Les inégalités de la mortalité des enfants de moins de cinq ans selon le sexe: cas du Congo( Télécharger le fichier original )par Arsène ODZO DIMI Institut de Formation et de Recherche Démographique/Université de Yaoundé II - DESSD 2007 |
CHAPITRE 3 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
A la lumière de ce qui est connu sur le sujet, ce chapitre présente le cadre théorique dans lequel l'étude s'inscrit. Il précise les aspects abordés de façon général dans l'introduction, notamment la question de recherche au quelle l'étude se propose de répondre, les objectifs et les hypothèses à tester. Ce chapitre présente également la méthodologie adoptée pour atteindre les objectifs de l'étude. C'est toujours dans ce chapitre que la qualité des données (issues de l'EDSC1), base empirique pour la vérification des hypothèses est appréciée. III.1. ProblématiqueLa mortalité peut être définie comme étant le processus d'extinction des individus (ou des populations) sous l'effet de la mort. L'analyse de la mortalité se fait par la confrontation du nombre de décès avec le volume de cette population dans un laps de temps donné. Par inégalités de la mortalité selon le sexe, nous entendons les différences de mortalité fondées sur le sexe. On peut également parler de la mortalité différentielle selon le sexe. Il existe de nombreuses études sur la mortalité des enfants en Afrique subsaharienne, mais celles-ci ne sont pas axées sur les inégalités sexuelles. Ce constat peut se justifier par le fait que les études qui ont été menées jusque là ont abouti à la conclusion selon laquelle, ces inégalités n'étaient pas importantes. Ce résultat est d'autant plus vrai qu'en Afrique, l'enfant est désiré quel que soit son sexe, ce qui justifie par ailleurs le caractère nataliste des Africains au Sud du Sahara. En Afrique, dans les sociétés traditionnelles où celles reposant essentiellement sur l'agriculture, l'idée qui prévaut de la famille est que son but est : « De perpétuer un patrimoine de force vitale qui s'intensifie dans la mesure où elle manifeste en des corps vivants, en des existants, de plus en plus nombreux et prospères » (L.S. Senghor cité par Biaye, 1994). Cependant, les études récentes dénotent une sensible augmentation des inégalités dans cette région du monde avec des disparités éventuelles entre pays et à l'intérieur d'un même pays. Lorsque l'on s'intéresse à la mortalité différentielle dans l'enfance, il est clair que l'enfant n'est pas évidemment responsable de sa propre santé. Il est alors indispensable de considérer le comportement des parents (la mère, le père, le couple, la famille, ..., la société) qui en ont la charge. Aussi la culture, le système socioéconomique ou encore ce dernier dans une conjoncture donnée peuvent influencer divers mécanismes psychologiques chez l'individu, M. Biaye (1994). Cette observation va de paire avec les théories explicatives des inégalités de mortalité entre sexes et montre bien les approches dans lesquelles les études menées jusqu'à présent s'inscrivent. Aussi, ces études existantes sur le sujet tout comme celles relatives à la mortalité en général font écho d'une corrélation forte du phénomène avec, la condition féminine, les rapports de force entre hommes et femmes, bref avec le statut de la femme. La société africaine est particulièrement réputée pour sa préférence aux enfants de sexe masculin. Cela se manifeste par les attitudes et comportements différentiels à l'égard des enfants selon leurs sexes. On s'attendrait donc à ce que les jeunes garçons bénéficient de plus d'attention et de soins par rapport aux jeunes filles. Ce qui aura certainement une répercussion sur la survie des enfants qui, devrait être nettement meilleure pour les garçons que pour les filles. En d'autres termes, on devrait observer une surmortalité féminine infanto juvénile, voire juvénile étant donné que la mortalité infanto juvénile dépend beaucoup plus des facteurs exogènes. Mais, alors que cela se confirme « dans près d'un pays sur deux en Afrique sub-saharienne »5(*), le Congo fait sans doute partie des rares pays qui en font exception. En effet, le rapport de l'EDSC1 révèle une surmortalité masculine de près de 14 % à l'âge juvénile et une surmortalité masculine infanto juvénile de 10 %. Ce résultat confirme la conclusion au quelle T. Lococh et K. Gbenyon ont abouti, dans une étude réalisée dans trois capitales africaines y compris Brazzaville : « A l'avenir avec le système de soins payants, la situation pourrait évoluer au détriment du sexe féminin ». Signalons au passage que D. Tabutin, C. Gourbin et G. Beninguisse dans leur étude6(*) ont :
« Observé quelques changements brutaux de situation des années 1980 aux années 1990, (passage pour un pays d'un type de surmortalité à un autre) : réalité (qui resterait à expliquer) ou artefact dû à la nature et à la mauvaise qualité des données » ? Quelles sont les caractéristiques des mères associées aux inégalités de mortalité selon le sexe chez les enfants de moins de cinq ans au Congo? Pour répondre à cette question nous avons privilégié à la fois les approches socioéconomique et culturelle qui se sont révélées très déterminantes au regard des études antérieures. L'analyse que nous voulons essentiellement descriptive se fera uniquement au niveau collectif où le statut de la femme sera mis en exergue. La mère reste la personne la plus proche de l'enfant et c'est pourquoi d'ailleurs elle à la responsabilité de veiller à sa santé ainsi qu'à tous les autres soins. Cela fait partie de son rôle social. Une enquête sur la perception de la responsabilité du décès de l'enfant menée à Brazzaville, révèle que dans 28,7 % des cas on attribue le décès de l'enfant au comportement de la mère derrière la négligence du corps médical (30,7 %) et les raisons familiales (37,6 %)7(*). Le comportement du père ne vient qu'en quatrième position avec 2 %. Cette étude est la bienvenue dans la mesure où les questions de genre sont au centre des politiques et programmes de population, sur la scène nationale et internationale. Aussi, le contexte politique et socioéconomique actuel et celui des dix dernières années sur le plan national est propice pour observer les inégalités quelles qu'elles soient, surtout quand on sait que la période de référence choisie correspond avec celle de l'augmentation de la mortalité d'après les résultats de l'EDS. * 5 Dominique TABUTIN, Catherine GOURBIN et Gervais BENINGUISSE . * 6 Surmortalité et santé des petites filles en Afrique. Tendances des années 1970 aux années 1990. * 7 Naasson LOUTETE-DANGUI, la protection de l'enfant dans le domaine de la sante cas du Congo, C.N.S.E.E |
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