REPUBLIQUE DU BENIN
*-*-*-*-*-*
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI (UAC)
*-*-*-*-*-*-*
Faculté des Lettres, Arts et Sciences
Humaines (FLASH) *-*-*-*-*-*-*-* Département de Psychologie et
des Sciences de l'Education (DPSE) *-*-*-*-*-*-*-*
FILIERE : PSYCHOLOGIE
OPTION : PSYCHOLOGIE DE LA VIE SOCIALE
ET PROFESSIONNELLE
*-*-*-*-*-*-*-*
MEMOIRE DE MAÎTRISE
SUJET
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Réalisé et soutenu par :
Maître de mémoire :
NAKPON Coomlan Paul Dr. DAH-LOKONON BODEHOU
Gbènoukpo, Maître-assistant des
Universités (CAMES) FLASH-UAC
Soutenu le 24 Février 2016
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
SOMMAIRE
DEDICACE 3
REMERCIEMENTS 4
SIGLES 6
LISTE DES TABLEAUX 7
LISTE DES FIGURES 8
RESUME / ABSTRACT 9
INTRODUCTION 10
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE 12
1.1. Problématique de l'étude 12
1.2. Objectifs 13
1.3. Hypothèses 14
1.4. Clarification conceptuelle 14
CHAPITRE II : CADRE PRATIQUE DE L'ETUDE ET
DEMARCHE METHOLOGIQUE 32
2.1. Présentation du cadre de l'étude 32
2.2. Démarche méthodologique 36
CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES 42
3.1. Présentation et analyse des données 42
3.2. Analyse des données de terrain 45
3.3. Interprétation des données de terrain 47
CHAPITRE IV : DISCUSSION ET SUGGESTIONS 55
4.1. Discussion 55
4.2. Suggestions 59
CONCLUSION 62
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 64
ANNEXE 66
TABLE DES MATIERES 78
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
2
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
DEDICACE
In memorium :
NAKPON Coovi-Daho, mon père ;
MINANON Cica, ma mère ;
« Votre rappel à Dieu a laissé un sentiment au
goût inachevé sur ma vie ».
? Mon épouse Jocelyne Sèdjro HOUNHA qui a su
supporter mes humeurs et qui m'a soutenu tout au long de la formation et
surtout, pendant la réalisation de ce mémoire ;
? Nadine, Charly, Marx, Scholastique et Candide NAKPON, mes
enfants ; «Vous avoir comme enfants a constitué pour moi, une
source de motivation ; aussi et surtout, ai-je l'envie de vous donner le
goût des études ».
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
3
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
REMERCIEMENTS
Dans le cadre de ce travail, je voudrais remercier :
· Mon maître de mémoire, Docteur
DAH-LOKONON BODEHOU Gbènoukpo, pour avoir accepté de m'encadrer
dans ce travail, pour ses conseils et sa disponibilité ;
· Tous mes enseignants, pour tout l'enseignement
reçu, recevez dans ce travail ma profonde gratitude ;
· Les membres de Jury : Docteur KOUGBEAGBEDE Thierry,
Président, Docteur AYELO Justin, Examinateur et Docteur DAH-LOKONON
BODEHOU Gbènoukpo, Rapporteur du jury ; pour avoir accepté
d'évaluer ce travail et pour leurs observations, critiques et
recommandations ;
· Monsieur le Directeur de l'Administration
Pénitentiaire et de l'Assistance Sociale du Ministère de la
Justice, de la Législation et des Droits de l'Homme ;
· Monsieur le Régisseur de la Prison Civile de
Parakou pour sa franche collaboration ;
· Le personnel de la Prison Civile de Parakou, pour son
accueil et sa collaboration ;
· Les Magistrats et Greffiers du Tribunal de
Première Instance de Première Classe de Parakou ;
· Le personnel du Service Social de Justice du Tribunal
de Première Instance de Première Classe de Parakou ;
· Le Coordonnateur National et l'équipe terrain
Parakou de Prisonniers Sans Frontières-Bénin ;
· Tous les détenus de la Prison Civile de Parakou
qui ont bien voulu contribuer à la concrétisation de ce travail
;
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
4
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
? Messieurs Adébouté Pierre ADELEKE et Romaric
KINKPE pour
leurs conseils et soutien moral ;
? Mes camarades de promotion que j'ai eu le plaisir de
côtoyer pendant notre formation ;
? Mes frères et soeurs, mes oncles, tantes et amis qui
ont cru en moi, m'ont encouragé et m'ont donné la force
d'aller jusqu'au bout, notamment : Apollinaire NAKPON, Marcellin NAKPON,
Pulchérie NAKPON, Fiacre HOUNNOU, Donatien SOKOU, Rock Aimé
MEDAGNON, Léopold Sourou FAGNON, Basile SONOUNAMETO, Louis HOUNDONOUGBO,
Josué OGOUCHINA ;
? Enfin, tous ceux qui ont contribué de près ou
de loin à la réalisation de ce travail, merci.
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
5
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
SIGLES
APA : American Psychological Association
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique
de l'Ouest
DAPAS : Direction de l'Administration
Pénitentiaire et de l'Assistance
Sociale
DARES : Direction de l'Animation de la
Recherche, des Études et des
Statistiques
DGT : Direction Générale du
Travail
DPSE : Département de Psychologie et des
Sciences de l'Eduction
ESTEV : Enquête Santé, Travail et
Vieillissement
FLASH : Faculté des Lettres, Arts et
Sciences Humaines
IFAS : Institut Français de
l'Anxiété et du Stress
INRES : Institut National de Recherches Et de
Sécurité
INSEE : Institut National de la Statistique et
des Etudes Economiques
LASDEL : Laboratoire d'Etudes et de Recherches
sur les Dynamiques
Sociales et le Développement Local
MSF : Médecin Sans Frontière
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PrSF : Prisonniers Sans frontières
SUMER : Surveillance Médicale des
Expositions aux Risques professionnels
UP : Université de Parakou
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6
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I : Centres de documentation
parcourus et types d'informations 36
Tableau II : Effectif des détenus de
la Prison Civile de Parakou 38
Tableau III : Echantillon des stresseurs
(détenus) 39
Tableau IV : Ratio par les différents
types d'agents servant dans la prison civile de
Parakou 42
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7
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Carte du ressort territorial du
Tribunal de Première Instance de
Parakou .....34
Figure 2 : Carte du ressort territorial de
la Cour d'Appel de Parakou 35
Figure 3 : Effectif du personnel permanent
de la Prison Civile de
Parakou 37
Figure 4 : Effectif du personnel non
permanent de la Prison civile de
Parakou 37
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8
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
RESUME
Depuis les indépendances, les institutions de veille
de la société se sont multipliées sans que des
accompagnements nécessaires ne soient faits pour garantir la
sécurité psychologique de ceux qui y travaillent. C'est fort de
ce constat que nous avons choisi de faire l'étude portant sur :
«Le stress en milieu carcéral au Bénin : cas du
personnel d'encadrement de la Prison Civile de Parakou».
Cette étude a permis d'objectiver que la densité et le rythme de
travail à la Prison Civile de Parakou provoquent assez de stress chez le
personnel d'encadrement. Cette situation est responsable de
l'altération, aussi bien des relations conjugales (divorce entre couple,
séparation temporaire, infidélité des couples...), que des
relations parents-enfants (à cause du manque cruel de temps). Tout ceci
à un impact sociétal sur le personnel qui travaille à la
Prison Civile caractérisé par un isolement social
(relâchement des liens sociaux) ainsi qu'une altération de la
santé physique et psychique. Il urge alors que les autorités
politiques à divers niveaux puissent jouer leur partition afin que le
personnel d'encadrement de nos prisons se sente à l'aise dans
l'accomplissement de leur mission.
Mots clés : Stress, Milieu
carcéral, Personnel d'encadrement, Prison civile.
ABSTRACT
Since the independence periods, the institutions which
regularize peace have increased without the use of necessary process to
guaranty psychological security of people who work inside. It is by this remark
that we decide to study about a theme which is the following `'the well-being
of workers of Prison areas in Benin : the case of the administrative workers in
Parakou prison». This study permits us to notice that the rhythm and the
density of work provoke some mistakes in workers lifestyle. This situation is
the cause of the destruction, as same as relationship between parent (divorce,
temporal separation, infidelity...) and the relationship between father and
children. All this provoke some social consequences on the workers
characterized by the fact that parents are far from children and the tired of
physical and psychological health of them.
It is time; by looking for all this that political
authorities bring some solutions to this situation to help workers of our
prison to live in ease by accomplishing their partition.
Keys Words : Bad mind; Prison; Followers; civil
prison.
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
INTRODUCTION
La prison est une institution, un élément de
l'ordre social et quel que soit le jugement porté sur son
efficacité, a un rôle capital dans la régulation de la
société. Pourtant ses finalités, c'est-à-dire
celles qui consistent à protéger la société,
à favoriser la sécurité et justifier la sanction par
l'expiation, la dissuasion, la neutralisation et la réadaptation, tel
que décrites par Alvaro Pires (1998) ne sont pas toujours atteintes,
à cause des effets pervers de l'enfermement marqué par
l'exclusion avec son caractère traumatisant, les atteintes identitaires
graves des détenus ainsi que leurs capacités adaptatives. La
prison est devenue aujourd'hui un véritable cadre de stress
caractérisé par l'enfermement, la perte des repères
identitaires sociaux, la promiscuité, la violation de l'intimité,
la frustration sexuelle, l'inactivité, l'impuissance d'action, les
ruptures (affectives, familiales, sociales et professionnelles). Son impact sur
le comportement, la santé psychique et physique des détenus n'est
plus à démontrer.
Au Bénin, la situation est beaucoup plus critique du
fait de la non modernisation du milieu carcéral favorisée par le
surpeuplement des prisons, la lenteur judicaire, l'augmentation du nombre des
détenus condamnés à de longues peines ou non jugés
depuis plusieurs années. Les caractéristiques criminologiques,
psychopathologiques qui en découlent compromettent très gravement
l'équilibre mental du détenu.
La privation de liberté physique, sociale et
symbolique, justifiée par la mission de sécurité de la
prison visant à prévenir les manifestations transgressives et
dangereuses pour la collectivité, les comportements violents agressifs
et d'autres déviances persistent toujours dans nos prisons. A cela
s'ajoute les conditions de détention extrêmement difficiles et
l'inexistence de suivi psychologique adéquat pour les détenus
dans la plupart des prisons du Bénin.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
De ce qui précède, l'on se rend bien compte que
les milieux carcéraux béninois exposent des détenus
à d'importants problèmes psychologiques, ce qui rejaillit sur le
personnel de sécurité et même sur le personnel
d'encadrement en général. Pourtant aucune disposition n'est prise
pour le suivi du détenu en détresse psychologique dont les
agissements rendent craintifs les personnels intervenant dans les prisons.
C'est fort de ce constat que nous avons choisi de faire cette étude sur
: «Le stress en milieu carcéral au Bénin : cas
du personnel d'encadrement de la Prison Civile de
Parakou».
Le plan de notre travail se présente comme suit : Dans
la première partie, nous présentons au chapitre I, le cadre
théorique de l'étude ; la problématique posée, nous
en avons déduit les objectifs et hypothèses ainsi que la
clarification conceptuelle avant de finir avec la revue de littérature.
Le chapitre II présente le cadre pratique de l'étude, la
justification de ce choix et la démarche méthodologique
adoptée.
La deuxième partie présente au chapitre III, les
résultats issus de notre enquête de terrain et les analyses
relatives à cette enquête riche en expériences. Nous avons
au chapitre IV, exposé la discussion sur les résultats obtenus
avant de finir par nos suggestions et recommandations qui ont
précédées la conclusion.
L'annexe au document renferme le questionnaire
d'enquête et les grilles d'entretien pour le personnel
pénitentiaire et les détenus et enfin l'autorisation du
Ministère de la Justice de la Législation et des Droits de
l'Homme.
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
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Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
1.1. Problématique de l'étude
La prison agit sur l'existence du détenu avant tout,
selon une dimension spatiale. L'espace du détenu est ainsi réduit
à son minimum car, les regards peuvent s'y poser à tout instant.
La fuite dans ces conditions est quasi impossible. Il survient alors un
sentiment de résignation ou bien un sentiment de rage et
d'insoumission.
Pourtant, le besoin d'espace individuel et d'intimité
en dehors de celui d'un partage approprié des sphères publiques
et privées constitue des éléments essentiels pour le
bien-être de l'individu. En effet, il semble que lorsque
l'aménagement des espaces se fait sans tenir compte du besoin d'espace
individuel et d'intimité, les résidents seraient portés
à agir de façon non coopérante (Côté &
Daigle, 2005). Il transparaît dès lors un rapport tendu qui peut
suffire à exacerber la tension et l'agressivité.
C'est pourquoi, dans les conditions carcérales, il peut
parfois être difficile pour les détenus de se conformer aux
contraintes du milieu qui génère énormément de
frustrations. Ces différentes frustrations sont d'ailleurs
identifiées comme une des causes de la violence carcérale
(Bulatao &Vandenb Bos, 1996) qui à leur tour, rendent la tâche
des personnels en charge des détenus difficile et stressante.
Ainsi, le retard dans la fourniture des repas, des toilettes
non vidangées, deviennent-ils des vecteurs de troubles et de
soulèvements. Aussi, faudra-t-il le souligner, tous les problèmes
des prisonniers, qu'ils soient d'ordre familial, professionnel ou personnel,
deviennent de facto les problèmes du personnel d'encadrement. Face
à ces réalités, les membres d'encadrement sont toujours
aux aguets. On peut les solliciter à tout moment. Autrement dit, la vie
familiale des membres du personnel d'encadrement prend un coup. Alors le rythme
du travail de ces agents ne leur permet pas de jouer efficacement leur
rôle de père ou de mère de famille. En conséquence,
le
12
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
dévouement professionnel du personnel d'encadrement en
faveur des détenus risque d'entraîner beaucoup de problèmes
autour de l'éducation des enfants, du fonctionnement de la famille et
peut affecter négativement même la santé de ces
derniers.
Quelles sont les réalités de la vie en prison ?
En quoi la mission assignée aux membres du personnel de la prison civile
de Parakou est stressante ? La gestion d'une prison civile exige-t-elle de
compétences spécifiques ? Que doit faire l'Etat pour
alléger un tant soit peu, la tâche au personnel d'encadrement dans
les prisons ?
Voilà quelques interrogations qui pourront nous aider
à réfléchir sur notre thème intitulé :
«Le stress en milieu carcéral au Bénin : cas du
personnel d'encadrement de la Prison Civile de Parakou».
1.2. Objectifs
V' Objectif général
Exposer les réalités de la vie du personnel
d'encadrement en milieu carcéral en vue d'attirer l'attention de la
société sur le caractère spécial de la mission.
V' Objectifs spécifiques
? Identifier les facteurs de stress du personnel
d'encadrement en milieu carcéral.
? Déterminer le fondement de la lourde charge
professionnelle en milieu carcéral.
? Déterminer l'impact du stress sur le personnel
d'encadrement des détenus.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
1.3. Hypothèses
V' Hypothèse générale
Notre étude a pour conjecture principale : les
personnels d'encadrement en milieu carcéral subissent d'énormes
frustrations dans l'accomplissement de leur mission. Pour mieux
appréhender notre problème, nous éclatons cette conjecture
en trois autres dites spécifiques.
V' Hypothèses spécifiques
? La densité et le rythme de travail à la
Prison civile de Parakou entraînent assez de stress chez le personnel
d'encadrement.
? Le manque de personnel d'encadrement en milieu
carcéral
constitue souvent une charge professionnelle difficile à
gérer.
? La méconnaissance du milieu carcéral pose de
véritables problèmes au personnel d'encadrement.
1.4. Clarification conceptuelle
1.4.1. Le stress
D'un point de vue scientifique, le concept du stress reste
encore vague et peu consensuel. Une première source d'imprécision
semble résider dans le fait que le terme de stress « est
déjà tout un programme puisqu'il désigne à la fois
l'agent responsable, la réaction à cet agent et l'état
dans lequel se trouve celui qui réagit », (Dantzer, 2002). Une
seconde source d'imprécision réside dans le fait que le concept
du stress est au carrefour de multiples disciplines qui ont toutes
insisté sur les aspects leur tenant à coeur et sans toujours
considérer les autres approches et leurs apports. Ainsi, notons-nous
à l'heure actuelle, un besoin croissant pour développer une
approche à la fois interdisciplinaire et intégrative des
différents aspects référant au stress.
Dans le cadre de la présente étude nous nous
référons à la définition consensuelle du stress au
travail proposée par l'Agence Européenne pour la Santé au
travail, reprise par l'INRS (rapport 2005). « Un état de stress
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
survient lorsqu'il y a un déséquilibre entre la
perception qu'une personne a des contraintes que lui impose son environnement
et la perception qu'elle a des ressources pour y faire face. Bien que le
processus d'évaluation des contraintes et des ressources soit d'ordre
psychologique, les effets du stress ne sont pas uniquement de nature
psychologique. Il affecte également la santé physique, le
bien-être et la productivité de la personne qui y est soumis
». Trois éléments majeurs ressortent de cette
définition : le mot stress désigne à la fois, les facteurs
de stress (ce qui nous stresse), la perception que nous avons de la situation
et la réaction de stress de l'individu (notre manière de faire
face au stress, ce que nous ressentons et faisons). En conséquence,
l'étude du stress ne peut ni se limiter à la description des
facteurs de stress, c'est-à-dire réduire le concept de stress
à l'environnement, ni se restreindre à l'étude des
caractéristiques psychologiques des individus. 1.4.2. Le milieu
carcéral
Le milieu carcéral est communément
appelé au Bénin Prison civile qui est un lieu où on isole
toutes les personnes en situation de poursuite. Alors que ce que nous appelons
généralement Prison, renferme la maison centrale, la maison
d'arrêt, le centre de détention et le centre
pénitentiaire.
En effet, la maison centrale est un établissement
pénitentiaire où sont exécutées, en principe, les
peines égales ou supérieures à cinq ans de prison ; elle
peut aussi servir en même temps de maison d'arrêt (un régime
de détention essentiellement axé sur la sécurité).
La maison d'arrêt constitue un établissement pénitentiaire
qui reçoit les prévenus et les condamnés dont le reliquat
de peine est inférieur à un an. Le centre de détention, un
établissement pénitentiaire qui reçoit les
condamnés considérés comme présentant les
perspectives de réinsertion les meilleures, d'où un régime
de détention principalement orienté vers la resocialisation des
détenus. Le centre pénitentiaire est un établissement
pénitentiaire qui comprend au
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
moins deux quartiers à régimes de
détention différents (maison d'arrêt et centre de
détention par exemple).
Ainsi les services que regroupe la Prison Civile de Parakou
se présentent comme suit :
? Les services pénitentiaires
L'administration pénitentiaire est placée sous
l'autorité du Ministre de la Justice par arrêté de 1941 qui
a été remplacé par le décret de 1973 ; elle
contribue à l'objectif général de sécurité
publique en assumant deux missions :
- surveiller les personnes qui lui sont confiées par
l'autorité judiciaire ;
- favoriser leur réinsertion sociale, d'où la
création d'une Direction de l'Administration Pénitentiaire et de
l'Assistance Sociale.
L'administration pénitentiaire prend en charge les
personnes placées sous-main de justice. Les mesures prononcées
à leur égard interviennent avant ou après jugement et sont
exécutées soit en milieu fermé (dans les prisons), soit en
milieu ouvert (liberté provisoire, contrôle judiciaire, sursis
avec mise à l'épreuve, travail d'intérêt
général), avec ou sans enfermement préalable. Ces services
sont constitués de :
- Administration : dirigée par le
Régisseur, chargé de veiller à
la légalité de la détention, surveiller
l'exécution des marchés souscrits pour les diverses fournitures
à faire à la prison, tenir la comptabilité des
espèces et matières, assurer la discipline, etc. ;
- Greffe : qui assiste le Régisseur dans
ses attributions ;
- Service de santé : les soins sont
à la charge d'un établissement public
de santé prévu à cet effet dans les
locaux de l'établissement pénitentiaire (où sont
affectés des infirmiers agents permanents de l'état), sous la
responsabilité du Médecin-chef de la Circonscription
médicale ;
- Service social qui actuellement n'est
disponible qu'au Tribunal et dont le personnel intervient par moments
à la Prison ;
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
- Brigade pénitentiaire :
détachée auprès du Ministre de la Justice et
dont le personnel, essentiellement des Gendarmes, assure la
surveillance et la sécurité ainsi que les procédures
judiciaires dans lesquelles sont auteurs ou victimes, les détenus.
? Le personnel d'encadrement
On distingue deux catégories de personnes travaillant
dans la prison civile de Parakou : le personnel permanent et le personnel non
permanent. En effet, le personnel permanent constitue l'ensemble des agents de
sécurité, de santé affecté à la prison.
Tandis que le personnel non permanent est l'ensemble formé des
prestataires de service.
? Inculpé
Personne poursuivie pour crime ou délit complexe et
qui fait l'objet d'une information judiciaire.
? Accusé
Personne poursuivie pour crime et faisant objet d'un
arrêt de renvoi devant la cour d'assise par la chambre d'accusation.
? Prévenu
Personne poursuivie pour contravention ou délit et qui
n'a pas encore été jugée ou dont la condamnation n'est pas
définitive.
? Condamné
Personne détenue dans un établissement
pénitentiaire en vertu d'une condamnation judiciaire
définitive.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Il faut noter qu'au Bénin, toutes ces
catégories de détenus sont gardées dans les mêmes
résidences. Il n'y a pas de lieu spécifique de détention
tenant compte de la catégorie.
? Aménagements de peine
Six mesures d'aménagement de peine sont possibles :
· Le fractionnement et la suspension de peine
: il s'agit d'une décision du Juge correctionnel,
prononcée en audience à l'encontre d'un délinquant
primaire à titre d'avertissement, la peine prononcée est soit
sursise totalement ou soit partiellement, une partie ferme et une autre
assortie de sursis.
· La permission de sortie (la personne
détenue est autorisée à s'absenter de
l'établissement pénitentiaire pendant un temps qui s'impute sur
la durée de la peine) : elle est accordée dans des situations
exceptionnelles tenant compte de la personnalité et de la conduite du
détenu.
· Le placement à l'extérieur sans
surveillance (régime de détention aménagé)
: il est accordé à une catégorie de détenus
condamnés dont la conduite est sans reproche ; on peut parler de
détachement pénitentiaire placé sous la
responsabilité du Sous-préfet (actuellement Maire) qui nomme un
agent civil de l'état chargé de l'administrer.
· La semi-liberté (pour une
personne condamnée à une peine inférieure ou égale
à 1 an) appelé encore corvée sans garde
généralement au profit de l'administration publique ; le
bénéficiaire doit réintégrer la prison les soirs
pour y passer la nuit.
· Le placement sous surveillance
électronique (réservé aux condamnés
à des peines inférieures ou égales à 1 an ou dont
le reliquat n'excède pas 1 an), qui n'est pas encore effectif au
Bénin.
· La libération conditionnelle
(suspension de l'exécution de la peine privative de
liberté assortie de mesures d'aide et de contrôle) : elle est
18
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
accordée à des condamnés qui ont
donné des preuves suffisantes de bonne conduite et présentent de
gages sérieux de réadaptation sociale.
1.5. Revue de littérature
Fragnière (2009), écrit qu'« on est
rarement le premier à aborder une question ou, plus
précisément, le champ thématique que l'on entreprend
d'analyser est déjà balisé par des études voisines
ou « cousines » ou bien, il se réfère à des
thèmes fondamentaux sur lesquels des bibliothèques
entières ont été écrites. Dans ces conditions celui
qui entreprend la réalisation d'un mémoire doit faire «
l'état de la question ».
Afin de définir comme il se doit, le concept de stress,
penchons-nous sur des ouvrages qui traitent cette notion. Sahler (2007 : 10)
fait ressortir la problématique devant laquelle nous nous trouvons. En
effet, il convient de dire que ce terme de « stress » est un terme
générique employé couramment pour définir de
manière imprécise un « ensemble disparate de
mécanismes biologiques, d'états de santé, de ressentis
individuels,... ».
Malgré cela, et malgré l'utilisation populaire
de ce concept, la majorité des auteurs spécialistes s'accordent
à dire que le stress pourrait être défini de la
manière suivante : « état physique et émotionnel que
ressent la personne quand elle perçoit un déséquilibre
entre la demande de l'environnement et ses propres ressources pour y
répondre ». Cette définition, donnée par Bachelard
(2008 : 131), est reprise par d'autres auteurs notamment Fontana qui indique
dans son ouvrage Gérer le stress que le stress est une demande
faite aux capacités d'adaptation de l'esprit et du corps. De ce fait,
si, grâce à nos capacités individuelles, nous sommes
capables de gérer la demande de l'environnement faite à
l'organisme, le stress ne sera pas ressenti comme gênant. Ce ne sont donc
pas les éléments extérieurs qui sont eux-mêmes
stressants, mais la manière dont nous pouvons y réagir. Chaque
individu pourra ainsi répondre de manière différente
à un même agent stressant.
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19
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Comme nous venons de le voir, afin que l'on puisse parler du
concept de stress, la présence d'un « stresseur », d'une
source de stress est obligatoire. C'est dans ce contexte que se trouve toute la
différence avec le concept d'anxiété. Dans l'homme
stressé, Rivolier donne une définition de cette notion. Pour
lui, il s'agit davantage d'une émotion anticipée, d'une peur sans
objet. Dans ce type de situation, il n'y a aucun élément
responsable de ce comportement.
Il s'agit ainsi d'une inquiétude quant à ce qui
pourrait arriver. Maintenant que nous avons défini cette notion et que
nous avons expliqué que, pour qu'il y ait stress, il fallait des
responsables générateurs de ce stress, penchons-nous sur ces
types d'éléments.
1.5.1. Agents stressants et types de stress
Un agent stressant est un élément qui bouleverse
l'équilibre de l'organisme, et qui favorise ainsi la production de
stress.
Selon Cungi, dans Savoir gérer son stress en toutes
circonstances, il existe plusieurs types d'agents stressants. Il y a en
effet, ce qu'il appelle les stresseurs aigus et les stresseurs chroniques. Les
premiers peuvent être d'une intensité variable et surviennent de
manière épisodique (accidents, agressions, mais également
des évènements positifs comme des mariages). Quant aux
deuxièmes qui sont également nommés stresseurs
répétés, ils surviennent, comme leur nom l'indique, de
manière répétée et chronique (surcharge
professionnelle par exemple).
Ces multiples agents peuvent provoquer du « bon stress
» ou du « mauvais stress ». En effet, le stress n'est pas qu'un
élément négatif avec des conséquences dangereuses
pour l'organisme. Dans Sans stress la vie est impossible, Baumann et
Turpin vont même jusqu'à dire que le stress est l'une des
conditions de la créativité et de l'accomplissement de
l'être humain. L'important est alors de parvenir à un effet de
stress sans détresse.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Effectivement, pour de nombreux auteurs, le « bon »
stress permet une amélioration de la performance. Afin de ne pas
confondre ces deux types de stress, l'IFAS (Institut Français de
l'Anxiété et du Stress) qui dirige un observatoire médical
du stress, de l'anxiété et de la dépression a
proposé le terme de « surstress » lorsque le niveau de
celui-ci pourrait entraîner un risque sur la santé de
l'individu.
Les agents stresseurs peuvent découler des situations
suivantes :
? Violences entre détenus
Les formes d'agression sont aussi diverses que surprenantes et
expriment assez bien le rapport qu'entretiennent les détenus dans le
milieu. Pour donner une idée de ces différents types de
violences, l'étude réalisée par McCorkle (1992) sur 42 cas
d'attaques graves de détenus incarcérés indique dans la
majorité des cas que les victimes avaient soit été
poignardées, soit reçues des coups de poing ou des coups de pied,
soit subies des matraquages, soit été agressées
sexuellement, ou encore brûlées. Mais ces données nous
permettent-elles d'affirmer que la violence est véritablement importante
en prison ? Si l'on s'en tient à une étude canadienne qui a
comparé le taux d'homicide annuel entre la population carcérale
et la population générale, le risque d'homicide serait 13 fois
supérieur à celui de la société (Ouimet, 1999). Les
pénitenciers représenteraient donc un plus grand danger que le
milieu extérieur. Une autre étude avait également
comparé les infractions commises à l'intérieur avec celles
de l'extérieur. Elle démontrait que ces infractions
étaient deux fois plus nombreuses concernant les vols qualifiés,
et 6 fois plus pour les voies de fait (Cooley, 1992). Cependant, le
caractère plus contrôlant du système carcéral peut
jouer un rôle sur cet écart aussi important. Si le système
de surveillance était similaire dans la société,
probablement que le nombre de crimes ou de délits constatés
augmenterait tout autant.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Pourtant, O'Donnell (1999) contredit cette idée en
affirmant qu'il y aurait malgré tout, une sous-estimation du
phénomène en précisant que la plupart des individus
emprisonnés auraient été témoins de violence dans
le mois antérieur, allant même jusqu'à préciser dans
une autre étude que 26 % d'entre eux auraient directement subi cette
violence (O'Donnell et al., 1998). La fréquence de cette
violence a par ailleurs été étudiée par Ireland et
Archer (1996) qui ont évoqué notamment le chiffre de 3 victimes
d'intimidation par semaine. Cependant, il faut préciser que
malgré le caractère extraordinaire de certaines violences, elles
ne représentent pas nécessairement les violences qui ont cours en
général dans les institutions carcérales. Cette forme de
victimisation serait en réalité bien plus souvent le fait de
violences ordinaires (Vacheret, 2004). Parmi ces victimisations, il faut noter
la victimisation personnelle (menaces, rackette, agressions) qui est
globalement davantage dénoncée que la victimisation contre la
propriété (vols en cellule, vandalisme) (Cooley, 1993). La
victimisation est en général peu déclarée en
prison. Les motifs généralement responsables de ces comportements
étaient pour la plupart, soit des affaires de drogue, de dette, ou de
détenus intoxiqués, soit ils étaient le fruit d'une
vengeance quelconque, soit une victime était au préalable
repérée comme étant un délateur ; certains cas
concernaient des agressions sexuelles ou encore étaient en lien avec des
vols entre détenus.
Le lieu où se déroule l'infraction a
également son importance. Pour la plupart, elle se déroule dans
une cellule ou dans une rangée. Pour les autres, cela peut se passer
dans la cour d'exercice ou dans le gymnase. Le niveau de sécurité
n'est pas non plus sans conséquence. Les détenus évoquent
généralement plus de violences extraordinaires en maison
centrale, alors qu'il y aurait un nombre très important de violences
ordinaires en maison d'arrêt et peu de violences en centre de
détention. À ce propos, une étude de Bottoms (1999)
indique que plus le niveau de sécurité n'est élevé,
plus le
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
niveau des agressions augmentent. On peut attribuer à
ces résultats deux phénomènes. D'une part, l'effet d'une
plus grande surveillance dans les milieux à sécurité
élevée, ainsi qu'une plus grande concentration d'individus
dangereux. Cependant, les actes violents surviennent généralement
dans des lieux où la supervision par les surveillants est moindre et
dans des secteurs de la prison où les déplacements des hommes
incarcérés sont plus libres (Ireland et al., 1996). Le
contexte carcéral agit donc pour produire un nombre important de
violences. Certaines s'affichent par leurs impacts graves sur le corps de la
victime, d'autres plus sournoises, agissent sur le moral. Ainsi, les insultes
qui ont généralement cours dans le milieu vont surtout être
utilisées pour isoler un détenu ou pour le confirmer dans sa
vulnérabilité. Elles peuvent être de nature manipulatrice,
diffamatoire ou raciste. Elles agissent pour instituer une relation de
domination. À l'intérieur des pénitenciers, la pire
insulte que peut recevoir un détenu est de se faire accuser de
délinquant sexuel ou de délateur selon Ireland. Ces menaces
visent également à ce que le détenu fasse quelque chose
contre son gré, pour éventuellement provoquer le conflit
physique. Les insultes sont employées pour tenir à
l'écart, exclure un délinquant dont le crime, l'apparence
physique ou la personnalité est rejeté. Ils sont très
dommageables pour l'estime de soi du détenu. Conséquemment, les
délinquants sexuels, les détenus souffrant d'une maladie mentale
et les détenus physiquement faibles représentent les victimes par
excellence visées par cette stigmatisation (Ireland et al.,
1996). Les hommes en détention qui n'ont pas payé leurs dettes,
qui sont gênés ou introvertis, qui manquent de confiance, qui ne
se conforment pas aux normes institutionnelles, qui sont solitaires ou qui ne
se lient pas à un groupe sont plus susceptibles de devenir les cibles de
violences psychologiques (Harvey & Liebling, 2001). Le racket est
également une autre dynamique de violence où sont combinés
la menace verbale et le vol et peut parfois s'accompagner d'une agression
physique. Le racket peut
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
s'amplifier, allant de petits vols ou petites demandes vers
des exigences plus dommageables.
Comme le font remarquer Buchanan et ses collègues
(1986), l'accentuation de la violence dans les pénitenciers peut
découler d'une tendance des détenus à se comporter avec
plus d'agressivité et de violence pour répondre à l'image
de dureté qui leur est attribuée. L'inverse s'applique aux
pénitenciers à sécurité minimum où les
hommes emprisonnés démontrent plus de souplesse et
d'obéissance. Les caractéristiques physiques ont une place
importante dans cette attribution des rôles.
Tewksbury (1989) a montré que la peur des agressions
chez les détenus était significativement reliée aux
caractéristiques physiques (poids et taille). Et une des agressions qui
est indubitablement reliée au physique est celle de l'agression
sexuelle. En effet, la sexualité est une composante importante, qui
constitue à la fois un besoin physiologique et psychologique et qui est
très influencée par la construction de la culture
institutionnelle (Tewksbury & West, 2000). Certains, comme Sykes (1958),
considéraient la privation sexuelle comme faisant partie de la peine de
prison. Les relations sexuelles dans le milieu carcéral prennent la
forme soit de relations hétérosexuelles lors des parloirs, ou
alors de relations homosexuelles consenties entre les détenus. Eigenberg
(1992) distingue deux types d'homosexualité, les "vrais» et les
"situationnels». Les "vrais» homosexuels sont décrits comme
des hommes ayant une homosexualité déjà orientée
avant leur incarcération. Ils sont perçus négativement
dans le milieu et parfois considérés comme des anormaux (Sykes,
1958). Ce serait ces détenus le plus souvent victimes des viols.
? Violence auto-infligée
Les violences auto-infligées peuvent correspondre
à différents degrés d'intensité, et peuvent aller
de la simple automutilation sans risque au suicide.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
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Historiquement, la définition du suicide a largement
évolué. Durkheim (1897) considérait le suicide comme tous
les cas de mort résultant directement ou indirectement d'un acte positif
ou négatif de la victime elle-même, bien qu'elle en connaisse les
conséquences. Plus récemment Baechler (1980) le
considérait comme tout comportement qui cherche et trouve la solution
à un problème existentiel en tentant de s'enlever la vie. Le
suicide serait donc un acte conscient d'annihilation induite par l'individu,
mieux compris comme un malaise multidimensionnel ressenti par l'individu et
où le suicide serait perçu comme la meilleure solution (Shneidma,
1985). Plus précisément, la définition du suicide a quatre
éléments : le suicide est considéré si la mort se
produit ; il doit être la conséquence de son propre acte ; l'agent
du suicide peut être actif ou passif ; et il implique
l'intentionnalité de mettre fin à sa propre vie (Mayo, 1992).
L'OMS (1998) définira le suicide comme l'acte de se
tuer délibérément initié et exécuté
par la personne concernée dans la pleine connaissance des
conséquences mortelles de l'acte. Cependant, l'acte suicidaire n'est pas
nécessairement mortel et doit se comprendre selon différents
degrés de létalité (Smith, Conroy, & Ehler, 1984). En
effet, le comportement suicidaire qui n'est pas nécessairement fatal
peut présenter plusieurs niveaux d'intentionnalité (De Leo,
Burgis, Bertolote, Kerkhof, & Bille-Brahe, 2006). L'acte suicidaire peut
être ainsi compris soit comme fortement probable ou encore compris comme
un comportement suicidaire instrumentalisé (O'Carroll et al.,
1996). Le milieu carcéral est largement suicidogène par
rapport à la société en général. Le risque
de suicide en milieu carcéral serait près de 12 fois plus
élevé qu'en milieu extérieur, soit 226 à 240
suicides pour 100.000 détenus contre 17 à 21 décès
pour 100.000 habitants (Bourgoin, 1992). Les raisons généralement
évoquées pour expliquer ces différences sont
l'agglomérat d'individus vulnérables dans un milieu
confiné et fermé, les caractéristiques spécifiques
de sexe, d'âge, de type de délit
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
(plus de suicides dans le cas des meurtres, assassinats,
parricides et infanticides), le temps d'incarcération (la grande
majorité des suicides sont réalisés durant les trois
premiers mois), le nombre d'incarcérations (la majorité des
détenus qui se suicident sont incarcérés pour la
première fois), les antécédents sociaux, l'architecture
contraignante de la prison, les règlements pesants et difficiles
à suivre, et les influences parfois néfastes,
ségrégatives, de la culture carcérale. D'après
d'autres études qui ont dressé un profil type, ce détenu
serait un individu âgé entre 20 et 30 ans ; de race blanche;
célibataire, ayant commis un délit d'homicide ou de vol, purgeant
une sentence vie, placé dans un établissement de haute
sécurité à l'admission, ayant peu de qualifications
académiques ou professionnelles, ancien fugueur, victime de
brutalité en milieu scolaire, provenant d'un milieu familial
problématique, ayant un passé criminel, ayant eu un traitement
psychiatrique, ayant déjà une histoire d'automutilations avant
l'incarcération, des histoires d'abus de drogues et d'alcool, et une
absence d'amitié reconnu en prison (Liebling ; 1999 ; Leduc, 2000).
Globalement, le détenu suicidaire serait plus
vulnérable et présenterait de plus grandes difficultés
d'adaptation. Ainsi, aurait-il peu de capacité à se distraire ;
des difficultés à faire face à l'ennui de la
détention prolongée en cellule ; des difficultés à
vaincre l'isolement ; des conflits avec les autres personnes
incarcérées ; peu de visites ; peu de communication avec des gens
de l'extérieur ; et serait souvent victime d'ostracisme et
d'intimidation (Liebling, 1999).
La nature de la relation, à savoir si le comportement
suicidaire apparaît avant la violence ou si la violence déclenche
un état d'esprit suicidaire, ne semble pas corrélée. La
violence sérieuse (menaces de mort ou de blessures corporelles) serait
mieux corrélée au risque de suicide que le faible niveau de
violence (insultes, rumeurs, etc.) (Blaauw et al., 2001). Cependant,
selon Blaauw et ses collaborateurs (2001), un individu suicidaire, moralement
plus
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
démuni, aurait peut-être davantage tendance
à exagérer les attaques, les percevant plus dommageables que ce
qu'elles sont en réalité. Et inversement, les détenus non
suicidaires seraient davantage imperméables aux offenses.
Les suicides qui découlent de causes propres aux
caractéristiques de l'individu présentent également des
composantes environnementales. Ainsi, les suicides surviendraient-ils surtout
la nuit, par pendaison, les fins de semaine, durant les mois
d'été, en début de détention et dans des secteurs
spécifiques de la prison, tels que l'infirmerie et les lieux
d'isolement. L'environnement physique restrictif et la crainte constante de la
victimisation ne sont donc pas sans répercussion. Ainsi, pour
échapper à l'intimidation journalière et au stress
engendré par le milieu, certains détenus entrevoient le suicide
comme cette ultime solution à leur délivrance. Les tentatives de
suicide et les automutilations représentent ainsi le moyen in extremis
d'appel à l'aide (Liebling, 1999).
Toutefois, nous pouvons nous questionner sur la
capacité effective des détenus suicidaires à demander de
l'aide. La culture carcérale peut inciter le refus des hommes
emprisonnés à chercher des ressources de soutien, en ne voulant
pas être intimidés ou en ne voulant pas se montrer faible.
Conséquemment, la violence inhérente à la prison pourrait
interagir avec le suicide, les tentatives de suicide ou les gestes
d'automutilation.
? Violences des détenus faites aux membres du
personnel
Les cas de violence physique envers une personne autre qu'un
incarcéré, peuvent être divers et variés. Ces actes
sont posés généralement contre des surveillants et plus
rarement contre d'autres membres du personnel. Dans le cadre d'une étude
sur les prises d'otage (Seidman & Williams, 1999), le personnel
impliqué était majoritairement constitué de surveillants,
mais également de psychologues, d'instituteurs, de commis ou de
bibliothécaires. La durée des incidents pouvait aller de quelques
instants à plus de 60 heures.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Une autre étude (Furr, 1994) a décrit les
caractéristiques des détenus ayant agressé sexuellement
des employées. Ce sont en général des délinquants
sexuels qui avaient déjà agressé sexuellement des femmes,
ainsi que des employées et qui voyaient leur situation comme
désespérée ou extrêmement pénible. Ils
révélaient également un diagnostic de psychopathie
(Mailloux & Serin, 2002). Parmi ces cas, il y a rarement des blessures
sérieuses. Le plus généralement, la violence a lieu dans
des cas où la force est utilisée pour contrôler la personne
incarcérée, ou lorsque le détenu a fait des menaces, a
frappé un mur, a été agressif ou a invité un
surveillant à se battre (Lemire, 1990). Selon Toch, Adams et Grant
(1989), les détenus jeunes, célibataires et sans emploi avant
l'incarcération sont les plus portés à commettre ce type
d'infractions. Le crime commis et la longueur de la sentence ne seraient pas
reliés au taux d'infractions disciplinaires. Au contraire, la
réduction des infractions au cours d'une sentence prolongée
serait due au vieillissement du détenu. L'expérience de la prison
atténuerait l'importance des infractions disciplinaires chez les hommes
incarcérés depuis une longue durée. Le refus de se
conformer aux ordres et le bris des règlements carcéraux sont les
deux infractions disciplinaires les plus courantes, et le harcèlement
des surveillants venant en troisième position (Toch et al.,
1989).
Contrairement à la violence déployée
entre les hommes incarcérés, la violence contre les surveillants
serait concrétisée dans les endroits supervisés et
publics, par exemple les cellules et les unités spéciales de
détention (Bottoms, 1999). Elle surviendrait la plupart du temps dans
les circonstances suivantes : suite à un ordre donné par un
surveillant ; comme marque de protestation à une intervention
considérée injuste par le détenu ; lors d'une fouille de
cellule ou d'une fouille à nu ; lors des déplacements du
détenu, durant une altercation entre hommes emprisonnés ; ou lors
d'une suspicion d'un surveillant de la possession de substances illicites par
un détenu. La violence contre les surveillants serait plus
fréquente à certains moments de la
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
journée, tel qu'à l'ouverture des cellules le
matin, au commencement de la période de travail en matinée,
à la reprise du travail en après-midi, et à la fermeture
des cellules en soirée (Bottoms, 1999 ; Toch et al., 1989). Les
actes de violence envers les surveillants coïncident
généralement avec des temps forts de confrontation entre les deux
parties. Comme nous l'avons dit ci-dessus, la violence dirigée vers les
surveillants est surtout caractérisée par le harcèlement
et les menaces. Selon Bottoms (1999), la combinaison des facteurs âge
plus avancé et expérience plus poussée chez les
surveillants diminuerait le taux de violence des hommes
incarcérés envers ces derniers. Les surveillants plus
âgés et plus expérimentés auraient
développé de meilleures habiletés interpersonnelles et
seraient plus aptes à régler les conflits par la communication.
À l'opposé, les surveillants plus jeunes et moins
expérimentés émettraient davantage de rapports
disciplinaires et ce, pour des actes d'agression moins sérieux,
traduisant surtout un manque de confiance dans leur propre autorité
(Davies & Burgess, 1988, Cooke, Johnstone, & Gadon, 2004). Aussi, de
nombreux auteurs suggèrent-ils de porter une attention spéciale
dans le placement et la formation des surveillants (Buchanan et al.,
1986; Grant & Luciani, 1998; Rice, Harris, Varney, & Quinsey,
1989).
En réalité, même si la violence des
détenus envers les surveillants paraît importante, elle n'en reste
pas moins marginale, comparée à celle que les
incarcérés se font subir les uns aux autres, et comparativement
à d'autres corps professionnels. Concernant ce dernier propos, une
étude de Lusignan (1995) révèle que les surveillants de
prison ont des taux de victimisation nettement inférieurs à ceux
des huissiers, policiers ou travailleurs sociaux. Et ils ont une
mortalité professionnelle moins importante que les mineurs, les
camionneurs, les ouvriers de la construction ou les policiers. Lusignan
explique cela par le fait que les surveillants se rendent rarement
vulnérables
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
face aux détenus. Ils savent se défendre
à mains nues et s'organisent pour qu'un autre surveillant ne soit jamais
loin.
Tous ces agissements ou comportements constituent des effets
de l'incarcération sur les détenus et par extension, sur les
personnels d'encadrement : la privation excessive de la liberté non
seulement, change les prisonniers, mais elle change aussi leurs geôliers
et par extension, la société qu'il représente (Cormier,
Bruno & Williams ; 1966).
1.5.2. Le stress au travail : un vrai problème ?
Étudions les données déjà
existantes sur le stress au travail et les enquêtes menées au
cours des années passées.
Dans l'ouvrage précédemment cité de
Bachelard, ce dernier explique, qu'en France, selon une enquête
réalisée en 2002, 37 % des salariés déclarent
ressentir du stress au travail. Il cite ensuite, l'enquête SUMER,
commandée par le Ministère du Travail et co-pilotée par la
DARES (Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des
Statistiques) et la DGT (Direction Générale du Travail) : en
2008, 61 % des salariés français déclaraient percevoir
leur travail comme très stressant, 72 % ressentaient du stress dans leur
travail, 56 % pensaient que le stress au travail allaient augmenter et 48 %
vivaient leur charge de travail comme stressante. Dans cette situation, l'on
constate que le stress qui a malheureusement une place importante dans ce
milieu, ne se limite pas au seul cas de la France, mais aussi se retrouve
à l'échelle européenne, voire même mondiale. En
effet, la quatrième enquête européenne sur les conditions
de travail démontre que quatre travailleurs européens sur cinq
sont satisfaits ou très satisfaits de leurs conditions de travail, mais
qu'un tiers d'entre eux (soit 27 % de français) déclarent que
leur travail affecte leur santé et qu'ils ressentent alors des douleurs
dorsales, de la fatigue, du stress (pour 22 % des européens et 18 % des
français), des maux de tête, etc.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Aux États-Unis, une étude sur le stress
professionnel, citée par Stora dans Le stress, explique que
neuf américains sur dix souffrent une à deux fois par semaine des
effets du stress et qu'un américain sur quatre déclare en
souffrir de manière quotidienne. De ce fait, selon l'American
Psychological Association (APA), 75 % des visites médicales chez un
médecin du travail seraient liées au stress ressenti dans la
profession. La situation est alors assez semblable en France, puisque les
médecins du travail déclarent que 75 à 90 % de leurs
visites ont pour cause, un stress professionnel (contre 65 % il y a dix
ans).
Enfin, au Canada, une recherche effectuée par Pierre
Dubois et Associés sur le stress inhérent à la fonction
d'agent de la paix et publiée dans la revue Face à la
justice, présente les répercussions psychologiques,
physiques, familiales et sociales du travail sur l'Agent de la paix. Il est
à noter que, font partie des Agents de la paix, les constables de la
Cour du Bien-être Social, les Inspecteurs des Routes, les constables de
l'Assemblée Nationale, les Agents de conservation de la faune et des
pêcheries et les Surveillants en établissement de détention
ou Gardiens. Pour les auteurs, 13,46% des Agents de la paix de la fonction
publique manifestent sur une base presque continuelle, différents
symptômes névrotiques sérieux (paranoïa,
dépression, peur de devenir fou etc.) Alors que 65 % des sujets de
l'étude ne ressentent à peu près pas ces symptômes,
21,54 % révèlent les manifester à l'occasion. Les auteurs
ont également noté que les Agents de la paix manifestent une
tendance générale assez forte à l'agressivité et
à l'impulsivité. En effet, 30 % des sujets de l'étude
éprouvent ces sentiments sur une base presque continuelle et 56 %
à l'occasion.
Ces résultats nous montrent la place grandissante
qu'occupe le stress au travail, que ce soit en France ou à une
échelle plus large. Nous pouvons alors nous poser la question de la
raison d'une telle augmentation.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
CHAPITRE II : CADRE PRATIQUE DE L'ETUDE ET DEMARCHE
METHOLOGIQUE
2.1. Présentation du cadre de l'étude
2.1.1. Choix de sujet et de cadre géographique de
l'étude
Le choix de la prison civile de Parakou comme cadre de cette
étude est lié à plusieurs facteurs à savoir :
- L'ancienneté de cette prison car construite en 1928.
- Le sureffectif, puisque, construite pour 150 détenus,
cette prison abrite actuellement environ 520 détenus soit plus de trois
fois sa capacité initiale. - Les conditions de détention faisant
partie des plus difficiles du Bénin : (dortoirs, cellules
disciplinaires, très exigus, 09 bâtiments de détention sans
aération, le surpeuplement, les carences alimentaire et médicale,
les détentions préventives à rallonge etc.).
- Présence de détenus de tous statuts judiciaires
et de tous sexes.
- L'inexistence de suivi médico-psychologique des
détenus.
- et surtout, la diversité du personnel d'encadrement.
2.1.2. Présentation du cadre géographique de
l'étude : Prison Civile de Parakou
Construite dans les années 1928 et érigée
en prison en 1932, la prison civile de Parakou se trouve à environ 410
Kilomètres de Cotonou. Elle est située au quartier Ladjifarani
dans le deuxième arrondissement ; bâtie sur une superficie
d'environ 1,5 hectare, elle jouxte l'Agence de la BCEAO de la ville, non loin
du Camp Militaire SERO KPERA.
Elle reçoit les déférés de toutes
les communes du Borgou à savoir, celles de Tchaourou,
Pèrèrè, N'Dali, Nikki, Kalalé,
Bembèrèkè, Sinendé et bien évidemment
Parakou. Prison d'un Tribunal de Première classe et du siège de
la Cour d'Appel, elle reçoit également dans le cadre des sessions
de la cour d'assises et des audiences en appel, les accusés et les
prévenus des prisons civiles de Kandi et Natitingou, (voir figures 1 et
2 ci-dessous)
32
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Sous la tutelle du Ministère de la Justice, de la
Législation et des Droits de l'Homme, cet établissement
pénitentiaire est actuellement dirigé par un Régisseur
assisté d'un certain nombre de personnel civil et militaire.
Dans cette prison se dressent quatre (04) bâtiments
subdivisés en 09 dortoirs (quartier des hommes), un (01) quartier pour
mineurs et un (01) quartier pour femmes récemment construits.
Aujourd'hui en pleine reconstruction, elle donnera à terme, un visage de
prison moderne aux normes internationales.
Initialement prévue pour 150 détenus, elle
compte à ce jour 520 détenus de toutes les catégories
réparties en quartiers : le quartier des hommes adultes, celui des
mineurs et enfin, celui des femmes. On y trouve des détenus de tous les
statuts judicaires à savoir, prévenus, inculpés,
accusés et condamnés. Elle est dotée d'une infirmerie,
d'un atelier et d'un bâtiment qui abrite l'administration.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Figure 1: Carte du Tribunal de Première
Instance de Parakou Source : Tribunal de
Première Instance de Parakou, Mars 2015
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Figure 2: Carte de la Cour d'Appel de Parakou
Source : Tribunal de Première
Instance de Parakou, Mars 2015
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
2.2. Démarche méthodologique
2.2.1. Recherche documentaire
Elle a consisté à parcourir plusieurs centres de
recherche, les bibliothèques de l'université de Parakou, celle de
l'Institut Français de Parakou, celle du LASDEL ainsi que l'internet
(voir Tableau).
Tableau I : Centres de documentation parcourus
et types d'informations
Centres de Nature des documents Types
d'informations
documentation et obtenus obtenues
bibliothèques
Bibliothèque de l'UP Ouvrages
généraux Informations conceptuelles,
méthodologiques
|
IF de Parakou Livres, ouvrages
généraux, Informations conceptuelles,
dictionnaires méthodologiques, thématiques
Salle de documentation du LASDEL
|
Livres et ouvrages
psychologiques, ouvrages généraux
|
Informations conceptuelles, méthodologiques,
thématiques
|
Internet Mémoires, livres, articles,
Informations conceptuelles,
rapport d'étude. thématiques, statistiques,
méthodologiques
Bibliothèque Cours et ouvrages
Informations sur la
personnelle méthodologie de recherche,
les techniques de recherche d'analyse en psychologie
Source : Données de recherche,
Février 2015
2.2.2. Population cible
La population cible de notre recherche est constituée
de 37 personnes qui encadrent 520 détenus à la date de
l'enquête. Ce personnel d'encadrement peut être subdivisé en
deux groupes : le personnel permanent et le personnel non permanent. Le
personnel permanent est composé de vingt (20) travailleurs selon la
figure ci-après :
36
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
20
18
16
14
12
10
4
2
6
0
8
Figure 3: Effectif du personnel permanent de la
Prison Civile de Parakou Source : Prison Civile de
Parakou, Mars 2015
Le personnel non permanent constitué de dix-sept (17)
personnes, est réparti selon la figure ci-après :
Magistrats Greffiers Assistant Social Animatrice Sociale
Volontaires d'ONG Total
50%
14%
15%
15%
3%
3%
Figure 4: Effectif du personnel non permanent de
la Prison civile de Parakou
Source : Prison Civile de Parakou, Mars
2015
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37
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Tableau II : Effectif des détenus de la Prison
Civile de Parakou
GENRE TRANCHE PREVENU INCULPE CONDAMNE TOTAL
%
D'AGES
FEMININ
00 00 00 00 00
15 -17 ans
03 02 08 13 2,5
18 - 35 ans
03 00 04 07 1,4
35 ans et Plus
10 00 01 11 2,1
15- 17 ans
MASCULIN
|
147 26 192 365 70,2
18 - 35 ans
|
57 44 23 124 23,8
35 ans et Plus
Source : Prison Civile de Parakou, Mars
2015
2.2.3. Echantillonnage et échantillons
? Echantillonnage
Il existe deux techniques d'échantillonnage : les
techniques probabilistes et celles non probabilistes. Dans le cadre de cette
étude, compte tenu des caractéristiques de notre objet
d'investigation, nous avons fait l'option de la technique
d'échantillonnage probabiliste selon les strates. En effet,
l'échantillon de hasard stratifié a été choisi
à cause du caractère hétérogène de notre
population cible. Alors il s'agira pour nous de constituer des
échantillons stratifiés en respectant les proportions des strates
de la population.
? La taille de
l'échantillon
Déterminer la taille de l'échantillon revient
à déterminer le nombre d'unités qu'on retrouvera dans
notre échantillon, d'où deux types d'échantillon sont
constitués.
Pour ce qui concerne l'échantillon des
incarcérés, nous n'allons pas nous servir de la table
d'estimation de la taille d'un échantillon1. C'est pourquoi
la
1Depelteau, F. (2001). La démarche d'une
recherche en sciences humaines : De la question de départ à la
communication des résultats, De Boeck, p. 233.
38
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
taille d'échantillon des détenus sera
constituée de 10 % des individus de la population des détenus.
Tableau III : Echantillon des stresseurs
(détenus)
Genre Tranche
d'âge
|
Inculpés Prévenus Condamnés
Total
|
|
|
Féminin 15-17 ans 00 00 00 00
18-35 ans 01 01 02 04
+35 ans 01 00 01 02
Masculin 15-17 ans 03 00 01 04
18-35 ans 10 03 10 23
+35 ans 09 05 05 19
Total 24 09 19 52
Source : Prison Civile de Parakou, Mars
2015
Concernant l'échantillon du personnel d'encadrement,
nous estimons que l'effectif global de ce dernier étant faible, il
fallait prendre en compte tout le personnel d'encadrement. D'où
l'échantillon du personnel d'encadrement revient à la taille de
la population cible relative au personnel d'encadrement.
