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Enjeux autour de l’occupation par les particuliers des aires protégées urbaines de Lubumbashi.


par Assaut BIATSHINI
Université de Lubumbashi - Master en Criminologie 2019
  

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UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

ECOLE DE CRIMINOLOGIE

LUBUMBASHI

B.P. : 1825

ENJEUX AUTOUR DE L'OCCUPATION PAR LES PARTICULIERS DES AIRES PROTEGEES URBAINES DE LUBUMBASHI 

(DUBOIS-MAUREY, 1993)

BIATSHINI NZEVU Assaut

Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du grade de Master en Criminologie

Master 2 Criminologie Economique et Environnementale

Lubumbashi, Septembre 2019

UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

ECOLE DE CRIMINOLOGIE

LUBUMBASHI

B.P. : 1825

ENJEUX AUTOUR DE L'OCCUPATION PAR LES PARTICULIERS DES AIRES PROTEGEES URBAINES DE LUBUMBASHI 

BIATSHINI NZEVU Assaut

Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du grade de Master en Criminologie

Master 2 Criminologie Economique et Environnementale

Directeur : SERUGENDO KIFENDE Célestin

Professeur d'Université

Année académique : 2018 - 2019

REMERCIEMENTS

Pour commencer, je voudrais remercier mondirecteur, le Professeur Célestin SERUGENDO KIFENDE, pour son écoute, son soutien et son intérêt envers mon sujet de recherche. Nous avons développé une belle relation où j'ai beaucoup appris, autant par rapport au processus de recherche que face à moi-même.Je souhaite également remercier le reste du corps académique, scientifique et administratif de l'Ecole de Criminologie de l'Université de Lubumbashi qui m'a transmis leur savoir et leur passion tout au long des années passées dans cette école, sans oublier la vaillante maman Maguy de la bibliothèque.

Je tiens à remercier mes collègues,Bertin LOBO MINGA, Jacques BAJIKA KALOMBO, Henri BOPE BUSHEBU, Enoch KISULA, Jean MAJAMA TSHIYOMBO, Gradi NTUMBA KONGOLO et Jean René SOMBO pour leur encouragement et la coopération dont nous avons été bénéficiaires. A ma très chère Assemblée Spirituelle Locale des Bahá'ís de Kampemba, je dis sincèrement merci. A toute ma famille, ma très chère épouse Fabelle KABONGO, mes parents : Bruno KABONGO et Marie NTUMBA ; beaux-parents : Joseph KABONGO et Jacquie NTUMBA ; mes frères et soeurs, et mes beaux-frères et belles soeurs, merci pour tout ce que vous ne cessez de faire à mon endroit.

J'aimeraisdoncremercier égalementtous les gens de mon entourage qui m'aiment et qui m'ont soutenue pendant l'ensemble de mes études et de la rédaction de ce mémoire. Sans eux, je n'aurais pas terminé ce projet qui demande beaucoup d'investissement et de persévérance.

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS III

TABLE DES MATIERES II

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE 5

Section 1 : construction de l'objet de recherche 5

Section 2 : la question de départ 6

Section 3 : l'état de la question 7

Section 4 : La Problématique 12

A. Approche stratégique (A.S) 12

CHAPITRE 2 : DISPOSITIF METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE 15

Section 1 : Champ d'investigations et échantillonnage 16

A. Champs d'investigation 16

B. Echantillonnage 16

Section 2 : Considérations éthiques et difficultés rencontrées 18

Section 3 : Posture du chercheur 20

Section 5 : Les techniques de récolte des données 23

A. Entretien 24

B. Les entrevues conversationnelles 26

C. L'observation 26

Section 6 : Technique d'analyse des données 27

- L'usage des outils informatiques en analyse des données qualitatives 30

- Logiciel QDA Miner 32

CHAPITRE 3 : LA GESTION DES AIRES PROTEGEES URBAINES DE LUBUMBASHI ET L'OCCUPATION DE CELLES - CI PAR LES TIERS 36

Section 1 : types de gestion des aires protégées urbaines 36

Section 2 : règles formelles de gestion des aires protégées urbaines à Lubumbashi 39

A. Textes relatifs à la désignation des espaces réservés 40

B. Occupation légale 41

C. Sanctions prévues 41

Section 3 : Enjeux autour de l'occupation des aires protégées par les tiers 42

A. Système d'action et zone d'incertitude 43

B. Enjeux autour de l'occupation des aires protégées 51

C. Données empiriques et stratégies des acteurs 59

CONCLUSION GENERALE 70

BIBLIOGRAPHIE 73

INTRODUCTION GENERALE

Actuellement la plupart des villes comportent en leurs seins des aires protégées urbaines dont certaines renferment une grande biodiversité animale et végétale, y compris espèces rares ou endémiques, ainsi qu'une grande variété d'écosystèmes (savanes, forêts, déserts, mangroves, océans...). Malheureusement, les aires protégées ainsi que les services éco-systémiques associés qu'elles fournissent doivent aujourd'hui faire face à des pressions croissantes, telles que la chasse illégale, feux de brousse non contrôlés, pâturage illégal, surexploitation du bois et des produits forestiers non-ligneux, changement climatique, espèces envahissantes, etc. du, en partie, à l'explosion démographique, une demande plus forte en ressources, la recherche de nouvelles terres agricoles.(UICN, 2019)

L'identification du territoire, le respect des ententes internationales en matière de diversité biologique, mais tout particulièrement l'acceptation par les communautés locales d'une aire de conservation dans leur environnement de vie semblent être des éléments qui ralentissent les processus de protection de la biodiversité. L'acceptabilité sociale des aires protégées pose certaines questions de base quant à la protection des écosystèmes : la conservation et la préservation doivent-elles être réalisées selon des considérations biologiques, bioéthiques, voire économiques plutôt qu'en collaboration et en partenariat avec les populations riveraines de la zone de conservation?

Les institutions nationales responsables de la gestion de la biodiversité et des aires protégées jouent un rôle très important dans l'atténuation des impacts de ces menaces sur les espèces et les écosystèmes à travers diverses actions, avec des résultats encourageants. Cependant, il reste beaucoup d'efforts à fournir, et ces institutions ne possèdent pas toujours toutes les capacités requises pour mettre en oeuvre les programmes adéquats qui pourraient inverser les tendances actuelles ; ou pour susciter l'adhésion des acteurs, notamment riverains, à de nouvelles approches de gestion des aires protégées.(UICN, 2019)

Selon l'UICN, une aire protégée est un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés.(UICN, 2019)

Qui est responsable et tenu de rendre compte des décisions associées à une aire protégée donnée?

- Le gouvernement (et ses organismes à divers niveaux)

- Les différentes parties (cogestion)

- Les propriétaires du terrain et des ressources naturelles concernés (particuliers, entreprises...)

- Les peuples autochtones et les collectivités locales

Le monde de la conservation de la nature a ainsi connu depuis une trentaine d'années des transformations d'envergure dans sesobjets et ses modes de fonctionnement. Les principaux organismesdédiés à la conservation ont vu leurs moyens se renforcer.

Les aires protégées, outils principaux des politiques de conservation, continuent à se diffuser à l'échelle planétaire, renvoient aujourd'hui à une grande diversité d'objectifs, de modèles de gestion et de statuts juridiques dans lemonde. Elles peuvent présenter des formes complexes d'aménagementou de gestion des territoires et des ressources : parc national, parc naturel régional, zone de protection, réserve de chasse, réserve de biosphère, mesures agri-environnementales, réseaux de conservation, etc. Elles peuvent aussi signifier le retour de politiques autoritaires légitimées par la science. Au niveau international, les réflexions qui les concernent intègrent néanmoinstrois évolutions majeures qui s'expriment, dans les meilleurs descas, concomitamment : la prise en compte des activités humaines,la constitution de réseaux transnationaux et l'élargissement des préoccupations de conservation à d'autres secteurs d'activités.(UICN, 2019)

La ville de Lubumbashi, dans son plan urbain de référence, lors de sa création,étaient prévu les habitats, les voiries et les équipements, et dans les équipements nous retrouvons entre autres les aires protégéestels que : des espaces verts, des terrains marécageux, des zones reconnues humides, les servitudes, etc., actuellement force est de constater que la plupart de ses aires protégées connaissent de problèmes, sur certaines on y a construit des maisons d'habitation, sur d'autres des commerces, et d'autres ont été supprimées et rattachées aux parcelles environnantes.

L'aménagement urbain de l'agglomération est une opération qui s'inscrit dans un contexte de développement durable, avec pour ambition l'amélioration du cadre de vie des habitants, la contribution au développement économique de l'agglomération et l'intégration d'éléments de qualité environnementale dans les projets urbains. (DUBOIS-MAUREY, 1993)

Son but est de coordonner le développement et la création des villes, dans le respect du cadre de vie des habitants actuels ou futurs, ainsi que de l'équilibre nécessaire entre population et équipements (espaces publics, espaces verts, réseaux d'eau potable, d'assainissement, éclairage public, électricité, gaz, réseaux de communication).

Dans une perspective de justice environnementale,le champ d'étude de la criminologie verte doit porter sur les méfaitset les crimes d'origine humaine dirigés contre la nature, qu'ils soientinterdits par une loi ou non (POTTER, 2008). La criminologie environnementales'intéresse aussi aux problématiques morales et philosophiques reliées aux victimes humaines et non humaines, aux animaux, auxplantes et aux écosystèmes et à leurs composantes (WHITE, 2008).

Cesdifférentes approches s'opposent à l'approche traditionnelle qui n'envisagepas l'existence de la criminalité environnementale en l'absence de loi prévoyant des infractions (SITU, 2000). La perspectivede la criminologie environnementale mène donc à la réévaluation de lanotion de crime et au développement d'un nouveau paradigme afin deconcevoir la justice écologique et durable au-delà de la conception légaliste(LYNCH, 2003 ; SOUTH, 2006 ; WHITE, 2008 ; WOLF, 2011).

Le but premier de la criminologie environnementale est d'étendre les horizons pour attirer l'attention du public sur lesdiverses manipulations humaines de l'environnement et portant préjudiceà ce dernier (LYNCH et STRETESKY, 2011). Cela exige d'examiner le problème d'inégalité et de disparité sociales relativement à l'adoption,l'application et la mise en oeuvre des lois environnementales (WOLF,2011). L'intensité des préjudices découlant de la criminalité environnementalefait de celle-ci un domaine assez singulier et digne d'être considéré par les chercheurs en criminologie(LYNCH et al., 2013 ;WILLIAMS, 1996).

Ainsi, au regard de toutes les déviations constatées, et sachant que l'écologie urbaine était une façon de gérer la ville d'une manière rationnelle, intelligente, souhaitée, voulue et conçue au niveau des idées, élaboré et exécuté ; et qu'elle représentait un concept qui reproduit les enjeux écologiques à la vie en ville, Il y a là interdépendance entre les citadins et leur environnement urbain , notre étude tentera d'élucider les enjeux autour del'occupation des espaces aux particuliers danslesaires protégées sur la ville de Lubumbashi.

Notre travail se structure en trois chapitres. Le premier présente le cadre théorique de la recherche. Le deuxième constitue le dispositif méthodologique. Le troisième chapitre aborde la gestion des aires protégées urbaines en faisant émerger les enjeux autour de l'occupation de celles - ci par les tiers.

CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE

Ce chapitre qui s'inscrit dans la logique du cadre théorique présente l'objet de la recherche et sa mise en contexte. Il s'articule autour des points suivants :à la première section de ce chapitre, il est question de construire l'objet de recherche en tenant compte de ce qui est déjà réalisé. L'objectif de cette section est de préciser ce sur quoi porte exactement notre étude tout en justifiant son originalité et sa pertinence.

La deuxième sectionportera sur la question de recherche qui guide toute cette étude et qui en sert de fil conducteur. Il s'agit de présenter, sous forme d'un questionnement, ce que nous chercherons à découvrir ou à expliquer autour de notre objet d'étude.

Dans la troisième section,il est question de présenter l'état de la question en rapport avec la présente étude. Il est précisément question d'examiner la littérature existante se rapportant à la question d'enjeux dans la gestion des aires protégées par rapport à l'octroi aux particuliers des espaces dans celles - ci.

La dernière section présente l'angle théorique sous lequel est abordée notre recherche. Il est précisément question de présenter la problématique de la recherche.

Section 1 : construction de l'objet de recherche

« Construire un objet scientifique, c'est, d'abord et avant tout, rompre avec le sens commun, c'est-à-dire avec des représentations partagées par tous, qu'il s'agisse des simples lieux communs de l'existence ordinaire ou des représentations officielles, souvent inscrites dans des institutions, donc à la fois dans l'objectivité des représentations sociales et dans les cerveaux. Le pré-construit est partout. »(BOURDIEU, 1992)

« Face au réel, ce qu'on croit savoir offusque ce qu'on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés. Accéder à la science c'est spirituellement rajeunir, c'est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé. [...] L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marge du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas eut de questions il ne peut y avoir de connaissances scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit. » (BACHELARD, 1938)

Nous sommes parti du constat tel que certains espaces appartenant au domaine réservé se retrouvent entre les mains des tiers, il s'agit : des espaces verts, des terrains marécageux, des zones reconnues humides, des espaces d'utilité publique tels que réservés aux espaces de jeux, aux écoles, aux hôpitaux, etc. qui sont contre toute attente, octroyés aux particuliers.

Section 2 : la question de départ

Au tout début d'une recherche, on est intéressé par un sujet, mais on ne sait pas par où commencer. Le premier pas est de prendre quelques heures pour formuler une question de départ, qui nous orientera. C'est une question provisoire. Peu importe qu'elle paraisse banale, ou trop simple. Mais elle doit refléter ce que vous avez envie d'étudier, vraiment ; et elle doit avoir les qualités suivantes :

· Clarté ; évitez les formulations très vagues.

· Simplicité ; employez des mots précis mais simples, d'usage courant dans la mesure du possible. N'utilisez pas de concepts compliqués à ce stade.

· Ouverture ; il doit s'agir d'une vraie question, dont vous vous rendez compte que vous ne connaissez pas la réponse. Certaines questions sont juste le prélude à des démonstrations ; par exemple : « les patrons exploitent-ils les travailleurs ? ». Or la question de départ doit ouvrir votre esprit ; elle doit être exempte de volonté démonstrative, de préjugés, de pré-notions. Évitez aussi les questions moralisatrices, dont les réponses peuvent varier selon les échelles de valeurs de chacun : « telle politique est-elle juste ? » (à moins que vous souhaitiez étudier la notion de justice selon tel ou tel groupe social, et donc contextualiser précisément ce terme).

La question doit être assez large pour laisser toutes les pistes de réponses possibles.

Un exemple vaut mieux que mille discours : voici une bonne question de départ, que nous rappellent Van Campenhoudt et Quivy.

La meilleure manière d'entamer un travail de recherche consiste à s'efforcer d'énoncer le projet sous la forme d'une question de départ. Par cette question, le chercheur tente d'exprimer le plus exactement possible ce qu'il cherche à savoir, à élucider, à mieux comprendre. La question de départ servira de premier fil conducteur à la recherche. Pour remplir correctement sa fonction, la question de départ doit avoir un certain nombre de qualités de clarté, de faisabilité et de pertinence.(QUIVY et CAMPENHOUDT, 1995)

Ainsi, lors de la construction de l'objet, nous avons retenu la question centrale qui est : « Quels sont les enjeux autourdel'occupation par les particuliers des aires protégées urbaines de Lubumbashi? »

Section 3 : l'état de la question

Toute bonne revue de littérature nous envoie donc explorer trois univers : celui de la réalité, celui des théories et des concepts connus et enfin, celui des méthodes déjà employées pour associer les deux premiers. Avec les technologies actuelles de recherche bibliothécaire dans les répertoires électroniques, la recherche par sujets et par mots-clés permet de raffiner la question de départ et de préciser la question de recherche, à la condition de travailler systématiquement et de continuellement faire progresser « nos dessins ».(NOEL, 2011)

La première raison pour entreprendre une revue de littérature est d'accélérer notre démarche et de ne pas réinventer la roue. Il est très rare de pouvoir explorer une question totalement nouvelle et le minimum de rigueur exige d'un chercheur qu'il connaisse les textes fondateurs du domaine de sa recherche. Il est peu probable qu'il n'existe pas de livres ou d'articles permettant d'établir au moins un cadre de référence pour étudier systématiquement la question qui nous intéresse. Une bonne revue de littérature doit donc procéder à la fois à un survol, mais aussi à une évaluation critique des ouvrages déjà consacrés à notre sujet. Pour que cet exercicesoit utile, il ne doit pas se contenter de présenter linéairement les documents consultés, mais il doit en fait ressortir les contributions importantes.

« Il n'est pas de description qui soit vierge de théorie. Que vous vous efforciez de reconstituer des scènes historiques, d'enquêter sur le terrain auprès d'une tribu sauvage ou d'une communauté civilisée, d'analyser des statistiques, d'opérer des déductions à partir d'un monument archéologique ou d'une découverte préhistorique - chaque énoncé et chaque raisonnement doivent passer par les mots, c'est-à-dire par les concepts. Chaque concept à son tour est le fruit d'une théorie, qui décide que certains faits sont pertinents et d'autres accessoires, que certains facteurs orientent le cours des événements, et que d'autres sont des intermèdes fortuits... » (MALINOWSKI, 1944)

Dans les recherches menées, nous avons trouvés des études et des textes de loi en rapport avec la gestion des aires protégées. Dans cet examen de la littérature existante, nous avons évité la gloutonnerie livresque qui est considérée par QUIVY, R. & VAN CAMPENHOUDT, L. (2006), comme le fait de lire de nombreux articles ou livres sans sélection préalable et sans vraiment savoir ce qu'on cherche. Ils considèrent cela comme un écueil à éviter et qui conduit le plus souvent au découragement.

Les généralités sur les aires protégées

1. AIRES PROTEGEES AU QUEBEC : CONTEXTE, CONSTATS ET ENJEUX POUR L'AVENIR(Québec: Ministère de l'environnement, 1999)

Le texte vise d'abord à établir ce qu'est une « aire protégée » et à en souligner l'importance. Il expose également les principaux problèmes auxquels se heurte le développement de tout espace protégé au Québec. Ce sont à ces problèmes que la Stratégie québécoise sur les aires protégées devra trouver des solutions.

Enfin, ce document précise quels défis la société québécoise devra collectivement relever pour favoriser un développement plus important et significatif des aires protégées, de manière à mieux protéger la diversité biologique.

Ainsi, l'auteur nous aide à maitriser les objectifs de la gestion des aires protégées qui sont de :

Ø préserver des biotopes, des écosystèmes et des espèces dans les conditions les plus naturelles ou les moins modifiées qui soient ;

Ø maintenir des ressources génétiques dans un état dynamique et évolutif;

Ø maintenir des processus écologiques établis ;

Ø sauvegarder des éléments structurels du paysage ou des formations rocheuses ;

Ø conserver des milieux naturels exemplaires à des fins d'étude scientifique, de surveillance continue de l'environnement et d'éducation y compris des aires de référence, en excluant tout accès qui puisse être évité ;

Ø réduire au minimum les perturbations, en planifiant et en menant avec circonspection les activités autorisées, de recherches et autres ;

Ø limiter l'accès au public.

2. AIRES PROTEGEES : ESPACES DURABLES ? (AUBERTIN, 2008)

Catherine AUBERTIN et Estienne RODARY ont axé leur exposé sur quelques questions transversales à savoir :

- les enjeux biologiques de la conservation et notamment l'utilisation des nouveaux outils tels les réseaux écologiques, les corridors, l'organisation à l'échelle régionale d'infrastructures écologiques, etc. ;

- l'intégration des activités humaines dans la conservation, en particulier les dynamiques de participation et de prise en compte des savoirs locaux ;

- les convergences et les tensions qui s'affirment entre les exigences du développement durable et la définition des objets et objectifs de la conservation.

3. AIRES PROTEGEES : AVANTAGES SANS FRONTIERES : (PHILLIPS, 2000)

Adrian Phillips et Kenton Miller exposent les avantages que les aires protégées procurent à la société et leurs services qui ne cessent de prendre de la valeur. Au-delà de tout, ils soulignent toutefois que leur aptitude à fournir ces avantages est entravée par des menaces qui apparaissent à toutes les échelles et à un rythme sans précédent

4. PROGRAMME DE TRAVAIL SUR LES AIRES PROTEGEES:(Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, 2004)

L'auteur insiste sur le fait que les aires protégées constituent un élément vital des stratégies de conservation aux niveaux national et mondial. Leur importance est largement reconnue à l'échelon international.

Les aires protégées ont des valeurs qui sont essentielles au bien-être humain et qu'elles offrent toute une série de biens et de services tels que la diversité biologique et la conservation des écosystèmes qui peuvent dispenser les services tels que le tourisme; les activités récréatives; les moyens de subsistance des communautés locales et qu'elles contribuent à l'atténuation de la pauvreté et au développement durable.

Les aires protégées en RDC

1. LES AIRES PROTEGEES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE(MISSER, 2013)

L'article de François Misser «Les aires protégées en République Démocratique du Congo : menaces et défis» dans ce fascicule décrit bien l'état inquiétant de ces sites extraordinairesrepris sur la liste des sites du Patrimoine mondial en péril par l'UNESCO.L'Union européenne apporte une aide précieuse aux autorités congolaises pour consolider les acquiset redynamiser ces aires protégées. Malgré tout certaines espèces disparaissent (c'est le cas durhinocéros blanc de la Garamba) ou sont fortement menaçées (c'est le cas de l'hippopotame auVirunga). Des sites sont envahis par des populations locales à la recherche de terres à cultiver. Desmenaces sérieuses d'exploitation du pétrole persistent au Parc national des Virunga, le plus ancienparc africain (il date de 1925).

On ne peut qu'espérer que la situation s'améliorera peu à peu grâce au courage des équipes localesde gardes et au support des autorités responsables et des bailleurs de fonds, dont l'Union Européenneet les coopérations des Etats membres (RFA, Espagne, Belgique ...).

Dès à présent, le Réseau des aires protégées en Afrique centrale (RAPAC), qui réunit 8 pays membressoit 82 aires protégées, a mis en place un Plan stratégique en vue de redresser cette situation difficile,et grâce à l'appui de l'Union Européenne, développe sa stratégie sur le terrain via le programmeECOFAC V.

Une des mesures proposées est l'amélioration de la formation des cadres des aires protégées quidoivent faire face à des situations extrêmement complexes. Dans ce cadre, le RAPAC a demandéà l'Ecole régionale post-universitaire d'aménagement et de gestion intégrés des forêts et territoirestropicaux (ERAIFT) d'enquêter sur la situation des aires protégées d'Afrique centrale et d'identifier lesbesoins en formation de leurs cadres. L'article de François Misser s'inscrit bien dans cette démarcheet montre très clairement que les cadres des aires protégées congolaises doivent faire face à dessituations complexes nécessitant une approche systémique.

La formation classique basée sur la seuleapproche biologique est manifestement inadéquate et devrait être complétée par une approchemultisectorielle mieux adaptée à la gestion d'aires protégées de grande étendue et devant faire faceà des problèmes à la fois multiples et complexes. Ce nouveau type de formation devrait permettrede mieux gérer les conflits Populations / Aires protégées, d'améliorer la gouvernance et de participeraux réformes institutionnelles.

Il s'est penché sur les conflits fonciers et immobiliers en milieu urbain. Il en a relevé les causes, épinglant notamment la dualité des terres et le conflit d'autorité, l'interférence des autorités politico-administratives et les actes maladroits posés par le Conservateur des titres immobiliers. Il a mis en lumière le rôle déterminant que joue le fonctionnaire dans le système foncier de notre Pays, ainsi que l'environnement humain, professionnel et psychologique dans lequel il évolue, à l'occasion de l'accomplissement de sa mission.

Le souci de protéger la nature de certaines actions humaines jugées trop destructrices et sa matérialisation en aires protégées sont des constructions liées à un cadre historique et social spécifique.

En exploitant les différents textes, les différents auteurs nous ont aidés à bien maitriser le bien-fondé de l'existence des aires protégées et leur implication dans le développement durable, et par rapport à la RDC, la sonnette d'alarme est tirée sur l'Etat dans lequel se retrouve la plupart de nos aires protégées quoi que certains textes légaux sur la protection et la conservation de l'environnement existent.

Ainsi, connaissant la classification des aires protégées, et la particularité des aires protégées urbaines, nous tenterons, au niveau de la ville de Lubumbashi, deconnaitre les enjeux autour del'occupation des espaces dans les aires protégées urbaines par la spoliation et de l'octroi auxquels recourent les acteurs.

Section 4 : La Problématique

La problématique est la présentation d'un problème sous différents aspects. Dans un mémoire de fin d'étude, la problématique est la question à laquelle l'étudiant va tâcher de répondre. Une problématique mal posée est un hors sujet. C'est aussi «l'Art de poser des problèmes (questionnement), ou l'ensemble de problèmes dont les éléments sont liés.»

Pour ce qui est du mémoire sous étude, nous avons constaté que l'auteur a réduit la problématique juste à un manière théorique lui permettant d'approcher l'objet d'étude, et qui lui servira de lunette visionnaire ou de grille de lecture lui permettant d'éclairer le problème.

Nous sommes sans ignorer que poser un problème permet de développer sa réflexion, son sens critique, et ainsi de pouvoir répondre plusfacilement à des problèmes divers. Elle permet aussi de développer un raisonnement personnel au travers d'une question. Et cela, au travers de la problématisation de différentes lectures autour de la problématique, permet de faire le point sur la question de recherche ; d'inscrire le travail dans un cadre théorique et de finalement bien expliquer sa propre problématique.

Au regard du problème des enjeux autour de la gestion des aires protégées, pour éclairer la compréhension de ces enjeux, nous avons opté pour l'approche stratégique comme le propose CROZIER M et ERHARD. F (1977).

A. Approche stratégique (A.S)

La théorie de l'acteur stratégique a été élaborée par Michel Crozier et Erhard Friedberg au cours des années 1970. Elle repose sur 4 idées centrales :

- Pour comprendre les dynamiques, le plus déterminant n'est pas le système formel (organigramme, circuits officiels de communication,...) mais les acteurs (groupes d'acteurs) qui ont les enjeux, les objectifs qu'ils visent.

- Les acteurs sont intelligents. Cela signifie que les dysfonctionnements ne sont pas le fruit de l'irrationalité des acteurs mais au contraire, de leur rationalité. Un dysfonctionnement n'est donc pas le fruit de l'irrationalité des acteurs mais la réponse à un enjeu non-dévoilé d'un des acteurs.

- Pour atteindre leurs enjeux, les acteurs mobilisent des ressources et tentent de contourner les contraintes qui se posent à eux.

- En fonction de ces ressources et contraintes, les acteurs fixent leur stratégie. Ces stratégies d'acteurs sont ancrées dans « l'ici et maintenant » (en fonction des enjeux, objectifs, ressources et contraintes du moment). L'analyse stratégique propose de comprendre ces éléments (acteurs-clés, enjeux, objectifs, ressources, contraintes, stratégies) pour définir sa propre stratégie d'action.

CROZIER part du constat suivant : étant donné qu'on ne peut considérer que le jeu des acteurs soit déterminé par la cohérence du  système dans lequel ils s'insèrent, ou par les contraintes environnementales, on doit chercher en priorité à comprendre comment se construisent les  actions collectives à partir de comportements et d'intérêts individuels parfois contradictoires.

Aucunindividu n'accepte d'être traitétotalement et uniquement comme l'objetdu fonctionnement ou del'accomplissement des buts d'uneorganisation. Les conduites des acteursne sont plus vues comme la simplerésultante, prévisible, stéréotypée etdonc reproductible, des déterminantsstructurels, financiers oupsychologiques. Leurs conduites sontinventées par les acteurs, dans uncontexte, construites en vue de certainsbuts.Au lieu de partir d'un agent passif répondant de manièrestéréotypée (c'est-à-dire prévisible) auxchoix du stimulus qu'on lui impose,l'A.S. postule l'existence d'agents libresayant leurs propres buts.

Au lieu de relier la structure organisationnelle à un ensemble de facteurs externes, cette  théorie essaie donc de l'appréhender comme une élaboration humaine, un  système d'action concret. Elle rejoint donc les démarches qui analysent les causes en partant de l'individu pour aboutir à la structure (l' individualisme méthodologique) et non de la structure à l'individu ( structuralisme).

Pour atteindre ces buts, les acteurs vontpoursuivre leurs propres stratégies; ilsvont utiliser les ressources dont ilsdisposent de la manière la plusjudicieuse compte tenu des contraintesdu moment, telles qu'ils les perçoivent,depuis leur position. Leur conduite n'estdonc pas entièrement prévisible puisquechangeante. L'acteur ajusteconstamment sa conduite aux donnéesnouvelles auxquelles il se trouveconfronté, dans sa recherche de sonintérêt.Pour ce faire, les acteurs sous études mobilisent les atouts et les ressources pour arriver à leur fin. Entant que stratèges, les acteurs usent de tous leurs atouts comme l'expérience professionnelle, la confiance du supérieur, la diplomatie pour se faciliter les services.

Michel Crozier et Erhard Friedberg cité par Kossi Dodzi Apenuvor(KOSSI DODZI, 2011)placent la démarche hypothéticoinductiveau coeur de leur approche. Celle-ci « part du vécu des acteurs pourreconstruire non pas la structure sociale générale, mais la logique et lespropriétés particulières d'un ordre local, c'est-à-dire la structuration de lasituation ou de l'espace d'action considéré en termes d'acteurs, d'enjeux,d'intérêts, de jeux et de règles du jeu qui donnent sens et cohérence auvécu »(FRIEDBERG, 1993).

Une telle perspective vise à déconstruire l'objet d'étude afin d'en saisir lalogique interne. Dans le cas de l'action organisée, elle cherchefondamentalement à saisir les enjeux et stratégies des acteurs. La priorité estalors accordée à la connaissance approfondie du système d'action étudié.

Concrètement, il s'agira de saisir les arrangements et les mécanismes quipermettent la construction et le maintien de la coopération entre des acteursempiriques engagés dans une action organisée.

De ce fait au regard de cette grille de lecture, nous allons pouvoir comprendre les enjeux des acteursdes services y afférents et des usagers dans leurs interactions, ainsique la manière dont ils gèrent leurs zones d'incertitudes et leurs stratégies dans le système d'action.

CHAPITRE 2 : DISPOSITIF METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

Comme l'ont dit Luc Van CAMPENHOUDT, Jacques MARQUETet Raymond QUIVY (CAMPENHOUDT, 2017): En sciences sociales, il faut se garder de deux travers opposés : un scientismenaïf consistant à croire que nous pouvons établir des vérités définitiveset que nous pouvons adopter une rigueur analogueà celle des physiciensou des biologistes ; ou, à l'inverse, un scepticisme qui nierait la possibilitémême d'une connaissance scientifique. Nous savons à la fois plus et moinsque ce qu'on laisse parfois entendre. Nos connaissances se construisentà l'appui de cadres théoriques et méthodologiques explicites, lentementélaborés, qui constituent un champ au moins partiellement structuré, et cesconnaissances sont étayées par une observation des faits concrets.

Dans ce volet de notre travail, nous allons présenter les méthodes que nous avons choisies pour la collecte des informations, les méthodes d'analyse des résultats obtenus ainsi que les difficultés connues dans la réalisation de ce mémoire.A l'égard de notre champ d'étude, le dispositif méthodologique  que nous mettons au point va constituer les parties suivantes :

1. champs de nos investigations et échantillonnage

2. Considérations éthiques et difficultés rencontrées

3. La posture du chercheur ;

4. Tracée des recherches

5. Technique de recueil des données,

6. Technique d'analyse des données

Section 1 : Champ d'investigations et échantillonnage

A. Champs d'investigation

Il ne suffit pas de savoir quel type de données il faut recueillir mais aussi de circonscrire lechamp d'analyse dans l'espace géographique et social et dans le temps.Quoiqu'il en soit, le champ d'analyse exige d'être clairement circonscrit. Une erreur fréquentechez les débutants consiste à choisir un champ d'analyse trop vaste.(LO, 2005)

La délimitation d'un champ est une partie importante et permet d'augmenter la validité et la fiabilité de la recherche.Pour être réaliste, il y a lieu de fixer les limites d'analyse de notre recherche. Ici il s'agit de donner les limites temporelles de l'objet de notre étude.Sur le plan spatial notre étude s'intéresse aux services de l'environnement et de l'urbanisme et habitat de Lubumbashi.

De par notre délimitation, nous allons faire l'investigation de notre champ dans le temps et dans l'espace.

B. Echantillonnage

Pirès voit l'échantillon comme désignant « une petite quantité de quelque chosepour éclairer certains aspects généraux du problème » (PIRES, 1997).Autrement dit l'idée de l'échantillon est intimement liée à l'idée de latransférabilité des connaissances qui seront produites par la recherche.

L'échantillonnage constitue, pour sa part, l'ensemble des décisions sous-jacentes au choix de l'échantillon. LECOMPTE et PREISSLEdistinguent entre deux actions interreliées par lesquelles tout chercheur passe pour décider de l'échantillon : l'action de sélectionner et l'action d'échantillonner comme tel. (LECOMPTE, 1993)

L'action de sélectionner réfère, disent-elles, au processus général de décider, de cibler, non seulement l'objet de l'étude, mais aussi l'angle par lequel on souhaite l'approcher. C'est lors de l'opération de la sélection que les balises théoriques et conceptuelles sont utiles, que les considérations pratiques, matérielles et logistiques sont prises en compte.L'opération de sélection va guider, orienter le chercheur dans le choix du/ des sites.

L'action d'échantillonner découle ainsi des décisions prises lors de la sélection dans la mesure où le chercheur décidera de faire la recherche soit auprès de toute la « population » (l'ensemble du personnel enseignant des écoles choisies ou tous les cadres des entreprises sélectionnées ou tous les membres d'une association spécifique) ou auprès de sous-groupes d'une population selon des critères qui s'avèrent pertinents théoriquement parlant (le degré de motivation, la réputation d'engagement professionnel, le caractère innovateur et autres) ou des critères contextuels (l'âge, les années d'expérience, le sexe, et autres).

SCHWANDTrésume ces opérations en disant qu'il y a deux types de décisions à prendre dans le processus d'échantillonnage : choisir un site et ensuite échantillonner à l'intérieur de ce site en fonction des considérations avancées précédemment.(SCHWANDT, 1997)

PIRESchoisit de traiter le processus d'échantillonnage comme étant une opération par laquelle le chercheur décide d'abord de la pertinence de travailler sur un cas unique (acteur, lieu, événement) ou à partir de cas multiples. L'entrée par le choix du cas (qu'il soit simple ou multiple) est riche car elle souligne le caractère holistique et dynamique, « multi-interactionnel » de l'angle d'approche. Chacune des orientations (cas unique, cas multiples) comporte ensuite ses propres critères et ses propres enjeux. PIRES identifie, pour le choix du cas unique, les critères de la pertinence théorique, la qualité intrinsèque et l'exemplarité du cas, sa valeur heuristique, son intérêt social etson accessibilité. Dans la situation de cas multiples, deux enjeux sont poursuivis : celui de la diversification et celui de la saturation. Ces deux enjeux guideront le choix des cas.(PIRES, 1997)

LECOMPTE et PREISSLEabordent la question de la constitution de l'échantillon en le situant comme une opération stratégique, évolutive. Elles identifient et caractérisent différents types d'échantillon en prenant pour critère de classification les moments de l'étude. Ainsi, elles décrivent un premier ensemble de types d'échantillons qui sont effectués au début d'une étude.(LECOMPTE, 1993)

Une dimension qui est souvent occultée dans les textes qui traitent del'échantillon et du processus d'échantillonnage en recherche qualitative est celle des conditions particulières qu'il convient de prendre encompte selon le cadre méthodologique choisi pour la recherche. Ainsi, le processus d'échantillonnage n'est pas nécessairement le même qu'il s'agisse d'uneethnographie, d'une ethnométhodologie, d'une phénoménologie, de récits devie ou diverses autres formes d'approches biographiques, d'une étude de cas,d'une théorie ancrée.

GLASER et STRAUSSont pris soin de rendre très explicite leur vision duprocessus d'échantillonnage en clarifiant la notion d'échantillonnage théorique.(GLASER, 1967)

Il s'agit « du processus de collecte de données en vue de la formulation d'unethéorie grâce auquel le chercheur mène simultanément les opérations decollecte, de codification et d'analyse dans le but de décider de l'orientation àdonner à la collecte des données pour guider la formulation de la théorieémergente » (trad. libre, p. 45).

En ce qui nous concerne, pour ce qui est des enjeux sur l'octroi des espaces dans les aires protégées, nous avons tenu compte de la diversification du fait que nous nous sommes basé sur plusieurs services publics de l'Etat à savoir : la conservation des titres immobiliers, l'urbanisme et l'aménagement du territoire ainsi que l'environnement ; et de la saturation car au bout d'une dizaineentretiens avec différents acteurs, les nouveaux entretiens ne nous apportaient plus d'informations nouvelles.

Section 2 : Considérations éthiques et difficultés rencontrées

Toute recherche sérieuse repose sur des questions d'ordre éthique et moral : la recherche vaut- elle la peine d'être menée? Lesdifférents acteurs impliqués comprennent- ils la portée de l'étude dans laquelle ils s'engagent ? Leur vie privée est-elle respectée ? Les répondants ont-ils un droit de regard sur mes rapports d'étude ? À quoi sert l'anonymat si les personnes et leurs collègues peuvent facilement se reconnaitre dans mon étude ? Si tel est le cas, est ce que cela peut leur porter tort et les blesser ? Que dois-je faire si j'observe un comportement néfaste lors de mes études de cas? (MILES, 2003)

Le respect des principes éthiques dans l'élaboration de ce travail était notre cheval de bataille, ainsi que celui de certains principes en lien avec les personnes enquêtées, leur emploi, leur dignité, leur réputation ainsi que celle de leur service, etc.les informations jugées « sensibles » ont joui de la non divulgation des personnes concernées.

L'incorporation des considérations éthiques s'avère très capitale, malgré qu'elle ne fait pas partie de la démarche méthodologique. La prise en compte du sujet ou acteur de la recherche est très nécessaire dans toute recherche en sciences sociales.

Nous avons, pour obtenir le consentement de nos enquêtés, fourni des garanties que les données mises à notre disposition ne seraient pas à la base d'une accusation quelconque qui serait une cause de malaise de quelque forme que ce soit à leur endroit. Nous sommes sans ignorer qu'un consentement faible conduit généralement à des données plus pauvres : les répondants essaieront de se protéger dans une relation de défiance où le consentement n'aura été accordé que par les supérieurs (MILES, 2003)

Nous avons usé de l'anonymat par rapport à la sensibilité des informations qui étaient mises à notre disposition, qui pouvaient parfois constituer des accusations directes sur des agents qui pouvaient encourir même des sanctions si les faits étaient portés à la connaissance des autorités compétentes. Nous avons tenu à rendre ce travail neutre, pour ne pas porter préjudice à qui que ce soit, sans pour autant dénaturer les proposrecueillis.

A propos, MILES, Matthew B. et HUBERMAN, A. Michael estiment que le préjudice porté aux participants peut se décliner de bien des manières : perte de l'estime de soi ou fait d'être « mal vu » des autres , menaces portées aux intérêts des personnes, à leur position, à leur avancement dans l'organisation, à la perte du financement d'un programme, voire poursuites ou arrestation. Si les gens se sentent trahis par vous lorsqu'ils lisent votre rapport, il leur devient presque impossible de l'accepter comme interprétation raisonnable de ce qui est arrivé. En effet, c'est une attitude défensive naturelle au regard de « la vérité qui blesse » et un sentiment de colère d'avoir été trompés. (MILES, 2003).

L'anonymat des personnes n'a pas suffi, mais il s'est également posé un problème relatif au service public dans lequel le recueil des données s'est effectué. Une question s'est posée s'il fallait nécessairement citer le service public en question ou s'il fallait tout simplement se contenter de mentionner que l'enquête a été effectuée dans un service public de l'Etat tout simplement. A ce sujet, il nous a été demandé de préserver l'image du service et d'éviter que les lecteurs de ce mémoire ne s'imaginent les noms des acteurs à partir du lieu d'enquête identifié et bien connu ; et des fonctions occupées.

Cette idée semble être soutenue par MILES, Matthew B. et HUBERMAN, A. Michael, qui affirment que le problème fondamental d'une identification lorsque le cas est un site complexe doit être pensé avant et en cours de préparation du rapport d'étude. Les acteurs locaux peuvent presque toujours dire qui est l'acteur décrit (ou le présumer). Au reste, sur le plan méthodologique, nous avons tenu à faire le terrain pour éviter que les données présentées ne soient que de la pure imagination ou du pur mensonge provenant des enquêtés fictifs.

MILES, Matthew B. et HUBERMAN, A. Michael recommandent ce qui suit : « L'implication pratique est la suivante : si vous n'avez pas respecté des tests de qualité éthique pour votre recherche, vous vous situez sur un terrain intellectuel instable. Il ne s'agit pas seulement de « plaire » à un parterre de collègues critiques ; le problème est d'éviter de se leurrer soi - même. Si tel est le cas, nous pouvons nous attacher à être honnête envers nos lecteurs sur la façon dont nous avons conduit l'étude et sur ce qui nous inquiète au regard de sa qualité.».

Quant aux obstacles rencontrés dans la récolte des données, ils nous ont davantage permis de bien comprendre la nature et la sensibilité des informations dont nous avions besoin. La résistance quelques fois manifestée et les balbutiements des personnes enquêtées étaient parfois porteurs de signification et de sens pour nous, vu aussi le nombre des contentieux existant dans ce domaine. Comme le souligne BERTAUX, comprendre les obstacles rencontrés au cours du travail de terrain, c'est avoir une connaissance de ce que représente le terrain lui - même.(BERTAUX, 2010)

Section 3 : Posture du chercheur

Le choix d'une méthodologie de recherche appropriée pour mener à bien le processus de recherche n'est pas une tâche facile. Etant donné la diversité importante des méthodes, et la complexité croissante des sujets de recherche, le choix d'une méthode appropriée demande une réflexion sur une démarche de choix de la méthode. Une démarche doit prendre en compte les différents facteurs qui influencent ce choix.

Il exige au préalable que les chercheurs clarifient sa posture. En effet, dans notre travail on a trouvéopportun d'utiliser la posture constructiviste qui regarde les phénomènes de l'intérieur, du dedans. Il considère que les phénomènes tels qu'ils lui apparaissent cachent en eux une signification qu'il faut découvrir.

Il faut donc aller au-delà de ce qui apparait, c'est le sens profond des choses qui l'intéresse, l'interprétation est la recherche du sens se trouve au coeur de cette posture, de plus les constructivistes soutiennent que l'objet ou sujet de recherche n'existe pas en lui-même, c'est le chercheur lui-même qui le construit.

Dans une perspective constructiviste ou bien phénoménologique/existentielle, le monde est considéré comme construit social et comme le produit des intuitions et du « feeling » déterminés par les individus. Pour ce courant de pensée, il n'y a pas de critère efficace de la vérité scientifique. Ainsi, la recherche se définie à travers l'action et les interventions des acteurs par le biais de leurs processus cognitifs. Ainsi, une recherche est une ontologie de comment voir la réalité.(Le Moigne, 1995)

Par rapport au paradigme constructiviste : LARGEAULT, repris par Hazem BEN AISSA,disait que : «un objet existe si on est capable de le construire, d'en exhiber un exemplaire ou de le calculer explicitement». Ainsi, dans une posture constructiviste, la méthode d'élaboration ou de construction de la connaissance ne fera plus appel à une norme du vrai (par déduction programmable) mais à une norme de faisabilité (par intuition re-programmable).(LARGEAUT, 1993)

Pour ce faire, nous avons opté pour la démarche qualitative inductive, cette approche est dans l'extrême concernée par le constructionisme, l'interprétation et la perception, moins qu'une identification d'une vérité rationnelle ou objective. Une insistance sur la construction sociale de la nature de la réalité. Le mot qualitatif implique que la recherche dans ce domaine est un mélange de perceptions de gens différents. Une approche qualitative renvoie souvent à une non-déduction et ceci en réaction à différentes approches quantitatives avec une utilisation abondante de la statistique comme moyen de relever des corrélations entre des entités afin d'expliquer la vérité.(BEN AISSA, 2001)

L'analyse inductive est aussi définie comme un ensemble de procédures systématiques permettant de traiter des données qualitatives, ces procédures étant essentiellement guidées par les objectifs de recherche. Elle s'appuie sur différentes stratégies utilisant prioritairement la lecture détaillée des données brutes pour faire émerger des catégories à partir des interprétations du chercheur qui s'appuie sur ces données brutes. En règle générale, tel que le mentionne THOMAS, l'utilisation de l'analyse inductive permet : (THOMAS, 2006)

1. de condenser des données brutes, variées et nombreuses, dans un format résumé;

2. d'établir des liens entre les objectifs de la recherche et les catégories découlant des données brutes;

3. de développer un cadre de référence ou un modèle à partir des nouvelles catégories émergentes. L'analyse inductive se prête particulièrement bien à l'analyse de données portant sur des objets de recherche à caractère exploratoire, pour lesquels le chercheur n'a pas accès à des catégories déjà existantes dans la littérature.(BLAIS, 2007)

Enfin, il estpréconisé d'accorder le primat à l'analyse qualitative dont la pertinence estsoulignée par FRIEDBERG en ces termes : « L'emploi des méthodesquantitatives ne peut en aucun cas remplacer la connaissance qualitative etfine du vécu des acteurs et de la structuration de leurs relations. Seule celle-ciautorise la construction des indicateurs qui permettraient de passer à uneanalyse quantitative. » (FRIEDBERG, 1993)

Section 4 : Tracée De La Recherche

La manière de conduire la réflexion ou la conduite du raisonnement tourne traditionnellement autour de deux types des tracés, le tracé déductif et le tracé inductif ; départ notre travail nous avons eu l'opportunité de travailler sur le tracé inductif qui est la démarche qui part des faits observés pour construire la théorie c'est-à-dire ne pas aller sur terrain en allant en tête avec des hypothèses et moins encore avec de théorie près-établie ou de préjugé de découverte. Ainsi, VAN CAMPENHOUDT, Luc définit l'induction comme une opération mentale qui consiste à généraliser un raisonnement ou une observation à partir de cas particulier empirique comme les enquêtes ne sont pas des idiots c'est-à-dire un sens des événements qu'ils vivent, la démarche inductive donne à la science sa valeur suite à la plupart du point de vue des acteurs.

En effet, dans la démarche inductive, on parle du stéréotype d'encrage dont KAMINSKI explicite bien son sens : par Stéréotype d'encrage, on entend un équivalent de l'hypothèse à ceci près qu'il n'est pas à vérifier, mais qu'il constitue la voie d'entrée donnant accès à la production des données pertinents pour la question de recherche l'on se donne. Les enjeux entres les services concernés dans la gestion des aires protégées et les particuliers constituent pour nous le stéréotype d'encrage.(KAMINISKI, 2009)

Pour mieux dégager la compréhension du phénomène à l'étude nous nous proposons de mobiliser deux schèmes à savoir : le schème actantiel et le schème herméneutique.

- le schème actantiel :

Ce schème pourra nous éclairer sur l'intentionnalité des différents acteurs du fait qu'ils ne sont pas passifs. C'est un outil d'analyse créé pour décortiquer et analyser les textes narratifs.Il ne prend pas en compte le déroulement chronologique de l'histoire, mais s'intéresse de près aux relations entreles différentes forces en présence dans le récit, c'est-à-dire les actants. Ce schéma les relie entre eux par leurs actes dans le récit.Le schéma actantiel constitue un excellent moyen de résumer les relations entre les différents personnages.

Il se réfère aux actions et aux intentions des acteurs, des agents, des sujets, aussi bien des entités collectives, des organisations qu'à des individus. Il tient compte et des représentations, et renvoie à l'intentionnalité des acteurs. Ainsi, l'individu est conçu comme disposant d'une certaine marge de manoeuvre. Le phénomène que l'on veut étudier est pensé comme la résultante du comportement des acteurs impliqués.

La ville de Lubumbashi étant considérée comme un espace de « jeu », d'investissements et des stratégies d'acteurs multiples, nous allons rendre compte des enjeux autour des octrois des espaces dans les aires protégées en se référant aux actions et aux intentions des acteurs.

- le schème herméneutique :

L'observation des pratiques des acteurs impliqués ne suffira pas pour comprendre les enjeux. C'est à travers les échanges et les interprétations des actions que nous allons remonter aux sens et significations implicites. Rechercher de l'intelligibilité au-delà des apparences ou de la surface des choses.

La ville de Lubumbashi étant considérée comme une vitrine ou l'expression de cultures urbaines, nous allons comprendre les enjeux au-delà de ce que nous voyons.

Section 5 : Les techniques de récolte des données

La technique doit répondre à la question du `'comment `'. Elle est le moyen pour atteindre un but. Elle peut marquer des étapes intellectuelles, comme c'est le cas dans la pratique de l'interview. Ainsi perçue, la technique représente les étapes d'opérations limitées, liées à des éléments pratiques, adaptées à un but défini alors que la méthode est une conception intellectuelle, coordonnant un ensemble d'opérations, en général plusieurs techniques.(OUHAJJOU, 2016)

Selon KIENGE KIENGE, « l'explication des méthodes de recueil des données empiriques et de leurs analyses permet aux chercheurs de prendre la distance et de crée une rupture avec cette connaissance préalablement ou cette théorie implicite sur l'objet de recherche, et de mieux observé la réalité »(KIENGE - KIENGE, 2011), comme ajoute  LE BARON, «  les données en sciences sociales sont produites par des institutions ou des acteurs très diversifiés : administration, organisme des statistiques public, institut d'étude de marché et de sondages, centre de recherche universitaire... »(LE BARON, 2006)

Le chercheur va saisir des données sur lequel repose son objet d'étude du fait que la recherche criminologique est fondamentalement empirique, c'est-à-dire est réalisé par l'observation des faits problématiques sur le terrain en approchant les acteurs qui les vivent, ici on se débarrasse du préjugé  pour être à l'écoute des acteurs du terrain. Jusque-là, nos données ont été recueillies aux services de cadastre de Lubumbashi.

Notre recherche mobilise trois techniques de collecte des données qui sont :

· Entretien,

· Entrevue conversationnelles,

· Observation directe

A. Entretien

L'analyse compréhensive de mécanismes de passage espaces réservés en espaces privés allait nous être difficile si nous n'avions pas recouru à l'entretien. Comme notre avis soutient celui de BLANCHET et GOTMAN « l'enquête pour entretien est aussi particulièrement pertinente lorsque l'on veut analyser le sens que les acteurs donnent à leurs pratiques, aux événements dont ils ont pu être les témoins actifs, lorsque l'on veut mettre en évidence le système des valeurs et des repères normatif à partir de quelle ils s'orientent et se déterminent »(BLANCHET, 2006). Dans notre entretient on a vu opportun de recourir à l'entretien semi-directif.

· L'entretien semi-directif

C'est une technique d'enquête qualitative fréquemment utilisée dans les recherches en sciences humaines et sociales. Il permet d'orienter en partie (semi-directif) le discours des personnes interrogées autour de différents thèmes définis au préalable par les enquêteurs et consignés dans un guide d'entretien. Il peut venir compléter et approfondir des domaines spécifiques liés à l'entretien non directif qui se déroule librement à partir d'une question.

Il porte sur un certain nombre de thèmes qui sont identifiés dans un guide d'entretien préparé par l'enquêteur. L'interviewer, s'il pose des questions selon un protocole prévu à l'avance parce qu'il cherche des informations précises, s'efforce de faciliter l'expression propre de l'individu, et cherche à éviter que l'interviewé ne se sente enfermé dans des questions.

Pour chercher, soit à éclairer un détail de l'observation soit s'approfondir un aspect précis, le recours à l'entretien répond à la logique de la démarche méthodologique, l'entretien est, par conséquent une communication verbale entre le chercheur et l'acteur participants en vue de récolter les données. Pour PERETZ « l'entretien vise à restituer les événements vécus pour une personne, pendant sa vie, une même sélection s'opère, même si, parfois la personne descend au niveau d'un événement particulier »(PERETZ, 2004). L'entretien reste donc cet outil de recherche qui permet d'avoir « accès au point de vue des personnes, à leurs expérience vécues, au sens qu'elles donnent à leurs actions ».  (DESANTI, 2007)

Le recours à l'entretien semi-directif comme on le dit : « .......en somme décidé de faire usage de l'entretien, c'est  primordialement choisir d'entrer en contact direct et personnel avec des sujets pour obtenir les données de recherche. C'est considérer qu'il est plus pertinent d'interpeler les individus eux-mêmes que d'observé leur conduite et leurs rendements à certaines tâches, d'obtenir une auto évaluation à l'aide de divers questionnaires. C'est privilégier ce medium de la relation interpersonnelle. »(GAUTHIER, 1997). Nous avons jugé bon de compléter les entretiens qui nous ont permis de connaitre les pratiques de chaque acteurs, les objectifs poursuivis, saisir les sens que les acteurs donnent à leurs conduites.

Notre objectif étant de comprendre les enjeux dans l'octroi des espaces dans les aires protégées. L'entretient étant une interaction verbale animée de façon souple par les chercheurs sous la forme d'une conversation semble aussi pertinent dans la compréhension du problème en étude.

B. Les entrevues conversationnelles

Nous avons fait recours aux entrevues conversationnelles avec les différents acteurs ; et beaucoup d'occasions nous ont été offertes lors de notre recherche pour des conversations avec ces derniers.

C. L'observation

D'abord pour l'observation, c'est une technique scientifique, que les chercheurs utilisent sur terrain dans une activité observée personnellement et de manière prolongée aux situations auxquelles ils s'intéressent pour son étude ; comme le dit ALBARELO : « l'observation comme l'action de regarder avec attention les faits pour les étudier, les comprendre et les analyser. » (ALBARELLO, 2004), toutefois pour enrichir et comprendre bien le sens nous recourons à  l'idée de LAPLANTINEqui incorpore dans l'observation le concours de l'ouïe, de goût, de l'odorat et du toucher. « Si regarder consiste à une ré interaction de ce qui est devant, la visibilité comme première forme de la connaissance est une visibilité qui nous touche en même temps que nous touchons ce que nous percevons. C'est une visibilité non seulement optique mais tactile, olfactive, auditive et gustative qui nous conduit en ne plus opposer le devant et le derrière, le dehors et le dedans mais à comprendre la nature des liens qui relient un devant que nous incorporons et un dedans a partir duquel s'effectue l'activité sensitive mais aussi intellectuelle. ».(LAPLATINE, 2000)

Cette phase du travail consiste à construire l'instrument capable de recueillir ou de produire l'information prescrite par les indicateurs. Cette opération ne se présente pas de la même façon selon qu'il s'agit d'une observation directe ou indirecte. Dans l'observation directe, le chercheur procède directement lui-même au recueil des informations sans s'adresser aux sujets concernés ; il fait appel à son sens de l'observation. Par exemple pour comparer le public du théâtre à celui du cinéma, un chercheur peut compter les gens à la sortie, observé s'ils sont jeunes ou vieux, comment ils sont habillés etc. Dans ce cas l'observation porte sur tous les indicateurs pertinents prévus. Elle a pour support, un guide d'observation qui est construit à partir de ces indicateurs et qui désigne les comportements à observer ; mais le chercheur enregistre directement les informations sans que n'interviennent les sujets observés dans la production de l'information recherchée. Dans le cas de l'observation indirecte, le chercheur s'adresse au sujet pour obtenir l'information recherchée. En répondant aux questions le sujet intervient dans la production de l'information. Celle-ci n'est pas prélevée directement et est donc moins objective. Elle l'est d'autant que la construction de l'information fait intervenir deux liens : la personne qui élabore l'information et l'instrument qui en permet la collecte. Il s'agit là de deux sources possibles de déformation et d'erreurs que le chercheur doit contrôler pour que l'information apportée ne soit pas faussée, volontairement ou non.(LO, 2005)

Les interactions de terrain et nos ressources personnelles nous ont conduit à opter pour l'observation directe in situ, comme le souligne TSHINYAMA « il demeure, le plus encore de nos jours, l'un des outils de recueil des données incontournables dans les études ethnographique au mieux, dans toute étude qui exige que les chercheurs « casse les murs » des bureaux et aillent à la rencontre du sociale ».  (TSHINYAMA, 2009)

Nous avons prévu d'observer les pratiques, le comportement, et les interactions avec prudence, que nous allons élucider plus tard.

Section 6 : Technique d'analyse des données

Selon Madelaine GRAWITZ, « la première étape d'analyse consiste, comme dans les autres enquêtes, à établir pour toutes les variables de distribution de fréquences permettant de faire ressortir les comparaisons à effectuer »(GRAWITZ M. , 1993).

Dans le cadre de notre recherche, nous optons pour l'analyse thématique dans la perspective de Pierre Paillé et  Alex Mucchielli, Avec l'analyse thématique, nous abordons le travail d'analyse qualitative faisant intervenir des procédés de réduction des données. L'analyste va en effet faire appel, pour résumer et traiter son corpus, à des dénominations que l'on appelle les « thèmes » (ou, expression synonyme, les « thématisations » ; on parle aussi parfois de « sous-thèmes » pour se référer à la décomposition de certains thèmes).

Il s'agit, en somme, à l'aide des thèmes, de répondre petit à petit à la question générique type, rencontrée dans divers projets d'analyse : Qu'y a-t-il de fondamental dans ce propos, dans ce texte, de quoi y traite-t-on ? Il n'est pas toujours nécessaire ni utile de procéder à des analyses en profondeur face à un matériau de recherche, et très souvent, ce type de question suffit comme approche du matériau. L'analyse thématique peut être utilisée comme méthode unique pour une recherche ou alors être combinée avec d'autres modalités analytiques.

Cette technique d'analyse nous permettra de jeter directement les bases d'une théorisation des phénomènes étudiés, sans qu'il n'y ait de décalage entre l'annotation du corpus et la conceptualisation des données. 

Le terme de données qualitatives fait référence à une collecte d'information qui prend plusieurs formes. Ces données sont des enregistrements d'observations ou d'interactions qui sont complexes et contextuelles et elles ne peuvent pas par conséquent être réduites (ou transformées) immédiatement en nombres (RICHARDS, 2005). Dans ce sens, l'analyse des données qualitatives implique une sorte de transformation de celles-ci : nous commençons par une collection de données et, par la suite, nous les traitons à l'aide des procédures analytiques vers une analyse claire, compréhensible et, parfois, originale(GIBBS, 2007).

En principe, les données qualitatives ne sont pas numériques et peuvent provenir de plusieurs origines, comme d'observations, d'entretiens ou de documents. Les données qualitatives sont de plusieurs types :

a) textes (interviews, narrations, réponses à des questions ouvertes, discours, notes de terrain, documents écrits, observations transcrites, courriels, etc.),

b) images (photos, schémas, etc.),

c) sons (discours non transcrits, chansons, etc.),

d) vidéos (situations ethnographiques, etc.) et

e) documents multimédias (cette forme n'est pas actuellement supportée par la plupart des logiciels d'analyse qualitative) : par exemple, un document de présentation, une page Web, une carte de Google Maps, etc.

Une donnée qualitative est, par sa nature, non numérique. La forme la plus commune de données en analyse qualitative est le texte, qui, en plus d'être une donnée primitive, est souvent aussi le produit d'une transcription plus ou moins exacte des formes primitives de données telles que le son ou la vidéo. Néanmoins, même si nous transcrivons les données sonores ou vidéo en texte pour des questions de manipulation ou de quantification dans le cadre d'une approche qualitative, il est très courant de garder également les formes primitives des données, car elles préservent certaines informations du contexte de l'étude, non appréhendées dans un texte transcrit.

L'analyse qualitative utilise trois approches de recherche :

a) les approches orientées par le langage (analyse du contenu, analyse du discours, ethnométhodologie),

b) les approches descriptives/interprétatives et

c) les approches dont le but est de construire une théorie.

Le processus de l'analyse qualitative comporte trois parties importantes :

a) Observer des choses et des événements ;

b) Collecter des choses et des événements ;

c) Penser au sujet des choses et des événements.

Ces parties ne suivent pas un cheminement linéaire, mais prennent une forme résolument progressive, itérative et récursive. Ce processus comporte une série d'étapes représentées dans la figure 1 qui inclut également les aspects itératifs et récursifs de ce genre d'analyse (MILES, 2003).

Figure 1 : les étapes de l'analyse qualitative.

- L'usage des outils informatiques en analyse des données qualitatives

Les logiciels d'analyse qualitative interviennent, d'une manière ou d'une autre, dans toutes les étapes décritesde la figure 1. Plus spécialement, ces logiciels sont de plus en plus intégrés dans les principaux processusd'analyses qualitatives : lecture des données, définition des unités de sens et définition des catégories etcodification des données (SEIDEL, 1998). Souvent, ils nous permettent aussi d'effectuer de simples traitementsstatistiques et de représenter de manière graphique la modélisation effectuée sur les résultats de l'analyse.

Ainsi, les logiciels d'analyse qualitative, dans l'étape de l'analyse proprement dite, sont utilisés pour codifier,sauvegarder, chercher et extraire, lier les données, constituer des mémos, analyser le contenu, etc. (cf. figure 2).À la fin de l'analyse, ils nous permettent, dans certains cas, de présenter les données, d'élaborer des résultats etles vérifier, de générer un modèle scientifique ou une théorie et de réaliser des représentations graphiques(MILES, 2003)

Figure 2 : le processus d'analyse supporté par les TIC (adapté de SEIDER, 1998).

L'analyse qualitative assistée par les TIC est issue des efforts réalisés pour le développement des méthodes et des techniques et la création des outils informatiques qui supportent la recherche en sciences sociales. Les outils relatifs à cette approche sont souvent désignés par le terme anglais CAQDAS (Computer Assisted Qualitative Data Analysis software) (FIELDING, 1998), bien que ce terme désigne parfois également les techniques et les méthodes qui y sont associées. Les logiciels d'analyse qualitative sont des logiciels destinés à la lecture et à la codification (faites de manière intentionnée par le chercheur ou de manière semi-automatique) de passages de corpus textuels, iconiques, sonores et/ou vidéo. Ils offrent un ensemble de fonctionnalités de base qui peuvent servir de ressources pour collecter et analyser les données qualitatives. Les divers logiciels CAQDAS comportent des fonctionnalités très variées et ils s'inscrivent ainsi dans les différentes traditions de l'analyse qualitative : certains sont plutôt destinés à l'analyse textuelle, sonore ou vidéo, d'autres sont plus aptes à des recherches ethnographiques ou à l'analyse du contenu.(KOMIS, 2013)

L'analyse qualitative est un processus itératif et intuitif pendant lequel le chercheur raisonne de manière inductive, construit une réflexion au sujet des données et de leurs relations, et essaye de théoriser. Ce faisant, il est obligé de bien organiser ses données, de les stocker, de les raffiner et d'en extraire des morceaux par le biais de requêtes adéquates. De nos jours, tout ce processus peut être soutenu par les technologies informatiques.

Ainsi, l'usage des TIC dans l'analyse des données qualitatives offre des avantages certains. En effet, les logiciels de CAQDAS ne sont pas simplement des aides à la codification et à la récupération des données. Ils comportent de plus en plus de procédures nouvelles (MANGABEIRA, 2004). Si les étapes d'analyse qualitative restent globalement les mêmes, ces logiciels en facilitent les procédures du début jusqu'à la fin du processus d'analyse et couvrent par là même un fort potentiel cognitif pour accompagner le chercheur dans sa démarche d'analyse. En revanche, la diversité de logiciels disponibles et leur spécificité demandent au chercheur de connaître au préalable les forces et les faiblesses de chacun afin de choisir celui qui sera le plus adéquat pour sa recherche. Par ailleurs, il est important de garder en tête que les logiciels de CAQDAS ne remplacent pas la dimension interprétative propre à l'analyse qualitative. Tout au plus permettent-ils de la soutenir et de l'orienter efficacement s'ils sont utilisés de façon raisonnée.

Pour une codification et une présentation de résultats en rapport avec notre recherche, nous avons fait recours au logiciel QDA Miner suite à sa polyvalence quant à l'analyse des données qualitatives.

- Logiciel QDA Miner

1. Présentation du logiciel

QDA Miner est un logiciel d'analyse qualitative conçu pour la recherche avec méthodes mixtes. À la fois convivial et facile à utiliser, il permet le codage, l'annotation, l'exploration et l'analyse de petites et de grandes quantités de documents et d'images. QDA Miner permet d'analyser des transcriptions d'entretiens individuels et de groupes de discussion, des documents, des rapports, des articles de revues, des livres, ou encore des images, des photographies ou tout autre type de documents visuels.

Son intégration parfaite avec SimStat, un outil d'analyse statistique, et Wordstar, un module d'analyse de contenu et d'exploration de textes, vous donne une flexibilité sans précédent pour analyser du texte et mettre en évidence les liens existant entre son contenu et des informations structurées, y compris des données numériques et catégoriques.

Toute personne qui a besoin de coder, annoter, explorer et extraire des informations issues de petites ou grandes quantités de documents ou d'images, peut l'utiliser (Politologues, sociologues et ethnographes ; chercheurs en sciences sociales, en médecine et en psychologie ; enquêteurs criminels, experts en détection de fraude, avocats et techniciens juridiques,...)

2. Principales Caractéristiques

QDA Miner offre des outils de gestion et d'analyse qualitative assistée par ordinateur très performants et nettement supérieurs à tout autre logiciel existant:

- un environnement intuitif pour le codage et l'annotation de documents et d'images avec des fonctionnalités flexibles et faciles à utiliser, tel que la fusion et la division de codes, la recherche et le remplacement de codes, le redimensionnement des segments codés ou encore le regroupement virtuel de codes.

- Des outils d'annotation et d'hyperlien pour annoter des documents et des images et associer différents éléments de preuves qualitatives en établissant des liens vers d'autres segments codés, d'autres cas, documents, fichiers ou sites Web.

- Des outils avancés de géolocalisation et de datation pour associer les coordonnées géographiques et temporelles à des segments de textes ou d'images. On peut ainsi situer des évènements dans l'espace et le temps, récupérer des données codées en fonction du lieu ou du moment, créer des cartes dynamiques et des frises chronologiques interactives.

- Option de codage assisté par ordinateur tout à fait unique avec plus de sept outils de recherche de texte, notamment la fonction de recherche par mot-clé, recherche de sections, l'outil de recherche-par-exemple  qui «apprend» en fonction des recherches de l'utilisateur, et l'outil d'extraction de groupements d'items. Tous ces outils permettent de réaliser un codage plus fiable et plus rapide.

- Outil de recherche de codage qui permet d'extraire des segments codés associés à des codes spécifiques ou à des agencements de codes plus complexes et d'identifier les cooccurrences de codage, les séquences de codage et d'évaluer les relations entre les codes et les propriétés numériques et catégorielles.

- géocodage intégré pour transformer les références aux villes, états, provinces, pays, codes postaux et adresses IP en coordonnées géographiques. Le module de cartographie GISViewer vous permet de créer des cartes de points de données, des cartes de distribution et des cartes de chaleur.

- importez directement à partir des plateformes d'enquêtes Web, des médias sociaux, des principales messageries électroniques et des outils de gestion de référence.

- Des outils intégrés de statistique et de visualisation, tels que le groupement hiérarchique «clustering», le positionnement multidimensionnel, les cartes thermiques, l'analyse de correspondance et l'analyse de séquence permettant d'identifier rapidement les régularités et les tendances, d'explorer les données, de les décrire, de les comparer et de tester des hypothèses.

- Des fonctions de soutien au travail d'équipe inégalées, avec un paramétrage multi-usagers flexible, une puissante fonction de fusion permettant de rassembler en un seul projet, codage, annotations, rapports et entrées du journal de plusieurs codeurs ainsi qu'une fonction d'accord inter-juges pour mesurer la fidélité du codage.

- Le journal de commande permet de garder la trace de tous les accès au projet aussi bien que les opérations de codage, de transformation, d'interrogation et d'analyse effectuées. Il peut être utilisé pour documenter le processus d'analyse qualitative et superviser le travail d'équipe. Il représente une piste d'audit détaillée qui permet d'assurer la transparence du processus de recherche qualitative et de renforcer sa crédibilité.

3. Schéma suivi

Comme déjà mentionné, QDA Miner est un logiciel convivial d'analyse de données qualitatives permettant de coder des données textuelles, d'annoter, d'extraire et de réviser des données et des documents codés. L'environnement de travail de QDA Miner offre de nombreux outils pour gérer, visualiser, éditer et coder les documents. Il donne également accès à une variété d'outils d'extraction et d'analyse. De ce fait, nous avons suivi le schéma suivant :

- Création d'un projet et importation des documents :cette étape a consisté à importer dans Qda Miner, les différents fichiers dans lesquels nous avions préalablement saisi les données du terrain.

- Attribution des valeurs et Organisation des documents : cette étape a consisté à ouvrir et à parcourir le contenu de chaque source des données importée dans Qda Miner

- Codage des documents : à cette étape, nous nous sommes servis de certains codes préalablement créés, pour coder les segments dans les documents.

- Validation du codage : à cette étape nous avons consolidé les différents codages

- Analyse des codes : cette étape a consisté à analyser les données codées

Et tout cela en manipulant les objets suivants :

- Cas : Un cas représente une unité de votre base de données. Il peut s'agir par exemple de chaque transcription d'entrevues individuelles, de chaque projet scolaire que vous avez collecté dans différentes écoles, de chaque prise de note que vous avez collectée dans différentes classes, etc.

- Catégorie : Une catégorie correspond à un code parent. Avec QDA Miner, un code doit toujours être placé sous une catégorie et une catégorie ne peut être utilisée pour coder un segment. Le codage a donc toujours lieu au niveau du code et non pas au niveau de la catégorie.

- Code : Le codage consiste à assigner des codes à des segments textuels ou visuels. Contrairement à une variable, qui s'applique à l'ensemble d'un cas, les codes sont généralement attribués aux segments qui composent un cas et dont l'unité de sens (par exemple, la phrase, le paragraphe ou autre) est à définir par l'analyste.

- Segment : Le segment est une unité du matériel sur laquelle on applique un ou plusieurs codes. Avec QDA Miner, les segments peuvent être de nature textuelle (ex. transcription d'entrevue, textes officiels) ou visuelle (ex. photographie).

- Variable : Une variable est une caractéristique attribuable à l'ensemble d'un cas, contrairement à un code, qui est généralement associé à un segment à l'intérieur d'un cas.

CHAPITRE 3 : LA GESTION DES AIRES PROTEGEES URBAINES DE LUBUMBASHI ET L'OCCUPATION DE CELLES - CI PAR LES TIERS

Dans ce chapitre, après avoir posé les bases théoriques et méthodologiques de notre recherche dans les chapitres précédents, nous allons procéder à la présentation des résultats auxquels nous sommes arrivés dans ce mémoire. Il sera aussi question d'expliquer la manière dont se gère les aires protégées urbaines dans la ville de Lubumbashiainsi que les principaux enjeux qui entourent l'octroi des espaces aux particuliers dans ses aires.

Section 1 : types de gestion des aires protégées urbaines

Etant un espace géographique clairement défini,situé à l'intérieur ou aux abords de grands centres de population reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autres, afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés, une aire protégée urbaine ne se gère pas de manière hasardeuse, sa gestion se fait suivant une certaine normalisation. Ainsi nous trouvons, selon l'UICN, plusieurs catégories de gestion que voici (EDMISTON, 2016):

1. Réserve naturelle intégrale : Strictement protégée pour la biodiversité et aussi, éventuellement, pour des caractéristiques géologiques/géomorphologiques, où les visites, l'utilisation et les impacts humains sont strictement contrôlés et limités pour garantir la protection des valeurs de conservation.

2. Zone de nature sauvage : Généralement de vastes aires intactes ou légèrement modifiées qui ont préservé leur caractère et leur influence naturels sans habitations humaines permanentes ou significatives, qui sont protégées et gérées aux fins de préserver leur état naturel.

3. Parc National : De vastes aires naturelles ou quasi naturelles mises en réserve pour protéger des processus écologiques à grande échelle, ainsi que les espèces et les écosystèmes caractéristiques d'une région, qui fournissent aussi des opportunités de visites de nature spirituelle, scientifique, éducative et récréative, dans le respect de l'environnement et de la culture des communautés locales.

4. Monument ou élément naturel : Aires mises en réserve pour protéger un monument naturel spécifique, qui peut être un élément topographique, une montagne ou une caverne sous-marine, une caractéristique géologique telle qu'une grotte ou même un élément vivant comme un îlot boisé ancien.

5. Aire de gestion des habitats / des espèces : Aires qui visent à protéger des espèces ou des habitats particuliers et dont la gestion reflète cette priorité. Beaucoup auront besoin d'interventions régulières et actives pour répondre aux exigences d'espèces ou d'habitats particuliers, mais cela n'est pas une exigence de la catégorie.

6. Paysage terrestre ou marin protégé : Aires où l'interaction des hommes et de la nature a produit, au fil du temps, un caractère distinct, avec des valeurs écologiques, biologiques, culturelles et panoramiques considérables et où la sauvegarde de l'intégrité de cette interaction est vitale pour protéger et maintenir l'aire, la conservation de la nature associée ainsi que d'autres valeurs.

7. Aire protégée avec utilisation durable des ressources naturelles : Aires qui préservent des écosystèmes ainsi que les valeurs culturelles et les systèmes de gestion traditionnels des ressources naturelles qui y sont associés. Elles sont généralement vastes, et la plus grande partie de leur superficie présente des conditions naturelles ; une certaine proportion y est soumise à une gestion durable des ressources naturelles, et une utilisation modérée des ressources naturelles, non industrielle et compatible avec la conservation de la nature, y est considérée comme un des objectifs principaux.

Les catégories de gestion s'appliquent avec une typologie des types de gouvernance - une description de qui détient l'autorité et les responsabilités envers l'aire protégée. L'UICN définit quatre types de gouvernance (GRAHAM, 2003):

1. Gouvernance par le gouvernement : i.e., gouvernance par un organisme ou un ministère fédéral ou national ; par un organisme ou un ministère sous-national en charge ; ou déléguée (ex. à une ONG),

2. Gouvernance partagée : i.e. gouvernance collaborative (divers degrés d'influence) ; conjointe (conseil de gestion pluraliste) ; et/ou transfrontalière (divers degrés de part et d'autre de frontières internationales),

3. Gouvernance privée : i.e., gouvernance par un propriétaire individuel ; par des organisations sans but lucratif (ONG, universités, coopératives) ; par des organisations à but lucratif (particuliers ou sociétés),

4. Gouvernance par des peuples autochtones et des communautés locales : aires et territoires conservés par des peuples autochtones ou des communautés locales - déclarées et gérées par ces peuples et communautés.

Les aires protégées urbaines se distinguent par :

- L'accueil de nombreux visiteurs, venant fréquemment, voire quotidiennement. Nombre de ces visiteurs n'ont jamais été en contact avec une nature plus sauvage. Ils sont souvent plus divers, au niveau ethnique et économique, que les visiteurs des aires protégées plus éloignées ;

- Les relations avec les acteurs du secteur urbain, dont les décideurs des gouvernements, les médias, les chefs d'opinion, et les principales institutions éducatives et culturelles ;

- La menace encourue du fait de l'étalement et de l'intensification du développement urbain ;

- La fréquence de crimes et de vandalisme, les problèmes de détritus, le déversement de produits dangereux, sans oublier la pollution sonore et lumineuse ;

- Les conséquences de leur situation en périphérie des villes : incendies plus fréquents et graves, pollution de l'eau et de l'air, introduction d'espèces exotiques envahissantes.

Les aires protégées urbaines sont importantes pour les mêmes raisons que les autres plus isolées. Ainsi, elles offrent des services écosystémiques, protègent des espèces et soutiennent l'économie locale grâce aux revenus du tourisme. Mais un rôle crucial les distingue des autres aires protégées. Elles permettent aux citadins de faire l'expérience de la nature, y compris ceux, nombreux, qui ne peuvent pas visiter d'autres aires protégées plus lointaines. Ce rôle est important pour deux raisons :

- Un contact régulier avec la nature a des effets bénéfiques sur chacun. Outre les bienfaits de l'exercice en plein air, les scientifiques ont prouvé combien passer du temps dans la nature améliore la santé mentale et physique.

- Les populations urbaines de la planète jouent un rôle essentiel dans la protection de la nature. Elles vivent là où sont la richesse, les médias et les moyens de communication. Or, les dirigeants ont tout intérêt à prendre en compte ce qui est important pour leur électorat. La protection de la nature dépend ainsi du soutien des électeurs urbains, des donateurs et des communicants. Mais, les citadins ont de moins en moins de contact avec la nature. Il faut recréer ce lien si nous voulons qu'ils incitent leurs dirigeants à faire de la conservation de la nature une priorité.

Section 2 : règles formelles de gestion des aires protégées urbaines à Lubumbashi

Lubumbashi est, selon les estimations, la deuxième ou troisième ville de la République démocratique du Congo quant au nombre d'habitants, titre disputé avec Mbuji-Mayi. Elle est devancée par Kinshasa. Lubumbashi était le chef-lieu de la province du Katanga (temporairement Shaba sous le règne de Mobutu) jusqu'en 2015. Elle devient ensuite le chef-lieu de la province du Haut-Katanga.Lubumbashi est aussi appelée capitale du cuivre.

Fondée en 1910 par les Belges sous le nom d'Élisabethville ou Elisabethstad (d'après Élisabeth de Bavière, devenue reine des Belges), souvent abrégée en « E'ville », la ville fut renommée Lubumbashi en 1965.

Sur son plan d'aménagement, certains espaces ont été délimités pour être protégés selon leur utilité. Nous trouvons entre autres :

- Les emprises,

- Les servitudes (lignes haute tension, rails,...),

- Les zones humides,

- Les berges,

- Les fortes pentes,

- Les espaces verts ou terrains non aedificandi,

- Les jardins zoologique et botanique,

- Les parcs (parcs Kiwele, Twendelee, ...)

- Les cimetières

A. Textes relatifs à la désignation des espaces réservés

En contexte congolais et selon l'Arrêté Interministériel n° 0021 du 29 octobre 1993 portant application de la réglementation sur les servitudes, il est dit ceci en son article 1er : Aux termes du présent Arrêté, il faut entendre par servitudes :

- les espaces verts ;

- les emprises des routes d'intérêt public conformément aux plans d'urbanisme et plans cadastraux ;

- les rives des cours allant jusqu'au moins 10 mètres à partir de la ligne formée par le niveau le plus élevé qu'atteignent les eaux dans leur période des crues normales ;

- les emprises des lignes de haute tension sur une distance de 25 mètres de part et d'autre ;

- les emprises des chemins de fer de 5 à 50 mètres suivant catégories ;

- les zones de sécurité des dépôts des liquides inflammables, des aéronefs, des établissements insalubres et des explosifs ;

- les emprises des cimetières ;

- les emprises de bâtiments publics ;

- les terrains de jeu et de loisir ;

- les périmètres REGIDESO, S.N.EL. et ONPTZ ;

- les zones de carrières réservées à l'extraction des produits du sous-sol.

Les espaces verts correspondent aux surfaces recouvertes de végétation dont la présence en milieu urbain contribue à fournir des services écosystémiques divers comme la purification de l'air et de l'eau, la régulation du microclimat ou le traitement des déchets. Leur présence offre également aux populations des plaisirs esthétiques, des possibilités de loisirs et un bien-être physique et psychologique. Toutefois, l'urbanisation croissante qui s'observe avec le développement dans la plupart des pays du Sud depuis la fin du 20èmesiècle, est accompagnée de la suppression des espaces verts et leur remplacement par des occupations du sol de nature anthropique, avec de nombreux effets néfastes sur l'environnement, notamment la perturbation des écosystèmes menant à la réduction de la biodiversité.

L'emprise d'une route désigne la surface du terrainoccupé par la route et toutes les dépendances indispensables à sa tenue, à savoir la plate-forme, les fossés et les talus, ainsi que l'ensemble des espaces ou voies nécessaires à son entretien ou à son exploitation. Autrement appelé alignement ou servituded'utilité publique, Elle constitue une limitation administrative au droit de propriétéet détermine la limite entre le domaine public et les propriétés privées.Mises en oeuvre par l'Etat, elles s'imposent aux communes et aux communautés lors de l'élaboration desdocuments d'urbanisme.Elles sont instaurées par des lois ou règlements et doivent être annexées aux plans d'occupation des sols et plan local d'urbanisme.Bien que considérées comme espaces protégés, La plupart d'emprises sur la ville de Lubumbashi sont des lieux de prédilections pour les terrasses, buvettes et kiosques.

B. Occupation légale

En contexte congolais un espace réservé peut appartenir de manière légale aux particuliers de deux façons : soit par désaffectation, soit par permis d'utilisation temporaire ou occupation précaire. Pour des besoins d'intérêt général, un espace réservé peut être désaffecté pour devenir un espace privé ou servir pour la construction des marchés publics, des arrêts de bus, ...... toujours dans le cadre d'utilité publique, un espace réservé peut être cédé temporairement un particulier pour y implanter des activités récréatives, de détente ou certains bâtis d'intérêt public, facilement démolissables après échéance comme des latrines publiques.

C. Sanctions prévues

En ses articles 2 et 3, l'Arrêté Interministériel n° 0021 du 29 octobre 1993 portant application de la réglementation sur les servitudes, nous renseigne ceci : Toute occupation, toute construction et tout lotissement dans les servitudes telles que définies à l'article premier sont interdits.

Sans préjudice des poursuites judiciaires prévues par la Loi à charge des contrevenants, toutes constructions érigées en violation des dispositions du présent Arrêté ainsi que d'autres dispositions légales ou réglementaires en la matière seront démolies aux frais de leurs constructeurs ou propriétaires sans aucune indemnité.

Section 3 : Enjeux autour de l'occupation des aires protégées par les tiers

Cette partieest en soit l'objet proprement dit de notre travail. L'objectif de cette section est de ressortir les enjeux et les pratiques autour de la spoliation et l'octroi des espaces dans les aires protégées. Le but étant de rendre compte des enjeux qui sous-tendent les pratiques des agents des services concernés. Sur la ville de Lubumbashi, dans la majeure partie de cas, l'occupation des espaces réservés est effective soit par spoliation ou soit par octroi de la part des services « compétents » en dehors du cadre légal.

L'analyse stratégique s'appuie sur un ensemble de postulats et mobilise les concepts d'acteur, de pouvoir, de stratégie, de zone d'incertitude, de système d'action concret et de rationalité limitée. Michel CROZIER et Erhard FRIEDBERG mettent le conceptd'acteur au coeur de l'analyse stratégique. Aussi élaborent-ils un corpus quiconstitue un véritable « pari théorique », dans la mesure où celui-ci veut sedégager des chemins battus de la théorie classique des organisations.

Ainsi, au regard de l'analyse stratégique, nous allons commencer par présenter le système d'action comme zones de manoeuvres des acteurs impliqués dans la spoliation ou l'octroi des espaces aux particuliers dans les aires protégées. Ensuite, nous allons présenter les stratégies des acteurs en présentant les conditions de définition et de limitation de leurs comportements. Enfin, nous allons présenter les enjeux et les pratiques liés à l'application des sanctions disciplinaires relatives à l'absentéisme des agents dans le service de l'Etat sous étude.

A. Système d'action et zone d'incertitude

Considérant l'organisation comme étant un construit social et non une réponse a priori aux contraintes extérieures, elle n'est pas une donnée, mais plutôt le résultat des interactions entre acteurs. Elle revêt également un caractère contingent. Sa structure et sa configuration sont soumises aux aléas de la coopération entre les différents acteurs en présence. Ce postulat implique, enfin, un dépassement des frontières organisationnelles. Celles-ci deviennent mouvantes et aléatoires, dans la mesure où elles dépendent des acteurs en présence et du degré de leurs interactions. La notion de système d'action concret trouve ici toute sa place.

