2.2.1. Présentation de l'espèce
Gracilaria gracilis est une algue de couleur rouge
bordeaux en hiver à orangé clair en été, elle
devient jaunâtre voire blanchâtre lorsqu'elle est soumise à
une forte luminosité. Selon Remond et al. (2014), les thalles
des Gracilaires sont généralement rouges, mais peuvent être
brunâtres, verts ou presque noires (Figure 2), en fonction de la
lumière et des conditions nutritives. Ce qui distingue G. gracilis
des autres gracilaires c'est que le thalle de cette algue atteint jusque
20 cm de longueur, formant des touffes denses et dressées et des
ramifications jamais palmée (Pérez, 1997).
Comme pour beaucoup d'espèces de gracilaires, G.
gracilis peut avoir des aspects différents avec une forme trapue ou
allongée et des filaments de diamètres différents sur le
même thalle (Figure 3). Une coupe transversale du filament est
nécessaire pour distinguer G. gracilis des espèces
morphologiquement comparables. Cependant, la coupe transversale ressemble
à celle de G. bursa-pastoris. On observe une couronne de
petites cellules colorées par les plastes, puis des cellules incolores
de plus en plus grosses vers le centre de la coupe (Réseau de Suivi
Lagunaire, 2011).
Selon Calvados (2007), G. gracilis est
présente sur les rochers et graviers de la partie inférieure de
l'étage médiolittorale et dans la frange infralittorale, surtout
dans les cuvettes ensablées et peu profondes. Sur les rochers, elle
croît souvent au travers du sable superficiel.
2.2.2. Classification taxonomique
Au cours de ces dernières années, des techniques
moléculaires ont été développées pour
l'identification des espèces marines d'intérêt
économique. Ces techniques ont été testées avec
succès pour l'identification de différents espèces
d'algues rouges (Antoine et Fleurence, 2003 in Mensi et al., 2014) et
la distinction entre G. gracilis et Gracilariopsis sp. de la lagune de
Bizerte (Joubert et al., 2009).
Selon Pérez (1997), la classification taxonomique de
l'espèce Gracilaria gracilis est la suivante :
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Phylum : Rhodophyta
Classe : Florideophyceae
Ordre : Gracilariales
Famille : Gracilariacae
Genre : Gracilaria et
Graciliariopsis
Espèce : verrucosa (gracilis)
2.2.3. Cycle de reproduction
Le cycle de reproduction de Gracilaria gracilis est
caractéristique des algues rouges (cycle
trigénétique). Les gamétophytes
haploïdes (n) sont à sexes séparés. Les
gamètes mâles (spermaties) sont produits en grand nombre dans des
cryptes superficielles du thalle, ils sont non-pigmentés et
non-flagellés et transportés passivement par l'eau jusqu'à
la femelle. Les organes reproducteurs femelles sont formés de quelques
cellules peu différentiables des autres cellules de la couche corticale
et forment le rameau carpogonial. La fécondation à lieu sur la
femelle, et la fusion des noyaux mâle et femelle est suivie de processus
cytologiques complexes (Hommersand et Fredericq, 1990). En effet, le noyau
diploïde se divise par mitoses, des connexions s'établissent entre
cellules haploïdes (n) maternelles et diploïdes (2n) issues du
zygote, aboutissant à la formation d'un carposporophyte (2n). Le
cystocarpe (Figure 4) est formé d'une enveloppe de cellules
haploïdes (le péricarpe) entourant un tissu diploïde qui
produira à maturité quelques milliers de spores diploïdes
(carpospores). Les carpospores libérés donnent les individus
diploïdes (tétrasporophytes). A maturité,
les tétrasporophytes, par méiose produisent des spores
haploïdes groupées par tétrades (tétraspores) qui
redonnent des gamétophytes mâles et femelles
(Destombe, 2001) (Figure 5).
Les individus de G. gracilis consistent en un disque
pérenne fixé au substrat rocheux et des thalles annuels où
apparaissent les organes de reproduction. C'est donc seulement durant la
période de reproduction que l'on peut identifier facilement le sexe et
la génération (à l'oeil nu pour les femelles, à la
loupe binoculaire pour les mâles et les tétrasporophytes)
(Destombe, 2001).
En effet, outre le cycle de la reproduction sexuée
relativement complexe à trois phases, G. gracilis est
également capable de se reproduire de manière asexuée, par
propagation végétative. Suite à une fragmentation
continue, un seul individu a la capacité de générer des
centaines, voire des milliers d'individus. Chaque fragment produit grandira et
deviendra un
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individu, et ces lames pourront être fragmentées
davantage en plusieurs individus, et ainsi de suite. Cela permet un moyen de
propagation beaucoup plus simple et crée également une
cohérence dans un environnement de culture (Remond et al.,
2014). La multiplication végétative est le moyen de culture
le plus répandu. En effet, elle est plus rapide, plus simple et plus
efficace que les spores. Elle permet une meilleure cohérence, car toutes
les lames d'une culture peuvent être génétiquement
identiques, toutes ayant le même parent.
Figure 1 : Prospection des peuplements de
Gracilaria (bande en noir) sur les bordures du lac de Bizerte au cours
des mois de Juin et Juillet 1997 (Ksouri et al., 1998).
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Figure 2: Les différentes couleurs des
thalles du Gracilaria gracilis (Msihli, 2019)
Figure 3: Aspect général du thalle
de Gracilaria gracilis du lac de Bizerte (Ksouri et al.,
2006)
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Figure 4: Thalle du Gracilaria gracilis
avec cystocarpes (Msihli, 2019)
Figure 5 : Cycle de vie de Gracilaria
gracilis (Remond et al., 2014)
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