RESUME
Dans le Sud-Ouest Cameroun, la région du Mont Cameroun
présente d'importantes ressources attractives du point de vue
touristique. Mais celles-ci semblent curieusement ne pas attirer beaucoup de
touristes.
L'objectif de l'étude est de contribuer à
l'accroissement de la fréquentativité de cette région du
Mont Cameroun en établissant ce qu'elles présentent
réellement du point de vue touristique comme avantages et faiblesses.
Elle a été réalisée en 2003 et a consisté en
enquêtes et interviews auprès des acteurs du tourisme d'une part
et en l'exploitation des données d'évaluation des
écotouristes envoyés par le MCEO sur le Mont Cameroun. L'analyse
des résultats met en exergue que cette région est un gisement
touristique à caractère naturel tandis que les autres ressources
(culture et architecture) ne sont que des produits touristiques d'appoint. Mais
ces produits sont sous-développés et mal préparés.
Par conséquent, l'essor de cette activité est subordonné
à la résolution des problèmes tels que l'information
insuffisante des touristes, le niveau très moyen de la qualité
des séjours et le prix exorbitant des prestations offertes. Les
performances touristiques du Mont Cameroun sont médiocres et il importe
urgenment de valoriser ce potentiel par l'aménagement des sites
touristiques, la maintenance des infrastructures et l'information abondante des
touristes.
Mots-clés : tourisme, performances, Mont Cameroun,
fréquentation, nature, aménagement et entretien.
ABSTRACT
Located in South East province of Cameroon, Mount
Cameroon region is full of touristic resources. But they seem not attractive
for most of tourists.
The purpose of the study is to contribute to increasing
frequentativity of the region by showing its real touristic potential and
hindrances on this activity. Carried out in 2003, the research consisted both
in surveying, interviewing actors of touristic sector and in using evaluation
datas of ecotourists sent up to the mountain by Mount Cameroon Ecotourism
Organization. The analysis of the results shows that the interest of tourists
is focused on natural touristic products. The others resources are secondary
(culture and architecture). These products are underdeveloped and not well
prepared. The development of this activity is largely linked to solution of
problems as lack of information of tourists, low quality of touristic
product and high cost of services. Touristic performances of Mount Cameroon are
feeble and it's urgent to valorise this potential through improvement of
amenities on touristic sites and maintenance of infrastructure and information
of tourists.
Key words : tourism, performances, Mount Cameroon,
frequentation, nature, amenities and upkeep.
REMERCIEMENTS
Cet ouvrage est le produit d'une riche expérience
d'apprentissage qui a été facilité par de nombreux
enseignants.
· Le Professeur Jean Louis DONGMO qui sans
hésitation a accepté de diriger ce travail. Ses observations,
conseils et orientations nous ont aidé à baliser notre chemin et
aboutir à ces résultats.
· Le corps professoral qui nous a préparé
pendant notre travail par ses enseignements et suggestions. Nous
évoquons particulièrement les Docteurs Michel TCHOTSOUA, J.P.
NDAME, Messieurs LOULEO, BRILTEY et BRING pour leurs contributions effectives
au parachèvement de ce labeur.
· Mesdames Alice BOMBA ATANGANA et BAYECK respectivement
Directeur de la promotion et Conseiller Technique No 2 au MINTOUR.
· Mon père Monsieur Etienne MEGAPTCHE qui s'est
saigné pour ma scolarité, ma soeur Mme Marie Chantal NGUEPJOUO et
la famille HOUMEGNI qui nous ont diversement soutenus.
· L'ami James JETA qui nous a accompagné
volontiers pendant nos voyages vers les sites touristisables, voyages qu'il a
su agrémenter par des histoires de la localité ( Limbé)
qu'il connaît bien, AOUDOU DOUA pour son outil informatique, la famille
TCHOUMBA et Simon LEUNKEU pour leur aide à l'utilisation du logiciel
SPSS.
· Les frères Berlin SAHA, la famille DINANG pour
leur munificence, Pegguy L.T.GASSU, la famille HANDJA, Carlos FOFIE, J.P.
BARBELA, Emmanuel TCHOUNKEU et Martine TCHOUANMEGNY pour leurs nombreux et
riches appuis.
· La grande famille du Groupe Biblique des Elèves
et étudiants du Cameroun qui a su nous entourer de toute la chaleur dont
nous avions besoin.
Que chacun d'eux veuille trouver ici toute l'expression de ma
profonde gratitude !
Que le Dieu de Jésus-Christ qui m'a sauvé et que
je sers avec empressement, vous rende au centuple tous vos apports à ce
travail !
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 2.1: Hôtels de
Buéa............................................................................44
Tableau 2. 2.: Hôtels de
Limbé.
.........................................................................45
Tableau 2.3. : Répartition
des touristes en
catégories................................................46
Tableau 2.4. : Répartition
des fréquentations touristiques de 1997 à 2001.
......................48
Tableau 2.5. : Répartition
des
ratios....................................................................51
Tableau 3.1. : Prix
pratiqués par le
MCEO...........................................................56
Tableau 3.2. : Visiteurs
envoyés par le MCEO à la
montagne.....................................56
Tableau 3.3. : Répartition
des goûts des
touristes....................................................58
Tableau 3.4. : Taux de
préférence des lieux de visite exprimés par les
écotouristes............58
Tableau 3.5. : Nombre de visites
effectuées par les touristes à Buéa et à
Limbé................58
Tableau 3.6. : Désir
exprimé par les touristes de visiter Buéa et Limbé une
autre fois.........63
Tableau 3.7. : Pourcentages des
impressions laissées aux touristes par leurs visites dans la
région......................................................................................................66
Tableau 4.1.: Pourcentages
exprimés par les visiteurs du MCEO sur leurs sources
d'information.............................................................................................72
Tableau 4.2. :
Appréciation des coûts des randonnées sur le Mont Cameroun.
.................73
Tableau 4.3. : Défaut
d'information exprimé par les touristes
enquêtés..........................75
Tableau 4.4. :
Obstacles rencontrés au cours des visites dans la
région...........................76
LISTE DES FIGURES
Figure 0.1. : Localisation de la zone
d'étude...........................................................2
Figure 0.2. : Eléments relatifs au tourisme dans
la région du Mont Cameroun...................3
Figure 3.1. : Moyenne régionale des motivations
des visites.......................................65
Figure 3.2. : Pourcentages de préférence
par type d'attraction sur le Mont Cameroun..........66
Figure 3.3. : Pourcentages exprimés par les
visiteurs au sujet de leurs actions pour la préservation de
l'environnement.......................................................................67
LISTE DES ABRÉVIATIONS
CAM: Camerounais
CDC: Cameroon Development Corporation
DPTSW: Délégation Provinciale du Tourisme du
Sud-Ouest
ENR: Étrangers Non Résidents
ER: Étrangers Résidents
LBG: Limbé Botanic Garden
MCEO: Mount Cameroon Ecotourism Organization
MCP: Mount Cameroon Project
MINEF: Ministère de l'Environnement et des
Forêts
MINEPIA: Ministère de l'élevage, des
Pêches et des Industries Animales
MINTOUR: Ministère du tourisme
NTIC: Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication
OMT: Organisation Mondiale du Tourisme
ONG: Organisation Non Gouvernementale
RMC: Région du Mont Cameroun
SHF: Stake Holder's Fund
SONARA: Société Nationale des Raffineries
TG: Totaux Globaux
WTO: World Tourism Organization
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
Photo 1.1. : Image satellite de la région du Mont
Cameroun.......................................26
Photo 1.2. : Une plantation de la CDC à Saxendorf.
................................................28
Photo1.3. : Photo Palais du gouverneur allemand Yesko Von
Puttkamer........................31
Photo 1.4 : Touristes savourant le soleil et le plaisir
de l'océan à Sémé Beach..................32
Photo 2.1. : Limbé Botanic
Garden....................................................................35
Photo 2.2. Activité de pêche au soir sur le
rivage ouest (Limbé) .................................36
Photo 2.3. : Les paysages captivants du Mont
Cameroun ..........................................37
Photo 2.4. : Séances de danse d'associations
culturelles............................................38
Photo 2.5. : La délégation provinciale du
tourisme (Sud-Ouest) ..................................46
Photo 3.1. : Le siège du MCEO à Buéa
à plus 1200 m d'altitude..................................55
Photo 3.2. : D'autres visages du Jardin
botanique....................................................61
Photo 3.3. : Quelques primates du zoo de
Limbé....................................................61
Photo 4.1. Une vue de l'aménagement de la plage de
l'hôtel Sémé New Beach.................76
Photo 4.2. : Quelques sites inexploités à
Bimbia.....................................................77
TABLE DES MATIERES
RESUME
1
ABSTRACT
1
REMERCIEMENTS
2
LISTE DES TABLEAUX
3
LISTE DES FIGURES
4
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
4
TABLE DES MATIERES
6
INTRODUCTION GENERALE
9
0.1. PRESENTATION DE LA ZONE
D'ETUDE
9
0.2. THEME DE RECHERCHE
9
0.3. PROBLEMATIQUE
13
0.4. CADRE CONCEPTUEL ET
THÉORIQUE
15
0.5. ARRIERE-PLAN SCIENTIFIQUE ET
JUSTIFICATIONS
16
0.6. QUESTION DE RECHERCHE
19
0.6.1. Question
générale
19
0.6.2. Questions
spécifiques
19
0.7. REVUE DE LA LITTERATURE
19
0.8. OBJECTIF DE LA RECHERCHE
21
0.8.1. Objectif
général
21
0.8.2. Objectifs
spécifiques
22
0.9. HYPOTHÈSE DE
RECHERCHE
22
0.9.1. Hypothèse
principale
22
0.9.2. Hypothèses
spécifiques
22
0.10. MÉTHODOLOGIE
22
0.10.1. Méthodes de collecte des
données.
22
0.10.1.1. Les documents écrits
23
0.10.1.2. Les documents
iconographiques
23
0.10.1.3. Les documents statistiques
23
0.10.1.4. Observation directe
23
0.10.1.5. Enquête exploratoire
24
0.10.1.6. Enquête de terrain
24
0.10.2. Méthodes de traitement et
d'analyse des données.
24
0.10.2.1. Traitements informatiques des
données
24
0.10.2.2. Analyse des données
25
0.10.3. Interprétation des
résultats obtenus
25
0.11. PLAN DE TRAVAIL
26
CHAPITRE I : UN APERÇU DU MILIEU.
27
1.1. UN MILIEU
NATUREL AUX ATOUTS MULTIPLES
27
1.1.1. Un relief
fort contrasté
27
1.1.2. Un climat
favorable et diversifié.
28
1.1.3. Une
végétation très variée et luxuriante
28
1.1.4. Des sols
riches et adaptés à la pratique du tourisme
29
1.2. UN MILIEU
HUMAIN DONT L'HISTOIRE EST INTÉRESSANTE
30
1.2.1. Un
aperçu historique de la région du Mont Cameroun jusqu'au
XVIIè siècle
30
1.2.2. Le
peuplement de la région
30
1.2.3. Les temps de
la domination (allemande, britannique)
31
1.3. IMPORTANCE DE
L'ACTIVITÉ TOURISTIQUE
33
CHAPITRE II : UN ETAT DES LIEUX DU TOURISME
DANS LE FAKO
35
2.1. LES ATTRACTIONS
TOURISTIQUES
35
2.1.1. Les attractions
naturelles
36
2.1.1.1. La flore
36
2.1.1.2. La faune
37
2.1.1.3. Les paysages
38
2.1.2. Les attractions
anthropologiques
38
2.1.2.1. L'homme du Fako
38
2.1.2.2. Les empreintes culturelles de l'homme sur
le milieu
38
2.1.3. Les attractions
architecturales
40
2.2. UNE INFRASTRUCTURE TOURISTIQUE
INSUFFISANTE
41
2.2.1. Transport
41
2.2.2. Communication
42
2.2.3. Hôtellerie et
restauration
44
2.2.3.1. Hôtellerie
44
2.2.3.2. Restauration
46
2.2.4. Points de loisirs
46
2.3. LES ACTEURS DU TOURISME
46
2.3.1. Etat
47
2.3.1.1. MINTOUR
47
2.3.1.2. MINEF
47
2.3.2. Industrie touristique
47
2.3.3. Touristes
47
2.3.4. Populations locales
48
2.4. LA FRÉQUENTATION
TOURISTIQUE
48
CHAPITRE III : LES FACTEURS
D'ATTRACTIVITÉ TOURISTIQUE DU MONT CAMEROUN
55
3.1. LA
NATURE : FACTEUR PRINCIPAL D'ATTRACTIVITÉ DES VISITEURS DU
FAKO
55
3.1.1. Le Mount
Cameroon Ecotourism Organization (MCEO)
55
3.1.1.1. Les données de
fréquentation
57
3.1.1.2. Les goûts des
clients du MCEO
58
3.1.2. Les
enquêtes de terrain
60
Les goûts des touristes rencontrés
dans la zone d'étude
63
3.2. LA
CULTURE : UN PRODUIT SECONDAIRE VOIRE DIFFUS.
68
3.2.1. Le
résultat des fiches du MCEO
68
3.2.2. Nos travaux
de terrain
68
· Nature de l'offre et motivations de
voyage
69
· La visite des destinations
culturelles camerounaises.
69
CHAPITRE IV : LES CONTRAINTES DU TOURISME DANS
LE FAKO
72
4.1. LE MONT CAMEROON ECOTOURISM
ORGANIZATION
73
4.1.1. Accès
aux sources d'information
73
4.1.2.
Qualité de séjour touristique
74
4.1.3. Le
coût de la destination
74
4.2. LES RESULTATS DE L'ENQUETE PAR
QUESTIONNAIRE
75
4.2.1. Accès
aux sources d'information
75
4.2.2.
Qualité de séjour touristique
76
4.2.3. Le coût de la
destination
79
4.2.4. Suggestions et
perspectives
80
4.3. LES INTERVIEWS DES PROFESSIONNELS DU
TOURISME ET DES AUTORITES DU MINISTERE
80
4.3.1. L'industrie touristique
80
4.3.2. Les autorités en charge de la
gestion du tourisme.
81
CONCLUSION GENERALE
83
BIBLIOGRAPHIE
90
INTRODUCTION GENERALE
0.1.
PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
Le Mont Cameroun, seul appareil volcanique encore en
activité sur l'ensemble du territoire national se localise entre
et N d'une part et entre et E d'autre
part. Du haut de ses quatre mille de mètres, il recouvre de par l'allure
majestueuse de son relief une superficie de 130 000 ha (Fig.0.1). Il est aussi
connu sous le nom de `char des dieux' ou de Mont Fako, du nom du
département qui l'abrite. Il est entouré à l'Ouest par
l'Océan Atlantique, au Nord par le département de la
Mémé et à l'Est par le département du Moungo. La
superficie du département du Fako est de 2060 Km² et comprend deux
villes principales qui sont Buéa et Limbé. La population totale
vivant dans la région est estimée à 300 000 habitants en
2000 (Mount Cameroon Project, 2000).
Le climat sur le Mont Cameroun est de type équatorial
camerounien. La végétation est diversifiée et comporte la
forêt sempervirente qui change d'aspect et devient la mangrove au contact
avec l'Océan Atlantique sur les sols volcaniques.
L'activité principale des populations est
l'agriculture. Elles sont enrôlées soit à la CDC, soit
à leur propre compte dans les cultures de rente mais aussi pour la
plupart dans l'agriculture de subsistance pour la consommation familiale.
C'est dans un tel cadre qu'il nous paraît
intéressant d'effectuer des recherches sur le thème de
`'l'étude des performances touristiques de la
région du Mont Fako, Province du Sud-Ouest, Cameroun''.
0.2.
THEME DE RECHERCHE
Étude des performances touristiques de la
région du Mont Fako, Province du Sud-Ouest, Cameroun.
Le problème que nous posons est celui du manque de
vitalité du tourisme dans la région du Mont Cameroun qui dispose
pourtant d'énormes ressources touristiques qui ne demandent qu'à
être exploitées. En effet, le contexte géographique
contribue fortement à l'image du Cameroun : « L'Afrique
en miniature », « Toute l'Afrique dans un pays »
ou « Paradis touristique ». C'est le cas de l'hydrographie
(chutes, lacs, océan et fleuves...), du relief (la montagne : Mont
Cameroun, falaises ; escarpements...), de la végétation (de
la forêt à la mangrove), de la faune (de nombreuses espèces
endémiques sur les flancs du mont), du climat (doux, chaud, froid...).
L'histoire est tout aussi riche. Le long cheminement vers l'Indépendance
dote le pays des vestiges (Ancien Palais du Cameroun occidental, jungle
village, Bimbia station ...)
d'événements...d'intérêt touristique.
De même, il faut noter qu'à côté de
ce réel potentiel en cours de mise en valeur depuis la période
coloniale, le Cameroun dispose d'hommes et de femmes plus ou moins
engagés à mener leur pays vers le développement. C'est
ainsi qu'aux lendemains des indépendances, les plans quinquennaux de
développement économique, social et culturel (1960-1986) ont
été échafaudés et partiellement
exécutés. D'ailleurs, la crise économique de la fin des
années 80 a certes ralenti ce processus mais sans pour autant
réussir à enrayer les efforts fournis jusque-là.
Au final, on pourrait même relever une augmentation
progressive et sensible du nombre de visiteurs dans la région, passant
de 7 878 en 1997 avec à 22 341 en 2001 et les visiteurs étrangers
de 2 365 à 7 081 comme la résultante de ce train de mesures mis
en route en vue de l'éclosion du secteur touristique. En effet, on passe
de 7 878 touristes avec 8 hôtels à 22 341 touristes avec 17
hôtels. Ce qui fait un passage de 984,8 en 1997 à 1314,2 en 2001,
soit une augmentation de l'ordre de 33,5% du nombre de visiteurs en faisant
intervenir les ratios du nombre de touristes et du nombre d'hôtels. Mais
ceci contraste fortement avec le taux de fréquentation des hôtels
qui se situe seulement autour de 15% dans la région.
LOCALISATION DE LA ZONE D'ETUDE
ELEMENTS RELATIFS AU TOURISME
0.3.
PROBLEMATIQUE
De façon générale, le Cameroun se
présente comme un concentré de l'Afrique dans les seules limites
de son territoire. Ceci veut dire que la plupart des potentialités, des
atouts de tous les ordres que l'on rencontre sur le continent peuvent
être en raccourci retrouvés au Cameroun. Cela n'est pas moins vrai
sur le plan touristique où, partant des attractions naturelles aux
curiosités architecturales en passant par les nombreuses richesses
culturelles, on peut inventorier un ensemble de données à voir
qui exempteraient le visiteur des autres destinations africaines trop
spécialisées et exclusivistes.
A l'échelle régionale à
l'intérieur du même pays, l'offre touristique semble suivre une
logique de spécialisation. Tandis que le Grand Nord présente
d'exceptionnels paysages lunaires, des cultures originales et une faune riche,
le Grand Sud crève les yeux par le caractère luxuriant et naturel
de ses paysages, la richesse de ses cultures... Au niveau local, cette
spécificité se précise davantage. On a des
localités qui ne proposent que des produits culturels (Foumban,
Ndop...), d'autres qui n'ont que la nature à servir sur le marché
touristique. C'est d'ailleurs dans ce registre que se rangent les
localités de Buéa et de Limbé dont les attractions sont
essentiellement liées à la nature.
Buéa est une ville mythique et historique tout à
la fois. Elle est mythique parce que le Mont Cameroun encore appelé
« le char des dieux», la couvre de son ombre et par
conséquent sa vie en est intimement dépendante. Ancienne capitale
du Cameroun occidental pendant la période tutélaire et
siège des Allemands, Buéa est une ville dont l'histoire est fort
intéressante. A côté de ces valeurs indéniables du
point de vue touristique, la force de cette ville réside davantage dans
l'allure majestueuse de la montagne qui exerce une fascination
irrésistible sur le touriste qui se décide à en visiter
les nombreux sites écotouristiques. Le Mont Cameroun est le sommet le
plus haut du Cameroun (4100m), riche en habitats originaux et variés et
d'une grande diversité biologique (oiseaux, mammifères,
papillons, plantes...).
Quant à Limbé, son évocation rappelle
ses plages qui en constituent le produit phare. Les produits satellites qui ne
s'écartent pas foncièrement du précédent sont le
Limbé Botanic Garden (Centre de recherche et de loisirs très
attrayant et reposant), le Limbé Zoological Garden (riche en primates et
très visité) dont les richesses en font des arrêts
obligatoires dans le programme des visiteurs de la ville. Le cap Bimbia
constitue un attrait tout aussi original en raison de sa proximité de la
mer et de son histoire de gîte et de sépulture des premiers
missionnaires protestants arrivés au Cameroun.
Ces deux villes prises ensemble, présentent au plan
climatique - à la faveur de la montagne qui adoucit le climat et la
proximité de la mer - un temps agréable à Buéa
favorable au repos et se rapprochant du temps dans les latitudes
tempérées d'une part et un temps moins douillet à
Limbé - du fait de la mer - qui peut néanmoins offrir l'occasion
des baignades, du bronzage... d'autre part.
De plus, la sécurité des biens et des personnes
n'y est pas particulièrement menacée. Les agressions, les
vols...ne sont que rarement enregistrés dans ces contrées. La
circulation des personnes se fait tout tranquillement.
Pourtant cette région du Mont Cameroun a l'avantage de
présenter un réceptif important dont le principe de sa
diversité n'est pas toujours acquis. En effet, les hôtels y sont
nombreux et connaissent un taux de remplissage très faible (Autour de
15%). C'est alors que se pose le problème de l'efficience de la
contribution du tourisme au développement ou tout au moins de la
performance du tourisme dans le Fako.
La vie économique de la région ne s'en ressent
pas particulièrement. Les populations restent essentiellement agricoles
et de niveau de vie modeste. Bref, la région ne connaît pas un
développement particulier consécutif à la pratique de
l'activité touristique.
L'accessibilité à ces villes est fluide. Par la
route, à partir de Douala ou du Moungo, ces deux localités
peuvent être rejointes par des voies d'une certaine praticabilité.
Par la mer, Limbé et Tiko sont des ports maritimes qui rapprochent le
visiteur de sa destination de rêve quitte à ce que celui-ci
l'atteigne ensuite par la route. Par voie aérienne, le seul
aérodrome de la région se trouve à Tiko à partir
duquel ces villes peuvent être ralliées. Entre les gares
routières, les hôtels et les sites touristiques, la liaison n'est
pas tout aussi facilitée et se fait essentiellement par la route.
À la vérité, les sites de ces villes
sont-ils aménagés ? Et quand ils le sont, sont-ils les seuls
qui soient vendables ? N'en existeraient - ils pas d'autres
retranchés dans l'austérité de l'infranchissable voire de
l'inconnu ? En d'autres termes, les ressources touristiques sont-elles
systématiquement inventoriées et valorisées ?
Il est généralement admis que cette condition
couplée à celle du marketing remplies, la région
touristique devrait connaître un afflux de visiteurs et par voie de
conséquence un développement tous azimuts. Mais ce serait ignorer
la valeur que recèlent la sécurité et d'autres
facilités pour les clients. Ainsi, peut-on dire que le Fako offre de
réelles garanties de sécurité au visiteur qui le
sillonne ? L'arnaque, les tracasseries policières, le banditisme...
ne pourraient-ils pas dissuader les éventuels touristes à s'y
rendre ? En outre, l'état des voies d'accès à ces
villes et les moyens de transport y contribuent-ils davantage ? Une fois
que les visiteurs arrivent dans ces villes, disposent-ils tous et à leur
convenance des espaces de couchage ? Enfin les populations de ces villes
constituent-elles un appoint au développement du
tourisme surtout lorsque l'on sait qu'elles ne sont pas
particulièrement impliquées dans le processus ?
Quoiqu'il en soit, évaluer les potentialités
effectives du tourisme du Fako d'une part et encercler les contraintes qui
s'exercent sur l'essor de cette activité d'autre part, permettront
assurément à travers la réponse à ces questions de
saisir les forces et les faiblesses du tourisme dans la région du Mont
Cameroun.
0.4.
CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE
La présente étude s'inscrit dans le registre du
grand débat ouvert sur le concept de « tourisme et
développement » ou encore de la relation positive et
productive entre le tourisme et le développement dans les pays du
Tiers-Monde. En effet, traiter des performances du tourisme revient à en
identifier les forces et les faiblesses en vue d'y apporter quelques
suggestions. Cela fait, l'activité pourra se développer à
travers l'augmentation des visiteurs avec son cortège d'effets
bénéfiques sur les pays et les peuples.
Le tourisme recouvre diverses significations. D'abord au sens
étymologique, il vient de l'anglais tourism lui-même issu
du français `tour'. Il s'agissait à l'origine (au XIXè)
siècle pour l'aristocratie anglaise d'aller `faire un tour',
généralement sur le continent.
Quant au Dictionnaire Petit Robert, il le définit
comme le fait de voyager, de parcourir pour son plaisir un lieu autre que celui
où l'on vit habituellement (même s'il s'agit d'un petit
déplacement ou si le but principal est autre).
Pour l'OMT, le tourisme est le fait de se rendre dans un
autre pays que celui de son lieu de résidence pour une durée d'au
moins 24 heures et pour toute raison que celle d'y exercer une autre
activité rémunérée.
Le Conseil Supérieur du Tourisme français
considère quant à lui que le tourisme regroupe l'ensemble des
activités de production et de consommation auxquelles donnent lieu des
déplacements assortis d'une nuit au moins passée hors du domicile
habituel, le motif du voyage étant l'agrément, les affaires, la
santé (thermalisme et thalassothérapie) ou la participation
à une réunion professionnelle, sportive ou religieuse, etc. (
Baud et al, 1998).
George (1970) définit le tourisme comme une
«activité liée aux loisirs qui appelle des
déplacements saisonniers de population essentiellement urbaine vers les
régions favorisées par leurs aptitudes naturelles à
répondre à l'attente des touristes, et faisant l'objet des
spéculations diverses quant à leur équipement
adéquat''.
Il apparaît que la définition du tourisme fait
ressortir quatre agrégats : le déplacement, le lieu, la
durée et le motif. En conséquence, nous retenons que le tourisme
est l'ensemble des activités liées au déplacement des
personnes (résidentes ou non) pour un séjour de durée
minimale de 24 heures et 6 mois au plus dans un lieu donné pour un motif
d'agrément, personnel ou professionnel.
0.5.
ARRIERE-PLAN SCIENTIFIQUE ET JUSTIFICATIONS
Le tourisme tel que pratiqué aujourd'hui est un fait
plus ou moins récent. En effet, c'est depuis l'après-guerre
(Deuxième Guerre Mondiale) que cette activité est en pleine
expansion. Au XIXè siècle, elle était la chasse
gardée de quelques grandes familles aristocratiques anglaises dans un
premier temps puis s'est étendue par la suite aux françaises
avant de se généraliser à la bourgeoisie du vieux
continent. Il s'agissait ici essentiellement d'un tourisme balnéaire
complété plus tard par un tourisme de montagne. Dans le
même temps, quelques explorateurs traversaient l'Afrique sans que
l'espace touristique ne s'en agrandisse pour autant. Les visiteurs se rendaient
sur les sites de prédilection tels que la Côte d'Azur, la
Côte Normande... Bref c'est la côte nord
méditerranéenne qui accueillait les touristes de ce
siècle-là.
La première moitié du XXè siècle
ne connaît pas un développement spécial du tourisme.
Toutefois, l'amélioration des conditions de transport, les congés
payés offrent à ceux qui le veulent un accès à la
pratique de cette activité. Mais on retient essentiellement que la
ségrégation sociale marque profondément la qualité
du tourisme effectué. Les sites les plus populeux sont les moins chers
et rigoureusement distincts des stations huppées, seules l'apanage des
touristes cossus.
C'est dans les années 60 que se développe le
tourisme pour tous dans les villes européennes, ce d'autant que le
besoin de re- création se fait de plus en plus présent. En effet,
les populations occupées pour la plupart dans le secteur de l'industrie
n'hésitent pas à sortir du carcan quotidien, de la
répétition quasi-mécanique des gestes que leur travail
exige. Elles ont comme atout la croissance des Trente Glorieuses avec pour
effet l'augmentation de leur pouvoir d'achat, l'allongement des congés
payés (Temps de vacances importants), les infrastructures touristiques
nombreuses et performantes et les politiques étatiques favorables
à l'évasion bon marché. C'est l'ère du tourisme de
dépaysement, de re-constitution après un travail absorbant et
relativement ennuyeux. Le tourisme est donc une activité de loisirs.
D'ailleurs il est étroitement rattaché aux `Four S' (Sea, Sun,
Sand & Sex), toutes choses qui marquent une effective rupture avec le cadre
de vie habituel et procure l'air bienfaisant de la mer, le soleil requinquant
et le plaisir d'entrer en contact direct avec le sable des plages.
De plus en plus aujourd'hui, le tourisme s'inscrit dans le
registre de l'hédonisme, de la jouissance tous azimuts de tous les
plaisirs que la vie peut offrir. Ainsi, le tourisme occupe une place de choix
dans les congrès et autres réunions internationales pour sa
grande capacité à re-créer et à
re-équilibrer l'homme.
On note également un repli des touristes vers la
nature. Ceux-ci aspirent davantage aux randonnées en montagne, à
la visite des parcs, des zones rurales...C'est du tourisme naturel ou de
l'écotourisme.
Mais le débat sur la contribution du tourisme au
développement des peuples et des pays en développement reste
ouvert, car les opinions qui ont fortement divergé tendent aujourd'hui
à s'harmoniser.
Au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale, autour des
années 50, le tourisme est considéré comme une baguette
magique qu'il suffit d'agiter pour résoudre tous les problèmes
(Schülter, 1991). On a vite fait de céder à la tentation de
croire que le tourisme peut rapidement permettre le recouvrement des pertes de
l'économie. C'est l'ère pendant laquelle les chercheurs encensent
le tourisme et son rôle moteur dans les pays qui n'ont de ressources de
développement que leur environnement et leurs peuples. D'ailleurs, au
plan économique, le tourisme international contribue directement au
compte courant de la balance des paiements grâce aux rentrées de
devises étrangères dans les pays de destination. De plus, les
hommes d'affaires, les gouvernements investissent une partie de l'argent qu'ils
reçoivent dans l'économie des pays hôtes, ce qui
accroît le volume de l'économie. Quant au tourisme domestique, il
permet de redistribuer ces devises dans les frontières du même
pays (Archer, 1977). Au plan politique, le tourisme est une force majeure de
paix et de concorde entre les peuples en même temps qu'il renforce
l'unité politique d'un pays (WTO, 80, 82). Les effets néfastes
d'une telle promotion ne tardent pas à se faire ressentir. C'est alors
que s'ouvre la seconde ère.
L'évolution historique de la réflexion sur
l'apport du tourisme au développement a tendu ensuite à embrasser
l'autre extrême. Plusieurs chercheurs tournent le dos à la
précédente conception en remettant en cause la participation du
tourisme au développement et estiment au contraire qu'il contribue
à ruiner les pays en développement aux plans économique,
politique, socioculturel et environnemental.
C'est ainsi qu'au plan économique, le tourisme est
présenté comme une nouvelle forme de domination
économique. En effet, l'origine géographique des prestations des
biens consommés et des groupes socio-professionnels qui les fournissent
permet de saisir la pertinence de ce point de vue. De plus cette industrie
nationale a pratiquement tous ses clients à l'extérieur pour ce
qui est du tourisme international (Dieng et al, 1980). Ceci a pour
effet l'extraversion de ce secteur d'activité. Au niveau local, le prix
des terres flambe (Archer et al, 1994) et même très
souvent celui des biens de consommation courante.
Au plan politique, le tourisme peut être compris comme
une nouvelle traite, du néocolonialisme en somme.
Au plan socioculturel, il représente un nouveau mode
d'infériorisation culturelle (Dieng et al, 1980).
L'appréciation que font les visiteurs d'une société, de sa
culture peut avoir une influence durable sur celle-ci. Cette dernière
peut se déformer et progresser vers un certain modèle culturel
recherché. Des fois dans le domaine des arts, la pratique du tourisme
est une invite au pillage. Le touriste est aussi attiré par ce qui est
lui paraît insolite, curieux. Cela l'amène souvent à bien
des égards à profaner ce qui est «sacré» pour le
peuple hôte. Aussi, la prostitution, la consommation des drogues, le
banditisme, l'alcoolisme, la criminalité...sont quelques-uns des
fléaux que le tourisme engendre - quoique pas de façon exclusive
- dans une société.
Depuis les années de crise économique, le
discours semble plus conciliant. Il tend à rapprocher les deux
époques en maximisant les avantages tout en minimisant les travers de la
pratique du tourisme.
0.6.
QUESTION DE RECHERCHE
0.6.1.
Question générale
Comment accroître la fréquentativité
touristique dans une région qui en présente les atouts et
partant, relever le niveau de performances du tourisme dans le Fako ?
0.6.2.
Questions spécifiques
· Quelles sont les ressources qui intéressent les
touristes et sur lesquelles le tourisme peut s'appuyer pour éclore dans
la région du Mont Cameroun ?
· La destination Fako est-elle connue de ses visiteurs
et promue pour en attirer de nouveaux?
· La qualité de l'offre (propreté,
aménagement des sites, infrastructures...) peut-elle constituer une
faiblesse pour l'épanouissement de ce secteur d'activité dans la
région ?
0.7.
REVUE DE LA LITTERATURE
La question de développement du tourisme a
constitué le menu de plusieurs travaux (Publications) dans les villes
des pays du Tiers-Monde. De façon générale sous ces cieux,
le bilan du tourisme est très contrasté. Certains de ces pays
reçoivent un nombre important de touristes tandis que d'autres dans le
meilleur des cas n'en reçoivent qu'un nombre insignifiant voire presque
aucun dans le pire des cas. Pourtant assez souvent, toute une batterie
d'initiatives de développement a été prise à cet
effet. Pour la plupart, ces pays sont les laissés pour compte des
retombées que l'activité touristique génère. Ils
sont bien loin du cap des 500 000 touristes internationaux faisant d'un pays,
d'une ville, une destination touristique.
C'est particulièrement le cas de plusieurs pays
d'Afrique au Sud du Sahara qui, pour des raisons d'instabilité et de
garantie de sécurité pour le touriste voient leur activité
battre de l'aile (Ciss et al, 2002). En conséquence, les
rentrées de devises sont minables et les effets pervers nombreux sur
l'environnement et la culture, bref, sur la vie de la communauté
d'accueil (Dieng et al, 1980).
Pour ce qui est du Cameroun, la situation n'est guère
plus reluisante. Le riche potentiel touristique contraste fortement avec le
faible niveau de fréquentation du pays. En effet, le nombre de visiteurs
est bien en déça du minimum de fréquentation prescrit par
l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) pour devenir une destination
touristique. Pourtant la volonté des pouvoirs publics maintes fois
réaffirmée, ne manque pas (Enogo, 2002).
Quelques auteurs mettent à contribution leurs aptitudes
et connaissances depuis plusieurs décennies pour inverser la tendance et
partant, travailler au développement du tourisme. Au départ, il
est question plus ou moins de la présentation des richesses attractives
dont regorgent le pays. Du point de vue culturel, les quatre zones d'attraction
pouvant servir de base à la promotion d'un tourisme de culture sont
définies. Il s'agit notamment de l'Ouest, du Littoral, du Nord et de
l'ensemble composé des provinces administratives du Sud-Centre-Une
partie du Littoral. Ce travail rend possible la présentation d'une offre
culturelle harmonieuse dans chaque zone, jaillissant du milieu de la grande
diversité culturelle, qui est par ailleurs le fruit du brassage des
traditions, des religions...au fil de l'histoire du peuplement du pays
(Essono, 1973).
Du point de vue géographique, il est rendu
évident que le Cameroun dispose de nombreux atouts sur lesquels son
développement peut reposer. C'est tantôt les
éléments de la nature (Plages, stations d'altitude, paysages
naturels, faune) tantôt ceux du bâti (aéroports, routes,
hôtels et équipements) et même les éléments de
la culture tels l'artisanat, le folklore. Il apparaît que la
géographie du Cameroun est généreuse en ressources
touristiques qu'il y a donc lieu de valoriser (Mainet, 1979).
La valorisation de ce potentiel touristique partiellement
inventorié jusqu'à ce jour, passe par des actions
concrètes du nombre desquelles l'aménagement s'insérant
dans la logique d'un aménagement équilibré,
concerté et planifié du pays en général dans la
perspective de la maîtrise du territoire (Essono, 1981).
Le problème des politiques touristiques en rapport avec
le développement du pays peut alors se poser. En effet, le manque de
politique cohérente et incitative, l'inadaptation et les contradictions
dans les orientations politiques, l'inefficience et la non application des
plans de développement expliquent le sous développement du
secteur touristique du Cameroun (Ekori, 1986).
La précision de l'option du politique en matière
de type de tourisme à promouvoir - à savoir un tourisme de masse
à l'intérieur à côté d'un tourisme
élitiste pour visiteurs internationaux (Biya, 1986) - n'a valeur que
d'orientation.
Le chemin parcouru par le tourisme camerounais donne lieu
à une évaluation sans complaisance. Ainsi sont passées en
revue les questions en relation avec les attractions touristiques, les espaces
d'hébergement, l'odyssée de la structure administrative, la
promotion, la commercialisation... dans ce qu'il convient d'appeler la
mémoire du tourisme camerounais. Le pays y est découpé en
quatre régions touristiques (Côte, Nord, Ouest, Centre-Sud-Est) et
en dix pôles de développement avec pour toile de fond
l'aménagement du territoire et la valorisation du produit touristique
comme le gage de l'essor du secteur (Essono, 2000).
Eu égard aux potentialités que le tourisme
dispose à se développer, le constat de non-envol reste
implacable. Les travaux menés jusque-là abordent rarement la
question de l'évaluation des performances touristiques du Cameroun.
Souvent, on a eu droit à des historiques du tourisme mais jamais dans la
perspective d'une ou des villes de Buéa et de Limbé. C'est ce qui
explique le fait que nos efforts de recherche se déploient autour de la
question de l'étude de ces performances à l'échelle de
cette région. Pour ce faire, nous dresserons un état des lieux de
l'activité touristique, nous en relèverons tant les forces que
les faiblesses avant de faire quelques suggestions pouvant contribuer à
améliorer l'image et le niveau touristiques de cette partie du Fako.
0.8.
OBJECTIF DE LA RECHERCHE
0.8.1.
Objectif général
Le tourisme a du mal à décoller au Cameroun. En
effet, depuis l'indépendance du pays, beaucoup d'initiatives ont
été prises pour valoriser le potentiel touristique sans que
celles-ci n'aboutissent effectivement sur le développement du secteur.
Ainsi, les études, les financements...ont été mis à
contribution pour provoquer le décollage de ce gisement de devises
étrangères. Mais chaque fois, sans obtenir les
résultats escomptés. Ce constat n'est guère plus
évident ailleurs que dans les villes du `Char des dieux', province du
Sud-Ouest où de prime abord, la quantité et la diversité
des ressources du tourisme (Mont, plage, climat, jardins botanique et
zoologique, héritage colonial allemand...) constituent un atout certain
pour l'essor de ladite activité. Il apparaît cependant tout
à fait surprenant de n'enregistrer qu'une fréquentation ridicule,
en stagnation sinon en régression à coté des
possibilités dont disposent ces villes. C'est pourquoi, il nous semble
judicieux dans le cadre du présent travail, de contribuer à
l'accroissement de la fréquentativité de cette région du
Mont Cameroun en établissant ce qu' elle présente
réellement du point de vue touristique comme avantages et faiblesses.
0.8.2.
Objectifs spécifiques
De façon élaborée, il s'agira pour les
villes sus-évoquées :
· De caractériser les milieux dans lesquels
s'inscrivent l'activité touristique.
· De dresser un état des lieux de
développement du tourisme aux niveaux fréquentatif,
infrastructurel...
· D'identifier les potentialités touristiques.
· De déterminer les facteurs limitants à
l'essor du tourisme.
0.9.
HYPOTHÈSE DE RECHERCHE
0.9.1.
Hypothèse principale
Le tourisme dans le Fako bat de l'aile.
0.9.2.
Hypothèses spécifiques
i. Les éléments de la nature sont les plus
convoités par les visiteurs du Fako.
ii. Les attractions architecturales et culturelles sont mal
connues et partant peu visitées.
iii. La promotion du tourisme et l'information des touristes
font cruellement défaut dans cette région.
iv. L'aménagement des sites, des infrastructures
d'accueil et des voies de communication est embryonnaire.
0.10.
MÉTHODOLOGIE
Il nous revient de montrer comment nous procéderons
pour évaluer les atouts et les faiblesses du tourisme dans ces villes
du Fako. Pour ce faire, nous collecterons des données que nous
traiterons par la suite avant de nous permettre quelque
interprétation.
0.10.1.
Méthodes de collecte des données.
Pour rassembler les informations utiles à ce travail,
nous aurons recours à quelques méthodes de collecte. Ainsi, les
approches qualitatives et quantitatives sont nécessaires dans le cadre
d'une telle étude. Etant donné qu'on ne saurait tout mettre sous
la forme des chiffres, même si l'analyse devra suivre, étant
entendu que certaines données par leur nature exigent un traitement
tantôt qualitatif tantôt quantitatif. C'est pourquoi de la
littérature aux enquêtes de terrain en passant par les
illustrations, les chiffres, l'observation directe, nous collecterons les
données qui permettent de comprendre notre question de recherche.
0.10.1.1. Les documents écrits
Nous utiliserons des ouvrages généraux,
théoriques sur la question de la géographie du tourisme ainsi que
les ouvrages méthodologiques pour définir les concepts principaux
et les méthodes utilisées en géographie humaine.
· De même, nous ferons recours aux travaux de
recherche sur le tourisme dans les pays du tiers-monde qui, à quelque
exception près, connaissent les mêmes problèmes sur ce
terrain.
· Les travaux effectués sur le Cameroun en
général et éventuellement sur les localités de
Buéa et Limbé et qui se rapportent à la question à
l'étude nous seront d'une précieuse utilité en vue de la
réalisation du présent travail de recherche. Les informations qui
s'en dégageront nous permettront de bien canaliser notre inspiration et
baliser notre recherche.
0.10.1.2. Les documents iconographiques
Gisement d'informations et de localisation par excellence, la
carte servira d'outil de recherche et de découverte
particulièrement au sujet de la connaissance des faits spatiaux. A cet
effet, nous utiliserons les cartes proprement dites dont celle de
Buéa-Douala au 1/200 000è.
0.10.1.3. Les documents statistiques
Nous dépouillerons les fiches statistiques des
arrivées hôtelières de la Délégation
Provinciale du Tourisme pour le Sud-Ouest (DPTSW) pour faire l'état de
la fréquentation dans le Fako pour les six dernières
années qui d'ailleurs sont les seules disponibles. Aussi ferons-nous
recours aux informations générales pour voir ce que
représente le Fako sur l'échiquier national en terme de
fréquentation et de rentrées de devises.
0.10.1.4. Observation directe
C'est une approche fondamentale en géographie ce
d'autant plus que le travail de terrain nous expose aux réalités
quotidiennes et dans notre cas à celles du tourisme. Ainsi, nous
pourrons apprécier de visu les sites touristiques et les hôtels
pour évaluer leur niveau d'aménagement, de salubrité et
d'entretien. Dans le même registre, nous considérerons les
attitudes des touristes à leur arrivée dans ces villes, comment
ils s'informent, visitent les attractions et regardent les populations...Ce
sera dans le cadre d'une observation non participante. Cette approche nous
fournira des données difficiles voire impossibles à obtenir
autrement notamment par l'approche quantitative.
0.10.1.5. Enquête exploratoire
Nous entrerons en contact avec les responsables du MINTOUR au
niveau provincial et national à travers des interviews
semi-structurées pour dégager la perception que le gouvernement a
du problème. En outre, nous ferons de même avec les autres acteurs
du tourisme dans le Fako pour décrire succinctement la situation
actuelle, identifier et localiser les infrastructures...ce qui
préparera la phase d'enquête proprement dite.
0.10.1.6. Enquête de terrain
Elle se fera en intégrant plus ou moins les quatre
segments du secteur du tourisme. Nous adresserons notre questionnaire aux
visiteurs, utiliserons un guide d'entretien avec les autorités en charge
du tourisme, un autre pour l'industrie touristique et nous nous
intéresserons plus ou moins aux populations locales pour collecter les
données nécessaires.
0.10.2.
Méthodes de traitement et d'analyse des données.
0.10.2.1. Traitements informatiques des données
· Codification du questionnaire
Il s'agira d'attribuer un code à deux chiffres maximum
cette fois-là aux données ou réponses du questionnaire.
Cette codification préparera à la phase suivante, la
programmation.
· Programmation
Elle consiste à préparer une maquette du
questionnaire de sorte à avoir en quantité nécessaire
l'apparence d'un questionnaire dont il faut simplement compléter les
variables prédéfinies lors de la codification.
· Saisie et traitement des données
La saisie des données `réponses du
questionnaire' sera effectuée à travers un masque de saisie
conçu à l'aide du logiciel CSPro. Les informations qui en auront
résulté seront utilisées dans le logiciel Statistical
Package for the Social Science (SPSS). La matrice d'information se
présente sous forme de tableau statistique à double
entrée, avec sur la ligne les sujets et en colonne les variables
d'analyse qui sont ici les opinions. C'est alors que toutes les
opérations statistiques désirées peuvent être
réalisées selon les abondantes options qu'offre ce package.
· Traitement des images
Le logiciel de traitement d'images et de cartes Adobe
PhotoShop nous sera utile pour le traitement des cartes et photos.
Après les avoir scannées, nous les afficherons à
l'écran afin de procéder à toutes les améliorations
sur la présentation finale de sorte que soient évidentes toutes
les informations recherchées. Ensuite, grâce aux logiciels de
cartographie Arcview, nous dresserons toutes nos cartes (Sites
aménagés, potentialités naturelles et culturelles,
hôtels, routes...).
0.10.2.2. Analyse des données
Tabulation
Nous construirons des tableaux simples, à double
entrée pour regrouper les données de même nature et
générer des diagrammes et graphiques pour la mise en
évidence des tendances qui se dégageront du traitement des
données. Les tableaux statistiques simples sont récapitulatifs de
toutes les réponses à une question. Ces réponses sont
ensuite ventilées selon leurs catégories et exprimées en
pourcentage. Les tableaux statistiques à double entrée pour les
réponses à deux questions se croisent. Ceci permet de rechercher,
de soupçonner un lien entre certaines variables ou simplement
d'établir une relation significative entre deux variables.
0.10.3.
Interprétation des résultats obtenus
Il sera ici question de l'analyse et du commentaire des
tableaux statistiques et graphiques obtenus en respectant la logique qui
régit les analyses simple et bidimensionnelle. L'analyse simple ou
unidimensionnelle sert à décrire les caractéristiques de
l'échantillon et à comparer certains sous-groupes entre eux alors
que l'analyse bidimensionnelle permet l'étude simultanée de deux
données l'une à l'autre. De même, elle aide aussi à
mesurer les relations entre deux variables. Ce travail offrira
l'opportunité d'expliquer les situations observées, de comprendre
certains comportements ou attitudes. Le recours pourra être fait en temps
de besoin au logiciel Excel pour les illustrations graphiques.
0.11.
PLAN DE TRAVAIL
Le travail entrepris obéira aux grandes divisions
suivantes :
· L'introduction qui est constituée de la
problématique, la question de recherche, l'arrière-plan
scientifique, la revue de la littérature, les objectifs, les
hypothèses et la méthodologie de la recherche.
· Le chapitre 1 qui présente le cadre dans lequel
l'étude s'inscrit avant de montrer comment le tourisme y est
pratiqué.
· Le chapitre 2 est consacré à
l'état des lieux du tourisme dans le Fako.
· Le chapitre 3 fait la part belle aux facteurs
d'attraction des touristes dans la région du Mont Cameroun.
· Le chapitre 4 relève les contraintes qui
s'exercent sur ladite activité sur l'étendue du territoire que le
`Char des dieux' couvre de son ombre.
· La conclusion générale apporte la
réponse à la question de recherche, les perspectives et la
discussion non sans avoir rappelé au paravent les grandes articulations
des chapitres.
CHAPITRE I : UN APERÇU
DU MILIEU.
Le nombre de visiteurs semble s'accroître dans les
villes de Buéa et Limbé, les hôtels eux aussi suivraient
cette tendance à la hausse. Tout ceci est probablement le signe du
caractère propice du milieu dans lequel cette activité
s'inscrit. C'est pourquoi, nous nous attèlerons à présent
à porter notre attention aussi bien sur le cadre physique qu'humain
avant de voir comment cette activité se pratique de façon
concrète.
1.1. UN MILIEU NATUREL AUX ATOUTS MULTIPLES
Les éléments de ce milieu naturel sont nombreux
mais nous ne nous intéresserons de près qu'au relief, au climat,
aux sols et sous-sols et à la végétation.
1.1.1. Un relief fort
contrasté
Située au sud de la dorsale camerounaise, la
région du Mont Cameroun s'est établie sur la ligne de faille qui
prend naissance dans l'Atlantique au pic de Sao Tomé (2 024 m) et
s'achève dans le Tibesti au Tchad. Elle est orientée SO-NE et
s'inscrit aussi bien dans les basses terres que dans les hautes terres du
cameroun.
Cliché : Botanic Garden.
Limbé.
Août 2003.
Photo 1.1. : Image satellite de la région du
Mont Cameroun.
La partie basse est constituée de la plaine
côtière qui s'étend sur tout le rivage ouest camerounais de
l'Océan Atlantique. Ceci représente tout le sud de la
région qui se termine par des caps et des falaises... Quant à la
partie nord, elle est essentiellement montagneuse et abrite le plus haut sommet
du pays : le Mont Cameroun. Avec ses 4095 m, c'est un édifice
volcanique encore en activité et dont la dernière éruption
remonte seulement à 1999. Cette année, les coulées de
laves abondantes se dirigeant vers la mer se sont arrêtées
à moins de 50 m de l'Océan Atlantique, à Bakingili. Elles
ont constitué et constituent encore la motivation des rushes de
touristes dans la région.
1.1.2. Un climat favorable et
diversifié.
La région du Mont Cameroun appartient au domaine
climatique équatorial de la variante camerounienne. Elle se
caractérise par des précipitations abondantes, les amplitudes
thermiques faibles (autour de 2°C), le découpage de l'année
en 2 saisons dont une dure 9 mois et l'autre c'est-à-dire la saison
sèche, 3 mois seulement (décembre à février). Ceci
entraîne un certain raccourcissement de la saison touristique qui
s'étend idéalement sur la saison sèche en raison de
nombreux caprices de la saison des pluies. Mais tout de même, quelques
dispositions sont prises pour parer aux aléas climatiques
défavorables à l'activité telle que la fourniture au
touriste de manteaux et autres parures pour les prévenir des effets de
la pluie.
Le jeu des masses d'air (l'harmattan et la mousson) trouve un
champ d'expression plus ou moins propice. En effet, en janvier, le balancement
du front intertropical fait souffler l'harmattan jusqu'au 4è
parallèle induisant ainsi la chaleur à son maximum. En juillet
par contre, la mousson balaie la région et est porteuse de vents froids
qui adoucissent le climat : c'est la saison pluvieuse. A Buéa,
l'altitude accentue le phénomène étant donné que la
température baisse à mesure qu'on s'élève en
altitude de l'ordre de 0,6°C tous les 100 m. A Limbé, la
proximité de la mer influe sur la pluviosité sachant que les
pluies diminuent lorsqu'on s'éloigne de la côte. (9 895 mm de
pluies par an à Debunscha).
Le climat contrasté de la région avec un temps
froid à Buéa et un climat chaud à Limbé permet
d'accueillir les visiteurs dont les goûts sont divergents.
1.1.3. Une
végétation très variée et luxuriante
Le Mont Cameroun est une région présentant les
plus riches espèces de plantes en Afrique de l'Ouest dans le domaine
tropical. Car en effet, près de la moitié des 7 000 - 8 000
espèces de la flore se retrouvent dans cette région (Cheek et
al., 1996).
C'est une végétation caractéristique de
forêt dense toujours verte qui au contact de la mer mue en mangrove dans
laquelle on trouve des espèces adaptées à l'eau
saumâtre : rhizophoras et palétuviers. Leurs racines
enchevêtrées se dressent au-dessus des bancs de vase,
noyées à marées hautes hantées de curieux poissons
amphibies. Faisant suite à la mangrove dans les marais, assez loin
parfois de l'intérieur, une forêt de raphia et de bambous s'adapte
elle aussi à la vie palustre. Mais la majeure partie de cette
forêt appartient à cette sylve immense C'est un épais
manteau moutonnant qui recouvre la terre, atténuant les formes de
relief, toujours vert, qui fait bleu et gris à l'horizon pluvieux. Si
l'on s'élève en altitude, l'aspect change, les grands arbres
disparaissent, les fougères se multiplient. Sur les sommets, on peut
trouver des prairies et des pâturages. Tout ceci constitue des
données à regarder et parfois à toucher pour le plaisir
personnel.
1.1.4. Des sols riches et adaptés
à la pratique du tourisme
Les sols volcaniques sont issus de la décomposition des
basaltes et constituent le substrat de la végétation sur le Mont
Cameroun présentée dans la section précédente. De
même, il existe des sols alluviaux recouvrant certains secteurs de la
plaine côtière. Ces deux types de sols sont
particulièrement fertiles surtout lorsqu'ils sont mutuellement
associés. Cela peut justifier la forte implantation des activités
agricoles dans cette région qui abrite d'ailleurs le premier et le plus
important complexe agro-alimentaire du pays depuis 1946 : la Cameroon
Development Corporation (CDC). Elle dispose de nombreuses plantations
spécialisées dans une culture particulière (les
bananeraies, les palmeraies, les champs de thé,
d'hévéa...). Ces différentes exploitations peuvent servir
à la pratique d'un type particulier de tourisme, l'agro-tourisme.
Cliché : NGUEPJOUO.
Saxendorf,
Août 2003
Photo 1.2. : Une plantation de la CDC à
Saxendorf.
1.2. UN MILIEU HUMAIN DONT L'HISTOIRE EST
INTÉRESSANTE
1.2.1. Un aperçu historique de la
région du Mont Cameroun jusqu'au XVIIè siècle
Dans la lointaine Antiquité, entre le VIè et le
Vè siècle avant Jésus-Christ, la région du Mont
Cameroun aurait été visitée par des navires carthaginois.
En effet selon le `périple d'Hannon' du nom du chef de
l'expédition qui le baptisa le « char des dieux »,
les marins auraient assisté à une éruption du Mont
Cameroun, fascinés qu'ils étaient, ils en ont fait le
récit. Cette fascination n'est nullement entamée de nos jours
malgré le temps qui les sépare de nous.
L'histoire observe ensuite un long moment de silence et par
conséquent, ces régions vivent ignorées du reste du monde.
Mais à partir du XVIè siècle, les marchands
européens (Portugais et Français) commencent à
fréquenter les côtes du Golfe de Guinée. Les Portugais sont
les premiers à s'établir sur la côte camerounaise.
D'ailleurs le nom Cameroun provient de leur langue, car en effet le Wouri a
été baptisé par ses premiers découvreurs le `Rio
dos Camaroes' c'est-à-dire `la Rivière des crevettes'. Ayant subi
de nombreuses modifications, Camaroes est devenu Cameroun. Mais,
l'intérêt de ces peuples pour le Cameroun sera négligeable
tout comme celui des autres nations occidentales de l'époque.
1.2.2. Le peuplement de la
région
Avant que celles-ci ne se ravisent, les populations arrivent
et s'installent sur les pentes du Mont Cameroun. En effet, les bakweri
appartenant à la première vague de peuplement du Cameroun, celle
des bantous qui remonte au XVIIIè siècle, seraient originaires de
la boucle du congo. Venus par la côte Atlantique, elles se seraient
installées sur le continent, occupant au départ le Cap Bimbia
avant de migrer par la suite pour diverses raisons vers l'hinterland. Depuis
ces temps ancestraux, ces populations ont vécu de la pêche puis
l'ont combiné à l'agriculture. Ce sont des populations qui vivent
- selon Fernand MAURETTE cité par LEMBEZAT- « une des formes
des plus ingénieuses de l'adaptation aux conditions
naturelles ». Ce sont ces deux activités qui font le quotidien
de ces peuples. Certaines populations viendront par la suite de la province du
Nord-Ouest surtout attirées par l'espoir d'un emploi salarié dans
les plantations coloniales de la CDC. Ces deux peuples sont tellement
imbriquées aujourd'hui qu'il est difficile de marquer quelque
différence entre eux.
1.2.3. Les temps de
la domination (allemande, britannique)
Plus tard, ces populations et leurs terres vont servir de
théâtre aux activités esclavagistes et impérialistes
de l'Occident. Les missions exploratoires vont sillonner toute la côte
ouest atlantique, y installer des comptoirs, créer des stations
missionnaires et annexer d'immenses régions de l'Afrique dont celles du
Mont Cameroun. Quoique Bismarck ait dit un jour que « toute l'Afrique
ne vaut pas les os d'un grenadier poméranien » (LEMBEZAT,
1954), il sera obligé de réviser sa position. Car en effet, le 14
juillet 1884, Nachtigal, de nationalité allemande va débarquer au
Cameroun à bord du navire de guerre la Möwe. Après avoir
passé des accords avec des puissances française et britannique,
les Allemands se hâtent vers l'intérieur. Deux de leurs missions
étaient déjà envoyées à la conquête du
pays. La deuxième confiée au Capitaine Graffenreuth ne
dépasse pas Buéa car ce dernier y est tué par des
rebelles. De façon générale, les 30 années
d'occupation allemande se repartissent en trois grandes
périodes :
· 1ère période
(1884-1895) : Le Cameroun est une escale des bateaux allemands. Ils se
contentent d'échange sans ingérence dans les affaires
administratives locales. Le pays ne lui révèle pas encore son
charme.
· 2ème période
(1896-1906) : Sous la conduite du gouverneur Yesko Von Puttkamer maintenu
dans les mêmes fonctions, les Allemands vont procéder à
l'établissement de grandes concessions et de grandes plantations dont
celles qui reviendront plus tard à la CDC. Au cours de cette
période, la capitale de la domination est transférée de
Douala à Buéa. Cela entraîne la construction de nombreux
édifices dans la ville de Buéa qui jusqu'à ce jour sert
encore à l'administration camerounaise pour ses représentations
provinciales dans le Sud-Ouest. Ce sont des constructions pouvant
résister à l'activité sismique de la région et
intéressantes à regarder.
Cliché : LBG.
Août 2003.
Photo1.3. : Photo Palais du gouverneur allemand
Yesko Von Puttkamer construit en 1900 qui reste malheureusement fermé
aux visiteurs.
· 3ème période
(1907-1914) : Le gouverneur Yesko Von Puttkamer est démis de ses
fonctions. Néanmoins, l'oeuvre allemande s'affermit davantage et
s'oriente même vers le social : oeuvre médicale, construction
du chemin de fer et du réseau routier. D'ailleurs en 1911, le
Traité Germano-douala met le Cameroun en vedette et on procède
à la création de nombreuses autres plantations. C'est alors que
la guerre vient malheureusement mettre fin à ce chantier en
construction.
La région du Mont Cameroun va ensuite être
gérée par les Britanniques qui vont y appliquer l'indirect Rule.
L'organisation sociale et la langue de communication sont l'héritage de
cette administration. En effet, les peuples bakweri sont une
société organisée en villages dont chacun est
composé des descendants d'un seul ancêtre. Les pouvoirs du chef
sont assez restreints depuis qu'est close l'ère des guerres entre les
villages et les tribus, ce peuple étant volontiers anarchique. Les
pouvoirs les plus réels sont exercés par le chef de famille qui
détient les pouvoirs d'un propriétaire sur cette cellule
économique et sociale. Elles se livrent à des activités
culturelles et d'entraide. Ceci leur permet d'avoir quelque chose à
proposer à la civilisation de l'universel, au concert du donner et du
recevoir si cher à Senghor.
1.3. IMPORTANCE DE L'ACTIVITÉ TOURISTIQUE
Nous avons défini le tourisme comme l'ensemble des
activités liées aux déplacements des personnes
(résidents ou non) pour un séjour de durée minimale de 24
heures dans un lieu donné et pour un motif d'agrément, personnel
ou professionnel. Ainsi présenté, le tourisme remplit trois
missions : le divertissement, l'éducation et l'émotion - (de
la traduction d'une portion du rapport anglais de l'Organisation Mondiale du
Tourisme (OMT) des trois `E' : Entertainment, Excitement & Education)
qui contribuent effectivement à épanouir l'homme.
Le tourisme est né sous la forme de la pratique
contemporaine au XIXè siècle avec le mouvement romantique en
Occident. Le romantisme est aussi bien un genre littéraire qu'un mode de
vie qui s'émancipent de la régularité classique et de
l'omniprésente rationalité des siècles antérieurs.
Il vise la libération du moi et de l'art de toute sorte
d'assujettissement. On peut alors comprendre le lien qui existe entre le
tourisme d'une part et l'intimité et la liberté d'autre part.
Souvent, pendant des séjours touristiques se nouent des relations
amicales et même amoureuses sur les plages, dans de surprises parties...
Dans certaines régions du monde comme l'Asie, le tourisme sert à
promouvoir une certaine vie licencieuse. On parle d'ailleurs du tourisme sexuel
qui est autorisé par le législateur. C'est par exemple le cas
à Bangkok, en Thaïlande, en Philippines... Ce sont des destinations
prisées pour des personnes inclinées à cette
débauche officialisée mais de plus en plus combattue par
l'OMT.
Par ailleurs, le tourisme se présente davantage comme
une activité de re-création de l'homme. Cette fin que le tourisme
vise est celle qui est admise par l'OMT. En effet, la vie moderne avec sa
cohorte de stress, de contraintes liées au travail...exige que l'on se
donne du répit pour refaire sa santé, se divertir. Le tourisme
apparaît dès lors comme une perche tendue à l'homme moderne
à la recherche de l'équilibre.
Cliché : D NGUEPJOUO
Sémé
Beach, Août 2003
Photo 1.4 : Touristes savourant le soleil et le
plaisir de l'océan à Sémé Beach
Il consiste à s'adjuger le droit de se satisfaire par
la conquête de quatre extrêmes. C'est ainsi que : le tourisme
permet
· d'opposer à l'activité constante, la
relaxation complète.
· de conquérir un environnement totalement
étranger au détriment du cadre habituel de vie (la maison),
· de troque l'ordre avec le désordre
· de passer d'une situation de dépendance
à une situation de dépendance très limitée voire la
solitude.
C'est pourquoi de pus en plus aujourd'hui, le touriste se
présente comme un `enfant' qui fait des caprices et sur lequel on doit
veiller pour éviter quelque désagrément aux autres et au
milieu qu'il visite. Le touriste a comme atout à cela sa
disponibilité et sa curiosité.
Il s'agit en définitive d'une activité qui
permet au déplacé de céder aux inclinaisons et aux
fantaisies de son coeur et de son corps en utilisant les ressources du milieu
à cette fin pendant un séjour touristique de manière
à se sentir requinqué. C'est à cela que se livrent de
milliers de personnes depuis longtemps dans le Sud-Ouest en
général et dans le Fako en particulier. Il importe à
présent d'en faire le point de manière à en
connaître la situation.
CHAPITRE II : UN ETAT DES
LIEUX DU TOURISME DANS LE FAKO
Activité plutôt récente dans les pays du
Tiers-Monde (Début des années 60), le tourisme y connaît
dans une large mesure le même rythme de croissance et les
problèmes plus ou moins similaires. Ainsi, on y est passé de la
phase de réel espoir de développement basé sur le tourisme
à la phase de pessimisme et de désespoir. On semble ne plus en
attendre grand-chose. Seuls quelques Etats ayant retiré de gros
bénéfices des investissements antérieurement
effectués, continuent de lui consacrer une part significative de leur
budget. Les chercheurs même lui consacrent rarement le menu de leurs
travaux. Mais à la faveur de la faible croissance retrouvée, un
espoir semble renaître. Les pays d'Afrique au Sud du Sahara, jadis
laissés pour compte, investissent eux aussi quoique faiblement dans
cette activité. De fait par sa situation, le Cameroun fait partie de cet
ensemble.
Depuis bientôt une décennie, le discours officiel
présente un objectif que le tourisme doit atteindre. Ainsi chaque
année pratiquement, C'est toujours la même rengaine à
savoir : faire du Cameroun une destination touristique ou de façon
chiffrée, drainer 500 000 touristes internationaux par an vers le
Cameroun. Seulement après plusieurs essais (tentatives),
l'échéance de ce but a jusque-là toujours
été repoussée. Par exemple, en 1996 la première
opération a été lancée, la deuxième a suivi
en 1998 puis la troisième en 2000 et finalement, la quatrième en
2002 sans que l'on puisse avancer à proprement parler (JAE 318 / 16
Oct.- 5 Nov. 00). Cela peut paraître incompréhensible pour qui
observe cette réalité de loin.
Et pourtant si l'on tient compte de près de la
flopée de matières premières du tourisme, de l'ensemble de
ses infrastructures, des ses acteurs pour arriver au résultat de
fréquentation actuelle, un brin de lumière pourrait se faire sur
quelques-uns des problèmes que connaît ce secteur
d'activité en général mais davantage dans la zone
d'étude.
2.1.
LES ATTRACTIONS TOURISTIQUES
C'est l'ensemble des curiosités naturelles,
anthropologiques et architecturales exerçant une certaine fascination
sur les visiteurs d'une région. Dans certains cas, l'une d'elles suffit
pour motiver le déplacement avec pour but de la savourer. Ces
attractions peuvent être regroupées en 3 types en fonction de la
nature du produit de base. Ainsi, on distingue les attractions naturelles,
anthropologiques et architecturales.
2.1.1.
Les attractions naturelles
Ce sont les ressources de la flore, de la faune et du relief
généralement à l'état de nature ou n'ayant subit
que des transformations mineures.
2.1.1.1. La flore
Du fait de l'altitude qui varie de 0 à 4 095 m et de ce
que le Mont Cameroun est très arrosé, on enregistre
jusqu'à 15 000 mm d'eau par an à Debunscha, ce qui en fait
la 2è zone au classement de la pluviométrie mondiale après
Cherrapunji. Il en découle la formation d'une palette floristique
très différenciée s'étageant de façon
successive sur les flancs du Mont Cameroun. L'étoffement de la
couverture végétale est tout à fait évident
Même les périodes de sécheresse des glaciations
passées n'y ont rien fait. On recense 2 importantes et anciennes
forêts qui sont cependant isolées du point de vue
géographique. Ainsi, entre 200 et 2.500 m d'altitude, cette
région présente une gamme riche et variée de formations
végétales. C'est le cas des :
ü 23 espèces de plantes endémiques qui ont
été enregistrées dans la zone forestière, de
nouvelles espèces étant découvertes chaque année.
ü 19 autres espèces endémiques de plantes
qui ont été identifiées dans les prairies ventées
au-dessus de la zone forestière, au-delà de 2.500 m d'altitude.
(BULLETIN SUR L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE CENTRALE, 95 sur le site web
www.ecofac.org.).
Ce décor particulièrement favorable a permis
l'éclosion de nombreuses activités dont la foresterie, la
conservation de la nature... C'est notamment le cas du Limbé Botanic
Garden (LBG) qui comporte quelques-unes de ces espèces et partant
constitue un véritable musée végétal très
couru.
( 1)
(2)
Cliché : D. NGUEPJOUO,
Limbé, Août
2003.
Photo 2.1. : Limbé Botanic Garden :
l'entrée (1) et un aperçu de la partie centrale (2).
2.1.1.2. La faune
Étant donné le cadre naturellement propice de la
région, la faune ne peut être que fournie. En effet, on
dénombre ici d'abondantes espèces fauniques.
Doté de 400 km de côtes ouvertes sur l'Atlantique, le
Cameroun est toutefois desservi par une façade maritime pauvre en
ressources halieutiques. Pour réaliser des prises importantes, les
bateaux doivent aller au-delà des eaux territoriales (Site web du
MINEPIA). Il existe tout de même de nombreuses espèces de poissons
qui sont copieusement arrachées des eaux par le truchement de la
pêche artisanale et vespérale très mobilisatrice
à l'aide des pirogues à pagaie ou à moteur.
Cliché : D. NGUEPJOUO, Plage de
Limbé, Août 2003.
Photo 2.2. Activité de pêche au soir
sur le rivage ouest (Limbé) du Cameroun par les populations dont la
survie en dépend.
Du nombre d'oiseaux, on peut citer une dizaine
qualifiée d'endémique.
Quant aux mammifères, il en existe de moyens et de
grands. On peut mentionner :
ü Quatre espèces rares de primates
(Cercopithecus lhoesti, C. erythrotis, Mandrillus leucophaeus, Pan
troglodytes),
ü 2 antilopes (Cephalophus sylvicultor,
Cogilbyi)
ü l'éléphant de forêt (très
peu nombreux du fait d'un braconnage intense).
ü Peu d'amphibiens sont connus, à cause des sols
très poreux ne retenant presque pas d'eau au dessus de 1.000 m,
malgré la pluviométrie élevée.
ü Pratiquement aucun travail n'a été
réalisé sur les insectes, qui peuvent représenter plus de
80% des espèces des forêts tropicales (BULLETIN SUR
L'ENVIRONNEMENT EN AFRIQUE CENTRALE, 95 sur le site web www.ecofac.org.).
2.1.1.3. Les paysages
Les paysages que l'on rencontre ici sont tant fascinants que
luxuriants. Et la non platitude du relief de la zone en rajoute davantage
à son charme. Ainsi, on distingue les paysages de montagne,
végétal et maritime que le touriste peut savourer à
distance. On peut également les appeler des vues de la montagne, de la
végétation et de l'océan.
(1)
(2)
Cliché : D. NGUEPJOUO Etindé,
Août 2003
Photo 2.3. : Les paysages captivants du Mont
Cameroun : Petit Mont Cameroun ou Mont Étindé (1) et une vue
du sommet de la montagne (2).
2.1.2. Les attractions
anthropologiques
Ce vocable recouvre les réalités tels les hommes
et leurs empreintes sur le milieu de vie.
2.1.2.1. L'homme du Fako
Il serait originaire du Congo et se serait infiltré par
l'estuaire du Wouri, déjà occupé par les Bassa (AMOU'OU
et al, 1985). Il appartient à l'ensemble des peuples de la
côte - les peuples Sawa - qui présentent une culture toute
originale et très attachée à la mer. Il existe 85
villages de taille différente situés entre 500 et 1000 m
d'altitude, ceci du fait que les Allemands les avaient chassé de la
côte pendant qu'ils établissaient les grandes plantations autour
du Mont Cameroun
2.1.2.2. Les empreintes
culturelles de l'homme sur le milieu
Généralement, la musique, l'art, l'artisanat, le
folklore, la danse sont considérés comme des formes d'expression
culturelle d'un peuple. Ainsi au fil du temps, une identité culturelle
se forge, s'affirme et s'entretient. Dans ce registre, à l'exception des
danses qu'effectuent des associations d'hommes et de femmes à
coloration familiale. On peut distinguer entre autres les danses culturelles
telles que la 'Fish dance', `Oroko Women'... et qui n'obéissent à
aucune périodicité particulière sinon au rythme des grands
événements, la région ne se distingue pas
particulièrement par sa culture.
(1)
(2)
Cliché : LBG,
Août 2003.
Photo 2.4. : Séances de danse
d'associations culturelles à Limbé : (1) Efololo dance et
(2) Fish dance.
Cependant, ce peuple de l'eau s'identifie à l'ensemble
des peuples Sawa dont la fête annuelle et l'ascension du Mont Cameroun
donnent l'occasion d'une importante animation diversifiée et surtout
à un événement culturel irremplaçable : La
Canoe Race. C'est un moment prisé par l'ensemble du peuple comme en
témoignent les attroupements sur les rives de l'Océan pour donner
de la voix en vue de mener à la victoire la pirogue de leur ressort, le
tout dans une ambiance carnavalesque.
Il existe également la fabuleuse légende de ces
peuples de la montagne appelée `le mythe d'Efasah-Moto' le dieu du Mont
Cameroun dont une partie est corps et l'autre pierre ou animale selon la
version. C`est lui qui prend soin de tous ceux qui vont sur la montagne en
pourvoyant à leurs besoins en eau , en nourriture et en gîte. La
seule condition à laquelle le visiteur est astreint est qu'il doit
récolter ce qui lui est nécessaire pour son bien-être
là-haut et rien de plus. Rien ne doit en redescendre.
Aussi, même si l'organisation d'événements
à caractère culturel fait cruellement défaut, il reste que
la Course de l'espoir donne déjà une bonne occasion de
déploiement d'une grande foire culturelle fortement colorée. La
Course de l'espoir est une activité sportive qui consiste pour 500
athlètes au mois de février de chaque année, de se lancer
à l'assaut du « Char des Dieux », le Mont Cameroun et ses
4.095 mètres. « C'est l'une des courses les plus difficiles au
monde » et les athlètes viennent de plusieurs pays du monde
dont la Belgique, l'Allemagne, le Rwanda, le Gabon, l'Italie et la France. Il
s'agit concrètement de courir « 6 km de faux plat sur une
route bitumée puis l'ascension sur 12 km avec un dénivelé
de 3000 mètres et retour par le même trajet en
descente » le tout agrémenté par un bouillon culturel.
L'effervescence est à son comble avec notamment « l'animation
... sur le podium où défilent des groupes de danses
traditionnelles, des artistes et des humoristes » au stade de
Molyko (www.cameroun-voyage.com).
En dehors de ce cocktail culturel servi pendant cet
événement sportif, toutes les activités culturelles
lorsqu'elles existent sont mineures voire marginales dans la région du
Mont Cameroun.
2.1.3. Les attractions
architecturales
Ce sont des édifices construits par l'homme et qui
véhiculent un message. Ceux-ci peuvent symboliser une période de
l'histoire ou plus simplement marquer un moment de la vie d'un peuple.
L'histoire du peuplement du Cameroun révèle
que les premiers habitants de cette partie du pays sont originaires du Congo.
Mais leur occupation de l'espace est très peu durable et aujourd'hui, il
est difficile de retrouver quelques signes de leur habitat, de leurs ouvrages,
à l'exception du Paramount Chief Palace d'ENDELEY.
Par contre, les premiers missionnaires arrivés au
Cameroun en 1845 se sont établis sur la côte, élevant des
bâtisses en briques de terre qui leur servaient de logements, de bureaux
et de champs missionnaires. Plus tard, ils étendront leurs structures
à la construction d'une chapelle, d'une école à Bimbia. De
nos jours, il existe encore les ruines de ces anciennes installations et
à quelques lieues un camp rénové construit en
matériau préfabriqué comportant des logements modernes,
une chapelle, une salle de réunion et une école primaire à
cycle complet à base de ciment : C'est le Camp SAKER. Il est
administré par l'église baptiste dont les bureaux sont
localisés à Limbé.
Bien plus tard, les Allemands explorateurs au départ
et colonisateurs par la suite vont eux aussi faire leur entrée au
Cameroun en 1884. Initialement installés à Douala, ils vont lui
préférer Buéa qui dévient la capitale de leur
domination. Ceci a pour effet de la doter d'abondants atours du pouvoir :
Le palais du Gouverneur et ses services centraux. Ce sont de constructions
adaptées à la sismicité de la région. Aujourd'hui,
la plupart des représentations provinciales occupent ces édifices
et le Palais du Gouverneur allemand de 72 chambres est la résidence
présidentielle du Sud-Ouest.
Sous la période anglaise, rien de notable n'a
été relevé. Mais après les indépendances,
les initiatives de développement ont permis la création de la
CDC, de la SONARA qui raffine depuis 1981 à la pointe du Cap Limboh
près de Limbé dont les bureaux sont des curiosités pouvant
servir à satisfaire le plaisir visuel du touriste.
2.2. UNE INFRASTRUCTURE
TOURISTIQUE INSUFFISANTE
Par infrastructure touristique, nous entendons tout ce qui
dans la localité d'accueil contribue au bien-être du visiteur
c'est-à-dire ce qui facilite le divertissement, l'émotion et
l'éducation qui sont les trois missions du tourisme ( Le Courrier, 99).
Dans ce sens, nous présenterons tour à tour les transports, la
communication l'hébergement et la restauration, et les points de
loisirs.
2.2.1. Transport
On peut le définir comme le fait de déplacer ou
de faire parvenir par un procédé particulier les hommes et les
biens d'un point de l'espace à un autre.
Le moyen de transport le plus utilisé est la voiture
dans le cadre soit du transport en commun soit dans celui des véhicules
personnels. Il est de loin le plus intéressant en ce sens qu'il garantit
mobilité et autonomie à son utilisateur surtout quand il s'agit
d'un véhicule à usage personnel. Dans le cas où le
transport en commun est l'option du visiteur, ces garanties sont
relativisées. Mais dans les deux cas, la route est la voie de
communication la plus utilisée. Elle permet de relier d'une part les
villes tête de pont (Douala et Yaoundé) et autres villes du Fako
grâce à la route nationale bitumée à double sens
(Transport inter-urbain) et d'autre part les hôtels et les sites
touristiques à partir de leurs parkings plus ou moins réduits
(Transport intra-urbain).
Dans la plupart des cas, les touristes utilisent leur voiture
personnelle ou encore s'adresse aux agences de location de voitures pour jouir
d'une plus grande liberté dans leurs diverses courses sur une route dont
le mauvais état de praticabilité est quasiment consensuelle.
Il existe une autre voie de communication mais moins
conviviale : l'eau. Tiko, Limbé et Limboh disposent chacun d'un
port maritime équipés seulement d'un wharf - et en projet bien
avancé le Limbé Natural Deep Sea Port - où les
embarcations de petite taille peuvent accoster en provenance de toute la
côte africaine. Le port de la pointe de Limboh permet d'approvisionner la
SONORA. Le transport des personnes n'est pas leur vocation, seuls les
aventuriers et les voyageurs en quête de sensation forte peuvent s'y
hasarder. Ceux-ci peuvent aussi accéder au Cameroun par d'autres `ports'
tels Idenau, Ekondo Titi...qui sont l'objet d'une surveillance moins harassante
et se rendre ensuite par la route à Buéa et Limbé. C'est
dire que le visiteur en quête d'évasion et d'émotions
fortes sous quelques conditions peut utiliser ce moyen de transport.
Quoique totalement inutilisé, Limbé dispose d'un
aérodrome qui n'est pas mis en valeur. Pour le rendre
opérationnel, des investissements doivent être mis à
contribution. Mais étant donné, la relative rapidité de la
route à rejoindre ces villes, le coût du transport aérien
et souvent le temps de parcours entre deux destinations, on peut penser que la
mise en état de fonctionnement n'est pas pour très
bientôt.
En définitive, même si la route reste le moyen le
plus conseillé, il faut néanmoins reconnaître que pour
qu'il le soit davantage, quelque chose doit être fait pour que les
récriminations des automobilistes soient satisfaites ou du moins
réduites.
2.2.2. Communication
Elle peut se définir comme le fait d'entrer en contact
avec un ou plusieurs individus à travers un échange
d'informations. Cette relation est dynamique.
Le fait que le touriste soit en général en
dehors de son cadre habituel de vie, l'incline plus ou moins à
s'informer sur les hommes, les choses du milieu d'accueil, la vie en même
temps qu'à rester en contact avec les nouvelles du lieu dont il est
originaire. C'est ici que la communication revêt toute son importance
dans les activités relatives à l'accueil et
l'épanouissement du visiteur.
Pour ce faire, plusieurs recours sont envisageables. Il s'agit
notamment des plus anciens aux plus récents moyens de communication, de
la langue parlée, de la presse écrite, la radio, la
télévision, le téléphone, le télex, le fax
qui sont du reste disponibles à Buéa et Limbé.
La langue de communication la plus répandue dans le
Fako c'est le pidgin qui est un anglais quelque peu dégradé et
n'obéissant pas toujours aux normes de la langue anglaise. La
quasi-totalité de la population du Fako s'exprime allègrement et
aisément dans cette langue. A côté d'elle, l'anglais ou le
`grammar' vient en seconde position. Ceux qui le pratiquent se recrutent
généralement dans la haute société ou simplement
dans les rangs de ceux qui jouissent d'un certain confort intellectuel. Mais
comme partout ailleurs au Cameroun, la pratique des langues coloniales par les
nationaux est différente de part l'intonation et l'articulation. C'est
ainsi que l'accent de l'anglais des populations locales reste fortement
différent de celui de l'anglais international et pose parfois quelque
menu problème de communication avec les visiteurs de langue anglaise.
Quant au français, il n'est vecteur de communication que de façon
marginale dans cette région. Néanmoins bien de personnes sont
francophiles voire francophones. C'est qu'elles sont disposées à
aider à communiquer en se servant du français avec tout
interlocuteur désireux d'échanger en français. Bien que
le personnel hôtelier ne tire pas toujours son épingle du jeu, le
français peut être considéré comme une langue de
communication de seconde intention dans ces villes.
En ce qui concerne la presse écrite, les journaux
à caractère local pour la plupart paraissent en anglais.
Cependant, il existe aussi des titres en français. De manière
générale, les informations peuvent être trouvées
dans les deux langues officielles que sont le français et l'anglais dans
la presse nationale.
Pour ce qui est de la radio, le principe du partage
inégal est respecté. La majorité des tranches sont
produites en anglais et en Pidgin et la proportion réservée au
français est faible. Ainsi, le principe est en vigueur dans toutes les
radios dont la base se trouve dans le Sud-Ouest. Il y a également sur
toutes les fréquences - SW, MW, LW et surtout en FM - de nombreuses
radios internationales (AFRICA NO 1, RFI, BBC...), nationales (Poste
national, Radio nationale...), régionales et locales (Ocean City Radio
à Limbé, FM 105, MOUNT CAMEROON FM, EQUINOXE...) d'innombrables
signalements radio sont reçus dans la région. Ces radios sont
reçues sans brouille aussi bien à Buéa qu'à
Limbé à partir des postes récepteurs.
L'audiovisuel n'est pas des restes. En effet, le signal
satellite Tv offre un bouquet de chaînes composé de la CANAL
SATELLITE TV à Limbé, CRTV, CANAL 2, TVMAX qui sont des
chaînes camerounaises et bien d'autres chaînes internationales en
l'occurrence RTL9, CANAL HORIZONS, CFITV.... Pour y avoir accès, il
suffit de disposer soit d'une antenne parabolique, soit souscrire un abonnement
auprès d'un cablo-distributeur. Tous les hôtels classés en
disposent à la réception ou au salon d'honneur et dans quelques
chambres de haut standing.
Le téléphone national et international :
Autrefois seul le téléphone fixe était fonctionnel. Avant
son balancement au numérique l'an dernier, la qualité des
communications était déplorable et manquait de
convivialité lorsqu'on réussissait à obtenir son
correspondant au bout du fil. C'est dire que la communication était
quasiment impossible avec l'extérieur aussi bien à partir qu'en
direction du Sud Ouest. Aujourd'hui, la situation a beaucoup
évolué. Non seulement le fixe marche bien, mais aussi deux
opérateurs téléphoniques (MTN & ORANGE) ont fait leur
entrée sur le marché des télécommunications
à la faveur de la libéralisation du secteur. Tout ceci permet
désormais d'être joignable dans la grande partie de ces villes.
Quelques zones non couvertes sont néanmoins existantes. C'est le cas
d'une certaine partie du Mont Cameroun à une certaine altitude, des
zones très basses ou en dehors du rayon de couverture de l'antenne de
l'opérateur...
Les cabines téléphoniques fixes et mobiles sont
présentes dans ces villes et donc dans les hôtels. Ceci permet aux
visiteurs d'avoir accès à la minute de communication contre 300
FCFA. Aussi, certaines chambres d'hôtels disposent de postes
téléphoniques et le visiteur qui a un téléphone
mobile peut n'avoir aucun souci de communication à condition de disposer
d'unités suffisantes.
Le fax et le télex ont pratiquement connu le
même cheminement que le téléphone et offrent aujourd'hui
à leurs utilisateurs des services en constante amélioration.
L'Internet, dernier né des NTIC est bien une
réalité dans le Fako. A Buéa , cet outil est très
répandu et de coût abordable. On le trouve facilement à
Molyko dans les cybercafés au prix de 500 Fcfa / h de navigation.
L'heure par contre revient à 1100 Fcfa à Limbé et le
niveau d'extension est très moyen comparé à la ville de
Buéa.
2.2.3. Hôtellerie et
restauration
2.2.3.1. Hôtellerie
Depuis 1999, le paysage juridique en matière de
tourisme s'est enrichi d'un décret évacuant le grand vide qui
favorisait un certain `laissez-aller' dans le secteur. Ainsi, définition
et caractérisation des différentes constituantes de cette
activité ont été précisées. C'est notamment
le cas en matière d'hébergement dont le décret N0
99/443/PM du 25 Mars 99 fixant les modalités d'application de la loi No
98/ 006 du 14 Avril 98 relative à l'activité touristique dispose
en alinéa 2, Article 61, section 1 des établissements
d'hébergement classés, chapitre 1 des établissements de
tourisme classés, titre 3 de ce
texte : « l'hôtel de tourisme est un
établissement commercial d'hébergement classé qui offre
des chambres ou des appartements meublés en location soit à une
clientèle de passage, soit à une clientèle qui effectue un
séjour caractérisé par une location à la semaine ou
au mois, mais qui n'y élit pas domicile. Il est exploité toute
l'année en permanence ou seulement pendant une ou plusieurs
saisons ». Les termes de ce décret reconnaissent seulement
à certains établissements d'hébergement la qualité
d'hôtel. Ainsi en sont exclus les auberges, les hôtels non
classés ... Quoique les visiteurs s'y rendent et y séjournent,
ces espaces d'hébergement ne sont pris en considération ni dans
les opérations de décompte des hôtels, ni dans celles des
touristes.
C'est ainsi que Buéa compte six hôtels de ce
genre disséminés sur son territoire. Seules leurs informations
statistiques fournies par ces établissements hôteliers
classés et reconnus comme tels sont prises en compte.
Tableau 2. 1: Hôtels de
Buéa.
|
Hôtels
|
Existence
|
1.
|
Parliamentarian Flats Hotel
|
Avant 2000*
|
2.
|
Mountain Hotel
|
Avant 2000
|
3.
|
Fraîcheur Hotel
|
Avant 2000
|
4.
|
Miss Bright.
|
Avant 2000
|
5.
|
Paramount Hotel
|
Après 2000
|
6.
|
Mermoz
|
Après 2000
|
Source : DPTSW. * Année de plus
forte croissance de la fréquentation.
La prise en compte des hôtels obéit pratiquement
aux mêmes exigences à Buéa que dans la cité
balnéaire de Limbé. On y dénombre en effet, une bonne
douzaine d'hôtels pour la plupart concentrés dans un petit
périmètre et en compétition pour avoir une vue sur
l'Océan Atlantique.
Tableau 2. 2.: Hôtels de
Limbé.
|
Hôtels
|
Existence
|
1.
|
Holiday Inn Resort
|
Avant 2000*
|
2.
|
Atlantic Beach Hotel
|
Avant 2000
|
3.
|
Bay Hotel
|
Avant 2000
|
4.
|
Miramaré
|
Avant 2000
|
5.
|
Etisah
|
Avant 2000
|
6.
|
Victoria
|
Avant 2000
|
7.
|
Seme New Beach Hotel
|
Avant 2000
|
8.
|
Animal Farm
|
Avant 2000
|
9.
|
Baron
|
Avant 2000
|
10.
|
King William's Square
|
Avant 2000
|
11.
|
First
|
Après 2000
|
12.
|
Paradise Hotel
|
Après 2000
|
Source : DPTSW.
* Année de plus forte croissance de la fréquentation.
2.2.3.2. Restauration
Elle se définit comme l'ensemble des prestations
offertes et concourant à la satisfaction du visiteur sur le plan
alimentaire. Celles-ci sont composées de la nourriture, la boisson ainsi
que tous les autres pools de nutrition.
Certains hôtels sinon tous les établissements
hôteliers classés offrent à la clientèle, un service
de restauration beaucoup plus classique et moderne pendant qu'il existe des
`cafés restos', des bars-restaurants, des restaurants traditionnels et
modernes, des braises à ciel ouvert.
2.2.4. Points de loisirs
La culture des jeux et des divertissements n'est pas
particulièrement installée dans les habitudes des populations
locales du Fako. Ceci a pour conséquence que les casinos et tous les
autres espaces de jeu restent rigoureusement absents de l'espace du Mont
Cameroun. Aussi bien à Buéa qu'à Limbé, la
situation est pratiquement la même. En dehors de quelques infrastructures
sportives comme on en rencontre ailleurs, rien d'autre de notable ne peut
être signaler. L'industrie des jeux et divertissement tarde à y
faire son entrée, ceci au grand malheur des touristes enclins au jeu
2.3. LES ACTEURS DU TOURISME
Il s'agit de tous les participants à la chaîne
qui fait et défait le tourisme au quotidien. Ce sont en effet ceux qui
travaillent à en améliorer les performances. Ils sont tant des
acteurs professionnels qu'institutionnels. On peut donc répertorier le
MINTOUR et le MINEF comme acteurs institutionnels, les professionnels qui sont
les éléments de l'industrie touristique (les hôteliers, les
ONG du secteur touristique, les agences de voyages,... bref des marchands de
tourisme), les consommateurs du tourisme et les populations locales (Le
Courrier, 1999).
2.3.1. Etat
Très globalement, il définit la politique
touristique et assure les infrastructures nécessaires à leur
développement.
2.3.1.1. MINTOUR
Le Ministère du Tourisme a pour mission
d'élaborer la politique sectorielle en matière de tourisme, de
promouvoir l'activité touristique et d'en coordonner les actions.
Cliché : NGUEPJOUO,
Août
2003
Photo 2.5. : La délégation
provinciale du tourisme (Sud-Ouest).
2.3.1.2. MINEF
Quant au Ministère de l'Environnement et des Forets, il
intervient dans le tourisme davantage comme un partenaire que comme un
concurrent du MINTOUR. En effet, le fait qu'il ait à charge la politique
et la gestion de l'environnement et des forêts du Cameroun le met sur la
scène du tourisme en général et en particulier sur celle
de l'écotourisme étant entendu que les sites font
généralement partis des aires protégés ou plus
largement de l'environnement.
2.3.2. Industrie touristique
Elle investit, achète et vend en même temps
qu'elle est soumise aux lois du marché.
2.3.3. Touristes
Ce sont des consommateurs de produits touristiques de la
région du Mont Cameroun. Ils proviennent de plusieurs pays et de tous
les continents de la planète. Mais le regroupement statistique les
classe en 3 catégories : Les étrangers non résidents
(ENR) qui apportent plus de rentrées financières, les
étrangers résidents (ER) qui est la catégorie
intermédiaire et les nationaux (CAM) qui sont les plus nombreux mais
contribuent faiblement au développement de ladite activité.
Tableau 2.3. : Répartition des touristes
en catégories.
Buéa
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
ENR
|
448
|
609
|
506
|
632
|
660
|
ER
|
146
|
190
|
146
|
433
|
283
|
CAM
|
1796
|
1941
|
1418
|
6970
|
4313
|
TG1
|
2390
|
2740
|
2070
|
8035
|
5256
|
Limbé
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
ENR
|
429
|
2640
|
2088
|
2407
|
3844
|
ER
|
1342
|
916
|
1080
|
1749
|
2300
|
CAM
|
3717
|
5608
|
5576
|
13008
|
10941
|
TG2
|
5488
|
9164
|
8744
|
17164
|
17085
|
Source : DPTSW
2.3.4. Populations locales
Elles sont à la fois exécutants et produits du
tourisme.
En tant qu'exécutants, elles interviennent dans le
tourisme en en exerçant les sous-métiers dans les hôtels
(aide-cuisiniers, hôtesses..., sur les sites touristiques (guides), et
dans le domaine du transport...
Par ailleurs dans certains cas, ces populations hôtes
sont des produits à consommer, des attractions elles-mêmes. A ce
moment, leur artisanat, leurs rites, leurs costumes et leurs coutumes
constituent le point d'ancrage de l'intérêt des visiteurs. Ils
vont vers elles pour les découvrir, les admirer, les détruire,
les comprendre...
Comme il apparaît, cette double vocation des populations
d'accueil les oblige souvent à devenir le siège de comportements
doubles voire artificiels, parce que dans un cas elles participent comme
actrices du tourisme et dans l'autre, elles jouent simplement le personnage que
la fonction leur impose.
Eu égard à la présentation des attraits
touristiques, des infrastructures et des acteurs, on s'attend à voir les
scores réalisés par ces localités sur le plan
fréquentatif. Qu'en est-il exactement ?
2.4. LA FRÉQUENTATION
TOURISTIQUE
C'est l'ensemble des séjours des touristes dans les
hôtels conventionnels, donc classés des villes de Buéa et
de Limbé depuis l'introduction sérieuse de la statistique en
1996. La série va de 1997 à 2001.
Buéa
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Nombre Hôtels
|
2
|
2
|
2
|
6
|
5
|
ENR
|
448
|
609
|
506
|
632
|
660
|
ER
|
146
|
190
|
146
|
433
|
283
|
CAM
|
1796
|
1941
|
1418
|
6970
|
4313
|
TG1
|
2390
|
2740
|
2070
|
8035
|
5256
|
Moyenne Buéa
|
797
|
913
|
690
|
2678
|
1752
|
|
|
|
|
|
|
Limbé
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Nombre Hôtels
|
6
|
8
|
7
|
12
|
12
|
ENR
|
429
|
2640
|
2088
|
2407
|
3844
|
ER
|
1342
|
916
|
1080
|
1749
|
2300
|
CAM
|
3717
|
5608
|
5576
|
13008
|
10941
|
TG2
|
5488
|
9164
|
8744
|
17164
|
17085
|
Moyenne Limbé
|
1829
|
3055
|
2915
|
5721
|
5695
|
Tableau 2.4. : Répartition des
fréquentations touristiques de 1997 à 2001.
Source : Statistiques de la DPTSW
A l'observation des chiffres, la part belle revient non pas
aux touristes étrangers comme le souhaitent les responsables du MINTOUR,
mais aux visiteurs nationaux aussi bien à Buéa qu'à
Limbé.
On observe au cours des cinq dernières années
(1997 - 2001), une évolution de la fréquentation en dents de scie
même si celle-ci garde néanmoins une tendance à la hausse.
Le cumul des arrivées hôtelières annuelles (TG)
présente une moins grande consistance à Buéa qu'à
Limbé. Cela est davantage visible lorsque l'on considère les
totaux globaux sur les 5 ans dans les deux villes.
Dans la région en général, on
connaît l'effectif le plus faible en 1999, tandis que le plus important
se retrouve en un an plus tard (2000). La curiosité que
l'éruption du Mont Cameroun représentait pour les touristes
pourrait être considérée telle un facteur d'attrait
majeur. Dans l'ensemble également, c'est à cette
période que la politique du MINTOUR insiste sur la
nécessité de disposer d'un appareil statistique plus ou moins
fiable. Ceci se traduit sur le terrain par des actions particulièrement
énergiques à l'encontre des hôteliers indélicats qui
ne transmettraient pas à la DPTSW les fiches statistiques de leurs
arrivées hôtelières pour les y contraindre. A ce moment, la
plongée de 2001 serait la traduction de la conjonction d'un relatif
relâchement dans ladite opération et de l'actualité moins
récente de l'éruption du Mont Fako.
A Buéa, cette période se calque sur le profil
d'ensemble au courant de la même période. Ainsi, on a le total
global (TG) plancher en 1999 et le total global plafond en 2000.
Quelle que soit l'année cependant, la
répartition des effectifs de visiteurs consacre une part importante aux
Camerounais (CAM) soit une moyenne de 80% sur les 5ans, pendant que les
étrangers non résidents (ENR) constituent un effectif des
visiteurs de cette ville montagnarde avec une moyenne de 14%. La classe la plus
faible est celle des étrangers résidents (ER) dont la moyenne est
seulement de 6%.
Limbé enregistre un cumul de fréquentation
appréciable avec un pic en 2000 avant de connaître un léger
fléchissement en 2001. C'est le visage d'ensemble dans la région
du Mont Cameroun.
A l'intérieur de cet ensemble, la situation est
semblable qu'à Buéa les cartes sont pareillement
distribuées. Ainsi, les Camerounais visitant Limbé viennent en
tête en terme de proportion avec 67% des effectifs, suivis des
étrangers provenant de l'extérieur (20%) et enfin des
étrangers vivant au Cameroun (13%).
Aussi bien à Buéa qu'à Limbé, la
configuration de la population des touristes est la même : Plus de
65% des visiteurs sont de nationalité camerounaise, et 20%
expatriés dont 14% vivant de l'étranger et 6% résidant au
Cameroun pour des raisons diverses. La tendance d'une année à
l'autre entre 1997 et 2001 est quasiment plate. Après un départ
prometteur qui se confirme d'ailleurs l'année suivante, la courbe de
fréquentation plonge ensuite avant de se propulser à son maximum
en 2000 et connaître une nouvelle perte de vitesse en 2001.
Cette apparente croissance de la fréquentation
pourrait n'être que poudre au yeux et par conséquent la
fréquentation pourrait avoir baissé durant cette période
(1997-2001). Cela pourrait se percevoir en procédant au calcul des
ratios Nombre de touristes/nombre d'hôtels.
Tableau 2.5. : Répartition des ratios.
Source : Statistiques de la DPTSW.
Cependant, si on considère ces données en les
mettant en parallèle avec le nombre d'hôtels dans chacune de ces
villes, quelques nuances intéressantes apparaissent. On peut se rendre
compte par exemple que les ratios ne sont pas toujours à l'avantage de
la ville de Limbé. Dans certains cas, Buéa passe avant
Limbé, pourtant les statistiques brutes présentent toujours
Limbé comme étant très visitée. C'est le cas durant
les 2 premières années où Buéa
bénéficie de sa proximité de la DPTSW pour être pris
en compte dans les statistiques. Ceci devrait traduire en fait une autre
réalité, savoir que les données statistiques ne sont pas
toujours le reflet de la réalité et lorsque c'est le cas, le taux
de remplissage des hôtels est le plus élevé dans la ville
où la moyenne annuelle est la plus forte.
On s'aperçoit que les hôtels augmentent aussi
bien que les touristes. Les ratios du nombre de touristes et du nombre
d'hôtels montrent une augmentation de l'ordre de 33,5% du nombre de
visiteurs quoique ceci se présente comme un paradoxe dans la mesure
où le taux de fréquentation des hôtels se situe seulement
autour de 15%.
La réorganisation du MINTOUR accorde une place de choix
à la statistique touristique (Tietcheu, 2000). C'est pourquoi la DPTSW
commence timidement l'opération en 1996 et elle s'intensifie
progressivement. Des 17 hôtels en 2001, 12 au moins sont
déjà fonctionnels bien avant 1996, quoique n'étant pas
pris en compte pour diverses raisons. Ils vont ainsi être
intégrés à mesure que la décision se fera
rigoureuse en donnant l'illusion d'une augmentation progressive des
arrivées hôtelières alors que dans le même temps, les
hôteliers se plaignent du faible taux de remplissage de leurs
établissements situés autour de 15%.
Quoiqu'il en soit, le problème de la statistique se
pose encore aujourd'hui. Les deux principaux visages en sont les lacunes et le
caractère toujours partiel de ces chiffres.
Ils sont lacunaires en ce sens que les fiches statistiques de
la DPTSW présentent de nombreux trous d'un mois à un autre et
parfois d'une année à l'autre.
En outre, ces statistiques sont également parcellaires
parce que l'hôtel reste le seul instrument de mesure des arrivées
touristiques. Seuls leurs statistiques sont rassemblées et qui plus est,
celles-ci sont envoyées à la DPTSW avec toutes les coupures -
aisément imaginables - que les hôteliers peuvent y opérer
pour éviter les affres des contrôleurs du fisc. Les
frontières très poreuses du Fako laissent passer des personnes
qui ont souvent le statut de touristes. De plus, avec l'entrée de plus
en plus marquée du secteur privé dans la gestion et la promotion
des attractions touristiques à des fins commerciales - comme c'est le
cas du MCEO et dans une certaine mesure du Limbé Botanic Garden -, de
nombreux touristes ne sont pas pris en compte dans les statistiques
officielles.
De ces constats, il résulte que les chiffres
utilisés sont les minima et pourraient même trahir la
réalité dans certains cas. Il importe donc que les efforts soient
concentrés sur cette question de la statistique touristique dans la
région du Mont Cameroun en particulier et dans le pays en
général.
En fin de compte, nous pouvons retenir que :
· la région présente des atouts naturels,
anthropologiques et architecturaux : La nature pétille
d'éléments floristiques, fauniques et paysagistiques qui peuvent
être valorisés. L'histoire de la région bien avant
l'occupation humaine jusqu'à la colonisation est d'une richesse
insoupçonnée. Les vestiges de l'occupation allemande et anglaise
ne sont pas attrayants surtout dans un contexte marqué par le retour aux
sources, la quête de ses origines et la constitution des histoires
familiales dont un des membres a peut-être trouvé la mort et a
été enseveli au Cameroun.
· les infrastructures nombreuses peuvent servir à
renforcer d'une part, la gestion par les autorités et les autres
intervenants dans le secteur et d'autre part, contribuer au bien du touriste et
des populations locales. Bien que la fréquentation soit encore faible
voire en baisse, les sites touristiques du Fako drainent des visiteurs qui en
consomment les produits. Toutefois, il est nécessaire d'évaluer
ce potentiel et éventuellement relever quelques-unes des contraintes qui
s'exercent sur ce tourisme à partir du point de vue des touristes
eux-mêmes.
CHAPITRE III : LES FACTEURS
D'ATTRACTIVITÉ TOURISTIQUE DU MONT CAMEROUN
Nous avons dressé un état des lieux de
l'activité touristique dans la région du Mont Cameroun en passant
en revue les attraits du tourisme de diverse nature, les infrastructures de
toute sorte, les acteurs du tourisme et les scores de fréquentation
enregistrés entre 1997 et 2001 par le tourisme dans le Fako. Il en est
ressorti par exemple que l'offre est diversifiée du moins du point de
vue des attractions touristiques avec une exubérance à peine
voilée des attractions spécifiquement naturelles. Au milieu de
cette offre, on peut se demander ce qui exerce de la fascination sur le
visiteur des villes de Buéa et Limbé. En d'autres termes, quels
sont les atouts majeurs que présentent ces villes dans le secteur du
tourisme ?
Notre réflexion se poursuit à présent
avec la recherche des facteurs d'attractivité de ce morçeau du
Fako. Il est question de trouver le type d'offre touristique qui pousse les
gens à visiter cette partie du Cameroun.
Pour ce faire, nous avons émis des hypothèses
qui suivent :
· Les éléments de la nature seraient les
plus convoités par les visiteurs du Fako.
· Les attractions architecturales et culturelles
seraient mal connues et partant peu visitées.
Pour les vérifier, nous procéderons de la
manière suivante :
· Collecte des données secondaires auprès
d'une ONG qui promeut les activités touristiques sur la montagne.
· Enquête socio-économique auprès
des touristes dans la région du Mont Cameroun.
3.1. LA NATURE : FACTEUR PRINCIPAL D'ATTRACTIVITÉ
DES VISITEURS DU FAKO
3.1.1. Le Mount
Cameroon Ecotourism Organization (MCEO)
Pendant notre séjour sur le terrain, nous avons fait la
découverte d'une ONG faisant dans l'écotourisme sur le Mont
Cameroun et précisément dans la ville de Buéa : le
MCEO. Elle s'est rattachée au Mount Cameroon Project (MCP) dont l'aire
d'action est plus grande et les activités diversifiées.
L'action de cette organisation repose essentiellement sur la
promotion de l'écotourisme qui est selon Ecotourism Society
« le voyage effectué dans les milieux naturels pour comprendre
l'histoire culturelle et naturelle de l'environnement en prenant soin de ne pas
entamer l'intégrité de l'écosystème tout en
produisant des opportunités économiques qui rendent la
conservation des ressources naturelles financièrement
bénéfiques aux populations locales ». Ses
activités se font sur le Mont Cameroun et consistent en l'utilisation
mesurée des ressources de l'environnement à des fins touristiques
en vue de contribuer de façon décisive au développement
des peuples dont les territoires épousent partiellement ou totalement
les contours de la zone d'intervention du MCEO. Ainsi, la contribution de cet
organisme au développement de ces villages est soustraite du Stake
Holder's Fund (SHF) ou Fonds du dépositaire des enjeux de 3 000 FCFA
/touriste qui est reparti de la manière suivante : MCEO : 60%,
Village Development Fund : 32%, Commune : 5%, Gouvernement : 3%
d'une part et d'autre part du versement d'une rémunération aux
écoguides et porteurs qui leur sont envoyés par les chefs de
villages de la montagne.
Cliché : D. NGUEPJOUO.
Buéa,
Août 2003.
Photo 3.1. : Le siège du MCEO à
Buéa à plus 1200 m d'altitude.
Plus concrètement, le MCEO a pour objectifs de
préserver la biodiversité du Mont Cameroun et d'améliorer
le quotidien des populations locales à partir des rentrées
financières provenant du touriste. Lorsque celui-ci arrive le matin
avant 7h, la journée de randonnées commence aussitôt
après quelques formalités d'usage qui donnent droit au tour et
qui sont résumés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 3.1. : Prix pratiqués par le MCEO
Ecoguide
|
6 000 FCFA/Jour
|
· Liste - guide des objets à emporter à la
montagne.
· Fiches de renseignement, d'évaluation et des
règles de sécurité.
|
Porteur
|
4 000 FCFA/Jour
|
Contribution au Stakeholder Fund (SHF)
|
3 000 FCFA/Jour
|
Soirée culturelle
|
10 000 FCFA/1-5 personnes
|
1 Repas dans le village
|
1 500 FCFA
|
Source : MCEO, Juillet 2003.
C'est dans cette organisation opérationnelle depuis
1999 que nous avons pu collecter les données de fréquentation de
Juin 1999 à Juin 2003 ainsi que les goûts des touristes.
3.1.1.1. Les données de
fréquentation
Le MCEO a enregistré depuis 1999 un total de 1 550
écotouristes en route pour le Mont Cameroun.
Tableau 3.2. : Visiteurs envoyés par le
MCEO à la montagne
Saison touristique
|
1999-2000
|
2000-2001
|
2001-2002
|
2002-2003
|
Total
|
Nombre de visiteurs
|
205
|
338
|
322
|
685
|
1 550
|
Source : MCEO, Juillet 2003.
