La responsabilité sociale de l'entreprise et l'accès au financement par les PME de la ville de Bukavu.par Prosper Eddy son BISIMWA BYANJIRA Université officielle de Bukavu (UOB) - Licence en Gestion Financière 2018 |
CHAPITRE PREMIER : APPROCHE THEORIQUEComme nous l'avons mentionné ci-haut, ce chapitre est axé sur deux sections principales dont la définition des concepts et l'approche théorique. I .1. DEFINITION DES CONCEPTS« Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement Et les mots pour le dire arrivent aisément »21. Ces alexandrins de Boileau reflètent parfaitement l'objectif de cette section du premier chapitre de notre travail. Nous pensons en effet que, pour saisir une réalité alternative comme celle de l'économie sociale et permettre aux lecteurs et lectrices de bien la comprendre, il n'y a rien de mieux que de se familiariser avec le vocabulaire qui s'y rattache. A travers les lignes qui suivent, nous proposons une explication de quelques notions des termes considérés comme pertinents dans la compréhension de notre sujet de recherche, notamment : la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) et le financement I.1.1. Responsabilité Sociale de l'entreprise (RSE)Le problème de la définition de la responsabilité sociale de l'entreprise est central dans la réflexion autour de cet objet. Il est aussi un des principaux arguments de ceux qui s'opposent à la RSE. La multiplicité et parfois le flou des définitions concourraient à son inefficacité et à ses problèmes d'application. Nous allons donc, dans les lignes qui suivent, étudier plusieurs définitions et en tirer des éléments récurrents. De quoi parle-t-on lorsque l'on évoque la RSE ? Derrière chaque mot qui constitue la « responsabilité sociale des entreprises » se cachent débats et conflits, à commencer par sa définition jusqu'aux modalités de son application. En d'autres termes, il s'agit d'un concept large et peu consolidé qu'il ne faut guère envisager comme une stratégie ad hoc, mais comme un processus de longue durée. Le concept de la responsabilité sociale définit de nouvelles règles économiques, sociales, écologiques dont l'application permet une meilleure cohabitation entre tous les acteurs de la société.22 La Commission Européenne définit la 21 Nicolas Boileau-Despréaux, L'Art poétique, 1674. 22 C. DUPUIS, Le management responsable : Vers un nouveau comportement des entreprises ?, Paris, Ed. Economica, 2005, p 121. ~ 13 ~ responsabilité sociale d'entreprise comme « La responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu'elles exercent sur la société ».23 Gendron, Lapointe et Turcotte la définissent quant à eux comme étant : « des initiatives corporatives volontaires à caractère social et environnemental allant au-delà des obligations fixées par la loi».24 De ces trois premières définitions, on peut retenir plusieurs éléments de concordance. Tout d'abord le caractère volontaire. C'est l'entreprise elle-même qui prend l'initiative de la responsabilité sociale. La RSE ne fait donc en aucun cas office de loi. De plus, elle ne se substitue pas à la réglementation en vigueur. Ce sont des mesures qui sont prises en plus de la loi, voire au-delà de celle-ci. Nous voyons également que les trois définitions insistent sur la prise en compte des dimensions sociales et environnementales. Si l'on ajoute la dimension économique qui est ici implicite, on en déduit que l'entreprise a trois dimensions à prendre en compte : le social, l'environnemental et l'économique. Howard Bowen semble avoir joué un rôle important dans l'affirmation de l'idée de la RSE. Il a également proposé de définir la notion de la RSE de la manière suivante : « Le terme de Responsabilités Sociales des hommes d'affaires renvoie aux obligations des hommes d'affaires de suivre les politiques, de prendre les décisions, ou de suivre les orientations qui sont désirables en termes d'objectifs et de valeurs pour notre société. Cette définition n'implique pas que les hommes d'affaires, en tant que membres de la société, ne disposent pas d'un droit à critiquer les valeurs acceptées au sein de la société et de contribuer à leur amélioration [...] Cependant, nous faisons l'hypothèse qu'en tant que subordonnés à la société, ils ne doivent pas mépriser les valeurs socialement acceptées ou placer leurs propres valeurs au-dessus de celles de la société. Des synonymes de la responsabilité sociale sont la responsabilité publique, les obligations sociales, ou la morale d'entreprise. Le terme « Doctrine de la responsabilité sociale » renvoie à l'idée, désormais largement exprimée, selon laquelle la prise en compte volontaire d'une responsabilité sociale de l'homme d'affaires est, ou pourrait être, un moyen opérationnel pour résoudre des problèmes économiques et atteindre plus globalement les objectifs économiques que nous poursuivons ».25 Le Canadian Business for Social Responsibility (CBSR) définit la RSE comme « l'engagement d'une entreprise à opérer dans un milieu de durabilité économique et 23 Commission Européenne, Livret vert ; Promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale des entreprise, Bruxelles, 2001, p7. 24 C. Gendron, A. Lapointe, M.-F. Turcotte. Responsabilité sociale et régulation de l'entreprise mondialisée, Relations industrielles/Industrial Relations, vol. 59, No 1. 2004, pp 77-78. 25 H. BOWEN, Social Responsibilities of the Businessman, New York, Harper & Brothers, 1953, pp. 6, 7. ~ 14 ~ environnementale tout en reconnaissant les intérêts de ses intervenants. Les intervenants comprennent les investisseurs, les clients, les employés, les partenaires d'affaires, les collectivités locales, l'environnement et l'ensemble de la société ». Le CBSR aussi précise que la «RSE va au-delà des bonnes oeuvres telles que le bénévolat et la charité ».26 D'après MC Williams et Siegel, la RSE comprend des actions qui semblent faire avancer le bien collectif, au-delà des intérêts de l'entreprise et de ce que la loi exige.27 Une théorie de management (Stakeholder view) a offert la définition des parties prenantes suivantes: « Dans une corporation, les parties prenantes sont des individus et des groupements qui contribuent, volontairement ou non, à la capacité à créer de la valeur et de l'activité et qui en sont ses bénéficiaires potentiels et/ou en assument les risques ».28 Finalement, on peut conclure que dans toutes les définitions, domine un nouveau lien connu comme Triple Bottom Line. Le concept Triple Bottom Line est la transposition de la notion de développement durable en entreprise par l'évaluation de la performance de l'entreprise sous trois angles : social : conséquences sociales de l'activité de l'entreprise pour l'ensemble de ses parties prenantes (People) ; environnemental : compatibilité entre l'activité de l'entreprise et le maintien des écosystèmes (Planet) et économique (Profit). Triple Bottom Line correspond donc au triple P : People, Planet, Profit ; ou encore Triple Résultat. Le terme est une allusion à la Bottom Line (ou dernière ligne du bilan), c'est-à-dire au résultat net. L'expression Triple Bottom Line a été créée par John Elkington, cofondateur du premier cabinet de conseil en stratégie de développement durable britannique « Sustainability » en 1994. Elle a ensuite fait l'objet d'un livre du même auteur en 1998.29 On en arrive donc à mettre en évidence trois éléments fondamentaux de la RSE : Elle vise à intégrer les préoccupations sociales et environnementales dans les stratégies et opérations de l'entreprise. Ce sont des initiatives volontaires. Cela nécessite des interactions avec les parties prenantes internes et externes. 26 http://strategis.ic.gc.ca/epic/site/csr-rse.nsf/fr/hrs00095f.html consulté pour la dernière fois le 08 avril 2018 à 14h TU. 27 Archie CARROLL, «A Three-Dimensional Conceptual Model of Corporate Performance», Academy of Management Review, Vol. 4, no. 4, October 1979, p. 500. 28 James POST, et al., Redefining the Corporation: Stakeholder Management and Organizational Wealth, Stanford, Stanford University Press, 2002, p.18. 29 http://fr.wikipedia.org/wiki/Triplebottomline consulté le 3mars 2018 à 8heures TU. ~ 15 ~ |
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