INTRODUCTION GENERALE
Selon le rapport du ministère du plan et de
l'industrie(1980), la forêt dense ivoirienne couvrait au début du
siècle une superficie de 16 millions d'hectares qui en 1966 est
passée à 9 millions d'hectares. Ce qui correspondait à un
taux de boisement de 55.3%.En 1980, cette superficie est réduite
à environ 3,6 millions d'hectares et le taux de boisement n'est plus que
de 23%. Dans certaines régions forestières (Sud-est ; Nord
-est et centre Nord), le taux de boisement (surface de forets sur superficie du
pays)est descendu en dessous du seuil critique de 20%.
La réduction du potentiel forestier ne peut être
attribuée au seul facteur qu'est l'exportation du bois d'oeuvre. L'effet
combiné de l'extraction du bois d'oeuvre, des défrichements
agricoles et de la fabrication de combustibles ligneux coûtait à
la forêt ivoirienne un déboisement d'environ 290.000 hectares par
an avant 1990.
Selon Bertrand (1989), le phénomène de
déforestation en Cote D'Ivoire avec un
rythme de 7% par an (soit 10 fois le niveau moyen de
déboisement dans les PVD en général, Gillis et al(1983) )
était le plus préoccupant d'Afrique en 1990.
Face à cette dégradation rapide et non
contrôlée des ressources forestières nationales, les
autorités publiques prennent leurs responsabilités en promulguant
des mesures restrictives dans le but de freiner cette situation. On note les
multiples sensibilisations sur le caractère classé d'une
forêt ; la promotion du reboisement ; le recrutement d'agents
chargés de la protection des parcs et des réserves et
l'augmentation des taxes à l'exportation de certaines essences de bois
etc.... .
Aujourd'hui après toutes ces mesures, la superficie
forestière est estimée à environ 2,5 millions
d'hectares.
Deux réponses peuvent être
suggérées à un tel constat :
La trop forte dépendance de l'économie du pays
aux cultures du café et du cacao, qui pourtant sont des cultures
pérennes qui occupent beaucoup d'espace et qui sont la cause de
nombreux défrichements.
Mais la cause qui pour nous semble la mieux explicative, c'est
la forte contribution du secteur de l'exploitation forestière à
l'économie du pays. L'exploitation forestière représente
la troisième source de revenu du pays après le binôme
café-cacao. L'industrie forestière après une nette
régression au cours des années 1970, s'est maintenue à un
niveau de 9% des recettes d'exploitation 4,5%du PIB et un chiffre d'affaire
d'environ 100 milliards de Fcfa. Elle offre plus de 40.000 emplois (Button
1989).
Les parts du bois de chauffe et du charbon de bois sont loin
d'être négligeables dans cette industrie. Ils représentent
un marché de 28 milliards de Fcfa par an pour le charbon et de 15
milliards de Fcfa par an pour le bois de chauffe. (DCGTX 1990), ce qui
d'ailleurs constitue une véritable source de revenu pour les
ménages.
Dans un tel contexte, la nécessité de
mesures plus strictes dans le secteur se fait sentir et l'une des
résolutions la plus adaptée est de réduire
considérablement la partie de la consommation de bois la plus
flexible : la consommation du bois et du charbon de bois par les
ménages.
De plus, la découverte des gisements PANTHERE par le
groupe UMIC en 1993 et LION(gaz associé au pétrole), conforte les
autorités publiques dans leur choix.
Une politique énergétique qualifiée de
butanisation est donc lancée dans les années 1990 et des mesures
sont dès lors prises à cet effet :
-Exclusivité toujours accordée à la SIR
en ce qui concerne la production, l'importation et le prélèvement
au niveau des plates-formes ivoiriennes du gaz butane. Cette mesure est prise
dans le but d'éviter l'inflation incontrôlée dans le
secteur.
-Subvention du gaz butane à usage domestique
(240fcfa /Kg au lieu de 280fcfa/Kg) pour en favoriser davantage
l'accès aux populations cibles.
-Accroissement des capacités de stockage(gestoci :
2 bacs de 2000 tonnes pour le gaz)et mise sur pied de petroci gaz en 1997 dont
l'objectif est d'assurer une bonne partie de la distribution du gaz butane.
Le résultat est important. La consommation de gaz
butane des ménages passe de 18674 tonnes en 1995 à 31472 tonnes
en 1996 pour aboutir en 2000 à 50.000 tonnes. Aujourd'hui en 2004 elle
est estimée à 70.000 tonnes ;avec environ 33% provenant
d'importation. Parallèlement 40.000 réchauds ont
été vendus. Les acteurs de la filière se multiplient et la
capacité de stockage prend de la valeur. La distribution est l'une des
meilleurs de la sous région et le pays est le principal fournisseur de
plusieurs pays de la sous région. (Burkina-Faso;Mali ;
Niger;Guinée....)
Cependant, une analyse plus poussée de la situation
laisse transparaître certaines insuffisances. Les combustibles ligneux
demeurent jusque là encore le combustible principal des ménages
ivoiriens : 70 à 80% de la consommation totale d'énergie des
ménages relèvent encore de combustibles ligneux. (Rapport UNCCD
2002).
De plus, la consommation reste concentrée en milieu
urbain et péri-urbain. La seule ville d'Abidjan concentre à elle
seule 75% de la consommation globale de gaz butane. Les populations en milieu
rural elles utilisent exclusivement en général, le bois comme
combustible. Le gaz butane fait donc l'objet d'une dualité dans sa
consommation ce qui est de nature à remettre en cause la politique de
vulgarisation.
Aussi depuis certaines années (notamment1998 selon
notre appréciation), un manque de plus en plus récurent de gaz
butane sur le marché est décrié par les ménages
ivoiriens. Les autorités publiques apportent comme justificatif à
cette situation qui pourrait être qualifiée de crise
énergétique, l'absence de l'interchangeabilité des
bouteilles de gaz à l'effigie des différentes entreprises
distributrices (TOTAL ; ORYX ; PETROCI-GAZ ; MOBIL....). Ainsi
un ménage qui dispose d'une bouteille à l'effigie d'une
société ne pourrait pas s'approvisionner en gaz dès que
seules les bouteilles à l'effigie des autres sociétés sont
disponibles. L'éviction de telles situations oblige fort bien souvent le
ménage à détenir au moins une bouteille de chacune des
sociétés distributrices. Cet état de fait est de nature
à augmenter le coût d'accès au gaz et suscite une
reconversion des ménages vers les combustibles substituts (bois ;
Charbon de bois) L'objectif principal de la politique de butanisation se trouve
ainsi controversé.
Cette controverse avait été
présumée par LIBASSE BA (1993), pour qui l'échec de la
politique énergétique des pays africains réside en ce
qu'elles se soient exclusivement préoccupées de l'offre, et ont
ainsi pendant des années négligé l'avantage que pouvait
apporter la maîtrise des caractéristiques de la demande des
ménages, surtout dans le contexte de dualité qui régie la
consommation domestique de combustibles des ménages en Afrique.
Il se pose donc un réel problème de politique
énergétique et l'échec de la politique par l'offre, semble
désormais attirer l'attention des autorités publiques sur
l'utilisation d'une politique par la demande.
Cependant la mise en place d'une telle politique reste
conditionnée par la réponse à plusieurs
interrogations :
-Qu'est-ce qui explique la demande de gaz butane des
ménages africains et ivoiriens en particulier ?
-A quelle demande les autorités publiques font elles
face ?
-L'analyse des déterminants de cette demande peut-elles
apporter une explication à l'échec de la politique de
butanisation ?
La réponse à ces questions, insinue une
estimation de la demande de gaz butane des ménages qui passe
nécessairement par une analyse des déterminants de celle ci.
La littérature économique dans le domaine de la
demande énergétique des ménages fait montre de nombreuses
publications même si elles sont difficilement accessibles. Mais
très peu de ces travaux se sont confrontés aux
réalités africaines, et il paraît peu vraisemblable que les
résultats soient transposables au cas de l'Afrique subsaharienne en
Général et de la Cote D'Ivoire en particulier. L'analyse des
déterminants de la demande énergétique devient donc
pertinente pour une meilleure gestion de son allocation.
Cette recherche se propose donc, de cerner de plus
près, les déterminants de la demande de gaz butane des
ménages ivoiriens.
Objectifs et Hypothèses de Recherche
Objectif Général
Cette recherche se propose en tant qu'objectif principal
d'identifier et de quantifier la nature de la relation entre la demande de gaz
butane des ménages ivoiriens et ses principaux déterminants.
Objectifs Spécifiques
De manière spécifique, il s'agira dans un
premier temps pour nous :
-D'identifier les déterminants de la demande de gaz
butane des ménages en Cote
D'Ivoire.
-De quantifier à travers le calcul des
différentes élasticités l'impact exercé par chacune
des variables sur la demande de gaz butane des ménages.
-Identifier la nature économique du bien gaz
butane : est-il un bien de luxe, un bien inférieur ou un bien
normal ?
Hypothèses de Recherche
Notre travail est soutenu par quatre
hypothèses :
-Face à des ressources en gaz butane limitées,
toute augmentation de la demande de gaz butane va entraîner une hausse de
son prix.
-Toute augmentation du prix des combustibles substituts va
entraîner une hausse de la demande de gaz butane.
-Toute augmentation du prix du gaz butane va entraîner
une réduction de la demande des combustibles complémentaires au
gaz butane.et une augmentation de la demande des combustibles substituts.
Revue de Littérature
La théorie économique a beaucoup
été sollicitée par les acteurs du secteur de
l'énergie, mais en retour, les débats énergétiques
ont permis aux théoriciens de l'économie d'alimenter certaines
réflexions. C'est que le secteur de l'énergie fait appel à
des ressources épuisables (les ¾ de l'énergie
consommée dans le monde appartiennent aux ressources dites
épuisables.) ; qu'il est très capitalistique et souvent
organisé autour de monopoles intégrés, privés ou
publiques, pour ce qui est de la distribution de certains fluides (gaz,
électricité).
C'est en outre une activité génératrice
de fortes externalités. Ces débats ne sont pas nouveaux : On se
souvient de la « question charbonnière »
soulevée par S.Jevons(1865) ou de la tarification des monopoles
énergétiques abordée par J.Dupuit(1844).
Il est donc intéressant de voir comment les relations
entre énergie et théorie économique ont
évolué au cours de ces dernières années et quels
sont les thèmes qui, aujourd'hui, sont au centre des
préoccupations des économistes de l'énergie.
Dans cette partie de notre travail, nous nous consacrerons
dans un premier temps à apprécier l'évolution de la
relation entre énergie et théorie économique. Puis dans un
second temps, aux différents travaux et études effectuées
dans le cadre de la demande énergétique des ménages en
général.
Au début des années 1950, le problème
principal auquel était confronté l'Etat en matière
énergétique, restait celui de la pénurie. Il fallait avant
tout, programmer des investissements en s'appuyant sur une planification de
long terme et l'instrument principal de cette planification était
l'existence d'un vaste secteur public en situation de monopole.
Dans les années 1980-1990,la préoccupation
majeure dans le secteur énergétique était devenue celle de
la compétitivité internationale et l'irruption des
mécanismes du marché dans une industrie jusque-là
vouée à la planification va alors modifier fondamentalement le
rôle de la régulation publique. Plusieurs questions vont tout au
long de la période, préoccupées les économistes.
Celles de la relation entre le capital et l'énergie ; l'organisation
optimale d'une industrie énergétique ; la question de la
formation des prix de l'énergie .
Une célèbre controverse théorique a
opposé à la fin des années70, Berndt et Wood(1975),d'un
coté, Gregory et Griffin(1976) de l'autre sur la relation
capital-énergie.
Pour les premiers, le capital et l'énergie sont avant
tout complémentaires(l'énergie est toujours consommée
à travers un équipement). Pour les autres, ils sont largement
substituts(on peut économiser de l'énergie en faisant des
investissements supplémentaires).
Cette controverse a été alimenté par de
multiples « vérifications empiriques », utilisant
pour la plupart des fonctions de production translog (cf. .Diewert
1974,Christensen et al 1975).
Une tentative de réconciliation a été
proposée par Berndt et Wood en 1979 : l'énergie et le
capital sont des substituts bruts au sens « technique » du
terme, mais demeurent des compléments nets au sens économique du
terme
Les controverses sur les relations qui existent au sein de la
fonction de production : KLEM se sont largement atténuées
avec la diminution du nombre de travaux prospectifs sur l'évolution de
la demande et de l'offre d'énergie.
Par contre, les débats sur l'organisation optimale du
secteur énergie et sur la formation des prix de l'énergie n'ont
en revanche rien perdu de leur intensité.
Dans les pays développés, la distribution et le
transport de certains produits énergétiques comme le gaz et
l'électricité, sont conférés à des
industries de réseau. Ce réseau a souvent le caractère
d'un monopole naturel, car sa duplication aurait un coût exorbitant et
l'existence de rendements d'échelle croissants justifient la
présence d'une seule entreprise. Ces réseaux sont souvent
concessionnaires de missions de service public et ce fait impose dès
lors la présence d'un régulateur. Il aurait pour rôle
d'accorder des droits exclusifs au concessionnaire, protéger l'usager
contre les abus de position dominante et de sauvegarder l'intérêt
collectif. Ce qui a conduit en France à la nationalisation de EDF et GDF
en 1946.Cependant,la théorie des coûts de transaction et celle des
marchés contestables ont fortement remis en question la
régulation.
Pour Coase (1937), la firme est un mode d'organisation de
l'activité économique qui permet d'économiser des
coûts de marché. Williamson (1975),(1988) a prolongé cette
thèse et, dans le cadre du courant néo-institutionnaliste il a
montré que selon la spécificité de l'actif, la firme a
intérêt soit à internaliser ou à externaliser ses
transactions. Ainsi il existe une taille optimale de la firme (coût
d'organisation interne égalise le coût du marché) et
l'existence d'une fonction de coût sous-additive seulement ne justifie
pas l'intégration verticale. Cette intégration verticale est
toutefois discutable, dès lors que la spécificité de
l'actif décroît selon Riordan et Williamson (1985) et
l'organisation de l'industrie doit s'orienter vers des structures plus
concurrentielles. Ce qui fut le cas de l'industrie gazière et de
l'électricité en Europe avec l'évolution technologique.
C'est sur cette thèse que s'appuie aujourd'hui
l'école libérale pour justifier l'ouverture à la
concurrence de certaines activités de réseau et par voie de
conséquence, la remise en cause du régulateur.
La théorie des marchés contestables vient
conforter la précédente dans la nécessité de
réintroduire plus de compétition dans les industries de
réseau. Cette théorie est apparue à la fin des
années 1970 et est due à trois auteurs : W.Baumol, J.Panzar
et R.Willig en 1982.
Selon cette théorie, la menace crédible
d'entrée sur un marché qui ne serait pas nécessairement
concurrentiel, doit suffire à discipliner les entreprises en place,
quand bien même elles fonctionneraient en situation d'oligopole, voire de
monopole. Le rôle de l'Etat ne serait donc que de veiller à ce
qu'il n'y ait pas d'obstacles juridiques à l'entrée et non le
maintient d'un régulateur.
Une autre question a alimenté les débats
économiques : la tarification optimale de l'énergie.
Le débat n'est pas nouveau et s'est posé dans
les années 1930 aux Etats-Unis, à une période où
les réserves de pétrole brut semblaient s'épuiser
rapidement.
Hotelling(1931), avait alors apporté une réponse
à la question de savoir, comment doit évoluer en longue
période, le prix de marché d'une ressource épuisable. Pour
lui, le prix de marché de la ressource extraite doit tenir compte non
seulement du coût marginal d'extraction, mais aussi du coût
d'option que constitue cette valeur en terre sacrifiée. Il en
déduit dès lors le sentier optimal d'évolution d'une
ressource épuisable, selon la structure du marché.
En situation de concurrence pure et parfaite, le prix net(des
coûts d'extraction) doit croître suivant le taux d'actualisation.
Par contre en situation de monopole, c'est la recette marginale des coûts
de transaction qui doit croître au rythme du taux d'actualisation. Le
prix d'équilibre diffère du prix de concurrence par la prise en
compte d'une rente de monopole qui est positive, dès lors que
l'élasticité prix de la demande est en valeur absolue
supérieur à 1.
Certains auteurs tel que
M.Aldenman(1980et1986),considèrent que l'approche en terme de ressources
épuisables n'est pas pertinente et qu'en conséquence le prix du
pétrole est tendanciellement aligné sur son coût marginal
en développement.
D'autres auteurs, en mettant l'accent sur l'innovation
technologique, montrent la pertinence de l'adoption d'une vision autre que
normative.
W.Nordhaus(1973), introduit le concept de
« backstrop technology »qui englobe le processus de
production capable de fournir à un coût élevé un
bien substitut parfait inépuisable (énergie solaire,
nucléaire).
La demande d'énergie a fait l'objet de plusieurs
études économiques. Elle revêt un caractère
important dès lors que l'on se rend compte que les principales sources
d'énergie potentielles sont tarissables, et de la
nécessité d'appréhender de façon minutieuse la
demande.
La première difficulté a été la
détermination d'une unité de mesure de la consommation
d'énergie, les sources et l'utilisation étant différentes.
Deux unités de mesure sont jusque là utilisées : le
TEP et le BTU.
Le TEP se défini comme le « tonne
d'équivalent pétrole ». C'est une unité de
mesure qui permet la conversion de toute forme d'énergie en tonne de
pétrole.
Le BTU qui est le « British Terminal
Unit » est la quantité de chaleur nécessaire pour
augmenter la température d'une livre d'eau (0.545Kg) d'un degré
fahrenheit.
Ces deux unités de mesure permettent la conversion de
toutes formes d'énergie et facilitent dès lors, l'estimation de
l'énergie consommée.
Tous les économistes s'accordent à penser que la
meilleure mesure de l'évolution de l'efficacité
énergétique d'une économie, est le ratio
d'intensité énergétique défini par le rapport
de la consommation d'énergie primaire sur le PIB
mesuré à prix constants.
Les premières estimations effectives des fonctions de
demande d'énergie des ménages, remontent aux années 1970.
Les articles fondateurs de cette littérature, sont ceux de Houthaker et
Taylor(1970) et de Houthaker et Kennedy(1979). Les données
utilisées sont en général, des séries
chronologiques et les méthodes économétriques consistent
le plus souvent, à l'utilisation des moindres carrés ordinaires
(MCO). D'autres études telles que celles de Kasanen et
al(1989), et de Vaage(2000) utilise des données en coupe transversales
et une approche à choix discret pour analyser la demande
résidentielle d'énergie et l'énergie de chauffage.
Il est admis en France, d'après les travaux de Vallet
(1974), se basant sur le modèle de Houthaker et Taylor, que
l'élasticité revenu de long terme est positive et
supérieur à 1, mais que l'élasticité prix de la
demande n'est pas significativement différente de 0.
Azzam et Hawdon (2000), étudient la demande
d'énergie en Jordanie, en se basant sur l'analyse des dynamiques
moindres carrés ordinaires (DOLS), selon l'approche de
Stock-Watson. Ils montrent que l'élasticité
Revenu de la demande totale d'énergie est très proche de
l'unité, impliquant que la croissance économique est probablement
accompagnée par une croissance proportionnelle de la demande
d'énergie. Leur approche est très originale car elle évite
des problèmes que soulève un modèle à correction
d'erreur simple.
Un consensus semble se dégager entre les
économistes, en ce qui concerne les variables qui doivent entrer comme
explicatives de la demande d'énergie des ménages :
Le prix réel, Pernille H et F.Joutz(2000) ou le prix
relatif, Vallet(1974) ; le revenu et plus souvent les valeurs
retardées de la variable explicative, pour prendre en compte les effets
de long terme.
Il faut remarquer que ces études, n'ont concerné
que les pays développés et que les réalités
socio-économiques diffèrent sensiblement de ceux de l'Afrique
subsaharienne ou 80% des ménages utilisent le bois comme combustible
essentiel. Très peu d'études ont été
réalisées dans le domaine spécifique du gaz. La plupart
des travaux existant sur la demande de gaz restent très loin du cadre
d'estimation économique, mais pose plutôt le problème du
choix d'énergie de cuisson du ménage.
Boukary Ouedraogo(2004) utilise un modèle logit
multinomial pour analyser le choix d'énergie de cuisson du
ménage, en milieu urbain au Burkina Faso. Il démontre que la
probabilité pour un ménage d'adopter le bois comme principal
énergie de cuisson, est de 92,20% contre moins de 6,20% pour le gaz
butane.
D'autres auteurs, tels que Hozier(1988) et Campbell et
al(2003) étudie la transition de l'utilisation du bois à
l'électricité en s'appuyant sur une approche descriptive.
La demande de gaz butane des ménages en Afrique
Subsaharienne, n'a donc pas fait l'objet de beaucoup d'études.
Cependant l'analyse de ses déterminants demeure
nécessaire pour la mise en place d'une politique
énergétique efficace en Cote D'Ivoire.
I. La situation énergétique Africaine
1-1 La problématique
énergétique
L'énergie est nécessaire à toute
activité humaine et indispensable à la satisfaction des
besoins sociaux de base (eau, nourriture, santé,
éducation, etc.) mais, également, pour assurer un minimum de
développement économique. Pour l'Afrique, la problématique
énergétique se situe dans un contexte qui relève des
multiples exigences auxquelles le continent est confronté :
croissance économique, ajustement structurel, libéralisation,
dynamique démographique et la lutte contre la pauvreté de
façon générale. Tenir compte de ces exigences
nécessite d'opter pour un style de développement qui aura de
fortes implications pour l'énergie, puisque celle-ci est présente
dans tous les aspects de la consommation finale, individuelle et collective, et
comme facteur de production de tous les secteurs. Pour preuve, il est admis que
les services énergétiques constituent un élément
moteur des stratégies de développement et de lutte contre la
pauvreté. Tous les secteurs répertoriés dans les documents
stratégiques de lutte contre la pauvreté (agriculture,
éducation, santé, industrie, eau, etc.) ne peuvent se
développer durablement sans un apport de service
énergétique approprié. D'où la
nécessité de renforcer l'accès à l'énergie
pour un plus grand nombre. Or, au plan énergétique, les pays
africains sont caractérisés par une grande«
pauvreté énergétique ». En effet,
pour une population estimée à 760 millions d'habitants en 1998,
représentant 13% de la population mondiale, la consommation
d'énergie primaire de l'Afrique s'établissait à 480 M Tep,
soit 4,6 % de la consommation mondiale. Cette situation est décrite par
les traits majeurs suivants:
- la forte dépendance aux combustibles ligneux
: La consommation des combustibles ligneux (bois, charbon de bois,
déchets végétaux etc.) représente jusqu'à
80% à 90%de la consommation totale d'énergie des ménages
dans la plupart des pays africains. La demande d'énergie répond
aux besoins de cuisson et de chauffage de quelques 575 millions d'individus et
est estimée à 254 Mtoe en 2000 (World energy outlook 2002) .
D'après les prévisions de EIA, la tendance va se
maintenir voire se renforcer pour atteindre 321 Mtoe en 2020, soit un taux
d'accroissement annuel moyen de 1,2% Ce niveau de dépendance sur les
combustibles traditionnels explique, en partie, les problèmes
d'environnement relatifs à la dégradation des terres.
- Un faible niveau de consommation par tête des
énergies conventionnelles. Le niveau de consommation
énergétique d'un pays reflète, dans une certaine mesure,
son niveau de développement. En Afrique la consommation
énergétique per capita reste la plus faible du monde. En effet,
celle-ci est 500 Kwh/an contre une moyenne mondiale de 2500 Kwh/an (dont 900
Kwh pour les pays en développement et 9000 Kwh/an pour les pays
industrialisés).
- Un faible taux d'accès à
l'électricité : Le taux d'accès à
l'électricité en Afrique est encore faible. Pour une population
de 795 millions en 2000 seulement quelques 272,7 millions de personnes ont
accès à l'électricité soit environ 34,3%. Les
populations africaines sans accès à l'électricité
représentent 32% des individus vivant dans l'obscurité à
travers le monde.
Ce ratio d'accès à l'électricité
cache des disparités tant à l'échelle
sous-régionale, nationale que locale. En effet, l'Afrique du Nord a un
taux d'électrification de 90% suivie de l'Afrique du Sud (20,73% en
2000), l'Afrique de l'Ouest (20%) et l'Afrique Centrale, seulement 9%. Au
niveau national, force est de reconnaître que bien des pays africains
disposent des taux les plus faibles au monde. C'est le cas notamment du Togo,
Mali, Guinée Bissau, Niger, Angola, RD Congo, Lesotho, Malawi,
Mozambique et Kenya dont les taux d'électrification ne dépassent
pas 10% en 2000. En outre, les niveaux d'électrification urbain et rural
sont très disproportionnés. Le taux d'électrification
rurale dépasse rarement 3 % dans la plupart des pays africains.
Un niveau encore élevé de
l'intensité énergétique. L'intensité
énergétique des pays
africains se situe à des niveaux élevés
dus à la part importante des énergies traditionnelles dont les
rendements de production et d'utilisation sont très bas. En 1997, la
Commission Européenne - Direction Générale de l'Energie
situe l'intensité énergétique en Afrique à 926
Tep/million d'euros de PIB contre une moyenne mondiale de 477 Tep. Ce ratio est
de 237 pour l'Union Européenne, de 493 Tep pour l'Amérique Latine
et de 1124 Tep pour l'Asie.
- Une timide transition des comportements
énergétiques : En Afrique et plus
précisément au Sahel, des programmes de substitution de l'usage
du bois et du charbon de bois par le gaz ont été lancés en
vue de réduire la pression sur le couvert végétal.
L'application des politiques et mesures, allant dans ce sens, s'est traduite
par une faible transition énergétique, même si la
consommation de gaz butane connaît des taux de croissance significatifs
par endroit. Les études ont montré que malgré les
programmes énergétiques de substitution (butanisation),la
transition à l'usage du gaz s'est finalement traduite par le
renforcement de la dualité entre le monde rural et le monde urbain : le
gaz et le charbon de bois en milieu urbain et le bois en milieu rural3. Encore,
faut-il constater que le gaz est principalement utilisé dans les zones
résidentielles des métropoles africaines et que les zones
péri-urbaines se trouvent presque dans la même dynamique
énergétique que le milieu rural.
-Une faible utilisation des énergies
renouvelables malgré l'existence d'un potentiel important. Pour
la filière solaire (photovoltaïque et thermique)
l'Afrique est le continent qui dispose d'un important potentiel avec un
ensoleillement pouvant atteindre 5 à 6 kwh/m2/Jour de radiation.
Concernant la filière biomasse, le manque de
technologies modernes pour sa transformation à de fins
énergétiques explique, en partie, la primauté de son usage
à des fins de cuisson et de chauffage à l'aide
d'équipements encore peu efficients. Le potentiel
micro-hydraulique de 280 GW est encore faiblement
valorisé, seulement 5% est exploité.
La filière éolienne
connaît une meilleure exploitation avec les différentes
expériences en cours en Afrique Nord dans la production
d'électricité (Maroc et Tunisie). En Tunisie, un objectif de
pénétration de 10%, soit une capacité installée de
1850 MW à l'horizon 2030 est retenue dans la nouvelle stratégie
de développement des ER.
Dans la zone Est de l'Afrique, le potentiel d'exploitation de
la géothermie est relativement important mais faiblement
valorisé. Au Kenya, par exemple, ce potentiel est de 2000 à 3000
MW dont 137 MW sont exploités en 2003, soit 5% .
Le ménage
africain face à l'énergie
Les ménages sont supposés avoir des
préférences entre plusieurs catégories d'énergie
selon leurs différents besoins, et de faire le choix qui maximise leur
utilité en fonction de leur contrainte de revenu
Le choix d'une source d'énergie donnée,
dépend à la fois des caractéristiques
socio-économiques(revenu ; Prix ), socio-démographiques
(niveau d'éducation ; influence de la taille du
ménage ;Effet de l'âge) et des caractéristiques
psychologiques(l'accessibilité
géographique ;Sexe ;Religion...) etc... .
Ces caractéristiques diffèrent d'un
ménage à un autre. Ce qui implique logiquement une divergence en
ce qui concerne le choix du type d'énergie du ménage.
En Afrique, en ce qui concerne l'énergie
affectée à la cuisson, le choix des ménages se fait
principalement entre trois formes d'énergie : le feu de bois, le
charbon de bois et le gaz butane.
Les combustibles ligneux sont de loin les plus utilisés
car 80 à90% de l'énergie utilisée par les ménages
relèvent de combustibles ligneux.
Plusieurs explications pourraient être apportées
à un tel constat.
La première est le facteur culturel. Les ménages
africains sont fortement encrés dans leurs traditions. L'utilisation des
combustibles ligneux à des fins culinaires ou à toutes autres
fins remontent aux ancêtres. Dès lors, les dispositions
inhérentes comme les foyers culinaires, les fourneaux et les trois
cailloux existent depuis des générations et semblent demander aux
générations suivantes de perpétrer cette
tradition. Cette situation explique surtout
la dualité dont fait objet le gaz butane dans sa consommation. Les
ménages dans le milieu rural africain utilisent principalement le bois
de feu comme source principale d'énergie tandis que ceux des milieux
urbains utilisent le charbon de bois et le gaz butane.
La seconde explication provient des habitudes culinaires des
ménages africains.
En Afrique la majeure partie des mets consommés exige
une forte quantité d'énergie. Les repas sont pour la plupart du
temps constitués de sauces, qui mettent beaucoup de temps à cuir
et qui ainsi déterminent le choix du type d'énergie du
ménage.
Bakayoko (2002), a montré que la fréquence de
préparation du tô au Burkina-Faso, était un facteur
déterminant dans le choix de l'énergie de cuisson des
ménages. Selon lui, l'augmentation de la fréquence de
préparation du tô par un ménage, accroît la
probabilité d'adoption des combustibles ligneux de 0.02%. De plus, les
repas sont préparés à l'air libre, surtout en milieu
rural, ce à quoi se prêtent mieux les combustibles ligneux. Le gaz
butane par contre, est très difficile à utiliser dans ces
conditions là.
Aussi, l'existence d'une cuisine ou non dans la maison est un
très bon indicateur du choix du type d'énergie du ménage.
Le passage des ménages dont la maison est sans cuisine à ceux
dont la maison a une cuisine, accroît de .0,11% la probabilité
d'adoption du gaz et du charbon de bois et baisse de 0,03% la
probabilité de choisir le bois.
Il faut également faire allusion à la taille du
ménage africain, dans l'explication du choix
«énergétique du ménage. En Afrique la taille du
ménage a un fondement culturel. Le ménage n'est pas seulement
constitué du père, de la mère et des enfants. C'est une
famille élargie. Dès lors, les repas sont beaucoup plus grands et
demandent une forte quantité d'énergie pour les cuir.
L'utilisation du gaz butane est difficile au vu de la taille des accessoires de
cuisine. Les combustibles ligneux sont plus adaptés.
Selon Boukary Ouedraogo, une augmentation de 1% de la taille
du ménage entraîne un accroissement de la probabilité
d'adoption du bois de feu par les ménages de 0.02%, tout en
réduisant celle du gaz de 0,01%.
Au-delà, de tous ces facteurs, il y a également
le niveau d'éducation du chef du ménage qui joue un rôle
significatif dans le choix énergétique du ménage. Plus le
niveau d'éducation de celui-ci est élevé, plus le
ménage a tendance à choisir le gaz au détriment des
combustibles ligneux. Boukary Ouedraogo montre qu'au Burkina, Lorsque le niveau
d'éducation du chef de ménages décroît d'un niveau
plus élevé au niveau primaire d'éducation, la
probabilité d'adoption des combustibles ligneux comme principale source
d'énergie de cuisson, s'accroît de 0,61%. En plus, 74%
d'utilisateurs de combustibles ligneux sont illétrés,13% ont fait
le primaire,6% le secondaire et 7% un niveau plus élevé.
Outre les facteurs démographiques, climatique et
socio-économiques la demande de gaz butane est également
expliquée par des facteurs socioculturels comme énoncé
plus haut. Ces facteurs sont importants, d'autant plus qu'ils influencent
surtout le choix énergétique des ménages, en dehors des
facteurs économiques.
Deux ménages peuvent être différents en ce
qui concerne leur niveau de revenu, mais par contre opter pour la même
source d'énergie à cause de leur trop grandes tailles.
Cependant même s'ils influencent significativement le choix
des ménages, ils ne peuvent faire l'objet de politiques
économiques de court ni de long terme, selon Boukary Ouedraogo. Les
seules variables sur lesquelles l'Etat peut envisager faire des actions de
court et de moyen terme est le revenu réel des ménages.
LE POTENTIEL ENERGETIQUE IVOIRIEN
La production et la fourniture de l'énergie sont l'un
des axes prioritaires de la politique énergétique du gouvernement
ivoirien avec pour objectif d'assurer l'autonomie énergétique du
pays et alimenter la sous région en électricité et en
pétrole raffiné.
Le secteur énergétique ivoirien s'appuie
principalement sur deux ressources : le sous secteur de
l'électricité et le sous secteur pétrolier.
L'énergie électrique
Le sous secteur de l'électricité est aujourd'hui
autonome. La production électrique ivoirienne est à la fois
d'origine thermique et hydraulique représentant une puissance totale
installée de 1265,5MW (2002 UNCCD).
La contribution de source hydraulique peut aller
jusqu'à 607,5MW reparties sur six barrages. Elle représente
environ 30 à 35% de la production totale (estimation 2002).
La contribution de source thermique est récente(quelle
année), plus importante, et est fournie par trois centrales thermiques
(Azito,vridi etc....voir). Elle représentait 67.4% de la production
totale en 2002 contre 63.2% les deux années précédentes.
Toutefois, si le projet du barrage de Soubré est mis en chantier, il
devrait permettre au plus tôt à l'horizon
2006/2007,d'équilibrer les sources de production (50% hydro et
50%thermique) et d'éviter ainsi une dépendance excessive vis
à vis du gaz..
La production d'électricité n'a pas cessé
de croître de 1995 à 2002. Elle est passée de 2489 GWh
à5277 GWh et la consommation nationale a également
augmenté mais beaucoup moins vite. Elle représentait 86% de la
production en 1995 et 55% en 2002.
Ce qui permet au pays de rompre en 1955 avec la
dépendance du Ghana en électricité et de désormais
exporter de l'électricité vers ce pays mais également vers
d'autre pays de la sous région tels que le Bénin, le Burkina-Faso
et le Togo. Les exportations comptaient pour 29.7% de la production de 2002
contre 23.7% l'année précédente.
Le réseau ivoirien de distribution se compose de 4300Km
de haute tension et de 25000Km de lignes moyenne et basse tension. La Cote
D'Ivoire est l'un des pays africains qui bénéficie du meilleur
taux d'électrification. Le taux de couverture qui était de 27% en
1997 a dépassé le seuil de 33% en 2000 avec plus de 700 000
abonnés et l'agglomération d'Abidjan concentre environ 60% de la
consommation nationale d'électricité.
Un vaste programme d'électrification rural avait
été lancé en 1995,visant à alimenter 7000
localités ivoiriennes (en moyenne 200 à 300 par an). La
première phase concernant 355 localités est bientôt
terminée mais la seconde n'a jamais été mise en place.
Le prix de l'électricité est l'un des plus bas
de la sous région. Le tarif domestique basse tension le plus bas (pour
une puissance n'excédant pas 5 ampères )bénéficie
d'une TVA réduite de 11.11% et d'une subvention de l'Etat pour les
consommations inférieures à 80 KWh sur 02 mois, ce qui
amène ce tarif à 34.83 Fcfa. Au-Delà la TVA passe à
18% et le prix du KWh affiche au moins le double mais reste pour autant bon
marché.
La structure chargée de la régulation du secteur
de l'électricité est l'ANARE et celle chargée de la
distribution est la CIE privatisée en 1990. Environ 15% de la
facturation électrique de la société reste impayé
à cause de la crise de septembre 2002 ce qui a provoqué le
premier déficit financier de la CIE depuis sa création.
LE POTENTIEL GAZIER ET PETROLIER
Après plus de trentes années d'exploration
pétrolière, avec des investissements cumulés
supérieurs au milliard de dollar US, les sociétés
pétrolières ont mis à jour plusieurs découvertes
d'hydrocarbures en off shore (en mer) et on shore (sur terre) en Cote D'Ivoire.
Aujourd'hui les réserves en pétrole sont estimées à
environ 100 millions de barils.
Le bassin sédimentaire ivoirien est divisé en 25
blocs pour la partie off shore et en 4 blocs pour la partie on shore.
A la faveur du premier choc pétrolier de 1973,les
activités d'exploration ont connu une certaine expansion notamment de
l'off shore peu profond (moins de 500 mètres). Des compagnies telles que
EXXON ; Philips petroleum ; Total ; AGIP ; Tenneco ont
mené des activités qui ont conduit aux découvertes
successives des gisements pétroliers Bélier en 1974 et Espoir en
1979 et du gisement gazier FoxTrot en 1981.
En 1990 le lancement par l'Etat ivoirien d'un projet de
développement de la production d'électricité à
partir de turbines à gaz a permis aux groupes français Saur
International (Bouygues) et EDF International d'apporter leur expérience
en Cote D'Ivoire. Dans le même temps les autorités ivoiriennes
réussissaient à intéresser deux compagnies Nord
américaines dans le domaine de l'exploration -exploitation. Il s'agit
d'Apache (projet FOXTROT) et UMIC. En 1993 et 1994 furent découvert par
UMIC, les gisements panthère (gaz) et Lion(gaz associé au
pétrole). Ce qui porte à 5 le nombre de gisements
pétroliers du pays.
Le gisement Panthère alimente actuellement les 3
nouvelles turbines à gaz de 33 MGW, construites et exploitées par
CIPREL (SAUR- EDF).
La centrale thermique de Vridi a-t-elle aussi
été réhabilitée et fonctionne maintenant avec 4
turbines à gaz totalisant une puissance de 80 MGW.
La Cote D'Ivoire contrairement à plusieurs pays de la
sous région, dispose d'une société de raffinage qui
représente le pilier de l'approvisionnement du marché ivoirien
mais également de plusieurs pays de la sous région, en produits
pétroliers. La SIR à une capacité de raffinage de 65200
barils par jour, soit 3.1 millions de tonnes de produits raffinés par
an. Sa filiale la SMB,raffine 10.000 barils par jour, soit 140.000 tonnes de
bitumes par an. La GESTOCI qui est la société de gestion des
stocks pétroliers du pays entrepose et gère les produits
pétroliers du pays destinés à la consommation
intérieure mais également à l'exportation vers les pays de
la sous région (Mali ;BURKINA-FASO ; NIGERet le TCHAD....).
Malgré tout ce potentiel, le pays n'est pas
autosuffisant en énergie, surtout de source pétrolière.
Des importations de pétrole brut sont régulièrement faits
en provenance de plusieurs pays notamment le NIGERIA,le VENEZUELA et le
Mexique.
En 2003, ces importations s'élevaient à environ
66890 barils par jour. Néanmoins le pays exporte également du
pétrole brut et des produits dérivés dont la valeur
s'élevait en 2003 à 47290 barils par jour selon le rapport de la
revue de presse internationale : hydro-Québec (2003). Ce constat
est dû selon les experts du secteur au fait que le pétrole
ivoirien étant de très bonne qualité (brut léger),
sa commercialisation sur le marché international est plus
bénéfique que sa transformation sur place.
De plus, sa transformation générerait des
produits (essences) moins demandés par le marché ouest africain.
La SIR est reliée au champ pétrolier le lion par
un oléoduc. La SIR est également reliée à la
GESTOCI par un oléoduc.
LE GAZ BUTANE
Le gaz butane qui est l'objet de notre analyse est souvent mal
connu des usagers domestiques. Sa constitution, sa fabrication ; sa
distribution ; son utilisation et les risques qui y sont liés
représentent autant de sujets qui doivent être éclaircies
auprès des ménages. Cette rubrique se consacre essentiellement
à cela.
Définition et processus de fabrication
Le gaz butane communément appelé
« gaz » par les ménages est un composé de
plusieurs éléments de la famille des alcanes notamment le butane
et le propane. Les alcanes font parti de la famille des hydrocarbures
essentiellement composés de molécules de carbones et de 10
molécules d'hydrogène. Sa formule chimique est la
suivante : C4H10
Le gaz butane a la propriété d'être gazeux
à la température ambiante et à la pression
atmosphérique, mais il se liquéfie dès qu'il est soumis
à une pression relativement faible. Il est donc d'un transport facile,
soit dans des bouteilles « conditionné » soit dans
des camions ou des wagons citernes « vrac ». Ces
propriétés physiques importantes, sont son point
d'ébullition et sa masse volumique.
Sous la pression atmosphérique normale, le butane bout
à zéro degré celcius (0°C).
Donc pour toute température
inférieure à 0°c, le butane est liquide et
à toute température supérieure il est gazeux. A
l'état liquide sa masse volumique est de 585Kg/m3 et de
2,50Kg/m3 lorsqu'il est à l'état gazeux à
15°c.
Un litre de butane liquide libère 239 litres de gaz
(à une température ambiante de 15°c et une
pression de 1 bar). Ces caractéristiques physiques confèrent
à cette énergie un avantage certain du point de vu du stockage et
du transport.
Par contre une grande différence existe entre le butane
caractérisé ci-dessus et le gaz butane affecté à
des fins de cuisson et utilisé par les ménages. Le gaz butane
commercialisé sur le marché n'est pas un produit chimiquement
pur, mais des mélanges d'hydrocarbures répondant à des
spécifications officielles bien définies. (lesquels)
Le butane commercialisé à des fins domestiques
est un mélange principalement composé de butane et de
butènes avec une contenance obligatoire d'environ 19% en volume de
propane et de propènes selon les spécifications
administratives.
En Cote D'ivoire les normes fixées par la direction des
hydrocarbures........
(Parler de la différence entre GNL ; GPL parler
de l'activité de forage)
Un gisement pétrolier peut être essentiellement
composé de pétrole brut ou essentiellement de gaz naturel
(gisement gazier). Mais de manière générale, il y a
toujours du gaz naturel dans un gisement de pétrole. C'est la partie
gazeuse du combustible fossile, il se situe toujours au-dessus du combustible
fossile
Autrefois, le gaz naturel découvert dans un gisement de
pétrole, était brûlé sur les plates-formes, à
cause de leur fort coût de stockage et du manque de moyens de
conditionnement et de transport. Alors ce gaz était utilisé sur
place sous forme d'énergie intermédiaire dans l'activité
de forage et la plus grande partie, brûlée au
torréfacteur(on parle de torche). Mais aujourd'hui, les gisements
gaziers une importance capitale dans le secteur énergétique
puisque la disponibilité de moyens de stockage et de transport ont
rendu sa transformation et son utilisation possibles.