Le système d'action concret est « un ensemble humain structuré qui coordonne les actions de ses participants par des mécanismes de jeux relativement stables et qui maintient la structure, c'est-à-dire la stabilité de ces jeux et les rapports entre ceux-ci, par des mécanismes de régulation qui constituent d'autres jeux »(CROZIER, 1997). C'est le cadre où s'articulent les différents intérêts (convergents, divergents voire contradictoires) des acteurs. Leurs comportements représentent des forces internes qui font mouvoir le système à travers un ensemble de jeux et de stratégies qu'ils développent. Jean-Claude Lugan décrit le processus de formation des systèmes d'action concret comme suit : « Les acteurs, relativement libres et autonomes, produisent un système, le font fonctionner à travers un réseau de relations où ils négocient, échangent, prennent des décisions. Le réseau relationnel permet à ces acteurs de résoudre les problèmes concrets de la vie du système selon des relations d'habitude. Celles-ci sont créées, maintenues, entretenues en fonction des intérêts des individus, des contraintes de l'environnement, donc des solutions proposées par des acteurs. Ils le font en fonction de leurs objectifs qui sont toujours des compromis entre leurs propres buts et ceux de l'organisation. »(LUGAN, 2005)

Pour ce qui est des espaces réservés, plusieurs services, malgré leurs mandats respectifs, se retrouvent de loin ou de près impliqués. C'est ainsi qu'à la question de savoir le type de gestion des aires protégées qui existent à Lubumbashi, l'agent LUBUDI du service de l'environnement nous dit d'entrée de jeu ceci : nous assistons à un désordre sans nom au sein de l'administration », et à monsieur KAPANGA du cadastre de renchérir : « le problème de la gestion des aires protégées est complexe, à notre niveau nous avons du mal car les aires protégées n'ont pas de titres de conservations, d'où nous n'avons pas leurs traces. »

Nous nous sommes rendu compte qu'effective, bien que la gestion des espaces réservés à un caractère collégial, c'est-à-dire la mairie, via sa coordination urbaine de l'environnement en collaboration avec les services de l'urbanisme, de l'habitat, des travaux publiques, du tourisme et des affaires foncières, la majeure partie des espaces réservés de la villes de Lubumbashi échappent au contrôle, et cette situation confère une grande marge de liberté aux différents acteurs.

Pour monsieur LUBUDI, plus de 80% des espaces protégés de Lubumbashi n'ont pas de statuts juridiques, ce qui est une aubaine pour certains agents de l'Etat qui poussent certains particuliers à les occuper pour leurs activités.

La liberté des acteurs se perçoit dans les situations de contraintes. Celle-ci est illustrée par leur capacité à opérer des choix stratégiques en fonction du contexte et de la marge de manoeuvre dont ils disposent. L'acteur est ainsi porteur de rationalité dans ses actions, dans la mesure où il est capable de choix et de calculs qui lui évitent de trop perdre dans une situation donnée. On ne saurait, par conséquent, lui attribuer une place a priori au sein d'un système qui, lui-même, est contingent. L'acteur stratégique ne saurait donc entrer dans un quelconque moule qui détermine ses comportements. Michel CROZIER et Erhard FRIEDBERG ont démontré, à ce sujet, le caractère hypothétique des règles organisationnelles et des structures formelles. En effet, contrairement au résultat escompté, celles-ci créent des zones d'incertitudes qui sont autant d'opportunités que les acteurs cherchent à saisir dans leurs jeux de pouvoir.

Voilà pourquoi monsieur LUBUDI continue en disant : « certains textes légaux existent, tels que la loi 11/09 portant principes fondamentaux à la protection de l'environnement ; le code forestier ; l'arrêté 060/bur - mairie/ville/L'shi/2013 et l'arrêté 030/bur - mairie/ville /L'shi/2013. Mais le comble c'est que nous assistons à une négligence de l'Etat dans l'application des textes et à une faiblesse de l'Etat pour sanctionner les coupables. »Par rapport de cette situation, l'informel se transforme petit à petit en formel car nous sommes sans oublier que c'est à partir des relations et interactions des acteurs qu'une action organisée se construit, évolue et se stabilise. Bref, c'est l'acteur qui fait le système et qui l'actualise.

Pour Erhard FRIEDBERG, « ni les problèmes, ni les solutions, ni les contraintes, ni les opportunités, ni les structures formelles ni les institutions n'existent en soi, en dehors et indépendamment de la perception et des capacités des acteurs qui seuls peuvent les actualiser dans et par leurs comportements, les entretenant et les transformant en même temps »(FRIEDBERG, 1993).

La marge de liberté que l'analyse stratégique confère à l'acteur est également fondatrice de pouvoir, un autre concept fondamental dans la théorie. Le pouvoir est considéré comme fondement de l'action organisée. Il est défini comme étant « la capacité d'un acteur à structurer des processus d'échangeplus ou moins durables en sa faveur, en exploitant les contraintes etopportunités de la situation pour imposer les termes de l'échange favorables à ses intérêts ».

Le système d'action concret est donc le résultat de l'interaction et des processus d'échange et de pouvoir entre les acteurs. Gilles HERREROS, pour sa part, le décrit comme étant « l'ensemble des tiraillements que les acteurs font connaître aux contenus et contours formels de l'organisation pour finir par construire une entité sociale largement informelle et à chaque fois singulière »(HERREROS, 2008).

Dans la mesure où le système d'action concret suppose la coexistence d'acteurs dotés d'intérêts et de rationalités différents, on peut s'interroger sur son mécanisme de production et de stabilisation. La théorie de la régulation en fournit une explication qui nous semble bien pertinente. Partant du principe que « la régulation fonde et institue l'acteur collectif »(REYNAUD, 1990), Jean-Daniel REYNAUD identifie trois formes de régulation dont l'articulation permanente assure la stabilité de tout système social ou de toute action collective. Ainsi, de la dynamique entretenue par la régulation de contrôle (ensemble des règles et procédures formelles) et la régulation autonome (normes sociales construites de façon informelle par les acteurs), naît une régulation conjointe (ensemble des règles issues de la négociation entre les acteurs sociaux).

A la question de savoir comment les responsables des entités devant collaborer dans la gestion des espaces réservés, observaient la règlementation chacun dans son secteur respectif, nous avons recueilli deux sont de cloches.

D'une part, monsieur KANYAMA de l'urbanisme nous renseigne que : « nous constatons une ignorance criante de la réglementation dans le chef de certains cadres politico - administratifs, si nous trouvons un cas litigieux de spoliations d'un espace réservé, nous tentons de nous entendre avec le propriétaire » et à monsieur KISENGE d'ajouter : « dans la plupart de cas, nous assistons au non - respect et à la non - maitrise des procédures administratives de la part de nos hiérarchies ». Nous avons compris que si dans certains cas, les situations de spoliations restent impunies c'est suite aussi au manque de compétence.

Les règles organisationnelles, définies au départ pour régir les relations, génèrent des incertitudes qui donnent lieu à des rapports de pouvoir qui dépassent ce cadre formel. En conséquence, le chercheur ne pourrait pas se limiter à ces relations officielles ni non plus les ignorer. Il devra « trouver les causes des structures et des règles du jeu caractéristiques d'un contexte d'action non pas dans des phénomènes, événements ou structures extérieurs à lui, mais dans les processus d'interaction mêmes qui s'y déroulent entre les acteurs concernés»(MAURICE, 1994).

La procédure administrative est la voie formelle des actes par le biais desquels se déroule l'action administrative pour accomplir une fin. Le but est l'émission d'un acte administratif. L'obligation d'obéir à des voies légales strictes assurant la garantie des citoyens distingue l'action publique de l'activité privée. Cette garantie est donnée par l'ordre juridique et par l'assurance de savoir que l'information peut être connue et fiscalisée par toutes les personnes.

Ainsi, la procédure administrative est en quelque sorte le garant de l'action administrative, ne pouvant être ni arbitraire ni discrétionnaire puisqu'elle doit impérativement respecter les règles de la procédure. La procédure administrative englobe quatre grands principes, à savoir: le principe d'unité, le principe de contradiction, le principe d'impartialité et le principe d'officialité.

- Le principe d'unité soutient que la procédure est un processus unique qui a un début et une fin (elle doit se résoudre peu importe sa forme initiale).

- D'après le principe de contradiction, la résolution de la procédure est basée sur les faits et les fondements de droit, suite à la vérification des faits et des preuves.

- Le principe d'impartialité assure que l'action se déroulera sans favoritismes ni inimitiés. Les fonctionnaires doivent s'abstenir s'ils ont un intérêt personnel dans l'affaire, un lien de parenté ou une certaine amitié/inimitié, ou bien s'ils font partie des témoins.

- Enfin, le principe d'officialité oblige à ce que la procédure soit développée d'office au cours de toutes les démarches.

D'autre part, monsieur TUMBWE nous explique : « nous avons d'autres chefs compétents et qui connaissent le travail, mais qui, pour certains cas ferment les yeuxpour les raisons que nous ignorons et qui, pour d'autres cas, sont incapables de réagir suite aux instructions qui viennent d'en haut. » il continue en disant : « l'un de nos responsable avait voulu suivre le dossier de la maison en étage qu'on construit au niveau de l'espace protégé situé entre l'arrêt de bus KASAPA et l'avenue Lumumba, cela a failli lui couter son boulot du fait le propriétaire faisait partie de la famille présidentielle ».

Par rapport à tout cela, nous comprenons que la mise en évidence du système d'action concret requiert, toutefois, que certaines conditions soient remplies. Pour CROZIER et FRIEDBERG, il faut « un minimum d'interconnaissance, de circulation d'informations et de connaissances communes, permettant des anticipations correctes des comportements des autres ainsi qu'un minimum de contrôle »(FRIEDBERG, 1993).

Pour ce qui est da la collaboration entre les différentes entités, monsieur KASOMBO nous renseigne ceci : c'est compliqué de fois la situation dans laquelle nous travaillons, nous assistons à des conflits sérieux de compétences dans les traitements de dossiers d'occupations des espaces réservés entre les services des affaires foncières, de l'urbanisme, de l'environnement et de l'aménagement du territoire »

Dans l'administration publique de la République Démocratique du Congo chaque ministère, chaque division et chaque service a un mandat bien défini, mais il se fait que pour des raisons liées aux intérêts individuels, certains services font le travail des autres pour by passer certaines contraintes.

En se référant à l'Ordonnance n° 12/008 du 11 juin 2012 fixant les attributions des ministères, nous avons eu ceci comme renseignement :

1. Ministère de l'Aménagement du Territoire, Urbanisme, Habitat, Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction

a) Aménagement du Territoire

§ Conception et élaboration des plans d'aménagement du Territoire et suivi de leur exécution ;

§ Exécution des politiques et des stratégies opérationnelles et d'orientation visant la meilleure répartition dans l'espace des activités humaines ;

§ Evaluation des potentialités du Territoire en ce qui concerne les ressources naturelles renouvelables et non renouvelables du sol et du sous - sol national ;

§ Contrôle et surveillance de manière permanente de l'utilisation de l'espace physique du pays ;

§ Etablissement des programmes et des stratégies de mobilisation des ressources tant humaines, institutionnelles que financières pour codifier, implanter et administrer le développement.

b) Urbanisme et Habitat

§ Aménagement de l'espace urbain en matière d'urbanisme et d'habitat ;

§ Gestion et administration du patrimoine immobilier relevant du domaine privé de l'Etat ;

§ Etude et promotion des matériaux de construction locaux ;

§ Mise en oeuvre du Plan National d'habitat ;

§ Police des règles de l'Urbanisme et Habitat ;

§ Apport d'une assistance technique permanente à l'auto - construction ;

§ Elaboration des études en vue de la création de nouvelles villes ou de la modernisation des villes existantes ;

§ Développement et promotion de la construction des établissements humains tant par le secteur public que privé ;

§ Etude et promotion des organismes financiers et banques d'habitat en collaboration avec le Ministère ayant les finances dans ses attributions ;

§ Elaboration des normes en matière de construction des établissements humains ;

§ Création et agrément des agences et courtiers immobiliers.

2. Ministère de l'Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme

a) Environnement et Conservation de la Nature

§ Exécution des politiques nationales de gestion durable de l'environnement et de la préservation de la biodiversité et des écosystèmes ;

§ Elaboration des plans de mise en oeuvre desdites politiques, leur suivi et évaluation ;

§ Gestion durable des forêts, des ressources en eau, des ressources fauniques et de l'environnement ;

§ Gestion des établissements humains ;

§ Evaluation et suivi des études environnementales et sociales de tout projet susceptible de porter atteinte à l'environnement;

§ Réglementation de toutes les activités susceptibles de porter atteinte à l'environnement, à la biodiversité et aux écosystèmes ainsi qu'à la salubrité des milieux ;

§ Elaboration et mise en application des normes relatives à l'assainissement des milieux ;

§ Création et aménagement des zones vertes et parcs d'attraction ;

§ Elaboration des normes relatives au respect de l'environnement dans les secteurs mines, carrières et hydrocarbures ;

§ Réglementation de la chasse et de la pêche ;

§ Protection de la faune et de la flore ;

§ Promotion et coordination de toutes les activités relatives à la gestion durable de l'environnement, des ressources forestières, fauniques et aquatiques, et à la conservation de la nature ;

§ Suivi et audits environnementaux des établissements publics et des entreprises privées ainsi que des organisations non gouvernementales oeuvrant dans les secteurs de l'environnement et conservation de la nature;

§ Détermination et gestion des écosystèmes ;

§ Gestion des services environnementaux ;

§ Création des aires protégées autres que les réserves naturelles intégrales et propositions de création de ces dernières ;

§ Gestion des aires protégées ;

§ Création et gestion des stations de capture de la faune sauvage ;

§ Elaboration, vulgarisation et gestion des programmes d'éducation environnementale.

3. Ministère des Affaires Foncières

o Application et vulgarisation de la législation foncière et immobilière;

o Notariat en matière foncière et cadastrale ;

o Gestion et octroi des titres immobiliers ;

o Lotissement en collaboration avec le Ministère ayant en charge l'urbanisme et l'habitat ;

o Octroi des parcelles de terre en vue de la mise en valeur.

Dans l'exercice de leurs fonctions, les animateurs de quatre entités évoquées font de fois face à un conflit d'intérêts, l'expression "conflit d'intérêts" désigne une situation avérée ou apparente dans laquelle un individu ou une organisation est soumise à des intérêts multiples du fait des fonctions ou des responsabilités occupées dans des institutions publiques, dans une entreprise, une association, une fondation, etc. Ces intérêts multiples peuvent entrer en opposition et corrompre les décisions ou la façon d'agir. Le conflit d'intérêts apparaît ainsi chez une personne qui doit accomplir une fonction d'intérêt général et dont les intérêts personnels sont en concurrence avec sa mission. Il est plus fréquent dans certaines professions réglementées qui mettent alors en place une charte déontologique afin de faire respecter les règles de neutralité ou d'impartialité.

Ainsi, nous avons compris que les conflits et autres dysfonctionnements témoignent des limites de la structuration formelle. La prise en compte de facteurs d'ordre informel dans le fonctionnement de l'organisation est, par conséquent, un impératif pour toute analyse sociologique qui se veut pertinente. Cela constitue d'ailleurs l'un des mérites de l'approche stratégique.

B. Enjeux autour de l'occupation des aires protégées

1. Enjeux majeurs

Dans le cadre de ce travail, un enjeu va représenter tout ce que les acteurs mettent en jeu ou en oeuvre pour occuper ou faciliter l'occupation des aires protégées. Il va s'agir principalement de mettre en lumière tout ce qui se cache derrière les actions apparentes et non apparentes des acteurs en jeu.

a. Enjeu de pouvoir et relationnel

Dans une première approche, on pourradéfinir le pouvoir comme la capacitéqu'a un individu ou un groupe d'agir surun autre individu ou un autre groupe.Dans cette perspective, le pouvoir est considéré non pas comme un attribut mais plutôt dans son sens relationnel. En conséquence, aucun acteur ne détiendrait indéfiniment le pouvoir. Tout dépendra alors des positions, ressources et enjeux des acteurs en présence. En somme, en tant que relation, le pouvoir fait l'objet de négociations permanentes. À ce titre, il est caractérisé par trois dimensions que nous allons analyser : l'instrumentalité, l'intransitivité et le déséquilibre.

Placer le pouvoir dans une dynamique relationnelle, c'est d'abord lui donner un caractère instrumental. La contrainte, exercée sur un acteur dans un contexte d'action organisée, vise l'obtention d'un résultat. Ainsi, le pouvoir n'est exercé que dans la perspective d'un but qui va guider les différentes stratégies adoptées par l'acteur.

« Nous subissons de fois de pressions énormes venant de la haute hiérarchie pour aller à l'encontre des normes légales afin de satisfaire des intérêts privés. », déclare un agent des services d'urbanisme.

La constatation qui s'en dégage est que la criminalité environnementale, bien que pouvant présenter des caractéristiques qui la rapprochent des crimes violents, fait appel à presque les mêmes techniques de neutralisation que la criminalité en col blanc. En d'autres termes, malgré la violence de la criminalité environnementale, il ne serait pas illogique de la considérer comme une criminalité économique. Ce parallèle entre la criminalité en col blanc et la criminalité environnementale avait déjà été établi par PIQUERO, (PIQUERO, 2008), pour qui l'inquiétude réelle du public et l'acceptation de la gravité de la criminalité en col blanc feront en sorte que la criminalité environnementale soit également perçue comme étant très sérieuse.

Cette instrumentalité, que les auteurs confèrent à la relation de pouvoir, ne doit toutefois pas conduire à une vision machiavélique à outrance ni à une surestimation de la capacité stratégique d'un acteur. C'est ici l'occasion de mettre un accent particulier sur l'importance du concept de rationalité limitée dans l'analyse stratégique.

Théorisé originellement par Herbert SIMON et James MARCH, ce concept postule le caractère séquentiel, donc imparfait, des décisions prises par l'acteur dans un contexte donné. La logique de la rationalité limitée est expliquée par les deux auteurs de la façon suivante : « On ne peut parler de rationalité que relativement à un cadre de référence ; et ce cadre de référence sera limité par les connaissances de l'homme rationnel. Par conséquent, le choix d'un acteur est toujours exercé au regard d'un schéma simplifié, limité, approximatif, de la situation réelle ; et les éléments de la définition ne sont pas des données [...] mais des produits de processus psychologiques et sociologiques, comprenant les activités propres de celui qui choisit et celles des autres de son milieu. »(MARCH, 1969)

Le pouvoir a une dimension intransitive. Pour ce faire, nous nous référons tout d'abord à Robert DAHL qui décrit le pouvoir comme étant la « capacité d'une personne A d'obtenir qu'une personne B fasse quelque chose qu'elle n'aurait pas fait sans l'intervention de A »(DAHL, 1957). Cette définition, tout en mettant l'accent sur le caractère relationnel du pouvoir, n'en est pas moins incomplète lorsqu'on l'analyse dans le sens où l'entend l'approche stratégique. On pourrait être amené à déduire qu'un acteur A serait capable d'obtenir d'un acteur C, ce que B est capable d'obtenir de ce dernier. Or, selon CROZIER et FRIEDBERG, cette transitivité s'avère relative, dans la mesure où le pouvoir est une négociation permanente, et dépend des enjeux et ressources de chacun des acteurs.

L'essence du pouvoir réside dans la réciprocité et le déséquilibre qui le caractérisent. Erhard FRIEDBERG considère le pouvoir comme étant « l'échange déséquilibré de possibilités d'action, c'est-à-dire de comportements entre un ensemble d'acteurs individuels et/ou collectifs »(FRIEDBERG, 1993). C'est une relation réciproque, à partir du moment où il y a action et rétroaction entre deux ou plusieurs acteurs.

Cela conduit les auteurs de L'Acteur et le système à reconsidérer la définition donnée par Robert DAHL. Ils la rectifient en affirmant qu'il est « un rapport de force, dont l'un peut retirer davantage que l'autre, mais où également, l'un n'est jamais totalement démuni face à l'autre ».

En voulant en savoir un peu plus sur le climat de travail dans le traitement des dossiers qu'ils qualifient eux - mêmes de sensibles, l'agent MUNAMA nous dit : « Le trafic d'influence est fréquent dans le traitement des dossiers concernant les constructions dans les espaces réservés ».

Le concept de zone d'incertitude est alors au coeur du déséquilibre. Celle-ci désigne les problèmes qui conditionnent le bon fonctionnement d'une organisation et qui confèrent du pouvoir à celui ou à ceux qui les contrôlent face à d'autres acteurs qui en ont besoin. Il s'agit, généralement, d'une information, de ressources matérielles ou financières, bref de toutes sortes d'éléments dont l'imprévisibilité constitue une menace pour l'un des acteurs.

Il existe un lien intrinsèque entre zone d'incertitude et pouvoir. De son importance dépend l'intensité du pouvoir dont dispose l'acteur qui en a la maîtrise. Ainsi, selon Michel CROZIER, « ce qui est incertitude du point de vue du système, devient source de pouvoir du point de vue de l'acteur ».

Selon l'A.S., on peut distinguer quatregrandes sources de pouvoircorrespondant aux différents types desource d'incertitude particulièrementpertinentes.Mais il faut bien saisir qu' « une sourced'incertitude n'existe et ne prend sasignification dans les processusorganisationnels qu'à travers soninvestissement par les acteurs qui s'ensaisissent pour la poursuite de leursstratégies. Or, l'existence « objective »ne nous dit rien sur la volonté ou plussimplement sur la capacité des acteursde véritablement saisir et utiliserl'opportunité qu'elle constitue. »(CROZIER, 1997)

1èresource: liée à la possession d'une compétence ou d'une spécialisation fonctionnelle difficilement remplaçable.

L'expert possède seul le savoirnécessaire pour surmonter desproblèmes cruciaux: il pourra alorsnégocier des avantages. Notons quecette expertise est bien sûr relative.Mais beaucoup d'acteurs ont unmonopole de fait parce que leurremplacement est trop coûteux pourl'organisation. Vu sous cet angle, cepeut être le cas de beaucoup depersonnes.

« ...lui on ne peut rien lui faire car il est le seul à maitriser les choses dans notre secteur », déclare un agent de cadastre.

Ce bout d'entretien nous montre que la possession d'une compétence quelconque difficilement remplaçable, confère une notoriété qui amène un acteur à avoir une grande marge de manoeuvre.

2ème source: liée aux incertitudes venant des relations entre l'organisation et son (ses) environnement(s).

Il faut prendre en compte ici lesenvironnements pertinents, sourcespotentielles de perturbations. Individuset groupes peuvent avoir, au sein del'organisation un pouvoir considérablepar leurs appartenances multiples, leurcapital de relations dans tel ou telsegment de d'environnement.C'est là le pouvoir dit du "MarginalSécant", c'est - à - dire d'un acteur qui estpartie prenante de plusieurs systèmesd'action en relation les uns avec lesautres.

« De fois on se retrouve dans des dossiers avec des gens, vue leur influence et connexion, on ne sait plus finalement de quel service ils sont... », Nous renseigne un agent du service de l'environnement.

3ème source:liée à la façon dontl'organisation organise lacommunication et les fluxd'information entre ses unités etses membres.

Pour bien faire sa tâche, un individuaura besoin d'informations détenues pard'autres que lui, et dont il dépend. Cettecommunication peut être interne ouexterne.

Un agent du service de l'environnement stipule : « Certains agents du cadastre lotissent, à notre insu, des espaces qui en réalité sont des espaces protégés, du fait qu'ils constituent soit des zones à risques soit des zones inondables »

Dans ce bout d'entretien, nous nous rendons compte que le manque de communication et le manque d'existence des canaux sérieux de communication procurent un certain pouvoir à certains acteurs pour disposer des espaces à leur guise.

4ème source: liée à la connaissance et à l'utilisation des règles organisationnelles.

Si les règles sont en principe destinéesà supprimer les sources d'incertitudes,elles ont, dans le concret, l'effet d'encréer de nouvelles. Ainsi la règle, vuecomme moyen de contrôle par lesupérieur peut aussi être utilisée commeune protection par le subalterne. Ouencore, le supérieur peut tolérer des nonrespects de la règle, en obtenant par cemoyen des choses, sous la menace d'unretour toujours possible à l'applicationorthodoxe de la règle contournée.Notons que cette capacité à user defaçon informée, des règles dufonctionnement de l'organisation peutconcerner les règles, tant explicitesqu'implicites.

Comme nous l'a fait savoir monsieur TUMBWE dans un entretien : « nous avons d'autres chefs compétents et qui connaissent le travail, mais qui, pour certains cas ferment les yeux pour les raisons que nous ignorons et qui, pour d'autres cas, sont incapables de réagir suite aux instructions qui viennent d'en haut. »

b. Enjeu économique

Cet enjeu concerne plus les objectifs à atteindre en matière d'argent.

La recherche des espaces dans certaines aires protégées n'est pas anodine, que ce soit par spoliation ou par octroi, l'enjeu économique est de taille dans ce sens que dans le cadre du business, ces espaces sont stratégiques pour placer des stations - services, des commerces et autres. En investissant sur ces espaces à court, moyen et long terme, on s'attend à un retour sur investissement conséquent. De ce fait, avoir une station - service dans sur un carrefour, n'a pas le même impact économique qu'avoir la même activité dans un coin moins fréquenté.

Ainsi, les demandeurs feront tout ce qui possible pour les acquérir et se faire beaucoup d'argent suite à l'activité qui y sera implantée.

Comme l'indique un agent du service de l'environnement : « les grosses légumes usent de tous les moyens possibles pour occuper les espaces réservés aux endroits stratégiques » et à monsieur LUKUNI de nous faire constater dans un entretien que : « ... juste avec le permis d'utilisation temporaire, elles s'approprient les lieux en y construisant autre chose »

c. Enjeu financier

Les enjeux financiers peuvent être évalués selon plusieurs axes : selon qu'on est tenancier des activités dans les espaces protégés et selon qu'on est agent des services de l'Etat. Pour les tenanciers des activités dans les espaces réservés, utilisant ces espaces pour raison de survie avec leurs petits commerces, ils sont obligés d'entretenir des bonnes relations avec les agents de services de l'Etat en leur donnant régulièrement de l'argent pour éviter qu'ils ne soient pas expulsés.

Pour certains agents de services de l'Etat, les petits commerces dans les espaces protégés constituent leurs sources de dépannage, du fait que les dossiers juteux ne passent jamais par leurs mains. Pour ce faire, ils ont intérêt d'entretenir des bonnes relations avec les tenanciers des petits commerces pour en tirer profit.

« C'est dans le cadre de survie, que nous occupons les servitudes de l'Etat avec des terrasses ou des kiosques, et lorsque les agents de l'Etat arrivent, nous payons les taxes normalement sans problèmes » nous explique clairement un occupant.

« ... d'autres personnes usent seulement de leurs bonnes relations avec les autorités pour directement avoir un espace moyennant une belle somme », concluait monsieur LUKINI dans un entretien.

d. Enjeu d'habitat

L'habitathumain est le mode d'occupation de l'espace par l'homme à des fins de logement. En urbanisme, il se décline en habitat individuel, habitat collectif ou habitat intermédiaire, mais aussi en habitat dense (groupé) ou pavillonnaire (isolé sur sa parcelle). Alors que le logement est un produit (maison, appartement...).

Un agent de l'urbanisme estime que : « la ville de Lubumbashi est saturée, et que l'Etat devrait prévoir une extension de celle - ci, mais entre-temps, tout espace libre en son sein devient la cible de plusieurs personnes. »

En se référant aux dires de messiers SALAMA et IMARA, pour l'un: « c'est le chef de quartier qui nous a encouragé d'occuper ce terrain car MAYI INA KIMBIYA BANTU et notre quartier par conséquent va grandir », et pour l'autre: « Pour éviter de passer nuit à la belle étoile, et dans le souci de ne pas trop s'éloigner de la ville, nous occupons tout espace vide et quand l'Etat viendra, on va s'arranger ».

e. Enjeu sécuritaire

Certains acteurs se sont retrouvés en insécurité par l'existence à coté de leurs parcelles des espaces protégés non entretenus. Sur certains ils ont retrouvé des corps sans vie, sur d'autres des foetus dans des sacs poubelles, et d'autres sont transformés en base arrière des criminels.

« En voyant ces trottoirs se transformer en toilettes publiques par les passagers et sources d'insécurité pendant la nuit, nous avons jugé bon de les annexer à nos parcelles », nous a renseigné monsieur KITUMAINI.

f. Enjeu de santé publique

Par l'absencedes décharges publiques, et la multiplication des déchets, les abords des avenues et boulevards, les places publiques, les espaces verts, les marchés, lesécoles, les homes des étudiants... sont envahis par des montagnes d'immondices, pour ce faire, les occupants des parcelles aux abords de certains espaces protégés convertis en dépotoirs d'immondices se retrouvent menacer sur le plan sanitaire.

«Ces espaces étaient délaissés et non entretenus, par conséquent, la nuit et de fois pendant la journée en notre absence, ils étaient transformé en dépotoir des immondices, pour palier à ce problème, nous avons jugé bon de rallonger nos parcelles jusqu'à quelques mètres de rails et le problème est résolu », s'exprime monsieur HODARI.

C. Données empiriques et stratégies des acteurs

L'Analyse Stratégique (A.S.) part d'une constatation de base: aucun individu n'accepte d'être traité totalement et uniquement comme l'objet du fonctionnement ou de l'accomplissement des buts d'une organisation. Les conduites des acteurs ne sont plus vues comme la simple résultante, prévisible, stéréotypée et donc reproductible, des déterminants structurels, financiers ou psychologiques. Leurs conduites sont inventées par les acteurs, dans un contexte, construites en vue de certains buts.

Au lieu de partir d'un agent passif répondant de manière stéréotypée (c'est-à-dire prévisible) aux choix du stimulus qu'on lui impose, l'A.S. postule l'existence d'agents libres, car les organisations, quoiqu'étant des "machines à rationaliser", ont des limites; et ayant leurs propres buts, parce que les acteurs ont donc la possibilité d'y développer leurs stratégies.

Dans une logique a priori, l'homme, dans une perspective synoptique, chercherait la meilleure solution à tout problème. Or, « l'être humain est incapable d'optimiser. Sa liberté et son information sont trop limitées pour qu'il parvienne. Dans un contexte de rationalité limitée, il décide de façon séquentielle et choisit pour chaque problème qu'il a à résoudre la première solution qui correspond pour lui à un seuil minimal de satisfaction. » (CROZIER, 1997)

Pour atteindre ces buts, les acteurs vont poursuivre leurs propres stratégies; ils vont utiliser les ressources dont ils disposent de la manière la plus judicieuse compte tenu des contraintes du moment, telles qu'ils les perçoivent, depuis leur position. Leur conduite n'est donc pas entièrement prévisible puisque changeante. L'acteur ajuste constamment sa conduite aux données nouvelles auxquelles il se trouve confronté, dans sa recherche de son intérêt.

Ainsi, L'acteur n'a que rarement des objectifs clairs et encore moins des projets cohérents; (ex: des conséquences imprévues de son action l'amenant à reconsidérer sa position) ; son comportement est actif. Même s'il est toujours contraint et limité, il n'est jamais totalement limité; ce comportement a toujours un sens. Cette rationalité est liée, non à des objectifs clairs et explicites, mais s'organise par rapport à des opportunités (contexte) et par rapport aux comportements des autres acteurs; ce comportement présente un double aspect: un aspect offensif, (la saisie d'opportunités en vue d'améliorer sa situation) et un aspect défensif (le maintien et l'élargissement de sa marge de liberté). Il n'y a donc plus de comportement irrationnel: c'est là l'utilité du concept de stratégie. « Derrière les humeurs et les réactions affectives il est en effet possible à l'analyste de découvrir des régularités, qui n'ont de sens que par rapport à une stratégie. Celle-ci n'est donc rien d'autre que le fondement inféré ex post des régularités de comportements observés empiriquement. Il s'en suit qu'une telle « stratégie » n'est nullement synonyme de volonté, pas plus qu'elle n'est nécessairement consciente ». (CROZIER, 1997)

À partir de la description du processus de décision, CROZIER et FRIEDBERG affirment qu'il est tout aussi impossible pour un acteur, dans une action organisée, de mener une stratégie parfaite en disposant de toutes les informations nécessaires. La décision de l'acteur individuel ou collectif ne peut, dans ce contexte, correspondre qu'à un « seuil minimal de satisfaction ».

Considérant l'organisation comme un moyen, elle est ainsi pensée en termes de production et de performance. De ce fait, les acteurs qui la composent doivent être organisés, agencés et coordonnés pour un meilleur rendement. La finalité des premières recherches témoigne d'ailleurs de cette vision « instrumentale » de l'organisation qui deviendrait ainsi une « simple courroie de transmission ». En conséquence, le facteur humain devra être organisé et rationalisé en vue de garantir la meilleure performance pour l'organisation (usine, entreprise, service, etc.). Or, pour FRIEDBERG, « l'action humaine, sur tous les plans, n'est rationnelle que de façon limitée, les organisations pas plus que les individus ne peuvent prétendre à une rationalité absolue ». Cette incertitude qui pèse sur toute tentative de rationalisation de l'action humaine milite effectivement en faveur d'une vision plus flexible de l'organisation.

Dans le contexte qui est le nôtre, les acteurs mettent en place plusieurs stratégies pour arriver à la spoliation ou l'octroi d'un espace dans une aire protégée.

A la question de savoir comment il est arrivé à avoir un terrain dans une zone à risque, monsieur SALAMA répond : « c'est le chef de quartier qui nous a encouragé d'occuper ce terrain car MAYI INA KIMBIYA BANTU et notre quartier par conséquent va grandir », et à monsieur IMARA d'ajouter : « Pour éviter de passer nuit à la belle étoile, et dans le soucis de ne pas trop s'éloigner de la ville, nous occupons tout espace vide et quand l'Etat viendra, on va s'arranger ».

A ce propos, un agent de l'urbanisme estime que : « la ville de Lubumbashi est saturée, et que l'Etat devrait prévoir une extension de celle - ci, mais entre-temps, tout espace libre en son sein devient la cible de plusieurs personnes. »

Au regard de ces entretiens, nous comprenons que la spoliation de certains espaces protégés a lieu de fois avec le concours de l'autorité locale pour palier au problème de logement suite à la démographie de plus en plus croissante et faciliter l'extension de son entité, et aussi pour favoriser une paix sociale en évitant que les familles entières manquent de logement au moment où à coté il y a un lopin de terre non occupé.

A la question de savoir comment les servitudes le long des rails ont disparu ainsi certains trottoirs de dégagement ou ruelles sanitaires dans certains quartiers, monsieur HODARI nous dira : «Ces espaces étaient délaissés et non entretenus, par conséquent, la nuit et de fois pendant la journée en notre absence, ils étaient transformé en dépotoir des immondices, pour palier à ce problème, nous avons jugé bon de rallonger nos parcelles jusqu'à quelques mètres de rails et le problème est résolu », et à monsieur KITUMAINI d'ajouter : « en voyant ces trottoirs se transformer en toilettes publiques par les passagers et sources d'insécurité pendant la nuit, nous avons jugé bon de les annexer à nos parcelles ».

Avec ces entretiens, nous avons compris que certains espaces sont spoliés non pas dans le seul but de les occuper pour les habitations, mais plutôt pour pallier aux problèmes liés à l'insalubrité et l'insécurité.

A la question de savoir comment certaines stations-services, certaines bâtiments et certaines institutions d'enseignements se retrouvent sur des espaces réservés, monsieur LUKINI nous renseigne : « Pour certaines personnes, elles commencent par solliciter un permis d'utilisation temporaire d'un espace avec un projet d'utilité publique comme un parc d'attraction, la construction des latrines publiques ou autres et au bout d'un certain temps, avec la complicité des certaines autorités, elles se font octroyer ce lieu », à monsieur LUKUNI de continuer : « pour d'autres, juste avec le permis d'utilisation temporaire, elles s'approprient les lieux en y construisant autre chose », et à monsieur LUKINI de conclure : « enfin, d'autres personnes usent seulement de leurs bonnes relations avec les autorités pour directement avoir un espace moyennant une belle somme ».

Dans cet entretien il apparait clairement certains acteurs profitent de la négligence de l'Etat pour spolier des espaces, et d'autres arrivent à les acquérir par le phénomène du clientélisme et du népotisme, comme l'a souligné un plus tard monsieur LUKUNI : « A mon niveau, je pense que nous avons un sérieux problème de gouvernance, du fait qu'il n'existe pas jusque-là ni le plan national d'aménagement, ni le plan régional d'aménagement, ni le plan urbain d'aménagement, cela donne une certaine liberté à certaines personnes d'user des espaces protégés comme elles l'entendent pour leurs propres intérêts »

« C'est dans le cadre de survie, que nous occupons les servitudes de l'Etat avec des terrasses ou des kiosques, et lorsque les agents de l'Etat arrivent, nous payons les taxes normalement sans problèmes »

A la préoccupation de savoir comment se gèrent les contentieux sur l'occupation des espaces réservés, monsieur BAYA nous explique : « Les gros dossiers comme des stations de carburants construits dans les espaces réservés sont gérés par les chefs, pour ce faire, nous gérons de notre manière les dossiers moins juteux en coopérant de fois avec leur propriétaires. »

Et en voulant en savoir plus sur la coopération évoquée ci - haut, monsieur BAYA a été moins bavard mais entre les lignes, nous avons compris qu'il s'agissait des transactions financières pour gérer à l'amiable certains contentieux.

Pour ce qui est de l'occupation des aires de jeux, des cimetières, ..., monsieur KIPUSHI, agent au service d'urbanisme fustige : « certains agents des services fonciers modifient les plans de lotissement sans informer les autres services pour vendre des espaces qui, au préalable ne devaient pas l'être »., et à lui de renchérir : « mis à part l'entêtement des certaines personnes pour occuper des endroits non avenus, il y a aussi certains agents qui font circuler des informations sur des fausses désaffectations de certains endroits pour les vendre aux gens »

Et à monsieur KITUMAINI, un des occupants de dire : « Personnellement, je ne sais pas ce que veut dire espace réservé car ce sont les agents de l'Etat qui nous ont vendu en bonne et due forme les terrains que nous occupons »

Sur cet entretien, nous comprenons qu'il y a un sérieux problème de coordination des actions entres les différents services concernés et celaconduit à la modification des plans et la désaffectation « virtuelle » de certains espaces par certains agents.

Et à monsieur KIPUSHI de conclure : « nous constatons aussi le laxisme de la population qui n'est pas suffisamment bien informée sur le l'importance et le bien fondé des aires protégées en milieu urbain, car pour moi c'est elle qui devrait être la première défenderesse de ces espaces »

Nous venons de voir les différentes stratégies de différents acteurs, ainsi, qui prennent sens au regard des différents enjeux présentésci - haut.

De cette présentation des enjeux ainsi que des stratégies des acteurs autourde l'occupation des espaces dans les aires protégées sur la ville de Lubumbashi, nous estimons fondamental de donner l'aperçu des pratiques essentielles des acteurs impliqués dans cette occupation.

Lesdits enjeux impliquent en pratique les stratégies suivantes :

- Trafic d'influence

- Clientélisme

- Népotisme

- Coopération

- Spoliation

- Incitation à la modification ou à la désaffectation virtuelles des espaces

a. Trafic d'influence

Le trafic d'influence désigne le fait pour une personne de recevoir - ou de solliciter - des dons dans le but d'abuser de son influence, réelle ou supposée, sur un tiers afin qu'il prenne une décision favorable. Il implique trois acteurs : le bénéficiaire (celui qui fournit des avantages ou des dons), l'intermédiaire (celui qui utilise le crédit qu'il possède du fait de sa position) et la personne cible qui détient le pouvoir de décision (autorité ou administration publique, magistrat, expert, etc.).

Le trafic d'influence est le fait, par quiconque, de solliciter ou d'agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d'une autorité ou d'une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable.

Trafic d'influence actif

Fait par quiconque de proposer sans droit, à tout moment directement ou indirectement des offres, des promesses, des dons, des présents, des avantages quelconques à une personne dépositaire de l'autorité publique, chargée d'une mission de service public ou investie d'un mandat électif public pour elle-même ou pour autrui pour qu'elle abuse ou parce qu'elle a abusé, de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir.

Trafic d'influence passif

Fait pour une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public ou investie d'un mandat électif public de solliciter ou d'agréer, sans droit, à tout moment, directement ou indirectement des offres, promesses des dons présents ou avantages pour elle-même ou autrui, pour abuser ou avoir abusé de son le fait par quiconque de proposer sans droit, à tout moment directement ou indirectement des offres, des promesses, des dons, des présents, des avantages quelconques à une personne dépositaire de l'autorité publique, chargée d'une mission de service public ou investie d'un mandat électif public pour elle-même ou pour autrui

Comme l'écrivait KANT dans ses Fondements de la métaphysique des moeurs, « en réalité nous ne pouvons jamais, même par l'examen le plus rigoureux, pénétrer entièrement jusqu'aux mobiles secrets ; or, quand il s'agit de valeur morale, l'essentiel n'est point dans les actions, que l'on voit, mais dans ces principes intérieurs des actions, que l'on ne voit pas. » (Traduction de Victor Delbos).(DELBOS, 1993).

MUNAMA nous dit : « Le trafic d'influence est fréquent dans le traitement des dossiers concernant les constructions dans les espaces réservés ».

b. Clientélisme

Grands secteurs d'activités Economiques et sociaux où il y a des processus non transparents, où il y a des processus de réseaux, d'allégeance.

Rappelons, rapidement, trois traits généraux du clientélisme :

a) une relation entre deux personnes ou une personne et une institution;

b) une relation qui lie deux partenaires de statut inégal ;

c) unerelation de clientèle qui consiste en un échange de prestations et deservices.

Par conséquent, un des plus importants facteurs conduisantau clientélisme est l'existence d'espoirs et d'expectatives chez lesclients.

La question peut se poser ainsi : Que désire le client ? Bien queJean-François Médard affirme que « les ressources échangées peuventêtre de nature extrêmement diverses : économiques, politiques,religieuses, psychologiques, militaires, judiciaires, administratives,éducatives... tous les aspects de la vie sont concernés» et donc qu'ilest «difficile de faire une typologie à partir des ressources».

Dans la stratégie clientéliste chacun, patron comme client,cherche dans l'échange à valoriser, et à monnayer ses ressources aumaximum» ne correspond pas toujours à la réalité vécue par lespopulations exclues. Nous adoptons l'hypothèse selon laquellel'utilisation des ressources, de la part du client dans une relationclientéliste, est en corrélation avec sa capacité sociale de mobiliser sespropres forces pour servir ses intérêts. Le degré de subordination duclient au patron, dépend, d'une part, de l'importance des servicesprocurés ou de la monopolisation de ces services par le patron et,d'autre part, de la capacité du client à mobiliser ses forces pourimposer au patron ses exigences qui ne sont, pour lui, autres que desbiens d'ordre vital.

Sur base de relations d'intérêt entre certains responsables politico - administratifs et les individus ou des entreprises, et certains échanges de faveurs, plusieurs espaces réservés se sont retrouvés entre les mains des particuliers et de certaines entreprises, de manière préférentielle et pas nécessaire légale.

Comme nous l'a renseigné monsieur LUKINI : « Pour certaines personnes, elles commencent par solliciter un permis d'utilisation temporaire d'un espace avec un projet d'utilité publique comme un parc d'attraction, la construction des latrines publiques ou autres et au bout d'un certain temps, avec la complicité des certaines autorités, elles se font octroyer ce lieu », et : « pour d'autres, juste avec le permis d'utilisation temporaire, elles s'approprient les lieux en y construisant autre chose », et: « enfin, d'autres personnes usent seulement de leurs bonnes relations avec les autorités pour directement avoir un espace moyennant une belle somme », nous voyons comment le clientélisme fait rage dans ce milieu.

c. Le népotisme

C'est favoritisme démontré à l'égard de parents proches en ce qui a trait à l'embauche ou aux privilèges accordés.Le népotisme est l'attitude de quelqu'un (dirigeant) qui use des privilèges liés à sa fonctionpour favoriser ses proches. Cette pratique devenue une spécialité nationale, est beaucoupconstatée dans les institutions et organisations publiques.Outre le favoritisme éhonté de ces situations, on peut également déplorer qu'elles donnent unetriste image des classes dirigeantes, et créé un sentiment de défiance. Le népotisme réduit l'efficacité de la société et affecte défavorablement sa performance

Le concept de népotisme recouvre ainsi la tendance que lefondateur fait preuve d'une grande tolérance envers des membres de la famille qui sont plusou moins compétents (DYER, 1988) ; qui se manifeste par la perceptiond'injustice (COVIN, 1994).

Le népotisme et les considérations tribales violent les principes élémentaires d'entreprisecitoyenne (équilibre régional, compétence, mérite), de la solidarité nationale et tuent enconséquence le sentiment patriotique

Les interactionsmatérialisent donc le degré du népotisme qui peut être apparent ou latent selon les positionsdes acteurs en présence du paradoxe des enjeux. Le népotisme influence la mise en place d'un système efficace de contrôle.

Comme nous l'a clairement expliqué monsieur TUMBWE : « nous avons d'autres chefs compétents et qui connaissent le travail, mais qui, pour certains cas ferment les yeux pour les raisons que nous ignorons et qui, pour d'autres cas, sont incapables de réagir suite aux instructions qui viennent d'en haut. » et  : « l'un de nos responsable avait voulu suivre le dossier de la maison en étage qu'on construit au niveau de l'espace protégé situé entre l'arrêt de bus KASAPA et l'avenue Lumumba, cela a failli lui couter son boulot du fait le propriétaire faisait partie de la famille présidentielle ».

Ainsi, appartenir à une certaine famille, confère une forme d'immunité qui fait en sorte qu'on ne peut pas être inquiété même quand on acquiert illégalement des espaces dans les aires protégées.

d. la coopération

En soit par coopération on sous-entend une pratique qui consiste de la part d'un tenancier des activités dans des espaces réservés, de donner régulièrement de l'argent à certains agents pour pérenniser leurs activités.

Monsieur BAYA nous a expliqué ceci : « Les gros dossiers comme des stations de carburants construits dans les espaces réservés sont gérés par les chefs, pour ce faire, nous gérons de notre manière les dossiers moins juteux en collaborant de fois avec leur propriétaires. » et monsieur LUKINI avait déjà avancé ceci : « enfin, d'autres personnes usent seulement de leurs bonnes relations avec les autorités pour directement avoir un espace moyennant une belle somme ».

e. La spoliation

La spoliation est l'action de dépouiller autrui de sa propriété par la violence ou par la ruse. Pour ce qui est des espaces protégés, nous assistons à leur spoliation par des individus ou des entreprises.

« C'est dans le cadre de survie, que nous occupons les servitudes de l'Etat avec des terrasses ou des kiosques, et lorsque les agents de l'Etat arrivent, nous payons les taxes normalement sans problèmes »

« En voyant ces trottoirs se transformer en toilettes publiques par les passagers et sources d'insécurité pendant la nuit, nous avons jugé bon de les annexer à nos parcelles », nous a renseigné monsieur KITUMAINI.

«Ces espaces étaient délaissés et non entretenus, par conséquent, la nuit et de fois pendant la journée en notre absence, ils étaient transformé en dépotoir des immondices, pour palier à ce problème, nous avons jugé bon de rallonger nos parcelles jusqu'à quelques mètres de rails et le problème est résolu », s'exprime monsieur HODARI.

MATRICE ENJEU/STRATEGIES

Dans le cadre de notre travail, nous avons constaté une forte interpénétration entre enjeu et stratégies des acteurs, de ce fait nous proposons cette matrice pour dégager tant soi peu les liens entre les enjeux et les stratégies des acteurs qui incarnent les pratiques.

 
 

STRATEGIES

 
 

Trafic d'influence

Clientélisme

Népotisme

Coopération

Spoliation

Incitation à la modification ou à la désaffectation virtuelles des espaces

ENJEUX

POUVOIR ET RELATIONNEL

*

*

*

 
 

*

ECONOMIQUE

*

 
 
 

*

*

FINANCIER

*

 
 

*

*

*

HABITAT

*

 
 
 

*

*

SECURITE

 
 
 
 

*

 

SANTE PUBLIQUE

 
 
 
 

*

 

CONCLUSION GENERALE

Au dénouement de notre mémoire dont l'objet a consisté à éluciderles enjeux autour del'occupation des espaces dans les aires protégées sur la ville de Lubumbashi, voici les étapes principales de notre démarche et les résultats auxquels nous sommes arrivés.

Le premier chapitre de notre travail a consisté à présenter le cadre théorique de notre recherche. Et nous l'avons structuré en quatre sections.

La première section de ce chapitre s'est penchée sur construction de l'objet de recherche et cela nous a permis à la section suivante de déterminer la question de départ, tout en tenant compte de ce qui était déjà connu et de ce qui ne l'était pas au sujet de la spoliation et de l'octroi des terrains dans les espaces protégés.

La troisième section a passé en revue l'état de la question, dans laquelle nous avons scruté les littératures en rapport avec notre thème de recherche en général et notre sujet en particulier. Nous avons examiné les écrits pertinents de nos prédécesseurs sur la question des aires protégés.

La quatrième section du premier chapitre s'est penché sur la problématique et a présenté une grille de lecture au travers de laquelle nous avons tenté d'apporter des réponses aux questions soulevées par notre recherche. La dite grille est celle de l'analyse stratégique qui nous a permis de donner des réponses sur les pratiques et les enjeux autour de la spoliation et l'octroi des espaces dans les aires protégées.

Le deuxième chapitre s'est penché sur le cadre méthodologique de la recherche. Dans ce chapitre, nous avons fait part des outils méthodologiques qui nous ont permis de récolter et d'analyser les données du terrain. Pour ce faire, nous avons subdivisé ce chapitre en sept sections à savoir :

1. champs de nos investigations et échantillonnage

2. Considérations éthiques et difficultés rencontrées

3. La posture du chercheur ;

4. Tracée des recherches

5. Technique de recueil des données,

6. Technique d'analyse des données

Le troisième chapitre a porté sur la gestion des aires protégées urbaines de Lubumbashi et l'occupation de celles - ci par les tiers, il s'est articulé sur trois sections à savoir :

- Section 1 : types de gestion des aires protégées urbaines : dans lequel nous avons monté les types de gestions des aires protégées qui existent,

- Section 2 : règles formelles de gestion des aires protégées urbaines à Lubumbashi : dans lequel nous avons présenté les textes légaux relatifs à la désignation des espaces réservés en RDC ; les conditions d'occupation légale et les sanctions prévues en cas de non-respect de la loi.

- Section 3 : Enjeux autour de l'occupation des aires protégées par les tiers : dans cette section nous avons présenté la compréhension de système d'action et de la zone d'incertitude dans le contexte qui est le nôtre ; nous avons, après analyse, dégagé et explicité les enjeux autour de l'occupation des aires protégées, qui sont :

§ L'enjeu de pouvoir et relationnel

§ L'enjeu économique

§ L'enjeu financier

§ L'enjeu habitat

§ L'enjeu de sécurité

§ L'enjeude sante publique ;

Et enfin, au travers des Données empiriques, nous en avons énumérées six et stratégies des acteursà savoir :

§ Trafic d'influence

§ Clientélisme

§ Népotisme

§ Coopération

§ Spoliation

§ Incitation à la falsification ou à la désaffectation virtuelle des espaces

Bien que certaines règlementations existent quant à la gestion des aires protégées, elles ne sont pas malheureusement suivies comme ça devrait l'être, et pour certains enjeux, ces espaces se retrouvent utilisés pour de fins qui ne sont pas nécessairement celles pour lesquelles ils ont été créés. Ce présent travail nous a finalement permis de connaitre la gestion des aires protégées de Lubumbashi avec ses multiples facettes à partir de la réalité empirique et non des textes légaux.

Nous n'avons pas la prétention d'avoir tout épuisé sur la question de l'occupation des espaces dans les aires protégées urbaines de la ville de Lubumbashi, cependant, notre recherche constitue une ouverture à tout chercheur désireux de se lancer dans le même domaine.

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