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Etude de la croissance, de la composition biochimique et de la faune associée de l’algue rouge Gracilaria gracilis (Hudson) Papenfuss de la lagune de Bizerte.


par Zouhour MISHLI
Université de Carthage - Master 1 en Biosurveillance de l’environnement 2019
  

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2.2.1. Présentation de l'espèce

Gracilaria gracilis est une algue de couleur rouge bordeaux en hiver à orangé clair en été, elle devient jaunâtre voire blanchâtre lorsqu'elle est soumise à une forte luminosité. Selon Remond et al. (2014), les thalles des Gracilaires sont généralement rouges, mais peuvent être brunâtres, verts ou presque noires (Figure 2), en fonction de la lumière et des conditions nutritives. Ce qui distingue G. gracilis des autres gracilaires c'est que le thalle de cette algue atteint jusque 20 cm de longueur, formant des touffes denses et dressées et des ramifications jamais palmée (Pérez, 1997).

Comme pour beaucoup d'espèces de gracilaires, G. gracilis peut avoir des aspects différents avec une forme trapue ou allongée et des filaments de diamètres différents sur le même thalle (Figure 3). Une coupe transversale du filament est nécessaire pour distinguer G. gracilis des espèces morphologiquement comparables. Cependant, la coupe transversale ressemble à celle de G. bursa-pastoris. On observe une couronne de petites cellules colorées par les plastes, puis des cellules incolores de plus en plus grosses vers le centre de la coupe (Réseau de Suivi Lagunaire, 2011).

Selon Calvados (2007), G. gracilis est présente sur les rochers et graviers de la partie inférieure de l'étage médiolittorale et dans la frange infralittorale, surtout dans les cuvettes ensablées et peu profondes. Sur les rochers, elle croît souvent au travers du sable superficiel.

2.2.2. Classification taxonomique

Au cours de ces dernières années, des techniques moléculaires ont été développées pour l'identification des espèces marines d'intérêt économique. Ces techniques ont été testées avec succès pour l'identification de différents espèces d'algues rouges (Antoine et Fleurence, 2003 in Mensi et al., 2014) et la distinction entre G. gracilis et Gracilariopsis sp. de la lagune de Bizerte (Joubert et al., 2009).

Selon Pérez (1997), la classification taxonomique de l'espèce Gracilaria gracilis est la suivante :

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Phylum : Rhodophyta

Classe : Florideophyceae

Ordre : Gracilariales

Famille : Gracilariacae

Genre : Gracilaria et Graciliariopsis

Espèce : verrucosa (gracilis)

2.2.3. Cycle de reproduction

Le cycle de reproduction de Gracilaria gracilis est caractéristique des algues rouges (cycle trigénétique). Les gamétophytes haploïdes (n) sont à sexes séparés. Les gamètes mâles (spermaties) sont produits en grand nombre dans des cryptes superficielles du thalle, ils sont non-pigmentés et non-flagellés et transportés passivement par l'eau jusqu'à la femelle. Les organes reproducteurs femelles sont formés de quelques cellules peu différentiables des autres cellules de la couche corticale et forment le rameau carpogonial. La fécondation à lieu sur la femelle, et la fusion des noyaux mâle et femelle est suivie de processus cytologiques complexes (Hommersand et Fredericq, 1990). En effet, le noyau diploïde se divise par mitoses, des connexions s'établissent entre cellules haploïdes (n) maternelles et diploïdes (2n) issues du zygote, aboutissant à la formation d'un carposporophyte (2n). Le cystocarpe (Figure 4) est formé d'une enveloppe de cellules haploïdes (le péricarpe) entourant un tissu diploïde qui produira à maturité quelques milliers de spores diploïdes (carpospores). Les carpospores libérés donnent les individus diploïdes (tétrasporophytes). A maturité, les tétrasporophytes, par méiose produisent des spores haploïdes groupées par tétrades (tétraspores) qui redonnent des gamétophytes mâles et femelles (Destombe, 2001) (Figure 5).

Les individus de G. gracilis consistent en un disque pérenne fixé au substrat rocheux et des thalles annuels où apparaissent les organes de reproduction. C'est donc seulement durant la période de reproduction que l'on peut identifier facilement le sexe et la génération (à l'oeil nu pour les femelles, à la loupe binoculaire pour les mâles et les tétrasporophytes) (Destombe, 2001).

En effet, outre le cycle de la reproduction sexuée relativement complexe à trois phases, G. gracilis est également capable de se reproduire de manière asexuée, par propagation végétative. Suite à une fragmentation continue, un seul individu a la capacité de générer des centaines, voire des milliers d'individus. Chaque fragment produit grandira et deviendra un

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individu, et ces lames pourront être fragmentées davantage en plusieurs individus, et ainsi de suite. Cela permet un moyen de propagation beaucoup plus simple et crée également une cohérence dans un environnement de culture (Remond et al., 2014). La multiplication végétative est le moyen de culture le plus répandu. En effet, elle est plus rapide, plus simple et plus efficace que les spores. Elle permet une meilleure cohérence, car toutes les lames d'une culture peuvent être génétiquement identiques, toutes ayant le même parent.

Figure 1 : Prospection des peuplements de Gracilaria (bande en noir) sur les bordures du lac de Bizerte au cours des mois de Juin et Juillet 1997 (Ksouri et al., 1998).

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Figure 2: Les différentes couleurs des thalles du Gracilaria gracilis (Msihli, 2019)

Figure 3: Aspect général du thalle de Gracilaria gracilis du lac de Bizerte (Ksouri et al.,

2006)

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Figure 4: Thalle du Gracilaria gracilis avec cystocarpes (Msihli, 2019)

Figure 5 : Cycle de vie de Gracilaria gracilis (Remond et al., 2014)

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