3.1.2. Les
enquêtes de terrain
Une enquête a été effectuée de mai
à juillet 2003 dans le département du Fako, province du
Sud-Ouest. Elle visait à fournir des informations
détaillées sur les caractéristiques
socio-économiques, la fréquentation, les motivations, les
conditions de séjour, le respect de l'environnement et les obstacles au
développement du tourisme. Ces informations donnent un éclairage
sur la situation démographique et touristique des visiteurs des villes
de Buéa et de Limbé.
Au cours de cette enquête, 120 personnes dont 6
Américains, 50 Européens, 2 Africains originaires d'ailleurs
c'est-à-dire hors du Cameroun et 62 Camerounais ont été
interrogées. Il s'agissait de 93 hommes et de 27 femmes
présentant des caractéristiques suivantes :
· Les groupes d'âge
C'est une population essentiellement composée
de jeunes dont l'âge est compris entre 15 et 39 ans. Ils
représentent 77,4% et seulement 22,6% sont âgés d'au moins
40 ans.
· La situation matrimoniale
Cette population est majoritairement
célibataire (58,3%), 5% de divorcés, 1,7% de veufs et 2,5% de
personnes vivant en union libre ou homosexuelles contre 32,5% de
mariés
· Le niveau d'instruction
Pour ce qui est du diplôme le plus
élevé, 71 visiteurs soit 59,1% ont un diplôme
universitaire, 24 un baccalauréat, 25 un diplôme au probatoire.
Ceci donne 59,1% de diplômés de l'enseignement supérieur,
24,2% du 2nd cycle de l'enseignement secondaire, 10% du
1er cycle tandis que 1,7% n'a pu obtenir de parchemin.
· La principale activité
exercée
Plus de 50% de la population disposent une occupation
professionnelle soit 5% dans le secteur public, 7,5% dans le para-public et
41,7% dans le privé (ingénieurs, consultants, chercheurs,
enseignants...) contre 45,8% dont 18,3% encore en formation et 27,5% (femmes et
enfants) n'exerçant aucune activité professionnelle.
C'est cette population présentant des traits
socio-économiques très diversifiés qui a répondu
aux questions touchant à la pratique du tourisme.
Lorsque l'on parle d'attraits touristiques dans la ville de
Limbé, cela se rapporte d'abord au Jardin botanique et ensuite aux
plages et au zoo. Leur accessibilité et le fait qu'ils constituent la
vitrine touristique de cette ville peuvent l'expliquer en partie.
Le Jardin Botanique
La végétation de la région du Mont
Cameroun est luxuriante et pratiquement verdoyante toute l'année du fait
du climat très capricieux. Elle a été mise en valeur de
plusieurs manières. Les attractions de la région du Mont
Cameroun sont pour la plupart valorisées par le MCEO situé
à Buéa et par le Jardin Botanique de Limbé.
C'est en 1892 que ce jardin vit le jour et s'étendait
sur 52 hectares. Oeuvre d'une équipe d'horticulteurs allemands sous la
direction du Professeur Paul PREUSS, il avait pour but d'acclimater les plantes
tels que la quinine, le café, l'hévéa, le cacao, le
thé et la banane supportant ainsi l'économie de la nouvelle
colonie allemande, le «Kamerun». Le jardin botanique de Limbé
a aussi servi de centre de formation pour les Camerounais dans les domaines de
l'agriculture, de l'horticulture et de la foresterie. C'est également un
centre international pour la recherche en biodiversité. Aujourd'hui, il
couvre une superficie de 200 hectares et dispose des terrains
d'expérimentation, greenhouses, laboratoire, herbier, d'une
bibliothèque et d'un séchoir expérimental de cacao. Il
passe avant le Mont Cameroun et les plages en terme de préférence
de visite par les touristes. C'est la plus grande attraction touristique dans
le Sud-Ouest. Il est desservit par de nombreuses pistes conduisant à une
attraction spécifique. Il s'agit de la piste côtière qui
mène à la bordure côtière, la piste de la
biodiversité qui conduit à la riche offre végétale,
la piste de Bota qui accompagne le visiteur au Bota Hill, la piste suivant de
près la rivière qui longe le jardin à l'ouest et la voie
bitumée qui ceinture de part en part le jardin botanique et la
prévient de la côte.
On y trouve de même de gradins construits sous de grands
arbres et présentant l'allure d'un amphithéâtre
appelé `Jungle Village'. Il sert de cadre aux
conférences en plein air et diverses manifestations culturelles.
Une autre curiosité de ce jardin est le
`Commonwealth War Graves Memorial Site' où de nombreuses
personnes viennent se recueillir sur les tombes symboliques des victimes de la
guerre.
(1)
(2)
Cliché : D. NGUEPJOUO.
Limbé,
Août 2003.
Photo 3.2. : D'autre visages du Jardin
botanique : `Jungle Village', un lieu de regroupement à l'occasion
de grandes conférences en plein-air (1) et le `Commonwealth War
Graves Memorial Site'(2), pôles d'attraction majeurs dans le LBG.
Il faut ajouter que cette région du Mont Cameroun
abriterait déjà la Réserve de la forêt de Bambuko
sur le flanc nord-ouest, et la Réserve de la forêt de Mokoko,
à basse altitude à l'ouest, si le projet conçu depuis les
années 80 avait été exécuté.
Le jardin zoologique de Limbé
Sur le Mont Cameroun, une abondante faune se
déploie mais sans une véritable action de valorisation. C'est
surtout dans les environs de l'océan que cette activité est
beaucoup plus effective avec le Jardin Zoologique de Limbé.
Le zoo est une sorte de réserve animalière qui
oeuvre dans la conservation et la protection des espèces
menacées. C'est l'un des trois jardins zoologiques du pays. Quoique son
état d'aménagement soit embryonnaire, il comporte essentiellement
des primates, et seulement un petit nombre des espèces amphibiens.
11
(1)
(2)
(3)
Cliché : LBG.
Limbé, Août 2003.
Photo 3.3. : Quelques primates du zoo de
Limbé (chimpanzés(1) et guenons(2, 3)).
Généralement, lorsque le touriste en a fait la
visite, il peut s'en retourner satisfait d'avoir tout parcouru. Mais quelques
fois aussi pour se restaurer, il fait le détour de Down Beach pour la
dégustation du poisson rôti ou passé à la braise ou
pour s'en procurer en vue du voyage retour.
Quant à Buéa, c'est pour le Mont Cameroun que
les touristes se passionnent. Plusieurs se contentent du
« sight-seeing » et de la douceur du climat de montagne que
cette ville offre. Quelques-uns se livrent aux nombreuses activités sur
la montagne en recourant à cet effet aux services du MCEO.
Les goûts des touristes
rencontrés dans la zone d'étude
La fréquentation récurrente
La présentation du questionnaire (voir annexe) donnait
la possibilité aux visiteurs de ne se prononcer que sur le cas des
visites effectuées dans l'une et/ou l'autre ville (Buéa &
Limbé. Ainsi au sujet du nombre de visites dans la ville de Buéa,
30 personnes, soit 25% n'ont jamais été à Buéa. Il
s'agit de 19 Européens et de 4 Américains qui représentent
76,7 % de cet effectif . Cela pourrait s'expliquer par le fait qu'ils ne
connaissent pas bien le pays. A coté de ceux-ci, il y en a qui sont
à leur première visite dans la ville, 35 touristes, soit 29,2% et
17,5%, soit 21 visiteurs qui la renouvellent la 2ème ou la
3ème fois. Les visiteurs réguliers c'est-à-dire
ceux qui ont effectué au moins 4 fois le déplacement
représentent 28,3% (34 personnes.
Limbé se présente comme une ville beaucoup plus
connue peut-être en raison de ses plages qui en font l'image. Seulement 9
personnes soit 7,5% de la population enquêtée n' y ont jamais mis
les pieds. 38,3% soit 46 personnes foulent le sol de Limbé pour la
1ère fois tandis que 15,8% goûtent aux joies qu'offrent
cette ville pour la 2ème ou 3ème fois. Les
touristes habitués à visiter la ville constituent un total de 46
personnes, soit 38,3%.
En somme, en croisant les deux villes et leurs effectifs de
fréquentation, on s'aperçoit que 16,2% de cette population ne
connaissent que Buéa ou Limbé et non les deux à la fois.
33,8% des visiteurs de la région la découvrent pour la
1ère fois, 16,7% reviennent pour la 2ème ou
3ème fois tandis que les plus familiers à la pratique
du tourisme dans le Fako font le 1/3 de la population. Ceci nous conduit
à faire 3 constats :
- Ceux qui n'ont visité qu'une ville sont
majoritairement étrangers au Cameroun et donc mal renseignés.
D'ailleurs leurs informations proviennent du bouche-à-oreille,
l'évocation de la plage ou de l'éruption du Mont Cameroun, le
temps de détente au détour des activités professionnelles
et administratives dans l'une de ces villes comme l'illustre le tableau
suivant :
Tableau 3.5. : Nombre de visites
effectuées par les touristes à Buéa et à
Limbé.
|
Combien de fois avez-vous visité Limbé ?
|
0
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Plus de 5 fois
|
Total
|
Combien de fois avez-vous visité Buéa ?
|
0
|
|
21
|
3
|
1
|
|
1
|
4
|
30
|
1
|
4
|
20
|
4
|
3
|
2
|
1
|
1
|
35
|
2
|
1
|
3
|
3
|
2
|
|
1
|
3
|
13
|
3
|
2
|
1
|
2
|
|
|
|
3
|
8
|
4
|
1
|
1
|
|
|
|
|
1
|
3
|
5
|
|
|
|
1
|
1
|
|
|
2
|
Plus de 5 fois
|
1
|
|
|
|
|
|
28
|
29
|
Total
|
9
|
46
|
12
|
7
|
3
|
3
|
40
|
120
|
Source : Enquêtes de terrain.
Région du Mont Cameroun, Avril-Juillet 2003
C'est dire qu'ils auraient pu visiter les 2 villes s'ils
étaient en possession de toutes les informations.
- Ceux qui viennent pour la 1ère fois
aimeraient revenir une autre fois. En effet, 118 personnes soit 98,3%
émettent le voeu de renouveler l'expérience contre seulement 1,7%
qui y sont opposées.
|
Frequency
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valide
|
Oui
|
118
|
98,3
|
98,3
|
Non
|
2
|
1,7
|
100
|
Total
|
119
|
100
|
|
Total
|
120
|
|
|
Tableau 3.6. : Désir exprimé par
les touristes de visiter Buéa et Limbé une autre
fois.
Source : Enquêtes de terrain. Région du Mont
Cameroun, Avril-Juillet 2003
- La moitié de la population de touristes refont pour
la 2ème fois au moins le tour dans le Fako, soit 50%. Cela
peut être l'illustration d'une certaine satisfaction. Venir une fois et
revenir ensuite pourraient donc attester du caractère attractif de ces
villes pour ses visiteurs.
|