UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DE MEDECINE
ECOLE DE SANTE PUBLIQUE
PROGRAMME DE D.E.S. EN ECONOMIE DE LA SANTE
ETUDE DES DETERMINANTS SOCIO - ECONOMIQUES DE
L'UTILISATION DES SERVICES DE SANTE PAR LES MENAGES DE LA ZONE DE SANTE DE
KADUTU/ PROVINCE DU SUD - KIVU
MUSHAGALUSA SALONGO
Pacifique
Licencié en sciences
économiques et de gestion
Mémoire présenté et
défendu en vue de l'obtention du diplôme d'Etudes Spéciales
en Economie de la santé
Directeurs : Professeur
KAYEMBE KALAMBAYI (ESP)
Professeur KINTAMBU
MAFUKU (FASEG)
Décembre
2005
TABLE DE
MATIERE
TABLE DE MATIERE
I
AVANT PROPOS II
I
DEDICACE......
VI
PAGE DE REMERCIEMENTS
VII
LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES
VIII
LISTE DES TABLEAUX
IX
LISTE DES FIGURES
IX
RESUME.........
X
Chapitre I : INTRODUCTION GENERALE
1
1.1. Contexte de l'étude
1
1.2. Revue de la littérature
3
1.3. Le problème
12
1.4. Objectifs de l'étude
15
1.4.1. Objectif général
15
1.4.2. Objectifs spécifiques
15
1.5. Hypothèses
15
1.6. Méthodologie
16
1.6.1.
Type d'étude, et techniques de collecte des
données
16
1.6.2.
Modèle conceptuel
17
1.6.3.
Variables
17
a. Variable
dépendante :
17
b. Variables
indépendantes :
17
1.6.4.
Echantillonnage.
18
1.6.5. Plan Collecte des
données
19
1.7. Canevas de
présentation
21
Chapitre II : LE SECTEUR SANITAIRE EN
RDC
22
2.1. Organisation du système de
santé en RDC
22
2.1.1. Le secteur sanitaire
colonial
23
2.1.2. Le secteur sanitaire
après l'indépendance
24
2.1.3. Le système sanitaire de
la RDC
25
2.1.4. Conséquences du
délabrement du système sanitaire
26
2.2. Grandes lignes de la politique
sanitaire en RDC
27
2.3. Financement du système de
santé en RDC
29
2.3.1.
Evolution, allocation et exécution du budget de
l'État
30
2.3.2.
Poids du financement sur les ménages
31
2.3.3. Besoin de financement du
secteur
32
2.4. Fonctionnement des zones de
santé
33
2.5. Brève présentation de la
ZS de Kadutu.
35
2.5.1. Situation
géographique
35
2.5.3. Situation
socio-économique et culturelle
36
2.5.4. Situation
sanitaire.
37
2.5.5. Contexte particulier de la zone de
santé de Kadutu
37
Chapitre III : CARACTERISTIQUES DES
MENAGES DE LA ZONE DE SANTE ET LEUR COMPORTEMENT FACE A LA MALADIE
40
3.1. Caractéristiques des
ménages
40
3.1.1.
Répartition des populations enquêtées par
tranche d'âge
40
3.1.2.
Taille moyenne des ménages
40
3.1.3.
Sexe du chef de ménage
41
3.1.4.
Age du chef de ménage
42
3.1.5.
Niveau d'instruction du chef de ménage
43
3.1.6.
Occupation du chef de ménage
43
3.1.7.
Répartition des ménages selon leur
religion
44
3.1.8.
Répartition des ménages selon leur
tribu
44
3.2. Comportement des ménages face
à la maladie
45
3.2.1.
Nombre de ménages ayant eu au moins un malade durant les
30 derniers jours précédant l'enquête.
45
3.2.2.
Répartition des malades selon leur sexe
45
3.2.3.
Gravité de la maladie
46
3.2.4.
Personnes malades ayant cherché les soins de
santé
46
3.2.5.
Structures des soins où les malades se sont fait
soignés.
47
3.2.6.
Raison de non fréquentation d'une FOSA
48
3.2.7.
Appartenance des structures où les malades se font
soigner
48
3.2.8.
Distance moyenne entre le domicile et la structure des
soins
49
3.2.9.
Motif de choix des structures de santé
49
3.2.10.
Raisons de refus des soins au centre de santé de l'aire
de santé
50
3.2.11.
Dépenses totales des soins de
santé
51
3.2.12.
Prise en charge des soins de santé pour le
ménage
52
3.2.13.
Origine de l'argent pour les soins
52
3.3.
Caractéristiques socio - économiques des
ménages
53
3.3.1.
Catégories socio - économiques dans lesquelles se
placent les ménages
53
3.3.2.
Type de maisons habitées par les
ménages
53
3.3.3.
Appartenance de la maison habitée par le
ménage
54
3.3.4.
Ménages abonnés à une mutuelle de
santé
54
3.3.5.
Dépenses moyennes de consommation déclarées
des ménages par mois
55
3.3.6.
Revenu moyen déclaré des ménages par
mois
56
Chapitre IV : DETERMINANTS DE
L'UTILISATION DES SERVICES DE SANTE PAR LES MENAGES DE LA ZONE DE SANTE DE
KADUTU
57
4.1. Base Théorique du modèle
: MODELES LOGISTIQUES
57
4.2. Estimation du modèle de demande
des soins de santé
59
4.2.1. Formalisation théorique
du modèle
59
4.2.2. Résultats des
régressions
61
4.2.3. Calcul des probabilités
d'utiliser un service de santé
63
CONCLUSION
65
SUGGESTIONS
67
BIBLIOGRAPHIE
68
ANNEXES
.....................................................................................
71
AVANT PROPOS
L'utilisation des services de santé de base est l'un
des facteurs clefs favorisant une meilleure santé des populations.
Durant de nombreuses années, du fait de la précarité des
conditions de vie, une grande partie de la population Congolaise n'a pas eu
accès aux soins de santé. Cette situation prévaut plus
dans les provinces de l'intérieur du pays.
Améliorer l'utilisation des services de santé,
étant une priorité nationale, le gouvernement et ses nombreux
autres partenaires du développement ont soutenu d'importants
investissements pour construire et équiper des centres de santé
de base.
Pourtant, malgré une augmentation considérable
du nombre de centres de santé, la fréquentation n'a pas beaucoup
variée et les indicateurs de santé demeurent très
préoccupants. La tendance actuelle ne permettra pas à la RDC
d'atteindre les objectifs du millénaire. Tant que la population
n'utilisera pas davantage les services de soins préventifs et curatifs,
il est fort probable que cette tendance ne se modifiera pas significativement.
Tenter de se rapprocher des objectifs du millénaire exige des mesures
permettant une évolution positive des taux de fréquentation des
services de santé.
En réponse à cette préoccupation, cette
étude cherche à comprendre pourquoi l'augmentation des
investissements de différents partenaires dans le secteur de la
santé n'a pas entraîné une amélioration notable des
taux d'utilisation. Son objectif est de souligner les facteurs pouvant stimuler
une meilleure utilisation des services de santé et les mesures à
adopter afin d'accroître les taux de fréquentation.
Ce travail s'appui sur une enquête
réalisée auprès des ménages de la zone de
santé de Kadutu pour essayer de comprendre les facteurs sur lesquels il
serait possible d'agir pour les amener à utiliser les services de
santé.
Si la qualité de service est l'une des explications du
niveau d'utilisation, cette étude montre aussi l'importance d'un
ensemble d'autres facteurs qui devraient être pris en compte pour
améliorer la fréquentation des services notamment les
caractéristiques socio - économiques des ménages.
Bien que le coût joue un rôle important, ce
facteur ne doit pas être surestimé dans l'analyse des conditions
d'accès aux services de santé de base. Apporter un soutien
financier aux plus pauvres est crucial pour diminuer les barrières
à l'accès. Mais, lorsque les services sont de qualité, la
majorité de la population les utilise, même si leur coût est
relativement élevé.
De nombreuses recherches ont montré le lien entre
l'amélioration de la qualité et l'augmentation de la
fréquentation. Malheureusement, sans véritable
amélioration de la qualité dans les services de santé, il
se manifeste une augmentation continue du coût de ces services. De plus
les services offerts ne répondent pas toujours bien à la demande
des populations.
Cette étude décrit la situation de la zone de
santé de Kadutu ainsi que les mesures pouvant être adoptées
pour améliorer les taux d'utilisation des services.
Les propositions soulignent la responsabilité des
décideurs sanitaires sur le besoin d'engager des actions
intersectorielles et l'importance de prêter autant d'attention aux
facteurs de demande qu'aux facteurs d'offre.
Cette étude ne prétend pas apporter toutes les
solutions pour améliorer la fréquentation en particulier, elle ne
détaille ni la stratégie d'amélioration de la
qualité des soins, ni la recette pour la mobilisation communautaire.
Cependant, elle nous permet de mieux comprendre l'importance
des différents facteurs qui ont une influence positive sur la
fréquentation et elle apporte des recommandations pratiques pour guider
l'ensemble des acteurs intéressés.
La RDC a déjà engagé la mise en oeuvre de
certaines mesures préconisées par cette étude et devrait
continuer dans ce chemin. Il serait alors important de suivre les
progrès déjà enregistrés et de s'appuyer sur les
actions les mieux réussies pour accroître la fréquentation
des services de santé de base.
Pacifique MUSHAGALUSA
DEDICACE
A toi mon Dieu Tout
Puissant, pour ton amour, ta grâce et ton assistance sans
fin. Je lève mes yeux vers toi et le secours me vient oh Eternel qui a
fait les cieux et la terre. Seigneur tu es un bouclier pour moi, tu es ma
gloire, celui qui relève ma tête.
A toi l'os de mes os ; cet amour, cette affection et
cette persévérance que tu ne cesses de me témoigner m'ont
encouragé durant toute cette année de dure séparation.
NANA M. Je t'aime.
A Ornela ANSIMA, David
AMBIKA et toute notre
progéniture ; à chaque fois que le
soleil se lève, il y a toujours un temps pour qu'il se couche.
Après tout le temps que nous nous sommes séparés pour
cette formation, voici venir le temps de savourer ce fruit mûr. C'est le
seul exemple que je vous donne à suivre sans oublier de vous aimer et
aimer le prochain. De la part de votre papa qui vous aime bien.
A mes parents
Déogratias MONITERE et
Léonie M'BUHENDWA, à Mr
Charles MUSHAGALUSA et vous mes frères et
soeurs, parce qu'il est impossible de trouver des qualificatifs
et de mots à la hauteur de l'amour et soutien que vous nous avez
toujours témoigné.
Je dédie ce travail qui est le couronnement de tant de
sacrifices et d'endurance.
Pacifique MUSHAGALUSA
PAGE DE REMERCIEMENTS
Au seuil de ce travail, nous avons l'obligation morale
d'exprimer nos sentiments de gratitude et de profonds remerciements à
tous ceux qui nous ont apporté leur concours tout le long de notre
formation et pendant la réalisation du présent travail,
notamment :
Au professeur MUNYANGA ainsi qu'à tout le corps
académique de l'ESP pour avoir songé à l'ouverture au sein
de cette école d'une option « Economie de la
Santé » et aux efforts consentis pour son fonctionnement.
Aux responsables de CORDAID et ceux du BDOM, qui ont mis
à notre disposition des moyens nécessaires pour la
réussite de notre formation.
Aux professeurs KAYEMBE KALAMBAYI Patrick et KINTAMBU MAFUKU
Gustave - Emmanuel ainsi que les assistants MASALU Didier et TSHIMENGA
Moïse qui, malgré leurs multiples occupations, ont accepté
de conduire avec une attention particulière et une rigueur scientifique
ce travail.
A travers Mlle Maria MASSON, nous présentons nos vifs
remerciements à toute l'équipe dirigeante du BDOM/Bukavu,
à toute l'équipe de la Coordination Médicale ainsi
qu'à tout le personnel pour leur soutien aussi divers qu'il soit.
A la famille Nicole et Franck MUTULA dont nous ne saurons
passer sous silence l'amour et l'affection qu'elle ne cesse de nous faire
preuve. Nous leurs sommes reconnaissant pour leur soutien et sacrifice durant
cette période.
Aux familles MONITERE Déo, YUMA Symphorien, CIGWERHE
Christine, Rosette et Charles MUSHAGALUSA, BARHUKENGE Eugène, BUHENDWA
Félicien, BAHANE, BATUMULA, MULUMUNA Bavon et Getou, MUBALAMA,
CHIHUMEKE, KOMANDA.
A nos amis et frères, MUNANE Théthé,
Abbé Patrice MUKATA, Da Nzigi, Solange, Viviane, Janvier, Mugisho,
Hermès, Jackson, Nana M, Ornela, David, Kelvin, Jules, Noces, Bill
BAHANE, Lievain
A tous les apprenants de la première promotion
d'Economie de la santé/ESP pour le soutien mutuel pendant ces 15 mois de
dur labeur ;
Aux ménages de la ZS de Kadutu ainsi qu'à son
personnel qui ont permis la réalisation de ce travail en acceptant de
répondre volontiers à notre questionnaire en fournissant les
données de base pour nos analyse.
A tous ceux qui n'ont pas vu leurs noms cités et qui
nous ont toujours comblés de leur animation, sentiments, amour et
amitiés ; qu'ils trouvent ici l'expression de notre profonde
gratitude.
Pacifique MUSHAGALUSA
LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES
ASRAMES : Association Régionale
d'Approvisionnement en Médicaments essentiels
BCZS : Bureau Central de la Zone de Santé
BDOM : Bureau Diocésain des OEuvres
Médicales
BM : Banque Mondiale
CBCA : Communauté Baptiste au centre de
l'Afrique
CECA : Communauté des Eglises du Christ en
Afrique
CEPAC : Communauté des Eglises
Pentecôtistes en Afrique Centrale
CODESA : Comité de développement de l'aire
de santé
CORDAID : Organisation Catholique d'Aide au
Développement
CRDI : Centre de recherche pour le
développement international
CS : Centre de Santé.
DEP/MS : Direction d'études et
planification/Ministère de la santé
DSRP : Document de stratégies de
réduction de la pauvreté.
DREES : Direction de la Recherche des Etudes de
l'Evaluation et des Statistiques
ESP : Ecole de Santé Publique
ET : Ecart Type
FASEG : Faculté des Sciences Economiques et
de Gestion
FNUAP : Fonds des Nations Unis pour la Population
FOSA : Formation Sanitaire
HGR : Hôpital Général de
Référence
ISDR : Institut Supérieur de
Développement Rural
ISTM : Institut Supérieur des
Techniques Médicales
IRA : Infections Respiratoires Aigues
MS : Mutuelle de Santé
MICS2 : Multiple Indicators Cluster Survey 2
MINISANTE : Ministère de la Santé
NC : Nouveau Cas
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PCA : Paquet Complémentaire
d'Activités
PIB : Produit Intérieur Brut
PMA : Paquet Minimum d'Activités
PMURR : Programme Multisectoriel d'Urgence,
Réhabilitation et Reconstruction
PPTE : Pays Pauvre Très Endetté
RDC : République Démocratique du
Congo
REGIDESO : Régie de Distribution d'Eau
SNEL : Société Nationale
d'Electricité
SSP : Soins de Santé primaires
TBC : Tuberculose
ZS : Zone de Santé
LISTE DES TABLEAUX
Tableau N°1 : Choix de l'échantillon des
ménages
Tableau N°2 : Evolution du budget des
dépenses de la santé de 1995 à 2004
Tableau N°3 : Répartition de la population
par aire de santé
Tableau N°4 : Répartition des ménages
par sexe et par tranche d'âge
Tableau N°5 : Taille moyenne des personnes vivant
dans le ménage
Tableau N°6 : Sexe du chef de ménage par
aire de santé
Tableau N°7 : Age du chef de ménage
Tableau N°8 : Niveau d'instruction du chef de
ménage
Tableau N°9 : Activité principale du chef de
ménage
Tableau N°10 : Répartition des ménages
selon la religion
Tableau N°11 : Tribus des ménages
Tableau N°12 : Nombre de ménages avec
malades
Tableau N°13 : Répartition des malades par
sexe et par tranche d'âge
Tableau N°14 : Gravité de la maladie
Tableau N°15 : Nombre de patients ayant
cherché des soins
Tableau N°16 : Nombre de malades soignés et
gravité de la maladie
Tableau N°17 : Structures des soins des malades
Tableau N°18 : Raisons de non fréquentation
d'une FOSA
Tableau N°19 : Appartenance des structures des soins
des malades
Tableau N°20 : Distance entre la maison et la
structure des soins
Tableau N°21 : Motif de choix d'une structure de
santé
Tableau N°22 : raisons de non soins au centre de
santé
Tableau N°23 : Dépenses totales des soins de
santé
Tableau N°24: Paiement des soins des ménages
Tableau N°25 : Comportement des ménages pour
payer les soins
Tableau N°26 : Catégorie socio -
économique des ménages
Tableau N°27 : Maison habitée par les
ménages
Tableau N°28 : Appartenance de la maison habitée
par le ménage
Tableau N°29 : Ménage abonné à
la mutuelle de santé
Tableau N°30 : Dépenses mensuelles de
consommation déclarées par les ménages
Tableau N°31 : Revenus mensuels
déclarés par les ménages.
Tableau N°32 : Résultats de la
régression
Tableau N°33 : Estimation du modèle
Tableau N°34 : Calcul des probabilités
LISTE DES FIGURES
Figure N°1: Modèle conceptuel de l'utilisation des
services de santé
Figure N°2: Organisation d'une zone de santé
RESUME
La situation de crise aggravée par les deux guerres que
vient de traverser la RDC a eu des effets dévastateurs sur tous les
plans de la vie socio économique dans la population. Cette
dernière s'est retrouvée dans un état de misère
généralisé avec des difficultés de subvenir aux
besoins de première nécessité, notamment ceux
d'accéder aux SSP malgré son état de santé
déjà précaire. Il se manifeste ainsi une sous utilisation
des services de santé par les populations bénéficiaires
à travers le pays et plus particulièrement dans le cadre de cette
étude, dans la ZS de Kadutu.
Pour mieux répondre aux besoins réels de la
population et permettre aux décideurs du secteur de la santé
d'avoir des données fiables sur les déterminants de
l'utilisation des services de santé dans cette partie du pays, nous
avons mené une étude auprès des ménages de la ZS de
Kadutu.
L'objectif de cette étude était d'identifier les
déterminants de l'utilisation des services de santé afin de
proposer les axes d'amélioration à apporter au système de
santé pour mieux répondre à la demande et satisfaire les
besoins des plus pauvres
Pour y parvenir, une enquête a été
menée sur un échantillon de 400 ménages de la ZS de Kadutu
repartis dans six aires de santé sur les 10 que compte la zone de
santé.
Parmi les 400 ménages enquêtés, 286
déclarent avoir eu au moins un cas de maladie pendant les 30 derniers
jours précédent l'enquête. C'est sur les 286 ménages
qu'une régression logistique a été effectuée pour
établir un modèle d'utilisation des soins de santé dans la
ZS de Kadutu. Il ressort de cette étude que le principal motif de choix
d'une structure de santé c'est la qualité tandis que les raisons
financières constituent le principal motif de renoncement aux soins de
santé.
Les revenus mensuels des ménages sont extrêmement
bas. Ce revenu est estimé en moyenne à 79,8$ par mois, soit un
revenu moyen par habitant par jour de 0,33$. Le prix moyen d'une consultation
dans un centre de santé représente environ 9,7 % du revenu
mensuel déclaré du ménage, tandis que celles de
l'hôpital en représentent 78%.
Les résultats des analyses économétriques
présentées dans le cadre de cette étude relèvent
que l'état de la maladie (selon que le malade considère son
état comme grave ou pas), l'appartenance de la structure (selon
qu'elle est étatique ou privée), l'âge du malade ainsi que
le revenu du ménage sont significatifs pour expliquer l'utilisation des
services de santé.
La probabilité d'accès aux soins de santé
obtenue est assez significative (97,48%) et est fortement influencée par
le niveau de revenu des ménage et de l'âge de malade dans
l'hypothèse d'une maladie grave et d'un recours à une structure
sanitaire étatique.
Les facteurs évoqués ci-dessus comme
significatifs sont ceux sur lesquels une intervention s'avère plus
impérieuse si on veut améliorer l'utilisation des services de
santé.
Chapitre I : INTRODUCTION GENERALE
1.1. Contexte de l'étude
Depuis le déclenchement du
processus démocratique en 1990, la RDC traverse une crise politique
profonde qui s'est matérialisée par une instabilité
politique débouchant sur deux guerres, respectivement en 1996 et la
dernière en 1998 qui a duré cinq ans.
Cette situation de guerre a plongé le pays dans une
situation de crise généralisée avec des effets
dévastateurs sur les populations congolaises dans tous les secteurs de
la vie.
Actuellement, en dépit de quelques poches de
turbulence où des bandes armées s'affrontent encore, une relative
accalmie règne au pays à la suite d'un accord global et Inclusif
qui a facilité la mise en place en 2003 d'un gouvernement de transition
et d'Union Nationale et d'autres institutions de transition.
Comme conséquence de cette crise, on observe sur le
plan économique un délabrement très avancé du tissu
économique dû à la détérioration des termes
de change, à la mauvaise gestion des entreprises publiques et aux
pillages des décennies 90. L'économie est en ruine avec des
infrastructures délabrées et une administration publique manquant
des moyens minima pour accomplir sa mission.
En terme de revenu, le PIB par habitant est en
régression permanente, passant de 250 $ à 105 $ entre 1990 et
2001, niveau bien inférieur à la moyenne de 490$ en Afrique
sub-saharienne (Banque Mondiale, 2002). Le revenu national brut par habitant
est de 90$ en 2002. (18) Il est estimé que 80% de la population
congolaise vit avec mois de 0,20$ par jour (13), ce qui est en dessous du seuil
de la pauvreté défini par la Banque Mondiale (1$ / j par
personne). L'indice de développement humain est parmi les plus
mauvaises positions au monde (168e/177pays) en 2004.
Sur le plan social, la destruction des infrastructures
économiques et sociales a entraîné l'augmentation du taux
de chômage. La paupérisation de la population a réduit
d'une façon sensible l'accès aux services sociaux de base. Cette
situation est à la base de la grande vulnérabilité de la
femme, des enfants de moins de 5 ans, des jeunes et des adolescents avec comme
conséquence un attrait à la toxicomanie, à l'alcoolisme, a
l'interruption Volontaire de la Grossesse, VIH, et l'enrôlement des
enfants soldats.
Sur le plan sanitaire, on observe un dysfonctionnement des
systèmes de santé caractérisé par la
dégradation généralisée des infrastructures
sanitaires, la vétusté des matériels et
équipements, le manque chronique des médicaments essentiels et
outils de gestion, la démotivation du personnel,
l'inaccessibilité de la population aux soins, l'insuffisance de la
couverture sanitaire, la faiblesse des activités d'appui. Par ailleurs,
la prédominance des maladies épidémiques et
endémiques (paludisme, méningite cérebro - spinale,
rougeole, IRA, diarrhées, coqueluches ; complications liées
à la grossesse et à l'accouchement, le VIH/SIDA, TBC) sont
à la base de la charge excessive de la morbidité et de la
mortalité en RDC.
La santé est donc un des secteurs les plus
touchés par la crise économique et ce, à plusieurs
niveaux. L'Etat ne subventionne presque plus les soins de santé de la
population ; celle - ci est au contraire obligée à se
prendre en charge, en dépit de la modicité des revenus des
quelques personnes qui travaillent et qui doivent subvenir aux besoins
multiformes d'une grande armée des chômeurs et des indigents.
Le financement du système sanitaire de la RDC souffre
ainsi d'un grand paradoxe : alors que les malades sont tenus de supporter
la quasi - totalité des coûts financiers de leurs soins de
santé et du fonctionnement des formations médicales qui les
accueillent, leurs revenus sont loin de leur permettre de relever un tel
défi. (11)
Par ailleurs, alors que la crise économique occasionne
une forte demande des soins à cause notamment de la
précarité des conditions de vie, d'hygiène personnelle et
publique, de la sous alimentation, etc., les formations sanitaires sont de plus
en plus incapables de répondre à cette demande à cause
notamment du délabrement de leurs infrastructures et équipements
et de la démotivation du personnel médical.
La politique nationale actuelle a pour option fondamentale
« la satisfaction des besoins de santé de toute la population,
qu'elle soit en milieu urbain ou en milieu rural. Pour ce faire, il s'agira
entre autres d'améliorer l'accessibilité aux soins par la
couverture adéquate en infrastructures de santé, par
l'approvisionnement en équipements et en médicaments essentiels,
le déploiement des ressources humaines sur toute l'entendue du pays et
la mobilisation des ressources financières (19)
Afin d'assurer l'accès du peuple congolais à une
vie saine et lui permettre d'être socialement et économiquement
productif, le gouvernement est entrain de promouvoir le droit à la
santé à tous les citoyens à travers le renforcement des
mécanismes garantissant l'équité dans la distribution des
soins et des services de santé, la solidarité communautaire,
l'humanisation des services de santé et l'accessibilité
financière aux soins de santé. Mais à ce jour, la
République Démocratique du Congo, avec une superficie de
2.345.3000 Km² et une population totale estimée à environ
59.000.000 d'habitants en 2004, sort d'une guerre meurtrière ayant
entraîné un délabrement de ses infrastructures. Cette
situation a exacerbé la crise socio- économique qui
prévaut dans le pays depuis plus d'une décennie.
C'est dans ce contexte qu'au niveau du financement des soins
de santé, il est estimé que 70% des charges reposent sur les
ménages alors que plus de 80% de la population vit en dessous du seuil
de la pauvreté. Cet état de choses est à la base de la
faible utilisation des services de santé (21%) et de la
détérioration de la situation sanitaire qui se caractérise
par un taux de mortalité maternelle excessif (1289 décès
pour 100.000 naissances vivantes et une mortalité infantile
élevée de 126 %o (19)
La vision du gouvernement est de faire de la RDC un pays dans
lequel toute la population bénéficie des soins de santé de
qualité, intégrés et continus accessibles et acceptables,
avec pleine participation dans le contexte global de la lutte contre la
pauvreté. Parmi les orientations stratégiques du gouvernement,
nous avons l'amélioration de l'accessibilité financière de
la population aux soins de santé, avec une attention particulière
accordée aux plus pauvres, aux indigents ainsi qu'aux personnes
vulnérables. La réalisation de cette stratégie appelle une
série de réformes dans l'organisation des structures des soins,
la révision du système de tarification des soins et la
catégorisation des actes médicaux par niveau.
1.2. Revue de la littérature
La littérature à notre portée nous a
permis de cerner l'étendue du problème et la manière dont
il a été abordé dans différentes études
réalisées par d'autres chercheurs à travers les pays. Ce
sont ces résultats qui sont présentés dans cette partie du
travail.
Dans une étude réalisée par le CRDI dans
les pays de l'Afrique de l'Ouest sur les politiques publiques et la protection
contre l'exclusion, il ressort que les systèmes de santé des pays
en développement et plus particulièrement en Afrique de l'ouest
ont connu des transformations majeures durant ces dernières
décennies. Alors que certaines politiques ont permis d'améliorer
l'accessibilité et parfois l'efficacité des services de
santé, la question de l'équité d'accès aux soins de
santé n'est toujours pas résolue. Elle s'est même
aggravée dans de nombreux cas, contribuant ainsi grandement à
l'augmentation de la pauvreté. Les inégalités de
santé et d'accès aux soins demeurent considérables dans la
région. Certains sont exclus des soins de manière permanente.
D'autres plus nombreux sont exclus de façon temporaire,
leurs capacités de payer, de se déplacer ou encore de se
libérer pour aller se soigner ou soigner une personne à charge,
variant au gré de saisons et du rythme d'activités. On observe
que le fardeau de la santé tend à s'accroître avec la
pauvreté et que la maladie est une des sources d'appauvrissement des
ménages démunis. Aussi, ces derniers sont plus fréquemment
exposés à des soins ou des traitements de mauvaise qualité
et à des pratiques non éthiques, notamment de surfacturation.
(5)
Dans leur manuel sur le financement des soins de santé
en Afrique subsaharienne par la tarification des services et l'assurance, Paul
SHAW et Charles GRIFFIN montrent que la tarification des soins dispensés
dans les établissements de santé publics sont un facteur
d'équité parce que la demande de soins de santé augmente
d'une façon disproportionnée avec le revenu. Les gens de
condition aisée sont plus en mesure et acceptent plus volontiers de
payer pour des services coûteux, si bien que faire payer les gens
relativement riches pour des services qu'ils demandent et qu'ils peuvent
s'offrir, particulièrement dans les hôpitaux et en utiliser le
produit pour subventionner ceux qui sont le moins à même de payer
pour se faire soigner est un moyen d'améliorer les prestations de
services de santé aux pauvres.
Selon leur observation, une enquête sur l'utilisation
des services de santé dans l'Etat d'Ogun, au Nigeria, a
révélé qu'environ la moitié des ménages
situés dans le quintile supérieur de revenu
bénéficiait des services gratuits ou fortement
subventionnés dans les cliniques ou hôpitaux publics. Ce quintile
supérieur était aussi cinq fois plus porté à se
faire soigner dans les hôpitaux privés que les gens de quintile le
plus pauvre, montant ainsi une grande disposition à payer pour se faire
soigner.
Une enquête sur les ménages
réalisée en 1993 en Tanzanie prouve de manière frappante
qu'une part disproportionnée des subventions de l'Etat à la
santé va aux ménages relativement riches. Les riches sont les
plus gros utilisateurs des services de consultation et d'hospitalisation des
hôpitaux, dispensaires et centres de santé privés et
payants, avec un nombre de visites qui représente près de la
moitié du total. Les riches sont aussi plus nombreux que les pauvres
à se faire soigner dans les établissements payants dirigés
par des missions, entrant pour 35% des malades hospitalisés et 25
à 29% des malades non hospitalisés dans les hôpitaux,
centres de santé et dispensaires de ces missions.
Ce qui est plus surprenant, c'est la prédominance des
riches parmi les malades hospitalisés dans les hôpitaux d'Etat
où ils représentent de 35 à 37% de l'ensemble des
patients. Ces hôpitaux fournissent une part substantielle de l'ensemble
des soins avec hospitalisation dans le pays. Si les subventions publiques de
santé allaient à ceux qui en ont besoin, un plus grand nombre de
tanzaniens des quintiles inférieurs pourraient se faire soigner
gratuitement dans les établissements publics.
Les ménages relativement aisés ont aussi
tendance à bénéficier davantage que les autres des
services coûteux et subventionnés dispensés dans les
hôpitaux tertiaires. Ceci provient du fait que les ménages
relativement aisés se rencontrent surtout en milieu urbain, près
des hôpitaux centraux et des hôpitaux universitaires. Ici encore,
la Tanzanie nous en fournit la preuve. 47% des hospitalisations en Tanzanie
concernent des personnes qui vivent en milieu urbain et 62% d'entre elles
appartiennent aux deux quintiles supérieurs des revenus. (35)
Dans son ouvrage les fondements de l'économie de la
santé, Charles E. PHELPS note quant à lui que, comme pour tout
autre bien économique, la demande des soins médicaux,
dépend des revenus. Des revenus plus important créent une demande
des soins plus importante. Il fait remarque cependant que ce genre de
déclaration doit être accompagnée d'une mise en
garde : toute chose restant égale par ailleurs.
Pour ce qui est du prix de l'argent, le raisonnement
économique affirme que les personnes vivant dans les limites des
contraintes budgétaires achètent moins un certain type de biens
au fur et à mesure que leur prix augmente. En sens inverse, elles
achètent davantage quand leur prix baisse. Si des études
expérimentales sont nécessaires pour montrer l'importance du prix
dans l'influence exercée sur les consommateurs de soins médicaux,
la logique nous enseigne que sa possibilité existe. D'autres choses
étant égales, la demande des individus devrait diminuer quand le
prix des soins médicaux augmente.
Concernant le temps, suivant l'adage « le temps
c'est de l'argent, nous pouvons nous attendre à ce que les personnes
obligées de consacrer beaucoup de temps aux soins médicaux en
useront moins, toute chose restant égale par ailleurs.
Il signale en plus que la demande des soins devrait varier
directement avec la gravité de la maladie, aussi longtemps que ces soins
seront aptes à guérir le patient. (6)
Au Rwanda, une étude de 2004 sur le rôle de
l'assurance dans l'amélioration de l'accessibilité aux soins
révèle que les mutuelles de santé ont montré un
très grand potentiel à améliorer l'accessibilité
financière de la population aux soins de santé. En effet, dans
les zones de rayonnement des CS où les MS sont déjà
fonctionnelles, l'on a constaté une très grande augmentation de
la fréquentation de la population membres de la mutuelle par rapport aux
non - membres. Alors que la moyenne nationale du taux d'utilisation des
services curatifs est tombée à 0,3 consultation par an ; les
taux annualisés des consultations dans la plupart des MS atteignent 1
à 1,3 consultations par an. Ainsi donc, chaque membre mutualiste,
grâce aux MS est à même de fréquenter son CS de
premier contact.
Dès lors que la barrière financière
à l'accessibilité aux soins de santé est enlevée
par les MS, en cas de maladie, les membres sont susceptibles d'utiliser 4 fois
plus que les non membres les services de santé modernes.
Outre que les MS contribuent à l'accessibilité
financière aux soins de santé, elles renforcent aussi
l'amélioration de la qualité des soins dans les FOSA à
travers une mobilisation des ressources financières additionnelles et la
constitution d'une coalition des consommateurs des soins de santé au
niveau local qui questionnent en permanence la qualité des soins de
santé. (24)
Au Burkina Faso, une étude de ZOUBGA Alain portant sur
les services des soins et qualité montre que, sur le plan financier, le
coût de prestation des soins et des médicaments, même
génériques est généralement élevé par
rapport au pouvoir d'achat de la majorité de la population surtout
après la dévaluation du Franc CFA, cette situation
s'explique en partie par les prescriptions irrationnelles et le non
fonctionnement du système de prise en charge des indigents. Il s'y
ajoute l'absence de mécanismes de prise en charge des coûts des
soins. (38)
Pour le Projet sphère version 2004, selon la norme1
relative aux systèmes de santé et aux infrastructures de
santé ; classement des services de santé selon leurs
priorités : « Toutes les personnes ont droit à
l'accès à des services de santé qui sont classés
selon leurs priorités afin d'aborder les principales causes de
mortalité et de morbidité excessives.
L'accès aux services de santé se basera sur le
principe d'équité à savoir assurer un accès
égal selon les besoins, sans discrimination pouvant entraîner
l'exclusion des groupes spécifiques. Dans la pratique, l'emplacement et
la dotation en personnel des services de santé devraient être
organisés de manière à assurer un accès et une
couverture optimaux.
Les besoins particuliers des groupes vulnérables qui ne
peuvent peut- être pas y accéder facilement seront abordés
lors de la conception des services de santé. Lorsque les honoraires sont
demandés aux utilisateurs, il faudra prendre des dispositions pour
veiller à ce que les personnes n'ayant pas les moyens de verser ces
honoraires aient tout de même accès aux services. (31)
Selon un rapport du groupe d'étude de l'OMS de 1993 sur
l'évaluation des récentes reformes opérées dans le
financement des services de santé, la méthode de financement peut
avoir une incidence sur l'augmentation du coût des soins de santé,
la localisation et le type de services fournis ainsi que sur le nombre et le
type du personnel employé. Il existe à l'évidence un
besoin de comprendre de quelle manière les objectifs qu'un pays s'est
fixé en matière de politique sanitaire peuvent se trouver
modifiés suite aux réformes opérées à
l'échelon du financement.
Les changements opérés dans le mode de
financement peuvent avoir des effets d'une portée considérable.
Une restructuration du mode de financement, des soins ou de
rémunération des dispensateurs, vu qu'elle modifie le nombre des
incitations, peut changer le type et la qualité des relations entre les
dispensateurs, de même qu'entre les dispensateurs et les consommateurs
des soins. Elle peut restreindre la possibilité sur le plan financier
d'avoir accès aux soins et altérer de ce fait l'état de
santé de divers groupes des populations. (30)
Ce rapport présente une enquête sur la
santé nationale des Philippines dans laquelle on observe que tandis que
la fréquentation des installations publiques des soins de santé
primaires diminue avec le revenu, les établissements hospitaliers
publics sont utilisés de manière égale par les groupes
disposant des revenus les plus bas et ceux disposant les revenus les plus
élevés. Cela signifie que les premiers bénéficient
d'autant de subvention que les derniers, ce qui n'était pas forcement
recherché à l'origine. (28)
Ce rapport note en plus que, l'on a vu dans la facturation des
soins aux usagers un moyen d'améliorer la répartition des
prestations et des charges parmi la population, mais les preuves empiriques
démontrant des effets sur l'équité sont mitigés.
Les analyses les plus sophistiquées concernant la demande qui existent
à ce jour et qui tiennent compte à la fois des coûts
monétaires et du temps passé à obtenir des soins de
santé émanant de personnes plus pauvres recule à mesure
que les frais augmentent. En d'autres termes, à des niveaux
supérieurs de revenu, l'élasticité par rapport au prix des
soins de santé n'existe pratiquement pas, alors qu'à des niveaux
inférieurs de revenu elle augmente. (30)
Au Burundi, Selon l'enquête menée par MSF
Belgique de novembre 2003 à janvier 2004 sur les soins des personnes
vulnérables, plus de 17% de la population ne se rend pas à une
simple consultation, principalement pour des raisons financières (82% de
ces malades ne consultent pas par manque d'argent). A cela, il faut ajouter que
parmi les patients qui ont trouvé le moyen financier de payer la
consultation, certains (quelque 4.8%) n'ont pas l'argent nécessaire pour
financer un traitement ou seulement partiellement. Or sans argent, pas de
médicaments.
Pour payer la consultation et se soigner, la majeure partie
des Burundais est contrainte de recourir à des moyens extrêmes,
tel l'endettement ou la vente d'un bien, les poussant dans une pauvreté
encore plus grande. Le recours à l'endettement auprès d'un
centre de santé est une pratique courante dans le pays. Les titulaires
de ces structures signalent d'ailleurs une forte augmentation des patients
s'endettant au niveau de leur centre. Les patients ont recours à
l'endettement aussi bien à l'hospitalisation que pour une simple
consultation ambulatoire, pour lesquelles les sommes varient fortement. (25)
Une étude sur l'utilisation et demande des services de
santé au Sénégal montre que parmi les 6.331 individus de
la zone rurale ayant déclaré être tombé malade
durant le mois précédant le passage de l'enquêteur, 50%
n'ont pas cherché de soins dans le secteur moderne; 6% ont
cherché des soins auprès d'un prestataire privé moderne;
8% ont cherché des soins auprès d'un hôpital ou d'un centre
de santé public; et 36% ont cherché des soins auprès d'un
poste de santé ou d'un dispensaire public. En d'autres termes, dans les
zones rurales, le choix du prestataire est réduit essentiellement au
choix entre entrer dans le secteur moderne et ne pas entrer dans le secteur
moderne.
Par ailleurs, parmi les 8.191 individus de la zone urbaine
ayant déclaré être tombés malades, 33% n'ont pas
cherché de soins dans le secteur moderne; 17% ont cherché des
soins auprès d'un prestataire privé moderne; 25% ont
cherché des soins auprès d'un hôpital ou d'un centre de
santé public; et 25% ont cherché des soins auprès d'un
poste de santé ou d'un dispensaire public. En d'autres termes, du point
de vue du nombre d'individus qui utilisent les services de santé
modernes, les trois principaux types de prestataires modernes définis
dans cette étude se partagent le marché moderne des soins de
santé de façon assez équilibrée en zone urbaine.
Les résultats des analyses économétriques
ont révélé que le secteur privé moderne et les
établissements de soins tertiaires du système de santé
publique servent essentiellement les couches aisées des zones urbaines
du pays. Par ailleurs, les établissements du niveau inférieur du
système de santé publique, les postes de santé et les
dispensaires de quartier, servent principalement les couches les moins nanties
des zones urbaines et la majorité des ménages ruraux.
Le temps d'accès aux établissements de soins
apparaît comme un facteur effectif de rationnement des services de
santé, notamment en milieu rural; en zone urbaine, le temps ne semble
pas déterrer les malades à rechercher des soins dans le secteur
moderne étant données l'accessibilité physique
relativement élevée des établissements et la
densité des réseaux de transports en communs. Dans les zones
rurales, cependant, les effets du temps d'accès sur la demande des soins
sont plus importants que les effets des prix: les populations des villages
éloignés des établissements de soins font face à
des coûts d'accès relativement élevés
comparés aux autres groupes sociaux. Sans nul doute, le rationnement
quantitatif des soins par le temps et les distances pose toujours un des
premiers problèmes de l'équité du système de
santé.
Bien que le revenu du ménage joue un faible rôle
dans l'entrée dans le secteur sanitaire moderne en zone urbaine, le
revenu du ménage est un des déterminants les plus significatifs
de l'entrée dans le secteur moderne en zone rurale: une augmentation du
revenu du ménage de 100% augmente la probabilité d'entrée
dans le secteur moderne de 26 % dans les zones rurales. Par contre, le revenu
du ménage affecte surtout le choix du prestataire dans les zones
urbaines: une augmentation de 100 % du revenu résulte en une
augmentation de 39 % de la probabilité qu'un prestataire privé
soit choisi, une augmentation de 19 % de la probabilité qu'un centre de
santé ou un hôpital public soit choisi, et une diminution de 30 %
de la probabilité qu'un poste de santé public soit choisi. En
d'autres termes, la sensibilité de la demande des services des
prestataires privés par rapport au revenu est deux fois plus
élevée que celle de la demande des services des hôpitaux et
centres de santé publics dans le contexte urbain. Par ailleurs,
l'élasticité négative de la demande des services des
postes de santé publics indique que ces services sont perçus par
les malades comme étant de pauvre qualité.
Les relations observées entre le revenu et la demande
des soins de santé en zone rurale, où l'essentiel des soins de
santé sont subventionnés suggèrent que les plus nantis des
zones rurales capturent une plus grande part des subventions publiques que les
plus pauvres. Cette situation est aussi prévalente en zones urbaines
où le niveau des subventions publiques est plus élevé:
elle est opérée dans le cadre urbain, cependant, par
l'accès différentiel des groupes socio-économiques aux
soins aux coûts élevés des établissements
tertiaires. (34)
Au Mali, le personnel soignant ayant soumis en réunion
de « concertation locale » le problème de sous
fréquentation des centres de santé par les malades, une analyse
des raisons de cet état a été conduite via une
série d'animations avec les populations de l'aire de santé
concernée. Ces séances ont fait ressortir différents
aspects :
ï Le problème de l'accessibilité
financière au centre de soins du fait des faibles revenus de la
population, particulièrement à certaines périodes de
l'année
ï L'inexistence de la notion d'épargne de
santé
ï L'absence de liquidité financière
ï Le fait de ne pas donner la priorité aux
dépenses de santé par rapport aux autres types de dépenses
(on ne dépense pas de l'argent pour se faire soigner quand on est
malade)
La plupart des malades se rendent ainsi au centre de
santé uniquement les jours de foire, car c'est le moment propice pour se
procurer de l'argent liquide en vendant quelques biens. Cela explique qu'il
n'est pas rare de voir les parents des patients se présenter d'abord au
centre pour faire estimer le coût des soins avant de se rendre au
marché pour vendre bétail, grains, poissons et autres produits
pouvant couvrir le montant de la dépense. Les personnes qui n'ont aucun
moyen, ou presque, soit se retournent vers les tradi - thérapeutes, soit
vers les vendeurs ambulants des médicaments, ou tout simplement restent
à la maison. (7)
Une étude menée en France par Denis RAYNAUD
montre qu'au delà de l'influence de l'âge, du sexe et de
l'état de santé, les caractéristiques socio-
économiques et le bénéfice d'une assurance maladie
complémentaire influent sur la consommation de soins.
Alors que la structure de la consommation des personnes issues
de milieux sociaux favorisés est plutôt tournée vers les
soins ambulatoires, celle des plus modestes a tendance à
privilégier les soins vers l'hôpital : c'est le cas des personnes
issues de ménages dont la personne de référence est
ouvrière ou n'a pas reçu d'éducation secondaire, ainsi que
des personnes issues de familles monoparentales.
En outre, les personnes bénéficiant d'une
assurance complémentaire engagent des dépenses ambulatoires
supérieures de 29% à celles des personnes qui en sont
dépourvues, les bénéficiaires de la CMU
complémentaire engageant quant à eux des dépenses de
médicaments et d'omnipraticiens supérieures à celles des
autres assurés complémentaires.
Enfin les déclarations portent sur le renoncement aux
soins pour des raisons financières, qui concernent essentiellement les
soins dentaires,optiques et de spécialistes,sont réduites de plus
de moitié quand les personnes sont couvertes par une assurance
complémentaire.(32)
Dans une étude menée au Canada auprès des
ménages à faible revenu, il ressort que plusieurs participants
ont déclaré recourir à une forme ou une autre des services
de santé ou à des services communautaires pour survivre. Les
services étaient aussi considérés comme un moyen
d'atténuer l'isolement et de faire face au stress. Les principaux
thèmes qui se dégagent de l'analyse des données
comprennent les facteurs qui influencent l'utilisation des services de
santé et les expériences personnelles, ainsi que des
recommandations pour améliorer les services et modifier les politiques.
Divers facteurs affectent le recours à une gamme
d'organismes et de services en raison de leur influence sur la capacité
ou le désir d'utiliser des services. La compétence, la
confidentialité et le besoin d'autosuffisance sont des facteurs
clés qui influencent l'utilisation des services. La capacité du
personnel de première ligne à écouter et comprendre les
personnes à faible revenu, à leur manifester de l'empathie et
à les traiter avec respect a influencé le taux d'utilisation.
L'accès aux services variait également selon la proximité,
la capacité de payer et la commodité, la connaissance de leur
existence, et leur iniquité fondée sur le statut de personne
à faible revenu, le racisme, l'apparence physique et l'environnement de
quartier.
Plusieurs réponses ont révélé les
expériences des personnes face aux services. Les réponses ont
également mis en lumière des besoins en services, certains
auxquels on a satisfait, et d'autres auxquels on n'a pas répondu. Les
participants ont parlé de stratégies informelles (comme
l'autodiagnostic/traitement) et structurées (comme la
religiosité) auxquelles ils ont eu recours pour faire face aux exigences
de la vie courante. Enfin, les participants ont indiqué que leur statut
de personne à faible revenu leur laissait peu de choix quant aux
services auxquels ils pouvaient avoir accès. (36)
D'après les résultats d'une enquête dans
les ménages réalisée à Nouna, dans une
région rurale du Burkina Faso, les déterminants du premier
recours à un système des soins de santé et de la
fidélité du patient au système choisi sont
différents. Pour les services de santé modernes, le revenu du
ménage, le niveau d'études, la résidence en zone urbaine
et la compétence attendue du prestataire des soins sont des facteurs
prédictifs positifs du premier recours à un système de
soins, mais non de la fidélité du patient, pour laquelle seule la
qualité perçue des soins était prédictif positif.
(26)
Au Cameroun, il a été constaté que 80% de
la population revêt un profil de consommation de pauvre. Cela
entraîne une faible capacité de recours aux soins et donc des
dépenses de santé effectifs très faibles. La
décision de se faire consulter dès l'apparition de la maladie est
largement tributaire des moyens financiers disponibles. Le manque d'argent a
constitué pour l'automédication moderne et l'abstention la raison
fondamentale de la décision thérapeutique. (4)
En RD Congo, une évaluation des services de
santé réalisée en 1998 sur les mutuelles de santé a
montré une faible accessibilité de la population aux soins de
base , soit 26% et qu'à peine 37% de la population avait accès
aux médicaments essentiels génériques. (37)
Une autre étude menée par la DEP/MS en 2004
révèle que 10% des ménages interviewés n'ont eu
recours à aucun traitement pour se faire soigner y compris avec des
plantes médicinales par manque d'argent dans 79% de cas. Bien que les
coûts des soins aient déjà été
subventionnés à travers le pays, ils sont toujours inaccessibles.
Le problème d'argent (manque d'argent (78,81%) et du coût excessif
(11,02%)) constitue à 90% le motif principal de renoncement aux soins de
santé dans un établissement moderne des soins.
Les personnes qui ont renoncé aux soins auraient bien
voulu avoir l'opportunité de faire des choix et d'être satisfaits
de vivre, mais leur état de pauvreté monétaire les a
privé de cet avantage, les conduisant à un plus grand risque -
maladie. La même étude montre que malgré que les
interviewés se sont plaint du coût élevé des soins,
87% d'entre eux ont pu payer la totalité du coût exigé. Il
y a donc lieu de nuancer les réponses des ménages sur
l'appréciation du coût des soins en prétendant, dans 67%
des ménages avec cas de maladie, que le coût des soins est
élevé. (23)
Une étude menée à
Kinshasa en RDC analyse les déterminants de choix des populations pour
les centres de santé par une enquête de comportement des
ménages sur un échantillon représentatif de 1000
ménages, dans les zones de santé de Kinshasa en 1997. Pour le
dernier épisode de maladie, les répondants ont recouru à 7
types des soins: le centre de santé (37%), le dispensaire privé
(26,5%), l'automédication pharmaceutique (23,9%), le tradipraticien
(21%), l'automédication traditionnelle (16,9%), la polyclinique
conventionnée (16,7%) et un hôpital de référence
(10,4%).
La régression logistique a montré que l'on
recourt d'autant plus au centre de santé qu'à une autre structure
de soins (p < 0,05) lorsqu'on recherche la
qualité des soins, l'application de bons tarifs et l'offre de services
polyvalents. Par contre, le souci de proximité
géographique par rapport au lieu de résidence du
ménage appelle à utiliser le dispensaire privé. Lorsqu'on
recherche la présence d'un médecin ou l'existence d'une
convention on choisit plutôt la polyclinique privée
conventionnée. Ceux qui ont cherché une solution à un type
particulier de maladie ont plutôt choisi le tradipraticien.
En conclusion, les résultats de cette étude
montrent que si les populations choisissent les soins offerts par le centre de
santé, c'est parce qu'elles les jugent de bonne qualité. Des
soins intégrés et offerts par le même technicien, de
formation requise, sont un atout majeur à l'acceptabilité du
premier échelon des soins de santé primaires à Kinshasa.
Cette étude suggère qu'il serait sans doute
bénéfique d'intégrer les structures de soins
privées non officielles dans le système des soins de santé
primaires, pour autant qu'elles puissent atteindre un niveau de qualité
comparable à celui des centres de santé.
Pour que le tradipraticien puisse jouer un rôle
complémentaire important dans la réalisation des soins de
santé primaires, même en milieu urbain, il est
suggéré d'étudier la possibilité de
privilégier des lieux de communication. En outre, étant
donné le faible pouvoir d'achat des habitants de la ville et l'existence
préalable des tontines de solidarité, des conventions apportant
un allégement du coût des soins de santé dans le chef des
communautés locales devraient pouvoir être intégrées
dans l'organisation du système de santé urbain. (14)
L'étude effectuée dans les hôpitaux du
réseau BDOM- Kinshasa en 2004 sur les coûts annexes des soins
d'hospitalisation des malades relève que l'accès des malades aux
soins de santé est en relation inverse avec la taille des formations
sanitaires qu'ils fréquentent : les malades commencent par
fréquenter les formations médicales les plus proches et les plus
petites, avant d'être transférés dans celles qui sont les
plus éloignées pour un meilleur suivi. Par ailleurs, plus la
formation est petite, plus les malades des catégories pauvres sont
à même d'y supporter les coûts des soins. Mais il s'agit
vraisemblablement des soins d'une moindre qualité, avec un personnel
médical moins qualifié et donc moins onéreux. (11)
Localement, dans la province, une enquête socio -
économique et d'accessibilité aux soins venait d'être
organisée par Malteser en septembre 2004. Il ressort de cette
étude que les conditions socio - économiques précaires
dans lesquelles vivent les populations des 7 zones de santé
étudiées ne permettent pas à la population
d'accéder facilement aux soins de santé de base. (13)
De ce qui précède, nous pouvons retenir que dans
les Pays en voie de développement en général et en
particulier la RDC, l'utilisation des services de santé de base pose
d'énormes difficultés et nécessite de faire l'objet d'une
préoccupation majeure du gouvernement. La littérature en notre
possession prouve que malgré les moyens consentis à cet effet,
une grande partie des populations reste exclue aux soins de santé.
Cependant, les informations ne sont pas parfois disponibles, fiables et
adaptées pour guider la planification et la prise des décisions.
Aussi, cette littérature ne nous permet pas de cerner comment la
population se comporte pour résoudre ses problèmes de
santé en situation de crise et quels sont les facteurs
déterminants pour lui faciliter l'accès aux soins. Ce qui
constitue malheureusement un frein au développement durable dans les
Pays en Développement.
1.3. Le problème
Au lendemain de leur
indépendance, les pays africains, y compris la RDC déclaraient la
santé comme un droit et instauraient le système favorisant
l'accès aux soins de santé pour tous. Cependant, les
systèmes de santé hérités de la période
coloniale, basés sur des infrastructures hospitalières lourdes,
n'étaient pas adaptés à la répartition
démographique et aux besoins de santé de base de ces pays.
Les années 80 virent donc une réorganisation
profonde des systèmes de santé en Afrique, avec une forte
décentralisation et une stratégie axée sur la
prévention et les soins de santé primaires. C'est à Alma
Ata en 1978 que les pays membres de l'Organisation Mondiale de la Santé
donnèrent officiellement le point de départ de cette nouvelle
stratégie. Elle se heurta pourtant rapidement à la question de
son financement.
Les pays africains surendettés ne pouvant plus financer
leurs services de santé, l'idée du financement des services de
soins par le recouvrement des coûts des prestations auprès des
malades fit son apparition au début des années 80 et fut
officiellement lancée par l'OMS à Bamako en septembre 1987 sous
le nom d'Initiative de Bamako (IB). Son postulat de base était que le
malade serait prêt à payer une somme raisonnable pour sa
santé, à condition qu'il puisse trouver un service et un
personnel de qualité, adapté à sa demande.
Cependant, la profondeur de la crise économique que
connaît la RDC a hypothéqué largement les chances de
succès d'une telle initiative. La baisse du budget de l'Etat
alloué à la santé, s'est accompagnée d'une baisse
du revenu moyen des ménages et d'une hausse des disparités au
sein des populations.
Concernant la capacité de la population à
recourir aux soins, cette crise économique, accentuée par les
deux guerres successives qu'a connu le pays a considérablement
modifié la demande de soins de santé de la population. D'une
part, l'appauvrissement des populations a entraîné une baisse de
la capacité financière de recours des ménages aux soins de
santé et, d'autre part, la baisse du budget de l'Etat consacré
à la santé a entraîné une substitution en
matière de financement de ce secteur au détriment de la demande
publique en affectant profondément les plus pauvres. Ces
éléments ont eut de fortes conséquences non seulement sur
le niveau des dépenses de santé mais aussi et surtout sur les
formes d'accès aux soins.
La mission qui revient au gouvernement est de promouvoir
l'état de santé de toute la population, conformément au
principe de la « Santé pour Tous et par Tous
» en fournissant des soins de santé de qualité,
globaux, intégrés et continus avec la participation de l'Etat, de
la communauté, des intervenants intérieurs et extérieurs.
L'objectif principal du gouvernement assigné aux
services de santé est de fournir à la population des soins de
santé qui s'expriment en terme de qualité,
d'accessibilité et d'équité.
L'atteinte de cet objectif exige pour ce faire, la
connaissance des déterminants de recours aux soins, de la demande
exprimée par la population en terme de nature de services de
santé attendus, de la capacité contributive des populations,
combinée d'une connaissance fine de l'organisation du système de
santé par type d'offre permettant de déterminer les
stratégies alternatives en terme d'organisation et de financement du
système d'offre de santé viable.
La viabilité des services de santé a souvent
été négligée. La capacité du centre de
santé à couvrir ses coûts suppose une fréquentation
suffisante du centre, et des acteurs qui contrôlent les recettes et
limitent les dépenses superflues.
Certes la santé n'a pas de prix, mais les services de
santé, eux, ont un coût, et l'on ne peut dépenser plus que
ce que l'on possède. Quoique pauvres pour la majorité d'entre
elles, les populations dépensent de l'argent pour se faire soigner. La
question n'est donc pas de savoir s'il faut ou non faire payer les services de
santé étant donné que la population paye
déjà beaucoup. Il s'agit plutôt de se demander:
S'il est possible dans les conditions actuelles de la RDC de
fournir des services de santé de qualité à un prix
accessible pour la majorité de la population
Si les ressources disponibles privées et publiques sont
suffisantes pour assurer le financement à long terme de ces services
Pour pouvoir répondre à ces questions, il est
nécessaire d'évaluer les facteurs qui poussent la population
à utiliser les services de santé modernes ainsi que les
différentes barrières rencontrées qui empêchent
à cette population d'utiliser ces services qui du reste demeurent moins
utilisés dans notre pays.
Les décideurs sanitaires devraient donc chercher
à soutenir l'émergence de services de santé qui offrent de
façon continue les prestations accessibles, de qualité et
à un coût réduit pour l'utilisateur et qui soient
pérennes sur le plan des soins, de leur gestion, et de leur
financement.
Pour y arriver, ils doivent disposer des données
nécessaires leur permettant de prendre des mesures adéquates.
Cependant, bien qu'il y ait eu plusieurs investigations
sanitaires dans le pays, les déterminants de l'utilisation des services
de santé restent très mal connue en RDC et plus
particulièrement dans la province du Sud Kivu. Ainsi, dans le contexte
de réformes du système de santé envisagées au
pays, l'étude des déterminants de l'utilisation des services de
santé par les ménages pourrait devenir un instrument pour
informer la formulation des politiques et stratégies de financement des
soins de santé et la mise en place de politiques permettant de
promouvoir un système de santé plus efficient et plus
équitable. La présente étude s'inscrit dans cette
perspective.
Elle va donc tenter de répondre à la question
suivante: Quels sont les facteurs qui déterminent l'utilisation des
services et le choix du prestataire des soins de santé ?
Les résultats de cette étude devraient
contribuer à l'élaboration de la politique sectorielle de
santé dans le cadre de la stratégie nationale de réduction
de la pauvreté et de l'atteinte des objectifs du millénaire pour
le développement en fournissant aux décideurs les outils
d'analyses qui leur sont nécessaires. D'où l'intérêt
que nous y avons porté.
1.4. Objectifs de l'étude
1.4.1. Objectif général
L'objectif général de cette étude est
d'identifier les déterminants de l'utilisation des services de
santé afin de proposer les axes d'amélioration à apporter
au système de santé pour mieux répondre à la
demande et satisfaire les besoins des plus pauvres
1.4.2. Objectifs spécifiques
Cette étude se propose comme objectifs
spécifiques de :
ï Décrire les caractéristiques socio
-économiques des ménage et leur comportement face à la
maladie.
ï Identifier les facteurs qui déterminent
l'utilisation des services de santé.
ï Evaluer les dépenses des ménages pour la
santé de leurs membres.
ï Proposer des pistes d'interventions pour assurer une
meilleure utilisation des services de santé par la population la plus
vulnérable.
Ces données devraient permettre aux décideurs
politiques, aux acteurs humanitaires et médicaux d'acquérir des
informations fiables sur l'utilisation des services de santé pour mieux
répondre aux besoins des populations et les guider de manière
objective dans leurs initiatives. Ces informations permettront également
de mesurer les limites des projets d'appui aux soins de santé primaires
et de réorienter si, nécessaire, les programmes.
1.5. Hypothèses
· L'utilisation des services de santé par les
ménages est fonction de caractéristiques socio -
économiques du ménage. Il est alors possible d'agir sur ces
facteurs pour améliorer l'utilisation de ces services de
santé.
· Les dépenses de santé prennent une part
importante dans les dépenses totales des ménages. Elles sont
déterminantes pour expliquer le niveau d'utilisation des services de
santé par les ménages.
· Les difficultés financières constituent
pour la majorité des ménages l'une des barrières
rencontrées dans l'utilisation des services de santé.
1.6. Méthodologie
Type d'étude, et techniques de collecte des
données
L'étude est descriptive transversale. Par rapport aux
objectifs de la recherche, plusieurs techniques quantitatives et qualitatives
ont été utilisées.
Les données ont
été colletées à l'aide d'un questionnaire
préétabli qui a été adressé aux
ménages de la zone de santé de Kadutu. Après son
pré- test, ce questionnaire a été administré aux
ménages par une équipe de six enquêteurs
préalablement formés à cet effet. Il était relatif
à la composition et la situation sociodémographique du
ménage, la morbidité, l'utilisation des services de santé
et à la situation socio économique des ménages et autres
variables nécessaires pour cette étude. Nous avons choisi le
ménage comme échantillon et non la famille qui peut être
entendue au sens large du terme (famille élargie).
Les enquêteurs ont été choisis en fonction
de leur formation (gradués en santé publique de l'ISTM Bukavu et
en développement rural de l'ISDR Bukavu) et de leur aptitude à
parler le français et le Swahili, langues dans lesquelles le
questionnaire était proposé.
L'aire de santé étant la plus petite
unité d'organisation administrative du système de santé,
elle nous a permis d'étudier la demande des soins de santé. Dans
ce cadre, les unités statistiques à enquêter étaient
constituées des ménages pour ce qui est de l'analyse de
l'utilisation des services de santé. Nos répondants
étaient plus constitués des chef de ménages ou leurs
conjoints.
Les informations collectées ont été
complétées par des interviews structurées avec des
prestataires des soins de santé afin de recueillir également
leurs considérations au sujet de l'utilisation des services de
santé. Nous avons à ce sujet fait recours à des entretiens
ouverts avec différents types d'interlocuteurs notamment, les
autorités sanitaire provinciales, les bourgmestre des communes de Kadutu
et Kasha, le médecin chef de zone et son équipe, les infirmiers
titulaires des centres de santé, les responsables des églises,
les ONG.
La revue documentaire a été utilisée pour
analyser, comprendre et présenter la manière dont le
problème a été abordé par différents auteurs
et recherche à travers le monde afin de pouvoir présenter une
alternative compatible avec les caractéristiques de la zone de
santé de Kadutu telles qu'elles nous ont été
révélées par l'enquête.
1.6.1. Modèle conceptuel
Figure N°1 : Modèle conceptuel de
l'utilisation des services de santé
Politique nationale de la santé
Organisation de l'offre des soins de santé (services de
santé)
Comportement de recours aux services de santé
(Utilisation des services de santé)
Résultats de santé
Caractéristiques socio - économiques et culturelles
de la population (ménages)
Enquêtes ménages
Capacité d'utilisation
Cette figure permet de voir le lien qui peut exister entre les
différentes caractéristiques de la population et l'utilisation
des services de santé, ainsi que ce que cela peut avoir comme
implication sur la définition de la politique sanitaire.
1.6.2. Variables
a.
Variable dépendante :
La variable dépendante de cette étude est :
- Utilisation des services de santé (demande
des soins) : L'utilisation des services de santé est un
événement dichotomique ; soit l'individu utilise, soit il
n'utilise pas. La demande des soins de l'individu est donc mesurée par
la probabilité d'accéder aux services de santé s'il est
malade. Ainsi, deux individus ayant des caractéristiques socio -
économiques différentes auront des probabilités
inégales d'accéder aux soins.
b.
Variables indépendantes :
Les variables indépendantes retenues dans le cadre de
cette étude pour les différents modèles qui seront
ajustés sont :
- Le coût des soins,
- Le revenu du ménage,
- La structure par âge et par sexe,
- Le niveau d'instruction du chef de ménage,
- La taille du ménage.
- La gravité de la maladie
- Appartenance à une mutuelle de santé
- Appartenance de la structure de santé
1.6.3. Echantillonnage.
Un échantillonnage en grappes a été
utilisé. Comme relevé ci-dessus, les aires de santé
constituent des grappes. Ce qui donne un total de 10 Grappes pour l'ensemble de
la zone de santé.
L'échantillon était composé des
ménages de la zone de santé de Kadutu. Pour ce faire nous avons
effectué un échantillonnage aléatoire à plusieurs
degrés. Au premier degré, six aires de santé de la zone
ont été tirées au hasard. Au second degré, dans
chaque aire de santé retenue, nous avons tiré au hasard deux
avenues. Une fois dans l'avenue, la direction à prendre était
tirée au hasard par la méthode dite de la
« bouteille ». Avec la table des nombres aléatoires,
les enquêteurs tiraient une maison au sort et commençaient
l'enquête par cette maison. Ils continuaient l'enquête avec la
deuxième maison la plus proche et ainsi de suite jusqu'à
atteindre le nombre de ménages requis.
Taille de l'échantillon
Il n'existe pas de données locales exactes indiquant la
proportion de malades incapables d'utiliser les services de santé. En
partant de l'hypothèse que seulement 50% des malades seraient plus
touchés par le problème, le calcul de la taille de
l'échantillon nécessaire pour faire une inférence sur la
population donne :
p : proportion des malades
touchés par le problème d'utilisation des services de
santé = 0,5
q : proportion des malades qui ne sont
pas touchés par le problème = 1-p = 1- 0,5 = 0,5
Sachant que la population de la zone de santé est
supérieure à 10.000 habitants
z = l'écart correspondant à un
degré de confiance de 95% (1,96).
= le risque d'erreur de 5 %
d = la précision absolue de 5%,
Nous avons calculé n la taille de
l'échantillon par la formule suivante :
Ce qui a donné un échantillon de : ménages
Dans le but de palier au risque de non-réponses, qui
peut subvenir dans des études pareilles, et pour ne pas tomber en
dessous de la taille minimale qui garantit la précision dans
l'estimation des paramètres, cet échantillon a été
ramené à 400 ménages que nous pensons convenir pour cette
étude.
Ces ménages ont été repartis de
manière proportionnelle à la taille de la population pour chacune
de six grappes choisies telles que présentées dans le tableau ci
- dessous :
Tableau N°1 : Choix de l'échantillon des
ménages
N°
|
Aire de santé
|
Population
|
Aire choisie
|
%
|
Nombre ménages
|
1
|
CS Neema
|
23277
|
|
|
|
2
|
CS CBCA Nyamugo
|
21624
|
21624
|
12%
|
48
|
3
|
CS Funu
|
23961
|
23961
|
13%
|
52
|
4
|
CS Uzima
|
12448
|
|
|
|
5
|
CS 8e Cepac Buholo
|
27437
|
27437
|
15%
|
60
|
6
|
CS Buholo Biname
|
28980
|
|
|
|
7
|
CS CECA Mweze
|
25148
|
|
|
|
8
|
CS Maendeleo Cimpunda
|
49717
|
49717
|
27%
|
1O8
|
9
|
CS Ciriri
|
39634
|
39634
|
22%
|
88
|
10
|
CS Maria
|
18542
|
18542
|
11%
|
44
|
|
Total
|
270768
|
180933
|
100%
|
400
|
Comme relevé précédemment, pour faciliter
la collecte des informations, des enquêteurs ont été
sélectionnés sur base de leurs capacités, de leur
connaissance du terrain et de leur habilité à parler le
français et la langue locale (Swahili). Ces enquêteurs ont
été soumis à un entraînement spécifique sur
la méthodologie et les procédures à utiliser, ainsi
qu'à un pré - test.
La supervision de l'enquête était assurée
par le chercheur principal qui était sur terrain avec lesdits
enquêteurs.
1.6.5. Plan Collecte des données
Les activités de collecte
des données ont été précédées de
l'obtention d'une autorisation officielle, ensuite des contact ont
été pris avec les autorités politico - administratives
des commune de Kadutu et Kasha ainsi que celles du Bureau Central de la Zone de
santé en vue de leur expliquer le bien fondé de
l'étude.
On a ensuite procédé
au recrutement des enquêteurs qui ont aidé à la collecte
des données suivant les critères évoqués ci -
dessus. Une formation suivie d'un pré - enquête ont ensuite
été organisées à leur intention. Après cela,
les enquêteurs, et le chercheur principal se sont rendus dans les
différentes aires de santé pour collecter les données.
Les tâches de
l'enquêteur se résumaient à la collecte des données
à l'aide d'un questionnaire et à la vérification des
données, ils devaient s'assurer qu'elles sont complètes,
précises et correctement enregistrées. A la fin de la
journée, toute l'équipe d'enquêteurs se retrouvait avec le
chercheur principal qui supervisait les enquêtes pour vérifier les
données ainsi collectées, passer en revue les difficultés
éventuelles rencontrées et contrôler le remplissage de
chaque questionnaire.
Le chercheur principal
vérifie minutieusement de nouveau chaque questionnaire et lui attribue
un numéro. Le masque de saisie et la codification ont été
effectués par le chercheur principal avec l'appui d'un statisticien, les
données ont été ensuite introduites dans l'ordinateur.
1.6.6. Plan de traitement
et d'analyse des données
Les données
collectées ont été saisies et traitées de
manière informatique par le chercheur principal avec l'appui d'un
statisticien à l'aide des logiciels EPIDATA 1.5, SPSS 10.4 et Excel
2003. Le masque de saisi a été élaboré dans le
logiciel EPIDATA qui permet une saisie intelligente des questionnaires. Toutes
les productions statistiques (les fréquences, les tableaux
croisés, les moyennes, les écarts - types, les sommes, les minima
et les maxima) ont été effectuées avec le logiciel SPSS
(Stastical Package for social sciences). Les graphiques ont été
produits grâce au logiciel Excel.
L'analyse des données a
reposé surtout sur des techniques
économétriques notamment sur le modèle de
régression logistique (Modèle Logit). L'avantage de cet outil est
qu'il nous permet de déterminer :
§ Dans quelle mesure les
facteurs considérés expliquent la variable dépendante,
§ L'ampleur et la direction
(positive ou négative) de la relation entre chaque facteur et la
variable dépendante après avoir contrôlé les effets
des autres facteurs présents dans le modèle
§ La contribution de chaque
facteur à expliquer la variable dépendante au-delà de tous
les autres facteurs contenus dans le modèle.
Le logiciel
économétrique EVIEWS 3.0 a été utilisé pour
estimer le modèle.
Nous nous sommes
intéressé ici à la validation du modèle, aux signes
attendus, à la valeur des coefficients ainsi qu'aux variables
jugées significatives dans notre modèle. L'interprétation
du modèle retenu a été faite pour conclure notre
analyse.
L'équipe d'analyse
était composée du chercheur principal, d'un expert en
économétrie et un expert de l'école de santé
publique.
Les résultats de cette
analyse sont présentés sous forme de tableaux et de graphiques.
1.7. Canevas de présentation
Ce travail est reparti en quatre
chapitres dont le premier porte sur l'introduction générale. Dans
ce chapitre nous allons relever le contexte général de
l'étude, les objectifs, les hypothèses et la méthodologie
utilisée.
Le deuxième chapitre parle
des généralités sur le système de santé en
RDC. Il s'agit ici de présenter les grandes lignes de la politique
sanitaire en RDC, l'organisation du système de santé, du
fonctionnement des zones de santé et du financement du système de
santé en RDC.
Dans le troisième chapitre
nous allons décrire les caractéristiques des ménages de la
zone de santé de Kadutu et leur comportement face à la maladie et
le quatrième chapitre sera consacré aux déterminants de
l'utilisation des services de santé dans la zone de santé de
Kadutu.
Nous allons terminer par une
conclusion et des suggestions.
Chapitre II : LE SECTEUR SANITAIRE EN RDC
2.1. Organisation du système de santé en RDC
Dans le monde complexe
d'aujourd'hui, il peut être difficile d'indiquer avec exactitude ce
qu'un système de santé, en quoi il consiste et où il
commence et se termine. Le rapport sur la santé dans le monde 2000
définit un système de santé qui inclut toutes les
activités dont le but essentiel est de promouvoir, restaurer ou
entretenir la santé.
Les services de santé
officiels, y compris la prestation par des professionnels de soins
médicaux individuels, se situent manifestement à
l'intérieur des limites du système de santé. Il en va de
même des actions des guérisseurs traditionnels et de toutes les
formes de médication, qu'elles soient ou non prescrites par un
prestataire, ainsi que des soins à domicile qui constituent 70 %à
90 %de l'ensemble des soins).
Des activités
traditionnelles de santé publique comme la promotion de la santé
et la prévention des maladies, et d'interventions favorables à la
santé comme l'amélioration de la sécurité
routière et de l'environnement font aussi partie d'un tel
système, mais les mesures qui ont un objectif principal autre que la
santé, l'éducation par exemple, n'entrent pas dans cette
définition, même si elles ont des retombées favorables
à la santé. Le système général
d'éducation ne correspond donc pas à cette définition,
mais l'éducation expressément en rapport avec la santé y
est comprise, tout comme les actions principalement destinées à
améliorer indirectement la santé en influençant le
fonctionnement de systèmes autres que sanitaires, par exemple les
mesures de scolarisation des fillettes ou les modifications des programmes
visant à faire des étudiants de meilleurs futurs prestataires et
consommateurs de soins de santé.
Cette définition d'un
système ne suppose aucun degré particulier d'intégration
et n'implique pas obligatoirement la présence d'une personne
chargée de l'administration générale des activités
qui le composent. Dans cette acception, chaque pays dispose d'un système
de santé, aussi fragmenté soit-il entre diverses organisations ou
aussi peu méthodique qu'apparaisse son exploitation.
L'intégration et l'administration générale ne
déterminent pas le système, mais elles peuvent exercer une grande
influence sur sa performance. (29)
En bref, pour l'OMS, Un
Système national de la Santé est un ensemble ordonné et
cohérent de structures de Santé ayant des missions
spécifiques chacune et qui produisent des services de management et/ou
des prestations de soins de Santé pour la population du Pays. (29)
Ce système de santé
doit non seulement améliorer la santé des gens, mais aussi les
protéger contre le coût financier de la maladie, et les traiter
avec dignité.
Les systèmes de
santé ont ainsi trois objectifs fondamentaux :
- Améliorer la santé
de la population desservie ;
- Répondre aux attentes des
gens ;
- Assurer une protection
financière contre les coûts de la mauvaise santé. (29)
En ce qui concerne la RDC, le
système national de Santé comprend de nos jours les formations
sanitaires des secteurs public, privé et communautaire, l'administration
de la Santé Publique, les Programmes de lutte contre les maladies, les
structures de formation et de recherche et les structures de production et
d'approvisionnement pharmaceutique.
Les caractéristiques de
l'organisation sanitaire en RDC ne peuvent se comprendre qu'à la
lumière de l'histoire du secteur « santé »
depuis la colonisation jusqu'à l'implantation effective de
l'organisation en « Zone de santé » sous le
régime de Mobutu. Son élaboration résulte en effet d'un
long processus d'expériences et d'héritages impliquant une
multitude d'acteurs et engendrant une véritable culture sanitaire que ce
soit à un niveau institutionnel ou populaire.
Nous résumons ici les
grandes lignes historiques ayant marqué la conceptualisation et la
réalisation de l'organisation sanitaire dans notre pays la RDC.
2.1.1. Le secteur sanitaire colonial
A ses débuts, l'action
sanitaire coloniale découle directement de l'action militaire. Le
rôle principal du personnel médical est d'abord de soigner les
militaires et les administrateurs.
Progressivement, la population
indigène dont les colons ont besoin pour le fonctionnement de divers
services va croître et former de véritables agglomérations
créant ainsi la nécessité d'un service de santé
plus organisé, réalisé par l'implantation
d'hôpitaux. Ces hôpitaux sont érigés aussi bien par
l'administration coloniale que par des sociétés
privées.
L'hôpital devient rapidement
le symbole de l'action sanitaire durant la colonisation.
Les centres de soins sont en
majorité cantonnés dans les villes, ce qui a créé
un déséquilibre important entre les villes et les campagnes.
Cependant, dans le contexte naissant de développement de grandes
compagnies industrielles et de recherche de main d'oeuvre dans les campagnes,
l'Administration coloniale se voit contrainte d'organiser un service
santé en milieu rural « pour sauvegarder la santé
des indigènes aux services de l'Etat ».
Une autre caractéristique
du secteur colonial de santé au Congo est la multiplicité des
organismes paraétatiques, philanthropiques ou des missions. En
dehors des grands centres, les services de santé sont assurés par
les missions religieuses et les sociétés industrielles.
Cependant, ces services
co-existent plus qu'ils ne collaborent. Le gouvernement ne
contrôlait que peu les actions sanitaires qu'il coordonne et très
faiblement celles des sociétés industrielles et des organismes
philanthropiques qui disposent de fonds propres.
Bref, le réseau sanitaire
colonial est donc constitué d'une mosaïque de services aux liens
mal définis mais présente cependant l'avantage d'être dense
et fonctionnel. (27)
2.1.2. Le secteur sanitaire après
l'indépendance
En 1960, la coupure du cordon
ombilical avec la puissance coloniale met le pays au défi de
suppléer au vide sanitaire matériel, financier et surtout
conceptuel crée par le départ des techniciens coloniaux. Un des
premiers soucis des dirigeants est de donner à la population les
possibilités d'accès aux soins de prestige accomplis dans les
hôpitaux. A défaut d'outils conceptuels, le pouvoir
indépendant utilise alors la structure existante, l'hôpital. Mais
pour le faire fonctionner et maintenir la qualité des soins, le pays a
besoin de personnel qualifié dont il ne dispose pas.
