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Impact géopolitique de l'accord cadre d'Addis-Abeba sur la stabilité de la RDC. Analyses et perspectives.


par Faustin UPONJURU MASTOLO
Université de Kinshasa - Licence en sciences politiques et administratives 2018
  

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2. CHOIX ET INTERET DU SUJET

La RDC, terre de convoitise par excellence, connaît des guerres successives depuis octobre 1996 et l'insécurité persistante suite à la présence de plusieurs groupes armés locaux et étrangers. Cette situation perdure malgré la signature de l'accord-cadre d'Addis-Abeba en 2013.

Le choix de ce sujet se justifie par le souci constant de voir une fin effective et durable de l'insécurité ainsi que ses corollaires en RDC (pillages sauvages des richesses naturelles), plus particulièrement à l'Est où des crimes de guerre et ceux contre l'humanité sont commis par des groupes armés locaux et étrangers. Et cette crise menace constamment la stabilité de la région de Grands Lacs.

Nous avons aussi, à travers ce travail scientifique, une possible solution parmi tant d'autres pour la construction d'un Etat congolais uni,

4 NGOY, T., L'accord de Lusaka et la paix en RDC : une autre lecture, 2ème Ed., CERBIPAD, Kinshasa, 2002.

5 MBAVU MIHINDO, V., Le Congo-Zaïre. D'une guerre à l'autre, de libération en occupation (chronique 1996-Lusaka 1999), Ed. L'Harmattan, Paris, 2003.

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fort, prospère et responsable au service avant tout de sa population en vue de son développement durable et intégral, qui serait une source de stabilité pour l'ensemble de la région.

Sur le plan scientifique, ce travail suscite un intérêt particulier dans la mesure où il sert, dans une certaine mesure de banque des données pour les éventuels chercheurs, hommes de sciences et professionnels de questions géopolitiques, etc.

3. PROBLEMATIQUE

La problématique est l'approche ou la perspective théorique que l'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. En d'autres termes, la problématique est l'art, la science de poser les problèmes, bref, la problématique est un questionnaire aboutissant à une fin. Elle désigne l'ensemble des problèmes dont les éléments sont liés6.

WENU BECKER estime que la problématique d'un travail s'entend de l'expression majeure qui circonscrit de façon précise et détermine avec l'absolue clarté les dimensions essentielles de l'objet de l'étude que les chercheurs se proposent de mener7.

Comme substantif, le concept problématique désigne l'ensemble des questions dans un domaine de science en vue d'une recherche de solution et désigne aussi un ensemble d'idées qui spécifie la position du problème suscité par le sujet d'étude. Ainsi, elle fournit au lecteur des éléments nécessaires pour justifier la recherche ; elle représente un thème de recherche ou un problème spécifique rattachant à une question générale et des informations nécessaires pour tenir l'augmentation qui sert à justifier cette recherche8.

Selon KUYUNSA BIDUM et SHOMBA KINYAMBA, elle est un ensemble d'idées qui spécifient la question du problème suscité par le sujet d'étude9.

6 SHOMBA K., Méthode de recherche en science sociales, Ed. PUK, Kinshasa, 1995, p.8.

7WENU BECKER., Recherche scientifique théorie et pratique, Ed. PUK, Lubumbashi, 2006, pp.13-14.

8 LABANA L.A. et LOFEMBE, Initiation à la recherche scientifique : éléments de base, Ed. PUK, Kinshasa, 2007, p.12

9 KUYUNSA et SHOMBA, Initiation aux méthodes de recherche en sciences sociales, Ed. PUK, Kinshasa, 1995, P.42

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En effet, la République Démocratique du Congo, deuxième plus vaste pays d'Afrique après l'Algérie et onzième plus vaste pays du monde avec une superficie de 2.345.410 Km2 et une population aujourd'hui estimée à 80 millions d'habitants, possédant d'incommensurables ressources naturelles, demeure le théâtre des événements les plus tragiques depuis 1960 voire bien avant (sécessions, rébellions, assassinats, guerres civile et d'agression, pillages sauvages des ressources naturelles, viols massifs des femmes et filles, massacres, etc.)10.

Depuis le début de la guerre de l'Alliance des Forces Démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) en octobre 1996 et sa prise de pouvoir en mai 1997, mettant fin à plus de trois décennies de dictature du Maréchal MOBUTU SESE SEKO, la RDC a sombré dans un cycle infernal des guerres successives (1998-2003, 2004-2009 et 2012-2013) causant de millions de morts, d'énormes dégâts matériels et de déplacements massifs des populations11.

Aujourd'hui, l'insécurité persiste dans le pays en général et à l'Est du pays en particulier suite à la présence de divers groupes armés locaux et étrangers12 malgré les divers accords de paix signés.

Le texte signé à Addis-Abeba le 24 février 2013, de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région n'est pas le premier du genre. Il se situe dans le prolongement de nombreux accords antérieurs qui, depuis l'invasion de la RDC par l'AFDL en 1996 et la chute du régime de Mobutu en 1997, visent à restaurer la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région. L'avènement de l'AFDL s'est effectué dans un climat de guerre, de violence, de violations des droits de l'homme, qu'on n'est pas arrivé à arrêter jusqu'à ce jour, en particulier dans l'est du pays. Il a enclenché un processus instaurant une véritable culture de la mort et du crime, avec à la clé la prolifération des groupes armés nationaux et étrangers.

10 BRAECKMAN, C. et alii, Congo 1960. Echec d'une décolonisation, Ed. GRIP, Bruxelles, 2010, pp. 145-156.

11 BRAECKMAN, C., L'enjeu congolais. L'Afrique centrale après MOBUTU, Ed. Fayard, Paris, 1999, pp. 111145.

12 RAMAZANI BISHWENDE, A., Kivu balkanisé : miroir une mondialisation maffieuse, Ed. L'Harmattan, Paris, 2017, 53 p.

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Vols, pillages, violences sexuelles, assassinats des masses, déplacement des populations, pauvreté et conditions de vie indécentes et incompatibles avec la dignité humaine, ainsi que de nombreux crimes imprescriptibles... émaillent depuis lors le quotidien de plusieurs millions des congolais, en particulier à l'est du pays. Avec ses six millions de victimes directes et indirectes, la guerre qui sévit et persiste en RDC depuis 1996 est la plus meurtrière après la seconde guerre mondiale.

Confrontée depuis lors à une situation de « ni guerre ni paix » entretenue par les parrains rwandais et ougandais des mouvements récurrents politico-militaires congolais de libération (AFDL, RCD, MLC, CNDP, M23...), la RDC va d'accord de paix en accord de paix, sous l'égide et parfois la pression de la communauté internationale. On peut, à ce sujet, citer parmi les plus importants, notamment, l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka (Zambie) le 30 juillet 1999 ; L'Accord de paix entre la RDC et Rwanda signé le 31 juillet 2002 à Pretoria en Afrique du Sud ; L'Accord entre la RDC et l'Ouganda, signé le 6 septembre 2002 à Luanda en Angola ; L'Accord global et inclusif sur la transition en RDC, signé le 17 décembre 2002, à Sun City, en Afrique du Sud ; Le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans le Région des Grands Lacs, signé le 15 décembre 2006, à Nairobi au Kenya ; Deux actes d'engagement signés à Goma en janvier 2008 par les groupes armés respectivement du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, à l'issue de la Conférence de Goma pour la paix, la sécurité et le développement dans les provinces du Nord et du Sud Kivu, en janvier 2008 ; L'Accord de paix entre le Gouvernement et le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), signé le 23 mars 2009, à Goma ; et enfin, l'Accord-cadre sur la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la Région, signé le 24 février 2013, à Addis-Abeba. Onze pays africains ont signé l'accord cadre destiné à ramener la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs, en particulier dans la partie Est de la République démocratique du Congo en proie à des groupes armés depuis près de deux décennies. Il s'agit de l'Afrique du Sud, de l'Angola, du Burundi, du Congo-Brazzaville, de la République Centrafricaine, de la République Démocratique du Congo, du Kenya, de l'Ouganda, du Rwanda, du Sud-Soudan et de la Zambie. Une dizaine d'années plus tôt un autre accord avait déjà été signé en Zambie. Il s'agissait de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka. Ces deux accords de paix reflètent les équilibres de forces

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régionales en présence lors de leur signature. Ils traduisent la compétition que se livrent les pays voisins de l'Est contre ceux du Sud de la RDC sous-couvert de la prépondérance économique du grand Kivu et du grand Katanga.

Tout ce dispositif a certes contribué à l'amélioration de la situation sécuritaire en RDC, mais il n'a pas suffi pour restaurer la paix et la stabilité, partout et à un niveau satisfaisant. Et si l'on conçoit la paix non pas seulement comme absence de guerre mais aussi comme développement, la RDC classée parmi les derniers pays par les récents rapports du PNUD sur l'indice du développement humain, est bien loin du compte.

De tout ce qui précède, notre problématique tourne autour des questions suivantes :

? Les principes généraux auxquels se réfèrent les accords de paix dans la Région en général et de la RDC en particulier, et qui sont pour une énième fois repris dans l'Accord-cadre du 24 février 2013, avec des mécanismes similaires de suivi, sont-ils cette fois-ci respectés ?

? Quel est l'impact géopolitique de cet accord-cadre dans la région de Grands Lacs africains ?

? Quel est le bilan provisoire de l'accord-cadre d'Addis-Abeba six ans après sa signature ?

? Comment remédier durablement voire définitivement à cette situation de persistance et de récurrence des violences et de l'instabilité à l'Est de la RDC ?

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry