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La problématique du jeu parifoot comme moyen de survie pour ses consommateurs.


par Ange Mondo
Université de Kinshasa - Graduat en sciences économiques et de gestion. 2021
  

Disponible en mode multipage

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Épigraphe

L'unique manière de gagner au jeu parifoot est d'arrêter de jouer.

Tristan Bernard

Dédicace

Àvous mes parents Professeur Simon Mondo Mumbanza, Marie Jeanne Nzangelo ainsi que Coco Nkodi, pour tant de sacrifices consentis et affection parentale témoignés en ma personne.

Àvous donc, je dédie ce travail.

Ange Mondo Ntimansiemi

Avant-propos

Qu'il nous soit permis d'exprimer ici notre profonde gratitude envers les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce travail.

C'est ainsi l'honneur revient, en premier lieu, au Professeur Associé William Bolima Bolitsi, Directeur de ce travail qui a fait montre d'une attention particulière en notre égard. C'est grâce à ses observations pertinentes et à ses critiques constructives que nous avons pu produire ce travail scientifique. Nous lui resterons à jamais reconnaissant. Ces mêmes sentiments de reconnaissance s'adressent à tous les professeurs de la Faculté de Sciences Économiques et de Gestion de l'Université de Kinshasa qui, de près ou de loin, nous ont ouvert la porte du savoir.

Dans la suite, nos remerciements s'adressent à tous les membres de la grande famille Mondo, notamment, Alain Mondo Nkoy, Mamitsho Mondo Ndoki, Patricia Mondo Matondo, Michael Mondo Mumbanza, Junior Mondo Lupini, Enoc Mondo Monoc, Adida Malobokolo Nsunda, Ruth Mondo Tona, Kabibi Mondo, Brenda Mondo Ngalula, Morhinio Mbala Songo, Patrio Mbala, ... pour vos conseils, vos encouragements ainsi que votre affection à notre endroit.

Nos remerciements se dédicacent également à nos compagnons de lutte, Sylva Mbuyamba, Molua Mongaliwiya et Gad Muteba, avec qui nous partageons les beaux et pénibles moments de notre vie estudiantine. Qu'ils trouvent à travers cette oeuvre scientifique, le résultat de nos privations et sacrifices. C'est ici aussi l'occasion pour nous de dédier ce travail à Charone Ntoya qui, de temps à temps, nous a témoigné de son inébranlable soutien dans l'affranchissement de cette première étape de notre cycle universitaire.

Nous ne pouvons clôturer ces remerciements sans penser aux Professeurs Sylvain Shomba Kinyamba et Ingrid Mulamba Feza, respectivement, Directeur et Chargée de l'Administration et Finance du centre de recherche Chaire de Dynamique Sociale « CDS-Unikin », qui ont accepté de nous accueillir au sein de cette grande famille. Aussi nos remerciements s'adressent à nos ainés et chers collègues chercheurs de la CDS, Chef de Travaux René Nzee Soke, Assistant Gaby Bisalu, Bruno Kabuya et Jacques Fatu.

Enfin, que tous ceux qui d'une manière ou d'une autre, ont contribué à la réussite de notre vie estudiantine et dont leurs noms ne sont pas repris dans ce travail, veillent trouver ici l'expression de notre profonde gratitude.

L'auteur

251658240INTRODUCTION GENERALE

L'Enseignement Supérieur et Universitaire en République Démocratique du Congo (RDC) s'organise en trois cycles, et chaque fin de cycle est sanctionnée par la présentation d'un travail scientifique. C'est la raison d'être de ce travail qui marque la fin de notre premier cycle universitaire.

En effet, la présente introduction s'articule autour d'un certain nombre des points saillants et caractéristiques, notamment la présentation du sujet, la problématique qu'il soulève, les hypothèses émises, sans oublier le but, les objectifs et l'intérêt qu'il suscite, l'approche méthodologique suivie pour vérifier le bien-fondé des hypothèses, la délimitation du champ d'investigation, les difficultés rencontrées lors de l'élaboration de ce travail et en dernière instance le plan sommaire.

1. Présentation du sujet

Traiter d'un thème relevant de la pratique d'un jeu d'argent et de hasard (JAH), comme les paris sportifs, bien que pertinent, c'est prendre des risques, car il s'agit d'un champ difficile à pénétrer. Cette difficulté réside dans son ampleur et dans son engouement qu'il suscite chaque jour auprès des parieurs de la ville de Kinshasa. Ceux-ci cherchent à engranger quelques hypothétiques moyens en vue de répondre aux nombreux besoins de survie auxquels ils sont confrontés, face aux aléas du chômage et au caractère exigu des émoluments pour ceux qui travaillent.

Cette recherche à tout prix de l'argent liquide est appréhendée comme un moyen pour se mettre, à l'instar de tous les autres, au coeur des échanges. Car, par rapport à la réalité sociale, une fois qu'on se penche sur le rapport entre l'individu et l'argent, il ressort que cette neutralité s'estompe (1(*)). Dans ce cas, l'argent apparaît alors comme largement marqué par ses pratiques d'obtention (provenance) et/ou d'utilisation (usage).

Dans la quête de satisfaction de leurs besoins, les hommes recourent à divers moyens en vue de parvenir à trouver des réponses à leurs désirs. C'est pour cette raison que les hommes aperçoivent l'argent comme une source qui leur permette de trouver aussi bien le plaisir et pourquoi pas le bonheur comme l'a si bien épilogué Blaise Pascal pour qui « tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exceptions, quelques différents moyens qu'ils y emploient. Ils tendent tous à ce but » (2(*)).

Si pour certaines personnes, le travail est le moyen noble et honnête pour arriver à cette fin, pour d'autres, le vol, l'escroquerie, la corruption, le fétichisme, ... sont autant des moyens possibles pour atteindre cette finalité. C'est pour cette raison que d'autres personnes, préfèrent recourir à certains jeux d'argent qu'ils considèrent comme une voie pour acquérir légalement un bien (en nature comme en numéraire) autrement que par le travail.

A cet effet, pour bon nombre d'individus, le jeu est pris comme un des moyens le plus séduisant d'arriver à la fortune sans passer par les épreuves du temps et de dur labeur. Telle est la pensée qui est soutenue par Roger Caillois qui avance que « jouer, c'est renoncer au travail, à la patience, à l'épargne pour le coup heureux qui, en une seconde, procure ce qu'une vie épuisante de labeur et de privations n'accorde pas ... » (3(*)).

Ainsi qu'on le constate, au cours de cette décennie, l'industrie mondiale des paris sportifs connait une très forte évolution due surtout à l'avènement d'internet combiné avec les progrès de la radiodiffusion hertzienne et l'amplification d'évènements sportifs couverts par la télévision. Ceux-ci ont intensifié l'intérêt du public pour les épreuves sportives, avec comme conséquence, la progression des paris sportifs car, au-delà du simple plaisir, se joue souvent le sort d'un pari qui s'est effectué la veille ou le jour-même. Désormais, pour beaucoup de supporters-parieurs, les résultats des rencontres sportives n'ont plus seulement un impact sentimental mais aussi financier (4(*)).

Cette croissance se manifeste par le volume de revenus générés par cette activité, évalué à 24,6 milliards d'euros au cours de l'année 2011, soit une hausse de 51,9% par rapport à l'année 2006. Selon les dernières estimations, il existe environ 22 millions de parieurs actifs sur internet et près de 42,8 millions de comptes contenant de l'argent réel sont logés dans ces différents sites (5(*)). Tous ces éléments illustrent à suffisance la place qu'occupe ce fragment du secteur de loisir dans la société actuelle.

Dans la perspective de conquérir les nouveaux marchés à travers le monde, les sociétés des paris sportifs ont ouvert des représentations dans la plupart des pays africains. En effet, ce continent recense indiscutablement un nombre très important des jeunes. Cela représente un atout majeur mieux une potentialité non négligeable pour ces sociétés dans la mesure où, les jeunes sont de nature très dynamique et possèdent des caractéristiques qui incitent ces sociétés de mettre en service leurs offres.

C'est dans cet optique qu'au cours de l'année 2010, un partenariat sera signé entre l'opérateur PremierBet et la Société Nationale de Loterie (Sonal), société publique congolaise détenant le monopole d'organiser les jeux à caractère hasardeux sur toute l'étendue de la RD Congo (6(*)). Au moyen de ce partenariat, les Congolais, en général, et les Kinois, en particulier, vont s'introduire dans l'univers de parifoot. La survenance de ce jeu dans cette ville s'est accompagnée d'une forte attirance par ses consommateurs qui le perçoit comme une source de revenus.

2. Problématique

A la seule évocation de la République Démocratique du Congo, ce pays continent et situé au coeur de l'Afrique,avec sa superficie d'environ 2.345.000 km2 et une population estimée à plus ou moins 60 million d'habitants, la première idée qui vient spontanément à l'esprit est le contraste entre ses immenses potentialités économiques et la paupérisation généralisée de sa population. Ce pays aux diverses ressources tant humaines que naturelles a sombré, depuis des lustres, dans une misère la plus indescriptible. A la base de ce désastre, on peut relever une multitude de maux, notamment, une gestion dictatoriale qui s'est étalée sur plusieurs décennies, la mauvaise gouvernance ainsi qu'une multitude d'antivaleurs qui s'en est suivie, l'instabilité institutionnelle, une suite de guerres et des rébellions récurrentes. C'est cette litanie des maux qui sont à la base des pillages et les crises multiformes opérés sur l'ensemble du territoire national.

C'est pour cette raison qu'en dépit de toutes ses immenses ressources du sol et du sous-sol, la RDC est toujours classée parmi les pays les plus pauvres du monde. Selon les indicateurs de l'Indice pour le Développement Humain, près de 80% de la population congolaise survivent à la limite de la dignité humain, et ce avec moins de 1$ us par personne et par jour (7(*)). A Kinshasa, comme sur l'ensemble du territoire national, le chômage bat son plein, car sur une population active estimée à plus de 27 millions de personnes, 4 % seulement occupent un emploi formel, 72% oeuvrent dans l'économie informelle et les 24% restants sont des véritables chômeurs (8(*)). Même alors, ceux qui oeuvrent dans le secteur public, se livrent à plusieurs astuces pour survivre, car leurs émoluments ne représentent pas grand-chose face à un pouvoir d'achat fluctuant.

La capitale congolaise, avec ses quelques 12 millions d'habitants, balance entre chaos, pauvreté et misère. De telles conditions mènent au désespoir, si bien que de nombreux Congolais ont cessé de faire confiance en leur propre gouvernement et se considèrent comme des laissés-pour-compte. En vue de pallier à cette situation, certains se versent dans une culture du moindre effort en se laissant plonger dans l'univers incertain des JAH. C'est le cas, par exemple, du jeu Pari Mutuel Urbain, communément appelé PMU(9(*))qui a suscité vers les années 90, un engouement massif auprès des Kinois avant que la survenance du parifootne récupère la place en englobant toutes les catégories et couches sociales.

De suite de cette exaltation que manifestent les parieurs kinois à laquelle s'associe aussi l'accessibilité de la connexion internet à Kinshasa, il se remarque, à ce jour, dans ce secteur, une augmentation de l'offre et de la demande sur ce marché. Pour preuve, dans la foulée de Premierbet, d'autres sociétés ont fait leur apparition, comme Winnerbet, Betica, Ngenge, M-bet, 1xbet dont les kiosques et agences sont visibles dans les rues et grandes artères de la capitale. En plus de cela, il s'observe déjà à partir de 8 heures du matin, un attroupement massif des parieurs autour de ces agences pour s'imprégner du ticket attestant leur participation au jeu.

Ainsi, pareille activité dans cette ville ne semble plus être un simple jeu, car sa pratique ne relève plus désormais d'un fait ludique anodin mais elle correspond, de plus en plus, à une nécessité à caractère passionnel, professionnel et surtout financier (10(*)). Face à ce constat, il ressort qu'un paradoxe apparaît depuis dans l'imaginaire de quelques Kinois qui recourent à ce jeu, dans l'idée de changer leur condition sociale et économique de manière significative au mépris même, pour certains, d'exercer un métier capable de leur rendre une autonomie et, pourquoi pas, une indépendance financière.

De ce qui précède, nous voulons à travers cette étude empirique de terrain, examiner cette question qui constitue, à ce jour, un véritable phénomène social. Ce qui nous amène inexorablement à la question principale de cette étude qui porte sur quoi se fonde l'inclination de la population kinoise au jeu parifoot ? Cette interrogation suscite d'autres questions secondaires dont les plus pertinentes peuvent être déclinées comme suit : l'avènement de ce jeu à Kinshasa, a-t-il eu un impact substantiel dans le train de vie de ses consommateurs ? Quelles sont les incidences constatées depuis l'avènement de ce jeu dans cette villecapitale de la RDC ?

Au regard des interrogations suscitées dans le cadre de ce débat, il nous est apparu nécessaire de faire une incursion dans cet univers ludique. Cette descente sur terrain a consisté à palper du doigt les réalités concrètes de ce phénomène à Kinshasa et de pouvoir vérifier les hypothèses de recherche émises ci-dessous.

3. Hypothèses

Tout travail scientifique ne procède pas d'une production et d'une accumulation des données, sans que ne soit dégagé au préalable un fil conducteur. Voilà pourquoi, avant de fournir des propositions sommaires aux questions soulevées dans la problématique, il nous a semblé judicieux de commencer par expliciter ce qu'il faut entendre par l'hypothèse dans un travail scientifique.

A ce sujet, nombreuses définitions sont fournies par différents auteurs. En ce qui concerne le présent travail, nous avons privilégié l'apport de Sylvain Shomba qui définit l'hypothèse comme étant « une série de réponses qui permettent de prédire la vérité scientifique vraisemblable au regard de la question soulevée par la problématique et dont la recherche vérifie le bien-fondé ou le mal fondé » (11(*)). En d'autre termes, « l'hypothèse cherche à établir une vision provisoire du problème soulevé en évoquant la relation supposée entre les faits sociaux dont le rapport constitue le problème et en indiquent la nature de ce rapport » (12(*)).

De notre point de vue, tenant compte des questions soulevées ci-dessus, nous alignons les présupposés suivants :

- s'agissant de la première préoccupation qui part de la situation socioéconomique qui caractérise la population kinoise en général, la recherche du gain financier associée à la dimension ludique que procure la pratique du jeu parifoot, expliquent fondamentalement son attraction auprès des parieurs kinois ;

- au sujet de la deuxième préoccupation, il transparait que le jeu parifoot passe aux yeux de ses consommateurs pour une activité génératrice de revenu à part entière. Toutefois, relevons qu'à cause de son caractère modique et sporadique, les gains issus de ce jeu ne se limitent qu'à être, pour la plupart des cas, des petites bouffées d'oxygènes financières. Fort de cette réalité, économiquement parlant, nous soutenons que le jeu parifootprésente un impact insignifiant sur le train de vie de ses consommateurs kinois, car il tarde à les propulser vers une indépendance financière durable, d'une part et à améliorer leurs conditions de vie, d'autre part. En tout, le jeu parifoot n'est qu'un moyen de subsistance ;

- enfin, quant à la dernière préoccupation,deux tendances se dégagent lorsqu'on observe de très près les retombées du jeu parifoot dans la ville de Kinshasa. D'un côté, son installation produit des effets qui ont une incidence positive sur la croissance économique générale (création d'emplois, accroissement des recettes fiscales, forme de divertissement pour la population, ...). De l'autre côté, ce jeu engendre divers effets dévastateurs sur les parieurs qui s'y emploient de façon excessive et sans contrôle. Pour tout dire, le parifoot rend dépendant et porteur d'une addiction néfaste pour la vie qui peut relever tout à la fois de l'ordre mental, physique, social que financier.

Comme on peut bien s'en douter, tous ces présupposés ne sont que des idées comme tant d'autres qui n'auront d'intérêt qu'en les confrontant à la réalité du terrain.

4. Choix et intérêt dusujet

Au regard du thème choisi, il nous revient, à travers ces lignes, d'expliquer de façon précise la raison fondamentale qui nous a poussé à aborder cette préoccupation de l'heure qu'est le parifoot. Le choix jeté sur ce sujet est motivé par le fait qu'il porte sur une thématique importante, étant donné quele déroulement de ce jeu demeure, à ce jour, un véritable phénomène social. Ceci prend progressivement, une place prépondérante dans la vie d'une bonne partie de la population congolaise, en général, et kinoise, en particulier. Tenant compte de cet enracinement dans la conscience collective de beaucoup de Kinois, une attention particulière s'avère très nécessaire pour explorer les contours et les dimensions prises par ce phénomène, puis en déceler les avantages et les limites.

Pour ainsi élucider cette pratique en RD Congo, deux types d'intérêt émergent principalement. Il s'agit de l'intérêt d'ordre scientifique (théorique) et de l'intérêt d'ordre pratique (social).

4.1. Intérêt d'ordre scientifique

Cette thématique bien qu'ayant été abordée dans ses différentes facettes à travers le monde, en RDC, elle souffre encore de manque de curiosité de la part de ses chercheurs. Cela revient à relever la quasi-inexistence des recherches scientifiques menées sur ce thème en sciences économiques comme dans d'autres disciplines. Pour pallier à cette carence, le présent travail se met au service des autres chercheurs en leur fournissant une banque d'informations utiles qui peut servir à des multiples fins. Il importe aussi de souligner que sur ce plan, l'étude se propose d'exciter et d'optimiser la recherche scientifique dans ce fragment du secteur de loisir enfin de baliser la voie aux différents acteurs impliqués aussi bien dans l'exploitation que dans la consommation de cette pratique en RDC.

4.2. Intérêt d'ordre pratique

Ainsi qu'on le sait pertinemment bien, ce secteur des jeux d'argent est en pleine expansion dans le monde, en général et, en RDC, en particulier. De ce fait, l'étude attire l'attention de toutes les parties prenantes impliquées (trilogie d'acteurs) sur les conséquences sociales et les répercussions économiques que peut engendrer ce jeu auprès de ses différents consommateurs. 

5. But et objectifs du travail

En menant cette étude, le but poursuivi consiste à cerner l'univers des paris sportifs dans le contexte congolais qui tienne compte à la fois, des caractéristiques spécifiques de sa population et celles liées aux structures du jeu (types, formes de mises, fréquence de jeu, ...). De façon très spécifique, il s'agit d'analyser l'impact de cette activité dans la ville de Kinshasa et principalement sur son ampleur. Ce qui nous permettra d'évaluer l'envergure de celle-ci et sa signification (perception) auprès de ses consommateurs.

Ainsi, pour atteindre ce but, nous nous sommes assigné les objectifs de (d') :

- identifier les caractéristiques sociodémographiques des parieurs kinois ;

- déterminer les facteurs à la base de l'expansion de ce jeu dans ville de Kinshasa ;

- évaluer le niveau de connaissance des parieurs kinois sur les conséquences jugées néfastes résultant de la pratique excessive de ce jeu ;

- relever les écarts qui existent entre les effets positifs et négatifs engendrés par cette activité par rapport à la vie de ses consommateurs ;

6. Approche méthodologique

Nous nous proposons ici de décrire succinctement la démarche méthodologique suivie avant de passer aux écueils sur lesquels nous nous sommes buté lors de l'élaboration de ce travail. Comme d'aucuns le savent, toute recherche scientifique nécessitel'application des méthodes et techniques permettant d'aboutir aux résultats escomptés. Celles-ci aident le chercheur dans la collecte, l'analyse et le traitement des données de son étude.

En effet, le principe directeur en cette matière veut que ce choix soit fonction de la configuration de l'univers de l'enquête, de l'orientation du travail (...) de l'étendue et de l'ampleur de l'investigation ainsi que, dans une certaine mesure, des préférences du chercheur (13(*)). Ainsi, appelé à appréhender le secteur des jeux d'argent dans la ville de Kinshasa, nous avons fait recours aux différentes méthodes et techniques ci-après :

6.1. Méthodes

Une méthode scientifique est définie selon A. Mucchielli (14(*)) comme une procédure de réflexion guidant un ensemble de techniques de travail, des données et d'analyse qui mène à une meilleure connaissance d'un phénomène. C'est à juste titre que B. Verhaegen (15(*)) soutient qu'il n'existe pas (...) une méthode universelle applicable en tout temps et en tout lieu (...). Mais en effet, il est vrai que chaque objet de connaissance informe et conditionne la méthode, il est également vrai que la méthode se transforme et s'ajuste constamment au cours même de son application.

Considérant l'objet de ce travail, nous avons opté pour les approches analytique et statistique. La première approche est définie selon Loubet comme « une analyse systématique de toutes les informations ainsi que des données récoltées » (16(*)). Au regard de la complexité de l'univers de parifoot, cette approche nous a permis d'analyser les données provenant du terrain, en insistant sur chaque cas, en vue de pouvoir tirer les conclusions appropriées.

Quant à la seconde approche qui consiste à récolter les informations chiffrées d'une recherche pour en faciliter l'interprétation (17(*)), elle nous a aidé à interpréter nos données chiffrées récoltées au moyen de l'enquête par questionnaire et de les présenter sous forme de tableaux statistiques en vue d'une bonne compréhension.

6.2. Techniques

Toute recherche en sciences sociales comme dans les autres sciences, nécessite l'utilisation de procédés opératoires rigoureux, bien définis, transmissibles et susceptibles d'être appliqués à nouveau dans les mêmes conditions, adaptés au genre de problème et phénomène en cause. Ce sont là des techniques. Ainsi, aux deux méthodes employées, nous adjoignons un certain nombre de techniques notamment : l'analyse documentaire, l'interview libre, l'observation participante et le questionnaire.

La technique documentaire a conduit à l'exploitation de la littérature disponible sur ce sujet. À ce niveau, plusieurs ouvrages, articles de revues, notes de cours, données en ligne et autres documents écrits nous ont fourni de précieux renseignements.

Les entretiens libres se sont déroulés avec des personnes ressources, notamment les superviseurs des kiosques et des parieurs trouvés sur place en vue de leur faire parler du déroulement du jeu et du profit qu'ils en tirent. En vue de tout comprendre, nous avons profité de notre statut de chercheur résident du site d'enquête pour participer par moment à ce jeu. Cela a permis l'observation des attitudes et des comportements de ces parieurs.

Pour finir, dans le souci d'élargir le cercle des avis attendus en rapport avec la thématique sous examen, nous avons recouru à un questionnaire distribué à un échantillon des personnes retenu en avance. Leurs réponses recueillies ont apporté des informations riches et spontanées, plus brutes et plus fraîches. Malgré l'abondance des données collectées, il nous a semblé impérieusement nécessaire de tracer les limites de notre étude.

7. Délimitation du travail

Par rigueur scientifique qui impose la délimitation d'un sujet pour garantir le réalisme d'un travail scientifique, le nôtre ne pouvait déroger à cette exigence. D'où l'avons-nous circonscrit aussi bien dans l'espace que dans le temps.

Géographiquement, la commune de Lemba plus précisément le quartier Livulu a été la cible de notre investigation. Le choix porté à ce site se justifie par notre connaissance parfaite de ce milieu en tant que résident de plusieurs années. Temporellement, ce travail couvre la période allant de 2010 jusqu'à ce jour. En effet, c'est au cours de ces années qu'on assiste à l'implantation et à l'intensification à travers toute la ville de Kinshasa, des sociétés autorisées à exploiter le jeu parifoot sur le sol congolais. Ainsi, cette délimitation nous permet de mieux décortiquer ce thème de travail.

8. Difficultés rencontrées

Dans la réalisation de cette recherche, nous avons prêté le flanc aux problèmes liés à l'absence des informations et des documentations dans les bibliothèques des institutions universitaires, surtout pour celles qui ont trait directement à notre sujet. Pour pallier à cette difficulté, nous avons recouru à l'internet. Celui-ci bien qu'il exigeait des moyens financiers conséquents, le besoin d'aller jusqu'au bout de cette recherche nous chatouillait la conscience.

Ensuite, nous étions buté, au niveau de la collecte des données de terrain, au problème d'ordre épistémologique, en raison, du thème de cette étude qui traite directement d'un sujet sur lequel les enquêtés n'avaient pas l'amabilité de répondre sans se sentir gênés. Ce qui a suscité dans le chef de quelques enquêtés une méfiance certaine. En plus de cela, quelques-uns ont manifesté un certain complexe d'infériorité à notre endroit.Pour surmonter tous ces obstacles et briser cette barrière, nous avons pénétré l'univers des parieurs et nous sommes familiarisé avec eux. Cela a fini par créer des liens de fraternité et de proximité solides, car partageant les mêmes préoccupations et aspirations.

9. Structuration du travail

Aucune démarche d'esprit ne peut être menée à bon port sans qu'elle ne soit articulée autour des piliers qui la sous-tendent. De ce fait, outre cette introduction et la conclusion générale qui la clôture, la présente étude comprend trois chapitres. Le premier porte sur les considérations générales des paris sportifs. Le deuxième présente un état des lieux général sur la pratique des paris sportifs à travers le monde. Et enfin, le troisième et dernier chapitre qui constitue le coeur de cette étude, évalue le jeu parifoot comme moyen de survie pour les parieurs kinois.

Premier chapitre

CONSIDERATIONS GENERALES SUR
LES PARIS SPORTIFS

Dans ce chapitre, nous développons tour à tour quelques notions spécifiques qui entretiennent un rapport étroit avec les paris sportifs et ce, pour la compréhension de la suite de l'étude. Pour ce faire, il se structure en deux sections. La première propose une recension des écrits de quelques devanciers qui ont eu à aborder ce sujet et à émettre leur avis à propos du déroulement de cette activité dans leurs sociétés respectives. Quant à la seconde, au regard du caractère complexe de cette activité qui est fonction du contexte particulier de chaque société, nous exposons les généralités sur les paris sportifs.

1.1. REVUE DE LA LITTERATURE

Grâce à la voie que nous avons choisie pour traiter cette thématique, nous tenons à souligner l'existence d'une abondante littérature sur les JAH. C'est celle-ci qui nous a permis de déblayer le terrain en nous offrant la possibilité de nous rendre compte de nombreux aspects se rapportant à cette question avec pertinence. Toutefois, il sied de souligner que si dans certains pays, cette littérature est foisonnante, tel n'est pas le cas en RDC où il se remarque une absence d'études scientifiques centrées essentiellement sur ce sujet. Cette carence est liée non seulement au manque d'intérêt de la part de ses chercheurs, mais aussi au déficit d'attention que prête le pouvoir public sur cette question qui gangrène chaque jour les habitudes de la population Congolaise. 

En effet, dans le cadre de la présente étude, nous nous sommes intéressé au travail de l'historien Huizinga (18(*)) qui, après tant d'années d'observation de ces jeux dans sa société, est arrivé au constat selon lequel les jeux n'étaient considérés rien plus que comme une activité mineure. C'est de là qu'il a réussi dans son oeuvre Homo ludens, à relancer l'intérêt des philosophes contemporains pour les questions en rapport avec les jeux dans les communautés humaines. Pour lui, le jeu est une activité pourvue de sens et qui donc procure à l'homme un sentiment de tension et de joie que renforce l'incertitude sur les issues de la partie. Dans cette conception universaliste du jeu, Huizinga affirme que « tout provient du jeu, plus ancien que la culture, il se retrouve partout dans la mesure où l'on peut considérer n'importe quelle activité sous l'angle du jeu » (19(*)). Mais cette pensée universaliste du jeu sera attaquée par un autre courant composé de M. Klein et DW. Winnicot qui trouvent que, rien n'est dans la nature, pas même le jeu, puisque tout est déterminé.

De manière générale, le déroulement des JAH ne date pas de la dernière pluie. C'est un sujet qui a suscité autant des querelles aussi morales qu'éthiques dans presque toutes les sociétés, mettant ainsi en opposition d'un côté, les courants prônant sa prohibition et de l'autre, celui qui défend les intérêts des Etats en prétextant que ces jeux constituent une forme de taxe que les citoyens ont le plaisir de payer (20(*)).

Dans le courant religieux par exemple, l'histoire nous renseigne à travers l'étude de J. Järvinen-Tassopoulos, que le catholicisme dans sa conception, a contribué à la diabolisation, à la stigmatisation, voire à la condamnation de tout argent provenant de cette activité au motif qu'il est une manière illicite de s'enrichir. De l'autre côté, le protestantisme rejette les gains découlant d'un autre moyen que le travail. Quant à l'islam qui avance une position proche de celle des catholiques, ces jeux sont considérés comme des activités immorales dans la mesure où, quelqu'un peut accumuler de la richesse sans aucun effort, alors qu'une autre personne en devient la victime (21(*)).

Cependant, dans la grande majorité des pays à travers le monde, le déroulement de ces jeux fut prohibé par les autorités pour diverses raisons, notamment la préservation de l'ordre social, car pour eux, les dommages causés par les jeux dépassent de très loin ses bienfaits. Par ailleurs, même pendant la période de sa prohibition, une partie des citoyens trouvait toujours le moyen de contourner la règle et de s'adonner à cette pratique de manière illégale. Ainsi, fort de son attirance auprès de la population, la pratique des JAH a su traverser les différentes cultures et civilisations. Au regard de ses complexités et de ses rebondissements récurrents, Lavigne J-C. qualifie l'histoire des JAH de chaotique (22(*)).

Nonobstant, le débat qui, jadis, entourait la logique éthique et morale n'est plus l'actualité aujourd'hui, car il est maintenant tourné vers les problèmes qu'engendrent ces jeux auprès de ses consommateurs. En soi, les jeux constituent un moment de récréation, de divertissement et de loisir pour tous ceux qui jouent de manière contrôlée. Ils deviennent un problème lorsqu'une personne perd le contrôle puisque ceci s'accompagne des conséquences négatives d'ordre social, personnel ou professionnel. L'identification des modèles théoriques pour essayer d'expliquer le développement des troubles liés à la pratique des JAH et ses facteurs de risque, a fait et continue de faire l'objet de nombreuses études.

Parmi les modèles théoriques élaborés jusque-là par différents auteurs, le plus consensuel est celui que proposent Blaszczynski et Nower (23(*)), qui sont parvenus à décrire les trois types de profil de joueur problématique : les joueurs problématiques au comportement conditionné, les joueurs problématiques émotionnellement vulnérables et les joueurs problématiques antisociaux-impulsifs. Et pour ce qui est des facteurs de risque, plusieurs études ont été réalisées pour ce but, notamment, celle menée par l'Institut national de santé médical, en 2008 basée sur une expertise collective de plusieurs auteurs qui s'appuient sur les données scientifiques de plus de 1.250 articles disponibles jusqu'au premier trimestre 2008 (24(*)).

Cette étude de grande envergure a su concilier les différentes approches (sociologiques, psychologiques et médicales) qui semblaient, à première vue, difficiles à réunir dans une même dynamique de travail. Au regard de cette étude, il ressort que les facteurs de risque résident au niveau du joueur, de l'environnement et du jeu lui-même.

Par ailleurs, la proportion de joueurs problématiques diffère selon le type de jeu le plus pratiqué par les joueurs. C'est ainsi qu'en raison de sa structure (diverses options, mises importantes, fréquence, ...), Williams R.J. et compagnie (25(*)) ont fait remarquer que les paris sportifs constituent la seconde forme des JAH, après les appareils de loteries vidéo (ALV), la plus fréquemment associée au facteur pathologique. Cette structure du jeu permet au parieur de dépenser des montants considérables, de jouer plusieurs fois par semaine et surtout de réaliser plusieurs mises par séance. Ces types de comportements, ainsi que le souligne Currie et alii., suggèrent des habitudes qui dépassent largement les recommandations d'un jeu à faible risque et contribuent aux problèmes de jeu (26(*)).

Mais malgré tous les risques liés à une pratique excessive que courent ces joueurs, les paris sportifs ne cessent de s'intensifier ce dernier temps. Depuis la survenance de l'internet, les paris sportifs sont entrés dans l'ère numérique permettant aux parieurs de placer leurs pronostiques en ligne sans se déplacer. En effet, dans son article publié en 2011 et qui porte sur la révolution numérique des jeux d'argent, Christophe Blanchard-Dignac atteste que l'avènement de l'internet intervenu vers la fin des années 1990, a chamboulé le segment des paris sportifs où il se remarque une exubérance de l'offre et de nouvelles formes de paris (27(*)). Toutefois, avant cette date, cet auteur fait observer que les paris mutuels représentaient la forme de pari la plus populaire dans le monde, exception faite aux quelques pays comme le Royaume-Uni, l'Italie avec le Totocalcio ou la France avec le Loto sportif. Ces jeux faisaient gentiment rêver leurs consommateurs qui prétendaient toucher le gros lot en pronostiquant sur les quinze vainqueurs des principaux matchs de football se jouant pendant le week-end.

Fort du succès recueilli par les paris à côte qui ont pour spécificité l'avantage de permettre aux parieurs de connaitre à l'avance leur gain, les opérateurs des paris sportifs ont développé une gamme de paris dérivés (paris sur le score exact, le vainqueur à la mi-temps, etc.), avant de proposer des paris pendant la rencontre (le live betting, où les côtes sont réévaluées par des traders en fonction de l'évolution du match). Aussi, il n'est pas étonnant de trouver chez un même opérateur ou sur un même site de paris en ligne, les paris sportifs simultanés des différents sports se déroulant presque dans toutes les régions du monde.

Cependant, la notion des paris sportifs est sans équivoque, intrinsèquement liée à l'enjeu qui résulte à l'issue de sa pratique. Dans son sens le plus large, le pari est un contrat financier dont l'objectif final de chaque signataire est de tirer profit des mises des autres signataires. C'est ainsi qu'en misant, l'objectif qui hante dans l'esprit du parieur, est de gagner un gain. Dans ce monde ludique de paris sportifs, l'enjeu monétaire constitue le socle de son attractivité à travers le temps et l'espace, même si, dans le chef de certains auteurs, à l'instar de Martignoni J-P. qui évoque que l'argent, une fois misé, peut devenir un « instrument au service d'une pratique » et que « le joueur ne joue pas que pour l'argent » (28(*)), essayent de relativiser l'aspect monétaire comme l'unique raison qui motive un joueur.

Toutefois, il faut relever que cette dédramatisation est mise plus en évidence au niveau des jeux où la compétence est aussi déterminante que le hasard. Dans ce cas précis, l'argent ne constitue qu'un enjeu facultatif dans la mesure où, l'utilisation ou la planification de certaines stratégies ou tactiques, peut suffire pour générer d'autres plaisirs que ceux monétaires comme l'épilogue Roger Caillois. Pour cet auteur, « le désir de voir reconnue son excellence dans un domaine donné » donne aux joueurs la possibilité d'être engagés par des aspirations autres que la recherche du profit (29(*)).

A notre avis, cette pensée ne semble pas encadrer avec la nature des paris sportifs malgré son appartenance à la catégorie des jeux semi-hasard où l'habilité des parieurs influence, en partie, le résultat final. C'est ainsi dans le souci de dégager la part de chaque composante dans le résultat final des paris sportifs, Mercier J. (30(*)) a tenté de recenser bon nombre des travaux publiés entre 1980 et 2014, portant sur le rôle de chacune de ces composantes. Il se dégage dans cette littérature que sur cinq études examinées, trois ont montré que les parieurs prédisent mieux les résultats sportifs que le hasard, mais que cela ne se traduit pas en gains financiers en raison de la structure du jeu.

Si la structure du jeu fait obstacle à la maximisation des gains financiers, Di Gaspero M. (31(*)) étudie pour sa part, les variables qui peuvent évaluer la performance des parieurs sportifs sur internet. De son entrevue semi-dirigée réalisée avec les parieurs sportifs, émergent trois facteurs majeurs. Le premier facteur est l'importance de la recherche d'information spécifique sur un évènement sportif à propos duquel leur connaissance des faits, des actualités et des statistiques est trop limitée. Ce qui revient à dire que, placer un pari « à l'aveuglette » basé uniquement sur la recherche d'information interne ne semble pas être une méthode garante de succès. Le deuxième facteur est lié aux principes que se fixent les parieurs pour pouvoir sélectionner les bons évènements sportifs, les bons types de pari et les bons résultats. En dernier lieu, cette entrevue révèle que l'expérience accumulée par un parieur après de nombreuses erreurs constitue tout aussi un facteur qui influence sa performance.

1.2. NOTIONS GENERALES SUR LES PARIS SPORTIFS

1.2.1. Définition

D'entrée de jeu, comme nous pouvons nous en rendre compte, le pari sportif est un syntagme qui est composé des deux concepts :pari et sportif. Le premier désigne de façon explicite, une convention entre deux parties qui affirment des thèses différentes ou contraires et par laquelle celle qui dit vrai recevra quelque chose, une somme fixée à l'avance. Le second quant à lui, renvoie à l'adjectif qui se rapporte directement au terme sport, c'est-à-dire, les résultats issus à la suite du déroulement d'un événement qui a trait au sport.

Ainsi, le pari sportif peut se définir comme l'acte de miser une somme d'argent sur une compétition ou une phase de cette compétition auprès d'un opérateur des paris. En d'autres termes, comme le définit Battistini (32(*)), c'est une pratique qui consiste à miser de l'argent sur le résultat d'une rencontre sportive (équipe victorieuse, score, ...) ou sur un événement sportif (nombre des cartons jaunes, joueur blessé, buteur, passeur). A notre entendement, le pari sportif désigne le fait de prendre un risque en misant de l'argent sur un ou plusieurs événements sportifs dont le sort dépend partiellement ou totalement du hasard. Et cela, dans l'espoir de gagner une somme supérieure à celle misée.

1.2.2. Courte évolution de l'activité des paris sportifs

Il n'est pas toujours aisé de remonter à la genèse d'un fait même si par la suite, il est devenu important et a réussi à marquer les esprits. C'est le cas du phénomène pari sportif. Toutefois, la littérature nous apprend-t-elle que les premières preuves de son apparition remontent à l'antiquité. Ainsi dans ce point, nous aborderons de manière particulière la naissance de l'activité paris sportifs sous ses diverses formes pour chuter sur sa monétisation.

1.1.1.1. De ses prémices (33(*))

Comme nous l'avions mentionné ci-haut, l'activité du pari sportif ne date pas d'aujourd'hui, car son histoire remonte à un passé lointain et existe depuis toujours. Bien qu'il n'y a pas de preuves concrètes des archéologues concernant le déroulement des paris sportifs avant l'antiquité, néanmoins, ils émettent l'hypothèse selon laquelle, cette activité a existé durant la préhistoire.

En effet, les paris sportifs étaient pratiqués depuis la plus haute antiquité, en Grèce antique. A cette époque, on retrouve de nombreux cas qui témoignent de l'existence de cette activité dans les sociétés d'alors comme par exemple, lors de combat entre les hommes, d'autres personnes prenaient le plaisir de parier sur celui qu'ils trouvaient le plus fort.

Les Grecs, réputés en raison de leur penchant pour le sport, avaient l'habitude d'organiser des concours et des compétitions sportives au cours des Jeux Olympiques tout en profitant de l'occasion pour organiser les paris sur les épreuves athlétiques. Ceux-ci avaient constitué en même temps, pour eux, un moyen de financer et de rentabiliser ces événements. Quant aux Romains, l'histoire nous renseigne qu'ils sont considérés comme des grands parieurs à cause de leur participation aux paris organisés autour des fameux combats de gladiateurs (34(*)) dont les plus anciens datent de 264 av. J-C. De surcroît, un siècle environ avant J-C, on retrouvait des compétitions sportives auxquelles s'ajoutaient des combats d'animaux sauvages, des courses de chars et d'autres types de combats sur lesquels les Romains pariaient pour tenter leur chance.

Chronologiquement, c'est au Moyen-Age que se répandent à travers toute l'Europe, principalement en France et en Angleterre, les paris et les jeux d'argent. Cette période est caractérisée par les paris dits sportifs, grâce à l'essor de nouvelles pratiques liées à l'aspect sportif comme le tir à l'arc, les tournois avec des joutes à l'épée ou encore à la lance à cheval. Toutefois, en raison de ses méfaits, les paris sportifs sont considérés dans les milieux religieux comme une activité en conflit avec les lois religieuses. Ce qui les a rendus illégaux auprès des autorités et a donné naissance à une sorte des paris clandestins.

En poursuivant son développement, le 17ième et 18ième siècles sont marqués par l'intensification de l'activité, mais surtout par l'apparition dans le jargon du mot handicap qui tire son origine dans le parler anglais hand in cap qui veut tout simplement dire : la main dans le chapeau. Ce terme était utilisé, avant que cela puisse adopter sa forme actuelle, pour surévaluer un objet troqué par rapport à une autre et/ou à ajouter une somme d'argent pour raison d'équité. Aujourd'hui, ce terme désigne dans le lexique du pari sportif, une façon d'avantager une équipe ou un athlète estimé moins performant par rapport à son adversaire.

Dans l'histoire de l'activité du pari sportif, le 20ième siècle est couronné en deux temps. Le premier temps est marqué par l'essor spectaculaire des paris hippiques organisés pour la plupart sur les courses des chevaux. Celles-ci ont motivé la construction de nombreux gigantesques hippodromes où se retrouvaient des différentes catégories de la population, venues parier pour diverses finalités. Il s'agit par exemple, des nantis qui pariaient entre eux pour le plaisir de se détendre et des pauvres qui le faisaient dans l'espoir de gagner quelque chose de valeur. Dans le second temps, s'inscrit l'apparition de la télévision vers la moitié du siècle, qui a permis d'une part, aux populations de suivre les événements sportifs sans pouvoir se déplacer et d'autre part,de relayer les événements sportifs à un plus grand nombre.

Mais le plus grand changement dans ce secteur est intervenu vers la fin des années 1990 suite à l'avènement de la connexion internet. Avant son apparition, les paris sportifs, bien que populaires, n'étaient pas aussi répandus qu'aujourd'hui. Actuellement, grâce à cet outil qui offre tant d'ouvertures et d'avantages aux parieurs, les paris sportifs continuent à exploser et à se développer du jour au jour.

1.1.1.2. De sa monétisation

Comme nous venons de l'évoquer tantôt, les paris sportifs ont existé dans leurs différentes formes et selon les cultures propres de chaque peuple. Dans ses débuts, les raisons à la base de cette activité n'étaient pas essentiellement monétaires mais plutôt diverses (plaisir, détente, se mesurer les uns les autres, règlement d'un litige, etc.). Déjà, à partir du Moyen-Age, on trouvait par-ci par-là des gens qui tiraient profit de la pratique de ce jeu mais pas à la dimension de ce que nous vivons actuellement avec l'expansion de cette activité à travers le monde.

Le pari sportif n'est plus seulement une simple activité ludique mais plutôt une activité commerciale qui génère d'énormes profits dans plusieurs pays du monde. Comme nous pouvons le constater, la monétisation de l'activité pari sportif est aujourd'hui un fait anodin qui, sans conteste, a pris de l'ampleur dans la vie de tous les jours. Cela s'observe surtout dans les pays occidentaux qui ont réussi à implanter des grandes sociétés pour organiser des paris tant à l'échelle nationale que continentale avant de les transporter dans d'autres continents à la recherche de nouveaux débouchés.

En résumé, l'activité de pari sportif a évolué progressivement depuis plus de 2?000 ans pour atteindre le niveau de popularité qu'on lui reconnait aujourd'hui. Datant des premiers Jeux olympiques, les paris sportifs se sont transmis d'une génération à l'autre jusqu'à leur essor à l'ère moderne. L'internet a joué un rôle majeur dans son envol et dans son expansion et son avenir s'annonce jusque-là très radieux. Nous décrivons ci-dessous quelques formes des paris sportifs.

1.2.3. Différentes formes des paris sportifs

Les paris sportifs ont commencé à prendre forme à partir du 20ième siècle au moyen des courses des chevaux qui ont engendré l'apparition des paris hippiques. Ceux-ci sont considérés comme étant le premier pari au vrai sens du terme, en raison de l'intervention dans le circuit, d'une troisième personne jouant le rôle d'organisateur (superviseur) des paris. En outre, sa mission consiste à redistribuer les gains aux différents gagnants. Ainsi, tout au long de son évolution, après les paris hippiques, une autre forme de pari a vu le jour, cette fois-là, il s'agit des paris sportifs mutuels. A ces deux formes de paris, s'ajoutent les paris sportifs modernes ou paris à côte. Ces paris, bien qu'ayant tous le statut sportif, se distinguent les uns des autres par leurs caractéristiques spécifiques que nous essayons d'expliciter dans ce point.

1.1.1.3. Pari hippique

Le pari hippique représente un cas particulier dans l'univers de paris sportifs en raison des divergences qui entourent sa classification. En effet, bien que les paris sur les courses de chevaux correspondent à la définition des paris sportifs, certains auteurs à l'instar de Kessler, Wardle et autres, ne les classifient pas sous cette bannière mais plutôt sous la simple appellation « course de chevaux ». Toutefois, d'autres auteurs tels qu'Anderson et Smith, les incluent sous l'appellation « paris sportifs » en les combinant avec d'autres types de paris sportifs. Dans la majorité des pays du monde, le système législatif considère les paris hippiques et les paris sportifs comme deux activités distinctes.

Le pari hippique consiste à miser sur les résultats d'une ou de plusieurs courses de chevaux. Cette activité qui jadis, fut très populaire entre les années 1955 et 1980, connaît un important déclin de popularité au cours de cette dernière décennie.

1.1.1.4. Loterie sportive ou loto pari

La loterie sportive appelée aussi loto pari, est une forme de pari sportif qui a vu le jour vers les années 1985. Elle est basée sur les mêmes caractéristiques qu'une loterie mais la principale différence est qu'au niveau du loto, le tirage est supposé être un processus aléatoire pur, contrairement aux résultats des matches de football.

Aux origines de cette forme de pari, le mérite revient à l'Anglais John Moores qui fonda, en 1923, la compagnie Littlewoods, une société de vente au détail, qui vendait par correspondance tout en offrant des paris sur le football. Parmi les jeux les plus célèbres qu'il offrait, se trouvait le Treble Chance, où les joueurs devraient prédire la victoire de 10, 11 voire 12 matchs de football dans un seul ticket pour gagner un lot. A ce propos, Forrest et Pérez notent, qu'après la seconde guerre mondiale, cette forme de pari a été modélisée en intégrant la formule dite 1X2 où, le joueur a la possibilité de prédire sur un ensemble de 12 à 15 matchs, si l'équipe à domicile va gagner (1), perdre (2) ou faire match nul (35(*)).

Les loteries sportives se caractérisent par le nombre élevé des prédictions dans un même ticket (pas moins de 10 prédictions). Chaque prédiction se voit attribuer une côte et celle-ci permet de déterminer le gain potentiel du pari. Ce gain est obtenu en multipliant chacune des côtes associées aux prédictions du joueur par le montant de sa mise (ex. côte 1 x côte 2 x mise = Gain potentiel). A cela une large variété de types de paris est offerte aux joueurs, dont les principaux sont : gagnants du match à deux issues ; gagnants du match à trois issues, gagnant du match avec écart, de type total et de type duel de joueurs.

1.1.1.5. Pari sportif mutuel

C'est système mis au point par le Français R. Oller en 1887, révolutionna l'industrie des paris hippiques et sera officiellement autorisé en France comme la première forme de pari. Ensuite, 40 ans plus tard, il sera adopté et légalisée par les britanniques et les américains suite au développement du football moderne intervenu au début du 20ième siècle.

