UNIVERSITE DE LUBUMBASHI
ECOLE DE CRIMINOLOGIE
LUBUMBASHI
B.P. : 1825
ENJEUX AUTOUR DE L'OCCUPATION PAR LES PARTICULIERS
DES AIRES PROTEGEES URBAINES DE LUBUMBASHI
(DUBOIS-MAUREY, 1993)
BIATSHINI NZEVU Assaut
Mémoire présenté et défendu en
vue de l'obtention du grade de Master en Criminologie
Master 2 Criminologie Economique et
Environnementale
Lubumbashi, Septembre 2019
UNIVERSITE DE LUBUMBASHI
ECOLE DE CRIMINOLOGIE
LUBUMBASHI
B.P. : 1825
ENJEUX AUTOUR DE L'OCCUPATION PAR LES PARTICULIERS
DES AIRES PROTEGEES URBAINES DE LUBUMBASHI
BIATSHINI NZEVU Assaut
Mémoire présenté et défendu en
vue de l'obtention du grade de Master en Criminologie
Master 2 Criminologie Economique et
Environnementale
Directeur : SERUGENDO KIFENDE Célestin
Professeur d'Université
Année académique : 2018 - 2019
REMERCIEMENTS
Pour commencer, je voudrais remercier mondirecteur, le
Professeur Célestin SERUGENDO KIFENDE, pour son écoute, son
soutien et son intérêt envers mon sujet de recherche. Nous avons
développé une belle relation où j'ai beaucoup appris,
autant par rapport au processus de recherche que face à
moi-même.Je souhaite également remercier le reste du corps
académique, scientifique et administratif de l'Ecole de Criminologie de
l'Université de Lubumbashi qui m'a transmis leur savoir et leur passion
tout au long des années passées dans cette école, sans
oublier la vaillante maman Maguy de la bibliothèque.
Je tiens à remercier mes collègues,Bertin LOBO
MINGA, Jacques BAJIKA KALOMBO, Henri BOPE BUSHEBU, Enoch KISULA, Jean MAJAMA
TSHIYOMBO, Gradi NTUMBA KONGOLO et Jean René SOMBO pour leur
encouragement et la coopération dont nous avons été
bénéficiaires. A ma très chère Assemblée
Spirituelle Locale des Bahá'ís de Kampemba, je dis
sincèrement merci. A toute ma famille, ma très chère
épouse Fabelle KABONGO, mes parents : Bruno KABONGO et Marie
NTUMBA ; beaux-parents : Joseph KABONGO et Jacquie NTUMBA ; mes
frères et soeurs, et mes beaux-frères et belles soeurs, merci
pour tout ce que vous ne cessez de faire à mon endroit.
J'aimeraisdoncremercier égalementtous les gens de mon
entourage qui m'aiment et qui m'ont soutenue pendant l'ensemble de mes
études et de la rédaction de ce mémoire. Sans eux, je
n'aurais pas terminé ce projet qui demande beaucoup d'investissement et
de persévérance.
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
III
TABLE DES MATIERES
II
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE
5
Section 1 : construction de l'objet de
recherche
5
Section 2 : la question de départ
6
Section 3 : l'état de la question
7
Section 4 : La Problématique
12
A. Approche stratégique
(A.S)
12
CHAPITRE 2 : DISPOSITIF METHODOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE
15
Section 1 : Champ d'investigations et
échantillonnage
16
A. Champs
d'investigation
16
B. Echantillonnage
16
Section 2 : Considérations éthiques et
difficultés rencontrées
18
Section 3 : Posture du chercheur
20
Section 5 : Les techniques de récolte
des données
23
A. Entretien
24
B. Les entrevues
conversationnelles
26
C. L'observation
26
Section 6 : Technique d'analyse des
données
27
- L'usage des outils informatiques en analyse
des données qualitatives
30
- Logiciel QDA Miner
32
CHAPITRE 3 : LA GESTION DES AIRES PROTEGEES
URBAINES DE LUBUMBASHI ET L'OCCUPATION DE CELLES - CI PAR LES TIERS
36
Section 1 : types de gestion des aires
protégées urbaines
36
Section 2 : règles formelles de gestion
des aires protégées urbaines à Lubumbashi
39
A. Textes relatifs à la
désignation des espaces réservés
40
B. Occupation
légale
41
C. Sanctions
prévues
41
Section 3 : Enjeux autour de l'occupation des
aires protégées par les tiers
42
A. Système d'action et
zone d'incertitude
43
B. Enjeux autour de l'occupation
des aires protégées
51
C. Données empiriques et
stratégies des acteurs
59
CONCLUSION GENERALE
70
BIBLIOGRAPHIE
73
INTRODUCTION GENERALE
Actuellement la plupart des villes comportent en leurs seins
des aires protégées urbaines dont certaines renferment une grande
biodiversité animale et végétale, y compris espèces
rares ou endémiques, ainsi qu'une grande variété
d'écosystèmes (savanes, forêts, déserts, mangroves,
océans...). Malheureusement, les aires protégées ainsi que
les services éco-systémiques associés qu'elles fournissent
doivent aujourd'hui faire face à des pressions croissantes, telles que
la chasse illégale, feux de brousse non contrôlés,
pâturage illégal, surexploitation du bois et des produits
forestiers non-ligneux, changement climatique, espèces envahissantes,
etc. du, en partie, à l'explosion démographique, une demande plus
forte en ressources, la recherche de nouvelles terres agricoles.(UICN, 2019)
L'identification du territoire, le respect des ententes
internationales en matière de diversité biologique, mais tout
particulièrement l'acceptation par les communautés locales d'une
aire de conservation dans leur environnement de vie semblent être des
éléments qui ralentissent les processus de protection de la
biodiversité. L'acceptabilité sociale des aires
protégées pose certaines questions de base quant à la
protection des écosystèmes : la conservation et la
préservation doivent-elles être réalisées selon des
considérations biologiques, bioéthiques, voire économiques
plutôt qu'en collaboration et en partenariat avec les populations
riveraines de la zone de conservation?
Les institutions nationales responsables de la gestion de la
biodiversité et des aires protégées jouent un rôle
très important dans l'atténuation des impacts de ces menaces sur
les espèces et les écosystèmes à travers diverses
actions, avec des résultats encourageants. Cependant, il reste beaucoup
d'efforts à fournir, et ces institutions ne possèdent pas
toujours toutes les capacités requises pour mettre en oeuvre les
programmes adéquats qui pourraient inverser les tendances actuelles ; ou
pour susciter l'adhésion des acteurs, notamment riverains, à de
nouvelles approches de gestion des aires protégées.(UICN,
2019)
Selon l'UICN, une aire protégée est un espace
géographique clairement défini, reconnu, consacré et
géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d'assurer
à long terme la conservation de la nature ainsi que les services
écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont
associés.(UICN, 2019)
Qui est responsable et tenu de rendre compte des
décisions associées à une aire protégée
donnée?
- Le gouvernement (et ses organismes à divers niveaux)
- Les différentes parties (cogestion)
- Les propriétaires du terrain et des ressources
naturelles concernés (particuliers, entreprises...)
- Les peuples autochtones et les collectivités locales
Le monde de la conservation de la nature a ainsi connu depuis
une trentaine d'années des transformations d'envergure dans sesobjets et
ses modes de fonctionnement. Les principaux organismesdédiés
à la conservation ont vu leurs moyens se renforcer.
Les aires protégées, outils principaux des
politiques de conservation, continuent à se diffuser à
l'échelle planétaire, renvoient aujourd'hui à une grande
diversité d'objectifs, de modèles de gestion et de statuts
juridiques dans lemonde. Elles peuvent présenter des formes complexes
d'aménagementou de gestion des territoires et des ressources : parc
national, parc naturel régional, zone de protection, réserve de
chasse, réserve de biosphère, mesures agri-environnementales,
réseaux de conservation, etc. Elles peuvent aussi signifier le retour de
politiques autoritaires légitimées par la science. Au niveau
international, les réflexions qui les concernent intègrent
néanmoinstrois évolutions majeures qui s'expriment, dans les
meilleurs descas, concomitamment : la prise en compte des activités
humaines,la constitution de réseaux transnationaux et
l'élargissement des préoccupations de conservation à
d'autres secteurs d'activités.(UICN, 2019)
La ville de Lubumbashi, dans son plan urbain de
référence, lors de sa création,étaient prévu
les habitats, les voiries et les équipements, et dans les
équipements nous retrouvons entre autres les aires
protégéestels que : des espaces verts, des terrains
marécageux, des zones reconnues humides, les servitudes, etc.,
actuellement force est de constater que la plupart de ses aires
protégées connaissent de problèmes, sur certaines on y a
construit des maisons d'habitation, sur d'autres des commerces, et d'autres ont
été supprimées et rattachées aux parcelles
environnantes.
L'aménagement urbain de l'agglomération est une
opération qui s'inscrit dans un contexte de développement
durable, avec pour ambition l'amélioration du cadre de vie des
habitants, la contribution au développement économique de
l'agglomération et l'intégration d'éléments de
qualité environnementale dans les projets urbains. (DUBOIS-MAUREY, 1993)
Son but est de coordonner le développement et la
création des villes, dans le respect du cadre de vie des habitants
actuels ou futurs, ainsi que de l'équilibre nécessaire entre
population et équipements (espaces publics, espaces verts,
réseaux d'eau potable, d'assainissement, éclairage public,
électricité, gaz, réseaux de communication).
Dans une perspective de justice environnementale,le champ
d'étude de la criminologie verte doit porter sur les méfaitset
les crimes d'origine humaine dirigés contre la nature, qu'ils
soientinterdits par une loi ou non (POTTER, 2008). La criminologie
environnementales'intéresse aussi aux problématiques morales et
philosophiques reliées aux victimes humaines et non humaines, aux
animaux, auxplantes et aux écosystèmes et à leurs
composantes (WHITE, 2008).
Cesdifférentes approches s'opposent à l'approche
traditionnelle qui n'envisagepas l'existence de la criminalité
environnementale en l'absence de loi prévoyant des infractions (SITU,
2000). La perspectivede la criminologie environnementale mène donc
à la réévaluation de lanotion de crime et au
développement d'un nouveau paradigme afin deconcevoir la justice
écologique et durable au-delà de la conception
légaliste(LYNCH, 2003 ; SOUTH, 2006 ; WHITE, 2008 ; WOLF,
2011).
Le but premier de la criminologie environnementale est
d'étendre les horizons pour attirer l'attention du public sur
lesdiverses manipulations humaines de l'environnement et portant
préjudiceà ce dernier (LYNCH et STRETESKY, 2011). Cela exige
d'examiner le problème d'inégalité et de disparité
sociales relativement à l'adoption,l'application et la mise en oeuvre
des lois environnementales (WOLF,2011). L'intensité des
préjudices découlant de la criminalité
environnementalefait de celle-ci un domaine assez singulier et digne
d'être considéré par les chercheurs en criminologie(LYNCH
et al., 2013 ;WILLIAMS, 1996).
Ainsi, au regard de toutes les déviations
constatées, et sachant que l'écologie urbaine était une
façon de gérer la ville d'une manière rationnelle,
intelligente, souhaitée, voulue et conçue au niveau des
idées, élaboré et exécuté ; et qu'elle
représentait un concept qui reproduit les enjeux écologiques
à la vie en ville, Il y a là interdépendance entre les
citadins et leur environnement urbain , notre étude tentera
d'élucider les enjeux autour del'occupation des espaces aux particuliers
danslesaires protégées sur la ville de Lubumbashi.
Notre travail se structure en trois chapitres. Le premier
présente le cadre théorique de la recherche. Le deuxième
constitue le dispositif méthodologique. Le troisième chapitre
aborde la gestion des aires protégées urbaines en faisant
émerger les enjeux autour de l'occupation de celles - ci par les
tiers.
CHAPITRE 1 : CADRE
THEORIQUE
Ce chapitre qui s'inscrit dans la logique du cadre
théorique présente l'objet de la recherche et sa mise en
contexte. Il s'articule autour des points suivants :à la
première section de ce chapitre, il est question de construire l'objet
de recherche en tenant compte de ce qui est déjà
réalisé. L'objectif de cette section est de préciser ce
sur quoi porte exactement notre étude tout en justifiant son
originalité et sa pertinence.
La deuxième sectionportera sur la question de recherche
qui guide toute cette étude et qui en sert de fil conducteur. Il s'agit
de présenter, sous forme d'un questionnement, ce que nous chercherons
à découvrir ou à expliquer autour de notre objet
d'étude.
Dans la troisième section,il est question de
présenter l'état de la question en rapport avec la
présente étude. Il est précisément question
d'examiner la littérature existante se rapportant à la question
d'enjeux dans la gestion des aires protégées par rapport à
l'octroi aux particuliers des espaces dans celles - ci.
La dernière section présente l'angle
théorique sous lequel est abordée notre recherche. Il est
précisément question de présenter la problématique
de la recherche.
Section 1 : construction
de l'objet de recherche
« Construire un objet scientifique, c'est, d'abord
et avant tout, rompre avec le sens commun, c'est-à-dire avec des
représentations partagées par tous, qu'il s'agisse des simples
lieux communs de l'existence ordinaire ou des représentations
officielles, souvent inscrites dans des institutions, donc à la fois
dans l'objectivité des représentations sociales et dans les
cerveaux. Le pré-construit est partout. »(BOURDIEU, 1992)
« Face au réel, ce qu'on croit savoir offusque ce
qu'on devrait savoir. Quand il se présente à la culture
scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux,
car il a l'âge de ses préjugés. Accéder à la
science c'est spirituellement rajeunir, c'est accepter une mutation brusque qui
doit contredire un passé. [...] L'esprit scientifique nous interdit
d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des
questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut
savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise dans la vie scientifique,
les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est
précisément ce sens du problème qui donne la marge du
véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute
connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas eut
de questions il ne peut y avoir de connaissances scientifique. Rien ne va de
soi. Rien n'est donné. Tout est construit. » (BACHELARD, 1938)
Nous sommes parti du constat tel que certains espaces
appartenant au domaine réservé se retrouvent entre les mains des
tiers, il s'agit : des espaces verts, des terrains marécageux, des
zones reconnues humides, des espaces d'utilité publique tels que
réservés aux espaces de jeux, aux écoles, aux
hôpitaux, etc. qui sont contre toute attente, octroyés aux
particuliers.
Section 2 : la question
de départ
Au tout début d'une recherche, on est
intéressé par un sujet, mais on ne sait pas par où
commencer. Le premier pas est de prendre quelques heures pour formuler une
question de départ, qui nous orientera. C'est une question provisoire.
Peu importe qu'elle paraisse banale, ou trop simple. Mais elle doit
refléter ce que vous avez envie d'étudier, vraiment ; et
elle doit avoir les qualités suivantes :
· Clarté ; évitez les
formulations très vagues.
· Simplicité ; employez
des mots précis mais simples, d'usage courant dans la mesure du
possible. N'utilisez pas de concepts compliqués à ce stade.
· Ouverture ; il doit s'agir
d'une vraie question, dont vous vous rendez compte que vous ne
connaissez pas la réponse. Certaines questions sont juste le
prélude à des démonstrations ; par exemple :
« les patrons exploitent-ils les travailleurs ? ». Or
la question de départ doit ouvrir votre esprit ; elle doit
être exempte de volonté démonstrative, de
préjugés, de pré-notions. Évitez aussi les
questions moralisatrices, dont les réponses peuvent varier selon les
échelles de valeurs de chacun : « telle politique
est-elle juste ? » (à moins que vous souhaitiez
étudier la notion de justice selon tel ou tel groupe social, et donc
contextualiser précisément ce terme).
La question doit être assez large pour laisser toutes
les pistes de réponses possibles.
Un exemple vaut mieux que mille discours : voici une
bonne question de départ, que nous rappellent Van Campenhoudt et
Quivy.
La meilleure manière d'entamer un travail de recherche
consiste à s'efforcer d'énoncer le projet sous la forme d'une
question de départ. Par cette question, le chercheur tente d'exprimer le
plus exactement possible ce qu'il cherche à savoir, à
élucider, à mieux comprendre. La question de départ
servira de premier fil conducteur à la recherche. Pour remplir
correctement sa fonction, la question de départ doit avoir un certain
nombre de qualités de clarté, de faisabilité et de
pertinence.(QUIVY et CAMPENHOUDT, 1995)
Ainsi, lors de la construction de l'objet, nous avons retenu
la question centrale qui est : « Quels sont les enjeux
autourdel'occupation par les particuliers des aires
protégées urbaines de Lubumbashi? »
Section 3 :
l'état de la question
Toute bonne revue de littérature nous envoie donc
explorer trois univers : celui de la réalité, celui des
théories et des concepts connus et enfin, celui des méthodes
déjà employées pour associer les deux premiers. Avec les
technologies actuelles de recherche bibliothécaire dans les
répertoires électroniques, la recherche par sujets et par
mots-clés permet de raffiner la question de départ et de
préciser la question de recherche, à la condition de travailler
systématiquement et de continuellement faire progresser « nos
dessins ».(NOEL, 2011)
La première raison pour entreprendre une revue de
littérature est d'accélérer notre démarche et de ne
pas réinventer la roue. Il est très rare de pouvoir explorer une
question totalement nouvelle et le minimum de rigueur exige d'un chercheur
qu'il connaisse les textes fondateurs du domaine de sa recherche. Il est peu
probable qu'il n'existe pas de livres ou d'articles permettant d'établir
au moins un cadre de référence pour étudier
systématiquement la question qui nous intéresse. Une bonne revue
de littérature doit donc procéder à la fois à un
survol, mais aussi à une évaluation critique des ouvrages
déjà consacrés à notre sujet. Pour que cet
exercicesoit utile, il ne doit pas se contenter de présenter
linéairement les documents consultés, mais il doit en fait
ressortir les contributions importantes.
« Il n'est pas de description qui soit vierge de
théorie. Que vous vous efforciez de reconstituer des scènes
historiques, d'enquêter sur le terrain auprès d'une tribu sauvage
ou d'une communauté civilisée, d'analyser des statistiques,
d'opérer des déductions à partir d'un monument
archéologique ou d'une découverte préhistorique - chaque
énoncé et chaque raisonnement doivent passer par les mots,
c'est-à-dire par les concepts. Chaque concept à son tour est le
fruit d'une théorie, qui décide que certains faits sont
pertinents et d'autres accessoires, que certains facteurs orientent le cours
des événements, et que d'autres sont des intermèdes
fortuits... » (MALINOWSKI, 1944)
Dans les recherches menées, nous avons trouvés
des études et des textes de loi en rapport avec la gestion des aires
protégées. Dans cet examen de la littérature existante,
nous avons évité la gloutonnerie livresque qui est
considérée par QUIVY, R. & VAN CAMPENHOUDT, L. (2006), comme
le fait de lire de nombreux articles ou livres sans sélection
préalable et sans vraiment savoir ce qu'on cherche. Ils
considèrent cela comme un écueil à éviter et qui
conduit le plus souvent au découragement.
Les généralités sur les
aires protégées
1. AIRES PROTEGEES AU QUEBEC : CONTEXTE, CONSTATS ET
ENJEUX POUR L'AVENIR(Québec: Ministère de l'environnement,
1999)
Le texte vise d'abord à établir ce qu'est une
« aire protégée » et à en souligner
l'importance. Il expose également les principaux problèmes
auxquels se heurte le développement de tout espace protégé
au Québec. Ce sont à ces problèmes que la Stratégie
québécoise sur les aires protégées devra trouver
des solutions.
Enfin, ce document précise quels défis la
société québécoise devra collectivement relever
pour favoriser un développement plus important et significatif des aires
protégées, de manière à mieux protéger la
diversité biologique.
Ainsi, l'auteur nous aide à maitriser les objectifs de
la gestion des aires protégées qui sont de :
Ø préserver des biotopes, des
écosystèmes et des espèces dans les conditions les plus
naturelles ou les moins modifiées qui soient ;
Ø maintenir des ressources génétiques
dans un état dynamique et évolutif;
Ø maintenir des processus écologiques
établis ;
Ø sauvegarder des éléments structurels du
paysage ou des formations rocheuses ;
Ø conserver des milieux naturels exemplaires à
des fins d'étude scientifique, de surveillance continue de
l'environnement et d'éducation y compris des aires de
référence, en excluant tout accès qui puisse être
évité ;
Ø réduire au minimum les perturbations, en
planifiant et en menant avec circonspection les activités
autorisées, de recherches et autres ;
Ø limiter l'accès au public.
2. AIRES PROTEGEES : ESPACES DURABLES ?
(AUBERTIN, 2008)
Catherine AUBERTIN et Estienne RODARY ont axé leur
exposé sur quelques questions transversales à savoir :
- les enjeux biologiques de la conservation et notamment
l'utilisation des nouveaux outils tels les réseaux écologiques,
les corridors, l'organisation à l'échelle régionale
d'infrastructures écologiques, etc. ;
- l'intégration des activités humaines dans la
conservation, en particulier les dynamiques de participation et de prise en
compte des savoirs locaux ;
- les convergences et les tensions qui s'affirment entre les
exigences du développement durable et la définition des objets et
objectifs de la conservation.
3. AIRES PROTEGEES : AVANTAGES SANS FRONTIERES :
(PHILLIPS, 2000)
Adrian Phillips et Kenton Miller exposent les avantages que
les aires protégées procurent à la société
et leurs services qui ne cessent de prendre de la valeur. Au-delà de
tout, ils soulignent toutefois que leur aptitude à fournir ces avantages
est entravée par des menaces qui apparaissent à toutes les
échelles et à un rythme sans précédent
4. PROGRAMME DE TRAVAIL SUR LES AIRES
PROTEGEES:(Secrétariat de la Convention sur la diversité
biologique, 2004)
L'auteur insiste sur le fait que les aires
protégées constituent un élément vital des
stratégies de conservation aux niveaux national et mondial. Leur
importance est largement reconnue à l'échelon international.
Les aires protégées ont des valeurs qui sont
essentielles au bien-être humain et qu'elles offrent toute une
série de biens et de services tels que la diversité biologique et
la conservation des écosystèmes qui peuvent dispenser les
services tels que le tourisme; les activités récréatives;
les moyens de subsistance des communautés locales et qu'elles
contribuent à l'atténuation de la pauvreté et au
développement durable.
Les aires protégées en
RDC
1. LES AIRES PROTEGEES EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE(MISSER, 2013)
L'article de François Misser «Les aires
protégées en République Démocratique du Congo :
menaces et défis» dans ce fascicule décrit bien
l'état inquiétant de ces sites extraordinairesrepris sur la liste
des sites du Patrimoine mondial en péril par l'UNESCO.L'Union
européenne apporte une aide précieuse aux autorités
congolaises pour consolider les acquiset redynamiser ces aires
protégées. Malgré tout certaines espèces
disparaissent (c'est le cas durhinocéros blanc de la Garamba) ou sont
fortement menaçées (c'est le cas de l'hippopotame auVirunga). Des
sites sont envahis par des populations locales à la recherche de terres
à cultiver. Desmenaces sérieuses d'exploitation du pétrole
persistent au Parc national des Virunga, le plus ancienparc africain (il date
de 1925).
On ne peut qu'espérer que la situation
s'améliorera peu à peu grâce au courage des équipes
localesde gardes et au support des autorités responsables et des
bailleurs de fonds, dont l'Union Européenneet les coopérations
des Etats membres (RFA, Espagne, Belgique ...).
Dès à présent, le Réseau des aires
protégées en Afrique centrale (RAPAC), qui réunit 8 pays
membressoit 82 aires protégées, a mis en place un Plan
stratégique en vue de redresser cette situation difficile,et grâce
à l'appui de l'Union Européenne, développe sa
stratégie sur le terrain via le programmeECOFAC V.
Une des mesures proposées est l'amélioration de
la formation des cadres des aires protégées quidoivent faire face
à des situations extrêmement complexes. Dans ce cadre, le RAPAC a
demandéà l'Ecole régionale post-universitaire
d'aménagement et de gestion intégrés des forêts et
territoirestropicaux (ERAIFT) d'enquêter sur la situation des aires
protégées d'Afrique centrale et d'identifier lesbesoins en
formation de leurs cadres. L'article de François Misser s'inscrit bien
dans cette démarcheet montre très clairement que les cadres des
aires protégées congolaises doivent faire face à
dessituations complexes nécessitant une approche systémique.
La formation classique basée sur la seuleapproche
biologique est manifestement inadéquate et devrait être
complétée par une approchemultisectorielle mieux adaptée
à la gestion d'aires protégées de grande étendue et
devant faire faceà des problèmes à la fois multiples et
complexes. Ce nouveau type de formation devrait permettrede mieux gérer
les conflits Populations / Aires protégées, d'améliorer la
gouvernance et de participeraux réformes institutionnelles.
Il s'est penché sur les conflits fonciers et
immobiliers en milieu urbain. Il en a relevé les causes,
épinglant notamment la dualité des terres et le conflit
d'autorité, l'interférence des autorités
politico-administratives et les actes maladroits posés par le
Conservateur des titres immobiliers. Il a mis en lumière le rôle
déterminant que joue le fonctionnaire dans le système foncier de
notre Pays, ainsi que l'environnement humain, professionnel et psychologique
dans lequel il évolue, à l'occasion de l'accomplissement de sa
mission.
Le souci de protéger la nature de certaines actions
humaines jugées trop destructrices et sa matérialisation en aires
protégées sont des constructions liées à un cadre
historique et social spécifique.
En exploitant les différents textes, les
différents auteurs nous ont aidés à bien maitriser le
bien-fondé de l'existence des aires protégées et leur
implication dans le développement durable, et par rapport à la
RDC, la sonnette d'alarme est tirée sur l'Etat dans lequel se retrouve
la plupart de nos aires protégées quoi que certains textes
légaux sur la protection et la conservation de l'environnement existent.
Ainsi, connaissant la classification des aires
protégées, et la particularité des aires
protégées urbaines, nous tenterons, au niveau de la ville de
Lubumbashi, deconnaitre les enjeux autour del'occupation des espaces dans les
aires protégées urbaines par la spoliation et de l'octroi
auxquels recourent les acteurs.
Section 4 : La
Problématique
La problématique est la présentation d'un
problème sous différents aspects. Dans un mémoire de fin
d'étude, la problématique est la question à laquelle
l'étudiant va tâcher de répondre. Une problématique
mal posée est un hors sujet. C'est aussi «l'Art de poser des
problèmes (questionnement), ou l'ensemble de problèmes dont les
éléments sont liés.»
Pour ce qui est du mémoire sous étude, nous
avons constaté que l'auteur a réduit la problématique
juste à un manière théorique lui permettant d'approcher
l'objet d'étude, et qui lui servira de lunette visionnaire ou de grille
de lecture lui permettant d'éclairer le problème.
Nous sommes sans ignorer que poser un problème permet
de développer sa réflexion, son sens critique, et ainsi de
pouvoir répondre plusfacilement à des problèmes divers.
Elle permet aussi de développer un raisonnement personnel au travers
d'une question. Et cela, au travers de la problématisation de
différentes lectures autour de la problématique, permet de faire
le point sur la question de recherche ; d'inscrire le travail dans un
cadre théorique et de finalement bien expliquer sa propre
problématique.
Au regard du problème des enjeux autour de la gestion
des aires protégées, pour éclairer la compréhension
de ces enjeux, nous avons opté pour l'approche stratégique comme
le propose CROZIER M et ERHARD. F (1977).
A. Approche stratégique
(A.S)
La théorie de l'acteur stratégique a
été élaborée par Michel Crozier et Erhard Friedberg
au cours des années 1970. Elle repose sur 4 idées centrales :
- Pour comprendre les dynamiques, le plus déterminant
n'est pas le système formel (organigramme, circuits officiels de
communication,...) mais les acteurs (groupes d'acteurs) qui
ont les enjeux, les objectifs qu'ils visent.
- Les acteurs sont intelligents. Cela
signifie que les dysfonctionnements ne sont pas le fruit de
l'irrationalité des acteurs mais au contraire, de leur
rationalité. Un dysfonctionnement n'est donc pas le fruit de
l'irrationalité des acteurs mais la réponse à un enjeu
non-dévoilé d'un des acteurs.
- Pour atteindre leurs enjeux, les acteurs
mobilisent des ressources et tentent de contourner les
contraintes qui se posent à eux.
- En fonction de ces ressources et contraintes, les acteurs
fixent leur stratégie. Ces stratégies d'acteurs
sont ancrées dans « l'ici et maintenant » (en fonction des
enjeux, objectifs, ressources et contraintes du moment). L'analyse
stratégique propose de comprendre ces éléments
(acteurs-clés, enjeux, objectifs, ressources, contraintes,
stratégies) pour définir sa propre stratégie d'action.
CROZIER part du constat suivant : étant
donné qu'on ne peut considérer que le jeu des acteurs soit
déterminé par la cohérence du
système dans
lequel ils s'insèrent, ou par les contraintes environnementales, on doit
chercher en priorité à comprendre comment se construisent
les
actions collectives
à partir de comportements et d'intérêts individuels parfois
contradictoires.
Aucunindividu n'accepte d'être traitétotalement
et uniquement comme l'objetdu fonctionnement ou del'accomplissement des buts
d'uneorganisation. Les conduites des acteursne sont plus vues comme la
simplerésultante, prévisible, stéréotypée
etdonc reproductible, des déterminantsstructurels, financiers
oupsychologiques. Leurs conduites sontinventées par les acteurs, dans
uncontexte, construites en vue de certainsbuts.Au lieu de partir d'un agent
passif répondant de manièrestéréotypée
(c'est-à-dire prévisible) auxchoix du stimulus qu'on lui
impose,l'A.S. postule l'existence d'agents libresayant leurs propres buts.
Au lieu de relier la structure organisationnelle à un
ensemble de facteurs externes, cette
théorie essaie
donc de l'appréhender comme une élaboration humaine, un
système
d'action concret. Elle rejoint donc les démarches qui analysent les
causes en partant de l'individu pour aboutir à la structure (l'
individualisme
méthodologique) et non de la structure à l'individu (
structuralisme).
Pour atteindre ces buts, les acteurs vontpoursuivre leurs
propres stratégies; ilsvont utiliser les ressources dont ilsdisposent de
la manière la plusjudicieuse compte tenu des contraintesdu moment,
telles qu'ils les perçoivent,depuis leur position. Leur conduite
n'estdonc pas entièrement prévisible puisquechangeante. L'acteur
ajusteconstamment sa conduite aux donnéesnouvelles auxquelles il se
trouveconfronté, dans sa recherche de sonintérêt.Pour ce
faire, les acteurs sous études mobilisent les atouts et les ressources
pour arriver à leur fin. Entant que stratèges, les acteurs usent
de tous leurs atouts comme l'expérience professionnelle, la confiance du
supérieur, la diplomatie pour se faciliter les services.
Michel Crozier et Erhard Friedberg cité par Kossi Dodzi
Apenuvor(KOSSI DODZI, 2011)placent la démarche
hypothéticoinductiveau coeur de leur approche.
Celle-ci « part du vécu des acteurs pourreconstruire non
pas la structure sociale générale, mais la logique et
lespropriétés particulières d'un ordre local,
c'est-à-dire la structuration de lasituation ou de l'espace d'action
considéré en termes d'acteurs, d'enjeux,d'intérêts,
de jeux et de règles du jeu qui donnent sens et cohérence
auvécu »(FRIEDBERG, 1993).
Une telle perspective vise à déconstruire
l'objet d'étude afin d'en saisir lalogique interne. Dans le cas de
l'action organisée, elle cherchefondamentalement à saisir les
enjeux et stratégies des acteurs. La priorité estalors
accordée à la connaissance approfondie du système d'action
étudié.
Concrètement, il s'agira de saisir les arrangements et
les mécanismes quipermettent la construction et le maintien de la
coopération entre des acteursempiriques engagés dans une action
organisée.
De ce fait au regard de cette grille de lecture, nous allons
pouvoir comprendre les enjeux des acteursdes services y afférents et des
usagers dans leurs interactions, ainsique la manière dont ils
gèrent leurs zones d'incertitudes et leurs stratégies dans le
système d'action.
CHAPITRE 2 : DISPOSITIF
METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
Comme l'ont dit Luc Van CAMPENHOUDT, Jacques MARQUETet Raymond
QUIVY (CAMPENHOUDT, 2017): En sciences sociales, il faut se garder de deux
travers opposés : un scientismenaïf consistant à croire que
nous pouvons établir des vérités définitiveset que
nous pouvons adopter une rigueur analogueà celle des physiciensou des
biologistes ; ou, à l'inverse, un scepticisme qui nierait la
possibilitémême d'une connaissance scientifique. Nous savons
à la fois plus et moinsque ce qu'on laisse parfois entendre. Nos
connaissances se construisentà l'appui de cadres théoriques et
méthodologiques explicites, lentementélaborés, qui
constituent un champ au moins partiellement structuré, et
cesconnaissances sont étayées par une observation des faits
concrets.
Dans ce volet de notre travail, nous allons présenter
les méthodes que nous avons choisies pour la collecte des informations,
les méthodes d'analyse des résultats obtenus ainsi que les
difficultés connues dans la réalisation de ce mémoire.A
l'égard de notre champ d'étude, le dispositif
méthodologique que nous mettons au point va constituer les parties
suivantes :
1. champs de nos investigations et échantillonnage
2. Considérations éthiques et difficultés
rencontrées
3. La posture du chercheur ;
4. Tracée des recherches
5. Technique de recueil des données,
6. Technique d'analyse des données
Section 1 : Champ
d'investigations et échantillonnage
A. Champs d'investigation
Il ne suffit pas de savoir quel type de données il faut
recueillir mais aussi de circonscrire lechamp d'analyse dans l'espace
géographique et social et dans le temps.Quoiqu'il en soit, le champ
d'analyse exige d'être clairement circonscrit. Une erreur
fréquentechez les débutants consiste à choisir un champ
d'analyse trop vaste.(LO, 2005)
La délimitation d'un champ est une partie importante et
permet d'augmenter la validité et la fiabilité de la
recherche.Pour être réaliste, il y a lieu de fixer les limites
d'analyse de notre recherche. Ici il s'agit de donner les limites temporelles
de l'objet de notre étude.Sur le plan spatial notre étude
s'intéresse aux services de l'environnement et de l'urbanisme et habitat
de Lubumbashi.
De par notre délimitation, nous allons faire
l'investigation de notre champ dans le temps et dans l'espace.
B. Echantillonnage
Pirès voit l'échantillon comme désignant
« une petite quantité de quelque chosepour éclairer certains
aspects généraux du problème » (PIRES,
1997).Autrement dit l'idée de l'échantillon est intimement
liée à l'idée de latransférabilité des
connaissances qui seront produites par la recherche.
L'échantillonnage constitue, pour sa part, l'ensemble
des décisions sous-jacentes au choix de l'échantillon. LECOMPTE
et PREISSLEdistinguent entre deux actions interreliées par lesquelles
tout chercheur passe pour décider de l'échantillon : l'action de
sélectionner et l'action d'échantillonner comme tel. (LECOMPTE,
1993)
L'action de sélectionner réfère,
disent-elles, au processus général de décider, de cibler,
non seulement l'objet de l'étude, mais aussi l'angle par lequel on
souhaite l'approcher. C'est lors de l'opération de la sélection
que les balises théoriques et conceptuelles sont utiles, que les
considérations pratiques, matérielles et logistiques sont prises
en compte.L'opération de sélection va guider, orienter le
chercheur dans le choix du/ des sites.
L'action d'échantillonner découle ainsi des
décisions prises lors de la sélection dans la mesure où le
chercheur décidera de faire la recherche soit auprès de toute la
« population » (l'ensemble du personnel enseignant des écoles
choisies ou tous les cadres des entreprises sélectionnées ou tous
les membres d'une association spécifique) ou auprès de
sous-groupes d'une population selon des critères qui s'avèrent
pertinents théoriquement parlant (le degré de motivation, la
réputation d'engagement professionnel, le caractère innovateur et
autres) ou des critères contextuels (l'âge, les années
d'expérience, le sexe, et autres).
SCHWANDTrésume ces opérations en disant qu'il y
a deux types de décisions à prendre dans le processus
d'échantillonnage : choisir un site et ensuite échantillonner
à l'intérieur de ce site en fonction des considérations
avancées précédemment.(SCHWANDT, 1997)
PIRESchoisit de traiter le processus d'échantillonnage
comme étant une opération par laquelle le chercheur décide
d'abord de la pertinence de travailler sur un cas unique (acteur, lieu,
événement) ou à partir de cas multiples. L'entrée
par le choix du cas (qu'il soit simple ou multiple) est riche car elle souligne
le caractère holistique et dynamique, « multi-interactionnel »
de l'angle d'approche. Chacune des orientations (cas unique, cas multiples)
comporte ensuite ses propres critères et ses propres enjeux. PIRES
identifie, pour le choix du cas unique, les critères de la pertinence
théorique, la qualité intrinsèque et l'exemplarité
du cas, sa valeur heuristique, son intérêt social etson
accessibilité. Dans la situation de cas multiples, deux enjeux sont
poursuivis : celui de la diversification et celui de la saturation. Ces deux
enjeux guideront le choix des cas.(PIRES, 1997)
LECOMPTE et PREISSLEabordent la question de la constitution de
l'échantillon en le situant comme une opération
stratégique, évolutive. Elles identifient et caractérisent
différents types d'échantillon en prenant pour critère de
classification les moments de l'étude. Ainsi, elles décrivent un
premier ensemble de types d'échantillons qui sont effectués au
début d'une étude.(LECOMPTE, 1993)
Une dimension qui est souvent occultée dans les textes
qui traitent del'échantillon et du processus d'échantillonnage en
recherche qualitative est celle des conditions particulières qu'il
convient de prendre encompte selon le cadre méthodologique choisi pour
la recherche. Ainsi, le processus d'échantillonnage n'est pas
nécessairement le même qu'il s'agisse d'uneethnographie, d'une
ethnométhodologie, d'une phénoménologie, de récits
devie ou diverses autres formes d'approches biographiques, d'une étude
de cas,d'une théorie ancrée.
GLASER et STRAUSSont pris soin de rendre très explicite
leur vision duprocessus d'échantillonnage en clarifiant la notion
d'échantillonnage théorique.(GLASER, 1967)
Il s'agit « du processus de collecte de données en
vue de la formulation d'unethéorie grâce auquel le chercheur
mène simultanément les opérations decollecte, de
codification et d'analyse dans le but de décider de l'orientation
àdonner à la collecte des données pour guider la
formulation de la théorieémergente » (trad. libre, p.
45).
En ce qui nous concerne, pour ce qui est des enjeux sur
l'octroi des espaces dans les aires protégées, nous avons tenu
compte de la diversification du fait que nous nous sommes basé sur
plusieurs services publics de l'Etat à savoir : la conservation des
titres immobiliers, l'urbanisme et l'aménagement du territoire ainsi que
l'environnement ; et de la saturation car au bout d'une dizaineentretiens
avec différents acteurs, les nouveaux entretiens ne nous apportaient
plus d'informations nouvelles.
Section 2 :
Considérations éthiques et difficultés
rencontrées
Toute recherche sérieuse repose sur des questions
d'ordre éthique et moral : la recherche vaut- elle la peine d'être
menée? Lesdifférents acteurs impliqués comprennent- ils la
portée de l'étude dans laquelle ils s'engagent ? Leur vie
privée est-elle respectée ? Les répondants ont-ils un
droit de regard sur mes rapports d'étude ? À quoi sert l'anonymat
si les personnes et leurs collègues peuvent facilement se reconnaitre
dans mon étude ? Si tel est le cas, est ce que cela peut leur porter
tort et les blesser ? Que dois-je faire si j'observe un comportement
néfaste lors de mes études de cas? (MILES, 2003)
Le respect des principes éthiques dans
l'élaboration de ce travail était notre cheval de bataille, ainsi
que celui de certains principes en lien avec les personnes
enquêtées, leur emploi, leur dignité, leur
réputation ainsi que celle de leur service, etc.les informations
jugées « sensibles » ont joui de la non divulgation des
personnes concernées.
L'incorporation des considérations éthiques
s'avère très capitale, malgré qu'elle ne fait pas partie
de la démarche méthodologique. La prise en compte du sujet ou
acteur de la recherche est très nécessaire dans toute recherche
en sciences sociales.
Nous avons, pour obtenir le consentement de nos
enquêtés, fourni des garanties que les données mises
à notre disposition ne seraient pas à la base d'une accusation
quelconque qui serait une cause de malaise de quelque forme que ce soit
à leur endroit. Nous sommes sans ignorer qu'un consentement faible
conduit généralement à des données plus pauvres :
les répondants essaieront de se protéger dans une relation de
défiance où le consentement n'aura été
accordé que par les supérieurs (MILES, 2003)
Nous avons usé de l'anonymat par rapport à la
sensibilité des informations qui étaient mises à notre
disposition, qui pouvaient parfois constituer des accusations directes sur des
agents qui pouvaient encourir même des sanctions si les faits
étaient portés à la connaissance des autorités
compétentes. Nous avons tenu à rendre ce travail neutre, pour ne
pas porter préjudice à qui que ce soit, sans pour autant
dénaturer les proposrecueillis.
A propos, MILES, Matthew B. et HUBERMAN, A. Michael estiment
que le préjudice porté aux participants peut se décliner
de bien des manières : perte de l'estime de soi ou fait d'être
« mal vu » des autres , menaces portées aux
intérêts des personnes, à leur position, à leur
avancement dans l'organisation, à la perte du financement d'un
programme, voire poursuites ou arrestation. Si les gens se sentent trahis par
vous lorsqu'ils lisent votre rapport, il leur devient presque impossible de
l'accepter comme interprétation raisonnable de ce qui est arrivé.
En effet, c'est une attitude défensive naturelle au regard de « la
vérité qui blesse » et un sentiment de colère d'avoir
été trompés. (MILES, 2003).
L'anonymat des personnes n'a pas suffi, mais il s'est
également posé un problème relatif au service public dans
lequel le recueil des données s'est effectué. Une question s'est
posée s'il fallait nécessairement citer le service public en
question ou s'il fallait tout simplement se contenter de mentionner que
l'enquête a été effectuée dans un service public de
l'Etat tout simplement. A ce sujet, il nous a été demandé
de préserver l'image du service et d'éviter que les lecteurs de
ce mémoire ne s'imaginent les noms des acteurs à partir du lieu
d'enquête identifié et bien connu ; et des fonctions
occupées.
Cette idée semble être soutenue par MILES,
Matthew B. et HUBERMAN, A. Michael, qui affirment que le problème
fondamental d'une identification lorsque le cas est un site complexe doit
être pensé avant et en cours de préparation du rapport
d'étude. Les acteurs locaux peuvent presque toujours dire qui est
l'acteur décrit (ou le présumer). Au reste, sur le plan
méthodologique, nous avons tenu à faire le terrain pour
éviter que les données présentées ne soient que de
la pure imagination ou du pur mensonge provenant des enquêtés
fictifs.
MILES, Matthew B. et HUBERMAN, A. Michael recommandent ce qui
suit : « L'implication pratique est la suivante : si vous n'avez pas
respecté des tests de qualité éthique pour votre
recherche, vous vous situez sur un terrain intellectuel instable. Il ne s'agit
pas seulement de « plaire » à un parterre de collègues
critiques ; le problème est d'éviter de se leurrer soi -
même. Si tel est le cas, nous pouvons nous attacher à être
honnête envers nos lecteurs sur la façon dont nous avons conduit
l'étude et sur ce qui nous inquiète au regard de sa
qualité.».
Quant aux obstacles rencontrés dans la récolte
des données, ils nous ont davantage permis de bien comprendre la nature
et la sensibilité des informations dont nous avions besoin. La
résistance quelques fois manifestée et les balbutiements des
personnes enquêtées étaient parfois porteurs de
signification et de sens pour nous, vu aussi le nombre des contentieux existant
dans ce domaine. Comme le souligne BERTAUX, comprendre les obstacles
rencontrés au cours du travail de terrain, c'est avoir une connaissance
de ce que représente le terrain lui - même.(BERTAUX, 2010)
Section 3 : Posture du
chercheur
Le choix d'une méthodologie de recherche
appropriée pour mener à bien le processus de recherche n'est pas
une tâche facile. Etant donné la diversité importante des
méthodes, et la complexité croissante des sujets de recherche, le
choix d'une méthode appropriée demande une réflexion sur
une démarche de choix de la méthode. Une démarche doit
prendre en compte les différents facteurs qui influencent ce choix.
Il exige au préalable que les chercheurs clarifient sa
posture. En effet, dans notre travail on a trouvéopportun d'utiliser la
posture constructiviste qui regarde les phénomènes de
l'intérieur, du dedans. Il considère que les
phénomènes tels qu'ils lui apparaissent cachent en eux une
signification qu'il faut découvrir.
Il faut donc aller au-delà de ce qui apparait, c'est le
sens profond des choses qui l'intéresse, l'interprétation est la
recherche du sens se trouve au coeur de cette posture, de plus les
constructivistes soutiennent que l'objet ou sujet de recherche n'existe pas en
lui-même, c'est le chercheur lui-même qui le construit.
Dans une perspective constructiviste ou bien
phénoménologique/existentielle, le monde est
considéré comme construit social et comme le produit des
intuitions et du « feeling » déterminés par les
individus. Pour ce courant de pensée, il n'y a pas de critère
efficace de la vérité scientifique. Ainsi, la recherche se
définie à travers l'action et les interventions des acteurs par
le biais de leurs processus cognitifs. Ainsi, une recherche est une ontologie
de comment voir la réalité.(Le Moigne, 1995)
Par rapport au paradigme constructiviste : LARGEAULT, repris
par Hazem BEN AISSA,disait que : «un objet existe si on est capable de le
construire, d'en exhiber un exemplaire ou de le calculer explicitement».
Ainsi, dans une posture constructiviste, la méthode d'élaboration
ou de construction de la connaissance ne fera plus appel à une norme du
vrai (par déduction programmable) mais à une norme de
faisabilité (par intuition re-programmable).(LARGEAUT, 1993)
Pour ce faire, nous avons opté pour la démarche
qualitative inductive, cette approche est dans l'extrême concernée
par le constructionisme, l'interprétation et la perception, moins qu'une
identification d'une vérité rationnelle ou objective. Une
insistance sur la construction sociale de la nature de la
réalité. Le mot qualitatif implique que la recherche dans ce
domaine est un mélange de perceptions de gens différents. Une
approche qualitative renvoie souvent à une non-déduction et ceci
en réaction à différentes approches quantitatives avec une
utilisation abondante de la statistique comme moyen de relever des
corrélations entre des entités afin d'expliquer la
vérité.(BEN AISSA, 2001)
L'analyse inductive est aussi définie comme un ensemble
de procédures systématiques permettant de traiter des
données qualitatives, ces procédures étant essentiellement
guidées par les objectifs de recherche. Elle s'appuie sur
différentes stratégies utilisant prioritairement la lecture
détaillée des données brutes pour faire émerger des
catégories à partir des interprétations du chercheur qui
s'appuie sur ces données brutes. En règle générale,
tel que le mentionne THOMAS, l'utilisation de l'analyse inductive permet :
(THOMAS, 2006)
1. de condenser des données brutes, variées et
nombreuses, dans un format résumé;
2. d'établir des liens entre les objectifs de la
recherche et les catégories découlant des données brutes;
3. de développer un cadre de référence ou
un modèle à partir des nouvelles catégories
émergentes. L'analyse inductive se prête particulièrement
bien à l'analyse de données portant sur des objets de recherche
à caractère exploratoire, pour lesquels le chercheur n'a pas
accès à des catégories déjà existantes dans
la littérature.(BLAIS, 2007)
Enfin, il estpréconisé d'accorder le primat
à l'analyse qualitative dont la pertinence estsoulignée par
FRIEDBERG en ces termes : « L'emploi des méthodesquantitatives
ne peut en aucun cas remplacer la connaissance qualitative etfine du
vécu des acteurs et de la structuration de leurs relations. Seule
celle-ciautorise la construction des indicateurs qui permettraient de passer
à uneanalyse quantitative. » (FRIEDBERG, 1993)
Section 4 : Tracée De La Recherche
La manière de conduire la réflexion ou la
conduite du raisonnement tourne traditionnellement autour de deux types des
tracés, le tracé déductif et le tracé
inductif ; départ notre travail nous avons eu l'opportunité
de travailler sur le tracé inductif qui est la démarche qui part
des faits observés pour construire la théorie c'est-à-dire
ne pas aller sur terrain en allant en tête avec des hypothèses et
moins encore avec de théorie près-établie ou de
préjugé de découverte. Ainsi, VAN CAMPENHOUDT, Luc
définit l'induction comme une opération mentale qui consiste
à généraliser un raisonnement ou une observation à
partir de cas particulier empirique comme les enquêtes ne sont pas des
idiots c'est-à-dire un sens des événements qu'ils vivent,
la démarche inductive donne à la science sa valeur suite à
la plupart du point de vue des acteurs.
En effet, dans la démarche inductive, on parle du
stéréotype d'encrage dont KAMINSKI explicite bien son sens :
par Stéréotype d'encrage, on entend un équivalent de
l'hypothèse à ceci près qu'il n'est pas à
vérifier, mais qu'il constitue la voie d'entrée donnant
accès à la production des données pertinents pour la
question de recherche l'on se donne. Les enjeux entres les services
concernés dans la gestion des aires protégées et les
particuliers constituent pour nous le stéréotype
d'encrage.(KAMINISKI, 2009)
Pour mieux dégager la compréhension du
phénomène à l'étude nous nous proposons de
mobiliser deux schèmes à savoir : le schème actantiel
et le schème herméneutique.
- le schème actantiel :
Ce schème pourra nous éclairer sur
l'intentionnalité des différents acteurs du fait qu'ils ne sont
pas passifs. C'est un outil d'analyse créé pour
décortiquer et analyser les textes narratifs.Il ne prend pas en
compte le déroulement chronologique de l'histoire, mais
s'intéresse de près aux relations entreles
différentes forces en présence dans le récit,
c'est-à-dire les actants. Ce schéma les relie entre eux par
leurs actes dans le récit.Le schéma actantiel constitue un
excellent moyen de résumer les relations entre les différents
personnages.
Il se réfère aux actions et aux intentions des
acteurs, des agents, des sujets, aussi bien des entités collectives, des
organisations qu'à des individus. Il tient compte et des
représentations, et renvoie à l'intentionnalité des
acteurs. Ainsi, l'individu est conçu comme disposant d'une certaine
marge de manoeuvre. Le phénomène que l'on veut étudier est
pensé comme la résultante du comportement des acteurs
impliqués.
La ville de Lubumbashi étant considérée
comme un espace de « jeu », d'investissements et des
stratégies d'acteurs multiples, nous allons rendre compte des enjeux
autour des octrois des espaces dans les aires protégées en se
référant aux actions et aux intentions des acteurs.
- le schème herméneutique :
L'observation des pratiques des acteurs impliqués ne
suffira pas pour comprendre les enjeux. C'est à travers les
échanges et les interprétations des actions que nous allons
remonter aux sens et significations implicites. Rechercher de
l'intelligibilité au-delà des apparences ou de la surface des
choses.
La ville de Lubumbashi étant considérée
comme une vitrine ou l'expression de cultures urbaines, nous allons comprendre
les enjeux au-delà de ce que nous voyons.
Section 5 : Les
techniques de récolte des données
La technique doit répondre à la question du
`'comment `'. Elle est le moyen pour atteindre un but. Elle peut marquer des
étapes intellectuelles, comme c'est le cas dans la pratique de
l'interview. Ainsi perçue, la technique représente les
étapes d'opérations limitées, liées à des
éléments pratiques, adaptées à un but défini
alors que la méthode est une conception intellectuelle, coordonnant un
ensemble d'opérations, en général plusieurs
techniques.(OUHAJJOU, 2016)
Selon KIENGE KIENGE, « l'explication des
méthodes de recueil des données empiriques et de leurs analyses
permet aux chercheurs de prendre la distance et de crée une rupture avec
cette connaissance préalablement ou cette théorie implicite sur
l'objet de recherche, et de mieux observé la
réalité »(KIENGE - KIENGE, 2011), comme
ajoute LE BARON, « les données en sciences
sociales sont produites par des institutions ou des acteurs très
diversifiés : administration, organisme des statistiques public,
institut d'étude de marché et de sondages, centre de recherche
universitaire... »(LE BARON, 2006)
Le chercheur va saisir des données sur lequel repose
son objet d'étude du fait que la recherche criminologique est
fondamentalement empirique, c'est-à-dire est réalisé par
l'observation des faits problématiques sur le terrain en approchant les
acteurs qui les vivent, ici on se débarrasse du
préjugé pour être à l'écoute des
acteurs du terrain. Jusque-là, nos données ont été
recueillies aux services de cadastre de Lubumbashi.
Notre recherche mobilise trois techniques de collecte des
données qui sont :
· Entretien,
· Entrevue conversationnelles,
· Observation directe
A. Entretien
L'analyse compréhensive de mécanismes de passage
espaces réservés en espaces privés allait nous être
difficile si nous n'avions pas recouru à l'entretien. Comme notre avis
soutient celui de BLANCHET et GOTMAN « l'enquête pour
entretien est aussi particulièrement pertinente lorsque l'on veut
analyser le sens que les acteurs donnent à leurs pratiques, aux
événements dont ils ont pu être les témoins actifs,
lorsque l'on veut mettre en évidence le système des valeurs et
des repères normatif à partir de quelle ils s'orientent et se
déterminent »(BLANCHET, 2006). Dans notre entretient on a
vu opportun de recourir à l'entretien semi-directif.
· L'entretien semi-directif
C'est une technique d'enquête qualitative
fréquemment utilisée dans les recherches en sciences humaines et
sociales. Il permet d'orienter en partie (semi-directif) le discours des
personnes interrogées autour de différents thèmes
définis au préalable par les enquêteurs et consignés
dans un guide d'entretien. Il peut venir compléter et approfondir
des domaines spécifiques liés à l'entretien non directif
qui se déroule librement à partir d'une question.
Il porte sur un certain nombre de thèmes qui sont
identifiés dans un guide d'entretien préparé par
l'enquêteur. L'interviewer, s'il pose des questions selon un protocole
prévu à l'avance parce qu'il cherche des informations
précises, s'efforce de faciliter l'expression propre de l'individu, et
cherche à éviter que l'interviewé ne se sente
enfermé dans des questions.
Pour chercher, soit à éclairer un détail
de l'observation soit s'approfondir un aspect précis, le recours
à l'entretien répond à la logique de la démarche
méthodologique, l'entretien est, par conséquent une communication
verbale entre le chercheur et l'acteur participants en vue de récolter
les données. Pour PERETZ « l'entretien vise à restituer
les événements vécus pour une personne, pendant sa vie,
une même sélection s'opère, même si, parfois la
personne descend au niveau d'un événement
particulier »(PERETZ, 2004). L'entretien reste donc cet outil de
recherche qui permet d'avoir « accès au point de vue des
personnes, à leurs expérience vécues, au sens qu'elles
donnent à leurs actions ». (DESANTI, 2007)
Le recours à l'entretien semi-directif comme on le
dit : « .......en somme décidé de faire
usage de l'entretien, c'est primordialement choisir d'entrer en contact
direct et personnel avec des sujets pour obtenir les données de
recherche. C'est considérer qu'il est plus pertinent d'interpeler les
individus eux-mêmes que d'observé leur conduite et leurs
rendements à certaines tâches, d'obtenir une auto
évaluation à l'aide de divers questionnaires. C'est
privilégier ce medium de la relation
interpersonnelle. »(GAUTHIER, 1997). Nous avons jugé bon
de compléter les entretiens qui nous ont permis de connaitre les
pratiques de chaque acteurs, les objectifs poursuivis, saisir les sens que les
acteurs donnent à leurs conduites.
Notre objectif étant de comprendre les enjeux dans
l'octroi des espaces dans les aires protégées. L'entretient
étant une interaction verbale animée de façon souple par
les chercheurs sous la forme d'une conversation semble aussi pertinent dans la
compréhension du problème en étude.
B. Les entrevues
conversationnelles
Nous avons fait recours aux entrevues conversationnelles avec
les différents acteurs ; et beaucoup d'occasions nous ont
été offertes lors de notre recherche pour des conversations avec
ces derniers.
C. L'observation
D'abord pour l'observation, c'est une technique scientifique,
que les chercheurs utilisent sur terrain dans une activité
observée personnellement et de manière prolongée aux
situations auxquelles ils s'intéressent pour son étude ;
comme le dit ALBARELO : « l'observation comme l'action de
regarder avec attention les faits pour les étudier, les comprendre et
les analyser. » (ALBARELLO, 2004), toutefois pour enrichir et
comprendre bien le sens nous recourons à l'idée de
LAPLANTINEqui incorpore dans l'observation le concours de l'ouïe, de
goût, de l'odorat et du toucher. « Si regarder consiste
à une ré interaction de ce qui est devant, la visibilité
comme première forme de la connaissance est une visibilité qui
nous touche en même temps que nous touchons ce que nous percevons. C'est
une visibilité non seulement optique mais tactile, olfactive, auditive
et gustative qui nous conduit en ne plus opposer le devant et le
derrière, le dehors et le dedans mais à comprendre la nature des
liens qui relient un devant que nous incorporons et un dedans a partir duquel
s'effectue l'activité sensitive mais aussi
intellectuelle. ».(LAPLATINE, 2000)
Cette phase du travail consiste à construire
l'instrument capable de recueillir ou de produire l'information prescrite par
les indicateurs. Cette opération ne se présente pas de la
même façon selon qu'il s'agit d'une observation directe ou
indirecte. Dans l'observation directe, le chercheur procède directement
lui-même au recueil des informations sans s'adresser aux sujets
concernés ; il fait appel à son sens de l'observation. Par
exemple pour comparer le public du théâtre à celui du
cinéma, un chercheur peut compter les gens à la sortie,
observé s'ils sont jeunes ou vieux, comment ils sont habillés
etc. Dans ce cas l'observation porte sur tous les indicateurs pertinents
prévus. Elle a pour support, un guide d'observation qui est construit
à partir de ces indicateurs et qui désigne les comportements
à observer ; mais le chercheur enregistre directement les informations
sans que n'interviennent les sujets observés dans la production de
l'information recherchée. Dans le cas de l'observation indirecte, le
chercheur s'adresse au sujet pour obtenir l'information recherchée. En
répondant aux questions le sujet intervient dans la production de
l'information. Celle-ci n'est pas prélevée directement et est
donc moins objective. Elle l'est d'autant que la construction de l'information
fait intervenir deux liens : la personne qui élabore l'information et
l'instrument qui en permet la collecte. Il s'agit là de deux sources
possibles de déformation et d'erreurs que le chercheur doit
contrôler pour que l'information apportée ne soit pas
faussée, volontairement ou non.(LO, 2005)
Les interactions de terrain et nos ressources personnelles
nous ont conduit à opter pour l'observation directe in situ, comme le
souligne TSHINYAMA « il demeure, le plus encore de nos jours, l'un
des outils de recueil des données incontournables dans les études
ethnographique au mieux, dans toute étude qui exige que les chercheurs
« casse les murs » des bureaux et aillent à la
rencontre du sociale ». (TSHINYAMA, 2009)
Nous avons prévu d'observer les pratiques, le
comportement, et les interactions avec prudence, que nous allons
élucider plus tard.
Section 6 : Technique
d'analyse des données
Selon Madelaine GRAWITZ, « la première
étape d'analyse consiste, comme dans les autres enquêtes, à
établir pour toutes les variables de distribution de fréquences
permettant de faire ressortir les comparaisons à
effectuer »(GRAWITZ M. , 1993).
Dans le cadre de notre recherche, nous optons pour l'analyse
thématique dans la perspective de
Pierre
Paillé et
Alex
Mucchielli, Avec l'analyse thématique, nous abordons le travail
d'analyse qualitative faisant intervenir des procédés de
réduction des données. L'analyste va en effet faire appel, pour
résumer et traiter son corpus, à des dénominations que
l'on appelle les « thèmes » (ou, expression
synonyme, les « thématisations » ; on parle
aussi parfois de « sous-thèmes » pour se
référer à la décomposition de certains
thèmes).
Il s'agit, en somme, à l'aide des thèmes, de
répondre petit à petit à la question
générique type, rencontrée dans divers projets
d'analyse : Qu'y a-t-il de fondamental dans ce propos, dans ce texte, de
quoi y traite-t-on ? Il n'est pas toujours nécessaire ni utile de
procéder à des analyses en profondeur face à un
matériau de recherche, et très souvent, ce type de question
suffit comme approche du matériau. L'analyse thématique peut
être utilisée comme méthode unique pour une recherche ou
alors être combinée avec d'autres modalités analytiques.
Cette technique d'analyse nous permettra de jeter directement
les bases d'une théorisation des phénomènes
étudiés, sans qu'il n'y ait de décalage entre l'annotation
du corpus et la conceptualisation des données.
Le terme de données
qualitatives fait référence à une collecte
d'information qui prend plusieurs formes. Ces données sont des
enregistrements d'observations ou d'interactions qui sont complexes et
contextuelles et elles ne peuvent pas par conséquent être
réduites (ou transformées) immédiatement en nombres
(RICHARDS, 2005). Dans ce sens, l'analyse des données qualitatives
implique une sorte de transformation de celles-ci : nous commençons
par une collection de données et, par la suite, nous les traitons
à l'aide des procédures analytiques vers une analyse claire,
compréhensible et, parfois, originale(GIBBS, 2007).
En principe, les données qualitatives ne sont pas
numériques et peuvent provenir de plusieurs origines, comme
d'observations, d'entretiens ou
de documents. Les données qualitatives sont de
plusieurs types :
a) textes (interviews, narrations, réponses à
des questions ouvertes, discours, notes de terrain, documents écrits,
observations transcrites, courriels, etc.),
b) images (photos, schémas, etc.),
c) sons (discours non transcrits, chansons, etc.),
d) vidéos (situations ethnographiques, etc.) et
e) documents multimédias (cette forme n'est pas
actuellement supportée par la plupart des logiciels d'analyse
qualitative) : par exemple, un document de présentation, une page
Web, une carte de Google Maps, etc.
Une donnée qualitative est, par sa nature, non
numérique. La forme la plus commune de données en analyse
qualitative est le texte, qui, en plus d'être une donnée
primitive, est souvent aussi le produit d'une transcription plus ou moins
exacte des formes primitives de données telles que le son ou la
vidéo. Néanmoins, même si nous transcrivons les
données sonores ou vidéo en texte pour des questions de
manipulation ou de quantification dans le cadre d'une approche qualitative, il
est très courant de garder également les formes primitives des
données, car elles préservent certaines informations du contexte
de l'étude, non appréhendées dans un texte transcrit.
L'analyse qualitative utilise trois approches de
recherche :
a) les approches orientées par le langage (analyse du
contenu, analyse du discours, ethnométhodologie),
b) les approches descriptives/interprétatives et
c) les approches dont le but est de construire une
théorie.
Le processus de l'analyse qualitative comporte trois parties
importantes :
a) Observer des choses et des
événements ;
b) Collecter des choses et des
événements ;
c) Penser au sujet des choses et des
événements.
Ces parties ne suivent pas un cheminement linéaire,
mais prennent une forme résolument progressive, itérative et
récursive. Ce processus comporte une série d'étapes
représentées dans la figure 1 qui inclut également les
aspects itératifs et récursifs de ce genre d'analyse (MILES,
2003).
Figure 1 : les étapes de
l'analyse qualitative.
- L'usage des outils informatiques en analyse des
données qualitatives
Les logiciels d'analyse qualitative interviennent, d'une
manière ou d'une autre, dans toutes les étapes décritesde
la figure 1. Plus spécialement, ces logiciels sont de plus en plus
intégrés dans les principaux processusd'analyses qualitatives :
lecture des données, définition des unités de sens et
définition des catégories etcodification des données
(SEIDEL, 1998). Souvent, ils nous permettent aussi d'effectuer de simples
traitementsstatistiques et de représenter de manière graphique la
modélisation effectuée sur les résultats de l'analyse.
Ainsi, les logiciels d'analyse qualitative, dans
l'étape de l'analyse proprement dite, sont utilisés pour
codifier,sauvegarder, chercher et extraire, lier les données, constituer
des mémos, analyser le contenu, etc. (cf. figure 2).À la fin de
l'analyse, ils nous permettent, dans certains cas, de présenter les
données, d'élaborer des résultats etles vérifier,
de générer un modèle scientifique ou une théorie et
de réaliser des représentations graphiques(MILES, 2003)
Figure 2 : le processus d'analyse
supporté par les TIC (adapté de SEIDER, 1998).
L'analyse qualitative assistée par les TIC est issue
des efforts réalisés pour le développement des
méthodes et des techniques et la création des outils
informatiques qui supportent la recherche en sciences sociales. Les outils
relatifs à cette approche sont souvent désignés par le
terme anglais CAQDAS (Computer Assisted Qualitative Data Analysis software)
(FIELDING, 1998), bien que ce terme désigne parfois également les
techniques et les méthodes qui y sont associées. Les logiciels
d'analyse qualitative sont des logiciels destinés à la lecture et
à la codification (faites de manière intentionnée par le
chercheur ou de manière semi-automatique) de passages de corpus
textuels, iconiques, sonores et/ou vidéo. Ils offrent un ensemble de
fonctionnalités de base qui peuvent servir de ressources pour collecter
et analyser les données qualitatives. Les divers logiciels CAQDAS
comportent des fonctionnalités très variées et ils
s'inscrivent ainsi dans les différentes traditions de l'analyse
qualitative : certains sont plutôt destinés à l'analyse
textuelle, sonore ou vidéo, d'autres sont plus aptes à des
recherches ethnographiques ou à l'analyse du contenu.(KOMIS, 2013)
L'analyse qualitative est un processus itératif et
intuitif pendant lequel le chercheur raisonne de manière inductive,
construit une réflexion au sujet des données et de leurs
relations, et essaye de théoriser. Ce faisant, il est obligé de
bien organiser ses données, de les stocker, de les raffiner et d'en
extraire des morceaux par le biais de requêtes adéquates. De nos
jours, tout ce processus peut être soutenu par les technologies
informatiques.
Ainsi, l'usage des TIC dans l'analyse des données
qualitatives offre des avantages certains. En effet, les logiciels de CAQDAS ne
sont pas simplement des aides à la codification et à la
récupération des données. Ils comportent de plus en plus
de procédures nouvelles (MANGABEIRA, 2004). Si les étapes
d'analyse qualitative restent globalement les mêmes, ces logiciels en
facilitent les procédures du début jusqu'à la fin du
processus d'analyse et couvrent par là même un fort potentiel
cognitif pour accompagner le chercheur dans sa démarche d'analyse. En
revanche, la diversité de logiciels disponibles et leur
spécificité demandent au chercheur de connaître au
préalable les forces et les faiblesses de chacun afin de choisir celui
qui sera le plus adéquat pour sa recherche. Par ailleurs, il est
important de garder en tête que les logiciels de CAQDAS ne remplacent pas
la dimension interprétative propre à l'analyse qualitative. Tout
au plus permettent-ils de la soutenir et de l'orienter efficacement s'ils sont
utilisés de façon raisonnée.
Pour une codification et une présentation de
résultats en rapport avec notre recherche, nous avons fait recours au
logiciel QDA Miner suite à sa polyvalence quant à l'analyse des
données qualitatives.
- Logiciel QDA Miner
1. Présentation du logiciel
QDA Miner est un logiciel d'analyse
qualitative conçu pour la recherche avec méthodes mixtes.
À la fois convivial et facile à utiliser, il permet le codage,
l'annotation, l'exploration et l'analyse de petites et de grandes
quantités de documents et d'images. QDA
Miner permet d'analyser des transcriptions d'entretiens
individuels et de groupes de discussion, des documents, des rapports, des
articles de revues, des livres, ou encore des images, des photographies ou
tout autre type de documents visuels.
Son intégration parfaite
avec SimStat, un outil d'analyse statistique,
et Wordstar, un module d'analyse de contenu et
d'exploration de textes, vous donne une flexibilité sans
précédent pour analyser du texte et mettre en
évidence les liens existant entre son contenu et des
informations structurées, y compris des données
numériques et catégoriques.
Toute personne qui a besoin de coder, annoter, explorer
et extraire des informations issues de petites ou
grandes quantités de documents ou d'images, peut l'utiliser
(Politologues, sociologues et ethnographes ; chercheurs en sciences
sociales, en médecine et en psychologie ; enquêteurs
criminels, experts en détection de fraude, avocats et techniciens
juridiques,...)
2. Principales Caractéristiques
QDA Miner offre des outils de gestion et d'analyse qualitative
assistée par ordinateur très performants et nettement
supérieurs à tout autre logiciel existant:
- un environnement intuitif pour le codage et
l'annotation de documents et d'images avec des
fonctionnalités flexibles et faciles à utiliser, tel que la
fusion et la division de codes, la recherche et le remplacement de codes, le
redimensionnement des segments codés ou encore le regroupement virtuel
de codes.
- Des
outils d'annotation et d'hyperlien pour
annoter des documents et des images et associer différents
éléments de preuves qualitatives en établissant des liens
vers d'autres segments codés, d'autres cas, documents, fichiers ou sites
Web.
- Des outils avancés
de géolocalisation et
de datation pour associer les coordonnées
géographiques et temporelles à des segments de textes ou
d'images. On peut ainsi situer des évènements dans
l'espace et le temps, récupérer des données codées
en fonction du lieu ou du moment, créer des cartes dynamiques et des
frises chronologiques interactives.
- Option de codage assisté par
ordinateur tout à fait unique avec plus de sept outils de
recherche de texte, notamment la fonction de recherche par
mot-clé, recherche de sections, l'outil de recherche-par-exemple
qui «apprend» en fonction des recherches de l'utilisateur, et
l'outil d'extraction de groupements d'items. Tous ces outils permettent de
réaliser un codage plus fiable et plus rapide.
- Outil de recherche de codage qui
permet d'extraire des segments codés associés à des codes
spécifiques ou à des agencements de codes plus complexes et
d'identifier les cooccurrences de codage, les séquences de codage et
d'évaluer les relations entre les codes et les propriétés
numériques et catégorielles.
- géocodage
intégré pour transformer les
références aux villes, états, provinces, pays, codes
postaux et adresses IP en coordonnées géographiques. Le module de
cartographie GISViewer vous permet de créer des cartes
de points de données, des cartes de distribution et des cartes de
chaleur.
- importez directement à partir
des plateformes d'enquêtes Web, des médias sociaux, des
principales messageries électroniques et des outils de gestion de
référence.
- Des outils intégrés
de statistique et de visualisation, tels que le
groupement hiérarchique «clustering», le positionnement
multidimensionnel, les cartes thermiques, l'analyse de correspondance et
l'analyse de séquence permettant d'identifier rapidement les
régularités et les tendances, d'explorer les données,
de les décrire, de les comparer et de tester des hypothèses.
- Des fonctions de soutien au travail
d'équipe inégalées, avec un
paramétrage multi-usagers flexible, une puissante fonction de fusion
permettant de rassembler en un seul projet, codage, annotations, rapports
et entrées du journal de plusieurs codeurs ainsi qu'une fonction
d'accord inter-juges pour mesurer la
fidélité du codage.
- Le journal de commande permet de
garder la trace de tous les accès au projet aussi bien que les
opérations de codage, de transformation, d'interrogation et d'analyse
effectuées. Il peut être utilisé pour documenter le
processus d'analyse qualitative et superviser le travail d'équipe. Il
représente une piste d'audit détaillée qui permet
d'assurer la transparence du processus de recherche qualitative et de renforcer
sa crédibilité.
3. Schéma suivi
Comme déjà mentionné, QDA Miner est un
logiciel convivial d'analyse de données qualitatives permettant de coder
des données textuelles, d'annoter, d'extraire et de réviser des
données et des documents codés. L'environnement de travail de QDA
Miner offre de nombreux outils pour gérer, visualiser, éditer et
coder les documents. Il donne également accès à une
variété d'outils d'extraction et d'analyse. De ce fait, nous
avons suivi le schéma suivant :
- Création d'un projet et importation des
documents :cette étape a consisté à importer dans Qda
Miner, les différents fichiers dans lesquels nous avions
préalablement saisi les données du terrain.
- Attribution des valeurs et Organisation des documents :
cette étape a consisté à ouvrir et à parcourir le
contenu de chaque source des données importée dans Qda Miner
- Codage des documents : à cette étape,
nous nous sommes servis de certains codes préalablement
créés, pour coder les segments dans les documents.
- Validation du codage : à cette étape nous
avons consolidé les différents codages
- Analyse des codes : cette étape a
consisté à analyser les données codées
Et tout cela en manipulant les objets suivants :
- Cas : Un cas représente une
unité de votre base de données. Il peut s'agir par exemple de
chaque transcription d'entrevues individuelles, de chaque projet scolaire que
vous avez collecté dans différentes écoles, de chaque
prise de note que vous avez collectée dans différentes classes,
etc.
- Catégorie : Une catégorie
correspond à un code parent. Avec QDA Miner, un code doit toujours
être placé sous une catégorie et une catégorie ne
peut être utilisée pour coder un segment. Le codage a donc
toujours lieu au niveau du code et non pas au niveau de la catégorie.
- Code : Le codage consiste à assigner
des codes à des segments textuels ou visuels. Contrairement à une
variable, qui s'applique à l'ensemble d'un cas, les codes sont
généralement attribués aux segments qui composent un cas
et dont l'unité de sens (par exemple, la phrase, le paragraphe ou autre)
est à définir par l'analyste.
- Segment : Le segment est une unité
du matériel sur laquelle on applique un ou plusieurs codes. Avec QDA
Miner, les segments peuvent être de nature textuelle (ex. transcription
d'entrevue, textes officiels) ou visuelle (ex. photographie).
- Variable : Une variable est une
caractéristique attribuable à l'ensemble d'un cas, contrairement
à un code, qui est généralement associé à un
segment à l'intérieur d'un cas.
CHAPITRE 3 : LA GESTION
DES AIRES PROTEGEES URBAINES DE LUBUMBASHI ET L'OCCUPATION DE CELLES - CI
PAR LES TIERS
Dans ce chapitre, après avoir posé les bases
théoriques et méthodologiques de notre recherche dans les
chapitres précédents, nous allons procéder à la
présentation des résultats auxquels nous sommes arrivés
dans ce mémoire. Il sera aussi question d'expliquer la manière
dont se gère les aires protégées urbaines dans la ville de
Lubumbashiainsi que les principaux enjeux qui entourent l'octroi des espaces
aux particuliers dans ses aires.
Section 1 : types de
gestion des aires protégées urbaines
Etant un espace géographique clairement
défini,situé à l'intérieur ou aux abords de grands
centres de population reconnu, consacré et géré, par tout
moyen efficace, juridique ou autres, afin d'assurer à long terme la
conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques
et les valeurs culturelles qui lui sont associés, une
aire protégée urbaine ne se gère pas de manière
hasardeuse, sa gestion se fait suivant une certaine normalisation. Ainsi nous
trouvons, selon l'UICN, plusieurs catégories de gestion que
voici (EDMISTON, 2016):
1. Réserve naturelle intégrale :
Strictement protégée pour la biodiversité et
aussi, éventuellement, pour des caractéristiques
géologiques/géomorphologiques, où les visites,
l'utilisation et les impacts humains sont strictement contrôlés et
limités pour garantir la protection des valeurs de conservation.
2. Zone de nature sauvage :
Généralement de vastes aires intactes ou
légèrement modifiées qui ont préservé leur
caractère et leur influence naturels sans habitations humaines
permanentes ou significatives, qui sont protégées et
gérées aux fins de préserver leur état naturel.
3. Parc National : De vastes aires naturelles
ou quasi naturelles mises en réserve pour protéger des processus
écologiques à grande échelle, ainsi que les espèces
et les écosystèmes caractéristiques d'une région,
qui fournissent aussi des opportunités de visites de nature spirituelle,
scientifique, éducative et récréative, dans le respect de
l'environnement et de la culture des communautés locales.
4. Monument ou élément naturel :
Aires mises en réserve pour protéger un monument naturel
spécifique, qui peut être un élément topographique,
une montagne ou une caverne sous-marine, une caractéristique
géologique telle qu'une grotte ou même un élément
vivant comme un îlot boisé ancien.
5. Aire de gestion des habitats / des espèces :
Aires qui visent à protéger des espèces ou des
habitats particuliers et dont la gestion reflète cette priorité.
Beaucoup auront besoin d'interventions régulières et actives pour
répondre aux exigences d'espèces ou d'habitats particuliers, mais
cela n'est pas une exigence de la catégorie.
6. Paysage terrestre ou marin protégé :
Aires où l'interaction des hommes et de la nature a produit, au
fil du temps, un caractère distinct, avec des valeurs
écologiques, biologiques, culturelles et panoramiques
considérables et où la sauvegarde de l'intégrité de
cette interaction est vitale pour protéger et maintenir l'aire, la
conservation de la nature associée ainsi que d'autres valeurs.
7. Aire protégée avec utilisation
durable des ressources naturelles : Aires qui préservent des
écosystèmes ainsi que les valeurs culturelles et les
systèmes de gestion traditionnels des ressources naturelles qui y sont
associés. Elles sont généralement vastes, et la plus
grande partie de leur superficie présente des conditions naturelles ;
une certaine proportion y est soumise à une gestion durable des
ressources naturelles, et une utilisation modérée des ressources
naturelles, non industrielle et compatible avec la conservation de la nature, y
est considérée comme un des objectifs principaux.
Les catégories de gestion s'appliquent avec une
typologie des types de gouvernance - une description de qui détient
l'autorité et les responsabilités envers l'aire
protégée. L'UICN définit quatre types de
gouvernance (GRAHAM, 2003):
1. Gouvernance par le gouvernement : i.e., gouvernance par un
organisme ou un ministère fédéral ou national ; par un
organisme ou un ministère sous-national en charge ; ou
déléguée (ex. à une ONG),
2. Gouvernance partagée : i.e. gouvernance
collaborative (divers degrés d'influence) ; conjointe (conseil de
gestion pluraliste) ; et/ou transfrontalière (divers degrés de
part et d'autre de frontières internationales),
3. Gouvernance privée : i.e., gouvernance par un
propriétaire individuel ; par des organisations sans but lucratif (ONG,
universités, coopératives) ; par des organisations à but
lucratif (particuliers ou sociétés),
4. Gouvernance par des peuples autochtones et des
communautés locales : aires et territoires conservés par des
peuples autochtones ou des communautés locales - déclarées
et gérées par ces peuples et communautés.
Les aires protégées urbaines se distinguent par
:
- L'accueil de nombreux visiteurs, venant fréquemment,
voire quotidiennement. Nombre de ces visiteurs n'ont jamais été
en contact avec une nature plus sauvage. Ils sont souvent plus divers, au
niveau ethnique et économique, que les visiteurs des aires
protégées plus éloignées ;
- Les relations avec les acteurs du secteur urbain, dont les
décideurs des gouvernements, les médias, les chefs d'opinion, et
les principales institutions éducatives et culturelles ;
- La menace encourue du fait de l'étalement et de
l'intensification du développement urbain ;
- La fréquence de crimes et de vandalisme, les
problèmes de détritus, le déversement de produits
dangereux, sans oublier la pollution sonore et lumineuse ;
- Les conséquences de leur situation en
périphérie des villes : incendies plus fréquents et
graves, pollution de l'eau et de l'air, introduction d'espèces exotiques
envahissantes.
Les aires protégées urbaines sont importantes
pour les mêmes raisons que les autres plus isolées. Ainsi, elles
offrent des services écosystémiques, protègent des
espèces et soutiennent l'économie locale grâce aux revenus
du tourisme. Mais un rôle crucial les distingue des autres aires
protégées. Elles permettent aux citadins de faire
l'expérience de la nature, y compris ceux, nombreux, qui ne peuvent pas
visiter d'autres aires protégées plus lointaines. Ce rôle
est important pour deux raisons :
- Un contact régulier avec la nature a des effets
bénéfiques sur chacun. Outre les bienfaits de l'exercice en plein
air, les scientifiques ont prouvé combien passer du temps dans la nature
améliore la santé mentale et physique.
- Les populations urbaines de la planète jouent un
rôle essentiel dans la protection de la nature. Elles vivent là
où sont la richesse, les médias et les moyens de communication.
Or, les dirigeants ont tout intérêt à prendre en compte ce
qui est important pour leur électorat. La protection de la nature
dépend ainsi du soutien des électeurs urbains, des donateurs et
des communicants. Mais, les citadins ont de moins en moins de contact avec la
nature. Il faut recréer ce lien si nous voulons qu'ils incitent leurs
dirigeants à faire de la conservation de la nature une
priorité.
Section 2 :
règles formelles de gestion des aires protégées urbaines
à Lubumbashi
Lubumbashi est, selon les estimations, la deuxième
ou troisième ville de la République démocratique du
Congo quant au nombre d'habitants, titre disputé
avec Mbuji-Mayi. Elle est devancée par Kinshasa. Lubumbashi
était le chef-lieu de la province du Katanga (temporairement Shaba
sous le règne de Mobutu) jusqu'en 2015. Elle devient ensuite le
chef-lieu de la province du Haut-Katanga.Lubumbashi est aussi
appelée capitale du cuivre.
Fondée en 1910 par les Belges sous le nom
d'Élisabethville ou Elisabethstad (d'après Élisabeth
de Bavière, devenue reine des Belges), souvent abrégée en
« E'ville », la ville fut renommée Lubumbashi
en 1965.
Sur son plan d'aménagement, certains espaces ont
été délimités pour être
protégés selon leur utilité. Nous trouvons entre
autres :
- Les emprises,
- Les servitudes (lignes haute tension, rails,...),
- Les zones humides,
- Les berges,
- Les fortes pentes,
- Les espaces verts ou terrains non aedificandi,
- Les jardins zoologique et botanique,
- Les parcs (parcs Kiwele, Twendelee, ...)
- Les cimetières
A. Textes relatifs à la
désignation des espaces réservés
En contexte congolais et selon l'Arrêté
Interministériel n° 0021 du 29 octobre 1993 portant application de
la réglementation sur les servitudes, il est dit ceci en
son article 1er : Aux termes du présent Arrêté,
il faut entendre par servitudes :
- les espaces verts ;
- les emprises des routes d'intérêt public
conformément aux plans d'urbanisme et plans cadastraux ;
- les rives des cours allant jusqu'au moins 10 mètres
à partir de la ligne formée par le niveau le plus
élevé qu'atteignent les eaux dans leur période des crues
normales ;
- les emprises des lignes de haute tension sur une distance de
25 mètres de part et d'autre ;
- les emprises des chemins de fer de 5 à 50
mètres suivant catégories ;
- les zones de sécurité des dépôts
des liquides inflammables, des aéronefs, des établissements
insalubres et des explosifs ;
- les emprises des cimetières ;
- les emprises de bâtiments publics ;
- les terrains de jeu et de loisir ;
- les périmètres REGIDESO, S.N.EL. et ONPTZ ;
- les zones de carrières réservées
à l'extraction des produits du sous-sol.
Les espaces verts correspondent aux surfaces recouvertes de
végétation dont la présence en milieu urbain contribue
à fournir des services écosystémiques divers comme la
purification de l'air et de l'eau, la régulation du microclimat ou le
traitement des déchets. Leur présence offre également aux
populations des plaisirs esthétiques, des possibilités de loisirs
et un bien-être physique et psychologique. Toutefois, l'urbanisation
croissante qui s'observe avec le développement dans la plupart des pays
du Sud depuis la fin du 20èmesiècle, est
accompagnée de la suppression des espaces verts et leur remplacement par
des occupations du sol de nature anthropique, avec de nombreux effets
néfastes sur l'environnement, notamment la perturbation des
écosystèmes menant à la réduction de la
biodiversité.
L'emprise d'une route désigne la surface
du terrainoccupé par la route et toutes les dépendances
indispensables à sa tenue, à savoir la plate-forme, les
fossés et les talus, ainsi que l'ensemble des espaces ou voies
nécessaires à son entretien ou à son exploitation.
Autrement appelé alignement ou servituded'utilité publique, Elle
constitue une limitation administrative au droit de propriétéet
détermine la limite entre le domaine public et les
propriétés privées.Mises en oeuvre par l'Etat, elles
s'imposent aux communes et aux communautés lors de l'élaboration
desdocuments d'urbanisme.Elles sont instaurées par des lois ou
règlements et doivent être annexées aux plans d'occupation
des sols et plan local d'urbanisme.Bien que considérées comme
espaces protégés, La plupart d'emprises sur la ville de
Lubumbashi sont des lieux de prédilections pour les terrasses, buvettes
et kiosques.
B. Occupation légale
En contexte congolais un espace réservé peut
appartenir de manière légale aux particuliers de deux
façons : soit par désaffectation, soit par
permis d'utilisation temporaire ou occupation précaire.
Pour des besoins d'intérêt général, un
espace réservé peut être désaffecté pour
devenir un espace privé ou servir pour la construction des
marchés publics, des arrêts de bus, ...... toujours dans le cadre
d'utilité publique, un espace réservé peut être
cédé temporairement un particulier pour y implanter des
activités récréatives, de détente ou certains
bâtis d'intérêt public, facilement démolissables
après échéance comme des latrines publiques.
C. Sanctions prévues
En ses articles 2 et 3, l'Arrêté
Interministériel n° 0021 du 29 octobre 1993 portant application de
la réglementation sur les servitudes, nous renseigne
ceci : Toute occupation, toute construction et tout lotissement dans les
servitudes telles que définies à l'article premier sont
interdits.
Sans préjudice des poursuites judiciaires
prévues par la Loi à charge des contrevenants, toutes
constructions érigées en violation des dispositions du
présent Arrêté ainsi que d'autres dispositions
légales ou réglementaires en la matière seront
démolies aux frais de leurs constructeurs ou propriétaires sans
aucune indemnité.
Section 3 : Enjeux
autour de l'occupation des aires protégées par les tiers
Cette partieest en soit l'objet proprement dit de notre
travail. L'objectif de cette section est de ressortir les enjeux et les
pratiques autour de la spoliation et l'octroi des espaces dans les aires
protégées. Le but étant de rendre compte des enjeux qui
sous-tendent les pratiques des agents des services concernés. Sur la
ville de Lubumbashi, dans la majeure partie de cas, l'occupation des espaces
réservés est effective soit par spoliation ou
soit par octroi de la part des services
« compétents » en dehors du cadre légal.
L'analyse stratégique s'appuie sur un ensemble de
postulats et mobilise les concepts d'acteur, de pouvoir, de stratégie,
de zone d'incertitude, de système d'action concret et de
rationalité limitée. Michel CROZIER et Erhard FRIEDBERG mettent
le conceptd'acteur au coeur de l'analyse stratégique. Aussi
élaborent-ils un corpus quiconstitue un véritable « pari
théorique », dans la mesure où celui-ci veut
sedégager des chemins battus de la théorie classique des
organisations.
Ainsi, au regard de l'analyse stratégique, nous allons
commencer par présenter le système d'action comme zones de
manoeuvres des acteurs impliqués dans la spoliation ou l'octroi des
espaces aux particuliers dans les aires protégées. Ensuite, nous
allons présenter les stratégies des acteurs en présentant
les conditions de définition et de limitation de leurs comportements.
Enfin, nous allons présenter les enjeux et les pratiques liés
à l'application des sanctions disciplinaires relatives à
l'absentéisme des agents dans le service de l'Etat sous étude.
A. Système d'action et zone
d'incertitude
Considérant l'organisation comme étant un
construit social et non une réponse a priori aux contraintes
extérieures, elle n'est pas une donnée, mais plutôt le
résultat des interactions entre acteurs. Elle revêt
également un caractère contingent. Sa structure et sa
configuration sont soumises aux aléas de la coopération entre les
différents acteurs en présence. Ce postulat implique, enfin, un
dépassement des frontières organisationnelles. Celles-ci
deviennent mouvantes et aléatoires, dans la mesure où elles
dépendent des acteurs en présence et du degré de leurs
interactions. La notion de système d'action concret trouve ici toute sa
place.
Le système d'action concret est « un ensemble
humain structuré qui coordonne les actions de ses participants par des
mécanismes de jeux relativement stables et qui maintient la structure,
c'est-à-dire la stabilité de ces jeux et les rapports entre
ceux-ci, par des mécanismes de régulation qui constituent
d'autres jeux »(CROZIER, 1997). C'est le cadre où
s'articulent les différents intérêts (convergents,
divergents voire contradictoires) des acteurs. Leurs comportements
représentent des forces internes qui font mouvoir le système
à travers un ensemble de jeux et de stratégies qu'ils
développent. Jean-Claude Lugan décrit le processus de formation
des systèmes d'action concret comme suit : « Les acteurs,
relativement libres et autonomes, produisent un système, le font
fonctionner à travers un réseau de relations où ils
négocient, échangent, prennent des décisions. Le
réseau relationnel permet à ces acteurs de résoudre les
problèmes concrets de la vie du système selon des relations
d'habitude. Celles-ci sont créées, maintenues, entretenues en
fonction des intérêts des individus, des contraintes de
l'environnement, donc des solutions proposées par des acteurs. Ils le
font en fonction de leurs objectifs qui sont toujours des compromis entre leurs
propres buts et ceux de l'organisation. »(LUGAN, 2005)
Pour ce qui est des espaces réservés, plusieurs
services, malgré leurs mandats respectifs, se retrouvent de loin ou de
près impliqués. C'est ainsi qu'à la question de savoir le
type de gestion des aires protégées qui existent à
Lubumbashi, l'agent LUBUDI du service de l'environnement nous dit
d'entrée de jeu ceci : nous assistons à un
désordre sans nom au sein de l'administration », et
à monsieur KAPANGA du cadastre de
renchérir : « le problème de la gestion
des aires protégées est complexe, à notre niveau nous
avons du mal car les aires protégées n'ont pas de titres
de conservations, d'où nous n'avons pas leurs
traces. »
Nous nous sommes rendu compte qu'effective, bien que la
gestion des espaces réservés à un caractère
collégial, c'est-à-dire la mairie, via sa coordination
urbaine de l'environnement en collaboration avec les services de l'urbanisme,
de l'habitat, des travaux publiques, du tourisme et des affaires
foncières, la majeure partie des espaces réservés de la
villes de Lubumbashi échappent au contrôle, et cette situation
confère une grande marge de liberté aux différents
acteurs.
Pour monsieur LUBUDI, plus de 80% des espaces
protégés de Lubumbashi n'ont pas de statuts juridiques,
ce qui est une aubaine pour certains agents de l'Etat qui poussent certains
particuliers à les occuper pour leurs activités.
La liberté des acteurs se perçoit dans les
situations de contraintes. Celle-ci est illustrée par leur
capacité à opérer des choix stratégiques en
fonction du contexte et de la marge de manoeuvre dont ils disposent. L'acteur
est ainsi porteur de rationalité dans ses actions, dans la mesure
où il est capable de choix et de calculs qui lui évitent de trop
perdre dans une situation donnée. On ne saurait, par conséquent,
lui attribuer une place a priori au sein d'un système qui,
lui-même, est contingent. L'acteur stratégique ne saurait donc
entrer dans un quelconque moule qui détermine ses comportements. Michel
CROZIER et Erhard FRIEDBERG ont démontré, à ce sujet, le
caractère hypothétique des règles organisationnelles et
des structures formelles. En effet, contrairement au résultat
escompté, celles-ci créent des zones d'incertitudes qui sont
autant d'opportunités que les acteurs cherchent à saisir dans
leurs jeux de pouvoir.
Voilà pourquoi monsieur LUBUDI continue en
disant : « certains textes légaux existent, tels que
la loi 11/09 portant principes fondamentaux à la protection de
l'environnement ; le code forestier ; l'arrêté 060/bur -
mairie/ville/L'shi/2013 et l'arrêté 030/bur - mairie/ville
/L'shi/2013. Mais le comble c'est que nous assistons à une
négligence de l'Etat dans l'application des textes et
à une faiblesse de l'Etat pour sanctionner les
coupables. »Par rapport de cette situation, l'informel se
transforme petit à petit en formel car nous sommes sans oublier que
c'est à partir des relations et interactions des acteurs qu'une action
organisée se construit, évolue et se stabilise. Bref, c'est
l'acteur qui fait le système et qui l'actualise.
Pour Erhard FRIEDBERG, « ni les problèmes, ni
les solutions, ni les contraintes, ni les opportunités, ni les
structures formelles ni les institutions n'existent en soi, en dehors et
indépendamment de la perception et des capacités des acteurs qui
seuls peuvent les actualiser dans et par leurs comportements, les entretenant
et les transformant en même temps »(FRIEDBERG, 1993).
La marge de liberté que l'analyse stratégique
confère à l'acteur est également fondatrice de pouvoir, un
autre concept fondamental dans la théorie. Le pouvoir est
considéré comme fondement de l'action organisée. Il est
défini comme étant « la capacité d'un acteur
à structurer des processus d'échangeplus ou moins durables en sa
faveur, en exploitant les contraintes etopportunités de la situation
pour imposer les termes de l'échange favorables à ses
intérêts ».
Le système d'action concret est donc le résultat
de l'interaction et des processus d'échange et de pouvoir entre les
acteurs. Gilles HERREROS, pour sa part, le décrit comme étant
« l'ensemble des tiraillements que les acteurs font connaître
aux contenus et contours formels de l'organisation pour finir par construire
une entité sociale largement informelle et à chaque fois
singulière »(HERREROS, 2008).
Dans la mesure où le système d'action concret
suppose la coexistence d'acteurs dotés d'intérêts et de
rationalités différents, on peut s'interroger sur son
mécanisme de production et de stabilisation. La théorie de la
régulation en fournit une explication qui nous semble bien pertinente.
Partant du principe que « la régulation fonde et institue l'acteur
collectif »(REYNAUD, 1990), Jean-Daniel REYNAUD identifie trois formes de
régulation dont l'articulation permanente assure la stabilité de
tout système social ou de toute action collective. Ainsi, de la
dynamique entretenue par la régulation de
contrôle (ensemble des règles et procédures
formelles) et la régulation autonome (normes sociales
construites de façon informelle par les acteurs), naît une
régulation conjointe (ensemble des règles issues de la
négociation entre les acteurs sociaux).
A la question de savoir comment les responsables des
entités devant collaborer dans la gestion des espaces
réservés, observaient la règlementation chacun dans son
secteur respectif, nous avons recueilli deux sont de cloches.
D'une part, monsieur KANYAMA de l'urbanisme nous renseigne
que : « nous constatons une ignorance criante de la
réglementation dans le chef de certains cadres politico -
administratifs, si nous trouvons un cas litigieux de spoliations d'un espace
réservé, nous tentons de nous entendre avec le
propriétaire » et à monsieur KISENGE
d'ajouter : « dans la plupart de cas, nous assistons au non
- respect et à la non - maitrise des procédures administratives
de la part de nos hiérarchies ». Nous avons compris que
si dans certains cas, les situations de spoliations restent impunies c'est
suite aussi au manque de compétence.
Les règles organisationnelles, définies au
départ pour régir les relations, génèrent des
incertitudes qui donnent lieu à des rapports de pouvoir qui
dépassent ce cadre formel. En conséquence, le chercheur ne
pourrait pas se limiter à ces relations officielles ni non plus les
ignorer. Il devra « trouver les causes des structures et des
règles du jeu caractéristiques d'un contexte d'action non pas
dans des phénomènes, événements ou structures
extérieurs à lui, mais dans les processus d'interaction
mêmes qui s'y déroulent entre les acteurs
concernés»(MAURICE, 1994).
La procédure administrative est la voie formelle des
actes par le biais desquels se déroule l'action administrative pour
accomplir une fin. Le but est l'émission d'un acte administratif.
L'obligation d'obéir à des voies légales strictes assurant
la garantie des citoyens distingue l'action publique de l'activité
privée. Cette garantie est donnée par l'ordre juridique et par
l'assurance de savoir que l'information peut être connue et
fiscalisée par toutes les personnes.
Ainsi, la procédure administrative est en quelque sorte
le garant de l'action administrative, ne pouvant être ni arbitraire ni
discrétionnaire puisqu'elle doit impérativement respecter les
règles de la procédure. La procédure administrative
englobe quatre grands principes, à savoir: le principe d'unité,
le principe de contradiction, le principe d'impartialité et le principe
d'officialité.
- Le principe d'unité soutient que la procédure
est un processus unique qui a un début et une fin (elle doit se
résoudre peu importe sa forme initiale).
- D'après le principe de contradiction, la
résolution de la procédure est basée sur les faits et les
fondements de droit, suite à la vérification des faits et des
preuves.
- Le principe d'impartialité assure que l'action se
déroulera sans favoritismes ni inimitiés. Les fonctionnaires
doivent s'abstenir s'ils ont un intérêt personnel dans l'affaire,
un lien de parenté ou une certaine amitié/inimitié, ou
bien s'ils font partie des témoins.
- Enfin, le principe d'officialité oblige à ce
que la procédure soit développée d'office au cours de
toutes les démarches.
D'autre part, monsieur TUMBWE nous
explique : « nous avons d'autres chefs
compétents et qui connaissent le travail, mais qui, pour certains cas
ferment les yeuxpour les raisons que nous ignorons et qui,
pour d'autres cas, sont incapables de réagir suite aux instructions qui
viennent d'en haut. » il continue en disant :
« l'un de nos responsable avait voulu suivre le dossier de la
maison en étage qu'on construit au niveau de l'espace
protégé situé entre l'arrêt de bus KASAPA et
l'avenue Lumumba, cela a failli lui couter son boulot du fait le
propriétaire faisait partie de la famille
présidentielle ».
Par rapport à tout cela, nous comprenons que la mise en
évidence du système d'action concret requiert, toutefois, que
certaines conditions soient remplies. Pour CROZIER et FRIEDBERG, il faut
« un minimum d'interconnaissance, de circulation d'informations et de
connaissances communes, permettant des anticipations correctes des
comportements des autres ainsi qu'un minimum de contrôle
»(FRIEDBERG, 1993).
Pour ce qui est da la collaboration entre les
différentes entités, monsieur KASOMBO nous renseigne ceci :
c'est compliqué de fois la situation dans laquelle nous travaillons,
nous assistons à des conflits sérieux de compétences dans
les traitements de dossiers d'occupations des espaces réservés
entre les services des affaires foncières, de l'urbanisme, de
l'environnement et de l'aménagement du territoire »
Dans l'administration publique de la République
Démocratique du Congo chaque ministère, chaque division et chaque
service a un mandat bien défini, mais il se fait que pour des raisons
liées aux intérêts individuels, certains services font le
travail des autres pour by passer certaines contraintes.
En se référant à l'Ordonnance
n° 12/008 du 11 juin 2012 fixant les attributions des
ministères, nous avons eu ceci comme renseignement :
1. Ministère de l'Aménagement du
Territoire, Urbanisme, Habitat, Infrastructures, Travaux Publics et
Reconstruction
a) Aménagement du Territoire
§ Conception et élaboration des plans
d'aménagement du Territoire et suivi de leur exécution ;
§ Exécution des politiques et des
stratégies opérationnelles et d'orientation visant la meilleure
répartition dans l'espace des activités humaines ;
§ Evaluation des potentialités du Territoire en ce
qui concerne les ressources naturelles renouvelables et non renouvelables du
sol et du sous - sol national ;
§ Contrôle et surveillance de manière
permanente de l'utilisation de l'espace physique du pays ;
§ Etablissement des programmes et des stratégies
de mobilisation des ressources tant humaines, institutionnelles que
financières pour codifier, implanter et administrer le
développement.
b) Urbanisme et Habitat
§ Aménagement de l'espace urbain en matière
d'urbanisme et d'habitat ;
§ Gestion et administration du patrimoine immobilier
relevant du domaine privé de l'Etat ;
§ Etude et promotion des matériaux de construction
locaux ;
§ Mise en oeuvre du Plan National d'habitat ;
§ Police des règles de l'Urbanisme et Habitat ;
§ Apport d'une assistance technique permanente à
l'auto - construction ;
§ Elaboration des études en vue de la
création de nouvelles villes ou de la modernisation des villes
existantes ;
§ Développement et promotion de la construction
des établissements humains tant par le secteur public que privé
;
§ Etude et promotion des organismes financiers et banques
d'habitat en collaboration avec le Ministère ayant les finances dans ses
attributions ;
§ Elaboration des normes en matière de
construction des établissements humains ;
§ Création et agrément des agences et
courtiers immobiliers.
2. Ministère de l'Environnement, Conservation
de la Nature et Tourisme
a) Environnement et Conservation de la
Nature
§ Exécution des politiques nationales de gestion
durable de l'environnement et de la préservation de la
biodiversité et des écosystèmes ;
§ Elaboration des plans de mise en oeuvre desdites
politiques, leur suivi et évaluation ;
§ Gestion durable des forêts, des ressources en
eau, des ressources fauniques et de l'environnement ;
§ Gestion des établissements humains ;
§ Evaluation et suivi des études environnementales
et sociales de tout projet susceptible de porter atteinte à
l'environnement;
§ Réglementation de toutes les activités
susceptibles de porter atteinte à l'environnement, à la
biodiversité et aux écosystèmes ainsi qu'à la
salubrité des milieux ;
§ Elaboration et mise en application des normes relatives
à l'assainissement des milieux ;
§ Création et aménagement des zones vertes
et parcs d'attraction ;
§ Elaboration des normes relatives au respect de
l'environnement dans les secteurs mines, carrières et hydrocarbures ;
§ Réglementation de la chasse et de la pêche
;
§ Protection de la faune et de la flore ;
§ Promotion et coordination de toutes les
activités relatives à la gestion durable de l'environnement, des
ressources forestières, fauniques et aquatiques, et à la
conservation de la nature ;
§ Suivi et audits environnementaux des
établissements publics et des entreprises privées ainsi que des
organisations non gouvernementales oeuvrant dans les secteurs de
l'environnement et conservation de la nature;
§ Détermination et gestion des
écosystèmes ;
§ Gestion des services environnementaux ;
§ Création des aires protégées
autres que les réserves naturelles intégrales et propositions de
création de ces dernières ;
§ Gestion des aires protégées
;
§ Création et gestion des stations de capture de
la faune sauvage ;
§ Elaboration, vulgarisation et gestion des programmes
d'éducation environnementale.
3. Ministère des Affaires
Foncières
o Application et vulgarisation de la législation
foncière et immobilière;
o Notariat en matière foncière et cadastrale
;
o Gestion et octroi des titres immobiliers ;
o Lotissement en collaboration avec le Ministère ayant
en charge l'urbanisme et l'habitat ;
o Octroi des parcelles de terre en vue de la mise en
valeur.
Dans l'exercice de leurs fonctions, les animateurs de quatre
entités évoquées font de fois face à un
conflit d'intérêts, l'expression "conflit
d'intérêts" désigne une situation avérée ou
apparente dans laquelle un individu ou une organisation est soumise à
des intérêts multiples du fait des fonctions ou des
responsabilités occupées dans des institutions publiques, dans
une entreprise, une association, une fondation, etc. Ces intérêts
multiples peuvent entrer en opposition et corrompre les décisions ou la
façon d'agir. Le conflit d'intérêts apparaît ainsi
chez une personne qui doit accomplir une fonction d'intérêt
général et dont les intérêts personnels sont en
concurrence avec sa mission. Il est plus fréquent dans certaines
professions réglementées qui mettent alors en place une charte
déontologique afin de faire respecter les règles de
neutralité ou d'impartialité.
Ainsi, nous avons compris que les conflits et autres
dysfonctionnements témoignent des limites de la structuration formelle.
La prise en compte de facteurs d'ordre informel dans le fonctionnement de
l'organisation est, par conséquent, un impératif pour toute
analyse sociologique qui se veut pertinente. Cela constitue d'ailleurs l'un des
mérites de l'approche stratégique.
B. Enjeux autour de l'occupation des aires
protégées
1. Enjeux majeurs
Dans le cadre de ce travail, un enjeu va représenter
tout ce que les acteurs mettent en jeu ou en oeuvre pour occuper ou faciliter
l'occupation des aires protégées. Il va s'agir principalement de
mettre en lumière tout ce qui se cache derrière les actions
apparentes et non apparentes des acteurs en jeu.
a. Enjeu de pouvoir et relationnel
Dans une première approche, on pourradéfinir le
pouvoir comme la capacitéqu'a un individu ou un groupe d'agir surun
autre individu ou un autre groupe.Dans cette perspective, le pouvoir est
considéré non pas comme un attribut mais plutôt dans son
sens relationnel. En conséquence, aucun acteur ne détiendrait
indéfiniment le pouvoir. Tout dépendra alors des positions,
ressources et enjeux des acteurs en présence. En somme, en tant que
relation, le pouvoir fait l'objet de négociations permanentes. À
ce titre, il est caractérisé par trois dimensions que nous allons
analyser : l'instrumentalité, l'intransitivité et le
déséquilibre.
Placer le pouvoir dans une dynamique relationnelle, c'est
d'abord lui donner un caractère instrumental. La contrainte,
exercée sur un acteur dans un contexte d'action organisée, vise
l'obtention d'un résultat. Ainsi, le pouvoir n'est exercé que
dans la perspective d'un but qui va guider les différentes
stratégies adoptées par l'acteur.
« Nous subissons de fois de
pressions énormes venant de la haute hiérarchie
pour aller à l'encontre des normes légales afin de satisfaire des
intérêts privés. », déclare un agent
des services d'urbanisme.
La constatation qui s'en dégage est que la
criminalité environnementale, bien que pouvant présenter des
caractéristiques qui la rapprochent des crimes violents, fait appel
à presque les mêmes techniques de neutralisation que la
criminalité en col blanc. En d'autres termes, malgré la violence
de la criminalité environnementale, il ne serait pas illogique de la
considérer comme une criminalité économique. Ce
parallèle entre la criminalité en col blanc et la
criminalité environnementale avait déjà été
établi par PIQUERO, (PIQUERO, 2008), pour qui l'inquiétude
réelle du public et l'acceptation de la gravité de la
criminalité en col blanc feront en sorte que la criminalité
environnementale soit également perçue comme étant
très sérieuse.
Cette instrumentalité, que les auteurs confèrent
à la relation de pouvoir, ne doit toutefois pas conduire à une
vision machiavélique à outrance ni à une surestimation de
la capacité stratégique d'un acteur. C'est ici l'occasion de
mettre un accent particulier sur l'importance du concept de
rationalité limitée dans l'analyse
stratégique.
Théorisé originellement par Herbert SIMON et
James MARCH, ce concept postule le caractère séquentiel, donc
imparfait, des décisions prises par l'acteur dans un contexte
donné. La logique de la rationalité limitée est
expliquée par les deux auteurs de la façon suivante : «
On ne peut parler de rationalité que relativement à un cadre de
référence ; et ce cadre de référence sera
limité par les connaissances de l'homme rationnel. Par
conséquent, le choix d'un acteur est toujours exercé au regard
d'un schéma simplifié, limité, approximatif, de la
situation réelle ; et les éléments de la définition
ne sont pas des données [...] mais des produits de processus
psychologiques et sociologiques, comprenant les activités propres de
celui qui choisit et celles des autres de son milieu. »(MARCH,
1969)
Le pouvoir a une dimension intransitive. Pour ce faire, nous
nous référons tout d'abord à Robert DAHL qui décrit
le pouvoir comme étant la « capacité d'une personne A
d'obtenir qu'une personne B fasse quelque chose qu'elle n'aurait pas fait sans
l'intervention de A »(DAHL, 1957). Cette définition,
tout en mettant l'accent sur le caractère relationnel du pouvoir, n'en
est pas moins incomplète lorsqu'on l'analyse dans le sens où
l'entend l'approche stratégique. On pourrait être amené
à déduire qu'un acteur A serait capable d'obtenir d'un acteur C,
ce que B est capable d'obtenir de ce dernier. Or, selon CROZIER et FRIEDBERG,
cette transitivité s'avère relative, dans la mesure où le
pouvoir est une négociation permanente, et dépend des enjeux et
ressources de chacun des acteurs.
L'essence du pouvoir réside dans la
réciprocité et le déséquilibre qui le
caractérisent. Erhard FRIEDBERG considère le pouvoir comme
étant « l'échange déséquilibré de
possibilités d'action, c'est-à-dire de comportements entre un
ensemble d'acteurs individuels et/ou collectifs »(FRIEDBERG,
1993). C'est une relation réciproque, à partir du moment
où il y a action et rétroaction entre deux ou plusieurs
acteurs.
Cela conduit les auteurs de L'Acteur et le système
à reconsidérer la définition donnée par Robert
DAHL. Ils la rectifient en affirmant qu'il est « un rapport de force,
dont l'un peut retirer davantage que l'autre, mais où également,
l'un n'est jamais totalement démuni face à l'autre
».
En voulant en savoir un peu plus sur le climat de travail dans
le traitement des dossiers qu'ils qualifient eux - mêmes de sensibles,
l'agent MUNAMA nous dit : « Le trafic
d'influence est fréquent dans le traitement des
dossiers concernant les constructions dans les espaces
réservés ».
Le concept de zone d'incertitude est alors au coeur
du déséquilibre. Celle-ci désigne les problèmes qui
conditionnent le bon fonctionnement d'une organisation et qui confèrent
du pouvoir à celui ou à ceux qui les contrôlent face
à d'autres acteurs qui en ont besoin. Il s'agit,
généralement, d'une information, de ressources matérielles
ou financières, bref de toutes sortes d'éléments dont
l'imprévisibilité constitue une menace pour l'un des acteurs.
Il existe un lien intrinsèque entre zone
d'incertitude et pouvoir. De son importance dépend
l'intensité du pouvoir dont dispose l'acteur qui en a la maîtrise.
Ainsi, selon Michel CROZIER, « ce qui est incertitude du point de vue
du système, devient source de pouvoir du point de vue de l'acteur
».
Selon l'A.S., on peut distinguer quatregrandes sources de
pouvoircorrespondant aux différents types desource d'incertitude
particulièrementpertinentes.Mais il faut bien saisir qu' « une
sourced'incertitude n'existe et ne prend sasignification dans les
processusorganisationnels qu'à travers soninvestissement par les acteurs
qui s'ensaisissent pour la poursuite de leursstratégies. Or, l'existence
« objective »ne nous dit rien sur la volonté ou plussimplement
sur la capacité des acteursde véritablement saisir et
utiliserl'opportunité qu'elle constitue. »(CROZIER, 1997)
1èresource: liée à
la possession d'une compétence ou d'une spécialisation
fonctionnelle difficilement remplaçable.
L'expert possède seul le savoirnécessaire pour
surmonter desproblèmes cruciaux: il pourra alorsnégocier des
avantages. Notons quecette expertise est bien sûr relative.Mais beaucoup
d'acteurs ont unmonopole de fait parce que leurremplacement est trop
coûteux pourl'organisation. Vu sous cet angle, cepeut être le cas
de beaucoup depersonnes.
« ...lui on ne peut rien lui faire car il est le
seul à maitriser les choses dans notre
secteur », déclare un agent de cadastre.
Ce bout d'entretien nous montre que la possession d'une
compétence quelconque difficilement remplaçable, confère
une notoriété qui amène un acteur à avoir une
grande marge de manoeuvre.
2ème source: liée aux incertitudes
venant des relations entre l'organisation et son (ses)
environnement(s).
Il faut prendre en compte ici lesenvironnements pertinents,
sourcespotentielles de perturbations. Individuset groupes peuvent avoir, au
sein del'organisation un pouvoir considérablepar leurs appartenances
multiples, leurcapital de relations dans tel ou telsegment de
d'environnement.C'est là le pouvoir dit du "MarginalSécant",
c'est - à - dire d'un acteur qui estpartie prenante de plusieurs
systèmesd'action en relation les uns avec lesautres.
« De fois on se retrouve dans des dossiers avec
des gens, vue leur influence et connexion,
on ne sait plus finalement de quel service ils sont... », Nous
renseigne un agent du service de l'environnement.
3ème source:liée à la
façon dontl'organisation organise lacommunication et les
fluxd'information entre ses unités etses membres.
Pour bien faire sa tâche, un individuaura besoin
d'informations détenues pard'autres que lui, et dont il dépend.
Cettecommunication peut être interne ouexterne.
Un agent du service de l'environnement stipule :
« Certains agents du cadastre lotissent, à notre insu, des
espaces qui en réalité sont des espaces protégés,
du fait qu'ils constituent soit des zones à risques soit des zones
inondables »
Dans ce bout d'entretien, nous nous rendons compte que le
manque de communication et le manque d'existence des canaux sérieux de
communication procurent un certain pouvoir à certains acteurs pour
disposer des espaces à leur guise.
4ème source: liée à la
connaissance et à l'utilisation des règles organisationnelles.
Si les règles sont en principe destinéesà
supprimer les sources d'incertitudes,elles ont, dans le concret, l'effet
d'encréer de nouvelles. Ainsi la règle, vuecomme moyen de
contrôle par lesupérieur peut aussi être utilisée
commeune protection par le subalterne. Ouencore, le supérieur peut
tolérer des nonrespects de la règle, en obtenant par cemoyen des
choses, sous la menace d'unretour toujours possible à
l'applicationorthodoxe de la règle contournée.Notons que cette
capacité à user defaçon informée, des règles
dufonctionnement de l'organisation peutconcerner les règles, tant
explicitesqu'implicites.
Comme nous l'a fait savoir monsieur TUMBWE dans un entretien
: « nous avons d'autres chefs compétents et qui
connaissent le travail, mais qui, pour certains cas ferment les
yeux pour les raisons que nous ignorons et qui, pour d'autres cas,
sont incapables de réagir suite aux instructions qui viennent d'en
haut. »
b. Enjeu économique
Cet enjeu concerne plus les objectifs à atteindre en
matière d'argent.
La recherche des espaces dans certaines aires
protégées n'est pas anodine, que ce soit par spoliation ou par
octroi, l'enjeu économique est de taille dans ce sens que dans le cadre
du business, ces espaces sont stratégiques pour placer des stations -
services, des commerces et autres. En investissant sur ces espaces à
court, moyen et long terme, on s'attend à un retour sur investissement
conséquent. De ce fait, avoir une station - service dans sur un
carrefour, n'a pas le même impact économique qu'avoir la
même activité dans un coin moins fréquenté.
Ainsi, les demandeurs feront tout ce qui possible pour les
acquérir et se faire beaucoup d'argent suite à l'activité
qui y sera implantée.
Comme l'indique un agent du service de l'environnement :
« les grosses légumes usent de tous les moyens possibles
pour occuper les espaces réservés aux endroits
stratégiques » et à monsieur
LUKUNI de nous faire constater dans un entretien que : « ...
juste avec le permis d'utilisation temporaire, elles s'approprient les lieux en
y construisant autre chose »
c. Enjeu financier
Les enjeux financiers peuvent être évalués
selon plusieurs axes : selon qu'on est tenancier des activités dans
les espaces protégés et selon qu'on est agent des services de
l'Etat. Pour les tenanciers des activités dans les espaces
réservés, utilisant ces espaces pour raison de survie avec leurs
petits commerces, ils sont obligés d'entretenir des bonnes relations
avec les agents de services de l'Etat en leur donnant
régulièrement de l'argent pour éviter qu'ils ne soient pas
expulsés.
Pour certains agents de services de l'Etat, les petits
commerces dans les espaces protégés constituent leurs sources de
dépannage, du fait que les dossiers juteux ne passent jamais par leurs
mains. Pour ce faire, ils ont intérêt d'entretenir des bonnes
relations avec les tenanciers des petits commerces pour en tirer profit.
« C'est dans le cadre de survie, que nous occupons
les servitudes de l'Etat avec des terrasses ou des kiosques, et lorsque les
agents de l'Etat arrivent, nous payons les taxes normalement sans
problèmes » nous explique clairement un occupant.
« ... d'autres personnes usent seulement de leurs
bonnes relations avec les autorités pour directement avoir un espace
moyennant une belle somme », concluait monsieur LUKINI dans un
entretien.
d. Enjeu d'habitat
L'habitathumain est le mode d'occupation de l'espace par
l'homme à des fins de logement. En urbanisme, il se
décline en habitat individuel, habitat
collectif ou habitat intermédiaire, mais aussi en habitat
dense (groupé) ou pavillonnaire (isolé sur sa
parcelle). Alors que le logement est un produit
(maison, appartement...).
Un agent de l'urbanisme estime que : « la ville de
Lubumbashi est saturée, et que l'Etat devrait prévoir une
extension de celle - ci, mais entre-temps, tout espace libre en son sein
devient la cible de plusieurs personnes. »
En se référant aux dires de messiers SALAMA et
IMARA, pour l'un: « c'est le chef de quartier qui nous a
encouragé d'occuper ce terrain car MAYI INA KIMBIYA BANTU et notre
quartier par conséquent va grandir », et pour l'autre:
« Pour éviter de passer nuit à la belle étoile, et
dans le souci de ne pas trop s'éloigner de la ville, nous occupons tout
espace vide et quand l'Etat viendra, on va s'arranger ».
e. Enjeu sécuritaire
Certains acteurs se sont retrouvés en
insécurité par l'existence à coté de leurs
parcelles des espaces protégés non entretenus. Sur certains ils
ont retrouvé des corps sans vie, sur d'autres des foetus dans des sacs
poubelles, et d'autres sont transformés en base arrière des
criminels.
« En voyant ces trottoirs se transformer en toilettes
publiques par les passagers et sources d'insécurité pendant la
nuit, nous avons jugé bon de les annexer à nos parcelles
», nous a renseigné monsieur KITUMAINI.
f. Enjeu de santé publique
Par l'absencedes décharges publiques, et la
multiplication des déchets, les abords des avenues et boulevards, les
places publiques, les espaces verts, les marchés, lesécoles, les
homes des étudiants... sont envahis par des montagnes d'immondices, pour
ce faire, les occupants des parcelles aux abords de certains espaces
protégés convertis en dépotoirs d'immondices se retrouvent
menacer sur le plan sanitaire.
«Ces espaces étaient délaissés
et non entretenus, par conséquent, la nuit et de fois pendant la
journée en notre absence, ils étaient transformé en
dépotoir des immondices, pour palier à ce problème, nous
avons jugé bon de rallonger nos parcelles jusqu'à quelques
mètres de rails et le problème est résolu »,
s'exprime monsieur HODARI.
C. Données empiriques et
stratégies des acteurs
L'Analyse Stratégique (A.S.) part d'une constatation de
base: aucun individu n'accepte d'être traité totalement et
uniquement comme l'objet du fonctionnement ou de l'accomplissement des buts
d'une organisation. Les conduites des acteurs ne sont plus vues comme la simple
résultante, prévisible, stéréotypée et donc
reproductible, des déterminants structurels, financiers ou
psychologiques. Leurs conduites sont inventées par les acteurs, dans un
contexte, construites en vue de certains buts.
Au lieu de partir d'un agent passif répondant de
manière stéréotypée (c'est-à-dire
prévisible) aux choix du stimulus qu'on lui impose, l'A.S. postule
l'existence d'agents libres, car les organisations, quoiqu'étant des
"machines à rationaliser", ont des limites; et ayant leurs propres buts,
parce que les acteurs ont donc la possibilité d'y développer
leurs stratégies.
Dans une logique a priori, l'homme, dans une perspective
synoptique, chercherait la meilleure solution à tout problème.
Or, « l'être humain est incapable d'optimiser. Sa liberté et
son information sont trop limitées pour qu'il parvienne. Dans un
contexte de rationalité limitée, il décide de façon
séquentielle et choisit pour chaque problème qu'il a à
résoudre la première solution qui correspond pour lui à un
seuil minimal de satisfaction. » (CROZIER, 1997)
Pour atteindre ces buts, les acteurs vont poursuivre leurs
propres stratégies; ils vont utiliser les ressources dont ils disposent
de la manière la plus judicieuse compte tenu des contraintes du moment,
telles qu'ils les perçoivent, depuis leur position. Leur conduite n'est
donc pas entièrement prévisible puisque changeante. L'acteur
ajuste constamment sa conduite aux données nouvelles auxquelles il se
trouve confronté, dans sa recherche de son intérêt.
Ainsi, L'acteur n'a que rarement des objectifs clairs et
encore moins des projets cohérents; (ex: des conséquences
imprévues de son action l'amenant à reconsidérer sa
position) ; son comportement est actif. Même s'il est toujours contraint
et limité, il n'est jamais totalement limité; ce comportement a
toujours un sens. Cette rationalité est liée, non à des
objectifs clairs et explicites, mais s'organise par rapport à des
opportunités (contexte) et par rapport aux comportements des autres
acteurs; ce comportement présente un double aspect: un aspect offensif,
(la saisie d'opportunités en vue d'améliorer sa situation) et un
aspect défensif (le maintien et l'élargissement de sa marge de
liberté). Il n'y a donc plus de comportement irrationnel: c'est
là l'utilité du concept de stratégie. «
Derrière les humeurs et les réactions affectives il est en effet
possible à l'analyste de découvrir des régularités,
qui n'ont de sens que par rapport à une stratégie. Celle-ci n'est
donc rien d'autre que le fondement inféré ex post des
régularités de comportements observés empiriquement. Il
s'en suit qu'une telle « stratégie » n'est nullement synonyme
de volonté, pas plus qu'elle n'est nécessairement consciente
». (CROZIER, 1997)
À partir de la description du processus de
décision, CROZIER et FRIEDBERG affirment qu'il est tout aussi impossible
pour un acteur, dans une action organisée, de mener une stratégie
parfaite en disposant de toutes les informations nécessaires. La
décision de l'acteur individuel ou collectif ne peut, dans ce contexte,
correspondre qu'à un « seuil minimal de satisfaction ».
Considérant l'organisation comme un moyen, elle est
ainsi pensée en termes de production et de performance. De ce fait, les
acteurs qui la composent doivent être organisés, agencés et
coordonnés pour un meilleur rendement. La finalité des
premières recherches témoigne d'ailleurs de cette vision «
instrumentale » de l'organisation qui deviendrait ainsi une « simple
courroie de transmission ». En conséquence, le facteur humain devra
être organisé et rationalisé en vue de garantir la
meilleure performance pour l'organisation (usine, entreprise, service, etc.).
Or, pour FRIEDBERG, « l'action humaine, sur tous les plans, n'est
rationnelle que de façon limitée, les organisations pas plus que
les individus ne peuvent prétendre à une rationalité
absolue ». Cette incertitude qui pèse sur toute tentative de
rationalisation de l'action humaine milite effectivement en faveur d'une vision
plus flexible de l'organisation.
Dans le contexte qui est le nôtre, les acteurs mettent
en place plusieurs stratégies pour arriver à la spoliation ou
l'octroi d'un espace dans une aire protégée.
A la question de savoir comment il est arrivé à
avoir un terrain dans une zone à risque, monsieur SALAMA répond :
« c'est le chef de quartier qui nous a encouragé d'occuper ce
terrain car MAYI INA KIMBIYA BANTU et notre quartier par conséquent va
grandir », et à monsieur IMARA d'ajouter : « Pour
éviter de passer nuit à la belle étoile, et dans le soucis
de ne pas trop s'éloigner de la ville, nous occupons tout espace vide et
quand l'Etat viendra, on va s'arranger ».
A ce propos, un agent de l'urbanisme estime que : «
la ville de Lubumbashi est saturée, et que l'Etat devrait
prévoir une extension de celle - ci, mais entre-temps, tout espace libre
en son sein devient la cible de plusieurs personnes. »
Au regard de ces entretiens, nous comprenons que la spoliation
de certains espaces protégés a lieu de fois avec le concours de
l'autorité locale pour palier au problème de logement suite
à la démographie de plus en plus croissante et faciliter
l'extension de son entité, et aussi pour favoriser une paix sociale en
évitant que les familles entières manquent de logement au moment
où à coté il y a un lopin de terre non occupé.
A la question de savoir comment les servitudes le long des
rails ont disparu ainsi certains trottoirs de dégagement ou ruelles
sanitaires dans certains quartiers, monsieur HODARI nous dira : «Ces
espaces étaient délaissés et non entretenus, par
conséquent, la nuit et de fois pendant la journée en notre
absence, ils étaient transformé en dépotoir des
immondices, pour palier à ce problème, nous avons jugé bon
de rallonger nos parcelles jusqu'à quelques mètres de rails et le
problème est résolu », et à monsieur KITUMAINI
d'ajouter : « en voyant ces trottoirs se transformer en toilettes
publiques par les passagers et sources d'insécurité pendant la
nuit, nous avons jugé bon de les annexer à nos parcelles
».
Avec ces entretiens, nous avons compris que certains espaces
sont spoliés non pas dans le seul but de les occuper pour les
habitations, mais plutôt pour pallier aux problèmes liés
à l'insalubrité et l'insécurité.
A la question de savoir comment certaines stations-services,
certaines bâtiments et certaines institutions d'enseignements se
retrouvent sur des espaces réservés, monsieur LUKINI nous
renseigne : « Pour certaines personnes, elles commencent par
solliciter un permis d'utilisation temporaire d'un espace avec un projet
d'utilité publique comme un parc d'attraction, la construction des
latrines publiques ou autres et au bout d'un certain temps, avec la
complicité des certaines autorités, elles se font octroyer ce
lieu », à monsieur LUKUNI de continuer : « pour
d'autres, juste avec le permis d'utilisation temporaire, elles s'approprient
les lieux en y construisant autre chose », et à monsieur
LUKINI de conclure : « enfin, d'autres personnes usent seulement de
leurs bonnes relations avec les autorités pour directement avoir un
espace moyennant une belle somme ».
Dans cet entretien il apparait clairement certains acteurs
profitent de la négligence de l'Etat pour spolier des espaces, et
d'autres arrivent à les acquérir par le phénomène
du clientélisme et du népotisme, comme l'a souligné un
plus tard monsieur LUKUNI : « A mon niveau, je pense que nous avons un
sérieux problème de gouvernance, du fait qu'il n'existe pas
jusque-là ni le plan national d'aménagement, ni le plan
régional d'aménagement, ni le plan urbain d'aménagement,
cela donne une certaine liberté à certaines personnes d'user des
espaces protégés comme elles l'entendent pour leurs propres
intérêts »
« C'est dans le cadre de survie, que nous occupons
les servitudes de l'Etat avec des terrasses ou des kiosques, et lorsque les
agents de l'Etat arrivent, nous payons les taxes normalement sans
problèmes »
A la préoccupation de savoir comment se gèrent
les contentieux sur l'occupation des espaces réservés, monsieur
BAYA nous explique : « Les gros dossiers comme des stations de
carburants construits dans les espaces réservés sont
gérés par les chefs, pour ce faire, nous gérons de notre
manière les dossiers moins juteux en coopérant de fois avec leur
propriétaires. »
Et en voulant en savoir plus sur la
coopération évoquée ci - haut, monsieur
BAYA a été moins bavard mais entre les lignes, nous avons compris
qu'il s'agissait des transactions financières pour gérer à
l'amiable certains contentieux.
Pour ce qui est de l'occupation des aires de jeux, des
cimetières, ..., monsieur KIPUSHI, agent au service d'urbanisme fustige
: « certains agents des services fonciers modifient les plans de
lotissement sans informer les autres services pour vendre des espaces qui, au
préalable ne devaient pas l'être »., et à lui de
renchérir : « mis à part l'entêtement des
certaines personnes pour occuper des endroits non avenus, il y a aussi certains
agents qui font circuler des informations sur des fausses
désaffectations de certains endroits pour les vendre aux gens »
Et à monsieur KITUMAINI, un des occupants de dire :
« Personnellement, je ne sais pas ce que veut dire espace
réservé car ce sont les agents de l'Etat qui nous ont vendu en
bonne et due forme les terrains que nous occupons »
Sur cet entretien, nous comprenons qu'il y a un sérieux
problème de coordination des actions entres les différents
services concernés et celaconduit à la
modification des plans et la désaffectation «
virtuelle » de certains espaces par certains agents.
Et à monsieur KIPUSHI de conclure : « nous
constatons aussi le laxisme de la population qui n'est pas suffisamment bien
informée sur le l'importance et le bien fondé des aires
protégées en milieu urbain, car pour moi c'est elle qui devrait
être la première défenderesse de ces espaces »
Nous venons de voir les différentes stratégies
de différents acteurs, ainsi, qui prennent sens au regard des
différents enjeux présentésci - haut.
De cette présentation des enjeux ainsi que des
stratégies des acteurs autourde l'occupation des espaces dans les aires
protégées sur la ville de Lubumbashi, nous estimons fondamental
de donner l'aperçu des pratiques essentielles des acteurs
impliqués dans cette occupation.
Lesdits enjeux impliquent en pratique les stratégies suivantes :
- Trafic d'influence
- Clientélisme
- Népotisme
- Coopération
- Spoliation
- Incitation à la modification ou à la
désaffectation virtuelles des espaces
a. Trafic d'influence
Le trafic d'influence désigne le fait pour une personne
de recevoir - ou de solliciter - des dons dans le but d'abuser de son
influence, réelle ou supposée, sur un tiers afin qu'il prenne une
décision favorable. Il implique trois acteurs : le
bénéficiaire (celui qui fournit des avantages ou des dons),
l'intermédiaire (celui qui utilise le crédit qu'il possède
du fait de sa position) et la personne cible qui détient le pouvoir de
décision (autorité ou administration publique, magistrat, expert,
etc.).
Le trafic d'influence est le fait, par quiconque, de
solliciter ou d'agréer, à tout moment, directement ou
indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des
avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir
abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire
obtenir d'une autorité ou d'une administration publique des
distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision
favorable.
Trafic d'influence actif
Fait par quiconque de proposer sans droit, à tout
moment directement ou indirectement des offres, des promesses, des dons, des
présents, des avantages quelconques à une personne
dépositaire de l'autorité publique, chargée d'une mission
de service public ou investie d'un mandat électif public pour
elle-même ou pour autrui pour qu'elle abuse ou parce qu'elle a
abusé, de son influence réelle ou supposée en vue de faire
obtenir.
Trafic d'influence passif
Fait pour une personne dépositaire de l'autorité
publique ou chargée d'une mission de service public ou investie d'un
mandat électif public de solliciter ou d'agréer, sans droit,
à tout moment, directement ou indirectement des offres, promesses des
dons présents ou avantages pour elle-même ou autrui, pour abuser
ou avoir abusé de son le fait par quiconque de proposer sans droit,
à tout moment directement ou indirectement des offres, des promesses,
des dons, des présents, des avantages quelconques à une personne
dépositaire de l'autorité publique, chargée d'une mission
de service public ou investie d'un mandat électif public pour
elle-même ou pour autrui
Comme l'écrivait KANT dans ses Fondements de la
métaphysique des moeurs, « en réalité nous ne pouvons
jamais, même par l'examen le plus rigoureux, pénétrer
entièrement jusqu'aux mobiles secrets ; or, quand il s'agit de valeur
morale, l'essentiel n'est point dans les actions, que l'on voit, mais dans ces
principes intérieurs des actions, que l'on ne voit pas. »
(Traduction de Victor Delbos).(DELBOS, 1993).
MUNAMA nous dit : « Le trafic
d'influence est fréquent dans le traitement des
dossiers concernant les constructions dans les espaces
réservés ».
b. Clientélisme
Grands secteurs d'activités Economiques et sociaux
où il y a des processus non transparents, où il y a des processus
de réseaux, d'allégeance.
Rappelons, rapidement, trois traits généraux du
clientélisme :
a) une relation entre deux personnes ou une personne et une
institution;
b) une relation qui lie deux partenaires de statut
inégal ;
c) unerelation de clientèle qui consiste en un
échange de prestations et deservices.
Par conséquent, un des plus importants facteurs
conduisantau clientélisme est l'existence d'espoirs et d'expectatives
chez lesclients.
La question peut se poser ainsi : Que désire le client
? Bien queJean-François Médard affirme que « les ressources
échangées peuventêtre de nature extrêmement diverses
: économiques, politiques,religieuses, psychologiques, militaires,
judiciaires, administratives,éducatives... tous les aspects de la vie
sont concernés» et donc qu'ilest «difficile de faire une
typologie à partir des ressources».
Dans la stratégie clientéliste chacun, patron
comme client,cherche dans l'échange à valoriser, et à
monnayer ses ressources aumaximum» ne correspond pas toujours à la
réalité vécue par lespopulations exclues. Nous adoptons
l'hypothèse selon laquellel'utilisation des ressources, de la part du
client dans une relationclientéliste, est en corrélation avec sa
capacité sociale de mobiliser sespropres forces pour servir ses
intérêts. Le degré de subordination duclient au patron,
dépend, d'une part, de l'importance des servicesprocurés ou de la
monopolisation de ces services par le patron et,d'autre part, de la
capacité du client à mobiliser ses forces pourimposer au patron
ses exigences qui ne sont, pour lui, autres que desbiens d'ordre vital.
Sur base de relations d'intérêt entre certains
responsables politico - administratifs et les individus ou des entreprises, et
certains échanges de faveurs, plusieurs espaces réservés
se sont retrouvés entre les mains des particuliers et de certaines
entreprises, de manière préférentielle et
pas nécessaire légale.
Comme nous l'a renseigné monsieur LUKINI : «
Pour certaines personnes, elles commencent par solliciter un permis
d'utilisation temporaire d'un espace avec un projet d'utilité publique
comme un parc d'attraction, la construction des latrines publiques ou autres et
au bout d'un certain temps, avec la complicité des certaines
autorités, elles se font octroyer ce lieu », et : «
pour d'autres, juste avec le permis d'utilisation temporaire, elles
s'approprient les lieux en y construisant autre chose », et: «
enfin, d'autres personnes usent seulement de leurs bonnes relations avec
les autorités pour directement avoir un espace moyennant une belle
somme », nous voyons comment le clientélisme fait rage dans ce
milieu.
c. Le népotisme
C'est favoritisme démontré à
l'égard de parents proches en ce qui a trait à l'embauche ou aux
privilèges accordés.Le népotisme est l'attitude de
quelqu'un (dirigeant) qui use des privilèges liés à sa
fonctionpour favoriser ses proches. Cette pratique devenue une
spécialité nationale, est beaucoupconstatée dans les
institutions et organisations publiques.Outre le favoritisme
éhonté de ces situations, on peut également
déplorer qu'elles donnent unetriste image des classes dirigeantes, et
créé un sentiment de défiance. Le népotisme
réduit l'efficacité de la société et affecte
défavorablement sa performance
Le concept de népotisme recouvre ainsi la tendance
que lefondateur fait preuve d'une grande tolérance envers des
membres de la famille qui sont plusou moins compétents (DYER, 1988)
; qui se manifeste par la perceptiond'injustice (COVIN, 1994).
Le népotisme et les considérations tribales
violent les principes élémentaires d'entreprisecitoyenne
(équilibre régional, compétence, mérite), de la
solidarité nationale et tuent enconséquence le sentiment
patriotique
Les interactionsmatérialisent donc le degré du
népotisme qui peut être apparent ou latent selon les positionsdes
acteurs en présence du paradoxe des enjeux. Le népotisme
influence la mise en place d'un système efficace de contrôle.
Comme nous l'a clairement expliqué monsieur TUMBWE
: « nous avons d'autres chefs compétents et qui
connaissent le travail, mais qui, pour certains cas ferment les
yeux pour les raisons que nous ignorons et qui, pour d'autres cas,
sont incapables de réagir suite aux instructions qui viennent d'en
haut. » et : « l'un de nos responsable avait
voulu suivre le dossier de la maison en étage qu'on construit au niveau
de l'espace protégé situé entre l'arrêt de bus
KASAPA et l'avenue Lumumba, cela a failli lui couter son boulot du fait le
propriétaire faisait partie de la famille
présidentielle ».
Ainsi, appartenir à une certaine famille,
confère une forme d'immunité qui fait en sorte qu'on ne peut pas
être inquiété même quand on acquiert
illégalement des espaces dans les aires protégées.
d. la coopération
En soit par coopération on sous-entend une pratique qui
consiste de la part d'un tenancier des activités dans des espaces
réservés, de donner régulièrement de l'argent
à certains agents pour pérenniser leurs activités.
Monsieur BAYA nous a expliqué ceci : « Les
gros dossiers comme des stations de carburants construits dans les espaces
réservés sont gérés par les chefs, pour ce faire,
nous gérons de notre manière les dossiers moins juteux en
collaborant de fois avec leur propriétaires. » et monsieur
LUKINI avait déjà avancé ceci : « enfin, d'autres
personnes usent seulement de leurs bonnes relations avec les autorités
pour directement avoir un espace moyennant une belle somme ».
e. La spoliation
La spoliation est l'action de
dépouiller autrui de sa propriété par la violence ou par
la ruse. Pour ce qui est des espaces protégés, nous assistons
à leur spoliation par des individus ou des entreprises.
« C'est dans le cadre de survie, que nous occupons
les servitudes de l'Etat avec des terrasses ou des kiosques, et lorsque les
agents de l'Etat arrivent, nous payons les taxes normalement sans
problèmes »
« En voyant ces trottoirs se transformer en toilettes
publiques par les passagers et sources d'insécurité pendant la
nuit, nous avons jugé bon de les annexer à nos parcelles
», nous a renseigné monsieur KITUMAINI.
«Ces espaces étaient délaissés
et non entretenus, par conséquent, la nuit et de fois pendant la
journée en notre absence, ils étaient transformé en
dépotoir des immondices, pour palier à ce problème, nous
avons jugé bon de rallonger nos parcelles jusqu'à quelques
mètres de rails et le problème est résolu »,
s'exprime monsieur HODARI.
MATRICE ENJEU/STRATEGIES
Dans le cadre de notre travail, nous avons constaté une
forte interpénétration entre enjeu et stratégies des
acteurs, de ce fait nous proposons cette matrice pour dégager tant soi
peu les liens entre les enjeux et les stratégies des acteurs qui
incarnent les pratiques.
|
|
STRATEGIES
|
|
|
Trafic d'influence
|
Clientélisme
|
Népotisme
|
Coopération
|
Spoliation
|
Incitation à la modification ou à la
désaffectation virtuelles des espaces
|
ENJEUX
|
POUVOIR ET RELATIONNEL
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*
|
*
|
*
|
|
|
*
|
ECONOMIQUE
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*
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FINANCIER
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*
|
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HABITAT
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*
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*
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SECURITE
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|
|
*
|
|
SANTE PUBLIQUE
|
|
|
|
|
*
|
|
CONCLUSION GENERALE
Au dénouement de notre mémoire dont l'objet a
consisté à éluciderles enjeux autour del'occupation des
espaces dans les aires protégées sur la ville de Lubumbashi,
voici les étapes principales de notre démarche et les
résultats auxquels nous sommes arrivés.
Le premier chapitre de notre travail a consisté
à présenter le cadre théorique de notre recherche. Et nous
l'avons structuré en quatre sections.
La première section de ce chapitre s'est penchée
sur construction de l'objet de recherche et cela nous a permis à la
section suivante de déterminer la question de départ, tout en
tenant compte de ce qui était déjà connu et de ce qui ne
l'était pas au sujet de la spoliation et de l'octroi des terrains dans
les espaces protégés.
La troisième section a passé en revue
l'état de la question, dans laquelle nous avons scruté les
littératures en rapport avec notre thème de recherche en
général et notre sujet en particulier. Nous avons examiné
les écrits pertinents de nos prédécesseurs sur la question
des aires protégés.
La quatrième section du premier chapitre s'est
penché sur la problématique et a présenté une
grille de lecture au travers de laquelle nous avons tenté d'apporter des
réponses aux questions soulevées par notre recherche. La dite
grille est celle de l'analyse stratégique qui nous a permis de donner
des réponses sur les pratiques et les enjeux autour de la spoliation et
l'octroi des espaces dans les aires protégées.
Le deuxième chapitre s'est penché sur le cadre
méthodologique de la recherche. Dans ce chapitre, nous avons fait part
des outils méthodologiques qui nous ont permis de récolter et
d'analyser les données du terrain. Pour ce faire, nous avons
subdivisé ce chapitre en sept sections à savoir :
1. champs de nos investigations et échantillonnage
2. Considérations éthiques et difficultés
rencontrées
3. La posture du chercheur ;
4. Tracée des recherches
5. Technique de recueil des données,
6. Technique d'analyse des données
Le troisième chapitre a porté sur la gestion des
aires protégées urbaines de Lubumbashi et l'occupation de celles
- ci par les tiers, il s'est articulé sur trois sections à
savoir :
- Section 1 : types de gestion des aires
protégées urbaines : dans lequel nous avons monté les
types de gestions des aires protégées qui existent,
- Section 2 : règles formelles de gestion des aires
protégées urbaines à Lubumbashi : dans lequel nous
avons présenté les textes légaux relatifs à la
désignation des espaces réservés en RDC ; les
conditions d'occupation légale et les sanctions prévues en cas de
non-respect de la loi.
- Section 3 : Enjeux autour de l'occupation des aires
protégées par les tiers : dans cette section nous avons
présenté la compréhension de système d'action et de
la zone d'incertitude dans le contexte qui est le nôtre ; nous
avons, après analyse, dégagé et explicité les
enjeux autour de l'occupation des aires protégées, qui
sont :
§ L'enjeu de pouvoir et relationnel
§ L'enjeu économique
§ L'enjeu financier
§ L'enjeu habitat
§ L'enjeu de sécurité
§ L'enjeude sante publique ;
Et enfin, au travers des Données empiriques, nous en
avons énumérées six et stratégies des
acteursà savoir :
§ Trafic d'influence
§ Clientélisme
§ Népotisme
§ Coopération
§ Spoliation
§ Incitation à la falsification ou à la
désaffectation virtuelle des espaces
Bien que certaines règlementations existent quant
à la gestion des aires protégées, elles ne sont pas
malheureusement suivies comme ça devrait l'être, et pour certains
enjeux, ces espaces se retrouvent utilisés pour de fins qui ne sont pas
nécessairement celles pour lesquelles ils ont été
créés. Ce présent travail nous a finalement permis de
connaitre la gestion des aires protégées de Lubumbashi avec ses
multiples facettes à partir de la réalité empirique et non
des textes légaux.
Nous n'avons pas la prétention d'avoir tout
épuisé sur la question de l'occupation des espaces dans les aires
protégées urbaines de la ville de Lubumbashi, cependant, notre
recherche constitue une ouverture à tout chercheur désireux de se
lancer dans le même domaine.
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