UNIVERSITE DE YAOUNDE II
Faculté de Sciences Economiques et de
Gestion
B.P. 1365 - Yaoundé CAMEROUN
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UNIVERSITE DE RENNES 1
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FINANCEMENT DES PROJETS SUR RESSOURCES PPTE ET
APPROPRIATION DES PROCEDURES PAR LES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE
CIVILE
Mémoire rédigé et soutenu en vue de
l'obtention du
DESS en Analyse et Evaluation des projets.
Et du
MASTER 2 Economie Conseil et Gestion Publique
Par :
Joseph Claude AMOUGOU OWONO
Maître ès Sciences Economiques
Sous la Direction de :
Dr. Dieudonné Bondoma Yokono
Chargé de cours FSEG UY II
Sous L'Encadrement Professionnel de :
M. Max Abé Onana
Expert au Secrétariat Permanent
CCS/PPTE
Année Académique 2005/2006
RESUME
Ce mémoire se présente comme une
évaluation thématique de la mise en oeuvre de l'initiative PPTE
au Cameroun. En effet, dans le but d'assurer la bonne exécution de ce
programme un comité tripartite regroupant Gouvernement, Bailleurs de
fond et Société civile a été mis sur pied. Le
rôle de ce comité est de procéder à la
sélection objective des projets en provenance de diverses
catégories de promoteurs, dont ceux des OSC, afin qu'ils soient
financés par les ressources issues de l'annulation de la dette.
L'étude cherche donc à éclairer la
communauté des bailleurs de fonds, les agences de développement,
et le gouvernement camerounais sur les difficultés auxquelles sont
confrontées les organisations de la société civiles dans
leurs tentatives de mobiliser les ressources PPTE, leur permettant de
participer efficacement à la lutte contre la pauvreté. Pour se
faire, l'étude se présente en deux parties
Une partie théorique dont le but est de familiariser le
lecteur avec les différents concepts de l'approche projet, approche
utilisée par le comité consultatif de suivi de la gestion des
ressources PPTE (CCS/PPTE) dans la réalisation de ses missions. Cette
partie du mémoire parle aussi du cadre d'intervention de la
société civile camerounaise, dont l'importance du rôle ne
cesse de grandir.
Une partie pratique qui fait l'analyse critique des fondements
méthodologiques des procédures utilisées par le
comité dans le choix, le financement et le suivi des projets. Cette
analyse est faite premièrement par une critique de l'approche au regard
des exigences du développement ; deuxièmement par une
synthèse des données sur la perception que les OSC ont des
procédures du CCS/PPTE.
L'étude débouche sur des suggestions et les
opportunités qui se présentent aux OSC dans leur
ABSTRACT
This research report is presented a theme evaluation for the
setting of the high indebted poor country initiative (HIPC) in Cameroon.
Indeed, with an aim of ensuring the good execution of this program, a
tripartite committee gathering government financial donors and civil society
organisations was set up. The role of this committee is to carry out the
objective selection of projects coming from various categories of promoters, of
which those of the civil society organisations, so that they are financed by
resources resulting from the cancellation of the debt. The study thus seeks to
inform the community of the backers, development agencies and government body
on the difficulties with which civil society organisation are conforted in
their attempt to mobilize high indebted poor country resources, allowing them
to take part effectively in the fight against poverty. To be done, the study
arises in two parts a theoretical part which the goal is to familiarize the
reader with the various concepts of the approach project; approach used by the
consultative and follow up committee for the management of high indebted poor
country (HIPC) resources in the realization of its missions.
This part of the report also speaks about the framework of
civil society intervention in Cameroon, whose importance of the role does not
cease growing.
A part practice which makes the critical analysis of the
methodological bases of the procedure by the committee in the choice, the
financing of the approach in comparison with the requirements of development,
secondly by a synthesis of the data on the perception which civil society
organization have of the procedure of the consultative and follow up committee.
The study leads to suggestions and opportunities which arise to civil society
organisaiton in their mission of promotion of the economic and social
development.
mission de promotion du développement économique
et social.
INTRODUCTION GENERALE
1 Contexte
Depuis quelques années, les problèmes de
développement sont caractérisés par une nouvelle
vision : celle de la réalisation des objectifs du millénaire
pour le développement (O.M.D). Le premier de ces objectifs
est d'éliminer l'extrême pauvreté et la faim,
pauvreté que le Comité d'aide au développement (C.A.D) de
l'O.C.D.E définit comme « l'incapacité d'une
personne ou d'une famille à se procurer des ressources suffisantes pour
satisfaire ses besoins économiques et sociaux de base. Cette
pauvreté résulte du fait que ces personnes ne sont pas en mesure
d'avoir un emploi sûr, qu'elles rencontrent des difficultés
à commercialiser leur produits ou services et qu'elles sont sujettes
à discrimination en raison de leur invalidité, leur ethnie ou
leur sexe »1(*)
Ce premier objectif est aussi l'une des conditions de
l'initiative pays pauvres très endettés. En effet, les
institutions financières internationales (I.F.I.) ont donné leur
accord pour aider les pays pauvres « A condition, cependant que
leurs gouvernements décident librement de faire de la lutte contre la
pauvreté leur objectif fondamental et que leur politique soit
élaborée de manière participative avec la
société civile et consignée dans un
DSRP. »2(*).
Comme on peut le constater, la société civile joue un rôle
de plus en plus important dans le développement économique et
social dans les pays pauvres. C'est ce que confirme l'étude
cordonnée par Réné Otayek qui aboutit au résultat
selon lequel « les ONG sont promues au rang de partenaires
privilégiés de développement, par le biais desquelles sera
désormais canalisée une part significative de l'aide
destinée aux pays du Sud. Ainsi, de 2,7 milliard de dollar en 1970, le
flux d'aide canalisé par les ONG passe à 7 ,2 milliards en
1990. Aujourd'hui l'aide aux ONG représentait 13% de l'A.P.D (Aide
Publique au développement »3(*).
Au Cameroun, l'importance de la société civile
se manifeste à travers sa présence au sein du comité
consultatif de suivi de la gestion des ressources PPTE (CCS/PPTE),
comité mis sur pied par l'Etat Camerounais sur l'instigation des
bailleurs de fonds. On constate malheureusement que la société
civile ne tire pas encore grand avantage de cette position de
privilégié.
En effet, comme le souligne Réné Otayek,
« la société civile au Cameroun est multiforme et
fondée sur des dynamiques contradictoires (...). Il n'est pas possible
d'instituer un dialogue direct avec cette masse diffuse parsemée de
besoin multiples et n'ayant pas de compétences suffisantes pour les
systématiser et les formuler selon les canons de l'aide au
développement »4(*). Or l'un des canons de l'A.P.D est l'approche projet,
et notamment pour le CCS/PPTE la méthodologie de la gestion du cycle de
projet (G.C.P), qui est à la base du manuel de procédures
élaboré par le Comité et dont doivent s'inspirer les
promoteurs dans le cadre de l'élaboration de leur projet.
Le manuel de procédures PPTE définit les
catégories de promoteurs susceptibles de solliciter des financements sur
fonds PPTE. Les OSC en font partie, mais si l'on se réfère aux
révélations de Otayek, il nous semble qu'il n'est pas aisé
pour cette catégorie d'acteur de formuler les besoins selon les
exigences des procédures du comité ; c'est ce qui justifie
le choix du thème de notre recherche : Financement des projets
sur ressources PPTE et appropriation des procédures par les
organisations de la société civile.
2 Problématique
Si l'on peut se féliciter du fait que beaucoup d'OSC
ont élaboré des projets destinés à être
financés par les ressources PPTE (105 pour les associations religieuses,
413 pour les autres associations, ONG, GIC) , on comprend moins le fait
que très peu de ces projets aient été
déclarés éligibles (20/413 soit 4,84% pour les
associations non confessionnelles, ONG, GIC et), alors que l'essentiel du
travail des OSC consisterait à proposer des solutions aux
problèmes des populations par l'approche projet. D'où la question
au centre de notre étude : Quel est l'impact des
procédures dans la mobilisation de ressources PPTE par les
OSC. ?
3 Intérêt de l'étude
Cette question est d'autant plus importante, que la nouvelle
économie a montré la place prépondérante de la
société civile comme partenaire du développement .Cette
étude concerne donc tous ceux qui s'intéressent à la
gestion des deniers public, car l'on remarque que les OSC présentent
des avantages comparatifs dans la mise en oeuvre du développement,
notamment dans le domaine du rapport coût efficacité du fait de la
proximité avec les populations. Après l'atteinte du point
d'achèvement par le Cameroun, on s'attend à un accroissement de
ces ressources et donc une plus grande implication des OSC, compte tenu des
avantages qu'elles présentent.
4 hypothèses
Ayant constaté que ces avantages comparatifs
n'étaient pas valorisés, nous avons émis
l'hypothèse selon laquelle les procédures limitent l'accès
des OSC au financement sur ressources PPTE. Sur la base de cette
hypothèse on peut faire deux suppositions :
- la mauvaise appropriation des procédures limite
l'accès au financement
- la rigidité des procédures et les contraintes
qu'elles imposent limitent l'accès au financement
5 Approche
méthodologique
Pour vérifier ces suppositions, notre étude
couvrira la période allant de la création du CCS/PPTE en
décembre 2000 jusqu'en 2006, et sera faite sur la base d'un
échantillon d'OSC répertorié dans la ville de
Yaoundé et ses environs.
La vérification se fera sur le plan théorique et
sur le plan pratique.
Sur le plan théorique, il s'agissait
d'examiner si l'approche méthodologique utilisée par le CCS/PPTE
(GCP) est pratique pour les interventions visant le développement, et de
s'assurer qu'elle correspond à l'approche utilisée par les OSC.
Cette phase sera faite par une recherche des documents, et autres écrits
sur la GCP et les projets en général.
Sur le plan pratique, il s'agissait
d'enquêter auprès d'un échantillon de 22 OSC (GIC, ONG,
Associations de développement) de Yaoundé et ses environs, pour
comprendre la perception qu'elles ont des procédures utilisées
par le Comité, pour le choix, le financement et le suivi des projets. La
Collecte des données dans ce cas se fera à travers un
questionnaire, le traitement quant à lui sera fait par l'utilisation de
la statistique descriptive, notamment le calcul des pourcentages. Pour
comprendre le fonctionnement du système CCS/PPTE, nous avons
utilisé l'analyse systémique
Notre rapport de recherche se présentera donc en deux
parties :
Une partie théorique dont le but est de familiariser le
lecteur avec les concepts de projet et les méthodes de choix des projets
dans un premier temps, le fonctionnement du CCS/PPTE, ses procédures et
l'environnement des OSC au Cameroun dans un deuxième temps.
Une partie pratique et analyse critique dont le but est
d'apporter quelques critiques aux fondements théoriques des
procédures utilisées par le CCS/PPTE d'une part, et d'analyser la
perception que les OSC ont des procédures du CCS/PPTE d'autre part.
PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
L'approche projet est une méthode utilisée pour
résoudre les problèmes que pose le développement. Elle a
cependant été très critiquée à cause des
résultats mitigés qu'elle a produits. Aujourd'hui, les concepts
et les méthodes ont changé. L'aide publique au
développement a un nouvel aspect : la réduction de la
pauvreté. Au Cameroun, les différents partenaires au
développement ont choisi l'approche projet pour répondre à
cette nouvelle exigence.
Cette innovation s'est traduite par la mise sur pied d'un
comité dont le rôle est d'évaluer les projets et de donner
son avis, afin que ceux- ci soient financés ou non par les fonds issus
de l'allègement de la dette. Ce comité est constitué
d'experts d'origines diverses et notamment ceux venant de la
société civile dont le rôle a été primordial
dans l'élaboration du DSRP.
Les organisations de la société civile (OSC),
pour avoir contribué à l'élaboration du Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté au Cameroun, ont le
droit de solliciter le financement de leurs projets par les ressources issues
de l'annulation de la dette. Cependant, depuis l'année 2000 que le
comité a été créé, bon nombre d'OSC ont
envoyé des projets (413 projets venant des OSC ont été
reçus au Secrétariat Permanent), mais très peu (une
vingtaine) ont été éligibles. Dans le cadre de notre
étude, nous essayerons de comprendre l'impact des procédures
dans ce faible taux d'éligibilité des projets en provenance de la
société civile. Pour se faire, cette première partie de
notre travail essayera de familiariser le lecteur avec les théories et
les concepts qui sous-tendent l'approche projet, son application au CCS/PPTE,
et le cadre légal d'intervention de la société civile au
Cameroun.
CHAPITRE I
L'APPROCHE PROJET : METHODES
D'ANALYSE ET D'EVALUATION
Le comité consultatif de suivi de la gestion
des ressources PPTE (CCS/PPTE) utilise l'approche projet dans le cadre de son
travail de gestion des ressources issues de l'annulation de la dette. Cette
tâche s'effectue à travers l'évaluation des projets
à lui soumis par divers types de promoteurs. La diversité des
promoteurs entraîne une diversité de projets. Or évaluer
c'est apprécier la qualité pour faciliter la décision, il
se pose donc un problème de méthodologie à utiliser, car
tous les projets ne s'évaluent pas de la même manière. Afin
de mieux comprendre les principes qui guident les choix des projets, nous
définirons d'abord ce qu'est un projet, les différents types de
projets, ensuite nous présenterons les différentes
méthodologies d'analyse et d'évaluation qui existent dans la
littérature.
SECTION I - PROJET DE DEVELOPPEMENT :
DEFINITION, TYPOLOGIE
Ils existe différent types de projet : projet de
développement, projet de développement local, projet de mise en
valeur régionale etc. Le finalité de ces différents types
semble être la même : améliorer les conditions
d'existence des individus. Qu'est-ce-qui fait donc la différence entre
les types de projets ? Pour apporter une réponse à cette
question, nous définirons d'abord le concept de projet et ses
différentes variantes, puis nous présenterons les
différentes méthodes qui permettent d'apprécier les
projets.
I- Les types de projets
Plusieurs auteurs ont proposé une définition du
mot projet. Dans le cadre de notre étude, nous retiendrons celle de
Bridier et Michailof, dont le mérite est d'insister sur le
caractère global et relativement autonome que devrait présenter
tout projet. Pour ces auteurs, « il s'agit d'un ensemble complet
d'activités et d'opérations qui consomment des ressources
limitées (telles que main- d'oeuvre, devises, etc. ...) et dont on
attend) des revenus, ou autres avantages monétaires ou non
monétaires »5(*). Cette définition permet de comprendre que
l'on peut avoir deux grandes catégories de projets, ceux avec des
avantages monétaires (projets à produits valorisables dont
l'objet est de développer l'offre des biens et services mesurables sous
forme monétaire), et ceux avec des avantages non monétaires
(projet à produits non valorisables sous forme monétaire
mesurable de façon fiable, (exemple les projets sociaux).
La première catégorie que l'on peut qualifier de
projet productif, est le plus souvent l'oeuvre d'opérateurs
privés dont l'objectif premier est la rentabilité
financière.
La deuxième catégorie dite projet de
développement, que l'on peut définir comme « un
ensemble de tâches cohérentes, dépendantes les unes les
autres et participant à un but»6(*) , est généralement l'oeuvre
d'acteurs publics dont le but n'est pas uniquement la rentabilité
financière, mais aussi et surtout la rentabilité collective
encore appelée rentabilité économique.
Les projets de développement ont donc pour objectif
principal l'amélioration des conditions de vie des individus d'une
collectivité.
Au delà de la distinction basée sur la nature
des biens et services produits par le projet, il y a aussi une distinction
basée sur la localisation géographique du projet .On parle
alors de projet de développement local, qu'il convient toutefois de
distinguer du projet de mise en valeur régionale. En effet la
construction d'une usine ou d'une infrastructure dans une localité dans
le but de désenclaver celle-ci (mise en valeur régionale), ne
sera pas qualifiée de projet de développement local. Car, si tout
projet suppose un changement d'un état d'origine vers un état
souhaitable et/ou souhaité, le projet de développement local
fait intervenir une notion importante qui semble être au centre de toute
action avec les populations à la base : la participation. En
effet, « le projet de développement local est
initié et mis en oeuvre par et avec la participation de ses habitants et
de leurs institutions. Il tente de répondre à leurs aspirations
collectives et de valoriser leur richesse »7(*) . A ce niveau, nous
constatons d'une manière générale qu'un projet de
développement, qu'il soit local ou non, permet de résoudre un
problème qui se pose au sein d'une communauté.
Cependant, si la plupart des auteurs et des institutions
s'accordent sur l'approche projet pour trouver des solutions aux
problèmes de développement, en revanche les méthodes
d'analyses diffèrent suivant les courants de pensée et/ou les
institutions. En effet, la question que l'on se pose en face d'un
problème à résoudre utilisant l'approche projet c'est
comment choisir le bon projet, ou la meilleure variante d'un projet ? Nous
répondrons à cette question en présentant les
différentes méthodes d'analyse et d'évaluation des
projets.
SECTION II - LES METHODES D'ANALYSE ET D'EVALUATION
Compte tenu des deux grandes catégories de projets
(projets à produits valorisables et projets à produits non
valorisables), et des politiques de développement mises en oeuvre par
les Etats et les institutions financières internationales, il existe
différentes façon d'analyser et d'évaluer des projets,
selon la nature du promoteur (privé ou public). Si l'analyse de la
rentabilité financière est primordiale pour des projets
d'investissements privés, tel n'est pas toujours le cas pour des projets
d'investissements publics. Pour ces derniers, que ce soit la construction
d'infrastructures ou des programmes sociaux, on les évalue en tenant
compte de leur apport pour la communauté dans laquelle ils sont
exécutés.
Il convient de préciser que pour toutes ces
méthodes, le point de départ commun est l'étude de
faisabilité, document de base qui présente tous les aspects de la
mise en oeuvre d'un projet.
Nous essayerons dans cette section de présenter les
méthodes de l'analyse financière, puis les méthodes
d'analyse économique
I- L'analyse financière
L'analyse financière dispose des méthodes de
choix des investissements ou des projets en avenir certain et en avenir
incertain. C'est un outil d'aide à la prise de décision dont le
point de départ est l'étude de faisabilité. En effet, pour
choisir un projet d'investissement, il est nécessaire de réaliser
une étude de faisabilité dudit projet. Après cette
étude, la décision du promoteur se situe à deux
niveaux : le choix entre plusieurs variantes d'un même projet, et le
choix d'investir ou non dans un projet précis .Ce choix est guidé
par les critères élaborés par l'analyse
financière ; nous présenterons ici les plus
communément utilisés.
a) Choix des projets d'investissement en avenir
certain
Pour l'analyse financière, tout projet se
caractérise par :
· La détermination de son montant
(l'investissement total)
· La détermination des flux nets de
trésorerie induits par le projet et inclus par la durée de vie du
projet
· La détermination de la durée de vie du
projet
Dans l'hypothèse d'un avenir certain, les principaux
critères sont :
1. La valeur actuelle nette (VAN)
2. Le taux de rentabilité interne (TRI)
3. Le délai de récupération des capitaux
(DRC)
4. Les critères combinés
a-1 Le critère de la VAN
« La valeur actuelle nette d'un projet est
égale à la différence entre la valeur actuelle des
rentrées nettes de trésorerie associées au projet et la
dépense initiale du projet , l'actualisation étant faite
à un taux k choisi par le chef d'entreprise »8(*)
t
VAN = ?CFn(1+k)-n - I0
n =1
Avec
Io = investissement initial
CFn = cash flow à l'année n (recettes
- dépenses)
k= taux d'actualisation
t = durée de vie du projet
Règles de décisions pour un projet
précis
Si
VAN >0 Projet rentable
VAN=0 indifférence (Rejet)
VAN<0 Rejet
Cas du choix entre deux projets
Si l'on a à choisir entre deux projets on prendra celui
dont la VAN est la plus élevée
a-2) Critère du taux de rentabilité
interne
« Le taux interne de rendement (ou taux de
rentabilité interne) d'un projet d'investissement est le taux r pour
lequel la valeur actuelle des rentrées nettes de trésorerie
associées au projet est égale à la dépense initiale
d'investissement »9(*)
En d'autres termes c'est un taux r tel que VAN = 0
t
- I0+ ?CFn(1+k)-n=0
n =1
Le TRI se calcule par interpolation linéaire
Règles de décision
* Cas d'un projet particulier
On devra rejeter le projet si TRI est inférieur au taux
d'actualisation ou taux de rentabilité plancher
* Cas du choix entre deux projets
On va choisir le projet dont le TRI est le plus
élevé
a-3 Le critère du délai de
récupération des capitaux (DRC)
Ce critère est aussi appelé pay back period,
c'est le délai au bout duquel les flux nets de trésorerie
générés par le projet remboursent l'investissement
initial. C'est un critère qui privilégie la liquidité du
projet, il est le plus souvent utilisé dans un contexte instable.
Généralement un délai norme est fixé par les
investisseurs. Rappelons cependant que ce critère n'est valable que pour
les projets à durée de vie identique, et qu'il se calcule aussi
par interpolation linéaire entre des valeurs de
références.
Règles de décision
* Cas d'un projet particulier
On va rejeter le projet si le DRC est supérieur au
délai norme fixé par les investisseurs
* Cas du choix entre plusieurs projets
On va rejeter le projet dont le DRC est le plus long.
a-4 Les critères combinés
Les critères combinés sont une autre
façon d'aborder la VAN et le TRI ; on a ainsi la valeur
ajoutée nette globale (VAN G) et le taux de rentabilité interne
général (TRI G) auquel il faut ajouter l'indice de
profitabilité ( Ip).
L'indice de profitabilité
Ip
Il mesure le profit induit par un franc de capital investi,
il se calcule en divisant la somme des cash flow par l'investissement initial,
d'où la formule :
Règle de décision
* Cas d'un seul projet
Le projet est rejeté si Ip inférieur
à un, donc VAN est inférieur à Zéro
* Cas du choix entre plusieurs projets
Le projet choisi est celui dont l'Ip est le plus
élevé
La valeur actuelle nette globale (VAN
G)
Ici on suppose que les cash flow dégagés par le
projet sont réinvestis ou placés à un taux de placement r,
la VAN G mesure le retour que procure l'investissement initial par le
réinvestissement des cash flow.
Règles de décision
* Cas d'un seul projet
On rejette le projet si VAN G <0
* Cas du choix entre plusieurs projets
Le projet à retenir est celui dont la VAN G est la plus
élevée.
Le taux de rentabilité interne
générale TRI
C'est un taux d'actualisation qui annule la VAN G
Règle de décision
* Cas d'un seul projet
Le projet est rejeté si le TRI G est inférieur
à la norme fixée par l'entreprise.
* Cas du choix entre plusieurs projets
Le projet à retenir est celui qui a le TRI G le plus
élevé
b) Choix des projets d'investissement en avenir
incertain
Chaque projet constitue un risque que les promoteurs prennent.
Au delà de la rentabilité financière, le risque constitue
aussi un élément sur lequel les promoteurs se basent pour choisir
un projet .En effet on se dit que le promoteur (investisseur) ne peut pas
affecter une probabilité de réalisation à un
événement quelconque, qui selon lui, peut influencer le projet
favorablement ou défavorablement. Ne disposant donc que
d'éléments subjectifs, son choix sera lié à
l'attitude qu'il a face au risque ; les critères de choix
utilisés ici sont empruntés à la théorie des
jeux .
Les différents critères permettent de choisir un
projet plutôt qu'un autre en fonction de sa viabilité
financière. Pour des projets privés ces critères peuvent
être suffisants pour la prise de décision, mais pour des projets
publics à caractère collectif, ce n'est pas le cas. C'est ce qui
fait dire à Bridier et Michailof que, « La
rentabilité financière d'un projet apparaît ainsi comme une
condition nécessaire à la bonne gestion du projet par les agents
concernés. Mais dans le cas d'un projet public ou à participation
publique, elle n'est pas satisfaisante .Elle est même alors secondaire
car ce qui importe véritablement c'est que le projet soit
économiquement satisfaisant pour la collectivité nationale»
10(*). La
satisfaction pour la collectivité se mesure par la rentabilité
économique du projet que l'on peut évaluer grâce à
deux méthodes, notamment la méthode des prix de
références et la méthode des effets,que nous
présenterons dans la suite de notre analyse.
II Méthodes d'analyse et d'évaluation
économique des projets
Sur le plan économique, le choix des projets se fait en
tenant compte des avantages et/ou des coûts que celui-ci peut apporter
à la collectivité ; il existe pour cela deux
approches :
L'analyse des coûts
L'analyse coûts avantages
L'analyse des coûts
Elle ne se préoccupe que de coûts
occasionnés par le projet, on s'assure que les coûts rentrent bien
dans les contraintes budgétaires des promoteurs ; ses variantes
sont :
L'analyse coût efficacité, l'analyse coût
utilité, l'analyse des effets ou analyse d'impact.
L'analyse coûts avantages
Cette méthode consiste à appréhender les
résultats en termes monétaires de telle sorte que l'on puisse les
comparer avec les coûts, et que les projets puissent être
comparés les un les autres quelque soit leur domaine d'intervention.
Cette méthode semble être la plus pertinente puisqu'elle garantit
à la fois, la bonne utilisation des ressources mobilisées en
faveur du projet concerné et le fait qu'une telle utilisation
augmente le bien-être de la société. L'analyse coût
avantages a deux variantes : la méthode des prix de
référence qui a été longtemps utilisée par
la Banque Mondiale, et la méthode des effets d'inspiration
française et qui a le plus souvent été utilisée par
l'OCDE. Les deux méthodes partent du préalable que l'analyse
financière ne peut traduire la totalité des impacts d'un projet
sur l'économie nationale ni apprécier sa contribution aux
objectifs de la collectivité. Si ces deux méthodes sont efficaces
pour l'analyse des projets industriels, agro industriels et miniers, avec
référence au marché international, en revanche leur
portée semble limitée pour analyser et résoudre des
problèmes tels que la réduction de la pauvreté, la lutte
contre les discriminations et les exclusions sociales. D'où
l'émergence de nouvelles approches telles que celle de la gestion du
cycle de vie des projets (GCP), avec l'utilisation du cadre logique.
Cette approche est la plus utilisée aujourd'hui par les
bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux, les institutions
financières internationales (IFI), dans le cadre de l'Aide Publique au
Développement (APD), dont l'objectif est la réduction de la
pauvreté. La GCP est aussi utilisée dans le cadre des projets de
l'économie solidaire et populaire, et en particulier par les
organisations de la société civile (OSC), notamment les
Organisations Non Gouvernementales (ONG)
. Dans ce paragraphe, nous présenterons les principes
généraux de chacune des méthodes ainsi que quelques
limites.
II-A -La méthode des prix de
référence
a) Les principes de la méthode
L'évaluation économique des projets à
l'aide des prix de référence consiste à partir de
l'étude financière pour opérer une série d'actions
visant à :
- identifier les perturbations provoquées par le projet
dans l'économie nationale
- classer les perturbations en coûts et avantages
économiques
- mesurer ces coûts et avantages en choisissant un
nouveau système des prix
- enfin, comparer ces coûts et avantages à l'aide
de divers critères permettant un classement entre projets et variantes
de projets.
Le principal intérêt de la méthode des
prix de références est la simplicité des calculs. Il
s'agit de calculer la VAN le TRI en remplaçant les prix utilisés
lors de l'analyse financière par « les prix de
références », que l'on obtient en multipliant les prix
financiers précédemment utilisés par des coefficients
correcteurs pour obtenir des prix économiques. Ainsi pour les biens, on
utilise le Facteur de Conversion Sectoriel (FCS) pour retrouver les prix de
référence des biens à utiliser ou à produire par le
projet, en ce qui concerne les salaires, on utilise le Taux de Salaire de
Référence (TSR), le taux d'intérêt utilisé
est le taux d'intérêt comptable (TIC).
b) Critères de choix des projets
La méthode des prix de référence permet de
calculer les valeurs utilisées en analyse financière, et les
décisions se prennent aussi comme en analyse financière
c) Les limites de la méthode des prix de
références
La méthode des prix de référence est
certes simple, mais elle a un inconvénient principal : la
difficulté de choisir et justifier les prix de référence
et donc des coefficients correcteurs. De plus, son application exige une
quantité et une qualité de données statistiques qui
correspondent peu aux possibilités réelles d'informations dans
les pays en voie de développement (PVD) .C'est ce qui semble avoir
favorisé l'émergence de l'approche par la méthodes des
effets.
II -B- La méthode des effets
Cette approche est l'oeuvre des français Chervel, Prou
et Legall. Son champs d'application, c'est les projets d'investissements visant
le développement .On peut remarquer que le champ ainsi défini
pour la méthode des effets est strictement le même que celui
défini pour la méthode des prix de référence. Sur
le plan des objectifs, il s'agit toujours de développer les avantages et
les coûts du projet en se plaçant du point de vue de la
collectivité. Nous allons donc étudier le principe, les
critères de choix, puis les limites de la méthode
a) Le principe de la méthode des effets
Le principe de base de la méthode des
effets c'est de comparer la situation sans le projet et avec le projet. Cette
comparaison se fait à partir de :
l'identification des différences significatives entre
les situations économiques sans et avec le projet
- la mesure des différences
- l'appréciation des différences
chiffrées en terme d'avantages ou inconvénients pour les agents
concernés par le projet
- l'appréciation du rapport entre les avantages et les
inconvénients (autrement dit dans quelle mesure les avantages justifient
les inconvénients qu'il faudra payer)
Dans le cadre de la méthode des effets, tous les
coûts et tous les avantages sont calculés au prix du
marché, sans transposition préalable .La prise en compte de
tous ces avantages et coûts se fait à travers trois
catégories d'effets. :
-les effets directs
- les effets indirects
- les effets induits ou de revenu
· les effets directs : ils sont constitués
par les recettes et les charges du projet tel que prévus dans le compte
d'exploitation
· les effets indirects, encore appelés effets
extérieurs : ce sont des effets engendrés dans d'autres
établissements du fait de la mise en oeuvre du projet .Ils peuvent
être classés en effets amonts et effets aval
· les effets induits ou secondaires : Ils sont
constitués par les activités économiques nouvelles
nées de l'utilisation par les agents de la valeur ajoutée qu'ils
reçoivent.
L'apport net du projet à la formation du produit
national brut (PNB), qui sert de base d'évaluation se calcule à
partir du différentiel de valeur ajouté ÄVA
Avec ÄVA= A+B-C - D
A représentant la valeur ajoutée directe
B la valeur ajoutée indirecte
C la valeur ajoutée négative
D la valeur ajoutée transférée à
l'étranger
L'appréciation des avantages et coûts se fait
à travers une ventilation dans les différentes catégories
socio-économiques. Cette ventilation permet de donner un signe positif
ou négatif aux changements apportés par le projet, et
d'apprécier leur importance relative.
b) Critère de choix des projets
Le rapport entre les avantages et les inconvénients du
projet se fait à travers le calcul du coût social du projet
qui représente ce que la collectivité dans son ensemble devra
soustraire de ses ressources pour que le projet soit réalisé. On
l'obtient de la manière suivante: Coût social (CS) = Coût
final du projet - dépenses ne correspondant pas à une utilisation
effective des ressources + Investissement et Charges supplémentaires.
Après le calcul du coût social, on
détermine la différence entre le coût social et le
différentiel de valeur ajouté ? VA-CS
Si cette différence est positive, alors le projet est
rentable.
Dans le cas du choix entre deux projets, on prendra celui pour
lequel cette différence est plus grande.
A ce critère, on peut ajouter le revenu
actualisé ou cash flow, le revenu par unité de capital
équivalent de l'indice de profitabilité, et le taux de rendement
interne TRI. Les décisions dans ce cas sont prises comme dans le cas de
l'analyse financière
c) Limites de la méthode des effets
La méthode des effets permet une approche fine de la
réalité sociale. Cependant, elle comporte un inconvénient
dans la diversité même des indicateurs et la difficulté de
les synthétiser par une appréciation unique. De plus son
application exige des statistiques, et une structuration de la
comptabilité nationale que l'on ne retrouve pas au Cameroun.
Les méthodes que nous venons de présenter sont
le plus souvent utilisées pour évaluer des projets dont
objectif premier est la croissance économique du pays. C'est pourquoi
après les indépendances et ce, jusque dans les années 80
« les bailleurs internationaux soutiennent les Etats et les
entreprises publiques grâce à l'aide publique au
développement .C'est l'époque des grands travaux qui concentrent
compétences et moyens dans une structure sans existence institutionnelle
et travaillent en régie face à des groupements locaux
atomisés. Dans le domaine rural, cela se traduit par de grandes
opérations de développement d'une culture
généralement destinée à l'exportation et la
réalisation d'aménagements hydro agricoles de plus en plus
sophistiqués et coûteux »11(*), conclut
Vauquelin.
Avec la chute des prix des matières premières,
de nouvelles approches se développent. La principale critique
formulée à l'égard des méthodes prix de
références et des effets, est l'approche utilisée lors de
la formulation des projets. En effet, l'identification des projets de
développement suivant ces deux approches est essentiellement
fondée sur des données physiques ou techniques , qui parfois ne
tiennent pas compte des réalités sociales et humaines (approche
Top down).
Les nouvelles approches dites «
participatives » ou encore « Bottom to up »
accordent plus de place aux bénéficiaires des actions. On parle
de plus en plus de satisfaction des besoins essentiels, la méthode dite
gestion du cycle de projet (GCP) en anglais Project cycle management (PCM) est
issue de cette approche.
II-C- La méthode du cycle de gestion des
projets (GCP)
« La GCP est un ensemble d'outils de conception
et de gestion de projet basés sur la méthode d'analyse du cadre
logique ».13(*) C'est une méthode qui est utilisée
aujourd'hui par beaucoup d'organismes de développement et les ONG.
L'objectif de la GCP est l'amélioration de la gestion des actions,
projets et programmes de tout genre. C'est une approche qui répartit la
gestion des projets en un nombre d'étapes ou phases distinctes, et son
principe est l'interdépendance des différentes phases , de la
conception à la gestion .Ceci implique que la mise en oeuvre de
chaque phase tienne compte des éléments des phases
précédentes. Pour tout dire, « la gestion du
cycle de projet (GCP) se focalise sur la gestion des interventions ou projet de
développement ayant comme objectif de contribuer à changer une
situation insatisfaisante en une situation
satisfaisante »14(*). La GCP est une approche orientée
vers des objectifs et les résultats attendus, elle s'articule autour de
trois grandes parties (avant le projet pendant le projet, après le
projet) répartie en six étapes .Nous présenterons d'abord
les différentes étapes, les principes, les documents de la
GCP ; ensuite nous expliquerons les critères de choix des
projets.
a) Définition des étapes du cycle de
projet
La planification et la mise en oeuvre des projets suivent un
cycle en six étapes : la programmation, l'identification,
l'instruction ; le financement, la mise en oeuvre, et l'évaluation.
Ces étapes sont dépendantes les une des autres, de telle sorte
que les informations d'une étape sont prises en compte à
l'étape suivante .Chacune des étapes est autant importante que
les autres. Le but étant de créer une cohérence entre les
phases du projet .On peut schématiser et définir les
étapes de la GCP de la manière suivante :
Fig A Le Cycle du projet en six
étapes
Programmation
Evaluation
Mise en oeuvre
Identification
Financement
Instruction
Source : Manuel de Gestion
du Cycle de Projet de l'Union Européenne
La programmation définit les
orientations et principes généraux en fonction de la politique
générale et du document de stratégie pays
L'identification : dans le cadre du
document de stratégie pays des idées de projets sont
identifiées et examinées. Cette phase peut aussi être
appelée préfaisabilité
L'instruction :encore appelée
évaluation Ex ante, cette phase permet d'étudier le projet dans
ses détails en tenant compte du document de stratégie pays et des
points de vue des principales parties prenantes. C'est la phase de travail des
institutions chargées du financement de projet (UE, Banque Mondiale,
ACDI, CCS/PPTE etc.).
Financement : il s'agit pour le
comité approprié de décider de financer ou non le projet,
généralement une convention est signée entre le
bénéficiaire du financement et l'organisme chargé de
financer des projets.
Mise en oeuvre : cette phase correspond
à l'utilisation des ressources en vue d'atteindre l'objectif
spécifique, ceci à travers le suivi régulier de
l'état d'avancement du projet, dans l'optique d'en ajuster
l'évolution à la situation.
Evaluation : selon l'OCDE
l'évaluation est « une fonction qui consiste à
porter une appréciation, aussi systématique et objective que
possible sur un projet en cours ou achevé , un programme ou un ensemble
de lignes d'action, sa conception , sa mise en oeuvre et ses résultats
.Il s'agit de déterminer la pertinence des objectifs et leur
degré de réalisation, l'efficience, l'efficacité, l'impact
et la viabilité par rapport au développement .Une
évaluation devrait fournir des informations crédibles permettant
d'intégrer les enseignements tirés aux mécanismes
d'élaboration des décisions tant des pays partenaires que des
bailleurs de fonds »15(*)
b) les principes de la GCP
La durée des étapes varie en fonction des
projets, mais la méthodologie reste la même et elle repose sur des
principes essentiels :
1. application de l'approche cadre logique pour analyser les
problèmes
2. production des documents clés de bonne
qualité pour chaque phase
3. l'implication dans la mesure du possible des
différentes parties prenantes
4. la formulation d'un objectif spécifique clair et
précis pour les groupes cibles
5. la prise en compte des aspects-clés de
qualité dans la conception dès le début
(généralement défini dans le cadre pays).
Le respect de ces principes essentiels permet la production
des documents de qualité notamment l'étude de faisabilité
ou document projet. Le document projet doit permettre de situer le projet dans
le « cadre pays », de faire une description
détaillée du projet en expliquant les modalités de mise en
oeuvre. La synthèse du projet se fait à travers un outil
fondamental de la méthode : le cadre logique
Le cadre logique, instrument fondamental de la GCP a
été développé en 1969 par l'USAID .C'est un outil
de gestion dont l'objectif est d'améliorer la planification et
l'évaluation des projets. Cet outil est actuellement utilisé par
beaucoup d'organisme de développement tels que l' Union
Européenne, la GTZ, l'ACDI. Dans cette partie, nous limiterons notre
étude à la description de cet instrument devenu incontournable
dans les projets visant la réduction de la pauvreté.
La méthodologie du cadre logique présente les
résultats de l'analyse d'un projet de manière systématique
et logique à travers une matrice, dont la mise en forme décrit
les liens de causalité entre les différents niveaux d'objectif.
L'utilisation de cette méthode exige que l'on respecte la
corrélation entre la matrice du cadre logique et la formulation du
document de projet.
Dans la pratique, c'est une approche qui concerne toutes les
phases du cycle de projet ; c'est pourquoi elle se déroule en deux
étapes : l'analyse et la planification.
b-1) L'analyse
L'analyse c'est un exercice qui consiste à
étudier la faisabilité économique et sociale du projet,
elle se compose de quatre parties :
· L'analyse des parties prenantes
· L'analyse des problèmes
· L'analyse des objectifs
· L'analyse des stratégies
Ces 4 aspects permettent l'implication des
bénéficiaires dans l'élaboration du projet, la prise en
compte des risques et des contraintes du projet. C'est la bonne application de
ces aspects qui augure d'une bonne planification.
b-2) La planification
Cette étape consiste en la construction de la matrice du
cadre logique en respectant la corrélation entre les objectifs, les
activités, et les résultats. Elle permet en outre de construire
des indicateurs qui faciliteront plus tard l'évaluation des projets.
Ces éléments sont nécessaires car ils
sont déterminants dans l'instruction du projet (évaluation ex
ante) phase qui permet de procéder au choix. Il convient donc
d'étudier les critères de choix utilisés par la
méthode.
c) Critères de choix
Ainsi la GCP utilise des techniques de gestion et d'analyse
qui permettent de choisir des projets sur la base des critères de
qualité et de réussite que les responsables et les
évaluateurs du projet doivent surveiller durant l'évolution du
projet ; il s'agit notamment de :
La pertinence qui mesure la conformité du projet par
rapport au document de stratégie pays
La faisabilité démontre quant à elle
comment l'idée peut être réalisable compte tenu des aspects
socio économiques, culturels et environnementaux.
La viabilité qui démontre les capacités
de pérennisation du projet, une fois que l'appui extérieur sera
fini.
L'organisation, pour ce critère, il s'agit de voir
quelles sont les capacités de l'organisation à pouvoir
gérer et de mener à bien le projet
L'efficience mesure le degré d'atteinte des objectifs
préalablement fixés
L'impact c'est un critère qui indique tous les effets
du projet dans différents domaines, financier, économique,
social, culturel, environnemental
Si le choix de financer ou non des projets est fait sur la
base des critères ci-dessus, il faut remarquer que le contenu des
critères va varier avec l'organisme chargé de financer les
projets. Cet aspect semble être une des faiblesses de la méthode,
qui par ailleurs a des exigences pas toujours facile à remplir,
notamment la participation des bénéficiaires.
Après l'analyse financière, les méthodes
d'analyse et d'évaluation économique des projets que sont la
méthode des effets et la méthode des prix de
références, la GCP est celle qui est utilisée de nos jours
par la communauté des bailleurs de fonds pour promouvoir l'aide
publique au développement et la réduction de la pauvreté
dans les pays en développement. En effet, après les
indépendances, la majorité des PVD ont mis sur pied de grands
projets dont l'objectif était, premièrement de promouvoir la
croissance économique par la substitution des importations (industries
industrialisantes) ; deuxièmement de désenclaver certaines
régions, d'ou la construction de grandes routes et des chemins de fer.
Les méthodes d'analyses utilisées dans ces cas étaient les
méthodes des effets et des prix de référence.
Ainsi jusque dans les années 80, l'identification d'un
projet de développement est essentiellement fondée sur des
données physiques ou techniques .Au début des années
80, l'approche projet subit de graves désaffections à cause de la
chute des prix des matières premières, du surendettement et de la
prépondérance de l'Etat dans la gestion des
sociétés, qui pour la plupart, sont déficitaires et ne
survivent que grâce aux subventions.
Dans les années 90, il est admis qu'un projet de
développement ne saurait être accepté que sur son seul bien
fondé économique ou technique .Il ne s'agit plus simplement de
réaliser des infrastructures, mais de construire et de renforcer les
capacités locales tant dans l'initiation et la gestion qu'à la
mise en oeuvre des actions au service des populations. C'est ce qui justifie
l'adoption de la méthode GCP par L'Union Européenne dans le
financement de l'aide au développement16(*)
Avec la publication par le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) du premier rapport sur le développement
humain, le thème de lutte contre la pauvreté fait son apparition
dans les politiques d'aide au développement .On constate dès
lors avec Vauquelin que, « un des aspects du nouveau cadre
d'intervention multilatéral, mis en place à la fin des
années 90, consiste à lier l'initiative de réduction de la
dette à la réduction de la pauvreté. Le document de
stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) est en effet
la base de la programmation des interventions du FMI et de la Banque Mondiale
destinées au pays pauvre très endettés
(PPTE). »17(*)
Au Cameroun, la mise en oeuvre de cette nouvelle politique se
fait à travers le Comité Consultatif et de Suivi de la gestion
des ressources PPTE (CCS/PPTE). Ce comité est un organe consultatif dont
le but est de veiller à la bonne utilisation et à l'allocation
équitable et optimale des ressources PPTE. Il remplit cette mission
à travers la sélection des projets à lui soumis, sur la
base d'un manuel de procédure inspiré de la méthode
GCP .Nous tenterons dans la suite de notre travail de présenter cet
organe ainsi que ses procédures en matière de sélection et
de financement des projets.
Chapitre II :
PRESENTATION DU CCS/PPTE :
CRITERES D'ELIGIBILITE DES PROJETS
ET PROCEDURES DE FINANCEMENT
Le CCS/PPTE a été créé le
1er Décembre 2000. Son rôle est de gérer les
ressources issues de l'annulation de la dette ; cette mission est
exécutée à travers le choix des projets, le financement
des projets et le suivi de l'exécution des projets financés.
Cette tâche est accomplie sur la base des textes réglementaires et
des procédures élaborées à cet effet.
Pour mieux comprendre les mécanismes des
procédures du CCS/PPTE, nous allons dans un premier temps
présenter des généralités sur l'initiative PPTE,
ensuite nous parlerons de la structure CCS/PPTE et son fonctionnement et enfin
nous présenterons les procédures de choix, de financement et de
suivi des projets.
SECTION I - GENERALITES SUR L'INITIATIVE PPTE
L'initiative PPTE est née à la suite des
échecs des programmes d'ajustement structurel (PAS).En effet, avec la
crise due d'une part à la détérioration des termes de
l'échange et d'autre part par le lourd fardeau de la dette, le Cameroun,
comme la plupart des pays en voie de développement (PVD), s'est
retourné vers les institutions de Bretton Woods, qui ont mis sur pied
les PAS. L'objectif des PAS étaient la restructuration des
économies et la relance par la croissance. Mais ces programmes n'ont pas
satisfait les attentes, c'est pourquoi à la fin des années 90, de
sérieuses critiques sont émises à leur égard,
notamment leurs effets pernicieux sur les pauvres. En fait, comme le pense
Selvaggio « les griefs les plus aigus à l'égard des
politiques d'ajustements structurelles portent sur le fait qu'elles ont
empiré ou au mieux, n'ont pas amélioré la situation des
populations pauvres, parfois après de nombreuses années
d'application des prescription politiques ».18(*) En plus de cet effet sur les
pauvres, on reproche aux PAS leur approche « Top Down »
car ces politiques ont été pour la plupart
négociées par un petit nombre d'agents de la Banque Mondiale et
du FMI avec le chef de l'Etat et le ministre des finances du pays emprunteur,
sans la participation des autres corps sociaux.
Face à ces nombreuses critiques, la Banque Mondiale
entreprend une réforme sérieuse de sa politique .C'est ainsi
qu'en 1996 dans la ville française de Lyon , lors du sommet des sept
nations les plus industrialisées du monde (G 7)19(*) , l'initiative PPTE est
lancée. Celle- ci sera renforcée sous la pression des ONG du nord
et notamment de l'église catholique lors du sommet de Cologne en
Allemagne en 1997 .Le but de l'initiative renforcée est de faire
bénéficier à un plus grand nombre de pays d'un
allègement substantiel de leur dette ; la mise en oeuvre des
allègements impose toutefois aux pays bénéficiaires le
franchissement de certaines étapes. L'accord de Cologne prévoit
à cet effet que l'allègement aille bénéficier aux
pauvres, ainsi pour mettre en oeuvre cette directive, le G7 a confié
à la Banque Mondiale et au FMI la tâche de définir des
mécanismes garantissant que la dette aille bien bénéficier
aux pauvres.
.L'initiative PPTE ainsi adoptée a pour objectifs
de :
- ramener chaque pays à un niveau d'endettement
tolérable
- assurer une participation équitable de l'ensemble des
créanciers
- intégrer l'initiative dans le contexte de la lutte
contre la pauvreté ; cet objectif suppose l'élaboration des
stratégies de lutte contre la pauvreté et l'utilisation des
marges de manoeuvre résultant de l'initiative à la lutte contre
la pauvreté
Le Cameroun est éligible à cette mesure
générale dont le critère majeur est la
«soutenabilité » de la dette, et
grâce à son plan d'actions prioritaires pour l'amélioration
de la gouvernance et la lutte contre la corruption, il franchit le point de
décision le 11 Octobre 2000. Ce qui lui confère ainsi
l'éligibilité définitive à l'initiative.
Afin de réaliser ces objectifs , la Banque Mondiale
exige des pays éligibles à l'initiative l'élaboration des
documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP)
ou (Cadres Stratégiques de Lutte contre la Pauvreté CSLP) , qui
servent de base à la gestion des ressources issues de
l'allègement de la dette. De même, des conditions d'utilisation de
ces ressources sont définies. Elles doivent être dirigées
vers les secteurs prioritaires de réduction de la pauvreté
définis par les cadres stratégiques de lutte contre la
pauvreté (CSLP ou DSRP), et respecter l'équilibre entre les
dépenses de lutte contre la pauvreté et les dépenses
d'infrastructures.
Les principes sont les mêmes pour tous les pays
éligibles à l'initiative, mais les mécanismes
diffèrent selon les Etats. Au Cameroun, un compte spécial a
été créé de même qu'un comité
consultatif impliquant les partenaires financiers et la société
civile ; ce comité est « chargé de
veiller à la bonne utilisation et à l'allocation équitable
et optimale des ressources PPTE en faveur de la lutte contre la pauvreté
et la bonne gouvernance »20(*). La bonne application des mesures
édictées par les institutions financières internationales
a permis au Cameroun d'atteindre son point d'achèvement et va
bénéficier d'une plus large marge de manoeuvre grâce
à l'allègement de la dette. Il convient donc d'étudier le
fonctionnement de la structure qui a la charge de la gestion des ressources qui
vont désormais connaître un accroissement.
SECTION II- ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DU CCS/PPTE
Le comité consultatif et de suivi de
la gestion des Ressources PPTE fonctionne sur la base du décret
2000/960/PM du 1er Décembre 2000 et du Manuel de
Procédure. Pour mieux comprendre le fonctionnement de ce comité,
nous commencerons par présenter son organisation.
I - Organisation du CCS/PPTE
Le CCS/PPTE est un organe consultatif qui
comprend 1921(*) membres
répartis ainsi qu'il suit :
- 1 président qui est le Ministre de l'Economie et des
Finances
- 1 vice-président représentant de la
société civile
- Le Ministre des Investissements Publics
- Le Ministre chargé de l'Education Nationale
- Le Ministre chargé de la Santé Publique
- Le Ministre chargé des Travaux Publics
- Le Ministre de la Ville
- Le Ministre de l'Agriculture
- 5 représentants des Bailleurs de Fonds ou de la
Communauté Internationale
- 3 représentants des confessions religieuses
représentant, les catholiques, les protestants et les musulmans
- 1 représentant des professionnelles de la micro
finance
- 2 représentants des ONG ou Associations (CANADEL et
CAMNAFAW)
Le comité dispose en outre de deux organes
d'appui : le secrétariat permanent et la cellule
opérationnelle.
a) Le secrétariat permanent
C'est la porte d'entrée et de sortie
du Comité, dans ce sens que c'est lui qui collecte les informations du
comité et les diffuse à l'intention des membres ou des autres
instances, c'est aussi le secrétariat permanent qui reçoit les
projets des promoteurs et les informe sur la suite réservée
à leur dossier. Il est dirigé par un secrétaire permanent
assisté de deux experts.
b) La cellule opérationnelle
Elle est instituée au sein du comité technique
de suivi des programmes économiques (CTS). La cellule
opérationnelle est l'organe centrale du comité, car c'est elle
qui fait les tâches de programmation, instruction et suivi des projets
à soumettre au comité.
Conformément aux textes, la cellule
opérationnelle est constituée de (06) experts mais actuellement
ils ne sont que (03).
Les deux organes ci-dessus cités fonctionnent de
manière autonome sur les plans administratifs, financiers et
logistiques.
II - Fonctionnement et mécanisme de prise de
décision
Le CCS/PPTE est une structure recticulaire
hiérarchique-
. Les décisions se prennent de manière
collégiale. Ainsi, en ce qui concerne l'éligibilité des
projets par exemple, le processus est le suivant :
1- Le projet est déposé au secrétariat
permanent contre récépissé de dépôt
2- a) L'expert sectoriel analyse (c'est la phase
d'instruction qui commence) le projet et donne son avis
b) Les projets jugés éligibles sont
transférés aux groupes thématiques qui sont des organes
constitués d'experts issus comme le comité lui-même, des
administrations ministérielles, des Bailleurs de Fonds et de la
société civile. Le groupe thématique se prononce sur le
projet sous l'éclairage de l'expert sectoriel qui en est le
secrétaire.
3- L'éligibilité des projets est
déclarée par le comité
4- Décision de programmation
C'est la dernière phase ou l'avis du CCS/PPTE est
requis. En effet, pour que le projet soit inscrit au budget, le groupe
thématique doit valider l'avant-projet d'exécution (APE) qui
devra au préalable être signé par l'expert
sectoriel22(*).
Pour les délais, le manuel de procédure
dispose que les traitements des projets doivent s'effectuer dans un
délai maximum de 236 jours répartis ainsi qu'il suit :
- Secrétariat permanent 05 jours
- Cellule opérationnelle (Expert sectoriel) 30 jours
- Groupes thématiques 21 jours
- Comité 180 jours
Pour la périodicité, notons que l'article 11 du
décret portant création du CCS/PPTE stipule que le comité
peut se réunir en tant que de besoin, et au minimum 1 fois par
trimestre. La décision est collégiale et se prend à la
majorité des membres présents. Ce n'est qu'en cas
d'égalité que le président peut décider. Notons par
ailleurs que les membres du comité sont astreints à l'obligation
de réserve.
Comme on peut le constater, le processus de prise de
décision est assez complexe et long. En effet, un projet qui a
reçu son avis d'éligibilité peut avoir été
déposé il y a un an. Et la situation sur le terrain pourrait
avoir évolué dans un sens comme dans l'autre. Par ailleurs, on
constate la prépondérance de l'expert sectoriel qui est la
personne centrale dans la décision d'éligibilité d'un
projet. Le processus de sélection des projets fait appel à des
expertises d'horizons divers dans le cadre du groupe thématique
où le promoteur est appelé à intervenir pour donner des
précisions sur le projet.
Cette procédure est assez conforme à celle
utilisée dans les IFI et certains organismes d'appui au
développement.
SECTION III - PROCEDURES DU CCS/PPTE
Le rôle du CCS/PPTE c'est de donner un avis sur des
projets qui lui sont soumis ; pour le faire, un manuel des
procédures a été mis sur pied et il présente les
critères d'éligibilité des projets en même temps que
les mécanismes de décaissement de fonds, de suivi et
contrôle de l'exécution des projets et de suivi évaluation.
Nous présenterons donc ces différentes procédures qui
s'inspirent pour la plupart de la méthodologie de la GCP (voir fig
2)
.
Promoteur
Expert sectoriel
Avant projet d'exécution APE
Programmation
Evaluation
Mise en oeuvre
Identification
Financement
Instruction
CCS/PPTE
Groupe thématique
Comité
Décision de subvention
Appel d'offre Agence d'exécution ARMP
Payeur général du trésor
1èretranche 30 % 2ème 40%
3ème 30% suivant accord avec MINEFI
Evaluation Interne CCS/PPTE
Contrôle supérieur de l'Etat+ organe CCS/PPTE
Assure le contrôle
Indicative
Décision finale d'éligibilité
Projet inscrit dans budget Ministère
Pré éligibilité
Présélection
Etude de faisabilité et dossier administratif
33
Figure 2 GCP AU CCS/PPTE
Source : auteur sur la base du manuel
de l'UE et des textes du CCS/PPTE
Décaissement
des fonds
27
I - Les critères d'éligibilité
des projets
Ces critères sont ceux qui permettent une
évaluation « ex ante » (phase d'instruction) du
projet avant de prendre la décision de le financer ou non ; on
parle de phase d'instruction du projet. Ainsi les projets, soumis au
financement sur ressources PPTE sont évalués sur la base de deux
critères : les critères de conformité et les
critères d'évaluation proprement dits.
a) Les Critères de
conformité
La conformité du projet s'évalue sur deux
plans :
- Le plan administratif et le plan technique.
L'appréciation de la conformité du projet se
fait à travers 4 grilles :
grille1. Elle définit la nature des
promoteurs pouvant soumettre des projets au CCS/PPTE. De même elle
évalue les capacités des dirigeants des structures
soumissionnaires et leur expérience de travail dans le
domaine. Ainsi peuvent solliciter des financements sur ressources PPTE,
les ministères engagés dans la lutte contre la pauvreté,
les bailleurs de fonds, les collectivités décentralisées,
et les groupes organisés.
Grille 2 et 3. Elles permettent de
vérifier que le projet entre bien dans le cadre planifié
(stratégie pays). Pour le Cameroun et le CCS/PPTE, il s'agit de la
conformité avec le DSRP et les stratégies sectorielles. Il est
précisé à cet effet dans le manuel de procédure que
« les projets doivent être compatibles avec les objectifs
de réduction de la pauvreté dans les secteurs clés de
l'éducation, des infrastructures, du développement social, de la
santé, du développement rural et de la gouvernance ou de tous les
autres secteurs qui permettent de fabriquer les richesses »23(*). Les dossiers vont aussi
être évalués suivant les critères de qualités
dans la grille 4
b) Critères d'évaluation des
projets
Grille 4. Dans cette grille, chaque projet
est évalué suivant les aspects clés de qualité qui
permettent de mesurer la pertinence, la viabilité, l'efficacité
et l'efficience du projet en conformité avec la DSRP et les politiques
sectorielles. Cette grille intègre aussi le principe 3 de la GCP
à savoir la participation des différentes parties prenantes.
La conformité sur le plan technique suppose la
production des documents clés de qualité (principe 5 de la GCP).
Le manuel de procédure dispose à cet effet que « Le
document (Projet) doit présenter de manière
détaillé la faisabilité du projet soumis au financement
PPTE, ainsi que les agences d'exécution et les
bénéficiaires du projet »24(*). Au-delà de quelques
adaptations, les études de faisabilité présentées
au CCS/PPTE doivent être conformes à celles
préconisées par la GCP.
Le Comité est donc chargé de donner son avis
sur des projets en tenant compte de l'enveloppe financière, de la
pertinence du projet, et des capacités de l'agence
d'exécution.
Cependant, le manuel ne donne pas des indications sur les
choix à opérer dans le cas de figure où l'on aura
plusieurs projets et peu de moyen. La procédure de prise de
décision n'est pas précise. Mais lorsque les projets sont
éligibles, la notification de l'éligibilité est faite par
le secrétariat permanent CCS/PPTE et le président du
Comité, et le projet est inscrit dans le budget du ministère
sectoriel concerné.25(*) Les décaissements des fonds en direction du
promoteur suivent toute une autre procédure qu'il convient
d'étudier.
II - Les mécanismes de dépense et de
décaissement des fonds PPTE
Le décaissement des fonds PPTE s'effectue
conformément à 3 dispositifs prévus dans le manuel de
procédure.
- Le dispositif budgétaire
- Le Dispositif comptable
- Le Dispositif de suivi financier.
a) Le Dispositif Budgétaire.
Il précise les conditions dans lesquelles les
dépenses sur ressources PPTE sont inscrites dans le Budget de l'Etat. Le
principe à respecter ici est le principe de l'unité
budgétaire dans la présentation. En ce qui concerne
l'ordonnancement des dépenses, le contrôle financier et comptable,
les acteurs sont les mêmes que dans les dépenses courantes de
l'Etat.
Compte tenu du fait que le budget de l'Etat est annuel, alors
que les projets PPTE s'étalent sur plusieurs années, le principe
de pluri annualité dans l'exécution du programme PPTE avec
report des crédits a été requis. En outre, le Payeur
Général du Trésor est désigné comme
comptable du programme.
Pour ce qui est de la nomenclature budgétaire,
quelques aménagements ont été effectués afin de
bien mettre en évidence les opérations budgétaires
financées sur ressources PPTE dans le budget de l'Etat.
b) Le Dispositif comptable
Le principe et les circuits des dépenses restent les
mêmes que lors des dépenses traditionnelles de l'Etat. Cependant,
certains principes spécifiques ont été
édictés pour permettre la
« traçabilité » des dépenses.
Ainsi le président du CCS/PPTE reste la personne
centrale qui autorise les dépenses, mais le comité veille et
s'assure que les dépenses sont conformes aux prévisions.
Les décaissements des fonds se font suivant deux
modalités :
- Les avances sur prestations : ce mode de
décaissement est utilisé essentiellement pour les projets des
ministères.
- Le financement des subventions : ce mode de financement
est réservé au budget du comité, aux projets des
collectivités territoriales décentralisées et aux projets
des groupes structurés ONG, GIC, Associations de Développement
(OSC). Il convient de préciser que le financement se fait sous
l'autorisation du ministère chargé des finances,
« après approbation du mémoire
d'utilisation élaboré conjointement par le ministère
sectoriel de tutelle et la structure bénéficiaire de ladite
subvention. »26(*). Pour tout dire, le financement des subventions est
étroitement contrôlé par le ministère des finances
et le ministère sectoriel. Cependant le suivi financier est
assuré par les structures compétentes en matière de fonds
public (contrôle supérieur de l'Etat, Agence de Régulation
des marchés publics ARMP) et par celle du CCS/PPTE notamment la brigade
de contrôle. Il convient toutefois de préciser que cette
procédure tend à se modifier progressivement ; de plus en
plus les projets des OSC sont financés à travers un guichet
direct. Le payeur général du trésor assure les
décaissements suivant les programmations de l'avant-projet
d'exécution (APE), et sur présentation des justificatifs de
l'utilisation des décaissements précédents.
