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Les enjeux de l'Union Africaine (U.A.)

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par Adingra Prince-Florent MENZAN
ENA COTE D'IVOIRE (Abidjan) - Brevet section Diplomatie 2001
  

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CHAPITRE II : LES OBSTACLES A L'UNION DU CONTINENT

Les pères fondateurs de l'O.U.A ont toujours rêvé d'unir les Etats du continent africain. Les portes flambeaux de l'unité du continent eurent certainement raison de songer à un tel idéal. Mais avant, il aurait fallu que soient parfaitement maîtrisés les obstacles qui se posent à la réalisation de l'union des Etats africains. Dans un contexte où l'indépendance politique est désormais un acquis, quels peuvent être les obstacles à surmonter par l'union africaine pour bâtir une unité durable du continent ?

A . LE MANQUE DE VOLONTE POLITIQUE ET LE REFUS

D'ABANDON DES SOUVERAINETES

1- Le manque de volonté politique

Les résultats mitigés, voire décevants dans le domaine de l'union du continent africain, sont la conséquence d'une absence réelle de volonté politique.

Plusieurs fois, les sommets de l'Organisation de l'Unité Africaine ont accouché de très bonnes intentions qui malheureusement n'ont eu ne serait ce qu'un début d'exécution. L'exemple récent des résolutions prises dans le cadre de la communauté économique africaine ( CEA )et qui ont du mal à être respectées et mises en oeuvre par les Etats membres, marque bien cette réalité.

Ainsi donc, beaucoup d'élans ont été freinés parce qu'ils n'ont pas été soutenus jusqu'à leur aboutissement par les décideurs africains que sont les chefs d'Etat et de gouvernement.

A peine les sommets achevés que s'estompe brusquement la prise de conscience subite et euphorique qui a sous-tendu ses décisions et résolutions.

A ce propos, KAMANDA WA KAMANDA, ex directeur adjoint de cabinet de Diallo TELLI, puis secrétaire général adjoint de l'O.U.A, confiait au journal « L'Autre Afrique », ceci : « lorsque les chefs d'Etats sont ensemble, il y a une certaine prise de conscience qui revient à la surface, accompagnée d'une certaine euphorie. Très facilement, ils identifient clairement les problèmes et les objectifs. Mais ils ne précisent pas toujours comment il faut réaliser ce qu'ils veulent. Ensuite, ils se séparent et puis tout le monde oublie. Comme s'ils se livraient à un rituel sacramentel auquel personne ne peut déroger. »

Il y a donc un problème de volonté politique. Une volonté de construire ensemble l'unité du continent. Et cette attitude des chefs d'Etats africains marque à n'en point douter, le déficit de volonté politique. Car il y a effectivement un fossé entre une décision prise et la volonté de l'appliquer aux fins de la faire aboutir.

Les systèmes de gouvernements en Afrique fonctionnent de telle façon que seul le chef de l'Etat, détenteur de l'exclusivité du pouvoir, peut imprimer une marque réelle à une action, en décidant d'y engager et d'y associer les populations.

Mais malheureusement très peu se sont jusque là engagés de façon individuelle à créer les conditions favorables à l'union du continent. En Libye, pays de l'initiateur du projet, pendant que le projet d'union du continent était déjà lancé, l'expulsion des étrangers noirs, dans le courant du mois d'octobre 2000, sans que les autorités libyennes ne les en empêchent, marque clairement le fossé qui existe entre les objectifs voulus et la préparation du cadre de leur réalisation.

Alors que KADHAFFI prône l'unité du continent, il aurait fallu qu'il se garantisse que des mesures concrètes et réelles sont prises en Libye pour accompagner sa réalisation effective.

Au-delà donc des déclarations retentissantes des chefs d'Etats, rien n'est entrepris pour asseoir déjà au niveau de chaque Etat une politique propice à l'unité du continent. Et cela complique davantage sa réalisation, posant ainsi le manque de volonté politique comme un obstacle sérieux à l'Union Africaine. Cette réticence observée chez les gouvernants africains est peut être le fait de la crainte de perdre certains aspects de leur souveraineté.

