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Croissance économique et pauvreté dans les pays de l’UEMOA.


par Soudjay MAOULIDA
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 méthodes statistiques et économétriques 2016
  

Disponible en mode multipage

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Présenté par : Sous la direction de :

M. Soudjay MAOULIDA Dr Adama SOW BADJI

UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR (UCAD)

MEMOIRE DE FIN DE CYCLE

Pour l'obtention du Diplôme de Master II
METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES

Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG)

Département d'Analyse et Politique Economique

Thème :

Maitre de conférences titulaire à l'UCAD

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

DEDICACES

Je dédie ce travail :

? A mon regretté père SOUDJAY Athoumani, qui nous a quitté très tôt (qu'ALLAH l'accueille dans son Paradis Eternel !)

? A ma vaillante mère ZALHATA M'madi Mtsahoi, pour son affection, son soutien et ses sacrifices pour la réussite de ma vie

? A ma soeur ECHATA Soudjay pour son encouragement et son soutien financier durant le déroulement de ma formation

? A Mohamed AMINA

? A tous mes frères et soeurs de ma famille

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY I

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

REMERCIEMENTS

Ce mémoire est le fruit d'un travail longtemps réfléchi et produit grâce aux efforts et sacrifices que j'ai fourni pendant une longue durée. C'est le resultat de mon cursus universitaire. Toutefois, il n'aurait sans doute pas vu le jour sans le concours de beaucoup de personnes.

Je tiens à remercier tout d'abord le Tout Puissant Allah qui m'a donné la force physique, morale, intellectuelle, le courage et la santé pour achever ce noble travail.

Sont nombreux à pouvoir contribuer à la réalisation de ce document qui constitue mes premiers pas vers la recherche. Je tiens à leurs exprimer, à travers ces quelques lignes toute ma

reconnaissance.

+ A ma chère encadreur Adama SOW BADJI, Maitre de conférences Titulaire à l'UCAD, pour sa générosité, sa simplicité d'approche et ses précieux conseils. Ses encouragements, sa compréhension et son engagement nous ont permis de réaliser ce présent travail et nous lui en sommes très reconnaissants. Elle restera toujours une référence et un guide pour nous.

+ Au responsable du Master, Fodiyé Bakary DOUCOURE, Professeur agrégé à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour sa simplicité et sa disponibilité à l'égard des étudiants.

+ A tous les enseignants du Master MSE et aux personnels de l'administration.

+ A mes Parents qui sont physiquement loin mais très proches du coeur, pour le soutien sans faille qu'ils apportent à mon égard durant mes études.

+ A ma famille Sénégalaise, Mme Fanta Ciré Samaté qui m'a accueillie comme un de leur

+ Je remercie également toute ma famille sans oublier mes nièces et mes neveux

+ Un grand merci à mes frères AHMED Soudjay, YOUSSOUF Moindzé, RADJAB

Soudjay, SAID Soudjay et ELAMINE Soudjay pour leurs encouragement

+ Egalement à mes soeurs ECHATA Soudjay, FATIMA Soudjay et MARIAMA Soudjay

+ A tous mes camarades de la FASEG

+ A Mme Fatima Ahmed Ben Mhoumadi et son mari

+ A toutes les personnes qui ont, de près ou de loin, contribué à la rédaction de ce

mémoire.

+ A tous mes amis (es), mes promotionnels (elles) dont il serait difficile de les énumérés

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY II

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY III

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

SIGLES ET ACRONYMES

AGIR : Alliance Globale pour la Résilience

ANSD : Agence National de la Statistique et de la Démographie

BAD : Banque Africaine de Développement

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

BIT: Bureau International de Travail

BM : Banque Mondiale

BTP : CEA :

Bâtiment et Travaux Publics

Commission économique pour l'Afrique des Nations unie

CEDEAO : Communauté Économique Des États De L'Afrique De L'Ouest

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire en Afrique Centrale

CIC : Courbe d'Incidence de la Croissance

CILSS :

Comité permanent Inter Etats de Lutte contre la Sècheresse dans le Sahel

CPP : Croissance de la Population

DOUV : Degré d'Ouverture

DSRP: Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY IV

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

ECOWAP : Politique Agricole de la CEDEAO

EMOP : Equipe Mobile d'Ouvriers Professionnels

FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

FMI : Fond Monétaire Internationale

GINI : Indice de GINI

IADM : Initiative Allégement de la Dette Multilatérale

IBW : Institutions de Bretton woods

IED : Investissements Etrangers Directs

LAC : Amérique Latine et les Caraïbes

MCG : Moindre Carré Général

MCO : Moindre Carré Ordinaires

MCG Moindre Carré Général

NASAN : Nouvelle Alliance pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition

NEPAD : Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

ODD : Objectifs de Développement Durable

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY V

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

ONU : Organisation des Nations Unies

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PAU : Politique Agricole de l'UEMOA

PDDAA : Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine

PGF : Productivité Globale des Facteurs

PIB : Produit Intérieur Brut

PIBh : Produit Intérieur Brut par habitant

PME : Petites et Moyennes Entreprises

PMI : Petites et Moyennes Industries

PNB : Produit national brut

PNIA : Programmes Nationaux d'Investissements Agricoles

PNUD : Programme des Nations unies pour le développement

PPA : Parité de Pouvoir d'Achat

PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

PRIA : Programme Régional d'Investissements Agricoles

PRSA : Programme Régional pour la Sécurité Alimentaire

SRP : Stratégies de Réduction de la Pauvreté

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

TBS : Taux Brut de Scolarisation

TMMI : Taux de Mortalité Maternelle et Infantile

TRC : Transparence Responsabilité et Corruption

UEMOA : Union Monétaire et Ouest Africain.

US : United States

WDI : Base de données de la Banque mondiale

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY VI

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX Liste des figures

Figure 1: Evolution de l'incidence de la pauvreté dans les Etats de l'UEMO 10

Figure 2: Décomposition des variables affectant la distribution et la pauvreté en effet

distributif et de croissance 25
Figure 3: Test de corrélation du PIB/hab sur le taux de la pauvreté au seuil de 1,90$ par

jour 46

Liste des tableaux

Tableau 1 : Taux brut de scolarisation (en %) 12

Tableau 2: Estimations de l'élasticité de la croissance de la pauvreté et du taux de

croissance du PIB requis pour réduire l'incidence de la pauvreté de 4 % par an. 15

Tableau 3 : Statistique descriptive des variables du modèle 41

Tableau 4: Impact de la croissance sur la pauvreté avec l'indice du Ratio de la population pauvre disposant de moins de 1.90$ par jour (2011 PPA) en % de la

population nationale 42

Tableau 5: Matrice de corrélation des variables du modèle 45

Tableau 6: Effet de la croissance sur la pauvreté avec l'indice de l'écart de pauvreté

à 1,90 $ par jour (2011 PPP) 47

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY VII

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY VIII

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

SOMMAIRE

DEDICACES I

REMERCIEMENTS II

SIGLES ET ACRONYMES III

LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX VII

SOMMAIRE VIII

RESUME IX

ABSTRAIT X

INTRODUCTION GENERALE 1

Chapitre I : CARACTÉRISTIQUES ET ÉVOLUTIONS DE LA CROISSANCE ET DE

LA PAUVRETÉ 6

Section 1 : Profil de la croissance et Évolution de la pauvreté des Etats de l'UEMOA . 6

Section 2 : Croissance pro-pauvres et politiques de réduction de la pauvreté au sein de

l'UEMOA 13

Chapitre II : REVUE DE LA LITTÉRATURE SUR LA CROISSANCE

ECONOMIQUE ET PAUVRETÉ 20

Section 1 : Analyse théorique du lien entre croissance économique et pauvreté 20

Section 2 : Evidences empiriques de la relation entre croissance économique et

pauvreté 29

CHAPITRE III : ANALYSE EMPIRIQUE, INTERPRETATION DES RESULTATS

ET RECOMMANDATIONS DES POLITIQUES ECONOMIQUES 37

Section 1 : Présentation des modèles et description des variables 37

Section 2 : Estimations et tests de spécifications 41

Section 3 : Résultats et recommandations de politiques économiques 47

CONCLUSION GENERALE 52

BIBLIOGRAPHIE XI

ANNEXES XIV

TABLE DES MATIERES XXIII

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

RESUME

Vu l'importance porté sur la relation entre croissance économique et pauvreté, l'objectif principal de ce travail consiste de déterminer l'impact de la croissance économique sur la réduction de la pauvreté dans les pays de l'UEMOA sur la période 1991 à 2015.

La démarche adoptée vise à utiliser une régression paramétrique linéaire de la pauvreté pour estimer l'élasticité de la pauvreté par rapport à la croissance, à partir des données de panel statique et dynamique dans une zone bien définie.

L'analyse empirique nous a fourni des estimations sur l'incidence de la pauvreté et de l'indice de l'écart de pauvreté, au seuil de 1,90$(2011 PPA) par jour par rapport aux variables de contrôles. Sur la base du modèle à effets aléatoires, les résultats des régressions montrent que la croissance économique à un effet positif sur la réduction de la pauvreté et les inégalités des revenus ont tendance aussi à aggraver la pauvreté.

De ce fait, l'augmentation de la croissance doit donc s'accompagner d'une politique de maitrise des inégalités car une croissance accompagnée d'une forte inégalité réduit son efficacité et agit défavorablement à la réduction de la pauvreté.

Mots clés: croissance économique, pauvreté, inégalité, UEMOA

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY IX

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

ABSTRAIT

Considering the important interest between the relationship of economic growth and poverty. The principal objectif of this work is to déterminante the impact of economic growth on the poverty in the UEMOA countries in the period of 1991 to 2015.

The necessary steps seems relevant because of the economic methodology which focuses on an analysis of panel data static and dynamic in a well defined area. We have used a linear parametric regression of poverty to estimate the elasticity of poverty in relation to growth.

The empiric analyse provided us with estimates of the poverty rate and the gap index about 1,90$(2011PPA) by day with respect to the control variable. On the basic model of random effect the regression result show that the economic growth has a positif effect of the poverty reducation.

Also income inequallity has a significant and positif effect on poverty. Therefore the increase in growth must accompanied by a policy to control inequalities because of growth accompanied by high inequality reduces its effiviency and it is not favorable to the poor.

Key words: Economic growth, Poverty, Inequality, WAEMU

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY X

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

INTRODUCTION GENERALE

Les pays de l'UEMOA, appartenant tous à la zone franc, affichent des disparités économiques importantes dont les autorités et organismes mondiaux tentent à élaborer des stratégies pour atteindre une croissance durable et nécessaire à réduire la pauvreté.

Cette croissance économique est l'indicateur principal pour apprecier la performance économique d'un pays. Chaque pays tend à enregistrer un taux important pour maintenir l'évolution de son activité économique à long terme et de garantir une stabilité économique. Théoriquement la croissance se traduit par une augmentation des ressources de productions, du revenu, d'une réduction de la pauvreté et de l'amélioration du bien-être de la société.

La croissance selon Kuznets, Prix Nobel d'économie en 1971, est définie comme étant « l'augmentation à long terme de la capacité d'offrir une diversité croissante de biens, cette capacité croissante étant fondée sur le progrès de la technologie et les ajustements institutionnels et idéologiques qu'elle demande ». De ce fait, la croissance économique est décrite dans une logique de processus d'accroissement de l'activité économique afin d'augmenter significativement la richesse nationale.

Elle constitue souvent un objectif en soi pour les pays, qu'ils soient économiquement riches ou pauvres pour assurer un équilibre économique. Pour celà, des mesures importantes sont souvent prises par les autorités pour améliorer les conditions de vie des citoyens à travers les programmes de croissance accélérée. Les dirigeants de l'UEMOA ont érigé au rang de leurs priorités, la lutte contre la pauvreté. Ce défi majeur du développement passe par des politiques économiques et sociales susceptibles de combattre ce fléau.

Au niveau du bien-être social, il est généralement admis que la croissance économique est d'une part génératrice de nouveau revenu par l'effet de la distribution, et d'autre part elle fait profiter au moins dans une certaine mesure à toutes les couches de la population pour satisfaire leurs besoins quotidiens.

De ce fait, la pauvreté absolue définie par référence à un seuil de pauvreté est associé à un pouvoir d'achat fixe permettant de couvrir l'ensemble des besoins essentiels, qu'ils soient physiques et sociaux. Faire de la réduction de la pauvreté absolue le but primordial du développement revient à dire que l'un de ses objectifs premiers est de garantir la satisfaction

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 1

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

des besoins fondamentaux de chacun. Mais, à l'image des besoins fondamentaux, le seuil de pauvreté est pluridimensionnel, recouvrant principalement deux aspects - un seuil de pauvreté lié aux revenus (pour les besoins que l'on peut satisfaire grâce à ses gains) et des seuils non monétaires (pour les autres besoins), Bourguignon, 2014.

Cette définition absolue de la pauvreté, que de nombreux pays utilisent, doit être opposée à une définition relative où le seuil de pauvreté est défini non pas en termes de besoins fondamentaux bien établis, mais comme une proportion fixe du revenu moyen de la population. Il est à noter que la définition de la pauvreté relative parfois qualifiée de «privation relative» devient en quelque sorte indépendante de la croissance.

En effet, le seuil de pauvreté absolue est calculé à partir d'un panier de biens alimentaires, auquel s'ajoutent les dépenses en habillement, en logement, en transport et en énergie, indispensables pour la survie du ménage. Dans l'UEMOA, la ligne de pauvreté varie d'un pays à l'autre. Les dernières données actualisées en 2010 révèlent qu'elle est plus faible au Burkina et plus élevée au Togo. En effet, le seuil de pauvreté est ressorti à 109.891FCFA par an et par habitant au Burkina contre 271.057 FCFA au Togo. A l'échelle de l'Union, il est estimé à 182.072 FCFA. La Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Sénégal et le Togo se situent au-dessus de ce seuil. Sur la base des seuils nationaux de pauvreté, et en fonction des années de déroulement des enquêtes, l'incidence de la pauvreté, c'est-à-dire le nombre des personnes pauvres, est évalué à 49,4% en 2010 dans l'Union. Elle est plus élevée en Guinée-Bissau (69,3%) et dépasse la moyenne sous régionale au Niger, au Sénégal et au Togo. En revanche, elle apparaît plus faible au Bénin 35,2% (BCEAO, 2012).

Cependant, l'élimination rapide de la pauvreté absolue, sous toutes ses formes, passe par des stratégies de croissance et des politiques distributives dont la combinaison est propre à chaque pays. Cette relation entre croissance économique, distribution du revenu et pauvreté soulève un intérêt important depuis quelques années. En effet, des études récentes tendent à montrer qu'il n'existe pas de lien systématique entre croissance rapide et augmentation des inégalités, contrairement à l'hypothèse avancée par Kuznets dans les années 50.

Au cours des années 90, la lutte contre la pauvreté a fait l'objet d'évolutions profondes, sensibles à travers les mesures adoptées par les institutions de Bretton Woods. Ce n'est qu'en 1999 que l'élaboration d'un document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP) est devenue

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 2

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

obligatoire pour les pays qui bénéficient des mesures d'annulation de leur dette (initiative "pays pauvres très endettés") ou de prêts du FMI.

Alors qu'au début de la décennie, les allègements de la dette devaient permettre l'accroissement des dépenses publiques en direction des seuls secteurs de la santé et de l'éducation, l'approche a, par la suite, été élargie. Du point de vue stratégique, les programmes d'Ajustement structurels (PAS) menées depuis les années quatre-vingt, ont donné certes, une plus grande stabilité macroéconomique et un taux de change fixé à sa « juste » valeur qui sont probablement favorables aux pauvres comme le suggèrent les résultats d'Agenor [2002].

La lutte contre la pauvreté ne cesse de faire écho dans le débat économique et devient une préoccupation au premier rang des Etats membres de l'Organisation des Nations Unies (ONU). C'est ainsi que l'agenda 2000, avait mis en avant l'éradication de la pauvreté. L'objectif de réduction de l'extrême pauvreté et de la faim est apparu au premier rang des huit priorités que se sont assignés, notamment dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). La premiere cible de cet objectif visait à réduire de moitié, à l'horizon 2015, l'extrême pauvreté et la faim dans le monde où ces problèmes se posent avec acuité, notamment en Asie du Sud-Est et en Afrique Subsaharienne. Mais cet objectif n'était pas au rendez-vous, ainsi un nouvel agenda des objectifs de développement durable(ODD) est mis en place ayant pour ambition première d'éradiquer la pauvreté d'ici 2030.

En marge du développement, la croissance est une solution pour répondre au phénomène du bien-être social, en termes de réduction de pauvreté. Elle doit s'accompagner des mesures et des normes permettant aux pauvres de participer activement au processus d'accroissement de la richesse et d'en tirer les premiers bénéfices afin d'enregistrer des résultats important en terme d'amélioration des niveaux de vie. La croissance sera inclusive dans ce sens qu'il s'agit de faire émerger la croissance par la base, puis d'en faire profiter l'ensemble de la population par un flux de bas en haut.

La mise en place de telles mesures nécessite une stratégie économique ouvertement orienté en faveur des pauvres. Concrètement, il s'agit d'identifier les régions et les secteurs d'activités caractérisées par des forts taux de pauvreté constituant un potentiel de main d'oeuvre inexploité et d'en améliorer la productivité. Ainsi, la croissance économique émane de la base et les pauvres sont les premiers à en retirer les fruits. La réussite de ces programmes est également

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 3

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

conditionnelle au fait que les pauvres soient concertés et qu'ils aient un rôle actif dans la mise en place de ceux-ci (Sen, 1998).

Les programmes de développement avec croissance inclusive, aujourd'hui soutenus par la Banque mondiale, ont donné des résultats encourageants, notamment en Chine, en Inde, au Chili, au Costa Rica ou encore au Sénégal. Néanmoins, ils restent soumis à la critique qui voudrait que l'orientation de politiques économiques en faveur des populations pauvres crée des distorsions qui finalement réduisent le bien-être de la nation. C'est le traditionnel débat entre égalité et efficacité, qui dépend finalement de ce que l'on entend par bien-être social.

Si aujourd'hui des pays de l'Union observent des taux de croissances économiques très importantes pourtant la pauvreté n'est significativement pas réduite par rapport aux autres régions du monde, ceci peut être dû au biais des « inégalités » de revenus. De la façon dont les gains de la croissance sont repartis à l'ensemble de la population dépend de l'efficacité des résultats en termes de lutte contre la pauvreté (Bhagwati, 1988).

Alors que l'expérience asiatique tend effectivement à mettre en évidence cette corrélation étroite entre croissance économique et réduction de la pauvreté, cette relation semble moins évidente en Afrique subsaharienne. En effet, dans la zone UEMOA, la croissance moyenne dépasse les 5% ces dernières années, elle se distingue d'un pays à l'autre. Mais la pertinence de cette croissance est beaucoup remise en cause quant à la distribution équitable de ses fruits et de son implication dans l'allégement de la pauvreté. Malgré cette forte croissance, elle ne se fait pas ressentir sur le changement des conditions de vie des personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté. La réduction de la pauvreté est très lente par rapport à l'accroissement de la croissance. Il ne fait pas beaucoup de doute qu'aujourd'hui le foisonnement des recherches sur les relations entre croissance économique et pauvreté fait écho quant à l'évolution continue du taux de croissance et à l'inquiétude que cela induite à l'amélioration des conditions de vie de la population. Cependant, il apparait primordial de chercher à savoir si cette croissance est soutenable et effective en termes de réduction de la pauvreté dans l'Union, si elle est inclusive et suffisante pour réduire significativement la pauvreté. Ainsi nous allons analyser son impact sur la réduction de la pauvreté dans les 8 pays de la zone de l'UEMOA.

Les questions de recherches qui permettront d'appréhender le lien de ces deux concepts vont tourner autour de l'apport et la limite de la croissance sur la pauvreté. Certes la croissance est généralement favorable à la réduction de la pauvreté, mais suffise-t-elle, elle seule de réduire

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 4

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

la pauvreté ? Les économistes ont été contraints d'admettre que la croissance seule ne suffisait pas à réduire la pauvreté. Voilà ce que traduit cette prise en compte de la question des inégalités. Un pays peut enregistrer une forte croissance et celle-ci ne profite qu'à une minorité déjà nantie. Et cela vaut dans les pays les plus pauvres comme dans les pays industrialisés.

Le bilan empirique indique que la croissance s'accompagne souvent d'une réduction de la pauvreté, mais que le lien entre croissance économique et croissance de l'inégalité n'est pas systématique. En effet, les nouvelles recherches mettent en évidence la redistribution de cette richesse que chaque pays tente à enregistrer, afin de réduire les « inégalités » observés. La réduction des inégalités est reprise par l'objectif numéro 10 des ODD, qui a fait aussi l'objet de la conférence de G7 à Biarritz en 2019.

Dans notre travail, l'objectif principal consiste à analyser les effets de la croissance économique et d'inégalité sur la variation de la pauvreté dans l'Union. Pour mener à bien ce travail scientifique, nous avons formulé trois (3) objectifs spécifiques.

Il s'agit :

i) D'étudier la situation de la pauvreté dans les pays de l'UEMOA ;

ii) D'analyser l'effet de la croissance économique et des inégalités de revenus sur la réduction de la pauvreté dans l'Union ;

iii) D'identifier les canaux à travers lesquels les effets de la politique macroéconomique se transmettent aux pauvres.

Pour parvenir à ces objectifs, nous allons chercher surtout à tester d'une part l'hypothèse de réduction de la pauvreté par une augmentation de la croissance et d'autre part l'hypothèse de la baisse de la pauvreté suite à une réduction des inégalités. Pour ce faire, notre travail sera structuré en trois chapitres. Le premier permettra de faire une analyse sur les caractéristiques et évolutions de la croissance et pauvreté dans les pays de l'UEMOA. Le deuxième chapitre est axé sur la revue de la littérature à travers les analyses théoriques et empiriques sur la croissance et pauvreté. Le troisième est constitué d'une analyse empirique à l'aide d'un modèle de panel sur l'effet de la croissance économique et les variables de contrôles pour la lutte contre la pauvreté.

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 5

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

Chapitre I : CARACTÉRISTIQUES ET ÉVOLUTIONS DE LA CROISSANCE ET DE LA PAUVRETÉ

Introduction

Ce chapitre permet d'analyser l'évolution de la croissance et de la pauvreté dans l'Union, et aussi d'apprécier les facteurs pouvant peser sur les perspectives en matière d'accroissement de la richesse nationale et de politiques de réduction de l'extrême pauvreté. Il est reparti en deux sections. Dans la première, nous allons faire une analyse sur les tendances de la croissance économique et de la pauvreté dans les pays de l'UEMOA. Dans la deuxième, nous allons mettre en exergue le lien entre croissance et rééducation de la pauvreté ainsi parcourir les politiques et stratégies mises en oeuvre pour une croissance pro-pauvre.

Section 1 : Profil de la croissance et Évolution de la pauvreté des Etats de l'UEMOA

Perroux, définie la croissance économique comme étant « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en temps réel ». Avec une évolution récente, la croissance économique est axée sur un accroissement de la production dans les secteurs intensifs en mains d'oeuvre, susceptible de diminuer la pauvreté via une augmentation de l'emploi et donc, une pression à la hausse sur les salaires (Bradley et Nielson, 2003).

Ce lien est très interessant dans la mesure où il permet de voir à quel niveau la pauvreté diminuera si la croissance augmente. Cependant il devient intéressant de voir l'évolution de cet indicateur dans l'UEMOA afin de pouvoir évaluer la performance de l'économie de cette Zone.

I.1. Etat des performances de croissance économique des pays de l'UEMOA

Au lendemain des indépendances les pays membres de l'Union ont hérité d'une croissance soutenable, l'économie était en parfaite évolution. Mais arrivée aux années quatre-vingt, la crise économique mondiale causée par la chute des cours des matières premières, le surendettement extérieur dû à la dépréciation du dollar et la perte de compétitivité des économies à renverser cette bonne tendance. Ajouté à cela l'absence de bonne gouvernance, les conflits civils et les catastrophes naturelles, les pays de l'UEMOA se trouvent en difficultés économiques.

En effet, la dévaluation de la monnaie en 1994 était inévitable du fait de la perte de performance des économies de la zone. Cependant, la période 1994-1999, la croissance économique dans la

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 6

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

majorité des pays se vu redresser suite à l'augmentation du revenu par habitant. Le PIB réel a augmenté en moyenne de 5,2% contre 0,5% entre 1990-1993. L'économie a retrouvé un souffle d'oxygène, l'inflation a été maîtrisée et le rétablissement des comptes publics a été positif.

La conjoncture économique s'est fortement redressée, la progression de la compétitivité prix et le redressement des finances publiques ont conduit à une hausse du taux de croissance de 6.5% en 1996 et à une réduction du déficit public. Cette situation se traduit par une baisse importante du taux d'inflation de plus de 17 points pour s'établir à 10.3% en 1995 contre 27% en 1994.

Par ailleurs, certains pays de la zone notamment la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau et le Togo ont connu des crises socio-politiques majeures au début des années 2000, entrainant des croissances négatives. Durant cette période post mise en oeuvre du Pacte de Stabilité, l'UEMOA a réalisé un taux de croissance annuel moyen du PIB réel de 3.4%, malgré la forte récession mondiale, la croissance a été plus stable et positive pour l'ensemble des pays de l'Union.

L'ensemble des pays de l'UEMOA, à l'exception de la Guinée-Bissau et du Mali, ont connu une accélération de leur croissance. Les plus fortes progressions ont été enregistrées au Burkina Faso (+ 9,8% après - 4 ,7%) et au Niger (+10,8% après en 2,1%). Dans les pays côtiers, les performances de croissance se sont également inscrite en hausse par rapport à 2011, atteignent +5,4% au Benin ; +3,5% au Sénégal et +5,9% au Togo. En revanche, la Guinée Bissau et le Mali sont entrés en récession (respectivement -1,5% et -1,2%) car l'activité économique ayant été affectée par les crises socio politiques survenues en 2012 (BCEAO)

La croissance dans l'ensemble suit un dynamisme d'évolution mais en deçà du niveau minimal (7 %) requis pour réduire très significativement la pauvreté. La croissance moyenne au lendemain de la dévaluation jusqu'en 2016 est de 4,10% largement faible pour atteindre les objectifs des ODD. Il est donc interessant de s'interroger sur les atouts de cette croissance pour permettre d'élaborer des stratégies de croissance accélérée.

I.2. Politique de la croissance et cadre macroéconomique de l'UEMOA

Selon le modèle néoclassique de la croissance, Solow (1956), le stock capital, le progrès technique et de la croissance de la population sont les conditionnements de la croissance équilibrée régulière. Cependant, cette hypothèse de convergence inconditionnelle est loin d'être vérifiée par les études empiriques, ce qui a poussé à chercher des approches alternatives avec notamment la théorie endogène (Barro, 1986). Plusieurs facteurs sont pris en compte pour

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 7

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

analyser la croissance mais l'accent sera mis principalement sur la pertinence de l'ouverture au commerce international et la stabilité des agrégats macroéconomique pour faciliter l'investissement.

? L'ouverture au commerce international

De nos jours, l'intégration régionale et l'ouverture au commerce international sont considérés comme des leviers susceptibles d'accroître la richesse des pays pauvres. Les pays dont leurs taux d'ouvertures sont plus élevés tendent à prouver que cette stratégie constitue un facteur déterminant de leur développement. La théorie des avantages comparatives de D. Ricardo qui prévoit qu'un pays doit se spécialiser dans la production des biens pour lesquels les coûts relatifs sont les plus faibles, et à échanger les biens qu'il ne produit pas, étale le comportement entreprit par des pays de l'Union pour relancer son économie. Suivant cette logique tous les pays peuvent gagner du libre-échange s'ils se spécialisent.

Les échanges avec l'extérieur permettent à un pays de canaliser ses investissements dans les domaines où il tire des avantages comparatifs, ce qui augmente la productivité globale dans l'économie. Cependant, l'élasticité de la demande par rapport au revenu sur le marché international dépasse forcement celle du marché restreint d'un pays à faible revenu. Les producteurs peuvent profiter de cet élargissement du marché pour réaliser des économies d'échelles, ce qui augmente leur efficience et, par conséquent, leur valeur ajoutée.

Selon une étude faite par Brochart(1984) sur des séries de données temporelles spécifiquement dans chaque pays de la zone franc, une corrélation significative et positive a été observée dans deux cas avec les pays de l'Union, l'analyse empirique montre qu'une augmentation des exportations de 5% accroit le PIB à prix constants de 0 ,4% au Sénégal.

En analysant de façon spécifique, le commerce de l'Union apparaît d'un dynamisme non négligeable. Par contre, par rapport au commerce mondial, les échanges commerciaux enregistrent un léger décollage. La part du commerce des marchandises de l'Union dans celui du monde se situe à 0,16% en 2011 et 2012 après s'être établit autour de 0,10% entre 2000 et 2005 puis 0,13% en 2009. Ces chiffres montrent clairement que les marchandises des Etats membres de l'Union sont peu présentes sur le marché mondial. Cette faiblesse n'est pas spécifiquement pour l'UEMOA mais pour le continent Africain de manière générale.

? Stabilité de l'environnement macroéconomique et performance de la croissance

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CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

Fisher (1993) a étudié la relation entre la stabilité macroéconomique et la croissance. Il a défini la stabilité d'un environnement macroéconomique par une inflation prévisible et faible, un taux d'intérêt approprié, une politique fiscale stable et un taux de change réel compétitif. Les résultats prouvaient une corrélation positive et élevée entre l'investissement et la production.

Le contexte économique récent de l'UEMOA, a également bénéficié de la baisse des tensions inflationnistes après les niveaux élevés enregistrés en 2011. Le taux d'inflation annuel moyen est ressorti à 2,6% contre 3,9% en 2011. Cette évolution mesure l'impact des mesures prises pour contrecarrer l'augmentation des prix des produits alimentaires et la baisse des cours internationaux.

Par ailleurs, au lendemain de la dévaluation, la dimension de l'investissement a été insuffisante pour jouer son rôle de relance des économies afin de pouvoir enregistrer une dynamique de croissance accélérée. En effet, l'espace économique de l'Union est caractérisé par une évolution négative du stock de capital sur une longue période.

Ce phénomène a entrainé un processus de décapitalisation dans la plupart des économies de l'union. Toutefois, en dépit de ce trend baissier, l'investissement a cru au cours de la dernière décennie à un rythme annuel moyen supérieur à celui de la valeur ajoutée (sauf au Mali, et au Niger ) de sorte que le taux d'investissement a tendance à augmenter tout en demeurant à un niveau inférieur au taux d'investissement des années 70. Cette situation s'est traduite par une baisse tendancielle de la productivité globale des facteurs (PGF).

II. Évolution de la pauvreté dans les économies des pays de l'UEMOA

La réduction de la pauvreté est restée extrêmement modeste. La dévaluation a considérablement accru l'incidence de la pauvreté, que la relance de la croissance n'a pas réussi à le réduire sensiblement. L'extrême pauvreté en revanche semble avoir quelque peu diminué.

II.1. Evolution de l'incidence de la pauvreté au niveau des Etats

L'état des pays l'UEMOA affiche un repli de la pauvreté monétaire (Graphique N°2, Annexe 1) au Mali, au Niger, au Sénégal et au Togo. En se référant des seuils nationaux de pauvreté, l'incidence de la pauvreté, c'est-à-dire le nombre de personnes pauvres, est évaluée à 49,4% en 2010 dans l'Union. Elle apparaît plus faible au Bénin (35,2%), mais plus élevée en Guinée-Bissau (69,3%), (BCEAO, 2012).

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CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

Au Sénégal, l'incidence de la pauvreté a connu une régression passant de 55,2% en 2001/2002 à 48,3%, en 2005/2006, avant d'atteindre 46,7%, en 2010/2011. Quant au Mali, elle est passée de 55,6% en 2001 à 47,4% en 2006, puis à 43,6% en 2010 sur la base d'un seuil de pauvreté en termes réels de 165 431 CFA en 2010. Au Niger, la pauvreté affiche un recul lent de 1993 à 2005 (63,7% à 62,1%) et un recul rapide pour se situer à 48,2% en 2011. De 2005 à 2008, le Togo affiche la même tendance. Au Burkina Faso, l'incidence diminue légèrement, elle est passée de 51,1% en 2003 à 46,7% en 2009 pour s'établir à 40,1% en 2014, (BCEAO, 2012 et BM).

Contrairement au Bénin, en Côte d'Ivoire et en Guinée Bissau où une pauvreté stable ou en hausse légère se constate. Au Bénin, l'incidence de la pauvreté est passée de 29,6% avant les DSRP à 36,2% en 2011 pour s'établir à 40,1% en 2015. En Côte d'Ivoire, le niveau de pauvreté a augmenté de 4,8% entre 1998 et 2002, passant de 33,6% à 38,4%. Le conflit de l'armé en 2002 a accentué les difficultés économiques et a accru le niveau de pauvreté qui remonte à 48,9% en 2008. Mais grâce à la stabilité politique de ces dernières années, la pauvreté s'est reculée légèrement à 46,3% en 2015. Quant au Guinée Bissau, l'incidence de la pauvreté augmente de 4,6 points, elle est passée de 64,7% en 2002 à 69,3% en 2010, (BCEAO, 2012 et BM).

Figure 1: Evolution de l'incidence de la pauvreté dans les Etats de l'UEMO

80 70 60 50 40 30 20 10 0

 
 
 
 

Bénin Burkina Côte Guinée Mali Niger Sénégal Togo

Faso d'Ivoire Bissau

Incidence de la pauvreté par période 1994 -1999 Avant DRSP Incidence de la pauvreté par période 2000 - 2005 DSRP I

Incidence de la pauvreté par période 2006 - 2009 DSRP II + DSRRP - AO Incidence de la pauvreté par période 2010 - 2011 DSRP III + DSRRP - AO Incidence de la pauvreté par période 2014 - 2015 Base de Donées BM

Sources : Rapports nationaux sur la pauvreté et base de données de la BM, présenté par l'auteur

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Par rapport au milieu, la pauvreté est très dense en milieu rural qu'en milieu urbain (Annexe 2). En effet, dans les zones rurales, la proportion des pauvres varie de 33 % à 88 % contre 16,5 % à 74% dans les zones urbaines. L'analyse du phénomène de pauvreté en Afrique de l'Ouest montre que les facteurs socioéconomiques tels que l'âge, la taille du ménage, le niveau d'instruction du chef de ménage constituent des déterminants de la pauvreté. Ainsi, la pauvreté augmente avec la taille des ménages, en particulier en milieu urbain. Par exemple au Bénin, dans les ménages de plus de six personnes, l'incidence de la pauvreté est deux fois plus élevée que dans les ménages de moins de trois personnes. Au Sénégal, la taille moyenne des 20 % des ménages les plus pauvres dépasse 10 personnes alors que celle des 20 % des ménages les plus riches est de moins 8 personnes.

II.2. Evolution des indicateurs sociaux

La pauvreté est un phénomène multidimensionnel, pour apprecier son évolution vis-à-vis du bien-être de la population, il est important aussi d'analyser les indicateurs sociaux. Il s'agit entre autre les aspects relatifs à la qualité des ressources humaines (éducation) et à l'accès aux infrastructures de base (accès à la santé, à l'eau potable, à l'électricité, etc.)

En général, le taux brut de scolarisation (TBS)1 et le taux d'alphabétisation des jeunes (15-24 ans) sont les indicateurs de base pour apprecier cette évolution. Selon les données de la BAD (2016), le TBS couvrant la période 1995-2014, (à l'exception de la Guinée Bissau dont pour des raisons de manque de données la période s'est arrêtée en 2010) est en hausse de 31,2% en moyenne, avec des fortes variations d'un pays à l'autre (cf. tableau n° 1).

Sur la même période, les hausses les plus importantes du TBS ont été enregistrées au Bénin (56,2%) et au Burkina (48,1%), tandis que les plus faibles progressions sont observées au Togo (21,4%) et au Sénégal (25%). Par rapport au genre, les taux de scolarisation des filles et des garçons sont en constant progression dans tous les pays, se situant, en 2014, respectivement entre 65 et 121,4% d'une part, et 75,9 et 128,6%, d'autre part (cf. tableau n° 1).

La progression favorable du taux brut de scolarisation observée au niveau de l'Union serait due à une amélioration de l'accès à l'éducation, accompagnée, dans certains cas, d'une efficacité du

1 C'est le rapport du nombre d'enfants inscrits au cours de l'année sur le nombre d'enfants de la tranche d'âge scolarisable, qui est de 6 à 11 ans. Les proportions supérieures à 100% indiquent une présence massive des enfants en dehors de cette tranche d'âge scolarisable

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système éducatif. Seul le Togo, le Bénin et la Guinée Bissau qui atteignent un TBS plus de 100% les autres leurs TBS se rapprochent de plus en plus à ceux des pays performants.

Par ailleurs, le taux d'alphabétisation des jeunes a progressé, entre 2005 et 2015 au Niger, en Côte d'Ivoire et au Bénin ensuite régressé globalement dans le reste. Le Niger enregistre le taux le plus élevé (80,9%) en 2015, contrairement au Togo qui a le taux le plus faible (33,5%) sur la même année. Les Etats les plus avancés ont, en 2015, des taux qui dépassent les 60%, (BAD, 2016)

Cependant, l'objectif d'un taux d'alphabétisation de 100% en 2015 tel qu'il était définit par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) n'est pas atteint pour tous ces Etats. Cela est probablement causé par la faiblesse de l'accessibilité et de l'encadrement; la gestion non satisfaisante des ressources humaines et financières; les contraintes budgétaires et de l'insuffisance d'infrastructures et de matériels didactiques.

Tableau 1 : Taux brut de scolarisation (en %)

Pays

1995 (1)

2014 (2)

Evolution (2) - (1)

Total

F

G

Total

F

G

Total F

56,2 70,5

48,1 54,2

19,3 24,2

G

Bénin

69,4

49,4

89,7

125,6

119,9

131,1

41,4

Burkina Faso

38,8

30,9

46,6

86,9

85,1

88,7

42,1

Côte d'Ivoire

70,3

59,4

81,3

89,6

83,6

95,5

14,2

Guinée Bissau

(1995 à 2010)

52,8

38,6

67

113,7

109,8

117,5

60,9

71,2

50,5

Mali

39

31,6

46

77,2

73

81,2

38,2 41,4

41,6 42,8

25 35,9

21,4 37,7

35,2

Niger

29

22,2

35,5

70,6

65

75,9

40,4

Sénégal

55,9

48,4

63,2

80,9

84,3

77,5

14,3

Togo

103,7

83,7

123,8

125,1

121,4

128,6

4,8

Source : BAD (2016) : Indicateurs sur le genre, la pauvreté et l'environnement dans les pays africains

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Section 2 : Croissance pro-pauvres et politiques de réduction de la pauvreté au sein de l'UEMOA

Au cours de la dernière décennie, les Etats de l'UEMOA se sont engagés à des reformes importantes pour redresser leur cadre macroéconomique afin de lutter contre la pauvreté. Cela à travers un ensemble de politique inclusive et une croissance rapide malgré jugé insuffisante.

1. Croissance pro-pauvres et leur extension aux dimensions non monétaires de la pauvreté

Nouvellement apparue, la croissance pro-pauvre accorde un intérêt très particulier aux pauvres. Les économistes ont été contraints d'admettre que la croissance elle seule ne suffisait pas à réduire la pauvreté. Ils mettent à présent l'accent sur la croissance pro-pauvre « pro-poor growth (PPG), concept qui représente un véritable dépassement de l'approche dite du « trickle down2 » (« effet de diffusion vers le bas »).

Dans la mesure où la réduction de la pauvreté est considérée comme objectif prioritaire dans l'agenda du développement, celle-ci peut être atteinte par la stimulation de la croissance économique et/ou par une atténuation des inégalités des revenus. En outre, la pauvreté peut être attaquée d'abord par des politiques de croissance inclusive à travers des politiques industrielles intensives en main-d'oeuvre. Deuxièmement la redistribution, qui demande des bases fiscales assez puissantes et stables. Enfin, investir dans le capital humain des personnes les plus pauvres en leur donnant accès à de meilleurs systèmes de santé et d'éducation.

La relation croissance et pauvreté émerge fondamentalement, deux visions concurrentes. Une vision dont l'économie du développement a largement insisté en expliquant que les fruits de la croissance se diffusent automatiquement à l'ensemble des segments de la société, conformément à la célèbre hypothèse « trickle down ». Plus précisément, cette hypothèse laisse comprendre que les riches seront les premiers à bénéficier les fruits de la croissance puis par un effet redistributif, les pauvres en profiteraient à leur tour. De ce fait, le développement est appréhendé comme un flux de richesses allant des riches vers les pauvres. Dans une telle situation, les effets de la croissance sur les pauvres ne peuvent être qu'amoindris.

2 Le terme trickle-down, qui désigne l'économie des retombées, décrit, en fait, la croissance capitaliste dans une économie de marché comme étant un processus inégalitaire du point de vue distributif et dont les bénéfices se propagent de manière graduelle et en général de façon incomplète d'une minorité vers la majorité de la population.

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Le résultat issu d'un certain nombre d'études empiriques récentes suggère qu'en moyenne, les revenus des pauvres augmentent dans la même proportion que le revenu global, de sorte que « la croissance est bonne pour les pauvres ». Ceci implique que la clé de la réduction de la pauvreté est une croissance économique rapide et que les gouvernements n'ont donc pas besoin de poursuivre des politiques de PPG (Dollar et Kraay, 2002).

Cependant, d'autres études empiriques soulignent l'existence des fortes différences sur la manière dont les pauvres perçoivent les dividendes de la croissance économique, qui reposent sur des différences importantes et spécifiques aux pays en matière de répartition initiale des revenus et des actifs. En conséquence, une stratégie de lutte contre la pauvreté doit incorporer des programmes de redistribution en faveur des pauvres (Ravallion, 2001).

La relation entre croissance et pauvreté est complexe et fait intervenir le niveau et les variations des inégalités économiques et sociales. D'un point de vue théorique, le concept de PPG s'appuie sur les travaux récents portant sur le triangle pauvreté-inégalité-croissance (Bourguignon, 2003). Ces travaux montrent que la réduction de la pauvreté est fonction du taux de croissance et de la variation de la distribution du revenu.

De manière générale, la PPG peut se définir comme la croissance qui bénéficie aux pauvres et leur offre des opportunités d'améliorer leur situation économique. Mais cette définition ne donne aucune indication du degré et du seuil à partir duquel la croissance peut être considérée comme telle. Toutefois, elle présente l'intérêt de rappeler que les stratégies de développement doivent s'intéresser aux deux dimensions « croissance » et « pauvreté » en y intégrant le rôle déterminant joué par la redistribution.

C'est clair que la croissance est une composante nécessaire mais elle seule ne peut pas réduire la pauvreté. Dans la plupart des pays de l'UEMOA, le taux de croissance économique annuel moyen excède rarement 5 % sur la période 1994-2016. Même pour les pays ayant une croissance moyenne qui excède 5%, le taux réalisé est inférieur au minimum requis pour pouvoir lutter efficacement contre la pauvreté.

En tenant compte des élasticités entre croissance et la réduction de la pauvreté, une étude de la CEA a montré que, pour réduire la pauvreté de moitié en 17 ans dans les Etats de l'UEMOA, il faut une croissance annuelle d'au moins 7 %. Avec un taux de croissance pareil, la pauvreté diminuera significativement de 4 % par an. Globalement, les performances économiques n'ont pas été suffisantes pour réduire substantiellement la pauvreté (Voir tableau 2).

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CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

Avec un taux de croissance annuel moyen de 4 % à 5 % retenu pour le moyen terme dans les documents de stratégies de réduction de la pauvreté (DSRP) nationaux et une incidence de la pauvreté de 30 à plus 80 % en 1998, il était difficile aux Etats membres de réduire de moitié la pauvreté pendant la période escomptée notamment jusqu'à en 2015.

Ainsi, le Bénin aurait besoin d'un taux de croissance de 6.6% alors que son taux de croissance moyen entre 1994 et 2016 était de 4.32%. Quant au Sénégal, il aurait besoin d'un de croissance de 6,30% alors que son taux de croissance moyen entre 1994 et 2016 était de 4.06%. Le Togo est le pays qui a besoin d'un taux très élevé dans la zone notamment 8,16% pour pouvoir réduire significativement la pauvreté, or dans la période 1994 à 2016, son niveau de croissance moyenne est mitigé avec un taux de 3,88% largement faible pour atteindre cet objectif (CEA, 1999)

Tableau 2: Estimations de l'élasticité de la croissance de la pauvreté et du taux de croissance du FIB requis pour réduire l'incidence de la pauvreté de 4 % par an.

Elasticité de la Croissance Taux de croissance Taux de croissance

croissance de la requise par de la population du PIB requis

pauvreté habitant

Bénin

-1,8

3,70

2.90

6,60

Burkina

-1,01

3,96

2.80

6,76

Côte d'Ivoire

-1,06

3,77

3,10

6,87

Guinée Bissau

-0,88

4,55

2,10

6,65

Mali

-0,81

4,94

2,80

7,74

Niger

-0,62

6,45

3,3

9,75

Sénégal

-1,08

3,70

2,60

6,30

Togo

-0,79

5,06

3,10

8,16

Source : CEA : Rapport Economique sur l'Afrique, 1999

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? Concept de croissance pro-pauvre et indicateur de politique pro-pauvres

La croissance pro-pauvre est définie au sens large, comme toute croissance qui réduit significativement la pauvreté (OCDE, 2001 et Nations unies, 2000). Cependant, pour donner une définition très pointue de ce concept, deux approches sont généralement appréhendées:

- L'approche dite "relative" considère une croissance pro-pauvres lorsque les plus pauvres bénéficient plus que les autres des fruits de la croissance, la croissance est donc accompagnée d'une réduction des inégalités (White et Anderson, 2001 ; Kakwani et Pernia, 2000).

- La seconde, dite «absolue», considère comme croissance pro-pauvres une croissance qui accélère la croissance du revenu des pauvres indépendamment de l'évolution des inégalités (Ravallion and Chen, 2003).

L'analyse empirique indique que souvent l'effet de la croissance économique sur la pauvreté est positif et l'impact de l'inégalité sur la pauvreté est négatif. Cependant, la pauvreté peut s'accroître si l'inégalité des revenus s'accentue au cours du processus de croissance. Ainsi, la grande question qui se pose est de savoir comment accélérer le rythme de réduction de la pauvreté et de l'inégalité. Quelles sont les politiques pro-pauvres les plus efficaces ?

Pour donner des piste de réponse, Kakwani (1993, 2001) propose « le taux marginal proportionnel de substitution entre la croissance et l'inégalité des revenus ». Ce taux indique le pourcentage d'accroissement du revenu moyen nécessaire pour que la pauvreté ne change pas consécutivement à une variation de 1 % de l'indice de Gini. Il est égal au rapport - précédé du signe moins - entre l'élasticité partielle de la pauvreté par rapport à l'indicateur de l'inégalité (í) et l'élasticité croissance de la pauvreté (ç).

IGTI = (1)

Ti

Plus ce rapport est grand (>1), plus grands sont les avantages des politiques pro-pauvres de redistribution qui réduiraient l'inégalité. Plus l'IGTI est petit (<1), plus grands sont les avantages des politiques de croissance pro-pauvres. Ainsi, pour des pays où l'inégalité initiale est élevée, même de faibles réductions de l'inégalité auront un impact significatif sur la réduction de la pauvreté.

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2. Politiques de croissance et de réduction de la pauvreté

Les efforts accomplis ont ainsi permis à plusieurs d'entre eux d'être éligibles à différentes facilités accordées par la communauté internationale, notamment l'Initiative en faveur des Pays Pauvres très Endettés (IPPTE) et l'Initiative d'Allégement de la Dette Multilatérale (IADM). L'endettement externe de l'Union est poursuivi par la baisse suite à ses efforts en se situant à 57,4% en 2005 contre 60,6% en 2004. Il se situait à 64,8% en 2003 et 71,1% en 2002.

C'est dans ce contexte que les autorités ont mis en place des politiques de croissance accélérée, à travers des programmes de renforcement des infrastructures et des projets visant à élargir et diversifier la base productive des économies. L'agriculture est au coeur de ses actions car il représente une large part du produit intérieur brut (PIB), et emploie une proportion significative de la population active. Il produit la majeure partie des denrées alimentaires de base et devient la source de subsistance et de revenus pour plus de la moitié de la population de ces pays.

Par ailleurs, afin de stimuler davantage l'expansion de la croissance observée ces dernières années, et d'assurer une redistribution profitable de ses retombés, les Etats membres de l'Union ont décidé de donner une nouvelle impulsion à leurs actions, en matière d'inclusion financière. Ainsi, au cours de sa session ordinaire des 24 et 25 juin 2016, le Conseil des Ministres a adopté le document cadre de politique et de stratégie régionale d'inclusion financière, de même que le plan d'actions et le budget qui y afférents. A cet effet, le système financier inclusif devient un levier important pour assurer une croissance soutenue et durable, en même temps de réduire la pauvreté, les inégalités et l'exclusion sociale.

Par ailleurs, pour mieux aider les Etats à relever les défis de la performance agricole, des politiques et programmes régionaux ont été élaborés. Les principaux sont : (1) La politique agricole de l'UEMOA (PAU), (2) la politique agricole de la CEDEAO (ECOWAP), (3) le Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA), volet agricole du NEPAD, qui prévoit un Programme Régional d'Investissements Agricoles (PRIA) et des Programmes Nationaux d'Investissements agricoles (PNIA) sur la période 2009-2015, (4) les engagements de Maputo de 2003, pris par le Sommet de l'Union Africaine, visaient à allouer 10% du budget public annuel à l'agriculture dans les différents Etats membres et à réaliser une croissance agricole minimale de 6%, (5) la « Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition » qui a été initiée lors du sommet du G8 en mai 2012 et qui couvre 24 pays dont 19 africains, (6) l'Alliance Globale pour la Résilience (AGIR)- Sahel et Afrique de l'Ouest qui est

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

un partenariat pour le renforcement de la résilience qui s'adresse à 17 Etats de la CEDEAO, de l'UEMOA et du CILSS et qui sera déclinée en priorités nationales « résilience », (7) le Programme Régional pour la Sécurité Alimentaire, adopté par l'UEMOA en 1999.

? Accélération durable de la croissance et transformation de l'économie pour une croissance pro-pauvre

Soutenir l'économie nationale dans un processus d'accroissement de la richesse constitue le premier facteur de lutte contre la pauvreté. L'émergence d'une croissance pro-pauvre et l'innovation de l'activité économique ont été amorcée au sein de l'UEMOA. En outre, les efforts consentis par les Etats visent à dynamiser et intensifier la performance du secteur privé, diversifier l'économie et promouvoir l'intégration régionale.

Ainsi, des mesures d'accompagnements ont été consenties pour améliorer le climat des affaires, poursuivre les réformes structurelles en vue d'attirer les investissements directs étrangers (IDE) et promouvoir les Petites et Moyennes Entreprises, ainsi que les Petites et Moyennes Industries (PME/PMI). Le code des investissements a été également revisité, et des réformes ambitieuses ont été mises en oeuvre pour assainir l'environnement judiciaire.

Des reformes du système financier pour accroître le taux de crédit et faciliter l'octroi de crédit bancaire, notamment en faveur des femmes, et la promotion de la microfinance, ont été au coeur des actions entreprises pour favoriser une croissance accélérée. Le nombre d'institutions de microfinance a atteint 873 en 2010 contre 571 en 2005 et l'effectif des bénéficiaires des prestations des SFD est ressorti à 11,5 millions de personnes contre 4,3 millions en 2005.

Par rapport à la diversification de l'économie et la promotion de l'intégration régionale, les Etats de l'Union se sont impliqués fortement dans la promotion des secteurs porteurs de croissance, notamment le secteur agricole et ses filières de production. Ainsi, des actions concrètes ont été entreprises pour l'intensification de la production dans le secteur agricole, qui est le secteur qui absorbe une grande partie de la population dont nombreux sont les pauvres. Les principales mesures prises, concernent la promotion de l'autosuffisance alimentaire et l'amélioration de la compétitivité des filières, à travers la promotion de la culture irriguée.

Au long de ce chapitre, nous avons étalé les tendances de la croissance économique, celle de la pauvreté mais également mettre en évidence le lien entre ces deux notions. En effet, les taux de

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croissance enregistrés ces dernières années n'ont pas atteint le niveau minimal requis (7% en moyenne par an) pour pouvoir réduire de moitié la pauvreté. La pauvreté a connu un repli sur certains pays (Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo) et une stagnation ou augmentation dans les autres. Les analyses montrent que la croissance elle seule ne suffit pas de réduire la pauvreté. C'est ainsi que les économistes et praticiens du développement ont mis en avant la croissance pro-pauvre, une croissance au quelle les retombés vont d'abord aux pauvres. Le mécanisme de transmission passe d'abord à un ensemble de politiques inclusives qui se traduit par une intensification de la main-d'oeuvre des personnes se trouvant dans les couches défavorisés. L'autre voie consiste à agir sur la distribution de la richesse afin d'atténuer les inégalités car ces derniers représentent un frein à la réduction de la pauvreté. Enfin, investir dans le capital humain des personnes les plus pauvres en leur donnant accès à des meilleurs systèmes de santé et éducation. C'est ainsi que nous allons faire un sursaut sur la revue de la littérature pour mieux comprendre les postulats des économistes et praticiens du développement.

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Chapitre II : REVUE DE LA LITTÉRATURE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETÉ

Au lendemain de la dépression des années trente et de la guerre mondiale, la théorie de la croissance comme l'essentiel de la macroéconomie, fut naitre dans le débat économique. Ce sont les instruments de type keynésien (taux d'intérêt réels négatifs, crédits sélectifs, banques de développement etc.) qui sont privilégiés pour organiser la croissance. Les effets de cette croissance contribuent à priori dans le développement. Cette main d'oeuvre employée permet à la population active d'assurer un minimum de survie. De ce fait, la problématique de la croissance et de la pauvreté, de la redistribution des richesses et des inégalités dans les pays Africains est au coeur des débats économiques et fait l'objet de plusieurs travaux empiriques.

Partant du modèle néoclassique de Solow (1956) qui fut le point du départ de la théorie de la croissance, des théories contemporaines de la croissance jusqu'aux théories de la croissance endogène développées ces dernières années, nous allons au long de ce chapitre mettre en évidence la relation croissance économique et pauvreté. La première section s'intéresse à l'analyse théorique de la croissance économique et son apport pour la réduction de la pauvreté et la deuxième à l'analyse les aspects empiriques entre croissance économiques et pauvreté.

Section 1 : Analyse théorique du lien entre croissance économique et pauvreté

L'étude de la littérature soulève des controverses importantes entre les économistes et entre les politiques publiques de développement. Dans cette section, la première partie va détailler les fondements théoriques, et la deuxième effectuera un survol sur les récentes théories de la croissance et son lien avec la pauvreté et la distribution des revenus.

1.1 Fondements théoriques

La croissance a suscité beaucoup de débat dans la littérature économique, les économistes de développement mettaient en avant le principe d'accumulation du capital humain dans la production de la croissance.

Dans la période des années cinquante, la croissance économique était décomposée en trois facteurs : la croissance de l'offre de travail, la croissance du capital et la croissance des facteurs de productivité. L'analyse de la croissance est devenue clair qu'à partir du modèle de Solow. En effet, le modèle néoclassique développé par Solow (1956) fournit le point du départ de la

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théorie de la croissance. Selon sa théorie, trois facteurs déterminent la production : le capital, le travail et la technologie. Cette théorie est basée sur certaines hypothèses telles que l'efficience des marchés et la rationalité des comportements de ses différents intervenants.

La structure du modèle néoclassique repose sur le fait que les firmes ne veulent plus acquérir de capital en raison de la baisse des rendements marginaux qui s'explique par le fait qu'il n'y a plus de facteur travail pour une unité supplémentaire du capital. Bien que ce modèle soit plus clair sur les évolutions des déterminants de la croissance, il souffre de plusieurs limites. Une des critiques qui fut adressée concerne l'intérêt accordé au progrès technologique. En effet, la théorie néoclassique considère le progrès technologique comme une variable exogène. Cette limite va être résolue, par la suite, par la théorie de croissance endogène. Comme son nom l'indique, cette théorie considère le progrès technologique comme une variable endogène. Elle met l'accent sur trois déterminants principaux de la croissance : la recherche et le développement, le capital humain, et l'innovation.

Durant les années cinquante et soixante marquée par l'influence accrue des écris des économistes de développement, la Banque mondiale pensait que la meilleure façon d'aider les pauvres, c'était de stimuler la croissance économique. Elle avait donc foi dans les retombées positives sur les pauvres d'une croissance rapide tirée par les investissements lourds en capital physique et dans les infrastructures économiques. Cette foi à la croissance prenait son origine dans l'hypothèse selon laquelle ses avantages finiraient par être largement distribués en masses sous la forme d'emplois ou d'autres opportunités économiques, (Ehrhart, 2006).

Le lien entre croissance et pauvreté a été soutenu depuis les classiques et les économistes modernes. Adam Smith était formel au sujet de l'importance de la croissance dans la réduction de la pauvreté. « Elle est en phase de progression lorsque la société est en phase de constitution de la richesse plutôt qu'au stade d'aboutissement, et lorsque les conditions des pauvres qui travaillent, c'est-à-dire la majorité de la population, semblent être les plus heureuses et les plus confortables. Ces conditions sont difficiles quand la relation croissance/pauvre est à l'état stationnaire, et misérables à l'état déclin » (Smith, 1937).

Plus récemment, Lewis (1955), dans son enquête magistrale sur la croissance, a abordé de façon exhaustive plusieurs aspects de la croissance, y compris sa relation avec la pauvreté. Son annexe, intitulée « La croissance est-elle souhaitable ? » anticipe tout ce que les critiques contemporains ont dit sur la croissance, et va même au-delà ! Mais bien entendu, Smith et Lewis

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avaient écrit bien avant la réapparition récente des régressions sur différents pays, et avant que Wolfensohn, le président de la Banque mondiale, et son Grand Vizir de l'économie de l'époque, Joseph Stiglitz, n'aient été considérés comme partisans de ceux qui mettaient en doute l'existence, le sens et la force de ladite relation (Wolfensohn et al., 1999)

En effet, particulièrement, les modèles de développement « classiques » de Lewis (1954) et de Fei et Ranis (1961) suggéraient que la croissance du secteur industriel, si elle était soutenue, conduirait effectivement à une propagation de ses bénéfices à travers, tout d'abord, un effet de diffusion verticale vers le bas (vertical trickle-down effect) des riches vers les pauvres dans le secteur moderne puis via un effet de diffusion horizontale (horizontal spread effect) de l'enclave industrielle en expansion vers le secteur traditionnel3. C'est par cet effet redistributif, (via les dépenses publiques ou privées) que les pauvres pouvaient en profiter à leur tour.

Cette croyance en l'économie des retombées implique donc que, même si la pauvreté diminue substantiellement dans un contexte de croissance rapide, il n'en demeure pas moins que, conformément aux enseignements des modèles d'une économie duale de Lewis (1954) et de Fei et Ranis (1961) et à la célèbre conjecture de Kuznets (1955), les inégalités de revenu commencent par augmenter puis décroît au fur et à mesure que l'économie se développe, les bénéfices de la croissance allant inévitablement, au cours des premières étapes du développement, davantage aux riches qu'aux pauvres avant de se diffuser automatiquement par la suite plus largement au sein des couches sociales les plus défavorisées de la population.

Du fait que, la réduction de la pauvreté devait arriver non seulement graduelle mais aussi dans un ordre hiérarchique bien précis, elle concernerait d'abord les capitalistes et les travailleurs urbains puis les paysans, (Ehrhart, 2006). La répartition des revenus est donc considérée étant indispensable à la réalisation d'une croissance profitable aux pauvres. Il devait donc il y avoir un compromis clair entre répartition et croissance.

Dans une telle configuration, les bénéfices que les pauvres tirent de la croissance ne peuvent être qu'indirects et amoindris. C'est dans cette perspective que les économistes de développement ont proposé la croissance pro-pauvre comme solution à ces résultats insatisfaisants, en termes de réduction de la pauvreté. Elle peut être définie comme un processus qui permet aux pauvres de participer activement à la croissance économique et d'en être ainsi les premiers bénéficiaires. On parlera alors de croissance inclusive.

3 Pour une présentation des différentes versions du trickle-down effect, voir notamment Arndt (1983).

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En effet, une croissance économique forte peut induire des résultats mitigés en matière de réduction de la pauvreté dans un contexte de forte inégalité de revenu (Addison et Cornia, 2001). Cette évidence intéressante remet d'emblée en cause la théorie Kaldorienne (Kaldor 1956), selon laquelle une forte inégalité est utile pour la croissance économique, car les plus riches ont une plus forte propension à épargner que les pauvres; ce qui est essentielle pour l'investissement en capital physique et donc pour la réduction de la pauvreté.

Ainsi, des fortes inégalités affectent négativement la croissance du produit par tête (Benabou, 1996 ; Perotti, 1996). Pour réduire la pauvreté, la croissance doit s'accompagner de la mise en place de politiques de réduction des inégalités présentes et futures (Bourguignon, 2003; Cling et al, 2002). La redistribution des revenus et des richesses jouent alors un rôle crucial dans la relation croissance-pauvreté. Cela dit, l'impact de la croissance économique sur la pauvreté dépend de la manière dont la croissance agit sur les inégalités.

Selon la théorie économique, un niveau élevé de croissance est essentiel pour réduire la pauvreté (Dollar et Kraay, 2001, 2002 ; Ravallion, 2004). Mais en Afrique, les élasticités de la croissance-pauvreté différenciées souvent faibles, ont nourri et relancé le débat économique sur le sujet. Le nombre persistant de pauvres dans le monde notamment dans les pays en développement et ayant parfois de forte croissance remet au coeur des débats l'efficacité de cette croissance à réduire la pauvreté (Epaulard, 2003).

Dans la mesure où d'autres auteurs pensent que la croissance économique ne contribue pas directement à la réduction de la pauvreté dans l'Afrique, la littérature ressente met en évidence la problématique de la croissance pro-pauvre. Elle a montré le rôle ou l'importance de la redistribution des fruits de la croissance pour lutter efficacement contre la pauvreté.

Depuis les travaux pionniers de Kuznets (1955), mettant en évidence la relation en forme de « U inversée » postulant que les inégalités générées par la croissance économique tendent à augmenter dans les premières phases du développement du fait des changements dans la structure économique et à baisser par la suite, plusieurs travaux empiriques ont montré que cette relation n'est pas souvent vérifiée.

1.2 Développement théoriques récents

Au début des années cinquante, la littérature économique considérait que la croissance n'était favorable qu'aux riches Kakwani et al. (2000). En effet, ne disposant pas de capital humain ni

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financier, les pauvres ne pouvaient recevoir qu'une faible partie des bénéfices de la croissance (grâce à la redistribution) : c'est la théorie du « Trickle down ».

En dépit des taux de croissance économique élevés sans précédent, la pauvreté et les inégalités sont restées néanmoins fortes dans la plupart des pays sous-développés. Le Bureau international du travail (BIT), « il était devenu de plus en plus évident, particulièrement à partir de l'expérience des pays en voie de développement, que la croissance rapide au niveau national ne réduit pas automatiquement la pauvreté ou l'inégalité ou n'assure pas un emploi productif suffisant » (BIT, 1976).

Egalement, l'approche de la Banque mondiale en matière de lutte contre la pauvreté a connu des changements radicaux qui reflétaient, d'une part, les progrès croissants, accomplis par le milieu académique dans l'analyse très complexe des interactions entre la croissance économique, l'inégalité des revenus et des richesses et la pauvreté et, d'autre part, le niveau d'intérêt, manifesté par le monde politique à l'égard du thème de la réduction de la pauvreté.

Pour mieux appréhender cette nouvelle vision, les économistes de développement mettent en évidence des stratégies visant à réduire la pauvreté. Selon Bourguignon (2004), dès lors qu'elle vise à réduire la pauvreté absolue sous toutes ses formes (monétaires et non monétaires), une stratégie de développement est entièrement déterminée par ses considérations en matière de croissance et de répartition. Par conséquent, le véritable défi à relever consiste à identifier la nature des liens entre croissance et répartition, le poids variable alloué respectivement aux objectifs de croissance et de redistribution.

D'autre part, selon Bourguignon (2004), l'«inégalité» (ou la «distribution») fait référence aux écarts de revenu relatif dans l'ensemble de la population, c'est-à-dire aux différences de revenu obtenues après normalisation des données observées par rapport à la moyenne de la population de façon à les rendre indépendantes de l'échelle des revenus. Et la «croissance» comme le changement exprimé en pourcentage, du niveau de bien-être moyen (par exemple, le revenu) qui apparaît dans l'enquête auprès des ménages.

Cette dernière passe par des stratégies de croissance4 et des politiques distributives dont la combinaison pourrait être propre à chaque pays. Par exemple, une croissance moyenne de 1% du revenu par habitant peut entraîner une réduction de la proportion des gens vivant dans une

4 Volontairement orientées vers les pauvres

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pauvreté extrême allant jusqu' à 4%, mais pouvant aussi être inférieure à 1%, selon le pays et la période (Ravallion, 2004).

Ainsi, ces différentes stratégies de réduction de la pauvreté ont mis l'accent, à des degrés divers, sur les mesures destinées à stimuler la croissance d'une part, et sur les politiques de redistribution d'autre part.

Figure 2: Décomposition des variables affectant la distribution et la pauvreté en effet distributif et de croissance

Partant dans ce sens, une variation de la pauvreté est donc une fonction de la croissance, de la distribution et de la variation de la distribution. Ce principe est illustré par la figure (1), où l'indice numérique de pauvreté correspond à la zone située sous la courbe de densité à gauche du seuil de pauvreté (fixé ici à 1 USD par jour).

Cette figure fait apparaître la densité de la distribution du revenu, à savoir le nombre d'individus à chaque niveau de revenu (représenté sur l'échelle logarithmique en abscisse). Le passage de la distribution initiale à la nouvelle distribution s'effectue via une étape intermédiaire qui est la translation horizontale de la courbe de densité initiale vers la courbe (I).

L'échelle logarithmique figurant en abscisse, cette variation correspond à la même augmentation proportionnelle de tous les revenus de la population et tient lieu d'«effet de croissance» pur, sans que la distribution des revenus relatifs ne soit modifiée. Ensuite, le déplacement de la courbe (I) vers la nouvelle courbe de distribution se produit à revenu moyen

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constant et correspond à la variation du revenu «relatif» dans la distribution ou à l'«effet distributif».

De ce fait, il est possible de décomposer la réduction de la pauvreté en un effet dû à la croissance et un effet dû à la réduction des inégalités. Des travaux récents (Bourguignon 2004, Cling et al 2004, Lopez (2004) montrent que l'élasticité de la réduction de la pauvreté à la croissance dépend à la fois de l'inégalité de départ des revenus et de l'écart entre revenu moyen et ligne de pauvreté. Ainsi, pour les pays les plus pauvres, la réduction de la pauvreté est bridée par une distribution inégalitaire des revenus5 et des défaillances de marché qui handicapent la situation des plus pauvres (Dercon, 2004).

Cependant, au cours des années 90, la lutte contre la pauvreté a fait l'objet d'évolutions profondes, sensibles à travers les mesures adoptées par les institutions de Bretton Woods. Ce n'est qu'en 1999 que l'élaboration d'un document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP) est devenue obligatoire pour les pays qui bénéficient des mesures d'annulation de leur dette (initiative "pays pauvres très endettés") ou de prêts du FMI. Les DSRP ont cherché à promouvoir une approche de plus en plus globale de la réduction de la pauvreté. La thématique de la croissance pro-pauvre s'inscrit dans cette perspective.

En outre, la croissance pro-pauvre est apparue comme une alternative aux modèles de redistribution qui conduisent à une très faible réduction de la pauvreté. L'idée ici, contrairement à la théorie du « Trickle down », est de faire émerger la croissance à partir de la base (les pauvres), c'est-à-dire de mettre les pauvres au coeur du processus de création de richesse. En effet, comme le souligne Dollar et Kraay (2002), la croissance à elle seule est insuffisante pour engendrer une réduction significative de la pauvreté.

Ceci nous amène à soulever la question selon laquelle, pourquoi la croissance ne profite toujours pas aux plus pauvres ? Par conséquent, la prise en compte du lien entre la distribution des revenus et la croissance est cruciale pour toute politique tendant à assurer une croissance pro-pauvre. Toutefois, comme le souligne Lopez (2004), la question la plus importante et sans nul doute la plus difficile est celle de savoir de combien les pauvres doivent bénéficier de la croissance pour qu'elle soit qualifiée de pro-pauvre.

5 D'après les enquêtes, l'inégalité mesurée par le coefficient de Gini serait presque aussi forte en Afrique de l'Ouest que dans les pays les plus inégalitaires d'Amérique latine - ce qui est loin d'être intuitif.

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Cette question s'intéresse donc à la mesure de la croissance pro-pauvre. Heureusement, les chercheurs ont proposé une multitude de mesures pour déterminer empiriquement l'impact de la croissance sur les plus démunis : la courbe d'incidence de la croissance (CIC) de Ravallion et Chen (2003) ; le taux de croissance pro-pauvre de Ravallion et Chen (2003) ; la courbe de croissance de la pauvreté de (Son, 2004) ; le biais de pauvreté de croissance de McCulloch et Baulch (1999) ; l'indice de la croissance pro-pauvre de Kakwani et al. (2000) ; etc.

Selon l'OCDE, la croissance est qualifiée de pro-pauvre lorsqu'elle s'accompagne d'une réduction significative de la pauvreté. Cette définition est vaste et nous fournit peu d'informations.

Certains proposent une approche relative pour définir la croissance pro-pauvre, en considérant que la croissance est pro-pauvre lorsqu'elle s'accompagne d'une réduction des inégalités de revenu (White et al., 2001; Klasen, 2004). D'autres préfèrent l'approche absolue qui définit la croissance pro-pauvre comme étant une croissance qui réduit le taux de pauvreté (Kakwani et al., 2000, 2002).

A l'évidence, l'efficacité de la croissance comme vecteur de réduction de la pauvreté dépend en partie des inégalités de revenu. Selon l'approche relative la croissance est dite pro-pauvre lorsque le taux de croissance du revenu des individus pauvres est plus important que celui des individus non pauvres (White and Anderson, 2001; Klasen, 2004). Ainsi, dans le cadre d'une politique économique pro-pauvre, la réduction de la pauvreté sera plus forte comparée à une politique de croissance pour laquelle les inégalités de revenu restent inchangées pour tous, (McCulloch and Baulch, 1999; Kakwani and Son, 2002).

Autrement dit, elle s'intéresse à la réduction des inégalités de revenu en faveur des pauvres suite à une période de croissance économique. C'est principalement pour cette raison qu'on parle de définition relative de la croissance pro-pauvre. Ces deux approches posent problème.

La première approche conduit à un paradoxe : préférer une plus faible croissance (au motif de la priorité accordée à la réduction des inégalités) à une croissance plus forte, certes plus inégalitaire, mais où le revenu des pauvres augmenterait plus rapidement.

La seconde approche amène quant à elle à considérer une croissance très inégalitaire comme pro-pauvres : La plupart des pays, hormis la Roumanie, voient croissance et réduction de l'incidence de la pauvreté aller de pair. Une telle définition de la croissance pro-pauvre tend

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donc à annuler toute spécificité par rapport à la croissance. De plus, l'utilisation de l'incidence de la pauvreté tend à focaliser l'attention sur les personnes se situant juste en dessous du seuil de pauvreté. Un indicateur comme le taux de croissance du revenu des pauvres (Ravallion & Chen, 2003) peut paraître préférable.

Cette approche permet de se concentrer essentiellement sur le lien entre pauvreté et croissance et non sur la distribution du revenu. Cette approche est cohérente avec le premier des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) adoptés en 2000 (objectif 1, cible 1 : réduire de moitié en 2015 la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour). Cette seconde approche est beaucoup moins contraignante que celle de l'approche relative la croissance dans la mesure où elle se focalise sur les variations de l'indice de mesure de la pauvreté suite à un épisode de croissance.

Osmani et al. (2005) proposent une version particulière en agrégeant les deux approches précédentes. Ainsi, selon lui, la croissance sera pro-pauvre lorsqu'elle réduit à la fois la pauvreté et les inégalités. Cette approche a le mérite d'insister sur les interactions possibles entre croissance, inégalité et pauvreté.

Le véritable enjeu de l'élaboration d'une stratégie de développement visant à réduire la pauvreté réside davantage dans les interactions entre distribution et croissance que dans les relations entre, d'une part, pauvreté et croissance et, d'autre part, pauvreté et inégalités, qui restent essentiellement arithmétiques.

Les économistes conviennent en général que la croissance est essentielle pour réduire la pauvreté (-revenu), à condition que la répartition du revenu reste plus ou moins constante. La réalité tend d'ailleurs à le confirmer (Deininger et Squire, 1996 ; Dollar et Kraay, 2001 ; Ravallion, 2001 et 2003). Cependant, le vrai problème de l'élaboration d'une stratégie de développement est de savoir si la croissance et la distribution sont indépendantes ou si, au contraire, elles sont étroitement liées (Bourguignon, 2004).

Au-delà de la question de la distribution des revenus, on remarque aussi que les niveaux de développement humain sont très variables entre pays à revenus pourtant comparables (l'Afrique étant généralement en retard par rapport à l'Asie). Les liens entre croissance économique et réduction de la pauvreté sont affectés par les choix politiques et des facteurs structurels propres à chaque pays. D'autre part la pauvreté est un phénomène global, les contraintes imposées par

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le manque de revenus sur les individus s'accompagnant de leur incapacité à prendre en main leur destin, que l'augmentation du PIB par tête ne suffit pas à éradiquer (Delleur, 2005)

La croissance est donc indispensable pour réduction de la pauvreté mais il est aussi nécessaire que cette croissance s'accompagne d'une politique économique axée spécifiquement sur les plus pauvres et d'une maitrise des inégalités des revenus.

Section 2 : Evidences empiriques de la relation entre croissance économique et pauvreté

L'analyse de cette littérature a permis la mise en évidence de controverses importantes entre les économistes. Si certains montrent que, l'accroissement de la croissance a effet positif quel que soit sa nature sur la réduction de la pauvreté d'autres montrent que cet effet est positif s'il s'accompagne d'une réduction des inégalités de revenus plus ou moins constante. Dans cette section nous allons exposer dans la première partie les aspects théoriques de l'effet positif de la croissance économique et la pauvreté. La deuxième consiste à mettre l'accent sur les approches théoriques des interactions entre croissance, inégalité et pauvreté. Dans cette partie l'analyse de la pauvreté sera faite d'une part sur l' « effet distributif » et d'autre part sur l' « effet croissance ».

2.1 Aspects empirique de la relation entre croissance économique et réduction de la pauvreté.

Dans la littérature portant la question de croissance et pauvreté, nombreux des travaux empiriques ont été mené ces dernières années. Cependant, l'expérience du développement montre que la croissance est une condition nécessaire mais pas suffisante pour réduire significativement la pauvreté. La théorie de l'économie des retombées a connu ses limites quand nombreux de pays en développement arrivant à garder une croissance accélérée pendant plusieurs années pourtant le taux de la pauvreté ne se réduit pas proportionnellement avec le taux de la croissance.

Le Rapport de 1990 de la Banque mondiale sur la pauvreté conclut que la stratégie la plus efficace pour faire reculer la pauvreté à long terme comprend entre autre, la création d'activités rémunératrices pour les pauvres grâce à un modèle de croissance encourageant l'utilisation efficace de la main d'oeuvre et l'amélioration des conditions de vie actuelles des pauvres et de leur aptitude à saisir les chances qui leur sont données grâce à l'accès aux services sociaux.

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D'ailleurs, l'expérience des pays d'Asie de l'Est (en particulier l'Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande) qui ont réussi à réduire sensiblement la pauvreté à long terme ont misé sur une croissance à forte intensité de travail avec, au premier plan, l'agriculture. Cette stratégie a permis d'accroitre les revenus des pauvres (Ehrhart, 2006).

Dans ces pays, la croissance orientée vers l'emploi a suscité une demande de facteurs de production détenus par les pauvres et, dans le même temps, l'amélioration du niveau de compétence et la qualité de la main d'oeuvre ont permis aux pauvres de saisir les opportunités créées par la croissance économique. Suivant ce processus, les pauvres ont participé à la croissance par leur forte intensité de travail qui est un des facteurs de la production. C'est ainsi que, les interventions des pouvoirs publics doivent être de nature à stimuler le développement rural et à faciliter la création d'emplois dans les zones urbaines.

Les responsables politiques Indiens viennent d'approuver ce phénomène à travers les travaux de Srinivasan et Bardhan (1974), lors du projet d''éradication de la pauvreté des masses en quinze ans (de 1961 à 1976). Dans ce travail, il a été prouvé que pour éradiquer la pauvreté uniquement des individus pouvant bénéficier du processus de création de revenus de l'économie, il faut compter sur un rythme annuel moyen de croissance supérieure à 7 %.

Srinivasan montre que la relation négative entre la croissance et la pauvreté (toutes les deux des variables exogènes) repose sur l'hypothèse qu'une croissance plus rapide est le resultat de facteurs de rentabilité des actifs détenus par les pauvres. Par exemple, si l'avantage comparatif de l'économie concernant les biens et services réside dans la production pour laquelle les actifs des pauvres sont intensivement utilisés, une modification exogène de la politique commerciale qui encourage la production de tels bien et services réduira la pauvreté et augmentera le taux de croissance, du moins à court terme, tant qu'une partie des gains d'efficacité est investie dans l'accumulation de capital humain et physique.

Par ailleurs, des études menées au cours des années 1990 sur quelques pays africains montrent qu'en période de croissance, la pauvreté a baissé : au Ghana entre 1988 et 1992, au Nigeria entre 1985 et 1992, en Tanzanie entre 1983 et 1991. Symétriquement, une augmentation de la pauvreté a pu être constatée durant des phases de décroissance du PIB par tête comme en Côte d'Ivoire entre 1985 et 1992, au Bénin entre 1986 et 1996, au Cameroun de 1987 à 1994, à Madagascar de 1960 à 1995. Par contre, aucune situation de diminution de la pauvreté en période de récession n'a pu être constatée en Afrique. On observe cependant des augmentations

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de la pauvreté en période de faible croissance (Côte d'Ivoire, 1993-95, Tanzanie, 1993-95, Ouganda, 1989-95) mais aussi, plus rarement, en période de forte croissance (Soudan, 199196). I1 semble donc qu'il existe bien une relation entre la croissance et la diminution de la pauvreté, mais on ne peut pas affirmer qu'elle est systématique, (Guénard et al., 2001).

En outre, Deaton et Drèze (2002) ont fait une réflexion ces dernières décennies sur l'évolution récente de l'inégalité et de la pauvreté en Inde. Dans leur récent article sur la «pauvreté et l'inégalité en Inde», les données d'enquête fournies par trois cessions quinquennales de questionnaires (respectivement conduites au cours des périodes 1987-1988, 1993-1994, et 1999-2000) sur la consommation des ménages pour un panier de biens durables et non durables ont été utilisé pour évaluer le nombre d'individus qui vivent sous le seuil de pauvreté, divisé par la population totale, pour obtenir ce que l'on appelle le head-count ratio.

Le premier résultat principal rapporté par ces deux auteurs, est celui selon lequel, même lorsque l'on prend en compte les modifications des questionnaires d'une cession à l'autre (méthodologie officielle), ou les changements dans les indices de prix au cours du temps (méthodologie ajustée), la pauvreté a baissé de manière substantielle au cours des vingt dernières années, à la fois dans les zones rurales et urbaines. En Inde la réduction a connu une baisse importante durant ces dernières années avec une croissance soutenue.

Autre étude portant sur la croissance et la réduction de la pauvreté a été faite en Egypte de 1990 à 2004, relève que l'évolution des variables d'intérêt (le taux de croissance, le niveau de pauvreté et le degré d'inégalité) n'a pas été uniforme sur la même période. L'auteur de cette étude, distingue deux périodes, une (1990-1995) selon laquelle le rythme de la croissance a été comparativement le plus faible (hausse de 1,44%) mais elle a été suivit d'un important progrès en matière de réduction de la pauvreté monétaire, (avec des diminutions de l'ampleur, de la profondeur et de la sévérité de la pauvreté respectivement égales à 11,25%, à 10,82% et à 8,46%). Cette situation peut s'expliquer par la réduction importante de l'inégalité dans la répartition des dépenses (-1,20%), (Ehrhart, 2008).

Et une seconde période, dont la croissance ayant un rythme d'accélération (+3,21%) a conduit à une réduction substantielle du pourcentage de pauvres dans (-7,34%) et de l'intensité de la pauvreté (-1,84%). Mais cette situation s'est traduite par un accroissement notable de la sévérité de la pauvreté (+4,85%), c'est-à-dire de l'indicateur de la pauvreté qui accorde le poids le plus important au bien-être des plus pauvres. Cette dégradation résulte de l'accentuation de

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l'inégalité totale mesurée par l'indice de Gini (+2,12%). La croissance a eu donc un effet sur la réduction de la pauvreté mais d'autre part, une augmentation des inégalités a été observée, (Ehrhart, 2008),

D'autres études empiriques ont analysé l'évolution de la pauvreté dans ce même pays (El-Laithy, Lokshin et Banerji, 2003 ; World Bank and Ministry of Planning, Government of the Arab Republic of Egypt, 2002) soit sur la période 1990/91et 2004/05. Les auteurs montrent que la pauvreté diminue sensiblement durant les années 90, quel que soit l'indicateur de pauvreté considéré. Ils attribuent cette baisse importante de la pauvreté à une forte reprise/accélération de la croissance du PIB en 1994/95, qui s'est poursuivie jusqu'à la fin de la décennie, (Kheir-El-Din et al., 2006).

Cependant les auteurs soulignent que la répartition des dépenses n'a pas été uniforme. En effet, l'indice de Gini a diminué très nettement (passant de 44,6% à 34,5%) durant la première moitié des années 90 en raison de la hausse des revenus agricoles qui est survenue à la suite des efforts de stabilisation et de libéralisation entrepris par l'économie égyptienne. En revanche, on assiste à une légère remontée de l'inégalité des dépenses durant la seconde moitié de la décennie. Celle-ci s'explique par l'aggravation de l'inégalité dans la répartition des dépenses dans les gouvernorats métropolitains et en particulier dans ceux situés en Haute-Egypte (World Bank and Ministry of Planning, Government of the Arab Republic of Egypt, 2002).

De ce fait, il est clair qu'à travers un mécanisme d'accélération de la croissance, des progrès important en matière de réduction de la pauvreté seront observés mais ce phénomène doit s'accompagner d'une réduction des inégalités de distribution des revenus. Cependant la croissance impact significativement la pauvreté une fois que les inégalités sont maitrisés.

Par ailleurs, deux enquêtes effectuées sur 99 ménages des pays en développement et en transition, concernant la consommation ou le revenu moyen et du taux de pauvreté (moins de 2$ par jour), dans 47 cas, le taux de croissance annuel moyen de la consommation ou du revenu par tête est positif, dans 42 cas il est négatif. Les résultats de cette étude nous dit qu'en moyenne une augmentation (resp. baisse) de 1% du revenu par tête se traduit par une baisse (resp. une hausse) de 1,4% du taux de pauvreté (ie, l'élasticité du taux de pauvreté à l'activité économique serait de -1,4). En moyenne, un pays qui connaîtrait une croissance de 5% verrait son taux de pauvreté baisser d'environ 9%, passant par exemple de 70% à 64,6% (Épaulard, 2002).

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D'autres estimations économétriques sur les mêmes données montrent que l'on peut raisonnablement conclure que l'élasticité moyenne du taux de pauvreté serait de l'ordre de -1,1 seulement et serait identique à la hausse et à la baisse : une contraction de l'activité de 1% n'augmente pas la pauvreté davantage que ne la réduit une augmentation de l'activité de 1%, (Epaulard, 2003).

2.2 Aspects empiriques de la relation entre repartions de revenu et inégalités sur la réduction de la pauvreté.

D'après le Rapport sur le développement dans le monde de 2000-2001 de la Banque mondiale, les dimensions de la pauvreté sont multiples et doivent bénéficier d'une attention égale. Dans ce Rapport, la Banque mondiale rappelle néanmoins que la croissance économique globale est indispensable au développement des opportunités matérielles des pauvres. Elle affirme, à ce sujet, que « les mesures favorables aux marchés (market-friendly policies), telles que l'ouverture au commerce international, une inflation faible et un secteur public de taille modérée et des règles de droit bien établies, profitent, en moyenne, autant aux pauvres qu'aux non-pauvres » (Banque mondiale, 2001).

Le Rapport de 2000-2001 attire son attention aux canaux par lesquels la croissance économique peut être bénéficiée aux pauvres. Elle soutient que « pour un taux de croissance donné, l'ampleur de la réduction de la pauvreté dépend des variations dans la répartition du revenu accompagnant la croissance et des inégalités initiales, au plan des revenus, des actifs et de l'accès aux opportunités qui permettent aux pauvres de bénéficier des fruits de la croissance » Les auteurs de ce rapport affirment selon une réflexion consacrés aux inégalités que l'élasticité de la réduction de la pauvreté par rapport à la croissance (qui mesure l'ampleur de la diminution de la pauvreté induite par un montant donné de croissance économique) est évidemment supérieure si l'inégalité est faible ou si elle baisse : une faible inégalité est favorable à la réduction de la pauvreté parce que, pour tout accroissement donné du revenu national, un volume plus grand de ressources réelles sera disponible pour les groupes à revenus faibles; la baisse de l'inégalité est également un élément favorable dans la mesure où la part dans le revenu des pauvres s'accroît, (Banque mondiale, 2001).

Une idée assez répandue parmi les économistes, et aussi au-delà de la sphère des économistes, voudrait que pour un pays en développement, les inégalités de revenus s'accroissent à mesure que le pays se développe pour atteindre un seuil maximum à partir duquel tout développement

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ultérieur s'accompagne d'une réduction des inégalités. On aura reconnu là, l'hypothèse initialement émise par Kuznets. Si cette hypothèse était vérifiée cela signifierait que le lien entre croissance et réduction de la pauvreté serait plus faible que celui prédit par l'élasticité théorique du taux de pauvreté à la croissance.

L'hypothèse de Kuznets a fait l'objet d'un grand nombre d'études empiriques et, à ce jour, le consensus parmi les économistes est qu'il n'y a rien d'automatique dans le fait que développement et inégalités de revenus croissent de pair dans les premières phases du développement économique. Ainsi par exemple, au Bangladesh, en Egypte et à Taiwan, la croissance se serait accompagnée d'une réduction des inégalités alors qu'au Chili, en Chine et en Pologne, la croissance se serait accompagnée d'un accroissement des inégalités (Rodrik, 2000). En exploitant un échantillon de 234 enquêtes de niveau de vie des ménages des pays en développement et en transition, Ravallion (2001) montre que lorsque le revenu ou la consommation moyenne augmente, il y a à peu près une chance sur deux que les inégalités augmentent et une chance sur deux qu'elles diminuent.

L'impact de la croissance économique sur le niveau de pauvreté dépendra, d'une part, de son effet sur le revenu moyen et, d'autre part, de son effet sur l'inégalité. Des mesures de la sensibilité de la pauvreté par rapport à la croissance et à l'inégalité permettent alors de voir si un accroissement moyen de la consommation ou du revenu tend à réduire la pauvreté tandis qu'à l'inverse, une augmentation de l'inégalité tend à l'accroître.

Le cas de la Côte d'Ivoire entre 1985 et 1988 est, sur ces questions, riche d'enseignement. I1 montre que l'augmentation de la pauvreté est essentiellement le résultat de la baisse du PIB par tête, la réduction des inégalités ayant plutôt eu pour effet de contribuer à la réduction de la pauvreté, et surtout de l'extrême pauvreté.

Ainsi, s'il n'y avait pas eu de croissance négative, la pauvreté aurait quand même baissé de 20%, et l'extrême pauvreté de 40%, par le seul fait de la réduction des inégalités. De même, à Madagascar de 1962 à 1980, l'augmentation de la pauvreté rurale est essentiellement due à l'augmentation des inégalités dans la distribution des revenus ruraux, alors que la croissance de la pauvreté urbaine résulte de performances médiocres en termes de croissance (Guénard et al., 2001).

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Ces résultats montrent simplement que pour réduire la pauvreté au niveau global, il faut, parallèlement à une relance de la croissance, mettre en place des politiques géographiquement différenciées capables de réduire les disparités sectorielles.

Une étude effectuée sur plusieurs capitales africaines montre que les niveaux de pauvreté sont plus sensibles à la variation des inégalités de revenu qu'à la variation des revenus. Ainsi, pour l'ensemble formé d'Abidjan, Bamako, Conakry, Ouagadougou et Yaoundé, toute augmentation de 1% du coefficient de Gini se traduit par une augmentation de la pauvreté comprise entre 2 et 7% alors que l'accroissement du revenu moyen n'entraîne qu'une augmentation de 0,5 à 1,3% de la pauvreté. A Yaoundé, un accroissement du revenu moyen de 1% n'induit une réduction du ratio de pauvreté que de 0,75 %.

Un autre aspect lié au niveau initial de développement peut aussi expliquer le lien de la croissance avec la réduction de la pauvreté. Par exemple, les pays d'Afrique et les pays d'Amérique latine ont une élasticité du taux de pauvreté à la croissance de l'ordre de -1. Pour les pays d'Afrique, elle est le résultat d'un faible niveau de développement et d'une distribution des revenus assez égalitaire alors que pour les pays d'Amérique latine, davantage développés, elle est le résultat des fortes inégalités des revenus.

Epaulard (2003) présente d'autres tests économétriques qui montrent que lorsque l'on distingue les épisodes de croissance et ceux de contraction de l'activité, on obtient que pour les épisodes de croissance, le taux de pauvreté est réduit en moyenne comme le prévoit l'élasticité théorique, alors que pour les épisodes de contraction de l'activité et de crise, le taux de pauvreté augmente moins que ce que prédit l'élasticité théorique.

Conformément à la littérature empirique (Bourguignon, 2003 ; Fosu, 2010 et Epaulard, 2009), on déduit que l'élasticité croissance du revenu à la pauvreté (en valeur absolue) décroit avec le niveau initial des inégalités, ainsi qu'avec la part du seuil standard de pauvreté dans la moyenne des revenus. Cela dit, pour les régions ou les pays présentant un niveau initial faible d'inégalités et un niveau élevé de revenu moyen par rapport à la pauvreté, la réponse de la réduction de la pauvreté à la croissance du revenu par tête est plus forte. A contrario, les pays ayant un niveau faible de revenu par tête et une forte inégalité présenteront une faible élasticité (en valeur absolue) croissance-pauvreté.

Cette deuxième partie nous a permis de mettre en évidence le lien existant entre la croissance et la réduction de la pauvreté. Selon des études faites, il a été constaté que ce lien existe mais il

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n'est toujours pas automatique. Pour arriver à réduire la pauvreté, il est nécessaire d'accélérer la croissance mais cette condition n'est pas suffisante, d'autre facteurs sont à prendre en compte notamment les politiques économiques mettant l'accent sur le bien-être de la population surtout les citoyens sensiblement touchés par la pauvreté.

Cependant dans un pays ou une zone où la réduction de la pauvreté est devenue un objectif phare en soi afin d'atteindre un développement très soutenu, celle-ci peut être réalisée par la stimulation de la croissance économique et/ou une atténuation des inégalités des revenus et des actifs. La relation entre croissance et pauvreté tient compte alors de la vision des économistes de développement qui stipulent que les fruits de la croissance se diffusent automatiquement à l'ensemble des segments de la société, conformément à la célèbre hypothèse du « trickle down

».

D'autre part, d'autres travaux montrent que la réduction de la pauvreté est fonction du taux de croissance et de la variation de la distribution du revenu. De ce fait la croissance dite pro pauvre consiste à offrir des opportunités permettant d'améliorer la situation économique des personnes pauvres.

Cependant pour que la croissance soit bénéfique aux pauvres, il faut que ces derniers participent massivement à l'accroissement de la richesse nationale. Il est donc important que les politiques économiques s'orientent sur le secteur agricole car ce secteur emploi un effectif important des personnes vivant dans le milieu rural qui est le milieu le plus touché par ce phénomène. D'un autre côté, cette croissance peut agir sur les inégalités. Une croissance accompagnée d'une forte disparité des revenus ne contribue pas significativement à la réduction de la pauvreté. Par conséquent, pour que la croissance agisse significativement à la pauvreté il faut une maitrise des inégalités donc une politique de réduction des disparités des revenus.

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CHAPITRE III : ANALYSE EMPIRIQUE, INTERPRETATION DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS DES POLITIQUES ECONOMIQUES

Introduction

Dans ce chapitre nous allons présenter le modèle théorique et la méthodologie adoptée pour tester empiriquement les hypothèses de recherche ainsi indiquer la provenance des données. En suite procéder aux tests économétriques permettant de valider le modèle à partir du Logiciel STATA 15, afin de pouvoir élucider les recommandations des politiques économiques adaptées permettant de réduire la pauvreté. Et cela à travers l'interprétation des différents résultats obtenus. Pour ce faire, nous allons utiliser des données annuelles issues de la base de données de la banque mondiale (WDI, 2019) couvrant la période 1991 à 2015. Cette étude empirique s'applique sur les 8 pays de l'UEMOA. Pour atteindre notre objectif, nous allons en premier temps présenter les modèles, dans un deuxième temps les estimations et la spécification du modèle et en troisième temps faire l'analyse des résultats et décliner quelques recommandations.

Section 1 : Présentation des modèles et description des variables

Dans la présente section, nous présenterons les modèles théoriques et économétriques qui seront par la suite utilisées pour répondre à notre problématique et décrire les variables explicatives qui influencent la pauvreté.

1.1 Origine du modèle théorique

Pour expliquer comment la croissance peut avoir un impact à l'amélioration du développement humain, il est essentiel de comprendre le lien croissance-pauvreté et le rôle de l'inégalité (de revenus) dans la réduction de la pauvreté. C'est pourquoi, nous utilisons une régression paramétrique linéaire de la pauvreté pour estimer l'élasticité de la pauvreté à la croissance. Plusieurs auteurs ont mené des travaux destinés à analyser le lien croissance-pauvreté et inégalité (par exemple Bourguignon, 2003 ; Dollar, 2001). Ainsi, pour arriver au modèle d'estimation, nous partons du modèle de base développé par Ravallion (1997) et Chen (1997) qui s'énonce comme suit :

?????????? = ???? + ??1????(??????) + ??2????(??????) + ???????? + ?????? (2)

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où ?? est une mesure de la pauvreté dans le pays i pour l'année t ; sont les effets fixes reflétant

les différences entre les pays au cours du temps. ?? représente le revenu par tête ; ??1 est l'élasticité de la pauvreté par rapport à la croissance économique ; ??2 est l'élasticité de la pauvreté aux inégalités de revenu ayant comme proxy l'indice de Gini, G. L'élasticité associée à l'inégalité est supposée positive dans la mesure où des taux de pauvreté élevés sont associés à de fortes inégalités de revenu (Birdsall et Londono, 1997 ; Ravallion, 1997) ; ?? est un vecteur

contenant les élasticités de la pauvreté par rapport aux variables de contrôles et est le terme d'erreur incluant les erreurs de mesure de l'indicateur de pauvreté.

Ce modèle de base, a fait l'objet de plusieurs tests. Cependant les études de (Collier et Dollar, 2001 ; Bhalla, 2002), montrent qu'une augmentation du revenu par tête réduit la pauvreté, ainsi

le signe espéré pour le coefficient est négatif 1.2 Modèle économétrique

En prenant en compte les autres variables de contrôles qui ont une grande influences autant sur la croissance économique et sur la pauvreté, le modèle de base s'est élargi. Nous obtenons un modèle adaptée à celle proposée par Ravallion et Chen (1997) et utilisée par plusieurs économistes comme et Adams (2004) ; Bourguignon (2003) ; Epaulard (2003) ; Fosu (2009, 2010, 2011) ; Ravallion (1997) ; Chen (1997) ; Banque mondiale (2006a) ; Banque mondiale (2006b) ; Kalwij et Verschoor (2007) qui va nous permettre d'analyser comment la croissance et les inégalités affectent la pauvreté. Il s'énonce ainsi:

?????????? = ??0 + ??1????(???? ??h????) + ??2????(??????) + ??3???????????????? + ??4?????????????? + ??5?????????????? + ?????? (3)

(?? = 1, ... , ?? ; ?? = 1, ... , ????)

Où ???? ?????? est le logarithme l'indice d'effectifs mesuré comme la proportion de la population en dessous du seuil de pauvreté dans la région i pendant la période t ; ??????????h est le logarithme du PIB par habitant ; ???????????????? est le logarithme de l'indice de GINI ; ???????????????? représente le logarithme de degré d'ouverture; ?????????????? le logarithme de la croissance démographique, ?????????????? le logarithme du classement de la transparence de la responsabilité et de la corruption; ??0 est le terme à effet fixe et ?????? un terme d'erreur de la fluctuation de l'estimation de la pauvreté.

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Pour expliquer les changements dans les taux de pauvreté, le modèle (3) est mieux adapté que ceux intégrant uniquement la croissance économique, car les inégalités affectent les changements dans le taux de pauvreté ainsi que le niveau de développement. Toutes choses

étant égales par ailleurs, le coefficient devrait être négatif : la croissance est bonne pour les

pauvres (Dollar et Kraay, 2001). Suivant les travaux empiriques de Fosu (2010), le coefficient ??2 est supposé de signe positif. Un niveau initial important d'inégalité a un effet adverse sur l'effet puissant de l'accélération de la croissance sur la réduction de la pauvreté, il n'est pas favorable pour les pauvres. Pour le coefficient ??4, il est supposé positif, la preuve suggère qu'une forte fécondité est autant un symptôme de la pauvreté comme une cause. Il existe généralement une relation positive entre la croissance démographique et la pauvreté.

1.3 Descriptions des variables

Notre variable expliquée est la pauvreté. Nos variables d'intérêt sont : Le Pib/habitant, l'indice de Gini, le degré d'ouverture, la croissance démographique et la transparence responsabilité et corruption

Variable endogène : P0 : Ratio de la population pauvre en disposant de moins de 1.90$ par jour (2011 PPA) en % de la population nationale. Il est défini comme le rapport entre le nombre de personnes qui tombent sous le seuil de la pauvreté et de la population totale ou bien comme la proportion de ménages dont le revenu (ou la consommation selon la conception de l'enquête) est inférieur au seuil. Pour l'estimation de l'élasticité croissance-pauvreté, l'indicateur le plus utilisé est le taux de pauvreté ou l'incidence de la pauvreté. Le seuil de 1,90$ par jour est choisi selon la disponibilité des données.

Le PIB par habitant (en parité d'achat constante de 2010) qui est le produit intérieur brut divisé par la population en milieu de l'année. Il est représenté dans nos estimations par PIBh.

L'indice Gini de l'inégalité des revenus6 (GINI), il est couramment utilisé dans les analyses pour mesurer les inégalités et évaluer l'impact de la croissance sur la pauvreté. Une croissance accompagnée d'une forte inégalité de revenu n'est pas favorable aux pauvres. Pour son calcul, en général, les économistes effectuent des enquêtes auprès des ménages. Le revenu total d'un ménage, déduction faite des impôts directs (ou la consommation totale du ménages) est divisé par le nombre des personnes qui composent ce ménage. Puis tous les individus pris en compte

6 Le coefficient de Gini mesuré est une mesure standard de l'inégalité qui se situe entre zéro (égalité parfaite) et 100 (inégalité parfaite)

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dans l'enquête sont classés, du plus pauvre au plus riche, en fonction de leur revenu. Sur un plan graphique, le coefficient de Gini peut aisément être représenté par la surface entre la courbe de Lorenz (résume le cumul des revenus par tête) et la ligne d'égalité.

Le Degré d'ouverture (DOUV), qui est la somme des exportations plus les importations en pourcentage du PIB. Il se calcule à partir du taux d'ouverture qui s'obtient en additionnant des exportations et importations d'un pays que l'on divise par 2 puis par le PIB de ce pays, le tout en multipliant par 100. Cette mesure est introduite dans le modèle pour tenir compte de l'influence d'une politique d'intégration commerciale sur la pauvreté. Certaines études ont montré que le commerce en tant que marché important peut réduire la pauvreté dans les pays en développement par le biais de la croissance économique.

La Croissance de la population (CPP) : Il existe généralement une relation positive entre la croissance démographique et la pauvreté. Mais, ce lien est complexe7, l'expérience suggèrent qu'une fécondité élevée est autant un symptôme de la pauvreté comme une cause.

Transparence responsabilité et corruption (TRC) qui représente le classement de la transparence, de la responsabilisation et de la corruption dans le secteur public par l'EPIN (1=faible et 6=élevée). Cet indicateur évalue dans quelle mesure les dirigeants peuvent être tenus responsables de leurs utilisations des fonds et des résultats de leurs actions par les électeurs et par la législature et le système judiciaire, ainsi que dans quelle mesure les hauts fonctionnaires du secteur public doivent rendre des comptes au sujet de leurs décisions administratives, de l'utilisation des ressources et des résultats obtenus (Banque mondiale). La théorie veut qu'une fois que la corruption est très importante, la pauvreté augmente davantage.

D'autre part, ce modèle repose sur les hypothèses suivantes :

Avant de les énoncer, une hypothèse de recherche est définie comme une présomption de comportement ou de relation entre des objets étudiés, fondés sur une réflexion et s'appuyant sur une connaissance antérieure du phénomène étudié8.

7 Voir, par exemple, la Banque mondiale (2001). Les objectifs de développement international : renforcer les engagements et mesurer les progrès. Note du contenu préparée par le Groupe de la Banque mondiale pour la Conférence de Westminster sur la pauvreté des enfants, Londres, 26 février, pp.12.

8 Thiétart et coll.2003

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Hypothèse 1 : La PIB par habitant a un impact significatif négatif sur la pauvreté autrement dit le signe espéré pour le coefficient est négatif.

Hypothèse 2 : L'inégalité du revenu a une influence significative positive sur la pauvreté autrement dit ??2 est positif.

Hypothèse 3 : Le degré d'ouverture influence significativement la croissance économique qui par la suite impact la réduction de la pauvreté, autrement dit le signe de ??3 est négatif.

1.4. Statistique descriptive des variables

Avant de procédé aux tests de spécification nous allons tout d'abord effectuer une description des différentes variables utilisées dans les estimations ultérieures et énoncer les signes respectivement entendus pour chaque variable.

Tableau 3 : Statistique descriptive des variables du modèle

Variables N. Obs Moyenne Std. Dev Min Max Signes

Pauvreté P0

30

49,047

14,523

19,6

81,6

 

Indice GINI

35

41,597

5,597

31,5

54,1

+

PIB/hab

200

719,023

327,3233

322,778

11462,284

-

DOUV

33,0189

14,212

14,31

103,92

-

CPP

2,906

0,425

2,085

3,907

+/-

TRC

97

2,927

0,528

2

3,5

-

Zone Période

8 pays de l 'UEMOA

199 1 -201 5

On peut remarquer que le taux de pauvreté moyenne dans l'ensemble des pays de l'UEMOA est de 49,047% tandis que le pic maximum est de 81,6%. La dispersion par rapport à la moyenne du ratio de la population pauvre est de 14,523%. La moyenne de l'indice de GINI est de 41,597 ; son écart-type est faible qui signifie que les valeurs sont peu dispersées autour de la moyenne.

Section 2 : Estimations et tests de spécifications

L'étude empirique se porte sur des données de panel traitées à partir du logiciel stata. L'analyse à partir d'un modèle de panel permet d'obtenir trois modèles différents à savoir le modèle sans effets, le modèle à effets fixes, le modèle aléatoires avec leurs estimateurs respectifs du MCO, du Within et du MCG. La méthode des MCO permet de prendre en considération

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l'hétérogénéité des pays. Pour cela, on se réfère au test de Hausman. Et la méthode de MCG permet de contrôler en plus de l'hétérogénéité, l'endogénéité entre les variables.

2.1. Estimations économétriques

Compte tenu de la structure des données, nous avons choisi l'approche par estimations en données de panel. Cette approche est manifestée en raison de sa pertinence portée sur l'analyse des données empiriques et également par la formation de données qui sont sous la forme de données de panel. Elle a fait l'objet d'étude importante porté par Fosu (2010).

? Estimation des paramètres

Le tableau ci-dessous représente les estimations des paramètres des 3 modèles. Il se trouve que la relation entre la variable dépendante et les variables explicatives sont identiques pour tous les individus. Ci-dessous est représentée l'estimation des paramètres du modèle logarithmique.

Tableau 4: Impact de la croissance sur la pauvreté avec l'indice du Ratio de la population pauvre disposant de moins de 1.90$ par jour (2011 PPA) en % de la population nationale

Variables Modèle sans effet Modèle à effet fixe Modèle à effet aléatoire

InPIBh

-0,701*

-0,779***

-0,669*

InGINI

0,672**

0,693**

0,727*

InDOUV

-0,102

-0,087

-0,107

InCPP

-0,518

-0,335

-0,387***

InTRC

0,508**

0,586

0,472***

Constant

6,290

2,731

5,818

R2

72,52%

83,44

84,35

N.B : Les notations (*), (**) et (***) indiquent respectivement la significativité des variables aux seuils de 1%, 5% et à 10%. (cf Annexe : A4, A5 et A6).

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2.2. Tests de spécification

Nous allons effectuer les tests de spécifications pour déterminer l'estimateur le plus performant. Le rôle d'un test de spécification en données de panel consiste à justifier et garantir le choix optimal du modèle le plus performant entre les trois.

2.2.1 Test de Fischer

Le test de Fisher nous permet de déterminer la presence du modèle sans effet ou du modèle à effets fixes. L'hypothèse de presence d'effets fixes est retenue si la P-value (Prob<F) est inférieure au seuil de 5%. Ce test est effectué automatiquement par l'estimation des paramètres du modèle à effets fixes. Le logiciel Stata donne :

F test that all u_i=0: F(7, 14) = 3.93 Prob > F = 0.0141

Ainsi la statistique de Fisher vaut 3,93 avec une probabilité critique (0,0141) inférieure au seuil de 5%. L'hypothèse nulle d'absence d'effets est rejetée, donc la pauvreté n'est pas la même pour l'ensemble de l'échantillon, l'estimateur Within est meilleur que l'estimateur des MCO. Le modèle à effets fixes est meilleur que celui sans effets.

2.2.2 Test de Breusch-Pagan

Le processus consiste à tester l'hypothèse H0 d'absence d'effets contre celle de la présence d'effets aléatoires (H1). L'instruction xttest0 de stata permet d'effectuer ce test, après estimation du modèle à effets aléatoires. Ainsi, la statistique Breusch-Pagan (8,81) indique une probabilité critique de 0,0015 qui est inférieure au seuil de 1%. (cf annexe A7). L'hypothèse nulle d'absence d'effets est rejetée au seuil de 1%. Le test de multiplicateur de LaGrange suggère que l'estimateur des MCG est plus performant que celui des MCO et rejette logiquement l'estimateur par les MCO dans la dimension totale.

2.2.3 Test de Hausman

Le test de Hausman permet de prendre une décision entre la présence d'effets aléatoires(H0) et la présence d'effets fixes(H1). Etant donné que les tests de Fisher et de Breusch-Pagan indiquent la presence d'effets spécifiques, nous effectuons le test de Hausman pour discriminer les effets fixes et aléatoires. Ainsi, l'hypothèse d'effets aléatoire est rejetée si la P-value (Prob>chi2) est supérieure à 5%. La probabilité critique (0.9961) est supérieure aux seuils

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conventionnels de 1%, 5% et 10% (cf annexe A8). L'hypothèse nulle d'absence de corrélation entre les effets individuels et les variables explicatives n'est pas rejetée. Pour cela, nous devons donc privilégier l'adoption d'un modèle à effet aléatoire et retenir l'estimateur MCG. Ce dernier est le plus performant pour expliquer la significativité des variables explicatives.

2.3.Test de validation du modèle

Après avoir effectué à l'estimation du modèle à travers les tests de spécifications, nous allons procéder à la validation du modèle. Pour ce faire, il sera nécessaire d'utiliser des critères économiques, statistiques et économétriques afin de vérifier la significativité du modèle.

2.3.1. Test de normalité des erreurs

Le test de normalité de Jarque et Bera (1984) est fondé sur la notion du Skewness (asymétrie) et du Kurtosis (aplatissement). Il permet de vérifier la normalité des résidus. Par conséquent si la valeur calculée de la statistique de Jarque Bera est inférieure au seuil, l'hypothèse nulle de normalité des erreurs est retenue. Dans le cas où, la valeur de JB est supérieure ou égale au seuil, l'hypothèse nulle de normalité est rejetée. La valeur lue de JB au seuil de 5% est de 5,991

et la valeur calculée s'obtient à partir de cette formule : ???? = ?? L??2 6 + (k-3)2

24 j . Apres

exécution du test sur stata 15, la valeur de JB calculée vaut 1,550 (voir annexe A13). Ainsi l'hypothèse nulle de normalité des erreurs n'est pas rejetée, les résidus suivent une loi normale.

2.3.2. Test d'hétéroscédasticité des erreurs du modèle

Ce test peut être fait à l'aide de plusieurs tests, par exemple les tests de Breusch-Pagan, test de Goldfeld, test de Gleisjer et test de White. Dans notre étude, nous prenons le test de Breusch-Pagan pour tester l'hétéroscédasticité. Le processus consiste à tester l'hypothèse nulle d'homoscédasticité contre l'hypothèse alternative H1 hétéroscédasticité des résidus. Si la probabilité associée au test est inférieure au seuil, on rejette l'hypothèse d'homoscédasticité (H0). En revanche, si la probabilité est supérieure au seuil, l'hypothèse nulle est vérifiée.

La probabilité associée à la statistique Chi(2) de Breusch-Pagan vaut 0,2881(Voir annexe A14) supérieurs aux seuils conventionnels, alors l'hypothèse nulle est vérifiée et nous pouvons supposer l'homoscédasticité des résidus.

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2.3.3. Test de spécification de Ramsey

Le test de spécification de Ramsey permet de vérifier la spécification du modèle. Si l'hypothèse nulle (H0) n'est pas rejetée, le modèle est bien spécifié ; en revanche si l'hypothèse nulle est rejetée le modèle est mal spécifié.

Apres exécution de la commande ovtest sur stata, nous constatons que la probabilité critique(0,0623) est supérieure aux seuils de 1% et 5% (voir Annexe A15). Nous ne rejetons pas l'hypothèse H0, le modèle est donc bien spécifié.

2.3.4. Test de corrélation

Le test de corrélation permet de voir à quel point les variables sont liées. Afin d'identifier la présence de corrélation, nous allons baser notre conclusion sur la valeur indiquée par Kennedy (1985) où la valeur est égale à 0.8. Donc, si les coefficients illustrés dans les différents tableaux sont supérieurs ou égaux à 0.8, on peut conclure à l'existence de problème de corrélation.

Tableau 5: Matrice de corrélation des variables du modèle

 

P0

PIBh

GINI

CPP

DOUV

TRC

P0

1,000

 
 
 
 
 

PIBh

-0,8403*

1,000

 
 
 
 

GINI

0.2959

0.0157

1.000

 
 
 

CPP

0.3690*

-0.3872*

-0.4127*

1.0000

 
 

DOUV

-0.3127*

0.1186*

-0.0527

-0.2117*

1.0000

 

TRC

0.2503

0.0278

-0.1323

0.2419*

-0.3737*

1.0000

Certains variables sont fortement corrélés tandis que d'autres n'en ont pas. Le PIB par tete et le degré d'ouverture sont corrélés négativement à la pauvreté tandis que la croissance démographique est corrélée positivement à la pauvreté. Par rapport au PIB par habitant, la croissance est corrélée négativement tandis que le degré d'ouverture est corrélé positivement. L'indice de GINI et la croissance démographique sont corrélées négativement.

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 45

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2.4.Examen graphique

Nous allons dans ce paragraphe, analyser le graphique de la relation du PIB par habitant et le taux de pauvreté.

Figure 3: Test de corrélation du PIB/hab sur le taux de la pauvreté au seuil de 1,90$ par jour

Ce graphique nous permet de détecter la corrélation entre le PIB par habitant et le taux de pauvreté. Après avoir examiné ce graphique, le constat est clair, ces deux variables sont fortement corrélées avec une corrélation négative. Le nuage des points se rapproche pour la plupart des points à la droite de régression, Le coefficient de corrélation vaut -0,82 (cf annexe A9), cela explique la forte dépendance de ces deux variables et confirme à nouveau l'impact significatif du PIB par habitant sur à la pauvreté.

2.3 Exercice de robustesse : Tester l'effet de la croissance sur la pauvreté avec l'indice de l'écart de pauvreté à 1,90 $ par jour (2011 PPP)

L'exercice robuste nous permet de suivre la tendance des personnes susceptibles de tomber dans la pauvreté.

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Tableau 6: Effet de la croissance sur la pauvreté avec l'indice de l'écart de pauvreté à 1,90 $ par jour (2011 PPP)

Variables Modèle sans effet Modèle à effet fixe Modèle à effet aléatoire

InPIBh

-0,946*

-1,067**

-0,966*

InGINI

2,309*

2,249**

2,282*

InDOUV

-0,142

-0,078

-0,114

InCPP

-0,619

-0,636***

-0,636**

InTRC

0,657**

0,5149

0,518

Constant

0,949

1,909

1,251

R2

84,61%

83,28

83,24

N.B : Les notations (*), (**) et (***) indiquent respectivement la significativité des variables aux seuils de 1%, 5% et à 10%. (Voir en annexe A10, A11, A12)

Section 3 : Résultats et recommandations de politiques économiques

Dans cette section nous allons interpréter les résultats obtenus à partir des estimations précédentes et énumérer certaines recommandations jugées nécessaires pour l'amélioration du niveau de vie de la population pauvre des pays de l'UEMOA.

3.1 Interprétation des résultats

En vue des différents tests effectués notamment le test de Fischer (Likelihood Ratio Test), le test de Breusch et Pagan (le LM-test) et le test de Hausman, le modèle à effet aléatoire est le plus privilégié pour mieux expliquer la significative des variables. L'estimateur MCG est le plus performant pour mener à bien l'analyse de notre étude. Cependant, le modèle à effets

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aléatoire est le meilleur modèle pour estimer l'impact de la croissance sur la pauvreté des pays de l'UEMOA.

Pour ce modèle, le R2 le plus pertinent est le R2 betwen qui permet de donner une idée sur la contribution des effets aléatoires du modèle. Sa valeur vaut 0,8435, cela indique que 84,35% des fluctuations de la pauvreté (Ratio de la population pauvre en disposant de moins de 1.90$ par jour (2011 PPA) en % de la population nationale) sont expliquées par le PIB par habitant, l'indice de Gini, la croissance de la population, le degré d'ouverture et la perception de la corruption. Les fluctuations restantes sont prises en compte par d'autres facteurs en dehors du modèle représenté par ??????. La valeur importante du coefficient de détermination signifie que le modèle a un fort pouvoir explicatif. Aux termes des différentes estimations, on note aussi une significativité globale du modèle avec une probabilité nulle (Prob>chi2 =0,0000). Cela se confirme par le test de Fischer.

Par ailleurs, l'analyse de la matrice de corrélation a montré que la corrélation est bien élevée qui illustre les liaisons entre les variables. En effet, les corrélations entre les variables exogènes sont inférieures à 0.8, on conclut donc à l'absence de problème de corrélation.

Egalement, l'identification de l'hétéroscédasticité montre que la probabilité associée à la statistique Breusch-Pagan (8,81) est inférieure aux seuils conventionnels. Donc l'hypothèse d'hétéroscédasticité est retenue.

Par rapport aux hypothèses mises, la première hypothèse portant impact du PIB par habitant sur

^

la pauvreté est largement validée. Le coefficient fi = -0,669 associé à la variable PIBh est négatif et significatif aux seuils conventionnels. On peut donc dire que la croissance importante enregistrée dans les pays de l'UEMOA a un effet sur la réduction de la pauvreté.

Ce resultat confirme les études de (Collier et Dollar, 2001 ; Bhalla, 2002), il est en conformité avec les résultats de Madeleine TOMO NKONO portant sur l'analyse empirique de l'impact de la pauvreté sur la croissance dans la zone CEMAC et UEMOA. Cependant si la croissance augmente de 10%, la pauvreté va diminuer de 6,69%. Toutes choses égales par ailleurs.

L'hypothèse 2, elle aussi est validée. L'indice de Gini agit significativement et positivement sur la pauvreté. Une croissance accompagnée d'une augmentation des inégalités de revenu ne

^

favorise pas la réduction de la pauvreté. L'élasticité de la pauvreté-inégalités vaut f2

= 0,727.

L'effet marginal est positif, cela implique qu'une augmentation de 10% les inégalités va

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 48

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 49

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entrainer une augmentation de la pauvreté 7,27%, toutes choses égales par ailleurs. Cette hypothèse confirme aussi les travaux expliquant l'effet des inégalités sur la pauvreté.

Par rapport à l'hypothèse 3 du modèle, les résultats obtenus ne valident pas l'hypothèse préalablement posée. L'effet du degré d'ouverture n'est pas significatif sur la pauvreté mais agit négativement sur la pauvreté. Cela peut être causé par la faible ouverture au commerce international des pays de la zone et la difficulté des économies Africaines à s'insérer dans le processus de la mondialisation.

Par rapport à l'effet de la croissance démographique sur la pauvreté, la variable croissance de la population est significative et positive. Ce qui est contradictoire à notre hypothèse de base étant donné que l'effet marginal pauvreté-croissance démographique est négatif. Ainsi, les résultats obtenus après estimation indiquent qu'une augmentation de 10% de la croissance de démographique entraine une réduction de la pauvreté de 3,88%, toutes choses égales par

=

^

ailleurs. L'élasticité de la croissance démographique par rapport à la pauvreté vaut fl, -0, 388. Cela peut s'expliquer par l'augmentation du taux de scolarisation des pays de l'UMEOA qui est source de perfection de main d'oeuvre qualifié. Une fois que le capital humain s'améliore, la production s'amplifie.

Par rapport à la significativité de la variable la transparence, responsabilité et corruption, elle agit positivement et significativement sur la pauvreté. Cela laisse comprendre qu'un pays qui se rapproche à 6 au classement de la transparence, de la responsabilisation et de la corruption dans le secteur public est susceptible d'avoir une pauvreté très élevée.

Sur ce, ces résultats cadrent parfaitement avec les conclusions de la théorie économique mettant en évidence l'importance de ces facteurs pour l'explication du modèle. Le non significativité du degré d'ouverture peut probablement s'expliquer par le fait que les économies Africaines accusent un retard au niveau de la mondialisation.

Pour notre test de robustesse, nous allons à nouveau estimer l'équation (3), avec l'indice d'écart de pauvreté, les résultats sont indiqués en annexe. Cette mesure reflète l'ampleur de la pauvreté ainsi que son incidence. C'est un exercice supplémentaire du modèle de panel appliqué sur les pays de l'UEMOA afin de savoir la tendance des personnes susceptibles de tomber dans la pauvreté. Comme dans l'étude précédente, nous utilisons également les trois modèles, modèle sans effets, modèle à effet simple et modèle à effet aléatoire pour faire l'analyse du phénomène.

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Après simulation du modèle, la tendance de la significativité des variables de l'indice d'écart de la pauvreté sont similaires à celle obtenue avec le Ratio de la population. Cependant le degré d'ouverture n'est pas significatif dans les trois modèles. L'indice de la transparence, responsabilité et corruption n'est significatif que sur le modèle sans effet au seuil de 5%.

Avec l'indice de Gini, le coefficient de l'élasticité de l'indice de Gini par rapport à l'écart de la

^

pauvreté ????

a triplé dans les trois modèles impliquant une forte inégalité dans la dispersion de

la pauvreté contrairement au niveau du Ratio de la population pauvre dont l'élasticité était moyennement faible. Tout en maintenent sa significativité, ce coefficient est passé de 0,727 à 2,282 avec le modèle à effets aléatoire. Cela implique qu'une augmentation de 10% des inégalités va entrainer une augmentation de 22,82 de l'écart de la pauvreté, toutes choses égales par ailleurs. La tendance est pareille dans les deux autres modèles. En outre, les résultats trouvés de l'indice d'écart de pauvreté ne modifient pas nos conclusions préalables de l'effet de la croissance sur la pauvreté.

3.2 Recommandations des politiques économiques

L'analyse des résultats nous permet de dégager quelques recommandations en termes de politique de croissance économique jugées importantes d'accélérer la croissance et la réduction de la pauvreté.

L'étude nous montre qu'il y a un lien entre la croissance économique et la pauvreté. Cependant, la croissance elle seule ne suffit pas de réduire la pauvreté, il faut renforcer les stratégies de croissance accélérée et parallèlement mettre en place une politique de maitrise des inégalités car une croissance accompagnée d'une forte inégalité n'est pas favorable aux pauvres. L'augmentation du taux de croissance du PIB réel par tête se traduit par une hausse du taux des dépenses de consommation finale des ménages par tête. Ainsi, le PIB réel par tête apparait comme un principal déterminant macro-économique et agit comme un facteur principal dans la réduction de la pauvreté.

D'autre part mettre en place des politiques de redistribution de la richesse. Pour cela, il faut des bases fiscales larges et assez stables. La question de la réduction des inégalités doit être au coeur des stratégies des pouvoirs publics et en faire une priorité afin de réduire significativement la pauvreté.

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 50

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Ayant constaté que la corruption engendre des effets néfastes pour la lutte contre la pauvreté, les pays dont le niveau de corruption est élevé ont un taux de pauvreté très conséquent. Ainsi, il faut mettre en place une politique de bonne gouvernance et de transparence permettant d'assurer la continuité des actions entreprises pour relancer l'économie. Ces deux notions sont primordiales pour promouvoir une croissance durable et garantir une stabilité de long terme.

Egalement, il faut mettre en place des politiques macroéconomiques et sectorielles favorisant la croissance pro-pauvre notamment en orientant davantage les dépenses d'éducation et de santé aux profits de la population plus touché par la pauvreté. Il s'agit donc de mettre l'accent sur les politiques de croissance inclusive. Cela peut se traduire par des politiques industrielles intensives en main-d'oeuvre. Ceci en mettant en place des mesures de prévention et de securité afin d'éviter que ceux qui sont proches de la pauvreté n'y tombent au moindre choc économique. Il faut également renforcer l'intégration régionale.

D'autre part, il faut tenter de renforcer la bonne gouvernance pour mettre une barrière à la corruption car la fragilité des institutions est un obstacle au développement. En effet, la lutte contre la mauvaise gouvernance serait une façon plus pragmatique de lutter contre les inégalités, car au bout du compte, ce sont toujours les plus pauvres qui paient le prix des dysfonctionnements des Etats.

Les résultats obtenus dans notre étude ne confirment pas le lien important des politiques d'ouvertures commerciales pour réduire la pauvreté. Cela est dû au fait que, les marchandises des Etats membres de l'Union sont peu présentes sur le marché mondial. En dehors de ce resultat, nombreux d'études empiriques tentent à identifier ce lien mais des nuances apparaissent toujours quant à la conclusion. L'effet notamment de politiques d'ouverture commerciales sur la pauvreté est difficile à établir (Dollar et Kraay, 2000). C'est ainsi qu'une politique de renforcement des exportations des marchandises est tres recommandée pour faire pour augmenter la croissance économique et réduire par conséquence la pauvreté.

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CONCLUSION GENERALE

Au terme de notre travail, l'objectif principal consistait à analyser l'impact de la croissance économique sur la pauvreté dans les pays de l'UEMOA. Notre argument de base suppose qu'une augmentation de la croissance économique entraine une réduction de la pauvreté, néanmoins cet effet peut etre amoindri par l'inégalité des revenus s'il n'est pas bien maitrisé.

Alors que l'expérience asiatique tend effectivement à mettre en évidence cette corrélation étroite entre croissance économique et réduction de la pauvreté, elle semble moins évidente en Afrique subsaharienne. La croissance moyenne dépasse les 5% ces dernières années pourtant ses fruits et son implication dans l'allégement de la pauvreté semble moins ressenti.

La démarche adoptée dans ce travail se veut pertinente en raison de la méthodologie économétrique utilisée qui se porte sur une analyse des données de panel statique et dynamique dans une zone bien définie. En suite sur l'importance de l'intégration de la variable inégalité de revenu et d'autres variables de contrôles dans l'étude de l'impact de la croissance économique sur la pauvreté. Nous avons utilisés une régression paramétrique linéaire de la pauvreté pour estimer l'élasticité de la pauvreté par rapport à la croissance.

L'atteinte de cet objectif s'est traduite d'abord par la présentation des concepts de base de la pauvreté, la croissance économique en passant par la notion de répartition de revenu pour finir sur l'effet ressenti de la croissance économique et les variables de contrôles dans la lutte contre la pauvreté. Cependant, il nous a paru raisonnable de tester d'une part l'hypothèse de réduction de la pauvreté par une augmentation de la croissance et d'autre part l'hypothèse de la baisse de la pauvreté suite à une réduction des inégalités.

La notion de la pauvreté s'est avérée préoccupante, les autorités de l'UEMOA ont érigé au premier rang des priorités la réduction de la pauvreté. Selon son enjeu multidimensionnel, les multiples approches relatives à la définition de la pauvreté, nous ont conduits à considérer la pauvreté monétaire dans notre étude.

Cette étude a permis de comprendre le rôle majeur que peut jouer la croissance au profit de la réduction de la pauvreté. Cette pauvreté peut être réduite par une croissance économique inclusive axée sur une production de biens et services ou encore une création d'emploi et de

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richesse. Cette croissance économique peut être mesurée par plusieurs indicateurs. Nous avons choisi l'indicateur de PIB par tête.

D'autre part la pauvreté peut être également réduite grâce à une réduction des inégalités cela à travers un partage rationnel de revenu. L'efficacité de la croissance à réduire la pauvreté dépend pour chaque pays de son niveau initial de développement et des inégalités de revenu. Une croissance accompagnée d'une forte inégalité ne favorise pas la réduction de la pauvreté.

Beaucoup d'économistes ont fait d'études relatives à l'effet de la croissance économique sur la réduction de la pauvreté. Trois postulats ont été établis à travers le triangle de « croissance-pauvreté-inégalités ».

(1) la croissance est bonne pour les pauvres à travers la théorie de la croissance pro-pauvre

(2) la croissance comme une condition nécessaire, mais non suffisante.

(3) la croissance est suffisante pour les pauvres à travers la théorie de l'économie des retombées.

Après simulation, nous avons adopté le modèle à effet aléatoire et retenir l'estimateur MCG qui est le plus performant pour expliquer la significativité des variables explicatives. L'analyse empirique nous a fournis des estimations du taux de pauvreté et de l'indice de l'écart de pauvreté, au seuil de 1,90$ par jour avec des spécifications d'effets aléatoires. À cet égard, nos estimations montrent qu'elles sont significatives pour stimuler la réduction de la pauvreté. Comme Adams (2004), Epaulard (2003) et Fosu (2009, 2010, 2011), nos résultats économétriques montrent que la croissance économique joue un rôle vital dans la réduction de la pauvreté. Les résultats de la régression montrent que la croissance économique et l'inégalité des revenus ont un impact statistiquement significatif pour la réduction de la pauvreté.

Cependant, la croissance économique doit être accompagnée d'une politique de maitrise des inégalités car une croissance accompagnée d'une forte inégalité n'est pas favorable aux pauvres. D'autre part, il est essentiel de mettre en place des politiques macroéconomiques et sectorielles favorisant la croissance pro-pauvre et d'orienter davantage les dépenses d'éducation et de santé aux profits de la population plus touché par la pauvreté.

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY 53

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MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY XII

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ANNEXES

A1 : Evolution de l'incidence de la pauvreté dans les Etats de l'UEMOA

Etats

Incidence de la pauvreté

1994-1999

2000 - 2005

2006 - 2009

2010 - 2011

2014 - 2015

Avant DRSP

DSRP I

DSRP II + DSRRP - AO

DSRP III + DSRRP - AO

Base de
Données BM

Bénin

29,6

28,4

35,2

36,2

40,1

Burkina
Faso

45,6

38,4

48,9

-

40,1

Côte
d'Ivoire

33,6

38,4

48,9

-

46,3

Guinée
Bissau

-

64,7

-

69,3

-

Mali

-

55,6

47,5

43,6

-

Niger

-

62,1

59,5

-

44,5

Sénégal

67,9

55,2

48,3

46,7

-

Togo

-

-

61,7

58,7

55,1

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A2 : Evolution de l'incidence de la pauvreté dans les zones urbaines et rurales des Etats de l'UEMOA

Etats

Zone

Incidence de la pauvreté par période

94 -99

00 - 05

06 - 09

10 - 11

14 - 15

Avant
DRSP

DSRP I

DSRP II +
DSRRP - AO

DSRP III +
DSRRP - AO

Base de
données BM

Bénin

Urbain

23,3

23,6

29,8

31,4

-

Rural

33

31,6

38,4

39,7

-

Burkina
Faso

Urbain

16,5

19,9

27,5

-

13,7

Rural

51

52,3

52,2

-

47,5

Côte
d'Ivoire

Urbain

-

24,5

29,5

-

35,9

Rural

-

49

62,5

-

56,8

Guinée
Bissau

Urbain

-

51,6

-

51

-

Rural

-

69,7

-

75,6

-

Mali

Urbain

-

27,7

18,5

18,9

-

Rural

-

64,8

57

50,6

-

Niger

Urbain

52,2

-

44,1

-

-

Rural

65,7

44,1

65,7

-

-

Sénégal

Urbain

56,4

38,1

28,1

26,2

-

Rural

71

65,1

58,8

57,3

-

Togo

Urbain

-

-

37,1

34,1

35,9

Rural

-

-

75,1

73,4

68,7

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MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY XVI

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

A3 : Evolution de la profondeur de la pauvreté dans les Etats de l'UEMOA

Etats

Profondeur de la pauvreté par période

1994 -1999

2000 - 2005

2006 - 2009

2010 - 2011

2014 - 2015

Avant DRSP

DSRP I

DSRP II +
DSRRP - AO

DSRP III +
DSRRP - AO

Base de
données BM

Bénin

8,7

10,9

10,4

9,8

-

Burkina Faso

13,7

15,5

14,9

-

9,7

Côte d'Ivoire

-

12,9

18,2

-

16,3

Guinée Bissau

-

0,05

-

-

-

Mali

-

21,2

16,7

13,2

-

Niger

21,4

24,1

19,6

19,6

-

Sénégal

-

17,3

15,5

14,5

-

Togo

-

-

23,6

24,4

22,1

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY XVII

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

A4: Régression du modèle sans effets, indice de taux de pauvreté au seuil de 1,90$ par jour par jour (2011 PPP) sur les variables explicatives.

A5: Régression du modèle à effets fixes, indice de taux de pauvreté au seuil de 1,90$ par jour par jour (2011 PPP) sur les variables explicatives.

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY XVIII

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

A6 : Régression du modèle à effets aléatoires, indice de taux de pauvreté au seuil de 1,90$ par jour par jour (2011 PPP) sur les variables explicatives.

A7 : Test de Breusch-Pagan

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY XIX

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

A8 : Test de Hausman

A9 : Test de corrélation

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY XX

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

A10 : Régression du modèle sans effets, indice de l'écart de la pauvreté au seuil de 1,90$ par jour par jour (2011 PPP) sur les variables explicatives

A11 : Régression du modèle à effets fixes, application de l'indice de l'écart de la pauvreté au seuil de 1,90$ par jour par jour (2011 PPP) sur les variables explicatives

A13. Test de normalité de normalité des résidus

A15. Test d'hétéroscédasticité des erreurs du modèle

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY XXI

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

A12 : Régression du modèle à effets aléatoire, application de l'indice de l'écart de la pauvreté au seuil de 1,90$ par jour par jour (2011 PPP) sur les variables explicatives

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY XXII

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

A15. Test de spécification de Ramsey

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CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

TABLE DES MATIERES

DEDICACES I

REMERCIEMENTS II

SIGLES ET ACRONYMES III

LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX VII

SOMMAIRE VIII

RESUME VIII

ABSTRAIT X

INTRODUCTION GENERALE 1

Chapitre I : CARACTÉRISTIQUES ET ÉVOLUTIONS DE LA CROISSANCE ET DE

LA PAUVRETÉ 6

Section 1 : Profil de la croissance et Évolution de la pauvreté des Etats de l'UEMOA . 6

I.1. Etat des performances de croissance économique des pays de l'UEMOA 6

I.2. Politique de la croissance et cadre macroéconomique de l'UEMOA 7

II. Évolution de la pauvreté dans les économies des pays de l'UEMOA 9

II.1. Evolution de l'incidence de la pauvreté au niveau des Etats 9

II.2. Evolution des indicateurs sociaux 11
Section 2 : Croissance pro-pauvres et politiques de réduction de la pauvreté au sein de

l'UEMOA 13

1. Croissance pro-pauvres et leur extension aux dimensions non monétaires de la

pauvreté 13

2. Politiques de croissance et de réduction de la pauvreté 17

Chapitre II : REVUE DE LA LITTÉRATURE SUR LA CROISSANCE

ECONOMIQUE ET PAUVRETÉ 20

Section 1 : Analyse théorique de la croissance économique et pauvreté 20

1.1 Fondements théoriques 20

1.2 Développement théoriques récents 23

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY XXIV

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

Section 2 : Evidences empiriques entre croissance économique et pauvreté 29

2.1 Aspects empiriques de l'effet de la croissance économique sur la réduction de

la pauvreté. 29

2.2 Aspects empiriques de l'effet de la croissance économique et des inégalités sur

la réduction de la pauvreté. 33

CHAPITRE III : ANALYSE EMPIRIQUE, INTERPRETATION DES RESULTATS

ET RECOMMANDATIONS DES POLITIQUES ECONOMIQUES 37

Section 1 : Présentation des modèles et description des variables 37

1.1 Origine du modèle théorique 37

1.2 Modèle économétrique 38

1.3 Descriptions des variables 39

1.4. Statistique descriptive des variables 41

Section 2 : Estimations et tests de spécifications 41

2.2. Tests de spécification 43

2.2.1 Test de Fischer 43

2.2.2 Test de Breusch-Pagan 43

2.2.3 Test de Hausman 43

2.3. Test de validation du modèle 44

2.3.1. Test de normalité des erreurs 44

2.3.2. Test d'hétéroscédasticité des erreurs du modèle 44

2.3.3. Test de spécification de Ramsey 45

2.3.4. Test de corrélation 45

2.4. Examen graphique 46

2.3 Exercice de robustesse : Tester l'effet de la croissance sur la pauvreté avec

l'indice de l'écart de pauvreté à 1,90 $ par jour (2011 PPP) 46

Section 3 : Résultats et recommandations de politiques économiques 47

3.1 Interprétation des résultats 47

3.2 Recommandations des politiques économiques 50

CONCLUSION GENERALE 52

BIBLIOGRAPHIE XI

MEMOIRE MASTER II/ METHODES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES/MAOULIDA SOUDJAY XXV

CROISSANCE ECONOMIQUE ET PAUVRETE DANS LES PAYS DE L'UEMOA

ANNEXES XIV

A1 : Evolution de l'incidence de la pauvreté dans les Etats de l'UEMOA XIV

A2 : Evolution de l'incidence de la pauvreté dans les zones urbaines et rurales des

Etats de l'UEMOA XV

A3 : Evolution de la profondeur de la pauvreté dans les Etats de l'UEMOA XVI

A4: Régression du modèle sans effets, indice de taux de pauvreté au seuil de 1,90$ par

jour par jour (2011 PPP) sur les variables explicatives. XVII

A5: Régression du modèle à effets fixes, indice de taux de pauvreté au seuil de 1,90$

par jour par jour (2011 PPP) sur les variables explicatives. XVII

A6 : Régression du modèle à effets aléatoires, indice de taux de pauvreté au seuil de

1,90$ par jour par jour (2011 PPP) sur les variables explicatives. XVIII

A7 : Test de Breusch-Pagan XVIII

A8 : Test de Hausman XIX

A9 : Test de corrélation XIX

A10 : Régression du modèle sans effets, indice de l'écart de la pauvreté au seuil de

1,90$ par jour par jour (2011 PPP) sur les variables explicatives XX

A11 : Régression du modèle à effets fixes, application de l'indice de l'écart de la pauvreté au seuil de 1,90$ par jour par jour (2011 PPP) sur les variables explicatives

XX

A12 : Régression du modèle à effets aléatoire, application de l'indice de l'écart de la pauvreté au seuil de 1,90$ par jour par jour (2011 PPP) sur les variables explicatives

XXI

A13. Test de normalité de normalité des résidus XXI

A14. Test d'hétéroscédasticité des erreurs du modèle XXI

A15. Test de spécification de Ramsey XXII

TABLE DES MATIERES XXIII






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