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Analyse des déterminants de la demande globale d'une ressource énergétique par les ménages:le cas du gaz butane en Côte d'Ivoire


par Aristide Cyrille DADIE
Université de Cocody Abidjan - DEA PTCI Economie 2005
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION GENERALE

Selon le rapport du ministère du plan et de l'industrie(1980), la forêt dense ivoirienne couvrait au début du siècle une superficie de 16 millions d'hectares qui en 1966 est passée à 9 millions d'hectares. Ce qui correspondait à un taux de boisement de 55.3%.En 1980, cette superficie est réduite à environ 3,6 millions d'hectares et le taux de boisement n'est plus que de 23%. Dans certaines régions forestières (Sud-est ; Nord -est et centre Nord), le taux de boisement (surface de forets sur superficie du pays)est descendu en dessous du seuil critique de 20%.

La réduction du potentiel forestier ne peut être attribuée au seul facteur qu'est l'exportation du bois d'oeuvre. L'effet combiné de l'extraction du bois d'oeuvre, des défrichements agricoles et de la fabrication de combustibles ligneux coûtait à la forêt ivoirienne un déboisement d'environ 290.000 hectares par an avant 1990.

Selon Bertrand (1989), le phénomène de déforestation en Cote D'Ivoire avec un

rythme de 7% par an (soit 10 fois le niveau moyen de déboisement dans les PVD en général, Gillis et al(1983) ) était le plus préoccupant d'Afrique en 1990.

Face à cette dégradation rapide et non contrôlée des ressources forestières nationales, les autorités publiques prennent leurs responsabilités en promulguant des mesures restrictives dans le but de freiner cette situation. On note les multiples sensibilisations sur le caractère classé d'une forêt ; la promotion du reboisement ; le recrutement d'agents chargés de la protection des parcs et des réserves et l'augmentation des taxes à l'exportation de certaines essences de bois etc.... .

Aujourd'hui après toutes ces mesures, la superficie forestière est estimée à environ 2,5 millions d'hectares.

Deux réponses peuvent être suggérées à un tel constat :

La trop forte dépendance de l'économie du pays aux cultures du café et du cacao, qui pourtant sont des cultures pérennes qui occupent beaucoup d'espace et qui sont la cause de nombreux défrichements.

Mais la cause qui pour nous semble la mieux explicative, c'est la forte contribution du secteur de l'exploitation forestière à l'économie du pays. L'exploitation forestière représente la troisième source de revenu du pays après le binôme café-cacao. L'industrie forestière après une nette régression au cours des années 1970, s'est maintenue à un niveau de 9% des recettes d'exploitation 4,5%du PIB et un chiffre d'affaire d'environ 100 milliards de Fcfa. Elle offre plus de 40.000 emplois (Button 1989).

Les parts du bois de chauffe et du charbon de bois sont loin d'être négligeables dans cette industrie. Ils représentent un marché de 28 milliards de Fcfa par an pour le charbon et de 15 milliards de Fcfa par an pour le bois de chauffe. (DCGTX 1990), ce qui d'ailleurs constitue une véritable source de revenu pour les ménages.

Dans un tel contexte, la nécessité de mesures plus strictes dans le secteur se fait sentir et l'une des résolutions la plus adaptée est de réduire considérablement la partie de la consommation de bois la plus flexible : la consommation du bois et du charbon de bois par les ménages.

De plus, la découverte des gisements PANTHERE par le groupe UMIC en 1993 et LION(gaz associé au pétrole), conforte les autorités publiques dans leur choix.

Une politique énergétique qualifiée de butanisation est donc lancée dans les années 1990 et des mesures sont dès lors prises à cet effet :

-Exclusivité toujours accordée à la SIR en ce qui concerne la production, l'importation et le prélèvement au niveau des plates-formes ivoiriennes du gaz butane. Cette mesure est prise dans le but d'éviter l'inflation incontrôlée dans le secteur.

-Subvention du gaz butane à usage domestique (240fcfa /Kg au lieu de 280fcfa/Kg) pour en favoriser davantage l'accès aux populations cibles.

-Accroissement des capacités de stockage(gestoci : 2 bacs de 2000 tonnes pour le gaz)et mise sur pied de petroci gaz en 1997 dont l'objectif est d'assurer une bonne partie de la distribution du gaz butane.

Le résultat est important. La consommation de gaz butane des ménages passe de 18674 tonnes en 1995 à 31472 tonnes en 1996 pour aboutir en 2000 à 50.000 tonnes. Aujourd'hui en 2004 elle est estimée à 70.000 tonnes ;avec environ 33% provenant d'importation. Parallèlement 40.000 réchauds ont été vendus. Les acteurs de la filière se multiplient et la capacité de stockage prend de la valeur. La distribution est l'une des meilleurs de la sous région et le pays est le principal fournisseur de plusieurs pays de la sous région. (Burkina-Faso;Mali ; Niger;Guinée....)

Cependant, une analyse plus poussée de la situation laisse transparaître certaines insuffisances. Les combustibles ligneux demeurent jusque là encore le combustible principal des ménages ivoiriens : 70 à 80% de la consommation totale d'énergie des ménages relèvent encore de combustibles ligneux. (Rapport UNCCD 2002).

De plus, la consommation reste concentrée en milieu urbain et péri-urbain. La seule ville d'Abidjan concentre à elle seule 75% de la consommation globale de gaz butane. Les populations en milieu rural elles utilisent exclusivement en général, le bois comme combustible. Le gaz butane fait donc l'objet d'une dualité dans sa consommation ce qui est de nature à remettre en cause la politique de vulgarisation.

Aussi depuis certaines années (notamment1998 selon notre appréciation), un manque de plus en plus récurent de gaz butane sur le marché est décrié par les ménages ivoiriens. Les autorités publiques apportent comme justificatif à cette situation qui pourrait être qualifiée de crise énergétique, l'absence de l'interchangeabilité des bouteilles de gaz à l'effigie des différentes entreprises distributrices (TOTAL ; ORYX ; PETROCI-GAZ ; MOBIL....). Ainsi un ménage qui dispose d'une bouteille à l'effigie d'une société ne pourrait pas s'approvisionner en gaz dès que seules les bouteilles à l'effigie des autres sociétés sont disponibles. L'éviction de telles situations oblige fort bien souvent le ménage à détenir au moins une bouteille de chacune des sociétés distributrices. Cet état de fait est de nature à augmenter le coût d'accès au gaz et suscite une reconversion des ménages vers les combustibles substituts (bois ; Charbon de bois) L'objectif principal de la politique de butanisation se trouve ainsi controversé.

Cette controverse avait été présumée par LIBASSE BA (1993), pour qui l'échec de la politique énergétique des pays africains réside en ce qu'elles se soient exclusivement préoccupées de l'offre, et ont ainsi pendant des années négligé l'avantage que pouvait apporter la maîtrise des caractéristiques de la demande des ménages, surtout dans le contexte de dualité qui régie la consommation domestique de combustibles des ménages en Afrique.

Il se pose donc un réel problème de politique énergétique et l'échec de la politique par l'offre, semble désormais attirer l'attention des autorités publiques sur l'utilisation d'une politique par la demande.

Cependant la mise en place d'une telle politique reste conditionnée par la réponse à plusieurs interrogations :

-Qu'est-ce qui explique la demande de gaz butane des ménages africains et ivoiriens en particulier ?

-A quelle demande les autorités publiques font elles face ?

-L'analyse des déterminants de cette demande peut-elles apporter une explication à l'échec de la politique de butanisation ?

La réponse à ces questions, insinue une estimation de la demande de gaz butane des ménages qui passe nécessairement par une analyse des déterminants de celle ci.

La littérature économique dans le domaine de la demande énergétique des ménages fait montre de nombreuses publications même si elles sont difficilement accessibles. Mais très peu de ces travaux se sont confrontés aux réalités africaines, et il paraît peu vraisemblable que les résultats soient transposables au cas de l'Afrique subsaharienne en Général et de la Cote D'Ivoire en particulier. L'analyse des déterminants de la demande énergétique devient donc pertinente pour une meilleure gestion de son allocation.

Cette recherche se propose donc, de cerner de plus près, les déterminants de la demande de gaz butane des ménages ivoiriens.

Objectifs et Hypothèses de Recherche

Objectif Général

Cette recherche se propose en tant qu'objectif principal d'identifier et de quantifier la nature de la relation entre la demande de gaz butane des ménages ivoiriens et ses principaux déterminants.

Objectifs Spécifiques

De manière spécifique, il s'agira dans un premier temps pour nous :

-D'identifier les déterminants de la demande de gaz butane des ménages en Cote

D'Ivoire.

-De quantifier à travers le calcul des différentes élasticités l'impact exercé par chacune des variables sur la demande de gaz butane des ménages.

-Identifier la nature économique du bien gaz butane : est-il un bien de luxe, un bien inférieur ou un bien normal ?

Hypothèses de Recherche

Notre travail est soutenu par quatre hypothèses :

-Face à des ressources en gaz butane limitées, toute augmentation de la demande de gaz butane va entraîner une hausse de son prix.

-Toute augmentation du prix des combustibles substituts va entraîner une hausse de la demande de gaz butane.

-Toute augmentation du prix du gaz butane va entraîner une réduction de la demande des combustibles complémentaires au gaz butane.et une augmentation de la demande des combustibles substituts.

Revue de Littérature

La théorie économique a beaucoup été sollicitée par les acteurs du secteur de l'énergie, mais en retour, les débats énergétiques ont permis aux théoriciens de l'économie d'alimenter certaines réflexions. C'est que le secteur de l'énergie fait appel à des ressources épuisables (les ¾ de l'énergie consommée dans le monde appartiennent aux ressources dites épuisables.) ; qu'il est très capitalistique et souvent organisé autour de monopoles intégrés, privés ou publiques, pour ce qui est de la distribution de certains fluides (gaz, électricité).

C'est en outre une activité génératrice de fortes externalités. Ces débats ne sont pas nouveaux : On se souvient de la « question charbonnière » soulevée par S.Jevons(1865) ou de la tarification des monopoles énergétiques abordée par J.Dupuit(1844).

Il est donc intéressant de voir comment les relations entre énergie et théorie économique ont évolué au cours de ces dernières années et quels sont les thèmes qui, aujourd'hui, sont au centre des préoccupations des économistes de l'énergie.

Dans cette partie de notre travail, nous nous consacrerons dans un premier temps à apprécier l'évolution de la relation entre énergie et théorie économique. Puis dans un second temps, aux différents travaux et études effectuées dans le cadre de la demande énergétique des ménages en général.

Au début des années 1950, le problème principal auquel était confronté l'Etat en matière énergétique, restait celui de la pénurie. Il fallait avant tout, programmer des investissements en s'appuyant sur une planification de long terme et l'instrument principal de cette planification était l'existence d'un vaste secteur public en situation de monopole.

Dans les années 1980-1990,la préoccupation majeure dans le secteur énergétique était devenue celle de la compétitivité internationale et l'irruption des mécanismes du marché dans une industrie jusque-là vouée à la planification va alors modifier fondamentalement le rôle de la régulation publique. Plusieurs questions vont tout au long de la période, préoccupées les économistes. Celles de la relation entre le capital et l'énergie ; l'organisation optimale d'une industrie énergétique ; la question de la formation des prix de l'énergie .

Une célèbre controverse théorique a opposé à la fin des années70, Berndt et Wood(1975),d'un coté, Gregory et Griffin(1976) de l'autre sur la relation capital-énergie.

Pour les premiers, le capital et l'énergie sont avant tout complémentaires(l'énergie est toujours consommée à travers un équipement). Pour les autres, ils sont largement substituts(on peut économiser de l'énergie en faisant des investissements supplémentaires).

Cette controverse a été alimenté par de multiples « vérifications empiriques », utilisant pour la plupart des fonctions de production translog (cf. .Diewert 1974,Christensen et al 1975).

Une tentative de réconciliation a été proposée par Berndt et Wood en 1979 : l'énergie et le capital sont des substituts bruts au sens « technique » du terme, mais demeurent des compléments nets au sens économique du terme

Les controverses sur les relations qui existent au sein de la fonction de production : KLEM se sont largement atténuées avec la diminution du nombre de travaux prospectifs sur l'évolution de la demande et de l'offre d'énergie.

Par contre, les débats sur l'organisation optimale du secteur énergie et sur la formation des prix de l'énergie n'ont en revanche rien perdu de leur intensité.

Dans les pays développés, la distribution et le transport de certains produits énergétiques comme le gaz et l'électricité, sont conférés à des industries de réseau. Ce réseau a souvent le caractère d'un monopole naturel, car sa duplication aurait un coût exorbitant et l'existence de rendements d'échelle croissants justifient la présence d'une seule entreprise. Ces réseaux sont souvent concessionnaires de missions de service public et ce fait impose dès lors la présence d'un régulateur. Il aurait pour rôle d'accorder des droits exclusifs au concessionnaire, protéger l'usager contre les abus de position dominante et de sauvegarder l'intérêt collectif. Ce qui a conduit en France à la nationalisation de EDF et GDF en 1946.Cependant,la théorie des coûts de transaction et celle des marchés contestables ont fortement remis en question la régulation.

Pour Coase (1937), la firme est un mode d'organisation de l'activité économique qui permet d'économiser des coûts de marché. Williamson (1975),(1988) a prolongé cette thèse et, dans le cadre du courant néo-institutionnaliste il a montré que selon la spécificité de l'actif, la firme a intérêt soit à internaliser ou à externaliser ses transactions. Ainsi il existe une taille optimale de la firme (coût d'organisation interne égalise le coût du marché) et l'existence d'une fonction de coût sous-additive seulement ne justifie pas l'intégration verticale. Cette intégration verticale est toutefois discutable, dès lors que la spécificité de l'actif décroît selon Riordan et Williamson (1985) et l'organisation de l'industrie doit s'orienter vers des structures plus concurrentielles. Ce qui fut le cas de l'industrie gazière et de l'électricité en Europe avec l'évolution technologique.

C'est sur cette thèse que s'appuie aujourd'hui l'école libérale pour justifier l'ouverture à la concurrence de certaines activités de réseau et par voie de conséquence, la remise en cause du régulateur.

La théorie des marchés contestables vient conforter la précédente dans la nécessité de réintroduire plus de compétition dans les industries de réseau. Cette théorie est apparue à la fin des années 1970 et est due à trois auteurs : W.Baumol, J.Panzar et R.Willig en 1982.

Selon cette théorie, la menace crédible d'entrée sur un marché qui ne serait pas nécessairement concurrentiel, doit suffire à discipliner les entreprises en place, quand bien même elles fonctionneraient en situation d'oligopole, voire de monopole. Le rôle de l'Etat ne serait donc que de veiller à ce qu'il n'y ait pas d'obstacles juridiques à l'entrée et non le maintient d'un régulateur.

Une autre question a alimenté les débats économiques : la tarification optimale de l'énergie.

Le débat n'est pas nouveau et s'est posé dans les années 1930 aux Etats-Unis, à une période où les réserves de pétrole brut semblaient s'épuiser rapidement.

Hotelling(1931), avait alors apporté une réponse à la question de savoir, comment doit évoluer en longue période, le prix de marché d'une ressource épuisable. Pour lui, le prix de marché de la ressource extraite doit tenir compte non seulement du coût marginal d'extraction, mais aussi du coût d'option que constitue cette valeur en terre sacrifiée. Il en déduit dès lors le sentier optimal d'évolution d'une ressource épuisable, selon la structure du marché.

En situation de concurrence pure et parfaite, le prix net(des coûts d'extraction) doit croître suivant le taux d'actualisation. Par contre en situation de monopole, c'est la recette marginale des coûts de transaction qui doit croître au rythme du taux d'actualisation. Le prix d'équilibre diffère du prix de concurrence par la prise en compte d'une rente de monopole qui est positive, dès lors que l'élasticité prix de la demande est en valeur absolue supérieur à 1.

Certains auteurs tel que M.Aldenman(1980et1986),considèrent que l'approche en terme de ressources épuisables n'est pas pertinente et qu'en conséquence le prix du pétrole est tendanciellement aligné sur son coût marginal en développement.

D'autres auteurs, en mettant l'accent sur l'innovation technologique, montrent la pertinence de l'adoption d'une vision autre que normative.

W.Nordhaus(1973), introduit le concept de « backstrop technology »qui englobe le processus de production capable de fournir à un coût élevé un bien substitut parfait inépuisable (énergie solaire, nucléaire).

La demande d'énergie a fait l'objet de plusieurs études économiques. Elle revêt un caractère important dès lors que l'on se rend compte que les principales sources d'énergie potentielles sont tarissables, et de la nécessité d'appréhender de façon minutieuse la demande.

La première difficulté a été la détermination d'une unité de mesure de la consommation d'énergie, les sources et l'utilisation étant différentes. Deux unités de mesure sont jusque là utilisées : le TEP et le BTU.

Le TEP se défini comme le « tonne d'équivalent pétrole ». C'est une unité de mesure qui permet la conversion de toute forme d'énergie en tonne de pétrole.

Le BTU qui est le « British Terminal Unit » est la quantité de chaleur nécessaire pour augmenter la température d'une livre d'eau (0.545Kg) d'un degré fahrenheit.

Ces deux unités de mesure permettent la conversion de toutes formes d'énergie et facilitent dès lors, l'estimation de l'énergie consommée.

Tous les économistes s'accordent à penser que la meilleure mesure de l'évolution de l'efficacité énergétique d'une économie, est le ratio d'intensité  énergétique défini par le rapport de la consommation d'énergie primaire sur le PIB mesuré à prix constants.

Les premières estimations effectives des fonctions de demande d'énergie des ménages, remontent aux années 1970. Les articles fondateurs de cette littérature, sont ceux de Houthaker et Taylor(1970) et de Houthaker et Kennedy(1979). Les données utilisées sont en général, des séries chronologiques et les méthodes économétriques consistent le plus souvent, à l'utilisation des moindres carrés ordinaires (MCO). D'autres études telles que celles de Kasanen et al(1989), et de Vaage(2000) utilise des données en coupe transversales et une approche à choix discret pour analyser la demande résidentielle d'énergie et l'énergie de chauffage.

Il est admis en France, d'après les travaux de Vallet (1974), se basant sur le modèle de Houthaker et Taylor, que l'élasticité revenu de long terme est positive et supérieur à 1, mais que l'élasticité prix de la demande n'est pas significativement différente de 0.

Azzam et Hawdon (2000), étudient la demande d'énergie en Jordanie, en se basant sur l'analyse des dynamiques moindres carrés ordinaires (DOLS), selon l'approche de Stock-Watson. Ils montrent que l'élasticité Revenu de la demande totale d'énergie est très proche de l'unité, impliquant que la croissance économique est probablement accompagnée par une croissance proportionnelle de la demande d'énergie. Leur approche est très originale car elle évite des problèmes que soulève un modèle à correction d'erreur simple.

Un consensus semble se dégager entre les économistes, en ce qui concerne les variables qui doivent entrer comme explicatives de la demande d'énergie des ménages :

Le prix réel, Pernille H et F.Joutz(2000) ou le prix relatif, Vallet(1974) ; le revenu et plus souvent les valeurs retardées de la variable explicative, pour prendre en compte les effets de long terme.

Il faut remarquer que ces études, n'ont concerné que les pays développés et que les réalités socio-économiques diffèrent sensiblement de ceux de l'Afrique subsaharienne ou 80% des ménages utilisent le bois comme combustible essentiel. Très peu d'études ont été réalisées dans le domaine spécifique du gaz. La plupart des travaux existant sur la demande de gaz restent très loin du cadre d'estimation économique, mais pose plutôt le problème du choix d'énergie de cuisson du ménage.

Boukary Ouedraogo(2004) utilise un modèle logit multinomial pour analyser le choix d'énergie de cuisson du ménage, en milieu urbain au Burkina Faso. Il démontre que la probabilité pour un ménage d'adopter le bois comme principal énergie de cuisson, est de 92,20% contre moins de 6,20% pour le gaz butane.

D'autres auteurs, tels que Hozier(1988) et Campbell et al(2003) étudie la transition de l'utilisation du bois à l'électricité en s'appuyant sur une approche descriptive.

La demande de gaz butane des ménages en Afrique Subsaharienne, n'a donc pas fait l'objet de beaucoup d'études.

Cependant l'analyse de ses déterminants demeure nécessaire pour la mise en place d'une politique énergétique efficace en Cote D'Ivoire.

I. La situation énergétique Africaine

1-1 La problématique énergétique

L'énergie est nécessaire à toute activité humaine et indispensable à la satisfaction des

besoins sociaux de base (eau, nourriture, santé, éducation, etc.) mais, également, pour assurer un minimum de développement économique. Pour l'Afrique, la problématique énergétique se situe dans un contexte qui relève des multiples exigences auxquelles le continent est confronté : croissance économique, ajustement structurel, libéralisation, dynamique démographique et la lutte contre la pauvreté de façon générale. Tenir compte de ces exigences nécessite d'opter pour un style de développement qui aura de fortes implications pour l'énergie, puisque celle-ci est présente dans tous les aspects de la consommation finale, individuelle et collective, et comme facteur de production de tous les secteurs. Pour preuve, il est admis que les services énergétiques constituent un élément moteur des stratégies de développement et de lutte contre la pauvreté. Tous les secteurs répertoriés dans les documents stratégiques de lutte contre la pauvreté (agriculture, éducation, santé, industrie, eau, etc.) ne peuvent se développer durablement sans un apport de service énergétique approprié. D'où la nécessité de renforcer l'accès à l'énergie pour un plus grand nombre. Or, au plan énergétique, les pays africains sont caractérisés par une grande« pauvreté énergétique ». En effet, pour une population estimée à 760 millions d'habitants en 1998, représentant 13% de la population mondiale, la consommation d'énergie primaire de l'Afrique s'établissait à 480 M Tep, soit 4,6 % de la consommation mondiale. Cette situation est décrite par les traits majeurs suivants:

- la forte dépendance aux combustibles ligneux : La consommation des combustibles ligneux (bois, charbon de bois, déchets végétaux etc.) représente jusqu'à 80% à 90%de la consommation totale d'énergie des ménages dans la plupart des pays africains. La demande d'énergie répond aux besoins de cuisson et de chauffage de quelques 575 millions d'individus et est estimée à 254 Mtoe en 2000 (World energy outlook 2002) .

D'après les prévisions de EIA, la tendance va se maintenir voire se renforcer pour atteindre 321 Mtoe en 2020, soit un taux d'accroissement annuel moyen de 1,2% Ce niveau de dépendance sur les combustibles traditionnels explique, en partie, les problèmes d'environnement relatifs à la dégradation des terres.

- Un faible niveau de consommation par tête des énergies conventionnelles. Le niveau de consommation énergétique d'un pays reflète, dans une certaine mesure, son niveau de développement. En Afrique la consommation énergétique per capita reste la plus faible du monde. En effet, celle-ci est 500 Kwh/an contre une moyenne mondiale de 2500 Kwh/an (dont 900 Kwh pour les pays en développement et 9000 Kwh/an pour les pays industrialisés).

- Un faible taux d'accès à l'électricité : Le taux d'accès à l'électricité en Afrique est encore faible. Pour une population de 795 millions en 2000 seulement quelques 272,7 millions de personnes ont accès à l'électricité soit environ 34,3%. Les populations africaines sans accès à l'électricité représentent 32% des individus vivant dans l'obscurité à travers le monde.

Ce ratio d'accès à l'électricité cache des disparités tant à l'échelle sous-régionale, nationale que locale. En effet, l'Afrique du Nord a un taux d'électrification de 90% suivie de l'Afrique du Sud (20,73% en 2000), l'Afrique de l'Ouest (20%) et l'Afrique Centrale, seulement 9%. Au niveau national, force est de reconnaître que bien des pays africains disposent des taux les plus faibles au monde. C'est le cas notamment du Togo, Mali, Guinée Bissau, Niger, Angola, RD Congo, Lesotho, Malawi, Mozambique et Kenya dont les taux d'électrification ne dépassent pas 10% en 2000. En outre, les niveaux d'électrification urbain et rural sont très disproportionnés. Le taux d'électrification rurale dépasse rarement 3 % dans la plupart des pays africains.

Un niveau encore élevé de l'intensité énergétique. L'intensité énergétique des pays

africains se situe à des niveaux élevés dus à la part importante des énergies traditionnelles dont les rendements de production et d'utilisation sont très bas. En 1997, la Commission Européenne - Direction Générale de l'Energie situe l'intensité énergétique en Afrique à 926 Tep/million d'euros de PIB contre une moyenne mondiale de 477 Tep. Ce ratio est de 237 pour l'Union Européenne, de 493 Tep pour l'Amérique Latine et de 1124 Tep pour l'Asie.

- Une timide transition des comportements énergétiques : En Afrique et plus précisément au Sahel, des programmes de substitution de l'usage du bois et du charbon de bois par le gaz ont été lancés en vue de réduire la pression sur le couvert végétal. L'application des politiques et mesures, allant dans ce sens, s'est traduite par une faible transition énergétique, même si la consommation de gaz butane connaît des taux de croissance significatifs par endroit. Les études ont montré que malgré les programmes énergétiques de substitution (butanisation),la transition à l'usage du gaz s'est finalement traduite par le renforcement de la dualité entre le monde rural et le monde urbain : le gaz et le charbon de bois en milieu urbain et le bois en milieu rural3. Encore, faut-il constater que le gaz est principalement utilisé dans les zones résidentielles des métropoles africaines et que les zones péri-urbaines se trouvent presque dans la même dynamique énergétique que le milieu rural.

-Une faible utilisation des énergies renouvelables malgré l'existence d'un potentiel important. Pour la filière solaire (photovoltaïque et thermique) l'Afrique est le continent qui dispose d'un important potentiel avec un ensoleillement pouvant atteindre 5 à 6 kwh/m2/Jour de radiation. Concernant la filière biomasse, le manque de technologies modernes pour sa transformation à de fins énergétiques explique, en partie, la primauté de son usage à des fins de cuisson et de chauffage à l'aide d'équipements encore peu efficients. Le potentiel micro-hydraulique de 280 GW est encore faiblement valorisé, seulement 5% est exploité.

La filière éolienne connaît une meilleure exploitation avec les différentes expériences en cours en Afrique Nord dans la production d'électricité (Maroc et Tunisie). En Tunisie, un objectif de pénétration de 10%, soit une capacité installée de 1850 MW à l'horizon 2030 est retenue dans la nouvelle stratégie de développement des ER.

Dans la zone Est de l'Afrique, le potentiel d'exploitation de la géothermie est relativement important mais faiblement valorisé. Au Kenya, par exemple, ce potentiel est de 2000 à 3000 MW dont 137 MW sont exploités en 2003, soit 5% .

Le ménage africain face à l'énergie

Les ménages sont supposés avoir des préférences entre plusieurs catégories d'énergie selon leurs différents besoins, et de faire le choix qui maximise leur utilité en fonction de leur contrainte de revenu

Le choix d'une source d'énergie donnée, dépend à la fois des caractéristiques socio-économiques(revenu ; Prix ), socio-démographiques (niveau d'éducation ; influence de la taille du ménage ;Effet de l'âge) et des caractéristiques psychologiques(l'accessibilité géographique ;Sexe ;Religion...) etc... .

Ces caractéristiques diffèrent d'un ménage à un autre. Ce qui implique logiquement une divergence en ce qui concerne le choix du type d'énergie du ménage.

En Afrique, en ce qui concerne l'énergie affectée à la cuisson, le choix des ménages se fait principalement entre trois formes d'énergie : le feu de bois, le charbon de bois et le gaz butane.

Les combustibles ligneux sont de loin les plus utilisés car 80 à90% de l'énergie utilisée par les ménages relèvent de combustibles ligneux.

Plusieurs explications pourraient être apportées à un tel constat.

La première est le facteur culturel. Les ménages africains sont fortement encrés dans leurs traditions. L'utilisation des combustibles ligneux à des fins culinaires ou à toutes autres fins remontent aux ancêtres. Dès lors, les dispositions inhérentes comme les foyers culinaires, les fourneaux et les trois cailloux existent depuis des générations et semblent demander aux générations suivantes de perpétrer cette tradition. Cette situation explique surtout la dualité dont fait objet le gaz butane dans sa consommation. Les ménages dans le milieu rural africain utilisent principalement le bois de feu comme source principale d'énergie tandis que ceux des milieux urbains utilisent le charbon de bois et le gaz butane.

La seconde explication provient des habitudes culinaires des ménages africains.

En Afrique la majeure partie des mets consommés exige une forte quantité d'énergie. Les repas sont pour la plupart du temps constitués de sauces, qui mettent beaucoup de temps à cuir et qui ainsi déterminent le choix du type d'énergie du ménage.

Bakayoko (2002), a montré que la fréquence de préparation du tô au Burkina-Faso, était un facteur déterminant dans le choix de l'énergie de cuisson des ménages. Selon lui, l'augmentation de la fréquence de préparation du tô par un ménage, accroît la probabilité d'adoption des combustibles ligneux de 0.02%. De plus, les repas sont préparés à l'air libre, surtout en milieu rural, ce à quoi se prêtent mieux les combustibles ligneux. Le gaz butane par contre, est très difficile à utiliser dans ces conditions là.

Aussi, l'existence d'une cuisine ou non dans la maison est un très bon indicateur du choix du type d'énergie du ménage. Le passage des ménages dont la maison est sans cuisine à ceux dont la maison a une cuisine, accroît de .0,11% la probabilité d'adoption du gaz et du charbon de bois et baisse de 0,03% la probabilité de choisir le bois.

Il faut également faire allusion à la taille du ménage africain, dans l'explication du choix «énergétique du ménage. En Afrique la taille du ménage a un fondement culturel. Le ménage n'est pas seulement constitué du père, de la mère et des enfants. C'est une famille élargie. Dès lors, les repas sont beaucoup plus grands et demandent une forte quantité d'énergie pour les cuir. L'utilisation du gaz butane est difficile au vu de la taille des accessoires de cuisine. Les combustibles ligneux sont plus adaptés.

Selon Boukary Ouedraogo, une augmentation de 1% de la taille du ménage entraîne un accroissement de la probabilité d'adoption du bois de feu par les ménages de 0.02%, tout en réduisant celle du gaz de 0,01%.

Au-delà, de tous ces facteurs, il y a également le niveau d'éducation du chef du ménage qui joue un rôle significatif dans le choix énergétique du ménage. Plus le niveau d'éducation de celui-ci est élevé, plus le ménage a tendance à choisir le gaz au détriment des combustibles ligneux. Boukary Ouedraogo montre qu'au Burkina, Lorsque le niveau d'éducation du chef de ménages décroît d'un niveau plus élevé au niveau primaire d'éducation, la probabilité d'adoption des combustibles ligneux comme principale source d'énergie de cuisson, s'accroît de 0,61%. En plus, 74% d'utilisateurs de combustibles ligneux sont illétrés,13% ont fait le primaire,6% le secondaire et 7% un niveau plus élevé.

Outre les facteurs démographiques, climatique et socio-économiques la demande de gaz butane est également expliquée par des facteurs socioculturels comme énoncé plus haut. Ces facteurs sont importants, d'autant plus qu'ils influencent surtout le choix énergétique des ménages, en dehors des facteurs économiques.

Deux ménages peuvent être différents en ce qui concerne leur niveau de revenu, mais par contre opter pour la même source d'énergie à cause de leur trop grandes tailles.

Cependant même s'ils influencent significativement le choix des ménages, ils ne peuvent faire l'objet de politiques économiques de court ni de long terme, selon Boukary Ouedraogo. Les seules variables sur lesquelles l'Etat peut envisager faire des actions de court et de moyen terme est le revenu réel des ménages.

LE POTENTIEL ENERGETIQUE IVOIRIEN

La production et la fourniture de l'énergie sont l'un des axes prioritaires de la politique énergétique du gouvernement ivoirien avec pour objectif d'assurer l'autonomie énergétique du pays et alimenter la sous région en électricité et en pétrole raffiné.

Le secteur énergétique ivoirien s'appuie principalement sur deux ressources : le sous secteur de l'électricité et le sous secteur pétrolier.

L'énergie électrique

Le sous secteur de l'électricité est aujourd'hui autonome. La production électrique ivoirienne est à la fois d'origine thermique et hydraulique représentant une puissance totale installée de 1265,5MW (2002 UNCCD).

La contribution de source hydraulique peut aller jusqu'à 607,5MW reparties sur six barrages. Elle représente environ 30 à 35% de la production totale (estimation 2002).

La contribution de source thermique est récente(quelle année), plus importante, et est fournie par trois centrales thermiques (Azito,vridi etc....voir). Elle représentait 67.4% de la production totale en 2002 contre 63.2% les deux années précédentes. Toutefois, si le projet du barrage de Soubré est mis en chantier, il devrait permettre au plus tôt à l'horizon 2006/2007,d'équilibrer les sources de production (50% hydro et 50%thermique) et d'éviter ainsi une dépendance excessive vis à vis du gaz..

La production d'électricité n'a pas cessé de croître de 1995 à 2002. Elle est passée de 2489 GWh à5277 GWh et la consommation nationale a également augmenté mais beaucoup moins vite. Elle représentait 86% de la production en 1995 et 55% en 2002.

Ce qui permet au pays de rompre en 1955 avec la dépendance du Ghana en électricité et de désormais exporter de l'électricité vers ce pays mais également vers d'autre pays de la sous région tels que le Bénin, le Burkina-Faso et le Togo. Les exportations comptaient pour 29.7% de la production de 2002 contre 23.7% l'année précédente.

Le réseau ivoirien de distribution se compose de 4300Km de haute tension et de 25000Km de lignes moyenne et basse tension. La Cote D'Ivoire est l'un des pays africains qui bénéficie du meilleur taux d'électrification. Le taux de couverture qui était de 27% en 1997 a dépassé le seuil de 33% en 2000 avec plus de 700 000 abonnés et l'agglomération d'Abidjan concentre environ 60% de la consommation nationale d'électricité.

Un vaste programme d'électrification rural avait été lancé en 1995,visant à alimenter 7000 localités ivoiriennes (en moyenne 200 à 300 par an). La première phase concernant 355 localités est bientôt terminée mais la seconde n'a jamais été mise en place.

Le prix de l'électricité est l'un des plus bas de la sous région. Le tarif domestique basse tension le plus bas (pour une puissance n'excédant pas 5 ampères )bénéficie d'une TVA réduite de 11.11% et d'une subvention de l'Etat pour les consommations inférieures à 80 KWh sur 02 mois, ce qui amène ce tarif à 34.83 Fcfa. Au-Delà la TVA passe à 18% et le prix du KWh affiche au moins le double mais reste pour autant bon marché.

La structure chargée de la régulation du secteur de l'électricité est l'ANARE et celle chargée de la distribution est la CIE privatisée en 1990. Environ 15% de la facturation électrique de la société reste impayé à cause de la crise de septembre 2002 ce qui a provoqué le premier déficit financier de la CIE depuis sa création.

LE POTENTIEL GAZIER ET PETROLIER

Après plus de trentes années d'exploration pétrolière, avec des investissements cumulés supérieurs au milliard de dollar US, les sociétés pétrolières ont mis à jour plusieurs découvertes d'hydrocarbures en off shore (en mer) et on shore (sur terre) en Cote D'Ivoire. Aujourd'hui les réserves en pétrole sont estimées à environ 100 millions de barils.

Le bassin sédimentaire ivoirien est divisé en 25 blocs pour la partie off shore et en 4 blocs pour la partie on shore.

A la faveur du premier choc pétrolier de 1973,les activités d'exploration ont connu une certaine expansion notamment de l'off shore peu profond (moins de 500 mètres). Des compagnies telles que EXXON ; Philips petroleum ; Total ; AGIP ; Tenneco ont mené des activités qui ont conduit aux découvertes successives des gisements pétroliers Bélier en 1974 et Espoir en 1979 et du gisement gazier FoxTrot en 1981.

En 1990 le lancement par l'Etat ivoirien d'un projet de développement de la production d'électricité à partir de turbines à gaz a permis aux groupes français Saur International (Bouygues) et EDF International d'apporter leur expérience en Cote D'Ivoire. Dans le même temps les autorités ivoiriennes réussissaient à intéresser deux compagnies Nord américaines dans le domaine de l'exploration -exploitation. Il s'agit d'Apache (projet FOXTROT) et UMIC. En 1993 et 1994 furent découvert par UMIC, les gisements panthère (gaz) et Lion(gaz associé au pétrole). Ce qui porte à 5 le nombre de gisements pétroliers du pays.

Le gisement Panthère alimente actuellement les 3 nouvelles turbines à gaz de 33 MGW, construites et exploitées par CIPREL (SAUR- EDF).

La centrale thermique de Vridi a-t-elle aussi été réhabilitée et fonctionne maintenant avec 4 turbines à gaz totalisant une puissance de 80 MGW.

La Cote D'Ivoire contrairement à plusieurs pays de la sous région, dispose d'une société de raffinage qui représente le pilier de l'approvisionnement du marché ivoirien mais également de plusieurs pays de la sous région, en produits pétroliers. La SIR à une capacité de raffinage de 65200 barils par jour, soit 3.1 millions de tonnes de produits raffinés par an. Sa filiale la SMB,raffine 10.000 barils par jour, soit 140.000 tonnes de bitumes par an. La GESTOCI qui est la société de gestion des stocks pétroliers du pays entrepose et gère les produits pétroliers du pays destinés à la consommation intérieure mais également à l'exportation vers les pays de la sous région (Mali ;BURKINA-FASO ; NIGERet le TCHAD....).

Malgré tout ce potentiel, le pays n'est pas autosuffisant en énergie, surtout de source pétrolière. Des importations de pétrole brut sont régulièrement faits en provenance de plusieurs pays notamment le NIGERIA,le VENEZUELA et le Mexique.

En 2003, ces importations s'élevaient à environ 66890 barils par jour. Néanmoins le pays exporte également du pétrole brut et des produits dérivés dont la valeur s'élevait en 2003 à 47290 barils par jour selon le rapport de la revue de presse internationale : hydro-Québec (2003). Ce constat est dû selon les experts du secteur au fait que le pétrole ivoirien étant de très bonne qualité (brut léger), sa commercialisation sur le marché international est plus bénéfique que sa transformation sur place.

De plus, sa transformation générerait des produits (essences) moins demandés par le marché ouest africain.

La SIR est reliée au champ pétrolier le lion par un oléoduc. La SIR est également reliée à la GESTOCI par un oléoduc.

LE GAZ BUTANE

Le gaz butane qui est l'objet de notre analyse est souvent mal connu des usagers domestiques. Sa constitution, sa fabrication ; sa distribution ; son utilisation et les risques qui y sont liés représentent autant de sujets qui doivent être éclaircies auprès des ménages. Cette rubrique se consacre essentiellement à cela.

Définition et processus de fabrication

Le gaz butane communément appelé « gaz » par les ménages est un composé de plusieurs éléments de la famille des alcanes notamment le butane et le propane. Les alcanes font parti de la famille des hydrocarbures essentiellement composés de molécules de carbones et de 10 molécules d'hydrogène. Sa formule chimique est la suivante : C4H10

Le gaz butane a la propriété d'être gazeux à la température ambiante et à la pression atmosphérique, mais il se liquéfie dès qu'il est soumis à une pression relativement faible. Il est donc d'un transport facile, soit dans des bouteilles « conditionné » soit dans des camions ou des wagons citernes « vrac ». Ces propriétés physiques importantes, sont son point d'ébullition et sa masse volumique.

Sous la pression atmosphérique normale, le butane bout à zéro degré celcius (0°C).

Donc pour toute température inférieure à 0°c, le butane est liquide et à toute température supérieure il est gazeux. A l'état liquide sa masse volumique est de 585Kg/m3 et de 2,50Kg/m3 lorsqu'il est à l'état gazeux à 15°c.

Un litre de butane liquide libère 239 litres de gaz (à une température ambiante de 15°c et une pression de 1 bar). Ces caractéristiques physiques confèrent à cette énergie un avantage certain du point de vu du stockage et du transport.

Par contre une grande différence existe entre le butane caractérisé ci-dessus et le gaz butane affecté à des fins de cuisson et utilisé par les ménages. Le gaz butane commercialisé sur le marché n'est pas un produit chimiquement pur, mais des mélanges d'hydrocarbures répondant à des spécifications officielles bien définies. (lesquels)

Le butane commercialisé à des fins domestiques est un mélange principalement composé de butane et de butènes avec une contenance obligatoire d'environ 19% en volume de propane et de propènes selon les spécifications administratives.

En Cote D'ivoire les normes fixées par la direction des hydrocarbures........

(Parler de la différence entre GNL ; GPL parler de l'activité de forage)

Un gisement pétrolier peut être essentiellement composé de pétrole brut ou essentiellement de gaz naturel (gisement gazier). Mais de manière générale, il y a toujours du gaz naturel dans un gisement de pétrole. C'est la partie gazeuse du combustible fossile, il se situe toujours au-dessus du combustible fossile

Autrefois, le gaz naturel découvert dans un gisement de pétrole, était brûlé sur les plates-formes, à cause de leur fort coût de stockage et du manque de moyens de conditionnement et de transport. Alors ce gaz était utilisé sur place sous forme d'énergie intermédiaire dans l'activité de forage et la plus grande partie, brûlée au torréfacteur(on parle de torche). Mais aujourd'hui, les gisements gaziers une importance capitale dans le secteur énergétique puisque la disponibilité de moyens de stockage et de transport ont rendu sa transformation et son utilisation possibles.

Le gaz butane peut être obtenu de deux manières différentes :

Il peut s'obtenir directement par la transformation sur les plates-formes du gaz naturel contenu dans le gisement à travers une simple distillation.

Mais la méthode la plus ancienne et généralement la plus utilisée dans le secteur pétrolier, est le raffinage.

La matière première essentielle à la fabrication des produits pétroliers est le pétrole brut. Il existe différentes qualités de pétrole brut : le pétrole brut lourd et le pétrole brut léger. De la nature du pétrole brut, découle les spécificités en rendement (volume) des produits pétroliers. C'est à dire que plus le pétrole brut est lourd moins l'on obtiendra de gaz (méthane ;Butane propane etc. ...) mais beaucoup plus de produits lourds tels que le Gasoil ; le Kérosène ; le pétrole lampant etc......

Les produits pétroliers sont classifiés selon leur mode d'utilisation. C'est ainsi que l'on distingue les carburants des combustibles. Les principaux produits pétroliers sont :

-Le gasoil, l'essence et le super (devenus depuis cette année le super sans plomb) qui sont essentiellement utilisés comme carburants pour les véhicules.

-Le kérosène utilisé comme carburant dans l'aviation.

-Le fuel à la fois utilisé comme carburant pour les bateaux et comme combustible de chauffage par les ménages. (Surtout dans les pays pouvant subir de très basses températures).

-Le gaz butane généralement utilisé comme combustibles à des fins de cuisson par les ménages.

-Le pétrole lampant également utilisé par les ménages à travers les lampes champêtres pour produire de la lumière.

Certains produits pétroliers sont également affectés à la production d'électricité. Le gasoil utilisé par les groupes électrogènes pour produire de l'électricité et le butane et le fuel dans l'alimentation des centrales thermiques (Vridi et Azito) pour produire de l'électricité.(parler de classification des produits pétroliers en fonction de leur utilisation pétrole lampant et fuel etc....)

Le processus de fabrication du gaz butane comme des autres produits pétroliers se fait en trois phases principales : une phase de désalinisation-déshydratation ; une phase de distillation et une phase de transformation.

Pendant le forage qui est la méthode d'extraction par excellence du pétrole brut en mer (off-shore) ou sur terre ferme (on shore),on ne peut s'empêcher de recueillir des éléments tels que l'eau et le sel. Alors la phase de désalinisation -déshydratation permet d'épurer le brut extrait ou acheté de ces éléments.

Le pétrole brut ainsi épuré est encore un concentré de plusieurs produits (molécules) qu'il faudra séparer.

La phase de distillation est la phase pendant laquelle le pétrole brut est partagé selon les différents produits qu'il renferme et qui constituent les différents produits pétroliers. Il est donc chauffé dans de grandes sphères, à une température adéquate (plus ou moins 360°c généralement) et chaque produit en fonction de son point d'ébullition passe de l'état liquide à l'état gazeux. Les différents produits sous l'effet de la pression s'entreposent à différents niveaux de la sphère et sont ensuite liquéfiés et recueillis à travers des canaux pour être stockés par nature, dans de grandes sphères. La phase de distillation est donc une simple phase de séparation des molécules contenues dans le pétrole brut et ne saurait donc en aucun cas constituer une opportunité pour le raffineur de jouer sur ses quantités produites qui ne dépendent que de la nature du pétrole brut raffiné.

La partie du brut ne s'étant pas distillée, qualifiée de résidu atmosphérique (RAT), va cette fois ci subir une modification dans l'Hydrocraqueur qui est un appareil permettant de briser les molécules d'hydrogène. On parle de « distillation sous vide ».

Contrairement à la phase de distillation, le raffineur peut cette fois ci jouer sur la nature et le volume des produits qu'il veut obtenir.

La partie du brut ne s'étant toujours pas séparer dans cette phase est le goudron que l'on utilise pour faire le bitumage des routes.

LA DISTRIBUTION

Le marché de la distribution de gaz en Côte d'Ivoire représente près de 80.000 tonnes pour l'année 2004, soit une progression d'environ 8% par rapport à 2003.
Le gaz butane est issu de la S.I.R. (Société Ivoirienne de Raffinage) avec trois origines possibles : la production locale (dont le gaz naturel issu des installations Lion GPL) pour un tiers, la production inhérente à l'activité de raffinage de la SIR elle même pour un tiers également et le gaz importé pour le tiers restant. Le stockage est effectué par quatre sociétés possédant ce type de capacité : Total ;Shell devenu Oryx gaz et les deux sociétés publiques Petroci Gaz et Gestoci (acteur principal du stockage d'hydrocarbures en Côte d'Ivoire).
Le marché de la distribution se divise en deux entités distinctes en fonction du conditionnement et du mode de livraison du gaz.

L'activité " conditionné " : en bouteille de 6 Kg , 15 Kg et 32 / 38 Kg, le gaz est vendu à des grossistes, par les sociétés de distribution pétrolière, qui se chargent de l'embouteillage (Petroci Gaz, Total, Shell, Mobil, Texaco, Elf Côte d'Ivoire, ...). Seuls Shell, Total et Petroci Gaz possèdent des centres emplisseurs.

L'activité " vrac " : livré par camion, le volume de gaz ainsi vendu représente 7 à 8.000 tonnes par an. Oryx et Total se partagent respectivement 35 et 65 % du marché. Petroci Gaz devrait d'ici peu développer son activité de distribution de gaz en vrac.

Gaz de Côte d'Ivoire, acteur mineur du marché disposant d'installations uniques dans le pays au travers d'un réseau de distribution de 157 kms installés ; seuls 50 % de celui ci est utilisable dans les villes d'Abidjan, Yamoussoukro et Bouaké (réseau en cuivre datant de 1982) a été repris, par Petroci Gaz au terme d'un processus de privatisation finalisé en décembre 1999.

Pour ce qui concerne notre mémoire, seul le premier mode de distribution nous intéresse car représentant la voie par laquelle le ménage a accès au gaz. La distribution couvre toute l'étendue du territoire, c'est à dire tant les zones urbaines que les zones rurales.

Il est important de savoir que la distribution sous forme conditionnée du gaz butane n'est pas faite par les différentes entreprises du secteur elles-mêmes. Elle est l'oeuvre de grossistes qui achètent le gaz butane aux différentes sociétés ( Oryx ; Total ; Petroci ; mobil etc...) et qui les distribuent ensuite aux différents points de vente (boutiques ; Stations service...).

En effet les sociétés pétrolières elles, ne se chargent que de l'embouteillage. Elles fournissent les bouteilles de gaz qui sont jusqu'à présent importées d'Europe et veillent également sur la qualité de celles-ci. Le gaz en provenance de la SIR, est stocké dans les centres emplisseurs des différentes sociétés puis mis en bouteille.

Aujourd'hui, Petroci gaz est leader en ce qui concerne la distribution de gaz butane conditionné avec plus de 550.000 bouteilles de gaz et un chiffre d'affaire de plus de 4.6 milliards en 2000.

METHODOLOGIE ET CADRE ANALYTIQUE

Ce chapitre est une analyse de la théorie du consommateur, de la pertinence des diverses variables qui détermine la demande d'énergie domestique des ménages en Afrique subsaharienne.

Analyse de la théorie du consommateur

L'une des questions fondamentales de l'économie reste : « Pour quoi les consommateurs dépensent leurs revenus et de quelle manière ? ». En d'autres termes qu'est ce qui explique et motive leur comportement de consommation ?

Pour répondre à cette question, les chercheurs ont souvent élaboré des modèles de comportement de consommation des consommateurs plus ou moins sophistiqués.

La constante recherche de la réponse à cette question a donné naissance à la théorie du comportement du consommateur. Laquelle théorie impose que le détail des divers postes de consommation soit déterminé en fonction du revenu (ou de la consommation totale assimilée au revenu)et du niveau de chacun des prix(NASSE 1973).

Ce chapitre dans un premier temps s'intéresse à la théorie du consommateur, pour aboutir à la théorie de la demande et aux modèles classiques de demande.

Dans un second élan, nous procédons à l'identification des variables censées expliquées la demande de gaz butane des ménages ivoiriens et à une analyse des données que nous utilisons pour les apprécier.

la Théorie du Consommateur

Adhérant au principe d'individualisme méthodologique, les néoclassiques construisent leur analyse des marchés à partir de l'étude des individus qui y participent (microéconomie). L'exposé de la théorie néoclassique commence généralement par l'étude du comportement du consommateur.

Une première présentation de l'utilité

Dans ses emplettes quotidiennes, le consommateur néoclassique agit de façon à maximiser sa satisfaction ou utilité retirée de la consommation d'un bien, dans la limite que son budget impose à ses achats (contrainte budgétaire). L'expression formelle de ce comportement est conditionnée par la représentation de la fonction objectif de l'individu étudié.

Les premiers néoclassiques supposent que le consommateur attribue une note chiffrée à la consommation de chaque bien, mesurant la satisfaction qu'il en retire

La satisfaction totale que lui procure la consommation d'un panier de biens, est mesurée par la somme des notes affectées à chaque produit du panier. Cette représentation est appelée « utilité cardinale additive », cardinale car consistant en une quantité mesurable et additive car résultant de la sommation d'indices élémentaires de satisfaction. Si la consommation d'un bien varie légèrement, la variation de l'utilité qui en résulte est appelée « utilité marginale ». Dans le cas où la consommation d'un bien varierait par unités entières, l'utilité marginale peut être considérée comme la variation d'utilité occasionnée par la consommation d'une unité supplémentaire.

L'égalisation des utilités marginales pondérées par les prix

Selon WALRAS, « deux marchandises étant données sur un marché, la satisfaction maxima des besoins ou le maximum d'utilité effective aura lieu pour chaque porteur, lorsque le rapport des intensités des derniers besoins satisfaits ou le rapport des raretés1(*), est égal au prix2(*) ». Le consommateur maximise son utilité, en choisissant un panier de consommation qui rend égale les utilités marginales des différents biens consommés, pondérés par leurs prix respectifs. Ce théorème est établi à peu près simultanément chez Jevons, Menger et Walras, mais sa véritable paternité revient à l'Allemand Gossen qui avait déjà formulé en 1854.

Le théorème de l'utilité maxima des marchandises fournit une première version de l'équilibre du consommateur. L'individu décrit ci-dessus est en équilibre au point où rien ne le poussera à modifier sa consommation tant que les paramètres le concernant ne changeront pas. D'abord établi dans le cadre d'une hypothétique « économie d'échange pure »,ce résultat est ensuite étendu à une économie de production, dans laquelle l'équilibre du consommateur devient aussi l'équilibre du producteur de biens et services. La contrainte budgétaire égalise la valeur des produits achetés et celles des services vendus aux entreprises. La fonction objectif intègre, à coté de l'utilité des premiers la désutilité des second(désutilité du travail par exemple qui implique un effort et un sacrifice en temps libre).

A l'équilibre, l'individu égalise les utilités et les désutilités marginales, pondérées par les prix des produits et des services producteurs. Ainsi selon Jevons, le salarié consommateur dose son offre de travail de façon à égaliser à la marge la désutilité du travail (pondéré par le salaire) et l'utilité de la consommation marchande(pondérée par son prix).

Les débuts de la théorie de la demande

L'objectif de l'étude de l'équilibre du consommateur est de jeter les bases d'une théorie de la demande. Mais, la construction de cette théorie a été engagée avant que n'émerge celle de l'équilibre du consommateur. Les pionniers en la matière sont les Français Cournot et Dupuit, qui dès le milieu du 19e siècle, introduisent des concepts qui par la suite seront considérés comme typiquement marshaliens.

Dans ses recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses(1838),A.Cournot écrit pour la première fois sous le nom de « loi du débit »,une relation mathématique faisant apparaître la demande d'un produit comme une fonction décroissante du prix de ce produit.

Pour lui, la loi de la demande ou du débit d'un produit dépend du mode d'utilité du bien, de la nature des services qu'il peut rendre, des jouissances qu'il procure, des habitudes et des moeurs de chaque peuple, de la richesse et de l'échelle suivant laquelle cette richesse est repartie. Puisque cette loi du débit dépend d'autant de paramètres qui pour la plus part sont plus ou moins subjectifs, il serait difficile de l'exprimer par une formule algébrique. Construisant le rapport du taux de variation relative de la demande au taux de variation relative du prix, Cournot introduit également la notion d'élasticité de la demande par rapport au prix et établit le lien entre celle ci et l'évolution de la recette totale. Cependant, la « loi du débit » de Cournot reste purement empirique.

Dans deux articles de 1844et 1849, consacrés aux principes de la tarification publique, l'ingénieur des ponts et chaussées J.Dupuit(1801-1866) va plus loin que Cournot en reliant la forme de la fonction de demande à l'utilité. Il introduit la notion du surplus du consommateur, visant à procurer une mesure monétaire de l'utilité nette(ou utilité relative) que retire un consommateur de l'achat d'une quantité Q payée à in prix unitaire P.

La demande analysée à partir de l'équilibre du consommateur

Pressenti par Dupuit, le problème de l'articulation entre la théorie du consommateur et celle des marchés fait l'objet de développements important chez Walras et Marshall.

Walras déduit de l'équilibre du consommateur, des fonctions de demande individuelles qu'il agrège ensuite pour former des fonctions de demande de marché.

En effet, le consommateur atteint sa position d'équilibre en égalisant les utilités (ou désutilités )marginales pondérées par les prix. Donc si (p1, p2, .........pn) représente l'ensemble des prix, la demande de bien j par l'individu i, peut s'écrire comme une fonction de n variables : Qij = fij(p1,p2, .......pn)

Où la forme de la fonction fij dépend des goûts du consommateur et de ses dotations en facteurs de production.

La fonction de demande de marché du produit j est ensuite obtenue par sommation des fonctions de demande individuelles fij des différents consommateurs i. (On obtiendrait par une procédure semblable l'offre de marché d'un service producteur).

L'analyse de telles fonctions est un problème complexe que Walras est loin d'avoir résolu et que Marshall tente de simplifier en faisant de la demande une fonction du seul prix du produit considéré.

Partant de la condition d'équilibre du consommateur :

ë =Um1/p1=Um2/p2=.......=Umn/pn

Il suppose que la valeur (ë) de tous ces rapports reste constante lorsque le prix d'un bien varie légèrement. Cela implique que l'utilité marginale de ce bien varie dans le même sens : si p1 augmente, il faut que Um1 augmente aussi ; mais comme um1est censé varier en sens inverse de la quantité consommée Q, il faut que Q1 diminue.

Rejoignant Cournot, Marshall en conclut que la demande d'un bien varie généralement en sens inverse de son prix, ou encore que le «  prix de demande »,c'est à dire le prix unitaire maximum que le consommateur est prêt à payer est une fonction décroissante de la quantité consommée.

Ce raisonnement repose sur l'invariance du coefficient ë(désigné par Marshall comme l'utilité marginale de la monnaie). Il n'est tout de même pas rigoureux de traiter ce coefficient comme une constante lorsque le prix d'un bien change, car ce changement affecte la contrainte budgétaire : la baisse d'un prix toutes choses égale par ailleurs, accroît le revenu réel ou pouvoir d'achat du consommateur. Conscient de ce problème Marshall affirme que pour un bien tenant une faible place dans la consommation totale, l'effet d'un changement de prix sur « l'utilité marginale de la monnaie » est négligeable.

La consommation et la demande

La théorie microéconomique néoclassique et marginaliste, confond la consommation et la demande d'un bien, confondant ainsi la destruction d'un bien avec l'intention d'achat qui dépend du prix. La consommation suppose que l'agent dispose du bien et qu'il y a eu, précédemment, une dépense financée par le revenu.

La demande est une intention d'achat d'une certaine quantité d'un bien ou d'un service pour un prix donné. On parle encore de demande virtuelle, idéale, notionnelle, rationnelle.

La demande au marché est une demande solvable. Elle indique la quantité de biens et services qu'un agent peut acheter. La relation entre le prix et la quantité demandée est telle qu'une augmentation de prix entraîne une baisse de la demande pour un revenu donné, et inversement une diminution du prix entraîne une augmentation de la demande. Cette loi formulée par Cournot (1838) a néanmoins des exceptions :

L'effet Giffen qui s'applique aux biens inférieurs ;l'effet d'anticipation ;l'effet de snobisme et d'imitation. Ces deux derniers effets impliquent cependant une hétérogénéité des produits disponibles pour satisfaire le même besoin fondamental. Deux produits de même apparence mais de prix différents par la fonction d'information qu'on attribue au prix seront considérés comme différents. Il se peut donc que le produit le plus cher soit le plus demandé par le jeu de l'effet de snobisme ou par le jeu de la sélection adverse compte tenu de l'asymétrie de l'information (demandeur moins bien informé que l'offreur).

Selon J.Boncoeur et H.Thouément, la notion de demande dans la théorie économique fait très souvent appel au prix pendant que celle de consommation fait plus souvent appel au revenu, le prix des biens étant fixé.

La fonction macroéconomique de la consommation établie par Keynes, donne une relation de proportionnalité décroissante entre la consommation (C) des ménages et le revenu national (Y) : « la consommation augmente avec le revenu national mais à un taux plus faible »(loi de Keynes). De ce fait le rapport : C/Y appelé propension moyenne à consommer, tend à diminuer. Cette loi de Keynes suppose que la consommation de la période est déterminée par le revenu de la période. Mais les analyses empiriques macro-économiques n'ont pas confirmé la loi de Keynes.

Les explications ont été apportées par les effets de revenus permanents de Milton Friedman, les effets de démonstrations de Duesenberry et la théorie du cycle de vie de Modigliani.

Au-delà de cette nuance qui est d'autant plus apparente que nous nous situons dans le cadre purement théorique, l'investigation empirique fait très souvent fie de ce fait et assimile la consommation à la demande. Dans le cadre du domaine énergétique surtout, la demande en énergie des ménages a très souvent été appréhendée à travers la consommation des ménages en énergie.

Amadou Koné(1992), analyse les déterminants de la demande de charbon de bois des ménages en Cote D'Ivoire, en assimilant la demande à la consommation hebdomadaire de charbon de bois des ménages de son échantillon. De même dans leurs études sur la demande d'énergie en Jordanie, Azzam et Hawdon (2003),assimilent la demande totale d'énergie des ménages à leurs différentes consommations d'énergie.

L'utilisation de la consommation dans les modèles d'analyse économique pourrait s'assimiler à la demande effective, la demande réalisée dans le contexte de l'économie du déséquilibre et qui est encore plus pratique que la demande notionnelle, qui elle serait plus difficile à déterminer.

Dans notre étude, nous assimilons la consommation de gaz butane des ménages à la demande de gaz butane de ceux ci.

Les modèles classiques de demande

Pour Nasse(1973),l'étude des évolutions de la consommation des ménages sur séries chronologiques, a conduit à la mise au point de deux types de modèles :

-les modèles détaillés, décrivant séparément l'évolution de chacun des biens pouvant être isolé dans la nomenclature de consommation.

-les modèles complets donnant une représentation simultanée pour une nomenclature fixée des évolutions de la totalité des biens entrant dans la consommation des ménages.

En raison de la spécificité de notre étude qui est une analyse de la demande d'un bien précis, le premier type de modèles nous sieds le mieux. Ainsi le choix du modèle d'analyse approprié s'en trouve réduit. Selon Koné Amadou(1992), un modèle d'analyse économique n'a de valeur que par la pertinence des résultats qu'il fournit. Pour ce faire, il est basé sur la théorie classique de la demande et introduit des restrictions afin d'être simple et de réduire le nombre de paramètres à estimer. On peut citer parmi les plus importants :

-le modèle de demande différentiel de Rotterdam, Theil et Basten.

-le modèle de demande indirecte logarithmique de Leser

-le modèle de demande linéaire des dépenses de Klein et Rubin.

Ces trois modèles sont des modèles complets pour lesquels en 1969, Parks a fait une étude comparative afin de montrer leurs avantages et inconvénients.

En plus de ceux ci l'on peut citer des modèles plus récents tels que :

-Le système de demande presque parfait de Deaton et Muelbauer qui selon ses auteurs offrent plus d'avantages que les modèles Rotterdam et translog.

-Le système complet de fonction de demande de Fourgeaud et Nataf.

-Le modèle translog utilisé par Christensen et al et Jorgensen et Lau.

Ces modèles, bien que très performants, sont un peu trop sophistiqués pour notre usage. En effet, en leur qualité de modèles complets, ils sont conçus pour l'analyse de la demande globale alors que notre étude ne concerne qu'un seul bien de consommation(le gaz butane). Dès lors le modèle qui serait nécessaire serait un modèle détaillé, décrivant les évolutions du gaz butane dans l'ensemble des biens de consommation. Un autre avantage de ce choix est selon Nasse(1973), cité par Amadou Koné, que le premier type de modèles n'admet le plus souvent qu'un support très simple et leur spécification est essentiellement pragmatique. Il ne s'agit donc pas de tester les qualités ou capacités d'estimation ou de prédiction d'un modèle théorique, ni d'analyser le comportement général des consommateurs de gaz butane.

L'objet de cette étude est plutôt la recherche des paramètres qui expliquent le mieux possible la consommation globale de gaz butane des ménages. Ce pourquoi, nous pensons que le premier type de modèle est le mieux adapté à cette situation et qu'une simple équation s'appuyant sur la théorie fondamentale de la demande serait appropriée. Une analyse plus fine des hypothèses et restrictions de l'étude permettra une meilleure spécification du modèle retenu.

L'Identification des variables

Etant donné l'objectif principal de cette recherche, il s'agit dans cette partie de notre travail, de savoir quelles sont les variables qui, de manière pertinente, spécifient la demande globale de gaz butane des ménages en Cote D'Ivoire.

Koutsoyannis(1973), dit qu'un modèle d'analyse comprend habituellement, en plus de la variable dépendante, les variables explicatives les plus pertinentes, l'influence des variables moins importantes étant prise en compte par le terme de l'erreur. L'omission de variables étant une source potentielle d'erreur de spécification du modèle, la théorie générale de la demande combinée avec les informations issues des études antérieures et l'expérience du terrain, permettent de réduire la probabilité d'occurrence de cette éventualité. La contrainte du degré de liberté n'encourage pas la prise en compte d'un grand nombres de variables dans le modèle.

La variable dépendante

En supposant les ménages rationnels dans leur choix de consommation, la fonction de demande domestique de gaz butane, s'obtient par la maximisation de l'utilité retirée de la consommation du bien gaz butane sous la contrainte budgétaire.

Un consensus semble se dégager entre les économistes, concernant les déterminants de la demande énergétique des ménages.

De manière générale, la demande d'énergie des ménages dans la plupart des études antérieures au notre, a été appréhendée par les quantités consommées ou achetées du bien par les ménages. Dans cette étude donc, la fonction de demande de gaz butane par les ménages aura pour variable dépendante les quantités mensuelles de gaz butane achetée par les ménages.

Les variables explicatives

En outre, les variables explicatives couramment utilisées dans les études antérieures et sur lesquelles les économistes demeurent unanimes, sont le prix du bien étudié et le prix de produits substituts. Dans notre cas, le prix du gaz butane entre comme variable explicative de notre modèle. Les combustibles substituts ou complémentaires au gaz butane en Afrique Subsaharienne sont principalement le bois de chauffe et le charbon de bois. Le prix du bois de chauffe et celui du charbon de bois entrent comme variables explicatives de notre modèle de demande de gaz butane.

En théorie microéconomique, le consommateur maximise son utilité sous la contrainte budgétaire c'est à dire dans la mesure où son revenu le lui permet. Il est donc intelligent de percevoir l'effet que le revenu des ménages exerce sur leur consommation globale de gaz butane. Le revenu des ménages est donc l'un des principaux déterminants de la demande en général de ceux ci et est prise en compte dans notre fonction de demande de gaz butane.

Les quatre variables explicatives définies ci-dessus ont presque toujours figuré dans la plus part des études dans le domaine. Par compte certaines variables explicatives de la demande d'un produit sont plutôt liées au climat, au niveau de développement et à l'environnement socio-politique du pays étudié. Ces variables demeurent très importantes, car permettent l'adaptation de l'étude aux réalités de la région dans laquelle elle est réalisée. Dans le cadre de l'Afrique Subsaharienne, les attributs qui perpètrent la particularité de la région sont :la démographie galopante, le sous développement et les incommodités climatiques.

Les populations africaines en général et celle de la Cote D'Ivoire en particulier connaissent une très forte croissance. Le taux de croissance moyen annuel est de : 3,2% en moyenne. Or il est tout à fait normal que si la population augmente cela peut irrévocablement entraîner une augmentation potentielle de la demande du bien. Le volume de la population entre comme variable explicative de notre modèle de demande. Aussi une autre variable socio-demographique semble avoir une influence sur la demande de gaz butane : l'éducation. Dans la mesure où une population éduquée est plus réceptive à la modernisation et aux avancées technologiques, le passage de l'utilisation des combustibles ligneux à celui du gaz butane, peut être expliqué par le niveau d'éducation de la population. Celui doit donc être pris en compte dans notre analyse. Mais sa détermination étant difficile d'autant plus que nous ne travaillons pas sur un échantillon de population, nous substituons cette variable par le niveau d'alphabétisation de la population.

En outre, le niveau de sous développement qui caractérise la région Subsaharienne de l'Afrique soumet ses populations à des caractéristiques communes aux PVD tels que : Le faible niveau de revenu, un faible espérance de vie ; un manque d'infrastructures socio-économiques, un faible niveau d'accès à l'énergie etc.... .

Dans le contexte de notre étude, ce qui nous intéresse de toutes ces caractéristiques, c'est d'apprécier la dimension explicative que peut apporter le niveau d'accès à l'énergie des populations à la demande en énergie de ceux-ci. Mais cette variable est très difficile à évaluer car soumise à différentes formes d'énergies. Une population qui a accès au gaz et non à l'électricité est différente de celle qui a accès à l'électricité et non au gaz même si toutes les deux ont accès à l'énergie.

Dès lors, pour éviter cette indétermination, nous préférons utiliser le niveau de l'urbanisation des populations pour mesurer cet effet. Certaines études antérieures, ont utilisé l'urbanisation comme variable explicative, (soit directement (Villa( )), soit indirectement(Azam et Hawdon (2003)) de la demande globale d'énergie. Dans leur travail sur la demande d'énergie en Jordanie, Azam et Hawdon introduisent le taux de construction comme variable indépendante à titre d'indicateur de l'urbanisation.

En Afrique Subsaharienne, la précarité des constructions surtout en milieu rural, fait que l'énergie est le moyen privilégié d'avoir accès à l'énergie. L'urbanisation entre ainsi comme variable explicative dans notre modèle.

Aussi, certains biens sont influencés par le climat en ce qui concerne leur disponibilité sur le marché et leur demande par les ménages. C'est le cas par exemple de produits saisonniers. Dans le cas du gaz butane, ce ne sera pas la disponibilité du produit sur le marché qui sera influencée par le climat mais la demande. On peut simplement remarquer qu'en saison de pluie, le stockage et fabrication du bois de chauffe et du charbon de bois étant difficile, sa faible disponibilité sur le marché qui se traduira par la structure des prix, pourrait détourner l'attention de potentiels acheteurs vers des combustibles substituts. La demande de gaz butane peut donc indirectement être influencée par le climat. Pour attester ou réfuter cette éventualité, nous prenons en compte dans notre analyse le climat comme variable explicative de la demande de gaz.

Après avoir identifié et justifié de la pertinence de nos variables, il convient maintenant de déterminer de manière plus palpable les données qui serviront à leur mesure.

Les données

L'un des principaux problèmes que rencontrent les chercheurs dans leurs activités en Afrique est le manque d'informations, de données sur les phénomènes qu'ils étudient. Cette situation revêt beaucoup de contraintes et conditionnent très souvent les méthodes utilisées et les résultats obtenus.

Le domaine du gaz butane en Cote D'Ivoire, fait l'objet de très peu de statistiques, ce qui semble justifier la réticence des études économiques dans ce domaine et qui dès lors pourrait rendre caduque l'appréhension effective du phénomène étudié.

La décision d'utiliser un modèle de séries chronologiques apparaît lorsque selon Pyndick et Rubinsfield (1976) :

-On sait très peu de choses sur les déterminants de la variable étudiée.

- On dispose d'un important nombre de données.

-On utilise essentiellement le modèle pour les projections de court terme.

Ces conditions permettent d'apprécier ce type de modèle qui correspond bien au contexte du gaz butane.

En effet, excepté les données macroéconomiques, nous savions très peu de choses sur ce combustible ; l'un des objectifs spécifiques de cette étude ne consistait il pas à identifier les déterminants les plus pertinents de la demande globale de gaz butane ?

Aussi, nous travaillons dans cette étude avec des données secondaires mensuelles, partant de la période de janvier 1998 à décembre 2004. Nous disposons d'un nombre non négligeable d'observations (84 observations).

Le choix de données secondaires répond à la contrainte temporelle et aux difficultés techniques et financières qu'aurait suscité une enquête auprès d'un échantillon de ménages. De plus, il ne serait pas possible de prendre en compte dans une telle étude certaines variables tels que le taux d'urbanisation qui pourtant à notre humble avis, sont des facteurs explicatifs de la consommation globale de gaz des ménages.

Néanmoins, les données d'enquête sur un échantillon de ménages, nous auraient permis d'apprécier la relation entre la consommation de gaz butane et certaines caractéristiques propres aux ménages tels que sa taille, son revenu, le niveau d'éducation, la structure de l'habitat etc. ...

Mais ces caractéristiques bien que très explicites, ne sont pas facilement flexibles et ne se prêtent pas toujours à la mise sur pied de politiques économiques de court terme.

L'utilisation de variables secondaires, permet au contraire de statuer sur des variables qui pourraient facilement faire l'objet de politiques économiques.

Ainsi donc, la variable de consommation de gaz butane, qui est la variable expliquée de notre modèle sera mesurée par le volume total mensuel en Kg de gaz butane mis sur le marché par les différentes entreprises distributrices du secteur en COTE D'IVOIRE.

L'une des questions que l'on pourrait se poser serait de savoir si les quantités de gaz butane mises sur le marché par les différentes entreprises distributrices du secteur sont effectivement les quantités consommées par les ménages ?

La réponse à cette question trouve sa justification dans la durée du stockage du butane chez les distributeurs qui réalisent la mise en bouteille. Le stockage du butane chez les distributeurs est de 10 jours en moyenne. Et même la société Petroci gaz qui appartient à l'Etat et qui est leader dans la distribution avait voulu en 2002 renforcer ses capacités de stockage pour bénéficier d'au moins 15 jours avant la rupture de stock.

Ceci pour dire que la durée du stockage traduit fondamentalement la vitesse de consommation du gaz par les ménages. Les quantités mises sur le marché par une entreprise distributrice sont en moyenne dans les dix jours qui suivent, achetés par les ménages.

De plus, le volume total mensuel de gaz butane que nous utilisons ici représente surtout les quantités vendues par les entreprises distributrices de gaz butane et donc achetées par les ménages. Ces quantités ne sauraient en aucune manière constituées l'offre(production) de gaz butane, mais plutôt la demande.

Aussi, la période de notre étude (1998-2004) est une période relativement sensible pour le gaz butane, marquée par de fréquentes ruptures d'approvisionnement et des pénuries récurrentes. Chose qui témoigne d'une forte demande et donc d'une consommation presque égale aux quantités produites destinées à la consommation domestique.

Le volume de gaz butane pris en compte dans cette étude ne concerne exclusivement que celui destiné à l'usage domestique. Les quantités affectées au secteur industriel « distribués en vrac » ont été exclues de ce volume.

Les quantités de gaz butane utilisées ici sont les quantités vendues par les principales entreprises du secteur constituées en GPP(ex SHELL gaz devenu Oryx gaz ; Total ; Texaco gaz, Mobil gaz et Petrocigaz). Des sociétés tels que Lubafrique ;Elf oil Cote d'Ivoire elles exercent surtout dans la « distribution en vrac » et donc n'ont aucune incidence sur la consommation en butane des ménages. Seules les sociétés précitées ont pour activité principale la distribution du gaz. Leurs quantités vendues sont représentatives de la consommation réelle des ménages en gaz butane.

Toutes ces données nous sont fournies par les différentes sociétés par l'intermédiaire de la DCE de la SIR.

Pour ce qui concerne les variables de prix, à savoir : le prix du gaz butane, le du charbon de bois et du bois de feu, seront contrairement aux prix officiels, c'est à dire fixés par les autorités publiques, des prix directement prélevés sur le marché.

La préférence que nous accordons à ces prix est due à leur forte flexibilité qui est fonction de la structure de l'offre et de la demande et qui représentent également les prix auxquels les ménages sont effectivement confrontés sur le marché.

Les données de prix proviennent de la cellule de l'INS du ministère de l'économie et des finances et représentent le prix au kilogramme moyen mensuel de chacun des produits sur la période de notre étude. (janvier1998- décembre 2004)

Les variables population, urbanisation et alphabétisation seront respectivement mesurées par le volume mensuel de la population totale, le volume de la population urbanisée et le taux d'alphabétisation.

Malheureusement ces données étant généralement annuelles, leur usage dans notre étude doit être préalablement soumis à modification. Nous décidons donc de les harmoniser de sorte à les transformer en données mensuelles.

La méthode d'interpolation linéaire sera utilisée à cet effet et est décrite dans la section suivante. Les données utilisées pour mesurer ces 03 variables sont obtenues auprès de l'INS.

La variable climat sera mesurée par le niveau moyen mensuel de la pluviométrie sur la période de janvier 1998 à décembre 2004.

Les informations pluviométriques dont nous disposons proviennent de la station météorologique d'Abidjan.(ASECNA)

Enfin, la dernière variable qui est d'autant importante qu'elle est difficile à déterminer est le revenu global des ménages. La mesure de cette variable diffère selon les études.

Dans la plupart des études sur la demande d'énergie des ménages, ayant portées sur des données d'enquête auprès d'un échantillon de ménages, les dépenses de consommation de ceux ci ont été utilisées pour mesurer la variable revenu des ménages. Amadou Koné (1992), avait justifié cet usage par la réticence des ménages face à la déclaration de leur niveau de revenu.

D'autres études réalisées dans le domaine telle que celle de Hazzam et Hawdon (2003), et portant surtout sur la demande globale en énergie de la Jordanie, le revenu annuel par tête a été utilisé pour prendre en compte la variable revenu.

Notre étude portant sur des données mensuelles il sera inopportun d'utiliser revenu annuel par tête pour mesurer la variable revenu des ménages. De même, l'utilisation des dépenses de consommation des ménages à cet effet comme dans l'étude de Amadou Koné, serait très difficile, les données étant uniquement disponibles de manière annuelle.

Dans le cadre de notre étude et dans le but de satisfaire le mieux possible aux exigences économétriques de notre travail, nous définissons un revenu global des ménages essentiellement constitué de la masse salariale de différents secteurs définit comme suit :

-Le revenu des fonctionnaires et agents de l'Etat, définit par la masse salariale mensuelle payée par l'Etat à l'ensemble des fonctionnaires. Ces données sont obtenues auprès de la direction de la solde.

- Le revenu des agents du secteur privé, définit par la masse salariale mensuelle déclarée à la CNPS par les différentes entreprises du secteur privé. Les données concernant cette variable, proviennent de la direction de la CNPS.

- Le revenu des retraités, définit par la masse salariale annuelle payée par CGRAE pour le compte de l'Etat.

- Le revenu annuel des agents exerçant dans le secteur informel évalué par l'INS.

- Le revenu annuel des agriculteurs pour prendre en compte les populations rurales, qui le plus souvent vivent essentiellement de l'agriculture et surtout de la culture du café et du cacao. Cette donnée est disponible à l'INS.

Les trois derniers blocs étant des données annuelles, elles sont transformées en données mensuelles par la méthode d'interpolation linéaire définie dans la section suivante.

Notre variable revenu des ménages est donc la somme des différents revenus mensuels définis ci-dessus, selon l'illustration :

Y = Smf +Smp + Smr + Rsi + Rsa

Smf : salaire mensuel des fonctionnaires.

Smp :salaire mensuel des personnes exerçant dans le secteur privé

Smr : salaire mensuel des personnes retraitées.

Rsi : revenu dans le secteur informel

Rsa : revenu dans le secteur agricole

Mensualisation des données : la méthode d'interpolation linéaire.

Le reprofilage des données que nous faisons ici, n'est pas inhérente à notre seule étude. Elle a été utilisée dans plusieurs travaux où les données étant annuelles, l'indispensabilité de données mensuelles a conduit soit à leur trimestrialisation soit à leur mensualisation.

La méthode d'interpolation linéaire que nous utilisons ici, n'est pas unique. Il y a en dehors de cette méthode, la méthode dite de retropolation et celle de profilage. (voir annexe).

Mais devant la complexité de ces deux dernières, la méthode d'interpolation nous a parut plus adaptée à notre analyse.

L'interpolation linéaire

Partant d'une série temporelle annuelle, la première façon de la rendre mensuelle est de considérée que sur une année, son taux de variation mensuel est constant. Il faut remarquer que la série étant annuelle, les points la constituant sont des points en fin d'année.

Soit donc la série annuelle XXt est une donnée fin d'année.

On note Xit la série mensualisée à comprendre ainsi : Xit est la valeur de la série à la fin du mois i de l'année t(donc i=1 ; 2 ; 3.......12)

Pour t quelconque, puisque l'on veut un taux de variation mensuel At+1 constant sur l'année (t+1), on doit avoir :

X1t+1 /X12t =A t+1avec X12t = Xt puisque les données sont en fin d'année.

X2t+1/ X1t+1=At+1

.

.

.

.

.

X12t+1 /X11t+1 = At+1 avec X12t+1 = Xt+1

La multiplication de ces douze égalités nous donne :

Xt+1/Xt =A12t+1

D'où At+1= (Xt+1/Xt)(1/12), avec Xt+1/Xt qui n'est rien d'autre que le taux de croissance annuel Gt+1 de la série initiale augmentée de 1.

Ainsi, la seule connaissance de Gt+1, suffit à mensualiser la série.

On peut même écrire que pour t et i quelconque :

Xit+1 = [( Gt+1 +1)(1/12)i]Xt

Sur la base de cette méthode, nous calculons le volume mensuel de la population ivoirienne, en partant du volume annuel de la population de l'année 1997.

Une application toute simple sur l'année 1998 :

X11998 =[(G1998 +1)1/12]*X1997

Structure de la fonction de demande

Le choix d'une fonction de demande, ne se fait pas de manière fortuite. Il faudrait qu'elle reflète effectivement les réalités du phénomène étudié et qu'en plus elle soit plus représentative (explicative),concernant la robustesse de ces coefficients estimés.

Amadou Koné(1992), avait justifié l'utilisation d'une fonction de demande semi logarithmique(variable expliquée) par l'estimation de plusieurs fonctions de demande et avait trouvé que celle-ci rendait mieux compte de la structure de la consommation de charbon de bois des ménages ivoiriens.

Notre contexte, bien que plus général, s'apparente à celui de Koné.

En effet, le pays est le même (Cote D'Ivoire) et l'analyse porte sur la demande d'un bien énergétique(charbon de bois) plus ou moins substitut ou complémentaire au notre (gaz butane). La seule différence est que son étude a porté sur un échantillon de ménages alors que la notre porte sur l'ensemble de la population. Cette nuance se traduit par la structure des variables qui ne sont pas toutes les mêmes. (taille du ménage ;dépense de consommation........). En dehors de ce fait, l'objectif recherché est le même, à savoir identifier et quantifier la nature de la relation entre la demande du bien et ses principaux déterminants.

Alors notre modèle s'inspire de celui de Amadou Koné et s'illustre comme suit :

Ln Q = a0+a1Pg+ a2Pc+ a3Pb+a4Yt +a5Pop+ a6PL+ a7Alp+ a8URB+t

Qt = Consommation globale mensuelle de gaz butane des ménages au mois t.

Pgt = prix nominal moyen mensuel du Kilogramme de gaz butane au mois t.

Pct = prix nominal moyen mensuel du Kilogramme de charbon de bois au mois t.

Pbt = prix nominal moyen mensuel du Kilogramme de bois au mois t.

Yt = revenu global mensuel des ménages au mois t.

Popt = Volume mensuel de la population au mois t.

PLt = niveau moyen mensuel de pluie au mois t.

Alpt = taux moyen mensuel d'alphabétisation

URBt = Taux moyen mensuel d'urbanisation

t = terme de l'erreur

Analyse économétrique

* 1 rareté=utilité marginale

* 2 prix =prix relatif des deux biens






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