Si l'on peut noter beaucoup de rigueur dans le suivi
financier, c'est dans le souci de contrôler la
« traçabilité » des fonds
dépensés. Cette rigueur s'applique aussi au sujet de
l'exécution des projets.
III - Procédure de suivi de l'exécution
des projets
Le suivi des projets financés sur ressources PPTE
s'effectue en quatre phases, la mise en oeuvre du projet, le suivi proprement
dit, les rapports, l'évaluation et l'Audit.
III- A La mise en oeuvre
Cette tâche débute avec l'inscription du projet
au budget de l'Etat ; il revient donc au maître d'oeuvre et à
la cellule opérationnelle de procéder à
l'élaboration du document d'avant-projet d'exécution. Dans la
pratique, le maître d'oeuvre se fait assister de l'expert sectoriel pour
faire l'avant projet. L' APE est validé par le groupe thématique
puis signé par les experts avant que le MINEFI ne donne l'accord pour le
paiement
III-B Le suivi du projet
Le suivi est réalisé à 3
niveaux :
- Au niveau des structures d'appui du CCS/PPTE
- Au niveau des communautés
bénéficiaires
- Au niveau des services publics
Le suivi par les structures d'appui du CCS/PPTE consiste
à faciliter dans un premier temps le démarrage du projet par
l'inscription au budget de l'Etat, l'élaboration des avant projets
d'exécution, le lancement effectif de l'exécution du projet.
Dans un deuxième temps, il s'agit de faciliter la
rédaction des mémoires de dépense des fonds, ainsi que le
déblocage de ces fonds et à toutes fins utiles, d'effectuer des
descentes sur le terrain, pour vérifier les informations contenues dans
les rapports des agences d'exécutions et des communautés
bénéficiaires.
- Suivi par les communautés
bénéficiaires
Toute Communauté bénéficiaire d'un
financement est chargée d'accompagner la mise en oeuvre du projet dans
toutes les phases. Pour ce faire, les membres de cette communauté,
organisés en Comités doivent élaborer
périodiquement des rapports à soumettre à la cellule
opérationnelle du CCS /PPTE.
- Suivi par les services publics
Cette tâche est réservée aux services
administratifs compétents en la matière, ceci dans le cadre de
leur mission habituelle, qui devra dès lors inclure les projets des OSC
financés sur Ressources PPTE.
III-C Les Rapports
Les rapports sont l'oeuvre des structures d'appui au
CCS/PPTE, ils doivent rendre compte à la Communauté nationale et
Internationale de la gestion des Fonds PPTE. Ils sont élaborés en
tenant compte des informations des trois niveaux de suivi.
III-D Evaluation et audit
L'évaluation concerne les opérations
menées sur ressources PPTE, elle est faite à posteriori. Le
manuel est assez vague sur ce que l'on évalue, la
périodicité des évaluations et la nature de
l'évaluation (interne ou externe).
L'audit concerne la gestion des ressources et cet audit est
externe et annuel.
La procédure de suivi clôture, le processus de
gestion de projet au CCS/PPTE. Comme on peut le constater, l'objectif ici est
de lutter contre la pauvreté et les exclusions sociales d'où
l'implication des OSC dans la prise de décisions, et des
communautés dans le suivi des projets.
Ceci s'explique par les nouvelles politiques des bailleurs de
fonds. En effet, selon le Haut Conseil Français de la Coopération
International (HCCI) « Tous les bailleurs de fonds
multilatéraux et bilatéraux ont rapidement établi leur
politique d'aide au développement sur les orientations données
par le triptyque ODM initiative PPTE/CSLP et donné la priorité
aux principes d'appropriation et de participation ».27(*) C'est pourquoi la
réduction de la pauvreté, le renforcement du dialogue et la
participation de la société civile sont les principaux axes qui
sous-tendent les documents mis en place par les bailleurs de fonds. La
société civile est donc au centre du processus de
réduction de la pauvreté, il convient de circonscrire le concept
et de lui donner un contenu. Ce sera l'objet de notre troisième
chapitre.
CHAPITRE III :
LE CADRE D'INTERVENTION DE
LA SOCIETE CIVILE AU CAMEROUN
Il est difficile d'apporter une définition
précise de la société civile, car le concept évolue
selon les courants philosophiques, sociologiques, et/ou les époques. Au
Cameroun, ce concept fait appel à des catégories d'acteurs
sociaux très différents. Dans le cadre de la réduction de
la pauvreté, le décret portant création du CCS/PPTE en son
article 3 précise les catégories de promoteurs susceptibles de
présenter des projets pour financement sur ressources PPTE ; on
retrouve ainsi les « groupes structurés »
constitués des Organisations Non Gouvernementales (ONG) , des
Groupes d'Initiatives Communes(GIC), et les Associations de
développement. Dans ce vocable de « groupes
structurés » on retrouve aussi les confessions
religieuses.
Compte tenu de cette diversité d'acteurs, il est
nécessaire dans le cadre de notre étude, d'apporter une
clarification à ce concept, le circonscrire, puis d'en présenter
la problématique au Cameroun.
SECTION 1 : CONCEPT ET ENJEUX SOCIO-ECONOMIQUES DE LA
SOCIETE CIVILE
La société civile est un vaste ensemble qui
rassemble beaucoup de types d'organisations. Son évolution et le
rôle qu'elle joue aujourd'hui mérite qu'on s'y attarde un peu. En
effet, les OSC siègent au CCS/PPTE et ont le droit d'y envoyer des
projets pour être financés, qu'est-ce donc qu'une organisation de
la société civile ? Et quel est son rôle ? Cette
section tentera d'apporter des réponses à ces interrogations.
I- Définition du concept et son
évolution.
La signification contemporaine du concept de la
société civile est donnée par Antonio Gramsci ; pour
cet auteur, les organisations de la société civile (OSC)
renvoient à la sphère des institutions privées qui
voudraient se situer comme, un contre poids des institutions de l'Etat. Cette
vision semble de plus en plus évoluer pour laisser la place à
celle qui voit les (OSC) comme des partenaires de l'Etat, du fait de la nature
de leur intervention qui vont dans le sens de l'intérêt collectif.
En effet, selon Isaac Tamba, les OSC sont « des regroupements
structurés d'individus en vue de promouvoir des fins qui ne
correspondent pas nécessairement à des intérêts
personnels ; protection de l'environnement, lutte contre la
pauvreté, défense des droits de la
personne.... »28(*).
Le concept n'est pas nouveau au Cameroun, mais il a connu son
essor avec la libéralisation notamment avec la loi de 90 sur les
associations. Dès lors, on a assisté à une
émergence d'organisations de toutes natures : Groupes d'Initiatives
Communes (GIC), Groupements d'Intérêts Economiques (GIE) ;
Association de Développement et plus récemment Organisation non
Gouvernementale (ONG). Toutes se réclament de la société
civile.
L'essor observé dans le domaine se justifie par le
désir des individus à défendre collectivement leurs
intérêts, qui ne sont pas que des intérêts
égoïstes. Il s'agit parfois de suppléer les marchés
ou l'Etat dans ses missions de redistribution. C'est ce qui fait dire à
Isaac Tamba « que l'organisation sociale existe lorsque le
marché ou l'Etat n'est plus en mesure de (ou ne peut) pas livrer des
biens en quantité et qualité suffisante dans les conditions
d'efficacité économique. Il s'agit donc des situations où
les marchés sont manquants (ou défaillants) ou alors celles dans
lesquelles l'Etat est démissionnaire »29(*). Il convient toutefois de
faire des nuances dans ce concept car comme nous l'avons précisé,
des organisations de toutes natures revendiquent l'appartenance à la
Société Civile.
Les OSC : Nuances conceptuelles
Le rôle de la société civile est de se
faire l'interprète des préférences des individus qui la
composent, dans les domaines où les besoins sont exprimés. La
finalité est la satisfaction des besoins de ses membres ou de la
collectivité. Toutefois, au sein de la société civile, il
faut distinguer mouvements sociaux et OSC. En effet, si les mouvements sociaux
sont conjoncturels et spontanés ; les OSC en revanche sont des
organisations structurées et organisées.
On peut aussi distinguer les OSC en fonction de leur
but ; ainsi nous avons des OSC à but lucratif (syndicats,
Associations professionnelles) et les OSC dont le but est l'amélioration
des conditions de vie de leur membre ou de la collectivité (GIC, ONG
etc.). C'est cette dernière catégorie qui est au centre de notre
étude.
II - Les missions de la société
civile
Au regard de la typologie et des objectifs des OSC au
Cameroun, on peut constater que le champ d'action est très vaste et
occupe plusieurs domaines. En effet, la société civile est
perçue comme un lieu d'apprentissage de la socialisation. Etant entendu
qu'il s'agit là des associations qui fonctionnent avec des
règles ; les membres apprennent donc à vivre en se
conformant aux règles, c'est l'une des exigences de la vie en
société. La société civile est aussi perçue
comme un instrument de lutte contre les exclusions et les discriminations de
toutes sortes. Cette vocation de la société civile intègre
des aspects divers, notamment des aspects politiques et des aspects
économiques.
Sur le plan politique, la société civile
propose des alternatives aux politiques de développement qui parfois,
restent définies au niveau macro et dont l'application au niveau micro
pose des problèmes.
Sur le plan économique, les OSC sont aujourd'hui l'un
des acteurs non négligeable de la lutte contre la pauvreté. En
effet, le principe de subsidiarité suppose que l'on laisse faire
à l'échelle inférieure, ce qui peut être fait
à ce niveau par des acteurs de ce niveau. Les OSC étant plus
proche de la base, sont donc mieux outillés et plus aptes à
intervenir avec les populations à la base tant dans la définition
des stratégies, que dans la mise en oeuvre de ces stratégies.
C'est ce qui justifie par exemple l'implication de la société
civile dans l'élaboration du DSRP au Cameroun.
Au delà de la diversité dans les concepts, il
faut reconnaître que la société civile a sa place dans le
débat politico-économique aujourd'hui. Cependant beaucoup de
zones d'ombres existent, notamment sur la constitution des OSC et leur mode
opératoire face à l'Etat, le HCCI constate à cet effet que
« Les logiques concurrentielles suivies par les ONG, les
syndicats et les églises génèrent des divisions et les
affaiblissent face à l'Etat. Ceci est nettement perceptible au Cameroun.
Les organisations camerounaises sont touchées, comme l'ensemble de la
société par des logiques de corruption, de prédation et
d'instrumentalisation»30(*).
Pour lever le voile sur ces zones d'ombres, il est
nécessaire d'étudier la problématique de la
société au Cameroun. En d'autres termes, qui est
société civile au Cameroun ? Comment agit-il? Apporter des
réponses à ces interrogations sera l'objet de la suite de notre
travail.
SECTION II- PROBLEMATIQUE DE LA SOCIETE CIVILE AU
CAMEROUN.
Nous avons déjà défini le concept de la
société civile, le constat que l'on peut faire, est que ce
concept est assez vaste. Il serait donc souhaitable de lui donner un contenu,
afin de mieux l'appréhender, nous le ferons dans cette section en
définissant les catégories d'OSC qui existent au Cameroun, leur
rôle et les problèmes auxquelles elles sont confrontées
dans l'exercice de leur mission.
I - Société civile au Cameroun :
Etat des lieux
Parler de la problématique de la société
civile revient d'abord à donner une définition à ce
concept, qui, au Cameroun, désigne des associations de tous genres. Nous
retiendrons donc cette définition du CODESIRA qui a le mérite
d'être explicite et large. La société civile
représente « l'ensemble d'organisations, ,e forces vives,
non incorporées dans l'appareil politique de l'Etat. Elle sont sans
visées politiques, généralement sans but lucratif et
poursuivent des objectifs à caractère social, culturel,
économiques, humanitaire, religieux. Pour qu'il constitue une
société civile, cet ensemble doit être organisé,
bien représentatif, et jouer un rôle de traduction de la
conscience collective, de formation de propositions de solutions alternatives
aux problèmes que vivent les populations. Mais aussi de
dénonciation, de revendication et de pression sur les autorités
politiques ou toute autre organisation et individus pour un mieux-être de
ces populations »31(*).
Ainsi au Cameroun, selon une étude du PNG le
mouvement associatif regroupe 78% de la population active, cette étude
révèle aussi que l'on dénombrait en 2003 (année de
l'enquête) 55602 associations régulièrement
déclarées. Cependant leur répartition dans toutes les
provinces est inégale. Les compétences sont aussi
différentes, il y a des associations de protection de l'environnement,
de défenses des droits de l'homme, de lutte contre le sida etc. En somme
un large éventail où l'on retrouve un peu de tout.
Dans ce vaste ensemble où l'on peut entrer comme on
veut et en sortir comme on le souhaite, et où l'on rencontre des
structures relevant autant de la sphère de l'économie de
marché que de la sphère de l'économie sociale, il n'est
pas aisé de dire qui est qui et qui fait quoi, et en vertu de quoi.
II Les différentes composantes de la
société civile
au Cameroun.
Parler des composantes de la société civile
revient à disserter sur la typologie des OSC. En effet, au Cameroun, les
OSC n'ont pas de profil idéal. Les méthodes d'actions
diffèrent selon les associations et les objectifs. Il y en a qui sont
dans les villes, d'autres dans le monde rural et d'autres encore que l'on ne
rencontre que lors des séminaires dans les hôtels et que certains
ont qualifié d' « ONG valise». La loi permet
cependant de distinguer les associations fonctionnant sous les régimes
de la déclaration, de l'autorisation, et de l'enregistrement.
Sous ces différents régimes, on rencontre les
ONG, les GIC, les Associations, les sociétés coopératives,
les syndicats.
Nous essayerons donc pour chaque type d'organisations de
rappeler les textes régissant son régime de fonctionnement.
II -A- Les ONG
Les organisations non gouvernementales au Cameroun agissent
sous le couvert de deux textes :
La loi N° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la
liberté des Associations et la loi N° 99/014 du 22 décembre
99 régissant spécifiquement les ONG. Au terme de cette loi une
ONG est définie comme « Une association
déclarée ou association étrangère autorisée
conformément à la législation en vigueur et
agréée par l'administration en vue de participer à
l'exécution des missions d'intérêt
général »32(*) ce qui revient à dire que pour être
déclaré ONG il faut remplir 2 conditions. :
- d'abord être reconnu comme association au titre de la
loi de 90
- puis avoir l'agrément de l'administration au titre de
la loi de 99
Il convient de préciser que l'agrément est
provisoire et renouvelable. En d'autres termes le statut d'ONG n'est pas
définitivement acquis, il revient à l'administration
d'apprécier et de renouveler ou non l'agrément.
II-B- Les GIC
Les Groupes d'Initiatives Communes (GIC) sont des
associations régies par la loi n° 92/06 du 14 Août 1992
règlementant les sociétés coopératives, et son
décret d'application 92/455/PM du 23 novembre 1992. Les GIC sont des
organisations libres d'individus, visant des intérêts
économiques communs. Leur but est l'amélioration des conditions
sociales de ses membres, d'où le caractère social du GIC. Ils
fonctionnent sous le régime de la déclaration.
II-C- Les Associations
« Une association est une convention par
laquelle des personnes mettent en commun leurs connaissances ou leurs
activités dans un but autre que de partager des
bénéfices »33(*). Au Cameroun, elles sont régies par la loi
90/053 du 19 décembre 1990.Au terme de celle-ci l'association n'est pas
une entreprise capitaliste, ni une société dont l'objectif serait
de réaliser des bénéfices, mais une organisation qui veut
oeuvrer dans le domaine social. Deux régimes de création des
associations existent au Cameroun.
- La déclaration
- L'autorisation
La déclaration est surtout demandée aux
associations nationales
L`autorisation par contre est requise dans le cas des
associations étrangères et pour les associations religieuses.
II-D- Les syndicats
Les syndicats sont des associations de personnes
exerçant le même métier ou profession. Les textes de base
auxquels on se réfère sont la loi de 90 sur la liberté des
associations. Mais compte tenu de leur spécificité, les syndicats
disposent d'un cadre légal qui leur est propre. Il s'agit de la loi
n° 92/007 du 17 Août 1992 portant code du travail. Il convient
toutefois de préciser qu'il ne s'agit ici que de syndicats
professionnels, dont la constitution obéit au régime de
l'enregistrement. Bien que visant l'amélioration des conditions sociales
de ses membres, les syndicats ont une sphère d'activité assez
restreinte, et ne visent pas directement les intérêts de la
collectivité, mais plutôt ceux d'une corporation.
II-E- Les sociétés
coopératives
Comme les GIC, les sociétés coopératives
fonctionnent sous l'égide de la loi n° 92/006 du 14 Août 1992
et son décret d'application n° 92/455/PM du 23 novembre 1992 ;
leur régime c'est celui de la déclaration, leur but est de
réaliser des profits commerciaux pour leurs membres. Le principe de base
dans les sociétés coopératives, est la solidarité
des membres dans la perte comme dans le gain. Cette catégorie d'OSC a
aussi une vision assez restreinte, car elles cherchent d'abord à
défendre les intérêts de ses membres. Les
bénéfices de ces actions sont d'abord pour les membres directs et
non pour la collectivité comme dans le cas des ONG et associations.
Cependant La collectivité peut en bénéficier de
manière indirecte.
Nous avons donc définis les types d'OSC qui existent
au Cameroun conformément à la réglementation en vigueur.
Dès lors qu'une organisation fait partie de l'une de ces
catégories, vous êtes à priori membre de la
société civile dont il faut encore définir le
rôle.
III- Rôle de la société
civile
Parler du rôle de la société civile au
Cameroun revient à parler du rôle des OSC dans le
développement économique et social. Ce rôle peut être
saisi à divers niveau.
- La société civile peut être
qualifiée de force de proposition. Du fait de son expertise, elle doit
pouvoir proposer des alternatives à ce qui est fait en terme de
politique pour améliorer les décisions publiques.
Son rôle le plus déterminant semble être
celui de vecteur entre les populations et les centres de décision. Ce
rôle lui sied bien du fait de sa proximité avec les populations
à la base.
La société civile a aussi pour rôle
d'être l'écho des contestations des populations à la base.
Cette tâche est celle qui la met le plus souvent en porte à faux
avec l'autorité administrative. En effet, l'Etat étant garant de
l'ordre public, tolère mal des manifestations et des revendications qui
peuvent aboutir à des débordements de tout genre. Ceci pose la
question de la collaboration entre les OSC et le gouvernement.
Aujourd'hui la société civile a un rôle
nouveau à savoir, suppléer l'Etat dans la lutte contre la
pauvreté et les exclusions sociales.
Cette tâche implique la collaboration entre les OSC,
l'Etat et les Institutions Internationales, car la réduction de la
pauvreté est l'un des objectifs du millénaire pour
développement (OMD). Cependant cette collaboration entre les OSC et
l'Etat ne va pas sans poser quelques inquiétudes.
L'Etat en tant qu'acteur social a besoin d'avoir une emprise
sur les populations qui sont en quelque sorte les raisons de son existence, il
en est de même pour les OSC (du moins celles qui travaillent sur le
terrain). Il s'établit donc une concurrence entre l'Etat, qui perd un
peu de son pouvoir dès lors qu'il ne peut pas satisfaire les
populations, et l'OSC qui a réussi à trouver des solutions
à ces problèmes. Dès lors, les dirigeants de ces
structures commencent à incarner les aspirations des populations, et
quand bien même ces dirigeants n'ont pas d'ambitions politiques, ils
deviennent une menace à l'ordre établi d'où le
déclinement du sigle ONG en « Organisation Nuisible au
gouvernement »34(*) .
En effet, l'efficacité de la société
civile peut encourager le désengagement de l'Etat et le fragiliser en le
rendant très dépendant des aides extérieures (le
financement des OSC est pour la plupart d'origine externe) et donc pouvant
être déstabilisé a tout moment
- L'autre inquiétude est située au niveau
où des relations très fortes entre Etat et société
civile risquent de museler celle-ci qui ne sera dès lors qu'une caisse
de résonance du gouvernement sans force de proposition
véritable.
Ces principales inquiétudes sont des toiles de fond
des problèmes auxquelles est confrontée l'existence des OSC au
Cameroun.
IV- Les problèmes liés à
l'existence des OSC
Les auteurs du PNG ont révélé qu'il
existe au Cameroun 55.602 associations régulièrement
déclarées. Mais parmi cette multitude d'associations, très
peu sont celles qui ont véritablement une existence physique (bureau,
équipement, personnels). En outre les OSC sont loin de s'entendre entre
elle à cause de la jeunesse du mouvement associatif au Cameroun. La
conséquence est l'apparition d'organisation faîtières
différentes oeuvrant pourtant dans le même sens, et dont la
durée de vie est très limitée dans le temps. Dans un autre
ordre d'idée, la mauvaise diffusion des informations entre les OSC les
empêche d'opérer des synergies. Les informations ne circulant pas
bien entre la structure faîtière et les organisations à la
base, ceci aboutit à des incohérences dans les actions.
Sur le plan de l'organisation, les OSC se livrent à
des batailles de positionnement, pour faire parti de tel ou tel autre
comité. Elles vont donc ainsi en rangs dispersés au devant de
l'Etat, ce qui entraîne leur fragilité.
Sur le plan managériale, les OSC Camerounaises sont
pour la plupart caractérisées par une faiblesse de
capacité opérationnelle et organisationnelles en effet, les
acteurs des OSC ont souvent des formations pas suffisantes et des faiblesses au
niveau des capacités managériales. Ceci se traduit par la
fermeture de certaine OSC à la fin des financements
extérieurs.
Les OSC font aussi face à un manque de moyens humain
et financiers. Elles ne peuvent pas par conséquent déployer de
réelles capacités de réflexion et d'expertise
économique ou sociale.
En outre, elles restent très dépendantes des
financements étrangers où elles sont parfois en concurrence avec
l'Etat.
A toutes ces difficultés inhérentes aux OSC
elles même, il faut aussi ajouter le dialogue peu facile entre l'Etat et
les OSC. Ceci est favorisé par l'absence d'interlocuteur dûment
mandaté pour parler au nom des OSC.
Malgré les difficultés auxquelles font face les
OSC, on observe cependant de timides regroupements au sein même des OSC
des propositions commencent à émerger dans le sens de la
coordination des actions au sein de la société civile.
Au niveau international des programmes de renforcement des
capacités sont mis sur pied de même que de nouveau type de
partenariat.
C'est cette société civile aux multiples
facettes dont l'existence n'est que le reflet de son milieu originel qui est
appelée à gérer les ressources PPTE. Le souci pour nous
n'est pas de fustiger la société civile mais de comprendre dans
quelle condition elle exerce. Ce qui permettra de juger si elle est à la
hauteur des espoirs que l'on fonde sur elle.
La réduction de la pauvreté est au centre de
tous les programmes d'aide au développement aujourd'hui. Pour
réaliser cet objectif, les partenaires au développement et les
Institutions Financières Internationales (IFI) utilisent l'approche
projet, notamment la méthodologie de la GCP qui a le mérite
d'être participative. Au Cameroun l'instance chargée de coordonner
les actions de réduction de la pauvreté est le CCS/PPTE, dont le
rôle dans cette tâche est de donner un avis sur des projets
élaborés suivant la méthodologie de GCP) et soumis
à son étude par les ministères, les bailleurs de fonds,
les collectivités décentralisées et les groupes
organisés (Associations, ONG, GIC) encore appelé (OSC).
C'est sur cette dernière catégorie de promoteur
(exception faite des associations religieuses et professionnelles) que porte
notre réflexion. Les OSC, comme on l'a vu, contribuent de manière
significative (se basant sur les textes constitutifs) à
l'amélioration des conditions d'existence des populations. Seulement
elles sont confrontées à bon nombre de difficultés qui
remettent en cause leurs capacités réelles au point où la
mobilisation des ressources issues de l'allégement de la datte devient
quelque chose de très complexe pour elles. Nous essayerons donc dans la
deuxième partie de notre travail de faire une critique des fondements
théoriques des procédures utilisées par le CCS/PPTE ainsi
que, leur impact sur les capacités des OSC à mobiliser les
ressources PPTE.
DEUXIEME PARTIE :
CRITIQUE DES FONDEMENTS THEORIQUES ET ANALYSE DE LA
PERCEPTION DES PROCEDURES DU CCS/PPTE PAR LES OSC
Le Cameroun a choisi l'approche projet dans le cadre de la
lutte contre la pauvreté. Pour ce faire, un comité dont le
rôle est de donner son avis sur des projets à lui soumis par
divers promoteurs a été mis sur pied. Ce comité a
élaboré un manuel de procédures dont l'essentiel des
outils s'inspire de la méthodologie de la GCP.
Au-delà de la généralisation de
l'utilisation de cette méthodologie par les agences de
développement, bon nombre de praticiens s'interrogent encore sur son
efficacité à résoudre les problèmes de
développement en général et de réduction de la
pauvreté en particulier. Dans le cas du Cameroun, les OSC ont le droit
de solliciter le financement de leur projet par les ressources PPTE. Cependant
la société civile camerounaise se caractérise par sa
diversité, sa contingence et par des soupçons
d'incompétence qui pèsent sur elle. Dès lors, peut elle
franchir avec succès toutes les étapes que d'aucuns qualifieront
de parcours de combattant pour aboutir à la mobilisation des ressources
PPTE ? La question mérite d'être posée car, cette
société civile tant décriée a tout de même
des partenaires financiers au Nord (pays industrialisés)
Cette partie de notre travail de recherche analysera dans un
premier temps la procédure GCP et les interventions des OSC. En suite il
s'agira de présenter une synthèse des résultats sur la
perception que les OSC ont des différentes procédures du
CCS/PPTE
CHAPITRE IV
INEFFICACITE DE LA GCP DANS LES INTERVENTIONS
VISANT LE DEVELOPPEMENT
La GCP permet la planification et l'évaluation
rapide des projets. Elle est centrée sur l'idée qu'une meilleure
préparation des projets (identification, faisabilité et
sélection) doit permettre de proposer une planification
détaillée des activités proposées avec leurs
coûts et résultats attendus, pour la durée du projet. Cette
méthode qui permet d'obtenir des projets « clés en
main » a fait ses preuves lorsqu'il s'est agi de mettre sur pied des
infrastructures, (routes, bâtiments, etc.), où les aléas
externes sont relativement réduits et contrôlables. Mais lorsqu'il
s'agit des interventions de changement social et de renforcement des
capacités, elle semble inadaptée. De plus, les outils
utilisés semblent lourds, notamment le diagnostic participatif et
l'implication des bénéficiaires dans la gestion. A ces
problèmes de fonds, il convient d'ajouter ceux liés à
l'utilisation de cette approche par l'administration du
CCS/PPTE.
Dans la suite de notre travail, nous analyserons d'abord
les difficultés d'utilisation de la GCP auxquelles sont
confrontés les praticiens de cette méthode, puis les contraintes
pratiques que son utilisation par le CCS/PPTE entraîne.
SECTION I : METHODOLOGIE DIFFICILE A UTILISER POUR
DES
PROJETS A FORTE COMPOSANTE DE CHANGEMENT
SOCIAL.
La GCP est la méthode utilisée par la CCS/PPTE
dans le cadre de sa tâche de gestion des ressources issues de
l'allègement de la dette. Cette méthode a pour avantage
pratique de faciliter la conception et l'évaluation des projets. C'est
ce qui fait dire à un des auteurs du groupe de recherche et
d'échanges technologiques (GRET) que « la GCP oblige les
professionnels de la conception de projets à se concentrer sur les
besoins réels des bénéficiaires en exigeant une
évaluation détaillée de la situation existante et en
appliquant la méthode cadre logique (...) Ce système rend clairs
et visibles le concept du projet et le contexte dans lequel il fonctionne, et
permet ainsi un meilleur suivi et une meilleure
évaluation ».35(*) Mais la GCP a aussi quelques inconvénients qui
rendent son appropriation assez difficile par les OSC.
En effet, l'application de cette méthodologie suppose
la production des documents clés de qualité qui expliquent en
détail la mise en oeuvre du projet, mais ces documents ne peuvent plus
être modifiés une fois que la décision de subvention est
signée, d'où une certaine rigidité de la méthode,
qui contraste un peu avec l'approche « échec
apprentissage » utilisée dans le processus de
développement. L'autre exigence de la GCP est la participation des
principaux bénéficiaires à toutes les étapes du
projet. Cette exigence reste un voeu pieux.
Nous démontrerons dans un premier temps que la
rigidité de la méthode peut limiter l'accès des OSC au
financement sur ressources PPTE. Dans un deuxième temps, nous montrerons
les difficultés auxquelles sont confrontés ces promoteurs pour
faire participer les bénéficiaires dans la gestion du projet.
I- La rigidité de la
méthode.
Le manuel de procédure propose un canevas à
suivre pour monter des projets, canevas qui a été
vulgarisé lors des séminaires organisés à cet effet
par le CCS /PPTE. L'un des éléments de base dans ce canevas
est le tableau synoptique de projet ou cadre logique, qui explique de
manière synthétique la mise en oeuvre du projet.
Ainsi après l'éligibilité
définitive des projets par le comité,il se pose le
problème de leur mise en oeuvre .Compte tenu des délais
observés dans le processus de choix des projets, il se trouve parfois
que la décision d'éligibilité des projets arrive avec un
grand retard. La réactualisation des données ne peut dès
lors être faite qu'à partir des avant projet d'exécution
(APE). Celui ci décrit les phases d'exécution d'un projet en
étapes successives à franchir, comme dans le cas de la
construction d'un pont. Cette approche semble assez rigide au regard de la
flexibilité qui caractérise généralement les
interventions des OSC auprès des populations à la base. De plus,
les APE sont généralement faits pour une année même
si le projet lui, s'étend sur plusieurs années36(*), cela complique encore la
tache aux OSC qui ne peuvent pas faire des programmations à moyen
terme.
Les processus de changement ne sont pas statiques, mais
dynamiques et itératifs. Or la GCP préconise des actions
limitées dans le temps. Malheureusement l'impact est difficilement
visible à court terme d'où cette affirmation de Castellanet
« prétendre que les projets de développement, quels
que soient les secteurs d'intervention, doivent donner des résultats
durables dans une durée limitée de 3 à 5 ans relève
de la myopie ou de l'hypocrisie »37(*) .Pour illustrer notre propos ,
le programme d'insertion des jeunes sans emplois PISP exécuté par
AGRO PME peut il raisonnablement réduire le sous-emploi au Cameroun en
moins de 5 ans, alors que le Fonds National de l'Emploi peine à produire
des résultats depuis plus de 10 ans ?
En somme, la rigidité de la méthode GCP
utilisée par le CCS/PPTE suscite des interrogations sur les
capacités de l'approche projet à résoudre les
problèmes de pauvreté au Cameroun. C'est pourquoi certaines OSC,
qui inscrivent leurs actions dans la durée, sollicitent plutôt des
appuis structurels au CCS/ PPTE pour financer leur plan d'action. Ces
requêtes sont inéligibles puisque non conformes aux
procédures en vigueur, d'où les conclusions du type
« il s'agit d'une liste de matériels à
acquérir non un projet faisant apparaître une vraie
problématique : Rejet non conforme aux procédures
PPTE »38(*).
Sur ce plan, la procédure ne permet pas aux OSC de mobiliser des
ressources leur permettant de mieux faire ce qu'elles font
déjà : lutter contre la pauvreté et les exclusions
sociales. Au-delà de la méthode, elle-même, l'approche dans
la mise en oeuvre aussi suscite des interrogations.
En effet, la méthode utilisée par le CCS/PPTE
semble favoriser une gestion bureaucratique des projets.
II- CCS/PPTE- Approche « Top
Down » ou « Bottom Up »?
La réduction de la pauvreté devrait se faire de
manière participative comme l'a été le DSRP. Mais il se
trouve qu'au Cameroun la grande partie de la population pauvre se retrouve en
zone rurale, et l'instance chargée d'évaluer et de choisir les
projets est en zone urbaine. Cette situation crée deux
écueils.
Premièrement, la majorité des pauvres se
trouvent en milieu rural, il nous semble très difficile, voir impossible
pour les experts de connaître l'environnement dans lequel le projet sera
exécuté. Même des descentes sporadiques ne peuvent
permettre d'avoir la pleine mesure de la situation sur le terrain. Situation
qui implique la prise en compte de la diversité culturelle comme
élément d'analyse, or dans les procédures du Comité
cet aspect ne fait pas partie de la grille d'analyse.
Deuxièmement, le mécanisme de suivi des projets
a des intervenants multiples (contrôle supérieur de
l'Etat, cellule opérationnelle, secrétariat permanent
etc.) ; ceci a pour conséquence d'alourdir les mécanismes et
les principaux concernés (bénéficiaires) ne peuvent pas
faire prévaloir leur point de vue ou alors ils s'embrouillent, car ne
sachant plus à qui s'adresser à la fin.
Compte tenu de ces deux constats, on a l'impression que les
projets se gèrent d'une manière bureaucratique, sans rapport
réel avec le terrain où se manifeste la pauvreté (parfois
les APE sont confectionnés dans les locaux du CCS/PPTE).
Dans la grille 4 d'évaluation du manuel de
procédure du CCS/PPTE, on fait allusion à la participation et
à la cogestion du projet par les bénéficiaires. C'est un
souhait pieux dont les mécanismes ne sont pas précisés. En
effet, un bon nombre de projets est rejeté par l'expert sur le
motif « Diagnostic insuffisant, faire l'analyse des parties
prenantes » ,39(*) la question que l'on se pose est de savoir sur
quelle base les experts chargés d'évaluer la qualité du
projet peuvent vérifier si les bénéficiaires ont
été effectivement associés à la préparation
de ce projet. En fait, le CCS/PPTE ne peut pas garantir que la
préparation des projets associe effectivement les futurs
bénéficiaires, il en est de même pour
l'exécution.
Au- delà de cette lacune, la prise en compte de cet
aspect implique certainement des coûts que les promoteurs devraient
dès lors supporter.
Dans le cas des OSC au Cameroun, cette exigence est
confrontée à deux faiblesses :
- Le manque d'expertise : les OSC n'ont pas toujours
à leurs dispositions du personnel qualifié pour faire des
études de préfaisabilité, et surtout celui
maîtrisant la méthodologie GCP utilisée par la
CCS/PPTE ; ceci limite par conséquent leur capacité à
accéder au financement sur ressources PPTE.
- Le manque de moyens financiers : si on admet que les
OSC peuvent faire appel à l'expertise des cabinets de consultants,
encore faudrait-il avoir des moyens de payer cette expertise ; et la
plupart des OSC ne disposent pas de moyens financiers pour payer ces
études préparatoires. La conséquence est que les projets
sont souvent conçus sans réelle participation des
bénéficiaires. On se retrouve donc dans l'approche
« top down » qui est critiquée dans les
autres méthodologies.
Nous constatons que les OSC, peuvent difficilement
réaliser de véritables diagnostics participatifs, car ces
études nécessitent des compétences et des moyens
financiers, ce qui peut constituer pour elles un handicap dans la mobilisation
des ressources PPTE. Et même sur la dizaine d'OSC dont les projets ont
été financés sur ressources PPTE, très peu ont les
moyens de financer un véritable diagnostic participatif. Au-delà
de la participation lors de l'élaboration du projet, les avant- projets
d'exécution APE faits par le promoteur et l'expert, sont
préparés loin des bénéficiaires qui ne doivent que
se conformer au chronogramme d'activité fixé par les experts.
Cette rigidité contraste un peu avec la logique de la promotion de
l'autodétermination prônée par certaines OSC, et qui veut
que les bénéficiaires puissent choisir l'orientation qu'ils
veulent donner à tout ce qui les concerne, notamment les
problèmes de développement. Dès lors, une bonne
participation et appropriation du projet par les populations
bénéficiaires suppose « d'accepter une possible remise
en cause de la stratégie du projet, donc de son « cadre
logique », de son chronogramme voire même de ses objectifs
spécifiques »40(*) conclut Castellanet. Malheureusement ce n'est pas le
cas avec les projets que l'on ne peut pas renégocier comme ceux
déclarés éligibles du CCS/PPTE.
En somme la méthodologie utilisée par le
comité consultatif a malheureusement deux inconvénients :
d'une part sa rigidité ne permet pas toujours de répondre
favorablement aux attentes des OSC qui veulent des appuis structurels pour
mener à bien des actions qui s'inscrivent dans la durée. D'autre
part cette approche est difficilement applicable par les OSC car
nécessitant beaucoup de moyens et de l'expertise que les promoteurs
n'ont pas dans la plupart des cas. La méthode en elle-même pose
des problèmes pratiques. Mais qu'en est-il de son utilisation par
l'administration du CCS/PPTE ? Nous essayerons de le découvrir dans
la deuxième section.
SECTION II : GCP DANS LE FONCTIONNEMENT DU CCS/PPTE
ET DES OSC
L'approche utilisée par le CCS/PPTE suppose que ces
structures doivent fonctionner de manière autonome, sans
interférences. Mais le caractère politique de sa mission fait que
des critères de choix des projets ne sont pas seulement techniques, et
donc le comité a parfois besoin d'informations complémentaires
pour décider, ce qui occasionne des lourdeurs et délais
supplémentaires. Nous analyserons donc les impacts de ces lourdeurs,
puis nous présenterons les différences entre les
procédures du CCS/PPTE et le mode d'action des OSC.
I- Les Lourdeurs administratives
Le CCS/PPTE est avant tout une structure administrative et
c'est pourquoi, la cellule opérationnelle, son organe d'appui technique,
est instituée au sein du comité technique de suivi des programmes
économiques (CTS) conformément à l' Art 8 au
décret 2000/960/PM du 01 décembre 2000. Cette disposition pose
cependant des problèmes pour le fonctionnement de la structure. En effet
les deux structures d'appui relèvent de l'autorité de deux
personnes différentes ; cela est peut-être fait à
dessein mais, cette situation peut constituer un handicap pour la
réalisation des missions du système. Le schéma fonctionnel
du CCS/PPTE laisse entrevoir des problèmes de coordination entre les
deux structures : secrétariat permanent et cellule
opérationnelle. Etant donné qu'il n'existe aucun texte
établissant les règles de coopération, la coordination est
consensuelle plutôt que coercitive. Dans une structure administrative,
une telle coordination ouvre la porte à des conflits
d'intérêts et de compétences susceptibles de nuire à
son bon fonctionnement.
De plus il n y a pas de contre pouvoir dans le
système. Rien en effet ne permet de contrôler et d'évaluer
le travail des experts (voir diagramme fonctionnel figure 3), cependant c'est
leur avis qui guide le comité dans la prise de décision,
étant entendu que la première sélection des projets se
fait à leur niveau .Notre intention n'est pas de remettre en question
les compétences des experts, mais sont-elles suffisantes avec les
procédures actuelles pour apporter des bonnes conclusions dans des
délais brefs ? Cela est difficile à dire. A titre
d'illustration, le secrétariat permanent a reçu entre
Janvier 2002 et Mai 2006, 991 projets que 4 experts devaient évaluer,
soit une moyenne de 248 projets par expert. Avec ce trop plein de travail il y
a un risque que les décisions soient prises à la hâte ou
alors, (et c'est généralement le cas) que des projets
déclarés éligibles le soient avec un retard et donc
débutent aussi avec des retards .C'est pourquoi, sur la dizaine d'OSC
dont les projets ont été directement financés sur
ressources PPTE, plus de la moitié ont reçu les fonds à
partir de décembre 2005 alors que les projets ont été
déposés en 2003 et 2002 pour certains.
Toutes ces lourdeurs dans le fonctionnement ne permettent pas
toujours aux OSC qui jouissent déjà d'un préjugé
défavorable de pouvoir mobiliser les ressources PPTE.
Pour tout dire, le système CCS/PPTE dans sa
constitution et son fonctionnement a un problème de coordination de ces
deux structures d'appui qui ont des autorités différentes d'une
part, et de l'absence de vannes de contrôle pour évaluer le
travail des experts d' autre part. Ces difficultés se traduisent par des
délais très longs pour l'éligibilité et les
décaissements des fonds entraînant parfois le découragement
de certaines OSC. Cependant la question que l'on se pose est de savoir si ce
système n'est pas conçu de cette manière pour mieux
passer aux cribles les OSC dont l'action est parfois contre la politique
gouvernementale.
Figure 3 : Schéma fonctionnel du
CCS/PPTE
MINEFI
C/O
Expert sectoriel
Groupe thématique
Promoteurs
SP
CCS
OSC
Bailleur de fonds
Comité
Gouvernement
CTS
Pouvoir involontaire
Frontière du système
Pourvoir volontaire SP : secrétariat permanent
C/O : cellule opérationnelle
Relation de collaboration coercitive
Collaboration consensuelle MINEFI :
ministère de l'économie et des
Finances
Boucle de rétroaction CTS :
comité technique et de suivi des
programmes économiques
Explication du graphique
- Comme on le constate l'expert sectoriel n'est responsable en
réalité que devant le CTS qui n'est pas membre du
comité. Il n'y a donc aucun mécanisme de contrôle sur
l'expert dans ces missions vis-à-vis du comité ce qui peut
entraîner des dérapages à la phase d'instruction
(présélection des projets), car il exerce un pouvoir involontaire
tant sur les promoteurs que sur le centre de décision (groupe
thématique et comité)
- Entre le secrétariat permanent et la cellule
Opérationnelle (C/O), Il n'existe pas de texte de collaboration. Or dans
la pratique le SP dispose de moyens financiers pour faire fonctionner les deux
structures, mais n'a pas d'autorité sur les experts sectoriels.
Donc il peut exister des conflits de compétences qui
sont néfastes au bon fonctionnement du système et donc les
promoteurs peuvent en faire les frais notamment ceux de la
société civile
Le fait que la cellule opérationnelle se trouve au sein du
CTS fait perdre tout caractère d'autonomie à cet organe du
CCS/PPTE, la collaboration entre OSC et agents publics est souvent assez
tumultueuse.
II- Mode opératoire des OSC et politique du
gouvernement
Le mouvement associatif au Cameroun a pris un essor avec la
libéralisation dans les années 90. Beaucoup d'associations se
sont créées sur le thème des droits de l'homme,
aujourd'hui la thématique a changé on parle de plus en plus de la
lutte contre la pauvreté. En effet, les OSC du Cameroun ont basé
leurs revendications sur la justice sociale, le respect des droits de
l'homme ; ces revendications se faisaient à travers le lobbying et
le plaidoyer auprès des institutions internationales ou parfois l'image
du pays était ternie. Ceci apparaît comme des tentatives de
déstabilisation. Aujourd'hui, même avec le changement de
thématique, Il n'est pas facile au gouvernement de donner des moyens
à ceux qui jadis l'on ouvertement critiqué et donc on se retrouve
face à une situation où la sélection des projets va se
faire en fonction de la ligne politique de l'OSC et non pas seulement sur les
aspects techniques de l'étude de faisabilité.
D'autres OSC n'acceptent pas de recevoir des fonds publics car
cela est contraire à leur éthique. En effet, pour les tenant, de
cette thèse, une OSC devrait être capable de critiquer l'action
gouvernementale et de proposer des alternatives. Et le risque est qu'elle ne
puisse plus le faire dès lors qu'elle perçoit des fonds publics.
A ce titre un débat est en cours entre les OSC pour savoir si les fonds
PPTE sont des fonds publics au même titre que ceux prévus dans le
budget de l'Etat.
Si la réduction de la pauvreté est au centre
des projets soumis aux financements sur ressources PPTE, on peut constater que
la société civile ne s'accorde par sur le DSRP. En effet, au
Cameroun les OSC revendiquent d'être plus près des pauvres dans
les campagnes et donc connaissent mieux la pauvreté que « les
bureaucrates » des ministères.
Ces « bureaucrates » qui, au mépris du
principe de subsidiarité, ont élaboré un document
acceptable pour les institutions financières dans le seul but de
satisfaire un besoin urgent en ressources financières. C'est pourquoi
au Cameroun des groupes d'OSC, qui ne se reconnaissaient pas dans le document
produit par l'Etat, ont élaboré leur propre version du
DSRP41(*). C'est cette
version qui semble à leurs yeux la stratégie idoine pour
réduire la pauvreté au Cameroun. Leurs actions se situent donc en
principe dans la logique de leur propre DSRP, au lieu de celle de la version
officielle qui définit le cadre dans lequel les projets peuvent
être montés.
Il y a donc déphasage entre l'action du gouvernement,
soucieux de remplir les exigences des institutions financières, et la
vision de la pauvreté par les OSC au Cameroun. C'est ce qui fait dire
à Selvaggio que « De nombreux gouvernements et ONG
s'aperçoivent que le CSRP est davantage un document à
réaliser pour se gagner les prêts du FMI et de la Banque Mondiale
qu'un processus permettant au pays de déterminer leurs propres
priorités budgétaires et de réduction de la
pauvreté. »42(*)
Pour conclure, on constate que la logique d'intervention de
certaines OSC n'est pas toujours conforme à celle voulue et
souhaitée par le gouvernement et les IFI, traduite par le DSRP officiel.
Ce déphasage constitue un handicap sérieux pour la mobilisation
des ressources PPTE par les OSC. D'où le rejet de certains projets pour
non conformité au DSRP.
Au terme de ce chapitre, on peut retenir d'une part que
l'approche GCP utilisée par la CCS/PPTE par sa rigidité et la
complexité des outils à utiliser dans la phase d'instruction du
projet, ne facilite pas la mobilisation des ressources PPTE par les OSC. et
d'autre part que les lourdeurs dans l'utilisation de la méthode par le
CCSP/PPTE créent des goulots d'étranglement
préjudiciables aux OSC voulant ou ayant sollicité des
financements.
L'analyse qui précède s'intéresse
particulièrement aux aspects méthodologiques et au cadre
légal de fonctionnement du CCS/PPTE mais au-delà de ces aspects,
la pratique quotidienne par les experts et les promoteurs des OSC donne une
perception des procédures du comité qu'il convient
d'étudier. Cette étude a été réalisée
à travers une enquête réalisée auprès d'un
échantillon d'OSC basées à Yaoundé et ses
environs.
CHAPITRE V :
ANALYSE DES DONNEES SUR LA PERCEPTION DES
PROCEDURES DU CCS/PPTE PAR LES OSC
Dans le fond, les procédures du CCS/PPTE qui
s'inspirent de la méthodologie de la GCP, sont difficiles à
appliquer par les OSC. Dans la forme, l'utilisation de la méthode par le
CCS/PPTE semble ne pas satisfaire les OSC à cause des goulots
d'étranglement et des lourdeurs administratives. Nous allons dans ce
chapitre discuter de l'idée que les OSC ont des procédures
CCS/PPTE, à partir des données d`une enquête
réalisée auprès des OSC. Pour ce faire, nous
présenterons les résultats de l'enquête, ensuite l'analyse
et l'interprétation de ces résultats et enfin nous ferons des
suggestions dans le sens de l'amélioration des procédures.
SECTION I : PRESENTATION DES RESULTATS BRUTS DE
L'ENQUETE
L'enquête dont les résultats seront
présentés dans la suite du travail avait pour but
d'étudier le degré d'appropriation des procédures du
CCS/PPTE par les OSC. Dans cette section, nous allons d'abord exposer les
méthodes de collecte des données, puis nous présenterons
la synthèse des données collectées.
I- La méthode de collecte de
données
Il s'agit ici de présenter la population cible, le
profil de l'échantillon choisi, les méthodes de
détermination de cet échantillon ainsi que la technique
utilisée pour collecter les données.
a) La population cible
Pour la réalisation de notre enquête la
population cible était les OSC, plus précisément les
ONG-GIC et Associations. Cette enquête ne prend pas en compte les
Associations religieuses et/ou confessionnelles, il en est de même pour
les associations corporatistes ou à caractère professionnel
telles les syndicats.
Compte tenu des contraintes de temps et des moyens,
l'enquête s'est limitée à Yaoundé et Mbalmayo.
Cependant la taille et le profil de l'échantillon garantissent la
fiabilité des résultats et la possibilité de les
étendre sur tout le Cameroun.
b-) Taille et profil de
l'échantillon
L'étude a porté sur 27 associations
réparties suivant leur domaine d'activités. Nous nous sommes
servis pour cela d'un répertoire élaboré par le Programme
des Nation Unies pour le Développement (PNUD).Cela nous a permis de
constituer notre échantillon réparti de la manière
suivante :
I- Développement local 7
II- Environnement et développement durable 6
III- Santé et sécurité sociale 3
IV- Droits de l'homme et de la personne 4
V- Formation et éducation 4
VI- Conservation de la biodiversité 3
Il Convient de préciser que les barrières entre
ces domaines d'activités ne sont pas étanches, c'est ainsi
qu'on on peut trouver une ONG qui s'occupe à la fois de la protection de
l'environnement et de la promotion de la santé (lutte contre le
VIH/SIDA), ceci rendant un peu difficile le choix par domaine
d'activités. Une autre difficulté rencontrée concerne les
GIC, il en existe plusieurs mais la plupart sont des entreprises commerciales
qui veulent bénéficier des allègements fiscaux. Ce
phénomène est plus visible en zone urbaine.
Pour garantir la généralisation, nous nous
sommes assurés que les différentes associations appartenaient
à des réseaux, si bien que parfois on avait l'opinion des
différents membres du réseau à travers l'un d'entre eux.
Ainsi nous avons enquêté auprès des réseaux genre
et développement, réseau action concertée pour les
pygmées RACOPY, le réseau dynamique citoyenne, et le
réseau des ONG de protection de l'environnement. Ces réseaux
couvrent l'ensemble du territoire national.
Pour être conforme à l'un des critères
d'éligibilité, nous n'avons considéré dans notre
étude que des associations dont la durée d'existence est
supérieure ou égale à 3 ans. De plus au moins 50% des
structures enquêtées ont à partir de 2
représentations régionales, et interviennent dans plus d'une
province du Cameroun.
c-) Méthode de détermination de
l'échantillon
La détermination de notre échantillon ne s'est
pas faite de manière aléatoire ; compte tenu de la
contingence observée dans le monde des OSC, nous avons appliqué
la technique du choix raisonné car, nous disposions d'un
répertoire des OSC et aussi des listes des organisations membres des
réseaux préalablement cités.
En suivant le domaine d'activité et l'appartenance
à un réseau nous avons établi des quotas qui ressortent
des associations les plus significatives. Cet aspect prenait en compte
l'existence physique de l'association (bureau, téléphone,
personnel permanent). En procédant de la sorte nous avons pu obtenir 22
réponses dans les délais sur les 27 associations
identifiées. Nous présenterons donc la technique de collecte
utilisée.
d-) Technique de collecte de donnée et
résultats obtenus
La collecte des données s'est faite par un
questionnaire que nous avons appliqué nous-mêmes. Cette
disposition a été prise afin de limiter le nombre de passages.
Ainsi il s'est le plus souvent agi d'entretiens qui permettaient de remplir le
questionnaire et d'en savoir un peu plus soit sur l'organisation, soit sur le
CCS/PPTE. Nous avons aussi interrogé les experts, mais leurs avis
aidaient le plus souvent à mieux comprendre les difficultés des
OSC et la position de l'administration. L'analyse a été faite par
la statistique descriptive, notamment le calcul des pourcentages.
Nous avons posé 21 questions regroupées en 5
thèmes (voir le questionnaire en annexe. Nous présenterons donc
les résultats suivant les thèmes.
II- Présentation des donnes
collectées
Thème1 : 1-
le profil d'indentification des associations
Notre enquête a révélé que 54,54%
des structures interrogées avaient des représentations
régionales. De même, plus de 80% d'entre elles interviennent dans
plus d'une province du Cameroun .Après avoir identifié les
structures, nous avons voulu savoir quelles étaient les sources de
financement des OSC, ce qui nous a permis de confectionner le tableau
ci-dessous :
Tableau 1 : les origines des financements des
OSC
Source : auteur
sur la base des données de l'enquête
Résultats
Type financement
|
Nombre d'avis
|
pourcentage
|
Uniquement partenariat
|
1
|
4,54%
|
Prestations diverses, fonds propres et partenariat
|
19
|
86,36%
|
Fonds PPTE uniquement
|
0
|
0%
|
Fonds PPTE et autres
|
2
|
9,10%
|
Total
|
22
|
100%
|
Explication des rubriques
Uniquement partenariat : l'Association
ne soumissionne pas lorsqu'il y a appel d'offre ou appel à manifestation
d'intérêt. Les fonds proviennent uniquement du partenariat avec
les OSC des pays industrialisés.
- Prestations, fond propres et
partenariat : Les associations qui en dehors des partenaires
étrangers peuvent mobiliser des fonds, soit par les prestations de
service, soit des cotisations ou des dons.
- Fonds PPTE uniquement : qui n'ont pour
toutes ressources que les fonds PPTE
- Fonds PPTE et autres : Associations,
qui, en dehors des prestations du partenariat, ont effectivement reçu
des fonds PPTE.
Le deuxième thème était basé sur
la connaissance du CCS/PPTE.
Thème 2 : - Connaissance du
CCS/PPTE
Tableau 2 : niveau de connaissance du CCS/PPTE
par les OSC
Résultats
Mode connaissance
|
Nombre d'avis
|
Ratio
|
Connaissent par voie de médias
|
11
|
50%
|
Par séminaire du CCS/PPTE
|
8
|
36 ,36%
|
Réseau
|
0
|
0%
|
Ne connaissent pas
|
3
|
13,64%
|
Total
|
22
|
100%
|
Source : auteur
sur la base des données de l'enquête
Explication des rubriques
- Connaissent par voie de
médias : Ceci implique avoir suivi l'information
donnée par la radio et la presse, qui n'est pas une information
technique.
- Par séminaire du CCS/PPTE : le
CCS/PPTE organise parfois des séminaires de vulgarisation et
d'appropriation des procédures comme ce fut le cas à Kribi en
juillet 2006. Les informations recueillies dans ce type de rencontre sont
d'ordre technique.
- Par réseau : Certaines OSC
spécialisées dans la formation ont organisé des
séminaires dans le but de vulgariser les procédures du
CCS/PPTE : c'est le cas de l'Institut Africain pour le
Développement Social (INADES). Mais ces séminaires s'adressaient
plus aux organisations de base et organisations paysannes (O.P), qui parfois
n'ont pas d'existence légale. Cette rubrique s'intéresse donc
à ceux qui se sont informés par ce genre de séminaire, et
que nous n'avons malheureusement pas rencontrés.
- Ne connaissent pas : regroupe la
catégorie d'association qui ne connaît pas le CCS/PPTE ni son
rôle, même s'ils ont entendu parler des fonds
PPTE. Il y a là un déficit d'informations à combler
Thème 3- Expérience de l'OSC avec le
CCS/PPTE
Nous avons voulu savoir si les OSC avaient soumis des projets,
et la suite qui a été réservée à ces
projets. Les résultats sont condensés dans le tableau 3.
Tableau 3 : Performances des OSC avec le
CCS/PPTE
Source : auteur
sur la base des données de l'enquête
Résultats
Performances réalisées
|
Nombres d'avis exprimés
|
pourcentage
|
Ont soumis des projets éligibles
|
04
|
18,18%
|
Ont soumis des projets sans suite
|
01
|
4,54%
|
Ont Soumis des projets mal présentés et à
refaire
|
05
|
22,73%
|
N'ont pas soumis de projet
|
12
|
54,55%
|
Total
|
22
|
100%
|
Explication des rubriques
- Ont soumis des projets
éligibles : Associations ayant déposé des
projets qui ont été validés dans leur forme initiale.
- Ont soumis des projets sans suite :
Associations n'ayant même pas reçu de réponse après
le dépôt du projet.
- Ont soumis des projets mal présenté et
à refaire : Associations ayant reçu une
réponse du CCS/PPTE, les invitant à apporter des modifications
même si le projet sera rejeté plus tard.
- N'ont pas soumis de projet :
Associations n'ayant pas envoyé de projet. Comme on peut le constater,
54,55% des associations interrogées sont dans ce cas. Il convient
d'étudier les raisons qui poussent les OSC à ne pas postuler.
b- Avis de ceux n'ayant pas solliciter des
financements de projet par les ressources PPTE
Nous avons essayé de recueillir l'avis des
organisations qui n'ont pas soumis des projets pour financement. Le but
était de savoir quel est l'impact des procédures dans cette
attitude, et nous avons obtenu les résultats suivants :
Tableau 4 : avis des OSC n'ayant pas solliciter
le financement de leur projets par les fonds PPTE
Résultat
Types de raisons
|
Nombres D'avis exprimés
|
pourcentage
|
Ne connaissent pas les procédures
|
06
|
50%
|
Ne traitent pas avec l'Etat, veulent rester
indépendants
|
01
|
8,34%
|
Trouvent les procédures contraignantes
|
05
|
41,66%
|
Total
|
12
|
100%
|
Source : auteur
sur la base des données de l'enquête
Explication du contenu des réponses
- Ne connaissent pas les
procédures : Association n'ayant pas soumis de projet
parce que ne sachant où déposer le dossier, quelles sont les
pièces constitutives à fournir et les étapes à
parcourir.
- Ne traitent pas avec l'Etat, veulent rester
indépendants : regroupent les associations qui ne
sollicitent pas des fonds publics.
- Trouvent les procédures
contraignantes : regroupent les associations qui trouvent les
procédures contraignantes et celles trouvant le CCS/PPTE pas
crédible.
c- Collaboration avec le CCS/PPTE
72,72% des Associations interrogées soit 16 sur 22
veulent continuer à collaborer avec le CCS/PPTE.
- Parmi les structures qui ne veulent pas collaborer avec le
CCS/PPTE, 03 ont eu une expérience avec le CCS/PPTE.
Les 3 autres n'ont pas eu d'expérience mais ne veulent
pas essayer.
Thème 4 Connaissance et
appréciation des procédures
Ce thème visait à comprendre la perception que
les OSC ont des procédures et quel était leur souhait
Parmi les Associations interrogées, 13 trouvent les
procédures rigides. 4 les trouvent acceptables et 5 ne donnent pas
d'avis.
Parmi les 13 qui trouvent les procédures rigides, 6
ont déjà essayé de proposer des projets, d'où le
tableau ci-dessous.
Tableau 5 : perception que les OSC ont des
procédures du CSS/PPTE
Avis donné
Types d'associations
|
Trouvent les procédures rigides
|
Trouvent les procédures acceptables
|
Ne se prononcent pas
|
total
|
Association ayant soumis des projets
|
6
|
4
|
0
|
10
|
Association n'ayant pas soumis de projet
|
7
|
0
|
5
|
12
|
Total
|
13
|
4
|
5
|
22
|
pourcentage
|
59,10%
|
18,18%
|
22,72%
|
100%
|
Source : auteur
sur la base des données de l'enquête
Souhait sur les procédures
Parmi les Associations interrogées, 20 pensent que
l'on devrait modifier les procédures, et les 2 autres ne se prononcent
pas, d'où le tableau ci-dessous :
Tableau 6 : souhait que les OSC émettent
par rapport aux
procédures
Résultat
Avis donné
|
Nombres d'Associations sur 22
|
pourcentage exprimé
|
Modifier uniquement la sélection des projets
|
08
|
36,36%
|
Modifier les décaissements de fonds
|
03
|
13,64%
|
Modifier le suivi évaluation
|
0
|
0%
|
Tout modifier et reprendre
|
09
|
40,90%
|
Ne se prononce pas
|
02
|
9,10%
|
Total
|
22
|
100%
|
Source : auteur
sur la base des données de l'enquête
Thème 5- Comparaison entre procédures du
CCS/PPTE et celles des OSC du NORD (OSC des pays
industrialisés)
Nous avons essayé de savoir comment les OSC jugent les
procédures du CCS/PPTE en les comparant avec celles des OSC des pays du
Nord. Parmi les OSC interrogées, 10 pensent que les OSC sont plus
souples, 6 ne veulent pas se prononcer, car n'ayant pas d'expérience
avec le CCS/PPTE. D'autres se sont prononcés malgré le fait de ne
pas avoir d'expériences avec le CCS/PPTE, d'où le taux de 68% qui
donnent un avis sur les procédures, étant entendu qu'il y a
échanges lors des rencontres en réseaux et que certains
séminaires ont été organisés pour vulgariser les
procédures. Parmi les structures qui ont donné leur avis,
rappelons que 5 trouvent les procédures identiques. Dans cette analyse,
une seule OSC ne se prononce pas parce qu'elle n'a pas d'expérience avec
les OSC du Nord. Voici du reste les résultats résumés dans
ce tableau :
Tableau 7 : Comparaison des procédures par
les OSC
Résultats
Avis donné
|
Nombre d'avis exprimés
|
pourcentage
|
Ne se prononcent pas, car pas d'expérience avec
CCS/PPTE
|
6
|
27,25%
|
Les procédures sont les mêmes
|
5
|
22,75%
|
Les OSC du Nord sont plus souples
|
10
|
45,45%
|
Pas d'expérience avec les OSC
|
1
|
4 ,55%
|
Total
|
22
|
100%
|
Source : auteur
sur la base des données de l'enquête
Ces résultats présentés donnent juste une
représentation chiffrée de ce que les OSC ont exprimé, il
convient donc de donner une interprétation à ces chiffres. Ce
sera l'objet de la deuxième section.
SECTION II- ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES
Pour analyser les données, nous procéderons par
thème. Nous analyserons donc les avis exprimés dans chaque
thème ; cette analyse se fait en prenant en compte des
révélations faites lors des entretiens mais qui n'étaient
exprimés sous forme de réponses au questionnaire. Ainsi, il sera
analysé :
- La connaissance du CCS/PPTE et l'impact sur la mobilisation
des ressources (thème 1)
- L'impact des procédures à travers
l'expérience que les OSC ont avec la CCS/PPTE et / ou de l'avis
qu'elles émettent
(Thème2 et 3)
- Les différences dans la logique d'intervention
à travers la comparaison entre OSC du Nord et CCS/PPTE. (thèmes
4et 5)
Pour faciliter l'analyse, nous avons regroupé les
thèmes dont l'interprétation des réponses était
similaire, en tenant compte des commentaires sur les questions ouvertes que
nous avons posées.
I- Theme1 : Connaissance du CCS/PPTE et impact
sur la mobilisation
des ressources.
Pour solliciter des financements au CCS/PPTE, il est
évident qu'il faut d'abord connaître la structure elle-même.
Or il ressort de notre enquête que les OSC ne connaissent les CCS/PPTE
que grâce aux médias. Mais il est clair, que l'information par
voie de médias n'est pas suffisante pour permettre à une
organisation de monter son projet. En effet, la majorité des OSC avec
des projets éligibles ont eu à participer à des
séminaires organisés par le CCS/PPTE pour vulgariser les
procédures, mais le comité n'a pas un système
d'information assez visible. On se pose en fait la question de savoir comment
on invite les OSC aux séminaires organisés par le CCS /PPTE.
Cette interrogation donne l'impression qu'il se crée autour du
comité un réseau d'associations qui soutiennent le comité
et un autre réseau qui est contre le comité.
L'autre aspect de ce manque d'informations c'est le manque de
précision dans les critères de choix des projets. En effet, pour
les OSC, l'opacité autour des procédures masque beaucoup
d'insuffisance notamment dans les critères de choix des projets. En fait
le constat que l'on peut faire c'est que les critères sont assez vagues,
la taille des projets (montant) n'est pas précisée, la
thématique non plus. Si l'on sait que le projet doit être
cohérent avec les stratégies de réduction de la
pauvreté, en revanche on ne sait pas quel montant est affecté
à la lutte contre le VIH/SIDA pour une période donnée par
exemple. Dans des institutions telle l'Union Européenne, il existe
divers programmes de financement avec une taille de projets, et une
thématique précise, ce qui facilite le travail des analystes et
celui des promoteurs qui savent dès lors comment concevoir le projet,
et les limites à ne pas dépasser. Dans le cas du CCS/PPTE ce
n'est pas la même situation, et la lecture du manuel de procédure
ou du DSRP et des stratégies sectorielles ne peut malheureusement pas
apporter plus d'informations. Ceci se traduit par des rejets avec comme raison
« projet à redimensionner », ou
« coût du projet très bas pour les objectifs qu'il
prétend atteindre ». Parfois le promoteur n'est pas au
courant de ces remarques. Ces insuffisances rendent les OSC assez
réticentes vis-à-vis du comité.
En effet, le manque d'information se traduit aussi par une
absence de réponse du CCS /PPTE. Beaucoup d'OSC se plaignent de
n'avoir pas eu de réponse à leur projet (si nous n'avons
rencontré qu'une seule organisation dans ce cas les autres nous ont
répercuté les informations qu'elles tiennent des OSC soeurs qui
ont soumis des projets). Même celles qui sont arrivées au groupe
thématique pensent que le comité devrait leur adresser des
correspondances pour expliquer les raisons des rejets pour qu'elles puissent
améliorer la qualité de leur futur projet
Pour tout dire, l'absence d'une information de qualité
réduit les capacités des OSC à s'approprier les
procédures du CCS/PPTE. Ceci s'explique par un nombre
élevé d'OSC qui veulent collaborer avec le Comité, mais ne
le font pas et /ou le font mal. Il est évident qu'une telle
incapacité à s'approprier des procédures limite
l'accès au financement sur ressources PPTE.
II- Thème 2 et3 : Effet des
procédures sur les performances des OSC dans la mobilisation des
ressources PPTE et souhaits émis
On a constaté que l'absence d'une information de
qualité limitait l'accès au financement sur ressources PPTE. Dans
l'hypothèse où les OSC sont bien informées, nous
essayerons de comprendre l'appréciation qu'elles portent sur les
procédures. Notamment sur le plan du dossier administratif, et du
dossier technique
a- L'élaboration des documents du
dossier
Si les OSC trouvent les procédures contraignantes, en
revanche le dossier qui leur est demandé est assez facile à
monter, car elles ont l'habitude de ce genre de travail (selon l'avis
exprimé par beaucoup d'entre elles.). Pour nous, un
élément du dossier qui est le rapport d'activités semble
être la pièce que beaucoup d'OSC ne possèdent pas. En
effet, la gestion des OSC au Cameroun n'a pas des exigences
particulières ; les bailleurs de fonds étrangers (OSC des
pays du Nord) s'intéressent uniquement au rapport d'exécution de
leur projet, et donc les dirigeants des OSC n'ont pas de contrainte
particulière à produire des rapports d'activités ou des
comptes d'exploitations. Ces documents sont cependant ceux qui
démontrent que la gestion est transparente et moderne. Ces lacunes
contrastent un peu avec la gestion des fonds PPTE qui voudrait mettre l'accent
sur la « traçabilité » des dépenses.
Exiger trois rapports d'activités tel que prévu dans le manuel de
procédure est à notre avis une bonne initiative, mais il
s'avère que plusieurs OSC ne remplissent pas cette condition, ceci se
traduira par des dossiers non conformes. Au secrétariat permanent, pour
assouplir cette disposition on a réduit (de manière consensuelle)
le nombre de rapport à produire à un seul, mais même avec
cette ouverture, beaucoup de projets sont rejetés parce que les rapports
d'activités ne figurent pas dans le dossier.
Beaucoup d'OSC n'ont pas sollicité de financement
parce que disent-elle, les procédures sont contraignantes. La
première contrainte c'est la conformité du dossier, (avoir une
existence légale, produire des statuts, des rapports
d'activités). Si les OSC ont des existences légales, les statuts
sont parfois inexistants ou alors mal conçus et pas clairs du tout.
Ceux-ci sont des documents conçus parfois dans le but unique d'avoir une
déclaration d'association et solliciter des financements
extérieurs. En effet, les OSC du Nord veulent généralement
savoir que l'association est légale, qu'elle possède un compte en
banque et les noms des principaux dirigeants. Mais la facilité avec
laquelle on obtient un récépissé de déclaration
d'association ne garantit pas toujours la qualité des
éléments du dossier d'où ce constat du HCCI
« Au Cameroun, nombreuses sont les organisations de la
société civile à s'être créées
uniquement à la demande des bailleurs de fonds et non forcément
en réponse aux besoins du terrain »43(*). Exiger des statuts et les
règlements intérieurs apparaît donc comme une contrainte
supplémentaire, qui par la force des choses s'avère restrictive
pour l'accès au financement.
En somme, l'un des éléments des
procédures du CCS/PPTE est l'élaboration des documents du
dossier. Nous constatons que pour cette procédure, plusieurs OSC vont
soit déposer des dossiers qui ne seront pas acceptés parce que
pas conformes, soit ne pas déposer de dossier du tout car ne pouvant
pas produire les documents exigés à cet effet.
Si l'on peut déplorer que de telles mesures limitent
l'accès des OSC aux financements sur ressources PPTE, il convient aussi
de saluer l'aspect pédagogique de l'initiative qui instaure la notion de
savoir rendre compte « accountability ». En effet, les
exigences des rapports d'activités et des comptes d'exploitation vont
mettre un peu d'ordre dans ce secteur où les dirigeants d'OSC confondent
parfois les fonds de l'OSC et leur fonds personnels. Si la forme du dossier
pose des problèmes qu'en est -il du format des éléments
à verser dans le dossier, notamment l'étude de
faisabilité.
b) Aspect technique du dossier : document
projet
Le document projet à soumettre pour financement au
CCS/PPTE, doit être conforme à la méthodologie GCP
utilisée par le comité. Or comme nous l'avons vu
précédemment, cette méthode a des insuffisances, notamment
les exigences du diagnostic participatif et l'absence de critères
objectifs de choix
b-1 Le diagnostic participatif
Le diagnostic participatif est simplement le problème
des études préliminaires. Nous savons que le cycle de projet a
six étapes, mais le travail du CCS/PPTE ne commence véritablement
qu'à la phase d'instruction (évaluation ex ante). Il appartient
donc au promoteur de bien mener sa phase d'identification du projet.
Malheureusement, ce travail nécessite de l'expertise et des moyens
financiers, que les OSC n'ont pas toujours. C'est ainsi que cette phase
d'identification est parfois mal faite. C'est ce qui limite l'accès des
OSC au financement. Mais, pour elles, ce ne sont pas les procédures qui
sont rigides ; c'est plutôt le système qui applique ces
procédures. C'est ce que traduit le découragement des OSC qui,
ayant soumis des projets ne veulent plus entendre parler du CCS/PPTE. La
rigidité du système ne peut s'exprimer que lors de la
sélection des projets.
b-2 L'absence des critères connus de
tous
Le manuel de procédure présente des
critères d'évaluation en 4 grilles. Mais ces critères sont
assez vagues. Il n'y a pas de variables standard qui puissent guider le choix
des experts. Cela donne l'impression d'un certain subjectivisme.
En effet, si l'on peut vérifier qu'un projet remplit
les critères de qualités de succès à
savoir :
- la participation et l'appropriation
- la viabilité financière
les gains de revenus
la nature ou nombre de personnes touchées
- la capacité institutionnelle et de gestion, etc.
Il est assez difficile en revanche de choisir entre deux
variantes d'un même projet, porté par un ou des promoteurs
différents. De plus le système semble reposé sur la
confiance faite à l'expert sectoriel qui doit faire la
présélection des projets. En fait, si le taux
d'éligibilité définitive des projets
présélectionnés par les experts est significatif (90% au
groupe thématique), il n'y a aucune voie de recours pour ceux qui ont
été éliminés au niveau de l'expert (c'est la
majorité 393 sur les 413 déposés jusqu'à
présent) ; car au groupe thématique, le promoteur a la
possibilité de défendre son projet. Beaucoup d'OSC trouvent cette
méthode pas objective, c'est pourquoi 36,3% de celles interrogées
souhaitent que l'on modifie la procédure de sélection des projets
qui en fait limite l'accès des OSC aux ressources PPTE.
Au-delà de cette sélection remise en cause, le
décaissement des fonds aussi pose un problème. En effet, les OSC
sont obligées de voir leur financement inscrit dans les budgets des
ministères et pour entrer en possession de ces fonds c'est un
véritable parcours du combattant. Si dans la pratique on observe des
mécanismes différents pour le payement des OSC, il convient de
préciser que le manuel de procédure prévoit que les
projets des OSC soient inscrits dans les budgets des ministères
sectoriels appropriés. Faire transiter les fonds par les
ministères, c'est vouloir transformer les OSC en direction des
ministères, et cela crée des goulots d'étranglement
énormes. Le budget d'un ministère est géré en
tenant compte des priorités du ministère. Il y a des doutes que
la priorité soit le projet d'une OSC. Pour illustration le projet
« pomme de terre », exécuté au Nord Cameroun
par une OSC de la place, est aujourd'hui arrêté car le
ministère de l'agriculture et du développement rural (MINADER),
n'a pas continué à donner des fonds pour le projet.
Cette analyse démontre de manière claire que
les documents à soumettre posent de réels problèmes aux
OSC, de même que le décaissement des fonds. En effet, si la
préfaisabilité des projets semble approximative et donc pas
acceptable, revanche pour les projets acceptables, l'expert a -t-il les moyens
de vérifier que cette phase a été faite
conformément aux exigences de la GCP (diagnostic
participatif : Arbre à problème, Arbres à solution
etc.). ? Cela ne nous semble pas évident
Ainsi document pas facile à produire, étude de
faisabilité difficile à réaliser en conformité avec
les procédures, sont des éléments qui ont
empêché les 54% des OSC interrogées de monter des projets.
A ces éléments inhérents aux procédures, il
convient de signaler la sélection des projets qui semble ne pas
être objective selon ce que pensent les OSC interrogées, car
comment comprendre qu'elles bénéficient des financements
étrangers, mais ne puissent pas en bénéficier dans leur
propre pays ? Pour comprendre ce phénomène, nous avons
mené une étude comparative des procédures.
III- Thème 4 et 5 : Analyse de la
comparaison procédures CCS/PPTE/OSC
bailleurs de fonds des
pays du Nord
On peut constater que sur les 22 organisations ayant fait
partie de l'enquête, une seule avoue ne pas avoir d'expérience de
travail avec les OSC du Nord, et paradoxalement il n'y a que 2 qui ont
effectivement reçu les fonds PPTE de manière directe. On a
l'impression que les procédures des OSC du Nord sont plus souples que
celles utilisées au CCS/PPTE et c'est l'avis exprimé par 45,45%
des OSC interrogées. Dans la réalité c'est la
différence dans les approches utilisées par les deux
entités.
En effet, les OSC européennes qui travaillent en
partenariat avec les OSC d'Afrique en générale et du Cameroun en
particulier ont une logique d'intervention différente de celle du
CCS/PPTE. Pour ces OSC (bailleurs de fonds), le financement des projets se fait
sur des thématiques précises et à l'intérieur d'un
réseau d'associations faisant des activités similaires. Leurs
programmes sont pour la plupart définis d'avance et sont
constitués d'un ensemble de petits projets de tailles pas très
différentes les uns des autres. L'accès à ce type de
financement est assez facile dès lors que l'on est membre du
réseau.
Les OSC des pays du Nord, dans le processus
d'évaluation des projets, utilisent l'analyse d'impact ou analyse des
effets dont les critères sont ; le plus grand effet ou le moindre
effet , en fonction de l'objectif global du projet. Cette méthode est
plus appropriée pour les projets à petit budget (comme les
projets d'OSC). Les OSC camerounaises habituées à travailler
dans cette logique ne parviennent pas à se retrouver avec la
méthode GCP utilisée par le CCS/PPTE, c'est pourquoi elles la
trouvent contraignante. Signalons toutefois que ces OSC du Nord, bailleurs de
fonds pour plusieurs d'entre elles, commencent progressivement à adopter
cette méthode, mais au préalable elles font du renforcement des
capacités de leurs partenaires du sud.
Notre enquête a démontré que plus de 59%
des OSC interrogées trouvent les procédures CCS/PPTE
contraignantes. En fait c'est la rigidité de la méthode GCP qui
est transposée ici. Mais celle-ci est renforcée par les
contraintes structurelles inhérentes au fonctionnement du comité
notamment le décaissement des fonds.
Pour le suivi des projets, si parmi les OSC
interrogées aucune n'a encore fait l'expérience du suivi, (les
projets ont moins d'un an pour ceux ayant déjà reçu des
fonds), elles font remarquer que les OSC du Nord ne jouent pas les gendarmes.
Pour elles en effet, ces partenaires et bailleurs de fonds attendent de voir
les résultats du projet sur le bénéficiaire et donc
mettent l'accent sur le suivi évaluation plutôt que sur le
contrôle financier qui n'est pas toutefois négligé. Ceci
n'est pas le cas pour le CCS/PPTE où l'on met l'accent sur le
contrôle pour vérifier la
« traçabilité44(*) » des fonds dépensés.
Au CCS/PPTE, il est exigé aux OSC de faire des
commissions de passation de marché ; de tels mécanismes
alourdissent des procédures, et même impliquent des coûts
supplémentaires (frais de régulation). À titre
d'illustration, toutes les OSC bénéficiaires des financements sur
fonds PPTE doivent impérativement organiser des commissions de passation
de marché, ou justifier le mode de passation utilisé. Ces
mécanismes occasionnent des retards dans l'exécution du projet.
Or de telles exigences ne sont pas requises par les OSC du Nord notamment pour
les petits projets.
Toutes ces contraintes font que 10 sur les 22 organisations
interrogées soit 45,45% trouvent des OSC du Nord assez simples dans
leurs procédures. Mais la question que l'on se pose est de savoir si
cette souplesse n'est pas le fait de la distance ? En effet,
l'éloignement fait que les OSC des pays du Nord peuvent avoir une vision
erronée de leur partenaire du Sud, même les visites
répétées ne permettent pas toujours de se faire une
idée précise. De plus, les contraintes observées au
CCS/PPTE sont une sinécure comparée par exemple à ce qui
se fait à l'Union Européenne ou à la Coopération
Française où l'on peut perdre son financement pour un simple
problème de factures mal libellées.
Dans cette analyse, signalons que 22,75%des OSC trouvent que
les procédures sont les mêmes au CSS/PPTE que chez les OSC
(bailleurs de fond. En fait, ce qui est en cause c'est l'application des
procédures, et non les procédures elles-mêmes.
En somme, c'est la différence dans les approches qui
donne l'impression d'une plus grande rigidité du CCS/PPTE. Or les OSC
camerounaises, habituées à travailler avec la méthode de
leurs partenaires du Nord, ont soumis des projets sans un renforcement de
capacité préalable pour s'approprier les procédures du
CCS/PPTE. Ceci s'est traduit par des échecs massifs et des
découragements. Ainsi après 5 ans d'activités, on assiste
à une baisse du nombre de projets des OSC reçus par le
secrétariat permanent, la tendance devrait normalement être
à la hausse après l'atteinte du point d'achèvement mais
c'est pas le cas (voir tableau 8).Ceci est dû aux difficultés que
ces structures éprouvent pour mobiliser les ressources PPTE, c'est
pourquoi même celles qui ont reçu ces fonds et/ ou dont les
projets sont éligibles pensent qu'il faudrait modifier ces
procédures.
Tableau 8 : le nombre de projets des OSC
reçus au secrétariat permanent45(*)
Année
Rubriques
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
(1)
2006
|
Total
|
Projets reçus au CCS/PPTE
|
58
|
457
|
242
|
152
|
81
|
991
|
Projets OSC reçus (2)
|
42
|
203
|
91
|
51
|
26
|
413
|
pourcentage
|
72, 41 %
|
44,42%
|
37,60%
|
33,55%
|
31,70%
|
41,67%
|
(1) Jusqu'au 10 mai 2006
(2) Ces chiffres ne concernent que les Associations, ONG, GIC,
sont exclues les Associations religieuses et/ ou corporatistes. Une vingtaine
de ces projets a été déclaré éligible
Bon nombre d'OSC ayant déposé des projets se
rendent compte aujourd'hui de la difficulté à mobiliser les
ressources PPTE et revoient leurs stratégies. Il en est de même
pour les CCS/PPTE qui est une structure jeune et dont les mécanismes ne
sont pas encore totalement mis sur pied. Il convient donc de donner quelques
idées pour permettre d'améliorer le système de
manière à faciliter l'appropriation de ces procédures par
les OSC et accroître ainsi leur capacité à mobiliser les
fonds PPTE .car notre enquête a révélé que la
mauvaise connaissance des procédures, leurs rigidités et les
contraintes dues à la gestion administrative limitent l'accès des
OSC au financement par les ressources issues de l'annulation de la dette.
SECTION III : SUGGESTIONS POUR FACILITER
L'APPROPRIATION
DES PROCEDURES PAR LES OSC
Nous avons constaté dans l'analyse que nous avons
faite que, les OSC ont des difficultés à mobiliser les Ressources
PPTE à cause de la mauvaise appropriation des procédures ou de la
rigidité de ces procédures. En effet, le CCS/PPTE utilise la
méthode de Gestion du Cycle de Projet GCP pour choisir, financer et
suivre des projets. Mais cette méthode pose des problèmes dans
le fond et dans la forme sous laquelle elle est utilisée par le
CCS/PPTE. Les suggestions que nous ferons ici, suivent le Cycle de Gestion des
Projets. L'enquête a révélé que plus de 72,72%
(16/32) des OSC interrogées aimeraient poursuivre ou commencer leur
collaboration avec le CCS/PPTE, mais il faudra que les procédures du
CCS/PPTE soient réformées, tant au niveau de la méthode
que de l'utilisation qui en est faite.
I- Quelles réformes apporter à
l'utilisation de la GCP au CCS/PPTE ?
Nous avons vu que la méthode GCP répond
à des préoccupations légitimes des pouvoirs publics
à savoir : assurer une gestion transparente et équitable des
ressources PPTE, s'assurer de la "traçabilité" des
dépenses pour éviter les erreurs du passé. Cependant,
cette méthode semble rigide dans le cas des interventions visant le
développement.
Les suggestions que nous ferons s'intègrent dans la
logique d'un cycle ; en effet, nous avons constaté que le travail
du CCS/PPTE commençait par l'instruction, et les experts sectoriels s'en
défendent, car ce ne sont pas eux qui identifient les projets. Le gros
du travail se déroulant lors de l'instruction, ils ne sont donc pas
responsables des études mal faites. Nous proposerons donc les solutions
pour chaque étape du cycle. (Voir figure 3 cycle de projet
réformé)
84
Figure 4 : GCP REFORMEE AU CCS/PPTE POUR LES
OSC
Source : auteur sur la base des
analyses des OSC consultées
Avant projet d'exécution APE indicatif : expert et
promoteur
Promoteur
Caisse autonome d'amortissement CAA garant de la
convention
Programmation
Evaluation
Mise en oeuvre
Identification
Financement
Instruction
CCS/PPTE
Comité
Convention de financement avec clause sur modification
éventuelle des objectifs
Décaissement des diverses tranches sur présentation
des justificatifs
Collectif OSC agréées
Carte blanche aux OSC
Externe cabinet agréé
Processus d'apprentissage
Contrôle exécuté par :
Organe CCS/PPTE + audit externe
CCS/PPTE
Décision finale d'éligibilité en
fonction de la sensibilité politique
Evaluation des techniques
Evaluation en terme d'impact avec grille préalablement
établie avec des notations précises pour chaque critère de
la grille
Etude de faisabilité réalisée avec l'aide
des cabinets spécialisés
Etablissements des programmes avec budget précis
Agrément des OSC spécialisées
Fond de recherche pour les études
Tailles des projets prédéfinis
Collectif d'experts
Suivi par l'expert sectoriel suivant programmation
a-) Programmation
Ici il s'agit plus des méthodes de travail que de la
méthodologie utilisée.
La bonne programmation résoudra les problèmes
de sélection et donnera une certaine lisibilité au travail du
CCS/PPTE. Elle se fera par le choix des thèmes de projets et une
décentralisation des ressources. Concrètement, il s'agit de
prendre un thème précis et clair qui s'intègre dans la
stratégie pays (DSRP), puis définir le montant à allouer
à ce thème en début d'année. Définir la
taille des projets (montant, plancher et plafond). Il s'agit donc de
créer un programme et définir sa durée. Un exemple :
programme de développement des communautés autochtones
vulnérables.
Le programme doit financer un nombre de projets précis
avec des montants pas très différents et des durées par
très différentes. Ceci aura pour avantage de limiter le
dépôt des projets venant dans tous les sens et de
spécialiser les acteurs. Bien entendu le choix des thèmes se fait
en fonction des priorités nationales. La programmation doit être
faite sur une durée maximale de 5 ans pour mieux suivre les projets et
faire des évaluations ex post. Elle doit aussi tenir compte des
régions, il faut donc décentraliser en tenant compte des
particularités des régions.
b-) L'Identification
Il est vrai que cette phase est celle des promoteurs, mais
face à la modicité des moyens des OSC et au manque d'expertise,
on se rend compte que cette phase est le plus souvent mal faite. Pour
résoudre ce problème, l'idéal serait de créer un
fonds pour les études ; un montant est alloué à ce
fonds pour parfaire les études de faisabilité. Le CCS/PPTE se
fera assisté dans cette tâche par des cabinets d'expert
indépendants, ceux-ci auront la charge de faire participer les
populations et de monter le projet en collaboration avec celles-ci et le
promoteur.
c-) L'Instruction
La phase d'instruction doit commencer par
l'agrément des OSC, en effet le comité devra mettre sur pied un
mécanisme de choix des organismes habiletés à envoyer des
projets pour financement sur ressources PPTE, les OSC devront être
agréées par programme et suivant leur domaine d'activité.
Ceci aura pour avantage de limiter les dépenses inutiles à celles
qui ne sont pas agréées et de faciliter le travail de
sélection des projets. Les organismes sélectionnés
pourront bénéficier des fonds pour les études pour monter
des projets dès lors qu'ils ont une idée de projet, elles
participeront bien évidemment à des séminaires de
renforcement de capacités organisés par le comité.
Les critères pour l'agrément pourront
être :
l'existence légale et physique (bureau et personnel)
la capacité des principaux dirigeants
l'expérience de la structure dans le domaine où
elle veut être agréée (rapport d'activités, compte
d'exploitation, publications, etc.)
Mode de prise de décision dans la structure (statuts,
règlement intérieur, rapport des instances de prise
décisions, assemblée générale, conseil
d'administration etc.
Sur la base de ces critères on établira par
programme la liste des OSC agréées. Ce procédé a
pour avantage de garantir une certaine marge de succès lors du choix des
projets, car les OSC seront suivies dans la phase d'identification d'une part,
il permet aussi de réduire les pertes de temps et d'énergie
à concevoir des projets au OSC non agréés d'autres
part.
d-) Financement
On a constaté que les mécanismes de
décaissement de fonds sont fortement critiqués par les OSC,
notamment en ce qui concerne les retards et le fait d'être obligé
de transiter par un ministère. Afin de garantir la
`traçabilité ` souhaitée par le gouvernement, nous
proposons qu'un compte géré conjointement par la caisse autonome
d'amortissement (CAA) et un comité d'OSC agréées soient
ouverts, ce compte sera crédité chaque année du montant
alloué aux projets des OSC. Chaque OSC pourra bénéficier
des décaissements des tranches de son financement sur
présentation des justificatifs des autres tranches validés par le
comité. L'avantage du procédé c'est sa simplicité,
on entendra plus parler d'engagement budgétaire, et la procédure
sera contrôlée par les OSC elles-mêmes et supervisée
par la CAA. Les OSC pourront donc commencer à traquer en leur propre
sein des gestionnaires indélicats qui seront dès lors
écartés de la liste des structures agréées et
remplacées par d'autre qui remplissent les critères.
e-) Mise en oeuvre
Il s'agit de mettre sur pied des mécanismes
garantissant le respect des délais, et la participation des
bénéficiaires. Pour les OSC, la seule manière de s'assurer
effectivement une participation des acteurs et le respect des chronogrammes
c'est de donner carte blanche sur la gestion financière, comme le font
les OSC du Nord. Ceci signifie que l'organisation des commissions de passation
de marché peut être mise de côté pour des petits
projets où il ne s'agit pas de construire des infrastructures, et que
les APE soient assez souples et adaptatifs et conçus par les agences
d'exécutions. Mais l'accent devra donc être mis sur
l'évaluation.
f-) Evaluation
Il est vrai que le mécanisme ne fonctionne pas encore
au CCS/PPTE. Mais les évaluations doivent permettre le renforcement des
capacités et la capitalisation des expériences. Ainsi, l'on doit
privilégier l'approche essai erreur. Cette approche renforce
l'idée de financement de nombreux petits projets avec un grand impact,
que financer de but en blanc de grands projets sans les avoir
expérimentés au préalable. Cette méthode permettra
à plusieurs structures d'avoir accès au financement. Ainsi on
pourra repérer les OSC qui marchent bien pour plus tard leur confier de
grands projets. La capitalisation des expériences se fera à
travers la publication du journal sur l'éradication de la
pauvreté, où les OSC et les experts rendront compte de leurs
expériences sur la gestion des projets et la réduction de la
pauvreté ; la même revue diffusera les informations sur les
procédures du CCS/PPTE.
Un autre aspect des réformes c'est un système
indépendant d'évaluation. En effet, les OSC et le CCS/PPTE vont
évaluer de façon interne, mais il faut un système externe
indépendant, le choix des cabinets ou des consultants sera fait sur
appel à manifestation d'intérêts comme c'est le cas
actuellement avec les audits .Il convient de préciser que dans le cadre
de l'enquête que nous avons réalisée aucune OSC
interrogée n'avait encore expérimenté le système
d'évaluation. Mais l'expérience des projets de construction des
salles de classe par le ministère de l'éducation de base
(MINEDUB) a amené le réseau `dynamique citoyenne' à se
constituer en observateur indépendant ; ceci démontre qu'il
y a des insuffisances à ce niveau.
Les diverses réformes ci dessus vont permettre une
appropriation facile des procédures par les OSC et donc augmenter leur
chance de bénéficier des financements sur ressources PPTE.
Cependant il faut rappeler qu'un important travail d'informations doit
être fait. Par ailleurs les conditions de conformité (existence
juridique, rapports d'activités, compte d'exploitation) doivent
être renforcées et strictes ce qui permettra de travailler avec
des organisations assez sérieuses.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre travail de recherche, on peut retenir que
la réduction de la pauvreté au Cameroun se fait à travers
l'approche projet. Cette approche suppose que l'on doit opérer des
choix entre différents projets. Il existe pour cela différentes
méthodes d'analyse et d'évaluation. Toutes ces méthodes
d'analyse ont pour point de départ l'étude de faisabilité.
En effet, c'est à partir de l'étude de faisabilité que
l'on peut donner une appréciation au projet afin de prendre une
décision. Cette appréciation peut se faire sur le plan financier
et sur le plan économique.
Sur le plan financier, il s'agit d'apporter une
appréciation du projet du point de vu individuel et/ou de l'entreprise
à travers des critères tels que la valeur actuel nette (V.A.N),
ou du taux de rentabilité interne (T.R.I). Seulement l'évaluation
financière ne semble pas satisfaisante sur le plan économique
(point de vue de la collectivité).
- Sur le plan économique, il s'agit de
démontrer les coûts et/ou avantages qu'un projet peut procurer
à la collectivité. L'analyse se fait à travers deux
méthodes : la méthode des effets et la méthode des
prix de références. Ces deux méthodes permettent certes
d'évaluer les projets du point de vue de la collectivité, mais
elles ne sont pas adéquates dans les projets visant la réduction
de la pauvreté, d'où l'émergence de la gestion du cycle de
projet. C'est cette méthode qui est utilisée par le comité
consultatif de suivi de la gestion des ressources PPTE (CCS/PPTE).
Le CCS/PPTE est chargé de donner son avis sur les
projets destinés à être financés par les ressources
issues de l'annulation de la dette. Pour ce faire, cet organe a
élaboré un manuel de procédures qui donne le canevas
à suivre lors du choix, du financement et du suivi des projets. Il
convient de préciser que ledit manuel s'inspire de la G.C.P. Mais
l'utilisation du manuel de procédure pose des problèmes aux OSC,
problèmes qui sont aussi ceux de sa méthode d'inspiration ;
notamment sa rigidité et les contraintes liées à
l'utilisation par le CCS/PPTE.
- La rigidité est due au fait que lorsque les `avant
projet d'exécution' sont conçus, les décisions de
subvention signées, il n'est plus possible de les modifier. Cette
pratique ne cadre pas toujours avec les interventions dans le
développement qui sont assez flexibles.
- Les contraintes sont dues au fait que, les
procédures administratives imposent des conditions
supplémentaires, inhérentes à la gestion des fonds
publics, aux OSC. A ces contraintes administratives, il convient d'ajouter les
contraintes techniques telles que la réalisation du diagnostic
participatif, qui n'est pas à la portée de plusieurs OSC.
De plus l'enquête que nous avons
réalisée, dans le but de voir quel était le degré
d'appropriation des procédures du CCS/PPTE par les OSC, a
révélé qu'elles ne se sont pas appropriées ces
procédures d'une part à cause du manque d'informations, et
d'autre part à cause de la rigidité et des contraintes
qu'imposent ces procédures. Toutes ces raisons nous permettent de dire
que les procédures du CCS/PPTE limitent l'accès des OSC au
financement sur les ressources issues de l'annulation de la dette. Il
conviendra donc d'apporter quelques réformes à la
méthodologie utilisée par le comité afin de faciliter
l'accès au financement à ces acteurs de la vie publique
Pour tout dire, au delà des contraintes
administratives observées au CCS/PPTE, il convient de louer l'aspect
pédagogique de cette initiative qui instaure la notion de savoir rendre
compte dans la gestion des ressources publiques. Le succès des OSC
à cette initiative permettra certainement d'envisager le financement
à long terme de ces acteurs par l'Etat, car leur rôle dans le
développement économique et social n'est plus à
démontrer.
BIBLIOGRAPHIE
A-OUVRAGES
1- Bridier M. et Michailof S. : Guide pratique
d'analyse des projets ; 3e édition Economica,
Paris, (1984)
2- Galesne A. : Choix des investissements par
l'entreprise ; CERIFA, Rennes, (1996)
3- Oyono D. (Sous la Direction) : Cameroun :
les chantiers de la gouvernance ; PNG, Imprimerie Saint Paul,
Yaoundé, (2004)
4- PRO OSC : journée annuelle de l'OSC
(JANOSC) ; 1e édition, CREDDA, Yaoundé,
(2004)
5- PRO OSC : Créer et administrer une OSC
au Cameroun ; CREDDA, Yaoundé, (2004)
6- Selvaggio K. : De la dette à
l'éradication de la pauvreté ; quel rôle pour les
cadres stratégiques de réduction de la
pauvreté ; CIDSE et Caritas Internationalis, Bruxelles,
(2001)
Documents divers
7- Castellanet C : Cycle des projets, cadre
logique et intervention de développement ;, collection
Traverse, n° 13, GRET Paris, (2003)
8- CCS/ PPTE : Secrétariat permanent
Bordereaux des projets reçu , 2006
9-CCS/ PPTE : cellule
Opérationnelle : Rapport d'évaluation du projet du secteur
développement rural, 2006
10-CCS/ PPTE : Manuel de procédure du CCS /
PPTE ; Yaoundé, (2003)
11-Commission Européenne, Europ aid :
Manuel de gestion du cycle de projet ; Bruxelles,
(2004)
13-Haut conseil de la coopération internationale
(HCCI) : Société civile du sud et cadres
stratégiques de lutte contre la pauvreté ; Paris,
(2005)
14-Neu D : Développement local et
décentralisation point de vue ; direction scientifique du
GRET, Paris, (2003)
15-Otayek R : Les sociétés civiles
du Sud, un état des lieux dans trois pays de la ZSP Cameroun, Ghana,
Maroc ; DGCID, MAE, Centre d'étude d'Afrique Noire,
Bordeaux, (2004)
16-Vauquelin j : Projet / programme de
développement ; CEFEB, AFD, Marseille, (2005)
17 South research ,ASBL : Cycle de gestion de
projets et cadre logique:guide introductif ;Ministère des
affaires étrangères du grand duché de Luxembourg, Leuven
(2001)
ANNEXES
* 1 J.Vauquelin : le
projet/Programme de développement ; Agence Française de
Développement ; Centre d'étude financières
Economiques et bancaires,. 2005, P 23.
* 2 Op cit , p 24
* 3 R. Otayek les
sociétés civiles du Sud : Un état des lieux dans
trois pays de la ZSP Cameroun, Ghana, Maroc ; Centre
d'étude d'Afrique Noire, Institut d'études politiques de
Bordeaux, MAE, p 75
* 4 op cit p 77 et 78
* 5 S Michailof et M
Bridier : Guide pratique d'analyse des projets,
3ème édition, Economica 1984 p 1
* 6 I Chvidchenko cité
par J Vauquelin : Projet/Programme de
développement ; Agence Française de
Développement, CE FE B, 2005 P5
* 7 D Neu :
Développement local et décentralisation point de vue ;
Direction scientifique du GRET, 2003, P1
* 8 A Galesne :
Choix des investissements par l'entreprise ; CERIFA, 1996, P45
* 9 Op cit p 46
* 10 M Bridier. et S.
Michailof : Guide pratique d'analyse de projets ;
3è;me édition ,Economica ,1984, p 82
* 11 12 J
Vauquelin : Le projet programme de développement ;
AFD, CEFEB, 2005, P5
* 13 Commission
Européenne Europ Aid : Manuel de gestion du cycle de
projet, 2001, P1
* 14 South Research,
ASBL : Guide méthodologique GCP guide introductif, 1999,
P1
* 15 Définition de
l'OCDE cité dans: le manuel de gestion du cycle de
proje.t ; 2001 P9
* 16 La première
édition du manuel de GCP fut édité en 1993
* 17 J Vauquelin : le
projet /programme de développement ; AFD et CE FE B,
2005, P 24
* 18 K Selvaggio : De
la dette à l'éradication de la pauvreté .Quel
rôle pour les cadres stratégiques de réduction de la
pauvreté ; CIDSE et Caritas Internationalis, 2001, p 14
* 19 Actuellement G 8
* 20 D Oyono, sous la
direction : Cameroun. : Les chantier de la gouvernance;
Programme National de Gouvernance, 2004, p 74
* 21 Voir décret
2000/960/PM du 1er Décembre 2000
* 22 Un atelier tenu à
Kribi en Juillet 2006 a changé cette disposition aujourd'hui un
collège d'expert doit viser l'APE avent que le MINEFI ne donne l'accord
du décaissement des fonds
* 23
CCS/PPTE : Manuel de procédure du CCS/PPTE ;
2003, P5
* 24 Op cit. P.10
* 25 Ici aussi cette
disposition tant à se modifier les OSC et les collectivités
peuvent désormais être financer directement simplement par
virement du payeur général du trésor dans un compte
courant ouvert à cet effet
* 26
CCS/PPTE : manuel de procédure ;
version Mai 2003, P14
* 27 HCCI : les
société civile du sud et cades stratégiques de lutte
contre la pauvreté ;, MAE ,2005, p1
* 28 I Tamba :la
société Civile des débats théoriques aux enjeux
sociopolitiques et Economiques ; c ;communication
cité dans journée annuelle de l'OSC, CREDDA, 2004, P7
* 29 Opcit P59.
* 30 HCCI:
Société Civile du Sud et cadre stratégique de lutte contre
la pauvreté.,MAE 2005, P.4
* 31 Extrait cité
dans journée annuelle de l'OSC ; CREDDA, 2004, P62
* 32 PRO OSC ;
créer et administrer une OSC au Cameroun, CREDDA, 2004
P17
* 33 : Op cit, P45
* 34 Expression utilisée
par Alain Didier Olinga ; lors de son exposé sur la
problématique des OSC. JANOSC. Juillet 2004
* 35 C
Castellanet : cycle des projets, cadre logique et
efficacité des interventions de
développement ; Traverse N°13 GRET 2003 P13
* 36 Depuis juillet cette
procédure tant à se modifier pour faire des APE pluriannuel avec
des revus de projet par année
* 37 Op cit P.22
* 38 Extrait du rapport
d'évaluation des projets du secteur social
* 39 Extrait du rapport
d'évaluation des projets du secteur social
* 40 C
Castellanet : cycle des projets, cadre logique et
efficacité des interventions de développement ;Traverse
n°13 GRET ,Paris, 2003,
* 41 cette précision
est donnée par K Selvaggio dans l'ouvrage ci dessous cité
* 42 K- Selvaggio : De
la dette à la réduction de la pauvreté :
quel rôle pour les cadres stratégiques de réduction de
la pauvreté ; Caritas Internationalis P21
* 43 HCCI :
Sociétés civiles du Sud et Cadres Stratégiques de
lutte contre la Pauvreté ; Avis du premier Ministre
Français J P Raffarin approuvés lors de l'assemblée
plénière du 30 Juin 2005
* 44 La préface du
manuel de procédure du CCS/PPTE précise que c'est pour
éviter les erreurs du passé (corruption et détournement
des deniers publics)
* 45 Ces chiffres sont extraits
du bordereau des projets reçus au secrétariat permanent du
CCS/PPTE
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