WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etude de la croissance, de la composition biochimique et de la faune associée de l’algue rouge Gracilaria gracilis (Hudson) Papenfuss de la lagune de Bizerte.


par Zouhour MISHLI
Université de Carthage - Master 1 en Biosurveillance de l’environnement 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.1.1. La lumière

L'environnement lumineux sous-marin est très variable et dynamique car la lumière, qui passe à travers l'eau, est absorbée et dispersée par les molécules et les particules d'eau. Les algues, comme les plantes terrestres, utilisent la photosynthèse rayonnement actif ou photosynthetic active radiation (PAR), qui est la portion de lumière disponible pour la photosynthèse. Leur développement dépend essentiellement de la lumière disponible pour la photosynthèse, de sa quantité en termes d'intensité et de sa qualité en termes de spectre. Cette lumière est soumise à des changements momentanés, diurnes et saisonniers (Talarico et Maranzana, 2000). L'intensité lumineuse reçue à la surface de l'eau dépend de la profondeur de la colonne d'eau et des phénomènes d'absorption et de diffusion. Ces phénomènes sont liés à la présence de phytoplanctons, de la matière organique dissoute, des particules en suspensions et de l'eau en elle-même (Loiselle et al., 2008). En effet, la variation de l'un de ces composants a une incidence sur la pénétration de la lumière dans la colonne d'eau.

Les Gracilaires nécessitent généralement une intensité lumineuse élevée pour une croissance normale. Par exemple, l'intensité lumineuse optimale pour Gracilaria lemaneiformis est de 40 à 60 umol.m- 2.s- 1 (Lei, 2007 ; Zhao, 2007). Cependant, lorsque les algues sont cultivées dans la mer, soit suspendues horizontalement à différentes profondeurs dans la plupart des cas, soit parfois verticalement dans la colonne d'eau, elles sont soumises à une grande fluctuation de la disponibilité de l'éclairement énergétique due principalement aux profondeurs de l'eau, au jour et à l'auto-ombrage.

12

Selon Talarico et Maranzana (2000), les rhodophycées développent généralement des mécanismes d'adaptation à la quantité et à la qualité de la lumière en développant des stratégies et des mécanismes d'adaptation à échelle individuelle impliquant des changements dans l'anatomie du thalle et des parois cellulaires ainsi que dans la structure chloroplastique et thylacoïdale, cellulaires (adaptation à court terme) et moléculaire (adaptation à long terme) à travers une modification dans la pigmentation et dans la composition de la membrane photosynthétique. Certaines espèces de rhodophycées semblent capables d'adapter leurs caractéristiques photosynthétiques à des conditions supérieures ou inférieures aux gammes optimales d'irradiance. Elles s'adaptent à ces fluctuations environnementales avec un potentiel d'acclimatation photosynthétique plus élevé, ce qui leur permet de transformer leurs caractéristiques photosynthétiques de concert avec les modifications des niveaux de lumière dans leur habitat naturel. Xu et Gao (2008) ont étudié la réponse de G. lemaneiformis à la réduction du rayonnement solaire à des profondeurs accrues. Ils ont constaté que cette algue est capable d'augmenter le contenu cellulaire des pigments photosynthétiques et de diminuer ainsi la teneur en composés en absorbant les ultraviolets (UVAC) pour atténuer le faible rayonnement solaire. Cette stratégie peut permettre à l'algue de capter plus de lumière pour la photosynthèse et de réduire le coût métabolique de la production des produits secondaires et des UVAC (Xu et Gao, 2008).

La lumière est l'un des facteurs environnementaux les plus importants influant sur la croissance et le développement des gracilaires. Nejrup et al. (2013) ont montré que le taux de croissance de Gracilaria vermiculophylla augmente significativement avec la lumière. Selon les mêmes auteurs, le taux de croissance le plus élevé (0,045 #177; 0,001 % jour - 1, moyenne #177; DS) était observé pour la combinaison de 20 °C et de 225 ìmol de photons jour-1.s-1. Cependant, G. vermiculophylla est capable de pousser avec de très faible luminosité (<1 ìmol de photons m- 2. s- 1) et à haute température allant jusqu'à au moins 25 °C. À une température de 30 °C, une respiration élevée dépasse la photosynthèse (Mensi et al., 2014).

L'intensité lumineuse reçue à la surface de l'eau diminue proportionnellement avec la profondeur selon la loi de Beer-Lambert (Iz = I0· e- Kd · Z) (Mensi et al., 2014). Buschmann et al. (1995) montrent que les gracilaires sont capables de se développer dans des profondeurs atteignant les 8 à 10 m, sauf qu'au-delà de 4-5 m, la croissance et la biomasse sont largement affectées, surtout dans les milieux troubles qui ne laissent pas passer la lumière.

13

L'espèce Gracilaria gracilis supporte de très fortes intensités lumineuses allant jusqu'à 1000 ìmol m-2s-1. A cette intensité, les frondes se décolorent et la croissance s'arrête (Mensi et al., 2014). La durée de vie des thalles dépend des valeurs extrêmes de l'intensité lumineuse et de l'adaptation de l'algue aux conditions de stress lumineux. Selon Ksouri et al. (1999), dans la lagune de Bizerte et à des profondeurs inférieures à 3 m, la croissance de G. gracilis s'arrête fin mai sous l'effet d'un ensoleillement trop fort. De même, les gracilaires semblent capables de supporter de très faibles intensités lumineuses allant jusqu'à 80 ìmol. m-2. s-1.

3.1.2. Température et salinité

Les taux de croissance des végétaux marins sont largement influencés par les saisons. Ils se caractérisent par une augmentation pendant le printemps et l'été, et une chute pendant l'automne et l'hiver. Chez les algues rouges, la croissance est influencée par l'insolation, la salinité et la température ou par une interaction entre ces différents facteurs (Friedlander et al., 1990 ; Marinho-sorino et al., 2006).

La température a une influence considérable sur la distribution saisonnière et géographique, ainsi que le taux de croissance de Gracilaria. Selon Yang et al. (2015), plus de 100 espèces des gracilaires ont été décrites dans le monde et elles se développent principalement dans les zones tempérées, subtropicales et tropicales, une corrélation entre la température de l'eau et la croissance a été signalée par Silkin et Mironova (2007). En effet, la plupart des espèces de Gracilaria enregistrent une croissance maximale, et probablement une production, dans les zones d'eaux chaudes caractérisées par des températures comprises entre 25 et 30°C, mais certaines ont une limite supérieure au-delà de laquelle la croissance peut être réduite ou même arrêter par les basses températures (McLachlan et Bird, 1986). Wang et al. (1984) ont observé que G. gracilis a disparu dans les zones où la température de surface de l'eau de mer dépasse 30 °C. Lefebvre, (1968) montre qu'une basse température empêche l'apparition de frondes ; mais elle favorise le développement du disque basal qui constitue un moyen de survie et de résistance vis à vis aux différents facteurs du stress. Un hiver très froid pourrait détruire les frondes alors que la base résiste pour assurer la croissance l'année suivante.

Dans des conditions de culture en eau de mer enrichie en nutriments, le TCS (Taux de Croissance Spécifique) quotidien de Gracilaria coronopifolia était positivement corrélée à une température allant de 15 à 35 °C, atteignant un taux de production maximal à 30 °C (Tsai

14

et al., 2005). La température favorable pour la croissance de G. lemaneiformis varie de 12 à 23 °C. Lorsque la température de l'eau est inférieure à 10°C, le TCS moyen des espèces de Gracilaria devient négatif et lorsqu'elle dépasse les 26°C, l'algue meurt. Donc, la période de croissance de G. lemaneiformis est d'environ six mois (Yang et al., 2015). La température de l'eau contrôle la croissance de cette algue, ce qui en fait l'un des facteurs limitants les plus importants. Elle peut également influer sur plusieurs processus physiologiques, tels que les taux de diffusion et d'absorption des nutriments. Des études antérieures ont montré que le taux d'absorption de NO3- par Gracilaria tikvahiae augmente avec l'augmentation des températures (Yang et al., 2015).

De nombreux chercheurs considèrent la température et la salinité comme deux facteurs fondamentaux de contrôle de la croissance saisonnière dont il est difficile de séparer leurs effets. D'après Mensi et al. (2014), il y a une interaction entre la salinité et la température pour la croissance de G. gracilis. En effet, avec une température comprise entre 20 et 30 °C et une salinité comprise entre 25 et 30 %o, la croissance est optimale. Cependant, une chute de la croissance a été enregistrée avec des températures se situant entre 25 et 30 °C et une salinité inférieure à 25 %o.

Les algues rouges marines dans leur ensemble sont considérées comme sensibles aux conditions mésohaline (5-18 %o), relativement peu de représentants étant enregistrés pour des salinités inférieures à 15 %o (Coutinho et Seeliger, 1984). En général, les algues du genre Gracilaria sont euryhalines. Cependant, McLachlan et Bird (1986) ont montré que certains gracilaires (G. tikvahiae et G. coronopifolia) présentent une croissance maximale uniquement à des salinités inférieures à 30 %o, tandis que d'autres (G. gracilis et Gracilaria sp.) préfèrent des milieux plus concentrés. Des résultats obtenus avec G. tikvahiae suggèrent également une préférence pour les habitats saumâtres (Connor, 1980). De même pour G. gracilis (Mathieson et al., 1981). McLachlanet Bird (1986) ont montré que la plupart des espèces de Gracilaria ont une croissance limitée à des salinités inférieures à 33 %o et 43 %o représente la salinité la plus élevée à laquelle le genre se trouvait.

L'algue G. gracilis semble capable de supporter une large gamme de variation des salinités (Turan et al., 2006). En effet, elle est présente à des salinités inférieures à 20 %o dans la mer Baltique, à des salinités d'environ 17,5 %o dans la mer Noire et à environ 38 %o en Méditerranée (Ketchum, 1983). Cependant, le succès écologique de G. gracilis dans différents

15

régimes de salinité peut reposer sur une adaptation écotypique ou sur une réduction de la concurrence d'espèces moins halotolérantes. Simonetti et al. (1970) ont rapporté que des peuplements presque purs de cette espèce prospèrent durant la saison de leur croissance dans une plage de salinité allant de 5 à 23 %o. À l'exception de G. gracilis, même les gracilaires qui se développaient raisonnablement bien à 45%o et pouvaient donc également se développer à des salinités plus élevées mais toujours inférieures à 60 %o, ont atteint leur croissance maximale dans la partie inférieure de leur plage de tolérance à 30 %o ou moins. Cirik et al. (2010) montrent que la production optimale de G. gracilis a été déterminée à 42 %o.

L'amplitude des fluctuations saisonnières et annuelles de la température et de la salinité qui caractérisent la lagune de Bizerte explique les fortes variations de croissance des gracilaires. En se basant sur les études de Mansouri (1996), il paraît que dans la lagune de Bizerte, la période correspondant aux conditions optimales de croissance de Gracilaria gracilis est très courte et ne dépasse pas deux mois (Mars-Avril). En effet, durant la période pluvieuse, les précipitations provoquent une chute de la salinité jusqu'à des valeurs inférieures à 28%o. Par contre, pendant la saison estivale, les eaux du lac ont une salinité tout à fait similaire à celle de l'eau de mer (38 %o) pouvant atteindre des valeurs extrêmes de 41 %o.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry