SOMMAIRE
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : LA GUERRE EN
SYRIE : DE LA RÉVOLUTION A L'INTERNATIONALISATION DU CONFLIT
Chapitre 1 : l'évolution de la guerre
civile en Syrie en confrontation régionale
Section 1 : une révolte provenant des
périphéries
Section 2 : un conflit révélateur des
nouveaux rapports régionaux
Chapitre 2 : l'internationalisation du
conflit : greffage des agendas des puissances internationales
Section 1 : la ligne rouge et les États-Unis
Section 2 : la relative impuissance des puissances
européennes
DEUXIÈME PARTIE : LE JEU RUSSE EN
SYRIE : UNE ACTION UNILATÉRALE POUR IMPOSER LE
MULTILATÉRALISME
Chapitre 1 : le retour au premier plan de la
Russie dans le jeu de puissance internationale
Section 1 : la revendication du statut
d'héritier de l'URSS
Section 2 : l'intervention russe en Syrie : entre
réaction et planification
Chapitre 2 : la coopération
multilatérale en Syrie : une tâche difficile
Section 1 : un conflit a la limite du
contrôlable
Section 2 : une influence russe déterminante dans
la recherche d'une solution à la crise
CONCLUSION
Remerciements
Rédiger un mémoire, pour un étudiant en
fin de cycle, c'est se jeter dans cet universqu'est la recherche scientifique.
C'est prendre position, analyser, discuter, rejeter (avec modestie) et surtout
faire preuve de patience. Durant ces trois années qu'a duré le
master, c'est sans doute la principale qualité que j'ai pu apprendre.
Sans celle-ci, je n'aurais jamais pu terminer ce travail qui nécessite
une réelle attention par rapport au déroulement des
évènements.
C'est pour cela que je tiens à remercier Mr Alioune
Badara Diop, qui s'est encore une fois sacrifié afin que l'on puisse
terminer le programme. Je suis conscient que le monde de la recherche
universitaire a ses exigences, mais, à travers ses enseignements, il
nous montre à chaque fois que l'humilité précède la
connaissance, surtout dans un domaine où il faut souvent apprendre,
désapprendre et réapprendre.
Je tiens aussi à remercier mon encadreur, le Dr
Boubacar Kanté, pour sa disponibilité et sa patience. Corriger,
c'est souligner les imperfections aussi bien de la personne que de son travail.
Je reconnais que je ne suis pas parfait et je ne saurai nullement
prétendre que mon travail l'est aussi. Au contraire, il s'agit d'une
modeste contribution à un univers scientifique auquel j'aspire à
faire partie, dans un avenir proche, si Dieu le veut.
Je tiens, par ailleurs, à remercier tous mes camarades
de promotion pour leur patience. En tant que responsable de la promotion
2014-2015, je peux dire que ces années de travail et d'apprentissage en
commun ont été très riches en expériences et
particulièrement gratifiantes. J'en ressors grandi en tant qu'homme et
en tant qu'ami.
Dédicace
Je dédie ce mémoire à :
Ma mère, à travers son amour et son soutien sans
faille tout au long de mon cursus scolaire et universitaire. Ses sacrifices,
ses conseils et ses prières me donnent une force incomparable dans toute
entreprise.
Mon père, un exemple de générosité
aussi bien matériellequ'intellectuelle. Si j'ai acquis, au fil des
années, un gout aussi prononcé pour la recherche du savoir, c'est
sans doute le fruit de ses conseils quotidiens et son amour pour la
connaissance.
Mes frères et soeurs dont je suis le seul à
avoir fait des études poussées. Mais ceci ne
m'empêche nullement de leur vouer un profond respect et une
admiration sans commune mesure.
Une personne spéciale, Awa Sambe, qui ne cesse de
m'épauler et de m'encourager, quelle que soit la complexité de la
tâche avec sa formule désormais redondante : « j'ai
confiance en toi ».
Mention spéciale à une personne qui m'inspire
pour sa débrouillardise, son ouverture et son intelligence, George
Lamine Diop. Le côtoyer au quotidien m'a appris l'humilité, le
culte du travail, le sens du devoir et surtout le fait ne jamais se plaindre
malgré les aléas de la vie.
Tous les camarades de promo, au sens large du terme, avec
lesquels j'ai partagé des moments inoubliables.
Tous les professeurs du département de
Sciencepolitique.
Sigles et Abréviations :
· URSS : Union des
Républiques Socialistes Soviétiques
· OTAN : Organisation du
Traité de l'Atlantique Nord
· SEA : Armée Electronique
Syrienne (inversion requise en Anglais)
· ONU : Organisation des Nations
Unies
· EI : État islamique
· CSNU : Conseil de
Sécurité des Nations Unies
· UE : Union Européenne
· AGNU : Assemblée
Générale des Nations Unies
· ASL : Armée Syrienne Libre
· OSDH : Organisation Syrienne des
Droits de l'Homme
INTRODUCTION
Le 31 janvier 2011, une centaine d'opposants syriens ont pris
d'assaut la place Arnousà Damas pour une manifestation pacifique contre
le régime. Ils étaient pour la plupart silencieux, tenaient des
bougies et des écriteaux sur lesquels on pouvait lire « naa'am
al houryé » (Oui à la liberté). Un mot qui,
semble-t-il, terrifie le pouvoir en place dont les dérives autoritaires
n'ont que trop duré. Le mot « naa'am », de
même que le lieu de la manifestation, ontété minutieusement
choisis, car ils symbolisaient une dictature instaurée depuis Hafez
el-Hassad.
Bien qu'ayant voulu tenir des propos rassurants au
Washington Post, le président Bachar Al Assad savait
pertinemment que son pays était menacé par la contagion
révolutionnaire, un peu comme en Égypte et en Libye. En effet,
durant l'hiver 2010-2011, beaucoup de Syriens ont pu suivre avec
intérêt les évènements en Égypte, en Tunisie
et en Libye. Autrement dit, la frustration sociale était bien
présente depuis des années. Les vagues de contestations dans les
autres pays arabes ont permis de légitimer la révolte d'une
partie des Syriens. Celle-ci est survenue avec l'arrestation de jeunes
adolescents qui ont été emprisonnés puis torturés
pendant plusieurs jours. Leurtort : avoir écrit sur le mur de leur
école un slogan anti régime.
La vague de répression qui s'en est suivie a fini par
transformer des manifestants pacifiques au début en de véritables
rebelles et dont le but était de renverser le régime en place.
Dans ce contexte, il faut surtout noter que la politique répressive du
gouvernement contre tout mouvement démocratique a fini par favoriser
l'émergence de factions islamistes révolutionnaires et, sans
doute, celle de l'État islamique. La Syrie s'est alors progressivement
transformée en un vaste champ de bataille avec des acteurs très
hétérogènes et aux objectifs différents tant sur le
plan politique que militaire.
Aujourd'hui, la guerre en Syrie continue ses ravages et ses
conséquences sur le plan économique et humain sont incalculables.
Depuis le début du conflit, les organisations des droits humains
estiment qu'il y a eu plus de 400.000 morts, dont plus de 100.000 civils et
18.000 enfants. Un bilan macabre que ne saurait ignorer le principal
allié du régime baasiste : la Russie.
Celle-ci est intervenue dans le conflit le 30 septembre 2015
en bombardant les positions « rebelles » puis
« islamistes ». Les deux mots se prêtent d'ailleurs
beaucoup à confusion, chacun l'interprétant selon sa vision des
choses. Quoi qu'il en soit, cette intervention fut sans doute le début
d'une nouvelle ère dans l'évolution de ce conflit, car,
désormais, la Russie est un acteur majeur, voire incontournable, dans le
conflit syrien.
Cependant, la position de la Russie sur le dossier syrien,
bien qu'étant beaucoup plus tranchée que le camp occidental,
notamment les États-Unis et la France, présente plusieurs
ambiguïtés. Elle vient confirmer cette affirmation de
Clausewitz : « la guerre n'est que la simple continuation de
la politique par d'autres moyens1(*) ».
Avant d'aller plus loin, une définition de la notion de
« guerre » semble pertinente. Il s'agit d'un conflit
armé ouvert entre deux ou plusieurs groupes politiques
constitués, le plus souvent des États. Par extension, la notion
de guerre désigne un conflit interne à un État2(*). C'est à cette seconde
définition que s'identifie la guerre en Syrie.
L'autre notion centrale dans l'étude de ce sujet, c'est
celle de « pouvoir » qui correspond à la
capacité d'une entité à agir. Dans le champ des relations
internationales, les termes « pouvoir » et
« puissance » se confondent souvent. D'ailleurs,
« power » en anglais et
« Macht » en allemand désignent les
mêmes mots. Il s'agit alors d'un concept globalement accepté comme
étant le point central dans l'étude de l'environnement
international.
En s'inspirant de Raymond Aaron, dans Paix et Guerre entre
les nations, Serge Sur définit la puissance comme étant
« la capacité de faire, la capacité de faire faire,
la capacité d'empêcher de faire, et la capacité de refuser
de faire3(*)».
Ce sujet présente un certain sur le plan
théorique. Selon Stéphane François et Olivier
Schmidt4(*), la Russie
cherche, depuis plusieurs années, à restaurer sa dignité
après « l'humiliation » dont elle aurait souffert
dans les années 90. En effet, la chute de l'URSS, suivi de la
mondialisation au début des années 2000, ont engendré une
certaine angoisse sociale dans le pays. Un sentiment largement partagé
au sein de l'élite intellectuelle russe, dont Alexandre Douguine.
Celui-ci est le principal théoricien du conspirationnisme russe et du
néo-eurasisme, des courants de pensée dominants actuellement en
Russie. Sa pensée est complexe, parfois déroutante et s'appuie
essentiellement sur l'explication complotiste, l'ésotérisme ou
encore la philosophie politique. Il défend la théorie de
l'humiliation russe par les Américains en attribuant un rôle
subversif à ces derniers et aux Occidentaux en
général. Une position qui passe, apparemment, au sein de
l'élite russe et qui se ressent depuis quelques années dans la
politique étrangère de la Russie. Par exemple, l'annexion de la
Crimée par la Russie a été justifiée par le fait
que les Américains mènent une politique d'intervention à
outrance, notamment en Libye, en Irak et au Kossovo. Avec le conflit syrien,
c'est une nouvelle opposition sur fond de conspirationnisme des Occidentaux
vis-à-vis des Russes qui se dessine. Pire, dans la théorie de
Douguine, on y voit souvent la notion « d'Empire ». Ce qui
rappelle les sueurs froides qui ont précédé la Seconde
Guerre Mondiale, avec l'arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne.
Cependant, avec l'entrée de la Russie dans le conflit
syrien, Bertrand Badie estime que le fait de « parler d'un
conflit mondial serait un non-sens 5(*)». Toutefois, il reconnait que cette
intervention est un fait inédit, car c'est la première fois,
depuis 1979, que la Russie intervient hors de ses frontières. Bien qu'il
existe un risque de confrontation, Badie mise sur la rationalité des
différentes puissances engagées dans le conflit pour ne pas
déclencher une guerre dont les conséquences seraient
désastreuses pour le monde. Selon lui, le principal objectif de la
Russie est de reconquérir sa puissance sur le plan international
après plus de 25 ans de monopole occidental. Pour cela, Poutine dispose
sur le terrain d'un avantage certain par rapport aux Occidentaux, car il se bat
avec des alliés : l'Iran, le Hezbollah et le régime syrien.
C'est cette position que nous allons appuyer dans les lignes
qui vont suivre. En effet, ce travail est une occasion pour apprendre, car nous
allons revenir sur la nature, les causes et les différents acteurs d'un
conflit qui dure depuis plusieurs années. Nous tenterons aussi
d'apporter des réponses aussi simples que possible sans pour autant
paraitre simplistes. Nous allons surtout tenter de rappeler, décrypter,
et expliquer des évènements et enjeux qui se déroulent
depuis plusieurs années. Pour cela, nous allons nous appuyer sur des
dates, des chiffres et des informations que nous avons pris le soin de
vérifier auprès de sources crédibles.
Alors, quelles sont les origines et la particularité de
la guerre en Syrie ? Comment le conflit a évolué au fil des
enjeux régionaux et internationaux ? Quelle est la position des
puissances étrangères par rapport à la Guerre en
Syrie ?
Comme problématique centrale de ce sujet, il est
légitime de se poser la question de savoir : quel est le rôle
de la Russie dans l'évolution du conflit en Syrie ?
Concernant sa puissance, n'est-elle pas amoindrie par rapport
à l'ancienne puissance soviétique ? Quels sont les
intérêts russes dans le conflit syrien ? Enfin, quelles
sont les perspectives d'évolution de l'intervention russe en
Syrie ?
Les développements qui vont suivre vont alors apporter
des réponses à la série de questions posées dans la
problématique. Dès lors, nous avons regroupé ces questions
par thème afin de faciliter le récit des
évènements, notamment avec l'intervention de la Russie, et les
éclairer.
Dans une première partie, nous allons parler de
l'origine et de l'évolution de la guerre en Syrie.
Dans une seconde partie, nous allons aborder les enjeux de
l'intervention de la Russie en Syrie. Ce qui nous permettra d'aborder les
perspectives d'évolution d'un conflit qui est encore loin de connaitre
son épilogue.
PREMIÈRE PARTIE : LA GUERRE EN SYRIE :
DE LA RÉVOLUTION A L'INTERNATIONALISATION DU CONFLIT
Le conflit en Syrie, dont nous reviendrons sur les causes
profondes, est une résultante d'un élan de contestation, plus
connu sous le nom de « printemps arabe » et auquel se sont
greffés plusieurs autres paramètres. Cependant, comme les autres
peuples arables (Libye, Égypte, Tunisie, Yémen, etc.) en 2011,
les Syriens ont seulement voulu manifester pour montrer leur aspiration
à plus de liberté, de justice et de dignité dans un pays
dirigé par un dictateur.
Aujourd'hui, nous sommes face à un conflit difficile
à comprendre et quasiimpossible à maitriser, tant les
protagonistes présentent des profils et intérêts
différents. Du coup, le besoin de comprendre le conflit syrien s'impose
plus que jamais au regard des différentes évolutions
notées dans cette guerre et les répercussions que cela a pu avoir
ailleurs dans le monde, principalement en Europe.
Les premières lignes de cette étude vont faire
référence à l'évolution de la guerre civile en
Syrie en une confrontation régionale (Chapitre 1) et
surtout sur l'internationalisation du conflit à travers le greffage des
agendas internationaux (Chapitre 2).
CHAPITRE 1 : L'ÉVOLUTION DE LA GUERRE
CIVILE EN SYRIE EN CONFRONTATION RÉGIONALE
L'analyse du conflit syrien nous amène
inéluctablement à nous poser la question suivante :
qu'est-ce qui a amené le peuple syrien à se
révolter ? Ilsavaient de bonnes raisons de s'insurger face à
ce qui était considéré comme un régime tyrannique
et corrompu. Dès lors, il arrive un moment où
l'exaspération dépasse la peur. Cette situationexplique sans
doute la rapidité avec laquelle les différents
soulèvements populaires se sont succédé dans des pays
comme la Tunisie, la Libye ou l'Égypte6(*).
Toutefois, on peut dire que la guerre en Syrie, du moins
à ses débuts, avait tout l'air d'une guerre civile. Bien que ce
soit toujours le cas, le conflit a pris une réelle tournure sur le plan
régional avec l'intervention de plusieurs puissances locales, notamment
l'Iran et la Turquie, sans oublier les pays souteneurs comme l'Arabie Saoudite
ou le Qatar.
Dans cette partie, l'enjeu sera d'analyser l'origine de la
révolte qu'on peut décrire comme provenant des
périphéries (Section 1). Ensuite, il conviendra
d'analyser ce conflit comme étant révélateur des nouveaux
rapports au niveau régional(Section 2).
SECTION 1 : UNE RÉVOLTE PROVENANT DES
PÉRIPHÉRIES
Avant 2011 et le début des printemps arabes,
l'exaspération en Syrie était assez palpable au sein de la
population. En effet, au moment où le régime en place vantait
l'embellie économique que connaissait le pays, mais avec des chiffres
largement exagérés, la grande majorité de la
population vivait dans la pauvreté. De plus, les richesses
économiques ne profitaient qu'à une seule classe, notamment la
communautéalaouite à laquelle appartient le Président
Bachar Al Assad. Bien que « la base du régime dépasse
la seule communauté alaouite7(*) », c'est bien celle-ci qui
bénéficiait principalement des retombées. En plus d'une
corruption généralisée, il faut aussi noter que la
libéralisation des années 80 n'a pas permis d'apporter les
changements espérés.
Dans les prochaines lignes, il conviendra d'évoquer la
guerre civile en Syrie comme étant le retour d'un refoulé
(Paragraphe 1). On évoquera aussi le fait que le
régime syrien a proposé des réponses économiques
inadaptées à la crise (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La guerre civile en Syrie : le
retour d'un refoulé
En 2011, le soulèvement populaire en Syrie a
été interprété par plusieurs spécialistes,
sans doute à tort, comme un « effet domino » des
printemps arabes en Libye, en Égypte, en Tunisie et au Yémen. Il
est clair que les soulèvements en Libye, en Tunisie, au Yémen et
en Égypte ont eu un impact non négligeable sur la
détermination des Syriens8(*). Cependant, malgré plusieurs similitudes,
notamment la corruption, le chômage endémique et une dictature
plus ou moins sévère, l'analyse de l'exemple syrien ne saurait
être limitéeà un simple effet de contagion. En effet, par
son ampleur et ses modalités d'action, la révolte en Syrie a
été inédite9(*). Sur le terrain, entre mars 2011 et juillet 2012, plus
de 15.000 Syriens ont été tués par les forces du
régime10(*).
La question qu'il faudrait se poser reste alors celle de
savoir : comment en est-on arrivé là ? La
société syrienne est, en effet, composée de 70% de
sunnites et se caractérise par un enchevêtrement des
différentes appartenances religieuses. Elle se caractérise aussi
par une très large hétérogénéité
confessionnelle et ethnique, un régionalisme poussé et plusieurs
clivages professionnels11(*). En ce qui concerne
l'hétérogénéité confessionnelle et ethnique,
elle a donné lieu par le passé à des affrontements
violents entre membres de confessions différentes12(*).
En 2011, contrairement aux attentes, c'est la nature pacifique
et dénudée de caractère communautaire des manifestations
qui a pris de court le régime. Le fait est que la plupart des
manifestants étaient des héritiers de paysans et de petites
bourgeoisies de provinces qui ont longtemps été laissés en
rade dans l'exercicedu pouvoir par les grandes familles bourgeoises sunnites.
L'histoire nous rappelle qu'ils avaient été attirés par
l'idéologie baasiste qui repose essentiellement sur les principes du
socialisme arabe13(*) et
avaient pu perpétrer un coup d'État en 1963. Les fondateurs de
cette idéologie appartiennent à différents groupes
culturels et religieux. De plus, ils considèrent que le principe de la
laïcité devrait être le ciment de la société
arabe. Ce qui suppose le rejet de toute appartenance culturelle ou religieuse
au profit de l'identité arabe.
En Syrie, on se rend compte que c'est cette classe bourgeoise
sunnite, contre laquelle s'était réalisée la
révolution de 1963, qui continuait à afficher plus ou moins
ouvertement son soutien au régime.
Dès lors, un mouvement de mécontentement
populaire était bien perceptible dans la plupart des villes du pays.
Pour casser cette dynamique, le pouvoir avait décidé
dedéployer une double stratégie consistant à
réprimer et à réactiver les représentations de
peur, notamment au sein des communautés
« minoritaires »14(*).
La communautarisation de la sphère syrienne et
militaire est aussi un élément qui a contribué au
mécontentement au sein des différentes communautés qui se
sont senties, en un moment, dominées et abandonnées. En effet,
depuis 1970, date à laquelle débuta le règne de la famille
Assad à la suite d'un coup d'État, le clientélisme
communautaire a été érigé en pratique
incontournable au sein du pouvoir. Le président de l'époque,
Hafez el-Assad, avait instauré un régime basé sur la
dualité des systèmes15(*). En effet, les institutions, d'apparence
démocratique, telles que le gouvernement, le conseil du peuple, la
magistrature et les syndicats, étaient doublées par un
système parallèle que l'on peut appeler « esprit de
corps » et qui réunissait autour de la figure du
président, des officiers de la communauté alaouite. Du coup,
à tous les échelons du pouvoir, la répartition des postes,
qui devait répondre à des exigences de
représentativité, posait problème et créait des
frustrations16(*).
De plus, au niveau de l'appareil militaire, le
mécanisme de prise de décision, à tous les niveaux, repose
sur l'instrumentalisation et la mise en concurrence des différentes
communautés. Dès lors, chaque décision d'un officier
pouvait être empêchée ou sabotée par un autre
officier de confession différente17(*).
Par ailleurs, le fort exode rural qui a gagné la Syrie
au début des années 70 a largement touché les
minorités issues de l'intérieur du pays. Elles se sont
retrouvées dans des quartiers sunnites plutôt homogènes et
ceci avait créé de sérieuses tensions sociales à
tel point que certaines familles avaient fini par déménager vers
les quartiers périphériques plus homogènes. Au-delà
de ses tensions, nous avons une nette augmentation de la criminalité
dans la zone, notamment l'enlèvement de jeunes femmes ou enfants puis
leur restitution contre le versement d'une rançon.
L'ensemble de ces divisions et frustrations sociales a sans
doute contribué à mettre la poudre au feu, car, à
l'origine, les manifestations étaient pacifiques. On a aussi le fait que
l'État n'a pas su, sur la durée, comme lors du
soulèvement, apporter des solutions durables à la crise, un peu
comme ce fut le cas au Maroc et en Algérie.
Paragraphe 2 : Des réponses économiques
inadaptées à la crise
Dès les premiers jours de la révolte, à
la lumière de ce qu'ont fait les gouvernements de l'Algérie, du
Maroc pour apaiser les tensions sociales, le pouvoir syrien annonçait
dans la foulée un ensemble de mesures afin de calmer la révolte.
Parmi celles-ci, on a l'augmentation de 30% du salaire des
fonctionnaires18(*). Il
faut noter qu'il s'agissait d'une décision qui, dans un passé
récent, aurait été très bien accueillie par les
intéressés et surtout par le secteur privé qui y voyait un
très bon moyen de relancer la consommation, car la moitié de la
population syrienne active travaille pour l'État. Cependant, ce contexte
de révolte politique se faisait sur fond de gel des recrutements au
niveau de la fonction publique. Dès lors, la mesure en question n'a pas
pu avoir le succès escompté. En effet, cela n'a pas pu
résoudre le problème du chômagequi touchait une bonne
partie de la population ni résoudre le problèmede millions de
travailleurs évoluant dans le secteur informel et qui ne sont
guère épargnés par la Police19(*).
D'ailleurs, l'augmentation du salaire des fonctionnaires a
été prise pour une mauvaise chose par ceux qui sentaient
dupés par cette décision qui, selon eux, favorisait encore plus
la communauté alaouite très présente dans la sphère
étatique20(*).
Au début de la révolte, à Banias, un haut
lieu de la contestation, les habitants ont réclamé la
création de plus de 2000 emplois pour les habitants majoritairement
sunnites au niveau de la raffinerie et de la centrale thermique, jusqu'alors
dominés par les alaouites. Il faut noter que dans la plupart des villes
contestataires (Idleb, Rastan, Deraa, Tel Bisseh, etc.), les populations sont
victimes du désengagement de l'État au moment où la
croissance de la population reste très forte avec toutes les exigences
que cela implique, surtout en termes de création d'emplois. Dès
lors, comme dans les autres pays qui ont connu le « printemps
arabe », la dimension sociale est un des éléments
principaux à retenir pour expliquer le déclenchement du conflit
syrien, celle-ci étant aggravée par une situation
démographique particulièrement tendue.
L'accès à l'eau est, également, un motif
de mécontentement chez le peuple syrien. Entre 2007 et 2011, le pays a
connu une période de sécheresse qui a obligé le
gouvernement à fermer les nombreux puits illégaux et à
interdire de nouveaux puits. Cependant, dans un pays corrompu, cette mesure n'a
pas été appliquée sur le territoire avec la même
diligence, mais au gré des réseaux clientélistes.
D'ailleurs, le gouvernement avait tenté de remédier aux
difficultés liées à l'accès à l'eau en
lançant un vaste plan de modernisation des techniques
d'irrigation21(*), mais
avec une gestion bureaucratique peu efficace, les résultats n'ont pas pu
suivre.
Heureusement que les 4 ans de sécheresse ont
été suivis par de fortes pluies en pleine crise. Ce qui avait
d'ailleurs contribué à l'époque à modérer la
crise politique, notamment dans le nord-est du pays. Cette forte
pluviométrie avait aussi permis à la zone de surmonter les effets
des sanctions économiques.
On a par ailleurs, la croissance galopante de la population
syrienne qui a créé une véritable crise du logement.
Celle-ci a été accentuée par une véritable incurie
en matière d'urbanisme. En effet, à cause de l'absence de
prêts immobiliers auprès des banques pour les populations ne
pouvant pas justifier de revenus fixes, beaucoup de Syriens vivent dans la
promiscuité. Ce qui a provoqué l'apparition de vastes banlieues
dans la périphérie de Damas, sans véritable
aménagement ni infrastructures publiques. De plus, elles ne sont que
partiellement alimentées en eau. De plus, environ 40% de cette
population issue del'exode rural travaille dans le secteur informel.22(*)
Il faut souligner que la crise du logement a des
conséquences assez importantes sur la société syrienne,
car cela représente une condition sine qua non pour se marier.
L'homme n'est, en effet, considéré comme prêt à
épouser une femme que lorsqu'il prouve qu'il est capable d'avoir une
maison. En un moment donné, l'État a tenté d'endiguer ce
phénomène d'habitation anarchique, mais comme toujours, ses
efforts ont rapidement été freinés par la corruption.
Dès le début de la crise, le gouvernement a tenu à
désamorcer qu'on peut appeler la « bombe du
logement » en levant les restrictions sur les constructions
informelles. Ce qui a pu détourner certains jeunes manifestants.
Cependant, cela n'a représenté qu'une solution provisoire
à la crise sociale et plus généralement en ce qui concerne
le malaise social qui règne en Syrie.
Par ailleurs, le régime n'a pas hésité
à brader les ressources naturelles du pays et ceci est le
résultat d'un système politique tout à fait
inadapté et appelé à disparaitre, du moins selon les
prétentions de l'opposition syrienne.
L'ensemble des facteurs évoqués ci-dessus ont
vivement participé à l'exacerbation des mouvements de
contestation en Syrie qui ont découlé sur la guerre civile que
nous vivons aujourd'hui. Il conviendrait alors de l'étudier en
profondeur, notamment en prenant en compte le contexte régional.
SECTION 2 : UN CONFLIT RÉVÉLATEUR
DES NOUVEAUX RAPPORTS RÉGIONAUX
Pour les spécialistes des conflits armés, la
guerre en Syrie est très difficile à analyser. En effet, outre le
fait d'avoir une dimension sociale évidente, elle a également une
dimension hautement stratégique. Le conflit syrien se déroule
dans une région réputée pour son instabilité et qui
a longtemps été la chasse gardée des puissances comme les
États-Unis et la Russie. Dès lors, leur influence directe ou
indirecte dans la crise était envisageable, d'autant plus que la Syrie,
contrairement aux autres pays, était un des rares pays arabes à
connaitre une stabilité prolongée bien que celle-ci ait toujours
été relative.
Quoi qu'on dise, ce conflit en dit long sur les nouvelles
relations dans la région, caractérisée par des alliances
etdésalliances au gré des enjeux(Paragraphe 1).
Toutefois, il faut souligner le fait que le conflit syrien est tout à
fait particulier et ressemble beaucoup à une guerre par procuration
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : la guerre en Syrie : entre
alliances etdésalliances au niveau régional
Depuis le début des années 80, la Syrie est un
allié de l'Iran, car ils avaient un allié en commun : Saddam
Hussein. Cependant, après la révolution de 1979, l'Iran a perdu
son influence militaire dans la zone, car ayant été
délaissé par les États-Unis. Dès lors, depuis le
passage de l'Égypte dans le camp américain, la Syrie était
à la recherche de nouveaux alliés. Elle n'a pas alors
hésité à faire de la Russie un partenaire de taille,
celle-ci étant à la recherche de nouvelles zones d'influence au
sortir de la guerre froide et après la chute de l'URSS.
L'alliance entre la République (chiite) d'Iran et le
régime alaouite syrien n'avait rien de confessionnel, mais était
bien de nature stratégique. Toutefois, au fil des années,
« l'axe Chiite », constitué par l'Iran, l'Irak et le
Liban s'oppose, et cette fois-ci sur le plan confessionnel, à
« l'axe sunnite » constitué de l'Arabie Saoudite, de
l'Égypte, des pétromonarchies du Golfe et de la Turquie, dans une
moindre mesure. Chaque camp a réussi à trouver un soutien
international (l'OTAN pour l'axe Sunnite et l'alliance sino-russe pour l'axe
Chiite23(*)).
En ce qui concerne l'Iran, la Syrie est une pièce
maitresse dans le déroulement de sa stratégie politique dans la
région. En effet, sans la Syrie, le Hezbollah, qui est activement
soutenu par l'Iran, ne pourrait plus bénéficier des moyens
financiers et logistiques lui permettant de faire face à la menace
Israël. De plus, l'Iran aimerait conserver sa capacité de riposte
face au principal allié des États-Unis dans la région au
cas où ce qu'on a l'habitude d'appeler le « Grand
Satan » était tenté par une attaque préventive,
comme il sait si bien le faire.
Le fait de soutenir le Hezbollah libanais et le Hamas24(*) était, par ailleurs, un
moyen pour l'Iran de fustiger l'attitude des monarchies du golfe les
accusantd'avoir abandonné la lutte pour la libération de la
Palestine.
Pour l'Arabie Saoudite, l'influence iranienne est
perçue comme une menace, notamment à travers la population du
Hasa, située au nord-est du royaume (une zone riche en pétrole).
Cela explique d'ailleurs son intervention militaire brutale au Yémen en
2011 où la majorité Chiite s'est révoltée contre la
monarchie sunnite25(*).
Pour le Qatar, il faut souligner que c'est un pays qui n'avait
pas l'habitude de prendre des positions diplomatiques sur les dossiers brulants
de la région. Cependant, depuis 2008, il s'est réconcilié
avec l'Arabie Saoudite et a commencé à s'aligner à sa
stratégie dans la région. Dès lors, les deux puissances
wahhabites se partagent les rôles dans la région : l'un
soutenant les salafistes tandis que l'autre soutient les Frères
musulmans. Par contre, certains riches dignitaires qataris continuent de
financer les salafistes.
Les deux pays veulent jouer un rôle central dans la
crise en Syrie. Le Qatar, par exemple, n'hésite pas à apporter
son soutien financier à l'Armée syrienne libre et à peser
sur le plan diplomatique pour imposer des sanctions au régime syrien au
niveau de la Ligue arabe et de l'ONU.
Le but affiché des pays du Golfe, c'est de
réduire considérablement l'influence iranienne dans la
région en brisant ce qu'on appelle « le maillon
faible » de l'axe Chiite. En effet, la Syrie est peuplée
majoritairement de sunnites dirigés par une minorité alaouite.
Bien entendu, cette stratégie a le soutien des États-Unis, mais
c'est sans compter le retour de la Russie sur la scène régionale.
À travers cette partie, il est facile de comprendre que
chaque pays de la région cherche à défendre ses
intérêts politico-stratégiques. Par exemple, la
stabilité de l'Arabie Saoudite dépend largement de la
réduction de l'influence iranienne dans la région, car sa partie
Chiite est de plus en plus exaspérée par la domination de la
monarchie Sunnite. On est alors face à une guerre par procuration en
Syrie.
Paragraphe 2 : la particularité du conflit
syrien : une guerre par procuration
À travers sa dimension stratégique et les
acteurs qui y participent de près ou de loin, on peut affirmer que le
conflit en Syrie est une guerre par procuration.
En effet, pour la première fois depuis la chute de
l'Union soviétique, les États-Unis et la Russie se retrouvent
impliqués par un conflit armé par territoire
interposé26(*). Au
temps de la guerre froide, les États-Unis et l'URSS s'affrontaient de
manière indirecte par groupes interposés. On dirait alors que ce
temps est de retour en Syrie où Russes et Américains sont
entrés dans une nouvelle guerre froide par procuration. Au début,
la plupart des spécialistes avaient du mal à confirmer
l'existence de cette situation jusqu'au moment où Dimitri Medvedev,
Premier ministre russe, lâcha l'expression.
Toutefois, cette situation était prévisible, car
depuis quelques années, les relations entre les États-Unis et la
Russie n'avaient cessé de se détériorer. Sur le terrain,
les Russes soutiennent Bachar Al Assad alors que les Américains
soutiennent l'opposition. L'objectif de la Russie, c'est de restaurer, ne
serait-ce que partiellement, l'équilibre avec les
États-Unisauxquels Vladimir Poutine n'a -sans doute - jamais
pardonné la défaite de la guerre froide.
L'Arabie Saudite et l'Iran, deux puissances Sunnites et
Chiites, se livrent, elles aussi, à une guerre par procuration en Syrie.
En effet, au moment où l'Iran soutient financièrement le
régime syrien de même que le Hezbollah, son bras armé dans
la zone, l'Arabie Saoudite arme, pour sa part, les groupes rebelles sunnites
opposés à Bachar Al Assad et réclame sa tête au sein
des instances internationales. Autant dire que la deuxième dimension de
la guerre en Syrie oppose les Chiites et les Sunnites.
La troisième dimension, si on peut la nommer ainsi,
renvoie à l'opposition entre les forces Kurdes et le pouvoir
central d'Ankara. En effet, la Turquie utilise la guerre en Syrie et la
présence des djihadistes de l'État islamique pour s'attaquer aux
Kurdes et à leurs velléités d'indépendance. Avec la
diversité des objectifs stratégiques, n'importe quel analyste
géopolitique se serait convaincu que la Syrie est morcelée et
incontrôlable. Ce qui est difficilement contestable, car, depuis quelques
années, le régime syrien ne contrôle plus le territoire ni
même l'opposition. Le pays se trouve désormais entre les mains des
États-Unis, de la Russie, de l'Iran, de l'Arabie Saoudite, de la Turquie
et de l'Etat-Islamique.
À traversl'acceptation de cette guerre par procuration,
l'avantage est nettement du côté russe. Si l'on sait que les
troupes de Daech ne pourront être vaincues qu'à travers
l'engagement de troupes au sol27(*), Vladimir Poutine peut compter sur ses alliés
iraniens et sur leurs alliés du Hezbollah libanais. Au même
moment, de l'autre côté, les Américains ne peuvent compter
que sur des forces Kurdes réprimées par la Turquie et sur des
combattants irakiens qui ont du mal à s'organiser de manière
efficace. De plus, les dernières évolutions du conflit montrent
que le rapport de force est assez favorable, même si ce n'est que relatif
et réversible à tout moment, aux Russes à leurs
alliés28(*).
Aujourd'hui, ce qui se passe en Syrie nous rappelle les
épisodes de la guerre froide avec cet état de « Guerre
impossible, paix improbable », comme le soulignait Raymond Aaron dans
le premier chapitre de son ouvrage « Le Grand
Schisme » publié en 1948. Cependant, les forces russes et
américaines ont tenu à s'entendre sur plusieurs termes, notamment
en ce qui concerne le survol de l'espace aérien syrien. L'objectif,
c'est d'éviter toute bavure qui pourrait rendre le conflit
incontrôlable. Aucune des deux puissances n'aimerait, en effet, que cette
région soit le théâtre d'un affrontement direct entre
Russes et Américains, au regard de la sensibilité de la zone et
surtout de la présence d'Israël.
Cette analyse nous permet de comprendre que le conflit syrien
concerne directement ou indirectement toute la région. Dès lors,
chaque pays essaie d'y participer à sa manière et selon les
idéaux qu'il défend. À travers la rencontre des deux
grandes puissances, en l'occurrence les États-Unis et la Russie, c'est
aussi des agendas différents qui se rencontrent et s'affrontent sur le
terrain. CHAPITRE 2 : L'INTERNATIONALISATION DU CONFLIT :
GREFFAGE DES AGENDAS DES PUISSANCES INTERNATIONALES
Depuis le début de la guerre en Syrie, le territoire
est le théâtrede rivalités entre les différentes
puissances impériales. Le conflit est non seulement
révélateur des nouveaux rapports régionaux, mais aussi
internationaux. En effet, la Russie, non contente du rôle d'effacement et
non-interventionniste qu'elle a joué en Libye, est bien
décidée cette fois-ci à participer au conflit. Pour les
États-Unis, leur rôle décadent au niveau de la
région est exacerbé par le retrait de leurs troupes en Irak et en
Afghanistan. En effet, depuis l'élection de Barack Obama, les
États-Unis mènent une politique de
« leadingfrombehind29(*) », comme ce fut le cas lors de
l'intervention en Libye. Ce qui explique d'ailleurs le fait que, sur le
terrain, c'est la Russie et ses alliés qui semblent avoir l'avantage.
Outre les États-Unis et la Russie, les puissances européennes
sont aussi présentes dans le conflit syrien, même si c'est dans
une moindre mesure. Leur principal objectif, c'est de lutter contre Daech qui
s'est internationalisé, en témoigne les attentats en
Europe.
À travers ce chapitre, il sera question
d'évoquer l'intervention, du moins la participation américaine en
Syrie, à travers le concept de la ligne rouge (Section
I) pour ensuite analyser la relative impuissance des puissances
européennes dans la guerre en Syrie (Section II).
SECTION 1 : LA LIGNE ROUGE ET LES
ÉTATS-UNIS
Le concept de « ligne rouge » est
très présent dans les débats sur la guerre en Syrie. En
termes simples, il indique « la limite à ne pas
franchir » par le régime syrien, celle-ci pouvant justifier de
manière légitime une intervention militaire américaine
dans le conflit. En 2013 Barack Obama s'était déclaré
« fier » de ne pas être intervenu dans le conflit en
Syrie malgré la ligne rouge. Quelques mois plus tard, c'est la Russie
qui avait décidé d'intervenir militairement en Syrie. Le
Président américain avait surtout mis en avant l'utilisation des
armes chimiques comme « ligne rouge » comme étant un
préalable à l'intervention américaine en Syrie.
À travers l'analyse de la notion de ligne rouge, il
s'agira d'évoquer l'incohérence de la position américaine
dans le conflit syrien (Paragraphe 1). On évoquera
aussi le fait que cette position est largement critiquée à
l'international (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : l'incohérence de la position
américaine
Dès le début de la guerre en Syrie, les
États-Unis et les pays européens ont rapidement exigé le
départ de Bachar Al Assad afin de mettre un terme au conflit. Au
départ, les Américains et les Européens avaient
envisagé le spectre d'une intervention en Syrie. Cependant, les forces
rebelles n'ont presque jamais vu l'aide arriver.
Il faut souligner que l'incohérence de la position
américaine s'est manifestée lorsque le régime d'Al Assad
avait franchi la supposée « ligne rouge » en
utilisant des armes chimiques et tuant plus de 1700 civils. Barack avait alors
déclaré que l'utilisation de ces armes prohibées
était un préalable à toute intervention américaine
sur le terrain. Dès lors, on s'attendait à ce qu'il y ait des
frappes américaines début septembre 201330(*). Cependant, les faits
indiquentquelesÉtats-Unis ne sont pas intervenus dans le conflit par
peur de le voir devenir plus incontrôlable qu'il ne l'est. La
véritable raison reste le fait que les Américains ne veulent plus
vraiment d'une « guerre par territoire interposé ».
Selon eux, tout ce qui rappelle de près ou de loin les pratiques de la
guerre froide doit être dépassé et on devrait s'acheminer
vers un nouveau paradigme.
En reculant face à ce qu'on peut appeler une limite
à ne pas dépasser, le président Obama venait de donner
à Bachar Al Assad le « droit de tuer » et ceci
malgré les accords de destruction des armes chimiques qui ont
été signés. Ce qui explique cette passivité, du
moins en partie, c'est le fait que Barack Obama avait été
élu sur la base d'un programme visant à désengager les
États-Unis, dans la région, notamment dansdes pays comme l'Irak
et l'Afghanistan. Le président américain avait d'ailleurs
avoué que les États-Unis n'avaient pas vraiment
d'intérêt stratégique en Syrie.
Toutefois, même si les Américains manquent
réellement d'intérêt pour ce conflit, il convient de ne pas
en négliger un aspect fondamental : le développement du
djihadisme. C'est sans doute le principal motif qui justifie aujourd'hui la
participation américaine dans ce conflit. En aout 2014, un ressortissant
américain du nom de James Foley a été
exécuté par les combattants de l'État islamique31(*). Quelques semaines plus tard,
les États-Unis décidèrent d'effectuer leurs premiers
bombardements contre Daech en Irak et en Syrie. Cependant, cette riposte
était seulement considérée comme un mouvement d'humeur,
car elle n'était accompagnée d'aucune stratégie politique.
Comme conséquence, ces bombardements n'avaient servi qu'à limiter
les capacités opérationnelles de Daech et surtout leur expansion
territoriale.
Jusqu'en 2015, les Américains n'étaient pas
parvenus à imposer leur agenda stratégique dans la région,
laissant un vaste champ d'action à la Russie. D'ailleurs, face aux
nombreux blocages sur le terrain et à la détermination de la
Russie, il fallait rapidement trouver un terrain d'entente concernant certains
points. Pour cela, le secrétaire d'Etat John Kerry n'a pas
hésité à réaliser plusieurs consultations en se
rendant, notamment à Moscou. On se rend alors compte que les
Américains diminuaient progressivement leurs exigences afin de mieux se
conformer à celles des Russes. Dès lors, un calendrier de
transition politique a été mis en place, mais celui-ci
était assez vague, notamment en ce qui concerne le rôle de Bachar
Al Assad dans cette transition.
Jusqu'en 2016, les États-Unis ont maintenu une
politique ambiguë vis-à-vis de la Syrie. En effet, ils n'ont pas
varié sur le principe selon lequel Bachar Al Assad devait quitter le
pouvoir, mais continuaient parallèlement à négocier avec
les Russes qui, à leur niveau, prônaient le maintien du dictateur
syrien au pouvoir. De plus, ils ont cessé de livrer des armes à
l'opposition syrienne afin de les contraindre à aller aux
négociations qui se sont tenues à Genève. Le fait est que,
comme évoquée plus haut, la priorité reste la lutte contre
Daech. Pour cela, les États-Unis ont passé des accords avec la
Russie afin d'éviter tout incident aérien sur le
théâtre d'opérations. Ils sont aussi tenus à
soutenir les Kurdes et les Forces Démocratiques Syriennes, au
détriment des insurgés.
Enfin, l'ambiguïté de la position
américaine en Syrie se justifie par la crainte de voir l'Iran quitter la
table des négociations, notamment sur son projet nucléaire. Un
accord a pu d'ailleurs être conclu dans la foulée.
Tous ces éléments laissent penser que les
États-Unis jouent un double jeu en Syrie. D'abord, en cherchant à
combattre l'État islamique. Ensuite, en cherchant ouvertement le
départ de Bachar Al Assad avec lequel, ils ont un ennemi commun (Daech).
Pour l'opinion internationale, cette attitude américaine est largement
critiquable.
Paragraphe 2 : une attitude critiquée à
l'international
Au début du conflit, la stratégie
américaine en Syrie, à travers le
« leadingfrombehind », était globalement comprise et
acceptée par la plupart des observateurs. Les États-Unis
étaient dans une logique de retrait au Moyen-Orient et n'avaient
nullement intérêt à participer à une guerre qui ne
les concernait pas directement. Bien entendu, on ne parle pas de la menace
terroriste qui est un phénomène global.
Cependant, depuis quelque temps, la position américaine
en Syrie est largement critiquée à la fois par l'opinion
internationale, les observateurs, les ONG et même par certains diplomates
au niveau. En effet, une cinquantaine de diplomates américains ont
rédigé un texte appelant à des frappes militaires contre
le régime de Bachar Al Assad32(*).
En juin 2015, les États-Unis avaient connu une nouvelle
humiliation sur le terrain : après avoir équipé et
soutenu les rebelles pour combattre contre l'État islamique près
de la frontière avec l'Irak, ils ont été bombardés
par l'aviation russe. Au cours d'une visioconférence, le Pentagone a
fait part de son mécontentement par rapport à la situation,
notamment avec les responsables russes. Pour se défendre, les
autorités russes ont expliqué que les Américains ne leur
avaient pas fourni la position exacte de leurs forces.
Cet incident est de nature à démontrer la
fragilité de la position américaine sur le terrain. Dès
lors, au sein du ministère de la Défense, des voix se sont
élevées, en l'occurrence des diplomates, pour réclamer un
recours « judicieux » à la force contre le
régime syrien33(*).
Pour faire entendre leur voix, les diplomates contestataires ont
emprunté un canal interne et exclusif réservé aux analyses
divergentes par rapport aux politiques suivies. Cependant, ces diplomates ne se
sont pas contentés de cette voie, car le New York Times de même
que le Wall Street Journal en ont fait part grâce à des fuites.
Selon la position défendue par Barack Obama, une
intervention en Syrie présente plus de dangers que
d'opportunités. Cependant, il reste tout à fait sceptique par
rapport aux capacités opérationnelles de l'opposition syrienne
qui fait face à une armée de métier, celle-ci étant
soutenue par l'Iran et la Russie. N'oublions pas que le président Obama
a été élusur la base de son opposition à l'invasion
de l'Irak en 2003. Par rapport à une intervention en Syrie, il estime
surtout qu'elle ne permettrait pas de modifier le rapport de force en
profondeur. De plus, ceci représenterait un potentiel risque
d'enlisement pour un conflit devenu incontrôlable au fil des
années. Bien qu'il ne croit nullement au fait que Bachar Al Assad fasse
partie de l'avenir de la Syrie, Obama a beaucoup misé sur la diplomatie
pour faire cesser les hostilités et surtout d'amorcer un processus de
règlement politique du conflit.
Cependant, selon les diplomates signataires du
télégramme adressé à la Maison-Blanche, c'est
précisément par ce que le régime syrien ne risquait rien
qu'elle se permettait autant d'exactions, notamment avec l'utilisation de
l'arme chimique et s'épargne de véritables négociations
diplomatiques. Ils encouragent alors le gouvernement à miser sur un
« usage judicieux » des frappes, mais l'immobilisme des
États-Unis par rapport à la situation en Syrie s'est poursuivi
jusqu'au départ de Barack Obama.
L'arrivée de Donald Trump en janvier 2017, ne devait,
en principe, pas changer grand-chose par rapport à la stratégie
américaine en Syrie. Cependant, au mois d'avril 2017, le régime
syrien s'est vu désigner comme étant le coupable d'une nouvelle
attaque à l'arme chimique dans la ville rebelle de Khan Cheikhoun avec
un bilan de 90 morts34(*).
Les États-Unis, jusque-là spectateurs passifs, prirent des
mesures aussi étonnantes qu'inattendues : le bombardement d'une
base aérienne du gouvernement syrien. Ce qui laisse croire que les
cartes sont redistribuées dans le conflit, car, désormais,
personne ne sait vraiment à quoi s'attendre du conflit en Syrie,
d'autant plus que le nouveau président américain est connu pour
ses sauts d'humeurs et son imprévisibilité.
À la lumière de ces développements, on se
rend compte que les États-Unis, contrairement auxautres conflits, ne
s'engagent pas avec la même énergie en Syrie. Si certains y voient
un déclin de l'influence américaine dans la zone, d'autres y
décèlent par contre une manière de privilégier la
voie diplomatique, la seule qui soit capable de trouver une issue satisfaisante
à ce conflit.
SECTION2 : LA RELATIVE IMPUISSANCE DES PUISSANCES
EUROPEENES
La guerre en Syrie est devenue, au fil des années, un
véritable défi pour l'Europe. Entre attentats terroristes
revendiqués par Daech et vagues de migrants, il faut dire que les pays
européens sont loin d'être tranquilles. Au contraire, les grandes
puissances européennes, notamment la France, l'Angleterre et
l'Allemagne, montrent de réelles lacunes aussi bien dans la gestion des
migrants que celle des attentats. Autant dire que la guerre en Syrie a des
conséquences directes sur la stabilité en Europe. Dès
lors, de plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer une
meilleure « gestion » de la crise syrienne. Aujourd'hui,
l'un des défis majeurs de l'Europe, ventre mou de l'Occident
« décadente », c'est de faire face à la
déferlante terroriste qui a déjà fait plusieurs dizaines
de morts rien qu'en France entre 2015 et 2017.
À travers l'analyse du malaise des puissances
européennes face à la situation en Syrie, nous allons
évoquer le fait que l'Union européenne reste divisée sur
l'intervention en Syrie (Paragraphe1) puis analyser la
position de la France face au conflit syrien (Paragraphe
2).
Paragraphe 1 : l'Union européenne reste
divisée sur l'intervention en Syrie
Les pays européens rencontrent de grandes
difficultés à faire face aux conséquences de la guerre en
Syrie. Le fait est qu'ils ne pensaient pas qu'une guerre, d'apparence si
lointaine, pourrait avoir des conséquences aussi immédiates dans
le quotidien des Européens. L'Union européenne reste surtout
divisée par rapport à la question sur l'avenir de Bachar Al Assad
ou encore sur l'attitude à avoir par rapport à la Turquie, un
acteur clé aussi bien dans le conflit qu'au niveau de la gestion
des migrants.
Cependant, malgré le fait que les responsables
européens aient clairement identifié le problème, les
différentes réunions et conférences qui se sont tenues
restent assez vagues sur le sujet. À part la France qui estime que le
maintien de Bachar Al Assad au pouvoir entrainera la poursuite de la guerre,
les autres pays peinent à s'exprimer clairement sur le
sujet35(*). Mais on peut
dire que l'idée selon laquelle les négociations devraient inclure
des personnalités proches du régime qui n'ont pas vraiment
participé aux massacres fait son chemin. En effet, chez les dirigeants
européens dont, Angela Merkel et François Hollande, l'idée
est de chercher à ne pas créer un vide, à l'image de ce
qui s'est déjà produit en Irak et en Libye. Ils aimeraient alors
jouer les facilitateurs aussi bien au niveau des deux camps qu'au niveau des
Nations Unies.
En ce qui concerne l'intervention russe, les Européens
ne sont pas du tout d'accord sur la tournure qu'elle prend36(*). Au sein des réunions,
certaines positions divergent largement par rapport aux frappes russes sur le
territoire. Certains pays ne parviennent même pas à s'entendre sur
des évidences factuelles. Par exemple, si l'Italie estime que la
Russie pourrait être un « facilitateur » dans la
transition politique, l'Allemagne, quant à elle, estime que cette
intervention complique un peu plus les choses. Pour la France, elle demande
ouvertement à la Russie de « participer » à
l'effort collectif de paix.
Il est clair, en tout cas, que les récents
développements de la guerre en Syrie ont une incidence non
négligeable sur l'avenir de l'Union européenne, surtout sur la
question des migrants où les désaccords sont assez profonds. La
récente crise des migrants a amené certains pays d'Europe
à montrer des signes d'agacement et d'impuissance face aux vagues de
migrants. Même l'Allemagne, qui a pu accueillir jusqu'à 1 million
de migrants commence à montrer des signes de réticence. À
cela s'ajoute la montée des extrémismes dans différents
pays qui n'arrange pas les choses.
Enfin, la position à adopter face à la Turquie
est un souci de premier ordre, car, on le sait tous, ce pays court depuis
plusieurs années derrière son adhésion à l'Union
européenne. Pour plusieurs pays membres de la zone euro, la
coopération avec Ankara est indispensable pour endiguer les vagues de
migrants. Par rapport à l'intervention militaire turque sur le terrain,
il faut dire que les Européens ne s'y intéressent pas vraiment,
car ils considèrent la répression des Kurdes comme une vieille
histoire qui refait surface, tout simplement.
À la lumière de ces développements, on
peut dire que le conflit syrien dépasse largement les attentes
européennes. Entre explosion des flux de migrants et vagues d'attentats,
l'Europe souffre des conséquences immédiates de cette crise et
tarde à proposer des solutions efficaces et durables. En ce moment,
seule la France semble avoir compris les tenants de cette crise.
Paragraphe 2 : La position de la France face au
conflit syrien
Depuis 2011, la France se mobilise pour trouver une solution
à la guerre en Syrie. En effet, sa position n'a pas vraiment
varié au fil des années. Il faut noter que les priorités
de la France demeurent les suivantes :
· Permettre une amélioration de la situation
humanitaire
· Reprendre les négociations afin d'assurer une
transition politique crédible
· Poursuivre la lutte contre le terrorisme
Selon Paris, ces 3 points restent incontournables dans la
résolution de la crise en Syrie et servent surtout à
alléger les souffrances d'une population meurtrie et
désabusée par le conflit. Le 19 décembre 2016, le conseil
de Sécurité de l'ONU a adopté la résolution
232837(*) sur la situation
humanitaire dans la ville d'Alep38(*). Cette résolution, portée par la
France, avait pour but d'apporter une solution à la crise humanitaire
dans la ville. Elle prévoyait un plan d'évacuation de la ville
sous la surveillance des forces des Nations-Unies, et surtout de garantir un
accès immédiat et sans condition à l'aide humanitaire.
Elle prévoyait aussi la protection des installations de santé de
même que le personnel de santé dans tout le pays.
Avec l'adoption de cette résolution, on peut dire que
la France tente de prolonger son action sur le terrain, avec pour objectif le
fait d'obtenir le respect du droit international humanitaire sur le territoire
syrien. Cette résolution a été réaffirmée
par la résolution 2254, qui prévoit une feuille de route pour la
transition politique, et la résolution 2258 qui avait pour objectif de
faciliter l'accès des agences humanitaires à travers les
frontières et les lignes de front à l'intérieur de la
Syrie.
De plus, pour ne pas se résigner par rapport à
la situation de blocage qui prévalait au sein du Conseil de
Sécurité des Nations Unies, notamment avec le véto de la
Russie, la France propose, depuis 2013 un encadrement du recours au droit de
véto. En effet, elle considère que le recours à ce droit
ne doit pas être utilisé comme un privilège, car il
implique des devoirs ainsi qu'une responsabilité particulière.
D'ailleurs, la France n'hésite jamais à rappeler que ce droit a
été conféré aux 5 membres permanents dans le but de
faciliter la collaboration entre eux. L'objectif était surtout de faire
en sorte que ces états puissent collaborer efficacement afin de
prévenir et résoudre efficacement les conflits et faire respecter
les principes du droit international.
La position officielle de la France par rapport au conflit en
Syrie a toujours été constante, contrairement aux
États-Unis. En effet, le pays a toujours prôné une solution
négociée et une issue politique avec des discussions impliquant
tous les acteurs, aussi impliqués qu'ils soient dans les massacres
constatés jusque-là. En ce sens, la France estime que les
négociations qui vont se tenir devront l'être sous l'égide
des Nations-Unis. En ce sens, il faut noter que l'absence de transition,de
même que le maintien au pouvoir de Bachar Al Assad de manière
indéfinie, ne fait qu'aggraver un conflit qui n'a que trop duré.
Sans transition, le pays risque de devenir le point de convergence des
organisations terroristes avec toutes les conséquences que cela peut
avoir aussi bien en Europe que dans le monde.
Selon les autorités françaises, il faudrait tout
mettre en oeuvre pour parvenir à la mise en oeuvre d'une solution
politique39(*). Par
exemple, le 10 décembre 2016 à Paris, le gouvernement
français avait pris l'initiative d'une réunion
ministérielle autour de la personne de Riyad Hijab, leader de
l'opposition modérée et par ailleurs chef du Haut comité
des négociations. Durant ces entrevues, il n'a pas hésité
à apporter son soutien en faveur d'une réelle reprise des
négociations entre les différentes parties du conflit.
À noter, toutefois, que la priorité de la
France, au même titre que les États-Unis, reste la lutte contre le
terrorisme dans la région. Ce qui est une position logique dans la
mesure où le pays a été le plus touché par le
terrorisme ces 3 dernières années. Depuis septembre 2014, la
France conduit, d'ailleurs, l'opération Chammal en Irak et en Syrie dans
le cadre de la coalition internationale.
Cette partie nous a permis de démontrer la pertinence
de la position Française par rapport à un conflit qui,
jusque-là, l'affecte plus que n'importe quel autre pays. En effet, on y
note que la France est le seul pays d'Europe, voire du bloc occidental à
avoir une position tranchée et une vision claire du conflit en Syrie.
Pendant ce temps, la Russie continue d'agir en tant que maitre du jeu, car elle
a une réelle longueur d'avance sur son adversaire de toujours, en
l'occurrence les États-Unis.
DEUXIÈME PARTIE : LE JEU RUSSE EN
SYRIE : UNE ACTION UNILATÉRALE POUR IMPOSER LE
MULTILATÉRALISME
Durant l'automne 2015, la Russie décide d'intervenir
dans le conflit en Syrie en vue de venir en aide à un régime en
difficulté après 4 ans de guerre civile. Selon plusieurs
observateurs du conflit, il s'agit d'une intervention dictée par le
caractère historique des relations entre la Russie, notamment l'URSS, et
le régime des Assad. Ce qui laisse surtout croire que cette Russie est
une version actuelle de l'ancienne URSS. En effet, après avoir
hérité de sa place au niveau du Conseil de Sécurité
des Nations Unies et de tout son arsenal nucléaire, on dirait qu'elle a
aussi hérité des mêmes positions stratégiques. Il
faut aussi souligner le fait que la Syrie conserve une place aussi importante
dans la stratégie russe au proche orient confirme son statut
d'héritier de l'URSS.
Pendant que la Russie semble vouloir retrouver sa puissance et
son influence dans le jeu de puissance internationale, le conflit en Syrie
devient de plus en plus incontrôlable et son intervention vient dans un
moment assez délicat.
L'analyse de cette seconde partie va tourner autour d'un
retour de la Russie au un premier plan dans le jeu de puissance international
(Chapitre 1). Ce qui permettra de découler sur
l'étude d'une collaboration particulièrement difficile entre les
différentes puissances intervenant dans le conflit syrien
(Chapitre 2).
CHAPITRE 1 : LE RETOUR AU PREMIER PLAN DE LA
RUSSIE DANS LE JEU DE PUISSANCE INTERNATIONALE
Depuis la révolution bolchévique de 1917, le
monde n'avait jamais entendu parler de la Russie, mais de l'URSS. Une union qui
a regroupé à la fois la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie
et la Transcaucasie. Avec les années, cette
dernière va intégrer une quinzaine de républiques qui
seront dissoutes dans la république soviétique. Du coup, pendant
près de 70 ans, le monde ne va connaitre aucun État du nom de
« Russie ». Le nom de l'URSS vient d'une envie bien
dissimulée de la Russie de ne pas donner son nom à cet ensemble
afin d'éviter toute accusation d'annexion. Cependant, malgré un
réel semblant de puissance affichée durant et après la
Seconde Guerre Mondiale, l'URRSS ne va pas survivre longtemps. Après
s'être disloqué à la fin du siècle dernier, laissant
la place à l'ancienne version de la Russie, ce qui était un
véritable empire recherche désormais une place perdue dans
l'échiquier international.
L'analyse de ce chapitre va porter sur la revendication
du statut d'héritier de l'URSS par la Russie (Section
1) puis sur l'intervention de la Russie en Syrie comme étant
plus une réaction qu'une planification (Section 2).
SECTION 1 : LA REVENDICATION DU STATUT
D'HÉRITIER DE L'URSS
Après ce que l'on pouvait
considérer comme la victoire de l'idéologie libérale, la
Russie faisait profil bas dans les relations internationales à l'issue
de la Guerre Froide. Pendant plusieurs années, on a vécu dans un
monde unipolaire conduit par les États-Unis. Il aura alors fallu
l'invasion du Koweït par l'Irak, la première guerre du Golfe, les
évènements du 11 septembre 2001 et le printemps arabe pour que la
domination américaine montre des signes d'essoufflement. Le concept de
la « War Fatigue » connait enfin une
définition plausible et les États-Unis ont annoncé dans la
foulée qu'ils renonçaient à se considérer comme les
gendarmes du monde. Un boulevard laissé à la Russie qui ne tarda
pas, après sa politique de neutralité sur plusieurs questions
internationales, dont l'intervention en Libye, à revendiquer son statut
d'héritier de l'URSS.
L'analyse de cette partie va porter sur la dimension politique
et militaire de l'héritage de l'URSS (Paragraphe 1)
puis sur l'ambition de la Russie à partir de ce statut politique et
militaire (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : la dimension politique et militaire de
l'héritage de l'URSS
L'Union des Républiques Socialistes Soviétiques
(URSS) a éclaté en 1991, donnant naissance à une quinzaine
d'États indépendants et souverains, dont la Russie. Cependant,
cette dernière a hérité d'une grande partie de son
territoire, de sa population et de son industrie. Dès lors, elle
paraissait être l'entité la plus apte à succéder
à la défunte URSS. Cette question s'est d'ailleurs posée
durant les années 90 et consistait à savoir si la Russie avait la
possibilité d'hériter de la personnalité morale de
l'Union40(*). Dans les
deux hypothèses, il y avait des conséquences bien
identifiées. En effet, dans un premier cas, la Russie ne prendrait que
la place de l'URSS sans aucun transfert de droits et d'obligations. Toutefois,
il y aurait certaines modifications causées par la réduction du
territoire et au changement de gouvernement. Dans un second cas, l'ensemble des
droits et obligations de l'URSS restaient attachés à la Russie,
mais dans la mesure où ceci est prévu par le droit de la
succession d'États.
En ce sens, il faut souligner le fait que, dans le droit
international, il n'existe pas de règles générales qui
déterminent la manière et le moment où l'identité
de l'État s'éteint. Par exemple, la France, l'Espagne et le
Portugal ont continué d'exister malgré la dissolution de leurs
empires coloniaux. On peut alors dire que le droit international milite
plus pour la continuité que pour l'extinction41(*).
Dès lors, l'héritage politique de la Russie
à l'égard de l'URSS reste marqué par la continuité.
Elle devait ainsi assumer le rôle et la place de l'union au sein des
institutions internationales et surtout sa place de membre permanent au sein du
Conseil de Sécurité de l'ONU. On peut alors dire que la Russie a
simplement vêtu les habits de l'ancienne URSS.
En ce qui concerne l'héritage
militaro-nucléaire, la Fédération de Russie avait, selon
ce principe de continuité, hérité de tout l'arsenal
nucléaire de l'URSS sous l'impulsion du traité de Tachkent en
199242(*). Cependant, pour
convaincre certains États, jadis membres de l'Union, de se
dénucléariser, la Russie a dû offrir des garanties et des
avantages. En ce sens, le Mémorandum de Budapest offrait à
l'Ukraine plusieurs garanties dont :
· Une protection militaire en accord avec les
États-Unis
· La reconnaissance de la souveraineté et de
l'impact de l'identité ukrainienne sursa politique
étrangère
· Une aide économique octroyée
conjointement avec les États-Unis
Après avoir obtenu ces garanties et avantages,
l'Ukraine s'est engagée à transférer 1900 ogives
nucléaires vers le territoire russe. Pour sa part, la Russie s'engageait
à transférer plus de 100 tonnes d'uranium peu enrichi pour la
production d'énergie nucléaire. La Fédération de
Russie devenait alors le seul héritier du passé nucléaire
de l'URSS et ceci le plaçait immédiatement derrière les
États-Unis. Ce qui lui permettait de défier ces derniers sur
n'importe quel dossier politique et stratégique dans le monde.
Cependant, il faut reconnaitre que, pendant un bon moment, il
y eut une véritable disproportion entre le statut politique de la Russie
et ses capacités réelles. En effet, les performances
économiques du pays dépendent largement des secteurs
stratégiques tels que l'armement et l'énergie. La Russie
figureparmi les premiers producteurs mondiaux de gaz naturel, de pétrole
et de charbon. C'est aussi un producteur incontournable de blé et de
betterave à sucre. De plus, ses potentialités de sa zone arctique
sont jugées énormes. Toutefois, malgré tout ce potentiel,
l'économie russe ne semble pas vraiment suivre ce statut politique et
militaire. La Russie a, alors, du mal à réaliser ses ambitions de
puissance, surtout au proche et au Moyen-Orient où les États-Unis
semblent avoir une longueur d'avance.
Aujourd'hui, plusieurs facteurs négatifs tendent
à ralentir les ambitions de la Russie dans le monde dont :
· Des exploitations d'hydrocarbures stagnantes en raison
d'un manque d'investissement
· Un manque d'innovation dans le secteur de l'armement
· Une défaillance de peuplement qui affecte une
grande partie du territoire
· Une phase de sous-développement entre 1989 et
2004
· Une perspective de déclin démographique
à travers le vieillissement de la population
Outre ces difficultés, la Russie n'a plus le même
aura que l'URSS et devient de facto un pays que certaines puissances
occidentales méprisent et se permettent de sanctionner. Ce qui
n'empêche pas, toutefois, au pays de nourrir des ambitions plutôt
justifiées à partir de ce statut politique et militaire. Sur le
dossier syrien, par exemple, outre le fait de défendre ses
intérêts, l'ambition de la Russie est de montrer au monde qu'elle
est capable de rivaliser avec un occident
« décadent » et en manques de solutions en
ce qui concerne la résolution des crises politiques et la lutte contre
le terrorisme.
Paragraphe 2 : l'ambition de la Russie à partir
de ce statut politique et militaire
Depuis le début du siècle, on note que la Russie
a entamé un véritable processus de retour sur la scène
internationale. Sa particularité, c'est sans doute l'agressivité
de sa politique militaire et surtout son adossement à une diplomatie qui
s'accompagne le plus souvent par des actions militaires. Autant dire
qu'après la chute de l'URSS, l'ours russe a hiberné pendant une
quinzaine d'années et son retour sur la scène internationale est
assez agressif43(*).
Dans le domaine militaire, l'idée de la Russie, c'est
de disposer, tout comme le souhaitait l'URSS d'une « profondeur
stratégique ». Cependant, cette ambition était
malmenée par l'hégémonie des États-Unis et de
l'OTAN, notamment après le déploiement d'un bouclier antimissile
en Pologne. Au fil des années, la Russie a su que son économie ne
pouvait rivaliser, sur plusieurs points, avec celle des États-Unis.
C'est pour cela qu'elle entend miser dans le domaine politique et militaire
pour retrouver sa puissance. D'ailleurs, c'est seulement dans ces domaines
qu'elle dispose vraiment d'atouts dont elle peut se prévaloir, notamment
le fameux droit de véto, une des plus puissantes armes politique et
diplomatique au monde.
Aujourd'hui, les différentes actions de la Russie
laissent croire que le pays est en train de renouer avec les pratiques de la
guerre froide. Par exemple, Vladimir Poutine n'hésite plus à
envoyer ses bombardiers survoler le Grand Nord de la Russie et certains d'entre
eux s'approchent souvent de l'espace aérien des pays scandinaves et
même des États-Unis. À plusieurs reprises, des avions de
l'OTAN ont dû décoller en urgence pour dissuader des actions. De
plus, le président russe réalise régulièrement des
manoeuvres militaires conjointes avec la Chine et les deux pays annoncent
même qu'ils envisagent d'avoir une présence permanente en
méditerranée.
Désormais, la Russie n'hésite plus à
revendiquer sa quête de puissance et intervient sous le voile de
« légitime défense », allusion exprès
faite au concept de « guerre préventive » si
chère aux États-Unis. Par exemple, pour la guerre en
Géorgie, le président Poutine a avoué à la
télévision nationale « qu'il y eût un plan, ce
n'est pas un secret 44(*)». La même technique été
employée en Crimée, et, comme en Géorgie, les milices
interviennent avec de la logistique russe, notamment les fameux
véhicules sans immatriculation.
Depuis quelques années, la Russie s'est aussi
lancée dans une vaste opération de modernisation de son arsenal
militaire avec plus de 40 missiles intercontinentaux supplémentaires et
surtout capables de déjouer les systèmes de défense les
plus sophistiqués. Vladimir Poutine a aussi annoncé, lors d'un
discours en 2015, avoir mis en place un système anti radar capable de
détecter des cibles à une très longue distance. Il
s'était aussi félicité du sous-marin lanceur d'ogives
nucléaires acquis durant la même année.
Dans le domaine de la politique internationale, la Russie
entend faire valoir ses prétentions et surtout obtenir un traitement
d'égal à égal dans ses rapports avec l'occident. En effet,
lors du forum économique mondial de Davos, Igor Chouvalov, le
vice-premier ministre russe avait commenté le conflit en Ukraine en ces
termes « l'occident doit apprendre à traiter d'égal
à égal avec la Russie, sans quoi il sera impossible de
régler la crise en Ukraine et surtout prévenir de nouveaux
conflits similaires ». Dans le champpolitique international, la
Russie a pour objectif de montrer que la fin de l'URSS ne veut pas
forcément dire la fin de la Russie. D'ailleurs, c'est dans ce sillage
que s'inscrit l'utilisation abusive de son droit de véto au niveau du
Conseil de Sécurité des Nations Unies. En effet, entre 2007 et
2012, parmi les 7 résolutions votées au Conseil de
Sécurité, la Russie a opposé son véto à 6
reprises. Elle fut souvent accompagnée dans cet élan
contestataire par la Chine, son allié naturel. Depuis 2012, le
véto russe a aussi été utilisé 2 fois afin
d'empêcher des sanctions contre le président Bachar Al Assad.
À la lumière de ces développements, on
s'aperçoit que la Russie a une ambition claire sur la scène
internationale : se faire reconnaitre plus qu'elle ne l'a
été jusque-là. Pour cela, elle n'hésite pas
à utiliser sa puissance diplomatique et sa force militaire que d'aucuns
jugent comme étant agressive. Une nouvelle « Guerre
froide » est sans doute en cours.
SECTION 2 : L'INTERVENTION RUSSE EN SYRIE :
ENTRE RÉACTIONS ET PLANNIFICATION
L'intervention russe dans le conflit syrien a surpris plus
d'un. Jusque-là, le pays affichait son soutien au pouvoir de Bachar Al
Assad et n'hésitait pas à apporter son aide logistique aux forces
du régime45(*).
Cependant, ce quise présentait seulement comme une rumeur devint
jusqu'au mois d'aout, devient, au mois de septembre, une véritable
intervention militaire avec une violence qui nous rappelle les affrontements de
la période de la Guerre Froide. Au même moment, la diplomatie
russe semblait défendre ce qu'elle qualifiait de « plan de
lutte contre le terrorisme » avec un discours du Président
Poutine à la tribune de l'Assemblée Générale des
Nations Unies. Grâce à cette intervention sur le terrain, la
Russie a non seulement permis aux forces loyales à Assad de reprendre
les territoires perdus, mais de devenir aussi l'interlocuteur incontournable
dans le conflit en Syrie.
Dans cette section, nous allons analyser les
intérêts russes en Syrie (Paragraphe 1) pour
ensuite mettre en perspective de cette intervention dans le conflit syrien
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : les intérêts russes en
Syrie
On ne saurait se tromper en affirmant que l'intervention russe
en Syrie était, avant tout, guidée par les intérêts
stratégiques russes dans le pays, et au-delà, dans la zone. Au vu
de la situation géopolitique du Moyen-Orient, cette intervention est
justifiée. En effet, la Syrie était un allié historique
avec lequel l'URSS avait tissé des relations très fortes.
D'ailleurs, le premier contrat d'armement entre les deux pays a
été signé en 1956. Ensuite, on a le parti
« Baath », promoteur du « socialisme
arabe » qui a été au pouvoir entre 1963 et 1970. De
plus, Hafez Al Assad, le père de Bachar Al Assad avait signé un
traité d'amitié avec l'URSS en 1980 et ceci représentait
des liens politiques et économiques spéciaux, d'autant plus que
des considérations géopolitiques sont venues se greffer à
ces rapports46(*).
Aussi, durant la Guerre Froide, la Syrie constituait, avec
l'Algérie, la Libye et l'Irak « le front du refus »
et était surtout favorable aux idéaux de l'URSS. Avec la
quasi-disparition de l'Irak et de la Libye associés, la position
ambiguë de l'Algérie, la Syrie se positionne comme le seul
allié encore fidèle dans le monde Arabe. Dès lors, la
disparition du régime de Bachar Al Assad pourrait signifier une rupture
du croissant chiite, une des principales forces de l'Iran. Or, tous les
analystes géopolitiques s'entendent sur le fait que l'Iran agit comme un
tampon entre les zones d'influence russe et américain. Du coup, en
défendant le régime syrien, la Russie défend en
réalité l'Iran qui se trouve très exactement au sud de
leur zone d'influence.
De plus, il faut noter le fait que la Syrie représente
un peu un pied de terre dont dispose la Russie face à la Turquie qui,
elle, est membre de l'OTAN. Un désengagement russe dans le conflit
syrien signifierait tout simplement que la Turquie et l'OTAN auront feu vert
pour faire de la Syrie une sorte de joint-venture géographique. Ce qui
aurait pour conséquence de réduire considérablement
l'influence de la Russie dans la zone.
Cependant, la principale interrogation de la plupart des
observateurs, c'est celle de savoir comment la Russie est passée du
statut de champion dans l'utilisation du droit de véto à un
État intervenant directement sur le terrain. En dehors des raisons
évoquées plus haut, plusieurs éléments peuvent
expliquer cette attitude. D'abord, dans le dossier syrien, la Russie semble
regretter son laxisme sur le dossier de la Libye sur lequel elle s'était
abstenue47(*). Ensuite,
nous avons l'apparition de groupes armés affiliés à Al
Qaeda et à l'État islamique, qui est une raison évidente
et légitime. Elle fut d'ailleurs souvent mise en avant comme
justificatif pour convaincre l'opinion publique internationale. On a aussi, et
surtout, la position hésitante des Occidentaux par rapport au
régime syrien, même lorsque la fameuse « ligne
rouge » a été franchie. Cette position est toutefois
justifiée par la prise démocratique du pouvoir en Tunisie et en
Égypte par des courants islamistes. La Russie s'est alors convaincue que
le soutien à Bachar Al Assad restait la meilleure option pour
préserver ses intérêts.
À travers cette intervention, Poutine tente non
seulement de combler le vide laissé par l'URSS, mais envoie un message
fort à la communauté internationale. Désormais, il faudra
composer avec une Russie prête à « défendre ses
intérêts », peu importe, là où ils se
trouvent. D'ailleurs, c'est ce que l'on a pu sentir dans les différents
discours de Poutine.
Pour cette intervention, le premier message était sans
doute adressé au monde arabe qui fut secoué par les vagues de
révoltes en 2011. Voyant que les dirigeants des pays arabes ont
littéralement été abandonnés par leurs
alliés, la Russie espère se positionner comme un allié
fort, sur et loyal. Une stratégie très efficace qui devrait lui
permettre, sur le long terme, de sortir de l'isolement diplomatique.
Le second message est adressé à l'Occident et la
Russie tente de lui rappeler qu'elle est aussi une puissance diplomatique et
militaire. Par conséquent, elle ne saurait être confinée
dans ses limites géographiques et leur laisser le champ libre.
D'ailleurs, la force et l'intensité avec laquelle elle a commencé
son intervention en Syrie représentaient un message clair destiné
aux Occidentaux.
Pour le troisième message, il était
adressé à l'Iran qui, à travers cette intervention, saura
sans doute qu'elle ne pourra jouer un rôle prépondérant
dans la région sans s'allier avec la Russie.
À travers cette partie, on se rend compte que la Russie
a tenu à revenir avec force sur la scène internationale, un peu
comme pour signifier qu'elle est prête à mettre tousles moyens
militaires nécessaires pour défendre ses intérêts.
Ce qui nous interroge alors sur les gains réels et les perspectives
d'évolution de cette intervention en Syrie.
Paragraphe 2 : les gains réels et les
perspectives d'évolution de l'intervention russe en Syrie
Comme évoqué dans le premier paragraphe,
l'intervention russe comporte des messages codés et des significations
voilées destinés à presque tous les acteurs qui
interviennent au Moyen Orient. Cela lui a surtout permis d'engranger de la
confiance, mais aussi obtenir plusieurs gains sur le plan stratégique.
D'abord, elle entend renforcer sa position en
méditerranée. Jusque-là, cette présence
était tout simplement concrétisée par la base navale de
Tartous. Avec cette intervention, l'armée russe a pu renforcer ses bases
aussi bien à Damas qu'à Latakieh et tout laisse croire que les
Russes entendent s'installer sur la durée. Il ne sera pas aisé de
l'y déloger. À travers cette stratégie, la Russie est
suivie et presque applaudie par l'Égypte et l'Algérie,
conscientes de l'abandon occidental durant le printemps arabe. Plusieurs
experts affirment d'ailleurs qu'ils ne vont pas tarder à se mettre sous
la protection de la Russie.
Ensuite, à travers cette intervention, la Russie est
parvenue à desserrer l'étau occidental concernant sa position en
Ukraine. En effet, en 2015, l'administration américaine clamait haut et
fort que le thème principal de l'Assemblée générale
des Nations Unies était la situation en Ukraine. Après un
tête-à-tête entre les dirigeants des deux puissances, les
déclarations qui ont été faites au niveau de la presse
montraient clairement que les discussions sur la Syrie avaient rapidement
bifurqué sur l'annexion de la Crimée, les interventions russes en
Ukraine ou encore les calendes grecques. Ce qui permet de comprendre que les
deux puissances n'ont pas voulu aller au clash sur le dossier syrien.
Par ailleurs, l'intervention russe entraine la
création, à Bagdad, d'une coopération
quadrilatérale (Russie, Iran, Irak et Syrie) afin de combattre
l'État islamique. L'Irak, qui fut jusqu'à un passé
récent la chasse gardée des États-Unis, noue de nouvelles
relations avec la Russie qui s'incruste de facto dans les dossiers importants
de la région.
En prenant part au conflit, le motif mis en avant a
été la lutte contre le terrorisme et les autorités russes
prennent bien le soin de ne jamais invoquer l'Organisation Etat islamique.
Dès lors, elles considèrent comme
« terroriste » toute organisation armée
opposée au président Bachar Al Assad. C'est d'ailleurs sur ce
point que réside le principal différend entre la Russie et le
camp occidental. Au moment où les Occidentaux déclarent
intervenir contre Daesh tout en épargnant les autres factions rebelles,
les Russes, quant à eux, les ciblent ouvertement. C'est à travers
cette distinction que l'on pourrait analyser les perspectives
d'évolution du conflit en Syrie. Pour le moment, les Russes ont
réussi, dans une moindre mesure, à mettre le président
Assad dans une position de force et la situation sur le terrain semble
être favorable aux forces du régime syrien.
Avant l'intervention de la Russie, elles n'occupaient qu'une
bande étroite allant de Damas à Latakieh. Il fut même un
moment (juin 2015) où les forces du régime avaient même
été suppléées par les forces spéciales
iraniennes et les milices du Hezbollah qui ont forcé les groupes
armés à reculer48(*).
Avec cette situation, il est légitime de s'interroger
sur l'identité des groupes contre lesquels la Russie se bat. En effet,
en dehors de l'Organisation Etat islamique, il existe une incroyable
fluidité entre les groupes présents sur le terrain. Bien qu'ils
aient des tendances et des obédiences différentes, ces groupes
n'hésitent pas à s'unir et à se désunir au
gré des agendas des pays souteneurs. Au total, il existe 22 groupes et
groupuscules armés en Syrie répartis en 6 forces combattantes et
que la Russie n'hésite pas à qualifier de terroristes :
· État-Major général de
l'armée syrienne libre : composée de la brigade des
martyrs, la brigade des Syriens libres, le front de la libération de la
Syrie Musulmane, brigade Al Farouq, les aigles du Cham et de la brigade de
l'unicité.
· L'armée de l'Islam : qui
comprend la brigade de la conquête du Cham, la brigade Al-Islam et la
brigade Al-Ansar
· Le Front islamique syrien :
composé du Mouvement des Syriens Musulmans libres, la brigade de la
vérité, de l'Ansar-Cham, l'armée de l'Unicité et de
la Brigade des Moudjahidines du Cham.
· L'armée de la
Conquête : qui est une structure de coordination qui
fonctionne lors de certaines batailles et qui fédère plusieurs
autres groupes.
· Les brigades autonomes :
composées de la Brigade des descendants du Prophète, le Front de
l'Authenticité et du Développement, la Brigade des martyrs d'Al
Yarmouk et des bataillons de l'armée nationale.
· Les mouvements terroristes djihadistes49(*) : qui
comprennent la JabhatAnnousra et l'État islamique.
Avec la présence de toutes ces forces dans le conflit
syrien en plus de l'Armée Syrienne Libre (ASL), force rebelle la plus
médiatisée avec Daesh, les Russes risquent de se disperser entre
plusieurs fiefs. Ce qui aura pour conséquence de provoquer des
ralliements entre groupes armés en plus d'attiser un sentiment anti
russe au sein de la population.
L'évaluation cette dimension de l'intervention russe en
Syrie nous montre tout simplement que la guerre est peut-être loin de
trouver son épilogue. Pour réussir à mettre fin au
conflit, il faudra miser sur une coopération multilatérale dans
laquelle le rôle prépondérant de la Russie sera reconnu et
accepté par tous les acteurs.
CHAPITRE 2 : LA COOPÉRATION
MULTILATÉRALE EN SYRIE : UNE TACHE DIFFICILE
En intervenant militairement en Syrie, la Russie n'a pas
seulement cherché à affirmer sa puissance au Proche et
Moyen-Orient. Ce que la plupart des acteurs du conflit n'ont pas compris, c'est
que Poutine ne défend pas l'unilatéralisme, mais plutôt le
multilatéralisme50(*). Une réalité à laquelle doivent
s'accorder tous les acteurs s'ils veulent trouver une solution durable à
la crise. Dès lors, la démonstration de l'armée russe
avait seulement pour but de faire comprendre aux États-Unis et à
leurs alliés qu'ils seront obligés d'inclure la Russie dans toute
forme de négociation multilatérale. Il s'agit alors, comme
l'évoque la deuxième grande partie de ce
travail « d'une action unilatérale pour imposer le
multilatéralisme ».
Cependant, il faut noter que tous les acteurs
engagés dans conflit connaissent de réelles difficultés
sur le terrain. Pour les forces du régime, elles ont souvent d'un
sérieux manque de munitions et de pièces de rechange. Ce qui a
d'ailleurs été une des principales raisons de leur
déroute, jusqu'à ce que les Russes leur viennent en aide.
Concernant les rebelles et autres groupes armés, leur manque de moyens
et d'organisation fait qu'ils ne parviennent presque jamais à conserver
leurs positions. Quant aux forces américaines et leurs alliés,
elles souffrent toujours du manque de clarté de leurs pays respectifs
sur le terrain. Seule la Russie semble maitriser, du moins en apparence, les
tenants et les aboutissants de son intervention.
Ce qui rend ce conflit à la limite du contrôlable
(Section 1) et vient témoigner encore une fois du
caractère indispensable de l'influence russe dans la recherche d'une
solution au conflit (Section 2).
SECTION 1 : UN CONFLIT A LA LIMITE DU
CONTRÔLABLE
Le début du 21e siècle est
marqué par de nombreux conflits au Moyen-Orient. En effet, certaines
zones n'ont cessé d'agiter des conflits anciens ou nouveaux et
représentent des foyers d'instabilité dont on peine à
trouver des solutions durables. Le plus souvent l'intervention de puissances
étrangères (par exemple sur l'Irak en 2003), loin de trouver une
solution au conflit, laisse le pays dans une situation où il est
difficile, voire impossible, de concilier les parties et d'obtenir une paix
durable. En ce qui concerne le conflit en Syrie, osons dire qu'il s'agit d'un
conflit « qui repousse les limites de la guerre »51(*). Elle restera surtout dans les
annales pour avoir semé un chaos indescriptible dans la région.
Dans cette section, nous allons tenter d'analyser la situation
de chaos qui prévaut en Syrie (Paragraphe 1) pour
ensuite évoquer une donnée que la plupart des analystes
politiques ont tendance à négliger voire ignorer : la
cyberguerre et ses enjeux en Syrie (Paragraphe 2)
Paragraphe 1 : la guerre en Syrie : entre
désastre humanitaire et chaos politique
Avec ce conflit en Syrie, le Moyen-Orient avait rarement,
sinon jamais, connu un conflit d'une telle ampleur et avec autant d'acteurs
engagés. L'apparition de l'État islamique, qui a fait ses armes
en Irak pour ensuite se diriger en Syrie, n'arrange en rien la situation. Outre
les pertes humaines dues aux affrontements entre les forces loyales au
régime et les groupes armés, les terroristes de Daesh ont commis
plusieurs exactions : exécutions sommaires, décapitation,
viols, mariages forcés, traite d'enfants, trafic d'armes, de
pétrole et de stupéfiants. Dès lors, durant les 4
premières années qu'a duré le conflit, le bilan humain est
tout simplement effroyable. Entre 2011 et 2015, on comptait environ 220.000
morts, plus d'un million de blessés graves et plusieurs millions de
personnes qui ont tout perdu.
Côté humanitaire, cette guerre a poussé
plus de 4 millions de Syriens vers l'exil, notamment au Liban voisin qui compte
à lui seul 1.4 de réfugiés. Les autres, surtout les
habitants de la ville d'Alep, ont traversé la frontière avec la
Turquie pour entamer un long périple vers l'Europe. Avec
l'intensification de la guerre en 2014 (76.000 personnes tuées), le
phénomène migratoire s'est beaucoup fait sentir, notamment avec
les premières vagues d'arrivée de migrants en Europe. En tout,
pour un pays de 23 millions de personnes, entre 11 et 12 millions de personnes
ont fui la guerre52(*).
Dans les camps de réfugiés, aussi bien en Syrie
qu'à l'international, la situation humanitaire est tout simplement
catastrophique. Pendant ce temps, le régime de Bachar Al Assad gagne en
confiance grâce au soutien russe et à la stratégie
occidentale visant à faire la guerre aux
« terroristes ». Selon une publication de Benjamin Barthe,
parue le 14 mars 2015 dans le journal Le Monde :
« entre 2013 et 2014, le nombre de syriens ayant
bénéficié des convois onusiens d'aide a chuté,
passant de 2.9 millions à 1.2 million ». Il s'agit là
d'un effondrement de 63% qui est dû aux multiples refus des demandes
d'agrément par le régime syrien. En effet, sur les 115 demandes
reçues, seules 50 ont été approuvées. Pourtant, le
nombre de personnes vivant dans les zones les plus touchées par le
conflit a presque doublé durant cette période, passant de 2.8
millions de personnes à 4.8 millions de personnes fin 2015. Avec
l'intensification des combats, il est certain que le nombre de personnes se
trouvant dans cette situation va dépasser les 5 millions de
personnes53(*).
Les déplacements forcés causés par la
guerre en Syrie entrainent de nombreux problèmes sur le plan
régional. Après tout, la Syrie est un pays de 23 millions
d'habitants, dont plus de 65% de jeunes. Par conséquent, certains pays
ont du mal à suivre le rythme des arrivées avec les besoins
urgents et les difficultés liées à leur
intégration.
Par exemple, pour le Liban, qui est le plus proche voisin de
la Syrie et de sa capitale, plusieurs difficultés relatives au manque de
moyens ont été soulevées. Bien que les organisations
humanitaires travaillent à l'amélioration des conditions des
réfugiés, il existe aussi les difficultés
d'intégration. De plus, dans un pays politiquement fragile et aux
structures étatiques encore mal gérées, la crise syrienne
contribue à affaiblir les acquis sociaux54(*). D'ailleurs, le Liban se montre de plus en plus
réticent à investir dans son développement, car, au
même titre que la Jordanie, il craint que le fait de consentir à
ce type de dépenses n'attire encore d'autres flux de migrants55(*).
Sur le plan politique, la situation est assez comparable
à l'humanitaire et on se demande même si la Syrie n'aurait pas
été abandonnée par le reste du monde. En effet, chaque
partie au conflit est sur le terrain pour défendre ses
intérêts, mais pas vraiment pour trouver une solution au conflit
et sauver la Syrie, du moins, ce qui en reste. D'ailleurs, certains regrettent
qu'on n'ait pas soutenu davantage le président Assad dans la lutte
contre l'extrémisme religieux au lieu de chercher à le renverser
par tous les moyens56(*).
Ceci est une opinion légitime qui se répand de plus en plus dans
le camp occidental et celui-ci commence à afficher sa division par
rapport au conflit en Syrie.
Aujourd'hui, la guerre dans le pays a pris une toute autre
dimension et s'est réellement transposée sur le web. On assiste
désormais à une véritable cyberguerre, tout aussi
sournoise et imprévue pour chaque camp. Le conflit en Syrie vient de
prendre une dimension jusque-là peu envisagée par l'opinion
internationale.
Paragraphe 2 : le web syrien comme arme de dissension
massive
À côté de la guerre réelle, la
cyberguerre en Syrie constitue un autre front entre la Russie et l'OTAN et les
autres forces intervenant dans la Guerre en Syrie. Ce « second
conflit » tourne autour du web et de ses différentes
armes : piratages, programmes malveillants, vidéos,
témoignages, campagnes d'hameçonnage, etc.
Pour les opposants au régime de Bachar Al Assad, la
résistance s'organise particulièrement autour du web et ils
rendent compte de la guerre de manière quotidienne. Ils en font
un moyen de dénonciation des exactions du régime.
Aujourd'hui, internet est devenu une véritable lucarne pour la Syrie qui
est un pays isolé. Cet élan de dénonciation, qui renvoie
à la stratégie du « show and shame 57(*)» a été
initié depuis le début du conflit. Son rôle, c'est de
témoigner et de rendre compte de la situation sur place à travers
les « Comités locaux de coordination de la Syrie »
sur internet et les réseaux sociaux. Récemment, un web
documentaire a été réalisé par RFI sur que l'on
peut désormais appeler les cyber-soldats et a mis en relief la grande
bataille des télécommunications en Syrie. Depuis le début
du conflit, les outils de communication sont acheminés clandestinement
par les rebelles depuis la Turquie58(*). Ce matériel provient en particulier des pays
d'Europe et du golf et les accès se font par satellite afin
d'échapper aux contrôles sur les réseaux syriens. Le web
documentaire met surtout un exergue l'importance des réseaux sociaux, en
particulier YouTube, dans le conflit syrien. L'un des exemples les plus
pertinents reste l'attaque chimique du 21 aout 2012 à Damas et les
activistes ont réussi à filmer et poster les attaques.
Cependant, il faut souligner le fait que le web est un terrain
extrêmement miné et une utilisation hasardeuse pourrait avoir des
conséquences inattendues. Outre les intérêts des opposants,
le web sert aussi les intérêts du régime de Bachar Al
Assad. En effet, celui-ci l'utilise pour traquer les opposants. Par exemple, en
2012 un « faux » YouTube était utilisé dans
le but de piéger les rebelles syriens en se présentant comme page
dédiée aux opposants du régime. Il s'agit, en effet, d'une
technique d'hameçonnage dont le but consistait à installer un
logiciel malveillant sur les ordinateurs des personnes qui l'utilisent.
Ensuite, le logiciel prenait le contrôle de l'ordinateur et avait
accès à toutes les informations de même que les mots de
passe de personnes souhaitant commenter les vidéos. Cette technique, qui
s'est révélée particulièrement efficace,
était l'oeuvre de l'Armée Electronique Syrienne (SEA).
Composée de pirates informatiques pro-Bachar Al Assad, cette
armée avait comme principale stratégie de combat le piratage de
sites web afin de récupérer certaines données et de faire
fuiter de fausses informations59(*). Pour les experts en renseignements, comme
EricDénécé et David Elkaim, c'est une méthode qui
est souvent utilisée par les services secrets israéliens.
L'objectif, c'est d'induire l'adversaire en erreur. Par exemple, en 2013, c'est
la SEA qui avait fait fuiter l'information selon laquelle il y aurait eu une
attaque à la Maison-Blanche et que le président Barack Obama
aurait été blessé. Conséquence : la bourse de
NewYork plonge de plus d'un pour cent. Récemment, le compte Twitter du
journal Le Monde a aussi été piraté.
Aujourd'hui, le web syrien est une arme de dissension massive.
Avec la diffusion sur internet et sur les réseaux sociaux de fausses
informations, c'est tout le web qui devient suspect et ceci renforce le
contexte de méfiance, de tromperie et de doute. Dans cette guerre, il
faut dire que les services secrets du régime, appuyé par les
Russes, ont fini de prendre l'avantage sur une opposition divisée, peu
expérimentée par rapport aux techniques de guerre virtuelle et
qui a surtoutbeaucoup de mal à entrer en contact avec sa base, celle-ci
étant déconnectée et peu encline à répondre
à des interlocuteurs le plus souvent anonymes.
Notons, toutefois, qu'une cyberguerre prend souvent la
dimension d'une propagande et d'une désinformation. Une chose que
l'opposition syrienne, de même que le régime,a plutôt bien
réussie. Cependant, la plupart des gourous du web, dont Mozorov,
estiment que la cyberguerre en Syrie a plus d'avenir dans l'identification et
la surveillance des utilisateurs plutôt que dans la propagande et la
désinformation. Avec la complexité du conflit syrien, ce mode
opératoire n'a plus beaucoup d'impact sur l'opinion internationale qui
commence à se désintéresser du conflit, surtout si l'on
sait que de nombreuses vidéos ou photographies publiées sur le
web donnent l'impression d'avoir assisté en direct au conflit. Il est
alors difficile de situer les responsabilités, car les rebelles et le
régime s'accusent mutuellement de ces actes effroyables.
Jusque-là, la Russie affiche un soutien sans faille au pouvoir affirmant
que ces « preuves » sont fabriquées de toutes
pièces pour incriminer le régime.
À travers l'analyse de la cyberguerre en Syrie, on peut
dire le conflit a pris une toute autre tournure, chaque partie cherchant
à conquérir un terrain qu'elle maitrise plus ou moins. Il
convient alors de se l'interroger sur la fiabilité et la liberté
du web. Un peu comme avec le conflit proprement dit, l'intervention des Russes
dans cette cyberguerre a eu un impact non négligeable. Leur
expertise en matière de piratage informatique est très
redoutée dans le monde, en témoigne le récent scandale sur
les élections américaines avec l'élection de Trump. Une
issue au conflit passera inéluctablement par une prise en compte de
l'influence russe.
SECTION 2 : UNE INFLUENCE RUSSE
DÉTERMINANTE DANS LA RECHERCHE D'UNE SOLUTION A LA CRISE
Le 02 aout 2012, Koffi Annan, ancien Secrétaire
général de l'ONU et envoyé spécial de l'ONU et de
la Ligue Arabe dans la crise syrienne, présentait sa démission,
n'étant pas parvenu à mettre en oeuvre le plan de paix qu'il
avait proposé en Mars. Après 5 mois d'efforts, il avait
décidé de jeter l'éponge en invoquant les
« divisions au sein de la communauté
internationale » qui ont « compliqué ses
devoirs ». En 2017, les divisions sur le dossier Syrie sont toujours
aussi nombreuses et une issue à cette guerre ne saurait être
trouvée tout en ignorant l'influence de certains acteurs dans la
région.
En ce qui concerne la Russie, son intervention dans la crise
syrienne est une forme d'affirmation de sa légitimité et une
véritable continuité dans sa politique étrangère
(Paragraphe 1). Dès lors, on se dirige vers une
réelle acceptation de la responsabilité occidentale dans
l'instabilité au Proche et Moyen-Orient (Paragraphe 2).
Ce qui n'était pas le cas jusque-là.
Paragraphe 1 : Une relative continuité dans la
politique étrangère de la Russie
Refus de toute ingérence dans les affaires
intérieures d'un État, quête de puissance et crainte de la
propagation de l'islamisme politique, voici les 3 principes qui guident
l'action de la Russie sur la scène internationale. Dans le conflit
syrien, ces 3 principes font que la Russie est un acteur incontournable dans la
recherche d'une solution au conflit. Cependant, force est de constater que le
principe de non-ingérence a été délaissée au
profit d'une intervention militaire qui est loin d'être neutre.
Mais avant tout, il faut souligner le fait que la Russie
cherche en particulier la parité avec les États-Unis. En effet,
une bonne partie de l'élite de la Russie reste particulièrement
anti-américain. À travers la crainte de l'érosion
progressive de son statut de puissance au Proche et Moyen-Orient, la Russie
s'appuie particulièrement sur la carte syrienne. Son intervention en
Syrie est alors une manière de tenir tête à
l'administration américaine et surtout à prendre leur revanche
par rapport au conflit libyen. Ils estiment que le printemps arabe est un
« complot » ourdi par les dynasties sunnites du golf avec
l'accord du département d'État américain. Si l'on sait que
les élections russes en 2012 ont été
particulièrement difficiles, il était quasi-impensable d'adopter
une position qui pourrait légitimer le changement de régime en
Syrie.
Rappelons aussi que le fait de contenir tout militantisme
islamique a toujours été l'un des principaux motifs
d'intervention de la Russie au Moyen-Orient. Pour la plupart des élites
russes, dont la grande majorité est issue des services de
sécurité, le terrorisme d'origine islamique est une
résultante de la guerre contre les Moudjahidines durant les
années 80. Sur le dossier syrien, les Russes sont convaincus qu'un
changement de régime servira de terreau fertile à
l'extrémisme religieux et le sentiment anti russe va davantage se
propager dans la région60(*). D'ailleurs, sur ce point, on peut noter que la
Russie tente de trouver un certain équilibre entre sa politique
intérieure et sa politique étrangère. Les
évènements au Moyen-Orient ont, en effet, des
répercussions certaines en Russie, car sa partie islamique fait partie
intégrante du monde musulman.
Les autres motifs mis en avant dans l'intervention russe en
Syrie restent assez surestimés, notamment le partenariat de
défense entre la Russie et la Syrie. Cependant, on se rend compte que
les armes les plus sophistiquées n'ont jamais été
livrées au régime syrien de peur de menacer directement
l'occident et surtout Israël.
Si l'on sait que cette position de la Russie par rapport
à la guerre en Syrie répond parfaitement, ou presque, aux grandes
lignes de sa politique étrangère, l'objectif des dirigeants
russes reste le fait de rendre inacceptable, voire dangereux, le changement de
régime en Syrie aux yeux de l'occident. Jusque-là, bien que les
capacités russes à orchestrer une réelle transition
politique ne convainquent pas tous les acteurs, elle apparait toutefois comme
étant la seule alternative au conflit. Depuis 2011, le Président
Poutine prône la transposition de la « solution
yéménite »au conflit syrien61(*).
À travers cette solution, les Russes veulent
éviter une dé-baassification du régime et surtout
préserver l'unité d'une armée qui le garant de
l'intégrité territoriale du pays. En ce sens, la Russie
prône un dialogue avec les généraux qui n'ont pas
été directement impliqués dans le conflit.
Enfin, l'objectif russe est de faire en sorte que l'Iran soit
aussi reconnu comme une puissance dans la région. Ce qui fait renaitre
l'hypothèse selon laquelle l'axe Moscou-Téhéran-Damas
était en train de se dessiner.
À travers cette partie, on peut dire que la Russie est
en position de force sur le conflit syrien. Seulement 2 ans après le
début de son intervention sur le terrain, le président Poutine
est parvenu à imposer, plus ou moins, sa volonté aux Occidentaux
et à leurs alliés. La prochaine étape est toute
tracée et va consister à faire accepter aux occidentaux leur
responsabilité dans la situation politique au Proche et Moyen-Orient.
Paragraphe 2 : Vers une acceptation de la
responsabilité occidentale dans l'instabilité au Proche et
Moyen-Orient
Avec son retour au-devant de la scène internationale,
un des premiers objectifs de la Russie est de se placer comme étant le
réparateur des multiples « erreurs » des puissances
occidentales. Avant le début de son intervention en Syrie, le discours
du président Vladimir Poutine à ce sujet a été
très clair : « les occidentaux avaient une
responsabilité écrasante dans l'instabilité actuelle au
Proche et Moyen-Orient et ne semblent pas vouloir en tirer toutes les
leçons en témoigne leur obstination à réclamer le
départ de Bachar Al Assad... ». Il estime surtout que ce l'on
peut appeler « exportation des révolutions
démocratiques » se poursuivait.
La position de la Russie sur le dossier du Proche et du
Moyen-Orient est alors toute claire : pour qu'on puisse arrêter le
désastre qui sévit dans la région, il faut que les
Occidentaux acceptent leur part de responsabilité dans cette situation.
L'histoire lui donne raison, car, selon les propos de Poutine
« l'intervention extérieure agressive a entrainé, au
lieu de réformes, la destruction pure et simple des institutions
étatiques et du mode de vie lui-même dans les pays
concernés (Irak, Libye, Syrie, etc.)62(*)». Pendant son discours à la tribune des
Nations Unies, Poutine a tenu préciser les origines de l'État
islamique qui, selonlui, aurait été choyé dans un premier
temps par les occidentaux, car il représentait un instrument de lutte
contreles régimes laïques indésirables.
Toutefois, le président russe propose, à travers
ce discours, la constitution d'une large coalition antiterroriste
internationale de même que l'élaboration d'une stratégie
globale visant à stabiliser le pays et rétablir
l'équilibre socioéconomique. Au nom de l'intérêt
commun, les dirigeants russes entendent aussi pousser les Occidentaux à
arrondir les angles vis-à-vis de la Russie. Enfin, le Vladimir Poutine
mentionne la question des migrants syriens à laquelle il faudrait une
coopération multilatérale afin de trouver une solution.
À travers cette démarche du président
russe, le pays espère pouvoir collaborer véritablement avec les
puissances occidentales et surtout installer un climat de confiance. Le Kremlin
espère aussi obtenir un assouplissement des sanctions imposées
à la Russie63(*).
D'ailleurs, il faut noter que, dans plusieurs pays occidentaux, ces sanctions
commencent à lasser. En ce sens, plusieurs dirigeants occidentaux se
sont rendus en Russie depuis 2015 (François Hollande, Angela Merkel,
Emmanuel Macron, Ségolène Royal, des parlementaires
français, etc.) afin d'établir des relations diplomatiques
durables avec le pays. Le chef du gouvernement italien, Matéo Renzi,
après plusieurs visites en Russie, déclarait :
« bâtir l'Europe sans la Russie serait une erreur ».
Au regard de ces multiples gestes des dirigeants
européens, on peut dire que les Occidentaux sont en train d'adopter une
position différente par rapport à la Russie. Le Kremlin entend
naturellement surfer sur cette vague positive afin de faire valoir les
bienfaits de son intervention dans le conflit en Syrie, surtout dans un
contexte où l'opinion publique internationale considère
l'État islamique comme le premier ennemi à abattre. Dès
lors, l'hypothèse selon laquelle la Russie est intervenue en Syrie pour
faire oublier la situation en Ukraine semble être justifiée.
Un nouveau vent souffle alors dans la guerre en Syrie et
l'hypothèse la plus plausible reste le fait qu'il faudrait que la Syrie
et les États-Unis s'entendent sur le sort de Bachar Al Assad avant
d'envisager toute solution politique à la guerre en Syrie64(*). Mais avec l'évolution
du conflit, on est encore loin de cette hypothèse, car la nouvelle
administration de Donald Trump reste plus que jamais imprévisible.
Cependant, la Russie a réussi à obtenir ce
qu'elle voulait : faire progresser son influence au Moyen et Proche-Orient
tout en desserrant les sanctions des puissances occidentales qui sont une
résultante de la situation politique en Ukraine. Pour cela, elle a
dû sacrifier un principe auquel elle s'est largement appuyée
pendant plusieurs années pour justifier sa non-intervention dans
plusieurs théâtres de conflit : le principe de
non-ingérence dans les affaires intérieures des autres
États. Autant dire, alors, que toute guerre est une continuation de la
politique par d'autres moyens.
CONCLUSION
Le conflit syrien est une suite logique du vent
révolutionnaire qui a semé le trouble dans plusieurs pays du
monde arabe. C'est une guerre qui est une résultante de plusieurs
frustrations politiques et sociales que les Syriens ont vécue depuis
plusieurs dizaines d'années. À cela s'ajoute des enjeux
régionaux et internationaux, notamment le besoin de changement de
régime en Syrie, longtemps voulu et envisagé par les voisins pays
tels que l'Arabie Saoudite de même que les puissances occidentales. Si le
conflit a acquis une dimension régionale, puis internationale en
seulement quelques mois, c'est sans doute parce que les différents
protagonistes ont été soutenus par des camps divers et aux
intérêts parfois incompatibles sur le terrain. Dès lors, la
Syrie est devenue le terrain de jeu favori des groupes terroristes, des
puissances cherchant à avoir le contrôle de la zone et des Russes
qui cherchent à contrer l'influence occidentale dans le Moyen-Orient.
A partir de 2015, la guerre en Syrie a pris une nouvelle
tournure avec l'entrée en matière de la Russie. En tant que
puissance militaire dominante, juste après les Etats-Unis, son
intervention a été de nature à changer profondément
la donne sur le terrain. Un moment mises en difficultés par les rebelles
syriens et les combattants de Daesh, les forces du régime syrien sont
parvenus à reconquérir plusieurs territoires perdus. De plus,
avec l'ambigüité de la position occidentale les forces loyalistes
au Régime de Damas ont remporté de précieuses victoires
aux alentours d'Alep et de Damas avec le soutien de la force aérienne
Russe.
Evoqué dans l'introduction, la perspective d'un
affrontement global en Syrie semble improbable bien que des spécialistes
comme Bertrand Badie ait pu le penser en un moment donné. Cependant,
rien est figé dans le temps et le développement de
l'idéologie d'Alexandre Douguine au sein de l'élite
intellectuelle russe pourrait nous réserver quelques surprises à
l'avenir. Pour le moment, la Russie s'est invitée aussi bien à la
table des négociations que dans la bataille militaire avec, cette
fois-ci, un réel succès devant l'opinion internationale.
D'ailleurs, celle-ci joue un rôle important dans la guerre en Syrie.
Aujourd'hui, on peut dire que le conflit syrien est celui
où les enjeux sont les plus importants dans le monde. Pour le camp
occidental et ses alliés, l'objectif est de faire avancer leur agenda
géopolitique dans la zone et ceci passe forcément par le
renversement, du moins le départ du régime baasiste. D'abord
réticents à intervenir dans le conflit, des pays comme la France
et les États-Unis ont finalement décidé de se ranger du
côté du « peuple » syrien en bombardant les
positions de l'armée du régime afin de permettre aux rebelles
d'avancer sur le terrain. Cependant, leur position est largement
critiquée par l'opinion internationale qui estime qu'il n'existe pas
vraiment de distinction entre factions rebelles et terroristes. Par
conséquent, en soutenant les rebelles contre les forces du
régime, c'est un peu comme s'ils faisaient de même pour les
groupes terroristes. Ce qui pose un débat d'éthique, de logique
et de responsabilité de la part de puissances qui prétendent
lutter contre le terrorisme. Pire, elles sont les premières victimes
d'attaques terroristes qui se revendiquent de l'État islamique,
opérant principalement en Syrie et en Irak.
Pour l'intervention de la Russie dans le conflit syrien est
tout sauf une démarche irréfléchie. Il s'agit d'une
« politique par d'autres moyens » de la part d'un pays
cherchant à retrouver son statut de puissance mondiale. En effet, le
pays se réclame comme étant l'héritier de l'ancienne
puissance soviétique, mais dans les faits, on devine aisément
qu'il n'a pas la même puissance militaire et financière que
l'URSS. Cependant, le président Poutine, sans doute nostalgique des
années de la guerre froide durant lesquelles il était agent des
services de renseignement russes, entend redonner à son pays toute sa
grandeur y compris au Proche-Orient, sa zone géographique
immédiate. La capitale de la Syrie, Damas, se trouve à moins de 4
h de vol de Moscou et la Russie entend étendre son influence
politico-militaire dans une zone où les américains et les forces
de l'OTAN n'ont que trop duré. De plus, le régime baasiste est un
allié historique de la Russie avec laquelle elle a longtemps
partagé la même vision du monde et les mêmes
intérêts géostratégiques. Aujourd'hui, c'est comme
si un pays ami vole au secours d'un autre qui s'enlise dans un conflit interne
aux relents internationaux. Mais analyser ainsi l'intervention russe en Syrie
serait très simpliste dans un environnement international où tout
angélisme politique est à exclure a priori. Les
intérêts russes dans ce conflit sont politiques, puis
économiques et enfin géostratégiques. Pour
résumer la situation, on peut dire que la Russie ne peut tout simplement
pas laisser une zone si proche être totalement détruite et
dominée par des puissances étrangères. Ce qui serait une
menace à la fois pour sa sécurité et pour son prestige
politico-diplomatique.
Dès lors, depuis l'automne 2015, la Russie est
officiellement engagée dans le conflit syrien. Environ 3 ans plus tard,
le conflit a évolué en faveur du régime de Bachar Al
Assad. De plus, l'opinion semble être lassée par un conflit qui ne
passionne plus vraiment les médias, sauf en cas d'attaques
particulièrement sanglantes et dévastatrices. Quoi qu'il en soit,
le camp occidental est désormais obligé de composer avec les
forces russes sur le terrain, chacun ayant des objectifs assez ambigus.
Jusqu'à présent, ils ne parviennent pas à s'accorder
à la définition du mot « terroriste » sur le
terrain. Si les uns prennent seulement en compte Daesh, épargnant la
plupart des autres forces rebelles, les autres n'hésitent pas à
homogénéiser leurs frappes aériennes.
Le conflit syrien, bien qu'étant dans une parfaite
impasse, devrait connaitre son épilogue si seulement l'un des camps,
notamment occidental, accepte une solution multilatérale. La
résolution du conflit syrien aura alors la Russie comme acteur majeur.
Après tout, c'est tout ce que Poutine cherchait en intervenant dans le
conflit.
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· www.liberation.fr
· www.geostrategie.com
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Annexes et illustrations
1. Qui se bat en Syrie ? (Illustration)
2. Une modernité économie inachevée
3. Les facteurs de la crise syrienne
4. Les facteurs de l'échec de l'Etat-Nation
5. Composition de la population syrienne en 2012 (tableau
statistique)
6. Un modèle centre-périphérie
(illustration)
7. Une extrême diversité confessionnelle
(illustration
8. L'internationalisation du conflit
ANNEXE 1
ANNEXE 2
ANNEXE 3
ANNEXE 4
ANNEXE 5
ANNEXE 6
ANNEXE 7
ANNEXE 8
TABLE DES MATIERES
Sommaire......................................................................................................
1
Remerciements.................................................................................................
2
Dédicace
............................................................................................................
3
Liste des sigles et
abréviations................................................................
4
INTRODUCTION...........................................................................................6
PREMIÈRE PARTIE :
LA GUERRE EN SYRIE : DE LA RÉVOLUTION A
L'INTERNATIONALISATION DU CONFLIT
................................. 10
CHAPITRE 1 : L'ÉVOLUTION DE LA GUERRE
CIVILE EN SYRIE EN CONFRONTATION
RÉGIONALE................................................................11
SECTION 1 : UNE RÉVOLTE PROVENANT DES
PÉRIPHÉRIES...... 12
Paragraphe 1 : La guerre civile
en Syrie : le retour d'un
refoulé...................13
Paragraphe 2 : Des
réponses économiques inadaptées à la
crise .................. 16
SECTION 2 : UN CONFLIT RÉVÉLATEUR
DES NOUVEAUX RAPPORTS RÉGIONAUX
.............................................................................
19
Paragraphe 1 : la guerre en
Syrie : entre alliances et désalliances au niveau régional
...............................................................................................................
20
Paragraphe 2 : la
particularité du conflit syrien : une guerre par
procuration..........................................................................................................
22
CHAPITRE 2 : L'INTERNATIONALISATION DU
CONFLIT : GREFFAGE DES AGENDAS DES PUISSANCES
INTERNATIONALES....................................................................................
24
SECTION 1 : LA LIGNE ROUGE ET LES
ÉTATS-UNIS ........................ 25
Paragraphe 1 :
l'incohérence de la position américaine
............................... 26
Paragraphe 2 : une attitude
critiquée à l'international ................................
28
SECTION 2 : LA RELATIVE IMPUISSANCE DES
PUISSANCES
EUROPÉENNES................................................................................................
31
Paragraphe 1 : l'Union
européenne reste divisée sur l'intervention en Syrie
..............................................................................................................................
32
Paragraphe 2 : La position de la
France face au conflit syrien ......................34
DEUXIÈME PARTIE : LE JEU RUSSE EN
SYRIE : UNE ACTION UNILATÉRALE POUR IMPOSER LE
MULTILATÉRALISME ............ 37
CHAPITRE 1 : LE RETOUR AU PREMIER PLAN DE LA
RUSSIE DANS LE JEU DE PUISSANCE
INTERNATIONALE ...........................................
38
SECTION 1 : LA REVENDICATION DU STATUT
D'HÉRITIER DE L'URSS
.............................................................................................................
39
Paragraphe 1 : la dimension
politique et militaire de l'héritage de l'URSS..40
Paragraphe 2 : l'ambition de la
Russie à partir de ce statut politique et militaire
..............................................................................................................
43
SECTION 2 : L'INTERVENTION RUSSE EN SYRIE :
ENTRE RÉACTION ET PLANNIFICATION
...........................................................
45
Paragraphe 1 : les
intérêts russes en Syrie
...................................................46
Paragraphe 2 : les gains
réels et les perspectives d'évolution de l'intervention
russe en Syrie
......................................................................................................
49
CHAPITRE 2 : LA COOPÉRATION
MULTILATÉRALE EN SYRIE : UNE TACHE DIFFICILE
...............................................................................52
SECTION 1 : UN CONFLIT A LA LIMITE DU
CONTRÔLABLE..........53
Paragraphe 1 : la guerre en
Syrie : entre désastre humanitaire et chaos politique
..............................................................................................................
54
Paragraphe 2 : le web syrien
comme arme de dissension massive ............... 56
SECTION 2 : UNE INFLUENCE RUSSE
DÉTERMINANTE DANS LA RECHERCHE D'UNE SOLUTION A LA CRISE
.......................................59
Paragraphe 1 : Une relative
continuité dans la politique étrangère de la Russie
..............................................................................................................................60
Paragraphe 2 : Vers une
acceptation de la responsabilité occidentale dans l'instabilité
au Proche et Moyen-Orient
.............................................................
62
CONCLUSION................................................................................................
65
Biographie .......................................................................................................
68
Annexes ...........................................................................................................
71
* 1 CLAUSEWITZ Carl
Von, De La Guerre, ed. Librairie Académique Perrin,
1996.p. 46.
* 2 Voir le lexique de Science
Politique, 2eed, Dalloz, 2011. p.246.
* 3SUR. Serge, Relations
Internationales, Ed.Montchestien, Paris, 2000, p.229.
* 4 FRANCOISStéphane et
SCMIDT Olivier, « Le conspirationnisme dans la Russie
contemporaine », Dioguène, n°249-250, janvier-juin
2015.
* 5 Voir l'interview de Bertrand
Badie sur France Inter du 13 octobre 2015 sur
https://www.franceinter.fr/
* 6SEURAT Michel, Syrie,
l'état de barbarie, Puf, 2012, p.47.
* 7 BALANCHE
Fabrice « itinéraire de la transformation d'une
révolte en guerre civile », Diplomatie, n°58,
Septembre 2012, p. 23.
* 8 BOZARSLAN Hamid,
Révolution et État de violence : Moyen-Orient
2011-2015, CNRS éditions, 2015, p.36.
* 9 Voir l'article
« Le Printemps arabe : la chronologie par pays »,
publié en 2011 sur
www.scienceshumaines.com
* 10 Chiffres de l'OSDH
(Organisation Syrienne des Droits de l'Homme).
* 11Isabelle Feuerstoss,
« Guerre civile en Syrie : le retour du refoulé »,
Politique étrangère 2012, p. 601-613
* 12 On a, par exemple, le
massacre des Chrétiens et des Druzes dans le mont Liban et à
Damas en 1860 et les massacres interconfessionnels des années 70 et 80.
* 13 Il s'agit d'une
dimension qui est souvent oubliée par les analystes et les médias
lorsqu'il s'agit d'interpréter les évènements qui se
produisent dans le monde arabe. Ils préfèrent se concentrer sur
la dimension sécuritaire de l'idéologie baasiste qui a permis
d'attirer de nombreux adhérents.
* 14BACZKO Adam, DORRONSORO
Gilles, QUESNAY Arthur, Syrie : anatomie d'une guerre civile,
CNRS éditions, Paris, 2016, p.48-55.
* 15BELHADJI Souhail,
Anatomie d'un régime autoritaire, Belin, 2013, p.108
* 16 BOZARSLAN Hamid, Op.
Cit., p.36.
* 17 L'actuel ministre de la
Défense de la Syrie est un Chrétien, mais ses adjoints et le
vice-chef d'état-major sont de confession Alaouite.
* 18BACZKO Adam, DORRONSORO
Gilles, QUESNAY Arthur. Op.cit., p.59.
* 19SEURAT Michel, Op.cit.,
p.47.
* 20 BALANCHE Fabrice :
La région alaouite et le pouvoir syrien, Karthala, Paris, 2006,
p.53.
* 21METRAL France, «
Maîtrise de l'eau et société dans la plaine du Ghab »,
Revue de Géographie deLyon, 1979, vol. 54, no3, p. 305-325
* 22 BALANCHE Fabrice,
« L'habitat illégal dans l'agglomération de Damas et les
carences de l'État », Revue de géographie de l'Est, octobre
2010, p.23-29.
* 23La Russie et la Chine
appartiennent à une organisation régionale : « organisation
de la conférence de Shanghai, destinée à renforcer la
coopération entre les pays de part et d'autre de l'ancienne
frontière sino-soviétique. La Russie et la Chine trouvent de
nombreux points de convergence géopolitiques face à la puissance
déclinante des États-Unis.
* 24Le Hamas semble avoir
pris ses distances avec le régime de Bashar el Assad et par
conséquent avec
Téhéran. Le 25 février 2012, Ismaïl
Haniyeh, le Premier ministre du Hamas, a ouvertement
Avait prononcé son soutien au peuple syrien.
* 25TETI Andrea, « Le
Bahreïn entre rocher et pétrole », Outre Terre,
Paris, n° 29, septembre 2011, p. 507.
* 26 VERNET Daniel,
« La guerre en Syrie : une guerre par procuration entre les
États-Unis et la Russie », Slate.fr, 2015,
p.4.
* 27 Ibid., 2015
* 28LASSERE Isabelle,
« Etats-Unis-Russie : le retour de la guerre par
procuration » Le Monde, 2016, p.8.
* 29 GROS
Philipe,«LeadingFromBehind : contour et importance de l'engagement
américain en Libye », Politique Américaine,
N°19, 2012. p.152
* 30 LAMBERT Michael :
« Les États-Unis et la Ligne Rouge en Syrie »,
Altantico, 2016, p.2.
* 31 Voir le site
www.lexpress.fr
* 32PARIS Gilles,
« La politique syrienne de Barack Obama contestée »,
Le Monde, 2016, p.5.
* 33 Ibid.,2016
* 34 PLEITGEN Fred,
« Tension et incertitude dans le ciel de Syrie »,
Courrier International, 2017, p.3.
* 35 DUCOURTIEUX
Cécile et STROOBANTS Jean Pierre, « l'Union européenne
reste divisée sur l'intervention russe en Syrie » Le
Monde, 2015, p.6.
* 36 Ibid.2015
* 37 Voir le site des
Nations Unies
www.un.org
* 38 Voir le site
www.diplomatie.gouv.fr
« Guerre en Syrie : comprendre la position
française »
* 39ibidem.
* 40GERONIMO Jean,
« Où va la Russie ? Moscou à la recherche d'une
identité post-soviétique »,
Geostratégie.com, 2009, p.12-24.
* 41KOSKENNIEMI Martti,
LEHTO Marja. Succession d'États de l'ex-U.R.S.S., avec examen
particulier des relations avec la Finlande. In : Annuaire français de
droit international, volume 38, 1992. pp. 179-219
* 42BASSOU Abdelhak,
« La Russie et la crise syrienne : le come-back de
l'héritier de l'URSS et le changement de la donne en Syrie »,
OCP Policy Paper, 2016, p.8-23.
* 43Bertrand Badie trouve
compréhensible ce souci russe vis-à-vis de l'Otan : « On
comprend que les dirigeants russes sont prêts à tout pour
empêcher la complète « otanisation » de sa
périphérie ». Nouveaux mondes : carnets
d'après-guerre froide ; p.257.
* 44Voir :
http://www.lefigaro.fr/international/2012/08/10/01003-20120810ARTFIG00541-poutine-reconnait-avoir-planifie-laguerre-en-georgie.php
* 45DORMAN Veronika,
« Syrie : un conflit plein d'intérêts pour
Poutine », Libération, 2015, p.3.
* 46BELHADJI Souhail,
Op.cit. p.108.
* 47Pol-Henry Dasseleer et
Nicolas Gosset, Chercheurs au Centre d'études de sécurité
et défense (CESD) de l'Institut royal supérieur de
défense, ont tenté de commenter l'attitude russe au Conseil de
Sécurité en écrivant que : « C'est la première
fois qu'une divergence de vues aussi évidente est exposée entre
Medvedev et Poutine, et ce, en amont des élections
présidentielles de 2012 ». L'abstention russe lors du vote de la
résolution 1973 avait été très critiquée par
Poutine.
* 48Pour lever le
siège que les milices du Hizbollah avaient dressé autour de
Zabadani, une localité frontalière avec le Liban, les groupes
armés réuni au sein de Jaich Al fath avaient à leur tour
assiégé deux villages chiites dans la région d'Idlib.
L'accord prévoyait une sortie sécurisée des combattants
assiégés à Zabadani, contre l'évacuation des civils
des deux villages chiites de Kofra et Fouaa.
* 49LOUIZARD Jean-Pierre,
Le piège Daech : l'État islamique ou le retour de
l'histoire, La Découverte, 2015.p76.
* 50STEPANOVA Ekaterina,
« La Russie a-t-elle une grande stratégie au
Moyen-Orient ? », Politique
Etrangère, 2016.p.12-18.
* 51DALLE Ignace, GLASSMAN
Wladimir, le cauchemar syrien, Fayard, 2016.p.52.
* 52DUPONT Ismaël,
« Syrie : l'enfer jusqu'à quand ? »
Chiffon Rouge, 2015.p.9.
* 53DALLE Ignace, GLASSMAN
Wladimir, Op. Cit.p 53
* 54PICARD Elizabeth,
Liban-Syrie intimes étrangers : un siècle
d'interactions sociopolitiques, Sindbad Actes Sud, 2016.p53.
* 55DAHI Omar,
« La crise des réfugiés au Liban et en Jordanie :
la nécessité d'une dépense en faveur du
développement économique», Migrations
Forcées, n°47, septembre 2014.p.14.
* 56 DAHI Omar, Op.Cit.
* 57 Politique de
stigmatisation visant à montrer (show) et rendre publique toute
action criminelle ou condamnable en vue de le discréditer (shame) les
personnes ou les institutions qui en sont à l'origine.
* 58ATAMANIUK Marie
Lorraine, « Syrie, la cyberguerre », Observatoire du
journalisme, mai 2015.p.4.
* 59 BAZAN Stéphane,
VARIN Christophe, « Le Web à l'épreuve de la «
cyberguerre » en Syrie », Études2012/12 (Tome 417), p.
595-606
* 60NOCETTI Julien,
« Russie : quelle lecture de la crise
syrienne ? », Diplomatie, 2015.
* 61Il s'agit d'une solution
consistant à imposer une transition concertée entre les
différentes parties sans que l'on aboutisse à un effondrement des
institutions étatiques tout en offrant une porte de sortie à la
famille du chef de l'État.
* 62 Extrait du discours de
Vladimir Poutine lors du 70e anniversaire de l'Organisation des
Nations Unies le 29 septembre 2015, soit 1 jour avant le début de
l'intervention militaire russe en Syrie.
* 63 Voir le rapport 2016 de
l'observatoire Franco-russe dirigée par Arnaud Dubien.
* 64 Voir l'article d'Alon
Ben-Meir dans le Huffingtonpost du 7 février 2014.
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