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La femme dans la diplomatie de la CEMAC


par Simon Pierre Boris EBANGA
Université de Yaoundé 1 - Master en Histoire des Relations Internationales 2020
  

Disponible en mode multipage

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Aux membres de ma famille, particulièrement :

- Suzanne Ngah Onana, ma grand-mère ; - Justine Nathalie Ebéné, ma mère ;

- Justine Corine Ebéné, ma petite soeur.

SOMMAIRE

ii

REMERCIEMENTS iii

SIGLES, ACRONYMES, ABREVIATIONS iv

LISTE DES ILLUSTRATIONS vi

RESUME viii

ABSTRACT ix

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE I :PRESENTATION DE LA FEMME EN AFRIQUE CENTRALE ZONE

CEMAC 28

A. RAPPEL HISTORIQUE 29

B. LA CREATION DE L'UDEAC ET LA PLACE RESERVEE AUX FEMMES 38

C. L'AVENEMENT DE L'ORGANISATION INTERNATIONALE SOUS REGIONALE LA

CEMAC 46
CHAPITRE II : LE ROLE DE LA FEMME AU SEIN DE L'ORGANISATION

INTERNATIONALE SOUS REGIONALE LA CEMAC 54

A. LES LEGISLATIONS EN FAVEUR DES FEMMES DANS LA CEMAC 54

B. DE LA CONTRIBUTION DIPLOMATIQUE DE LA FEMME 66
M

C. LES MOYENS D'ACTION DE LA FEMME DANS LA CEMAC 92
CHAPITRE III : LES LIMITES A L'ACTION DIPLOMATIQUE DE LA FEMME AU SEIN

DE LA CEMAC 101

A. LA CONJONCTURE COMMUNAITAIRE ET LES LOIS DEFAVORABLES AUX SOMMAIRE

FEMMES 101

B. LES PROBLEMES GENERAUX A LA LIBRE CIRCULATION 113

C. AUTRES FORMES DE DIFFICULTES 117
CHAPITRE IV : BILAN DE LA CONTRIBUTION DIPLOMATIQUE DE LA FEMME AU SOMMAIRE

SEIN DE L'ORGANISATION INTERNATIONALE SOUS REGIONALE LA CEMAC 120

A. DES REALISATIONS DIPLOMATIQUES DE LA FEMME DANS LA CEMAC, ENJEU

DE SA PRESENCE DANS LES POSTES DE RESPONSABILITE 120

B. L'IMPACT DES REALISATIONS DIPLOTIQUES DE LA FEMME DANS LA

SOMMAIRECEMAC ..134

C. DES PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE PROMOTION DE LA FEMME DANS

LA CEMAC 137

CONCLUSION GENERALE 147

SOMMAIREANNEXES 152

SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 174

TABLE DES MATIERES 187

iii

REMERCIEMENTS

Arrivée au bout de cette recherche qui n'a pas été un long fleuve tranquille, c'est l'occasion de manifester la gratitude à tous ceux qui ont, de près ou de loin, permis la réalisation de ce mémoire.

Nos profonds remerciements s'adressent tout d'abord au directeur de mémoire, le Pr. Robert Kpwang Kpwang dont l'expérience et le dévouement ont permis de mener ce travail à terme.

Notre gratitude va également à l'endroit de tous les enseignants du Département d'Histoire de la Facultés des Arts, Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Yaoundé I qui, par leur disponibilité, ont contribué à notre formation actuelle.

Cette même gratitude est exprimée aux responsables des différents centres de SOMMAIRE

documentation, aux Diplomates des ambassades, notamment Julie-Diane Djambo Benita, Conseiller Economique et Commercial à l'Ambassade du Gabon au Cameroun dont la collaboration a permis de mieux comprendre la situation de la femme au Gabon. Aux SOMMAIRE

fonctionnaires de la Représentation de la CEMAC au Cameroun notamment Julien Ticky, Expert Principal aux questions institutionnelles qui a été attentionné à nos préoccupations et a mis à notre disposition, des documents adéquats sur ce thème. A Nicolas Marie Gaspar Messi, Assistant de la Représentante de la CEMAC au Cameroun qui nous a permis de bénéficier de l'accès à la Bibliothèque de la Représentation de la CEMAC. Aux cadres du Ministère des relations extérieures, notamment Mebounou Marcelline, chef de service à la Sous-direction des affaires d'Afrique qui a manifesté beaucoup d'intérêt à ce travail, à travers la réponse à notre

SOMMAIRE

questionnaire.

Nos reconnaissances vont aussi à l'endroit du Pr. Essomba Leka du Département de Sociologie, pour ses corrections apportées à ce SOMMAIRE travail et le Dr. Edith Valéry Ndjah Etolo pour sa documentation. Au Dr. Jean Léonard Thierry Mbassi Ondigui pour sa documentation et ses multiples corrections dans ce travail. Ainsi, qu'au Dr. Cyrille Aymard Bekono donc la contribution à ce travail a été importante.

SO

Nous portons aussi nos remerciements à nos oncles Charles Essomba et François Ekani, qui part leur apport matériel, ont contribué à la réalisation de ce travail.

Ils sont encore nombreux ceux dont les noms ne figurent pas ici, et à qui nous disons SOMMAIRE

merci pour leur apport de près ou de loin dans ce travail.

SIGLES, ACRONYMES, ABREVIATIONS

iv

AEF : Afrique Equatoriale Française

BAD : Banque Africaine de Développement

SOM

CCPAC : Comité des Chefs de Polices d'Afrique Centrale

CEDEF : Convention sur l'Elimination de toutes les formes de Discrimination à

l'Egard des Femmes

CEEAC : Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CER : Communauté Economique Régionale

SOM

CPAC : Comité des Pesticides d'Afrique Centrale

CRUROR/AC : Conférence des Recteurs des Universités et des Responsables

des Organisations de Recherche en Afrique Centrale.

O

EIED : Ecole Inter-Etat des Douanes

ENAM : Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature

ESIJY : Ecole Supérieure Internationale de Journalisme de Yaoundé

ESSTI : Ecole Supérieure des Sciences et Technique de l'Information

ESSTIC : Ecole Supérieure des Sciences et Technique de l'Information et de la

Communication

S

FERDI : Fondation pour les Etudes et Recherches sur le Développement

International

ISSEA : Institut Sous Régionale de Statistique et d'Economie Appliquée

LIEAP : Laboratoire Inter-Etats d'Analyse des Pesticides et de Contrôle de

SOMMAIRE

Qualité des Aliments en Afrique Centrale

MINREX : Ministère des Relations Extérieures

MINUSCA : Mission multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la

Stabilisation en Centrafrique

OCEAC : Organisation de Coordination de lutte contre les Endémies en Afrique

Centrale

ONU : Organisation des Nations Unies

OUA : Organisation de l'Unité Africaine

PER : Programme Economique Régional

v

PIDESC : Pacte International Relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels

PPCA/CEMAC : Promotion de la Pêche Continentale et de l'Aquaculture de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

RCA : République Centrafricaine

RDC : République Démocratique du Congo

REFAC : Réseau des Femmes Actives de la CEMAC

SADC : Communauté de Développement des Etats de l'Afrique du Sud

SDN : Société des Nations

SJ-CEMAC : Synergie Jeune de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

TSS1 : Technicien Supérieur de la Statistique niveau 1

UDE : Union Douanière Equatoriale

UDEAC : Union Douanière Economique de l'Afrique Centrale

UEAC : Union Economique d'Afrique Centrale

UMAC : Union Monétaire d'Afrique Centrale

VIH-SIDA : Virus Immunodéficience Humaine- Syndrome Immunodéficience Acquise

LISTE DES ILLUSTRATIONS

vi

1. Liste des figures

Carte 1 : Représentation géographique des pays de la CEMAC 6
Carte 2 : Représentation géographique de la CEMAC et limites frontalières des Etats

membresSOMMAIRE 47
Graphique 1 : Taux de croissance du PIB réel dans les pays de l'Afrique centrale de

2010 à 2012 ..104

2. Liste des tableaux

Tableau 1 : Les responsables de l'UDEAC en 1977 43
Tableau 2 : Le personnel féminin de la comptabilité agréé par le Secrétariat de l'UDEAC 1977

SOMMAIRE

et 1988 .45

Tableau 3 : Ratification de la CEDEF par les pays de la CEMAC .55

Tableau 4 : Ratification du PIDESC par les pays de la CEMAC ...56

SOMMAIRE

Tableau 5 : Ratification de la charte africaine des droits de l'homme et des peuples par

les Etats de la CEMAC 57

Tableau 6 : Personnel féminin au PPCA/CEMAC en 2012 ..78

Tableau 7 : Liste des étudiants filles inscrits dans la filière TSS1 pour l'année académique 2007

2008 à l'ISSEA 85

Tableau 8 : Le Personnel enseignant féminin de l'ISSEA de toutes les filières confondues en

2017 86
Tableau 9 : Quelques professionnels libéraux agréés de la Fiscalités (CF/SCF) par la Sous-Commission des Affaires Fiscales de la CEMAC à Ndjamena le jeudi 26 octobre

2017 ..125

SOMMAIRE

Tableaux 10 : Le personnel féminin dans la direction de l'EHT- CEMAC de 2008

à 2011 .127

Tableau 11 : Quelques fonctionnaires féminins du CPAC de 2014 à 2017 .....128

Tableau 12 : Le Personnel enseignant féminin de l'ISSEA de toutes les filières confondues en

2017 ..129

Tableau 13 : Quelques femmes de 2010 à 2013 au sein de l'EIED 130

vii

Tableau 14 : Responsables féminins du REFAC de cinq pays de la CEMAC .133

3. Liste des photos

Photo 1 : Les premiers dirigeants du Secretariat de l'UDEAC à la Commission de la

CEMAC 44
Photo 2 : La représentante du Tchad Mahadie Outhman Issa, Secrétaire d'Etats aux infrastructures et aux transports à la 20ème réunion du Collège de la Surveillance

multilatérale de la CEMAC, Douala les 16-17 décembre 2010 ..70
Photo 3 : Conférence débat sur la fluidification des échanges en zone CEMAC lors de la

FOTRAC 2016 ..71

Photo 4 : Les produits de l'agriculture vivrière dans la CEMAC à Kyé-Ossi .75

Photo 5 : Surcharge d'un pick-up pour faire face à l'augmentation des coûts de

douanes 76

Photo 6 : Etang de Mitone à la Lambarene, Antenne du PPCA/CEMAC au Gabon .....79

Photo 7 : Le poisson dans un Stand lors de la Foire Transfrontalière de juin 2016 79

Photo 8 : Les produits agricoles de la Guinée Equatoriale exposés à la FOTRAC 2016... 81

Photo 9 : Equipe de football féminine tchadienne de la coupe CEMAC 90

Photo 10 : Les produits artisanaux féminins à la FOTRAC 2016 91

Photo 11 : L'entrepreneuriat cosmétique féminin équatoguinéen à l'honneur à la foire

de 2014 ..91
Photo 12 : Les miss présentées au stade d'Ebébiyin lors de la foire transfrontalière

de 2016 ..92

Photo 13 : Les jeunes dans le processus d'intégration sous régionale ..94

Photo 14 : Le discours de la Représente de la CEMAC au Cameroun lors de la 4ème édition de

la journée CEMAC 95
Photo 15 : Rosario Mbasogo Kung Nguidang, ancienne et première femme Vice-présidente de

la Commission de la CEMAC de 2012 à 2017 .123
Photo 16 : Fatima Haram Acyl, actuelle Vice-président de la Commission de la CEMAC depuis

2017 .124

RESUME

viii

Le présent travail sur "Le rôle de la femme dans la diplomatie de la CEMAC 19642017", est une étude qui a pour objectif de montrer la contribution de la femme dans la SOMMAIRE

dynamique diplomatique des Etats pour la construction de la CEMAC. Présenter les circuits et logiques d'ascension des femmes au sein de cette institution, ressortir le niveau de visibilité et la teneur du travail effectué par les femmes dans cette homogénéité spatiale, tout en relevant SOMMAIRE

les difficultés auxquelles elles font face et ressortir les pistes pour améliorer la représentativité de la femme au sein de cette communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale.

Pour mener à bien cette recherche, l'on a adopté une méthode à la fois qualitative à travers l'analyse minutieuse des sources écrites, des témoignages oraux et quantitative à travers l'utilisation des tableaux statistiques, de diagramme. C'est ainsi qu'ont été combinées des méthodes diachronique et analytique, sans oublier la pluridisciplinarité dont met en exergue ce travail. De ces multiples investigations il ressort que la femme a commencé à jouer un rôle en

SOMMAIRE

Afrique centrale, depuis la période précoloniale même si ce rôle était moins considérable que celui de l'homme. Cependant, avec l'arrivée du colonisateur, la femme est reléguée au second rang car c'est l'homme qui est au-devant de la scène à travers des multiples tâches difficiles SOMMAIRE

qu'il accomplies auprès des colonisateurs. C'est ainsi que lors de la période de décolonisation des territoires, les femmes vont s'insurger contre cet ostracisme, et porteront une main forte pour la libération de leurs territoires. Accéder à l'indépendance, les pays de cet espace SMMR

géographique manifestent la volonté de s'unir, c'est dans ce sens que naît l'UDEAC.

A partir de là, les femmes ne sont pas en reste même si elles sont minoritaires dans les postes de responsabilité. Toutefois, avec la décennie de la femme lancée à partir de 1975 lors de la conférence féministe de San Francisco, nombreux Etats africains introduisent ce SOMMAIRE

programme dans leur agenda. En 1994, la CEMAC remplace l'UDEAC par le Traité de Ndjamena du16 mars, cela permet à cette Institution de dépasser le cadre simple de la douane, en introduisant le volet économique et monétaire, sans oublier les volets politique et social. SOMMAIRE

Cependant, c'est dans les années 2000 que la femme est réellement déployée au sein de cette Institution en occupant de nombreux postes tant au sein des Organes, des Institutions spécialisée que des groupes d'association, ceci grâce à son dynamisme avéré. Cependant, il est noté une insuffisance des textes juridiques dans cette institution qui promeuvent la femme. Pour pallier

SOMMAIRE

à cela, la CEMAC à travers le Programme Economique Régional lancé en 2011, a introduit la question genre dans ses objectifs à atteindre d'ici 2025.

ix

ABSTRACT

This work on "The role of women in the diplomacy of CEMAC 1964-2017", is a study which aims at showing the contribution of SOMMAIREwomen in the diplomatic dynamics of States for the construction of CEMAC. It also portrays the circuits and logic of the ascent of women within this institution, highlights the level of visibility and the content of the work done by women in this spatial homogeneity, while noting the difficulties they face and suggests ways

SOMMAIRE

to improve the representativeness of women within this economic and monetary community of Central Africa.

To carry out this research, we have used qualitative method through careful analysis SOMMAIRE

of written sources, oral testimonies and quantitative method through the use of statistical tables and diagrams. This is how diachronic and analytical methods were combined, without forgetting the multidisciplinarity which this work highlights. From these multiple investigations, it appears that women have started playing a role in Central Africa since the pre- colonial period even if this role was less considerable than that of men. However, with the arrival of the colonizer, women were relegated to second role because men were at the forefront through the multiple difficult tasks that they accomplished with the colonizers. This

SOMMAIRE

is how, during the period of decolonization, women rebelled against this ostracism, and took part in the liberation of their territories. Once their independence has been achieved, countries of this geographic area showed their desire to unite, it is in this sense that UDEAC was born.

SOMMAIRE

From that moment, women have not been outdone even if they are not many occupying positions of responsibility. However, with the decade of women launched in 1975 at the feminist conference in San Francisco, many African states have been putting this program SOMMAIRE

on their agenda. In 1994, CEMAC replaced UDEAC with the Treaty of Ndjamena of March 16, this allowed this Institution to go beyond the simple customs framework, by introducing the economic and monetary component, without forgetting the political and social components too. However, it was in the 2000s that women were really represented in this Institution, occupying numerous positions both within the Organs, Specialized Institutions and association groups, thanks to their proven dynamism. Nevertheless, there is an insufficiency of the legal texts in this institution which promote the empowerment of women.

SOMMAIRE

To sort it out, CEMAC through the Regional Economic Program launched in 2011, has introduced the gender issue into its goals to be achieved by 2025.

INTRODUCTION GENERALE

1

1. Contexte et justification du sujet

Cette recherche porte sur "Le rôle de la femme dans la diplomatie de la CEMAC 19641999". L'Afrique a connu des épreuves douloureuses de domination, de l'esclavage à la colonisation. Des épreuves auxquelles vont s'ajouter la Première et la Deuxième guerre mondiale. C'est ainsi que, longtemps qualifiée de continent ténébreux, l'Afrique est restée

SOMMAIRE

ignorer dans les relations internationales, considérée comme un objet. L'on ne saurait faire exempt du syndrome de Berlin qui a amplifié la dislocation anarchique des territoires africains1. Cependant, après la Première Guerre mondiale, est créée la Société des Nations (SDN) le 20 SOMMAIRE

janvier 1920 pour maintenir la paix et la sécurité internationale. Promesse à laquelle elle ne tiendra pas. Ayant ainsi échoué à sa mission avec l'éclatement de la Deuxième Guerre mondiale, la SDN n'a plus eu lieu d'être. Ce qui avait conduit à la création de l'Organisation des Nations Unies (ONU) à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, pour poursuivre et innover les objectifs de l'organisation précédente. Par ailleurs, durant la Deuxième Guerre mondiale, les problèmes des colonies se posent avec acuité, surtout la volonté des peuples africains de s'affranchir. C'est ainsi qu'au lendemain de ce deuxième conflit international, les Africains

SOMMAIRE

manifestent massivement de s'autodéterminer afin de contribuer eux-mêmes à l'amélioration de leurs conditions de vie.

Dans cette initiative, plusieurs territoires africains accédèrent à la souveraineté SOMMAIRE

internationale dans les années 19602. Cette accession au nouveau statut d'Etats souverains donne aux populations africaines et à leurs dirigeants, outre la liberté et le droit à l'autodétermination, de nouvelles obligations qui étaient celles de prendre eux-mêmes leur SOMMAIRE

avenir en main3. C'est ainsi qu'au lendemain de leur accession à l'indépendance, les Etats africains se dessinent un projet de vivre ensemble. Cependant, la création de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en 1963 pour le processus d'intégration de l'Afrique a laissé paraître

M

deux thèses, par rapport à l'unité africaine : celle de la supranationalité relative au bloc de Casablanca et celle d'une union progressive du bloc Monrovia. C'est ainsi que la thèse prônant

1 A. Bathili, "La conférence de Berlin 1985 : causes et conséquences", in Aujourd'hui l'Afrique, n°31-32, Centenaire de la Conférence de Berlin (1884-1885).

2 M. Cornevin, Histoire de l'Afrique Contemporaine : de la deuxième guerre mondiale à nos jours, Paris, Payot, 1979, pp.210-263.

3 V. Faka, "La BAD et le développement socioéconomique du Cameroun entre 1972 et 2010", Mémoire de master

en histoire, Université de Yaoundé I, 2017, p.1.

SO

4 M.T. Zézé Kalonji, Dictionnaire des organisations interafricaines, lexique et textes, Paris, Edition Girof, 1997, p.104.

2

une intégration progressive va rayonner. Cela conduira à la création des homogénéités spatiales sous régionales à l'instar de la CEMAC.

Les pays de l'Afrique centrale ont très tôt pris conscience de l'intérêt que représente l'intégration régionale comme facteur de renforcement de leurs relations. Avant les indépendances, la République Centrafricaine, la République du Congo, le Gabon et le Tchad constituaient une géoéconomique intégrée, sous l'appellation de l'Afrique Equatoriale Française (AEF). Le 29 juin 1959, ces pays créent l'Union Douanière Equatoriale (UDE). Devenus autonomes puis indépendants en 1960, ils optent pour le renforcement de leur union douanière. En 1962, le Cameroun s'associe à l'UDE et le 8 décembre 1964, les chefs d'Etats de ces cinq pays signent à Brazzaville le traité instituant l'Union Douanière Economique de l'Afrique Centrale (UDEAC), confirmant ainsi un processus de regroupement entamé sous la période coloniale. Dans le but de redynamiser leurs relations, ces pays créent la CEMAC dont le but est de parachever le processus d'intégration économique et monétaire dans les Etats membres de l'Union Douanière et Economique de l'Afrique centrale4. Toutefois, la coopération entre ces Etats au sein de cette institution résulte des négociations et de la signature des accords diplomatiques, que ce soit dans le domaine politique, économique ou socioculturel.

Depuis des décennies, les questions de genre et d'égalité s'opposent avec acuité dans le monde en générale et en Afrique centrale en particulier. Cela se justifie par l'introduction de la décennie de la femme par l'Organisation des Nations Unies (ONU) à partir des années 70. Question prise en compte par les Etats, ce qui justifie la forte présence des femmes au sein des différents postes administratifs, tant dans les structures nationales qu'internationales. D'où ce thème sur la femme dans la CEMAC.

2. Raisons de choix du sujet

Notre préoccupation dans le cadre de cette étude est de soutenir un mémoire sur le thème "le rôle de la femme dans la diplomatie de la CEMAC 1964-2017". Le choix d'un sujet de recherche participe de la complexité de la discipline historique. Toutefois, ce choix relève une certaine subjectivité légitime puisque dans la logique des fondateurs de l'école des Annales, l'historien doit lui-même fabriqué ses faits sans plus attendre qu'on les lui serve. Toutefois, nous notons que ces raisons peuvent être de plusieurs ordres. Dans cette étude, sont relevées des raisons d'ordre scientifique.

5 F. Virgili, "L'Histoire des femmes et l'histoire des genres aujourd'hui", in Revue d'histoire vingtième siècle, n° 20, Paris, 2002, p.6.

3

L'invisibilité comme sujet historique est ancienne et l'existence de quelques travaux de femmes ou sur les femmes ne contredisent point ce silence. C'est ainsi que les premières recherches sur les femmes, verront le jour, même si elles sont l'oeuvre des auteurs engagés dans le mouvement féministe (Jeanne Bouvier, Léon Abensour, Édith Thomas, etc.), qui sont tous restés marginalisés5. Raison pour laquelle l'histoire des femmes ou sur les femmes sera plus tard assimilée au féminisme.

L'histoire des femmes est aussi une histoire sociale, celle de l'arrivée des femmes diplômées, candidates à des postes jusque-là détenus par les hommes. Les femmes ont beaucoup milité, bousculant ainsi les habitudes et les pratiques. Ainsi il y a eu la nécessité de donner la parole aux femmes. Elles ont bravé les échelons, d'autres au gré de leur vie pour atteindre un seuil dans la société d'où leur présence dans la relation entre Etats au-delà des frontières nationales de nos jours. Ce qui ressort du rôle de ces dernières au sein de la CEMAC.

Après plusieurs lectures sur le rôle des femmes dans des regroupements régionaux, sous régionaux (en Afrique), il s'est avéré un vide scientifique sur les femmes dans la CEMAC. Ce qui a suscité une interrogation, celle de savoir si cela est issu des stéréotypes et conjectures qui ont longtemps miné la femme, l'astreignant à travailler dans un seul cadre qui est celui national alors que le travail au-delà des frontières nationales a toujours connu la suprématie masculine. Ainsi, il est devenu fascinant d'écrire sur les femmes dans la CEMAC afin d'apporter cette modeste contribution sur le travail scientifique qui existait déjà sur elles dans cet espace géographique. Afin de démontrer que les femmes sont de nos jours innombrables dans le monde scientifique et il est scientifiquement ingrat de denier leur activisme pour l'évolution du monde dans tous ses aspects.

En sus, l'on a été motivé du travail sur la femme à partir de l'observation faite sur plusieurs travaux scientifiques en histoire et en sociologie. Il y a eu un constat selon lequel, la multitude de travaux scientifiques en histoire traite spécifiquement soit des faits, des événements ou ils sont basés sur les hommes et difficilement sur la femme. En parallèle avec la sociologie, c'est dans cette discipline que beaucoup de travaux portent sur la femme, si non sur le genre. Il est donc novateur que l'on porte une étude sur la femme en histoire et surtout dans le cadre de la diplomatie multilatérale, pour sortir du conformisme scientifique, de la masculinité disciplinaire car l'évolution globale de la science n'a point besoin de différence entre les sexes.

4

3. Cadre géographique et chronologique

Tout travail scientifique se situe dans le temps et dans l'espace. Chaque fait, chaque événement ou chaque Homme est retraçable en fonction du temps et de l'espace.

Délimitation chronologique

Selon Fernand Braudel, tout travail historique décompose le temps révolu, choisit entre ses réalités chronologiques selon les préférences plus ou moins conscientes6. Tout travail historique doit s'articuler sur un acrotère chronologique bien établit. Il ressort que le déterminant chronologique est indispensable dans l'historiographie. Cela se laisse voir avec cette pensée de Claude Lévi-Strauss "il n'y a pas d'histoire sans date (...) si les dates ne sont pas toute l'histoire, ni le plus intéressant dans l'histoire, elles sont ce à défaut de quoi elle-même s'évanouirait, puis que toute son originalité et sa spécificité sont dans l'appréhension de l'avant et de l'après..."7 Ce qui permet à Joseph Ki-Zerbo de réitérer que, "l'historien qui veut remonter le temps sans repère chronologique ressemble au voyageur qui parcourt dans une voiture sans compteur, une piste sans bornes kilométriques"8. C'est donc une interpellation, de toujours prendre en compte les zones, les faits et les dates qui représentent une réalité dont la nécessité n'est plus à démontrer en science historique9. Allant de ce postulat, cette étude couvre la période de 1964 à 2017.

La première date 1964 correspond à la création de l'UDEAC. Dès 1959, les pays de l'Afrique centrale manifestent une volonté de mettre sur pied une entité géoéconomique intégrée car les indépendances sont proches. C'est ainsi que le 8 décembre 1964, les chefs d'Etat de ces pays signent le traité instituant l'UDEAC. Le choix de la borne inférieure 1964 n'est pas synonyme d'une étude comparative entre l'UDEAC et la CEMAC, étant donné qu'il s'agit d'une même organisation dont les enjeux ont juste été innovés et qui a changé de dénomination. Il s'agit plutôt de remonter le temps pour mieux comprendre l'évolution de ladite Communauté.

La date intermédiaire qui n'est pas moins importante dans notre travail est 1994. Elle correspond à la date de la signature du traité instituant la CEMAC qui vient relever les défis de l'UDEAC et innover dans les objectifs.

6 F. Braudel, Ecrits sur l'histoire, Paris, Edition Flammarion, 1969, p.44.

7 A. Prost, Les douze leçons sur l'histoire, Paris, Le Seuil, 1996, p.101.

8 J. Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique Noire d'hier à demain, Paris, Hatier, 1972, p.16.

9 H. Bahoken Bekona, "Les élections parlementaires dans la région du Mbam au Cameroun : Essai d'analyse historique de 1946 à 1992", Mémoire de master en histoire, Université de Yaoundé I, 2010, p.11.

5

La dernière borne chronologique est 2017. Elle renvoie à l'année de nomination de la deuxième femme au poste de Vice-présidente à la Commission de la CEMAC, la Tchadienne Fatima Acyl Haram, poste qu'elle occupera jusqu'en 2021. Alors que la première femme de nationalité équatoguinéene, Rosario Kung Mbasogo l'avait déjà occupé de 2012 à 2017. Par ailleurs, cette date représente une sorte de bilan à mi-parcours des femmes de cette sous-région voilà pourquoi le choix a été porté d'étendre l'étude jusqu'à cette date.

Délimitation géographique

Le cadre géographique de l'étude est la sous-région d'Afrique centrale politique, avec une superficie de plus de 3020144 km2. Elle est composée de six Etats membres dont le Cameroun, le Congo Brazzaville, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine et le Tchad. Parmi ces pays, seuls le Tchad et la République Centrafricaine sont des pays continentaux10. Le Cameroun est le seul pays qui dispose des frontières avec tous les autres pays membres de la CEMAC. Il joue également le rôle d'interface avec l'espace ouest-africain. Historiquement, le Cameroun est considéré comme la locomotive économique et politique de la sous-région, même si ce leadership est parfois contesté. De manière générale, les situations se présentent différemment dans ces pays de la CEMAC. On peut donc, en fonction de la délimitation spatiale, ressortir le contexte politique et socioéconomique de ces pays.

D'une façon générale, le climat politique en zone CEMAC se caractérise par des coups d'Etats ou des tentatives, des conflits internes et transfrontaliers, des mutineries à répétition, des élections sources de violences et de contestations, la situation des droits de l'homme sujette à controverse. Certains Etats de cette Organisation sous régionale n'accordent suffisamment d'importance à leurs relations politiques au sein de la communauté. Ce qui explique l'absence avérée à plusieurs rencontres organisées, des chefs d'Etats de ces pays d'où l'expression de "diplomatie de la chaise vide"11.

De même, les économies des Etats de la CEMAC présentent une ambigüité. D'une part, une très forte disponibilité des ressources et d'autre part, un rythme de croissance apathique. Cela est parfois dû à la précarité des infrastructures mais également à une politique d'attraction

10 Les pays continentaux sont des pays qui n'ont pas accès à la façade maritime.

11 A. Sommo Pende, "l'intégration sous régionale en zone CEMAC à l'épreuve de la liberté de circulation des biens et des personnes", Mémoire de master en Gouvernance et politique publique, Université catholique d'Afrique centrale, 2010, p.30.

6

des investissements peu efficaces. Le principe de libre circulation des personnes et des biens, l'un des piliers de la communauté, est loin d'être vécu dans les faits12.

Carte 1 : Représentation géographique des pays de la CEMAC.

Légende

Frontières nationales

Espace CEMAC

Les Cours d'eaux

Et les îles

Source : Livre Blanc de la CEEAC et de la CEMAC, 2014, p.21.

12 Sommo Pende, "l'intégration sous régionale en zone CEMAC ...", p.7.

7

4. Définition des concepts

L'étude des concepts est une étape cruciale dans l'analyse profonde d'un sujet. Cette étape permet d'élucider certains mots clés du sujet. Elle permet de lever l'amphibologie sur la complexité et l'ambiguïté de certains mots en fonction de l'étude, afin de rendre clair les tours et contours du travail et éviter tout amalgame relative aux concepts. Ce qui incombe l'affirmation de Grawitz selon laquelle "le concept est un élément indispensable de toute recherche" 13.

De fait, une démarche scientifique doit s'appuyer sur un cadre conceptuel solide qui constitue la fondation de l'analyse. C'est ici le lieu d'éviter toutes confusions au sujet, de la polysémie des termes et leurs divers champs d'application qui pourraient constituer un obstacle pour le chercheur. Celui-ci doit absolument circonscrire sa recherche en définissant clairement les termes clés de son étude. Durkheim insistait ainsi sur le fait que "la première démarche du chercheur doit donc être de définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question". Car "c'est en raffinant les concepts que l'on améliore le caractère opérationnel de la méthode".

Tout au long de ce travail, un certain nombre de concepts qui peuvent susciter une incompréhension seront utilisés. Il est donc approprié de définir le sens qui leur sied dans le cadre de cette étude. Ainsi, quatre concepts majeurs sont recensés dans ce thème : le rôle, la femme, diplomatie, CEMAC.

La femme

Le substantif féminin "femme" est issu du latin classique Femina dont l'étymologie a été discutée. Les grammairiens latins rapprochent Femina de fémur (cuisse)14, une étymologie qui serait erronée. Cependant, les linguistes considèrent aujourd'hui que Femina est participe présent passif car il a d'abord signifié "femelle" puis "femme, épouse" et a concurrencé mulier "femme" et uxor "épouse" 15. En français, l'expression femme est attestée dès la fin du Xe siècle.

13 M. Grawitz, Méthode des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2001, 11ème édition, p.385.

14 http://.www.lexilogos.com/latin(gaffiotphp?q=femme, consulté le 11 février 2019 à 11h30min.

15 P. Flobert, "sur la validité des catégories de voix et de diathèses en latin", in C. Moussy et S. Mellet, La validité des catégories attachées au verbe, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, coll. "lingua Latina", recherches linguistiques du Centre Alfred, n°1, 1ere ed., vol. 1, 1992, p.74.

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Une femme est un être qui dans l'espèce humaine appartient au sexe féminin. La femme est le stade supérieur de la fille, car la fille désigne la femme à ses stades infantiles et pubères. Autrement dit, la femme serait un être humain de sexe ou de genre féminin adulte. Avant la puberté, elle porte le nom de petite fille16. La femme présente toutes les caractéristiques biologiques communes à l'homme, même si l'on relève un dimorphisme sexuel entre l'homme et la femme à travers l'analyse des caractères dont la vitalité est liée à la génétique et aux chromosomes humains. Le terme femme est parfois utilisé pour désigner un individu de sexe masculin ou inter-sexe s'identifiant comme de genre féminin17.

Par contre, dans cette étude, il s'agit de la femme au sens biologique. La CEMAC étant une organisation internationale sous régionale, un système qui regroupe six Etats au sein desquels se trouve une population masculine et féminine. Cependant, l'on s'appesanti sur les femmes fonctionnaires de la CEMAC, agents des Etats ou femmes autonomes qui contribuent activement à la construction de la CEMAC et non à toutes les couches féminines. Il s'agit de travailler sur les femmes qui contribuent à l'évolution de la CEMAC comme institution communautaire, pour l'amélioration du processus d'intégration.

Le terme rôle

Le mot rôle vient du latin rotulus qui signifie "parchemin". Il désignait autre fois, le Rouleau de papier, de parchemin sur lequel on écrivait des actes, des titres. En Angleterre, l'histoire révèle que le terme renvoi aux registres de manuscrits des actes du parlement de l'Angleterre. Dans le théâtre, le rôle renvoi à ce que doit réciter un acteur. D'Après Octave Mirbeau, c'est la manière dont on agit dans les affaires du monde, dans certaines occasions, du personnage qu'on y fait, du caractère qu'on y montre18. En sociologie, le terme rôle représente la manière dont un individu doit se comporter et ainsi pouvoir être intégré au sein de la société actuelle19. Ce rôle est généralement lié au statut social, qui fait référence à la position sociale qu'un individu occupe au sein d'une organisation sociale donnée. Le rôle renvoi également à la contribution. La femme fait partir des acteurs de la CEMAC. Il est observé qu'elle occupe une place au sein de cette institution communautaire, tant au sommet qu'à la base. Par cette position,

16 "Femme : définition femme", sur dico-définitions.com, consulté le 11 février 2019 à 11h30min.

17 "Part Three : Gender indentity-sexuality and gender", sur The New Atlantis, consulté le 11 février 2019 à 11h30min.

18 O. Mirbeau, La mort de Balzac, Paris, Bibliothèque Charpentier - Fasquelle, 1907, pp.422-439.

19 P. Fougeyrollas, K. Roy, " Regard sur la notion de rôles sociaux. Réflexion conceptuelle sur les rôles en lien avec la problématique du processus de production du handicap", in Service social, Vol. 45, n° 3, 1996, pp.31-54.

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elle joue un rôle dans la CEMAC qui contribue à la dynamisation de cette institution sous régionale.

Pour ce qui du terme diplomatie

Le mot diplomatie implique la communication et souvent la négociation entre les entités politiques distinctes (cités, empires, Etats, etc.). Ce mot est dérivé du grec "diplôma", qui désigne le document comportant les instructions données aux émissaires des cités sous l'antiquité20. Selon Jean Serre, la diplomatie est l'exécution et la concrétisation du programme qu'un gouvernement s'est assigné dans son organisation hors de ses frontières et d'assurer également son application quotidienne21. D'après Dario Battistela, la diplomatie se doit comme une pratique parmi tant d'autres de la politique étrangère. Elle est née avec le besoin des sociétés humaines de communiquer et de traiter les unes avec les autres22. Ce qui fait dire à Martin Belinga que la diplomatie est souvent synonyme de la politique extérieure23. Les relations diplomatiques renvoient aux rapports existants entre Etats par l'intermédiaire des liens diplomatiques souvent au niveau des ambassades, des consulats. Elles sont nouées à la suite des négociations entre parties intéressées par un pacte, un traité ou par consentement mutuel. La diplomatie est la science et l'art de la représentation des Etats et des négociations. Il s'agit parfois d'un mécanisme de coopération dans tous les domaines entre Etats, créant des relations amicales tout en évitant le recours à la force.

La diplomatie sert aux Etats à entretenir des relations qui peuvent être bilatérales ou multilatérales. La sauvegarde des intérêts nationaux, les liens politiques, économiques, culturels ou scientifiques tout comme les efforts collectifs de défense des droits de l'homme ou de règlement pacifique des différends constituent certaines de ses grandes missions24. Ces accords diplomatiques sont également signés entre les Etats et les organisations internationales.

L'expression "diplomatie" a évolué au cours des époques. Ayant un sens restreint d'antan, sera élargie avec l'évolution du temps. Le premier système diplomatique connu est celui de la Grèce antique qui effectuait par des représentants qui obéissaient à un protocole, notamment les envoyés sans titre permanant. C'est à la mesure de l'évolution du monde que la

nécessité s'est imposée à l'extension des liens diplomatiques. La diplomatie s'est

20 D. Battistela, al., Dictionnaire des Relations internationales, Paris, 3e Edition, Edition Dalloz, 2012, p.125.

21 Luntadila K. Mbanzulu, "La coopération diplomatique Zaïre-Cameroun (1960-1988)", rapport de stage diplomatique, Yaoundé, IRIC, 1989, p.5.

22 Battistela, al., Dictionnaires des Relations..., p.125.

23 Luntadila K. Mbanzulu, "La coopération diplomatique...", p.3.

24 ABC de la diplomatie, Département fédéral des affaires étrangères, Berne, 2008, p.3.

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institutionnalisée à partir du XXe siècle avec la création des ministères des affaires étrangères et des ambassades25. Par ailleurs, c'est le congrès de vienne de 1815 qui fixe pour la première fois le régime international des législations. Ces règles sont reconnues dans les relations diplomatiques et figurent dans les conventions de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961 et 196326.

Ce terme de diplomatie est parfois polysémique, car il désigne à la fois la carrière diplomatique et la fonction d'une personne à représenter son pays dans un autre ou auprès d'une organisation internationale. Ici, c'est la représentation des Etats par des femmes au sein de la CEMAC qui nous préoccupe. Aussi, en fonction du nombre d'Etats qui entretiennent des relations diplomatiques, l'on distingue deux formes de diplomatie : la diplomatie bilatérale et la diplomatie multilatérale.

La diplomatie bilatérale met en exergue deux Etats alors que la diplomatie multilatérale lie plus de deux Etats, et c'est cette dernière qui concerne cette analyse. Cependant, il ne s'agit pas de parler exclusivement de la signature des accords, la négociation, des relations au sommet des Etats, il s'agit de ressortir le rôle même que les femmes jouent pour l'avancement de la CEMAC, tant sur le plan politique, économique que socioculturel que ce soit à la base comme au sommet.

La CEMAC

La CEMAC renvoie à la communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, créée par le traité du 16 mars 1994 à Ndjamena et qui entre en vigueur en juin 1999. Elle regroupe six Etats dont le Cameroun, le Congo Brazzaville, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la RCA et le Tchad. La CEMAC prend en effet la relève de l'UDEAC pour redynamiser le processus engagé entre les six Etats en 1964 à travers l'UDEAC. La CEMAC couvre un espace géographique de près de 3020144 km2 et une population estimative de plus de 51 millions d'habitants27.

5. Cadre théorique

Le mot théorie vient du grec "Theorein" qui signifie "contempler", "observer" ou "examiner". C'est ainsi que Raymond Aron relève que c'est "la connaissance contemplative,

25 Battistela, al., Dictionnaires des Relations..., p.125.

26 R. Delcorde, Les mots de la diplomatie, Paris, L'Harmattan, 2005, p.47.

27 www.cemac.intel/Histoire, consulté le 01/02/2019 à 13h10min.

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saisie des idées ou de l'ordre essentiel du monde"28. La théorie apporte une grille de lecture dans le champ d'étude du chercheur, lui permettant de mieux analyser son sujet. Elle permet de jeter sur la réalité un regard éclairant et ordonné29. La définition de cette notion de théorie n'est toujours pas chose facile. Pour d'aucun, c'est "un ensemble cohérent de généralisation permettant d'expliquer une réalité donnée"30. Pour d'autres, la théorie permet de mieux organiser nos visions des questions internationales car "tous les théoriciens en relations internationales interprètent des événements ou des sujets particuliers comme des exemples d'une tendance d'un phénomène ou d'une position et expression théorique plus large"31. Ce qui résulte que la théorie est l'ensemble des outils qui permettent d'analyser les affaires internationales. Il existe plusieurs théories utilisables dans le cadre de la recherche en histoire, en fonction du champ de l'étude. Dans le cadre de cette étude, l'on a fait recours aux théories critiques des relations internationales. C'est ainsi que deux grilles théoriques ont été mobilisées notamment la théorie féministe et la théorie constructiviste. Ce travail étant basé sur les femmes, notamment sur l'égalité d'employabilité entre l'homme et la femme dans la CEMAC, ces deux théories permettront de mieux analyser ledit sujet.

La théorie féministe

La théorie féministe est une théorie critique des relations internationales qui revendique l'égalité entre les genres, voire la présence des femmes dans le monde professionnel. Cette théorie s'amplifie dans les années 1970 avec les multiples plateformes des conférences féministes organisées dans le monde. Elle est l'objet de nombreuses polémiques et divisent des penseurs. En effet, la question genre avait divisé les Hommes en deux à savoir d'un côté la femme et de l'autre côté l'homme. Selon les biologistes, le sexe est une spécialisation biologique d'organismes vivants. Ici, le sexe est perçu comme une différence purement biologique. D'après Christine Delphy,

Dans les années quatre-vingt et maintenant encore, le sexe est conceptualisé comme une division naturelle de l'humanité, la division mâle/femelle, la division dans laquelle la société met de sel. C'était déjà une avancée considérable que de penser qu'il y'avait dans les différences de sexe, quelque chose qui n'était

pas attribuable à la nature. 32

28 S. Saurrugger, Théories et concepts de l'intégration européenne, Paris, Science po, 2009, pp.18-19.

29 R. Quivy et L. Van Campenhoudt, Manuel de recherche en sciences sociales, 4e édition, Paris, Dunod, 2006, p.83.

30 P. Braillard, Théories des systèmes et relations internationales, Bruxelles, Bruyant, 1977, p.77.

31 A. Macleod, "Théorie des relations internationales", in T. Balzac et F. Ramel (dir)., Traité de relations internationales, Paris, Sciences Po, 2013, p.990.

32 C. Delphy, l'Ennemi principal, Paris, Syllepse, 1998, p.25.

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Certains auteurs dits "anti-essentialistes", réfutent, s'inspirant notamment des travaux de Michel Foucault sur la sexualité, l'idée du sexe comme donnée biologique et insistent sur le fait que le sexe n'est rien d'autre qu'une naturalisation visant à bi-polariser et à répartir les liens sociaux.

Quant aux essentialistes, ils voient en la "distinction des sexes ", une simple différence homme/femme basée sur les caractéristiques d'ordre naturel. L'anthropologue Irène Théry, dans son ouvrage Dictionnaire de sexe, fait une différence entre "différenciation de sexe" et "distinction de sexe". Pour elle, la "différenciation de sexe" renvoie uniquement à cette différence physionomique du sexe, sexe ici comme donnée naturelle. Par contre, la "distinction des sexes" est une expression qu'elle choisit pour désigner le genre ainsi entendu, " ne peut jamais être rebattue sur la différence entre "le masculin" et "le féminin" comme attributs substantiels des individus, qu'on les considère comme naturels ou culturels, infus ou acquis"33. Cette analyse précédente relève que l'on ne peut parler de féminisme sans aborder la question de genre, car c'est la question sur la distinction des sexes au sein de la société, négligeant la question des femmes qui donne lieu à l'activisme féminin.

Dans son ouvrage intitulé Le Deuxième sexe, Simone de Beauvoir affirmait déjà "on ne nait pas femme, on le devient". Elle faisait déjà cette distinction entre la notion de sexe qui s'apparente à une donnée biologique et la condition future du sexe en société (homme/femme), qualifiée de "sexe social", de genre. Cette dénaturalisation du sexe biologique deviendra un enjeu politique. Dans l'évolution des pensées, la "différence des sexes" est peu à peu substituée à celle de "construction sociale des sexes", de "genre", traduction approximative du "gender" anglais et plus tard à celle de féminisme. En effet, le paradigme "féminisme" inspire non seulement les pratiques revendicatrices d'ordre politique et économique, mais contraint également à revisiter les différents savoirs et les systèmes de représentation des femmes. Ce concept fait son apparition avec l'avènement de la IIIe République, or la notion d'individu citoyen implique l'identité voire l'égalité de l'homme et de la femme.

Déjà, pendant la révolution française, les femmes exprimaient çà et là une volonté collective où la prise de conscience de leurs problèmes spécifiques va de pair avec leur désir d'appartenir, comme les hommes à la nouvelle société politique. Des cahiers de doléances, des pétitions, des clubs politiques et la célèbre déclaration des droits de l'homme d'olympe de Georges sont les premiers éléments de cette pratique militante. Cependant, c'est à partir des

33 I. Théry, La Distinction de sexe : Une nouvelle approche de l'égalité, 2007, p.218.

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années 1830 avec l'émergence des mouvements utopistes, en particulier Saint-simoniens et fouriéristes que des femmes se présentent comme constituant un groupe de sujets politiques, en dénonçant leur "asservissement séculaire" et en réclamant un "affranchissement" et une "émancipation" propres à leurs donner une place égale à l'homme dans la société. Le concept de féminisme a longtemps été utilisé dans le vocabulaire médical pour caractériser des hommes d'apparence féminine. Toutefois, l'histoire a donné de préférence un sens politique à ce mot. Le vocabulaire politique s'empare du "féminisme" pour caractériser les femmes qui revendiquent l'égalité avec les hommes34.

L'Afrique a longtemps été sujet des relations internationales car celles-ci dominées par les théories classiques telles le réalisme et le libéralisme, cela a limité la présence de l'Afrique dans la scène internationale et de surcroît l'implication tardive des femmes africaines dans les relations internationales. Cependant, l'émergence des théories critiques permet de reconsidérer l'Afrique dans la science des relations. D'où l'implication massive des femmes africaines de la CEMAC à des mouvements féministes. Les multiples conférences féministes organisées vont ainsi permettre une représentation accrue des femmes au sein des institutions étatiques. La plateforme de Beijing est un exemple palpable qui interpelle les Etats à une forte représentativité des femmes dans les institutions étatiques et il en est pareil pour les organisations internationales.

Il existe plusieurs tendances dans la théorie féministe parmi lesquelles le féminisme de tradition marxiste et socialiste, le féminisme radical, le féminisme de positionnement et le féminisme libéral égalitaire. C'est cette dernière tendance qui conjugue avec cette étude. Encore appelée "réformiste" ou féminisme des droits égaux, qui est en filiation directe avec l'esprit de la révolution française de 1789. Sa philosophie le libéralisme, son incarnation le capitalisme font de la liberté (individuelle) et de l'égalité ses deux principaux axes de lutte.

Selon cette approche, les causes de l'oppression des femmes sont liées au système capitaliste à l'intérieur duquel les femmes sont discriminées dans tous les domaines de la société. Et les lieux où s'exprime cette discrimination sont : l'éducation, le monde du travail, les partis politiques, le gouvernement, etc. Les moyens les plus efficaces pour enrayer ces

34Théry, La Distinction de sexe..., p.218.

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discriminations sont une socialisation non sexiste et des pressions pour faire changer les lois discriminatoires35.

Cette théorie va faciliter la compréhension de l'introduction tardive d'un grand nombre de femmes dans le milieu professionnel (économique, politique, social), en évoquant les causes et les effets de la disparité quantitative entre l'homme et la femme au sein de la CEMAC, ainsi que la disparité au sein de la répartition des postes de responsabilité dans cette institution, tout en émettant des solutions d'un équilibre des tâches entre l'homme et la femme au sein de la CEMAC. Cette théorie féministe explique également notre travail dans la mesure où la CEMAC, dans les années antérieures avait un personnel largement constitué d'hommes.De nos jours, l'on retrouve une présence féminine au sein de cette organisation à forte représentation, à des postes stratégiques. Ce qui relève une évolution de la considération de la femme dans les sociétés africaines et précisément des Etats de la CEMAC.

La théorie constructiviste

Dans son prologue sur le constructivisme, Thierry Braspenning36 affirme :

L'approche constructiviste repose sur la dimension intersubjective des relations politiques en générale. Les Etats sont des "existants" culturels ayant la capacité et la volonté d'adopter des attitudes délibérées à l'égard du monde et de lui donner un sens. C'est cette capacité qui permet de donner naissance aux faits sociaux, à des faits qui dépendent de l'accord des partenaires rationnels, d'instructions humaines pour exister. L'identité et l'intérêt des acteurs sont socialement construits37.

Le terme "constructivisme" qui se repend dans la littérature théorique des relations internationales, dénote une contestation des postulats strictement matérialistes ou individualistes supposée permettre de mieux comprendre les changements observés dans la politique mondiale. Fréquemment utilisé pour désigner une nouvelle façon de faire des sciences qui s'opposeraient au modèle "Positiviste", le constructivisme est le signe le plus visible aujourd'hui, d'un débat sur la nature même des procédures de construction des connaissances sur l'Homme et la société.

Le constructivisme met en exergue la production des pratiques sociales avec leur caractère situé dans des contextes historiques, politiques, économiques ou géographiques et

35 R. H. Ekotto Menye Ella, "Disparité de genre et accès des salarié(e)s) à la formation professionnelle continue au Cameroun : une approche comparée du secteur public et du secteur privé à Yaoundé", Mémoire de master en sociologie, Université de Yaoundé I, 2014, p9.

36 Chercheur au Centre d'Etudes des Crises et Conflits Internationaux (CECRI) de l'Université Catholique de Louvain et au Centre d'Etudes Internationales (Centre Of International Studies) de l'Université de Cambridge.

37 Klotz, C. Lynch, le constructivisme dans la théorie des relations internationales, Critique internationale 2, 1999, pp.51-54.

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souligne aussi la nécessité de contextualiser historiquement les valeurs, les croyances et les modes d'investigation.38 Selon Guy Mvelle, le constructivisme est la théorie élaborée dans le cadre des études faites dans les relations sociales internes et internationales à partir de l'année 1980. Nicolas Onuf et Alexander Wendt sont considérés comme les précurseurs du projet constructiviste39. Les questions de genre, notamment l'inégalité et les discriminations basées sur le genre en Afrique ce sont construites non seulement de l'idéologie des cultures africaines, mais bien plus, les revendications qui en font l'objet ne subissent pour la plupart que l'influence du jeu international dans lequel l'Afrique n'est qu'un spectateur qui subit les relations internationales.

Cette théorie est convoquée pour déconstruire l'ordre social inégalitaire construit d'antan au sein de la CEMAC où la femme est moins représentée. Mieux encore, elle est utilisée pour promouvoir la reconstruction de la CEMAC sur l'égalité du genre.

6. Intérêt de l'étude

Ce travail de recherche regorge des intérêts multiples, notamment scientifique, politique et social.

L'intérêt scientifique

L'histoire est cette discipline des sciences humaines qui se distingue par sa scientificité. Elle est fondée sur un processus, une démarche rationnelle qui permet d'examiner des phénomènes, des problèmes à résoudre et obtenir des réponses précises à partir d'investigations40. Si l'histoire permet de comprendre le présent par le passé41, il y a à côté de cela un futur opaque qu'il faut déceler les brèches. L'histoire devient alors cette discipline qui étudie le passé pour comprendre le présent et projeter le futur. Raison pour laquelle l'historien sénégalais Cheikh Anta Diop écrivait : "les intellectuels doivent étudier le passé, non par pour s'y complaire, mais pour puiser des leçons ou s'en écarter en connaissance de cause si cela est nécessaire"42.

38 Ibid., pp.51-54.

39 N. Onuf, World of our making : Rules in social theory and international relations, Colombia University of Sourth Carolina, Press, 1989.

40P. Nda, Méthodologie de la recherche, de la problématique à la discussion des résultats. Comment réaliser une thèse, un mémoire d'un bout à l'autre. Collection Pédagogie, Abidjan, Edition universitaire de Côte-d'Ivoire/ Université de Cocody, 2006, p.15.

41 M. Bloch, Apologie pour l'histoire ou métier d'historien, Paris, Armand Colin, 1952, pp.7-9.

42 C-A. Diop, L'unité culturelle de l'Afrique noire, Paris, Présence africaine, 1982, p.43.

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L'essentiel des oeuvres scientifiques qui abordent la question de la CEMAC, s'inscrivent dans le cadre de l'intégration sous régionale en Afrique centrale et sous l'angle de la nécessité de la transition entre les deux institutions. Peu d'ouvrages réalisent une évaluation de la politique de genre dans cette institution, ce qui constitue un vide scientifique dans ce domaine. A cet effet, l'aboutissement de notre étude sera d'une innovation pour rendre un champ d'étude moins exploré ouvert à la communauté scientifique.

L'intérêt politique

En plus de l'intérêt scientifique, ce travail est doublé d'un intérêt politique. La diplomatie est une sphère de la politique qui met en exergue la négociation, la signature des accords, que ce soit sur le plan politique, économique et social. La femme au sein de cette sphère porte à insistance la place de choix que le domaine politique de chaque Etat lui accorde pour implémenter l'aspect politique de son pays. Ceci montre que la femme est présente dans tous les corps de métier de la société, elle contribue au même titre que l'homme à l'avancée politique de la sous-région. Cela répond au débat sur la question de genre que la communauté internationale a initié depuis plusieurs décennies déjà, pour une société équitable dans l'employabilité et bien évidemment à la présence des femmes dans tous les corps de métier.

L'intérêt social

L'insertion de la femme dans la diplomatie met en exergue l'introduction d'un construit social dans le monde professionnel. La diplomatie relève du secteur formel d'une société. Ceci résout également le problème de chômage au sein des Etats. En plus, cela vient balayer en brèche les stéréotypes et préjugés sur l'incapacité des femmes ou sur le recrutement des femmes sur des critères autres que ceux de la compétence, des aptitudes à exercer une fonction professionnelle dont elles ont longtemps été victimes. De même, la sous-région bénéficie d'une double expérience dans la formation des apprenants : une expérience à la fois masculine et féminine. Il est aussi important de mentionner que l'intérêt social ressort également du fait que la femme a bravé de nombreux échelons, ce qui lui permet de nos jours d'être hissée au rang des hauts fonctionnaires des Etats.

Aussi, cette étude est une sorte d'appel à la mobilisation des femmes en vue de leur prise de conscience de tous leurs atouts de compétences professionnelles afin de s'autodéterminer dans le monde de l'emploi et de contribuer au même titre que les hommes à la construction de nos sociétés dans le cadre local, national et même international.

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7. Revue critique de la littérature

La revue critique de littérature consiste à faire la recension des écrits, faire le bilan critique de ce qui a été produit dans le domaine de recherche concerné43. Ce qui fait dire à Yves Alexandre Chouala que "toute construction scientifiques est une reformulation et une création nouvelle à partir du déjà là"44. La revue critique de littérature est donc une émanation du déjà paru, dont le chercheur utilise dans le cadre de sa recherche, mais tout en ayant un regard critique. C'est ainsi que Jean Pierre Frangnière relève qu' "on est rarement le premier à aborder une question plus exactement, le champ thématique que l'on entreprend a déjà été balisé par les études voisines ou cousines, ou bien il se réfère à des études fondamentales sur lesquelles les bibliothèques entières ont été écrites"45. Ce qui revient au chercheur de relever l'équivoque entre ce qui a déjà été fait et ce qui ne l'a pas encore été. Encore appelée "analyse des données accessibles", "études des écrits pertinents", "analyse des sources" ou "histoire du problème", la recension des écrits donne le loisir de faire l'état des connaissances sur le problème à l'étude46. A cet effet, une plume de production en rapport avec notre thème a été recensée. Que ce soit sur le plan politique, économique que socioculturel.

L'ouvrage Les femmes américaines en politique47, parle d'une avancée américaine en matière de représentativité féminine en politique, une possible cassure du plafond de verre. Il relève que la situation de la femme dans la politique aux Etats-Unis a longtemps été précaire à cause de la masculine imposante et subversive à l'égard des femmes. Cet ouvrage énonce le fait que les difficultés que rencontrent les femmes sont universelles. Elles ne sont pas inhérentes à un coin du monde même si les variances s'observent. Cependant, cet auteur est plus critique que réaliste. Par ailleurs, depuis l'obtention du droit de vote par les femmes aux Etats-Unis en 1920 jusqu'en 2008, la représentativité des femmes dans la politique américaine a connu des avancées notoires et qui seraient louables par rapport à d'autres Etats dans le monde. Alors que cette dernière fustige toujours cela et pense que ce n'est pas assez. L'on pourrait se demander si cette critique ne serait pas l'oeuvre de sa nature de femme. Ce qui met en cause l'objectivité dans ses écrits.

43 P. Nda, Méthodologie de la recherche..., p.59.

44 Y. A. Chouala, "Désordre et Ordre dans l'Afrique centrale actuelle : démocratisation, conflictualisation et transitions géostratégiques régionales", Thèse de doctorat troisième cycle en Relations Internationales, IRIC, 1999, p.32.

45 J. P. Frangnière, Comment réussir un mémoire, comment présenter une thèse, comment rédiger un rapport,

Paris, Dunod, 1986, p.75.

46 P. Nda, Méthodologie de la recherche..., pp.60-62.

47 C. Durieux, Les femmes américaines en politique, Paris, Ellipses, 2008.

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L'article "Femmes, Etat et mondialisation en Afrique"48 ressort que l'introduction des questions relatives aux femmes en politique a permis d'élargir l'espace familial dans lequel sont confinés leur statut et leur pouvoir dans des conditions et des règles socialement définies par la communauté et juridiquement par l'État. Ce qui a donné lieu à l'institutionnalisation politique et Administrative progressive des programmes en direction des femmes : Protection maternelle et infantile et animation féminine des années d'indépendance ; Femme et développement et Genre et développement des années 1970-1990, avec les deux décennies des Nations Unies en direction des femmes. Dans le souci de promotion des femmes en vue du développement. D'où la représentation des femmes à plusieurs postes de responsabilité avec le système de quota. L'auteur relève par ailleurs que les femmes doivent également participer à la transformation de l'Etat, pas seulement en y occupant des sièges à travers le système de quota, mais en y contribuant au développement de tous. Cet article permet de comprendre que les Etats africains ont introduit la question des femmes ou du genre dans leurs législations. Cet article donne une vision politique des questions relatives aux femmes en Afrique. Toutefois, son étude table sur toute l'Afrique, ce qui ne laisse pas observer cette vision politique sur la femme dans le cadre de la CEMAC en particulier.

Le Bulletin n°006 du CPAC Info Pesticide49 présente la Réunion de Planification du Projet de Laboratoire Inter-Etats d'Analyse des Pesticides et de Contrôle de Qualité des Aliments en Afrique Centrale (LIEAP), tenue du 27 au 30 Mai 2009 à l'Hôtel Sawa de Douala. Au cours de cette réunion, ont pris part Nsa Allogho Suzanne de nationalité gabonaise, qui a été nommée par les Experts du Bureau des Travaux du LIEAP ; Okala née Neloumta de nationalité tchadienne. Elles ont effectué une présentation de l'état des lieux des laboratoires des pays de la CEMAC. Ceci montre la place que la femme occupe au sein des conférences sous régionales de la CEMAC. Cependant, le CPAC Info Pesticide ne ressort pas toutes les femmes présentes à cette conférence, soit occupant des postes de responsabilité ou simple employées au CPAC ou au LIEAP. Ce qui ne permet pas d'avoir un inventaire réel de toutes les femmes travaillant dans ces deux structures de la sous-région.

Le Rapport de la Réunion de lancement du Comité régional50 relève que Marie Thérèse Chantal Mfoula, Secrétaire général adjoint en charge du Département de l'Intégration Physique, Economique et Monétaire (DIPEM) a, au nom de l'Ambassadeur Ahmed Allam, Secrétaire

48 F. Sow, "Femmes, Etat et mondialisation en Afrique", Paris, L'Harmattan, 2005.

49 CPAC Info, Bulletin n°006, Avril-Juin 2009.

50 Rapport de la Réunion de lancement du Comité Régional de Facilitation des Echanges en Afrique Centrale (CRFE-AC), Pointe-Noire, République du Congo, du 30 avril au 1er mai 2018, Relevé des conclusions

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général de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) , remercié les hautes Autorités congolaises, notamment Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo pour avoir autorisé la tenue à Pointe-Noire des présentes assises et pour leur engament constant en faveur de l'intégration sous régionale. Ce rapport mentionne qu'elle a assuré aux côtés de Michel Niama, Commissaire en charge du Marché Commun de la CEMAC, le Secrétariat des travaux à Pointe-Noire. L'on constate à cet effet la confiance qui est accordée à la femme au sein des institutions communautaires, à la mesure où elle préside les travaux devant une multitude de hautes personnalités masculines. Par ailleurs, ce rapport ne ressort pas spécifiquement le rôle joué par toutes les femmes présentes dans cette réunion communautaire en dehors de Marie Thérèse Mfoula. Ce qui laisse un vide d'éléments indispensables51 à l'action de toutes ces femmes pour le compte de la CEMAC ce jour-là.

Les relevés des décisions d'agréments de 2015 à 2017 ressortent également la présence des femmes dans la diplomatie de la CEMAC. En tant que Commissaire des Douanes, Expert des Douanes, Conseil Fiscal ou personnel des douanes, 29 femmes ont été nommées à ces postes de 2015 à 2017. Cette archive de l'Union Economique et Monétaire, une institution de la CEMAC relève qu'en 2015, une femme était Commissaire des Douanes, en 2016, 16 femmes ont été nommées aux postes de Commissaire des Douanes, Expert des Douanes, Expert-Comptable, Conseil fiscal ou personnel des douanes alors qu'en 2017, 12 sont dénombrées à ces postes. Ce qui laisse voir une avancée considérable de la situation de la femme au sein de la CEMAC52. Par ailleurs, ce document ne permet pas d'observer la présence des femmes dans d'autres secteurs d'activité.

Dans le Mémoire intitulé "Disparité de genre et accès des salarié(e)s) à la formation continue au Cameroun"53, l'auteure dévoile les inégalités de genre dans l'accès à la formation professionnelle continue au Cameroun. Prenant pour échantillon la ville de Yaoundé elle fait comprendre que la figure globale des inégalités d'accès à la formation professionnelle continue se compose d'une configuration réglementaire et d'une configuration institutionnelle dans laquelle se trouve la sous-configuration de l'action formation. L'auteure relève que c'est dans cette sous configuration que l'on trouve des inégalités d'accès à la formation selon le genre,

51 Le rôle joué par ces femmes lors de cette rencontre.

52 Décision d'Agrément in http://www.cemac.int/sites/default/files/ineditor/.pdf , consulté le dimanche 03 juin 2018 à 19h20min.

53, R. H. Ekotto Menye Ella, "Disparité de genre et accès des salarié(e)s) à la formation professionnelle continue au Cameroun : une approche comparée du secteur public et du secteur privé à Yaoundé", Mémoire de master en sociologie, Université de Yaoundé I, 2014.

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l'entreprise voire l'âge. Aussi, ajoute-t-elle, les inégalités sont discriminatoires tantôt pour les femmes, tantôt pour les hommes. Ce qui nécessite une évaluation systématique des actions de formation pour améliorer les processus. Elle propose aux entreprises publiques et privées les mesures pour réduire les disparités de genre dans l'accès à la formation. Ce travail permet d'observer les disparités existantes aussi bien dans les entreprises publiques que privées, mais aussi d'avoir un aperçu sur la question genre en milieu professionnel au Cameroun. Alors que notre étude s'étend dans toute la CEMAC, il est clair que ce document couvre juste une infime partie de notre travail car, basée uniquement dans un pays et précisément dans la ville de Yaoundé. Lorsqu'il est aussi vrai que les disparités dans les entreprises diffèrent parfois en fonction des régions, voire des pays.

Dans le Mémoire de master intitulé "Le rôle des associations féminines dans la promotion de la femme de la région de l'Adamaoua : cas du RAFVI"54, l'auteur relève dans son travail scientifique que la femme de la région de l'Adamaoua est reléguée au second plan notamment dans la prise des décisions. Ce qui endigue son émancipation sur le plan social, professionnel, économique et politique. Par ailleurs, il ressort le fait que malgré toutes les difficultés qui compromettent toute possibilité de promotion de la femme dans cette région du Cameroun, il est observé l'existence de certaines opportunités de promotion de la femme. C'est l'exemple du RAFVI, association qui a permis aux femmes de la région de l'Adamaoua de s'émanciper et de pouvoir répondre normalement à leurs pratiques. Cette étude est importante dans la mesure où elle s'inscrit dans l'approche féministe qui revendique la représentation de la femme au sein de la société. Cela permet à cet effet de voir la place moins régalienne que la femme occupait autrefois dans la société de l'Adamaoua. Cependant, l'auteur se limite dans la région de l'Adamaoua. Ce qui ne permet pas d'avoir une vue panoramique sur la place des femmes dans toutes les régions du Cameroun et encore moins dans la CEMAC. Aussi, il ne laisse pas voir les femmes qui s'affirment également dans cette partie du pays par d'autres moyens.

Le Mémoire intitulé "La Conférence de Beijing: impact sur l'intégration politique, économique et socioprofessionnelle de la femme au Cameroun"55, relève que les questions inhérentes à l'amélioration de la condition de la femme furent inscrites dans l'agenda de

54 D. Attadjoudé, "Le rôle des associations féminines dans la promotion de la femme de la région de l'Adamaoua : le cas du (RAFVI)", Mémoire de master en sociologie, Université de Yaoundé I, 2013.

55F. E. Njingang, "La Conférence de Beijing : impact sur l'intégration politique, économique et socioprofessionnelle de la femme au Cameroun", Mémoire de master en histoire, Université de Yaoundé I.

56 F. Virgili, "Histoire des femmes et histoire des genres aujourd'hui", in Revue d'Histoire Vingtième siècle, n°20, Paris, 2002.

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plusieurs Gouvernements africains depuis la première conférence de l'ONU sur la femme à Mexico en 1975. La plateforme d'action de Beijing de 1995 constitue par ailleurs un catalyseur dans la marche vers l'équilibre entre les genres dans le cas du Cameroun. C'est ainsi que les progrès encourageants et perceptibles interviennent dans le paysage politique camerounais. Une dynamique permanente et une diversion du rôle de la femme sont nécessaires au sein de la société camerounaise, malgré certaines lois discriminatoires, des fortes pesanteurs des cultures, des religions, des traditions dont la plupart pensent que la vocation première de la femme est d'assurer la pérennité de la société. Ce mémoire est d'une importance capitale dans cette étude, car il permet de ressortir les périodes dynamiques de revendications des droits professionnels des femmes. Cependant, il contribue partiellement à cette étude dans la mesure où, son travail est focalisé sur un seul pays de l'organisation qui est le Cameroun et ne parle pas des autres pays de la CEMAC.

Dans l'article intitulé "Histoire des femmes et histoire des genres aujourd'hui"56, l'auteur présente l'intégration des femmes et singulièrement des françaises dans le monde professionnel comme un combat de longue-allène. Il relève que de nombreuses recherches préliminaires sur les femmes sont l'oeuvre d'auteurs engagés dans le mouvement féministe. Les femmes se sont mobilisées pour sortir du "demi-universel" (universel masculin) dont le monde s'est toujours constitué. Il poursuit son analyse en prenant le cas du monde de la science historique qui a connu très peu de figures et qui parfois quand elles étaient présentes n'étaient pas connues au monde extérieur. Il prend le cas de Simone Vidal Bloch, femme de Marc Bloch dont le travail de préparation des notes de recherche ou de lecture des manuscrits ne fut jamais signalé par son mari. Le cas de Suzanne Dognon Febvre, la femme de Lucien Febvre dont la contribution aux travaux de son mari n'a pas été exempte. Ce qui entrainera la reconnaissance tardive de la place de la femme dans l'historiographie. Cet article permet d'observer que les femmes ont toujours joué un rôle dans la société partout dans le monde et qui parfois a souvent été désavoué. Par ailleurs, situant son analyse dans le cas singulier de la France, il ne permet pas d'observer l'évolution féministe dans les autres pays du monde. Lorsqu'il est clair que cette étude se fait sur la CEMAC. Il donne juste un aperçu général et limité de l'évolution de la situation de la femme dans le monde.

Albert Pascal Temgoua dans "Femme et intégration en Afrique centrale" relève que le rôle de la femme a longtemps été sous-estimée dans le processus d'intégration en Afrique, à

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cause de ses tâches et de ses préoccupations. Car elle est le plus souvent concentrée dans les secteurs où l'enregistrement n'est pas de règle, et donc presque ignoré par les pratiques nationales57. Toutefois, en Afrique centrale comme partout ailleurs, les ressources humaines féminines sont les plus importantes en quantité que les ressources masculines. A cet effet, il est nécessaire de mettre sur pied des stratégies nationales telles que le recommande l'ONU, si on veut arriver à former un capital humain féminin capable de remplir efficacement les rôles que la société attend de lui. Par ailleurs, il relève que ces stratégies doivent viser l'amélioration de l'éducation et la formation des filles et des femmes. Ce qui permettra d'améliorer la qualité de la vie de la communauté. Cet article est important dans ce travail, dans la mesure où, il parle de la place de la femme dans le processus d'intégration régionale en Afrique en générale et en Afrique centrale en particulier. Il présente la situation de la femme dans les questions d'intégration, et préconise quelques mesures pour une meilleure implication de la femme dans le processus d'intégration en Afrique centrale. Cependant, le caractère laconique de cet article montre l'insuffisance des sources sur la question des femmes, si non l'action de la femme sur cette question d'intégration et de surcroît limite notre champs d'exploration sur le rôle de la femme dans la CEMAC. D'autant plus qu'il ne parle pas précisément du rôle de la femme dans la CEMAC.

L'article intitulé "Statuts et rôles féminins au Cameroun"58, relève que les femmes africaines disposent et ont toujours disposé d'un pouvoir réel dans leur ménage et au sein de la parentèle, malgré la hiérarchie formelle des rôles sexués qui leur confère une position d'infériorité. En étudiant quelques exemples dans les ethnies du Cameroun, l'auteur relève que les traditions pèsent encore considérablement sur le rôle de la femme dans cette société, même si l'on note que certains espaces de pouvoir sont détenus par les femmes. Ce qui explique que les stratégies actuelles des femmes africaines pour valoriser leur statut sont enracinées dans la culture et les traditions des différentes ethnies. Toutefois, il n'est pas indéniable que le statut de la femme dans la société en Afrique a évolué. Cet article est important dans cette étude, dans mesure où il est observé une nette amélioration du rôle de la femme dans la société en Afrique et au Cameroun en particulier. Cependant, il présente juste l'aspect social de la femme et ne ressort pas le domaine économique et politique, ce qui ne donne pas une vue d'ensemble de la femme dans tous les domaines de la vie.

57 A.P. Temgoua, "Femme et intégration en Afrique centrale", in A. Daniel, J-M. Essomba, Als., Dynamiques d'intégration régionale en Afrique centrale, Tome 2, Yaoundé, PUY, 2001.

58 Yana, S.D., ". Statuts et rôles féminins au Cameroun : Réalités d'hier, images d'aujourd'hui", in Politique Africaine n° 65, 1997.

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8. Problématique

La problématique est l'ensemble construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherches et des lignes d'analyse qui permettront de traiter le sujet choisis59. C'est une composante essentielle dans le travail. Elle est l'aboutissement du double travail antérieur notamment le choix du sujet et le débroussaillage60. D'après Paul Nda, la problématique est l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ61. Elle est cruciale et centrale, donc essentielle pour le sujet à étudier. C'est elle qui permettra de construire le raisonnement qui soutiendra le plan de rédaction et devra être partie intégrante de l'introduction générale. Ce qui implique qu'il ne s'agit pas de plaquer de manière artificielle et dogmatique sur le phénomène étudié, une théorie toute faite, appuyée dans un enseignement théorique de sociologie, d'anthropologie ou de quelque autre discipline que ce soit62. Ce qui permet à Kurt Lewin de mentionner qu' "il n'y a rien de plus pratique qu'une bonne théorie"63. Car elle nous permet de jeter sur la réalité un regard éclairant et ordonné.

Les femmes ont été confrontées à la restriction de leur présence dans le monde professionnel. Réduites au ménage, à la vie conjugale et d'autres aux travaux comme champêtres, renforcé par des stéréotypes d'antan, les femmes n'avaient qu'un seul rôle dans la société, la vie au foyer. Cependant, avec l'évolution des sociétés et l'instruction des filles, leur présence se manifestent de plus en plus dans le monde professionnel. Elles se retrouvent dans les hautes fonctions étatiques et peuvent à cet effet jouer un rôle considérable en matière de représentation de leurs nations au-delà de leurs frontières, comme c'est le cas dans la CEMAC.

Au regard de tout ceci, l'on se pose une question fondamentale qui est celle de savoir : quel est le rôle de la femme dans la dynamique diplomatique entreprise par les Etats pour la construction de la CEMAC ?

Autour de cette problématique centrale se décline des interrogations subsidiaires à savoir : Comment se présente la femme en Afrique centrale avant la création de la CEMAC ? Quelle est la place réservée à la femme au sein de la CEMAC ? Par ailleurs, quelles sont les

59 M. Beaud, L'art de la thèse : Comment préparer et rédiger un mémoire de master, une thèse de doctorat ou tout autre travail universitaire à l'ère du net, Paris, La Découverte, 2006, p.55.

60 M. Beaud, L'art de la thèse..., p.57.

61 Van Campenhoudt, Quivy, Manuel de recherche..., p.81.

62 Ibid.

63 Ibid., p.82.

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difficultés auxquelles elles font face dans cette organisation internationale sous régionale ? Enfin quelle est la portée de la présence féminine au sein de la CEMAC ?

9. Méthodologie

La méthodologie est l'ensemble des méthodes appliquées à un domaine particulier de la science de la recherche64. Quant à la méthode de recherche, elle est une démarche intellectuelle qui vise à établir ou mener un raisonnement rigoureux portant sur un objet d'étude65. C'est aussi une démarche rationnelle de l'esprit pour arriver à la connaissance, à la démonstration de la vérité ou tout simplement à un ensemble de procédés et de moyens pour arriver à un résultat66.

Il est question de préciser la procédure de collecte des données, la démarche d'analyse et de consignation des données et des informations susceptibles de réaliser le document final. Dans ce travail, l'on a conjugué les approches qualitative et quantitative, de même que les méthodes diachronique et analytique.

Concernant l'approche qualitative, elle a suscité l'exploitation des sources primaires et secondaires, afin d'avoir des informations fiables.

Les sources primaires exploitées ici sont les sources d'archives et les témoignages oraux. Les archives mises à profit dans ce travail sont publiques et privées. Les archives publiques exploitées proviennent du siège de la Représentation de la CEMAC au Cameroun sis au quartier Bastos, du Centre des Nations Unies au Cameroun et du Ministère des relations extérieures du Cameroun. Quant aux archives privées, elles proviennent de certains fonctionnaires de la Représentation de la CEMAC au Cameroun. Ces rapports publics et privés ont permis de mieux étayer et approfondir cette recherche.

Les témoignages oraux quant à eux, sont l'oeuvre des entretiens menés auprès des personnes ressources lors des descentes sur le terrain, muni d'un questionnaire. Certains entretiens ont été effectués auprès du personnel du Ministère des relations extérieures (MINREX) du Cameroun, dans la localité de Kyé-Ossi. D'autres auprès de la représentation de la CEMAC au Cameroun, du personnel des Ambassade du Congo, du Gabon et du Tchad au Cameroun, également auprès des étudiants de certaines écoles sous régionales comme l'ISSEA, et certains ressortissants de la sous-régions fréquentant les écoles camerounaises. Cette étape a

64 M. Pastoureau, Dictionnaire des couleurs de notre temps, Paris, Hachette, 1991, p.119.

65 Grawitz, Méthodes des sciences..., p.912.

66 Ibid.

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permis d'avoir une idée sur la conception de la femme dans les différents pays de la CEMAC, mais également d'avoir une vue d'ensemble sur l'éventuel effectif des fonctionnaires féminins au sein de la CEMAC.

Les sources secondaires utilisées sont centrées notamment sur les ouvrages, les thèses, les mémoires, les articles, les revues. Certains journaux, magazines, protocoles, constitutions, chartes, statuts, règlements sont classés comme archives. Cette étape a permis d'avoir un aperçu sur l'état actuel des débats scientifiques sur la question de la femme non seulement dans le monde, mais dans la CEMAC en particulier. Ces documents ont été d'une importance capitale dans la mesure où ils appuient certaines informations tirées des enquêtes sur le terrain. Pour ce faire, plusieurs centres de documentation tels que les bibliothèques de la Représentation de la CEMAC au Cameroun, de la Faculté des arts, lettres et sciences humaines et du département d'Histoire de l'Université de Yaoundé I, de l'Université de Yaoundé II, du CREPS, de l'Université de Douala, de l'Institut Français du Cameroun, de Louis Paul Ango Ella et du Centre des Nations Unies au Cameroun ont permis la réalisation de ce travail.

Après la collecte, a suivi l'étape de l'analyse des données collectées. L'on a fait montre des méthodes de l'écriture de l'histoire67 en examinant les différents témoignages. Aussi, la critique interne et externe des sources et des témoignages a permis de retenir ceux qui sont dûment établis.

Par ailleurs, l'approche quantitative fait référence notamment aux données chiffrées, aux tableaux statiques, aux graphiques, aux courbes. Aussi, l'on a constitué, avec les données disponibles, les tableaux des fonctionnaires de l'UDEAC, les tableaux statistiques sur l'effectif des enseignants et des étudiants de l'Institut Sous Régionale de statistiques et d'Economie appliquée, des tableaux présentant des éventuels effectifs des femmes dans certaines Instituions rattachées et Institutions Spécialisées de la CEMAC. Tout ceci nous a permis d'observer les différentes femmes qui ont occupé depuis la création de la CEMAC en 1994 jusqu'en 2017, sans omettre quelques postes occupés à l'UDEAC68. Il a prévalu également dans ce travail la méthode diachronique et analytique. La méthode diachronique a permis de remonter la femme notamment dans les trois périodes de l'histoire africaines, la période précoloniale coloniale et postcoloniale et d'observer l'évolution du statut de la femme sur le plan politique, économique et socioculturel en Afrique centrale. Pour ce qui est de la méthode analytique, elle a donné lieu

67 Prost, Les douze leçons..., p.101.

68 http://www.issea-cemac.org/index.php. Consulté le 25/04/2019 à 15h30 min.

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à une suite logique d'analyse de données sur la femme dans la CEMAC, ce qui a abouti à l'idée du rôle capital donc joue cette dernière au sein de cette institution.

Aussi, ce travail se situe dans la logique de la pluridisciplinarité, car plusieurs autres disciplines interviennent dans cette recherche. C'est le cas de la sociologie, de la Science politique et juridique, de l'Anthropologie et des Relations Internationales dont les documents issus de ces disciplines ont été d'une grande utilité.

10. Difficultés rencontrées

La recherche scientifique est avant tout un processus, une démarche rationnelle qui permet d'examiner des phénomènes, des problèmes à résoudre et obtenir des réponses à partir d'investigations69. L'investigation du chercheur met en exergue la recherche documentaire et des entretiens ou interview sur le terrain, une tâche qui n'est pas toujours aisée pour ce dernier. C'est ainsi l'on a été confronté à des difficultés inhérentes à la recherche, malgré lesquelles ce travail a pu être réalisé.

La première difficulté a été celle liée à l'insuffisance d'une plume scientifique sur la question de la femme et spécifiquement sur le rôle de la femme dans les institutions communautaires comme la CEMAC.

Une autre difficulté rencontrée a été celle liée à la réticence des autorités de certaines institutions et représentation diplomatiques des pays de la CEMAC au Cameroun. C'est le cas de l'Ambassade de Guinée Equatoriale au Cameroun, qui s'est montrée réticente à nous fournir les informations, alors qu'elle est la structure la mieux placée pour nous fournir certaines informations en matière de promotion de la femme dans ce pays.

Par ailleurs, bien que certaines structures se sont montrées favorables à cette recherche, les informations mises à notre disposition ont parfois été insuffisantes, si non contraire à notre champs d'analyse. L'on ne saurait omettre les dossiers déposés dans d'autres structures et qui n'ont jamais connu une suite favorable comme la BEAC nationale.

Il faut aussi noter l'inaccessibilité à certains centres de documentation, le plus souvent pour des raisons d'aménagement. C'est le cas des Archives du MINREX qui n'ont pas pu être

69 Nda, Méthodologie de la recherche..., p.15.

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consultées pour des raisons d'aménagement du bâtiment abritant ces archives. Ce qui nous a parfois valu de faire preuve d'opiniâtreté pour accéder à certaines informations.

11. Plan du travail

Il s'agit ici de ressortir l'ossature de ce travail, la ligne de conduite dont notre analyse devra suivre, afin d'éviter une divagation à vue70. Il doit respecter la problématique.

Ce thème de recherche est construit au tour de quatre chapitres.

Le Chapitre I est intitulé : "Présentation de la femme africaine en Afrique Centrale zone CEMAC". Il s'agit de ressortir la conception de la femme et de donner l'évolution du statut de la femme dans cette communauté71, dans le domaine politique, économique et social de la période précoloniale à la période coloniale. Ensuite montrer la place réservée à la femme au sein de l'UDEAC. Et donner les circonstances de création de la CEMAC.

Le Chapitre II intitulé : "Le rôle de la femme au sein de l'organisation internationale sous régionale la CEMAC", fait ressortir les différentes législations qui promeuvent la femme dans la CEMAC, la contribution de la femme sur les plans politique, économique et socioculturel et les différents moyens qu'elle utilise au sein de la CEMAC pour mieux s'investir dans la sous-région.

Au Chapitre III dont le titre est "Les limites à l'action diplomatique de la femme au sein de cette organisation internationale", relève les différentes difficultés auxquelles les femmes font face à la CEMAC72, ce qui limite leur travail dans cette Communauté.

Le chapitre IV, intitulé "Bilan de la contribution diplomatique de la femme au sein de l'organisation internationale sous régionale la CEMAC", montre comment la présence des femmes au sein de la CEMAC permet qu'elles jouent un rôle considérable dans cette institution internationale sous régionale. Aussi, quelques aspects sont marqués pour mieux assurer leur représentation au sein de l'institution73.

70 Van Campenhoudt, Quivy, Manuel de recherche..., p.81.

71 G. Trepanier, "La paysanne camerounaise entre l'émancipation et l'aliénation", in Revue camerounaise des études africaines, 1970, pp.321-332.

72 Henry Lucien Ticky, 47 ans, Expert Principal CEMAC en circulation, entretien réalisé à la Représentation CEMAC au Cameroun à Yaoundé, le 15/10/2018.

73 J. L. T. Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale", Thèse de doctorat / Ph.D en histoire, Université de Yaoundé I, 2014, p.113.

CHAPITRE I :

PRESENTATION DE LA FEMME EN AFRIQUE CENTRALE ZONE

CEMAC

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Le continent africain est un espace géographique constitué de cinquante-quatre Etats regroupés en cinq sous-régions dont la Communauté Economique et Douanière des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union du Maghreb Arabe (UMA), la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Est (EAC) et la Communauté de Développement des Etats de l'Afrique du Sud (SADC). Au sein de chaque grande sous-région, il existe des regroupements sous régionaux qui constituent également des communautés économiques régionales. C'est le cas de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) qui fait l'objet de cette étude1.

La présentation des femmes en Afrique centrale ne nous renvoie pas ici à la présentation des femmes en Afrique des Grands Lacs2, mais plutôt en Afrique centrale zone CEMAC qui regroupe six Etats dont le Cameroun, la République du Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la RCA et le Tchad3. Aussi, présenter les femmes ne vient pas à denier l'existence des hommes au sein de cette Communauté sous régionale, mais plutôt de relever une autre existence que celle des hommes, qui a toujours parue aux yeux de tous comme la plus dominée4.

Il s'agit ici de faire un rappel historique en présentant la situation de la femme en période précoloniale et coloniale, de situer la femme dans L'UDEAC et de présenter la CEMAC.

1 A. L. Aboa, al., Démocratie et développement en Afrique : perspectives des jeunes chercheurs en Afrique, Dynamique nationales et régionales du développement, Tome I, Paris, L'Harmattan, 2013, pp.115-127.

2 L'Afrique des Grands lacs est l'Afrique centrale géographique qui regroupe onze Etats qui constituent la CEEAC au sein de laquelle se retrouve aussi la CEMAC, considérée Afrique centrale politique qui regroupe à son tour six Etats. Cf. D. Abwa, et Als., Dynamique d'intégration en Afrique centrale, Actes du Colloque de Yaoundé, Tome 1, Yaoundé, PUY, 2001, p.30.

3 Aboa, al., Démocratie et développement en Afrique..., p.121.

4 Cynthia Obiang, 40 ans, Administrateur civil en Guinée Equatoriale, entretien réalisé à Kyo-Ossi, le 25/06/2017.

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A. RAPPEL HISTORIQUE

La situation de la femme a évolué durant des années. De la période précoloniale à la période coloniale, le statut de la femme a connu des mutations. Ce qui explique la présentation de la femme en zone CEMAC avant et pendant la colonisation.

1. Situation de la femme à l'ère précoloniale

La littérature occidentale a présenté la femme africaine comme une esclave résolue aux plus durs travaux, passive, résignée et objet de mépris pour les hommes.5 Alors que d'un autre côté, certains auteurs relèvent que la femme africaine n'était pas opprimée6. Raison pour laquelle il est important de situer la femme à l'ère précoloniale dans les domaines politique, économique et socioculturel en Afrique centrale.

a. Le statut politico-juridique

En Afrique en général et en Afrique centrale en particulier, on ne peut véritablement pas parler d'un statut politique de la femme dans les sociétés traditionnelles. Certaines sources révèlent que "la participation de la femme africaine à la vie politique en Afrique précoloniale a toujours été interprétée comme insignifiante, voire nulle. Les femmes étaient étrangères à la partie la plus organisée et la plus active de la société". Si cela semble vrai de manière globale, l'on ne peut nier le fait que certaines femmes ont souvent été impliquées dans la prise des décisions du village7. Les réunions des "vieux" des villages ne comprenaient uniquement que des hommes. Les femmes qui ont atteint un certain âge y participaient également et non pas en tant que spectatrices ou suppléantes, mais au même titre et avec les mêmes prérogatives que les hommes. Les conseils, les décisions des femmes "mûres" sont d'égale valeur que ceux de leurs partenaires masculins. Aucune discrimination, aucune ségrégation ne sont tolérées par les femmes. S'ajoute à cela les confréries féminines autrement appelées "sociétés secrètes féminines" prolifiques dans les sociétés traditionnelles d'Afrique centrale, qui ont joué un rôle non négligeable. Ces organisations composées entièrement de femmes constituaient "des

5 G. Trepanier, "La paysanne camerounaise entre l'émancipation et l'aliénation", in Revue camerounaise des études africaines, 1970, pp.321-332.

6 H. Ngoa, Non, La femme africaine n'était pas opprimée, Yaoundé, Clé, 1975.

7 E. V. Ndjah Etolo, "Dynamiques de genre et rapport de pouvoir au sein des couples salariés à hypogamie féminine : contribution à une sociologie de la vie conjugale en contexte urbain camerounais", Thèse de doctorat/ Ph.D en sociologie, Université de Yaoundé I, 2017, pp.37-40.

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groupes de pression capables d'influer sur les affaires publiques de la collectivité villageoise". À ce propos, Ignace Koumba Pambolt écrit dans le cas du Gabon :

Au mois de février 1971 elles (les femmes du N'djembè) sont intervenues aux côtés des hommes du Bwiti (Société secrète masculine) pour s'opposer énergiquement à la destruction de leurs cases dans la capitale gabonaise, Libreville. Le régime de m. Albert Bernard Bongo avait dû déchanter face à une telle opposition.8

Cela relève non seulement l'influence des sociétés secrètes féminines, mais aussi le pouvoir que les femmes pouvaient incarner dans la vie sociale traditionnelle. Aussi en Afrique centrale, il y a eu des femmes de renom qui ont aussi pris part à la vie politique. Pour la plupart, elles ont été surtout des "cheffesses"9 ayant exercé l'autorité politique à la tête d'un clan ou d'un lignage : Makove du clan Mouva, Kumba-Pungueka du clan Mussanda, la vieille Kengue du clan Bassamba, M'Buru-Akosso du clan Mandi." Mais aussi reines à l'instar de "Ilassa de la pointe Owendo et de l'île Koniquet, Evindo et Mbumba chez les Enenga". Cependant, si l'homme reste le chef incontesté dans la vie politique traditionnelle, il n'en demeure pas moins que la femme avait un rôle tout aussi important et qu'elle n'a pas été au cours de l'histoire que cette femme décrite comme soumise, simple victime. Par ailleurs, cette attribution change radicalement, notamment avec l'arrivée de "l'homme blanc"10.

Les femmes jouissaient aussi d'un certain nombre de privilèges dans les domaines politiques et juridiques. Sur le plan politique, elles jouaient le rôle de conseillères et de confidentes11. Celles-ci disposaient de pouvoirs substantiels, c'est-à-dire discrètes mais efficaces dans les questions d'ordre social12. Elles participaient à la vie politique et pouvaient assister à certaines assemblées. Nonobstant tout ceci, les femmes étaient exclues des fonctions de commandement général. Les sources traditionnelles sur l'époque précoloniale révèlent que le rôle actif a généralement été inhérent à l'homme. C'est lui qui prend les décisions, il est l'auteur économique et politique. Par ailleurs, les femmes sont reçues comme médiatrices dans le mécanisme de la filiation mais d'une façon passive13.

8 P. I. Koumba, "L'intégration de la femme gabonaise dans le processus de développement", Mémoire de maîtrise de sociologie, 1979, p.114.

9 Ibid., pp.130-131.

10 O. P. Itoumba, "Les femmes et la politique au Gabon (1956-2009) : une affaire d'État ou d'activisme féminin ?", in Revue gabonaise d'histoire et archéologie, Editions Lumières, N°2, 2017, pp.32-33.

11 J. Ntahohari, B. Ndayiziga, "Le rôle de la femme burundaise dans la résolution pacifique des conflits", in UNESCO, Les femmes et la paix en Afrique : Etudes de cas sur les pratiques traditionnelles de résolution des conflits, Paris, Pointed in France, 2003, p.21.

12 J. J. Chendjou, "Les bamilékés de l'ouest-Cameroun : pouvoir économique et société (1880-1916)", Thèse de doctorat 3e cycle en Histoire, Université de Paris, 1986, p.83.

13 Ntahohari, Ndayiziga, "Le rôle de la femme burundaise...", p.21.

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Dans le cadre juridique, la femme en Afrique Centrale avait des droits en tant que procréatrices, moyen d'échange et productrice. Cependant, la colonisation est venue mettre un emprunt sur ces droits. L'ordre colonial imposa des réformes coutumières ne correspondant pas à la réalité du pouvoir en Afrique.

Il en ressort de tout ce qui précède que, dans l'Afrique précoloniale, les construits sociaux hommes-femmes répondaient à une hiérarchisation bien définie. Les femmes avaient un pouvoir décisionnel moins considérable que celui de l'homme. Elles étaient certes au centre de toutes les compétitions de survie et de croissance, mais demeuraient en fin de compte l'élément le plus dominé de la société car elles étaient celles à qui il était le plus demandé14.

b. La situation socio-économique

Avant la colonisation, la place de la femme se ressent également dans la vie sociale et économique.

Sur le plan social, la femme en Afrique centrale assurait la totalité des tâches domestiques en plus de ses travaux champêtres, généralement répartis entre les femmes et les filles de la maisonnée qui s'occupaient entre autres du ménage, du ravitaillement en eau, du ramassage de bois, de la confection des repas. Les femmes ou les mères étaient exclusivement chargées des soins et de l'éducation des enfants. Ces attributions qui renvoyaient aux rôles de mère, d'épouse et de ménagère comme essentiels à la femme dans la société traditionnelle, lui conféraient le statut de gardienne des valeurs et des traditions, car responsable de la bonne marche de son foyer15. C'est ainsi qu'une division sociale du travail apparaît. Pendant que la femme exerçait son pouvoir de procréation à travers son corps qui enfante et ses mains qui travaillent la terre, l'homme affirmait son pouvoir d'organisation de la société. En tant que source de vie, la première perception qu'on avait de la femme était de la mère nourricière dévouée aux siens. Malgré le respect qui lui était ainsi accordé dans ces sociétés précoloniales, cela n'empêchait sa subordination vis-à-vis de l'homme. La femme était parfois moins considérée que l'homme, du fait qu'elle dépendait, devait respect et était destinée à son service. Considérée comme cadette sociale, elle n'avait parfois pas droit à la parole dans une société

14 G. Balandier, Sociologie actuelle de l'Afrique noire, dynamique sociale en Afrique centrale, Paris, PUF, 1963, p.64.

15 Les britanniques ont qualifié le travail du foyer de "Working mother" : travail effectué par des femmes en attendant de trouver "l'amour" et de se retrancher dans la vie domestique après le mariage. Ce mode de travail a connu une valorisation par la culture américaine. Parallèlement, l'idée d'une véritable carrière féminine se trouve dévaloriser : le pourcentage dans les Universités diminue. La femme idéale devient ainsi la jeune et jolie secrétaire qui travail en attendant de se marier. Cf. A. M. F. Elanga Mbamgono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC", Mémoire de master en Relations Internationales, IRIC, 2012, p.109.

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masculine16. Raison pour laquelle, bien qu'il existe des sociétés matrilinéaires17 en Afrique centrale ancienne, les femmes n'exerçaient pas véritablement l'autorité car s'était de manière très limitée. Par ailleurs, elles bénéficiaient d'un pouvoir religieux qui supposait celui du chef, présidaient toutes les sociétés secrètes des femmes et assistaient à celles des hommes lorsque celles-ci n'avaient pas un caractère militaire18.

Les femmes dans certaines circonstances étaient les plus nombreuses, assimilées aux esclaves et aux objets d'usage courant"19. Présentant ses entretiens avec les femmes béti du sud Cameroun, Jeanne Françoise Vincent relève que lorsqu'il s'agissait d'apprécier le statut réservé aux femmes, un mot commun revenait chez son informatrice, celui d'"esclave". Ce qui traduit un statut d'infériorité sur le plan social qui interdisait aux femmes de s'exprimer20. Le fort patriarcat des sociétés traditionnelles a fait en sorte que la femme ne soit pas suffisamment considérée. Son rôle se résume à celui d'accompagner l'homme dans sa mission21. Raison pour laquelle, même après vingt ans de promotion de la femme, les cultures se battent pour promouvoir l'inégalité homme-femme qui selon elles, est à la base de la fondation du monde. L'homme est ainsi le chef de la famille et celui de la femme, la femme est mère et épouse. Son destin est lié à celui de l'homme. Ainsi, une femme non mariée est victime de marginalisation, elle n'est pas assez respectée et n'a pas droit à la parole même dans sa propre famille.

Par ailleurs, une femme qui n'enfantait pas était considérée comme maudite et elle subissait le rejet social. C'est pourquoi chez le peuple bamiléké de l'Ouest-Cameroun, de telles femmes étaient parfois enterrées avec une pierre à la main22, et dans d'autres cas, son corps était enterré loin de son village23.

Dès la naissance, la fille et le garçon n'avaient pas le même nombre d'années pour rester auprès de leur maman. Car après avoir atteint un certain âge, il y avait une séparation entre le garçon qui lui se voyait faire route avec son père alors que la jeune fille restait attachée à sa

16 J-P. Tsala Tsala, La femme béti entre tradition et modernité. Une demande en souffrance, Paris, Université de Louis Pasteur, 1988, p.583.

17 Société matrilinéaire : c'est un système de filiation dans lequel chacun relève du lignage de sa mère. Cela signifie que la transmission de l'héritage de la propriété des noms de famille passe par le lignage féminin.

18 A. P. Temgoua, "Statut et rôle de la femme dans la société précoloniale", in J. Fame-Ndongo, La femme camerounaise et la promotion du patrimoine culturelle, Yaoundé, CLE, 2002, pp.66-68.

19 B. Bilongo, La femme noire africaine en situation, ou si la femme africaine était opprimée ? Yaoundé, CNE, 1993, p.19.

20 J.F. Vincent, Tradition et transition. Entretiens avec les femmes du Sud Cameroun, Paris, Berger Levrault, 1976, p.6.

21 S. D. Yana, " Statuts et rôles féminins au Cameroun : Réalités d'hier, images d'aujourd'hui", in Politique Africaine N° 65, 1997, p.35.

22 Inès Fotsing, 70 ans, ménagère, entretien réalisé à Yaoundé le 22/09/2018.

23 Nadège Makemba, 60 ans environ, Chef de service retraité au Ministère de la promotion de la femme et de la famille, entretien réalisé à Yaoundé, le 25/01/2018.

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mère. Laquelle lui enseignait les rouages des ménages, tâche principale assimilée à la jeune fille. C'est ainsi que sa mère était chargée de :

- développer ses aptitudes physiques à travers notamment la recherche de l'eau, la recherche du bois de chauffage, le balayage de la maison et de la cour, la préparation des mets.

- la formation du caractère dont les principales qualités étaient notamment l'obéissance, la modestie, le respect, la réserve, la honte24.

- la formation culturelle plutôt qu'intellectuelle, puisque la méthode, les instruments et même la finalité de l'éducation de la jeune fille relevaient du domaine de la culture dont elle devait aider à perpétuer le contenu.

A l'analyse, l'éducation de la jeune fille ne vise pas seulement à éveiller et à développer les potentialités latentes dans le sens de son épanouissement ou la meilleure intégration dans la vie. Il s'agit plutôt de la canaliser et l'orienter dans le sens de la formation d'une âme naturellement obéissante et soumise25. La femme ou l'"épouse" est donc celle qui accomplit, à titre principal, les tâches éducatives des enfants, indépendamment de leur sexe. Son droit de regard sur ces enfants diminue par rapport au garçon au fur et à mesure que ce dernier prend de l'âge26. La vie conjugale est l'incontournable point de chute du destin de toute femme à l'époque précoloniale. Une femme n'est pleinement accomplie que si elle se marie et si elle procrée. C'est pourquoi, le rôle conjugal de la femme est l'un de ceux qui déterminent le mieux sa condition.

Hors de son ménage, la femme en générale n'avait pas droit à la parole. En visite chez ses parents, comme d'ailleurs au temps où elle était encore jeune fille, la femme pouvait à tout moment se voir réduite au silence ou, parfois s'entendre traitée de "fille"27 par un frère même plus jeune qu'elle. Le système de descendance dans beaucoup de sociétés africaines étant patrilinéaire, seuls les hommes sont considérés comme héritiers. Cependant, ce n'est que par la "dot", voir le "veuvage", un rituel qu'elle devait exécuter après la mort de son mari, qu'elle pouvait perpétuer l'héritage ou la descendance de son mari, en se mariant avec un frère du lignage de son mari.

24 Ines Fotsing, entretien.

25 D. Attadjoude, "Le rôle des associations féminines dans la promotion de la femme de la région de l'Adamaoua : le cas du Réseau des Associations des Femmes de la Vina (RAFVI)", Mémoire de master en Sociologie, Université de Yaoundé I, Juin, 2013, pp.21-22.

26 Grégoire Djoulaye, 25 ans, étudiant Tchadien à l'Université de Yaoundé II, entretien réalisé à l'Université de Yaoundé II, le 23/10/2018.

27 Attadjoude, "Le rôle des associations féminines...", p.22.

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Le volet économique de la femme clarifie que la répartition sexuée des tâches faisait d'elle l'unique responsable des travaux ménagers. A ce titre, il lui incombait de s'occuper du petit bétail (pour des zones d'élevage), de prendre soins des enfants, de chercher du bois, de puiser de l'eau. Ce qui ressort que le rôle économique de la femme en Afrique précoloniale était très limité. Le rôle économique ici étant les activités génératrices de revenus. Les coutumes et les normes régissant l'organisation sociale avaient réduit les femmes à l'exercice des tâches pour lesquelles aucun déplacement n'était requis28. En cette période en Afrique, la plupart des femmes ne devaient pas se retrouver loin de leurs ménages afin de s'assurer de la bonne conduite des enfants et assurer la préparation des repas et prendre soins des enfants dont leur éducation lui était assignée aussi comme tâche. Une éducation qui était pour un certain temps en ce qui concerne le jeune garçon car, il allait se retrouver du jour au-lendemain en compagnie de son père qui de son côté allait lui inculquer les rouages du vécu quotidien d'un homme29.

Le statut politique, économique et socioculturel de la femme pendant la période précoloniale relève un déséquilibre statutaire de la femme vis-à-vis de l'homme. Elle était plus attachée aux activités domestiques qu'économiques, son rôle était secondé à celui de l'homme. Même si l'on ne peut dénier le rôle important qu'elle jouait au sein de la société. Cependant, l'avènement de la colonisation en Afrique viendra modifier certains rapports de la femme dans la société.

2. La femme à l'époque coloniale

La colonisation, avec tous ces chambardements qu'elle a introduits en Afrique, a modifié d'une certaine manière le statut de la femme dans la société, tel qu'il était à l'époque précoloniale. C'est dans cette logique que l'on examine la situation politique, économique et sociale de la femme à la période coloniale.

a. Dans le domaine politico-juridique

L'implantation des puissances coloniales en Afrique centrale au cours du XIXème siècle, a engendré un bouleversement des structures traditionnelles mais aussi des valeurs30. La femme en Afrique centrale qui jouissait d'un certain rôle à l'époque précoloniale, voit celui-ci décliné. Les principes philosophiques et politiques nouveaux importés par les Européens mettent la femme dans une situation de dépendance accrue vis-à-vis de l'homme. Dans cette société

28 Attadjoude, "Le rôle des associations féminines... ", pp.23-25.

29 Ndjah Etolo, "Dynamiques de genre et rapport de pouvoir au sein des couples salariés...", pp.34-40.

30 N. N'nah Métégue, Histoire du Gabon. Des origines à l'aube du XXIe siècle, Paris, L'Harmattan, 2006, p.121.

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coloniale "le mari était seul autorisé à participer de plein droit à la vie politique et c'est lui qui décidait du sort de sa femme".

Pendant la colonisation, les femmes étaient quasiment écartées de la sphère politique. Alors que pendant la période traditionnelle, la femme africaine détenait une certaine place dans la gestion de la politique, dans la gestion matérielle. Des femmes agissaient à un haut niveau d'organisation sociale et politique : c'est le cas des reines mères et des épouses des grands chefs31. Mais au moment où le missionnaire et le colon arrivent, on constate une évacuation de la femme de cette sphère. C'est l'homme qui s'occupe des grands emplois d'offices publics. Les auxiliaires coloniaux sont essentiellement masculins. La femme est rarement consultée. Le colon a retiré la femme dans plusieurs domaines notamment économique et politique car même les hommes qui s'y trouvaient déjà étaient moins considérables par leur nombre. Aussi, la femme était mise à l'écart de la société et sa place se retrouvait beaucoup plus dans les ménages.

L'administration coloniale avec l'introduction du droit écrit a juridiquement codifié la dépendance de la femme. Pour travailler ou accomplir tout acte juridique, elle avait besoin de l'aval de son mari. Aussi, l'accès aux centres urbains lui était plus difficile. Le pouvoir de la femme fut donc amoindri. Elle se retrouvait ainsi avec un double combat à savoir la patriarchie africaine et la patriarchie européenne32. De même, elle se trouvait en minorité. Les droits des femmes étaient très limités pendant cette période. Sa condition devient de plus en plus liée à celle de son mari. Ce qui pourrait laisser voir qu'elle existe parce que son mari existe. Autrement dit, tout ce qu'elle devait faire, elle devait avoir l'aval de son mari dont sa condition à lui dépendait aussi du colonisateur. Le système devient donc une chaine de dépendance de l'un à l'autre. Raison pour laquelle, la femme ne pouvait se retrouver dans toutes les sphères de la société car, son mari ne pouvait pas lui autoriser de faire ce qui allait le compromettre notamment aller à l'encontre des lois édictées par l'administration coloniale. Face à cela, le rôle de la femme dans le cadre social et économique était puéril.

b. Dans le domaine socio-économique

La politique coloniale portait également les traces de discrimination envers les femmes. Cette pratique sera perpétuée et perdurera au fil du temps, empiétant le processus d'instruction féminine et son intégration professionnelle. Aussi, l'enseignement dispensé aux femmes en

31 Ndjah Etolo, "Dynamiques de genre et rapport de pouvoir au sein des couples salariés...", p.38.

32 E. Sutherland-Addy, A. Diaw, Des femmes écrivent l'Afrique : L'Afrique de l'Ouest et du Sahel, Paris, Karthala, 2007, pp.8-104.

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cette période avait pour ambition d'une part d'en faire des femmes capables de tenir un foyer, c'est ce qui ressort des femmes éduquées dans les sexas33, d'autre part, de participer à la vie publique pour celles-qui avaient été instruites bien qu'en très petit nombre. Par ailleurs, certaines femmes pouvaient être aides-soignantes, religieuses ou monitrices. Cependant, la colonisation n'a fait que transformer la forme traditionnelle de l'infériorité de la femme qui existait en Afrique précoloniale en altérant le principe. Il est à noter qu'en Afrique précoloniale, la division sexuée du travail n'était pas d'envergure car, chaque "construit social" effectuait une tâche en fonction de sa capacité à y assumer cette responsabilité. Mais avec l'avènement du colonialisme, cette division a été accentuée. Cette division du travail n'a pas laissé l'Afrique centrale indifférente. La production réservait aux hommes l'accomplissement de gros travaux, et aux femmes des travaux relativement légers mais multiples et se faisait dans le ménage ou à proximité34. L'homme est dans la conception coloniale l'agent principal du travail indigène. Mais le gros du travail était en réalité effectué par les femmes. Ce qui explique le fait que dans les années 1930, très peu de femmes se retrouvaient dans des villes. Cependant, un certain nombre y étaient installées plus ou moins clandestinement.35 Sur le plan social, le système d'imposition a eu pour conséquence l'introduction du salariat dont la femme était presque exclue36.

Sur le plan économique, les privilèges que la femme pouvait avoir tombèrent en désuète avec la création des comptoirs et la pénétration à l'intérieur du continent des commerçants européens. Même s'il faut relever que le troc était le principal moyen de commerce en "Afrique noire". L'introduction imposée de la monnaie, puis du système d'imposition sur la place du marché, furent ensuite de nouveaux éléments perturbateurs37. Dans l'agriculture avant cette époque elle assurait la production dans les champs car, elle occupait également une place très importante aussi bien que son mari dans les travaux champêtres. Le système colonial, en refusant le travail salarié aux femmes, les a marginalisées alors que l'accès aux ressources monétaires constituait un moyen d'épanouissement essentiel.

Allant des zones côtières à l'intérieur, l'entreprise coloniale d'exploitation systématique des richesses38 du sol et du sous-sol de l'Afrique en générale et de l'Afrique centrale en

33 Zerabi, "Femmes au Maroc entre hier et aujourd'hui : quels changements T", in Recherches, vol 3, n° 77, pp.65-80.

34 Ibid., p.46.

35 Rafael Nguema, 65 ans, Enseignant gabonais retraité, entretien réalisé à Kyo-Ossi, le 25/06/2017.

36 Idem.

37 Idem.

38 A. Boddy-Evans, What caused scramble for Africa? Retrieved, 2012, p.25.

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particulier nécessitait une main d'oeuvre abondante39. C'est dans cette optique que les peuples locaux étaient mis à contribution dans l'extraction minière, la collecte de caoutchouc, la construction des chemins de fer et les corvées de tout genre. Les hommes étaient donc le plus sollicités pour l'accomplissement des corvées. Quant aux femmes, elles s'occupaient du ramassage et du portage de pierres, ainsi que de la collecte de l'huile de palme qu'elles acheminaient vers les centres administratifs. Elles se chargeaient également de la cuisine dans les chantiers40. L'homme et la femme sont voués à des tâches différentes. Les hommes travaillaient dans les plantations agricoles coloniales. Ce qui laisse voir dans les plantations d'exploitation une main d'oeuvre essentiellement masculine41. Les hommes étaient ainsi les seuls à être rémunérés bien que certains travaillaient avec leurs femmes42.

Les femmes étaient presque ignorées dans tout ce qui avait trait à l'économie et à l'administration, ce qui les mettait en marge de la société. Cela était considéré comme "l'exclusion bénigne des femmes"43. Cette vision de l'organisation de la société relève de l'idéologie dominante des milieux de l'élite européenne des XVIIIe et XIXe siècles selon laquelle, l'homme était le pourvoyeur de fonds utilisés dans tous les aspects alors que la femme avait la charge du ménage. Ceci vient dont mettre en revers le rôle de la femme qui était essentiel et primordial dans la société traditionnelle. La femme joue ainsi un rôle de subalterne vis-à-vis de l'homme et cela établit une relation sociale déséquilibrée puisqu'il n'existe qu'un seul maillon dans la chaine de production. Ceci perpétue la relation de dominant à dominer et explique les difficultés à longue portée de la femme à s'intégrer dans la vie professionnelle. C'est ce dénie de représentation sociale que vient balayer la théorie féministe qui réclame la représentation équitable de l'homme et de la femme dans les postes de responsabilité.

Cette théorie organisationnelle de la société a été promue par l'administration, l'industrie et l'église qui formaient les trois piliers de l'entreprise coloniale. Chacune de ces instances à son niveau dans le cadre de ses fonctions, a propagé l'idée d'un mari allant au travail pour chercher de quoi subvenir aux besoins de sa famille, et d'une épouse restant au foyer pour l'y entretenir.

Ces femmes peu nombreuses par rapports aux hommes constituent l'embryon d'une "classe de petites commerçantes, qu'on pourrait aujourd'hui intégrer au secteur "informel". Elles s'adonnaient à la fabrication de boissons alcoolisées locales et à la revente de la nourriture

39 R. Roberts, "Peculiarities of Africa labor and working class history", in Labor/travail, 1982, pp.317-333.

40 Ndjah Etolo, "Dynamiques de genre et rapport de pouvoir au sein des couples salariés...", p.43.

41 Roberts, "Peculiarities of Africa labor...", p.320.

42 G. Mianda, Femmes africaines et pouvoir. Les maraîchères de Kinshasa, Paris, L'Harmattan, 1996, pp.30-25.

43 G. Mikelle, African feminism in subsaharan Africa, Philadelphia University of Pennsylvania, 1997, p.16.

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qu'elles ont elles-mêmes préparée. Les investigations multiples relèvent qu'il y'avait pas de femmes salariées jusqu'à dans les années 1950. Ce n'est qu'au moment où les familles européennes s'étaient installées qu'on avait eu besoin des femmes comme ménagères pour garder les enfants. Encore que cette façon d'employer les femmes était limitée.

Il est clair que la colonisation a perpétué les inégalités entre l'homme et la femme. L'homme devient le seul pourvoyeur de la société alors que la femme est résolue à la gestion du foyer.44 C'est ainsi que cette situation va révolutionner la femme et va l'amener à chercher comment faire pour être représentée dans la société au même titre que l'homme. Ce qui plus tard justifiera sa présence dans les organisations interétatiques comme l'Union Douanière Equatoriale de l'Afrique Centrale (UDEAC), devenue la CEMAC plus tard.

B. LA CREATION DE L'UDEAC ET LA PLACE RESERVEE AUX FEMMES

Après leur accession à l'indépendance, les pays africains à travers leurs dirigeants, ont manifesté le désir de combattre le sous-développement par la création de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), selon l'adage "l'union fait la force". Mais, le chemin pour arriver aux résultats était déjà mal tracé car, la création de l'OUA en 1963 était précédée par la division des leaders africains en deux blocs : le groupe de Monrovia qui prônait une union progressive à travers la constitution des regroupements sous régionaux et celui de Casablanca qui était pour la création des Etats-Unis d'Afrique. C'est ainsi que la première tendance l'emporte d'où la création des homogénéités spatiales comme la CEDEAO, la SADC et bien d'autres. Ensuite, le plan d'action de Lagos de 1980 viendra jeter le pavé dans la marre en préconisant l'intégration régionale de l'Afrique à partir de la création des pôles fédérateurs selon les régions. D'où la formation des Communautés Economiques Régionales qui prolifèrent de nos jours en suscitant les adhésions multiples des Etats. C'est dans cette logique que l'UDEAC voit le jour en 196445.

1. Présentation de l'UDEAC

Le Président Barthélemy Boganda avait émis, dès 1956, le projet de construction d'une "République Centrafricaine", première étape d'une Union d'Afrique Centrale qui soit visible sur le plan économique. Ce projet a connu un échec. Néanmoins avant l'adoption de la loi cadre, la France organise ses colonies d'Afrique noire en deux fédérations : Afrique Occidentale

44 Ndjah Etolo, "Dynamiques de genre et rapport de pouvoir au sein des couples salariés...", p.43.

45R. Kayembe Mungedi, "L'intégration régionale en Afrique : regard critique sur la prolifération des regroupements régionaux", in A. L. Aboa et Als, Démocratie et développement en Afrique : perspectives des jeunes chercheurs africains, Tome I, Paris, L'Harmattan, 2013, pp.115-132.

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Française (AOF) et Afrique Equatoriale Française (AEF)46. A la suite d'une volte-face, elle opte pour la préservation des marchés tropicaux des sociétés commerciales françaises implantées en Afrique noire. Toutefois, la République Centrafricaine, le Congo, le Gabon et le Tchad constituèrent dès lors une entité géoéconomique intégrée, sous l'appellation de l' AEF47. Suite à la signature de deux protocoles à Paris en 1959, ces pays créent le 29 juin 1959, l'Union Douanière Equatoriale (UDE)48, qui connait l'adhésion du Cameroun en1962. Le 8 décembre 1964, les Chefs d'Etat de ces cinq pays signent à Brazzaville le traité instituant l'UDEAC qui entre en vigueur le 1er janvier 1966. Confirmant ainsi un processus de regroupement entamé sous la période coloniale. Le 24 août 1983, l'union connaît l'adhésion de la Guinée Equatoriale.

Les pays de l'Afrique centrale on très tôt pris conscience de l'intérêt que représentent la coopération économique et l'intégration régionale en tant que facteurs susceptibles de contribuer à l'accélération de leur croissance et de leur développement. Ce qui justifie qu'ils vont assigner à l'UDEAC des objectifs précis pour la bonne marche de la communauté. Ces objectifs seront suivis et appliqués par des organes et des Institutions spécialisées de l'UDEAC.

a. Les objectifs de l'UDEAC

Pour veiller au bon fonctionnement de l'Union, l'UDEAC s'assigne de nombreux objectifs :

- établir une union de plus en plus étroite entre les peuples des Etats membres en vue de raffermir leur solidarité géographique et humaine ;

- promouvoir les marchés nationaux actuels grâce à l'élimination des entraves du commerce intercommunautaire, à la coordination des programmes de développement des différents secteurs de production et à la répartition à la l'harmonisation des projets industriels ;

- renforcer l'union de leurs économies et d'en assurer le développement harmonieux par l'adoption des dispositions tenant compte des intérêts de tous et de chacun, compensant de manière adéquate par des mesures appropriées la situation spéciale des pays de moindre développement économique ;

46 Kayembe Mungedi, "L'intégration régionale en Afrique...", pp.115-132

47 S. Loungou, "La libre circulation des personnes au sein de l'espace de la CEMAC : entre mythes et réalités", in Revue belge de géographie, n° 3, Open Edition Journals, 2010, p.1.

48 A. Z. Tamekamta, Le Cameroun à l'UDEAC : Bilan et perspectives d'une gestion administrative contestée à l'ère du Renouveau, Paris, L'Harmattan, 2011, pp.13-14.

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- participer à la création d'un véritable marché commun africain et consolider l'unité africaine49.

Ces objectifs exprimaient clairement la volonté des Chefs d'Etat concernés d'unir leurs efforts, afin de bâtir un espace économique optimal, susceptible d'impulser un développement économique solidaire et de créer des pôles de développement tout en facilitant l'intégration de leurs économies nationales. A côté de ces objectifs fixés, des organes et des institutions spécialisées sont identifiés à l'UDEAC.

b. Organes et institutions spécialisées de l'UDEAC

L'Union est structurée de la manière suivante :

- des services administratifs

- des divisions, départements et services techniques

- des organismes rattachés

- des organismes communautaires50

a- Les services administratifs

Les services administratifs comprennent :

- le Secrétariat particulier

- la Direction des services du Secrétariat général

- la Direction administrative51

b- Les divisions Techniques

Elles comprennent :

- la Première division

- la Deuxième division

La première division comprend :

- le Département des douanes

- le Département de la fiscalité

- le Département des statistiques

- le Département de formation et de la Recherche scientifique.

Alors que la deuxième division comprend :

- le Département de 1'hamonisation industrielle

49 Tamekamta, Le Cameroun à l'UDEAC..., p.13.

50 J. Touscoz, J. Lormand, Coopération scientifique et technique entre les Etats membres de l'UDEAC, Paris, Unesco, 1977, pp.96-99.

51 Ibid.

41

- le Département des transports, postes, télécommunications et tourisme - le Département de l'économie rurale

- le Département de la main d'oeuvre, du travail et de la sécurité52

c- Les organismes rattachés

Les organismes rattachés sont :

- la Direction de 1'Agence comptable inter-états

- la Direction du contrôle financier

- la Direction de l'école inter-état des douanes

- le Centre régional d'études de population

- la Direction de l'Ecole supérieure de commerce53

d- Les Organismes communautaires

Les Organismes communautaires sont.

- la Banque des Etats de l'Afrique Centrale

- la Banque de développement des Etats de l'Afrique Centrale

- la Commission d ' Arbitrage54.

A côté de ces institutions susmentionnées, on retrouve également les institutions ci-dessous :

- l'Institut Sous Régional d'Analyse Multisectorielle et de Technologie Appliquée

(ISTA) ;

- l'Institut Supérieur des Statistiques et d'Economie Appliquée (ISSEA) ;

- l'Ecole Inter-Etats des Douanes à Bangui

- la Communauté Economique du Bétail, de la Viande et des Ressources Halieutiques

(CEBEVIRHA) ;

- la Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale (BDEAC)55.

Tous ces organes et institutions jouaient un rôle important pour le bon fonctionnement de l'UDEAC, une homogénéité constituée des hommes et des femmes qui voudraient voir leurs

52 B. Vinay, Coopération intra-africaine et intégration l'expérience de l'UDEAC, Penant,1971, pp.25-28.

53 Touscoz, Lormand, Coopération scientifique et technique..., pp.98-99.

54 Cf. Organigramme de l'UDEAC en annexe N° IV.

55 R. Pourtier, Atlas de l'UDEAC, Paris, Ministère de la Coopération, 1993, pp.28-27.

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pays réussir dans leur union. Ce qui nous amène à nous interroger sur la place que cette union a accordée à la femme.

2. La place réservée aux femmes à l'UDEAC

Les pays d'Afrique centrale, après les indépendances, ont fait le plus de progrès pour donner une meilleure éducation à leurs populations, notamment aux femmes. Cette initiative s'est accompagnée par la dotation des Etats des textes permettant de régir cela et d'éliminer les considérations d'ordre discriminatoire sur le sexe. C'est ce qui se décline dans les différentes constitutions de ces Etats africains et singulièrement de la CEMAC. Les Etats renoncent à toute forme de discrimination sur le sexe, l'origine, la religion ou la classe sociale. Et donnent à tous les citoyens les mêmes chances d'accès à l'éducation, au travail56.

Par ailleurs, avant les indépendances, les pays de l'Afrique centrale avaient l'idée d'une coopération intra-africaine par l'intégration régionale liée aux solidarités socioculturelles et des réseaux marchands transfrontaliers. C'est dans cette trajectoire qu'après les indépendances, naît le 08 décembre 1964 à Brazzaville, l'Union douanière et économique de l'Afrique centrale, dont l'objectif était de parvenir à une intégration de la sous-région57.

C'est ainsi que l'homme comme la femme étaient appelés à contribuer à l'évolution de cette communauté douanière. Cependant, aucun texte pour promouvoir la femme n'avait été adopté par l'UDEAC. Alors que le rôle de la femme dans le processus de décolonisation n'avait pas été moindre. Elles se sont montrées capables de défendre leurs territoires contre le colonialisme européen58. Or cette étape passée, il était observé un vide juridique en matière de promotion de la femme dans l'UDEAC.

L'Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale s'est dotée de nombreux organes et institutions qui permettaient son bon fonctionnement. Toutefois, la femme a occupé une place moins considérable que celle de l'homme. Car la plupart des postes étaient occupés par les hommes, (cf. tableau 1).

56 Groupe de la BAD, Autonomiser les femmes : plan d'action, Indice de l'égalité du genre en Afrique 2015, Abidjan, 2015, p.20.

57 Tamekamta, Le Cameroun à l'UDEAC..., p.13.

58 M-I. Ngapeth Biyong, Cameroun : Combats pour l'Indépendance, Paris, L'Harmattan, 2010, pp.250-260.

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Tableau 1 : Les responsables de l'UDEAC en 1977.

Vincent Efon

Secrétaire général

Nyama

Secrétaire général adjoint

Comas

Directeur de la division fiscalité et douanes

Tanwo

Directeur des services du secrétaire général

N'Kiet

Chef du département de 1 harmonisation industrielle (2e. Division)

Nguema Nze

Chef du département de 1 économie rurale (2ème division)

Nguema Allogo

Chef du département transports , postes et télécommunications (2ème division)

Bayonne

Chef du protocole

Planes

Conseiller du secrétaire général

Joseph

Directeur du Centre régional d t études de population

Plumelle

Conseiller du chef du département de 1 t économie rurale

Conings

Conseiller au CREP (PNU)

Source : J. Touscoz, J. Lormand, Coopération scientifique et technique entre les Etats membres de l'UDEAC, Paris, Unesco, 1977, p.82.

Ce tableau est la liste non exhaustive des responsables de l'UDEAC en 1977. Dans ce tableau, aucune femme ne figure. Est-ce le manque de femmes compétentes ou c'est le fait que la structure n'a pas très tôt pris en compte la femme ?

Par contre, de nombreuses femmes ont joué un rôle important pour la décolonisation des territoires en Afrique centrale. De plus, leur rôle s'est avéré après l'accession de ces territoires à l'indépendance. C'est le cas de : Rose-Francine Rogombé de nationalité gabonaise, elle avait âprement milité pour l'indépendance de son territoire, plus tard a été promue magistrate dans son pays59. Elisabeth Damtien quant à elle fut dans les années 1960 Premier ministre du gouvernement en RCA, première femme à occuper cette fonction dans ce pays.60 Il va de soi avec Anastasie Nze Ada qui a fait montre de son dynamisme dans la lutte pour la promotion des femmes en Guinée Equatoriale, de surcroît la promotion de l'égalité genre dans ce pays61. Au Cameroun, Marie-Irène Ngapeth Biyong a lutté contre le colonialisme, elle était également

59 O. P. Itoumba, "Les femmes et la politique au Gabon (1956-2009)", n °2, 2017, pp.35-40.

60 Rondo Lemercier, 24 ans, Etudiant centrafricain à l'ISSEA en 4eme année IAS, entretien réalisé à l'ISSEA, le 14/02/2018.

61M. D. Malu-Malu, "Guinée Equatoriale : le projet de "femme idéale", pour l'égalité des droits entre les deux sexes", 31 mai 2017, in www.jeuneafrique.com/mag/440431/societe/guinee-equatoriale-projet-femme-ideale-legalite-droits-entre-deux-sexes/, consulté le 24/04/2019 à 15h30min.

62E. Le-Yotho Ngartebaye, " La participation de la femme à la vie politique au Tchad : 1933-2003", Mémoire de maîtrise en sciences sociales, option sciences juridiques et politiques, UCAC, 2003, p.15.

44

choisie par ses camarades de parti pour défendre le dossier de la Réunification du Cameroun devant la quatrième Commission de Tutelle en 1961. Au Tchad, Yeyou Lisette fut nommée par François Tombalbaye présidente de l'Organisation des femmes de Union Nationale pour l'Indépendance et la Révolution (l'UNIR)62.

Si après l'accession à l'indépendance des Etats de l'Afrique centrale, il existait des femmes capables de participer aux affaires administratives, il pourrait donc être clair que la femme n'avait pas vite été prise en compte par l'administration de l'UDEAC.

Malgré cette preuve du dynamisme féminin dans les différents territoires, les différents postes stratégiques de l'UDEAC n'ont point connu la présence des femmes, (cf. photo1).

Source : www.izf.net/upload/institutions/integration/african/cemac, consulté le 12/05/2019 à 12h30min.

Photo 1 : Les premiers dirigeants, du Secretariat de l'UDEAC jusqu'à la Commission de la CEMAC

45

Comme le démontre ce répertoire des anciens dirigeants du Secrétariat de l'UDEAC à la Commission de la CEMAC, la femme n'a pas été aux commandes de l'UDEAC. Cependant, il n'en demeure pas moins que certaines femmes ont joué un rôle important en occupant d'autres postes dans cette union douanière.

3. Quelques femmes et les postes occupés au sein de l'UDEAC

Signé le 8 décembre 1964, le traité instituant l'UDEAC entre en vigueur le 1er janvier 1966. Ce n'est qu'en 1994 que l'UDEAC prend fin avec l'établissement de la CEMAC63. De 1966 à 1994, de femmes et des hommes ont travaillé en synergie au sein de l'UDEAC afin de promouvoir l'idéal de la limitation des barrières douanières recherché par les différents Etats membres. Même s'il faut noter que les postes occupés par les femmes n'étaient pas des postes clés, néanmoins, ils étaient déterminants pour faire parler de l'expertise féminine dans l'UDEAC, (cf. tableau 2).

Tableau 2 : Le personnel féminin de la comptabilité agréé par le Secrétariat de l'UDEAC entre 1977 et 1988.

Noms et Prénoms

Grade

Pays

Année

A. Lapague-Boudet

Comptable

R. Congo

1977

Ambella Foumena

Comptable

Cameroun

1988

Elie Maya

Comptable

Cameroun

1988

Fokoua née Gertrude

Comptable

Cameroun

1988

Fomen née Ngo Débora

Comptable

Cameroun

1988

Foumena née Biabi Georgette

Expert-comptable

Cameroun

1988

Jacqueline Mono Ossou

Expert-Comptable

Gabon

1980 et 1988

Marguerite Dogmo

Comptable

Cameroun

1988

Marie-Thérèse Gandou

Comptable

R. Congo

1988

Michelle Radier-Collin

Comptable

Centrafrique

1978

Sarah Zinga

Comptable

Cameroun

1988

Yvonne Tchakounte

Comptable

Cameroun

1988

Source : Tableau des professionnels libéraux agréés de la comptabilité par le Comité de Direction de l'UDEAC, 31 juillet 1998, pp.5-17.

63 Loungou, "La libre circulation des personnes...", p.1.

46

Dans la catégorisation des fonctionnaires depuis l'UDEAC jusqu'à la CEMAC, les fonctionnaires sont classés sous deux catégories à savoir : les fonctionnaires du régime international et les fonctionnaires du régime local64. Dans chaque catégorie, il existe des profils spécifiques. C'est ainsi que les profils de comptable et d'expert-comptable font partie de la catégorie des fonctionnaires du régime international, classe exceptionnelle65. Comme le montre ainsi le tableau ci-dessus, les femmes ont occupé de nombreux postes importants dans la catégorie des fonctionnaires du régime international au sein de l'UDEAC. En effet, avec des difficultés rencontrées au sein de la Représentation de la CEMAC au Cameroun, le manque de sources sur l'UDEAC, il a été difficile pour nous de ressortir toutes les femmes ayant travaillé à l'UDEAC de 1964 à 1994. Même si les femmes étaient très minoritaires par rapport aux hommes66. Toutefois, cette présence féminine sera accrue avec la création de la CEMAC. Etant donné que l'UDEAC manifestait des limites, car elle était limitée à l'union douanière67, la nécessité de dynamiser l'organisation va s'imposer. L'avènement de la CEMAC constitue donc le moment idoine pour prendre en compte toutes les autres pans de coopération dans la sous-région.

C. L'AVENEMENT DE L'ORGANISATION INTERNATIONALE SOUS

REGIONALE LA CEMAC

Après une longue période de maturation, un traité instituant la CEMAC est signé entre les Etats membres le 16 mars 1994 à Ndjamena. La CEMAC prend définitivement son envol le 05 février 1998 lorsqu'à la fin de leur 33ème sommet, les Chefs d'Etat proclament la fin de l'UDEAC et la naissance de la CEMAC. C'est ainsi que le traité précédemment signé instituant la CEMAC entre en vigueur le 25 juin 1999 à Malabo. Cette réalisation répond à l'attente des Etats et des peuples, préoccupés par les insuffisances de la stratégie et des méthodes appliquées jusqu'alors, et désireux de voir s'opérer un grand bon qualificatif dans une coopération économique et monétaire authentique, en vue d'un développement harmonieux et solidaire des pays membres, dans un espace économique intégré. Cette homogénéité géographique composée de six Etats dont le Cameroun, la Guinée Equatoriale, la République du Congo, la République

64 Règlement No 03/09-UEAC-007-CM-20 portant statut des fonctionnaires de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale, 11 décembre 2009, p.1., Cf. annexe 8.

65 www.eied-cemac.org/-notes/statut_fonctionnaire8%20eied.html, consulté le 13/04/2019 à 8h25min.

66 Lucien Henry Ticky, 47 ans, Expert Principal CEMAC en circulation, entretien réalisé à la Représentation de la CEMAC au Cameroun à Yaoundé, le 15/10/2018.

67 Tamekamta, Le Cameroun à l'UDEAC..., p.19.

47

Centrafricaine et le Tchad prend en effet la relève de l'UDEAC pour approfondir et dynamiser le processus engagé entre ces six Etats.

La CEMAC couvre un espace géographique de près de 3020144 km2 pour une population de plus de 51 millions d'habitants aujourd'hui68. Elle est constituée des Organes principaux et des Institutions Spécialisées qui jouent dans chaque catégorie, un rôle important notamment pour l'avancement de la communauté et pour le bien-être des populations69.

Carte 2 : Représentation géographique de la CEMAC et limites frontalières des Etats membres

Source : S. Loungou, "La libre circulation des personnes au sein de l'espace de la C.E.M.A.C : entre mythes et réalités", in Revue belge de géographie, No 3, Open Edition Journals, 2010, p.9.

68www.cemac.intel/Histoire, consulté le 1 février 2019 à 6h30min.

69Cf. Traité instituant la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, in CEMAC, Textes organiques, Première Edition, Saagraph, Mai 1998, en annexe 1.

48

1. Objectifs, missions et principes de la CEMAC

A l'issu de la mise sur pied de la CEMAC, ces Etats ce sont fixés de nombreux objectifs pour atteindre l'intégration escomptée de la sous-région, auxquels ils ont associé de nombreuses missions et des principes.

a. Les Objectifs

En remplaçant l'UDEAC, la CEMAC s'est fixée des objectifs. Ces objectifs sont plus étoffés par rapport à la période de l'UDEAC, afin d'établir en commun les conditions d'un développement harmonieux dans le cadre d'un marché ouvert et dans un environnement juridique approprié.

Bien que l'objectif primordial soit de promouvoir le développement des Etats dans le cadre de l'UEAC et l'UMAC70, elle a aussi pour objectifs selon les articles 2, 4 et 5 :

Article 2 - Aux fins énoncées à l'article premier et dans les conditions prévues par la Convention, l'Union Economique entend réaliser les objectifs suivants :

a) Renforcer la compétitivité des activités économiques et financières en harmonisant les règles qui régissent leur fonctionnement ;

b) Assurer la convergence vers des performances soutenables par la coordination des politiques économiques et la mise en cohérence des politiques budgétaires nationales avec la politique monétaire commune ;

c) Créer un marché commun fondé sur la libre circulation des biens, des services et des personnes ;

d) Instituer une coordination des politiques sectorielles nationales, mettre en oeuvre des actions communes et adopter des politiques communes, notamment dans les domaines suivants : l'agriculture, l'élevage, la pêche, l'industrie, le commerce, le tourisme, les transports, les télécommunications, l'énergie, l'environnement, la recherche, l'enseignement et la formation professionnelle.

Article 4 - Au cours de la première étape, d'une durée de cinq ans à compter de l'entrée en vigueur de la présente Convention et dans les conditions prévues par celle-ci, l'Union Economique :

70 CEMAC, Textes organiques, Yaoundé, Ed. Première Edition, Saagraph, Mai 1998, pp.14-20.

49

a) Harmonise, dans la mesure nécessaire au fonctionnement du marché commun, les règles qui régissent les activités économiques et financières et élabore à cet effet des règlementations communes ;

b) Engage un processus de coordination des politiques nationales, dans les secteurs suivants : l'agriculture, l'élevage, la pêche, l'industrie, le commerce, le tourisme, les transports et les télécommunications ;

c) Initie le processus de mise en place des instruments de libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes, notamment par une harmonisation de la fiscalité des activités productives et de la fiscalité de l'épargne ;

d) Développe la coordination des politiques commerciales et des relations économiques avec les autres régions ;

e) Prépare des actions communes dans les domaines de l'enseignement, de la formation professionnelle et de la recherche.

Article 5 - Au cours de la deuxième étape, d'une durée de cinq ans à compter de la fin de la première étape, et dans les conditions prévues par la présente Convention, l'Union Economique :

a) Etablit, entre ses Etats membres, la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes ;

b) Met en oeuvre des actions communes dans les domaines cités à l'article 4 alinéas b de la présente Convention.

c) Engage un processus de coordination des politiques sectorielles nationales en matière d'environnement et d'énergie ;

d) Renforce et améliore, en vue de leur interconnexion, les infrastructures de transport et de télécommunications des Etats membres71.

b. Les principes

Les principes de la CEMAC ont été institués selon les articles 8, 9 et 10 suivant, de l'Additif au traité de la CEMAC relatif au système institutionnel et juridique de la communauté.

Article 8 - L'Union économique agit dans la limite des objectifs que le Traité de la CEMAC et la présente Convention lui assignent. Elle respecte l'identité nationale de ses Etats membres.

71Traité instituant la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, pp.32-34.

50

Les organes de l'Union Economique et les Institutions Spécialisées de celle-ci édictent, dans l'exercice des pouvoir normatifs que la présente Convention leur attribue, des prescriptions minimales et de réglementations cadres, qu'il appartient aux Etats membres de compléter en tant que de besoin, conformément à leurs règles constitutionnelles respectives.

Article 9 - Les actes juridiques pris par les organes de l'Union Economique et les Institutions Spécialisées de celle-ci pour la réalisation des objectifs de la présente Convention, conformément aux règles et procédures instituées par cette même Convention, sont appliqués dans chaque Etat membre.

Article 10 - Les Etats membres apportent leur concours à la réalisation des objectifs de l'Union Economique en adoptant toutes mesures internes propres à assurer l'exécution des obligations découlant de la présente Convention. Ils s'abstiennent de toute mesure susceptible de faire obstacle à l'application de la présente Convention et des actes juridiques pris pour sa mise en oeuvre72.

c. Les missions

A côté des objectifs et des multiples principes institués par la CEMAC, elle s'est dotée de nombreuses missions dont l'une est régie dans l'Art. 1 du traité instituant la CEMAC.

Article 1er - La mission essentielle de la Communauté est de promouvoir un développement harmonieux des Etats membres dans le cadre de l'institution de deux Unions : une Union Economique et une Union Monétaire. Dans chacun de ces deux domaines, les Etats membres entendent passer d'une situation de coopération, qui existe déjà entre eux, à une situation, susceptible de parachever le processus d'intégration économique et monétaire73.

A côté de celle-ci, elle s'est assignée plusieurs autres missions en vue de la réalisation d'un idéal commun. Ces missions sont pléthoriques, parmi lesquelles :

- développer un espace intégré et d'y promouvoir un développement harmonieux ; - harmoniser les réglementations en vigueur au sein des Etats membres afin de

dynamiser les échanges commerciaux et faciliter la convergence des politiques

économiques au sein de la sous-région ;

- la recherche de la convergence des politiques macroéconomiques des Etats membres ;

72 CEMAC, Textes organiques..., p.35.

73 Cf. Traité instituant la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale en annexe N° III.

51

- la Stabilité de la monnaie commune par une gestion rigoureuse et cohérente des économies des Etats membres ;

- la sécurisation et l'amélioration de l'environnement des activités économiques et des investissements dans l'ensemble de la Communauté, par un cadre réglementaire adapté et des procédures crédibles de règlement des différends ;

- la promotion de la libre circulation des biens et des services, des capitaux pour une meilleure affectation des ressources ;

- l'élargissement progressif de la liberté de circulation, de résidence et d'établissement des populations, gage de l'adhésion à un grand dessein communautaire74.

L'évolution de la CEMAC est inhérente à ses objectifs, principes et missions fixés. Toutefois, les femmes ne sont pas exemptes de cela, raison pour laquelle, l'amélioration de leurs conditions sociales se confirme par les diverses législations adoptées à leur faveur.

2. Les organes et les institutions spécialisées de la CEMAC

Pour l'avancement de la communauté, la CEMAC a des Organes principaux et des Institutions Spécialisées qui jouent dans chaque catégorie, un rôle important.75.

a. Les organes

Art.10.- La Communauté est constituée de cinq Institutions rattachées :

l'Union Economique de l'Afrique Centrale (UEAC) ;

l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC) ;

le Parlement Communautaire ;

la Cour de Justice ;

la Cour des Comptes.

les Organes de la Communauté sont :

la Conférence des Chefs d'Etat ;

le Conseil des Ministres ;

le Comité Ministériel ;

la Commission de la CEMAC ;

la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC) ;

la Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale (BDEAC) ;

74 Cf. Traité instituant la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale en annexe N° III.

75 Ibid.

52

la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC)76.

Ces organes et Institutions permettent le bon fonctionnement de la Communauté. A côté de ceux-ci, l'on retrouve aussi des Institutions Spécialisées.

b. Les Institutions Spécialisées

Elles répondent en principe aux demandes des populations de la sous-région en conformité avec les règles de fonctionnement établies par la communauté en matière d'Institution Spécialisée. Elles sont pléthoriques et jouent chacune un rôle capital pour le bon fonctionnement de la CEMAC. Elles sont :

- l'Ecole d'Hôtellerie et de Tourisme ;

- l'Ecole Inter-Etats des Douanes ;

- l'Institut d'Economie et de Statistiques Appliquées ;

- l'Institut Sous Régional Multisectoriel de Technologie Appliquée, de Planification

et d'Evaluation de Projets ;

- l'Institut de l'Economie et des Finances-Pôle Régional ;

- le Groupe d'Action contre le Blanchissement d'Argent en Afrique Centrale ;

- l'Agence pour la Supervision de la Sécurité Aérienne en Afrique Centrale ;

- le Pôle Régional de recherches Appliquées au développement des systèmes

agricoles d'Afrique Centrale ;

- le Comité des Pesticides d'Afrique Centrale ;

- la Commission Internationale des Bassin du Congo-Oubangui -Sangha ;

- l'Organisation de Coordination de lutte Contre les Endémies en Afrique Centrale ;

- le Comité des Chefs de Police d'Afrique Centrale-Interpol ;

- la Commission Economique du Bétail, de la Viande et des Ressources Halieutiques ;

- la Carte Rose CEMAC.

La CEMAC dès sa création a mis sur pied des organes et des institutions pour favoriser

la bonne locomotion de l'organisation et pourvoir répondre aux attentes de ses populations. De

surcroît, elle s'est fixée des objectifs auxquels elle ajouté des missions et principes77.

L'homme et la femme ont connu une vie harmonieuse pendant la période précoloniale en Afrique centrale. La société était structurée et les tâches étaient assignée à chaque personne

76 CEMAC, Traité révisé de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC)du 16 mars 1994, révisé le 25 juin 2008, p13.

77 Cf. Traité instituant la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale en annexe N° III.

53

en fonction de sa capacité à y assumer. La division sexuée du travail était moins observable dans la société78. Car la femme participait aussi bien à des activités politiques qu'économiques au même titre que l'homme même si le pouvoir décisionnel revenait à l'homme. Cependant, avec l'arrivée des européens en Afrique, la situation a tournée en défaveur des femmes. Les femmes sont pour la plupart dévouées aux tâches ménagères79. Les activités génératrices de revenus sont l'apanage des hommes. Face à cette situation, les femmes vont prendre conscience et vont se démarquées dans la société en luttant contre le colonialisme européen. Plus encore, après les indépendances, elles vont se mobiliser pour réclamer leur présence dans des postes de responsabilité dans les différents Etats membres. Ce qui plus tard leur permettra d'être représenté dans des organisations internationales sous régionales comme l'UDEAC80. Même si leur nombre ne sera pas pléthorique, elles vont néanmoins jouer un rôle dans l'avancement de l'idéal de l'union douanière qui devient en 1994 la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale, lorsqu'il est observé qu'elles sont plus importantes en quantité81 . Dès lors, leur présence au sein des cette nouvelle organisation sera observée par leur effectif dans de nombreux postes de responsabilité et leur travail82.

78 Ndjah Etolo, "Dynamiques de genre et rapport de pouvoir au sein des couples salariés...", pp.37-40.

79 N'nah Métégue, Histoire du Gabon..., p.121.

80 Lucien Henry Ticky, entretien.

81 A. P. Temgoua, " Femme et intégration en Afrique centrale", in Dynamiques d'intégration régionales en Afrique centrale, Tome 2, Yaoundé, Presses Universitaires de Yaoundé, 2001, pp.609-616.

82 Lucien Henry Ticky, entretien.

LE ROLE DE LA FEMME AU SEIN DE L'ORGANISATION

INTERNATIONALE SOUS REGIONALE LA CEMAC

CHAPITRE II :

54

L'avènement de la CEMAC a donné l'opportunité aux femmes d'occuper de nombreux postes et jouer de surcroît un rôle important pour l'avancement de la communauté. Toutefois, cela est la résultante de la promotion de la femme par les législations nationales, internationales et communautaires. C'est ce que s'attèle à montrer ce chapitre divisé en trois sous parties.

A. LES LEGISLATIONS EN FAVEUR DES FEMMES DANS LA CEMAC

Les Etats, les organisations internationales et régionales ont été invités au cours des dernières décennies à institutionnaliser les échanges, à créer des inter-organisations d'informations et de coopération dans le domaine de la promotion des femmes. A cet effet, plusieurs législations ont été élaborées pour promouvoir la femme, que ce soit dans le cadre national, sous régional, régional ou international. Ces textes de divers ordres contribuent considérablement à promouvoir la femme dans tous les domaines de la vie. Mais le but premier est de promouvoir l'être humain en général et d'accroître la considération de la femme en particulier dans la société pour une égalité entre l'homme et la femme dans tous les secteurs d'activité1.

Pour une bonne appréhension de l'impact de ces législations sur la considération de la femme, vu également le caractère pléthorique de ces textes, il convient de les étudier sur trois cadres notamment international, national et sous régional2.

1. Les législations internationales ratifiées par les Etats de la CEMAC

D'après l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO), le souci de promouvoir la femme dans le monde a été l'une des préoccupations de l'ONU dès sa création3. Raison pour laquelle cette organisation a créé dès 1946, une Commission de la Condition de la Femme dont le but est de promouvoir et de valoriser la femme dans le monde. Cette initiative de la Communauté Internationale trouve l'une de ses

1 A. Moneyang Yana, "La promotion et la protection des droits sociaux de la femme en Afrique centrale : cas du Cameroun", Rapport de Stage, IRIC, 2015-2016, p23.

2 Jean Leonard Thierry Mbassi Ondigui, 47 ans, Historien, entretien réalisé au département d'Histoire, le 20/03/2019.

3 CINU, Manuel de vulgarisation de l'approche genre, Yaoundé, p.15.

55

justifications dans le rôle socioéconomique joué par cette couche sociale précisément pendant la Deuxième Guerre mondiale4.

Il s'agit ici de l'ensemble des législations internationales et des plateformes ratifiées par la CEMAC ou les Etats de la CEMAC. Sont étudiés ici : la Convention sur l'Elimination de toutes les formes de Discrimination à l'Egard des Femmes (CEDEF) adoptée en 1979, le Pacte International Relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels (PIDESC), la Charte africaine des droits de l'hommes et des peuples, la conférence de Maputo et la Conférence féministe de Beijing de 1995.

Parlant tout d'abord de la CEDEF, elle a été adoptée à New-York le 18 décembre 1979 et est entrée en vigueur en 1981 après la signature par vingt pays. Cette convention a établi les droits des femmes dans tous les secteurs d'activité. Elle accorde une grande priorité aux droits des femmes rurales, considérées comme les plus victimes de discriminations même en dépit des textes relatifs. En son article 11, cette convention souligne l'élimination des discriminations à l'égard des femmes dans le domaine de l'emploi, afin d'assurer 1°) Le droit du travail en tant que droit inaliénable de tous les droits humains ; 2°) Le droit aux mêmes possibilités d'emploi y compris l'application des mêmes critères de sélection en matière d'emploi. Cette convention a été adoptée et ratifiée respectivement par les pays de la CEMAC comme l'indique le tableau suivant5.

Tableau 3 : Ratification de la CEDEF par les pays de la CEMAC.

Pays

Cameroun

Gabon

Guinée Equatoriale

R.C.A

République du Congo

Tchad

Année de ratification de la convention

23 Août

1994

21

Janvier

1983

23 Octobre 1984

21 Juillet

1991

26 Juillet

1982

9 Juillet

1995

Source : A. Moneyang Yana, "La promotion et la protection des droits sociaux de la femme en Afrique centrale : cas du Cameroun", Rapport de Stage, IRIC, 2015-2016, p23.

Le PIDESC a été adopté en 1966, entré en vigueur en 19756. Il est divisé en quatre parties et comporte 31 articles. Les principaux articles qui traitent de la femme sont notamment les articles 2 à 5 et l'article 10 dans lesquels les Etats s'engagent à garantir les droits sans

4 CINU, Manuel de vulgarisation de l'approche genre, 9.15.

5 CINU, Communauté Economique pour l'Afrique, Genre et éducation pour la culture de la paix en Afrique, Septembre 2013, p.3.

6 J. A. Moneyang Yana, "La promotion et la protection des droits sociaux de la femme...", pp.23-38.

56

discrimination aucune, tout en prônant l'égalité homme/femme. Par ailleurs, il stipule en son article 7 alinéa a que les Etats reconnaissent le droit que toute personne a de jouir des conditions de travail justes et favorables qui assurent à tous les travailleurs un salaire équitable et une rémunération égale sans discrimination aucune. Les femmes doivent avoir la garantie que les conditions de travail qui leurs sont accordées ne sont pas inférieures à celles dont bénéficient les hommes7. Le PIDESC a été adopté par les pays de la CEMAC comme suit :

Tableau 4 : Ratification du PIDESC par les pays de la CEMAC

Pays

Cameroun

Gabon

Guinée Equatoriale

R.C.A

République du Congo

Tchad

Année de ratification de la convention

27 Juin

1984

21 Janvier 1983

25

Septembre 1981

08 Mais

1981

05 Octobre 1983

09 Juin

1986

Source : Tableau de ratification du PIDESC, in www.google.research.com. Consulté le 03/10/2019.

Aussi, la Charte Africaine des droits de l'homme adoptée à Nairobi au Kenya en 1981, entrée en vigueur en 1986, présente l'égalité homme/femme comme gage d'une société plus juste et encourage les décideurs à valoriser la femme. Dans son entièreté, le document traite des droits fondamentaux comme son titre l'indique. Cependant, le préambule, les articles 2 et 18 précisent la clause de non-discrimination basée sur un quelconque critère notamment le sexe. Autrement dit, tout comme l'homme, la femme bénéficie également de tous les droits qui y sont traités8. Il n'en reste pas moins de l'acte constitutif de l'Union Africaine étant le premier instrument juridique de l'Union africaine, il prônent l'équilibre entre l'homme et la femme au sein de la société ; du Nouveau Partenariat Economique pour le Développement de l'Afrique (NEPAD), de la Convention contre la traite des femmes et des enfants qui prônent également une représentation équitable entre l'homme et la femme. La charte africaine des droits de l'homme et des peuples a été ratifiée par les pays de la CEMAC selon le tableau suivant :

7 Moneyang Yana, "La promotion et la protection des droits sociaux de la femme...", p.23.

8 Cf. La Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981.

57

Tableau 5 : Ratification de la charte africaine des droits de l'homme et des peuples par les Etats de la CEMAC

Pays

Cameroun

Gabon

Guinée Equatoriale

R.C.A

République du Congo

Tchad

Année de ratification de la convention

20 Juin

1989

20 Février 1986

07 Avril

1986

26 Avril

1986

09

Décembre 1982

09

Octobre

1986

Source : Tableau de ratification de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, in www.google.research.com. Consulté le 03/10/2019 à 16h22min.

En outre, une plateforme d'action est adoptée suite à la quatrième conférence à Beijing en 1995 : Beijing + 5. Au cours de l'an 2000, se tient à New-York une rencontre internationale (Beijing +5) pour l'évaluation de cette plateforme. A cet effet, Hillary Clinton, alors première dame des Etats-Unis, fit un discours dans lequel elle relève que "les droits des femmes sont les droits des hommes", comme pour dire qu'il n'y a pas de droits réservés aux femmes et d'autres aux hommes9. C'est dans cette perspective que les Etats ont élaborés des lois qui promeuvent l'égalité entre les deux sexes.

Le Protocole de Maputo ou Protocole à la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, considéré comme le dictionnaire africain des droits de la femme a été adopté le 11 juillet, lors du second sommet de l'Union Africaine à Maputo au Mozambique. Il exprime une vision lucide de la situation de la femme ainsi que le statut qui devrait être le sien. Il est le défenseur de celle-là qui très souvent à cause du poids des traditions, de la configuration de nos sociétés et du rôle assigné à la femme, de l'ignorance des lois est sans cesse victime de discriminations et d'injustices10. Il s'agit d'un pas important dans le cadre des efforts effectués pour promouvoir et assurer le respect des droits des femmes africaines. Le Protocole exige des gouvernements africains l'élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l'égard des femmes en Afrique et la mise en oeuvre d'une politique d'égalité entre hommes et femmes11. Le protocole engage également les gouvernements africains qui ne l'ont pas encore fait, à inclure dans leurs constitutions nationales et autres instruments, législations, ces principes fondamentaux et veiller à leur application effective. En outre, il contraint les gouvernements à intégrer à leurs décisions

9 C. Durieux, Les femmes américaines en politiques, Paris, Ellipses, 2008, p.12.

10 Rapport périodique du Cameroun sur la CEDEF, Février 2009, Septembre 2011, p.2.

11 Cf. Protocole à la charte africaine des droits l'homme et des peuples relatifs aux droits des femmes.

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politiques, leurs législations, leurs plans de développement, la notion de discrimination fondée sur le sexe et la promotion du bien-être général des femmes.

A côté de ces lois internationales, les Etats se sont dotés des instruments juridiques pour promouvoir la femme dans le cadre national.

2. Les législations nationales sur la femme

Les textes nationaux étudiés ici sont ceux qui promeuvent la femme dans la société, prônent l'égalité homme/femme dans la représentation sociale. Ils sont constitués principalement des constitutions des six Etats de la CEMAC, des programmes nationaux notamment les ordonnances.

Au Cameroun, de nombreux textes régissent la condition et la promotion de la femme. C'est le cas de la Constitution camerounaise. En tant que loi fondamentale qui organise la nation, la constitution camerounaise révisée par la loi n° 96-06 du 18 janvier 1996, portant révision de la Constitution du 02 juin 1972, présente en son préambule la vision et la philosophie générale de la nation. Elle engage l'Etat à promouvoir l'égalité de sexe et à éradiquer les discriminations, comme stipule le préambule : "le peuple camerounais proclame que l'être humain, sans distinction de race, de religion, de sexe, de croyance possède des droits inaliénables et sacrés [...] la nation protège la femme". L'Etat camerounais affirme aussi son attachement aux libertés fondamentales inscrites dans les instruments internationaux. Cette constitution affirme : 1°) le principe de l'égalité de tous devant la loi, la liberté et la sécurité, le droit de se déplacer et de se placer en tout lieu ; 2°) le droit à la santé ; 3°) le droit au travail. Dans ce même préambule, il est écrit que "l'Etat garantit à tous les citoyens de l'un et l'autre sexe, les droits et les libertés énumérés au préambule de la Constitution"12. A côté de cette constitution, l'ordonnance n° 81-02 du 29 juin 1981 sur l'état civil, pose le principe de la liberté pour la femme mariée d'exercer une profession de son choix sans l'autorisation de son mari. Aussi, l'article 61 alinéa 2 du Code du travail de 1992 stipule que le salaire est égal pour tous les travailleurs à conditions égales du travail, d'aptitudes professionnelles, quel que soit l'origine, le sexe, l'âge, le statut et la confession religieuse13.

Plusieurs lois et programmes sont élaborés pour promouvoir la femme dans l'éducation, la santé, l'économie et même dans la politique. Cette même Constitution camerounaise prévoit dans ce préambule que tout enfant a droit à l'éducation et que l'enseignement primaire est obligatoire et gratuite. L'article 7 relève formellement que "l'Etat garantit à tous l'égalité de

12 Cf. Constitution camerounaise du 18 Janvier 1996.

13 Cf. Code du travail camerounais issu de la loi n°92/007 du 14 août 1992.

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chances d'accès à l'éducation sans discrimination de sexe, d'opinion publique, philosophique et religieuse, d'opinion sociale, culturelle, linguistique ou géographique"14. Par ailleurs, la loi n°98/004 du 14 avril 1998 portant orientation de l'éducation au Cameroun prévoit non seulement une éducation de qualité pour tous les enfants, mais aussi des réformes tendant à corriger les problèmes pédagogiques.

Plusieurs programmes de promotion d'envergure ont également été élaborés, notamment le Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricoles (PNVRA) dont l'objectif est d'accroître la productivité des femmes par le renforcement de leurs compétences techniques. Ce même Code du Travail protège la femme pendant les périodes de procréation en ses articles 84 (alinéas 1à 5) et 85 (alinéas 1 à 3)15.

Aussi la promotion de la femme au Gabon par les lois gabonaises amène à penser au Code de travail gabonais, qui consacre l'égalité aux travailleurs devant la loi et interdit toute discrimination en matière d'emploi et de condition de travail fondées sur la race, la couleur, le sexe, la religion, l'opinion politique et l'origine sociale. Ce qui permet à la femme d'occuper des postes de responsabilité tant dans le secteur public que privé. Dans la même perspective, plusieurs programmes ont été initiés par l'Etat gabonais pour promouvoir l'égalité entre l'homme et la femme dans la société, à l'instar de :

- promo Gabon ;

- le Fonds d'Aide et de Garantie (FAGA) ;

- le Fonds d'Expansion économique (FODEX) ;

- l'octroi aux femmes des microcrédits par l'Etat pour inciter les femmes à pratiquer

l'agriculture16.

Le Gabon est également engagé dans le respect de l'ensemble des droits fondamentaux de chaque être humain. C'est dans cet optique qu'il promeut l'éducation sans distinction de sexe. Ce qui stipule l'élaboration de la loi n°25/59 du 22 juin 1959 qui rend obligatoire la scolarisation dans la République gabonaise. Ladite loi a été complétée par la loi n°16/66 du 09 août 1966 portant organisation générale de l'enseignement en République du Gabon. En outre, plusieurs programmes en matière de santé ont été élaborés pour protéger les femmes enceintes :

14 Cf. Loi constitutionnelle n° 1/1995 du 17 janvier 1995.

15 Cf. Code du travail camerounais

16 A. M. F Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC", Mémoire de master en relations internationales, IRIC, 2012, pp.100-101.

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- fourniture au plus grand nombre de femmes enceintes et d'enfants de moins de 5 ans atteints de paludisme, un traitement correct dans les premières 24 heures après l'apparition des premiers signes ;

- fourniture aux femmes enceintes du Traitement Préventif Intermittent (TPI).

De même, la constitution adoptée le 23 décembre 1990 en Guinée Equatoriale et révisée en 2001, proclame dans son préambule, "l'égalité et la solidarité de tous les nationaux sans distinction de race, d'ethnie, de sexe, d'origine, de religion et d'opinion". Dans son article 1, elle réaffirme ce principe d'égalité de tous, sans distinction devant la loi. L'article 2 formule : "dans les conditions déterminées par la loi, sont électeurs tous les citoyens guinéens majeurs de l'un et de l'autre sexe, jouissant de leurs droits civils et politiques". De même, l'article 8 évoque que "tous les êtres humains sont égaux devant la loi". En outre, cette loi fondamentale guinéenne prévoit en son article 23 que "l'éducation est un devoir primordial de l'Etat, tout citoyen a droit à l'éducation primaire, gratuite et garantie"17. Par ailleurs depuis 2006, la Guinée Equatoriale s'est dotée de nouvelles méthodologies d'enseignement aux niveaux primaire et secondaire, l'élève devenant acteur et promoteur de son propre apprentissage et l'enseignement ayant un rôle d'appui et d'orientation. Ce même article 23 garanti que "nul ne peut être contrarié dans son travail en raison de son sexe, de sa race, de son ethnie ou de ses opinions". En plus, la loi guinéenne consacre le caractère obligatoire de l'enseignement primaire et l'égalité de tous sans aucune discrimination devant les services de l'éducation.

En outre, un prix de l'excellence pour les filles admises aux examens nationaux et un prix d'encouragement aux familles ayant scolarisé davantage de filles sont octroyés ; l'octroi de bourses aux filles méritantes, des dons de fournitures et de manuels scolaires pour les filles de faible niveau y sont également octroyés. Aussi l'on observe la volonté de l'Etat guinéen à construire l'égalité homme/femme par ricochet la promotion de la femme dans tous les domaines de la vie. il est aussi noter la mise en place d'un Fonds National de Soutien à l'Education des Filles (FONSEF), la répartition équitable de balayage des salles de classes et de la cour des établissements scolaires est observée18.

Dans la même initiative, plusieurs politiques nationales ont été élaborées pour la protection et la promotion de la femme, entre autres :

- la distribution gratuite des médicaments antipaludéens aux femmes enceintes ;

17 Cf. La constitution équato-guinéenne adoptée le 23 décembre 1990 et révisée en 2001.

18 Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC...", p.8.

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- l'approvisionnement du plus grand nombre de femmes enceintes et d'enfants de moins de 5 ans en moustiquaires imprégnées d'insecticides19.

- l'octroi des crédits aux femmes présentant des garanties bancaires exigées par les banques commerciales ;

- le projet PRAMUR, cofinancé par l'Agence canadienne de Développement international.

Le Ministère des affaires sociales et la condition de la femme apporte aussi un appui à travers des microcrédits et par là, une formation des femmes à la planification et à la vérification des produits horticoles. Aussi, le Décret présidentiel N°127/1993 en date du 15 septembre 1993 accorde la création du Comité national pour l'intégration de la femme au développement20.

Tout comme les autres pays de la CEMAC, la RCA à travers plusieurs textes promeut la femme dans tous les secteurs d'activité. Sa Constitution a consacré de nombreux articles pour l'expansion de la femme. L'égalité entre l'homme et la femme en RCA est avérée dans les articles 1, 2 et 5 qui relèvent la nécessité de protection de la personne humaine notamment l'homme et la femme. L'article 1 ressort que la personne humaine est sacrée et inviolable. Tous les agents de la puissance publique, toute organisation ont l'obligation absolue de la respecter et de la protéger.

La République reconnaît l'existence des Droits de l'Homme comme base de toute communauté humaine, de la paix et de la justice dans le monde. L'article 2 quant à lui agrémente que la République proclame le respect et la garantie intangible au développement de la personnalité. Chacun a droit au libre épanouissement de sa personnalité pourvu qu'il ne viole pas le droit d'autrui, ni n'enfreigne l'ordre constitutionnel. En son article 5, souligne de l'égalité qu'ont tous les êtres humains devant la loi sans distinction de race, d'origine ethnique, de région, de sexe, de religion, d'appartenance politique et de position sociale. La loi garantit à l'homme et à la femme des droits égaux dans tous les domaines. Il n'y a en République Centrafricaine ni sujet, ni privilège de lieu de naissance, de personne ou de famille21. C'est également ce que mentionne l'article 19 que tous les Centrafricains des deux sexes, âgés de dix-huit ans accomplis, jouissant de leurs droits civils et politiques, sont électeurs dans les conditions déterminées par la loi22.

19 Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC...", p.97.

20 Ibid., pp.101-102.

21 Cf. Constitution de la République Centrafricaine, pp.3-4.

22 Ibid. p.8.

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En outre, l'article 5 en son alinéa 3 consacre la protection de la femme et de l'enfant contre la violence et l'insécurité, l'exploitation et l'abandon moral, intellectuel et physique qui sont une obligation de garantie pour l'Etat et les autres collectivités publiques. A côté de tous ces droits, le droit au travail est en droite ligne protégé par les autorités centrafricaines, pour les deux sexes à travers la constitution, d'autres textes nationaux et des institutions liées à la question. De même, l'article 9 de la constitution de la République garantit à chaque citoyen le droit au travail, à un environnement sain, au repos et aux loisirs dans le respect des exigences du développement national. Elle lui assure les conditions favorables à son épanouissement par une politique efficiente de l'emploi. Par ailleurs, tous les citoyens sont égaux devant l'emploi. Nul ne peut être lésé dans son travail ou son emploi en raison de ses origines, de son sexe, de ses opinions ou de ses croyances. Le droit à l'association qui permet de se regrouper en syndicat ou en parti politique est également promu dans cette constitution, comme le relève l'article 12, "tous les citoyens ont le droit de constituer librement des associations, groupements, sociétés et établissements d'utilité publique, sous réserve de se conformer aux lois et règlements"23.

Pour matérialiser cela, l'article 74 relatif au Conseil Constitutionnel relève les quotas qu'il faille respecter pour promouvoir la femme dans cette institution étatique. La Cour Constitutionnelle comprend neuf (9) membres dont au moins trois (3) femmes, qui portent le titre de Conseiller. La durée du mandat des Conseillers est de sept (7) ans, non renouvelable. Toutefois, les membres de la Cour Constitutionnelle sont désignés comme suit :

- deux (2) Magistrats dont une (1) femme, élus par leurs pairs ;

- un (1) Avocat élu par ses pairs ;

- deux (2) Professeurs de Droit élus par leurs pairs ;

- deux (2) membres dont une (1) femme, nommés par le Président de la République ;

- deux (2) membres dont une (1) femme, nommés par le Président de l'Assemblée Nationale24.

Aussi le projet de constitution de la République du Congo de janvier 2002, tient compte de la promotion de la femme dans la société congolaise. L'article 15 de la partie consacrée aux droits, libertés et devoirs des citoyens met en exergue l'égalité de tous les congolais devant la loi, et tous sont protégés par cette loi, sans aucun favoritisme ou désavantage à quiconque du fait de son origine familiale, ethnique, de sa considération sociale, de ses convictions politiques,

23 Cf. Constitution de la République Centrafricaine, p.6.

24 Ibid., p.25.

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religieuses philosophiques et autres25. L'article 17 relève l'égalité entre l'homme et la femme ainsi que la représentation de la femme à toutes les fonctions politiques, électives et administratives. Aussi, l'assurance est faite pas l'Etat sur l'épanouissement de la jeunesse et le droit à l'éducation et égal accès à l'enseignement et à la formation à tous à l'article 29. Alors qu'à l'article 30, l'Etat reconnaît le droit de travail à tous les citoyens et crée les conditions qui en rendent effective la jouissance26.

En sus, l'Etat congolais dans sa constitution issue de la réforme constitutionnelle du 25 Octobre 2015 en ses articles 232 et 233 met en relief, l'institutionnalisation du Conseil consultatif des femmes qui sera chargé d'émettre des avis sur la condition de la femme et de faire des suggestions au gouvernement, visant à promouvoir l'intégration de la femme au développement, ainsi que l'organisation, la composition et le fonctionnement du Conseil consultatif des femmes27. Selon l'Enquête Congolaise sur les Ménages (ECOM 2005) et au regard du poids numérique des femmes dans la population congolaise (51,1% de femmes contre 48,9% d'hommes), l'opinion publique s'accorde à reconnaître qu'au-delà d'une simple question de droits, l'égalité de genre est un enjeu du développement humain harmonieux et durable28. Il en ressort que la condition de la femme au Congo est considérée comme enjeu majeur pour un développement harmonieux et réussi du pays. Raison pour laquelle la parité homme/femme est un objectif affirmé dans la constitution.

En outre pour promouvoir l'activité de la femme, l'Etat tchadien a mis sur pied des mécanismes voire des structures de promotion de la femme. C'est le cas du Ministère de l'Action Sociale, de la Solidarité Nationale et de la Famille (MASSNF) qui regorge une pléthore de structures chargées de rehausser le statut de la femme dans tous les domaines de la vie.

La constitution tchadienne consacre au système éducatif le droit à l'instruction pour tout tchadien mais accorde une place de choix à la laïcité et la gratuité de l'enseignement public. Aussi, la loi n°16/PR/06 du 13 mars 2006 portant orientation du système éducatif tchadien dispose en son article 4 "le droit à l'éducation et à la formation, reconnu à tous sans distinction d'âge, de sexe, d'origine régionale, sociale, ethnique ou confessionnelle". Il a également été élaboré un programme de traitement préventif intermittent du sida chez la femme enceinte29.

Le statut de la Fonction publique a été reformé par la loi n°17/PR/01 du 31 décembre 2001. Cette loi vient remplacer l'ancien statut de 1996 promulgué par ordonnance n°15/PR/86/

25Projet de la constitution de la République du Congo de 2002, p6.

26 Ibid.

27 Projet de modification de la constitution du Congo, Octobre 2015, p.16.

28 Ibid., p.101.

29 Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC", pp.93-94.

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du 20 septembre 1986. Ce nouveau statut général dispose en son article 5 que " l'accès aux emplois publics est ouvert à égalités des droits, sans distinction de genre, de religion, d'origine, de race, d'opinion politique, de position sociale". Le secteur privé cependant est régi par la loi n° 038/PR/96 du 11décembre 1996, portant Code de travail. Il relève qu'est considéré comme travailleur ou salarié, selon l'article 3 de cette loi, toute personne physique, quel que soit son sexe et sa nationalité "qui s'est engagé à mettre son activité professionnelle moyennant rémunération sous la direction et l'autorité d'une personne physique appelée employeur". Alors que l'article 6 ajoute qu'aucun employeur ne peut prendre en considération le sexe, l'âge ou la nationalité des travailleurs pour arrêter ses décisions concernant le recrutement, la répartition de travail, la formation professionnelle, l'avancement, la promotion, la rémunération, l'octroi d'avantages sociaux, la discipline ou la rupture de contact de travail. Et concernant la rémunération pour un travail de valeur égale, le salaire est le même sans distinction de sexe. C'est ainsi que pour assurer l'accès à tous les tchadiens dans la fonction publique sans distinction de sexe, il est institué un concours de recrutement30. En plus de ces lois nationales, il existe des législations propres à la CEMAC en tant qu'institution communautaire.

3. Les législations de l'Organisation Internationale sous régionale la CEMAC

La législation sous régionale évoquée ici est le Programme Economique Régional (PER), élaboré par la CEMAC pour promouvoir la femme. Bien que cette question soit abordée pendant des grandes assises de la communauté, le PER est le seul instrument qui soit élaboré jusqu'aujourd'hui en matière de promotion de la femme.

La communauté sous régionale n'a point établi un véritable instrument juridique de promotion du genre, qui permet de promouvoir la femme depuis l'UDEAC. Il n'en demeure pas moins que de l'UDEAC à la CEMAC, les femmes ont toujours été représentées, malgré leur petit nombre. Pour pallier à cette insuffisance ou manque de législation dans le domaine, la CEMAC s'est donnée pour initiative dans le PER élaboré en 2011, d'intégrer la question genre.

Le PER répond à une vision de l'avenir de la Communauté à l'horizon 2025, consistant à "faire de la CEMAC un espace économique intégré émergent ou règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain"31. C'est un programme élaboré pour trois périodes quinquennales. La première phase allait de 2011 à 2015,

30 Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC...", pp.97-98.

31 Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, Programme Economique Régional, Plan opérationnel, 2011, p.9.

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la deuxième de 2016 à 2020, et la dernière va de 2021 à 2025. Le premier plan opératoire 20112015 se traduit par les atouts principaux dont : un cadre institutionnel clair et logique caractérisé par la déclinaison des axes en objectifs stratégiques, en programmes puis en projets et un plan cohérent dans lequel les projets des différents axes se renforcent les uns les autres et convergent vers un même objectif, excluant une compilation de projets sans cohérence entre les actions. Aussi une approche programme permettant l'élaboration d'un budget programme pluriannuel qui facilite la recherche, la mobilisation et l'affectation opportune des ressources à ces projets déjà identifiés de manière claire, logique et cohérente.

Par ailleurs, ce plan est appelé à servir de guide d'action permanent pour les Institutions, les Organes et les Institutions spécialisées de la Communauté en commençant par la Commission de la CEMAC. Chaque Etat membre de la CEMAC y retrouve l'agenda régional de son plan national de développement économique et social (devant être mis en forme à travers le volet pays du PER). Ce qui lui permet d'assurer une bonne articulation entre le niveau régional et le niveau national, les acteurs du secteur privé, partenaires essentiels et indispensables dans la création des richesses dans la Communauté et les bailleurs de fonds, qui y trouveront une meilleure visibilité lors des missions d'élaboration de leurs cadres d'intervention dans les pays et d'appui à la communauté. Autrement dit, le PER permet d'une part, d'assurer une bonne articulation entre l'agenda de la CEMAC, de ses Etats membres et le secteur privé, et celui des partenaires au développement de la Communauté et, d'autre part, fournit des possibilités de complémentarité entre les interventions des différents bailleurs de fonds au niveau de la Communauté32.

Contrairement aux instruments juridiques précédents de la CEMAC, ce dernier a élaboré un programme de développement sur le genre. Avec une population de plus de 50 millions d'habitants aujourd'hui, sur un territoire communautaire de plus de 3002144millions de km2, une densité démographique de 13habitants/km2, bien que faible, et 7 personnes/13 sont du genre féminin. Continuer à exclure par quel motif que ce soit, cette population féminine, pénalise grandement la réalisation de l'émergence économique de la Communauté. Motivation incontestée de la mise sur pied d'un texte consensuel de promotion du genre dans cette communauté. Le Programme de développement genre vise ici à insérer davantage, voire réinsérer les ressources humaines féminines de manière pragmatique et efficace dans les activités économiques et sociales de la Communauté, à travers la mise en oeuvre de trois projets. Aussi, la mise en oeuvre d'une politique de promotion genre vise à assurer la promotion genre

32Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, plan opérationnel..., pp.9-10.

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dans toutes les actions et activités du PER, par une forte implication des ressources humaines féminines de la CEMAC. Pour ce faire, il a été procédé à la formulation de manière consensuelle dès l'année 2011, d'une politique de promotion genre, dont la mise en oeuvre est entamée dans le courant de l'année 201233.

Pour réaliser cet exploit, il est préconisé de mettre sur pied ou de renforcer les réseaux d'actrices économiques, mais aussi d'insérer les femmes dans la promotion de la paix et de la sécurité. Les organisations de groupements féminins existants dans chacun des Etats membres de la CEMAC, développent séparément leurs programmes d'activités, souvent sans une coordination à l'échelle de la Communauté. Il s'agit par-là, de mettre en oeuvre ce projet, de bâtir ce maillon manquant destiné à assurer la convergence des programmes nationaux afférents aux femmes, en particulier, à celles membres de réseaux nationaux évoluant les divers secteurs économiques. La pleine implication des femmes actrices économiques à travers un Réseau communautaire fonctionnel pourrait ainsi contribuer amplement à l'accélération de la mise en place effective du marché commun. Car aucune action de développement ne peut être viable si la Communauté n'évolue pas dans un environnement de paix et de sécurité34. Il est plus qu'impératif que soient pacifiées toutes les zones et poches de conflits et que les Etats membres de la CEMAC cultivent et entretiennent précieusement entre eux une diplomatie de bon voisinage, de manière durable. Sous ce rapport, la population féminine de la Communauté dispose d'atouts considérables à faire prévaloir, afin de contribuer à la pacification et sécurisation de toutes les zones et poches de conflits, à travers des stratégies se référant au patrimoine culturel des civilisations de l'Afrique centrale35.

Face à toutes ces législations, le rôle de la femme dans la CEMAC est examiné afin de comprendre l'importance accordée à la femme dans cette sous-région.

B. DE LA CONTRIBUTION DIPLOMATIQUE DE LA FEMME

Plusieurs femmes occupent de nos jours de nombreux postes au sein de la CEMAC, que ce soit dans la classe des fonctionnaires du régime international que celle des fonctionnaires du régime local. Ces femmes jouent un rôle considérable pour l'avancement de l'intégration politique et économique de la sous-région, sans oublié l'harmonie sociale. C'est ce que s'attèle à examiner cette partie.

33 Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, plan opérationnel, pp.102-103.

34 D'après Mbassi Ondigui, entretien.

35Lucien Henry Ticky, 47 ans, Expert Principal CEMAC en circulation, entretien réalisé à la Représentation de la CEMAC au Cameroun à Yaoundé, le 15/10/2018.

36 Commission économique pour l'Afrique, le Genre et l'Education à la culture de la paix en Afrique Centrale, septembre 2013, p.4.

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Autrefois, la différence de genre soumettait la femme à une discrimination sociale et à la privation des privilèges liés à sa contribution au développement. De nos jours, les femmes de la sous-région sont davantage conscientes de leur force sociale, économique et politique. D'où elles s'affirment comme "sujet" de leur histoire et actrices incontournables de la CEMAC sur les plans politique, économique et social.

1. La femme sur le plan politique

Parler du cadre politique dans la CEMAC renvoie à aborder plusieurs domaines notamment la sécurité, la paix, la prévention des conflits, l'élaboration des grandes politiques de l'organisation, la prise des décisions importantes, les grands débats sous régionaux (conférences, colloques, séminaires), les accords de coopération entre Etats de la sous-région et entre la CEMAC et d'autres structures partenaires.

a. Dans les domaines de la paix, la sécurité et la prévention des conflits en zone CEMAC

Dans ces domaines de la sécurité, du maintien de la paix et de la prévention des conflits dans la sous-région, les femmes contribuent massivement à la stabilité de la sous-région à travers leur activisme. Ceci en accord avec les législations nationales, sous régionales et internationales. La résolution 1325 sur les femmes, sur la Paix et la Sécurité du Conseil de Sécurité des Nations Unies affirme l'importance de la femme dans la consolidation de la paix et invite les Etats membres à assurer une représentation accrue des femmes à tous les niveaux du processus décisionnel dans les institutions nationales, régionales et internationales et dans les mécanismes de prévention, de gestion et de résolution des conflits36. C'est le cas de la participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix, initiées par le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour le maintien de la paix et la sécurité dans le monde et de la résolution des conflits par des moyens pacifiques. C'est ce qui ressort de la participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix initiées par le Conseil de Sécurité en Centrafrique en 2014 et même bien avant, et dans d'autres pays.

Aussi, les femmes de la CEMAC participent à la sécurité de la sous-région dans le cadre de la Force Multinationale de la CEMAC (FOMUC) qui est la force multinationale qui regroupe les Etats de la CEMAC. C'est ce qui explique l'intervention de la FOMUC dans le conflit centrafricain en 2002. Les femmes ne sont pas en reste dans cette épreuve d'aide au pays en

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conflit dans la sous-région. Même si elles ne sont pas aux fronts, elles sont employées comme médecins, et dans d'autres commissions du cadre du maintien de la paix dans le monde37.

La présence d'Interpol-CEMAC connaît également la participation des femmes dans les forces de maintien de l'ordre et de la paix. D'où la présence du Comité des Chefs de Polices d'Afrique Centrale (CCPAC). Les femmes ont toujours été très actives dans les campagnes, des zones urbaines et les mobilisations publiques pour la paix dans leurs Etats. Pour mieux jouer ce rôle, Armelle Pana membre de l'unité de la protection de l'enfant de la Mission multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) en 2014 relève que : "afin de rendre plus efficace leur participation aussi bien à la vulgarisation qu'au processus de paix, les besoins les plus profonds des femmes doivent être pris en compte". C'est dans ce sens que Gladys Atinga, Conseillère principale en genre pour la MINUSCA en 2014 souligne que :

La participation des femmes dans le processus de paix est indispensable à l'établissement et au maintien de la paix. L'exclusion des femmes lors de ces processus a des conséquences importantes sur la façon dont les questions qui les concernent sont abordées, tels que les problèmes de violence envers les femmes. Il est alors nécessaire de revoir le rôle des femmes et surtout de les préparer.38

Donc les femmes peuvent contribuer au même titre que les hommes à la promotion de la paix dans le monde et sphériquement dans la CEMAC39. Dans cette initiative, le Club CEMAC est une plateforme de cohésion, de concertation, de dialogue et de promotion des valeurs d'humilité et de partage entre les jeunes, au service de l'intégration. Mais aussi et surtout au service du développement durable de la Communauté, dans un environnement de fraternité, de tolérance, de solidarité et de paix40. D'autant plus qu'elles occupent des postes importants : Lemi Clarisse Penga, Présidente du club CEMAC, Emmanuelle Ngo Bayina Trésorière, Jeannette Ngo Mbemoun, Conseillère.41

En outre, des conférences sont organisées toujours dans le but de la préservation de la paix en Afrique centrale zone CEMAC, c'est le cas du séminaire tenu du 18 au 19 Décembre 2017 qui avait pour thème "prendre en compte les besoins spécifiques des femmes dans le processus de paix et de sécurité en RCA". Il en ressort que la femme participe activement au processus de maintien de la paix, et de la prévention des conflits en Afrique centrale. Cependant,

37 J. Nna, "Sécurité et défense en Afrique centrale 1960-2009", Mémoire de master en Histoire, Université de Yaoundé I, 2009, pp.33-35.

38 D. Thiénot, "Les femmes entre les fronts en République centrafricaine", in Rapport sur l'Afrique centrale 10, Institut d'Etudes de Sécurités, Septembre 2017, pp.2-4. 39 https://minusca.unmission.org/prendre-en-compte-les-besoins-sp%C3%A9cifiques-es-femmes-dans-le-processus-de-paix-et-de-s%C3%A9curit%C3%A9-en-rca. Consulté le 15/03/2018.

40 Plan d'action du Club CEMAC pour l'année académique 2013-2014, une présentation du bureau entrant, 20132014, 9p.

41 Ibid.

42 Réunion du groupe de travail chargé de l'élaboration du plan d'action et du chronogramme d'activités, Rapport des Experts, Yaoundé, 14-15 Septembre 2010, pp.2-3.

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sa contribution devrait être redynamiser pour qu'elle contribue plus efficacement, afin de participer à la stabilité de la sous-région. Un rôle qui est promu par la Résolution 2387 du Conseil de sécurité qui met en exergue le rôle crucial de la société civile dans le processus de paix et de réconciliation, encourageant par ailleurs la participation entière et effective des femmes. Elles sont aussi présentes dans l'élaboration et l'adoption des grandes politiques de la Communauté.

b. Les femmes dans les grands débats et l'élaboration des directives politiques de la Communauté

Les femmes sont également présentes dans l'adoption des directives politiques de la sous-région et à la tenue des conférences pour une gestion efficace de la sous-région. Elles ne sont pas en marge de l'adoption des législations nécessaires par la CEMAC pour l'avancement de cet espace communautaire. L'on peut citer Chantal Elombart Mbedey, Directeur de l'Intégration régionale au Ministère de l'économie, de la planification et de l'aménagement du territoire de la République du Cameroun. Elle a présidé du 14 au 15 Septembre 2010, la cérémonie d'ouverture de la réunion du groupe de travail chargé de l'élaboration du plan d'action et du chronogramme d'activités. Cette réunion était convoquée conformément aux instructions du comité de pilotage de la Communauté Economique Régionale (CER). Elle avait mis sur pied un groupe de travail dont la mission était d'élaborer un plan d'action pertinent qui servira de tableau de bord au processus de rationalisation. Cette dernière a montré l'importance de cette réunion et a exhorté les participants à procéder à une analyse approfondie de la problématique posée et identifier les voies et moyens qui permettront d'élaborer un plan d'action réaliste, répondant aux attentes exprimées par les Chefs d'Etats et les Ministres de la Communauté42.

Il en va de même pour Dorothée Aimée Calenzana, ministre centrafricaine de la Coopération, de l'Intégration Régionale et de la Francophonie, qui est également Coordonnatrice du Réseau de Soutien au Leadership Politique des Femme Centrafricaines (RESOLEP-FC) et cumulativement Présidente nationale du Collectif des Femmes de la société civile centrafricaine (COFEM) et Yvonne Adélaïde Mougany, ministre congolais des petites et moyennes entreprises et de l'artisanat, Madjima Kalzeube Neldikingar, Ambassadeur extraordinaire du Tchad auprès de la République du Congo, qui ont toutes pris part à la 22ème

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session ordinaire du Conseil des Ministres de l'UEAC tenue à Brazzaville le 19 Décembre 2011, qui tablait sur la nécessité de dynamiser la sous-région.43.

Toujours dans la même initiative, Mahadie Outhman Issa, Secrétaire d'Etat aux infrastructures et au transports du Tchad a pris part à la 20ème réunion du Collège de la surveillance multilatérale de la CEMAC, tenue à Douala les 16 et 17 Décembre 2010 dans les locaux de la Banque de Développement des Etas de l'Afrique Centrale (BDEAC). Réunion au cours de laquelle, des objectifs ont été préconisés pour le Collège de surveillance multilatérale notamment d'assurer un pilotage efficace et une appropriation du PER au niveau de chaque Etat membre et une large diffusion de la Vision CEMAC 2025, du PER, mais aussi de consolider la bonne gouvernance. Elle a fait un discours constitué de remerciements à l'encontre du Président Congolais Denis Sassou N'Guesso, devant une pléthore d'hommes et de femmes. C'est également l'intelligentsia féminine qui était prouvée ce jour-là, (cf. photo 2)44.

Photo 2 : La représentante du Tchad Mahadie Outhman Issa, Secrétaire d'Etats aux infrastructures et aux transports à la 20ème réunion du Collège de la Surveillance multilatérale de la CEMAC, Douala les 16-17 Décembre 2010.

Source : Vision CEMAC, n°01, 29 décembre 2010, p.8.

Cette photo présente la ministre tchadienne des transports en plein discours, lors de la 20ème réunion du Collège de la Surveillance multilatérale de la CEMAC à Douala les 16 et 17 Décembre 2010. Une réunion au cours de laquelle des hommes et des femmes de la haute classe

43 Procès-verbal de la 22ème session ordinaire du Conseil des Ministres de l'UEAC, Brazzaville (R. Congo), 19 décembre 2011, p.3.

44 Ibid., p.2.

45 Réunion du groupe de travail chargé de l'élaboration du plan d'action et du chronogramme d'activités, Rapport des Experts, 2016, p.2.

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des fonctionnaires de la CEMAC étaient présents. Elle représentait son pays au cours de cette conférence. Un exemple de plus de la confiance mise sur la gente féminine dans la sous-région. Car que ce soit au plan national comme international, les femmes tiennent des conférences45.

En plus, d'autres conférences d'envergure sont généralement organisées par les femmes en ce qui concerne les activités économiques dans la sous-région. C'est le cas de la Conférence débat sur la fluidification des échanges en zone CEMAC, tenue lors de la Foire Transfrontalière de l'Afrique Centrale (FOTRAC) 2016, dont Danielle Nlaté a ressorti la nécessité pour les "sexes" et particulièrement les femmes, de s'investir sur la question des échanges afin de booster cet espace communautaire, (cf. photo 3).

Photo 3 : Conférence débat sur la fluidification des échanges en zone CEMAC lors de la FOTRAC 2016.

Source : FOTRAC, 7ème édition, Kyé-Ossi, du 25 juin au 09 juillet 2016, p.9.

Cette photo présente les femmes en pleine conférence sur la libre circulation lors de la Fotrac de 2016, aux rangs desquels, la présidente fondatrice du REFAC, de la droite vers la gauche, qui expose les biens fondés de ladite foire pour la sous-région. Une autre Conférence sur la libre circulation s'est tenue au cours de cette foire. Car la libre circulation devenue l'un des principaux obstacles de la CEMAC, il est fondamental de s'atteler dessus pour sensibiliser

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tous les ressortissants de la sous-région de prendre en considération ce pan qui incombe toutes les populations46.

c. L'expertise féminine dans le cadre bilatéral pour un renforcement des relations communautaires

Pour une coopération plus fluide et prometteuse, de nombreuses Commissions mixtes sont établies entre les pays de la CEMAC. Des commissions au cours desquelles les femmes participent au même titre que les hommes. C'est le cas de la grande Commission Mixte Cameroun-Guinée Equatoriale. Au cours de la 8eme session de ladite Commission ténue du 27 au 30 mai 2012 à Yaoundé, de nombreux ministres camerounais et équato-guinéens ont pris part, au rang desquels des femmes ministres du côté de chaque pays. Le Cameroun comptait 14 émissaires dont Messina née Beyene Clémentine Antoinette, ministre délégué auprès du ministre de l'agriculture et du développement rural, chargé du développement rural. Elle a participé à cette Commission mixte au côté de 13 autres ministres camerounais de sexe masculin. Du côté équato-guinéens, Victoria Nchama Nsue Ocomo, vice-ministre des Affaires étrangères guinéennes. Il a par ailleurs été examiné des questions d'ordre juridique et politique, de la coopération économique et de la coopération scientifique, culturelle et technique47.

A l'issu des travaux, huit accords ont été signés. Il y'a eu l'accord relatif à l'exemption réciproque de visas pour les titulaires des passeports diplomatiques, de service ou officiels, celui portant création de la Commission mixte permanente de sécurité. De même l'accord sur le Règlement Intérieur du comité de suivi des questions consulaires et de sécurité transfrontalières, celui de coopération dans le domaine de l'éducation et de la culture. Aussi, le Protocole d'accord en matière d'agriculture, celui du domaine de la promotion de la femme et du genre et l'accord de partenariat entre le Ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative du Cameroun et le Ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative de la Guinée Equatoriale. Sans omettre la Convention de partenariat entre le Ministère des relations extérieures du Cameroun et le Ministère équato-guinéens des affaires étrangère et de la coopération pour la formation et le perfectionnement du personnel de la diplomatie de la Guinée Equatoriale.

La question genre qui a fait l'objet d'un débat au cours de cette rencontre bilatérale, relève de la place que les pays de la sous-région accordent à la question genre et mieux encore

46 FOTRAC, 7ème édition, Kyé-Ossi, du 25 juin au 09 juillet 2016, p.9.

47 Rapport 8eme Commission Mixte Cameroun-Guinée Equatoriale, Yaoundé, 30 août 2012, p.3.

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à la femme48, même s'il faut relever un déséquilibre d'effectif de représentation des femmes par rapport aux hommes. Ceci peut être expliqué par la sous-représentation des femmes au sein des pays respectifs de la CEMAC. Aussi, le fait que des femmes occupent très peu de postes de responsabilité au sein des Administrations nationales entraine leur faible représentation au-delà des frontières nationales.

Pour ce qui est du cadre national, au Gabon par exemple Rose Francine Rogombé, ex-Président du Sénat et ex-Président par intérim démontre que les femmes en Afrique central et au-delà, peuvent bien diriger leurs pays et même les organisations internationales. A la mort du Chef d'Etat Omar Bongo, elle a assumé la transition de son pays et a organisé avec succès les élections présidentielles remportées par Ali Bongo, fils du défunt49. Il en va de même de Catherine Samba Panza, qui a assuré la transition en RCA avant que soient organisées les élections remportées par Archange Touadera, l'actuel président de ce pays.

Il en ressort que la femme est présente dans les domaines de la sécurité, de la paix, de la prévention des conflits, de l'élaboration des grandes lignes de conduite de l'organisation, de la prise des décisions importantes, dans les grands débats sous régionaux (conférences, colloques, séminaires), les accords de coopération entre les Etats de la sous-région, et entre la CEMAC et d'autres organisations ou Etats dans le monde. L'on ne saurait denier à quel point la diplomatie féminine pour le dynamisme politique de la sous-région est présente et efficace. Même s'il faille relayer leur petit nombre par rapport aux hommes. Il nécessite toutefois de diagnostiquer sa place dans le volet économique qui sous-tend même cette espace communautaire.

2. Le rôle de la femme dans le volet économique

En plus de son rôle joué dans la politique de la sous-région, la femme joue également un rôle déterminant dans le volet économique de la CEMAC. Aussi depuis, les pays de l'Afrique centrale avaient manifesté une volonté de mettre sur pied une entité géoéconomique intégrée car les indépendances sont proches. Ce qui explique le processus de création de la CEMAC qui couvre non seulement l'économie, mais aussi la monnaie avec des déclinaisons culturelles et politiques. Il incombe donc aux hommes et aux femmes de la Communauté de dynamiser l'économie de la sous-région par leur savoir-faire et de surcroit permettre le décollage économique de cet espace géographique. Il est question dans cette partie de ressortir

48 Rapport 8eme Commission Mixte..., p.9.

49 Commission Economique pour l'Afrique..., p.19.

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le dynamisme de la femme dans plusieurs domaines de l'économie de la sous-région. Notamment dans l'agriculture, la pêche, l'élevage, le commerce et les transports.

a. Dans l'agriculture

La CEMAC est un espace de six pays avec une superficie de plus de 3 millions de km2 et une population de plus de 51 millions d'habitants, disproportionnelle aux pays. Cette situation géographique particulière offre à la zone CEMAC, une diversité de zones agro-écologiques. Cette diversité fait en sorte que l'agriculture occupe une place cruciale dans cette sous-région50.

L'agriculture est l'un des principaux secteurs de l'économie des pays de la CEMAC. Elle emploie environ 64% de la force vive de la zone et contribue pour 25% au Produit Intérieur Brut (PIB) de la sous-région, bien que ce soit de manière variable d'un Etat à un autre. Cependant, elle ne procure qu'environ 15% des recettes d'exportation en raison du poids relativement important des exportations du pétrole produit dans quatre pays sur six de la CEMAC51. Cette contribution est tout aussi variable d'un pays à l'autre. La part des importations des produits agricoles, dans le total des importations, est de l'ordre de 16%52. Les produits les plus importants de cette agriculture sont entre autres le cacao, le café, la banane, le caoutchouc, l'huile de palme qui sont des produits fortement exportés par des pays étrangers et permettent de propulser le PIB de la sous-région.

Conformément aux constats de la littérature sur l'agriculture en Afrique subsaharienne53, les observations sur le terrain démontrent que les femmes ont moins d'accès à la terre, cultivent généralement des parcelles de moindre taille et ont un moindre accès aux services de conseil. De plus, la contribution des femmes au travail agricole est de manière disproportionnée plus grande, bien que les hommes assument les gros travaux (défrichage et labour)54. Ce qui explique le fait que, peu d'organisations de producteurs sont dirigées par des femmes, l'une des exceptions notables étant le Conseil Régionale des Organisations Paysannes de la Partie Septentrionale du Cameroun (CROPSEC), une association agropastorale active dans les régions du Nord et de l'Extrême Nord comptant plus de 3 000 femmes (soit 59% des

50 V. Achancho "Revue et analyse des stratégies nationales d'investissements et des politiques agricoles en Afrique du Centre : cas du Cameroun", in Reconstruire le potentiel alimentaire de l'Afrique de l'Ouest, A. Elbehri (ed.), FAO/FIDA., p.127.

51 Discours de Poul Nieson à propos de l'accord de Cotonou en 1999.

52 Stratégie agricole commune des pays membres de la CEMAC, Version provisoire, mai 2004, pp.6-7. 53A. N. Mukasa, and A. O. Salami, (2016). Gender equality in agriculture : What are really the benefits for Sub-Saharan Africa ? Africa Economic Brief Chief Economist Complex | AEB, 7(3), 2016, pp.1-12. 54 Anne Mindang, 35 ans, cultivatrice centrafricaine, entretien réalisé à Yaoundé le, 15/06/2019.

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membres)55. Cependant, ces difficultés d'accès aux terres n'empêchent point ces femmes de la CEMAC de pratiquer l'agriculture qui nourrit des populations à l'intérieur comme à l'extérieur de ces pays à travers la commercialisation, (cf. photo 4).

Photo 4 : Les produits de l'agriculture vivrière dans la CEMAC à Kyo-Ossi.

Source : International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank, Briser les Obstacles au Commerce Agricole Régional en Afrique Centrale, Août 2018, p.71.

Cette image représente certains produits cultivés par les femmes dans la CEMAC, ce qui contribue massivement à l'alimentation d'une grande partie de la population dans les zones frontalières de la sous-région, à travers la commercialisation de ces produits, (cf. photo 5).

55 Aba Minlo, 35 ans, Agent CROPSEC, entretien réalisé à Yaoundé, le 25/05/2018.

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Photo 5 : Surcharge d'un pick-up face à l'augmentation des coûts de douane

Source : International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank, Briser les Obstacles au Commerce Agricole Régional en Afrique Centrale, Août 2018, p.71.

Cette image présente la surcharge d'une voiture afin de pallier aux coût tarifaires d'impôts, pour éviter l'inadéquation entre les prix colossaux de la douane et la vente56. Il faut relever que la plupart des femmes pratiquent ces activités d'une façon informelle à cause d'énormes entraves liées à la libre circulation, mais qui ne sont pas de moindre importance. En plus de l'agriculture, la pêche et l'élevage ne sont pas en reste dans ces activités.57

b. La pêche et l'élevage

A côté de l'agriculture, l'on relève l'élevage et la pêche qui sont des principales sources de protéines d'origines animale dans l'alimentation des populations de la CEMAC. Ces deux secteurs d'activité font partir des secteurs promus par la sous-région et dont le cadre a été harmonisé par la création de la Commission Economique du Bétail, de la Viande et des Ressources Halieutiques (CEBEVIRHA). Même s'il faut relever que d'autres femmes pratiquent ces activités à usage personnel et de façon informel. Cependant, l'importance est également avérée par la fluidité du commerce dans les différentes zones frontalières de ces Etats de la sous-région.58

56 International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank, Briser les Obstacles au Commerce Agricole Régional en Afrique Centrale, Août 2018, p.71.

57 Ibid..

58 S. Hekebereya, "La coopération sectorielle en Afrique Centrale : le cas de la CEBEVIRHA (Commission Economique du Bétail, de la Viande et des Ressources Halieutiques)", Mémoire de master en relations internationales, IRIC, 2009, p.7.

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Les activités pastorales menées dans trois des six Etats couvrent une superficie d'environ 1,1 millions de km2. Plus de 35% des populations au Cameroun et 40% au Tchad se consacrent aux activités d'élevage. L'effectif global du cheptel bovin de la zone était de 13 millions de têtes en 1995, et l'effectif disponible à l'exportation sur pied et vivant représente 12% de ce total. Mais de nos jours, on dénombre plus de 37.014 151 têtes reparties entre les Etats membres, soit une augmentation de 25.014 151 têtes. Le Tchad et la RCA sont des exportateurs nets du bétail. Le Cameroun est à la fois importateur et exportateur. L'Afrique centrale n'a cependant pas pu bénéficier du Protocole viande prévu par la Convention de Lomé IV. Au contraire, elle est envahie par les produits carnés européens subventionnés.

La promotion et la valorisation des produits de l'élevage restent insuffisantes et non pas permis d'exploiter à fond des ressources de la zone. Les importations du lait dans l'ensemble des pays en constituent une illustration. La zone CEMAC dispose pourtant d'atouts importants pour le développement de l'élevage, notamment l'abondance de pâturage et un climat très favorable. Les échanges en bétail se multiplient de plus en plus dans cette zone. Le commerce est dominé par l'exportation des animaux sur pied du Tchad vers le Nigéria en passant par Kousseri au Cameroun. Aux circuits intrarégionaux que sont Tchad-RCA, Bangui-Brazzaville, Adamaoua-Yaoundé, RCA-Cameroun, Yaoundé-Douala, Yaoundé-Libreville et Yaoundé-Malabo, s'ajoutent des circuits extrarégionaux dont Tchad-Nigéria et Cameroun-Nigéria59.

Face à ce vaste terrain qu'offre le domaine de l'élevage en Afrique centrale, les femmes ne sont pas en reste et contribuent au développement du secteur tant d'une façon formelle qu'informelle. De nombreuses femmes pratiquent l'élevage dans différents pays de l'Afrique centrale et permettent à travers cette activité d'alimenter une grande partie de la population de la sous-région. Cependant, les échanges sont malheureusement entravés dans leur développement par de nombreuses contraintes notamment l'inorganisation des marchés à bétail, l'insuffisance des statistiques, les maladies animales émergentes, les coûts élevés de production, le manque d'une législation adaptée, les mesures de l'Organisation Mondiale sur le commerce des animaux et de leurs produits et la faible structuration des acteurs, qui sont autant de défis qui font à ce que la zone ne soit pas compétitive. Même s'il faut aussi noter l'inégale répartition des activités dans ce secteur entre l'homme et la femme.

Pour ce qui est de la pêche, l'idée de promouvoir la pêche continentale et l'aquaculture en zone CEMAC est née en 1999 à Bangui (RCA). C'est le Secrétaire Général de la CEMAC de l'époque, Thomas Dakayi Kamga qui avait révélé aux participants l'importance que

59 Hekebereya, "La coopération sectorielle en Afrique Centrale...", pp.7-10.

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représenterait la mise en place d'un projet régional de la pêche continentale et d'aquaculture. C'est ce qui justifie la tenue d'un atelier de lancement du projet "Promotion de la pêche continentale et de l'aquaculture en zone CEMAC", du 18 au 20 Mai 2011 à Bangui, au siège de la CEMAC60. Plusieurs femmes ont saisi cette opportunité pour contribuer à la dynamisation de ce secteur en zone CEMAC. C'est ce qui explique la présence de nombreuses femmes dans le personnel de la PPCA/CEMAC, tel l'illustre ce tableau 6.

Tableau 6 : Personnel féminin au PPCA/CEMAC en 2012

Noms et Prénoms

Fonctions

Pays

Année

Belcady Landou

Agent d'entretien

R. Congo

2012

Erna M. Ndengue Ikobo

Secrétaire/Comptable

R. Congo

2012

Espéranza Alono Akaba

Secrétaire/Comptable

Guinée Equatoriale

2012

Henriette O. Mbadinga

Chef d'Antenne

Gabon

2012

Hermine

Nzoïmbengene

Secrétaire/Comptable

RCA

2012

Huguette Biloho Essono

Assistant Technique Local (ALT)

Gabon

2012

Kouesse R. Karifene

Assistant Technique Local (ALT)

Tchad

2012

Margaret J. Rengouwa

Secrétaire/Comptable

Gabon

2012

Marie G. Etomo B.

Secrétaire/Comptable

Cameroun

2012

Nadège Mbonzi

Agent d'entretien

Gabon

2012

Sandrine N. Gossadina

Secrétaire de Direction

//////

2012

Source : CEBEVIRHA Info, N°003, Juin 2012, pp.10-11.

Ce tableau est une liste exhaustive du personnel féminin dirigeant de la PPCA/CEMAC en 2012.61 Ces femmes représentent des Antennes de la PPCA/CEMAC dans les différents pays de la Communauté. Il s'agit uniquement du personnel féminin.

De nombreuses femmes pratiquent la pêche dans le cadre de la sous-région. Elles sont regroupées pour certaines dans le cadre du REFAC, ce qui leurs permet d'exposer ces produits aquacoles lors de la foire transfrontalière qui a lieu tous les ans entre le mois de Juin et celui de Juillet, (cf. photo 6). Mais aussi de vendre dans les marchés frontaliers ou dans les Etats de la communauté.

60 CEBEVIRHA Info, n° 003, Juin 2012, pp.1-2.

61 Ibid., p.10.

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Photo 6 : Etang de Mitone à la Lambarene, Antenne du PPCA/CEMAC au Gabon

Source : CEBEVIRHA, N° 003 Juin 2012, p.8.

Cette photo présente les différents étangs de poissons de l'Antenne du PPCA/CEMAC au Gabon. Ceci est l'oeuvre conjointe des hommes et des femmes dynamiques pour le projet sous régional d'aquaculture62.

Photo 7 : Le poisson dans un Stand lors de la Foire Transfrontalière de juin 2016.

Source : https://journalintegration.com/fotrac-2018-place-a-linterregionalisme-bas/, consulté le 19/04/2019 à 16h30min.

62 CEBEVIRHA Info, n° 003..., p.2.

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En plus de ce type de poisson, bien d'autres sont exposés pendant la foire communautaire, venant des différents pays de la sous-région. Le commerce connait également un fort déploiement des femmes. Par ailleurs, les pêches africaines d'une façon générale emploient au total 19,2 millions de personnes, dont 34 % de femmes63. 96% des emplois occupés par les femmes concernent les activités post-récoltes, 3,1 % de femmes sont employées comme pêcheurs et 0,7 % dans l'aquaculture. La contribution totale de la pêche et de l'aquaculture au PIB agricole est estimée à 9,2 % (26,6 milliards de dollars), une part importante étant créée par les femmes.64

c. Le secteur commercial : une étude à travers la foire transfrontalière

Le secteur commercial est également très prisé par les femmes de la sous-région. Elles contribuent énormément dans l'harmonisation du commerce de la CEMAC, non seulement à travers la foire transfrontalière qui a lieu tous les ans, mais aussi à travers des marchés frontaliers et l'import-export.

Parlant des activités commerciales à travers la foire, la 9ème édition de la foire transfrontalière de la CEMAC s'est ouverte le 29 juin 2018 à Kyé-Ossi. Elle avait fait cohabiter des exposants venus de 10 pays appartenant aux communautés économiques régionales d'Afrique centrale et d'Afrique de l'Ouest. Une interconnexion socioéconomique qui a pour objectif de prôner le vivre ensemble régional et interrégional. Venus nombreux, les participants ont bravé le soleil pour commercialiser leurs produits de divers sorte, comme le démontre cette image65, (cf. photo 8).

63 E. Kaunda, "Étude sur le potentiel de l'aquaculture en Afrique", Mai 2015, p.42.

64 Ibid., p.42.

65 https://journalintegration.com/fotrac-2018-place-a-linterregionalisme-bas/ consulté le 19/04/2019 à 16h30min.

66 Z. R. Mbarga, "Intégration Régionale, Fotrac 2018 : Place à l'interrégionalisme par le bas", publié le 11/07/2018, in https://journalintegration.com/fotrac-2018-place-a-linterregionalisme-bas/.Consulté le 19/04/2019 à 16h30min.

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Photo 8 : Les produits agricoles de la Guinée Equatoriale exposés à la FOTRAC 2016.

Source : FOTRAC, 7ème édition, Kyé-Ossi, du 25 juin au 09 juillet 2016, p18.

Cette image présente les produits agricoles (tomates, banane plantain, ananas, cannes à sucre, manioc, poisson, macabo, igname, etc.), du thé des produits artisanaux des femmes équato-guinéennes qui sont exposés lors de cette foire et ont été exposés lors de la foire en 2016.

Il est clair que les femmes jouent un rôle important dans la dynamique commerciale de la CEMAC, à travers cette foire qui regroupe des femmes et des hommes des horizons divers. Cela permet également de lever des voiles sur la libre circulation. Ce qui fait dire à Benjamin Ambela, jeune entrepreneur présent à cette foire "qu'il est difficile pour nous, jeunes leaders et entrepreneurs, de tourner le dos à cette dynamique. Elle nous permet de comprendre les subtilités de l'intégration. Simplement, on a l'impression de lever les barrières et les obstacles à la libre circulation"66. Tandis que la présidente fondatrice du REFAC relève que : "avec le processus de rationalisation des communautés économiques régionales de l'Afrique centrale, nous avons bon espoir que la foire pourra déjà investir l'Afrique centrale géographique". En effet, la Fotrac se veut être un regroupement pour tous les peuples d'Afrique afin de contribuer à l'échange continental. D'où Nlaté Danielle justifie :

82

Avec la zone de libre-échange continental (ZLEC), nous pensons pouvoir accueillir d'autres frères et soeurs des régions voisines, Pour ce faire, nous savons que nous pouvons toujours compter sur votre mobilisation et votre soutien. La tâche est difficile. Nous trimons au quotidien. Mais réussissons toujours à joindre les bouts les plus essentiels.67

Les activités économiques ne sont pas seulement l'apanage des hommes dans la sous-région. Car les analyses précédentes expriment une contribution majeure de la femme dans ce secteur. Cependant, qu'en est-il du domaine socioculturel ?

3. La femme dans le domaine socioculturel

Parlant du secteur socioculturel, il s'agit de mettre en relief les domaines de l'éducation, de la santé, de l'enseignement, de la recherche, de l'art artistique, du sport. Les femmes de la CEMAC contribuent à plusieurs niveaux dans le domaine socioculturel, à travers des événements culturels, à travers des associations, au sein des institutions spécialisées et même des organes centraux afin de dynamiser cette institution communautaire.

Le traité instituant la Communauté est le premier texte juridique en matière sociale et culturelle. C'est une véritable loi fondamentale applicable en vue de la réalisation des politiques communes des six Etats membres notamment sur l'éducation, l'enseignement, la formation professionnelle, le sport, la recherche, la santé. Mais avant d'intégrer l'ordre juridique interne des Etats membres de la CEMAC, ce droit est soumis aux actes conventionnels du droit international, et doit suivre la procédure de ratification et de réception dans ces Etats. Il est aussi composé d'articles aux dispositions culturelles.

Par ailleurs, quatre institutions que sont l'Union Economique de l'Afrique Centrale (UEAC), l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC), la Cour de Justice Communautaire (CJC), le Parlement Communautaire (PC), font l'objet de conventions séparées 68 qui ont été signées préalablement pour des actions économiques conformément à l'orientation faite par les objectifs et les missions stipulés par le traité de la CEMAC. Cependant, la société est faite des lois et la culture est une composante essentielle du développement, des politiques sectorielles sociales et culturelles.69 Et le Parlement de la CEMAC a pour rôle de légiférer par voie de directives même dans le domaine social et culturel.

67 P. Ibrahim, in Afrique centrale, Intégration, N°109, Interview réalisée à Danielle Nlate, présidente fondatrice du REFAC.

68 68 CEMAC, Textes organiques..., p.29.

69 Ndong Owono Abang, entretien, in J.L. T. Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale", Thèse de doctorat/Ph.D en histoire, Université de Yaoundé I, Décembre 2014, p.113.

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Avant sa création, une commission interparlementaire composée de cinq membres par Etat désignée par l'organe législatif de chaque Etat membre était instituée. Son but était de contribuer par le dialogue et le débat, aux efforts d'intégration de ladite Communauté dans les domaines couverts par le traité et les textes en vigueur, surtout ceux sportifs, éducatifs et de formation70.

Dans le même ordre, la Cour de Justice Communautaire (CJC) est une institution communautaire en charge du contrôle juridictionnel des activités économiques et culturelles, mais également de l'exécution budgétaire des institutions de la CEMAC. Il en est de même pour l'UMAC dont le siège est à Yaoundé. Elle est en charge de la politique monétaire, dont la Banque des Etats de l'Afrique centrale constitue la pierre angulaire. Cette institution rattachée de la CEMAC a également un volet social et culturel. Aussi, l'UMAC participe avec l'Union économique à l'exercice de la surveillance multilatérale par la coordination des politiques économiques et la mise en cohérence des politiques budgétaires nationales avec la politique monétaire commune, bénéfique pour tous les secteurs d'activités même ceux culturels71.

a. Dans la santé

Sur le plan sanitaire, la CEMAC a harmonisé la politique sanitaire de la sous-région à travers la création de l'OCEAC. Créée en 1963 à Yaoundé par la volonté des Ministres de la Santé du Cameroun, du Congo, du Gabon, de la RCA et du Tchad, l'institution portait le nom de l'Organisation de Coordination et de Coopération pour la lutte contre les Grande Endémies en Afrique Centrale (OCCCGEAC. Les buts de l'organisation devenue OCEAC en 1965 sont entre autres : la coordination des politiques et actions de santé, la formation du personnel de santé des Etats membres, la recherche dans les domaines des sciences de la santé, la contribution à la promotion de la santé et l'appui dans les interventions d'urgences sanitaires. Ce qui explique la mise sur pied du Centre Inter-Etats d'Enseignement Supérieur en Santé Publique d'Afrique Centrale (CIESPAC)72.

Erigée depuis 2003 en une Institution spécialisée de la CEMAC, l'OCEAC est devenue en 2006 un véritable organe d'exécution de la Communauté pour les questions de santé publique. Chaque Etat a mis à la disposition de ses citoyens, des écoles de formation dans le domaine sanitaire. Ce qui permet aux hommes et aux femmes de profiter de ces formations. Par ailleurs, de nombreux étudiants de la sous-région profitent réciproquement des formations

70 Ndong Owono Abang, entretien, p.15.

71 Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats...", p.16.

72 Le Magazine, n° 003, Juillet 2013, p.3.

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sanitaires dans les différents Etats membres de la CEMAC, ce qui leurs permet d'avoir les aptitudes nécessaires pour répondre à des impératifs sanitaires dans la sous-région. Elles contribuent à la stabilité sanitaire de la sous-région par leur déploiement tant à partir de l'OCEAC que dans le cadre des centres médicaux nationaux.

Pour ce qui est du cadre communautaire, de nombreuses femmes sont recrutées pour contribuer à la santé humaine, animale et végétale de la sous-région. Marlyse Peyou Ndi de nationalité camerounaise, fait partir des experts du Réseau de surveillance et de suivi de la résistance du VIH aux ARV en Afrique Centrale73. Elle contribue aussi bien que des hommes dans de nombreuses recherches concernant la prévalence ou l'atténuation de la contamination du VIH-SIDA en Afrique centrale zone CEMAC.

Dans le cadre de l'harmonisation des politiques pharmaceutiques dans la sous-région, de nombreuses femmes font parties de l'équipe dirigeante. C'est le cas d'Emilienne Yissibi Pola, Expert consultant de l'OCEAC. Elle a été primée par la Communauté pour ses actions menées dans la bonne Coordination du processus d'harmonisation des politiques pharmaceutiques nationales des pays de la CEMAC. Nommée en 2007 à la coordination du programme d'harmonisation des politiques pharmaceutiques nationales des pays de la CEMAC mise en place à l'OCEAC, elle a conduit avec l'équipe du Département des Programmes et Recherches, le processus d'harmonisation avec les experts des pays membres, en collaboration avec les partenaires concernés par les questions de la pharmacie et du médicament dans la sous-région Afrique centrale. Ce processus a abouti au développement d'une politique pharmaceutique commune et des documents connexes, qui ont été validés par les Ministres de la santé de la CEMAC. Ce sont tous ces efforts déployés pour le succès de ce travail qui lui ont permis d'acquérir le prix de la pharmacie francophone, remis à Genève en Suisse le 20 mai 2013 lors de la rencontre Leem/pays francophones74. Dans le cadre de ces politiques pharmaceutiques harmonisées, de nombreuses conférences sont ténues, auxquelles des femmes font preuves de leur rhétorique en matière de dialogue communautaire pour des meilleures modalités dans le domaine. Par ailleurs, les femmes ne sont pas en reste dans le Projet de Prévention du VIH/SIDA en Afrique centrale lancé par la sous-région CEMAC. Il en est de même du domaine de l'éducation.

73 Le Magazine de l'OCEAC, n° 001, Novembre 2007, p.29.

74 Le Magazine, n° 003..., p.29.

75 CEMAC, Répertoire des établissements d'enseignement supérieur des pays membres de la CEMAC, des centres et unités de recherche rattachés, Yaoundé, Ed. Saagraph, Janvier 2006, p.3.

85

b. La femme dans l'éducation, l'enseignement et la formation

Concernant l'enseignement, la recherche, et la formation professionnelle, plusieurs écoles ont été ouvertes pour permettre aux étudiants de la sous-région de bénéficier de l'enseignement, de l'éducation, de la recherche et des formations professionnelles désirées pour mieux répondre aux défis de la sous-région en matière de développement et d'intégration. A cet effet, des filles et des hommes de la CEMAC sont inscrits dans ces écoles et reçoivent les mêmes enseignements sans distinction. Et ces enseignements sont dispensés aussi par des hommes que des femmes compétentes, dont le recrutement ne tient compte des critères autres que ceux des qualités et aptitudes professionnelles. C'est le cas de l'Ecole d'Hôtellerie et de Tourisme, de l'Institut de l'Economie et des Finances-Pôle Régional, de l'Institut d'Economie et de Statistiques Appliquées, de l'Institut Sous Régional Multisectoriel de Technologie Appliquée, ou de l'Ecole Inter-Etats des Douanes, du Pôle Régional de Recherche Appliquée au développement des Savanes d'Afrique Centrale, etc. Ce sont des écoles sous régionales qui sont mises sur pied par un consensus des Etats de la CEMAC pour former des ingénieurs, des cadres administratifs et bien d'autres75, (cf. tableau 7).

Tableau 7 : Liste des étudiants filles inscrits dans la filière TSS1 pour l'année académique 2007-2008 à l'ISSEA.

Noms et Prénoms

Pays

Carine Sandra Sita Banzouzi

R. Congo

Léontine Bernadette Kameni Poungom

Cameroun

Letycia Roku Gaetjens

Guinée Equatoriale

Prudence Mabou Mbongtot

Cameroun

Syntyche Grâce Olgis Zialot-Yagouelet

Centrafrique

Source : www.issea-cemac.orgindex.php, consulté le 25/04/2019 à 15h30min.

Ce tableau représente l'effectif des filles ayant obtenues le concours de l'ISSEA dans la filière des Techniciens Supérieurs de la Statistique (TSS) niveau 1, pour le compte de l'année académique 2007-2008. Il s'agit d'un effectif de 5 filles sur 42 garçons ayant obtenus ce concours. Bien que l'effectif entre les filles et les garçons soit inégal, les filles ne sont pas en reste pour l'admission dans cette prestigieuse école sous régionale qui offre de nombreuses

86

formations dans plusieurs filières. Il faut également noter qu'il existe d'autres filières dans lesquelles elles sont intégrées76.

Cette école regroupe aussi parfois des étudiants ressortissants des autres pays ou sous-régions. C'est ce qui explique qu'en 2019 en 3e année JAS, dans une classe de 34 étudiants, il y a des togolais77, des ressortissants de la RDC qui suivent les cours dans cette école pour les uns dans le but de maîtriser les études sur les statistiques et relever l'appareil statistique de leur pays qui n'a pas été actualisé il y'a pratiquement 30 ans78. Et pour d'autres, il s'agit de bénéficier des hautes études en matière de statistiques79. Ce qui montre que de plus en plus, les filles s'intéressent aux affaires de la sous-région. Leur scolarisation connait des avancées notoires dans les différents pays de la CEMAC. Même si le Staff Administratif en lui, n'est composé que des femmes secrétaires dans cette école80.

Cette école regroupe également le personnel féminin enseignant tant régulier que vacataire, même s'il est minoritaire, (cf. tableau 8).

Tableau 8 : Le Personnel enseignant féminin de l'ISSEA de toutes les filières confondues en 2017.

Noms et Prénoms

Matière dispensée

Vacataire/Permanente

Pays

Christine Djockoua

Anglais

Vacataire

 

Colette Florence Mebada

Marketing

Vacataire

//////

Djiadeu née Njionwo

Anglais

Vacataire

//////

Edith Strafort Pedie

Analyse des données multidimensionnelles

Vacataire

//////

Elise Ndjiogoua

Anglais

Vacataire

//////

Emerentia Kongla Nkong

Anglais

Vacataire

//////

Suzanne Biwole

Français

Vacataire

//////

Yvonne Nane

Education physique

Permanente

Cameroun

Zang née Manjia M.

Mathématiques (Algèbre)

Vacataire

Cameroun

Source : www.issea-cemac.org/index.php, consulté le 25/04/2019 à 15h30min.

76 www.issea-cemac.org/index.php, consulté le 25/04/2019.

77 Alexise Sabrina Mebe Asoui, 24 ans, étudiante camerounaise à l'ISSEA, entretien réalisé le 10/05/2018. 78Berry Swana, 24 ans, étudiant ressortissant de la RDC en 3eme année IAS à l'ISSEA, entretien réalisé le Mercredi 14/02/2018.

79 Emile Simpa, 22 ans, étudiant togolais en 3eme année TSS à l'ISSEA, entretien réalisé le Mercredi 14/02/2018.

80 Rondo Lemercier, 24 ans, Etudiant centrafricain à l'ISSEA en 4eme année JAS, entretien réalisé à l'JSSEA, le 14/02/2018.

87

Les femmes jouent un rôle déterminant dans l'éducation dans cette sous-région, à travers des disciplines multiples qu'elles dispensent aux différents étudiants. En ce qui concerne les enseignants vacataires, ils sont au nombre de quatre-vingt-trois (83) dont soixante-quinze (75) hommes au détriment de 8 femmes dont l'expérience avérée les a conduits dans cette haute structure d'enseignement sous régionale. Alors que le corps des enseignants permanents renferme treize (13) hommes et une (1) femme qui contribuent à la formation physique et intellectuelle des étudiants de la CEMAC et de d'autres pays de l'Afrique.

En outre, l'EIED contribue également à la formation des contrôleurs et les préposés de douanes des Etats membres. De même, cette école reçoit à chacun de ses cycles de formation, des stagiaires recrutés compte tenu des besoins exprimés par chaque Etat et des capacités d'accueil de l'établissement81. Cependant, l'admission à cette école est subordonnée à un concours organisé et corrigé par sa direction. Cela permet de choisir les meilleurs. Pour permettre de programmer ses enseignements, chaque Etat fait connaître ses besoins en formation pour l'année à venir au cours du Conseil d'administration au mois de Décembre. Même si tous les besoins en formation des Etats ne sont pas toujours palliés82.

Aussi, l'Institut Sous Régional Multisectoriel de Technologie Appliquée, de Planification et d'Evaluation de Projets (ISTA) dont le siège est à Brazzaville, a été créé du fait que les pays africains notamment ceux de la sous-région CEMAC, souffraient de l'insuffisance des cadres possédant des compétences nécessaires à l'identification, la conception, l'exécution et l'évaluation des projets de développement. Cette école est chargée entre autres de la formation universitaire sanctionnée par un diplôme de haut niveau, le Master en analyse et évaluation de projets, ainsi que du perfectionnement des cadres à des outils et techniques de conception, à la réalisation et le suivi-évaluation des projets de développement. Sans oublier la réalisation des études de projets de développement et la promotion des opérations industrielles, par des actions diverses portant sur l'identification des partenaires techniques et financiers. Pour ce faire, cet Institut est doté d'un Centre de formation et d'un bureau d'études. De nombreuses femmes suivent également des formations à son sein, pour mieux répondre aux défis de leurs pays et de la sous-région83. Il en est de même pour les autres écoles qui jouent un rôle important en matière d'enseignement, d'éducation et de formation dans la sous-région et en Afrique en générale.

81CEMAC, Répertoire des établissements d'enseignement supérieur des pays membres de la CEMAC, p.3.

82 Bulletin officiel CEMAC n°1, République du Cameroun, République Centrafricaine, République du Congo, République du Gabon, République de Guinée équatoriale, République du Tchad, 2004, p.3.

83 J. L. T. Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats ..." pp.129-130.

88

Dans le but de faciliter la coopération universitaire, il a été initié la Conférence des Recteurs des Universités et des Responsables des Organisations de Recherche en Afrique Centrale (CRUROR/AC). Cette instance permet d'harmoniser la recherche dans cet espace géographique, en étroite collaboration avec les politiques nationales en matière d'enseignement universitaire. C'est ce qui explique la tenue du 20 au 23 Novembre 2007 de la 3emeSession ordinaire du CRUROR/AC à Ndjamena. Rencontre au cours de laquelle, de nombreuses femmes de différentes universités d'Afrique centrale ont pris part, parmi lesquelles Balla Marthe Solange le Chef Service Accueil Protocole et Relations Publiques à l'Université de Yaoundé II au Cameroun, Ntone Kouo Hélène le Chef de Division de l'Enseignement et des personnels enseignants à l'Université de Douala, Sapou née Lady Bawa le Directeur du Centre des OEuvres Universitaire de l'Université de Ngaoundéré. Par ailleurs, la tchadienne Sylvie Lewickidhinaut, Directrice Régional pour l'Afrique du Centre International de Recherche en Agriculture et pour le Développement a participé aux côté de ses homologues camerounaises à cette rencontre84. Jacqueline Moto-Ossou, Conseiller auprès du Recteur de l'Université Omar Bongo, membre de la cellule Technique Licence Master de la CEMAC, par ailleurs Secrétaire de l'Association CEMAC des OEuvres Universitaires y était présente.

En outre, la même conférence fut organisée du 20 au 21 Décembre 2006. Albertoul Zakaria, Ministre Délégué chargée de l'Alphabétisation auprès du Ministre Tchadien de l'Education Nationale avait présidé ladite conférence. Cette dernière représentait le Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Formation Professionnelle dudit pays. Il est d'acte que les femmes ne sont pas en reste dans l'enseignement supérieur car elles exercent les mêmes tâches que les hommes85. Le domaine du sport n'est point exempt.

c. Dans le cadre du sport

Concernant le domaine sportif, la législation de la CEMAC en matière de pratique du sport est en adéquation avec les politiques nationales. La coupe de football CEMAC est une compétition de football qui se joue depuis l'UDEAC en 1984 pour les hommes. Elle regroupe les pays de l'Afrique centrale (le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la RCA, la R. Congo et le Tchad). La CEMAC remplace l'UDEAC en 1999, c'est ainsi que le règlement n° 08/99/UEAC-007-CM-02 du 18 août 1999 institutionnalise la coupe de football CEMAC86.

84 Liste des Participants à la 3eme Session ordinaire de la CRUROR/AC, Ndjamena (CEBEVIRHA), du 19 au 21 décembre 2007, pp.1-7.

85 Compte-Rendu des travaux de la 3eme Session ordinaire de la CRUROR/AC, Yaoundé le 20 novembre, 2007, 1p.

86Bulletin officiel CEMAC n° 1..., p.36.

89

Les articles 8 et 9 du règlement intérieur avaient trait à la nomination des représentants du secrétaire exécutif de la CEMAC, au comité d'organisation et à la commission technique de celle-ci.87 Il était aussi nécessaire de compléter ce règlement par la décision n° 046/SE/DECAS. D'où l'article 2 disposait que les représentants constituaient le groupe de travail interne du Secrétariat exécutif de la CEMAC sur la coupe qui sera élargie en cas de besoin. Cela traduisait la présence de ces représentants lors de ladite coupe, au moment des rencontres des équipes nationales des Etats membres de la CEMAC. Mais aussi, la présence au sein du Secrétariat exécutif de la CEMAC, d'une structure chargée de la promotion du sport car, la culture est le catalyseur du développement politique et socio-économique. Cette coupe de football CEMAC88 étant déjà une réalité, se situe dans le cadre de la redynamisation des relations culturelles entre Etats et répond du souci de fraternité, de distraction et d'éducation à la paix entre les peuples et les Etats.

Cependant, plusieurs coupes masculines de la CEMAC ont déjà eu lieu à l'instar de celles de 2002 et de décembre 2003 du Stade Massemba-Débat de Brazzaville89. Mais la 5ème édition de 2008 se jouait sous une grande ambiance. Le Cameroun, le Congo et la Centrafrique, les trois premières équipes du classement, étaient acclamées par les Chefs d'Etats.90 On assista donc ici au respect total par les Etats des stipulations des règlements et la décision en favorisant la tenue de cette coupe de football, qui engendra aussi le brassage des populations, défiant les égoïsmes nationaux. Ceci relève de la volonté des Etats membres de faire du sport un véritable levier de développement et principalement d'intégration dans la CEMAC car, le sport est un événement qui rassemble davantage les peuples. C'est pour cette raison que les femmes de cette Communauté ont aussi choisi le sport comme moyen d'action pour sensibiliser un maximum des habitants de la sous-région sur la nécessité du savoir vivre, pour un développement harmonieux et pour l'intégration dans cette sous-région.

A côté de l'équipe masculine de football, l'on note une section féminine de la coupe de football CEMAC. La première édition de la Coupe de football CEMAC dames a eu lieu à Ndjamena fin mars 2014, (cf. photo 9).

87 Bulletin officiel CEMAC n° 1..., p.36..

88Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 9126/5325, 34 e année, mercredi 25 Juin 2008, p.9.

89Echos d'Aujourd'hui n°15, p.14.

90 On comptait au total cinq chefs d'Etats, deux premiers ministres. Cf. Cameroon Tribune, n° 9126/5325, p.9.

90

Photo 9 : Equipe de football féminine tchadienne de la coupe CEMAC

Source : https://www.google.com/amp/s/amp.rfi.fr/afrique/foot/20141215-le-tchad-rempor, consulté le

24/04/2019 à 15h30min

En poste en maillots de la Coupe CEMAC, ces filles représentent l'équipe tchadienne convoquée par leur sélectionneur Zam Gagsou Barkos, en plein entrainement au stade de Paris-Congo. Mais il faut noter que la Coupe de football féminin de la CEMAC est récente, raison pour laquelle, un grand nombre d'informations n'est pas disponible. Toutefois, il existe des coupes nationales jouées par des femmes. Cependant, notre étude est basée sur l'institution CEMAC et non sur la zone CEMAC.

d. Le domaine de l'art

Le domaine artistique n'est pas en reste, il est également très envahi par la gente féminine. La conception des bijoux fait partie de nombreux objets artisanaux fabriqués par les femmes de la sous-région et vendus dans le cadre des marchés nationaux ou communautaires. Ces bijoux viennent renforcer le commerce des femmes avec d'autres produits relevant des activités agricoles, pastorales et aquacoles. C'est ce qu'illustre l'image suivante91, (cf. photo 10).

91 Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 9126/5325, 34 e année, Mercredi 25 Juin 2008, p.9.

92 Rapport FOTRAC, 5ème édition, du 10 au 23 Juin 2014, p.12

91

Photo 10 : Les produits artisanaux féminins à la FOTRAC 2016.

Source : Rapport FOTRAC, 5ème édition, du 10 au 23 Juin 2014, p.12.

On remarque la représentation des produits artisanaux de la sous-région dans cette photo, relevant de l'expertise féminine et masculine. Ces produits sont originaires de la République du Congo. En plus de ceci, les produits cométiques originaires de la Guinée Equatoriale sont également présentés au cours de cette foire de 2014, (cf. photo 11).

Photo 11 : L'entrepreneuriat cosmétique équatoguinéen féminin à l'honneur à la foire de 2014.

Source : Rapport FOTRAC, 5ème édition, du 10 au 23 Juin 2014, p.12.

92

Cette image ressort les produits cométiques équatoguinéens. Placé au-devant du stand, la présidente fondatrice du REFAC, promotrice de la FOTRAC et de la gauche vers la droite, le Ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana dont les produits font l'objet de la présentation93.

Il a en est de même dans le domaine de la mode où les femmes émerveillent le monde de la beauté sous régionale à travers les miss qui font l'objet d'un défilé de mode à chaque foire, (cf. photo 12).

Photo 12 : Les miss présentées au stade d'Ebébiyin lors de la foire transfrontalière de 2016.

Source : FOTRAC, 7ème édition, du 25 juin au 09 juillet 2016, p.23.

Cette photo présente la Miss et les deux Dauphines de la FOTRAC 2016. A l'extrême droite se trouve la présidente du REFAC, promotrice de la foire94. Tout ceci montre que les femmes jouent un rôle important dans la CEMAC. Toutefois, les femmes de la CEMAC utilisent de nombreux moyens pour agir dans cette institution.

C. LES MOYENS D'ACTION DE LA FEMME DANS LA CEMAC

En dehors des postes occupés par les femmes au sein des organes de la CEMAC, ou des Institutions auxquelles les femmes font preuve de leur grande expérience, elles utilisent aussi de nombreux autres moyens pour atteindre leurs objectifs au sein de la CEMAC.

93 Rapport FOTRAC, 5ème édition..., p.12.

94 FOTRAC, 7ème édition, du 25 juin au 09 juillet 2016, p.23.

93

1. Les groupes d'association : le REFAC et la Synergie Jeune-CEMAC

Les groupes d'association sont les premiers moyens par lesquels les femmes de la sous-région agissent. C'est l'ensemble des organes associatifs créés par les femmes de la sous-région pour agir dans le cadre de la dynamique diplomatique consentie par les Etats membres de la CEMAC, afin de contribuer à la dynamisation de cette organisation, que ce soit dans le cadre d'une intégration par le bas que par le haut. Sont étudiées ici, les associations telles le REFAC, la SJ-CEMAC.95

a. Le REFAC comme moyen d'action des femmes de la CEMAC

Le Réseau des Femmes Actives de la CEMAC (REFAC) est fondé en 2007 à Douala au Cameroun par Danielle Nlaté et légalisé en Janvier 2008. Cette association regroupe des individus, des groupes d'initiatives communes (GIC), des associations et d'autres groupes d'Afrique centrale, sans distinction d'âge, de race, de sexe ou de religion. C'est une Organisation non-gouvernementale à but non lucratif et apolitique. Son but premier est de fraterniser par des échanges économiques et socioculturels. C'est dans l'atteinte de l'idéal de la sous-région et pour pallier dans un domaine que les hommes n'ont pu faire montre de leur intelligence que les femmes de cette sous-région ont mis sur pied cette association et dont l'atteinte des objets susmentionnés du REFAC sont d'un avantage pour tous notamment dans la CEMAC. Cette Association connait un fort déploiement des femmes de la sous-région. Le REFAC organise aussi de nombreuses rencontres, surtout culturelles dans cet espace communautaire, aux fins d'unir les populations de la sous-région en particulier, mais de l'Afrique en générale et participer à la promotion de la paix. C'est ce qui ressort de la FOTRAC organisée en 2018 qui a connu la participation du Sénégal, du Burkina Faso96.

b. La SJ/CEMAC

En plus du REFAC, la Synergie Jeune de la CEMAC (SJ/CEMAC) qui est une initiative conjointe est également un moyen par lequel les femmes de la CEMAC s'expriment. La direction de l'organe est sous la tutelle féminine avec Ruth Kamga comme "Représentante et Ambassadrice" de la structure des jeunes femmes de la CEMAC97 et Nina Baho comme Déléguée générale à l'Intégration/SJ-CEMAC, nommée le 04 février 201298. Créée suite à la conférence des Chefs d'Etats de la CEMAC tenue à Yaoundé le 24 et 25 Juin 2008 sous la

95 Le Relais de l'négation, n° 0006, Juin 2012, p.4.

96 FOTRAC, 9ème édition, du 25 juin au 09 juillet 2018, p.23.

97 Ibid.

98 Ibid., p.7.

94

Présidence de Paul Biya président en exercice, la SJ-CEMAC voit officiellement le jour le 18 Septembre 2008 en tant que structure sous régionale favorisant le brassage des cultures entre les jeunes de la Communauté. Son but principal étant notamment de commémorer la journée du 16 Mars 1994 avec la CEMAC.

La Synergie Jeune constitue un moyen d'expression des femmes, comme en témoigne la photo ci-dessous, (cf. photo 13).

Photo 13 : Les jeunes dans le processus d'intégration sous régionale.

Source : Relais Intégration, n° 0006, Juin 2012, p.8.

Cette image présente les jeunes participants à la 4ème édition de la "Journée CEMAC" ténue le 16 Mars 2012, à la Représentation de la CEMAC au Cameroun. Cette image relève une forte dominance de la gente féminine lors de cette journée commémorative du 16 Mars 1994, gage d'une forte implication des femmes dans la dynamique diplomatique communautaire. C'est une Institution de la CEMAC en charge des questions relatives à la jeunesse sous régionale99. Lors de cette quatrième édition, elle a connu la participation de la Représentante de la CEMAC au Cameroun, Malaïka Ndoumbe Ngollo. Elle y a fait un discours en présence du Commissaire de la CEMAC Hassan Adoum Bakhit, (cf. photo 14).

99Le Relais Intégration, n° 0006..., p.5.

95

Photo 14 : Le discours de la Représente de la CEMAC au Cameroun lors de la 4ème édition de la journée CEMAC.

Source : Relais Intégration, n° 0006, Juin 2012, p.6.

En plus de ces deux Associations reconnues par la CEMAC, les femmes de la sous-région agissent aussi à travers le Réseau des femmes Parlementaires d'Afrique Centrale. C'est une association qui regroupe des femmes députés et sénateurs de la zone CEMAC qui travaillent en synergie dans le but de dynamiser la femme parlementaire de cet espace géographique. Ce qui explique la ténue du 05 au 06 Mars 2015 à Libreville, de la 18ème Conférence annuelle des femmes parlementaires de l'Afrique Centrale portant sur le thème : "les femmes parlementaires face au défi des mariages et grossesses précoces". Les différentes conférences ténues dans ce cadre résultent dans l'intérêt de la nécessité d'une action parlementaire globale100.

Outre ces associations à travers lesquelles les femmes militent activement, leur rôle est perceptible à travers également des événements culturels et sportifs.

2. Des événements culturels et sportifs : la coupe de football CEMAC, la Coupe d'Afrique des Nations de football et les foires communautaires

Dans cette partie, il s'agit de présenter les événements sportifs et les foires communautaires comme les moyens utilisés par les femmes dans la CEMAC pour s'exprimer car ce sont des grands moments d'attraction.

100Régionale la Découverte, Juillet/Août, 2015, p.26.

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a. La coupe de football CEMAC et la Coupe des Nations de Football

Les événements sportifs font partir des moyens d'action des femmes de la CEMAC pour toucher une grande partie de la population sur les questions qui concernent la sous-région. Etant donné que ce sont des moments de grands rassemblements, il s'agit des opportunités pour sensibiliser au maximum la population sur la nécessité de participer et contribuer activement au processus d'intégration non seulement économique, politique et sociale de la CEMAC.

Parlant de la Coupe de football CEMAC101, elle se situe dans le cadre des relations culturelles entre six Etats de la CEMAC et répond du souci de fraternité, de distraction, mais surtout de l'éducation à la paix entre les peuples et les Etats de cette sous-région. Ce qui se traduit par l'élaboration du règlement n°08/99/UEAC-007-CM-02 du 18 août 1999, portant institutionnalisation d'une "Coupe de football CEMAC" et la décision n° 046/SE/DECAS portant nomination des représentants du Secrétaire exécutif de la CEMAC au comité d'organisation et à la commission technique de cette coupe. On note plusieurs éditions, comme celles masculines de 2002 et de décembre 2003 qui avaient eu lieu au stade Massemba-Débat de Brazzaville102. Aussi, la 5ème édition de 2008 se disputait sous une ambiance de fête. Les trois premières équipes (le Cameroun, le Congo et la Centrafrique) étaient chaleureusement félicitées par les Chefs d'Etats103. Cela montre le travail du personnel en service à la CEMAC, pour atteindre les objectifs assignés.

En plus de la coupe de football masculine de la CEMAC, la coupe CEMAC des femmes connait généralement un fort déploiement de la gente féminine, qui veut maximiser les chances de sensibiliser les ressortissants de tous les pays d'Afrique centrale sans distinction de sexe ni d'origine. C'est ce qui ressort de ce fort déploiement des femmes du REFAC qui sont des habituées de tels événements, pour espérer de toucher le public cible, lors de la première coupe CEMAC tenue en décembre 2014 au Tchad. Ces femmes de la CEMAC se déploient également dans les compétitions continentales.

A côté des coupes CEMAC qui connaissent une attention particulière des femmes, les femmes de la sous-région agissent également à travers les coupes d'Afrique des Nations de football. C'est ce qui ressort de plusieurs coupes auxquelles elles ont assisté. Notamment : la Coupe d'Afrique des Nations de football de 2017 qui s'est déroulée au Gabon. Les femmes ont pris part à cet événement dans le cadre du REFAC. Elles ont pris part à cette coupe malgré quelques désagréments qui ont empêché certaines femmes de ne pas y prendre part. Ces

101 Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 9126/5325..., p.9.

102 Echos d'Aujourd'hui n°15, CEMAC, Trimestriel, Edition CEMAC, Juillet 2005, p.14.

103 On comptait au total cinq chefs d'Etats, deux premiers ministres. Cf. Cameroon Tribune, n° 9126/5325, p.9.

97

désagréments étaient dus aux lenteurs administratives, ce qui a valu à la présidente fondatrice de "batailler", d'effectuer toutes les manoeuvres possibles pour permettre au REFAC d'y assister à cette rencontre continentale qui se tient tous les deux ans104.

Au cours de cette CAN, le REFAC a eu un agenda chargé. Les objectifs étaient kyrielles et la quintessence renvoyait à :

- La mobilisation et la sensibilisation au plus haut point et au plus haut niveau, des autorités administratives et des populations gabonaises et autres, sur le bienfondé de s'ouvrir définitivement aux autres pays de la communauté pour faire face à la mondialisation précédente et surtout une invite à l'adhésion au projet FOTRAC, plateforme d'échanges et de promotion socioéconomique et culturelle.

- la nécessité de promouvoir les valeurs d'intégration sous régionales, la lutte contre la pauvreté, la sensibilisation sur les violences faites aux femmes et aux hommes, les droits et le développement humain à travers l'agriculture, l'échange, l'éducation, la santé.

- affronter les réalités sur le terrain et sensibiliser les citoyens de la communauté sur les idéaux des pairs fondateurs et la nécessité des pays de briser les barrières et d'être solidaires pour un développement harmonieux et rendre aussi concrète l'Unité africaine105.

A l'issue de cette sensibilisation, de nombreuses femmes et hommes ont adhéré à ladite association, car ils ont trouvé son bien-fondé pour la sous-région. Il en est de mêmes des activités artistiques et culturelles.

b. Les activités culturelles, artistiques et le dynamisme des femmes dans la CEMAC

Les activités culturelles font aussi partir des moyens d'action des femmes de la CEMAC. Étant des situations de grands accolements, ce sont des circonstances pour relayer aux hommes et aux femmes l'importance d'une intégration réussie dans la sous-région. Les activités culturelles sont notamment étudiées ici dans le cadre de la Foire transfrontalière annuelle de la CEMAC qui est créée en 2010 par Jeanne Danielle Nlate et sur la Foire Touristique, Artisanale, Culturelle de la CEMAC (FOTAC). La Fotrac est une Foire

104 Hebdo Intégration, La tribune des communautés n° 260, 30 janvier 2017, p.9.

105 Ibid., p.7.

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multisectorielle qui regroupe les acteurs de développement de tous les pays d'Afrique centrale et d'ailleurs, les administrations, les Chambres consulaires, les Organisations internationales, les Chancelleries, les Instituts de Recherches, les Opérateurs économiques. Aussi, un espace d'échanges, de partage d'expériences surtout dirigé en faveur des femmes dans le cadre de l'amélioration de leurs conditions de vie en milieu urbain et rural, pour une meilleure implication de celles-ci dans le développement de la sous-région.

La première foire CEMAC était à Libreville en 2010. Elle avait été inaugurée par le Ministre d'Etat gabonais à l'économie et aux finances, avec certains responsables du Secrétariat Exécutif de la CEMAC. Pendant quelques jours, une soixantaine de structures exposaient leurs potentialités dans les secteurs aussi variés que l'artisanat, le commerce, l'industrie, les services, l'agriculture. Cette foire CEMAC répond du souci de promouvoir les affaires entre Etats membres de la CEMAC, du voeu d'intégration sous régionale notamment économique, tout en reflétant les idéaux Communautaires106. Moment de rencontre, la foire est aussi une occasion de soutenir les opérateurs privés notamment ceux du domaine culturel, qui en tant que locomotive de toute économie, contribue pour les Etats membres de la CEMAC à la lutte contre la pauvreté par la création des richesses et les emplois. Bien que cette première édition a connu quelques difficultés, elle sera suivie par d'autres mieux planifiées, avec la participation effective et importante des opérateurs économiques comme ceux du secteur culturel. Aussi, cette foire CEMAC de Libreville avait malgré quelques problèmes, eu le mérite d'être organisée pour matérialiser l'initiative107.

En outre, une autre foire CEMAC avait eu lieu à Mvangane le 26 mars 2011, à l'initiative du réseau des femmes de la CEMAC, appuyée par la Commission de la CEMAC. Les femmes du Cameroun, de la Centrafrique, du Congo, du Gabon, de la Guinée Equatoriale et du Tchad, faisaient valoir leur savoir-faire pratique, en exposant aussi bien au public de la sous-région que d'ailleurs, les produits de l'artisanat. C'était leur niveau d'inventivité et de créativité qui était mis en relief à des fins utilitaires. Les enjeux sont multiples mais, cela participe également à des échanges culturels partagés par les textes de la CEMAC. Ceci montre que la sous-région constitue une diversité culturelle. Cette foire permet également de se faire entendre, malgré la communication limitée des décideurs de la CEMAC. Même comme un certain éclectisme institutionnel a souvent mis la culture à une portion congrue.

106 Echos d'Aujourd'hui n°16, CEMAC, trimestriel, Edition CEMAC, Août 2006, p.19.

107 Ibid., p.7.

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Cet événement culturel, avec des tendances économiques et politiques se tient chaque mois de Juin voire de Juillet de l'année, depuis sa création. Elle ne cesse de regrouper une multitude de personnes venant non seulement de l'Afrique centrale, mais aussi de d'autres sous-régions dont l'importance de rassemblement constitue un intérêt particulier. C'est ce qui ressort de la participation d'une dizaine de pays lors de la Foire de 2018 où dix (10) pays ont pris part à cette dernière, au rang desquels certains pays de l'Afrique de l'Ouest.

Conscient que la zone CEMAC est l'espace sous régional le moins avancé dans le processus d'intégration et dans le but de raffermir les solidarités et promouvoir le dynamisme au sein de la gente féminine de la CEMAC, la foire touristique, artisanale, culturelle de la CEMAC (FOTAC-CEMAC) est créée en 2013. C'est une plateforme au même titre que la Fotrac. Alors que la foire est à sa 7eme édition nationale, elle représente la première édition d'envergure sous régionale. Elle s'est ouverte le 04 mars 2019 à Yaoundé sur le thème "Promotion de l'entreprenariat et du dynamisme féminin pour l'émergence de la zone CEMAC".108

Il s'agit d'offrir aux femmes un espace idoine pour s'affirmer et promouvoir leur condition à l'émergence de la sous-région CEMAC. Cette mobilisation citoyenne autour de nombreuses activités touristiques, artistiques, artisanales et culturelles ont retenu l'attention du MINREX et celui du Ministère du Tourisme et des Loisirs (MINTOUL). Ceux-ci, séance tenante, ont adopté le concept et ont promis un soutien indéfectible : "Nous sommes particulièrement intéresser à tout ce qui concerne l'intégration sous régionale. Nous bénéficions d'une certaine expérience et une parfaite connaissance de la région. Donc, n'hésitez pas à prendre attache avec le MINREX", déclare le représentant du MINREX à l'équipe organisatrice. C'est donc des partenaires institutionnels de poids que la foire touristique, artisanale et culturelle de la CEMAC se fait. En présence des représentants du corps diplomatique, notamment le représentant de la République démocratique du Congo Khou Stanislas, le Conseiller de l'ambassadeur du Congo. Il est clair que le dynamisme des femmes est indéniable109

Les femmes occupent de nombreux postes de responsabilités au sein de la CEMAC. Elles occupent des postes qui vont du régime international pour la catégorie des grands fonctionnaires, au régime local, pour la catégorie des petits fonctionnaires, que ce soit au niveau des organes, des Institutions rattachées que des Institutions spécialisées, dans tous les Etats de

108 Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 9126/5325, 34e année, mercredi 25 Juin 2008, p.9.

109 https://afrikinfo.net/fotac-cemac-2019-rendez-vous-le-04-mars/ consulté le 12/06/2019 à 12h02min.

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la CEMAC. Ce qui leur permet de contribuer comme les hommes et sans discrimination aucune à la dynamisation de la sous-région.

Même au plan politique, économique que socioculturel, les femmes jouent un rôle important pour le développement de la sous-région. Dans le volet politique, les Camerounaises, les Centrafricaines, les Congolaises, les Equato-guinéennes, les Gabonaises comme les Tchadiennes jouent un rôle important. Elles sont présentes dans les accords multilatéraux signés entre les différents Etats de la CEMAC, les grandes conférences que la sous-région tient avec d'autres pays ou sous-régions110. Elles participent au processus décisionnel de la CEMAC, à l'élaboration des plans d'action de la Communauté. La paix n'est pas en reste, elles contribuent à la stabilisation de la zone CEMAC, en participant à des rencontres de réconciliation, de médiation et à des OMP, comme celles initiées en Centrafrique par l'ONU pour réinstaller la paix dans ce pays. L'économie est également très prisée par ces femmes, dans tous les volets : agricole, aquatique, commercial, industriel, que ce soit de manière formelle ou informel111.

Les femmes de la CEMAC dynamisent aussi la sphère socioculturelle à travers différents produits artisanaux le sport, et des foires pour rapprocher les peuples de la sous-région. La réalisation de tout ceci passe par plusieurs moyens, notamment les événements sportifs comme la Coupe CEMAC, les événements culturels, comme la FOTRAC, la FOTAC, des grands moments d'attraction112. Ainsi loin d'être inférieures, les femmes jouent un rôle complémentaire à celui des hommes dans la CEMAC. Aussi, leur pouvoir bien que mal perçu par certains, est indéniable, toutefois, elles font face à de nombreuses difficultés au sein de cette Organisation Internationale sous régionale, qu'il faille remédier. 113.

110 Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 9126/5325..., p.9.

111 Lucien Henry Ticky, entretien.

112 Echos d'Aujourd'hui, n° 16, p.10.

113 Jean Léonard Thierry Ondigui Mbassi, entretien.

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LES LIMITES A L'ACTION DIPLOMATIQUE DE LA FEMME AU SEIN DE LA CEMAC

CHAPITRE III :

Les femmes en Afrique sont des agents économiques, des cadres d'administration, des agents politiques, des agents sociaux1, de la petite à la grande échelle, dans le cadre national comme international. Au-delà de leurs activités génératrices de revenus, elles sont les principaux leviers de l'économie domestique et du bien-être familial. Elles jouent un rôle indispensable, mais parfois méconnu des dirigeants au sein de leur communauté et de leurs nations respectives2. Et pourtant, sur l'ensemble du continent africain, les femmes se heurtent à toute une série d'obstacles qui entravent la réalisation de leur plein potentiel, qui sont parfois la conséquence de la conjoncture internationale, des pratiques culturelles restrictives, aux lois discriminatoires à des marchés du travail très segmentés. Elles jouent un rôle important pour la dynamisation de la CEMAC tant sur le plan politique, économique et socioculturel. Cependant, cette action est empiétée par de nombreuses difficultés qu'elles rencontrent3.

A. LA CONJONCTURE COMMUNAUTAIRE ET LES LOIS DEFAVORABLES AUX FEMMES

D'après la BAD, l'élimination des inégalités entre les genres et l'autonomisation des femmes pourraient augmenter le potentiel de production d'un milliard d'Africains et stimuleraient considérablement les potentialités de développement du continent4. Cependant, les femmes sont confrontées à de nombreux obstacles qui limitent leur travail dans la CEMAC. Sont étudiés ici : les crises économiques, les conflits frontaliers et les facteurs socioculturels5.

1E. Ahohe, M. Malick Bale, al., Les économies de l'Afrique centrale : enjeux et défis de l'économie verte en Afrique centrale, 2013, p.27

2 Marcelline Mebounou, 32 ans, Sous-directeur de la sous-direction Afrique au MINREX, entre réalisé au Minrex le 24/01/2018.

3 Henry Lucien Ticky, 47 ans, Expert Principal CEMAC en circulation, entretien réalisé à la Représentation CEMAC au Cameroun à Yaoundé, le 15/10/2018.

4 BAD, Indice de l'égalité du genre en Afrique, Autonomiser les femmes africaines : plan d'action, Abidjan, 2015, p.5.

5 Marcelline Mebounou, entretien.

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1. Les crises économiques

Dans la plupart des pays de l'Afrique, la discrimination à l'égard des femmes se combine à d'autres formes de disparités sociales et économiques, comme le lieu d'origine, l'emplacement, la communauté, la catégorie sociale et le métier. Facteurs qui jouent un rôle clé dans l'ampleur des privations. Il est important de souligner que les personnes les plus affectées par les crises internationales sont des femmes, qui sont souvent les plus défavorisées à la base dans la plupart de ces pays6.

Les crises économiques provoquent généralement le déclin de l'économie mondiale, ce qui affecte directement la production vouée à l'exportation. Par un effet multiplicateur négatif, les marchés intérieurs, l'inversion des mouvements de capitaux y compris les portefeuilles des investissements et le crédit bancaire externe, la pro-cyclité de l'écoulement de l'aide, l'impact de la crise sur les travailleurs migrants et donc sur les transferts de fonds, la conséquente dévaluation des taux de change qui affecte la production nationale et les prix, la volatilité extrême des prix des denrées alimentaires mondiales et les restrictions budgétaires dans beaucoup de pays africains en développement qui ont déjà mené d'importantes réductions de leurs dépenses publiques, affectant ainsi l'accès aux services de base et la qualité de vie7. Ces processus provoquent, de différentes manières, des effets nuisibles aux femmes, dont plusieurs peuvent s'empirer à court terme et ce, même si les économies se rétablissent. Certains des effets principaux impliquent des impacts sur l'emploi, le déclin du salaire réel et des revenus de l'auto-emploi (activités en tant que travailleur indépendant), des changements dans les modèles de la migration, l'impact des prix élevés des denrées alimentaires sur la consommation alimentaire, l'accès aux soins de santé, l'accès à l'éducation et une plus grande exposition aux formes de violences domestiques et autres, dues aux tensions sociales accrues8.

L'impact le plus immédiat et le plus direct de la crise est généralement la déflation dans les entreprises. Ce qui entraine la perte ou l'abandon d'emploi et par ricochet le chômage. Les entreprises, à causes des crises internationales connaissent souvent des déficits financiers, ce qui les met dans une incapacité de payer leurs employés9. A cet effet, les femmes se trouvent généralement majoritaire à la classe des employés de second rôle, à côté d'un effectif masculin dirigeant. Elles sont toutefois révoquées ou se trouvent dans la contrainte d'abandonner pour

6 Ahohe, Malick Bale, al., Les économies de l'Afrique centrale..., p.20.

7 Jayati Ghosh "L'impact de la crise sur les droits des femmes : les perspectives sous régionales", Octobre, 2009, p.5-7.

8 Ibid.

9 Galloye née Iwandza Catherine, 53 ans, Secrétaire particulier de l'Ambassadeur de la République du Congo au Cameroun, entre tien réalisé à l'Ambassade de la République du Congo au Cameroun, le 14/06/2019.

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aller ailleurs. Ces crises affectent généralement tous les secteurs d'activités (formel et informel). Tandis que les emplois salariés diminuent, les travailleuses de plusieurs pays se tournent vers des activités de sous-traitance à domicile ou bien vers des activités au sein d'unités très réduites, mal payées et sans aucun avantage extra-professionnel.

Par ailleurs, le phénomène d'exportation des produits pour l'industrie connait en Afrique centrale, une faible participation des femmes. Quand bien même elles sont présentes, elles sont à la sous-traitance. Très peu de femmes ont des capitaux pour faire le commerce international à cause de leurs revenus qui sont généralement inférieurs à ceux des hommes qui occupent les mêmes postes dans des structures avec des meilleurs salaires. A cela s'ajoute le manque de moyens leurs permettant de supporter le coût d'imposition dans le marché mondial10.

C'est dans cette logique qu'en 2011, l'activité économique au niveau mondial avait considérablement ralentie, dans un contexte caractérisé par la persistance de la crise, la dette souveraine en Europe et les difficultés budgétaires des pays industrialisés. Chez le géant économique mondial (les Etats-Unis), la reprise économique avait été moins forte que prévu, en raison notamment d'un épisode de grande sècheresse qui avait frappé près de 60% du territoire et du déferlement de l'ouragan Sandy11. L'intensification de la crise et la chute de la production dans la zone euro avaient eu des effets négatifs sur la confiance des entreprises et des consommateurs au niveau mondial. La progression de l'investissement des entreprises avait ralenti, surtout dans le secteur de l'industrie manufacturière. La demande des ménages s'était affaiblie. Certaines mesures d'austérité prises par les gouvernements des pays de la zone euro pour restructurer de manière ordonnée la dette de certains pays en difficultés n'avaient fait que renforcer les turbulences sur les marchés financiers et suscité de nouvelles préoccupations sur un éventuel défaut de paiement de certains grands pays de la zone. A cette épreuve, les pays de l'Afrique avaient relativement été affectés12. C'est le cas des pays de la zone CEMAC qui avaient connu une régression du pourcentage du PIB en 2011 par rapport en 2010, comme l'illustre le graphique ci-dessous :

10 Galloye née Iwandza Catherine, entretien.

11 Ahohe, Malick Bale, al., Les économies de l'Afrique centrale..., p.30.

12 Ibid., p.18.

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Graphique 1 : Taux de croissance du PIB réel dans les pays de l'Afrique centrale entre 2010 et 2012

Source : E. Ahohe, M. Malick Bale, al., Les économies de l'Afrique centrale : enjeux et défis de l'économie verte en Afrique centrale, 2013, p.30.

Ce graphique présente l'évolution triennale du P11B de la CEMAC. Comme relevé plus haut, la CEMAC a connu une régression du P11B à partir de 2011 à cause de la crise économique mondiale.13 Cette crise a affecté aussi bien les hommes que les femmes que ce soit dans des secteurs formels qu'informel14. La plupart de ces femmes vivent ces crises dans les ménages à travers soit l'inflation dans le marché ou la détérioration des salaires dans les entreprises. Parlant des dettes des pays de la CEMAC15, les conditions de remboursement de la dette extérieure se sont traduites par la politique d'ajustement structurel dont le coût social est très élevé16. Les femmes ont également été victimes de ces mesures. En plus des crises économiques, les conflits frontaliers et internes font aussi partir des entraves au travail des femmes dans la CEMAC.

13 Ahohe, Malick Bale, al., Les économies de l'Afrique centrale..., p.30.

14 Anne Mindang, 35 ans, Cultivatrice centrafricaine, entretien réalisé à Yaoundé le 15/06/2019.

15 Marie Gaspar Nicolas Messi, 52 ans, Assistant de la Représentante de la CEMAC au Cameroun, entretien réalisé à la Représentation de la CEMAC au Cameroun à Yaoundé, 23/01/2018.

16 A. M. Bakyono, D. Nagnigui Kamara, al., Les économies de l'Afrique centrale, Paris, Maisonneuve et Larose, 2005, pp.13-26.

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2. Les conflits frontaliers et internes aux Etats : cas de Boko Haram et du conflit centrafricain

Les Etats de la CEMAC depuis une décennie, sont en proie à de nombreux conflits dans les zones frontalières. C'est le cas de Boko-Haram. Existant depuis des années 2000 dans la zone sahélienne, le conflit terroriste va s'étendre notamment en Afrique centrale zone CEMAC et par conséquent dans la frontière Tchad-Cameroun. En 2015 lors d'un sommet à paris, le Chef d'Etat camerounais déclare la guerre à la "secte islamiste" Boko-Haram. C'est ainsi que les combats vont s'acharner à l'Extrême-Nord du Cameroun et du côté du Tchad, à cause de nombreux attentats suicides orchestrés par ces terroristes dans ces zones. Une force multinationale sera constituée pour faire obstruction à cet ennemi non seulement national mais sous régional. Le combat va dépasser le cadre national, pour devenir sous régional17.

Cette guerre a plus que jamais couté des vies à la population féminine des Etats de la CEMAC, des moyens financiers et de nombreuses richesses. Aussi face à cette guerre, certaines femmes battent en retraite, ce qui freine leurs initiatives au-delà des frontières nationales. Le processus d'intégration, tant politique qu'économique est ainsi empiété. De nombreuses femmes ont été affectées, d'autres ont même perdu leurs vies, pas parce qu'elles étaient aux combats, mais elles ont été des victimes. D'autres par contre ont fait l'objet des kamikazes indépendamment de leur volonté. Face à tout ceci, le travail des femmes dans la sous-région a ralenti18.

Pour ce qui est du conflit centrafricain, le 24 Mars 2013, la Seleka s'empare de Bangui (la capitale centrafricaine) et pousse François Bozizé, le président en exercice depuis 2002 en exil. Ce groupe armé disparate repose sur des alliances de circonstance. Il a profité durant les premiers mois de la lassitude d'une partie de la population envers le gouvernement Bozizé, accusé notamment de corruption, de violences et de pressions envers les populations du Nord et de favoriser son ethnie, les Gbayas. Pour faire face à la progression de la Seleka plusieurs milices locales d'autodéfense s'organisent et se structurent. Soutenus par les partisans de Bozizé et des militaires restés fidèles, les anti-balakas gagnent en importance dans le sud et l'ouest du pays. Acculé, sous la pression de l'ancien allié Idriss Deby, président du Tchad, Michel Djotodia, éphémère président, démissionne le 10 janvier 2014, neuf mois après sa prise de pouvoir. Accusé ainsi que son Premier ministre, d'avoir laissé commettre les exactions

17 Marie Gaspar Nicolas Messi, entretien.

18 Yahya Adoum Mahamat, 59 ans, 1er Secrétaire à l'Ambassade du Tchad au Cameroun, entretien réalisé à l'Ambassade du Tchad le 01/03/2018.

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contre les civils, et incapable de mettre un frein aux combats entre milices, Michel Djotodia ne pouvait s'appuyer ni sur le soutien des Centrafricains, ni du Tchad voisin, ni de la France, qui lance officiellement l'opération Sangaris le 5 décembre 2013.19

Dans les jours qui suivaient, les exactions se multiplièrent. Selon Amnesty International, en deux jours, environ 1000 chrétiens et 60 musulmans ont été tués par les milices lors des combats. Les forces françaises interviennent officiellement en décembre 2013. Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) qui succède à la Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique (MISCA), ne parviendra qu'à freiner l'escalade de violences et la dérive vers des affrontements communautaires. Fin 2015, on compte 450000 déplacés à l'intérieur du pays et 500000 réfugiés dans les États voisins. Près de 2.5 millions de Centrafricains, soit environ la moitié de la population totale du pays ont un besoin urgent d'aide humanitaire. Plus de 60 % d'entre eux vivent dans le plus extrême dénuement. Dans ce conflit amorcé depuis 2013, les femmes paient encore aujourd'hui un lourd tribut. Les motivations de celles qui ont choisi de rejoindre les groupes armés sont diverses. L'indigence, le désespoir et la défiance envers les autorités a pu en pousser certaines à rejoindre la Seleka. Celles qui ont opté pour les anti-balaka recherchaient pour la plupart la protection du groupe et la vengeance, après les exactions commises envers leurs proches par les combattants de la Seleka. En Centrafrique, les femmes ont pris les armes et joué un rôle autre que celui de supplétives20. Les femmes qui ont accompagné les groupes armés durant le conflit en Centrafrique n'ont pas eu qu'un rôle supplétif. Du côté des ex-Seleka comme des anti-balaka, elles sont venues volontairement ou par la force, et un nombre important d'entre elles est devenu combattants, en particulier du côté des ex-Seleka. Elles ont suivi un entraînement militaire21.

Ce conflit interne a entrainé le ralentissement des activités, non seulement en Centrafrique, mais aussi dans la sous-région. Et de surcroît les femmes aussi bien que les hommes ont subi les effets de cette guerre dans tous les domaines d'activité. Toutes les femmes associées à l'un ou l'autre des groupes armés rencontrent des difficultés, soit au sein même du groupe soit pour retrouver leur communauté délaissée au début du conflit. D'une manière générale, elles se trouvent dans une situation de solitude extrême qui s'ajoute à leur

19 D. Thiénot, "Les femmes entre les fronts en République centrafricaine", in Rapport sur l'Afrique centrale 10, Institut d'Etudes de Sécurités, Septembre 2017, pp.2-4.

20 Thiénot, "Les femmes entre les fronts...", p.2.

21 Ibid.

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vulnérabilité. Dans une période encore instable de méfiance généralisée et de prédation économique, leur communauté ne semble pas prête à les accueillir22.

3. Les contraintes socioculturelles et les lois défavorables aux femmes

Il en ressort des consultations au niveau des différentes institutions nationales des pays de la CEMAC que la femme est particulièrement vulnérable, à cause de plusieurs facteurs qui sévissent encore malgré leur abolition par les législations en vigueur. Ces considérations socioculturelles sont d'une immensité que la liste ne saurait être exhaustive.

Les responsabilités familiales sont l'une de ces contraintes. La proportion majoritaire des femmes des Etats de la CEMAC est assignée au rôle qui consiste à l'essentiel des soins des enfants et des tâches ménagères. Les femmes assument en moyenne les trois-quarts des tâches ménagères. En zone rurale, elles ont l'obligation de participer aux travaux champêtres, ce qui influe sur leur rendement socioprofessionnel. Les femmes sont aussi victimes des violences de toutes sortes, de la pauvreté. Elles sont généralement victimes des violences conjugales à tous les niveaux et représentent la couche la plus défavorable en matière de revenus dans la société, celle victime d'une grande paupérisation sociale23.

La polygamie est un élément narcotique des femmes dans la société. Bien que sollicitée par la plupart des hommes en Afrique, elle est souvent fustigée par des femmes, sauf dans les cas d'exception où parfois la première femme est stérile24. Ne voulant pas adopter d'enfant, encourage son mari à prendre une seconde épouse. En effet, la polygamie est un facteur de plusieurs maux dans les foyers conjugaux. La femme est certes consciente du combat qui est sien, mais le poids des traditions pèse encore sur elle, de telle sorte qu'elle est toujours victime de discriminations et d'oppressions. Son plein épanouissement est freiné par un ensemble de clichés de pratiques et croyances aussi bien coutumières que religieuses. A la maison comme à l'école, dans les affaires comme dans le gouvernement, elle demeure le "sexe faible". Quand bien même elle serait compétente, elle est la moins sollicitée comme le témoigne le palmarès genre25.

Le déficit d'éducation et de la formation montre que, moins de femmes sont scolarisées, d'autres abandonnent des études, faute de moyens et moins de femmes se trouvent dans des

22 Thiénot, "Les femmes entre les fronts...", pp.2-3.

23 A.M.F. Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC", Mémoire de master en relations internationales, IRIC, 2011-2012, p.9.

24 Inès Fotsing, 70 ans, ménagère, entretien réalisé à Yaoundé le 22 septembre 2018.

25 Galloye née Iwandza Catherine, 53 ans, Secrétaire particulier de l'Ambassadeur de la République du Congo au Cameroun, entretien réalisé à l'Ambassade de la République du Congo au Cameroun le 14/06/2019.

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enseignements professionnels. Par ailleurs, il existe relativement moins d'écoles secondaires pour accueillir des filles des Etats de la CEMAC, comme le témoigne par exemple le nombre de Collèges D'enseignement Technique Industriel Féminin (CETIF). Ce déficit qui relève toujours du caractère traditionnel de la non-scolarisation des filles comme en témoigne Napoléon Bonaparte "l'éducation publique ne convient point aux jeunes filles puisqu'elles ne sont pas appelées à vivre en public. Le mariage est toute leur destination"26.

La vulnérabilité en matière de santé montre que les femmes sont plus touchées que les hommes en matière de contamination des maladies. La science relève que la femme est une sorte de "dépotoir", à cet effet, elle serait donc plus affectée et par ricochet plus vulnérable que l'homme. En outre, La non-maîtrise des ressources productrices comme la terre et les biens constitue une contrainte défavorisant les femmes. La majeure partie des femmes notamment dans les Etats de la CEMAC dépendent entièrement des revenus de leurs conjoints. D'autres sont privées d'héritage familial, ce qui expliquerait la faible proportion de femmes propriétaires d'entreprises de commerce, d'exploitation agricole. Un partage inégal des responsabilités au sein de la famille et du ménage est aussi manifeste. Les hommes considèrent généralement les travaux ménagers comme étant l'apanage des femmes. Certains hommes voient en d'autres qui s'entremêlent des travaux domestiques comme une sorte de "fille garçon"27.

La faible représentation des femmes aux postes de responsabilité. Une observation des secteurs publics et privés des pays de la CEMAC permet de se rendre compte du petit nombre de femmes occupant des postes de responsabilité. De ce fait, si la politique de l'égalité des sexes est presque toujours mise en avant, il semble que la classe dirigeante, essentiellement masculine, a bien du mal à en intégrer ce principe. C'est ce qui implique des pourcentages aussi médiocres des femmes au gouvernement. Les femmes sont reléguées dans les activités mal rémunérées et peu reconnues : des études montrent que de nombreuses femmes dirigent des micros commerces, surtout dans l'économie informelle, mais qu'elles sont en revanche moins nombreuses dans les moyennes et les grandes entreprises. Plus une entreprise est importante, moins il est probable qu'elle soit dirigée par une femme28.

26 N. Bonaparte cité par O. Dhavermas, Droits des femmes : pouvoirs des hommes, Paris, Seuil, 1978, p.241.

27 Aramatou Fadila, 22 ans, étudiante tchadienne en 2eme année à l'Université de Yaoundé II en Science politique, entretien réalisé le 25/01/2018.

28 OIT, 12eme Rapport de la Réunion Régionale africaine, Johannesburg, Afrique du Sud, 11-14 Octobre 2011.

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Dans les Etats CEMAC, la femme prise sous ce prisme occupe place moins importante dans le partage du pouvoir et la responsabilité en matière de prises de décisions. Ce qui explique sa place toujours seconde dans les postes de responsabilités29.

Si affirmer la domination de l'homme, c'est reconnaître l'infériorité, l'impuissance et par là, la soumission de la femme, ce rapport de condescendance incontestable est pourtant bien loin de révéler les enjeux véritables de l'option prise de la femme de se laisser diriger. Aussi serait-il d'un intérêt certain de procéder à l'analyse des relations apparemment très simple qui unissent l'homme à la femme pour en découvrir les véritables fondements cachés.

A l'issue d'une importante étude menée en Afrique sur la légendaire soumission de la femme à l'homme qui en profite souvent pour asservir, Fieloux Michelle (1988) relève que "si les hommes se sont établis maîtres des femmes, ce n'est pas toujours sans consentement de celles-ci. Et que ce consentement a, en retour fourni aux femmes un réel pouvoir qui fait partir de leur asservissement". Comme le dirait lors d'un culte du dimanche, un prédicateur : "les femmes sont des ministres de l'intérieur et les hommes ministres de l'extérieur". Pensée qui laisse traduire la puissance absolue qu'elles incarnent au sein des foyers. Ce qui est en adéquation avec les saintes écritures qui présentent le rôle de la femme comme un rôle ni inférieur, ni supérieur à celui de l'homme, mais complémentaire à celui de l'homme. Car chacun joue son rôle à son niveau et à son poste.

Il va sans dire que cette remarque qui corrobore une opinion très largement partagée par les femmes des Etas de la CEMAC selon laquelle le pouvoir dont dispose l'homme sur la femme est une véritable bénédiction de Dieu, ce qui trahit tout effort de libération de cette femme en même temps qu'elle dégage sa part de responsabilité qu'elle tient dans son assujettissement. Par ailleurs, Guillaume Garathier Chantal (1985) qui s'est consacrée à l'étude du mariage chez les Fali du Nord Cameroun relève que :

Chez les Fali, le rôle de la femme se joue dans la différence qui n'est ni égalité ni opposition par rapport au rôle de l'homme, mais plutôt complémentarité dans le respect de l'harmonie du monde voulue par Dieu. Si l'homme est maître incontesté dans les relations extérieures, soutient-elle à la maison, elle (la femme) règne d'une façon aussi incontestable sur le foyer de son mari.30

Cette conception pourrait ainsi laisser voir l'acceptation de l'infériorité par la femme, non pas de son vouloir, mais pour respecter et faire une volonté d'un ordre préétabli.

En effet, le genre est l'identité construite par l'environnement social des industries : la féminité ou la masculinité ne sont pas des données naturelles mais le résultat de mécanisme de

29 R. Boudon, L'Inégalité des chances, Paris, Armand Colin, 1973, cité par A.M.F. Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC...", p.108.

30 B. Ehrenreich, Rites de sang : origines et histoire des passions de la guerre, Metropolitan book, 1997, p.52.

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construction et de reproduction sociale. Consciemment ou inconsciemment, la société s'organise selon le paradigme des "choses des hommes" et des "choses des femmes" au point que l'on se convient qu'il y a des domaines ou des niveaux socialement réservés à tel ou tel des deux sexes31. Cette conception, véritable stéréotype, est enracinée dans les représentations sociales. Ce qui explique le fait que les femmes se sont impliquées dans l'armée avec beaucoup de peine. Comme l'explique Bouba Ehrenreich : le militaire est d'abord un homme. Il relève qu'il existe une interdépendance entre la guerre, la virilité et l'homme ; le militaire est homme dans la mesure où chaque homme est un potentiel guerrier. A l'homme, l'oeuvre de la mort, à la femme l'oeuvre de vie. La femme porte l'enfant et lui donne la vie32. Cette différenciation naturalisée des rôles s'est prolongée dans le droit du travail. C'est ainsi que la femme est considérée comme "faible et fragile par nature", les mineurs aux même titre que les enfants, "naturellement" condamnés à la sphère domestique, à la reproduction33.

Les attitudes transmises d'une génération à une autre, constituent également une cause de l'infériorité féminine. La transmission des valeurs culturelles et traditionnelles contribue à la perpétuation des pratiques néfastes suivant les identités et les spécificités de chaque pays. Tous ces stéréotypes de la féminité : les clichés, les images, les symboles, les préjugés et toutes sortes d'opinions arrêtés sur la nature, l'identité et le statut de la femme, qu'ils soient d'origine culturelle, historique, religieuse ou mythique, ces éléments qui sont constitutifs de l'image que la société a créé de la personnalité féminine déterminent fondamentalement la perception et la conception que l'on a de la femme.

En zone CEMAC, il y'a une coexistence du droit coutumier et du droit moderne, ce dualisme juridique entretenu par les différentes institutions de la place rend le statut sociojuridique de la femme un peu confus. Dès leur accession à l'indépendance, dans des années 1960, la plupart des pays africains francophones ont opté pour l'application du code civil français de 1958. Celui-ci s'est révélé inadapté aux réalités de ces pays. Ce qui a abouti à une coexistence de deux catégories de droit notamment ce droit coutumier qui est oral et le droit moderne qui est écrit.

Au Tchad par exemple, l'Ordonnance N°667/MJ du 21 mars 1967 portant réforme de l'organisation judicaire fait de la coutume une composante prépondérante dans le système juridique national. Cette Ordonnance dispose en son article 11 que : " en cas de silence de la coutume, la loi doit être appliquée". Cela rend complexe la situation d'autant plus que les juges

31 I. Théry, La Distinction de sexe : Une nouvelle approche de l'égalité, 2007, p.218.

32 Ibid., p.218.

33 E. Durkheim, La division du travail social, Paris, PUF, 1893, p.53.

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ignorent les règles coutumières qui peuvent s'appliquer à tel ou tel contentieux opposant les différentes parties. La femme est alors celle qui est la plus défavorisée dans cette situation. Elle subit les vicissitudes laissées par le vide juridique par exemple dans la succession, la dot ou en cas de polygamie.

D'après le document de Politique Nationale de Genre de 2011-2012 au Cameroun, 52% de femmes ont déjà subi au moins une fois la violence conjugale, 53% ont subi des violences depuis l'âge de 15 ans et au rang de ces violences, on compte les mutilations génitales, les violences sexuelles, les mariages forcés et précoces34. Cet état de chose a ceci de spécifique que même si c'est sur le plan traditionnel qu'il puise sa force et se nourrit, il parvient à suivre la femme partout où elle pourrait se retrouver et par là affecte la condition de la femme même dans le milieu académique, sa participation à la vie politique et autre.

Le monde professionnel a longtemps connu une division du travail dans les pays de la CEMAC ce qui n'a toujours pas été chose facile pour la promotion professionnelle des femmes, réel facteur de limitation jusqu'aujourd'hui de leur insertion dans la CEMAC. C'est dans cette perspective que Pierre Bourdieu relève :

L'ordre social fonctionne comme une immense machine symbolique tendant à ratifier la domination masculine sur laquelle il est fondé. C'est la division sexuelle du travail, distribution très stricte des activités imparties à chacun des deux sexes. Il appartient, aux hommes situés du côté officiel, du public d'accomplir tous les actes périlleux et spectaculaires qui, comme la guerre, marquent des ruptures dans le cours ordinaire de la vie ; au contraire, les femmes étaient situées du côté de l'intérieur, se voient attribuer tous les travaux domestiques comme le soin des enfants ainsi que le reste des travaux qui leurs sont impartis.35

C'est à l'homme de "partir" et à la femme de "rester" garder les enfants et la maison. Cette division sexuelle de l'espace du travail demeure une réalité dans la professionnalisation des métiers et ce qui n'est pas en reste dans l'attribution des postes de responsabilité dans la l'espace communautaire CEMAC au vu des différents postes de responsabilités qu'occupent les hommes et les femmes dans cette institution36.

En outre, l'on dénote un manque de volonté politique de la part des dirigeants de la sous-région à l'égard des femmes : les femmes de la sous-région sont nombreuses aujourd'hui à être formées dans les grandes écoles et universités de leurs pays et du monde, dans des domaines divers. Certaines ont fait montre de leurs compétences en d'importants postes tant dans l'administration publique que privée. Il convient que les femmes ne sont plus en marge de

34 Rapport de la CNDHL sur les droits de l'homme en 2014, p.9.

35 P. Bourdieu, La domination masculine, Paris, Seuil, 1998, p.36.

36 Baban Remy, 36 ans environ, Vigil depuis 3 ans à la Représentation de la CEMAC Cameroun, entretien réalisé à la Représentation CEMAC au Cameroun à Yaoundé le 31/05/2019.

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l'éducation et de l'instruction dans les différentes sociétés car elles ont aujourd'hui des aptitudes leurs permettant d'exercer toutes les fonctions au même titre que les hommes. Cependant, la phallocratie de la société politique, parfois aussi misogyne ne permet pas à la femme d'accéder à tous les postes au sein de cette homogénéité spatiale.

La présence limitée des femmes dans les partis politiques est également un facteur interne qui limite la promotion des femmes dans l'arène politique et donc diplomatique de cette sous-région. En effet, les discours qui ont cours dans les partis politiques frappent les esprits par leurs contradictions internes et notamment le clivage qui règne entre l'application à la lettre des discours politiques et le comportement des tenants des partis sur le terrain. L'avènement du multipartisme et plus précisément l'ouverture des partis politiques aux femmes prônée dans les différents textes constitutifs des partis a suscité bien d'espoirs pour les femmes en général et à celles de la CEMAC en particulier, jadis abandonnées à leur triste sort. Mais force est de constater que ces promesses ne sont plus les mêmes. Il est observé que ces promesses ne sont pas toujours respectées lors des investitures dans la scène politique. Par ailleurs, la création des sections féminines dans les partis politiques constitue également un moyen de constituer une scission entre le travail de la femme et celui de l'homme. Cette situation empêche aux femmes de se frotter aux hommes même dans les compétitions pour l'accession aux différents postes37.

En plus de cela, l'un des obstacles à la promotion effective de la femme est le décalage qui existe dans tous les domaines entre la législation et son application. L'existence même déjà des dispositions législatives discriminatoires ou non adoptées à l'égard des femmes : droit à la succession, à la propriété, au contrôle des biens, à la liberté de circulation, à la garde des enfants, etc. Toutes ces situations ne permettent pas qu'elles aient des avantages proportionnels à leurs efforts et au même titre que l'homme. C'est le cas en Guinée Equatoriale où la majorité nuptiale de la fille est à 17 ans contrairement aux dispositions de la Convention sur les Droits de l'Enfant (18 ans) et l'absence d'une législation en matière de pénalisation du harcèlement sexuel. Aussi, il faut noter la non-adoption du projet de code des personnes et de la famille, du projet de code civil révisé et du projet de code de l'enfant qui corrigent des idées juridiques et font plus de place aux droits des femmes. Les innovations principales portaient sur le statut de la femme dans le mariage, l'âge légal du mariage, le renforcement des peines contre les auteurs des délits de violences faites aux femmes, le droit de garde des enfants après divorce et le droit de jeune

37 A. Foulda, "Rapport de stage Académique au Ministère de l'action sociale, de la solidarité nationale du 16 Octobre 2013 au 31 septembre 2014", Master professionnel en sociologie, Université de Yaoundé I, 2014, pp.41-43.

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fille et de la femme handicapée38. Face à toutes ces difficultés d'ordre conjoncturel et socioculturel, il est constaté que les femmes ne sont pas promues à tous les plans pour participer au même titre que l'homme à la dynamisation de la CEMAC. Par ailleurs, il existe également des problèmes généraux à la libre circulation, épineux problème donc à toujours fait face la sous-région.

B. LES PROBLEMES GENERAUX A LA LIBRE CIRCULATION

La libre circulation est l'une des questions centrales dans la dynamique diplomatique entreprise par la CEMAC car, l'on ne peut parler de coopération entre les Etats sans évoquer la libre circulation. Lorsqu'on parle de libre circulation, il s'agit de la circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux. C'est ainsi que pour faciliter cette épreuve, la CEMAC a mis sur pied des textes juridiques qui promeuvent notamment la circulation des personnes et des services, la circulation des marchandises et la facilitation des transports, la libre circulation des capitaux. Même si ce n'est pas toujours ce qui se matérialise sur le terrain à travers des barrières douanières, sanitaires, éducationnelles. Sans oublier les textes élaborés qui ne sont pas appliqués.

1. Des barrières douanières, sanitaires et éducationnelles

Pour faciliter la libre circulation, la CEMAC a mis sur pied de nombreuses législations notamment : la Convention du 30 Janvier 2009 régissant l'Union Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (UEAC), l'Acte N°1/72/-UDEAC-70-A du 22 Décembre 1972 relatif à la Convention Commune sur la libre circulation des personnes et le droit d'établissement en UDEAC, l'Acte N°7/93-UDEAC-556-CD-SE1 du 21 Juin 1993 portant révision du Tarif Extérieur Commun (TEC) et fixant les modalités d'application du Tarif Préférentiel Généralisé (TPG), le Règlement N° 04/01-UEAC-089-CM-06 portant du Code Communautaire révisé de la route, signé à Bangui le 03 Août 2000, la Convention régissant l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC), le règlement N° 02/02/CEMAC/UMAC/CM du 14 Décembre 2000. Tous ces textes régissant la libre circulation à la CEMAC s'appliquent aussi bien aux hommes qu'aux femmes de la sous-région. Cependant, l'on note la persistance des barrières douanières dans cette communauté39.

38A. M. F. Elanga Mbangono., "Les politiques sociales au bénéfice des femmes...", p.9. 39 Vision CEMAC, publication de la CEMAC, n° 005, Février 2012, p.5.

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Les barrières douanières dans la sous-région CEMAC sont également autant de problèmes qui entravent l'action des femmes entre Etats membres dont la Commission de la CEMAC doit davantage y remédier40. Aussi, c'est le nombre exorbitant des barrières douanières surtout dans les axes routiers, qui entravent les échanges, le déplacement des personnes, des biens dans la sous-région CEMAC et limitent aussi les relations économiques, sociales et culturelles des femmes dans cette communauté41. En outre, parfois il y a plusieurs contrôles des forces de maintien de l'ordre dans ces Etats (des gendarmes, des policiers, des douaniers et bien d'autres). Dans un axe, on peut avoir dix contrôles et plus, comme à l'axe Douala-N'Djamena ou Douala-Bangui. C'est pourquoi, les dirigeants tchadiens menacent de passer avec leurs produits par la Centrafrique42.

En plus des problèmes liés aux barrières douanières, les femmes font face à de nombreux problèmes en matière d'accès à l'éducation et la santé dans le cadre communautaire.

Pour ce qui est de la formation elle est limitée ou est inexistante dans certaines localités de la sous-région, ou ne fait pas toujours l'unanimité des différents Etats membres. Ce qui justifie le faible taux de formation surtout de fille qui ont connu une scolarisation tardive. C'est le cas dans les structures de formation sous régionales suivantes : l'Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l'Information et de la Communication (ESSTIC) et l'Ecole Inter-Etats des Douanes (EIED). Parlant de l'ESSTIC, elle est créée en 1970 et porte la dénomination d'Ecole Supérieure Internationale de Journalisme de Yaoundé (ESIJY), placée sous la tutelle d'une dizaine d'Etats africains. Cette école de renom voit son nom évolué deux fois en trente ans. En 1982, l'ESIJY devient nationale et prend l'appellation d'Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l'Information (ESSTI). En 1991, l'ESSTI devient grâce au développement des nouveaux métiers de la communication, ESSTIC. Elle forme aujourd'hui dans les filières de : Information documentaire, Journalisme, Publicité, Communication des Organisations, Edition et Arts graphique.

A sa création, l'ESIJY avait une vocation internationale et particulièrement régionale. Elle devait accueillir des étudiants de toutes nationalités et particulièrement les ressortissants de la sous-région Afrique centrale. Chaque Etat était tenu de verser une contribution financière, indispensable au soutien institutionnel de l'école. Les premières années de fonctionnement de

40 Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 8993/5192, 34e année, Décembre 2007, p.8.

41 Vision CEMAC n° 005..., p.5.

42 J. L. T. Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (1959-2010)", Thèse de doctorat/Ph.D en histoire, Université de Yaoundé I, Décembre 2014, p.388-392.

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cette école ont respecté cette vocation. Force est de constater aujourd'hui que son caractère international n'est plus qu'un lointain souvenir43. Cette école permettait la formation de nombreux ressortissants de l'Afrique en générale et de la CEMAC en particulier. Ce qui permettait aux hommes et aux femmes de se former dans tous ces domaines dont offre l'école. La nationalisation de cette école limite l'enjeu sous régional et par conséquent, le coût de formation pour les ressortissants d'un autre pays ou d'une autre sous-région est élevé. Ce facteur devient un problème non seulement pour les hommes, mais aussi pour les femmes qui voudraient se faire former dans cette école.

Pour ce qui de l'EIED, située à Bangui, elle voit le jour le 22 décembre 1972 par l'Acte 8/72-UDEAC-151 du Conseil des Chefs d'Etat de l'Union Douanière et Economique de l'Afrique centrale. Quatre Etats avaient participé à sa naissance, à savoir le Cameroun, la Centrafrique, le Congo et le Gabon. Avec l'adhésion de la Guinée équatoriale en 1983 et le retour du Tchad en 1984 au sein de l'organisation sous régionale, l'EIED compte aujourd'hui six Etats membres. L'EIED compte parmi les institutions de formation spécialisées de la CEMAC telles que l'ISSEA à Yaoundé et l'ISTA au Gabon. L'EIED a pour objectif la formation professionnelle des agents des douanes et pour vocation la formation initiale et la formation continue des stagiaires fonctionnaires et futurs fonctionnaires des administrations des douanes des Etats membres et des opérations économiques ou de tout autre Etat qui en fait la demande. Elle devait assurer la formation et le perfectionnement des cadres des Douanes des Etats membres. Alors que le Cameroun forme ses propres douaniers, cette école ne reçoit seulement que quelques étudiants camerounais en matière de formation des douanes. Par ailleurs, alors qu'il existe également l'ENAM au Congo et au Gabon, la plus-value de l'école en terme de formation devient faible. Cela diminue le pourcentage d'apprentissage des femmes dans un espace communautaire44.

La santé est également un grand problème pour les femmes de la sous-région. Elles se réclament d'une bonne prise en charge en matière sanitaire. En République du Congo par exemple, les hôpitaux sont minoritaires et ne peuvent prodiguer tous les soins médicaux à cause de la précarité des équipements et du manque des spécialistes dans divers domaines de la santé. Ce qui parfois entraine des pertes en vies humaines dans des cas de maladies qui le plus souvent nécessitent des interventions d'urgences et très délicates45. En plus de ces difficultés de libre

43 D. Avom, "Intégration régionale dans la CEMAC : des problèmes institutionnels récurrents", in Afrique Contemporaine, n°222, 2007, pp.199-221. In www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2007-2-page-199.htm. Consulté le 14/06/2019 à 8h05min.

44www.google.com/serach.EIED. Consulté le 14/06/2019 à 16h22min.

45 Galloye née Iwandza Catherine, entretien.

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circulation, l'on dénote également le retard de l'application, voire des décisions prises mais qui ne sont pas appliquées dans cette espace communautaire.

2. Les décisions non appliquées

De nombreuses décisions prises dans le cadre de la CEMAC en général et sur la femme en particulier ont généralement connu un retard en matière d'applicabilité et voire d'autres ne sont même pas appliquées. L'on s'interroge bien sur ce qui bloquerait des décisions prises à l'unanimité des membres de la communauté. Parlant par exemple des décisions sur la libre circulation des biens, des personnes des capitaux et même des idées, de nombreuses décisions ont été adoptées par les Etats de la CEMAC. Cependant, elles ne connaissent pas une application unanime de ces Etats. C'est le cas de l'article 8 de la Convention commune et 27 de la Convention relative à l'Union Economique de l'Afrique Centrale qui accordent certes la liberté de circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux, mais sont généralement soumis aux formalités et aux limitations par des raisons d'ordre public, de sécurité et de santé publique. Ce qui justifie que lors de la FOTRAC de 2016, les différents membres du REFAC ont été retenus entre les frontières Cameroun-Guinée Equatoriale et Cameroun Gabon. L'on s'interroge si cela était dû la non-conformité ou alors c'était l'une des magouilles douanières monotones46.

Aussi, le PER élaboré depuis 2011 par la CEMAC tient compte de la question genre dans toutes ses dimensions47. Cette politique économique a été élaborée pour une durée de quinze ans, divisée en trois phases quinquennales. Cependant, depuis 2011, un véritable changement en matière d'équilibre de genre ne s'est opéré au sein des structures de la CEMAC48. Le quota de fonctionnaires masculins est largement toujours supérieur à celui des femmes, que ce soit dans les organes centraux que des institutions spécialisées. Il existe une marge de manoeuvre entre les décisions prises et l'application de ces décisions49. Cela pourrait également se justifier par le fait que depuis même la création de l'UDEAC aucune politique en

46 Etienne Nguema, 38 ans, Administrateur civil au Gabon, participant de la Fotrac 2017, entretien réalisé à Kyé-ossi le 25/06/2017.

47 Le PER est une politique économique de la CEMAC qui répond à une vision de l'avenir de la communauté à l'horizon 2025, qui consiste à "faire de la CEMAC un espace économique intégré émergent ou règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain". Cette politique tient compte de la femme dans le plan économique, réclamant la mise en oeuvre d'un réseau d'actrices économiques. L'implication de la femme dans le processus de paix et de sécurité et l'amélioration de la santé de la communauté tout entière et de la femme en particulier. In CEMAC, PER, plan opérationnel 2011-2015, Décembre 2011, pp.7-104

48 Lucien Henry Ticky, entretien.

49 Idem.

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matière de genre n'a été élaborée dans la sous-région. Si oui, dans le cadre national. Alors que les lois nationales ne s'appliquent pas dans le cadre de la Communauté. Il importe donc pour la communauté de se doter des instruments juridiques fiables et strictes pour la bonne mise en oeuvre des politiques en matière d'équilibre sociale entre l'homme et la femme au sein de la communauté.

C. AUTRES FORMES DE DIFFICULTES

De nombreux autres facteurs jouent défavorablement à la promotion de la femme dans la CEMAC. Il s'agit notamment de l'implication limitée du "gouvernement" de la CEMAC aux questions de genre, le manque de volonté politique des Etats membres et l'absence du budget alloué aux questions genre ou à la promotion de la femme dans cette communauté.

1. L'implication limitée du "gouvernement" de la CEMAC à la cause des femmes

L'implication limitée du "gouvernement" de la CEMAC est à critiquer. Cette situation est engendrée par le laxisme des décideurs de cette Organisation internationale sous régionale. De manière générale, tout se passe comme si la CEMAC est réservée aux chefs d'Etats, aux ministres, aux hauts cadres ou aux élites mais pas aux autres. D'où lors des prises de décisions par la conférence des chefs d'Etats et les sessions des ministres, celles-ci sont adoptées et s'imposent à toute la Communauté. Aussi, certains chefs d'Etats ne maîtrisent pas toujours tous les maux dont les peuples, notamment les femmes font face.

Aussi, on remarque l'absence dans le traité instituant la CEMAC, d'un Département en charge des questions de genre voire de la femme au sein de la Commission de la CEMAC. En plus, quand on parle d'intégration sous régionale, il est question de l'intégration des peuples et non des décideurs ou des chefs d'Etats, des ministres ou des recteurs des universités. Lorsqu'il est constaté que très peu de femmes occupent de tels postes pour décider au même titre que les hommes. Il est donc urgent d'y impliquer les peuples notamment les femmes en faisant notamment des sondages publiques sur les questions majeures les concernant, les émissions dans les médias50où elles pourront contribuer et tout cela permettra aux décideurs de mieux prendre des décisions qui engagent toute la Communauté51.

50 Vision CEMAC, publication de la CEMAC n° 001, 28 Décembre 2010, p.3.

51 Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats ...", p.388.

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En outre, la CEMAC est une organisation constituée des organes et des institutions. Les administrateurs de ces structures parlent moins, lors des conférences ou débats communautaires, des questions de la femme, si non de la répartition égale des postes de responsabilité au sein de l'organisation52. Car que ce soit le gouvernement communautaire ou les gouvernements des Etats membres, le silence constitue l'avis de chacun.

2. Le manque de Fonds et de volonté politique des Etats membres

Concernant les Fonds, les femmes de la CEMAC font face à de nombreuses difficultés d'ordre financier. La plupart des associations ne bénéficient pas des fonds publics de la CEMAC. Leurs fonds viennent des acteurs privés53. C'est le cas des différents réseaux d'association féminine tels que le Réseau des Femmes Parlementaires d'Afrique Centrale (RFPAC), du REFAC dont le gouvernement de la CEMAC tarde toujours à reconnaître comme institution spécialisée de la CEMAC54 et qui pourrait mieux s'occuper des questions de la femme. Aussi, le gouvernement de la CEMAC et même les gouvernements respectifs des Etats membres ne soutiennent pas suffisamment la FOTRAC comme une foire de facilitation d'intégration dans la communauté et en Afrique en générale. Car cet événement communautaire connaît depuis 2016 la participation de d'autres pays de la zone CEDEAO comme le Sénégal, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire55 . Cela pourrait justifier le faible taux de participation des populations de la communauté et de l'Afrique en générale, lorsqu'il est observé l'importance de cet événement pour le processus d'intégration de l'Afrique56. Il est donc clair que les gouvernements des Etats membres et celui de la communauté doivent revoir la place accordée à cette foire dans leurs budgets pour contribuer à faire de la FOTRAC un espace qui contribue au processus d'intégration de la CEMAC57. Une preuve du rôle indéniable de la femme dans cet espace géographique.

Prenant le cas du REFAC par exemple, ses activités tournent autour de : le développement agropastoral et artisanal, des voyages d'échange, d'étude, de découvertes des sites, des symposiums, des séminaires, des formations, des séminaires culturels, des activités sportives. D'autres activités sont menées dans le cadre de la santé, à travers les campagnes de sensibilisation, de promotion et de prévention des maladies telles que le VIH, la drépanocytose,

52 Jean Léonard Thierry Mbassi Ondigui, entretien.

53 Idem.

54 Ndong Owono Abang, entretien.

55 Lucien HenryTicky, entretien.

56 Idem.

57 Idem.

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le diabète, le cancer et d'autres ; la distribution des moustiquaires imprégnées dans les zones à risques, le soutien et l'assistance aux personnes fragilisées par les maladies ou vivant dans la précarité (enfants, femmes, personnes âgées)58. Une attention particulière est accordée à la formation, la sensibilisation des groupes sur la lutte contre toutes les formes de violence, contre l'utilisation des Armes Légères et de Petits Calibres (ALPC) en vue d'éradiquer les trafics illicites des armes et celui des humains59. A partir de cela, le REFAC nécessite une plus-value des pouvoir publics de la communauté et des Etats membres.

Par ailleurs, le gouvernement de la CEMAC ne manifeste pas toujours beaucoup de volonté politique en matière de promotion du genre. Il existe très peu d'instruments juridiques en matière de promotion de la femme au sein de cette espace communautaire60. De l'UDEAC à la CEMAC, la volonté politique du gouvernement de la communauté ne connait pas beaucoup d'évolution sur la question d'égalité sociale. En effet, même le PER qui tient compte de la question genre, ne s'applique totalement pas dans la proposition des fonctionnaires dans la sous-région.

Il a été élaborée dans ce programme économique régional, une volonté politique de mettre sur pied un réseau d'actrices économiques pour accélérer la mise en place effective d'un marché commun. Cependant, cette initiative n'a point connu une matérialisation. Il en est de même de l'initiative d'implication de la femme dans la paix et la sécurité en Afrique centrale, qui tarde toujours à connaitre des avancées notoires. Ceci démontre à suffisance le manque de volonté politique des Etats mêmes de la CEMAC sur la question d'équilibre sociale entre l'homme et la femme.

Il est donc constaté après cette longue analyse des facteurs de limitation des femmes dans la communauté, que les femmes font face à de nombreuses entraves dans la CEMAC. Ce qui ne leurs permet pas de contribuer au tant que l'homme à la dynamisation de la communauté. Toutefois, il n'est pas désavoué que la femme depuis l'UDEAC jusqu'à la CEMAC, connait des avancées notoires à matière de représentation dans les différents postes de responsabilité dans la CEMAC61. Ce qui justifie le chapitre suivant sur le bilan de la contribution diplomatique de la femme au sein de la CEMAC. Même s'il faut relever qu'il y a des mesures à prendre pour une meilleure implication de la femme dans cette communauté.

58 Rapport FOTRAC, 7e édition du 25 juin au 9 juillet 2016 à Kyé-Ossi, frontière Cameroun-Gabon-Guinée Equatoriale, 2016, p.3.

59 Etienne Nguema, entretien.

60 Lucien Henry Ticky, entretien.

61 Idem.

BILAN DE LA CONTRIBUTION DIPLOMATIQUE DE LA FEMME
AU SEIN DE L'ORGANISATION INTERNATIONALE SOUS
REGIONALE LA CEMAC

CHAPITRE IV :

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La femme de l'UDEAC à la CEMAC occupe de nombreux postes de responsabilité aux travers desquels elle joue un rôle important pour l'avancement de la sous-région. C'est ce bilan que se propose de ressortir ce chapitre pour montrer que ce rôle qu'elle joue depuis l'UDEAC est dynamique car il s'est accru dans la CEMAC avec le temps.

A. DES REALISATIONS DIPLOMATIQUES DE LA FEMME DANS LA CEMAC, ENJEU DE LEUR PRESENCE DANS DES POSTES DE RESPONSABILITE

De la Commission aux Représentations pays, passant par les Institutions sous régionales, les femmes jouent un rôle important, ce qui leurs permet d'occuper les postes de responsabilité au même titre que les hommes dans la CEMAC.

1. Au sein de la Commission et des Représentations-pays

De nombreuses femmes occupent des postes important depuis la création de la CEMAC et cela se justifie par la plus-value que cette institution accorde à cette dernière1. D'où sa présence tant à la Commission de la CEMAC qu'aux Représentations-pays.

Pour ce qui est de la Commission de la CEMAC, de 1964 à 1999 ou de l'UDEAC à la CEMAC, c'est le Secrétariat Général. Aussi de 1999 à 2007 c'est le Secrétariat Exécutif. À partir de 2007, on a la Commission de la CEMAC. Dès lors, la Commission est l'organe exécutif de la Communauté. C'est elle qui porte les dossiers auprès des instances supérieures. Elle est en charge de l'organisation des Conseils des ministres de l'UEAC et des Conférences des Chefs d'Etat de la CEMAC dont elle assure le Secrétariat. La Commission est dirigée par un Président. Elle composé de six Commissaires désignés chacun par son Etat membre2. L'un des Commissaires exerce la fonction de président et est secondé par un autre qui assure la vice-

1 J. L. T. Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale", Thèse de Doctorat/Ph.D en histoire, Université de Yaoundé I, Décembre 2014, pp.321-328.

2 Cf. Equipe dirigeante actuelle de la Commission de la CEMAC, annexe N° X.

121

présidence. Les quatre autres Commissaires sont chacun à la tête des départements techniques ci-dessous3 :

- Département du Marché Commun (DMC) ;

- Département des Infrastructures et du Développement Durable (DIDD) ;

- Département des Politiques Economiques, Monétaires et Financières (DPEMF) ;

- Département de l'Education, de la Recherche et du Développement Social, des

Droits de l'Homme et de la Bonne Gouvernance (DERDSDHBG)4.

Le gouvernement de la Commission a un Mandat de 5 ans non renouvelable. Les postes de Président et de Vice-Président sont rotatifs par ordre alphabétique des noms des Etats membres. Par ailleurs, le pays qui abrite le siège de l'institution ne peut occuper le poste de Président ni de Vice-Président. La Commission comprend aussi des cadres à régime international (Conseillers, Directeurs, Sous-Directeurs, Chefs de Service et Experts), et des Agents locaux recrutés sur place où se trouve le siège. Parmi les cadres, l'Agent comptable et le Contrôleur financier sont nommés par décision du Conseil des Ministres de l'UEAC. Pour raison d'incompatibilité, ces deux postes ne peuvent être occupés par des personnes ayant la même nationalité que le Président ou le Vice-président. Par ailleurs, l'Agent comptable avant de prendre fonction, prête serment devant la Cour de Justice de la CEMAC et verse une caution. La Commission compte actuellement un effectif d'environ 150 personnes. Son siège statuaire se trouve à Bangui en République Centrafricaine sur l'avenue des Martyrs5.

Pour assurer sa représentation auprès des Etats membres, elle dispose d'une Représentation dans chaque pays de la CEMAC. Aussi seuls les ressortissants des six Etats de la Communauté peuvent être employés à la Commission ainsi que dans toutes les autres Institutions et Organes de la CEMAC. Le premier Président de la Commission de la CEMAC est le Camerounais Antoine Ntsimi, nommé en 2007, suivi du congolais Pierre Moussa en 2012. Actuellement c'est le gabonais Daniel Nna Ondo depuis le 01 novembre 2017. Plusieurs femmes ont été nommées au sein de la Commission de la CEMAC en tant que vice-présidente de la Commission, mais aussi en tant que représentantes auprès des Etats membres ou Directeurs, Sous-Directeurs, Conseillers, Experts.

Parlant de la vice-présidence de la Commission de la CEMAC, deux femmes ont déjà occupé ce poste jusqu'à nos jours : Rosario Mbasogo Kung Nguidang de la Guinée Equatoriale

3 Cf. Equipe dirigeante actuelle de la Commission de la CEMAC, annexe N° X.

4 Cf. Organigramme de la Commission de la CEMAC, annexe N° XI.

5 www.cemac.int/qui sommes nous. Consulté le 13/06/2019 à 6h30min

122

de 2012 à 2017 et Fatima Haram Acyl du Tchad qui l'occupe depuis 2017.6 Il faut également noter qu'avant ces femmes, ce poste de vice-président de la Commission a été assuré par un homme en la personne de Jean Marie Maguena qui siégeait à côté d'Antoine Ntsimi, Président de 2007 à 20127. Cependant, les femmes n'avaient jamais été ni Secrétaire principal, ni Secrétaire adjoint à l'UDEAC. Mais elles ont travaillé en tant que fonctionnaires à L'UDEAC. C'est ainsi qu'avec la décennie de la femme lancée par les Nations Unies en 1975 et la réforme des lois de la CEMAC comme l'introduction du PER en 2011 qui tient compte de l'équilibre genre8, les femmes sont introduites à des postes clés comme à la Commission ou les Représentations-pays.

La première femme vice-Présidente de la CEMAC est Rosario Mbasogo Kung Nguidang, de nationalité Equato-guinéenne. Après ses études à l'Université de Moscou, elle se voit confier les hautes responsabilités dans son pays. Notamment au Cabinet du premier ministre chargée de l'intégration sous régionale et du ministre à la Présidence en charge de l'intégration. Ensuite elle est Directrice générale de l'intégration régionale. C'est ainsi qu'elle officie à partir de 2010 au sein de la Cellule communautaire du Programme de la réforme institutionnelle de la CEMAC. Elle s'est moulée dans les dossiers d'intégration notamment au niveau sous régional, ce qui l'a conduit en 2012 à la vice-présidence de la Commission de la CEMAC9. Elle a été expert au sein de la Commission et a participé à plusieurs conférences pendant qu'elle occupait ce poste, contribuait dynamiquement à l'avancement de la sous-région. Cette dernière a participé à plusieurs Conférences, Sommets et Colloques au cours desquels elle a démontré l'intelligentsia féminine pour l'évolution de la CEMAC10.

6 www.cemac.int. Consulté le 12/08/2018 à 13h5min.

7 Vision CEMAC, publication de la CEMAC, n° 001, 28 décembre 2010, p.2.

8 Lucien Henry Ticky, 47 ans, Expert Principal CEMAC en circulation, entretien réalisé à la Représentation CEMAC au Cameroun à Yaoundé, le 15/10/2018.

9 Vision CEMAC, n° 007, Septembre 2012, p.9.

10 Jean Leonard Thierry Mbassi Ondigui, 47 ans, Historien, entretien réalisé au département d'Histoire, le 20/03/2019.

123

Photo 15 : Rosario Mbasogo Kung Nguidang, ancienne et première femme Vice-présidente de la Commission de la CEMAC de 2012-2017.

Source : https://www.google.com/search?source=hp&ei=Frk XPP3046IackpIbgB&q=photo+ de+Rasario. Consulté le 24/04/2019 à 6h30min

En plus de cette dernière, Fatima Haram Acyl officie ce poste depuis 2017. Détentrice d'un DEA en finance de l'Université Xavier de Cincinnati aux Etats-Unis d'Amérique et d'une Maîtrise en administration des affaires à l'Université de Moncton au Canada, elle entame sa carrière aux Etats-Unis dans plusieurs cabinets d'audits dont Pricewaterhouse Coopers (PwC). Elle a également été Commissaire à l'Union Africaine en charge du Commerce et de l'Industrie de 2012 à 2017. C'est ainsi qu'elle a contribué valablement au processus d'intégration économique du continent en vue de la mise en place de la Zone de Libre Echange Continental (ZLEC) et au développement industriel de l'Afrique11. C'est ainsi que tous ces atouts la porteront à la Vice-présidence de la Commission de la CEMAC en 201712.

11 Vision CEMAC n° 007..., p.2.

12 Ibid.

13 Roger Faustin Ndzana, Lettre adressée à Monsieur le Directeur Général de l'Agence de Régulation des Télécommunications, Yaoundé, 04 avril 2013, p.1.

124

Photo 16 : Fatima Haram Acyl, actuelle Vice-président de la Commission de la CEMAC depuis 2017.

Source : https://www.google.com/search?source=hp&ei=Frk_XPP3046IackpIbgB&q=photo+de+Haram-acyl. Consulté le 24/04/2019 à 6h30min.

Ces deux femmes susmentionnées démontrent la place incontestée occupée par des femmes d'une grande expérience professionnelle au sein des instances dirigeantes ou pilotes de la CEMAC. En plus de la vice-présidence, d'autres femmes ont été Commissaires au sein de la CEMAC et ont aussi joué un rôle important. De même, d'autres continuent d'occuper ces postes et jouent des rôles déterminant au sein de la CEMAC, pour l'avancement de la sous-région. C'est le cas de Jacqueline Meyo Soua, ancienne Commissaire à la Commission de la CEMAC. Elle a participé à la concertation sur le système à mettre en place pour le suivi des cargaisons par géolocalisation et par radio communication sur les corridors Douala-Bangui et Douala-Ndjamena tenue en Mars 201313.

D'autres femmes ont parfois joué le rôle de représentante des Commissaires de la CEMAC au cours des grandes concertations internationales concernant la sous-région. C'est ce qui ressort du rôle joué par la Centrafricaine Bernadette Siéwé Youani, qui a représenté l'un des Commissaires de la CEMAC lors de la Conférence tenue du 27 au 28 février 2014 à Yaoundé-Cameroun, organisée par la Commission de la CEMAC et la Fondation pour les

125

Etudes et Recherches sur le Développement International (FERDI), qui portait sur le renforcement de l'intégration pour accélérer la croissance et les priorités pour la CEMAC14.

En plus d'être Commissaire, les femmes ont occupé de nombreux postes comme ceux de Directeur, Sous-Directeur, Conseiller ou Expert, à travers lesquels elles jouent un rôle considérable dans cette Communauté. Juliette Engoué par exemple a été Sous-directeur du Commerce et de la concurrence à la Commission de la CEMAC. Elle a joué le rôle de rapporteur lors de la conférence sous régionale organisée par la Commission de la CEMAC et la FERDI en 201415.

C'est également le cas dans la Commission où l'on retrouve des professionnels libéraux agréés de la fiscalité (CF et SCF) dont les femmes font parties.

Tableaux 9 : Quelques professionnels libéraux agréés de la Fiscalités (CF/SCF) par la Sous-Commission des Affaires Fiscales de la CEMAC à Ndjamena le Jeudi 26 Octobre 2017.

Numéros

Noms et Prénoms

Pays

Année

2

Bekolo Tataw Dorothy

Cameroun

2017

7

Ekotto Ndame épouse Bomsiti

Cameroun

1

Loudegue Evelyne

Centrafrique

3

Mokam Lipoe Laure Sylvie

Cameroun

5

Ngah Ohangza Léonie Christelle

Cameroun

6

Saha Nguefo Alice Laure

Cameroun

4

Zoundo Nimpa Hortense

Cameroun

Source : CEMAC, Sous-Commission des Affaires Fiscales sur les agréments des Professionnels libéraux de la Fiscalité (CF et SCF), Ndjamena, jeudi 26 octobre 2017.

Ce tableau ressort la liste des femmes que la Sous-Commission des affaires fiscales de la CEMAC a accordé des agréments en 2017. Ces femmes ont obtenu leurs agréments lors des travaux du Comité Inter-Etats tenus à Ndjamena, le Jeudi 26 octobre 2017. Une séance présidée par Ahamad Teiro Issa le Directeur adjoint des études de la législation et du contentieux à la Direction Générale des Impôts, délégué de la République du Tchad. La troisième femme de ce Tableau, Loudegue Evelyne, Centrafricaine, était par ailleurs Présidente du Comité Inter-Etats.

14 CEMAC, Conférence Sous Régionale organisée par la Commission de la CEMAC et la FERDI, "Renforcer l'intégration pour accélérer la croissance : quelles priorités pour la CEMAC ?", Yaoundé, 27-28 février 2014, p.6.

15 Ibid., p.3.

126

A côté de cette Commission, plusieurs autres femmes ont occupé de nombreux postes au sein d'autres organes de la CEMAC, tels que la BEAC, la COBAC, la COSUMAF16.

La création de la Commission de la CEMAC en 2007 a permis de mettre sur pied des Représentations-pays dans chaque Etat membre. Ces Représentations-pays constituent des représentations de la Commission de la CEMAC dans chaque Etat membre. Ainsi, à la tête de chaque Etat, se trouve un Représentant de la Commission de la CEMAC. Toutefois de 2007 à 2011, aucun pays de la CEMAC n'avait encore accordé l'opportunité à une femme d'être à la tête d'une Représentation-pays. C'est ainsi qu'en 2011, fut nommée à la tête de la Représentation de la CEMAC au Cameroun, Malaïka Ndoumbe Ngollo. Cette dernière avait occupé plusieurs postes à la Commission de la CEMAC, à l'instar de celui chargé du développement et du partenariat, avant d'être nommée à la tête de la Représentation CEMAC Cameroun.

L'ancien Secrétariat Exécutif devenu la Commission, est animée par un effectif de 130 personnes dirigées par une équipe de six membres dont le président de la Commission, le vice-président et quatre commissaires. En plus, six personnes par représentation de celle-ci, soit un total d'environ 160 personnes pour tout le personnel de la Commission. Aussi, les postes occupés respectent le principe d'équilibre des pays dans la répartition entre les six Etats membres de la CEMAC17. Même si cela ne tient pas toujours compte de l'équilibre de genre. Ces femmes occupent aussi de nombreux postes au sein des Institutions Spécialisées.

Il est constaté que les femmes au sein des Représentations-pays n'ont pas encore connu un effectif pléthorique jusqu'à ce jour. Lorsqu'il est noté jusqu'à cette date qu'une seule femme a déjà occupé ce poste dans une Etat membre : le Cameroun. Qu'est-ce qui pourrait justifier une telle absence des femmes ? Cela pourrait renvoyer au manque de volonté politique des Etats membres, à des textes adoptés mais non appliqués par les Etats membres et toutes les barrières qui peuvent exister en matière de limitation de la promotion des femmes.

2. Des Institutions spécialisées

On appelle Institutions Spécialisées, celles issues des dispositions spéciales (art.1) du statut des fonctionnaires de la CEMAC du 11 Décembre 200918. Il s'agit de l'ensemble des

16 CEMAC, Conférence Sous Régionale organisée par la Commission de la CEMAC et la FERDI..., p.4.

17 Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats...", p.351.

18 Règlement N003109-UEAC-007-CM-20 Portant Statut des fonctionnaires de l'UDEAC, 11 décembre 2009, p.2. Cf. annexe N° IX.

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institutions citées au chapitre I. aussi, ces femmes ne font pas l'exhaustivité de toutes les femmes présentes au sein de ces Institutions spécialisées. Il s'agit de donner quelques exemples de femmes à ces postes de soit Directeurs, Sous-directeurs, Conseillers Principaux, Experts comptables, Président du Conseil d'Administration (PCA), de simples agents. Pour mieux lister ces femmes, il est capital de procéder par les tableaux. Ces Institutions choisies sont entre autres : L'Ecole d'Hôtellerie et de Tourisme (E.H.T.), l'Ecole Inter-Etats des Douanes (EIED), L'Institut Supérieur d'Economie et de Statistiques Appliquées (ISSEA), le Comité des Pesticides d'Afrique Centrale (CPAC), l'Organisation de Coordination pour la lutte Contre les Endémies en Afrique Centrale (OCEAC).

Tableaux 10 : Le personnel féminin dans la direction de l'EHT- CEMAC de 2008 à 2011.

Noms et Prénoms

Fonctions

Pays

Années

Gertrude Nfono Edou

Directeur Général

Cameroun

200819

Angeline Florence Ngono

Représentant du Cameroun

Cameroun

2011

Mekondene Siankito Antoinette

Directeur des Affaires Administratives et Financières

//////

2011

Saïdou née Fatimatou

Agent comptable

//////

2008

Source : Echo de l'E.H. T-CEMAC, N°002, Novembre 2011, p.3.

Ce tableau relève de nombreuses femmes qui ont occupé des postes stratégiques au sein de l'E.H. T-CEMAC, et dont le rôle a été déterminant en matière d'hôtellerie et de tourisme en Afrique centrale zone CEMAC. Gertrude Nfono Edou a été directrice de cette école pendant cinq ans et son passage au sein de cette institution spécialisée de la CEMAC lui a permis de contribuer à l'amélioration de la qualité de l'enseignement et des infrastructures 20. Il en va de même dans le Comité des Pesticides d'Afrique Centrale (CPAC) où les femmes ne sont pas en reste, (cf. tableau 11).

19 Echo de l'E.H. T-CEMAC, n° 002, Novembre 2011, p.3

20 Vision CEMAC, n° 001..., p.4.

128

Tableau 11 : Quelques fonctionnaires féminins du CPAC de 2014 à 2017.

Noms et Prénoms

Fonctions

Pays

Années

Catherine Azouyangui

Directeur Général

 

201721

Marie Thérèse Ngo Dombol

Chef Service au CPAC

Cameroun

2014

Marie-Honorine Brahim

Inspecteur Phytosanitaire

Centrafrique

//////

Neloumta Madibe

Expert DPV

Tchad

//////

Suzanne Allogho Nsa

Agent LIEAP

Gabon

//////

Source : CPAC Info Pesticide, N°0006, Avril-Juin 2009, p.16.

Initiative prise depuis 2001 au cours d'une réunion organisée par AMEWG/GCP, d'initier une procédure d'harmonisation des règlementations phytosanitaires en zone CEMAC. De fait, le CPAC voit officiellement le jour en 2007 avec l'installation solennelle de son Secrétariat permanent. Il s'agit pour les Etats de la CEMAC de faire table rase sur les multiples législations en matière de règlementations phytosanitaires, afin d'avoir une législation commune et d'agir en synergie sur la question22.

Ce tableau relève en effet la participation des femmes aux questions phytosanitaires de la sous-région. Leur rôle n'est pas moindre à travers des différents postes qu'elles occupent. Elles contribuent aussi à l'amélioration de la santé en Afrique centrale. Catherine Azouyangui occupe le poste de Directeur Général depuis 2017. En plus, l'enseignement est prisé depuis la création des écoles sous régionales par les femmes. C'est le cas dans l'ISSEA où le corps enseignant et étudiant connaît la présence massive des femmes (cf. tableau 12).

21 CPAC Info Pesticide, n° 0006, Avril-Juin 2009, p.16.

22 Vision CEMAC, n° 001..., p.10.

129

Tableau 12 : Le Personnel enseignant féminin de l'ISSEA de toutes les filières confondues en 2017.

Noms et Prénoms

Matière dispensée

Vacataire/Permanente

Pays

Christine Djockoua

Anglais

Vacataire

 

Colette Florence Mebada

Marketing

Vacataire

//////

Djiadeu née Njionwo

Anglais

Vacataire

//////

Edith Strafort Pedie

Analyse des données multidimensionnelles

Vacataire

//////

Elise Ndjiogoua

Anglais

Vacataire

//////

Emerentia Kongla Nkong

Anglais

Vacataire

//////

Suzanne Biwole

Français

Vacataire

//////

Yvonne Nane

Education physique

Permanente

Cameroun

Zang née Manjia M.

Mathématiques (Algèbre)

Vacataire

Cameroun

Source : www.issea-cemac.org/index.php, consulté le 25/04/2019 à 15h30min. GAGE

Ce tableau représente la liste des femmes faisant partir du corps enseignant de l'ISSEA en 2017. Bien que minoritaire, elles contribuent à l'apprentissage sous régional à travers des disciplines multiples qu'elles dispensent aux différents étudiants de la sous-région23. Aussi, quatre (4) femmes sont secrétaires24. Ces secrétaires sont respectivement : une Secrétaire principale et une assistante au Secrétariat, la Secrétaire du Directeur général et la Secrétaire du Directeur des études, toutes de nationalité camerounaise. A côté de celles-ci, l'on retrouve également une bibliothécaire et une femme vigile25.

Il en est de même de l'OCEAC, une Institution spécialisée qui connait aussi l'expertise féminine dans le domaine de la santé, pour la lutte contre les endémies en Afrique Centrale. Leur nombre est également pléthorique et à de postes stratégiques. C'est le cas de Emilienne Yissibi Pola de nationalité Congolaise, Expert Consultant au sein de cette organisation depuis 201326.

23 Rapport d'activités de l'ISSEA, année académique 2009-2010, p.4.

24 Rondo Lemercier, 24 ans, Etudiant centrafricain à l'ISSEA en 4eme année IAS, entretien réalisé à l'ISSEA, le 14/02/2018.

25 Claudine, 23 ans, étudiante camerounaise à l'ISSEA, filière IAS 3eme année, entretien réalisé le 10/05/2019.

26 Le Magazine de l'OCEAC, N°003, Juillet 2003, p.29.

130

En outre, les femmes contribuent efficacement à la dynamisation de l'EIED et occupent des postes prestigieux, (Cf. tableau13) 27.

Tableau 13 : Quelques femmes de 2010 à 2013 au sein de l'EIED

Noms et Prénoms

Fonctions

Pays

Années

Evelyne Loudege

Inspecteur des Services

Douaniers

Centrafrique

2010

Naissem Oulatar

Formateur permanent

///////

2013

Rita Taba

Chargée d'Etudes

Gabon

2010

Source : Projet du programme d'activités de l'EIED, Note de présentation du projet du Budget d'exercice 2011, p.4.

Ce tableau n'étant point exhaustif, laisse voir que la femme n'est pas exempte du secteur des douanes, elle contribue également aussi à l'implémentation du secteur douanier dans la sous-région28 . En plus des Organes et Institutions spécialisées étudiées ci-dessus, les femmes occupent des postes au sein de d'autres structures comme les Associations partenaires de la CEMAC. En plus de ces institutions spécialisées, la femme joue un rôle important dans la CEMAC à travers d'autres structures partenaires de la CEMAC.

3. Les autres structures partenaires de la CEMAC.

Les femmes occupent également des postes dans plusieurs autres structures qui sont considérées comme des Associations partenaires de la CEMAC au sein desquelles elles jouent un rôle important et militent considérablement pour une cohabitation pacifique et prometteuse pour la dynamisation de la sous-région. C'est le cas notamment de la Synergie Jeune-CEMAC, du REFAC.

a. Cas de la Synergie Jeune-CEMAC

Suite à la conférence des Chefs d'Etats de la CEMAC tenue à Yaoundé du 24 au 25 Juin 2008 sous la Présidence de Paul Biya, Président en exercice et au Communiqué final qui stipule que la Conférence a par ailleurs décidé de l'institutionnalisation d'une "Journée CEMAC" dans les Etats membres le 16 Mars de chaque année, correspondant à la signature du traité instituant la CEMAC en vue de la sensibilisation des populations aux idéaux de l'intégration et du renforcement de l'esprit communautaire nait l'idée de fonder la SJ-CEMAC.

27 Projet du programme d'activités de l'EIED, Note de présentation du projet du Budget d'exercice 2011, p.4.

28 Lucien Henry Ticky, entretien.

131

Cette Synergie voit officiellement le jour le 18 Septembre 2008, en tant que structure sous régionale favorisant le brassage des cultures entre les jeunes de la Communauté. Elle oeuvre pour devenir un jour "Institution spécialisée de la CEMAC en charge des questions relatives à la jeunesse communautaire"29 et a pour objectif :

- faire connaître l'institution d'intégration sous régionale, la CEMAC en vulgarisant : sa création, sa structure, ses institutions spécialisées, ses grands chantiers. Aussi, la libre circulation des personnes et des biens, Air CEMAC, le passeport biométrique CEMAC, Programme Economique Régional (PER), le Programme d'Intégration Régionale (PIR), l'Accord de Partenariat Economique (APE). Mais aussi ses progrès à travers ses réalisations, sa vision future.

- exalter et renforcer les liens de fraternité entre les peuples des six Etats membres ; - Favoriser les échanges interuniversitaires, mutualiser les ressources de formation existant dans la zone et encourager la création de pôles d'excellence ;

- encourager les rencontres entre hommes d'affaires, et entre opérateurs économiques et culturels de la sous-région ;

- organiser des rencontres sportives entre les Etats membres.

La SJ-CEMAC est une association reconnue par la CEMAC au sein de laquelle les femmes occupent de nombreux postes et jouent un rôle considérable. C'est le cas de Ruth Kamga, nommée "Représentante et Ambassadrice" de la SJ-CEMAC.30 Nina Baho qui est également déléguée générale à l'Intégration/SJ-CEMAC depuis le 04 février 201231. Cette structure organise en collaboration avec plusieurs écoles communautaires, des journées CEMAC qui connaissent l'affluence aussi bien des hommes que des femmes.

b. Cas du REFAC et de la FOTRAC

Le Réseau des Femmes Actives de la CEMAC est fondé en 2007 à Douala et légalisé en Janvier 2008. Il regroupe des individus, des Groupes d'Initiatives Communes (GIC), des associations et d'autres groupes d'Afrique centrale, sans distinction d'âge, de race, de sexe ou de religion. Organisation non-gouvernementale à but non lucratif et apolitique, son but premier est de fraterniser par des échanges économiques et socioculturels. Ce Réseau a progressivement installé ses antennes au Cameroun (2007), en RCA (2008), au Gabon (2009), au Tchad (2010),

29 Journée internationale des jeunes de la CEMAC, objectif citoyen, le courrier de la SJ-CEMAC, kit pour la mobilisation et la sensibilisation, 1ere Edition, 18 Septembre 2012, p.2.

30 Le Relais de l'Intégration, n° 0006, Juin 2012, SJ-CEMAC, p.4.

31 Ibid., p.7.

132

au Congo-Brazzaville (2011). Par ailleurs, des activités sont organisées avec la Guinée Equatoriale depuis 2011, dans le cadre de la foire transfrontalière annuelle. Cette structure étend désormais ses tentacules en Angola et Sao Tomé et Principe par des points focaux.

Le Réseau des femmes actives de la CEMAC oeuvre pour lutter contre la pauvreté en fraternisant les femmes de la sous-région d'Afrique centrale quelque soient leurs secteurs d'activités, pour un développement durable. Il aide les femmes à contribuer elles-mêmes à leur épanouissement tout en les mettant en relation, pour des échanges fructueux. L'objectif principal étant de favoriser l'intégration sous régionale et lutter contre la pauvreté32.

Aussi, les activités du REFAC s'articulent sur le développement agropastoral et artisanal, des voyages d'échange, d'étude, de découvertes des sites, des symposiums, des séminaires, des formations, des séminaires culturels, des activités sportives. D'autres activités sont menées dans le cadre de la santé, à travers les campagnes de sensibilisation, de promotion et de prévention, avec notamment le VIH, la drépanocytose, le diabète, le cancer et d'autres, la distribution des moustiquaires imprégnées dans les zones à risques, le soutien et l'assistance aux personnes fragilisées par les maladies ou vivant dans la précarité (enfants, femmes, personnes âgées). Une attention particulière est accordée à la formation, la sensibilisation des groupes sur la lutte contre toutes formes de violences, contre l'utilisation des Armes Légères et de Petits Calibres (ALPC), en vue d'éradiquer les trafics illicites des armes et humains33.

Par ailleurs, les femmes du REFAC demandent un accompagnement beaucoup plus accru pour le développement des économies des pays d'Afrique centrale et l'amélioration de la qualité de vies des femmes (renforcement de leurs projets pour autonomiser tant la femme rurale qu'urbaine car elles ont un large potentiel qui nécessite beaucoup plus de considération et d'attention). A la tête de cette association, se trouve Danielle Nlaté qui est la présidente fondatrice de ce réseau des femmes dynamiques d'Afrique Centrale. Elle travaille également avec plusieurs autres femmes de presque tous les secteurs d'activités, qu'elles soient des femmes rurales ou urbaines et de nationalités différentes, (cf. tableau 14).

32 Rapport FOTRAC 2016, 7e édition du 25 juin au 9 juillet 2016 à Kyé-Ossi, frontière Cameroun-Gabon-Guinée Equatoriale, p.5.

33 Etienne Nguema, 38 ans, Administrateur civil au Gabon, participant de la Fotrac 2017, entretien réalisé à Kyé-ossi le 25/06/2017.

133

Tableau 14 : Responsables féminins du REFAC de cinq pays de la CEMAC.

Noms et Prénoms

Pays

Caroline Engome

RCA

Céline Narmadji

Tchad

Gisèle Solange Massala

Congo Brazzaville

Jeanne-Danielle Nlaté

Cameroun

Léna Lobe Edimo

Cameroun

Micheline Esseng Tomo

Gabon

Source : Rapport FOTRAC 2016, 7e édition du 25 juin au 9 juillet 2016 à Kyé-Ossi, frontière Cameroun-Gabon-Guinée Equatoriale, p.5.

Ce tableau présente le Bureau du personnel dirigeant et représentant l'Association dans les différents pays de la sous-région34. Il faut noter qu'en plus du rôle économique du REFAC dans la communauté, c'est un organisme de promotion culturelle dans la cadre de la FOTRAC.

Cette Foire est créée en 2010 par Danielle Nlate. En 2013, elle s'étend désormais sur 14 jours contre 9 pour les éditions précédentes. C'est une Foire multisectorielle qui regroupe les acteurs de développement de tous les pays d'Afrique centrale et les Administrations, les Chambres consulaires, les Organisations Internationales, les Chancelleries, les Instituts de Recherches, les Opérateurs Economiques. C'est un espace d'échanges, de partage d'expériences surtout dirigé en faveur des femmes dans le cadre de l'amélioration de leurs conditions de vie en milieu urbain et rural pour une meilleure implication de celle-ci dans le développement de la sous-région. Il s'agit d'un événement fort du Réseau des femmes actives de la CEMAC35 qui se veut de faciliter les échanges socio-économiques et culturels, la libre circulation des personnes et des biens sans contrainte ni discrimination. L'objectif est de sensibiliser et lutter contre la pauvreté dans la CEMAC auprès de la gente féminine qui représente un pourcentage élevé de la population de la sous-région36.

Née de l'idée de pallier aux souffrances dont les femmes font face aux frontières, la foire va s'intensifier davantage par les contacts dans les régions de chaque pays de la CEMAC. Aussi, l'idée sera initiée à la frontière commune Cameroun - Gabon - Guinée Equatoriale37. Ce qui explique le choix de la ville de Kyé-Ossi comme site principal de la FOTRAC.

34 Lucien Henry Ticky, entretien.

35 FOTRAC 2016 : du 25 juin au 09 juillet 2016 à Kyé-Ossi, frontière Cameroun-Gabon - Guinée Equatoriale, 7e édition, p.5.

36 Afrique Centrale, Dossier intégration, n° 109., p25.

37 Interview réalisée par Ruben Tchounyabe à Danielle Nlate, Présidente du FOTRAC, in Intégration n° 106, p.11.

134

Il est question pour les femmes, explique Danielle Nlate par l'intermédiaire d'un entretien :

De réussir davantage là où les hommes trainent le pas, à savoir, consolider l'intégration sous régionale. En réunissant les femmes auteures d'une idée, l'on est certain que les hommes accompagneront. La FOTRAC est surtout dirigée par les femmes afin d'améliorer leurs conditions de vie en milieu urbain et rural, pour leur meilleure implication dans le processus de développement et d'intégration de la sous-région. Il s'agit de l'autonomisation de la femme.38

Les activités de la Foire reposent sur les expositions-ventes dans le village de la Foire, les espaces d'échange entre les différents exposants pour d'éventuels partenariats et joint-ventures, des espaces de promotion, des conférences-débats, divers ateliers de formation des femmes à la prévention des conflits, la paix et la sécurité en Afrique, des animations culturelles avec des artistes de renommée internationale. Des groupes de danse traditionnelle, et un tournoi de football féminin et masculin baptisé "Tournoi de la fraternité" regroupant les équipes du Cameroun, du Gabon, de la Guinée Equatoriale et une équipe constituée des ressortissants des autres pays participants. Le premier tournoi a débuté le 17 Juin 2014 et la finale s'est jouée le 21 Juin 2014, suivie d'une marche sportive pour la paix et l'intégration sous régionale, une campagne de sensibilisation santé sur les grandes pandémies et les endémies de l'heure (VIH, diabète, hypertension, cancer du sein).

Il existe d'autres associations comme le Réseau des femmes parlementaires d'Afrique centrale, qui sont également des organismes associatifs qui jouent un rôle important pour la promotion de la femme en Afrique centrale et la dynamisation de la CEMAC. En plus d'occuper de nombreux postes dans les structures de la CEMAC, les femmes jouent aussi un rôle important comme démontré plus haut, (cf. chapitre II).

B. L'IMPACT DE LA CONTRIBUTION DIPLOMATIQUE DES FEMMES DANS LA CEMAC

La contribution des femmes dans les domaine politique, économique et socioculturel dans la CEMAC, impacte considérablement sur les questions de la sous-région.

1. La prise de grandes décisions et la réforme des politiques communautaires

Le rôle des femmes dans la CEMAC entraine leur présence dans la prise des grandes décisions de la communauté, la réforme des politiques communautaires. Pour ce qui est de la prise des grandes décisions, les femmes participent au même titre que les hommes à des grandes

38 Entretien réalisé par Marie-Noëlle Cruchi à Danielle Nlate, in Mutations, n° 3163, 2012, p.7.

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rencontres sous régionale au travers desquelles sont élaborées les grandes politiques de la Communauté39. C'est le cas de la Conférence sous régionale organisée par la Commission de la CEMAC et la FERDI qui portait sur le renforcement de l'intégration pour accélérer la croissance notamment sur les priorités de la CEMAC. Au cours de cette conférence tenue du 27 au 28 Février 2014 au Cameroun à l'hôtel Hilton de Yaoundé, plusieurs femmes de la CEMAC ont pris part à cette rencontre internationale et ont exposé leurs différents points de vue sur cette question de l'intégration dans la CEMAC. Il s'agit notamment de Minette Libom Lilikeng, directrice générale des Douanes camerounaise en cette période, actuelle Ministre des postes et des télécommunications. Elle a présenté l'état des lieux des douanes en Afrique centrale, tout en ressortant quelques points sur lesquels il faut palier40.

Aussi, Juliette Engoué, sous-Directrice du commerce et de la concurrence à la Commission de la CEMAC a pris part à cette conférence, au nom du directeur du commerce et de la concurrence à la Commission de la CEMAC. Son exposé donnait la quintessence sur la situation du commerce et de la concurrence dans la CEMAC. C'est dans cette même ardeur que Rosario Mbasogo Kung Nguidang, Vice-Présidente de la Commission de la CEMAC a pris part à cette rencontre41. Au cours de cette conférence, de nombreuses décisions sur l'intégration ont été adoptées par le gouvernement de la CEMAC pour renforcer le processus d'intégration dans la CEMAC et limiter les barrières inter-états42.

En outre, la conférence entre le Fonds Monétaire International (FMI) et les institutions de l'Afrique centrale a connu la participation de de nombreuses femme parmi lesquelles : Babakas. Etant chef de service à la Commission Bancaire d'Afrique centrale, elle a participé au nom de la CEMAC à cette conférence pour contribuer au processus d'allocation financier des institutions de Bretton Wood en Afrique centrale43.

Pour ce qui est de la réforme des politiques de la communauté, au cours des débats, des conférences, des assises communautaires, des conférences des Chefs d'Etats et de gouvernements, sont élaborées les nouvelles politiques de la sous-région. Dans cette perspective, des femmes participent au même titre que les hommes à l'élaboration des politiques

39 Marcelline Mebounou, 32 ans, Sous-directeur de la sous-direction Afrique au MINREX, entre réalisé au Minrex le 24/01/2018.

40 CEMAC, Conférence Sous Régionale organisée par la Commission de la CEMAC et la FERDI, pp.2-5.

41 Ibid.

42 Marie Gaspar Nicolas Messi, 52 ans, Assistant de la Représentante de la CEMAC au Cameroun, entretien réalisé à la Représentation de la CEMAC au Cameroun à Yaoundé, 23/01/2018.

43 Liste des participants, Consultations FMI/Institutions de l'Afrique centrale, Yaoundé, 2006, pp1-2.

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de la sous-région, comme Secrétaires, assistantes. Même si faut noter qu'elles ne participent pas directement entend qu'esprit d'initiatives ou de proposition des politiques à adoptées44. Cela est d'autant plus visible car elles n'occupent pas de postes de président de la République et quand même elles sont ministres, les hommes sont majoritaires. Toutefois, leur rôle dans la CEMAC permet également la promotion du secteur économique.

2. La promotion de l'intégration économique dans la CEMAC et le vivre ensemble

Le processus d'intégration économique est l'un des idéaux visés par la CEMAC. Les femmes ont pris très tôt l'initiative de participer au processus d'intégration de cette communauté. Elles contribuent à cet idéal à tous les niveaux. Sur le plan agricole, elles sont pourvoyeuses de produits agricoles qui contribuent à alimenter la sous-région45. En tant que population majoritaire de la CEMAC, leur main d'oeuvre est abondante. Etant donné qu'elles vendent ces produits à proximité des frontières et au-delà de leurs pays, elles facilitent l'intégration économique46, et même les produits de l'aquaculture. Les femmes participent à la dynamisation de la pêche sous régionale à travers non seulement le projet de pêche continentale lancé par la CEMAC en étroite ligne avec la politique de l'Union africaine de pêche continentale, mais aussi par de petits étangs privés47.

Le commerce est une activité qui a toujours connu un afflux de femmes. Néanmoins elles sont présentes lors du commerce à l'intérieur du pays ou de la sous-région et surtout au niveau des zones frontalières48. Les frontières de la CEMAC connaissent à cet effet un flux de petits commerçants et commerçantes qui le plus souvent n'ont pas l'opportunité, à cause des barrières douanières ou des moyens limités pour faire du commerce au-delà des frontières nationales. Plusieurs d'entre elles rencontrent des difficultés liées au manque des documents officiels notamment le passeport, le certificat de commerce49. Mais l'on ne saurait refouler l'idée selon laquelle toutes ces activités économiques frontalières ou transnationales contribuent à petite ou à moyenne échelle, à l'alimentation des Etats de la CEMAC. De fait, il est observé de nombreux touristes africains et internationaux dans ces localités50.

44 Lucien Henry Ticky, entretien.

45 Idem.

46 Idem.

47 CEBEVIRHA, n° 003, Juin 2012, p.8.

48 Carine Djomo, 35 ans, Commerçante Camerounaise, Yaoundé, le 25/06/2018.

49 Idem.

50 Etienne Nguema, entretien.

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L'on pourrait ainsi affirmer que les femmes contribuent à la dynamisation de l'économie sous régionale par l'organisation des foires comme la FOTRAC, qui a un double volet : économique et culturel. Elle a lieu chaque année entre Juin et Juillet en fonction du calendrier établi par le REFAC et connait l'exposition de nombreux produits agricoles, aquacoles, artistiques cosmétiques et bien d'autres. Tout ceci contribue à promouvoir le vivre ensemble dans cette communauté.

Le vivre ensemble est un idéal cher à tous les Etats de la CEMAC. Il permet aux populations d'horizons divers51 de cohabiter pacifiquement. Les femmes participent également à cet idéal à travers le commerce inter-frontalier, mais aussi par l'organisation des foires communautaires comme la FOTRAC et la FOTAC. Ces solennités connaissent généralement la présence massive des populations féminines venues de tous les horizons. Ces populations apportent chacune son savoir-faire économique, culturel. De nombreuses festivités ont lieu et sont des moments de convivialité entre les peuples de la zone CEMAC, mais aussi de d'autres sous-régions.52 Tout ceci permet de rapprocher les peuples et d'éloigner la violence, les conflits entre les africains53.

C. DES PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE PROMOTION DE LA FEMME DANS LA CEMAC

Les progrès les plus importants ont été constatés en matière d'enseignement, que ce soit l'alphabétisation ou l'instruction élémentaire dans la plupart des pays de la CEMAC. Cependant, le bilan partiel des progrès réalisés depuis en matière de considération ou de promotion de la femme souligne que les femmes, malgré les mesures adoptées sont toujours désavantagées en terme de salaire et de nomination aux postes de responsabilités dans la CEMAC. C'est ainsi qu'il est fondamental de ressortir dans le cadre de ce travail, quelques mesures pour une considération équitable de l'homme et de la femme dans la CEMAC54.

1. Des mesures institutionnelles

De nombreuses mesures sont entrevues sur le plan institutionnel afin de mieux promouvoir la femme dans la CEMAC. L'institution est une structure légale qui implémente

51 La diversité d'horizons ici renvois aux origines, au pays, à la langue, à la culture et tout ce qui peut faire la différence entre les individus. D'après Mbassi Ondigui, entretien.

52 Carine Djomo, entretien.

53 Etienne Nguema, entretien.

54 Jean Léonard Thierry Mbassi Ondigui, entretien.

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les politiques élaborées à base des lois obtenues par un consensus. C'est ainsi qu'il convient de créer des commissions nationales sur les droits de la femme chargées de préparer les projets de textes, en vue d'harmoniser les législations nationales avec les conventions internationales, de combler les vides juridiques et d'éliminer tous les obstacles à la promotion de la femme. Ces commissions devront également travailler en étroite collaboration avec les structures tant publiques que privées pour des résultats plus probants. Il faut également renforcer les institutions en vue d'établir des droits égaux et des opportunités égales pour chaque tous. Cela permettra une représentation égale des deux sexes dans les postes de responsabilité au sein des institutions, et de surcroit une meilleure plus-value sera observée dans cette institution55.

La réforme institutionnelle nécessite également la mise sur pied des structures de contrôle et d'évaluation au niveau des Etats, dont la dynamique permettra de propulser la cause sous régionale. Ces structures devront suffisamment être indépendantes afin de rendre des résultats authentiques pour une meilleure action. Il faut doter les structures existantes des infrastructures suffisantes, des formations appropriées et des ressources financières suffisantes en créant par exemple un Fonds spécial pour la femme et ce fonds devra être géré par les femmes elles-mêmes pour la réalisation des projets de développement relatif au développement des femmes et bien évidemment dans le cadre national et de la communauté. En plus de ces fonds nationaux, il devrait être inclut un fonds sous régional pour la dynamisation des femmes de la sous-région CEMAC, avec un comité de suivi.

Il est également judicieux de penser à l'institutionnalisation du système de quota par le biais d'un texte légal. Ce quota contribuera à équilibrer aussi des responsabilités au sein des instances de la CEMAC56. Ceci devrait également être valable dans toutes les Institutions Spécialisées concernant tant les fonctionnaires à régime international que les fonctionnaires à régime local. En ce qui concerne la journée de la femme décrétée depuis 1975 il importe de mettre sur pied, un comité en charge de l'organisation des journées de la femme, journées au cours desquelles l'on pourrait par exemple mieux expliquer le bien-fondé d'une journée internationale de la femme, afin d'éviter des cas de dérives des femmes pendant cette dernière57, dépravations qui conduisent parfois à la perte de vie par certaines femmes, voire même à la destruction des foyers conjugaux.

55 Norbert Obasseliki, 55 environ, 1er Conseiller à l'Ambassade de la République du Congo au Cameroun, entretien réalisé à l'Ambassade du Congo le 14/06/2019.

56 Idem.

57 A. Moneyang Yana, "La promotion et la protection des droits sociaux de la femme en Afrique centrale : cas du Cameroun", Rapport de stage en relations internationales, IRIC, 2015-2016, p.35.

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En 2007, la Commission de la CEMAC remplace le Secrétariat Exécutif. Cette Commission est représentée dans chaque Etat membre. Toutefois, il est observé qu'il n'existe pas une Commission en charge des questions de genre ou de la femme. Alors que la femme malgré son fort déploiement dans cette organisation, reste moins représentée à des postes stratégiques. Cela nécessite dès lors la création d'une Commission sous régionale en charge des questions de genre. Ladite Commission devra bien évidement avoir des représentations nationales. En effet, la Commission aura pour objectif de contribuer à la promotion de la femme, renforcer, favoriser la prise en compte des politiques visant l'autonomisation des femmes dans toutes les politiques communautaires en adéquation avec les politiques nationales en zone CEMAC et veiller à l'exécution de celle-ci. La Commission devra également lutter contre les discriminations fondées sur le sexe et sensibiliser les citoyens de la communauté à l'importance de la femme dans tous les domaines de la vie, en fournissant une assistance technique aux autorités des Etats membres. Elle devra conduire ses activités de manière indépendante dans l'intérêt des citoyens. Cette Commission aura une personnalité juridique et devra être autonome58. Il nécessite aussi des améliorations dans le cadre juridique car ce sont de bonnes lois qui font de bonnes institutions

2. Dans le cadre juridique

Plusieurs mesures sont également à élaborées dans le cadre juridique pour une meilleure considération la femme dans la CEMAC. Parmi les principales mesures juridiques à prendre au niveau communautaire pour assurer la réalisation "des objectifs d'égalités", on peut souligner, l'accès à la terre et autres moyens de production, à la formation et au crédit pour toutes les femmes. La terre a longtemps été perçue comme propriété masculine. Dans certaines familles dans la CEMAC, il est communément reconnu que la femme n'a pas le droit d'hériter que ce soit la terre ou aux biens légués par un parent ou un tiers. Par contre, l'homme occupe toujours la place de chef de famille et "naturellement" reconnu comme héritier du défunt ou de la défunte. Cette conception de la femme ne lui permet pas ainsi au fil des années, de jouir des biens comme la terre et limite par conséquent ses propriétés. Car même les espaces cultivés sont le plus souvent la propriété d'un homme ou familiale. Face à cette discrimination domaniale, les Etats de la sous-région devraient élaborer des législations fortes pour promouvoir partout l'accès des terres aussi bien aux hommes qu'aux femmes. Quant à l'accès aux crédits, les lois sur les finances doivent connaitre une modification pour un accès de tous

58 Jean Léonard Thierry Mbassi Ondigui, entretien.

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(homme/femmes) aux crédits pour le financement des projets, sans d'abord demander la permission de l'époux. Toutes lois devraient non seulement être élaborées par chaque Etat membre, mais aussi par un consensus sous régional59.

Pour ce qui est spécifiquement des droits de la femme, ils ont généralement connu des abus que ce soit dans le cadre familial que professionnel. Il est donc juste de renforcer des dispositions en matière des droits de la femme et cela implique le fait que les instruments juridiques déjà concluent soient scrupuleusement appliqués et que des mesures pénales soient prises à l'égard de tous ceux qui violent ces droits. Aussi, il est important de maximiser la communication en ce qui concerne les droits des femmes notamment à l'éducation par la sensibilisation de tous les acteurs juridiques au respect des textes et l'encouragement des femmes à revendiquer leurs droits et surtout les mettre en confiance afin qu'elles puissent briser le silence. Comme il est de coutume observé que les femmes victimes des abus de tous sortes préfèrent ou sont souvent forcées au silence pour éviter d'être la rusée de son environnement et ne pas être traitée de sycophante de la société60.

Par ailleurs, la mise sur pied d'une politique commune en matière de promotion des femmes permettra à la CEMAC d'accélérer l'exécution de son mandat qui consiste en la promotion du développement économique, social et culturel de la sous-région à travers la coopération et l'intégration. Aussi, cela aidera l'intégration de toutes les couches sociales et permettra de réaliser tous les objectifs permettant de consolider les efforts déployés par le passé en matière d'égalité de genre.

L'échantillon des législations de la CEMAC doit connaître une augmentation par l'élaboration des lois qui garantissent l'égalité de la femme dans tous les secteurs d'activité. La CEMAC, bien qu'étant une Communauté économique et monétaire, couvre aussi le volet politique et social. La garantie et l'application de tous les droits de la femme dans tous ces domaines lui permettra de participer et de contribuer avec dynamisme à la transformation de la CEMAC, par le travail qu'elles réalisent déjà pour l'intégration des Etats membres à travers aussi des groupes d'association, le commerce qu'elles effectuent dans les zones frontalières et qui facilite le vivre ensemble au sein de cette Communauté.61

Il faut élaborer un manifeste sous régional des femmes en étroite ligne avec les politiques nationales, soutenant et formant les femmes candidates aux élections (le manifeste

59 Moneyang Yana, "La promotion et la protection des droits sociaux de la femme en Afrique centrale...", p.40.

60 A. Foulda, "Rapport de stage Académique au Ministère de l'action sociale, de la solidarité nationale du 16 Octobre 2013 au 31 septembre 2014", Master professionnel en sociologie, Université de Yaoundé I, 2014.

61 Moneyang Yana, " La promotion et la protection des droits sociaux de la femme en Afrique centrale... ", p.40.

62 https://journalintegration.com/fotrac-2018-place-a-linterregionalisme-bas/. Consulté le 19/04/2019 à 16h30min 63 Norbert Obasseliki, entretien.

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doit être un instrument de persuasion des hommes et des femmes afin qu'ils/elles votent pour la femme, lorsque cette dernière répond aux critères d'éligibilité). Il faut organiser des ateliers dans tous les pays de la sous-région, destinés à accroître les cadres de concertation sur les sujets relatifs au statut de la femme, mais renforcer des capacités des femmes à négocier. Il s'agit en effet de dénombrer les femmes membres des institutions de formation par Etat membres de la CEMAC. Apporter un appui à leur formation politique et renforcer leurs aptitudes en communication/sensibilisation, tout en créant un événement autour d'elles et les aider à préparer leurs projets de campagne.

Il est important que les Associations féminines comme le REFAC, soient reconnues comme des Institutions spécialisées de la CEMAC et bénéficient des budgets annuels pour un meilleur fonctionnement car leur champs d'action dépasse le cadre sous régional et connaît la participation des pays de d'autres sous-régions d'Afrique. C'est le cas, de la Foire Transfrontalière de 2018 qui a connu la participation de nombreux pays de l'Afrique de l'Ouest comme le Sénégal, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire62. En plus, le REFAC à travers la Fotrac contribue non seulement à unir les peuples, mais à développer le potentiel économique de la CEMAC et de l'Afrique en générale.

Les Etats de la CEMAC doivent fructifier les échanges entre eux, dans un cadre multilatéral qui devrait surpasser le cadre bilatéral. Et ces échanges sur tous les plans devraient être régis par des textes bien élaborés qui tiennent compte de la promotion des deux sexes à travers le système de quota. Pour ce qui est des conférences dans le cadre de la communauté, avec d'autres organisations internationales ou d'autres Etats hors de la CEMAC, la représentation devrait être équilibrée en matière d'effectif entre les hommes et les femmes. Il devrait avoir autant d'hommes que de femmes, tout en prenant en compte le facteur compétence. Ce qui revient ici à questionner les formations initiales tant au niveau national que sous régional63.

3. Des mesures dans le cadre sociopolitique

De nombreux éléments sociopolitiques continuent d'entraver le dynamisme de la femme dans la CEMAC. D'où la nécessité de remédier à cela.

Pour rendre le travail de la femme plus aisé, l'Etat doit se montrer assez fort afin que soient éradiquées toutes les pesanteurs socioculturelles défavorables au plein épanouissement de la femme, l'éradication des violences à l'égard des femmes. Nos traditions et coutumes ont

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longtemps dénié le potentiel féminin dans le développement de la vie extraconjugale. La femme a longtemps fait l'objet d'une appartenance au foyer, s'occuper du ménage, des enfants et du bien-être de son mari, qui lui est considéré comme le maître de la vie hors du foyer, un "ministre de l'extérieur".

Il faut maximiser les capacités d'instruction des femmes par la création des infrastructures scolaires et l'inscription massive des femmes à ces écoles. Il faut noter que, même si ces mesures existent dans ces différents Etats de la CEMAC, il est capital qu'elles soient appliquées sans "condition". Longtemps il a été considéré que l'homme doit poursuivre ses études alors que la femme doit se préparer pour son futur foyer. Cette conception de la femme a fait d'elle une analphabète et une incapable de s'exprimer en publique, à cause de la non-maîtrise des langues nationales et du dénie de le faire, qui a été imposé par la société et perpétué par sa la famille et ou sa belle-famille. La lutte contre l'analphabétisme des femmes passe ainsi par la mise sur pied de nouvelles stratégies encourageant l'éducation des jeunes filles, garantir le libre accès des femmes à tous les niveaux d'enseignement, de formation, d'emploi et de service de santé, lutter contre l'ignorance des droits des femmes, par la création d'un centre de recherches d'informations et documentation sur la femme dénommée pourquoi pas, "la Maison de la femme"64.

Développer des possibilités d'emploi qui permettent aux femmes de subvenir à leurs besoins est important, cela leurs permettra d'être autonome et contribuer au développement de leur pays et donc de la sous-région. Pour ce faire, il faut sensibiliser les masses sociales, les leaders religieux et traditionnels et même, en mettant par exemple sur pied un système d'encouragement et de soutien en faveur de ceux qui promeuvent le bien-être social de la femme. En plus, il faut assurer des conditions de rémunérations égales pour les hommes et les femmes exerçant les mêmes fonctions, pour éviter les disparités salariales, tout en éduquant les populations sur l'importance de l'élimination des préjugés à l'égard des femmes. Mettre en place des mécanismes qui permettent de suivre la situation des femmes afin de l'améliorer. Pour cela, l'existence des statistiques fiables et la mise à jour régulière, sur la situation des femmes est indispensable65.

Les femmes sont reconnues pour la plupart pour leur immense employabilité au sein des ménages, ce qui parfois contraint ces dernières à s'engager dans le monde professionnel. Cela explique la présence de peu de femme dans le monde professionnel si non dans des postes

64 Norbert Obasseliki, entretien.

65 Macelline Mebounou, entretien.

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stratégiques des entreprises66. Ce qui nécessite à promouvoir le partage des responsabilités domestiques entre les deux sexes pour permettre aux deux conjoints d'exceller dans le monde professionnel. En plus, effectuer des recherches qui devraient mettre l'accent sur l'étude des problèmes soulevés par les rapports entre droits et devoirs des hommes et des femmes, la condition et la situation matérielle des femmes ; ladite recherche devrait également dépister la discrimination dans l'enseignement et la formation à l'égard des femmes.

D'après la Banque mondiale, pour promouvoir la femme, il faut favoriser un développement économique incitant à une participation plus grande des femmes et à un partage plus équitable des ressources. De plus, partager des ressources et des postes de responsabilités de façon équitables aux deux sexes67. Par ailleurs, il faut procéder au recensement des femmes spécialisées dans la formation, informer et les faire connaître auprès des groupes désireux de mener des ateliers de formation politique afin d'accroitre l'effectif des femmes dans la politique. Encourager toutes les femmes qui occupent des postes de responsabilité à tous les niveaux dans la sous-région à se constituer en groupe de pression en vue d'exercer une pression sur les mécanismes nationaux chargés des affaires féminines68. Les mariages précoces sont aussi un facteur de limitation de l'expansion professionnelle des femmes dans la sous-région. Ainsi la lutte contre ce phénomène, qui a pour corollaire les grossesses précoces constitue par conséquent un obstacle à la réalisation des Objectifs du Millénaires pour le Développement (OMD) et l'égalité des sexes.

Les femmes elles-mêmes constituent des obstacles à leurs carrières professionnelles, car faisant précocement des enfants, deviennent très tôt mères et épouses. Cela hypothèque leur chance d'apporter leur pierre à la construction de l'édifice69. Ce qui nécessite de ce fait la proposition des outils de réflexion au fondement de l'action collective féminine70. Par ailleurs, elles peuvent utiliser l'idéologie infériorisant pour braver des obstacles à leur hégémonie, pour faire entendre leurs voix. Elles doivent aller au-devant de ce qu'elles considèrent comme danger71 et ne pas céder aux scènes d'infériorisation pour atteindre leurs objectifs et se hisser à la haute échelle de la société.

66 Marcelline Mebounou, entretien.

67 R. H. Menye-Ella Ekotto, "Disparités de genre et accès des salarié(e)s) à la formation professionnelle continue au Cameroun : Une approche comparée du secteur public et privé et du secteur privé de la ville de Yaoundé", Mémoire de master en sociologie, Université de Yaoundé I, 2014, p.25

68 E. Le-Yotha Nagartebaye, "La participation de la femme à la vie politique au Tchad : 1933-2003", Mémoire de maîtrise en sciences sociales, UCAC, 2003.

69 Régionale La Découverte, Août, 2015, pp.26-27.

70 C. Guionnet, E. Neveu, Féminins/Masculin : sociologie du genre, Paris, Armand Colin, 2005, p.20.

71 Ibid., pp.39-40.

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Un bilan important au terme des décennies est que la condition des femmes ne s'améliore pas automatiquement avec la croissance économique. Il faut donc une volonté politique pour intégrer les femmes au processus d'adaptation des politiques de développement. Parmi ces stratégies de base à promouvoir, nous pouvons souligner : la nécessité d'évaluer les conséquences des politiques et des projets de développement sur les femmes et d'inclure systématiquement les questions relatives aux femmes dans tous les domaines et secteurs, tant au niveau local, national, sous régional et international. Aussi de supprimer le parti pris en faveur des hommes de la plupart des projets de développement, de reconnaître, mesurer et intégrer dans les comptabilités nationales, les statistiques économiques et les produits nationaux bruts, le travail rémunéré et non rémunéré des femmes. En plus d'instituer des horaires souples pour tous afin d'encourager le partage des responsabilités parentales et domestiques, de constituer des pépinières de leader politique des femmes et promouvoir l'image des femmes.

De même, organiser une équipe technique pour améliorer les programmes des partis politiques aux candidates et en ressortir les actions et stratégies de promotion de la femme en vue d'informer, à travers les médias toute la sous-région et recourir aux langues de la sous-région pour informer l'électorat féminin et en conditionner le vote. Aussi, de promouvoir la représentation, la mobilisation et le militantisme des femmes dans les Opérations de Maintien de la Paix, comme celles initiées par le Conseil de Sécurité de l'ONU dans la sous-région pour la Centrafrique.

C'est ce qui en ressort de la collaboration de la Division de la Promotion de la Femme des Nations Unies (DAW), du Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme (UNIFEM) qui a amené le Conseil de Sécurité à adopter le 31 Octobre 2000, la Résolution 1325 portant sur la paix et la sécurité72. Cette résolution a été saluée comme étant la première résolution à porter sur les femmes et le genre. Elle souligne l'importance d'une pleine participation active des femmes, dans des conditions d'égalité, à la prévention et au règlement des conflits, ainsi qu'à l'édification et au maintien de la paix. La résolution 1325 marque à ce jour le progrès le plus significatif dans le processus souvent à faire des questions de genre, de paix et de sécurité une préoccupation pertinente aux quatre coins cardinaux. Grâce à son adoption, une barrière a été brisée par la reconnaissance d'un lien entre la paix et la sécurité internationale et la promotion des droits des femmes. Les quatre premiers articles de cette résolution mettent les femmes au centre des jeux de paix et de sécurité.

72 E. M. V. Beng, "Gestion et participation du personnel féminin des forces de défense et de sécurité camerounaise aux opérations de Maintien de la Paix de 2000 à 2014", Mémoire de master professionnel en sociologie, Université de Yaoundé I, 2015, p.36.

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Les femmes doivent également saisir les opportunités qui leur sont souvent offertes et faire acte de candidature aux échéances électorales. Car même si la loi est votée et promulguée, elle ne pourra s'appliquer et montrer son intérêt que si les femmes elles-mêmes s'impliquent et envahissent la sphère politique. L'on constate malheureusement que les femmes sont aussi responsable de l'obstruction à leur insertion véritable dans les instances de décisions, notamment par manque de confiance en soi et de solidarité entre elles-mêmes73. L'attitude des femmes par rapport à la prise de parole publique ne devrait plus être différente à celle des hommes. En effet, dans de nombreuses réunions en particulier en politique ou l'économie, les femmes sont souvent beaucoup moins nombreuses que les hommes à prendre la parole. Leurs interventions devront être moins courtes comme d'habitude ou plus modeste (elles se contentent souvent de poser une question plutôt que d'exposer leurs propres idées)74.

Il est important que les gouvernements de la CEMAC, pensent à la redistribution des richesses car cette redistribution est disproportionnelle entre l'homme et la femme. Au Gabon par exemple, cela a amené l'actuel président à créer, en fonction des richesses qui se trouvent dans une localité, des industries, afin de permettre aux populations de participer tous à la construction de leur pays et de bénéficier également de ces richesses. Les gouvernements communautaires devraient également favoriser l'émancipation de la femme en permettant le suivi des projets tenus par les femmes, en promouvant des associations féminines et en créant des commissions de suivi de ces projets75. Ceci permettra aux femmes de connaitre une meilleure plus-value dans leurs activités dans tous les secteurs d'activité.

Il est important d'introduire une compensation pour les femmes dynamiques dans cette sous-région. Au Gabon par exemple, Omar Bongo avait instauré une cérémonie au cours de laquelle, la femme qui s'était distinguée par son dynamisme était primée. Cette initiative de l'ancien président avait donc boosté la naissance des coopératives76. Par cette pratique, cela peut permettre à la femme de la CEMAC d'être plus entreprenante et pragmatique. Car son émancipation ne lui sera donné que si elle travaille pour contribuer à toutes les sphères de la société, la sphère familiale et professionnelle.

La CEMAC est une institution communautaire qui coopèrent multilatéralement avec ses Etats membres. Au sein de cette communauté, la femme joue un rôle important. Toutefois, elle

73 Régionale la Découverte..., p.23.

74 M. Wilson, "Closing the leadership cap viewing", New-York, p.40, in C. Durieux, Les femmes américaines en politiques, Paris, Ellipses, 2008, pp.83-84.

75 Julie-Diane Benita Djambo, 42 ans environ, Conseiller Economique et Commercial à l'Ambassade du Gabon au Cameroun, entretien réalisé à l'Ambassade du Gabon au Cameroun le 20/06/2019.

76 Idem.

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est généralement confrontée à de nombreuses difficultés. Tout ceci malgré l'adoption de nombreux instruments juridiques nationaux, sous régionaux, régionaux et internationaux77. D'où l'élaboration de nombreuses recommandations qui sont d'ordre institutionnel, juridique et socioculturel78.

77 Marie Gaspar Nicolas Messi, entretien.

78 Régionale la Découverte..., p.25.

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CONCLUSION GENERALE

La Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale est constituée de six (06) Etats membres (le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad)1. Ces six Etats membres entretiennent de multiples relations notamment politiques, économiques, socioculturelles. L'avènement de cette structure est l'aboutissement d'un long processus. Aussi, l'Union douanière équatoriale2 est née pour préserver les marchés coloniaux, rebaptisés "marchés tropicaux" des sociétés commerciales françaises implantées en Afrique noire. La France sauvegardait ses intérêts. Après les indépendances des Etats, survenues pour la plupart en 1960, ils sont confrontés aux problèmes économiques et à la recherche du développement. Cela ne pouvait que les pousser à se regrouper. En outre, la Commission économique des nations unies pour l'Afrique3, avait proposé une nouvelle stratégie pour le développement basée sur le regroupement des Etats en entités géographiques qui soient fiables sur le plan économique. Les petits Etats exigus, mal équipés ne pouvaient rien devant des grands ensembles. La théorie des réalistes qui partage le pragmatisme, montre comment de l'UDE, on aboutira à l'Union douanière et économique de l'Afrique centrale le 08 Décembre 1964.

Aussi, n'ayant pas atteint son ambition d'intégration sous régionale, le traité des six Etats membres en 1994 aboutit à la mise en place de la CEMAC en 1998. C'est une Organisation interétatique sous régionale d'une superficie de 3020145 km2 avec environ 36,7 millions d'habitants jusqu'en 20104. Mais aussi, une personne juridique internationale régie par le droit des Organisations internationales. C'est en 1999 que sont définis ses objectifs avec un aspect économique majeur. Son objectif primordial est de promouvoir le développement des Etats dans le cadre de deux unions : l'Union économique de l'Afrique centrale et l'Union monétaire de l'Afrique centrale, avec de multiples missions5 notamment, l'établissement d'un marché commun et d'une union de plus en plus étroite entre les peuples des Etats membres, pour

1 Ndong Owono Abang, entretien, in J. L. T. Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale", Décembre 2014, p.416.

2J. R. Booh Booh, Organisation et Relations Interafricaine, Yaoundé, ENAM, 1972, p.73.

3 Ibid., p.72.

4 Le Courrier de la SJ-CEMAC, 1ère édition, 18 Septembre 2012, p.10.

5 B. Lepouma-Mapoba," La libre circulation des personnes et des biens dans la sous-région de l'Afrique Centrale", Mémoire de master en Sciences politiques, CREPS, Université de Yaoundé II, 2012, p.15.

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raffermir la solidarité géographique et humaine, la coordination des programmes de développement.

Cette communauté est constituée des hommes et les femmes qui travaillent en synergie afin de la dynamiser. C'est dans cette perspective que ce travail porte sur : "le rôle de la femme dans la diplomatie de la CEMAC ". Il s'agissait pour nous de ressortir la contribution de la femme dans la dynamique diplomatique des membres pour l'atteinte des objectifs de la CEMAC.

Il en ressort que le rôle de la femme au sein de la société, que ce soit en Afrique comme partout dans le monde, a évolué dans le temps. En Afrique précoloniale, il existait des sociétés matrilinéaires, mais la plupart des sociétés africaines étaient patrilinéaires. L'homme était le seul chef de famille et le pouvoir décisionnel lui incombait. Une minorité de femme comme les femmes de certains chefs participaient à certaines réunions importantes de la société et à la prise des décisions. Le plus souvent à l'absence de leurs époux. La femme était donc résolue aux travaux domestiques et champêtres, elle contribuait au bonheur de son mari et de la famille6, une sorte d'obéissance au rôle préétabli, selon la thèse Vétérino-testamentaire. Alors que l'homme était le pourvoyeur de revenus familiaux. Car le travail des activités génératrices de revenus lui revenait. Néanmoins, la femme n'était pas oppressée7.

Cependant, avec l'arrivée des européens la situation de la femme connaît une toute autre forme. Les femmes sont quasiment reléguées au second rang, alors que l'homme est au-devant de la scène. Car toute activité génératrice de revenus revient exclusivement à l'homme tandis que la femme s'occupe du foyer8. Certaines femmes sont faites domestiques, esclaves sexuelles, et d'autres sont faites épouses des colons. Car même le peu de pouvoir qu'elles avaient avant cette période a disparu. Même si quelques rares seront faites espionnes par l'administration au sein des communautés locales. C'est ainsi qu'ayant subi toutes ces vicissitudes, elles vont prendre conscience et lutter contre le colonialisme à travers des groupes de revendications et conduire avec les hommes, leurs territoires à l'indépendance.

Après l'indépendance, ces femmes vont devoir s'affirmer une fois de plus dans la société qui parfois est misogyne, voire phallocrate. La théorie féministe préconise la représentation de la femme au sein de la société, c'est dans cette logique que les femmes vont devoir lutter pour une représentation sociale, professionnelle au même titre que les hommes.

6 L. Second, La Sainte Bible, Nouveau testament, Printed for Bibles par Internet and GLIFA, 1910, pp.1146-1147.

7 H. Ngoa, Non, La femme africaine n'était pas opprimée, Yaoundé, Clé, 1975, p.35.

8 G. Mikelle, African feminism in subsaharan Africa, Philadelphia University of Pennsylvania, 1997, p.16.

149

Car les coutumes d'antan n'ont pas disparu, et font leur résurgence. Alors que les hommes préfèrent voir leur conjointe à la maison, cette dernière se réclame d'une compétence professionnelle pondérant celle de l'homme. Face à ces revendications perpétuelles, les Etats de l'Afrique centrale prennent conscience des pertes accusées par l'impéritie concédée à l'égard de la femme, d'où la nécessité de leurs accorder cette revendication sociale. Ces Etats vont ratifier et élaborer de nombreuses législations dans le cadre national, sous régional et international pour promouvoir la femme dans la CEMAC. Ce qui explique l'ascension des femmes sur le plan politique, économique et socioculturel, de surcroît le rôle important qu'elles jouent dans cette communauté.

Depuis la création de l'UDEAC, les femmes ont commencé à se mouler aux affaires de la communauté. Même si elles n'occupaient pas les postes stratégiques, elles occupaient des postes nobles9 et jouaient un rôle qui n'était pas différent de celui des hommes10. Elles ont intégré la sphère professionnelle qu'elles ont longtemps observé être occupée par les hommes. Toutefois, aucune loi pour les promouvoir dans l'UDEAC n'a été élaborée. Ce qui pourrait justifier l'absence de ces dernières à des postes clés depuis la création de l'institution.

Par ailleurs, les insuffisances de l'UDEAC conduisent à la création de la CEMAC en 1994. C'est ainsi que l'on aboutit au remplacement du Secrétariat Exécutif par la Commission de la CEMAC, sans omettre la création de nouvelles Institutions spécialisées dans cette communauté. Dès lors, la question du genre dans la CEMAC va se poser avec acuité. Les décideurs politiques de la CEMAC se retrouvent cette fois dans l'impératif d'inclure la question genre, les préoccupations concernant la femme dans leur agenda. Cependant, il faut noter que même si cette question était discutée dans les conférences de la communauté, aucune loi sur la question n'était réellement élaborée.

Aussi, depuis les années 1970, le statut et la place de la femme dans les sociétés ont connu des mutations. D'autant plus que l'ONU lance dans les années 1975-1985, la "Décennie pour la femme". Ce qui se traduit en 1975 avec la première conférence sur la femme à Pékin. Très peu nombreuses avant la fin des années 1960 ou réduit à des descriptions statiques et pittoresques d'une condition féminine immuable, les femmes vont émerger sous l'impulsion

9 Lucien Henry Ticky, 47 ans, Expert Principal CEMAC en circulation, entretien réalisé à la Représentation de la CEMAC au Cameroun à Yaoundé, le 15/10/2018.

10 Tableau des professionnels libéraux agréés de la comptabilité par le Comité de Direction de l'UDEAC, 31 juillet 1998, pp.5-17.

150

des mouvements féministes11. C'est dans cette perspective que la Communauté économique et monétaires des Etats de l'Afrique centrale va élaborer le Programme économique régional, une vision dans laquelle elle inclue la question genre, pour propulser le dynamisme féminin dans la sous-région. Cependant, dès la mise sur pied de la CEMAC, avec la question genre en actualité dans le monde, de nombreuses femmes vont occuper des postes importants, que ce soit dans les Organes ou les Institutions spécialisées de la CEMAC, (cf. chapitre II). C'est surtout à partir des années 2000 que la présence des femmes dans la Communauté s'accroit dans les différents Organes, les Institutions spécialisées, mais aussi dans d'autres structures partenaires de la CEMAC. Le rôle de la femme n'est plus indéniable à cet effet dans la communauté.

Par ailleurs, la première femme est nommée en 2011 à la tête d'une Représentation pays dans la CEMAC. Alors qu'en 2012, la vice-présidence de la Commission de la CEMAC connaît la présence d'une femme également. Il en est de même en 2017, avec la nomination de Fatima Haram Hacyl à la tête de la vice-présidence de la Commission de la CEMAC 12. C'est dans la même initiative que les autres structures partenaires de la CEMAC comme le REFAC, la Synergie jeunes et différentes autres associations dans lesquelles le rôle diplomatique des femmes pour l'avancement de la communauté n'est plus à démontrer, promeuvent l'expertise féminine. Cette promotion de la femme dans les différents pays de la CEMAC, les amène à prouver leur savoir-faire au-delà des frontières communautaires, d'où leur présence dans d'autres institutions internationales notamment l'Union africaine, l'ONU13.

Même s'il faut noter qu'à cause du caractère naturel attribué à ses tâches et de ses préoccupations, la femme africaine a longtemps été sous-estimée dans son rôle qu'elle peut jouer comme actrice dans la dynamique diplomatique entreprise par les Etats de la CEMAC. Ce d'autant plus que ce qui pourrait être considéré comme son apport est plus concentré dans les secteurs où l'enregistrement n'est pas de règle, et donc presque ignoré par les statistiques nationales, sous régionales et même internationales14, (dans le travail domestique, l'artisanat, l'agriculture, le commerce des vivres)15. C'est ainsi que le travail de la femme dans la sous-

11 F. Thébaud, "Les femmes", in Histoire de l'humanité, le XXe : De 1914 à nos jours, Volume VII, Londres, UNESCO, 2009, pp.208-230.

12 Lucien Henry Ticky, entretien.

13 Idem.

14 A. P. Temgoua, "Femme et intégration en Afrique centrale", in A. Daniel, J-M. Essomba, Als., Dynamiques d'intégration régionale en Afrique centrale, Tome 2, Yaoundé, PUY, 2001, pp.609-616.

15 Ibid.

151

région est mal apprécié aussi bien par les décideurs que par les populations elles-mêmes, très imprégnées des idées préconçues sur le rôle de la femme.

Cependant, de nombreux efforts consentis entre les Etats de la CEMAC donne une plus-value à la femme, ce qui lui permet de jouer un rôle aussi important que celui de l'homme dans les communautés économiques régionales, sous régionales comme la CEMAC. Toutefois, il est nécessaire de relever que le manque de législations pour promouvoir la femme dans la CEMAC, est l'un des principaux obstacles à son travail. Jusqu'à nos jours, le PER est le seul instrument qui a mis en exergue la question genre dans la communauté. Il n'existe véritablement pas encore d'instruments juridiques pour promouvoir l'égalité entre l'homme et la femme dans l'espace communautaire, peut-être dans le cadre de la législation onusienne.

Ceci pourrait être considéré comme une interpellation vis-à-vis des Etats membre pour la mise sur pied conjointe des lois pour promouvoir la femme et l'équilibre genre dans la CEMAC, afin de mettre un terme à des déséquilibres de représentation au sein des postes de responsabilité. Tout ceci devrait corroborer avec les lois nationales16. La CEMAC deviendra ainsi plus sensible aux questions relatives aux femmes et pourra apporter une assistance de qualité aux Etats membres dans l'intégration de la femme dans leurs plans nationaux et sous régionaux de développement et leurs budgets. La politique encouragera de surcroît la participation et la contribution des femmes dans tous les secteurs, comme partenaires de la dynamique diplomatique entreprise par la CEMAC17.

16 Jean Leonard Thierry Mbassi Ondigui, 47 ans, Historien, entretien réalisé au département d'Histoire, le 20/03/2019.

17 Julie-Diane Benita Djambo, 42 ans environ, Conseiller Economique et Commercial à l'Ambassade du Gabon au Cameroun, entretien réalisé à l'Ambassade du Gabon au Cameroun, le 20/06/2019.

ANNEXES

152

153

Annexe N° I : Guide d'entretien n°1

154

155

Annexe N° II : Guide d'entretien n°2

156

157

Annexe N° III : Traité instituant la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale

Le Gouvernement de la République du Cameroun Le Gouvernement de la République Centrafricaine

Le Gouvernement de la République du Congo

Le Gouvernement de la République Gabonaise

Le Gouvernement de la République de Guinée Equatoriale

Le Gouvernement de la République du Tchad

Conscients de la nécessité de développer ensemble toutes les ressources humaines et naturelles de leurs Etats membres et de mettre celles-ci au service du bien-être général de leurs peuples dans tous les domaines,

Résolus à donner une impulsion nouvelle et décisive au processus d'intégration en Afrique Centrale par une harmonisation accrue des politiques et des législations de leurs Etats,

Prenant acte de l'approche d'intégration proposée en UDEAC telle qu'inspirée par les Chefs d'Etat de l'OUA lors de la Conférence d'Abuja en juillet 1991,

Considérant la nouvelle dynamique en cours dans la Zone Franc, au demeurant nécessaire au regard des mutations et du recentrage des stratégies de coopération et de développement observés en Afrique et dur d'autres continents dont l'Europe,

Désireux de renforcer la solidarité entre leurs peuples dans le respect de leurs identités nationales respectives,

Réaffirmant leur attachement aux principes de liberté, de démocratie et de respect des droits fondamentaux des personnes et l'Etat de droit,

Décident de créer une «Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale», en abréviation CEMAC.

Article 1er - La mission essentielle de la Communauté est de promouvoir un développement harmonieux des Etats membres dans le cadre de l'institution de deux Unions : une Union Economique et une Union Monétaire. Dans chacun de ces deux domaines, les Etats membres entendent passer d'une situation de coopération, qui existe déjà entre eux, à une situation, susceptible de parachever le processus d'intégration économique et monétaire.

Article 2 - Les parties signataires décident du principe de création de quatre institutions rattachées à la Communauté celle-ci :

158

?? L'Union Economique de l'Afrique Centrale

?? L'Union Monétaire de l'Afrique Centrale

?? Le Parlement Communautaire,

?? La Cour de Justice Communautaire, comprenant une Chambre Judiciaire et une Chambre des

Comptes.

?? Les principaux organes de la Communauté sont :

?? La Conférence des Chefs d'Etat,

?? Le Conseil des Ministres,

?? Le Comité Ministériel,

?? Le Secrétariat Exécutif,

?? Le Comité Inter-Etats,

?? le Banque des Etats de l'Afrique Centrale,

?? La Commission Bancaire de l'Afrique centrale

?? L'Institution de Financement du Développement.

Article 3 - Les quatre Institutions citées à l'article 2 ci-dessus feront l'objet de Conventions

séparées, à annexer respectivement au présent Traité et dont elles feront intégralement partie. Les Statuts des organes cités ci-dessus et existant déjà, feront l'objet, si nécessaire de

modification par conventions séparées en vue de leur harmonisation avec les dispositions des Actes régissant la Communauté.

Article 4 - Le Parlement Communautaire, qui sera créé ultérieurement par une Convention séparée aura pour rôle essentiel de légiférer par voie de directives.

Article 5 - La Cour de justice Communautaire comporte deux Chambres : Un Chambre

Judiciaire et une Chambre des Comptes.

La Chambre Judiciaire assure le respect du droit dans l'interprétation et dans

l'application du présent Traité et des Conventions subséquentes.

La Chambre des Comptes assure le contrôle des comptes de l'Union.

La composition, le fonctionnement et le champ de compétence de chacune des deux Chambres sont contenus dans la Convention instituant l'Union Economique de l'Afrique

Centrale.

Article 6 - Tout autre Etat africain, partageant les mêmes idéaux que ceux auxquels les Etats

fondateurs se déclarent solennellement attachés, pourra solliciter son adhésion à la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale.

Source : CEMAC, Textes organiques, Yaoundé, Ed. Saagraph, Mai 1998.

159

Cette adhésion ne pourra intervenir qu'après accord unanime des membres fondateurs.

Toute adhésion ultérieure d'un nouvel Etat sera subordonnée à l'accord unanime des membres de la Communauté.

Article 7- Le présent Traité rédigé en un exemplaire unique en langues française, espagnole et anglaise, le français faisant foi en cas de divergence d'interprétation, entrera en vigueur dès sa ratification par tous les Etats signataires auprès de la République du Tchad, désignée comme Etat dépositaire de tous les Actes afférents à la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale.

Fait à N'Djamena, le 16 Mars 1994.

160

Annexe N° IV : Organigramme de l'UDEAC

Source : J. Touscoz, J. Lormand, Coopération scientifique et technique entre les Etats membres de l'UDEAC, Paris, Unesco, 1977

161

Annexe N° V : Extrait de la Convention sur l'Elimination de toutes les formes de

Discrimination à l'Egard des Femmes

(A.G. res. 34/180, 34 U. N. GAOR Supp. No. 46, à 193, U.N. Doc. A/34/46,
entrée en vigueur le 3 septembre, 1981)

Les États parties à la présente Convention,

[....]

Sont convenus de ce qui suit :

PREMIÈRE PARTIE Article 1

Aux fins de la présente Convention, l'expression "discrimination à l'égard des femmes" vise toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou l'exercice par les femmes, quel que soit leur État matrimonial, sur la base de l'égalité de l'homme et de la femme, des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine.

Article 2

Les États parties condamnent la discrimination à l'égard des femmes sous toutes ses formes, conviennent de poursuivre par tous les moyens appropriés et sans retard une politique tendant à éliminer la discrimination à l'égard des femmes et, à cette fin, s'engagent à :

a) Inscrire dans leur constitution nationale ou toute autre disposition législative appropriée le principe de l'égalité des hommes et des femmes, si ce n'est déjà fait, et assurer par voie de législation ou par d'autres moyens appropriés l'application effective du dit principe ;

b) Adopter des mesures législatives et d'autres mesures appropriées assorties, y compris des sanctions en cas de besoin, interdisant toute discrimination à l'égard des femmes ;

c) Instaurer une protection juridictionnelle des droits des femmes sur un pied d'égalité avec les hommes et garantir, par le truchement des tribunaux nationaux compétents et d'autres institutions publiques, la protection effective des femmes contre tout acte discriminatoire ;

d) S'abstenir de tout acte ou pratique discriminatoire à l'égard des femmes et faire en sorte que les autorités publiques et les institutions publiques se conforment à cette obligation ;

e) Prendre toutes mesures appropriées pour éliminer la discrimination pratiquée à l'égard des femmes par une personne, une organisation ou une entreprise quelconque ;

Source : Archives de la Représentation de la CEMAC au Cameroun

162

f) Prendre toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives, pour modifier ou abroger toute loi, disposition réglementaire, coutume ou pratique qui constitue une discrimination à l'égard des femmes ;

g) Abroger toutes les dispositions pénales qui constituent une discrimination à l'égard des femmes. Article 28

1. Le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies recevra et communiquera à tous les États le texte des réserves qui auront été faites au moment de la ratification ou de l'adhésion.

2. Aucune réserve incompatible avec l'objet et le but de la présente Convention ne sera autorisée.

3. Les réserves peuvent être retirées à tout moment par voie de notification adressée au Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, le quel informe tous les États parties à la Convention. La notification prendra effet à la date de réception.

Article 29

1. Tout différend entre deux ou plusieurs États parties concernant l'interprétation ou l'application de la présente Convention qui n'est pas réglé par voie de négociation est soumis à l'arbitrage, à la demande de l'un d'entre eux. Si, dans les six mois qui suivent la date de la demande d'arbitrage, les parties ne parviennent pas à se mettre d'accord sur l'organisation de l'arbitrage, l'une quelconque d'entre elles peut soumettre le différend à la Cour internationale de Justice, en déposant une requête conformément au Statut de la Cour.

2. Tout État partie pourra, au moment où il signera la présente Convention, la ratifiera ou y adhérera, déclarer qu'il ne se considère pas lié par les dispositions du paragraphe 1 du présent article. Les autres États parties ne seront pas liés par lesdites dispositions envers un État partie qui aura formulé une telle réserve.

3. Tout État partie qui aura formulé une réserve conformément aux dispositions du paragraphe du présent article pourra à tout moment lever cette réserve par une notification adressée au Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies.

Article 4

La présente Convention, dont les textes en anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe font également foi, sera déposée auprès du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies.

163

Annexe N° VI : Extrait du rapport de la 13eme session ordinaire de la conférence des chefs d'Etats de LA CEMAC au cours de laquelle des nominations ont été enregistrées à la cour de justice et à la cour des comptes de la CEMAC, parmi lesquelles on retrouve les femmes

164

Source : Archives de la Représentation de la CEMAC au Cameroun

165

Annexe N° VII : Rapport de la 33eme session ordinaire du conseil des ministres de L'UEAC au cours de laquelle une femme a été nommée fonctionnaire classe exceptionnelle

Source : Archives de la Représentation de la CEMAC au Cameroun

166

167

Annexe N° VIII : Exemple d'appel à candidature à un poste d'une institution spécialisée de la CEMAC : la CEBEVIRHA

Source : Archives de la Représentation de la CEMAC au Cameroun

168

169

Annexe N° IX : Extrait du statut des fonctionnaires de la CEMAC du 11 décembre 2009

170

2

Communauté ou CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale ;

Union ou UEAC : Union Economique de L'Afrique Centrale ;

Union Monétaire ou UMAC : Union Monétaire de l'Afrique Centrale ;

Etat membre : Tout Etat partie prenante au Traité de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, tel que prévu par son préambule ;

Fonctionnaire de la Communauté : Toute personne nommée et titularisée dans l'un des emplois permanents ouverts dans les services d'une Institution, d'un Organe ou d'une Institution Spécialisée de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale ;

Agent contractuel : Toute personne nommée et titularisée dans un emploi permanent relevant des classes HG à CIII tel que précisées à l'article 34 et à l'annexe du présent Règlement ;

Fonctionnaire du régime local : Toute personne nommée et titularisée dans un emploi permanent relevant des classes CIV à CVII des services généraux tel que précisées à l'article 35 et à l'annexe du présent statut ;

Organes : La Conférence des Chefs d'Etat, le Conseil des Ministres, le Comité Ministériel, la Commission, la Banque des Etats de l'Afrique Centrale, la Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale et la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale ;

Institutions : L'Union Economique de l'Afrique Centrale, l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale, le Parlement Communautaire, la Cour de Justice Communautaire et la Cour des Comptes Communautaire;

Les Institutions Spécialisées : Les Institutions Spécialisées de l'Union Economique de l'Afrique Centrale et les Institutions Spécialisées de l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale, sauf dispositions spéciales.

CHAPITRE II : OBJET

Article 2 : Le statut des fonctionnaires de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale a pour objet d'énoncer les principes généraux qui régissent le déroulement de la carrière des intéressés, notamment la politique de recrutement et d'administration qui s'applique à eux, ainsi que les droits et obligations de la Communauté et desdits fonctionnaires.

Sont exclus du champ d'application du présent Règlement, le Président, le Vice-Président et les Commissaires de la Commission, les Juges membres de la Cour de Justice Communautaire, les membres de la Cour des Comptes Communautaire, les Députés membres du Parlement Communautaire et les premiers responsables des Institutions, Organes et Institutions Spécialisées.

Article 3 : Les emplois de fonctionnaires sont ouverts aux ressortissants des Etats membres, sans distinction d'origine, de croyance ou de sexe.

171

Source : Archives de la Représentation de la CEMAC au Cameroun

172

Annexe N° X : Equipe dirigeante actuelle de la Commission CEMAC nommée en 2017

Source : Archives de la Représentation de la CEMAC au Cameroun

173

Annexe N° XI : Organigramme de la Commission de la CEMAC

Source : Archives de la Représentation de la CEMAC au Cameroun

174

SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

I. SOURCES

A. ARCHIVES

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- FOTRAC, 7ème édition, Kyé-Ossi, du 25 juin au 09 juillet 2016.

- FOTRAC, 9ème édition, du 25 juin au 09 juillet 2018.

- Journée internationale des jeunes de la CEMAC, objectif citoyen, le courrier de la SJ-

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- Liste des Participants à la 3eme Session ordinaire de la CRUROR/AC, Ndjamena

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- Rapport FOTRAC, 5ème édition, du 10 au 23 Juin 2014.

- Rapport FOTRAC, 7e édition du 25 juin au 9 juillet 2016 à Kyé-Ossi, frontière Cameroun-

Gabon-Guinée Equatoriale, 2016.

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- Règlement No 03/09-UEAC-007-CM-20 portant statut des fonctionnaires de la

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- Afrique Centrale, Dossier intégration, N°109.

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- Constitution camerounaise du 18 Janvier 1996.

- Constitution de la République Centrafricaine.

- La Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981.

- La constitution équato-guinéenne adoptée le 23 décembre 1990 et révisée en 2001.

- Loi constitutionnelle n° 1/1995 du 17 janvier 1995.

- Projet de la constitution de la République du Congo de 2002.

- Projet de modification de la constitution du Congo, Octobre 2015.

- Protocole à la charte africaine des droits l'homme et des peuples relatifs aux droits des

femmes.

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http://.dictionary-versonet/français.définition, consulté le 12/02/2019 à 9h20min.

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http://www.cemac.int/sites/default/files/ineditor/.pdf, consulté le 03/06/2018 à 13h10min. www.eied-cemac.org/-notes/statut_fonctionnaire8%20eied.html, consulté le 13/04/2019 à 8h25min.

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E. SOURCES ORALES

Noms et Prénoms

Ages

Qualités

Dates et lieux
d'entretiens

Baban Remy

36 ans environ

Vigil depuis 3 ans à la

Représentation de la CEMAC Cameroun

Représentation CEMAC au Cameroun, Yaoundé 31/05/2019

Claudine

23 ans

Etudiante camerounaise à l'ISSEA, 3èmeannée IAS

ISSEA, 10/05/2019.

177

Djambo Benita Julie-Diane

42 ans environ

Conseiller Economique et Commercial à l'Ambassade du Gabon au Cameroun

Ambassade du Gabon au Cameroun, 20/06/2019.

Djomo Carine

35 ans

Commerçante Camerounaise

Yaoundé, 25/06/2018.

Djoulaye Grégoire

25 ans

Etudiant tchadien à l'Université de Yaoundé II

Université de Yaoundé II, 23/10/2018.

Fadila Aramatou

22 ans

Etudiante tchadienne en 2eme année à l'Université de Yaoundé II en Science politique

Université de Yaoundé II, 25/01/2018.

Galloye née Iwandza Catherine

53 ans

Secrétaire particulier de

l'Ambassadeur de la République du Congo au Cameroun

Ambassade de la

République du Congo au Cameroun, 14/06/2019.

Grégoire Djoulaye

25 ans

Etudiant Tchadien à l'Université de Yaoundé II

Université de Yaoundé II, 23/10/2018.

Inès Fotsing,

70 ans

Ménagère,

Yaoundé, 22/09/2018.

Makemba Nadège

60 ans environ

Chef de service retraité au Ministère de la promotion de la femme et de la famille

Yaoundé, 25/01/2018.

Mebe Asoui Alexise Sabrina

24 ans

Etudiante camerounaise en 3eme année JAS à l'JSSEA

ISSEA, 10/05/2019.

Mebounou Marcelline

32 ans

Sous-directeur de la sous-direction Afrique au Minrex

Minrex, 24/01/2018.

Messi Nicolas

Marie Gaspar

52 ans

Assistant de la Représentante de la CEMAC au Cameroun

Représentation de la

CEMAC au Cameroun à Yaoundé, 23/01/2018

Mindang Anne

35 ans

Cultivatrice centrafricaine

Yaoundé, le 15 juin 2019.

Minlo Aba

35 ans

Agent CROPSEC

Yaoundé, 25/05/2018.

Nguema Etienne

38 ans

Administrateur civil au Gabon, participant de la Fotrac 2017.

Kyé-ossi, 25/06/2019.

Nguema Rafael

60 ans

Enseignant gabonais retraité

Kyé-Ossi, 25/06/2017.

178

Obasseliki Norbert

55 ans environ

1er Conseiller à l'Ambassade la République du Congo au Cameroun

Ambassade de la

République du Congo au Cameroun, 14/06/2019.

Obiang Cynthia

35 ans

Administrateur civil en Guinée Equatoriale

Kyé-Ossi, 25/06/2017.

Rondo Lemercier

24 ans

Etudiant centrafricain à l'ISSEA en 4eme année IAS

ISSEA, 14/02/2018.

Simpa Emile

23 ans

Etudiant togolais en 3eme année TSS à l'ISSEA

ISSEA, 14/02/2018.

Swana Berry

24 ans

Etudiant ressortissant de la RDC en 3eme année IAS à l'ISSEA

ISSEA, 14/02/2018.

Ticky Lucien Henry

47 ans

Expert Principal CEMAC en circulation

Représentation CEMAC au Cameroun, Yaoundé 15/10/2018.

Yahya Adoum Mahamat

59 ans

1er Secrétaire à l'Ambassade du Tchad au Cameroun

Ambassade du Tchad,

01/03/2018.

Mbassi Ondigui Jean Leonard Thierry

47 ans

Historien

Département d'Histoire,

20/03/2019.

F. THESES ET MEMOIRES

- Thèses

- Chendjou J.J., "Les bamilékés de l'ouest-Cameroun : pouvoir économique et société (1880-1916)", Thèse de doctorat 3e cycle en histoire, Université de Paris, 1986.

- Chouala Y. A., "Désordre et Ordre dans l'Afrique centrale actuelle : démocratisation, conflictualisation et transitions géostratégiques régionales", Thèse de doctorat 3e cycle en relations internationales, IRIC, 1999.

- Mbassi Ondigui J.L.T., "Les relations culturelles entre Etats de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (1959-2010)", Thèse de doctorat/Ph.D en histoire, Université de Yaoundé I, 2014.

- Ndjah Etolo E. V., "Dynamiques de genre et rapport de pouvoir au sein des couples salariés à hypogamie féminine : contribution à une sociologie de la vie conjugale en contexte urbain camerounais", Thèse de doctorat/ Ph.D en sociologie, Université de Yaoundé I, 2017.

179

- Mémoires

- Attadjoude D., "Le rôle des associations féminines dans la promotion de la femme de la région de l'Adamaoua : le cas du Réseau des Associations des Femmes de la Vina (RAFVI)", Mémoire de master en sociologie, Université de Yaoundé I, 2013.

- Bahoken Bekona H., "Les élections parlementaires dans la région du Mbam au Cameroun : Essai d'analyse historique de 1946 à 1992", Mémoire de master en histoire, Université de Yaoundé I, 2010.

- Beng E.M.V., "Gestion et participation du personnel féminin des forces de défense et de sécurité camerounaise aux opérations de Maintien de la Paix de 2000 à 2014, Mémoire de master professionnel en sociologie, Université de Yaoundé I, 2015.

- Ekotto Menye Ella, R. H., "Disparité de genre et accès des salarié(e)s) à la formation professionnelle continue au Cameroun : une approche comparée du secteur public et du secteur privé à Yaoundé", Mémoire de master en sociologie, Université de Yaoundé I, 2014.

- Elanga Mbamgono A.M.F., "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC", Mémoire de master en relations internationales, IRIC, 2012.

- Faka, V., "La BAD et le développement socioéconomique du Cameroun entre 1972 et 2010", Mémoire de master en histoire, Université de Yaoundé I, 2017.

- Foulda A., "Rapport de stage Académique au Ministère de l'action sociale, de la solidarité nationale du 16 Octobre 2013 au 31 septembre 2014", Master professionnel en sociologie, Université de Yaoundé I, 2014.

- Hekebereya S., "La coopération sectorielle en Afrique Centrale : le cas de la CEBEVIRHA (Commission Economique du Bétail, de la Viande et des Ressources Halieutiques)", Mémoire de master en relations internationales, IRIC, 2009.

- Koumba P.I., "L'intégration de la femme gabonaise dans le processus de développement", Mémoire de maîtrise en sociologie, 1979.

- Lepouma-Mapoba B., " La libre circulation des personnes et des biens dans la sous-région de l'Afrique Centrale", Mémoire de master en sciences politiques, Université de Yaoundé II, CREPS, 2012.

- Menye-Ella Ekotto R.H., "Disparités de genre et accès des salarié(e)s) à la formation professionnelle continue au Cameroun : Une approche comparée du secteur public et privé et du secteur privé de la ville de Yaoundé", Mémoire de master en sociologie, Université de Yaoundé I, 2014.

- Les périodiques camerounais

- Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 9126/5325, 34 e année, mercredi 25 Juin 2008.

180

- Nna J., "Sécurité et défense en Afrique centrale 1960-2009", Mémoire de master en histoire, Université de Yaoundé I, 2009.

- Ngartebaye E. L-Y., " La participation de la femme à la vie politique au Tchad : 19332003", Mémoire de maîtrise en sciences sociales, UCAC, 2003.

- Njingang F.E., "La Conférence de Beijing : impact sur l'intégration politique, économique et socioprofessionnelle de la femme au Cameroun", Mémoire de master en histoire, Université de Yaoundé I.

- Sommo Pende A., "l'intégration sous régionale en CEMAC à l'épreuve de la liberté de circulation des biens et des personnes", Mémoire de master en Gouvernance et politique publique, UCAC, 2010.

G. LES PERIODIQUES

- Les périodiques de la CEMAC

- Bulletin officiel CEMAC n° 1, République du Cameroun, République Centrafricaine,

République du Congo, République du Gabon, République de Guinée équatoriale,

République du Tchad, 2004.

- CEBEVIRHA Info, n° 003, Juin 2012.

- CPAC Info, Bulletin n° 006, Avril-Juin 2009.

- Echo de l'E.H. T-CEMAC, n° 002, Novembre 2011.

- Echos d'Aujourd'hui n° 15, CEMAC, Trimestriel, Edition CEMAC, Juillet 2005.

- Echos d'Aujourd'hui n° 16, CEMAC, trimestriel, Edition CEMAC, Août 2006.

- Hebdo Intégration, La tribune des communautés n° 260 du lundi 30 janvier 2017.

- Le Courrier de la SJ-CEMAC 1ère édition, 18 Septembre 2012.

- Le Magazine de l'OCEAC, n° 001, Novembre 2007.

- Le Magazine de l'OCEAC, n° 003, Juillet 2003.

- Le Relais de l'négation, n° 0006, Juin 2012.

- Vision CEMAC, n° 007, Septembre 2012.

- Vision CEMAC, n° 01, 28 décembre 2010.

- Vision CEMAC, publication de la CEMAC n° 003, 29 Octobre 2010.

- Vision CEMAC, publication de la CEMAC n° 005, Février 2012.

181

- Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 8993/5192, 34e année, vendredi 07 Décembre

2007.

- Mutations, n° 3163, 2012.

- Relais Intégration, n° 0006, Juin 2012.

- Régionale la Découverte, Juillet/Août, 2015.

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- Vincent J.F., Tradition et transition. Entretiens avec les femmes du Sud Cameroun, Paris,

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- Ouvrages méthodologiques

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- Bloch M., Apologie pour l'histoire ou métier d'historien, Paris, Armand Colin, 1952.

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- Braudel F., Ecrits sur l'histoire, Paris, Edition Flammarion, 1969.

- Frangnière J. P., Comment réussir un mémoire, comment présenter une thèse, comment rédiger un rapport, Paris, Dunod, 1986.

- Grawitz M., Méthode des sciences sociales, Paris, Dalloz, 11ème édition, 2001.

- Nda P., Méthodologie de la recherche, de la problématique à la discussion des résultats. Comment réaliser une thèse, un mémoire d'un bout à l'autre. Collection Pédagogie, Abidjan, Edition universitaire de Côte-d'Ivoire/ Université de Cocody, 2006.

- Prost A., Les douze leçons sur l'histoire, Paris, Le Seuil, 1996.

- Quivy R., Van Campenhoudt L., Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 4e édition, 2006.

B. ARTICLES

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- Avom D., "Intégration régionale dans la CEMAC : des problèmes institutionnels récurrents", in Afrique Contemporaine, n°222, 2007.

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C. DICTIONNAIRES

- Battistela D., al., Dictionnaire des Relations internationales, Paris, Edition Dalloz, 3e
Edition 2012.

- Pastoureau M., Dictionnaire des couleurs de notre temps, Paris, Hachette, 1991.

- Zézé Kalonji M. T., Dictionnaire des organisations interafricaines, lexique et textes,

Paris, Edition Girof, 1997.

187

TABLE DES MATIERES

DEDICACE i

SOMMAIRE ii

TABLE DES MATIERESREMERCIEMENTS iii

SIGLES, ACRONYMES, ABREVIATIONS iv

LISTE DES ILLUSTRATIONS vi

RESUME viii

ABSTRACT ix

INTRODUCTION GENERALE 1

1. Contexte et justification du sujet 1

2. Raisons de choix du sujet 2

3. Cadre géographique et chronologique 4

4. Définition des concepts 7

5. Cadre théorique 10

6. Intérêt de l'étude 15

7. Revue critique de la littérature 17

8. Problématique 23

9. Méthodologie 24

10. Difficultés rencontrées 26

11. Plan du travail 27
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA FEMME EN AFRIQUE CENTRALE ZONE

CEMAC ..28

A. RAPPEL HISTORIQUE 29

1. Situation de la femme à l'ère précoloniale 29

a. Le statut politico-juridique 29

b. La situation socio-économique 31

2. La femme à l'époque coloniale 34

a. Dans le domaine politico-juridique 34

b. Dans le domaine socio-économique 35

B. LA CREATION DE L'UDEAC ET LA PLACE RESERVEE AUX FEMMES 38

1. Présentation de l'UDEAC 38

a. Les objectifs de l'UDEAC 39

188

b. Organes et institutions spécialisées de l'UDEAC 40

2. La place réservée aux femmes à l'UDEAC 42

3. Quelques femmes et les postes occupés au sein de l'UDEAC 45

C. L'AVENEMENT DE L'ORGANISATION INTERNATIONALE SOUS

REGIONALE LA CEMAC 46

1. Objectifs, missions et principes de la CEMAC 48

a. Les Objectifs 48

b. Les principes 49

c. Les missions 50

2. Les organes et les institutions spécialisées de la CEMAC 51

a. Les organes 51

b. Les Institutions Spécialisées 52

CHAPITRE II : LE ROLE DE LA FEMME AU SEIN DE L'ORGANISATION

INTERNATIONALE SOUS REGIONALE LA CEMAC 54

A. LES LEGISLATIONS EN FAVEUR DES FEMMES DANS LA CEMAC 54

1. Les législations internationales ratifiées par les Etats de la CEMAC 54

2. Les législations nationales sur la femme 58

3. Les législations de l'Organisation Internationale sous régionale la CEMAC 64

B. DE LA CONTRIBUTION DIPLOMATIQUE DE LA FEMME 66

1. La femme sur le plan politique 67

a. Dans les domaines de la paix, la sécurité et la prévention des conflits en zone

CEMAC 67

b. Les femmes dans les grands débats et l'élaboration des directives politiques de la

Communauté 69

c. L'expertise féminine dans le cadre bilatéral pour un renforcement des relations

communautaires 72

2. Le rôle de la femme dans le volet économique 73

a. Dans l'agriculture 74

b. La pêche et l'élevage 76

c. Le secteur commercial : une étude à travers la foire transfrontalière 80

3. La femme dans le domaine socioculturel 82

a. Dans la santé 83

b. La femme dans l'éducation, l'enseignement et la formation 85

c. Dans le cadre du sport 88

d. Le domaine de l'art 90

189

C. LES MOYENS D'ACTION DE LA FEMME DANS LA CEMAC 92

1. Les groupes d'association : le REFAC et la Synergie Jeune-CEMAC (SJ-CEMAC) 93

a. Le REFAC comme moyen d'action des femmes de la CEMAC 93

b. La SJ/CEMAC 93

2. Des événements culturels et sportifs : la coupe de football CEMAC, la Coupe

d'Afrique des Nations de football et les foires communautaires 95

a. La coupe de football CEMAC et la Coupe des Nations de Football 96

b. Les activités culturelles, artistiques et le dynamisme des femmes dans la CEMAC 97

CHAPITRE III : LES LIMITES A L'ACTION DIPLOMATIQUE DE LA FEMME AU

SEIN DE LA CEMAC 101

A. LA CONJONCTURE COMMUNAUTAIRE ET LES LOIS DEFAVORABLES

AUX FEMMES 101

1. Les crises économiques 102

2. Les conflits frontaliers et internes aux Etats : cas de Boko Haram et du conflit

centrafricain 105

3. Les contraintes socioculturelles et les lois défavorables aux femmes 107

B. LES PROBLEMES GENERAUX A LA LIBRE CIRCULATION 113

1. Des barrières douanières, sanitaires et éducationnelles 113

2. Les décisions non appliquées 116

C. AUTRES FORMES DE DIFFICULTES 117

1. L'implication limitée du "gouvernement" de la CEMAC à la cause des femmes .. 117

2. Le manque de Fonds et de volonté politique des Etats membres 118

CHAPITRE IV : BILAN DE LA CONTRIBUTION DIPLOMATIQUE DE LA FEMME AU SEIN DE L'ORGANISATION INTERNATIONALE SOUS REGIONALE LA

CEMAC 120

A. DES REALISATIONS DIPLOMATIQUES DE LA FEMME DANS LA CEMAC,

ENJEUX DE LEUR PRESENCE DANS DES POSTES DE REPONSABILITE . 120

1. Au sein de la Commission et des Représentations-pays 120

2. Des Institutions spécialisées 126

3. Les autres structures partenaires de la CEMAC. 130

a. Cas de la Synergie Jeune-CEMAC 130

b. Cas du REFAC et de la FOTRAC 131

B. L'IMPACT DES REALISATIONS DIPLOMATIQUES DES FEMMES DANS LA

CEAMC, 134

1. La prise de grandes décisions et la réforme des politiques communautaires 134

190

2. La promotion de l'intégration économique dans la CEMAC et le vivre ensemble ...136

C. DES PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE PROMOTION DE LA FEMME

DANS LA CEMAC 137

1. Des mesures institutionnelles 137

2. Dans le cadre juridique 139

3. Des mesures dans le cadre sociopolitique 141

CONCLUSION GENERALE 147

ANNEXES 152

SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 174






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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway