UNIVERSITE DE KISANGANI
Centre Universitaire extension de Bukavu
(CUB)
Faculté des Sciences Sociales, Administratives et
Politiques
Département des Sciences Politiques et
Administratives
L'ADMINISTRATION PUBLIQUE LOCALE FACE À LA
SÉCURITÉ DES PERSONNES ET DE LEURS BIENS DANS LA PROVINCE DU
SUD-KIVU
(EN R .D.CONGO) :
CAS DU TERRITOIRE DE FIZI.
Par :
Jean-Luc MALANGO KITUNGANO
Travail de fin de cycle présenté en
vue
de l'obtention du grade de gradué
en Sciences Politiques et
Administratives.
Directeur :
Monsieur BISIMWA CIRUZHA Déogratias.
Assistant à la Faculté des Sciences Sociales
Administratives et Politiques.
Année Universitaire : 2000-2001
Dédicace
A monsieur Léonard Mukuku W'Etonda
Avant-propos
Le travail que nous présentons aujourd'hui est le fruit
de trois années d'études au département des Sciences
politiques et administratives de l'Université de Kisangani (Centre
Universitaire de Bukavu).
Qu'il me soit permis d'honorer le dévouement au travail
du directeur de ce mémoire, l'assistant Bisimwa Cirhuza, qui a suivi
avec dextérité les différentes étapes de notre
recherche, imprimant à ce travail le caractère scientifique. Si
ce mémoire à quelques mérites, c'est à lui qu'il le
doit avant tout.
Je remercie sincèrement tous ceux qui, d'une
manière ou d'une autre, m'ont aidé durant les trois
années, il s'agit sans être exhaustif de différents
formateurs et de mes collègues de la faculté des Sciences
Sociales, Administratives et Politiques.
Je témoigne aussi un signe de reconnaissance à
l'ingénieur Songolo Théophile, Monsieur Léonard Mukuku,
Monsieur Maonyesho Lisase, notre grand frère Mwibelecha Kitungano, nos
soeurs Balongelwa et Yohali, notre père Kitungano Kitunda Paul, notre
belle soeur Tamasha Thomas. A nos amis Amisi Kapela Fortunat, Lumona Sadiki,
Safi Kalutha, Basubi Matata, Kazingufu Apigagi, ... Pour l'encouragement, le
soutien moral, le soutien financier et technique qu'ils m'ont apporté
durant les études.
Puisse ce travail trouver l'échos qu'il a l'intention
de susciter et stimuler d'autres chercheurs à le dépasser. C'est
la récompense ultime que nous en escomptons.
Jean-Luc MALANGO KITUNGANO
Février 2002
PRINCIPAUX CIGLES ET ACRONYMES
- : Donnée(s) non disponible (s)
AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la
Libération
APR : Armée Patriotique Rwandaise
CEDAF : Centre d'Etudes et de Documentation Africaine
CEHC : Comité d'Etudes du Haut Congo
CUB : Centre Universitaire de Bukavu
CRISP : Centre de Recherche et de Formation
CNDD : Conseil National pour la Défense de la
Démocratie
CPEA : Chef de Poste d'Encadrement administratif
C .T. : Chef des travaux
Dir. : Directeur
Ed. : Edition
E.I.C : Etat Indépendant du Congo
FAC : Forces Armées Congolaises
FAZ : Forces Armées Zaïroises
FPR : Front Patriotique Rwandais
FDD : Forces pour la Défense de la
Démocratie
FSSAP : Faculté des Sciences Sociales
Administratives et Politiques
G (...) :...année de Graduat
Id. : Idem
Ibid. : Ibidem
ISDR : Institut Supérieur de Développement
Rural
IRES : Institut de Recherches Economiques et Sociales
MPR : Mouvement Populaire de la Révolution
O.L. : Ordonnance-loi
Op. Cit. : Opus Citatum
RCD : Rassemblement Congolais pour la Démocratie
RDC : République Démocratique du Congo
S.K. : Sud-Kivu
SPA : Sciences Politiques et Administratives
T : Tome
TFE : Travail de Fin d'Etudes
TFC : Travail de fin de Cycle
UNIKIS: Université de Kisangani
p. : Page
P.E.A : Poste d'Encadrement Administratif
p.p. : Pages
INTRODUCTION GENERALE
La présente étude s'intitule :
« L'administration publique locale face à la
sécurité des personnes et de leurs biens dans la province du
Sud-Kivu (en R.D.Congo) : Cas du territoire de
Fizi ».
La sécurité des personnes et des biens est parmi
les missions fondamentales de l'administration publique de tous les Etats.
L'administration publique congolaise se veut, du moins théoriquement, un
organe de conception, de commandement et de développement
socio-économique en plus de l'exécution des tâches
quotidiennes d'intérêt général.
Etant plus proche des administrés, elle apparaît
comme un service qui est appelé à tous les échelons de la
société, à prendre des décisions concernant la
sécurité des personnes et de leurs biens. La pratique de la
décentralisation prônée par l'Ordonnance loi
n°82/006 du 25 février 1982 ne viserait en somme, qu'à
donner plus de marges d'actions à l'administration locale mais aussi,
à faciliter le rapprochement entre l'administration et les
administrés.
Pourtant, nous constatons que sur toute l'étendue de la
République Démocratique du Congo en général et au
Sud Kivu en particulier, l'exécution des lois, des directives et des
règlements en matière de sécurité des personnes et
de leurs biens se bute à beaucoup de difficultés.
I. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
La problématique de la sécurité au
Sud-Kivu n'est pas neuve : tout au long de l'histoire post-coloniale, la
province du Sud-Kivu a été caractérisée par
l'insécurité des personnes et de leurs biens, surtout en milieu
rural. La plupart des rébellions et résistances armées y
prennent racines ou s'y cristallisent. C'est le cas de la rébellion
« Muleliste » de 1964, de la rébellion de l'AFDL de
1996 et plus récemment de l'agression du Rwanda et de l'Ouganda
d'août 1998 qui s'est muée en rébellion du RCD.
Le déclenchement de la guerre en août 1998 par
l'armée rwandaise et ougandaise contre le pouvoir de Kinshasa a
été à la base de la recrudescence de
l'insécurité des personnes et de leurs biens. Au cours de
l'année 1998, 1999 et 2000, l'insécurité a prévalu
d'une manière particulière dans la province du Sud-Kivu, aussi
bien en milieu rural qu'en milieu urbain.
En territoire de Fizi, plusieurs milices dont les milices
« banyamulenge », les milices
« maï-maï » et les éléments de la
rébellion burundaise du CNDD/FDD y ont exercé une activité
intense. Les armées étrangères - rwandaises et
burundaises, d'une part - et l'armée du RCD-Goma , d'autre part, y
menèrent des opérations militaires sanglantes. Comme
conséquence l'insécurité des personnes et de leurs biens
gagna tout le territoire de Fizi: viols des femmes, pillages, destructions
des maisons et des infrastructures scolaires ...
Les massacres des populations furent l'oeuvre des toutes les
forces militaires qui opérèrent dans ce territoire. Parmi les
massacres des populations civiles, citons le plus célèbre, celui
de MAKOBOLA (1999). L'insécurité croissante a occasionné
le déplacement des populations civiles du territoire de Fizi vers
d'autres territoires partiellement sécurisés (Uvira, Bukavu...)
ou vers des pays étrangers dont la Tanzanie principalement.
Pourquoi y a-t-il persistance de l'insécurité
dans le territoire de Fizi alors qu'il y a une administration locale dont la
mission est de sécuriser les personnes et leurs biens ?
Il nous semble que cette persistance de
l'insécurité en territoire de Fizi est liée à
plusieurs facteurs dont :
1. Les facteurs d'ordre interne caractérisés par
la dilution de l'espace administratif. Elle s'explique, d'une part, par le
problème d'organisation des pouvoirs au niveau local, à la
question de la représentation et de la participation de la population
à la gestion de leurs entités, à la politisation1(*) de l'administration locale
laquelle accentue son inadaptation au milieu social, suscite des
résistances et des contestations influant sur la sécurité
des personnes et de leurs biens, d'autre part. Tous les éléments
précités entraînent la dispersion des moyens
nécessaires à la coordination des actions de maintien de l'ordre
public.
2. Les facteurs d'ordre externes caractérisés
par la présence des armées étrangères et des
milices de tous bords dont celles rwandaises et burundaises.
II. OBJET, CHOIX ET INTERET DU SUJET
Cette étude a pour objet l'analyse du rôle de
l'administration locale de Fizi pendant une période de rébellion.
Elle cherche à faire ressortir les causes de l'insécurité
des personnes et de leurs biens entre 1998 et 2000.
Le choix du sujet part du constat que nous avons fait de la
pénurie des travaux scientifiques qui abordent cette contrée du
Sud-Kivu sous l'angle administratif. La présente recherche revêt
donc un intérêt à la fois théorique et pratique.
Elle est d'un intérêt théorique car elle
cherche, à partir de l'étude d'un cas, à
appréhender le rôle de l'administration locale dans la mission de
maintien de l'ordre public et la sécurité des personnes et de
leurs biens. Il s'agit ici d'un territoire (Fizi) qui joue manifestement un
rôle subversif face aux différents pouvoirs politiques
établis et surtout face à l'administration locale dont l'emprise
reste dérisoire sur les administrés et cela depuis
l'époque coloniale.
La rébellion « muleliste » y avait
établi son repère en 1964. A partir de ce territoire Laurent
Désiré KABILA avait résisté contre le pouvoir
central de Kinshasa jusqu'à l'année 1984. Sous le régime
de Mobutu (1965-1997), ce territoire était classé dans la
rubrique des zones dites « rouges » ou d'opérations
militaires. En 1996 à la chute du régime MOBUTU et la prise du
pouvoir par L.D.KABILA (mai 1997), le territoire de Fizi demeurera
marqué par les conflits armés.
En août 1998, lorsque de nouvelles hostilités
seront déclenchées par les alliés du régime KABILA
(Rwanda et Ouganda), les conflits existant iront en s'amplifiant. L'analyse
théorique est indispensable à la compréhension du rapport
entre l'administration locale de Fizi et la problématique de la
sécurité des personnes et de leurs biens afin de pouvoir adopter
à l'avenir des stratégies plus efficaces de gestion des
hommes.
Cette étude est, à ce titre, d'un
intérêt pratique car elle cherche à éclairer les
décideurs politiques actuels et à venir, les chercheurs et les
institutions de la société civile, des clefs de
compréhension et un cadre d'orientation pour la mise sur pied des
stratégies de la restauration de la sécurité des personnes
et de leurs biens au Sud-Kivu en général, et à Fizi en
particulier.
III. DELIMITATION DU SUJET
Sur le plan institutionnel, cette étude porte sur
l'administration publique. Géographiquement, nous allons la circonscrire
dans les limites du territoire de Fizi.
Sur le plan temporel, elle s'étend d'Août 1998
à Décembre 2000 et elle n'exclue pas la référence
à des espaces chronologiques précédents pour raison de
consistance et de cohérence dans l'analyse.
IV. ETAT DE LA QUESTION
Le présent travail s'inscrit dans une suite des travaux
précédents ayant traité de l'administration publique de la
R.D. Congo en général et des entités locales en
particulier. Certains travaux nous ont intéressé
particulièrement. Il s'agit des travaux scientifiques
ci-après :
1. L'administration publique du Zaïre, l'impact du
milieu socio-politique sur sa structure et son fonctionnement2(*)
L'intérêt de cet ouvrage tient d'abord à
la qualité de l'auteur qui est spécialiste en techniques
d'analyse en sciences administratives, ensuite au fait qu'il envisage
l'administration publique sous l'angle d'analyse structurelle, organique et
surtout en tant que fait social. Il démontre que l'administration
publique est un facteur qui se veut de développement économique
et social, celle-ci subit constamment l'effet des contraintes exercées
par le milieu social dans lequel elle agit. Les analyses de cette oeuvre nous
ont aidé dans la compréhension de l'administration congolaise,
par des approches qui l'appréhende comme un fait social.
Notre étude se démarque toutefois de cet
ouvrage dans la mesure où le professeur Mpinga Kasenda ne
s'intéresse qu'aux aspects de l'administration centrale alors que notre
étude porte sur l'administration locale (en mettant l'accent sur la
sécurité des personnes et de leurs biens dans un contexte de
rébellion).
2. L'Etat Congolais et son rôle de maintien de
l'ordre public : une étude du dysfonctionnement de trois
unités de la police nationale congolaise. Cas du détachement du
Sud-Kivu (1998-2000)3(*)
Ce travail de fin d'études tente de montrer, à
travers les éléments dysfonctionnels de trois unités de
la police nationale, à savoir la police de roulage, la police
d'assainissement et la police d'intervention de Bukavu, les causes internes et
externes à l'administration publique qui favorisent
l'insécurité des personnes et de leurs biens au Sud-Kivu. Ce
travail est un bon indicateur des causes dysfonctionnelles des forces de
l'ordre du Sud-Kivu.
Notre étude se démarque de ce travail dans la
mesure où, l'auteur fait une étude de dysfonctionnement de la
police en milieu urbain, alors que la notre porte sur différents
services de l'administration publique en milieu rural.
3. Différents articles parus dans la revue
Zaïre-Afrique (Congo-Afrique) traitant de l'administration locale
en R.D.Congo. Cas de l'article paru dans le n°212, 1987, pp. 69-77.
« La présence des chefs coutumiers dans l'administration
territoriale au Zaïre : quelle opportunité ? »
Cet article du professeur ISANGO-IDI-WANZILA se propose de discuter du bien
fondé de l'intégration des institutions coutumières dans
l'administration territoriale. L'auteur estime que les raisons qui ont
milité en faveur de l'intégration des autorités
coutumières dans l'administration locale ont cessé d'exister avec
la colonisation. On n'a plus à faire dans le pays à une
administration d'occupation nécessitant la présence des
auxiliaires autochtones pour faire exécuter facilement et rapidement les
ordres des autorités dominatrices.
V. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE
1. METHODES
Nous concevons la méthode dans son sens strict qui est,
selon Georges Lapassade et René Lourou : « l'ensemble des
procédés d'interprétation des données, des
procédés d'intervention qui influent aussi sur la collecte des
données »4(*)
Dans le cadre de ce travail, nous avons utilisé la
méthode dialectique. Le choix de cette méthode se justifie par
l'applicabilité de celle-ci à notre objet de recherche. Elle nous
a permis, en effet, d'appréhender la cohérence dans les
stratégies des groupes en opposition et les contradictions entre les
objectifs du pouvoir public agissant à travers l'administration publique
et les réactions ou les attitudes des administrés face à
l'action administrative.
Cette méthode nous a permis de saisir, en outre, les
contradictions existant au sein de l'administration locale de Fizi et entre les
administrés eux-mêmes.
La méthode dialectique se fonde sur deux idées
centrales, lesquelles nous permettent de mieux appréhender la
problématique de la sécurité. Il s'agit pour Staline
J.5(*) de mettre en
lumière par cette méthode, l'interdépendance des faits
sociaux, et le caractère de dépassement des contradictions qui
unissent les faits sociaux les uns aux autres.
La première loi, à savoir la loi du
mouvement, se justifie par le fait que les missions de l'administration
publique, sa structure et son organisation sont en évolution comme la
société au sein de laquelle elle agit. L'administration locale de
la période coloniale a évolué avec l'indépendance
pour aboutir à celle que nous connaissons aujourd'hui, laquelle a son
tour évoluera vers une autre forme différente de la
précédente.
La seconde loi, à savoir la loi de l'action
réciproque, se justifie par le fait que l'action administrative
(décisions ou règlement...) a des répercussions
indubitables sur l'ensemble de la société d'autant plus que les
actions d'intérêt général nécessitent de la
part des administrés, un certain comportement et bon nombre d'attitudes.
D'un autre point de vue, la non participation des administrés aux
actions administratives et/ ou la résistance aux institutions
administratives, influent sur la bonne marche de l'administration publique et
partant sur sa mission de sécuriser les personnes et leur biens.
La troisième loi, à savoir la loi des
contradictions, se justifie par le fait qu'il y a des luttes
armées entre les différents groupes sociaux ou factions rivales
du territoire de Fizi, lesquelles menacent le bon fonctionnement de
l'administration locale. Les différents groupes, en définissant
leurs propres perceptions des phénomènes politiques, entrent en
contradiction avec la perception que l'administration locale se fait de la
sécurité des personnes et de leurs biens.
La quatrième loi, à savoir la loi de la
transformation de la qualité en quantité et de la quantité
en qualité (la loi du progrès par bonds) se
justifie dans la mesure où les changements de la qualité en
quantité ou de la quantité en qualité sont manifestes. En
effet, sous l'administration coloniale, l'administration locale était un
instrument de domination et d'exploitation des nationaux par les
étrangers ; l'administration coloniale était, à ce
titre, très efficace dans la mission de sécurité des
personnes et de leurs biens afin d'atteindre les objectifs l'exploitation des
richesses de la colonie.
Sous l'administration post coloniale, l'administration avait
cessé d'être un instrument entre les mains directes des
étrangers. Celle-ci est devenue un instrument inefficace et
légitimant une caste politique caractérisée par
l'inefficacité en matière de sécurité des personnes
et de leurs biens, secrétant les facteurs devant favoriser
l'insécurité. On peut en déduire que les forces sociales,
à différentes époques agissent de l'intérieur et en
dehors du système administratif changeant ainsi la qualité
(efficacité administrative avec un personnel réduit mais
compétent) en quantité (inefficacité administrative avec
un personnel pléthorique).
2. TECHNIQUES
Pour la collecte des données, nous avons recouru aux
techniques de la documentation écrite (observation indirecte), de
l'enquête par questionnaire, de l'interview et des entretiens - sans
négliger ce que nous avons observé dans le territoire de Fizi
pendant la première guerre dite de
« libération » de 1996. Le temps passé dans
ce territoire lors de cette guerre nous a permis de saisir certaines causes de
la persistance de l'insécurité et les interpréter dans le
cadre proprement scientifique de ce travail.
La technique de documentation écrite (observation
indirecte) nous a permis d'être plus objectif.
VI. DIFFICULTES RENCONTREES
Cette recherche n'a pas été exempte des
difficultés. Il s'agit principalement de l'insécurité qui
nous a empêché de nous rendre sur les différents lieux
désirés afin de vérifier l'exactitude des données
chaque fois que nous éprouvions des doutes. Ainsi, nous n'avons pas eu
accès directement aux territoires occupés par les
maï-maï pour pouvoir interroger les principaux acteurs. Ceci a
été également le cas pour les alliés burundais et
rwandais du Rcd ayant intervenu dans le territoire de Fizi entre 1998-2000.
