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Strategie pour une gestion durable des forêts au Senegal - pressions exercées sur les forêts et stratégie de gestion forestière dans un contexte de changement climatique: cas des forêts de Casamance au Sénégal


par Abdoul Aziz Sy DIOUF
Le Mans Université - Master gestion des territoires et développement local 2023
  

Disponible en mode multipage

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LE MANS UNIVERSITE

MASTER GESTION DES TERRITOIRES ET DEVELOPPEMENT LOCAL

Parcours

TRANSITION ECOLOGIQUE, DECHETS ET ECONOMIE CIRCULAIRE

EN AFRIQUE

THÈME DE MEMOIRE

Présenté et soutenu par :
M. DIOUF Abdoul Aziz Sy

Professeur référent et Directeur de mémoire : M. TSAYEM DEMAZE Moïse

Septembre 2023

1

REMERCIEMENTS

Ce travail est l'aboutissement d'un long cheminement scolaire qui a nécessité de la part de
nombreuses personnes des sacrifices pour notre personne et qu'il nous fait plaisir de remercier

!!!!!!!!!!!!

Nous exprimons nos remerciements et notre profonde gratitude à Monsieur Moïse TSAYEM
DEMAZE, Responsable pédagogique du parcours Transition écologique, déchets et économie
circulaire en Afrique (TREDECA) et Directeur de mémoire pour sa disponibilité, ses conseils, ses
suggestions et recommandations, sa participation active, l'encadrement et l'assistance durant toute la
période de formation et de la réalisation de ce document.

!!!!!!!!!!!!!!!!

Nos remerciements vont également à l'endroit de ma femme Madame DIOUF Aissatou Kany pour ses conseils et assistance, son soutien moral et ses encouragements durant toute la période de formation.

!!!!!!!!!!!!!!!!

!!! A tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réussite de ce document !!!

2

SOMMAIRE

Sigles et abréviations 6

INTRODUCTION 9

CHAPITRE 1 : CONTEXTE, PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE 14

I. CONTEXTE DE L'ETUDE 14

II. PROBLEMATIQUE 18

III. OBJECTIF GENERAL DE L'ETUDE 28

IV. METHODOLOGIE 28

1. Revue bibliographique 28

2. Recueil des données 29

3. Outils de collecte de données 30

4. Traitement et analyse des données, et rédaction du document 30

CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA ZONE CONCERNEE PAR L'ETUDE 31

I. Présentation du Sénégal et de la région de Casamance 31

1. Brève présentation du Sénégal 31

1.1. Données physiques 31

1.2. Données climatologiques 31

1.3. Données hydrographiques 31

1.4. Données démographiques 32

1.5. Caractéristiques socio-démographiques 32

2. Présentation de la région de Casamance 32

II. Les ressources végétales au Sénégal et les forêts casamançaises 36

3

CHAPITRE 3 : GESTION ET GOUVERNANCE DES RESSOURCES FORESTIERES AU

SENEGAL 39

I. Cadres politique, juridique et institutionnel de la gestion des ressources forestières 39

1. Cadre politique de la gestion des ressources forestières 39

1.1. Le Plan Directeur de Développement Forestier (PDDF) 41

1.2. Plan d'Action Forestier du Sénégal (PAFS) 41

1.3. Plan National d'Action pour l'environnement (PNAE) 42

1.4. Programme d'Action Nationale de Lutte contre la Désertification (PAN/LCD) 42

1.5. Lettre de Politique Sectorielle de l'Environnement (LPSE) 43

1.6. La Stratégie Nationale et Plan Nationale d'Actions pour la Conservation de la

Biodiversité (SPNAB) 44

1.7. Loi d'Orientation Agro-sylvo-pastorale (LOASP) 45

1.8. Politique Forestière du Sénégal 2005-2025 (PFS) 46

1.9. Plan Sénégal Emergent (PSE) 47

2. Cadre juridique régissant la gestion des ressources forestières 48

3. Cadre institutionnel de la gestion des ressources forestières 51

3.1. L'administration centrale 51

3.2. L'administration déconcentrée 55

3.3. Le niveau décentralisé 56

3.3.1. Les collectivités territoriales 56

3.3.2. Les agences de développement 57

II. Evolutions de la gouvernance des ressources forestières au Sénégal 58

1.

4

Approches et bref historique de la gouvernance forestière 58

2. Différents acteurs de la gouvernance forestière 61

2.1. Les acteurs étatiques de la gouvernance forestière 62

2.1.1. Les niveaux central et déconcentré 62

2.1.2. Le niveau décentralisé 63

2.2. Les acteurs non étatiques de la gouvernance forestière 64

III. Outils de gouvernance forestière 66

1. Les conventions locales 66

2. Les conventions locales et la gestion des ressources naturelles 67

CHAPITRE 4 : ANALYSE ET DISCUSSION 69

I. Analyse des pressions exercées sur les forêts en Casamance 69

1. Identification des différentes pressions sur les forêts casamançaises 69

2. Les causes et les conséquences de la déforestation et de la dégradation des forêts en

région casamançaise 70

2.1. Les principales causes de la dégradation et de la déforestation en Casamance 70

2.2. Les conséquences de la dégradation et de la déforestation en Casamance 71

II. Analyse de la stratégie de gestion forestière mise en oeuvre 72

III. Recommandations en faveur de l'amélioration de la stratégie pour une gestion durable

des forêts en Casamance 73

CONCLUSION 75

BIBLIOGRAPHIE 76

TABLE DES MATIERES 89

Liste des figures

Figure 1 : Répartition mondiale des forêts par domaine climatique 10

Figure 2 : Hausses et reculs de la surface forestière mondiale par région de 1990 à 2020 16

Figure 3 : Taux annuel d'expansion de la forêt et de déforestation de 1990 à 2020 19

Figure 4 : Bois abattu illégalement par des individus 23

Figure 5 : Bois saisit par les agents des eaux et forêts 23

Figure 6 : Importations chinoises de grumes et de sciages de bois de rose en provenance des pays de la

CEDEAO, 2015 24

Figure 7 : Marché de Sare Bodjo, à un kilomètre à l'intérieur de la Gambie 25

Figure 8 : Situation géographique de la région naturelle de la Casamance 33

Figure 9 : Carte des trois régions administratives de la Casamance 34

Figure 10 : Grands domaines de peuplements végétaux 37

Figure 11 : Perte de couverture forestière dans la région de Ziguinchor 38

Figure 12 : Frise chronologique de l'évolution de la politique de gestion des ressources forestières au

Sénégal 40

Figure 13 : Frise chronologique de l'évolution des approches dans le secteur forestier au Sénégal 60

Figure 14 : Graphe des acteurs de la gouvernance forestière et relations entre acteurs 61

5

6

Sigles et abréviations

ADL : Agence de Développement Local

ADM : Agence de Développement Municipal

AFP : Agence France-Presse

AGM : Africa Green Magazine

ANEV : Agence Nationale des Ecovillages

ANGMV : Agence Nationale de la Grande Muraille Verte

ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

ARD : Agence Régionale de Développement

ASRGMV : Agence Sénégalaise de Reforestation, de la Grande Muraille Verte

CADL : Centre d'Appui au Développement Local

CDB : Convention sur la Diversité Biologique

CDD : Commission du Développement Durable des Nations unies

CDDC : Convergence pour le Désenclavement et le Développement de la Casamance

CDN : Contribution déterminée au niveau National

CEA : Commission Economique pour l'Afrique

CEDEAO : Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest

CFA : Colonies Françaises d'Afrique

CILSS : Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel

CIRAD : Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le

Développement

CNDD : Commission Nationale pour le Développement Durable

CONSERE : Conseil Supérieur des Ressources Naturelles et de l'Environnement CSE : Centre de Suivi Ecologique

7

CNULCD : Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification

DAMCP : Direction des Aires Marines Communautaires Protégées

DEEC : Direction de l'Environnement et des Etablissements Classés

DEFCCS : Direction des Eaux et Forêts, Chasses et de la Conservation des sols

DFVP : Direction des Financements Verts et des Partenariats

DIRPA : Direction de l'Information et des Relations publiques des Armées

DPN : Direction des Parcs Nationaux

DPVE : Direction de la Planification et de la Veille Environnementale

EHCVM : Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages

FAO : Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture

FMI : Fonds Monétaire International

GIEC : Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat

GIZ : Agence de coopération internationale allemande pour le développement

GMV : Grande Muraille Verte

HAL-LMU : Hyper Article en Ligne - Le Mans Université

IFN : Inventaire Forestier National

IPAR : Initiative Prospective Agricole et Rural

IREF : Inspection Régionale des Eaux et Forêts

IRD : Institut de recherche pour le développement

LMU : Le Mans Université

LOASP : Loi d'Orientation Agro-sylvo-pastorale

LPSD : Lettres de Politiques Sectorielles de Développement

LPSE : Lettre de Politique Sectorielle de l'Environnement

MEDD : Ministère de l'Environnement et du Développement Durable

MEPN : Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature

MEPNBRLA : Ministère de l'Environnement, de la Protection de la Nature, des Bassins de

Rétention et des Lacs Artificiels

MFDC : Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance

ODD : Objectifs de Développement Durable

OIBT : Organisation Internationale des Bois Tropicaux

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PAFS : Plan d'Action Forestier

PAN/LCD : Programme d'Action Nationale de Lutte Contre la Désertification

PDDF : Plan Directeur de Développement Forestier

PFS : Politique Forestière du Sénégal

PNAE : Plan National d'Action pour l'Environnement

RdS : République du Sénégal

SPNAB : Stratégie Nationale et Plan Nationale d'Actions pour la Conservation de la

Biodiversité

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature USAID : Agence des Etats-Unis pour le développement international

8

9

INTRODUCTION

Les pressions opérées par nos sociétés et leur mode de fonctionnement économique mondialisée sont aujourd'hui à l'origine d'importants processus de dégradation et de disparition des ressources forestières à l'échelle mondiale et des changements climatiques observés partout dans le monde (Naturefrance, 2022). Avec le phénomène de mondialisation qui expose les forêts à la pression des marchés internationaux, l'adaptation des territoires aux changements environnementaux devient d'autant plus cruciale que s'accélèrent et s'accentuent les bouleversements climatiques. En effet, après la seconde guerre mondiale marquée par la période de reconstruction et des changements profonds impulsés par le phénomène de l'industrialisation, trois grands espaces de déforestation active se dégagent dans le monde : l'Amazonie en Amérique du Sud, l'Afrique équatoriale et la zone Malaisie/Indonésie en Asie (FAO, 2006)1. Aujourd'hui, l'Afrique est le seul continent où la déforestation et la dégradation des forêts se poursuivent à un rythme alarmant avec une progression la plus rapide au monde, d'après le dernier rapport d'évaluation des ressources forestières mondiales de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO, 2020).

Selon le rapport de mission « Protection des forêts tropicales et de leur biodiversité contre la dégradation et la déforestation », la crise forestière mondiale est avant tout une crise de surconsommation liée principalement aux activités humaines (Le Guen, 2010). La mondialisation économique a entrainé une consommation excessive des ressources naturelles, engendré des pollutions de l'environnement et une destruction encore plus accélérée des ressources déjà surexploitées notamment les ressources forestières. Bien qu'elles soient des ressources inégalement réparties géographiquement sur le globe, les forêts du monde couvrent une superficie totale estimée à 4,06 milliards d'hectares, correspondant à 31% de la superficie terrestre mondiale, d'après les résultats d'évaluation des ressources forestières mondiales (FAO, 2020)2. L'Europe y compris la Russie héberge le 1/4 de la superficie forestière mondiale. S'en suivent l'Amérique du Sud (21%), l'Amérique du Nord et centrale (19%), l'Afrique (16%), l'Asie (15%) et l'Océanie (5%). Plus de la moitié soit précisément 54% des forêts mondiales se trouvent localiser exclusivement dans cinq pays (Russie, 20% ; Brésil, 12% ; Canada, 9% ; USA, 8% ; Chine, 5%) et on estime qu'environ 45% de la superficie forestière mondiale sont occupées par les forêts tropicales en 2020.

1 FAO, Rapport d'évaluation des ressources forestières mondiales « Résultats principaux de FRA 2005 »

2 FAO, Rapport d'évaluation des ressources forestières mondiales « Résultats principaux de FRA 2020 »

10

Figure 1 : Répartition mondiale des forêts par domaine climatique 3

Les forêts mondiales ont longtemps joué un rôle primordial dans la création des microclimats et la régulation du climat du globe terrestre. On distingue les forêts primaires communément appelées forêts vierges ou anciennes (ou encore originelles) hébergeant généralement d'immenses arbres centenaires, des forêts secondaires constituées davantage d'arbres de plus petites tailles et jeunes. Les forêts primaires structurellement plus intactes et complexes par rapport aux secondaires, fournissent en plus de la préservation de la biodiversité, de nombreux services écosystémiques (maintien et protection des sols et de la qualité des eaux, séquestration du carbone...). Les forêts secondaires sont des forêts victimes de perturbations profondes et offrent également des services écosystémiques (épuration des eaux, fournir des produits forestiers, protection des sols contre l'érosion, stockage du carbone...). D'après le rapport du Global Forest Watch sur l'état des forêts tropicales du monde, les forêts tropicales primaires permettent de stocker plus de carbone en comparaison avec les autres forêts et procurent un habitat à une biodiversité riche et très rare (Global Forest Watch, 2020). Selon le Directeur du

3 Source : FAO, Rapport d'évaluation des ressources forestières mondiales 2020.

11

Département des affaires internationales au Ministère néerlandais de l'agriculture, de la nature et de la qualité de l'alimentation, des études réalisées par la FAO ont montré que les forêts emmagasinent d'énormes quantités de carbone et on estime actuellement plus de 1000 milliards de tonnes de carbone stockées par les forêts et les sols forestiers mondiaux, soit l'équivalent de 2 fois plus que le volume présent dans l'atmosphère (Hoogeveen, 2007).

D'après les résultats de l'étude intitulée « Cartes mondiales des flux de carbone forestier du XXIe siècle » publiés dans la revue Nature Climate Change, les forêts mondiales ont absorbé 2 fois plus de gaz qu'elles n'en ont émis sur la période allant de 2001 à 2019 (Férard, 2021). Chaque année, elles ont en moyenne consommé 16 milliards de tonnes de CO2 annuellement contre 8,1 milliards de tonnes libérées du fait de la déforestation et d'autres perturbations (Harris et al., 2021). La destruction de ces forêts se traduit par une réduction de la capacité de l'écosystème mondial à stocker du carbone, donc moins de CO2 absorbé et inversement une augmentation de l'effet de serre, cause principale du réchauffement climatique de la planète. Depuis 2002, plus de la moitié des destructions de ressources forestières tropicales sont enregistrées dans les forêts localisées dans la région amazonienne ou dans ses environs immédiats (Krogh, 2021). Selon l'ONG Rainforest Foundation Norway, l'exploitation des ressources forestières et la conversion des terres notamment pour des besoins de productions agricoles ont réduit à néant 34% des forêts tropicales humides primaires et conduit à la dégradation, la destruction partielle ou complète puis à leur remplacement par des forêts secondaires de plus de 30% des forêts tropicales primaires, les rendant plus vulnérables aux feux de forêt ou à des potentielles exploitations ultérieures.

La superficie forestière mondiale ne cesse de diminuer au fil des années et les pertes de forêts dans le monde sont énormes, même si toutefois le taux de perte forestière nette a significativement depuis les années 90 grâce au recul du rythme de la déforestation dans certaines régions et à l'augmentation de la superficie forestière relative aux reboisements et à l'expansion naturelle forestière, d'après le rapport de l'Organisation mondiale de l'alimentation et l'agriculture sur l'évaluation des ressources forestières mondiales (FAO, 2020). Selon le même rapport, les pertes enregistrées à l'échelle mondiale depuis l'année 1990 ont atteint près de 178 millions d'hectares de couvertures forestières, avec des taux annuels de perte forestière nette respectifs de 7,8 millions d'hectares durant la décennie 1990-2000, 5,2 millions entre 2000 à 2010 et 4,7 millions sur la période 2010-2020 (FAO, 2020). L'agriculture est à l'origine de près de 80% de la déforestation ; les 20% restants étant attribués par importance respectivement accordée avant tout à l'industrialisation et la construction d'infrastructures notamment les

12

routes et les barrages, ensuite aux activités minières et dernièrement à l'urbanisation, si on se réfère sur les données du rapport de l'Organisation sur la situation des forêts du monde (FAO, 2016)4.

Au Sénégal, les formations forestières essentiellement représentées par les forêts claires, les forêts galeries et les forêts denses sèches sont généralement localisées dans la partie Sud du territoire. De 1965 à l'année 2000, les superficies des forêts ont progressivement reculées, passant respectivement de 4,4% du territoire sénégalaise à 2,6% (Tappan et al., 2004). D'après le Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), les forêts claires, les forêts galeries et les savanes ont connu une importante baisse en termes de superficie, avec une diminution de près de 12 000 km2 entre 1975 et 2013 (Solly et al., 2021). Par ailleurs, une dégradation forestière très avancée et une forte diminution de la couverture végétale ont été constatées entre 1987 et 2018 dans la partie Sud du pays, en région casamançaise d'après les enquêtes réalisées dans le cadre d'une étude sur le suivi de la déforestation par télédétection haute résolution en Haute Casamance dirigée par des chercheurs du département de géographie de l'Université de Ziguinchor (Solly et al., 2018). De plus, l'étude avance que les principaux facteurs à l'origine de ces phénomènes de déforestation et dégradation forestière tournent autour des défrichements agricoles, des nombreux feux de brousse, des coupes démesurées ou non contrôlées de bois, l'augmentation de la population et les variations de la pluviométrie.

Logiquement quand les forêts sont surexploitées, détruites ou incendiées, elles deviennent elles-mêmes une source de gaz à effet de serre (Sremski, 2022). Tout compte fait, la destruction des forêts est synonyme d'émission de milliards de tonnes de dioxyde de carbone chaque année dans notre atmosphère. Aujourd'hui, il est nécessaire d'empêcher cette libération de gaz dans l'atmosphère pour lutter contre le réchauffement climatique, de protéger le patrimoine naturel forestier, le patrimoine naturel mondial et l'environnement. Cette présente étude s'intéresse de façon générale à la gestion durable des ressources forestières en Afrique, plus particulièrement au Sénégal. Elle cherche à traiter les différentes pressions exercées sur les vastes forêts de la région naturelle de la Casamance au Sénégal et à proposer des solutions réalistes efficaces en faveur d'une stratégie efficaces pour une gestion durable des forêts casamançaises. Pour ce faire, l'étude tente dans un premier temps d'aborder les cadres politique, juridique et institutionnel régissant la gestion des ressources forestières et l'évolution de la gouvernance forestière après un brève présentation de la zone concernée par la présente étude. Ensuite, elle

4 FAO, Rapport sur la situation des forêts du monde, 2016.

s'oriente vers l'identification et l'analyse des différentes pressions exercées sur les forêts de la région de Casamance, les principales causes et les conséquences découlant de ces différentes pressions. Enfin, elle cherche à préconiser des solutions visant à améliorer la stratégie pour une gestion durable des forêts après avoir analysé la stratégie mise en oeuvre et identifier les principales contraintes auxquelles elle est confrontée.

13

14

CHAPITRE 1 : CONTEXTE, PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE

I. CONTEXTE DE L'ETUDE

De nos jours, le changement climatique notamment les questions sur le réchauffement climatique et les problématiques liées à la déforestation et de la dégradation des forêts dans les débats environnementaux qui animent en permanence la vie politico-sociale sont autant de sujets d'actualités internationales et occupent le devant de la scène mondiale. La déforestation et la dégradation des forêts sont aujourd'hui d'importants facteurs des changements climatiques et de la perte de biodiversité forestière, deux des plus grands défis environnementaux majeurs actuels auxquels l'humanité est confrontée. On estime à l'échelle mondiale à 420 millions d'hectares de forêts la perte forestière imputée à la déforestation entre 1990 et 2020, en majorité celle due à l'essartage pour l'agriculture (FAO, 2020). Selon une étude parue sur la revue Science et portant sur la classification des moteurs de la perte mondiale des forêts, on estime à l'échelle mondiale à près de 5 millions d'hectares, les pertes annuelles de forêts entre les années 2001 et 2015 (Curtis et al., 2018).

L'expansion de l'agriculture constitue la cause directe d'environ 80% de la déforestation mondiale (Kissinger, Herold et De Sy, 2012), avec des variations importantes selon les régions du monde. Près de 60% des forêts sont dégradées dans le monde. Selon l'indice Forest Landscape Integrity, révélé dans une étude publiée en décembre 2020 dans la revue Nature Communications, les forêts mondiales ont tellement été dégradées que seulement 40% sont considérées comme ayant une haute intégrité écologique c'est-à-dire celles caractérisées par des niveaux élevés de biodiversité, des services écosystémiques de haute qualité et une forte résilience au changement climatique (Grantham et al., 2020). Plusieurs travaux de recherches, divers rapports de société civile voir même des discours politiques sont de plus de plus orientés vers les thématiques relatives à la dégradation des ressources forestières et la déforestation (Capel, 20155 ; Cirad, 20206 ; Jacque, 20227 ; Tsayem-Demaze, 20108 ; Hasan, 20199 ; Bakehe, 202010). Les causes sous-jacentes de ces processus de dégradation et de déforestation sont

5 Rapport technique 2015 sur Agents et causes de la déforestation et dégradation dans les sites pilotes du projet

6 Pourquoi les politiques actuelles de lutte contre la déforestation sont-elles vouées à l'échec ? Plaidoyer 2020.

7 Discours à la COP27 du Président Lula sur la déforestation en Amazonie, Article Les Echos. 2022.

8 Éviter ou réduire la déforestation pour atténuer le changement climatique : le pari de la REDD. 2010

9 Évaluation de la dégradation des forêts primaires par télédétection dans un espace de front pionnier consolidé d'Amazonie orientale (Paragominas), Thèse de doctorat 2019.

10 L'effet de la démocratie sur la dégradation de l'environnement : le cas de la déforestation dans le bassin du Congo, Article 2020.

15

surtout liées aux formes d'agriculture et d'industrie minières adoptées par les sociétés à travers leurs modes de fonctionnement économique mondialisé (Lanly, 2003).

Dans le bassin de l'Amazonie par exemple, les barrages et routes transamazoniennes, les politiques de colonisation menée par le gouvernement brésilien et les incitatifs économiques, ont été les premières causes de la déforestation (Beliveau, 2008 et Smouts, 2001). L'étude réalisée par Smouts « La déforestation. Un débat sans conclusion »11, dans "Forêts tropicales, jungle internationale" apparaît comme la plus pertinente expliquant les causes de la déforestation à l'échelle mondial selon l'avis de Paul Leadley, écologue à l'université Paris-Saclay. Par ailleurs, les facteurs de la déforestation sont multiples et diffèrent selon les continents et les régions du monde, d'une zone géographique à une autre. En Afrique et plus particulièrement en Afrique subsaharienne, les activités agricoles notamment l'agriculture de subsistance et l'agriculture commerciale ont principalement été de loin la cause majeure du défrichement des grandes forêts de la région, mais aussi l'exploitation forestière industrielle et le commerce de bois (FAO et al., 2015)

Les forêts tropicales d'Afrique et d'Amérique ont depuis longtemps subi des pressions dues à la colonisation par l'exportation des ressources forestières africaines considérées avant comme des ressources inépuisables, et le déboisement anarchique du bloc amazonien sous l'effet des activités humaines. A partir de l'année 2000, c'est dans la zone sud-américaine où les pertes annuelles nettes de forêts les plus élevées ont été enregistrées avec près de 4,3 millions d'hectares sur les cinq premières années selon le rapport 2020 sur l'évaluation des ressources forestières mondiales de l'Organisation mondiale pour l'alimentation et l'agriculture. Toutefois sur la période de la dernière décennie 2010-2020, l'Afrique se démarque et présente le taux annuel net de perte forestière le plus élevé évalué à 3,9 millions d'hectares contre 2,6 millions de la région sud-américaine qui arrive en deuxième position, tandis que l'Asie affiche sur la même période le gain net de superficie forestière le plus important (FAO, 2020)12.

11 Dans Forêts tropicales, jungle internationale. Les revers de l'écopolitique mondiale, 2001.

12 FAO, Rapport d'évaluation des ressources forestières mondiales « Résultats principaux de FRA 2020 »

16

Figure 2 : Hausses et reculs de la surface forestière mondiale par région de 1990 à 2020

Phénomène inquiétant en nette progression, la déforestation est devenue aujourd'hui une réalité préoccupante et pose soucis dans beaucoup de pays du monde notamment et plus particulièrement en Afrique où les forêts sont particulièrement vulnérables aux changements globaux. L'Afrique héberge le second massif de forêt dense tropicale humide au monde d'après les résultats d'une étude de l'IRD et du CIRAD, publiés dans la revue Nature en 202113. En outre, elle constitue l'unique continent abritant le seul puits de carbone encore important si on considère les trois principales zones de forêts tropicales de la planète à savoir le bassin de l'Amazone, le bassin du Congo et l'Asie du Sud-Est (Harris et Gibbs, 2021). Les forêts tropicales constituent les écosystèmes les plus importants en terme de séquestration du carbone. La biomasse considérable leur permet d'absorber 50% de carbone de plus que les autres forêts, jouant ainsi un rôle essentiel dans la régulation du climat.

Les forêts sont des formations végétales constituées d'arbres plantés ou spontanés, aux cimes jointives ou peu espacées, dominant souvent un sous-bois arbustif ou herbacé. Espace couvert par ce type de végétation. Massif boisé d'au moins 4 ha avec une largeur moyenne en cime d'au moins 25 mètres ; des classes de superficie peuvent être distinguées : 4 à 25 ha, 25 à 100, etc... (Définition de l'IFN14). Ce sont des terres occupant une superficie de plus de 0,5 hectare avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à 5 mètres et un couvert forestier de plus de 10%,

13 IRD et CIRAD, Des forêts d'Afrique centrale particulièrement vulnérables aux changements globaux, 2021.

14 Inventaire Forestier National

17

ou avec des arbres capables de remplir ces critères (FAO). Couramment, nous en distinguons deux grands types : les forêts primaires et les forêts secondaires. Les forêts primaires sont des forêts vierges, qui sont restées identiques au fils des siècles sans être transformées par la présence de l'homme. Elles sont formées d'espèces indigènes où aucune trace d'activité humaine n'est clairement visible et où les processus écologiques ne sont pas sensiblement perturbés. Les forêts secondaires, par opposition aux primaires, sont des forêts qui ont repoussées, en une ou plusieurs phases après avoir été détruites et/ou exploitées par l'homme. Autrement dit, ce sont des forêts qui se sont régénérées là où des forêts primaires ont disparu sous l'impact sous l'effet de phénomènes naturels ou des activités anthropiques.

"Les forêts représentent un "puits de carbone" qui absorbe une quantité nette de 7,6 milliards de tonnes de CO2 par an, soit 1,5 fois la quantité émise annuellement par les Etats-Unis", d'après une étude sur les émissions et absorption de CO2 des forêts mondiales et réalisée par deux chercheurs pour le Global Forest Watch (Harris et Gibbs, 2021). Comparables à un poumon, les forêts assurent de nombreuses fonctions essentielles voir vitales dont les quatre principales tournent autour de la production de bois (bois d'oeuvre, bois-énergie, bois industrie), la préservation de la biodiversité et des fonctionnalités écologiques, la fonction sociale (activités de loisirs, tourisme, paysage, bien-être des populations) et la protection contre les risques naturels (crues, avalanches, chutes de blocs rocheux, érosion des sols, glissement de terrains). Les forêts mondiales sont liées de façon étroite au changements climatique, d'autant plus qu'elles sont à la fois une cause, l'une des premières victimes et également l'une des réponses pour atténuer les effets du changement climatique.

Elles contribuent à atténuer le changement climatique à travers trois processus plus connus sous le principe des « 3 S » : la Séquestration du carbone par les arbres, le Stockage du carbone dans les produits bois, et la Substitution dès lors que le bois se substitue à d'autres matériaux ou énergies plus émetteurs en carbone (Valade et Bellassen, 2020). De plus en plus, il est de toute évidence manifeste que des fortes pressions sont exercées sur les ressources forestières dans les pays des « Suds » d'Afrique notamment au Sénégal et que les changements climatiques ont des effets sur la répartition et la composition des forêts. Il apparait donc nécessaire de mettre en place des solutions concrètes pour apporter une réponse aux pressions accrues qui s'exercent sur les forêts notamment la pression de déforestation, de mettre en oeuvre des stratégies forestières efficaces visant à réduire les fortes pressions exercées sur les forêts et concourant à adapter les forêts aux nouvelles conditions climatiques.

18

La gestion durable des forêts permet de garantir la diversité biologique de ces dernières, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité de satisfaire, actuellement et pour l'avenir, les fonctions économiques, écologiques et sociales pertinentes aux niveaux local, national et international, sans causer de préjudices à d'autres écosystèmes (GIEC, 2009).15 Diverses approches participatives de gestion associées à la foresterie sociale ou agroforesterie ont intégré des instances d'intervention internationales (Verdeaux, 1999). Tout compte fait, la gestion durable des forêts apparaît comme un moyen de lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts, et constitue un levier essentiel pour combattre le changement climatique d'après le rapport spécial du GIEC sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres"16.

II. PROBLEMATIQUE

Le développement économique des activités mondiales tel qu'on le connaît actuellement, ne s'est pas réalisé sans conséquences sur l'environnement et les ressources forestières dans le monde notamment en zone tropicale où les forêts font parties des plus anciennes et des plus riches ; elles sont des réserves de biodiversité et constituent l'un des écosystèmes terrestres les plus primordiales de notre planète (Mongabay, 2009). Ensemble de mutations techniques, sociales, territoriales, démographiques et culturelles accompagnant la croissance de la production17, il est à l'origine des fortes pressions anthropiques exercées sur les forêts (exploitation forestière, l'expansion agricole, fragmentation forestière, l'extension urbaine, les feux de forêts...). Depuis 1990, le nombre d'hectares de forêts disparus à l'échelle mondiale sous l'effet de la déforestation est évalué à 420 millions d'hectares de forêt et ne cessent de continuer mais à un rythme faible, d'après le rapport sur la situation des forêts dans le monde (FAO, 2020).

15 Article L1 du Code forestier français

16 GIEC ? Rapport spécial sur le changement climatique et l'utilisation des sols publié en août 2019.

17 Définition donnée par Géoconfluences

19

Figure 3 : Taux annuel d'expansion de la forêt et de déforestation de 1990 à 2020 18

Les activités humaines notamment celles relatives à l'exploitation forestière et minière sont les principales causes de la dégradation et de la disparition des forêts, engendrant de multiples conséquences tels que les phénomènes d'appauvrissement des ressources, des sols et de la flore, l'érosion de la biodiversité, la fragilisation et la destruction des écosystèmes, des habitats et des milieux naturels à l'échelle mondiale. A chaque seconde, nous assistons à une disparition de forêts tropicales de superficie équivalente à un terrain de foot (Mayer, 2021). L'exploitation des ressources forestières et la conversion des terres forestières notamment en terres agricoles ont conduit à l'anéantissement de 34 % des forêts tropicales humides primaires et entrainé d'une part, la dégradation, la destruction complète ou partielle et d'autre part, à leur substitution par des forêts secondaires de plus de 30% des forêts tropicales primaires, les rendant ainsi plus vulnérables aux feux de forêts ou à des potentielles exploitations ultérieures (FAO, 2021).

Les forêts tropicales primaires emmagasinent plus de carbone que les secondaires et procurent un habitat à une biodiversité d'une grande richesse. Considérées comme des puits ou réservoirs de carbone, la destruction de ces forêts est synonyme de libération du carbone sous forme de gaz à effet de serre, entrainant une réduction de la capacité de l'écosystème mondial à stocker du carbone (WWF France, 2012), donc moins de quantités de CO2 absorbé et par conséquent une augmentation d'effet de serre, principale cause du réchauffement climatique de notre planète. Contrairement à l'Amérique du Sud qui a réduit de moitié la destruction de ses forêts atteignant un taux annuel de pertes forestières nette de 2,6 millions d'hectares sur la période 2010-2020, ce taux sur le continent africain est estimé à 3,9 millions d'hectares contre 3,4

18 Source : FAO, Rapport d'évaluation des ressources forestières mondiales 2020.

20

millions d'hectares enregistrés lors de la décennie précédente (FAO, 2020)19. L'Afrique est la région où la dégradation des forêts et la déforestation sont les plus importantes de la planète (Pépin, 2012). Pourtant, les forêts de ce continent demeurent un véritable poumon vert pour le monde entier (Fleshman, 2008).

Selon le dernier rapport d'évaluation des ressources forestières mondiales de la FAO, l'Afrique constitue le seul continent où la déforestation et la dégradation se poursuivent à un rythme alarmant avec une progression la plus rapide dans le monde, contribuant significativement à la disparition de nombreuses espèces végétales, animales et fongiques et par conséquent au déclin actuel de la biodiversité. La déforestation enregistrée sur le continent est en grande partie due à l'agriculture de subsistance à petite échelle et s'explique certainement par la croissance démographique selon Mme Branthomme, experte à la FAO (Favrot, 2020). La conversion des superficies forestières en surfaces affectées à l'agriculture, à des fins de subsistance ou commerciales semble être de très loin la cause majeure et la plus destructrice de la forêt en Afrique, continent qui renferme plus de la moitié de la proportion des pauvres soit près de 55%, la plus hausse au monde (CEA, 2023)20. La sécurité alimentaire et les moyens d'existence de milliards de personnes à travers la planète dépendent des forêts, à la fois abri pour l'essentiel de la biodiversité terrestre et solution pour atténuer les effets des changements climatiques.

Formidables réserves de biodiversités, les forêts hébergent plus de 3/4 soit au moins 80% des espèces d'animaux, de plantes et d'insectes dénombrées dans le monde entier (Bodiguel, 2020). On estime la population mondiale qui en dépend pour assurer sa subsistance à plus de 1,6 milliard de personnes majoritairement pauvres, dont 70 millions concernent des peuples autochtones (FAO, 2018). Selon les données récemment publiées par le Fonds monétaire international, la très grande majorité des vingt-cinq pays les plus pauvres du monde se trouve localisés sur le continent africain (FMI, 2023). Parmi les 24 pays dont les ressources forestières contribuent au minimum à 10% de leurs économies, figurent dix-huit pays africains. Les populations africaines pauvres de la plupart des territoires ruraux sont particulièrement dépendantes des produits forestiers (Fleshman, 2008). Cette pauvreté persistante sur le continent conjuguée à la croissance démographique accentue les fortes pressions sur les forêts, ces dernières constituent une source primordiale de vie, d'alimentation à travers la richesse des produits comestibles qu'elles nous procurent, de bois de chauffage ou énergie.

19 FAO, Rapport d'évaluation des ressources forestières mondiales 2020.

20 CEA, Rapport de la Commission économique pour l'Afrique 2023.

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« Beaucoup de la déforestation dans la région est due à l'agriculture de subsistance à petite échelle », rapporte Branthomme, experte de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture, lors d'un entretien accordé à l'AFP21. Les activités humaines impactent fortement le changement climatique et d'après une étude réalisée par des chercheurs météorologues et publiée en janvier 2022 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, les fortes pressions exercées sur les forêts en région ouest-africaine augmenteraient le risque d'inondations, (Taylor et al., 2022). La déforestation et la dégradation des forêts sont à l'origine de nombreuses conséquences néfastes sur les écosystèmes et les milieux naturels, et suscitent de sérieux problèmes de résilience d'autant plus qu'elles influent sur les inondations liées aux tempêtes et intempéries. Ces phénomènes provoquent également des nombreux effets impactant sur les populations et les sociétés locales souvent dépendant de l'écosystème forestier pour subvenir à leurs besoins, engendrant divers problèmes socio-économiques tels que les pertes de ressources issues d'arbres rares et les phénomènes d'érosion des sols susceptible d'impacter négativement l'agriculture.

Par ailleurs, les mauvaises politiques de gestion des forêts se traduisant notamment par la surexploitation forestière, les récoltes de quantités exagérées de bois de chauffage et de plantes médicinales et la construction d'infrastructures de transport concourent à accentuer le problème. Environ 70 % des besoins énergétiques des habitants du continent africain sont couverts par le bois, proportion incontestablement supérieure à celle du reste du monde (Fleshman, 2008). Toutefois, pour remédier à ces situations et relever les innombrables défis auxquels le continent africain est confronté, la sauvegarde de ces véritables et précieux écosystèmes que sont les forêts constitue l'un des meilleurs moyens à la fois rapide et efficace devant permettre de lutter contre les changements climatiques. En effet, la préservation de ces forêts africaines notamment en zones tropicales et le reboisement pour remplacer les arbres décimés par la déforestation sont de nature à concourir à l'atténuation de l'amplitude de l'évolution climatique et à minimiser les effets des changements climatiques.

Plusieurs actions sur l'aménagement des forêts ont été menées sur le continent par des organisations et institutions internationales. C'est le cas de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture avec notamment l'initiative de la Grande muraille verte (GMV), vaste programme visant à lutter contre le phénomène de la désertification au Sahel, à permettre le stockage du carbone et à la restauration de la biodiversité et à combattre les effets

21 GEO. Le recul s'accélère en Afrique pour la forêt, mère nourricière des plus fragiles, mai 2020.

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des changements climatiques (Markus, 2021). L'Afrique figure parmi les continents où la part des forêts bénéficiant de plans de gestion à long terme est l'une des moins importants avec seulement 24% des forêts d'après le dernier rapport d'évaluation des ressources forestières mondiales, certes au-dessus de la moyenne mondiale (18%) et devant l'Amérique du Sud (17%) mais très loin de l'Europe (96%) et l'Asie (64%).

Depuis 1989, le Sénégal dispose d'un plan d'action forestier (PAFS adopté en 1992) qui a fait l'objet à plusieurs reprises d'actualisation et de révision. Ce plan découle lui-même de l'actualisation d'un outil de planification des activités forestières dont le Sénégal s'était doté officiellement en 1981, avec l'élaboration du Plan Directeur de Développement Forestier (PDDF). A l'heure actuelle, les enjeux majeurs de la gestion forestière au Sénégal sont essentiellement de préserver la biodiversité et maintenir l'équilibre socio-écologique, de limiter la dégradation des sols et le stockage du carbone et plus particulièrement la lutte contre l'exploitation démesurée des ressources forestières. Le Sénégal fait face à des défis majeurs dont les problématiques liées au réchauffement climatique et à la préservation des ressources naturelles.

Dans le Sud du Sénégal et plus particulièrement dans la région naturelle de la Casamance où sont localisées les vastes forêts denses s'étendant sur une superficie de près de 30 000 hectares et connues pour leurs essences d'arbres et leurs bois rares et précieux (bois de rose aussi appelé bois de vène, poirier du Cayor), les enjeux sont énormes et les pressions de plus en plus forte (Djeukoua, 2019). L'exploitation illégale des ressources forestières notamment d'espèces de bois de grande valeur très convoitées faisant l'objet d'une immense demande à l'échelle mondiale, est un phénomène très présent dans la région casamançaise et échappe au contrôle de l'Etat sénégalais. Depuis 2010 jusqu'à ce jour, plus de 10 000 hectares de forêts soit environ un million d'arbres ont disparu en raison de l'abattage illégal dans cette région naturelle considérée comme le poumon vert et dernier bastion forestier du Sénégal (Sané, 2016 ; Djeukoua, 2019)22.

22 D'après les conclusions d'une enquête de terrain réalisée en 2016 par l'Association Oceanium de Dakar dans le département de Médina Yoro Foula, région de Kolda, et dans des villages en Gambie.

23

Figure 4 : Bois abattu illégalement par des individus 23

Les vastes forêts de Casamance sont en train d'être décimées par l'exploitation forestière illégale et le trafic de bois précieux vers la Chine (via la Gambie) surtout le bois de rose pour lequel la demande est particulièrement forte, en l'occurrence du marché chinois. Longtemps constitué comme l'un des trésors des forêts casamançaises, le bois de rose ou vène est une espèce qui fait l'objet de toutes les convoitises. Pourtant, c'est une espèce protégée et interdite d'exportation depuis 1998 dans le Code forestier sénégalais24. Selon l'AGM, les forêts casamançaises continuent d'être « massacrées » par des individus provenant majoritaire du pays voisin la Gambie, qui exploitent de manière frauduleuse ces forêts pour récolter des bois précieux25, malgré le déploiement militaire et de nombreuses mesures sur la coupe de bois prises par le gouvernement sénégalais.

Figure 5 : Bois saisit par les agents des eaux et forêts 26

23 Source : AGM, 2019.

24 Oceanium de Dakar, « Restaurer notre environnement pour que nos populations en vivent », avril 2021.

25 AGM. « Sénégal : Exploitation illégal des ressources forestières en Casamance », décembre 2019.

26 Source : AGM, 2019.

24

Selon la Direction de l'information et des relations publiques des Armées, 77 camions transportant illégalement du bois provenant du Sénégal ont été immobilisés par le détachement déployé au sein de la Force internationale en territoire gambien, durant la période d'août à décembre 2021 (DIRPA, 2022)27. Face à un Etat quasi-impuissant, de grandes quantités de bois notamment du bois de rose sont acheminés clandestinement par charrettes, voitures ou camions vers la Gambie avec la complicité présumée d'autorités gambiens, pour ensuite être exporté vers le continent asiatique, plus précisément en Chine. Avec une superficie estimée à 11 300 km2 (le plus petit pays d'Afrique continentale) et bien que ses forêts soient pourtant presque entièrement décimées, la Gambie expédie autant de bois vers la Chine que la Guinée-Bissau ou la Côte d'Ivoire ou encore le Ghana. Elle se positionne en deuxième place sur la liste des pays d'Afrique exportateurs de bois de rose vers la République de Chine, avec un volume des exportations grumes et de sciages de bois de rose vers la Chine estimé à près de 58 000 mètres cubes de bois en 2015 (l'équivalent de 140 milles arbres) pour un montant de l'ordre de 41 millions de dollars soit plus de 24,5 milliards de Francs CFA (Caramel, 2016)28.

Figure 6 : Importations chinoises de grumes et de sciages de bois de rose en provenance des pays de la CEDEAO, 2015 29

Selon une enquête de la BBC en 2020, la valeur de ces exportations gambiennes de bois de rose est de l'ordre de 300 millions de dollars (soit l'équivalent de 180 milliards de Francs CFA) au cours de ces six dernières années (DIOP, 2022). Ce marché très lucratif est au centre des tensions vives et persistances qui sévissent de façon permanente, depuis plusieurs années à la frontière sénégalo-gambienne. Cette exploitation forestière illégale représente pour un manque

27 DIRPA, annonce du mardi 25 janvier 2022.

28 Le Monde Afrique, « Entre Gambie et Casamance, les saigneurs du bois de vène », mai 2016.

29 Source : Oceanium de Dakar

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à gagner de près de 117 milliards de francs CFA pour l'Etat sénégalais (BBC Africa Eye, 2020)30. L'ampleur de cette exploitation forestière illégale qui sévit dans cette région frontalière du territoire gambien est arrivée à tel point que la disparition rapide des zones boisées a atteint aujourd'hui un seuil critique (Djeukoua, 2019). Comme en témoignent les images ci-dessous d'une vidéo31 filmée grâce à un drone qui permettent d'avoir une idée un peu plus précise du pillage et l'ampleur des destructions des forêts casamançaises, du trafic illégal de bois précieux surtout du bois de rose ou vène particulièrement apprécié des chinois pour la fabrication des meubles de luxes. Ces images vues du ciel du marché de Sare Bodjo, village du territoire gambien situé à 1 km de la frontière sénégalaise, montrent disséminés sur de grandes étendues un dépôt de milliers de troncs de bois de rose ou vène, de larges baraquements et des camions, des chevaux et des charrettes transportant le bois collecté depuis le territoire sénégalais32.

Figure 7 : Marché de Sare Bodjo, à un kilomètre à l'intérieur de la Gambie33

30 BBC Africa Eye, Reportage intitulé « Les arbres qui saignent », 9 mars 2020.

31 Seneweb / publiée en mai 2016 par l'Oceanium de Dakar, association sénégalaise oeuvrant pour la protection de l'environnement et la conservation des ressources naturelles. https://www.youtube.com/watch?v=ee0yLBh NRE

32 Vidéo du pillage de bois de la Casamance par des chinois publiée par l'Oceanium de Dakar, mai 2016.

33 BBC Africa Eye, mars 2020.

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L'exploitation clandestine du bois a pris de l'ampleur au cours des cinq dernières années en région casamançaise. Certes, il est difficile de quantifier annuellement les superficies dévastées mais c'est souvent en moyenne le chiffre de 40 000 hectares qui est annoncé et mis en avant par les autorités sénégalaises selon Dr Baldé, expert géographe spécialiste en gouvernance des ressources naturelles, tout en affirmant que le vrai problème réside dans le fait que les besoins de prélèvements des populations locales outrepassent les capacités de régénération des écosystèmes forestiers (Baldé, 2018)34. Jusqu'en 2016, « Environ 10 000 hectares de forêts ont été coupées et les 30 000 hectares restants risquent de subir le même sort » affirme l'écologiste et ancien ministre sénégalais de l'environnement Haïdar El Ali en conférence de presse, avant d'ajouter que « avec l'implication de la population sénégalaise locale dans le trafic illégal, le taux de coupe avait plus que triplé en 2016 et on pourrait assister à la disparition de plus de la moitié de la forêt restante en une courte durée de moins de trois années ».

C'est autour de son successeur au ministère de l'environnement Abdoulaye Bibi Baldé d'annoncer lors de la Journée mondiale de l'environnement en 2015 que le pays a perdu une superficie de massifs forestiers estimée à 1,2 millions d'hectares entre 2010 et 2015 soit à l'espace de cinq années (Ndao, 2021). Les forêts de la région casamançaise, dernière grande zone boisée du pays, seront d'ici quelques années irrémédiablement détruites si le trafic illicite de bois vers la Gambie continue au rythme actuel (Sané, 2016). Dans cette partie du territoire national, les fortes pressions exercées sur les forêts sont croissantes, ne cessent de s'accentuer d'années en années et sont à l'origine de la dégradation des ressources naturelles et forestières. La surexploitation des forêts casamançaises a été depuis longtemps favorisée par une situation persistante d'insécurité dans certaines zones et de conflit armé depuis plus de 40 ans (depuis 1982), symbole de la lutte des rebelles casamançais pour l'indépendance de la région de Casamance (Ba, 2022).

Les évènements tragiques de janvier 2018 relatifs aux tueries dans la forêt de Bofa-Bayotte en Basse-Casamance qui ont entrainé à la mort de 15 individus coupeurs de bois partis chercher du bois et tués par des personnes armées supposés appartenir au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), en attestent la visibilité et l'ampleur de ce phénomène d'exploitation forestière illégale et rappellent l'acuité de la question. La politique laxiste du gouvernement sénégalais en matière de protection des forêts casamançaises est pointée du doigt notamment par la Convergence pour le désenclavement et le développement de la Casamance

34 Baldé. L'exploitation illégale de bois de vène dans les communes de Badion et de Kandia en haute Casamance : un évènement social et territorial, Thèse de doctorat 2018.

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(CDDC) à travers sa déclaration : « Dès lors que l'incident émane de l'exploitation abusive et illégale des ressources naturelles de la Casamance, encore une fois notre Etat a montré ses limites, son amateurisme et son incapacité à pouvoir gérer avec efficience, pragmatisme et rigueur des dossiers relevant de ses compétences» (Gaye, 2018)35.

Pour faire face à cette situation de tension et lutter contre le trafic illégal de bois, plusieurs mesures sont prises par les autorités sénégalais. Un nouveau code forestier interdisant les exportations du bois et limitant l'exploitation locale au bois mort a été adopté en novembre 2018. Les effectifs d'agents des services des eaux et forêts ont augmenté jusqu'à triplé entre 2014 et 2020 en vue de renforcer la surveillance des ressources forestières et sensibiliser les populations locales (Gyuse, 2022). Toutefois les mesures prises n'ont pas permis de stopper le trafic illégal et les évènements tragiques qui en découlent. Ce commerce illégal de bois ne cesse de prospérer au fil des années ; une véritable catastrophe écologique qui génère des sommes d'argent colossales et alimente la lutte armée. En témoigne le récent événement de l'embuscade meurtrière du 24 janvier 2022 décrite dans l'article du 27 avril 2022 du magazine Jeune Afrique intitulé « Sénégal : quand le trafic de bois alimente la rébellion en Casamance »36.

Cette vaste région naturelle au Sud du territoire sénégalais abrite une grande diversité d'espèces végétales et est très souvent confrontée aux feux de forêts aux conséquences multiples, aux coupes irréfléchies par les sous-traitants de la compagnie fournisseuse d'électricité (forêt pillée sur 50 ou 100 m de profondeur au bord des routes de toutes ses espèces nobles), aux coupes illégales au préjudice incommensurable, aux prélèvements pour le fumage du poisson (Ba, 2022). Il est manifeste que les forêts casamançaises subissent d'énormes pressions anthropiques avérées qu'il serait nécessaire bien les identifier et analyser en vue d'établir des stratégies forestières efficaces pour une gestion durable des forêts en région casamançaise et une bonne gouvernance forestière. Ainsi, face à ces fortes pressions exercées qui dégradent et détruisent les forêts, une bonne gouvernance des forêts devrait permettre de répondre à la satisfaction durable des besoins des populations casamançaises en produits forestiers ligneux et non ligneux, sans pour autant compromettre les équilibres socio-écologiques dans le contexte actuel de réchauffement climatique.

35 Le Quotidien, Casamance - Tuerie dans la forêt de Bofa-Bayotte : La Cddc accable les « parrains » du trafic du bois, 18 janvier 2018.

https://lequotidien.sn/casamance-tuerie-dans-la-foret-de-bofa-bayotte-la-cddc-accable-les-parrains-du-trafic-du-bois/

36 Jeune Afrique Sénégal : quand le trafic de bois alimente la rébellion en Casamance, article du 27 avril 2022. https://www.jeuneafrique.com/1340050/politique/senegal-quand-le-trafic-de-bois-alimente-la-rebellion-en-casamance/

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III. OBJECTIF GENERAL DE L'ETUDE

Compte tenu de l'enjeu majeur de la déforestation et de la dégradation des forêts en Afrique dans la lutte contre le changement climatique, l'objet global de notre présente étude consiste à identifier et analyser les différentes pressions exercées sur les vastes forêts de la région naturelle de la Casamance au Sénégal afin d'établir une stratégie efficace de gestion forestière pour une gestion durable des forêts casamançaises. L'objectif global est ainsi scindé en plusieurs objectifs spécifiques. De façon spécifique, il s`agira de :

v 1 - faire une présentation générale de la région de Casamance et de ses ressources forestières

v 2 - analyser les cadres politique, juridique et institutionnel régissant la gestion des ressources forestières et l'évolution de la gouvernance forestière

v 3 - identifier et analyser les différentes pressions exercées sur les vastes forêts de la région casamançaise, les principales causes et conséquences de ces pressions.

v 4 - analyser la stratégie de gestion forestière mise en oeuvre et identifier ses principales contraintes

v 5 - enfin d'établir des recommandations visant à améliorer la stratégie forestière mise en oeuvre pour une gestion durable des forêts casamançaises.

IV. METHODOLOGIE

La démarche méthodologique adoptée s'est articulée autour de la revue bibliographique, de l'identification et de la collecte de données disponibles et d'informations relatives au domaine de l'étude notamment de la gestion des ressources forestières, le recueil de données par la réalisation d'entretiens individuels avec des personnes ressources des structures évoluant dans le domaine de la gestion forestière au Sénégal, l'analyse et le traitement des données collectées et enfin la rédaction du document.

1. Revue bibliographique

La revue bibliographique s'est faite à partir d'ouvrages, des articles et publications scientifiques, de document de thèse et mémoires de fin d'études, et des documents divers disponibles dans les bibliothèques de Le Mans Université (LMU) notamment au niveau du portail numérique de publications scientifiques, thèses et mémoires (HAL-LMU), à partir des

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portails et plateformes d'informations et de revues scientifiques et d'autres sites internet de recherche académiques...

Tout d'abord, nous avons mené une recherche exploratoire sur les pressions exercées sur les forêts et la gestion des ressources forestières dans l'objectif de collecter des informations de bases relatives au domaine, en consultant au fur et à mesure diverses sources capitalisées, tout en nous familiarisant avec la terminologie du sujet. Cette phase exploratoire a permis dans son ensemble de définir les concepts fondamentaux abordés à savoir « pressions exercées sur les forêts », la « stratégie forestière » et la « gestion durable des forêts », d'avoir des idées et une compréhension plus large du sujet.

Ensuite, une recherche documentaire plus avancée a conduit à mieux cibler les recherches et de façon plus précise sur les fortes pressions exercées sur les vastes forêts localisées au Sud du Sénégal particulièrement dans la région naturelle de la Casamance, l'impact de ces pressions sur les écosystèmes forestiers casamançaises et la stratégie mise en oeuvre pour la gestion durable des ressources forestières de la Casamance, et plus largement du Sénégal.

2. Recueil des données

Des entretiens individuels ont été réalisés auprès des responsables des Inspections Régionales des Eaux et Forêts (IREF) des trois régions administratives (Ziguinchor, Sédhiou et Kolda) de la région naturelle de la Casamance. Les IREF sont des services déconcentrés et représentantes au niveau régional de la Direction des Eaux et Forêts, Chasses et de la Conservation des sols (DEFCCS) qui est la direction en charge des ressources forestières au sein du Ministère de l'Environnement et du Développement Durable (MEDD) du Sénégal.

D'autres entretiens individuels ont été également réalisés notamment auprès d'enseignant-chercheur au département de Géographie et membre du laboratoire de Géomatique et Environnement de l'Université Assane Seck de Ziguinchor, la seule université de la région casamançaise. D'autres structures ont été sollicitées mais sans succès. C'est le cas notamment de l'ONG Oceanium de Dakar qui oeuvre pour la protection de l'environnement et la conservation des ressources naturelles ou encore de Livelihoods-Sénégal pour restaurer les forêts de mangroves dans les estuaires de la Casamance.

Toutefois, il est nécessaire de signaler que les entretiens avec les responsable des Inspections Régionales des Eaux et Forêts ne nous ont permis pas de disposer des données sur les superficies forestières dégradées en région casamançaise. Dans les rapports récents comme anciens, il

n'existe pas des données disponibles permettant d'estimer la dégradation des forêts en Casamance. De plus, la demande faite pour disposer de données sur les superficies déforestées en Casamance s'est heurtée à un refus des responsables avec comme raison principale, l'interdiction de tout transfert ou partage de données en dehors de la structure.

3. Outils de collecte de données

Pour la collecte de données, un guide d'entretien a été élaboré à cet effet à partir du logiciel Sphinx et administré à distance par téléphone et par Internet via un courrier électronique auprès des personnes ressources (notamment des responsables des Inspections des eaux et forêts de la région concernée et d'enseignant-chercheur à l'Université Assane Seck de Ziguinchor) pour la collecte des données et informations en fonction des différentes cibles de l'enquête.

4. Traitement et analyse des données, et rédaction du document

Les données recueillies à partir de l'enquête par entretiens individuels ont été traitées pour être analysées efficacement. L'ensemble du travail de traitement et d'analyse des données s'est faite notamment à l'aide du logiciel tableur Excel avec surtout l'utilisation des fonctions « Analyse de données », « Tableau croisé dynamique ». La rédaction de ce présent document de mémoire s'est effectuée avec l'aide du logiciel de traitement de texte Microsoft Word et la présentation pour la soutenance se fera à partir du logiciel de présentation Microsoft PowerPoint.

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CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA ZONE CONCERNEE PAR L'ETUDE

I. Présentation du Sénégal et de la région de Casamance 1. Brève présentation du Sénégal

1.1. Données physiques

Bordé à l'ouest par l'océan Atlantique et partageant ses frontières avec cinq (5) pays (le Mali à l'est, la Mauritanie au nord, la Guinée et la Guinée-Bissau au sud, la Gambie une quasi-enclave d'environ 25 km de large et près de 300 km de profondeur à l'intérieur du territoire sénégalais), le Sénégal est situé à l'extrême ouest du continent africain, entre 12,5° et 16,5° de latitude Nord et 11,5° et 17,5° de longitude Ouest. Avec ses 700 km de côtes, le pays dispose d'un territoire qui s'étend sur une superficie totale de 196 712 Km2.

1.2. Données climatologiques

Le Sénégal possède un climat de type soudano-sahélien. La partie Sud du pays est caractérisé par un climat tropical tandis que le climat au Nord du territoire est semi-désertique. C'est un climat qui se distingue par l'alternance de saison chaud et humide (couvrant la période de mi-juin à octobre) et de saison sèche (de novembre à mi-juin). La pluviométrie moyenne annuelle oscillent entre 300 à 1200 millimètres et varie selon un gradient pluviométrique croissant du Nord en allant vers le Sud, d'une année à l'autre. Trois (3) principales zones de pluviométrie sont identifiées sur le territoire, se rapportant à trois (3) zones climatiques : une zone semi-désertique dans la partie Nord du pays, une savane arborée au centre et une zone forestière localisée au Sud du territoire national.

1.3. Données hydrographiques

Le Sénégal dispose des ressources en eaux de surfaces composées principalement de quatre (4) fleuves que sont, respectivement et selon l'importance de la longueur : le fleuve Sénégal (avec 1700 km de long), le fleuve Gambie (1130 km), le fleuve Casamance (300 km) et le fleuve Saloum (250 km). À ces fleuves, s'adjoignent des lacs et des rivières pour compléter le régime hydrologique. La présence de grands barrages hydroélectriques notamment ceux de Diama et de Manantali participent à la maîtrise des ressources hydrauliques et concourent entres autres, en faveur du développement de l'agriculture, de l'approvisionnement énergétique et en eau potable.

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1.4. Données démographiques

Le Sénégal dispose d'une population totale estimée à plus de 16 209 000 habitants en 2019 (contre environ 15 726 000 hbts la précédente année) pour un taux intercensitaire de l'ordre de 2,5%. La population féminine représente près de 8 140 350 soit une proportion de 50,22% contre 49,78% de la population masculine. Cette population sénégalaise se distingue par sa jeunesse avec une proportion de 48% de la population âgée de 18 ans ou moins. Chez la population féminine, la part de la jeunesse représente 47% tandis qu'elle est de 49,3% chez la population masculine. Selon les nouvelles projections de l'ANSD, la population sénégalaise est estimée à 18 258 000 habitants avec 50,26% de femmes et 49,74% d'hommes (ANDS, 2023).

1.5. Caractéristiques socio-démographiques

En 2019, près de 6,13 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté monétaire, d'après l'Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages (EHCVM, 2018/2019) au Sénégal publié en septembre 2021 (ANSD, 2021). Le taux de pauvreté avoisinait les 37,8% à l'échelle nationale, avec de grandes disparités selon le milieu de résidence, selon les régions. Cette pauvreté est plus intensifiée en milieu où près de 53,6% de la population vivent sous le seuil de pauvreté tandis qu'en milieu urbain, on enregistre une proportion de 19,8%. On estime que plus des 3/4 soit 75,4% des pauvres se trouvent en milieu rural contre moins du 1/4 (24,6%) en milieu urbain.

L'agriculture emploie environ 27,4% de la population active. En milieu rural, elle reste le pourvoyeur majeur d'emplois avec une part de 50,3% des emplois contre 6,6% en milieu urbain d'après les résultats de l'EHCVM 2018/2019. Par ailleurs, en matière d'accès à l'énergie notamment pour la cuisson, les principaux combustibles utilisés sont constitués par le bois (45,2% : 32,8% ramassé et 12,4% acheté), le gaz (34,0%) et le charbon de bois (18,7%). En milieu rural, le bois constitue principalement et de façon générale le combustible le plus utilisé avec près de 79% des ménages. Selon le mode d'acquisition du bois, nous remarquons aussi qu'environ 64% des ménages ont recours au bois ramassé contre 15 % pour le bois acheté.

2. Présentation de la région de Casamance

Région située à l'extrême Sud du Sénégal entre la Gambie et la Guinée-Bissau et bordée à l'Ouest par l'Océan Atlantique avec 86 km de côtes, la Casamance est l'une des six (6) régions naturelles du territoire national et compte une population d'environ 2,012 millions habitants en 2019 composée majoritairement de jeunes et d'adolescents (78% ont moins de 35 ans), d'après

33

les dernières données de l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD, 2021). D'une superficie estimée à près de 29 000 km2, la région naturelle et historique de Casamance est traversée par le fleuve du même nom, 3ème grand fleuve avec ses 300 km de long derrière le fleuve Gambie et le fleuve Sénégal.

Figure 8 : Situation géographique de la région naturelle de la Casamance 37

Cette région naturelle du Sud du Sénégal dispose d'énormes potentialités agro-sylvo-pastorales appréciables propices au développement socio-économique de la région. Considérée comme le « grenier » du Sénégal du fait des conditions climatiques douces avec un climat de type soudano-guinéen, de ses terres fertiles et ses pluies abondantes et régulières (Omotundo, 2011), elle constitue la partie la plus arrosée du territoire avec une précipitation moyenne annuelle de 1400 mm (Sané, 2017 ; Faye et al., 2017). L'agriculture mobilise près de 80% de la population et constitue le socle de l'économie régionale. L'élevage y occupe une place importante et constitue une activité essentielle pour cette région naturelle qui dispose d'un fort potentiel fourrager et une source de revenu pour une part importante de la population. (ADL, 2011). L'activité industrielle se réduit essentiellement au traitement et au conditionnement de produits halieutiques et des fruits, des usines à bois.

Divisée en trois grandes zones géographiques (Basse, Moyenne et Haute Casamance), la région de Casamance se compose de 113 communes, 9 départements et trois (3) régions

37 Source : Kafunel

34

administratives comptant chacune trois (3) départements : la région de Ziguinchor qui correspond à la Basse Casamance, la région de Sédhiou à la Moyenne et la région de Kolda à la Haute Casamance.

Figure 9 : Carte des trois régions administratives de la Casamance38

? La région de Ziguinchor : composée de trois départements (Ziguinchor, Bignona, Oussouye), 30 communes et 502 villages, elle couvre environ une superficie d'environ 7 340 km2 (soit 3,73% du territoire national). Sa population est estimée en 2019 à 662 180 habitants soit près de 4% de la population sénégalaise selon l'Agence nationale de la statistique et de la démographie. La position géographique de la région, sa façade maritime et son réseau hydrographique lui confèrent une grande richesse en ressources halieutiques et en font d'elle une plaque tournante du commerce sous régional. Les principales activités économiques sont l'agriculture, la pêche et le tourisme (ADL, 2021). Les formations végétales sont caractérisées par des forêts denses sèches et des forêts galeries ; la mangrove peuplant la zone fluviomaritime. Le domaine forestier régional se distinguant par son immensité, couvre une superficie de 116 700 hectares répartis dans 28 forêts classées avec un taux de classement avoisinant les 25%. Le département de Bignona concentre l'essentiel de la superficie du domaine avec 18 forêts classées (taux de 19,5%) pour une superficie de plus de 100 315 hectares (ANSD, 2021).

? La région de Sédhiou : l'une des trois dernières régions nouvellement créées, elle compte trois départements (Sédhiou, Goudomp et Bounkiling), 43 communes et 941

38 Source : Mycasamance

35

villages. La région de Sédhiou s'étend sur une superficie de 7 330 km2 (soit 3,7% du territoire national). Sa population est estimée à 553 000 habitants représentant environ 3,4% de la population sénégalaise selon l'Agence nationale de la statistique et de la démographie. Situé au centre de la Casamance, c'est une région frontalière à trois pays (la Gambie au Nord et la Guinée Bissau au Sud). Cette position géographique confère à la région un potentiel géostratégique énorme dans les dynamiques économiques socioculturelles de la sous-région (ADL, 2021). Les principales activités économiques sont l'agriculture (l'élevage y constitue une activité essentielle), la pêche et les activités piscicoles, le tourisme. Les formations végétales se distinguent par une prépondérance de la savane boisée. Le domaine forestier de la région couvre une superficie de 84 500 hectares repartie dans 12 forêts classées avec un taux de classement s'établissant à 11,5%. Le département de Sédhiou concentre l'essentiel de la superficie du domaine avec 9 forêts classées (taux de 22,63%) pour une superficie de 62 003 hectares (ANSD, 2021).

? La région de Kolda : avec une superficie estimée à 13 720 km2 soit 7% du territoire national, elle est constituée de trois départements (Kolda, Vélingara et Médina Yoro Foulah), 40 communes et environ 589 villages. Sa population est estimée en 2019 à 796 580 habitants soit 4,9% de la population nationale selon l'Agence nationale de la statistique et de la démographie. Partageant ses frontières avec la Gambie au Nord, et au Sud avec la Guinée Bissau et la Guinée Conakry, la position géographique de la région lui confère un potentiel géostratégique énorme dans les dynamiques économique et socioculturelles de la sous-région (ADL, 2021). Région par essence d'élevage agropastoral, les principales activités économiques sont l'élevage, l'agriculture, la pêche et l'aquaculture. L'un des bastions forestiers du pays se distinguant par l'envergure de son domaine classée, le domaine forestier régional s'étend sur une superficie de plus de 334 330 hectares répartis dans 14 forêts classées avec un taux de classement de 24,4%. Le département de Vélingara et Médina Yoro Foulah concentre la quasi-totalité de la superficie du domaine avec respectivement 154 583 hectares (18 forêts classées, taux de classement de 26,1%) et 144 167 hectares (3 forêts classées, taux de 35,9%) (ANSD, 2021).

36

II. Les ressources végétales au Sénégal et les forêts casamançaises

Au Sénégal, la superficie occupée par les forêts est à près de 8,5 millions d'hectares (FAO, 2010)39. Le pays dispose d'un potentiel important d'espèces végétales et présente une grande diversité d'écosystèmes, offrant une véritable mosaïque d'écosystèmes terrestres. En effet, quatre (4) grands ensembles d'écosystèmes sont présents sur l'étendue du territoire national : terrestres, fluviaux et lacustres, marins et côtiers et ceux qu'on regroupe sous la dénomination « écosystèmes particuliers » notamment les Niayes. Hormis les formations de mangrove, les écosystèmes terrestres constituent les milieux où on croise la plupart des écosystèmes forestiers du pays (MEPN, 2010). Ces derniers sont représentés par quatre types de formations végétales dont les principales sont essentiellement constituées par les forêts, la savane et les steppes.

Les forêts : géographiquement localisées au Sud du Sénégal, elles occupent une superficie estimée à 13 523 000 hectares d'après le rapport d'évaluation des ressources forestières mondiale (FRA 2015). Elles sont pour l'essentiel constituées par des forêts claires, des forêts denses sèches et des forêts galeries.

La savane : couvrant la plus grande partie du territoire nationale, elle occupe le tiers centre du territoire et se distingue par une savane arborée à arbustives (au Nord du pays) représentée par des espèces ligneuses et une savane boisée (au Sud) (Biodev30, 2021). Au Sénégal, la savane s'étend sur une superficie estimée environ à 8 638 300 hectares40.

Les steppes : constituées de formations herbeuses et arbustives, elles sont géographiquement localisées dans le tiers nord du territoire nationale. Représentées grosso modo par un tapis herbacé et parsemées d'espèces ligneuses épineux, elles s'étendent sur une superficie avoisinant les 3 553 800 hectares (FRA 2015 ; Biodev30, 2021).

Les formations particulières : elles regroupent les zones humides qui hébergent la mangrove et les « Niayes ». Ces dernières sont une zone littorale étroite longue de 180 km et large de 25 à 30 km, parsemée d'un chapelet de dépressions délimitées par des dunes vives reposant sur une nappe phréatique peu profonde. S'agissant de la mangrove,

39 FAO, Evaluation des ressources forestières mondiales (FRA2010), Rapport nationale Sénégal.

40 FAO, Rapport d'évaluation des ressources forestières mondiale (FRA 2015)

37

elle est principalement localisée dans le bassin de la Casamance, dans les deltas du Saloum et du fleuve Sénégal et couvre une superficie de 213 130 hectares (FRA 2015).

Figure 10 : Grands domaines de peuplements végétaux

En somme, au Sénégal, on dénombre sur l'étendue du territoire national 41 forêts aménagées reparties sur une superficie estimée à 888 230 hectares et géographiquement localisées dans dix (10) régions (Kolda, Tamba, Kédougou, Sédhiou, Ziguinchor, Kaffrine, Kaolack, Fatick, Thiès, Dakar) dont les trois régions administratives que constitue la Casamance41.

Zone naturelle et forestière traversée par des fleuves et des rivières, la région de Casamance dispose de divers types de formations forestières constituant des habitats favorables à la présence d'une faune assez importante (ANSD, 2012). Réputée pour sa végétation abondante et ses gigantesques arbres, cette région du Sud du pays abrite une grande diversité d'espèces végétales et regorge de vastes forêts denses. Ces dernières connues pour leurs essences d'arbres et leurs bois précieux, s'étendent sur une superficie totale estimée à 30 000 hectares42. La Haute et la Moyenne Casamance hébergent les forêts sèches claires caractérisées par une futaie

41 MGTDAT/ANAT, décembre 2018.

42 Source : AGM & ISS Africa, 2019.

38

d'arbres de tailles assez grandes et espacés pouvant atteindre 10 à 15 mètres de hauteur (UICN, 1992). Tandis que les forêts denses sèches sont pour l'essentiel géographiquement situées en Basse Casamance, une zone fortement colonisée par les mangroves (MEDD, 2015)43.

La région de Casamance compte de nombreuses forêts classées qui s'étendent sur une superficie de 607 540 hectares. Au total, on dénombre 56 forêts classées réparties comme suit : 30 forêts classées en Basse-Casamance pour une superficie de 116 780 hectares, 12 en Moyenne-Casamance pour plus de 84 450 hectares et enfin 14 en Haute-Casamance pour 396 230 hectares. Ces forêts ont été généralement classées par l'Etat soit pour la création d'une réserve de bois d'énergie, soit pour la protection des sols fragiles ou pour la préservation d'une végétation rare et diversifiée ou enfin riche en essences de valeur. Ce potentiel forestier très important à la fois riche et varié, profite à plusieurs secteurs dont l'alimentation, la construction, la fourniture d'énergie, les gîtes d'animaux... (Sané et Mbaye, 2007). Toutefois, ces forêts continuent à fortement subir jusqu'à présent de nombreuses pression de natures et diverses. C'est le cas de la région de Ziguinchor, chef-lieu de la Casamance qui a connu entre 2001 et 2021, une perte de couverture arborée estimée à près de 4400 hectares comme l'illustre la figure suivante.

Figure 11 : Perte de couverture forestière dans la région de Ziguinchor44

43 Ministère de l'Environnement et du Développement Durable (MEDD), Plan National d'Actions pour la Conservation de la Biodiversité (SPNAB), Rapport Août 2015.

44 https://public.flourish.studio/visualisation/10439055/

CHAPITRE 3 : GESTION ET GOUVERNANCE DES RESSOURCES FORESTIERES

AU SENEGAL

I. Cadres politique, juridique et institutionnel de la gestion des ressources forestières 1. Cadre politique de la gestion des ressources forestières

A l'instar des autres pays sahélien, le Sénégal a connu une succession de périodes de longue sécheresse notamment durant la période 1970 à 1990 qui a provoqué d'importants dégâts dont la disparition de près de 40% de la superficie des forêts de mangrove depuis 1970 (Sambou, 2004 ; Ollivier, 2022). Ces épisodes de sècheresse conjuguées aux facteurs anthropiques (défrichements, coupes de bois, surpâturage...) ont été à l'origine de dégradations quelquefois profond des formation végétales, y compris du domaine forestier classé. L'impact de ces facteurs naturels et anthropiques s'est traduit d'une part, par une réduction des surfaces boisées et d'autre part, par une dégradation de la flore et de la végétation (RdS, 1993). Cet impact fort et les inquiétudes qu'il suscite, n'ont pas manqué d'attirer l'attention des autorités publics sur la nécessité d'engager des actions de lutte contre la tendance régressive notamment des surfaces forestières (Diop, 2011). En ce sens, l'Etat du Sénégal avait défini les orientations politiques relatives à la gestion des ressources naturelles et procédé à l'élaboration de documents stratégiques et d'outils de planification et de gestion de la sécheresse, des ressources naturelles et l'environnement (Diop & Goudiaby, 2008). De 1980 à l'époque actuelle, la politique forestière a été piloté en s'appuyant sur divers documents de référence dont les principaux sont listés et brièvement décrits ci-dessous.

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Volonté d'améliorer la planification stratégique, la gestion des risques et le suivi de la performance.

Découle de la révision du PDDF pour diverses raisons (succès restreint, évolution de la situation écologique et socio-économique de pays, lutte contre la désertification.

PAFS

Pour honorer les engagements dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) pour lutter contre la désertification et atténuer les effets de la sécheresse.

PAN/LCD

Réactualisée en 2009 et 2016, la LPSE est un instrument pour concilier la conservation et l'exploitation des ressources naturelles et de l'environnement en vue de garantir un développement durable et un meilleur cadre de vie.

LPSE

La nouvelle PFS traduit la volonté de l'Etat à réduire la pauvreté par le biais de la conservation et la gestion durable du potentiel forestier et de la diversité biologique, du maintien des équilibres socio-écologiques afin d'assurer la satisfaction des besoins en produits forestiers.

Politique visant à restaurer le couvert forestier par le reboisement, la régénération assistée et la mise en défens, et par l'aménagement participatif.

PFS

1981-2016

1993

1997

1998

2004

2014-2035

2005-2025

PDDF

Avec le PDDF, le Sénégal s'est doté pour la première fois d'un véritable politique de planification forestière.

PNAE

Volonté du pays d'établir un cadre stratégique global de gestion durable des ressources naturelles et de l'environnement.

S'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre d'initiatives étatiques en conformité aux directives du Sommet de la Planète Terre de Rio de Janeiro en juin 1992.

SPNAB

Politique d'amélioration de la conservation de la biodiversité biologique pour le développement socio-économique.

S'inscrit dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique (CDB) pour la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique et le partage juste et équitable des bénéfices issues de l'utilisation des ressources génétiques.

LOASP

Cadre de référence de la politique de développement agro-sylvo-pastoral du pays sur les 20 prochaines années, elle mets l'accent sur une bonne conservation des écosystèmes et des sols.

La LOASP prend en considération les dispositions du Code forestier notamment au sujet des défrichements, la gestion des parcours pastoraux et les principes de la sylviculture.

PSE

Référentiel de la politique économique et sociale du pays sur le moyen et long terme, un nouvel instrument visant l'émergence économique du pays à l'horizon 2035.

Atteinte d'objectifs sectoriels stratégiques : Amélioration de la connaissance des ressources naturelles, Intensification de la lutte contre la dégradation des ressources et l'environnement, Renforcement de capacités techniques et institutionnelles des acteurs dans la mise en oeuvre d'actions de conservation des ressources, Préservation des réserves de biosphère.

40

Figure 12 : Frise chronologique de l'évolution de la politique de gestion des ressources
forestières au Sénégal

41

1.1. Le Plan Directeur de Développement Forestier (PDDF)

Elaboré en 1981, le PDDF a permis au Sénégal de se doter officiellement pour la première fois d'un véritable politique de planification forestière. Ce plan se donne comme but de définir une stratégie d'action à moyen et long terme (1981 à 2016) et de dégager un plan d'action concourant à impulser une dynamique au profit de la conservation forestière et des espaces naturels, tout en promouvant un accroissement considérable des investissements publics engagés dans le sous-secteur (FAO, 2003). A cette fin, les autorités du Sénégal devaient s'adosser à cinq (5) objectifs : maintenir le potentiel forestier et des équilibres socio-écologiques, d'améliorer les connaissances des problématiques forestiers, d'améliorer le cadre de vie en zone rural, de répondre aux besoins prioritaires des populations et enfin de réduire la dépendance de l'extérieur.

Le PDDF se propose comme objectif capital de favoriser une meilleure harmonisation des programmes sectoriels et un cadre interactif d'actions synergiques en zone rural (entre l'agriculture, l'élevage, la foresterie et l'artisanat), de contribuer à établir une cohérence effective des interventions, tout en incluant tous les aspects socio-écologiques et économiques des terroirs et des populations (Conseil Régionale de Dakar, 2003). Cette politique a permis d'accroitre les investissements dans le sous-secteur forestier, de réaliser l'inventaire des ressources forestières, d'estimer les tendances de la demande et d'analyser les obstacles au développement forestier, d'établir une stratégie à court, moyen et long terme, de permettre à l'Etat du Sénégal de se décharger d'une intervention massive et guère efficace. Toutefois, elle n'a pas permis d'atteindre tous les objectifs escomptés dont celui de contrarier le processus de dégradation des milieux naturels (Diop, 2005).

1.2. Plan d'Action Forestier du Sénégal (PAFS)

Découlant de la révision du plan directeur pour diverses raisons (succès restreint, évolution de la situation écologique et socio-économique de pays, l'impératif à mieux intégrer les efforts dans le contexte sous-régional de lutte contre la désertification), le PAFS a été adopté en 1993 après que l'Etat du Sénégal s'est engagé quatre années avant dans le processus de son élaboration. Il devait concourir à une meilleure prise en compte des enseignements tirés d'expériences antérieures et des évolutions actuelles en matière de conservation des ressources naturelles. Le PAFS ambitionne essentiellement la conservation du potentiel forestier et des équilibres socio-écologiques, et l'assouvissement des besoins en produits ligneux et non

42

ligneux des populations. Les actions majeures en faveur de la conservation du potentiel forestier visent à garantir une protection efficace des écosystèmes forestiers exposées au risque de dégradation ou de disparition, ou précieux et profitable à la conservation de la faune et de la flore, à restaurer les formations forestières dégradées...

Celles au profit de la conservation des équilibres tournaient autour de l'adoption de modèles de gestions des terroirs propices à l'intégration des systèmes de production, de garantir une productivité optimale et durable des systèmes, d'entretenir un équilibre affermi entre les spéculations agro-pastorales et la couverture boisée. Le PAFS a été d'une grande utilité, servant jusqu'en 2005 de cadre de référence de la politique forestière en dépit de l'évolution de l'environnement institutionnel du pays. A travers ce plan, de nombreux types d'opérations sylvicoles ont été entrepris en faveur du maintien ou de l'amélioration du potentiel des formations forestières, une importance croissante accordée à la foresterie rurale et des actions communautaires tout en mettant en avant le reboisement.

1.3. Plan National d'Action pour l'environnement (PNAE)

L'élaboration du PNAE a été le choix pour le Sénégal d'exprimer sa volonté d'établir un cadre stratégique global de gestion durable des ressources naturelles et de l'environnement. S'insérant dans le cadre de la mise en oeuvre d'initiatives étatiques en conformité aux directives du Sommet de la Planète Terre de Rio de Janeiro en juin 1992, le PNAE a été adopté en 1997 et sert de cadre stratégique pour l'identification des priorités environnementales et la définition des bases de systèmes efficaces de planification et de gestion des ressources naturelle et de l'environnement. L'un des objectifs majeurs du Plan consistait en la prise en considération de la dimension environnementale dans la planification du développement socio-économique. Ce plan donnait la priorité à la mise en oeuvre de nouvelles approches relatives à l'aménagement et la gestion des terroirs qui s'appuient sur l'implication des populations dans la planification, la gestion et le suivi des actions (RdS, 1997).

1.4. Programme d'Action Nationale de Lutte contre la Désertification (PAN/LCD)

Le Sénégalais a paraphé en 1994 et entériné en 1996 la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) qui ambitionne de lutter contre la désertification et d'atténuer les effets de la sécheresse dans les pays gravement affectés notamment en Afrique (RdS, 1998). Dès lors, le pays s'y est mis pour honorer ses engagements notamment en élaborant et en mettant en oeuvre un programme d'Action National de Lutte Contre la Désertification (PAN/LCD). Ce plan devait permettre d'apporter des solutions aux défis

43

majeurs tels qu'une meilleure connaissance de la désertification et une maitrise par les populations locales des actions de lutte à engager, des mesures de contrôle et d'évaluation des effets de la sècheresse aux fins de leur atténuation, le maintien d'un équilibre entre une exploitation raisonnable des ressources pour la satisfaction des besoins actuels et une conservation convenable pour garantir l'avenir, le renforcement du cadre institutionnel et juridique pour améliorer l'efficacité des actions et l'amélioration de la situation économique de manière à mieux combattre la pauvreté (RdS, 1998).

Pour relever ces principaux défis, la démarche opérationnelle prônée s'articulait autour d'une approche participative, impliquant toutes les parties prenantes pertinents dans la formulation des programmes. Les objectifs du PAN/LCD calqués sur ceux de la CNULCD sont de régénérer les formations naturelles dégradées, de restaurer et repeupler les habitats dégradés, de mettre en défens les zones sensibles, de protéger certaines espèces en danger ou menacées, de lutter contre les feux de brousse, de créer des bois villageois multifonctionnels, entre autres. Le PAN/LCD a permis d'une manière globale l'implication de diverses catégories d'acteurs afin de susciter un consensus élargi, le renforcement des instituts présents de l'échelle local à l'echelle nationale, la mobilisation de moyens financiers en vue d'appuyer les initiatives de lutte contre la désertification, l'amélioration du dispositif d'observation et le suivi des milieux, la lutte contre la dégradation des massifs forestiers et des pâturages (MEPN, 1999).

1.5. Lettre de Politique Sectorielle de l'Environnement (LPSE)

Le Sénégal, dans un souci d'amélioration de sa planification stratégique, la gestion des risques et le suivi de la performance a jugé nécessaire de s'équiper de lettres de politiques sectorielles de développement (LPSD). Au niveau ministériel et sectoriel, la Lettre de politiques sectorielles constitue un instrument d'aide à la planification du développement et contribue à la satisfaction des besoins des populations. C'est dans ce cadre que s'inscrit la Lettre de Politique Sectorielle de l'environnement (LPSE) adoptée en 2004 qui sera réactualisée deux fois en 2009 puis en 2016. Elle s'ambitionne de répondre à l'obligation de concilier la conservation et l'exploitation des ressources naturelles et de l'environnement en vue d'un développement durable et de réorganiser les rôles de l'Etat et des acteurs non gouvernementaux afin de garantir meilleur cadre de vie.

La LPSE initiale (2004) aspirait à assurer les conditions de durabilité du développement socio-économique dans une éventualité de forte croissance conciliable avec la gestion et l'exploitation écologiquement raisonnable des ressources naturelles et de l'environnement. Les orientations

44

de la lettre à l'égard de la gestion des ressources naturelles étaient pour l'essentiel adossés aux objectifs du PAFS tout en mettant en avant le renforcement des initiatives relatives en termes d'intervention en régie et de promotion de l'aménagement forestier régional, villageois ainsi que la foresterie urbaine (MEPN, 2004). En 2009, de nouvelles orientations sont approuvées de manière à garantir une bonne gestion raisonnable des ressources et de l'environnement en vue de concourir à réduire la pauvreté dans une éventualité de développement durable (MEPNBRLA, 2009). L'une des nouveautés repose sur le fait que l'une des priorités est accordée au renforcement de l'appui conseil aux promoteurs pour le développement des forêts privées.

La LPSE (2016) s'insère dans une nouvelle dynamique avec comme vision d'accélérer sur le moyen et long terme le développement économique et social du pays et garantir le bien-être des populations dans l'intention de mieux s'accorder avec les orientations du Plan Sénégal Emergent (PSE). Elle se fonde, entre autres, sur l'intégration des principes de développement durable dans le but de renverser la tendance à la dégradation des ressources naturelles et de l'environnement, de diminuer voir arrêter l'érosion de la biodiversité (MEDD, 2016). Ainsi, l'un des 2 axes stratégiques de la LPSE est consacrée à la « Gestion de l'environnement et des ressources naturelles » avec spécifiquement comme objectif prédominant la réduction de la dégradation de l'environnement et des ressources, des effets négatifs du changement climatique et la perte de biodiversité (MEDD, 2016).

1.6. La Stratégie Nationale et Plan Nationale d'Actions pour la Conservation de la Biodiversité (SPNAB)

Préoccupé par l'amélioration de la conservation de la diversité biologique, le Sénégal a paraphé puis ratifié en 1994 la Convention sur la diversité biologique (CDB) qui ambitionne la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique ainsi que le partage juste et équitable des bénéfices émanant de l'utilisation des ressources génétiques. Pour parvenir à atteindre ces objectifs, le pays s'est doté d'une stratégie nationale et d'un plan national d'actions pour la conservation de la biodiversité (SPNAB). Plusieurs résultats en termes de conservation des ressources biologiques ont été obtenus grâce à la mise en oeuvre de la SPNAB. Néanmoins, après une période d'une dizaine d'années, il était primordial de prendre en considération de nombreuses interrogations émergentes et de s'arrimer à la vision du PSE, cadre de référence de la politique socio-économique du Sénégal.

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C'est pourquoi le pays s'est donné une nouvelle politique avec une vision claire de restaurer, conserver et valoriser la biodiversité en vue de fournir durablement des biens et services avec un partage des bénéfices et avantages dans le but de concourir au développent socio-économique (RdS, 2015). Quatre axes stratégiques (A, B, C, D) ont été définis dont « Axe stratégique B : Réduction des pressions, restauration et conservation de la biodiversité ». Ces axes sont déclinés en dix (10) objectifs et vingt et une (21) lignes d'actions permettant de prendre en considération les préoccupations relatives à l'amélioration de l'état de conservation des espèces avant tout végétales, en particulier la restauration des écosystèmes par le biais de reboisement et la récupération des terres salées.

1.7. Loi d'Orientation Agro-sylvo-pastorale (LOASP)

Le Sénégal s'est doté au printemps 2004 d'une loi45 portant loi d'orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP) définissant sur 20 prochaines années le cadre de développement agro-sylvo-pastoral. Cette loi prend en considération toutes les activités économiques et leurs fonctions sociales en zone rural et constitue un cadre de référence du développement agricole (RdS, 2004). Malgré l'exigence de garantir d'abondantes production agricoles et pastorales, cette loi d'orientation agro-sylvo-Pastorale mets en avant une bonne conservation des écosystèmes et des sols. La LOASP tient compte des dispositions du Code forestier46 notamment au sujet des défrichements, la gestion des parcours pastoraux et les principes de la sylviculture.

D'ailleurs, l'un des 6 objectifs spécifiques inscrits dans la loi47 permettant de répondre à cette préoccupation est de protéger l'environnement et gérer durablement les ressources naturelles notamment par une meilleure connaissance et l'amélioration de la fertilité des sols (RdS, 2004). Les alinéas de l'article 37 à l'article 41 sont dédiés à la sylviculture et à l'aménagement forestier avec de nombreuses dispositions concernant la production et l'exploitation forestière, le reboisement, les élagages, la lutte contre les feux de brousse, les coupes relatives à la gestion sanitaire et les éclaircies... (RdS, 2004). Tant de dispositions et mesures qui consentent à donner une place remarquable aux arbres au sein espaces agricoles et pastoraux, ainsi que l'importance de l'agroforesterie. Toutefois, cette nouvelle approche est très brièvement évoquée lorsque dans l'article 37 il est abordé les avantages de la sylviculture en matière de mise en valeur économique, écologique et sociale du domaine forestier.

45 Loi n°2004-16 du 4 juin 2004 vote à l'Assemblée Nationale le 25 mai 2004, promulgation le 04 juin 2004.

46 Loi 98-03 du 08 janvier 1998 et décret 98-164 d'application du 20 février 1998.

47 Article 6 de loi d'orientation agro-sylvo-pastorale.

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1.8. Politique Forestière du Sénégal 2005-2025 (PFS)

Conscient des fonctions socio-économiques et écologiques et du contexte de dégradation grandissante des ressources forestières en raison de facteurs naturels et anthropiques et ce, depuis plusieurs décennies, l'Etat s'est doté d'une politique forestière pour la période de 2005 à 2025 (PFS) avec pour ambition de contribuer à réduire la pauvreté par le biais de la conservation et la gestion durable du potentiel forestier et de la diversité biologique, du maintien des équilibres socio-écologiques afin d'assurer la satisfaction des besoins des populations en produits forestiers. La politique forestière à travers sa nouvelle vision, envisage mettre en avant une politique constante de responsabilisation des collectivités territoriales, une politique intégrée de développement agro-sylvo-pastoral, de renforcer les capacités des structures de l'Etat, des collectivités et des partenaires, d'impliquer activement le secteur privé et la société civile, d'approfondir la connaissance du potentiel et de la dynamique des peuplement forestiers et des écosystèmes sur tout le territoire national (RdS, 2005).

La PFS doit concourir à restaurer le couvert forestier d'une part, par le reboisement et la régénération assistée aussi bien que par la mise en défens et d'autre part, par l'aménagement participatif. Pour y parvenir, la PFS s'est articulée autour de deux axes stratégiques : (1) « Aménagement et la gestion rationnelle des ressources forestières et fauniques » et (2) « Renforcement des capacités des collectivités territoriales et des organisations communautaires de base » (RdS, 2005). Le premier axe entend répondre à la satisfaction des besoins des populations dans une perspective ne compromettant pas la pérennité des ressources, en insistant sur une exploitation fondée sur des principes d'aménagement et de gestion raisonnable ainsi qu'une conservation durable des ressources forestières et fauniques.

Plusieurs actions en faveur de l'exploitation rationnelle des services et ressources forestières ont été définis et se répartissent dans les deux composantes du premier axe : « Aménagement et gestion rationnelle des forêts » et « Gestion de la faune et conservation de la biodiversité ». La PFS, référentiel des politiques forestières du pays met davantage en avant la promotion de l'agroforesterie. L'une des activités majeures du plan d'action de la PFS est dédié à la régénération naturelle assistée de 11 000 hectares durant les quatre premières années de mise en oeuvre de cette politique (RdS, 2005). Avec l'évolution du contexte depuis 2005 notamment de la décentralisation et l'adoption des 17 Objectifs de développement durable (dont l'objectif 15 relatif à la gestion durable des forêts et la lutte contre la désertification), le Sénégal s'est doté d'un nouveau cadre de référence des politiques : le Plan Sénégal Emergent.

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1.9. Plan Sénégal Emergent (PSE)

Référentiel de la politique économique et sociale sur le moyen et le long terme, le PSE constitue un nouvel instrument visant l'émergence économique du Sénégal à l'horizon 2035. A travers ce plan, l'Etat a pris conscience de l'exploitation grandissante et non maitrisée des ressources dans un contexte de dégradation environnementale faisant générer de nouveaux obstacles au développement économique et aux perspectives de création d'emplois (RdS, 2014). D'après le PSE, environ 60% de la population sénégalaise est tributaire des secteurs ayant trait aux ressources naturelles (agriculture, foresterie, etc....) pendant que les risques liés à l'environnement et l'épuisement de ressources naturelles constituent de sérieuses menaces sur la production et par conséquent sur la croissance (RdS, 2014). L'Axe 2 du PSE intitulé « capital humain, protection sociale et développement durable » exprime l'engagement du Sénégal à intégrer les principes du développement durable dans les politiques environnementales et renverser la tendance de diminution des ressources naturelles tout en continuant à ambitionner la réduction de la perte de la diversité biologique.

En ce sens, l'Etat ambitionne d'atteindre ces objectifs sectoriels stratégiques : l'amélioration de la base de connaissance de l'environnement et des ressources naturelles, l'intensification de la lutte contre la dégradation environnementale et des ressources, le renforcement de capacités techniques et institutionnelles des acteurs dans la mise en oeuvre d'actions relatives à la conservation de l'environnement et des ressources et enfin, la préservation des réserves de biosphère et la promotion d'une économie verte ainsi que la mobilisation des financements pour les emplois verts. Pour l'atteinte de ces objectifs que le Sénégal s'est fixé, le plan d'action prioritaire du PSE renferme un bon nombre de programmes et projets expressément consacrés à renforcer les efforts consentis dans la gestion rationnelle des ressources naturelles, dans une perspective de développement durable.

De plus, le pays est dans un processus de finalisation de sa contribution déterminée au niveau national (CDN), plan d'action climatique ambitionnant la réduction des émissions et l'adaptation aux effets des changements climatiques et qui s'insère dans le cadre de la stratégie de développement du PSE. Deux (2) rapports du volet « Adaptation » ont concerné l'agriculture et la diversité biologique : le premier mettant en évidence la restauration et l'amélioration de la fertilité des sols (Lô et Sow, 2017) ; le second exposant les pistes et mesures d'adaptation au changement climatiques dont le renforcement de la résiliences des écosystèmes (Diouck et Kane, 2017). Quant au volet « Atténuation », un rapport sectoriel a évoqué les contributions déterminées au niveau national dans le secteur ayant trait à la foresterie, avec un plan d'actions

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et des orientations sur les efforts à consentir pour reboiser massivement et mettre en défens les forêts et promouvoir et mettre en oeuvre la régénération naturelle assistée de même que l'agroforesterie (MEDD, 2017).

2. Cadre juridique régissant la gestion des ressources forestières

Pour mener à bien les orientation politiques en termes de gestion des ressources naturelles, le Sénégal a adopté un ensemble de règles juridiques destinées au maintien ou au rétablissement des équilibres écologiques indispensables au développement économique et sociale du pays. Ces diverses règles ont été prescrites par le biais d'un certain nombre de textes. Parmi ces derniers, il y'a lieu de différencier ceux adoptés sur le plan international et ceux définis au niveau national pour constituer directement le soubassement de la gestion et de la protection des ressources naturelles.

Sur le plan international, le Sénégal é exprimé son intention de contribuer de manière significative à l'effort mondial de conservation des ressources naturelles notamment des ressources forestières. Cette volonté s'est concrétisée à travers la signature et la ratification des divers conventions et Accords internationaux multilatéraux sur l'environnement exerçant une influence directe sur l'environnement et les gestion des ressources. Parmi ces conventions, nous pouvons citer la convention des Nations unies sur le diversité Biologique signée en 1994 et ratifié en 1994), la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification signée en 1994 et ratifiée en 1995, la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques signée en 1992 et ratifié en 1994, la convention de Ramsar ayant trait aux zones humides d'importance internationale signée et ratifiée en 1977, la convention de Washington sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction ratifiée en 1977, la convention de Paris sur la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel ratifiée en 1976, la convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelle ratifiée en 1972. Bien que le Sénégal ait adhéré à tous ces accords internationaux multilatéraux sur l'environnement, il faut bien admettre que la plupart des textes internationaux ne revêtent pas un caractère contraignant.

Au niveau national, le Sénégal jouissait avant l'indépendance d'une politique de conservation des ressources forestière et fauniques sous l'initiative du service forestier colonial48 (Ribot, 1995). L'indépendance acquise en 1960, le pays s'est engagé à mettre en place un cadre

48 Décret 1900 portant Premier code forestier puis Décret du 04 juillet 1935 portant Nouveau Code forestier pour l'Afrique occidentale française.

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juridique approprié, favorable pour promouvoir une conservation et une gestion rationnelle des ressources naturelles notamment forestières en vue de faire face à la dégradation de l'environnement biophysique et de gérer convenablement les activités humaines. Ainsi, plusieurs instruments juridiques ont été élaborés, parmi lesquels on peut citer les principaux (CSE, 2013) : la loi 64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national ; la loi 98-03 du 08 janvier 1998 portant Code forestier49 ; la loi 67-28 du 23 mai 1967 relative à la faune et la gestion de la chasse ; les lois 96-06 et 96-07 du 22 mars 1996 portant respectivement Code des collectivités locales et transfert de compétences aux collectivités ; la loi 2001-01 du 15 janvier portant Code de l'environnement ; la LOASP ; la loi 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des collectivités territoriales ; la loi constitutionnelle 2016-10 du 05 avril 2016 portant révision de celle de 200150.

Dans le domaine relatif à la gestion des ressources forestières, ces instruments peuvent être réparties de manière globale en trois grandes catégories.

La première a mis essentiellement l'accent sur le rôle prédominant de l'Etat dans la gestion des ressources forestières avec l'ensemble les forêts placées sous son contrôle direct par le biais du service forestier51. Alors que les populations notamment rurales sont cantonnées à l'exploitation des produits forestiers de faible valeur commerciale, permettant néanmoins leurs besoins par le biais de délivrance des droits d'usage. L'administration forestière avait exclusivement la mainmise sur l'ensemble des ressources forestières et toute forme d'appropriation de ces ressources était complètement écartée. Toutefois, cette première catégorie d'instruments n'était plus adaptée au contexte socio-économique et politique du pays mais aussi aux différentes orientations de la conférence de Rio.

La seconde catégorie d'instruments ambitionnait principalement de corriger certains manquements notamment de réduire le caractère répressif, l'affirmation de la propriété et le droit d'exploitation des ressources plantées par des privés52. Mieux, ces instruments s'efforçaient de favoriser et encourager l'implication des populations dans la protection et la

49 Loi 98-03 du 08 janvier 1998 portant code forestier modifiant la loi 93-06 du 04 février 1993 portant Code forestier, modifiant à son tour la loi 65-23 du 09 février 1965 portant Code forestier.

50 Article 25-1 de la nouvelle constitution : « Les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l'amélioration de ses conditions de vie. L'exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables ».

51 Loi 64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national et loi 65-23 du 09 février 1965 portant Code forestier.

52 Loi 93-06 du 04 février 1993 portant Code forestier.

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restauration des ressources forestières par l'adoption d'une approche participative et de terroir et notamment par le biais de la conduite d'opérations de reboisement participatif.

La dernière catégorie d'instruments s'accordait surtout à la volonté de l'Etat de faire la promotion d'un développement local harmonieux et répondre efficacement aux besoins des populations par le biais de la décentralisation53. Le transfert de compétences notamment dans le domaine de l'environnement et la gestion des ressources s'est traduit par une volonté manifeste de placer l'acteur local au coeur de la problématique liée à la gestion de ressources notamment forestières. Cette volonté s'est concrétisée d'une part, par la modification du code forestier en vue de favoriser une meilleure implication des populations dans les efforts engagés en faveur de la pérennisation du domaine forestier et d'autre part, par le biais de l'Acte III de la décentralisation54 et l'adoption en 2018 d'une nouvelle loi portant code forestier55 visant entre autres, à renforcer le pouvoir de gestion des collectivités territoriales sur les forêts en dehors du domaine classé, à renforcer les prérogatives des services déconcentrés dans la gestion forestière, à mieux répartir les recettes forestières entre l'Etat et les collectivités...

Quant à l'Acte III, il ambitionne de peser notamment en matière en matière de gestion des ressources naturelles et l'environnent, en renforçant les prérogatives des collectivités dans la création et la gestion des forêts, d'espaces protégés et de réserves naturelles, la gestion de zones forestières de terroirs et de sites naturels présentant un intérêt local, la gestion des bois communaux et la création d'aires protégées. Le nouveau code forestier permet de prendre en considération le contexte actuel surtout politico-écologique et de favoriser la réadaptation des règles générales de la gestion forestière et de la gestion des arbres hors forêts et des terres à vocation forestière dans l'optique de promouvoir une mise en valeur socio-économique et écologique des ressources forestières et des terres à vocation forestière.

En dépit de son caractère assez bien fourni, le cadre juridique régissant la gestion des ressources forestières présente toutefois des limites : les contradictions et vides juridiques notamment la faible prise en considération dans les textes législatifs et réglementaire des exigences, les ambitions, les connaissances et capacités notamment des acteurs de base ; mais aussi la non-accessibilité de ces textes (formats non adaptés de même que contenu, concepts, langages) aux populations locales). Ce cadre semble avoir besoin d'être épaulé par un cadre institutionnel à la

53 Lois 96-06 et 96-07 du 22 mars 1996 portant respectivement Code des collectivités locales et Transfert de compétences aux collectivités.

54 Loi 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code générale des collectivités locales, document publié par OIT (Organisation internationale du Travail)

55 Loi 2018-25 du 12 novembre 2018 portant Code forestier.

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fois solide et stable, favorable pour mieux appliquer les règles de base en termes de gestion des ressources naturelles.

3. Cadre institutionnel de la gestion des ressources forestières

Pour apporter une réponse à la dégradation environnementale et une meilleure gestion des ressources naturelles, le Sénégal a adopté un grand nombre de politiques de développement et de textes juridiques. En vue de rendre opérationnel ces cadres, un cadre institutionnel de l'administration concernant le domaine de la gestion des ressources et l'environnement a été mise en place et impliquant diverses acteurs classés et regroupés en trois (3) principaux niveaux hiérarchiques de décision : central, déconcentré et décentralisé auquel appartient principalement les collectivités.

3.1. L'administration centrale

Au Sénégal, la gestion des ressources naturelles fait intervenir au niveau de l'administration central plusieurs structures, dont certaines appartiennent au ministère de l'environnement et d'autres en dépendent.

O Le Ministère de l'Environnement et du Développement durable (MEDD)

En charge de la préparation et de la mise en oeuvre de la politique définie par le gouvernement en termes de veille environnementale, de lutte contre les pollutions environnementales, de protection de la nature, de la faune et de la flore56, le MEDD est responsable entre autres, de la protection de l'environnement, de l'exécution de la politique de protection et de régénération des sols et s'assure de la prise de mesures en faveur de la préservation de la faune et de la flore, de lutte contre les feux de brousse. En relation avec les collectivités, il s'attèle à promouvoir l'économie forestière ainsi qu'une utilisation rationnelle des ressources forestières. Pour accomplir ses missions, il s'appuie essentiellement sur quatre (4) directions à savoir la DEFCCS, la DPN, la DEEC et la DAMCP.

O La Direction des Eaux, Forêts, Chasse et Conservation des Sols (DEFCCS)

Principale structure accueillant des projets et programmes ayant trait à la gestion des ressources naturelles et à la lutte contre la désertification, cette direction est chargée d'élaborer et de mettre en oeuvre la politique forestière nationale. Son mandat touche plusieurs domaines : conservation

56 Décret n° 2014-880 du 22 juillet 2014 relatif aux attributions du MEDD.

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des sols, reboisement, gestion de la faune. En vue de promouvoir une gestion durable des forêts et de la diversité biologique, de répondre aux besoins des populations tout en garantissant le maintien des équilibres socio-écologiques, la DEFCCS mène de nombreuses actions essentiellement en faveur de la restauration des milieux dégradés, de la mise en oeuvre des mesures conservatoires, de la règlementation de l'utilisation des ressources, de la protection et la rationalisation de l'exploitation des ressources.

O La Direction des Parcs Nationaux (DPN)

Créée en 1969 et chargée de mettre en oeuvre de la politique du gouvernement, en conformité avec les engagements contractés au niveau international par le Sénégal en termes de conservation de la biodiversité, la DPN ambitionne de gérer et de protéger les écosystèmes naturels et de la faune. S'adonnant à la mise en oeuvre des conventions internationales se rapportant à la bonne gestion de l'environnement, elle a en charge, entre autres, de la consolidation et du renforcement des acquis en matière de conservation de la biodiversité dans les aires protégées mais également de l'incitation à participer et à promouvoir des initiatives privées dans les activités de gestion et de valorisation des aires protégées et de manière générale de la biodiversité. A l'echelle locale, elle exhorte les populations à travers ses services déconcentrés, dans les activités en faveur de la conservation, la restauration et la valorisation du réseau des aires protégées.

O La Direction de l'Environnement et des Etablissements Classés (DEEC)

Créée en 1975, elle s'est en définitive installée au Ministère de l'environnement et de la protection de la nature57, après avoir transitée dans d'autres départements ministériels. Sous la tutelle du MEED, elle s'occupe de mettre en oeuvre la politique de l'Etat en termes d'environnement et plus particulièrement de lutte contre les pollutions et les nuisances. Ses principales missions consistent à prévenir et à contrôler les pollutions et nuisances, à intégrer la dimension environnementale dans les projets, programmes et politiques, au suivi des actions de différents services et organismes opérant dans le domaine de l'environnement. Ainsi, la DEEC joue un rôle important dans la gestion et la restauration des ressources naturelles notamment et plus particulièrement des ressources forestières.

O La Direction des Aires Marines Communautaires Protégées (DAMCP)

57 Actuel Ministère de l'Environnement et du Développement durable (MEDD).

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Profondément préoccupé par la préservation de la productivité des écosystèmes notamment des écosystèmes côtiers et marins, le Sénégal s'est lancé dans un processus visant à mettre en place un réseau d'aires marines protégées avec l'ambition de préserver sur le long terme la biodiversité, d'utiliser durablement les ressources naturelles, de valoriser le patrimoine côtier et marin, d'améliorer les conditions d'existence des communautés. Créée en faveur du renforcement du dispositif institutionnel58, la DAMCP est chargée de la mise en oeuvre de la politique du gouvernement en termes de création, d'organisation et de gestion de ce réseau d'aires marines protégées. Spécifiquement, sa mission se résume à la conservation de la biodiversité côtière et marine notamment en consolidant et en renforçant le réseau, à appuyer les initiatives communautaires pour favoriser l'émergence d'une gestion durable des ressources, à mettre en place des cadre locaux de cogestion des ressources et des aires marines protégées.

C'est ainsi qu'elle mène de façon régulière et en relation avec les communautés locales, des activités en faveur de la préservation des écosystèmes de mangrove, de nombreuses initiatives relatives au reboisement et à l'exploitation rationnelle des ressources au sein des aires protégées. Au sein du MEDD, deux (2) autres directions jouent un rôle significatif à côté de la DAMCP : la Direction de la planification et de la veille environnementale (DPVE) chargée de coordonner et d'harmoniser les actions et les activités en faveur de la définition des stratégies et politiques, et la Direction des financements verts et des partenariats (DFVP) en charge du développement des mécanismes de recherche de financements innovants, de la promotion notamment de l'économie verte et des emplois verts.

O Le Conseil Supérieur des Ressources Naturelles et de l'Environnement (CONSERE)

Créé59 en 1993, le CONSERE a servi de cadre de concertation en faveur d'une orientation harmonieuse et efficiente de la planification et de la gestion des ressources naturelles. Il devait concourir à une coordination efficace de l'actions des départements ministériels concernés par la gestion des ressources naturelles et de l'environnement, afin de renforcer les politiques et programmes. Sa mission principale consiste à coordonner et harmoniser les initiatives sectorielles de gestion des ressources naturelles. Ayant beaucoup servi durant la période des années 90 notamment à l'élaboration de la SPNAB, du PAN/LCD ou encore du PNAE, le CONSERE continue toujours d'exister officiellement, mais n'a toutefois pas abouti aux résultats escomptés.

58 Décret n°2012-543 du 24 mai 2012.

59 Décret n°93-885 du 04 août 1993.

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O La Commission Nationale pour le Développement Durable (CNDD)

Mise en place60 en 1995 avec l'objectif d'oeuvrer à l'élaboration d'une stratégie de développement durable à l'echelle nationale, elle avait pour mission de dresser un état des lieux et de réaliser l'évaluation de l'état de mise en oeuvre de l'Agenda 21. A l'exemple de la CONSERE, la CNDD a été d'une importance majeure dans l'élaboration de nombreux cadre stratégiques notamment le PNAE. En 2008, d'autres missions61 lui ont été assignées notamment la définition d'une stratégie et l'élaboration d'un plan d'action de développement durable au niveau national, la soumission auprès de la Commission des Nations unies pour le développement durable (CDD) d'un rapport annuel de développement durable et du plan d'application Johannesburg, la facilitation des partages d'expériences avec d'autres pays.

O L'Agence Nationale de la Grande Muraille Verte (ANGMV)

Issue d'une vision continentale et pour mieux faire face aux défis liés à la désertification et la sècheresse, l'érosion de la biodiversité et les changements climatiques, l'ANGMV cherche à stopper l'avancée du désert, à mettre en valeur les zones dégradées et à lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes. Créée62 en 2008, l'agence mène diverses activités relatives aux plantations, à la promotion de bonnes pratiques de gestion durable des ressources en eau, des espaces de parcours, des couloirs de passage, des forêts, des parcs, ... En effet, la création de cette agence traduit une réelle volonté de l'Etat sénégalais de contribuer d'une part, à freiner l'avancée du désert, à la mise en valeur les zones concernées à travers une gestion durable des ressources, à promouvoir des activités agro-sylvo-pastorales et combattre la pauvreté, à satisfaire les besoins en produits (ligneux et non ligneux) des populations et à diversifier les systèmes d'exploitations des terres ; et d'autre part, à restaurer les sols, à améliorer la séquestration du carbone et à protéger la diversité biologique.

Le programme de l'agence en ce qui concerne le Sénégal portait sur le reboisement de 817 500 hectares dans une bande de 545 km de long et 15 km de large. Ce programme a permis de produire 18,3 millions de plants, le reboisement de 42 500 hectares, l'aménagement de pares-feux de 13 300 km et 13 000 hectares mis en défens, d'après le directeur de l'agence avant son départ en 2017 (Dogru, 2022). Toutefois en 2019, l'Agence a été dissout63 à cause d'un cadre

60 Arrêté de la Primature n°5161 du 26 mai 1995.

61 Arrêté Primatoral n°8998 du 17 octobre 2008.

62 Décret 2008-1521 du 31 décembre 2008 fixant statut, règles organisation et fonctionnement.

63 Décret n° 2019-1708 du 09 octobre 2019 portant dissolution de l'ANGMV.

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juridique devenu inadéquat notamment du fait des nouvelles mesures juridiques64 pour être remplacée par une nouvelle agence d'exécution65, connue sous l'appellation l'Agence sénégalaise de reforestation, de la Grande muraille verte (ASRGMV) exclusivement dédié à la reforestation et au reverdissement avec l'intention de conférer plus d'impulsion, d'autonomie et une importance majeure à l'activité reforestation au niveau nationale.

O L'Agence Nationale des Ecovillages (ANEV)

Avec la volonté de s'orienter vers des politiques s'inscrivant dans une démarche de développement durable et de lutte contre la pauvreté, le Sénégal a jugé nécessaire de prendre en considération les dimensions du développement durable et de la pauvreté dans toutes les formes de planification au niveau local et particulièrement à l'echelle du village. C'est dans ce cadre que l'Etat a mis en place66 en 2008 une nouvelle agence rattachée au MEDD et dénommée Agence nationale des écovillages (ANEV) dans l'ambition de promouvoir l'émergence d'un « développement écologique participatif, solidaire, responsable et durable de l'ensemble des villages du monde rural sénégalais ». Les principales missions de l'ANEV consistent à créer des écovillages sur toute l'étendue du pays, d'assister les populations au sein des villages à organiser et aménager leurs espaces, à mettre en place des pépinières au sein de chaque village pour satisfaire les besoins en espèces végétales, à développer des marchés ou des filières pour la satisfaction des besoins alimentaires et promouvoir les produits écologiques provenant de ces écovillages, à maitriser la ressources en eau (pour consommation humaine et aussi pour le développement de l'agro-sylvo-pastorale).

En sus de toutes ces structures précédemment décrites, de nombreuses et diverses autres structures et ministères interviennent et jouent un rôle significatif dans la gestion des ressources naturelles. Elles concernent le Comité national du CILSS, le Centre de suivi écologique (CSE), les Ministères de l'agriculture, de l'élevage, des pêches, de l'hydraulique, des mines, des collectivités territoriales et en partie le Comité nationale sur les changements climatiques.

3.2. L'administration déconcentrée

64 Loi 2018-25 du 12 novembre 2018 portant Code forestier.

65 Décret n° 2019-1104 du 3 juillet 2019 portant création, et fixant les règles d'organisation et de fonctionnement de l'ASRGMV.

66 Décret n° 2008-981 du 12 août 2008 portant création et fixant les règles d'organisation et de fonctionnement de l'Agence nationale des Ecovillages

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Au Sénégal, la gestion de l'environnement et des ressources fait intervenir une multitude de structures diverses à différentes échelles territoriales. Ces structures interviennent en collaborant avec les services décentralisés mais aussi avec les populations locales. Elles sont principalement représentées par les services déconcentrés du Ministère de l'environnement et du développement durable particulièrement les représentants de la Direction des parcs nationaux et de la Direction des aires marines communautaires protégées, des Inspections et Directions régionales (surtout les IREF et les DEEC). En outre, d'autres services déconcentrés (en charge de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche, de la planification, du développement local, etc...) portent leurs contributions à la gestion des ressources naturelles. Au plus bas niveau de décentralisation, le plus grand nombre de ces services techniques est constitué par des agents à l'occasion des Centres d'appui au développement local (CADL). Ces derniers jouent un rôle déterminant dans la gestion des ressources naturelles à l'echelle des terroirs. Au plus haut niveau décentralisé et au niveau départemental et local, ces services mènent diverses activités en coordination avec l'administration territoriale par le biais des comités de développement (régional, départemental et locaux) qui se réunissent de façon régulière pour discuter sur certaines questions relatives à la gestion des ressources et l'environnement (reboisement, lutte contre les feux de brousse, érection d'aires protégées, etc.).

3.3. Le niveau décentralisé

A ce niveau, les instances fondamentales engagées dans la gestion des ressources naturelle et de l'environnement sont essentiellement constituées par les collectivités territoriales et des structures d'appui et plus particulièrement les agences de développement.

3.3.1. Les collectivités territoriales

Depuis quelques décennies, le pays s'est engagé dans un processus de décentralisation, avec trois (3) principales réformes accomplies sur différente périodes. Tout d'abord, la première réforme de 1972 est relative à la création des communautés rurales. Ensuite, celle de 1996 est vouée à la régionalisation avec notamment la région qui est érigée en collectivité local et la création des communes d'arrondissements. Cette réforme s'est distinguée par l'édiction d'une loi permettant le transfert de compétences dans presque une dizaine de domaines (dont la gestion des ressources naturelles et l'environnement (Boutinot, 2002). En fin celle de 2013 intitulée « Acte III de la décentralisation » s'est caractérisée par l'érection du département en collectivité locale et marque l'installation de la communalisation intégrale des autres collectivités locales, tout en supprimant régions collectivités locales et communes

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d'arrondissement. Cette réforme procure un environnement adapté et favorable à la construction des fondements de la territorialisation des politiques publiques (y compris la gestion des ressources et l'environnement) au niveau du département et de la commune.

O Les compétences du département en termes de gestion des ressources naturelles et d'environnement

L'érection de département en collectivité s'est traduite par un transfert de compétences vers cette dernière. Ainsi, le département se voit reconnaitre des compétences67 notamment ayant trait à l'environnement et la gestion des ressources naturelles. Nous pouvons en citer quelques parmi d'autres : la création et la gestion des forêts, des espaces protégées et des sites naturels ayant un intérêt à l'echelle départemental ; élaborer et mettre en oeuvre des plans d'actions de l'environnement, d'intervention et de prévention des risques ; réaliser des pares-feux pour lutter contre les feux de brousse ; répartir entre les différentes communes les quotas relatifs à l'exploitation forestière ; délivrer une autorisation de défrichement après délibéré du conseil municipal ou une permis de coupe et d'abattage...

O Les compétences de la commune en ternes de gestion des ressources naturelles et d'environnement

En 2013, l'Etat a décidé de procéder à la communalisation intégrale68 pour homogénéiser les différents échelons territoriaux peu importe leur nature (rurale ou urbaine) en vue d'une l'harmonisation de son architecture territoriale. Cette communalisation intégrale s'est manifestée par l'érection des communes d'arrondissement et communautés rurales en communes. Ces dernières se voient attribuer plusieurs compétences69 dont la gestion des zones forestières de terroirs, la gestion des zones naturelles d'intérêt local, la création et gestion de bois communaux et d'espaces naturels protégés, la réalisation d'opérations de reboisement, l'élaboration de plans d'action en faveur de l'environnement, la mise en défens.

3.3.2. Les agences de développement

En vue d'une gestion adaptée et adéquate des compétences qui leur sont attribuées notamment dans le domaine de l'environnement et de la gestion des ressources naturelles, les collectivités territoriales s'appuient sur un certain nombre de structures diverses. Ces dernières sont principalement représentées par les Agences régionales de développement (ARD) pour appuyer

67 Selon l'article 304 de la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales.

68 Loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales, document publié par OIT

69 Selon l'article 305 de la loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales.

58

les collectivités à coordonner et à harmoniser leurs interventions et initiatives ; l'Agence de développement municipal (ADM) pour contribuer à renforcer la décentralisation et le développement local ; l'Agence de développement local (ADL) pour promouvoir et coordonner les actions de développement à l'echelle locale.

Toutefois, en dépit de la volonté politique de l'Etat sénégalais de renforcer l'aspect participatif de la gestion de l'environnement et des ressources naturelles par législation adéquate et une réglementation adaptée, force est de constater que l'implication des collectivités territoriales pourtant essentielle dans la réussite de la mise en oeuvre de politique de gestion rationnelle des ressources naturelles notamment forestières (Retiere, 2015)70 demeure faible. D'ailleurs, certains agents des Services ayant trait à la gestion des ressources forestières ont du mal à reconnaitre pleinement les prérogatives des collectivités territoriales et encore moins des populations locales sous prétexte qu'elles ne disposent pas de capacités techniques souvent complexes, requises pour la gestion convenable des forêts (Diop 2019).

II. Evolutions de la gouvernance des ressources forestières au Sénégal 1. Approches et bref historique de la gouvernance forestière

L'évolution de la gouvernance forestière au Sénégal et celle relative aux politiques de décentration et aux approches dans le secteur forestier notamment en termes de gestion des ressources naturelles sont étroitement liées. Le secteur forestier sénégalais a fait l'objet depuis l'ère coloniale, d'une multitude de changements et constitue l'un des secteurs les plus dynamiques en matière d'évolutions des approches. A l'époque d'après la colonisation, l'administration forestière insistait principalement sur une politique de nature conservatiste à l'égard des ressources forestières. Bien avant l'accession du pays à son indépendance en 196071, la gouvernance forestière au Sénégal a connu de nombreuses évolution manifestes, de l'adoption d'approches répressives jusqu'à celles de cogestion voir même relativement autonome en ce qui concerne les collectivités territoriales (Ribot, 1995 ; IPAR, 2015).

La gestion des ressources naturelles est passée de centralisé (début 1960) à décentralisée (dans les années 90) puis concertée (début année 2000) (Touré, 2011 ; Sène, 2014). Ces évolutions sont marquées par la création de nombreuses cadres de concertation pour une gestion en commun des ressources. En outre, elle sont caractérisées notamment par une prise en

70 République du Sénégal - Land degradation neutrality, Rapport national, septembre 2015.

71 Ce, depuis l'adoption du décret du 04 juillet 1935 portant Nouveau Code forestier pour l'AOF.

considération de la multiplicité des fonctions écosystémiques des forêts et des divers usages et intérêts des différentes catégories de parties prenantes concernées par la gestion forestière durable (Diop, 2019). Dans cette optique, l'implication et la participation actives de l'ensemble des divers acteurs sont indispensables pour une bonne gouvernance forestière. Cette dernière se distingue selon une définition d'Organisations internationales par « un processus d'élaboration des politiques prévisible, ouvert et renseigné, fondé sur la transparence ; une bureaucratie imprégnée d'éthique professionnelle ; un exécutif responsable de ses actions ; une société civile forte qui participe aux décisions intéressant ce secteur et aux affaires publiques en général » (FAO et OIBT, 2010).

Faisant référence à la façon de faire et d'appliquer les décisions relatives à la gestion, l'utilisation et la conservation des forêts par différentes entités publiques (Etat, collectivités, entreprises publiques) et privées (entreprises, ONG, Association, etc...), une gouvernance forestière efficace implique l'ensemble des parties prenantes ainsi que les secteurs les mieux appropriés et étudie les problèmes majeurs relatifs aux forêts (FAO, 2020). C'est un fondement essentiel pour une gestion forestière concertée et durable. Dès lors, le pays s'est engagé à promouvoir la participation publique en vue de favoriser l'implication des différents acteurs dans la gouvernance forestière.

59

Période essentiellement caractérisée par la protection, la conservation et le classement de la plupart des forêts.

1930 : début du processus de classement des forêts et des premières actions de reboisement (plantation en régies).

Les forêts étaient principalement placées sous le contrôle direct de l'Etat colonial.

1941 : licence d'exploitation autorisant les populations à se livrer à l'activité d'exploitation commerciale (jusque-là réservée uniquement aux citoyens français).

Multitude d'Actions de restauration engagées à la suite de dégradation accentuée liée à la longue sécheresse des années 1970.

Consolidation du dispositif de conservation des ressources face à une menace sur les écosystèmes forestiers et les milieux naturels.

Ère des initiatives d'opérations de reboisement en régie de grande envergure (Projets de fixation de dunes, de plantation, d'aménagement et reboisement).

Approches dirigistes du service forestier, mobilisation d'acteurs locaux, faible participation des populations.

Consolidation des approches participatives dans un contexte politico-institutionnel favorable, marqué par la Décentralisation et le transfert de compétences relatives à la gestion forestière (Promulgation loi 96-07 du 22 mars 1996).

Communautés rurales responsables de la gestion des forêts (non classées et non privées) de leurs terroirs respectifs.

Nouvelle forme de participation locale dans la foresterie communautaire à l'origine de l'adoption d'un nouveau code forestier en 1998.

Nouvelle foresterie permettant aux populations d'être responsabilisées de l'aménagement et la gestion des ressources tout en y tirant profits.

Secteurs connexes (agriculture, élevage) associés, intégration des programmes forestiers, agricoles et pastoraux. Disciplines (économie, sociologie...) intégrées dans les politiques forestières.

60

Période
Coloniale

 
 

Période des
années 1970

 

Période post

1990

Période post-
coloniale

Premier code forestier (loi 65-23 du 9 février 1965) et
réforme foncière (loi sur le Domaine national). Volonté
de l'Etat de règlementer l'exploitation des ressources.

Politique insistant sur la conservation des ressources forestières et fauniques et centrée sur la protection forestière, le reboisement et les opérations sylvicoles.

Mainmise absolue de l'administration sur les ressources forestière. Période notamment marquée par la création de parcs, réserves.

Permis d'exploitation souvent attribués à des urbains au détriment des populations rurales riveraines limitées au droit d'usufruits pour leurs besoins (de subsistance) en produits forestiers.

Période des
années 1980

Changement de politique forestière : les forêts communautaires (plantées par les villageois) à la place des initiatives de reboisement de grande envergure (du service forestier).

Ère des projets communautaires et de la foresterie rurale avec l'adoption du PDDF. Emergence des approches participatives.

Définition de méthodologies d'intervention

forestière en milieu rural avec insistance

particulière sur la participation des populations locales.

1985 : Création de la Direction Reboisement et Conservation des sols. Populations considérées comme main-d'oeuvre bénévole préoccupée par la restauration du couvert végétal.

Figure 13 : Frise chronologique de l'évolution des approches dans le secteur forestier au

Sénégal

61

2. Différents acteurs de la gouvernance forestière

La gouvernance des ressources forestières fait intervenir un très grand nombre d'acteurs composant l'environnement institutionnel. Ces différents acteurs peuvent être répartis essentiellement en deux (2) catégories : la catégorie constituée par les acteurs relatifs à l'Etat et la catégorie des acteurs non étatiques et en particulier les organisations de base et les ONG locales qui jouent un rôle relativement faible essentiellement axé sur la formation et la sensibilisation des communautés locales.

Influence

ACTEURS NON
ETATIQUES
(OCB, ONG)

PARTENAIRES
TECHNIQUES ET
FINANCIERS

COLLECTIVITES LOCALES

ETAT

Rébellion casamançaise

PRIVES PAYS
FRONTALIERS
(GAMBIE)

Orientation
et degré de
l'influence

Faible Moyen

Fort

Figure 14 : Graphe des acteurs de la gouvernance forestière et relations entre acteurs

62

La gouvernance des ressources forestières dans la région de la région naturelle de la Casamance présente une spécificité relative au longue conflit persistant, mettant en évidence deux (2) acteurs majeurs : les rebelles qui participent au pillage des ressources et embarrassent les efforts de surveillance et de protection, et les acteurs du secteur privé originaires de la République de Gambie travaillant de connivence avec les pilleurs sénégalais en leur fournissant les équipements nécessaires (matériels pour les coupes et véhicules de transport) et en assurant le commercialisation des produits forestiers frauduleusement exploités. Au sein des cadres locaux de concertation ou des conventions locales, les populations conjointement avec d'autres acteurs mènent des efforts louables à travers les associations à but non lucratif appuyées par les partenaires techniques et financiers qui conduisent des actions de protection de l'environnement en partenariat avec les collectivités locales et les services techniques étatiques. Ces initiatives en faveur des dynamiques multi-acteurs sont accompagnées par divers bailleurs de fonds internationaux dont Livelihoods, la Fondation ACRA...

2.1. Les acteurs étatiques de la gouvernance forestière

Les acteurs étatiques ayant trait à la gouvernance forestière sont répartis essentiellement en deux (2) niveaux fondamentaux à savoir d'une part, les niveaux central et déconcentré et d'autre part, le niveau décentralisé.

2.1.1. Les niveaux central et déconcentré

Au niveau central, l'Etat du Sénégal représente l'acteur primordial dans la mesure où il a la charge d'élaborer tous les textes législatifs ou réglementaires régissant le secteur forestier et joue un rôle prééminent dans la gestion des ressources naturelles. Le niveau central regroupe de nombreux et divers acteurs dont la Direction des Eaux et Forêts, Chasses et de la Conservation des sols (DEFCCS) qui constitue la principale structure de l'Etat en charge de la gestion des ressources forestières. De façon spécifique, elle est chargée d'élaborer et de mettre en oeuvre la politique forestière au niveau national et d'exercer les prérogatives étatiques dans les domaines relatives à la conservation des sols, l'aménagement forestier, la sylviculture, la gestion de la faune et la gestion des écosystèmes forestiers. En outre, elle s'assure du bon état de conservation du potentiel forestier et des équilibres socio-écologiques tout en garantissant la satisfaction des besoins en produits forestiers des populations

Du point de vue opérationnel, elle s'appuie au niveau déconcentré sur des représentants qui assurent le relais des décisions administratives (niveau régional : IREF ; départemental : secteur des eaux et forêts ; arrondissement : brigade forestière ; communauté rurale : triage forestière).

63

Dans le domaine de l'environnement et de la gestion des ressources naturelles notamment forestières, le Service forestier apporte un appui technique et financier aux collectivités territoriales notamment pour l'élaboration et exécution de plans d'aménagement forestier et de projets et programmes prioritaires, la formation et le renforcement de capacités, la mise en place de systèmes d'information...

2.1.2. Le niveau décentralisé

Un certain nombre d'acteurs sont impliqués à ce niveau dans la gestion des ressources forestières. Ils sont principalement constitués par les agences de développement à l'échelle régionale (ARD) mais ici on s'intéresse particulièrement aux collectivités territoriales (département et commune). Bien avant l'acte III de la décentralisation, les collectivités locales constituées par la région, la commune et la communauté rurale72 étaient des acteurs majeurs de la gouvernance forestière. L'arrivée de cette réforme acte III de la décentralisation73 réaffirme le rôle capital des collectivités tout en permettant dans le cas présent, de différencier deux (2) acteurs essentiels : le département et la commune.

O Le Conseil départemental : instance décisionnelle à ce niveau, il met en place un cadre de concertation chargé de planifier et d'harmoniser les politiques environnementales et de gestion de ressources naturelles. Instance compétente pour l'autorisation préalable d'exploitation et/ou de valorisation des produits et services forestiers74, il a le pouvoir de s'ingérer dans la mise en oeuvre de plans d'aménagement et de gestion des écosystèmes notamment des écosystèmes forestiers. En outre, c'est cette assemblée qui autorise toute occupation du domaine forestier protégé par divers activités susceptible d'occasionner des dégâts environnementaux. Par ailleurs, il dispose des prérogatives en matière de restrictions ou de suppressions du droit d'usage en dehors du domaine forestier classé.

O La commune : en dehors des compétences reçues à travers l'adoption du nouveau code forestier75, elle dispose des prérogatives en matière de création de bois, forêt et réserve naturelle communaux. Ces prérogatives font du conseil municipal un acteur considérable

72 Loi n° 96-07 du 22 mars 1996 portant Transfert de compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales, publié par Gouvernement du Sénégal https://www.sec.gouv.sn/.

73 Loi 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code générale des collectivités locales, document publié par OIT.

74 Avec le Nouveau Code forestier : « L'exploitation et/ou la valorisation des produits et services forestiers dans les forêts relevant de la compétence des collectivités territoriales est assujettie à l'autorisation préalable du Conseil départemental concerné après avis du Conseil municipal concerné »., Document publié en 2021 par le CNCR.

75 Article 305 de la loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales détermine les compétences accordées aux communes en termes d'environnement et de gestion des ressources naturelles.

64

dans la gouvernance forestière bien que les décisions relatives à ce domaine émanent du conseil départemental ou du service forestier. Toutefois, son autorisation est obligatoire pour la tenue au sein de son périmètre de compétence hors du domaine privé, de diverses activités relatives aux coupes et à l'abattage d'arbres, à l'élagage et à l'écorçage d'arbres. Le conseil municipal intervient dans le cadre de l'aménagement de massif forestier en participant à l'ensemble des étapes d'élaboration et d'approbation du plan d'aménagement et de gestion, en pilotant la mise en oeuvre de ce plan, en créant un cadre de concertation et en appuyant le comité inter-villageois à élaborer et appliquer la convention...

Dans l'ensemble, les législations et les règlementations relatives à la deuxième réforme sur la régionalisation et à la troisième dénommée Acte III de la décentralisation confèrent une importance remarquable aux collectivités territoriales. Ces dernières jouent des rôles primordiaux en matière de gestion des ressources naturelles surtout forestières, en s'appuyant tout de même sur un certain nombre de services dont la DEFCCS à travers ses représentants locaux et les centres d'appui et de développement local. Les collectivités exercent leurs compétences sous le contrôle d'autorités de l'administration déconcentrée et de services de gestion forestière (Diop, 2019), laissant penser à des limites ou des insuffisances de la décentralisation en termes de transfert de compétences aux collectivités territoriales.

2.2. Les acteurs non étatiques de la gouvernance forestière

Au Sénégal, la gouvernance des ressources forestière fait intervenir divers acteurs non étatiques particulièrement une multitude d'acteurs locaux principalement constitués de la société civile, des cadres locaux de concertation, des autorités coutumières, des partenaires au développement.

o La société civile notamment au niveau local : l'apparition de divers phénomènes liés au réchauffement climatique, l'extraction minière en zone forestière, les iniquités dans la gestion et la répartition des recettes forestières etc... ont poussé plusieurs acteurs (ONG, associations) à oeuvrer en faveur du respect et la défense des droits des populations locales et de l'environnement. Dans cette perspective, de nombreuses initiatives ont été lancées, dont récemment la création d'un comité contre l'extraction du zircon de Niafrang en Casamance (menace de disparition des forêts de mangrove) ou le collectif contre le projet d'extension des carrières d'extraction du phosphate dans la région thiessoise, ou encore les grands rassemblements contre les conséquences désastreuses de l'extraction d'or à Kédougou (destruction des forêts) (Fall, 2017).

o

65

Les cadre locaux de concertation : ce sont des espaces de rencontres, d'échanges et de décision favorisant le renforcement de l'approche participative et la transparence démocratique dans le processus de la gestion forestière. Apparus en même temps que la foresterie communautaire et l'approche participative, ces cadres de concertation ont été effectivement consolidés par le bais de projets d'aménagement des massifs forestiers, sous l'influence de plusieurs partenaires internationaux (Banque mondiale, GIZ, USAID) en vue de favoriser la participation des populations à l'élaboration et la mise en oeuvre de plans d'aménagement. De plus, ils concernent et rassemblent toutes les différentes catégories socioprofessionnelles et adoptent la plupart du temps la forme de comité villageois ou comité inter-villageois. En matière de gestion forestière, ces comités participent à la création et la gestion de pares-feux, la gestion de feux de brousse, la surveillance des massifs forestiers, l'accroissement de la productivité forestière, la prévention et la gestion de conflits à l'interne...

o Les chefs de villages et les autorités coutumières : représentants de l'autorité administrative dans sa circonscription territoriale et détenteur d'un pouvoir coutumier leur accordant un droit de regard notamment sur les ressources forestières de son aire de compétence, les autorités coutumières particulièrement les chefs de villages assurent généralement la police administrative au sein de leur villages respectifs. En ce sens, ils sont chargés d'arbitrer et de gérer les conflits entre différents acteurs du village et s'assurent en particulier de la participation de l'aménagement forestier en faveur du développement de leur villages. En s'adjoignant le conseil des notables, ils jouent traditionnellement des rôles primordiaux (régulateur, médiateur, d'apaisement social) en faveur de la prévention et la résolution des conflits relatives à l'exploitation forestière et prennent part au processus de démocratisation de la gestion forestière. Véritables mobilisateurs communautaires, ils sont souvent associés à diverses activités notamment celles en faveur de la reconstitution du couvert végétal, dans le but de susciter l'adhésion et la mobilisation des habitants de leurs villages respectifs.

o Les partenaires au développement : leurs contributions substantielles au financement de la politique relative au secteur forestier sénégalais continuent d'être incontournables, compte tenu de l'importance des ressources financières nécessaires pour la lutte contre la dégradation forestière. Ces partenaires interviennent le plus souvent par le biais d'une multitude de projets et programmes ayant traits notamment à l'aménagement de massifs forestiers et la gestion forestière durable. Tout bien compte, les partenaires au

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développement constituent des acteurs incontournables de la gestion forestière et exercent une influence plus ou moins forte sur les orientations de la politique forestière et le processus décisionnel au niveaux central et décentralisé.

III. Outils de gouvernance forestière

La mise en évidence des acteurs territoriaux dans la gouvernance locale ne doit pas être pour autant une source de négligence des dispositifs légaux et juridiques auxquels ces acteurs doivent y faire face, que cela concerne des lois édictées à l'echelle nationale (code civil, pénal, code de l'environnement, forestier, des collectivités territoriales...), de leurs déclinaisons, des règlements au niveaux nationaux et communautaires notamment en matière de gestion des ressources forestières des terroirs. Autrement dit, dans un environnement marqué par la troisième réforme « Acte III de la décentralisation » qui s'est traduite par le transfert de compétences notamment la gestion des ressources naturelles avec la volonté manifeste de placer l'acteur local au coeur de la problématique forestière, un certain nombre d'outils juridiques sont essentiellement nécessaires afin d'offrir à l'Etat et aux collectivités des occasions favorables au renforcement de la participation des populations à la gouvernance des ressources forestières. Dans ce contexte, différents outils subsistent évidemment en faveur d'une règlementation rationnelle relative à l'accès et l'usage des ressources et la gestion de conflits. Une étude réalisé en 2011 et intitulée « Les conventions locales pour la gestion des ressources naturelles au Sénégal : Entre autonomisation et problème d'appropriation » permet de mettre en évidence quelques-uns de ces outils notamment les plans d'action pour l'environnement, d'occupation des sols, les plans locaux de développement, les conventions locales sur lesquelles nous allons nous pencher.

1. Les conventions locales

Accords légitimes entre un certain nombre de parties prenantes dans l'éventualité d'une régulation des ressources notamment forestières (accès, usage, exploitation, etc....), les conventions locales désignent des instruments innovants fondés sur des règles établies de façon collective par les acteurs locaux essentiels (Touré, 2011 ; Tall et Gueye, 2003). En d'autres termes, elles sont des instruments de gestion locale permettant de renforcer les processus traditionnels de régulation basés sur la concertation. Longtemps réduites à une question émergente en ce qui concerne la gestion partagé des ressources, les conventions locales constituent des mécanismes de prévention et de gestion des conflits entre les différents usagers mais aussi un enjeu capital des processus de décentralisation. Tout bien considéré, ces

67

conventions locales concourent d'une part, à une règlementation rationnelle relative à l'accès et à l'usage des ressources forestières et d'autre part, à une gestion efficace des conflits entre usagers. Juridiquement, elle étaient encadrées au préalable par des textes du code des collectivités locales76. Ce dispositif a été consolidé d'abord avec l'adoption de la troisième réforme « Acte III de la décentralisation »77 puis par le principe de libre administration des collectivités territoriales78 et enfin par la loi portant nouveau code forestier du pays79.

2. Les conventions locales et la gestion des ressources naturelles

En matière de gestion, de conservation, d'aménagement et d'exploitation des ressources forestières, les conventions locales traduisent l'expression des souhaits des populations de zones adjacentes à une forêt donnée et résultent notamment, surtout des déclarations et des engagements des populations. En effet, dans un contexte marqué par la déforestation et la dégradation accélérée des ressources forestières conjugué aux difficultés à satisfaire leurs besoins essentiels en produits forestiers ligneux et non ligneux, les populations notamment celles des zones rurales prennent de plus en plus conscience du risque d'épuisement des ressources naturelles pourtant longtemps considérées comme des ressources illimitées, et qu'un changement d'habitudes ou de comportements est plus que jamais indispensable. Cette prise de conscience a été le premier pas notamment pour les habitants des villages riverains des forêts à s'organiser souvent appuyés par les partenaires en vue de d'instaurer un accès réglementé aux ressources forestières, de gérer efficacement les éventuels conflits d'intérêts et de veiller à une exploitation rationnelle et une gestion durable des forêts villageoises.

A cette fin, un certain nombre de concertations villageoises comme inter-villageoises au profit de la gestion forestière communautaire ont été d'abord mis en évidence non seulement pour impliquer l'ensemble des parties prenantes pertinents mais aussi pour aider à la définition des stratégies efficaces, adaptées au contexte local et pouvant induire un gestion durable des forêts.

76 Décret n° 96-1134 du 27 décembre 1996 portant application de la loi n° 96-07 du 22 mars 1996 portant Transfert de compétences aux régions, communes et communautés rurales, accorde aux collectivités des instruments qui leur confèrent la possibilité à partir d'une gestion et exploitation rationnelle des ressources et de l'environnement, de promouvoir des politiques de développement durable.

77 Article 7 de la section 2 « Participation citoyenne » de la loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales, précise que : « l'organe exécutif au niveau local peut instituer dans la collectivité, un cadre de concertation dans le but d'assurer la participation effective des populations dans la gestion des affaires publiques ».

78 Article 102 de la loi constitutionnelle n° 2016-10 du 05 avril 2016 portant révision de la Constitution de 2001, précise que : « Les collectivités territoriales constituent le cadre institutionnel de la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques... ».

79 Article 17 de la loi 2018-25 du 12 novembre 2018 portant Code forestier stipule que : « Les collectivités territoriales peuvent conclure des conventions locales en faveur de la convention des ressources naturelles de leur terroir... ».

Tout compte fait en matière de gestion des ressources forestières, les conventions locales constituent un outil de co-gouvernance et permettent de façon spécifique d'impulser un ensemble de comportements en faveur d'une exploitation rationnelle et une meilleur conservation de ressources forestière et de la biodiversité, d'éliminer ou d'éviter les conflits d'intérêts découlant de l'exploitation et d'améliorer la satisfaction des besoins des différents acteurs locaux.

68

69

CHAPITRE 4 : ANALYSE ET DISCUSSION

Ce quatrième chapitre est essentiellement dédié à la présentation des résultats obtenus à partir des entretiens individuels menés auprès de personnes ressources. Il aborde l'identification des différentes pressions exercées sur les forêts en Casamance, les causes et les conséquences de la déforestation et de la dégradation des forêts en région casamançaise, la stratégie de gestion forestière mise en oeuvre et la préconisation des solutions efficaces en faveur de l'amélioration de la stratégie pour une gestion durable des forêts de la région naturelle de la Casamance.

Les informations et les données traités faisant l'objet d'analyses dans ce quatrième chapitre concernent principalement celles recueillies par le biais d'enquêtes auprès des responsables des Inspections Régionales des Eaux et Forêts (IREF) de régions administratives (Ziguinchor, Sédhiou et Kolda) de la région naturelle de la Casamance et d'enseignant-chercheur au département de Géographie de l'Université Assane Seck de Ziguinchor, la seule université de la région casamançaise. Les IREF sont des services déconcentrés et représentantes au niveau régional de la Direction des Eaux et Forêts, Chasses et de la Conservation des sols (DEFCCS) qui est la direction en charge des ressources forestières au sein du Ministère de l'Environnement et du Développement Durable (MEDD) du Sénégal.

I. Analyse des pressions exercées sur les forêts en Casamance

1. Identification des différentes pressions sur les forêts casamançaises

En se basant sur les données recueillies lors des entretiens et analysées, les vastes forêts de la région de Casamance sont soumises à de fortes et diverses pressions de déforestation et de dégradation qu'il serait absolument nécessaire d'en identifier les majeures à forts impacts sur les écosystèmes forestiers et plus généralement la nature. Ainsi, les principales pressions de déforestation et de dégradation forestière identifiés en région casamançaise sont constituées par :

? les coupes frauduleuses d'arbres notamment certaines espèces de valeur (bois d'oeuvre, bois de service, etc....) ;

? le trafic international de bois vers la république de Chine (via la Gambie) tout au long de la frontière sénégalo-gambienne ;

? les défrichements pour l'installation ou l'expansion des cultures ;

70

? l'urbanisation galopante marquée par l'étalement urbain dans certaines grandes communes comme Bignona, Ziguinchor, Kolda etc... Cette forte urbanisation notamment des communes de Bignona et Ziguinchor est en partie liée au conflit qui sévit depuis 40 ans en Casamance ;

? les feux de brousse répétitifs véritable fléau pour la biodiversité et les différentes écosystèmes forestière de la région naturelle de la Casamance ;

? les conditions de vie difficiles des populations (pauvreté, précarité économique, insécurité alimentaire, etc...).

2. Les causes et les conséquences de la déforestation et de la dégradation des forêts en région casamançaise

2.1. Les principales causes de la dégradation et de la déforestation en Casamance

Depuis quelques années, les écosystèmes forestiers de la région naturelle de la Casamance ont été fortement dégradés, déforestés ou détruits à cause de plusieurs facteurs anthropiques (liés aux activités humaines) et naturels.

? Les principales causes anthropiques de la déforestation et de la dégradation des forêts casamançaise ont été identifiées et concernent de façon spécifique les points suivants :

? Les exploitants forestiers locaux vivant en territoire sénégalais et les agriculteurs en quête de nouvelles terres à cultiver ;

? Les trafiquants de bois basés en République de Gambie (notamment le bois de rose ou vène rare, précieux, très convoité par ces derniers et très prisé sur le marché chinois) ;

? L'avancée du front agricole ;

? L'agrandissement de certaines communes ;

? Le braconnage avec des armes à feux, les récolteurs de miel etc.

? Les activités pastorales non contrôlées notamment à Kolda, région par essence d'élevage agropastoral.

71

? La principale cause naturelle est constituée par les incendies de forêts causées par la foudre. Cette dernière est souvent à l'origine des feux de racines pouvant provoquer d'immenses incendies forestiers.

Toutefois, au-delà des principales causes de la dégradation et de déforestation précédemment recensées, le conflit casamançaise sur fond de rébellion indépendantiste du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) qui sévit depuis 40 ans dans la région, participe tout autant à ces deux phénomènes, en favorisant la dégradation des forêts et l'exploitation frauduleuse des ressources forestières dans certaines zones caractérisées par une insuffisance des contrôles et l'insécurité.

2.2. Les conséquences de la dégradation et de la déforestation en Casamance

Les fortes pressions notamment anthropiques qui s'exercent sur les écosystèmes forestiers de la région naturelle casamançaise entrainent de nombreuses et lourdes conséquences notamment un changement dans la structure forestière interne, de pertes de fonctions des forêts et l'appauvrissement de la biodiversité de ces écosystèmes forestiers. Globalement, les conséquences de ces pressions sont la dégradation des ressources forestières et une paupérisation des populations locales qui dépendent de l'exploitation de ses ressources. De façon plus spécifiques, les principales conséquences se traduisent par :

? la destruction à grande echelle du couvert végétal ; ? la diminution du tapis herbacée ;

? l'érosion et l'appauvrissement des sols ;

? l'appauvrissement de la biodiversité forestière ;

? la diminution de la densité de certaines espèces de valeur comme Kheya senegalensis (caïlcédrat), Cordyla pinnata (poirier du Cayor), Afzelia africana (Doussié) etc... ;

? l'augmentation de la température terrestre due à la réduction du couvert végétal ;

? l'augmentation de la salinité de certains bas-fonds due à l'avancée de la mer notamment sur le littorale casamançais ;

? la disparition de certaines espèces végétales qui ne résistent qu'à une certaine teneur en sel.

72

II. Analyse de la stratégie de gestion forestière mise en oeuvre

L'analyse de la stratégie de gestion forestière actuellement mise en oeuvre au Sénégal permet de montrer que cette dernière met l'accent sur un certains d'actions qu'il est important de préciser. Ces actions stratégiques portent principalement sur :

? la sensibilisation des acteurs du développement rural sur les enjeux des ressources naturelles notamment des ressources forestières, longtemps considérées surtout par les populations locaux comme des ressources inépuisables et qu'il est nécessaire de veiller pour la préservation des ressources forestières ;

? la formation de l'ensemble des différents acteurs qui exercent des métiers ou dans des domaine ayant trait à la gestions des ressources naturelles et forestières ;

? la lutte dans toutes ces formes contre les exploitations forestières frauduleuses en dotant au service forestier d'important moyens de lutte pour faire face au trafic illégale international du bois précieux de la région de Casamance ;

? la création de comité villageois de surveillance et de lutte contre les feux de brousse ou les incendies de forêts dans chaque grande commune particulièrement vulnérable à ces feux de brousse ou incendies de forêts ;

? la mise à disposition d'importants équipements et matériels aux comités et aux unités de lutte contre les feux de brousse ou incendies de forêts ;

? la réalisation d'opérations de reboisement dans les zones ou espaces dégradés en vue de favoriser la régénération d'espèces particulièrement des espèces en voies de disparition.

Bien que la stratégie de gestion forestière mise en oeuvre mette en évidence plusieurs actions essentielles en faveur de la conservation et la restauration des forêts, elle est toutefois confrontée à plusieurs obstacles ou contraintes de diverses natures qui empêchent d'aboutir à un véritable gestion forestière durable. Ces obstacles ou contraintes de diverses natures sont essentiellement constitués par :

o l'insuffisance de moyens logistiques pour la mobilité des agents forestiers afin d'assurer de manière constante la surveillance de certains massifs forestiers menacés ;

o l'insuffisance de dotations en carburant pour sillonner et contrôler les massifs forestiers menacés ;

o

73

la faible implication ou la non-implication d'un certain nombre d'élus locaux sur la gestion des ressources forestières et ce, bien que la compétence ait été transférée aux collectivités locales depuis 199680 et l'adoption en 2018 d'une nouvelle loi portant code forestier81 visant entre autres, à renforcer le pouvoir de gestion des collectivités territoriales sur les forêts.

o la crise casamançaise, bien que ce soit un long conflit de basse intensité, persiste toujours et contribue à rendre difficile l'opérationnalisation des stratégies de gestion des ressources forestières.

o enfin l'enclavement de certaines zones voir de la région naturelle de la Casamance.

III. Recommandations en faveur de l'amélioration de la stratégie pour une gestion durable des forêts en Casamance

En vue d'apporter des solutions réalistes aux contraintes relevées et valoriser au mieux les atouts qui s'offrent en faveur d'une stratégie forestière efficace, des recommandations d'actions concrètes sont faites sur la base des options stratégiques permettant d'aboutir à une gestion durable des forêts de la région naturelle de la Casamance. Dans cette logique, les mesures suivantes sont fortement préconisées :

? la formation des élus locaux sur la gestion des ressources forestières dont la compétence leur ait été transférée depuis 1996 ;

? la sensibilisation des acteurs locaux sur les enjeux du changement climatique liés aux systèmes forestiers et les lourdes conséquences qui découleraient des phénomènes de déforestation et de la dégradation des forêts si l'on n'y prend pas garde ;

? l'augmentation des dotations en moyens matériels et logistiques (véhicules, moto, carburant) aux agents de base chargés d'assurer la surveillance des massifs forestiers ;

? l'intensification de la lutte contre le trafic illégal international de bois précieux en multipliant les tournées de police forestière tout au long de la frontière sénégalo-gambienne ;

80 Lois 96-06 et 96-07 du 22 mars 1996 portant respectivement Code des collectivités locales et Transfert de compétences aux collectivités.

81 Loi 2018-25 du 12 novembre 2018 portant Code forestier.

? l'implication ou le renforcement de l'implication des autres forces de sécurité et de défense (Gendarmerie, armée nationale) sur la surveillance des ressources naturelles notamment forestières ;

? le renforcement des moyens de surveillance des agents des eaux et forêts et de l'armée ; ? le renforcement de la lutte contre la corruption qui mine le secteur forestier ;

? travailler à la résolution de la crise casamançaise pour un retour de la paix dans la région,

? élaborer et mettre en oeuvre des schémas d'aménagement et des documents d'urbanisme pour préserver ou gérer durablement les espaces forestiers.

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CONCLUSION

Au Sénégal, les vastes forêts denses sont essentiellement localisées au sud du territoire dans la région naturelle de la Casamance, dernière grande zone boisée du pays abritant une grande diversité d'espèces végétales. Ce potentiel forestier riche et varié est d'une importance primordiale et profite à plusieurs secteurs dont l'alimentation, la construction, la fourniture d'énergie, les gîtes d'animaux... Les vastes forêts de la région casamançaise sont connues pour leurs essences d'arbres et leurs bois rares et précieux notamment le bois de rose aussi appelé bois de vène, ou encore le poirier du Cayor. Les enjeux des forêts casamançaises sont énormes à la fois économiques, sociaux et environnementaux, et les différentes pressions de déforestation et de dégradation exercées sur ces vastes forêts sont de plus en plus fortes et fréquentes au fil des années.

Dans cette région naturelle de la Casamance, les nombreuses et divers natures de pressions identifiées sont principalement constituées par les coupes frauduleuses d'arbres, le trafic international de bois tout au long de la frontière sénégalo-gambienne synonyme d'un véritable catastrophe écologique, les défrichements relatifs à l'expansion agricole, l'étalement urbain, les feux de brousse répétitifs véritable fléau pour la biodiversité et les écosystèmes forestiers casamançaises, la précarité socio-économique et la pauvreté persistante... Ces pressions exercées dégradent et détruisent les forêts provoquant d'importants dégâts dont la destruction à grande échelle du couvert végétal, l'érosion et l'appauvrissement des sols et de la biodiversité forestière, la réduction des espèces végétales de valeur, la destruction des espèces et d'habitats naturels dans certains bas-fonds.

Pour remédier à cette situation, la mise en oeuvre d'une stratégie forestière efficace impliquant l'ensemble des acteurs étatiques et non étatique (notamment les collectivités territoriales) du secteur forestier et de secteurs connexes, permettrait d'aboutir à une gestion durable des forêts de la région de Casamance, zone la plus boisée dans le sud du Sénégal. Une gestion durable des ressources forestières devrait contribuer à la conservation et la restauration des forêts tout en permettant de répondre à la satisfaction durable des besoins des populations casamançaises en produits forestiers ligneux et non ligneux, sans pour autant compromettre les équilibres socio-écologiques dans le contexte actuel de changement climatique marqué notamment par des événements extrêmes liés au réchauffement climatique.

Au-delà des fortes pressions qu'elles subissement actuellement et ce, depuis plusieurs années, les vastes forêts de la région naturelle de la Casamance risquent toutefois d'être confrontées à

d'autres pressions notamment celles relatives au projet potentiel et controversé d'extraction du zircon dans la zone de Niafrang en région casamançais, un projet82 auquel la majorités des habitants s'oppose et qui crée la polémique notamment à cause de ses potentiels impacts sociaux et environnementaux.

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88

89

TABLE DES MATIERES

Sigles et abréviations 6

INTRODUCTION 9

CHAPITRE 1 : CONTEXTE, PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE 14

I. CONTEXTE DE L'ETUDE 14

II. PROBLEMATIQUE 18

III. OBJECTIF GENERAL DE L'ETUDE 28

IV. METHODOLOGIE 28

1. Revue bibliographique 28

2. Recueil des données 29

3. Outils de collecte de données 30

4. Traitement et analyse des données, et rédaction du document 30

CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA ZONE CONCERNEE PAR L'ETUDE 31

I. Présentation du Sénégal et de la région de Casamance 31

1. Brève présentation du Sénégal 31

1.1. Données physiques 31

1.2. Données climatologiques 31

1.3. Données hydrographiques 31

1.4. Données démographiques 32

1.5. Caractéristiques socio-démographiques 32

2. Présentation de la région de Casamance 32

II. Les ressources végétales au Sénégal et les forêts casamançaises 36

90

CHAPITRE 3 : GESTION ET GOUVERNANCE DES RESSOURCES FORESTIERES AU

SENEGAL 39

I. Cadres politique, juridique et institutionnel de la gestion des ressources forestières 39

1. Cadre politique de la gestion des ressources forestières 39

1.1. Le Plan Directeur de Développement Forestier (PDDF) 41

1.2. Plan d'Action Forestier du Sénégal (PAFS) 41

1.3. Plan National d'Action pour l'environnement (PNAE) 42

1.4. Programme d'Action Nationale de Lutte contre la Désertification (PAN/LCD) 42

1.5. Lettre de Politique Sectorielle de l'Environnement (LPSE) 43

1.6. La Stratégie Nationale et Plan Nationale d'Actions pour la Conservation de la

Biodiversité (SPNAB) 44

1.7. Loi d'Orientation Agro-sylvo-pastorale (LOASP) 45

1.8. Politique Forestière du Sénégal 2005-2025 (PFS) 46

1.9. Plan Sénégal Emergent (PSE) 47

2. Cadre juridique régissant la gestion des ressources forestières 48

3. Cadre institutionnel de la gestion des ressources forestières 51

3.1. L'administration centrale 51

3.2. L'administration déconcentrée 55

3.3. Le niveau décentralisé 56

3.3.1. Les collectivités territoriales 56

3.3.2. Les agences de développement 57

II. Evolutions de la gouvernance des ressources forestières au Sénégal 58

1.

91

Approches et bref historique de la gouvernance forestière 58

2. Différents acteurs de la gouvernance forestière 61

2.1. Les acteurs étatiques de la gouvernance forestière 62

2.1.1. Les niveaux central et déconcentré 62

2.1.2. Le niveau décentralisé 63

2.2. Les acteurs non étatiques de la gouvernance forestière 64

III. Outils de gouvernance forestière 66

1. Les conventions locales 66

2. Les conventions locales et la gestion des ressources naturelles 67

CHAPITRE 4 : ANALYSE ET DISCUSSION 69

I. Analyse des pressions exercées sur les forêts en Casamance 69

1. Identification des différentes pressions sur les forêts casamançaises 69

2. Les causes et les conséquences de la déforestation et de la dégradation des forêts en

région casamançaise 70

2.1. Les principales causes de la dégradation et de la déforestation en Casamance 70

2.2. Les conséquences de la dégradation et de la déforestation en Casamance 71

II. Analyse de la stratégie de gestion forestière mise en oeuvre 72

III. Recommandations en faveur de l'amélioration de la stratégie pour une gestion durable

des forêts en Casamance 73

CONCLUSION 75

BIBLIOGRAPHIE 76

TABLE DES MATIERES 89






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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King