C'est ainsi que, dans un premier
temps, une assistance technique extérieure va suppléer à
ce manque et se consacrera à des activités curatives ponctuelles
dans les hôpitaux.
Dans un second temps, un vaste
programme de formation du personnel congolais entrepris peu avant
l'indépendance, aussi bien à l'intérieur du pays, par
l'ouverture de deux facultés de médecine (Kinshasa et
Lubumbashi), ainsi que des bourses octroyées aux congolais pour des
études et stages dans les pays étrangers permettra de
préparer une relève du personnel étranger. Soulignons que
ces formations s'effectuaient au détriment du personnel
paramédical essentiellement actif en milieu rural.
Des profonds changements
s'opèrent dans les financements des soins de santé ; en
effet, il n'est dorénavant plus possible de pratiquer une politique des
soins gratuits telle qu'elle était menée durant la période
coloniale ; il convient alors d'y intégrer une participation plus
large d'acteurs. Ainsi, dès le début des années 70, les
premières « zones de santé » voient le jour
de façon expérimentale contribuant chacune de façon
spécifique à la mise en oeuvre de la stratégie nationale
en matière de santé.
En 1975, le Commissaire d'Etat
à la Santé Publique de l'époque convoque ainsi deux
commissions chargées de définir la nouvelle unité de soins
de santé au Zaïre : la « zone de
santé » rurale et urbaine, dont l'objectif prioritaire est de
faciliter l'accessibilité des soins de santé à toute la
population.
En 1980, la RDC adhère,
tout comme 158 Etats membres de l'OMS, à la politique de
« soins de santé primaire » promulguée
à Alma ata en 1978. Ses options, déjà défendues
depuis quelques années par le Gouvernement zaïrois,
reçoivent de la sorte la connaissance formelle de l'ensemble de la
Communauté Internationale. C'est ainsi que l'Administration
Zaïroise adopte officiellement en 1981, une politique sanitaire reposant
sur les « soins de santé primaire » organisé
par une division du territoire en « Zone de
Santé ».
A ce jour, l'organisation des
structures de santé est clairement définit en RDC. La politique
nationale et l'organisation s'appuient sur les zones de santé au nombre
de 515 actuellement.
2.1.3. Le système sanitaire de la RDC
Un système de santé
de proximité devra, pour bien fonctionner, comporter au moins un et de
préférence deux types de structure autres que l'hôpital. La
principale condition est la mise en place d'un réseau de centres de
santé avec un personnel composé principalement
d'infirmières et de personnels paramédicaux qualifiés.
(28)
Le système sanitaire de la
RDC est organisé en trois paliers ayant chacun son rôle
spécifique :
· Le
niveau central comprend le Cabinet du Ministre, le Secrétariat
Général de la Santé, les directions centrales et les
programmes spécialisés. Ces structures jouent un rôle
normatif, de coordination et d'orientation stratégique. (Voir normes
sanitaires RDC)
· Le
niveau intermédiaire est la L'inspection provinciale de la
santé et ses divisions qui ont pour rôle un appui technique aux ZS
avec des fonctions de coordination, de formation, suivi, supervision,
monitoring, évaluation, inspection et contrôle. Le District de
Santé sert de relais entre l'inspection Provinciale et la Zone de
Santé.
· Le
niveau opérationnel : c'est la Zone de Santé, elle est
l'unité de base de planification sanitaire. A ce niveau, la RDC a
opté pour un système sanitaire á deux échelons.
Le premier échelon est un
réseau de centres de santé qui ont pour mission d'offrir á
la population un paquet minimum d'activités de prestation de Soins de
Santé Primaires (PMA), avec la participation communautaire;
Le deuxième échelon
est l'hôpital général de référence qui offre
un paquet complémentaire d'activités de soins de santé de
référence (PCA).
Les deux échelons de soins
sont reliés entre eux par un système de référence
et de contre référence.
Notons ici que Le secteur
privé joue un rôle important dans le système de
santé congolais, notamment dans les centres urbains. Il n'est
néanmoins pas en mesure de répondre à l'essentiel des
besoins - et reste hors de portée financière pour la majeure
partie de la population. Il est pourtant important de s'assurer de son
implication pleine et entière dans tous les efforts de revitalisation du
secteur.
Le secteur de la santé en
RDC est marqué par plusieurs caractéristiques importantes :
· Un faible
engagement historique de l'Etat, à la fois en termes de financement
du système, de régulation du secteur et de fourniture de services
de soins médicaux.
· Une participation
importante du secteur privé, des organisations religieuses et des
ONG, qui gèrent un nombre important de centres de santé et
la moitié des hôpitaux.
· Une couverture
inégale du territoire, malgré le système de zones de
santé mis en place dans les années 1970, avec un
déséquilibre sensible entre les zones urbaines et les zones
rurales, ainsi qu'entre Kinshasa et le reste du pays. (16)
Les années de conflit ont
laissé des cicatrices durables sur le système de santé qui
était déjà sensiblement affaibli: destructions et
dégradations des bâtiments et matériels (du fait des
combats, des pillages, du manque d'entretien et du non remplacement des
équipements), cruel manque de consommables (en particulier de
médicaments qui ne sont pas disponibles à proximité pour
un tiers de la population et pas accessibles financièrement pour les
deux tiers de la population), perte ou la fuite de personnel médical et
infirmier (ceux qui restent n'étant plus payés que par
intermittence avec des conséquences importantes sur leur motivation et
disponibilité), important retard technologique.
La situation est aggravée
par l'appauvrissement de la population et la détérioration des
conditions de vie - notamment en ce qui concerne l'accès à l'eau
potable et à l'assainissement, la promiscuité dans laquelle vit
une grande partie de la population, ainsi que la propagation du VIH/SIDA.
Néanmoins, la structure du
système de santé a survécu - notamment au niveau des zones
de santé - et même pendant le conflit il a été
possible de mener à bien des programmes nationaux (telles que les
Journées de Vaccination). Ceci est largement dû au courage, au
dévouement et au sens du devoir des personnels médicaux, ainsi
qu'à la présence active d'un certain nombre de partenaires
extérieurs malgré les difficultés. C'est sur cette base
que le système de santé va pouvoir aujourd'hui être
reconstruit.
2.1.4. Conséquences du délabrement du
système sanitaire
Le délabrement du
système sanitaire congolais est l'une des conséquences de la
crise multiforme que traverse la RDC et de façon directe, du sous
financement du secteur de la santé qui en résulte.
Ce délabrement se traduit
par deux faits majeurs et regrettables : l'incapacité des
formations sanitaires à assurer les soins de santé, et
l'état de morbidité et de santé lamentable de la
population.
- Incapacité des formations
sanitaires à assurer les soins de santé : La capacité
des formations sanitaires de la RDC de répondre à la demande des
soins de santé est fortement mise à l'épreuve. Les FOSA
qui fonctionnent encore sont essentiellement financée par la population,
plus exactement par les malades et dans une moindre mesure par les bailleurs
des fonds. Faute des moyens suffisants, ces FOSA n'ont pas l'équipement
nécessaire et adapté ; elle ne peuvent s'approvisionner en
médicaments par manque des devises ; elles utilisent un personnel
démotivé.
La fuite des médecins
qualifiés vers l'extérieur du pays en quête des conditions
de travail et de vie meilleures illustre cette démotivation. Même
si des statistiques manquent actuellement pour l'attester, on sait par exemple
que des centaines des médecins congolais prestent dans les formations
sanitaires de l'Afrique du Sud. Beaucoup de médecins qualifiés
qui oeuvrent au pays ont crées leurs formations sanitaires
privées, personnelles vers lesquelles ils détournent les malades
qui viennent en consultation dans les Formations sanitaires publiques ou de
référence, privant celles - ci d'un nombre important de malades
et donc de moyens de fonctionnement.
Le corollaire en est que les
malades trouvent difficilement les spécialistes qu'ils viennent
consulter dans ces FOSA de plus en plus désertées, il leur est
demandé de suivre ces spécialistes dans leurs FOSA privées
où les coûts des soins sont assez prohibitifs. Il semble qu'une
bonne répartition des recettes réalisées de ces FOSA
permettrait de juguler ce fléau.
La fermeture de plusieurs FOSA, et
par conséquent la paralysie des activités de certaines zones de
santé est un autre indice de cette crise du secteur de la santé
en RDC. Disons enfin que l'état de malpropreté dans lequel se
trouvent les FOSA publiques ou de référence est tel que les
malades qui y sont hospitalisés finissent presque toujours par attraper
d'autres maladies dues à cette malpropreté. C'est notamment le
cas du paludisme et de certaines infections. Il semble que cette
malpropreté doit être placée sur le compte de la
démotivation du personnel et de manque de moyens financiers et
matériels conséquents pour assurer l'entretien des
bâtiments et de l'environnement immédiat. (11)
- Les conséquences sur
l'état de santé de la population : Il résulte de la
situation décrite ci - haut que la population accède
difficilement aux soins de santé appropriés, ce qui influe sur
son état de santé.
2.2. Grandes lignes de la politique sanitaire en RDC
La politique mondiale de la
« Santé pour Tous » se base sur la prise en compte
des besoins sanitaires des Communautés nationales dans leur
diversité et en fonction :
- des différents stades de
la vie ;
- des lieux de résidence
des familles ;
- des conditions de logement et
d'habitat ;
- des caractéristiques
culturelles ;
- du niveau
socio-économique et ;
- de l'état de
pauvreté.
De ce fait, tous les partenaires
pour la Santé ont le devoir et le droit de partager l'information, de
participer à l'élaboration, l'exécution et
l'évaluation de politiques et de programmes de développement
sanitaire.
La RDC ayant souscrit à
cette politique mondiale de la santé pour tous, elle fonde sa politique
de santé sur ce principe. Ainsi, afin d'assurer l'accès du peuple
congolais à une vie saine et lui permettre d'être socialement et
économiquement productif, le Gouvernement vise à promouvoir le
droit à la Santé à travers le renforcement de
mécanismes garantissant l'éthique en Santé,
l'équité dans la distribution des soins et des services de
Santé, la solidarité communautaire et l'humanisation des services
de Santé.
Historiquement, la situation
sanitaire de la RDC a connu des niveaux variables depuis la période
coloniale jusqu'à ce jour. A l'aube de l'indépendance, la
politique sanitaire était essentiellement axée sur la
médecine curative avec des centres médicochirurgicaux et des
dispensaires satellites. La population ne pouvait accéder aux rares
soins de Santé que grâce aux efforts de plusieurs intervenants qui
ont commencé à expérimenter des politiques de Santé
Communautaire dont l'évolution progressive a abouti à la
politique sanitaire basée sur les soins de Santé primaires.
Ce système a
fonctionné assez valablement grâce à l'existence d'une
importante infrastructure héritée de la colonisation et l'appui
des différents partenaires de l'Etat congolais jusqu'au début des
années 90, avec l'élaboration du Plan d'Action Sanitaire
1982-1986 ; la subdivision du territoire national en 306 zones de
Santé (515 ZS après la réorganisation de la carte
sanitaire en 2003) pour assurer l'accessibilité Géographique et
logistique de la population aux soins de Santé ; la création
d'un certain nombre de projets bilatéraux et multilatéraux pour
rendre opérationnelles les zones de Santé ; la création
d'un certain nombre de projets/programmes spécialisés pour
appuyer la lutte contre les maladies ; l'élaboration de la Charte de
Mbanza-Ngungu pour lancer les bases du partenariat intra et intersectoriel au
niveau de la zone de Santé ; l'effort gouvernemental en collaboration
avec les autres partenaires dans le domaine de la formation des cadres
nationaux.
La politique nationale de
Santé est ainsi basée sur les principes suivants (20) :
- La qualité des soins et
des services ;
- L'efficience et
l'efficacité des projets et programmes de développement
sanitaire ;
- La coordination intra et
intersectorielle des prestations des services de Santé ;
- La participation
communautaire ;
- La décentralisation des
centres de prise de décisions ;
- La déconcentration des
services de production des soins ;
- L'intégration des
services spécialisés au sein des services de Santé de
base.
Le but de cette politique
sanitaire est de promouvoir l'état de Santé de toute la
population, en fournissant des soins de Santé de qualité,
globaux, intégrés et continus avec la participation
communautaire, dans le contexte global de la lutte contre la
pauvreté.
Pour ce faire, la RDC a pris comme
option de (20) :
- Réorganiser, en
concertation avec la territoriale, le système national de Santé,
de manière à rapprocher la population des centres de soins par
leur décentralisation et leur déconcentration ;
- Améliorer
l'accessibilité aux soins par la couverture adéquate en
infrastructures de Santé, par l'approvisionnement en équipements
et en médicaments essentiels, le déploiement des ressources
humaines sur toute l'entendue du pays et la mobilisation des ressources
financières ;
- Assurer la qualité des
prestations sanitaires par la mise en oeuvre effective des activités de
suivi, de supervision, d'évaluation et de contrôle des programmes
de Santé à tous les niveaux du système de
Santé ;
- Pérenniser le
système de Santé en développant le partenariat par la mise
en place des mécanismes de collaboration intra et intersectorielle, la
concertation, la coordination et la promotion du financement communautaire des
soins tel que les mutuelles de Santé ;
- Améliorer le rendement
des services par la motivation du personnel, le développement des
activités d'information sanitaire, de formation du personnel de
Santé, de recherche pour la Santé et de communication pour la
Santé;
2.3. Financement du système de santé en RDC
Le financement de la santé
doit permettre la mobilisation des ressources nécessaires à la
mise en place des mesures de prévention et de prise en charge
médicale répondant au besoin des populations.
L'amélioration de la santé des individus est le véritable
moteur qui guide la conception des interventions dans ce domaine. (1)
En RDC Le financement du
système sanitaire repose sur trois sources principales : les
ménages, les aides extérieures et le budget de l'Etat.
Durant l'époque coloniale
(1885 à 1960), le financement de la santé était
assuré par trois composantes à savoir l'Etat colonial, les
confessions religieuses et le secteur privé animé par les
sociétés dites à charte. A cette époque-là
déjà, les bénéficiaires des soins de santé
payaient eux-mêmes leurs factures des soins. Toutefois, l'Etat
subventionnait les soins en les rendant financièrement accessibles
à tous. Le budget des dépenses ordinaires pour les services
médicaux se chiffrait en cette période à environ 10% du
budget ordinaire total du Congo. (11)
Au moment de l'indépendance
(1960), le Congo avait le système de santé le mieux
organisé et parmi les plus performants de l'Afrique. Mais suite aux
difficultés budgétaires apparues à partir de 1960,
aggravées par les troubles et les rebellions, le financement de la
santé à l'instar de celui des autres secteurs de la nation devint
aléatoire. (11)
Au cours des 30 dernières
années, le poids du financement s'est transféré
graduellement sur les ménages avec comme conséquence non
seulement la diminution de la fréquentation des services de
santé, mais aussi la dégradation de l'Etat de santé des
population qui a atteint des niveaux alarmants comme nous l'avons montré
dans le chapitre précédent.
Dans les années 80s,
l'état prenait en charge la rémunération des
employés du système ainsi que les coûts récurrents
des niveaux centraux et intermédiaires. Les bailleurs de fonds
pourvoyaient principalement aux besoins d'investissement. Enfin les frais de
consultations étaient censés couvrir les coûts
récurrents et la maintenance au niveau local, d'où le concept
d'autofinancement des ZS).
Cependant depuis les années
90 le financement repose sur les ménages. En effet, avec la
décroissance des revenus de l'Etat dans les années 80, les
dépenses publiques ont été allouées en
priorité au paiement des salaires. La diminution des aides
extérieures à partir de 1992 a affecté les dépenses
d'investissement.
Actuellement, la situation est
marquée par un très fort désengagement de l'Etat dans le
financement du système de santé - en grande partie du fait de la
faiblesse des revenus fiscaux. La part des dépenses de santé dans
les dépenses totales du Gouvernement est ainsi passé de 2,5% en
1972 à moins de 1% en 2002, répartis de la manière
suivante: 62% pour les salaires des fonctionnaires, 14% en dépenses de
fonctionnement, 13% en investissements et 11% en budgets annexes et divers.
Ceci correspond à environ $0.22 par habitant, soit une baisse en termes
réels d'à peu près 50% durant la période 1991-2002.
Ces trois dernières
années, la part du budget de l'état allouée au secteur de
la Santé a augmenté (en partie grâce à l'initiative
PPTE) pour atteindre 7,2% du budget national en 2004. Toutefois la majeure
partie du budget couvre les salaires et la répartition
géographique est nettement en faveur de Kinshasa. Le budget est
présentement alloué aux institutions publiques sur des bases
historiques et ad hoc sans tenir toujours compte de la performance ou des
besoins. Enfin, il existe un écart important entre le budget et les
dépenses réelles tant au niveau du volume (taux
d'exécution estimés de 75% en 2002, 89% en 2003) que de
l'allocation.
2.3.1. Evolution, allocation et exécution du budget de
l'État
Si l'on tient compte des normes
fixées par l'OMS selon les quelles chaque pays doit consacrer 10
à 15% de son budget annuel au secteur de la santé, la RDC est
loin de respecter ces normes.
Tableau N°2 :
Evolution du budget des dépenses courantes de la santé les dix
dernières années.
Année
|
Part du budget alloué
à la santé
|
Part du budget
exécuté
|
% exécuté par
rapport au budget alloué
|
Unité
Monétaire
|
Montant
|
%
|
Montant
|
%
|
1995
|
23 484
|
1,4
|
23 254
|
0,2
|
99%
|
millions de NZ
|
1996
|
61 907
|
0,7
|
63 667
|
0,4
|
103%
|
en millions de NZ
|
1997
|
199 358
|
0,3
|
77 664
|
0,2
|
39%
|
en milliers de FC
|
1998
|
8 706
|
1
|
126
|
0
|
1%
|
en milliers de FC
|
1999
|
3 394
|
0,2
|
20 344
|
0,4
|
599%
|
en milliers de FC
|
2000
|
5 123
|
0,02
|
38 563
|
0,2
|
753%
|
en milliers de FC
|
2001
|
191 530
|
0.3
|
83 218
|
0,1
|
43%
|
en milliers de FC
|
2002
|
304 752
|
0,2
|
182 445
|
0.1
|
60%
|
en milliers de FC
|
2003
|
2 137 468
|
0,59
|
ND
|
|
|
en milliers de FC
|
2004
|
34 764 550
|
7,2
|
ND
|
|
|
en milliers de FC
|
Sources :
1) Banque Centrale du Congo, Rapports
annuels 1973, 1979, 1985, 1990, 1996, 2000, 2002 - 2003
2)
http://www.minfinrdc.cd
3)
http://www.bcc.cd
Les questions d'allocations sont
aggravées par le faible niveau d'exécution du budget dans le
secteur. Les dépenses sont en effet souvent partielles,
irrégulières et non contrôlées. Les données
de l'année fiscale 2001 suggèrent que les taux d'exécution
sont d'environ 70% pour les salaires et d'environ 40 pour cent pour les
dépenses courantes hors personnel (il n'existe pas d'information
disponible sur l'exécution des crédits pour les dépenses
communes et pour les budgets annexes). Le montant de $0.22 par habitant est
donc une surestimation des sommes effectivement dépensées par
l'Etat dans le secteur.
Aussi, les dépenses
publiques pour la santé sont largement utilisées à
Kinshasa, qui comprend environ 15% de la population mais reçoit 60% des
dépenses salariales et dispose de près de la moitié des
médecins les mieux formés du pays. L'allocation budgétaire
est ainsi de $0.89 par habitant à Kinshasa - et aux alentours de $0.10
par habitant dans les provinces. (16)
La problématique du
financement des services provinciaux est un autre point crucial : en effet
ceux-ci ne sont pas représentés dans le budget de l'état
et en conséquence sont dépendants des prélèvements
sur le niveau local.
2.3.2. Poids du financement sur les ménages
La dépense de santé
des ménages est donc la seule source de financement pour les coûts
récurrents des niveaux locaux et intermédiaires (en dehors de la
contribution des bailleurs de fonds discutée ci-dessous). Le niveau
élevé du coût des soins en est la conséquence.
L'influence des communautés sur la tarification est quasi-inexistante et
les mécanismes de financement ne sont pas toujours utilisés afin
de stimuler la sensibilité à la demande. Il se manifeste donc un
désengagement de l'Etat dans le secteur de la santé.
La conséquence de ce
désengagement de l'Etat est double :
· Le rôle des
partenaires non - étatiques est prépondérant. La
contribution du secteur public se limite à la propriété
théorique des installations médicales et au versement partiel des
salaires. La majeure partie des services de santé sont financés
par les bailleurs de fonds, les ONG internationales et leurs partenaires locaux
(comprenant en particulier les églises), les entreprises (par les
subventions et les services d'approvisionnement) et bien sûr les
patients.
· Le coût des
soins à la charge des populations a dramatiquement augmenté,
laissant les services médicaux hors de portée des populations les
plus pauvres. La charge du financement du système de santé
public retombe souvent sur les administrateurs et leurs communautés,
à travers des frais de consultation et d'autres contributions directes
pour compléter les salaires des fonctionnaires de l'Etat. Les demandes
de rémunérations complémentaires par le personnel
médical sont courantes - et les patients insolvables sont souvent
gardés de force dans les hôpitaux jusqu'à ce qu'ils
s'acquittent des soins reçus. Les systèmes de soins privés
sont souvent hors de portée pour les bourses congolaises.
2.3.3. Besoin de financement du secteur
Les besoins de financement du
secteur sont difficiles à évaluer. Il est nécessaire de
distinguer les besoins en investissements de ceux en coûts
récurrents.
Les coupures budgétaires et
la diminution de l'aide dans les années 90 ont conduit à une
sévère décapitalisation du système. Les
infrastructures et équipements ont souffert du manque de maintenance et
d'investissement. Il existe un besoin net d'investissement évalué
à $85 millions. (22)
L'estimation du besoin de
financement des coûts récurrents pour les niveaux
intermédiaires et local uniquement varie entre 120 et$190 millions par
an. (22)
Dans le système sanitaire
de la RDC, la politique de financement des services de santé devrait
ainsi comporter la prise des dispositions requises pour réduire les
coûts des soins par la mise en place d'un système qui vise
à faciliter l'accès aux soins, la pérennisation et la
viabilité du système de Santé. Tout en tenant compte des
principes directeurs des soins de Santé primaires et pour
accroître l'accès financier de la population aux soins et services
de Santé, le Gouvernement devrait veiller à l'accroissement des
financements des soins et services de Santé par :
- L'allocation à la
Santé de l'équivalent de 10 à 15 % du budget de
l'Etat ;
- La décentralisation de ce
budget aux différents niveaux du système de
Santé ;
- La création d'un
système d'assurance-maladie ;
- La redynamisation du
système de sécurité sociale ;
- La promotion des mutuelles et
coopératives de Santé ;
- La mise en place d'un
système favorisant la participation communautaire et le partenariat
avec les organisations non gouvernementales ainsi que les organismes de
coopération internationale.
Notons qu' actuellement, des
formes de financement alternatives du système, telles que l'approche
contractuelle, sont en phase pilote par certains bailleurs de fonds. Dans ces
schémas, le paiement selon les résultats est le moyen
utilisé pour accroître l'efficacité des
dépenses. Ils sont basés sur le principe du partenariat
qui peut renforcer la responsabilité et le consensus.
2.4. Fonctionnement des zones de santé
La zone de santé constitue
en RDC le niveau opérationnel de base pour l'organisation, la
planification et le développement des activités sanitaires. Une
zone de santé est un espace géographique bien défini,
incluse dans les limites territoriales d'une commune ou d'un territoire,
comprenant une population d'environ 50.000 à 100.000 personnes en milieu
rural et de 100.000 à 250.000 personnes en milieu urbain. Elle comprend
deux niveaux d'intervention:
· Un réseau de
« centres de santé » correspondant
chacun à une subdivision de la zone de santé, « l'aire
de santé » (5.000 à 10.000 habitants en milieu rural, 15.000
à 30.000 habitants en milieu urbain). Le centre de santé a pour
mission d'offrir à la population un paquet minimum de soins de
santé primaire - et doit se trouver à moins de 5
kilomètres (soit environ une heure de marche) de la population
desservie. Les communautés bénéficiaires sont fortement
impliquées dans leur gestion.
· Un hôpital
général de référence qui
offre un paquet complémentaires des soins pour la zone de
santé.
Le réseau des structures de
prestations de soins est organisé sous forme pyramidale avec, de la base
au sommet, des formations sanitaires des niveaux primaires (centres et postes
de Santé), secondaires (hôpitaux régionaux) et tertiaires
(hôpitaux nationaux). Chacun des niveaux sert de référence
et de soutien pour le niveau immédiatement inférieur.
Figure N°2 :
Organisation d'une zone de santé
Les
centres et postes de Santé assurent un ensemble d'activités
curatives, préventives et promotionnelles appelé Paquet Minimum
d'activités (PMA). (22)
Suite aux difficultés
économiques et financières mentionnées plus haut, la RDC
qui se trouvait dans l'incapacité d'assumer ses responsabilités
de gestionnaire des institutions publiques de santé avait
déclaré en 1982 l'autonomie financière des ZS. Cette
autonomie eût comme conséquence l'incapacité des
hôpitaux d'assurer l'approvisionnement régulier en
médicaments et le renouvellement des matériels de soins. La
plupart d'entre eux ne gardent aujourd'hui que des bâtiments dans un
état de délabrement avancé, avec des équipements
vétustes, rarement en état de fonctionnement satisfaisant. Les
rares efforts de construction et de maintenance (surtout les centres de
santé) ont été principalement l'oeuvre des organisations
confessionnelles, caritatives et organisations non gouvernementales.
Le cliché d'un
hôpital public, depuis les années 80 à ce jour, est celui
d'un grand bâtiment délabré avec un personnel plus ou moins
pléthorique, sans médicaments, accueillant à peine
quelques patients par jour. (23)
Les institutions médicales
ont alors développé des mécanismes illicites de
survie qui ne sont ni plus ni moins que la privatisation des services
publics dont les principales manifestations sont le rançonnement et de
détournement des patients des institutions publiques vers les
privées. Une croissance importante, non planifiée et non
contrôlée de la pratique médicale privée lucrative
s'est développée. La plupart des prestataires privés sont
en même temps des personnels salariés de l'Etat.
Le faible pouvoir d'achat des
populations ne permet ni aux structures de soins de s'autofinancer ni aux
pauvres d'accéder aux soins de santé. La qualité des soins
laisse à désirer, la population a donc perdu confiance dans les
services de santé. D'où la faible utilisation des services de
santé.
Pour résumer cette partie
liée au secteur de la santé en RDC, nous présentons ici
les éléments des constats faits sur la situation sanitaire du
pays après analyse des différents systèmes ainsi que les
sources de financement du système de santé. Il ressort de ces
éléments ce qui suit (33) :
- L'accès des populations
à des soins de qualité s'est considérablement
réduit, notamment par déficit de financement. La pauvreté
de la population et la précarité des revenus expliquent le fait
que des ménages ne parviennent plus à couvrir le coût des
soins (exclusion sociale avec plus de 60% des individus vivant avec moins d'un
dollar par jour).
- A cela s'ajoute le fait que
l'offre des soins de santé est caractérisée par un
personnel de santé qui livré à lui-même, qui n'est
plus motivé ni en mesure d'assumer son rôle de dispensateur de
soins de qualité et de gestion efficiente des services. En outre, la
répartition ou la distribution du personnel est
déséquilibrée (pléthore et carence quantitative et
qualitative selon les endroits)
- La dérive commerciale
dans la gestion des services publics et privés associatifs (la tendance
aux prescriptions abusives favorisées par le mode de tarification
à l'acte) pour mieux couvrir les frais de fonctionnement
(réapprovisionnement en consommables médicaux et
généraux, entretien et maintenance des infrastructures et
équipements, rémunération du personnel) contribue à
l'augmentation non justifiée du coût des soins.
- L'absence de
disponibilité dans les services de santé des médicaments
essentiels sous forme générique influe négativement sur la
qualité et le coût des soins de santé.
- Les faibles taux d'utilisation
contraignent les possibilités d'autofinancement et l'augmentation des
tarifs appliqués (absence de politique tarifaire cohérente).
- Les choix d'allocation et
d'affectation des ressources financières (bailleurs et Etat) ne tiennent
pas suffisamment compte des besoins et des demandes de santé de la
population.
- Les résultats obtenus en
termes d'offre de soins de santé ne sont pas à la hauteur des
ressources financières allouées actuellement au secteur de la
santé :
o Faible coordination des apports
des partenaires au financement du secteur de la santé et
inadéquation partielle des appuis par rapports aux besoins (ex. : don en
équipements, en médicaments; appui à des programmes de
santé non prioritaires).
o La part du financement des
services de santé assuré par les entreprises s'est réduite
à cause de la récession économique.
o La part d'exécution du
budget de fonctionnement (hors salaires) et d'investissement de l'Etat pour le
secteur de la santé est insuffisante et très inégalement
répartie.
- L'accroissement des carences du
secteur public de la santé favorise la multiplication souvent anarchique
et de qualité déficiente des services du secteur privé
commercial et associatif de « façade » ou
incompétent.
- Jusqu'à ce jour, la part
du budget de l'Etat réservé à la santé continue
à demeurer faible (1.3%). De plus, le décaissement n'est pas
proportionnel à l'enveloppe initiale ou inégalement reparti. Le
financement du système sanitaire est réalisé
essentiellement par les partenaires qui interviennent à travers des
projets santé et des dons ainsi que par la population qui participe au
recouvrement de coût (dans 100% des zones de santé).
2.5. Brève présentation de la ZS de Kadutu.
La Zone de santé de Kadutu
est l'une de 34 zones de santé que comprend la province du Sud Kivu.
Elle fait partie intégrante de la ville de Bukavu principalement dans la
commune de Kadutu et une bonne partie de la commune de Kasha. Elle est une zone
à tendance urbano -rurale qui appartient au district sanitaire de
Kadutu.
2.5.1. Situation géographique
La Zone de santé de Kadutu
s'étend sur une superficie d'environ 13km² et est limitée
par :
Au Nord et à l'Ouest,
la zone de santé de Bagira
Au Nord-Est, le lac Kivu
A l'Est, la zone de
santé d'Ibanda
Au sud, la zone de
santé rurale de Nyantende
Le relief y est montagneux, et
jouit d'un doux climat tempéré d'altitude. La température
moyenne est de 15°C en saison de pluie (septembre à mi-mai) et de
25°C en saison sèche (mi-mai - août). (2)
A Kadutu s'observe pratiquement et
presque chaque année les effets pervers des érosions et les
éboulements ou glissement des terrains. Des fortes pluies y
dénudent le sol.
2.5.2. Situation
démographique
La population est estimée
à 270.768 habitants (2). Cette population est
composée des fonctionnaires, des militaires et policiers, des ouvriers
des usines, des élèves, des paysans, des commerçants et
des sans emplois.
Cette population est repartie de
la manière ci -dessous dans les différentes aires de
santé :
Tableau N°3 :
Répartition de la population par aire de santé
N°
|
Aire de
santé
|
Population
|
1
|
CS Neema
|
23277
|
2
|
CS CBCA Nyamugo
|
21624
|
3
|
CS Funu
|
23961
|
4
|
CS Uzima
|
12448
|
5
|
CS 8e Cepac Buholo
|
27437
|
6
|
CS Buholo Biname
|
28980
|
7
|
CS CECA Mweze
|
25148
|
8
|
CS Maendeleo Cimpunda
|
49717
|
9
|
CS Ciriri
|
39634
|
10
|
CS Maria
|
18542
|
|
Total
|
270768
|
Source : BCZS Kadutu
2.5.3. Situation socio-économique et culturelle
La population de la zone de
santé de Kadutu vit du petit commerce, des primes et salaires pour les
fonctionnaires et ouvriers ; et des produits de culture pour les paysans
agriculteurs (périphéries). On y trouve le plus grand
marché de la ville de Bukavu, ainsi que nombreux autres petits
marchés. Il y existe des écoles maternelles, primaires,
secondaires et universitaires tant officielles que privées. Kadutu
abrite le seul stade de football encore utilisable de la ville de Bukavu.
La route constitue le principal
moyen de communication avec d'autres zones de santé. Notons ici que
toutes les routes de la zone de santé sont dans un état
avancé de dégradation et la majorité d'entre elles
deviennent impraticables.
Les ethnies majoritaires
sont (par ordre décroissant) : les Bashi, les Barega, les
Bahavu, les Babembe, les Bafulero. Le mariage est du type patriarcat avec un
taux faible de mariage polygamique.
Les quatre grandes religions du
pays y sont pratiquées (par ordre décroissant) : le
catholicisme, le protestantisme, le kimbanguisme, l'Islam, et nombreuses autres
sectes.
L'habitat est en dur
(héritage colonial en voie de vétusté), moderne de
construction récente, et mi-terre battue pour d'autres. Le mobilier est
en majorité fait de bois.
La pâte de maïs, de
manioc, de sorgho, le riz, le haricot, le petit pois, le poisson, la viande
bovine et canine, la chair de poule, l'huile végétale, la pomme
de terre, la tomate, le chou et les fruits, constituent l'aliment de base de la
population de Kadutu.
La population est en grande partie
fournie en eau potable par la REGIDESO, quelques sources et autres bornes
fontaines aménagées dans certains quartiers. Elle
bénéficie de l'énergie électrique de la SNEL de
manière irrégulière. (2).
2.5.4. Situation sanitaire.
La zone de santé de Kadutu
compte actuellement des formations sanitaires suivantes :
- Un hôpital
général de référence d'une capacité de
300lits
- Un centre hospitalier dont la
capacité vient d'être augmentée à 100lits
Ces deux structures organisent
des activités du PCA.
- Dix centres de santés
distribuées dans les différents quartiers et qui réalisent
les activités du PMA.
En plus de ces formations
sanitaires intégrées au système des soins de santé
primaires, il existe nombreuses autres structures sanitaires privées non
intégrées.
Les endémies locales sont
par ordre d'importance décroissant : le paludisme les IRA,
maladies diarrhéiques, anémies, MPC, diabète sucré,
HTA.
Le personnel de santé
constitué de (2) :
Médecins
: 12
Infirmiers
: 148
Administratifs + Ouvriers
: 235
De ce personnel de santé,
il ressort une moyenne d'habitant par personnel de santé comme
suit :
Un médecin pour
22.564habitants
Un infirmier pour 1830
habitants.
2.5.5. Contexte particulier de la zone de santé de
Kadutu
La zone de santé de Kadutu est la plus
défavorisée des zones de santé de la ville de Bukavu. Son
extension rapide et démesurée l'a progressivement
transformé en bidonville. Cette situation est due essentiellement au
phénomène d'exode rural fortement intensifié ces
dernières années. Les causes de cet exode sont principalement la
situation d'insécurité chronique qui règne dans les
villages avoisinants, la réduction de surface cultivable en milieu
rural, l'attrait de la ville et l'espoir d'y trouver un emploi (12)
Du point de vue environnemental, l'on y retrouve toutes les
conséquences d'une urbanisation anarchique : voiries quasi
absentes, nombreuses coupures d'électricité, approvisionnement en
eau irrégulier et de qualité insuffisante, absence
d'écoles de bonne qualité, dégradation rapide de
l'environnement, pollution, érosion accélérée des
collines...
Sur le plan économique et socioculturel, notons que
cette zone de santé n'est pas épargnée des
conséquences de la dégradation de la situation économique
que traverse le pays telle que décrite ci -dessus. La vie
économique est extrêmement réduite ; les
activités productives sont bloquées. La grande majorité
des familles est pratiquement sans revenu. Les salaires sont impayés
depuis plusieurs années pour les agents de l'Etat. En
conséquence, l'on constate un appauvrissement
généralisé de la population et une difficulté
croissante des familles à assurer leur survie au quotidien.
Dans le secteur santé, l'on retrouve conjointement les
méfaits de la pauvreté (malnutrition, maladies infectieuses) et
ceux de l'industrialisation (stress, accident, violence, prostitution,...). En
particulier les recours thérapeutiques sont variés le plus
souvent successifs ou simultanés : automédication, pratiques
traditionnelles, médecine occidentale (moderne) à tous les
niveaux légaux et illégaux de sa pratique.
Depuis la deuxième guerre dite de libération
d'août 1998, il est devenu difficile pour les formations sanitaires de
toutes les zones de santé du Sud Kivu en général et celles
de la zone de santé de Kadutu en particulier d'assurer leur travail
convenablement.
Des formations sanitaires ont parfois connus des interruptions
dans leur fonctionnement suite aux événements tragiques survenus
dans leurs secteurs d'activités. Les faits les plus marquants ont
été vraisemblablement les pillages qui visaient au même
moment les institutions sanitaires et la population environnante (3).
Cette population, première victime de cette barbarie a
vu ses biens ravis à plusieurs reprises. A cause de cette situation,
plusieurs centres de santé ont été contraints de fermer
momentanément leurs portes et cela en défaveur de la population
souffrante et paupérisée.
Les problèmes suivants sont alors
notés :
· Une baisse prononcée de l'utilisation des
services de santé par les populations de plus en plus pauvres
· Une recrudescence des maladies courantes et diverses
épidémies touchant particulièrement les plus faibles
à savoir les enfants, femmes et personnes âgées.
· Une mortalité et morbidité
élevée dans la population surtout chez les femmes enceintes et
les enfants.
· L'inaccessibilité aux soins de santé
primaires de la population prise en charge par les formations sanitaires.
D'énormes efforts avaient été entrepris,
avec l'appui des ONG internationales, pour mettre debout le système de
santé dans la province : tarification à l'épisode
maladie, approvisionnement régulier en médicaments, formation du
personnel de santé, appui aux frais de fonctionnement des
hôpitaux, création d'un système mutualiste,
amélioration de la qualité des soins, ...
Ces différentes politiques de paiement et de
financement des soins de santé ont permis de maintenir le fonctionnement
du système de santé dans la province, cependant, à ce
jour, aucune donnée quantitative fiable ne permet ni d'expliquer comment
les populations gèrent leurs problèmes de santé, ni de
déterminer quelle politique de financement des soins est réaliste
et faisable à court, moyen et long terme en tenant compte de l'objectif
principal du gouvernement, à savoir, un accès aux soins de
santé pour tous.
Il existe donc un besoin clair de données
précises et objectives pouvant orienter les politiques à mettre
en oeuvre pour faciliter l'utilisation des services de santé et
l'accès aux soins de santé à la population de la province
sanitaire du Sud Kivu en général et celle de Kadutu en
particulier. D'où notre intérêt de mener cette
étude dans cette zone de santé en cette période où
des avancées significatives se font sentir sur le plan
sécuritaire et les formations sanitaires fonctionnent
déjà, bien que difficilement.
Chapitre III : CARACTERISTIQUES DES MENAGES DE LA ZONE DE
SANTE ET LEUR COMPORTEMENT FACE A LA MALADIE
Au cours de ce chapitre, nous
présentons les résultats d'analyse des informations recueillies
auprès des ménages qui décrivent :
- Les caractéristiques des
ménages ;
- Le comportement face à la
maladie des membres de leur ménage ;
- Les dépenses des soins de
santé, les dépenses globales de ménages ;
- Le revenu des ménages
3.1. Caractéristiques des ménages
3.1.1. Répartition des populations
enquêtées par tranche d'âge
Il ressort du tableau N°4 que
les femmes représentent 52,3% de la population étudiée et
les hommes en représentent 47,3%. Cette répartition se rapproche
de la moyenne nationale selon laquelle les femmes représentent 51% de la
population et les hommes 49%.
En rapport avec la
répartition de la population par tranche d'âge, les enfants de 0
à 4ans représentent 20,6% de la population totale, ce qui se
rapproche à son tour de la moyenne nationale où cette tranche
représente 19,2% de la population totale. (18)
Tableau N°4 :
Répartition des ménages par sexe et par tranche
d'âge
Tranche
d'âge
|
MASCULIN
|
FEMININ
|
TOTAL
|
Effectif
|
% du total
|
Effectif
|
% du total
|
Effectif
|
% du total
|
0-4 ans
|
287
|
9,4
|
341
|
11,2
|
628
|
20,6
|
5-14 ans
|
479
|
15,6
|
512
|
16,7
|
991
|
32,3
|
15-50 ans
|
577
|
18,8
|
653
|
21,3
|
1230
|
40,1
|
Plus de 50 ans
|
119
|
3,9
|
95
|
3,1
|
214
|
7,0
|
Total
|
1462
|
47,7
|
1601
|
52,3
|
3063
|
100
|
Source : les
données de l'enquête.
3.1.2. Taille moyenne des
ménages
Il ressort du tableau N°5 que
la taille moyenne de ménage dans l'ensemble de cette étude est de
7,66 personnes par ménage (ET : 3,32).
Un total de 3063 personnes a
été trouvé dans les 400 ménages
enquêtés. La taille minimum est de 2 personnes par ménage
tandis que la taille maximum est de 27 personnes par ménages et se
retrouve dans l'aire de santé de Maendeleo Cimpunda.
Cette moyenne est
supérieure à celle trouvée par Malteser dans les zones de
santé rurales du Sud Kivu (7,0 personnes) (13), celles trouvées
par ASRAMES au Nord Kivu (5,9 personnes) et à celles de MICS-2 (6,4
personnes) (23).
Elle est inférieure
à celle obtenue au Maniema qui est de 9,4 personnes ainsi qu'à
celle trouvée par Cordaid à Kinshasa dans les zones de
santé de Lingwala et Ngaliema (7,9 personnes) (10).
La taille des ménages peut
être un facteur déterminant dans l'utilisation des services de
santé et peut orienter le choix de ménage à
fréquenter une structure moderne de santé ou non en cas de
maladie. C'est la raison pour laquelle nous l'avons considéré
comme une variable indépendante dans le modèle
économétrique à estimer au chapitre suivant.
Tableau N°5 : Taille
moyenne des personnes vivants dans les ménages
Aire de
santé
|
Total
ménages
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart type
|
CS CBCA Nyamugo
|
48
|
2
|
19
|
8,10
|
3,33
|
CS Funu
|
52
|
4
|
17
|
8,31
|
2,88
|
CS 8 Cepac Buholo
|
60
|
3
|
13
|
6,57
|
2,48
|
CS Maendeleo Cimpunda
|
108
|
2
|
27
|
8,50
|
4,16
|
CS Ciriri
|
88
|
2
|
15
|
7,34
|
2,85
|
CS Maria
|
44
|
2
|
14
|
6,45
|
2,59
|
Total
|
400
|
2
|
27
|
7,66
|
3,32
|
Source : les
données de l'enquête
3.1.3. Sexe du chef de ménage
Au regard du tableau N°6,
parmi les 400 ménages enquêtés, 44 ménages, soit 11%
sont dirigés par les femmes et le reste, soit 89% sont dirigés
par les hommes. Un plus grand nombre de ménages dirigés par les
femmes est retrouvé dans l'aire de santé de Nyamugo (37,5%) et le
plus petit nombre de ces ménages se retrouve dans l'aire de santé
de Ciriri (3,4%).
Ce résultat est proche de
celui trouvé par Malteser (11) dans 7 zones de santé de la
province du Sud Kivu où 12% des ménages sont dirigés par
les femmes et 88% des ménages par les hommes. Cette observation est
légèrement supérieure à celles faites par les
études du PMURR et de CORDAID, pour lesquelles, les ménages
dirigés par les hommes se situaient respectivement à 84,3% et
à 83%. Cette observation est de loin supérieure à celle
trouvée dans l'étude sur l'accessibilité financière
des communautés aux soins où 64,14% des ménages sont
dirigés par les hommes. (23)
Les ménages dirigés
par les hommes sont majoritaires, ce profil est caractéristique de
l'organisation sociale de ce milieu où traditionnellement le patriarcat
domine.
Le sexe du chef de ménage
peut être un facteur prédisposant certains ménages à
utiliser les services de santé que d'autres. Le modèle du
chapitre 4 nous permettra de voir dans le cadre de cette étude, combien
cela pourrait se vérifier.
Tableau N°6 : Sexe du
chef de ménage par aire de santé
Aire de santé
|
Sexe
|
Fréquence
|
Pourcentage
valide
|
CS CBCA Nyamugo
|
Masculin
|
30
|
62,5
|
|
Féminin
|
18
|
37,5
|
|
Total
|
48
|
100,0
|
CS Funu
|
Masculin
|
46
|
88,5
|
|
Féminin
|
6
|
11,5
|
|
Total
|
52
|
100,0
|
CS 8 Cepac Buholo
|
Masculin
|
53
|
88,3
|
|
Féminin
|
7
|
11,7
|
|
Total
|
60
|
100,0
|
CS Maendeleo Cimpunda
|
Masculin
|
100
|
92,6
|
|
Féminin
|
8
|
7,4
|
|
Total
|
108
|
100,0
|
CS Ciriri
|
Masculin
|
85
|
96,6
|
|
Féminin
|
3
|
3,4
|
|
Total
|
88
|
100,0
|
CS Maria
|
Masculin
|
42
|
95,5
|
|
Féminin
|
2
|
4,5
|
|
Total
|
44
|
100,0
|
Ensemble
|
Masculin
|
356
|
89,0
|
|
Féminin
|
44
|
11,0
|
|
Total
|
400
|
100,0
|
Source : les
données de l'enquête
3.1.4. Age du chef de ménage
A la lumière du tableau
N°7, l'âge moyen du chef du ménage est de 41,8 ans (ET :
12,83). L'âge minimum est de 18 ans et se retrouve dans l'aire de
santé de Maendeleo Cimpunda tandis que l'âge maximum est de 103
ans et se retrouve dans l'aire de santé de CBCA Nyamugo.
Cette moyenne est
inférieure à celle trouvée dans l'étude de Malteser
qui est de 43,7 ans (13) et proche de celle trouvée dans l'étude
sur l'accessibilité financière des communautés aux soins
de santé (41,37 ans) (23)
Tableau N°7 : Age du
chef de ménage
Aire de
santé
|
Nombre de
ménages
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart type
|
CS CBCA Nyamugo
|
48
|
19
|
103
|
44,00
|
16,62
|
CS Funu
|
52
|
29
|
68
|
43,17
|
10,27
|
CS 8 Cepac Buholo
|
60
|
24
|
65
|
40,83
|
10,74
|
CS Maendeleo Cimpunda
|
108
|
18
|
83
|
43,56
|
14,52
|
CS Ciriri
|
88
|
20
|
73
|
40,47
|
11,74
|
CS Maria
|
44
|
25
|
68
|
37,45
|
9,93
|
Ensemble
|
400
|
18
|
103
|
41,80
|
12,83
|
Source : les données de l'enquête
3.1.5. Niveau d'instruction du chef de
ménage
Le tableau n° 8 montre que
10,3% de chefs de ménages n'ont jamais été à
l'école et dans l'ensemble, 65,6% ont une qualification scolaire
inférieure aux études secondaires complètes. Un faible
niveau d'instruction, surtout parmi les femmes, est un frein pour
l'appréhension des problèmes de santé et la recherche des
solutions adéquates, en limitant l'utilisation des services
préventifs et des soins curatifs de base. Par contre, un meilleur taux
d'alphabétisation, surtout chez les femmes, contribue largement à
une bonne santé pour les membres du ménage à cause de sa
capacité naturelle de bien prendre soins de sa famille et de
gérer parcimonieusement le budget du ménage.
Notons que seule 20% des femmes
chef de ménages ont terminé l'école secondaire et aucune
femme chef de ménage n'a été à
l'université.
Tableau N°8 : Niveau
d'instruction du chef de ménage
Niveau
d'étude
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Jamais à l'école
|
41
|
10,3
|
10,3
|
N'a pas terminé l'école
primaire
|
41
|
10,3
|
20,6
|
A terminé l'école
primaire
|
50
|
12,5
|
33,1
|
N'a pas terminé l'école
secondaire
|
130
|
32,5
|
65,6
|
A terminé l'école
secondaire
|
95
|
23,7
|
89,3
|
A été à
l'université
|
43
|
10,7
|
100,0
|
Total
|
400
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.1.6. Occupation du chef de
ménage
Le tableau N°9 fait ressortir
que 39% des chefs de ménages sont indépendants (ouvriers
qualifiés) et donc leurs ménages vivent de ces petites
activités de survie qui sont considérées comme
informelles.
Le taux de sans occupation
déclaré est particulièrement élevé dans la
zone de santé de Kadutu où 33% de chefs de ménages
déclarent n'avoir aucune activité génératrice de
revenu. Ceci est dû au fait que dans cette zone de santé à
part le grand marché de la ville de Bukavu, il n'y a pas d'autres
entreprises ou unités de production où les gens peuvent se
procurer de l'emploi, ce qui a comme conséquence d'accentuer
l'état de pauvreté déjà très prononcé
dans cette zone de santé.
Notons aussi d'autres facteurs
liées à la situation socio -économique du pays notamment
la destruction des industries et usines de transformation lors des
différentes guerres, la faillite de certaines entreprises suite à
la destruction du tissu économique du pays, l'exode rural et aussi les
déplacements du fait de la guerre et des conflits et de
l'insécurité grandissante dans plusieurs territoires de la
province.
Les salariés du
privé constituent 15% des chefs de ménages et 11% des chefs des
ménages sont des fonctionnaires de l'Etat avec des salaires
dérisoires et toujours irréguliers.
Tableau N°9 :
Activité principale du chef de ménage :
Occupation
principale
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Indépendant
|
155
|
38,8
|
38,8
|
Fonctionnaire de l'état
|
45
|
11,3
|
50,0
|
Salarié du privé
|
60
|
15,0
|
65,0
|
Employeur
|
2
|
,5
|
65,5
|
Sans occupation
|
131
|
32,8
|
98,3
|
Autres
|
7
|
1,8
|
100,0
|
Total
|
400
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.1.7. Répartition des ménages selon
leur religion
Au regard du tableau N°10,
67% des ménages étudiés sont constitués de
catholiques suivis des protestants qui représentent 27%. Viennent
après les musulmans et les témoins de Jéhovah.
Les autres religions sont
constituées des brahnamistes, des kimbanguistes, des anglicans et autres
églises de réveil.
Cette répartition
correspond à la tendance générale telle que
présentée dans le rapport annuel 2004 de la zone de santé
de Kadutu.
Cette variable pourra nous
permettre lors de l'estimation du modèle au chapitre suivant de mesurer
l'impact que pourrait avoir la religion sur l'utilisation des services de
santé.
Tableau N°10 :
Répartition des ménages selon la religion :
Religion
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
CATHOLIQUE
|
263
|
65,8
|
65,8
|
PROTESTANT
|
109
|
27,3
|
93,1
|
MUSULMAN
|
9
|
2,3
|
95,4
|
TEMOIN DE JEHOVAH
|
5
|
1,3
|
96,7
|
AUTRES
|
14
|
3,3
|
100,0
|
TOTAL
|
400
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.1.8. Répartition des ménages selon
leur tribu
Il ressort du tableau N°11,
que 76% des ménages étudiés dans la zone de santé
de Kadutu sont constitués des Bashi suivis des Barega qui
représentent 15%. Viennent après les Babembe et les Bahavu.
Les autres tribus sont
constituées des Bafulero, des Banyindu, des Batembo, des Basonge et des
ressortissants des autres provinces de la RDC.