Le gaz butane peut être obtenu de deux manières
différentes :
Il peut s'obtenir directement par la transformation sur les
plates-formes du gaz naturel contenu dans le gisement à travers une
simple distillation.
Mais la méthode la plus ancienne et
généralement la plus utilisée dans le secteur
pétrolier, est le raffinage.
La matière première essentielle à la
fabrication des produits pétroliers est le pétrole brut. Il
existe différentes qualités de pétrole brut : le
pétrole brut lourd et le pétrole brut léger. De la nature
du pétrole brut, découle les spécificités en
rendement (volume) des produits pétroliers. C'est à dire que plus
le pétrole brut est lourd moins l'on obtiendra de gaz
(méthane ;Butane propane etc. ...) mais beaucoup plus de produits
lourds tels que le Gasoil ; le Kérosène ; le
pétrole lampant etc......
Les produits pétroliers sont classifiés selon
leur mode d'utilisation. C'est ainsi que l'on distingue les carburants des
combustibles. Les principaux produits pétroliers sont :
-Le gasoil, l'essence et le super (devenus depuis cette
année le super sans plomb) qui sont essentiellement utilisés
comme carburants pour les véhicules.
-Le kérosène utilisé comme carburant dans
l'aviation.
-Le fuel à la fois utilisé comme carburant pour
les bateaux et comme combustible de chauffage par les ménages. (Surtout
dans les pays pouvant subir de très basses températures).
-Le gaz butane généralement utilisé comme
combustibles à des fins de cuisson par les ménages.
-Le pétrole lampant également utilisé par
les ménages à travers les lampes champêtres pour produire
de la lumière.
Certains produits pétroliers sont également
affectés à la production d'électricité. Le gasoil
utilisé par les groupes électrogènes pour produire de
l'électricité et le butane et le fuel dans l'alimentation des
centrales thermiques (Vridi et Azito) pour produire de
l'électricité.(parler de classification des produits
pétroliers en fonction de leur utilisation pétrole lampant et
fuel etc....)
Le processus de fabrication du gaz butane comme des autres
produits pétroliers se fait en trois phases principales : une phase
de désalinisation-déshydratation ; une phase de distillation
et une phase de transformation.
Pendant le forage qui est la méthode d'extraction par
excellence du pétrole brut en mer (off-shore) ou sur terre ferme (on
shore),on ne peut s'empêcher de recueillir des éléments
tels que l'eau et le sel. Alors la phase de désalinisation
-déshydratation permet d'épurer le brut extrait ou acheté
de ces éléments.
Le pétrole brut ainsi épuré est encore un
concentré de plusieurs produits (molécules) qu'il faudra
séparer.
La phase de distillation est la phase pendant laquelle le
pétrole brut est partagé selon les différents produits
qu'il renferme et qui constituent les différents produits
pétroliers. Il est donc chauffé dans de grandes sphères,
à une température adéquate (plus ou moins 360°c
généralement) et chaque produit en fonction de son point
d'ébullition passe de l'état liquide à l'état
gazeux. Les différents produits sous l'effet de la pression
s'entreposent à différents niveaux de la sphère et sont
ensuite liquéfiés et recueillis à travers des canaux pour
être stockés par nature, dans de grandes sphères. La phase
de distillation est donc une simple phase de séparation des
molécules contenues dans le pétrole brut et ne saurait donc en
aucun cas constituer une opportunité pour le raffineur de jouer sur ses
quantités produites qui ne dépendent que de la nature du
pétrole brut raffiné.
La partie du brut ne s'étant pas distillée,
qualifiée de résidu atmosphérique (RAT), va cette fois ci
subir une modification dans l'Hydrocraqueur qui est un appareil permettant de
briser les molécules d'hydrogène. On parle
de « distillation sous vide ».
Contrairement à la phase de distillation, le raffineur
peut cette fois ci jouer sur la nature et le volume des produits qu'il veut
obtenir.
La partie du brut ne s'étant toujours pas
séparer dans cette phase est le goudron que l'on utilise pour faire le
bitumage des routes.
LA DISTRIBUTION
Le marché de la distribution de gaz en Côte
d'Ivoire représente près de 80.000 tonnes pour l'année
2004, soit une progression d'environ 8% par rapport à 2003. Le gaz
butane est issu de la S.I.R. (Société Ivoirienne de Raffinage)
avec trois origines possibles : la production locale (dont le gaz naturel issu
des installations Lion GPL) pour un tiers, la production inhérente
à l'activité de raffinage de la SIR elle même pour un tiers
également et le gaz importé pour le tiers restant. Le stockage
est effectué par quatre sociétés possédant ce type
de capacité : Total ;Shell devenu Oryx gaz et les deux
sociétés publiques Petroci Gaz et Gestoci (acteur principal du
stockage d'hydrocarbures en Côte d'Ivoire). Le marché de la
distribution se divise en deux entités distinctes en fonction du
conditionnement et du mode de livraison du gaz.
L'activité " conditionné " : en bouteille de 6
Kg , 15 Kg et 32 / 38 Kg, le gaz est vendu à des grossistes, par les
sociétés de distribution pétrolière, qui se
chargent de l'embouteillage (Petroci Gaz, Total, Shell, Mobil, Texaco, Elf
Côte d'Ivoire, ...). Seuls Shell, Total et Petroci Gaz possèdent
des centres emplisseurs.
L'activité " vrac " : livré par camion, le
volume de gaz ainsi vendu représente 7 à 8.000 tonnes par an.
Oryx et Total se partagent respectivement 35 et 65 % du marché. Petroci
Gaz devrait d'ici peu développer son activité de distribution de
gaz en vrac.
Gaz de Côte d'Ivoire, acteur mineur du marché
disposant d'installations uniques dans le pays au travers d'un réseau de
distribution de 157 kms installés ; seuls 50 % de celui ci est
utilisable dans les villes d'Abidjan, Yamoussoukro et Bouaké
(réseau en cuivre datant de 1982) a été repris, par
Petroci Gaz au terme d'un processus de privatisation finalisé en
décembre 1999.
Pour ce qui concerne notre mémoire, seul le premier
mode de distribution nous intéresse car représentant la voie par
laquelle le ménage a accès au gaz. La distribution couvre toute
l'étendue du territoire, c'est à dire tant les zones urbaines que
les zones rurales.
Il est important de savoir que la distribution sous forme
conditionnée du gaz butane n'est pas faite par les différentes
entreprises du secteur elles-mêmes. Elle est l'oeuvre de grossistes qui
achètent le gaz butane aux différentes sociétés (
Oryx ; Total ; Petroci ; mobil etc...) et qui les distribuent
ensuite aux différents points de vente (boutiques ; Stations
service...).
En effet les sociétés pétrolières
elles, ne se chargent que de l'embouteillage. Elles fournissent les bouteilles
de gaz qui sont jusqu'à présent importées d'Europe et
veillent également sur la qualité de celles-ci. Le gaz en
provenance de la SIR, est stocké dans les centres emplisseurs des
différentes sociétés puis mis en bouteille.
Aujourd'hui, Petroci gaz est leader en ce qui concerne la
distribution de gaz butane conditionné avec plus de 550.000 bouteilles
de gaz et un chiffre d'affaire de plus de 4.6 milliards en 2000.
METHODOLOGIE ET CADRE ANALYTIQUE
Ce chapitre est une analyse de la théorie du
consommateur, de la pertinence des diverses variables qui détermine la
demande d'énergie domestique des ménages en Afrique
subsaharienne.
Analyse de la théorie du consommateur
L'une des questions fondamentales de l'économie
reste : « Pour quoi les consommateurs dépensent
leurs revenus et de quelle manière ? ». En d'autres
termes qu'est ce qui explique et motive leur comportement de
consommation ?
Pour répondre à cette question, les chercheurs
ont souvent élaboré des modèles de comportement de
consommation des consommateurs plus ou moins sophistiqués.
La constante recherche de la réponse à cette
question a donné naissance à la théorie du comportement du
consommateur. Laquelle théorie impose que le détail des divers
postes de consommation soit déterminé en fonction du revenu (ou
de la consommation totale assimilée au revenu)et du niveau de chacun des
prix(NASSE 1973).
Ce chapitre dans un premier temps s'intéresse à
la théorie du consommateur, pour aboutir à la théorie de
la demande et aux modèles classiques de demande.
Dans un second élan, nous procédons à
l'identification des variables censées expliquées la demande de
gaz butane des ménages ivoiriens et à une analyse des
données que nous utilisons pour les apprécier.
la Théorie du Consommateur
Adhérant au principe d'individualisme
méthodologique, les néoclassiques construisent leur analyse des
marchés à partir de l'étude des individus qui y
participent (microéconomie). L'exposé de la théorie
néoclassique commence généralement par l'étude du
comportement du consommateur.
Une première présentation de
l'utilité
Dans ses emplettes quotidiennes, le consommateur
néoclassique agit de façon à maximiser sa satisfaction ou
utilité retirée de la consommation d'un bien, dans la limite que
son budget impose à ses achats (contrainte budgétaire).
L'expression formelle de ce comportement est conditionnée par la
représentation de la fonction objectif de l'individu
étudié.
Les premiers néoclassiques supposent que le
consommateur attribue une note chiffrée à la consommation de
chaque bien, mesurant la satisfaction qu'il en retire
La satisfaction totale que lui procure la consommation d'un
panier de biens, est mesurée par la somme des notes affectées
à chaque produit du panier. Cette représentation est
appelée « utilité cardinale additive »,
cardinale car consistant en une quantité mesurable et additive car
résultant de la sommation d'indices élémentaires de
satisfaction. Si la consommation d'un bien varie légèrement, la
variation de l'utilité qui en résulte est appelée
« utilité marginale ». Dans le cas où la
consommation d'un bien varierait par unités entières,
l'utilité marginale peut être considérée comme la
variation d'utilité occasionnée par la consommation d'une
unité supplémentaire.
L'égalisation des utilités marginales
pondérées par les prix
Selon WALRAS, « deux marchandises étant
données sur un marché, la satisfaction maxima des besoins ou le
maximum d'utilité effective aura lieu pour chaque porteur, lorsque le
rapport des intensités des derniers besoins satisfaits ou le rapport des
raretés1(*), est
égal au prix2(*) ». Le consommateur maximise son
utilité, en choisissant un panier de consommation qui rend égale
les utilités marginales des différents biens consommés,
pondérés par leurs prix respectifs. Ce théorème est
établi à peu près simultanément chez Jevons, Menger
et Walras, mais sa véritable paternité revient à
l'Allemand Gossen qui avait déjà formulé en 1854.
