INSTITUT DES HAUTES ETUDES DE MANAGEMENT
MEMOIRE
MECANISMES DE PARTENARIAT MAROC - UNION
EUROPEENNE
3eme année - cycle normal
Thème :
« l'élargissement de l'union
Européenne par l'Est, quel
Conséquence pour l'économie
marocaine ? »
Encadré par :
Préparé par :
M. Akesbi Najib
Ouedghiri Ghita
Nachef Omar
Année universitaire : 2005 - 2006
Introduction :
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, le
continent européen s'est remis à se reconstruire et à
s'unifier afin d'éviter les risques d'une autre guerre et afin de faire
face à d'autres pays qui prenaient de plus en plus de force sur la
scène mondiale, notamment les Etats-Unis d'Amérique. C'est pour
cette raison, que les pays européens se sont inscrits dans une logique
de dynamique d'évolution qui se manifeste par un axe verticale
d'approfondissement, et un axe horizontale d'élargissement. Le terme
d'approfondissement signifie la mise en place de plusieurs politiques et
institutions afin de pouvoir gérer les problèmes du citoyen
européen et de l'ensemble de l'union avec une fluidité et une
aisance incomparable. Mais le fait d'approfondir n'interdit pas
d'élargir !! L'élargissement désigne tout simplement,
comme l'indique son nom, l'adhésion de nouveaux pays dans l'espace
européen. Cet élargissement, a connu bien sur plusieurs
étapes depuis la constitution du noyau de l'union en 1957, avec le
traité de Rome, passant par l'adhésion de la Grande Bretagne, de
l'Irlande et du Danemark dans les années 70 et de la Grèce,
l'Espagne et le Portugal au sein des années 80, pour atterrir en 2004,
qui a connu le plus grand élargissement de l'union, par
l'adhésion de dix nouveaux pays, essentiellement de l'Est de l'Europe
qui sont respectivement de l'Ouest vers l'Est : Malte, République
Tchèque, la Pologne, la Slovénie, la Slovaquie, la Hongrie, la
Lituanie, la Lettonie, l'Estonie et Chypre. Cet élargissement, qui a
changé la donne politique, démographique, géographique et
économique de l'union européenne, constitue à
l'évidence même un énorme défi pour les
européens, autant pour les pays partenaires
méditerranéens, où le sentiment qui semble largement
partagé apparaît souvent marqué par une certaine
perplexité, voire par une inquiétude.
Les dix nouveaux membres, souvent appelés PECO, (Pays
d'Europe Centrale et Orientale) intégreront dans leur corpus
législatif, les traités et les accords qui lient l'UE aux pays
tiers, sans exception. Parmi ces tiers le Maroc, qui est l'un des plus vieux
partenaires économiques de l'Europe. Effectivement, le Maroc a
signé plusieurs accords d'association et de coopération avec
l'Union européenne, dans plusieurs domaines et secteurs notamment
l'agriculture, l'industrie, le commerce et la coopération culturelle,
commençant par celui de 1969, passant par ceux de 1976 et de 1995, et
couronnant par celui du 1er mars 2000 qui prévoit l'instauration d'ici
2012 d'une zone de libre-échange.
Autant dire que cette nouvelle donne ne sera pas sans
conséquences, les avis des spécialistes et chercheurs restent
divergentes. Les uns, les plus optimistes, voient dans cet élargissement
une opportunité pour développer les échanges entre le
Maroc et les PECO, et pour gagner de nouveaux marchés afin de s'imposer
sur la scène mondiale comme étant l'un des partenaires les plus
privilégiés de l'union européenne. Pour eux, cet
élargissement est incontestablement une occasion pour le Maroc, pour
mettre en place une politique efficace de mise à niveau afin de pouvoir
conquérir le marché unique et faire face à la concurrence
des pays européens à l'échéance de 2012.
Par contre, d'autres chercheurs pensent que le Maroc, subira
les pressions et les problèmes qu'il a vécu lors de
l'élargissement de l'union des années 80, lors de
l'adhésion de quelques pays concurrents, particulièrement
l'Espagne, le Portugal et la Grèce, et les conséquences
néfastes de cet élargissement sur l'économie marocaine et
sur sa balance commerciale. Ces économistes soutiennent la thèse
qui met en évidence les dangers de cet élargissement sur le
Maroc, notamment en ce qui concerne les investissements directs
européens (IDE), les échanges et le secteur touristique.
D'où la question fondamentale qui se pose de nos
jours ; L'élargissement de l'Union Européenne, est ce une
opportunité pour l'économie Marocaine, ou une menace ?? Ou
reste à savoir en d'autre terme, si l'économie marocaine, sera
capable de faire face à cette nouvelle donne et en profiter le
plus ? Ou sera-t-elle écrasée et marginalisée par les
autres économies ?
C'est dans ce modeste travail, qu'on va essayer de
répondre à ces questions le plus fidèlement possible et
ceci en divisant ce mémoire en 3 parties. La première partie
portera sur l'élargissement et les conséquences de
l'adhésion des nouveaux pays sur l'union européenne
elle-même. En deuxième lieu on va évoquer les bienfaits et
les méfaits de cet élargissement sue les pays du Sud et de l'Est
de la Méditerranée (PSEM), notamment le cas du Royaume du
Maroc ; et en dernier lieu on va conclure par une synthèse qui
résumera tout ce qui aurait été dit auparavant.
I - Présentation du dernier élargissement
de l'union européenne et l'étude de ces conséquences
pour l'Europe :
1. Les nouveaux pays membres et le Maroc :
a) Démographie
Après le dernier recensement des habitants
effectué en 2004, les autorités marocaines ont annoncé que
la population marocaine a atteint les quelques 29 millions d'habitants. Ce
chiffre, et comparant aux autres pays de l'Europe centrale et orientale (PECO),
parait important. Le Maroc, de point de vue population, n'est
dépassé que par la Pologne qui compte à peu près
les 38 millions d'habitants. Le tableau suivant présente la population
totale des nouveaux pays membres.
b) Produit intérieur brut per
Capita :
Pour évaluer la prospérité d'un pays, on
calcule la production per capita, ceci dit, le PIB par habitant, car le
l'objectif principal de la croissance est d'améliorer le bien être
des citoyens d'un pays. En effet, et si on effectue une comparaison entre les
pays de l'Europe centrale et Orientale et le Maroc, on remarque que ce dernier
est largement dépassé. Le PIB/ habitant marocain ne constitue que
33% de celui de la Lettonie, le taux le plus faible des PECO et ne tient
même pas la comparaison par rapport à Chypre.2
c) Indice du développement humain
(IDH) :
L'IDH est un indice synthétique élaboré
par les agences de l'ONU afin de rendre compte de l'état de
développement des nations. Ceci dit, et pour pouvoir comparer entre
plusieurs pays, on ne trouvera nulle part mieux que cet indice. Pour le Maroc
on va remarquer qu'il est de loin dépassé par les pays de
l'Europe Centrale et Orientale, qui font partie des pays à
développement humain élevé. Le Maroc ne vient que parmi
les pays à développement humain moyen tendant vers le
faible.1(*)
Pays
|
IDH
|
Rang mondial
|
Chypre
|
0,883
|
26
|
Slovénie
|
0,879
|
29
|
Malte
|
0,875
|
30
|
Tchèque
|
0,849
|
33
|
Hongrie
|
0,835
|
35
|
Slovaquie
|
0,835
|
36
|
Pologne
|
0,833
|
37
|
Estonie
|
0,826
|
42
|
Lituanie
|
0,808
|
49
|
Lettonie
|
0,800
|
53
|
Maroc
|
0,602
|
123
|
d) Les échanges et le commerce
extérieur :
D'après les sources du ministère du commerce
extérieur, tous les pays de l'Europe Centrale et Orientale (PECO)
entretiennent des relations avec le Maroc. Ces relations diffèrent bien
sur, d'un pays à un autre, mais elles restent en générale,
très faibles. Les exportations du Maroc vers ces pays ne
dépassent pas 0.64% de l'ensemble des exportations marocaines. Alors que
les importations sont de l'ordre de moins de 1.1%. Comme on peut le remarquer
dans le tableau qui suit, le premier pays exportateurs du Maroc parmi les PECO
reste la Pologne, modestement avec 0.64% du total des importations marocaines,
alors que les exportations ne constitue que 0.33%. Cette comparaison est
flagrante lorsqu'on sait que, la France, pays européen aussi, importe
à lui seul, 32% des exportations marocaines et nous fournit 17%. Le
tableau et les graphes ci-dessus résument les relations d'échange
entre le Maroc et les nouveaux pays adhérents à l'union
européenne 4 :
Pays
|
Importations (en 1000 Dhs)
|
% de ? M marocaines
|
Exportations (en 1000Dhs)
|
% de ? X marocaines
|
|
Solde (en 1000Dhs)
|
Lituanie
|
82714
|
0,052416984
|
171367
|
0,194957
|
|
88653
|
Chypre
|
6140
|
0,003891
|
6157
|
0,007005
|
|
17
|
Lettonie
|
93578
|
0,059301648
|
12691
|
0,014438
|
|
-80887
|
Malte
|
70926
|
0,044946768
|
16428
|
0,018689
|
|
-54498
|
Pologne
|
1013462
|
0,642244613
|
296630
|
0,337463
|
|
-716832
|
Hongrie
|
315693
|
0,200058935
|
8958
|
0,010191
|
|
-306735
|
Slovénie
|
58969
|
0,037369455
|
16658
|
0,018951
|
|
-42311
|
Slovaquie
|
102712
|
0,065089987
|
8758
|
0,009964
|
|
-93954
|
Tchéquie
|
39333
|
0,024926109
|
25696
|
0,029233
|
|
-13637.4
|
Estonie
|
14204
|
0,00900
|
676
|
0,000769
|
|
-13528
|
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
1797731.4
|
1,13924677
|
564019
|
0,64166
|
|
-1233712.4
|
4 Source : www.mce.gov.ma
En fait, le commerce entre ces pays et le Maroc se concentre
le plus souvent sur quelques pays, notamment la Pologne qui constitue 56% des
importations en provenance des PECO. Pour les exportations marocaines, on
remarque aussi que la Pologne reste encore le n°1 parmi les PECO avec 52%.
La part des autres pays, à l'exception de la Hongrie et la Lituanie,
reste mineure, voire nulle dans quelques cas. Concernant les produits
échangés entre les PECO et le Royaume du Maroc, on remarque
qu'ils sont pas d'une forte valeur ajoutée ; ceci dit, la Maroc
exporte en générale des produits agricoles non transformés
dans la plupart des cas, sauf en ce qui concerne les conserves, et du textile,
ainsi que le marbre et le verre. Par contre, il importe souvent les mêmes
produits de tous les PECO, notamment les produits chimiques, le carton et la
papier, ainsi que plusieurs pièces détachées. Le tableau
qui suit comporte la plupart des produits échangés entre le Maroc
et les PECO :
Pays
|
Importations
|
|
Exportations
|
Chypre
|
Matériel en plastic, en cuir et en bois -
textile
|
|
Tapis - Bois - Marbre et verre
|
Estonie
|
Matériel électronique - Matériel de
sport
|
|
/
|
Hongrie
|
Textile - insecticides - accessoires informatiques et
électroniques - Caoutchouc
|
|
Tapis - Poissons - Conserves - Marbre Bois
|
Lettonie
|
Textile
|
|
Légumes et agrumes
|
Lituanie
|
Textile
|
|
Légumes et agrumes
|
Malte
|
accessoires électroniques - Papier & carton -
Caoutchouc
|
|
Matériel électronique - Poisson -
textile
|
Pologne
|
Textile - Papier & carton - Produits chimiques -
Caoutchouc
|
|
Tapis - Légumes - Textile - marbre et
verre
|
Slovaquie
|
Pièces détachés - produits chimiques
- textile
|
|
Légumes et agrumes - Poissons
|
Slovénie
|
Pièces détachés - produits chimiques
- textile - caoutchouc
|
|
Légumes et agrumes - Farine
|
Tchéquie
|
textile - filet de pêche - verre - caoutchouc
|
|
cuivre - légumes et poisson - textile
|
-----------------------------------
Ministère du commerce extérieur marocain www.
2. L'élargissement de l'UE : quelles
conséquence ?
L'élargissement de 2004 et le passage de l'union
européenne à 25 pays, constituent une importante étape
dans le processus de construction européenne. Tout d'abord, et sur le
plan géographique, l'union s'étalera sur une superficie de
3 977 304 km² contre 2 788 958 km² pour l'Europe des
15, soit une augmentation de presque de 42%. De ce fait, l'union
européenne est le 7ème plus grand « pays » au
monde, point de vue superficie, après la Russie en première
position avec 17 075 200 Km², suivie du Canada, les Etats-Unis, la
Chine,le Brésil et l'Australie.
Sur le plan démographique, cet élargissement est
de dimension inégale dans l'histoire de cette union européenne.
En effet, les nouveaux adhérents comptent 74,5 millions d'habitants
ainsi, la population va passer de 380 à 454 millions d'habitants soit
une augmentation de presque 20%. La population de l'UE 25 par conséquent
va représenter 7,2% de la population mondiale, se situant en
troisième position loin derrière celle de la Chine (1,295
milliard, soit 20,5% de la population mondiale) et de l'Inde (1, 057 milliard
soit 16,6%) mais devant celle des États-Unis (292 millions ou 4,6%) et
du Japon (127 millions ou 2,0%). Les 10 nouveaux pays sont aussi en dynamique
de dépopulation comme les membres de l'UE des15, ce qui constitue un
problème important et aggrave le vieillissement de l'union ainsi que les
problèmes de retraite et de dépenses de santé qui en
découlent.
D
c
· PIB.........
L'élargissement
de l'Union Européenne se traduit aussi par une augmentation du nombre
d'Etats peu peuplés parce qu'ils sont favorisés par le
traité de Nice, c'est le cas de Malte et de chypre dont la population ne
dépasse pas le million de personnes ; Chypre (775 927) et
Malte (403 342).
D'un point de vue politique ou institutionnel, le passage
d'une Europe de 15 à 25 ne sera pas sans conséquence :
l'accroissement du nombre d'Etats aggravera le déséquilibre entre
grand et petit. L'Europe à 25 comptera 6 «grands » et 19
« petits ». Le conseil européen de Nice
(décembre 2000) a en grande partie, traité les
conséquences institutionnelles de ce nouvel équilibre. Il a
accru le pouvoir des grand pays au un conseil (majorité
qualifiée) et au parlement. En revanche, les grands Etats, ont du
renoncer à leur second commissaire sans que les petits renoncent
à leur principal.
A l'échelle de l'espace UE25, le taux de chômage
est en 2003 de 9,1%. Derrière cette moyenne se cache, en fait, une
grande diversité de situations, aussi bien entre pays membres avant 2004
et les PECO. Par ailleurs, on constate que les nouveaux adhérents sont
ceux qui présentent les moins bons résultats en matière de
chômage. Cependant, il y en a ceux qui réalisent des taux
inférieurs à ceux de la France et l'Allemagne (comme le montre le
graphe ci-dessous) :
En ce qui concerne la croissance de l'économie, l'union
a connu avec l'adhésion des 10 nouveaux pays une croissance de 2,5 % en
2004 alors que la zone euro n'a connu que 2,1 %, tandis que la croissance
mondiale était de presque 5%. Le PIB européen a atteint 11 650
Milliard $ par rapport à celui des Etats-Unis d'Amérique qui est
de 10 383 milliards $, pour se situer au premier rang mondial.
L'intégration à l'Union Européenne
devrait générer pour les PECO un potentiel de croissance
nettement supérieur aux bénéfices résultant d'un
simple accord d'association. La perspective d'adhésion stimule les
investissements étrangers, accroît les échanges
commerciaux, abaisse le coût de financement, améliore
l'environnement institutionnel et renforce la stabilité
économique. Selon différentes études, l'intégration
complète des PECO pourrait se traduire par des rythmes de croissance
annuels pouvant atteindre jusqu'à 7%, à condition de poursuivre
les politiques économiques favorisant la convergence réelle vers
la situation économique prévalant dans l'Union Européenne
à Quinze, d'accélérer les réformes structurelles et
de maintenir le dynamisme des flux de capitaux étrangers. Les IDE ont un
rôle fondamental dans le rattrapage économique des PECO à
travers le transfert de savoir-faire et l'émergence d'un
véritable esprit entrepreneurial.
L'estimation de l'effet de l'élargissement de l'Union
Européenne sur les IDE entrant dans les PECO montre qu'il existe un
potentiel évalué à 250 milliards de dollars d'ici 2010.
Avec l'augmentation des IDE, la balance des capitaux serait excédentaire
pour les PECO, ce qui couvrirait dans une grande proportion le déficit
du compte courant qui résulterait des importations nécessaires
à l'indispensable adaptation structurelle de ces pays et à la
mise à niveau de leurs systèmes de production. Compte tenu de la
situation précaire de l'emploi dans les pays nouveaux adhérents
et en raison d'un écart élevé entre les niveaux de
salaires dans les PECO et dans l'Union Européenne,
l'élargissement risque de déclencher une migration importante de
main-d'oeuvre et une hausse du chômage, notamment en Allemagne et en
Autriche. Dans ces pays, il existe actuellement les contingents les plus
importants de résidents originaires des PECO. L'OCDE estime que les
flux migratoires en provenance des PECO pourraient atteindre 10 millions
d'individus d'ici 2030 dont 2,5 millions en Allemagne, 470.000 en Autriche et
autour de 100.000 en France. Ces flux concerneraient une population
majoritairement jeune et mieux éduquée que la moyenne nationale
de leur pays.
II - L'élargissement de l'union
européenne : coup de pousse ou un coup de grâce pour
l'économie marocaine ??
L'élargissement de l'union européenne par l'Est
se fait sur un fond de conjoncture générale marquée par
une mondialisation accélérée de pauvreté,
d'exclusion, d'inquiétude, et surtout d'incertitude. En fait,
l'ouverture est à la fois porteuse d'opportunités et de menaces.
Avec l'ouverture, la compétitivité sera certes, de plus en plus
vives, mais le Maroc bénéficiera de l'effet de taille de l'union
européenne et de son marché : 450 millions de consommateurs.
Bien évidemment, ne bénéficieront de cet
élargissement que les entreprises qui acceptent de se restructurer et
qui intègrent l'ouverture comme un paramètre essentiel dans leurs
choix stratégiques.
Les économistes marocains sont controversés en
ce qui concerne l`élargissement de l'union européenne par
l'Est ; les plus optimistes disent que l'élargissement de 1986 et
l'adhésion de l'Espagne et le Portugal, menaçait beaucoup plus
sérieusement l'économie marocaine qu'aujourd'hui, et que les
dirigeants marocains ont su gérer la situation et sauvegarder la
pérennité d'une économie en développement. Pour ces
économistes, les PECO sont un nouveau marché « à
ne pas rater », et une occasion pour que le Maroc s'impose comme
étant le partenaire n°2 de l'union européenne après
l'Etat hébreu. D'autres pensent que la compétitivité des
entreprises des pays de l'Est, et leur supériorité en
matière de technologie, de capitaux, de main d'oeuvre directe, et de
subventions étatiques, leurs permettront de ravager les marchés
européens et de s'imposer comme un concurrent solide devant les
produits marocains. Même leur avance en matière d'infrastructure,
aura pour effet de captiver des Investissements Directs à l'Etranger
(IDE) et de les attirer vers ces pays au détriment du Maroc. Autant
dire, personne ne pourra prévoir le futur, mais on essaiera dans cette
partie, d'avancer les différents points de vue, classer par secteurs.
1. L'agriculture :
En termes de superficie, de contribution au PIB, et notamment
de part dans l'emploi total, l'agriculture occupe une place relativement plus
importante dans les économies PECO que dans l'économie de l'Union
européenne à 15. Ce n'est que dans la République
Tchèque, en Slovaquie et en Slovénie que le poids relatif de
l'agriculture est comparable à la moyenne communautaire. Dans un certain
nombre de PECO, l'emploi agricole a augmenté en valeur absolue et en
valeur relative, notamment dans les pays où l'agriculture a joué
un rôle tampon face à une situation économique se
détériorant de manière générale, comme la
Roumanie et la Bulgarie. La part de main-d'oeuvre employée dans
l`agriculture est particulièrement élevée dans ces deux
pays, mais c'est également le cas en Pologne et en Lituanie. Le nombre
global de plus de 10 millions de personnes employées dans l'agriculture
pour les dix PECO est relativement élevé par rapport aux 7,5
millions de personnes enregistrées dans l'Union à 15, tandis que
la productivité agricole, exprimée par la valeur ajoutée
par travailleur (PIB per Capita) n'est que d'environ 11 % du niveau
communautaire.
Ce n'est qu'en Slovénie que les niveaux de production
dépassent ou atteignent de nouveau ceux de l'époque
antérieure au passage à l'Europe des 25. C'est dans la plupart
des autres pays, surtout en tchèque qu'un ensemble
d'éléments tels que l'ouverture des marchés des prix et
des échanges, la déréglementation et la
dérégulation, la suppression des aides à la consommation
et la perte des marchés traditionnels, ainsi que la privatisation d'une
grande part des secteurs publics ont entraîné une pression accrue
sur l'agriculture et pèsent lourd sur leurs économies. Les prix
des intrants comme ceux de l'énergie et des engrais ont tendance
à se rapprocher des niveaux du marché mondial tandis que les prix
de la production agricole stagne ou à augmenter moins face à une
chute de la demande. Les secteurs les plus gravement touchés sont ceux
des animaux, secteurs où, dans de nombreux PECO, la
décapitalisation se poursuit ou vient seulement de s'arrêter. Dans
le secteur des végétaux, qui s'est initialement adapté par
une réduction des intrants, la stabilisation des relations prix
intrants-extrants a entraîné récemment une certaine
amélioration dans l'utilisation des intrants et une augmentation des
rendements.
Malgré la non libéralisation du secteur agricole
de part et d'autre de la Méditerranée, et son exclusion des
négociations, que cela soit au niveau bilatéral, ou au niveau de
l'organisation mondial du commerce OMC, du fait qu'il présente un objet
d'affrontement en champs clos triennal entre les Etats-Unis d'une part, l'Union
européenne d'autre part, et les pays les puissants dans le domaine
agricole, regroupés dans ce qu'on l'appelle le groupe de Cairns, l'enjeu
sera très important pour l'agriculture marocaine qui emploie 40% des
actifs contre 13% en moyenne chez les PECO et moins de 4% pour l'Europe des
Quinze. La part de l'agriculture dans la valeur ajoutée globale du Maroc
représente en moyenne sur les cinq années (1998-2002) près
de 14%, soit autant que les PECO les moins avancés (Bulgarie et
Roumanie). Pour les 10 nouveaux membres, cette part est proche de 4% en moyenne
contre 2% pour l'Union Européenne à Quinze. La balance agricole
du Maroc avec les PECO a été en moyenne équilibrée
pendant la dernière décennie. Le Maroc importe principalement des
céréales et des corps gras et exporte des produits
méditerranéens frais (tomates, oranges...) et des conserves
végétales.
Durant les années 90, les réglementations
qualitatives et sanitaires des PECO sont restées beaucoup moins
contraignantes que l'acquis communautaire dans ce domaine, surtout après
la propagation de l'épidémie de la vache folle, de l'anthrax, ce
qui a permis au Maroc de développer ses exportations de viandes rouges
vers ces pays. L'exportation des agrumes a aussi profité de ce cadre
profitable. L'intégration complète de ces derniers les a
amené à s'aligner sur les normes européennes,
menaçant ainsi les exportations agroalimentaires du Maroc qui leur sont
destinées.
La réglementation sociale, moins contraignante des
PECO (coût réduit et faible rigidité du marché du
travail...), a donné jusqu'à présent à leurs
secteurs agroalimentaires (produits maraîchers, particulièrement
la tomate) la possibilité de satisfaire la demande intérieure.
Avec l'alignement sur les normes sociales européennes (rattrapage des
salaires...), la production intérieure des PECO deviendrait plus
chère que les importations, ce qui favoriserait des pays comme le Maroc
et la Turquie ayant des avantages comparatifs en la matière.
2. L'industrie:
Comme on l'a déjà évoqué dans
notre première partie, les relations marocco - PECO en matière
d'industrie restent très faibles. En général, les
exportations industrielles du Maroc vers les PECO se sont corrigées
à partir de 1993. Elles sont composées particulièrement de
des produits agroalimentaires, des produits chimiques, suivis des produits
électroniques. Les exportations de textile et de lingerie très
sont marginales. Les importations du Royaume du Maroc en provenance des PECO
sont constituées essentiellement de produits chimiques, qui
représentaient les principales importations jusqu'en 1994, de produits
agroalimentaires et de produits sidérurgiques.
Durant les années 90, et pendant l'évolution de
l'approfondissement de l'union européenne, et dans le cadre du
pré adhésion des PECO à cette entité,
l'érosion des faveurs accordées au Maroc, pour les biens
manufacturés a eu lieu. Donc on peut parler d'ores et déjà
d'un inconvénient et d'une menace pour l'économie marocaine, du
fait que les exportations des PECO vers l'union européenne ont
dépassé les exportations marocaines en 1996.
Les dix pays de l'Europe de l'Est, et durant les années
qui ont précédés leur adhésion à la
communauté européenne, ont développé leurs
industries d'une manière considérable. De ce fait les avantages
comparatifs ont connu des mutations : les PECO ne se spécialisent
plus dans la production de biens de consommation ou intermédiaire
à faible valeur ajoutée. Désormais ces pays s'orientent
vers l'industrie lourde et la création des biens d'équipement.
Ainsi, le Maroc gagne sur les deux cotés ; non seulement il n'est
plus concurrencé par les PECO en ce qui concerne les produits à
faible valeur ajoutée, mais il bénéficie aussi d'un bon
marché pour ses achats en biens d'équipement, dû au faible
salaire de la main d'oeuvre des PECO.
Mais ce dernier avantage n'est pas durable ; car
dès leur adhésion à l'union européenne, les Pays de
l'Est et du Centre de l'Europe ont connu un renchérissement progressif
de la main-d'oeuvre qui limiterait les délocalisations industrielles
vers l'Est au profit du Sud de la Méditerranée. L'adoption des
normes et standards européens en matière environnementale,
sociale et sanitaire, conjuguée au passage à terme à
l'euro, devrait peser sur la compétitivité des PECO au profit des
pays tiers méditerranées tel que le Maroc et susciter, à
terme, l'augmentation de leurs exportations vers l'europe.
C'est le cas de la plupart des secteurs sauf celui du textile
- habillement, qui connaît depuis quelques temps une crise insolite
à cause de l'abolition des accords multifibres en Janvier 2005. Ce
secteur, qui souffre de la prédominance de la Chine et de la Turquie, la
percée spectaculaire des pays de l'Est (Roumanie et Pologne) et des pays
asiatiques (Bangladesh, Inde...) aura du mal à supporter, beaucoup plus
que les autres secteurs l'élargissement de l'Europe vers l'Est .
L'importance de la délocalisation d'entités industrielles
(surtout allemandes) à l'Est est de nature à cantonner
l'industrie marocaine dans la sous-traitance. Ce créneau limite les
transferts de technologie et engendre une faible valeur ajoutée dans la
mesure où, quasiment, tous les intrants sont importés. D'autres
part, la proximité géographique des PECO leur permettrait de
mieux répondre aux exigences des délais des donneurs d'ordre.
3. Le secteur touristique :
Dans le processus de l'application du plan azur au Maroc, qui
vise à recevoir 10 millions de touristes en 2010, l'élargissement
de l'union européenne par l'est constitue une opportunité pour le
tourisme marocain, du fait que les PECO formeront de nouvelles sources de
touristes. En effet, et depuis quelques années, on remarque que le
nombre de visiteurs des Pays de l'Est et du Centre européen a connu une
augmentation considérable pour passer de moins de 5000 au début
des années 90 afin d'atteindre en 2000 quelques 31000 visiteurs, soit
1,5% des touristes européens.
En fait, l'adhésion de ces dix membres ne constitue pas
une menace pour le tourisme national. Les PECO, et malgré qu'ils sont
des pays qui offrent un tourisme de qualité, ne pourront pas
concurrencer le Maroc, du fait que la nature des services offerts sont
complètement différentes. Le Maroc offre en
général, un tourisme balnéaire profitant de ses quelques
2000 Km de cotes atlantiques et méditerranéennes. Les PECO,
chapeautés par la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie, proposent
du tourisme purement culturel, avec leurs châteaux et leurs forteresses
qui datent de quelques centaines d'années. Les PECO attirent aussi les
gens qui pratiquent les sports d'hiver, notamment le Ski. Sauf qu'il est
nécessaire de citer que Malte et Chypre, les nouveaux entrants
méditerranéens peuvent concurrencer le Maroc en matière de
tourisme balnéaire, même si leur taille est epsilon devant le
royaume.
En matière de touristes, le Maroc et les PECO se
partagent l'europe. En effet, le Maroc attire les touristes français en
premier lieu avec 62% du total des touristes, suivis par les espagnols avec 15%
et les allemands (14%). Les PECO de leurs parts, attirent les Allemands en
premier lieu avec 76%, suivis de l'Angleterre (8%) et de l'Italie (7%) en
1999.
4. Les Investissements Directs à l'Etranger
(IDE) :
Grâce à une cohésion sociale importante,
des libertés syndicales garanties, une mobilité sociale facile,
un marché du travail flexible et un dialogue social satisfaisant, une
restructuration de l'industrie, les PECO ont atteint un niveau de
développement institutionnel appréciable qui a permis l'essor des
investissements directs étrangers. Ces avantages qui sont en faveur
d'une grande attractivité des IDE, compensent les insuffisances
liées à un système financier qui n'est pas très
développé, un système judiciaire peu performant et des
coûts de la main-d'oeuvre appelés à s'accroître avec
l'intégration à l'Union Européenne.
Le Maroc est un pays peu attractif en matière d'IDE
à cause de ses problèmes économiques et sociaux, ses
problèmes de bureaucratie et d'infrastructure. En effet, malgré
les efforts entrepris pour la libéralisation économique et la
privatisation des entreprises publiques (Régie des Tabacs, Maroc
Telecom), et la vente deuxième licence du GSM marocain (Méditel),
et malgré le choix stratégique de l'ouverture sur
l'extérieur, la politique de stabilisation macroéconomique
menée depuis le milieu des années 80 (Plan d'Ajustement
Structurel), les réformes structurelles réalisées et le
renforcement de l'ancrage à l'euro suite au réaménagement,
en 2001, du panier de cotation du dirham, les flux d'IDE reçus sur la
période 1996-2001 par le Maroc n'ont représenté que 2,7%
du PIB contre 4,5% pour la moyenne des PECO.
L'élargissement de l'union européenne par l'Est,
risquerait d'entraîner un effet d'éviction en terme d'IDE pour le
Maroc ; Selon un rapport de la Direction de la politique économique
générale marocaine (document de travail n°87 - Avril 2003),
si le Maroc recevait autant d'IDE que les PECO en pourcentage du PIB, le
niveau du PIB augmenterait de manière additionnelle entre 2 et 2,5% par
an. Le taux de chômage baisserait de 1,5 à 2 points par an.
L'impact sur les finances publiques serait très positif puisque le solde
budgétaire s'améliorerait de 0,6 à 0,8 % du PIB selon les
années. Ces retombées seront d'autant favorables que le contenu
des IDE en matériel et outillage est important.
Conscient que la clé du développement
réside dans l'attractivité des investissements étrangers,
le Maroc s'est engagé dans un processus de mise à niveau de
l'économie marocaine, et d'une restructuration profonde des
différents organismes afin d'attirer le maximum d'IDE et pour faire face
à l'ouverture de ses marchés prévus en 2012.
5. Les performances de l'économie et les aides
au développement:
L'élargissement à l'Est de l'Union
Européenne aura pour conséquence l'augmentation de la croissance
de 0,1 point pour l'Union Européenne. Cette augmentation pourra
provoquer un accroissement du rythme annuel de la demande
étrangère au Maroc estimée à 0,3% et une hausse
additionnelle de la croissance de l'ordre de 0,1 point à moyen terme, et
la hausse de 0,7% des exportations en volume à partir de la
quatrième année et de 1,6% à l'ouverture. A cette
échéance, le taux de chômage reculerait de 0,3.
Le renforcement des exportations marocaines sera
occasionné par le potentiel d'échanges existant entre le Maroc
d'une part, et les PECO et l'Union Européenne du fait que les risques
de détournement du commerce au profit de l'Union Européenne
devraient rester limités puisque les productions marocaines et
européennes ne sont pas en concurrence. Ceci dit, cette situation aura
comme conséquence normale, l'amélioration du solde courant de la
balance des paiements de 0,1 point à court terme et de 0,3 point du PIB
à l'horizon 2012. Quant au solde budgétaire, il devrait
s'améliorer à terme de 0,1 % du PIB.
Concernant les aides au développement, on remarque que
les engagements financiers nets de l'Union Européenne en faveur des PECO
s'élèvent globalement à 45 milliards d'euro sur la
période 2000-2006 devant seulement 5,35 milliards d'euros pour
l'ensemble des pays du bassin méditerranéen dans le programme
MEDA II.
En terme de population, l'écart entre les aides pour le
Maroc et les PECO apparaît flagrant. L'aide européenne, au titre
du pré adhésion s'établit pour les PECO à 32
euro/habitant en 2000 et 2001 contre près de 5 euro/habitant pour le
Maroc au cours de la même période. Ce différentiel
très important risque de s'accentuer, à l'avenir, compte tenu des
tensions qui pèsent sur les finances publiques européennes
6. Flux migratoires :
En raison d'une croissance démographique
négative dans la majorité des ex-pays du bloc Est et à
cause des tensions qui persistent sur le marché du travail marocain, il
est attendu que les flux migratoires entre le Maroc et les PECO s'accentuent de
plus en plus comme ce qui s'est produit avec l'Espagne et l'Italie. Ainsi,
l'élargissement de l'Union Européenne à l'Est ne risque
pas de voir l'immigration en provenance des PECO remplacer progressivement
celle des marocains résidents à l'étranger, qui de leur
part, remplissent un rôle primordial dans le financement de
l'économie marocaine. Les transferts opérés par les
Marocains Résidents à l'Etranger ont représenté
8,4% du PIB en 2002.
Conclusion :
Durant ce travail, il parait clair que le fait de
répondre à la question posée,
« Elargissement de l'Europe par l'Est, Menaces ou
Opportunités pour le Maroc ? » n'est pas
une tâche facile. L'adhésion des PECO à l'Europe des 15,
pourrait être une menace à l'économie marocaine, en
matière d'échanges agricoles, du textile et habillement qui
vivent aujourd'hui une crise insolite et des aides pour le
développement. Cet élargissement a eu comme conséquence
normale et attendue, des effets d'éviction pour l'économie
marocaine, malgré les considérables efforts et mesures
déployés dans le sens de la mise à niveau et de
l'ouverture sur l'économie mondiale.
Mais de même, l'élargissement par l'Est de
l'Union Européenne constitue des opportunités pour une
économie encore au berceau. Les flux migratoires ne seront pas
affectés négativement, mais au contraire d'autres
opportunités de flux paraissent possibles pour les marocains. D'autres
branches aussi, surtout industriels, n'auront pas de problèmes lors de
cette transformation, du fait qu'elles sont assez compétitives pour
pouvoir faire face à l'apogée de l'industrie des pays de l'Est.
Le tourisme, ne sera pas influencé par l'élargissement de 2004
du fait de la discordance des prestations proposées par les deux
cotés.
Face à cette situation tantôt avantageuse,
tantôt atroce, le Maroc doit impérativement poursuivre le chemin
de la mise à niveau, et doit impérativement mener avec
succès l'arrimage de son économie dans un monde économique
régi par la loi du plus fort. L'événement du
1er Mai 2004, en fait, ne devra pas constituer des menaces pour
l'économie marocaine, mais au contraire il doit être un
élément incitateur au développement et un stimulant de
l'évolution d'un Maroc, de plus en plus, victime d'une mondialisation et
d'une régionalisation brusque ...
BIBLIOGRAPHIE :
Ø Journal Officiel de l'Union européenne
(22-12-2004)
Ø Rapport de la Direction de la Politique Economique
Général Marocain (Document 87 Avril 2003)
Ø La situation sociale de l'union européenne
2004 - La commission européenne
Ø Avenir de la politique de cohésion 2004 - La
commission européenne
Ø
www.champagne-ardenne.cci.fr
Ø
http://europa.eu.int/comm/enlargement
Ø Ministère du commerce extérieur
marocain
Ø L'office de change marocain
Ø Autres
* 2 Source :
encyclopédie wikipédia 2005.
1 Source : encyclopédie wikipédia
2005.