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Introduction générale
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p.3
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PARTIE I: la mondialisation : le contexte
général de la libéralisation des services
prônée par l'accord Général sur le Commerce des
Services (AGCS)
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p.8
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1-Les impacts des différents aspects de la
mondialisation sur l'éducation
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1.1- mondialisation et éducation
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p.8
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1.2-Les aspects économiques de la
mondialisation : la globalisation économique et financière
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p.10
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1.3-Les aspects politiques de la mondialisation
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p.12
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1.4-Les aspects culturels de la
mondialisation
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p.13
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1.5-Les aspects sociaux de la mondialisation
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p.14
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2-Les deux phénomènes majeurs qui marquent
la nouvelle ère de la mondialisation et leurs effets sur
l'éducation
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p.15
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2.1-Le recul de la souveraineté de l'Etat
Nation au bénéfice de la
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mondialisation
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p.16
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2.2-La primauté de l'économique
sur le politique
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p.17
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3-Les deux grandes visions relatives à la
mondialisation
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p.18
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3.1-"Les retombées" de la mondialisation:
une vision Néolibérale de la mondialisation
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p.19
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3.2-Les menaces de la mondialisation: une vision
du Sud sur
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la mondialisation
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p.20
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PARTIE II: La politique de la libéralisation des
services prônée par l'AGCS
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et ses conséquences sur l'Education
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p.24
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1-L'Analyse de la politique de la libéralisation
prônée par l'Accord Général
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sur le Commerce des Services
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p.25
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1.1-L'AGCS comme un Accord principal de l'OMC
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1.2-Les principes fondamentaux de l'AGCS et les
engagements
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qui en découlent
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p.26
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1.3-L'importance juridique et commerciale de
l'AGCS
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p.27
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2-Les conséquences de l'AGCS sur
l'éducation
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p.29
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2.1-La logique marchande de l'AGCS
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p.29
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2.2-L'impact de l'AGCS sur l'éducation
comme un service public
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p.31
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2.3-L'AGCS et le droit à
l'éducation
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p.32
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2.4-L'AGCS et l'éducation comme un" bien
public mondial"
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p.35
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2.5-La libéralisation de
l'éducation et la cohésion sociale
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p.38
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PARTIE III: Deux exemples de refus officiels de la
libéralisation de l'éducation: le Canada et la Belgique
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p.40
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1-Le refus d'application des règles du commerce
sur les services d'éducation
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p.41
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1.1-La position canadienne
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p.41
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1.2-La position Belge
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p.43
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2-L'éducation comme un droit du citoyen qui doit
être assuré
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par le service public
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p.44
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3-La contribution de la société civile
canadienne et belge dans le maintien
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de cette position
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p.47
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3.1-L'Etat doit conserver son rôle
réglementaire en matière d'éducation
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3.2-La nécessité de soumettre les
négociations et les décisions
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relatives à l'éducation au contrôle de la
société civile
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p.50
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Conclusion
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Bibliographie
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p.56
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Introduction générale
L'analyse structurelle de l'économie mondiale nous
montre une forte intégration bien plus importante des économies
aujourd'hui plus que par le passé. Cette intégration collective
des économies nationales dans un système économique
mondial unique ne se traduit pas seulement par la mobilité des moyens
de production dans toutes les directions ou dans tout le monde, mais elle se
traduit aussi par la nécessité d'une forte harmonisation des
règles et des normes, notamment les règles juridiques.
D'où la perte de la pertinence des lois locales et des compromis sociaux
sur une base strictement nationale. C'est une véritable rupture avec le
passé.
En sortant de la deuxième guerre mondiale, les
Alliés cherchaient à intégrer un nouveau système
économique et monétaire mondial plus fiable. Dans ce but, 44 pays
tenaient conférence le 1er juillet 1944 à Bretton woods. Leur
objectif était la stabilisation financière et monétaire
dans un monde qui était déstabilisé pendant les
années de la guerre. Trois organisations ont vu le jour: l'OIC
(Organisation Internationale du Commerce), le FMI (Fonds
Monétaire International) qui a pour rôle l'assurance d'une
certaine stabilité monétaire et la Banque Mondiale,
chargée de la reconstruction et du développement essentiellement
en Europe à l'époque.
Face aux divergences des pays concernés. L'OIC n'a pas
pu conserver son existence. Cependant, il y avait toujours des
négociations entre les différents Etats à propos des
sujets commerciaux et les questions des tarifs douaniers. Ce qui a abouti un
peu plus tard à la création du GATT1(*) en 1947 qui est entré en vigueur en janvier
1948.
Malgré son caractère provisoire le GATT
est resté le seul instrument multilatéral régissant le
commerce international jusqu'à la fin de l'année 1994, date de la
création de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Marrakech
où étaient aussi nés différents accords qui portent
sur le commerce international parmi lesquels l'AGCS (l'Accord
Général sur le Commerce des Services). Aussi, l'apparition de
marchés communs en Europe, en Asie et dans les Amériques,
provoquait-elle une croissance spectaculaire du commerce. Des accords
commerciaux régionaux ont aussi vu le jour. Dès 1989 et la fin de
la guerre froide, on assistait à une nouvelle impulsion du
libre-échange et de la théorie économique
néo-classique. Et c'est dans ce cadre historique que L'AGCS est apparu
en avril 1994 dans le cadre des négociations commerciales d'Uruguay,
alors que l'OMC a commencé à fonctionner en janvier 1995. L'AGCS
qui fait partie des accords de l'OMC, est le premier accord multilatéral
portant sur l'ensemble du commerce des services. Il vise principalement
à libéraliser le commerce à l'échelle
internationale comme faisait le GATT pour le commerce des marchandises.
L'AGCS est aussi en réalité un instrument
juridique adopté lors du Cycle de l'Uruguay pour le commerce des
services y compris les services vitaux comme l'éducation et la
santé. Il représente le premier ensemble de règles
approuvées dans le cadre d'un accord multilatéral, juridiquement
applicable au commerce des services au niveau international.
À cet égard et selon l'OMC, tout ce qui n'est
pas « bien » est « service». La liste va s'élargir
pour comprendre tous les domaines où l'OMC veut voir s'exercer librement
la concurrence entre acteurs nationaux et étrangers, dans tous les pays
signataires des accords concernés. Les engagements qui découlent
des accords de l'OMC, couvrent toutes les activités humaines. Citons
à titre d'exemple l'éducation, la santé, la
sécurité sociale, l'eau et d'autres services publics vitaux.
Aussi, contrairement à ce que disent certains, les
services publics sont-ils aussi concernés. Les seuls à
échapper à l'AGCS sont en effet «les services fournis dans
l'exercice du pouvoir gouvernemental»2(*) mais à condition qu'ils ne soient fournis
«ni sur une base commerciale, ni en concurrence avec un ou plusieurs
fournisseurs de services»3(*) Bref, à l'exception de l'armée
d'après certains interpréteurs et juristes4(*).
La politique de l'OMC est à priori d'appliquer une
logique de libéralisation et de mettre en concurrence tout secteur
où existe une activité marchande. Il s'agit d'une
libéralisation qui est toujours associée à la
dérégulation et la privatisation de différents secteurs de
services dans les pays membres.
Les stratégies qui sont mises en oeuvre par les
multinationales, à travers les Etats, qui sont derrière les
politiques de l'OMC, visent essentiellement à augmenter leurs
bénéfices, ce qui nuit visiblement aux Etats nations qui sont
obligés d'utiliser une quantité considérable des
dépenses publiques pour dédommager les effets de la
libéralisation. Ces fonds qui doivent être en principe investis
dans le domaine des services publics comme l'éducation,
la santé et plus généralement le social. À cet
égard, il est important de s'interroger à propos de l'impact de
cette politique sur les secteurs vitaux qui assurent des droits humains
fondamentaux. Est- ce que les services publics sont réellement exclus du
champ d'application des accords commerciaux, notamment l'AGCS ? (Ce qui va
permettre de préserver les droits humains assurés par ces
services). Ou bien, au contraire, se trouvent-ils menacés et
marginalisés par les politiques économiques
libéralisatrices dans les pays en développement et les pays
industrialisés en même temps ? En réalité les
attributions des institutions étatiques ne resteront jamais comme avant,
elles vont subir beaucoup de changements et transformations décisives
sur le plan économique, social et politique. Ce qu'on va essayer de
découvrir, entre autre, tout au long de ce travail, ce sont les
nouvelles difficultés et les défis imposés par le
phénomène de la mondialisation sur l'Etat Nation. Puis, est-ce
que les pouvoirs publics dans les Etats nations arrivent toujours à
surmonter ces difficultés pour assumer leurs rôles
traditionnels ? D'après certains auteurs, certains Etats ne seront
plus « en mesure de remplir leur devoir
d'intégration »5(*) économique, politique, sociale et culturelle
d'un grand nombre de leurs propres citoyens.
Par ailleurs, ce qui est important à souligner, c'est
que le processus de libéralisation des services prôné par
l'Accord Général sur le Commerce des Services, doit être
compris dans un contexte général de mondialisation. Une
mondialisation qui est à l'origine économique et
financière qui préconise l'insertion de toutes les
économies nationales en une seule économie mondiale6(*). Aujourd'hui on assiste
à un phénomène de système économique unique
géré par des règles juridiques et les règles du
commerce. Dans le cadre de notre analyse du système mondial, nous allons
essayer de montrer à quelle dimension de la vie humaine la
priorité est accordée ? Le politique, le social et le
culturel gardent-ils toujours leur place dans les sociétés
modernes, ou bien au contraire, sont-ils en régression continue devant
la puissante progression de l'économique ?
En réalité, la mondialisation
peut être constatée comme une étape avancée du
développement du commerce mondial sous l'effet de l'expansion des
transports, des moyens de communication et de diversification des biens et
services due à une croissante évolution technique et
industrielle. L'extension des niveaux de vie a beaucoup
favorisé la demande. Le développement des médias, des
moyens de la communication et l'accroissement de la circulation des personnes,
des biens et des services a provoqué un grand nombre de consommateurs
pour les produits venant de l'extérieur.
Progressivement, le commerce international a
évolué dans une tendance de spécialisation
géographique qui a développé les flux financiers et les
échanges commerciaux entre pays. C'est ainsi que le secteur du commerce
international qui se développe le plus est constitué par les
filiales de chacun des groupements des entreprises à implantation
mondiale. Chacune est spécialisée dans des activités
données en fonction notamment du principe de l'
avantage
compétitif local.
Dans ce contexte, l'OMC est aujourd'hui l'organisation
internationale la plus puissante du monde. En effet, elle concentre le pouvoir
d'approuver les règles, de les appliquer et de sanctionner les pays qui
ne les respectent pas. De plus, elle est la seule institution internationale
qui dispose du pouvoir d'imposer le respect de ses propres règles
à tous ses membres. Il faut noter aussi que ces règles
dépassent très largement les questions strictement commerciales.
Les domaines politiques, sociaux et culturels sont aussi touchés par
les règles du commerce qui priment sur toutes les autres règles.
En effet, c'est dans ce cadre de mondialisation ou de
« globalization » que s'inscrivent les accords commerciaux
de l'OMC. Le phénomène de la mondialisation se caractérise
par l'interdépendance entre les économies nationales qui sont de
plus en plus intégrées dans une économie mondiale
marquée par une « formidable
accélération »7(*)des échanges internationaux. Le processus de la
«mondialisation» évoque l'intégration croissante des
économies nationales du monde entier, à travers l'intensification
d'échanges et de flux financiers et par le moyen de progrès
technique et le développement massif des transports, de l'informatique
et des télécommunications, qui permettent d'effectuer beaucoup
plus facilement et plus rapidement les opérations financières et
commerciales à l'échelle internationale. Ces évolutions
technologiques révolutionnaires, notamment l'Internet,
« n'ont pas seulement bouleversé les formes de travail et
de communication, mais elles ont aussi beaucoup touché les anciens
équilibres économiques, sociaux, politiques et culturels. C'est
ainsi qu'on est arrivé à parler de village
global »8(*).
De nos jours, le défi majeur qu'impose la
mondialisation, c'est la libéralisation de certains services qui
étaient, jusqu'à maintenant, publics et assurés par l'Etat
au bénéfice de la population. La garantie de ces services publics
par l'Etat est toujours conçue comme une base théorique et
pratique de la légitimité de l'Etat nation, elle est aussi
considérée comme un principe fondamental de la démocratie,
de modernité et des droits de l'homme. Dans ce cadre, il est
légitime de se poser les questions suivantes : à quel point
peut-on considérer l'ouverture des secteurs des services à la
concurrence commerciale mondiale comme une menace réelle pour
l'égalité et la démocratie ? Quelles sont les
conséquences de l'application des règles du commerce
international de l'OMC, notamment les dispositions de l'AGCS, sur les services
publics ? A quel point peut-on croire que le respect des droits
fondamentaux de la personne humaine, des normes sociales, des droits de
l'enfant, des accords et des conventions sur l'environnement se trouvent
menacés par le droit commercial ?
L'AGCS stipule que « le processus de
libéralisation progressive sera poursuivi à chacune de ces
séries de négociations » (art 19). Cela conduit
plusieurs analystes et auteurs à confirmer que l'AGCS n'offre aucune
garantie qu'on ne touchera jamais à des secteurs où
l'égalité des droits ne peut en aucune façon être
remise en question. À cet égard, nous nous demanderons si
malgré son caractère non-marchand, l'éducation, en tant
que bien public, se trouve rigoureusement menacée par l'AGCS ?
D'après certains milieux politiques et
académiques, on assiste désormais, à une vraie rupture
avec la notion même de l'éducation comme un droit assuré
par l'État pour tout le monde. Ce qui constitue aussi une grave
déviation du principe de démocratie et d'égalité
entre tous les citoyens, puisque dans cette logique marchande qui se base sur
la rentabilité, les besoins ne sont satisfaits que lorsque les
acquéreurs des services sont solvables. À cet égard les
besoins doivent être suffisants pour couvrir les dépenses
créées en cas d'une offre. Le prix de l'activité offerte
doit être nécessairement supérieur au coût de sa
production. Cela implique tout simplement que, pour l'avenir,
l'éducation sera pour ceux qui peuvent la payer. D'après la
FIDH9(*), la privatisation
de biens communs est une politique porteuse de graves dangers, car une
entreprise privée, déterminée par un intérêt
particulier qui vise un but lucratif, ne peut prendre en compte
l'intérêt général tel qu'il doit être
envisagé par ces services. Les droits fondamentaux se trouvent aussi
menacés par la politique de la libéralisation des services.
Cependant, d'après ceux qui plaident en faveur de la
mondialisation et de la politique du libre-échange, les services seront
toujours plus rentables, efficaces et beaucoup plus satisfaisants, si ils sont
accordés aux entreprises privées. Dans la première partie
de ce travail consacrée à l'analyse de la mondialisation et ses
impacts sur l'éducation, on va essayer de présenter d'une
manière générale, les arguments des deux parties.
Malgré cette forte tendance de libéralisation et
de marchandisation des services éducatifs, certains pays manifestent
leur opposition à cette vision et ils refusent catégoriquement
d'appliquer les règles du commerce sur l'éducation. Ces pays
partagent une vision qui consiste essentiellement à valoriser
l'éducation comme un droit qui doit être garanti et
protégé par l'Etat conformément aux règles du droit
national et celles des conventions internationales notamment le Pacte
international relatif aux droits Economiques, Sociaux et Culturels de 1966.
Le Canada et la Belgique sont à cet égard parmi
les pays qui possèdent une vision et une position très claire.
En effet, malgré l'adhésion des deux pays à l'OMC et la
signature de différents Accords de l'OMC y compris l'AGCS, ils refusent
d'une manière très ferme et déterminée de soumettre
l'éducation aux règles du commerce. Dans la troisième
partie de ce travail, nous tenterons de présenter la position du Canada
et de la Belgique en ce qui concerne la libéralisation de
l'éducation. Est ce que les Etats canadien et belge sont prêts
à renoncer à leur rôle en matière
d'éducation ? Quelle est la conception canadienne et belge de
l'éducation ? Quelle est la position de la société
civile canadienne et belge et comment réagissent-elles face aux
éventuelles menaces provoquées par la libéralisation des
services éducatifs.
Nous tenterons également de savoir si le Canada et la
Belgique préservent toujours la position selon laquelle
l'éducation fait partie de la compétence de l'Etat. Et par
conséquent, c'est au gouvernement d'assurer la jouissance de ce droit
pour tous les citoyens sans aucune discrimination et loin des
considérations lucratives.
Successivement, ce qu'on va faire dans le présent
travail, c'est essayer dans une première partie de définir le
cadre général, théorique et pratique, dans lequel est
né et se développe la libéralisation des
services publics notamment l'éducation ; on va retracer
à cet égard le cadre historique général ainsi que
les conditions économiques et politiques globales dans lesquelles
la mondialisation a émergé comme un
système de pensée et une nouvelle vision politique et
économique du monde. Quant à la deuxième partie, elle sera
consacrée à l'analyse générale structurelle et
fonctionnelle, de l'Accord Général sur le Commerce des Services
(AGCS) ainsi qu'aux conséquences de cet Accord sur l'éducation,
à la fois comme un droit humain fondamental, un service public et un
« bien public mondial » qui doit disposer d'un statut
très particulier à l'échelle locale et mondiale.
Finalement, dans la troisième partie de ce travail, on va étudier
la position du Canada et de la Belgique relative à la
libéralisation de l'éducation. En même temps on va montrer
le rôle que jouent les sociétés civiles canadienne et belge
pour protéger les services éducatifs et promouvoir le droit
à l'éducation pour tous les citoyens.
PARTIE I : LA MONDIALISATION : LE CONTEXTE GENERAL
DE LA LIBERALISATION DES SERVCICES PRONEE PAR L'ACCORD GENERAL SUR LE COMMERCE
DES SERVICE
La mondialisation est un
phénomène de nature très complexe, elle est
multidimensionnelle, elle est aussi un phénomène
généralisé, qui englobe différents aspects;
culturel, économique, social et autres, avec un effet mondial. Elle se
crée par l'émergence de liens et d'interconnexions entre les
différentes nations, les organismes et surtout, les individus de la
planète. Les économistes désignent souvent par
« Globalisation » l'ultime étape de
la mondialisation au niveau commercial, celle pendant laquelle les entreprises
mettent en place un réseau mondial. Dans cette partie du présent
travail et afin de bien analyser les différentes caractéristiques
de la mondialisation et leurs impacts sur le secteur d'éducation, il
nous semble utile de répondre aux questions qui suivent : Quels
sont les impacts des différents aspects de la mondialisation sur
l'éducation ? Quels sont les effets de grands
phénomènes qui marquent la mondialisation sur l'éducation
? Puis, finalement comment les deux grandes visions de la mondialisation
conçoivent l'éducation ?
1- Les impacts des différents aspects de la
mondialisation sur l'éducation
La mondialisation est en réalité un processus
qui induit plus de mondial ou de mondialité en dépit du
national, régional et local. Aussi, est-ce à travers
l'économie libérale et l'intensification des échanges
commerciaux et financiers que la mondialisation s'élargit et conquiert
très rapidement des nouveaux terrains. Le progrès technique et
technologique a aussi beaucoup contribué au processus de la
mondialisation. Les moyens de communication et les grandes entreprises
internationales représentent à notre avis des acteurs qui
influencent considérablement le comportement des consommateurs, leurs
pensées et leurs modes de vie en général.
Sous la pression de la logique marchande et financière
du capital privé, le système éducatif aurait subi des
grandes transformations au niveau des modalités, objectifs et
priorités. Cela implique beaucoup de transformations et changements
institutionnels au niveau du secteur éducatif et des politiques
éducatives. Ces transformations sont fortement liées au processus
de globalisation économique et politique et elles sont de
différentes natures.
1.1- Mondialisation et Education
Avant d'analyser les impacts des différents aspects de
la mondialisation sur l'éducation, nous allons tenter de définir
le concept de la mondialisation et celui de l'éducation tout en
reconnaissant d'avance la limite et la relativité de toute
définition.
a- Essai de définition de la
mondialisation
En réalité le terme
mondialisation est aujourd'hui très
médiatisé. C'est un terme qui est utilisé d'une
manière croissante, dans les sphères médiatique, politique
et sociale. Le concept de mondialisation revêt des réalités
multiples et complexes. Plusieurs chercheurs ont essayé de faire
l'inventaire des connaissances liées au concept de mondialisation dans
leur discipline respective, en géographie, en économie, en
histoire, en science politique et autres.
La mondialisation est à l'origine un
phénomène économique et financier il se traduit
essentiellement par « l'accroissement des mouvements de biens, de
services, de main-d'oeuvre, de technologie et de capital à
l'échelle internationale.»10(*) Le débat est toujours ouvert à propos
de la définition de la mondialisation comme un concept qui ne cesse de
se développer et de se construire. D'après Tarek Mitri,
« la mondialisation désigne un processus multiforme de
transformations technique, économique, sociale et culturelle qui
bouleversent les équilibres internes des régions et des
nations »11(*).
Toutefois, nous proposons la définition suivante selon laquelle la
mondialisation serait un processus de réduction des
frontières entre les nations qui se traduit essentiellement par
l'accroissement des interconnections et des interdépendances
économiques, technologiques, sociales, culturelles et environnementales
des pays et des individus dans le monde.
La mondialisation fait émerger des enjeux de
portée, non plus nationale ou locale, mais mondiale, par exemple, le
réchauffement de la planète, le trou dans la couche d'ozone, les
crises économiques, le terrorisme, le trafic de la drogue, la
sécurité mondiale. Pour résumer on peut dire que c'est
l'interdépendance et l'interconnexion des différents pays du
monde et de leurs économies qui caractérisent bien le
phénomène de la mondialisation.
b - Qu'est ce que
l'éducation ?
Le terme éducation
soulève en réalité de grandes difficultés en ce qui
concerne sa définition. L'éducation est un domaine très
vaste qui peut comprendre toutes les activités humaines et qui peut
avoir différentes modalités. À cet égard,
l'école moderne ou l'institution scolaire n'est qu'une modalité
parmi d'autres de l'éducation. L'éducation préscolaire,
l'éducation scolaire, l'enseignement supérieur et la formation
professionnelle sont parmi les principaux secteurs de l'éducation. Par
ailleurs, à titre d'exemples, la sociologie, la psychologie, le sport,
l'enfance, l'handicap et l'environnement, chacune de ces disciplines a sa
propre éducation. De là provient la limite de toute tendance qui
veut généraliser une seule définition de
l'éducation.
Dans le sens étymologique latin du terme,
éduquer veut dire, « conduire un être non social
à devenir social. »12(*) Cette conception reste à notre avis utile et
opérationnelle jusqu'à nos jours. Car dans toutes les directions
et dans toutes les disciplines, l'éducation est
essentiellement « un processus d'intégration sociale et
intellectuelle »13(*) de l'individu à travers la transmission des
savoirs. Cependant, nous pensons que la définition selon laquelle
« L'éducation est l'ensemble des savoirs,
savoir-faire et savoir-être nécessaires à
l'intégration d'un être au sein d'une
société»14(*) est une définition qui contient les
principales dimensions de l'éducation.
L'avènement de la mondialisation et la forte pression
de la logique marchande qui se généralise nous appellent à
reconnaître les limites de cette conception de l'éducation dans la
mesure où l'éducation et la formation professionnelle se
transformeront davantage en entreprises qui ont pour mission principale la
production des « savoirs utiles » correspondants aux
besoins du marché mondial globalisé.
En outre, la relation entre les nouvelles politiques
éducatives et la mondialisation constitue de nos jours un grand
débat qui évoque essentiellement les questions suivantes :
les nouveaux acteurs qui participent dans l'élaboration des politiques
éducatives, la légitimité de la participation de ces
acteurs, l'indépendance des politiques éducatives, la
compatibilité des différents intérêts de
différents acteurs. Le débat autour de la nature de la
mondialisation et ses impacts sur les différents champs du social est un
sujet d'interaction très vif entre les différents acteurs de la
société politique. Dans ce cadre, nous allons essayer de montrer
à la fois les impacts des différents aspects de la mondialisation
sur l'éducation et le système éducatif.
1.2-Les aspects économiques de la
mondialisation : la globalisation économique et
financière
Le développement du commerce international qui a
évolué dans le sens de la spécialisation
géographique a amené au développement des flux
commerciaux entre pays. La sous-traitance internationale, quant à elle,
se développe fortement dans le même esprit de
spécialisation locale. Dans le même temps un fort
développement des marchés financiers, une libéralisation
des changes, a contribué d'une manière très
déterminante à la création d'un système
économique et financier puissant capable d'assurer le financement des
opérations de commerce et d'investissement au niveau international
.À cet égard, les frontières territoriales des Etats
nations ne peuvent plus en faire obstacle.
Ce sont les multinationales qui incarnent bien ce paysage de
la globalisation de l'économie comme une nouvelle étape du
système capitaliste. L'internationalisation des flux par l'implantation
à l'étranger, la circulation des capitaux par milliards d'un pays
à l'autre en créant de grandes opportunités
spéculatives est à l'origine du phénomène de
l'internationalisation et la globalisation économique et
financière.
Le rôle des multinationales est très
déterminant dans le phénomène de la globalisation
économique et financière. Les multinationales fonctionnent selon
le principe des avantages comparatifs. Elles produisent chaque
élément dans le pays où les conditions sont les plus
favorables et elles distribuent leurs produits et services dans tous les pays
afin de couvrir le marché mondial et d'assurer l'augmentation de leurs
bénéfices.
Egalement, nous pensons que l'évolution de
l'économie, de la pensée économique et l'accroissement de
la mondialisation n'est pas un simple discours qui cherche à imposer la
libéralisation et la déréglementation des économies
comme le disent certains alter-mondialistes. La mondialisation est une
réalité qui se construit, qui se développe et qui essaie
de s'adapter avec les circonstances en même temps que ses efforts de
faire adapter et intégrer les éléments politiques, sociaux
et culturels de certaines régions du monde qui refusent pour
différentes raisons de se mondialiser et de s'internationaliser.
Par ailleurs, les politiques d'ajustement structurel
adoptées par plusieurs pays sous les recommandations du FMI et de la
Banque Mondiale ont un grand impact sur les évolutions que subissent
l'éducation et le système éducatif. La
décentralisation et la privatisation, qui consistent successivement
à transférer certaines compétences de l'Etat à des
collectivités locales élues et à des acteurs
privés, sont conçues comme des politiques de reforme
associées à la mondialisation. Dans ce cadre, l'Etat est
désormais appelé à limiter son intervention dans le
domaine des services éducatifs. Son rôle essentiel consiste
à faciliter l'accès des investissements privés et à
limiter parallèlement son intervention dans l'offre des services et le
financement de l'éducation.
L'Etat doit également réduire les
dépenses publiques dans l'éducation et augmenter les
investissements privés en favorisant une gestion plus efficace des
ressources, cela conduit, d'après les bailleurs de fonds, à une
amélioration quantitative et qualitative de l'offre éducative.
Selon la Banque Mondiale15(*), les mesures de privatisation, l'augmentation des
frais payés par les étudiants et la contribution de
différents bénéficiaires au financement de
l'éducation doivent être encouragées.
Cette politique conduit à l'instrumentalisation de
l'éducation au profit de la croissance économique en
privilégiant la formation de ressources humaines selon les besoins en
main d'oeuvre du marché. Les savoirs et les compétences offertes
par le système éducatif public seront de plus en plus
définis par les acteurs privés du marché.
La décentralisation et la privatisation de
l'éducation engendrent la « diversification de l'offre
éducative »16(*). Dans ce cadre, les ressources financières
deviennent un déterminant de l'accès aux différents
établissements éducatifs. Elles accentuent les écarts
entre les différentes zones et les différentes classes sociales
d'un même pays.
La création des établissements scolaires est
déterminée par l'existence d'une demande solvable. La
diversification de l'éducation pose essentiellement le problème
de l'accès à l'éducation pour une population qui ne
dispose pas des mêmes ressources financières.
Au Vietnam par exemple, la nouvelle politique éducative
engagée dans le pays depuis quelques années préconise que
l'accès au système éducatif public au-delà des
trois premières années du primaire doit être
payant17(*). Les
uniformes, la fourniture scolaire et les cours privés, qui sont
généralement obligatoires et souvent indispensables pour
réussir l'année, sont à la charge des familles.
Également, d'après Jandhayla B.G.Tilak18(*), les études sur terrain
qui sont réalisées sur l'évolution de l'éducation
dans les pays asiatiques soumis à des politiques d'ajustement structurel
comme le Pakistan, les Philippines, l'Indonésie et le Népal,
montrent qu'il n'existe « aucune relation significative entre les
indicateurs de capacité économiques comme le PNB par habitant et
les dépenses publiques d'enseignement »19(*). Au contraire, dans ces pays
soumis aux politiques d'ajustement, les analyses enregistrent « une
baisse de toute une série d'indicateurs du développement de
l'éducation »20(*). La réduction des dépenses publiques
versées dans le secteur de l'éducation, le recul des taux
d'inscription, notamment dans le primaire, la baisse des indicatifs relatifs
à la qualité de l'éducation et à
l'équité de l'accès à cette dernière sont
des phénomènes associés à la globalisation
économique.
1.3-Les aspects politiques de la mondialisation
L'importance de l'Etat-nation ne cesse de
régresser devant les institutions supranationales qui prennent de plus
en plus de décisions. Les entreprises multinationales réduisent
certainement les pouvoirs des Etats-nations en les plaçant en
concurrence les uns contre les autres, elles installent leurs unités de
production dans les pays où la main d'oeuvre est la moins bien
rémunérée.
Le système politique mondial est à la base un
système interétatique dans le sens où les Etats- nations
souverains sont les formateurs et les composantes principales de la
société mondiale. En effet, c'est essentiellement après la
fin de la guerre froide et la défaite de l'ex-empire de l'URSS, que la
plupart des Etats entrent dans une phase de coopération et
d'échange multiple sous la pression des grands changements
socio-économiques et la défense des intérêts
économiques et politiques de chaque Etat-nation. Aussi,
l'évolution technologique et le développement économique
et commercial ont beaucoup changé et transformé la nature
même de ce qui est national et étranger.
Sous l'effet de la mondialisation, la majorité des pays
du monde semblent actuellement incapables de prendre des politiques
économiques et sociales nationales indépendantes, y compris le
domaine des politiques éducatives. À cet égard, le
processus de la mondialisation qui se traduit essentiellement par la
libéralisation du système éducatif est
généralement associé à la participation croissante
des institutions internationales dans l'élaboration des politiques
éducatives. L'aide au développement accordée aux pays du
sud est conditionnée par l'application de plan d'ajustement structurel
qui impose des recommandations politiques, économiques et
budgétaires rigoureuses sur les pays concernés. L'intervention
des nouveaux acteurs privés dans le financement, la gestion et le
contrôle des établissements scolaires montre bien le rôle
qu'occupent les acteurs privés dans la sphère de
l'éducation et l'élaboration des politiques éducatives.
D'un autre coté, on assiste depuis quelques
années à un nouveau phénomène très
impressionnant, celui de la formation d'une société civile
mondiale qui se déclare comme objectif la défense des droits
humains, notamment les droits sociaux, et la promotion de la culture de la paix
dans tout le monde. La promotion de l'éducation comme un droit humain et
un outil principal qui facilite la communication et la compréhension
mutuelle entre les hommes est au centre de l'action de la société
civile mondiale. L'expression du « citoyen du monde »
malgré sa simplicité, peut dans un certain sens refléter
la dynamique de ce mouvement social, politique et associatif mondial qui
conteste fortement la mondialisation dans sa version néolibérale.
À cet égard, l'apport des associations de la
société civile, notamment celui des ONG, semble très
important dans la mesure où elles appellent à une forte
participation des habitants de la planète aux questions locales et
globales qui les concernent sans forcément passer par la voix
interétatique.
1.4-Les aspects culturels de la mondialisation
La mondialisation constitue un processus à plusieurs
dimensions qui modifie profondément la société et
transforme durablement les rapports entre le local, le régional et le
global qui sont de plus en plus entrés dans une véritable
confrontation.
Sous l'effet des technologies avancées (hi tech) des
medias, des images, de la finance et des débats internationaux, de
nouveaux milieux et concepts se découvrent et se mélangent.
Aussi, des nouveaux centres culturels, économiques et politiques
apparaissent-ils et influencent-ils la conscience et le comportement de l'homme
moderne. Cela induit à une société mondiale et
transnationale qui n'est plus caractérisée par la clarté
et l'uniformité mais par la diversité, la différence et la
complexité21(*).
La mondialisation engendre aussi un état de
déséquilibre qui oblige par conséquent l'éducation
et la formation à réviser leurs certitudes et à
relativiser leur caractère national. Il ne s'agit pas seulement de
s'ouvrir à des nouveaux environnements, il faut aussi
s'intéresser et savoir se servir davantage de ce qui est
étranger. De nos jours on assiste à une sorte de superposition
entre le local, l'universel et le singulier. On assiste également
à l'émergence de nouvelles formes de complexité
culturelle et sociale relativement autonomes.
Le discours dominant nous parle d'une nouvelle civilisation
humaine mondiale multiculturaliste et de coexistence entre les
différentes cultures. La mondialisation favorise un enrichissement et
une diversification des modes de vie et de la culture, par les
possibilités d'accéder à toutes les cultures et
civilisations dans une phase qu'on l'appelle
conventionnellement le multiculturalisme.
Cependant, l'observation attentive et l'analyse profonde de ce
qui s'est passé depuis quelques années et qui persiste
jusqu'à nos jours, nous démontre sans doute l'ampleur de
l'uniformisation22(*)qui
se construit et qui découle des grands enjeux planétaires au
niveau économique, politique et géopolitique.
En effet, cette uniformisation est une résultante de
la domination quasi-totalitaire de certaines puissances mondiales, notamment
les Etats-Unis d'Amérique. Cette domination n'est pas seulement de
nature économique et politique mais elle est aussi culturelle et
comportementale.
Pour l'individu, la mondialisation peut amener à une
contradiction forte qui dégage les aspects contradictoires de la
rencontre et de la confrontation entre la particularité et les
nécessités de la mondialisation vécues par l'individu qui
veut d'une part, préserver sa culture et les traditions de la
société dans laquelle il est né et éduqué,
et d'autre part s'adapter et s'ajuster aux nouvelles normes et valeurs
imposées par la mondialisation. C'est une contradiction, qui nous
parait, très difficile à surmonter par un grand nombre de gens.
Dans cet environnement l'insécurité « devient la seule
valeur universelle »23(*) car les différents éléments de
la vie deviennent sans cesse mobiles, flexibles et changeables.
La mondialisation entraîne également beaucoup
plus d'exclusion, des inégalités économiques et
éducatives. Elle pourrait être une source qui génère
les conflits entre différents groupes qui affirment
simultanément des identités contradictoires au sein de la
même société. La libéralisation du commerce des
services éducatifs « permettra de faire circuler un savoir de
plus en plus standardisé et lié aux besoins à court terme
du marché »24(*). Cependant, les autres finalités de
l'éducation telles que l'intégration, la cohésion sociale,
la solidarité, l'égalité, l'inclusion, la construction et
le développement d'identités personnelles sociales et
culturelles, le développement de la pensée critique et la valeur
de coopération se trouveront de plus en plus marginalisées.
Pour Mamadou Ndoye, la privatisation de l'éducation va
énormément affaiblir l'école publique et les valeurs
locales de l'Afrique transmises par cette école. Dans le cadre de cette
nouvelle ère de mondialisation, la société africaine se
trouvera de plus en plus « dans un environnement marqué par
l'hégémonie d'un modèle culturel, hégémonie
liée aussi à l'explosion médiatique qui envahit la
société dans tous ses domaines »25(*). La mondialisation
néolibérale qui se traduit essentiellement par la diffusion d'un
modèle économique unique à travers tout le monde,
s'accompagne d'un modèle culturel. « C'est un modèle
local qui devient hégémonique, et non pas la mondialisation d'un
modèle synthétique »26(*).
1.5-Les aspects sociaux de la mondialisation
Il a toujours été incontestable que le travail
comme étant une institution sociale représente la valeur
cardinale de la société occidentale depuis quelques
siècles. Cette valeur était toujours pensée comme la base
de tout le développement et le progrès scientifique et technique
de l'occident. Mais de nos jours et à l'ère de la mondialisation
la valeur de travail est en régression à cause des nouvelles
mutations économiques, sociales et culturelles engendrées par la
mondialisation qui favorise des nouvelles valeurs qui sont différentes
des valeurs qui ont toujours dominées les sociétés
industrielles.
La société actuelle qui est dominée par
le secteur tertiaire, ne serait plus une société de travail.
Ainsi, nous partageons l'avis selon lequel les sujets sociaux ne vont plus
donner sens à leur vie dans le travail. À cet égard, les
valeurs qui vont dominer les sociétés postmodernistes seront
essentiellement la jouissance, le plaisir, le loisir et la recherche de
richesse et de luxe.
D'autre part, la mondialisation a donné naissance
à des sensibilités politiques et sociales mondiales qui
revendiquent et manifestent pacifiquement pour un développement
équitable et durable. Ce nouveau courant politique, social et culturel
est contre le productivisme et l'utilitarisme du système actuel. On
appelle à la réalisation de soi à travers d'autres
expressions et on cherche à relativiser le travail dans la conduite
d'ensemble de la vie personnelle. La découverte des autres civilisations
et cultures dans lesquelles on s'arrête volontiers de travailler
dès que les besoins fondamentaux sont satisfaits, a peut être
contribué à l'émergence des nouveaux changements au niveau
des institutions sociales de la société occidentale où les
nouvelles générations sont confrontées à des vrais
problèmes identitaires et de choix.
Par ailleurs, la mondialisation et l'ouverture
économique engendrent un ensemble de changements sociaux très
importants. Désormais, on assiste à un grand décalage
entre les compétences des travailleurs d'un coté et les
qualifications qui sont requises par le marché de l'emploi d'un autre
coté. La mobilité, la flexibilité, l'adaptabilité
et la polyvalence sont devenus les nouveaux termes significatifs du
marché de l'emploi.
Dans le cadre de cette mondialisation
néolibérale, les nouvelles politiques éducatives
adoptées par certains pays, ont comme effets directs l'augmentation des
taxes de scolarité supportées par les parents et les
élèves, la multiplication des acteurs privés et publics,
nationaux et étrangers impliqués dans la gestion du
système d'éducation et de formation. La décentralisation
et la privatisation ne font qu'accroître les inégalités
sociales en matière d'éducation entre les zones urbaines et
rurales d'un coté et entre les pauvres et les classes sociales les plus
aisées d'un autre coté.
En Afrique du sud par exemple, les analyses27(*) montrent une grande hausse
dans les frais d'écolage demandés aux parents
d'élèves. Depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi
sur l'éducation en 1996, le pays assiste à un
phénomène de segmentation du système éducatif.
D'une part, il y a les écoles à tarifs élevés
réservées majoritairement à la population blanche et
d'autre part, il y a les écoles dites indépendantes qui
accueillent essentiellement les élèves noirs. Les
établissements éducatifs sont de plus en plus
hiérarchisés en fonction de financement et des acteurs
privés. La réduction des dépenses publiques en
matière d'éducation a obligé le ministère à
réduire à la fois les salaires et les effectifs. Ce qui a
provoqué une grande faiblesse au niveau de la qualité
d'éducation et le départ d'un grand nombre d'enseignants vers le
secteur privé.
Essentiellement, ce que fait la mondialisation, c'est
d'imposer aux écoles et aux institutions éducatives de modifier
leur offre en fonction des changements économiques et des besoins du
marché. En matière de formation professionnelle, la
mondialisation préconise de plus en plus de main d'oeuvre
qualifiée. C'est pour cela que les travailleurs qui sont peu ou pas
qualifiés se trouveront de plus en plus en chômage dans un
marché d'emploi globalisé.
2- Les deux phénomènes majeurs qui
marquent la nouvelle ère de la mondialisation et leurs effets sur
l'éducation
Après avoir abordé d'une manière
générale les différents aspects de la mondialisation et
leurs impacts sur l'éducation, il nous semble nécessaire de
mettre l'accent sur deux phénomènes majeurs qui peuvent, à
notre avis, bien illustrer l'ampleur des changements politiques et
économiques causés par la mondialisation et qui affectent, entre
autre, la sphère d'éducation.
2.1-Le recul de la souveraineté de l'Etat-nation au
bénéfice de la mondialisation
La crise économique et financière de
l'année 1929, la deuxième guerre mondiale, la guerre froide et la
fin de cette dernière représentent des évènements
déterminants dans l'histoire contemporaine de l'humanité. Ces
évolutions ont remarquablement métamorphosé le monde en
terme géopolitique. Depuis plus de vingt ans, on assiste à
l'émergence d'un nouvel ordre économique et politique mondial qui
se caractérise par la prédominance de certaines puissances qui
deviennent de plus en plus supranationales. Aussi, le pouvoir de l'Etat et sa
souveraineté sont-ils mis en cause, la légitimité du
contrôle de l'Etat sur la société est en question à
cause de grandes transformations technologiques, notamment les technologies de
communication et leurs implications économiques, sociales et culturelles
dans les sociétés humaines.
À cet égard et dans un cadre théorique et
conceptuel, Michel Foucault parle de la
« gouvernementalité »28(*), il montre que
`` l'art de gouverner `` n'est plus limité au simple exercice
de la souveraineté, pour lui le champ de pouvoir s'étend
au-delà du contrôle d'un territoire.
Aussi, d'après Laïdi, la notion de
gouvernementalité est très proche de celle de gouvernance. Cette
dernière exprime le fait que le politique n'est plus pensable, dans les
sociétés modernes, sur la base du contrôle du gouvernement
sur la société mais il doit être pensé sur la base
d'une pluralité d'acteurs. Pour lui, l'identification
Wébérienne du politique limité au seul pouvoir de l'Etat
qui monopolise l'usage du recours à la force légitime sur un
territoire donné est désormais dépassée. Selon la
nouvelle logique de mondialisation, la souveraineté ne peut plus
être conçue comme l'exercice d'un monopole politique exclusif
sur un espace déterminé.
L'appareil de l'Etat ne peut plus désormais exercer
son contrôle comme auparavant, sur la sphère économique et
financière qui devient de plus en plus autonome. Le mouvement des
échanges commerciaux à l'intérieur du territoire
étatique et avec l'étranger n'est plus contrôlable.
L'émergence des nouveaux acteurs non étatiques, nationaux et
étrangers, et l'expansion de l'espace qu'ils occupent au
détriment d'un espace réservé traditionnellement à
l'Etat nous inscrit dans une nouvelle ère où l'Etat ne peut
être considéré que comme un acteur parmi les autres.
L'interaction entre l'Etat et les autres acteurs non étatiques,
l'interconnexion des différentes économies nationales et les
formes multiples d'interdépendance illustrent bien le
phénomène du système mondial qui s'impose sur les
réalités politiques et sociales déjà existantes.
Les anciens équilibres de sphère nationale, régionale et
internationale vont aussi subir des changements remarquables.
Quant à Jean Ziegler, il nous parle d'une nouvelle
ère dans laquelle les changements et les transformations
géopolitiques et économiques sont sans précédents.
Selon lui, on assiste à une mort graduelle de l'Etat. Le
phénomène de la mondialisation économique et
financière qui se traduit par un processus de privatisation du monde va
affaiblir la capacité normative de l'Etat, priver les institutions
publiques de « leur pouvoir régulateur » 29(*) et tuer la loi.
La décentralisation et la privatisation constituent
deux modalités de libéralisation et de mobilisation des acteurs
privés. Elles s'inscrivent dans le contexte général de la
mondialisation néolibérale. Cette dernière impose à
l'Etat de redéfinir son rôle en matière d'éducation,
notamment le contrôle, le financement, la gestion et la définition
des politiques éducatives. La privatisation et la
décentralisation diminuent fortement la capacité du pouvoir
central de l'Etat à réduire les inégalités sociales
en terme d'accès à l'éducation et en terme de
qualité éducative.
Lors de son troisième Congrès mondial
réuni à Jomtien en Thaïlande du 25 au 29 juillet 2001,
l'Internationale de l'Education, a considéré que la
mondialisation met en place « un modèle
néolibéral qui démantèle l'Etat providence pour un
État compétitif en privatisant
l'éducation »30(*). Les politiques d'ajustement structurel qui
consistent essentiellement à réduire les dépenses
sociales, y compris les dépenses des services éducatifs, limitent
clairement le rôle de l'Etat et le rend incapable d'assumer ses
responsabilités traditionnelles. La mondialisation risque de rendre
l'éducation un champ incontrôlable surtout dans les Etats
où le pouvoir central est faible. L'Etat n'aurait plus les moyens pour
assumer son rôle régulateur dans certains pays du monde.
2.2-La primauté de l'économique sur le
politique
La nouveauté de ce nouvel ordre mondial c'est la
priorité de l'économique et du financier sur le politique. L'Etat
n'est plus désormais le seul acteur qui monopolise le politique et
dessine l'avenir des collectivités gouvernées. Enfin, c'est la
souveraineté de l'Etat qui est mise en cause et même dans le cas
où l'Etat préserverait toujours sa souveraineté, cette
dernière ne peut plus être pensée comme avant. L'Etat ne
peut plus exercer son contrôle sur la société sans prendre
en considération les nouveaux acteurs et les nouveaux
intérêts.
D'après Zaki Laïdi, c'est la
légitimité du contrôle de l'Etat même qui est mis en
cause. Selon lui, on passe actuellement par un processus de
``détotalisation du politique``31(*). Toutefois, cela ne signifie pas la disparition du
politique ou de l'Etat mais plutôt la redistribution des rôles et
des pouvoirs en fonction des changements économiques et
l'élargissement de la sphère d'influence des acteurs non
étatiques qui deviennent de plus en plus importants dans la vie
économique et politique de la société.
La primauté du politique n'est plus aujourd'hui une
réalité. L'Etat doit en permanence s'ajuster et s'adapter pour
s'inscrire dans une logique d'interaction et de transaction avec les autres
acteurs étatiques et non étatiques. On assiste actuellement
à la fin de l'ère gouvernementale et
par conséquent on vit de plus en plus dans l'ère de
gouvernance qui consiste dans le fait de
reconnaître les nouveaux acteurs non étatiques, notamment les
acteurs du marché et la société civile. L'Etat se retrouve
contraint de faire participer ces nouveaux acteurs dans l'élaboration de
politiques. C'est ainsi qu'on assiste aujourd'hui à « la fin
du monopole de l'expertise de l'Etat »32(*).
En réalité, on est confronté à un
processus de redistribution de la souveraineté au profit d'autres
acteurs non étatiques, notamment les acteurs du marché. La
sphère marchande s'élargit par rapport à l'Etat à
partir du recul de contrôle de ce dernier par le moyen
de la dérégulation et la libéralisation économique
et financière. La production, la propriété et toutes les
autres activités sont soumises aux règles de l'échange, de
la concurrence et du marché. La mondialisation peut signifier à
cet égard l'interpénétration des économies par le
jeu du commerce et de la finance.
Toutefois, la libéralisation du commerce des services
éducatifs qui se traduit essentiellement par l'ouverture du secteur
éducatif aux investissements privés, va, à la fois,
beaucoup influencer l'offre éducative et la formation professionnelle.
Dans cette perspective, l'ordre conceptuel et organisationnel sur lequel se
base l'action étatique dans les domaines sociaux est actuellement
bouleversé. En ce qui concerne les services éducatifs, on
assiste à une vraie rupture avec le passé. Désormais,
« enseigner, diriger un établissement ou y travailler, ce
n'est plus participer à une noble mission assurée par l'Etat avec
le souci de l'intérêt général. C'est, plus
prosaïquement, contribuer à la fourniture d'un
service »33(*).
Aussi, l'usage systématique du terme de capital humain,
qui est à l'origine un terme économique néoclassique qui
signifie « un stock de connaissances et de qualifications qui
accroît la productivité »34(*), explique-t-il clairement la
nouvelle tendance qui ne voit dans l'éducation que son aspect
économique productif. Cette vision se renforce par la multiplication des
acteurs qui fournissent des services éducatifs. Ce qui va, par
conséquent, complexifier à la fois le processus de
l'élaboration des politiques éducatives et la prise de
décision en matière d'éducation.
La vision simplificatrice qui ne voit dans l'investissement
dans l'éducation ou dans le secteur du savoir qu'une source de profits
et de productivité, ignore les finalités principales de
l'institution scolaire. La mission sociale et culturelle de l'éducation
est rigoureusement en danger à cause de la prédominance de
certaines valeurs économiques telles que la compétitivité,
la performance, le rendement et la rentabilité imposées par le
marché mondial.
3- Les deux grandes visions relatives à la
mondialisation
A partir du 19ème siècle, la
pensée économique se développe à l'échelle
du monde, les économistes libéraux voient la constitution d'un
marché mondial comme une loi naturelle qui s'est faite à travers
les évolutions technologiques et le développement des
échanges commerciaux et financiers entre les différentes
régions du monde. Selon le discours des partisans de la mondialisation,
le monde est devenu un espace géographique quasi-uni. Un monde dans
lequel toutes les formes d'échanges doivent se faire librement sans
obstacles douaniers ni autres. Dans ce cadre, c'est uniquement à travers
le progrès économique que l'évolution d'une
société donnée peut être atteinte et la
négation de la mondialisation conduit à priver les autres de
réaliser le développement attendu.
Aussi, d'après les défenseurs de la
mondialisation néolibérale, la mondialisation qui est venue pour
changer toutes les réalités économiques, politiques,
sociales et culturelles qui existaient, est-elle au profit de tous les pays du
monde y compris les pays en développement.
Cependant, d'autres spécialistes de la question, voient
dans la mondialisation une menace pour les droits de l'homme, la
démocratie et l'égalité. À cet égard,
plusieurs analyses et études considèrent que l'effet essentiel de
la mondialisation c'est de faire accroître la pauvreté dans le
monde et les inégalités entre les pays du sud et les pays du
nord, puis entre les riches et les pauvres dans chaque pays du monde.
D'après Rick Coolsaet, si on peut parler «pour la première
fois dans l'histoire d'un marché mondial où biens, services,
capitaux et personnes se déplaçaient librement sous toutes
latitudes », il ajoute que « cette belle époque ne
l'était pas pour tout le monde si une petite élite bourgeoise
prospérait, l'immense majorité des êtres humains profitait
à peine de la croissance sans précédent de richesse et
n'avait pas voix au chapitre »35(*).
Dans cette partie de ce travail, nous allons tenter d'analyser
les deux positions en présentant les arguments des deux groupes.
3.1« Les retombées » de la
mondialisation : une vision néo-libérale de la
mondialisation
Les économies nationales sont actuellement, et plus que
jamais auparavant, intégrées dans une économie mondiale
à travers la mobilité des moyens de production et
l'harmonisation des règles et des normes qui organisent le commerce et
les échanges internationaux. Cette mondialisation évoque
l'intégration croissante des économies dans le monde entier,
surtout au moyen des courants d'échanges et des flux financiers. Elle
évoque aussi les transferts internationaux de main-d'oeuvre et des
connaissances qui sont traduits successivement par la migration de
travailleurs et la diffusion de la technologie. Aussi, la mondialisation se
traduit-elle, selon ses partisans, par le progrès technique qui permet
d'effectuer plus facilement et plus rapidement les opérations
commerciales et financières à l'échelle planétaire.
Le commerce mondial est à cet égard considéré comme
le générateur de l'économie mondiale. L'ouverture de
secteurs des services au commerce mondial, notamment les services de
l'éducation, va permettre aux différents pays du monde de
moderniser leur système éducatif, de rationaliser la gestion des
services éducatifs et de réduire les charges publiques. La
diversification de l'offre éducative à travers l'investissement
des acteurs privés dans l'éducation, rend les services
éducatifs plus efficaces et plus rentables.
D'après ceux qui plaident en faveur de la
mondialisation économique et l'intégration des économies
nationales dans un système économique mondial unique, la
mondialisation permet à tous les pays du monde d'accéder plus
facilement à davantage de capitaux, de moyens de financement et de
ressources technologiques pour accroître la croissance économique
et se développer davantage. Également, les coûts des
importations vont amplement diminuer et les possibilités d'exportation
vont beaucoup s'élargir.
·La mondialisation est aussi en faveur des
pays en développement
Depuis leur décolonisation, les pays en
développement ont déployé des efforts énormes pour
rattraper les économies avancées. D'après les documents
édités par certaines organisations internationales36(*), notamment la Banque Mondiale,
depuis 1970, dans beaucoup de pays, surtout asiatiques, le niveau
général de vie et le revenu par habitant se rapproche vite des
niveaux atteints dans les sociétés qui ont des économies
avancées et cela est dû à l'adhésion forte des
économies émergentes dans le processus de mondialisation et
à leur participation active dans les échanges commerciaux et
financiers à l'échelle mondiale.
D'après cette vision, c'est dans la mondialisation
néolibérale que résident les solutions et les
réponses aux questions et aux problèmes liés au
phénomène du sous-développement. La croissance
économique et l'émergence d'une classe moyenne dans les pays en
développement sont à cet égard liées à
l'accroissement des échanges commerciaux, à l'insertion des pays
dans l'économie mondiale et aux investissements internationaux.
Pour les institutions internationales, notamment la Banque
Mondiale, l'éducation a un rôle central dans le processus de la
croissance économique et la lutte contre la pauvreté. C'est la
raison pour laquelle, la Banque Mondiale veut promouvoir l'enseignement et
combattre l'inefficacité de l'école dans les pays en voie de
développement. La soumission de l'éducation aux règles du
marché et aux « principes de gestion et de financement qui
reviennent à réduire l'intervention de l'Etat et à
élargir en sens inverse la sphère du
marché »37(*), représente la bonne voie pour promouvoir
l'éducation et réduire la pauvreté et les
inégalités dans les pays du Sud.
D'après le discours mondialiste, les pays en voie de
développement sont parmi les premiers bénéficiaires de la
mondialisation dans la mesure où la part des pays en
développement dans le commerce mondial a considérablement
augmenté, elle est passée de 19 % en 1971à 29 % en
199938(*).
3.2 Les menaces de la mondialisation: une vision du Sud sur
la mondialisation
Il convient tout d'abord de dire que la mondialisation est un
phénomène moins fortement vécu au sud qu'au nord. En
réalité la mondialisation reste essentiellement un produit
occidental exporté, diffusé et imposé aux pays du sud par
différents moyens. Aussi, c'est grâce aux moyens de communication
et aux médias que la mondialisation s'implante et s'impose avec ses
différents aspects sur les réalités et les structures
économiques, politiques, sociales et culturelles dans les pays de sud
où les institutions traditionnelles reculent et cèdent leur place
aux nouvelles institutions apportées par le nouveau système
mondial.
Par ailleurs, ce qui aggrave encore la situation, c'est que
les élites qui gouvernent dans les pays du sud tiennent, dans leur
majorité, un discours mondialiste libéral qui soutient la
même idéologie et le même discours des institutions
internationales notamment celui de la Banque Mondiale et du FMI. L'élite
gouvernante dans les pays du sud ignore à cet égard et
marginalise les réalités et les spécificités
géographiques, historiques, sociales et culturelles dans son propre
pays.
Néanmoins, la mondialisation reste très
contestée dans son ordre théorique et pratique dans certains
milieux des pays du sud. D'après certains penseurs, la mondialisation
soulève plusieurs questions d'ordre conceptuel et pratique. Elle est
toujours un concept très ambigu porteur d'idéologie et de
croyance. D'après M. Bonaventure Mve Ondo,
Directeur de l'Agence Universitaire de la Francophonie
(AUF), la mondialisation est un « concept flou,
ambigu », c'est un concept qui n'a « aucune consistance et
il est peu scientifique »39(*). En s'interrogeant sur la scientificité du
concept de mondialisation, employé à tout et dans chaque type de
discours, le directeur de l'AUF ajoute « Nous sommes devant un
concept qui a des contours multiples et qui décrit des
réalités différentes selon les
acteurs »40(*).
Selon M. Mvé Ondo la mondialisation qui
apparaît comme une série de visions globales qui
représentent la fin de l'histoire et l'occidentalisation du monde ne
peut pas être reprise sans interrogation dans l'élaboration des
politiques de développement dans les pays du sud. Le rôle de
l'intellectuel africain c'est de questionner la mondialisation et de
l'interpréter pour la faire adapter aux circonstances et aux
réalités locales.
·L'actuelle mondialisation favorise une
minorité riche et instruite au détriment d'une vaste
majorité pauvre et beaucoup moins éduquée
Plusieurs études et statistiques41(*) en la matière
démontrent que la mondialisation a profité jusqu'à
présent essentiellement aux économies avancées. C'est une
mondialisation qui sème l'exclusion à la fois à travers
les pays et en leur sein. Selon cette thèse, la société se
divise en deux camps: ceux qui profitent des avantages de la mondialisation et
qui sont par conséquent au coeur de la société et ceux qui
ont de la peine à vivre au jour le jour et qui essaient de s'accrocher
à la périphérie sociale. La question
d'inégalité et de redistribution de richesse reste au coeur du
problème même dans les pays à économies riches.
C'est aussi une vraie menace pour la cohésion sociale.
D'après Michel Chossudovsky42(*), depuis le début des
années 1980, les structures de l'économie mondiale ont
changé en profondeur. Les institutions financières
internationales, et en particulier le Fonds monétaire international et
la Banque Mondiale, ont forcé l'application de ces changements d'abord
dans le tiers-monde, puis plus récemment dans les pays de l'Est de
l'Europe. Les conséquences du nouvel ordre financier qui se nourrit de
la pauvreté et de la destruction de l'environnement sont
incontestablement illimitées. Ce système engendre, d'après
Chossudovsky, un véritable apartheid social. C'est un
système qui encourage le racisme et les conflits ethniques et s'attaque
aux droits des femmes et aux couches sociales vulnérables dans les pays
d'Afrique, en Asie, en Amérique latine, en ex-Union soviétique et
en ex-Yougoslavie.
Quant à Noam Chomsky43(*), ce sont les politiques de "réformes"
économiques imposés par les institutions internationales qui font
obstacle à toute planification nationale et à toute
véritable politique de développement. Les structures qui sont
mises en place par le système mondial mènent à
un monde d'inégalité croissante. Un monde qui sert les
intérêts d'une minorité privilégiée et
puissante au détriment d'une vaste majorité pauvre.
Ce qu'on peut constater dans le paysage d'aujourd'hui, c'est
que la mondialisation vise la création d'une société
unifiée dans un processus complexe et inachevé qui déploie
tous les moyens et les efforts pour assimiler l'autre, ignorer son
identité et le recycler pour qu'il soit économiquement utile.
L'actuelle mondialisation ne favorise pas un développement
économique véritable à l'échelle mondiale. Au
contraire, elle ne conduit qu'au « développement
étroitement localisé des centres d'affaires où sont
installés les grandes firmes, les banques, les assurances, les services
marketing et de commercialisation, les marchés financiers,
[...]» 44(*).
Quant à l'éducation, La politique des
institutions internationales en matière d'éducation est en
réalité inséparable de leur conception
générale. Les bailleurs de fonds tiennent simultanément
deux discours contradictoires. D'une part, elles parlent de la
nécessité de la scolarisation et de la
généralisation de l'éducation de base dans les pays du sud
pour réduire la pauvreté. Et d'autre part, elles imposent aux
pays de réduire les dépenses publiques par tous les moyens. La
réduction des dépenses publiques est présentée
comme une condition indispensable pour la croissance économique.
L'intégration de tous les pays au marché mondial implique pour
l'éducation, l'ouverture de cette dernière pour la concurrence et
le commerce international. Cette politique provoque la réduction des
dépenses éducatives consacrées par l'Etat à ce
secteur.
Dans les pays du sud, la question du contrôle des
établissements scolaires, de financement, de l'accès
démocratique et équitable à l'éducation, de la
multiplication des acteurs et des logiques éducatives et la segmentation
de la sphère éducative posent des grands problèmes.
À cet égard, l'analyse des nouvelles politiques
éducatives montre que la décentralisation et la privatisation qui
sont appliquées dans certains pays comme l'Afrique du sud, le Vietnam et
le mali45(*), dans le
cadre de la reforme des années 90, ont un grand impact sur le
système éducatif des pays concernés. Les différents
chiffres avancés insistent sur l'augmentation des taux de scolarisation
dans ces pays durant les dernières années mais ils nous parlent
très rarement de la « disparité de l'offre
éducative »46(*) et ses conséquences sur l'accroissement des
inégalités entre les différentes régions et les
différentes composantes de la société. La qualité
de l'éducation offerte par les différents établissements,
semble aussi négligée par les statistiques.
Aussi, le manque des politiques éducatives
participatives dans les pays du Sud semble-t-elle une grande lacune dans les
reformes de systèmes éducatifs dans les pays du sud. Dans le
cadre de ces politiques, la participation des populations se limite souvent
à la contribution au financement et à l'entretien des
écoles. Leur participation dans l'élaboration des politiques
éducatives et dans la prise de décision est, dans la plupart des
cas, complètement ignorée.
Finalement, ce qui est important à retenir c'est que
dans les pays du sud, notamment en Afrique, l'éducation doit avoir comme
mission principale la promotion de l'identité culturelle et
« la formation d'un potentiel endogène suffisamment
large »47(*)
pour réaliser le développement durable. Les pays du sud sont
à cet égard rigoureusement appelés à construire et
à développer leurs propres modèles d'éducation en
fonction de leurs propres histoires, cultures et besoins. Dans les pays
sous-développés, l'action éducative doit avoir comme
objectifs essentiels l'épanouissement de la personne humaine dans toutes
les dimensions de la vie et la contribution à la promotion d'une
nouvelle mondialisation plus démocratique et socialement plus
équitable. Une mondialisation capable de recevoir, sans exclusion,
l'apport de toutes les nations et les régions du monde.
PARTIE II : LA POLITIQUE DE LA LIBERALISATION DES
SERVICES PRONEE PAR L'AGCS ET SES CONSEQUENCES SUR L'EDUCATION
Une trentaine d'années après le début de
la « crise » mondiale des années 70, le capitalisme s'est
construit dans une nouvelle phase de son développement avec la mise en
oeuvre de nouvelles politiques et stratégies plus globales
élaborées essentiellement par les milieux des affaires, notamment
les firmes multinationales de la finance, de l'industrie et du commerce.
L'apparition et l'accélération de la mondialisation
néo-libérale résultent d'un choix social, politique et
idéologique qui est imposé par les acteurs économiques et
politiques dominants essentiellement dans les pays industrialisés,
« relayé par les gouvernements de ces derniers pays et
orchestré par les grandes institutions
internationales. »48(*)
La politique de déréglementation
financière lancée par les gouvernements et la libre circulation
des capitaux sont les caractéristiques majeures du capitalisme
contemporain. Ils ont permis la constitution d'un capitalisme dominé par
la finance dont la norme de rentabilité est maintenant fixée par
les marchés à l'échelle mondiale et qui vise à
transformer toutes les activités humaines et sociales en une
marchandise.
C'est dans ce cadre du développement du
libre-échange et de la globalisation du capital que s'inscrivent les
Accords commerciaux de l'Organisation Mondiale de Commerce notamment
l'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS),
qui est le premier et le seul ensemble de
règles multilatérales et d'engagements visant des mesures
gouvernementales qui affectent le commerce des services. Il se compose de deux
parties : l'Accord Cadre qui énonce les règles, il contient
29 articles et plusieurs annexes et les listes d'engagements nationales dans
lesquelles chaque membre indique le degré d'accès qu'il est
disposé à garantir pour les fournisseurs étrangers de
services. Cet accord qui est entré en vigueur en janvier 1995 s'inscrit
dans le cadre d'un long processus de libéralisation qui illustre bien le
passage de la souveraineté étatique au domaine privé par
le moyen de la déréglementation et la libéralisation
progressive de secteurs de services.
Aussi, d'après le discours de l'OMC et des autres
institutions internationales, notamment la Banque Mondiale, les services
publics sont inefficaces et coûteux, seule l'entreprise privée,
grâce à sa gestion plus rigoureuse et à la pression de la
concurrence serait en mesure de rendre un service moderne, rapide, attractif et
moins coûteux. Ce discours prétend aussi que la
prospérité des Etats est freinée par une infrastructure de
services inefficace et coûteuse. La solution avancée par les
accords de l'OMC est la concurrence, jugée source d'efficacité,
de qualité des services, de choix plus larges pour le consommateur, de
prix plus bas, d'emplois plus nombreux et de transferts de technologie. Bref,
d'après l'OMC c'est dans la libéralisation des services qu'on
trouve toutes les solutions pour les problèmes économiques et
structurels, notamment la croissance économique qui aboutira
forcément à la résolution du phénomène de
sous-développement et de tous les problèmes sociaux qui en
découlent.
Ce que nous allons faire dans cette partie du travail, c'est
analyser d'une manière générale les différents
aspects de la politique de la libéralisation des services
prônée par l'AGCS, puis on va essayer de montrer les
conséquences de cette politique de libéralisation sur
l'éducation comme un service public qui était jusqu'à
maintenant assuré par l'Etat, sur l'éducation en tant que droit
humain fondamental et bien public mondial, pour finir avec l'analyse des
conséquences de cette politique sur la cohésion sociale et
culturelle des collectivités humaines.
1 L'Analyse de la politique de la libéralisation
prônée par l'Accord Général sur le Commerce des
Services
L'AGCS couvre tous les services à l'exception des
services fournis dans l'exercice du pouvoir gouvernemental49(*). L'inclusion des
activités de services dans les disciplines de l'OMC constitue sans doute
l'avancée majeure du cycle d'Uruguay car la part des services dans les
échanges commerciaux à l'échelle internationale est en
croissance permanente. Ce qui justifie l'invention d'un cadre juridique global
adapté à cette forme d'échange
"immatériel"50(*).
1.1-L'AGCS comme un Accord principal de l'OMC
L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est née le
1er janvier 1995. Elle a remplacé l'Accord général sur les
tarifs douaniers et le commerce (GATT). L'importante innovation c'est que l'OMC
jouit du statut d'Organisation internationale, contrairement à l'accord
du GATT qui n'était qu'un forum de négociations. Son rôle
est d'assurer qu'aucun de ses membres ne se livre à un quelconque
protectionnisme, c'est-à-dire qu'aucun Etat signataire du texte final de
Marrakech (signé en avril 1994) ne place de barrières à
l'ouverture de ses marchés. L'OMC est munie essentiellement d'un
Organe des règlements des différends jugeant les
éventuelles violations des traités. L'Organe
d'évaluation des politiques commerciales, qui se compose de l'OMC
elle-même, de la BM et du FMI. Le Conseil général,
qui gère les affaires courantes, dans des réunions souvent
informelles sur les sujets sensibles, est encadré par les
émissaires omniprésents des acteurs économiques les plus
puissants, tels que les Etats-Unis d'Amérique, l'Union
Européenne, le Canada et l'Australie.
Toutefois, le rôle de l'OMC ne s'arrête pas dans
l'imposition des règles ; elle parvient également à les
rendre contraignantes, contrairement à l'UNESCO par exemple, qui n'a
qu'un pouvoir ``moral`` en cas d'atteintes au droit de l'éducation. Les
commissions de litiges constituées au sein de l'OMC sont chargées
d'intervenir lorsqu'un pays estime que les mesures ou les règlements du
commerce, mises en place par un autre pays, sont contraires aux traités
de l'OMC.
Le dispositif institutionnel dont dispose l'OMC, sa
compétence, qui va au-delà des questions commerciales pour
toucher le social, le politique et le culturel, son mode de fonctionnement et
la nature contraignante de ses règles nous démontrent, sans
aucun doute, que l'OMC est actuellement l'institution internationale la plus
puissante du monde.
Quant à l'Accord Général sur le Commerce
des Services (AGCS) qui fait partie des Accords de Marrakech (l'accord sur les
marchandises (GATT), les services (AGCS), les droits de propriété
intellectuelle (ADPIC) et un accord instituant l'OMC), il est entré en
vigueur en janvier 1995 pour devenir le premier accord multilatéral
régissant le commerce international des services. L'AGCS a
été négocié par les gouvernements des Etats membres
et il constitue le cadre légal général dans lequel les
entreprises et les particuliers peuvent exercer leurs activités
commerciales. L'AGCS prévoit également des
négociations successives entre les pays membres afin de
libéraliser des nouveaux services qui ne l'étaient pas
auparavant. Quant aux décisions, elles doivent être prises, en
principe, au consensus entre les Etats membres.
1.2- Les principes fondamentaux de l'AGCS et les
obligations qui en découlent
L'objectif principal de l'AGCS est de permettre un
accès sûr aux différents marchés et une
libéralisation progressive de tous les secteurs des services dans tous
les pays membres de l'OMC. Il vise essentiellement à encourager la
croissance du commerce des services, comme le GATT le fait déjà,
depuis 1947 pour le commerce des marchandises. D'ailleurs les deux accords
fonctionnent selon la même logique et aussi selon les mêmes
principes de base.51(*)
1-Accès au
marché : il s'agit des engagements formulés
par chaque pays membre pour tel ou tel secteur à l'issue de
négociations. L'attribution de l'accès aux marchés est un
engagement négocié et contracté par tel ou tel membre dans
des secteurs déterminés. Toutefois la règle de
l'accès au marché peut connaître un ou plusieurs types de
limitations énumérés à l'article 16. 252(*).
2-Clause de la nation la plus
favorisée
(NPF) : elle signifie
qu'un membre ne doit pas établir de discrimination entre les services ou
les fournisseurs de services des autres membres et il doit accorder à
tous un traitement non moins favorable que celui qu'il accorde aux services et
fournisseurs de services de tout autre pays.
3-Traitement national
La règle du traitement national (art 17)
prévoit essentiellement que chaque pays doit accorder à tous les
autres pays membres de l'OMC le même traitement qu'à ses propres
ressortissants ; personnes privées ou publiques. Pour tout secteur
inscrit dans sa liste d'engagements spécifiques, chaque Etat membre est
tenu d'accorder aux services et fournisseurs de services étrangers un
traitement non moins favorable que celui qu'il accorde à ses propres
services similaires et à ses propres fournisseurs de services
similaires. Cela veut dire qu'un pays n'est pas autorisé à
traiter différemment les fournisseurs nationaux et les fournisseurs
étrangers. Soulignons aussi que cette disposition ne s'applique
toutefois qu'aux services pour lesquels des engagements ont été
pris.
Dans ce contexte, il faut que le membre s'abstienne de prendre
des mesures susceptibles de modifier soit en droit soit en fait les conditions
de la concurrence en faveur de son propre secteur des services. Toutefois, Les
Etats membres ont le droit de limiter l'octroi du traitement national dans un
secteur donné par différentes conditions et réserves.
4-Transparence : ce principe
prévoit que chaque Etat membre doit publier l'ensemble de sa
réglementation et ses lois qui sont applicables aux services, au niveau
national, régional et local, ainsi que les adaptations qui leur sont
apportées pour se conformer aux décisions de l'OMC (art. 3).
Ses décisions administratives doivent aussi pouvoir faire l'objet de
recours. Les Etats signataires de l'AGCS sont aussi tenus de publier toutes les
mesures d'application générale et d'établir des points
d'information nationaux chargés de répondre aux demandes de
renseignements des autres Membres.
5-Libéralisation progressive
(art.19) : les membres participent à des séries de
négociations successives destinées à accroître
progressivement la libéralisation du commerce et à faire engager
de plus en plus les différents pays membres à libéraliser
davantage des nouveaux services afin «d'élever progressivement le
niveau de libéralisation.»53(*)
Finalement, il convient de souligner qu'une fois qu'un
engagement est pris, il est très difficile de le supprimer. Il n'est
possible de modifier ou de retirer un engagement qu'après trois ans et
après la négociation d'une compensation avec les pays
affectés. Les pays touchés peuvent recourir à l'arbitrage.
En outre, la modification d'un engagement peut provoquer des
représailles, décidées par les pays touchés
conformément aux règles de l'AGCS.
1.3- L'importance juridique et commerciale de l'AGCS
L'accord général sur le commerce de services
(AGCS) est un accord qui est élaboré au sein de l'Organisation
Mondiale du Commerce (OMC) dans un processus de négociations
relativement long entre les différents pays concernés. Comme
toutes les règles élaborées à l'OMC, les
dispositions de l'AGCS ont une force juridique contraignante qui s'appliquent
à tous les secteurs des services et cela dans tous les pays signataires
de l'accord, d'où provient l'importance juridique et commerciale du
présent accord.
a- L'importance juridique de
l'AGCS
L'AGCS est un acte juridique qui jouit d'une importance
capitale qui va au-delà de la simple dimension contractuelle. Il faut
souligner que cet accord a des implications politiques, économiques,
structurelles, sociales et culturelles très fortes sur les
différents pays membres. C'est un accord qui agit sur les
législations nationales qui doivent s'adapter aux règles de
l'AGCS.
Aussi, l'influence de cet accord s'étend-elle à
toutes les activités humaines dans la mesure où elle touche tous
les secteurs de services et toutes les formes de commerce et d'échanges
qui peuvent avoir les activités concernées. En outre la
compétence territoriale de cet accord, c'est à dire, le
territoire sur lequel les dispositions de cet accord doivent être
appliquées, est aussi très important. Le présent accord a
une compétence territoriale très large puisqu'il s'applique
à tous les pays et entre tous les pays qui ont signé l'accord.
Les pays qui ont signé l'AGCS sont aujourd'hui
majoritaires par rapport au nombre de pays qui n'ont pas encore signé
l'accord. À cet égard, on remarque très bien que
l'importance de cet accord ne trouve pas seulement son origine dans la nature
des devoirs, des obligations et des droits qui sont créés, mais
cela s'explique aussi par l'immensité de sa compétence
d'attribution et territoriale ainsi que les institutions dont il dispose et qui
assurent son application d'une manière contraignante entre et au sein
des pays engagés.
b- L'importance commerciale de
l'AGCS
L'AGCS couvre tous les services qui peuvent être un
objet d'échange international. Les services représentent
actuellement plus de 60% de la production mondiale. Leur place au sein du
commerce international est considérable, elle représente environ
25% de la valeur du commerce mondial des biens.54(*)
Le rôle essentiel de l'AGCS, c'est de faire adapter les
réglementations nationales pour assurer les
conditions adéquates aux capitaux étrangers investis dans
les différents pays. On vise essentiellement à garantir la totale
liberté de mouvement de capitaux et des différents efforts
investis dans le commerce des services.
À cet égard, l'AGCS impose à chaque pays
membre de l'OMC d'indiquer dans sa liste nationale les services pour lesquels
il souhaite garantir l'accès pour les fournisseurs étrangers.
Tous les engagements s'appliquent sur une base non discriminatoire à
tous les autres membres. Les listes nationales limitent, dans le cas
échéant, le degré auquel les fournisseurs étrangers
de services peuvent intervenir sur le marché des services des pays
signataires de l'accord.
En effet, l'AGCS distingue quatre modes de fourniture
de services, ses dispositions concernent pratiquement toutes les
formes de prestation de servies : la fourniture transfrontière, la
consommation à l'étranger, la présence commerciale et la
présence de personnes physiques55(*).
Mode 1: Fourniture
transfrontière. Il s'agit de la fourniture de services du
territoire d'un pays membre au territoire d'un autre pays membre, comme c'est
le cas pour le commerce normal des marchandises. On peut citer comme exemple,
une institution qui donne des cours dans un pays X et qui organise en
même temps d'autres cours dans un pays Y. cette opération est
considérée par l'AGCS comme une exportation du pays X vers le
pays Y.
Mode 2:
Consommation à l'étranger. Il s'agit des
cas où les consommateurs se rendent sur le territoire d'un autre
État membre pour obtenir un service, par exemple un étudiant d'un
tel pays qui suit des cours dans un autre pays. En vertu de l'AGCS, on est en
présence d'une importation du premier pays vers le deuxième
pays.
Mode 3: Présence
commerciale. Il s'agit de l'établissement d'une filiale d'un
prestataire de services d'un autre pays, par exemple les établissements
d'enseignement, surtout les universités, qui exportent des services en
créant des "succursales" dans d'autres pays et décernent des
diplômes à partir du pays d'origine de l'institution
universitaire.
Mode 4:
Présence de personnes physiques. Cela
concerne essentiellement les particuliers tels que les enseignants, les
comptables, les infirmières ou les médecins qui quittent leur
pays pour fournir des services dans un autre pays. À titre d'exemple
l'emploi temporaire de personnel de santé étranger est
particulièrement répandu dans les États arabes du Golfe,
la possibilité pour un établissement d'enseignement dans un pays
de faire appel pour une durée déterminée à du
personnel d'un autre pays où les règles en matière de
salaires, de conditions de travail, de protection sociale sont moins bonnes.
2- Les conséquences de l'AGCS sur
l'éducation
L'AGCS est applicable à chaque pays où le
service de l'enseignement connaît une situation de « concurrence
avec un ou plusieurs fournisseurs de services. »56(*) C'est pratiquement la
situation dans la grande majorité des pays du monde où le
secteur public et le secteur privé coexistent dans un système
éducatif hybride. Les Etats se trouveront contraints de
libéraliser totalement leur système éducatif selon une
base concurrentielle. C'est pour cela qu'on parle aujourd'hui du
`` marché de l'éducation `` qui doit être
organisé selon les règles du commerce, et plus
précisément les règles de l'AGCS.
La Cour de Justice des Communautés européennes
(CJCE)57(*) qui a
statué sur la question, considère que « les services
d'enseignement ne constituent pas une activité pratiquée sous
l'exercice de l'autorité officielle » 58(*) et par conséquent elle
n'échappe pas au champ d'application de l'AGCS.
La nouvelle politique de privatisation de l'éducation,
et des services publics en général, est fortement
recommandée par les institutions internationales. La politique de
libéralisation prônée par l'AGCS est en
réalité en faveur d'une marchandisation de l'enseignement
supérieur et une large partie de l'enseignement moyen ou secondaire.
Cette politique a gravement touché plusieurs pays du monde y compris les
pays du sud qui souffrent déjà de taux très
élevés d'analphabétisme, de chômage, de
pauvreté et des autres problèmes économiques et sociaux
qui sont liés au phénomène de déscolarisation.
Désormais, on assiste à une vraie rupture avec
la notion même de l'éducation comme un droit fondamental qui doit
être assuré par le service public de l'État pour tout le
monde. Cela constitue aussi une grave déviation au principe de
démocratie et d'égalité qui sont à la base de la
philosophie de la société moderne. C'est aussi une grande menace
pour un service et un droit que l'on considère très largement
comme un bien public mondial protégé par les conventions
internationales et les pactes des droits de l'homme.
2.1-La logique marchande de l'AGCS
L'AGCS est essentiellement un cadre légal
général pour des négociations successives en vue
d'atteindre un niveau de libéralisation toujours plus poussé. Son
objectif final est la libéralisation, par le biais des
négociations, de tous les secteurs de services. À cet
égard un document déposé par la mission américaine
affirme que « Notre défi est d'accomplir une suppression
significative de ces restrictions à travers tous les secteurs de
services, abordant les dispositions nationales déjà soumises aux
règles de l'AGCS et ensuite les dispositions qui ne sont pas
actuellement soumises aux règles de l'AGCS et couvrant toutes les
possibilités de fournir des services. »59(*).
L'intensité de cette politique de libéralisation
offensive des services ainsi que la signature de l'AGCS illustre bien le
début d'une nouvelle ère pour les droits humains et les services
publics. On assiste à une sorte de passage de domaines qui jusque
là étaient encore des prérogatives étatiques,
particulièrement, la santé, le social et l'éducation
à un domaine privé et marchand. Ce phénomène de
libéralisation et de marchandisation des services peut aussi être
conçu comme un passage d'une forme publique et non marchande d'une offre
du bien ou du service à une forme privée et marchande.
La signature de l'AGCS oblige les Etats membres de l'OMC
à transférer progressivement les domaines publics en des mains
privées. Signalons que c'est déjà le cas pour
l'éducation dans plusieurs pays notamment les pays de tradition
anglo-saxonne comme les Etats-Unis et la Grande Bretagne.
Pour le reste, les populations qui jusqu'à aujourd'hui
avaient plus ou moins un accès à ces services essentiels vont se
retrouver non plus comme bénéficiaires d'un service garanti par
l'Etat, mais ils vont acquérir un nouveau statut de consommateurs de ces
services. Cette vision va aboutir à une sorte de
généralisation de la marchandisation de tous les aspects de la
vie humaine qui seront, d'une manière ou d'une autre,
présentés à la vente. La volonté de maximiser les
profits va rendre tous les besoins fondamentaux de l'être humain et
toutes les formes d'activité humaine comme des services
commercialisables. Cette politique ne peut reproduire que l'exclusion sociale
et économique dans les sociétés modernes.
Le système du marché ultra-libéral dans
lequel nous vivons aujourd'hui ne fait pas de distinction. Même les
besoins vitaux comme l'accès aux soins, à l'éducation ou
aux services sociaux sont soumis aux lois de l'offre et de la demande,
excluant de fait les personnes n'ayant pas les moyens de s'y intégrer.
Ce marché, qui fonctionne selon les lois de la rentabilité et qui
échappe à toute forme de réglementation annonce une
nouvelle forme d'exclusion.
La signature de l'AGCS ne ferait qu'accentuer encore plus le
fossé séparant les riches des pauvres. Elle pousserait les
populations fragilisées économiquement et socialement, dans des
conditions de misère que certains acquis sociaux du siècle
précédent avaient réussi à atténuer. A titre
d'exemple, la politique de décentralisation et de privatisation des
systèmes éducatifs publics appliquées ces dernières
années dans certains pays du Sud comme le Mali, le Vietnam, l'Afrique du
sud60(*), ont très
remarquablement accentués les inégalités sociales en terme
d'éducation. L'application de la logique marchande sur
l'éducation l'a également affecté en terme d'accès
à l'éducation et au niveau de qualité de l'enseignement
offert.
Selon la logique de l'AGCS, l'éducation doit être
à priori pensée et organisée dans une logique
économique et comme préparation au marché du travail.
C'est une accumulation d'un capital humain qui doit être pensée en
termes de coûts et bénéfices. Elle relève donc,
comme tout autre capital et toute autre marchandise, des règles du
marché. En conséquence, les investissements éducatifs
doivent être pensés en termes d'adéquation aux demandes et
aux évolutions du marché.
La stratégie de cette politique est de
développer une éducation de base pour tous, puis organiser
l'enseignement secondaire et supérieur en lien avec les exigences du
marché et sous la forme d'un marché éducatif
déréglementé. L'éducation doit se soumettre aux
exigences du marché à tous les niveaux, notamment l'enseignement
supérieur et la recherche qui dépendent de plus en plus des
intérêts et des ressources du grand capital.
C'est pour cela que de nos jours, on assiste à une
augmentation du nombre des écoles supérieures et des
universités américaines et européennes qui
contrôlent de plus en plus l'enseignement à l'échelle
mondiale. La réponse à une demande pressante
d'employabilité va devenir l'axe de toute action éducative,
c'est-à-dire, il faut adapter les formations aux attentes des
employeurs. Bref, la formation et l'enseignement doivent se redéfinir
pour se baser enfin sur les règles de l'employabilité, la
flexibilité, l'adaptation au marché et la
compétitivité. Le système éducatif et le savoir
seront de plus en plus instrumentalisés dans le seul but de satisfaire
le marché du travail et assurer la compétition économique.
Cette politique va modifier à grande échelle les
comportements des différentes parties intéressées par la
question de l'éducation. Par intériorisation de la logique
marchande, les individus se comporteront de plus en plus comme des «
clients ». Les entrepreneurs privés de l'enseignement prescriront
petit à petit une uniformisation des connaissances, des cultures, des
compétences et des comportements. Et dans le monde entier,
« une intelligentsia standardisée sortira des fast-food
éducatifs, sans âme et sans révolte »61(*).
Pour les pays en voie de développement, la situation
est encore beaucoup plus critique ; la politique des institutions
internationales envers ces pays encourage, et dans plusieurs cas, impose les
mesures de libéralisation et de privatisation du secteur public. La
politique d'ajustement structurel qui exige des pays endettés qu'ils
réduisent leurs dépenses publiques, par le biais de la
libéralisation et d'augmentation des taxes sur les services rendus par
l'Etat, ont un effet destructeur sur le fonctionnement des services publics et
les droits élémentaires de populations déjà
très affaiblies par les conflits, la famine et toutes les sortes
d'injustices sociales et économiques. A titre d'exemple, afin de
réduire les dépenses publiques, l'imposition de certains frais de
scolarité sur la population en Zambie, a touché toute la
population dans le pays, notamment les plus pauvres62(*).
2.2-L'impact de l'AGCS sur l'éducation comme un
service public
D'une manière générale, tous les pays du
monde consacrent un budget très considérable à
l'éducation qui est toujours pensée comme un droit qui doit
être assuré par le service public de l'Etat afin de garantir
l'égalité de chance pour tout le monde. Cela nous montre
l'ampleur de l'enjeu économique, social et culturel de
l'éducation, ce qui justifie clairement la volonté de l'Etat de
contrôler en permanence l'école et la matière
éducative depuis la naissance de l'Etat nation et la
généralisation du mode de l'école nationale.
Cependant, de nos jours, le rôle de l'État en
matière d'éducation est contesté. Il recule sous la
pression d'un néolibéralisme qui attaque toutes les formes de
réglementation. La nouvelle idéologie prétend que
« Quand c'est privé, c'est meilleur, c'est plus sûr et
c'est moins cher »63(*). Dans ce contexte, c'est la culture même du
service public qui se trouve menacée. Les subventions accordées
par l'Etat aux services publics comme l'éducation doivent être
arrêtées car elles sont considérées, selon les
règles de l'AGCS, comme limitations au principe du traitement
national.
Selon cette logique l'intervention de l'État ne peut
être légitime que dans la perspective de gestion et de limitation
des dégâts sociaux ainsi qu'en cas de risques d'explosion sociale,
liés à ces politiques éducatives
néolibérales. Dans des situations chaotiques pareilles, on permet
à l'Etat d'intervenir et de mener une politique ponctuelle et
compensatoire auprès de certaines populations qui peuvent constituer la
majorité de la population d'un pays. Selon cette optique
l'éducation est conçue comme une aide sociale et non plus comme
un droit humain et un projet social à dimension universelle et
citoyenne.
L'école publique va de plus en plus régresser
devant la progression de l'enseignement privé à tous les niveaux,
notamment au niveau universitaire. La logique du marché risque de se
voir généralisé pour toucher les institutions publiques
elles-mêmes. Ces dernières sont de plus en plus en concurrence non
seulement avec les institutions privées mais aussi entre elles.
Aujourd'hui, on plaide, de plus en plus, pour que les
universités, y compris les universités publiques,
s'autofinancent. Dans ces perspectives de libéralisation, l'école
publique de base est aussi invitée à s'adapter avec la logique
néolibérale pour préparer des élèves qui
seront prochainement à l'école secondaire et à
l'université qui fonctionnent déjà selon une logique
marchande.
Cette politique néolibérale génère
et alimente de plus en plus l'exclusion et la marginalisation de beaucoup de
populations au Sud comme au Nord. Les élèves sont
scolarisés dans des institutions différentes, dépendant du
statut socioéconomique de leurs parents. Il est très probable que
l'école publique n'accueillera dans les prochaines années que les
populations les plus fragiles de la société et ce dans les
conditions les plus difficiles. Cela va encore aggraver les
inégalités sociales au niveau de l'accès au savoir.
D'après le Forum Mondial sur l'Éducation (FME),
l'éducation est victime de la globalisation néolibérale.
Le FME considère « L'éducation publique pour tous comme
droit social inaliénable, éducation garantie et financée
par l'État, jamais réduite à la condition de marchandise
et de service, dans la perspective d'une société solidaire,
démocratique, égalitaire et juste »64(*).
D'après la Rapporteuse Spéciale des Nations
Unies pour le droit à l'éducation, Katarina Tomasevski, le devoir
de l'Etat de veiller à ce que «l'éducation reste un bien
public et la scolarisation un service public »65(*), figure parmi les
premières responsabilités de l'Etat. Elle invite aussi les Etats
et la communauté internationale à une forte mobilisation des
normes et des moyens pour « corriger les aspects négatifs de
la mondialisation »66(*).
Les syndicats européens d'enseignants insistent sur le
caractère public des universités. Les syndicats d'enseignants de
l'Europe s'inquiètent de la menace que représente la
marchandisation de l'enseignement, notamment l'enseignement supérieur.
Les syndicats considèrent aussi que l'éducation doit rester un
bien public et ne doit pas dégénérer en marchandise. Ils
estiment enfin que le caractère public de l'enseignement
supérieur doit être conservé afin de garantir une
équité dans l'accès et la qualité de la
recherche67(*).
2.3-L'AGCS et le droit à l'éducation
Le droit à l'éducation figure parmi les droits
fondamentaux de l'être humain. Il est aussi considéré comme
la clef de l'exercice des autres droits liés à la personne
humaine. C'est un droit qui contribue d'une manière très
décisive dans l'autonomisation de l'individu. Il constitue à
cet égard un outil principal pour la personne humaine, notamment pour
les personnes économiquement et socialement marginalisées, de
sortir de la misère et de la pauvreté. En plus, la jouissance des
autres droits humains préconise ce qu'on appelle ``l'éducation
aux droits de l'homme``, c'est ainsi que l'éducation permet de
promouvoir la démocratie et les droits de l'homme. Cela nous
amène à constater que le droit à l'éducation ne
peut être conçu que comme un droit fondamental qui est
économiquement, politiquement et socialement indispensable pour la
personne humaine. Dans ce cadre, il nous parait important de souligner que
l'homme est à priori un être culturel et non pas un simple sujet
économique. La vision utilitariste qui ne voit dans la formation et
l'éducation que son aspect économique, n'est qu'une vision
très limitée et doit être dépassée par une
vision multidisciplinaire, plus globale et ouverte car aussi «une
tête bien faite, un esprit éclairé et actif capable de
``vagabonder`` librement est une des joies et des récompenses de
l'existence »68(*).
Par ailleurs, d'après la Déclaration universelle
des droits de l'homme (par.2, art.26) et le Pacte international relatif aux
droits économiques, sociaux et culturels (par.1, art.13), l'objectif de
l'éducation est « le plein épanouissement de la
personne humaine ». Le Comité des droits économiques
sociaux et culturels, insiste sur le principe de l'accessibilité
économique de tout le monde à l'éducation. En se basant
sur l'article 13 du pacte précité qui prévoit que
l'enseignement primaire doit être « accessible gratuitement
à tous » et que les Etats doivent progressivement instaurer
aussi le principe de la gratuité pour l'enseignement secondaire et
supérieur, nous constatons que les accords commerciaux relatifs à
la libéralisation et à la privatisation des services
éducatifs notamment l'AGCS, constituent à la fois une grave
menace pour le droit à l'éducation et une violation du droit
international.
De plus, les articles 26 et 27 de la Déclaration
universelle des droits de l'homme garantissent et spécifient le droit de
toute personne à l'éducation et à une libre participation
à la vie culturelle, artistique et scientifique. Les articles 13 et 15
du Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels
garantissent à leur tour le droit de tout le monde de jouir de ce droit
à l'éducation dans un cadre de respect de l'environnement social
et culturel de la personne humaine. Le principe de service universel doit
être respecté. La fourniture des services d'éducation, le
droit à l'éducation, à l'école publique et
l'accessibilité universelle à ces services relèvent des
premières responsabilités des gouvernements.
Toutefois, pour la mondialisation néolibérale
qui favorise la libéralisation et la privatisation des services
d'éducation, la priorité est accordée au droit de la
concurrence commerciale qui l'emporte sur tous les autres droits et en
particulier les droits humains fondamentaux y compris les droits
économiques, sociaux, culturels et environnementaux reconnus aux
citoyens et adoptés dans le cadre national par les normes
constitutionnelles et légales. Ces droits sont actuellement
menacés par les accords commerciaux de l'OMC, et notamment par
l'AGCS.
Rappelons aussi que pour l'éducation, il s'agit d'un
droit fondamental qui consiste à un accès libre et égal
pour tous à l'éducation. Un droit proclamé dans un grand
nombre d'instruments juridiques internationaux, tel que le Pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la Convention
relative aux droits de l'Enfant de 1989. Les Etats doivent respecter les normes
universelles et les traduire dans leur législation nationale. Ce droit
est difficilement mis en oeuvre dans plusieurs pays du monde,
particulièrement dans les pays du Sud, mais également, au nom de
la libre concurrence, dans des pays développés comme les
Etats-Unis.
Dans de nombreux pays, notamment en Grande-Bretagne et aux
Etats-Unis, l'enseignement public, laissé à l'abandon,
n'accueille plus que les enfants des familles les plus pauvres. Aujourd'hui, en
France, les familles aisées peuvent déjà inscrire leurs
enfants dans des écoles privées qu'elles pensent être de
meilleure qualité. Dans ce contexte, l'OMC, ne parle plus que de
«marché de l'éducation».
Déjà, depuis une dizaine d'années, on
observe qu'il y a une tendance soutenue à la commercialisation de
l'éducation. Le discours dominant nous présente de plus en plus
souvent l'éducation comme un marché où les grandes
entreprises privées de services seraient fondées très
légitimement à faire du profit. Dans plusieurs pays d'Asie,
l'importation de services d'éducation s'est
généralisée. En 1996, 58% des exportations
américaines69(*) en
matière des services éducatifs, étaient dans les pays
asiatiques.
On assiste clairement à une marchandisation rampante du
droit à l'éducation. C'est une vision qui risque d'exclure
complètement l'éducation de la catégorie de droits humains
fondamentaux pour la classer dans la catégorie des marchandises qui
peuvent faire l'objet de la concurrence commerciale entre les entreprises
privées nationales et étrangères.
La Rapporteuse Spéciale sur le droit à
l'éducation qui a pour mandat70(*) de définir les obstacles et les
difficultés qui empêchent la réalisation du droit à
l'éducation, affirme que la majorité de ces obstacles sont de
nature financière, notamment dans les pays en développement.
Aussi, d'après elle, la mondialisation a un impact financier
considérable sur l'ensemble de la « pyramide de
l'éducation »71(*), car l'idéologie de la mondialisation
considère l'éducation comme une branche d'activité qui
fournit un service négociable comme n'importe quel autre service.
Par contre, elle exige que l'éducation soit
traitée sous l'angle des droits de l'homme car l'éducation est la
clef du développement et le droit à l'éducation est
l'outil qui permet de jouir d'un grand nombre d'autres droits de l'homme qui
sont intimement liés entre eux et interdépendants.
Quant à la politique de la Banque Mondiale en
matière d'éducation, la Rapporteuse Spéciale sur le droit
à l'éducation appelle cette institution à
réexaminer sa politique de prêt en matière
d'éducation. Car, d'après elle, malgré plusieurs
déclarations de la Banque concernant les droits de l'homme, y compris le
droit à l'éducation, « aucune ne l'engage dans le cadre
de ses opérations de prêt »72(*). Aussi, l'imposition totale ou
partielle des frais de scolarité sur les élèves et leurs
parents, empêche-t-elle les plus pauvres d'avoir accès à
l'école. Cela peut être constaté comme une grande atteinte
pour les droits de l'homme et va aussi à l'encontre de l'engagement de
la Banque Mondiale de lutter contre la pauvreté puisque
l'éducation est un moyen essentiel qui permet de sortir de la
pauvreté.
Finalement, la Rapporteuse Spéciale sur le droit
à l'éducation appelle à la généralisation
d'une éducation gratuite dans un cadre juridique global et selon une
approche fondée sur les droits de l'homme. Le droit à
l'éducation et les droits de l'homme en général doivent
être nécessairement intégrés dans la
coopération internationale.
Dans ce cadre, nous pensons aussi que si l'Etat renonce
complètement à ses obligations de fournir une éducation
gratuite et de bonne qualité à ses citoyens, c'est sa
légitimité même qui est mis en question. Car dans la
plupart des pays du monde la garantie du droit à l'éducation est
un principe constitutionnel qui oblige les gouvernements à exploiter
tous les moyens légaux, matériels et financiers pour mettre en
oeuvre, protéger et garantir l'accès de tout le monde à un
niveau décent d'éducation. Dans ce contexte, la politique de
libéralisation de l'éducation peut être conçue
comme une vraie menace pour la démocratie et l'égalité qui
sont considérées comme deux principes fondateurs de la
société moderne à cause de la soumission de
l'éducation à des intérêts particuliers.
Aussi, l'augmentation des coûts des études pour
les étudiants et leurs parents, et le développement inégal
entre les établissements de différents niveaux de l'enseignement
et l'accroissement des inégalités sociales entre les
différents groupes de la société sont parmi les
résultantes de la libéralisation et la privatisation de
l'éducation. Les premières victimes de cette situation sont les
populations les plus fragiles à savoir les pauvres, les enfants de
migrants, les femmes, les communautés indigènes, les jeunes
appartenant à des minorités ethniques, religieuses ou culturelles
dominées, les familles marginalisées pour une raison ou une
autre.
2.4-L'AGCS et l'éducation comme un « bien
public mondial»
Depuis quelques années, certains économistes et
politologues nous parlent de la théorie de «Global Public
Goods » ou de « biens publics mondiaux ». Il
s'agit d'une théorie très récente et d'un concept qui se
construit et qui se développe. Il est essentiellement
élaboré par certains auteurs de l'économie politique pour
désigner certains domaines et sujets qui préoccupent la
communauté internationale tout entière. Il s'agit essentiellement
des domaines qui représentent un intérêt commun pour tout
le monde et qui nécessitent, par conséquent, une sorte de
coopération et de coordination des différents efforts des parties
intéressées par ces questions à grands enjeux.
Actuellement, pour la communauté internationale
``inter-étatique``73(*), les questions de paix, de sécurité,
d'environnement et d'eau représentent des enjeux majeurs qui ne peuvent
pas être traités ou résolus dans un cadre étatique
classique, surtout pendant cette époque de la mondialisation qui a
beaucoup affaibli les frontières classiques entre les nations et a
augmenté les interdépendances dans tous les domaines entre les
différents pays du monde.
D'après Philippe Hugon, ces questions majeures
nécessitent en réalité une « action collective
internationale »74(*) et un cadre légal et politique
général pour la bonne gouvernance de ces problèmes
mondiaux.
La mondialisation libérale en cours conduit à
une délégation croissante de production des biens collectifs
à des opérateurs privés, à une privatisation et une
marchandisation des biens considérés traditionnellement comme
satisfaisant des besoins fondamentaux hors marché essentiellement par le
biais de déréglementation et de libéralisation des
services. Dans ce cadre, le concept de bien public mondial est une question qui
est imposée par l'effet de la défaillance de marché.
L'arrivée en force de la mondialisation implique qu'une théorie
de biens publics à l'échelle mondiale devient
nécessaire75(*).
Par ailleurs, il faut remarquer que la question de
« biens publics mondiaux » est aujourd'hui au coeur d'un
grand débat, ce qui contribue en réalité à
l'élargissement du champ de ce concept pour inclure et englober les
autres droits et services fondamentaux qui ont une importance capitale pour
l'ensemble de la population.
Dans ce contexte, nous pensons que l'éducation doit
acquérir le statut d'un bien public mondial puisqu'elle a tous les
aspects et les éléments constitutifs de cette catégorie de
ce bien particulier. Tout d'abord, en raison de son caractère
essentiel pour la vie humaine, pour vivre ensemble et pour la
sécurité collective de la société,
l'éducation doit avoir un statut très particulier. En second
lieu, en tant qu'un bien public qui relève de la
responsabilité collective en raison de son essentialité, seuls
les pouvoirs publics peuvent être responsables de la question de
l'éducation. Finalement, en tant qu'un bien public et non pas un bien
marchand, l'éducation doit être soumise aux règles
de démocratie76(*) et elle doit être accessible,
sans aucune discrimination, à tout le monde selon les principes de non
divisibilité et non exclusivité comme cela est prévu par
les règles du droit public national et le droit international.
Toutefois, il convient de souligner que si on exige la
reconnaissance du statut de bien public mondial à l'éducation,
cela ne remet pas, en aucun sens, en question le rôle de l'Etat nation en
matière éducative. L'éducation peut acquérir le
statut de bien public mondial tout en accordant aux autorités locales
nationales la responsabilité de la gestion de l'éducation comme
l'UNESCO le fait déjà en matière de «
patrimoine mondial de l'humanité ». En effet, l'attribution de
cette dernière qualité à un site ou à une ville ne
transfère pas la responsabilité du patrimoine en question aux
instances mondiales présumées représenter
l'humanité. Cependant, la coopération et la collaboration entre
les Etats et les instances régionales et internationales en
matière d'éducation peuvent avoir des bons résultats sur
la promotion de ce bien assez particulier.
La Déclaration universelle des droits de l'homme, les
pactes internationaux, les conventions internationales et les droits nationaux
considèrent tous l'éducation comme un droit humain fondamental.
Le rôle de l'éducation dans l'établissement de l'ordre et
la cohésion sociale est aussi déterminant à travers la
socialisation collective des différentes générations dans
l'école de l'Etat. En plus, c'est à travers l'éducation
que les êtres humains apprennent et arrivent à communiquer et
à vivre ensemble. C'est pour cela nous pensons que l'éducation
est la seule institution qui ait obligatoirement des liens très
étroits avec toutes les autres institutions de la société
humaine quelque soit la nature de l'institution. Car, pour qu'une personne
puisse jouir de ses droits et respecter ses devoirs, il faut qu'elle les
connaisse, et pour les connaître, il faut être éduqué
et informé, d'où l'intersection de l'éducation avec tous
les savoirs et les activités humaines.
Dans ce cadre, durant le Forum mondial sur l'éducation
à Dakar, au Sénégal, en avril 2000, la communauté
internationale représentée par l'UNESCO a fixé le principe
de l'éducation pour tous comme un objectif
à atteindre pour les années qui suivent. Cette conférence
de Dakar était une occasion pour l'UNESCO d'inviter les Etats membres et
la communauté internationale à renouveler leur engagement
collectif pour garantir à tous une éducation de base de
qualité tout en insistant sur le rôle de l'éducation dans
l'élimination de la pauvreté.
L'UNESCO considère le droit à l'éducation
comme un droit fondamental et universel. La politique générale de
l'UNESCO est de rappeler aux différents acteurs publics et privés
que l'éducation et les biens et les services culturels, en
général, ne peuvent pas être traités comme des
marchandises comme les autres.
À cet égard, la mise en oeuvre de la garantie du
droit à l'éducation incombe essentiellement à l'Etat, mais
cela n'exonère pas la communauté internationale et les
institutions publiques internationales d'entreprendre tous les efforts
nécessaires pour garantir la jouissance de ce droit à tout le
monde. Et c'est le consensus international qui leur en attribue le devoir.
C'est aussi à l'UNESCO comme institution internationale principalement
spécialisée dans la question de l'éducation de
s'apprêter à défendre le droit à l'éducation,
comme un bien particulier, porteur de valeurs et de sens, qui doit être
préservé au nom du toute l'humanité.
L'UNESCO est aussi invitée «à
renforcer très sensiblement son action normative pour consolider ce
qu'il est désormais convenu d'appeler les « biens
publics communs »77(*) et de défendre la diversité culturelle
qui nécessite l'idée de l'humanisation de la
mondialisation78(*).
Finalement, nous partageons largement l'avis de certains
auteurs79(*) qui appellent
à redéfinir et à refondre l'aide publique au
développement en fonction du concept de bien public mondial pour pouvoir
garantir l'intérêt général, la
propriété collective, les droits de la citoyenneté et le
principe de l'équité. Une coopération internationale
étroite qui permettra aux États de réaliser leurs
objectifs nationaux et une action multilatérale de différents
acteurs dans ce sens nous semblent indispensable pour arriver à
l'objectif de financer la provision de biens publics à travers l'aide au
développement.
2.5-La libéralisation de l'éducation et la
cohésion sociale
« L'école représente le salut car
seule l'éducation peut rompre la chaîne héréditaire
de l'exclusion »80(*). Cette école dont parle Suzy Halimi se trouve
menacée par la mondialisation néolibérale qui veut
réduire l'éducation au statut d'une marchandise. Cela peut
être conçu comme une grande menace pour l'homme dans son
universalité et dans sa différence culturelle.
D'après l'UNESCO, avec 86281(*) millions d'illettrés
dans le monde, l'illettrisme est encore loin d'être
éradiqué, même dans les pays avancés. Les nouvelles
formes d'analphabétisme dans le monde des temps modernes comme
l'incapacité de se servir des langues et aussi le fait d'ignorer les
connaissances fondamentales en informatique viennent s'ajouter aux
problèmes économiques, sociaux et culturels, déjà
existants comme l'augmentation du taux d'analphabétisme, l'abandon
scolaire, l'inadéquation de formation des jeunes, la pauvreté,
l'exclusion, le racisme envers certaines ethnies, la xénophobie et
autres.
D'après le directeur de l'UNESCO « il est
évident que surtout dans un contexte général de
mondialisation de plus en plus rapide que les individus et les
communauté dont le niveau d'éducation est insuffisant risquent
non seulement d'être marginalisés au sein de leur propre
société mais aussi d'être exclus de la
société planétaire »82(*).
La mondialisation néolibérale qui
génère la pauvreté dans plusieurs secteurs du monde,
notamment les régions qui ne sont pas compétitives, favorise
aussi l'accroissement des inégalités entre les inclus et les
exclus dans les sociétés humaines et au sein de la même
société83(*). C'est dans ce cadre compétitif de
mondialisation que les jeunes, qui sont socialement et économiquement
les plus exclus, essayent de développer, dans la plupart des cas, une
culture d'opposition, de révolte et de violence.
L'institution scolaire publique qui était toujours un
lieu de socialisation qui fait apprendre aux jeunes l'art de vivre ensemble
selon des valeurs qui fondent une société démocratique se
trouve menacée par l'AGCS qui engage une politique de
libéralisation de l'éducation au profit des entreprises
privées qui ne cherchent que leur profit commercial.
Rappelons aussi que l'école avait toujours comme
mission la réduction des inégalités, la limitation du
nombre des sorties sans qualifications et la garantie de
l'égalité des chances pour accéder à une meilleure
qualité de vie. C'est l'ensemble de ces acquis qui est actuellement mis
en danger.
Il est également important de souligner que c'est
à travers l'éducation et l'école que « les
valeurs et les normes de référence sont définies et
transmises »84(*) d'une génération à une autre
pour assurer la continuité de la société et de sa culture.
« L'homogénéité culturelle qui est
assurée par l'école est considérée comme le ciment
social qui maintien l'ordre social »85(*). C'est à travers la scolarisation dans
l'école de l'Etat que les jeunes réalisent leur socialisation
collective par leur soumission à une expérience commune pour des
nombreuses années puisque « l'éducation est
l'activité institutionnelle qui regroupe le plus grand nombre de
personnes »86(*). Dans ce cadre, seule l'école de l'Etat peut
fournir une matière éducative capable de garantir
l'homogénéité culturelle et l'intégration
économique et sociale de la jeunesse dans la société.
Finalement, si l'AGCS ne veut connaître que les aspects
économiques et professionnels de l'éducation, cela mène
obligatoirement à la dévalorisation de la culture et à la
marginalisation des références et des institutions sociales qui
permettent aux différents acteurs de s'élever et de se
développer convenablement. Dans le cadre de la même logique
marchande prônée par l'AGCS, la mobilité des travailleurs
et travailleuses dans les rangs des professions libérales à haute
qualification est remarquablement facilitée. Ce qui va aboutir à
une forte émigration de cadres et des personnes hautement
qualifiées vers les pays à économies riches qui offrent
généralement des conditions meilleures de
rémunération, d'emploi et de vie. Ce qui provoque une grande
perte pour les pays en développement au niveau du personnel dont ils ont
le plus besoin.
PARTIE III : DEUX EXEMPLES DE REFUS OFFICIELS DE
LA LIBERALISATION DE L'EDUCATION : LE CANADA ET LA BELGIQUE.
Lors du Forum de groupe de l'OCDE/E-U sur le commerce des
services d'enseignement (TES)87(*) qui s'est tenu les 23-24 mai 2002 à
Washington88(*),
M.Baker89(*) a
déclaré que le commerce des services d'enseignement était
au centre de la politique commerciale et la politique étrangère
des Etats-Unis et que l'objectif de son pays était
d' « établir une concurrence internationale dans les
services d'enseignement avec un minimum d'intervention
gouvernementale»90(*).
La déclaration issue de ce Forum, appelait certains
gouvernements qui ne s'opposent pas à la politique de
libéralisation des services publics, à reconnaître que
l'éducation est un produit et que les services d'enseignement de tous
les niveaux peuvent faire l'objet de négociations de l'AGCS. Quand au
Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique de
Belgique91(*), il
déclara très clairement que le gouvernement belge était
opposé à l'inclusion des services d'enseignement et, en
général, de tout autre service public, dans l'AGCS.
Toutefois, il est important de remarquer à cet
égard que les membres de l'Union Européenne ne sont pas tous
d'accord sur l'exclusion de l'enseignement du champ de l'AGCS. Si la Belgique y
est fermement opposée, cette position n'est pas partagée par tous
les autres pays membres de l'UE. La Norvège, l'Allemagne, les Pays-Bas
et le Royaume Uni, par exemple, ont manifesté leur intérêt
de poursuivre leurs engagements sur l'enseignement dans la perspective de
l'AGCS. Le Ministère norvégien de l'Enseignement supérieur
a même appelé à la création d'une coalition de
nations pour soutenir le commerce des services d'enseignement durant les
négociations de l'AGCS.
Quant à la position du Canada, il est
intéressant de remarquer que le gouvernement canadien n'a pas
envoyé au forum précité de représentants officiels
de haut niveau, ce qui confirme de nouveau la position initiale du Canada qui
consiste à préserver le droit à l'éducation et
à ne pas rendre négociable les services publics vitaux tel que
l'éducation. Il faut aussi remarquer que malgré le fait que le
Canada appuie la libéralisation de plusieurs secteurs de
services92(*), il insiste
toujours et à toutes les occasions sur la position selon laquelle
l'enseignement public n'est pas négociable et par conséquent son
offre initiale ne comprend aucun engagement pour les services
d'éducation.
Dans cette partie du présent travail, nous allons
tenter de présenter les positions du Canada et de la Belgique concernant
l'application des règles de commerce sur les services éducatifs.
Nous allons également décrire comment les deux pays
conçoivent l'éducation ? Et quel est l'apport de la
société civile canadienne et belge dans la préservation de
l'éducation comme un service public et un droit humain
fondamental ?
1- Le refus d'application des règles du commerce
sur les services éducatifs
Malgré la tendance générale de la
mondialisation qui consiste à limiter le pouvoir réglementaire de
l'Etat et à libéraliser progressivement tous les services publics
sur la base d'un régime fondé sur des politiques strictement
commerciales, certains pays arrivent à résister et à mener
des politiques économiques et sociales nationales qui défendent
les intérêts nationaux pour ne pas mettre en question les droits
acquis durant toutes les dernières décennies.
À cet égard, le Canada et la Belgique sont parmi
les pays qui ont des politiques très claires. Les deux pays refusent
complètement l'application des règles du commerce sur les
services publics jugés nécessaires notamment l'éducation.
Malgré le fait que les deux pays soient membres de
l'OMC et soient parmi les signataires de l'AGCS, l'originalité de la
position du Canada et de la Belgique réside dans leur conception de
l'éducation. En effet, les deux pays considèrent
indispensablement l'éducation comme un droit fondamental et un service
public qui doit être préservé et protégé
contre les règles du marché et en dehors de la logique marchande
de l'OMC.
Toutefois, il faut remarquer que malgré la ressemblance
des positions des deux pays en ce qui concerne les services éducatifs,
la politique commerciale du Canada et celle de la Belgique demeure
différente. Si le Canada s'engage à ne pas libéraliser
l'éducation et les services éducatifs, il accepte, par contre, de
libéraliser certains autres services publics en fonction des
intérêts économiques et commerciaux du pays. À titre
d'exemple, le Canada a accepté d'ouvrir son marché pour certains
secteurs comme les services commerciaux, les services de communication, les
services de construction, les services de distribution et les services de
transport93(*). Quant
à la Belgique, elle mène une politique très ferme et elle
n'a présenté aucune offre pour l'intégralité de ses
services publics y compris, bien évident, les services éducatifs.
C'est pour cela que l'on a préféré analyser
séparément la position de deux pays.
1.1-La position canadienne
Tout d'abord, il faut remarquer que le Canada est un immense
pays avec une population très faible94(*). En tant que pays industrialisé important, la
population canadienne ne représente pas un marché suffisant pour
la production des biens et services canadiens. C'est pour cela que le Canada a
besoin, d'après son gouvernement, de pénétrer les
marchés des autres pays. Le commerce international a donc une place
très importante dans l'économie canadienne. Le Canada s'appuie
davantage sur les échanges commerciaux. En 2000, les exportations du
Canada en biens et services ont atteint 45% du produit intérieur brut et
le tiers des nouveaux emplois créés au Canada est directement
relié aux exportations95(*). C'est pour cela que le gouvernement canadien
considère que la prospérité économique du Canada
dépend très largement du commerce international. D'après
le ministre canadien du commerce international, Pierre Petitigrew, les
échanges internationaux permettent de « soutenir notre
prospérité économique et produire les richesses qui nous
permettront, en retour, d'offrir à la population canadienne les
programmes sociaux, les services publics, la qualité exceptionnelle de
notre système d'éducation publique» 96(*).
Aussi, le même ministre confirme-t-il en même
temps et de nouveau la position du gouvernement fédéral du Canada
qui refuse très clairement et pleinement de prendre des engagements en
matière d'éducation et des autres services publics
considérés comme non négociables. Il disait à cet
égard que « La position du Canada indique
sans équivoque que nos services sociaux, d'éducation publique et
de santé ne sont pas négociables. Pour le dire plus clairement
encore, nous ne recevrons aucune proposition de négociation qui pourrait
affaiblir nos régimes de services sociaux, d'éducation publique
ou de santé »97(*)
En réalité la position canadienne qui consiste
à préserver l'éducation et la culture comme un bien
public essentiel pour l'ensemble de la société s'inscrit dans le
cadre d'une politique générale plus large d'acceptation et de
défense de la diversité culturelle à l'échelle
mondiale. D'une part, le Canada réaffirme à chaque fois sa
position qui consiste à ne s'engager d'aucune façon qui pourrait
limiter sa capacité d'atteindre ses objectifs de politique culturelle,
et d'autre part, le pays s'engage à poursuivre tous les efforts en vue
de protéger les droits de tous les pays à prendre les mesures
qu'ils voudront pour préserver leur diversité culturelle,
notamment par l'établissement de nouveaux instruments internationaux
fiables qui puissent protéger le droit à la diversité
culturelle. La politique canadienne est à notre avis une politique
très cohérente qui vise à la fois à protéger
son système éducatif et sa culture et à ne pas toucher au
droit des autres pays de mener une politique semblable.
Il est intéressant de remarquer toutefois que ce pays
tient très fermement à préserver son droit de dispenser
les services d'éducation aux canadiens. Sa politique du commerce
extérieur nous montre aussi que le pays est intéressé
à exporter des services d'enseignement aux autres pays comme la Chine ou
l'Inde, même si les responsables canadiens insistent sur le fait que leur
politique commerciale ne vise à contraindre aucun pays du monde à
ouvrir son système éducatif à la concurrence
extérieure. La politique canadienne est une politique pragmatique qui
essaye de combiner à la fois la nécessité d'assurer
à sa population l'accès aux services éducatifs et de
profiter des opportunités offertes par le marché mondial.
D'après le gouvernement canadien, les négociations de l'AGCS
représentent pour le Canada une occasion de diversifier ses relations
commerciales notamment avec les économies émergentes comme la
Chine, le Brésil et l'Inde. Ces nouveaux marchés
dynamiques « représentent des perspectives prometteuses
pour le savoir-faire canadien »98(*).
Par ailleurs, la position initiale du pays en matière
d'éducation est établie conjointement par les responsables
fédéraux et provinciaux pour faire en sorte que
l'éducation publique ne soit pas compromise par l'AGCS. Le gouvernement
fédéral du Canada s'est engagé dans une série de
consultations étroites avec les canadiens, y compris les organisations
de la société civile, les entreprises canadiennes, les
gouvernements provinciaux, les associations professionnelles et celles des
étudiants et finalement avec les citoyens canadiens en
général.
Dans tous les accords commerciaux internationaux qu'il a
signé, le Canada essaie de conserver sa liberté et son autonomie
pour élaborer ses propres politiques en ce qui concerne
l'éducation publique. Le gouvernement réaffirme que tous les
accords commerciaux traitant des services que le Canada a signés
excluent de toute manière les services d'enseignement publics. Son
ministère du développement économique et régional
déclare de nouveau que l'éducation publique au Canada
« n'est pas négociable et que le marché canadien
demeurait fermé aux entreprises étrangères qui voudraient
pénétrer les services d'éducation
publique »99(*).
De plus, le responsable canadien réaffirme qu'aucun accord commercial
international signé par le Canada ne force un pays à privatiser
ou à libéraliser ses services d'éducation publique.
1.2- La position Belge
Dans une lettre adressée le 2 Mai 2002 par les plus
hauts responsables100(*)
belges d'éducation à Viviane Reding101(*), la commissaire
européenne, le royaume de Belgique « marque son plus net refus
de voir les règles du commerce mondial s'appliquer aux services
éducatifs, à quelque niveau d'enseignement que ce soit et pour
tous les secteurs visés par l'AGCS à savoir l'enseignement
primaire, secondaire, supérieur, pour adultes et autres102(*) ».
En effet, d'après toutes les institutions
gouvernementales belges chargées de l'éducation, l'enseignement
organisé ou subventionné par les pouvoirs publics ne pourra
jamais faire l'objet de négociations commerciales ni être mis en
danger par l'application des règles du marché.
La position belge confirme sans hésitation que les
règles du commerce mondial ne sont pas adéquates pour certains
domaines tel que celui de l'éducation. Les services d'éducation
doivent être préservés en dehors des règles du
commerce car il ne s'agit pas d'un bien marchand mais précisément
d'un bien public très particulier.
D'après la Belgique, il existe d'autres instruments
internationaux qui sont principalement chargés de traiter
l'éducation, de défendre et de mettre l'accent sur le droit
à l'éducation. Selon la vision belge, le Pacte International
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels du 19
décembre 1966 peut être une base solide à toute
réflexion concernant l'éducation.
Pour la commission belge chargée de l'enseignement
supérieur, le thème de la marchandisation de l'éducation
publique peut apparaître très alarmiste, voire provocateur et
d'une extrême sensibilité ! Il nécessite une action
nationale et mondiale très forte pour stopper la machine de
marchandisation menée par l'OMC. La commission belge considère
que l'AGCS est un accord très dangereux pour les droits humains et les
acquis démocratiques ; « il faut
l'arrêter »103(*). Aussi, le ministre de l'enseignement
supérieur belge, en s'exprimant ouvertement sur la question de la
privatisation et de la marchandisation de l'éducation publique, a
refusé catégoriquement toute assimilation entre
l'éducation et la marchandise. Pour
lui : «l'enseignement supérieur est un bien
public, relevant de la responsabilité publique, dont l'évolution
est gérée démocratiquement, en association avec les
établissements et les étudiants »
104(*).
En réalité, depuis quelques années, la
question de la libéralisation des services prônée par
l'AGCS et les conséquences de cet accord sur l'éducation est au
coeur d'un grand débat en Belgique. Le gouvernement a organisé
une série des consultations avec les parties concernées par la
question de l'éducation et il fait participer tous les acteurs de
l'enseignement : syndicats d'enseignants, associations d'étudiants,
pouvoirs régionaux et locaux, universités, associations des
parents et autres. Le but de ces consultations, c'est de travailler
étroitement et en harmonie avec tous les acteurs concernés pour
élaborer une politique éducative nationale qui fait
l'unanimité. La stratégie de la Belgique consiste essentiellement
à renforcer la position du gouvernement lors des négociations
commerciales surtout en l'absence d'une position unie de la part des Etats
membres de l'Union Européenne.
Quant aux universitaires belges, ils considèrent que
l'OMC n'est pas l'enceinte adaptée pour discuter d'éducation,
qu'il s'agisse du secteur privé ou public. Les différentes
propositions déposées à l'OMC en matière
d'éducation ne nécessitent pas de réaction de leur part.
Par contre, il faut prendre en compte les instances actuellement fiables et
reconnues par les milieux professionnels, comme l'UNESCO pour traiter des
questions éducatives.
La Chambre des représentants de Belgique, dans sa
séance plénière vota à l'unanimité le 20
mars 2003 une résolution qui considère que les conditions
actuelles des négociations menées sous l'égide de l'AGCS
ne respectent pas les règles du contrôle démocratique
malgré le fait qu'une grande partie des ces négociations
concernent les services publics et les droits fondamentaux des peuples. La
chambre des représentants belges demande au gouvernement
de maintenir les réserves de fond qu'il a formulées
auparavant et de mettre le mandat du commissaire Lamy105(*) à l'ordre du jour du
Conseil de l'Union européenne. La chambre a enfin recommandé au
gouvernement, si la proposition finale de la Commission européenne ne
correspond pas aux prescrits de la résolution votée ainsi qu'aux
réserves émises par le gouvernement que « la Belgique
doit, comme elle en a le droit, maintenir des exceptions aux offres de
libéralisation de l'Union européenne »106(*).
2- L'éducation comme un droit du citoyen qui
doit être assuré par le service public
Pendant les dernières années, plusieurs
études et analyses107(*) sont réalisées sur les
répercussions éventuelles de l'AGCS sur les services
éducatifs et le droit à l'éducation. En tant qu'accord
commercial et cadre général d'investissement multilatéral
entre les différents pays du monde, l'AGCS exerce des pressions
profondes et pose de fortes restrictions aux capacités
décisionnelles et fonctionnelles des gouvernements nationaux. En
réalité, l'AGCS engage les pays membres de l'OMC à
observer un agenda étroitement défini sur la
libéralisation des services publics y compris l'éducation, non
pas seulement par la seule suppression des obstacles au commerce et aux
investissements dans les services, mais également en encourageant les
pays qui ont privatisé leurs services publics ou les ont
dérégulés, à consolider ces libéralisations
en offrant des engagements pertinents en matière de services
d'éducation dans le cadre de l'AGCS.
Toutefois, malgré les tentatives de
généralisation de cette politique de libéralisation et de
commercialisation des services publics, notamment ceux de l'éducation et
nonobstant les différentes pressions exercées par l'OMC que
subissent les gouvernements, la politique de libéralisation des services
éducatifs se confronte à une forte résistance de la part
de certains pays et elle a beaucoup de peine à s'y installer
aisément.
En particulier, la vision du Canada et de la Belgique consiste
à considérer que les concepts d'efficacité et de
rentabilité sociale sont autre chose que la rentabilité et
l'efficacité purement économique. Ils ne peuvent pas être
définis selon des critères strictement économiques et
productivistes. La mission initiale d'un service public est d'assurer
l'universalité d'accès aux services publics fournis afin de
réduire les inégalités sociales. C'est la raison pour
laquelle en matière de services d'éducation, il est
indispensable, d'après la position canadienne et belge, de mettre en
place de nouveaux indicateurs qui doivent être mis en place, afin
d'atteindre les finalités des services éducatifs qui doivent
être offerts sur la base de principe d'égalité de tout le
monde.
Dans ce cadre, la Belgique et le Canada considèrent que
les services publics ne doivent pas être seulement maintenus, mais
ils doivent être également développés pour garantir
la satisfaction universelle des droits économiques, sociaux, culturels
et environnementaux de tout le monde.
Par ailleurs, pour les deux pays, l'éducation est
à la base conçue comme un droit fondamental de l'être
humain, c'est un droit reconnu par les instruments juridiques internationaux,
notamment par le Pacte International relatifs aux droits économiques,
sociaux et culturels, aussi bien que par les normes de droit national qui
impose à l'état d'assurer à tout le monde le droit
d'accès égal à l'éducation selon le principe de la
gratuité. Ce droit est considéré, en Belgique comme au
Canada, comme un droit fondamental. C'est aussi à l'Etat, et à
l'Etat seul, de garantir ce droit à ses propres citoyens par le moyen de
service public financé et contrôlé par les pouvoirs
publics.
Dans les deux pays, on s'oppose très fermement à
la libéralisation de l'école et de l'institution scolaire
publique en général et ce à tous les niveaux. On parle
même d'une unanimité nationale ``très réjouissante``
qui appelle à exclure les services éducatifs des accords entre
les gouvernements nationaux dans le cadre de l'AGCS ou des accords commerciaux
bilatéraux ou régionaux afin de permettre à l'Etat de
continuer son rôle réglementaire et fonctionnel pour assurer
à ses citoyens le droit à l'éducation d'une manière
démocratique.
L'école démocratique est en
réalité parmi les institutions sociales et culturelles les plus
importantes au Canada et en Belgique. On s'attache beaucoup plus à cette
institutions dans les deux pays qu'ailleurs. C'est ce qui justifie la forte
position des décideurs et des citoyens canadiens et belges, ainsi que
celle de leurs organisations représentatives contre la
libéralisation de l'éducation et sa négociation dans le
cadre de l'AGCS.
À cet égard, les universitaires canadiens
considèrent que l'inclusion de l'éducation dans l'AGCS aurait
pour effet d'endommager les systèmes publics d'éducation et de
renforcer la tendance à la privatisation et à la
déréglementation, ce qui peut avoir des répercussions
inattendues sur l'ensemble des bénéficiaires des services
éducatifs.
Quant à la Ville de Québec, elle exprime son
désaccord face aux visées de l'AGCS en matière de
libéralisation des services publics en général et les
services d'éducations en particulier. Le conseil de la ville de
Québec a adopté à l'unanimité une résolution
importante concernant le rejet de la politique de l'Accord
Général sur le Commerce des Services. La ville exprime aussi son
« désaccord face à toute obligation susceptible de lui
être imposée en matière de libéralisation des
services publics et de toute mesure pouvant nuire à sa capacité
de légiférer dans l'intérêt public108(*) ». Finalement, la
ville de Québec demande formellement au gouvernement
fédéral de n'accepter aucun engagement et de maintenir sa
position à ne présenter aucune offre en matière de
services d'éducation.
En ce qui concerne la Commission belge chargée de
l'éducation, elle considère que compte tenu de ses
finalités, l'éducation ne peut être régie par les
règles d'un marché à caractère commercial.
L'application de telles règles sur l'éducation risque de mettre
en danger le service public qui est le seul garant d'un enseignement de
qualité accessible à tous. Les responsables gouvernementaux
belges et canadiens de l'éducation ainsi que les organisations des
universitaires et des étudiants partagent tous l'idée selon
laquelle l'éducation est un tout qu'il ne faut pas le segmenter. Dans ce
cadre, l'enseignement supérieur, qui est généralement le
plus exposé à la libéralisation, est toujours perçu
comme un bien collectif, le public dans les deux pays se montre fortement
favorable à l'élargissement de l'accès des citoyens aux
cycles supérieurs du système d'enseignement public. Aussi, selon
les citoyens et les décideurs belges et canadiens, l'enseignement
supérieur nourrit-il les sources intellectuelles indispensables au
développement économique social et culturel des
collectivités des deux pays.
On réaffirme à chaque occasion que
l'éducation est un droit humain et qu'il est de la responsabilité
de tous les gouvernements d'assurer à l'ensemble des femmes et des
hommes, des garçons et des filles, un enseignement public gratuit et de
qualité. Toutefois, depuis quelques années on a
commencé à s'inquiéter davantage pour les tentatives
d'élargissement du degré de libéralisation du commerce qui
pourra avoir des graves incidences sur l'enseignement. Pour cela, tous les
acteurs qui plaident pour la question éducative tentent d'accentuer leur
action sur un objectif central qui est l'exclusion de l'éducation du
champ d'application de l'AGCS. Car la commercialisation des services
éducatifs entraîne des risques d'iniquité, de
discrimination et d'approfondissement de la fracture entre les
différentes classes de la société.
3- La contribution de la société civile
canadienne et belge dans le maintien de cette position
Les différents acteurs de la
société civile canadienne et belge s'engagent depuis quelques
années dans un processus très long contre la politique de
privatisation et de marchandisation de l'éducation et des autres
services publics indispensables. Contrairement à la politique
imposée par l'OMC et certaines puissances et organisations
internationales, les différentes composantes de la société
civile au Canada et en Belgique manifestent leur hostilité envers les
dispositions de l'AGCS et luttent pour une autre alternative non marchande.
Les canadiens et les belges considèrent très
largement que l'AGCS est une vraie menace pour la démocratie,
l'égalité et la liberté des individus. À cet
égard, des organisations non gouvernementales, des associations
d'étudiants, associations des universités et hautes
écoles, associations de parents, syndicats d'enseignants et des
étudiants, et plusieurs autres associations représentatives de
différentes parties concernées par la question de
l'éducation s'opposent tous fortement au processus de marchandisation de
l'éducation par tous les moyens.
L'action de la société civile dans les deux
pays s'axe sur l'organisation des débats, des conférences, la
sensibilisation et la mobilisation des masses par les différents moyens,
y compris la descente dans la rue. Elle essaie de dévoiler les enjeux
politiques et économiques qui sont derrière cette politique de
marchandisation et de démontrer comment les négociations se
déroulent et les décisions sont prises au sein de l'OMC,
notamment celles qui se font sous l'empire de l'AGCS.
Différents acteurs, tels que, l'AUCC, l'association des
universités et des collèges du Canada, l'ACPPU, l'association
canadienne des professeures et des professeurs d'université, la FNEEQ,
Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du
Québec, Attac de Canada et de Belgique, le CSE, Conseil Supérieur
de l'Education au Canada, l'Internationale de l'Education régionale de
Belgique, des syndicats du corps professoral et des étudiants et autres,
contestent tous la juridiction de l'OMC ; ils la considèrent comme
non compétente pour se prononcer sur le futur de l'éducation tout
en refusant la similitude entre l'éducation et les autres marchandises.
Ils se basent essentiellement sur la règle selon laquelle
l'éducation n'est pas une marchandise comme les
autres. À cet égard ces acteurs
s'opposent à ce que l'OMC soit l'enceinte adéquate pour discuter
de l'éducation privée ou publique. Les différentes
institutions de la société civile considèrent unanimement
que les décisions prises par l'OMC en matière d'éducation
ne doivent avoir aucune valeur juridique ni aucune autre considération.
Aussi, le constat qui fait l'unanimité auprès
des différents acteurs de la société civile, c'est que les
pratiques de l'OMC réduisent le pouvoir des gouvernements et que, par
conséquent, elles font obstacle à la démocratie. Or, quand
la démocratie est abandonnée par les gouvernements en place,
c'est aux peuples de l'imposer ! Cette affiche est très largement
le slogan élevé par tous les défenseurs du droit à
l'éducation dans les deux pays.
Pour l'ensemble de la société civile canadienne
et belge, le thème de la marchandisation de l'éducation publique
peut apparaître très alarmiste, voire provocateur et d'une
extrême sensibilité ! Il nécessite une action
nationale et mondiale très forte pour stopper la machine de
marchandisation menée par l'OMC. L'AGCS sensibilise contre lui la
majorité de la société civile et politique et il est
considéré comme un accord très dangereux pour les services
publics, les droits humains et les acquis démocratiques.
En réalité, en ce qui concerne
l'éducation, l'action de la société civile canadienne et
belge s'articule autour de deux préoccupations ou revendications
majeures. Tout d'abord, elle insiste sur le fait que l'Etat doit conserver son
rôle réglementaire en matière d'éducation qui est
conçue à la fois comme un service public et un droit humain
fondamental. En second lieu, la société civile canadienne et
belge plaide pour la soumission des négociations et des décisions
qui concernent l'éducation au contrôle de la société
civile et elle interpelle les décideurs politiques à la faire
participer dans le processus de négociations et dans la prise des
décisions qui concernent le futur de l'éducation.
3.1-L'Etat doit conserver son rôle
réglementaire en matière d'éducation
Les formations de la société civile canadienne
et belge s'opposent rigoureusement à ce que l'OMC et l'AGCS servent
à imposer des limites aux droits des gouvernements d'allouer des
subventions aux prestataires de l'éducation publique et des services
sociaux ou refuser d'étendre ces subventions aux prestataires
privés.
De nombreux avis juridiques109(*)confirment en effet que l'AGCS peut
sérieusement réduire la capacité des gouvernements
d'exercer leur pouvoir dans l'intérêt public. Cela parce qu'il
permet « d'abolir des réglementations intérieures, soit
des protections environnementales, culturelles et sociales »
110(*). C'est le
caractère public du système d'éducation qui est remis en
question.
La société civile au Canada et en Belgique
considère que les négociations qui se déroulent sous
l'égide de l'AGCS redéfinissent fondamentalement le rôle
des gouvernements en matière d'accès public aux services sociaux
essentiels notamment les services éducatifs. Et ce, au détriment
de l'intérêt général et de la démocratie
même.
Selon les défenseurs de l'éducation, les
règles et les négociations commerciales qui se font dans le cadre
de l'AGCS, visent essentiellement à soumettre les gouvernements aux
règles établies et régies par l'OMC. Cela
représente un grand danger pour l'indépendance nationale, la
démocratie et l'Etat de droit.
En Belgique, Attac, exige « une suspension
complète des négociations de l'AGCS et des prescriptions
légales draconiennes prévues pour condamner nos
réglementations locales»111(*). Elle demande au gouvernement de fournir à la
population des garanties solides pour qu'aucune négociation future de
l'AGCS ne puisse pas faire obstacle à la concrétisation des
objectifs définis par la politique nationale d'éducation.
Plusieurs villes, régions et collectivités
publiques en Belgique comme au Canada se déclarent hors AGCS et
interpellent les États nationaux qui négocient cet accord dans
l'opacité et de manière anti-démocratique.
Le conseil de la ville du Québec au nom des citoyens de
la ville demande formellement au gouvernement fédéral de
« s'assurer qu'aucun accord international, notamment l'AGCS, ne
puisse être interprété comme limitant le pouvoir des
citoyens et citoyennes de décider, par l'entremise de leurs élus,
du type de services pouvant être offerts et contrôlés par
leurs pouvoirs publics locaux »112(*).
Pour la Fédération Nationale des Enseignantes et
Enseignants du Québec, FNEEQ, et le Conseil Supérieur d'Education
au Canada, la finalité de l'éducation repose obligatoirement sur
l'épanouissement des individus et des collectivités dans toutes
leurs dimensions existentielles. C'est la raison pour laquelle les deux
organisations s'opposent fortement au désengagement de l'Etat dans le
domaine de l'éducation.
La Fédération canadienne des enseignantes (FCE)
critique les adeptes de la privatisation de l'éducation publique depuis
plusieurs années. La présidente113(*) de la FCE a réclamé un processus de
réflexion afin de surmonter les nouveaux défis de la question
éducative et le droit de tout le monde d'avoir accès à
l'éducation dans un cadre de respect de l'environnement social et
culturel. La société civile, notamment les associations
représentatives des étudiants et des parents, sont à cet
égard vivement invitées à s'allier à cette action
pour empêcher la primauté du commerce sur les droits humains.
En Belgique comme au Canada, les syndicats du corps
professoral ont confirmé leur position à plusieurs reprises sur
la question de la privatisation de l'éducation en déclarant
qu'elle est très inquiétante et menaçante. Selon eux, la
politique de l'AGCS mène à la disparition des services
éducatifs publics qui assurent le droit de tous à
l'éducation et à la formation indispensable.
Il faut aussi souligner qu'au Canada comme en Belgique,
s'agissant de l'école ou de l'éducation, on parle très
couramment du « bien commun » ou « bien
collectif ». D'après le président du conseil
supérieur de l'éducation au Canada (CSE) « un bien est
commun lorsque, en raison de l'intérêt général, il
appartient à tous »114(*). Cela implique que ce bien commun doit être
obligatoirement régi par les autorités publiques et ne pas
être laissé entre les mains des entreprises privées qui
fonctionnent selon une logique marchande qui n'est dirigée que par la
maximisation du profit économique et commercial.
À cet égard, le CSE souligne l'importance de la
place qu'occupe l'éducation comme un bien public, notamment dans le
contexte actuel de la "société du savoir" et de la
mondialisation, le président de CSE déclare aussi qu'il faut
« insister avec force sur la place de ce bien public en tant que
valeur fondatrice d'une société
démocratique » 115(*). Cette position considère que le
caractère public ou commun de l'éducation découle
directement du fait qu'il s'agit d'un droit fondamental et universel dont la
mise en oeuvre incombe essentiellement à l'Etat.
Aux yeux de la société canadienne et belge,
c'est aux gouvernements que s'impose le devoir de respecter les engagements de
garantie du droit à l'éducation qui trouve son origine à
la fois dans les instruments juridiques internationaux et nationaux. Dans ce
cadre, l'éducation doit être pensée comme un bien public
qui appartient à tous. Elle doit être aussi conçue comme
un service public dont l'organisation et le fonctionnement relèvent de
la responsabilité de la société dans son ensemble ainsi
que de celle des instances politiques représentatives dont l'Etat et ses
institutions figurent parmi les premiers responsables.
L'Etat doit assumer un rôle fondamental en ce qui
concerne l'organisation, le financement, l'administration et la gestion d'un
système éducatif qui ne devrait pas être confié
à la seule responsabilité des particuliers, des familles ou de
certains groupes privés.
Par contre, la position qui voit dans l'éducation un
simple bien marchand et échangeable doit être
dénoncée. La réflexion sur le rôle de l'État
en matière d'éducation doit se faire selon une vision
complète qui prend en considération les différentes
finalités et dimensions de l'éducation pour l'individu et plus
globalement pour l'ensemble de la société. Parce qu'une
société démocratique ne se résume pas seulement
à une espace où se rencontrent les producteurs et les
consommateurs comme c'est le cas du marché.
Finalement, les acteurs de la société civile
canadienne et belge rappellent à toutes les occasions que
l'éducation est un droit social et culturel dont l'accès et la
pleine réalisation s'étalent tout au long de la vie, comme
l'UNESCO et la déclaration mondiale sur l'éducation pour
tous116(*) le
commandent. Cela doit se faire dans le cadre d'un système
d'éducation public, gratuit et de qualité. La
société civile canadienne et belge lutte également pour
obtenir la subordination des échanges commerciaux à la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, aux droits fondamentaux,
notamment les droits économiques, sociaux et culturels. D'après
Alternatives « Il est nécessaire que les services de base
demeurent publics pour assurer un accès universel à
tous. » 117(*)
3.2-La nécessité de soumettre les
négociations et les décisions relatives à
l'éducation au contrôle de la société civile
A priori, il convient de noter que la société
civile canadienne et belge s'oppose à ce que l'AGCS se négocie
sans débat ni contrôle démocratique et que l'OMC ait le
pouvoir de faire respecter les règles qu'elle-même édicte
en matière de services éducatifs. La société civile
exige que les négociations de l'AGCS soient totalement ouvertes et
transparentes. Les mandats des gouvernements, y compris les offres, les
réponses et tous les engagements des Etats membres, doivent être
rendus publics. L'agrément des organisations syndicales nationales et
internationales doit être nécessaire pour toutes les
négociations et les décisions relatives à
l'éducation. La publication des rapports et des projets sur le commerce
des services, notamment ceux de l'éducation, semble indispensable pour
éclairer l'opinion publique d'après les défenseurs de
l'éducation dans les deux pays.
En général, les acteurs de la
société civile canadienne et belge conçoivent
l'école comme une institution sociale qui appartient à la fois
aux étudiants, aux parents, à la société civile,
avec ses différentes composantes et à l'État.
L'éducation est à cet égard une préoccupation
majeure pour toute la société. C'est pourquoi les
décisions qui concernent l'éducation doivent faire l'objet de
délibérations à l'intérieur du processus politique,
avec la participation de toutes les parties concernées. L'Etat ne doit
pas céder aux pressions des organisations internationales et des acteurs
économiques privés pour se désengager de son devoir
d'accorder à ses citoyens un accès gratuit et démocratique
aux services d'éducation.
Dans cette optique, le Conseil Supérieur d'Education du
Canada (CSE) a formulé un ensemble de revendications qui s'articulent
toutes sur la nécessité de soumettre à la discussion
publique les négociations relatives à l'éducation dans un
environnement démocratique et transparent.
D'après le CSE, l'organisation, le financement et
l'architecture d'ensemble du système d'éducation doivent demeurer
le résultat de la mise en oeuvre du processus politique
démocratique. L'État ne doit pas se décharger de sa
fonction de gérer l'ensemble du système d'éducation. Cette
tache doit être assumée, selon le cas, par le gouvernement, le
ministère de l'Éducation et les organismes de droit public
exerçant des responsabilités en matière
d'éducation. L'organisation et l'architecture d'ensemble de
l'éducation doivent privilégier l'expression des organismes de
base et la réalisation des initiatives d'origine locale.
L'Association Canadienne de Professeures et Professeurs
d'Universités (ACPPU) qui observe de près les négociations
commerciales à propos des services éducatifs, exerce des
pressions auprès du gouvernement fédéral afin qu'il ne
prenne aucun engagement en matière d'éducation. L'ACPPU collabore
étroitement avec des partenaires au Canada et à l'étranger
dans le but d'élaborer des alternatives pratiques aux accords
commerciaux actuels.
Le conseil légal de l'ACPPU recommande que
l'enseignement soit laissé en dehors de l'agenda de l'AGCS. Il refuse
que les gouvernements négocient les droits des peuples derrière
des ``portes fermées`` pour les détruire au seul profit
d'entreprises commerciales. Il exige que les services publics, notamment les
services éducatifs, soient exclus du champ d'application de l'AGCS et
que les négociations de l'OMC qui concernent ces services soient
soumises au contrôle des populations.
Le président de l'ACPPU, Tom Booth a
déclaré que l'éducation et les autres services publics ne
devront pas être livrés à l'OMC. Il a aussi
réclamé que le Canada tente d'obtenir une protection permanente
pour les services publics mixtes comme l'éducation.
L'association des universités et collèges du
Canada (l'AUCC) réclame à son tour l'interruption des
négociations relatives au commerce des services d'éducation en
vertu de l'AGCS et préconise par contre l'introduction d'un cadre
stratégique mondial en faveur de l'internationalisation de
l'enseignement supérieur comme un bien public mondial.
Quant aux représentants des étudiants du Canada
et les syndicats de professeurs d'enseignement supérieur du Canada, ils
expriment ensemble leurs inquiétudes en raison de la marginalisation des
opinions critiques de l'AGCS. Ils exigent que tout accord concernant
l'éducation soit élaboré en consultation avec les
étudiants et les professeurs qui sont les plus concernés par la
question éducative. Ils exigent que « les critiques doivent
être entendues et non simplement rejetées comme des bruits de
fond» 118(*).
Progressivement, le front du refus s'élargit et la
prise de conscience de l'ensemble des citoyens concernant les dangers que
représente l'AGCS sur l'éducation s'accroît. Des nouveaux
mouvements syndicaux, des associations, des ONG et des citoyens se mobilisent
pour s'engager tous contre les dispositions de l'AGCS. La société
civile considère de plus en plus que la tache incombe essentiellement
aux citoyens pour préserver la démocratie et influencer les
gouvernements des Etats-membres qui portent la responsabilité du
fonctionnement de l'OMC. Elle revendique essentiellement que
les négociations de l'OMC relatives à l'AGCS soient
surveillées de près. Quant aux autres défis
occasionnés par la mondialisation, en matière d'éducation,
ils doivent être aussi relevés.
En Belgique, Attac, entreprend beaucoup d'activités
pour alerter l'ensemble des citoyens et les élus sur les vrais enjeux de
l'AGCS et l'impact de l'ensemble des négociations engagées sur
les droits humains. Elle vise à sensibiliser et à mobiliser les
citoyens et leurs représentants pour faire face à cette
mondialisation marchandisante. Attac exige aussi que le «mandat de
négociateur unique confié à la Commission
Européenne fasse l'objet d'une approbation et d'un contrôle
parlementaire direct »119(*).
À cet égard, l'Etat ne doit pas se
désengager de ses devoirs envers ses citoyens. Les pouvoirs publics
doivent conserver leur rôle réglementaire et financier en
matière d'éducation pour que celle-ci reste toujours un droit
pour tout le monde sans discrimination. Cela ne peut se réaliser que par
la subordination des règles du commerce mondial aux
« critères environnementaux, sociaux et culturels
stricts »120(*).
L'Internationale de l'Education (IE) mondiale qui siège
à Bruxelles et l'Internationale de l' Education régionale de
Belgique ont organisé plusieurs rencontres pour débattre de la
question de la libéralisation de l'éducation et des
conséquences que peut avoir cette politique sur les services
éducatifs et les droits des citoyens. Plusieurs
résolutions121(*)
et documents ont été adoptés et élaborés
afin d'éclairer la politique générale de l'IE qui insiste
sur l'exclusion de l'éducation des négociations de l'AGCS. L'IE
régionale de Belgique revendique la soumission des négociations
commerciales patronnées par l'AGCS au contrôle populaire. Elle
considère également que dans leur état actuel, l'objectif
des négociations commerciales sur l'éducation est la
marchandisation de l'éducation en tant qu'un droit humain qui est
toujours, et jusqu'à là, assuré par le service public.
Elle attire notre attention sur le fait qu'il s'agit bien d'un droit humain
fondamental reconnu pour tous les citoyens par le droit international et
national à la fois. L'Internationale de l'Education de Belgique estime
finalement qu'étant un droit humain et non une marchandise, l'OMC ne
doit pas être l'enceinte dans laquelle on négocie
l'éducation.
CONCLUSION
Tout au long de ce travail nous avons tenté de
présenter d'une manière générale, le cadre
conceptuel général et le contexte économique, financier et
politique global dans lequel la mondialisation est apparue comme un nouveau
système économique et politique mondial. Dans cette perspective,
la mondialisation est largement perçue comme une nouvelle vision globale
qui va bouleverser les modes de vie déjà existants et imposer son
propre mode de vie à tous les habitants de la planète, nonobstant
et les frontières géographiques, les différences
linguistiques, sociales et culturelles des populations.
En effet, grâce à la rapidité des
transports, aux technologies de l'information et à une économie
qui est de plus en plus internationalisée, le monde d'aujourd'hui
devient largement interdépendant et interconnecté, comme jamais
auparavant. C'est le début d'une nouvelle ère dans l'histoire
humaine qui annonce la crise de l'Etat-providence et la naissance d'une
gouvernance économique et financière mondiale.
Dans le cadre de ce nouveau système mondial qui
s'impose sur les populations et les Etats nations, la libre circulation des
produits, des biens, des services et des idées, n'est plus
définie ou limitée par les frontières nationales, mais
bien par certains gouvernements et puissances qui veulent de plus en plus
contrôler la sphère économique et politique mondiale.
L'Accord Général sur le Commerce des Services
(AGCS) est à cet égard, l'un des accords fondateurs de l'OMC. Par
des cycles successifs de négociations, il vise la libéralisation
complète de tous les services et l'intensification de la privatisation
des services publics. Dans ce cadre et malgré la rareté des
travaux académiques réalisés jusqu'à maintenant sur
cette matière, nous avons tenté de présenter la politique
de la libéralisation des services prônée par l'AGCS, la
logique générale et les conséquences de cet accord sur les
services publics, notamment les services d'éducation.
Durant ce travail, nous avons concentré notre analyse
sur les conséquences de l'AGCS sur l'éducation comme un service
public vital et un droit humain fondamental. Dans ce cadre, nous avons mis en
évidence le rôle de l'Etat et celui des pouvoirs publics dans la
garantie et la protection de l'éducation pour l'ensemble de la
population.
Vu son essentialité comme service
public qui a pour rôle d'assurer la socialisation des jeunes et la
garantie de l'harmonie et la cohésion sociale, l'éducation doit
être garantie, assurée et gérée par les pouvoirs
publics d'une manière démocratique et selon le principe
d'égalité de tout le monde.
En tant que droit humain fondamental garanti par les
instruments juridiques nationaux et internationaux, l'éducation doit
obligatoirement disposer du statut de bien public mondial. La reconnaissance de
cet attribut de l'éducation par tous les pays du monde est indispensable
pour la préserver, notamment dans le contexte actuel de la
mondialisation.
Dans la dernière partie de ce travail, nous avons
analysé la position du Canada et de la Belgique. Malgré
l'adhésion collective de la majorité des pays du monde à
la politique de l'OMC qui consiste à libéraliser et à
privatiser les services publics, nous avons vu que le Canada et la Belgique
figurent parmi les rares pays qui résistent et qui refusent d'appliquer
les règles du commerce sur les services publics vitaux, notamment
l'éducation qui est conçue comme une assise du
développement économique, social et culturel des pays. C'est pour
cela que selon la position canadienne et belge, l'éducation ne pourra
jamais faire l'objet d'une négociation commerciale.
Notre problématique centrale était de
déterminer les impacts de la mondialisation économique
(néolibérale) sur l'éducation, autrement dit, comment
comprendre l'avenir de l'éducation en la subordonnant aux règles
de l'économie de marché. Nous avons constaté que les
instruments actuels de la mondialisation néolibérale constituent
une vraie menace pour les droits humains. L'AGCS qui a pour but d'appliquer les
règles du commerce mondial sur les secteurs des services notamment
l'éducation, représente un grand danger pour un service qui
représente une assise intellectuelle du développement des
sociétés humaines. Les valeurs démocratiques, la
pensée critique et la culture des débats sociaux se trouvent
forcément menacées quand on porte atteinte à
l'éducation.
la position officielle canadienne et belge, consolidée
et renforcée par une société civile consciente et
engagée, voit dans l'éducation un service public et un droit
humain qui doit être garanti par l'Etat et mis à l'abri de toute
négociation commerciale. À titre d'exemple, pour démontrer
la place qu'occupe l'éducation pour l'ensemble de la
société, le Conseil des ministres de l'éducation au
Canada, a déclaré que l'avenir des canadiens «dépend
d'une société dont les membres sont instruits et cultivés
et qui, tout en atteignant leurs propres objectifs de développement
personnel et professionnel, participent à l'essor
socio-économique et culturel de leur collectivité et du pays tout
entier»122(*).
Cette position fière du Canada et de la Belgique doit être un
exemple à suivre pour le reste des pays du monde.
La généralisation de l'éducation publique
dans tous les pays du monde et la promotion de l'éducation des droits de
l'homme nous semblent des outils indispensables pour l'instauration de
relations intercommunautaires stables et harmonieuses. Elles contribuent
à la promotion de la compréhension mutuelle, de la
tolérance et de la culture de la paix dans le monde.
L'éducation doit être orientée vers le
plein épanouissement de la personne humaine et le renforcement du
respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Comme l'a
dit Jacques Delors, l'éducation doit être « au service
d'un développement humain plus harmonieux, plus authentique, afin de
faire reculer la pauvreté, l'exclusion, les incompréhensions, les
oppressions, les guerres » 123(*).
Finalement, nous pensons que les efforts de la
coopération internationale doivent essentiellement être investis
dans le domaine de la préservation des services publics, notamment les
services éducatifs et la promotion des droits humains fondamentaux tel
que le droit à l'éducation. La multiplication des efforts de
l'UNESCO comme une organisation internationale spécialisée des
questions éducatives, pourra aider à améliorer la
situation économique, sociale et culturelle dans le monde. Quant
à l'aide au développement, elle doit être également
orientée vers la garantie et la promotion des droits de l'Homme,
notamment les droits économiques, sociaux et culturels. Pour lutter
contre les problèmes économiques et sociaux dont souffrent les
sociétés modernes, la généralisation d'une
éducation publique et gratuite pourrait être un moyen essentiel
qui peut contribuer à atteindre les objectifs définis par la
communauté internationale à savoir l'élimination de la
famine, de la pauvreté et de toutes les formes de misère dans le
monde, notamment dans les pays en voie de développement. Car comme l'a
déclaré l'Internationale de l'Education, nous pensons que
l'éducation publique est un outil largement efficace qui
« contribue à la diminution des inégalités
et favorise la cohésion sociale de même que le progrès
national »124(*).
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http://assoreveil.org
http://noraffaran.free.fr
http://www.right-to-education.org
http://www.ruig-gian.org
* 1(GATT) The General
Agreement on Tariffs and Trade, dans la traduction française de ce signe
anglophone : Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le
Commerce.
* 2 D'après le
paragraphe b, 3ème alinéa, article premier, partie 1
du texte juridique de l'AGCS.
* 3 D'après le
paragraphe c, 3ème alinéa, article premier, partie 1
du texte juridique de l'AGCS.
* 4 Lire par exemple
l'opinion juridique qui a été commandée par la British
Colombia Teachers Federation, le syndicat canadien de la fonction publique,
l'association canadienne de professeures et professeurs d'université et
la fédération canadienne des étudiantes et
étudiants,
www.caut.ca. Voir aussi,
Raoul Marc Jennar, l'impact des accords de l'OMC
sur les secteurs de la culture, de l'éducation, de la santé, de
l'environnement, des normes sociales et sur la démocratie en
général. Déclaration à l'occasion de la
rencontre internationale des organisations professionnelles de la culture qui a
eu lieu à Paris entre le 2 et le 4 février 2003,
www.grainvert.com
* 5 Christophe WULF,
Dictionnaire critique de la mondialisation, WTO Library, p. 136.
* 6 Christian Comeliau,
« les défis de la mondialisation »,
mondialisation économique et politique de l'éducation,
Perspective, revue trimestrielle d'éducation, No 101 mars 1997, p.
27.
* 7 Ibid
* 8
www.wikipedia.org/wiki,
/mondialisation, février 2005, p. 1.
* 9 FIDH ;
fédération internationale de droits de l'homme. En octobre 1999,
la FIDH a publié un premier rapport sur l'OMC intitulé L'OMC
et les droits de l'Homme :
une
équation à résoudre, ce rapport était
présenté à la troisième conférence
ministérielle de l'OMC à Seattle,
www.fidh.org
* 10 www.canadianeconomy.gc.ca,
avril 2004, p.1.
* 11 Tarek, Mitri,
« le dialogue interreligieux et interculturel dans l'espace
méditerranéen à l'heure de la mondialisation »,
mondialisation économique et politique de l'éducation
Perspectives, numéro 101, mars 1997, p .132.
* 12 Mohamed Cherkaoui, Que
sais-je ? Sociologie de l'éducation, Paris, 1986, p .3.
* 13 Ibid., p.44.
* 14
www.wikipedia.org, 24 mai 2005, p. 1.
* 15 Lire par exemple,
Christian Laval et Luis Weber, « la Banque Mondiale, le
marché scolaire à l'assaut de la pauvreté »,
le nouvel ordre éducatif mondial, Edition Syllepse, Paris
2002, pp, 47-73.
* 16 Michel carton, Fabienne
Lagier, Frédérique Weyer, Rapport secteur Education, savoir,
mondialisation, inégalités, éducation, IUED,
Genève, décembre 2003,
www.ruig-gian.org , p.24.
* 17 Michel carton, Fabienne
Lagier, Frédérique Weyer, op.cit, p.28.
* 18 Jandhayla B.G.Tilak,
« les effets de l'ajustement sur l'éducation :
l'expérience asiatique », mondialisation économique
et politique de l'éducation, Perspectives, numéro 101, mars
1997, pp. 91-115.
* 19 Ibid., p. 93.
* 20 Ibid., p.107.
* 21 Cette thèse est
partagée par les partisans du postmodernisme ; une école
philosophique et culturelle dont Jean-François Lyotard et Michel
Foucault représentent les fondateurs. Cette école est apparue
à la fin des années 1970. Son idée centrale est la
relativité de la réalité et de la vérité
scientifique. La subjectivité des goûts et les expressions
individualistes vont caractériser la nouvelle ère postmoderniste.
La notion de progrès et des autres valeurs de la société
industrielle vont régresser et progressivement céder leur place
aux nouvelles valeurs. C'est une thèse qui préserve toujours une
certaine pertinence malgré les critiques qu'on peut lui adresser.
* 22 Voir à cet
égard l'article de Franck Dedieu, la mondialisation uniformise les
produits, 30/08/2004,
www.lexpansion.com
* 23 Michel Carton et Sobhi
Tawil, mondialisation économique et politique de
l'éducation, p. 21.
* 24 Michel carton, Fabienne
Lagier et Frédérique Weyer, op.cit, p. 11.
* 25 Mamadou
Ndoye, « mondialisation, développement endogène et
éducation en Afrique », mondialisation économique et
politique de l'éducation, Perspective 101, mars 1997, p. 86.
* 26 Ibid, .p 87.
* 27 Voir Michel carton,
Fabienne Lagier et Frédérique Weyer, op.cit., pp. 27-28.
* 28Rapporté par
Zaki Laïdi, Adieu Bodin? Souveraineté et mondialisation,
p. 12.
* 29 Jean, Ziegler, les
nouveaux maîtres du monde et ceux qui les résistent, page
117.
* 30 Résolution sur
l'impact de la mondialisation sur les droits et les conditions de l'emploi des
enseignants et des personnels de l'éducation, troisième
Congrès mondial de l'Internationale de l'Education, réuni
à Jomtien, en Thaïlande du 25 au 29 juillet 2001,
www.ei-ie.org, p. 2.
* 31 Zaki Laïdi, op.
cit.p.6.
* 32 Ibid, p.
10.
* 33 Christian Laval et Louis
Weber, le nouvel ordre éducatif, Paris, 2002, p.13.
* 34 Ibid., p.64.
* 35 Rick Coolsaet, au
temps du terrorisme anarchique, Le Monde diplomatique, septembre 2004, p.
26.
* 36Voir les rapports et les
publications de la Banque Mondiale et du FMI sur
www.banquemondiale.org, par exemple
East Asia Update novembre 2004, la déclaration écrite
par M. Horst Köhler, directeur général du FMI à
l'occasion de la réunion du comité de développement du 13
avril 2003.
* 37 Christian Laval et Louis
Weber, op.cit, p.48.
* 38 D'après les
rapports des institutions internationales. Voir par exemple une étude
faite par le FMI le 01/08/2001 intitulée :
libéralisation du commerce mondial et pays en développement,
www.ifm.org
* 39 B.Mve Ondo :
Intervention faite à l'occasion de colloque international de philosophie
organisé par les Doctorants de l'Université Cheikh Anta Diop de
Dakar (UCAD), sous le thème de La mondialisation : la
quête du sens,
Sud Quotidien 24 juin 2003 et
www.aps.sn, Dakar, 23 juin 2003
* 40 B.Mve Ondo :
op.cit
* 41 Voir par exemple Attac
Genève, L'organisation mondiale du commerce (OMC) une organisation
internationale au service des multinationales, www.local.attac.org/geneve,
Bernard Cassen OMC, attentat contre la démocratie, Le Monde
diplomatique du 8 octobre 1999 .Christian Comeliau, les
défis de la mondialisation, Perspectives, Revues trimestrielle
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systèmes d'enseignement nationaux Perspectives, revues
trimestrielle d'éducation comparée No1, mars 1997. Dossier
Mondialisation économique et politique de l'éducation. pp, 41-50
* 42 Professeur en
économie politique à l'université d'Ottawa et
collaborateur régulier du Monde diplomatique, auteur de la
mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial, Ottawa
1998,
www.ecosociete.org
* 43Noam Chomsky, linguiste
et militant politique originaire des
États-Unis.Voir
ses travaux sur
http://www.chomsky.info et sur
http://fr.wikipedia.org/wiki/Noam_Chomsky
* 44 Jean, Ziegler, op.cit,
p. 37.
* 45 Voir Michel carton,
Fabienne Lagier, Frédérique Weyer, op.cit, pp 27-35
* 46 Ibid., p.24.
* 47 Mamadou Ndoye, op.cit,
p.90.
* 48 Pierre F. Gonod, la
prospective en mouvements, www.mcxapc.org, janvier 2001, p. 24.
* 49 AGCS,
Partie I Article Premier, portée et définition
3ème paragraphe, alinéa b.
* 50 C'est pour designer les
services ; tout ce qui n'est pas « un bien » ;
(meuble ou immeuble).
* 51 En effet, il y a 5
principes de base de fonctionnement de l'AGCS qui sont traités dans
l'article 2 et suivants (2-19) du présent Accord.
* 52 Les engagements peuvent
prévoir six types de limitations, qui peuvent concerner : le nombre
de fournisseurs de services (1), la valeur des transactions (2), la
quantité totale des services produits (3), le nombre d'employés
d'un secteur (4), l'entité juridique des fournisseurs (5) et la
participation de capital étranger (6).
* 53 AGCS, Article 19,
premier paragraphe ; Négociations des engagements
spécifiques.
* 54 www. exportsource.ca,
Québec, février, 2005.
* 55 Les 4 formes de
fourniture des services sont traitées dans l'article Premier,
alinéa 2 de texte juridique de l'AGCS.
* 56 Alinéa C,
3ème paragraphe de l'article premier, partie 1 du texte
juridique de l'AGCS.
* 57 La Cour de Justice des
Communautés Européennes, affaire 147/86 : Commission
européenne versus République de Grèce, Rec.1637.
www.droitenligne.com/jurispru
* 58 Jean-Luc De
Melemeester, « Privatisation, marchandisation et instrumentalisation
de l'enseignement », Le service public : une
évidence ? ,
www.fgtbbruxelles.be, 1 mai 2004, p.
37.
* 59 Les notes du ministre
américain ont été déposées le 13 juillet
2000, lettre ouverte au directeur général de l'UNESCO sur les
menaces qui fait peser l'AGCS, 20 septembre 2000. Cette lettre est
adressée par plusieurs personnalités responsables
d'éducation dans différents pays du monde pour sensibiliser la
direction de l'UNESCO sur les dangers que représente l'AGCS sur
l'éducation. Pour consulter le texte intégral de la lettre voir
sur : www.urfig.org
* 60 Michel Carton, Fabienne
Lagier et Frédérique Weyer, op.cit, pp. 27-32
* 61 Attac Belgique ;
Jean-Luc de Meulemeester (ULB), 27 avril 2003,
www.attac.be
* 62Voir le rapport annuel de
la rapporteuse spéciale sur le droit à l'éducation 2000,
ONU, Genève, 2000
, p. 15.
* 63 Raoul Jennar, les
services, l'Europe et l'OMC,
www.pourleservicepublic.net,
29 mais 2002, p. 1.
* 64 Bernard Charlot, Forum
Mondial sur l'Éducation (FME), réuni à Porto Alegre, du 24
au 27 octobre 2001.
www.forum-social-tarnais.org,
p. 2.
* 65 Voir le rapport annuel
sur le droit à l'éducation 2001 présenté par
Katarina Tomasevski (Rapporteuse spéciale sur le droit à
l'éducation), Conseil économique et social, commission des droits
de l'homme, droits économiques sociaux et culturels, ONU, Genève,
2001, p. 6.
* 66 Ibid., p.6.
* 67 Communiqué de
presse 20050209, l'organisation des syndicats d'enseignants d'Europe à
l'occasion de la Conférence paneuropéenne sur l'enseignement
supérieur et la recherche à Bruxelles, De Bologne à
Bergen : Bilan à mi-parcours, le point de vue des personnels
académiques, 9 février 2005, voir par exemple sur :
www.eduscol.education.fr
* 68Le Conseil Economique
et Social (Nations Unies), Comité des droits économiques, sociaux
et culturels, 21ème session, 15 octobre- 3 décembre
1999, Rapport annuel sur le droit à l'éducation, p. 1.
* 69 D'après Raoul
Marc Jennarervski, appel pour une école démocratique.
« L'humanité, Paris 12 octobre 2000. Cet article est
apparu aussi sur : www.users.skynet.be
* 70 Résolution
1998/33 du 17 avril 1998. La Commission des droits de l'homme a nommé
madame Katarina Tomasevski Rapporteur Spécial pour le droit à
l'éducation.
* 71 Rapport annuel sur le
droit à l'éducation 2000, ONU, Genève, 2000, p. 6.
* 72 Ibid., p. 3
* 73 Traditionnellement
quand on parle de communauté internationale, on parle de
communauté des Etats-nations (inter-étatique). Cependant, nous
pensons que plusieurs autres communautés internationales et
sociétés mondiales sont entrain de se construire et de voir le
jour ; la société civile « mondiale »,le
monde des ONG, les mouvements pacifistes, les alter-mondialistes et l'action de
tous ceux qui luttent pour des alternatives autre que la mondialisation
néolibérale, peuvent représenter des nouveaux
rassemblements et communautés
* 74 Philippe HUGON,
L'économie éthique publique, Biens publics
mondiaux et patrimoines communs, UNESCO, 2003, pp. 32-34.
* 75 D'après Inger
Kaul, Isabelle Grunberg et Marc A. Stern, Global Public Goods.
International Cooperation in the 21st Century, p. 549.
* 76 Faute de doctrine en
matière d'éducation comme un bien public mondial, on a
essayé de s'inspirer d'une étude sur l'eau comme un bien public
mondial du Professeur, Riccardo Petrella (l'UCL, Belgique)
Cette étude est intitulée : l'eau en tant que bien
public mondial : Alternative à la
« petrolisation » et à la «cocacolisation
» de l'eau,
www.fame2005.org, pp, 17-22.
* 77 Ces propos sont de Mr
Koîchiro Matsuura, le directeur de l'UNESCO Interviewé par le``
journal do brasil``, publié le 31.12.2001.
* 78 On trouve cette
idée dans la déclaration universelle de l'UNESCO sur la
diversité culturelle, adoptée à la
31ème session de la conférence générale
de l'UNESCO à Paris le, 2 novembre 2001.
* 79 Voir aussi, Inger
Kaul, Isabelle Grunberg et Marc A. Stern, Global Public Goods.
International Cooperation in the 21st Century, p .549
* 80 Suzy Halimi,
Education et cohésion sociale, Forum du comité de
l'éducation, Strasbourg, 2000, p. 16
* 81 D'après le
rapport de UNESCO Institute for education 2000 sur l'analphabétisme dans
les pays en voie de développement et dans le monde en
général.www.unesco.org, 13.11.2002, p.1
* 82Interview fait avec Mr
Koîchiro Matsuura le directeur de l'UNESCO publié le 22.01.2001
par la revue de politique étrangère Al-Siassa Al-Dawliya
(Egypte), p.2.
* 83
Pierre Bourdieu et Patrick Champagne, Les exclus de
l'intérieur, Résumé,
www.ehess.fr
* 84 Walo Hutmacher,
systèmes éducatifs et intégration des
sociétés, p.21.
* 85 Ibid., p. 21.
* 86 Rapport annuel 2002
sur le droit à l'éducation, ONU, Genève, 2002, p. 22.
* 87 (TES) : Trade in
Education Services
* 88 Le forum de groupe de
l'OCDE à Washington avait attiré environ 250
délégués des gouvernementaux, du secteur privé et
d'organisations à buts non lucratifs,
www.ledevoir.com
* 89 Douglas Baker,
Secrétaire assistant au Ministère
américain du Commerce.
* 90
www.ledevoir.com
* 91 Françoise
Dupuis, Ministre Belge de l'enseignement supérieur et de la recherche
scientifique
* 92 Il convient de
remarquer que le Canada a fait des offres concernant l'accès aux
marchés pour des secteurs comme les services financiers, les services
commerciaux, les services de construction, services d'aménagement et
d'environnement, tourisme et autres. Ces offres ont été rendues
publiques lors de l'offre initiale du Canada le 31 mars 2003,
www.dfait-maeci.g.ca
* 93 Voir l'offre
conditionnelle initiale du Canada rendue publique le 31 mars 2003,
www.dfait-maeci.gc.ca
* 94 Superficie du Canada.
9 984 670 km2, (2ème dans le monde), sa population
32 040 300, www.wikipedia.org
* 95D'après le
Ministre du commerce international du Canada, conférence de presse du 14
mars 2000,
www.dfait-maeci.gc.ca
* 96 Déclaration de
M. Pierre Petitigrew, ministre du commerce international canadien, le 14 mars
2001 à Ottawa,
www.dfait-maeci.gc.ca
* 97 Ibid., p.1.
* 98 Ibid., p. 2.
* 99 Déclaration de
Ministère du développement économique et régional,
direction de la politique commerciale (octobre 2003),
www.dfait-maeci.gc.ca
* 100Hazette Pierre,
Ministre de l'Enseignement secondaire et de l'Enseignement spécial de la
Communauté française de Belgique, Dupuis Françoise,
Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de
la Communauté française de Belgique, Nollet. Jean-Marc, Ministre
de l'Enfance, chargé de l'Enseignement fondamental de la
Communauté française de Belgique, Vanderpoorten Marlène,
Ministre de l'Enseignement de la Communauté flamande de Belgique et
Gentges Bernd, Ministre de l'Enseignement de la Communauté germanophone
de Belgique, www.ecollesdifferentes.free.fr
* 101Membre de la
commission européenne responsable de l'éducation et de la
culture.
* 102 La Belgique
s'engage contre la marchandisation de l'éducation,
déclaration officielle de 2 mai 2003,
www.ecollesdifferentes.free.fr
* 103 Article, la
position belge concernant les relations entre Éducation et l'accord
général sur le commerce de services, 30 août
2002 ;
http://www.urfig.org/agcs-campagne-education-position-belge-pt.htm
* 104 Ibid., p. 2.
* 105 Pascal Lamy
commissaire de l'Union Européenne pour le commerce international
auprès de l'OMC.
* 106 Chambre des
représentants de Belgique, séance plénière, motion
de recommandation votée à l'unanimité le 20 mars 2003,
www.urfig.org , p. 1
* 107 Voir par exemple les
documents publiés par l'Association des Universités et
Collèges du Canada (AUCC) ; l'Enseignement supérieur
canadien et l'AGCS, document d'information de l'AUCC (2001),
l'AGCS et l'enseignement supérieur au
canada ; le point sur la position du canada et
les répercussions sur les universités canadiennes ( Mai
2003)
* 108 Communiqué de
presse - Montréal, 19 janvier 2005,
www.hns-info.net , page 1
* 109 Voir par exemple,
l'avis de juge Tysoe, de la Cour suprême de la Colombie-Britannique au
Canada, « l'AGCS peut limiter les pouvoirs de réglementation
des municipalités et la prestation des services publics
[...] », www.hors-agcs.org
* 110Le Conseil de la ville
de Québec, communiqué de presse- Montréal, 19 janvier
2004. Source, www. hns-info.net, p. 1.
* 111Attac Belgique, La
Commission Européenne interdit un débat démocratique sur
la libéralisation des services publics, Bruxelles 1er
février 2003,
www.users.skynet.be, p. 2.
* 112Communiqué de
presse- Montréal, 19 janvier 2004, op.cit, p. 1.
* 113 Jan Eastman, cette
position figure dans son discours devant les délégués
à l'Assemblée générale annuelle de 1999 des
enseignants en juillet 1999 à Vancouver.
* 114Jean-Pierre Proulx,
Président, Conseil supérieur de l'éducation (CSE) au
Canada, le 26 juillet 2004,
www.ledevoir.com, p. 2.
* 115 Ibid., p.2.
* 116Déclaration
mondiale sur l'éducation pour tous, Jomtien, Thailande,
5-9 mars 1990.Source.
www.unesco.org
* 117 Alternatives, ONG
canadienne active dans plus que 35 pays du monde, elle lutte pour le
développement au nord comme au sud, son action s'axe essentiellement sur
le respect des droits économique, sociaux et culturels Une autre
Europe pour une autre mondialisation, www.alternatives.ca ,28 avril 2003,
p. 2
* 118 David Robinson,
AGCS Forum OCDE/EU sur le commerce des services de l'enseignement,
15/07/2002,
www.cfdt-banques.fr, 15.juillet 2002,
p. 4.
* 119 Attac Belgique,
Une autre Europe pour une autre mondialisation,. Congrès
Européen Citoyens organisé par Attac Belgique à
Liège, samedi 22 et dimanche 23 septembre 2001,
www.enter.org, p. 5.
* 120 Ibid., p. 2.
* 121 Parmi ces
résolutions figurent «Education, Service public ou
marchandise?» (2004), «L'Economie mondiale et
l'Education» (1998), «Campagne mondiale de défense et
de promotion de l'éducation publique» (1998),
«Enseigner dans un contexte d'économie globale»
(2001) et "L'OIT, l'OMC et la globalisation de l'économie
mondiale» (2001),
www.ei-ie.org
* 122 Conseil des ministres
de l'Education (Canada), 24 février 1997,
www.cmec.ca
* 123 Jacques Delors 1996,
www.unesco.org
* 124 Deuxième
congrès mondial de l'Internationale de l'Education réuni à
Washington D.C. (Etats-Unis) du 25 au 29 juillet 1998,
www.ei-ie.org, p. 1.
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