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Impact de l'élargissement de l'UE sur l'économie marocaine

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par Omar Nachef et Ghita Ouedghiri
HEM Rabat - Master ès science Finance d'entreprise 2006
  

Disponible en mode multipage

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    INSTITUT DES HAUTES ETUDES DE MANAGEMENT

    MEMOIRE

    MECANISMES DE PARTENARIAT MAROC - UNION EUROPEENNE

    3eme année - cycle normal

    Thème : « l'élargissement de l'union

    Européenne par l'Est, quel

    Conséquence pour l'économie marocaine ? »

    Encadré par : Préparé par :

    M. Akesbi Najib Ouedghiri Ghita

    Nachef Omar

    Année universitaire : 2005 - 2006

    Introduction :

    Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, le continent européen s'est remis à se reconstruire et à s'unifier afin d'éviter les risques d'une autre guerre et afin de faire face à d'autres pays qui prenaient de plus en plus de force sur la scène mondiale, notamment les Etats-Unis d'Amérique. C'est pour cette raison, que les pays européens se sont inscrits dans une logique de dynamique d'évolution qui se manifeste par un axe verticale d'approfondissement, et un axe horizontale d'élargissement. Le terme d'approfondissement signifie la mise en place de plusieurs politiques et institutions afin de pouvoir gérer les problèmes du citoyen européen et de l'ensemble de l'union avec une fluidité et une aisance incomparable. Mais le fait d'approfondir n'interdit pas d'élargir !! L'élargissement désigne tout simplement, comme l'indique son nom, l'adhésion de nouveaux pays dans l'espace européen. Cet élargissement, a connu bien sur plusieurs étapes depuis la constitution du noyau de l'union en 1957, avec le traité de Rome, passant par l'adhésion de la Grande Bretagne, de l'Irlande et du Danemark dans les années 70 et de la Grèce, l'Espagne et le Portugal au sein des années 80, pour atterrir en 2004, qui a connu le plus grand élargissement de l'union, par l'adhésion de dix nouveaux pays, essentiellement de l'Est de l'Europe qui sont respectivement de l'Ouest vers l'Est : Malte, République Tchèque, la Pologne, la Slovénie, la Slovaquie, la Hongrie, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie et Chypre. Cet élargissement, qui a changé la donne politique, démographique, géographique et économique de l'union européenne, constitue à l'évidence même un énorme défi pour les européens, autant pour les pays partenaires méditerranéens, où le sentiment qui semble largement partagé apparaît souvent marqué par une certaine perplexité, voire par une inquiétude.

    Les dix nouveaux membres, souvent appelés PECO, (Pays d'Europe Centrale et Orientale) intégreront dans leur corpus législatif, les traités et les accords qui lient l'UE aux pays tiers, sans exception. Parmi ces tiers le Maroc, qui est l'un des plus vieux partenaires économiques de l'Europe. Effectivement, le Maroc a signé plusieurs accords d'association et de coopération avec l'Union européenne, dans plusieurs domaines et secteurs notamment l'agriculture, l'industrie, le commerce et la coopération culturelle, commençant par celui de 1969, passant par ceux de 1976 et de 1995, et couronnant par celui du 1er mars 2000 qui prévoit l'instauration d'ici 2012 d'une zone de libre-échange.

    Autant dire que cette nouvelle donne ne sera pas sans conséquences, les avis des spécialistes et chercheurs restent divergentes. Les uns, les plus optimistes, voient dans cet élargissement une opportunité pour développer les échanges entre le Maroc et les PECO, et pour gagner de nouveaux marchés afin de s'imposer sur la scène mondiale comme étant l'un des partenaires les plus privilégiés de l'union européenne. Pour eux, cet élargissement est incontestablement une occasion pour le Maroc, pour mettre en place une politique efficace de mise à niveau afin de pouvoir conquérir le marché unique et faire face à la concurrence des pays européens à l'échéance de 2012.

    Par contre, d'autres chercheurs pensent que le Maroc, subira les pressions et les problèmes qu'il a vécu lors de l'élargissement de l'union des années 80, lors de l'adhésion de quelques pays concurrents, particulièrement l'Espagne, le Portugal et la Grèce, et les conséquences néfastes de cet élargissement sur l'économie marocaine et sur sa balance commerciale. Ces économistes soutiennent la thèse qui met en évidence les dangers de cet élargissement sur le Maroc, notamment en ce qui concerne les investissements directs européens (IDE), les échanges et le secteur touristique.