Cette répartition
correspond à la tendance générale telle que
présentée dans le rapport annuel 2004 de la zone de santé
de Kadutu en rapport avec les tribus majoritaires habitant la zone de
santé de Kadutu.
Cette variable pourra nous
permettre lors de l'estimation du modèle au chapitre suivant de mesurer
l'impact que pourrait avoir la tribu sur l'utilisation des services de
santé.
Tableau N°11 : Tribu
des ménages
Tribu
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
MUSHI
|
304
|
76,0
|
76,0
|
HAVU
|
5
|
1,3
|
77,3
|
REGA
|
58
|
14,5
|
91,8
|
BEMBE
|
8
|
2,0
|
93,8
|
AUTRES
|
25
|
6,2
|
100
|
Total
|
400
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.2. Comportement des ménages face à la
maladie
3.2.1. Nombre de ménages ayant eu au moins un
malade durant les 30 derniers jours précédant
l'enquête.
A la lumière du tableau
N°12, 71% des ménages enquêtés ont
déclarés avoir eu un au moins un cas de maladie dans le
ménage durant les 30 derniers jours précédent
l'enquête.
Tableau N°12 : Nombre
de ménages avec malades
Présence de la
maladie
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Oui
|
286
|
71,5
|
71,5
|
Non
|
114
|
28,5
|
100,0
|
Total
|
400
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.2.2. Répartition des malades selon leur
sexe
Cette étude montre que 56%
des malades sont constitués par les femmes, et les hommes 44%. Cette
féminité dans observée chef les patients est
supérieure comparativement à celle de l'ensemble du pays qui est
de 51% contre 49% d'hommes. Elle pourrait traduire le fait que les femmes
soient relativement plus nombreuses à fréquenter les structures
de soins que les hommes.
Un grand nombre de malades se trouve
dans les tranches d'âge de 0 à 4 ans (31,4%) et celle de 15
à 49 ans (33,2%)
Ceci pourrait s'expliquer dans le
premier groupe par le fait que les enfants de 0 à 4 ans sont plus
exposés à certaines maladies de l'enfance.
Pour le second groupe, il est
constitué en majorité par les femmes en âge de
procréer, ce sont elles d'ailleurs qui représentent 73% des
malades de cette tranche d'âge.
Tableau N°13 :
Répartition des malades par sexe et par tranche d'âge
Groupe d'age
|
Sexe du malade
|
Total
|
Masculin
|
Féminin
|
|
Effectif
|
% du total
|
Effectif
|
% du total
|
Effectif
|
% du total
|
0 - 4 ans
|
47
|
16,4%
|
43
|
15,0%
|
90
|
31,4%
|
5 - 14 ans
|
25
|
8,8%
|
24
|
8,4%
|
49
|
17,2%
|
|
15 - 49 ans
|
26
|
9,1%
|
69
|
24,1%
|
95
|
33,2%
|
> 50ans
|
28
|
9,8%
|
24
|
8,4%
|
52
|
18,2%
|
Total
|
126
|
44,1%
|
160
|
55,9%
|
286
|
100%
|
Source : les
données de l'enquête
3.2.3. Gravité de la maladie
Dans l'ensemble, 51% de personnes
tombées malades ont considéré leur état comme
étant grave, tandis que 49% considèrent leur état comme
étant peu grave.
La perception du patient sur sa
maladie peut avoir une incidence sur sa décision de fréquenter ou
non une structure des soins. D'où l'importance de cette variable dans
cette étude.
Tableau N°14 :
Gravité de la maladie
Etat de la
maladie
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Grave
|
146
|
51,0
|
51,0
|
Peu grave
|
140
|
49,0
|
100,0
|
Total
|
286
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.2.4. Personnes malades ayant cherché les
soins de santé
Comme le montre le tableau N°
15, parmi les personnes tombées malades au cours des 30 derniers jours
précédents l'enquête, 18,9% déclarent n'avoir pas
accès à une consultation quelconque, principalement pour des
raisons financières (64,8%).
Même en ne prenant en compte
que les patients se considérant comme gravement malades, l'exclusion est
importante puisque 12% d'entre eux n'ont pas accès à la
consultation essentiellement par manque d'argent (94,1%) (Voir tableau
N°16)
Les malades qui considèrent
leur état comme peu grave n'ont pas consulté, principalement par
manque d'argent pour 52,7% d'entre eux
Ce qui veut dire que pour des
raisons essentiellement financières, la plupart des foyers recourent
à la consultation uniquement s'ils jugent la situation assez grave. Ce
qui peut très dangereux puisque ces foyers n'ont pas toujours de
connaissances en diagnostic et peuvent se présenter à
l'hôpital trop tardivement. Cette pratique pourrait être un des
facteurs de taux de mortalité inquiétants.
Tableau N°15 : Nombre
de patients ayant cherché les soins
Demande des soins
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Oui
|
232
|
81,1
|
81,1
|
Non
|
54
|
18,9
|
100,0
|
Total
|
286
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
Tableau N°16 : Nombre
de malades soignés et gravité de la maladie
Etat maladie
|
Soins
reçus
|
Total
|
Oui
|
Non
|
|
effectif
|
Pourcentage
|
effectif
|
Pourcentage
|
|
Grave
|
129
|
88%
|
17
|
12%
|
146
|
Peu grave
|
103
|
74%
|
37
|
26%
|
140
|
Ensemble
|
|
232
|
|
54
|
286
|
Source : les
données de l'enquête
3.2.5. Structures des soins où les malades se
sont fait soignés.
Le tableau N°17 montre que
33% de ménages qui ont connu un cas de maladie ont recouru à un
centre de santé et 16% ont recouru à une structure
hospitalière, ce qui nous donne un total de 49% de ces ménages
qui ont recouru à formation sanitaire moderne intégrée au
système des soins de santé primaires pour des soins
appropriés. Tandis que 27% ont fréquenté une formation
médicale privée durant cette période.
Dans l'ensemble de cette
étude, pendant l'épisode de maladie, 76% des malades ont
bénéficié d'un traitement moderne dans une structure de
santé tandis que 24% ont recouru à d'autres modes de soins parmi
lesquels certains se sont soignés eux-mêmes
(automédication) à domicile (16%), d'autres ont consultés
les tradipraticiens (6%) et le reste ont recouru aux groupes de prières
(2%).
Il ressort de cette étude
que le centre de santé qui est la première structure à
laquelle doivent recourir les personnes malades ne reçoit que 33% de
ceux-ci. Ce pourcentage se rapproche du taux d'utilisation de la zone de
santé de Kadutu qui est de 30% (0,3NC/hab./an) et est supérieur
au taux moyen d'utilisation au niveau national qui est de 25%. Ce qui ne fait
que confirmer la sous utilisation des structures sanitaires
intégrées au système des soins de santé
primaires.
24% des malades n'ont recouru
à aucune structure de santé moderne pour des raisons
essentiellement financière avec comme conséquence d'aggraver
davantage leur état de maladie et de retomber dans le cercle vicieux de
la pauvreté et ne pas pouvoir payer les coûts de soins y
relatif.
Tableau N°17 :
structure des soins des malades
Structure des
soins
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Hôpital
|
38
|
16,4
|
16,4
|
Centre de santé
|
75
|
32,3
|
48,7
|
Polyclinique privée
|
10
|
4,3
|
53,0
|
Dispensaire privé
|
53
|
22,8
|
75,9
|
Un tradipraticien
|
14
|
6,0
|
81,9
|
Automédication
|
38
|
16,4
|
98,3
|
Groupe de prière
|
4
|
1,7
|
100,0
|
Total
|
232
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.2.6. Raison de non fréquentation d'une
FOSA
Comme évoqué
précédemment, 18,9% n'ont recouru à aucune forme de soin
pendant leur maladie, (CORDAID avait trouvé 14% au Kasaï), cette
proportion paraît faible et négligeable, mais cela reste
inadmissible lorsqu'on prône les soins de santé primaires pour
tous, que l'on voudrait réduire sensiblement la mortalité
maternelle et infantile conformément aux objectifs du millénaire
et que l'on prétend avoir subventionné les soins de santé
à travers le pays. Le problème de manque d'argent constitue
à 64,8% le motif principal de renoncement aux soins.
Tableau N°18 : raisons
de non fréquentation d'une FOSA
Raisons
évoquées
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Maladie pas assez grave
|
16
|
29,6
|
29,6
|
Manque d'argent
|
35
|
64,8
|
94,4
|
Manque de confiance au personnel du
CS
|
1
|
1,9
|
96,3
|
Autres
|
2
|
3,7
|
100,0
|
Total
|
54
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.2.7. Appartenance des structures où les
malades se font soigner
Plus de la moitié des
structures auxquelles les malades ont recouru pour se faire soigner (53%) sont
d'appartenances confessionnelles. Ceci démontre la
préférence qu'ont les ménages vers ces structures qui ont
contribué à maintenir le fonctionnement du système de
santé congolais. Viennent ensuite les structures privées
(32%).
Cette tendance confirme la
thèse selon laquelle le système sanitaire de la RDC s'est
maintenu pendant toute la période de crise qu'elle traverse grâce
aux efforts fournis entre autres par les églises et le secteur
privé. Notons aussi le fait que les malades placent plus confiance dans
ces structures
Les structures étatiques
auxquelles les malades ont recouru représentent 13% et sont plus
constitués en majorité des hôpitaux généraux
de référence.
Viennent enfin les structures de
santé communautaires appartenants aux ONG et associations locales qui
représentent 2%.
Tableau N°19 :
Appartenance des structures des soins des malades
Appartenance
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Etatique
|
22
|
12,5
|
12,5
|
Communautaire
|
4
|
2,3
|
14,8
|
Confessionnel
|
93
|
52,8
|
67,6
|
Privée
|
57
|
32,4
|
100,0
|
Total
|
176
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.2.8. Distance moyenne entre le domicile et la
structure des soins
Au regard du tableau N° 20,
les malades sont appelés à parcourir en moyenne une distance de
2Km pour se faire soigner. La distance minimum est de 0km et la distance
maximum est de 50Km. Cette dernière distance a été
parcourue par un malade parti se faire soigner dans un hôpital en dehors
de la ville à la recherche des soins spécialisés.
L'écart type de 4,86Km
indique que la majorité des malades ont parcouru une distance comprise
entre 0 et 7Km pour arriver à la structure des soins.
La distance que le malade doit
parcourir pour accéder à la structure de santé peut
être un facteur déterminant pour l'utilisation des services de
santé. Comme nous le verrons au point suivant, 19,3% de malades
déclarent avoir choisi une structure de soins pour raison de
proximité.
Tableau N°20 : Distance
entre la maison et la structure des soins
Aire de
santé
|
Nombre de
ménages
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart type
|
CS CBCA Nyamugo
|
22
|
50
|
7000
|
1434,09
|
1716,40
|
CS Funu
|
31
|
5
|
40000
|
2678,94
|
7060,40
|
CS 8 Cepac Buholo
|
17
|
500
|
6000
|
1794,12
|
1479,64
|
CS Maendeleo Cimpunda
|
48
|
10
|
50000
|
2267,50
|
7140,22
|
CS Ciriri
|
41
|
4
|
4900
|
1717,17
|
1143,73
|
CS Maria
|
17
|
0
|
6000
|
1888,82
|
1899,34
|
Ensemble
|
176
|
0
|
50000
|
2025,29
|
4856,50
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.2.9. Motif de choix des structures de
santé
Dans l'ensemble de cette
étude, 60% de malades déclarent avoir choisi une structure des
soins grâce à la qualité des soins fournis (meilleurs
soins, notoriété, qualité d'accueil et compétence
du personnel). La proximité par rapport au domicile, c'est-à-dire
l'accessibilité géographique motive le choix de
l'établissement dans 19% de cas. Le coût des soins n'intervient
dans le choix d'une structure des soins que dans 6,3% de cas.
6% de malades déclarent
avoir choisi une structure des soins faute de mieux et 8% pour d'autres raisons
notamment les liens amicales ou familiales avec le personnel soignant.
Le tableau N°21 a l'avantage
de nous donner une idée sur les facteurs à capitaliser pour
l'amélioration de l'utilisation des services de santé. Une telle
intervention ne peut toutefois être efficace que si elle combine
plusieurs facteurs liés les uns aux autres.
Tableau N°21 : Motif de
choix d'une structure de santé
Raison du choix
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Meilleurs soins
|
65
|
36,9
|
36,9
|
Proximité de mon domicile
|
34
|
19,3
|
56,3
|
Compétence du personnel
|
17
|
9,7
|
65,9
|
Qualité d'accueil du
personnel
|
5
|
2,8
|
68,8
|
Coût des soins abordables
|
11
|
6,3
|
75,0
|
Equipement moderne
|
2
|
1,1
|
76,1
|
Notoriété ou bonne
réputation
|
17
|
9,7
|
85,8
|
Manque de mieux
|
11
|
6,3
|
92,0
|
Autres raisons
|
14
|
8,0
|
100,0
|
Total
|
176
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.2.10. Raisons de refus des soins au centre de
santé de l'aire de santé
En nous référant au
tableau N°22, nous trouvons que 28% des malades déclarent refuser
les soins au centre de santé pour des raisons financières et
préfèrent recourir à d'autres formes de soins qui leur
coûtent moins cher (automédication, tradipraticiens, groupes de
prière). Pour 20% de ménages, eux trouvent que la maladie n'est
pas assez grave pour arriver jusqu'au centre de santé. D'autres par
contre évoquent des raisons lies au fonctionnement et à
l'organisation du centre de santé (Manque de confiance 14%, manque de
médicaments, dette au centre de santé 3%, CS fermé
1%) ;
16% des malades n'ont pas
fréquenté les CS car ils estiment que ce dernier ne soigne pas le
type de maladie dont ils souffraient. Ils s'agit surtout des activités
du PCA qui doivent être organisés à l'hôpital.
La distance éloigne 4% de
malades de leurs centres de santé et les amènent à ne pas
les utiliser.
Les autres raisons qui constituent
13% de raisons de non utilisation des CS sont principalement le manque
d'information sur l'existence et les activités du centre de
santé.
Les différents facteurs
évoqués ici devraient attirer notre attention à
différents niveaux dans l'objectif d'améliorer l'utilisation des
structures de santé intégrées au système des soins
de santé primaires.
Tableau N°22 : Raisons
de non soins au CS
Raisons
évoquées
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Maladie pas assez grave
|
34
|
20,4
|
20,4
|
Manque d'argent
|
47
|
28,1
|
48,5
|
Pas assez de confiance dans le
personnel soignant du CS
|
21
|
12,6
|
61,1
|
Manque de transport/ CS trop
éloigne
|
7
|
4,2
|
65,3
|
Le CS n'a pas de
médicaments
|
4
|
2,4
|
67,7
|
Le personnel CS est absent, CS
fermé
|
2
|
1,2
|
68,9
|
Dette au CS
|
5
|
3,0
|
71,9
|
Pas ce type de soins au CS
|
26
|
15,6
|
87,4
|
Autre
|
21
|
12,6
|
100,0
|
Total
|
167
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.2.11. Dépenses totales des soins de
santé
Au vu du tableau N°23, les
ménages ont dépensé en moyenne 18,1$US pour se faire
soigner un épisode maladie. La dépense minimum est de 0$ tandis
que la dépense maximum est de 403$ que le ménage déclare
avoir dépensé pour une intervention chirurgicale de la femme.
L'écart type de 41$ renseigne que la majorité des dépenses
se trouvent entre 0 et 59$. Cette dépense moyenne pour la santé
représente environ 16% des dépenses globales moyenne
déclarés par les ménages et 23% du revenu moyen
déclaré.
Il ressort de cette étude
que le coût moyen d'un épisode maladie au niveau de
l'hôpital est de 63$ et 7,8$ pour le centre de santé.
Ce coût est respectivement
de 22,3$ et 12,8$ pour une polyclinique privée et pour un dispensaire
privé.
Bien que le coût moyen d'une
épisode maladie reste moins élevé au centre de
santé par rapport aux autres structures de santé modernes, il
nous semble au contraire être exorbitant en le comparant au revenu moyen
du ménage tel que nous aurons à l'analyser dans la partie
concernant le revenu des ménages.
Tableau N°23 :
Dépenses totales des soins de santé
Structure de
soins
|
Nombre de malades
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart type
|
Hôpital
|
37
|
0,00
|
403,50
|
62,9049
|
78,3678
|
Centre de santé
|
73
|
0,90
|
60,00
|
7,7589
|
9,0754
|
Polyclinique privée
|
10
|
0,60
|
100,00
|
22,3500
|
36,1406
|
Dispensaire privé
|
53
|
0,00
|
167,00
|
12,8200
|
24,9025
|
Un tradipraticien
|
12
|
1,00
|
21,00
|
8,4333
|
6,6796
|
Auto médication
|
32
|
0,20
|
7,50
|
2,0456
|
1,8337
|
Autres
|
1
|
2,00
|
2,00
|
2,0000
|
,
|
Dépense en
dollars
|
218
|
,00
|
403,50
|
18,1904
|
41,0120
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.2.12. Prise en charge des soins de santé pour
le ménage
Nous référant au
tableau N°24, nous constatons que les ménages (parents ou
soi-même) supportent entièrement le coût des soins dans 88%
des cas. L'Etat et l'employeur privé supportent les soins de
santé chacun pour 2% de ménages.
La solidarité communautaire
constituée par les mutuelles de santé (2%), les dons (3%), les
associations d'entraide (2%) et les églises (1%) contribue dans
l'ensemble à la prise en charge des coûts des soins pour 8% de
ménages.
Ceci montre combien le poids des
coûts des soins pèse sur les ménages déjà
pauvres qui sont obligés de recourir à des moyens extrêmes
pour payer les soins de santé en plus d'autres charges quotidiennes.
L'Etat ne participe que pour 2% dans la prise en charge des soins de
santé des ménages. De même pour les entreprises du secteur
privé.
Tableau N°24 : Paiement
des soins des ménages
Institution
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Les parents
|
168
|
62,9
|
62,9
|
Employeur prive
|
5
|
1,9
|
64,8
|
Eglise
|
3
|
1,1
|
65,9
|
Association d'entraide
|
5
|
1,9
|
67,8
|
Soi - même
|
67
|
25,1
|
92,9
|
Dons
|
8
|
3,0
|
95,9
|
Etat
|
5
|
1,9
|
97,8
|
Mutuelle de santé
|
6
|
2,2
|
100,0
|
Total
|
267
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.2.13. Origine de l'argent pour les
soins
Il ressort du tableau N°25
q'une grande partie des ménages appelés à payer les soins
pour leurs patients le fait en recourant à une solution qui peut
entraîner encore plus dans la pauvreté puisque près de 65%
des ménages des malades ont payés les soins de santé en
contractant une dette auprès des voisins, de la famille ou du centre de
santé, en vendant un bien (bétail, partie de la récolte,
parcelle), en réduisant les dépenses habituelles ou en acceptant
un travail supplémentaire à l'extérieur. Ce qui veut dire
qu'en puisant dans une partie de leur production future, ces ménages
risquent, la prochaine fois de ne plus pouvoir payer et de s'enfoncer encore
davantage dans la pauvreté.
D'autres ménages sont
obligés de prendre sur les économies de la maison (22%) pour
payer les soins. Ceux qui déclarent avoir bénéficié
des soins gratuits représentent 4% des ménages tandis que les 9 %
autres sont constitués des ménages supportés par la
mutuelle de santé, les églises ou ont reçu des dons.
Tableau N°25 :
Comportement des ménages pour payer les soins
Comportement des
ménages
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Prendre sur les économies de
la maison
|
58
|
22,1
|
22,1
|
Vendre une parcelle
|
2
|
,8
|
22,8
|
Vendre un bétail
|
6
|
2,3
|
25,1
|
Vendre une partie de la
récolte
|
5
|
1,9
|
27,0
|
Travail extra pour quelqu'un d'autre
comme main d'oeuvre
|
84
|
31,9
|
58,9
|
Réduire les dépenses
|
30
|
11,4
|
70,3
|
Emprunter a quelqu'un
|
32
|
12,2
|
82,5
|
Dette au CS
|
10
|
3,8
|
86,3
|
Les soins sont gratuits
|
11
|
4,2
|
90,5
|
Autre
|
25
|
9,5
|
100,0
|
Total
|
263
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.3. Caractéristiques socio -
économiques des ménages
3.3.1. Catégories socio - économiques
dans lesquelles se placent les ménages
Comme le montre le tableau
N°26, 53% de ménages enquêtés se considèrent
comme étant légèrement aisée, 40% comme
étant pauvres, 4% de très pauvre, 1% d'éternel
assisté. Seulement 2% de ménages se considèrent comme
étant riches.
Le fait de se considérer
comme étant pauvre et donc sans moyens pourrait déjà
constituer une barrière à l'utilisation des services de
santé pour près de 50% des ménages.
Tableau N°26 :
Catégorie socio - économique du ménage
Catégorie socio -
économique
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Eternel assiste
|
6
|
1,5
|
1,5
|
Pauvre
|
160
|
40,0
|
41,5
|
Riche
|
9
|
2,3
|
43,8
|
Très pauvre
|
17
|
4,3
|
48,0
|
Légèrement
aisée
|
208
|
52,0
|
100,0
|
Total
|
400
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.3.2. Type de maisons habitées par les
ménages
Le tableau N°27 montre
clairement les catégories d'habitation dans lesquelles vivent les
ménages enquêtés. 41% des ménages vivent dans des
maisons en construction semi - durables et 14% dans des maisons en briques
cuites. Ces deux catégories présentent les conditions que l'on
pourrait qualifier d'acceptables. D'autres par contre (45%) vivent dans des
maisons construites en planche avec boue, en adobe ou des huttes confirmant
ainsi la situation de pauvreté déjà déclarée
par 45% des ménages.
Il est établi pourtant que
les conditions de logement et l'environnement dans lequel vivent les
ménages peuvent influencer leur état de santé. Ces
ménages sont plus exposés non seulement à la maladie mais
aussi au risque de ne pas accéder aux structures de santé.
Tableau N°27 : Maison
habitées par les ménages
Type de maison
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Hutte
|
23
|
5,8
|
5,8
|
Maison planche avec boue
|
143
|
35,8
|
41,5
|
Maison en briques cuites
|
57
|
14,3
|
55,8
|
Maison en adobe
|
13
|
3,3
|
59,0
|
Maison en semi durable
|
164
|
41,0
|
100,0
|
Total
|
400
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.3.3. Appartenance de la maison habitée par le
ménage
Au vu du tableau N°28, il
ressort que 60% des ménages étudiés sont
propriétaires des maisons dans lesquelles elles habitent. Le reste est
constitué de ceux logés par la famille (21%), les locataires
(18%) et ceux logés par l'employeur (1%).
Tableau N°28 :
Appartenance de la maison habitée par le ménage
Appartenance de la
maison
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Propriétaire
|
242
|
60,5
|
60,5
|
Logé par l'employeur
|
4
|
1,0
|
61,5
|
Locataire
|
70
|
17,5
|
79,0
|
Logé par la famille
|
84
|
21,0
|
100,0
|
Total
|
400
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.3.4. Ménages abonnés à une
mutuelle de santé
Au regard du tableau N°29, il
est noté que 11% des ménage sont affiliés à une
mutuelle et que les 89% restant ne sont pas affiliés pour diverses
raisons notamment le taux élevé de cotisation et le manque
d'information sur la mutuelle de santé.
En général, la
mutuelle supporte dans le cadre de cette étude les frais des soins pour
2% des ménages ayant eu un cas de maladie. Notons ici que les soins
donnés par les structures de premier contact (centres de santé ou
services de consultations ambulatoires des hôpitaux) ne sont pas pris en
charge par la mutuelle de santé de Kadutu. Ce n'est qu'en cas
d'hospitalisation que la mutuelle supporte les frais de consultation et
d'hospitalisation (médicaments et examens).
Tableau N°29 :
Ménage abonnés à la mutuelle de santé de
Kadutu
Abonnement à la
mutuelle
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage
cumulé
|
Oui
|
42
|
10,5
|
10,5
|
Non
|
358
|
89,5
|
100,0
|
Total
|
400
|
100,0
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.3.5. Dépenses moyennes de consommation
déclarées des ménages par mois
Les dépenses de
consommation reflètent la capacité du ménage à
couvrir ses besoins fondamentaux en biens et services de première
nécessité. C'est pour cela que leur analyse offre une belle
perspective pour apprécier le niveau de pauvreté dans une
communauté.
Il ressort du tableau N°30
que les dépenses moyennes déclarées par les ménages
sont de l'ordre de 109,47$ par mois. Les dépenses minima sont de l'ordre
de 20$ par mois alors que les dépenses maxima sont de 561$.
L'écart type de 68,54$ indique que la majorité des
dépenses se retrouvent entre 41 et 179$.
Le prix moyen d'une consultation
dans un centre de santé représente environ 7% des dépenses
mensuelles du ménage, tandis que celles de l'hôpital en
représentent 57%.
La dépense moyenne par
individu par mois est de l'ordre de 14,3$, soit une dépense
journalière de 0,47$.
Les dépenses de
santé représentent 16% de ces dépenses globales de
consommation, ce qui se rapproche de 15% trouvés dans l'étude sur
l'accessibilité des communautés aux soins de santé. Ce
sont ces dépenses qui servent à financer le système de
santé au niveau de la zone de santé par ces ménages
déjà pauvres, car comme nous l'avons constaté
précédemment, 88% des ménages supportent seuls leurs frais
de soins
Tableau N°30 :
Dépenses mensuelles de consommation déclarées par les
ménages
Aire de
santé
|
Nombre de
ménages
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart type
|
CS CBCA Nyamugo
|
48
|
20
|
433
|
95,81
|
75,00
|
CS Funu
|
52
|
32
|
312
|
135,40
|
67,51
|
CS 8 Cepac Buholo
|
60
|
36
|
561
|
123,84
|
80,46
|
CS Maendeleo Cimpunda
|
108
|
24
|
386
|
107,58
|
64,70
|
CS Ciriri
|
88
|
27
|
177
|
82,23
|
34,30
|
CS Maria
|
44
|
49
|
459
|
133,23
|
83,29
|
Ensemble
|
400
|
20
|
561
|
109,47
|
68,54
|
|
Source : les
données de l'enquête
3.3.6. Revenu moyen déclaré des
ménages par mois
Les revenus mensuels des
ménages sont extrêmement bas. Ce revenu est estimé en
moyenne à 79,8$ par mois, soit un revenu moyen journalier de 2,66$ par
ménage. Le revenu minimum est de 5$ et celui maximum est de 510$.
L'écart type est de 65,8 pour ainsi dire que l'essentiel des
ménages ont un revenu compris entre 14$ et 147$.
Le revenu moyen par ménage
est nettement en dessous du seuil de pauvreté absolu. En comparant avec
le seuil de pauvreté absolu utilisé par la banque mondiale pour
l'ensemble des pays du monde qui est de 1USD par habitant par jour, nous
pouvons dire que les ménages sous étude vivent en moyenne avec un
revenu de 9,97$ par habitant par mois, soit un revenu moyen par habitant par
jour de 0,33$. Ce qui est suffisamment inférieur au 1$/habitant/jour
préconisé par la banque mondiale. Il ressort également de
cette étude que 95% des ménages étudiées vivent
avec moins de 1$/jour/habitant.
Le revenu médian est de 60$
pour ainsi dire que la moitié des ménages étudiés
vivent avec un revenu mensuel inférieur ou égal à 60$
tandis que le revenu modale est de 50$.
Par rapport à ces revenus
extrêmement bas, le prix total d'une consultation représente une
part énorme des dépenses ou des revenus du foyer. Le prix moyen
à payer pour une consultation au centre de santé qui est de 7,8$
représente environ 3 jours de revenu.
Les dépenses pour la
santé représentent 23% du revenu total déclaré par
les ménages étudiés.
Le prix moyen d'une consultation
dans un centre de santé représente environ 9,7 % du revenu
mensuel déclaré du ménage, tandis que celles de
l'hôpital en représentent 78%.
Nous pouvons ainsi dire que les
dépenses de santé prennent une part importante dans le revenu
mensuel des ménages observés et représentent bien plus que
16% des dépenses mensuelles des ménages. Ces dépenses sont
donc actuellement trop élevées pour le budget du ménage et
pourraient constituer un frein à l'utilisation des services de
santé.
Tableau N°31 : Revenus
mensuels déclarés par les ménages
Aire de
santé
|
Nombre de
ménages
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart type
|
CS CBCA Nyamugo
|
45
|
9
|
340
|
72,31
|
65,99
|
CS Funu
|
52
|
30
|
300
|
78,31
|
46,71
|
CS 8 Cepac Buholo
|
51
|
5
|
510
|
84,45
|
82,77
|
CS Maendeleo Cimpunda
|
108
|
10
|
500
|
77,59
|
74,33
|
CS Ciriri
|
88
|
10
|
234
|
76,55
|
49,90
|
CS Maria
|
39
|
15
|
350
|
97,64
|
69,76
|
Ensemble
|
383
|
5
|
510
|
79,78
|
65,84
|
|
Source : les
données de l'enquête
Chapitre IV : DETERMINANTS DE L'UTILISATION DES SERVICES
DE SANTE PAR LES MENAGES DE LA ZONE DE SANTE DE KADUTU
Dans ce chapitre, il sera question
d'identifier les facteurs qui ont une influence sur l'utilisation des services
de santé à partir d'un modèle logistique qui sera
estimé sur base des informations collectées auprès des
ménages. Parmi les 400 ménages enquêtés, 286
ménages ont déclaré avoir eu au moins un malade durant les
30 jours précédant le passage de l'enquêteur dans leur
ménage. Les données qui ont été analysées
dans cette étude sont basées sur les informations fournies par
ces 286 ménages sur leur comportement dans le cadre de la recherche des
soins de santé.
4.1. Base Théorique du modèle : MODELES
LOGISTIQUES
Les modèles qualitatifs
simples tels que les modèles logit-probit permettent d'exprimer la
relation entre une variable qualitative à deux modalités (Y) et
des variables explicatives (Xi) qui peuvent être qualitatives
et quantitatives. Une variable qualitative est une variable non mesurable
numériquement (ou codée) qui a un nombre limité de
modalités.
Les éléments de base de
ces modèles sont :
- Un événement Y
(Y=1 ou 0)
- Une (ou plusieurs) variable
indépendante Xi
- P(Y=1/Xi),
décrit la probabilité de Y=1 pour une valeur Xi
donnée
L'on peut poser par exemple :
- Yi = 1 si
l'individu recours aux soins et Yi = 0 sinon (variable
dichotomique)
- Yi = 0 si le poids
de naissance est 2kg ; Yi = 1 si poids de naissance est
inférieur à 2 kg et Yi = 2 si poids de naissance est
supérieur à 2 kg (variable codée à 3
modalités, dans ce cas, on parle de variable polytomique)
Ainsi, Y = 0 ou 1 peut
traduire :
- la prévalence d'une
caractéristique (maladie, etc.)
- l'apparition d'un
événement (maladie, etc.)
- un choix (aller ou non chez le
médecin ou à un centre de santé)
Les modèles Logit-Probit
permettent ainsi d'expliquer (et de calculer) la probabilité d'aller se
faire soigner quand les valeurs des caractéristiques individuelles X
sont connues.
La probabilité que
Yi = 1 (aller se faire soigner) connaissant les
caractéristiques individuelles X1i, ..., Xki,
s'écrit :
E (Yi = X1i, ...,
Xki) = P( Yi = 1 = X1i, ..., Xki)
= f (X1i, ..., Xki)
où E (Yi = X1i,
..., Xki) est la moyenne de Y conditionnellement aux valeurs prises
par les variables explicatives.
La variable explicative X peut
être quantitative (poids, âge, revenu, dose d'un produit,
degré d'exposition à un facteur de risque, etc.).
La probabilité que
Yi = 1 (aller se faire soigner) connaissant la valeur de la variable
explicative Xi s'écrit :
P (Yi = 1 =
Xi) = = = f (Xi)
et peut s'interpréter comme le
pourcentage de se faire soigner lorsque la variable X prend une valeur
précise.
Dans les modèles Logit, les
coefficients ne sont pas directement interprétables : seuls le
signe du coefficient de X permet de savoir si la probabilité
expliquée est fonction croissante ou décroissante de la variable
X.
Par définition, dans le
modèle Logit, Pi = P(Y = 1 = Xi) = = est la probabilité qu'a l'individu i de connaître
l'événement Yi = 1 étant donnée la
valeur de la variable explicative X, et 1 - Pi = P (Yi =
0 = Xi) = 1 - = est la probabilité qu'a l'individu i de connaître
l'événement Yi = 0 étant donnée la
valeur de la variable explicative X.
Lorsqu'on pose Zi = +
Xi, la probabilité P (Yi = 1 = Xi) =
peut être écrite comme suit : P(Yi = 1 =
Xi) = .
Cette équation peut se
réécrire comme : eZ =. En prenant le logarithme, il vient : Zi = log = + Xi qui fait apparaître le modèle
logistique comme un modèle linéaire.
Cas d'une variable
explicative nominale à plus de 2 modalités
Si X est une variable qualitative
à plusieurs modalités, il ne faut pas coder X de la façon
suivante, comme dans cet exemple :
0 : ex-fumeur
X = 1 : fumeur actuel
2 : non fumeur
car ces valeurs numériques
n'ont pas de sens »quantitatif» et induisent des relations entre les
coefficients qu'on ne peut pas toujours expliquer ou justifier. Il faut
créer autant de variables binaires qu'il y a de modalités pour
X.
Dans un exemple sur le tabagisme,
3 variables dichotomiques peuvent décrire X, le statut tabagique :
X1i = 1 si i est ancien fumeur, X1i =
0 sinon
X2i = 1 si i est fumeur, X2i = 0
sinon
X3i = 1 si i n'a jamais fumé,
X3i = 0 sinon
Deux de ces trois variables sont
introduites dans le modèle, la troisième servant de
référence. Par exemple, on peut ainsi estimer la
probabilité d'être malade en fonction du statut tabagique :
P(Yi = 1 =
X1i ; X2i ) = =
la référence
étant un individu qui n'a jamais été fumeur : b3 = 0.
L'impact d'être un ancien fumeur est b1, celui d'être fumeur b2.
4.2. Estimation du modèle de demande des soins de
santé
Dans ce point, nous
présentons les principaux résultats de l'analyse
économétrique qui ont consisté à estimer un
modèle de demande de soins de santé dans la ZS de KADUTU au
regard de plusieurs variables retenues.
4.2.1. Formalisation théorique du
modèle
L'analyse sur la demande des soins
de santé a considéré comme variable réponse, la
variable Y dont les valeurs correspondent à deux
éventualités : se faire soigner dans une structure sanitaire
ou non. Nous présentons dans ce qui suit la régression logistique
dichotomique qui permet de modéliser cette variable Y de nature nominale
en fonction de plusieurs variables indépendantes (à la fois
dichotomiques et polytomique).
A cette fin, les modalités
ou catégories de la variable Y nominale sont étiquetées
à l'aide de valeurs numériques : 1 lorsque l'individu malade est
allé se faire soigner et 0 dans le cas contraire.
Plusieurs variables
indépendantes sont mises en relation pour expliquer le fait d'aller ou
non se faire soigner dans une structure sanitaire. Ci-après les
variables explicatives retenues dans notre modèle.
(a) Le coût des
soins
Le coût à payer pour
accéder aux soins de santé est un facteur qui peut guider le
choix de consulter ou non un personnel soignant en cas de maladie. En effet,
lorsque le coût de soins est élevé et que le patient ne
dispose pas de moyens nécessaires, il peut recourir à d'autres
alternatives qu'il trouve à la portée de sa bourse pour se faire
soigner, ou pour ne pas se faire soigner du tout. Raison pour laquelle nous
avons retenu cette variable pour expliquer le niveau d'utilisation des services
de santé dans la ZS de Kadutu.
(b) Le revenu du
ménage
Le revenu du ménage est un
des déterminants importants de la demande des soins dans un
système de santé dans la mesure où il peut accroître
la probabilité d'utiliser un service de santé moderne. La
santé n'a pas de prix, dit-on. Lorsqu'on dispose d'un revenu assez
important, l'on ne peut se priver d'un service de qualité pour
protéger sa vie.
(c) La gravité de la
maladie
La perception qu'a la personne ou
le ménage sur la maladie de son membre est un des facteurs qui poussent
les malades à utiliser les services de santé. On n'a tendance
à utiliser un service de santé que lorsqu'on trouve que la
maladie devient grave. Dans le cas contraire on attend ou on pratique d'autres
solutions alternatives.
(d) Le type de
maladie
Le type de maladie dont souffre le
patient est aussi un des facteurs pouvant expliquer l'utilisation d'un
établissement des soins par le malade. Certains types de maladies
peuvent être soigné dans une structure de santé moderne
alors que d'autres non. Pour la population, certaines affections ne peuvent
être traitées que par la médecine traditionnelle, la
médecine moderne s'avérant impuissante dans ces cas.
(e) Appartenance à une
mutuelle de santé
Les mutuelles de santé
peuvent également expliquer le recours aux services de santé dans
la mesure où celles-ci prennent en charge les coûts des soins de
ses membres. Lorsqu'on est abonné à la mutuelle, on a tendance
à aller se faire soigner en cas de maladie chez un professionnel
soignant car étant animé d'une assurance que les soins sont pris
en charge.
(f) Appartenance de la
structure de santé
L'appartenance d'une structure
peut stimuler la préférence d'un malade à se faire soigner
dans une structure que l'autre et ainsi l'amener à utiliser un service
de santé. Nous avons pensé que cette variable pourrait
également jouer un rôle significatif sur l'utilisation des
services de santé.
(g) La structure par
âge et par sexe du malade et du chef de ménage
L'impact de l'âge sur
l'utilisation des structures sanitaires est lié aux pathologies
associées. Selon qu'on est un nouveau né ou un adulte en
âge avancé, les pathologies sont différentes et peuvent
guider la nature des soins à demander. Quant au sexe, selon qu'on est
homme ou femme, certains facteurs biologiques et naturels peuvent
prédisposer à certains besoins de santé spécifique
et amener l'une ou l'autre catégorie d'utiliser le service de
santé que d'autres.
(h) Le niveau d'instruction
du chef de ménage
Il est aussi relevé que le
niveau d'instruction du chef de ménage peut apparaître comme
déterminant pour l'utilisation des service de santé dans la
mesure où lorsque on est instruit, on est censé disposer de plus
d'information sur l'importance de fréquenter un établissement des
soins ou de consulter un personnel soignant en cas de maladie que celui qui
n'est pas instruit ou qui l'est moins.
(i) La taille du
ménage
La taille du ménage a
été retenu parce qu'elle peut à son tour influer sur la
décision d'aller ou non se faire soigner. En effet, lorsque la taille du
ménage est grande et que le revenu n'est pas suffisant, en cas de
maladie on réfléchit pour faire un choix entre se faire soigner
où subvenir à d'autres besoins du ménage. Ce qui peut ne
pas être le cas lorsque la taille du ménage est petite.
4.2.2. Résultats des régressions
Les équations de demande
des soins de santé ont fait l'objet de plusieurs estimations sur les 286
personnes qui sont tombées malades et qui se sont fait soigner d'une
manière ou d'une autre. Le tableau ci-après fait apparaître
les résultats d'estimations obtenues du logiciel EVIEWS 3.0 concernant
la possibilité d'aller ou non se faire soigner dans un
établissement de soins de santé.
Tableau N°32 :
Résultat de la régression
Variable dépendante :
Y
|
Variables explicatives
|
Coefficients
|
Ecart-type
|
z-Statistic
|
Probabilité.
|
C
|
0.765491
|
0.984986
|
0.777159
|
0.4371
|
ETMAL
|
1.134382
|
0.376934
|
3.009500
|
0.0026
|
TM1
|
0.344538
|
0.388860
|
0.886019
|
0.3756
|
TM2
|
0.523912
|
0.573514
|
0.913512
|
0.3610
|
TM3
|
0.302460
|
0.705412
|
0.428771
|
0.6681
|
TM4
|
29.97984
|
7104932.
|
4.22E-06
|
1.0000
|
REVENU
|
0.004702
|
0.003920
|
1.199368
|
0.2304
|
ABOMUT
|
-0.080965
|
0.573563
|
-0.141162
|
0.8877
|
STRUCT
|
1.694417
|
0.430900
|
3.932272
|
0.0001
|
TAILLE
|
0.074748
|
0.063298
|
1.180888
|
0.2376
|
SEXMAL
|
-0.356228
|
0.339536
|
-1.049161
|
0.2941
|
SEXCM
|
-0.568163
|
0.596212
|
-0.952956
|
0.3406
|
ETCM
|
0.166891
|
0.625382
|
0.266862
|
0.7896
|
AGECM
|
-0.012799
|
0.015287
|
-0.837256
|
0.4024
|
AGEMAL
|
-0.001697
|
0.001101
|
-1.540941
|
0.1233
|
Où :
- ETMAL = état de la
maladie
- TMi = Type
de la maladie (i allant de 1 à 4 :
1.Malaria ; 2.Maladies respiratoires ; 3.Diarrhées ;
4.Accouchements dystociques)
- REVENU = Revenu du
ménage
- ABOMUT = Abonnement
mutuelle
- STRUCT = Appartenance de la
structure de santé
- TAILLE = Taille du
ménage
- SEXMAL = Sexe du malade
- SEXCM = Sexe du Chef de
ménage
- ETCM = Niveau d'instruction
du chef de ménage
- AGECM = Age du chef de
ménage
- AGEMAL = âge du
malade
Dans l'ensemble, les
résultats d'estimation permettent de comprendre que toutes les variables
n'interviennent pas nécessairement dans la décision d'aller ou
non se faire soigner dans un établissement sanitaire. A première
vue, les estimations soutiennent que seules les variables liées à
l'état de maladie et la structure institutionnelle de
l'établissement sanitaire ont un impact positif sur la décision
d'aller ou non se faire soigner. Aussi, ces résultats montrent que les
variables liées au chef du ménage ne sont pas toutes
significatives. L'on observe en effet que les paramètres associés
aux sexe, âge, niveau d'étude du chef de ménage ainsi
même qu'à la taille du ménage ne sont pas significativement
différents de zéro. Cela pourrait trouver son explication dans le
fait que la plupart des personnes tombées malades (88%) ont
déclaré se prendre elles-mêmes en charge quant aux soins de
santé.
Outre le fait que l'état de
la maladie a un impact assez important dans la décision de se faire
soigner dans une structure sanitaire, les paramètres liés aux
variables indicatrices sur le type de maladie ne sont pas tous significatifs.
Ce qui prouve à suffisance qu'à KADUTU, le recours aux soins de
santé dans un établissement sanitaire n'intervient que dans la
situation d'aggravation de la maladie plutôt que par rapport au type de
la maladie elle-même.
Ce résultat est
cohérent avec la situation vécue dans la zone de santé
où les malades viennent se faire soigner dans une structure de
santé étatique seulement après avoir épuisé
toutes les autres alternatives notamment l'automédication et les
structures privées. Ils arrivent ainsi au centre de santé ou
à l'hôpital dans un état déjà avancé
de maladie.
Ceci corrobore également
avec ce qui a été relevé au tableau N°16 qui montre
que pour des raisons essentiellement financières, la plupart de malades
recourent à la consultation uniquement s'ils jugent la situation assez
grave.
Par ailleurs, l'hypothèse
d'un impact de l'appartenance à une mutuelle de santé sur la
possibilité d'aller se faire soigner n'a pas été
validée par les résultats d'estimation. Les issus de
l'enquête ont révélé que seuls 10% de personnes
malades font partie d'une mutuelle de santé ; ce qui
témoigne combien cette variable se retrouve moins importante dans le
choix à faire face à une maladie.
Pour ce qui est du cadre
institutionnel, les établissements de soins de santé, selon qu'il
s'agit d'une structure étatique ou privée, exercent un impact
assez important sur la décision de se faire soigner. Avant de se faire
soigner, le malade prend le temps de réfléchir sur la structure
à utiliser.
Cela s'explique par le fait que
les malades ont une préférence à se faire soigner
là où ils trouvent que la qualité des soins leur semble
meilleure. Dans l'ensemble, 60% des ménages déclarent avoir
choisi une structure des soins grâce à la qualité des soins
fournis. Etant donné que les structures étatiques sont en
majorité constitués des HGR (87%) ; celles-ci sont
considérées par la population comme des structures de dernier
recours dans lesquels on ne peut recourir qu'en cas de gravité. Ce qui
est appuyé par les résultats de nos enquêtes qui ont
révélé que seules 17% de malades se sont fait
soigné dans un établissement des soins étatiques.
Le rôle incitatif de l'Etat
en matière de santé doit se traduire ici pour influencer la
décision des personnes malades de visiter les établissements de
soins de santé.
Le revenu des ménages, bien
que présente un signe positif, ne semble pas être très
significatif pour expliquer l'utilisation des services de santé dans ce
premier modèle. De même pour la taille du ménage ainsi que
le niveau d'instruction du chef de ménage.
Le coût de la maladie n'est
pas aussi significativement différent de zéro. Ceci pourrait
s'expliquer par le fait que dans notre modèle, nous n'avons tenu compte
que du coût effectivement payés par ceux qui se sont fait soigner,
et pour le reste de malades qui n'ont pas consulté le personnel
soignant, nous avons considéré ce coût nul.
4.2.3. Calcul des probabilités d'utiliser un
service de santé
Les estimations de
différents modèles logistiques ont conduit après examen
des divers résultats à retenir le modèle adéquat
sur base duquel les calculs des probabilités devront être
effectuées. L'estimation du modèle de régression
logistique de recours aux soins de santé est alors
présentée en fonction des variables s'étant
avérées plus significatives dans le choix à faire
lorsqu'on tombe. Les résultats de ces estimations se trouvent
consignés dans le tableau n° 33 ci-dessous.
Tableau N°33 :
estimation du modèle
Variable
dépendante : Y
|
Variables
explicatives
|
Coefficients
|
Std. Error
|
z-Statistic
|
Probabilité
|
ETMAL
|
1,20942
|
0,34139
|
3,54263
|
0,00040
|
REVENU
|
0,00929
|
0,00272
|
3,42084
|
0,00060
|
STRUCT
|
1,77252
|
0,40853
|
4,33880
|
0,00000
|
AGEMAL
|
-0,00171
|
0,00083
|
-2,06588
|
0,03880
|
Obs with Dep=0
|
54
|
Total obs
|
286
|
Obs with Dep=1
|
232
|
|
|
|
Le modèle s'écrira donc
comme suit :
Y(X1,
X2, X3, X4) = 1,2094* X1 + 0,0093*
X2 + 1,7725* X3 - 0,0017*
X4
Où
X1 : état de
maladie (ETMAL)
X2 : revenu du
ménage (REVENU)
X3 : structure de
l'établissement sanitaire (STRUCT)
X4 : âge du
malade (AGEMAL)
Ce modèle laisse
apparaître que de toutes les variables retenues au préalable,
seuls l'état de maladie, le revenu, l'âge du malade ainsi que la
structure de l'établissement sanitaire consulté se sont
avérés plus importants dans le choix à faire quant au
recours aux services de santé. Ces résultats soutiennent de ce
fait les arguments avancés pour soutenir la présence de l'une ou
l'autre de ces variables dans le modèle.
La probabilité
(Pi) d'un malade quelconque de la commune de KADUTU d'aller se faire
soigner dans un établissement sanitaire étant donnée son
âge, l'état de sa maladie, le revenu de son ménage, la
structure de l'établissement sanitaire qu'il voudrait se faire soigner
s'obtient comme suit :
P (Yi = 1 = X1i;
X2i; X3i; X4i) =
Ainsi, la probabilité
d'aller se faire soigner dans un établissement sanitaire étant
donné l'âge moyen du malade de 17 ans, avec un revenu moyen de 76
dollars américains pour un malade grave dans une structure sanitaire
étatique sera de :
P (Yi =
1|X1i = 1; X2i = 76;
X3i = 1 ; X4i =17) =
= = = 0,97488637
Les calculs effectués
montrent que la probabilité d'aller se faire soigner dans un
établissement sanitaire étant donné l'âge moyen du
malade à Kadutu de 17 ans, avec un revenu moyen de 76 dollars
américains pour un état de maladie grave dans une structure
sanitaire étatique est de 97,49%. Autrement, la probabilité de ne
pas aller se faire soigner dans un établissement sanitaire étant
donné les informations fournies ci-dessus est très faible de
2,51% (soit 100% - 97,49%). Le tableau ci-après donne les
différentes probabilités au regard de différentes
modalités des variables explicatives.
Tableau N°34 :
Calculs de différentes probabilités
Modalités
|
X1=1
X2=76
X3=1
X4=17
|
X1=1
X2=76
X3=0
X4=17
|
X1=0
X2=76
X3=1
X4=17
|
X1=0
X2=76
X3=0
X4=17
|
Y
|
Y=1
|
97,49%
|
86,83%
|
92,05%
|
66,31%
|
Y=0
|
2,51%
|
13,17%
|
7,95%
|
33,69%
|
Le tableau n°34
démontre une très forte probabilité d'accès aux
soins de santé pour le cas grave et pour un établissement public
de soins de santé. Cette probabilité connaît une baisse
sensible pour les cas moins grave dans une structure sanitaire privée.
Toutefois, le niveau observé de ces probabilités au dessus de 50%
prouve l'importance que joue le niveau de revenu des ménages et de
l'âge de malade ; lesquels ont été fixés
à leurs niveaux moyens.
CONCLUSION
Les réformes introduites
dans le système public de santé en Afrique, notamment
l'Initiative de Bamako, ont contribué à transférer la part
la plus importante du coût de la santé sur les ménages qui
deviennent ainsi le premier acteur du financement du secteur de la
santé. Si globalement ces réformes ont permis de restaurer une
certaine confiance des usagers dans les services publics de santé par la
production relative de soins de qualité surtout à la base,
l'instauration du système de recouvrement des coûts qui en
constitue un élément central, a entraîné une
désaffection des structures sanitaires par les populations
particulièrement celles à faibles revenus.
Cette situation est encore
très aggravée en RDC suite à la crise multiforme
traversée par le pays qui a contribué à la
dégradation de la situation socio - économique des populations
tel que présenté au premier chapitre de ce travail.
Dans le cadre de réformes
en cours dans le secteur de la santé en RDC, il s'avère important
d'envisager des mesures qui tiennent compte des besoins réels de la
population pour espérer améliorer l'utilisation des services de
santé par ces derniers. Pour comprendre l'importance et la nature des
reformes évoquées, nous avons, dans le deuxième chapitre
de ce travail présenté les généralités sur
l'organisation du secteur sanitaire de la RDC. Ce secteur est
caractérisé par une diminution prononcée de tous les
indicateurs de la santé et plus particulièrement par une faible
utilisation des services de santé.
D'où l'objectif de cette
recherche qui était d'identifier « les déterminants
socio- économiques de l'utilisation des services de santé par les
ménages de la zone de santé de Kadutu ».
La présente étude
est basée sur les données de l'Enquête ménage
réalisée sur un échantillon probabiliste
représentatif de 400 ménages de cette zone de santé.
Avant d'estimer les
déterminants de l'utilisation des services de santé, il
était impérieux de comprendre les conditions dans lesquelles
vivent les ménages de la zone de santé de Kadutu. Raison pour
laquelle dans le troisième chapitre nous avons décrit les
caractéristiques socio - économiques de ces ménages ainsi
que leur comportement face à la maladie. Il ressort de ceci que les
ménages de la zone de santé de Kadutu vivent dans une situation
de pauvreté extrême. Les caractéristiques socio
économiques relevées ne leur prédisposent pas à une
bonne utilisation des services de santé et dans les conditions actuelles
il serait difficile, si pas impossible d'accroître le taux d'utilisation
des services de santé dans cette zone de santé. Les
dépenses de santé engagées par les ménages prennent
une part importante dans le revenu des ménages. Ceci ne fait que
contribuer à maintenir le cercle vicieux de la pauvreté dans la
mesure où les conditions précaires dans lesquelles les gens
vivent leur prédisposent déjà à la maladie,
malheureusement sans détenir de moyens nécessaires pour y faire
face.
Les dépenses à engager pour la santé
constituent donc pour l'essentiel de cette population la principale
barrière à l'utilisation des services de santé avec comme
conséquence, la dégradation de l'état de santé qui
constitue un facteur de sous développement.
Cette situation de pauvreté
laisse peu de choix aux populations de la zone quant à l'utilisation des
services de santé. Il sied donc d'identifier les facteurs socio -
économiques liés à cette population sur lesquelles on peut
agir pour amener les populations à faible revenu d'utiliser les services
de santé. Notre étude relève les facteurs
suivants comme étant plus significatifs pour expliquer
l'utilisation des services de santé dans la zone de santé de
Kadutu : l'état de la maladie (selon que le malade considère son
état comme grave ou pas), l'appartenance de la structure (selon
qu'elle est étatique ou privée), l'âge du malade ainsi que
le revenu du ménage.
Il s'agit donc là des
facteurs sur lesquels une intervention s'avère plus impérieuse si
on veut améliorer l'utilisation des services de santé.
Le coût des soins, la taille
du ménage ainsi que toutes les autres variables liées au chef de
ménage ne sont pas suffisamment significatifs pour expliquer
l'utilisation des services de santé dans la zone de santé de
Kadutu.
La probabilité
d'accès aux soins de santé obtenue est assez significative
(97,48%) et est fortement influencée par le niveau de revenu des
ménage et l'âge de malade dans l'hypothèse d'une maladie
grave et d'un recours à une structure sanitaire étatique.
Le coût des soins ne s'est pas avéré
significatif dans le cadre de cette étude. Il n'est donc pas
déterminant pour expliquer l'utilisation des services de
santé.
SUGGESTIONS
Les résultats de cette
étude, nous amènent à suggérer aux
différents décideurs et acteurs sanitaires à
différents niveaux ce qui suit:
Au niveau central
- Augmenter la part du budget
accordée au secteur santé et le repartir équitablement
dans les provinces du pays jusqu'à atteindre toutes les zones de
santé. Une subvention plus accrue des établissements des soins
par l'Etat et ses partenaires peut permettre de réduire les coûts
des soins et ainsi minimiser les risques d'exclusion financières aux
dépend des plus pauvres. Ceci devra être accompagné d'une
bonne gouvernance et d'un contrôle permettant de s'assurer d'une
utilisation rationnelle des fonds alloués à la santé.
- Accroître le potentiel
financier des ménages en payant régulièrement aux
fonctionnaires un salaire plus ou moins décent et en encourageant
la mise en place des activités génératrices de
revenu : micro - crédits, petit commerce, agriculture,
coopératives.
Au niveau intermédiaire et
périphérique
- Accorder plus d'importance aux
facteurs qui améliorent la qualité des services dans les
structures de santé. Etant donné que cette qualité
constitue le principal motif évoqué pour le choix d'une structure
de santé par les ménages, une attention particulière devra
être porté sur les meilleurs soins, la compétence du
personnel, la notoriété, les équipements et l'accueil des
malades. Le personnel de santé doit en plus être motivé.
- Réduire les
dépenses de santé à charge des patients et faciliter
l'instauration d'une tarification transparente pouvant stimuler le recours aux
soins par les ménages les plus défavorisés. La
participation financière des patients devra être conçue en
tenant compte de conditions socio - économiques de ménages de
manière à ne pas créer une barrière à
l'utilisation des services de santé.
- Porter Une attention
particulière aux plus vulnérables en renforçant pour eux
des mesures de solidarité et d'exonération. Notons que plus de
40% de la population se déclarent ici comme étant pauvre.
Toutefois il faudra beaucoup sensibiliser les chefs de ménage sans
occupation pour les amener à réaliser certaines activités
qui peuvent rapporter au lieu de passer leurs journées à ne rien
faire.
- Stimuler la demande des services
de santé en informant et sensibilisant la population sur les services
offerts par les structures de santé. Faire participer les CODESA pour
faire comprendre aux ménages la nécessité de recourir
à un service de santé dès que la maladie se
présente et ne pas seulement attendre que l'état de santé
s'aggrave. De même pour comprendre l'importance de recourir aux soins
quel que soit l'âge du malade.
- Intégrer au
système des SSP les structures de santé privées viables
pour améliorer l'accès physique aux soins.
- Dans la mesure du possible,
compléter cette étude en intégrant d'autres
éléments qui n'ont pas été pris en compte ici.
La mise en place de ces
recommandations exige une collaboration intersectorielle entre les
différents acteurs de la vie nationale. Etant dans un objectif de
réduction de la pauvreté et de l'atteinte des objectifs du
millénaire, une vision commune sur l'application de celles - ci
permettra d'améliorer tant soit peu l'état de santé de nos
populations et ainsi aller vers le développement économique
auquel on aspire en RDC.
BIBLIOGRAPHIE
1. AUDIBERT M., MATHONNAT J. & ROODENBEKE
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d'Afrique et d'Asie à faible revenu, Ed. Karthala, Paris, Septembre
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Bukavu, mai 2005
3. BDOM Bukavu, Rapport annuel 2003,
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soins et aux médicaments pour les populations du Cameroun, 2003.
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équité et santé : Politiques publiques et protection
contre l'exclusion, Montréal, 2003.
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Pauvreté urbaine à Kinshasa, Cordaid, La Haye, Pays Bas,
juin 2004
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coûts annexes des soins d'hospitalisation des malades dans le
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stratégie de Réduction de la pauvreté (DSRP),
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sanitaire en RDC, DEP, Kinshasa, 2005
17. MINISANTE RDC: Normes Sanitaires
en RDC, Kinshasa 2003
18. MINISANTE RDC : Plan directeur
de développement sanitaire 2002 - 2009, Kinshasa, Février
2001
19. MINISANTE RDC, Politique et
stratégies de financement du secteur santé, Kinshasa,
septembre 2004.
20. MINISANTE RDC, Politique nationale de
la santé, Kinshasa, Décembre 2001
21. MINISANTE RDC, Plan Directeur de
développement sanitaire 2002 - 2009, Kinshasa, février
2001.
22. MINISANTE RDC, Rapport
d'état de santé et pauvreté, Kinshasa, Avril
2004
23. MINISANTE RDC, Etude sur
l'accessibilité financière des communautés aux soins
de santé, DEP, Kinshasa, octobre 2004.
24. MINISANTE
Rwanda : Amélioration de l'accès aux
services de santé au Rwanda. Le rôle de l'assurance, Kigali,
2004.
25. MSF/Belgique, Burundi : les
vulnérables privés des soins de santé, Bujumbura,
Avril 2004
26. MUGISHA F. & all : Les deux
aspects du renforcement de l'utilisation des services de santé:
déterminants du premier recours à un système de soins de
santé et de la fidélité du patient au système
choisi dans les régions rurales du Burkina Faso, OMS
27. MUSHAGALUSA C. : Les
systèmes de santé, Notes de cours de
première licence Santé Publique, ISTM/Bukavu, 2005
28. OMS : Macroéconomie et
santé : Investir dans la santé pour le développement
économique, Genève, Suisse, décembre 2001.
29. OMS : Rapport sur la
Santé dans le Monde 2000 : Pour un système de santé
plus performant, Genève, suisse 2000.
30. OMS : Evaluation des
récentes reformes opérées dans le financement des services
de santé. Série de rapports du groupe d'études de l'oms
n°829, Genève, 1993.
31. Projet sphère : Charte
humanitaire et normes minimales pour les interventions lors de
catastrophes, Genève, 2004.
32. RAYNAUD D. : Les
déterminants individuels des dépenses de santé:
l'influence de la catégorie sociale et de l'assurance maladie
complémentaire in Etudes et résultats N ° 378
février 2005, DREES
33. RIAC-MCM (RDC)- IMT (Anvers) :
Séminaire national : Réflexions sur la
réforme sanitaire en cours en R.D.Congo, Kinshasa, octobre 2002.
34. SADIO A. & DIOP F. :
Utilisation et demande de services de santé au
Sénégal, Bethesda, USA, août 1994
35. SHAW P. & GRIFFIN C. : Le
financement des soins de santé en Afrique subsaharienne par la
tarification des services et l'assurance, BM, Washington DC, USA, 1995.
36. STEWART M. :
Déterminants de l'utilisation des services de santé :
perspectives des consommateurs à faible revenu, Canada, octobre
2001.
37. WANGATA J., Les mutuelles de
santé : une panacée pour les soins de santé primaires
en RDC, Kinshasa DEP, octobre 2002.
38. ZOUBGA A. D.: Services des soins
et qualité au Burkina Faso : Une interprétation et une
gestion de la question sanitaire particulièrement avancée, les
difficultés et les carences, Ouagadougou, Burkina Faso, 2000
ANNEXES
Tableau des indicateurs
INDICATEURS
|
Niveau
|
Revenu monétaire déclaré moyen mensuel
par tête
|
9,97$
|
Dépenses monétaires moyennes
déclarées annuelles par tête d'habitant
|
14,3$
|
Dépenses moyennes de soins de santé par habitant
par mois
|
2,38$
|
Proportion dépenses santé par rapport aux
totales dépenses
|
17%
|
Proportion des ménages qui utilisent les services de
santé
|
81%
|
Proportion des soins médicaux supportés par les
ménages
|
88%
|
Taille moyenne de ménage
|
7,6
|
Proportion de la population vivant avec moins de 1$ par
habitant par jour
|
95%
|
Taux de renoncement aux soins
|
19%
|
Proportion des ménages dirigés par des femmes
|
11%
|
Proportion des chefs des ménages non ou semi
instruits
|
33,1%
|
Proportion des chefs de ménages sans emploi
|
32,8%
|
Proportion des ménages membres des mutuelles de
santé
|
10,5%
|
Coût moyen des soins par épisode maladie
|
18,1$
|
Taux de renoncement aux soins par manque d'argent
|
64,8%
|
Tableaux des
estimations
Dependent Variable: Y
|
Method: ML - Binary Logit
|
Date: 12/03/05 Time: 11:48
|
Sample: 1 286
|
Included observations: 285
|
Excluded observations: 1
|
Convergence achieved after 36 iterations
|
Covariance matrix computed using second derivatives
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
z-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-2.835131
|
2.234484
|
-1.268808
|
0.2045
|
ETMAL
|
1.431726
|
0.783820
|
1.826601
|
0.0678
|
COUT
|
0.395413
|
241413.1
|
1.64E-06
|
1.0000
|
REVENU
|
0.005464
|
0.007776
|
0.702675
|
0.4823
|
ABOMUT
|
0.293370
|
1.086890
|
0.269917
|
0.7872
|
STRUCT
|
1.767185
|
1.051115
|
1.681249
|
0.0927
|
TAILLE
|
0.354638
|
0.177313
|
2.000073
|
0.0455
|
SEXMAL
|
-1.076121
|
0.745090
|
-1.444283
|
0.1487
|
SEXCM
|
3.541783
|
2.077300
|
1.704994
|
0.0882
|
ETCM
|
-2.070209
|
1.232881
|
-1.679163
|
0.0931
|
AGECM
|
-0.099851
|
0.049113
|
-2.033099
|
0.0420
|
AGEMAL
|
0.002379
|
0.002488
|
0.956207
|
0.3390
|
Mean dependent var
|
0.814035
|
S.D. dependent var
|
0.389763
|
S.E. of regression
|
0.172064
|
Akaike info criterion
|
0.274757
|
Sum squared resid
|
8.082474
|
Schwarz criterion
|
0.428546
|
Log likelihood
|
-27.15287
|
Hannan-Quinn criter.
|
0.336407
|
Restr. log likelihood
|
-136.8909
|
Avg. log likelihood
|
-0.095273
|
LR statistic (11 df)
|
219.4760
|
McFadden R-squared
|
0.801646
|
Probability(LR stat)
|
0.000000
|
|
|
|
Obs with Dep=0
|
53
|
Total obs
|
285
|
Obs with Dep=1
|
232
|
|
|
|
Dependent Variable: Y
|
Method: ML - Binary Logit
|
Date: 12/03/05 Time: 15:46
|
Sample: 1 286
|
Included observations: 286
|
Convergence achieved after 4 iterations
|
Covariance matrix computed using second derivatives
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
z-Statistic
|
Prob.
|
ETMAL
|
1.209421
|
0.341391
|
3.542625
|
0.0004
|
REVENU
|
0.009287
|
0.002715
|
3.420837
|
0.0006
|
STRUCT
|
1.772524
|
0.408528
|
4.338803
|
0.0000
|
AGEMAL
|
-0.001713
|
0.000829
|
-2.065880
|
0.0388
|
Mean dependent var
|
0.811189
|
S.D. dependent var
|
0.392045
|
S.E. of regression
|
0.373512
|
Akaike info criterion
|
0.869431
|
Sum squared resid
|
39.34215
|
Schwarz criterion
|
0.920563
|
Log likelihood
|
-120.3286
|
Hannan-Quinn criter.
|
0.889926
|
Avg. log likelihood
|
-0.420729
|
|
|
|
Obs with Dep=0
|
54
|
Total obs
|
286
|
Obs with Dep=1
|
232
|
|
|
|
Dependent Variable: Y
|
Method: ML - Binary Logit
|
Date: 12/03/05 Time: 11:42
|
Sample: 1 286
|
Included observations: 285
|
Excluded observations : 1
|
Convergence achieved after 26 iterations
|
Covariance matrix computed using second derivatives
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
z-Statistic
|
Prob.
|
C
|
0.765491
|
0.984986
|
0.777159
|
0.4371
|
ETMAL
|
1.134382
|
0.376934
|
3.009500
|
0.0026
|
TM1
|
0.344538
|
0.388860
|
0.886019
|
0.3756
|
TM2
|
0.523912
|
0.573514
|
0.913512
|
0.3610
|
TM3
|
0.302460
|
0.705412
|
0.428771
|
0.6681
|
TM4
|
29.97984
|
7104932.
|
4.22E-06
|
1.0000
|
REVENU
|
0.004702
|
0.003920
|
1.199368
|
0.2304
|
ABOMUT
|
-0.080965
|
0.573563
|
-0.141162
|
0.8877
|
STRUCT
|
1.694417
|
0.430900
|
3.932272
|
0.0001
|
TAILLE
|
0.074748
|
0.063298
|
1.180888
|
0.2376
|
SEXMAL
|
-0.356228
|
0.339536
|
-1.049161
|
0.2941
|
SEXCM
|
-0.568163
|
0.596212
|
-0.952956
|
0.3406
|
ETCM
|
0.166891
|
0.625382
|
0.266862
|
0.7896
|
AGECM
|
-0.012799
|
0.015287
|
-0.837256
|
0.4024
|
AGEMAL
|
-0.001697
|
0.001101
|
-1.540941
|
0.1233
|
Mean dependent var
|
0.814035
|
S.D. dependent var
|
0.389763
|
S.E. of regression
|
0.374875
|
Akaike info criterion
|
0.912681
|
Sum squared resid
|
37.94338
|
Schwarz criterion
|
1.104918
|
Log likelihood
|
-115.0571
|
Hannan-Quinn criter.
|
0.989744
|
Restr. log likelihood
|
-136.8909
|
Avg. log likelihood
|
-0.403709
|
LR statistic (14 df)
|
43.66758
|
McFadden R-squared
|
0.159498
|
Probability(LR stat)
|
6.70E-05
|
|
|
|
Obs with Dep=0
|
53
|
Total obs
|
285
|
Obs with Dep=1
|
232
|
|
|
|
Questionnaire
d'enquête ménages.
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE AUPRES DES MENAGES
N° A/......
Date : ...../..../2005
|
|
Centre de santé :
|
|
Zone de santé :
|
|
Enquêteur :
|
|
Commune:
|
|
Grappe N°
|
|
Quartier :
|
|
Ménage N°
|
|
Avenue :
|
|
Qualité de la personne interviewée
|
· Chef du ménage
· Conjoint du CM
· Autre (à spécifier)
....................... ........................
|
LE
MENAGE
1. Répartition de la famille par tranche
d'âge
(Inclure toutes les personnes qui vivent sous le même
toit)
|
0 - 4 ans : ........Masculin ...... Féminin
....... Total
5 - 14 ans : ......Masculin ...... Féminin
....... Total
15 - 50 ans : ......Masculin ...... Féminin
....... Total
> 50 ans : ..........Masculin
.........Féminin ......... Total
|
Nombre de personnes qui vivent dans le foyer (taille du
ménage)
|
TOTAL
|
Sexe du chef de ménage :
|
Masculin Féminin
|
Age du chef de ménage :
|
........... Ans
|
Niveau d'études du chef de ménage
|
· Jamais été à l'école
N'a pas terminé l'école
primaire
· A terminé l'école primaire N'a pas
terminé l'école
secondaire
· A terminé l'école secondaire A
été à l'université
|
Occupation du chef de ménage :
|
· Indépendant
Employeur
· Fonctionnaire de l'Etat Sans
occupation
· Salarié du privé
Autre (à spécifier)
..................................
|
Religion
|
|
- Tribu
|
|
-
MORBIDITE
2. Est - ce que un membre de votre famille a
été malade ces 30 derniers jours ?
(Inclure les problèmes liés à la grossesse.
L'accouchement normal n'est pas une maladie)
|
OUI
|
NON
|
Donnez l'âge du malade le plus récent ..........ans
/ ....... mois
Le sexe du malade le plus récent : Masculin
/ Féminin
|
Sauter et aller aux « conditions socio -
économiques du ménage »
|
|
|
3. Est - ce que le problème de santé
était jugé par la famille comme :
|
· Grave
· Pas grave
|
4. Quel est le type de maladie dont la personne souffrait
?
Une seule réponse (la principale)
|
· Malaria / Fièvre
· Diarrhée
· Maladies respiratoires (toux)
· Accouchement compliqué
· Autres (à spécifier)
....................................
|
UTILISATION DES SERVICES
DE SANTE
5. Est-ce que cette personne a cherché des soins ?
Oui / non
|
OUI
|
NON
|
Si oui, où avez - vous été
soigné ?
|
Si non, pour quelle raison ?
|
· Hôpital
de : .......................
· Centre de Santé de :
.................................
· Polyclinique privée de :
................
· Dispensaire Privée : ................
· Un tradi - praticien : .................
· Guérisseur : ..........................
· Automédication ......................
· Groupe de prière de : ..............
· Autres (à spécifier) :
..................
|
· Maladie pas assez grave
· Manque d'argent
· les soins coûtent cher
· Pas assez de confiance au personnel du CS
· Manque de transport/CS très
éloigné
· Le CS n'a pas des médicaments.
· Personnel du CS absent, CS fermé
· Problème de sécurité
· Dette au CS
· Autres (à spécifier)
...................................
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La structure est - elle :
Etatique Communautaire
Confessionnel Privée
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Quelle est la distance qui sépare la maison de
la structure de santé ? ..... km
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Combien avez-vous payé?
Coût du voyage: FC .....................
Coût de restauration : FC .................... Pour la
Consultation: FC ..................... Pour le Labo: FC
.....................Hospitalisation et chirurgie: FC .....................
Pour les médicaments: FC ................
COUT TOTAL : FC .......................
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6. Qu'est ce qui a motivé votre choix pour ce
centre de santé
(Si le Centre de Santé concerné est cité
à la question 5)
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· Meilleurs soins
· Proximité de mon domicile
· Compétence du personnel
· Qualité d'accueil du personnel
· Coût des soins très abordable
· Equipements modernes
· Notoriété ou bonne réputation
· Manque de mieux
· Courte durée de séjour en cas
d'hospitalisation
· Autres raisons
....................... ....................................
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7. Pourquoi vous ne vous êtes pas fait
soigné au CS de ...............
(Si le CS concerné n'est pas cité à la
question 5)
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· Maladie pas assez grave
· Manque d'argent
· Pas assez de confiance dans le personnel soignant du
CS
· Manque de transport / CS trop éloigné
· Le CS n'a pas de médicaments
· Le personnel CS est absent, CS fermé
· Problème de sécurité
· Dette au CS
· Pas ce type de soins au CS
· Autre (spécifier)
......................................
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LES SOINS DE SANTE PRIMAIRES RECUS (Uniquement pour
les soins dans le centre de santé)
8. A-t-on prescrit un examen ?
(prélèvements, sang, urine, crachat ou autres)
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· OUI
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Si oui, Avez -vous subi cet examen ?
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· OUI
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Si oui, Combien avez - vous payé pour cet examen :
....................... en FC
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· NON
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Si non, pour quelle raison ?
· Manque d'argent
· Il n'y a pas de labo
· Le labo fermé
· Le test pas disponible
· Autres (à spécifier)
..............................
|
· NON
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Si non, Continuer à la question suivante.
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9. A - t -on prescrit des médicaments ?
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· OUI
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10. Avez -vous obtenu les médicaments
prescrits
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· Oui tous
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Où avez-vous obtenu les médicaments
prescrits ?
(Une seule réponse possible)
· Centre de santé
· Autre structure de santé (CS, Hôp.)
· Pharmacie
· Marché
Autre (à Spécifier)
....................... ................................................
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Combien avez - vous payé pour les
médicaments ? : .... FC
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· Une partie des médicaments
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Pourquoi n'avez -vous pas obtenu l'autre partie des
médicaments prescrits ?
(Une seule réponse possible)
· Manque d'argent
· Médicament non disponible au CS
· Médicament non disponible ailleurs (pharmacie,
marché)
· Autres (à spécifier)
....................... ................................................
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Combien avez - vous payé pour cette partie des
médicaments : ..........FC
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· Non, aucun
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Pourquoi n'avez-vous pas obtenu les médicaments
prescrits ?
(Une seule réponse possible)
· Manque d'argent
· Médicament non disponible au CS
· Médicament non disponible ailleurs (pharmacie,
marché)
· Autres (à spécifier)
....................... ................................................
|
Continuer à la question suivante
|
· NON
|
Continuer à la question suivante
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11. Y a t'il eu d'autres coûts pour obtenir les
soins?
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· Oui, pour : .................................
· Combien avez -vous payé en plus : ........
FC
|
· NON
Continuer à la question suivante :
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12. Qui paye les soins médicaux pour votre
ménage ?
· Les parents Soi-même
· Employeur (privé) Dons
· Eglise Etat
· Association d'entraide Mutuelle de santé
· Autre (à spécifier)
13. Comment obtenez -vous l'argent pour payer les
soins ?
(Plusieurs réponses possibles, cochez toutes les
réponses et entourer la réponse principale)
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· Prendre sur les économies de la maison
· Vendre une parcelle
· Vendre un bétail
· Vendre une partie de la récolte
· Travail extra pour quelqu'un d'autre comme main
d'oeuvre
· Réduire les dépenses
· Emprunter à quelqu'un
· Dette au centre de santé
· Les soins sont gratuits
· Autre (à spécifier)
....................... .....................................................
............................................................................
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14. Avez-vous de suggestions pour l'amélioration
de cette formation sanitaire?
(Réponses spontanées multiples)
1. Diminuer les prix
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2.
Prise en charge des indigents
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3. Augmenter le personnel qualifié
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4. Améliorer l'accueil et / ou respect
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5. Diminuer la durée d'attente
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6. Disponibilité
d'ambulance
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7.
Plus médi-
caments
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8.
Plus équi-pement
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9.
Plus infra-structure
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CONDITIONS SOCIO -
ECONOMIQUES DU MENAGE
Dans quelle catégorie socio - économique
classez - vous votre ménage ? (une seule
réponse)
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· Eternel assisté
Très pauvre
· Pauvre
Légèrement aisée
· Riche
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15. Quelle sorte de maison habitez
-vous ?
( A observer)
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· Hutte Maison en
adobe
· Maison planche avec boue Maison planche avec
pierres
· Maison en briques cuites
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16. Concernant votre maison, êtes
-vous :
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· Propriétaire
Locataire
· Logé par l'employeur
Logé par la famille
· Autres (à spécifier)
..................................
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17. Etes vous abonnés à la mutuelle de
santé ?
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· Oui Non
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18. Combien d'argent le ménage dépense - t
-il ? (A calculer ensembles)
Dépenses
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Jour
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Se-maine
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Mois
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Tri-mestre
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An
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TOTAL MOIS (FC)
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Produits alimentaires
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Bière - sucrés - boisson alcoolique - tabac
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Charbon de bois/ bois/ pétrole
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Frais de scolarisation- y inclut uniformes
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Dépenses pour les autres habits
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Deuil - mariage - réception - fête
(année)
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Dépenses pour le transport
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Amendes - contribution obligatoire - taxe
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Dîmes / offrande / dons (mois)
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Loyer /eau/électricité/petite maintenance
maison(mois)
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Investissement : vélo - animaux - terrain -
maison - TV - radio - moto (par année)
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ESTIMATION TOTALE DE DEPENSES
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FC
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Dépenses pour la santé (à remplir
après) :
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F
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19. Combien d'argent le ménage gagne - t -
il ? (A calculer ensembles)
Recettes
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Par jour (Fc)
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Par mois (Fc)
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Vente de produits d'agriculture ou de l'élevage
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Salaire / revenu commerce
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Revenue du travail informel
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Appui extérieur (famille, amis, voisins, autre
bienfaiteur):
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Autres (à spécifier)
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ESTIMATION TOTALE DE RECETTES:
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ESTIMATION D'EQUILIBRE DEPENSES &
RECETTES
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F : ................ par mois
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