IV.2.4. Le type d'union
Le type d'union apparaît très
révélateur des inégalités sexuelles de
mortalité dans l'enfance. Si à la naissance le niveau de
surmortalité est presque le même pour les femmes en union
monogamique et polygamique, les différences sont cependant très
nettes au-delà d'un mois d'existence avec des écarts très
importants sans toute fois montrer une tendance précise. Le
contrôle de ces résultats par l'ethnie devrait en principe
permettre de donner une explication sur les écarts constatés dans
un contexte où le système matrilinéaire est presque clair.
Dans ce cas nous seront amené à vérifier si les
différences des inégalités sexuelles entre les femmes en
union monogamique et celles en union polygamique sont dues à ce
système.
Tableau 4.5 : Rapports de masculinité (%)
selon le type d'union
Type d'union
|
Quotients et rapports
|
Monogamique
|
Polygamique
|
MNN
|
MNNG
|
38
|
55
|
MNNF
|
32
|
46
|
RMQ
|
119
|
119,7
|
MPNN
|
MPNNG
|
48
|
78
|
MPNNF
|
43
|
52
|
RMQ
|
111
|
151,1
|
1q0
|
1q0G
|
84
|
129
|
1q0F
|
74
|
95
|
RMQ
|
113,5
|
135,7
|
4q1G
|
4q1G
|
47
|
53
|
4q1F
|
29
|
75
|
RMQ
|
162,1
|
70,7
|
5q0
|
5q0G
|
138
|
184
|
5q0F
|
105
|
163
|
RMQ
|
131,4
|
113
|
Du moins, ces résultats reflètent la situation
au quelle on attendait d'après les résultats obtenus dans les
autres pays africains. En effet, il nous semble que les petits garçons
issus des ménages polygames ont été beaucoup plus
désavantagés par les facteurs biologiques (136 % à moins
d'un an) que par les facteurs culturels (71 % au-delà d'un an). On peut
donc supposer que la surmortalité masculine observée chez les
femmes polygames entre 0 et 5 ans a été beaucoup plus
influencée par la surmortalité infantile. Cela sous entend que
l'on devrait en réalité observer une surmortalité
féminine infanto juvénile dans les ménages polygames comme
c'est le cas au niveau de la mortalité juvénile, qu'on peut
assimiler à une préférence pour les enfants de sexe
masculin.
On peut donc dire que le régime polygamique conduit
à une surmortalité féminine alors que le régime
monogamique conduit à une surmortalité masculine au-delà
d'un an. La surmortalité féminine dans le régime
polygamique ne peut se comprendre que dans un contexte patrilinéaire
dans ce sens que chaque coépouse cherche à
bénéficier d'un certains nombre de privilèges de la part
du mari pour avoir engendré une descendance masculine nombreuse. En
régime monogamique, la préférence masculine pour les
mères est très négligeable dans la mesure où les
enfants issues de cette union sont les seules à hériter les biens
du père. On peut donc comprendre que l'absence de concurrence entre les
demi-frères dans ce régime aboutit à une
surmortalité masculine.
Graphique4.5 : Variation du niveau de
surmortalité selon le type d'union
|