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Impact géopolitique de l'accord cadre d'Aaddis-Abeba sur la stabilité de la RDC. Analyses et perspectives.


par Faustin UPONJURU MASTOLO
Université de Kinshasa - Licence en sciences politiques et administratives 2018
  

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SECTION 2 : LES CAUSES IMMEDIATES

Vers fin 1996, les choses s'éclaircissaient autour de ce nouveau mouvement rebelle, il s'appelle AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre), soutenu par le Rwanda, l'Ouganda, l'Angola.... L'AFDL avait à sa tête d'abord KISASU NGANDU, celui-ci sera tué lors des combats avec l'armée Zaïroise au Nord Kivu. Et c'est ainsi que L.D. KABILA, porte-parole du mouvement, ancien maquisard des années 60, prendra la tête du mouvement rebelle en pleine épopée. Seulement 7 mois de marche à pied ont suffi pour avoir raison du Maréchal qui destitua KENGO, fera un appel de pied d'Etienne TSHISEKEDI puis il décrétera l'Etat d'urgence pour nommer un Général à la tête du Gouvernement, le Général LIKULIA, et l'Etat-major confié au redoutable Général MAHELE. Mais tout ça n'empêchera pas l'AFDL d'entrer à Kinshasa le 17 mai 1997 après que le Maréchal l'est quitté en catastrophe le 16 mai 1997. Dans l'entre-temps le Général MAHELE sera assassiné dans la nuit du 16 au 17 mai 1997 accusé de trahison67.

L'AFDL qui n'a pas vraiment connu d'obstacle lors de son évolution à part à Kenge, dernier verrou pratiquement avant Kinshasa, où il eut de très violents combats entre les deux forces. Alors que l'armée gouvernementale avait l'appui de l'UNITA de Jonas SAVIMBI (rebelle angolais soutenu durant des années par les américains à travers MOBUTU lors de la guerre froide contre le pouvoir de Luanda soutenu par les russes). Les Interahamwe et les ex-forces armées rwandaise étaient pourchassés par les amis de KABILA et désespéraient.

L.D. KABILA s'autoproclame Président de la République et prête serment. En 1998, vers juillet, il remercie ses anciens alliés qui devenaient très gênants et menaçants. Mais ceux-ci ne vont pas l'admettre et le 02 août 1998 ils tenteront, avec l'appui des Tutsi congolais présents à Kinshasa, de renverser L.D. KABILA. C'est le début de la 2è guerre de la R.D. Congo, et la plus grande guerre de Grands Lacs avec la participation, aux côtés du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda avec un soutien diplomatique de l'Afrique du Sud. La R.D. Congo sera appuyée par l'Angola, le Zimbabwe, la

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Namibie et le Tchad (qui se retirera quelque temps après). Une guerre totale qui se déroulera voire même à Kinshasa du 26 au 29 août 1998 où la population se mêlera aux affrontements pour sauver la ville contre les incursions des agresseurs. En 1999, après d'intenses négociations, on signera les accords dits de LUSAKA mais les combats, malgré les appels au cessez le feu, ne s'arrêtèrent pas. Vers 2000, L.D. KABILA lança l'idée d'un débat national car en effet, des mouvements rebelles émergeaient de la confusion qui régnait en R.D.Congo. C'est le cas par exemple du Rassemblement des Congolais pour la Démocratie (R.C.D) pro-Rwandais et du Mouvement de la Libération du Congo (M.L.C) pro-Ougandais.

Le 16 janvier 2001, L.D. KABILA est assassiné à Kinshasa dans son bureau, dans un contexte de conflit sans issus où les positions se radicalisaient et le Congo subissait un isolement diplomatique internationale68.

Joseph KABILA, chef d'Etat-major force terrestre et fils du Président défunt, prend le pouvoir, tente de séduire la communauté internationale en présentant le Congo comme étant fréquentable de nouveau, et obtient gain de cause. L'ONU déjà présente à travers la MONUC renforcera sa mission et s'investira pour réunifier le Congo subdivisé en 5 parties essentiellement à savoir la partie gouvernementale (Kinshasa, Bandundu, Bas Congo, une partie du Kasaï Oriental dont Mbuji Mayi, Kasaï Occidental, une partie du Katanga dont Lubumbashi, une partie de l'Equateur dont Mbandaka), la partie contrôlée par le RCD/Goma (Nord Kivu, Sud Kivu, Maniema, une partie du Katanga dont Kalemie, une partie de Kasaï Oriental dont Lodja et une partie de la province Orientale dont Isiro à Ituri), la partie contrôlée par le MLC (le Nord-Ouest et l'Ouest de la province Orientale et le Nord de l'Equateur), le RCD-KML (Kisangani et le centre de la province Orientale) et le RCD-N (le Nord du Nord-Kivu dont Beni et Butembo et le Sud-Est de la province Orientale).

En 2001, on relançant l'idée d'un dialogue entre congolais. Celui-ci aura lieu effectivement en 2002, à Sun City en Afrique du Sud à l'issue duquel sera signé le 18 décembre 2002 l'accord dit de Sun City consacra une

68 BRAECKMAN, C, Op. cit. pp. 179-246.

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transition (bis) de 3 ans au maximum à l'issue de laquelle seront organisées des élections générales. Un Gouvernement de partage avec un Président et 4 Vice-Présidents qui entra en fonction le 30 juin 2003.

Le 1+4 installé avec Joseph KABILA comme Président de la République, J.P. BEMBA, A. RUBERWA, A. ZAHIDI NGOMA et A. YERODIA NDOMBASI comme vice-Présidents mais l'Est restera quand même le ventre mou du pays avec les Interahamwe, des NKUNDA et MUTEBUSI, l'Ituri, etc.

En octobre 2005, le processus électoral sera enclenché avec l'enrôlement des électeurs; le 18 décembre 2005 il y aura referendum et la constitution de la 3e République sera adoptée par la majorité des électeurs congolais (84%)69 et sera promulguée le 18 février 2006 par le chef de l'Etat, Président de la République.

Le 30 juin 2006, le président de la commission électorale indépendante (CEI) Mr l'Abbé Apollinaire MALU MALU lancera le début de la campagne électorale 1er tour qui devrait durer un mois. Ces élections compilées présidentielles-législatives nationales regroupèrent 33 candidats présidents de la république dont 3 femmes et près de 10 000 candidats députés nationaux.

A l'issue du premier tour, 2 candidats seront retenus : Joseph KABILA sortant, avec 44% et Jean-Pierre BEMBA, l'un de ses vice-présidents, avec 20%70. Le second tour entre les deux hommes interviendra au mois d'octobre 2006 et donnera raison à Joseph KABILA élu avec 58% alors que son challenger J.P. BEMBA s'en sortira avec près de 42%. Et le second tour des élections sera compilé avec les législatives provinciales. Il connaîtra aussi des ralliements importants tels que ceux de GIZENGA et ZANGA MOBUTU en faveur de Joseph KABILA. Et, Léon KENGO et Oscar KASHALA en faveur de Jean Pierre BEMBA. Il y aura aussi création de 2 grands mouvements politiques à savoir l'AMP (Alliance pour la Majorité Présidentielle) pro-KABILA et l'UN (Union pour la Nation) pro-J.P. BEMBA.

Notons qu'Etienne TSHISEKEDI qui n'avait pas participé à la gestion de la transition de Sun City (1+4), avait également boycotté le

69 Résultats proclamés par la CEI et confirmés par la Cour Suprême de Justice en 2005-2006.

70 Idem.

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processus électoral, lui et son parti l'UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social).

En 2007, les élections de gouverneurs et de sénateurs furent remportées par la coalition présidentielle AMP.

En 2011, les élections présidentielles et législatives ont été remportées par le camp du président J. KABILA (MP) mais contestées et rejetées par le camp de son principal challenger Etienne TSHISEKEDI (UDPS). Ce dernier s'est autoproclamé Président élu et s'est même auto investi.

En 2013, les concertations nationales ont été organisées par le pouvoir pour endiguer la crise post-électorale de 2011 après à la signature de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba.

En 2015, trois jours de manifestations populaires dans le pays contre la loi électorale qui voulait prolonger le second et dernier mandat de J. KABILA ont contraint le parlement à renoncer à son adoption.

En 2016, deux dialogues politiques ont été organisées et deux accords politiques signés pour une cogestion de la transition vers les élections, car elles n'ont pas été tenues dans le délai constitutionnel. L'un à la cité/UA avec la facilitation d'Eden KODJO et l'autre avec la facilitation de la CENCO.

En 2017, la crise politique a persisté malgré l'accord signé le 31/12/2016 car il n'était pas appliqué dans son esprit et dans sa lettre. Bruno TSHIBALA NZENZHE un dissident de l'UDPS a été nommé Premier Ministre par le Président Joseph KABILA en lieu et place de Félix TSHISEKEDI TSHILOMBO qui était candidat de l'UDPS et du RASSOP, principale coalition de l'opposition de l'époque pour ce poste.

En 2018, il y a eu l'organisation des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales avec 21 candidats en lice pour la présidentielle dont 3 principaux Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO (UDPS/ TSHISEKEDI), Martin FAYULU MADIDI (DO) et Emmanuel RAMAZANI SHADARY (Indépendant). Et trois principales coalitions étaient en lice pour

les législatives (FCC, LAMUKA et CACH). Félix TSHISEKEDI élu
démocratiquement avec 38,5 % des voix contre 34,8% des voix pour Martin

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FAYULU et 23% pour Emmanuel RAMAZANI. Le FCC de Joseph KABILA remporte les législatives devant LAMUKA de Martin FAYULU et CACH de Félix TSHISEKEDI.

En 2019, le 24 janvier, il y a eu passation pacifique et civilisée du pouvoir entre le Président sortant Joseph KABILA KABANGE et le Président élu Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. C'est la première alternance démocratique au sommet de l'Etat depuis 1960. Le FCC a par la suite remporté largement les élections indirectes (sénatoriales et des Gouverneurs et Vice-Gouverneurs) devant le CACH et LAMUKA. Et le candidat soutenu par LAMUKA Martin FAYULU conteste toujours les résultats de ces élections malgré le changement de positions de certains de ses alliés notamment Moïse KATUMBI CHAPWE et Antipas MBUSA NYAMWISI.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo