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Evaluation des performances d’un systeme de traitement d’eau par osmose inverse


par Elie NGUEKAP
Faculté d'agronomie des Sciences Agricoles de l'Université de Dschang) - Master I 2020
  

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Chapitre I : REVUE DE LA LITTERATURE

1. Définitions des concepts

Pression Osmotique : La pression osmotique définit le minimum de pression qui doit être appliquée à une solution pour empêcher l'écoulement vers l'intérieur de l'eau à travers une membrane semi-perméable. Elle est également définie comme la mesure de la tendance d'une solution à prendre de l'eau par osmose. Les valeurs sont régies par le coefficient osmotique. L'osmose et les forces osmotiques favorisent la diffusion des substances à travers la membrane,

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en milieu interne, le solvant passant de la solution la moins concentrée vers la plus concentrée. L'osmose implique une pression osmotique, et l'osmose inverse implique une pression hydrostatique.

Le colmatage : ensemble des mécanismes qui limitent le flux de perméation à travers une membrane, il résulte de l'accumulation de macromolécules à la surface ou à l'intérieur des membranes. (A. Bouchoux, 2003)

2. Composition de l'eau

La composition chimique de l'eau varie énormément d'une région à l'autre et pour une même région d'une saison à l'autre. Ces variations chimiques dépendent de plusieurs paramètres comme la solubilité des sels constituant l'écorce terrestre (CaCO3, CaSO4, MgCO3, NaCl), ainsi que de la composition physique des roches.

2.1. Espèce inorganique

? Constituants majeurs

Ce sont des composés ioniques, anions et cations, qui proviennent de la dissolution des roches dans l'eau qui circule à leur contact. Il s'agit des sels minéraux tel que : Carbonate de Sodium, Carbonate de Calcium, Nitrate de Potassium, bicarbonate de sodium, ....

? Les éléments traces métalliques

Les « éléments traces métalliques » (ETM) sont définis comme les éléments métalliques présents avec une concentration d'environ une partie par billion (103 mg.kg-1) en masse, ou moins. Les principaux éléments traces métalliques présentent dans l'eau sont : Titane (Ti), Zinc (Zn), Nickel (Ni), Aluminium, (Al), Chrome (Cr), Cadmium (Cd), Cuivre (Cu), Fer (Fe), Manganèse (Mn), Plombe (Pb), Mercure (Hg).

? Les éléments nutritifs

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Ces éléments sont composés principalement par le nitrate (NO3-) et l'ammoniac (NH4+), le phosphore sous forme phosphate (PO43-) et le silicium tel que la silice (SiO2).

2.2. Matières organiques

? Matières organiques dissoutes

La plupart du carbone organique dans l'eau est sous la forme de matière organique dissoute et principalement de molécules à faible poids moléculaire et d'origines diverses. La concentration des matières organiques dissoutes et particulaires dépend de type d'eau et sa profondeur : l'eau de mer surfacique a une concentration plus élevée que l'eau en profondeur. On peut trouver dix milliers de molécules différentes dans l`eau comme les produits de dégradation de déchets végétaux, produits de synthèse organique soluble, et matières azotées. Le carbone organique dissous est un facteur important dans le cycle du carbone et la chaine alimentaire. Il influence la pénétration de la lumière, l'échange de gaz à la surface.

? Matières organiques particulaires

C'est la matière en suspension et en émulsion, elles peuvent être classifiées selon leur taille. Dans l'eau surfacique, la plupart d'entre elles sont d'origine biologique. Les plus petites particules (moins de 1 um jusqu'à quelques dizaines de um) se composent de bactéries et d'autres détritus organiques fins, et des particules inorganiques particulièrement des minéraux d'argile et des composés hydratés insolubles tels que Fe(OH)3. La gamme de taille allant de quelques dizaines à quelques centaines de um comporte des grands détritus et des agglomérats fécaux, produits de l'agrégation biologique (sable, boues, pétrole, huiles, ...). L'eau contient également les gaz dessous ayant une grande importance dans les phénomènes biologiques ainsi que chimique (corrosion)

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3. Les paramètres d'évaluation de la qualité de l'eau

3.1. Les paramètres organoleptiques

Les paramètres organoleptiques sont : la couleur, l'odeur et la saveur. La couleur de l'eau résulte essentiellement de particules colloïdales en suspension, peu ou pas décantables.

L'importance de la couleur est surtout d'ordre organoleptique, c'est à dire capable de produire un effet sensoriel. Elle peut être l'indice d'une pollution par diverses substances chimiques (Potelon et al, 1993). Alors que l'odeur et la saveur sont dues à la présence de matières organiques en décomposition (Rodier, 2009).

L'odeur a pour origine principale la présence de substances organiques volatiles ou de certains gaz : d'origine biologique, les odeurs révèlent la présence de microorganismes qui peuvent signifier une augmentation de la concentration en germes pathogènes ; elles peuvent aussi provenir de pollutions issues des activités humaines (Potelon et al, 1993).

L'apparition de goût provient souvent d'une croissance de microorganismes à l'intérieur du système de distribution ou bien d'une contamination occasionnelle par les matériaux utilisés pour la construction ou l'entretien du réseau (Potelon et al, 1993).

3.2. Les paramètres physico-chimiques

La qualité d'une eau souterraine est caractérisée par un certain nombre de paramètres physiques et chimiques ;

? Le potentiel d'hydrogène (pH)

Par définition, le pH est égal au cologarithme de l'activité des protons. pH = - log (H3O+)

Le pH de l'eau conditionne un grand nombre d'équilibres physico-chimiques, en particulier l'équilibre calco-carbonique et donc l'action de l'eau sur les carbonates (attaque ou dépôt). Le pH de l'eau est acide dans les eaux des

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aquifères sableux ou granitiques, et alcalin dans les calcaires Dans les eaux naturelles, le pH est corrigé selon le cas par élimination du CO2 dissous en excès ou par correction de la dureté carbonatée.

? La température

La température influe directement sur les réactions chimiques, et particulièrement la dissolution des gaz et des sels dans l'eau, cette solubilité diminue quand la température augmente. Elle est étroitement liée au pH et à la conductivité électrique.

? La conductivité

La conductivité électrique est l'aptitude d'un matériau à laisser les charges électriques se déplacer librement, autrement dit à permettre le passage du courant électrique. Plus précisément dans le domaine de l'eau, la conductivité électrique traduit la capacité d'une solution aqueuse à conduire le courant électrique. Cette notion est inversement proportionnelle à celle de la résistivité électrique. L'unité de mesure communément utilisée est le siemens par cm (S/cm), exprimé souvent en micro siemens par centimètre (uS/cm). La conductivité est directement proportionnelle à la quantité de solides (les sels minéraux et non les matières organiques) dissous dans l'eau. Ainsi, plus la concentration en solide dissout sera importante plus la conductivité sera élevée.

? La dureté

La dureté d'une eau correspond à la somme des concentrations en cations métalliques, excepté celles des métaux alcalins et du proton. Elle est souvent due aux ions calcium et magnésium. La présence de ces deux cations dans l'eau tend souvent à réduire la toxicité des métaux. On distingue :

o la dureté totale ou titre hydrotimétrique « TH » qui est la somme des concentrations calcique et magnésienne ;

o la dureté calcique qui correspond à la teneur globale en sels de calcium

o la dureté magnésienne qui correspond à la teneur globale en sels de magnésium

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? L'alcalinité

L'alcalinité d'une eau est essentiellement due à la présence de bases et de sels d'acides faibles. Dans les eaux naturelles, l'alcalinité résulte le plus généralement à la présence d'hydrogénocarbonates, carbonates et hydroxydes.

o le titre alcalimétrique T.A. d'une eau correspond à la somme des concentrations des ions carbonates (CO32-) et des ions hydroxydes (OH-). T.A. = [OH-] + [CO32-]

o le titre alcalimétrique complet T.A.C rend compte de la concentration d'une eau en ions carbonate CO32- et en ions hydrogénocarbonate HCO32-

T.A.C. = [OH-] + [CO32-] + [HCO3-]

Le T.A. et le T.A.C. s'expriment en milliéquivalent par litre (meq/L) ou mol/ L. ? Les matières en suspension

Les matières en suspension comprennent toutes les matières minérales ou organiques qui ne se solubilisent pas dans l'eau. Elles incluent les argiles, les sables, les matières organiques et minérales de faible dimension, microorganismes de l'eau. La quantité de matières en suspension varie notamment selon les saisons et le régime d'écoulement des eaux. Ces matières affectent la transparence de l'eau et diminuent la pénétration de la lumière. La teneur en MES sont exprimées en mg/l.

? Les teneurs

Les eaux douces sont majoritairement constituées d'anions et de cations : les ions bicarbonates, chlorures, nitrates, sulfates, phosphates, calcium, magnésium, potassium et sodium (BANTON et al, 1997). Il y a aussi des oligoéléments comme le fer, le manganèse, le zinc, le fluor... Les contaminants chimiques de l'eau (arsenic, plomb...) peuvent à long terme engendrer des

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maladies cancérigènes (OMS, 2006). Le suivi de la qualité physico-chimique de l'eau destinée à la consommation est nécessaire pour s'assurer que leurs teneurs respectent les directives de l'OMS.

3.3. Les paramètres microbiologiques

Une eau destinée à la consommation ne doit contenir aucune bactérie. Dans le cas contraire, des critères permettent de fixer la quantité limite de ces organismes à tolérer dans l'eau. Pour l'analyse microbiologique, les experts se basent essentiellement sur des bactéries spécifiques qui représentent des indicateurs de contamination fécale. En un premier temps, elles se retrouvent en proportion élevées dans les selles des animaux à sang chaud. Ceux-ci, au vu de leur contact permanent avec les sources d'eau, se révèlent comme de véritables vecteurs de grave contamination. La présence de ces bactéries dans une eau suppose donc que celle-ci ne peut se consommer sans risque de maladie. En exemple, l'Escherichia coli ou les coliformes thermotolérants paraissent comme les plus faciles à repérer et en même temps les plus virulents. En bref, une eau potable doit rester exempte de ces organismes. Les experts peuvent également rechercher des entérocoques ou des spores de clostridium perfringens pour parfaire leurs études.

4. Procédés de traitement de l'eau par osmose inverse 4.1. Généralités sur les procédés membranaires

4.1.1. Principe de filtration par membrane

La membrane est définie comme une barrière séparant deux compartiments et permettant le passage préférentiel d'au moins une espèce parmi les autres sous l'action d'une force de transfert chimique (concentration ...) ou physique (pression). En général, les constituants qui sont plus petits que les pores de la membrane sont capables de passer à travers sous l'effet d'une pression appliquée tandis que les substances et les molécules de taille plus importante sont retenues. La technologie de la filtration sur membrane peut être appliquée pour la séparation fluide / fluide ou particules / fluide en vue de récupérer les

espèces valorisables (eau, lactose, sels minéraux...). Les membranes ont des structures poreuses ou denses permettant de laisser passer de manière sélective les composants d'une solution sous l'action d'une différence de pression entre l'amont et l'aval de la membrane. Deux fractions sont obtenues : le rétentat, en amont de la membrane, qui contient les éléments retenus par la membrane, et le perméat, en aval, qui contient les éléments qui ont traversé la membrane. Les performances d'une membrane sont définies par sa sélectivité et sa perméabilité. Les membranes utilisées dans les procédés de séparation membranaire sont caractérisées par le diamètre des particules ou la masse molaire d'une molécule qui est retenue par la membrane. Les composés ayant une masse molaire supérieure au seuil de coupure de la membrane sont retenus à plus de 90 % par la membrane. A l'inverse, les composés de masse molaire inférieure au seuil de coupure de la membrane sont retenus à moins de 90%. Le SC (seuil de coupure) est relié principalement à la taille des pores de la membrane, mais il est aussi beaucoup influencé par la forme de la molécule à filtrer, par sa charge, par son degré d'hydratation, parle pH et la force ionique de la solution à filtrer, par la

pression appliquée et le flux de perméation.

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Figure 3: Schéma du mécanisme de filtration sur membrane (Greenlee et al. 2009 Dow Water & Process Solutions)

Le résultat d'une opération de filtration membranaire est la séparation du fluide à traiter en deux parties de concentrations différentes :

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? Le retentât qui contient les molécules ou particules retenues par la membrane

? Le perméat qui contient les molécules qui traversent la membrane.

Les procédés de séparation membranaire regroupent un grand nombre de techniques permettant de réaliser des séparations en phase liquide ou gazeuse sous l'action de diverses forces de transfert.

4.1.2. Les techniques membranaires à gradient de pression

Elles reposent sur une différence de pression totale de part et d'autre de la membrane, appelée pression transmembranaire. Ces procédés membranaires barométriques, peuvent être classifiés en fonction de la membrane utilisée et du seuil de coupure en microfiltration, ultrafiltration, nanofiltration, et osmose inverse comme présenté sur la figure 2.

Figure 4: Classification des procédés barométriques membranaires selon la taille (Ouali M S. (2001))

La microfiltration, l'ultrafiltration et nanofiltration mettent en jeu des membranes possédant une structure poreuse tandis que les membranes d'osmose inverse sont des matériaux denses.

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s La microfiltration

Elle est définie comme un procédé de séparation solide / liquide. Avec une taille des pores variant de 0,1 à 5 um et une pression transmembranaire requise de 1 à 10 bars (Cui et al., 2010), la MF est principalement utilisée pour la séparation des solides en suspension dans l'eau. Cette séparation se fait par tamisage à travers les macropores de la membrane (Judd, 2011). Le mécanisme est basé exclusivement sur l'effet tamis (taille) et rend possible la rétention de particules en suspension ou de bactéries dont la taille se situe entre 0.1 et 10 um. Les pressions appliquées sont de quelques dixièmes de bar pour éviter un colmatage important.

s L'ultrafiltration

L'UF est caractérisée par une taille de pores des membranes comprise entre 1 à 100 nm et des pressions transmembranaires comprises entre 1 et 10 bars (Cui et al., 2010). Elle est utilisée pour la séparation des solutés de poids moléculaire compris entre 500 et 100.000 Daltons tels que les colloïdes (protéines), les petites molécules (polysaccharides), etc. La séparation se fait essentiellement par « tamisage » (effet stérique) à travers les mésopores (Cui et al., 2010 ; Judd, 2011).

s La nanofiltration

Pour traiter des espèces de taille inférieur à 2 nm (sucre, colorant, sels ) elle

se situe à la transition entre l'osmose inverse et l'ultrafiltration La NF est caractérisée par un poids moléculaire de coupure de 100 à 500 Daltons, une taille de pores des membranes comprise entre 0,5 à 10 nm et des pressions transmembranaires atteignant 30 bars (Cui et al., 2010). La séparation par cette membrane se fait grâce à la combinaison rejet électrostatique, solubilité-diffusion et « tamisage » à travers des micropores (Judd, 2011).

s L'osmose inverse

L'OI retient les solutés tels que les sels et les acides aminés de poids moléculaires inférieurs à 1000 Daltons (Charcosset, 2012). Sa taille de pores est

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inférieure à 0,5 nm et la pression transmembranaire peut atteindre les 100 bars (Cui et al., 2010). La séparation se fait grâce à la différence de solubilité et au taux de diffusion du solvant et du soluté dans la membrane (Judd, 2011). L'OI est généralement utilisée pour le dessalement et la production d'eau pure. Il utilise des membranes denses. La pression appliquée doit être supérieure à la pression osmotique exercée en amont de la membrane par la solution filtrée pour observer un flux de perméat à travers la membrane. Les pressions appliquées varient de 20 à 80 bars.

4.1.3. Nature chimique des membranes

Les membranes utilisées dans les procédés de filtration peuvent être classés selon leurs natures chimiques en différents types :

? Les membranes organiques sont généralement constituées à partir de polymères, dont l'acétate de cellulose (CA), le polyamide (PA), le polysulfone (PS), le polyéthersulfone (PES), le polyfluorure de vinylidène (PVDF), polypropylène (PP), etc. (Cui et al., 2010 ; Charcosset, 2012). Les membranes polymériques sont relativement moins onéreuses, faciles à fabriquer, disponibles dans une large gamme de tailles de pores ; et elles ont été largement utilisées dans diverses industries. Néanmoins, la plupart des membranes polymériques ont des limites sur une ou plusieurs conditions de fonctionnement (le pH, la température, la pression ou la tolérance au chlore, etc.) qui entravent une plus large application. Par exemple, l'acétate de cellulose est le matériau classique généralement utilisé pour produire la peau des membranes. Cependant, il présente de nombreux inconvénients tels qu'une température maximale d'exploitation basse (30 - 40 °C), une faible résistance chimique avec une étroite gamme de pH (2 - 8, de préférence 2 - 6) et une faible tolérance au chlore (moins de 1 mg/L de chlore libre) (Cui et al., 2010).

? Les membranes inorganiques ont été commercialisées depuis le début de l'année 1980. Elles sont d'un grand intérêt en technologie membranaire grâce à leur forte résistance mécanique et chimique et à leur stabilité thermique par rapport à la plupart des membranes polymériques (Cui et al., 2010 ; Charcosset, 2012). Les membranes inorganiques (telles que y-

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alumina/á-alumina, verre borosilicaté, carbone pyrolysé, zircone/acier inoxydable ou zircone/carbone) ont une forte tolérance aux conditions opératoires extrêmes (Cui et al., 2010). Des températures opératoires de plus de 500°C et des valeurs de pH extrêmes (1 et 14) peuvent être atteintes (Charcosset, 2012), tout en ayant une grande valeur limite de pression opératoire et une longue durée de vie (Cui et al., 2010). De plus, les membranes inorganiques peuvent être nettoyées avec des produits chimiques agressifs, des solvants organiques ou par un courant d'eau chaude (Charcosset, 2012). Cependant, les membranes inorganiques sont très fragiles mécaniquement(cassantes), ainsi les membranes peuvent être facilement endommagées. En outre, il existe actuellement uniquement des membranes céramiques d'ultrafiltration et de microfiltration (Cui et al., 2010). Aussi, il faut noter que le coût est un grand désavantage dans l'application des membranes inorganiques. En effet, elles sont de loin plus chères que les membranes organiques.

? Les membranes composites : Elles sont créées à partir des deux types précédents. Il s'agit de membranes minérales sur lesquelles on dépose des polymères ou sur lesquelles on greffe d'autres composés tels que des silanes. Elles possèdent donc des propriétés qui sont un compromis entre les membranes organiques et inorganiques.

4.1.4. Structure des membranes

? Les membranes symétriques ont une structure homogène (taille des pores uniforme) sur toute l'épaisseur de la membrane. Parmi les membranes isotropiques on distingue :

o Membranes poreuses

La porosité d'une membrane est définie comme étant le rapport du volume des espaces vides sur le volume total de la matrice. La structure et la fonction d'une membrane poreuse est très similaire à celle d'un filtre classique (diamètre de pore supérieur au micron). Elle a une structure rigide avec un grand nombre de pores interconnectés distribués aléatoirement et de petite taille (0,01 à 1 micron). Les particules de taille plus grosses que les pores sont toutes retenues, celles de

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taille intermédiaire sont partiellement retenues et les particules de petites tailles passent quasi totalement (Satinder Ahuja, 2003). La séparation de soluté par les membranes poreuses se fait principalement en fonction de la taille des molécules et de la distribution de taille des pores ; et donc seulement les solutés qui diffèrent significativement en taille peuvent être séparées, comme c'est le cas en microfiltration et en ultrafiltration. Il existe plusieurs variétés de membranes poreuses : - membranes microporeuses : diamètre des pores inférieur à 2 nm ; - membranes mésoporeuses : diamètre des pores compris entre 2 et 50 nm ; - membranes macroporeuses : diamètre des pores supérieur à 50 nm. Le mécanisme de transfert de matière sous l'effet de la pression est exclusivement convectif pour le solvant, celui-ci n'entraîne avec lui que les espèces dont la taille est plus petite que celle des pores (effet tamis).

o Membranes denses

Lorsque les interstices entre les constituants de la matrice membranaire ont une taille voisine de celle d'un ion solvaté, la membrane est qualifiée de dense. Cette membrane consiste en un film dense à travers lequel le perméat est transporté par diffusion sous l'effet d'un gradient de pression, de concentration ou de potentiel électrique. La séparation des composés d'un mélange est directement reliée à leur diffusivité et leur solubilité à travers la membrane. Ainsi, une membrane dense peut séparer des composés de taille voisine si leur solubilité (concentration dans la membrane) diffère. Dans une membrane dense, lorsque les pores se réduisent aux espaces libres situés entre les chaines de polymères, leur taille est voisine de celles des molécules organiques simples ou des ions hydratés. L'effet tamis devient donc négligeable.

o Membranes échangeuses d'ions

Les membranes échangeuses d'ions sont des membranes denses ou poreuses portant des charges. La membrane porte des ions fixes, qui peuvent être positivement ou négativement chargés. Lorsque les ions positifs sont fixés sur la membrane, on parle de membrane échangeuse d'anion. Lorsque les ions de charge négatifs sont fixés, on parle de membrane échangeuse de cation. La séparation par une membrane électriquement chargée est réalisée par la taille pore de la membrane aussi bien que par l'exclusion de co-ions (ions de même

charge que la charge fixe de la membrane) (Satinder Ahuja, 2003). Les membranes échangeuses d'ions sont généralement utilisées dans les techniques de dialyse ionique, d'électrodialyse, depiézodialyse, etc.

? Les membranes asymétriques (anistropiques) :

Ces membranes sont formées d'une couche de surface très fine (la peau) déposée sur un support poreux plus épais (le corps de la membrane). La peau est très mince (0,1 à 1 um d'épaisseur) et représente la couche active de filtration et le support a une épaisseur 0,1 à 1 mm (Satinder Ahuja, 2003). Cette structure est obtenue soit à partir de plusieurs matériaux polymères ou soit à partir d'un processus d'inversion de phase (Nunes & Peinemann, 2001). La plupart des membranes d'ultrafiltration, de nanofilration et d'osmose inverse sont de structure asymétrique, tandis que la plupart des membranes de microfiltration sont de structure microporeuse. Un exemple bien connu de membrane asymétrique est la membrane composite dont le développement a permis d'atteindre des taux de transport élevés.

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Figure 5: Description des différents types de membrane (Baker, 2004)

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4.1.5. Mécanismes de transfert de matière

Lors de la filtration par des membranes d'osmose inverse et de nanofiltration plusieurs phénomènes de transport et de sélectivité interviennent. Les principaux mécanismes de transfert sont de types physiques, chimiques et électrochimiques

:

? Une séparation sur la différence de taille : effet stérique,

? Une séparation sur la différence de solubilité et de diffusion des espèces :

mécanisme de solubilisation - diffusion, dont toutes les espèces moléculaires(solutés et solvant) se dissolvent dans la membrane et diffusent à l'intérieur de celle-ci sous l'action d'un gradient de concentration et de pression,

? Une séparation sur la différence de charges des espèces à séparer : effet électrochimique

5. Osmose inverse

5.1. Principe de l'osmose inverse

L'osmose est le transfert de solvant à travers une membrane sous l'effet d'un gradient de concentration. Considérons un système de deux compartiments séparés par une membrane semi-perméable sélective et contenant deux solutions de concentrations différentes (figure 6). Le solvant (généralement l'eau) s'écoule à travers la membrane du compartiment de la solution moins concentrée vers le compartiment contenant la solution la plus concentrée, c'est le phénomène d'osmose. Si on applique progressivement une pression sur le compartiment de la solution la plus concentrée, le flux d'eau qui traverse la membrane va diminuer, puis s'annuler quand la pression appliquée atteindra à la pression osmotique. Si on applique une pression supérieure à la pression osmotique, l'eau va traverser la membrane dans le sens inverse du flux osmotique, c'est le phénomène d'osmose inverse.

Figure 6: Principe de l'Osmose et de l'osmose inverse

5.2. Pression Osmotique

La pression osmotique peut être calculée par la loi de Van't Hoff qui stipule que la

pression osmotique exercée par un soluté est égale à la pression que ce corps aurait exercé dans l'état gazeux parfait dans le même volume (V) et à la même température (T). Si le soluté est dissocié en n ions, la pression osmotique sera n fois supérieure. La pression osmotique d'une solution est proportionnelle à la concentration en solutés.

?? = ??.??.??.??

Avec :

?? : Pression osmotique (bar)

n : Nombre d'ions dissociés dans le cas d'un électrolyte

C : Concentration molaire (mol.l-1)

R : Constante des gaz parfaits (0,082 l.bar.mol-1K-1)

T : Température absolue (Kelvin).

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5.3. Description générale du processus de traitement de l'eau par osmose inverse

5.4. Membranes et modules d'osmose inverse

Les membranes d'osmose inverse utilisées sont constituées d'une superposition de plusieurs couches de polymères (membranes composites) souvent de polyamide. Les autres matériaux constituant le support n'interviennent pas dans

Figure 7: Structure interne d'une membrane

le procédé. La séparation des espèces dissoutes est due principalement aux propriétés chimiques du polymère de surface. Les membranes de séparation sont insérés dans un dispositif appelé module afin d'obtenir un espace d'échange plus important. Un certain nombre de modules (6 au niveau de Cevital) disposées selon divers arrangements forme une unité ou une vicelle. Dans chaque module spiral, les membranes sont enroulées autour d'un tube central destiné à collecter le perméat. La solution à filtrer circule parallèlement au tube central dans les espaces ménagés entre les deux faces actives des membranes par des espaceurs (écoulement tangentiel). Les tubes de pression sont raccordés entre eux par des connecteurs, dont le taux de conversion est fonction du nombre de modules placés en série

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6. Caractéristiques principales d'une unité d'osmose inverse

La performance des procédés membranaires est directement associée à toutes les propriétés de la membrane. L'information sur la structure chimique de la membrane, ses propriétés de perméabilité, sa taille de pore, la forme et la distribution ainsi que ses propriétés de surface sont importantes pour les fabricants et les utilisateurs de la membrane.

6.1. Taux de conversion

Le taux de conversion d'un osmoseur est défini par le ratio entre le débit d'eau déminéralisée produite (perméat) et le débit d'eau d'alimentation. Le débit du perméat est notamment fonction de la pression d'eau appliquée, de la température et de la minéralisation d'eau à traiter. Le débit du rejet, le concentrât est à régler par une vanne à pointeau ou capillaire, de manière à obtenir le taux de conversion souhaitée.

Pour optimiser la durée de vie d'une membrane d'osmose inverse, le ratio entre le perméat et le débit d'alimentation doit être de l'ordre de 1 : 5. Ainsi 20% de l'eau d'alimentation transformée en eau déminéralisée, le reste, soit 80% correspond au concentrât rejeté. Dans ce cas, 4 litres d'eau sont rejetés pour en produire 1.

Afin de limiter la consommation d'eau, le taux de conversion des osmoseurs de petites capacités est augmenté par une augmentation du débit de rejet, même si cela réduit la durée de vie de la membrane. C'est le cas par exemple pour les ménages.

Dans le cas d'osmoseurs professionnels produisant des volumes d'eau déminéralisée important, le ratio entre le débit de production et celui de l'alimentation de la membrane est maintenu à environ 20%. Cependant, le flux d'eau du concentrât est réinjecté dans le flux d'alimentation.

6.2. Sélectivité

Une membrane retient des solutés selon :

? leur taille : c'est l'effet stérique qui résulte de la structure « tamis » du matériau

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? leur charge : une membrane peut être chargée générant ainsi des interactions électrostatique avec des composés chargés

? leur hydratation : dans le cas de petit soluté le cortège d'eau d'hydratation qui l'entoure peut participer à la rétention

Dans le cas d'une rétention stérique, il est possible d'estimer à partir de considérations basées sur l'écoulement du solvant et du soluté dans un pore de rayon, rs, de définir le taux de rejet par la loi de Ferry :

????

?? = 1 - = (1 - (1 - A)2)2

????

A = r??est le rapport du rayon du soluté sur le rayon du pore. L'évolution du r??

taux de rejet de l'eau en fonction de A selon cette relation est représentée sur la figure.

Figure 8:Evolution du taux de rejet en fonction du ratio rayon de soluté/ rayon du pore (Patrice Bacchin, 2008)

Une membrane n'est donc pas un séparateur séparant « parfaitement » les espèces par taille : le transfert d'un soluté deux fois plus petit que le pore est réduit de 40 %. Il faut, pour en rajouter encore sur « l'imperfection » des membranes, garder à l'esprit qu'une membrane possède une distribution de taille de pore ! Les conditions opératoires, et plus particulièrement le flux, ont un effet important sur le taux de rejet. En effet, le taux de rejet observé

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expérimentalement est défini par rapport à la concentration en solution C0 (Patrice Bacchin, 2008).

C??

R= 1- Co

Où C0 est la concentration de l'espèce à retenir dans la solution et Cp est la concentration de la même espèce dans le perméat.

6.3. Débit spécifique (densité du flux volumique)

Il s'agit du flux de perméation c'est-à-dire la productivité du procédé défini par le débit de perméation, Qp, divisé par la surface membranaire. Il représente aussi la vitesse du fluide perpendiculaire à la surface de la membrane. Il s'exprime par :

??

J = s Il s'exprime en L.h-1.m-2

7. Limitation de l'osmose inverse

7.1. Le Colmatage

L'un des principaux facteurs qui limitent l'utilisation des membranes dans presque toutes les applications est le colmatage (Charcosset, 2012). Le colmatage est généralement défini comme un processus résultant à une chute des performances (diminution de flux de filtrat et/ou de la sélectivité) d'une membrane en raison du dépôt de matières en suspension ou dissoutes sur sa surface extérieure (Cui et al., 2010) ou à l'intérieur des pores de la membrane (Fane et al., 2011). C'est une modification réversible ou irréversible de la membrane provoquée par des interactions physiques et/ou chimiques entre la membrane et les composants présents dans les solutions d'alimentation (Charcosset, 2012). Cette modification nécessite un nettoyage ou le remplacement de la membrane et ne peut généralement pas être résolue simplement en arrêtant le processus de filtration. Selon Cui et al. (2010), plusieurs paramètres peuvent influencer le degré d'encrassement d'une membrane : (1) la nature et concentration des solutés et des solvants, (2) le type de membrane, (4) la distribution de la taille des pores, (5) les caractéristiques de la surface et des matériaux membranaires

et (6) l'hydrodynamique du module. Le colmatage peut être lié à différents modes tels que l'adsorption, la formation de gâteau et le blocage des pores par des particules. Ces mécanismes peuvent conduire à l'obstruction ou au blocage partiel de la zone active de la membrane ou au dépôt d'une couche sur la surface de la membrane (Cui et al., 2010 ; Charcosset, 2012). Généralement, quatre mécanismes de colmatage des membranes poreuses peuvent être observés comme l'indique la figure 2.8 (Cui et al., 2010).

Selon la nature des éléments colmatant, le colmatage peut être classé en tartre (précipitation des sels solubles), en colmatage colloïdal, en colmatage organique et en bio-colmatage (formation de biofilm) (Fane et al., 2011). L'effet net du colmatage est soit la réduction du flux d'eau à pression constante appliquée ou l'augmentation de la PTM pour maintenir un flux constant d'eau. Dans les deux cas, la demande d'énergie pour traiter une unité de volume d'eau peut être augmentée de manière significative. Il est donc nécessaire d'effectuer un nettoyage approprié de la membrane encrassée afin de retrouver ses caractéristiques initiales. L'élimination des éléments colmatant des membranes peut se faire par nettoyage physique (ou mécanique) et/ou par l'utilisation d'une solution de nettoyage spécifique contenant des détergents appropriés et/ou des produits chimiques (acides et bases) (Charcosset, 2012).

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Figure 9: Mécanisme simplifié du colmatage des membranes poreuses

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7.2. Polarisation de concentration

La polarisation de concentration est liée à l'accumulation des solutés totalement ou partiellement retenus à la surface amont de la membrane (Van Reis & Zydney, 2007). En effet, la concentration en soluté à proximité de la surface de la membrane est généralement plus élevée que la concentration au coeur de la solution en raison de la rétention des solutés par la membrane. Le gradient de concentration au voisinage de la surface de la membrane conduit à une rétrodiffusion des molécules de soluté vers le coeur de la solution. Lorsque la rétrodiffusion s'équilibre avec le transport convectif des solutés vers la membrane, un profil de concentration de polarisation constante est établi (figure 2.9) (Fane et al., 2011). C'est une conséquence naturelle de la sélectivité de la membrane et correspond à la limite de transfert de masse. Si la force motrice est stoppée, la perméation cesse, et le phénomène de polarisation de concentration disparaît (Cui et al., 2010).

Figure 10:Phénomène de polarisation de concentration sur une membrane

8. Estimation du potentiel de colmatage

Différentes méthodes d'évaluation du potentiel de colmatage d'une eau ont été développées. La plus utilisée est le Silt Density Index (SDI).

SDI (Silt Density Index)

Le SDI est considéré comme un paramètre représentatif du potentiel de colmatage d'une eau brute d'alimentation dans un procédé d'osmose inverse. Un essai de SDI consiste en la filtration d'un échantillon d'eau à travers une membrane de 0,45 um (microfiltration) de surface filtrante 1,73×10-4 m2 à une pression transmembranaire constante de 2,07 bar. Le SDI est déterminé par une comparaison des temps de filtration, t1 et t2, nécessaires pour obtenir un volume de filtration fixe respectivement au temps 0 et après un temps t.

SDIt =

t

(i - ti

t??) * i00

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Avec :

SDI Silt Densité Index (%min-1)

t1 temps initial pour filtrer un échantillon de 500 ml (sec) t temps après le départ de la mesure (min)

t2 temps pour filtrer un échantillon de 500 ml après le temps T (sec)

Le SDI15 (t = 15 minutes) est défini par l'ASTM comme le temps nécessaire pour des essais précis et normalisés. Néanmoins, des temps (t) plus faibles (3,5 et 10 minutes) sont utilisés dans la pratique afin d'éviter un colmatage important et un flux trop faible. Le SDI peut être considéré comme un outil pour caractériser une fraction particulaire de l'eau et permettre de comparer des eaux entre elles plus que de caractériser le colmatage d'une membrane d'osmose inverse. En effet, on peut remarquer qu'il n'utilise pas une membrane d'osmose inverse. De plus, la pression utilisée pendant ce test est très inférieure à la pression utilisée pendant l'opération d'osmose inverse. Le pouvoir de colmatage est donc différent. Enfin, les essais de SDI sont effectués en mode frontal et pas en tangentiel comme l'osmose inverse, le flux du perméat est beaucoup plus élevé. Toutefois, malgré toutes les limites posées par ce test, c'est celui qui est encore utilisé en routine par les traiteurs d'eau. On considère généralement que le SDI15 de l'eau d'alimentation doit être inférieur à 4 en osmose inverse. Les prétraitements sont mis au point pour amener le SDI de l'eau en deçà de cette valeur.

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