De plus, certains types d'enquêtes nécessitent
une durée qui peut s'avérer très longue. C'est pourquoi,
nous avons mené une étude de cas conduisant inévitablement
aux conclusions partielles.
VII. PLAN DU TRAVAIL
Le présent travail se subdivise en deux
chapitres :
Le chapitre premier qui comprend trois sections est
consacré aux généralités. La première
section porte sur la définition des concepts clés afin
d'éviter tout équivoque sur leur entendement dans le cadre
précis de cette étude. La seconde section porte sur un
aperçu global sur l'administration congolaise. La troisième
section retrace quelques éléments monographiques de notre milieu
d'étude (le territoire de Fizi).
Le second chapitre porte sur la sécurité des
personnes et de leurs biens dans le territoire de fizi entre 1998-2000. Ce
chapitre comprend deux sections. La première porte sur
l'évaluation de la sécurité des personnes et de leurs
biens. La seconde section analysera les causes de l'insécurité
des personnes et de leurs biens dans le territoire de Fizi.
Notre travail se clôturera par une brève
conclusion.
CHAPITRE PREMIER : GENERALITES
INTRODUCTION
Nous allons, dans la première section, définir
les différents concepts-clés afin d'éviter tout
équivoque. Il s'agit des concepts suivants : l'administration
publique, la sécurité des personnes et de leurs biens.
Dans la deuxième section, nous parlerons
brièvement de l'administration publique de la République
Démocratique du Congo.
Enfin, nous décrirons, dans la troisième
section, quelques éléments monographiques du Territoire de
Fizi.
SECTION I : DEFINITION DES CONCEPTS-CLES
I.1. ADMINISTRATION PUBLIQUE
Il faut entendre par administration publique :
« L'appareil de gestion des affaires publiques. Elle est
constituée par l'ensemble des services dont la bonne marche permet la
réalisation des objectifs définis par le pouvoir
politique »6(*).
Le concept administration publique peut-être appréhendé
selon qu'il s'agit des organes ou des activités poursuivant la
réalisation de l'intérêt général.
Si l'on se place du point de vue des activités (sens
matériel), l'administration publique s'entend
comme : « L'activité par laquelle les
autorités publiques pourvoient en utilisant le cas échéant
les prérogatives de la puissance publique, à la satisfaction des
besoins d'intérêt public »7(*)
Certains auteurs parlent parfois de
l'« Administration » tout court, pour désigner
l'administration publique. Il s'agit, selon De Burlet, du sens étroit du
mot administration lequel se réduit à l'administration publique
en prenant une majuscule. C'est dans cette acception que le dictionnaire de
droit, économie et gestion écrit par pierre Guiho et ses
collaborateurs entend par Administration « l'ensemble des
services dépendants du gouvernement ou des ministères, ainsi que
les activités de ces services »8(*) .
Mais dans son sens plus large, l'administration se rapporte
aussi bien à l'administration publique qu'à celle privée
et désigne l'activité qui consiste à administrer,
c'est-à-dire à gérer une affaire et l'organe qui exerce
cette activité9(*).
Pour notre part, quand nous parlons de l'administration, nous
nous référons à l'une ou l'autre acception
précitée à l'exception du sens large de ce terme.
L'administration publique se subdivise en Administration
centrale et en Administration locale.
En ce qui concerne l'Administration centrale,
il s'agit de l'Administration des ministères et des services
extérieurs répartis sur le territoire national et qui sont
liés aux services centraux par une subordination hiérarchique.
Ces services extérieurs n'ont à ce titre ni autonomie, ni
personnalité juridique différente de celle de l'Etat10(*).
Par Administration locale, Mpinga Kasenda
entend des personnes qui dépendent des personnes publiques territoriales
autres que l'Etat, c'est-à-dire, villes, secteurs, chefferies, centres.
C'est le cas des provinces et des territoires ou des circonscriptions
administratives dont la compétence matérielle se limite à
une portion seulement du territoire national11(*).
I.2. NOTION DE SECURITE DES PERSONNES ET DE LEURS
BIENS
La notion de sécurité des personnes et de leurs
biens ne peut se comprendre que dans la mesure où nous la situons dans
les missions de l'Etat et partant, de celles que l'Etat confie à
l'administration publique, instrument à partir duquel il agit.
Charles Debbasch distingue, dans une classification des
missions de l'Administration en fonction du but, les missions externes et les
missions internes. Par missions externes, il entend les missions entreprises
directement à l'intention du public par l'Administration12(*).Il s'agit des missions
traditionnelles de l'Etat (maintien de l'ordre public, défense du
territoire national...) et les missions modernes (intervention dans le domaine
économique et social...). Par missions internes, il entend celles qui
concernent la marche interne de la machine administrative13(*).
Au sein des missions externes, Charles DEBBASCH distingue les
missions de souveraineté et les missions économiques et sociales.
La notion de sécurité des personnes et de leurs biens se situe
dans les missions de souveraineté. Il s'agit de la mission de police
laquelle consiste à assurer le maintien de l'ordre, protéger les
personnes et les biens en prévenant les crimes et les délits, en
assurant le règlement des conflits sociaux et individuels par la mise en
place des organes judiciaires ou des organismes de conciliation14(*).
La notion de sécurité des personnes et de leurs
biens doit être comprise comme étant la protection des personnes
et de leurs biens par l'administration publique à travers des
décisions et actions aussi bien préventives que
répressives, en vue du maintien de l'ordre public et de la
cohésion sociale.
SECTION II : DE L'ADMINISTRATION PUBLIQUE DE LA RDC
L'administration publique est une organisation sociale que se
donne tout groupe social évolué. Elle est l'instrument de
cohésion et de coordination indispensable sans lequel la
société s'effrite15(*). Le rôle de l'administration publique, sa
structure, son organisation et ses méthodes dépendent de la
société dans laquelle elle se trouve insérée d'une
part, de l'environnement et de l'évolution historique du milieu social.
C'est ce que certains auteurs appellent l'approche écologique de
l'administration publique16(*). Pour saisir l'administration, il faut la replacer
dans son contexte d'évolution. C'est pourquoi avant d'en étudier
la structure et l'organisation, nous parlerons de son historique.
II.1. HISTORIQUE DE L'ADMINISTRATION PUBLIQUE CONGOLAISE
En République Démocratique du Congo, comme ce
fut le cas de tous les pays africains qui ont accédé à
l'indépendance politique après avoir été soumis au
régime colonial, l'administration publique (de type occidental) est une
création récente. On ne peut pas dire que l'administration
publique est issue d'une longue évolution des institutions, des
idées politiques et des comportements sociaux des milieux
autochtones17(*). On peut
en déduire qu'au départ l'administration publique fut un corps
étranger dans le milieu social où on a essayé de
l'implanter.
En effet, avant 1885, l'organisation administrative de type
européen était inconnu, hormis l'expérience du royaume
Kongo au XVème siècle(*). Le 26 février 1885, le traité de Berlin est
ratifié. Léopold II avait déjà fondé
plusieurs stations sous couvert du C.E.H.C. (Station de Vivi , le 24 septembre
1879, poste d'Isangila, de Manyanga, le 1er mai 1881, poste de
Stanley pool à Kintambo, le 1er décembre 1881) avec
Stanley comme chef d'expédition.« L'année 1885 est le
point de départ de l'organisation politique dans la mesure où
après l'officialisation de l'E.I.C., un double gouvernement fut
organisé, à savoir le gouvernement central ayant son siège
à Bruxelles et le gouvernement local ayant son siège à
Vivi »18(*)
L'historien Ndaywel-E-Nziem estime, pour sa part, que
l'histoire administrative proprement dite de la République
Démocratique du Congo prit corps en 1888 quand le pays connut pour la
première fois une structuration interne mise en place pour les
impératifs de la nouvelle gestion. C'est par le décret royal du
1er août 1888 que le pays fut divisé en onze
districts19(*). Chaque
district était administré par un commissaire de district qui
était assisté par un ou plusieurs adjoints (Cfr. Bulletin
officiel, 1888, p. 247). L'organisation et l'action administratives sont,
à cette époque, marquées par l'esprit de conquête.
Toutes les institutions administratives devaient concourir à
l'exploitation de la colonie. L'administration comptait également sur
diverses compagnies à qui elle avait accordé des pouvoirs
exorbitants dans le domaine de l'exploitation de la colonie (c'est le cas de
l'Anglon-Belgian Indian Rubber...).
L'administration de l'E.I.C. permit l'occupation effective du
territoire et la collecte des ressources, spécialement l'ivoire et le
caoutchouc, ainsi que d'hommes, pour le nouvel Etat. Mais elle conduisit
à des tels abus que la Belgique, sous la pression internationale, dut
mettre fin à ce qu'on appela le régime léopoldien en 1908
et transforma l'EIC en colonie belge régie par une hiérarchie de
pouvoir clairement définie20(*). Le 15 novembre 1908, la Belgique prenait possession
des territoires qui avaient appartenu à l'EIC. Elle choisit comme
système d'administration, l'administration directe à travers une
forme centralisée, le seul qui - selon Roger DELVAUX - convenait
à cette colonie d'exploitation21(*).
La charte coloniale sera pendant toute la période
coloniale, la base de l'organisation et de la structure administrative du Congo
Belge. Du point de vue administratif, le chapitre troisième relatif
à l'exercice des pouvoirs organisait l'administration comme
suit 22(*):
1. Au niveau du gouvernement colonial dans la
métropole :
L'article 7 accordait au roi belge le pouvoir
législatif par voie de décret, sur proposition du ministre des
colonies, le pouvoir exécutif lui était également reconnu
(Art. 8) et était exercé par voie de règlement et
d'arrêtés. L'article 9 précisait qu'aucun acte du Roi ne
pouvait avoir d'effet s'il n'était contresigné par un ministre
qui, par cela seul, s'en rend responsable.
Le pouvoir exécutif relevait du Roi. Toutefois, un
rôle administratif important était dévolu au ministre des
colonies. Il assurait la liaison entre le gouvernement de la métropole
et celui de la colonie. L'organisation générale de
l'administration, la préparation et la présentation des actes
législatifs, le budget (proposition, surveillance et exécution),
la gestion de la dette publique, du portefeuille destiné à la
colonie, entraient dans ses attributions23(*).
2. Au niveau du gouvernement colonial dans la
colonie :
A la tête de l'administration se trouvait un haut
fonctionnaire nommé par le Roi et qui portait le titre de gouverneur
général. Celui-ci était assisté d'un ou de
plusieurs vice-gouverneurs généraux (Art.21, charte coloniale).
Le gouverneur général exerçait le pouvoir exécutif
dans les limites prévues par les lois, décrets et
arrêtés royaux.
Le gouverneur général avait la haute direction
de tous les services administratifs et militaires établis au Congo
belge.
Les différents services administratifs
comprenaient :
v Le secrétariat général : il
s'occupait de la coordination et de la centralisation des affaires
administratives.
v Le gouvernement de province, avec à sa tête un
commissaire de province, représentant le gouverneur
général.
v Différents services : Secrétariat de
province, Agriculture et forêts, Finances et douanes, Affaires
économiques, Travaux publics, Conservation des titres fonciers,
Hygiène (...)
On rencontrait l'extension de ces services dans les
différents districts et territoires.
L'organisation administrative des autochtones était
cependant ambiguë : elle était « fondamentalement
opportuniste »24(*), selon le professeur Vunduawe-te-Pemako. Celle-ci en
effet, était axée sur l'exploitation du territoire occupé.
Les collaborateurs indigènes qu'elle voulait trouver parmi les chefs
traditionnels devaient être des personnes acquises à sa cause de
façon à tenir en laisse la population pour lui faire
exécuter avec empressement les ordres de la hiérarchie. Les
différentes réformes qui se succédèrent pour la
mise en place des institutions administratives basées sur les coutumes
locales auront, du moins jusqu'à 1933, parmi leurs principales
préoccupations, l'identification du type de « chef »
appelé à collaborer avec l'administration coloniale25(*).
L'historien Léon de Saint Moulin conclut pour ce qui
est de l'administration coloniale :
« Toute l'administration coloniale malgré la
doctrine officielle à certaines périodes fut toujours
centralisée et autoritaire. Même en 1959, elle restait
prisonnière de l'image qu'elle s'était faite du monde noir,
considéré comme un peuple d'enfants auquel il convenait de tout
dicter. Elle fut fort marquée par la tradition autoritaire d'avant
guerre, cherchant à réaliser le changement technique de la
même manière qu'elle avait mis en place les cultures obligatoires.
Malgré son efficacité, l'administration coloniale ne pouvait
satisfaire les populations qui se révoltèrent contre elle en 1959
et 1960 »26(*)
C'est à une conclusion semblable que le professeur
Mpinga Kasenda arrive quand il écrit qu'au fur et à mesure
que s'implantait la colonisation, l'esprit de conquête qui avait
caractérisé au départ l'organisation et l'action
administrative dans la colonie céda le pas à un souci
d'adaptation aux contingences locales. Au service d'une économie
extravertie, l'administration coloniale eut pour premier objectif de
neutraliser la force oppositionnelle des clans. Ensuite, elle s'attacha au
groupement des villages et des chefferies des faibles dimensions, afin de mieux
les insérer dans le circuit de l'économie de marché. Dans
cette perspective les chefs traditionnels furent transformés en
auxiliaires de l'administration coloniale et toutes les institutions
administratives furent conçues pour être au service d'une
économie étrangère, en érigeant l'efficacité
administrative en principe absolu d'organisation. Tout devait se plier aux
nécessités administratives, les hommes comme les valeurs qui
constituent les fondements de leur société. Ce n'est que vu sous
cet angle qu'on peut comprendre la brutalité, la violence et la
coercition qui ont caractérisé le système administratif
colonial27(*).
L'évolution de l'administration publique
s'accéléra avec les événements politiques du 04
janvier 1959 : manifestation dans les rues, émeutes,
élections...Dès juillet 1960, une évacuation
généralisée des cadres belges de l'administration eut
lieu. L'évacuation eut pour effet une véritable
désintégration de l'administration locale. Depuis les
événements du 04 janvier 1959, le contrôle de
l'administration coloniale sur l'évolution de la situation devint de
plus en plus relâché et parfois inexistant28(*).
A la suite du départ des cadres administratifs belges,
débute le processus de sous-administration29(*). Chacun des niveaux
de l'administration publique s'est retrouvé pourvu de titulaires
nouveaux, inexpérimentés, isolés des échelons
inférieurs ou supérieurs. Ce fut aussi le début d'un
phénomène d'atomisation de l'administration locale. Cette
atomisation a été particulièrement ressentie à
l'échelle locale, ceci d'autant plus que peu de cadres compétents
sentaient la vocation de faire régner l'ordre dans les campagnes. Tout
au plus, les fonctionnaires responsables des collectivités locales se
sont-ils bornés à s'installer le plus confortablement et le plus
paisiblement possible dans leurs fonctions nouvelles, se repliant sur
eux-mêmes et contribuant ainsi directement à l'isolement des
campagnes par rapport aux autorités administratives provinciales et
centrales.
Certaines campagnes entrèrent ainsi dans une
période de « localisme » dont elles ne
sortiront que lorsqu'un courant extérieur (rébellion,
expédition militaire, mission d'étude) les traverse, leur
apportant un contact fugitif avec les centres de décision du
pays30(*).
Dans les grandes lignes, l'héritage de la R.D.Congo en
matière d'administration publique est de par la nature de son
implantation, de sa structure, de ses méthodes et techniques, un corps
étranger dans le milieu social qui lui est resté longtemps
hostile. La deuxième République avait également
utilisé cet instrument pour installer et légitimer le dictateur
au pouvoir. La reprise en main de l'administration publique s'est
effectuée, sous le régime Mobutu grâce au Mouvement
Populaire de la Révolution (MPR) , lequel amorça un processus
d'hyperpolitisation de l'administration.
De nos jours, les mouvements rebelles successifs, l'AFDL,
puis le RCD ont repris les méthodes d'hyperpolitisation conçues
par le MPR.
II.2. STRUCTURE ET ORGANISATION DE L'ADMINISTRATION PUBLIQUE
CONGOLAISE
La structure et l'organisation administrative en R.D.Congo
sont régies par deux lois :
v La loi n° 81-003 du 17 juillet 1981, portant statut du
personnel de carrière des services publics de l'Etat promulgué
dans le Journal officiel de la République du Zaïre,
n°15 (1981).
v L'Ordonnance-Loi n°82-006 du 25 février 1982,
portant organisation territoriale, politique et administrative de la
République du Zaïre.
La première loi consacre une gestion centralisée
du personnel et des agents de l'Administration Publique et la seconde une
décentralisation territoriale et administrative instaurant
l'administration centrale (les services administratifs centraux et les services
extérieurs) d'une part et l'administration locale (collectivités
locales jouissant d'une personnalité juridique, d'un patrimoine et de
l'autonomie de gestion), d'autre part.
La centralisation de la gestion du personnel et la
décentralisation des entités locales constituent un paradoxe qui
affecte négativement la structure et l'organisation de l'administration
publique congolaise.
Le professeur Isango démontre justement que le
législateur congolais consacre une confusion et un paradoxe
fâcheux dans la structure et l'organisation actuelle de l'Administration
Publique31(*).
II. 2. 1. STRUCTURE DE L'ADMINISTRATION PUBLIQUE
CONGOLAISE
Emplois de commandement
|
a. Secrétaire général
b. Directeur
c. Chef de division
d. Chef de bureau
|
Emplois de collaboration
|
e. Attaché de bureau de 1ère
classe.
f. Attaché de bureau de 2ème
classe.
g. Attaché de bureau de 3ème
classe.
|
Emplois d'exécution
|
h. Agent de bureau de 2ème classe
i. Agent de bureau de 1ère classe
j. Agent auxiliaire de 2ème classe
k. Huissier.
|
L'Ordonnance-loi n°82/006 du 25 février 1982
consacre la décentralisation. Par la décentralisation,
l'autorité centrale se décharge de certaines
responsabilités sur les autorités locales. Au niveau de
l'administration centrale, la structure politico-administrative se
présente comme suit :
(1) Ministre
(3) Secrétaire général
(2) Cabinet des conseillers
(4) Direction
(3) Services centraux
(5) Services extérieurs
(4) Section de l'administration centrale
(1) (2) Le ministre et son cabinet constituent des organes
politiques et ne ressortent pas au statut du personnel de carrière des
services publics de l'Etat en tant qu'administratifs. Le cabinet des
conseillers est un organe de consultation réunissant les collaborateurs
personnels du ministre.
(5) Les services extérieurs sont des extensions en
province des services centraux.
Cette structure n'est pas identique dans tous les
ministères. Certains ministères n'ont pas de directeur
général. C'est le cas du ministère des affaires
intérieures. En outre le grade de directeur peut exister sans un
service distinct du secrétariat général.
La structure de l'administration locale se présente
comme suit :
a) au niveau de la
province :
Autorités (organes)
|
- Gouverneur de province
- Cabinet du gouverneur.
|
|
- Direction de province
- Divisions provinciales
- Services administratifs32(*)
|
b) au niveau du territoire
Organes politico-administratifs
|
- administrateur du territoire
- Cabinet de territoire
|
Structures administratives
|
- Secrétariat de territoire
- Différents services
|
II. 2. 2. ORGANISATION DE L'ADMINISTRATION PUBLIQUE
CONGOLAISE
Lors de l'accession à l'indépendance, le Congo
héritera d'une organisation administrative dont les bases furent
jetées par l'arrêté du Régent du 1er
juillet 1947, modifié à plusieurs reprises notamment par les
arrêtés royaux du 21 janvier 1957 et du 18 mai 1959 (relatifs
à l'administration). Nous n'insisterons pas sur l'administration
centrale mais sur l'administration locale.
Dans l'administration locale, l'administrateur de territoire
dirige les différents services administratifs et jouit dans ce
but :
- Du pouvoir de regard sur l'activité des magistrats et
des agents du pouvoir judiciaire.
- Du pouvoir d'injonction sur les agents des
établissements publics et entreprises publiques oeuvrant dans son
territoire.
- De la capacité de remplir les fonctions d'officier de
l'Etat-civil.
SECTION II : ELEMENTS MONOGRAPHIQUES SUR LE TERRITOIRE DE
FIZI
III.1. ELEMENTS GEOGRAPHIQUES
III. 1.1. LIMITES
Le territoire de Fizi est situé à l'Est de la
République Démocratique du Congo et constitue la partie sud de la
province du Sud-Kivu.
Géographiquement, il se trouve dans
l'hémisphère sud entre 3° 37' 38'' et 5° de latitude
sud, 27°54'33'' et 29°5' de longitude Est33(*). Fizi a une superficie de
15.786 km2 et est limité politiquement :
- Au Nord par les territoires de Mwenga et d'Uvira.
- A l'Ouest par les territoires de Shabunda et de
Kabambare,
- A l'Est par le Lac Tanganyika qui le sépare des pays
limitrophes (Burundi et Tanzanie).
- Au Sud par la province du Katanga (Kalemie)
III. 1. 2. RELIEF, CLIMAT ET HYDROGRAPHIE
A part le littoral au bord du lac Tanganyika qui longe sa
partie Est, le territoire de Fizi est en grande partie montagneux. La
région de Fizi appartient à la dorsale occidentale du
« Grabben ». Il est traversé du Nord au Sud
par la chaine montagneuse de Monts Mitumba. Au de là des monts Mitumba
se situe le plateau d'Itombwe qui culmine à plus de 1700 mètres
au Nord-Ouest.
Le climat est chaud dans les plaines côtières et
froid dans les régions du plateau d'Itombwe. La température varie
progressivement lorsqu'on quitte la plaine du bord du lac pour se rapprocher
des hauts et moyens plateaux. On a une température moyenne de 35°C
dans les régions de la plaine littorale et 24°C au niveau des
régions des moyens plateaux34(*). L'altitude varie entre 750 m, 1300 m et 1700 m au
fur et à mesure qu'on s'éloigne du bord du lac ou de la plaine
littorale vers les moyens et les hauts plateaux.
Plusieurs cours d'eaux serpentent les vallées fertiles.
Les plus importants sont :
Tableau 1. Les rivières importantes et leurs
noms dans les différentes collectivités qu'elles
traversent.
Collectivité de Lulenge
|
Collectivité de Mutambala
|
Collectivité de Ngandja
|
Collectivité de Tanganyika
|
01. Mayi-moto
|
Mutambala
|
Kilombwe
|
Lubumba
|
02. Malonge
|
Misha
|
Nemba
|
Lweba
|
03. Kalumya
|
Katenga
|
Kasandjala
|
Lusenda
|
04. Kabi
|
Kivundje
|
Moka
|
Sandja
|
05. Lulenge
|
Mukera
|
Kilitcha
|
Kabumbe
|
06 Kama
|
Lubilu
|
Kabandja
|
Ngovi
|
07. Kabunga
|
Luke
|
Namatungulu
|
Mukunga
|
08. Lubongo
|
Lwindi
|
Butungu
|
Lusuku
|
09. Ikandja
|
Kanguti
|
Nakatete
|
Kakenge
|
10. Luhemba
|
Bengechiba
|
Mwenya
|
Achobwe
|
11. Kichinja
|
Lokela
|
Butungu
|
Kabengwa
|
12. Kawela
|
Ambulu
|
Ichuku
|
Kalungasandje
|
13. Kamabila
|
kichula
|
Muchobwe
|
Kabembwo
|
14. Ilambo
|
Tulembo
|
Lubichako
|
Kabondozi
|
15. Kakungwe
|
Kibila
|
Kimbi
|
-
|
16. Elecha
|
-
|
Lwuko
|
-
|
17. Matenganya
|
-
|
-
|
-
|
18. Kalicha
|
-
|
-
|
-
|
Source : Données compilées de
nos enquêtes et du rapport annuel de la Zone rurale de Fizi de 1991.
Commentaire : Comme on peut le
constater, la plupart des cours d'eaux prennent leur source dans la
collectivité de Lulenge, située dans les hauteurs de Mitumba, et
viennent se jeter dans le lac Taganyika, navigable tout le long des
côtes.
III.2. ELEMENTS ECONOMIQUES
Le territoire de Fizi est à vocation agro-pastorale. La
majorité de la population est composée d'agriculteurs, des
pêcheurs et d'éléveurs. L'élevage se pratique sur
les hauts plateaux de l'Itombwe et les moyens plateaux de Lulenge. Il s'agit de
l'élevage des gros et petits bétails. L'élevage du gros
bétail est pratiqué par les immigrés Tutsi35(*), venus du Rwanda vers la fin
du XIXème siècle, et les Bafuliru venus du territoire d'Uvira.
Les Banyindu, population démographiquement minoritaire
dans le territoire de Fizi, pratiquent l'agriculture et l'élevage du
petit bétail sur les hauts et les moyens plateaux de la
collectivité de Lulenge (localité de Luekya).
Les populations Bembe sont majoritairement des pêcheurs
ou des agriculteurs. Elles pratiquent l'agriculture sur la plaine littorale et
les versants montagneux, aux côtés des populations Bazoba,
Babwari, Barundi (réfugiés des événements
politiques de 1972, les massacres de Ntega et Marangara).
On exploite également, de manière artisanale,
l'or et les différents métaux qui lui sont associés. Les
potentialités du sous-sol ne sont pas à négliger :
« La zone de Fizi serait renommée plus
qu'elle est aujourd'hui si ses minerais étaient exploités d'une
façon industrielle. Malheureusement par manque d'une
société qui s'y donne, on ne se limite qu'à une
exploitation artisanale dont, suite à la libéralisation, les
exploitants sont mixtes, la population de la zone même et la population
flottante (sic.). Cette dernière après l'exploitation, elle
rentre pour investir chez eux (sic.) »36(*)
De la population flottante, il s'agit surtout des populations
Bashi, venues de Bukavu (et ses environs) et des bafuliru venus du territoire
d'Uvira. Ces populations sont pour la plupart des marchands ambulants.
Les principales cultures vivrières et industrielles
sont reprises dans les tableaux 2 et 3.
Tableau 2 : principales cultures
vivrières (superficies et productions)
Culture
|
Superficie
|
Production en tonne
|
Manioc
|
19428
|
202576
|
Patate douce
|
2523
|
3340
|
Pomme de terre
|
702,30
|
341,100
|
Banane
|
1257
|
29561
|
Paddy (Riz)
|
1033
|
1856
|
Maïs
|
13499
|
131899
|
sorgho
|
6
|
2,1
|
Haricot
|
9,425
|
34462
|
Arachide
|
1153
|
736,22
|
Soja
|
80,6
|
49,3
|
Genre des cultures
|
Nombre des planteurs
|
Production en tonne
|
Tomate
|
383
|
1012,7
|
Oignon
|
85
|
850
|
Aubergine
|
387
|
538
|
Canne à sucre
|
205,6
|
2,409
|
Colocase
|
396
|
3625
|
Tableau 3: Cultures industrielles
Genre de Culture
|
Nombre des planteurs
|
Production en tonne
|
Café robusta
Café arabica
Tabac
|
401
648
1413
|
1131,6
44,77
2040,10
|
Sources : Zone rurale de Fizi,
Rapports annuels de 1991 et 1991.
Commentaires :
Comme on peut le constater, ces deux tableaux ne
reflètent pas toute la réalité et constituent à ce
titre un cadre d'orientation sur les potentialités agricoles du
territoire de Fizi. Il s'agit en outre, faute de statistiques récentes,
des données de 1991. Le café et le tabac sont
généralement exportés vers le Burundi et la Tanzanie.
L'huile de palme et les noix palmistes sont exportées vers le territoire
d'Uvira et la République du Burundi. La culture vivrière la plus
exploitée est le manioc. Le manioc est un aliment de base au niveau
local et est par ailleurs exporté vers le territoire d'Uvira, voire dans
la capitale provinciale (Bukavu). Avec la recrudescence des conflits et de
l'insécurité, l'exportation est dérisoire de 1996
jusqu'à ce jour (2001).
III.3. ELEMENTS SOCIO-CULTURELS
Nous allons dans ce point brosser l'historique des peuples qui
habitent le territoire de Fizi. Il s'agira principalement de leurs cultures,
leurs organisations traditionnelles. Nous estimons que les
éléments historiques nous aideront à saisir l'interaction
des peuples qui habitent ce territoire entre eux et l'administration locale
dont les éléments plus détaillés seront
analysés au point III. 4.
Etant donné que les moeurs et les coutumes des peuples
habitant ce territoire sont variés et que notre étude n'a pas
pour objet de faire de l'ethnologie nous n'insisterons
particulièrement que sur deux peuples à savoir les Babembe et
les immigrés tutsis dits « Banyamulenge ». Ces deux
peuples ont joué un rôle important dans les résistances et
rébellions au pouvoir en place et à l'administration locale de
manière particulière. On connaît le rôle joué
par les Babembe durant les rébellions mulelistes et plus
récemment leur opposition militaire à l'AFDL puis au RCD. Quant
aux Banyamulenge, on connaît le rôle central qu'ils jouèrent
en 1996 contre le pouvoir de Mobutu et celui de Kabila.
III. 3.1. Les Babembe
III.3.1.1 Historique
Les Babembe, selon la relation de la généalogie
gardée par les griots bembe, descendent d'un ancêtre commun dont
le nom est Mbondo (M'mbondo).
Le Babembe seraient venus avec les Barega ( Ulega) du Nord-Est
en passant par l'Urega et se seraient installés dans l'Itombwe où
ils se sont séparés plus tard. Leka (frère de M'mbondo)
rentrera vers l'Ulega et donnera naissance à la descendance Balega
(Barega) d'aujourd'hui. M'mbondo donnera naissance à la descendance de
Babondo communément appelé les babembe et dont une partie restera
dans l'Itombwe et une autre continuera la marche vers le lac Tanganyika. Bangu,
leur soeur, se mariera au Maniema et donnera naissance aux Bangubangu37(*).
Selon Moeller et Van Bulck cités par Benoît
Verhaegen38(*), les
Babembe désignent les gens de l'Est de Lulembe. Ceux-ci sont
localisés dans le territoire de Fizi et dans le secteur de l'Itombwe en
territoire de Mwenga. Les Babembe, selon ces deux auteurs, habitaient les
montagnes, dont ils sont descendus progressivement en refoulant les populatins
riveraines du lac Tanganyika (principalement les pêcheurs Sanze et
Bwari). Les Babembe seraient apparentés au Barega et constituent la
pointe avancée vers le Sud-Est. Dans le territoire de Fizi, les Babembe
constituent la population démographiquement majoritaire :
« L'aire géographique bembe comprend actuellement environ
19.050 Km2 de superficie, soit 30% environ de la superficie totale de l'ancien
Kivu, dont 15.786 Km2 pour la zone de Fizi et 3.272 Km2 pour la
collectivité d'Itombwe/Mwenga »39(*)
III.3.1.1 L'organisation sociale et culturelle
La société bembe est patrilinéaire. Toute
la vie s'organise dans un ou plusieurs villages formant autour de la
parenté des familles élargies, des clans et des tribus. L'habitat
est généralement serré et presque homogène. Toutes
les lois qui régissent ou organisent le village sont discutées
dans le « Lubunga » (maison de sagesse ou de conseil). Le
Lubunga se situe généralement au centre du village et forme la
maison de conseil du village.
Les structures politiques et sociales bembe ont
éclaté suite au métissage et à la diversité
d'origine, c'est ce que soutiennent Moeller et Van Bulck :
« La diversité d'origine des clans bembe et
leur métissage prononcé avec les populations locales et les
pygmées ont favorisé l'éclatement des structures
politiques et sociales. Les Babembe à la différence des Bafulero
et des Bashi n'ont pas de Mwami. Ils forment comme les Warega, de petites
sociétés de type polysegmentaire et sans organisation
centrale »40(*)
Les liens sociaux sont très soudés chez les
Babembe. La connaissance mutuelle des membres de la société, la
communautarisation de plusieurs activités et la solidarité sont
parmi les valeurs internes que doivent observer les membres du
« village famille »41(*)
Sur le plan religieux, les Babembe sont
caractérisés par un ancestralité mais ils savent aller
au-delà. Ils ne s'arrêtent pas à des relations avec les
ancêtres. Au dessus de ceux-ci, ils croient à un Dieu. Ainsi dans
les invocations vous entendrez « Eh Tata Abecha m'pungu wa
mwikulu...» pour dire « Eh mon père, Dieu qui est aux
cieux...». Bref pour le Mubembe, quelle que soit sa religion
actuelle42(*), Dieu est
créateur « M'mbumba », tout puissant
« Mpungu », propriétaire premier de tout
« mwene », sagesse et intelligence
« Malango » (...). Les ancêtres, aînés
de famille décédés en restent les membres à part
entière ; actifs mais invisibles de leurs communautés, ils
sont les intermédiaires valables entre Dieu et les hommes.
Psychologiquement, selon Balongelwa, le Mubembe se saisit
comme une personne au centre de l'univers. Il lutte au jour le jour pour le
prolongement de son être, de sa force vitale, de sa vie, à la
manière de tous les Bantu. Pour vivre intensément, pour renforcer
sa force, en dehors de ses relations avec Dieu et les ancêtres, le
mubembe doit être en communion avec tout ce qui l'entoure. Les
aînés de famille, les sages et les chefs de village sont des
représentants des ancêtres sur la terre. Se couper d'eux, c'est se
couper automatiquement des ancêtres dans la mesure où ceux-ci
sont responsables devant les ancêtres et veillent à ce que toutes
les paroles et les prescriptions des ancêtres soient suivies et
respectées. Ils peuvent aussi maudire, car à travers eux se sont
les mânes « Oci » qui parlent et agissent.
C'est dans cette optique qu'il faut saisir une tendance forte
des Babembe à l'unanimité face à la contestation politique
ou à la collaboration. Néanmoins, la décision du sage
requiert généralement l'approbation de la population. La
décision est issue du conseil tenu dans le Lubunga et prise
démocratiquement entre les différents chefs de familles, de clans
réunis dans le Lubunga.
Plusieurs proverbes mettent en exergue l'importance du groupe,
de la communion et de l'union. Ngabo'i bita (c'est l'union qui fait la force),
plus on est nombreux, plus on est fort, mais on est plus fort quand on est
uni.
Les éléments psychologiques
précités expliquent pourquoi les Babembe vivent toujours dans des
villages dont les maisons sont rapprochées. L'isolement étant
perçu comme un sort. La solidarité est à ce titre une
valeur importante et explique par ailleurs, la résistance unanime en
face des envahisseurs et adversaires potentiels.
III. 3.2. Les immigrés rwandais dits
« Banyamulenge »
III.3.2.1 Aperçu historique
L'origine de Banyamulenge est bien connue : le Rwanda. Le
géographe G. Weis cité par Willame43(*)établit la
présence des Rwandais qu'il appelle Ruanda dans l'Itombwe à
partir de 1881 : « Ils ne sont guère plus de
quelques centaines et l'administration coloniale n'a jamais réussi
à s'imposer à eux (...) l'isolement particulier du haut versant
et le plateau explique-t-il le maintien des traditions politiques chez les
Ruanda (...) cette hiérarchie mieux cristallisée travaille
à l'encontre de l'Administration qui se plaint encore en 1954 de ne
pouvoir gouverner les Ruanda »44(*)
A ce peuplement ancien viendra s'ajouter une masse beaucoup
plus importante constituée par des réfugiés tutsi qui
fuyaient les différents pogroms de 1959-1962 et de 1973-1974 qui avaient
eu lieu au Rwanda. Il semble que l'émigration des tutsi Rwandais suivait
le schéma suivant : ils s'installaient d'abord à Bwegera ou
à Mulenge (dans le territoire d'Uvira) et se dispersaient par la suite
sur les hauts plateaux d'Itombwe et de Fizi.
Les immigrations tutsies au Sud-Kivu ne peuvent être
saisies qu'en les replaçant dans le contexte global des migrations en
Afrique centrale. L'historien congolais Birakaheka estime que ces pasteurs ne
sont pas arrivés par une seule vague migratoire. Mais par petits
groupes, largement échelonnés dans le temps. Ils
arrivèrent par infiltration et ce mouvement a continué dans le
territoire de l'EIC et fut renforcé par le colonisateur qui, à
la recherche de la main d'oeuvre, a organisé la mission d'immigration
des Banyarwanda dès 1937 vers le Congo45(*).
Plusieurs chercheurs corroborent la thèse de
Birakaheka. La plupart des immigrés tutsis au Sud-Kivu seraient
arrivés entre 1959 et 1974 fuyant les différentes
répressions hutues au Rwanda. Hormis ceux qui sont arrivés en
1881(une centaine citée par Weis) ; il faut reconnaître qu'il
existe au sein de ce peuple, une partie dont la nationalité ne devrait
pas aujourd'hui être remise en question, si le critère historique
était le seul critère déterminant. Il semble
qu'actuellement, certains jeunes chercheurs de ce groupe, issus notamment de la
génération des réfugiés de 1959, 1962, 1973 et 1974
entretiennent des amalgames et des ombres historiques sur leur origine et
surtout sur la date de leur arrivée au Congo pour des fins politiques de
réclamation d'une nationalité double et collective.
C'est peut-être sous l'influence du « social
intériorisé » que certains jeunes chercheurs
« Banyamulenge » vont jusqu'à
méconnaître les réalités historiques en faisant plus
un requisitoire de la nationalité que de la recherche scientifique.
Ainsi Willy Mutabazi Mfashingabo46(*) et Félix Iragaba47(*)tentent de contredire les
analyses et résultats des chercheurs précités. Le premier,
Willy Mutabazi, emet des doutes sur l'origine essentiellement rwandaise des
«Banyamulenge ». Il soutient (peut-être par ignorance) que
les Bafulero (clan batumba) seraient des Banyamulenge. Le second, Félix
Iragaba grossit à volonté le nombre des banyamulenge à
400.000. Il englobe ainsi, de mauvaise foi, tous les Tutsi du Sud-Kivu et du
katanga. Il groupe en cinq zones, les territoires occupés par les
Banyamulenge (Fizi, Uvira et Mwenga au Sud Kivu ; Kalemie et Moba au
katanga). En fait, pour les trois premiers territoires, il existe des poches
des immigrés tutsi dits Banyamulenge mais pour ceux du Katanga, il
s'agit d'un groupe Tutsi certes, mais distinct du précédent et
connu sous le nom de « Benavyura ».
Le rapport annuel 2000 du territoire de Minembwe contredit
également l'effectif de 400.000. L'effectif de population occupant ce
territoire était estimé à 50.00048(*). Il faut noter aussi que
l'administration locale ne s'est jamais investie pour le recensement
systématique de ceux-ci. Tous les rapports annuels du territoire de Fizi
précités demeurent muets quant à l'effectif des
immigrés Tutsi dits « Banyamulenge ». Il semble
que cet état de chose ait favorisé particulièrement
à Fizi, l'infiltration récente.
Survolons quelques aspects de l'organisation sociale et
culturelle de ce peuple.
III.3.2.2. L'organisation sociale et culturelle
En territoire de Fizi, les Banyamulenge n'eurent pas à
exercer des fonctions coutumières traditionnelles, contrairement
à ceux qui se sont installés à Bijombo et à Mulenge
dans le territoire d'Uvira.
En effet, les immigrés rwandais et burundais
installés dans la collectivité des Bafulero et des Bavira se
sont intégrés dans les structures coutumières ou en ont
créé.
Dans la collectivité des Bafulero en particulier, il
semble que les « Banyamulenge » auraient profité de
la faiblesse des autorités traditionnelles locales, à travers des
mécanismes d'usurpation dont le pacte de sang et la cooptation par des
autorités locales corrompues pour se glisser dans les structures
traditionnelles ou pour en crées.
C'est ainsi, semble-t-il, qu'ils eurent à exercer des
fonctions traditionnelles dans la localité de Bijombo et Mulenge
d'où ils tirent d'ailleurs le nom
« Banyamulenge »49(*) signifiant propriétaire de Mulenge. Il semble
que c'est en 1982 que débutèrent les signes d'insoumission des
Banyamulenge à Fizi.
Dans les localités de Fizi où ils
trouvèrent asiles, principalement dans les moyens et les hauts plateaux
d'Itombwe et de la collectivité de Lulenge, l'organisation sociale des
Banyamulenge était différente de celle des populations
autochtones.
En effet, les Banyamulenge sont majoritairement des
éleveurs : la vache joue un rôle central dans la vie d'un
Munyamulenge. Le lait de la vache est une boisson prisée qu'il
échange contre le maïs, le manioc et d'autres denrées avec
les populations environnantes pratiquant l'agriculture, la pêche,
l'élevage du petit bétail et la chasse. Le père famille
joue un rôle important dans les décisions que prennent les
membres du village. Toutefois, l'importance sociale est aussi fonction du
nombre des vaches que possède la personne.
L'habitat est constitué de huttes
éparpillées sur les différentes collines et montagnes des
moyens et hauts plateaux. Il semble que sur ces moyens et hauts plateaux, les
Banyamulenge étaient méprisés par les populations
autochtones. Ces populations les désignaient par leur nom
traditionnelle « Banyarwanda », signifiant originaires ou
propriétaires du Rwanda. La langue des Banyamulenge est le Kinyarwanda.
Suite à l'influence des langues locales et, surtout suite à la
coupure partielle avec le Rwanda, l'intonation s'est démarquée du
Kinyarwanda parlé au Rwanda. Le Munyamulenge sur la plan religieux croit
en un seul Dieu nommé « Imana ».
L'environnement dans lequel les Banyamulenge vivent est
très austère. Le froid et les intempéries de toutes sortes
caractérisent les moyens et les hauts plateaux de Fizi.
Pasteur-éleveur, le berger Munyamulenge est capable de parcourir
à pied de centaines de kilomètres avec les vaches. Leur
immigration du Rwanda à Fizi vient conforter notre affirmation. Tout au
long de l'histoire, les Banyamulenge quittaient le Rwanda et transitaient par
Mulenge (en territoire d'Uvira) pour aboutir sur les moyens et hauts plateaux
de Fizi et de Mwenga.
III. 3.3. Les autres peuples
III.3.3.1. Les Bavira et les Bafulero
Depuis 1955, les Bavira, à la recherche des terres
fertiles pour l'agriculture, s'installèrent dans le territoire de Fizi.
Ils peuvent être localisables à Nemba, à Sebelle (au Sud de
Baraka), à Kenya et à Mboko (au Nord de Baraka -
collectivité Tanganyika).
Les Bafulero sont arrivés en territoire de Fizi pour
les raisons similaires (recherche des terres et pâturages). Ils
pratiquent l'élevage du petit et du gros bétail aux
côtés des immigrés rwandais.
III.3.3.2. Les Barundi (réfugiés
Hutu)
Les Barundi arrivent dans le territoire de Fizi en 1972,
fuyant les massacres résultants des conflits politico-ethniques entre
Hutu et Tutsi du Burundi.
Le recensement de la population étrangère fait
par l'administration locale, en décembre 1972, estimait ces
réfugiés hutus à 12 685 50(*) : « il y a lieu de noter que bon
nombre de burundais sont venus se réfugier chez nous au Zaïre
suite aux événements du mois de mai 1972 »51(*). Ces réfugiés se
trouvaient dans les collectivités secteurs de Mutambala et de
Tanganyika. Ils s'occupaient de la pêche et de l'agriculture. A la suite
de deux guerres dites de libération (1996 et 1998) ; ceux-ci (ou
leur descendance restée au Congo) ont été obligés,
soit de rentrer au Burundi ou de se réfugier en Tanzanie.
III.3.3.3. Les Babuyu, les Masanze, les Babwari, les
Banyindu et les Bazoba
Il s'agit des plus anciens occupants52(*) du territoire de Fizi avant
l'arrivée des Babembe. Les Babwari sont majoritaires dans la
presqu'île d'Ubwari où avec les Bazoba ils pratiquent
l'agriculture et la pêche.
Les Banyindu, population démographiquement minoritaire,
se retrouvent dans la collectivité secteur de Lulenge et celle de
Ngandja. Ils pratiquent aussi l'agriculture et l'élevage sur les hauts
plateaux de Fizi, notamment dans la localité de Luekya.
III.4.ELEMENTS POLITICO-ADMINISTRATIFS
Le premier poste administratif du territoire de Fizi fut
fondé en 1896 à Kalembelembe qui devint en date du 1er
octobre 1926 le chef lieu du territoire de l'Ubembe. Par le décret du 05
février 1935, ce territoire sera appelé territoire de Fizi. Dans
l'optique belge de 1926, il fallait donner une définition ethnique
(tribale) aux territoires. Cet objectif s'avéra impossible à
réaliser d'autant plus que les Babembe comme d'autres tribus (ethnies)
se retrouvaient à cheval sur plusieurs territoires (Burega,
Kabambare...)
Dès 1935, l'objectif qui visait la dénomination
ethnique des territoires était abandonné. La plupart des
territoires seront dénommés d'après leurs chefs lieux, ou
d'après un élément géographique de leur paysage.
III. 4.1. Subdivision administrative (Tableau
n°4)
Collectivités
|
Groupements
|
Localités (nombre)
|
1. Lulenge
|
1. Basimimbi
2. Basimunyaka-sud
3. Basikasingo
4. Basombo
5. Obekulu
|
6
5
4
5
3
|
2. Mutambala
|
1. Basimukindje
2. Balala-sud
3. Basimukuma-sud
4. Batombwe
5. Babwari
|
19
7
17
5
16
|
3. Ngandja
|
1. Basikalangwa
2. Basikasilu
3. Babungwe-sud
|
11
5
7
|
4. Tanganyika
|
1. Babungwe-nord
2. Balala-nord
3. Basimunyaka-nord
4. Basilocha
5. Basimukuma-nord
|
4
6
4
4
4
|
Cette subdivision administrative se conforme à
l'Ordonnance-loi n°82-006 du 25 février 1982 portant organisation
territoriale, politique et administrative de la République du
Zaïre.
En septembre 1999, par l'arrêté n°
001/MJ/ROUTE/MB/1999 du chef de département des rebelles du Rcd,
Maître Mudumbi créait à titre provisoire les territoires de
Minembwe et de Bunyakiri. Par la création du territoire de Minembwe,
il morcelait les territoires de Fizi, d'Uvira et de Mwenga en violation des
dispositions de l'O.L. n°82-006 du 25 février 1982.
Ainsi en territoire de Fizi les groupements Basimukindje
(collectivité de Mutambala), basimunyaka-sud (collectivité de
Lulenge) et bien d'autres collectivités, ont été
morcelés puis annexés illégalement au territoire de
Minembwe53(*)
attribués aux Banyamulenge par l'administration rebelle.
Par l'arrêté n° 059/ADM-TER-MPJSL/2000 du
27 octobre 2000, le chef de département rebelle chargé de
l'administration du territoire, mobilisation, propagande, jeunesse et loisirs
approuvait 35 groupements au profit du territoire illégal de
Minembwe54(*) . La plupart
de ces groupements ont été créés à la
volée et ne sont rien d'autres que des villages des hauts et moyens
plateaux de Fizi, d'Uvira et de Mwenga usurpés par les Banyamulenge.
III. 4.2. Rapport entre l'administration publique et
les populations de Fizi.
Les rapports entre l'administration publique et les
populations du territoire de Fizi ont toujours été difficiles.
Georges Weiss signalait déjà, en 1954, la difficulté de
l'administration coloniale à s'imposer aux populations immigrées
(Tutsi rwandais) connues sous le nom de Rwanda ; étant donné
l'isolement particulier du haut versant et du plateau où ils habitaient,
mais aussi leur mentalité réfractaire à toute action
administrative (recherche d'autonomie).
Pour ce qui est des Babembe, les rapports de l'administration
coloniale mentionnent des conflits fréquents : « Leur
réputation n'était pas meilleure parmi les autres populations de
la province qui considéraient les Babembe comme un peuple de guerriers
agressifs et courageux, toujours enclins à empiéter sur les
domaines des autres »55(*).
Durant la période postcoloniale, les Babembe
s'opposèrent de manière farouche à l'administration
publique. En effet, les agents publics originaires de ce territoire et les
chefs coutumiers se rallièrent massivement à la rébellion
de Pierre Mulele de 1964 : « Fizi fut occupé par les
rebelles sans combat le 27 mai, soit dix jours après la prise d'Uvira et
le même jour de la prise d'Albertville par les « jeunesses
rebelles » locales. Les Babembe qui peuplent la région de Fizi
se joignirent spontanément à la
rébellion »56(*)
Le 24 avril 1964, Soumialot - le principal leader de la
rébellion à l'Est de la RDC - quittait Uvira à destination
de Baraka. Il sera reçu solennellement par la population de ce
territoire. Pendant la même période, les immigrés tutsis
(actuels Banyamulenge) s'enfuiront dans les hauteurs des Monts Mitumba57(*). Lorsque les rebelles seront
délogés dans les différents centres et qu'ils choisiront
les montagnes où habitent les pasteurs immigrés comme leurs lieux
stratégiques de repliement, s'étant livrés aux pillages
des bêtes ; les immigrés (Banyamulenge) collaboreront en
opportunistes avec l'administration publique et surtout avec l'armée
pour pourchasser ces rebelles. Il semble que leur collaboration avec
l'armée et l'administration fut, à l'époque de la
rébellion de 1964, circonstancielle : la peur de subir les
représailles de l'armée congolaise mais aussi le souci de
protéger leurs bêtes.
Après ces années de rébellions, les
Banyamulenge ne feront plus parler d'eux. Les rapports de l'administration
territoriale de Fizi de 1972, 1973...ne mentionnent rien sur leurs
activités, ni sur leur effectif, ni sur leur statut juridique. Il semble
qu'à cette période plusieurs d'entre eux se feront passer pour
des Babembe ou des Bafulero dans les écoles et instituts d'enseignement
supérieur en dehors du territoire de Fizi et d'Uvira.
Il semble que les Babembe avaient continué à
développer des rapports tendus avec les différentes
autorités administratives. Les propos de l'administrateur du territoire
dans le Rapport Annuel de 1973 corroborent notre argument. Ces propos
traduisent un sentiment de rancoeur envers les Babembe : « Le
peuple Mubembe a un esprit d'insoumission au pouvoir de l'autorité. Il a
la tête dure et s'attache beaucoup au pouvoir coutumier (...) pour lui le
pouvoir se règle par la violence (...). Il y a lieu de signaler que le
personnel du cadre territorial ne parvient pas à effectuer
l'itinérance comme cela est prévu par les instructions à
cause de l'insécurité.»58(*)
Les Banyamulenge se révèleront subversifs en
1996. En effet, ils braveront l'administration congolaise et l'armée
corrompue de Mobutu59(*).
Ils engageront donc un bras de fer avec le pouvoir central de Kinshasa. Certes,
le Rwanda constituait le principal allié (on se rappellera qu'entre 1993
et 1994 plusieurs jeunes immigrés tutsi du Congo s'étaient fait
enrôler dans les rangs de la rébellion du FPR et plusieurs d'entre
eux se sont vus intégrés au Rwanda).
Quant au Rwanda, il voulait, en 1996, faire des
immigrés tutsi se trouvant dans les hauts et moyens plateaux de Fizi,
Uvira et Mwenga la pointe la plus avancée de sa sécurité
et la justification de sa présence militaire en République
démocratique du Congo pour, soit disant, des raisons humanitaire :
« arrêter un génocide de nos frères
tutsi » disait pasteur Bizimungu60(*).
Corollairement à cette situation, ce sont toutes les
autres tribus du territoire de Fizi qui, en 1996, vont s'allier pour lutter -
affirmaient-elles - contre l'expansionnisme tutsi. Les résistants
(milices) retiendront la progression de l'AFDL pendant 3 mois
(résistance de Mboko, Sebele, Micha, Kananda ; octobre, novembre et
décembre 1996). Plus de 80000 personnes majoritairement des Babembe se
réfugient en Tanzanie (Camps de Nyaruguse et Rugufu à Kigoma).
En 1997, prise de pouvoir à Kinshasa par l'AFDL. Quand
les relations politiques vont se détériorer entre Kabila et ses
alliés rwandais et ougandais, les populations de Fizi (milices)
combattront la nouvelle rébellion, le RCD. (Le RCD, en effet,
était le mouvement rebelle formé par quelques leaders
immigrés tutsi du Nord et du Sud-Kivu ainsi que des opportunistes
politiques congolais dont principalement les anciens membres du MPR et les
déçus de l'AFDL). En combattant le RCD, les milices combattent
l'administration locale que s'est accaparée le RCD.
En RDC en général et à Fizi en
particulier, il semble que l'administration publique n'ait jamais
été soucieuse de construire une fonction publique capable
d'intégrer les paysans. L'isolement de fait des campagnes se combine
à l'isolement administratif. Les administrations locales ont alors
tendances à se replier sur elles-mêmes et elles sont
encouragées dans ce processus par la négligence et, parfois, par
la faiblesse de l'administration centrale qui se soucie très peu
d'assurer l'irrigation financière, technique...des échelons
inférieurs. Face aux différentes révoltes, les
administrations locales tirent généralement la sonnette d'alarme
mais les administrations centrales, par une bureaucratisation et une
centralisation négative, n'apportent pas de réponses
appropriées au moment opportun. Qui plus est, il semble que les
administrations locales (hyper-politisées) ne prennent pas en compte les
aspirations indispensables des populations.
On ne peut donc pas s'étonner que, dans un tel
contexte, les éleveurs banyamulenge et les paysans babembe, babuyu,
babwari...abandonnent respectivement le bâton de berger, la houe
d'agriculteur ou le filet de pêcheur pour les armes à feu, tout
simplement parce que l'irresponsabilité d'un Etat et de son
administration les acculent à le faire.
A l'initiative des leaders locaux dont les conceptions sont
différentes de celles du pouvoir en place et des semi-intellectuels
locaux formés dans les campagnes et n'y trouvant pas d'exutoires
à leur désir de progrès social ; les révoltes
dans un tel contexte mobilisent les masses rurales de Fizi de façon
maximale.
La fin de l'ordre colonial, puis celle de l'ordre social du
monopartisme (MPR), l'avènement des rébellions depuis octobre
1996 jusqu'à ce jour, avec les incertitudes d'une administration
éclatée et se diluant dans les mouvements rebelles, sont autant
de facteurs qui multiplient les occasions de tensions et ravivent les
particularismes jusqu'alors latents. Les tribus et ethnies, du fait de
l'insécurité généralisée, ont
retrouvé dans ce cas une de leur fonction essentielle : la
sécurité tribale (ethnique) du groupe.
CHAPITRE DEUXIEME : LA SECURITE DES PERSONNES ET DE LEURS
BIENS DANS LE TERRITOIRE DE FIZI (de 1998-2000)
Introduction
De l'examen du code pénal congolais61(*), nous pouvons tirer le constat
selon lequel les personnes humaines sont protégées contre les
agressions de leurs semblables et même contre les simples maladresses et
inattentions pouvant causer des dommages.
Les attentats contre l'intégrité personnelle
sont caractéristiques des régions où règnent les
conflits armés. Ces attentats sont constitués par une
série d'agressions dirigées contre la vie, la santé, la
liberté, l'honneur et la dignité humaine :
« Aujourd'hui dans de nombreux conflits, ce sont les civils qui
constituent la cible principale de la violence. On estime désormais que
la proportion des victimes avoisine les 75 % »62(*) . Les attentats contre
l'intégrité personnelle sont constitués par le meurtre et
l'assassinat. Il y a lieu de noter que l'article 523 du code de justice
militaire assimile la mise à mort par représailles à
l'assassinat63(*).
Comme va le montrer la suite de cette étude, la
situation sécuritaire a été très
préoccupante dans le territoire de Fizi dès août
1998 : la fréquence des affrontements entre les forces
armées du RCD et leurs alliés (burundais et rwandais) contre les
groupes armés (maï-maï, CNDD-FDD, milices hutu rwandais) a
été à la source des inquiétudes pour les population
civiles. La plupart des civils abandonneront leurs villages pour se cacher en
brousse (dans les bivouacs) ou se réfugier en Tanzanie (Camp de
Nyarugusu et Rugufu) ou encore dans d'autres territoires du Sud-Kivu (Uvira,
Bukavu...).
Nous allons dans une première section évaluer,
à partir de quelques cas, la situation de la sécurité des
personnes et de leurs biens. Il s'agira en premier lieu de relever les
infractions courantes entre 1998 et 2000 ; nous allons dans un second
point dresser quelques tableaux montrant des cas d'insécurité
à partir des données des sources diverses (sources
administratives et sources non administratives). Dans une seconde section, nous
analyserons quelques causes internes et externes de l'insécurité
des personnes et de leurs biens dans le territoire de Fizi entre 1998 et
2000.
SECTION PREMIERE : EVALUATION DE LA SECURITE DES
PERSONNES ET DE LEURS BIENS (1998-2000).
II.1. LES INFRACTIONS LES PLUS COURANTES DANS LE TERRITOIRE DE
FIZI ENTRE 1998 ET 2000
Les infractions citées dans cette sous-section sont
celles qui ont été reprises plusieurs fois aussi bien dans nos
entretiens et interviews que dans les documents administratifs64(*) et non administratifs65(*).
L'auditeur militaire de garnison66(*) chargé d'auditionner
les infractions militaires des territoires de Fizi, d'Uvira et de Mwenga
estimait que les militaires du RCD à Fizi et les différents
groupes armés se rendaient généralement coupables des
infractions suivantes :
· Viols et vols (militaires du RCD et bandes
armées)
· Désertions (militaires du RCD)
· Atteinte à la sûreté de l'Etat
(bandes armées)
· Détention illégale d'armes à feu
(milices maï-maï, milices banyamulenge)
· Vente des effets militaires (militaires du RCD)
· Connivence avec l'ennemi.
Il s'agit là des cas fréquents d'infractions
d'ordre militaire jugées par la justice militaire (auditorat d'Uvira).
Il est toutefois étonnant de constater que la mise à mort par
représailles que l'article 523 du code de justice militaire congolais
assimile à l'assassinat n'a pas fait l'objet de poursuites judiciaires
à l'encontre des militaires coupables67(*).
Nous pouvons ajouter aux infractions précédentes
celles que citent les documents administratifs et les documents non
administratifs. La lecture de ces documents permet de retenir les infractions
importantes et courantes ci-après :
· Atteinte au droit à la vie (meurtres,
assassinats et représailles)
· Participations criminelles.
· Arrestations arbitraires et détentions
illégales.
· Incendies volontaires.
· Pillages et vols.
II.2. LES CAS D'INSECURITE LES PLUS IMPORTANTS
I. 2.1.Tableau n°5 : Cas
d'insécurité (décembre 1998 à Janvier
1999)
Cas d'insécurité
|
Jour /mois
|
Nombre de victimes
|
Source
|
Lieu
|
Auteurs présumés
|
Dégâts causés
|
1) Représailles
|
30 déc. 1998 au 3 janvier 1999
|
50668(*)
|
S.N.A
|
Makobola (secteur Tanganyika)
|
Militaires du RCD et leurs alliés rwandais.
|
Mort de plus de 500 personnes.
|
2) Incendies volontaires
|
30 déc. 1998 au 02 janvier 1999
|
-
|
S.N.A
|
Makobola, Swima, Mboko (secteur Tanganyika)
|
Militaires du RCD et leurs alliés rwandais et
burundais.
|
52 maisons brûlées, biens meubles compris.
|
3) Pillages
|
Idem
|
100
|
S.N.A
|
Makobola
|
Militaires du RCD
|
Biens pillés puis vendus à Uvira
|
4) Viols
|
Idem
|
25 victimes (estimation)
|
S.N.A
|
Makobola
|
Idem
|
|
N.B : S.N.A (sources non administratives)
COMMENTAIRES :
Suite aux changements politiques brusques intervenus avec
l'agression rwando-ougandaise, d'août 1998, laquelle s'est muée
en rébellion du RCD la justifiant, la plupart des cadres territoriaux
n'avaient pas transmis la situation sécuritaire des différents
secteurs.
On sait par ailleurs que le massacre de Makobola ne fut connu
que parce que cette localité se situe à proximité du
territoire d'Uvira qui en avait reçu plusieurs rescapés. Il sied
de faire également remarquer que les forces burundaises avaient pris le
poste de Kazimia en septembre 1998, on ne connait pas toutefois le nombre exact
des victimes civiles de ces attaques. Il y a lieu de croire cependant que les
victimes furent moins nombreuses dans la mesure où plus de 98% de la
population de cette contrée avait déjà fui en Tanzanie
avant les attaques. Le compte rendu de la réunion de pacification
organisé par le chef de secteur de Ngandja et les sages des villages de
Kazimia le 11 janvier 2000 écrit sur l'agression burundaise qu'à
cette époque, seuls 27 civils et des milliers des soldats de la force
burundaise se trouvaient à Kazimia de septembre 1998 à janvier
1999.
Par conséquent, il importe de signaler que les
différents cas d'insécurité précités ne le
sont qu'à titre illustratif. En outre, il y a lieu de noter que
plusieurs cas de violations ne sont pas encore connus jusqu'à ce jour.
Les données précitées ne concernent que deux
secteurs (Tanganyika et Ngandja) alors que celles de Mutambala et Lulenge
restent inconnues. Nous conjecturons, toutefois, que corollairement aux
pratiques locales en territoire de Fizi, consistant à se cacher dans
les bivouacs en période de guerre, on peut soutenir que plusieurs
exactions ont eu lieu dans ces bivouacs connus comme lieu de refuge en brousse
pour échapper aussi bien aux militaires gouvernementaux qu'aux rebelles
(maï-maï et autres milices).
I. 2.2.Tableau n°6 : Cas
d'insécurité (décembre 1998 à Janvier
1999)
Cas d'insécurité
|
Jour /mois
|
Nombre des victimes
|
Source
|
Lieu
|
Auteurs présumés
|
Dégâts causés
|
1) Assassinats
|
20 nov.
22-29 nov
|
1 fillette bembe
3 burundais présumés rebelles du CNDD
|
S.A .
S.A.
|
Sebele (secteur
Mutambala)
Idem
|
Non identifié.
Maï-maï
|
Mort par balle
|
2) Arrestation arbitraire et détention illégale
|
Nov. 1999
14 avril 1999
22 déc. 1999
|
6 paysans banyamulenge
15 (babembe et bawari)
arrestation de Fataki (chef de poste de
sécurité)
|
S.A.
S.A.
S.A.
|
Lulambwe (Secteur Tanganyika)
Ubwari (secteur Mutambala)
Arrestation à Baraka et transfert à Mboko
|
Maï-maï
Maï-maï
Commandant bataillon Mboko.
|
-
-
-
|
3) Pillages
|
Août, septembre, Octobre.
Novembre
et déc. 1999
|
· Plus de 10 personnes
· Paysannes non identifiées
· 7 personnes
· Population de Mboko et Nundu
|
S.A.
S.A.
S.A.
S.A
|
Lac Tanganyika (presqu'île d'Ubwari)
Eciba, Malela, Ilingi (secteur Mutambala)
Sebele
Mboko et Nundu
|
Maï-Maï et FDD
Guerriers (milices banyamulenge et leurs épouses)
Maï-maï
Guerriers (milices banyamulenges)
|
Pillage de 30 unités de pêche
Pillages dans les champs de Maniocs, maïs et autres
cultures vivrières.
Biens
Destruction des pupitres, portes et fenêtres des
écoles Sandja, Bulumba, Aoci, Groupe scolaire du Lac.
Pillage des fournitures scolaires emportées en
direction des hauts plateaux.
|
4) Incendies volontaires
|
20 Nov. 1999
|
7
|
S.A.
|
Secteur Mutambala
|
Milices maï-maï
|
16 maisons incendiées
|
5) Coups et blessures
|
Décembre 1999
|
6
|
S.A.
|
Mwandiga
|
maï-maï et FDD venus de Kanada et Simbi
|
6 blessés par balles
|
N.B : S.A : sources administratives69(*)
COMMENTAIRES :
Il y a lieu de signaler que le secteur de Lulenge a connu une
situation d'insécurité permanente mais les données ne sont
pas accessibles. Ce secteur a été morcelé et une grande
partie a été rattachée administrativement au territoire de
Minembwe70(*) qui
connaît un isolement remarquable et les banyamulenge s'y conduisent
comme en territoire conquis et indépendant. La plupart des chefs de
localité, en majorité Bembe, ont été
pourchassés et obligés de fuir ailleurs.
Il sied de faire remarquer que ce tableau ne fait pas
ressortir non plus les cas de viols. Ceci ne signifie pas qu'ils ne se sont pas
produits. Nous ne les mentionnons pas parce que, les sources administratives
aussi bien que non administratives de 1999 ne les mentionnent pas. Le bulletin
d'information du secteur Tanganyika n° 5072/139/B.6/S.T./99 du 18
Octobre 1999 fait vaguement mention :
« Néanmoins, les positions militaires de
Swima et Nundu continuent à tracasser la population paysanne
malgré nos cris d'alarmes adressés au commandant bataillon en
place ; les jeunes filles n'osent plus traverser le pont de la
rivière Sandja vers 18 heures au risque d'être
violées »71(*).
I. 2.3.Tableau n°7 : Cas
d'insécurité (2000)
Cas d'insécurité
|
Jour /mois
|
Nombre de victimes
|
Sources
|
Lieu
|
Auteurs présumés
|
Dégâts causés
|
1) Assassinats
|
09 février
Idem
04 avril
06 mai
26 juin
29 au 30 juin
20 au 22 juillet
4 Août
19 décembre
20 décembre
|
1
2
7
1
1
30 (26)
45
1
3
4
|
S.A
S.NA.
Id.
S.A.
S.A.
S.N.A. et S.A.
S.N.A
Id.
Id.
Id.
|
Mboko / secteur Tanganyika
Bibogobogo
Fizi (1)
Lulimba (3)
Lubondja (1)
Mboko (2)
Baraka (secteur Mutambala)
Mboko
Lusenda (Secteur Tanganyika)
Kinyoni et Rubibi (Collectivité de Lulenge)
Secteur Lulenge
Andale
Nundu et Mkangyaolo (Secteur Tanganyika) (3)
Mugorore (Bibogobogo) (1)
|
Militaire du RCD
Maï-maïs
Milices FDD-CNDD
Non identifié
Idem
Militaires du RCD
Milices banyamulenges
Militaires du RCD
Milices maï-maï
|
Mort par balle
idem
Milice maï-maï
Coups et blessures ayant entraîné la mort
-
Idem
Idem
Idem
|
2) Arrestations arbitraires
|
15 janvier 2000
06 avril
27 juin
|
1
2
|
S.A
Id.
|
Ake (Secteur Tanganyika)
Ebondjwa
(secteur Mutambala)
Mboko (secteur Tanganyika)
|
Militaires du RCD
Idem
Milices maï-maï
|
Id.
Id.
|
Incendies volontaires
|
27 juin
20 décembre
|
1
2
|
Id.
Id.
|
Mboko
Bibokoboko
|
Maï-maï
Maï-maï et FDD
|
Maison brûlée biens compris.
Id.
|
4) Pillages
|
09 février
06 avril
|
25 (passagers d'un véhicule)
Population des villages Abeka, Ake, Matata, Kalinga
Ebondjwa
|
Id.
S.A. et S.N.A
|
Enia (entre Mukwezi et Bakeci, secteur Tanganyika)
Secteur Tanganyika
)
Ebondjwa, Matata et Kalinga (secteur Mutambala)
|
Milices maï-maï venus de Swima
Militaires du RCD
Idem
|
Vol des biens et de 10000000 N.Z.)
Le village d'Ake est mis à sac. Pillage des biens
également à Ebondjwa.
|
Les représailles du 29 au 30 juin 2000 à Lusenda
sont confirmées aussi par les sources non administratives. Le rapport
succinct sur la situation générale du territoire de Fizi du 28
juin au 06 juillet 2000, datant du 07 juillet 2000, précise le contexte
de ces représailles et les retombées en termes de pertes des
biens des civils :
« Un autre fait important à signaler est
qu'après l'attaque de Lusenda en date du 29 juin 2000, toute la
population de l'axe Mboko-Lweba s'est enfuie vers les zones
contrôlées par les Maï-Maï suite aux bavures commises
par nos militaires qui, selon le rapport du chef de poste d'encadrement
administratif et du chef de groupement des Balala-Nord, auraient tué 26
personnes sur l'axe »72(*)
Il s'agit de l'axe Lusuku-Lusenda. Les sources de la
société civile de Fizi par les informations transmises à
Héritiers de la Justice à Bukavu, estiment ce nombre à 30
victimes73(*). Il y a eu,
selon les mêmes sources, une vingtaine de cas de viols.
I. 2.2.Tableau n°8 : Tableau comparatif des
cas d'insécurité (nombres des victimes par
année)
|
Années/ cas
|
Types d'insécurité
|
1998 (cas identifiés)
|
1999 (cas identifiés)
|
2000 (cas identifiés)
|
1. Représailles (assassinats)
|
506
|
4
|
95
|
2. Incendies volontaires
|
52 maisons
|
16 (maisons)
|
3 (maisons)
|
3. Pillages
|
100
|
17
|
646
|
4. Viols
|
25
|
-
|
20
|
Commentaires :
Ce tableau synthétique ne reflète que
partiellement les différents cas d'insécurité. Le climat
d'insécurité qui prévaut dans le territoire de Fizi ne
permet pas au chercheur d'avoir accès au plus grand nombre de
témoignages des victimes ou de leurs proches ; les sources
administratives quant à elles sont peu nombreuses.
Par ailleurs, l'on sait que plusieurs victimes ont pris la
direction de la Tanzanie et d'autres demeurent cachées dans les brousses
(bivouacs) actuellement inaccessibles au chercheur.
Nous devons faire remarquer que la présente
étude nécessite des comportements ultérieurs surtout pour
ce qui est des cas d'insécurité précités.
L'année 1999 a connu moins de cas de
représailles, de pillages et de viols. L'explication de cette baisse par
rapport aux années 1998 et 2000 serait que :
1. Au courant de l'année 1999, l'armée du RCD a
perdu plusieurs localités dont les plus importantes sont : toutes
les localités de la presqu'île d'Ubwari74(*), la grande partie du
groupement Basimukuma-sud dont les villages Simbi , Kakungu, Kananda,
Mukera, Itota, Kasenga, Kichula, Kakamba, Mutongachimu étaient
occupé par les maï-maï. Deux localités seulement
étaient encore sous contrôle de l'armée du RCD à
savoir Malinde et Mulongwe75(*). Dans le secteur Tanganyika, les maï-maï
s'étaient rendus maîtres de plusieurs localités qu'ils
occuperont de mai à juin 1999. Le chef lieu de secteur à savoir
Mboko (lequel sera également le théâtre des
opérations musclées entre maï-maï et FDD d'une part et
l'armée du Rcd et ses alliés burundais et rwandais d'autre part)
était aussi tombé entre les mains des mai-mai. Corollairement
à cette situation de déroute des éléments de
l'armée du RCD-Goma dans les différentes localités, la
baisse des cas d'insécurité s'explique aussi par l'adoption de la
logique de négociations avec les maï-maï que le RCD amorca par
l'entremise des chefs de secteurs, ainsi que des notables des localités.
2. En effet, le 30 août 1999, une tentative de
réconciliation est amorcée par le comité local de la
pacification (chefs de localité, pasteurs protestants). Ce comité
avait été approuvé par la commission de la pacification. A
la tête de cette commission fut placé le pasteur protestant Tambwe
M'massa Issac, un mubembe originaire du territoire de Ngandja résidant
à Bukavu et exerçant cumulativement la fonction de maire adjoint
de la ville de Bukavu, secondé par Makyaba , un autre mubembe qui
exerçait cumulativement la fonction de directeur provinciale de
sécurité et renseignement76(*). Le 12 octobre 1999, le comité local de
pacification s'était rendu à Lulambwe aux fins de discuter avec
le colonel maï-maï, Rachid.
3. Le jeudi 14 octobre 1999 s'était tenue à
Kangovi, près du groupement Babungwe-Nord non loin de Mboko, une
rencontre d'échange sur la sécurité des personnes et de
leurs biens. A la suite des pourparlers, les maï-maï
(délégation du colonel Rachid) s'étaient engagés
à arrêter les incursions contre les positions militaires du RCD et
de ses alliés ainsi qu' à de libérer sans délai six
otages banyamulenge qui étaient détenus depuis 06 mois (Cf.
Secteur Tanganyika, Rapport de pacification, 17 janvier 2000). En
outre, début janvier 1999, l'armée burundaise négocie avec
les maï-maï et les négociations se poursuivirent
jusqu'à mai-juin 1999. Durant cette période, il n'y aura plus
d'affrontements notables autour de Kazimia, poste d'Encadrement administratif
controlé par l'armée burundaise au profit du RCD-Goma.
4. Il semble que l'occupation de plusieurs localités,
en mai 1999, a permis aux maï-maï de percevoir des taxes, notamment
dans le marché de Simbi où les transactions aurifères sont
nombreuses. Il semble également que le gouvernement de Kinshasa aurait
apporté une aide financière et matérielle substantielle
aux résistants maï-maï à partir de l'aérodrome
de Kilembwe. Cette assistance se serait poursuivie jusqu'à mai et juin
2000. Cette information ressort du Bulletin d'information du chef de
secteur Mutambala (Célestin Useni) :
Selon les rumeurs qui circulent ici à Baraka,
j'ai l'honneur de vous informer qu'il paraît qu'un
délégué du gouvernement de Kabila en provenance de
Kinshasa via la Tanzanie est arrivé à Mwayenga/ Ubwari où
réside actuellement le général Dunia, ce dernier est muni
des salaires des FAC et FAP. Sur ce même ordre d'idée je vous
informe également qu'à Kananda, il y a eu une grande
manifestation organisée par les responsables insurgés sur la
journée du 17 mai par (sic) laquelle Kabila a pris le pouvoir77(*)
5. Le dernier élément explicatif de la baisse
des cas d'insécurité en 1999, serait aussi le fait que les
maï-maï se mirent à assurer effectivement la
sécurité des personnes et de leurs biens dans les
localités sous leur contrôle en mettant hors d'état de
nuire quelques éléments indisciplinés du FDD/ CNDD.
Le maï-maï auraient commencé à
chasser les FDD et auraient tué trois d'entre eux dans une attaque non
loin du marché de Sebele (...) Ces mêmes responsables (sic) sont
venus participer à une réunion de pacification tenue du 26 -
27/11/1999 à Fizi78(*)
Le compte rendu de la réunion de sécurité
tenue en date du 06 octobre 1999( par le chef de secteur Mutambala) cite
l'action positive du côté maï-maï tendant à
assurer le sécurité des personnes et de leurs biens dans les
localités qu'ils contrôlaient :
Une escorte des maï-maï conduite par le capitaine
Etabo est arrivée le samedi 4 octobre 1999 chez le chef de groupement
à la recherche des FDD qui se livrent au pillage des biens des
populations et pour arrêter tous les rançonneurs79(*)
Pour clore cette section, nous devons reconnaître que la
plupart des hypothèses explicatives avancées se
réfèrent aux sources administratives. Or celles-ci n'étant
pas complètes en elles -mêmes, par l'unilatéralité,
et même si elles traduisent des aspects réels ; il y a lieu
d'approfondir ultérieurement les hypothèses émises en se
référant aux acteurs maï-maï, aussi.
SECTION DEUXIEME : CAUSES DE L'INSECURITE DES PERSONNES
ET DES LEURS BIENS
II.1. LES CAUSES INTERNES
II.1.1. Le potentiel élevé de la violence
Le contrôle de la partie Est de la République
Démocratique du Congo, en Août 1998, par le RCD a eu lieu à
une époque où le territoire de Fizi était
littéralement traversé par le phénomène de
« milicianisation » des populations :
En Février 1998, les officiers banyamulenge des FAC se
sont mutinés suite à la décision de les muter dans
d'autres provinces et garnisons (...) après des tractations conduites
par le chef d'Etat major ad interim des FAC, J. KABARERE, plusieurs
unités ont dû être démobilisées et se sont
repliées avec leurs armes dans les hauts
plateaux... « Les ethnies autochtones » craignant un
coup de force des Banyamulenge, avaient soit constitué des milices de
protection, soit renforcé les milices mayi-mayi hostiles aux
Banyamulenge80(*).
II.1.2. L'expérience des luttes insurrectionnelles
Le chercheur congolais Wilungula B. Cosma estime qu'entre 1967
et 1986, avec les insurrections des Simba, plus de 60% de la population de la
Zone de Fizi avait bénéficié d'une formation militaire ou
paramilitaire. Dans les collectivités de Lulenge, Ngandja et Itombwe,
presque tous les hommes et quelques femmes savent utiliser les armes à
feu et connaissent les tactiques de guerre. Dans deux autres
collectivités, celle de Mutambala et de Tanganyika, un bon nombre de
gens manie aussi avec facilité les armes à feu. Le chercheur
Wilungula en déduit que cette masse constitue en soi une armée de
réserve81(*).
L'expérience insurrectionnelle des
« Banyamulenge » débute véritablement en 1996
quand les jeunes Banyamulenge après avoir servi dans l'APR (1991-1994)
sont démobilisés. Ils débutèrent alors en 1996 des
opérations insurrectionnelles en République Démocratique
du Congo avec l'appui du Rwanda et de l'Ouganda qui fournirent armes et
instructeurs militaires dans les hauts plateaux de Fizi et Uvira. Les
Banyamulenge constituèrent avec les Banyarwanda Tutsi du Nord-Kivu la
composante majeure des troupes de la rébellion de l'AFDL. Tous les
enfants mâles des Tutsi de Fizi et Uvira, de plus de 10 ans,
reçurent une formation militaire ou paramilitaire.
II.1.3. La fragmentation et/ ou la dilution de l'espace
administratif à Fizi sous le RCD.
Entre 1998 et 2000, les milieux ruraux de l'Est de la
République Démocratique du Congo échappaient, en grande
partie, à l'emprise des autorités administratives et politiques
du RCD. Selon le chercheur Bob Kabamba, les rebelles du RCD ne
contrôlaient que les cités urbaines de la province du Sud-Kivu.
Toutes les campagnes environnantes étaient contrôlées, par
contre, par les différents mouvements Maï-Maï hostiles au
RCD82(*).
En territoire de Fizi, entre 1998 et 2000, il existait deux
espaces administratifs antagonistes : d'un côté la
société à prétention officielle, formelle et
contrôlée par le RCD grâce à l'administration locale
que le RCD s'était accaparé83(*), de l'autre, la société informelle,
souterraine et se prétendant légitime. Celle-ci est
fragmentée en plusieurs factions : territoires
contrôlés par les Maï-Maï et leurs alliés d'une
part, les territoires sous contrôle des milices
« guerriers » Banyamulenge d'autre part. Les forets pour
les Maï-Maï et leurs sympathisants symbolisent la
société légitime avec une administration concurrente
à celle que s'est accaparée le RCD.
Ainsi les différents mouvements armés et les
administrations antagonistes qu'ils mirent sur pied contribuèrent
à la fragmentation et à la dilution de l'administration
publique. Le manque flagrant d'une seule autorité coercitive, l'absence
de légitimité politique des cadres territoriaux84(*), les moyens matériels,
financiers et humains dérisoires ont grandement contribué
à la dilution de l'espace administratif.
Pour étayer notre hypothèse, nous avons
effectuée une enquête portant sur la question de la
sécurité à Fizi auprès de quelques anciens et
nouveaux cadres territoriaux ainsi que des observateurs avisés de ce
territoire. A la question suivante : pour le rétablissement de la
paix à Fizi, vous estimez qu'il faut:
1. Chasser le Banyamulenge.
2. Tuer tous les Maï-Maï
3. Désarmer les Maï-Maï
4. Désarmer les milices (guerriers) Banyamulenge.
5. Former des milices d'autodéfense populaire.
6. Dissoudre le RCD.
7. Diviser le territoire de Fizi en plusieurs territoires.
8. Renforcer les effectifs des militaires du RCD.
9. Mettre en application les accords de Lusaka.
10. Réclamer l'autonomie du territoire
(Sécession).
11. Elire les autorités politico-administratives
locales
12. (...)
Il s'en est dégagé le résultat
suivant : sur 30 personnes ciblées (soit 100%), 20 personnes (soit
66,6%) ont répondu. 15 personnes pensent que l'élection des
cadres territoriaux peut réduire les conflits et renforcer la paix. 16
personnes estiment qu'il faut dissoudre le RCD.
II.1.4. La détérioration des rapports de
convivialité entre autochtones et allochtones.
Historiquement, les rapports de convivialité entre
autochtones et allochtones des territoires de Fizi et Uvira ont commencé
à se détériorer à partir de 1979. Nous
référant aux données historiques, il apparaît que
l'idée de la création des nouvelles entités
administratives propres aux immigrés tutsi habitants les territoires de
Fizi et Uvira fut à l'origine de l'exacerbation des tentions
interethniques dont les conséquences perdurent. Cette hypothèse
est soutenue par Bwami Wilangasha85(*) à la suite de Mathieu, P., et Jean-Claude
Willame et Bahone Nedjo86(*).
« ...ainsi, en 1982 et 1987, il y aura perturbation
des élections municipales et legislatives dans les hauts plateaux
d'Uvira et de Fizi. Plusieurs bureaux de vote, les urnes et les bulletins de
vote ont été respectivement pillés, cassés ou
brulés. Les assesseurs torturés et tabassés à mort
par les banyarwanda tutsi armés »87(*)
Peu avant octobre 1996, les disputes entre les populations
allochtones et autochtones se muèrent en guerre. De part et d'autre, il
y eut formation des milices. Les Babuyu, quoique autochtones, sont
entrés en conflit foncier avec les Babembe. Ainsi ceux-ci, alliés
aux allochtones (immigrés tutsi) ont progressivement
développés des réactions d'autodéfense, avant et
après 1996, réactions caractérisées par une
insoumission toujours croissante à l'autorité tradirionnelle
Bembe d'une part, et à l'autorité politico-administrative du MPR,
puis de l'AFDL et enfin du RCD d'autre part. La coalition Banyamulenge-Babuyu
entre 1996 et 2000 a été perçue par les Babembe comme
une mise en péril de leur existence
Ayant participé activement à la rébellion
de l'AFDL (1996), puis à celle du RCD (1998), vu leur armement moderne
fourni par le Rwanda, les Banyamulenge amorceront un processus d'expropriation
des propriétés foncières traditionnelles des tribus
autochtones dans les moyens et les hauts plateaux de Fizi, Uvira et Mwenga
(Itombwe). Ce processus sera cautionné par l'administration
pro-rwandaise du RCD dans une multiplication des entités
politico-administratives illégales.
Néanmoins, le RCD, à travers son chef de
département chargé de l'administration du territoire,
Maître Mudumbi semble avoir donné son aval de manière
directe ou indirecte à cette entreprise d'usurpation. En effet, en
Septembre 1999, par son arrêté
n°001/MJ/DAT/ROUTE/MB/1999 ? Maître Mudumbi créait les
territoires provisoires de Minembwe et Bunyakiri. A la suite de cet
arrêté, les Banyamulenge vont intensifier l'annexion des
propriétés foncières dans les territoires d'Uvira, Fizi et
Mwenga. Ils procédéront également à la
création des entités (localités et groupements)
administratives sur lesquels le Rcd Goma n'avait aucune emprise.
L'arrêté départemental
n°056/ADM-TER-MPJSL/ 2000 du 17 octobre 2000 du RCD avait approuvé,
sans aucune enquête de viabilité préalable, 35 groupements
au profit des immigrés Tutsi à qui fut donné ethniquement
le territoire de Minembwe. Les limites aussi bien que les noms des chefs
traditionnels des ces entités n'étaient pas connues par
l'administrateur de Minembwe nommé par le RCD. Ce dernier n'avait
concrètement aucune emprise sur ces localités. Il estimait dans
son rapport transmis à la division des affaires intérieures du
Sud-Kivu que les localités étaient au nombre de 186, mais que les
noms des chefs de localités n'étaient pas repris faute de
transmission des rapports par les différentes
collectivités88(*).
Il est très étonnant qu'un administrateur ignore les noms de ses
différents collaborateurs alors qu'il se prétend originaire de
Minembwe. En outre, il était incapable d'intimer l'ordre aux chefs de
collectivités pour qu'ils accomplissent leurs obligations
administratives. Il semble que la grande partie des collectivités dont
certains groupements furent illégalement morcelés continuait
à dépendre de l'autorité de la collectivité
estimée légale. Ainsi ces groupements échappaient au
contrôle de l'administrateur de Minembwe.
Le plan d'expropriation aurait débuté dans son
exécution par l'assassinat de l'autorité coutumière
autochtone et de certains de ses collaborateurs par les Banyamulenge.
« Du 17 au 18 juin 1998, le chef Munyaka et ses proches furent
assassinés à Itombwe par les groupes armés
Banyamulenge »89(*). Conséquemment, les milices bembe
s'organisèrent à Itombwe et se mirent à harceler,
militairement aussi bien les milices banyamulenges que les militaires du RCD
(majoritairement Tutsi). Théoriquement, le territoire de Minembwe
englobait les groupements de Basimukindje 1 et 2, de Basimukuma, de
Basimwenda, de Casimunyaka, de Basika-makulu. Les chefs des localités
furent pourchassés par les Banyamulenge et la plupart s'exilèrent
en Tanzanie90(*). Sur le
plan sécuritaire, les conséquences ne se feront pas attendre au
sein du territoire de Minembwe, nouvellement créé par le RCD, le
rapport du territoire de Minembwe 2000 rapporte:
« Cette jeune entité reste confrontée
à des multiples problèmes d'ordre sécuritaire (...)
l'accessibilité par voie routière est pour le moment impossible
(...) à cause des ennemis de la paix qui érigent les
barrières sur la route »91(*)
Nous estimons pour notre part que l'insécurité
dans les hauts plateaux de Fizi et Uvira s'est accrue parce que les
populations autochtones (Bembe, Masanze, Bafuliru, Babwari...), au lieu
d'être sécurisées par les militaires du RCD
(majoritairement tutsi) d'une part, et les différents services de
sécurité que contrôlaient les banyamulenge d'autre part,
ont été exploitées et terrorisées par ces
différents services mono-éthniques. Une telle situation
d'insécurité aurait suscitée de la part des populations
autochtones des réactions insurrectionnelles sans vergogne contre
l'ordre tutsi imposé. Plusieurs personnes que nous avons
interviewées dans le cadre de notre étude estiment que, pour le
rétablissement de la Paix, il faut annuler l'arrêté
créant le territoire de Minembwe92(*).
II.2. LES CAUSES EXTERNES
II.2.1. La prolifération des milices (rebelles) des
pays étrangers
Le territoire de Fizi peut être décrit entre
1998-2000 comme le sanctuaire militaire des rebelles des pays voisins. Il
s'agit principalement des rebelles burundais du CNDD/FDD et quelques
éléments hutu-rwandais hostiles au régime de Kigali.
II.2.1. 1. Les rebelles burundais du CNDD/ FDD
En 1996 les éléments du CNDD/FDD basé
dans les camps des réfugiés hutu du territoire d'Uvira ont
été chassés par les troupes de l'AFDL alliés
à l'armée rwandaise et ougandaise. Les différents
documents administratifs du territoire de Fizi affirment leur présence
entre 1998 et 2000 dans différentes localités et groupements de
ce territoire. Le bulletin d'information du secteur Mutambala ainsi que les
différents autres bulletins des postes d'encadrement administratifs
parle de l'effectivité de cette présence des troupes rebelles des
pays voisins. « Le chef de groupement des Balala-Sud vient de
m'informer qu'en date du 27 juillet 2000, les inciviques FDD en provenance de
Kaseke sont venus piller à Mwandiga »93(*)
II.2.1. 2. Les milices hutu rwandaises
Les milices rwandaises (hutu) dont nous allons parler dans les
lignes qui suivent, précisons-le, ne sont pas tous, forcément des
Interahamwe. Les sources non administratives que nous avons consultées
estiment leur nombre à 700 dont la plupart campait dans la plantation de
feu Maonyesho Kitunda à Kakungu (500 mètres de Kananda)94(*) . Ces milices effectuaient,
selon la même source, des attaques et pillages à Katanga et
autres localités environnantes (Mulongwe, Sebele...) occupées par
le RCD-Goma et ses alliés rwandais. Le compte rendu de la réunion
de sécurité tenu à Fizi le 03 janvier 2000 fait
également mention de la présence des milices hutu rwandaises
alliées aux troupes du Maï - maï Dunia: « La
présence d'un groupe d'infiltrés armés se trouvant
à Nemba, entre 150 et 170 (interahamwe) en provenance de la brousse de
Kalemie/ objectif atteindre le groupe de Dunia à Hewa Bora et
récupérer la piste d'atterrissage »95(*)
II.2.2. La multiplication des opérations militaires des
armées étrangères
II.2.2. 1. L'armée burundaise
Plusieurs documents administratifs attestent la
présence des éléments de l'armée burundaise dans
plusieurs localités du territoire de Fizi (Kazimia, Baraka...)
Au début de la seconde guerre de libération,
certains analystes estimaient que le Burundi n'était pas militairement
impliqué dans les conflits armés en RDC. C'est le cas de Bob
Kabamba et Olivier Lanotte : « Bien qu'avancé par
certains belligérants, aucune implication directe sur le terrain des
forces militaires burundaises, de la Libye ou du Soudan n'a été
trouvée »96(*)
La présence de l'armée burundaise est
attestée dès le déclenchement des hostilités. Le
compte rendu de la réunion de pacification du secteur Ngandja estimait
que les éléments de l'armée burundaise étaient des
milliers le 3 août 1998 à occuper la localité de
Kazimia :
« A cette époque de la prise de Kazimia, il
y avait 27 civils seulement et des milliers de soldats de la force
burundaise »97(*)
Il est certain que cette présence de l'armée
burundaise fut très discrète. Leur implication semble avoir
été plus défensive qu'offensive. Les militaires burundais
menèrent des opérations militaires surtout dans les
localités côtières du territoire de Fizi pour bloquer
d'éventuelles infiltrations des rebelles du CNDD/FDD qui traversaient,
en provenance de Fizi, le lac Tanganyika et se dirigeaient à Rumonge
(Burundi). Les offensives militaires eurent lieu dans certaines de ces
localités côtières : Kazimia, Baraka, Mboko, Yungu.
Voici, à titre illustratif, les noms des quelques
officiers militaires burundais qui eurent à commander des
opérations militaires dans les localités de Fizi à la
tête des troupes importantes :
1. Commandant Dieudonné Dushimagize,
commandant de détachement à Baraka98(*).
2. Lieutenant-colonel Harushimana, Commandant
militaire des opérations à Fizi.
3. Capitaine Nifasha cyprien, commandant de la
compagnie basée à Baraka99(*).
II.2.2.2. L'armée rwandaise
Contrairement à l'armée burundaise dont
l'implication fut limitée; l'armée rwandaise n'occupait pas de
manière permanente les localités de Fizi. Les troupes rwandaises
qui sont intervenues à Fizi avaient leurs bases arrière à
Uvira (Kavimvira), ou venaient directement du Rwanda. Il s'agissait pour
l'armée rwandaise des troupes offensives destinées à
attaquer directement les principales bases militaires des maï-maï et
leurs alliés de circonstance du CNDD/FDD ou encore les milices hutu.
Même si les troupes rwandaises ne s'installaient pas
d'une manière permanente dans les localités de Fizi, il importe
de préciser que le rôle des officiers du l'APR fut très
important au sein des troupes du RCD. Il semble qu'au cours de leurs
différentes offensives contres les positions militaires
Maï-Maï, l'armée rwandaise aurait commis plusieurs
atrocités contre les civils en territoire de Fizi entre 1998 et 2000.
Concluons cette section en reprenant quelques résultats
de nos enquêtes100(*). Plus de 63,3% des personnes interrogées
estiment qu'il faut désarmer toutes les milices et renvoyer
l'armée burundaise et rwandaise du territoire de Fizi. 60% estiment que
l'armée rwandaise est co-auteur du massacre de Makobola. Cette
allégation est reprise par d'autres sources :
« L'hostilité de la population envers les militaires rwandais
et burundais est nettement perceptible ; les guerriers maï-maï
poursuivent le harcèlement des armées d'occupation ainsi que de
celle du RCD. Tandis que les massacres des populations attribués
à ces armées se multiplient »101(*)
CONCLUSION GENERALE
Notre étude sur l'administration publique locale face
à la sécurité des personnes et de leurs biens entre 1998
et 2000 dans le territoire de Fizi, nous a permis, non seulement d'identifier
quelques cas d'insécurité mais aussi, d'analyser d'une
façon plus ou moins détaillée les causes de
l'insécurité et de la persistance de celle-ci dans le territoire
de Fizi.
Notre analyse a nécessité au préalable
une présentation du milieu d'étude (chapitre premier, avec trois
sections). Dans cette présentation monographique, nous avons fait
ressortir l'aspect économique, social et politico-administratif du
territoire de Fizi. Des causes de l'insécurité (Chapitre
deuxième, deux sections) : nous avons déterminé les
causes internes et les causes externes. Pour les causes internes, il s'agit
principalement du potentiel élevé de la violence qui se
déploie dans l'expérience des luttes insurrectionnelles et qui
est encouragée par la fragmentation et / ou la dilution de l'espace
administratif sous le RCD, par la détérioration toujours
croissante des rapports de convivialité entre autochtones et allochtones
en découle comme conséquence immédiate.Quant aux causes
externes, il s'agit principalement de la prolifération des milices (ou
rebelles) des pays voisins (Rwanda et Burundi) et de la multiplication des
opérations militaires des armées étrangères. Les
causes internes et externes sont tellement interdépendantes que toute
subdivision tranchée nous a semblé fallacieuse.
La plupart de nos hypothèses ont ainsi
été confirmées. Toutefois, cette étude ne
prétend pas avoir épuisé la question de la
sécurité à l'Est la république démocratique
du Congo en général et dans le territoire de Fizi en
particulier.Comme suggestions, nous demandons aux autorités
politico-administratives actuelles et à venir d'accorder plus
d'attention aux problèmes sécuritaires du territoire de Fizi en
cherchant les moyens efficaces pour faire participer les populations au choix
de leurs administrateurs d'une part et de promouvoir des décisions
concertées et moins conflictuelles en matière foncière
d'autre part.
Il est également nécessaire de doter
l'administration locale des moyens tous azimuts susceptibles de permettre
à celle-ci d'avoir un contrôle efficace sur les immigrations
frontalières.
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
Ouvrages
1. Benoît VERHAEGEN, Rébellion au Congo,
(T.1), Kinshasa /Bruxelles, Crisp-Ires, 1966, 568 pages.
2. Cosma B., WILUNGULA, « Fizi 1967 - 1986, le
maquis de Kabila », Cahier africain, n°26, Bruxelles /
Paris, Cedaf/ Harmattan, 1997, 136 pages.
3. Charles DEBBASCH, Sciences administratives,
(4ème éd.), Paris, Dalloz, 1980, 841 pages.
4. Isidore NDAYWEL-E-NZIEM, Histoire du Zaïre, de
l'héritage ancien à l'âge contemporain, Bruxelles,
Duculot, 1997, 911 pages.
5. Jacques de BURLET, Précis de droit
administratif congolais, Kinshasa-Bruxelles, Université Lovanium,
Maison Ferdinand Larcier, 1969, 269 pages.
6. Jean-claude WILLAME, « Banyarwanda et
Banyamulenge, violences ethniques et gestion de l'identitaire au
Kivu », Cahier Africain n°25, Paris / Bruxelles,
Harmattan-Cedaf, 1997.
7. Likulia BOLONGO, Droit pénal spécial
zaïrois, (T.1), 2ème éd., Paris, LGDJ, 1985,
600 pages.
8. Mpinga KASENDA, L'administration publique du
Zaïre, impact du milieu socio-politique sur sa structure et son
fonctionnement, Paris, Pedone, 1973, 315 pages.
9. Roger DELVAUX, L'organisation administrative du Congo
belge, Anvers, Ed. Zaïre, 1945, 165 pages.
10. Paul MATHIEU et Jean-Claude WILLAME (Dir.),
« Conflits et Guerres au Kivu et dans la région des Grands
Lacs : Entre tensions locales et escalades régionales »,
Cahiers africains n°39-40, Bruxelles / Paris, Cedaf/ Harmattan,
1999, 218 pages.
Mémoires, TFE et cours
1. Bahone NENDJO, Essai d'analyse de la position Bembe
dans le conflit interethnique suscité par les immigrations tutsi au
Sud-Kivu, Cas du territoire Bembe, Mémoire sciences politiques et
administratives, FSSAP, Université de Kisangani, Kisangani, 1990-2000,
Inédit.
2. Balongelwa M. ESS-ELLAH, La culture, atout ou
contrainte au développement, observation faite en territoire des Babembe
au Sud-Kivu (Zaïre), Mémoire, ISDR-Bukavu, septembre 1995,
Inédit.
3. Birakaheka NJINGA, Histoire politique du Congo,
FSSAP, G2 SPA, Centre universitaire de Bukavu, 1999-2000, cours
inédit.
4. Buyanamali MALIKOPO, L'Etat congolais et son rôle
de maintien de l'ordre public : une étude du dysfonctionnement de
trois unités de la police nationale congolaise, cas du
détachement du Sud-Kivu (1998-2000), TFE, FSSAP, Centre
universitaire de Bukavu, 1999-2000, Inédit.
5. Bwami W'ILANGASHA, Tentative de résolution
pacifique des conflits dans le territoire de Fizi, étude de cas et
perspective, TFE, ISDR-Bukavu, 1998, Inédit.
6. ILUTELO MBOBOCHI, G., Les conflits ethniques et leur
impact en territoire de Fizi au Sud-Kivu (R.D.Congo), TFE, ISDR-Bukavu,
1998, Inédit.
Articles, documents administratifs et autres
1. Collectif LUBUNGA, La cohabitation et la
convivialité dans le territoire de Fizi, Actes du séminaire du
Collectif des ONG de Fizi, novembre 1997.
2. Human Right Watch, L'Est du Congo
dévasté : civils assassinés et opposants
réduits au silence, New York (Vol. 12, n°3 A) mai 2000, 39
pages.
3. Héritiers de la Justice, Situation des droits de
l'homme en RDC, Cas du Sud-Kivu, Rapport, Bukavu, avril 1999.
4. Héritiers de la Justice, Situation des droits de
l'homme en RDC, cas du Sud-Kivu,(une population
désespérée, délaissée et prise en otage),
rapport avril - décembre 2000, Bukavu, 72 pages.
5. ISANGO-IDI-WANZILA, « La présence des
chefs coutumiers dans l'administration territoriale au Zaïre, quelle
opportunité ? » in Zaïre-Afrique,
n°263, Mars 1992, pp.151-161.
6. Léon De SAINT MOULIN S.J., « Histoire de
l'organisation administrative du Zaïre »,
Zaïre-Afrique, n°261, janvier 1992, pp. 29-54.
7. Zone rurale de Fizi, Rapport annul 1972, 1973, 1990,
1991.
8. Zone rurale de Fizi, Rapport succinct de la situation
générale du territoire de Fizi (28 juin au 06 juillet 2000),
7 juillet 2000.
9. Territoire de Fizi, Situation générale de
Fizi, Semaine du 22-29 novembre 1999, 30 novembre 1999.
10. Secteur Mutambala, Bulletin d'information, 24
novembre 1999.
11. Secteur Mutambala, Compte rendu de la Réunion de
sécurité, Baraka, 06 septembre 1999.
12. Secteur Mutambala, Lettre n°
5072/23/B.6/S.M./2000 du 26 février 2000 adressée à
l'administrateur du territoire de Fizi.
13. Secteur Mutambala, Compte rendu de la réunion
de sécurité, Baraka, 06 octobre 1999.
14. Secteur Tanganyika, Bulletin d'information du 22
décembre 1999.
15. Secteur Tanganyika, Bulletin d'information du 18
Octobre 1999.
16. Secteur Tanganyika, Rapport de pacification du 17
janvier 1999.
17. Secteur Tanganyika, Bulletin d'information du 20
février 2000.
18. Poste d'Encadrement Administratif de Baraka, Bulletin
d'information du 12 décembre 2000.
19. Poste d'encadrement administratif Mboko, Rapport
circonstanciel du 07 juillet 2000.
Annexe I
UNIVERSITE DE KISANGANI
Centre Universitaire
Extension de Bukavu
Faculté des sciences sociales
Administratives et Politiques.
QUESTIONNAIRE D'ENQUÊTE
En vue de réaliser un travail de fin d'études
ayant pour titre : « L'administration publique locale face
à la sécurité des personnes et de leurs biens dans la
province du Sud-Kivu » ; nous voulons analyser le
rôle de l'administration locale dans le maintien de la
sécurité des personnes et des leurs biens à la
lumière de la théorie libérale de l'Etat.
Votre contribution nous permettra de compléter les
données à notre disposition et de rendre la présente
étude plus pratique.
Nous vous garantissons l'anonymat. Merci d'avance pour votre
franche et sincère collaboration.
Jean-Luc MALANGO KITUNGANO.
I. IDENTITE DE L'ENQUETE
1. Nom, postnom et prénom :
...................................................................................................................
2. Age et sexe : ....ans ; H / F.
3. Tribu/
Ethnie :........................................................................................ ......
4. Niveau
d'études :.........................................................................................
5. Profession / Fonction :
....................................................................................
II. L'intervention des forces burundaises à
Fizi a:
1. permis de sécuriser les localités de Kazimia,
Baraka et Fizi-centre.
2. permis d'éviter les exactions des militaires du RCD.
3. permis d'éviter les exactions des milices
maï-maï.
4. permis d'éviter les exactions des milices (guerriers)
banyamulenge.
5. provoqué la fuite de la population de Baraka, Kazimia
et Fizi-Centre.
6. provoqué l'insécurité des personnes et
des leurs biens sur le lac Tanganyika.
III. La prise de plusieurs localité (simbi, Kakungu,
Kananda, Mukera, Itota, Kasonge, Kitohula, Kakamba, Mutongachimu, Nundu, Mboko,
Lusenda, et la presqu'ïle d'Ubwari) en 1999 par les milices
mai-mai :
1. a été désapprouvée par la
population (suite aux exactions commises).
2. a été désapprouvée par la
population (suite aux représailles).
3. a été appréciée par les
populations de ces localités car ils assuraient mieux la
sécurité.
4. a été appréciée comme signe de
libration contre les agresseurs.
VI. Qui, pensez-vous, serait auteur :
1. du massacre de Makobola :
a. Militaires du Rcd.
b. les militaires burundais alliés du RCD.
c. les militaires rwandais, alliés au RCD.
d. les milices banyamulenges.
e. les milices mai-mai.
f. les rebelles du CNDD/ FDD ;
2. du massacre de Lusenda :
a. Militaires du Rcd.
b. les militaires burundais alliés du RCD.
c. les militaires rwandais, alliés au RCD.
d. les milices banyamulenges.
e. les milices mai-mai.
f. les rebelles du CNDD/ FDD.
3. Du massacre de Kinyoni :
a. Militaires du Rcd.
b. les militaires burundais alliés du RCD.
c. les militaires rwandais, alliés au RCD.
d. les milices banyamulenges.
e. les milices mai-mai.
f. les milices hutu : interahamwe
g. les rebelles du CNDD/ FDD .
IV. Pour le rétablissement de la paix à Fizi, vous
pensez qu'il faut :
1. Chassez les Banyamulenge.
2. Tuer tous les maï-maï.
3. désarmer les maï-maï.
4. désarmer les milices banyamulenges.
5. Former les milices d'autodéfense populaire issues de
toutes les tribus.
6. Dissoudre le RCD.
7. Diviser le territoire de Fizi en plusieurs territoires.
8. Renforcer les effectifs militaires du RCD et ses
alliés.
9. Mettre en application les accords de Lusaka.
10. Réclamer l'autonomie du territoire de Fizi
(sécession).
11. Elire les autorités politico-administratives
locales.
12. Que les armées burundaises et rwandaises rentrent chez
eux.
13. Que les FDD et les Interahamwe rentrent chez eux.
14. Annuler l'arrêté créant le territoire de
Minembwe.
15. Confirmer l'arrêté créant le territoire
de Minembwe.
16. La récupération du territoire de Fizi par le
gouvernement de Kinshasa.
N.B. : vous pouvez choisir une ou plusieurs
assertions.
ANNEXE II
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
PROVINCE DU SUD-KIVU
TERRITOIRE DE FIZI
POSTE D'ENCADREMENT
ADMINISTRATIF DE BARAKA
Baraka, le 07 juillet 2000
N° 5072/046/B .6/TF/PEAB/2000
Transmis copie pour Information à :
- Monsieur le Chef de Division Provinciale des
Affaires Intérieures du Sud-Kivu à Bukavu.
OBJET : Bulletin d'Information
A monsieur l'Administrateur de territoire de Fizi
à Fizi
Monsieur l'administrateur de territoire,
J'ai l'honneur de vous informer qu'en date du 06 juillet
2000, la population de Mwatembo avait capturée un FDD qui venait de
Kananda.
L'intéressé répond au nom de Manirakiza
Pascal, originaire de Bweru, province de Ruyigi, fils de Manirakiza Sembonikiza
et de Immaculée.
Celui-ci avait quitté Bweru pour le camp de Mutenderi
en Tanzanie où ils ont été recrutés pour subir une
formation militaire à Kananda avec le but de rentrer et attaquer le
Burundi. De leur voyage de Mutenderi à Kanada, ils étaient au
nombre de 100 recrues.
Le jeudi 06 juillet 2000, il était dans une mission de
liaison de Kananda à Katanga où il était
dépêché auprès du commandant Pierre qui se trouvait
à Katanga en mission de déstabiliser Baraka et ses environs.
Ce dernier est gardé par le commandant de
détachement de Baraka.
Mes sentiments civiques et patriotiques.
LE CHEF DE POSTE D'ENCADREMENT ADMINISTRATIF
SUMAILI BAHOME Fidèle
TABLE DES MATIERES
Dédicace
2
Avant-propos
3
PRINCIPAUX CIGLES ET ACRONYMES
4
INTRODUCTION GENERALE
5
I. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESE
5
II. OBJET, CHOIX ET INTERET DU SUJET
6
III. DELIMITATION DU SUJET
7
IV. ETAT DE LA QUESTION
8
V. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE
9
1. METHODES
9
2. TECHNIQUES
11
VI. DIFFICULTES RENCONTREES
11
VII. PLAN DU TRAVAIL
11
CHAPITRE PREMIER : GENERALITES
12
INTRODUCTION
12
SECTION I : DEFINITION DES
CONCEPTS-CLES
13
I.1. ADMINISTRATION PUBLIQUE
13
I.2. NOTION DE SECURITE DES PERSONNES ET DE LEURS
BIENS
14
SECTION II : DE L'ADMINISTRATION
PUBLIQUE DE LA RDC
15
II.1. HISTORIQUE DE L'ADMINISTRATION PUBLIQUE
CONGOLAISE
15
II.2. STRUCTURE ET ORGANISATION DE L'ADMINISTRATION
PUBLIQUE CONGOLAISE
20
SECTION II : ELEMENTS MONOGRAPHIQUES
SUR LE TERRITOIRE DE FIZI
23
III.1. ELEMENTS GEOGRAPHIQUES
23
III.2. ELEMENTS ECONOMIQUES
24
III.3. ELEMENTS SOCIO-CULTURELS
26
III.4.ELEMENTS POLITICO-ADMINISTRATIFS
33
CHAPITRE DEUXIEME : LA SECURITE
DES PERSONNES ET DE LEURS BIENS DANS LE TERRITOIRE DE FIZI (de 1998-2000)
39
Introduction
39
SECTION PREMIERE : EVALUATION DE LA
SECURITE DES PERSONNES ET DE LEURS BIENS (1998-2000).
40
II.1. LES INFRACTIONS LES PLUS COURANTES DANS LE
TERRITOIRE DE FIZI ENTRE 1998 ET 2000
40
II.2. LES CAS D'INSECURITE LES PLUS IMPORTANTS
41
SECTION DEUXIEME : CAUSES DE
L'INSECURITE DES PERSONNES ET DES LEURS BIENS
49
II.1. LES CAUSES INTERNES
49
II.1.1. Le potentiel élevé de la
violence
49
II.1.2. L'expérience des luttes
insurrectionnelles
49
II.1.3. La fragmentation et/ ou la dilution de
l'espace administratif à Fizi sous le RCD.
50
II.1.4. La détérioration des rapports
de convivialité entre autochtones et allochtones.
51
II.2. LES CAUSES EXTERNES
54
II.2.1. La prolifération des milices
(rebelles) des pays étrangers
54
II.2.1. 1. Les rebelles burundais du CNDD/ FDD
54
II.2.1. 2. Les milices hutu rwandaises
55
II.2.2. La multiplication des opérations
militaires des armées étrangères
55
II.2.2. 1. L'armée burundaise
55
II.2.2.2. L'armée rwandaise
56
CONCLUSION GENERALE
57
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
59
Ouvrages
59
Mémoires, TFE et cours
59
Articles, documents administratifs et
autres
60
Annexe I
62
ANNEXE II
64
* 1 La politisation est ici
négative et doit s'entendre selon Otemikongo Mandefu comme
« l'inféodation de l'administration à la politique
(...) au lieu d'être pensée comme subordonnée au politique,
l'administration est non seulement une de ses composantes mais encore son
principe fondateur, don point nodal, l'instrument d'impulsion et de
régulation indispensable à son équilibre et à sa
survie ». Otemikongo Mandefu, « La problématique de
la politisation de l'administration publique zaïroise », in
Zaïre Afrique, n°253-254, mars -avril 1991, p.174.
* 2 Mpinga Kasenda, Paris, A.
PEDONE, 1978, 315 p.
* 3 Buyanamali, M., TFE,
FSSAP/CUB, Bukavu, 1999-2000, Inédit.
* 4 Lapassade, G., et Lourau,
R., cités par Matyabo Asakila, Cours de méthodes de
recherches en sciences sociales, FSSAP, CUB, G2 SPA, 1999-2000,
inédit.
* 5 Staline, J. Cité
par Mulumbati Ngasha , Introduction à la science politique,
Lubumbashi / Kinshasa, Africa, 1977, p. 29.
* 6 Debbasch, C., Science
administrative, Paris, DALLOZ, 1980, p.1.
* 7 De Burlet, J.,
Précis de droit administratif congolais, Kinshasa- Bruxelles,
Université Lovanium, LARCIER, 1969, p. 17.
* 8 Pierre Guiho (Dir.) et al.
Dictionnaire de Droit, Economie et Gestion, Lyon, HERMES, 1994, p.
757.
* 9 De Burlet, J., Op.
Cit., p.17.
* 10 Malikidogo Shakali,
Droit administratif, FSSAP, G2. SPA, Bukavu, Centre Universitaire de
Bukavu, 1999-2000, Cours, inédit.
* 11 Kasenda, M., Op.
Cit., p. 100.
* 12 Debbasch, Op.
Cit., p. 50.
* 13 Idem.
* 14 Idem.
* 15 Debbasch, Op.
Cit., p. 1
* 16 Riggs, cité par
Debbasch, Ibidem.
* 17 kasenda, M.,
Op.cit., p. 204
* Le royaume Kongo avait connu une
brève structuration administrative d'influence portugaise sous le
règne d'Affonso premier qui ne dura que quelques années.
* 18 Birakaheka N.,
Histoire politique du Congo, FSSAP, G2. SPA, Bukavu, Centre
Universitaire de Bukavu, 1999-2000, Cours, inédit.
* 19 Ndaywel-E-Nziem, I.,
Histoire du Zaïre, de l'héritage ancien à l'âge
contemporain, Bruxelles, DUCULOT, 1997, p. 320
* 20 Lire Léon De Saint
Moulin, S.J., « l'histoire de l'organisation administrative du
Zaïre », in Zaïre-Afrique, n°251, janvier
1992. p. 29.
* 21 Delvaux, R.,
L'organisation administrative du Congo belge, Anvers, Ed. Zaïre,
1945, p. 320
* 22 Charte coloniale, in
Moniteur Belge, du 20 octobre 1908. Cette charte fut
votée par la chambre des représentants le 20 août 1908,
par le sénat belge, le 09 septembre 1908 et promulguée par
l'arrêté royal du 18 octobre 1908 et enfin publié dans le
Moniteur belge du 20 Octobre 1908.
* 23 Delvaux, R.,
idem, p. 31.
* 24 Vunduawe-Te -Pemako, La
décentralisation des responsabilité au Zaïre, pourquoi et
comment ? I. l'administration locale du Zaïre de
1885à 1982, in Zaïre-Afrique, n°165, p. 261.
* 25 Isango-Idi-Wanzila,
« La présence des chefs coutumiers dans l'administration
territoriale au Zaïre, quelle opportunité ? » in
Zaïre-Afrique, n°265 (1992), pp. 151-152.
* 26 Léon De Saint
Moulin, Op.Cit., p.48.
* 27 Mpinga Kasenda, Op.
Cit., pp. 204-206
* 28 Mpinga Kasenda,
Ibidem, p. 19.
* 29 La sous administration
désigne, selon Jean Otemikongo, la mauvaise administration, le manque
d'administration, lesquels se manifestent par une implantation partielle des
services administratifs sur un territoire donné. (Séminaire de
pratiques administratives, FSSAP, C.U.B. - Bukavu, G3 SPA, 2000-2001,
Inédit.)
* 30 Vanderlinden, J. ,
(Dir.) Du Congo au Zaïre 1960-1980, Essai de bilan, Bruxelles,
CRISP, 1981, p. 78.
* 31 Isango-Idi-Wanzila,
« Décentralisation territoriale et pratiques centralisatrices
au Zaïre », in Zaïre-Afrique, n° 257 (1991),
pp. 421-437.
* 32 Les différents
services administratifs sont en général :
Administration générale, services juridiques et
de police, services financiers et économiques, services de
l'enseignement et affaires sociales, services d'hygiène et
d'assainissement (...)
* 33 Nous tirons ces
données du mémoire Mashaka Musafiri, l'impact de
l'exploitation artisanale des minerais sur le développement
socio-économique du territoire de Fizi en province du Sud-Kivu (Cas de
la collectivité de Ngandja), TFC, ISDR-Bukavu, 2000, Inédit,
p.4.
* 34 Source : Zone rurale
de Fizi, Rapport annuel 1972, 1973, 1991.
* 35 Il s'agit d'une
première vague d'immigrés qui sera rejointe par des vagues plus
importantes en provenance du Rwanda et fuyant la révolution sociale
Hutu, notamment entre 1959 et 1962.
* 36 Zone rurale de Fizi,
Op.cit., 1991, p.35, voir aussi Mashaka Musafiri, l'impact de
l'exploitation artisanale des minerais sur le développement
socio-économique du territoire de Fizi en province du Sud-Kivu (Cas de
la collectivité de Ngandja), TFC, ISDR-Bukavu, 2000.
* 37 Lire Balongelwa, M.,
La culture, atout ou contrainte au développement, observation faites
en Zone de Babembe au Sud-Kivu (Zaïre), Mémoire de licence en
développement rural, ISDR /Bukavu, 1995, p. 12.
* 38 Verhaegen, B.,
Rébellion au Congo, (Tome1), Kinshasa/Bruxelles, CRISP-IRES,
1966, p. 263.
* 39 Balongelwa, M.,Op.cit.,
p.15
* 40 Moeller et Van Bulck
cités par Benoît Vérhaegen, Idem.
* 41 « Village
famille » est un concept qu'utilise Balongelwa dans la
perspective de fonder des unités de développement à partir
de la dynamique de ces villages familles. (Balongelwa M., La culture, atout
ou contrainte au développement, observation faites en Zone de Babembe au
Sud-Kivu (Zaïre), Mémoire de licence en développement
rural, ISDR /Bukavu, 1995, p. 12 )
* 42 Par religion actuelle nous
entendons le Christianisme dans sa version catholicisme ou protestantisme,
l'Islam et toutes les autres mouvements de religiosités locales telle la
secte d'Amirado ou les domineurs...
* 43 Willame , J-C.,
« Banyarwanda et Banyamulenge, violences ethniques et gestion de
l'identitaire au Kivu » in Cahiers Africains, n°25,
Bruxelles, Paris, L'Harmattan/ CEDAF. p.79.
* 44 Georges Weis, Le pays
d'Uvira, étude de géographie régionale sur la bordure du
lac Tanganyika, Bruxelles, Académie Royale des sciences coloniales,
1959, p.250.
* 45 Birakaheka Njinga,
Histoire politique du Congo, Notes de cours, Deuxième
année de graduat, FSSAP, CUB-Bukavu, 1999-2000, Inédit.
* 46 Mfashingabo, M., Essai
d'analyse du problème de la nationalité des banyamulenge dans la
province du Sud-Kivu, FSSAP, TFE, CUB/ Bukavu, 1998-1999, Inédit.
* 47 Felix Iragaba, La
nationalité au Congo, ses problèmes et conséquences, cas
de banyamulenge, FSSAP, TFE, CUB-Bukavu, 198-1999 , Inédit.
* 48 Territoire de Minembwe,
Rapport Annuel 2000, 10 Février 2001.
* 49 « Le nom
Banyamulenge est resté inconnu et non utilisé par beaucoup de
gens, et même par ses propriétaires du fait que le groupe des
immigrés Tutsi au Sud-Kivu était considéré comme
groupe d'étrangers qui devait rester en dehors de la politique interne.
En 1982, Muhuza Gisaro accède au poste de député et tente
de faire connaître, sans succès, ce pseudonyme devant
désigner une nouvelle ethnie/tribu du Congo. Lire Félix Iragaba,
La nationalité au Congo, ses problèmes et
conséquences, Cas de Banyamulenge, Ibidem, p. 17.
* 50 Zone rurale de Fizi,
Rapport annuel 1972, p.1.
* 51 Idem, p. 12.
* 52 Des plus anciens occupants
après les pygmées qui occupaient déjà les
forêts.
* 53 Territoire de Minembwe,
Rapport annuel 2000, 10 février 2001.
* 54 En effet la
création d'un territoire aux termes de L'O-L. n°82-006 du 25
février 1982, à laquelle le RCD prétendait se
référer, stipule que seul le président de la
République a la compétence de créer un territoire. Or les
territoires de Minembwe et Bunyakiri ont été créés
par un chef de département, rebelle de surcroît.
* 55 Verhaegen, B., Op.
Cit., p. 263.
* 56 Verhaegen, B., Op.
Cit., p. 330.
* 57 Au moment où les
rebelles de Soumialot et de Marandura, un notable d'Uvira, occupent les
territoires de Fizi et Uvira, les populations pastorales de l'Itombwe restent
à l'écart du mouvement et prennent même la fuite (lire
Verhaegen, B., Op. Cit., p. 81.
* 58 Zone de Fizi, Rapport
annuel 1973, p. 15 bis.
* 59 On se souviendra qu'en
1995, le colonel Mandevu, commandant de bataillon de Fizi, sous pretexte que la
foudre s'était abattue sur le dépôts des armes et
munitions, avait vendu des armes à feu (échange contre les
vaches) aux populations Tutsi habitant les hauts plateaux de Fizi.
* 60 Propos de pasteur
Bizimungu, président Rwandais à l'agence de presse Reuters,
Décembre 1996.
* 61 Likulia Bolongo, Droit
pénal spécial zaïrois, (T1) 2è édition,
Paris, LGDJ, 1985, pp. 36-78.
* 62 Koffi A. Annan, La
question de l'intervention, New York, Nations Unies, Janvier 2000, p.1.
* 63 Likulia Bolongo,
Idem, p. 61.
* 64 Il s'agit principalement
des bulletins d'information, rapports circonstanciels, lettres, comptes rendus
des conseils de sécurité des secteurs, postes d'encadrement
administratifs et du territoire.
* 65 Il s'agit des cas
cités par la société civile de Fizi et
particulièrement les ONG et autres asbl collaborant avec l'organisation
de droit de l'homme Héritier de la Justice-Bukavu.
* 66 Pascal Muhindo Mugunda
(auditeur de garnison) interviewé par nous le 30 décembre 2001
à l'auditorat militaire d'Uvira à Uvira.
* 67 On se souviendra que le
commandant surnomé Shetani, exécutant du massacre de Makobola de
décembre 1999, ainsi que ces complices n'ont jamais répondu de
leurs actes devant la justice militaire. Ceci est aussi le cas des responsables
des massacres de Lusenda et de Kinyoni.
* 68 Chiffres cités
par Héritiers de la Justice, Situation des droits de l'homme en RDC,
Cas du Sud-Kivu, Rapport du premier trimestre 1999, pp. 1-3. Le RCD, tout
en reconnaissant « qu'il y a eu bavure à Makobola »
n'avançait aucun chiffre. L'ONG la voix des sans voix basée
à Baraka et Mboko, estimait le nombre des victimes à 814
personnes assassinés lors du massacre de Makobola.
* 69 Les sources
administratives auxquels nous nous sommes référées pour
dresser ce tableau sont :
1. Secteur Tanganyika, Bulletin d'information, 22
décembre 1999.
2. ________________, Bulletin d'information, 18 Octobre
1999.
3. chef de secteur Tanganyika, Rapport de
pacification, 17 janvier 2000.
4. Poste d'encadrement administratif de Baraka, Bulletin
d'Information du 12 décembre 2000.
5. secteur Mutambala, Bulletin d'information, 24 Novembre
1999.
* 70 Il s'agit des
groupements Basimuniaka-Sud, une partie du groupement Basombo
(collectivité secteur de Lulenge) et le groupement Basimukindje
(collectivité secteur de Mutambala),
Cf., territoire de Minembwe, Rapport annuel 2000.
* 71 Le bulletin
d'information du secteur Tanganyika n° 5072/139/B.6/S.T./99 du 18
Octobre 1999
* 72 Territoire de Fizi,
Rapport succinct sur la situation générale du territoire de Fizi
(du 28 juin au 6 juillet 2000), 7 juillet 2000.
* 73 Héritiers de la
Justice, Ibid., p. 21.
* 74 Le message officiel
N° 5072/007/M.G1/TF/99 du 06 avril 1999 de l'administrateur du territoire
de Fizi adressé au gouverneur du Sud-Kivu par voie phonique
démontre que l'armée du Rcd-Goma perdait le terrain :
« Tous les militaires avoir fui jusqu'à Baraka (...) toute
presqu'île d'Ubwari être sous contrôle des mai-mai (...) En
outre, même maï-maï avoir fait offensive et occupe
Sebele-Mulongwe à 15 kilomètre de Baraka vers le sud () ;
Baraka encerclé »
* 75 Secteur MUTAMBALA,
Compte rendu de la réunion de sécurité tenue en date du 06
septembre 1999 à Baraka.
* 76 Ces deux
personnalités politiques du RCD auraient effectué plusieurs
missions de pacification dans le territoire de Fizi, entre le second semestre
de 1999 et le premier semestre de l'année 2000. En date du 20
février 2000, ils étaient arrivés à Baraka dans une
mission officelle de pacification. C'est ce qui ressort de la lettre
n°5072/23/B.6/S.M./2000 du chef de secteur Mutambala datant du 26
février 2000 à l'administrateur de territoire de Fizi.
* 77 Celestin Useni,
Bulletin d'information du secteur Mutambala, juin 2000.
* 78 Territoire de Fizi,
Situation générale de FIzi, Semaine du 11 - 29 novembre
1999, 30 novembre 1999, p. 1.
* 79 Secteur MUTAMBALA,
Compte rendu de la réunion de sécurité, Baraka,
06 octobre 1999, p.1.
* 80 Bob Kabamba et Olivier
Lanotte : « Guerres au Congo-Zaïre (1996-1999), Acteurs et
scénarios, in Mathieu, P., et al., Conflits et Guerre au Kivu et dans la
région des Grands-Lacs : entre tentions locales et escalades
régiionales (Cahiers Africains, n°39-40), Bruxelles
-Paris, Cedaf - Harmattan , 1999, p. 133.
* 81 Cosma B. Wilungula, FIZI
1967-1986 : Le maquis de Kabila (Cahiers Africains n° 26),
Bruxelles-Paris, Cedaf-Harmattan, 1997, p. 118.
* 82 Bob Kabamba et al,
Op.cit., p. 117
* 83 Le RCD a toujours
prétendu être l'autorité légitime dans les
territoires de l'Est de la République Démocratique du Congo sous
son contrôle et en vertu des dispositions du Droit International
Humanitaire : « Les tribunaux du territoire occupé
doivent continuer à fonctionner et à traiter tous les crimes
couverts par la législation nationale ». Crf. Human Right
Watch, L'Est du Congo dévasté: civils assassins et opposants
réduits au silence, New York, Vol. 2, n°3 (A), mai 2000, pp.
33-36.
* 84 Nous savons, à
partir des différents rapports administratifs consultés, des
entretiens et enquêtes auprès des déplacés de Fizi
qui s'étaient réfugiés à Uvira, que
l'administrateur de territoire Eciba Mboko fut très contesté par
la population et ses proches collaborateurs (cas de l'Administrateur adjoint
Misabiko, le commandant militaire du bataillon de Baraka, Milingita Mvano, le
chef de secteur d'Ubwari ) dont certains s'étaient même
autoproclamés administrateurs de crise. En effet, par sa lettre du 09
juillet 1999, Eciba signifie à Abondelwa, chef de service du commerce
extérieur qui s'était autoproclamé administrateur de
crise, qu'il n'a pas le droit de déclarer son poste vacant.
* 85 Bwami W'ilangasha,
Tentative de résolution pacifique des conflits dans le territoire de
Fizi, TFE, ISDR, Bukavu, 1998.
* 86 Bahone Nandjo, Essai
s'analyse de la position bembe dans les conflits interethniques suscités
par les immigrations tutsi au Sud-Kivu, Cas du territoire bembe,
Mémoire SPA, UNIKIS, Kisangani, 1991, Inédit.
* 87 Bwami W'ilangasha,
op.cit, p.36
* 88 Territoire de Minembwe,
Rapport Annuel 2000, pp. 1-2.
* 89 Nous tirons cette
information du mémoire d'Ilutelo Mbobochi, Les conflits ethniques
et leur impact dans le territoire de Fizi au Sud-Kivu (R.D.Congo), TFC,
ISDR-Bukavu, 1998, p.23
* 90 Territoire de
Minembwe, Idem, pp. 2-3
* 91 Territoire de Minembwe,
Ibid.
* 92 Voir le résultat du
questionnaire d'enquête, pages précédentes.
* 93 Secteur Mutambala,
Bulletin d'information du 29 juillet 2000. Le bulletin d'information du Poste
d'encadrement administratif de Baraka du 7 juillet 2000 que nous reproduisons
en annexe rend la présence des rebelles hutu burundais inconstestable en
territoire de Fizi.
* 94 Entretien avec Mme Faila
soeur du feu Maonyesho Kitunda qui a séjourné à Kakungu
entre 1995 et 1999, entretien réalisé par nous à Uvira le
28 décembre 2000.
* 95 Territoire de Fizi,
Compte rendu de la réunion de sécurité tenu à
Fizi, 03 janvier 2000, pp. 1-3.
* 96 Bob Kabamba et Olivier
Lanotte, « Guerres au Congo-Zaïre (1996-1999), acteurs et
scénarios, in Matthieu P., et Al., Conflits et guerre au Kivu et
dans la région des Grands Lacs : entre tentions locales et
escapades régionales, p.99
* 97 Secteur Ngandja ,
idem., pp. 1-2.
* 98 Données
tirées du Compte rendu de la réunion du conseil de
sécurité tenue le 29 février 2000 à Baraka, par le
CPEA de Baraka à laquelle ce commandant pris part.
* 99 Données
tirées du compte rendu de la réunion du conseil de
sécurité tenue le mercredi 12 août 2001 par Mabwe Lucien,
administrateur résidant à Kazimia. Ces deux officiers burundais y
prirent part.
* 100 Questionnaire
d'enquête en annexe.
* 101 Emmanuel Lubala,
« L'émergence d'un phénomène résistant au
Sud Kivu (1996-2000) in Afrique des Grands Lacs, Annuaire 1999-2000, (
Sous la direction de F. Reyntjens et S. Marysse), Paris, l'Harmattan, 2000, p.
190.
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