2 - Le refus d'abandon des souverainetés

L'on a encore à l'esprit que c'est la tergiversation entre l'abandon de souveraineté pour se fondre dans un grand ensemble ; les Etats unis d'Afrique et l'option de coopération au sein d'une organisation panafricaine qui a engendré dès le départ, les débats sur la forme que devrait prendre l'union du continent.

Pourtant après un consensus, il a été adopté que l'unité de l'Afrique soit graduelle. Chaque Etat conservant le droit de jouir pleinement de sa souveraineté nouvellement acquise au prix de grandes luttes pour la plupart.

Aujourd'hui, alors que l'union des peuples et des Etats africains est à nouveau à l'ordre du jour, le débat resurgit.

Peut-on réaliser à l'instar des USA ou encore de l'U.E l'unité du continent sans que les Etats africains ne consentent à concéder partie ou même totalité de leur souveraineté, dans des domaines spécifiques, tels la défense, les télécommunications, la lutte contre les grandes pandémies, la diplomatie ou encore certains aspects du pouvoir politique ? Voici la grande interrogation qui pose le problème de la souveraineté comme obstacle à la réalisation de l'unité du continent.

Les gouvernants africains ont un dilemme certain entre concéder ou ne pas concéder des aspects de la souveraineté de leurs Etats, pour abandonner des aspects de leur pouvoir à un exécutif supranational suscité par une union des Etats africains.

Pendant trois décennies les Etats africains se sont consolidés et leurs élites veulent s'affirmer comme dirigeants politiques. Il est donc aujourd'hui plus difficile dans ces conditions de convaincre les dirigeants d'Etats africains, ayant pour la plupart accédé à la tête de leurs Etats, bien après l'indépendance et la création de l'O.U.A, de se défaire d'une partie de leurs pouvoirs et se fondre dans l'union du continent.

Certaines voix, telles celle du président Omar BONGO, du Gabon, se sont élevées pour dire tout haut et de façon claire ce que pensent certainement beaucoup de chefs d'Etats : « le Gabon ne concédera aucun aspect de sa souveraineté ».

Loin d'être une déclaration bénigne, ces propos du chef d'Etat gabonais, laissent clairement entrevoir l'obstacle que le refus d'abandon des souverainetés constitue pour la construction d'une Afrique unie qui parle d'une seule et même voix.

En effet, si chaque Etat jaloux de son indépendance et de sa souveraineté entend n'en concéder aucun pan à un exécutif, ou ne serait-ce qu'à un organe qui agirait pour lui et en son nom dans des domaines spécifiques, il est évident que le projet d'union du continent demeurera une chimère utopique.

Ce faisant, les gouvernants ont surtout peur qu'un organe au nom de sa contenance supranationale ne vienne leur dicter, et cela contre leur gré, des dispositions ou décisions dites émanantes d'une majorité.

Cette attitude protectionniste, a de tout temps constitué une plaie pour les actions visant l'unité de l'Afrique. Elle a même sans aucun doute participé de façon notable à rendre inefficace la défunte O.U.A dans certains domaines.

Les différentes déclarations sorties des nombreux sommets de l'O.U.A n'ont pour la plupart pas produit les effets escomptés. Elles sont restées en majorité à l'étape de simples déclarations. Car ni le secrétariat général, ni aucun autre organe ne pouvait en assurer l'exécution. Bien entendu, dans une atmosphère où aucun Etat n'entend se subordonner au nom de sa souveraineté, il ne peut en être autrement.

Le refus d'abandon de tout ou partie de leur souveraineté observé par les Etats africains jusque là, demeure un obstacle majeur à la réalisation de l'union du continent. Il en est de même pour l'existence sur le continent d'une multiplicité des monnaies et une diversité de cultures.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld