RESUME
La communauté mondiale actuelle semble courir à
son occidentalisation. Ce phénomène entraîne chez les plus
faibles des risques d'aliénation et de dépersonnalisation. Pour
certains peuples, ce ne sont plus seulement des risques. Plusieurs jeunes
Africains face à la télématique, se trouvent
complexés et même aliénés quant à leurs
cultures qu'ils qualifient souvent de rétrogrades. La mondialisation
telle qu'elle se présente aujourd'hui se caractérise par une
volonté de puissance du Nord sur le Sud, des plus riches sur les plus
pauvres. Eu égard aux inégalités que favorise la
mondialisation, il apparaît urgent de la contrôler. Comment
l'Africain pourrait-il entrer dans la mondialisation sans perdre son
identité propre ? Quelle contribution pourrait-il apporter à
l'édification de la Civilisation de l'Universel ?
La Civilisation de l'Universel telle que
présentée par Teilhard de Chardin semble salutaire pour les plus
faibles parce qu'elle exige la complémentarité des civilisations
pour une unité dans la diversité. Une recherche dans ce domaine
permet de comprendre l'essence de la mondialisation pour combattre le
néolibéralisme et le néocolonialisme et appeler à
une revalorisation des cultures traditionnelles africaines qui peuvent aider
l'Afrique à préserver sa spécificité dans le
dialogue des civilisations. Cette recherche se fonde sur deux auteurs qui nous
invitent à considérer dans une dimension morale et politique
l'interaction des civilisations. Il s'agit de Teilhard de Chardin et Senghor.
Pierre Teilhard de Chardin semble indiquer la voie à
suivre. La Civilisation de l'Universel dont il est le pionnier pose les
principes de la mondialisation sur le plan culturel. Ainsi, l'idéal
consiste à totaliser sans dépersonnaliser, s'unir dans la
diversité, accepter les différences et les identités
propres inhérentes aux différentes composantes de
l'humanité tout en s'ouvrant aux autres sans se dissoudre dans
l'Universel. Léopold Sédar Senghor adopte les
idées du philosophe et Jésuite Français pour situer le
rôle de l'Afrique dans la Civilisation de l'Universel. Le nègre,
par sa vision communautaire du monde pourra apporter ses valeurs
traditionnelles et culturelles telles la solidarité,
l'hospitalité et le sens de la communauté, au rendez-vous du
donner et du recevoir. Pourtant, l'humanisme senghorien sera marqué
d'ethnocentrisme et va sombrer dans une idéologie revendicatrice de la
reconnaissance du noir, de la glorification d'un passé de toute une
race, sans prendre en compte les problèmes politiques de l'Afrique.
Croire en l'Africanité c'est croire qu'il existe un certain nombre de
valeurs spécifiquement africaines, communes à toute l'Afrique.
Ces valeurs sont exprimées dans un style typiquement africain. Ce style,
ni l'évangélisation, ni la colonisation n'ont pu le faire
disparaître. Il s'exprime non pas seulement dans une vision du monde
quelconque, mais aussi dans l'expression même de la culture
africaine : l'art et l'artisanat africains. La pensée de Senghor
doit se mouvoir en praxis, en quelque chose de plus pratique qui fait la
spécificité même de l'Afrique et qui peut l'aider à
atteindre l'industrialisation pour qu'elle cesse de jouer seulement les griots
au rendez-vous du donner et du recevoir. Il s'agit de voir comment la technique
locale peut participer à l'Universel. L'art africain a une place et un
rôle important dans les échanges internationaux et il peut aussi
contribuer à l'industrialisation de l'Afrique. La Civilisation de
l'Universel est une civilisation carrefour : c'est une convergence
panhumaine vers le point Oméga, un rendez-vous du donner et du recevoir.
Ainsi, aucune civilisation ne peut prétendre se constituer en
modèle pour les autres. Aucune civilisation ne peut s'ériger en
civilisation universelle. Toutes les civilisations doivent construire la
Civilisation de l'Universel qui revêt alors un caractère
transcendant au-dessus de toutes les civilisations pour devenir universelle.
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