    D'où la question fondamentale qui se pose de nos jours ; L'élargissement de l'Union Européenne, est ce une opportunité pour l'économie Marocaine, ou une menace ?? Ou reste à savoir en d'autre terme, si l'économie marocaine, sera capable de faire face à cette nouvelle donne et en profiter le plus ? Ou sera-t-elle écrasée et marginalisée par les autres économies ?

    C'est dans ce modeste travail, qu'on va essayer de répondre à ces questions le plus fidèlement possible et ceci en divisant ce mémoire en 3 parties. La première partie portera sur l'élargissement et les conséquences de l'adhésion des nouveaux pays sur l'union européenne elle-même. En deuxième lieu on va évoquer les bienfaits et les méfaits de cet élargissement sue les pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée (PSEM), notamment le cas du Royaume du Maroc ; et en dernier lieu on va conclure par une synthèse qui résumera tout ce qui aurait été dit auparavant.

    I - Présentation du dernier élargissement de l'union européenne et l'étude de ces conséquences pour l'Europe :

    1. Les nouveaux pays membres et le Maroc :

    a) Démographie

    Après le dernier recensement des habitants effectué en 2004, les autorités marocaines ont annoncé que la population marocaine a atteint les quelques 29 millions d'habitants. Ce chiffre, et comparant aux autres pays de l'Europe centrale et orientale (PECO), parait important. Le Maroc, de point de vue population, n'est dépassé que par la Pologne qui compte à peu près les 38 millions d'habitants. Le tableau suivant présente la population totale des nouveaux pays membres.

    b) Produit intérieur brut per Capita :

    Pour évaluer la prospérité d'un pays, on calcule la production per capita, ceci dit, le PIB par habitant, car le l'objectif principal de la croissance est d'améliorer le bien être des citoyens d'un pays. En effet, et si on effectue une comparaison entre les pays de l'Europe centrale et Orientale et le Maroc, on remarque que ce dernier est largement dépassé. Le PIB/ habitant marocain ne constitue que 33% de celui de la Lettonie, le taux le plus faible des PECO et ne tient même pas la comparaison par rapport à Chypre.2

    c) Indice du développement humain (IDH) :

    L'IDH est un indice synthétique élaboré par les agences de l'ONU afin de rendre compte de l'état de développement des nations. Ceci dit, et pour pouvoir comparer entre plusieurs pays, on ne trouvera nulle part mieux que cet indice. Pour le Maroc on va remarquer qu'il est de loin dépassé par les pays de l'Europe Centrale et Orientale, qui font partie des pays à développement humain élevé. Le Maroc ne vient que parmi les pays à développement humain moyen tendant vers le faible.1(*)

    Pays

    IDH

    Rang mondial

    Chypre

    0,883

    26

    Slovénie

    0,879

    29

    Malte

    0,875

    30

    Tchèque

    0,849

    33

    Hongrie

    0,835

    35

    Slovaquie

    0,835

    36

    Pologne

    0,833

    37

    Estonie

    0,826

    42

    Lituanie

    0,808

    49

    Lettonie

    0,800

    53

    Maroc

    0,602

    123

    d) Les échanges et le commerce extérieur :

    D'après les sources du ministère du commerce extérieur, tous les pays de l'Europe Centrale et Orientale (PECO) entretiennent des relations avec le Maroc. Ces relations diffèrent bien sur, d'un pays à un autre, mais elles restent en générale, très faibles. Les exportations du Maroc vers ces pays ne dépassent pas 0.64% de l'ensemble des exportations marocaines. Alors que les importations sont de l'ordre de moins de 1.1%. Comme on peut le remarquer dans le tableau qui suit, le premier pays exportateurs du Maroc parmi les PECO reste la Pologne, modestement avec 0.64% du total des importations marocaines, alors que les exportations ne constitue que 0.33%. Cette comparaison est flagrante lorsqu'on sait que, la France, pays européen aussi, importe à lui seul, 32% des exportations marocaines et nous fournit 17%. Le tableau et les graphes ci-dessus résument les relations d'échange entre le Maroc et les nouveaux pays adhérents à l'union européenne 4 :

    Pays

    Importations (en 1000 Dhs)

    % de ? M marocaines

    Exportations (en 1000Dhs)

    % de ? X marocaines

     

    Solde (en 1000Dhs)

    Lituanie

    82714

    0,052416984

    171367

    0,194957

     

    88653

    Chypre

    6140

    0,003891

    6157

    0,007005

     

    17

    Lettonie

    93578

    0,059301648

    12691

    0,014438

     

    -80887

    Malte

    70926

    0,044946768

    16428

    0,018689

     

    -54498

    Pologne

    1013462

    0,642244613

    296630

    0,337463

     

    -716832

    Hongrie

    315693

    0,200058935

    8958

    0,010191

     

    -306735

    Slovénie

    58969

    0,037369455

    16658

    0,018951

     

    -42311

    Slovaquie

    102712

    0,065089987

    8758

    0,009964

     

    -93954

    Tchéquie

    39333

    0,024926109

    25696

    0,029233

     

    -13637.4

    Estonie

    14204

    0,00900

    676

    0,000769

     

    -13528

     

     

     

     

     

     

     

    Total

    1797731.4

    1,13924677

    564019

    0,64166

     

    -1233712.4

    4 Source : www.mce.gov.ma

    En fait, le commerce entre ces pays et le Maroc se concentre le plus souvent sur quelques pays, notamment la Pologne qui constitue 56% des importations en provenance des PECO. Pour les exportations marocaines, on remarque aussi que la Pologne reste encore le n°1 parmi les PECO avec 52%. La part des autres pays, à l'exception de la Hongrie et la Lituanie, reste mineure, voire nulle dans quelques cas. Concernant les produits échangés entre les PECO et le Royaume du Maroc, on remarque qu'ils sont pas d'une forte valeur ajoutée ; ceci dit, la Maroc exporte en générale des produits agricoles non transformés dans la plupart des cas, sauf en ce qui concerne les conserves, et du textile, ainsi que le marbre et le verre. Par contre, il importe souvent les mêmes produits de tous les PECO, notamment les produits chimiques, le carton et la papier, ainsi que plusieurs pièces détachées. Le tableau qui suit comporte la plupart des produits échangés entre le Maroc et les PECO :

    Pays

    Importations

     

    Exportations

    Chypre

    Matériel en plastic, en cuir et en bois - textile

     

    Tapis - Bois - Marbre et verre

    Estonie

    Matériel électronique - Matériel de sport

     

    /

    Hongrie

    Textile - insecticides - accessoires informatiques et électroniques - Caoutchouc

     

    Tapis - Poissons - Conserves - Marbre Bois

    Lettonie

    Textile

     

    Légumes et agrumes

    Lituanie

    Textile

     

    Légumes et agrumes

    Malte

    accessoires électroniques - Papier & carton - Caoutchouc

     

    Matériel électronique - Poisson - textile

    Pologne

    Textile - Papier & carton - Produits chimiques - Caoutchouc

     

    Tapis - Légumes - Textile - marbre et verre

    Slovaquie

    Pièces détachés - produits chimiques - textile

     

    Légumes et agrumes - Poissons

    Slovénie

    Pièces détachés - produits chimiques - textile - caoutchouc

     

    Légumes et agrumes - Farine

    Tchéquie

    textile - filet de pêche - verre - caoutchouc

     

    cuivre - légumes et poisson - textile

    -----------------------------------

    Ministère du commerce extérieur marocain www.

    2. L'élargissement de l'UE : quelles conséquence ?

    L'élargissement de 2004 et le passage de l'union européenne à 25 pays, constituent une importante étape dans le processus de construction européenne. Tout d'abord, et sur le plan géographique, l'union s'étalera sur une superficie de 3 977 304 km² contre 2 788 958 km² pour l'Europe des 15, soit une augmentation de presque de 42%. De ce fait, l'union européenne est le 7ème plus grand « pays » au monde, point de vue superficie, après la Russie en première position avec 17 075 200 Km², suivie du Canada, les Etats-Unis, la Chine,le Brésil et l'Australie.

    Sur le plan démographique, cet élargissement est de dimension inégale dans l'histoire de cette union européenne. En effet, les nouveaux adhérents comptent 74,5 millions d'habitants ainsi, la population va passer de 380 à 454 millions d'habitants soit une augmentation de presque 20%. La population de l'UE 25 par conséquent va représenter 7,2% de la population mondiale, se situant en troisième position loin derrière celle de la Chine (1,295 milliard, soit 20,5% de la population mondiale) et de l'Inde (1, 057 milliard soit 16,6%) mais devant celle des États-Unis (292 millions ou 4,6%) et du Japon (127 millions ou 2,0%). Les 10 nouveaux pays sont aussi en dynamique de dépopulation comme les membres de l'UE des15, ce qui constitue un problème important et aggrave le vieillissement de l'union ainsi que les problèmes de retraite et de dépenses de santé qui en découlent.

    D

    c

    · PIB.........

    L'élargissement de l'Union Européenne se traduit aussi par une augmentation du nombre d'Etats peu peuplés parce qu'ils sont favorisés par le traité de Nice, c'est le cas de Malte et de chypre dont la population ne dépasse pas le million de personnes ; Chypre (775 927) et Malte (403 342).

    D'un point de vue politique ou institutionnel, le passage d'une Europe de 15 à 25 ne sera pas sans conséquence : l'accroissement du nombre d'Etats aggravera le déséquilibre entre grand et petit. L'Europe à 25 comptera 6 «grands » et 19 « petits ». Le conseil européen de Nice (décembre 2000) a en grande partie, traité les conséquences institutionnelles de ce nouvel équilibre. Il a accru le pouvoir des grand pays au un conseil (majorité qualifiée) et au parlement. En revanche, les grands Etats, ont du renoncer à leur second commissaire sans que les petits renoncent à leur principal.

    A l'échelle de l'espace UE25, le taux de chômage est en 2003 de 9,1%. Derrière cette moyenne se cache, en fait, une grande diversité de situations, aussi bien entre pays membres avant 2004 et les PECO. Par ailleurs, on constate que les nouveaux adhérents sont ceux qui présentent les moins bons résultats en matière de chômage. Cependant, il y en a ceux qui réalisent des taux inférieurs à ceux de la France et l'Allemagne (comme le montre le graphe ci-dessous) :

    En ce qui concerne la croissance de l'économie, l'union a connu avec l'adhésion des 10 nouveaux pays une croissance de 2,5 % en 2004 alors que la zone euro n'a connu que 2,1 %, tandis que la croissance mondiale était de presque 5%. Le PIB européen a atteint 11 650 Milliard $ par rapport à celui des Etats-Unis d'Amérique qui est de 10 383 milliards $, pour se situer au premier rang mondial.

    L'intégration à l'Union Européenne devrait générer pour les PECO un potentiel de croissance nettement supérieur aux bénéfices résultant d'un simple accord d'association. La perspective d'adhésion stimule les investissements étrangers, accroît les échanges commerciaux, abaisse le coût de financement, améliore l'environnement institutionnel et renforce la stabilité économique. Selon différentes études, l'intégration complète des PECO pourrait se traduire par des rythmes de croissance annuels pouvant atteindre jusqu'à 7%, à condition de poursuivre les politiques économiques favorisant la convergence réelle vers la situation économique prévalant dans l'Union Européenne à Quinze, d'accélérer les réformes structurelles et de maintenir le dynamisme des flux de capitaux étrangers. Les IDE ont un rôle fondamental dans le rattrapage économique des PECO à travers le transfert de savoir-faire et l'émergence d'un véritable esprit entrepreneurial.

    L'estimation de l'effet de l'élargissement de l'Union Européenne sur les IDE entrant dans les PECO montre qu'il existe un potentiel évalué à 250 milliards de dollars d'ici 2010. Avec l'augmentation des IDE, la balance des capitaux serait excédentaire pour les PECO, ce qui couvrirait dans une grande proportion le déficit du compte courant qui résulterait des importations nécessaires à l'indispensable adaptation structurelle de ces pays et à la mise à niveau de leurs systèmes de production. Compte tenu de la situation précaire de l'emploi dans les pays nouveaux adhérents et en raison d'un écart élevé entre les niveaux de salaires dans les PECO et dans l'Union Européenne, l'élargissement risque de déclencher une migration importante de main-d'oeuvre et une hausse du chômage, notamment en Allemagne et en Autriche. Dans ces pays, il existe actuellement les contingents les plus importants de résidents originaires des PECO. L'OCDE estime que les flux migratoires en provenance des PECO pourraient atteindre 10 millions d'individus d'ici 2030 dont 2,5 millions en Allemagne, 470.000 en Autriche et autour de 100.000 en France. Ces flux concerneraient une population majoritairement jeune et mieux éduquée que la moyenne nationale de leur pays.

    II - L'élargissement de l'union européenne : coup de pousse ou un coup de grâce pour l'économie marocaine ??

    L'élargissement de l'union européenne par l'Est se fait sur un fond de conjoncture générale marquée par une mondialisation accélérée de pauvreté, d'exclusion, d'inquiétude, et surtout d'incertitude. En fait, l'ouverture est à la fois porteuse d'opportunités et de menaces. Avec l'ouverture, la compétitivité sera certes, de plus en plus vives, mais le Maroc bénéficiera de l'effet de taille de l'union européenne et de son marché : 450 millions de consommateurs. Bien évidemment, ne bénéficieront de cet élargissement que les entreprises qui acceptent de se restructurer et qui intègrent l'ouverture comme un paramètre essentiel dans leurs choix stratégiques.

    Les économistes marocains sont controversés en ce qui concerne l`élargissement de l'union européenne par l'Est ; les plus optimistes disent que l'élargissement de 1986 et l'adhésion de l'Espagne et le Portugal, menaçait beaucoup plus sérieusement l'économie marocaine qu'aujourd'hui, et que les dirigeants marocains ont su gérer la situation et sauvegarder la pérennité d'une économie en développement. Pour ces économistes, les PECO sont un nouveau marché « à ne pas rater », et une occasion pour que le Maroc s'impose comme étant le partenaire n°2 de l'union européenne après l'Etat hébreu. D'autres pensent que la compétitivité des entreprises des pays de l'Est, et leur supériorité en matière de technologie, de capitaux, de main d'oeuvre directe, et de subventions étatiques, leurs permettront de ravager les marchés européens et de s'imposer comme un concurrent solide devant les produits marocains. Même leur avance en matière d'infrastructure, aura pour effet de captiver des Investissements Directs à l'Etranger (IDE) et de les attirer vers ces pays au détriment du Maroc. Autant dire, personne ne pourra prévoir le futur, mais on essaiera dans cette partie, d'avancer les différents points de vue, classer par secteurs.

    1. L'agriculture :

    En termes de superficie, de contribution au PIB, et notamment de part dans l'emploi total, l'agriculture occupe une place relativement plus importante dans les économies PECO que dans l'économie de l'Union européenne à 15. Ce n'est que dans la République Tchèque, en Slovaquie et en Slovénie que le poids relatif de l'agriculture est comparable à la moyenne communautaire. Dans un certain nombre de PECO, l'emploi agricole a augmenté en valeur absolue et en valeur relative, notamment dans les pays où l'agriculture a joué un rôle tampon face à une situation économique se détériorant de manière générale, comme la Roumanie et la Bulgarie. La part de main-d'oeuvre employée dans l`agriculture est particulièrement élevée dans ces deux pays, mais c'est également le cas en Pologne et en Lituanie. Le nombre global de plus de 10 millions de personnes employées dans l'agriculture pour les dix PECO est relativement élevé par rapport aux 7,5 millions de personnes enregistrées dans l'Union à 15, tandis que la productivité agricole, exprimée par la valeur ajoutée par travailleur (PIB per Capita) n'est que d'environ 11 % du niveau communautaire.

    Ce n'est qu'en Slovénie que les niveaux de production dépassent ou atteignent de nouveau ceux de l'époque antérieure au passage à l'Europe des 25. C'est dans la plupart des autres pays, surtout en tchèque qu'un ensemble d'éléments tels que l'ouverture des marchés des prix et des échanges, la déréglementation et la dérégulation, la suppression des aides à la consommation et la perte des marchés traditionnels, ainsi que la privatisation d'une grande part des secteurs publics ont entraîné une pression accrue sur l'agriculture et pèsent lourd sur leurs économies. Les prix des intrants comme ceux de l'énergie et des engrais ont tendance à se rapprocher des niveaux du marché mondial tandis que les prix de la production agricole stagne ou à augmenter moins face à une chute de la demande. Les secteurs les plus gravement touchés sont ceux des animaux, secteurs où, dans de nombreux PECO, la décapitalisation se poursuit ou vient seulement de s'arrêter. Dans le secteur des végétaux, qui s'est initialement adapté par une réduction des intrants, la stabilisation des relations prix intrants-extrants a entraîné récemment une certaine amélioration dans l'utilisation des intrants et une augmentation des rendements.

    Malgré la non libéralisation du secteur agricole de part et d'autre de la Méditerranée, et son exclusion des négociations, que cela soit au niveau bilatéral, ou au niveau de l'organisation mondial du commerce OMC, du fait qu'il présente un objet d'affrontement en champs clos triennal entre les Etats-Unis d'une part, l'Union européenne d'autre part, et les pays les puissants dans le domaine agricole, regroupés dans ce qu'on l'appelle le groupe de Cairns, l'enjeu sera très important pour l'agriculture marocaine qui emploie 40% des actifs contre 13% en moyenne chez les PECO et moins de 4% pour l'Europe des Quinze. La part de l'agriculture dans la valeur ajoutée globale du Maroc représente en moyenne sur les cinq années (1998-2002) près de 14%, soit autant que les PECO les moins avancés (Bulgarie et Roumanie). Pour les 10 nouveaux membres, cette part est proche de 4% en moyenne contre 2% pour l'Union Européenne à Quinze. La balance agricole du Maroc avec les PECO a été en moyenne équilibrée pendant la dernière décennie. Le Maroc importe principalement des céréales et des corps gras et exporte des produits méditerranéens frais (tomates, oranges...) et des conserves végétales.

    Durant les années 90, les réglementations qualitatives et sanitaires des PECO sont restées beaucoup moins contraignantes que l'acquis communautaire dans ce domaine, surtout après la propagation de l'épidémie de la vache folle, de l'anthrax, ce qui a permis au Maroc de développer ses exportations de viandes rouges vers ces pays. L'exportation des agrumes a aussi profité de ce cadre profitable. L'intégration complète de ces derniers les a amené à s'aligner sur les normes européennes, menaçant ainsi les exportations agroalimentaires du Maroc qui leur sont destinées.

    La réglementation sociale, moins contraignante des PECO (coût réduit et faible rigidité du marché du travail...), a donné jusqu'à présent à leurs secteurs agroalimentaires (produits maraîchers, particulièrement la tomate) la possibilité de satisfaire la demande intérieure. Avec l'alignement sur les normes sociales européennes (rattrapage des salaires...), la production intérieure des PECO deviendrait plus chère que les importations, ce qui favoriserait des pays comme le Maroc et la Turquie ayant des avantages comparatifs en la matière.

    2. L'industrie:

    Comme on l'a déjà évoqué dans notre première partie, les relations marocco - PECO en matière d'industrie restent très faibles. En général, les exportations industrielles du Maroc vers les PECO se sont corrigées à partir de 1993. Elles sont composées particulièrement de des produits agroalimentaires, des produits chimiques, suivis des produits électroniques. Les exportations de textile et de lingerie très sont marginales. Les importations du Royaume du Maroc en provenance des PECO sont constituées essentiellement de produits chimiques, qui représentaient les principales importations jusqu'en 1994, de produits agroalimentaires et de produits sidérurgiques.

    Durant les années 90, et pendant l'évolution de l'approfondissement de l'union européenne, et dans le cadre du pré adhésion des PECO à cette entité, l'érosion des faveurs accordées au Maroc, pour les biens manufacturés a eu lieu. Donc on peut parler d'ores et déjà d'un inconvénient et d'une menace pour l'économie marocaine, du fait que les exportations des PECO vers l'union européenne ont dépassé les exportations marocaines en 1996.

    Les dix pays de l'Europe de l'Est, et durant les années qui ont précédés leur adhésion à la communauté européenne, ont développé leurs industries d'une manière considérable. De ce fait les avantages comparatifs ont connu des mutations : les PECO ne se spécialisent plus dans la production de biens de consommation ou intermédiaire à faible valeur ajoutée. Désormais ces pays s'orientent vers l'industrie lourde et la création des biens d'équipement. Ainsi, le Maroc gagne sur les deux cotés ; non seulement il n'est plus concurrencé par les PECO en ce qui concerne les produits à faible valeur ajoutée, mais il bénéficie aussi d'un bon marché pour ses achats en biens d'équipement, dû au faible salaire de la main d'oeuvre des PECO.

    Mais ce dernier avantage n'est pas durable ; car dès leur adhésion à l'union européenne, les Pays de l'Est et du Centre de l'Europe ont connu un renchérissement progressif de la main-d'oeuvre qui limiterait les délocalisations industrielles vers l'Est au profit du Sud de la Méditerranée. L'adoption des normes et standards européens en matière environnementale, sociale et sanitaire, conjuguée au passage à terme à l'euro, devrait peser sur la compétitivité des PECO au profit des pays tiers méditerranées tel que le Maroc et susciter, à terme, l'augmentation de leurs exportations vers l'europe.

    C'est le cas de la plupart des secteurs sauf celui du textile - habillement, qui connaît depuis quelques temps une crise insolite à cause de l'abolition des accords multifibres en Janvier 2005. Ce secteur, qui souffre de la prédominance de la Chine et de la Turquie, la percée spectaculaire des pays de l'Est (Roumanie et Pologne) et des pays asiatiques (Bangladesh, Inde...) aura du mal à supporter, beaucoup plus que les autres secteurs l'élargissement de l'Europe vers l'Est . L'importance de la délocalisation d'entités industrielles (surtout allemandes) à l'Est est de nature à cantonner l'industrie marocaine dans la sous-traitance. Ce créneau limite les transferts de technologie et engendre une faible valeur ajoutée dans la mesure où, quasiment, tous les intrants sont importés. D'autres part, la proximité géographique des PECO leur permettrait de mieux répondre aux exigences des délais des donneurs d'ordre.

    3. Le secteur touristique :

    Dans le processus de l'application du plan azur au Maroc, qui vise à recevoir 10 millions de touristes en 2010, l'élargissement de l'union européenne par l'est constitue une opportunité pour le tourisme marocain, du fait que les PECO formeront de nouvelles sources de touristes. En effet, et depuis quelques années, on remarque que le nombre de visiteurs des Pays de l'Est et du Centre européen a connu une augmentation considérable pour passer de moins de 5000 au début des années 90 afin d'atteindre en 2000 quelques 31000 visiteurs, soit 1,5% des touristes européens.

    En fait, l'adhésion de ces dix membres ne constitue pas une menace pour le tourisme national. Les PECO, et malgré qu'ils sont des pays qui offrent un tourisme de qualité, ne pourront pas concurrencer le Maroc, du fait que la nature des services offerts sont complètement différentes. Le Maroc offre en général, un tourisme balnéaire profitant de ses quelques 2000 Km de cotes atlantiques et méditerranéennes. Les PECO, chapeautés par la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie, proposent du tourisme purement culturel, avec leurs châteaux et leurs forteresses qui datent de quelques centaines d'années. Les PECO attirent aussi les gens qui pratiquent les sports d'hiver, notamment le Ski. Sauf qu'il est nécessaire de citer que Malte et Chypre, les nouveaux entrants méditerranéens peuvent concurrencer le Maroc en matière de tourisme balnéaire, même si leur taille est epsilon devant le royaume.

    En matière de touristes, le Maroc et les PECO se partagent l'europe. En effet, le Maroc attire les touristes français en premier lieu avec 62% du total des touristes, suivis par les espagnols avec 15% et les allemands (14%). Les PECO de leurs parts, attirent les Allemands en premier lieu avec 76%, suivis de l'Angleterre (8%) et de l'Italie (7%) en 1999.

    4. Les Investissements Directs à l'Etranger (IDE) :

    Grâce à une cohésion sociale importante, des libertés syndicales garanties, une mobilité sociale facile, un marché du travail flexible et un dialogue social satisfaisant, une restructuration de l'industrie, les PECO ont atteint un niveau de développement institutionnel appréciable qui a permis l'essor des investissements directs étrangers. Ces avantages qui sont en faveur d'une grande attractivité des IDE, compensent les insuffisances liées à un système financier qui n'est pas très développé, un système judiciaire peu performant et des coûts de la main-d'oeuvre appelés à s'accroître avec l'intégration à l'Union Européenne.

    Le Maroc est un pays peu attractif en matière d'IDE à cause de ses problèmes économiques et sociaux, ses problèmes de bureaucratie et d'infrastructure. En effet, malgré les efforts entrepris pour la libéralisation économique et la privatisation des entreprises publiques (Régie des Tabacs, Maroc Telecom), et la vente deuxième licence du GSM marocain (Méditel), et malgré le choix stratégique de l'ouverture sur l'extérieur, la politique de stabilisation macroéconomique menée depuis le milieu des années 80 (Plan d'Ajustement Structurel), les réformes structurelles réalisées et le renforcement de l'ancrage à l'euro suite au réaménagement, en 2001, du panier de cotation du dirham, les flux d'IDE reçus sur la période 1996-2001 par le Maroc n'ont représenté que 2,7% du PIB contre 4,5% pour la moyenne des PECO.

    L'élargissement de l'union européenne par l'Est, risquerait d'entraîner un effet d'éviction en terme d'IDE pour le Maroc ; Selon un rapport de la Direction de la politique économique générale marocaine (document de travail n°87 - Avril 2003), si le Maroc recevait autant d'IDE que les PECO en pourcentage du PIB, le niveau du PIB augmenterait de manière additionnelle entre 2 et 2,5% par an. Le taux de chômage baisserait de 1,5 à 2 points par an. L'impact sur les finances publiques serait très positif puisque le solde budgétaire s'améliorerait de 0,6 à 0,8 % du PIB selon les années. Ces retombées seront d'autant favorables que le contenu des IDE en matériel et outillage est important.

    Conscient que la clé du développement réside dans l'attractivité des investissements étrangers, le Maroc s'est engagé dans un processus de mise à niveau de l'économie marocaine, et d'une restructuration profonde des différents organismes afin d'attirer le maximum d'IDE et pour faire face à l'ouverture de ses marchés prévus en 2012.

    5. Les performances de l'économie  et les aides au développement:

    L'élargissement à l'Est de l'Union Européenne aura pour conséquence l'augmentation de la croissance de 0,1 point pour l'Union Européenne. Cette augmentation pourra provoquer un accroissement du rythme annuel de la demande étrangère au Maroc estimée à 0,3% et une hausse additionnelle de la croissance de l'ordre de 0,1 point à moyen terme, et la hausse de 0,7% des exportations en volume à partir de la quatrième année et de 1,6% à l'ouverture. A cette échéance, le taux de chômage reculerait de 0,3.

    Le renforcement des exportations marocaines sera occasionné par le potentiel d'échanges existant entre le Maroc d'une part, et les PECO et l'Union Européenne du fait que les risques de détournement du commerce au profit de l'Union Européenne devraient rester limités puisque les productions marocaines et européennes ne sont pas en concurrence. Ceci dit, cette situation aura comme conséquence normale, l'amélioration du solde courant de la balance des paiements de 0,1 point à court terme et de 0,3 point du PIB à l'horizon 2012. Quant au solde budgétaire, il devrait s'améliorer à terme de 0,1 % du PIB.

    Concernant les aides au développement, on remarque que les engagements financiers nets de l'Union Européenne en faveur des PECO s'élèvent globalement à 45 milliards d'euro sur la période 2000-2006 devant seulement 5,35 milliards d'euros pour l'ensemble des pays du bassin méditerranéen dans le programme MEDA II.

    En terme de population, l'écart entre les aides pour le Maroc et les PECO apparaît flagrant. L'aide européenne, au titre du pré adhésion s'établit pour les PECO à 32 euro/habitant en 2000 et 2001 contre près de 5 euro/habitant pour le Maroc au cours de la même période. Ce différentiel très important risque de s'accentuer, à l'avenir, compte tenu des tensions qui pèsent sur les finances publiques européennes

    6. Flux migratoires :

    En raison d'une croissance démographique négative dans la majorité des ex-pays du bloc Est et à cause des tensions qui persistent sur le marché du travail marocain, il est attendu que les flux migratoires entre le Maroc et les PECO s'accentuent de plus en plus comme ce qui s'est produit avec l'Espagne et l'Italie. Ainsi, l'élargissement de l'Union Européenne à l'Est ne risque pas de voir l'immigration en provenance des PECO remplacer progressivement celle des marocains résidents à l'étranger, qui de leur part, remplissent un rôle primordial dans le financement de l'économie marocaine. Les transferts opérés par les Marocains Résidents à l'Etranger ont représenté 8,4% du PIB en 2002.

    Conclusion :

    Durant ce travail, il parait clair que le fait de répondre à la question posée, « Elargissement de l'Europe par l'Est, Menaces ou Opportunités pour le Maroc ? » n'est pas une tâche facile. L'adhésion des PECO à l'Europe des 15, pourrait être une menace à l'économie marocaine, en matière d'échanges agricoles, du textile et habillement qui vivent aujourd'hui une crise insolite et des aides pour le développement. Cet élargissement a eu comme conséquence normale et attendue, des effets d'éviction pour l'économie marocaine, malgré les considérables efforts et mesures déployés dans le sens de la mise à niveau et de l'ouverture sur l'économie mondiale.

    Mais de même, l'élargissement par l'Est de l'Union Européenne constitue des opportunités pour une économie encore au berceau. Les flux migratoires ne seront pas affectés négativement, mais au contraire d'autres opportunités de flux paraissent possibles pour les marocains. D'autres branches aussi, surtout industriels, n'auront pas de problèmes lors de cette transformation, du fait qu'elles sont assez compétitives pour pouvoir faire face à l'apogée de l'industrie des pays de l'Est. Le tourisme, ne sera pas influencé par l'élargissement de 2004 du fait de la discordance des prestations proposées par les deux cotés.

    Face à cette situation tantôt avantageuse, tantôt atroce, le Maroc doit impérativement poursuivre le chemin de la mise à niveau, et doit impérativement mener avec succès l'arrimage de son économie dans un monde économique régi par la loi du plus fort. L'événement du 1er Mai 2004, en fait, ne devra pas constituer des menaces pour l'économie marocaine, mais au contraire il doit être un élément incitateur au développement et un stimulant de l'évolution d'un Maroc, de plus en plus, victime d'une mondialisation et d'une régionalisation brusque ...

    BIBLIOGRAPHIE :

    Ø Journal Officiel de l'Union européenne (22-12-2004)

    Ø Rapport de la Direction de la Politique Economique Général Marocain (Document 87 Avril 2003)

    Ø La situation sociale de l'union européenne 2004 - La commission européenne

    Ø Avenir de la politique de cohésion 2004 - La commission européenne

    Ø www.champagne-ardenne.cci.fr

    Ø http://europa.eu.int/comm/enlargement

    Ø Ministère du commerce extérieur marocain

    Ø L'office de change marocain

    Ø Autres

    * 2 Source : encyclopédie wikipédia 2005.

    1 Source : encyclopédie wikipédia 2005.






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