UNIVERSITÉ JOSEPH KI-ZERBO BURKINA
FASO
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Unité de Formation et de Recherche en
Unité-Progrès-Justice
Sciences Humaines (UFR/SH)
*******
Département d'Histoire &
Archéologie
*******
Option : Histoire économique, Population et
Relations internationales
Mémoire de Master
MIGRATIONS ET IMPACTS SOCIO-
ÉCONOMIQUES A BÉGUÉDO,
CENTRE-EST,
BURKINA FASO (1919-2017)
Présenté par : Sous la direction de :
Thomas Frank BANCÉ Claude Etienne
SISSAO
N° Matricule : 1607335K Professeur Titulaire
Université Joseph KI-ZERBO Année
académique 2020-2021
UNIVERSITÉ JOSEPH KI-ZERBO
*******
Unité de Formation et de Recherche en Sciences
Humaines (UFR/SH)
*******
Département d'Histoire &
Archéologie
*******
Option : Histoire économique, Population et
Relations internationales
Mémoire de Master
MIGRATIONS ET IMPACTS SOCIO-
ÉCONOMIQUES A BÉGUÉDO,
CENTRE-EST,
BURKINA FASO (1919-2017)
Présenté par : Sous la direction de :
Thomas Frank BANCÉ Claude Etienne
SISSAO
N° Matricule : 1607335K Professeur Titulaire
Université Joseph KI-ZERBO
Année académique
2020-2021
DÉDICACE
É
É
É
REMERCIEMENTS
Ce travail est le résultat d'une fructueuse
collaboration de plusieurs acteurs à qui nous tenons à
témoigner nos sincères reconnaissances pour avoir
contribué de quelques manières que ce soit à la
réalisation de ce document. Nous disons merci :
À tous les enseignants du département d'Histoire
et Archéologie et en particulier ceux du laboratoire SYPERC de l'option
Histoire économique, Population et Relations internationales
pour leur précieux encadrement et accompagnement durant cette
étude.
À notre Directeur de Mémoire, Professeur
Claude Étienne SISSAO qui n'a ménagé
aucun effort pour nous encadrer, soutenir et se rendre disponible au moment
opportun.
Au Docteur Serge Noël OUÉDRAOGO,
qui a accepté de nous assister tout le long de la rédaction de ce
présent document.
Aux professeurs Willy Moussa BANTENGA et
Maurice BAZEMO, de nous avoir initié à la
méthodologie de la recherche historique.
À tous nos camarades et collègues
d'études du département d'Histoire. Votre appui et vos
suggestions nous ont été d'une grande portée.
À notre famille pour sa présence permanente tout
au long de nos recherches. Vos encouragements ont renforcé ma
détermination pour ce projet d'étude.
À toutes les autorités administratives et aux
présidents d'association de la commune de Béguédo pour
leur accompagnement au cours de nos différents travaux de terrain, leur
aide fut grande.
À la Direction Générale des
Burkinabè de l'Extérieur et à l'Institut National de la
Statistique et de la Démographie pour la mise à disposition de
données quantitatives et qualitatives sur les migrations.
II
SOMMAIRE
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
PREMIÈRE PARTIE : LA PRÉSENTATION DE LA
COMMUNE DE BÉGUÉDO 27
Chapitre I_ Situation géographique et
caractéristiques de la zone d'étude .29
I_ Cadre physique de la zone d'étude .29
II_ Cadre démographique de la zone d'étude 34
III_ Organisation socio-administrative de la zone
d'étude 39
Chapitre II_ Cadre humain et économique de la
zone d'étude 42
I_ Composition ethnique, linguistique et religieuse de
Béguédo 42
II_ Potentialités économiques de
Béguédo .45
DEUXIÈME PARTIE : LE CONTEXTE HISTORIQUE DES
MIGRATIONS
INTERNATIONALES DES BISSA 51
Chapitre III_ Aperçu historique des migrations
internationales au Burkina Faso 53
I_ Migrations internationales des Burkinabè 53
II_ Gestion des migrations internationales des
Burkinabè 64
Chapitre IV_ Historique des migrations internationales
des Bissa 70
I_ Aperçu historique des migrations internationales en
pays bissa .70
II_ Historique des migrations internationales des Bissa de
Béguédo .75
TROISIÈME PARTIE : IMPACTS
SOCIO-ÉCONOMIQUES DES MIGRATIONS .80
Chapitre V_ Caractéristiques des ménages
de la commune de Béguédo .82
I_ Les caractéristiques sociales des ménages
82
II_ Les conditions économiques des ménages 87
Chapitre VI_ Fonds et investissements dans la commune
de Béguédo 98
I_ Les envois de fonds des émigrés à
Béguédo .98
II_ Les investissements des émigrés à
Béguédo 104
III_ L'approche variée des migrations internationales
à Béguédo 112
CONCLUSION GÉNÉRALE 117
Sources et Bibliographie 120
III
SIGLES ET ACRONYMES
AEPS : Adduction d'Eau Potable
Simplifiée
AJPB : Association des Jeunes Patriotes de
Béguédo
AME : Association des Mères
Éducatrices
AOF : Afrique Occidentale Française
APD : Aide Publique au
Développement
APE : Associations des Parents
d'Elèves
ARBI : Association des Ressortissants de
Béguédo en Italie
BADCOM : Bureau d'Assistance au
Développement des Communes
BCEAO : Banque Centrale des États de
l'Afrique de l'Ouest
BNDT : Base Nationale des Données
Topographiques
CEB : Circonscription d'Enseignement de
Base
CEDEAO : Communauté Économique
des États de l'Afrique de l'Ouest
CERPOD : Centre d'Etudes et de Recherche sur
la Population pour le Développement
CHR : Centre Hospitalier Régional
CIGEM : Centre d'Information et de Gestion
des Migrations
CISSE : Centre d'Information Sanitaire et de
Surveillance Épidémiologique
CM : Centre Médical
CM : Chef de Ménage
CMA : Centre Médical avec Antenne
chirurgicale
CNAB : Centre National des Archives du
Burkina
COGES : Comité de Gestion des
formations Sanitaires
CONAPO : Conseil National de Population
COOPEL/AUE : Coopérative
d'Électricité/ Association des Usagers de l'Eau
CRDI : Centre de Recherche pour le
Développement International
CSBE : Conseil Supérieur des
Burkinabè de l'Étranger
CSPS : Centre de Santé et de Promotion
Sociale
CVD : Conseil Villageois de
Développement
CVLS : Comité Villageois de Lutte
contre le Sida
IV
DGBE : Direction Générale des
Burkinabè de l'Extérieur
DREP-CE : Direction Régionale de
l'Économie et de la Planification du Centre Est
F CFA : Franc de la Communauté
Financière Africaine
FMI : Fonds Monétaire International
HCR : Haut-Commissariat des Nations Unies
pour les Réfugiés
IDE : Investissement Direct
Étranger
IDH : Indice de Développement
Humain
INSD : Institut National de la Statistique et
de la Démographie
ISSP : Institut Supérieur des Sciences
de la Population
MIAEB : Ministère de
l'Intégration Africaine et des Burkinabè de l'Extérieur
MIGRINTER : Migration internationale (revue
scientifique électronique)
OCDE : Organisation de Coopération et
de Développement Economique
OCT : Office Central du Travail
OIM : Organisation Internationale pour les
Migrations
OIT : Organisation Internationale du
Travail
ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique
et Technique Outre-Mer actuel IRD : Institut de
Recherche pour le Développement
OTAN : Organisation du Traité de
l'Atlantique Nord
PCD : Plan Communal de
Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
RGPH : Recensement Général de
la Population et de l'Habitation
SERF Burkina : Société
d'Etudes, de Recherches et de Formation pour le développement
SIAMO : Syndicat Interprofessionnel pour
l'Acheminement de la Main d'oeuvre
SONAPOST : Société Nationale
des Postes
SP/CONAPO : Secrétariat Permanent du
Conseil National de Population
UA : Union Africaine
UEMOA : Union Économique et
Monétaire Ouest Africaine
USD : Dollar américain
V
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1. La mise en contexte
L'ancienneté, la permanence et l'importance
contemporaine du fait migratoire dans le monde et au Burkina Faso
particulièrement commandent qu'il fasse l'objet d'études
approfondies. Les résultats des différentes opérations
démographiques (recensements, enquêtes et études)
réalisées sur les migrations au Burkina Faso à partir de
la période coloniale montrent qu'il s'agit de « mouvements
forcés ou spontanés, individuels ou collectifs, ayant eu au fil
des années une ampleur, des formes et des conséquences
significatives, en raison notamment des effets conjugués du fait
colonial, des mutations socio-économiques et de
l'austérité du milieu naturel burkinabè.
»1 Les migrations constituent de ce fait des mouvements
inscrits au coeur de l'histoire de l'humanité. A ce propos, Hervé
DOMENACH affirmait que « La mobilité s'est accrue
par-delà les saisons, les climats, les distances, les
socio-systèmes, etc. »2
Le phénomène migratoire au Burkina Faso a
été marqué par de nombreuses séquences. Pendant la
colonisation, la Haute-Volta a été considérée comme
un réservoir de main d'oeuvre compte tenu de sa démographie
importante. C'est ainsi que de nombreux fils et filles de la Haute-Volta se
sont retrouvés impliquer dans des migrations à destination
essentiellement de la Gold Coast (actuel Ghana) ou de la Côte d'Ivoire.
La migration était essentiellement une migration de travail.
Après la période coloniale, la migration du peuple voltaïque
se poursuivra dans un contexte différent et vers des destinations
variées. Irissa ZIDNABA affirmait à ce propos que : «
Pays à forte tradition migratoire depuis l'époque coloniale, les
migrations internationales burkinabè [ex voltaïques]3
ont évolué de plusieurs types, passant du type temporaire des
années 1970 à celui permanent, créant actuellement des
déplacements circulaires entre les pays d'accueil et d'origine,
notamment avec la Côte d'Ivoire, le Ghana, l'Italie. »4
1 DABIRE Der Laurent, 2009, Émigration
internationale des Burkinabè, Paris, Harmattan, p.5.
2 DOMENACH Hervé,1996, « De la «
migratologie » » in Revue européenne de migrations
internationales, vol. 12, n°2, p. 77.
3 De sa création le 1 mars 1919 par la
France (puissance coloniale) jusqu'au 2 août 1984, le territoire de
l'actuel Burkina Faso s'appelait Haute-Volta et sa population,
les Voltaïques. Source : Journal officiel du Burkina
Faso, n°33 du 16 août 1984.
4 ZIDNABA, Irissa, 2016, Migrations
internationales et développement : l'impact socioéconomique des
pratiques transnationales des émigrés de Béguédo
résidant en Italie, Thèse de doctorat, Département de
Géographie, Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO, p. 2.
1
Le peuple bissa au Burkina Faso figure parmi les grands
adeptes de la migration surtout celle internationale. Le mobile des migrations
des jeunes bissa vers l'extérieur demeure la recherche d'un emploi
rémunérateur en vue d'améliorer leurs conditions de vie et
celles de leurs familles d'origine. C'est ainsi qu'une fois dans le pays
d'accueil, des fonds sont rapatriés par les migrants pour leurs familles
afin d'améliorer leurs conditions de vie. D'autres migrants, en plus des
transferts ordinaires, investissent une partie de leurs capitaux dans des
secteurs productifs et bénéfiques avec la volonté de
contribuer ainsi au développement économique et social de leur
région d'origine. La commune de Béguédo dans la
région du Centre-Est burkinabè est celle qui semble avoir le plus
bénéficié de cette forme d'investissement en pays bissa.
Irissa ZIDNABA observait que « Longtemps considérés
comme les maillons manquants au processus de développement de leur pays
d'origine, les migrants internationaux sont devenus plutôt de
véritables bailleurs de fonds et entrepreneurs au service de leur
région. »5
Ce nouveau statut que les migrants occupent dans les pays
d'origine conduit de nombreux chercheurs à vouloir comprendre davantage
cette interrelation entre la migration et le développement. C'est dans
ce contexte que s'inscrit notre étude intitulée
Migrations et impacts socio-économiques à
Béguédo, Centre-Est, Burkina Faso : 1919-2017. Il
s'agira d'aborder la migration internationale à Béguédo
pour évaluer l'apport des émigrés dans le
développement social et économique de la commune de
Béguédo.
2. L'intérêt et la justification du
sujet
· Intérêt du sujet
Cette étude suscite de l'intérêt pour
nous car les enjeux de développement social et économique
engendrés par les migrations dans le pays bissa méritent
d'être parcourus. Malgré l'ancienneté, l'ampleur, et la
constance du phénomène migratoire, nous avons toujours voulu
connaitre et faire connaitre les contours de ce phénomène au
Burkina Faso et particulièrement à Béguédo à
travers une approche historique. Cette approche nous permettra
d'appréhender d'une part les mobiles, les typologies, les aspects de la
migration internationale des habitants de Béguédo et d'autre part
l'évolution historique de la migration. En outre, les changements
socio-politiques, culturels et économiques générés
par les migrations internationales à Béguédo nous
5 ZIDNABA, Irissa, Idem, p. 1.
2
laissent percevoir une relation consubstantielle entre la
migration et le développement. Il est de notre intérêt
ainsi d'évaluer l'impact des migrations internationales des Bissa sur le
développement local de Béguédo entre 1919 à 2017.
Dans cette étude, nous mettrons plus en lumière les impacts
positifs que ceux négatifs.
· Justification du sujet de recherche
Tout d'abord, la revue de littérature sur la migration
nous a révélé que le phénomène migratoire a
fait l'objet de plusieurs études. Les auteurs de ces études
étaient tantôt des spécialistes du métier
(démographes, historiens, sociologues, ethnologues, géographes,
anthropologues, organismes spécialisés, etc.) tantôt des
amateurs du phénomène (les journalistes, les administrateurs, les
politiques, etc.). Ils ont, à travers leurs oeuvres,
développé plusieurs problématiques sur la migration
à Béguédo et/ou l'impact des migrations sur
Béguédo mais celles ayant bénéficiées d'une
approche historique abondent très peu. Aborder la présente
étude dans sa profondeur historique se révèle être
une épreuve motivante pour nous.
Ensuite, une autre raison ayant conduit au choix du sujet est
notre désir de contribuer à la réalisation
d'études et de recherche sur les migrations comme
recommandée par la Stratégie Nationale de
Migration6 à travers le Programme 4 de son
Plan d'action pour la période 20142016 : « La
connaissance de la migration reste un défi à relever en
permanence. Il s'avère nécessaire, dans un souci de mesure de
l'impact de la migration, d'en approfondir la connaissance au double plan
qualitatif et quantitatif. »7
A juste titre, Bernard DANTIER dans ses Textes de
méthodologie en sciences sociales note que « Les
historiens contemporains, plus que leurs prédécesseurs, ont sur
leur travail une attitude réflexive. Ils observent, mettent en question
et étudient leurs méthodes et leurs finalités presque
autant qu'ils observent, mettent en question et étudient la
matière et la forme de cette histoire qu'ils se donnent pour tâche
de connaître et de faire connaître. »8 En
effet, nos origines ethniques nous ont motivés à entreprendre la
présente étude sur les migrations et leurs impacts
socio-économiques à Béguédo. Issu du cadre
d'étude de notre thème, nous avions aimé étudier
6 Elaborer en 2016 et adoptée
officiellement le 8 février 2017, elle est le nouveau
référentiel en matière de migration au Burkina Faso. Elle
est accompagnée par l'OIM et financée par l'Union
Européenne.
7 Ministère de l'Economie et des Finances,
2013, Stratégie Nationale de Migration 2014-2025, Projet,
p.43.
8 DANTIER Bernard, 2005, Comment
écrit-on l'histoire ? Paul Veyne et la construction d'intrigues,
Paris, Col. Les classiques des sciences sociales, p. 3.
3
les causes, les variantes et l'évolution du
phénomène migratoire dans la commune de Béguédo
mais aussi les retombés des pratiques migratoires sur le
développement communal de Béguédo.
· Délimitation du sujet
Dans Apologie pour l'histoire ou Métier
d'historien, Marc BLOCH9 définit l'histoire comme «
la science des hommes dans le temps. ». Et cette
définition revêt trois caractères importants de l'histoire
: la société, la chronologie et l'espace. On en déduit que
toute approche historique nécessite une prise en compte d'une dimension
temporelle et spatiale de la question étudiée. C'est à cet
effet que nous avons décidé d'étudier le présent
sujet « Impacts socio-économiques des migrations
» dans l'espace géographique de «
Béguédo, Centre-Est, Burkina Faso » durant
la fourchette chronologique de « 1919 à 2017
».
Le choix porté sur la commune de Béguédo
comme cadre d'étude s'explique à plus d'un titre :
- Béguédo est l'une des 30 communes de la
région du Centre-Est. Elle est peuplée en majorité par
l'ethnie bissa, « une ethnie très réputée pour
les migrations internationales depuis les années 1970. » 10
Autrement dit, la commune apparaît comme une référence en
matière de migration à l'extérieur (nombre de migrants) en
comparaison aux vingt-neuf autres communes de la région. En 2006, la
région du Centre-Est était la deuxième principale zone de
départ des Burkinabè à l'émigration avec 12,3% du
total des émigrés (même pourcentage que la région du
Sud-Ouest)11.
- En outre, à l'opposé des villages
administratifs du département de Béguédo,
Béguédo est le chef-lieu du département et regroupe
à cet effet la plupart des infrastructures politico-religieuse,
socio-économique et culturelle. Le département connait
également des mutations sans précédent. En plus de son
évolution démographique, on constate un développement
particulier des infrastructures sociocommunautaire, immobilière et
commerciale. La commune de Béguédo constitue de ce fait un cadre
spatial adéquat pour la mise en lumière de plausibles effets de
la migration.
9 BLOCH Marc, 1949, Apologie pour l'histoire
ou Métier d'historien (Cahiers des Annales, 3), Paris, Librairie
Armand Colin, p. 18.
10 BANGRE Éric-Bertrand Pasba, 2005,
Les migrations internationales des Bissa en Italie : réseau,
stratégie et parcours migratoire, Mémoire de maitrise en
Sociologie, Université de Ouagadougou, p. 8.
11 Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 2008, Recensement Général de la
Population et de l'Habitat (RGPH) de 2006. Résultats
définitifs, Ouagadougou, p. 77.
4
- Enfin, en tant que natif de la région bissa, ce
choix est une opportunité pour nous de montrer la dynamique du courant
migratoire et l'impact que peut avoir la migration internationale sur le
développement de la ville de Béguédo en particulier et du
pays bissa en général. Notre connaissance de la langue locale
constitue un autre atout précieux pour mener à bien ce
travail.
En ce qui concerne la fourchette chronologique de
l'étude, nous avons retenu la période de 1919 à 2017 pour
plusieurs raisons :
- L'année 1919, correspondant
à la création de la colonie de Haute-Volta le 1er mars
1919. La gestion socio-politique et économique de la nouvelle colonie
par la puissance coloniale (la France) conduira des milliers de Voltaïques
à l'émigration vers les autres colonies françaises de
l'Afrique Occidentale Française (AOF) mais également vers les
colonies britanniques.
- L'année 2017, faisant allusion
à la date d'adoption officielle de la Stratégie Nationale de
Migration. Cette stratégie, élaborée en 2016 mais
adoptée en 2017, est la première de toute l'histoire des
migrations au Burkina Faso. Établi sur une période de dix ans,
soit de 2016 à 2025, le Gouvernement à travers cette
stratégie veut parvenir à un développement humain durable,
à travers une gestion cohérente, intégrée et
concertée des migrations. Avant que les actions de cette
Stratégie nationale ne se déploient sur le terrain, nous avons
trouvé utile de faire un point de toutes les actions posées au
préalable en matière de migration au Burkina Faso.
3. La définition des concepts de la
recherche
L'étude du sujet sur les migrations et leurs
impacts requiert la clarification des concepts et déterminants
clés qui y sont rattachés. Ces concepts sont entre autres :
migration ; flux migratoire ; impact socio-économique ;
développement ; transferts de fond ; investissement.
· Migration
L'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM)
à travers son Glossaire de la migration définit la
migration comme le « déplacement d'une
personne ou d'un groupe de personnes, soit entre pays, soit dans un pays entre
deux lieux situés sur son territoire. La notion de migration englobe
tous les types de mouvements de population impliquant un changement du
5
lieu de résidence habituelle, quelles que soient
leur cause, leur composition, leur durée, incluant ainsi notamment les
mouvements des travailleurs, des réfugiés, des personnes
déplacées ou déracinées. »12
La migration selon l'Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD) est un « un changement de résidence
habituelle d'un individu (d'une localité à une autre), pendant
une durée effective d'au moins six mois, ou avec l'intention de
l'effectuer. »13 Le concept de migration est donc un
concept multicritère dont les critères de définition sont
l'espace (la notion de distance entre les zones de déplacement), la
résidence (en rapport avec le lieu et le séjour), la durée
(la dimension temporelle de la migration et qui pose la nécessité
d'une définition d'une période de référence),
l'activité (en rapport avec le changement de lieu d'activité
engendré par la migration).14 Ainsi, on parlera tantôt
de migration interne et de migration externe.
Le Glossaire de la migration définit la
migration interne comme le « mouvement de personnes
d'une région d'un pays à une autre afin d'y établir une
nouvelle résidence. Cette migration peut être provisoire ou
permanente. » et la migration externe ou
internationale comme le « mouvement de personnes qui
quittent leur pays d'origine ou de résidence habituelle pour
s'établir de manière permanente ou temporaire dans un autre pays.
Une frontière internationale est par conséquent franchie.
»15 Quand on s'appesantit sur la migration internationale,
selon qu'une personne se situe au lieu de départ ou au lieu
d'arrivée de l'individu qui effectue une migration, cette personne
parlera d'émigration ou d'immigration. L'émigration
est l'action de quitter son État de résidence pour
s'installer dans un État étranger16 alors que
l'immigration est l'action de se rendre dans un
État dont on ne possède pas la nationalité avec
l'intention de s'y installer.17
Dans le cadre de notre étude, le migrant (pour
désigner plus l'émigrant) désigne tout individu originaire
de la commune de Béguédo qui est en déplacement provisoire
ou définitif hors du Burkina Faso et maintient des liens sociaux,
économiques et culturels avec sa terre de départ. Il est donc en
situation de migration internationale.
12 Organisation Internationale pour les
Migrations, 2007, Glossaire pour la migration, Droit international de
la migration n°9, Genève, OIM, p.47.
13 Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 2000, Analyse des résultats du
recensement général de la population et de l'habitation de 1996,
Volume II, Ouagadougou, p. 127.
14 YABRE N. Baowenison, 2010, Contribution des
émigrés Bissa en Italie au Développement de la ville de
Béguédo, Mémoire de maitrise, Département de
Géographie, Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO, p. 14.
15 Organisation Internationale pour les Migrations,
2007, op.cit., p. 49.
16 Organisation Internationale pour les Migrations,
Idem, p. 26. 17Organisation Internationale pour les Migrations,
Ibidem, p. 38.
6
· Flux migratoire
Par flux migratoire, Le Petit Robert
désigne un « mouvement de population de grande ampleur.
»18 Quant au Petit Larousse, il évoque
l'idée des « dispositifs spatiaux qui assurent la circulation
par exemple des biens, des personnes et de l'information
».19 Selon la base de données des termes
clés de la migration de l'Organisation Internationale pour la Migration,
les flux migratoires renvoient au « nombre de
migrants internationaux arrivant dans un pays (immigrants), ou le nombre de
migrants internationaux quittant un pays (émigrants) pendant une
période déterminée. »20 Autrement
dit, les flux migratoires correspondent au nombre de migrants entrant ou
sortant du Burkina Faso à une période donnée.
· Impact socio-économique
Le concept impact socio-économique
est un concept qui prend en compte l'impact social et l'impact
économique. Selon le Dictionnaire Le Grand Robert,
l'impact est un « effet, une influence
»21. Autrement dit, l'impact est l'effet ou le retentissement
produit par un phénomène sur un autre phénomène.
Selon le site
wikipédia.org, l'impact
désigne « les retentissements (indirects ou non) d'un
évènement, d'un processus, d'une activité, d'une
infrastructure sur l'environnement, la santé, la société,
l'économie, etc. »22
L'impact social ou l'impact
économique correspondant à l'ensemble des influences
d'un évènement ou d'une activité sur un milieu social ou
un milieu économique. Ainsi, dans la présente étude,
l'impact socio-économique désigne l'ensemble des effets positifs
(directs et indirects) et négatifs de l'émigration des fils et
filles de Béguédo sur le développement social et
économique de la commune. Mais tout au long de cette étude, nous
allons nous attarder plus sur les impacts positifs de l'émigration
qu'aux impacts négatifs.
18 REY-DEBOVE Josette, REY Alain (dir.), 2012, Le
Petit Robert, Paris, Editions Les Presses de Jouve, p. 428.
19 Petit Larousse illustré, 2013, Paris,
Larousse, p. 560.
20
https://www.iom.int/fr/termes-cles-de-la-migration
consulté en ligne le 29 juillet 2019 à 18h24mn.
21 Le Grand Robert, 2005, Paris, Editions Le Robert,
[version électronique].
22
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Impact
consulté en ligne le 02 août 2021 à 20h12.
7
· Développement
Le développement désigne, selon le Dictionnaire
Le Petit Robert, « l'action de développer, de déployer
quelque chose. »23 Dans Le Dictionnaire des sciences
humaines, les auteurs expliquent que « Le développement
concerne un champ d'intérêt vaste, allant du développement
humain jusqu'au développement économique. Le terme même
s'apparente le plus souvent au mot progrès, même si le sens du mot
dépend du domaine dans lequel on l'utilise : économie,
géographie, politique, mathématique, clinique, photographie, etc.
»24 Irissa ZIDNABA dans sa thèse de doctorat unique
pense que « Le développement désigne
tout processus d'accroissement des capacités d'un individu, d'un
ménage ou d'une collectivité territoriale permettant de
satisfaire de façon autonome les besoins indispensables tels que
l'alimentation, l'éducation, la santé, le cadre de vie, les
moyens de déplacement, la sécurité, etc.
»25 Dans le cadre de cette étude, nous retenons la
définition précédente comme adaptée à la
notion de développement dans la commune de Béguédo.
· Les transferts de fonds
Pour l'OIM, les transferts de fonds ou
rapatriements de fonds désignent tous « les
transferts monétaires effectués par les migrants individuellement
ou collectivement vers leur pays d'origine »26. Cependant,
quand on se connecte au Portail sur les données migratoires : Pour
une perspective globale27, on peut lire ceci : « Le
rapatriement de fonds, généralement compris comme l'argent ou les
biens que les migrants envoient à leur famille et à leurs amis
dans leur pays d'origine, constitue souvent le lien le plus direct et le plus
connu entre migration et développement. »28 Le
portail renchérit en disant que « les envois peuvent
également être de nature sociale : les migrants peuvent apporter
à leur communauté d'origine un capital social ou
23 REY-DEBOVE Josette, REY Alain (dir.), 2012,
op.cit., p. 316.
24 MESURE Sylvie, SAVIDAN Patrick (dir.), 2006,
Le dictionnaire des sciences humaines, Paris, Editions France Quercy,
p. 269.
25 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 39.
26
https://www.iom.int/fr/termes-cles-de-la-migration
consulté en ligne le 29 juillet 2019 à 18h40mn.
27 Le Portail mondial sur les
données migratoires est un tableau de bord numérique
présentant une série d'outils pour aider les décideurs
politiques, les responsables nationaux de statistiques, les journalistes et le
grand public à accéder aux dernières données sur la
migration. Il est hébergé par l'Organisation Internationale pour
les Migrations.
28
https://www.migrationdataportal.org/fr/themes/rapatriements-de-fonds#definition
consulté en ligne le 01 août 2021 à 19h00.
8
des idées, comportements, identités et
connaissances acquis pendant leur séjour dans une autre partie du pays
ou à l'étranger. »29
Tout au long de cette étude, la notion de transferts
de fonds désignera l'ensemble des envois d'argent effectués par
les émigrés en destination de leurs familles restées
à Béguédo. En effet dans cette commune, les envois de
fonds se résumeront aux transferts monétaires effectués
à titre individuel par un émigré bissa au profit de ses
proches dans son pays d'origine. Il peut s'agir souvent de fonds à
investir ou à épargner par le migrant (épargne) dans son
pays d'origine.
· Investissement
Etymologiquement, le mot investissement est
issu du verbe investir, lui-même issu du latin investire
qui veut dire employer, utiliser (une somme, des capitaux) à
quelque chose30. Le mot a plusieurs sens. Il désigne
l'action d'investir (une place, une ville, une armée) ; c'est
aussi le résultat de cette action31. En
économie politique, l'investissement désigne l'action
d'investir dans une entreprise des capitaux destinés à son
équipement, à l'acquisition de moyens d'équipement ;
résultat de cette action32. Selon le Dictionnaire le
Petit Larousse, investissement signifie l'ensemble des capitaux, des biens
investis33.
Mais quand on parle d'investissement
migratoire, Irissa ZIDNABA dans sa Thèse de doctorat unique
observe que « Le concept d'investissement migratoire fait
référence à l'usage ou l'affectation des fonds
transférés par les migrants dans des domaines productifs ou
sociaux. »34 Autrement dit, c'est l'ensemble des fonds
injectés par les migrants dans un domaine politique, économique,
social ou culturel dans le but de les fructifier ou d'obtenir une
amélioration de la situation initiale. Cette définition fait
ressortir l'obligation d'effectuer une action bénéfique. Dans
notre étude, nous analyserons principalement deux types
d'investissements issus de la migration : les investissements collectifs et les
investissements individuels. Les investissements collectifs désignent
les biens investis par un groupe d'émigrés de
Béguédo au profit de toute la commune tandis que les
investissements individuels renvoient aux capitaux investis par
l'émigré au profit de sa famille ou de sa terre d'origine.
29
https://www.migrationdataportal.org/fr/themes/rapatriements-de-fonds#definition,
Idem.
30 Le Grand Robert, 2005, op.cit., [version
électronique].
31 Le Grand Robert, Idem.
32 Le Grand Robert, Ibidem.
33 Petit Larousse illustré, 2013, Paris,
Larousse, p. 970.
34 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit. p. 38.
9
4. L'état de la question
Dans le milieu des sciences humaines, il est
recommandé au chercheur d'effectuer une lecture profonde de la
littérature existante avant toute recherche scientifique. C'est dans
cette mesure que, dans le cadre de notre approche historique du thème
Migrations et impacts socio-économiques à
Béguédo, Centre-Est, Burkina Faso : 1919-2017, nous
avons lu et exploité quelques travaux de nos
prédécesseurs. Cette étape nous a permis de mener une
approche différente des premières approches sur la question de
recherche.
Au Burkina Faso (ex Haute-Volta), les études
centrées sur la migration des Burkinabè (ex
Voltaïques) ont débuté pratiquement dans les
années 70. Il s'agit tout d'abord d'enquête démographique
urbaine migratoire conduite par l'Etat et ses principaux partenaires afin de
comprendre les enjeux démographique, économique, social et
culturel de la migration interne et externe sur les populations du pays. Les
auteurs sont entre autres le CERPOD35, ORSTOM36 ou encore
des Ministères étatiques37. Ensuite, de nombreux
chercheurs vont rédiger des articles scientifiques, des ouvrages, des
mémoires et même des thèses de doctorat. On note l'article
de Issiaka MANDE38 et celui de Claude Etienne SISSAO39
portant sur les fondements historiques de l'émigration internationale
des Burkinabè. Les mobiles, les zones de départ, les flux
migratoires et l'évolution historique des courants migratoires
voltaïques y sont clairement développés. Sidiki COULIBALY,
Joel GREGORY et Victor PICHE40 présentent dans leur
ouvrage les résultats de l'enquête nationale sur les mouvements
migratoires en Haute-Volta. La thèse de doctorat unique
35 CERPOD, 1995, Enquête Migration et
Urbanisation au Burkina Faso (EMUBF), 1993, rapport national descriptif,
Ouagadougou, INSAH-CILSS, 350 p.
36 Enquête sur les Mouvements de Population
à partir du Pays Mossi (Haute-Volta), 1975, Les Migrations Internes
Mossi, des aires-refuges du passé aux « terres neuves »
d'aujourd'hui, ORSTOM, Fascicule I, 212 p. ou encore Enquête sur les
Mouvements de Population à partir du Pays Mossi (Haute-Volta), 1975,
Les Migrations Mossi, une société bousculée par son
destin, Rapport de synthèse, ORSTOM, Fascicule I, 52 p.
37 Ministère de l'Économie et du
Développement, 2006, Bilan global des migrations au Burkina Faso :
panorama rétrospectif et tendances actuelles, Symposium sur les
migrations au Burkina Faso, 13 au 15 juillet 2006, Rapport final,
Secrétariat Permanent du Conseil National de la Population, 42 p. ou
encore
Ministère de l'Économie et des Finances, 2013,
Stratégie Nationale de Migration 2014-2025, Projet, 56 p.
38 MANDE Issiaka, 1995, « Les migrations de
travail des Voltaïques. Une panacée pour l'économie
ivoirienne de 1919 à 1960, in MASSA Grégory et MADIEGA Georges
(sous la dir.), La Haute Volta coloniale : témoignages, recherches,
regards, Paris, Khartala, pp. 313-339.
39 SISSAO Claude Etienne, 2012, « Esquisse sur
les migrations au Burkina Faso : manifestation face aux normes de la
période coloniale à nos jours », in MANDE Issiaka, Le
Burkina Faso contemporain ; racines du présent et enjeux nouveaux,
Paris, Harmattan, pp. 67-84.
40 COULIBALY Sidiki, GREGORY Joel et PICHE Victor,
1980, Les migrations voltaïques, Tome 1, Importance et ambivalence de
la migration voltaïque, Ottawa, CRDI, 144 p.
10
de Issiaka MANDE41 ou celle de Serge Noël
OUÉDRAOGO42 ont le mérite d'avoir établi une
approche historique des migrations voltaïques (actuel burkinabè)
avec des thématiques sur l'origine des courants migratoires, la gestion
du courant, la dynamique des flux migratoires, les stratégies
d'insertion des immigrés ou encore la diaspora burkinabè vivant
au Ghana et en Côte d'Ivoire.
Toutes ces études sur la migration des
Burkinabè nous ont beaucoup guidé même s'il y a eu une
prédominance des études sur la migration des Moose par
rapport à celles menées sur les Bissa.
En ce qui concerne les études sur les impacts
socio-économiques des migrations internationales sur la commune de
Béguédo, il faut dire que la question a
été abordée surtout par certains auteurs, des sociologues
ou encore des géographes.
Ainsi, Paul LAHUEC43, est l'un des pionniers
à conduire une étude sur le peuple bissa. Il a eu le
mérite de présenter dans son ouvrage les courants migratoires de
deux peuples : la mobilité humaine du peuple mossi et la mobilité
humaine du peuple bissa. Il est suivi par Jean-Benoît
HAZARD44, qui a mené une étude approfondie
(thèse de doctorat) sur le Bisaku45. Dans ces
travaux, on y retrouve l'historique du peuplement de l'espace bisaku, la
diversité ethnique, la mobilité humaine et les trajectoires des
migrations internationales.
Des chercheurs nationaux ont également
travaillé sur la zone d'étude (Béguédo) tout en
mettant en exergue l'interrelation qui existe entre migrations et
développement. Le sociologue Éric-Bertrand BANGRE46 a
développé la question de la migration des Bissa vers l'Italie
dans son
41 MANDE Issiaka, 1996-1997, Les migrations du
travail en Haute-Volta (actuel Burkina Faso), mise en perspective historique
(1919-1960), thèse de doctorat unique, Dynamique comparée
des sociétés en développement, Université Paris 7
Dénis Didérot, 307 p.
42 OUÉDRAOGO Serge Noël, 2016-2017,
La migration des Burkinabè (Voltaïques) vers le Ghana (Gold
Coast) de 1919 à 2010 : origines, gouvernances migratoire et
stratégies d'intégration, thèse de doctorat, Histoire
africaine, Université Ouaga 1 Professeur Joseph KI-ZERBO, 540 p.
43 LAHUEC Jean-Paul, et al., 1979, La
mobilité du peuplement bissa et mossi, Paris, ORSTOM, 149 p.
44 HAZARD Benoît, 2007, L'aventure des
Bisa dans les ghettos de `'l'Or rouge» (Burkina Faso- Italie) :
trajectoire historique et recomposition des réseaux migratoires
burkinabè dans la région des Pouilles, thèse en
anthropologie sociale et ethnologie. Ecoles des Hautes Etudes en Sciences
Sociales, Paris, 1360 p. ou encore
HAZARD Benoît, 2004, op.cit., 16 p.
45 Le terme Bisaku traduit
littéralement en langue bissa signifie pays bissa, « Bisa-
» pour Bissa et « -Ku » pour pays. En d'autres termes, le
territoire bissa. Cependant, si l'on veut désigner plusieurs territoires
où vivent des Bissa, on parlera de Bisanoku pour dire
pays des Bissa.
46 BANGRE Éric-Bertrand Pasba, 2005, op.cit.
116 p.
11
mémoire. Les géographes Baowenison
YABRE47 et Irissa ZIDNABA48 ont eu le mérite
d'étudier la migration en pays bissa mais aussi l'impact des pratiques
transnationales sur le développement local de la commune. Il faut noter
que ces données qualitatives sont appuyées par la
disponibilité des données quantitatives élaborées
par les structures nationales et internationales en charge des statistiques sur
les populations.
D'une manière générale, les
réflexions sur les migrations au Burkina Faso et leurs impacts sur le
développement sont relativement importantes en nombre et riches en
données. Toutefois, le cadre spatial choisi n'a pas toujours
été la commune de Béguédo. Et dans le cas où
l'étude des migrations porte sur Béguédo, une approche
historique manque dans les analyses. C'est pour cette raison que nous avons
éprouvé le besoin d'effectuer une analyse historique sur
l'impact social et économique des migrations internationales sur
la commune de Béguédo.
5. La problématique du sujet
Une problématique fait allusion à l'existence
d'une ou plusieurs questions sur un sujet de recherche. « Et
l'ensemble des questionnements, des hypothèses de recherche, des
réflexions qui se construiront autour de cette question de recherche
constituent la problématique » selon Michel
BEAUD49.
· La question principale
Une étude sur les migrations cherchera à
répondre nécessairement à une question posée. De ce
fait, une mise au jour sur la question des migrations au Burkina Faso et de
leurs impacts étaient d'emblée nécessaire. L'étape
qui nous a permis donc de nous imprégner des contours du sujet et
d'aboutir à la structuration de la problématique de notre sujet
d'étude. La question principale qui se dégage est de savoir :
En quoi les migrations internationales ont un impact sur le
développement social et économique de la commune de
Béguédo ?
De cette question principale, résulte d'autres
interrogations : Quelles sont les caractéristiques
socio-économiques des ménages à Béguédo ?
Quel est l'état des transferts de fonds des émigrés de
Béguédo dans leur pays d'origine ? Quels sont les investissements
réalisés
47 YABRE N. Baowenison, 2010, Contribution des
émigrés bissa en Italie au développement de la ville de
Béguédo, mémoire de maîtrise,
Département de Géographie, Université Ouaga I Pr Joseph
KI-ZERBO, 146 p.
48 ZIDNABA, Irissa, op.cit. 271 p.
49 BEAUD Michel, 2006, L'art de la
thèse : comment préparer et rédiger un mémoire de
master, une thèse de doctorat ou tout autre travail universitaire
à l'ère du net, Editions la Découverte, Paris, p.
55.
12
par les émigrés bissa à
Béguédo ? Ainsi, de telles interrogations requièrent la
formulation de réponses adaptées.
· Les objectifs
Dans le cadre de cette étude, l'objectif
général est d'évaluer la contribution des migrants bissa
sur le développement social et économique de la commune de
Béguédo.
Outre cet objectif principal, il sera question de faire une
analyse comparée des conditions de vie des familles ayant des
émigrés et celles n'ayant pas d'émigrés. Enfin,
nous présenterons les différents types d'investissements sociaux
et économiques réalisés dans la ville de
Béguédo.
· Les hypothèses
Notre hypothèse principale est que les
émigrés bissa apportent une contribution au développement
social et économique de la ville de Béguédo.
Les hypothèses secondaires qui résultent de
notre hypothèse générale sont que premièrement, la
comparaison des ménages révèle que les familles ayant des
émigrés ont de meilleures conditions de vie que celles n'en ayant
pas. Deuxièmement, on constate que chaque année, pour des motifs
variés, les émigrés réalisent d'importants
transferts monétaires à Béguédo par le biais de
divers canaux d'envois. Troisièmement, une bonne partie des fonds issus
de l'émigration des Bissa est investie dans les domaines éducatif
et immobilier de la ville de
Béguédo.
6. La méthodologie de recherche
Pour la réalisation de la présente étude,
nous avons adopté une méthodologie de travail. Cette
méthodologie a nécessité la réalisation de
recherche documentaire d'une part et d'autre part, la réalisation
d'enquêtes de terrain. L'objectif était de collecter et analyser
toutes les données quantitatives et qualitatives sur la question
abordée dans le sujet de recherche.
6.1. La recherche bibliographique
L'une des composantes essentielles de la méthodologie
de recherche historique pour le chercheur réside dans la phase de
documentation de son thème de recherche. C'est dans cet élan que
nous avons parcouru plusieurs bibliothèques, des centres de documents,
des instituts ou encore des structures administratives ; tous localisés
au Burkina Faso.
13
La recherche documentaire a commencé d'abord dans les
bibliothèques et Centres d'archives. On a la Bibliothèque
Universitaire Centrale (BUC) de l'Université Joseph Ki-Zerbo où
nous avons consulté essentiellement les Dictionnaires et Atlas ; ensuite
le Centre National des Archives du Burkina Faso où nous avons eu
accès aux documents de première source et aux ouvrages relatifs
aux enquêtes des années 70 menées sous l'égide du
Gouvernement. Également, nous avons fait recours à la
Bibliothèque Cheick Anta Diop du Département d'Histoire et
Archéologie de l'Université Joseph Ki-Zerbo afin d'avoir
accès aux mémoires de maitrise et de master et aux thèses
de ce département. Enfin, la pluridisciplinarité en histoire
étant importante, nous avons exploré les Bibliothèques des
autres filières de formation de l'Université Joseph Ki-Zerbo. Ce
sont la bibliothèque du Département de Géographie et celle
du Département de Sociologie.
Quant aux centres d'archives, c'est le Centre National des
Archives du Burkina Faso qui a été visité. Ce centre,
réputé pour être une source immense d'archives et
d'ouvrages généraux sur la plupart des thématiques, nous a
permis de collecter des données sur la migration durant la
période coloniale et au lendemain des indépendances.
En outre, nos investigations nous ont conduits dans des
structures et des services tels que l'Institut National de la Statistique et de
la Démographie (INSD) sis à Ouaga 2000 où nous avons pu
consulter les données statistiques sur la population du Burkina Faso
mais aussi sur la région du Centre-Est. Ensuite, nous nous sommes rendus
à la Direction Générale des Burkinabè de
l'Extérieur (DGBE)50 où nous avons eu accès
à la documentation disponible sur la diaspora burkinabè et ses
actions de développement. La bibliothèque de l'Institut
Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) a fait l'objet
d'investigation. Toujours dans cette démarche méthodologique,
nous nous sommes rendus dans les locaux de la Préfecture et de la Mairie
de Béguédo. Sur ces lieux, nous avons eu des interviews fructueux
avec les premiers responsables et des mises en contact par la suite avec des
personnes ressources pour notre étude. La documentation disponible sur
la ville a été mise à notre disposition. Leur
coopération nous a été d'une aide incommensurable.
50 La Direction Générale des
Burkinabè de l'Extérieur est une des directions
générales placée sous l'égide du Ministère
de l'Intégration Africaine et des Burkinabè de
l'Extérieur.
14
6.2. La recherche des sources orales
Serge Noël OUÉDRAOGO disait que : « Les
sources orales sont des sources qui occupent une place de choix dans
l'écriture de l'histoire africaine. »51 Au regard
donc de l'importance des sources orales pour notre recherche, nous avons
effectué des enquêtes orales et entretiens sur terrain pour
compléter ou renforcer les sources écrites parfois
limitées. Pour commencer, nous avons initié un premier
déplacement à Béguédo du 20 septembre au 23
septembre 2018 pour entrer en contact avec les personnes ressources à
notre étude et établir les premiers contacts de communication.
Deux autres phases de travail ont suivi : du 15 août au 20 septembre 2019
et du 20 au 27 octobre 2019. Ces deux dernières phases (périodes
de collecte de données) ont été consacrées à
la réalisation des enquêtes dans les ménages de la commune
de Béguédo et auprès des autorités administratives,
coutumières et religieuses. Pour ce faire, des questionnaires ont
été élaborés et adressés aux ménages,
aux émigrés séjournant, aux responsables administratifs et
aux responsables religieux-coutumiers. Des échanges constructifs ont
été entretenus tout au long de notre travail de recherche avec
des personnes ressources. Ces personnes nous fournissaient des informations
complémentaires et des orientations sur des questions auxquelles nous
étions sans réponses.
Les sources orales nous ont été d'une importance
incommensurable dans la mesure où elles nous ont permis de
récolter des informations sur l'impact (positif et négatif)
social et économique des migrations internationales dans le pays
bissa.
6.3. L'analyse des sources
6.3.1. Les sources archivistiques
Considérées comme des sources de
premières mains, les archives ont mis à notre disposition
des données sur le phénomène migratoire de la
période précoloniale à la période coloniale. Serge
Noël OUÉDRAOGO affirme ceci : « Produites surtout par les
administrations, les archives sont une mine d'information pour le chercheur.
»52 Nous avons consulté au Centre National des
Archives du Burkina Faso, des archives en lien avec la gestion coloniale et
postcoloniale des migrations. Ce sont :
51 OUÉDRAOGO Serge Noël, 2016-2017,
op.cit., p. 21.
52 OUÉDRAOGO Serge Noël, 2016-2017,
op.cit., p. 18.
15
- La série 3V, nommée «
Répertoire numérique du fonds de l'Afrique Occidentale
Française (A.O.F.) / Territoire de la Haute-Volta (1931-1958 et
1958-1974) » ;
- La série 42V, intitulée
« Répertoire numérique du fonds du Ministère de
l'intérieur, rubrique «A.O.F.» (1852-1960) » ;
- La série 44V, intitulée
« Répertoire numérique du fonds du Ministère de
l'intérieur, rubrique « A.O.F » (1895-1960) » ;
- La sous-série 2G qui porte sur les
rapports périodiques des gouverneurs et chefs de service de 1904
à 1957 en Haute-Volta.
Tous ces répertoires contiennent des informations sur
les lois, les décrets, les rapports, les procès-verbaux, les
missions, les correspondances, ou encore les circulaires de la Haute-Volta de
1852 à 1974.
6.3.2. Les sources orales
Les sources orales de cette étude proviennent des
enquêtes de terrain réalisées.
Ø Population d'enquête
La population de la commune de Béguédo a
été notre population cible dans cette étude mais
l'enquête de terrain a concerné trois types de structures sociales
: les ménages, les émigrés et les autorités. La
première structure sociale de la commune touchée a
été les autorités coutumières, les autorités
administratives et les autorités religieuses de la commune de
Béguédo. Ensuite, les ménages ont été
abordés. L'enquête sur les ménages de Béguédo
a consisté à adresser un questionnaire sur deux types de
ménages : les ménages n'ayant pas de migrants et les
ménages ayant des migrants avec pour objectif d'établir une
comparaison entre les deux ménages. Pour finir, nous avons eu des
entretiens avec des émigrés en vacances ou des
émigrés de retour de l'aventure.
Ø Echantillonnage
Conscient de l'importance de produire une étude
qualitative et quantitative, nous avons accordé une place importante
à l'échantillonnage de notre population. Les derniers chiffres
officiels sur le nombre de ménages de la commune de
Béguédo datant du RGPH de 2006 (3 267
16
ménages)53, nous avons travaillé sur
un échantillon de 320 ménages enquêtés, soit 10% du
nombre total de ménages. Avec ce pourcentage, nous espérons
atteindre de meilleures représentations de la population et
réaliser des analyses plus englobantes. Toutefois, n'eut
été nos moyens limités, cet échantillon aurait
connu un plus grand taux. Parallèlement, une vingtaine d'entretiens ont
été menés à Béguédo, Garango et
Ouagadougou.
Ø Outils de recueil de données54
Plusieurs outils ont été utilisés dans le
cadre de la collecte des données sur le terrain avec pour objectif de
recueillir des données sur les conditions socioéconomiques des
ménages et sur l'impact des émigrés dans le
développement de la commune. Il y a eu entre autres :
§ Une fiche de questionnaire : autour d'une quarantaine
de questions, cette fiche adressée aux 320 chefs de ménages a
permis d'avoir des informations quantitatives sur les conditions de vie sociale
et économique de chaque ménage enquêté ;
§ Un guide d'entretien semi-directif : une vingtaine de
personnes (autorités, responsables d'associations,
émigrés) a accepté échanger avec nous. Ces
échanges ont été le lieu d'expression de leurs
perceptions, leurs observations, leurs suggestions et leurs expériences
sur le phénomène migratoire à Béguédo ;
§ Un magnétophone : appareil utilisé pour
enregistrer les entretiens afin de les retranscrire par la suite.
§ Parallèlement à ces outils et durant
toutes nos sorties terrain, nous avons fait aussi de « l'observation sur
terrain ». Cet outil nous a permis soit de confirmer ou infirmer les
propos de l'enquêté en cours, soit de constater par
nous-même les différentes réalisations faites dans la ville
par les émigrés et/ou leurs associations. Des clichés ont
été prises en passant (confère annexe).
Ø Méthodes de traitement et d'analyse des
données
Le traitement des données a été
réalisé en plusieurs étapes. D'abord, nous avons
travaillé à classifier les données selon les personnes
enquêtées : CM de famille ayant des migrants ; CM
53 Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 2008, op.cit., p. 42.
54 L'enquête dans les ménages a
été réalisée à partir de la méthode
de l'échantillonnage en boule de neige développée
par l'Anglais Goodman en 1961. Cette méthode est une
forme de plan d'échantillonnage par détection de liens pendant
lequel on demande aux enquêtés faisant parti de
l'échantillon de départ d'identifier des ménages auxquels
on demande d'identifier, à leur tour, des ménages, et ainsi de
suite jusqu'à atteindre la taille de l'échantillon
défini.
17
des familles n'ayant pas de migrants ; Autorités et
Emigrés. Après regroupement, nous sommes passés à
l'enregistrement numérique de toutes ces données à l'aide
du logiciel Microsoft Excel. Une fois les données enregistrées,
nous les avons synthétisées et regroupées en fonction de
nos thématiques : conditions sociales ; conditions économiques ;
investissements individuels ; investissements collectifs. Pour terminer, nous
avons dressé des graphiques pour mieux représenter certaines
variables et voir leurs impacts directs sur notre zone d'étude. Des
commentaires sur chaque graphique s'en sont suivis.
6.3.3. Les sources internet
Michel BEAUD observait que : « Comme l'ordinateur,
l'internet prend une part de plus en plus importante dans l'activité des
chercheurs. »55 Cette affirmation confirme l'importance de
l'exploitation de l'internet à des fins de recherches scientifiques.
Dans le cadre de notre étude sur les migrations, nous avons
exploité ce réseau planétaire de données dans le
but de cerner les contours et les dimensions spatio-temporelles des
migrations.
Pour ce faire, deux principaux moteurs de recherche de
données ont été utilisé : Google chrome et Google
Scholar. Ces deux serveurs informatiques nous ont permis d'accéder
à des sites internet officiels, à des portails d'institutions,
à des bases de données, à des ouvrages et des
illustrations.
Plusieurs portails d'institutions ont été
parcourus. Il y a Open Edition, JSTOR (Journal Storage),
PERSÉE, Burkina Faso Open Data, Migration Data Portal). Ces portails
nous laissaient accéder à des ouvrages, des statistiques, des
définitions de concepts. Les informations disponibles sont consultables
en ligne, par téléchargement ou par achat. En plus de ces
portails, nous avons consulté des sites de référence tels
que celui de l'INSD (
www.insd.bf), de l'OIM (
www.oim.org), de l'OCDE (
www.ocde.org), de l'ARBI
(
www.associazionarbi.it.fr),
etc. Plusieurs données en lien direct avec les migrations
internationales et leurs impacts au Burkina Faso en général et
à Béguédo en particulier sont disponibles.
En sommes, nous retenons que l'exploitation des sources
internet à donner accès à des articles scientifiques, des
thèses et mémoires, des rapports d'études, des
définitions conceptuelles,
55 BEAUD Michel, 2006, op.cit. p. 50.
18
des ouvrages électroniques rares ou anciens. Le
recueil de données à l'intérieur de ces sources a enrichi
notre capacité d'analyse qualitative et quantitative sur ce sujet.
6.4. Le commentaire bibliographique
Plusieurs écrits ont été lus dans le
cadre de nos recherches sur les migrations. Ce sont entre autres des
thèses, des mémoires, des rapports, des articles scientifiques,
des ouvrages généraux et des ouvrages spécifiques. Les
thématiques développées sont la méthodologie de
recherche, le Burkina Faso, Béguédo, la migration internationale,
les flux migratoires, l'impact socio-économique des migrations, etc.
6.4.1. Les ouvrages
COULIBALY Sidiki, GREGORY Joel et PICHE Victor, 1980, Les
migrations voltaïques, Tome 1, Importance et ambivalence de la migration
voltaïque, Ottawa, CRDI, 144 p. Les auteurs présentent les
résultats de l'enquête nationale sur les mouvements migratoires en
Haute-Volta, enquête réalisée entre 1974 et 1975.
L'objectif de leur enquête est de mesurer l'ampleur, la direction et les
caractéristiques de la migration voltaïque d'une part, et d'autre
part d'en cerner les causes et les effets. Cependant, on note l'absence d'un
aperçu historique des migrations dans l'oeuvre mais aussi aucune analyse
sur l'impact socio-économique de ces migrations. Tous les villages de la
Haute-Volta n'ayant pas fait objet de l'enquête, 120 villages et 11
centres urbains, cela semble être aussi une des limites de l'ouvrage.
MIYAJI Mieko, 1976, L'émigration et le changement
socio-économique d'un village Kabyle (Algérie), Tokyo,
Institute for the Study of Languages and Cultures pf Asia an Africa, 87 p.
Cette oeuvre a le mérite de vouloir mettre en lumière les effets
des migrations internationales des Algériens sur le développement
local à travers une étude cas dans le village de la Kabylie. Les
différentes caractéristiques socio-professionnelles des
émigrés du village y sont présentées et des
réflexions et perspectives sur le dynamisme de l'émigration sont
faites. Ainsi, nous avons pu voir à travers cette oeuvre les
méthodes utilisées par l'auteur pour mettre en lumière les
changements intervenus dans le village avec les pratiques migratoires.
Conseil Municipal de Béguédo, 2015, Plan de
Développement Communal, Commune rurale de Béguédo,
112 p. Considéré par les autorités administratives de
Béguédo comme le document référentiel sur la
situation de la commune, le Plan Communal de Développement
19
(PCD) présente la commune de façon succincte.
En effet dans le PCD, on retrouve une exposition des caractéristiques
naturelle, physique, politique, économique, religieuse et culturelle de
Béguédo. La diaspora et les partenaires techniques et financiers
de la commune y sont mentionnés. Les projets de développement
prévus sont présentés ainsi que le budget communal.
Toutefois, les informations contenues dans le plan sont très sommaires
et donc superficielles sur les thématiques abordées.
DABIRE Der Laurent, 2009, Emigration internationale des
Burkinabè, Paris, Harmattan, 104 p. L'auteur dans son oeuvre
cherche à connaitre les tenants et les aboutissants du
phénomène migratoire du Burkina des Indépendances à
nos jours. Il fait une analyse très importante sur tous les aspects de
l'émigration, allant des causes à la nécessité
d'encadrement de ce phénomène en passant par l'impact
économique de l'émigration burkinabè. Mais force est de
souligner que l'auteur n'a analysé qu'un aspect des Migrations
(émigration) et de surcroît juste l'internationale (absence de
migration interne).
FAURE Armelle, 1996, Le pays bissa avant le barrage de
Bagré, Athènes, Editions Athanassopoulos, 311 p. Avec le
désir du gouvernement burkinabè d'aménager un nouveau
barrage à Bagré (dans le Centre-Est du pays) d'ici 2000, FAURE a
eu l'idée de présenter dans un ouvrage la dynamique culturelle et
sociale des peuples vivant dans cet espace. C'est ainsi que tout au long de son
ouvrage, elle tente de faire connaitre le peuple bissa à travers son
organisation sociale, administrative et culturelle. Une grande partie de
l'oeuvre porte sur la gestion du foncier en pays bissa et des nombreux conflits
qui s'y rapportent.
LAHUEC Jean-Paul, MARCHAL Jean-Yves, 1979, La
mobilité du peuplement bissa et mossi, Paris, ORSTOM, 149 p. Les
deux auteurs ont choisi de présenter un ouvrage sur les courants
migratoires de deux peuples distincts : le peuple bissa et le peuple mossi. La
première partie de l'oeuvre est consacrée au peuplement et
à l'abandon de la vallée de la Volta blanche en pays bissa,
Sous-préfecture de Garango. Dans cette partie écrite par
Jean-Paul LAHUEC, on y voit les mobiles qui ont entrainé les Bissa de
Garango à migrer pendant la période coloniale dans d'autres
régions ou hors de la Haute-Volta. Dans la deuxième partie,
Jean-Yves MARCHAL s'intéresse à la dynamique de peuplement des
Moose dans deux régions voisines du royaume de Yatenga. Ce sont le pays
Samo (Tougan) et le pays peul-kurumba (Djibo).
20
6.4.2. Les thèses et
mémoires
Dans le cadre de leurs travaux de fin de cycle universitaire,
des sociologues, des géographes et des historiens ont soutenu des
mémoires et des thèses sur la thématique des
migrations.
BANGRE Éric-Bertrand Pasba, 2005, Les migrations
internationales des Bissa en Italie : réseaux, stratégies et
parcours migratoires, Mémoire de maîtrise en sociologie,
Université de Ouagadougou, 116 p. BANGRE a développé la
question de la migration des Bissa vers l'Italie et le développement
dans son mémoire. Il montre comment les émigrés de
Béguédo et Niaogho, à travers leurs associations, arrivent
à réaliser des investissements sociocommunautaires et
économiques importants. Ces investissements contribuent à
améliorer le niveau de vie sociale et économique des habitants de
Béguédo.
BAYIRE Piga Sylvette, 2006, Migration et
développement. Les « Italiens » dans le développement
de Béguédo, mémoire de maitrise en sociologie,
Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO, 101 p. et YABRE Noel Baowenison,
2010, Contribution des émigrés Bissa en Italie au
développement de la ville de Béguédo (province du
Boulgou), Mémoire de maitrise en Géographie,
Université de Ouagadougou, 141 p. Dans ces deux mémoires, on
perçoit l'impact des pratiques migratoires des Italiens sur le
développement local de la commune. Les mobiles, les zones de
départ et d'accueil des candidats à l'émigration, les
parcours, les conditions de voyages, sont présentés tout au long
des documents.
Au titre des Thèses, on note : HAZARD Benoît,
2007, L'aventure des Bisa dans les ghettos de `'l'Or rouge» (Burkina
Faso- Italie) : trajectoire historique et recomposition des réseaux
migratoires burkinabè dans la région des Pouilles,
thèse en anthropologie sociale et ethnologie, Ecoles des Hautes Etudes
en Sciences Sociales, Paris, 1360 p. HAZARD a consacré une thèse
de doctorat sur le Bisaku. Dans ces travaux, on y retrouve
l'historique du peuplement de l'espace bisaku, la diversité ethnique, la
mobilité humaine et les trajectoires des migrations internationales. Les
informations fournies dans cette thèse sur le peuple bissa sont d'une
richesse inestimable au regard des sources de première main
exploitées pour sa rédaction.
ZIDNABA, Irissa, 2016, Migrations internationales et
développement : l'impact socioéconomique des pratiques
transnationales des émigrés de Béguédo
résidant en Italie, Thèse
21
de doctorat, Département de Géographie,
Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO, 271 p. La principale
problématique de cette étude est de connaitre l'impact des
pratiques transnationales des émigrés bissa sur le
développement local de la commune de Béguédo. ZIDNABA
montre les liens entre les migrations internationales et le
développement, les formes et les domaines d'investissement des migrants,
les facteurs de leur engagement, et l'insertion socio-économique des
migrants en Italie.
Dans sa thèse de doctorat unique, Serge Noël
OUÉDRAOGO56 a eu le mérite d'avoir établi une
approche historique des migrations voltaïques (actuel burkinabè)
avec des thématiques sur l'origine des courants migratoires
voltaïques vers la Gold Coast, la gestion du courant, la dynamique des
flux migratoires, les stratégies d'insertion des immigrés ou
encore la diaspora burkinabè vivant au Ghana et en Côte d'Ivoire.
La migration des Burkinabè vers le Ghana a été ainsi mis
en perspective de la création de la colonie de Haute-Volta en 1919
jusqu'en 2010.
6.4.3. Les articles scientifiques et rapports
d'activités
On note l'article de Issiaka MANDE57 et celui de
Claude Etienne SISSAO58 portant sur les fondements historiques de
l'émigration internationale des Burkinabè. Les mobiles, les zones
de départ, les flux migratoires et l'évolution historique des
courants migratoires voltaïques y sont clairement
développés.
DE HASS, Hein, 2010, « Migration et développement
: une perspective théorique », In International Migration
Review, vol. 44, n° 1[version traduite en français], pp.
227-264. Dans cet article, l'auteur veut expliquer comment la migration et le
développement ont évolué au cours des 50 dernières
années. Il détermine quatre (04) principales phases
d'évolution des discours des politiques et des recherches sur les liens
migration et développement. La première phase va de la
période post-1945 à 1973 ; la seconde phase commence en 1973
jusqu'en 1990 ; la troisième va de 1990 à 2001 et la
dernière phase concerne la période post-2001. DE HASS a su
montrer l'évolution des conceptions sur la migration et le
développement qu'elle pourrait engendrer.
56 OUÉDRAOGO Serge Noël, 2016-2017,
op.cit., 428 p.
57 MANDE Issiaka, 1995, « Les migrations de
travail des Voltaïques. Une panacée pour l'économie
ivoirienne de 1919 à 1960, in MASSA Grégory et MADIEGA Georges
(sous la dir.), La Haute Volta coloniale : témoignages, recherches,
regards, Paris, Khartala, pp. 313-339.
58 SISSAO Claude Etienne, 2012, « Esquisse
sur les migrations au Burkina Faso : manifestation face aux normes de la
période coloniale à nos jours », in MANDE Issiaka, Le
Burkina Faso contemporain ; racines du présent et enjeux nouveaux,
Paris, Harmattan, pp. 67-84.
22
Jean- Benoît HAZARD59 à travers cet
article veut redonner, durant la période coloniale et post-coloniale, un
autre statut politique aux villes définit par la construction d'une
forme de souveraineté. Pour HAZARD, la ville n'est pas une forme
antagonique au monde des communautés rurales car il peut exister une
relation d'enracinement entre les villes et l'arrière-pays. Pour
illustrer sa théorie, il a choisi de prendre le cas de la
localité de Béguédo, comptabilisant à
l'époque 14 000 habitants (1994). La mobilité humaine de cet
espace et la dynamique des flux qui en découlent sont
impressionnantes.
GOSSELIN Gabriel, 1970, « Travail, tradition et
développement en pays bisa » in ORSTOM, série
sciences humaines, volume VII, n°1, 18 p. Cet article fournit de
précieuses caractéristiques sur l'organisation du travail dans le
pays bissa précolonial et colonial. Les coutumes et us des Bissa y sont
présentés et la mobilité humaine organisée durant
des générations est perceptible également. En
parallèle les actions et les mutations d'une structure française,
la Société d'Aide Technique et de Coopération en
Haute-Volta (SATEC) sont présentées en début d'article.
Plus tard, entre 2005 et 2006, deux grands symposiums ont
été organisés sur les transferts de fonds des
émigrés et sur la contribution de la migration à la lutte
contre la pauvreté. Il s'agit des congrès placés sous la
tutelle du Conseil National de la Population (CONAPO).60 Il ressort
de ces deux symposiums que le Burkina Faso dispose d'un important capital
humain dont il serait judicieux de l'encadrer afin d'en faire une source de
financement des projets de développement de leur terre d'origine.
L'apport des Burkinabè de l'étranger au développement de
leur pays était clairement approuvé par les participants.
D'une manière générale, les
réflexions sur l'impact des migrations sont relativement importantes en
nombre et riches en données mais ne prenant pas en compte le cas de la
ville de Béguédo. Et dans le cas où notre cadre
d'étude est pris en compte, il lui manque une approche historique. C'est
la raison pour laquelle nous avons éprouvé le besoin d'analyser
l'impact tant
59 HAZARD Benoît, 2004, op.cit, 16 p.
60 OUÉDRAOGO L., 2005, Symposium sur
les migrations au Burkina Faso : migrations internationales régionales
et sous régionales et économie extraterritoriale : les transferts
de fonds des émigrés burkinabè (flux, volume, et
importance), Ouagadougou, CONAPO, 57 p. et
CONAPO, 2006, Symposium sur les migrations : gestion des
migrations internes et externes, quelle politique migratoire en vue de la
réduction de la pauvreté au Burkina Faso, Ouagadougou,
CONAPO, 31 p.
23
social qu'économique de la migration sur la ville de
Béguédo. Cependant, notre travail de recherche a
été marqué par quelques difficultés.
7. Les difficultés rencontrées et les
limites de l'étude
Un travail de recherche scientifique peut être
confronté à des obstacles de natures diverses. Ce fut le cas pour
notre sujet d'étude où nous avons été
confrontés à des difficultés tantôt scientifiques
tantôt personnelles.
7.1. Les difficultés de la
recherche
La première difficulté majeure était
liée à la documentation dont la constitution a été
jalonnée par quelques obstacles. Après le choix du thème
de recherche, il fallait établir une historiographie autour de notre
thème. Mais le constat a été que les documents
écrits, abordant les migrations et leurs impacts, n'abondent pas dans
les bibliothèques et les centres de documentation que nous avons
visités. Les quelques ouvrages existants traitaient soit partiellement
notre thématique ou ne présentaient que des
généralités sur la thématique. Aussi, la plupart de
ces ouvrages ayant été rédigés au cours du
XXe siècle, toutes les dimensions des migrations et leurs
impacts n'étaient pas parcourues (il était plus question de
migration de travail des voltaïques, des mobiles des migrations, des
parcours des migrants, etc.). Ce fut pour le moment, les mémoires, les
thèses et quelques articles qui nous ont été d'ordre
spécifique.
La deuxième difficulté était issue de la
collecte des sources orales, lesquelles sources sont nécessaires pour
analyser l'impact socio-économique des migrations sur la ville de
Béguédo. D'abord, la grandeur de notre échantillon a
été une difficulté : 320 ménages. Ceci nous a
nécessité davantage de temps et de ressources financières.
Ensuite, une autre difficulté était la méfiance de
certains de nos enquêtés envers nous. Il a fallu à certains
moments que nous nous exprimions en langue bissa afin de mettre ces derniers en
confiance. En plus, la rétention des Chefs de Ménages (CM)
à nous fournir des informations liées à leur finance
était une de nos difficultés. Pour ces CM, l'anonymat sur les
possesseurs de ces informations n'allait pas être respecté et les
informations fournies allaient être divulguées. Mais après
quelques échanges, nous arrivions à rassurer certains de nos
enquêtés. Une dernière difficulté liée
à la collecte des informations orales a été d'abord
l'absence de certains Chefs de Ménage, occupés soit par leurs
travaux champêtres ou en déplacement dans une ville voisine pour
un court séjour. Ensuite, il y a
24
la forte mobilité des émigrés
séjournant à Béguédo au moment des enquêtes.
Ces derniers étaient à cheval entre la capitale Ouagadougou et
Béguédo, une situation qui rendait difficile leur rencontre pour
des entretiens.
La troisième difficulté était
liée à la phase de traitement des données
collectées grâce à l'enquête terrain. N'ayant pas
accès aux dernières technologies en matière de collecte et
de traitement de données récoltées sur terrain, nous
étions contraints de traiter nos données manuellement avec
l'assistance du logiciel Microsoft Excel pour l'élaboration des tableaux
et des graphiques. Mais les limites de ce logiciel nous ont amené
à consacrer plus de temps au traitement des données.
Nous avons du reste fait face à des moyens
matériels très limités qui, avec les difficultés
que nous avons citées plus haut, ont contribué à ralentir
notre étude thématique. Par ailleurs, ces difficultés
n'ont pas pu entamer notre détermination à conduire cette
étude et nous en appelons à ce propos à l'indulgence de
toutes celles qui liront ce projet de recherche et que leurs apports et
critiques seront appréciés à juste valeur.
7.2. Les limites de l'étude
Comme on le dit très souvent, la perfection totale ne
réside pas dans une oeuvre humaine. Par conséquent, notre travail
de recherche sur le phénomène migratoire et ses impacts ne fait
pas exception à la règle. En effet, la méfiance, la
réticence et l'oubli de certains Chefs de Ménage sur les
informations récoltées rendent les données sur la
contribution des migrations au développement socio-économique de
Béguédo limitées quantitativement et qualitativement.
Aussi, notre incapacité à obtenir des données
chiffrées sur les transferts de fonds des Burkinabè de
l'extérieur auprès des institutions financières de la
place rend partielle ou insuffisante l'analyse sur la contribution des
migrations au développement de la commune. Enfin, notre analyse
personnelle des informations recueillies peut connaitre des insuffisances, ce
qui pourrait affecter la qualité générale de notre travail
de recherche.
25
8. L'annonce du plan
L'analyse historique de notre thème va s'organiser autour
de trois (03) parties :
Ø La première partie propose une description de
la zone d'étude : la commune de Béguédo. Cette description
fait ressortir la situation géographique et les caractéristiques
majeures de Béguédo dans un premier temps et dans un
deuxième temps, elle traite du cadre humain et économique de
Béguédo.
Ø La deuxième partie présente le
contexte historique des migrations internationales des Bissa. Subdiviser en
deux chapitres, le premier chapitre donne un aperçu historique des
migrations internationales au Burkina Faso. Le deuxième chapitre porte
sur l'historique des migrations internationales des Bissa.
Ø La troisième partie concerne l'impact
socio-économique des migrations à Béguédo. Cette
partie consacre un chapitre sur les caractéristiques des ménages
de Béguédo. Ensuite, un autre chapitre met en lumière les
fonds et investissements de la commune et un dernier chapitre présente
les retombées négatives des migrations sur le
développement de la commune.
26
PREMIÈRE PARTIE : LA
PRÉSENTATION
DE LA COMMUNE DE BÉGUÉDO
27
La présente étude sur les migrations
internationales a pour cadre d'étude, la commune de
Béguédo. La commune de Béguédo est
l'une des trente (30) communes de la région du Centre-Est. Elle
appartient à la province du Boulgou, chef-lieu de la région du
Centre-Est. Bien que la commune ne figure pas parmi les plus grandes de la
région en termes de superficie ; elle se fait remarquée tout de
même par le caractère migratoire de sa population et son
impressionnant niveau de développement urbain dans la région. Le
milieu physique de la commune offre dans l'ensemble de nombreuses
potentialités à la population.
C'est dans cette optique que nous analysons dans cette
première partie, la situation géographique, démographique
et socio-économique de la commune de Béguédo avant la
naissance du courant migratoire. Nous présentons d'abord le contexte
général qui a conduit à la dynamique migratoire des
populations de Béguédo et ensuite nous expliquerons le contexte
historique des migrations externes des Bissa.
28
Chapitre I : Situation géographique et
caractéristiques de la zone d'étude
Tout comme la plupart des communes de la région, la
commune de Béguédo présente un cadre physique
diversifié. Situé en périphérique de la
région du Centre-Est, Béguédo bénéficie de
ressources naturelles favorables aux cultures et d'un climat
soudano-sahélien. L'hydrographie y est dense et des atouts
économiques y sont présents. En plus, Béguédo
possède l'une des plus fortes densités humaines de la
région.
Dans ce chapitre, ce sont les caractéristiques
physiques, démographiques et socio-économiques de
Béguédo qui sont développées dans le but de
comprendre la dynamique migratoire qui s'en est suivie dans cet espace du
pays.
I_ Cadre physique de la zone d'étude
Plusieurs éléments concourent dans la
présentation du milieu physique de notre zone d'étude. Mais les
caractéristiques physiques susceptibles d'expliquer la forte
mobilité humaine dans la zone seraient entre autres : sa
géographie, son relief, ses sols, son climat et son hydrographie.
I_1. La situation géographique de
Béguédo
Avec une superficie d'environ 40 km2, la commune de
Béguédo est comprise entre 0°47'17» et
0°41'48» de longitude Ouest et entre 11°40'16» et
11°45'50» de latitude Nord. Elle est située au Nord-Ouest de
la Province du Boulgou, (Région du Centre-Est). Son chef-lieu
(Béguédo) se trouve à une distance de 45 km de Tenkodogo
qui est le chef-lieu de la région. La commune partage ses limites
avec les communes de Komtoèga au Nord-Est sur environ 07,68 Km, de
Boussouma à l'Est sur une longueur d'environ 08,63 km et de Niaogho au
Sud et à l'ouest sur une longueur voisine de 15 Km dont plus de la
moitié est constituée du fleuve Nakambé et de son plan
d'eau61. La carte 1 met en exergue la situation de la
commune par rapport au pays et à la région ainsi que les communes
limitrophes ci-dessus citées.
La commune de Béguédo compte neuf villages qui
sont : Béguédo-Centre, Béguédo-Peulh, Diarra,
Diarra-Peulh, Fingla, Gnintala, Kiéflè, Tanvoussé et
Tombeyao. La distance moyenne qui sépare les villages au chef-lieu est
inférieure à 05 Km avec toutefois des extrema
61 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
Plan de Développement Communal, Commune rurale de
Béguédo, p. 11.
29
variant de 02 à 09 Km. Malgré cette
proximité des villages, certains villages restent difficilement
accessibles en période d'hivernage en raison de l'existence de nombreux
bas-fonds.
Carte n°1 : Localisation de la commune de
Béguédo
I_2. Le relief et les sols de
Béguédo
La commune de Béguédo occupe une position
synclinale du bassin versant du Nakambé. Son relief est une pente douce
orientée Nord-est/Sud-ouest avec une altitude moyenne de 240 m
d'où prédomine des appointements rocheux isolés. Le
substratum géologique est majoritairement constitué de migmatites
et granites indifférenciés (70%) sur toute la moitié
centre et sud de la commune. Au nord, il est surtout constitué de
migmatites à biotite amphibole et de méta-volcanites neutres
à basiques.
On rencontre principalement trois (03) types de sols dans la
commune de Béguédo : les sols bruns eutrophes, les sols
ferrugineux tropicaux peu lessivés et les sols hydromorphes.
§ Les sols bruns eutrophes qu'on
retrouve sur des roches cristallines basiques (dolérites) ou neutres
(migmatites) avec une profondeur supérieure à 100
cm.62 Ils couvrent près de 41% de la superficie totale
des sols de la commune. Avec une valeur agronomique moyenne, ils peuvent
supporter des cultures variées : le maïs, le sorgho, le coton, le
manioc, etc. Ils se prêtent aisément aux actions de
récupération et/ou d'amélioration.
§ Les sols ferrugineux tropicaux peu
lessivés sur matériaux riches en argile kaolinique,
en oxyde et hydroxyde de fer et de manganèse. Ils sont peu profonds et
couvrent une superficie totale de 24%. Ces sols ferrugineux sont
légèrement favorables à la culture du mil, du sorgho et du
niébé et fortement favorables au maïs et au
coton.63
§ Les sols hydromorphes sur
matériaux alluviaux divers ou sur matériau argilo-sableux
bigarré. Ils couvrent environs 30% des superficies et se rencontrent
dans les bas-fonds et les zones d'inondation des cours d'eau. Ce sont des
sols lourds et à une haute valeur agronomique mais ils sont aussi
difficiles à travailler. Ils sont favorables à la culture
maraîchère. La forte pression foncière au niveau de ces
sols constitue une menace pour les lits des cours d'eau.64
Il ressort de l'étude du relief et des sols de la
commune de Béguédo, qu'elle dispose de très peu de
superficie. Et sur ces terres étroites, se trouvent des sols disposant
tantôt de terres riches pour l'agriculture, tantôt de terres
pauvres en composants agricoles. Ainsi, les familles
62 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 69.
