UNIVERSITE PAUL CEZANNE - AIX-MARSEILLE
III
INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES
STRATEGIES ELECTORALES
ET DEMOCRATIE LOCALE
L'ambition politique au service du
citoyen :
le cas des Ateliers de l'Avenir à
Aix-en-Provence
MEMOIRE
pour l'obtention du Diplôme de Master II
Ingénierie Politique
M. Guillaume SELLI
Sous la direction de M. Philippe VOYENNE
Année universitaire 2006-2007
SOMMAIRE
Introduction p.5
Les politiques entre altruisme et opportunisme
p.5
La démocratie participative à
l'étranger p.9
La participation en France p.17
Le cas d'école d'Aix-en-Provence p.26
I Aix-en-Provence, entre jeux de scène
locaux et dynamisme participatif p.29
1) Le contexte politique aixois p.31
a) Un peu d'histoire p.32
b) La situation politique aujourd'hui p.35
c) Un électorat difficile à cerner p.37
2) Le cas concret des Ateliers de l'Avenir, entre
concertation et communication p.40
a) Une «Grande Consultation de tous les Aixois»
p.40
b) Une stratégie de communication efficace p.44
3) Répercussions de la consultation p.50
a) Des répercussions politiques houleuses p.50
b) La réception par la population p.53
II Richesses et ambiguïtés
d'une telle initiative p.57
1) Des contributions citoyennes inégalement
exploitables p.58
a) Une ambition pas toujours à la hauteur p.59
b) Un avenir teinté de présent p.62
2) Le suivi de la consultation p.65
a) Le suivi général p.66
b) Le suivi personnalisé p.68
3) A la recherche de l'intérêt
général p.71
a) Le danger du clientélisme et de la démagogie
p.72
b) Le cadre éthique des Ateliers de l'Avenir
p.74
Conclusion p.76
Annexes p.79
Loïc Blondiaux, L'idée de démocratie
participative : enjeux, impensés et questions récurrentes
p.79
Les Ateliers de l'Avenir : brochure de
consultation de tous les Aixois p.92
Brochure-Bilan de la consultation p.112
Liste des Grands Témoins de la consultation p.118
Article de La Provence du 17/09/2006 sur le lancement
des Ateliers de l'Avenir p.120
Article de La Provence du 04/12/2006 sur le
démarrage de la consultation p.121
Interview de Bruno Genzana dans La Provence du
16/04/2007 sur ses rapports avec Maryse Joissains p.122
Tract de soutien à Nicolas Sarkozy, diffusé par
Bruno Genzana dans l'entre deux tours de la présidentielle p.123
Bibliographie p.124
Remerciements p.125
INTRODUCTION
Les politiques entre altruisme et
opportunisme
Si le XXe siècle marqua pour la France
l'achèvement de son processus démocratique avec l'obtention du
droit de vote pour les femmes ainsi que la stabilisation des pouvoirs publics
sous la Ve République, l'avènement récent du XXIe pourrait
lui incarner pour notre pays l'émergence de la démocratie dite
participative, dans laquelle les citoyens ne se contentent plus d'élire
leurs gouvernants, mais de participer activement aux processus de prise de
décision... Cela relève du constat global que les
électeurs se montrent de plus en plus exigeants envers les
politiques, avec lesquels un fossé s'est indubitablement creusé
en France depuis les années 80, fossé dont le 21 avril 2002 fut
le point d'orgue...
La politique est donc à réinventer en
France : le citoyen n'est plus docile, désormais il s'abstient,
décide ou change son vote au dernier moment, affiche ouvertement ses
affinités avec des tendances politiques extrêmes, renverse souvent
la majorité lors d'une nouvelle élection ; mais encore plus
que ça, il manifeste, demande des comptes, s'implique dans la vie
associative, le tout étant largement relayé par les
médias, ces derniers eux-mêmes étant nettement plus
indépendants du pouvoir que lors des débuts de la Ve
République... C'était du moins la tendance observée dans
notre pays jusqu'à ce que la dernière élection
présidentielle ne permette l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle
génération de politiques, ce qui a commencé quelque peu
à changer la donne...
La confiance à rétablir
La réponse apportée par les politiques pour
remonter dans l'estime des citoyens ne s'est pas faite attendre : les mots
clés de cette réponse sont concertation, gouvernance1(*), proximité, dialogue...
Dans une société désormais de plein pied dans l'ère
de la communication à outrance, chacun s'est mis à soigner son
image d'«homme de terrain», à l'écoute des «vrais
gens», ces énarques pour un grand nombre d'entre eux ayant beau jeu
de dénoncer une certaine centralisation excessive, ils
privilégient le bon sens et le pragmatisme, valeurs qui seraient
l'apanage d'une certaine «France d'en bas»...
C'est alors tout naturellement que les idées de
démocratie participative et d'ancrage local ont émergé, ce
qui a profondément bouleversé les processus décisionnaires
dans le monde politique : le gouvernement cède du terrain au profit
de la gouvernance, la prise de décision par les autorités
publiques n'est plus seulement le lancement d'un processus mais en est
déjà l'aboutissement d'un autre, d'une concertation avec tout un
panel d'acteurs publics et privés, concernés d'une façon
ou d'une autre par le champ d'application de cette décision...
La démocratie participative est une notion
élastique, qui peut recouvrir de larges possibilités :
institutionnalisée avec la possibilité du
référendum d'initiative populaire, formalisée avec les
multiples consultations organisées par les élus locaux, mais
aussi informelle avec les rencontres et interactions quotidiennes qui ont lieu
entre les politiques et leurs administrés, tournées de quartiers,
rencontres associatives, marchés ou même rencontres à
l'improviste... La démocratie participative ne doit pas se limiter au
référendum car elle relève avant tout d'un état
d'esprit : inclure des personnes issues de la société civile
dans une liste de candidature, lancer des structures de campagne en dehors des
partis politiques, c'est permettre au citoyen non politicien de profession de
s'engager politiquement, c'est donc aussi une forme de démocratie
participative...
La France est un cas singulier dans la mesure où la
démocratie participative est ancrée dans les esprits mais pas
encore dans les textes, ni tellement dans les faits, à l'inverse de
certains pays étrangers qui ont une longue pratique en la
matière. Les dirigeants français tiennent encore trop à
conserver l'intégralité de leurs prérogatives et
rechignent à autoriser explicitement certaines mesure phares comme
pourrait l'être le référendum d'initiative populaire,
invoquant leur légitimité d'élus, faisant d'eux les seuls
aptes à décider pour les autres. C'est donc bien plus au cas par
cas, commune par commune, département par département, selon le
bon vouloir des exécutifs locaux, que des formules de participation
citoyenne sont mises en oeuvre... Cependant cette émergence est encore
timide en France, pays dont la tradition d'un pouvoir fort et centralisé
a la vie dure, quand bien même a-t-on voulu récemment
préciser à l'article premier de notre Constitution que son
«organisation est décentralisée2(*)». Cette
décentralisation constitue indéniablement un corollaire
quasi-indispensable à la mise en oeuvre de la démocratie
participative, qui trouve l'essentiel de son application au niveau local :
en effet la concertation, la proximité directe avec le citoyen sont plus
aisées à réaliser à petite échelle, pour des
enjeux touchant à la vie quotidienne... C'est ce que les citoyens ont su
eux-mêmes parfaitement comprendre, notamment en s'organisant en instances
représentatives ou censées l'être, comme les Comités
d'Intérêt de Quartier (CIQ), désormais interlocuteurs
privilégiés et incontournables de toutes les communes qui en
comptent sur leur territoire...
Des motivations politiques ambiguës
Quelles que soient les réticences et les débats
qu'a suscités et que suscite encore aujourd'hui la démocratie
participative3(*), le
thème est dorénavant incontournable et tend à gagner
encore de plus en plus de terrain à l'avenir, à la fois parce
qu'il représente une réelle opportunité d'expression pour
les citoyens, et parce que les politiques commencent à entrevoir les
avantages multiples que peut offrir un tel mode de gouvernance. Il est
d'ailleurs difficile de déterminer si le concept de démocratie
participative a fini par s'imposer en France parce que répondant
à un besoin réel des citoyens, ou si ce ne sont pas les
politiques eux-mêmes qui ont trouvé en lui une tentative de
réponse à la crise de confiance entre eux et les
électeurs...
En effet la démocratie participative n'aurait jamais
pu émerger sans avoir été mise en oeuvre par les
dirigeants politiques eux-mêmes, que ce soit par la loi ou des
initiatives personnelles au niveau local, englobant tout moyen de se confronter
directement à l'opinion des gens, que ce soit sur des
considérations générales ou sur une question
particulière...
La proximité est aujourd'hui une valeur essentielle sur
laquelle nos hommes politiques sont jugés : favoriser la
démocratie participative et plus généralement
apparaître comme un interlocuteur directement à la portée
du citoyen lambda permet à l'homme politique d'être en
phase avec son temps, de créer ou de renforcer son capital
nom4(*) et son
capital réputation. En cela les slogans des deux principaux
candidats à la dernière élection présidentielle
sont assez révélateurs : que ce soit avec Ensemble tout
devient possible de Nicolas Sarkozy, ou La France présidente
de Ségolène Royal, qui se veut ainsi l'incarnation de tous
les Français, l'accent est mis sur le fait que le président
élu gouvernera avec tous ses concitoyens...
On peut alors légitimement se demander si cette
nécessité de proximité et d'ancrage local n'a pas
finalement été instrumentalisée par le politique aux fins
de se faire élire ou réélire, sans que les citoyens n'en
retirent beaucoup de profits. Consultés, ils le sont largement
désormais. Mais leurs avis sont-il pour autant suivis, ou sont-ils
seulement les maillons d'une ambition, d'une stratégie
électorale ? Il est intéressant de noter qu'à ce jour
il n'existe pas de réelle possibilité de référendum
d'initiative populaire en France, et que donc les dirigeants politiques
bénéficient encore d'une relative marge de
sécurité : la participation oui, mais lorsqu'ils la
décident...
Il est ainsi difficile de ne pas relever les ambivalences de
cette volonté de proximité, et la plupart des citoyens ne sont
pas dupes. Il est cependant frappant de constater que non seulement ils en
jouent le jeu, mais sachant bien qu'entre la proximité et le
clientélisme il n'y a qu'un pas, nombreux sont ceux qui le franchissent
en exprimant des demandes on ne peut plus personnelles, moyennant ainsi leur
vote. C'est cet aspect qui pose un doute sur l'objectivité des
résultats des démarches entreprises par les politiques, et qui
fait dire également que vox populi n'est pas
systématiquement vox dei...
La démocratie participative à
l'étranger
Si le champ lexical de la démocratie participative
n'est apparu que récemment en France, il est assurément
employé depuis bien plus longtemps dans de nombreux autres pays. Le fait
que dans ces pays la démocratie participative soit
institutionnalisée n'ôte pas pour autant totalement
l'ambiguïté que nous avons pu relever pour la France, à
savoir le fait que les hommes ou les partis politiques puissent
instrumentaliser ces pratiques.
Le pays champion de la démocratie participative est
d'abord la Suisse, où le référendum sous toutes ses formes
est une pratique extrêmement courante et banalisée, tant au niveau
fédéral qu'au niveau cantonal, ce qui n'est pas non plus sans
susciter quelques interrogations...
Les Etats-Unis sont bien évidemment aussi un cas
d'étude intéressant, notamment dans la mesure où la
démocratie participative ne s'y effectue que dans le cadre des
états. L'originalité de certaines procédures comme le
recall ainsi que le pouvoir des divers lobbies et mouvements de
pression peut poser quelques réserves sur l'importation
éventuelle de ces méthodes en France...
Enfin l'Italie est également très portée
en la matière, notamment par la pratique du référendum
d'initiative populaire abrogatif, dont l'application n'a pas manqué
d'être largement récupérée par la classe politique.
Ces trois pays ont un modèle bien loin du modèle
unitaire français centralisé, chaque état américain
ou canton suisse ayant leurs propres constitutions. Ces trois pays ont aussi
réalise leur unité ou obtenu leur indépendance
tardivement, ce qui explique naturellement un maintien fort de traditions
locales et le fait que la démocratie participative au niveau local n'y
soit pas un vain mot... Cependant les mêmes questions que celles que
nous avons posées pour la France entourent ces pratiques : les
classes politiques ou les organismes de lobbying de ces pays ont très
bien su tirer profit de ces règlementations, sans oublier que de
sérieuses réserves peuvent être émises sur certaines
situations lorsque le peuple s'exprime directement...
La Suisse, championne du monde des
référendums
La Confédération helvétique a
organisé plus de référendums que tous les autres pays
réunis. On dit souvent «c'est le référendum qui a
créé la Suisse, et non l'inverse». Le premier
référendum a même eu lieu en 1294, dans le canton de
Schwyz. Le référendum d'initiative populaire est prévu
dans la Constitution fédérale depuis 1891...
Dans la Constitution fédérale, le
référendum se présente sous deux catégories, le
référendum obligatoire et le référendum facultatif
et suspensif. Le référendum obligatoire est prévu pour
toute révision de la Constitution, ainsi que pour la ratification de
certains traités internationaux, notamment ceux qui entraînent
l'adhésion à une organisation internationale5(*).
Jusqu'en 2003, les référendums obligatoires les
plus nombreux portaient sur des questions constitutionnelles, puisque
c'était parfois un moyen de corriger des détails de la
Constitution. A noter que ce type de référendum nécessite
une double majorité : celle des citoyens et celle des cantons.
Le référendum facultatif et suspensif a pour
objet de demander la suspension d'une loi ordinaire, de certains
arrêtés fédéraux et traités internationaux,
le temps que le référendum soit organisé et la question
définitivement tranchée. Ce type de référendum peut
être demandé soit par 50 000 citoyens, soit par 8 cantons. Il
constitue indéniablement un moyen de contrôle non
négligeable des politiques par les citoyens.
Depuis 2003, il en existe deux autres
variétés de référendum d'initiative populaire,
qui peut être en matière constitutionnelle, ou concerner un
domaine plus général. Le peuple peut ainsi demander une
révision totale ou partielle de la Constitution, qui sera adoptée
par référendum. Mais le problème est qu'il n'y a pas de
définition matérielle de la Constitution en Suisse et on a pu y
intégrer des mesures qui n'avaient rien de constitutionnel. Certaines
fois, les initiatives sont assez folkloriques, par exemple en 1996, sur
l'utilisation des pigeons voyageurs dans l'armée Suisse.
Cent mille signatures doivent être recueillies dans un
délai de 2 mois. Cette initiative se fait sous forme de voeu. C'est
ensuite à l'Assemblée Fédérale de mettre au point
le projet définitif, qui est soumis à un référendum
adopté à la double majorité. Cependant la réforme
peut aussi être entièrement rédigée par les citoyens
auteurs de l'initiative. Dans ce cas, s'offrent deux possibilités :
soit le projet est soumis tel quel au référendum, soit
l'Assemblée propose un contre-projet, et dans ce cas les
électeurs doivent répondre à trois questions :
- Etes-vous favorables à l'initiative
populaire ?
- Le contre-projet est-il meilleur que la législation
actuelle ?
- Si le « oui » l'emporte aux 2
premières questions, quel projet voulez-vous voir
adopté ?
L'article 130a de la Constitution, introduit par la
réforme de 2003, prévoit également que cent mille citoyens
peuvent demander l'adoption ou la modification d'une loi
fédérale. C'est ensuite à l'Assemblée
Fédérale de mettre au point le projet définitif, avant que
celui-ci soit soumis à un référendum adopté
à la double majorité des votants et des cantons.
La Suisse possède donc un éventail de
possibilités très larges en matière de
référendum, conforme à ses traditions : une double
majorité est souvent requise, des citoyens et des cantons, ainsi qu'une
précision minutieuse dans les procédures, notamment dans les cas
où un référendum d'initiative populaire comporte plusieurs
questions. L'efficacité globale de ces pratiques est cependant quelque
peu limitée. Sur un plan statistique, il y a une inflation des
référendums depuis 1970 (cinq par an environ). Les initiatives
populaires sont les plus nombreuses et les plus diversifiées :
immigration, fiscalité, rapports Eglise/Etat... Depuis les années
70, l'environnement est un sujet très présent (trafic routier,
protection de la nature, nucléaire...).
Mais ces initiatives aboutissent rarement : près
de neuf référendums sur dix ne sont pas adoptées par le
peuple qui ainsi contredit lui-même le «peuple» de ceux qui
étaient à l'origine de l'initiative. Cependant, des
réformes importantes ont été adoptées : la
réforme du Code Pénal dans les années 30, la construction
de centrales nucléaires en 1990, la nouvelle réforme du code
pénal en 2004...
On constate, sur le long terme, un déclin de la
participation moyenne : environ 60% avant la Seconde Guerre Mondiale, 55%
dans les années 60' et 40% aujourd'hui. Mais même si les
initiatives n'aboutissent pas, elles ont souvent le mérite de bousculer
l'agenda politique, de soulever certaines questions, et il n'est pas rare que
des initiatives rejetées soient reprises quelques années plus
tard par les parlementaires. ...
La démocratie participative a influencé aussi
bien le jeu politique suisse que les règles électorales. Le
référendum entretient en Suisse une démocratie de
concordance, qui absorbe les conflits entre partis politiques, qui organise le
compromis, le consensus. Lorsqu'une minorité demande une réforme,
le Gouvernement (où tous les partis sont représentés en
permanence) et le Parlement recherchent le consensus le plus large possible,
afin d'éviter que leur action ne soit entravée par les
initiatives populaires. L'usage intensif du référendum incite les
partis politiques suisses à s'entendre, à passer des compromis
(démocratie de concordance, par opposition à la démocratie
d'alternance à la française).
La démocratie participative à
l'américaine, entre contrôle des citoyens et pouvoir des
lobbies
Les pères fondateurs des Etats-Unis n'avaient aucun
goût pour la démocratie directe, car ils redoutaient la tyrannie
de la majorité. La Constitution fédérale a donc
institué au début un système purement
représentatif. Les formes de démocratie participatives sont ainsi
apparues à la fin du XIXème siècle, hors du
cadre fédéral. Certains états ont utilisé le
référendum pour adopter leur propre Constitution.
Après la Guerre de Sécession, et plus
généralement à la fin du XIXème
siècle, les mouvements populistes5(*) ont commencé à proposer des
réformes sociales importantes, et ont voulu introduire le
référendum, le recall6(*) et l'initiative populaire. Aujourd'hui, la
quasi-totalité des états disposent de procédures de
référendum, 22 états admettent l'initiative populaire, 15
admettent le recall. La pratique de la démocratie participative
s'est largement accentuée aux Etats-Unis depuis les années 80.
Outre les traditionnels référendums
constitutionnels et législatifs, certains états américains
proposent aussi la possibilité du «référendum de
veto» : les électeurs peuvent s'opposer à une loi
votée, avant même son entrée en vigueur. Selon les
états, les référendums sont soumis à une initiative
directe, lorsqu'un projet a recueilli un nombre de signatures minimum
(ex : 10 000 dans le Dakota du Nord). Dans d'autres états, on
pratique l'initiative indirecte : la pétition est adressée
au Parlement de l'Etat, qui doit adopter une loi. S'il ne l'adopte pas, le
référendum est alors organisé.
Une pratique originale aux Etats-Unis est celle du
recall, qui peut aboutir à l'interruption d'un mandat en cours.
Etabli en 1911 en Californie, treize états l'appliquent, dont certains
même pour les juges. En octobre 2003, le gouverneur démocrate de
Californie Gray Davis a ainsi été révoqué,
remplacé par le républicain Arnold Schwarzenegger. Il fallait que
12% des votants lors du dernier scrutin signent une pétition pour que
soit engagé un référendum sur la révocation ou le
maintien du gouverneur, sachant que les électeurs se rendent aux urne le
même jour à la fois pour décider du sort du gouverneur en
place et pour élire son éventuel successeur...
Au départ, cette procédure était
prévue pour révoquer les élus corrompus. Mais il peut
désormais s'agir de manoeuvres plus politiciennes avec de gros enjeux
financiers à la clé : c'est un parlementaire
républicain, Darrel Issa, qui était à l'origine de cette
procédure en 2003, ayant dépensé 3 millions de dollars
pour récolter 1,7 million de signatures. Des ennuis avec la justice
l'ont cependant amené par la suite à renoncer à
présenter sa candidature...7(*)
La pratique de la démocratie participative aux
Etats-Unis est en pleine effervescence depuis trente ans : dans l'ensemble
des Etats fédérés, il y a environ 70 consultations les
années impaires, et plus de 300 les années paires,
couplées aux élections générales. Cependant nous
sommes assez loin des objectifs préconisés à la fin du
XIXème siècle, quand on avançait que la
démocratie participative était un contrôle populaire des
élus : il y a un désintérêt notable des
électeurs pour les initiatives (40% maximum de participation). La
démocratie participative a de plus largement été
détournée au profit des groupes d'intérêt, au point
que désormais des sociétés se sont
spécialisées dans la collecte de signatures, dans l'organisation
de campagnes électorales : les initiatives ne reflètent souvent
que le point de vue d'un seul groupe de pression, ce qui a conduit à
l'utilisation de l'expression «référendum d'initiative
minoritaire.»
L'Italie et son référendum d'initiative
populaire abrogatif
Comme la Suisse et les Etats-Unis, l'Italie est un Etat
relativement récent, indépendant et unifié depuis le
milieu du XIXe siècle, et par la même à forte vocation
décentralisée, cinq régions italiennes
bénéficiant même d'un statut d'autonomie
spéciale...
En Europe, l'Italie est un cas particulier dans le domaine de
la démocratie participative. La Constitution italienne prévoit
diverses possibilités de démocratie participative au sein
desquelles le référendum tient une place importante, même
si la classe politique a souvent tenté de neutraliser son
utilisation.
Le Parlement italien a mis 23 ans pour voter la loi
nécessaire à la mise en oeuvre du référendum
d'initiative populaire abrogatif, alors que celui-ci était prévu
dans la Constitution dès 1948. C'est en 1970 que la Démocratie
Chrétienne au pouvoir doit se résigner à accepter
l'autorisation du divorce mais mets parallèlement en place le
référendum abrogatif en espérant revenir sur
l'autorisation du divorce, ce qu'un majorité de votants au
référendum refusa de faire.
Prévue par l'article 75 de la Constitution, cette
procédure permet donc à 500 000 électeurs ou cinq
Conseils Régionaux de demander l'abrogation d'une loi ou d'une partie
d'une loi. L'article 75 stipule cependant que le référendum
abrogatif n'est valable que s'il y a une majorité des électeurs
inscrits qui a participé au vote (il faut donc qu'il y ait plus de 50%
de participation). L'abrogation de certaines lois est exclue : lois
d'amnistie, lois de ratification des traités internationaux et lois
fiscales et budgétaires.
Cette procédure, après des débuts
difficiles, s'est révélée d'une grande efficacité
entre 1987 et 1993, où dix-sept référendums abrogatifs ont
ainsi été organisés, et une grande majorité ayant
abouti. L'impact était d'autant plus fort que le Gouvernement et le
Parlement interprétaient les résultats politiquement. Notamment
en 1987, lorsque trois référendums ont été
organisés contre les projets nucléaires, cela a abouti à
l'arrêt complet du programme électronucléaire italien. En
1993, les Italiens ayant abrogé une loi concernant le mode
d'élection des sénateurs (abrogation du système
proportionnel), le gouvernement et le Parlement ont
préféré changer toutes les lois électorales...
L'opération Mani Pulite8(*) a
révélé les dysfonctionnements du système politique,
et les référendums ont été utilisés pour
mettre fin à la corruption de ce système. Le financement public
des partis politiques a été supprimé, le système
politique complètement changé à partir de l'imposition du
scrutin majoritaire en 1993. La vie politique italienne s'est
restructurée autour de deux pôles : un pôle de gauche
(l'Ulivo, regroupant socialistes et communistes) et un pôle de
droite autour de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi. Une
véritable alternance politique est devenue possible, après une
longue domination de la Démocratie Chrétienne,
complètement morcelée en petits partis après un tel
séisme.
Si le référendum abrogatif a permis cette
restructuration, il apparaît aujourd'hui à bout de souffle. Les
référendums de mai 2000 pour un changement de mode de scrutin,
qui ont été combattus par la droite, ont échoué
à cause d'une trop faible participation. En effet les tenants du
maintien de la loi ayant plus intérêt à s'abstenir
qu'à voter non, cette pratique peine à mobiliser la
majorité des Italiens, hormis lors de circonstances politiques
très particulières.
Il existe également en Italie une possibilité
d'initiative populaire des lois, prévue par l'article 71. Il s'agit de
permettre au peuple de présenter une pétition sous forme de
projet de loi, devant être déposé et soumis au vote du
Parlement par au moins 50 000 citoyens. Cependant le Parlement
n'étant jamais obligé de discuter le projet, cette pratique n'a
pas connu de réelle efficacité.
La Suisse, les Etats-Unis et l'Italie proposent donc des
méthodes originales de démocratie participative. Cependant aucun
de ses modèles n'échappe à la critique et la même
question de l'instrumentalisation par les politiques peut se poser pour les
trois pays...
La participation en France
En France la fonction politique revêt un certain
caractère «sacré», bien plus que dans les pays
scandinaves notamment où les politiques sont perçus comme des
citoyens comme les autres. Plusieurs facteurs peuvent jouer dans cette
tradition française : le fait que la France a été une
monarchie pendant des siècles, et que même l'instauration d'un
régime républicain a perpétué cette sacralisation
du pouvoir. Les dirigeants ont ainsi une très haute conception de leur
rôle et n'entendent pas que l'on vienne dire que le moindre tout-venant
serait autant qualifié qu'un élu pour prendre une décision
touchant au bien commun.
Pourtant en 1793, la Constitution de l'An I prévoyait
que les citoyens devaient se réunir en Assemblées Primaires, qui
devaient donner leur accord sur les lois votées par le Parlement, ce qui
constituait une forte forme de démocratie directe. Mais cette
Constitution, qui prévoyait en outre le suffrage universel, ne fut
jamais appliquée, et la pratique du plébiscite au sein des
régimes bonapartistes a achevé les hommes d'Etat
républicains de se méfier des consultations populaire...
La France peut alors apparaître comme largement en
retard par rapport à nombre d'autres démocraties occidentales,
dont la tradition de démocratie participative est nettement plus
ancrée. La démocratie représentative a souvent servi dans
notre pays à légitimer voire camoufler pendant la seconde
moitié du XIXe siècle et la première du XXe le pouvoir des
députés. Aussi, dès 1920, un constitutionnaliste
classique, Raymond Carré de Malberg, dénonçait-il la
souveraineté parlementaire et préconisait de l'équilibrer
par le recours au référendum9(*)... Mais en France l'idée de l'appel au peuple
a longtemps évoqué la pratique plébiscitaire des
régimes impériaux : il a fallu attendre 1958 pour que le
recours au référendum soit normalisé. Cela dit la
grand-messe du référendum constitutionnel, telle qu'elle
était pratiquée au temps du Général de Gaulle,
s'avère bien moins audacieuse que les multiples pratiques de
démocratie participative existant dans les pays que nous avons
visités.
La participation directe des citoyens en France, sur le plan
institutionnel, se limite alors bien souvent au sacro saint
référendum, si emblématique de notre Ve République
et pourtant si redouté de nos politiques. La dernière campagne
présidentielle a cependant fait de la démocratie participative un
sujet important de débat, notamment du fait de la mise en place par les
deux principaux candidats de structures de soutien en dehors des partis
traditionnels, afin de s'appuyer sur la société civile. Tout cela
relève donc avant tout d'une pratique orchestrée par les
politiques, qui cherchent auprès des citoyens un appui qu'ils obtiennent
en les faisant participer... Certaines évolutions au cours des
dernières années ont déjà eu lieu sur le plan
juridique, et nul doute que celles-ci se poursuivront à l'avenir...
L'état actuel du droit en France
L'instrument phare de la démocratie participative, le
référendum, tient au sein du système institutionnel
français une place particulière et est considéré
comme un instrument essentiel de l'exercice de la souveraineté du peuple
français10(*).
Longtemps marqué par l'usage qu'en faisait le Général de
Gaulle, le référendum ne manque pas en France de susciter des
très larges débats lorsqu'il en est organisé un, et bien
souvent les Français se refusent à répondre strictement
à la question qui leur est posée...
La Constitution française prévoit deux
possibilités de référendum, le référendum
législatif (art. 1111(*)) et le référendum constitutionnel (art.
8912(*)). Outre la
différence de nature des textes soumis à ces
référendums, il existe une différence de taille entre les
deux procédures en cas d'initiative présidentielle : le
Président n'a pas besoin d'un vote des deux assemblées pour
lancer un référendum grâce à l'art. 11, tandis que
l'utilisation du référendum par l'art. 89 requiert un vote
favorable des deux assemblées au préalable.
Théoriquement, le recours au peuple n'est donc pas
direct en cas de modification de la constitution. Il n'est même pas
obligatoire dans la mesure où le Président peut également
passer par le Congrès pour faire approuver toute réforme
constitutionnelle13(*).
Cependant le Général de Gaulle s'est servi à deux reprises
de l'article 11 pour convoquer un référendum aux fins de modifier
la constitution (ce qui n'a pas manqué de susciter de nombreuses
controverses sur la légalité d'une telle procédure), sans
avoir à passer par le Parlement au préalable : en 1962 pour
l'élection du Président au suffrage universel direct et en 1969
pour la régionalisation et la réforme du Sénat, ce dernier
ayant échoué et abouti au départ du Général
de Gaulle. Cependant la conception gaullienne du référendum, qui
passait plus pour une question de confiance et d'adhésion personnelle du
peuple envers son président, que pour une simple question sur un point
précis, faisait du référendum une arme à double
tranchant et un exercice risqué duquel la plupart des successeurs du
Général ont préféré se passer... Ainsi le
seul cas d'utilisation de la procédure de référendum
constitutionnel par l'art. 89 date de 2000 avec l'instauration du
quinquennat : en dehors de cela ainsi que du référendum de
1962, toutes les modifications de la Constitution française ont
été adoptées par le Congrès.
Le référendum a aussi présenté
de sérieux risques pour la ratification de traités : le
traité de Maastricht n'a été approuvé par
référendum en 1992 que par 51% des Français, quant au
traité constitutionnel européen, une majorité de 54,7 %
l'a rejeté en 2005, ce qui a jeté un large discrédit sur
la classe politique française, majoritairement partisane du
« oui ».
Au final les référendums en France sont
plutôt rares, les politiques préférant
généralement la voie moins semée d'embûches du
Congrès. Le fait est de plus que bien souvent les Français par
leur vote ne répondent pas tellement à la question posée
mais veulent avant tout profiter de l'occasion de la tenue du
référendum pour exprimer un message à l'attention de la
classe politique. Ainsi le « non » qui a triomphé en
1969 était bien plus un non à de Gaulle qui avait annoncé
qu'il démissionnerait aussitôt en cas d'échec, ce qu'il a
fait. Quant aux motifs du rejet du Traité européen, là
encore ce sont en grande partie de vieilles rancoeurs générales
envers l'Europe qui se sont exprimées, ainsi qu'une méfiance
totale envers les institutions et la politique communautaires actuelles,
plutôt qu'un rejet du traité stricto sensu.
Si le référendum a donc longtemps
été l'instrument de démocratie participative
privilégié en France, pour ne pas dire le seul, la loi a
cependant connu un certain nombre d'évolutions significatives pour ne
pas penser que le mouvement vers une diversification des méthodes de
démocratie participative est en marche. La loi du 27 février 2002
relative à la démocratie de proximité a prévu un
certain nombre de mesures favorisant la participation directe des citoyens
à la vie publique.
Cette loi a ainsi permis la création de conseils de
quartiers dans les communes de 20 000 habitants et plus, ces conseils de
quartier étant obligatoires pour les villes
au-delà de 80 000 habitants14(*). Institués par le conseil municipal, ils
comprennent des élus municipaux, représentés à la
proportionnelle, ainsi que des personnalités représentatives et
des associations d'habitants. Ils doivent jouer un rôle consultatif
auprès du maire, principalement dans le domaine de la politique de la
ville. La formule retenue confère aux conseils un rôle de
proposition et les associe aux décisions dans un esprit de
concertation.
La loi constitutionnelle du 28 mars 2003 relative à
l'organisation décentralisée de la République est
également porteuse de plusieurs innovations. Un référendum
local décisionnel (nouvel article 72-1 de la Constitution15(*)), est désormais
possible alors que jusqu'à présent, seul un
référendum consultatif, au niveau communal, était
autorisé. Cependant, seuls les élus, et non les citoyens, peuvent
être à l'initiative du nouveau référendum
décisionnel. La loi organique du 1er août 2003 relative au
référendum local précise les modalités de sa mise
en oeuvre.
Les citoyens bénéficient tout de même d'un
droit de pétition et peuvent désormais demander (mais non obtenir
avec certitude) l'inscription à l'ordre du jour d'une assemblée
locale d'une question relevant de sa compétence, comme le stipule l'art.
72-1 de notre Constitution. Ce n'est donc pas un référendum
d'initiative populaire dans la mesure où la pétition ne permet
pas d'obtenir systématiquement un référendum mais que
celui-ci est décidé par le conseil municipal.
Cette réforme constitutionnelle a également
créé la possibilité d'organiser, lorsque la loi l'y
autorise, des consultations locales : en cas de modification de
l'organisation d'une collectivité territoriale à statut
particulier, en cas de modification des limites des collectivités
territoriales. Le 6 juillet 2003, 51% des électeurs corses se sont ainsi
prononcés contre le nouveau statut qui leur était proposé
pour leur île. Ces référendums ont toutefois valeur de
simples avis16(*). En
revanche si de telles question concernent un collectivité d'outre mer,
la consultation est dans ce cas obligatoire et le résultat du
référendum lie le législateur17(*).
L'état du droit actuel en France ne permet donc pas
in fine de procédures particulièrement poussées
en matière de démocratie participative, ni originales. Cependant
le mouvement de ces dernières années est net : la
participation directe des citoyens tend à être encouragée
au niveau local, que ce soit par les conseils de quartier ou le droit de
pétition. Ce mouvement est voué à se poursuivre au vu des
débats politiques qui tournent actuellement autour de cette question.
Débats et perspectives
C'est notamment la dernière campagne
présidentielle qui a été le théâtre de
proposition innovatrices en terme de démocratie participative. La
proposition la plus retentissante et qui n'a pas manqué de susciter de
grandes polémiques est sans nul doute celle de Ségolène
Royal concernant les «jurys citoyens.» Ces derniers, tirés au
sort, devaient être chargés d'évaluer les politiques
publiques des élus, et permettre ainsi de faire «émerger une
sorte de richesse humaine spontanée18(*)».
La forme exacte de ces jurys citoyens est restée plus
ou moins vague : «On retrouve un mélange de catégories
sociales. On peut avoir un Rmiste, un ingénieur, des gens qui ne se
connaissent pas et que l'on fait travailler en étant accompagnés
par des élus et des experts sur un même sujet.» La question
de la pertinence et de la qualification de citoyens tirés au sort
à donner leur avis sur la vie publique se pose tout de même avec
une certaine acuité.
L'idée est en fait déjà
expérimentée à l'étranger. Sur le modèle des
assises, un jury tiré au sort se réunit pour débattre
pendant plusieurs jours sur des dossiers précis. Dans la plupart des
cas, leur rôle reste consultatif, et ils interviennent en amont des
décisions. Mais certains ont des prérogatives
décisionnelles en matière budgétaire, à Berlin, ou
Porto Alegre. En France, plusieurs expériences similaires ont
déjà été menées : Ségolène
Royal elle-même a expérimenté dans sa région le
«budget participatif», chaque année, les lycées doivent
décider de l'usage de 10 % du budget qui leur est affecté.
Les politologues ont généralement posé
deux conditions préalables à la pertinence et l'efficacité
d'une telle mesure : pour Bastien François, professeur de sciences
politiques à l'université Paris-I, «C'est une tendance forte
en Europe, une réponse possible à la crise de la
représentation politique. Cela peut faire émerger des
idées nouvelles car les citoyens sont plus diplômés
qu'avant. Cela dit, pour que ce soit plus efficace qu'un sondage, il faut que
ces jurys produisent un avis éclairé, qu'ils soient
formés». Loïc Blondiaux19(*), chercheur à l'IEP de Lille, précise
lui que «l'expérience prouve qu'il faut aussi que ces jurys soient
transparents et indépendants de leur commanditaire politique. Les
rôles doivent être bien délimités pour que les
élus n'aient pas l'impression de se voir confisquer le pouvoir au profit
des citoyens20(*).»
Des citoyens compétents et indépendants,
autant dire que l'on réclame d'eux les mêmes qualités que
nos dirigeants, ce qui présente le risque d'une confusion entre la
légitimité de l'élu et celle du simple citoyen. A ce sujet
Ségolène Royal a précisé qu'il ne s'agissait pas de
«sanctionner» les élus, et que ceux-ci garderaient toujours le
dernier mot. A ce stade il ne serait pas inutile de relever ce propos du
constitutionaliste Didier Maus : «Les élus sont
légitimes pour juger de l'intérêt général,
ils sont élus sur les programmes généraux et n'ont pas
à être jugés sur des actions catégorielles. Par
ailleurs, on ne peut pas remplacer la sanction d'une élection
régulière par un happening permanent.» Finalement c'est
Loïc Blondiaux qui résume assez bien toute la fragilité
d'une telle mesure : «Le pari sera donc de savoir si, en l'absence de
sanction, ces jury peuvent avoir un poids symbolique suffisamment fort pour
s'imposer.» Au vu de l'accueil que les maires ont fait de cette
proposition, on peut estimer que ce poids symbolique, en pratique, les jurys ne
l'auraient pas eu...
La campagne de Ségolène Royal a d'ailleurs
véritablement été menée en insistant sur la
démocratie participative : Désirs d'Avenirs a
constitué une plate-forme de propositions par tous les citoyens,
indépendante du PS. Il est d'ailleurs significatif que le
Président de la république actuel, naguère sceptique
devant une telle façon de mener campagne, a laissé Jacques Attali
créer une trentaine de blogs pour alimenter des propositions pour la
commission qu'il préside sur les conditions de la libération de
la croissance française. Il ne faut pas oublier non plus que lors de la
campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, une structure de soutien
indépendante de l'UMP, l'Association Nationale des Amis de Nicolas
Sarkozy (ANANS), avait été mise en place : son but
était de promouvoir le projet présidentiel de Nicolas Sarkozy
tout en allant à la rencontre d'hommes de terrain, avec la
volonté de privilégier l'homme et les idées au
détriment de l'étiquette politique. Très dynamiques sur le
net, les blogs des sections jeunes régionales de l'ANANS ont ainsi
fourmillé de témoignages singuliers, de propositions et
débats en tout genre, sans oublier l'organisation de rencontres assez
informelles, plus décontractées que si elles avaient eu lieu dans
le cadre de l'UMP...
Il est cependant impossible de nier la part de
démagogie contenue dans ces propositions ou dans le lancement de ces
structures. La phrase de Ségolène Royal «mes idées
seront les vôtres» pose la question du rôle du
décideur : doit-il se contenter d'écouter ou doit-il
également jouer un rôle majeur d'impulsion, comme l'a tout de
même répété Nicolas Sarkozy à plusieurs
reprises ? Une critique récurrente faite envers
Ségolène Royal a souvent été que sa volonté
d'instaurer une démocratie participative au sein même de ses
structures de campagne masquait le fait qu'elle-même n'avait que peu
d'idées à proposer aux Français...
Nicolas Sarkozy promettait lui
«d'associer» les citoyens au choix des réformes et de
rendre compte «régulièrement» devant eux de
son action. Ainsi il a été évoqué que 10 % du corps
électoral puisse demander au Parlement de se prononcer sur un texte de
loi, Ségolène Royal ayant également formulé une
proposition similaire. Quant au référendum d'initiative
populaire, pourtant promis par Jacques Chirac lors de la campagne de 2002,
seule l'UDF et François Bayrou ont proposé en 2007 son adoption,
ainsi que l'extension du champ référendaire de l'article 11, dans
leur projet pour une VIe République, qui proposait également la
possibilité de saisine du Conseil Constitutionnel par les citoyens.
Cependant le référendum d'initiative populaire ainsi que la
saisine du Conseil Constitutionnel constituent bien évidemment des
thèmes sur lesquels la Commission pour la réforme des
institutions présidée par Edouard Balladur ne va pas tarder
à rendre ses décisions...
Après avoir tenu le haut du pavé pendant la
dernière campagne présidentielle, l'idée de
démocratie participative est désormais quelque peu en veilleuse,
mais ne manquera pas de ressurgir lors de la publication des travaux de la
Commission Balladur. Les Français ne se privent cependant pas de
participer, notamment au niveau local et d'une manière non
institutionnelle : l'exemple de la consultation de Bruno Genzana à
Aix-en-Provence en est représentatif...
Le cas d'école
d'Aix-en-Provence
Un exemple significatif d'une volonté de consultation
de la population locale en toute proximité d'une part, mais sans
être totalement dénué de toute stratégie
électorale d'autre part, se trouve du côté
d'Aix-en-Provence, ville ni trop petite ni trop grande avec ses 150 000
habitants, et dont la vie politique est fortement agitée... En effet,
droite et gauche y sont divisées, sans oublier le centre, dont le leader
local François-Xavier de Peretti suit pleinement depuis 2002
François Bayrou dans sa stratégie d'autonomie vis-à-vis de
la droite, comme l'en témoigne sa posture « ni dans la
majorité, ni dans l'opposition », ainsi que le lancement de sa
structure l'Union pour Aix. En ce qui concerne l'UMP, le maire sortant
Maryse Joissains s'est vu contesté par ses 2e et
5e adjoints, Stéphane Salord et Bruno Genzana, lequel a
lancé en septembre 2006 Les Ateliers de l'Avenir - Aix 2008,
vaste plateforme de projets comprenant notamment une «Grande Consultation
de tous les Aixois», ce qui n'a pas tellement plu à Mme le
Maire : le climat s'annonce pour le moins tendu pour les prochaines
élections municipales...
Une opération stratégique
Cette initiative ne manqua pas de susciter de vives
polémiques, que ce soit avec l'opposition ou même au sein de la
majorité municipale. Les Ateliers de l'Avenir ont en fait
constitué une excellente occasion pour Bruno Genzana de se
démarquer de l'équipe sortante et d'affirmer son autonomie, face
aux critiques non négligeables pesant sur Mme le Maire et son entourage,
presque depuis le début de son élection à la tête de
la ville en 2001. Bruno Genzana et son bouillonnant compère
Stéphane Salord seraient ainsi tout à fait en mesure de se poser
en hommes de «rupture», sans pour autant renier leur appartenance
à la majorité municipale, s'inspirant ainsi du numéro
d'équilibriste qu'a su parfaitement exécuter Nicolas Sarkozy lors
de la dernière campagne présidentielle, lors de laquelle il a pu
se démarquer substantiellement du gouvernement sortant et de
l'ère Chirac, tout en étant soutenu par ce même
gouvernement dont il était même le numéro 2, avec le titre
de Ministre d'Etat...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les habitants aixois
seront extrêmement attentifs au déroulement de la prochaine
campagne municipale. Quant à ceux s'étant impliqués sans
arrière-pensées dans Les Ateliers de l'Avenir, ils
devraient sans aucun doute surveiller de près M. Genzana afin de voir
quels enseignements celui-ci aura tiré de cette vaste consultation...
L'ambition pour le bien des gouvernants et des
gouvernés
Le cas concret de l'initiative de Bruno Genzana
à Aix-en-Provence est révélateur de
l'ambiguïté d'une telle démarche : d'un
côté l'exécutif local, souvent accusé de gouverner
en vase clos, créé un mécontentement de certaines franges
de la population. De l'autre, un adjoint au maire réputé pour son
sérieux et son écoute offre enfin l'occasion à de nombreux
habitants de s'exprimer, et d'élaborer tous ensemble une
véritable vision d'avenir pour Aix... Sauf que par la même
occasion cet adjoint devient de fait un acteur incontournable du paysage
politique aixois, et peut légitimement se poser en candidat à la
mairie lors des prochaines élections. Difficile pour le citoyen aixois
lambda de ne pas voir a priori d'arrières
pensées personnelles dans cette démarche, pourtant guidée
par les meilleurs sentiments du monde, d'autant plus si le dit citoyen est
connaisseur des moeurs politiques aixoises, plutôt
singulières...
La question essentielle reste finalement de déterminer
quel bénéfice la population concernée va tirer de cette
démarche de consultation, à la fois sincère et
stratégique : il a été en effet très difficile
de synthétiser en projet les milliers de retour qu'ont eu une telle
initiative, d'autant plus que la qualité des contributions
effectuées y a été bien évidemment on ne peut plus
variable. Un autre problème est aussi que le citoyen ne pourra
véritablement s'assurer d'avoir été bien entendu que
lorsque l'initiateur de la démarche de consultation aura les moyens de
concrétiser en acte les projets établis : or pour cela il
faudrait que M. Genzana soit élu Maire d'Aix-en-Provence. Au final une
démarche de proximité telle que Les Ateliers de l'Avenir
reste avant tout une question de confiance : l'ambition personnelle est
présentée comme mise au service d'une ambition collective,
l'opportunisme dont a fait preuve M. Genzana devient alors une
opportunité pour les citoyens aixois...
I Aix-en-Provence entre jeux de scène
locaux et dynamisme participatif
Avant de décider de se porter candidat aux suffrages
des électeurs, il est recommandé d'analyser le terrain sur lequel
on se présente. Sa connaissance invite le candidat à adapter sa
stratégie, le corps électoral «est un corps vivant
qui réagit avec son instinct, le sens de ses intérêts, le
poids de son passé21(*).»
L'histoire politique en général est faite de
surprises, ce qui constitue le risque (et le charme) de la vie publique.
Théoriquement, mieux un homme politique est implanté dans son
territoire d'élection, moins il a de chances de connaître de
(mauvaises) surprises. Cependant la ville d'Aix-en-Provence semble quelque peu
échapper à la règle, tant le comportement et les
variations des électeurs aixois sont imprévisibles...
Aix-en-Provence, capitale historique de cette région
contenue dans son propre nom, ville à dimension internationale sur le
plan culturel et puissance économique régionale,
célèbre pour ses représentations scéniques et son
Festival d'Art lyrique, connaît une vie publique pour le moins
agitée, avec une classe politique locale qui s'entredéchire, des
associations vindicatives diverses et variées, des notables locaux
influents, et une population relativement hétéroclite,
dispersée entre les multiples quartiers et villages qui composent cette
ville de province dont l'étendue est bien plus grande que celle de
Paris22(*)....
La population aixoise en général est
particulièrement exigeante envers ses dirigeants, ayant la plupart du
temps une haute idée de sa ville et de la façon de la servir. Les
politiques aixois affichent d'ailleurs tous un point de vue semblable, ayant
beau jeu de s'accuser mutuellement de ne pas avoir de vision politique à
la hauteur des ambitions légitimes que doit nourrir une ville telle
qu'Aix-en-Provence. Cependant une figure du paysage politique aixois ressort
particulièrement du lot lorsqu'il s'agit d'employer ce genre de
vocabulaire : Bruno Genzana, conseiller général du canton
Aix Centre23(*) et actuel
5e adjoint au Maire, délégué au tourisme, au
Festival d'Art lyrique et aux Relations internationales.
Ayant pris ses distances avec la majorité municipale
actuelle, quoique ne l'ayant pas quittée, Bruno Genzana a lancé
en septembre 2006 une vaste consultation recouvrant un large champ de domaines,
orchestrée par une campagne de communication qui n'est point
passée inaperçue... Le tout dans un but ouvertement
avoué : l'ambition. Mais quelle ambition ? Une ambition
«à la hauteur de notre ville», d'où la
nécessité de construire un projet avec la contribution de tous
les Aixois. Cependant il fallait compter aussi sur une ambition d'une autre
nature, non encore avouée : ce projet d'avenir va de fait servir de
tremplin à Bruno Genzana pour se placer en situation d'être un
candidat crédible à la mairie d'Aix-en-Provence...
Un point sur le contexte politique aixois,
caractérisé par divisions et luttes fratricides, est
nécessaire afin de mieux comprendre les tenants et les aboutissants du
projet des Ateliers de l'Avenir. Ce projet n'est d'ailleurs pas le
seul moyen trouvé par Bruno Genzana d'accroître son capital
nom : notre élu pratique la concertation depuis de nombreuses
années sous d'autres formes. Cependant cette consultation n'a pas
manqué de déclencher de nombreuses polémiques dans
l'opposition municipale et aussi au sein du camp majoritaire...
1) Le contexte politique aixois
L'hétérogénéité
architecturale du centre ville d'Aix-en-Provence ne fait aucun doute. Il suffit
pour s'en convaincre de parcourir des yeux un plan du centre ville
délimité par les boulevards périphériques et
traversé par le Cours Mirabeau. Ce dernier sépare deux ensembles,
deux secteurs urbains à la configuration bien différente. Au nord
le vieux centre antique et médiéval se caractérise par son
labyrinthe de rues, de forums et de places promptes à désorienter
les esprits cartésiens24(*). Le caractère anarchique de la disposition des
artères du vieux centre, fruit de plusieurs siècles d'histoire, a
cependant tendance à s'atténuer au fur et à mesure que
l'on se rapproche des boulevards qui matérialisent ses limites. Au sud
du Cours Mirabeau s'étend un espace urbain structuré au
contraire par des rues de largeur presque identique qui se coupent à
angle droit : le quartier Mazarin. L'urbanisme qui s'y déploie
paraît tout droit sorti de l'esprit d'un géomètre et les
vicissitudes de l'histoire semblent n'avoir que peu perturbé cet
ordonnancement25(*).
Aix est donc une ville de contrastes, et ce qui est valable
en architecture l'est également en politique : si cette ville a
généralement une image plutôt bourgeoise et conservatrice,
il n'empêche que si l'on voulait schématiser les différents
clans qui composent le paysage politique aixois, on serait tout autant
désorienté que le touriste consultant le plan du centre ancien.
La politique locale y a ici une saveur particulière, les journaux locaux
ne se privant pas de rapporter une énième querelle ayant
éclaté en plein conseil municipal, dont les séances sous
la présidence de Maryse Joissains tiennent aussi bien du
théâtre de boulevard que d'un combat de gladiateurs, sans parler
du climat lors des élections...
Les électeurs aixois sont pour le moins aussi
capricieux que leurs dirigeants locaux, et n'hésitent pas à le
montrer lors du vote, ce qui fait d'Aix un ville où les élections
municipales restent toujours relativement ouvertes, où le dynamisme des
candidats lors de la campagne électorale peut faire la différence
même si au départ ils ne partaient pas favoris. L'initiative de
Bruno Genzana s'inscrit pleinement dans cette optique...
Cette caractéristique aixoise n'est pas
récente : l'histoire politique d'Aix est faite de grandeurs et de
décadences, de chutes et de rebondissements, de vertu et de trahison.
Tout cela abouti au paysage politique aixois actuel, complètement
divisé et éclaté, au sein même des partis, avec une
large incertitude pesant sur les intentions réelles des uns et des
autres, et sur les rapprochements ou éloignements possibles entre
politiques.
Le problème est qu'aujourd'hui les Aixois demandent
naturellement que leurs dirigeants s'occupent de leurs concitoyens en
priorité et non de leurs querelles personnelles : il existe une
réelle attente de la part de la population, car nombreux sont les
problèmes que rencontre cette ville, ainsi que les défis qu'elle
a à relever...
a) Un peu d'histoire
A Aix depuis près de trente ans, les luttes fratricides
n'ont jamais manqué. Aux temps du socialiste Félix Ciccolini
(maire de 1967 à 1978), Aix se distinguait déjà par une
succession d'annulations des élections. Depuis 1983, année
où le maire Alain Joissains n'avait pas pu se représenter pour
cause de déboires avec la justice et avait propulsé tête de
liste Jean-Pierre de Peretti della Rocca dans l'attente d'un éventuel
retour, la division n'a cessé de régner à droite.
Quatre listes de droite se sont affrontées en
1983 : se sont notamment présentés Jean-Pierre de Peretti
della Rocca (UDF), Charles de Peretti26(*) (RPR mais soutenu également par le Parti
Républicain, composante libérale de l'UDF), et Charles Debbash,
le célèbre et sulfureux juriste... Une fois élu,
Jean-Pierre de Peretti a vite pris goût à la fonction. Mais ayant
accepté de placer Maryse Joissains, l'épouse d'Alain, comme
première adjointe, les rapports avec cette dernière furent
rapidement tendus. En fin de mandat, il fut mis en minorité sur le vote
du budget. La droite allait passer dans l'opposition pendant douze ans.
En 1989, deux listes, une UDF menée par Jean-Pierre de
Peretti della Rocca, l'autre RPR menée par Jean-Pierre Bouvet,
étaient candidates tandis qu'une liste du Front national se qualifiait
pour le second tour. La bataille fut âpre entre les deux listes de droite
et le soir du premier tour de Peretti devançait Bouvet d'à peine
26 voix : l'inversion des résultats des deux candidats dans un
bureau de vote de la part d'un membre de l'équipe Bouvet fit qu'ainsi la
liste RPR croyait avoir remporté la primaire à droite et le
malentendu ne put se rectifier sans exacerber les tensions. A l'issue de
très difficiles tractations, une entente fut trouvée pour faire
fusionner les deux listes mais trop tard, la liste finale ayant
été déposée quelques minutes après l'heure
limite, elle fut invalidée par la sous-préfecture. Les deux
candidats ayant déposé leurs propres listes auparavant, cela
faisait quatre prétendants en lice au second tour, avec la liste
socialiste et celle du Front National. Malgré le désistement de
Jean-Pierre Bouvet et le retrait de sa liste, cette configuration offrait pour
ainsi dire la mairie sur un plateau au socialiste Jean-François
Picheral, ancien premier adjoint de Félix Ciccolini.
En 1995, nouvelles avanies, trois listes de droite
n'arrivaient toujours pas à se mettre d'accord au premier tour. Une
était menée par le député de la XIVe
circonscription27(*)
Jean-Bernard Raimond (RPR), ancien ministre des Affaires
étrangères que l'on traitait volontiers de parachuté, une
autre par l'ancien maire Alain Joissains (UDF) et une troisième par le
jeune ambitieux François-Xavier de Peretti28(*), qui avait fraîchement
rejoint l'UDF. Picheral fut réélu suite à une triangulaire
opposant la gauche, la droite et le Front National. En 2001 à nouveau
trois listes de droite, conduites cette fois-ci par Jean Chorro (RPR),
François-Xavier de Peretti (UDF) et Maryse Joissains (sans
étiquette). Ayant fait chacune environ 15%, celles-ci ont
fusionné pour enfin remporter l'élection avec seulement 550 voix
d'avance, l'extrême droite n'ayant pu cette fois-ci atteindre le second
tour.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est au total
la gauche qui a le plus longtemps exercé le pouvoir municipal à
Aix ces quarante dernières années : pendant 23 ans et la
droite seulement 17. Cela est dû essentiellement à trois
facteurs : la division récurrente de la droite aixoise et ses
déchirements internes, le poids relativement important de
l'extrême droite à Aix jusqu'en 2001, et enfin le positionnement
de certains leaders de la gauche, Jean-François Picheral en particulier,
qui a su se faire reconnaître comme une personne de bon teint et
modérée, ce qui a pu séduire une partie d'un
électorat conservateur mais soucieux d'avoir un maire qui donne une
bonne image de sa ville, tandis que le discrédit pesait quelque peu sur
les leaders de la droite aixoise.
Aujourd'hui à Aix, l'histoire est un éternel
recommencement, les divisions n'ont pas cessé, et celles de la gauche se
sont ajoutées à celles de la droite...
b) La situation politique
aujourd'hui
En mal de leader incontesté suite au retrait de
Jean-François Picheral après sa défait de 2001, la gauche
aixoise souffre elle aussi désormais d'un manque d'unité. Celui
qui apparaît naturellement comme le chef de file de l'opposition aixoise,
Alexandre Medvedowsky, a vu son statut de candidat socialiste potentiel aux
prochaines municipales contesté par l'arrivée sur Aix de Michel
Pezet, ancien bras droit de Gaston Defferre à Marseille et
président de la Région PACA jusqu'en 1986, adoubé par
l'ancien maire Picheral, qui désormais voue une haine farouche à
Medvedowsky son ancien dauphin29(*). L'ancien maire et son ancien adjoint se sont
d'ailleurs livrés à une querelle épistolaire plutôt
polémique dont les destinataires étaient les adhérents
aixois du PS, ce qui a fait largement désordre. Ces derniers devraient
se prononcer dans les prochains jours pour désigner leur candidat
investi et Medvedowsky devrait pouvoir s'en tirer sans problèmes,
étant donné que Michel Pezet, totalement privé d'appuis au
sein du PS aixois, vient tout juste de renoncer à se présenter
à l'investiture30(*). Cependant il est fort probable qu'il maintienne sa
candidature en dissidence, le soutien de Jean-François Picheral
demeurant un atout non négligeable en sa faveur. Quant au socialiste
André Guinde, conseiller général du canton Aix Sud-Ouest,
après avoir commencé à soutenir Pezet tout en envisageant
d'être lui-même candidat, il s'est finalement rallié
à Medvedowsky...
En ce qui concerne la majorité de droite qui
gère la mairie depuis 2001, son caractère
hétéroclite (elle est issue de trois listes différentes) a
bien vite provoqué de béantes fissures. La rupture entre Maryse
Joissains et François-Xavier de Peretti est consommée dès
2002 à l'occasion des élections législatives31(*) : 3e adjoint
à la culture, de Peretti s'est vu retirer ses délégations
et vote régulièrement contre de nombreuses décisions
prises en conseil municipal. La nette prise de distance de François
Bayrou vis-à-vis de la droite, après sa campagne
présidentielle et la création du Modem, recoupe tout à
fait celle de de Peretti au niveau local : il ne fait aucun doute que de
Peretti sera le candidat Modem aux municipales à Aix et cette fois-ci
toute entente avec une liste de droite semble particulièrement
difficile.
La division est aussi présente au sein de l'UMP :
plusieurs adjoints et conseillers municipaux, Bruno Genzana et Stéphane
Salord32(*) en tête,
ont progressivement pris leurs distances avec ce qu'il est communément
admis d'appeler le «système Joissains33(*)» et sa gestion en cercle
fermé, les élus n'entrant pas dans les bonnes grâces de Mme
le Maire se retrouvant bien souvent court-circuités. L'affrontement est
pour l'instant larvé, les intentions des uns et des autres n'ayant pas
été clairement dévoilées. Cependant le lancement
par Bruno Genzana des Ateliers de l'Avenir n'a pas manqué de
susciter la controverse au sein de la majorité municipale, et c'est
très naturellement que Maryse Joissains, réélue
député en 2007, a préféré changer de
suppléant...
Nous sommes donc en présence de cinq listes
potentielles de candidats aux prochaines municipales, toutes susceptibles
d'accéder au second tour : la campagne électorale et les
tractations d'entre-deux tours s'annoncent pour le moins musclées... De
nombreux bruits et rumeurs circulent déjà sur les
éventuelles tractations et alliances qui pourraient se conclure :
le ticket Pezet - de Peretti a longtemps tenu la côte dans les comptoirs,
sans que ces rumeurs n'écartent totalement un rapprochement entre de
Peretti et Bruno Genzana. Le moindre électeur sera
courtisé : or l'électorat aixois est justement
réputé pour être versatile et relativement
imprévisible...
c) Un électorat difficile à
cerner
Aix-en-Provence a connu deux périodes de mutations et
de renouveau démographique et urbanistique. L'arrivée des
rapatriés d'Algérie a accéléré la
construction du quartier d'Encagnane et le lancement de l'urbanisation du Jas
de Bouffan, deux quartiers populaires. Les années 90 ont
été fastes pour le développement économique qui a
vu plus de 10.000 habitants s'installer à Aix et qui a permis de
promouvoir une politique d'équipements structurants. L'essentiel des
grands projets qui trouvent leur achèvement aujourd'hui (centre
chorégraphique, salle de spectacles, musée Granet,
Sextius-Mirabeau...) ont d'ailleurs été lancés dans ces
années-là : leur aboutissement récent a largement
modifié la composition de la population aixoise, sans oublier la
construction d'un nouveau «village34(*)» à proximité du Pôle de
l'Arbois (La Duranne)... Difficile de prévoir le comportement
électoral de ces nouveaux venus, avec qui en général la
«prime au sortant» fonctionne moins qu'avec les habitants
déjà implantés auparavant, à condition
qu'aujourd'hui Maryse Joissains bénéficie d'une réelle
prime au sortant, ce qui n'est pas véritablement établi...
Ces aménagements ont ainsi provoqué une
évolution de la population (et donc de l'électorat)
considérable35(*),
à laquelle les politiques se sont bien entendu montrés attentifs,
et ce d'autant plus que certains en quelques années se sont largement
repositionnés en terme de captation d'électorat. Ainsi si en 2001
Maryse Joissains, ayant mené campagne sans étiquette politique,
avait largement recueilli les suffrages d'un électorat populaire avec un
brin de démagogie36(*), son positionnement lors des prochaines
élections devrait nécessairement évoluer dans la mesure
où elle bénéficiera désormais de l'investiture de
l'UMP et que la politique qu'elle a menée depuis six ans n'a pas
tellement dû la favoriser auprès des quartiers sensibles et
devrait la pousser à viser un électorat de droite plus
traditionnel... Quant aux candidats de gauche, leur stratégie de
campagne et leur positionnement électoral sera différent si seul
Medevedowsky investit se présente ou si Pezet maintient sa candidature,
ce dernier ayant plus tendance à lorgner vers le centre...
L'électorat aixois est versatile également dans
la mesure où il est relativement composite et que de surcroît
chaque catégorie de la population ne vote pas forcément comme on
pourrait le penser a priori : cette ville volontiers
étiquetée de droite a souvent donné sa confiance à
un candidat de gauche modérée, de plus des candidats de droite
ont déjà recueilli de très bons scores dans les quartiers
populaires comme Maryse Joissains en 2001 qui avait été
élue en déjouant tous les pronostics, tandis que Picheral faisait
un meilleur score qu'elle dans le centre ville, pourtant d'un niveau social
nettement plus élevé. Au sein même du centre ville
l'électorat est disparâtre, les habitants du centre
médiéval se prononçant souvent nettement en faveur de la
gauche37(*), tandis que
ceux du quartier Mazarin s'identifient beaucoup plus à un
électorat de centre-droit modéré, tendance
démocrate-chrétien.
La vie politique à Aix peut ainsi ressembler à
un cercle vicieux ou vertueux selon les points de vue : l'électorat
aixois, ayant réélu un maire de gauche en 1995 alors qu'il avait
voté massivement pour Jacques Chirac un mois auparavant, par sa nature
imprévisible ne peut qu'accentuer les tensions et rivalités qui
pèsent entre les politiques locaux, et ces mêmes rivalités
entachées de divisions accentuent cette tendance qu'ont les Aixois de
déjouer les pronostics.
2) Le cas concret des Ateliers de l'Avenir,
entre concertation et communication
Le paysage politique aixois étant pour le moins
fourni, nos hommes politiques locaux rivalisent d'imagination pour se
construire un capital-nom. Certains optent pour la stratégie de
l'opposition permanente, comme François-Xavier de Peretti, qui a
commencé sa carrière politique en se présentant contre le
candidat investi UDF Bruno Genzana aux cantonales de 1994, alors qu'il allait
rejoindre ce parti quelques mois plus tard. Il s'est depuis
présenté à chaque élection et a toujours perdu, son
seul mérite étant sa contribution à la victoire des
municipales de 2001 au cours desquelles il avait fait fusionner sa liste avec
les deux autres de droite dans l'entre-deux tours, mais pour mieux rompre par
la suite avec l'équipe municipale et tirer aujourd'hui à boulets
rouges sur la politique mise en place par la majorité...
En revanche Bruno Genzana a choisi une démarche sans
doute plus constructive, quoique non dénuée de risques pour
autant. Fidèle au pacte victorieux de 2001, il exerce ses fonctions
d'adjoint jusqu'au bout, mais il a également pris de fait ses distances
avec l'entourage de Mme le Maire de par son initiative de consultation de la
population lancée à titre personnel, le tout orchestré par
une campagne de communication remarquée...
a) Une «Grande Consultation de tous les
Aixois»
C'est le 15 septembre 2006 que devant un parterre de 1500
personnes environ, Bruno Genzana, accompagné de Stéphane Salord
et Jean-Pierre Bouvet38(*), a frappé un grand coup en lançant au
Pasino Les Ateliers de l'Avenir, plateforme de projets qui sera
dotée d'une permanence dans le centre d'Aix et destinée à
consulter les Aixois sur l'avenir de leur ville39(*).
A l'issue de cette réunion, un groupe de travail a
été mis en place afin d'élaborer toutes sortes de
propositions, à la fois concrètes et visionnaires, visant une
meilleure gestion mais aussi porteuses d'un véritable projet. De
décembre 2006 jusqu'au 30 janvier 2007, 60 000 documents40(*) ont été
distribués dans les boites aux lettres des habitants, l'objectif
étant que «chaque foyer aixois puisse répondre41(*)» les invitant à se
prononcer sur les priorités de leur ville ainsi qu'à s'exprimer
librement. Un site Internet a également été
créé42(*)
avec la possibilité de répondre en ligne.
Les propositions de Bruno Genzana et son équipe
figurant dans la brochure sont assez nombreuses et recouvrent un
très large panel de domaines : la vie quotidienne, le logement, la
jeunesse, le social, la culture, le développement
économique, la sécurité, le sport et les grands projets.
Au sein de chaque domaine, quatre à cinq propositions ont
été formulées, aux Aixois de retenir quelles sont les
mesures prioritaires dans chaque catégorie.
Bien des propositions étaient d'ailleurs des
propositions de bon sens touchant des domaines particulièrement
sensibles dans cette ville et figurant au coeur des préoccupations
quotidiennes de bon nombre d'habitants. Sont notamment proposés une
réorganisation des services de nettoyage, la multiplication de pistes
cyclables, une révision du Plan local d'Urbanisme pour qu'Aix ait
règlement des sols digne de ce nom, l'achat de terrains pour construire
de nouveaux logements l'ayant rendu nécessaire. N'oublions pas non plus
l'augmentation des effectifs de la police municipale, un système de
vidéosurveillance, la chasse aux tags, la volonté d'accueillir
une grande expo sur le modèle de celle de Cézanne au musée
Granet tous les deux ans, ainsi qu'une vraie vision d'aménagement pour
le nouveau village de La Duranne.
Bruno Genzana avait présenté sa démarche
comme indépendante de toute initiative partisane, incluant bon nombre de
personnes issues de la société civile dans son projet. Insistant
sur la réelle attente des Aixois à laquelle il a voulu
répondre, il en veut pour preuve le succès de cette
première réunion au Pasino, d'autant plus qu'à l'origine
c'était un lieu en plein air qui avait été prévu,
et que la pluie a dû l'amener à changer le site de la
manifestation la veille, ce qui n'a pas empêché le public
d'être présent au rendez-vous. Ce qui lui tenait également
à coeur était d'instaurer un dialogue direct avec tous les
Aixois, et non se contenter des relais avec la population que constituent les
associations, les groupements d'entreprise... D'où l'appellation
«Grande Consultation de tous les Aixois», dénomination
ambitieuse à la hauteur d'un but ambitieux...
C'est en tout 2453 réponses qui sont parvenues
à l'équipe des Ateliers de l'Avenir, par courrier ou par
email. Un bilan de la consultation a été tiré et
dévoilé au public au cours d'une autre réunion publique,
s'étant tenue le 21 mars 2007 au Centre des Congrès, dans une
salle aux trois-quarts pleine. Il est certain que la très grande
majorité de ceux qui avaient répondu à la consultation et
de ceux présents aux réunions étaient plutôt ravis
de cette démarche, en témoigne les innombrables marques de
reconnaissances exprimées dans les courriers43(*), ainsi que les nombreuses
lettres de protestation de gens n'ayant pu se rendre à la réunion
du 21 mars, ayant reçu leurs courriers d'invitation trop tard à
cause d'une grève de la Poste.
Si les résultats de la consultation ont fait que les
Aixois ont clairement privilégié trois thèmes sur lesquels
la prochaine municipalité devra oeuvrer en priorité (la vie
quotidienne, la sécurité et le logement), la réunion du 21
mars a cependant abordé tous les thèmes initialement
présentés dans la consultation, plusieurs tables rondes
s'étant succédées avec la présence de trente
«Grands Témoins» en tout, personnes emblématiques du
paysage citoyen et associatif aixois, pour des discussions à
bâtons rompus sur des sujets parfois sensibles, comme la menace de la
délocalisation de la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence, ou la fusion des
universités... Ces personnalités aixoises, toutes reconnues dans
leur milieu professionnel ou associatif, étaient venues prendre
connaissance des résultats de la consultation et donner leur propre
vision. Eux-mêmes ont apporté une contribution écrite...
Sur les 2453 réponses, si certains se sont
contentés de cocher des cases pour définir les mesures
prioritaires pour la ville, d'autres ont adressé à Bruno Genzana
de véritables messages de soutien, sans compter ceux qui ont
envoyé de véritables romans avec tout un ensemble de
considérations allant de la défense de la culture à la
protestation contre le manque de propreté : décortiquer
toutes ces contributions fut un véritable travail de titan pour
l'équipe des Ateliers de l'Avenir. Il faut dire qu'en
réalité les Ateliers de l'Avenir ne sont ni une entreprise, ni
une association, ni une quelconque entité officielle : il s'agit
simplement d'une dénomination informelle n'ayant aucun soutien
institutionnel pour que cette démarche soit nettement
différenciée des activités de Bruno Genzana en tant
qu'adjoint au maire ou conseiller général. A vrai dire, si une
synthèse de l'ensemble des réponses a été
élaborée pour la réunion du 21 mars, le travail de
réponse personnalisée à tout Aixois ayant participé
et d'examen approfondi de chaque revendication ou proposition n'est pas encore
tout à fait terminé à l'heure d'aujourd'hui...
Un autre élément à prendre en compte est
le fait que cette démarche initiée par Bruno Genzana s'inscrit en
continuité d'une ligne de conduite basée sur l'écoute et
la proximité depuis ses débuts en politique. Bruno Genzana se
qualifie volontiers comme pour ainsi dire «le seul élu accessible
et disponible aux Aixois», à la différence notamment de Mme
le Maire et du 1er adjoint Jean Chorro, réputés
difficilement abordables. Il est vrai que Bruno Genzana n'a pas attendu Les
Ateliers de l'Avenir pour recevoir les Aixois dans le cadre de permanences
assurées notamment dans les quartiers difficiles de la ville, Encagnane
ou les quartiers nord, à la fréquence d'une fois par mois au
minimum. Après avoir constaté de visu la situation de
détresse vécue par de nombreuses personnes bien souvent à
la recherche d'un logement décent (cela arrive fréquemment que
certains s'effondrent en larmes devant Bruno Genzana), et entendu ces gens
véritablement se plaindre de ne pas trouver d'interlocuteur disponible
auprès de l'entourage de Mme le Maire ou de son premier adjoint, il
ressort indéniablement que l'effort d'écoute de Bruno Genzana lui
a assuré une réputation d'homme dévoué et proche
des gens assez substantielle dans un certain nombre de quartiers...
b) Une stratégie de communication
efficace
Il est impossible de nier que Les Ateliers de
l'Avenir ont été en même temps une opération de
communication rondement menée. Une campagne d'affichage en panneaux 4x3
lui a permis de s'afficher partout dans la ville, prenant la pose d'un penseur,
à la Rodin, avec le slogan suivant : «Décidez de
l'avenir d'Aix, Bruno Genzana, une équipe, un projet44(*).» Le moins que l'on
puisse dire c'est que nous sommes ici très proches d'un slogan de
campagne...
La question de la fidélité de Bruno Genzana et
son équipe vis-à-vis de la municipalité à laquelle
ils appartiennent ne peut manquer de se poser : comme l'écrit un
article de La Provence en date du 4 décembre 2006, «si
l'adjoint au Tourisme et aux Affaires Internationales de Maryse Joissains
envisageait de conduire une liste dissidente pour la prochaine municipale, il
ne s'y prendrait pas autrement44(*).» Il est vrai que Les Ateliers de l'Avenir
ne font que très peu référence à la
majorité municipale actuelle, et il est très clair qu'il s'agit
d'une opération de consultation et de communication politique et non
institutionnelle. Cependant lorsqu'on pose la question à
l'intéressé, son discours est longtemps resté
nuancé, laissant toutes les portes ouvertes : «La
majorité municipale à laquelle j'appartiens a mené, en six
ans, sous la conduite de Mme le Maire, de nombreuses actions nécessaires
et positives. Vous êtes les témoins de ce dynamisme. Pour aller
plus loin, je crois que nous avons besoin d'une perspective, d'un cap, de
repères clairs, pour bien décider de la direction dans laquelle
doit s'engager notre ville pour construire un vrai avenir44(*).» Le 15 septembre 2006 au
Pasino, Bruno Genzana n'avait pas manqué de rendre hommage à Mme
le Maire, en lui reconnaissant «le mérite exceptionnel de nous
avoir fait gagner en 2001», et en proclamant son «respect
sincère.»
Le fait est que Bruno Genzana ne claque pas la porte de la
majorité municipale comme l'avait fait François-Xavier de Peretti
en 2002, et qu'il assume le fait qu'il continue à exercer ses fonctions
d'adjoint. Cependant son positionnement pourrait se résumer par la
phrase suivante, toujours extraite de l'éditorial de la brochure de
consultation : «ce dialogue ne s'inscrit pas en opposition avec
l'action municipale. Bien au contraire, il est destiné à
l'amplifier et la prolonger.» Or il apparaît clairement que Bruno
Genzana se pose comme celui qui serait porteur d'un nouvel élan,
l'amplification de l'action municipale devant plus venir de lui que de Mme le
Maire. C'est d'ailleurs ce qu'il a implicitement exprimé au Pasino le 15
septembre 2006 en évoquant «ce pays d'Aix qui n'a toujours pas
trouvé d'interprète à la hauteur des richesses qu'il
déploie» sans se priver de préciser l'état d'esprit
qui l'animait : «Je ressens au plus profond de moi qu'il est de ma
responsabilité de prendre toute ma place à l'élaboration
d'un grand projet.»
Pendant longtemps Bruno Genzana a toutefois laissé la
porte ouverte à l'entourage de Mme le Maire : Alain et Sophie
Joissains étaient d'ailleurs présents à la réunion
du 15 septembre 2006 et notre adjoint a ainsi pu y déclarer qu'il
n'était «pas étonné de voir [Mme le Maire]
adhérer à la démarche.» Plus tard, alors que
l'adhésion de Mme le Maire à la démarche n'était
absolument plus d'actualité, il maintenait cependant que «le pacte
de confiance qui nous unit depuis 2001 n'est pas rompu» et qu'il
«restait confiant sur notre capacité à trouver ensemble un
terrain d'entente pour conserver cette ville à droite45(*).»
Bruno Genzana l'a d'ailleurs toujours
répété au moment du lancement de sa
consultation : «si le temps de la campagne électorale des
municipales n'est pas arrivé, par contre, le temps de construire
ensemble un projet pour Aix et le Pays d'Aix est venu.» Toutes ses
déclarations et prises de position suivent un leitmotiv :
parler du projet de fond, répondre aux attentes des Aixois et ne pas
sombrer dans les querelles de personnes. Bruno Genzana a d'ailleurs clairement
soutenu Maryse Joissains lors des législatives ayant suivi
l'élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la
République, ayant déclaré à La
Provence : «Maryse Joissains et moi-même souhaitons la
victoire de Nicolas Sarkozy. Si c'est le cas, il nous faudra travailler
à lui donner une majorité, donc faire en sorte que Maryse
Joissains soit réélue députée et j'y mettrai,
là aussi, toute mon énergie. Ce n'est qu'après ces deux
étapes qu'il sera temps de songer à la campagne municipale.»
Effectivement lors des législatives, le soutien de Bruno Genzana envers
Maryse Joissains fut sans ambiguïtés, à croire que notre
adjoint aurait lancé les Ateliers de l'Avenir absolument sans
aucune intention un peu plus personnelle...
Cependant justement la meilleure stratégie, non pas
pour pouvoir être candidat aux prochaines municipales comme l'est
à chaque fois François-Xavier de Peretti, mais pour pouvoir
être un candidat potentiellement vainqueur, consiste exactement à
tenir cette posture que Bruno Genzana s'était fixé : d'abord
le projet, d'abord la concertation et des réponses concrètes aux
problèmes formulés par les gens. L'intérêt d'une
telle démarche est en effet que la candidature aux municipales n'est pas
perçue avant tout comme le fruit d'une ambition personnelle, mais comme
la volonté d'apporter sa contribution au développement et
à l'avenir d'Aix-en-Provence et de ses habitants, parce qu'elle
répond à une certaine nécessité.
Comme nous l'avons déjà évoqué, et
comme la presse locale l'a elle-même ressentie, la stratégie de
Bruno Genzana est similaire à celle, gagnante, de Nicolas Sarkozy aux
dernières présidentielles, à un détail
près : Jacques Chirac ne se représentait pas, et même
soutenait Nicolas Sarkozy, tandis que Maryse Joissains ne manquera pas de se
représenter aux prochaines municipales, investie par l'UMP. C'est
pourquoi Bruno Genzana, par cette consultation et sa réputation d'homme
de proximité bien plus accessible que Mme le Maire, ne manquera pas de
se réclamer du soutien d'une grande partie de la société
civile. Candidat non soutenu par un parti, mais fort de sa
crédibilité et de son expérience politiques, avec un
capital nom accru grâce au succès de sa consultation, soutenu tout
de même par quelques adjoints, d'ailleurs parmi les plus jeunes de la
majorité municipale actuelle, Bruno Genzana pourra finalement reprendre
à son compte certains des éléments de la campagne qu'avait
menée elle-même Maryse Joissains en 2001 : ouverture sur la
société civile, renouvellement de
génération46(*), homme n'ayant pas de tabous politiques, soutien de
certaines forces vives... Bruno Genzana et son équipe ont actuellement
tous les éléments en main pour faire de Maryse Joissains une
émule de Jacques Chirac, tandis que lui incarnerait un Sarkozy local.
Une certaine ressemblance physique entre les deux hommes est d'ailleurs
à relever47(*).
Pour la transformation de l'essai, rendez-vous en mars 2008 !!!
La lecture d'un message de soutien très amical de
Jean-Claude Gaudin lors de la réunion du 15 septembre 200648(*) pouvait d'ailleurs être
interprétée comme un soutien discret à cette initiative
personnelle, d'ailleurs financée par des dons auprès de
l'UMP : Jean-Claude Gaudin ayant toujours eu de bien meilleurs rapports
personnels avec Bruno Genzana qu'avec Maryse Joissains, cette caution morale
ainsi apportée peut tout à fait permettre à Bruno Genzana
aujourd'hui de refuser l'étiquette de «dissident» que ses
adversaires ne manqueront pas de lui accoler, et de se réclamer d'une
certaine bienveillance à défaut d'un soutien officiel de
nombreuses personnalités politiques qui comptent dans la
région.
La démarche de Bruno Genzana a donc su ménager
sincérité et stratégie : la meilleure façon
finalement de remporter une élection reste avant tout de travailler pour
les gens et non d'afficher ses ambitions sans qu'il n'y ait rien
derrière. C'est pourquoi d'ailleurs la candidature de Bruno Genzana ne
sera pas déclarée à l'emporte-pièce, mais lorsque
que le projet municipal de son équipe, fortement inspiré des
enseignements tirés de la consultation, aura été finement
élaboré.
Sa candidature apparaîtra ainsi comme un prolongement
naturel de son initiative de consulter la population pour une raison
simple : Maryse Joissains s'en étant
désintéressée, la conversion des idées
développées lors de la consultation en projets concrets ne pourra
s'effectuer que si Bruno Genzana est élu maire d'Aix. Les Aixois ayant
participé aux Ateliers de l'Avenir et attentifs à
l'issue concrète de leur contribution comprendront bien vite que s'ils
veulent que cette acte participatif aboutisse, ils devront voter pour Bruno
Genzana, sans que ce dernier l'ait tellement réclamé
explicitement. D'ailleurs il arrive très souvent que des personnes qu'il
a pu aider dans leur recherche de logement ou autre viennent lui dire qu'elles
voteront pour lui pour le remercier : ce à quoi Bruno Genzana
s'empresse systématiquement de préciser qu'il ne recherchait pas
le clientélisme et que sa démarche s'était faite sans
arrières pensées électoralistes, ce qui est encore la
meilleure façon d'achever de convaincre ces mêmes personnes de
voter pour lui...
Bien évidemment cette part de stratégie n'a pas
échappé à la classe politique aixoise ainsi qu'à
plusieurs habitants. Des Ateliers de l'Avenir - Aix 2008, certains ont
plus retenu le Aix 2008 (il est vrai significatif) que Les
Ateliers de l'Avenir : les répercussions de cette
démarche de consultation sont donc de plusieurs natures, selon que ce
soit auprès des politiques ou des citoyens aixois, de la majorité
ou de l'opposition, des personnes défavorisées ou des
catégories plus aisées...
3) Répercussions de la consultation
Cette démarche participative de Bruno Genzana, au vu
des moyens qui y ont été mis et de la communication qui en a
découlé, n'est bien évidemment pas passée
inaperçue auprès de ses collègues élus,
majorité et opposition comprises. Les Ateliers de l'Avenir ont
même suscité un certain nombre de polémiques et
controverses de tout ordre, souvent plus d'ailleurs au détriment final
de ceux qui les avaient provoquées que de celui qui était
visé.
La répercussion majeure sur le plan politique fut bien
entendu le changement définitif des relations qui unissaient Maryse
Joissains à Bruno Genzana et le reste de son équipe. N'allant pas
d'emblée de soi, cette dégradation des rapports s'est
avérée de plus en plus évidente au fil des jours.
Auprès des habitants, les répercussions furent
naturellement nettement plus positives, les occasions d'être
consultés sur l'avenir de leur ville ayant été
plutôt rares ces derniers temps. Cependant plusieurs contributeurs ne
manquèrent pas d'exprimer certaines interrogations et d'émettre
quelques réserves au sujet de cette initiative. Bien consciente que ces
belles paroles devaient être traduites en acte, la majorité des
Aixois ayant participé a finalement eu le même mot d'ordre :
nous sommes heureux d'avoir été consultés mais
désormais nous attendons la suite !!!
a) Des répercussions politiques
houleuses
Si lors du lancement des Ateliers de l'Avenir le 15
septembre 2006, Mme le Maire s'était tout de même fait
représenter par ses deux directeurs de cabinet, la rupture a cependant
bien vite été consommée entre Maryse Joissains et Bruno
Genzana, malgré les efforts de celui-ci pour ne pas polémiquer en
public, comme nous l'avons vu précédemment. Maryse Joissains a
ainsi déclaré dans La Provence du 11 décembre
2006 : «je ne crois pas que le débat soit enrichi par la
bobine de Bruno Genzana. Pour ce qui me concerne, je n'ai pas besoin de sondage
et de questionnaire pour savoir ce que pensent les Aixois. Je les vois et je
leur parle tous les jours depuis six ans, je connais donc très bien
leurs problèmes.»
Il est certain que Bruno Genzana et Maryse Joissains n'ont pas
la même vision des choses : «Au cours de ce mandat, j'ai eu le
sentiment qu'on répondait à certaines attentes de la population.
Mais j'ai aussi acquis la conviction qu'on n'avait pas une vision assez claire,
assez définie pour notre ville. J'ai regretté qu'on ne fasse pas
appel à des outils comme les enquêtes pour apprécier les
attentes des Aixois. J'ai donc eu la volonté de prendre toute ma part
à l'écriture de ce projet en mettant en place Les Ateliers de
l'Avenir dont la vocation était de concrétiser et de
transformer en projet les attentes des habitants de la ville d'Aix. Cela ne
pouvait passer que par un dialogue direct avec les Aixois. Si Mme le Maire
avait été animée de cet esprit de consultation, je ne
l'aurais pas fait49(*).» Encore aujourd'hui Bruno Genzana insiste sur
la démarche constructive de son projet, refusant de faire des
Ateliers de l'Avenir un instrument de son ambition électorale
a priori.
En revanche Maryse Joissains, elle, n'hésite pas
à franchir le pas dans La Provence, au sujet du financement par
l'UMP de la consultation : « Je suppose qu'il doit
s'agir d'un coup de pouce de Jean-Claude Gaudin à quelqu'un qui lui a
toujours été fidèle. Dans quel but ? Je l'ignore.
Peut-être veut-on me déstabiliser au profit de quelqu'un qui, s'il
était à ma place, serait plus proche et plus docile
vis-à-vis de Marseille dans la gestion municipale.» Initiative
désintéressée devenue intéressée par la
force des choses d'un côté, tentative de manipulation depuis
Marseille de l'autre... Cependant d'après Bruno Genzana, «le maire
d'Aix a beaucoup hésité dans sa stratégie de
réaction, en essayant de paraître associée à cette
initiative. Ensuite elle a fait le choix d'ignorer la démarche, puis de
la minimiser et enfin de la mépriser, puisqu'elle a affirmé ne
pas avoir besoin de consulter les Aixois dans la mesure où elle sait
très bien ce qu'ils attendent.» A chacun sa manière de
savoir ce que désirent les Aixois...
La question du financement des Ateliers de l'Avenir
par l'UMP là encore n'a pas manqué de faire réagir la
droite aixoise, Maryse Joissains en tête qui ne cachait pas que
«cela [l]'interpelle, dans la mesure où l'UMP ne m'a jamais
donné un sou pour mes campagnes, y compris pour la législative de
2002, que j'ai financée par un emprunt personnel alors que
j'étais investie par l'UMP.» Bruno Genzana précise cependant
que celui-ci est issu de «dons de plusieurs de mes sympathisants
auprès de l'UMP», précision qui a toute son importance dans
la mesure où dans cette hypothèse les fonds propres de l'UMP
n'auraient pas été utilisés pour soutenir ce que tout un
chacun serait porté à juger comme un acte de dissidence.
Il reste cependant clair que cette initiative a
bénéficié de la grande bienveillance de Jean-Claude Gaudin
qui par son message rapporté plus haut y a apporté un soutien
public. Mais ce soutien pour Bruno Genzana constituait bien la preuve qu'il ne
s'agissait pas d'une démarche personnelle à but
électoraliste, sans quoi l'UMP n'aurait pas accepté de
cautionner, mais d'une opération utile pour la majorité en place,
qui créerait un vivier d'idées très riches qui pourrait
très bien servir lors des prochaines élections, à
condition que Maryse Joissains s'y intéressât.
Bien entendu si l'initiative de Bruno Genzana a
créé quelques remous au sein de la majorité, l'opposition
n'a pas manqué non plus de se manifester à cette occasion. La
question en fut même très largement débattue au Conseil
Municipal en date du 9 juillet, particulièrement agité, notamment
du fait de certaines interventions très polémiques du Radical de
Gauche Lucien-Alexandre Castronovo, qui a avant tout reproché à
Bruno Genzana de reproduire des clichés dans sa brochure de consultation
qui seraient d'après lui des photographies présentes sur le site
de l'Office de Tourisme aixois, sans aucune déontologie. Bruno Genzana
ayant rapidement répliqué qu'en réalité les photos
incriminées avaient été prises par un ami à lui et
qu'il les avait gracieusement mises à disposition du site de l'Office,
la critique fut quelque peu désamorcée, bien que Castronovo
maintînt la globalité de ses critiques dans son blog
internet50(*).
Surnommés «Les trois rigolos» (d'après
le blog de Cyril Di Meo51(*)) par Maryse Joissains, Bruno Genzana,
accompagné dans sa démarche de Jean-Pierre Bouvet et
Stéphane Salord, n'ont pour autant pas manqué leur rendez-vous
avec la population. Certains râlent, critiquent mais participent
néanmoins à la démarche. Toutes les réactions
diverses et variées montrent toutefois une grande attente,
mêlée d'espoir et de scepticisme...
b) La réception par la
population
Les messages de félicitations et de soutien pour une
telle initiative n'ont pas manqué. A vrai dire Les Ateliers de
l'Avenir ont constitué une bonne opportunité pour nombre
d'Aixois soit de s'exprimer en détail soit sur des problèmes
simples, concrets, vécus au quotidien, soit de développer
longuement leur vision d'Aix-en-Provence et les grandes orientations
générales pour lesquelles la ville devra opter à
l'avenir.
Sur les 2453 réponses reçues, la majorité
ont été des envois par mails. Le nombre de courriers doit tourner
autour des 800 et c'est parmi ces 800 réponses que se trouvent les
doléances exprimées le plus en détail. Les collaborateurs
de Bruno Genzana chargés du suivi du courrier ont constaté qu'un
bon tiers se contentait d'adresser les plus vives félicitations à
l'auteur de la consultation ainsi qu'à son équipe, sans ajouter
de demandes ou revendications particulières. De nombreuses autres
personnes ont également félicité Bruno Genzana avant de
porter son attention sur tel ou tel point : le retour est donc très
nettement positif dans la mesure où cette consultation a
été vue d'un oeil très largement favorable auprès
de la population.
La lecture des adresses des personnes avec lesquelles les
collaborateurs de Bruno Genzana ont eu affaire indique que ce sont avant tout
les quartiers périphériques qui ont répondu, avec beaucoup
de demandes dans certains endroits plutôt défavorisés. La
plupart des gens qui s'expriment n'hésite d'ailleurs pas à
évoquer leur parcours professionnel, leur date d'implantation sur Aix,
voire leur niveau de vie, ce qui permet de mieux les identifier, au vu
également du quartier où ils habitent. Ce sont d'ailleurs
globalement les personnes peu aisées qui félicitent le plus Bruno
Genzana dans sa démarche, tandis que c'est dans les quartiers les plus
huppés qu'on émet le plus de doutes sur les retours qu'apportera
cette consultation. C'est ainsi qu'un habitant du quartier Mazarin se pose
ouvertement la question : «que ferez-vous de nos
réponses ? allez-vous les mettre à la poubelle ?»,
sans oublier de protester contre cette campagne de communication qu'il
imaginait orchestrée par la mairie et donc aux frais du contribuable.
Certaines craintes ont également été exprimées,
comme celle d'une droite divisée lors des prochaines municipales, mais
au final ces réserves ne font réellement pas le poids
comparé aux nombres de courriers de félicitations.
On peut remarquer également que les points
abordés par les Aixois consultés et priorités
dégagées dépendent pas mal du quartier dans lequel ils
vivent, de leur niveau social, du fait qu'ils sont implantés depuis
longtemps ou fraîchement arrivés. C'est ainsi que les
problèmes de logement sont très largement soulevés avant
tout par les habitants de logements sociaux, que ce soit pour l'évoquer
de façon générale, ou pour décrire leur situation
particulière : une dizaine de courriers émanant d'habitants
du lotissement de la Croix Verte, situé au Jas de Bouffan, a
ainsi fait part à Bruno Genzana de l'extrême état de
dégradation de l'immeuble, avec tous les problèmes que cela pose
en termes de sécurité et de salubrité. Une copie de la
pétition faite à la Logirem52(*) pour demander des mesures d'urgence a
été fournie avec les lettres de réponse, qui sont loin
d'être un cas isolé...
En revanche la question de la culture a été
largement abordée soit par des étudiants, soit des
retraités habitant des quartiers aisés : la vision de la
culture n'est pas la même chez les uns et les autres. Alors que les
étudiants réclament généralement une offre
culturelle plus diversifiée et plus ouverte sur des formes
d'enrichissement moins traditionnelles, les retraités peuvent se mettre
à faire un certain plaidoyer pour une culture plus traditionnelle.
Plusieurs d'entre eux, ainsi que d'aisés commençants du quartier
Mazarin, ont ainsi vivement critiqué l'enthousiasme de la Ville d'Aix
pour le Ballet Preljocaj, célèbre compagnie de danse moderne,
décrite dans la brochure de consultation de Bruno Genzana comme une
«grande manifestation de dimension internationale de notre ville»,
avec le Festival d'Art Lyrique. La politique théâtrale de M.
Bluzet, directeur du Théâtre du Jeu de Paume, n'a également
pas été épargnée par bons nombres d'Aixois de
longue date et très enclins à dénoncer une certaine
«décadence» culturelle dans laquelle risquerait de tomber leur
ville.
Une preuve de la réelle attente à laquelle
Les Ateliers de l'Avenir ont pu constituer une sorte de
réponse, c'est le fait que souvent les Aixois ayant répondu
estiment ne plus se faire beaucoup d'illusions sur l'attention accordée
aux gens par les politiques53(*), mais ils jouent tout de même le jeu de la
consultation parce qu'ils espèrent encore. D'autres se sont
également d'avoir adressé des courriers
répétés à Mme le Maire, restés sans
réponse, et s'adressent ainsi à M. Genzana en dernier recours. Il
faut d'ailleurs remarquer qu'alors que la très grande majorité
des Aixois consultés n'ont pas encore reçu de réponse de
la part de Bruno Genzana, le travail de suivi des Ateliers de l'Avenir
n'étant pas encore complètement terminé, plusieurs ont
été ceux qui ayant vu Bruno Genzana à diverses occasions
n'ont pas manqué de lui demander une réponse rapide, si bien que
celui-ci s'est exécuté en envoyant quelques réponses de
manière anticipée.
Les Ateliers de l'Avenir de Bruno Genzana constituent
donc un exemple révélateur du besoin d'écoute et de
participation que peuvent éprouver les habitants d'une ville, et que ce
besoin peut constituer également pour les politiques une
opportunité d'acquérir une certaine notoriété ainsi
que de la crédibilité électorale. Cependant la question
reste de savoir si sur le fond ce type de consultation peut être
réellement efficace pour résoudre les problèmes d'une
ville telle qu'Aix-en-Provence et, comme l'a si souvent dit Bruno Genzana
lui-même, «élaborer une vision d'avenir, une ambition
à la hauteur de notre ville» : Les Ateliers de
l'Avenir ont indéniablement constitué une vraie richesse et
offrent certaines perspectives à ses initiateurs, mais tout projet de ce
genre contient immanquablement aussi des limites...
II Richesses et ambiguïtés
d'une telle initiative
Dans sa brochure bilan de la consultation, Bruno Genzana ne
tarissait pas d'éloges sur la qualité des réponses
envoyées : «le résultat obtenu dépasse nos
espérances à la fois par le nombre de questionnaires reçus
et surtout par la qualité des réponses formulées.»
Cependant la question mérite d'être discutée : il
serait difficile d'affirmer que toutes les réponses ont
réellement été «à la hauteur des ambitions
pour notre ville». Il s'agit plus souvent de problèmes concrets,
pratiques, voire de demandes on ne peut plus personnelles, que de contributions
donnant des perspectives de projet d'avenir, même s'il est aussi
indéniable qu'il y en a eues...
La question essentielle étant de savoir quels retours
concrets cette consultation pourra avoir, que ce soit dans la vie des Aixois de
tous les jours ou en ce qui concerne des projets pour la ville à plus
long terme, avant d'y répondre, il est nécessaire de tenir compte
de trois paramètres54(*) : comme nous l'avons déjà
évoqué, la qualité des contributions citoyennes, mais
également l'attention réelle accordée par l'initiateur de
la consultation à ces réponses. Il faut d'ailleurs noter qu'au vu
de la campagne d'affichage et des moyens employés pour réaliser
cette consultation, l'envergure de ce projet a naturellement rendu ceux qui y
ont répondu assez exigeants, ne désirant pas que la montagne
n'accouche que d'une souris...
Le troisième critère reste celui du respect de
l'intérêt général : en effet quand bien
même le politique serait sincèrement désireux d'aider ses
concitoyens et d'accéder aux demandes qui lui sont faites, doit-il pour
autant le faire systématiquement ? Il ne faut pas oublier non plus
que, sans nier le succès des Ateliers de l'Avenir en termes de
retours, les Aixois consultés ne peuvent pour autant être
confondus avec les Aixois tout court, qui restent bien plus nombreux. Une
initiative comme celle-ci peut donc constituer un formidable appui pour mener
à bien plusieurs projets ayant suscité l'adhésion d'une
grande partie des citoyens, pour résoudre certains problèmes et
situations particulières d'un tel ou d'un tel, mais ne peut non plus
constituer une Bible à laquelle l'homme politique devrait se conformer
sans discuter. Si les moindres desiderata de tous les Aixois
s'étant exprimés devaient être exaucés, autant dire
que les finances de la ville seraient asséchées... Mais cela les
citoyens le savent, et ils attendent de voir si le politique fera mine de tout
exaucer sans vraiment le faire, ou s'ils auront en face d'eux un dirigeant
responsable qui leur parlera comme à des citoyens responsables...
1) Des contributions citoyennes
inégalement exploitables
Difficile de résumer le fourmillement d'idées,
de propositions, de réclamations, de protestations, de compliments, de
critiques, de propos très pertinents, et d'autres sans
intérêt, que Bruno Genzana et son équipe ont eu à
traiter. Cette diversité est cependant synonyme d'une certaine
réussite dans la mesure où c'est la population aixoise dans
toutes ses composantes qui s'est exprimée, et non sa seule
élite...
A force de lire sans cesse les mêmes revendications qui
reviennent (sécurité, propreté, transports), on peut se
demander si les collaborateurs de Bruno Genzana chargés de lire chaque
lettre attentivement n'ont pas trouvé la tâche quelque peu
rébarbative. Le projet d'ambition à la hauteur de notre ville
semble bien loin lorsque l'ont lit certaines contributions, à croire que
toute une partie de la population aixoise ne possède aucune imagination
et soit obsédée par des problématiques bien
terre-à-terre.
Cependant d'un autre côté les réponses
intéressantes n'ont pas non plus manqué, et il faut bien avouer
que l'ensemble des contributions est à l'image des Aixois :
l'extrême exigence qu'ils éprouvent à l'égard de
leur ville, dont ils tiennent tous à l'image et à la
réputation, s'y est nettement manifestée. De toute façon
toutes les problématiques faisant référence à la
proximité, la vie quotidienne, doivent désormais attirer la
grande attention des politiques, qui ne sont plus dans le même rapport
avec les citoyens qu'il y a une trentaine d'années : comme l'a
écrit Bruno Genzana lui-même, «les méthodes
employées dans les années 70 à 80 ne sont plus
adaptées pour résoudre efficacement les enjeux les plus
importants55(*).»
a) Une ambition pas toujours à la
hauteur
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une très large
proportion d'Aixois consulté, avant de songer à l'avenir, a
préféré d'abord évoquer le présent. Ce
présent pour Aix quel est-il ? La ville est jugée sale, les
transports en commun peu efficaces, les parkings trop chers, les axes de
circulation pas assez adaptés, les équipements de toutes sortes
pas assez nombreux, les manifestations culturelles trop chères :
bref nombreux sont ceux qui se sont contentés d'exprimer des demandes
visant à améliorer leur confort personnel.
Difficile de décrire à quel point le manque de
propreté a dû être une obsession, exprimée dans
environ la moitié des courriers. Obsession dans le sens où l'on
ne se contente pas de réclamer plus de propreté, mais l'on
énumère toute une série de mesures estimées
être «de bon sens», en indiquant qu'il s'agit d'une
priorité absolue. La propreté des parcs naturels du centre ville
a fait souvent l'objet d'inventaires précis : un courrier a
notamment recensé tout ce qui pouvait laisser à désirer au
Parc Rambot, réclamant un gardien, la fermeture du portail, la fermeture
du parc la nuit, le respect de l'interdiction de marcher sur les pelouses,
l'interdiction des chiens, la suppression des tags, etc... A croire que la
personne s'étant exprimée ainsi, n'ayant que le Parc Rambot en
tête, y pvivait jour et nuit. Des commentaires similaires ont
également été rédigés en ce qui concerne le
Parc Jourdan...
D'autres contributions semblaient mieux parties pour relever
le défi «d'une ambition à la hauteur de notre ville»,
notamment une où son auteur se revendiquant aixois de longue date,
attaché à l'art de vivre cultivé dans cette ville,
regrettait un certain nombre de «manquements inadmissibles». Sauf que
ces manquements sont pour lui un nombre insuffisant de bancs sur le Cours
Mirabeau, la nécessité d'une seconde piscine municipale, les
trottoirs de certaines rues trop étroits, et l'absence de toilettes
publiques et gratuites. Sans pour autant nier tout intérêt
à ce genre de demandes, inutile de préciser que le défi
n'a pas été relevé...
Un autre problème est que beaucoup de contributeurs ont
pris Bruno Genzana pour un homme à tout faire, à moins qu'il
fussent déjà totalement persuadés qu'ils s'adressaient au
futur maire d'Aix, et que donc celui-ci pourrait tout pour eux. En effet
certaines demandes ne relèvent pas du tout d'un projet global d'avenir
pour Aix, mais plutôt de l'octroi d'une faveur personnelle. Il y a eu
ainsi quelques cas de personnes se contentant pour tout commentaire de
préciser dans quel quartier elles habitaient et qu'il fallait à
cet endroit là modifier telle ligne de bus ou en créer une, pour
que le bus puisse passer à proximité de chez eux. D'autres
demandes sont allées beaucoup plus loin, avec le cas singulier d'une
vieille dame ayant fourni à Bruno Genzana le dossier intégral
d'une affaire judiciaire la concernant, étant en conflit ouvert avec le
syndic de son immeuble : bien qu'élu aixois, Bruno Genzana n'est
pourtant pas avocat...
Enfin d'autres contributions, elles, n'ont pas
été avares de projets, mais les exigences sont telles qu'on
pourrait demander si Bruno Genzana n'est pas confondu avec le Père
Noël. La création d'une rocade nord-est, d'un grand stade, d'une
nouvelle piscine, d'une grande bibliothèque dans chaque quartier et
village, du tramway, d'un RER Aix-Marseille sont tous des projets
intéressants, mais la réclamation de la réalisation de
chacun d'entre eux dans les meilleurs délais serait totalement
illusoire. Cela n'empêche pas certains habitants de réclamer
l'ensemble de ces équipements, mais pour leur quartier : ainsi un
habitant de Purycard se plaint que son village soit d'après lui
délaissé par les pouvoirs municipaux, et demande ainsi toute une
série d'équipements, ignorant sans doute soit que pour la plupart
d'entre eux leur réalisation avait déjà été
décidée, soit que pour les autres ses exigences n'étaient
pas particulièrement pertinentes. Il est en effet curieux de demander un
complexe sportif d'envergure à Purycard, alors que le Country Club est
juste à côté...
Il y a même des cas où l'ignorance peut
être plus que frappante : une dizaine de courriers a ainsi
notablement regretté l'impossibilité d'accès aux
piétons à l'intérieur du petit parc aménagé
dans le nouveau quartier de Sextius-Mirabeau, faisant face à la Rotonde,
parc devant lequel trône la statue de Paul Cézanne. Pourtant la
SEMEPA, maître d'ouvrage du projet, n'a cessé de préciser
que les piétons pourraient circuler librement dans le parc une fois que
les plantes et végétaux auraient pris, et cela est même
indiqué par un panneau parfaitement visible à l'entrée.
Toujours en ce qui concerne Sextius-Mirabeau, nombreux sont ceux qui se
plaignent de la chaleur écrasante de ce quartier, du fait du manque
d'ombre, à croire qu'ils n'ont pas vu tous les arbres et arbustes divers
qui y ont été plantés mais qui naturellement mettront des
années avant de produire une ombre suffisante...
Cependant d'autres contributions ont été de
qualité, et si cette consultation se voulait certes porteuse d'une
«vision d'avenir», elle aspirait aussi à résoudre les
problèmes quotidiens, concrets des Aixois, qui ont d'ailleurs
placé la rubrique Vivre Aix au quotidien en tête des
priorités... La vision d'avenir est présente mais a pour
corollaire que l'on songe également à gérer une ville au
présent : Aristote dans Les politiques
préférait disserter sur les cités grecques
déjà existantes, au lieu de faire comme son maître Platon
dans La République et de décrire une «cité
idéale», qui n'est qu'une utopie, une vue de l'esprit. Bruno
Genzana partageait également cette volonté d'ancrage sur le
réel, principe dont il a tenté de faire avec cette consultation
un atout politique : les réponses reçues l'ont ainsi
largement encouragé...
b) Un avenir teinté de
présent
D'autres réponses ont été, elles, de
réelle qualité. Plusieurs cas de lettres proposant de
réels projets, notamment sur le plan culturel, sont à relever.
Une étudiante propose la tenue d'ateliers d'écriture, un habitant
du Tholonet des activités d'information et de sensibilisation sur les
ressources en eau, un autre s'exprime au sujet de l'information des enfants en
astronomie... Plus globalement, les collaborateurs de Bruno Genzana ont
relevé d'intéressantes contributions en matière de
culture, souvent écrites par des étudiants ou des enseignants,
proposant des suggestions pour favoriser la sensibilisation des enfants et des
jeunes Aixois à la culture, au civisme et les intégrer pleinement
à l'avenir de leur ville... Les demandes concernant les enfants et les
jeunes ont d'ailleurs été en nombre relativement
élevé, ce qui est tout de même un signe de
préoccupation pour l'avenir d'Aix.
Il y a également certaines demandes récurrentes
(une bonne cinquantaine) au sujet d'un outil indispensable à toute ville
pour développer une «vision d'avenir» : un Plan Local
d'Urbanisme (PLU) digne de ce nom, dont la ville n'est toujours pas
dotée à ce jour. Pourtant, au vu de la crise du logement qui
couve à Aix-en-Provence depuis des années, avec plus de 3000
demandes, Bruno Genzana est aujourd'hui convaincu que le PLU serait le seul
outil qui permettrait d'engager véritablement une réflexion
débouchant sur un règlement de l'urbanisme répondant aux
défis auxquels la Ville d'Aix est aujourd'hui confrontée.
L'avenir est donc présent dans les esprits, nombreux sont ceux qui
souhaitent une vision, une direction claires, notamment dans ce domaine ultra
sensible qu'est l'urbanisme et que seul un PLU pourra donner.
Il ne faut pas oublier non plus les contributions des trente
Grands Témoins56(*)
qui, chacun dans leur domaine, ont participé pleinement à
l'élévation du débat, notamment lors de la réunion
du 21 mars. Mme le Bâtonnier s'est exprimée sur le maintien de la
Cour d'Appel à Aix, aujourd'hui menacé, un ancien
président de l'Université Paul Cézanne sur la fusion des
trois Universités d'Aix-Marseille, le président de la
fédération des CIQ d'Aix sur la concertation entre élus et
associations, des perspectives ont donc été tracées :
ayant également produit chacun une contribution écrite, ces
Grands Témoins ont joué ainsi le rôle d'une valeur
ajoutée dans l'élaboration de ce fameux projet d'avenir, sans
pour autant occulter la volonté de «dialogue direct» avec la
population. Cependant opposer frontalement basses préoccupations et
perspectives de haute volée serait par trop caricaturer les choses. En
effet la diversité des réponses reçues a contribué
à ce que la consultation produise des résultats à l'image
de la ville d'Aix-en-Provence. Or, loin d'être cette ville idyllique tant
vantée auprès des touristes, Aix connaît un certain nombre
de problèmes qui ne concernent pas seulement son avenir, mais aussi son
présent immédiat.
La dégradation de nombreux logements sociaux a, comme
nous l'avions signalé avec l'exemple de la Croix Verte,
été évoquée à plusieurs reprises dans les
réponses reçues. Il s'agit dans ces cas-là de situations
de détresse qui effectivement ne favorisent guère la
réflexion à long terme : l'équipe des Ateliers de
l'Avenir, après avoir entendu les récits de plusieurs
situations insoutenables de la part d'habitants reçus par Bruno Genzana
dans le cadre de ses permanences à Encagnane ou dans les quartiers nord,
était d'ailleurs profondément convaincue que la détresse
de ceux qui se sont exprimés au cours de la consultation sur ce sujet
devait être équivalente à celle de ceux reçus par
Bruno Genzana.
Quant à la question de la propreté, elle aussi
figure parmi les problèmes immédiats, étant donné
la réputation touristique et culturelle d'Aix-en-Provence. En tant
qu'adjoint au tourisme, Bruno Genzana n'a jamais caché que les
commentaires laissés par les gens sur le Livre d'Or de l'Office du
Tourisme critiquent parfois sévèrement la ville, jugée
manquant de propreté, avec un esprit civique à
géométrie variable. Les Ateliers de l'Avenir n'ont donc
pas échappé à une limite typique de ce genre
d'exercice : toutes les contributions des Aixois n'ont pas
été de qualité, ce qui paraissait inévitable. Pour
autant Bruno Genzana et son équipe en étaient parfaitement
conscients, et une connaissance accrue des demandes et états d'âme
des Aixois ne manquait pas non plus d'intérêt : dans cette
optique l'objectif a été atteint, tout courrier méritait
que l'on y portât attention dans la mesure où ils incarnaient le
vécu d'un très grand nombre d'habitants.
2) Le suivi de la consultation
Ce n'est pas tout de fournir des questionnaires et de
demander aux Aixois de cocher des cases et de s'exprimer : ceux qui ont
joué le jeu l'ont évidemment fait en espérant avoir un
retour, que leur contribution ait été utile. Et même d'un
point de vue stratégique, le gain de notoriété serait bien
mince si l'homme politique ne s'impliquait pas personnellement dans cette
démarche de proximité : nombre de citoyens ont fait l'effort
de répondre et de contribuer à l'élaboration d'un projet,
au politique de faire l'effort de prendre véritablement toutes ces
demandes en compte.
Comme nous l'avons déjà évoqué,
Les Ateliers de l'Avenir ont répondu à une réelle
demande de la part des citoyens, au point qu'une partie de ces derniers ont
réclamé une réponse rapide à leurs demandes. Plus
que le succès de la consultation en lui-même, c'est lors de son
suivi que le gain de popularité se joue : les Aixois
consultés étaient très clairs dans leurs courriers,
«on veut des résultats !!» Toute opération de
proximité pilotée par un élu est ainsi à double
tranchant : si celle-ci ne débouche sur rien et que la population
estime avoir été instrumentalisée, c'est la fin des
ambitions pour notre élu. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'au vu
des moyens utilisés, de la minutie avec laquelle les brochures de
consultations ont été réalisées et de la
communication déployée à grande échelle, c'est
qu'avec Les Ateliers de l'Avenir, Bruno Genzana avait et a toujours la
pression...
Les Ateliers de l'Avenir ont en fait donné
lieu à deux types de suivi. Il y a eu d'abord un suivi global, propre
à toute consultation, dont le but était de dégager les
mesures prioritaires souhaitées par les Aixois, afin de pouvoir
élaborer ce fameux «projet d'avenir» par la suite. Cependant
Bruno Genzana et son équipe n'ont pas souhaité s'arrêter
là : après cette première étape ayant abouti
à la réunion publique du 21 mars, un suivi individualisé
de tous les Aixois ayant apporté une contribution a été
mis en place à part d'avril 2007, et n'est toujours pas
véritablement terminé aujourd'hui...
a) Le suivi général
Chaque contributeur devant cocher les thèmes
prioritaires pour la prochaine municipalité, et à
l'intérieur de ces thèmes les mesures à
privilégier, un long travail de recensement des 2453 réponses
(elles ont donc été minutieusement comptées) a
été effectué par des sympathisants
bénévoles, afin de dégager les thèmes et mesures
majoritairement plébiscités. Les trois rubriques prioritaires ont
été ainsi Vivre Aix au quotidien, panel de mesures
touchant aussi bien la propreté que les transports ou la circulation,
puis à quasi égalité : Vivre Aix en
sécurité, ce qui constitua pour Bruno Genzana une relative
surprise, et Vivre Aix en logement, ce qui là en revanche
était on ne peut plus attendu au vu de la crise du logement qui touche
Aix-en-Provence.
On peut constater que les préoccupations quotidiennes
et l'urgence de certaines situations présentes (en matière de
logement) ont quelque peu pris le pas sur les grandes perspectives d'avenir
(Aix en développement et Aix en capitale n'arrivent
qu'en 7e et 8e positions). Mais ce constat est à
nuancer si l'on observe les mesures retenues concernant les trois domaines
arrivés en tête : ont été
réclamés des actions éducatives auprès des jeunes,
la révision du PLU, plus d'accès à la
propriété, donc des mesures nécessitant une
visée à long terme...
L'équipe des Ateliers de l'Avenir s'est
toutefois gardée de tirer des conclusions définitives sur les
préférences des Aixois : en effet si certains domaines n'ont
pas été particulièrement cités, ce n'est pas
forcément parce qu'aux yeux des Aixois il ne s'agit pas d'une
priorité, mais cela peut être aussi parce que les habitants
s'estiment globalement satisfaits de l'offre de la ville en la matière.
Le cas de Vivre Aix en culture pourrait tout à fait être
concerné, au vu de la place que prend la culture dans l'ensemble des
contributions écrites des Aixois consultés...
Le point d'orgue de ce suivi général a
été la réunion publique du 21 mars 2007 au Centre des
Congrès. En raison de perturbations liées à une
grève de La Poste, nombreux ont été ceux qui ont
reçu leur courrier d'invitation trop tard, c'est pourquoi le monde a
moins été au rendez-vous le 21 mars que le 15 septembre 2006.
Pourtant il y avait là plus de matière : neuf tables rondes
se sont succédées (une par thème, avec une durée en
fonction de l'importance que les Aixois consultés leur avaient
accordée), mêlant Bruno Genzana et son équipe avec divers
intervenants et Grands Témoins, chacun dans leur domaine
concerné, pour des discussions à bâtons rompus. Il est
d'ailleurs intéressant de relever que certains de ces intervenants n'ont
pas hésité à affirmer d'emblée leurs convictions
politiques de gauche, comme Mme Souad Hammal, Présidente de
l'Association «Eve lève toi» : la volonté
affichée de Bruno Genzana était de dialoguer sans langue de bois
et en toute franchise, avec des personnalités représentatives, et
donc toutes tendances politiques confondues...
Animée par Xavier Guillon, un professionnel des
études d'opinion, ancien Directeur de Département BVA, cette
soirée a donc marqué une première étape du suivi
des Ateliers de l'Avenir : les grandes lignes et priorités
ont été tracées, les Grands Témoins ont chacun
proposé des éléments de développement de la
politique municipale dans leur domaine concerné. L'attente était
d'ailleurs très vive sur deux sujets sensibles : le maintien de la
Cour d'Appel et plus globalement de la vocation juridique d'Aix-en-Provence,
ainsi que sa vocation universitaire avec le projet de fusion des
universités. Cette restitution des résultats de la consultation
montrait donc la volonté de Bruno Genzana et son équipe de
sympathisants de poursuivre cette démarche de proximité, mais en
réalité il s'agissait d'aller beaucoup plus loin. A partir
d'avril 2007, avec le recrutement d'un stagiaire, Bruno Genzana s'est
attelé à répondre individuellement et de la façon
la plus détaillée possible à chaque Aixois ayant rendu une
contribution écrite...
b) Le suivi personnalisé
Sur les 2453 réponses reçues, quelques centaines
ne se contentaient pas de cocher dans des cases les priorités pour Aix,
mais leurs auteurs ont également employé leur plume pour exprimer
des demandes ou revendications particulières... Le but était donc
de montrer que Bruno Genzana avait personnellement lu chaque lettre et avait
bien pris acte de l'ensemble des remarques qui lui étaient
adressées.
Les réponses des Aixois ont ainsi été
classées essentiellement en quatre catégories : celles ne
comportant aucun message particulier, celles se contentant d'adresser de
simples félicitations, celles comportant un message plus substantiel,
enfin celles comportant de véritables lettres de plusieurs pages sur des
sujets très approfondis... Tous les Aixois ayant mentionné leur
adresse sur leurs coupons de réponse devraient ainsi recevoir
prochainement une lettre de Bruno Genzana leur rappelant les enseignements que
la soirée du 21 mars a permis de tirer, avec la brochure bilan de la
consultation fournie. La lettre de Bruno Genzana sera plus ou moins
détaillée en fonction de ce que les personnes consultées
avaient elles-mêmes écrit...
Il s'est agi en réalité d'un travail assez
colossal qui n'est pas encore totalement terminé aujourd'hui, c'est
pourquoi la grande majorité des courriers n'a pas encore
été expédiée, à part pour les personnes
l'ayant demandé explicitement, Bruno Genzana ayant opté pour un
envoi groupé. Le stagiaire en charge du suivi n'a en fait pas seulement
écrit des lettres sous la supervision de Bruno Genzana :
répondre aux Aixois nécessitait de sa part une maîtrise des
problématiques politiques aixoises essentielles dans l'ensemble des
domaines, très variés, traités par la consultation. Il a
fallu aussi dans de nombreux cas identifier le quartier d'habitation de la
personne afin de mieux comprendre certaines de ses demandes
éventuelles : cela a autant donné lieu à un travail
de recherche qu'à un travail d'écriture.
En réalité, pour quelque peu simplifier les
choses, un modèle générique a été
élaboré en concertation avec Bruno Genzana pour que celui-ci soit
envoyé aux Aixois n'ayant pas écrit de commentaires particuliers.
Ce modèle a été par la suite adapté en fonction des
contributions écrites reçues : l'objectif était et
est encore que le moindre message, même quelques mots, donne lieu
à une réponses personnalisée. Pour les contributions bien
plus détaillées, le stagiaire les a classées en diverses
rubriques (logement, sécurité, propreté, culture), pour
une meilleure efficacité dans son travail.
Répondre à toutes ces contributions a
nécessité un véritable travail de documentation au
préalable, ainsi que plusieurs prises de contact avec les personnes
susceptible de donner des renseignements selon les domaines concernés.
C'était la plupart du temps Bruno Genzana lui-même qui orientait
son stagiaire auprès de telle ou telle personne : ainsi rendez-vous
fut pris avec le directeur adjoint de l'Habitat et Politique de la Ville
près la Communauté du Pays d'Aix, au sujet des très
nombreuses plaintes suscitées par la dégradation de certains
logements sociaux, avec Jean-Pierre Bouvet pour aborder certains
problèmes de voirie et les espaces naturels... La SEMEPA fut
également contactée pour obtenir un panel précis sur la
tarification des parkings dans l'ensemble de la ville : c'est avec
sérieux et crédibilité que l'équipe de Bruno
Genzana s'est efforcée d'apporter des réponses aux Aixois,
prenant le temps de s'assurer au préalable de sa connaissance des
dossiers abordés.
D'ailleurs le suivi individualisé des Ateliers de
l'Avenir demandait également de la part du stagiaire une certaine
présence sur le terrain : loin d'être enfermé dans son
bureau à écrire des lettres, il a au contraire suivi Bruno
Genzana dans bon nombre de déplacements et de visites, notamment lorsque
c'était en rapport avec des problématiques à traiter dans
les lettres. Il a ainsi assisté aux travaux de la Commission de
l'Habitat et de la Politique de la Ville de la Communauté du Pays d'Aix,
été aux côtés de Bruno Genzana lorsque celui-ci
assurait des permanences à Encagnane et les quartiers nord,
assisté à certaines représentations du Festival d'Art
Lyrique : c'est toute la vie d'un élu au quotidien qu'il
était nécessaire de connaître pour pouvoir être mieux
à même d'écrire en son nom et d'évoquer l'avenir
d'Aix-en-Provence.
Loin de se désintéresser du suivi
individualisé des Ateliers de l'Avenir, Bruno Genzana ne
manquait pas non plus lorsqu'il était disponible de donner le plus
d'éléments de réponse possible à ses
collaborateurs. L'implication personnelle de Bruno Genzana n'était
certes pas absolue dans la mesure où un certain lien de confiance
l'unissait avec son stagiaire qui était le principal responsable de ce
suivi. Il est cependant certain que les lettres qui ont été
envoyées et celles qui le seront, signées de la main de Bruno
Genzana, auront toutes été lues et amendées par
lui-même. Bruno Genzana est réputé dans le milieu des
collaborateurs et secrétaires d'élus pour son perfectionnisme et
sa minutie : très soucieux de son image et de ce qui est dit ou
réalisé en son nom, il s'implique personnellement dans chacune de
ses activités, d'où la difficulté parfois de concilier
travail d'élu, activités purement politiques et militantes, et
travail privé, que Bruno Genzana continue d'exercer, «pour garder
un pied dans la réalité».
Enfin en fonction des situations, le suivi personnalisé
des contributeurs aux Ateliers de l'Avenir ne se limitera pas à
leur envoyer une lettre. C'est surtout dans le domaine de l'habitat que des
suites plus approfondies seront données : certains habitants de
logements sociaux ayant décrit avec force l'état de
dégradation de leur immeuble ont déjà été
contactés en vue d'une visite, d'autres le seront fin septembre ou
début octobre : Bruno Genzana tenait à montrer toute son
implication au service des Aixois, et en effet rien de mieux qu'une visite sur
place pour à la fois mieux se rendre compte des problèmes
quotidiens des gens, mais aussi pour effectuer une excellente opération
de communication, alors que l'annonce de sa candidature aux municipales devrait
désormais intervenir dans les semaines qui viennent...
3) A la recherche de l'intérêt
général
Les Aixois ayant joué le jeu des Ateliers de
l'Avenir verront ainsi bientôt que leurs contributions n'ont pas
été mises au placard mais qu'au contraire elles serviront de base
pour élaborer le projet municipal de Bruno Genzana et son équipe.
Sans doute cette opération a-t-elle largement servi Bruno Genzana
lui-même, qui a ainsi acquis une certaine notoriété. Sans
doute cette opération servira-t-elle ainsi un certain nombre de citoyens
aixois, ayant trouvé en Bruno Genzana un interlocuteur disponible
prêt à les aider dans leurs problèmes quotidiens. Mais une
question assez fondamentale, au coeur du débat sur la démocratie
participative, reste néanmoins ouverte : où est
l'intérêt général dans tout ça ? Est-ce
utile pour notre démocratie qu'un homme politique mobilise tant
d'énergies financières et humaines, avec quelque part
l'idée en tête de se faire élire ? Et les demandes
diverses exprimées par les citoyens doivent-elles
systématiquement prises en considération, au risque que la
démocratie ne devienne plus que pure démagogie ? Beaucoup de
demandes d'Aixois consultés revêtent en effet un caractère
très personnel et frisent le clientélisme.
L'ambiguïté de ce type de démarche tient
aussi dans le fait qu'il s'agit avant tout d'un pari : lancés en
dehors de tout appui constitutionnel, Les Ateliers de l'Avenir
constituent désormais la rampe de lancement de la candidature de Bruno
Genzana aux prochaines municipales. Un projet d'avenir pour Aix a certes pu
être en partie élaboré, mais la réalisation
concrète de ce projet ne pourra se faire que si Bruno Genzana est
élu maire d'Aix-en-Provence : or une fois élu, qu'est-ce qui
l'obligera vraiment à tenir parole ? La crédibilité
des Ateliers de l'Avenir ne peut être aujourd'hui jugée
que sur des intentions, et non sur des actions. Cependant cela n'a pas
empêché Bruno Genzana et son équipe de définir une
certaine ligne de conduite, devant montrer qu'agissant pour
l'intérêt général de la ville, le politique ne peut
et ne doit pas tout promettre, se devant de maintenir un cap
éthique...
a) Le danger du
clientélisme et de la démagogie
Nous l'avons vu, Bruno Genzana tient à se montrer en
homme de proximité en recevant les habitants des quartiers difficiles.
Il est ainsi intervenu dans divers dossiers de demandes d'attribution de
logements et jouit d'une bonne réputation auprès de ses
administrés du canton Aix Centre, dont il a été
réélu conseiller général avec 55 % des voix au
second tour : plusieurs Aixois lui sont ainsi redevables à titre
personnel de services rendus. Or la limite est parfois floue entre l'action de
proximité au service des citoyens et le clientélisme, terme que
Bruno Genzana cependant récuse complètement : «je ne
demande jamais aux gens de montrer leur carte électorale avant de les
aider». Certes, mais Bruno Genzana possède aussi l'art de dire la
vérité aux gens en situation de détresse : «Vous
comprenez bien que je n'ai pas de baguette magique. Cela ne vous a pas
échappé, je ne suis pas le maire d'Aix.» Il est absolument
vrai qu'à l'heure actuelle Bruno Genzana à l'heure actuelle ne
dispose que peu de moyens pour intervenir en faveur de tous ses
solliciteurs : pour plaider en faveur d'un dossier de demande de logement,
Bruno Genzana doit attendre que celui-ci passe en commission, dont il est
membre, or c'est Jean Chorro, le Premier Adjoint, fidèle de Mme le
Maire, qui maîtrise l'ordre du jour. Si Bruno Genzana est élu
maire d'Aix, ses permanences à Encagnane auront effectivement toute une
autre portée concrète pour ceux qui y feront le
déplacement. La simple vérité constitue parfois le
meilleur argument, qui plus est éthiquement irréprochable, pour
demander aux gens de voter pour soi...
Cette ambivalence est bien présente dans plusieurs
demandes adressées à Bruno Genzana par les Aixois dans le cadre
des Ateliers de l'Avenir : certaines personnes demandent le
prolongement ou la création d'une ligne de bus à proximité
de chez elles, la construction d'une piscine dans leur quartier, et les
collaborateurs de Bruno Genzana sont même tombés sur le cas d'une
habitante de Célony qui travaillant sur Marseille, réclame un
service de Proxibus, ainsi qu'une mutation pour travailler à la
municipalité d'Aix, s'estimant scandalisée du fait que l'on
embauchait avant tout des personnes passant les concours, au mépris de
la citoyenne aixoise qu'elle était !!! La dernière
précision en bas de la lettre «Je ne voterai pas pour Mme le
Maire», est lourde de sens. Un cas tel que celui-ci reste isolé
mais pose tout de même la question du jusqu'où un homme politique
peut-il aller pour satisfaire les besoins parfois on ne peut plus personnels
des administrés...
Bruno Genzana n'aura en réalité les moyens
véritables de mettre en oeuvre ce «grand projet d'avenir pour Aix,
une ambition à la hauteur de notre ville» que s'il parvient
à remporter les prochaines municipales. Le risque semble donc
évident qu'à la moindre exigence figurant dans les courriers des
Ateliers de l'Avenir, il ne s'empresse d'y répondre
positivement, pour gagner en popularité. De plus les Aixois ayant
répondu à la consultation émettent souvent des demandes
contradictoires : les cas les plus frappants concernent la
sécurité, sujet sur lequel beaucoup de retraités notamment
réclament une augmentation des effectifs de la police municipale et
l'usage généralisé de caméras de
vidéosurveillance, alors qu'en revanche les étudiants
dénoncent le «tout répressif». Il y a eu
également le cas des repas BIO et sans OGM devant être servis aux
enfants dans les cantines : il s'agissait d'une proposition de Bruno
Genzana figurant sur la brochure de consultation, reprise par une
majorité d'Aixois consultés, mais certains
«écolo-sceptiques» se sont également empressés
de dénoncer le coût qu'aurait une telle mesure, d'autant plus
qu'ils soutenaient ouvertement les OGM. Bruno Genzana estimait mal venu de
contredire frontalement les gens en leur répondant : toute la
difficulté réside dans la nécessité de prendre une
position claire et de la défendre sans pour autant dire ouvertement au
destinataire qu'il a explicitement tort. Contrairement à
Ségolène Royal, un sourire de Bruno Genzana face à ses
contradicteurs ne serait pas suffisant pour leur ôter tout regard
critique. A l'heure où les Aixois attendent la réalisation de la
plupart des promesses de la campagne 2001 de Mme le Maire (transports
gratuits), il serait pourtant malvenu de surenchérir dans la
démagogie : c'est pourquoi pour lever le plus
d'ambiguïtés possibles, Bruno Genzana et son équipe se sont
fixés plusieurs limites à ne pas franchir au cours de cette
opération de consultation...
b) Le cadre éthique des Ateliers de
l'Avenir
La posture de Bruno Genzana vis-à-vis de la
municipalité actuelle a toujours été claire : comme
il l'a exprimé dans l'éditorial de la brochure de consultation,
Bruno Genzana assume parfaitement son appartenance à la majorité
sortante, à la différence d'un de Peretti, mais estime qu'un
nouveau souffle doit être donné à la ville d'Aix. Cette
attitude similaire à celle de Nicolas Sarkozy lors de la campagne
présidentielle sera tenue tout au long de la campagne municipale qui
s'annonce. Les réponses adressées aux Aixois consultés
doivent donc offrir un regard équilibré sur l'action de la
municipalité actuelle.
Face à certaines critiques émanant des Aixois
consultés, une partie du bilan et des réalisations de la
municipalité actuelles ont ainsi été défendues,
comme l'aménagement du nouveau quartier Sextius Mirabeau, la
construction du Grand Théâtre de Provence, les programmes de
réhabilitation des façades du centre ville, les
aménagements routiers et réfections réalisées,
notamment du côté de Purycard. Les réponses
personnalisées ne donnent lieu à aucune
désinformation : à ceux qui se plaignent d'une insuffisante
pénalisation de toutes sortes d'incivilités, il leur est
répondu que le conseil municipal vient tout juste de prendre un
arrêté de verbalisation de tout un panel d'incivilités,
allant du non ramassage des déjections canines à la pose
d'affiches sur les troncs d'arbres.
En revanche Bruno Genzana n'hésite pas non plus en
fonction des cas à pointer les insuffisances de la politique municipale
actuelle sur de nombreux autres sujets, lorsque ceux-ci sont abordés par
les contributeurs. Sur les services de nettoyage, le PLU, l'absence de pistes
cyclables, la fusion des Universités Aix-Marseille, Bruno Genzana fait
valoir sa différence avec Mme le Maire et ses fidèles : les
prises de position de notre 5e adjoint ne sont donc pas
dictées par une stratégie ou un calcul politique, mais par ce
qu'il estime être juste ou non pour la ville, ce qui est encore la
meilleure façon d'avoir une ligne de conduite crédible, surtout
dans la position particulière où se trouve Bruno Genzana, membre
de la majorité sortante, mais en rupture avec Mme le Maire.
Il faut également préciser que Bruno Genzana
n'hésite pas dans ses réponses à dévoiler ses
intentions concernant la Mairie d'Aix en toute transparence, évoquant
clairement le projet municipal qu'il ne va pas tarder à proposer aux
Aixois. Pas d'omission ni d'hypocrisie inutiles : à partir du
moment où Mme le Maire a refusé de s'impliquer dans Les
Ateliers de l'Avenir, alors qu'elle y était invitée, la
candidature propre de Bruno Genzana aux prochaines municipales est
inévitable dans la mesure où sinon tous les enseignements
tirés lors de la consultation resteraient lettre morte...
Il n'en reste pas moins que toute cette initiative, pour
qu'elle aboutisse, tient du pari : à Bruno Genzana et son
équipe d'être suffisamment convaincants, cette fois-ci devant tous
les Aixois, et pas seulement les Aixois consultés, pour que ces derniers
leur accordent leur confiance. C'est seulement à l'issue d'un
éventuel mandat de maire de Bruno Genzana que toutes les
ambiguïtés de sa démarche pourront être levées
ou confirmées : ayant toujours fait passer son projet pour Aix
avant sa propre personne, ce n'est que sur la mise en oeuvre concrète de
ce projet qu'il pourra être jugé, et que l'on pourra donc
déterminer si une initiative comme Les Ateliers de l'Avenir
aura vraiment servi la démocratie locale... En attendant, comme l'avait
affirmé Stéphane Salord, la future liste conduite par Bruno
Genzana aura un défi à relever : celui de passer pour des
guides, capables de se situer dans une perspective constructive, et non pour
des dissidents aventuriers...
CONCLUSION
« La politique et la stratégie de la guerre
ne sont qu'une perpétuelle concurrence entre le bon sens et
l'erreur » disait le Général de Gaulle. En excellent
Général et en fin politique, le Général de Gaulle
connaissait plus que quiconque la particularité du monde politique. Ceux
qui en font partie savent qu'ils sont jaugés, jugés,
examinés en permanence. Ainsi la moindre faiblesse peut être
fatale et pour ceux qui ont de véritables idées pour leurs
concitoyens, le chemin est long avant de parvenir au mandat qui leur permettra
de les mettre en place.
Bruno Genzana est aujourd'hui à la croisée des
chemins : il aurait pu déjà annoncer sa candidature
officiellement aux prochaines municipales. Cependant il préfère
encore attendre le moment propice, ne voulant pas se contenter d'un simple
effet d'annonce, mais coupler sa déclaration de candidature avec le
développement d'un véritable projet pour Aix-en-Provence, projet
élaboré à partir des réflexions suscitées au
sein des Ateliers de l'Avenir.
Cette «Grande Consultation de tous les Aixois»,
certes non dénuée d'arrière-pensées
électorales, s'était vue assigner un double objectif :
tracer une perspective pour Aix dans les années à venir, et
être au plus près des problèmes et aspirations des Aixois.
Ces deux objectifs ont été pour le moment partiellement rempli,
et le seront peut-être totalement en fonction des résultats des
prochaines élections municipales. Les Ateliers de l'Avenir
ayant constitué un véritable tremplin en faveur de la
candidature de Bruno Genzana, l'avenir dira s'il s'était agi d'un
tremplin en faveur d'une ambition strictement personnelle comme celle de bon
nombre de politiciens aixois, ou si ce tremplin aura permis l'expression d'une
ambition politique au service d'une ville et de ses citoyens. Cette
consultation a déjà cependant au moins le mérite d'avoir
lancé et favorisé le débat et l'expression citoyennes, et
d'avoir ainsi largement contribué à une pré campagne
municipale déjà fort animée, en attendant que la
véritable campagne commence...
Les Ateliers de l'Avenir illustrent également
le fait qu'en France la démocratie participative, non encore
consacrée dans nos institutions, s'est déjà fortement
imposée dans les esprits. Il s'agit pour le moment d'une consultation
lancée par un élu à titre personnel et non au nom de la
collectivité publique à laquelle il appartient. Cependant nul
doute qu'en cas de réussite de cet élu aux prochaines
élections, cette même collectivité pourrait très
bien lancer de telles initiatives de participation, cette fois d'une
façon plus institutionnelle. L'air du temps incite à la
concertation, les décisions publiques ne sont plus tellement prises par
un homme seul dans son bureau, mais par un groupe réuni en
assemblée ou autour d'une table : la gouvernance a pris de
nouvelles formes, et comme se plaisait à dire Bruno Genzana, les
méthodes des années 70 ne sont plus adaptées.
Ce mouvement de démocratie participative s'inscrit
d'ailleurs dans un cadre plus global d'un certain réveil, d'une prise de
conscience du citoyen, sans doute provoquée dans un premier temps par
l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection
présidentielles de 2002, mais aussi par l'enthousiasme et
l'intérêt qu'a indéniablement suscités la campagne
présidentielle de 2007 auprès des Français, enthousiasme
surprenant au vu de la façon dont avait été perçue
la précédente.
Le rapport de Jean-Pierre Bel, président du groupe
socialiste au Sénat, Pour une nouvelle République,
propositions de réformes des institutions à
Ségolène Royal, remis à Ségolène Royal
le 8 février 2007, évoquait vote obligatoire, service civique,
référendum d'initiative populaire, usage
généralisé du référendum avec l'art. 11
droit de vote des étrangers aux élections locales, prise en
compte des bulletins blancs : telles sont les questions auxquelles la
Commission Balladur chargée de la réforme des institutions devra
répondre à son tour. L'initiative de Bruno Genzana, relativement
inédite et visionnaire aujourd'hui, sera peut-être caduque d'ici
très peu de temps, tant la vie politique actuelle semble s'être
accélérée depuis la dernière élection
présidentielle. Ce n'est pas seulement vers l'émergence de la
démocratie participative en France que le XXIe siècle nous
conduit, c'est tout simplement vers une nouvelle forme de
citoyenneté...
ANNEXES
L'IDÉE DE DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE
:
ENJEUX, IMPENSES ET QUESTIONS
RECURRENTES
CONFÉRENCES DE LA CHAIRE MCD - NOVEMBRE
2004
Chaire de Recherche du Canada en Mondialisation,
Citoyenneté et Démocratie
http://www.chaire-mcd.ca/
Par Loïc Blondiaux
Professeur des universités à l'IEP de
Lille CERAPS/Lille II
Conférence prononcée à
l'Université du Québec à Montréal le jeudi le 11
novembre 2004.
(à paraître in Marie Hélène
Bacqué et Yves Sintomer (dirs.), Démocratie participative et
gestion de proximité, Paris, La découverte, 2004.)
Réfléchir aux évolutions de la
démocratie participative locale dans un pays comme la France oblige
à faire un constat : celui du décalage entre l'importance des
enjeux soulevés par la question de la participation, le consensus dont
fait l'objet cette idée aujourd'hui et la pauvreté des concepts,
des cadres théoriques et des moyens dont les acteurs disposent pour
penser cette réalité nouvelle. Après avoir
confronté ces deux réalités, j'ouvrirai dans un
troisième et dernier temps la réflexion sur un certain de nombre
de questions, auxquelles sont confrontées aujourd'hui toutes les
expériences de
démocratie participative et qu'il convient pour les
acteurs de résoudre au préalable, d'un point de vue
théorique comme d'un point de vue pratique, s'ils souhaitent donner un
sens à cet idéal de démocratie participative locale,
aujourd'hui et maintenant, dans nos démocraties modernes.
L'importance des enjeux liés à la
participation démocratique
Nous nous situons en premier lieu dans un double contexte,
politique et législatif, extrêmement favorable en apparence
à l'idée de participation démocratique.
Un contexte politique et législatif
favorable
Au plan politique, le consensus est fort autour de
l'idée d'une démocratisation de la sphère publique locale.
L'intérêt suscité par l'expérience de Porto Alegre
sur le budget participatif, devenu la référence politique d'une
grande partie de la gauche mondiale, la prolifération des dispositifs de
participation ou la résurgence du référendum local semble
en attester. Mais nous montrerons qu'il s'agit d'un consensus de façade,
derrière lequel les ambiguïtés demeurent nombreuses. Les
contenus placés derrière cette idée de participation varie
très fortement selon les interlocuteurs. Au plan législatif, le
contexte s'est considérablement renouvelé au cours de ces quinze
dernières années.
Deux séquences législatives peuvent être
distinguées :
- Le début des années quatre-vingt-dix
a vu surgir une série de textes emblématiques qui ont
posé le principe de la consultation, de l'information et de la
concertation avec les habitants. La Loi d'Orientation sur la Ville
en 1991 a posé en principe la nécessité d'une
concertation préalable pour toute action ou opération de
politique de la ville modifiant substantiellement les conditions de vie des
habitants du quartier Si l'on sait les espoirs qu'a pu faire surgir la
politique de la ville en cette matière, on sait aussi les
difficultés rencontrées et l'échec de leur traduction en
actes. Deuxième texte emblématique : la Loi sur
l'administration territoriale de février 1992 qui elle aussi
reconnaît le droit des habitants de la commune à être
informés et consultés. Cette loi accouchera cependant d'une
souris juridique, les dispositions qu'elle porte en matière de
participation restant extrêmement timides (possibilité de
créer des commissions extra municipales, référendum
consultatif...). La Loi Barnier du 2 février 1995
enfin, qui invente le « débat public » à la
française se présente comme le troisième texte
emblématique de cette première période, en obligeant
à la concertation pour tous les grands projets
ayant des incidences sur l'environnement4. La
caractéristique principale de cette première vague
législative elle de se situer presque exclusivement au niveau des
principes. Elle ne prévoit guère d'obligation formelle, sauf en
matière de débat public. Le contenu réel de ce «
droit » à la participation et à l'information reste
indéniablement obscur.
- Depuis la fin des années quatre-vingt dix,
nous assistons à l`introduction, en droit positif, de mesures un peu
plus contraignantes. Trois autres textes peuvent servir ici de jalons. La
loi Voynet pour l'Aménagement du territoire et le
développement durable de juin 1999 introduit les conseils de
développement dans le cadre de la mise en place des pays et
auprès des agglomérations. Ces conseils de développement
auxquels participent des membres de la « société civile
» ont vocation notamment à être associés à
l'élaboration des chartes de Pays. La loi sur la solidarité
et le renouvellement urbain, de décembre 2000
prévoit quant à elle une concertation obligatoire dans le
cadre de l'élaboration des plans locaux d'urbanisme. La loi Vaillant
du 27 février 2002 enfin, traite notamment des conseils de quartier
et du débat public. Elle oblige à la création de tels
conseils dans les villes de plus de 80 000 habitants et donne à la
Commission nationale du débat public le statut d'autorité
administrative indépendante.
L'ensemble de cette législation va dans le sens d'un
renouvellement des formes de la démocratie contemporaine, qu'illustre
également la multiplication des dispositifs de concertation qui se
mettent en place aujourd'hui dans les collectivités locales ou tendent
à accompagner de manière de plus en plus systématique les
grands projets d'aménagement.
Les formes contemporaines de la participation : un
bref inventaire
Des dispositifs variés mettent aujourd'hui à
l'épreuve cet impératif de concertation ou de
délibération. Trois familles de procédures peuvent
être ici distinguées.
- La participation des habitants aux affaires locales se
matérialise sous la forme d'assemblées ou de conseils qui
empruntent aux formes les plus traditionnelles de la démocratie
locale. Il en va ainsi des conseils de quartier, qui
s'inscrivent dans des traditions plus anciennes. Aux Etats-Unis, les town
meetings, forme qui remonte au XVIIIè siècle,
ont subsisté jusque de nos jours, notamment en Nouvelle Angleterre. Les
neigborhood councils ou assemblées de voisinage constituent une
réalité encore vivace dans de nombreuses villes
américaines. En Europe, les conseils de quartier s'inscrivent dans une
tradition plus récente. C'est au cours de la seconde moitié des
années soixante que les « comités de quartier » se sont
multipliés notamment en France et en Italie.
Cette première époque, qui n'a malheureusement
pas encore trouvé ses historiens contraste cependant fortement avec les
expériences actuelles de conseils de quartier. Là où, dans
les années soixante, la démocratie participative, portée
par les mobilisations associatives, résultait d'un mouvement «
ascendant » ou « bottom-up » à l'exemple des Groupes
d'Action Municipale, les années quatre-vingt dix sont marquées
par un mouvement « descendant » ou « top-down » : ce sont
les autorités municipales qui sont à l'origine de la
quasi-totalité des expériences, qu'elles initient et
contrôlent. Il en va de même pour les différentes formules
d'ateliers urbains : la plupart des ateliers urbains d'aujourd'hui n'ont plus
grand chose à voir avec les ateliers populaires d'urbanisme éclos
dans les années soixante-dix et liés aux luttes urbaines.
De ces formes classiques peuvent être rapprochées
aujourd'hui les multiples déclinaisons qui tentent d'associer toute ou
partie de la population d'une municipalité à la discussion des
affaires locales : conseils municipaux d'enfants ou de jeunes ; conseils de
résidents étrangers ; conseils de sage ; comités
consultatifs d'association ; commissions extra-municipales, conseils municipaux
interactifs, forums de discussion internet.... Il convient de mettre à
part le budget participatif, tel qu'il se pratique notamment à Porto
Alegre, le seul aujourd'hui à articuler efficacement la discussion qui
s'effectue au sein d'assemblées populaires avec la décision
politique, en l'occurrence les choix budgétaires.
- De ces formules d'association des habitants aux affaires
locales se distinguent les dispositifs de consultation accompagnant un projet
d'aménagement ou la création d'une infrastructure susceptible de
menacer l'environnement. L'enquête publique, même
réformée par la loi Bouchardeau en 1983, n'est que l'une des
modalités d'une telle concertation, la plus embryonnaire et la plus
critiquable. La multiplication, au cours de ces dernières années,
des conflits ouverts autour de projets d'aménagement, qu'ils soient
locaux ou transversaux (Lignes THT, TGV, Autoroutes...), a conduit les
autorités politiques à généraliser le recours au
« débat public » comme mode d'anticipation ou de
régulation des conflits. Mieux encore : à l'instar de certaines
expériences québécoises, comme celle du BAPE (Bureau
d'Audience Publique sur l'Environnement), la législation
française autour du débat public ouvre de nouveaux champs
à ce type de participation. La Commission nationale du débat
public, aux moyens renforcés par la Loi du 27 février 2002, tente
aujourd'hui de fixer les cadres de référence d'une telle
démarche. A minima, une « obligation d'informer et de
débattre » se met progressivement en place en ces domaines. A
maxima, ce sont les conditions d'élaboration et d'adoption des projets
qui pourraient être affectés par ces procédures de
concertation.
- Depuis quelques années sont apparues enfin des
constructions démocratiques plus originales, pour la plupart
issues directement ou indirectement des sciences sociales, à l'instar
des Jurys de citoyens, issus d'une innovation allemande née dans les
années soixante-dix et mis au point par le sociologue Paul Dienel, de la
conférence de consensus née au Danemark et introduite timidement
en France ou du sondage délibératif. Ces dispositifs
relèvent d'une démarche commune et procèdent d'une
même intention: associer le temps d'une consultation se déroulant
sur quelques jours un groupe de citoyens ordinaires, tirés au sort et/ou
volontaires, à l'élaboration d'un choix collectif portant sur un
projet précis (jurys de citoyens), d'ampleur locale ou nationale (jurys
de citoyen, conférence de consensus) ou une question largement
débattue au plan national (conférence de consensus, sondage
délibératif). Ce groupe de citoyens (d'une dizaine dans le cas du
jury de citoyens à plusieurs centaines dans le cas du sondage
délibératif) a charge de produire un jugement
éclairé, susceptible d'enrichir le point de vue de
l'autorité en charge. Ces dispositifs ont démontré,
notamment en relation avec des controverses sociotechniques, que la perspective
d'une démocratisation des choix scientifiques commençait à
devenir crédible.
Ces trois grandes familles de dispositifs diffèrent
sous de nombreux aspects, qu'il s'agisse des publics adressés, des
formes de représentativité mise en oeuvre ou du lien avec les
autorités. La principale ligne de partage tient à leur
degré de formalisation et d'institutionnalisation. Il semble essentiel
de ce point de vue de distinguer les dispositifs ad hoc, liés à
une opération donnée (débat public, concertation) ou
à une controverse particulière (jurys de citoyens, sondage
délibératif, conférence de consensus), de dispositifs qui
cherchent au contraire à institutionnaliser la participation ou la
délibération en relation avec un territoire (conseils de
quartier, conseils de développement...) un service public ou un ensemble
d'équipements (commissions locales de l'eau ou des services publics...).
Dans le premier cas, il s'agit le plus souvent de prévenir et
d'organiser un conflit présent ou latent. Dans le second cas, la
perspective est tout autre et la question posée est la suivante :
comment assurer la participation des citoyens sur le long terme, dans la
durée et hors de toute perspective d'action ? Tout change ainsi selon
que le dispositif s'inscrit ou non dans le cadre d'un conflit, au point qu'il
faille peut-être s'interroger sur le sens de formes démocratiques
qui chercheraient à pérenniser la participation sans relation
avec un projet, une controverse ou un conflit particulier.
Mais ces procédures partagent un certain nombre de
traits en commun, qui autorisent leur rapprochement : tous ces dispositifs ont
d'abord pour enjeu d'assurer une forme de participation des citoyens
ordinaires à la discussion d'enjeux collectifs. Ils se
présentent comme un moyen d'ouvrir la représentation et de
transgresser les frontières classiques de la démocratie
représentative. Ils visent également, on l'a dit, à
produire du jugement public au travers de la discussion collective et
de la rencontre entre acteurs d'origines différentes. Ce sont bien en ce
sens des « forums hybrides» (Callon) où se rencontrent des
acteurs très différenciés : citoyens, élus,
experts. Seule change la manière dont cette discussion est
organisée, son caractère plus ou moins public et contraint.
Tous ces dispositifs ont ensuite un caractère
consultatif. Ils ne sont jamais en prise directe avec la décision
démocratique, à l'exception, mais dans certaines limites, du
budget participatif de Porto-Alegre ou des « enveloppes de quartier »
dont certaines municipalités dotent parfois leurs structures de
participation locale.
Il est à noter enfin que les concepts auxquels font
référence ces procédures (ceux de participation, de
débat, de discussion, de concertation, de proximité...) ont pour
particularité d'être flous, ambivalents et de pourtant faire
l'objet d'une très forte valorisation symbolique. La «
rhétorique participative », repose sur un investissement fort de
ces vocables et une inflation qualificative soutenue. Cette rhétorique
de la participation, largement pratiquée par les élus, contraste
le plus souvent avec les moyens réels qui sont mis à la
disposition de ces structures ne serait -ce qu'au niveau municipal. Sans moyens
matériels ni possibilité d'action juridique, souvent
confiés à des médiateurs contractuels ou à des
emplois jeunes, relevant de délégations
dévalorisées au sein des conseils municipaux, sans
véritable poids politique les instances participatives de font figure
d'institutions pauvres dans les structures politiques municipales.
Un tel paradoxe mérite à tout le moins
d'être creusé. Les conséquences potentilles de ce
renouvellement des formes démocratiques sont pourtant
considérables. A travers la généralisation de ce type de
procédures, il est possible de faire l'hypothèse selon laquelle
s'amorce un changement substantiel dans la conception de la
légitimité qui prévaut dans nos
sociétés politiques. La légitimité d'une mesure ne
dépendrait plus seulement de la nature de l'autorité qui la prend
mais de la manière dont elle est prise, de la procédure dans
laquelle elle s'inscrit23. Toute décision semble devoir aujourd'hui
avoir fait l'objet d'une concertation préalable, d'une
délibération incluant l'ensemble des acteurs concernés par
la décision. C'est également notre conception même de
l'intérêt général qui pourrait être en jeu
derrière ce mouvement en faveur de la participation. En faisant droit
à différentes conceptions de l'utilité collective, on
retire par la même aux élus et à l'Etat, adossés sur
leur système d'expertise, le monopole de la définition de
l'intérêt général.
Dans le cadre français, tout particulièrement,
cette évolution implique une transformation des attitudes et des
procédures qui ne peut qu'avoir des répercussions importantes sur
l'ensemble des acteurs concernés par l'action publique.. Les experts,
à commencer par les services techniques des municipalités, ont
l'obligation aujourd'hui de se justifier, d'argumenter à nouveaux frais,
de se confronter aux habitants et d'intégrer dans leurs choix des
craintes jugées autrefois « irrationnelles ». Au regard des
habitants, ceux ci sont l'objet d'une « injonction participative »
qui contraste pour le moins avec le rôle presque exclusivement passif qui
leur a été dévolu depuis plus de deux siècles dans
nos systèmes politiques où une stricte division du travail
politique entre gouvernants et gouvernés a toujours été
respectée. La plupart de ces dispositifs ont l'ambition au contraire de
faire participer les habitants à la définition des enjeux,
à la préparation des solutions voire même à
l'évaluation des décisions. C'est enfin notre conception du
rôle de l'élu qui pourrait à terme changer : peut-il se
contenter d'être un chef d'orchestre, un animateur de procédures
de débat public, ou reste-t-il pleinement maître de la
décision ? Lui aussi se trouve contraint de changer ses manières
de faire, d'argumenter, s'exposer au risque de la confrontation dans un
processus de justification et de confrontation qui est désormais public
et ne se limite plus seulement à l'élection.
Les limites de la réflexion sur la
démocratie participative en France
Dans un deuxième temps je voudrais montrer que les
moyens conceptuels et intellectuels dont nous disposons pour penser ce
renouvellement des formes démocratiques ne sont pas à la hauteur
de l'enjeu. Il y a une vraie pauvreté de réflexions sur ces
questions.
Un impensé conceptuel
Nous ne disposons aujourd'hui en France que de deux concepts
pour qualifier es expériences démocratiques ceux de
Démocratie représentative et de Démocratie participative.
Il est intéressant de souligner au passage que, sauf exceptions, semble
avoir été quasiment abandonnée en France la
référence à l'autogestion ou à la démocratie
directe, à la différence de ce qui peut se jouer autour de cette
notion de démocratie participative, en Amérique latine par
exemple25. De manière significative, la notion d'empowerment
est également restée jusqu'ici non traduite26. Le
problème avec le couple de notions à notre disposition, c'est que
si nous savions bien ce qu'est la démocratie représentative et ce
qu'en sont les principaux caractères, nul ne sait véritablement
ce que recouvre la notion de «démocratie participative ». A
quoi s'agit-il de faire participer les citoyens ? A la décision,
à la discussion ou à une opération de communication mise
sur pied par des autorités ? Certains élus ou maître
d'ouvrages ont vu ainsi l'opportunité de communiquer sur la
démocratie.
Les premiers éléments de cette réflexion
ont été avancés dans un numéro spécial des
Cahiers du DSU, consacré aux « Formes légales et
initiatives locales de participation. Entre logiques d'efficacité et
construction de la démocratie locale », certains retiennent
l'idée d` « événementiel démocratique »
pour reprendre les termes entendus récemment de la bouche d'un
consultant. S'il existe aujourd'hui un « fétichisme de la
proximité » dans le discours politique français, la
rhétorique de la participation n'a rien à lui envier. Nombreux
sont les acteurs qui communient au long de colloques, de séminaires et
de discours autour de ce mot fétiche qu'est la participation. Bien peu
la pratiquent réellement. A ce vocable se réfèrent des
initiatives trop différentes pour que le terme ne finisse pas par
être purement et simplement galvaudé.
En France, les acteurs de la participation se reposent parfois
sur une échelle issue de la sociologie des organisations anglo-saxonne
des années soixante et qui distingue quatre échelons de la
participation selon le degré d'implication des habitants :
l'information, la consultation, la concertation et la co-décision. Mais
cette échelle n'est pas des plus stables conceptuellement. Les
catégories en sont floues et ne possèdent aucune valeur juridique
ou normative. Cette échelle n'a pas fait non plus l'objet d'un travail
de conceptualisation politique véritable, qui permettrait de
dégager clairement les critères d'une bonne concertation ou d'une
véritable co-décision, par exemple.
C'est la raison pour laquelle il convient peut-être de
s'intéresser à l'émergence depuis une dizaine
d'années dans la philosophie politique anglo-saxonne d'une nouvelle
catégorie, celle de « démocratie délibérative
», développée notamment à partir des
réflexions de deux philosophes politiques parmi les plus importants du
XXè siècle : Jürgen Habermas et John Rawls. Sans reprendre
en détail les attendus de cette notion, les théoriciens de la
démocratie délibérative s'entendent a minima sur
trois principes :
- Un principe d'argumentation : le débat
démocratique doit consister avant tout en un échange de raisons.
C'est la force du meilleur argument qui doit prévaloir. L'argumentation
qui prévaut dans le forum est ici opposée, comme chez Elster,
à la négociation qui opère sur le marché. Il
convient dès lors d'organiser des procédures qui permettront de
faire surgir les meilleurs arguments et permettront de s'éloigner d'une
conception exclusivement agrégative de la légitimité.
- Un principe d'inclusion : la discussion doit
être ouverte au plus grand nombre, et dans l'idéal à tous
ceux qui sont susceptibles d'être affectés par la décision.
C'est ce critère qui distingue la délibération
démocratique d'autres formes de délibération (ce qui en
particulier dans un pays comme la France où la notion de
délibération est traditionnellement associée aux
assemblées représentatives ou aux jurys rend l'association de ces
deux termes problématique). Il faut rechercher dans la mesure du
possible les conditions d'une discussion égalitaire, libre, non violente
et ouverte.
- Un principe de publicité ou de transparence,
qui distingue cette délibération d'autres formes de
délibération moins démocratiques et ouvertes. Cette
approche de la délibération a pour elle le mérite de
définir clairement ce que pourrait être un horizon
régulateur des pratiques dans les démocraties existantes. A la
différence de l'idée de « démocratie participative
», il ne s'agit plus de laisser croire aux habitants qu'on les fait
participer à la décision au risque de produire de la frustration
et du cynisme.
Un impensé procédural
Nous sommes également confrontés en France
à une absence de consolidation des expériences de participation
et de concertation, laquelle se traduit par une forte variabilité et
instabilité des procédures. Le législateur reste en effet
le plus souvent silencieux sur le contenu formel de la participation. Qu'il
prévoit la mise en place d'une concertation (loi SRU), de conseils de
développement (loi Voynet) ou de conseils de quartier (loi Vaillant),
rien n'est dit explicitement de la manière dont il convient d'organiser
ces procédures. Seul le juge pourrait avoir son mot à dire pour
définir, a posteriori, ce à quoi correspond une bonne
« concertation ».
Dans le domaine environnemental la France vient cependant de
ratifier en septembre 2002 la Convention internationale d'Aarhus (1998) sur
« l'accès à l'information, la participation du public au
processus décisionnel et l'accès à la justice en
matière d'environnement », laquelle pourra servir désormais
de base légale aux actions juridiques.
Certains textes, en provenance du gouvernement (à
l'instar de la Charte de la concertation rédigée sous
l'égide du ministère de l'environnement en 1996) ou portés
par des associations comme l'ADELS ou le Carnaq ont tenté ces
dernières années de codifier les pratiques de concertation, sans
réelle prise cependant sur les pratiques33. Faute d'une structuration
intellectuelle ou politique véritable de ce mouvement en faveur de la
participation, c'est donc aujourd'hui aux acteurs de terrain de définir
les bonnes pratiques, en l'absence de cadre légal précis. Ce sont
les adjoints à la démocratie locale, les chefs de projet et
autres agents de développement, voire quelquefois les cabinets de
consultants positionnés dans ce domaine, qui construisent au jour le
jour les savoirs et définissent les règles pragmatiques de la
concertation. Il pourrait être intéressant d'étudier la
manière dont aujourd'hui certaines grandes entreprises nationales se
forment aujourd'hui aux procédures de concertation et
spécialisent certains de leurs agents, participant elles aussi à
processus collectif d'élaboration de normes. Bien peu de
municipalités se sont dotés, comme à Paris ou à
Poitiers, d'un observatoire de la démocratie locale, capable de produire
de la réflexivité sur les expériences, d'aider à la
l'évaluation des dispositifs et au cumul des savoirs. Cette absence de
consolidation des savoirs emporte deux conséquences. En premier lieu,
les acteurs de terrain sont le plus souvent démunis face aux
problèmes récurrents que soulèvent la mise en oeuvre de
dispositifs de participation. Ils sont tous confrontés aux mêmes
problèmes de représentativité, de légitimité
et d'articulation sur les sphères de décision, sans avoir les
ressources politiques suffisantes pour les surmonter. Dans les innombrables
colloques qui ont la participation pour thème, ce sont toujours les
mêmes questions qui ressurgissent, sans espoir véritable de
réponse.
L'exigence de points de repère n'a jamais
été aussi grande de la part des acteurs. En second lieu, un
même « label » procédural peut recouvrir des
réalités très différentes. Certaines
municipalités prétendent ainsi mettre en place des « budgets
participatifs » en se contentant d'attribuer à leurs conseils de
quartier de maigres enveloppes d'investissement tout juste susceptibles
d'acheter un banc, un feu tricolore ou quelques jardinières. On nomme
également « conseil de quartier » des choses infiniment
différentes selon les endroits : certaines municipalités mettent
en place des instances composées d'élus et de sympathisants de la
mairie et qui délibèrent à huis clos, d'autres organisent
des shows à grand spectacle confrontant le maire aux habitants, d'autres
enfin délèguent entièrement à une poignée de
citoyens le soin d'organiser et d'animer ces dispositifs, les abandonnant
souvent à leur triste sort. Cette variabilité est d'autant plus
forte qu'un même dispositif peut évoluer dans le temps et se
modifier substantiellement, à l'image des conseils de quartier.
La réflexion sur la démocratie participative en
France en est, on l'aura compris, à ses balbutiements. A travers cet
inventaire sommaire des avancées et des manques de la réflexion
nous avons voulu pointer ce qui nous apparaît comme un déficit de
conceptualisation chez ses acteurs mêmes. Sans préjuger le moins
du monde des évolutions à venir de cette dynamique de
participation, nous avons voulu montrer à quel point la volonté
politique et la réflexion sur les procédures restaient en retrait
des promesses ouvertes par ce renouvellement des formes démocratiques.
Il ne revient évidemment nullement à l'observateur critique que
nous sommes de dire ce que cette démocratie nouvelle devrait être.
L'objectif de cette contribution était de mettre au clair certains des
enjeux que de tels processus recouvrent.
* 1 La façon de
communiquer qu'avait Jean-Pierre Raffarin, en apparaissant comme un homme de
terroir sympathique, charismatique du fait de son absence de charisme,
défenseur de la «France d'en bas» et adepte d'une
« nouvelle gouvernance », même si cela ne l'a pas
empêché de sombrer dans les sondages lorsque des réformes
difficiles ont dû être menées par son gouvernement, a tout
de même fait école dans la classe politique...
* 2 Depuis la loi
constitutionnelle n°2003-276 du 28 mars 2003, art. 1er.
* 3 La proposition
très controversée de Ségolène Royal des «Jurys
citoyens» a encore récemment provoqué bien des remous...
* 4 Le capital nom
est constitué des éléments qui font la
notoriété d'un homme politique, mais encore faut-il que celle-ci
soit bonne : c'est là que le capital réputation
entre en jeu...
* 1 Ex : en Mars 2002
sur l'adhésion à l'ONU qui a obtenu 55% de
« oui »
* 5 Le terme populiste
signifiait plutôt «progressiste» avec un forte connotation
sociale. Il n'avait pas du tout la connotation négative
d'aujourd'hui...
* 6 Littéralement le
« rappel » : un référendum d'initiative
populaire est organisé pour décider de la destitution d'un
gouverneur par exemple...
* 7 Source Canal Ipsos,
http://www.ipsos.fr/canalipsos/articles/1190.asp
* 8 Litt.
« opération mains propres », très vaste
opération judiciaire en Italie lancée en 1992 contre la
corruption du monde politique italien ayant entraîné une
recomposition totale du paysage politique transalpin.
* 9 Raymond Carré de
Malberg, Contribution à la théorie générale de
l'Etat, rééd. CNRS, 1962.
* 10 Art. 3 :
« La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce
par ses représentants et par la voie du
référendum. »
* 11 « Le
Président de la République, sur proposition du Gouvernement
pendant la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux
Assemblées, publiées au Journal Officiel, peut soumettre
au référendum tout projet de loi portant sur l'organisation des
pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique
économique ou sociale de la nation et aux services publics qui y
concourent, ou tendant à autoriser la ratification d'un traité
qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences
sur le fonctionnement des institutions.
* 12
« L'initiative de la révision de la Constitution appartient
concurremment au Président de la République sur proposition du
Premier Ministre et aux membres du Parlement. Le projet ou la proposition de
révision doit être voté par les deux assemblées en
termes identiques. La révision est définitive après avoir
été approuvée par référendum. »
(alinéas 1 et 2)
* 13 Art. 89 alinéa
3 : « Toutefois, le projet de révision n'est pas
présenté au référendum lorsque le Président
de la République décide de le soumettre au Parlement
convoqué en Congrès ; dans ce cas, le projet de
révision n'est approuvé que s'il réunit la majorité
des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Le bureau du
Congrès est celui de l'Assemblée Nationale. »
* 14 « Dans les
communes de 80 000 habitants et plus, le conseil municipal fixe le
périmètre de chacun des quartiers constituant la commune. Chacun
d'eux est doté d'un conseil de quartier dont le conseil municipal fixe
la dénomination, la composition et les modalités de
fonctionnement. Les conseils de quartier peuvent être consultés
par le maire et peuvent lui faire des propositions sur toute question
concernant le quartier ou la ville. Le maire peut les associer à
l'élaboration, à la mise en oeuvre et à
l'évaluation des actions intéressant le quartier, en particulier
celles menées au titre de la politique de la ville. Le conseil municipal
peut affecter aux conseils de quartier un local et leur allouer chaque
année des crédits pour leur fonctionnement. Les communes dont la
population est comprise entre 20 000 et 79 999 habitants peuvent appliquer les
présentes dispositions.» Art. 1
* 15 « La loi fixe
les conditions dans lesquelles les électeurs de chaque
collectivité territoriale peuvent, par l'exercice du droit de
pétition, demander l'inscription à l'ordre du jour de
l'assemblée délibérante de cette collectivité d'une
question relevant de sa compétence. Dans les conditions prévues
par la loi organique, les projets de délibération ou d'acte
relevant de la compétence d'une collectivité territoriale
peuvent, à son initiative, être soumis, par la voie du
référendum, à la décision des électeurs de
cette collectivité. » (alinéas 1 et 2)
* 16 Art. 72-1 alinéa
3 de la Constitution : « Lorsqu'il est envisagé de
créer une collectivité territoriale dotée d'un statut
particulier ou de modifier son organisation, il peut être
décidé par la loi de consulter les électeurs inscrits dans
les collectivités intéressées. La modification des limites
des collectivités territoriales peut également donner lieu
à la consultation des électeurs dans les conditions
prévues par la loi.»
* 17 Art. 72-4 alinéa
1 : « Aucun changement, pour tout ou partie des
collectivités mentionnées à l'art. 72-3 ne peut intervenir
sans que le consentement des électeurs de la collectivité ait
été préalablement recueilli... »
* 18 Cette citation ainsi
que les suivantes sont extraites des propos de Ségolène Royal
tenus au cours d'une interview pour 20 minutes, le 26 octobre 2006.
* 19 Cf. son article sur la
démocratie participative en annexe
* 20 Propos des deux
politologues ainsi que ceux de Didier Maus rapportés par Les
Echos, dans l'article « Ségolène Royal : les
jurys citoyens », en date du 13 avril 2007.
* 21 André
Laurens, Le métier politique, Alain Moreau, 1980
* 22 Avec un territoire
s'étendant sur près de 186 km2, Aix arrive au 11e rang
sur l'ensemble des communes métropolitaines en terme de superficie, la
commune de Paris n'ayant une étendue que de près de 100 km2...
* 23 Bruno Genzana est
d'ailleurs le président du groupe UMP-UDF au Conseil
Général des Bouches-du-Rhône, dirigé par une
majorité de gauche. Il est également vice-président de la
Communauté du Pays d'Aix, délégué à
l'Habitat et la Politique de la Ville.
* 24 Descartes
lui-même décriait la cité médiévale
désordonnée dans son Discours de la
Méthode : « ces anciennes cités, qui, n'ayant
été au commencement que des bourgades, sont devenues, par
succession de temps, de grandes villes, sont ordinairement si mal
compassées, au prix de ces places régulières qu'un
ingénieur trace à sa fantaisie dans une plaine, qu'encore que,
considérant leurs édifices chacun à part, on y trouve
souvent autant ou plus d'art qu'en ceux des autres ; toutefois, à
voir comme ils sont arrangés, ici un grand, là un petit, et comme
ils rendent les rues courbées et inégales, on dirait que c'est
plutôt la fortune, que la volonté de quelques hommes usant de
raison, qui les a ainsi disposés. »
* 25 L'écrivain local
Armand Lunel (1892-1977), ami de Darius Milhaud, célèbre la
rationalité du tracé et l'harmonie des proportions dans son roman
La Belle à la Fontaine, qui a le quartier Mazarin pour
cadre : «Sur le plan d'Aix, notre quartier est ce quadrilatère
délimité par les quatre artères du cours Mirabeau, de la
rue d'Italie, de l'avenue Victor Hugo et du cours du Roi René. Toutes
les rues y sont tirées au cordeau, composant ainsi d'admirables
perspectives, surpassées entre toutes par celle qui, de la fontaine des
Quatre Dauphins, s'ouvre sur le porche de l'église Saint-Jean. Nulle
part mieux qu'ici n'est affirmé, dans l'art de bâtir, le sens des
proportions.» Descartes aurait certainement apprécié...
* 26 Il n'y a aucun lien de
parenté entre Charles de Peretti et Jean-Pierre de Peretti della
Rocca
* 27 La commune
d'Aix-en-Provence est couvertes par deux circonscriptions électorales
des Bouches-du-Rhône : la XIe qui comprend entre autres le canton
Aix Sud-Ouest, et la XIVe qui comprend les cantons Aix Centre et Aix Nord-Est,
ainsi que ceux de Trets et de Peyrolles.
* 28 François-Xavier
de Peretti est le fils de Charles de Peretti.
* 29 Tout ça
officiellement parce que Medvedowsky aurait renoncé au recours devant le
Conseil d'Etat visant l'annulation de l'élection municipale de 2001, que
Picheral avait perdu de très peu contre Maryse Joissains alors qu'il
était donné favori... Recours qui s'il avait été
maintenu aurait vu le duo Picheral-Medvedowsky être défendu par
l'avocat... Maître Michel Pezet !!!
* 30 Dans une
déclaration donnée à La Provence le 14
septembre.
* 31 Le député
RPR sortant de la XIVe circonscription Jean-Bernard Raymond s'est vu rafler
à l'époque l'investiture de l'UMP par Maryse Joissains, qui a
pris Bruno Genzana pour suppléant. Jean-Bernard Raymond a alors obtenu
l'investiture de l'UDF et s'est représenté avec
François-Xavier de Peretti comme candidat suppléant, ce qui
constitua le prétexte qui manquait à Mme le Maire pour lui
retirer ses délégations, sachant que les rapports entre eux
s'étaient très rapidement dégradés...
* 32 Numéro 2 sur la
liste conduite par Maryse Joissains en 2001 (tandis que Bruno Genzana figurait
sur celle de Jean Chorro), Stéphane Salord est actuellement
2e adjoint au maire, chargé du développement
économique, de l'emploi et de la vie culturelle.
* 33 Maire d'Aix et
Présidente de la Communauté d'agglomération du Pays d'Aix
(CPA), Maryse Joissains a deux directeurs de cabinet : son mari Alain
à la Ville, et sa fille Sophie à la CPA. Le bruit court
même qu'en cas de réélection en 2008, Maryse Joissains
envisagerait de quitter son fauteuil de Maire en cours de mandat pour le
laisser à sa fille... dès l'été 2006, à
l'occasion d'un déjeuner avec jc gaudin elle demandait officiellement
à jc gaudin de réserver la 2e place sur sa liste
sénatoriale (élections fin sept 2008) à sa fille sophie
* 34 Certains quartiers
d'Aix-en-Provence éloignés du centre et en discontinuité
urbaine avec celui-ci sont appelés villages et revendiquent une
identité particulière au sein de la commune d'Aix-en-Provence,
ayant pour la plupart un adjoint spécial faisant office de
«maire» : c'est le cas pour Luynes, Les Milles et Purycard
notamment...
* 35 D'après
Stéphane Salord, au moins 30% des électeurs aixois lors des
municipales de 2008 seront des gens qui ne l'étaient pas lors de celle
de 2001...
* 36Les Aixois attendent
toujours la gratuité des transports, que la Tour Rouge soit repeinte, ou
le fameux bouton pour les personnes âgées qui leur permettait
d'avertir immédiatement la police en cas d'agression !!!
* 37 Dans les deux bureaux
de votes situés à l'Hôtel de Ville donc au coeur du vieux
centre historique, Ségolène Royal a recueilli environ 60% des
suffrages au second tour de la dernière élection
présidentielle. C'est ainsi qu'en privé Bruno Genzana a
baptisé le vieux centre médiéval «Boboland».
* 38 Ami de Bruno Genzana,
conseiller général Aix Nord-Est, conseiller municipal et
vice-président de la Communauté du Pays d'Aix, Jean-Pierre Bouvet
toutefois ne devrait pas s'engager lors des prochaines municipales, ayant
choisi de privilégier sa réélection en tant que conseiller
général...
* 39 Cf article sur le
lancement des Ateliers de l'Avenir en annexe.
* 40 Cf la reproduction de
ce document en annexe
* 41 Cette citation et les
suivantes sont extraites de propos tenus au cours d'un entretien avec Bruno
Genzana le 12 septembre 2007
* 42
http://www.aixconsult2008.com
* 43 Un tout petit
échantillon de ces remerciements est visible à la dernière
page de la brochure de bilan des Ateliers de l'Avenir,
distribuée au Centre des Congrès et figurant en annexe.
* 1Cf article dans La
Provence sur le début de la consultation
* 44 Editorial de Bruno
Genzana figurant en première page de la brochure de consultation
* 45 Interview dans La
Provence du 16 avril 2007, jointe en annexe. A noter cependant que Bruno
Genzana se garde bien de dire «que Maryse Joissains conserve la
ville», la formule choisie est révélatrice.
* 46 Bruno Genzana a
aujourd'hui 48 ans, Stéphane Salord 38, tandis que Maryse Joissains en a
65, son fidèle 1er adjoint Jean Chorro étant loin
également d'être de toute première jeunesse...
* 47 Cf le tract de soutien
à Nicolas Sarkozy où l'on voit se dernier ce promener dans un
parc avec Bruno Genzana.
* 48 «Je vous adresse
tout d'abord mes félicitations pour la création de ces
Ateliers de l'Avenir - Aix 2008 qui constitueront un bel exemple de
démocratie directe que nos concitoyens appellent de leurs voeux. Ils
seront en outre un support sérieux pour concrétiser et
transformer en projets les attentes des Aixoises et des Aixois. Connaissant
votre énergie et votre conviction, je ne doute pas que cette initiative
sera une réussite. Je regrette d'autant plus un emploi du temps
déjà arrêté qui ne me permettra pas d'être
à vos côtés pour ce lancement. Je vous prie de bien vouloir
excuser publiquement mon absence et faire part de tout mon soutien aux
personnalités et sympathisants présents ce soir-là.»
Si Jean-Claude Gaudin va même jusqu'à s'excuser de ne pas avoir
été présent, tout en vantant les qualités
personnelles de Bruno Genzana, il s'agit bien d'un encouragement à aller
encore plus loin, de la part de celui qui pourtant, en tant que
président de la commission d'investiture de l'UMP, va l'accorder d'ici
peu à Maryse Joissains...
* 49 Entretien avec Bruno
Genzana du 12 septembre 2007
* 50
http://castronovo.canalblog.com/
* 51
http://cyril-dimeo.over-blog.com,
Cyril Di Meo, benjamin du conseil municipal, sera le candidat Verts à la
Mairie d'Aix-en-Provence en 2008
* 52 Le bailleur
* 53 Un Aixois de longue
date a notamment écrit : «Je ne me fais aucune illusion sur
les suites concrètes pouvant être données par les hommes
politiques aux consultations ou promesses électorales.» Et ce
n'est pas un cas isolé.
* 54 En fait pour Les
Ateliers de l'Avenir il en existe un quatrième, qui ne peut
cependant être examiné à l'heure actuelle : les Aixois
auront d'autant plus de chance de voir leurs demandes satisfaites, ou du moins
d'avoir un retour, si Bruno Genzana est élu maire d'Aix !!!
Réponse en mars 2008...
* 55 Editorial de la
Brochure de consultation
* 56 Liste des Grands
témoins disponible en annexe
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