Le principe régissant cette forme de pari est très simple : toutes les mises des parieurs vont dans un pot commun avant d'être partagées équitablement entre les gagnants. Ce qui veut autrement dire que l'ensemble des enjeux misés par les parieurs est mutualisé en une somme commune qui est ensuite redistribuée aux gagnants au prorata de leurs mises après déduction d'un prélèvement proportionnel destiné à financer l'opérateur servant d'intermédiaire. Pour faire simple, les uns gagnent ce que les autres perdent.

Dans ce système, l'opérateur joue le rôle d'intermédiaire entre les parieurs et centralise leurs paris. Ainsi, il n'est pas intéressé financièrement par le résultat des courses ou rencontres, mais seulement par le volume des paris. Ce fonctionnement assure un échange plus sain et est moins enclin à des dérapages tels que des matches truqués, des corruptions et autres dérivés liées aux paris sportifs. Contrairement aux autres types de pari, le pari mutuel constitue, en quelque sorte, un moyen d'échanger des moments de convivialité et d'émotions. Toutefois, il sied de noter que le pari mutuel est l'unique forme de pari utilisée dans les courses de chevaux.

1.1.1.6. Paris à côtes ou paris sportifs modernes

L'histoire des paris à côte remonte vers l'année 1795. Au cours de cette année, Monsieur Harry Ogden de nationalité anglaise proposait des paris à côte et offrait des gains garantis (c'est-à-dire des côtes fixes) à tous ceux qui misaient sur un cheval gagnant.

Depuis lors, les systèmes de côte sont à l'origine des paris sportifs modernes. D'abord, ces paris sont misés dans les vrais sports non plus sur les courses des chevaux, ensuite, chaque événement est côté par rapport au niveau de sa probabilité de se réaliser et enfin, ces paris grâce à l'internet, offrent plusieurs types de pari par rapport aux anciennes formes.

Tableau I. Comparaison entre deux formes de paris sportifs (pari mutuel et pari à côte)

 

Pari mutuel

Pari à côtes

Définition

Mises réparties équitablement entre les gagnants

Le gain est fixe et déterminé par la formule : Gain = Mise x Côte

Avantage pour le parieur

Gros gains potentiels pour les paris sur 12 à 16 matches (moins il y a de gagnants, plus les gains sont élevés)

Le parieur sait à l'avance combien il peut gagner si son pari est correct

Avantage pour l'opérateur de paris

Aucun risque financier (il sait à l'avance combien il va redistribuer aux parieurs)

Risque financier à assumer mais davantage de potentiel de chiffre d'affaires

Principaux pays qui emploient cette forme

Japon, Scandinavie, France

Royaume-Uni, Chine, Hong-Kong, Corée du Sud, Grèce, Turquie, Australie, Italie, France, USA

Part dans le produit brut des paris mondiaux

Environ 5%

Environ 95%

Source : LFP, France, 2020

Le tableau ci-haut nous renseigne sur la différence qui réside entre l'ancienne forme qui ne représente actuellement qu'environ 5% du produit brut des paris mondiaux, car ici, les côtes sont faites par les joueurs en fonction du nombre de mises. C'est pourquoi, on parle des rapports donc probables et non de côtes fixes, car elles ne sont pas élaborées de la même manière et sont susceptibles d'évoluer jusqu'à la dernière minute. Contrairement aux paris sportifs traditionnels où les côtes sont élaborées par les organisateurs des paris en tenant compte d'un certain nombre des paramètres.

Ce qui nous donne l'opportunité de soutenir que les paris à côte sont plus révolutionnaires que ceux des autres formes, car les parieurs connaissent déjà en avance le montant de son gain, ce qui n'est pas le cas pour les paris mutuels puisque seule la côte finale prise au moment de la fin de prise de jeu est utilisée pour le calcul des gains. Quelques rares sociétés sont restées dans cet ancien système, notamment, France-pari et Friendbet, en France.

1.2.4. Caractéristiques des paris sportifs à côtes

1.1.1.7. Typologie

Les paris sportifs mutuels proposés par les loteries nationales (de type Loto Sportif ou Totocalcio) qui, jadis, représentaient 95% des paris sportifs, en 1990, ont presque disparu au profit des paris à côtes. Au cours de ces année-là, le parieur remplissait une grille de type 1N2 (pari sur le vainqueur de la rencontre) comportant, selon les pays, entre 12 et 16 matches de football (uniquement des compétitions majeures).

Actuellement, il est possible de parier sur les championnats de tous les pays dans plus de 50 sports, sur plus de 150 paris sous différentes formes (score exact, écart de buts, paris à handicap, buteurs, ...) et pour tous les types de résultats ou de phases de jeu. C'est ainsi que dans ce large panel de paris sportifs, nous nous limitons seulement à présenter quelques types de paris proposés par les bookmakers.

Mais avant toute chose, abordons d'abord le processus de sélection d'un pari sportif. Dans ce processus, la première étape consiste à sélectionner l'évènement sportif sur lequel parier. Par évènement sportif, on sous-entend l'opposition de deux ou plusieurs équipes ou individus. Une fois l'évènement sportif sélectionné, une deuxième étape consiste à sélectionner le type de pari sur lequel parier.

De nombreux types de pari sont disponibles et varient selon l'évènement sportif sélectionné. A la suite de sélection du type de pari, le parieur doit alors sélectionner un des résultats qui lui sont offerts. Les résultats disponibles dépendent logiquement du type de pari sélectionné précédemment ainsi que de l'estimation de la probabilité de réalisation de chacun des résultats possibles. Une fois l'évènement sportif et la suite des étapes réalisées, le parieur n'a plus qu'à décider de la somme d'argent (mise) qu'il souhaite parier. Enfin, le parieur termine le processus par la validation du pari. Ces cinq étapes du processus de sélection d'un pari sportif peuvent être résumées par la figure ci-dessous :

Figure 1. Processus de sélection et de validation d'un pari sportif

Source : DI GASPERO, M., Op.cit.

De nombreux types de pari sont disponibles et varient selon l'évènement sportif sélectionné. Par exemple, pour un match de football, il est possible de parier sur le résultat de l'évènement (type de pari connu sous le nom de « 1N2 »), mais également sur le nombre de buts qui vont être marqués (type de pari connu sous le nom de « Over/Under »), ou encore sur le nombre de cartons jaunes qui seront distribués. Malgré cette diversité de type de paris, nous pouvons les classer en deux grands groupes. D'un côté, les paris simples et de l'autre, les paris combinés ou multiples.

1.1.1.7.1. Paris simples

Dans cette catégorie, on distingue plusieurs types de paris, parmi lesquels, il y a :

- le Pari simple ou 1X2 : dans ce type de pari considéré comme formule reine, l'objectif est de sélectionner une rencontre sportive pour miser sur le résultat final. Pour les sports comme le football, vous avez 3 issues possibles. Pour d'autres comme le tennis, il existe seulement 2 issues sur lesquelles parier. Le pari simple est la mise la plus basique qui soit ;

- la Chance double : dans un pari chance double, au lieu de miser sur un seul résultat possible, il y a possibilité de jouer sur 2 résultats, ce qui signifie donc une double chance de gagner ;

- Pari à handicap : un pari à handicap (aussi appelé spread), veut dire, une des deux équipes ou un des deux joueurs part avec un handicap (donc l'autre a un avantage), ce handicap peut être exprimé en terme de buts ou de points selon les sports ;

- le Plus de / Moins de : ce pari consiste à pronostiquer si le nombre total de buts dans un match sera supérieur ou inférieur au seuil de buts indiqué par le bookmaker ou opérateur ;

- le Score exact : il s'agit de déterminer le score exact de la rencontre parmi les multiples choix proposés par l'opérateur. Cela peut être également un pari proposé sur le nombre de jeux en tennis par exemple, le temps additionnel, etc. ;

- la Mi-Temps / Fin de Match : le parieur parie sur le résultat à la fin de la 1ère mi-temps et sur le résultat à la fin de la rencontre. Les paris sont présentés sous la forme de : 1/1, 2/2, 1/2, X/X, 1/X, X/1, X/2, 2/X et 2/1 Par exemple, 1/X signifie que l'équipe à domicile gagne à la mi-temps et qu'il y a match nul à la fin de la rencontre.

Mais, pour des raisons financières, on peut aussi combiner deux types de paris simples ou plus sur un même coupon dans le but d'accroitre le gain. C'est ce qu'on appelle pari combiné. Ce type de paris sportifs présente plus de risque que les paris simples. En effet, il suffira que l'un de pronostics soit faux pour que la mise se perde totalement.

1.1.1.7.2. Paris multiples

Les paris multiples sont les types de paris les moins utilisés par les parieurs ordinaires mais très sollicités par les parieurs professionnels, car ils génèrent de sommes très élevées à cause de multiplication des côtes. Nous trouvons dans cette catégorie, plusieurs types de paris dont les plus utilisés sont :

- le Pari Double : est un pari combiné sur 2 événements sportifs. Les résultats des 2 événements du pari double doivent être bons pour générer des gains. On doit multiplier les côtes des 2 événements pour connaître la côte totale. Si vous faites plusieurs paris doubles dans une sélection de plus de 2 événements (par exemple des paris doubles sur une sélection de 4 matches), vous pouvez gagner à partir de 2 bons résultats ;

- le Pari Triple : est un pari combiné sur 3 événements sportifs. Il est basé sur le même principe qu'un pari double, sauf que ce sont des combinaisons triples. Les résultats des 3 événements du pari triple doivent être bons pour générer des gains. Si vous faites plusieurs paris triples dans une sélection de plus de 3 événements (par exemple des paris triples sur une sélection de 5 matchs), vous pouvez gagner à partir de 3 bons résultats ;

- l'Accumulateur : Un pari accumulateur ou X-uple (pour quadruple, sixtuple, etc., ) est un pari multiple où un gain est généré à partir de X bons résultats dans la sélection. On utilise également selon les opérateurs, le terme accumulateur X volets ou le terme système. Un accumulateur X volets correspond à un pari X-uple. Dans un pari accumulateur, votre mise de départ est toujours multipliée par le nombre de combinaisons possibles. Chez certains opérateurs de paris sportifs, un accumulateur est considéré comme un seul pari combiné sur la sélection de matches, c'est-à-dire que tous les résultats doivent être corrects pour gagner (c'est en fait un accumulateur "X volets" sur X).

Figure 2. Les types de paris sportifs simples

Source : LFP, France, 2020

1.2.4.2. Différents types descôtes

De prime abord, nous devons savoir que le marché de paris sportifs est organisé de différentes manières. Pour mieux circonscrire ce marché, il convient de définir un terme clé de ce domaine : il s'agit de la côte. En effet, cette notion est très importante dans l'activité de paris sportifs du fait que, d'une part, elle donne une indication sur la probabilité de réalisation d'un évènement et, d'autre part, elle renseigne en avance le gain probable que le parieur attend gagner en cas d'un résultat positif. Même s'il existe différents types de côtes, trois parmi eux se distinguent et sont les plus répandus de nos jours. Il s'agit de la côte européenne, de la côte anglaise et de la côte américaine.

Type

Indication

Observation

Côte européenne

décimale (2,1)

De façon pratique, prenons l'exemple d'un pari de type simple où on mise 50 $ us sur le résultat de la victoire de l'équipe évoluant à domicile dont la côte associée est de 2,1, et que c'est effectivement cette équipe qui remporte la rencontre, le gain réalisé par ce parieur sera de : 50*2.1 = 105 $ us et le profit (bénéfice) sera de 105 - 50 = 55 $ us.

Côte anglaise

Fractionnelle 1/4 (se prononce « 1 contre 4 »)

le parieur mise 50 $ sur la victoire de l'équipe évoluant à domicile dont la côte est de 1/4 (se prononce « 1 contre 4 ») et que c'est effectivement cette équipe qui remporte la rencontre, le parieur réalisera un profit de 50*1/4 = 12,5 $ us. À l'inverse, si la côte associée à la victoire de l'équipe évoluant à l'extérieur est de 4/1 (« 4 contre 1 ») et que c'est cette équipe qui l'emporte, le parieur réalisera un profit de 200 dollars pour une mise de 50 dollars (50*4/1).

Côte américaine

Positive (200)ou négative (-150)

Pour bien l'illustrer, prenons l'exemple d'un pari de type « 12 » où la côte associée à la victoire de l'équipe évoluant à domicile est de 250, et où la côte associée à la victoire de l'équipe évoluant à l'extérieur est de -300. Ainsi, si un parieur mise 30 dollars sur la victoire de l'équipe jouant à domicile et que c'est effectivement cette équipe qui remporte le match, ce parieur réalisera un profit de 75 dollars (30*250/100). À l'opposé, si ce même parieur préfère miser 30 dollars sur la victoire de l'équipe jouant à l'extérieur et que c'est effectivement cette équipe qui remporte le match, ce parieur réalisera un profit de 10 dollars (30*100/300).

Source : nous-même à partir des données tirées de PAVÉE, F., cité par DI GASPERO, M., op.cit.,

1.2.4.3. Fonctionnement des côtes

Les côtes ont une importance majeure dans les paris sportifs non seulement parce qu'elles déterminent les profits des parieurs mais aussi pour les opérateurs (bookmakers). Pour comprendre l'importance des côtes dans le secteur des paris, il est nécessaire de connaître ses fonctionnements théorique et pratique.

De façon théorique, les bookmakers proposent des côtes qui sont l'inverse de la probabilité du résultat pour lesquelles elles sont associées. Cela signifie que plus un résultat est probable plus la côte est faible, et inversement. L'opérateur estime donc la côte d'un résultat en appliquant la formule qui suit : avec ci la côte du résultat i et pi la probabilité de réalisation du résultat i. Ainsi, si un bookmaker estime qu'une équipe a 80% de chances de l'emporter, il devrait en théorie associer une côte de 1/80%=1,25 à la réalisation de ce résultat.

Cependant, dans la pratique, il ressort que l'application stricte de cette logique est impossible étant donné que les bookmakers, comme toute entreprise, doivent générer des profits pour continuer d'opérer et de payer les impôts et taxes. Pour ce faire, ils biaisent les côtes à la baisse, c'est-à-dire réduisent les côtes de manière à diminuer les sommes d'argent distribuées aux parieurs, dans le but final d'augmenter leur profit. La marge que prélèvent les bookmakers sur le résultat de chaque pari fait donc l'objet de calculs d'optimisation par rapport aux marges fixées par les autres de manière à rester compétitif.

Pour calculer la marge que prélèvent les bookmakers sur chaque résultat de chaque pari, il convient tout d'abord de calculer un paramètre, que nous nommons â, ce paramètre se calcule comme suit : avec ci la côte du résultat i et n le nombre de résultats. Pratiquement, une fois qu'un bookmaker a estimé les probabilités de réalisation de chacun des résultats possibles d'un pari et qu'il a déterminé la marge (et donc le paramètre â) qu'il souhaite en retirer, il lui suffit d'appliquer la formule suivante pour déterminer les côtes qu'il va proposer aux parieurs : avec cla côte du résultat i et pi la probabilité de réalisation du résultat i.

Conclusion du chapitre

Prise comme entrée à la matière, l'exposé de ce chapitre reparti en deux sections a eu pour but de baliser la compréhension de l'activité de paris sportifs de manière générale. À la première section, toute une recension d'écrits consacrée à la question des jeux d'argent et de hasard où le pari sportif fait partie, a été livrée pour déterminer l'importance que revêt cette activité dans notre société. Il est ressorti dans ces écrits que l'activité de paris sportifs, en particulier, et celle des jeux d'argent, en général, parce qu'elle offre aux parieurs une occasion de rêver, a pu résister aux obstacles aussi bien religieux, moraux que légaux qui se sont érigés face à son développement. Aussi les a-t-il surmontés pour devenir, à en croire certains auteurs, une activité génératrice de revenus, c'est-à-dire une source de revenus à part entière pour un grand nombre des parieurs.

La seconde section, au regard de la complexité qui caractérise l'activité de paris sportifs, nous a édifié sur les notions spécifiques liées à cette activité en se fondant sur son historique, sur ses structures de fonctionnement et, enfin, sur la notion de côte. Cette section, au regard des données qu'elle a développées, nous a nourri l'esprit autour de la question de paris sportifs. Comment est aperçu le pari sportif en RDC et au monde avec l'engouement que ces jeux ont provoqué dans la conscience des parieurs ? C'est cette matière qui est abordée dans le chapitre suivant.

Deuxième chapitre

PRESENTATION GENERALE DU SECTEUR
DES PARIS SPORTIFS

Dans ce chapitre, nous présentons dans un premier temps, les deux acteurs qui ont la charge soit d'organiser soit de superviser les paris sportifs. Il s'agit en clair, de détailler la part de responsabilité de chacun dans le déroulement de cette activité. Au second temps, il sera question de jeter un regard sur l'évolution de cette activité.C'est au terme de cette présentation que nous dirons un mot sur la situation qui prévaut dans la pratique du jeu dit pari sportif à travers le monde, en soulevantles piliers qui sont à la base de son élargissement ; en livrant quelques tendances qui se rapportent à cette activité, et enfin, en passant en revue le déroulé de cette activité dans le continent africain.

2.1. LES ACTEURS IMPLIQUES DANS LE DEROULEMENT DE PARIS SPORTIFS

Au départ, l'activité des paris sportifs ne concernaient que deux personnes qui avaient une vision contraire à l'objet ou au sujet. Au fil du temps et au regard de l'ampleur que prenait cette activité à travers les sociétés, d'autres acteurs vont s'ajouter dans sa pratique, tantôt pour départager les adversaires et proposer des paris, tantôt pour contrôler et garantir l'ordre social étant donné que ces jeux s'accompagnent souvent des troubles sociaux. Ces acteurs sont regroupés dans une trilogie constituée des organisateurs (exploitants), des parieurs (consommateurs) et de l'Etat (régulateur). Chacun de ces acteurs joue un rôle important dans le déroulement de cette activité.

2.1.1. Le bookmaker

De par son origine anglaise, le bookmaker dit aussi bookmakeur est un terme qui désigne la personne morale ou physique qui offre ses services aux personnes désireuses de parier une somme d'argent sur la réalisation d'un événement le plus souvent sportif. Le terme bookmaker est présent dans le dictionnaire français depuis la fin du 19ième siècle, plus précisément, vers l'année 1854 (36(*)).

Depuis que ce terme a été attesté, bookmaker a toujours désigné la personne chargée de prendre les paris et de les inscrire sur un livret lors des réunions ou courses hippiques. En français, ce terme peut littéralement se traduire par le syntagme « faiseur de carnets » qui indexe quiconque se charge de rédiger les carnets de paris. Dans la plupart des cas, il avait le statut d'un professionnel de prise de paris parce qu'il se rendait sur les champs où se déroulait les courses de chevaux.

Actuellement, le cercle d'activités des bookmakers s'est grandement élargi et ce terme désigne, un opérateur ou une société dont l'activité principale est la prise de paris en ligne et/ou en dur « physique » sur de multiples événements sportifs (football, tennis, rugby, ...). Cet opérateur est doté de la mission d'organiser, de promouvoir, de commercialiser et de traiter les paris en fixant les côtes et en distribuant les gains aux gagnants.

2.1.1.1. Fonctionnement de bookmaker

En complément de ce que nous avons fait observer sur la notion des côtes, le bookmaker ou l'opérateur de paris sportif, pour ce qui est de son fonctionnement, ajuste sur les côtes en prélevant sur chaque pari proposé, un pourcentage appelé « marge ». Celle-ci lui permet de supporter toutes les charges liées à cette activité, notamment la rémunération des travailleurs, l'entretient des machines, les frais publicitaires, etc.

Quant à ceux qui ont officialisé cette activité au niveau des autorités de régulation, cette marge constitue un élément qui permet d'honorer leur engagement vis-à-vis de l'Etat. Comme c'est le cas dans toutes les entreprises, l'objectif ultime des opérateurs de paris est de faire un maximum de profit. Pour cela, ils souhaitent qu'un nombre important de paris soit perdant.

2.1.1.2. Catégories des opérateurs de paris sportifs

S'il faut catégoriser les opérateurs qui ont la charge d'offrir les services de paris sportifs, nous devons les répartir en deux groupes : d'un point de vue fonctionnel et d'un point de vue juridique.

2.1.1.2.1. Du point de vue fonctionnel

Depuis des longues années, les opérateurs de paris sportifs n'offraient que leurs services dans un cadre physique (maison des jeux, tabac, sur les lieux de jeu, ...), jusqu'à ce que l'avènement de l'internet vienne modifier ce cadre ancien. Car aujourd'hui, la plupart de ces sociétés ont migré vers les offres en ligne alors que d'autres combinent l'ensemble de ces deux modalités (en ligne et en dur).

- Opérateur traditionnel

Autrement appelé opérateur physique, avant l'avènement de l'internet dans notre société, l'activité de paris sportifs tournait uniquement autour des maisons dédiées à cet effet. C'est pour cette raison que les organisateurs des paris prenaient soins d'aménager des espaces dans plusieurs lieux stratégiques pour recevoir les parieurs désireux de recevoir leurs services. On retrouve dans ces différents lieux publics et/ou privés ouverts au public, des terminaux servant exclusivement ou essentiellement à la prise de paris mis à la disposition des parieurs (37(*)).

C'est grâce à ces terminaux (machine de paris sportifs) que les opérateurs enregistrent dans leur propre serveur toutes les données concernant les opérations effectuées journellement dans le cadre de l'activité de paris sportifs, notamment, le montant des mises généré, les retraits par les gagnants, etc. Ce qui leur permet de constituer, en avance, la base des données pour ceux qui ont gagné et, par conséquent, de connaitre leur gain journalier.

Toutefois, de par leur modalité de n'offrir les paris que sur des lieux appropriés, les opérateurs traditionnels sont frappés par deux inconvénients majeurs le premier est lié à la limitation des offres de pronostic par rapport aux options phares dont les plus souvent sont la normal (1X2), le handicap, le mi-temps, le plus de but, ... Quant au second, il est perçu par rapport au cloisonnement de l'activité. En effet, ceux qui recourent aux opérateurs traditionnels ont l'obligation de se déplacer pour pouvoir placer leurs paris. Cela s'opère, habituellement, en remettant de l'argent à un caissier contre un ticket reprenant toutes les sélections pronostiquées. Pour qu'en cas de victoire, le retrait de fonds se fasse, soit par le même canal, soit dans les lieux réservés à cet effet, en échange du ticket attestant sa prise de pari.

Il est à noter que malgré les effets annoncés ci-haut, les opérateurs traditionnels sont monnaie-courante dans plusieurs régions du monde et particulièrement en Afrique, en raison d'un faible taux d'utilisation d'internet. Ainsi, les offres traditionnelles présentent l'avantage de socialisation des personnes qui tissent, au fur et à mesure qu'ils fréquentent le même lieu habituellement, des relations entre eux. C'est aussi, en quelque sorte, un cadre d'échanges des bonnes comme des mauvaises idées concernant les pronostics.

- Opérateur en ligne

A l'opposé de l'opérateur traditionnel, c'est grâce à l'avènement de la connexion internet à haut débit que les opérateurs de paris sportif ont compris les énormes possibilités qui leurs sont offertes par ce réseau mondial (les sociétés les plus importantes proposent quotidiennement des centaines de rencontres tous sports confondus). Ce qui a amené certaines sociétés à exploiter leurs activités uniquement à travers ce canal. Cependant, d'autres sociétés du domaine fonctionnant dans des lieux ou maisons ont migré vers ce canal en combinant, dans la mesure du possible, les deux moyens à la fois.