63 ZIDNABA, Irissa, Idem, p. 69.
64 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 12.
31
occupant les sols peu riches ou ne possédant
même pas de terres cultivables sont contraintes pendant la saison
hivernale d'effectuer des déplacements saisonniers dans les alentours de
Béguédo (Ouarégou, Niaogho, Boussouma, Komtoèga,
voire même Bagré) à la recherche de sols agricoles.
I_3. Le climat et l'hydrographie de
Béguédo
D'une manière générale, la Province du
Boulgou a un climat tropical de type soudano-sahélien. La commune de
Béguédo, malgré sa localisation dans la partie
septentrionale de la Province, bénéficie toujours d'un climat
soudano-sahélien. C'est un type de climat compris dans l'isohyète
800 mm et se caractérisant par l'alternance de deux saisons : une saison
sèche s'étendant de Octobre à Avril et une saison
pluvieuse de Mai à Septembre. Selon les données de l'Agence
Nationale de la Météorologie (ANAM), la température
moyenne de la commune de Béguédo varie entre 27,8°
à 29,6° Celsius.65 Il résulte de cette
température moyenne qu'il fait moins chaud dans la commune. Au regard de
la quantité moyenne des précipitations et de la longue
durée de la saison sèche dans la commune, les diverses pratiques
d'activités agro-pastorales et des cultures de contre-saison sont
effectuées très souvent dans des conditions pénibles par
les populations. Ces facteurs peuvent pousser certains individus à des
migrations temporaires ou définitives dans des zones d'accueil plus
favorables.
La commune de Béguédo est située dans le
grand bassin hydrographique du Nakambé66 qui est
l'un des plus importants fleuves du pays et le plus important cours d'eau de la
province du Boulgou. Il prend sa source à l'est de Ouahigouya, dans une
région qui reçoit 500 à 600 mm d'eau par an. Dans son
long parcours, le Nakambé traverse longitudinalement la commune du Nord
au Sud, d'où l'importance de ses eaux de surface favorisant la conduite
des activités agricoles, maraîchères et de
pêche.67 En plus de bénéficier d'une partie
du potentiel hydrique national, Béguédo profite également
des retenues d'eau du barrage de Bagré. En effet, aménagé
en 2000, le barrage hydro-agricole de Bagré est situé à
une soixantaine de km de
65 Information issue de la compilation des
températures annuelles à Béguédo de 2000 à
2014. La compilation a été faite par ZIDNABA Irissa, grâce
aux données météorologiques collectées à la
direction de la météorologie.
66 Autrefois désigné par le terme
Volta blanche, le Nakambé est l'un des trois plus
grands fleuves du Burkina Faso. Il draine un bassin versant de 50 000
km2 qui prend sa chute dans la mer du Ghana. Il draine toute la
partie centrale et le nord du plateau central et ne coule que pendant la saison
des pluies. Les premiers écoulements intermittents peuvent se produire
en mai, mais ce n'est qu'en juillet/août que les débits deviennent
permanents à la station de Wayen et se renforcent vers l'aval pour
atteindre à Bagré un débit moyen de 145 m3/s en
août.
67 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 14.
32
Béguédo. Et pour Irissa ZIDNABA, «
cette infrastructure hydraulique constitue le premier pôle de
croissance économique du pays avec un aménagement potentiel de 30
000 hectares dont 21 000 hectares en aval et 9 000 hectares en amont du
barrage. »68 La commune dispose aussi d'énormes
potentialités en eaux souterraines et la profondeur de la nappe
phréatique est de l'ordre de 50 à 60 mètres.
L'exploitation de cette ressource précieuse a atteint un niveau assez
important avec la réalisation d'un certain nombre de forages dans les
villages et d'une Adduction d'Eau Potable Simplifiée (AEPS) au chef-lieu
de la commune.
Malgré la disponibilité d'un climat assez
clément et des aménagements hydro-agricoles très denses,
une partie de la population de Béguédo réalise en
permanence des mobilités humaines vers d'autres espaces
géographiques. Ce paradoxe pourrait s'expliquer par
l'inaccessibilité de toutes les couches sociales de la commune aux
différents potentiels hydro-agricoles. Autrement dit, la gestion
administrative des ressources de la commune à une époque a-t-elle
été rationnelle et équilibrée ?
68 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 67.
33
II_ Cadre démographique de la zone
d'étude
Entre l'arrivée des premiers hommes sur le territoire
actuel de Béguédo jusqu'à la présence de la
population actuelle, plusieurs siècles de peuplement se sont
déroulés sur cet espace géographique. Il est question
alors dans cette partie de comprendre comment s'est déroulée la
mise en place du peuplement bissa dans un premier temps. Et dans un second
temps, il s'agit de définir les caractéristiques
démographiques de la population de Béguédo.
II_1. L'historique du peuplement de
Béguédo
L'histoire du peuplement de Béguédo est
tributaire de l'histoire de la mise en place du pays bissa en
général. En effet, vouloir expliquer la mise en place de la
population de Béguédo nécessite une connaissance sur
l'installation des Bissa dans le « Bisaku ». Plusieurs
auteurs69 ont eu le mérite d'avoir établi des
hypothèses sur l'historique du peuplement en pays bissa en
général et du peuplement de Béguédo en particulier.
Ils se sont appuyés soit sur la tradition orale pour élaborer
leur étude soit à partir d'autres auteurs qui les avaient
précédés.
La plupart des sources sur la mise en place du peuplement de
Béguédo, raconte que les premiers habitants de
Béguédo seraient venus de la région de « Bitou
»70 (située au sud de la province du Boulgou) au
XIXe siècle. La tradition orale donne deux raisons à
cette mobilité des premiers habitants. La première raison
pourrait être que ces premiers habitants sont arrivés à
Béguédo de façon aventurée. En effet, ces habitants
étaient un peuple de chasseurs vivant à « Guélama
», une des localités de « Bitou ». Dans
l'exercice de leur métier, ils se rendirent jusqu'à l'actuel
Béguédo au bord du fleuve Nakambé. Ce fut alors
l'émigration. Vu l'importance de leur nombre, ils se répartirent
en trois groupes pour trois localités différentes : le premier
groupe s'installa à « Kénoko »,
localité située près de Garango, le second
à « Samsagbo » et le troisième groupe à
« Béguédo », avec à sa tête un homme du
nom de Séèm. Son premier fils organise le groupe et
devient chef de village de Béguédo. Il prit le nom de «
Naaba Pollé ». Pour
69 Parmi ces auteurs, nous pouvons citer :
LAHUEC Jean-Paul, MARCHAL Jean-Yves, 1979, La
mobilité du peuplement bissa et mossi, Paris, ORSTOM, 149 p. ;
FAURE Armelle, 1996, Le pays bissa avant le barrage de
Bagré, Athènes, éditions Athanassopoulos, 311 p. ;
HAZARD Benoît, 2004, « Entre le pays et l'outre-pays », In
Journal des africanistes [mis en ligne le 10 avril 2007], n°
74-1/2, [version numérique obtenue en juillet 2021 :
http://africanistes.revues.org/427
], 16 p. ;
ZIDNABA Irissa, 2016, Migrations internationales et
développement : l'impact socioéconomique des pratiques
transnationales des émigrés de Béguédo
résidant en Italie, Thèse de doctorat, Département de
Géographie, Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO, 271 p.
70 L'orthographe actuelle du nom de cette
localité est Bittou.
34
maintenir l'unité entre les différents groupes,
il nomma des petits chefs dans les villages relevant de sa tutelle de
même des chefs de quartiers. Par la suite, des peuhls à la
recherche de pâturage pour leurs animaux vinrent implorer le chef pour
qu'il leur attribuât une terre d'asile ; c'est ainsi que
Béguédo-Peulh (un des neuf villages du département
aujourd'hui) vit le jour. L'actuel chef, le Naaba Tigré
est le 5e chef de Béguédo. Sa famille porte
le nom BARA. Ainsi à sa création en décembre 1985, le
Département de Béguédo a respecté les limites
exactes établies par la chefferie traditionnelle (limite du pouvoir
coutumier).71
La deuxième explication donnée à
l'origine des premiers habitants de Béguédo est la fuite de ces
derniers face à l'envahissement de leur territoire par les peuples
mossi. Benoît HAZARD explique que « l'installation des premiers
groupes de peuplement à Béguédo est consécutive
à la politique de fuite des Bisa vers les zones de protection naturelle,
telles que Garango et la région du Léré, qui débuta
au XIXe siècle dans la région de Bitou.
»72 Cette justification se rapproche plus du contexte
général de la mise en place des peuples au Burkina Faso. En
effet, on se rappelle que les Moose, l'un des plus grands conquérants de
territoires, utilisaient les mêmes stratégies d'organisation dans
les territoires conquis. Deux possibilités s'offraient aux peuples
conquis : rester sur leur terre d'origine mais accepter une nouvelle
organisation de vie (assimilation) ou refuser d'être dirigés par
les conquérants (résistance). Les peuples qui refusèrent
l'assimilation, abandonnèrent leur terre d'origine pour s'installer dans
des terres nouvelles. Les premiers habitants de Béguédo auraient
pu donc être des Bissa résistants aux conquérants moose.
Pour ce qui est de l'appellation de notre cadre
d'étude par le terme « Béguédo »,
Irissa ZIDNABA fournit une interprétation dans sa thèse de
doctorat unique : « Selon la première explication, le nom
Béguédo viendrait du terme «bergo» en langue bissa qui
veut dire se regrouper autour de quelque chose. »73 La
monographie actuelle sur Béguédo semble partager cette
première explication car selon elle, les chasseurs saisonniers
aimaient s'installer au pied d'un rocher appelé « Gankima ».
Ils se résolurent un jour à quitter leur village pour s'installer
définitivement à Béguédo avec tout leur
peuple.74 ZIDNABA continue avec la deuxième explication
en ces termes : « La thèse la plus courante soutient que
l'appellation Béguédo vient de la description de
l'humidité du milieu en langue mooré
«béguédo», qui veut dire zone
71 Monographie accessible dans le Plan Communal
de Développement.
72 HAZARD Benoît, 2004, op.cit., p. 6.
73 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 70.
74 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 18.
35
boueuse. »75 Béguédo
serait alors une région dont la terre était couverte de boue en
saison pluvieuse : d'où l'appellation mooré « begdo
» qui signifie boue.
En ce qui concerne la création des villages, on
retient que les villages de Samsabgo, Béguédo, Fingla, Dierma
n'ont pas exercé une grande influence sur la distribution actuelle du
peuplement. Seul [le village] Béguédo a donné naissance
à quelques essaimages à courte distance et accueilli sur son
territoire les groupes « étrangers » de Widi (venant de
Niaogho) et de Zabendila (des Banse venant de Ouarégou) ; ce dernier
quartier étant d'ailleurs fondé aux environs de
1920.76
II_2. Les caractéristiques démographiques
de Béguédo II_2.1. Évolution et
répartition de la population Évolution de la population
D'après les résultats du Recensement
Général de la Population et de l'Habitat
réalisé en 2006, 19 153 habitants ont été
recensés au niveau de la commune de Béguédo. La population
résidente fut répartie au sein de 3 267 ménages dans la
même période. Selon les projections (au taux d'accroissement
de 3,3% pour la commune de Béguédo), elle serait estimée
à 23 213 en 2014 et devrait passer à 27 904 habitants en 2016,
puis à 30 174 habitants en 2020 pour une superficie de 40
km2.77
Durant la période coloniale, la population de
Béguédo n'a pas connu une évolution particulière.
En effet, les nombreuses mesures (souvent coercitives) de l'administration
coloniale n'ont pas eu d'impact sur les effectifs démographiques.
Béguédo, à l'instar du pays bissa, a observé une
évolution démographique régulière. Benoît
HAZARD renchérit en ce propos : « De même, l'exercice
d'un contrôle sur les représentants de l'autorité
traditionnelle, les échanges commerciaux et les mouvements des
populations qui engendrèrent des fuites massives vers la Gold Coast
jusqu'en 1946 n'ont pas provoqué de pertes démographiques
significatives, tout au moins comparativement au reste de la région.
» L'irrégularité des effectifs démographiques
commence à la veille des indépendances pour se poursuivre
jusqu'à nos jours. En effet depuis 1985, la population de
Béguédo n'a fait que varier. Le tableau ci-dessus en est
l'illustration.
75 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 70.
76 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 19.
77 Ministère de l'Economie et des Finances,
2009, Profil des régions du Burkina Faso, Ouagadougou, p.
162.
36
Tableau 1 : Evolution de la population de Béguédo
de 1975 à 2014.
Effectifs/années
|
19751
|
1985
|
1996
|
2006
|
20142
|
Total
|
-
|
9 523
|
13 847
|
19 153
|
24 029
|
% des Hommes
|
-
|
47,6
|
46,6
|
45,4
|
46,2
|
% des Femmes
|
-
|
52,4
|
53,4
|
54,6
|
53,8
|
Taux d'évolution en %
|
-
|
-
|
45,4
|
38,3
|
25,4
|
|
1 Nous n'avons pas trouvé de statistiques officielles sur
la population de Béguédo en 1975.
2 Les données de 2014 sur Béguédo sont
des prévisions faites par l'INSD en 2011.
Source : données extrait des RGPH de 1985, 1996 et
2006 et des prévisions de 2014.
Ce tableau montre une évolution de la population de
Béguédo. Par ailleurs deux observations peuvent être
faites. La première est qu'on constate une supériorité
permanente du genre féminin sur le genre masculin. Ceci peut être
en partie dû à l'émigration des hommes de
Béguédo. La deuxième observation est relative à la
baisse continuelle du taux d'évolution de la population. Un taux
d'évolution en baisse se justifie par soit une natalité en recul
(ce n'est pas évident avec l'indice de fécondité de 6,5
enfants/femme en 2006 dans la province) soit un solde migratoire négatif
(explication plus juste au regard du caractère émigratoire des
jeunes de Béguédo).
Densité et répartition spatiale
En outre, la croissance rapide de la population de
Béguédo entraîne également une évolution de
sa densité (561,7 habitants/km2 en 2006). Par
conséquent, les populations sont tentées de se tourner vers
d'autres zones proches de leur terre (migration interne) ou
éloignée (migration externe). L'objectif étant de trouver
de nouveaux espaces de travail.
La répartition spatiale des habitants de la commune de
Béguédo permet de noter selon le RGPH (2006) une forte
concentration humaine au niveau du chef-lieu qui totalisait déjà
en 2006, près de 80% de la population totale, suivi de Fingla (13%) et
de Diarra (5,8%). Le village de Béguédo-peuhl était de
loin la moins peuplée avec 0,2% de la population totale.
37
II_2.2. Structure de la population par sexe et par
âge
La population de Béguédo, à l'instar
de celle de la province du Boulgou et de la région du Centre-est,
était constituée de 45,45% d'hommes contre 54, 55 % de femmes en
2006.78 Le rapport de masculinité qui s'en déduit
est de 84 hommes pour 100 femmes contre 88 hommes pour 100 femmes au niveau
régional. Par ailleurs, quand on sait que l'indice synthétique de
fécondité est de 6,5 enfants par femme, on comprend qu'une bonne
partie des hommes n'était pas présente lors des recensements. Et
la première raison de cette absence serait leur pratique migratoire. Le
tableau ci-dessus nous laisse entrevoir les chiffres du rapport de
masculinité pour les quatre plus grands villages de la commune.
Tableau 2 : Structure de la population de Béguédo
par sexe en 2006.
|
Hommes
|
Femmes
|
Ensemble
|
Rapport de masculinité
|
Béguédo-centre
|
|
6
|
996
|
|
8 343
|
|
15
|
339
|
|
83,9
|
Béguédo-peulh
|
|
|
83
|
|
86
|
|
|
169
|
|
96,5
|
Diarra
|
|
|
505
|
|
605
|
|
1
|
110
|
|
83,5
|
Fingla
|
|
1
|
121
|
|
1 414
|
|
2
|
535
|
|
79,3
|
Total
|
8
|
705
|
|
10
|
448
|
19
|
153
|
|
83,3
|
|
|
Source : Institut National de la Statistique et du
Développement, 2009.
L'examen de la répartition de la population selon
les grands groupes d'âge, permet de constater que 47,97% des habitants de
la commune ont moins de 15 ans, 47,69% ont un âge compris entre 15 et 69
ans. Les personnes âgées (plus de 65 ans) ne représentent
que 3, 89%.79 Et lorsqu'on cumule la proportion des moins de 15
ans à celle des plus de 65 ans, on constate que 51,86% de la population
de Béguédo n'est pas en âge de travailler. Seuls 47,69%
constituent une force de travail. Ce manque de bras valides peut se justifier
par le fait que les jeunes en âge de travail préfèrent
monnayer leurs forces de travail hors de Béguédo.
78 Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 2008, Recensement Général de la
Population et de l'Habitat (RGPH) de 2006. Résultats
définitifs, Ouagadougou, p. 20.
79 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 20.
38
III_ Organisation socio-administrative de la zone
d'étude
Avant l'arrivée des peuples conquérants dans le
« Bisako », les Bissa dans l'ensemble avaient une organisation
socio-politique basée sur le système de lignage. Les villages
étaient constitués de plusieurs clans, tous issus d'un même
ascendant. L'organisation administrative du pays bissa n'apparaîtra
qu'avec la colonisation française avant d'aboutir à sa forme
actuelle.
III_1. L'organisation sociale en pays
bissa
Le contact des Bissa avec les peuples envahisseurs (Moose,
Dagomba, Gurunsi) a entraîné des transformations du système
social préexistant dans le Bisako. Autrement dit, une nouvelle
organisation sociale naît de l'assimilation des Bissa par les Moose.
Avant le contact avec les peuples envahisseurs, le Bisako
était organisé en lignage. L'unité sociale et politique
était le clan ou village. Le système politique existant
était la gérontocratie. Ainsi, le plus âgé (le
patriarche) avait la charge de s'occuper de ses pairs. En langue bissa, il
s'appelait le Jitarè (pour les adeptes du Lébir) ou le
Gutarè (pour les adeptes du Barka).80 B.H
GUÉBRÉ explique les responsabilités du plus ancien en ces
termes : « A ce titre, il était chargé de la
distribution des terres aux nouveaux immigrants et à ceux qui
désirent essaimer d'un site à un autre. Il avait aussi la charge
de faire les sacrifices sur les autels du village pour éviter que des
malheurs comme les maladies, la sécheresse, la famine et les guerres ne
s'abattent sur les habitants. »81 Afin de bien
gérer sa communauté, le patriarche se faisait assister par des
personnes sages et dignes de confiance. B.H. GUÉBRÉ et H.A.V.
ZOURÉ racontent à propos du Jitarè qu'« il
nommait alors en accord avec ses administrés le Poo-zaa (responsable de
la brousse), le Daasi-zaa (le responsable du marché) auxquels s'ajoute
le Koyaa-zaa (responsable du fleuve) pour les riverains de cours d'eau comme
à Niaogo. »82
Après le contact avec les Moose et plus
récemment la mise en place du système administratif colonial, le
système politique dans le Bisako est passé de la
gérontocratie au
80 Il y a en général deux dialectes
de la langue bissa : c'est le Lébir parlé par
les habitants situés du côté Ouest de Garango et le
Barka parlé par les habitants de l'Est de Garango.
Armelle FAURE ajoute un troisième, le Gorminè,
parlé dans la localité de Bittou.
81 GUÉBRÉ B.H, 1996, Essai sur
l'origine et la mise en place du peuplement précolonial du Bisano, cas
de Nyaa, province du Boulgou, Mémoire de maitrise,
Université de Ouagadougou, p. 70.
82 GUÉBRÉ B.H et ZOURE H.A.V., 2009,
« Le Bisako : genèse, population et organisation sociopolitique
précoloniale » In HIEN Pierre Claver et GOMGNIMBOU Moustapha
(dir.), Histoire des royaumes et chefferies au Burkina Faso
précoloniale, Ouagadougou, CNRST, p. 322.
39
système politique centralisé : c'est
l'apparition des chefs coutumiers ou Naaba en moore. Le nouveau système
social est construit autour du chef coutumier de chaque village. Le chef
coutumier choisit des notables pour le conseiller et l'aider à diriger
sa communauté. A Béguédo, il y a eu cinq chefs coutumiers
en tout. Le premier était Naaba Pollé et celui en
exercice actuellement est Naaba Tigré.
III_2. L'organisation administrative en pays bissa
(de la période coloniale à nos jours)
Pendant la période coloniale, Béguédo
était l'un des huit cantons du cercle de Garango. Il conservera ce
statut de canton de Garango jusqu'en 1946, date du nouveau découpage des
cercles coloniaux, où il obtient le statut de canton indépendant.
Béguédo évoluera avec ce statut jusqu'à la fin de
la colonisation. A la veille des indépendances, les nouvelles
autorités adoptent un nouveau découpage du territoire de la
Haute-Volta : Béguédo est considéré comme un
village. Mais en Décembre 1985, le village de Béguédo est
érigé au rang de Département de quatre (04) villages qui
sont : Béguédo-centre, Béguédo-peulh, Fingla et
Diarra. Avec l'adoption de la loi n°055-2004/AN portant code
général des collectivités territoriales,
Béguédo devient une commune rurale de la région du
Centre-Est. A partir de ce moment, Béguédo était sous le
contrôle de deux autorités : une autorité administrative,
en la personne du Préfet et une autorité communale,
représentée par le Maire. On dénombre
actuellement neuf (09) villages dans la commune rurale de
Béguédo.
De façon pratique à Béguédo, la
gestion administrative générale est assurée par la
préfecture qui représente également l'autorité
judiciaire. Son action s'étend sur les différents villages sur le
plan des actes administratifs. Le préfet coordonne aussi les
activités de tous les services techniques étatiques à
l'échelle de la commune, veille également à l'exercice des
lois, règlements et politiques du gouvernement dans le
département et au maintien de l'ordre public. Ensuite on trouve à
la tête de la commune pour la première fois, une femme élue
Maire (décédée en plein exercice le 16 juillet 2019). Elle
était assistée d'un premier et d'un deuxième adjoint. Le
premier adjoint, M. BARA assurait l'intérim. Le Maire est le chef de
l'administration communale. Il est à la tête d'un personnel de 07
agents et est appuyé dans ses tâches par un Secrétaire
Général. Les principales tâches du Maire sont
l'exécution des délibérations du Conseil Municipal et la
coordination de l'action de l'administration communale.
40
En appui de ces autorités, on note un Conseil
Municipal, qui est l'organe délibérant dans la gestion des
affaires de la commune et un Conseil Villageois de Développement (CVD).
Le CVD d'un village est un regroupement des forces vives dudit village
doté d'une assemblée générale et d'un organe
dirigeant de douze (12) membres.83
En sommes, on retient que la commune de Béguédo
est située dans la province du Boulgou, laquelle province appartient
à la région du Centre-Est. Son climat est du type
soudano-sahélien avec des précipitations moyennes de 800 mm par
an. Ses sols sont favorables à l'agriculture avec une
prédominance des sols bruns eutrophes. Sa situation dans le grand bassin
du Nakambé et sa proximité avec le barrage de Bagré
offrent une hydrographique riche à Béguédo. Toutefois, la
faible superficie de la commune, l'instabilité du climat ou encore la
variation du climat d'une année à une autre, constituent autant
de difficultés au développement de la commune. Concernant le
cadre démographique de Béguédo, on observe une forte
croissance depuis la fin de la colonisation. En 2006, la densité moyenne
était de 561,7 habitants au km2 pour une commune qui n'a que
40 km2. Cette faible superficie conduit à un manque de terres
pour les agriculteurs et les éleveurs. Par conséquent, ceux qui
ne possèdent pas de terres agricoles sont contraints de se rendre dans
les territoires proches ou éloignés, à la recherche de
terres cultivables. L'organisation administrative de Béguédo a
connu une évolution de la période coloniale jusqu'à nos
jours. En effet, elle a commencé comme un canton dépendant de
Garango avant de devenir un canton indépendant en 1946. Et pendant la
période postcoloniale, elle évoluera de simple village à
un département pour atteindre le statut de commune rurale en 2004.
83 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 53.
41
Chapitre II : Cadre humain et économique de la
zone d'étude
A travers l'analyse des traits humains de la
société bissa de Béguédo, il est question de
rechercher un rattachement entre la migration de la population et les
différents traits culturel, religieux, ethnique, linguistique, etc.
Aussi, la recherche de meilleures conditions de vie économique
étant l'un des principaux mobiles de la migration, il serait opportun
d'avoir un aperçu sur les potentialités économiques de la
ville. Cet aperçu nous permettra d'établir un lien de
causalité entre ces potentialités et les pratiques migratoires
des jeunes de Béguédo.
Il est question dans ce chapitre de donner un aperçu
sur la composition ethnique, religieuse, culturelle et linguistique de la
population de Béguédo tout d'abord. Ensuite, il s'agit de
présenter les potentialités économiques de la commune
rurale de Béguédo.
I_ Composition ethnique, linguistique et religieuse de
Béguédo
A l'instar des autres peuples du Burkina Faso, le peuple
bissa a développé et entretenu une identité culturelle
propre à lui-même. Cette identité lui a permis de rester
attaché à ses principes et valeurs fondamentaux mais aussi de se
distinguer des autres peuples qui l'entourent.
I_1. La structure ethnique des Bissa
Au Burkina Faso, on dénombre une soixantaine d'ethnies
réparties sur tout le territoire national. L'ethnie mossi est la
plus dominante avec 48,5% de la population totale. Elle est suivie par des
ethnies comme les Peulhs (7.8%), les Gulmantché (7%), les Mande (y
compris les Bissa 11,4%), les Bobo (6.8%), les Gurunsi (6%), les Lobi-Dagara
(4.3%), ou encore les Senoufo (2.2%)84. On remarque ainsi que
sur la soixante d'ethnies, les Bissa (l'ethnie qui peuple notre zone
d'étude) figurent parmi les ethnies majoritaires du pays. De ce fait, on
peut se poser la question de savoir quelle est l'origine de l'ethnie bissa ?
Avec quels dialectes le peuple bissa communique-t-il ?
Encerclé par les peuples envahisseurs moose à
partir du XVe siècle, on a souvent l'impression que le pays
bissa partage la même origine ethnique avec le peuple mossi : la famille
ethnique voltaïque. En effet, les Bissa appartiennent à la famille
ethnique mandé, plus précisément le sous-groupe
Mandé-sud. De nos jours, on retrouve le peuple bissa majoritairement
84 Données issues du Résultat
définitif du RGPH de 2006, INSD.
42
dans deux provinces du Burkina Faso : le Boulgou et
le Zoundwéogo. Mais GUEBRE et ZOURE rappellent que «
Ce territoire [le Bisako] s'étendait au-delà de ses limites
actuelles pour couvrir une partie des provinces actuelles du Ganzourgou, du
Kouritenga et du Namatenga. »85 (confère carte 1 de
l'annexe 3/Photos).
Malgré l'absence de données chiffrées
sur les effectifs de chaque ethnie présente à
Béguédo, nous avons pu avec l'aide des autorités
administratives et le constat fait sur le terrain, catégoriser les
principales ethnies par ordre d'importance numérique. Ce sont : les
Bissa, les Moose, les Peuhl, les Haoussa. Nous avons également
poussé les investigations pour savoir si l'ethnie bissa était la
seule ethnie à Béguédo qui pratique les migrations
internationales ? Mais une fois de plus, les source écrites et orales
ont été muettes. En attendant donc d'approfondir la question dans
un sujet de recherche, tout semble indiqué l'absence d'une autre
migration de masse dans la commune de Béguédo en dehors de celle
effectuée par les Bissa.
I_2. La composition linguistique des Bissa
La langue commune aux habitants du Bisaku est le «
Bissa » ou « Bisa ». Cette langue appartient
à la grande famille de langues mandé. Elle est parlée par
tous ceux qui sont originaires du peuple bissa. Il y a deux dialectes de la
langue bissa : le Lébir et le Barka. En fonction de la
situation géographique dans le pays bissa, le dialecte utilisé
varie. Ainsi, quand on se retrouve dans la partie Ouest du pays bissa
(Lébinoko), c'est le Lébir qui est parlé
(Zabré, Béguédo par exemple). Mais quand on est
situé dans la partie Est du pays bissa (Baroko), c'est le Barka qui est
utilisé (Garango, Bittou par exemple).86 La langue comme
identité culturelle, est très importante car dans des situations
où les moyens courants (noms, origine, ethnies, etc.) ne permettent pas
de reconnaître une personne ou un peuple, la langue parlée peut
renfermer beaucoup d'informations.
En ce qui concerne les langues parlées
présentement à Béguédo, le dialecte
Lébir est majoritairement parlé. Mais on note
néanmoins la présence de locuteurs du mooré et du
fulfulde.
Suite à cette présentation des
caractéristiques ethnolinguistiques de Béguédo, nous
retenons que ses habitants, les Bissa, ont été un peuple de
mobilité durant le temps. Migration volontaire ou non, les Bissa
n'hésitent pas à changer de résidence lorsqu'ils se
sentent menacés
85 GUÉBRÉ B.H et ZOURE H.A.V., 2009,
op.cit., p. 309.
86 GUÉBRÉ B.H et ZOURE H.A.V., 2009,
Idem, p. 318.
43
ou lorsque les conditions de vie ne sont pas favorables.
Fiers de leur liberté, leur indépendance ou encore leur langue,
les Bissa ont parfois préféré la mobilité humaine
que l'assimilation à un autre peuple.
I_3. La structure religieuse des Bissa
Nous avons trouvé peu d'écrits sur les
religions pratiquées dans la commune rurale de Béguédo.
Nous nous sommes donc résolus aux informations émanant de nos
personnes ressources mais aussi au contenu du Plan Communal de
Développement disponible sur la commune.
Trois religions principales sont pratiquées dans la
commune. Ce sont par ordre d'importance : l'islam ; le christianisme
(catholicisme et protestantisme) et l'animisme. Comme un peu partout au Burkina
Faso, le syncrétisme religieux est aussi présent dans la ville de
Béguédo avec une place importante accordée aux pratiques
coutumières.
44
II_ Potentialités économiques de
Béguédo
La population active de la commune de Béguédo
s'adonne vivement à plusieurs activités à longueur de
journée. La première et la principale activité
économique de la commune reste l'agriculture. Elle est soutenue par
l'élevage, la pêche et le commerce. Toutes ces activités
économiques ont chacune une place importante dans le
développement local de la ville.
II_1. L'agriculture
L'agriculture demeure la principale activité
économique des populations de la commune. Elle occupe la
quasi-totalité des populations qui sont avant tout des cultivateurs de
céréales. Elle demeure encore une agriculture de subsistance,
extensive et largement tributaire des aléas climatiques. Les
céréales constituent l'alimentation de base des populations. Le
mil et le sorgho sont les céréales dont la production est la plus
importante dans la commune, suivis du riz et du maïs. Essentiellement
destinées à la vente, les principales cultures de rente sont
l'arachide, le coton, le soja et le sésame. Les populations pratiquent
également des cultures maraîchères pendant la saison
sèche. Ces cultures sont plus l'apanage des femmes que des hommes. Il
ressort que les principales productions maraîchères dans la
commune sont l'oignon, la tomate, le melon, les courgettes, les aubergines,
etc.
Quant aux difficultés du secteur agricole, Irissa
ZIDNABA fait le point en ces termes : « Les activités agricoles
sont cependant confrontées aux aléas climatiques et aux
problèmes fonciers liés à la pression démographique
et à l'étroitesse de la superficie de la commune.
»87 Si l'on se base sur les données du RGPH de
2006, qui fait mention d'une densité de 561,7 habitants au
km2, alors des problèmes fonciers existeront sans doute dans
la commune. Et ces problèmes opposeront d'une part les
propriétaires fonciers et les exploitants, et d'autre part les
agriculteurs et les éleveurs. D'ailleurs, les habitants de
Béguédo et leurs voisins de Niaogho ont toujours en
mémoire ce problème foncier qui les a opposés en 1982 et
1983. Armelle FAURE explique que « Le 26 avril 1982, les habitants de
deux bourgades voisines, Niaogho et Beghedo, s'affrontent à propos de
terres cultivables en région bissa, [...] On compte une vingtaine de
blessés graves et divers dégâts matériels ; [...]
L'année suivante (en 1983), le conflit reprend, alors que
l'administration et les responsables villageois essayent de trouver les termes
d'une
87 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 78.
45
conciliation. »88 En plus de ces
problèmes fonciers et agraires, les habitants de Béguédo
sont obligés de subir les caprices du climat.
En sommes, on note qu'il y a autant de potentialités
agricoles à Béguédo que de difficultés dans ce
même secteur. Et face à des difficultés croissantes du
secteur agricole, conjuguées avec l'absence d'une réponse
efficace des autorités locales et nationales à ces
difficultés ; certains jeunes de la commune préfèrent
quitter temporairement ou définitivement leur commune à la
recherche d'autres espaces agricoles.
II_2. L'élevage
L'élevage dans la commune de Béguédo est
essentiellement de type traditionnel en ce sens que les espèces
produites sont des variétés locales. Il est également
extensif dans la mesure où l'accent est mis sur la taille du cheptel et
non sur l'accroissement des rendements. En plus, l'embouche bovine, ovine,
caprine y est également pratiquée permettant ainsi aux
populations de diversifier leur source de revenu et leur alimentation en
viande. Même si toutes les familles à Béguédo
semblent s'adonner aux activités pastorales, les grands adeptes de ce
secteur restent les habitants de Béguédo-peul et ceux de
Diarra.
Le domaine de l'élevage est encadré par un
agent vétérinaire de l'Etat burkinabè. Plusieurs
associations et groupements sont nés pour mieux organiser le secteur.
Malgré cette assistance aux acteurs de l'élevage, leur grosse
difficulté reste la présence des épizooties telles que
le charbon symptomatique, la dermatose nodulaire, la fièvre aphteuse et
la pasteurellose.89 L'importance des retenues d'eau de la
commune semble faciliter la pratique de l'élevage.
L'élevage étant une activité de
transhumance, il n'est pas rare de voir des populations de
Béguédo se déplacer avec leurs cheptels à la
recherche de pâturage ou suite à un conflit avec les paysans.
88 FAURE Armelle, 1993, « Niagho versus
Beghedo : un conflit foncier à la veille de la révolution
burkinabè », in Cahiers des Sciences Humaines, n° 29,
p. 105.
89 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 79.
46
II_3. La pêche
Le Nakambé qui borde la commune à l'ouest,
offre d'énormes potentialités en ressources halieutiques. La
pêche est une activité naissante qui commence à occuper une
place de choix dans les activités économiques de la commune. Son
poids économique pour l'instant est minime vu que ses produits sont
destinés en grande partie à la consommation locale. Toutefois, la
présence de pêcheurs professionnels, semi-professionnels et des
productrices atteste que la pisciculture est en voie de développement
dans la commune. D'ailleurs, un nouveau périmètre vient
d'être créé : le Périmètre Aquacole
d'Intérêt Economique de Bagré (PAIE/Bagré) dont
l'antenne de Niaogho est chargée du contrôle de l'activité
et de l'encadrement des acteurs.90
Le faible niveau de développement du secteur piscicole
de Béguédo diminue sa capacité à attirer les
jeunes. Et si les potentialités de ce secteur ne sont pas perçues
par les jeunes, alors ces derniers ne s'intéresseront pas à cette
filière. Ce qui pourtant pourrait être un facteur de
rétention de certains jeunes dans la commune.
II_4. Le commerce
Constatant la faiblesse de ces espaces agricoles, la commune
de Béguédo a compris qu'elle gagnerait à faire du commerce
le fondement de son économie. C'est ainsi que depuis la période
précoloniale et coloniale, le village de Béguédo a
été une référence dans le commerce de certains
produits. Cela commença d'abord durant la période coloniale,
avec la vente du cola et des esclaves sur les marchés de la Gold Coast
(Ghana actuel) mais aussi des marchés intérieurs de la
Haute-Volta. Pendant la période coloniale, c'est la commercialisation
des oignons qui prit le dessus. Pour mémoire, c'est l'administration
coloniale qui a décidé à partir de 1930 de mettre l'accent
sur la production de l'oignon dans la Volta blanche et
précisément à Béguédo.91
Cette politique a fait de Béguédo un véritable pôle
de croissance économique pendant l'ère coloniale.
De nos jours, le commerce dans la commune de
Béguédo est caractérisé toujours par un assez bon
niveau de développement. Le commerce avec les pays voisins est toujours
en vogue même si les produits commercialisés sont plus
variés. A ce propos, Irissa ZIDNABA observe que : « En effet,
la commune constitue un lieu d'échanges où les commerçants
venus des pays
90 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 44.
91 FAURE Armelle, 1993, op.cit., p. 108.
47
voisins (Ghana, Togo et Bénin) apportent des
produits manufacturés, des ignames, des ustensiles de cuisine, des
habits pour y vendre. Les populations locales exportent à leur tour, les
produits agricoles : oignons, tomates, arachides décortiquées ou
fraîches, bétail. Une partie de ces produits est également
acheminée vers les marchés de l'intérieur : Manga,
Koupéla, Pouytenga, Tenkodogo, Ouagadougou. »92 Une
autre variable du commerce contemporain de Béguédo est la forte
présence des femmes dans les pratiques commerciales. On retrouve les
femmes dans des activités comme la vente des légumes et des
céréales, la restauration et la vente de dolo. Leur
présence dans le commerce des articles et divers, reste néanmoins
significative. A Béguédo-centre, elles occupent près
de 30% des boutiques.93
Béguédo est un pôle d'attraction de
commerçants en provenance d'une part de l'intérieur du pays et
d'autre part de l'extérieur du pays. Lorsque les commerçants de
Béguédo se déplacent hors de Béguédo pour la
vente de leurs produits ou l'approvisionnement en de nouveaux produits, on dit
qu'ils effectuent une migration de travail. De ce fait, le commerce
devient un mobile d'émigration pour certaines populations de
Béguédo.
Pour conclure, on retient que le peuple bissa a pu
développer un espace culturel dynamique et varié au fil du temps.
Il a été parfois contraint de changer de zone de résidence
afin de fuir les persécutions émanant des peuples voisins ou des
mesures coercitives de l'administration coloniale. Quand il n'était pas
contraint, il se déplaçait volontairement avec l'esprit de
revenir parmi les siens. Mais au détriment de toutes ces
mobilités humaines, les Bissa en général et ceux de
Béguédo en particulier ont su conserver jusqu'à nos jours
certaines valeurs caractéristiques de leur culture. En outre, on a pu
mettre à jour des potentialités économiques de la commune
de Béguédo ; lesquelles potentialités constituent la base
de développement de la commune. Toutefois, ces potentialités
économiques que regorge la commune sont enjambées de
difficultés. Ces difficultés sont si immenses qu'elles
empêchent un développement serein de l'activité
économique : c'est l'exemple des pratiques agricoles. Or, si
l'agriculture n'arrive pas à employer les jeunes en âge de
travailler, la résultante est que ces derniers se feront employés
hors de la commune de Béguédo. L'objectif étant de trouver
une activité rémunératrice pour subvenir à leurs
besoins économiques. Le lien entre la disponibilité des
potentialités économiques à Béguédo et la
migration de la population est rapidement établi.
92 ZIDNABA, Irissa, 2016, op.cit., p. 81.
93 Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
op.cit., p. 45.
48
L'étude du cadre humain et économique de
Béguédo met en exergue d'abord les caractéristiques
ethnique, linguistique et religieuse des Bissa de Béguédo.
L'ethnie bissa appartient à la grande famille ethnique mandé et
à la famille linguistique mandé. La religion majoritaire est
l'islam, introduit dans la commune depuis l'époque précoloniale.
Le développement économique de Béguédo s'appuie sur
ces secteurs clés qui sont l'agriculture, l'élevage, la
pêche et le commerce. Quand bien même que l'agriculture soit le
principal secteur économique, les autres secteurs offrent de potentiels
emplois aux populations. Toutefois, ces secteurs gagneront à être
bien structurés afin de retenir les jeunes de la commune.
49
La situation géographique de la commune de
Béguédo a permis de découvrir les atouts et les
contraintes du milieu physique la commune. Les sols et le relief sont en
général favorables aux cultures agricoles. La présence du
fleuve Nakambé et la proximité du barrage de Bagré mettent
à la disposition de la commune d'immenses sources hydrauliques
utilisées pour les cultures maraîchères mais aussi dans
l'élevage et la pêche. La population est marquée par une
forte densité de l'ordre de 561 habitants au km2. Certes, la
population de la commune de Béguédo est jeune, mais la population
active (48,14%) est moindre par rapport à la population inactive
(51,86%). Ceci s'explique en partie par l'absence des populations en force de
travail.
L'ethnie bissa est l'ethnie majoritaire de la province du
Boulgou. Depuis leur installation sur le sol du Burkina Faso actuel, les Bissa
ont connu une forte mobilité humaine due tantôt à des
envahissements de territoires, tantôt à des mesures coercitives de
l'administration coloniale. Cette tradition migratoire va se transmettre de
génération en génération jusqu'à la
population bissa actuelle. L'agriculture, l'élevage, la pêche et
le commerce sont les principales activités de base de la commune. Elles
offrent à la population une source de revenus. Cependant, de nombreuses
difficultés gangrènent ces secteurs économiques de la
commune et développent chez les populations un
désintérêt de ces activités. Ce
désintérêt serait en partie une raison de
l'émigration de la population. Vu sous cet angle, on peut se poser la
question de savoir : dans quel contexte les migrations internationales des
Bissa ont eu lieu ? La réponse à cette question permet de
comprendre les mobiles, l'évolution et la dynamique des pratiques
migratoires chez les Bissa.
50
DEUXIÈME PARTIE : LE CONTEXTE
HISTORIQUE DES MIGRATIONS
INTERNATIONALES DES BISSA
51
Quand on étudie de près l'historique du
peuplement du territoire du Burkina Faso actuel, on s'aperçoit que le
Burkina Faso a été au départ une terre
d'émigration. En effet, la plupart des populations traditionnelles
installées sur le sol actuel du Burkina Faso ont eu des origines autres
que leurs terres d'accueil. Cette situation montre que la migration en
général n'est pas un phénomène nouveau pour ces
populations. Toutefois, l'avènement de la colonisation viendra amplifier
le phénomène migratoire en Haute-Volta (actuel Burkina Faso) avec
une forte mobilisation de la main d'oeuvre voltaïque pour la mise en
valeur de la colonie voltaïque mais aussi des colonies voisines. Cette
mobilité humaine des populations voltaïques continuera même
au-delà de la période coloniale.
Parmi les peuples qui fournissent un grand contingent de
migrants au Burkina Faso, figure le peuple bissa. En réalité, les
Bissa sont reconnus pour leurs fortes mobilités humaines depuis la
période coloniale jusqu'à nos jours. Quand on analyse les
différentes zones de départ dans le "pays bissa", on
constate que les émigrés de Béguédo se
démarquent encore plus dans les migrations internationales. Et
comprendre la prépondérance des Bissa de Béguédo
dans l'émigration par rapport aux autres peuples de la région du
Centre-Est burkinabè, a été l'une des raisons du choix de
Béguédo comme cadre d'étude.
Dans cette deuxième partie de notre sujet de
recherche, il est question de donner dans un premier chapitre un aperçu
historique des migrations internationales au Burkina Faso. Le deuxième
chapitre présente l'historique des migrations internationales des
Bissa.
52
Chapitre III : Aperçu historique des migrations
internationales au Burkina Faso
Pour mieux comprendre le contexte historique dans lequel les
migrations internationales ont évolué au Burkina Faso, il est
important de remonter aux origines des migrations internationales ; de
découvrir les mobiles qui ont poussé les Burkinabè
à l'émigration et d'analyser l'évolution des flux de
migrants internationaux. En outre, la connaissance des stratégies
nationales de gestion des migrations internationales permettrait de mesurer
l'importance et la place des migrations dans les politiques nationales.
Le présent chapitre s'est construit autour de deux
grandes parties. La première partie analyse les migrations
internationales des Burkinabè d'abord, et ensuite la deuxième
partie aborde la gestion nationale des migrations internationales.
I_ Migrations internationales des
Burkinabè
Une analyse rétrospective sur l'histoire des
migrations internationales au Burkina Faso permet de répertorier trois
moments importants du phénomène. Ce sont entre autres : la
création de la colonie de Haute-Volta en 1919 ; la proclamation de
l'indépendance de la République de Haute-Volta en 1960 et les
mesures de réajustement de l'économie ivoirienne à partir
des années 1979. De ces trois dates clés, nous établissons
trois périodes déterminantes des mouvements migratoires
burkinabè : la période coloniale ; la période
postcoloniale à 1980 et la période 1980 à nos jours.
I_1. La période coloniale
(1919-1960)
La plupart des études et des recherches portant sur
les migrations internationales des Burkinabè reconnaissent que
l'émigration des Burkinabè (ex Voltaïques) a existé
bien avant la période coloniale. Mais si l'origine des migrations
internationales au Burkina Faso est souvent attribuée à la
période coloniale, c'est parce que l'administration coloniale a
amplifié considérablement le phénomène à
travers sa politique coloniale. Abraham SONGRE disait ceci : « Avec
ses diverses formes d'exploitation elle aura contribué plus que tout
autre facteur aux déplacements massifs des Voltaïques à
l'étranger : le travail forcé, le système d'exploitation
des importantes concessions détenues par des sociétés
privées, les grands travaux d'infrastructures entrepris par le
colonisateur, l'enrôlement sous les drapeaux, le système du «
volontariat », les motivations économiques enfin, ont
provoqué une émigration massive vers presque tous les
pays
53
de l'Afrique occidentale : Mali, Sénégal,
Ghana et Côte d'Ivoire. »94 Ainsi, les politiques
coloniales vont entrainer deux types de migration des Voltaïques : la
migration de travail et la migration de refuge.
A propos de la migration de travail, Irissa ZIDNABA explique
que « La migration de travail a été organisée et
entretenue par l'administration coloniale à travers les politiques de
mise en valeur des colonies de l'Afrique Occidentale Française.
»95 Cette migration a été qualifiée
de migration de travail forcé dans la mesure où les migrants
étaient recrutés de force dans les cercles de commandement et
acheminés dans les futurs chantiers de travail. Concernant la nature et
le lieu du travail à effectuer par les migrants voltaïques, le
Processus de Rabat explique que : « [...] la colonie de Haute-Volta
ayant eu pour fonction à l'époque, d'être le
réservoir de main d'oeuvre, qui devait servir aux grands travaux
d'aménagements (routes, constructions, transports, contingents de la
2e portion des conscriptions militaires) et à l'exploitation
des richesses agro-industrielles des colonies voisines (café et cacao en
Côte d'Ivoire, arachide au Sénégal, riz à l'Office
du Niger au Soudan français, actuel Mali). »96 On
remarque ainsi que même pour les deux guerres mondiales, des
Voltaïques ont été recrutés. La colonie de Côte
d'Ivoire a été la plus grande bénéficiaire de ces
migrations de travail au regard des flux migratoires de la période
coloniale. Par exemple, entre 1951 et 1958, on a enregistré 230 000
travailleurs voltaïques en destination de la Côte d'Ivoire. Ce
recrutement a été l'oeuvre du Syndicat Interprofessionnel pour
l'Acheminement de la Main d'oeuvre (SIAMO). Créé en janvier 1950,
le SIAMO était devenu l'organisme chargé du recrutement de la
main d'oeuvre voltaïque en direction de la Côte d'Ivoire. Avec la
suppression du travail forcé en 1946, l'administration
coloniale ne pouvait plus continuer ses mesures contraignantes de recrutement.
Il fallait donc laisser la tâche à une structure privée
comme le SIAMO.
Parallèlement aux migrations de travail initié
par l'administration coloniale, un autre courant migratoire s'est
développé durant la période coloniale : c'est la migration
de refuge. Cette migration, essentiellement destinée vers la Gold Coast
(Ghana actuel), était effectuée par des
94 SONGRE Abraham, 1973, L'émigration
massive des Voltaïques : réalités et effets,
Genève, Revue Internationale du Travail, vol 18, n°2-3, p. 22.
OEuvre citée par
BOUTILLIER Jean-Louis et al., 1985, « La migration de la
jeunesse du Burkina », in Cahiers de l'ORSTOM, Série
sciences humaines, vol. XXI, n° 2-3, p. 243.
95 ZIDNABA Irissa, 2016, op.cit., p. 82.
96 Dialogue Euro-Africain sur la Migration et le
Développement (Processus de Rabat), 2014, Guide d'utilisation des
données migratoires au Burkina Faso, ICMPD-FIIAPP, p. 3.
54
Voltaïques qui ont refusé de se soumettre aux
conditions inhumaines.97 Les flux migratoires de ce type de
migration sont difficilement accessibles compte tenu de la nature illicite des
migrations de refuge mais aussi à cause du changement d'identité
des migrants une fois à destination. Ce changement d'identité
allait leur permettre de ne pas se faire prendre par les autorités
coloniales.
L'analyse des flux migratoires de la période coloniale
permet de percevoir une évolution du contingent des migrations de
travail durant la période coloniale. Elle nous permet de comprendre
également les variations du choix de la zone de destination des migrants
d'une période à une autre. Le premier tableau ci-dessus est
consacré à l'évolution des flux migratoires de la
période coloniale.
Tableau 3 : Nombre de migrants internationaux de la
Haute-Volta par zones et périodes de départ.
Destinations
|
Périodes
|
|
1924-
1932
|
1933-
1939
|
1940-
1945
|
1946-
1950
|
1951-
1955
|
1956-
1960
|
Non déclarés
|
TOTAL
|
Côte d'Ivoire
|
310
|
1 480
|
4 100
|
8 750
|
10 020
|
21 280
|
33 960
|
210
|
80 110
|
Ghana
|
930
|
3 450
|
3 910
|
5 210
|
7 810
|
12 630
|
15 470
|
700
|
50 110
|
Mali
|
130
|
500
|
690
|
1 580
|
610
|
170
|
350
|
|
4 030
|
Sénégal
|
530
|
920
|
750
|
1 010
|
910
|
290
|
420
|
|
4 830
|
Autres pays africains
|
1 570
|
3 170
|
2 840
|
2 040
|
970
|
640
|
950
|
|
12 180
|
|
Source : Service de la Statistique et de la
Mécanographie (actuel INSD), Enquête démographique par
sondage 1960-1961.
Les chiffres de ce tableau ont été obtenus
grâce à une enquête démographique
rétrospective menée entre 1960-1961 en Haute-Volta. Mais compte
tenu du caractère rétrospectif de l'enquête, les
mémoires humaines n'ont pas pu donner les chiffres justes de plus de 30
ans. Ce qui fait de ces chiffres obtenus, des chiffres minimes par rapport
à la réalité. Toutefois, cette enquête officielle
est très importante pour l'analyse de l'évolution des flux
d'émigration car elle permet d'aboutir à quelques conclusions
:
97 ZIDNABA Irissa, 2016, op.cit., p. 83.
55
- La Côte d'Ivoire et la Gold Coast ont
été les deux principaux pays de destination des
émigrés voltaïques durant la période coloniale ;
- Les flux migratoires des voltaïques vers le Ghana ont
été plus importants que ceux en destination de la Côte
d'Ivoire jusqu'en 1932, date de la dislocation de la colonie de Haute-Volta.
Autrement dit, les migrations de refuge ont pris la primauté sur les
migrations de travail.
- A partir de 1932 jusqu'à la veille des
indépendances, la Côte d'Ivoire prend la primauté des flux
migratoires des Voltaïques au détriment de la Gold Coast. Ceci
traduit l'importance des migrations de travail et donc de la propagation des
politiques d'orientation des flux migratoires voltaïques voulue par
l'administration française.
Pour comparer les flux migratoires des deux destinations, M.
LARRUE, Administrateur du travail de la Haute-Volta observait ceci : les
chiffres officiels en 1949 montraient que la Côte d'Ivoire recevait 50
000 travailleurs contre 25 000 au Ghana. Et les chiffres non officiels,
estimaient à 150 000 le nombre de travailleurs voltaïques en
Côte d'Ivoire contre 100 000 en Gold Coast.98
Par ailleurs, Serge Noël OUÉDRAOGO rappelle que
« les deux courants migratoires ont continué à exister
dans le cadre des migrations libres ».99
I_2. La période postcoloniale aux années
1980
Le changement des statuts politiques des colonies d'Afrique
de l'Ouest, désormais des Républiques et États,
n'impactera pas nécessairement les courants migratoires
préexistants en Haute-Volta. En effet, les flux migratoires
enclenchés pendant la période coloniale continueront de se
produire. Toutefois, on constatera quelques changements. Le premier changement
majeur réside dans le choix des terres d'accueil : la République
de la Côte d'Ivoire100 est préférée au
Ghana101. Le second grand changement a été le
remplacement des migrations de travail et de fuite par des migrations
conventionnelle, libre, saisonnier ou circulaire. Un dernier changement
98 CNAB, 42V272: Minutes of the first meeting
of the inter-colonial conference on medical control of immigrant workers held
at the office of the honorable the Directory of the medical services.
Victoriaborg, Accra on Friday the 26th august 1949.
99 OUÉDRAOGO Serge Noël, 2016-2017,
op.cit., p. 277.
100 Décembre 1958 : la Côte d'Ivoire devient une
République autonome dans le cadre d'une association avec la France
appelée Communauté française. Puis le 7 août 1960,
la Côte d'Ivoire accède à l'indépendance sous le nom
de République de la Côte d'Ivoire (RCI).
101 6 mars 1957 : la colonie britannique Gold Coast
accède à l'indépendance sous le nom de Ghana.
56
mineur, a été le début des migrations de
retour en masse de Burkinabè vivant à l'extérieur. La
situation économique des nouveaux États au lendemain des
indépendances est à l'origine de ces changements intervenus dans
le phénomène migratoire.
Au lendemain des indépendances, la situation
économique des deux principaux pays bénéficiaires des flux
migratoires de la Haute-Volta, le Ghana et la Côte d'Ivoire sont dans une
situation opposée. En effet, pendant que le Ghana est en train de perdre
son statut de « eldorado » pour les émigrés
burkinabè, la Côte d'Ivoire est en train de réaliser un
« miracle économique » selon beaucoup d'auteurs.
En 1942, Serge Noël OUÉDRAOGO résume la
situation économique de la Gold Coast en ces termes :
« La Gold Coast était plus attrayante que
toutes les autres destinations. Elle était avantagée par la
liberté de son marché du travail, ses salaires
élevés, la nourriture saine et suffisante, l'absence de
tracasseries administratives, l'offre plus grande et diversifiée et
ayant un taux de change plus favorable a attiré les travailleurs
migrants dans la localité anglaise. »102 Avec
toutes ces qualités, la Gold Coast devrait continuer à attirer le
maximum d'émigrés en provenance de la Haute-Volta. Mais à
partir des années 1946, la Gold Coast doit faire face à des
difficultés économiques suivies de l'adoption de politiques
nationales défavorables au climat de travail des migrants
voltaïques. Serge Noël OUÉDRAOGO explique :
« La crise économique au Ghana, notamment,
ses manifestations comme la hausse du chômage, le marasme
économique, la dépréciation de 44% du cedi [monnaie
ghanéenne] le 27 décembre 1971, ainsi que les mesures «
xénophobes », sinon de préférence nationale du
régime du Premier Ministre Kofi Abrefa BUSIA, ont terni l'image de la
« destination Ghana ». »103 On perçoit
ainsi les mobiles ayant concourus à la chute de la destination de
l'hégémonie du Ghana dans les courants migratoires
voltaïques. Parallèlement, on peut s'interroger de savoir si la
Côte d'Ivoire, pays en course pour le monopole des flux de migrants
voltaïques, traversait les mêmes difficultés que le Ghana
?
Pour la période 1960-1980, la Côte d'Ivoire a
bénéficié de situations politiques et économiques
avantageuses. En fait, tout part de la dislocation de la colonie de la
Haute-Volta en
102 OUÉDRAOGO Serge Noël, 2016-2017, op.cit., 258
p.
103 OUÉDRAOGO Serge Noël, Idem, 278 p.
57
1932. Après la dislocation du territoire de l'ancienne
Haute-Volta, il a été convenu que les 2/3 des territoires
voltaïques soient rattachés à la Côte d'Ivoire et les
1/3 restants seront répartis entre le Soudan français et le
Niger. A partir de ce moment, la Côte d'Ivoire bénéficia de
nouvelles terres mais surtout des hommes qui les peuplent. Ce rattachement des
territoires de la Haute-Volta à la Côte d'Ivoire allait
normalement augmenter le recrutement des Voltaïques dans les chantiers et
plantations ivoiriens. En plus, l'administration française avait
commencé à baisser les mesures coercitives à
l'égard des Voltaïques, créant un climat
atténué dans les relations. Sur le plan économique,
à partir de 1943 la Côte d'Ivoire offrait désormais aux
migrants voltaïques des salaires attractifs, des systèmes de
rémunération variés, une prise en charge financière
du processus de recrutement à l'arrivée du migrant en Côte
d'Ivoire. Pour finir, l'arrivée du chemin de fer en 1954 à
Ouagadougou et en 1934 auparavant à Bobo Dioulasso a facilité la
mobilité humaine des émigrés. Autant de facteurs
cumulés ont donc été à la base d'une
réorientation des flux migratoires du Ghana vers la Côte
d'Ivoire.
Durant la période 1960 aux années 1980, deux
principaux types de migrations internationales étaient pratiqués
par les Burkinabè. En effet avec la suppression du travail forcé
en 1946, les Burkinabè avaient le libre choix d'effectuer une migration.
C'est ainsi qu'on assiste à des départs volontaires des
Burkinabè vers l'extérieur. La « migration libre »
des Burkinabè revêt un double caractère. Elle prend
souvent la forme d'une migration saisonnière, qui consiste
à se déplacer pendant la saison sèche pour aller monnayer
sa force de travail durant toute la saison et revenir avant le début de
la saison des pluies. Lorsque la migration saisonnière est
répétée au fil des années, on parle alors de
migration circulaire pour désigner les allers et retours d'un
migrant entre deux pays. Un autre type de migration apparait en Haute-Volta aux
lendemains des indépendances : ce sont les « migrations
conventionnelles » ou « migrations légales
». En effet, réputé être un «
réservoir de main d'oeuvre », la Haute-Volta va signer des
conventions avec certains pays à partir de 1960. L'objectif de ces
conventions était d'offrir un cadre légal aux mouvements
migratoires des populations mais aussi une protection des candidats à
l'émigration. Malheureusement, la plupart de ces conventions ne durera
qu'une dizaine d'années à cause des difficultés
liées à sa mise en pratique.104
104 On peut citer la convention de main d'oeuvre avec la
Côte d'Ivoire qui a duré 14 ans (1960-1974) ; La convention
d'établissement et de circulation avec le Mali, 9 ans (1969-1978) et
La convention avec la République du Gabon, a duré
4 ans (1973-1977).
58
L'analyse des flux migratoires de la première partie
de la période postcoloniale se résume par une nette domination de
la destination Côte d'Ivoire par rapport à celle du Ghana. En
effet, au regard du « marasme économique » de la Gold
Coast dans les années 1940 et face à l'hostilité des
autorités ghanéennes pour les étrangers, le Ghana a
commencé à ne plus être le premier choix pour les
émigrés voltaïques. La proportion des flux
d'émigrés dans ce premier tableau illustre la prédominance
de la destination Côte d'Ivoire.
Tableau 4 : Flux migratoires des Voltaïques des zones
rurales vers l'étranger de 1969 à 1973.
Origine
|
Destination
|
Taux annuel d'émigration pour 1 000
|
|
Ghana
|
Autres
|
Total
|
|
204 845
|
10 229
|
2 502
|
215 576
|
20
|
Rurale de l'Ouest
|
77 761
|
15 163
|
1 254
|
94 178
|
11
|
Total de la zone rurale 290 714 27 484
|
6 553
|
324 753
|
15
|
|
Source : COULIBALY Sidiki et al., 1980, op.cit.,
p.39.
Quand bien même que ce tableau comporte quelques
insuffisances (absence des émigrés en provenance des zones
urbaines ; toutes les zones rurales de la Haute-Volta n'y figurent pas), force
est de reconnaitre qu'il est l'un des plus importants sur les flux migratoires
de cette période. En effet, ce tableau nous montre que la zone rurale
mossi est la première fournisseuse de migrants à
l'étranger durant la période 1969-1973. Ensuite, on observe que
la Côte d'Ivoire est de loin la première destination du contingent
de migrants voltaïques. Le Ghana, qui jouissait d'un immense
privilège pendant la colonisation a perdu cet honneur. En plus, on
constate que le taux annuel d'émigration des Voltaïques
était de 15%o. Quelques années plus tard, soit en 1975, la
Haute-Volta effectue le premier recensement démographique de sa
population en général. Les résultats définitifs
font état de 334 715 émigrés vivant à
l'étranger, avec 70,4% d'hommes et 29,6% de femmes.105
On n'aperçoit pas malheureusement la répartition des
émigrés par zone de destination.
Malgré la primauté du courant voltaïque
vers le Ghana, aucune convention officielle de migration n'a été
signée après les indépendances.
105 COUREL Marie-Françoise et al., 1979, « La
population de la Haute-Volta au recensement de décembre 1975 », In
Cahiers d'Outre-mer, n°125-32 année, p. 54.
59
A la fin des années 1970, le déclin de la
destination du Ghana était amorcé tandis que la suprématie
de la Côte d'Ivoire s'imposait dans les flux migratoires internationaux
des Voltaïques. Les Burkinabè représentaient 18% de la
population masculine (15 à 54 ans) de la Côte d'Ivoire. 106
Cet état de changement a été l'émanation de
plusieurs facteurs économiques et politiques qui prévalaient dans
les territoires d'accueil des migrants internationaux.
I_3. Les années 1980 à nos
jours
Pendant que l'« Eldorado » perdait sa
renommée auprès des Voltaïques, la Côte d'Ivoire
semblait être le « nouveau Eldorado » des émigrés
de la Haute-Volta. Les flux migratoires vers la Côte d'Ivoire
témoignaient de la primauté de cette destination dans les
migrations internationales. Mais à la fin des années 1978-1979,
la situation économique en Côte d'Ivoire rencontre de grandes
difficultés.
Entre 1978 et 1979, les deux produits d'exportation de la
Côte d'Ivoire connaissent une chute de leurs cours. Et la
conséquence directe de cette chute a été la contraction
des marchés traditionnels du café et du cacao, marché
sous-régional et international.107 Avec le ralenti
économique général observé dans le monde à
partir de 1980, c'est tout le commerce extérieur de la Côte
d'Ivoire qui est à l'arrêt. Or, si le marché stagne, la
production ralentie. C'est ainsi qu'on commence à observer des
licenciements massifs des travailleurs nationaux et internationaux dans les
plantations, les sociétés de transformation ou encore les
chantiers publics. C'est dans ces turbulences du secteur économique que
les émigrés voltaïques se retrouvent sans emplois,
obligés de retourner dans leurs zones de départ.
Conséquence, on observe un nouveau type de migration chez les
Voltaïques : les migrations de retour. Irissa ZIDNABA revient sur
cela : « Cette turbulence migratoire a été
essentiellement marquée par des retours des émigrés de la
Côte d'Ivoire, en majorité des femmes, des enfants et des
personnes âgées de plus de 55 ans. Ces retours migratoires sont
liés aux licenciements et à la baisse de revenus
consécutifs à la chute des cours des produits de base,
café, cacao, en 1978-1979. »108 Les données
recueillies lors du Recensement Général de la Population de 1985
mentionnent la preuve des migrations de retour à travers deux chiffres
:
106 BOUTILLIER Jean-Louis et al., 1985, op.cit., p. 246.
107 MOUSSA Bemba, 1985, « Les mesures de
réajustement de l'économie ivoirienne face à la crise
économique mondiale : leurs résultats et leurs implications
sociales », In Afrique Développement/Afrique et
Développement, CODESRIA, vol. 10, n°1/2, p. 151.
108 ZIDNABA Irissa, 2016, op.cit., p. 88.
60
- Seulement 83 479 Burkinabè résidaient
à l'étranger contre 334 715 au premier recensement de 1975. Ces
chiffres attestent de la baisse des migrations internationales des
Burkinabè.
- Solde migratoire : - 170 000 en 1989 contre -11 359 en 1975
: bien que le solde migratoire reste négatif, on assiste par contre
à une baisse du solde migratoire. Ce qui signifie qu'il y a eu moins
d'émigrés à ce recensement que celui du
précédent.109
Toutefois, Irissa ZIDNABA rappelle que les premières
migrations de retour avaient commencé déjà dans les
années 1970 : « Ces migrations de retour [les migrants
touchés par la crise économique des années 1980 en
Côte d'Ivoire] diffèrent de celles des années 1970 durant
lesquelles les retours étaient plus volontaires et non contraignants.
»110
Les premières réponses politiques face à
la crise migratoire, engendrées par les difficultés
économiques, ont été elles-mêmes des sources de
nouvelles crises sociales en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso. En effet,
l'adoption d'un « Ordre de Conformité des Étrangers »
au Ghana dans les années 1970 et la vulgarisation de la notion «
d'ivoirité » en Côte d'Ivoire suivie de l'imposition d'une
carte de séjour aux migrants dans les années 1990 ont mis les
travailleurs migrants dans des situations d'instabilité professionnelle.
Les migrants burkinabè ont commencé à être
persécutés par certaines populations autochtones au Ghana et en
Côte d'Ivoire. Face à cela, les émigrés se
retrouvaient dans une mauvaise posture : revenir dans leurs pays avec le statut
de migrants de retour ou émigrer dans un autre pays voisin, de
la sous-région ou en Europe en tant qu'aventurier. Ces
nouvelles orientations des migrants vont marquer le début de la
diversification des zones d'arrivée des migrants burkinabè d'une
part, et d'autre part de l'amplification des migrations de retour. Les
données de l'enquête démographique de 1991 au Burkina Faso
étaient sans appel : 188 331 immigrés enregistrés en
dix ans d'intervalle. Et 85% de ces émigrés provenaient de la
Côte d'Ivoire.111
Malgré ce contexte économique et politique
défavorable à l'émigration, on a continué à
enregistrer des départs au Burkina Faso vers l'étranger. Irissa
ZIDNABA disait que :
109 Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 1989, Recensement Général de
Population, décembre 1985. Analyse des résultats
définitifs, Ouagadougou, Ministère du plan et de la
coopération, 326 p.
110 ZIDNABA Irissa, 2016, op.cit., p. 88.
111 Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 1994, Analyse des données de
l'Enquête Démographique de 1991. Deuxième partie :
Phénomène démographique, Ouagadougou, Ministère du
plan et de la coopération, 175 p.
61
« Parallèlement à ces mouvements de
retour, on enregistrait des départs migratoires. Les résultats de
l'enquête ont également dénombré 293 870
émigrés durant la période de référence, soit
presque 49 000 personnes par an. Ces départs migratoires traduisent en
partie la forte circulation migratoire entre le Burkina Faso et la Côte
d'Ivoire. »112 Ces chiffres montrent que des flux
migratoires ont bien continué à la veille du XXIe
siècle.
A partir des années 2000, la situation
socio-politique, économique et culturelle des pays au monde est
très changeant et varie d'une année à une autre, d'un pays
à un autre. Ces bouleversements permanents qui surviennent dans les pays
font des migrants internationaux en général et des
émigrés burkinabè en particulier des potentielles
populations en situation permanente d'expulsion dans leurs pays d'accueil.
« La crise ivoirienne de 2002, les expulsions des Burkinabè de
la Libye, du Gabon et de la Guinée, ont suscité des retours
massifs. »113 explique Irissa ZIDNABA. A cela s'ajoutent, les effets
de la crise économique de 2008 en Italie, en Allemagne, en France ; la
crise sécuritaire au nord du Mali, au nord du Nigeria ; etc. Ces crises
ont toutes entrainé des vagues de migrants burkinabè de retour,
parfois minime et parfois immense.
Des nouveaux concepts migratoires sont nés à
partir des années 1990 et se poursuivent jusqu'à nos jours chez
les migrants burkinabè. Ce sont les « migrations circulaires
», les « pratiques transnationales migratoires », les «
investissements migratoires », les « migrations de refuge », les
« personnes déplacées internes », etc. Autrement dit,
la migration connait une diversification sans précédent de ses
mobiles, sa typologie, ses trajets, ses impacts. Plusieurs diasporas
burkinabè existent de par le monde avec pour objectif de faciliter
l'insertion de leurs compatriotes dans les zones d'accueil.
Les migrations internationales des Burkinabè peuvent
être réparties en trois séquences chronologiques allant de
la période coloniale à nos jours en passant par la période
postcoloniale. Le contexte politique, socio-économique dans lequel se
pratiquait l'émigration des Burkinabè conditionnait la nature de
ces migrations : migration de travail, migration libre et volontaire, migration
forcée, migration de fuite, etc. Plusieurs mobiles, dépendants
(condition sociale ou économique précaire) ou indépendants
(contexte politique et économique) du migrant justifiaient son choix
d'émigrer. Du Ghana à la Côte d'Ivoire, puis de l'Afrique
à l'Europe, tel a été le parcours résumé des
migrations internationales des Burkinabè depuis la période
coloniale.
112 ZIDNABA Irissa, 2016, op.cit., p. 89.
113 ZIDNABA Irissa, Idem, p. 89.
62
II_ Gestion des migrations internationales des
Burkinabè
Plusieurs autorités publiques, des structures
nationales, des organismes internationaux en charge de la migration, des
organisations de la société civile, des partenaires techniques et
financiers ont travaillé sur la question de la migration internationale
des Burkinabè. Cependant, l'immensité des acteurs chargés
de la question migratoire au Burkina Faso n'a pas toujours facilité
l'atteinte des résultats escomptés. Pour se faire, nous allons
donner un bref aperçu de la gestion des migrations internationales des
Burkinabè depuis la période coloniale jusqu'à nos
jours.
II_1. L'administration coloniale face à la
question de la migration
Sous la période coloniale, l'administration
était l'autorité compétente en charge de la
mobilité humaine des Voltaïques. Elle était chargée
d'organiser, d'orienter et de suivre les flux migratoires. Ainsi, des
décrets et recommandations issus du Gouvernement général
de l'Afrique Occidentale Française parvenaient à l'administration
coloniale. Ces mesures portaient sur des actions à mener en lien avec la
gestion de la main-d'oeuvre voltaïque.
Ce n'est qu'avec la création de l'Office Central du
Travail (OCT), qu'une structure en charge de la gestion de la main d'oeuvre va
apparaître. L'objectif principal de cet office était d'apporter
une meilleure gestion à la question de la main-d'oeuvre à travers
une répartition optimale des territoires de l'AOF. Par la suite, le
mécanisme sera renforcé avec la création d'une structure
financière pour les migrations de travail : la Caisse Provisoire de
Main-d'oeuvre. Selon Serge Noël OUÉDRAOGO, cette structure «
couvrait dans l'immédiat toutes les dépenses urgentes
après le recrutement des manoeuvres, c'est-à-dire, le transport,
les frais de route, l'hébergement, etc. »114
Toujours dans l'objectif de mieux réguler le secteur des migrations de
travail, le Syndicat Interprofessionnel pour l'Acheminement de la Main-d'oeuvre
(SIAMO) sera également créé en janvier 1950 en Côte
d'Ivoire. Très rapidement, le SIAMO va installer des centres de
recrutement à Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Koudougou. L'objectif du
syndicat était d'« assurer la migration du plan grand nombre
possible de travailleurs au profit de toutes les entreprises ivoiriennes.
»
114 OUÉDRAOGO Serge Noël, 2016-2017, op.cit., 171
p.
63
La période coloniale a donc été une
période où la gestion de la migration avait pour but de mettre
à disposition des colonies ou des entreprises privées, des
migrants de travail issus de la colonie de Haute-Volta.
II_2. La gestion des migrations internationales
burkinabè pendant la période postcoloniale
Il est fortement regrettable que le Burkina Faso, pays
à caractère migratoire, n'ai pas pu se doter d'une politique
nationale en matière de gestion des migrations dès les
indépendances. Il a fallu attendre le 07 mars 2012 pour qu'une
Politique Nationale de Population115 soit adoptée.
C'est à cette démarche qu'on doit la mise en place en 2016 de la
Stratégie Nationale pour la Migration, 2014-2025. A la question
de savoir pourquoi les décideurs politiques ont mis assez
d'années avant de consacrer à la migration internationale une
attention particulière, la réponse la plus plausible semble
être le manque de volonté de la part des premières
autorités du pays.
Toutefois, d'un régime présidentiel à un
autre, la situation nationale en matière d'émigration des
populations a nécessité la prise de certaines mesures ou
directives. C'est le cas en 1981, où le gouvernement du Comité
Militaire de Redressement pour le Progrès National (CMRPN) a émis
une ordonnance face à la situation économique ivoirienne
dégradante. Il s'agissait de : « l'ordonnance n° 81-8
PRES.CMRPN du 11 mars 1981 portant suspension de l'émigration et du
décret n° 81-135 PRES.CMRPN du 12 mars 1981 définissant les
conditions de délivrance et d'utilisation du laissez-passer
institué par l'ordonnance n° 81-8 PRES.CMRPN du 11 mars 1981.
»116 L'objectif principal du régime militaire
dirigé par le Colonel Saye ZERBO était de suspendre
temporairement les migrations de travail des Voltaïques à
l'étranger. En raison de plusieurs facteurs, cette ordonnance n'arrivera
pas à atteindre les résultats escomptés.
Un autre régime politique, le Conseil National de la
Révolution (CNR) du Capitaine Thomas Isidore SANKARA, a adopté
une autre ordonnance en 1984 pour contrôler toute mobilité humaine
au Burkina Faso. Il s'agissait de « l'ordonnance n°84-49 CNR.PRES
du 4 août 1984 fixant les conditions d'entrée, de séjour et
de sortie du Burkina Faso des nationaux et des
115 Décret n° 2012-253/PRES/PM/MEF du 7 mars 2012
a adopté l'actuelle Politique Nationale de Population qui couvre la
période 2010-2030. Décret cité par le Ministère de
l'Economie et de Finances, 2012, Politique Nationale de Population
2010-2030, p. 48.
116 Journal officiel de la République de Haute-Volta
n° du 19 mars 1981.
64
étrangers. »117 Cette mesure
dans la pratique cherchait à protéger l'émigré
burkinabè lors de son activité migratoire.
Le régime politique qui s'en suivra, celui du
Président Blaise COMPAORE, va se démarquer de ces
prédécesseurs par la création de structures techniques et
nationales en charge de la migration. C'est l'exemple de la création du
Conseil Supérieur des Burkinabè de l'Étranger (CSBE) le 07
mai 1993118 puis réaménagé le 24 mai
2007119, en tant que structure chargée de la gestion de la
diaspora burkinabè. D'autres actions seront posées par le
gouvernement pour accompagner la diaspora : l'ouverture de nouveaux Consulats,
d'Ambassade ou la participation des Burkinabè de l'Extérieur
notamment ceux de la Côte d'Ivoire aux dernières élections
présidentielles120 et référendaires.
De nos jours, sous la présidence de son excellence
Roch Marc Christian KABORE, différentes politiques migratoires
nationales sont orientées vers la mobilisation de la diaspora
burkinabè afin d'en faire un partenaire financier pour le
développement socio-économique du pays. C'est d'ailleurs dans
cette optique, qu'en 2018, tout un Ministère est aménagé
et alloué à la gestion des Burkinabè de l'Extérieur
: c'est le Ministère de l'Intégration Africaine et des
Burkinabè de l'Extérieur (MIABE)121.
L'édification d'un Ministère chargé de la
définition et de la mise en oeuvre de la politique de
migration122, atteste de tout l'intérêt que les
décideurs politiques actuels accordent à la question des
migrations internationales des Burkinabè.
En rappel, avant même l'adoption de toutes ces mesures
politiques et la création des structures de gestion des migrations
internationales des Burkinabè, des accords et conventions ont
été signés au lendemain des indépendances entre la
Haute-Volta et quelques États de la sous-région. Ces accords
établissent les termes de collaboration entre les deux États pour
la gestion de la main-d'oeuvre voltaïque. Ce sont entre autres :
117 Journal officiel du Burkina Faso n° 33 du 16 août
1984.
118 Décret n° 93/132/PRES/PM/REX du 07 mai 1993
cité par OUÉDRAOGO Serge Noël, 2016-2017, op.cit., p.
211.
119 Décret n° 2007-38/PRES/PM/MAECR du 24 mai
2007 portant création, attributions, organisations et fonctionnement du
Conseil Supérieur des Burkinabè de l'Étranger, Journal
Officiel du Faso n° 24 du 14 juin 2007.
120 Prévu pour être effectif lors des
élections de 2010 et celles de 2015, le vote des Burkinabè de
l'extérieur a finalement eu lieu en 2020. Au total, 18 563
burkinabè ont pu voter en restant dans leurs pays d'accueil.
121 Décret n° 2018-0035/PRES/PM portant remaniement
du Gouvernement.
122 Décret n° 2018-1162/PRES/PM/MIABE portant
organisation du Ministère de l'Intégration africaine et des
Burkinabè de l'extérieur.
65
- La Convention du 9 mars 1960 entre le Gouvernement de la
République de Haute-Volta et le Gouvernement de la République de
la Côte d'Ivoire relative aux conditions d'engagement et d'emploi des
travailleurs voltaïques en Côte d'Ivoire.
- Le Protocole d'accord entre le Niger et la Haute-Volta du
23 juin 1964 autorisant la libre circulation et le droit d'établissement
pour les citoyens des deux États.
- La Convention d'établissement et de circulation des
personnes entre la Haute-Volta et le Mali du 30 septembre 1969.
- La Convention du 13 août 1973 entre le Gouvernement
de la République de Haute-Volta et le Gouvernement de la
République gabonaise relative à la coopérative technique
en matière de main-d'oeuvre.
- L'accord entre le Gouvernement de la République
française et le Gouvernement du Burkina Faso relatif à la gestion
concertée des flux migratoires et au développement solidaire du
10 janvier 2009.
II_3. L'accompagnement des organismes
sous-régionaux et mondiaux dans la gestion des migrations
internationales burkinabè
Plusieurs structures, services et directions existent sur le
territoire national et sont impliquées dans la question migratoire du
Burkina Faso. Certaines de ces structures sont chargées de collecter des
données sur la migration : c'est le cas de l'INSD, de l'Agence Nationale
pour l'Emploi, de la Direction de la Police des Frontières, etc.).
D'autres par contre comme l'ISSP, les laboratoires de recherches
universitaires, les structures bancaires sont spécialisées dans
la production des données migratoires. Enfin, une dernière
catégorie est celle du groupe des consommateurs de données
produites sur la migration : les organismes sous-régionaux et
internationaux, la communauté des chercheurs, les partenaires
financiers, etc. De nos jours, les Organisations de la Société
Civile (OSC) s'intéressent également à la question des
migrations internationales et de la diaspora. C'est le cas de l'Associations
Tous pour le Combat de la Solidarité et de l'Intégration
(TOCSIN). Le TOCSIN, créé en 1997 a été
reconnu en 2013 d'utilité publique pour ses multiples actions
d'intégration et de sensibilisation des migrants burkinabè.
L'Etat burkinabè bénéficie de l'appui
stratégique, technique et financier de quelques institutions
internationales représentées à Ouagadougou. Il s'agit de
l'Organisation Mondiale
66
pour la Migration (OIM), l'Organisation Internationale du
Travail (OIT), le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD), Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés
(HCR), l'Union Européenne (UE), etc.
L'analyse des flux migratoires des Burkinabè de
l'extérieur permet de distinguer trois principales phases dans
l'évolution des migrations internationales. La première phase, la
période coloniale est celle qui a amplifié les flux migratoires.
En effet, l'objectif de faire de la Haute-Volta un « réservoir de
main-d'oeuvre » a entrainé la réalisation de plusieurs
recrutements de travailleurs voltaïques en destination des colonies comme
la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Mali. Mais une partie des
populations s'opposa à ces migrations de travail et
préféra fuir les recrutements forcés pour se
réfugier dans la colonie de Gold Coast : c'est le début des
migrations de fuite. Durant la période coloniale, la plus grande partie
du flux migratoire était dirigée vers la Gold Coast jusqu'en
1947, période à laquelle la Côte d'Ivoire commençait
à supplanter la colonie britannique. Cette dualité entre la Gold
Coast et la Côte d'Ivoire dans le monopole des flux migratoires
burkinabè se poursuit dans la deuxième phase : de la
période postcoloniale aux années 1980. Entre 1947 à 1969,
le Ghana perd donc son monopole des flux migratoires à la faveur de la
Côte d'Ivoire. Tandis que l'économie ghanéenne faisait face
à des difficultés, la Côte d'Ivoire réalisait un
« miracle économique » avec une croissance qui attirait de
plus en plus de migrants travailleurs. Les Voltaïques vont effectuer
durant cette deuxième phase des migrations libres, des migrations
saisonnières ou circulaires en destination de la Côte d'Ivoire.
Quant à la troisième phase débutée en 1980, elle
est marquée par de vastes turbulences économiques et politiques
en Côte d'Ivoire. Un climat d'insécurité et de
persécutions des travailleurs voltaïques s'installe. Deux nouvelles
trajectoires dans les migrations apparaissent : le courant migratoire de retour
en Haute-Volta et le courant migratoire en destination des pays de la
sous-région, de l'Europe et même d'Amérique. C'est le
début de la diversification des migrations internationales des
Burkinabè. Puis à partir des années 1990-2000
jusqu'à nos jours, ce sont beaucoup plus les conditions
économiques, sociales et culturelles qui poussent les jeunes
burkinabè à l'émigration. La Banque Mondiale a
estimé à 1 642 600 émigrés burkinabè en 2013
soit 9.6% de la population totale (population estimée à cette
année à 17 600 000).123
123 World Banque Group, 2016, Migration and Remittances
Factbook 2016, Third edition, [version numérique
téléchargée en juillet 2020], p. 110.
67
L'évolution des flux migratoires burkinabè ne
s'est pas passée à l'insu des autorités politiques. De
l'administration coloniale au Gouvernement actuel en passant par les
régimes présidentiels du Burkina Faso, chaque décideur
politique a tenté de contrôler le phénomène
migratoire. Mais sa densité et sa dynamique ont très souvent mis
en échec les mesures politiques adoptées à son
égard. Par conséquent, la gestion nationale des migrations se
retrouve avec un bilan mitigé. Mais avec l'aménagement du
Ministère de l'Intégration Africaine et des Burkinabè de
l'Extérieur en 2018, nous nous attendions à une meilleure gestion
nationale de la question migratoire à travers la mise en place de
politiques nationales migratoires.
Nous retenons de ce chapitre, que les migrations
internationales des Burkinabè ont connu trois phases majeures : la
période coloniale, la période postcoloniale jusqu'aux
années 1980 et la période des années 1980 à nos
jours. Plusieurs mobiles ont été à la base des migrations
voltaïques à l'extérieur. Il y a les contraintes coloniales,
le manque de terres agricoles, les difficultés socio-économique
et politique des pays d'accueil (Ghana et la Côte d'Ivoire). Pour
échapper aux conséquences de ces crises, certains
Burkinabè vont migrer de la Côte vers les pays africains (Gabon,
Libye, Mali, etc.) ou de la Côte d'Ivoire vers les pays européens
(Italie, Allemagne). Le reste des Burkinabè fera une migration de retour
sur leur terre d'origine.
Quant aux migrations internationales des Bissa, ils sont
similaires à celui du pays en général. On y trouve trois
séquences du phénomène.
68
Chapitre IV : Historique des migrations internationales
des Bissa
Les Bissa, peuples originaires du nord Ghana actuel,
partagent la région du Centre-Est burkinabè avec les Moose. Au
regard des multiples déplacements que le peuple bissa a subi lors de son
installation dans le « Bisako », la mobilité humaine est
devenue une pratique très courante. La situation économique
parfois difficile associée aux mesures coercitives engendrées par
l'administration coloniale, certaines populations bissa se voient contraintes
à émigrer. L'histoire des migrations internationales des Bissa
est étroitement liée à celle des Burkinabè dans
l'ensemble. Pour ce faire, nous avons distingué trois phases dans
l'historique de l'émigration des Bissa : la période coloniale ;
la période postcoloniale jusqu'aux années 1980 et des
années 1990 à nos jours. Béguédo est certes une
ville bissa mais la forte mobilité de sa population requiert que nous
établissions l'historique des migrations internationales des populations
de Béguédo.
Dans ce chapitre à deux parties, nous donnons un
aperçu historique des migrations internationales en pays bissa dans la
première partie. La deuxième partie est consacrée à
l'historique des migrations des Bissa de Béguédo.
I_ Aperçu historique des migrations
internationales en pays bissa
L'analyse des mobiles, du choix de la destination ou encore
de la durée des migrations internationales des Bissa a conduit à
la détermination de trois principales phases dans l'historique des
migrations bissa. Durant chacune de ces phases, d'importants flux migratoires
sont enregistrés.
I_1. La période coloniale
Situés au sud de la Haute-Volta, les Bissa occupaient
pendant la période coloniale les cercles de Zabré et de Garango
et une partie du cercle de Tenkodogo. Cette situation géographique des
Bissa les rapprochait de la partie nord de la colonie de Gold Coast. C'est
pourquoi ils n'ont pas hésité à
émigrer en Gold Coast lorsqu'ils fuyaient les recrutements
forcés de travailleurs ou encore les recouvrements d'impôts.
C'est la naissance du courant migratoire des Bissa en destination de la Gold
Coast. Les populations qui acceptaient de se faire recruter dans l'armée
ou les travaux à l'étranger se retrouvaient dans des colonies
comme la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Gabon ou en Afrique
du Nord. Le tableau ci-dessous nous donne une vue large de la présence
des Bissa à l'extérieur mais aussi des autres ethnies.
69
Tableau 5 : Répartition des émigrations (%) selon
le groupe ethnique et selon la destination.
Destination/Ethnie
|
Mossi
|
Bissa
|
Gourmantché
|
Bobo
|
Divers mandingues
|
Gourounsi
|
Famille Sénoufo
|
Lobi- Dagari
|
Peuls
|
Ensemble
|
Côte d'Ivoire
|
56,2
|
28,2
|
13,6
|
51,9
|
45,9
|
39,2
|
78,9
|
31,8
|
34,7
|
49
|
Ghana
|
28,6
|
52,7
|
65,6
|
3,7
|
10,3
|
38,2
|
1,4
|
52,2
|
31,6
|
30,6
|
Autres pays
|
15,2
|
15,2
|
20,8
|
44,4
|
43,8
|
22,6
|
19,7
|
16
|
33,7
|
20,4
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
|
Source : RHV et RF, 1972, p. 26.
Ce tableau sur la proportion des ethnies émigrantes de
la Haute-Volta permet de savoir que les populations choisissent
d'émigrer dans la zone de destination la plus proche de leur
localisation géographique. Ainsi, les Bissa (sud-est), les
Gourmantché (Est) et les Lobi-Dagari (Sud-ouest) sont les ethnies
dominantes en Gold Coast. Par contre, les Moose et les Senoufo émigrent
plus en Côte d'Ivoire. Dans l'ensemble, on retient que les Bissa
représentaient une proportion importante parmi les populations
émigrantes de la Haute-Volta.
70
I_2. La période postcoloniale aux années
1980
Les migrations internationales des Bissa à partir de
1960 se feront toujours en direction de la Côte d'Ivoire et du Ghana mais
cette fois-ci avec deux types de mobilité : des allers et retours
fréquents (migration circulaire) ou des installations
définitives dans le pays d'accueil (migration
définitive).
Tableau 6 : Répartition des migrations circulaires (%)
selon les zones de départ et d'arrivée.
Destination
|
Koudougou
|
Yatenga
|
Bissa
|
Ouagadougou
|
Koupéla
|
Kaya
|
Ensemble
|
Côte d'Ivoire
|
59
|
50
|
76
|
54
|
56
|
52
|
55
|
Ghana
|
10
|
18
|
58
|
16
|
31
|
16
|
29
|
|
Source : RHV et RF, 1975, p. 95.
Ce tableau montre que les Bissa représentent l'ethnie
qui a le plus grand nombre d'émigrés à l'étranger
qui effectuent des migrations circulaires. 76% des émigrés Bissa
pratiquent la migration de mobilité en Côte d'Ivoire contre 58% au
Ghana. Une autre caractéristique de ce tableau est qu'il montre que
seuls les Bissa continuent à migrer au Ghana. Les autres ethnies
abandonnant la destination Ghana.
Les migrations internationales des Bissa pendant la
période postcoloniale s'expliquent par une situation
socio-économique complexe dans le pays bissa. Irissa ZIDNABA observe que
:
« Les caractéristiques migratoires des Bissa
tiennent aux facteurs sociohistoriques et géographiques : le
système colonial et l'insalubrité liée à
l'onchocercose. Les migrations de refuge vers le Ghana se sont en effet
inscrites dans un contexte de refus du système colonial qui a
duré jusqu'en 1947, date à laquelle le travail forcé a
été aboli, favorisant ainsi les installations définitives
dans les pays d'immigration. L'épidémie de l'onchocercose ne
favorisait pas également des retours migratoires, notamment dans les
villages riverains des cours d'eau, Nakambé, Nazinon à cause de
la contagion de la maladie. »124 Ainsi dit, on comprend
aisément le dilemme dans lequel étaient les émigrés
bissa, celui de choisir entre revenir au pays de départ avec tous les
risques que cela comporte ou soit rester dans les pays d'accueil tout en
risquant de ne plus revoir leur famille d'origine.
124 ZIDNABA Irissa, 2016, op.cit., p. 94.
71
L'analyse des flux migratoires des Bissa est riche en
données au regard des nombreuses études qui ont été
menées à partir des années 1960. Les Bissa ont une fois de
plus figuré parmi les populations dominantes en matière de
migrations internationales en Haute-Volta. Les résultats du Recensement
Général de la Population de 1975 chiffraient à 24 605
émigrés issus de la région du Centre-Est, un nombre
qui équivaut à 5,7% de la population totale résidente.
Quand bien même qu'il n'y ait pas de chiffres exacts sur le nombre de
Bissa émigrés, on sait tout de même que 25% des
émigrés de la région appartenait à Garango (terre
des Bissa)125. La recherche de meilleures conditions de vie
était le principal mobile des émigrés bissa.
Le Recensement Général de la Population et de
l'Habitat de 1985 fournit encore des données sur les flux migratoires
des Bissa à l'international. La province du Boulgou, province
peuplée en majorité par des Bissa, était la
quatrième province qui fournit le plus d'émigrés avec 5,4%
du flux total des émigrés du Burkina Faso. Les trois
premières provinces étaient respectivement la province du Yatenga
(14%), du Boulkiemdé (8%) et du Passoré (7%).126
Cette position de la province vient confirmer la présence des Bissa dans
les courants migratoires internationaux. Cette place avancée des Bissa
dans les mouvements migratoires au Burkina Faso les expose aussi aux
bouleversements subis par les migrations internationales. A partir des
années 1980, on assistait à des migrations de retour en masse
dans la province du Boulgou. L'INSD avait enregistré 12 825 migrants
de retour entre 1985 et 1991.127
I_3. Des années 1990 à nos
jours
Les années 1990 vont constituer des années
décisives dans les migrations internationales des Bissa dans la mesure
où elles riment avec une approche nouvelle du phénomène
migratoire. La crise sociale, économique et politique qui
caractérise cette décennie sème le désarroi dans
l'esprit des travailleurs étrangers. Et face aux licenciements
consécutifs dû au marasme économique ivoirien, les
étrangers étaient obligés de retourner sur les terres
d'origine ou de s'aventurer sur de nouveaux horizons. Pour Irissa ZIDNABA,
« c'est ainsi qu'à partir de ce pays [la Côte d'Ivoire],
les migrants bissa ont saisi l'opportunité offerte par les
réseaux cosmopolites
125 Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 1982, Recensement Général de la
Population de 1975. Analyse des données démographiques,
Département du Centre-est, Ouagadougou, République de la
Haute-Volta, 57 p.
126 Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 1989, op.cit., 57 p.
127 Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 1994, Analyse des résultats de
l'enquête démographique 1991, Ouagadougou, République
de la Haute-Volta, 175 p.
72
pour émigrer en Italie. »128
L'émigration des Burkinabè vers l'Italie venait de commencer. Le
FORIM ajoute en disant que « les zones de départ sont par
ailleurs beaucoup plus localisées que dans les cas français et
ivoirien. Elles sont concentrées essentiellement dans la région
du Centre-Est et plus spécifiquement dans la Province du Boulgou et des
départements de Niahogo et de Béguédo.
»129 Autrement dit, les Bissa sont l'ethnie majoritaire en
Italie.
L'analyse des flux des migrations internationales des Bissa
à partir des années 1990 montre deux trajectoires migratoires
distinctes : les migrations de retour et les migrations en Italie. Au
Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 2006,
la région du Centre-Est, région des Bissa, avait accueillie 1
653 migrants de retour. Ce chiffre est important car il équivaut
à 5,6% du total des émigrés de retour au Burkina
Faso.130 Cette situation traduit la pertinence de la
détérioration du contexte socio-politique et économique
ivoirien. Par contre, les statistiques en Italie ont connu de grands
bouleversements à partir des années 2000. Le FORIM observait que
« Entre 1993 et 2007, l'effectif des immigrés burkinabè
dénombrés en Italie par le Ministère de l'Intérieur
italien est passé de 763 à 5 178, soit une augmentation d'environ
300 individus par an. » Cela atteste que les migrants
burkinabè en l'occurrence les Bissa ont décidé de faire de
l'Italien, le « nouvel eldorado » après le Ghana et
la Côte d'Ivoire. Le FORIM ajoute que « la croissance de l'effectif
des Burkinabè en Italie s'est accélérée de 2007
à 2013 à travers une augmentation de près de 1 000
individus. »131
Depuis les années 2010, suite à la crise
économique de 2007-2008 en Italie et à une mécanisation
des industries, l'Italie est de moins en moins attractive pour les
émigrés bissa, surtout ceux qui sont à leur
première tentative migratoire. Les destinations actuelles des jeunes
bissa sont entre autres le Gabon, l'Algérie, la Guinée,
l'Allemagne ou encore les Etats-Unis d'Amérique.
128 ZIDNABA Irissa, 2016, op.cit., p. 95.
129 Forum des Organisations de Solidarité
Internationale issue des Migrations (FORIM), 2018, Comprendre et promouvoir
la contribution de la diaspora dans le développement du Burkina Faso :
Etudes de cas sur les organisations diasporiques en France, Italie et
Côte d'Ivoire et leur rôle dans la création et la
consolidation d'emplois, Made Afrique de l'Ouest, Paris, p. 16.
130 Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 2009, Recensement Général de la
Population et de l'Habitat (RGPH) de 2006. Analyse des résultats
définitifs ; thème 8 : migration, Ouagadougou, p. 58.
131 Forum des Organisations de Solidarité Internationale
issue des Migrations (FORIM), 2018, op.cit., p. 18.
73
II_ Historique des migrations internationales des
Bissa de Béguédo
L'histoire des migrations internationales des Bissa de
Béguédo est en partie liée à l'histoire des
migrations internationales des Bissa. Les premiers bissa ayant
émigrés en Italie via la Côte d'Ivoire dans les
années 1980 étaient en majorité des ressortissants de
Béguédo. Si aujourd'hui la commune de Béguédo est
souvent appelée « petit Italien » ou «
little Italian », c'est aussi montrer à quel point les
ressortissants de Béguédo ont fait de cette destination
migratoire leur « préférence ». Par ailleurs,
la génération actuelle de jeunes émigrés semble ne
plus avoir les mêmes préférences que leurs
aînés ou leurs parents.
Cette partie est structurée en deux points : le
premier point traite des différentes vagues de migration en Italie et le
deuxième point présente les nouvelles destinations des
émigrés bissa de
Béguédo.
II_1. Les vagues d'émigration en
Italie
L'émigration des Bissa en Italie s'est faite autour de
trois vagues distinctes les unes des
autres.
Tous les Bissa de Béguédo qui ont
émigré en Italie avant 1990 en provenance de la Côte
d'Ivoire font partie de la première vague. Ainsi, on
comprend que les premiers émigrés Bissa en Italie n'ont pas
quitté Béguédo pour aller en Italie. Ils ont d'abord
émigré de Béguédo en Côte d'Ivoire et de la
Côte d'Ivoire à l'Italie. Irissa ZIDNABA explique qu' «
ils [les émigrés bissa] ont émigré en Italie
à partir de la Côte d'Ivoire comme précédemment
expliqué. La plupart des pionniers sont des Bissa qui se sont
appuyés sur leurs relations professionnelles nées avec des cadres
italiens en fin de mandat. »132 Quant au nombre et aux
mobiles des émigrés bissa de Béguédo en Italie,
Bernard HAZARD observe qu'« À partir de 1987, en fonction du
processus de recomposition des espaces migratoires en Afrique de l'Ouest, les
anciens migrants de Côte d'Ivoire reconvertis dans le commerce
allèrent alors tenter leur chance en Italie, dans l'espoir de trouver
des fonds permettant de redynamiser leurs affaires. De là, entre 1987 et
1994, ils organisèrent une filière familiale qui permit à
un millier de Béguédolais de « partir à l'aventure
», d'où ils assurèrent une diversification des sources de
production de revenus et un
132 ZIDNABA Irissa, 2016, op.cit., p. 100.
74
accroissement de la rente migratoire.
»133 Mais pour plus de détails sur les pionniers de
l'émigration bissa en Italie, Irissa ZIDNABA explique que le premier
bissa à émigrer en Italie en partant de la Côte d'Ivoire
est originaire du village de Ouarégou (5km de Béguédo) et
c'était en 1973. Le deuxième bissa est allé en 1975 en
provenance de la Côte d'Ivoire mais cette fois-ci originaire de
Béguédo.134
La deuxième vague concerne tous les
Bissa de Béguédo qui ont émigré en Italie entre
1990 et 1994. En effet, craignant une arrivée massive d'étrangers
sur son sol, l'Italie a décidé de conditionner l'accès sur
son territoire aux émigrés par la présentation d'un visa
à partir de 1994. Mais avant, la loi 419 du 30 décembre 1989
dite « loi Martelli » adoptée en février
1990135 avait commencé à contrôler les
entrées en Italie et établir des quotas annuels aux
émigrés. Par ailleurs, au regard du besoin ardent en main
d'oeuvre des activités arboricoles et maraichères au Sud de
l'Italie, des migrations clandestines ou illégales étaient
organisées : c'est le début de l'immigration clandestine en
Europe. En d'autres termes, cette loi dit loi Martelli n'a pas pu
arrêter les émigrations des Bissa en Italie. Les Bissa ont
usé de leurs réseaux familiaux pour aider les nouveaux à
s'insérer en Italie. Il y a eu très peu de chiffres sur les
émigrés de la deuxième vague au regard du type
d'émigration qui prévalait. Toutefois, Éric-Bertrand Pasba
BANGRE note que le Ministère de l'intérieur italien a
délivré 769 permis de séjour à des
émigrés Burkinabè136 qui sont en
majorité des émigrés bissa.
Les émigrés bissa de Béguédo
arrivés en Italie à partir de 1994 sont des émigrés
de la troisième vague. Ils sont rentrés sur le
sol italien à travers deux stratégies : les migrations de
regroupements familiaux et l'immigration clandestine. Pour les
émigrés ayant utilisés le premier canal, Irissa ZIDNABA
explique que « le regroupement familial est un droit accordé au
travailleur migrant résidant légalement dans un pays donné
de réunir les membres de sa famille afin de rétablir
l'unité familiale de façon permanente. » C'est donc en
application de ce droit, que la plupart des émigrés de la
première vague vont faire émigrer leurs femmes, leurs enfants et
leurs parents proches. Les candidats à l'émigration n'ayant pas
donc d'affiliation avec un immigrant bissa en Italie étaient contraints
d'utiliser l'autre canal : celui de l'immigration
133 HAZARD Benoît, 2004, op.cit., p. 8.
134 ZIDNABA Irissa, 2016, op.cit., p. 100.
135 ZIDNABA Irissa, 2016, Idem, p. 101.
136 BANGRE Eric-Bertrand Pasba, 2005, op.cit., p.95.
75
clandestine. Toutefois, les émigrés clandestins
avaient une trajectoire migratoire différente car ils devaient
transiter par la région de Naples (Sud de l'Italie) avant de
rejoindre la région du Nord, plus industrialisée avec des droits
de travail meilleurs que ceux du Sud. 137 Deux des
caractéristiques de cette troisième vague migratoire en Italie
sont la jeunesse de ses émigrés mais aussi la présence du
genre féminin. Tous les Bissa qui émigrent actuellement en Italie
sont classés dans cette troisième vague migratoire.
II_2. Les nouvelles destinations des
émigrés bissa de Béguédo
L'Italie n'est pas la seule zone d'accueil des
émigrés bissa. Ce pays a juste eu le mérite d'être
la première destination des Bissa en Europe mais aussi d'avoir permis
à plus de trois générations de populations bissa de
pouvoir se ressourcer financièrement pour offrir de meilleures
conditions de vie économique à leurs familles d'origine.
Par ailleurs, avec la crise économique de 2008 qui a
entrainé deux recessons en Italie (2008-2009 et 2011-2012), le
marché de l'emploi de la main d'oeuvre non qualifiée s'est
atténué. Il devenait plus difficile d'obtenir un emploi sans une
qualification dans un domaine. Aussi, la modernisation de l'agriculture
italienne à partir des années 2000 a rendu minime le besoin en
main d'oeuvre agricole. Souvent qualifiés de « cultivateurs de
tomates » par les autres ethnies burkinabè, la force de
travail des émigrés bissa semble ne plus être
nécessaire en Italie. Bref, on assiste doucement à une saturation
du marché italien. La réorientation du flux migratoire des Bissa
commence à se faire valoir.
A cette même période en Afrique, d'autres pays
laissaient entrevoir des besoins de main d'oeuvre pour soutenir leurs secteurs
économiques. En effet, certains pays de l'Afrique du Nord, de l'Afrique
centrale et de l'Afrique de l'Ouest ont mis en place une économie
florissante. C'est pour cela que de nos jours, les émigrés bissa
sont plus attirés par des destinations africaines comme le Gabon,
l'Algérie, la Guinée, la Libye, etc. Ces pays africains se
révèlent être en majorité des territoires de transit
vers l'Europe pour les émigrés.
En sommes, on retient que ce chapitre sur les migrations
internationales des Bissa nous a permis de retracer l'historique d'un
phénomène débuté au XXe siècle
pour se poursuivre au siècle suivant. En effet, l'administration
coloniale semble avoir été la variable qui a intensifié
137 Forum des Organisations de Solidarité Internationale
issue des Migrations (FORIM), 2018, op.cit., p. 30.
76
l'émigration des Bissa. Les premières
destinations étaient le Ghana et la Côte d'Ivoire puis vint la
traversée du continent africain vers l'Europe. Les flux migratoires
produits lors des migrations des Bissa à l'étranger sont
énormes et sont restés constants dans la majorité du
temps.
Les Bissa de Béguédo se singularisent dans
cette émigration de masse pour avoir eu le mérite d'être
aujourd'hui l'ethnie majoritaire d'émigrés en Italie. Ce statut
leur confère de nombreux avantages tels que l'amélioration des
conditions de vie de leurs familles restées à
Béguédo, la réalisation d'investissement immobilier
à usage économique ou social, des investissements
économiques.
77
En guise de conclusion, on retient que cette deuxième
partie qui traite du contexte des migrations internationales des Bissa a permis
de découvrir le climat socio-économique et politique dans lequel
les migrations internationales des Burkinabè en général et
des Bissa en particulier se sont déroulées. Partis de
l'étude des migrations des Burkinabè à l'étranger
dans un premier temps, nous avons pu établir que les mesures
administratives prises pendant la colonisation ont été à
l'origine de la migration de masse des Voltaïques avant les années
1960. Puis, ce sont les potentialités économiques de la Gold
Coast (Ghana actuel) qui attireront les travailleurs voltaïques avant que
la Côte d'Ivoire offre à son tour des conditions
économiques plus attractives aux Burkinabè. On s'aperçoit
donc que les principales destinations des émigrés
burkinabè ont été le Ghana et la Côte d'Ivoire dans
un premier temps puis le reste de l'Afrique et de l'Europe dans un second
temps.
Les migrations internationales des Bissa, une des ethnies les
plus mobiles du Burkina Faso, est singulière mais pas assez
différente de celles des Burkinabè en général.
L'émigration des Bissa tire son origine également de la
période coloniale avec les mêmes zones d'arrivée : Ghana,
Côte d'Ivoire, Italie. C'est surtout la préférence de
l'Italie (comme zone de destination) aux autres pays européens par les
Bissa qui fait la particularité de cette émigration. Les
émigrés bissa ont fait de l'Italie leur « fief
» en réalisant de fortes émigrations de masses depuis
les années 1980 jusqu'à nos jours. Ce choix de destination des
Bissa semble être efficace au regard des investissements
réalisés par ces derniers en pays bissa. Et c'est justement en
termes d'impacts socio-économiques des migrations internationales, que
les émigrés de la commune de Béguédo ou «
les Italiens »138 attirent toute l'attention de leurs
confrères. Par conséquent, on peut se demander de savoir :
quels sont les impacts socio-économiques des migrations
internationales dans la commune de Béguédo ?
138 Le terme Italien a été attribué aux
émigrés bissa d'Italie. Le terme offre un certain nombre de
prestiges à son porteur construisant un certain mythe au passage. Le
rêve de nombreux candidats à l'émigration est de pouvoir
porter un jour ce titre d'Italien nous confient les jeunes de la commune de
Béguédo.
78
TROISIÈME PARTIE : IMPACTS SOCIO-
ÉCONOMIQUES DES MIGRATIONS
|
|
79
Plusieurs travaux scientifiques ont été
effectués sur la migration avec des problématiques aussi diverses
que riches en enseignement. La problématique de la contribution des
migrations au développement économique des pays
bénéficiaires revêt de plus en plus une importance au sein
de la communauté scientifique et des décideurs publics. En effet,
les transferts de fonds des migrants constituent la première source de
financement en Afrique se situant en première position devant les
investissements directs étrangers (IDE) et l'aide publique au
développement (APD) selon une étude publiée par le Policy
Center for the New Sud139.
Pour une petite commune comme Béguédo de par sa
superficie, les migrations internationales de sa population semblent avoir des
impacts sur le développement social et économique de la commune.
Il s'avère important de montrer en quoi les fonds
transférés par les émigrés améliorent la vie
sociale et économique des ménages bénéficiaires ?
Quels types d'investissements sont réalisés par les
émigrés à travers les fonds transférés ?
Dans quelle mesure les investissements des émigrés
contribuent-ils à accélérer la croissance de
Béguédo ? Quelles peuvent être les retombées
négatives du phénomène migratoire sur les populations de
la commune ? Pour répondre à toutes ces questions, des
données statistiques ont été mises à contribution
(appuyées d'enquêtes terrains) sur la ville de
Béguédo lors de ces trois (03) dernières années
soient de 2017 à 2019. Toutefois, comme annoncer au début de
notre étude, nous accordons plus d'intérêt aux effets
positifs de l'émigration à Béguédo qu'aux
conséquences négatives.
Cette troisième partie est subdivisée en deux
chapitres. Le premier chapitre présente les caractéristiques des
ménages de la commune de Béguédo. Le deuxième
chapitre révèle les fonds et les investissements des
émigrés de Béguédo puis évoque les
retombées négatives de la migration sur Béguédo.
139 OUMANSOUR Nor-eddine et al., 2019, Les transferts de
fonds des migrants vers l'Afrique exercent-ils un effet de levier sur
l'investissement et sur la croissance économique ? Rabat, Policy
Center for the New Sud, p.7.
80
Chapitre V : Caractéristiques des ménages
de la commune de Béguédo
Selon l'INSD, « Le ménage est une unité
socio-économique de base au sein de laquelle les différents
membres, apparentés ou non, vivent dans la même maison ou
concession, mettent en commun leurs ressources et satisfont en commun à
l'essentiel de leurs besoins alimentaires et autres besoins vitaux, sous
l'autorité d'une seule et même personne appelée chef de
ménage.140 On distingue dans la commune de
Béguédo 3 267 ménages (RGPH 2006) répartis en 7
villages. D'un ménage à un autre, les conditions de vie
socio-économique diffèrent. Malgré le fait que chaque
ménage ait ses propres conditions de vie socio-économique, nous
pouvons toutefois les regrouper en deux grands groupes : les ménages
n'ayant pas d'émigrés et les ménages ayant des
émigrés. Nous appelons ici ménages n'ayant pas
d'émigrés les ménages dans lesquels il n'y a
aucun membre de la famille vivant hors du Burkina Faso. A l'opposé, les
ménages ayant des émigrés sont les
familles dans lesquelles un ou plusieurs membres vivent à
l'extérieur du Burkina Faso. Les données recueillies sur les
fonds transférés par les migrants couvrent la période de
2017-2019
I_ Les caractéristiques sociales des
ménages
Les caractéristiques sociales d'un ménage
renvoient à l'ensemble des indices permettant de déterminer le
niveau de vie sociale de ce ménage. Ces indices sont liés
à la structuration du ménage (taille du ménage ou la zone
de résidence) ou soit à des caractéristiques du chef de
ménage (âge, sexe, statut matrimonial, niveau d'instruction).
Tableau 7 : Caractéristiques des ménages
enquêtés à Béguédo
Type de ménages
|
Ménage n'ayant pas d'émigrés
(en %)
|
Ménage ayant des émigrés (en
%)
|
Ensemble (en
%)
|
Taille moyenne du ménage
|
6,16 personnes
|
8,29 personnes
|
7,22 personnes
|
Age moyen du CM
|
36,1 ans
|
44,3 ans
|
40,2 ans
|
Pourcentage des hommes CM
|
91,9
|
95
|
93,45
|
Pourcentage des femmes CM
|
8,1
|
5
|
6,55
|
|
140 Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 2009, Analyse des résultats
définitifs : évaluation de la qualité des
données, Ouagadougou, Burkina Faso, Ministère de
l'économie et des finances, [version numérique obtenue en juin
2021], p. 28.
81
Pourcentage des CM lettrés
|
76,25
|
68,12
|
72,18
|
Pourcentage des CM illettrés
|
23,75
|
31,87
|
27,82
|
Pourcentage des CM Mariés
|
73,75
|
87,5
|
80.62
|
Pourcentage des CM Célibataires
|
15,62
|
7,5
|
11,56
|
Pourcentage des CM Divorcés
|
5
|
1,87
|
3,43
|
Pourcentage des CM Veufs (ves)
|
5,62
|
3,12
|
4,37
|
|
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019.
I_1. La taille et la zone de résidence des
ménages
Les ménages ayant des émigrés ont plus
de membres dans leur famille que les ménages qui n'ont pas
d'émigrés. La preuve en est que la taille moyenne des
ménages est de 8,29 pour les ménages ayant des
émigrés contre 6,16 pour les ménages n'ayant pas
d'émigrés. La principale raison avancée pour justifier cet
écart réside dans l'adoption d'un style de vie communautaire
caractérisé par des familles élargies des ménages
ayant des émigrés. Autrement dit, on trouve plus de familles
monoparentales élargies dans les ménages ayant des
émigrés tandis que dans les ménages n'ayant pas
d'émigrés, ce sont des familles monoparentales
rétrécies.
Parmi les neuf (09) villages que compte de nos jours la
commune de Béguédo, seul le village de
Béguédo-centre a connu un lotissement en 1997. Les huit autres
villages sont donc classés comme des zones non loties. Notre
enquête terrain s'est étendue sur une zone lotie
(Béguédo-centre) et deux zones non loties (Fingla et Diarra).
I_2. Répartition par âge et par sexe des chefs de
ménages
Sur un ensemble de 320 ménages enquêtés
(160 ménages ayant des émigrés et 160 n'ayant pas des
émigrés), il ressort une inégale répartition par
âge et par sexe de ces ménages. En effet, l'âge moyen des
chefs de ménages enquêtés est de 40,2 ans,
ce qui atteste de la jeunesse des chefs de ménages. Mais lorsqu'on
inclut la variable de migration dans les ménages, l'écart est
important avec 36,1 ans en moyenne pour les chefs de ménage n'ayant pas
d'émigrés contre 44,3 ans en moyenne pour les chefs de
ménage ayant des émigrés. Cet écart s'explique par
le fait que dans les familles ayant des émigrés, les personnes
âgées sont plus nombreuses que dans les familles n'ayant pas
d'émigrés où les jeunes deviennent des chefs de
ménages plutôt.
82
En ce qui concerne le caractère sexuel des chefs de
ménages, la différence est nette : 93,45% des ménages sont
dirigés par des hommes contre 6,55% de femmes chefs de ménage.
Dans les ménages n'ayant pas d'émigrés, 91,9% des chefs de
ménages sont des hommes contre 8,1% de femmes. Le constat est un peu
plus grand dans les ménages ayant des émigrés avec 95% de
chefs de ménages hommes contre 5% de chefs de ménages femmes.
Graphique 1 : âge moyen des CM Graphique 2 :
Répartition par sexe des CM
Ménage sans émigrés Ménage avec
émigrés
91,9
8,125 5
95
Ménage avec émigrés
44,3
Ménage sans émigrés
36,1
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019. Source : Enquête terrain d'août à septembre
2019.
I_3. Le statut matrimonial des chefs de ménages
Sur les 320 ménages enquêtés, 80,62% des
chefs de ménages sont mariés ; 11,56% sont célibataires ;
3,43% sont divorcés et 4,37% sont des veufs (ves). Ceci fait état
de l'importance que les habitants de Béguédo accordent au
sacrément de mariage.