Le théorème de l'utilité maxima des
marchandises fournit une première version de l'équilibre du
consommateur. L'individu décrit ci-dessus est en équilibre au
point où rien ne le poussera à modifier sa consommation tant que
les paramètres le concernant ne changeront pas. D'abord établi
dans le cadre d'une hypothétique « économie
d'échange pure »,ce résultat est ensuite étendu
à une économie de production, dans laquelle l'équilibre du
consommateur devient aussi l'équilibre du producteur de biens et
services. La contrainte budgétaire égalise la valeur des produits
achetés et celles des services vendus aux entreprises. La fonction
objectif intègre, à coté de l'utilité des premiers
la désutilité des second(désutilité du travail par
exemple qui implique un effort et un sacrifice en temps libre).
A l'équilibre, l'individu égalise les
utilités et les désutilités marginales,
pondérées par les prix des produits et des services producteurs.
Ainsi selon Jevons, le salarié consommateur dose son offre de travail de
façon à égaliser à la marge la
désutilité du travail (pondéré par le salaire) et
l'utilité de la consommation marchande(pondérée par son
prix).
Les débuts de la théorie de la
demande
L'objectif de l'étude de l'équilibre du
consommateur est de jeter les bases d'une théorie de la demande. Mais,
la construction de cette théorie a été engagée
avant que n'émerge celle de l'équilibre du consommateur. Les
pionniers en la matière sont les Français Cournot et Dupuit, qui
dès le milieu du 19e siècle, introduisent des concepts
qui par la suite seront considérés comme typiquement
marshaliens.
Dans ses recherches sur les principes mathématiques de
la théorie des richesses(1838),A.Cournot écrit pour la
première fois sous le nom de « loi du
débit »,une relation mathématique faisant
apparaître la demande d'un produit comme une fonction décroissante
du prix de ce produit.
Pour lui, la loi de la demande ou du débit d'un produit
dépend du mode d'utilité du bien, de la nature des services qu'il
peut rendre, des jouissances qu'il procure, des habitudes et des moeurs de
chaque peuple, de la richesse et de l'échelle suivant laquelle cette
richesse est repartie. Puisque cette loi du débit dépend d'autant
de paramètres qui pour la plus part sont plus ou moins subjectifs, il
serait difficile de l'exprimer par une formule algébrique. Construisant
le rapport du taux de variation relative de la demande au taux de variation
relative du prix, Cournot introduit également la notion
d'élasticité de la demande par rapport au prix et établit
le lien entre celle ci et l'évolution de la recette totale. Cependant,
la « loi du débit » de Cournot reste purement
empirique.
Dans deux articles de 1844et 1849, consacrés aux
principes de la tarification publique, l'ingénieur des ponts et
chaussées J.Dupuit(1801-1866) va plus loin que Cournot en reliant la
forme de la fonction de demande à l'utilité. Il introduit la
notion du surplus du consommateur, visant à procurer une mesure
monétaire de l'utilité nette(ou utilité relative) que
retire un consommateur de l'achat d'une quantité Q payée à
in prix unitaire P.
La demande analysée à partir de
l'équilibre du consommateur
Pressenti par Dupuit, le problème de l'articulation
entre la théorie du consommateur et celle des marchés fait
l'objet de développements important chez Walras et Marshall.
Walras déduit de l'équilibre du consommateur,
des fonctions de demande individuelles qu'il agrège ensuite pour former
des fonctions de demande de marché.
En effet, le consommateur atteint sa position
d'équilibre en égalisant les utilités (ou
désutilités )marginales pondérées par les prix.
Donc si (p1, p2, .........pn)
représente l'ensemble des prix, la demande de bien j par l'individu i,
peut s'écrire comme une fonction de n variables : Qij =
fij(p1,p2, .......pn)
Où la forme de la fonction fij dépend des
goûts du consommateur et de ses dotations en facteurs de production.
La fonction de demande de marché du produit j est
ensuite obtenue par sommation des fonctions de demande individuelles fij des
différents consommateurs i. (On obtiendrait par une procédure
semblable l'offre de marché d'un service producteur).
L'analyse de telles fonctions est un problème complexe
que Walras est loin d'avoir résolu et que Marshall tente de simplifier
en faisant de la demande une fonction du seul prix du produit
considéré.
Partant de la condition d'équilibre du
consommateur :
ë
=Um1/p1=Um2/p2=.......=Umn/pn
Il suppose que la valeur (ë) de tous ces rapports reste
constante lorsque le prix d'un bien varie légèrement. Cela
implique que l'utilité marginale de ce bien varie dans le même
sens : si p1 augmente, il faut que Um1 augmente
aussi ; mais comme um1est censé varier en sens inverse de la
quantité consommée Q, il faut que Q1 diminue.
Rejoignant Cournot, Marshall en conclut que la demande d'un
bien varie généralement en sens inverse de son prix, ou encore
que le « prix de demande »,c'est à dire le
prix unitaire maximum que le consommateur est prêt à payer est une
fonction décroissante de la quantité consommée.
Ce raisonnement repose sur l'invariance du coefficient
ë(désigné par Marshall comme l'utilité marginale de
la monnaie). Il n'est tout de même pas rigoureux de traiter ce
coefficient comme une constante lorsque le prix d'un bien change, car ce
changement affecte la contrainte budgétaire : la baisse d'un prix
toutes choses égale par ailleurs, accroît le revenu réel ou
pouvoir d'achat du consommateur. Conscient de ce problème Marshall
affirme que pour un bien tenant une faible place dans la consommation totale,
l'effet d'un changement de prix sur « l'utilité marginale de
la monnaie » est négligeable.
La consommation et la demande
La théorie microéconomique néoclassique
et marginaliste, confond la consommation et la demande d'un bien, confondant
ainsi la destruction d'un bien avec l'intention d'achat qui dépend du
prix. La consommation suppose que l'agent dispose du bien et qu'il y a eu,
précédemment, une dépense financée par le revenu.
La demande est une intention d'achat d'une certaine
quantité d'un bien ou d'un service pour un prix donné. On parle
encore de demande virtuelle, idéale, notionnelle, rationnelle.
La demande au marché est une demande solvable. Elle
indique la quantité de biens et services qu'un agent peut acheter. La
relation entre le prix et la quantité demandée est telle qu'une
augmentation de prix entraîne une baisse de la demande pour un revenu
donné, et inversement une diminution du prix entraîne une
augmentation de la demande. Cette loi formulée par Cournot (1838) a
néanmoins des exceptions :
L'effet Giffen qui s'applique aux biens
inférieurs ;l'effet d'anticipation ;l'effet de snobisme et
d'imitation. Ces deux derniers effets impliquent cependant une
hétérogénéité des produits disponibles pour
satisfaire le même besoin fondamental. Deux produits de même
apparence mais de prix différents par la fonction d'information qu'on
attribue au prix seront considérés comme différents. Il se
peut donc que le produit le plus cher soit le plus demandé par le jeu de
l'effet de snobisme ou par le jeu de la sélection adverse compte tenu de
l'asymétrie de l'information (demandeur moins bien informé que
l'offreur).
Selon J.Boncoeur et H.Thouément, la notion de demande
dans la théorie économique fait très souvent appel au
prix pendant que celle de consommation fait plus souvent appel au revenu, le
prix des biens étant fixé.
La fonction macroéconomique de la consommation
établie par Keynes, donne une relation de proportionnalité
décroissante entre la consommation (C) des ménages et le revenu
national (Y) : « la consommation augmente avec le revenu
national mais à un taux plus faible »(loi de Keynes). De ce
fait le rapport : C/Y appelé propension moyenne à consommer,
tend à diminuer. Cette loi de Keynes suppose que la consommation de la
période est déterminée par le revenu de la période.
Mais les analyses empiriques macro-économiques n'ont pas confirmé
la loi de Keynes.
Les explications ont été apportées par
les effets de revenus permanents de Milton Friedman, les effets de
démonstrations de Duesenberry et la théorie du cycle de vie de
Modigliani.
Au-delà de cette nuance qui est d'autant plus
apparente que nous nous situons dans le cadre purement théorique,
l'investigation empirique fait très souvent fie de ce fait et assimile
la consommation à la demande. Dans le cadre du domaine
énergétique surtout, la demande en énergie des
ménages a très souvent été
appréhendée à travers la consommation des ménages
en énergie.
Amadou Koné(1992), analyse les déterminants de
la demande de charbon de bois des ménages en Cote D'Ivoire, en
assimilant la demande à la consommation hebdomadaire de charbon de bois
des ménages de son échantillon. De même dans leurs
études sur la demande d'énergie en Jordanie, Azzam et Hawdon
(2003),assimilent la demande totale d'énergie des ménages
à leurs différentes consommations d'énergie.
L'utilisation de la consommation dans les modèles
d'analyse économique pourrait s'assimiler à la demande effective,
la demande réalisée dans le contexte de l'économie du
déséquilibre et qui est encore plus pratique que la demande
notionnelle, qui elle serait plus difficile à déterminer.
Dans notre étude, nous assimilons la consommation de
gaz butane des ménages à la demande de gaz butane de ceux ci.
Les modèles classiques de demande
Pour Nasse(1973),l'étude des évolutions de la
consommation des ménages sur séries chronologiques, a conduit
à la mise au point de deux types de modèles :
-les modèles détaillés, décrivant
séparément l'évolution de chacun des biens pouvant
être isolé dans la nomenclature de consommation.
-les modèles complets donnant une représentation
simultanée pour une nomenclature fixée des évolutions de
la totalité des biens entrant dans la consommation des
ménages.
En raison de la spécificité de notre
étude qui est une analyse de la demande d'un bien précis, le
premier type de modèles nous sieds le mieux. Ainsi le choix du
modèle d'analyse approprié s'en trouve réduit. Selon
Koné Amadou(1992), un modèle d'analyse économique n'a de
valeur que par la pertinence des résultats qu'il fournit. Pour ce faire,
il est basé sur la théorie classique de la demande et introduit
des restrictions afin d'être simple et de réduire le nombre de
paramètres à estimer. On peut citer parmi les plus
importants :
-le modèle de demande différentiel de Rotterdam,
Theil et Basten.
-le modèle de demande indirecte logarithmique de
Leser
-le modèle de demande linéaire des
dépenses de Klein et Rubin.
Ces trois modèles sont des modèles complets pour
lesquels en 1969, Parks a fait une étude comparative afin de montrer
leurs avantages et inconvénients.
En plus de ceux ci l'on peut citer des modèles plus
récents tels que :
-Le système de demande presque parfait de Deaton et
Muelbauer qui selon ses auteurs offrent plus d'avantages que les modèles
Rotterdam et translog.
-Le système complet de fonction de demande de Fourgeaud
et Nataf.
-Le modèle translog utilisé par Christensen et
al et Jorgensen et Lau.
Ces modèles, bien que très performants, sont un
peu trop sophistiqués pour notre usage. En effet, en leur qualité
de modèles complets, ils sont conçus pour l'analyse de la demande
globale alors que notre étude ne concerne qu'un seul bien de
consommation(le gaz butane). Dès lors le modèle qui serait
nécessaire serait un modèle détaillé,
décrivant les évolutions du gaz butane dans l'ensemble des biens
de consommation. Un autre avantage de ce choix est selon Nasse(1973),
cité par Amadou Koné, que le premier type de modèles
n'admet le plus souvent qu'un support très simple et leur
spécification est essentiellement pragmatique. Il ne s'agit donc pas de
tester les qualités ou capacités d'estimation ou de
prédiction d'un modèle théorique, ni d'analyser le
comportement général des consommateurs de gaz butane.
L'objet de cette étude est plutôt la recherche
des paramètres qui expliquent le mieux possible la consommation globale
de gaz butane des ménages. Ce pourquoi, nous pensons que le premier type
de modèle est le mieux adapté à cette situation et qu'une
simple équation s'appuyant sur la théorie fondamentale de la
demande serait appropriée. Une analyse plus fine des hypothèses
et restrictions de l'étude permettra une meilleure spécification
du modèle retenu.
L'Identification des variables
Etant donné l'objectif principal de cette recherche, il
s'agit dans cette partie de notre travail, de savoir quelles sont les variables
qui, de manière pertinente, spécifient la demande globale de gaz
butane des ménages en Cote D'Ivoire.
Koutsoyannis(1973), dit qu'un modèle d'analyse comprend
habituellement, en plus de la variable dépendante, les variables
explicatives les plus pertinentes, l'influence des variables moins importantes
étant prise en compte par le terme de l'erreur. L'omission de variables
étant une source potentielle d'erreur de spécification du
modèle, la théorie générale de la demande
combinée avec les informations issues des études
antérieures et l'expérience du terrain, permettent de
réduire la probabilité d'occurrence de cette
éventualité. La contrainte du degré de liberté
n'encourage pas la prise en compte d'un grand nombres de variables dans le
modèle.
La variable dépendante
En supposant les ménages rationnels dans leur choix de
consommation, la fonction de demande domestique de gaz butane, s'obtient par la
maximisation de l'utilité retirée de la consommation du bien gaz
butane sous la contrainte budgétaire.
Un consensus semble se dégager entre les
économistes, concernant les déterminants de la demande
énergétique des ménages.
De manière générale, la demande
d'énergie des ménages dans la plupart des études
antérieures au notre, a été appréhendée par
les quantités consommées ou achetées du bien par les
ménages. Dans cette étude donc, la fonction de demande de gaz
butane par les ménages aura pour variable dépendante les
quantités mensuelles de gaz butane achetée par les
ménages.
Les
variables explicatives
En outre, les variables explicatives couramment
utilisées dans les études antérieures et sur lesquelles
les économistes demeurent unanimes, sont le prix du bien
étudié et le prix de produits substituts. Dans notre cas, le prix
du gaz butane entre comme variable explicative de notre modèle. Les
combustibles substituts ou complémentaires au gaz butane en Afrique
Subsaharienne sont principalement le bois de chauffe et le charbon de bois. Le
prix du bois de chauffe et celui du charbon de bois entrent comme variables
explicatives de notre modèle de demande de gaz butane.
En théorie microéconomique, le consommateur
maximise son utilité sous la contrainte budgétaire c'est à
dire dans la mesure où son revenu le lui permet. Il est donc intelligent
de percevoir l'effet que le revenu des ménages exerce sur leur
consommation globale de gaz butane. Le revenu des ménages est donc l'un
des principaux déterminants de la demande en général de
ceux ci et est prise en compte dans notre fonction de demande de gaz butane.
Les quatre variables explicatives définies ci-dessus
ont presque toujours figuré dans la plus part des études dans le
domaine. Par compte certaines variables explicatives de la demande d'un produit
sont plutôt liées au climat, au niveau de développement et
à l'environnement socio-politique du pays étudié. Ces
variables demeurent très importantes, car permettent l'adaptation de
l'étude aux réalités de la région dans laquelle
elle est réalisée. Dans le cadre de l'Afrique Subsaharienne, les
attributs qui perpètrent la particularité de la région
sont :la démographie galopante, le sous développement et les
incommodités climatiques.
Les populations africaines en général et celle
de la Cote D'Ivoire en particulier connaissent une très forte
croissance. Le taux de croissance moyen annuel est de : 3,2% en moyenne.
Or il est tout à fait normal que si la population augmente cela peut
irrévocablement entraîner une augmentation potentielle de la
demande du bien. Le volume de la population entre comme variable explicative de
notre modèle de demande. Aussi une autre variable socio-demographique
semble avoir une influence sur la demande de gaz butane :
l'éducation. Dans la mesure où une population
éduquée est plus réceptive à la modernisation et
aux avancées technologiques, le passage de l'utilisation des
combustibles ligneux à celui du gaz butane, peut être
expliqué par le niveau d'éducation de la population. Celui doit
donc être pris en compte dans notre analyse. Mais sa détermination
étant difficile d'autant plus que nous ne travaillons pas sur un
échantillon de population, nous substituons cette variable par le niveau
d'alphabétisation de la population.
En outre, le niveau de sous développement qui
caractérise la région Subsaharienne de l'Afrique soumet ses
populations à des caractéristiques communes aux PVD tels
que : Le faible niveau de revenu, un faible espérance de vie ;
un manque d'infrastructures socio-économiques, un faible niveau
d'accès à l'énergie etc.... .
Dans le contexte de notre étude, ce qui nous
intéresse de toutes ces caractéristiques, c'est
d'apprécier la dimension explicative que peut apporter le niveau
d'accès à l'énergie des populations à la demande en
énergie de ceux-ci. Mais cette variable est très difficile
à évaluer car soumise à différentes formes
d'énergies. Une population qui a accès au gaz et non à
l'électricité est différente de celle qui a accès
à l'électricité et non au gaz même si toutes les
deux ont accès à l'énergie.
Dès lors, pour éviter cette
indétermination, nous préférons utiliser le niveau de
l'urbanisation des populations pour mesurer cet effet. Certaines études
antérieures, ont utilisé l'urbanisation comme variable
explicative, (soit directement (Villa( )), soit indirectement(Azam et Hawdon
(2003)) de la demande globale d'énergie. Dans leur travail sur la
demande d'énergie en Jordanie, Azam et Hawdon introduisent le taux de
construction comme variable indépendante à titre d'indicateur de
l'urbanisation.
En Afrique Subsaharienne, la précarité des
constructions surtout en milieu rural, fait que l'énergie est le moyen
privilégié d'avoir accès à l'énergie.
L'urbanisation entre ainsi comme variable explicative dans notre
modèle.
Aussi, certains biens sont influencés par le climat en
ce qui concerne leur disponibilité sur le marché et leur demande
par les ménages. C'est le cas par exemple de produits saisonniers. Dans
le cas du gaz butane, ce ne sera pas la disponibilité du produit sur le
marché qui sera influencée par le climat mais la demande. On peut
simplement remarquer qu'en saison de pluie, le stockage et fabrication du bois
de chauffe et du charbon de bois étant difficile, sa faible
disponibilité sur le marché qui se traduira par la structure des
prix, pourrait détourner l'attention de potentiels acheteurs vers des
combustibles substituts. La demande de gaz butane peut donc indirectement
être influencée par le climat. Pour attester ou réfuter
cette éventualité, nous prenons en compte dans notre analyse le
climat comme variable explicative de la demande de gaz.
Après avoir identifié et justifié de la
pertinence de nos variables, il convient maintenant de déterminer de
manière plus palpable les données qui serviront à leur
mesure.
Les données
L'un des principaux problèmes que rencontrent les
chercheurs dans leurs activités en Afrique est le manque d'informations,
de données sur les phénomènes qu'ils étudient.
Cette situation revêt beaucoup de contraintes et conditionnent
très souvent les méthodes utilisées et les
résultats obtenus.
Le domaine du gaz butane en Cote D'Ivoire, fait l'objet de
très peu de statistiques, ce qui semble justifier la réticence
des études économiques dans ce domaine et qui dès lors
pourrait rendre caduque l'appréhension effective du
phénomène étudié.
La décision d'utiliser un modèle de
séries chronologiques apparaît lorsque selon Pyndick et
Rubinsfield (1976) :
-On sait très peu de choses sur les déterminants
de la variable étudiée.
- On dispose d'un important nombre de données.
-On utilise essentiellement le modèle pour les
projections de court terme.
Ces conditions permettent d'apprécier ce type de
modèle qui correspond bien au contexte du gaz butane.
En effet, excepté les données
macroéconomiques, nous savions très peu de choses sur ce
combustible ; l'un des objectifs spécifiques de cette étude
ne consistait il pas à identifier les déterminants les plus
pertinents de la demande globale de gaz butane ?
Aussi, nous travaillons dans cette étude avec des
données secondaires mensuelles, partant de la période de janvier
1998 à décembre 2004. Nous disposons d'un nombre non
négligeable d'observations (84 observations).
Le choix de données secondaires répond à
la contrainte temporelle et aux difficultés techniques et
financières qu'aurait suscité une enquête auprès
d'un échantillon de ménages. De plus, il ne serait pas possible
de prendre en compte dans une telle étude certaines variables tels que
le taux d'urbanisation qui pourtant à notre humble avis, sont des
facteurs explicatifs de la consommation globale de gaz des ménages.
Néanmoins, les données d'enquête sur un
échantillon de ménages, nous auraient permis d'apprécier
la relation entre la consommation de gaz butane et certaines
caractéristiques propres aux ménages tels que sa taille, son
revenu, le niveau d'éducation, la structure de l'habitat etc. ...
Mais ces caractéristiques bien que très
explicites, ne sont pas facilement flexibles et ne se prêtent pas
toujours à la mise sur pied de politiques économiques de court
terme.
L'utilisation de variables secondaires, permet au contraire de
statuer sur des variables qui pourraient facilement faire l'objet de politiques
économiques.
Ainsi donc, la variable de consommation de gaz butane, qui est
la variable expliquée de notre modèle sera mesurée par le
volume total mensuel en Kg de gaz butane mis sur le marché par les
différentes entreprises distributrices du secteur en COTE D'IVOIRE.
L'une des questions que l'on pourrait se poser serait de
savoir si les quantités de gaz butane mises sur le marché par
les différentes entreprises distributrices du secteur sont effectivement
les quantités consommées par les ménages ?
La réponse à cette question trouve sa
justification dans la durée du stockage du butane chez les
distributeurs qui réalisent la mise en bouteille. Le stockage du butane
chez les distributeurs est de 10 jours en moyenne. Et même la
société Petroci gaz qui appartient à l'Etat et qui est
leader dans la distribution avait voulu en 2002 renforcer ses capacités
de stockage pour bénéficier d'au moins 15 jours avant la rupture
de stock.
Ceci pour dire que la durée du stockage traduit
fondamentalement la vitesse de consommation du gaz par les ménages. Les
quantités mises sur le marché par une entreprise distributrice
sont en moyenne dans les dix jours qui suivent, achetés par les
ménages.
De plus, le volume total mensuel de gaz butane que nous
utilisons ici représente surtout les quantités vendues par les
entreprises distributrices de gaz butane et donc achetées par les
ménages. Ces quantités ne sauraient en aucune manière
constituées l'offre(production) de gaz butane, mais plutôt la
demande.
Aussi, la période de notre étude (1998-2004) est
une période relativement sensible pour le gaz butane, marquée par
de fréquentes ruptures d'approvisionnement et des pénuries
récurrentes. Chose qui témoigne d'une forte demande et donc d'une
consommation presque égale aux quantités produites
destinées à la consommation domestique.
Le volume de gaz butane pris en compte dans cette étude
ne concerne exclusivement que celui destiné à l'usage domestique.
Les quantités affectées au secteur industriel
« distribués en vrac » ont été exclues
de ce volume.
Les quantités de gaz butane utilisées ici sont
les quantités vendues par les principales entreprises du secteur
constituées en GPP(ex SHELL gaz devenu Oryx gaz ; Total ;
Texaco gaz, Mobil gaz et Petrocigaz). Des sociétés tels que
Lubafrique ;Elf oil Cote d'Ivoire elles exercent surtout dans la
« distribution en vrac » et donc n'ont aucune incidence sur
la consommation en butane des ménages. Seules les sociétés
précitées ont pour activité principale la distribution du
gaz. Leurs quantités vendues sont représentatives de la
consommation réelle des ménages en gaz butane.
Toutes ces données nous sont fournies par les
différentes sociétés par l'intermédiaire de la
DCE de la SIR.
Pour ce qui concerne les variables de prix, à
savoir : le prix du gaz butane, le du charbon de bois et
du bois de feu, seront contrairement aux prix officiels, c'est à dire
fixés par les autorités publiques, des prix directement
prélevés sur le marché.
La préférence que nous accordons à ces
prix est due à leur forte flexibilité qui est fonction de la
structure de l'offre et de la demande et qui représentent
également les prix auxquels les ménages sont effectivement
confrontés sur le marché.
Les données de prix proviennent de la cellule de
l'INS du ministère de l'économie et des finances
et représentent le prix au kilogramme moyen mensuel de chacun des
produits sur la période de notre étude. (janvier1998-
décembre 2004)
Les variables population, urbanisation et
alphabétisation seront respectivement mesurées par le volume
mensuel de la population totale, le volume de la population urbanisée et
le taux d'alphabétisation.
Malheureusement ces données étant
généralement annuelles, leur usage dans notre étude doit
être préalablement soumis à modification. Nous
décidons donc de les harmoniser de sorte à les transformer en
données mensuelles.
La méthode d'interpolation linéaire sera
utilisée à cet effet et est décrite dans la section
suivante. Les données utilisées pour mesurer ces 03 variables
sont obtenues auprès de l'INS.
La variable climat sera mesurée par le niveau moyen
mensuel de la pluviométrie sur la période de janvier 1998
à décembre 2004.
Les informations pluviométriques dont nous disposons
proviennent de la station météorologique
d'Abidjan.(ASECNA)
Enfin, la dernière variable qui est d'autant importante
qu'elle est difficile à déterminer est le revenu global des
ménages. La mesure de cette variable diffère selon les
études.
Dans la plupart des études sur la demande
d'énergie des ménages, ayant portées sur des
données d'enquête auprès d'un échantillon de
ménages, les dépenses de consommation de ceux ci ont
été utilisées pour mesurer la variable revenu des
ménages. Amadou Koné (1992), avait justifié cet usage par
la réticence des ménages face à la déclaration de
leur niveau de revenu.
D'autres études réalisées dans le domaine
telle que celle de Hazzam et Hawdon (2003), et portant surtout sur la demande
globale en énergie de la Jordanie, le revenu annuel par tête a
été utilisé pour prendre en compte la variable revenu.
Notre étude portant sur des données mensuelles
il sera inopportun d'utiliser revenu annuel par tête pour mesurer la
variable revenu des ménages. De même, l'utilisation des
dépenses de consommation des ménages à cet effet comme
dans l'étude de Amadou Koné, serait très difficile, les
données étant uniquement disponibles de manière
annuelle.
Dans le cadre de notre étude et dans le but de
satisfaire le mieux possible aux exigences économétriques de
notre travail, nous définissons un revenu global des ménages
essentiellement constitué de la masse salariale de différents
secteurs définit comme suit :
-Le revenu des fonctionnaires et agents de l'Etat,
définit par la masse salariale mensuelle payée par l'Etat
à l'ensemble des fonctionnaires. Ces données sont obtenues
auprès de la direction de la solde.
- Le revenu des agents du secteur privé,
définit par la masse salariale mensuelle déclarée à
la CNPS par les différentes entreprises du secteur privé. Les
données concernant cette variable, proviennent de la direction de la
CNPS.
- Le revenu des retraités, définit par la masse
salariale annuelle payée par CGRAE pour le compte de l'Etat.
- Le revenu annuel des agents exerçant dans le secteur
informel évalué par l'INS.
- Le revenu annuel des agriculteurs pour prendre en compte
les populations rurales, qui le plus souvent vivent essentiellement de
l'agriculture et surtout de la culture du café et du cacao. Cette
donnée est disponible à l'INS.
Les trois derniers blocs étant des données
annuelles, elles sont transformées en données mensuelles par la
méthode d'interpolation linéaire définie dans la section
suivante.
Notre variable revenu des ménages est donc la somme des
différents revenus mensuels définis ci-dessus, selon
l'illustration :
Y = Smf +Smp + Smr +
Rsi + Rsa
Smf : salaire mensuel des
fonctionnaires.
Smp :salaire
mensuel des personnes exerçant dans le secteur
privé
Smr : salaire mensuel des personnes
retraitées.
Rsi : revenu dans le secteur
informel
Rsa : revenu dans le secteur
agricole
Mensualisation des
données : la méthode d'interpolation
linéaire.
Le reprofilage des données que nous faisons ici, n'est
pas inhérente à notre seule étude. Elle a
été utilisée dans plusieurs travaux où les
données étant annuelles, l'indispensabilité de
données mensuelles a conduit soit à leur trimestrialisation
soit à leur mensualisation.
La méthode d'interpolation linéaire que nous
utilisons ici, n'est pas unique. Il y a en dehors de cette méthode, la
méthode dite de retropolation et celle de profilage. (voir annexe).
Mais devant la complexité de ces deux dernières,
la méthode d'interpolation nous a parut plus adaptée à
notre analyse.
L'interpolation
linéaire
Partant d'une série temporelle annuelle, la
première façon de la rendre mensuelle est de
considérée que sur une année, son taux de variation
mensuel est constant. Il faut remarquer que la série étant
annuelle, les points la constituant sont des points en fin d'année.
Soit donc la série annuelle X
où Xt est une donnée fin d'année.
On note Xit
la série mensualisée à comprendre
ainsi : Xit est la
valeur de la série à la fin du mois i de l'année t(donc
i=1 ; 2 ; 3.......12)
Pour t quelconque, puisque l'on veut un taux de variation
mensuel At+1 constant sur l'année
(t+1), on doit avoir :
X1t+1
/X12t =A t+1avec X12t =
Xt puisque les données sont en fin
d'année.
X2t+1/
X1t+1=At+1
.
.
.
.
.
X12t+1
/X11t+1 = At+1 avec
X12t+1 = Xt+1
La multiplication de ces douze égalités nous
donne :
Xt+1/Xt
=A12t+1
D'où At+1=
(Xt+1/Xt)(1/12), avec
Xt+1/Xt qui n'est rien d'autre que le
taux de croissance annuel Gt+1 de la série
initiale augmentée de 1.
Ainsi, la seule connaissance de
Gt+1, suffit à mensualiser la
série.
On peut même écrire que pour t et i
quelconque :
Xit+1 = [( Gt+1
+1)(1/12)i]Xt
Sur la base de cette méthode, nous calculons le volume
mensuel de la population ivoirienne, en partant du volume annuel de la
population de l'année 1997.
Une application toute simple sur l'année 1998 :
X11998 =[(G1998
+1)1/12]*X1997
Structure de la
fonction de demande
Le choix d'une fonction de demande, ne se fait pas de
manière fortuite. Il faudrait qu'elle reflète effectivement les
réalités du phénomène étudié et qu'en
plus elle soit plus représentative (explicative),concernant la
robustesse de ces coefficients estimés.
Amadou Koné(1992), avait justifié l'utilisation
d'une fonction de demande semi logarithmique(variable expliquée) par
l'estimation de plusieurs fonctions de demande et avait trouvé que
celle-ci rendait mieux compte de la structure de la consommation de charbon de
bois des ménages ivoiriens.
Notre contexte, bien que plus général,
s'apparente à celui de Koné.
En effet, le pays est le même (Cote D'Ivoire) et
l'analyse porte sur la demande d'un bien énergétique(charbon de
bois) plus ou moins substitut ou complémentaire au notre (gaz butane).
La seule différence est que son étude a porté sur un
échantillon de ménages alors que la notre porte sur l'ensemble de
la population. Cette nuance se traduit par la structure des variables qui ne
sont pas toutes les mêmes. (taille du ménage ;dépense
de consommation........). En dehors de ce fait, l'objectif recherché est
le même, à savoir identifier et quantifier la nature de la
relation entre la demande du bien et ses principaux déterminants.
Alors notre modèle s'inspire de celui de Amadou
Koné et s'illustre comme suit :
Ln Q = a0+a1Pg+ a2Pc+
a3Pb+a4Yt +a5Pop+ a6PL+
a7Alp+ a8URB+t
Qt = Consommation globale
mensuelle de gaz butane des ménages au mois t.
Pgt = prix nominal moyen mensuel
du Kilogramme de gaz butane au mois t.
Pct = prix nominal moyen mensuel
du Kilogramme de charbon de bois au mois t.
Pbt = prix nominal moyen mensuel
du Kilogramme de bois au mois t.
Yt = revenu global mensuel des ménages
au mois t.
Popt = Volume mensuel de la
population au mois t.
PLt = niveau moyen mensuel de
pluie au mois t.
Alpt = taux moyen mensuel
d'alphabétisation
URBt = Taux moyen mensuel
d'urbanisation
t = terme de
l'erreur
Analyse
économétrique
* 1 rareté=utilité
marginale
* 2 prix =prix relatif des deux
biens
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