2.2.4. Méthodes de collecte des données
Pour récolter nos données, nous avons choisi la
méthode clinique. En effet, « elle veut approfondir l'observation
de son objet jusqu'à y percevoir une structure d'ensemble qui organise
les faits et en permet une interprétation cohérente. Elle
s'intéresse par conséquent aux processus, c'est-à-dire
à la façon dont ont été obtenus les
résultats observés (phénomènes), (...) Ses
méthodes sont celles de l'observation sur le terrain et de l'entretien
clinique.»2 Lorsqu'on parle de l'entretien clinique, il s'agit
de l'entretien du thérapeute avec son patient. Alors celui-ci peut
être oral ou sur la base des tests. Mais pour le cas de notre
étude, il s'agit d'un entretien oral.
2J. Cardinet et M. Schmutz, (1975).
L'évaluation des recherches en pédagogie, Neuchâtel,
I.R.D.P., p 6.
39
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Paul
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
? L'observation directe
- Pour obtenir des comportements réels de quelques
décrocheurs en milieu scolaire, il faut être discret et
effacé. S'ils se sentent observés, ils réagiront au
regard. Car le regard d'autrui influence le comportement de celui qui est
observé.
- Si l'observation scientifique est la constatation attentive
des phénomènes sans volonté de les modifier, l'observation
pédagogique est loin d'être une simple constatation. Elle a pour
but, selon les propos de Delandsheere « de connaître et de
prédire des faits relatifs aux systèmes, aux processus et aux
procédés d'éducation. Une observation approfondie
renseigne sur la nature et la fréquence des phénomènes
»3.
L'observation directe n'exclut pas l'utilisation des
instruments qui peuvent faciliter la maîtrise des informations. Alors,
dans le cas d'espèce, nous avons fait usage des outils tels que le
registre de garde au poste de police, le registre des punitions disciplinaires,
les registres d'écrou, des condamnations et des mandats de
dépôt.
? L'entretien
L'entretien semi-dirigé est une
méthode présentielle d'entretien, fondée sur l'empathie.
Elle est utilisée pour le recueil de données qui dépendent
de la subjectivité des acteurs sujets. C'est ce qui donne le
caractère clinique de cet entretien. Cette technique favorise par
conséquent la libre expression du sujet tout en permettant au chercheur
de cadrer le discours selon la perspective de la recherche. Le récit
reste balisé par un cadre de narration, construit autour de l'objet de
recherche et négocié dans le contrat de communication qui guide
l'évocation.
Comme Desgagné (2005) le précise, la narration
soutenue par le chercheur en cours d'entretien représente une
étape de coopération qui revêt la forme
3De Landsheere, op. cit. p.40.
40
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
d'une action conjointe. Le moment de l'entretien peut aussi
être considéré comme une occasion de développement
professionnel pour le sujet (Schön, 1994).
Pour réussir l'entretien, il faut disposer des moyens
pour persuader l'interviewé, de l'utilité de ses réponses
et des avantages que l'enquête peut lui apporter de façon directe
ou indirecte. Une fois le sujet est convaincu et mis en confiance, sa
coopération dépasse souvent les prévisions les plus
optimistes. Pour cette technique nous avions utilisé le guide
d'entretien comme support.
2.2.5. Difficultés rencontrées
Au cours de la réalisation de cette étude, nous
avons rencontré quelques difficultés entre autres, l'accès
au cadre d'étude à savoir la prison civile de Parakou. Bien que
nous sommes membre de l'administration, nous nous sommes fait l'obligation
d'obtenir l'autorisation d'accès pour les recherches. La Direction de
l'Administration Pénitentiaire et de l'Assistance Sociale (DAPAS) a
accordé cette autorisation après plusieurs mois d'attente, cette
situation a retardé quelque peu notre enquête.
Ensuite durant notre enquête nous avons eu beaucoup de
difficultés pour la collecte de l'information sur sa qualité. Les
informations collectées ont connu beaucoup de biais compte de notre
position dans l'administration de Prison Civile de Parakou ; nous nous sommes
vus obligé d'utiliser des personnes étrangères au cadre
d'étude afin de minimiser les biais.
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41
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
3.1. Présentation et analyse des
données
3.1.1. Le calcul du ratio personnel d'encadrement et
détenus
De l'effectif du personnel d'encadrement à l'effectif des
détenus, nous avons calculé pour montrer l'écart qu'il y a
entre l'offre et la demande en termes de prise en charge en milieu
carcéral.
Tableau 4 : Ratio par les différents
types d'agents servant dans la prison civile de Parakou
N°
|
Personnel permanent d'encadrement
|
Ratio
|
1
|
Régisseur
|
1/520 soit : 0,19%
|
2
|
Gardien-chef
|
1/520 soit : 0,19%
|
3
|
Greffier
|
1/520 soit : 0,19%
|
4
|
Infirmiers
|
2/520 soit : 0,38%
|
5
|
Conducteur
|
1/520 soit : 0,19%
|
6
|
Commandants de brigade
|
2/520 soit : 0,38%
|
7
|
Agents de sécurité
|
12/520 soit 2,3%
|
|
Personnel non permanent d'encadrement
|
Ratio
|
8
|
Magistrats
|
5/520 soit : 0,96%
|
9
|
Assistants sociaux
|
2/520 soit : 0,38%
|
10
|
Volontaires d'ONG
|
5/520 soit : 0,96%
|
11
|
Greffiers
|
6/520 soit : 1,1%
|
Source : Prison Civile de Parakou, Mars
2015
La détermination de ratio détenu/personnel
d'encadrement affiche clairement l'immensité des tâches et la
pression avec laquelle le personnel d'encadrement travaille dans la prison
civile de Parakou. C'est la densité et l'intensité du risque de
travail qui créent le stress chez le travailleur et non la tâche
elle-même. C'est pourquoi notre étude ne perçoit pas les
agressions et menaces des détenus comme un phénomène qui
cause le stress. Cependant, la fréquence des menaces et des plaintes
peut contribuer à la pression et au
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
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42
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
rythme du travail, d'où le stress. C'est ce que
véhicule ce témoignage de Monsieur P. N. un des administrateurs
de la PC de Parakou :
« Regardez tout ceci, toutes ces demandes, ce sont
des plaintes des détenus ou encore des détenus qui veulent me
faire savoir des situations familiales, personnelles, de santé qu'ils
ont et que je dois gérer... Je reçois plus de vingt demandes
d'audiences par jour de la part des détenus, de leurs familles...et je
dois les écouter ; je n'ai pas un temps de repos fixe ».
Donc, les révoltes et revendications sont
considérées comme étant des stimuli puis la pression et le
rythme du travail comme des réponses. C'est nous qui qualifions les
détenus de stresseurs.
3.1.2. Temps du travail des membres du personnel
Dans la Prison Civile de Parakou, on distingue trois plages
horaires. Ces plages horaires s'appliquent au personnel permanent et se
présentent comme suit :
? La garde de 24 heures exécutée par six agents
de sécurité dont un
gendarme et cinq militaires qui viennent en appui du camp. Ils
montent la garde à partir de 18 heures et descendent le lendemain
à 18 heures ;
? La garde de 12 heures couvre la période de 7 heures-19
heures ;
? Le service régulier qui commence à 8 heures et
prend fin à 18heures
30 minutes.
En cas d'hospitalisation de détenu malade, l'agent de
sécurité qui est en service régulier, va monter la garde
à l'hôpital pendant toute la durée de l'hospitalisation
(c'est un service de 18h à 18h le lendemain).
3.1.3. De la typologie de détention à la
typologie des délits
A partir de cette typologie qui nous a permis de
synthétiser les nombreuses informations recueillies dans nos entretiens,
nous pouvons désormais
43
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
avancer un certain nombre d'hypothèses concernant les
déterminants sociologiques qui pourraient expliquer le mode de processus
d'intégration à l'égard des différentes
sous-cultures carcérales.
Notre analyse nous a en effet permis de dégager deux
grandes variables explicatives dont le type de détention et le type de
délit.
? Type de détention
Les différents environnements carcéraux tels que
la maison d'arrêt (MA), le centre de détention (CD) ou la maison
centrale (MC), sont des milieux très distincts du point de vue de la
population accueillie, du niveau sécuritaire ou des activités
proposées. Ces fortes disparités, qui ne modifient pas
nécessairement structurellement les configurations de groupe à
l'intérieur des milieux, semblent néanmoins agir sur certaines
tendances où peuvent se renforcer les valeurs et opinions, augmentant
ainsi le degré de coercition. En effet, d'après nos
résultats, il semble exister une différence importante dans les
récits de vie évoqués pour chacun des milieux. Les
détenus disaient ainsi avoir subi ou avoir fait subir plus de violences
physiques, d'insultes ou de tentatives de suicides en prison et racontaient
avoir vécu plus d'émeutes ou d'expériences de violences
graves en MC. Aussi, avons-nous constaté que les détenus avaient
montré une plus grande résistance aux valeurs du personnel, un
plus grand renforcement de leurs valeurs anti-carcérales, avec une
participation plus accrue aux trafics, à la consommation de substances
psychoactives ou aux violences.
Dans les CD, il semble donc que la polarisation entre
sous-groupes, exprimée notamment par la violence, soit moins
présente. Nos entrevues font apparaître que les règles
moins strictes en CD, le respect du numerus clausus ou le fait
d'accueillir des détenus présentant de meilleures perspectives de
réinsertion pourraient favoriser la qualité des rapports
interpersonnels à la fois entre les détenus, mais
également entre les détenus et les membres du personnel
pénitentiaire. Il semble donc que les modes de
44
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
gestion des différents contextes carcéraux ou la
sélection des populations accueillies aient des implications directes
sur la qualité du mode d'intégration carcérale.
? Type de délits
Nous avons constaté que l'adaptation des détenus
dépendait également des causes de l'incarcération. Ainsi,
les détenus auteurs d'agressions sexuelles éprouvaient plus de
difficultés à s'adapter, vivant une forte stigmatisation et
subissant plus d'insultes ou même de violences physiques. Nous avons
observé que ces détenus vivaient un fort rejet de la part du
reste de la population carcérale. À l'inverse, les autres
détenus pouvaient paradoxalement, se sentir valorisés pour leurs
crimes.
Il s'instaure ainsi une forme de hiérarchisation
à partir du délit qui vient déterminer le rôle et la
place du détenu dans le milieu. Conséquemment, cela vient
renforcer chez les détenus des distorsions sociales dans un
système où l'objectif est pourtant au contraire de les modifier,
une situation qui déteint sur la masse de travail du personnel
d'encadrement qui est appelé à intervenir en cas de collision
entre détenus.
3.2. Analyse des données de terrain
3.2.1. L'analyse qualitative
Analyser qualitativement, c'est observer, percevoir,
ressentir, comparer, juger, nommer, étiqueter, ordonner,
vérifier, intégrer, rassembler, rapporter, relier, etc. L'analyse
est une tâche complexe prise en charge par le chercheur dès le
moment du recueil des données. C'est lui qui va recueillir et lire les
traces en vue de leur attribuer un sens. Pour ce faire, il va tenter de les
faire parler, dans un temps différé par rapport aux prises de
données, sans qu'il y ait nécessairement un cadre
prédéfini (Paillé et Mucchielli, 2005).
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
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45
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
3.2.2. Les données qualitatives
Les objets appréhendés par les méthodes
qualitatives sont uniques et non reproductibles. Ils concernent essentiellement
des productions de l'homme : un texte, un discours, des ensembles d'actions,
des représentations (Mucchielli, 1996, p.183). Ainsi, étant de
l'ordre des représentations, nos données sont qualitatives.
Les recueils de ce type de données se
caractérisent par l'implication du chercheur dans le maniement de la
technique utilisée. Cette implication se traduit notamment par une
attitude empathique qui est une disposition de l'esprit, une
disponibilité et un respect des témoignages. Selon Mucchielli,
(1996, p. 55) « l'empathie est la sympathie intellectuelle par laquelle
nous sommes capables de comprendre le vécu de quelqu'un d'autre sans
l'éprouver pour autant de façon réelle dans notre propre
affectivité ».
3.2.3. Les techniques de traitement ou d'analyse des
données qualitatives Après avoir choisi des techniques
de recueil, il s'agit d'envisager des modalités d'analyse compatibles
avec nos questions, nos buts de recherche et les données recueillies.
L'analyse qualitative est une schématisation qui rassemble les
éléments les plus significatifs de la situation pour l'acteur
(Mucchielli, 1994). Elle repose sur une catégorisation ou sur une
recherche d'analogies et sur la sélection d'entités
caractéristiques formant un tout cohérent (Paillé et
Mucchielli, 2005). Ainsi, l'analyse qualitative reste-t-elle humble dans le
sens où elle ne sera jamais qu'une lecture limitée de la
complexité du monde. Elle engage des choix qui permettent d'embrasser la
complexité. L'enjeu de l'analyse qualitative est de pouvoir expliciter
les opérations interprétatives qui l'ont nourrie.
Pour notre part, les dépouillements de nos
données recueillies sont faits manuellement et ce, de façon
systématique après chaque sortie sur le terrain. Nous avons
utilisé pour traiter nos données, la technique d'analyse des
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
contenus mais aussi le logiciel Word pour les tableaux. Cette
activité a consisté à confronter les informations
reçues, à mesurer leur degré de pertinence par apport
à notre thème d'étude.
3.3. Interprétation des données de
terrain
3.3.1. Le temps, une ressource limitée mais
structurée
Le conflit entre le temps consacré au travail et celui
alloué aux activités hors travail n'est pas seulement
quantitatif. C'est aussi, et pour beaucoup, un problème d'articulation :
d'importantes discordances existent entre horaires professionnels d'une part et
exigences temporelles de la vie hors travail d'autre part. En effet,
près de 90 % des personnes enquêtées nous ont
révélés qu'ils sont souvent rappelés par
l'administration pénitentiaire à n'importe quelle heure et
n'importe quel jour après avoir terminé leurs activités
pénitentiaires réglementaires :
«....Dans ce boulot, il n'y a pas samedi ni dimanche,
ni temps de repos, on peut t'appeler à tout moment de la journée,
c'est pourquoi j'ai toujours mon téléphone portable
allumé... c'est quotidien ; par exemple tu descends à 18h pour te
reposer, mais tu dois avoir en tête qu'à 19h, on peut te rappeler
pour une urgence... C'est un sacerdoce, on se contente de le
faire...». [Propos d'un agent de sécurité
pénitentiaire].
3.3.2. Un conflit avec les rythmes biologiques
On sait que le fonctionnement de l'être humain est, dans
son ensemble, sous-tendu par des rythmes biologiques et en particulier par une
rythmicité circadienne dont une des manifestations les plus importantes
est l'alternance veille/sommeil qui est réglée sur l'alternance
du jour et de la nuit (Reinberg, 1997). Ce rythme de vie normale est
évidemment remis en cause dans les situations de travail de nuit, mais
aussi dans celles où le travail commence à des heures très
matinales ou s'achève à des heures fort tardives, pouvant, dans
les deux cas, empiéter partiellement sur la nuit.
47
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
La mise à mal de la rythmicité circadienne par
certains horaires de travail ne se limite pas au sommeil ; les horaires
décalés constituent de sérieuses contraintes pour les
heures de prises de repas dont le dérèglement peut être
source de troubles digestifs et, au-delà, de problèmes
cardiovasculaires (Costa, 1996 ; Prunier-Poulmaire, 1997).
3.3.3. Un conflit avec les rythmes sociaux
Un bon nombre d'activités de la vie quotidienne sont
socialement programmées selon des plans horaires
déterminés. Cette donnée est familière à
tout un chacun : les parents ont à compter avec les heures de
début et de fin de la journée scolaire, les consommateurs avec
les heures d'ouverture des marchés ; l'heure du journal
télévisé et celle du début de telles ou telles
émissions pèsent sur l'organisation de la vie familiale en
soirée : temps du dîner et gestion du temps des devoirs scolaires.
La force de ces rythmes est bien établie par toutes les familles ou du
moins celles des grandes villes béninoises.
De son côté, le temps de travail obéit
à des impératifs techniques et économiques qui
déterminent les plages de présence des travailleurs à leur
poste :
- journée effectuée en deux vacations,
séparées par une coupure de plusieurs heures, afin d'ajuster les
effectifs du personnel aux variations d'affluence de la clientèle
(grande distribution alimentaire et vestimentaire) ;
- travail en équipes successives utilisé
tantôt pour satisfaire aux contraintes techniques d'un fonctionnement
continu 24h sur 24 (services carcéraux, hôpitaux, services de
secours, police, ...). C'est le cas de la Prison Civile de Parakou.
- travail en permanence.
Ainsi, dans beaucoup de cas, la présence au travail est
requise à des heures où il serait nécessaire ou
souhaitable d'être libre pour vaquer à différentes
activités de la vie hors travail. Cette discordance entre les
contraintes
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48
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
horaires du travail et les besoins de la vie hors travail
présente des formes multiples. Elle est de moindre envergure mais
néanmoins complexe pour les salariés dont l'heure de prise de
travail ne leur permet pas d'accompagner leurs enfants à l'école.
Ils se trouvent privés de la possibilité de suivre le travail
scolaire de ses enfants, de participer au dîner familial, de suivre les
émissions de télévision programmées aux heures de
plus grande écoute, ou encore d'assister à une réunion
d'association en soirée. En contrepartie, les heures libres dont il
dispose le matin peuvent lui servir à bricoler, à jardiner,
éventuellement à faire des courses ou des démarches
administratives, mais non pas à récupérer les
activités qu'il n'a pu effectuer en soirée. Aussi, n'y a-t- il
pas que des restrictions : il peut y avoir des avantages mais rarement de
compensation.
3.3.4. Structure de la partition temporelle du temps
travail/hors-travail Temps de travail et temps hors travail peuvent se
trouver découpés, de multiples manières, en
périodes plus ou moins longues. Ainsi, dans la prison civile de Parakou,
certains agents de surveillance fonctionnent sur la base de postes journaliers
ou hebdomadaires : les agents de santé, de surveillance, des assistants
sociaux, etc.
Comme le montre cet exemple, la combinaison des deux
paramètres « durée journalière du travail » et
« mode d'enchaînement des jours de travail et des jours de repos
» peut produire à l'échelle de la semaine, du mois, voire de
l'année un temps libre très fractionné ou au contraire
concentré en plages de longue durée. Cette amplitude des plages
de temps libre est un élément central. En effet, toute
activité hors travail s'inscrit dans un emploi du temps où elle
doit être agencée avec d'autres en prenant en compte les
conditions spécifiques d'exécution de chacune comme par exemple
les partenaires requis, les lieux de réalisation, etc.
Plus longues sont les plages de temps libres, plus larges les
marges de manoeuvre dont on dispose pour organiser l'emploi de ces temps :
atout
49
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
pragmatique, mais aussi avantage subjectif dans la mesure
où, bien souvent le temps hors-travail s'oppose à celui du
travail par l'autonomie dont on dispose. Ainsi, parmi les salariés pour
lesquels ce passage a pris la forme d'une réduction quotidienne des
heures travaillées, nombreux sont ceux qui auraient
préféré une autre modalité de réduction du
temps de travail comme la libération hebdomadaire d'une
demi-journée de travail ou l'attribution de jours de repos
supplémentaires (DARES, 2000).
3.3.5. Stabilité ou variabilité des
horaires
L'articulation de l'activité professionnelle et des
activités hors travail exige, de la part des individus,
l'élaboration de compromis et d'arrangements qui impliquent souvent
l'ensemble de la cellule familiale et les différents partenaires de la
vie hors-travail au travers de tentatives de coordination des emplois du
temps.
Ces mesures d'organisation de la vie quotidienne peuvent, par
exemple, porter sur le choix d'un mode de garde des enfants, celui du mode de
transport pour les déplacements domicile-travail, celui du moment et des
modalités de réalisation des courses hebdomadaires. Ces
coordinations et ces modes d'organisation mettent en jeu des ressources
(réseau d'aides, moyens collectifs, ...) sujettes à des
contraintes propres telles qu'il est généralement malaisé
de les mobiliser à des moments différents selon les jours ou les
semaines. Modifier fréquemment l'organisation quotidienne de la vie
hors-travail pour l'ajuster à la variabilité des horaires exige
une gestion complexe qui constitue in fine une charge mentale
élevée dont l'exemple le plus évident concerne la garde
des enfants (Prévost & Messing, 2001). Or, la variabilité est
aujourd'hui une caractéristique des horaires de travail très
répandue surtout en contexte carcéral à Parakou où
le ratio travailleur/détenu est quasiment nul.
Nombreux sont donc les salariés qui doivent mettre en
place des solutions différentes selon les jours, et donc gérer un
système plus complexe et plus
50
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
vulnérable. S'ajoute en outre à ces
difficultés pratiques, l'impact psychologique que ces fluctuations font
peser sur les interactions au sein de la famille, spécialement au regard
des temps de présence des parents auprès de leurs enfants.
Les difficultés sont accrues quand la
variabilité s'accompagne d'une faible prévisibilité, avec
des changements d'horaires décidés et annoncés dans des
délais très courts, comme c'est le cas par exemple pour
l'infirmière ou d'un soldat de garde, auxquelles il peut être
demandé, en raison d'une maladie inattendue ou de la révolte des
détenus, de retarder de plusieurs heures la fin du travail
journalier.
3.3.6. Effets à moyen et long terme
Cumulées au fil des ans, les restrictions quotidiennes
des temps de rencontre avec le conjoint, les enfants et le cercle des relations
amicales aboutissent à des modifications qualitatives des relations
familiales et sociales :
? Vers une altération des relations
conjugales
Au sein du couple, ces restrictions temporelles tendent
généralement à déséquilibrer la contribution
de chacun des partenaires aux activités quotidiennes de la vie
familiale, à affecter la compréhension mutuelle et à
réduire le vécu commun dont se nourrissent les dimensions
affectives de la relation de couple. L'hypothèse a parfois
été avancée que le travail posté aurait pour
conséquence d'accroître la fréquence des divorces. Les
données sur ce point sont rares et ne permettent pas de conclusions
claires. Cependant, sans une étude scientifiquement menée, il n'y
a pas le couple pour vivre séparément ; ils se sont mis ensemble
non pour vivre comme si on ne l'était pas. Ils constituent le couple
parce qu'ils veulent d'abord vivre ensemble. Alors, lorsque le travail (mission
sociale) s'oppose à ce voeu, la vie du couple prend un coup. Les propos
d'une infirmière de la Prison sont édifiants :
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
« ....Vous savez, des fois quand on me rappelle tard
dans la nuit, mon mari se met souvent en colère et me demande parfois de
demander une affectation ou encore des fois, il me dit qu'il arrivera un jour
où je vais choisir entre ce boulot et mon mariage ».
C'est ce qu'atteste cette enquête longitudinale
récente effectuée sur un échantillon national de familles
aux Etats-Unis qui a fait apparaître que le travail de nuit accroît
la probabilité de séparation ou de divorce alors que ce n'est pas
le cas pour les salariés en postes fixes d'après-midi, ou
pratiquant des horaires alternants. En revanche la pratique de ces types
d'horaires diminue la probabilité d'être marié 5 ans plus
tard pour les femmes mais pas pour les hommes (Presser, 1998).
? Vers une altération des relations
parents-enfants
La qualité des rapports parent/enfant semble
également affectée par la pratique d'horaires atypiques. Pour
compenser les absences ou l'indisponibilité du parent travailleur en
horaire atypique, le conjoint tend à prendre une place
prépondérante dans l'éducation des enfants, situation que
les travailleurs postés ne perçoivent pas toujours (Lee, Moon
& Cho, 1982, Thierry & Jansen, 1982). Ceci peut parfois s'accompagner
d'une dégradation de l'autorité paternelle (Koller & al.,
1990, Bourdhouxe & al., 1997, Prunier-Poulmaire, 1997).
Des répercussions négatives sont aussi possibles
sur le parcours scolaire des enfants. Cette question n'a donné lieu
qu'à un très petit nombre d'études dont les
résultats ne sont pas convergents : certaines constatent des
performances scolaires moindres chez les enfants de travailleurs postés
(Jugel, Spangenberg, & Stollberg, 1978, Maasen, 1979, Diekman, 1981) tandis
que d'autres ne révèlent pas de différences (Lambert &
Hart, 1976). Ces résultats divergents tiennent
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
probablement à la disparité des contextes
sociaux et à celle des horaires postés pratiqués par les
populations étudiées.
Enfin, des effets sur le développement psychologique
des enfants peuvent aussi apparaître : ainsi une enquête
auprès d'enfants des deux sexes âgés de 8 à 11 ans
montre que les filles des travailleurs postés, par rapport à
leurs camarades dont les pères ont des horaires normaux, jugent de
façon plus défavorable leur compétence scolaire, ont une
estime de soi plus négative et déclarent davantage de
symptômes dépressifs. Ces effets n'apparaissent pas chez les
garçons, ce qui s'expliquerait, selon les auteurs, par le fait bien
établi d'une tendance générale des filles à
surestimer les facteurs internes dans l'attribution des causes d'échecs
(Barton, Aldridge & Smith, 1998).
Au travers de ces études, bien que peu nombreuses,
l'impact sur les enfants de la pratique d'horaires postés apparaît
sans doute plus important que l'attention qui lui a été
accordée jusqu'ici.
? Vers un isolement social
Cette étude sur ce point, la plupart des enquêtes
attestent d'une restriction du cercle des relations amicales et d'une moindre
pratique d'activités sociales formalisées (Knauth, 1996,
Prunier-Poulmaire, 1997). Là encore ces effets des horaires de travail
se modulent en fonction des caractéristiques des horaires et de la
situation familiale. L'étude de Grech-Szukalo & Nachreiner (1997),
déjà citée, en apporte une illustration : la participation
aux associations est plus importante d'une part lorsque les horaires de travail
sont non concentrés en vacation de longue durée et d'autre part
lorsque le passage de l'équipe de l'après-midi à
l'équipe de nuit à lieu à 21 heures. Mais dans les deux
cas, l'effet est modulé par la situation professionnelle de
l'épouse. La restriction des temps de rencontres amicales et de la
participation à des activités associatives peut aboutir, à
terme, à une
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
certaine marginalisation. En atteste clairement la vaste
enquête ESTEV (1990) ; comparés à un groupe de
référence de salariés pratiquant des horaires normaux,
ceux qui sont assujettis à des horaires décalés, mais
aussi ceux qui le furent à un moment donné de leur vie, sont plus
nombreux à ressentir un sentiment d'isolement social. Chez les femmes,
ce sentiment de marginalisation augmente très clairement à partir
de la quarantaine (Barrit & al., 1994).
? Vers une altération de santé
physique et psychique
Certains modes d'organisation du temps de travail ont, sur la
santé, des incidences négatives qui sont pour une large part la
résultante de processus biologiques dont l'analyse ne relève pas
principalement du champ de la psychologie. C'est particulièrement le cas
pour ce qui est des troubles de santé générés par
la pratique des horaires décalés qui ne seront pas
développés ici, dans la mesure où un exposé
synthétique récent existe par ailleurs (Gadbois, 1998).
Cependant, les troubles de santé peuvent aussi avoir pour origine des
phénomènes ou des éléments des facteurs
situationnels dont l'action relève de la psychologie. Troubles du
sommeil, troubles gastro-intestinaux et, bien entendu mal-être
psychologique, qui constituent les pathologies classiquement associées
à la pratique du travail posté peuvent aussi découler des
difficultés relationnelles rencontrées dans la vie personnelle en
raison du déphasage du rythme de vie quotidien. En outre, le
mal-être physique et les troubles de santé
générés par la pratique d'horaires de travail peu
compatibles avec la vie privée influent sur le déroulement de la
vie hors travail et l'analyse du jeu de ce registre de causalité
relève pleinement de la psychologie.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
CHAPITRE IV : DISCUSSION ET SUGGESTIONS
4.1. Discussion
Il faut noter une différenciation à faire entre
les corps de métiers. Il y a des corps de fonctions qui disposent
d'horaires classiques comme les fonctionnaires des administrations. Mais dans
ce lot on peut ressortir d'autres (fonctionnaires) qui en raison de la
spécificité de leur fonction, sont constamment sollicités
pour accomplir leur devoir républicain. Ces corps ne disposent pas
d'horaires classiques, ces agents sont souvent à disposition à
tout heure pour servir : ce sont en général les Forces de
Sécurité Publiques. Qu'on la nomme harcèlement moral
(Hirigoyen, Dejours), harcèlement professionnel ou encore violence
psychologique au travail (Moreau), cette forme de violence au travail se
manifeste par des comportements portant atteinte à
l'intégrité physique ou psychique d'une personne, à sa
dignité en tant que membre d'une organisation de travail et qui a pour
effet de mettre en péril l'exécution du travail et la position de
la personne au sein de l'organisation. Comme le précise Dejours, il
s'agit bien d'une « forme clinique d'aliénation sociale dans le
travail ».
Ces comportements violents peuvent se manifester par une ou
plusieurs formes de violence psychologique (Moreau, 1999 ; Au rousseau &
Landry, 1998, cités par Moreau 1999) :
- l'agression verbale, privée ou publique qui
représente, dans certains pays, 70 % des manifestations de violence
(chiffres cités par Moreau, 1999) pour le Canada) et qui se manifeste
par des menaces, un discours partial, des injures ou des messages n'ayant
aucune justification liée au travail ;
- l'intimidation, le manque de respect ou encore le
mépris ;
- le dénigrement des compétences et la
dévalorisation systématique, souvent associés à un
contrôle excessif ;
- le refus de promotion, de ressourcement et de soutien
professionnel ;
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
- les brimades (8 % des cas avec l'intimidation, selon Chappel
et Martino (1998), le refus des communications autres qu'instrumentales
accompagné d'un harcèlement administratif ;
- l'isolement professionnel et social pouvant aller
jusqu'à l'exclusion, formelle ou informelle.
Au-delà des typologies et des questions de
définition, ce qui interroge la psychologie du travail et des
organisations est peut-être moins, la classification et l'identification
de cette violence que la possibilité d'identifier des catégories
de personnes, ou encore des traits de personnalité, susceptibles de
porter certains individus à être les auteurs d'actes de violence
et d'autres à en être la cible, mais aussi de savoir quels effets
elle peut avoir sur les personnes et sur les organisations et quel peut
être le degré d'implication de l'organisation de travail dans
l'émergence de la violence au travail.
Ce sont là des questions qui interrogent ce que la
psychologie nous apprend des personnes et ce que nous savons des interactions
entre personnes et organisations de travail ou famille.
Les causes du stress sont multiples et souvent
combinées ; Damant, Dompierre & Jauvin (1997) les regroupent en cinq
catégories qui permettent de cerner tout aussi bien les comportements
des victimes que les raisons des auteurs à commettre ces actes violents
:
- les facteurs liés à la personne
: maladie mentale ou physique, conduites addictives, etc.
- les facteurs relationnels : manque de
communication, jalousie, climat de travail tendu, inimitié, rapports
conflictuels avec des usagers ou des clients, etc.
- les facteurs sociaux : conditions
économiques difficiles, banalisation de la violence dans les
médias, échec ou absence des mécanismes
régulateurs, etc.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
- les facteurs organisationnels :
hiérarchie trop pesante, manque de personnel et de moyens, surcharge de
travail, manque de temps, manque de formation, etc.
- les facteurs d'environnement de travail :
travail solitaire, exposition à des situations physiquement dangereuses,
exiguïté des locaux ou locaux mal adaptés,
promiscuité, etc.
Le ressort de ce stress repose sur une sorte de domination
symbolique qui amène la personne à accepter les « sacrifices
» demandés au nom des contraintes économiques (accepter de
travailler sans contrat ou sans permis pour échapper au chômage ou
à l'expulsion), organisationnelles (accepter les heures
supplémentaires non payées ou une charge de travail
exagérée au nom de la survie de l'entreprise et donc des emplois)
ou encore hiérarchique (subir le harcèlement d'un
supérieur au nom d'une pseudo-convivialité) (Dejours, 1999).
Les effets de stress peuvent être à la fois
physiologiques et psychologiques. En effet, les effets physiques (hors
agression physique) se manifestent par des troubles du sommeil (insomnie,
réveils fréquents, endormissement difficile, réveil
anticipé) et des troubles de la sphère gastro-intestinale
(ulcères, perte d'appétit, vomissements). Les effets
psychologiques relèvent des troubles de l'humeur (dépression,
anxiété, baisse de l'estime de soi, sentiment de
vulnérabilité, voire de culpabilité). Le sens même
du travail est affecté puisque la motivation à travailler est
dégradée.
Au-delà des personnes impliquées, l'organisation
de travail est, elle aussi, affectée par le phénomène de
stress. Outre la détérioration du climat social de la structure
de travail, le roulement du personnel, l'absentéisme, la baisse de
production ou de la qualité de service offert aux usagers ou aux clients
entraînent des coûts financiers et humains parfois importants, dont
l'organisation ne prend pas toujours la mesure.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Pour lutter contre le stress, les stratégies
déployées par les victimes s'apparentent finalement aux
stratégies de lutte contre la violence : elles sont soit centrées
sur le problème avec des tentatives de réponses rationnelles aux
attaques, soit centrées sur la recherche de soutien social à
l'intérieur et à l'extérieur de l'organisation de travail
(famille, médecin, syndicat) ou encore centrées sur les
émotions avec les phénomènes de déni et
d'évitement bien connus.
Dejours (1999) a parfaitement résumé le
processus morbide qui conduit aux manifestations pathologiques : « Le
mouvement d'indignation et de révolte naissant chez le sujet, au lieu de
créer chez les autres, l'émotion et la mobilisation collectives
et solidaires, isole encore davantage le sujet en proie à une juste
colère. La passivité, l'indifférence et l'inertie des
collègues probablement en rapport avec leur soumission à la
domination symbolique, exaspèrent encore la souffrance du sujet. Tous
ses propos, ainsi que les reproches qu'il adresse aux autres, contribuent
à le stigmatiser et à le repousser encore davantage dans la
solitude, au prétexte que sa révolte serait irréaliste et
irrationnelle... C'est cette situation où le sujet est seul à
soutenir un rapport critique à la réalité de travail,
rapport critique parfois rationnel mais cependant désavoué par sa
propre communauté d'appartenance, qui le déstabilise et le fait
douter de sa raison même et crée en fin de compte, la faille
psychopathologique : l'atteinte à son identité. Le sujet est
alors cliniquement dans un état pré-morbide, dont il tente de se
défendre avec ses propres moyens... et risque de basculer dans la
psychopathologie avec, un jour, des actes médico-légaux sur les
lieux de travail ou des actes de désespoir sous forme d'alcoolisme aigu
ou de violence dans l'espace domestique »4.
4Dejours (2000).Violence ou
domination, Revue Travailler n°3, éditions Martin
Média.
58
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
4.2. Suggestions
En faisant constater la nature stressante de la mission
assignée aux personnels d'encadrement de la prison civile de Parakou et
la spécificité de la compétence en matière de
gestion d'une prison civile, il est important de mettre un accent sur ce que
doit faire l'Etat pour alléger un tant soit peu, la tâche au
personnel d'encadrement dans les prisons. A cet effet, les suggestions
suivantes sont faites :
+ A l'endroit des Autorités centrales de
l'Etat
> Mettre en oeuvre une politique pénitentiaire
d'éducation et de gestion de la récidive au Bénin car
il est prouvé que les détenus qui sont à leur
deuxième séjour en prison ont plus l'audace d'affronter les
personnels d'encadrement ;
> Mettre en place une politique de modernisation des
prisons du Bénin (celle de Parakou étant en chantier) afin
d'éviter les soulèvements dus aux problèmes liés
à la vidange de fosses et puisards, à l'alimentation et à
la prise en charge médicale des détenus ;
> Pourvoir tous les services nécessaires de
personnels qualifiés à savoir, le greffier, des infirmiers et
un médecin, l'assistant social, le psychologue, le psychiatre pour la
prise en charge intégrale des détenus ;
> Faire adopter en procédure d'urgence, la loi
créant le corps spécial des gardiens de prison ;
> Régler à bonne date les factures des
prestataires de service d'alimentation et de vidange des fosses et
puisards.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
+ A l'endroit du Garde des Sceaux, Ministre de la
Justice, de la Législation et des Droits de l'Homme :
> Faire un plaidoyer en faveur d'un recrutement
spécial de gendarmes pour renforcer les effectifs de toutes les
prisons en général et celle de Parakou en priorité ;
> Organiser des séminaires de formation à
l'intention des personnels d'encadrement des prisons en vue
d'améliorer ou de renforcer leurs capacités en matière de
prise en charge des prisonniers (formations spécifiques pratiques des
agents de sécurité et des infirmiers des prisons) ;
> Faire adopter un règlement intérieur des
prisons en guise de soutien de l'administration aux personnels ;
> Régler le problème des primes
accordées aux personnels aux vues des risques encourus ;
> Faire accélérer le processus devant
conduire au vote de la nouvelle loi sur le régime
pénitentiaire au Bénin, ce qui prévoit la création
du corps spécial des Gardiens de Prison.
+ A l'endroit des autorités
judiciaires
? Procureur de la République, Président du
Comité de surveillance de la Prison et Ministère public aux
audiences : animer convenablement, le comité de surveillance tel que
prévu par le décret l'instituant en son article 2 ;
? Juges d'instruction : instruire les dossiers en temps
utile conformément aux dispositions du code de procédure
pénale en la matière ;
? Juge des libertés et de la détention : jouer
pleinement son rôle de régulateur comme son nom l'indique dans
les prises de décision en matière de détention et de
liberté ;
? Juges en charge des audiences : rendre les décisions
en toute impartialité afin de donner plus de
crédibilité et de confiance en la justice.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
? A l'endroit du personnel de santé et
administratif de la Prison Civile de Parakou
? Sensibiliser la population carcérale par des
activités de communication pour un changement de comportement sur les
attitudes à avoir en milieu carcéral. Cette sensibilisation
permettra de leur faire comprendre la différence entre les causes de
leur incarcération et les conséquences qu'ils subissent en prison
pour les amener à respecter scrupuleusement le règlement
intérieur de la prison.
? Etre assez sociable vis-à-vis des détenus
qu'ils doivent considérer comme des personnes à part
entière : toute personne privée de sa liberté a le droit
au respect de sa dignité et de son intégrité physique et
morale ;
? Se rendre toujours disponible telles que l'exigent les
contraintes du service.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
CONCLUSION
En prenant l'initiative de cette recherche, l'objectif
principal est de présenter les réalités de la vie des
personnels d'encadrement en milieu carcéral en vue d'attirer l'attention
de la société sur le caractère spécial de leur
mission et contribuer ainsi à l'amélioration de leurs conditions
de vie et de travail. Tout au long de cette recherche nous avions pu constater
que, faire de la recherche dans un milieu carcéral n'était pas
gagné à l'avance car rien n'est prévisible, les
données pouvant changer au gré du temps. Cette étude a
permis d'objectiver que la densité et le rythme de travail à la
Prison Civile de Parakou provoquent assez de stress chez le personnel
d'encadrement. Ceci s'explique par le manque de personnel d'encadrement, ce qui
constitue souvent une charge professionnelle difficile à gérer
pour ces agents. La méconnaissance de la vie carcérale ainsi que
le manque de formation spécifique posent de véritables
problèmes au personnel d'encadrement. Cette situation est responsable de
l'altération, aussi bien des relations conjugales (divorce entre couple,
séparation temporaire, infidélité des couples...), que des
relations parents-enfants (à cause du manque cruel de temps). Tout ceci
à un impact sociétal sur le personnel qui travaille à la
Prison Civile caractérisé par un isolement social
(relâchement des liens sociaux) ainsi qu'une altération de la
santé physique et psychique. Aussi pourrions-nous ajouter à cette
kyrielle d'agents stressants, les agissements des personnes
incarcérées découlant de leur état de
prisonniers.
Bien que plusieurs études ont démontré
que des dispositifs ont été mise en place pour contribuer
à l'amélioration des conditions de vie et de travail des
personnels intervenant dans l'encadrement des détenus, il n'en demeure
pas moins que cela reste un défi important à relever par
l'Etat.
C'est dans cette optique que nous avions fait des suggestions
aux différents acteurs à tous les niveaux dans le cadre de ce
mémoire dans le but d'améliorer les conditions de travail du
personnel pénitentiaire. Sommes-
62
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
nous convaincus tout de même que d'autres études
après nous, viendrons questionner les conditions de travail du personnel
pénitentiaire en l'occurrence, les rapports psycho-affectifs
qu'entretiennent les détenus avec le personnel pénitentiaire.
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
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février 2015
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www.oip.org du 27 décembre
2014
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
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ANNEXE
? RENSEIGNEMENTS GENERAUX SUR DETENUS
N
|
Questions
|
Réponses
|
Codes
|
Facteurs sociodémographiques
|
?
|
Quel âge avez-vous ?
|
/__/__/ Années
|
Q1
|
?
|
Sexe
|
1=Masculin/__/ 2=Féminin /__/
|
Q2
|
?
|
Nationalité (Si béninoise, passer à 4 et
5)
|
1= Béninoise /__/ 2= Etrangère /__/
|
Q3
|
?
|
Ethnie
|
1=Bariba /__/
2=Yorouba/Nago/__/
3=Peulh /__/ 4=Dendi /__/ 5=Fon et apparenté/__/
6=Otamari/Berba/Waama/Yom /__/
7=Autres /__/ Préciser
|
Q4
|
?
|
Quel est votre rang de fratrie
|
1= 1er /__/ 2=2e /__/ 3=3e /__/
4=4e /__/ 5=5e/__/ 6=Dernier (Benjamin)/__/
|
Q5
|
?
|
Statut matrimonial
|
1=Célibataire /__/ 2=Marié/en couple /__/
3=Divorcé /__/ 4=Veuf /__/
|
Q6
|
?
|
Niveau d'instruction
|
1=Aucun/N'a jamais fréquenté /__/
2=Alphabétisé /__/ 3=Primaire /__/ 4=Secondaire/__/
5=Supérieur /__/
|
Q7
|
66
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LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
?
|
Profession
|
1=Fonctionnaire /__/ 2=Commerçant /__/
3=Artisan /__/ 4=Paysan/__/
5=Etudiant/Elève /__/ 6=Enseignant /__/ 7=Zem/Conducteur
de taxi /__/ 8=Chômeur /__/ 9=Sans emploi /__/
|
Q8
|
?
|
Environnement de
résidence
|
1=Ville /__/
2= Campagne /__/
|
Q9
|
Facteurs individuels
|
?
|
Avez-vous des enfants ?
|
1=Oui/__/ 2=Non/__/
|
Q10
|
?
|
Nombre d'enfants
|
1=0 enfant/__/ 2=1 Enfant/__/ 3=2 enfants/__/ 4=3 enfants/__/
5==4 enfants/__/
|
Q11
|
?
|
Style de vie
|
1=Seul /__/
2=En groupe /__/
|
Q12
|
?
|
Structure parentale
|
1=Monogamie /__/ 2=Polygamie/__/
|
Q13
|
Facteurs carcéraux
|
?
|
Depuis quand êtes-vous détenu (délai entre
le jour d'incarcération et le jour de l'enquête) ?
|
/__/__/ Nombre de Mois
|
Q14
|
?
|
De quoi êtes-vous accusé ? (Type d'accusation.)
|
1=Meurtre/Assassinat /__/ 3=Braquage /__/
4=Viol /__/
5=Coups/blessures volontaires /__/
6=Vol qualifié /__/ 7=Vol simple /__/
|
Q15
|
67
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
|
|
7=Abus de confiance /__/
8=Escroquerie /__/
9=Autres /__/ A préciser
|
|
?
|
Statut juridique
|
1=Condamné /__/ 2=Inculpé /__/ 3=Prévenu
/__/
|
Q16
|
Facteurs comportementaux
|
?
|
Consommation de SPA au cours de la vie
|
1=Oui /__/
2=Non /__/
|
Q17
|
?
|
Types de consommation
|
1=Alcool /__/
2=Alcool + Drogues illicites /__/
3=Drogues illicites /__/
a-Héroïne /__/
b-Cannabis /__/
c-Cocaïne/__/
e-Tabac/__/
f-Diazépams/__/
g-Autres /__/ à préciser
|
Q18
|
?
|
Effets sur la santé
|
1=Altération du jugement /__/
2=Violence/Agressivité /__/ 3=Dispute/Rivalité /__/
|
Q19
|
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
68
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
? QUESTIONNAIRE DÉTENUS
- Statut
(détenu/prévenu/condamné) :
- Age : - Sexe :
- Profession :
- Situation matrimoniale :
- Nombre d'enfants : - Ethnie :
- Motif d'incarcération : Quantum de peine
:
Nature de plaintes/de besoins
|
Peu élevé
|
Élevé
|
Très élevé
|
Psycho-somatiques: maladies
|
|
|
|
Affectives et sexuelles
|
|
|
|
Alimentaires
|
|
|
|
Économiques
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
69
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
+ GUIDE D'ENTRETIEN A L'ENDROIT DES DETENUS
THEME
|
QUESTIONS
|
Etat
psychologique
|
> Quel est votre état d'esprit au moment de votre
arrestation ?
|
> Dans quelles conditions avez-vous été
arrêté ?
|
> Comment avez-vous vécu votre première
journée en prison ?
|
> Comment vivez-vous votre séjour en prison ?
|
> Quels sont vos sentiments vis-à-vis du personnel
d'encadrement ?
|
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
70
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
? QUESTIONNAIRE PERSONNEL PERMANENT
- Profession :
- Age :
- Sexe :
- Ethnie :
- Situation matrimoniale :
- Nombre d'enfants :
- Expérience professionnelle :
N°
|
Questions
|
Réponses
|
Cod es
|
?
|
Comment concevez-vous votre travail à l'égard des
détenus ?
|
|
Q1
|
?
|
Etes-vous menacé par moments à l'occasion de
|
1=/__/Q3
|
Q2
|
|
l'exercice de votre service ?
|
2= /__/
|
|
|
1=oui 2= non
|
|
|
?
|
Par quel genre de détenu ?
|
|
Q3
|
|
1= Délits :
|
1= /__/
|
|
|
Vol simple
|
2=/__/
|
|
|
Complicité de vol simple
|
3=/__/
|
|
|
Recel de vol simple
|
|
|
|
Attentat à la pudeur
|
|
|
|
Faux et usage de faux
|
|
|
|
Abus de confiance
|
|
|
|
Détournement de fond
|
|
|
|
Escroquerie
|
|
|
|
Coups et blessures volontaires ou involontaires
|
|
|
|
2= Crimes :
|
|
|
|
Vol qualifié
|
|
|
|
Association de malfaiteurs
|
|
|
|
Enlèvement ou trafic de mineurs
|
|
|
71
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
|
Détournement de fonds
Meurtre et complicité de meurtre
Assassinat et complicité d'assassinat
Pratiques de sorcellerie
Viol
Faux et usage de faux
3= Autres : à préciser
|
|
|
?
|
Avez-vous subi une fois, une agression physique ou verbale de la
part d'un détenu ?
1=oui (bref aperçu)
2= non
|
1=/__/ Q5
2= /__/
|
Q4
|
?
|
Par quelle catégorie de détenu ? 1= Prévenu
2=Inculpé 3=Condamné
|
1= /__/ 2=/__/ 3=/__/ Q6
|
Q5
|
?
|
Savez-vous quel en était le mobile ? 1=oui (bref
aperçu)
2= non
|
1= /__/Q7
2=/__/
|
Q6
|
?
|
Quel est votre état d'esprit après l'incident ?
|
|
Q7
|
?
|
Avez-vous été approché une fois par des
détenus ? 1=oui 2= non
|
1=/__/ Q9
2=/__/
|
Q8
|
?
|
Quel est généralement l'objet de leurs plaintes
?
|
|
Q9
|
?
|
Etes-vous motivé par votre employeur ? 1=oui 2= non
|
1=/__/
2=/__/
|
Q10
|
?
|
Menez-vous une vie normale de famille ? 1=oui 2= non (bref
aperçu)
|
1= /__/
2= /__/
|
Q11
|
?
|
Difficultés rencontrées ?
|
|
Q12
|
72
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
? QUESTIONNAIRE PERSONNEL NON PERMANENT
- Profession :
- Age :
- Sexe :
- Ethnie :
- Situation matrimoniale :
- Nombre d'enfants :
- Expérience professionnelle :
N°
|
Questions
|
Réponses
|
Codes
|
?
|
Comment concevez-vous votre travail à l'égard des
détenus ?
|
|
Q1
|
?
|
Nourrissez-vous des craintes lors de vos contacts avec
|
1=/__/ Q3
|
Q2
|
|
des détenus ?
|
2= /__/
|
|
|
1=oui 2= non
|
|
|
?
|
Quelle catégorie de détenus craignez-vous ?
|
|
Q3
|
|
1= Délits :
|
1= /__/
|
|
|
Vol simple
|
2=/__/
|
|
|
Complicité de vol simple
|
3=/__/
|
|
|
Recel de simple
|
|
|
|
Attentat à la pudeur
|
|
|
|
Faux et usage de faux
|
|
|
|
Abus de confiance
|
|
|
|
Détournement de fond
|
|
|
|
Escroquerie
|
|
|
|
Coups et blessures volontaires ou involontaires
|
|
|
|
2= Crimes :
|
|
|
|
Vol qualifié
|
|
|
|
Association de malfaiteurs
|
|
|
|
Enlèvement ou trafic de mineurs
|
|
|
|
Détournement de fonds
|
|
|
|
Meurtre et complicité de meurtre
|
|
|
73
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
|
Assassinat et complicité d'assassinat
Pratiques de sorcellerie
Viol
Faux et usage de faux
3= Autres : à préciser
|
|
|
?
|
Avez-vous subi une fois, une agression physique ou verbale de la
part d'un détenu ?
1=oui (bref aperçu)
2= non
|
1=/__/ Q5
2= /__/
|
Q4
|
?
|
Savez-vous quel en était le mobile ? 1=oui (bref
aperçu)
2= non
|
1= /__/
2=/__/
|
Q5
|
?
|
Quel est votre état d'esprit après l'incident ?
|
|
Q6
|
?
|
Un détenu vous a-t-il posé un problème
privé en dehors de son dossier judiciaire ?
1=oui 2= non
|
1=/__/ Q7
2=/__/
|
Q7
|
?
|
Quel est généralement l'objet de leurs plaintes
?
|
|
Q8
|
?
|
Etes-vous motivé par votre employeur ? 1=oui 2= non
|
1=/__/
2=/__/
|
Q9
|
?
|
Menez-vous une vie normale de famille ? 1=oui 2= non (bref
aperçu)
|
1= /__/
2= /__/
|
Q10
|
?
|
Difficultés rencontrées ?
|
|
Q11
|
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
74
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
? QUELQUES TABLEAUX DE DONNEES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES DES
ENQUETES
Répartition du personnel selon leur âge
TRANCHE D'AGES
|
Permanent
|
Non permanent
|
Total
|
15 -17 ans
|
00
|
00
|
00
|
18 - 35 ans
|
14
|
00
|
14
|
35 ans et Plus
|
06
|
17
|
23
|
Total
|
20
|
17
|
37
|
Répartition du personnel selon leur catégorie
professionnelle
Numéro
|
Fonction
|
Nombre
|
Administratif
|
?
|
Régisseur
|
01
|
?
|
Gardien-chef
|
01
|
?
|
Juges
|
05
|
?
|
Greffier
|
06
|
Santé
|
?
|
Infirmiers
|
02
|
Soutien
|
?
|
Service social
|
02
|
?
|
Conducteur
|
01
|
?
|
ONG
|
05
|
Surveillant
|
?
|
Commandant de brigade
|
01
|
?
|
Commandant de brigade adjoint
|
01
|
?
|
Agents de sécurité
|
12
|
TOTAL
|
|
37
|
75
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
Répartition du personnel selon le sexe
GENRE
|
Permanent
|
Non permanent
|
Total
|
FEMININ
|
02
|
04
|
06
|
MASCULIN
|
18
|
13
|
31
|
Total
|
20
|
17
|
37
|
Répartition du personnel selon leur situation
matrimoniale
SITUATION
|
Permanent
|
Non permanent
|
Total
|
Célibataire
|
01
|
00
|
01
|
Marié
|
19
|
17
|
36
|
Total
|
20
|
17
|
37
|
Répartition des détenus selon les motifs
d'incarcération ? Atteintes aux biens
INFRACTION
|
NOMBRE
|
Total
|
Masculin
|
Féminin
|
Vol simple
|
181
|
01
|
182
|
Recel de vol
|
21
|
00
|
21
|
Vol qualifié
|
12
|
00
|
12
|
Escroquerie
|
46
|
02
|
48
|
Abus de confiance
|
34
|
02
|
36
|
Détournement de deniers publics
|
03
|
00
|
03
|
Autres
|
40
|
07
|
47
|
Total
|
337
|
12
|
349
|
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
76
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
? Atteintes aux personnes
INFRACTION
|
NOMBRE
|
TOTAL
|
Masculin
|
Féminin
|
Meurtre ou homicide volontaire
|
37
|
00
|
37
|
Assassinat
|
07
|
02
|
09
|
Coups et blessures volontaires
|
59
|
02
|
61
|
Homicide involontaire
|
02
|
00
|
02
|
Viol
|
15
|
00
|
15
|
Traite d'enfants ou de personnes
|
13
|
01
|
14
|
Enlèvement de mineurs sans fraude ni violences
|
02
|
02
|
04
|
Violences et voies de fait
|
01
|
00
|
01
|
Blessures involontaires
|
02
|
00
|
02
|
Coups mortels
|
12
|
01
|
13
|
Séquestration
|
02
|
00
|
02
|
Pratiques de charlatanisme
|
05
|
02
|
07
|
Autres
|
03
|
01
|
04
|
Total
|
160
|
11
|
171
|
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
77
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU
PERSONNEL D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
|
|
2
|
DEDICACE
|
|
3
|
REMERCIEMENTS
|
|
4
|
SIGLES
|
|
6
|
LISTE DES TABLEAUX
|
|
7
|
LISTE DES FIGURES
|
|
8
|
RESUME
|
|
9
|
ABSTRACT
|
|
9
|
INTRODUCTION
|
|
10
|
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
|
|
12
|
1.1. Problématique de l'étude
|
|
12
|
1.2. Objectifs
|
|
13
|
1.3. Hypothèses
|
|
14
|
1.4. Clarification conceptuelle
|
|
14
|
1.4.1. Le stress
|
|
14
|
1.4.2. Le milieu carcéral
|
|
15
|
1.5. Revue de littérature
|
|
19
|
1.5.1. Agents stressants et types de stress
|
|
20
|
1.5.2. Le stress au travail : un vrai problème ?
|
|
30
|
CHAPITRE II : CADRE PRATIQUE DE L'ETUDE ET
|
|
|
DEMARCHE METHOLOGIQUE
|
|
32
|
2.1. Présentation du cadre de l'étude
|
|
32
|
2.1.1. Choix de sujet et de cadre géographique de
l'étude
|
|
32
|
2.1.2. Présentation du cadre géographique de
l'étude : Prison Civile
de Parakou
|
32
|
|
2.2. Démarche méthodologique
|
|
36
|
2.2.1. Recherche documentaire
|
|
36
|
2.2.2. Population cible
|
|
36
|
2.2.3. Echantillonnage et échantillons
|
|
38
|
2.2.4. Méthodes de collecte des données
|
|
39
|
2.2.5. Difficultés rencontrées
|
|
41
|
CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
|
|
42
|
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
78
LE STRESS EN MILIEU CARCERAL AU BENIN : CAS DU PERSONNEL
D'ENCADREMENT DE LA PRISON CIVILE DE PARAKOU
3.1. Présentation et analyse des données 42
3.1.1. Le calcul du ratio personnel d'encadrement et
détenus 42
3.1.2. Temps du travail des membres du personnel 43
3.1.3. De la typologie de détention à la
typologie des délits 43
3.2. Analyse des données de terrain 45
3.2.1. L'analyse qualitative 45
3.2.2. Les données qualitatives 46
3.2.3. Les techniques de traitement ou d'analyse des
données qualitatives 46
3.3. Interprétation des données de terrain 47
3.3.1. Le temps, une ressource limitée mais
structurée 47
3.3.2. Un conflit avec les rythmes biologiques 47
3.3.3. Un conflit avec les rythmes sociaux 48
3.3.4. Structure de la partition temporelle du temps
travail/hors-travail 49
3.3.5. Stabilité ou variabilité des horaires
50
3.3.6. Effets à moyen et long terme 51
CHAPITRE IV : DISCUSSION ET SUGGESTIONS 55
4.1. Discussion 55
4.2. Suggestions 59
CONCLUSION 62
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 64
ANNEXE 66
TABLE DES MATIERES 78
Réalisé et soutenu par NAKPON Coomlan
Paul
79
|