Les ménages ayant des émigrés sont les
familles où il y a plus de CM mariés et moins de
célibataires ainsi que de divorcés et de veufs. En effet, 87,5%
des CM dans les ménages ayant des émigrés sont
mariés contre 73,75% des CM chez les ménages n'ayant pas
d'émigrés. Aussi, on compte seulement 7,5% de célibataires
dans les ménages ayant des émigrés contre jusqu'à
15,62% des CM célibataires chez les ménages n'ayant pas
d'émigrés. Même constat quand on compare le pourcentage des
divorcés et des veufs : 1,87% de divorcés chez les ménages
ayant des émigrés contre 5% dans l'autre camp et 3,12% de veufs
chez le camp des émigrés contre 5,62% dans les ménages
n'ayant pas d'émigrés. Les premières conclusions montrent
qu'il y a beaucoup plus de mariages célébrés dans les
familles ayant d'émigrés que dans les familles n'en ayant pas.
83
Graphique 3 : situation matrimoniale des chefs de
ménage (en pourcentage)
100,00
40,00
90,00
80,00
70,00
60,00
50,00
30,00
20,00
10,00
-
73,75
Ménages sans émigrés Ménages
avec émigrés
15,63
Marié Célibataire Divorcé Veuf
(ve)
5,00
5,63
87,50
7,50
1,88
3,13
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019.
I_4. Le niveau d'instruction des chefs de ménages
L'analyse du niveau d'instruction (enseignement laïc et
enseignement religieux) des chefs de ménage montre qu'en moyenne
72,18% des chefs de ménage sont instruits contre 27,82%
non instruits. Ce taux élevé d'instruction est dû au
passage des CM par l'école coranique ou par l'école franco-arabe
(plus des 2/3). L'école francophone n'ayant pas réussie à
tous. En rappel, l'islam est la religion majoritaire à
Béguédo.
Les ménages n'ayant pas d'émigrés
enregistrent les CM les plus instruits avec 76,25% contre 68,12% de CM
instruits dans les ménages ayant des émigrés. Ici aussi,
l'instruction est basée sur le passage dans une école coranique
ou dans une école franco-arabe. La stabilité des CM n'ayant pas
d'émigrés à Béguédo est l'une des raisons de
leur niveau d'instruction élevé.
Graphique 4 : répartition par niveau d'instruction des
chefs de ménages
CM instruits
72,18
27,82
CM non instruits
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019.
84
Encadré 1 : écarts du niveau de vie
sociale des ménages
Quand on essaie de comparer le statut social des deux types
de ménage à Béguédo, les ménages ayant des
émigrés et les ménages n'ayant pas des
émigrés ; deux (02) variables permettent aux ménages ayant
des émigrés dans leur famille d'avoir une position sociale
nettement meilleure que les ménages ne comptant pas
d'émigrés dans leur rang, ce sont :
§ Les ménages ayant des émigrés ont
plus de personnes dans leurs concessions (8.29 personnes en moyenne) que les
ménages n'ayant pas d'émigrés (6,16 personnes) : la
stabilité financière permet d'accueillir et prendre en charge des
membres n'appartenant pas à la famille directe ;
§ Les chefs de ménage des foyers ayant des
émigrés se marient beaucoup plus (87,5%) que les chefs de famille
n'ayant pas d'émigrés (73,75%) : le statut de marié permet
de prouver à la société sa responsabilité et sa
capacité à prendre en charge une famille. Et avec l'appui des
émigrés, la célébration d'un mariage semble devenir
une question de choix et non une question de moyens financiers.
85
II_ Les conditions économiques des
ménages
Les conditions économiques d'un ménage font
état des biens et du niveau de vie économique du ménage.
Cela prend en compte le type d'habitation du ménage, les biens
individuels et collectifs mais aussi l'accès à
l'éducation, à l'électricité, à l'eau ou
encore aux soins sanitaires.
II_1. Caractéristiques de l'habitat
Tableau 8 : Caractéristiques des habitats des
ménages enquêtés à Béguédo
Caractéristiques de l'habitat
|
|
Ménage n'ayant pas Ménage ayant
des
d'émigrés
émigrés
|
Moyenne
|
|
|
1. Type d'habitat (en %)
|
|
|
Immeuble à appartements
|
|
0
|
2.50
|
1.25
|
Maison traditionnelle (case)
|
|
11.87
|
6.25
|
9.06
|
Villa
|
|
13.12
|
9.37
|
11.24
|
Maison individuelle
|
|
32.5
|
27.5
|
30
|
Bâtiments à plusieurs
logements
|
|
42.50
|
54.37
|
48.43
|
|
|
2. Nature du toit (en %)
|
|
|
Terre
|
|
1.25
|
2.5
|
1.87
|
Pailles
|
|
21.88
|
10
|
15.94
|
Tôles
|
|
76.88
|
87.5
|
82.19
|
|
|
3. Nature des murs (en %)
|
|
|
Béton
|
|
5
|
5.63
|
5.31
|
Briques de terre
|
|
30.62
|
16.25
|
22.81
|
Ciment
|
|
64.38
|
78.13
|
71.25
|
|
|
4. Statut d'occupation (en %)
|
|
|
Locataire
|
|
16.25
|
6.87
|
11.56
|
Propriétaire
|
|
83.75
|
93.12
|
88.43
|
|
5.
|
Possession d'autres habitats (en %)
|
|
|
|
Plus
|
|
2.50
|
3.10
|
2.80
|
Trois
|
|
3.75
|
4.38
|
4.06
|
Deux
|
|
10
|
21.30
|
15.65
|
Un
|
|
20
|
30.63
|
25.31
|
Zéro
|
|
64
|
41
|
52.50
|
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019.
86
Au Burkina Faso, avoir un habitat où s'abriter est
très important pour la population mais avoir un habitat de très
haut niveau témoigne du statut social et économique du
possesseur. Cet état de fait est aussi présent dans la commune de
Béguédo. Analyser l'habitat de nos ménages conduit
à comparer le type d'habitat, le statut d'occupation, la nature des murs
et des toits.
II_1.1- Type d'habitat
Quand on s'intéresse au type d'habitat des
ménages enquêtés, on s'aperçoit que la plupart des
CM (48,43%) vivent dans des bâtiments à plusieurs logements (une
maison principale à laquelle est rattachée de petits logements).
Cette proportion est encore élevée avec les ménages ayant
des émigrés car 54,35% des CM ayant des émigrés
vivent dans des bâtiments à plusieurs logements contre 42,5% des
CM n'ayant pas d'émigrés. Après les bâtiments
à plusieurs logements viennent les maisons individuelles (une seule
petite ou moyenne maison construite dans l'espace réservé au
ménage) qui constituent les habitats de 27,5% des CM ayant des
émigrés et 32,5% des CM n'ayant pas d'émigrés. Puis
s'en suivent les villas (une seule vaste maison construite dans l'espace
réservé au ménage) où vivent 9,37% des CM ayant des
émigrés contre 13,12% des CM n'ayant pas d'émigrés.
On rencontre enfin dans la commune de Béguédo des cases (6,25%
des CM ayant des émigrés contre 11,87% des CM n'ayant pas
d'émigrés) puis quelques immeubles à appartements (2,5%
des CM ayant des émigrés contre aucun CM n'ayant pas
d'émigrés). Une fois le type d'habitation des ménages
connu, qu'en est-il de la nature des murs et du toit ?
II_1.2- Nature du toit
En ce qui concerne la nature des toits, l'enquête
rapporte que la plupart des habitations des ménages ont un toit en
tôle : 82,19% des ménages. Le reste des
ménages ont un toit soit en pailles (15,94%) soit en terre (1,87%). Des
écarts existent quand on compare la nature du toit des deux types de
ménages. En effet 87,5% des ménages ayant des
émigrés ont un toit en tôle contre 76,88% des
ménages n'ayant pas d'émigrés. Aussi, tandis que seulement
10% des ménages ayant des émigrés ont un toit en pailles,
jusqu'à 21,88% des ménages n'ayant pas d'émigrés
ont toujours un toit en pailles. Par contre, les ménages n'ayant pas
d'émigrés ont moins de toit en terre (1,25%) que les
ménages ayant d'émigrés (2,5%).
87
II_1.3- Nature des murs
Même s'il existe des murs en béton et en terre,
la majorité des murs des ménages enquêtés (71,25%)
est en ciment. Ce chiffre va jusqu'à 78,13% pour les
familles ayant des émigrés contre 64,38% pour les familles
n'ayant pas d'émigrés. Pour les murs en brique de terre, c'est
seulement 16,25% des ménages ayant des émigrés contre
30,62% des ménages n'ayant pas d'émigrés. 5,62% des
ménages ayant des émigrés ont pu dresser des murs en
béton contre 5% des ménages n'ayant pas d'émigrés :
ceci atteste de la qualité des infrastructures.
II_1.4- Statut d'occupation
Quand bien même que les ménages de
Béguédo offrent des habitations d'un niveau élevé
comme celles des villes modernes, on peut se demander quand même de
savoir si ces habitations sont la propriété ou non des
ménages qui y vivent ? La réponse est oui car 88,43% des
ménages enquêtés sont propriétaires des habitations.
Pour les familles ayant des émigrés, ce pourcentage va
jusqu'à 93,12 contre 83,5 pour les familles sans
émigrés.
II_1.5- Possession d'autres habitats
Pour la possession d'autres habitations en dehors de la
principale, il ressort que la moitié des ménages n'ont aucune
habitation de plus que l'endroit où ils vivent : 52,5%. La partie
restante a soit un habitat de plus (25,31%), deux (15,65%), trois (4,06%) et
plus de trois (2,8%).
II_2. Fonctionnement des ménages
Tableau 9 : Quelques points de fonctionnement des ménages
enquêtés à Béguédo.
Caractéristiques du ménage
|
|
Ménage n'ayant pas Ménage ayant
des
d'émigrés
émigrés
|
Moyenne
|
|
1.
|
Accès à l'alimentation (en %)
|
|
|
Un repas/ jour
|
|
24
|
8
|
16
|
Deux repas/ jour
|
|
43.80
|
23.25
|
33.52
|
Trois repas/ jour
|
|
31
|
62.50
|
46.75
|
Quatre repas/ jour
|
|
1.20
|
6.25
|
3.72
|
88
|
2. Accès aux soins sanitaires (en %)
|
|
|
Fréquentation des dispensaires
|
79.37
|
86.25
|
82.81
|
Automédication
|
20.62
|
13.75
|
17.18
|
3.
|
Accès à l'éducation (en nombre et
en %)
|
|
|
Enfants inscrits à l'école
|
257 enfants 296 enfants
|
276.50 enfants
|
Enfants inscrits au Public
|
55.25
|
53.72
|
54.48
|
Enfants inscrits au Privé
|
23.70
|
28.70
|
26.20
|
Enfants inscrits au Public et au Privé
|
21.01
|
17.56
|
19.28
|
4. Principale source d'accès à l'eau de
boisson (en %)
|
|
Abonnés de BADCOM
|
23.12
|
42.5
|
32.81
|
Utilisateurs d'eau de forage
|
31.25
|
44.38
|
37.81
|
Utilisateurs d'eau de puits
|
37.50
|
12.50
|
25
|
Utilisateurs d'eau de rivière
|
8.12
|
0.62
|
4.37
|
5. Principale source d'accès à
l'électricité (en %)
|
|
Abonnées de la COOPEL
|
40.13
|
49.01
|
44.57
|
Utilisateurs de panneaux solaires
|
48.98
|
49.02
|
49
|
Utilisateurs de lampes à
pétrole
|
6.12
|
1.30
|
3.71
|
Utilisateurs de lampes rechargeables
|
4.76
|
0.65
|
2.70
|
6. Principale source de cuisson des aliments (en
%)
|
|
Gaz butane
|
33.12
|
73.12
|
53.12
|
Bois de chauffe
|
39.37
|
15
|
27.18
|
Charbon de bois
|
27.50
|
11.87
|
19.68
|
7.
|
Mode d'évacuation des ordures (en %)
|
|
|
Coin du quartier
|
43.12
|
31.25
|
37.18
|
Poubelle privée
|
25.62
|
28.75
|
27.18
|
Poubelle publique
|
31.25
|
40
|
35.62
|
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019.
II_2.1- Accès à l'alimentation
Le nombre de repas pris par jour par les familles au Burkina
Faso varie entre un à trois repas. A Béguédo dans les
ménages enquêtés, acquérir trois repas par jour
demeure un combat
89
quotidien. En effet, dans les familles n'ayant pas
d'émigrés, seulement 31% des 160 ménages peuvent s'offrir
trois repas par jour. La plupart n'ayant que deux repas par jour (43,8%). Le
reste a soit un repas par jour (24%) soit quatre repas par jour (1.2%).
Toutefois, la situation économique des familles ayant des
émigrés semble être meilleure car jusqu'à 62.5% des
ménages ont trois repas au quotidien ; 23.25% ont deux repas par jour et
seulement 8% ont un repas par jour. 6.25% s'offrent le luxe d'avoir 4 repas
quotidien. On retient donc que les familles avec émigrés
s'offrent plus de repas quotidiens que celles sans émigrés.
II_2.2- Accès aux soins sanitaires
82,81%, c'est le taux de fréquentation
des centres médicaux de la population de la commune rurale de
Béguédo. Ce chiffre témoigne donc de l'engagement de la
population auprès de la médecine moderne, ce qui n'est pas
certain dans les autres communes environnantes. Les ménages ayant des
émigrés ont encore un taux de fréquentation des
dispensaires beaucoup plus élevé (86,25%) que les ménages
n'ayant pas d'émigrés (79,37%). Quant aux adeptes de
l'automédication avec tous ses risques, seulement 13,75% s'y adonnent
dans les ménages ayant des émigrés contre 20,62% de
ménages n'ayant pas d'émigrés.
II_2.3- Accès à l'éducation
L'école formelle laïque n'étant toujours
pas gratuite au pays des hommes intègres, son accès et sa
fréquentation requièrent des parents d'élèves des
fonds financiers chaque année. Par conséquent, tous les parents
n'arrivent pas à scolariser leurs enfants ou soit le font mais pour une
courte durée. Cette difficulté financière est l'une des
raisons du fort taux d'inscription des élèves dans les
écoles publiques vu que les coûts sont moindres par rapport aux
écoles privées. En effet, 54,48% des élèves des
ménages enquêtés sont inscrits dans des écoles
publiques, 26,20% dans des écoles privées de la ville et les
19,28% sont inscrits à la fois dans des écoles publiques et
privées.
II_2.4- Principale source d'accès à l'eau de
boisson
Nous avons normalement tous accès à l'eau mais
consommer de l'eau pure et potable au quotidien s'avère des fois
être un luxe pour certaines familles dans certaines zones. Dans le cadre
de notre enquête, est considérée comme eau potable et de
boisson toute eau fournie par la société
90
BADCOM141 l'eau de robinet et l'eau de forage.
L'eau de puits142, de rivière et de surface ne sont pas
considérées potables au regard de l'absence de tout traitement
préalable. Quand on s'intéresse aux chiffres, les familles ayant
des émigrés ont le mieux accès à l'eau potable.
Autrement dit, 86,88% des familles ayant des émigrés consomment
de l'eau potable contre 54,37% des familles n'ayant pas
d'émigrés. Ceci atteste de la capacité des familles ayant
des émigrés à s'offrir des conditions de vie meilleure
dans leurs ménages.
II_2.5- Principale source d'accès à
l'électricité
Sa facilité d'acquisition, d'installation et son
énergie permanente font que les ménages à
Béguédo se tournent de plus en plus vers l'énergie solaire
au détriment de l'énergie électrique gérée
par la COOPEL. En effet, 93,57% des concessions ont un éclairage
électrique parfait au quotidien. Sauf 6,41% utilisent des lampes
rechargeables ou à pétrole pour s'éclairer les nuits. Et
quand on compare les deux types de ménages, les chiffres sont
intéressants : la quasi-totalité des ménages ayant des
émigrés ont accès à l'électricité
(98,03%) contre 89,11% des ménages n'ayant pas
d'émigrés.
II_2.6- Principale source de cuisson des aliments
Le gaz butane est de loin l'énergie adéquate et
adaptée pour la cuisson des aliments mais son acquisition
nécessitant des frais, toutes les familles n'arrivent pas à
l'utiliser. Ces familles se contentent alors des énergies classiques
comme le charbon de bois ou le bois de chauffe (avec des conséquences
néfastes pour la nature). Parmi nos ménages
enquêtés, c'est jusqu'à 73,12% des ménages ayant des
émigrés qui utilisent le gaz butane comme énergie pour la
cuisine, 15% utilisent le bois de chauffe et les 11,87% se contentent du
charbon de bois. Dans les ménages n'ayant pas d'émigrés,
ceux qui utilisent le gaz butane ne représentent que 33,12% ; le reste
utilise soit du bois de chauffe (39,37%) ou du charbon de bois (27,5%).
II_2.7- Mode d'évacuation des ordures
L'assainissement de la commune ne semble pas être une
priorité à ce que l'on voit car de nombreux domaines restent sans
plan de développement : le traitement des eaux usées, la
141 La société privée d'eau BADCOM ne couvre
qu'une seule zone : Béguédo-centre. Donc les huit autres villages
n'y ont pas accès rendant ainsi son taux d'abonnement très
faible.
142 La plupart des puits que nous avons visités ne sont
pas protégés et donc exposés à l'air libre.
91
construction des toilettes publiques/privées ou encore
le traitement des ordures. Quand on prend le traitement des ordures, de
nombreux progrès restent à faire par les ménages pour
assainir leurs foyers. En effet, seulement 28,75% des ménages avec des
émigrés ont une poubelle privée où stocker leurs
ordures de ménage avant de les détruire contre 25,62% dans les
ménages sans émigrés. Ensuite 40% des familles ayant des
émigrés font l'effort d'aller stocker leurs ordures dans les
poubelles publiques aménagés par quartier/secteur contre 31,25%
des familles n'ayant pas d'émigrés. Enfin, pour les concessions
qui font des coins de la rue leur dépotoirs d'ordures, on en compte
31,25% dans les familles avec émigrés contre 43,12% des familles
sans émigrés. Bref, des initiatives doivent être prises
pour changer les attitudes des ménages et les rendre beaucoup plus
sains.
II_3. Biens et équipements des ménages
Tableau 10 : Quelques biens et équipements des
ménages enquêtés à Béguédo.
Nature du bien
|
Ménage n'ayant pas Ménage ayant
des
d'émigrés
émigrés
|
Moyenne
|
|
1. Biens d'équipement (en %)
|
|
Radio
|
19.60 7.62
|
13.61
|
Télévision
|
15.65 29.87
|
22.76
|
Ordinateur
|
9.25 5.48
|
7.36
|
Matelas
|
12.10 11.58
|
11.84
|
Meubles
|
5.33 13.11
|
9.22
|
Chaises en bois/plastiques
|
37.36 27.74
|
32.55
|
Réfrigérateur
|
0.71 4.57
|
2.64
|
|
2. Principal moyen de déplacement (en
%)
|
|
Pieds
|
14.38 2.5
|
8.44
|
Bicyclette
|
17.5 8.75
|
13.12
|
Mobylette
|
40 53.12
|
46.56
|
Moto tricycle
|
8.12 10.62
|
9.37
|
Voiture
|
20 25
|
22.50
|
|
3. Possession d'appareil téléphonique (en
%)
|
|
Dispose d'un cellulaire
|
88.75 99.38
|
94.06
|
Ne dispose pas de cellulaire
|
11.25 0.62
|
5.93
|
92
|
|
4. Accès à internet (en %)
|
|
Utilisateurs d'internet
|
|
67 90
|
78.50
|
Non utilisateurs d'internet
|
|
33 10
|
21.50
|
|
5.
|
Coût de la connexion mensuelle (en %)
|
|
Moins de 5.000 F.CFA
|
|
66.66 33.33
|
49.99
|
Entre 5.000 et 15.000 F.CFA
|
|
27.77 52.77
|
40.27
|
Plus de 15.000 F.CFA
|
|
5.55 13.88
|
9.74
|
|
|
6. Accès à un emploi (en %)
|
|
Inactifs
|
|
2.5 11.87
|
7.18
|
Salariés du secteur public
|
|
0.62 0.62
|
0.62
|
Salariés du secteur privée
|
|
4.37 0
|
2.18
|
Travailleurs indépendants
|
|
92.51 87.51
|
90.01
|
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019.
II_3.1- Biens d'équipement
Toutes les familles enquêtées, qu'elles aient un
membre à l'extérieur ou pas, possèdent des biens
d'équipement dans leurs concessions. Seulement, la différence
réside dans la quantité, la qualité et la valeur du bien.
Ainsi, le bien le plus présent dans les ménages sont les chaises
en bois ou en plastique (32,55%) et le bien le moins utilisé dans les
ménages est le réfrigérateur (2,64%). Plus le
ménage n'a pas de fortes conditions économiques, plus ses biens
sont limités. En effet, quand on prend un outil comme la
télévision, 29,87% des ménages ayant des
émigrés en possèdent contre 15,65% des ménages sans
émigrés. Un autre exemple, c'est celui des meubles où
13,11% des familles ayant des émigrés en possèdent contre
5,33% de l'autre côté. Quant au réfrigérateur, lui
il est présent dans 4,57% des ménages avec émigrés
contre 0,71% de ménages sans émigrés. La balance penche
encore du côté des familles ayant des émigrés.
II_3.2- Principal moyen de déplacement143
Avec 46,56% des ménages, la mobylette est le moyen de
déplacement le plus utilisé dans les ménages de la
commune. Le reste des ménages utilise leurs pieds, leurs bicyclettes,
leurs tricycles ou leurs voitures pour se déplacer. Bien plus souvent,
le moyen de déplacement utilisé par le Chef de ménage
témoigne de ses conditions de vie économique. Ainsi, les CM
n'ayant pas
143 Jl y a des chefs de ménage qui possèdent
plusieurs moyens de déplacement dans leur ménage mais c'est le
moyen de déplacement le plus utilisé qui a été
retenu ici.
93
d'émigrés se déplacent beaucoup plus
à pied (14,38%) que les CM ayant des émigrés dans leurs
ménages (2,5%). Aussi la bicyclette est plus utilisée par les CM
n'ayant pas d'émigrés (17,5%) que par ceux ayant des
émigrés (8,75%). Quand on arrive à la mobylette, la
tendance change puisque 53,12% des CM ayant des émigrés utilisent
la mobylette contre 40% de ceux n'en ayant pas. Pour la moto tricycle, 10,62%
des ménages avec émigrés la possèdent contre 8,12%
des ménages sans émigrés. Enfin 25% des CM ayant des
émigrés ont une voiture contre 20% des CM n'ayant pas
d'émigrés.
II_3.3- Possession d'appareil téléphonique
En ce XXIe siècle, on dirait qu'il est
quasiment impossible de vivre sans téléphone au regard de son
utilité mais hélas, à Béguédo des familles
n'ont toujours pas accès à cet outil de communication. En effet,
dans les familles ayant des émigrés, la quasi-totalité des
CM (99,38%) utilise des téléphones contre seulement (0,62%) qui
n'en utilise pas. Par contre dans les familles n'ayant pas
d'émigrés, la situation reste un peu difficile avec 88,75% des CM
possédant des téléphones contre 11,25% ne possédant
pas de téléphone.
II_3.4- Accès à internet
Si toutes les familles ne peuvent pas s'offrir des
téléphones, il est fort probable que toutes les familles n'aient
pas accès à internet. En effet, sur les 160 ménages ayant
des émigrés, sauf 10% n'ont pas accès à internet
sinon le reste (90%) surfe sur internet. Cependant, dans les 160 autres
ménages sans émigrés, seulement 67% ont accès
à internet et les 33% restants sont sans connexion.
II_3.5- Coût de la connexion mensuelle
Une chose est d'avoir accès à internet mais une
autre est d'en avoir les moyens pour se procurer des passes (forfaits
internet). Des fois, votre régularité sur internet est fonction
de votre capacité financière à avoir en permanence des
forfaits internet. A Béguédo quand on compare les internautes,
les internautes ayant des émigrés dépensent plus pour
l'achat des forfaits internet que les internautes n'ayant pas
d'émigrés. Pour preuve, c'est seulement 33,33% des CM ayant des
émigrés qui achètent chaque mois des forfaits internet
à moins de 5.000 francs contre 66,66% des CM n'ayant pas
d'émigrés. Mais quand on passe aux CM qui consacrent entre 5.000
et 15.000 francs comme frais de connexion par mois, ce sont 52,77% des CM ayant
des émigrés qui le font
94
contre 27,77% des CM sans émigrés.
L'écart existe encore quand on arrive aux CM qui dépensent plus
de 15.000 francs par mois pour leur connexion : c'est 13,88% des CM avec
émigrés contre seulement 5,55% des CM n'ayant pas
d'émigrés.
II_3.6- Accès à un emploi
Parmi les 320 ménages enquêtés, nous avons
rencontré très rarement des CM inactifs (7.27%). Et ces CM
inactifs sont soit des élèves/étudiants soit des femmes
ménagères qui vivent grâce aux transferts de fonds des
émigrés de leurs familles. Le reste des CM sont soit des
salariés de la fonction publique (0,62%) ; soit des salariés du
privé (2,18%) ou soit des travailleurs indépendants (90,01%). A
Béguédo, que vous ayez des émigrés dans votre
famille ou non, les chefs de ménage ont pour la plupart un métier
qui leur permette dans un premier temps de subvenir à leurs besoins
fondamentaux qui sont l'alimentation, la santé et le logement. Quant au
faible taux de salariés publics, il s'explique par le fait que nous
avons rencontré très peu dans notre échantillon (2
salariés) au regard du statut de "petite commune rurale" qu'a la
ville.
95
Encadré 2 : écarts du niveau de vie
économique des ménages
La comparaison des deux types de ménage (ménages
ayant des émigrés versus ménages n'ayant pas
d'émigrés) de notre étude a fait ressortir d'importantes
différences sur leurs conditions économiques. Des variables comme
l'habitat, l'accès à l'eau potable, l'accès à
l'alimentation, l'énergie de cuisson des aliments, les moyens de
déplacement ou encore l'usage de la connexion internet nous ont permis
de comprendre que les familles qui avaient ne serait-ce qu'un membre à
l'extérieur, jouissent de conditions de vie meilleure que les familles
ne comptant pas d'émigrés dans leur rang. En chiffre, ça
donne ceci :
Quand on analyse l'habitat, les ménages
bénéficiant de l'aide financière des émigrés
ont un meilleur habitat que les ménages n'en bénéficiant
pas. Ceci se constate sur le choix des murs de l'habitat (en ciment ou en
béton), sur le choix du toit (en tôle) et enfin sur le
modèle de l'habitat (villa ou logement à plusieurs appartements).
Les ménages ayant des émigrés prennent le dessus avec au
moins un écart de 10% ;
Après l'habitat, c'est sur l'accès en eau
potable de boisson que les ménages ayant des émigrés font
la différence : 86,88% pour les foyers avec émigrés contre
54,37% pour les foyers sans émigrés ;
Quant à comparer les capacités nutritionnelles
de chaque famille, les familles ayant des émigrés semblent se
nourrir deux fois plus que celles n'ayant pas d'émigrés car 62,5%
d'entre eux ont accès à trois repas par jour contre 31% de
l'autre côté ;
C'est le même constat quand l'objet de comparaison est
l'énergie utilisée pour la cuisson des aliments : 73,12% des
ménages ayant des émigrés utilisent le gaz butane pour
cuir leurs aliments contre 33,12% des ménages n'ayant pas
d'émigrés ;
Si l'on part du principe que les moyens de déplacement
les plus commodes sont la mobylette et la voiture, alors les ménages
ayant des émigrés ont un pouvoir d'achat supérieur
à ceux n'ayant pas d'émigrés car 78,12% des CM se
déplacent grâce à ces deux engins contre 60% de CM n'ayant
pas d'émigrés ;
Un dernier objet de comparaison est celui de la connexion
internet : 90% des CM ayant des émigrés se connectent à
internet contre seulement 67% du côté des CM sans
émigrés. Aussi les CM ayant des émigrés allouent
beaucoup d'argent à l'achat de forfaits de connexion que les autres
CM.
|
96
Chapitre VI : Fonds et investissement dans la commune de
Béguédo
La commune rurale de Béguédo alimente son
économie grâce à des sources de financements internes et
externes. Les fonds internes proviennent en général des secteurs
d'activités comme l'agriculture, l'élevage et le commerce. Quant
aux fonds externes, ils proviennent des partenaires financier et technique de
la commune et de l'émigration des fils et filles de la commune. Mais
dans le cadre de cette étude, il est question d'analyser les transferts
de fonds effectués par les émigrés de
Béguédo dans un premier temps. Et dans un second temps, nous
présentons les différents investissements réalisés
à Béguédo grâce aux fonds
transférés.
I_ Les envois de fonds des émigrés
à Béguédo
Les envois de fonds encore appelé transferts de
fonds, désignent généralement l'argent ou les
biens144 que les migrants envoient à leur famille et à
leurs amis dans leurs pays d'origine. Il arrive que ces transferts constituent
souvent le lien le plus direct et le plus connu entre migration et
développement. Le rapatriement de fonds dépasse largement l'aide
publique au développement depuis une dizaine d'années. Mais
avant, ces transactions devront passer par plusieurs canaux pour parvenir aux
destinataires. Ces canaux de transfert sont soit des canaux formels (banques,
institutions financières d'envois d'argent, téléphonies
mobiles, etc.) ou soit des canaux informels (les proches en voyage, l'insertion
dans des envois de matériels, etc.).
I_1. Volume des transferts à Béguédo
Tableau 11 : Fonds transférés dans les
ménages enquêtés de 2017 à 2019.
Années
|
Montant des transferts
|
Moyenne annuelle
|
2016-2017
|
28
|
400
|
000
|
61 552 333
|
2017-2018
|
44
|
129
|
000
|
2018-2019
|
112
|
128
|
000
|
TOTAL
|
184
|
657
|
000
|
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019
144 Dans le cadre de cette étude, nous n'allons pas
prendre en compte les transferts de bien (appareils
électroménagers, téléviseur, vêtements,
réfrigérateur, etc.) car nous manquons de compétences pour
estimer le coût de ces biens.
97
Sur les 160 ménages enquêtés et
classés comme des ménages ayant des émigrés, la
quasi-totalité des chefs de ménages (96,25%)145
reçoit des transferts de fonds chaque année en provenance
d'autres pays. Ces fonds reçus sont transférés de
façon irrégulière et le volume vari d'une famille à
une autre et d'une année à une autre. Les principales allocations
de ces fonds transférés sont la construction de logements sociaux
(40%), la gestion de la famille (25%) et pour d'autres occasions (35%).
Partant du tableau ci-dessus, on voit que c'est en moyenne
61 552 333 francs CFA qui sont transférés chaque
année à Béguédo de 2017 à 2019. Quant au
volume annuel perçu par notre échantillon de ménages
à Béguédo, il est évalué à
112 128 000 millions de francs CFA pour la période
2019-2018. Ce volume est en croissance linéaire car il a quitté
de 28 400 000 entre 20172018 pour atteindre les 112 128 000 en 2019. Cette
croissance du volume des transferts s'explique par « l'augmentation
des émigrés dans les familles ; l'amélioration des
conditions de travail à l'étranger et l'augmentation du sens de
redevabilité des émigrés envers leurs familles d'origine
» selon S.A.K, ancien émigrant en Italie.
Ajoutons que cette croissance du volume des transferts peut se justifier par le
fait que plus nous avons reculé dans le temps pour récolter les
données auprès des CM, plus nous avons constaté qu'ils
oubliaient le montant exact des fonds reçus. Conséquence,
après les deux récentes années, plus de la moitié
des familles ne se souvenaient plus du montant reçu de la part de leurs
émigrés.
Par ailleurs, il faut noter que la Banque Mondiale a
estimé en 2019, à 476 millions de dollar américain
(environ 263 milliards de francs CFA) les transferts de fonds des migrants vers
le Burkina Faso146. Malheureusement, notre échantillon
représentatif sur les ménages enquêtés à
Béguédo ne nous permet pas d'établir une comparaison avec
les données nationales (10% du nombre total de ménages
enquêtés). Cette comparaison allait nous montrer la proportion des
transferts de fonds de Béguédo par rapport aux transferts de
fonds en destination du Burkina Faso en général. Aussi,
même si tous les ménages de la commune avaient été
enquêtés, les données resteraient limitées car
Béguédo ne représente qu'une seule commune parmi les 301
communes rurales que compte le pays.
145 Ce pourcentage correspond à 154
ménages sur 160 bénéficiant des transferts de fonds. Les 6
familles qui ne reçoivent pas de transfert des émigrés
s'explique par le fait que soit l'émigré est parti de
Béguédo il y a moins de 3 mois soit parce qu'il a des
difficultés à trouver du travail dans son pays
d'arrivée.
146 World Banque International, October
2020, Inward Remittance flows, excel sheet.
98
Graphique 5 : Répartition des fonds
transférés à Béguédo lors des cinq (05)
dernières années.
160000 000
112128 000
44129 000
28400 000
1800 000 2100 000
140000 000
120000 000
100000 000
80000 000
60000 000
40000 000
20000 000
-
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019.
2014015 20152016 2
I_2. Pays de provenance des fonds
Tableau 12 : Répartition en % des fonds reçus
selon le pays et le continent de provenance (20182019)
PAYS
|
Pourcentage
|
Total
|
EUROPE
|
Belgique
|
0,40
|
43,65
|
France
|
0,40
|
Italie
|
42,06
|
Norvège
|
0,40
|
Turquie
|
0,40
|
AFRIQUE
|
Algérie
|
14,68
|
56,35
|
Angola
|
0,79
|
Cameroun
|
0,79
|
Côte d'Ivoire
|
2,38
|
Egypte
|
0,4
|
Gabon
|
22,22
|
Ghana
|
0,4
|
Guinée
|
11,51
|
Guinée équatoriale
|
1,59
|
Libye
|
1,19
|
Togo
|
0,4
|
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019
99
La moitié des fonds reçus par les ménages
enquêtés provient du continent africain (56,35%)
représenté par des pays comme le Gabon ou l'Algérie. Mais
quand on compare les pays de provenance, c'est l'Italie qui est le premier
pourvoyeur de fonds avec 42,06% des fonds reçus. Ceci
s'explique par le fait que l'Italie soit une destination historique des
Burkinabè en général et des habitants de
Béguédo en particulier. L'Italie est suivie de loin par le Gabon
avec 22,22% des fonds reçus à Béguédo. Enfin, plus
de neuf (09) pays sur les seize (16) ont un pourcentage inférieur
à 1% des fonds transférés.
Graphique 6 : Répartition en % des fonds reçus
selon le pays d'envoi (2018-2019).
|
22,22
|
|
14,68
|
|
|
|
11,51
|
|
|
2,38
|
|
1,59
|
|
|
|
1,19
|
|
|
|
0,79
|
|
0,79
0,40
|
|
0,40
|
|
|
|
0,40
|
|
|
42,
|
0,40
0,40
0,40
|
|
|
|
0,40
|
|
- 5,00 10,00 15,00 20,00 25,00 30,00 35,00 40,00 45,00
6
Gabon
Algérie
Guinée Conakry
Côte d'Ivoire
Guinée Equatoriale
Libye
Cameroun
Angola
Togo
Ghana
Egypte
Italie
Norvège
Turquie
France
Belgique
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019
I_3. Caractéristiques des émigrés
Tableau 13 : Caractéristiques des émigrés de
la commune de Béguédo.
|
SEXE
|
|
AGE
|
Masculin
|
212
|
Nombre
|
%
|
%
|
84,80
|
Moins de 20 ans
|
11
|
4,40
|
Féminin
|
38
|
20-40 ans
|
216
|
86,40
|
%
|
15,20
|
40-60 ans
|
21
|
8,40
|
|
Plus de 60 ans
|
2
|
0,80
|
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019
100
Les hommes sont les plus nombreux parmi les
émigrés à rapatrier des fonds à
Béguédo, soit 84,80% d'hommes contre 15,20% de femmes. Cet
écart se justifie par le fait que les hommes émigrent beaucoup
plus que les femmes.
Quant à l'âge des sexes des
émigrés, la majorité d'entre eux a un âge compris
entre 20 et 40 ans (86,40%). Ensuite vient la tranche des 40 à 60 ans
(8,40%) ; des plus de 60 ans (0,80%) et enfin la tranche des moins de 20 ans
(4,40%). Si la plupart des émigrés ont entre 20 à 40 ans,
c'est parce selon Jean Marie Bambara (commerçant à
Béguédo) que « les employeurs à
l'extérieur préfèrent embaucher des jeunes virils et
physiquement bien portants que d'employer des hommes un peu vieux ou trop jeune
».
I_4. Canaux de transfert des fonds
La voix par laquelle les émigrés de
Béguédo passent pour venir en aide à leurs familles ou
pour investir dans la ville est appelée canal de transferts de fonds. On
distingue plusieurs canaux de transferts de fonds regroupés en deux
grands groupes : les canaux formels et les canaux informels.
I_4.1- Les canaux formels
Les émigrés privilégient les canaux
formels lors de leur rapatriement de fonds car ces canaux sont simples,
sûrs et rapides. Toutefois, les frais de transfert sont souvent
très chers ; ce qui amène d'autres émigrés à
passer par des voix informelles pour envoyer leurs fonds. Parmi les canaux de
transferts formels, on retrouve :
§ Les banques : Coris Bank ; Ecobank, Société
Général, Banque atlantique, etc.
§ Les transferts instantanés : Western union,
Ria, Money gram, Rapid transfert, Wari, Transfert SONAPOST, etc.
§ Les sociétés de transfert mobile :
Mobicash, Orange money, Yup, Coris money ; etc.147
I_1.2- Les canaux informels
Une partie des fonds transférée à
Béguédo ne ressort pas dans les données statistiques de
rapatriement de fonds car ces fonds passent par des canaux informels. Les
objectifs des émigrés
147 Dans le cadre de notre étude, nous
n'avons pas pu collecter des données quantitatives sur les transferts
d'argent via les canaux formels.
101
en utilisant les canaux informels sont selon les
émigrés d'éviter le payement des frais de transaction ; de
profiter du retour d'un émigré au pays ; d'éviter les
contrôles des cartes de séjour en se rendant en ville ; etc.
Quelques exemples de canaux informels de rapatriement :
§ Les compagnies de transport terrestre et aérien
disposant d'un service courrier ;
§ Les voyageurs : qui sont les personnes désirant
rentrer en famille pour un séjour ;
§ Le mandat postal : disparu en 2018, il permettait
d'envoyer et de recevoir des fonds sans passer par la banque et sans frais de
retrait ;
L'envoi d'argent en espèce par des proches rentrant au
pays ne ressort pas dans les statistiques officielles de rapatriement d'argent.
Et selon l'Organisation de Coopération et de Développement
Economique (OCDE), ces transferts informels pourraient représenter
35% à 75% des flux financiers comptabilisés, en fonction d'une
région à une autre.
102
II_ Les investissements des émigrés
à Béguédo
Les fonds rapatriés par les émigrés
à Béguédo en provenance de plusieurs pays d'Afrique et
d'Europe sont alloués à deux types d'investissement : les
investissements individuels et les investissements collectifs.
II_1. Les investissements individuels
Tableau 14 : Répartition en % des fonds reçus
selon le motif économique.
MOTIFS ECONOMIQUES
|
PROPORTION EN %
|
Investissements immobiliers
|
40
|
Consommation courante
|
24.81
|
Education
|
16.67
|
Evènements familiaux/religieux
|
Festivités
|
8.15
|
|
0.74
|
Autres investissements individuels
|
Santé
|
5.93
|
|
1.85
|
|
1.48
|
|
0.37
|
TOTAL
|
100
|
|
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019
On parle d'investissements individuels lorsque les fonds
envoyés par l'émigré sont destinés à
répondre uniquement à un ou plusieurs besoins de sa famille
d'origine ou au lancement d'une activité. Parmi ces besoins, on peut
citer la consommation courante, la santé, l'éducation,
l'investissement immobilier ou encore les évènements
religieux.
II_1.1- Les investissements immobiliers
Les investissements immobiliers ou encore les constructions
de logements sociaux constituent le premier motif de transfert de fonds vers
Béguédo car ils représentent 40% des
fonds rapatriés. En effet, investir dans l'immobilier semble être
le premier souci des émigrés une fois qu'ils obtiennent un
travail. « Tous les émigrés rêvent de construire
des habitats descends et
103
durables pour les familles car c'est le premier signe de
réussite de la famille. » selon B. F., agent
retraité de la préfecture.
Si les émigrés investissent tant dans la
construction ou la réhabilitation de bâtiments, c'est aussi pour
soutenir la mairie dans son objectif de faire de Béguédo une
ville moderne et attractive. Et vue que l'urbanisation d'une ville passe
en grande partie par les investissements immobiliers, alors les
émigrés ne ménagent aucun effort à s'y donner.
Grâce à ces investissements, Béguédo de nos jours
n'affiche plus l'image d'une simple communale rurale éloignée de
la capitale burkinabè mais plutôt l'image d'une ville en pleine
croissance. En rappel, ces constructions de logement sont
réalisées en grande partie par les familles ayant des
émigrés.
II_1.2- La consommation courante
Après les investissements dans l'immobilier, vient la
consommation courante avec 24,81% des fonds reçus
à Béguédo. Il faut entendre par consommation courante
l'ensemble des besoins familiaux nécessitant un financement. Parmi ces
besoins, on peut citer :
§ La restauration des membres de la famille de
l'émigré avec deux ou trois repas quotidiens en fonction des
moyens de chaque CM ;
§ L'équipement des logements avec des appareils
électroniques (téléphone, télévisions,
radios, etc.), des appareils électroménagers (foyer de cuisine,
four électrique, etc.), des meubles, etc. ;
§ L'acquisition en vêtements et en chaussures, la
gestion des dépenses imprévues.
II_1.3- L'éducation
L'éducation ou la scolarisation des enfants à
Béguédo occupe la troisième place des motifs
économiques de transfert de fonds avec 16,67% des fonds
reçus par les familles. Ceci atteste de l'engouement qu'ont les
émigrés à l'égard de la scolarisation de leurs
enfants, les frères et soeurs, leurs cousins, etc. Cet appui à
l'éducation contribue à diminuer l'envie des jeunes à
aller à l'aventure selon les propos de Monsieur Noro BARA, Maire par
intérim de la commune de Béguédo. K. A,
étudiant à Ouagadougou, nous racontait ceci : « Si je
n'avais pas des oncles et des frères à l'extérieur
actuellement, je n'aurai pas pu poursuivre mes études car
j'allais
104
chercher à aller en aventure. Mais aujourd'hui, je
n'ai aucune envie de quitter le pays sans avoir terminer mes études
». (Béguédo, mai 2019)
On peut retenir de ces témoignages que l'appui des
émigrés à l'éducation des membres de la famille
contribue énormément à l'élévation du taux
d'alphabétisation des jeunes de la commune148.
II_1.4- Les évènements familiaux ou religieux
La quatrième place dans l'allocation des fonds
rapatriés par les émigrés est occupée par les
évènements familiaux et religieux à hauteur de
8,15% des fonds reçus. Ainsi, l'aide financière
des émigrés est sollicitée par le CM lors des
événements tels que les mariages, les baptêmes religieux,
les funérailles, les fêtes religieuses, les fêtes
nationales, etc. Les évènements religieux et familiaux sont des
évènements temporaires.
G. M déclara que c'est «
Grâce à mes enfants qui sont à l'extérieur
(Gabon et Algérie), je ne suis plus stressé dans l'organisation
des fêtes. Chacun de mes fils m'envoient une somme suffisante pour les
fêtes ». On retient de là que les émigrés
contribuent énormément au bien-être des ménages en
leur offrant de meilleures conditions de vie.
Béguédo étant une ville à
majorité musulmane, le pèlerinage à la Mecque est le
désir ultime de la plupart des CM. Et pour arriver à accomplir ce
désir qui coûte des millions de francs CFA, les CM sont
obligés de demander l'aide à leur fils. C'est ainsi que
0,74% des fonds rapatriés servent à
exécuter ce pilier de l'islam. « Si je meurs aujourd'hui, je
n'aurai aucun regret car grâce à mes enfants en Italie j'ai pu
accomplir le dernier pilier de l'islam qui me restait : le pèlerinage
à la Mecque » dixit B. H.
II_1.5- Autres investissements individuels
Les fonds rapatriés à Béguédo ne
servent pas uniquement à subvenir aux investissements immobiliers, aux
besoins de consommation, aux besoins d'éducation. Ces fonds permettent
de prendre en charges d'autres charges financières des ménages.
En effet, 5,93% des fonds rapatriés sont alloués
à la santé des ménages ayant des émigrés.
Vient ensuite l'achat de moyens de
148 Nos recherches ne nous ont pas permis d'obtenir des
données chiffrées sur le taux d'alphabétisation de la
commune de Béguédo.
105
déplacement (souvent plus de trois motos/voitures dans
les ménages) 1,85%. Le reste des fonds est
alloué au petit commerce (1,48%) et la
réhabilitation des logements sociaux (0,37%). Les
émigrés soutiennent massivement le commerce local en aidant leurs
familles à installer ou à agrandir les activités
commerciales. A titre de témoignage, S.!, un marchand
à Béguédo nous disait ceci : « C'est grâce
à mon frère qui est en Italie que j'ai pu ouvrir mon magasin de
matériaux de construction. Il m'a envoyé 5 000 000 au
début et 2 000 000 l'année qui a suivi ». A partir des
années 2000, les émigrés se lancent dans le commerce
international à travers l'exportation de marchandises de l'Italie vers
le Burkina Faso. Ces marchandises couramment appelées «
France-aurevoir » sont composées de matelas, de vélos, de
voitures, d'appareils électro-ménagers, des appareils
électriques, des vêtements ou encore des chaussures. Les
bénéfices issus de ce commerce sont transformés le plus
souvent en épargne selon S.!.
Graphique 7 : Répartition en % des fonds reçus
selon le motif économique.
Evènements religieux
8%
Scolarisation
17%
Achat de motocyclette
2%
Santé
6%
Gestion familiale
25%
Commerce
1%
Pèlerinage Réhabiliation
1% 0%
Construction de logements
40%
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019.
106
II_2. Les investissements collectifs
En dehors du fait que chaque migrant, une fois
installé à l'étranger, cherche à améliorer
les conditions de vie de sa famille d'origine ; il faut noter que ces
mêmes migrants contribuent encore dans le développement de toute
la commune à travers des investissements collectifs. Ces investissements
touchent des domaines tels que l'éducation, la santé,
l'administration, etc.
Toutefois, dans le but d'aligner les investissements aux
besoins réels des populations, les émigrés vont se
réunir en plusieurs associations en fonction de leurs pays d'accueil.
Ces associations travailleront en étroit lien avec le Conseil municipal
de Béguédo.
II_2.1- Les associations de développement à
Béguédo
Plusieurs associations ont été
créées à Béguédo avec pour principal but de
contribuer au développement socio-économique de leur village
d'origine. Parmi ces associations, on peut citer :
§ L'Association des Ressortissants de
Béguédo en Italie en abrégé ARBI :
fondée par le premier émigré de Béguédo en
Italie : Moustapha BARA, il crée l'ARBI en 1989 à Rome, Italie.
Aujourd'hui à sa tête Monsieur Abdoul Salam BARA, l'objectif de
cette association est de promouvoir la solidarité des fils de
Béguédo en Italie à travers l'esprit d'assistance et
d'entraide mutuelle et la contribution au développement de la ville de
Béguédo. L'ARBI compte de nos jours selon son président
900 à 1 000 membres actifs avec une contribution annuelle de 25€
(environ 16 000 francs CFA) chacun. L'ARBI, avec ses 30 ans d'existence est
l'association la plus figurante en termes d'investissements socio-culturels et
le premier bailleur de fonds de la commune ;
§ L'Association des Jeunes Patriotes de
Béguédo (AJPB) : créée en 2016,
cette association vise à mobiliser les jeunes de Béguédo
dans la réalisation des projets de développement de la commune ;
à cultiver le sens du civisme et de la citoyenneté auprès
de la jeunesse ; à sensibiliser la jeunesse sur l'excision, le mariage
précoce, l'émigration clandestine, le grand banditisme, etc.
Depuis sa création en 2016, l'AJPB a organisé des
activités telles que de multiples journées de salubrité
dans les établissements de santé de la commune. Elle organise en
plus des activités de reboisements dans les écoles, les centres
de santé ou encore le commissariat de Béguédo. Des
conférences, des formations, et des activités de sensibilisation
sont organisées chaque année à Béguédo par
l'AJPB. Tout récemment, avec la pandémie de Covid19,
l'Association des Jeunes Patriotes de Béguédo a fait des dons de
matériels de protection à toutes les structures publiques de la
commune. Cette association est actuellement dirigée par le jeune
patriote Adama BARA.
L'ARBI et l'AJPB entretiennent de très bonnes
relations surtout de complicité, l'une pourvoyeuse de fonds et l'autre
pourvoyeuse de ressources humaines quantitative et qualifiée.
§ D'autres associations existent mais de façon
informelle : ce sont l'Association des Ressortissants de Béguédo
au Gabon, en Guinée, Solidarité Italie-Béguédo,
etc.
107
II_2.2- Les investissements des émigrés de
Béguédo
Tableau 14 : Inventaire des investissements communautaires des
émigrés à Béguédo.
Nature de l'investissement
|
Année de réalisation
|
Coût
(estimatif) francs CFA
|
Poids de l'investissement
|
1. EDUCATION
|
Construction d'une école primaire à 3 classes
|
1993
|
5 000 000/an
|
Totalité
|
Construction de nouvelles écoles de 3 classes
|
En
continue
|
10 000 000/an
|
Extension des écoles de 3 à 6 classes
|
Equipement de salle de classes en table-bancs
|
Dotations en fournitures scolaires
|
Réhabilitation des écoles
dégradées
|
Aménagement du bâtiment de l'inspection
|
Dotation en salle d'informatique du Lycée
|
2. SANTE
|
Extension du CSPS de Béguédo-centre en CM
|
2012
|
300 000 000
|
Totalité
|
Equipement du CM en matériaux médico-technique
|
Annuel
|
-
|
Totalité
|
Dons d'ambulance au CM
|
En
continue
|
-
|
Totalité
|
Contribution à la construction du CSPS de Fingla
|
-
|
-
|
En partie
|
Contribution à la construction du CSPS de Diarra
|
En cours
|
-
|
En partie
|
3. SOCIO-CULTUREL
|
Réalisation d'un complexe culturel et sportif
|
En cours
|
200 000 000
|
Totalité
|
Réalisation de dizaines de forage
|
Annuel
|
10 000 000
|
Totalité
|
Accompagnement aux projets d'agriculture, élevage
|
Annuel
|
-
|
En partie
|
Partition à divers évènements
socio-culturels
|
Annuel
|
-
|
En partie
|
4. RELIGIEUX
|
Réhabilitation de la cour royale
|
-
|
-
|
En partie
|
Constructions de mosquées de quartier
|
-
|
-
|
Totalité
|
Construction d'une grande mosquée de type R+1
|
En cours
|
300 000 000
|
Totalité
|
Appui pour les pèlerinages annuels à la Mecque
|
Annuel
|
20 000 000
|
En partie
|
5. PUBLIC
|
Construction de la préfecture et du commissariat
|
1991
|
12 000 000
|
En partie
|
Financement du lotissement de la commune
|
1997
|
15 000 000
|
En partie
|
Contribution à la construction de la mairie de
Béguédo
|
-
|
|
En partie
|
Contribution à la construction d'une gare
routière
|
En cours
|
|
En partie
|
Aménagement de la voirie Béguédo centre-
Fingla
|
2007
|
1 150 000
|
Totalité
|
Source : Enquête terrain d'août à
septembre 2019149
149 Une partie des données ont été fournies
par le site officiel de l'ARBI,
https://www.associazionearbi.it/fr/home
consulté en avril 2021.
108
Les grands investissements à Béguédo ont
été réalisés en grande partie par l'ARBI à
travers ses fonds propres ou en co-finançant l'investissement avec la
Mairie et ses partenaires. Ainsi, les investissements réalisés
concernent plus les domaines suivants :
a) Domaine de l'éducation : l'éducation
étant le socle de développement de toute nation, de nombreux
investissements y sont faits chaque année par la Mairie à travers
ses partenaires. La construction d'écoles primaires de 3 classes,
l'équipements de salles de classes en table bancs, dotations en
fournitures scolaires, la réhabilitation des écoles
dégradées et la réhabilitation de l'inspection
d'enseignement primaire sont entre autres les investissements de l'ARBI
pratiquement chaque année dans le secteur éducatif (voir Annexe
Photos n°2-4). « Nous allouons plus de 10 millions chaque
année pour aider nos enfants à bénéficier d'une
éducation de qualité » dixit le Président de
l'ARBI, Monsieur Abdoul Salam BARA. Le lycée lui a été
doté d'une salle informatique ;
b) Domaine de la santé : ici les investissements sont
énormes et ont débuté depuis 2006 avec l'idée de
construction d'un nouveau centre de santé. Ainsi en 2012, l'ARBI a pu
réaliser l'extension du CSPS en Centre Médical (CM) à
hauteur de 300 millions de francs CFA sur une aire de 680 m2. Cette
extension a permis de disposer d'une salle d'opération chirurgicale, une
salle d'accouchement, une salle de consultation dentaire, une salle
d'électrophorèse, une salle de fibroscopie, une salle
d'échographie, et un laboratoire d'analyse. Des matériaux
médico-techniques (électrocardiogramme, lits, gans, seringues,
etc.) et plus de 4 ambulances ont été fournis également
(voir Annexe Photos n°5-12). L'ARBI a contribué également
à la construction du CSPS de Fingla et celui de Diarra (en cours).
Parallèlement depuis 2006, plus de 250 interventions chirurgicales ont
été effectuées dans le centre de santé avec l'appui
de quelques bénévoles italiens qui viennent chaque année
à Béguédo ;
c) Domaine socio-culturel : un complexe culturel et sportif
(de 8 000 m2) a été érigé à
Fingla et à coûter en tout 200 millions de francs CFA à
l'ARBI selon son Président (voir Annexe Photos n°13-15). La
réalisation d'une dizaine de forage dans les villages de la commune et
un important appui au secteur de l'agriculture, de l'élevage et de la
pêche avec des outils et méthodes de travail moderne sont à
mettre au compte de l'ARBI. Cette association soutient également les
évènements heureux ou malheureux des autorités
administratives, coutumières et religieuses de la commune. A titre
d'exemple, elle a pris en charge la défunte Maire depuis ses moments de
maladie jusqu'à ses obsèques ;
109
d) Domaine religieux : l'ARBI a contribué à la
réhabilitation de la cour royale ; à la construction de
nombreuses mosquées de quartiers, et à la construction d'une
grande mosquée de type R+1 à hauteur d'au moins 300 millions de
francs CFA (voir Annexe Photos n°16-17). Elle alloue un budget chaque
année pour la prise en charge du pèlerinage à la Mecque
d'un certain nombre de fidèles musulmans ;
e) Domaine public : l'ARBI a contribué à la
construction de la préfecture et du commissariat en 1991.
Récemment, elle a contribué à la construction de la Mairie
de Béguédo ou encore d'une gare routière (en cours)
à Béguédo-centre (voir Annexe Photos n°18). On note
aussi les aménagements routiers afin de faciliter l'accès aux
différents villages tel l'aménagement de la voirie
Béguédo-centre-Fingla qui a coûté plus de 5 millions
de francs CFA.
110
III_ L'approche variée des migrations
internationales à Béguédo
La complexité du phénomène migratoire est
ressentie chez tous les acteurs qui y sont liés. Son importance dans la
vie des bénéficiaires semble ne plus à démontrer.
Toutefois, ses effets négatifs pèsent sur les populations
d'origine du phénomène. De ce fait, l'opinion des personnes
liées directement ou indirectement aux migrations internationales
à Béguédo, pourraient se révéler riche en
données.
Dans cette partie, nous présentons dans un premier
temps le point de vue des ménages enquêtés sur la question
migratoire. Dans un second temps, nous traitons de quelques effets
négatifs des migrations internationales sur la commune de
Béguédo.
III_1. L'approche variée des
migrations
En plus de l'approche que la communauté scientifique se
fait de la migration au Burkina Faso, nous avons voulu faire de cette
étude une connaissance des approches que se font les populations
touchées de près par ce phénomène
planétaire. Nous avons ainsi donné l'occasion à nos
enquêtés ainsi qu'à nos interviewés de donner leur
perception de la migration en toute sérénité. Il ressort
ainsi de ces entrevus que les populations locales ont une approche
bigarrée sur la question du phénomène migratoire. Les uns
pensent que le phénomène est bon, les autres qu'il est mauvais et
enfin le troisième groupe reste indifférent face à la
question.
Parmi les 320 Chefs de ménages avec lesquels nous avons
échangé, 13% d'entre eux pensent que la
migration est une pratique néfaste pour les jeunes de leur village et
ceux du Burkina Faso en général. Les arguments qui justifient
leur choix se présentent comme suit :
- La migration est une activité dangereuse car elle
peut entrainer des pertes en vies humaines lors du voyage ;
- Elle est source de fuite des cerveaux et bras valides du
pays au service des pays d'accueil. A côté il y a les migrants qui
abandonnent leur terre d'origine pour rester à l'étranger ;
- Elle est aussi source du fort taux d'abandon scolaire dans
la commune car l'aventure faisant rêver les plus jeunes, ils sont donc
préoccupés à trouver les voies et moyens pour s'y rendre
que de chercher à se former ;
111
- Le phénomène migratoire est également
source de développement de certains comportements juvéniles comme
l'addiction au tabac et/ou à l'alcool, l'impolitesse, l'abandon des
moeurs et coutumes au détriment de la civilisation soi-disant
"européenne" ;
- L'exposition à la xénophobie dans les pays
étrangers semble être une difficulté que rencontrent les
émigrés vivants loin de leurs terres ;
- L'augmentation des divorces, la dislocation de certaines
familles suite à des querelles entre frères, l'augmentation du
coût élevé de la vie à Béguédo, la
liste est longue.
Nonobstant toutes ces réalités, les jeunes de
Béguédo choisissent d'aller de "l'autre côté de
la mer" comme ils le disent. Ces jeunes qui y vont sont fortement soutenus
en témoigne le taux des chefs de ménages enquêtés
qui trouvent que la migration est une bonne chose : 46%. Pour
eux, seule la migration pouvait permettre d'améliorer les conditions de
vie sociale et économique de leurs familles. Ils s'expliquent par ces
points de vue :
- La migration est une source sûre et durable de revenus
pour les familles d'origine. Elle permet de subvenir aux besoins courants de la
famille mais aussi d'offrir des conditions de vie meilleures à ces
familles ;
- Elle contribue énormément à
réduire le taux de chômage chez les jeunes et donc à
repousser la pauvreté ;
- Elle permet d'accroître le développement
socio-économique des villes à travers les investissements
individuels et collectifs qui y sont faits ;
- Le phénomène migratoire éveille la
conscience des émigrés, apporte des nouvelles techniques et
méthodes de travail, etc. Ce sont là d'autres arguments
donnés par les CM pour soutenir leur position.
Quant au reste des chefs de ménages, 41%
du nombre total des CM, il préfère ne donner aucun avis
sur cette question liée au phénomène migratoire. La raison
de leur neutralité s'explique :
- soit parce qu'en étant un bénéficiaire
direct des fonds rapatriés par les émigrés, ils se voient
en mal de donner leur avis sur la question même s'ils reconnaissent la
dangerosité de la migration ;
112
- soit parce que n'ayant pas de membres à
l'étranger, ils pensent ne pas percevoir dans leurs ménages les
effets de ce phénomène.
III_2. Les effets négatifs de la migration sur
la commune de Béguédo
L'arbre ne doit pas cacher la forêt dit-on
très souvent. Les pratiques migratoires des Bissa de
Béguédo ont prouvé toute leur importance aux yeux de tous.
Les retombées financières sont énormes et contribuent au
développement communal de Béguédo. Toutefois, comme le
constatent certains chefs de ménages, il y a beaucoup d'effets
négatifs liés directement ou indirectement aux migrations
internationales.
L'un des premiers effets négatifs des migrations
internationales à Béguédo à l'échelle
sociale est l'apparition des inégalités sociales. En fait, les
ménages bénéficiant de la rente migratoire se
démarquent des ménages n'en bénéficiant pas
à travers le type de logement, les équipements, le moyen de
déplacement ou encore le train de vie économique. Une nette
hiérarchisation des couches sociales est visible. En outre, un
désintéressement pour l'école anime l'esprit des jeunes de
Béguédo. Les effets positifs de la rente migratoire sont
tellement frappants que les jeunes ne voient plus l'intérêt de
poursuite des études à débouchés incertains ou
à débouchés inférieurs à ceux de
l'émigration. Par conséquent, Irissa ZIDNABA constate que le
« la faible scolarisation des enfants est associés au
problème de déperdition scolaire. Les enfants abandonnent
l'école en milieu d'année. »150 En plus, on
constate malheureusement de nombreux divorces à Béguédo
suite à l'infidélité de certaines épouses.
Après leur mariage, les émigrés sont souvent contraints
d'abandonner leurs épouses et répartir seuls dans leur pays
d'accueil. La nouvelle mariée reste seule à
Béguédo, le temps que son époux trouve les documents
nécessaires avant que le couple ne se rejoigne. C'est dans cette
période d'attente (1 à 3 ans) que peut survenir
l'infidélité de la femme. La perte de certaines valeurs
culturelles bissa chez les descendants des émigrés sont
également un des problèmes engendrés par la migration
internationale des Bissa de Béguédo.
Sur le plan économique, on observe une inflation
anarchique du prix des produits de première nécessitées
à Béguédo. En effet, les « Italiens », avec leur
pouvoir d'achat élevé ont conduit les commerçants à
augmenter le prix des produits dans le but de se faire beaucoup plus de
150 ZIDNABA Irissa, 2016, p. 200.
113
bénéfices que dans une autre ville. La commune
n'étant pas constituée que de familles d'émigrés,
les autres familles subissent alors cette inflation
généralisée des produits.
Pour nous, au regard de l'ampleur du phénomène
et de ses retombées sur ses adeptes, l'interdiction aux populations de
migrer à l'étranger ne serait pas la solution adéquate.
Nous pensons que les discussions doivent tendre vers la recherche de solutions
idoines pour encadrer et consolider les pratiques migratoires au Burkina Faso.
Autrement dit, il faut que la politique nationale actuelle à travers la
Stratégie Nationale pour les Migrations puisse arriver à
contrôler, à encadrer, à orienter et à soutenir les
émigrés burkinabè dans leur projet migratoire. La diaspora
doit être prise en compte dans les grandes politiques nationales en tant
que partenaires externes de premier choix. En retour, cette vaste diaspora
mettra au service de leur pays d'origine leurs ressources financières,
leurs ressources relationnelles et leurs savoir-faire. C'est à partir de
ce moment que la migration et le développement socio-économique
ne feront que deux faces d'une même monnaie.
114
La partie qui évalue l'impact des migrations
internationales sur le développement de la commune de
Béguédo nous a permis dans un premier d'apercevoir les
caractéristiques des ménages ayant des émigrés et
ceux n'ayant pas d'émigrés. Une nette différenciation est
observée sur le plan social et économique. Les familles ayant des
émigrés bénéficient d'un statut social meilleur que
celui des familles sans émigrés. En plus, le niveau de vie
élevé des ménages ayant des émigrés est
assez stable. Cette situation entraine une inégalité entre les
deux types de ménages. Concernant les transferts de fonds et les
investissements réalisés à Béguédo, la
commune semble être un bon exemple de l'impact des migrations
internationales. Les transferts de fonds en direction de Béguédo
sont estimés à des centaines de millions par an. Dès lors
que ces fonds sont perçus, ils sont investis soit dans des besoins
familiaux soit dans des investissements socio-économiques et
communautaires en faveur des populations restées à
Béguédo. Cependant, les migrations internationales ont
entrainé avec elles des effets négatifs. Ce sont des effets
liés à la perte de certaines valeurs ethniques et culturelles, et
des multiples problèmes matrimoniaux. Si donc des sensibilisations
suivies des mesures adéquates ne sont pas prises, ces pratiques
migratoires pourront à long terme déstabiliser toute une
population et entraîner une perdition des peuples qui la vivent.
115
CONCLUSION GÉNÉRALE
Le présent sujet de recherche intitulé
Migrations et impacts socio-économiques à
Béguédo, Centre-Est, Burkina Faso (1919-2017) a pour
objectif d'évaluer l'impact des migrations internationales sur le
développement de la commune de Béguédo. Dans un contexte
où la mobilité humaine est l'un des traits
caractéristiques des Bissa de Béguédo, il était
nécessaire pour nous d'étudier les pratiques migratoires de ces
populations situées au Centre-Est du pays. Dès lors que le
contexte fut connu, il était question de montrer qu'il y a un lien
consubstantiel entre les migrations internationales et le développement
local dans la commune de Béguédo.
Les migrations internationales des Bissa de
Béguédo sont de plus en plus étudiées au regard de
leur ampleur et de leur singularité par rapport aux autres types de
migrations pratiquées au Burkina Faso. Amplifiées avec la
période coloniale, les migrations internationales des Bissa se sont
poursuivies jusqu'à nos jours avec l'enregistrement d'importants flux
migratoires. L'émigration des Bissa de Béguédo a
commencé par des migrations de fuite vers la Gold Coast (Ghana actuel).
En effet, face aux mesures coercitives de recrutement de main d'oeuvre
voltaïques (Burkinabè) pour la mise en valeur de la colonie de
Haute-Volta et des autres colonies françaises voisines, certaines
populations s'opposant à ce recrutement vont décider de se
réfugier en Gold Coast. Le reste de la population active est
recruté et acheminé vers les chantiers coloniaux, les mines, les
industries et les plantations. On parlera ainsi de migration de travail des
Voltaïques. Durant la période postcoloniale, les deux destinations
privilégiées des migrants bissa connaîtront de lourdes
crises socioéconomiques. Ces crises viendront bouleverser le secteur de
l'emploi avec des licenciements des travailleurs. Une partie des
émigrés choisira de revenir sur les terres d'origine et une
autre, choisira de migrer vers d'autres destinations d'Afrique et d'Europe. Le
reste des travailleurs burkinabè a préféré rester
dans leur pays d'accueil malgré les difficultés d'emploi.
Pour parvenir à trouver une interrelation entre les
migrations internationales des Bissa de Béguédo et le
développement socio-économique de la commune, il faut
connaître les caractéristiques socio-économiques des
ménages de Béguédo. C'est dans ce sens que notre
première hypothèse qui part de la comparaison des ménages
de Béguédo pour montrer que les ménages ayant des
émigrés ont de meilleures conditions de vie que ceux n'en ayant
pas est tout à fait justifiée. La synthèse de
données que notre recherche offre sur la question montre
116
qu'effectivement les familles dont on compte à
l'intérieur au moins un émigré, ont un pouvoir d'achat
plus élevé que les familles ne comptant aucun
émigré dans leur rang. Ainsi, comparés aux ménages
des familles n'ayant pas d'émigrés, les ménages des
émigrés bénéficient d'un meilleur accès
à certaines commodités de la vie quotidienne, commodités
relatives à l'habitat, au niveau de vie économique
élevé, au statut social important de leurs Chefs de
Ménage, etc.
Les données recueillies essentiellement grâce
à l'enquête de terrain, aux rapports nationaux et internationaux
sur les transferts de fonds des migrants attestent de l'important flux de
transfert de fonds effectués. En 2019, la Banque mondiale a
estimé à environ 263 milliards de francs CFA
transférés au Burkina Faso par les émigrés. Quant
à Béguédo, l'ensemble des fonds reçus par les
ménages enquêtés en 2019 était estimé
à 184 657 000. Et si l'on considère les transferts de fonds
effectués par les émigrés durant les trois
précédentes années (2017-2019), ce sont en moyenne 61 552
333 francs CFA. La grande partie des fonds transférés transite
généralement par des canaux formels tels que les institutions
bancaires et les sociétés de transfert mobile. Le reste des fonds
transférés parvient aux destinataires par des canaux informels
que sont les sociétés de transport ou les voyageurs. Par
conséquent, la deuxième hypothèse de cette étude
est vérifiée car chaque année, pour des motifs
variés, les émigrés réalisent d'importants
transferts monétaires à Béguédo par le biais de
divers canaux d'envois.
Les émigrés bissa par les fonds qu'ils envoient
et les investissements qu'ils réalisent, apportent un concours
précieux à la réalisation des objectifs de
développement durable. Ils contribuent notamment à
éliminer la pauvreté, à éliminer la faim, à
promouvoir la santé, à faciliter l'accès à une
éducation de qualité, à garantir l'accès à
une eau propre et à des services d'assainissement, à promouvoir
le travail décent et la croissance économique et à
réduire les inégalités. Et le fait qu'ils investissent
majoritairement dans l'immobilier, la consommation courante et
l'éducation dans la ville de Béguédo, prouve que la
troisième hypothèse de notre travail a été
vérifiée en partie. En effet, il est ressorti de notre analyse
que le niveau d'urbanisation de la ville de Béguédo
dépasse celui de ses voisins (Ouarégou, Boussouma,
Komtoèga, Niaogho et même Garango). Cette urbanisation se
caractérise principalement par la construction de grandes
infrastructures éducatives, sanitaires et administratives. Il y a aussi
la construction des logements sociaux avec des standings des grandes villes et
la présence de
117
quelques immeubles. C'est donc montrer l'impact surtout
positif que les transferts de fonds des émigrés a sur le
développement de la ville.
Toutefois, l'une des limites de cette recherche a
été l'absence de données quantitatives et qualitatives sur
le montant des transferts de fonds de l'étranger en destination de
Béguédo. En effet, ces chiffres auraient été
nécessaires pour évaluer réellement le poids des
investissements sur les familles d'origine des migrants en particulier et sur
la commune en général. Certes qu'il y a quelques rapports de la
Banque mondiale et du Fonds Monétaire International sur les fonds
rapatriés au Burkina Faso (jusqu'en 2014) mais cela reste d'ordre
général. Pour les transferts de fonds à destination de
Béguédo, on est contraint de s'appuyer sur deux sources : nos
enquêtes de terrain réalisées sur un échantillon de
10% des ménages sur les trois dernières années et les
propos du Président de l'ARBI qui estime entre 200 et 300 millions par
an le montant des fonds transférés par les émigrés
à Béguédo (il affirme tirer sa source d'un Directeur
de banque de la place). Une autre limite de notre étude a
été la taille de l'échantillon des données
recueillies sur les familles (10% du nombre total des ménages). Cette
faiblesse d'échantillon s'explique en grande partie par la faiblesse de
nos moyens matériels et humains.
En somme, cette étude a été d'un grand
intérêt pour nous dans la mesure où elle nous a permis
d'apporter notre modeste contribution à la recherche historique sur les
migrations internationales à Béguédo et leurs impacts
socio-économiques. Que cette étude puisse servir de source
d'informations sur la migration et son impact au Burkina Faso à travers
le cas de la commune de Béguédo, cela est notre plus grand
désir. Toutefois, nous reconnaissons que notre étude comporte des
limites et pourra être révisée au besoin et à tout
moment afin de s'aligner avec les nouveautés et les actualités du
moment.
118
Sources et Bibliographie
A- Les Sources
A-1. Les archives
Ø CNAB, 42V272: Minutes of the first meeting of the
inter-colonial conference on medical control of immigrant workers held at the
office of the honorable the Directory of the medical services.
Victoriaborg, Accra on Friday the 26th august 1949.
Ø CNAB, 3V7, Rapport sur les plaintes des populations
indigènes contre l'administration pour abus de pouvoir, 1941-1954.
Ø CNAB : 44V108, Rapport sur les migrations des
Indigènes de la Haute Côte d'Ivoire vers la Gold Coast, 1939.
Ø CNAB, 44V133, Territoires de la Haute-Volta, liste des
cercles, des subdivisions et postes administratifs au deuxième
trimestre, tableaux, 1956.
Ø Décret n° 2012-253/PRES/PM/MEF du 7 mars
2012 a adopta l'actuelle politique nationale de Population qui couvre la
période 2010-2030. Décret cité par le Ministère de
l'Economie et des Finances, 2012, Politique Nationale de Population 2010-2030,
p. 48.
Ø Décret N° 2018-0035/PRES/PM portant
remaniement du Gouvernement.
Ø Décret N° 2018-1162/PRES/PM/MIABE portant
organisation du Ministère de l'Intégration africaine et des
Burkinabè de l'extérieur.
Ø Décret N° 93/132/PRES/PM/REX du 07 mai 1993
cité par OUÉDRAOGO Serge Noël, 2016-2017, op.cit., p.
211.
Ø Décret N° 93-135/PRES/MFP portant
réorganisation du Conseil National de Population.
Ø Décret N°2007-308/PRES/PM/MAECR du 24 mai
2007 portant création, attributions, organisation et fonctionnement du
Conseil Supérieur des Burkinabè de l'Etranger.
Ø Journal officiel de la République de
Haute-Volta, n° du 19 mars 1981.
Ø Journal officiel du Burkina Faso, n° 33 du 16
août 1984.
119
A-2. Les sources orales
Le tableau ci-dessous est la base de données des
personnes avec lesquelles nous avons eu des échanges fructueux et
qualitatifs lors de nos enquêtes de terrain.
N°
D'ORDRE
|
NOM & PRENOM (S)
|
SEXE
|
AGE
|
PROFESSION/FONCTION
|
DATE
D'ENTRETIEN
|
LIEU
D'ENTRETIEN
|
01
|
BAMBABA Jean-Marie
|
M
|
33
|
Employé de commerce
|
02/09/2019
|
Garango
|
02
|
BANCE François (B.F)
|
M
|
-
|
Agent de la préfecture à la retraite
|
22/09/2019
|
Ouarégou
|
03
|
BANCE Hamidou (B.H)
|
M
|
-
|
Président du Conseil Villageois de
Développement de Fingla
|
31/08/2019
|
Fingla
|
04
|
BANCE Souleymane (B.S)
|
M
|
37
|
Conseiller Municipal à Béguédo
|
29/08/2019
|
Diarra
|
05
|
BARA Abdoul Salam
|
M
|
-
|
Président de l'Association des Ressortissants de
Béguédo en Italie
|
25/08/2019
|
Fingla
|
06
|
BARA Adama
|
M
|
-
|
Président des Jeunes Patriotes de
Béguédo
|
29/09/2019
|
Béguédo
|
07
|
BARA Noro
|
M
|
-
|
Maire par intérim
|
11/09/2019
|
Mairie
|
08
|
BARRY Hamidou (B.H 2)
|
M
|
58
|
Paysan
|
18/09/2019
|
Béguédo
|
09
|
COMPAORE Moussa (C.M)
|
M
|
35
|
Commerçant
|
04/05/2019
|
Garango
|
10
|
GUEBRE Dramane (G.D)
|
M
|
-
|
Conseiller Villageois de Développement
|
31/08/2019
|
Fingla
|
|
120
11
|
GUEBRE Moussa (G.M)
|
M
|
48
|
Conseiller Municipal de Fingla
|
22/09/2019
|
Béguédo
|
12
|
GUEBRE Salfo
|
M
|
-
|
Secrétaire au tribunal départemental de
Béguédo
|
29/08/2019
|
Préfecture
|
13
|
KOBRE Mariamou (K.A)
|
F
|
26
|
Etudiante en Economie à Ouagadougou
|
04/05/2019
|
Garango
|
14
|
KOMPAORE Béatrice (K.B)
|
F
|
30
|
Chef de ménage
|
04/05/2019
|
Garango
|
15
|
SAGNE Idriss (S.I)
|
M
|
-
|
Conseiller Municipal à Béguédo
|
29/08/2019
|
Béguédo
|
16
|
SARE Abdoul Karim (S.A.K)
|
M
|
65
|
Ancien émigré en Italie de retour
|
21/09/2019
|
Béguédo
|
17
|
SSARE Issouf (S.I)
|
M
|
36
|
Marchand à Béguédo-centre
|
28/08/2019
|
Diarra
|
18
|
BATIONO Léonce Romuald
|
M
|
-
|
Conseiller des affaires étrangères au
Ministère des affaires
|
Personne ressource
|
Ouagadougou
|
19
|
SANOU Arouna
|
M
|
-
|
Conseiller des affaires étrangères auprès
de la DGBE
|
Personne ressource
|
Ouagadougou
|
20
|
DENE Souhaybou
|
M
|
31
|
Technicien communal en Eau et assainissement
|
Personne ressource
|
Béguédo
|
|
121
A-3. Sites internet
Ø
https://www.iom.int/fr/termes-cles-de-la-migration
consulté le 29 juillet 2019 à 18h40mn.
Ø
https://www.toupie.org/Dictionnaire/Societe.htm
consulté le 29 juillet 2019 à 18h35mn.
Ø
https://www.oim.org/migration_en_afrique/burkina_faso
consulté le 31 juillet 2018 à 10h35mn.
Ø htpps://
www.cret.org/migration-en-haute-volta-coloniale/introduction/ccl
consulté le 02 octobre 2018 à 11h00mn.
Ø htpps://
www.ocde.org/fr/els/mig/dioc/htm
consulté le 20 juin 2019 à 18h34mn.
Ø
https://www.associazionearbi.it/fr/home
consulté le 05 avril 2021 à 10h07mn.
Ø
https://www.unhcr.org/dach/ch-fr/en-bref/qui-nous-aidons/deplaces-interne
consulté le 31 juillet 2021 à 19h00mn.
Ø
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Impact
consulté en ligne le 02 août 2021 à 20h12.
Ø
https://www.migrationdataportal.org/fr/themes/rapatriements-de-fonds#definition
consulté
en ligne le 01 août 2021 à 19h00.
B- La Bibliographie
B-1. Ouvrages
Ø BALIMA Salfo-Albert, 1996, Légende et
histoire des peuples du Burkina Faso, Paris, Ed. L'Indépendant, 396
p.
Ø BEAUD Michel, 1993, L'art de la thèse .
comment préparer et rédiger une thèse de doctorat, un
mémoire de DEA ou de maitrise ou de tout autre travail
universitaire, Paris, La Découverte, 202 p.
Ø CONAPO, 2006, Symposium sur les migrations .
gestion des migrations internes et externes, quelle politique migratoire en vue
de la réduction de la pauvreté au Burkina Faso, Ouagadougou,
CONAPO, 31 p.
Ø Conseil Municipal de Béguédo, 2015,
Plan de Développement Communal, Commune rurale de
Béguédo, 112 p.
Ø COULIBALY Sidiki, GREGORY Joël, PICHE Victor,
1980, Les migrations voltaïques, Tome 1 . importance et ambivalence de
la migration voltaïque, CRDI, 144 p.
Ø DABIRE Der Laurent, 2009, Emigration
internationale des Burkinabè, Paris, Harmattan, 104 p.
122
Ø FAURE Armelle, 1996, Le pays bissa avant le
barrage de Bagré, Athènes, éditions Athanassopoulos,
311 p.
Ø Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 1982, Recensement Général de la
Population de 1975. Analyse des données démographiques,
Département du Centre-est, Ouagadougou, République de la
Haute-Volta, 57 p.
Ø Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 1989, Recensement Général de
Population, décembre 1985. Analyse des résultats
définitifs, Ouagadougou, Ministère du plan et de la
coopération, 326 p.
Ø Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 2000, Analyse des résultats du
recensement général de la population et de l'habitation de 1996,
Volume II, Ouagadougou, 180 p.
Ø Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 2008, Recensement Général de la
Population et de l'Habitat (RGPH) de 2006. Résultats
définitifs, Ouagadougou, 52 p.
Ø Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 2009, Recensement Général de la
Population et de l'Habitat (RGPH) de 2006. Analyse des résultats
définitifs ; thème 8 : migration, Ouagadougou, 150 p.
Ø LAHUEC Jean-Paul, MARCHAL Jean-Yves, 1979, La
mobilité du peuplement bissa et mossi, Paris, ORSTOM, 149 p.
Ø MESURE Sylvie, SAVIDAN Patrick (dir.), 2006, Le
dictionnaire des sciences humaines, Paris, Editions France Quercy, 1277
p.
Ø Ministère de l'Economie et du
Développement, 2006, Atlas du Burkina Faso, Tunis, Pictura, 215
p.
Ø Ministère de l'Economie et des Finances,
2009, Profil des régions du Burkina Faso, Ouagadougou, 450
p.
Ø Ministère de l'Economie et des Finances,
2013, Stratégie Nationale de Migration 20142025, Projet, 56
p.
Ø MIYAJI Mieko, 1976, L'émigration et le
changement socio-culturel d'un village Kabyle (Algérie), Tokyo,
Institute for the Study of Languages and Cultures of Asia and Africa, 87p.
123
Ø NONJON Alain, 1995, Comprendre l'économie
mondiale, Normandie, Roto impression, 286 p.
Ø OUEDRAOGO L., 2005, Symposium sur les migrations
au Burkina Faso . migrations internationales régionales et sous
régionales et économie extraterritoriale . les transferts de
fonds des émigrés burkinabè (flux, volume, et
importance), Ouagadougou, CONAPO, 57p.
Ø RHV & RF, 1972, Enquête
démographique par sondage en République de Haute-Volta 1960-1961
. les émigrations, Rapport d'étude, République de la
Haute-Volta, République Française : service de la statistique et
de la mécanographie, INSEE et Secrétariat d'Etat aux Affaires
étrangères, 220 p.
Dictionnaires
Ø Le Grand Robert, 2005, Paris, Editions le Robert,
[version électronique].
Ø Petit Larousse illustré, 2008, Paris,
Larousse, 1874 p.
Ø Petit Larousse illustré, 2013, Paris,
Larousse, 1996 p.
Ø REY-DEBOVE Josette, REY Alain (dir.), 2012, Le
Petit Robert, Paris, Editions Les Presses de Jouve, 2837 p.
B-2. Les articles scientifiques
Ø BANDAOGO Zacharia, 1999, « Les migrants
burkinabè en Côte d'Ivoire : réflexions sur la
participation au développement et l'implication dans le banditisme
(1947-1997) », in Sociétés en développement dans
l'espace et dans le temps (SEDET), Migrations, économie et
commerce, Université de Paris 7, pp. 37-57.
Ø BANTENGA Willy Moussa, 2015, « Les migrations
des Voltaïques au cours de la période coloniale », in DIALLO
Hamidou et BANTENGA Willy Moussa (sous la dir.), Le Burkina Faso
Passé et Présent, Presse Universitaire de Ouagadougou, pp.
259-271.
Ø BANTENGA Willy Moussa, 2015, «
L'évolution économique du Burkina Faso de 1960 à nos jours
», in DIALLO Hamidou et BANTENGA Willy Moussa (sous la dir.), Le
Burkina Faso Passé et Présent, Presse Universitaire de
Ouagadougou, pp. 395-416.
Ø GUÉBRÉ B.H et ZOURE H.A.V., 2009,
« Le Bisako : genèse, population et organisation sociopolitique
précoloniale » In HIEN Pierre Claver et GOMGNIMBOU Moustapha
(sous
124
la dir.), Histoire des royaumes et chefferies au Burkina
Faso précoloniale, Ouagadougou, CNRST, pp. 309-325.
Ø MANDE Issaka, 1995, « Les migrations de travail
des Voltaïques. Une panacée pour l'économie ivoirienne de
1919 à 1960 », in MASSA Grégory et MADIEGA Georges (sous la
dir.), La Haute Volta coloniale . témoignages, recherches,
regards, Paris, Karthala, pp. 313-339.
Ø SISSAO Claude Etienne, 2012, « Esquisse sur les
migrations au Burkina Faso : manifestation face aux normes de la période
coloniale à nos jours », in MANDE Issiaka, Le Burkina Faso
contemporain ; racines du présent et enjeux nouveaux, Paris,
Harmattan, pp. 67-84.
B-3. Les Thèses de Doctorat, Mémoire de
Master, Rapport de DEA, Mémoire de Maitrise
Ø BAHIRE Piga Sylvette, 2006, Migration et
développement . les "Italiens" dans le développement du
département de Béguédo, Mémoire de maitrise,
Département de sociologie, Université de Ouagadougou, 107 p.
Ø BANGRE Éric-Bertrand Pasba, 2005, Les
migrations internationales des Bissa en Italie . réseau,
stratégie et parcours migratoire, Mémoire de maitrise,
Département de sociologie, Université de Ouagadougou, 117 p.
Ø COULIBALY Sidiki, 1978, Les migrations
voltaïques . les origines, les motifs et les perceptions des
politiques, Thèse de doctorat, département de
Démographie, Université de Montréal, 370 p.
Ø GUÉBRÉ B.H, 1996, Essai sur
l'origine et la mise en place du peuplement précolonial du Bisano, cas
de Nyaa, province du Boulgou, Mémoire de maitrise,
Université de Ouagadougou, 105 p.
Ø MANDE Issaka, 1997, Les migrations de travail en
Haute-Volta (actuel Burkina Faso), mise en perspective historique
(1919-1960), Thèse de doctorat, Université Paris 7 Denis
Diderot, p.
Ø MODRE Moussa, 2013, Migration et
développement : l'autre face de l'« Italian dream » dans la
commune rurale de Béguédo, Mémoire de maitrise,
Département de sociologie, Université de Ouagadougou, 104 p.
125
Ø OUÉDRAOGO Serge Noël, 2016-2017, La
migration des Burkinabè (Voltaïques) vers le Ghana (Gold Coast) de
1919 à 2010 : origines, gouvernances migratoire et stratégies
d'intégration, thèse de doctorat, Histoire africaine,
Université Ouaga 1 Professeur Joseph KI-ZERBO, 540 p.
Ø YABRE N. Baowenison, 2010, Contribution des
émigrés Bissa en Italie au Développement de la ville de
Béguédo, Mémoire de maitrise,
Département de Géographie, Université Ouaga I Pr
Joseph KI-ZERBO, 146 p.
Ø ZIDNABA, Irissa, 2016, Migrations
internationales et développement : l'impact socioéconomique des
pratiques transnationales des émigrés de Béguédo
résidant en Italie, Thèse de doctorat, Département de
Géographie, Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO, 271 p.
B-4. Rapports scientifiques
Ø CERPOD, 1995, Enquête Migration et
Urbanisation au Burkina Faso (EMUBF), 1993, rapport national descriptif,
Ouagadougou, INSAH-CILSS, 350 p.
Ø Organisation Internationale pour les Migrations,
2016, Etudes sur la diaspora burkinabè au Burkina Faso, en
Côte-d'Ivoire, en Italie et en France, Rapport final, Ouagadougou,
142 p.
Ø TRAORE Sadio et BOCQUIER Philippe, 1998,
Réseau Migration et Urbanisation en Afrique de l'Ouest (REMUA) 1997,
synthèse régionale, Bamako, CERPOD, 149 p.
B-5. Documents numériques Ouvrages
Ø BLOCH Marc, 1949, Apologie pour l'histoire ou
Métier d'historien (Cahiers des Annales, 3), Paris, Librairie
Armand Colin, [version numérique consultée en juillet 2020], 110
p.
Ø BREANT Hugo, 2013, Démontrer le
rôle positif des migrations internationales par les chiffres. Une analyse
de la rhétorique institutionnelle du système des Nations
Unies, [version numérique téléchargée en
juillet 2019], 16 p.
126
Ø DANTIER Bernard, 2005, Comment écrit-on
l'histoire ? Paul Veyne et la construction d'intrigues, Paris, Col. Les
classiques des sciences sociales, [version numérique
téléchargée en juillet 2021], 10 p.
Ø DE HASS, H, 2010, « Migration et
développement : une perspective théorique », In
International Migration Review, [version traduite en français],
[version numérique téléchargée en juillet 2021], 44
p.
Ø DELAUNAY Daniel, BOYER Florence, 2017, Capital
social, migration et développement. Ouagadougou, Burkina Faso,
[version numérique téléchargée en juillet 2018], 84
p.
Ø Dialogue Euro-Africain sur la Migration et le
Développement (Processus de Rabat), 2014, Guide d'utilisation des
données migratoires au Burkina Faso, ICMPD-FIIAPP, [version
numérique téléchargée en mai 2021], 57 p.
Ø Direction nationale de la BCEAO pour le Burkina
Faso, 2013, Enquêtes sur les envois de fonds des travailleurs
migrants au Burkina, [version numérique
téléchargée en mai 2021], 48p.
Ø FOGAM Abdoul Karim Nchare, 2015, Analyse
comparative de la pauvreté et de la structure de consommation des
ménages dans la principale agglomération des Etats membres de
l'UEMOA en 2008, Mémoire de grade M.Sc en sciences
économiques, Université de Montréal, [version
numérique téléchargée en mai 2020], 88 p.
Ø Forum des Organisations de Solidarité
Internationale issues des Migrations, 2018, Comprendre et promouvoir la
contribution de la diaspora dans le développement du Burkina Faso :
Etudes de cas sur les organisations diasporiques en France, Italie et
Côte d'Ivoire et leur rôle dans la création et la
consolidation d'emplois, Made Afrique de l'Ouest, Paris, [version
numérique obtenue en juin 2019], 43 p.
Ø GOSSELIN Gabriel, 1970, « Travail, tradition et
développement en pays bisa » in ORSTOM, série
sciences humaines, volume VII, [version numérique
téléchargée en juillet 2021], n°1, 18 p.
Ø HAZARD Benoît, 2004, « Entre le pays et
l'outre-pays », In Journal des africanistes [mis en ligne le 10
avril 2007], n° 74-1/2, [version numérique obtenue en juillet 2021
:
http://africanistes.revues.org/427
], 16 p.
Ø Institut National de la Statistique et de la
Démographie, 2017, Tableau de Bord Social du Burkina Faso,
[version numérique obtenue en juin 2019], 287 p.
127
Ø Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 1994, Analyse des résultats de
l'enquête démographique 1991, Ouagadougou, République
de la Haute-Volta, [version numérique obtenue en juin 2019], 175 p.
Ø Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD), 2009, Analyse des résultats
définitifs . évaluation de la qualité des
données, Ouagadougou, Burkina Faso, Ministère de
l'économie et des finances, [version numérique obtenue en juin
2021], 100 p.
Ø KALIKA Michel, 2012 (4e édition),
Le mémoire de master, [version numérique
téléchargée en mai 2019], 191 p.
Ø Organisation Internationale pour les Migrations,
2007, Glossaire pour la migration, Droit international de la migration
n°9, Genève, OIM, [version électronique], 104 p.
Ø Organisation Internationale pour les Migrations,
2016, Migration au Burkina Faso : profil migratoire, [version
numérique téléchargée en mai 2020], 124 p.
Ø OUMANSOUR Nor-eddine et al., 2019, Les
transferts de fonds des migrants vers l'Afrique exercent-ils un effet de levier
sur l'investissement et sur la croissance économique ? Rabat,
Policy Center for the New Sud, [version numérique
téléchargée en août 2021], 24 p.
Ø RHV et RF, 1975, Les migrations de travail mossi
. évolution récente et bilan actuel de travail . les migrants et
la société mossi (fascicule n°1, volume 2),
Ouagadougou, ORSTOM, [version numérique téléchargée
en juillet 2021], 206 p.
Ø World Bank Group, 2016, Migration and
Remittances Factbook 2016, Third edition, [version numérique
téléchargée en juillet 2020], [version numérique
téléchargée en juillet 2021], 299 p.
Ø World Bank, October 2020, Inward Remittance
flows, excel sheet, [version numérique
téléchargée en août 2021].
Articles
Ø BOUTILLIER Jean-Louis et al., 1985, « La
migration de la jeunesse du Burkina », in Cahiers de l'ORSTOM,
Série sciences humaines, vol. XXI, n° 2-3, [version
numérique téléchargée en juillet 2021], pp.
243-249.
Ø COUREL Marie-Françoise et al., 1979, «
La population de la Haute-Volta au recensement de décembre 1975 »,
In Cahiers d'Outre-mer, n°125-32 année, [version
numérique téléchargée en juillet 2021], pp.
39-65.
128
Ø DOMENACH Hervé, 1996, « De la «
migratologie » » in Revue européenne de migrations
internationales, vol. 12, n°2, [version numérique
téléchargée en juillet 2021], pp. 73-86.
Ø FAURE Armelle, 1993, « Niagho versus Beghedo :
un conflit foncier à la veille de la révolution burkinabè
», in Cahiers des Sciences Humaines, n° 29, [version
numérique téléchargée en mai 2020], pp. 105-119.
Ø MOUSSA Bemba, 1985, « Les mesures de
réajustement de l'économie ivoirienne face à la crise
économique mondiale : leurs résultats et leurs implications
sociales », In Afrique Développement/Afrique et
Développement, CODESRIA, vol. 10, n°1/2, [version
numérique téléchargée en juin 2021], pp.
150-160.
129
ANNEXES
Annexe 1 : Guide d'enquête
BANCE Thomas Frank, Etudiant en fin
de deuxième cycle à l'Université Joseph KI-ZERBO
Madame, Monsieur, étudiant en Histoire option
Population à l'Université Joseph Ki-Zerbo, je
réalise un mémoire de Master sur l'impact socio-économique
des migrations sur la commune de Béguédo, Centre-Est. L'objectif
de ce questionnaire est donc de collecter toutes les informations sur
d'éventuelles actions ou oeuvres posées par les migrants dans
leur commune de départ dans le but de contribuer au développement
socio-économique de la commune de Béguédo. Ainsi vous qui
aviez de la famille vivant hors du Burkina ou pas, votre contribution pour
notre étude serait d'une importance incontestée.
Dans ce cadre, je vous remercie de bien vouloir consacrer
quelques minutes pour répondre au questionnaire ci-joint. Vos
réponses sont et resteront anonymes.
I_ Informations générales
1. Avez-vous été une fois interviewé lors
d'une enquête ?
1. Oui 2. Non
2. Est-ce qu'il y a des habitants de Béguédo qui
vivent hors du Burkina Faso ?
1. Oui 2. Non
3. Avez-vous déjà effectué un voyage hors
du Burkina Faso ?
1. Oui 2. Non
4. Pendant combien de temps y êtes-vous resté ?
1. Moins d'une année 2. Deux à trois années
3. Plus de trois années
5. Depuis combien de temps vivez-vous à
Béguédo ?
1. Natif 2. Un an 3. Entre un et cinq ans 4. Plus de cinq ans
II_ Conditions sociales des ménages
6. Combien d'enfants avez-vous ?
1. Un 2. Deux 3. Trois 4. Quatre 5. Plus
7. Avez-vous des enfants inscrits à l'école ?
1. Oui 2. Non
8. Si oui, combien d'enfants sont inscrits à
l'école ?
1. Un 2. Deux 3. Trois 4. Plus
9. Sont-ils inscrits dans des établissements publics ou
privés ?
1. Publics 2. Privés 3. Les deux 4. Autre
10. En cas de problèmes sanitaires, que faites-vous ?
1. Dispensaire 2. Auto-traitement 3. Autre .
VI
11. Dans quelle zone de résidence êtes-vous ?
1. Lotie 2. Non lotie
12. Quel type de logements avez-vous ?
1. Maison traditionnelle 2. Bâtiment à plusieurs
logements 3. Villa
4. Maison individuelle 5. Immeuble à appartements
13. Quels sont les matériaux de construction de votre
toit ?
1. Tôles 2. Pailles 3. Terre
14. Quels sont les matériaux de construction de vos murs
?
1. Briques de terre 2. Ciment 3. Béton
15. Que faites-vous de vos ordures dans vos ménages ?
1. Au coin du quartier 2. Poubelles privées 3. Poubelles
publiques
16. Quelle est votre source d'approvisionnement en eau ?
1. BADCOM 2. Forage 3. Puits 5. Rivières
17. Principales sources d'énergie pour la restauration
1. Gaz butane 2. Bois de chauffe 3. Charbon de bois 4. Autres
18. Avez-vous accès à l'électricité
?
1. Oui 2. Non
19. Principales sources d'énergie pour
l'éclairage
1. COOPEL 2. Plaque solaire 3. Lampe à pétrole 4.
Autres
20. Utilisez-vous un appareil téléphonique
(portable ou fixe) ?
1. Oui 2. Non
III_ Conditions économiques des
ménages
21. Type d'occupation du logement
1. Locataire 2. Propriétaire
22. Combien d'autres logements avez-vous ?
1. Zéro 2. Un 3. Deux 4. Trois 5. Plus
23. Vos biens immobiliers
1. Télévision 2. Radio 3. Ordinateur 4. Matelas
5. Meubles
6. Autres
24. Quels sont vos moyens de transport
1. Véhicule 2. Tricycle 3. Motocyclette 4.
Vélomoteur 5. Piéton
25. Quel est votre ratio alimentaire par jour ?
1. Un 2. Deux 3. Trois 4. Quatre
26. Utilisez-vous de la connexion internet ?
1. Oui 2. Non
VII
27. Quelle est votre fréquence d'utilisation d'internet
?
1. Une fois par jour 2. Chaque deux jours 3. Une fois/semaine
Autre mode :
28. Combien de francs CFA mettiez-vous dans votre connexion par
mois ?
1. = 5.000 FCFA 2. 5.000 =X? 15.000 FCFA 3. ?15.000 FCFA
IV_ Informations personnelles du Chef de
Ménage
29. Nom du chef de
ménage .
30.
Age
31. Sexe : 1. Masculin 2. Féminin
32. Situation matrimoniale : 1. Marié 2.
Célibataire 3. Divorcé 4. Veuf (ve)
33.
Nombre total des membres du ménage :
34. Niveau d'instruction :
35. Profession :
36. Avez-vous d'autres sources d'entrée d'argent en
dehors de votre occupation actuelle ?
1. Oui 2. Non
37. Quelles sont vos autres sources d'entrée d'argent
?
1. Activités secondaires 2. Envois de fonds 3. Autre :
38. Avez-vous un ou plusieurs membres de votre famille vivant
à l'extérieur ?
1. Aucun 2. Un 3. Plusieurs
N°
|
Nom et prénom (s)
|
Sexe
|
Age
|
Statut familial
|
Lieu de résidence actuelle (Pays/ville)
|
Durée d'absence (mois)
|
01
|
|
|
|
|
|
|
02
|
|
|
|
|
|
|
03
|
|
|
|
|
|
|
VIII
04
05
39. Si oui, veuillez remplir le tableau suivant :
40. Dites-nous davantage des fonds reçus en remplissant
ce tableau ci-dessous
Période de transfert
|
Montant du transfert en FCFA
|
Allocation des fonds reçus
|
2019-2018
|
|
|
2018-2017
|
|
|
2017-2016
|
|
|
2016-2015
|
|
|
2015-2014
|
|
|
41. Pensez-vous que la migration est une bonne activité
?
1. Oui Non Aucun avis
42. Si non, dites-nous pourquoi ?
43. Si oui, donnez-nous quelques bienfaits.
REMERCIEMENTS
Nous vous remercions pour avoir accordé tout ce temps
à notre étude. Ce fut un plaisir pour nous de vous avoir
interviewé. Et nous vous reviendrons à la fin avec les
résultats de notre étude.
IX
Annexe 2 : Guides d'entretien
BANCE Thomas Frank, Etudiant de
Master II en Histoire économique, Démographie à
l'Université Joseph KI-ZERBO
Entretien n° avec une des Autorités
administratives/coutumières/religieuses de
Béguédo
|
Personne interviewée :
|
Date : Lieu : Durée :
|
1. Importance de l'émigration pour Béguédo
selon vous ?
2. Quels sont les investissements faits par les
émigrés ?
3. Comment trouvez-vous ces investissements ?
1. Moins important 2. Important 3. Très important
4. Le développement actuel de Béguédo
est-il lié aux émigrations ? Justifiez.
1. En petite partie 2. En grande partie 3. Aucunement
Justification :
5. Comment les émigrés participent-ils au
développement socio-économique de Béguédo ?
6. Existe-t-il une coopération entre
Béguédo et une (des) localités italienne (s) ? Laquelle
?
1. Oui 3. Non
X
XI
Citation :
7. Doit-on encourager ou condamner la migration à
Béguédo ?
1. Encourager 2. Condamner 3. Ni l'un, ni l'autre
Commentaire :
8. La commune de Béguédo est-elle une
référence en matière de migration dans la région ?
Pourquoi ?
1. Oui 2. Non
Justification :
9. Quels sont vos suggestions pour une meilleure gestion des
migrations à Béguédo ?
10. Avez-vous quelques recommandations à nous faire ?
XII
BANCE Thomas Frank, Etudiant de
Master II en Histoire économique, Démographie à
l'Université Joseph KI-ZERBO
Entretien n° avec un Responsable d'Association de
Béguédo
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Personne interviewée :
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Date : Lieu : Durée :
|
1. Que faites-vous dans votre association ? A quand date sa
création ?
2. Dans quel domaine les émigrés investissent-ils
le plus ? Pourquoi ?
Domaine : .
Justification :
3. Quels sont les investissements réalisés par les
émigrés à Béguédo ?
4. Comment trouvez-vous ces investissements ?
1. Moins important 2. Important 3. Très important
5. Le développement actuel de Béguédo
est-il lié aux émigrations ? Justifiez.
1. En petite partie 2. En grande partie 3. Aucunement
Justification :
XIII
6. Doit-on encourager ou condamner la migration ?
1. Encourager 2. Condamner 3. Ni l'un, ni l'autre
Commentaire :
7. La commune de Béguédo est-elle une
référence en matière de migration dans la région ?
Pourquoi ?
1. Oui 2. Non
Justification :
8. Quels sont vos suggestions pour une meilleure gestion des
migrations à Béguédo ?
9. Quelles relations aviez-vous entre votre structure et les
autres structures de migration de Béguédo ?
10. Avez-vous quelques recommandations à nous faire ?
XIV
BANCE Thomas Frank, Etudiant de
Master II en Histoire économique, Démographie à
l'Université Joseph KI-ZERBO
Entretien n° avec un Emigré présent
à Béguédo
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Personne interviewée :
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Date : Lieu : Durée :
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1. Depuis votre migration, avez-vous constaté des
changements dans votre famille ? Si oui, dans quels domaines ?
Domaines :
2. A quoi sont dus ces changements ?
3. Quelle est l'importance de l'émigration pour
Béguédo ?
4. Par quel (s) moyen (s) faites-vous vos transferts d'argent
?
5. Pourquoi utilisez-vous ce (s) moyen (s) ?
6. Quelles utilisations fait-on de ces sommes
transférées ?
7. Avez-vous des projets pour votre famille ? Lesquels ?
8. XV
Possédez-vous un bien mobilier
(réfrigérateur, télévision, bétail) et/ou
immobilier (maison, parcelle) au village ou ailleurs au Burkina Faso ? Si oui
quelle est la nature du bien ?
Mobilier :
Immobilier :
9. Quels sont vos sentiments après avoir fait un
séjour à l'étranger ?
10. Dans quel domaine investissez-vous le plus ? Pourquoi ?
Domaine : .
Justification :
11. A combien pouvez-vous estimer vos transferts de fonds chaque
année ?
1. < 100.000 2. 100.000 < X ? 500.000 3. ? 500.000
12. Quels conseils pouvez-vous donner à vos frères
qui ont l'intention d'émigrer un jour ?
13. Avez-vous quelques recommandations à nous faire ?
Annexe 3 : Photos
Photo 1 : carte des limites du Bisako
XVI
Photo 2 : une école à deux classes
Photo 3 : un bureau d'éducateurs
Photo 4 : une école à six classes
Photo 5 : une vue extérieure du Centre
Médical
XVII
Photo 6 : un lit d'hospitalisation du Centre
Médical
Photo 7 : un appareil médical Photo 8 : un
appareil médical
Photo 9 : une salle d'intervention
XVIII
Photo 11 : des ambulances amorties
Photo 10 : des ambulances fonctionnelles
Source : Droit Libre TV
Photo 12 : un bloc opératoire
XIX
Photo 13 : une vue aérienne du complexe culturel et
sportif Source : ZAKBAMEDIA
Photo 15 : la salle de spectacle du complexe Source :
ZAKBAMEDIA
XX
Photo 14 : une vue de l'entrée du complexe culturel et
sportif Source : ZAKBAMEDIA
Photo 16 : La grande mosquée en construction
Photo 17 : une vue de l'intérieur de la mosquée
R+1
XXI
Photo 18 : devanture de la gare routière en
cours
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Table des cartes :
Carte n°1 : Localisation de la commune de
Béguédo 35 Table des encadrés
:
Encadré 1 : Écarts du niveau de vie social des
ménages 91
Encadre 2 : Écarts du niveau de vie économique des
ménages ....102
Table des tableaux :
Tableau 1 : Évolution de la population de
Béguédo de 1975 à 2014 42
Tableau 2 : Structure de la population de Béguédo
par sexe en 2006 43
Tableau 3 : Nombre de migrants internationaux de la Haute-Volta
par zone et période de départ 60
Tableau 4 : Flux migratoires des Voltaïques des zones
rurales vers l'étranger de 1969 à 1973 64
Tableau 5 : Répartition des émigrations (%) selon
le groupe ethnique et selon la destination ..76
Tableau 6 : Répartition des migrations circulaires (%)
selon les zones de départ et d'arrivée .77
Tableau 7 : Caractéristiques des ménages
enquêtés à Béguédo .87
Tableau 8 : Caractéristiques des habitats des
ménages enquêtés à Béguédo .92
Tableau 9 : Quelques points de fonctionnement des ménages
enquêtés à Béguédo .94
Tableau 10 : Quelques biens et équipements des
ménages enquêtés à Béguédo 98
Tableau 11 : Fonds transférés dans les
ménages enquêtés de 2014 à 2019 ..103
Tableau 12 : Répartition en % des fonds reçus selon
le pays et le continent de provenance 105
Tableau 13 : Caractéristiques des émigrés de
la commune de Béguédo .....106
Tableau 14 : Répartition en % des fonds reçus selon
le motif économique 109
Tableau 15 : Inventaire des investissements communautaires des
émigrés de Béguédo .114
Table des graphiques
Graphique 1 : Age moyen des CM 82
Graphique 2 : Répartition par sexe des CM ..89
Graphique 3 : Situation matrimoniale des CM (en pourcentage)
90
Graphique 4 : Répartition par niveau d'instruction des
chefs de ménages 90
Graphique 5 : Répartition des fonds
transférés à Béguédo lors des cinq
dernières années 105
Graphique 6 : Répartition en % des fonds reçus
selon le pays d'envoi (2018-2019) 106
Graphique 7 : Répartition en % des fonds reçus
selon le motif économique 112
Table des photographies
Photo 1 : carte du Bisako .XVII
Photo 2 : une école à deux classes ..XVIII
Photo 3 : un bureau d'éducateurs
XXII
Photo 4 : un école à six classes .XVIII
Photo 5 : une vue extérieure du Centre Médical
XVIII
Photo 6 : un lit d'hospitalisation .XIX
Photo 7 : un appareil médical .XIX
Photo 8 : un appareil médical .XIX
Photo 9 : une salle d'intervention XIX
Photo 10 : des ambulances fonctionnelles XX
Photo 11 : des ambulances amorties .XX
Photo 12 : un bloc opératoire XX
Photo 13 : une vue aérienne du complexe culturel et
sportif XXI
Photo 14 : une vue de l'entrée du complexe culturel et
sportif XXI
Photo 15 : la salle de spectacle du complexe XXI
Photo 16 : la grande mosquée en construction XXII
Photo 17 : une vue de l'intérieure de la mosquée
de type R+1 XXII
Photo 18 : la devanture de la gare routière XXII
XXIII
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACE I
REMERCIEMENTS II
SOMMAIRE III
SIGLES ET ACRONYMES IV
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
1. La mise en contexte 1
2. L'intérêt et la justification du sujet
2
3. La définition des concepts de la recherche
5
4. L'état de la question 10
5. La problématique du sujet 12
6. La méthodologie de recherche 13
6.1. La recherche bibliographique 13
6.2. La recherche des sources orales 15
6.3. L'analyse des sources 15
6.4. Le commentaire bibliographique 19
7. Les difficultés rencontrées et les
limites de l'étude 24
7.1. Les difficultés de la recherche
24
7.2. Les limites de l'étude 25
8. L'annonce du plan 26
PREMIÈRE PARTIE : LA PRÉSENTATION DE LA
COMMUNE DE BÉGUÉDO 27
Chapitre I : Situation géographique et
caractéristiques de la zone d'étude 29
I_ Cadre physique de la zone d'étude
29
I_1. La situation géographique de
Béguédo 29
I_2. Le relief et les sols de Béguédo
31
I_3. Le climat et l'hydrographie de
Béguédo 32
II_ Cadre démographique de la zone d'étude
34
II_1. L'historique du peuplement de
Béguédo 34
II_2. Les caractéristiques démographiques de
Béguédo 36
II_2.1. Evolution et répartition de la population
36
II_2.2. Structure de la population par sexe et par
âge 38
III_ Organisation socio-administrative de la zone
d'étude 39
XXIV
III_1. L'organisation sociale en pays bissa 39
III_2. L'organisation administrative en pays bissa (de la
période coloniale à nos jours) 40
Chapitre II : Cadre humain et économique de la
zone d'étude 42
I_ Composition ethnique, linguistique et religieuse de
Béguédo 42
I_1. La structure ethnique des Bissa 42
I_2. La composition linguistique des Bissa 43
I_3. La structure religieuse des Bissa 44
II_ Potentialités économiques de
Béguédo 45
II_1. L'agriculture 45
II_2. L'élevage 46
II_3. La pêche 47
II_4. Le commerce 47 DEUXIÈME PARTIE : LE
CONTEXTE HISTORIQUE DES MIGRATIONS
INTERNATIONALES DES BISSA 51
Chapitre III : Aperçu historique des migrations
internationales au Burkina Faso 53
I_ Migrations internationales des Burkinabè
53
I_1. La période coloniale (1919-1960) 53
I_2. La période postcoloniale aux années 1980
56
I_3. Les années 1980 à nos jours 60
II_ Gestion des migrations internationales des
Burkinabè 63
II_1. L'administration coloniale face à la question de la
migration 63
II_2. La gestion des migrations internationales burkinabè
pendant la période postcoloniale 64
II_3. L'accompagnement des organismes sous-régionaux et
mondiaux dans la gestion des migrations
internationales burkinabè 66
Chapitre IV : Historique des migrations internationales
des Bissa 69
I_ Aperçu historique des migrations
internationales en pays bissa 69
I_1. La période coloniale 69
I_2. La période postcoloniale aux années 1980
71
I_3. Des années 1990 à nos jours 72
II_ Historique des migrations internationales des Bissa
de Béguédo 74
II_1. Les vagues d'émigration à
Béguédo 74
II_2. Les nouvelles destinations des émigrés bissa
de Béguédo 76
XXV
TROISIÈME PARTIE : IMPACTS
SOCIO-ÉCONOMIQUES DES MIGRATIONS 79
Chapitre V : Caractéristiques des ménages
de la commune de Béguédo 81
I_ Les caractéristiques sociales des
ménages 81
I_1. La taille et la zone de résidence des ménages
82
I_2. Répartition par âge et par sexe des chefs de
ménages 82
I_3. Le statut matrimonial des chefs de ménages 83
I_4. Le niveau d'instruction des chefs de ménages 84
II_ Les conditions économiques des ménages
86
II_1. Caractéristiques de l'habitat 86
II_1.1- Type d'habitat 87
II_1.2- Nature du toit 87
II_1.3- Nature des murs 88
II_1.4- Statut d'occupation 88
II_1.5- Possession d'autres habitats 88
II_2. Fonctionnement des ménages 88
II_2.1- Accès à l'alimentation 89
II_2.2- Accès aux soins sanitaires 90
II_2.3- Accès à l'éducation 90
II_2.4- Principale source d'accès à l'eau de
boisson 90
II_2.6- Principale source de cuisson des aliments 91
II_2.7- Mode d'évacuation des ordures 91
II_3. Biens et équipements des ménages 92
II_3.1- Biens d'équipement 93
II_3.2- Principal moyen de déplacement 93
Avec 46 93
II_3.3- Possession d'appareil téléphonique 94
II_3.4- Accès à internet 94
II_3.5- Coût de la connexion mensuelle 94
II_3.6- Accès à un emploi 95
Chapitre VI : Fonds et investissement dans la commune de
Béguédo 97
I_ Les envois de fonds des émigrés à
Béguédo 97
I_1. Volume des transferts à Béguédo 97
XXVI
I_2. Pays de provenance des fonds 99
I_3. Caractéristiques des émigrés 100
I_4. Canaux de transfert des fonds 101
I_4.1- Les canaux formels 101
I_1.2- Les canaux informels 101
II_ Les investissements des émigrés
à Béguédo 103
II_1. Les investissements individuels 103
II_1.1- Les investissements immobiliers 103
II_1.2- La consommation courante 104
II_1.3- L'éducation 104
II_1.4- Les évènements familiaux ou religieux
105
II_1.5- Autres investissements individuels 105
II_2. Les investissements collectifs 107
II_2.1- Les associations de développement à
Béguédo 107
II_2.2- Les investissements des émigrés de
Béguédo 108
a) Domaine de l'éducation 109
b) Domaine de la santé 109
c) Domaine socio-culturel 109
d) Domaine religieux 110
e) Domaine public 110
III_ L'approche variée des migrations
internationales à Béguédo 111
III_1. L'approche variée des migrations 111
III_2. Les effets négatifs de la migration sur la commune
de Béguédo 113
CONCLUSION GÉNÉRALE 116
Sources et Bibliographie 119
A- Les Sources 119
A-1. Les archives 119
A-2. Les sources orales 120
A-3. Sites internet 122
B- La Bibliographie 122
B-1. Ouvrages 122
B-2. Les articles scientifiques 124
XXVII
B-3. Les Thèses de Doctorat, Mémoire de
Master, Rapport de DEA, Mémoire de Maitrise 125
B-4. Rapports scientifiques 126
ANNEXES VI
Annexe 1 : Guide d'enquête VI
Annexe 2 : Guides d'entretien X
Annexe 3 : Photos XVI
TABLE DES ILLUSTRATIONS XXII
TABLE DES MATIÈRES XXIV
XXVIII
VI
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