relativement élevée à tous les âges. Cette
surmortalité masculine varie avec l'âge des enfants entre 10,54 %
pour la mortalité juvénile et 21,79 % pour la mortalité
post néonatale. La surmortalité infanto juvénile se situe
dans cette fourchette avec 17,55 %.
Le calcul des quotients de mortalité et des rapports
de masculinité des quotients selon certaines caractéristiques
socioculturelles et économiques des mères a permis de
déceler les facteurs qui amplifient ou atténuent ces
inégalités. Parmi ces facteurs, on peut citer l'ethnie,
l'âge à l'accouchement, le milieu de résidence, le type
d'union, l'instruction et le statut dans le ménage comme ceux qui
montrent une variation plus ou moins nette et cohérente des
inégalités sexuelles de mortalité. Certains
résultats aberrants ont été trouvés, notamment au
niveau de l'occupation de la femme, le statut de la femme et le niveau de vie
du ménage.
Certes, on constate une surmortalité masculine sur
l'ensemble des facteurs, mais cela ne nous dispose pas de donner une
explication claire sur le sens de variation de ces inégalités ou
de leur nature dans la mesure où l'analyse par rapport à
certaines variables, pourtant pertinente pour l'étude a aboutie à
des résultats très ambigus. Étant donné que nous
travaillons sur les catégories d'observations ou groupes d'individus et
non sur les individus eux-mêmes, il convient de s'interroger sur
certaines particularités ou ressemblances aussi bien sur la nature que
sur l'ampleur des inégalités constatées par rapport aux
différents groupes. Cela nous amène à contrôler les
effets bruts des variables catégorielles de façon
simultanée tout en les comparant avec les variables quantitatives
dépendantes.
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