Au cours de la 1ère saison d'activité
touristique (1999-2000), 205 visiteurs ont inauguré les
randonnées sur la montagne pour une rentrée financière de
3 628 000 Fcfa. L'année suivante, l'activité a connu une
augmentation de 39,4%, soit 133 nouveaux touristes sur un total de 338 et pour
une somme de 5 573 500 Fcfa. Pendant la 3ème saison, un
léger fléchissement de la fréquentation a
été enregistré. Ceci s'explique par le nuage qui a
enveloppé et caractérisé les rapports de cette ONG avec la
tutelle au cours de cette période. On est passé de 338 à
322 visiteurs, soit 4,7% de baisse. Mais après le retour à la
normale de ses rapports, une augmentation significative a été
observée pendant la toute dernière saison. 53%, soit 363 en plus
des 322 de la saison précédente pour une somme de 11 820 175
Fcfa.
La tendance générale à l'augmentation est
tout à fait évidente. En effet en 4 ans, on y a enregistré
une augmentation de l'ordre de 234.1% passant de 205 à 685 touristes.
Cette croissance est de 112.7% entre 2002 et 2003. Cela exprime en filigrane un
accroissement consécutif de l'intérêt des visiteurs pour ce
type de produits tant il est vrai que le MCEO propose les produits d'origine
naturelle.
3.1.1.2. Les goûts des clients du
MCEO
Le MCEO présente une gamme d'activités
variées auxquelles le visiteur peut se livrer sur la montagne. Celles-ci
vont des vues panoramiques et pittoresques des éléments du relief
et de la faune aux soirées culturelles que proposent les populations
hôtes en passant par les activités physiques liées à
la randonnée. Il s'agit parmi les plus importantes de la vue des pentes,
des collines, des prairies, des coulées de laves, des cratères et
des cendres volcaniques ; de profiter de l'amitié des guides et
porteurs ; de goûter à la joie de l'Ascension et de la
descente ; de déguster les fraises de bois. Pour ce qui est de la
faune, les écotouristes peuvent apercevoir des écureuils, des
oiseaux, des papillons, des serpents, des antilopes, des singes, des
chauves-souris, des caméléons et des mille-pattes.
Pendant la saison touristique 2001-2002 qui est allée
du 8 septembre au 22 juillet, 322 touristes provenant de la France, des
Etats-Unis, d'Allemagne, de la Belgique, de la Suisse, de la Hollande, du
Royaume-Uni, de la Pologne, du Danemark, du Canada, de la
Tchécoslovaquie et du Cameroun ont été enregistrés
dans les bureaux du MCEO. Ils ont été accompagnés par 112
écoguides et 249 porteurs pour un total de 757 séjours en
montagne.
Il est de coutume dans cette structure de remettre une fiche
d'évaluation à chaque client. Celle-ci permet au MCEO de tenir
compte des goûts et suggestions de ces touristes. Ainsi au cours de la
saison 2001-2002, seulement 72 fiches ont été retournées
dans les bureaux de l'ONG des 322 sorties au départ.
Après traitement de ces données, il ressort que
l'intérêt des écotouristes pour l'Ascension du Mont
Cameroun se repartit des la manière suivante :
Tableau 3.3. : Répartition des goûts
des touristes
Goûts des touristes
|
Nombre de touristes
|
Pourcentage
|
Trekking en montagne, challenge de l'Ascension
|
27
|
34,1%
|
Écologie, environnement, nature,
écosystème
|
11
|
13,9%
|
Volcanisme, cratères, cendres volcaniques,
coulées
|
10
|
12,7%
|
Beautés naturelles, forêt tropicale, plantes
|
10
|
12,7%
|
Vaincre la montée (atteindre le sommet)
|
7
|
8,9%
|
Paysage
|
7
|
8,9%
|
Vues des animaux + éléphants
|
3
|
5,1%
|
Découverte, aventure
|
4
|
3,8%
|
Source : MCEO, juillet 2003
Ces centres d'intérêt sont spécifiques
mais se rapportent tous à la montagne, donc à la nature. Cela
permet d'affirmer que la force de cette ville (Buéa) réside dans
les attraits si diversifiés de la montagne.
Tableau 3.4. : Taux de préférence
des lieux de visite exprimés par les écotouristes.
Sites
|
Touristes
|
Pourcentage
|
Sites
|
Touristes
|
Pourcentage
|
Limbé
|
31
|
36%
|
Nord/Maroua
|
7
|
8,1%
|
Kribi/Campo
|
14
|
16,3%
|
Douala
|
7
|
8,1%
|
Yaoundé
|
9
|
10,5%
|
Parc de Korup
|
6
|
7%
|
Parc de Waza
|
8
|
9,3%
|
Bamenda
|
4
|
4,7%
|
Source : MCEO, juillet, 2003
De plus, ces clients entendent visiter ou ont
déjà fait la visite des sites touristiques naturels ou
assisté à des événements culturels dans de nombreux
sites du pays. A la lecture de ces pourcentages, Limbé à elle
seule représente 36,0% de l'ensemble soit plus du 1/3.
Qui plus est, en regroupant les sites dont la force repose sur
leur offre d'origine naturelle Limbé, Kribi/Campo, Waza, Korup), on se
trouve encore très largement au-delà de 50% soit 68,6%.
En outre, seulement 3 écotouristes soit 4,2% ne sont
pas prêts à revenir arpenter le Mont Cameroun pour des raisons
diverses tandis qu'a priori, 95,8% seraient prêts à renouveler
l'expérience. Mais plus exactement 37 touristes, soit 51,4% sont
désireux de revenir dans les mêmes conditions contre 29, soit
40,3% qui ne le ferait que si certaines conditions sont remplies par
eux-mêmes. Le tour sur la montagne serait très attrayant pour
ceux-ci. La preuve c'est que 100% recommandent le voyage du Mont Cameroun aux
autres visiteurs.
Au regard de ce qui précède, on peut incliner
à penser que les clients de cette organisation sont pour l'essentiel
intéressés par les produits naturels.
3.1.2. Les
enquêtes de terrain
Une enquête a été effectuée de mai
à juillet 2003 dans le département du Fako, province du
Sud-Ouest. Elle visait à fournir des informations
détaillées sur les caractéristiques
socio-économiques, la fréquentation, les motivations, les
conditions de séjour, le respect de l'environnement et les obstacles au
développement du tourisme. Ces informations donnent un éclairage
sur la situation démographique et touristique des visiteurs des villes
de Buéa et de Limbé.
Au cours de cette enquête, 120 personnes dont 6
Américains, 50 Européens, 2 Africains originaires d'ailleurs
c'est-à-dire hors du Cameroun et 62 Camerounais ont été
interrogées. Il s'agissait de 93 hommes et de 27 femmes
présentant des caractéristiques suivantes :
· Les groupes d'âge
C'est une population essentiellement composée
de jeunes dont l'âge est compris entre 15 et 39 ans. Ils
représentent 77,4% et seulement 22,6% sont âgés d'au moins
40 ans.
· La situation matrimoniale
Cette population est majoritairement
célibataire (58,3%), 5% de divorcés, 1,7% de veufs et 2,5% de
personnes vivant en union libre ou homosexuelles contre 32,5% de
mariés
· Le niveau d'instruction
Pour ce qui est du diplôme le plus
élevé, 71 visiteurs soit 59,1% ont un diplôme
universitaire, 24 un baccalauréat, 25 un diplôme au probatoire.
Ceci donne 59,1% de diplômés de l'enseignement supérieur,
24,2% du 2nd cycle de l'enseignement secondaire, 10% du
1er cycle tandis que 1,7% n'a pu obtenir de parchemin.
· La principale activité
exercée
Plus de 50% de la population disposent une occupation
professionnelle soit 5% dans le secteur public, 7,5% dans le para-public et
41,7% dans le privé (ingénieurs, consultants, chercheurs,
enseignants...) contre 45,8% dont 18,3% encore en formation et 27,5% (femmes et
enfants) n'exerçant aucune activité professionnelle.
C'est cette population présentant des traits
socio-économiques très diversifiés qui a répondu
aux questions touchant à la pratique du tourisme.
Lorsque l'on parle d'attraits touristiques dans la ville de
Limbé, cela se rapporte d'abord au Jardin botanique et ensuite aux
plages et au zoo. Leur accessibilité et le fait qu'ils constituent la
vitrine touristique de cette ville peuvent l'expliquer en partie.
Le Jardin Botanique
La végétation de la région du Mont
Cameroun est luxuriante et pratiquement verdoyante toute l'année du fait
du climat très capricieux. Elle a été mise en valeur de
plusieurs manières. Les attractions de la région du Mont
Cameroun sont pour la plupart valorisées par le MCEO situé
à Buéa et par le Jardin Botanique de Limbé.
C'est en 1892 que ce jardin vit le jour et s'étendait
sur 52 hectares. Oeuvre d'une équipe d'horticulteurs allemands sous la
direction du Professeur Paul PREUSS, il avait pour but d'acclimater les plantes
tels que la quinine, le café, l'hévéa, le cacao, le
thé et la banane supportant ainsi l'économie de la nouvelle
colonie allemande, le «Kamerun». Le jardin botanique de Limbé
a aussi servi de centre de formation pour les Camerounais dans les domaines de
l'agriculture, de l'horticulture et de la foresterie. C'est également un
centre international pour la recherche en biodiversité. Aujourd'hui, il
couvre une superficie de 200 hectares et dispose des terrains
d'expérimentation, greenhouses, laboratoire, herbier, d'une
bibliothèque et d'un séchoir expérimental de cacao. Il
passe avant le Mont Cameroun et les plages en terme de préférence
de visite par les touristes. C'est la plus grande attraction touristique dans
le Sud-Ouest. Il est desservit par de nombreuses pistes conduisant à une
attraction spécifique. Il s'agit de la piste côtière qui
mène à la bordure côtière, la piste de la
biodiversité qui conduit à la riche offre végétale,
la piste de Bota qui accompagne le visiteur au Bota Hill, la piste suivant de
près la rivière qui longe le jardin à l'ouest et la voie
bitumée qui ceinture de part en part le jardin botanique et la
prévient de la côte.
On y trouve de même de gradins construits sous de grands
arbres et présentant l'allure d'un amphithéâtre
appelé `Jungle Village'. Il sert de cadre aux
conférences en plein air et diverses manifestations culturelles.
Une autre curiosité de ce jardin est le
`Commonwealth War Graves Memorial Site' où de nombreuses
personnes viennent se recueillir sur les tombes symboliques des victimes de la
guerre.
(1)
(2)
Cliché : D. NGUEPJOUO.
Limbé,
Août 2003.
Photo 3.2. : D'autre visages du Jardin
botanique : `Jungle Village', un lieu de regroupement à l'occasion
de grandes conférences en plein-air (1) et le `Commonwealth War
Graves Memorial Site'(2), pôles d'attraction majeurs dans le LBG.
Il faut ajouter que cette région du Mont Cameroun
abriterait déjà la Réserve de la forêt de Bambuko
sur le flanc nord-ouest, et la Réserve de la forêt de Mokoko,
à basse altitude à l'ouest, si le projet conçu depuis les
années 80 avait été exécuté.
Le jardin zoologique de Limbé
Sur le Mont Cameroun, une abondante faune se
déploie mais sans une véritable action de valorisation. C'est
surtout dans les environs de l'océan que cette activité est
beaucoup plus effective avec le Jardin Zoologique de Limbé.
Le zoo est une sorte de réserve animalière qui
oeuvre dans la conservation et la protection des espèces
menacées. C'est l'un des trois jardins zoologiques du pays. Quoique son
état d'aménagement soit embryonnaire, il comporte essentiellement
des primates, et seulement un petit nombre des espèces amphibiens.
11
(1)
(2)
(3)
Cliché : LBG.
Limbé, Août 2003.
Photo 3.3. : Quelques primates du zoo de
Limbé (chimpanzés(1) et guenons(2, 3)).
Généralement, lorsque le touriste en a fait la
visite, il peut s'en retourner satisfait d'avoir tout parcouru. Mais quelques
fois aussi pour se restaurer, il fait le détour de Down Beach pour la
dégustation du poisson rôti ou passé à la braise ou
pour s'en procurer en vue du voyage retour.
Quant à Buéa, c'est pour le Mont Cameroun que
les touristes se passionnent. Plusieurs se contentent du
« sight-seeing » et de la douceur du climat de montagne que
cette ville offre. Quelques-uns se livrent aux nombreuses activités sur
la montagne en recourant à cet effet aux services du MCEO.
Les goûts des touristes
rencontrés dans la zone d'étude
La fréquentation récurrente
La présentation du questionnaire (voir annexe) donnait
la possibilité aux visiteurs de ne se prononcer que sur le cas des
visites effectuées dans l'une et/ou l'autre ville (Buéa &
Limbé. Ainsi au sujet du nombre de visites dans la ville de Buéa,
30 personnes, soit 25% n'ont jamais été à Buéa. Il
s'agit de 19 Européens et de 4 Américains qui représentent
76,7 % de cet effectif . Cela pourrait s'expliquer par le fait qu'ils ne
connaissent pas bien le pays. A coté de ceux-ci, il y en a qui sont
à leur première visite dans la ville, 35 touristes, soit 29,2% et
17,5%, soit 21 visiteurs qui la renouvellent la 2ème ou la
3ème fois. Les visiteurs réguliers c'est-à-dire
ceux qui ont effectué au moins 4 fois le déplacement
représentent 28,3% (34 personnes.
Limbé se présente comme une ville beaucoup plus
connue peut-être en raison de ses plages qui en font l'image. Seulement 9
personnes soit 7,5% de la population enquêtée n' y ont jamais mis
les pieds. 38,3% soit 46 personnes foulent le sol de Limbé pour la
1ère fois tandis que 15,8% goûtent aux joies qu'offrent
cette ville pour la 2ème ou 3ème fois. Les
touristes habitués à visiter la ville constituent un total de 46
personnes, soit 38,3%.
En somme, en croisant les deux villes et leurs effectifs de
fréquentation, on s'aperçoit que 16,2% de cette population ne
connaissent que Buéa ou Limbé et non les deux à la fois.
33,8% des visiteurs de la région la découvrent pour la
1ère fois, 16,7% reviennent pour la 2ème ou
3ème fois tandis que les plus familiers à la pratique
du tourisme dans le Fako font le 1/3 de la population. Ceci nous conduit
à faire 3 constats :
- Ceux qui n'ont visité qu'une ville sont
majoritairement étrangers au Cameroun et donc mal renseignés.
D'ailleurs leurs informations proviennent du bouche-à-oreille,
l'évocation de la plage ou de l'éruption du Mont Cameroun, le
temps de détente au détour des activités professionnelles
et administratives dans l'une de ces villes comme l'illustre le tableau
suivant :
Tableau 3.5. : Nombre de visites
effectuées par les touristes à Buéa et à
Limbé.
|
Combien de fois avez-vous visité Limbé ?
|
0
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Plus de 5 fois
|
Total
|
Combien de fois avez-vous visité Buéa ?
|
0
|
|
21
|
3
|
1
|
|
1
|
4
|
30
|
1
|
4
|
20
|
4
|
3
|
2
|
1
|
1
|
35
|
2
|
1
|
3
|
3
|
2
|
|
1
|
3
|
13
|
3
|
2
|
1
|
2
|
|
|
|
3
|
8
|
4
|
1
|
1
|
|
|
|
|
1
|
3
|
5
|
|
|
|
1
|
1
|
|
|
2
|
Plus de 5 fois
|
1
|
|
|
|
|
|
28
|
29
|
Total
|
9
|
46
|
12
|
7
|
3
|
3
|
40
|
120
|
Source : Enquêtes de terrain.
Région du Mont Cameroun, Avril-Juillet 2003
C'est dire qu'ils auraient pu visiter les 2 villes s'ils
étaient en possession de toutes les informations.
- Ceux qui viennent pour la 1ère fois
aimeraient revenir une autre fois. En effet, 118 personnes soit 98,3%
émettent le voeu de renouveler l'expérience contre seulement 1,7%
qui y sont opposées.
|
Frequency
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valide
|
Oui
|
118
|
98,3
|
98,3
|
Non
|
2
|
1,7
|
100
|
Total
|
119
|
100
|
|
Total
|
120
|
|
|
Tableau 3.6. : Désir exprimé par
les touristes de visiter Buéa et Limbé une autre
fois.
Source : Enquêtes de terrain. Région du Mont
Cameroun, Avril-Juillet 2003
- La moitié de la population de touristes refont pour
la 2ème fois au moins le tour dans le Fako, soit 50%. Cela
peut être l'illustration d'une certaine satisfaction. Venir une fois et
revenir ensuite pourraient donc attester du caractère attractif de ces
villes pour ses visiteurs.
Les motivations
Une autre rubrique traite des principales motivations des
touristes qui choisissent de visiter cette partie du Sud-Ouest. Celles-ci sont
pour la plupart physiques et représentent 50,25% des motivations des
visiteurs de la région du Mont Cameroun. Elles sont reparties de la
manière suivante : 46,4% pour Buéa et 54,1% à
Limbé et varient du repos physique à l'aventure en passant par la
relaxation à la plage. Le climat frais est propice au repos, la plage
sert de cadre à la relaxation et la montagne ainsi que toutes les autres
ressources naturelles servent de cadre à l'aventure.
Il en résulte que plus de la moitié des
motivations est très intimement liée à la nature.
Figure 3.1. : Moyenne régionale des
motivations des visites
Les préférences
Les personnes interviewées ont également fait
valoir leur point de vue sur la nature de leurs préférences en
matière d'attraits touristiques. Les résultats sont contenus dans
la figure ci-après :
Figure 3.2. : Pourcentages de
préférence par type d'attraction sur le Mont
Cameroun.
Buéa présente un taux de
préférence pour la nature équivalent à 76,5%
quasiment semblable à celui de Limbé 76,6% pour un taux
régional égal à 76,6%.
Ceci permet d'illustrer à suffisance l'inclinaison des
touristes à l'offre d'origine naturelle.
Le soin de la nature
L'environnement est un indice important qui peut apporter la
lumière sur la relation qui unit les touristes à la nature. En
effet plus les visiteurs en reconnaissent la valeur, plus ils réalisent
la nécessité qu'il y a à la préserver. Ainsi, dans
le cadre de cette étude, 100% des sujets interrogés ont dit
respecter l'environnement et les ressources touristiques que contiennent les
milieux qu'ils visitent. D'ailleurs 76,7% sont prêts à se
soumettre aux activités d'entretien sur ces sites, 1,7% reste
indécis alors que 21,7% déclinerait l'offre qui pourrait leur
être faite de participer aux activités d'entretien sur les sites
pendant qu'ils y sont, en guise d'aide à la propreté.
Pour ce qui touche à la question de la protection de
l'environnement proprement dite, les apports divergent sensiblement. C'est
ainsi que pendant que 15,8% ne peuvent rien faire concrètement pour la
préservation de la nature, le reste, soit 84,2% est prêt à
y contribuer en n'emportant ni n'arrachant rien pendant leurs visites des sites
(18,3%), en n'y jetant rien (25%), en suivant les conseils, les injonctions des
affiches et plaques dans les villes (36,7%), en finançant ces
activités (2,5%) et en participant à l'éducation des
populations et des
touristes sur les sites (1,7%).
Figure 3.3. : Pourcentages exprimés par
les visiteurs au sujet de leurs actions pour la préservation de
l'environnement.
La conséquence de l'attrait de la nature est tout
évidente au regard du grand soin que les touristes accordent à la
nature. Ils préservent leurs amours de toute altération.
Les impressions et perspectives
De l'avis des visiteurs, les impressions que leur ont
laissées leurs visites dans ces villes sont bonnes. Il s'agit de 99
touristes, soit 82,5% contre 0,8% (1 personne) dont les impressions sont
mauvaises. 20 touristes, soit 16,7% sont irrésolus ou du moins ont un
sentiment mitigé de leurs visites à Buéa et/ou à
Limbé.
|
Frequency
|
Percent
|
Valid
|
Bonnes
|
99
|
82,5
|
Mitigées
|
20
|
16,7
|
Mauvaises
|
1
|
0,8
|
Total
|
120
|
100
|
Tableau 3.7. : Pourcentages des
impressions laissées aux touristes par leurs visites dans la
région
Source : Enquêtes de terrain.
Région du Mont Cameroun, Avril-Juillet 2003
Le tourisme vert a de beaux jours devant lui car 118
visiteurs, soit 98,3% voudraient visiter une autre fois ces villes tandis que
seules 2 personnes (1,7%) ne sont pas prêtes à revenir.
Pour ce qui est du reste du pays, 99,2% voudraient le
parcourir de part en part contre seulement une personne qui n'est pas
prête à se payer ce luxe.
Les impressions laissées par les voyages dans le Fako
sur les touristes ainsi que leur intime secret de revenir concourent ensemble
à attester du caractère implacable de leur attachement aux
produits naturels.
Si la fascination des attraits de la nature sur les touristes
crève les yeux, qu'en sera-t-il des produits touristiques de label
culturel ?
3.2. LA CULTURE : UN PRODUIT SECONDAIRE VOIRE
DIFFUS.
Par attrait culturel, nous entendons la trace laissée
sur un peuple et son environnement par l'histoire ainsi que ses divers modes
d'expression tels la musique, l'art, l'artisanat, les us et coutumes, la
tradition, la danse, le folklore et l'architecture, bref toute chose qui
confère une identité propre à un peuple.
Dans cette section aussi, nous aurons recours aux informations
provenant du retour des fiches d'évaluation du MCEO et de nos
enquêtes sur le terrain.
3.2.1. Le
résultat des fiches du MCEO
De façon globale, les résultats obtenus ci-haut
ont permis de cerner que les soirées culturelles ne captivent pas
particulièrement les touristes. Car elles ne figurent pas au nombre des
principaux centres d'intérêt qui du reste se rapportent à
la nature. Seulement quelques données des visites antérieures ou
futures au Cameroun permettent de noter que les touristes sont très
légèrement enclins aux produits d'origine culturelle 31,4%
par extrapolation.
3.2.2. Nos travaux
de terrain
De nos travaux de terrain, nous avons pu obtenir les
résultats qui suivent :
Notre questionnaire donnait par sa formulation la
possibilité de choisir une ou plusieurs variables d'une modalité.
C'est par exemple le cas de la réponse aux questions relatives à
la nature de l'offre et aux motivations du voyage.
· Nature de l'offre et motivations de voyage
Par rapport à la nature de l'offre, 24 personnes sur
les 102 ayant valablement répondu à la question (23,5%), ont
opté pour les produits d'origine culturelle à Buéa tandis
qu'à Limbé seulement 40/241, soit 18,7% ont jeté leur
dévolu sur ce type de produit.
En faisant la moyenne régionale, on réalise que
21,1% seulement accordent de l'intérêt à la culture. Ainsi,
la place occupée par la culture n'est que secondaire.
D'autre part, en parlant des motivations de voyage, on note
que 23,5% inclinent à la consommation de ces produits à
Buéa contre 23,4% à Limbé.
Ceci produit un résultat régional moyen de
23,5%. Ce pourcentage doit être pondéré dans la mesure
où il inclut toutes les autres motivations (celles liées au
statut, aux relations interpersonnelles) qui représentent une proportion
non négligeable.
Aussi bien pour la nature de l'offre que pour les motivations
de voyage, le fait que les touristes aient eu la possibilité de faire
des choix exclusifs contribue davantage à diminuer la valeur
numérique de ces taux. En effet, tous les visiteurs ayant coché
des éléments se rapportant à ce type de produit ont aussi
et peut-être d'abord coché ceux qui sont d'origine naturelle.
Quoiqu'il en soit, aucun questionnaire ne comporte de choix exclusif des
produits d'origine culturelle comme c'était le cas avec ceux de la
nature.
· La visite des destinations culturelles
camerounaises.
Les visiteurs de cette partie du pays souhaitent aussi -
lorsque ce n'est pas encore le cas - se rendre dans d'autres destinations. En
effet, en se prononçant sur les visites effectuées ailleurs au
Cameroun, les touristes ont laissé quelques précieuses
informations au sujet de leurs préférences. C'est ainsi
que 24,6% de touristes se sont rendus dans des destinations purement
culturelles comme Bamenda, Foumban...
On peut donc en conclure que les goûts des visiteurs
sont prioritairement tournés vers les produits de la nature qui sont par
la suite agrémentés par les autres produits notamment les
produits culturels.
Notre préoccupation de départ était de
répondre à la question suivante : quels sont les atouts
majeurs que présentent les villes de Buéa et de Limbé dans
le secteur du tourisme ? L'objectif de ce chapitre consistait à
trouver le type d'offre touristique qui poussent les gens à visiter
cette partie du Fako.
Pour y parvenir, nous avons émis deux hypothèses
à savoir que ce sont les éléments de la nature qui
seraient les plus convoités par les visiteurs du Fako d'une part et
d'autre part que les attraits architecturaux et culturels seraient mal connus
et partant peu visités.
Nous les avons vérifiées en procédant
à la collecte des données secondaires auprès d'une ONG qui
promeut les activités touristiques sur la montagne. Nous en avons retenu
que :
· le nombre des écotouristes est constamment
croissant et de nombreuses actions de promotion engagées tant sur le
plan national qu'international vont davantage confirmer cette tendance à
la hausse de ces effectifs.
· les écotouristes ont de la propension pour les
randonnées en montagne et particulièrement pour les
activités qui se rapportent à la nature telles que le trekking en
montagne, les beautés naturelles, la forêt tropicale, les
paysages..., ils ont été dans des sites à caractère
naturel ailleurs et manifestent le désir de revenir sur ces pentes du
Mont Cameroun. Par contre, aucune trace d'attrait pour les produits culturels
n'a été retrouvée chez ceux-ci en dehors de leurs visites
dans d'autres sites à dominante culturelle forte. En
conséquence, nous avons déduit que les touristes ont pour
goût touristique les produits de la nature au détriment de ceux
de la culture.
Nous avons également fait une enquête
socio-économique auprès des touristes dans la région du
Mont Cameroun. Il en est ressorti que les goûts des visiteurs
présentent dans l'ensemble la même tendance. L'offre touristique
d'origine naturelle obtient les faveurs des visiteurs plus que celle d'origine
culturelle. De la même manière, les préférences des
visiteurs sont fortement orientées vers la nature. Ces touristes ont la
manie de garder l'environnement dans un état irréprochable. Cela
a été interprété comme l'expression de leur estime
pour la nature. Cette orientation générale de l'attrait des
produits naturels pour les visiteurs est confirmée par leurs impressions
majoritairement satisfaites et leurs projets de revenir savourer ce que leur
offre cette nature. Nous en avons conclu que le produit phare est naturel et le
produit satellite culturel.
Eu égard à tout ce qui précède,
nous pouvons affirmer que la nature fort de sa diversité et de la
richesse de ses éléments constitue un sérieux atout pour
le tourisme dans le Fako. Par sa beauté, la nature exerce une puissante
attraction sur les visiteurs. Ceci est largement confirmé par les
résultats des dépouillements. Mais au regard du fossé qui
existe entre les abondantes ressources touristiques et la fréquentation
négligeable voire en baisse, il se révèle important
d'explorer les problèmes qui peuvent expliquer cet écart.
CHAPITRE IV : LES
CONTRAINTES DU TOURISME DANS LE FAKO
Bien que la région du Mont Cameroun dispose de nombreux
atouts touristiques dont la présentation a constitué la mouture
du chapitre précédant, il reste néanmoins que ceux-ci
ne suffisent pas à eux tout seuls, pour provoquer le rayonnement attendu
de la région. C'est pourquoi nous consacrons le présent chapitre
à l'étude des facteurs qui y entravent le développement du
tourisme. Il consistera à mettre au premier plan les handicaps de tous
les ordres qui étouffent, retardent ou annulent l'éclosion de ce
secteur d'activité dans cette partie du Fako.
Pour y parvenir, nous répondrons aux questions
suivantes :
· La destination Fako est-elle connue de ses visiteurs
et promue pour en attirer de nouveaux ?
· La qualité de l'offre (Propreté,
aménagement des sites, infrastructures...) peut-elle constituer un frein
à l'épanouissement de ce secteur d'activité dans la
région ?
Cette étude nous donnera l'occasion de relever les
faiblesses de la pratique du tourisme et de proposer des solutions visant
à en améliorer les performances. Les hypothèses de
recherche de recherche que nous émettons à cet effet
sont :
i. La promotion du tourisme et l'information des touristes
feraient cruellement défaut dans cette région.
ii. L'aménagement des sites, des infrastructures
d'accueil et des voies de communication serait embryonnaire.
Pour les vérifier, nous procéderons de la
même manière que dans le chapitre III à savoir
l'exploitation des données secondaires obtenues auprès du MCEO et
les données primaires que nous avons récoltées pendant
notre séjour sur le terrain. Dans ce cas, ces données comportent
aussi bien les informations que nous avons obtenues des touristes à qui
nous avons adressé notre questionnaire que celles issues des entretiens
que nous ont accordés d'une part aux autorités en charge du
MINTOUR dans ses services centraux et dans sa représentation provinciale
du Sud-Ouest et d'autre part aux piliers de l'industrie touristique (le Mount
Cameroon Project, le Mount Cameroon Ecotourism Organization, le Limbé
Botanic Garden, les agences de voyage et les hôteliers). Il faut rappeler
que les entretiens avec toutes ces autorités ont été
semi-directifs.
Ainsi, nous essayerons de recenser et de rassembler ces
informations en catégories selon leurs provenances : le MCEO, les
résultats de l'enquête par questionnaire et ceux des
interviews.
4.1. LE MONT CAMEROON ECOTOURISM
ORGANIZATION
Appartenant au secteur privé, cette ONG a l'obligation
des résultats et sa survie est liée à cette
activité (tourisme) d'une certaine façon. En effet, le MCEO doit
s'échiner à satisfaire ses visiteurs. C'est d'ailleurs cela qui
justifie tout le soin accordé aux touristes ainsi que la qualité
du suivi qui est fait de cette activité. Dans ce contexte, les questions
relatives à l'amélioration de la qualité ne peuvent que se
trouver au coeur de leurs préoccupations. C'est ainsi qu'il est
préoccupé par l'accès à l'information par les
touristes, leurs goûts, la qualité de leur séjour ainsi que
leurs souhaits et perspectives.
4.1.1. Accès
aux sources d'information
La fiche que remplit l'usager du MCEO permet à l'ONG
entre autre, de savoir comment l'information de l'existence de cette
organisation et de ces activités lui est parvenue. Les données
contenues dans le tableau suivant résument les résultats de
l'évaluation sous cette rubrique.
Tableau 4.1.: Pourcentages exprimés par
les visiteurs du MCEO sur leurs sources d'information.
Sources d'information
|
Guides de voyage
|
Agence de voyage
|
Brochures & dépliants
|
Trans - actions
|
Amis, connaissances et collègues
|
Autres (séjour à Buéa)
|
%
|
14,1
|
5,8
|
3,6
|
1,2
|
70,6
|
4,7
|
Source : Enquêtes de terrain.
Mont Cameroun, Juillet
2003.
Les touristes n'ont été pratiquement atteints
par les actions de promotion et d'information qu'à 23,5% notamment par
les guides de voyage, les agences de voyage, les dépliants et brochures.
Pour le reste, ce sont les contacts interpersonnels qui ont permis que
l'information leur soit transmise, soit 76,5%. Dans ce cas, ce sont souvent des
informations tronquées et parfois parcellaires. On peut comprendre
pourquoi les touristes ne sont pas particulièrement informés sur
la destination et la conséquence de ce faible niveau de
fréquentation actuelle peut alors s'expliquer. Ceci peut s'expliquer par
la jeunesse de cette organisation qui n'a que 4 ans d'âge et qui en est
encore à chercher ses repères.
4.1.2.
Qualité de séjour touristique
Pendant leur séjour sur le Mont Cameroun, ces
écotouristes ont dû être confrontés :
· à la saleté dans les
toilettes, sur la montagne elle-même et les huttes dans les refuges.
· au mauvais entretien des pistes sur le
mont.
· à l'insuffisance des refuges de
montagne, l'état défectueux et la rudesse des conditions de vie
dans les huttes et les sites de campement.
· au manque d'eau dans certaines baraques de
montagne.
Bref le séjour n'était pas toujours
agréable à certains moments, mais une solution de rechange
était toujours trouvée, ceci pour travailler à la
satisfaction du touriste qui en paie le prix.
4.1.3. Le
coût de la destination
Bien que les prix ne soient pas prohibitifs, ils ne sont pas
non plus bas. Les touristes l'expriment à leur manière et les
résultats sont résumés dans ce tableau :
Tableau 4.2. : Appréciation des
coûts des randonnées sur le Mont Cameroun.
Coût
|
Très élevé
|
Moyen
|
Bas
|
Salaire des guides
|
5,6%
|
83,3%
|
9,7%
|
Salaire des porteurs
|
0%
|
75%
|
16,7%
|
Contribution au SHF
|
8,3%
|
73,6%
|
8,3%
|
Source :MCEO.
Buéa,
Juillet 2003.
Etant donné que ces écotouristes sont pour la
plupart des étrangers, cette appréciation des prix
pratiqués est susceptible de gommer de nombreuses
inégalités. Car en effet, les avis émis sont celles des
personnes ayant à peu près les mêmes possibilités
financières et matérielles. Dans leur immense majorité,
les coûts sont abordables (+72%) alors que pour d'autres ces prix sont
bas. D'ailleurs, ils sont partout plus bas qu'ils ne sont hauts. C'est
peut-être pourquoi peu sont les Camerounais qui se livrent à ces
randonnées du fait des forfaits jugés hors de leur portée,
soit 13 000 Fcfa / jour à verser au MCEO avant de se prendre en charge
pour le reste des besoins incompressibles (vêtements, boissons et
nourriture) associés à cette activité. Et pourtant en
général, la pratique des tarifs démocratiques peut aussi
attirer d'autres nationalités comme c'est le cas dans plusieurs
destinations de rêve (Tunisie, Sénégal...).
Comme on peut le constater, le tourisme souffre de nombreux
problèmes dont le moindre n'est pas celui de la qualité de
séjour des visiteurs qui paient parfois beaucoup pour des prestations
médiocres. Cela peut être d'ailleurs davantage apprécier
à travers les résultats de l'enquête par questionnaire.
4.2. LES RESULTATS DE L'ENQUETE
PAR QUESTIONNAIRE
Aussi bien à Buéa qu'à Limbé, les
touristes ont exprimé quelques problèmes qui mettent en danger le
tourisme dans cette région.
4.2.1. Accès
aux sources d'information
Dans la ville de Buéa, 26/65 (40%) des visiteurs ont
estimé que le défaut d'information et de promotion était
notoire tandis que dans le même temps à Limbé, 42/89
(47,2%) pensent pareillement. En effet, à la descente de voiture
à Buéa ou à Limbé, la situation est quasiment la
même. Rien n'indique ni ne renseigne sur les ressources attractives de
ces villes. Le touriste doit se débrouiller et il n'a ni plan de la
ville, ni contact dans la ville. De plus parfois, l'effet psychologique que
produit la couleur de sa peau blanche sur les autres peuples en
général et en particulier sur les Africains joue en sa
défaveur. Il peut alors se contenter de regarder furtivement et ne jouir
que très frugalement et contre son gré de ces ressources qui
n'attendent que d'être consommées. Dans le meilleur des cas, il se
lance dans une véritable aventure et ne peut dès lors rencontrer
que ce qui jouxte son chemin. Tout ce qui s'en dérobe est ignoré
voire inconnu. Très peu sont ceux qui ont le privilège de
s'informer à bonnes sources (la DPTSW, le MCEO, le MCP...). Cette
situation ne peut avoir que des conséquences malheureuses sur cette
activité.
Tableau 4.3. : Défaut d'information
exprimé par les touristes enquêtés.
|
Manque de promotion
et d'information.
|
Limbé
|
47,2
|
Buéa
|
40
|
% régional
|
43,6
|
Source : Enquêtes de terrain. Mont Cameroun,
Juillet 2003.
Source : Enquêtes de terrain.
Le taux régional de manque d'information et de
promotion est tout aussi élevé 43,6% que dans les villes
individuellement prises. Il y a donc lieu de faire quelque chose pour sortir le
tourisme de cette carence qui la fragilise et réduit ses
possibilités de rentrées financières et partant, le
développement de la région et de ces populations.
Par ailleurs, les sources d'information des touristes sont
essentiellement du bouche à oreille, soit 56% à Buéa et
75,2% à Limbé pour une moyenne régionale de 65,6%. Ceci
revient à dire que près de 2/3 de touristes n'ont qu'une
idée reçue des lieux qu'ils visitent et non un circuit bien
confectionné et destiné aux personnes désirant tirer
profit en peu de temps de cette destination. Lorsque manquent les outils
élémentaires de la localisation de ces ressources cela ne peut
qu'être grave, décourageant et frustrant pour le visiteur qui
n'arrive pas au moins à retrouver ce qui lui a été
raconté.
Cela est effectivement confirmé par une
véritable méconnaissance du terrain. A Buéa par exemple,
cette ville qui n'a pas de plage se voit être sollicitée par 29
personnes sur109 soit par extrapolation un pourcentage d'ignorance de 26,6%.
Le défaut d'information et de promotion est un des
problèmes majeurs du tourisme dans le Fako. Car en effet, on peut
être assis sur une mine sans le savoir et aussi longtemps que cela dure,
on ne peut en jouir.
4.2.2.
Qualité de séjour touristique
Les touristes se sont également exprimés sur la
qualité du séjour qu'ils ont passé dans la région
du Mont Cameroun. Leur appréciation a porté sur l'état
d'aménagement, les infrastructures et enfin sur l'hygiène et la
salubrité.
Tableau 4.4. : Obstacles rencontrés
au cours des visites dans la région.
|
Sous
aménagement
|
Manque d'hygiène et de
salubrité
|
Infrastructure
insuffisante
|
Cherté
de l'offre
|
Buéa
|
53,8
|
26,2
|
63,1
|
45,7
|
Limbé
|
27
|
20,2
|
56,2
|
39,3
|
R.M.C.
|
40,4
|
23,2
|
59,7
|
42,5
|
Source : Enquêtes de terrain.
Pour ce qui est de l'état d'aménagement des
sites de tourisme, 32/65 touristes, soit 53,8% à Buéa pensent que
l'aménagement des sites est embryonnaire contre seulement 24/89 (27%)
à Limbé où des efforts des opérateurs touristiques
convergent. Le taux de sous aménagement des sites au niveau
régional est de 40,4%. Cela ne traduit peut-être pas
fidèlement la réalité mais exprime tout au moins
clairement que l'on peut consommer au moins 50% de ces produits qui même
sans être aménagés ont le mérite et la vocation de
plaire. L'aménagement de cette région reste une
préoccupation. Il y a par exemple de nombreux kilomètres
inexploités et les tentatives individuelles ont du succès. C'est
le cas de la plage de Seme Beach hotel dont les sacrifices qu'il consent lui
sont bien rendus. Ses plages reçoivent les week-ends des personnes
venant de toute part qui payent 1 000 Fcfa/touriste pour y accéder.
Cliché : D. NGUEPJOUO.
Sémé,
juillet 2003.
Photo 4.1. Une vue de l'aménagement de la plage
de Sémé Beach Hôtel dont les sacrifices consentis par son
promoteur, lui sont bien rendus.
Il existe aussi beaucoup d'espaces non exploités et
peut-être inconnus qui côtoient la plage de Limbé. Ce sont
des paysages agréables mais qui se soustraient de l'appréciation
du visiteur à cause de leur enclavement. Nous avons pu recenser les
localités de Bimbia et de Mabeta dont les images sont pittoresques et
saisissantes.
(1)
(2)
Cliché : D. NGUEPJOUO.
Bimbia, juillet
2003
Photo 4.2. : Quelques sites inexploités
mais qui ne manquent pas de charme à Bimbia : Canon symbolisant la
fin de la guerre entre Allemands et Anglais en 1914 (1) et une vue du Cap
Bimbia (2).
Les touristes ont clairement exprimé le fait que les
infrastructures ne sont ni en quantité ni en qualité
nécessaires. Ainsi 63,1% de visiteurs à Buéa contre 56,2%
à Limbé pour un taux régional de 59,7% pensent que les
infrastructures sont modestes voire insuffisantes.
Un autre souci que les visiteurs se font au sujet de
l'état de développement est celui de l'hygiène et de
salubrité. En effet, 26,2% des touristes à Buéa et 20,2%
à Limbé estiment que l'offre touristique est sujette à la
saleté. Ceci donne une moyenne régionale de manque
d'hygiène et de salubrité de 23,2%. Il faut reconnaître que
50% de ceux qui incriminent cette menace du tourisme sont européens et
représentent près de 40% de l'effectif total des visiteurs. La
situation dans le domaine équatorial dispose cette région
à être un vivier d'agents pathogènes
particulièrement nuisibles à la santé de l'homme.
D'ailleurs au cours de l'histoire, beaucoup d'étrangers ont dû y
perdre leur vie. Depuis lors, ce souvenir semble hanter les étrangers et
les nombreuses épidémies déclenchées dans les pays
tropicaux travaillent à le confirmer. Pour les occidentaux en
général (46,7%) et français en particulier soit 46,4% des
occidentaux, il leur est quasiment obligatoire de prévenir et/ou de
soigner ce qu'ils appellent la « tourista ». C'est une
maladie liée aux visites dans les latitudes tropicales. L'un d'eux la
présente simplement en ces termes : « la
"tourista" se retrouve dans presque tous les pays
dits émergeants ou en voie de développement, les causes sont
comme je vous l'ai dit liées au manque d'hygiène en
général comme l'évacuation des déchets
(résidus, égouttures, eaux usées etc.), le traitement de
ces déchets (recyclage, enfouissement, traitement des eaux
usées), la propreté des lieux publics (rue, routes, gares,
hôtels, bâtiments publics, magasins etc.), l'hygiène
individuelle des personnes participant au contact des touristes (douaniers,
serveurs, personnel d'agrément ou de nettoyage etc.). Bref, un peu
d'organisation et beaucoup d'éducation à l'intention de tous les
participants et leur entourage ».
4.2.3. Le coût de la
destination
Il est admis que se livrer au tourisme c'est s'offrir un luxe
auquel ne peuvent pas accéder que des personnes possédant de gros
moyens. De telles personnes sont généralement issues des couches
aisées de la population et par conséquent vivant dans de grandes
métropoles du Cameroun ou d'ailleurs. Ceci se confirme fort bien par les
résultats de l'enquête au sujet des infrastructures et des
équipements qui ne sont pas suffisants.
Pour ce qui est particulièrement de l'infrastructure
routière, elle est en mauvais état. C'est pourtant le seul moyen
de locomotion utilisé par les personnes interrogées dans cette
région selon la répartition suivante : 38,8% utilisent un
véhicule personnel et 61,2% le transport en commun dont 93,5% les
agences de voyage en provenance de Douala ou de Yaoundé et 6,5% le taxi
en provenance de Tiko, Mutengene et Buéa.
Sur le plan du tourisme, le Cameroun se présente comme
une destination dont les prix sont prohibitifs (BIC et SOFRECO). A Buéa,
les visiteurs interrogés le confirment à 45,7%, soit 16/35 contre
39,3%, soit 35/89 à Limbé.
Ces tarifs sont d'ailleurs bas comparés à en
juger par le taux de menace qui pèse sur les prochaines visites des
autres parties du Cameroun. Plus de 50% soit 107/207 touristes pourraient
être découragés au sujet de leurs visites futures par les
prix pratiqués dans le pays.