Historiquement parlant, les jeux d'argent et de hasard en ligne ont apparu vers 1995, soit cinq ans après le début de l'utilisation de l'internet à des fins commerciales (38(*)). Quant à l'activité de paris en ligne, on stipule que le tout premier pari a été pris par un site appelé Intertops pour une somme de 50 $ us, pronostiquée sur le résultat du match de football opposant Tottenham Hotspur et Hereford United. Par la suite, cela s'est étendu en se propageant comme une trainée de poudre dans ce marché marqué par la métamorphose de l'activité par l'internet. Celui-ci a permis l'intégration des technologies numériques sophistiquées (ordinateur, téléphone mobile, appareil connecté à Internet) qui toutes offrent un accès instantané et constant à un large éventail d'options de paris.

Concrètement, les parieurs choisissent des opérateurs en ligne qui présentent plus d'avantages en matière d'accessibilité, de disponibilité 24/24, de flexibilité, du confort, d'intimité et d'anonymat. En plus, d'autres avantages concernent directement l'offre elle-même : un panel d'options de paris plus important en ligne, des offres promotionnelles intéressantes, la possibilité de jouer avec de très grosses sommes, une plus grande visibilité des gains et des pertes, une meilleure expérience et des taux de redistribution plus élevés (39(*)). Ainsi, il n'est pas surprenant de constater que les paris en ligne continuent de gagner en popularité. Des millions de personnes dans le monde placent leurs paris en ligne même dans les régions considérées comme très éloignées.

Tous ces éléments évoqués expliquent l'accroissement de manière exponentielle du nombre d'opérateurs de paris sportifs en ligne ces dernières décennies. D'abord proposés en anglais et destinés majoritairement à une clientèle britannique et nord-américaine où la pratique de paris sportifs fait partie intégrante de leur culture, ces sites ont largement étendu leur offre vers d'autres marchés européens et mondiaux en les traduisant en plusieurs langues (français, arabe, espagnol, portugais, etc.).

2.1.1.2.2. Du point de vue juridique

Juridiquement, les États apportent de nombreuses restrictions en ce qui concerne l'exploitation des JAH dont l'activité des paris sportifs fait partie. Ceci est motivé pour des raisons d'intérêt général, qui relèvent tout autant de la protection des consommateurs (prévenir des dépendances au jeu) que de la défense de l'ordre public (éviter les délits et fraudes). Ces restrictions concernent aussi bien les types de jeux autorisés et/ou les sociétés habilitées à les proposer. De manière générale, trois sortes de régulation sont possibles :

- la prohibition : interdiction complète d'un ou de plusieurs jeux ;

- le monopole : concession du droit d'exploitation exclusif du ou des types de jeux autorisés à un seul organisme ;

- les licences multiples : concession du droit d'exploitation du ou des types de jeux autorisés à un nombre (limité ou non) d'opérateurs.

C'est ainsi qu'on peut distinguer dans chaque Etat, selon ces trois modes de régulation, des opérateurs légaux et illégaux. Toutefois, il sied de faire observer qu'un opérateur peut être légal dans un pays quelconque et être illégal dans un autre. Cela dépend de la manière dont il a traité avec l'administration du pays dans lequel il veut s'installer.

- Opérateur légal

Au regard de ce qui précède, un opérateur légal est celui qui propose des paris sportifs sur un territoire donné en ayant obtenu au préalable un agrément du service compétent ainsi que tous les documents exigés dans le domaine (40(*)). A ce sujet, dans la plupart des pays, ce sont des opérateurs traditionnels, au regard de leurs matos (machines, écrans, salles, etc.) ainsi que d'un personnel requis pour mieux fonctionner et qui ont acquis une autorisation avant de pouvoir commencer l'exploitation de leurs activités. Cette autorisation leur évite la clandestinité et l'illégalité.

- Opérateur illégal

À l'inverse de l'opérateur légal, est considéré illégal, l'opérateur qui propose des paris sportifs sur un territoire donné sans avoir obtenu l'autorisation requise. La légalité d'un opérateur s'apprécie au cas par cas. Ainsi, un opérateur légal dans un pays peut opérer illégalement dans un autre. C'est le cas, par exemple, de Bet365 qui opère légalement au Royaume-Uni mais illégalement en Chine.

Par ailleurs, au niveau mondial, entre 80 et 90% des 10.000 sites recensés ne possèderaient aucune licence, même acquise dans un pays à fiscalité avantageuse (41(*)). Ces sites ont causé des imbroglios juridiques de par le monde. Pourtant, ils continuent leur développement et l'avenir leur semble ensoleillé. Ils sont pour la plupart localisés dans des paradis fiscaux, loin des grandes métropoles où ils obtiennent des licences pour opérer. Ils recherchent des territoires où les réglementations fiscales et juridiques sont peu ou nullement contraignantes. Ainsi, les Antilles Néerlandaises, le Costa Rica, et Kahnawake sont parmi les destinations les plus prisées des opérateurs de jeux en ligne. Et il en existe bien d'autres comme les Philippines, les îles Caraïbes d'Antigua et Barbuda, pour n'en citer que quelques-unes (42(*)).

Ces opérateurs illégaux, bien que basés en dehors de ces territoires, viennent concurrencer les opérateurs légaux. Leurs services sont offerts ainsi qu'à tous les autres citoyens du monde, par le biais d'Internet. Ces sites de jeu viennent partager les recettes de ce secteur avec les opérateurs autorisés par l'autorité compétente. Disposant de nombreux avantages vis-à-vis des opérateurs traditionnels et légaux, ils constituent donc une menace réelle pour ces opérateurs. En effet, ces sites n'étant pas taxés par un quelconque gouvernement, offrent un taux de retour aux joueurs supérieur à celui offert par les opérateurs traditionnels et en ligne légaux, agréés par les autorités étatiques compétentes.

2.1.2. L'Etat

Comme nous l'avions remarqué dans la revue de la littérature, les JAH ont suscité de très fortes polémiques éthiques entre les groupes qui prônent la prohibition et ceux qui défendent les intérêts des Etats à la recherche de taxes que les citoyens auraient plaisir à payer. En nous basant sur son histoire, on se rend compte que les jeux d'argent étaient, en raison de ses multiples dérives causées, la cible tant des moralistes, des théologiens que d'une partie de la population lui-même qui ne voyaient dans cette activité que de l'immoralité totale.

C'est ainsi que cette logique de débats sera récupérée par le pouvoir public pour justifier son intervention dans ce domaine. Avec le temps, l'Etat est devenu peu à peu le maitre moral des jeux à la place de l'Eglise et par l'occasion, a profité pour instaurer son monopole, soit pour s'approprier les gains résultant de l'activité des jeux, soit pour imposer une interdiction totale au gré du jeu politique.

2.1.1.3. Autour de l'intervention de l'Etat dans l'activité de pari sportif

Deux raisons fondamentales fondent l'intervention et l'appropriation de l'activité des JAH par l'Etat doit jouer le rôle de la police des jeux. Cette intervention mettra l'activité des jeux dans la licéité sociale. La première raison est liée à l'aspect financier alors quele second, l'est par le souci qu'à l'Etat de maintenir l'ordresocial.

2.1.1.3.1. Raison du maintien de l'ordre social et public

L'Etat, dans son rôle de protecteur de ses citoyens, impose sa logique au nom d'un ordre social que le jeu d'argent perturberait. En effet, en encadrant les activités ludiques, l'Etat se présente comme le gardien d'un ordre paisible nécessaire à la vie juste et bonne, car laperturbation sociale est éviter à plusieurs dimensions, car le jeu est associé à la beuverie, à la violence, au banditisme, au blanchiment d'argent, etc. (43(*)).

Ainsi, l'Etat intervient dans cette activité en luttant contre les tricheurs pour rendre le jeu plus moral, en surveillant la délinquance associée à ce jeu comme le blanchiment d'argent, en opérant un contrôle social préventif contre les dérives maffieuses constatées dans ce secteur. Par-là l'Etat doit protéger une certaine catégorie des personnes, notamment, les mineurs, les adultes sous tutelle et curatelle contre la tentation de jouer le jeu d'argent et, implicitement, contre le risque de perdre, au-delà de leur capacité financière.

Dans ce même ordre, l'Etat doit favoriser le développement du « jeu responsable » afin d'éviter toute dépendance ou toute addiction dans la crainte du « jeu pathologique ». De ce fait, il doit établir des limites telle que la fixation d'un plafond par rapport aux revenus des joueurs. Son intervention dans ce domaine est sûrement une manière de montrer à la population, ou du moins aux joueurs, qu'il se sent concerné et s'inquiète des répercussions que peut avoir le jeu sur l'individu et sur son entourage.

2.1.1.3.2. Raison d'ordre financier

Hanté par l'esprit de récupérer des sommes importantes que peuvent générer l'activité des JAH, le pouvoir public intervient comme une troisième personne en institutionnalisant ces jeux, qui depuis longtemps, n'étaient soumis à aucun cadre règlementaire. Les différents gouvernements, au cours de l'histoire, ont presque toujours essayé de restreindre les « cercles » des jeux d'argent pour que les seuls jeux qui puissent être acceptés soient pour eux, les plus rentables possible.

Voilà pourquoi, l'intervention doit consister à l'instauration d'un système d'impôts dans cette pratique. Ainsi le jeu devient, indirectement, un impôt volontaire et non pas un simple instrument improductif de circulation monétaire. En oeuvrant au développement de jeu d'argent à leur profit exclusif, on lui donne à travers l'implication de l'Etat un statut licite et contrôlé.

Cette approche d'intervention par l'instrument d'impôt en France, par exemple, fut le cheval de bataille de l'argumentation de R. Brenner qui propose pour cela, de nombreux exemples américains et européens qui impliquent l'action de l'Etat dans le choix des investissements, c'est-à-dire par les taxes ou les impôts, soit par le jeu d'argent de type loterie ou paris, car ce choix se réalise selon la possibilité que dispose l'Etat de collecter facilement ou non des taxes ou encore pour procéder à la vente des bons de trésor (44(*)). Enfin, selon Brenner, le jeu d'argent est un des rares impôts que les citoyens ont le plaisir de payer.

C'est ainsi que lorsque l'Etat, occupe une grande place dans le déroulement de l'activité des jeux, c'est au nom de l'ordre public même si la présence de la logique fiscale introduit une contradiction de plus en plus forte, il lui faut, à la fois modérer et contrôler les jeux tout en les dynamisant pour ses recettes fiscales.

2.1.1.4. Canaux de participation de l'Etat dans l'activité de paris sportifs

2.1.1.4.1. L'Etat en tant qu'autorité de régulation

En effet, le cadre légal applicable aux jeux d'argent et de hasard, dont les paris sportifs repose, principalement, pour la plupart des pays, sur un régime d'interdiction tempéré par des exceptions, en raison des risques que ce jeu comporte pour l'ordre public et la sécurité publique (en favorisant la fraude et des activités criminelles) et pour l'ordre social (la protection de la santé des mineurs compte tenu des risques d'addiction et de surendettement).

Pour mieux encadrer et contrôler cette activité, plusieurs Etats établissent une ou plusieurs structures publiques en leurs dotant de diverses missions qui consiste, le plus souvent, à octroyer des licences aux opérateurs désireux de s'engager dans l'aventure et de superviser toutes les activités y relatives. Depuis l'avènement de l'internet, l'activité de paris sportifs est marquée par l'intensification des offres illégaux qui font non seulement perdre des millions aux Etats mais expose aussi tout le monde à un danger imminent.

C'est pour cette raison que la politique en matière de jeux d'argent et de hasard, dans la plupart des États, a pour objectif de limiter et d'encadrer l'offre et la consommation des jeux et d'en contrôler l'exploitation afin de : prévenir le jeu excessif ou pathologique et protéger les mineurs ; assurer l'intégrité, la fiabilité et la transparence des opérations de jeu ; prévenir les activités frauduleuses ou criminelles ainsi que le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et veiller au développement équilibré et équitable des différents types de jeu afin d'éviter toute déstabilisation économique des filières concernées ».

2.1.1.4.2. L'Etat en tant qu'opérateur

Il s'observe à travers le monde que la participation de l'Etat dans l'activité de paris sportifs ne s'arrête pas seulement, dans la grande majorité de pays, à régulariser le secteur mais aussi à participer dans la mesure du possible dans le déroulement de cette activité en prenant part en tant que partie prenante. Dans ce cas, il peut soit être actionnaire dans une société des paris sportifs, soit jouir d'un monopole d'organisation de cette activité et par ricochet les bénéfices lui sont alors entièrement dévolu.Toutefois dans tous les cas, le système de la redistribution des gains dans cette activité permet à l'Etat de toujours sortir gagnant, car ce n'est qu'une partie de la mise initiale d'une infinité de joueurs qui est redistribué à une infime partie de gagnants.

2.2. EVOLUTION DE L'ACTIVITE DES PARIS SPORTIFS A TRAVERS LE MONDE

Bien que dans la conception de la plupart des gens, les paris sportifs sont une forme de divertissement, ils sont tout aussi une source de revenus pour certains parieurs qui la considère, a juste titre, comme une activité génératrice de revenus. Ce qui témoigne, à ce jour, du volume total des mises sur le marché mondial des paris sportifs (offre légal et illégal) estimé à 320 milliards d'euros.

Tableau III. Quelques données synthétiques sur l'évolution de paris sportifs

Au niveau mondial

1995

2013

Opérateurs de paris

Environ 250 opérateurs

Entre 5000 et 10.000 opérateurs dans le monde

Produit brut des jeux

4 milliards euros

#177; 20 milliards euros (environs 1/3 sur internet)

Marché illégal

Résiduel et limité à certains marché (Chine, Italie, USA, etc.)

+ 1/3 du marché global (environ la moitié réalisé sur internet)

Taux moyen de retour aux joueurs

75%

95%

Source : LFP, France, 2020

Ce sont de telles données qui nous amené à observer que le sport, qui jadis, n'était qu'un simple jeu, disparait au profit de l'obligation d'un résultat positif susceptible de générer des revenus a ceux qui ont tenter leur chance. Cette remarque s'observe, de plus en plus, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voies de développement, à l'exception de quelques pays, de l'Asie du Sud, Hong-Kong et Malaisie où, les jeux de hasard, en général, et les paris sportifs, en particulier, étaient déjà encrés dans leurs habitudes et, par conséquent, font partie intégrants de leur culture nationale.

C'est ainsi dans cette partie de ce travail, nous survolons en premier lieu, les piliers à la base de l'essor de cette activité à travers le monde, ensuite nous livrons quelques tendances liées à cette activité pour enfin, chuter sur une petite présentation de la situation de cette activité dans le continent africain où ils sont pris comme une mine d'or pour enterrer leur souffrance due à la précarité de vie.

2.1.2. Atouts dans l'expansion des paris sportifs à travers le monde

Ainsi que nous l'avons spécifié plus haut, depuis l'apparition de la connexion internet dans notre société, les paris sportifs ont pris un essor phénoménal au cours de ces 15 dernières années. Qu'il s'agisse en ligne ou qu'il s'agisse en dur, c'est-à-dire dans les points de vente des paris sportifs, ceux-ci génèrent des sommes considérables, qui se comptent en milliards de dollars. Les paris sportifs sont devenus une activité mondialisée qui offre aux parieurs, la possibilité de parier n'importe où, sur toutes les disciplines et sur un éventail immense de compétitions et phases de jeu.

La démocratisation de l'internet a fait accroître non seulement la demande de service, mais a fait en plus, augmenté de manière exponentielle l'offre concernant cette activité. C'est pour cela qu'une abondance des sociétés des paris sportifs offre, à travers le réseau en dur ou en ligne, leurs services pour satisfaire la demande des parieurs.

En raison des similitudes qui caractérisent les services à offrir, pour prétendre accroître leurs chiffres d'affaires, plusieurs sociétés des paris sportifs misent, en grande partie, sur des stratégies de communication en investissant des moyens très conséquents dans ces différents supports communicationnels (médias, sponsoring, marketing) dans le but d'atteindre un grand public. Ces supports constituent, en dehors de leur ultime objectif, celui d'atteindre le public le plus large possible ainsi que de grands consommateurs, eux qui sont des piliers à la base de l'expansion spectaculaire de cette activité à travers le monde. Quel est l'apport de chacun de ces piliers dans l'ancrage de pari sportif dans la conscience de ses usagers ?

2.1.2.1. Le matraquage publicitaire

Comme nous pouvons nous en rendre compte, au cours de ces dernières années, la publicité est devenue cette forme moderne et supérieure de la propagande. A travers elle, le pari sportif a pris une place importante dans la société d'aujourd'hui. D'ailleurs, qu'il soit à l'approche de grandes compétitions sportives ou pendant les heures normales, nous sommes victimes des médias traditionnels (radio, télévision, ...) qui exposent la promotion des opérateurs de paris sportifs grâce aux moyens publicitaires.

De manière générale, la publicité concerne toute communication qui vise, directement ou indirectement, à faire connaître une marque, un produit ou un service, quels que soient l'endroit ou les moyens de communication utilisés. Elle peut donc revêtir des formes diverses et peut opérer de manière consciente ou non. La publicité prend en son compte aussi bien des activités de promotion, de partenariat que du sponsoring, au moyen de stratégies marketing variées qui recourent aux slogans, à des images frappantes, à des ventes associées, etc. (45(*)).

- Médias traditionnels

Les médias traditionnels (presse, télévision, la radio, affichage, cinéma, ...) constituent un canal de diffusion très important pour les opérateurs de paris sportifs à travers lesquels ils ont la possibilité de présenter leur service à un nombre élevé de la population. Aujourd'hui, avec l'avènement de la nouvelle technologie de l'information et de la communication, les médias surtout télévisés ont transité vers la TNT, l'espace publicitaire réservé à ces sociétés diffuse, de manière régulière, des spots publicitaires qui vantent les mérites de ces opérateurs. Ce qui les crédibilise et les ascence au plus haut point produits de ces sociétés et donne confiance aux joueurs en la sécurité devers ces sociétés. Il faut noter que l'absence de médiatisation réduit considérablement la fréquentation. Or, la confiance et la fréquentation massive sont les deux atouts majeurs pour l'expansion et la rentabilisation de ces sociétés.

- Médias numériques

Selon Sébastien Rouquette, en dehors de ces médias traditionnels, l'avènement du numérique a joué un rôle majeur dans la publicité et internet a contribué à abolir certaines limites physiques pour que la publicité s'épanouisse sur des lieux de partage supplémentaires (46(*)).On pense, entre autres, aux sites internet, aux réseaux sociaux, aux plateformes d'affiliation. Tous ces nouveaux supports ont favorisé le développement de nouvelles techniques publicitaires ainsi que la perspective d'une manne financière non négligeable pour le secteur de pari sportif.

Ainsi, l'objectif poursuivi par ces sociétés de jeu est de parvenir à convaincre un public plus large que celui qui mise déjà. C'est pour cela que McMullan et Kervin dans leur étude qui a consisté à analyser le contenu de différents sites de l'ensemble des jeux d'argent et des publicités qui en faisaient la promotion, ont abouti à la conclusion selon laquelle, à l'instar des publicités pour les jeux diffusées dans les médias de masse (télévision, radio...), que les messages promotionnels sur les sites internet véhiculent dans son ensemble des discours très positifs sur le jeu en :

- association entre la présence d'argent, le gain, le déni des pertes et l'investissement continu dans le jeu ;

- association entre faire confiance à ses compétences et sa propension à oublier ses pertes ;

- association entre la normalisation du jeu, la fabrique de mythes, les pensées erronées et les probabilités réelles de succès et de mobilité sociale. (47(*))

2.1.2.2. Sponsoring

En sus des lourds investissements publicitaires consentis par les opérateurs des paris sportifs pour imposer leur notoriété à travers les médias traditionnels dans leur ensemble, ils emploient aussi d'autres stratégies dont le sponsoring. Ceci peut être compris selon Maher et sa suite comme une forme de publicité indirecte qui s'avère très efficace pour créer et développer des attitudes positives envers une marque, un lien émotionnel et une relation basée sur le partage de valeurs communes (48(*)). En d'autre termes, le sponsoring c'est une pratique qui consiste à échanger un financement contre de la publicité. C'est ainsi que depuis presqu'une décennie, on assiste à la floraison de cette pratique dans le monde sportif. Déjà associés à la pratique professionnelle du football, les sociétés de paris sportifs ont vu leurs logos s'imposer dans divers sports (basket, handball, Formule 1, etc.) et à différents niveaux même au sein du sport amateur.

En considérant la saison sportif 2019-2020, la grande partie des clubs de Premier League possédaient un opérateur de pari sportif comme sponsor à l'exception de Brighton, de Sheffield United et de Southampton qui n'avaient signé aucun partenariat avec ces opérateurs. Ce chiffre augmente considérablement dans le Championship (deuxième League anglaise), où dix-sept des vingt-quatre clubs de la division étaient sponsorisés par desdites sociétés. En France, seul deux clubs de Ligue 1 Lille (Winamax) et Montpellier (PasinoBet) possèdent des contrats de sponsoring avec des opérateurs de pari sportif.

En dehors d'affichage des logos sur les maillots des clubs de football, d'autres opérateurs utilisent sur les panneaux publicitaires au sein des stades ou dans les lieux sportifs pour renvoyer le message au public, c'est le cas du groupe Partouche qui détient de l'espace publicitaire dans les stades de Dijon, de Metz et de Toulouse, c'est de même pour ZEBet qui en possède du côté de Dijon et de Saint-Etienne ou encore Unibet avec le Paris Saint-Germain, pour ne citer qu'eux. Ces sociétés dépenses de sommes colossales pour figurer sur le monde sportif.

2.1.2.3. Celebrity marketing

Toujours dans l'optique d'augmenter la visibilité et de pousser les spectateurs à s'offrir leur service, au cours de grandes compétitions, tels que la coupe du Monde, l'Euro, le Champions League, etc.font appel à des célébrités du monde sportifs dans leurs spots publicitaires pour se rapprocher d'une communauté (club, pays, ...). Ils jouent de l'image de ces personnalités pour faire passer leurs communications. Ainsi, en apposant son logo sur le maillot, d'un joueur par exemple, la marque s'assurera d'être liée à cette image idéalisée dans l'imaginaire du supporter.

En effet, de manière concrète, les consommateurs sont généralement plus attentifs à ce qu'un sportif célèbre a à leur dire. C'est pourquoi, en associant leur produit à l'image valorisante du héros sportif, les opérateurs s'assurent un capital sympathieauprès des supporters et misent sur le besoin d'identification propre à chaque être humain. Les futurs parieurs auront tendance à vouloir ressembler à leur idole et pratiqueront des activités les menant vers cet « idéal».

Cette technique s'avère efficace pour les opérateurs de paris qui sont relativement nombreux sur le marché et qui tous tentent de se démarquer en matière de communication et de marketing. Le service proposé reste sensiblement le même d'une plateforme à une autre, c'est ainsi qu'elles tentent de jouer sur des personnalités reconnues dans le monde entier ou sur des communautés massives pour communiquer.

2.2.1.2. Digitalisation

Parmi les piliers de l'expansion de l'activité de paris sportifs, notons également la digitalisation de ce marché qui est venu innover et, par conséquent, a permis aux opérateurs de paris sportifs d'entrer dans une nouvelle dimension. En effet, comme nous l'avions souligné à plusieurs reprises, le marché des paris sportifs reste un secteur dynamique qui connait une croissance constante depuis quelques années. Si celle-ci est consécutive, en quelque sorte, aux moyens de communication employées, l'innovation reste tout aussi un axe de développement primordial pour ce domaine comme en témoigne jusqu'en 2019, l'apport des jeux sur mobile qui représentent environ un tiers de la totalité des sommes investies dans le monde.

Selon les prévisions, par les années avenir, on estime que la technologie numérique représentera plus de la moitié de tous les paris sportifs en ligne (49(*)). D'ailleurs, selon Global betting and Gaming Consultants, le marché international des jeux d'argent en ligne dans son ensemble, aurait triplé ses revenus depuis 2005 jusqu'à générer des sommes atteignant 41 milliards de dollars en 2015 (50(*)).

Ces innovations technologiques employées par les industries de divertissement notamment les paris sportifs jouent un rôle majeur dans le développement des habitudes des parieurs à l'endroit de parifoot en leur procurant des expériences sans cesse innovantes mais aussi, à leur offrant des moyens de parier les plus simples, les plus pratiques (simplification du jeu) et les plus ludiques qu'avant (diversification de l'offre et payement mobile ou en ligne). Toutefois, il sied de noter que cet axe de développement vise, pour la plupart des opérateurs de paris sportifs, à attirer une nouvelle clientèle plus jeune, c'est-à-dire celle qui est née au début de l'ère digitale (51(*)).

2.2.1.2.1. Simplification du jeu

Actuellement, grâce au développement de dispositifs sociotechniques dont les ordinateurs, les tablettes, les smartphones et surtout la connexion internet à haut débit (la 4G), il est maintenant possible de parier partout et à tout moment. Ce décloisonnement des espaces est d'autant plus important qu'il s'accompagne d'une part, par une large gamme d'options de paris et d'autre part, par une multitude de moyens de paiement.

Cette accessibilité s'opère à travers les applications et sites web spécifiques à chaque opérateur, dédiés à la circonstance pour livrer les statistiques, les résultats, les conseils, les matchs en directs, ... Cette expérience innovante et enivrante plonge le parieur dans une atmosphère de la réalité virtuelle qui l'incite à parier.

2.2.1.2.2. Diversification de l'offre

L'objectif des opérateurs de paris sportifs étant clair, il s'agit d'attirer, parfois à un coût élevé, puis de rentabiliser, la cible incontournable des « gros joueurs », ces clients réguliers au fort panier moyen qui aiment jouer à tout. Chaque année, de nouveaux produits apparaissent ainsi sur ce marché. Les opérateurs tentent ainsi de se démarquer de leurs concurrents, même s'ils copient généralement leur offre les uns sur les autres. En plus de cela, ces opérateurs sont pour la quasi-totalité d'entre eux devenus des « généralistes » qui offrent plusieurs types des jeux d'argent, à l'exception de quelques grands opérateurs qui sont restés exclusivement à ne servir que les paris sportifs.

Au regard de ces différents éléments évoqués ci-haut, il semble évident que dans l'ère actuelle, la publicité directe ou indirecte, occupe un rôle majeur dans notre société. Présente au coeur même de plusieurs domaines de la vie quotidienne, et par nature complexe et multidisciplinaire, elle continue sa conquête de manière insidieuse, incitant un public toujours plus large à une pratique ludique active.

2.2.2. Quelques tendances de l'activité des paris sportifs

2.2.2.1. Les principaux pays de paris sportifs dans le monde

En considérant les chiffres de l'offre légal et illégal en million d'euros générés par cette activité, en quelques années seulement, la Chine est devenue le premier pays de paris sportifs au monde et devance très largement les USA et la Corée du Sud comme le renseigne le graphique ci-dessous.

Figure 3. Evolution mondiale en million d'Euro du Produit Brut du Jeu
légal et illégal en 2016


Source : LFP, France, 2020.

Parmi les 10 premiers pays au monde, on trouve six pays d'Asie et tous les grands pays européens sauf l'Allemagne, dont la politique restait particulièrement restrictive en 2018. A cela, il nous faut signaler que la France, qui n'est traditionnellement pas considérée comme un pays de culture des paris sportifs, progresse à grand pas et dépasse désormais l'Italie. Cette situation s'est davantage confirmée, en 2019, où les paris sportifs en ligne seulement, ont enregistré une croissance de 27% par rapport à l'année précédente. Notons également que, les Etats-Unis d'Amérique viennent d'entrer, en 2019, dans le Top 10 mondial, suite à la décision de la Cour Suprême de ne plus interdire les paris en raison des risques pour le sport professionnel (52(*)).

Figure 4. Evolution mondiale en million d'Euro du Produit Brut du Jeu
exclusivement légal en 2016


Source : LFP, France, 2020

En nous penchant sur les offres légales, il transparait que les loteries d'État réalisent, à elles seules, près de 2/3 du marché légal mondial, avec un PBJ « paris sportifs » de plus de 5 milliards d'euros en Asie et de plus de 2,5 milliards d'euros en Europe. Les seules exceptions, où les opérateurs de paris Anglo-Saxons dominent, sont le Royaume-Uni, l'Italie et l'Australie, où Bet365 et William Hill affirment leur suprématie. La France, grâce notamment à FDJ qui réalise toujours (en 2018) plus de la moitié du marché national, devient un pays de référence (53(*)).

2.2.2.2. Le sport le plus misé dans les paris sportifs

Dans leur souci de maintenir l'intérêt d'une multitude de parieurs, les opérateurs de paris sportifs (bookmakers) mettent les petits plats dans les grands pour couvrir tous les évènements sportifs médiatisés ou non, allant de la Coupe du monde de football, à la National Basketball Association (NBA), en passant par les Jeux Olympiques, les Championnats du monde d'athlétisme et la Ligue des champions de l'UEFA, ... Dans la liste des sports, on retrouve le football, le basketball, le baseball, le tennis, la boxe, le hockey sur glace, la Formule 1, les courses hippiques, le rugby et la liste ne cesse d'augmenter, car déjà en avril 2020, d'autres disciplines sportives ont été intégrées, notamment, le e-sport (en plein développement), le bandy (hockey russe), le biathlon, le saut à ski, le surf, la voile, le water-polo, etc. dans la liste de sports proposés.

Figure 5. Panoplie de sport soumis aux paris sportifs

Dans cette panoplie des sports, le football apparait comme étant le premier sport qui sert de support aux paris dans le monde. Cela est dû sans conteste, de par sa grande médiatisation et son mode d'organisation (système de championnat permettant de proposer des paris sur la même équipe une ou deux fois par semaine). C'est ainsi que le football, réalise à lui seul, environ 70% du marché mondial des paris sportifs (en dehors des courses hippiques et des lévriers) qui l'installent dans le statut du sport roi dans ce domaine. Il est aujourd'hui suivi par le tennis, qui est devenu le second sport au monde grâce aux possibilités offertes par le « Live Betting ».

2.2.3. Vue panoramique de l'activité de paris sportifs en Afrique

Comme d'aucuns le savent, l'Afrique, berceau de l'humanité, est le continent qui compte actuellement plus de jeunes que de vieux et selon les perspectives, d'ici dix ans, le nombre de la population de moins de 35 ans atteindra 400 millions (54(*)). Cela représente, en quelque sorte, un atout majeur qui offre plus d'avantages qui font de l'Afrique un continent dont on ne pourrait s'en passer que ce soit pour la production, la transformation que pour l'utilisation des produits et services qui proviennent de différents horizons.

La mondialisation mais surtout l'avènement de l'internet et des nouvelles technologies de la communication ont été, en Afrique plus qu'ailleurs, un facteur de transformation profonde de la société et de l'économie. Elles ont été suivies de l'introduction et de la croissance fulgurante de nouveaux marchés ainsi que de nouvelles habitudes. C'est le cas, particulièrement, du secteur des jeux d'argent où les paris sportifs ont fait leur entrée dans le sol africain. Bien qu'il ne soit légalement interdit que dans sept pays, il n'était cantonné jusqu'aux années 2000 qu'à une frange de la population adepte de courses hippiques fréquemment appelé PMU dont les sociétés d'Etat jouissaient du monopole sur le marché.

Comme c'est le cas dans le reste du monde, le pari sportif est devenu, en Afrique, un phénomène dont l'ampleur ne cesse de s'accroitre, dopé par le développement des smartphones, des ordinateurs, des tablettes connectés à l'internet et aussi par les formes très variées de paris offerts. Face à cette explosion économique générée par ce secteur, plusieurs pays de ce continent réajustent leurs dispositifs règlementaires et légaux pour les contextualiser dans le contexte actuel.

2.2.3.1. Le marché africain des paris sportifs

En se basant sur les données de l'étude du News Agency Nigeria (55(*)), le Nigéria constitue le géant africain du marché des paris sportifs avec un nombre de 60 millions de parieurs qui misent quotidiennement l'équivalent de 5 millions Usd. Quant à l'Afrique du Sud, le rapport du National Gambling Board signale qu'en 2017 déjà, le Revenu Brut du Jeu qui mesure la différence entre le Volume des paris et les Gains distribués, était évalué à 21 milliards de rands, soit 1,619 milliards de dollars. Enfin au Kenya, le volume annuel des paris est estimé à 2 milliards Usd, avec un budget mensuel de 50 Usd en moyenne par joueur.

C'est pour cette raison que dans son édition de 2019, Gaming Compliance Report classifie Nigeria, Afrique du Sud et Kenya parmi les pays africains ayant les plus fortes proportions de joueurs et les plus gros volumes de paris. En dehors de ce trio, on retrouve également l'Ouganda et le Ghana, malgré le fait qu'ils soient pour la plupart des pays à majorité musulmane. Sur la même ligné, parmi les marchés qui émergents, on liste la République Démocratique du Congo, le Sénégal, le Mali et le Maroc.

2.2.3.2. La régulation des jeux d'argent

Comme déjà effleuré ci-haut, dans la plupart des pays du monde, les jeux d'argent dans son ensemble et, les paris sportifs, en particulier, constituent une activité soumise au régime de licence ainsi qu'à un encadrement règlementaire strict. Par contre, en Afrique, compte tenu de son étendu et de sa diversité culturelle, la législation en matière d'encadrement de cette forme de divertissement dépend prioritairement du contexte économique, politique que culturelle propre à chaque pays.

C'est ainsi qu'on retrouve dans ce continent, plusieurs acteurs locaux et étrangers qui investissent dans ce secteur du jeu. Ils sont attirés par l'opportunité d'un terrain « vierge » et des profits importants, là où la régulation a toujours eu du mal à contenir l'activité des opérateurs. A l'exception de quelques pays comme la Libye, la Mauritanie, le Soudan, la Guinée-Bissau, le Burundi, l'Érythrée et la Somalie où l'activité de paris sportifs est totalement interdite et punie par la loi. Cette interdiction est liée, en quelque sorte, même si ce n'est pas un facteur probant, à l'influence culturelle de l'Islam qui pèse sur certains de ces pays.

Toutefois, dans un contexte un peu plus large, il faut retenir que l'Afrique a une législation beaucoup plus souple face aux jeux d'argent réel (physique) comparativement à d'autres continents tels que l'Europe ou l'Amérique. En effet, les organismes tels que la National Gambling Act, en Afrique du Sud, ou la Loterie Nationale du Togo (LONATO) sont très ouverts aux opérateurs de jeux en ligne étrangers. De ce fait, on remarque sur le marché de l'Afrique de nombreuses plateformes qui offrent leur service, les plus connues et les plus appréciées étant PremierBet, 1xbet, Bwin, BetClic, Unibet, Winamax, etc. (57(*)).

Pour chuter, relevons que s'il existe bien une chose qu'il ne faut pas négliger, c'est qu'en dépit du fait que les lois sur les jeux d'argent en Afrique ne sont pas très impartiales, cela n'empêche pas les organismes nationaux de fixer une limite à l'action des sites. C'est le cas par exemple de la LONATO qui est considérée dans toute l'Afrique de l'Ouest comme un vrai modèle de législation en matière des jeux d'argent sur lequel de nombreux pays se calquent pour faire tourner les paris sportifs sur leurs territoires (58(*)).

2.2.3.3. La survenance et l'extension du marché deparifoot à Kinshasa

Commençons d'abord par rappeler que le parifoot est un produit relevant des paris sportifs mais ayant pour spécificité d'être centré uniquement sur les résultats des événements footballistiques. De manière très claire, il s'agit d'un pari basé sur les résultats du match de football. A Kinshasa, le parifoot est devenu une véritable activité génératrice des revenus pour les milliers de ses adeptes.

Si l'enthousiasme manifesté par les kinois pour ce jeu est motivée par diverses raisons, relevons que son extension est consécutive aux différents facteurs notamment des stratégies que déploient les opérateurs pour attirer les consommateurs, de la culture sportive qui caractérise la population kinoise et, enfin, des dispositifs sociotechniques, à l'occurrence, le téléphone portable. Dans les lignes qui suivent, nous livrons l'apport de chaque élément dans l'élargissement de ce jeu dans la ville de Kinshasa.

2.2.3.3.1. Stratégies d'attirance des parieurs par les opérateurs

- Politique publicitaire

Comme déjà effleuré plus haut, la publicité prise dans son sens large qui intègre aussi bien des activités de promotion, de partenariat que du sponsoring, permet aux différents produits/services de se faire connaitre par un large public. Compte tenu de son caractère très prometteur dans une ville qui compte plus de 10 millions d'habitants, le marché congolais de paris sportifs a naturellement suscité la convoitise des investisseurs des divers horizons. Et depuis, Kinshasa est pris d'assaut par les opérateurs de parifoot au prix de lourds investissements. On ne dénombre pas moins de six opérateurs de parifoot qui se disputent la part du marché à Kinshasa.

Cette ouverture à la concurrence s'accompagne des offres taillées sur mesure pour séduire des clients potentiels. Cela est étayé par des campagnes publicitaires agressives qui sont centrées essentiellement sur la promesse de gagner facilement de l'argent. Il n'est pas étonnant de constater que, soit sur les médias traditionnels ou numériques, soit sur d'autres supports communicationnels (59(*)), on tombe sur une publicité ou sur une annonce d'un opérateur congolais de paris sportifs qui essaie de persuader les parieurs à s'offrir ses services.

Toutefois, comme partout ailleurs, cette politique publicitaire n'a pas que l'influence sur le parieur mais elle se trouve réellement au coeur de la stratégie de différenciation des offres dans ce secteur caractérisé par beaucoup de similitudes. La publicité s'avère donc une stratégie incontournable de discrimination des offres (60(*)) sur le marché congolais pour ces différents opérateurs, en vue de garantir des profits à long terme.

- Politique de moindre coût

Comme on le sait bien, le prix constitue un élément déclencheur qui attire le consommateur à se procurer un bien ou un service. Dans le secteur congolais de paris sportifs, il s'observe, en dehors de quelques offres promotionnelles et de bonus de bienvenu (pour le pari en ligne), cette politique dite de moindre coût. Celle-ci fait partie des moyens que ces opérateurs emploient dans ce marché marqué par un faible pouvoir d'achat de la population.

Conscient de ce faible niveau de vie qui ne prédispose pas aux consommateurs kinois de consacrer une part importante au jeu, les opérateurs de parifoot minimisent le coût d'un pari à un montant minimal de 300 Fc soit 0,15$. Cette petite somme équivaut à un prix d'achat d'un pain et donc ne représente absolument pas grande chose surtout lorsqu'on sait que dans ce jeu, un dollar misé peut rapporter 100 si la chance est de son côté. Cette politique de casse-prix, comme nous l'avons constatée lors de nos enquêtes, permet d'attirer les habitants du quartier Livulu, même les plus démunis et pourquoi pas les mineurs de pouvoir tenter leur chance malgré l'interdiction formelle qui pèse sur eux.

2.2.3.3.2. Culture sportive

Parmi les éléments marquant de la culture congolaise se pointe aussi leur amour pour le sport, en général, et surtout pour le football, en particulier. En effet, dans le monde, le sport fait parler de lui en permanence à travers ses différentes disciplines dont la plus médiatisée et la plus suivie reste le football. Ce sport attire des admirateurs de toutes les tendances et élargit sans cesse le nombre des spectateurs comme celui des téléspectateurs.

Dans la capitale congolaise, les jours des matches de football ne sont pas comme les autres. On assiste à une sorte de petite festivité surtout quand il s'agit de leur équipe nationale les Léopards ou lorsqu'il s'agit des grands clubs européens tels que le Réal de Madrid, le FC Barcelone, le Paris Saint Germain, ... qui jouent un match de tournoi d'une grande envergure comme la League de champion.

Conscients de cet enjeu, la plupart des opérateurs congolais qui proposent leurs services de manière traditionnelle, c'est-à-dire en dur ou en physique, n'offrent que des paris sur le football, d'où le nom de parifoot tire sa substance. Ces opérateurs ayant compris la passion manifestée par les Kinois pour ce sport, ont aménagé dans certains coins de la capitale des locaux équipés d'écrans de télé où les gens peuvent parier et suivre en même temps les rencontres de football (61(*)).

Tout compte fait, pour bon nombre de parieurs, c'est à travers ce jeu qu'ils prétendent faire valoir leur connaissance du monde sportif en misant sur les compétitions de tous niveaux dans toutes les régions du monde. Ces compétitions partent des plus prestigieuses aux plus modestes, voire de celles qui présentent des grands enjeux sportifs à celles de moindre importance. En tout, leur penchant pour le football fait en sorte qu'ils se donnent à coeur joie au jeu parifoot.

2.2.3.3.3. Dispositifs sociotechniques

Nul ne peut ignorer que nous sommes actuellement dans l'ère de la technologie de l'information et de la communication. En effet, relevons qu'en cette matière de la technologie, la RDC d'aujourd'hui n'est pas la même que celle d'hier, surtout dans le secteur de la téléphonie mobile. A en croire les données du ministère des NTIC, le taux de pénétration du téléphone portable s'élève autour de 40% de la population. Historiquement parlant, le secteur de la téléphonie a fait son entrée vers les années 1990, mais c'est surtout autour des années 2000, avec l'implantation des opérateurs des services de télécommunication, notamment, les entreprises Celtel (aujourd'hui Airtel) et Vodacom que va se développer l'usage des téléphones portables dans la ville de Kinshasa et, par extension, dans toute l'étendue du territoire national.

Cette popularité croissante des téléphones mobiles en RDC est en quelque sorte tributaire d'une forte présence des jeunes dans la population congolaise, lesquels apprivoisent le plus rapidement les nouveautés sociotechniques du domaine de l'information et de la communication (téléphone, tablette, ordinateur, ...). Pour la plupart de ces parieurs, fautes de moyens conséquents pour acquérir toutes ces choses, se contentent de posséder un téléphone portable qui est à leur portée de mains (avec 10$ us à Kinshasa, on peut s'acheter un smartphone). Sans vouloir renier l'apport aussi important des autres dispositifs sociotechniques dans notre société actuelle, le téléphone portable constitue dans la vie de beaucoup de gens, à la fois un moyen de communication, d'information, de transaction financière et de divertissement.

L'appareil mobile et l'internet, qualifiés à juste titre comme deux des plus grandes inventions du siècle, ont permis au marché congolais de paris sportifs de connaître un essor remarquable du fait que l'internet fait déjà partie du quotidien d'une bonne partie de la population. Un téléphone connecté au réseau internet est devenu un outil indispensable au service des parieurs kinois qui s'en servent, soit pour consulter les informations sportives, soit pour suivre très attentivement le déroulement des matches pronostiqués.

En conséquence, de plus en plus, comme partout ailleurs, les parieurs recourent au canal d'internet pour placer leurs paris. C'est ce qui amène aussi les opérateurs congolais de parifoot de s'associer avec les principales sociétés téléphoniques pour relier le service d'argent mobile tels que M-pesa, Orange money ou Airtel money à leurs produits. Tout ceci dans le but de faciliter au parieur les opérations de dépôt et de retrait de fonds dans son compte de jeu.

Conclusion du chapitre

Il s'est agi au cours de ce chapitre d'une part, de présenter les acteurs qui prennent part, d'une manière ou d'une autre, dans l'activité de pari sportif, et d'autre part, à établir un état de lieux de cette activité à travers le monde. A la lumière des éléments exposés, il ressort clairement que chaque acteur joue un rôle plus ou moins majeur quant au déroulement de ce jeu tel que nous la vivons aujourd'hui.

Aussi, ce chapitre a eu le mérite entre autres, de circonscrire quelques piliers qui sont à la base d'amplification de cette forme de jeux d'argent à travers le monde. Hormis certaines stratégies développées par les différents opérateurs, la propagande publicitaire trouve une bonne part dans l'élargissement de ce jeu. Une attention particulière a été dévolue sur le continent africain où ce jeu est perçu comme sa terre de prédilection. Mais comment est aperçu ce jeu en RDC au regard de l'engouement qu'il provoque dans la conscience de ses nombreux habitants ? C'est cette matière qui est abordée dans le chapitre qui suit.

Troisième chapitre

EVALUATION DU JEU PARIFOOTCOMME MOYEN DE SURVIE
POUR LES PARIEURS KINOIS

Nous voici enfin, au troisième et dernier chapitre de cette étude qui porte sur l'évaluation du jeu parifoot comme moyen de survie pour les parieurs. Pour mieux cerner ce mystère, nous avons trouvé mieux de procéder au rapprochement des données théoriques et des données empiriques qui proviennent de la réalité congolaise. Par-là, la présente étude a le mérite de bénéficier des opinions des parieurs spécifiques de la commune de Lemba, plus précisément, des opinions des parieurs du quartier Livulu. De ce point de vue, ce chapitre constitue, en raison de l'originalité de ses données de terrain, le coeur de cette étude.

Cependant, les matières développées dans cette partie de l'étude gravitent autour de trois points. Le premier présente l'univers d'enquête et la manière dont on s'y est pris pour produire ces données. Le deuxième livre, de façon claire et concise, sous forme des tableaux statistiques, l'ensemble des résultats de l'enquête. Enfin, le dernier point, quant à lui, ouvre une analyse critique de l'ensemble des résultats.

3.1. UNIVERS DE L'ENQUETE

2.2.4. Du but de l'enquête

Tenant compte de différentes attitudes que certains Kinois affichent face au jeuparifootet qui considèrent ce jeu comme un simple divertissement dans un contexte qui est le nôtre, parifoot reste quoi qu'on dise,un moyen de survie. Pour justifier cette opinion, une descente sur terrain s'est avérée indispensable afin de recueillir des informations de première main auprès des individus qui fréquentent ces différents points de vente dans le but de participer à ce jeu. Pour cela, les résultats de cette enquête permettront de :

- établir les caractéristiques sociodémographiques des parieurs kinois ;

- recueillir leurs opinions sur l'avènement du jeu parifoot dans leur ville ;

- interpréter ces données afin de dégager les grandes tendances en rapport avec la question en étude ;

- analyser ces données afin de faire ressortir les points saillants qui nous permettrons d'affirmer ou d'infirmer les différentes hypothèses émises.

Mais, tenant compte de l'immensité de la commune de Lemba et face aux moyens matériels et financiers très modestes à notre disposition, nous avonsopté pour le seul quartier Livulu comme notre champ d'investigation.

2.2.5. Du milieu d'étude

Le choix porté sur le quartier Livulu ainsi que nous l'avons déjà souligné précédemment, se justifie, en premier lieu, par la connaissance parfaite de ce site pour y avoir résidé durant plusieurs années et, en second lieu, ce quartier est à quelques kilomètres du site universitaire de l'Université de Kinshasa. Au regard de sa position géographique, ce quartier est censé contenir un bon nombre d'intellectuels qui sont capables de déceler certaines logiques sociales et individuelles qui attirent et motivent les parieurs à se montrer de plus en plus accrocheur à ce jeu. Quant au quartier Livulu lui-même, disons qu'il est entouré, de part et d'autre, des quartiers Mbanza-Lemba, Kiamfu, Djaga et Salongo. Au sujet spécifiquement de l'activité du parifoot dans ce quartier, nous avons dénombré pas moins de dix points de vente, dominés par la société Winnerbet.

2.2.6. De la population de l'étude

La population d'enquête est un ensemble délimité dans le temps et dans l'espace, auquel le chercheur s'intéresse tout particulièrement et sur lequel il porte son observation (62(*)). Pour le présent travail, la population en étude est constituée des parieurs vivant au sein du quartier Livulu. En effet, ne disposant pas du nombre total de tous les parieurs qui fréquentent ces lieux, nous avons procédé à un échantillon accidentel. Dans le cadre d'une recherche scientifique, Delandsheere considère l'échantillon comme un nombre d'individus, d'objets ou d'événements dont l'observation permet de tirer des conclusions applicables à la population entière dont ils font partie (63(*)).

C'est afin que pour donner à cette population cible la chance de participer à la présente enquête, nous avons enquêté sur ceux qui étaient présentement disponibles et accessibles lors de l'enquête. L'échantillon constitué était composé de 60 sujets. Cependant, il nous a été difficile de réaliser le maximum prévu pour la simple raison que certaines copies du questionnaire n'ont pas été complètement ou bien remplies par les parieurs mineurs rencontrés sur les lieux de jeu. Par conséquent, les copies à problème ont été purement et simplement déclassées. Ceci étant, 52 protocoles ont été remplis. Ce nombre final de 52 sujets représente ainsi les 100% de l'échantillon retenu.

2.2.7. Production proprement dite des données

2.2.7.1. Outil de production des données

Au cours de cette enquête de terrain, nous avons utilisé un questionnaire élaboré ad hoc en fonction des hypothèses émises, en tant qu'outil de production des données. Ce questionnaire exploité renferme deux modules. Le premier comprend des questions relatives à l'identification de chaque enquêté. Il spécifie le sexe, l'âge, le niveau d'instruction, la profession, l'état civil et le revenu mensuel de l'enquêté. Les réponses à ces questions nous a permis de disposer une vue d'ensemble sur le profil du virtuel enquêté.

S'agissant du second module, une douzaine de questions a été posée en vue de susciter les opinions des parieurs sur leurs habitudes, attitudes et perceptions quant à ce qui concerne leur participation au jeu parifoot. Chaque question comporte une série d'assertions dont le choix est laissé à la discrétion du répondant.

2.2.7.2. Administration du questionnaire

L'administration du questionnaire a été tantôt indirecte, tantôt directe selon le niveau d'instruction de chaque parieur. Ce qui nous a permis de disposer des réponses notées par des enquêtés instruits (universitaire, secondaire) et d'accompagner les moins instruits et les non lettrés dans la transcription de leurs opinions (primaire, sans niveau). Il s'agit là, d'un procédé commode pour n'importe quel type d'enquête dès lors qu'il consiste à porter une croix (cocher) sur une case correspondante qui renferme une opinion de son choix.

De manière concrète, l'administration du questionnaire d'enquête a été, à chaque séance, introduite oralement pendant environ deux minutes pour solliciter l'accord du virtuel enquêté à se mettre à notre disposition. En cas de réaction favorable, ce qui a été le plus souvent le cas, nous passions alors à la lecture des questions, l'une après l'autre, suivant l'ordre de succession préétabli.

Cette méthodologie d'administration du questionnaire nous a permis de gagner du temps dans la collecte des réponses et, par la même occasion de fournir des explications supplémentaires et/ou des éclaircissements relatifs aux questions en cas de besoin. En plus, elle a permis à nos sujets de garder leur anonymat, favorisant ainsi une grande franchise dans leurs réponses.

2.2.8. Période de l'enquête

Pour atteindre le nombre des sujets retenu dans l'échantillon, l'enquête s'est déroulée pendant dix jours, soit du 03 au 12 décembre 2020. Pour éviter de biaiser les résultats, l'enquête n'a pas été concentrée sur un seul coin mais a touché tous les points de vente de jeu installés dans le quartier Livulu.

3.2. PRESENTATION DES RESULTATS DE L'ENQUETE

Ce point livre l'ensemble des données de terrain résultant de l'administration du questionnaire ad hoc sur un échantillon des parieurs de Livulu prélevé pour la circonstance. Aussi, pour mieux faciliter leur lecture, ces données sont reprises en des tableaux statistiques et même, en graphiques pour des assertions ayant recueilli 70% ou plus d'opinions (exception faite au tableau concernant l'identification des enquêtés). Le dépouillement commence par les résultats obtenus des questions portant sur l'identité des enquêtés regroupés en un seul tableau et se termine par les questions ayant suscité les avis de ces derniers.

2.2.9. Identification des enquêtés

Les caractéristiques sociodémographiques sont résumées dans le tableau ci-dessous relatif aux informations sur le sexe, l'âge, le régime matrimonial, le niveau d'instruction, la profession ainsi que sur le revenu mensuel des répondants.

Tableau IV. Données sociodémographiques des enquêtés

Profil des enquêtés

Effectif

%

01

Sexe

 
 

masculin

50

96,2

Féminin

2

3,8

Total

52

100

02

Age

 
 

moins de 18 ans

8

15,4

18 - 25 ans

25

48,1

26 - 33 ans

12

23,1

34 - 42 ans

5

9,6

43 ans et plus

2

3,8

Total

52

100

03

Etat civil

 
 

célibataire

43

82,7

marié (e)

-

-

union libre

9

17,3

divorcé (e)

-

-

veuf (ve)

-

-

Total

52

100

04

Niveau d'études

 
 

sans niveau

3

5,8

primaire

11

21,1

secondaire

17

32,7

universitaire

21

40,4

Total

52

100

05

Profession financière

 
 

sans emploi

40

77

travailleur indépendant

4

7,7

employé informel

6

11,5

employé formel

2

3,8

Total

52

100

06

Revenu mensuel

 
 

aucun revenu

29

55,8

moins de 10.000 Fc

11

21,1

10.000 - 50.000 Fc

3

5,8

51.000 - 100.000 Fc

7

13,5

plus de 100.000 Fc

2

3,8

Total

52

100

Source : Notre propre enquête de terrain. Cette source est la même
pour tous les tableaux qui suivent.

La lecture de ce tableau permet de dégager les considérations ci-après :

- les résultats obtenus qui donnent 96,2% aux hommes et 3,8% aux femmes se livrant au jeu parifoot, semble confirmer la thèse qui stipule que cette activité est souvent pratiquée par les hommes que par les dames, car cela implique une petite connaissance du monde sportif, domaine auquel celles-ci n'accordent pas beaucoup d'attention ;

- au sujet de l'âge, le premier enseignement qui saute aux yeux à partir de ces données ci-haut, est celui de considérer que l'âge n'est pas une variable d'exclusion dans le déroulement du jeu parifoot à Kinshasa, car dans la pratique de cette activité ludique, nous avons retrouvé aussi bien des mineurs (15,4%), des jeunes (80,8%) dont la tranche la plus représentée est celle de 18 à 25 ans avec 48,1% que des vieux (3,8%) ;

- en ce qui concerne l'état civil, il n'est pas étonnant de constater que la majorité soit 82,7% des sujets interrogés disposent du statut de célibataire, ce qui est tout à fait logique du fait que ce jeu attire plus de jeunes à force de l'âge et sujet à l'oisiveté permanente. Malgré cela, parmi les enquêtés touchés par la présente enquête, on retrouve aussi, même à un pourcentage très marginal, des parieurs en situation d'union libre 17,3% ;

- de l'observation faite des données du tableau ci-dessus, il transparait que 73,1% des parieurs interrogés sont suffisamment instruits, soit 32,7% relevant du cycle secondaire et 40,4% du niveau supérieur et universitaire. Cet état des choses peut être l'effet de l'emplacement géographique de notre champ d'investigation, situé non loin de l'Université de Kinshasa. Quant aux 26,9% restants, ils sont constitués des parieurs qui ont abandonné le chemin de l'école (5,8%) et ceux qui se sont arrêtés au niveau primaire (21,1%) ;

- à propos des parieurs qui, en dehors de jouer au parifoot, se donnent à une autre occupation financière, la majorité d'entre eux, soit 77% n'ont aucune occupation pécuniaire. Ce qui prouve en passant, l'étroitesse tant décriée du marché d'emploi formel à Kinshasa comme du reste, sur l'ensemble du pays surtout si on établit le rapport entre ceux qui sont pris comme travailleurs dans l'informel (11,5%) et ceux qui sont employés dans le secteur formel (3,8%). A cela s'ajoutent ceux qui ont entrepris une activité génératrice de revenus ou qui travaillent de façon indépendante (7,7%).

- Enfin, dans un contexte de paupérisation généralisée, on ne devrait pas s'attendre qu'un individu dispose d'un revenu mensuel consistant capable de lui permettre de survivre et de nouer pendant les deux bouts du mois. Ainsi, les données de ce tableau livrent que 55.8% des parieurs ne disposent d'aucun revenu mensuel. Ce qui va de soi au regard du nombre des parieurs sans source de revenus. Par ailleurs, 21,1% des sujets reconnaissent disposer d'un revenu qui ne dépasse pas 10.000 FC (5$), 5,8% ont un revenu entre 10.000 Fc et 50.000 Fc (5 et 25$), 13,5% atteignent 51.000 à 100.000 Fc (25,5 - 50$) et à peine 3,8% arrivent à toucher un montant supérieur à 100.000 Fc.

A observer de près ces données, nous sommes en face d'une activité qui attire plus des jeunes aux revenus faibles et aux dépenses croissantes qui espèrent obtenir par le jeu, l'argent nécessaire pour répondre aux besoins immédiats et ainsi de mener à bien leur projet de vie. Le recours à ce jeu par ces différentes catégories sociales, démontre à suffisance l'importance que revêt ce jeu aux yeux de ses pratiquants en quête de survie.

2.2.10. Opinions émises par les parieurs de Livulu

2.2.10.1. Habitude au jeu parifoot

Tableau X. Ancienneté dans le jeu

Durée en année

Effectif

%

moins de 1 année

-

-

1 - 2 ans

10

19,3

3 - 4 ans

15

28,8

plus de 4 ans

27

51,9

Total

52

100

Dans notre curiosité pour déterminerl'ancienneté des parieurs qui prennent part dans cette activité, il ressort de ces données qu'aucun parmi ceux interrogés par la présente enquête n'a une ancienneté inférieure à une année. Ce qui est une très bonne chose pour nous, car un tel sujet est considéré comme n'ayant pas encore été suffisamment documenté sur les méandres de cette activité.

A ce propos, il importe de faire observer que les 100% des enquêtés s'inscrivent dans la catégorie de ceux qui ont intégré cet univers il y a presque 1 à 2 ans (19,3%) soit de ceux qui ont déjà une durée comprise entre 3 et 4 ans (28,8%). La grande partie de parieurs interrogés ont une expérience de plus de 2 ans (51,9%) dans ce jeu. Ainsi, l'échantillon prélevé comporte des personnes parfaitement intégrées dans cet univers de parifoot à Kinshasa.

Tableau V. Canal des paris

Voies de prise des paris

Effectif

%

sur les points de vente

32

61,5

sur internet (en ligne)

4

7,7

sur les deux canaux (mixte)

16

30,8

Total

52

100

Contrairement à ce qui se passe ailleurs dans le monde, l'activité de parifoot en Afrique, en général, et en RDC, en particulier, se déroule le plus souvent, dans des endroits destinés à recevoir les parieurs qui viennent participer au jeu plutôt que par voie d'internet. C'est ce qu'attestent les données puisées dans l'enquête de terrain où il transparait une majorité, soit 61,5% des parieurs qui se rendent sur les points de vente (maison de jeu, kiosque, etc.).

D'ailleurs, ce pourcentage devrait être plus relevé par quelques enquêtés parmi ceux qui ont émis un avis réservé quant à ce qui concerne le canal par lequel ils prennent part au jeu (30,8%). Ce qui est normal, car depuis longtemps, ils ne côtoyaient que ces lieux qui, par ricochet, deviennent leurs lieux de prédilection pour effectuer les paris. Ces lieux sont aussi considérés par eux comme des cadres de socialisation, d'échanges, de partages d'idées et consort.

Toutefois, depuis très peu, il s'observe dans la ville de Kinshasa, une intensification de sociétés de parifoot qui offrent des services par voie d'internet. Même alors, étant déjà ancré dans l'habitude de jouer sur les lieux de jeu, le pourcentage des parieurs qui recourent en ligne pour effectuer les paris, atteigne à peine 7,7%. Ceci est dû, en quelque sorte, aux multiples processus qu'implique le pari par voie d'internet, notamment : la création d'un compte, l'accessibilité de la connexion internet, le dépôt des fonds dans le compte... Tout ceci fait appel, directement ou indirectement, à d'autres frais que les parieurs kinois n'ont pas l'intention de lâcher facilement.

Tableau VI. Temps consacré au jeu parifoot 

Intervalle de temps

Effectif

%

moins de 30 minutes

7

13,5

30 à 1 heure

17

32,7

1 à 2 heures

18

34,6

plus de 2 heures

10

19,2

Total

52

100

Comme il fallait s'y attendre, quiconque observe les lieux de parifoot, remarquera que les parieurs congolais, en général, et kinois, en particulier, ne consultent pas leur montre lorsqu'ils se lancent dans ce jeu. En d'autres termes, le temps ne compte presque pas pour eux. C'est pour cela que seulement 13,5% de l'échantillon prélevé affirment n'être pas allé au-delà de 30 minutes dans le jeu parifoot. Par contre, 32,7% consacrent entre 30 et 60 minutes, 34,6% passent entre 1 et 2 heures au jeu. Quant aux 19,2% restants, ils regorgent ceux pour qui cette activité représente tout. C'est pourquoi ils y consacrent parfois plus de 2 heures. C'est dire que ce qui devrait être qu'un simple jeu, devient pour certains, une activité de survie.

2.2.10.2. Aspect financier

Tableau VII. Montant de mise journalière

Hauteur de mise

Effectif

%

300 - 3.000 Fc

32

61,5

3.100 - 10.000 Fc

11

21,2

plus de 10.000 Fc

9

17,3

Total

52

100

Nous pouvons lire clairement à partir des données de ce tableau que la majorité, soit 61,5% des parieurs interrogés ne misent que des petites sommes qui varient entre 300 et 3.000 FC (0,15 $ et 1,5 $) pendant la journée. Ces petites mises témoignent de très faibles revenus constatés dans le chef de la plupart des parieurs comme déjà indiqué plus haut. D'ailleurs, dès que le montant des mises journalières quitte le cap de 3.000 Fc (1,55$), le pourcentage des parieurs tombe à 38,5% dont 21,2% des parieurs investissent de sommes allant de 3.100 à 10.000 FC (1,55 $ à 5 $) et 17,3% seulement arrivent à tenter la chance avec des sommes supérieures à 10.000 FC (plus de 5 $). Dans cette dernière catégorie, on trouve des gens qui parient des grosses sommes d'argent lorsqu'il y a des matchs qu'ils estiment avoir la grande probabilité de remporter. Ils les qualifient par le terme coup sûr.

Tableau VIII. Somme d'argent hebdomadaire investie dans le jeu parifoot

Hauteur de mise hebdomadaire

Effectif

%

moins de 2.000 Fc

8

15,4

2.000 - 5.000 Fc

22

42,3

5.100 - 10.000 Fc

12

23,1

10.100 - 20.000 Fc

7

13,5

plus de 20.000 Fc

3

5,7

Total

52

100

Quant auxsommes misées hebdomadairement par des parieurs kinois, elles reflètent déjà le niveau de leur investissement dans ce jeu. A cela, comme renseignées dans le tableau précédent, on ne doit pas s'attendre à ce que le montant des mises cumulées durant toute la semaine soit aussi conséquent. C'est ainsi que pour la majorité (80,1%), leurs mises hebdomadaires tournent autour de moins de 2.000 à 10.000 Fc (moins de 1 à 5 $ us) reparti respectivement, dans l'ordre de 15,4% pour ceux qui ont misé moins de 2.000 Fc (moins de 1$), 42,3% entre 2.000 et 5.000 Fc (1 et 2,5 $ us). Et 23,1% des parieurs ont quand même atteint des montants allant de 10.100 à 20.000 Fc (5,05 et 10 $ us).

Même dans un tel cas, reparties au nombre de jours de la semaine comme au nombre de tickets joués par jour, ces sommes ne représentent absolument rien en tant que montant de mise. Ceci peut être dû à la situation économique que vivent les parieurs surtout lorsqu'on sait que l'échantillon prélevé renferme des mineurs, des jeunes sans emploi et des gens sous-employés. Ce qui justifie le pourcentage très minime, à la hauteur de 5,7% seulement des parieurs pour qui le montant total des mises hebdomadaires dépasse les 20.000 FC, soit 10 $.

Tableau IX. Gain hebdomadaire gagné au parifoot

Hauteur de gain hebdomadaire

Effectif

%

aucun

49

94,3

5.000 - 10.000 Fc

-

-

10.100 - 20.000 Fc

1

1,9

20.100 - 30.000 Fc

-

-

plus de 30.000 Fc

2

3,8

Total

52

100

Il n'est pas facile dans cet univers de parifoot qu'on gagne le plus souvent, comme on dit toujours que ce n'est pas chaque jour qu'on gagne. Ce constat se retrouve consacré dans ce tableau où l'on peut lire clairement que la majorité très significative soit 94,3% des parieurs interrogés, n'ont encaissé aucune somme gagnante durant toute la semaine malgré tous les sacrifices consentis et les efforts déployés pour participer à ce jeu. Il va de soi que malgré ces échecs répétés, rien ne les empêche de continuer à tenter leur chance. Par contre, dans un tout autre registre où l'on retrouve ceux qui ont eu la chance de gagner quelque chose au courant de la semaine, il ressort que 3,8% des parieurs ont réussi à toucher une somme supérieure à 30.000 Fc (15 $). Ce qui n'est pas étonnant, comparé aux petits montants qu'ils mettent en jeu. On ne peut pas s'attendre à ce qu'ils gagnent plus. C'est ce qui atteste que ces montants qu'ils remportent hasardeusement, constituent pour eux, un moyen de lutte pour la survie.

2.2.10.3. Appréciation du jeu parifoot

Tableau X. Motivation à la base du recours au jeu parifoot

Spécification

Effectif

%

raison de divertissement

8

15,4

recherche du gain financier

43

82,7

résolution de certains problèmes

1

1,9

Total

52

100

En examinant les données consignées dans le tableau ci-dessus, il ressort clairement que la majorité, soit 82,7% des parieurs enquêtés sont attirés par l'appât du gain qui les incite, le plus souvent, à recourir au jeu parifoot. Cela se justifie au regard de la situation socioéconomique qui caractérisent Kinshasa et qui laisse à désirer. Sans aucun contredit, ce sont les mauvaises conditions sociales et financières qui expliquent la participation de cette majorité des parieurs à la recherche du gain financier en vue de tenir les deux bouts du mois ou pour apporter une réponse à leurs besoins quotidiens.

D'un autre côté, la motivation à la base du recours à ce jeu n'est pas seulement la recherche du gain. C'est ce qu'atteste ce tableau, où il transparait que pour15,4% des parieurs, le jeu parifoot n'est qu'un moyen de divertissement, c'est-à-dire de mettre en pratique leurs connaissances sportives ou de développer leur propre culture sportive. Au regard de ces données, nous pouvons comprendre qu'à Kinshasa, le jeu parifoot n'est pas spécifiquement qu'un simple jeu ludique mais qu'il est surtout une nécessité qui procure à ses adeptes de l'argent.

Tableau XI. Représentation du jeu parifoot 

Opinion

Effectif

%

un moyen de gagner facilement de l'argent

23

44,2

un divertissement rentable

4

7,7

un moyen susceptible d'améliorer son statut social et économique

16

30,7

système qui appauvrit ses consommateurs

3

5,8

un simple jeu de divertissement

6

11,5

Total

52

100

Dans toute activité, les perceptions sont loin d'être uniformes dans le rang de ses pratiquants. Ainsi, pour la question de savoir ce que représente le jeu parifoot pour les parieurs rencontrés sur le terrain, trois groupes sortent du lot. Dans le premier, se classent les parieurs qui perçoivent cette activité comme une source de revenus. Pour cela, 44,2% trouvent que le jeu parifoot est le moyen le plus facile pour eux de gagner de l'argent. Pour 30,7%des enquêtés, grâce au fonds que leur génèrent ce jeu, même si c'est de façon aléatoire, ils peuvent changer de manière sensible, leur statut socioéconomique. Le deuxième, renferme d'un côté, les parieurs qui considèrent ce jeu comme une simple forme de divertissement (11,5%) et de l'autre, ceux pour qui il est un divertissement qui procure de temps à autre de revenus (7,7%). Le dernier groupe projette une vision opposée aux deux autres. Ainsi, pour 5,8% des parieurs, ce jeu n'est ni plus ni moins qu'une activité qui leur extorque des petites mises qu'ils investissent dans le jeu, ce qui les maintient dans la pauvreté.

Tableau XII. Rentabilisation du jeu parifoot

Opinion

Effectif

%

positive

7

13,5

ça dépend

16

30,7

négative

29

55,8

Total

52

100

S'agissant de la rentabilité par rapport à la pratique du jeu parifoot, mais surtout par rapport au caractère accrocheur à ce jeu, l'enquête atteste qu'une majorité expressive de 55,8% renforcée par une partie des indécis (30,7%), avoue que ce jeu ne leur est point lucratif. Cela parait évident, à les entendre parler, car la somme des montants misés reste supérieure à celle des gains gagnés. Quant aux 13,5% des parieurs qui admettent subjectivement que ce jeu leur est profitable du point de vue financier, ils se composent, en grande partie, des individus qui, lorsqu'ils gagnent, oublient toutes les pertes enregistrées et se versent dans la consommation de ce gain.

Tableau XIII. Bien de valeur acheté grâce au jeu parifoot

Spécification

Effectif

%

financer les études

11

21,2

un téléphone

27

51,9

une moto

1

1,9

une télévision

3

5,8

un frigo

2

3,8

autres biens

8

15,4

Total

52

100

La culture de gagne dans le jeu parifoot n'est pas aisée. Lorsque cela arrive, pour le cas des parieurs interrogés, ils cherchent, soit à acquérir un bien de valeur, soit résoudre certains problèmes auxquels ils font face. Pour cela, les données inscrites dans ce tableau indiquent que les gains obtenus dans ce jeu ont permis aux parieurs, en dehors de quelques-uns (21,2%) qui en ont versés pour financer leurs études (frais scolaires, frais académiques, etc.), de s'acheter un bien d'équipement qui se présente de manière décroissante : téléphone (51,9%), télévision (5,8), réfrigérateur (3,8%) et moto (1,9%).

Tableau XIV. Effets négatifs découlant du jeu parifoot

Spécification

Effectif

%

Dépendance

36

69,2

Perte de temps

42

80,8

Suicide

8

15,4

Perte d'argent

47

90,4

Endettement

35

67,3

Improductivité réduite

12

23,1

trouble social

18

34,6

Blanchissement d'argent

7

13,5

D'emblée, faisons remarquer que la complexité de ce tableau est due à la non limitation des choix d'assertions proposées, et par conséquent, le nombre des répondants ne s'est pas arrêté à 52 comme dans les autres tableaux et même le pourcentage d'ensemble n'est pas calculé. C'est plutôt celui qui renseigne sur le poids de chaque obstacle qui est considéré de manière autonome sur l'ensemble de personnes interrogées. Aussi nous revient-il de rapporter sur la liste des effets néfastes qu'engendre la pratique du jeu parifoot, les parieurs de Livulu renseignent de manière décroissante, les pertes d'argent (90,4%), perte de temps (80,4%), la dépendance (69,2%) et l'endettement (67,3%). Les autres effets n'ont recueilli que moins de 40%.

Tableau XV. Persévérance dans le jeu

Opinion

Effectif

%

oui

32

61,5

ça dépend

17

32,7

non

3

5,8

Total

52

100

En dépit de ces effets sus-évoqués et malgré des pertes qu'ils enregistrent dans la pratique de ce jeu, 61,5% des enquêtés s'en sont, au fil de temps, carrément identifiés à ce jeu au point d'en faire une seconde nature. Aussi considérons-nous que parmi les 32,7% d'indécis, constitués principalement des jeunes, notamment, des diplômés qui, en attendant de trouver un emploi ou une activité génératrice de revenus, une bonne partie n'est pas prête à laisser tomber. Par contre, 5,8% d'enquêtés déclarent être prêts à mettre fin à la pratique de ce jeu. Ainsi se réfèrent-ils aux parieurs qui considèrent le parifoot non pas comme un moyen pour changer durablement leurs conditions de vie mais plutôt comme un système que les opérateurs de paris sportifs ont installé pour les enfoncer dans la pauvreté, mieux dans la misère.

3.3. ANALYSE DES DONNEES DE L'ENQUETE

A travers ce dernier point du chapitre, nous nous proposons d'analyser les données issues de l'enquête de terrain. Ces données ainsi dépouillées méritent une analyse approfondie pour comprendre les contours qui s'attachent à la question du jeu parifootdepuis son avènement dans la ville de Kinshasa. En effet, parmi les enseignements qui sautent aux yeux figurent en bonne place : l'appât du gain comme facteur capital de son inclination par les kinois, son appréciation comme moyen de survie par les kinois et enfin, la dualité deses incidences observées depuis son déploiement. Ci-dessous nous développons brièvement chacun de ces points.

2.2.11. Appât du gain financier comme facteur clé d'inclination au jeuparifoot

Pour mieuxrendreintelligiblelesfacteursqui poussent autant des Kinois à se jeter dans le jeu parifoot, il est primordial de jeter un coup d'oeilsur les conditions socioéconomiques dans lesquelles ils se trouvent. Comme d'aucuns l'ignorent, la situation sociale et économique de la ville de Kinshasa ne se démarque pas à celle de l'ensemble du territoire national où le taux de pauvreté se chiffre à 71%(64(*)).

Cette pauvreté qui gangrène la vie de la plupart des Kinois est tributaire de plusieurs maux, notamment, les crises politiques et socioéconomiques, la mauvaise politique de l'Etat en matière d'emploi, l'économie extravertie, l'explosion démographique, l'absence des politiques d'éducation, l'absence des politiques salariales responsables, l'inflation monétaire, le manque d'accompagnement des initiatives privées de la population et tant d'autres. A ces maux, il faut ajouter les différentes guerres civiles qui se sont succédées depuis 1960 jusqu'à présent, lesquelles ont aggravé la crise économique qui, elle-même, fut accentuée par la nationalisation des entreprises étrangères.

C'est Kinshasa qui paie le lourd tribut de ces différents maux, car la paupérisation des milieux ruraux ne fait que s'accentuer au fil du temps poussant ainsi les paysans à quitter la campagne pour venir gonfler les effectifs de la population kinoise, contrainte de vivre dans la précarité. D'où les infrastructures du secteur formel sont dépassées par la flambée démographique. Celle-ci a augmenté de façon vertigineuse quittant 5.000 en 1881 à 6.000.000 d'habitants en 2003 et elle s'est rapidement accrue pour atteindre plus de 10.000.000 d'habitants estimés à ce jour. Les effets de cette explosion ont conduit la population kinoise à observer la détérioration non seulement des infrastructures de base, mais surtout de leurs conditions de vie (65(*)).

A l'image des grandes capitales africaines, le chômage est nettement plus élevé à Kinshasa que dans le reste du pays. Il touche plus particulièrement les jeunes de 15 à 24 ans (29,5%). Parmi les actifs occupés évalués à 27 millions, près d'un tiers gagnent et survivent avec moins de 1$ us par jour et près du quart travaillent involontairement moins de 35 heures par semaine. Cette situation est concomitante avec la politique de basse salaire constatée au niveau des emplois formels du secteur public. Ce qui engendre le phénomène de sous-emploi. Ce phénomène très répandu dans la ville touche près de 53,1% des actifs occupés (66(*)). Malgré des appuis multiformes, tant au niveau du gouvernement que du système des Nations Unies, déployés afin d'éradiquer le triple phénomène de la pauvreté, du chômage et du sous-emploi dans un pays où, chaque année, le système éducatif déverse plus de 600.000 primo-demandeurs d'emplois sur le marché de travail, la problématique et les défis de l'emploi en RDC restent toujours d'actualité (67(*)).

L'ensemble de cet état de la choseplonge la ville toute entière dans une situation de précarité profonde qui se manifeste dans le vécu quotidien de la population. A cet effet, de nombreux autres fléaux qui en résultent à la suite de la détérioration des conditions de vie des Kinois, notamment, la corruption, le vol, le détournement, la désertion des figures parentales, l'analphabétisation, ... mènent la population à un désespoir sans nom. C'est ainsi que pour pallier à cela, certains Kinois ont opté pour divers moyens parallèles dont le recours au jeu parifootafin d'arriver à leurs besoins.

Ce jeu basé sur les résultats des matches de football, sport roi en RDC, seprésente aux yeux de ses adeptes comme une source de revenus étant donné que grâce aux paris combinés, même des sommes modiques (petites mises) peuvent être multipliées par 10 voire par 100 et procurées des gains considérables. Ce qui n'est pas étonnant de constater que depuis son arrivée, beaucoup de Kinois aient mordu à l'hameçon. D'ailleurs c'est ce qui atteste que 82,7% des parieurs interrogés évoquentla recherche du gain financier, c'est-à-dire l'appât du gain comme facteur incitateur qui les attire de se donner à ce jeu. De ce fait, l'illusion de gagner facilement de l'argent et d'accéder ainsi à une vie plus ou moins meilleure contribuerait à rendre la pratique de ce jeu très attractive.

Aujourd'hui, comme on le sait bien, dans toutes les sociétés, l'argent est perçu comme une voie qui mène droit au bonheur et qui assure un accès au pouvoir et à la popularité. Depuis l'avènement de ce jeu au Congo, sa pratique ne cesse de s'intensifier et de prendre place dans la vie d'un bon nombre de Congolais, en général, et des Kinois, en particulier. C'est pour cela qu'il se dégage dans les opinions d'entre les parieurs de Livulu que le jeuparifoot permet un accès facile et rapide à des sommes d'argent colossales (44,2% d'opinions). Pour beaucoup d'entre eux, le jeu semble être une solution rationnelle au moindre effort pour un bénéfice plus important. Ce qui contribue à entretenir dans leur imagination la perspective d'une vie meilleure. Cet état des choses a été exprimé par 7,7% des parieurs qui pensent qu'à force de jouer, ils finiront un jour par décrocher un gros lot qui changera à tout jamais leur statut social et économique.

Mais, comment arriver à se défaire d'un tel raisonnement aussi terre à terre, surtout lorsque nous savons que la participation d'un individuà une activité est une affaire de rationalité, c'est-à-dire de balance entre les coûts et les gains, d'équilibre entre les bénéfices et les pertesmais aussi que le parieur reste avant tout, un homooeconomicus68(*), c'est-à-direun acteur rationnel qui agit volontairement, de façon sensée et intelligible ? Ce qui prouve que l'évaluation d'un jeu comme le parifoot dépend d'un individu à un autre. C'est ce que nous élucidons dans le point qui suit.

2.2.12. Appréciation du jeu parifoot comme stratégie de survie par les kinois

D'entrée de jeu, soulignons que l'avènement du jeu parifoot à Kinshasa mis ensemble avec l'état de la grande paupérisation qui gangrène les habitants de cette ville et, par conséquent, de ceux de Livulu, a fait naitre, dans la conscience de certaines personnes et cela se manifeste dans leurs habitudes, l'esprit du moindre effort pour lutter contre la pauvreté et son corollaire immédiat qu'est la mauvaise condition de leur existence. Dès lors, le jeu parifoot apparaît comme l'une des meilleures voies de contournement pour vaincre tant soit peu la misère et la pauvreté, car comme le démontrent les données de terrain, la pratique de ce jeu ne fait appel ni à un niveau d'étude très élevé (26,9% des enquêtés ne sont pas suffisamment scolarités), ni à des fonds conséquents pour parier (61,5% jouent avec moins de 1,5$ us la journée). Il suffit de posséder une somme de base de 300 Fc et une connaissance sur la manière de parier pour espérer multiplier sa mise par 10, 20, voire plus.

Aussi, l'enquête révèle que le jeu est perçu de différente manière par les parieurs.Les résultats identifient deux tendances concernant la façon dont ces parieurs aperçoivent et s'approprient du jeu parifoot par rapport à leur condition de vie. D'un côté, se trouve les parieurs qui, à tort ou à raison, considèrent ce jeu comme un divertissement rentable qui leur procure des revenus complémentaires, c'est-à-dire pour eux, ce jeu ne constitue ni plus ni moins, qu'un des moyens de survie. On retrouve dans cette catégorie, des parieurs qui possèdent déjà, soit un travail rémunérateur, soit une activité qui leur génère des revenus constants. Malheureusement pour eux, ce revenu ne leur permet pas de supporter toutes les charges et encore moins de résoudre tous les problèmes qu'ils rencontrent quotidiennement. C'est pour contourner cet état de modicité de revenu qu'ils recourent sans hésiter à ce jeu.

D'un autre côté, se classent les parieurs qui, par manque d'emploi et donc de toute source des revenus, trouvent dans le jeu parifoot leur unique alternative dans la satisfaction de leurs besoins existentiels toujours grandissants. Dans ce groupe, on peut trouver des jeunes étudiants et élèves, des gens animés d'un esprit d'oisiveté, des parents sans revenus mais qui sont submergés par des charges familiales et qui ne comptent que par les gains qu'ils gagnent en pariant. Pour ce genre des parieurs, dont le niveau de vie se trouve, pour la plupart, en deçà du seuil de pauvreté, le jeu parifoot se révèle être une petite bouffée d'oxygène financière.

Partant de ces différentes considérations du jeu parifoot par ses consommateurs kinois, nous pouvons constater que dans le chef de certains parieurs, ce jeu constitue « un moyen de gagner de l'argent facile ». Ce qui nourrit en nous, un questionnement selon lequel l'argent facile est-il vraiment facile à gagner ?

Si cela semble se confirmer dans d'autres domaines, dans le jeu parifoot, la littérature récuse cette illusion. Dans le cas précis de cette étude,les résultats de l'enquête révèlent que sur une période de sept jours de prise des paris, seuls 5,7% des parieurs ont réussi à placer un pari gagnant (1,9% ont gagné une somme inférieure à 10$ us et 3,9%, supérieure à 15$ us). Relevons que certains parieurs, par envie démesurée, réinvestissent et, par conséquent font noyer le fameux gain réalisé au bout d'un long intervalle de temps et après d'innombrable tentatives. Par ailleurs, même si les individus investissent dans le jeu en espérant gagner davantage mais sur le long terme, toutes choses restant égales par ailleurs, le total des sommes investies reste toujours supérieur au montant de gains cumulés. C'est ce quijustifie, économiquement parlant, l'espérance négative au jeuque renseigne les données du tableau XII qui démontrent que 55,8 % des parieurs affirment cet état des choses.

Toutefois, dans cet univers, la perte ne génère aucune anxiété auprès de ces parieurs. Ils sont déjà habitués aux échecs. La plupart d'entre eux savent que les résultats positifs ou négatifs de ce jeu reposent en grande partie sur le hasard, car le parifoot est un jeu de semi hasard. Qui pouvait croire que le FC Barcelone ou le Real de Madrid allait perdre un match de championnat face à une équipe promis en deuxième division ? Ainsi la loi du foot stipule qu'on ne prédit pas le résultat d'un match avant son déroulement.

En attendant de trouver mieux, ces parieurs continuent leur routine quotidienne dans l'espoir d'une vie meilleure. Ils sont convaincus qu'ils détiennent à travers ce jeu, un moyen plus ou moins sûr pour trouver des solutions à leurs problèmes qui se traduisent le plus souvent par les achats des biens matériels comme téléphone, télévision, radio, .... Malheureusement pour eux, le gain résultant de ce canal n'est pas non seulement consistant pour couvrir tous les besoins qu'ils font face mais aussi il survient de façon aléatoire. Ce qui rend presque hypothétique le rêve de certains kinois qui recourent à ce jeu parifoot dans l'idée d'améliorer significativement leur condition de vie.

2.2.13. Dualité des retombées du jeu parifoot à Kinshasa

D'une manière générale, bien que la pratique du jeu parifootsoit associé au plaisir et au fait de permettre à ses consommateurs de vivre des sensations fortes, dans le contexte congolais, il est d'abord perçu comme un moyen facile et rapide d'accéder à l'argent. Cette perception lui vaut une valorisation sociale capitale dans cette société. A cette liste, s'ajoutent quelques retombées positives au niveau macroéconomique dues à l'autorisation par l'Etat congolais de libéraliser ce segment du secteur des JAH, domaine jadis réservé à la Sonal.

L'exploitation du jeu parifoot par les sociétés privées nationaux et internationaux a entrainé non seulement la création de quelques emplois pour les congolais, réduisant tant soi peu le taux de chômage, mais aussi permet au gouvernement d'accroitre son assiette fiscale au travers les différentes taxes (TVA, taxe ad valorem des parieurs, ...) payées par ces sociétés. Toutefois, par manque de chiffres fiables sur l'effectif total de ces sociétés, nous ne pouvons déterminer avec précision leurs contributions notamment au produit intérieur brut, au produit national brut et leurs charges publiques par la fiscalité.

Cependant, en nous tablant sur les données publiées sur le site web du média Digital Congo, il transparait qu'en 2017, l'unique taxe ad valorem des parieurs avait rapporté plus de 1,7 milliard de francs congolais, une augmentation nette par rapport à l'année 2016 qui a rapporté à l'Etat 888.823.348 Fc, soit 186 % des réalisations par rapport à la prévision. Selon les condensés annuels du ministère du Budget, «Business et Finances» indiquait qu'en 2016, cette taxe avait apporté au Trésor public, plus que certains services d'assiette, comme les ministères de la Communication et des Médias (105.957.812 Fc), de la Culture et des Arts (255.482.509 Fc), du Plan (41.643.341 Fc), de la Recherche scientifique (12.958.160 Fc).69(*)Ce qui prouve à quel point les JAH, en général, et les paris sportifs, en particulier, montent en puissance non seulement dans la capitale, mais aussi dans les grandes agglomérations de l'arrière-pays.

Par contre, même si ce jeu semble être bénéfique pour les parieurs et semble être d'une certaine manière, stimulatrice de la croissance économique, il est, au-delà des échauffourées qu'il occasionne, une source de désagrégation sociale, caractéristique commune des jeux d'argent. Il génère cependant, en cas d'une pratique excessive, des effets nocifs qui provoquent des dommages dans la vie du parieur. Celui-ci devient dépendant du jeu et lorsqu'il perd de l'argent, il se sente obligé à rejouer pour récupérer la somme perdue et par conséquent, risque de perdre un montant plus élevé que celui déjà perdu. Au final, il tombe dans une forme de cercle vicieux duquel il aura du mal à sortir.

En effet, l'addiction au jeu appelée aussi « jeu pathologique » est une maladie ou une dépendance incontrôlable vis-à-vis du jeu. Les parieurs pathologiques sentent un « besoin » extrême à miser de l'argent et à jouer pour combler le manque et l'angoisse qu'ils sentent lorsqu'ils ne jouent pas. Cela entraine des conséquences financières, légales, personnelles, familiales, sociales, scolaires et professionnelles jugées négatives.

Néanmoins, bien que les parieurs interrogés aient fait montre d'un niveau élevé des connaissances sur les effets néfastes résultant de ce jeu comme renseigné dans le tableau XIV, la majorité d'entre eux considèrent que leurs habitudes vis-à-vis de ce jeu ne sont pas problématiques. Malgré ces dangers(perte du temps, endettement, dépendance,...) qu'ils encourent en cas d'une pratique excessive mais surtout des pertes endurées depuis lors dans ce jeu, 61,5% des parieurs ont manifesté sans ambages l'envie de continuer de tenter leur chance bien que 32,7% hésitent encore.

Or, selon American Psychiatric Association(70(*)), la problématique du jeu apparaît, lorsque des difficultés persistantes et récurrentes empêchent le parieur de surmonter le désir de jouer et que ce comportement rejaillit sur le plan occupationnel, personnel et familial. N'est-ce pas là, le cas pour ces parieurs qui ne manifestent point l'idée d'abandonner ce jeu malgré les frustrations et le niveau des risques liés à l'addiction qu'il peut engendrer ?

La normalisation des comportements de ces parieurs trouve probablement une partie de son explication aussi bien dans les croyances qu'ils entretiennent que dans les valeurs propres au contexte social et économique dans lequel ils évoluent. En effet, dans cet état de choses, le parifoot représente pour eux, une occasion de trouver quoi satisfaire leurs besoins. Leur attitude véhicule une vision du jeu comme une voie à leur portée pour accéder à la richesse, à la réussite et au pouvoir, qui se résume en tout, en argent liquide.

C'est ainsi que pour terminer, nous ne pouvons-nous empêcher de noter que c'est au travers de cette illusion erronée sur le jeu parifoot que les opérateurs mènent à bon escient leurs campagnes publicitaires jugées très captivantes. Celles-ci présentent le jeu non seulement comme une option acceptable et à la portée de tous pour avoir du plaisir et accéder à la richesse, mais présentent aussi le fait de parier en lui-même comme une démonstration de pouvoir et de compétence (71(*)). Il n'est pas surprenant de tomber à longueur des journées sur des slogans du genre « beta, olongi, to futi », « jouer et gagner », « gagner avant de jouer », « le pari des gagnants », ... Ilsconstituent autant de formules percutantesque font circuler les publicités des opérateurs pour titillerles parieurs de tenter leur chance.

Si les jeux d'argent, de manière générale et, les paris sportifs, en particulier, ne sont pas dangereux en soi, retenons qu' une étude publiée en février 2018, par les chercheurs Derrick Ssewanyana et Byron Bitanihirwe révèle qu'ils représentent en Afrique subsaharienne un réel problème de santé publique (72(*)). Cela est d'autant inquiétant surtout pour des personnes en proie à la pauvreté, etpour qui, ce jeu représente une source des revenus. Aussi, dans un environnement comme le nôtre, c'est-à-dire régulé de manière très vaporeuse, la popularité du jeu parifoot et son accessibilité, multiplient les risques d'addiction surtout pour les mineurs.

L'enquête menée auprès de l'échantillon des parieurs de Livulu n'a point détecté des individus sombrés dans une spirale infernale ou dans une tout autre sorte de dépendance liée à ce jeu. Mais cela ne nous empêche pas d'interpeler aussi bien les autorités que les institutions tant nationales qu'internationales, sur la nécessite d'initier une étude globale sur la prévalence de jeu parifoot sur les parieurs congolais pour ressortir le niveau de dangerosité qui entoure cette pratique.

Conclusion du chapitre

Les résultats de cette étude attestent que dans le milieu congolais marqué par un contexte de désoeuvrement et de chômage massif, le jeu parifoot perd sa dimension ludique, pourtant sa principale fonction, au détriment de l'appât du gain. Dans leur façon de jouer, les parieurs de Livulu donnent l'impression que ce jeu constitue tout pour eux, c'est-à-dire leur unique espoir pour améliorer leurs conditions de vie au quotidien. Pour tout dire, terminons par révéler cette pensée tirée dans l'oeuvre de Dostoïevski pour qui « le joueur ne joue plus à un jeu, il joue sa vie ».

C'est ce que nous observons chaque jour, auprès de ces parieurs qui recourent souvent à ce jeu, non pas pour se divertir mais pour la quête de leur survie. Cet enthousiasme au jeu parifoot explique son expansion spectaculaire dans nos quartiers où les points de vente ne cessent de naitre comme des champignons. Ce jeu attire des personnes de toutes les catégories sociales, de tous âge, de tout genre, ... mieux, c'est un jeu pour monsieur tout le monde.

CONCLUSION GENERALE

Tout au long de cette étude, nous avons tenté d'esquisser autant que faire ce peu, un phénomène complexe de notre société qui est celui de parifoot. En effet, le jeu de pari est un phénomène social dont l'apparition se perd dans la nuit des temps. Par ailleurs, en tant que phénomène global, la fièvre des paris sur le sport a atteint tous les pays du monde, y compris ceux d'Afrique, notamment, la RDC. C'est ce qui nous a motivé d'aborder cette thématique axée sur L'état des lieux du jeu parifoot comme moyen de survie pour ses consommateurs ».

Parti pour être une simple forme de divertissement, miser de l'argent sur les résultats sportifs est devenu une véritable passion pour certaines personnes. Il est vrai que la RDC n'a pas rejoint la danse au même moment que certains pays du monde, voire même de l'Afrique, mais ce qui est sûr, c'est que le pays entier a pris le pas et s'est arrimé sur le jeu parifoot.Cependant, même avec un regard distrait, il ressort quel'avènement de ce jeu dans la ville de Kinshasa où une bonne partie de sa population vit dans une situation de précarité démesurée, est considéré par plus d'un comme un moyen de vivre et mieux desurvivre.

À travers cette étude, notre principale préoccupation était de savoir sur quoi est fondé l'inclination de la population kinoise au jeu parifoot ? Ce propos interrogatif a suscité d'autres questions secondaires dont les plus pertinentes ont pu être formulées en ces termes :

i) l'avènement de ce jeu à Kinshasa, a-t-il eu un impact substantiel dans le train de vie de ses consommateurs ?

ii) quelles sont les incidences constatées depuis l'avènement de ce jeu dans cette ville capitale de la RDC ?

Pour valablement répondre à ces interrogations, dont l'essentiel a constitué le fil conducteur de l'étude, nous avons résolu de mener une investigation auprès des parieurs kinois, ce qui nous a conduit à enquêter dans la commune de Lemba et plus précisément au quartier Livulu. Afin de mener à bon port cette étude, l'usage des méthodes analytique et statistique, s'est révélé très important. A ces méthodes, nous avons adjoint les techniques documentaire, d'observation directe et de questionnaire pour la production des données.

Dans le but de mieux assurer le cheminement de notre pensée, outre l'introduction générale et la conclusion générale, cette étude a été articulée en trois chapitres.Le premier chapitre a porté sur les considérations générales des paris sportifs. Le deuxième a présenté un état des lieux global de l'activité paris sportifs. Et le troisième et dernier chapitre quant à lui, a évalué le jeu parifoot comme moyen de survie pour les parieurs kinois.

À l'issue de l'enquête de terrain, les principaux résultats nous révèlent que,les paris sportifs s'emparent sensiblement des moeurs des Kinois et la raison principale de l'explosion de ce marché reste, en grande partie, la forte paupérisation qui caractérise cette population. A cela s'ajoute d'autres stratégies employées par les opérateurs de parifoot pour attirer la clientèle. Dans une situation comme la nôtre, l'enquête fait remarquer que les plus indigents s'adonnent le plus au parifoot à la recherche du gain financier pour espérer subvenir à leurs besoins existentiels. Cette pratique qui attire un grand monde mais surtout les jeunes et parfois même les mineurs, représente pour ces personnes une lueur d'espoir. Tel est le facteur clé qui explique l'attirance des Kinois au jeu parifoot.

Au regard de ce qui précède, dans un contexte marqué par l'étroitesse du marché d'emploi et surtout de limitation de sources de revenus, l'activité de paris sportifs est perçue comme la nouvelle mine d'or pour les parieurs kinois.En réalité, les résultats de l'enquête attestent que, ce qui est qualifié de « l'argent facile » par les parieurs, s'avère ne pas l'être au final. Toutefois, ce jeu procure à ses consommateurs, même de façon incertaine, des revenus qui leurs permettent de résoudre tant bien que mal, quelques problèmes quotidiens et dans certaines mesures, ils leur permettent de subvenir aux besoins existentiels auxquels ils font face.

Pour ce qui est des retombées de ce jeu dans la ville de Kinshasa, l'étude révèle qu'à travers les données aussi bien de l'enquête que de la documentation, certains éléments sont à mettre dans son actif, notamment, la balance des emplois créés par les sociétés de parifoot installées à Kinshasa, les impôts qu'elles payent sur les revenus et les gains que certains parieurs remportent. Cependant, notons que le parifoot est une forme de divertissement à risque qui entraîne parfois des coûts exorbitants dans la vie de certains parieurs. Ces effets s'accompagnent des conséquences négatives.

Ainsi, à l'issue de l'analyse de ces résultats, toutes les hypothèses que nous avons alignées se sont avérés exactes et vérifiables à partir des données de terrain récoltées auprès des parieurs de Livulu. C'est ici l'occasion pour nous de recommander à l'Etat congolais d'évaluer les conséquences tant économiques que sociales causées par ce jeu afin de mettre en place des bonnes politiques qui limitent les effets négatifs de ce jeu de hasard en favorisant ce secteur qui s'annonce déjà prometteur.

Loin de nous toute idée de prétention d'avoir épuisé la matière qui porte sur ce jeu et sur les parieurs qui sont ses animateurs dans un si petit espace que nous offre le cadre de ce travail. Aussi ne nous empêchons-nous pas de reconnaitre que cette étude reste notre modeste contribution à l'oeuvre commune. Pour cela, nous invitons d'autres chercheurs à nous emboîter le pas et à l'enrichir avec de nouvelles réflexions scientifiques en vue de l'édification de cet édifice commun.

BIBLIOGRAPHIE

I. Ouvrages

- CAILLOIS, R., Les jeux et les hommes : le masque et le vertige [1958], Paris, Gallimard, 1967.

- HUIZINGA, J., Homo ludens. Essai sur la fonction sociale du jeu, Paris, Gallimard, 1951.

- INSERM, Jeux de hasard et d'argent : Contextes et addictions, Paris, Editions Inserm, 2008.

- LAUBET, J.-L., Initiation aux méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, L'Harmattan, 2000.

- MARTIGNONI-HUTIN, J.-P., Faites vos jeux, Paris, L'Harmattan, 1993.

- MUCCHIELLI, A., Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales, Paris, éd. Armand Colin, 1996.

- SHOMBA KINYAMBA, Méthodologie de la recherche. Les ficelles de captage et les logiques d'analyse des données, Kinshasa, éd. PUK, 2012.

- SHOMBA KINYAMBA, S., Méthodologie et épistémologie de la recherche scientifique, Kinshasa, PUK, 2013.

II. Articles scientifiques

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- BRODY, A., et AGATI (d'), M., « Apprendre à jouer à un jeu d'argent : comparaison entre les processus de socialisation des joueurs de poker en France et des parieurs sportifs en Italie », in Pratiques sociales et apprentissages, Paris, juin, 2017.

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- JÄRVINEN-TASSOPOULOS, J., « Les jeux d'argent : un nouvel enjeu social ? », in De Boeck Supérieur, n°23, 2010.

- LAVIGNE, J.-C., « Les jeux d'argent », in Revue d'éthique et de théologie morale, n°262, 2010.

- MCMULLAN, JL, KERVIN M., « Vente de jeux sur Internet : publicité, nouveaux médias et le contenu de la promotion de poker », in Revue internationale de santé mentale et de toxicomanie, 2012.

III. Travaux de fin des cycles universitaires

- BATTISTINI, C., En quoi le comportement d'unparieur influence-t-il saréussite ?, Mémoire de DEA en Psychologie, Canada, 2014.

- DI GASPERO, M., Les déterminants de la performance des parieurs sportifs sur internet, Mémoire de Maitrise en Sciences de Gestion, HEC Montréal, mai 2012.

- FUMWAKWAU KINIATI, J., Les déterminants du chômage parmi les jeunes diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa. Avec interprétations statistiques et sociologiques, Mémoire de licence en Economie et Gestion, Université de Kinshasa, 2015

- IMAD NAHAS, Le jeu et le pari en droit, Thèse de doctorat en Droit, Université Panthéon-Assas, Paris.

- MERCIER, J., Cognitions des parieurs sportifs, Thèse de Doctorat en Psychologie, Université Laval, Québec-Canada, 2019.

- SASHA M., Etude des motivations, des cognitions et des émotions chez les joueurs de jeu de hasard et d'argent, Thèse de doctorat en Psychologie, Université Paris Descartes, 2018.

- SAVARD, A.-C.,Habitudes problématiques de jeux de hasard et d'argent à l'adolescence : une analyse axée sur la perspective de l'acteur, Thèse de doctorat en Philosophie, Université Laval, Quebec, 2016.

IV. Notes de cours

- BOLITO LOSEMBE, R., Support du cours d'Economie politique II, Deuxième Graduat, FASEG, 2019.

- KIMUANGA EYAMBO, P.-F., Support du cours d'Economie Industrielle Générale, Troisième Graduat en FASEG/Unikin, 2019-2020.

- MBWINGA, Support du cours de Gestion Marketing, Troisième Graduat en FASEG/Unikin, 2019-2020

V. Divers documents

- Guide d'utilisation à destination des « référents paris sportifs », Ligue de Football Professionnel, France, 2020.

- MAHER, A., et alii, Modèles de parrainage sportif par le jeu, compagnies d'alcool et de produits alimentaires : une enquête Internet, BMC Public Health, 2006.

- MINOTTE, P. et BOVORT, C., Les usages jeunes des espaces numériques dédiés aux jeux d'argent et de hasard, Rapport du Centre de Référence en Santé Mentale (CRéSaM), Belgique, 2015.

- PAPINEAU, E., Les impacts socioéconomiques attribuables aux jeux de hasard et d'argent en ligne : dimensions individuelles et collectives, Rapport de recherche Programme Action Concertée, Québec, 2012.

- PNUD, Profil résumé : Pauvreté et conditions de vie des ménages, province de Kinshasa, mars 2009

- Rapport de l'ACC, L'analyse contextuelle et de conjonctures de la R.D. Congo, octobre 2015.

- SEVIGNY, S., et alii, Les joueurs de paris sportifs : synthèse critique des connaissances, Québec, Université Laval, 2016.

VI. Webographie

- BLANCHARD-DIGNAC, C., « La révolution numérique des jeux d'argent », in Pouvoirs, n° 139, 2011, sur : https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2011-4-page-25.htm

- http://www.eurosportbet.fr/2019/05/14/comment-la-technologie-digitale-change-lunivers-des-paris-sportifs/

- https://fr.wikipedia.org/wiki/Bookmaker

- https://parissportifstpe.wordpress.com/fonctionnement/

- https://www.africatopsuccess.com/etat-des-lieux-du-jeu-de-hasard-en-afrique/ consulté le 20/11/2020

- https://www.digitalcongo.net/article/5bcf0a01a6a2ad0004c49681/

- https://www-gamblingsites-com/sports-betting/introduction/types-ofbookmakers/,

- KERESZTES, M., La publicité pour les jeux d'argent en ligne. Son intérêt, nous plumer toujours et partout, Analyse n°356, Centre Permanent pour la Citoyenneté et la Participation, Bruxelles, décembre, 2018, sur http://www.cpcp.be/publications/jeux-publicite

- OROCOTI, F., Les paris sportifs en Afrique : Évolution et lois en vigueur, sur http://www.africatopsports.com

- PASCAL, B., sur https://dicocitations.lemonde.fr/citations/citation-93532.php

- GAUDIN, Y., Les jeux de hasard. Un usage problématique de l'argent, in « Terrains/Théories », sur http://journals.openedition.org/teth/367

- SSEWANYANA, D. et BITANIHIRWE, B., En Afrique, la démocratisation des smartphones fait prospérer les jeux de hasard, sur https://korii.slate.fr/et-caetera/afrique-jeunesse-democratisation-smartphones-jeux-hasard-argent-paris-risque-addiction

- VOINÇON, M., Les nouvelles technologies révolutionnent les centres de paris sportifs, sur https://www.digilor.fr/les-nouvelles-technologies-revolutionnent-les-centres-de-paris-sportifs/

TABLE DES MATIERES

Épigraphe i

Dédicace ii

Avant-propos ii

INTRODUCTION GENERALE 2

1. Présentation du sujet 2

2. Problématique 2

3. Hypothèses 2

4. Choix et intérêt dusujet 2

4.1. Intérêt d'ordre scientifique 2

4.2. Intérêt d'ordre pratique 2

5. But et objectifs du travail 2

6. Approche méthodologique 2

6.1. Méthodes 2

6.2. Techniques 2

7. Délimitation du travail 2

8. Difficultés rencontrées 2

9. Structuration du travail 2

Premier chapitre 2

CONSIDERATIONS GENERALES SUR LES PARIS SPORTIFS 2

1.1. REVUE DE LA LITTERATURE 2

1.2. NOTIONS GENERALES SUR LES PARIS SPORTIFS 2

1.2.1. Définition 2

1.2.2. Courte évolution de l'activité des paris sportifs 2

1.2.2.1. De ses prémices () 2

1.2.2.2. De sa monétisation 2

1.2.3. Différentes formes des paris sportifs 2

1.2.3.1. Pari hippique 2

1.2.3.2. Loterie sportive ou loto pari 2

1.2.3.3. Pari sportif mutuel 2

1.2.3.4. Paris à côtes ou paris sportifs modernes 2

1.2.4. Caractéristiques des paris sportifs à côtes 2

1.2.4.1. Typologie 2

1.2.4.1.1. Paris simples 2

1.2.4.1.2. Paris multiples 2

1.2.4.2. Différents types des côtes 2

1.2.4.3. Fonctionnement des côtes 2

Deuxième chapitre 2

PRESENTATION GENERALE DU SECTEUR DES PARIS SPORTIFS 2

2.1. LES ACTEURS IMPLIQUES DANS LE DEROULEMENT DE PARIS SPORTIFS 2

2.1.1. Le bookmaker 2

2.1.1.1. Fonctionnement de bookmaker 2

2.1.1.2. Catégories des opérateurs de paris sportifs 2

2.1.1.2.1. Du point de vue fonctionnel 2

2.1.1.2.2. Du point de vue juridique 2

2.1.2. L'Etat 2

2.1.2.1. Autour de l'intervention de l'Etat dans l'activité de pari sportif 2

2.1.2.1.1. Raison du maintien de l'ordre social et public 2

2.1.2.1.2. Raison d'ordre financier 2

2.1.2.2. Canaux de participation de l'Etat dans l'activité de paris sportifs 2

2.1.2.2.1. L'Etat en tant qu'autorité de régulation 2

2.1.2.2.2. L'Etat en tant qu'opérateur 2

2.2. EVOLUTION DE L'ACTIVITE DES PARIS SPORTIFS A TRAVERS LE MONDE 2

2.2.1. Atouts dans l'expansion des paris sportifs à travers le monde 2

2.2.1.1. Le matraquage publicitaire 2

2.2.1.2. Sponsoring 2

2.2.1.3. Celebrity marketing 2

2.2.1.2. Digitalisation 2

2.2.1.2.1. Simplification du jeu 2

2.2.1.2.2. Diversification de l'offre 2

2.2.2. Quelques tendances de l'activité des paris sportifs 2

2.2.2.1. Les principaux pays de paris sportifs dans le monde 2

2.2.2.2. Le sport le plus misé dans les paris sportifs 2

2.2.3. Vue panoramique de l'activité de paris sportifs en Afrique 2

2.2.3.1. Le marché africain des paris sportifs 2

2.2.3.2. La régulation des jeux d'argent 2

2.2.3.3. La survenance et l'extension du marché de parifoot à Kinshasa 2

2.2.3.3.1. Stratégies d'attirance des parieurs par les opérateurs 2

2.2.3.3.2. Culture sportive 2

2.2.3.3.3. Dispositifs sociotechniques 2

Conclusion du chapitre 2

Troisième chapitre 2

EVALUATION DU JEU PARIFOOT COMME MOYEN DE SURVIE POUR LES PARIEURS KINOIS 2

2.3. UNIVERS DE L'ENQUETE 2

2.3.2. Du but de l'enquête 2

2.3.3. Du milieu d'étude 2

2.3.5. Production proprement dite des données 2

2.3.5.1. Outil de production des données 2

2.3.5.2. Administration du questionnaire 2

2.3.6. Période de l'enquête 2

2.4. PRESENTATION DES RESULTATS DE L'ENQUETE 2

2.4.2. Identification des enquêtés 2

2.4.3. Opinions émises par les parieurs de Livulu 2

2.4.3.1. Habitude au jeu parifoot 2

2.4.3.2. Aspect financier 2

2.4.3.3. Appréciation du jeu parifoot 2

2.5. ANALYSE DES DONNEES DE L'ENQUETE 2

2.5.2. Appât du gain financier comme facteur clé d'inclination au jeu parifoot 2

2.5.3. Appréciation du jeu parifoot comme stratégie de survie par les kinois 2

2.5.4. Dualité des retombées du jeu parifoot à Kinshasa 2

Conclusion du chapitre 2

CONCLUSION GENERALE 2

BIBLIOGRAPHIE 2

* 1SIMIAND, F., cité par GAUDIN, Y., Les jeux de hasard. Un usage problématique de l'argent, in « Terrains/Théories », mis en ligne le 17/11/2014, consulté le 12/11/2019, sur http://journals.openedition.org/teth/367

* 2 Citation de PASCAL, B., consulté le 30/8/2020 sur https://dicocitations.lemonde.fr/citations/citation-93532.php

* 3 CAILLOIS, R., Les jeux et les hommes : le masque et le vertige [1958], Paris, Gallimard, 1967, p.124.

* 4BATTISTINI, C., En quoi le comportement d'unparieur influence-t-il saréussite ?, Mémoire de DEA, 2014, p.10.

* 5 DI GASPERO, M., Les déterminants de la performance des parieurs sportifs sur internet, Mémoire de Maitrise en Sciences de Gestion, HEC Montréal, mai 2012, p.14.

* 6L'acte notarié du 18 mai 1984 qui lui confère ce monopole vaut dérogation par rapport au Décret du 17 août 1927 qui interdisait formellement le déroulement de ces jeux sur toute l'étendue du territoire national.

* 7 www.memoireonline.com/11/12/6488/m_Causes-de-la-pauvrete-en-ville-de-Beni-en-RDC-Cas-du-quartier-Mabolio1.html, consulté le 02/02/2021

* 8 Rapport de l'ACC, « L'analyse contextuelle et de conjonctures de la R.D. Congo », octobre 2015, p.37.

* 9 Jeu basé sur les résultats de courses des chevaux se déroulant en France.

* 10 www.memoireonline.com/05/19/10804/m_La-pratique-excessive-du-PMU--Abidjan2.html, consulté le 25/02/2021

* 11 SHOMBA. KINYAMBA, S., Méthodes de recherche scientifique, Kinshasa, éd. M.E.S., 2006, p.53.

* 12 SHOMBA KINYAMBA, S., Méthodologie et épistémologie de la recherche scientifique, Kinshasa, PUK, 2013, p.6.

* 13 SHOMBA KINYAMBA, Méthodologie de la recherche. Les ficelles de captage et les logiques d'analyse des données, Kinshasa, éd. PUK, 2012, pp.50-51.

* 14 MUCCHIELLI, A., Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales, Paris, éd. Armand Colin, 1996, p.6.

* 15 VERHAEGEN B. cité par SHOMBA KINYAMBA, S., op.cit., p. 51.

* 16 LAUBET, J.-L., Initiation aux méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, L'Harmattan, 2000, p.120

* 17Idem, p.122.

* 18 HUIZINGA, J., Homo ludens. Essai sur la fonction sociale du jeu, Paris, Gallimard, 1951. p.23.

* 19Idem, p.79.

* 20LAVIGNE, J.-C., « Les jeux d'argent », in Revue d'éthique et de théologie morale, n°262, 2010, p. 3.

* 21JÄRVINEN-TASSOPOULOS, J., « Les jeux d'argent : un nouvel enjeu social ? », in De Boeck Supérieur, n°23, 2010, p. 5.

* 22LAVIGNE, J.-C., op.cit., p.3.

* 23BLASZCZYNSKI et NOWER cité par SASHA M., Etude des motivations, des cognitions et des émotions chez les joueurs de jeu de hasard et d'argent, Thèse de doctorat en Psychologie, Université Paris Descartes, 2018, p.326.

* 24 INSERM, Jeux de hasard et d'argent : Contextes et addictions, Paris, Editions Inserm, 2008, p.108.

* 25 WILLIAMS, R.J., cité par MERCIER, J., Cognitions des parieurs sportifs, Thèse de Doctorat en Psychologie, Université Laval, Québec-Canada, 2019, p.76.

* 26 CURRIE et alii cité par MERCIER, J., op.cit., p.108.

* 27 BLANCHARD-DIGNAC, C., « La révolution numérique des jeux d'argent », in Pouvoirs, n° 139, 2011, p.9, disponible en ligne sur : https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2011-4-page-25.htm

* 28 MARTIGNONI-HUTIN, J.-P., Faites vos jeux, Paris, L'Harmattan, 1993, pp. 207 et 211.

* 29 CAILLOIS, R., op.cit., p. 52.

* 30 MERCIER, J., op.cit., p.79.

* 31 DI GASPERO, M., op.cit., p.78.

* 32BATTISTINI, C., op.cit., p. 9.

* 33 Résumé effectué à partir des données tirées du site web https://parissportifstpe.wordpress.com/fonctionnement/ consulté le 7/11/2020.

* 34Le gladiateur est une forme de combat qui mettait en duel des condamnés à mort.

* 35FORREST, D. et PÉREZ, L., «The Football Pools», in The Oxford Handbook of the Economics of Gambling, 2013, p.147.

* 36 https://fr.wikipedia.org/wiki/Bookmaker, consulté le 25/11/2020.

* 37 https://www-gamblingsites-com/sports-betting/introduction/types-of-bookmakers/, consulté le 10/10/2020

* 38 WILLIAMS, WOOD et PARKE, cités par PAPINEAU, E., Les impacts socioéconomiques attribuables aux jeux de hasard et d'argent en ligne : dimensions individuelles et collectives, Rapport de recherche Programme Action Concertée, Québec, 2012, p. 44.

* 39 MINOTTE, P. et BOVORT, C., Les usages jeunes des espaces numériques dédiés aux jeux d'argent et de hasard, Rapport du Centre de Référence en Santé Mentale (CRéSaM), Belgique, 2015, p.11.

* 40Guide d'utilisation à destination des « référents paris sportifs », Ligue de Football Professionnel, France, 2020, p. 29.

* 41 Chiffres provenant d'une étude de Cert-Lexsi, cité dans Guide d'utilisation ..., Idem.

* 42 IMAD NAHAS, Le jeu et le pari en droit, Thèse de doctorat en Droit, Université Panthéon-Assas, Paris, p.243

* 43 LAVIGNE, J.-C., op.cit., p.15.

* 44 LAVIGNE, J.-C., Op.cit., p.14.

* 45 KERESZTES, M., La publicité pour les jeux d'argent en ligne. Son intérêt, nous plumer toujours et partout, Analyse n°356, Centre Permanent pour la Citoyenneté et la Participation, Bruxelles, décembre, 2018, p.4., consulté en ligne sur http://www.cpcp.be/publications/jeux-publicite, le 17 novembre. 2020.

* 46 KERESZTES, M., Op.cit.

* 47 MCMULLAN, JL, KERVIN M., « Vente de jeux sur Internet : publicité, nouveaux médias et le contenu de la promotion de poker », in Revue internationale de santé mentale et de toxicomanie, 2012, p.622-645.

* 48 MAHER, A., et alii, Modèles de parrainage sportif par le jeu, compagnies d'alcool et de produits alimentaires : une enquête Internet, BMC Public Health, 2006, pp.95-104.

* 49 http://www.eurosportbet.fr/2019/05/14/comment-la-technologie-digitale-change-lunivers-des-paris-sportifs/ consulté le 18/11/2020

* 50 Idem

* 51 VOINÇON, M., les nouvelles technologies révolutionnent les centres de paris sportifs, publié le 15 avril 2020 en ligne sur https://www.digilor.fr/les-nouvelles-technologies-revolutionnent-les-centres-de-paris-sportifs/ consulté le 19/11/2020

* 52Guide d'utilisation à destination des « référents paris sportifs », Ligue de Football Professionnel, France, 2020, p. 33.

* 53Guide d'utilisation à destination des « référents paris sportifs », p.34

* 54 https://www.africatopsuccess.com/etat-des-lieux-du-jeu-de-hasard-en-afrique/ consulté le 20/11/2020

* 5556 https://www.africatopsuccess.com/etat-des-lieux-du-jeu-de-hasard-en-afrique/, op.cit.

* 57OROCOTI, F., Les paris sportifs en Afrique : Évolution et lois en vigueur, consulté le 18/11/2020 sur http://www.africatopsports.com

* 58OROCOTI, F., Les paris sportifs en Afrique ..., op.cit

* 59 Comme on peut identifier clairement les affiches publicitaires accolées dans les bus de transport en commun (Transco).

* 60 KIMUANGA EYAMBO, P.-F., Support du cours d'Economie Industrielle Générale, troisième graduat en FASEG/Unikin, 2019-2020, p. 162.

* 61 Dans le cas du quartier Livulu, nous avons dénombré trois espaces bien aménagés en écran, en chaises, même en décor pour recevoir les virtuels parieurs de ce quartier. Ce nombre peut sensiblement croitre si on élargit davantage le terrain d'observation (Salongo, Righini, Rond-point Ngaba).

* 62 CHEVRY G. et GABRIEL R-C., Pratique d'enquête statistique, Paris, PUF, 1962, p. 169.

* 63 DELANDSHEERE G., Introduction à la recherche en science de l'éducation, Paris, Armand Colin, 1971, p. 251.

* 64 PNUD, Profil résumé : Pauvreté et conditions de vie des ménages, province de Kinshasa, mars 2009, p.7.

* 65 Idem, p.23.

* 66FUMWAKWAU KINIATI, J., Les déterminants du chômage parmi les jeunes diplômés d'universités de 20-24 ans dans la ville de Kinshasa. Avec interprétations statistiques et sociologiques, Mémoire de licence en Economie et Gestion, FASEG/Unikin, 2015, p.42, consulté en ligne le 24/01/2021. sur : https://www.memoireonline.com/04/17/9821/Les-determinants-du-chomage-parmi-les-jeunes-diplomes-d-universites-de-20-24-ans-dans-la-ville.html,

* 67FUMWAKWAU KINIATI, J., op.cit. p.43.

* 68 Selon BOLITO LOSEMBE, R., un homo oeconomicus est un sujet humain, calculateur individuel, mutuellement indifférent, ne s'intéressant qu'à son propre besoin ou préférence et considéré comme à peu près rationnels, notes de cours d'Economie politique II, G 2, FASEG, 2018-2019

* 69 https://www.digitalcongo.net/article/5bcf0a01a6a2ad0004c49681/, consulté le 01/02/2021

* 70American Psychiatric Association cité dans l'étude deMERCIER, J., op.cit., p.18

* 71 MCMULLAN et al., cité par SAVARD, A.-C., Habitudes problématiques de jeux de hasard et d'argent à l'adolescence : une analyse axée sur la perspective de l'acteur, Thèse de doctorat en Philosophie, Université Laval, Quebec, 2016, p.124.

* 72 SSEWANYANA, D. et BITANIHIRWE, B., En Afrique, la démocratisation des smartphones fait prospérer les jeux de hasard, publié le 29/11/2019 sur https://korii.slate.fr/et-caetera/afrique-jeunesse-democratisation-smartphones-jeux-hasard-argent-paris-risque-addiction, consulté le 24/01/2020.






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