C - LA DYNAMISATION DES COMMUNAUTES ECONOMIQUES
L'Afrique compte à ce jour cinq sous-ensembles
régionaux. Visant tous l'intégration du continent africain, ils
constituent un véritable acquis pour l'Union Africaine. En dépit
des nombreux problèmes liés à la réalisation de
leurs objectifs de création d'espaces économiques
homogènes ou encore de développement sous régional, ils
peuvent contribuer efficacement à la réalisation d'une union
durable du continent. A la seule condition qu'ils soient dynamisés par
la libéralisation des échanges au niveau de chacun d'eux, mais
aussi par la mise en place de projets communs de production et
d'infrastructures.
1 - La libéralisation des
échanges
La libéralisation des échanges est une
condition nécessaire à la construction d'une Afrique unie et
forte.
JEAN DE GAULE, conseiller pour les affaires africaines, du
président français, JACQUES CHIRAC, confiait au mensuel Africa
International que « sur le plan strictement économique, ce
qui fait défaut au continent africain, c'est le cloisonnement des
marchés ».
Chaque Etat vit dans une certaine autarcie et a du mal
à s'ouvrir à ses voisins, encore moins aux Etats de sa sous
région. Cette politique de protectionnisme, digne d'un autre âge
dans cette ère de globalisation des échanges, a pour
conséquence de laisser indifférents les investisseurs qui sont
plutôt à la recherche de marchés qui leur offrent des
facilités d'écoulement de leurs productions.
Il faut donc impérativement opter au sein des
ensembles sous régionaux pour une libéralisation des
échanges afin de constituer des marchés assez vastes pour les
investisseurs et aboutir à la longue à un marché
continental.
Cette libéralisation, pour réussir, doit
être voulue par les gouvernants africains qui veilleront à
l'élimination entre les Etats membres de la même communauté
économique, des droits de douane à l'importation et à
l'exportation des marchandises. Les Etats membres doivent également
veiller à l'abolition des barrières non tarifaires en vue de la
création d'une zone de libre échange au niveau de chaque
communauté économique régionale.
Ces différentes mesures qui visent la
libéralisation des échanges entre Etats membres d'une même
communauté, pourront ensuite être étendues aux
communautés entre elles.
Elles doivent procéder par l'élaboration
d'études pour fixer un calendrier d'exécution des
différentes mesures arrêtées. Ces actions pour être
plus efficaces doivent s'accompagner du renforcement du cadre institutionnel
des communautés économiques. Celles ci devront mettre en place
des textes qui régiront plus clairement les modalités pour
parvenir à la libéralisation des échanges.
2 - La réalisation de projets communs de
production et
d'infrastructures
La création d'infrastructures communes aux Etats du
continent et la mise en place de projets communs de production, à n'en
point douter, peut contribuer à susciter au niveau des Etats et de leurs
peuples, le sentiment d'appartenir à une même
communauté.
Du fait de posséder quelque chose en commun, on se
sent plus proches, car liés par le même destin, le même
sort.
Cette option pourrait consolider davantage l'union et la
solidarité entre les peuples d'Afrique. A ce sujet, l'exemple de
l'Afrique australe citée dans le rapport annuel 1998, de la BAD est
édifiant et plein d'enseignements en matière
d'intégration.
Reconnaissant que les transports et les communications par
route sont indispensables pour lever les obstacles opérationnels et
faciliter la circulation des biens et des personnes, les membres de la
communauté de développement de l'Afrique australe ( SADC ) ont
créé des corridors de développement. Des routes qui
relient les Etats de la sous région.
Une autre initiative a consisté à mettre en
commun les installations électriques du Mozambique, du Swaziland et de
l'Afrique du sud pour alimenter en électricité l'usine
d'aluminium Mozal au Mozambique.
En outre, cinq Etats membres de la SADC, l'Afrique du sud,
l'Ile Maurice, le Lesotho, le Malawi et la Zambie ont créé des
fonds pour les routes.
Bien que réalisées souvent au niveau de
quelques Etats seulement, ces initiatives, peuvent donner un élan
positif à la réalisation d'une union durable et solide de
l'Afrique si elles se multiplient à travers le continent.
Les Etats africains doivent quitter le champ des projets
jamais mis en oeuvre et des décisions jamais appliquées pour
passer aux actes concrets. Les projets communs de production et
d'infrastructures doivent se multiplier à travers l'Afrique pour en
faire un chantier où se construisent des symboles forts d'entente, de
solidarité et d'union.
L'Afrique doit bâtir un patrimoine africain, des
réalisations qui appartiennent à la communauté africaine,
à l'ensemble des fils et filles du continent, comme les deux tours
jumelles du World Trade Center le sont pour les USA.
Cet idéal doit commencer d'abord dans les
communautés sous régionales et s'étendre par la suite
à l'ensemble du continent.
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