Pour une durée moyenne de séjour de 2,5 jours,
le touriste dépense 29 115 Fcfa à Buéa contre 51 250 Fcfa
à Limbé pour seulement 1,8 jour. Pour 4,3 jours à
Buéa, la facture s'élève à 47 234 Fcfa tandis
qu'à Limbé, la note revient à 180 000 Fcfa pour 14 jours.
Ceci permet de constater que de façon générale, les longs
séjours sont légèrement moins chers que les courts
séjours dans la région. Mais l'offre est plus coûteuse
à Limbé qu'à Buéa sans doute à cause du
niveau de vie élevé à Limbé. La moyenne quotidienne
de dépenses à Buéa fluctue entre 10 985 Fcfa et 11 646
Fcfa alors que dans la ville côtière, elle varie de 12 857
à 28 472 Fcfa. Contrairement à ce que l'on attend, ces
dépenses sont plutôt maigres. Cela s'explique par le fait que ce
ne sont que des moyennes qui cachent de grandes disparités. En effet, la
plupart des touristes interrogés ne séjournent pas à
l'hôtel ( %) et n'en paient par conséquent pas les frais. Ceux-ci
dépensent donc moins lorsque les autres se retrouvent à faire des
dépenses astronomiques. On a donc affaire - malgré les apparences
- à de gros clients à inclinaison dépensière.
4.2.4. Suggestions et
perspectives
Au regard de l'état actuel du tourisme par ceux qui le
pratiquent, des suggestions ont été faites. 27,8% recommandent
que l'entretien soit révisé tandis que 10,8% évoquent
l'aménagement comme une nécessité pour le décollage
du tourisme. A ceux-ci, il faut ajouter 5% de touristes qui proposent que les
routes soient aménagées. Quant à la création des
centres d'accueil et la promotion des structures d'accueil présentant un
bon rapport qualité-prix, 14,3% les estiment urgents. 5% pour la
restauration à améliorer. Beaucoup de promotion, d'information et
d'organisation des expéditions touristiques sont attendus par 16,8% et
l'administration doit encore travailler à jouer son rôle de
facilitateur pour 3,4%. L'éducation des visiteurs et des populations
occupe une place de choix au nombre de ces suggestions alors que seulement 3,4%
pensent que tout est bien en l'état actuel.
4.3. LES INTERVIEWS DES
PROFESSIONNELS DU TOURISME ET DES AUTORITES DU MINISTERE
Au cours de ce travail de terrain, nous avons également
pu entrer en contact avec des décideurs dont l'avis marque d'une
certaine manière la vie de ce secteur d'activité. Leurs
investissements doublés de leur implication sur le terrain d'une part et
d'autre part, leur position dans la sphère de décision en font
des personnes ressources en la matière. Il s'agit respectivement des
acteurs de l'industrie touristique (MCEO, LBG...) et des autorités en
charge de la gestion quotidienne du tourisme au Cameroun et en particulier dans
le Sud-Ouest.
4.3.1. L'industrie touristique
De façon générale, l'industrie
touristique fait vivre ce domaine de l'économie en même temps
qu'elle en tire ses propres bénéfices. A ce titre, le tourisme
est une activité économique sur laquelle elle a misé et
par conséquent elle doit y veiller pour ne pas voir ses investissements
menacés. Dans ce contexte, les questions relatives à la
continuité de ce secteur l'intéressent. Elle est parfois
amenée à faire des études qui visent à corriger les
défaillances du système et partant, accroître la
rentabilité de leurs activités.
En nous rapprochant d'elle, nous avons dégagé
des problèmes qui se posent au tourisme de son point de vue. Dans
l'ensemble, ils se posent en termes financiers. On y évoque des
problèmes tels :
· le faible niveau d'aménagement des sites
touristiques,
· l'accès aux hôtels, le parking exigu voire
inexistant,
· le standing souvent bas de ces établissements
hôteliers,
· les prestations approximatives de leurs
employés,
· la faible fréquentation hôtelière,
la maintenance.
Mais l'industrie touristique les connecte toujours aux moyens
financiers insuffisants. Aussi longtemps que l'Etat ne les accompagnera pas en
assouplissant les conditions de leur existence, l'activité
s'épanouira difficilement. Selon les termes du décret No
99/443/PM du 25 mars 1999, les exigences de qualité et de
procédures sont nombreuses et sur ce terrain, les différents
protagonistes ne combattent pas à armes égales. Les structures
gérées par l'Etat jouissent d'un traitement de faveur pendant que
les autres avalent la pilule amère de ce genre de concurrence. Le
gouvernement voit en cette loi, une perche tendue pour relever le niveau du
tourisme camerounais en le dotant de ce dispositif réglementaire
permettant de respecter les règles de l'art.
4.3.2. Les autorités en
charge de la gestion du tourisme.
Elles ont été rencontrées aussi bien au
MINTOUR qu'à la DPTSW. C'est à elles qu'est échue la
charge de définir le cadre réglementaire et son application
évoqués dans la section précédente. Elles mettent
également en route une politique incitative au développement et
à l'intensification du secteur.
Pour ces autorités, les problèmes du tourisme
sont liés à la transversalité du secteur
c'est-à-dire à l'intervention d'une multitude de secteurs dans la
chaîne du tourisme. Il s'agit par exemple du secteur du transport
routier, maritime et aérien, de celui de l'environnement et des
forêts, de la police, des relations extérieures qui ne sont pas
toujours malléables. Ces problèmes commencent pour le touriste
avec l'obtention du visa et se poursuivent avec le transport, les tracasseries
policières et administratives, l'obtention de l'information, la
qualité des établissements d'accueil, les prestations dans les
hôtels, l'aménagement et l'entretien des sites touristiques... Ces
problèmes peuvent se résumer en la difficile collaboration avec
les autres administrations et les finances insuffisantes. La part de ce
ministère au budget de l'Etat est insignifiante pourtant le gouvernement
l'a placé au 5è rang des priorités de développement
du septennat finissant.
Ce chapitre tentait de répondre aux questions de
savoir :
· Les touristes connaissent-ils la destination Fako
et/ou la promotion permet-elle d'en attirer des nouveaux ?
· Comment améliorer la qualité de l'offre
(propreté, aménagement des sites, infrastructures...) pour
l'épanouissement de ce secteur dans la région ?
L'objectif qu'il poursuivait était de
déterminer les facteurs limitants à l'essor du tourisme. Pour y
parvenir, nous avons formulé quelques hypothèses :
· La promotion du tourisme et l'information des touristes
feraient cruellement défaut dans cette région.
· L'aménagement des sites, des infrastructures
d'accueil et des voies de communication serait embryonnaire.
Au bout de nos analyses, nous pouvons affirmer que le
tourisme dans le Fako connaît quelques difficultés qui
étouffent son décollage effectif en ce sens qu'elles menacent la
fidélisation de ses clients du moment et de ses futures conquêtes
et partant les rentrées financières. Elles varient de la
difficulté d'accéder aux sources d'information aux coûts
jugés prohibitifs en passant par la qualité en demi-teinte du
séjour des touristes dans la région. Mais les principaux
obstacles peuvent être regroupés en deux classes : les
obstacles internes à la région et les obstacles liés
à la géopolitique.
CONCLUSION GENERALE
Au cours de cet exercice heuristique, nous avons
été motivé par la réponse à la question
principale : Comment accroître la fréquentation touristique
dans une région qui en présente les atouts et partant, relever le
niveau de performances du tourisme dans le Fako ? En le faisant, nous
poursuivions l'objectif général de contribuer à
l'accroissement de la fréquentativité de cette région du
Mont Cameroun en établissant ce qu'elles présentent
réellement du point de vue touristique comme avantages et faiblesses,
objectif qui se trouve être reparti en objectifs spécifiques qui
sont :
· De caractériser les milieux dans lesquels
s'inscrivent l'activité touristique.
· De dresser un état des lieux de
développement du tourisme aux niveaux fréquentatif,
infrastructurel...
· D'identifier les potentialités touristiques.
· De déterminer les facteurs limitants à
l'essor du tourisme.
Nous avons également formulé l'hypothèse
générale qui est : le tourisme battrait de l'aile dans le
Fako ainsi que les hypothèses spécifiques qui suivent :
i. Les éléments de la nature sont les plus
convoités par les visiteurs du Fako.
ii. Les attractions architecturales et culturelles sont mal
connues et partant peu visitées.
iii. La promotion du tourisme et l'information des touristes
feraient cruellement défaut dans cette région.
iv. L'aménagement des sites, des infrastructures
d'accueil et des voies de communication serait embryonnaire.
Ceci a été fait à l'effet de donner une
explication provisoire aux problèmes que nous posions.
Au fil des quatre chapitres, nous procédions
étape par étape par la réponse à une ou plusieurs
question(s) spécifique(s) de recherche. C'est ainsi qu'au chapitre I,
nous avons présenté le milieu étudié. Il s'est agi
du milieu physique et du milieu humain suivi d'un développement sur la
nécessité du tourisme. Pour le milieu physique, le relief, le
climat, la végétation et les sols ont été
succinctement passés en revue. Quant au milieu humain, le cheminement
historique de la région a contribué à la doter de cultures
originales et de peuples authentiques de la côte n'ayant pas connu de
grands brassages. Quoiqu'il en soit, il est apparu que ce cadre est
propice à la floraison de l'activité touristique.
Au chapitre II, la préoccupation consistait à
faire le point sur la pratique du tourisme dans le département du Fako.
Pour ce faire, l'objectif de dresser un état des lieux de
développement du tourisme aux niveaux fréquentatif,
infrastructurel...a été fixé. Ainsi en partant de la
présentation des attraits touristiques exceptionnels de type naturel,
anthropologique et architectural, nous sommes arrivés à une
évaluation de la fréquentation qui hélas, présente
une augmentation de l'ordre de 33,5%. Le parcours de cet état des lieux
est également passé par les infrastructures de base utiles
à cette activité ainsi que par les acteurs intervenant dans la
chaîne du tourisme. Il en a résulté que le tourisme va mal
quoique disposant par ailleurs des potentialités nécessaires
à son essor.
Le chapitre III tentait de répondre à la
question de recherche suivante : quels sont les atouts majeurs que
présentent ces villes dans le secteur du tourisme ? L'objectif
était d'identifier les potentialités touristiques dont ces villes
disposent afin de pouvoir vérifier les hypothèses :
· Les éléments de la nature seraient les
plus convoités par les visiteurs du Fako.
· Les attractions architecturales et culturelles
seraient mal connues et partant peu visitées.
Concernant la première hypothèse, il est apparu
que de façon effective, c'est la présence des ressources du
milieu physique (flore, faune...) qui servent de prétexte principal aux
visiteurs qui se rendent dans le Fako. En effet, les données recueillies
auprès du coordonnateur du MCEO et des touristes rencontrés dans
la région du Mont Cameroun s'inscrivent dans cette perspective.
Ainsi du MCEO, ONG s'occupant des randonnées de
touristes de diverses nationalités sur le Mont Cameroun, nous avons
exploité les archives statistiques et les données de
l'évaluation de l'année 2002 basée sur les 72 fiches
retournées dans ses services. Nous sommes particulièrement
intéressés aux aspects de la fiche qui étaient les plus
susceptibles de nous fournir de la matière pour répondre à
notre question de recherche. Il s'est agi des archives statistiques et des
goûts des visiteurs.
Les archives statistiques
L'augmentation progressive et considérable de la
fréquentation touristique du Mont Cameroun, zone d'action de cet
organisme, est passée du simple (322 touristes) au double (685
touristes), soit une augmentation de l'ordre de 112,7 %. C'est le signe de
l'intérêt que ceux-ci portent aux prestations d'origine naturelle
que leur offre l'organisation.
Les goûts des visiteurs
- Les centres d'intérêt des visiteurs se
rapportent à la nature (100%).
Les visites que ces touristes ont effectué ailleurs au
Cameroun concernent 68,6% des sites touristiques à vocation
principalement naturelle.
- 95,8% seraient prêts à renouveler
l'expérience. Mais plus exactement 37 touristes, soit 51,4% sont
désireux de revenir dans les mêmes conditions contre 29, soit
40,3% qui ne le feraient que si certaines conditions sont remplies par
eux-mêmes.
- Ces touristes recommandent sans aucune réserve le
voyage du Mont Cameroun aux autres visiteurs, soit 100% de l'effectif
considéré.
Auprès des touristes eux-mêmes, c'est quasiment
le même résultat qui a été obtenu. Ce
résultat porte sur la récurrence des visites, leurs motivations,
les préférences et les impressions laissées par les
visites dans la région.
- La récurrence des visites régionales dont le
taux se situe autour de 50% montre également que le Mont Cameroun exerce
de la fascination sur de nombreux visiteurs qui n'hésitent pas à
s'y rendre.
- 50,25% des motivations ont un rapport étroit avec la
nature. Il s'agit des activités telles que la relaxation à la
plage, le repos physique et l'aventure. La dernière c'est-à-dire
l'aventure ne pouvant se déployer que si les éléments les
soutiennent : La plage pour la relaxation, le climat pour le repos et
l'espace pour l'aventure.
- Le taux régional de préférences pour
les attraits naturels égal à 76,6%.
100% des sujets interrogés disent respecter
l'environnement et les ressources touristiques, et 76,7% sont prêts
à se soumettre aux activités d'entretien sur ces sites. 84,2% de
personnes font ou sont prêtes à faire quelque chose de concret
pour soigner la nature.
Les impressions des visiteurs interrogés sont
globalement bonnes (82,5%) et ce qui en donne davantage la preuve c'est que
98,3% sont prêts à revenir partager les délices de la
nature du Mont Cameroun.
Pour ce qui est des ressources d'autres origines
(deuxième hypothèse) , elles ne servent que de produit d'appoint.
Leur état de développement tend à le confirmer par
ailleurs.
La question à laquelle le chapitre IV a essayé
de répondre était de savoir :
· La destination Fako est-elle connue de ses visiteurs
et promue pour en attirer de nouveaux ?
· La qualité de l'offre (propreté,
aménagement des sites, infrastructures...) peut-elle constituer un frein
à l'épanouissement de ce secteur d'activité dans la
région ?
Ce chapitre poursuivait le but de déterminer les
facteurs limitants qui gênent l'essor du tourisme en vérifiant
les hypothèses suivantes :
· La promotion du tourisme et l'information des
touristes feraient cruellement défaut dans cette région.
· L'aménagement des sites, des infrastructures
d'accueil et des voies de communication serait embryonnaire.
Pour les vérifier, nous avons utilisé les
données secondaires obtenues auprès du MCEO qui expédie
les touristes dans la montagne et veille à leur satisfaction. De
même nous avons recouru aux données primaires résultant de
l'enquête effectuée auprès des touristes et des interviews
réalisées auprès de l'industrie touristique et les
autorités en charge du tourisme.
Des résultats de l'évaluation de la saison
touristique 2001-2002 de cette ONG, nous avons pu apprendre que :
- les sources d'information des touristes envoyés par
le MCEO sur la montagne sont variables. Il s'agit des guides de voyage, des
agences de voyage, des brochures et des dépliants dont les pourcentages
regroupés sont de 23,5% alors que les transactions, les amis, les
connaissances et les collègues, le séjour de certains touristes
à Buéa représentent jusqu'à 76,5% des avis
exprimés. L'essentiel des visiteurs est informé par le truchement
des contacts interpersonnels.
- La qualité du séjour des touristes est ternie
par la saleté des toilettes, de la montagne, le mauvais entretien des
pistes du mont, l'insuffisance des refuges de montagne, l'état
défectueux et la rudesse des conditions de vie dans les huttes et les
sites de campement.
- Ces séjours ont un coût qui de l'avis + de 72%
des visiteurs est abordable. Il faut noter que ces visiteurs sont
essentiellement des expatriés et disposent de gros moyens. Son
caractère acceptable des prix pourrait en réalité ne pas
l'être pour de petites bourses.
L'enquête socio-économique nous a permis
de nous rendre compte - de l'avis des touristes - que :
-
l'accès aux sources d'information n'est pas toujours garanti. En effet
43,6% des visiteurs trouvent l'information sur cette destination ailleurs que
sur le net et les autres canaux d'information et de promotion du tourisme.
65,6% des touristes reçoivent l'information à travers le
bouche-à-oreille et ceci joue en la défaveur de la destination.
- la
qualité de séjour touristique se trouve être ternie par
l'état d'aménagement général dont le taux
régional ressorti des enquêtes est approximativement égal
à 40,4%, les infrastructures qui font défaut selon 59,7% des
visiteurs et enfin l'hygiène et la salubrité qu'incriminent 23,2%
des touristes sont tout aussi défaillantes. Beaucoup de touristes
occidentaux pour la plupart ont été victimes de ce qu'ils
appellent `'tourista''.
- le
coût de la destination quoique apparemment abordable est en
réalité prohibitif. C'est du moins ce que pensent 42,5% des
visiteurs de la région du Mont Cameroun.
Toutes ces informations constituent des obstacles à
l'essor de cette activité dans la région du Mont Cameroun.
Des entretiens que nous ont accordés les
professionnels du tourisme, il ressort que :
· le faible niveau d'aménagement des sites
touristiques,
· l'accès aux hôtels, le parking exigu voire
inexistant,
· le standing souvent bas de ces établissements
hôteliers,
· les prestations approximatives de leurs
employés,
· la faible fréquentation hôtelière,
la maintenance constituent des freins au développement du tourisme
Ceci est confirmé par les autorités du tourisme
pour qui le tourisme est menacé par tous ces problèmes. Ceci
est dû à la transversalité du secteur qui fait intervenir
de nombreuses administrations toujours difficiles à manoeuvrer.
En fin de compte, nous pouvons affirmer que le tourisme dans
la région du Mont Cameroun dispose d'abondantes ressources largement
tributaires de la nature et sous-exploitées pour son
développement et celui des peuples. Mais ce développement reste
encore sous la coupole des obstacles liés à la promotion du
tourisme et l'information des touristes, à la qualité du
séjour de ceux-ci et au coût pas toujours accessible à
plusieurs d'entre eux. Ces difficultés sont du reste jugulables.
Nous partageons donc le concept de développement du
tourisme selon lequel le tourisme contribue au bien-être des peuples sans
pour autant compromettre les chances de d'épanouissement des futures
générations d'en disposer pour elles-mêmes.
Pour répondre à notre question de départ
à savoir, comment accroître la
fréquentativité touristique dans une région qui en
présente les atouts et partant, relever le niveau de performances du
tourisme dans le Fako ?, nous dirons que le recours doit
être fait à la réflexion et l'action.
La réflexion portera sur l'exacte quantification des
flux touristiques, le plan marketing de la région, la formation
professionnelle des travailleurs du secteur du tourisme et le plan
d'aménagement de la côte comprise entre Mabéta et
Idénau.
L'action quant à elle consistera en la facilitation de
la formation par l'octroi des bourses de formation étant donné
que très peu de Camerounais ont une solide formation en tourisme. Ceci
rend le pays totalement extraverti et dans le même temps, les travaux de
recherche des nationaux sont rarement sinon pas du tout consacrés
à la résolution des problèmes de ce secteur
d'activité.
Selon les conclusions d'une étude de l'OMT
(''Tourism 2020 vision : Africa'' in
www.worldtourism.org), les
« mégatendances » du tourisme du XXIè
siècle montrent que les touristes vont devenir des consommateurs
« aux commandes » grâce à l'usage des divers
supports technologiques dont les NTIC, aimer les produits
thématiques...et leurs goûts vont être polarisés sur
le confort d'une part et l'aventure d'autre part. C'est pourquoi, il est
dès à présent nécessaire de procéder
à la création d'un site Internet qui à défaut de
promouvoir la région touristique du Mont Cameroun, regroupera sur le
même site l'ensemble des produits écotouristiques dépendant
de la végétation, de la faune et des paysages naturels du pays
ainsi que les hôtels et les autres atouts touristiques.
De façon plus concrète, l'action pourrait se
nourrir de cette liste de recommandations.
RECOMMANDATIONS
· Diversifier l'utilisation des produits de la nature
notamment en développant les activités telles les
croisières en mer, les expéditions photo sur la montagne...
· Etendre la saison touristique sur toute
l'année en veillant à adapter l'offre touristique aux
périodes sèche et pluvieuse.
· Préparer un véritable package
cohérent pour la région du Mont Cameroun qui peut être
intégré comme un circuit dans la destination Cameroun en
précisant les espaces d'hébergement, de loisirs, des sites
visitables...
· Profiter au maximum de la proximité de
l'aéroport international de Douala et même de Yaoundé pour
mener des actions promotionnelles agressives et porteuses.
· Mener des études sur l'aménagement
intégré des 90 km de côte de Limbé de
manière à servir sur le marché une plage
particulièrement concurrentielle.
· Revoir l'instrument de collecte des statistiques
hôtelières qui excluent de nombreux touristes et ne prend
d'ailleurs en compte que ceux que les hôteliers donnent à la
DPTSW.
· Faire participer les populations locales au
développement de l'activité touristique.
· Créer des stands d'informations des visiteurs
au sein des collectivités locales décentralisées où
l'on pourra mettre à disposition une carte de la région et la
localisation des produits touristiques. Un cadre adéquat pour le faire
serait la gare routière, le point de chute de toutes les entrées
dans la ville.
· Construire des routes viables.
· Offrir la possibilité des voyages par voie
d'eau tout au moins d'un point de la côte à un autre ( Idenau
à Mabeta en passant par Debunsha, Batoké, Bimbia...).
· La concurrence s'occupera de mettre les hôtels
et autres services aux standards internationaux.
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